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Full text of "Guide des voyageurs en Europe"

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GUIDE 


DES 

VOYAGEURS 

EN  EUROPE. 

Par 

Mr.  Reichard , 

Conseiller  au  département  militaire  de  S.  A. 
le  Duc  de  Saxe  -  Gotha. 

HUITIÈME  EDITION  ORIGINALE, 

considérablement  augmentée ,  et  totalement 
revûe  et  refaite . 

Avec  nombre  de  cartes  itinéraires,  et  les  Panoramas 
des  Curiosités  des  XIII  villes  capitales. 


TOME  SECOND. 


A  WEIMAR, 

au  Bureau  d’industrie  et  chez  les  libraires  principaux 
de  l’Europe  j8i8- 


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INDEX 

d  u  second  Tome . 


Itinéraire  de  l  a  FRANGE. 
Itinéraire  de  L’ITALIE, 
Itinéraire  de  la  SUISSE. 


GUIDE 


DES 

VOYAGEURS  EN  FRANGE 

Par 

M  r.  ReICHARD , 

Conseiller  au  Département  militaire  de  S.  A.  le  Duc  de 
Saxe-  Gotha. 


Huitième  ê  d  it  i  o  n> 

Totalement  changée -,  refaite,  et  augmentée* 


Faisant  partie 

de  la 

nouvelle  édition  originale 

d  u 

Guide  des  Voyageurs-  en  Europe, 
publiée 
par  le  même  auteur. 


Avec  la  Carte  des  Postes,  la  Carte  gastronomique,  la 
Carte  des  Environs  et  J.e  Panorama  des  Curio¬ 
sités  de  Paris. 


A  Weimar. 

au  Bureau  dTndustrie,  et  chez  les  principaux 
Libraires  de  l’Europe. 

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AVANT-PROPOS 


du  Rédacteur . 


Le  Guide  des  Voyageurs  en  France ,  de 
I8l8>  doit,  nécessairement,  différer  de  celui 
de  l8l3-  Les  changemens  politiques  d’un  côté, 
puis  de  l’autre  des  additions,  des  corrections, 
des  augmentations  sans  nombre,  en  devait  faire 
tout  un  autre  ouvrage.  On  s’en  peut  convain¬ 
cre  facilement,  en  comparant  telle  feuille,  oü 
telle  page  avec  l’ancienne.  Presque  toutes  les* 
Nations  Européennes  avaient,  dans  le  courant 
des  dernières  années,  des  représentans  armés 
en  France,  et  de  ces  représentans  beaucoup 


tv 

savaient  allier  au  métier  du  soldat,  l’amour 
des  arts  et  sciences,  et  le  coup  d’oeil  d'un 
esprit  cultivé  et  observateur,  La  litérature 
des  voyages  ne  pouvait  donc  manquer  d’être 
enrichie  par  beaucoup  de  relations  et  obser¬ 
vations,  que  j’ai  tâché  de  recueillir  dans  cette 
huitième  Edition ,  J’y  ai  ajouté  les  renseig- 
nêmens ,  que  je  trouvais  épars  dans  les  de¬ 
scriptions,  que  d’autres  voyageurs  avaient  pub¬ 
lié  depuis  quelques  ans.  J’ai  surtout  copié  et 
puisé  dans  un  Ouvrage  de  grand  mérite  *et 
comme  il  en  existe  peu.  C’est  la  Description 
routière  etc.  de  M .  Vaysse  de  Vïlliers ,  in¬ 
specteur  aux  postes  -  relais.  J’en  ai  parlé  en 
détail  à  la  fin  de  ce  Guide ,  et  je  me  suis 
empressé  de  rendre  à  son  travail  toute  la 
justice  qui  lui  est  dûë,  quoiqu'il  m’aie  traité 
bien  injustement,  dès  qu’il  avait  éventé  qu’un 
certain  Itinéraire  de  France ,  dont  il  rélevait 

2*9  K? C * tSW  i'Tf tPÇT  •*.') b  ‘  • 

quelques  inexactitudes,  n’était  proprement  que 


la  copie  du  livre  d’un  autre  certain  M.  Rey* 
ehard ,  Allemand» 

!  -j:  :  l*  •  ‘  *  A J  ;  ..  *  i  '  -  •  u  ^  ; 

J’ai  parcouru  s  à  plusieurs  reprises  quel-» 
ques  grandes  routes  de  la  France  ,  mais  je 
n’ai  pas  parcouru  la  France  entière,  et. dans 
l’impossibilité  de  tout  voir,  il  m’a  fallu  avoir 
recours  aux  relations  des  voyages  les  plus  ac¬ 
créditées.  Si  j’y  ai  copié,  par  ci  par  là,  quel¬ 
ques  erreurs,  Ce  n’est  pas  ma  faute,  et  si,  par 
exemple,  en  suivant  fidèlement  *)  les  traces 
de  M.  Vaysse ,  il  m*a  dérouté,  au  lieu  de  me 
guider,  je  me  remets  à  lui  de  mes  méprises. 

Au  reste  il  me  sera  bien  permis  de  me 
flatter,  que  les  erreurs  de  mon  Guide  en 
France ,  ne  sauraient  pas  être  au  moins  de 

*)  Excepté  là,  où  ses  observations  étaient  en  discor¬ 
dance  avec  celles  de  Mr.  M illin ,  parçeque  alors 
j’ai  cru  donner  la  préférence  a  l’opinion  d’un  tel 
littérateur,  sur  celle  de i’Inspecteur  des  poste?» 


Tl 


grande  importance,  puisque  l’on  continue  de 
le  réimprimer  en  France  même.  Dans  ce 
moment  Mi\  Langlois  à  Paris  et  l’auteur  de 
la  Géographie  de  Guthrié^  font  l’honneur  à 
mon  Guide ,  d’en  publier  et  vendre  la  hui- 
iieme  édition ,  en  trois  volumes ,  et  ce  qui 
est  le  plus  étonnant,  la  huitième  édition  de 
la  France ,  quoiqu’  alors  elle  n’existait  pas. 

•  f-%  V  *  \ 

A  Gotha,  ce  3.  Mars  Igl8* 

Reichard. 


Table  des  matières, 

du  Guide  des  Voyageurs  en  France. 


v  Avant  -  Propos  du  Rédacteur* 

Page. 

I.  Etendue.  Climat.  Montagnes *  Fleuves. 
Culte .  Population.  Langage.  Sol.  Produc¬ 
tions.  Carte  gastronomique.  Gouverne¬ 
ment.  Titres.  Revenus.  Dettes .  Forces 
de  terre  et  de  mer*  Ordres.  Douanes.  Pas¬ 
seports.  .......  3 

t  et  3.  Poids  es  Mesures.  Réduction  des  an¬ 
ciennes  mesures  en  nouvelles.  Taille  de 
l'homme  en  mbtre .  3'  .  „  •  '  19 

4.  Monnaies .  Hôtels  des  monnaies.  Valeur  des 

monnaies  étrangères .  Papier  monnaie •  25 


VÏIZ 


5,  Tableau  de  quelques  Villes . 


Page. 

Page. 

Ai*. 

3°- 

Paris. 

59- 

Avignon* 

34- 

Itinéraire  de  Paris  et 

Bordeaux» 

39- 

deses  environs;  avec 

Brest 

.  42- 

une  carte  des  envi¬ 

X-yon. 

43- 

rons. 

99. 

Marseille. 

49. 

Strasbourg. 

126» 

Montpellier . 

53. 

Toulon. 

130. 

Nancy. 

57- 

Versailles, 

133- 

6.  Etat  des  postes.  Notes  instructives ,  «  re¬ 
marques  qui  intéressent  les  voyageurs  dans 
leur  tournée.  Table  du  calcul  proportionnel 
des  prie  des  chevaux  des  postes  et  des  guides 
des  postillons.  .  .  .  .  ‘  *  136 

y.  Itinéraire  des  routes.  . .  .  .  .  144 

Page.  Page. 

1.  De  Paris  à  Amiens»  144.  4,  De  Basle  à  Stras- 

2.  —  —  à  Arras.  146,  bourg.  153» 

3.  —  -r  à  Basle,  par  5.  De  Faris  à  Bayonne 

par  Bordeaux  et  Li- 

*»• 


Troyes,  Langres,  Bé- 
fort.  148- 


inoges. 


IX 


Page. 

6.  De  Paris  àBesançon, 
par  Langres.  154. 

.De  Paris  àBordeaux, 
par  Limoges.  156. 

8-  De  Paris  à  Brest,  par 
Rennes.  159. 

9.  De  Paris  kBruxelles, 
par  So^ssons ,  Laon, 
Maubeuge  et  Mons.  162. 

10.  De  Paris  à  Calais, 

par  Abeville.  164. 

11.  De  Paris  à  Dieppe, 

par  Rouen  et  Pon¬ 
toise.  i68« 

18,  De  Paris  à  Dunker¬ 
que,  par  Douay  et 
Lille.  i?0. 

13.  De  Lille  k  Ostende, 

par  YpreSï  173. 

14.  De  Paris  à  Genève, 
par  Sens ,  Auxerre, 
Dijon,  et  Maçon,  de 
même  que  parDôle.173. 

15.  De  Paris  à  Greno¬ 
ble;  184. 


Page. 

16.  De  Grenoble  k  Cham¬ 
béry  et  Genève.  186. 

17.  De  Paris  à  la  Ro¬ 
chelle.  jgg. 

18-  De  Paris  ;à  Liège.  192, 

19.  —  —  al’Orient.  194. 

20.  De  Paris  à  Lyon,  par 
Auxerre  et  Dijon.  19^, 

2i  a.  De  Paris  k  Lyon  par 
Ne  vers  et  Moulins.  196. 

21  b.  De  Paris  à  Lyon, 
par  Melun,  Auxerre, 
Autun  et  Maçon,  201, 

22.  De  Paris  à  Marseille, 

par  Aix.  203. 

23.  De  Marseille  à  Mont¬ 
pellier.  210. 

24.  De  Marseille  à  Tou- 

lon.  six, 

25*  De  Toulon  k  Nice.  2*2- 

26.  De  Paris  à  Metz.  214. 

27.  —  —  àPerpignan.  217. 

28*  —  —  àPontarlier.  221. 

29,  —  —  à  Strasbourg, 

parNancy  etSaverne.222. 


f 


X 


Page. 

30.  De  Paris  à  Stras¬ 
bourg,  par  Metz, 
Moy  envie  etc.  225. 
3r.  —  —  à  Chambéry.  225. 

32.  De  Metz,  par  Deux- 
Ponts,  Durckh.  etc. 

à  Francfort  s.  1.  M.  227. 

33.  De  Strasbourg,  par 
Landau  à  Francfort 

s.  1.  M.  228» 


Page. 

34.  De  Strasbourg  par 
Spire  etc.  a  Francfort 

s.  1.  M.  22$. 

35.  De  Cologne,  à  Aîx 

la  -  Chapelle.  23^ 

36.  De  Liège  h  Bruxel- 

elles.  23c# 

37.  De  Jvletz  à  Trêves  et 

Coblence.  23*. 


8.  Cartes  itinéraires .  Manuels .  Relations  de 


voyage  de  fraîche  date , 


332 


- 

ITINÉRAIRE 


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FRANCE. 


Guide  des  Voy ,  T.  Tl. 


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ROYAUME 


DE  FRANCE. 


i. 

Etendue.  Climat.  Montagnes ♦  Fleuves.  Culte. 

Population »  Langage.  Soit  Productions.  Carte 
gastronomique.  Gouvernement.  Titres.  Revenus. 
Dettes,  Forces  de  terre  et  de  mer.  Ordres •  Doua - 
nés.  Passeports. 

I-/a  France,  naguères  la  terreur  de  l’Europe,  vient  de 
retourner  dans  ses  limites  naturelles,  semblable  à  un 
fier  fleuve,  qui  terrible  dans  ses  débordemens  ,  rentre 
dans  ses  bords  paisibles.  Elle  a  été  rendue  à  son  ancien 
gouvernement,  et  à  ses  Pjriuces  légitimes,  après  avoir 
rempli  l’histoire  de  sa  gloire  et  de  ses  revers,  et  après 
avoir  passé  un  quart  de  siècle  sous  les  armes,  et  dans 
les  souffrances.  Elle  a  donné  une  terrible  leçon  aux  peu¬ 
ples  et  aux  souverains.  Mais  c’est  a  la  postérité ,  juge 
sevère  et  juste,  à  peser  les  nations  et  leurs  destinées. 
Nous,  les  contemporains,  nous  avons  vu  un  phénix  sor¬ 
tir  triomphant  des  cendres  de  Moscou ,  pour  se  mirer 
dans  les  eaux  de  la  Seine. 

A  2 


4 


LA  FRANCE 


La  France  Européenne  comprend  86  département ,  et 
une  étendue  de  36J239V3  lieues  carrées  ,  d’autres  la  por¬ 
tent,  à  10,050  m.  c.  d’Allemagne ,  ou  116,167,180  arpens. 


Dépar terriens  : 

Population  suivant 
l'apperçu  officiel  de  1815. 

Ain 

. 

322,608 

Aisne 

. 

. 

432,237 

Allier 

.  N 

254.558 

Alpes  (Basses) 

»  . 

• 

147.91<> 

Alpes  (Hautes) 

. 

• 

121,523 

Ardèche 

. 

! 

284,743 

Ardennes 

V  . 

345.980 

Arriége 

. 

.  - 

222,936 

iVobe 

. 

4 

238,819 

Aude 

♦ 

240,993 

Aveyron 

. 

318,047 

Bouches  du  Rhône 

. 

.. 

293,235 

Calvados 

. 

505,420 

Cantal 

. 

251,436 

Charente 

. 

326,885 

Charente  -  Inférieure 

. 

. 

393,011 

Cher 

. 

228,158 

Corrèze 

. 

. 

• 

254,271 

Corse 

.. 

174,572 

Côte  d’Ur 

• 

. 

♦ 

355,436 

Côtes  du  Nord 

. 

519,620 

Creuse 

. 

. 

226,224 

Dordogne 

424,113 

Doubs 

. 

226,093 

Drôme 

. 

253,372 

Eure 

. 

. 

421,481 

Eure  et  Loir 

. 

265,996 

Finistère 

. 

. 

452,895 

Gard  .  . 

322,144 

Garonne  (Haute) 

. 

• 

♦ 

367,551 

LA  F  R  a  N  G  E* 


Dépariemensx 

Gers 

Gironde  ^  . 
Hérault  , 

Ille  et  Vilaine 
Indre 

Indre  et  Loire 

Isère 

Jura 

Landes 

Loir  et  Char 

Loire  . 

Loire  (Haute) 

Loire  -  Inférieure 

Loiret 

Lot 

Lot  et  Garonne 
Lozère 

Maine  et  Lpire 

Manche 

Marne 

Marne  Haute 

Mayenne 

Meurthe 

Meuse 

Mont  -  Blanc 

Morbihan 

Moselle 

Nièvre 

Nord 

Oise 

Orne 

Pas  -  de  ■  Calais 
Puy  -  de  -Dôme 
Pyrénées  (Basses) 


Population  suivant 
l'appergu  officiel  de  1815- 

286,499 

514,562 

301,099 

,  .  *  508.3(4 

204,721 
275»2Q2 

471,660 

.  ,  292,882 

.  240,146 

212552 
315.858 
268,202 
407,827 

.  •  .  285,395 

272,233 

.  •  .  326,127 

143-247 

*  •  •  404,489 

581,429 
311,017 
237,785 
332,253 
365-810 

284,703 

'  180,000 

403,423 
562,700 

•  •  241,520 

899,890 

•  •  383,507 

425,920 
580,457 
•  542,834 

•  «  383,502 


6 


LA  FRANCE 


Dèpartemens  : 

Population  suivant 
l'apperçu  officiel  de  i8rs* 

Pyrénées  (Hautes) 

« 

. 

198,763 

Pyréneés  -  Orientales 

•  . 

; 

-, 

126,626 

Rhin  (Bas) 

s 

» 

500, oco 

Rhin  (Haut) 

• 

-  ; 

421,101 

Rhône 

. 

. 

347,381 

Saône  (Haute) 

. 

s  ■ 

305,546 

Saône  et  Loire  . 

« 

463,782 

Sarthe 

J 

a 

•  Z 

4*  0,380 

Seine 

« 

p 

631,531 

Seine  -  Inférieure 

t 

*  • 

m 

642,948 

Seine  et  Marne  •  » 

•  1 

; 

304,068 

Seine  et  Oise 

. 

. 

• 

430,972 

Sèvres  (Deux) 

• 

254>io5 

Somme 

. 

•  . 

• 

495,105 

Tarn 

• 

•  ♦ 

295,885 

Tarn  et  Garonne 

• 

• 

238,882 

Var 

. 

. 

283,296 

Vaucluse  » 

. 

» 

205,832 

Vendée 

. 

. 

268,786 

Vienne  * 

« 

• 

253,048 

Vienne  (Haute) 

- 

. 

243,195 

Vosges 

V 

♦ 

• 

334,169 

Yonne 

• 

•  ' 

326,324 

Le  dénombrement  de  i8i?> 

porte  suivant  l’Annuaire 

du  bureau  des  longitudes ,  la  population  du  Royaume  à 
39,327,388-  non- compris  les  soldats  sous  les  drapeaux. 


La  population  des  colonies ,  d’après  les  données  de 
quelques  statistiques  Français,  est  portée: 

Indes  occidentales,  à  583-  m-  c,  658,000  habit. 

Sud  de  l’Amérique. —  610. - 33, 500  — 

Nord  de  l’Amérique.  —  6.  — —  2,000  — 

Afrique.  —  140. - 92,000  — « 

Indes  orientales.  —  29.  — -  —  50,000  — 


LA  FRANCE. 


7 


Le  Climat^  à  quelques  provinces  méridionales  près 
où  il  fait  ford  chaud,  est  très  -  doux  et  très  -  agréable, 
et  l’air  tempéré  et  sain.  En  général  on  peut  diviser  le 
Royaume  en  trois  zones,  qui  ont  exactement  troi9 
climats  différens,  dont  l’influence  est  très  -  remarquable 
sur  toute  espèce  de  végétation. 

Les  montagnes  les  plu9  considérables  sont  outre  le» 
Alpes,  qui  séparent  la  France  de  l’Italie,  les  Vosges,  le 
Jura,  les  Pyrénées,  les  Cévennes  et  les  montagnes  de  la 
ci  -  devant  Auvergne,  que  l’on  pourrait  nommer  la 
Suisse  française.  Le  Cantal ,  est  élevé  de  5,802  pieds  de 
Paris  et  le  Mont- d'or,  de  5,820,  le  Puy  -  de  -  Dôme ,  de 
4,960.  p.  le  Mont-Mezin  des  Cévennes  de,  6,162.  p.  le  Bal¬ 
lon  des  Yosges,  suiv.  André  de  Gy ,  de  4,368"  p.  le  Chas¬ 
serai  de  4,968.  p.  le  Viso  de  9,38?.  p.  VOlan  de  12,206.  p. 
Pellvoux  de  Vallouisse ’,  13,236.  p.  le  Monte  rotondo  et  le 
Monte  Oro  en  Corse^,  de  9,294  et  8,166.  p.  au-dessus  de  la 
mer:  mais  les  plus  hautes  montagnes  de  la  France,  sont 
le  Louzira ,  13,548*  p.  le  Loupilon ,  13,260,  le  Jocelme, 
13,002.  Vignemale ,  10,332.  p.  Marhoré ,  9,978.  p.  Les  prin¬ 
cipales  rivières  sont  la  Seine,  la  Loire,  le  Rhône.  [Le 
castor,  se  trouve  dans  les  îles  et  sur  les  bords  du 
Rhône:]  la  Garonne,  le  Rhin,  la  Meuse,  l’Escaut; 
dans  ces  grands  fleuves  se  jettent  les  petites,  la  Saône, 
la  Yonne,  la  Marne,  la  Moselle,  la  Sambre  etc.  Dans 
la  Garonne  se  rend  au-dessous  de  Toulouse,  le  fameux 
Canal  de  Languedoc ,  qui  commence  à  Cette  sur  la  mer 
méditerranée  ,  et  qui  réunit  deux  mers.  Il  y  a  toujours 
sur  le  canal  250  bâtimens  en  activité.  Il  y  a  encore  le  x 
canal  d’Orléans  ,  le  canal  du  centre ,  le  canal  de  Briare. 
celui  de  St.  Quentin.  Le  canal  de  Bourgogne  et  celui 
tle  l'Ourcq  sont  presque  fini,  mais  les  autres  canaux 
projettés  sous  le  gouvernement  Napoléon  ne  le  sont 
guères,  excepté  le  canal  de  Beaucaire.  On  porte  dans  la 
France  Européenne  le  nombre  des  villes  à  1,950 ,  de» 


8 


LA  FRANCE. 


bourgs  et  villages  à  38  509,  des  hameaux  à  51,000,  et  des 
maisons  et  cabanes  à,  5,336,300.  La  révolution  a  amené 
la  tolérance  de  toutes  les  sectes,  et  l’exercice  libre  et 
public  de  tous  les  cultes.  Mais  la  religion  catholique, 
étant  d’après  le  concordat  celle  de  l’état,  doit  être  re« 
gardée  comme  le  culte  de  la  grande  majorité  des  Fran,« 
gais.  Mr.  Hassel  évalue  dans  le  Royaume  de*  France  les 
Catholiques,  à  25,633,000,  les  Réformés,  02,300,000,  les 
Luthériens,  à  1,100,000.  Il  y  a  encore  à  peu  près  60,000 
Juifs,  2,000  Memnonites ,  et  350  Quakers.  Les  Catholi¬ 
ques  ont  9  archévêchés  ,  les  Réformés  des  Consistoires, 
dont  5  forment  une  Synode  ,  les  Luthériens  un  Consi¬ 
stoire  général  et  7  Inspections.  Les  Juifs  possèdent  un 
Consistoire  et  5  Synagogues.  On  parle  en  France  cinq 
langues  différentes  :  le  Français  proprement  dit,  qui  n’au¬ 
torise  aucun  dialecte,  et  qui  est  devenu  la  langue  uni¬ 
verselle  de  l’Europe,  au  moins  la  principale  en  usage; 
l’ancien  Bréton  en  Basse  -  Brétagne;  le  Basque  dans  les 
Pyrénées;  l’Allemand  en  Alsace,  dans  la  Lorraine,  et 
l’Italien  en  Corse.  Chaque  nation  possède  des  diction¬ 
naires  de  la  langue  française.  Nous  recommandons  aux 
voyageurs  allemands ,  comme  des  livres  de  poche  utiles, 
le  Dictionnaire  portatif  français  -  allemand,  et  allemand- 
français  par  Catel.  N.  E.  à  Brunswick.  12. ,  et  surtout 
le  Nouveau  Dictionnaire  de  poche  français  allemand ,  et 
allemand  -français  ,  à  Leipsic,  chez  Rabenhorst.  12.  cin¬ 
quième  E.  Le  Gascon  et  le  Provençal  par  son  mélange 
du  Français,  de  l’Espagnol  et  de  l’Italien,  annonce  non 
seulement  le  voisinage  de  l’Espagne  et  de  l’Italie,  mais 
encore  les  anciennes  liaisons  des  habitans  de  ces  trois 
pays» 

Reausobre  fait  monter  la  quantité  du  vin  qui  se  yen* 
dange  dans  toute  la  France,  année  commune,  à  13,687,500 
muids.  L’auteur  de  l'Etude  de  la  Politique  porte  à  ^4 
de  pinte  la  consommation  de  chaque  homme  par  jour  ; 


LA  FRANCE. 


9 


c’est  pour  la  population  de  la  France,  7,603,680  muids 
par  an.  Si  l’on  cjoûte  à  ce  résultat  une  quantité  égale 
pour  l’exportation,  et  2,000,000  de  muids  pour  les  eaux- 
de-vie  et  le  vinaigre,  on  aura,  18,207,368  muids  de  vin, 
année  commune,  suivant  l’opinion  de  cet  auteur.  Le 
Ministre  de  l’Intérieur,  dans  son  budget  de  l’an  1812» 
porta  le  produit  des  vignes  et  vignobles  à  20  raillions  de 
muids.  Maréchal  soutient  qu’une  vigne  en  Champagne 
rapporte  en  général  depuis  30  jusqu’à  cinquante  livres 
sterling,  et  le  produit  net  en  est  d’environ  4  jusqu’à  7 
livres  sterling.  Le  champagne  rouge  des  environs  de 
Rheims  est  d’une  bonté  exquise.  Les  vins  de  Cham¬ 
pagne  passent  dans  le  commerce  sous  les  noms  des  vins 
à'Ayi  de  Taissy ,  de  Sillêry ,  Haut  -  Villers ,  de  Versenay , 
de  Tonnere ,  mousseux  et  pétillant.  Le  canton  auprès 
d'Epcrnay ,  qui  produit  le  vin  blanc  fin,  ne  contient 
que  5  lieues  de  longueur  ,  et  il  y  a  un  autre  espace  de  3 
ou  4  lieues ,  où  l’on  fait  le  vin  blanc  avec  du  raisin 
blanc  seulement.  Avec  le  raisin  noir  on  fait  du  vin 
rouge  ou  du  vin  blanc.  Les  meilleurs  vins  de  Bourgogne 
sont  ceux  de  Beaune ,  'de  Nuits ,  de  Rùmanée ,  de  Pom¬ 
mard  ,  de  Clos  -  Vourgeot.  Les  vins  de  liqueur  les  plu? 
estimés  en  France  sont  ceux  de  la  Ciotat  et  de  St,  Lau¬ 
rent  en  Provence  ;  les  vins  muscats  d’une  qualité  exqui¬ 
se  sont  ceux  de  V Hermitage  ,  de  Frontignan ,  de  Lunel> 
et  de  Rivesaltes.  Bordeaux  e3t  l’entrepôt  principal  des 
vins  dits  français,  de  Bergerac,  de  Médoc,  de  Cahors, 
du  vin  de  Grave,  de  Pontac  etc.  le  Cap-Bréton  de  Gas¬ 
cogne,  le  Clairet  de  Calvisson,  le  vin  de  paille  d’Alsace: 
[l’auberge  à  Colmar,  aux  sept  montagnes  était  a  mon 
passage  renommée,  d’en  posséder  du  bon:]  Du  mauvais 
vin  se  fait  l’eau  -  de  -  vie  dont  la  meilleure  est  celle  de 
Cognac  sur  la  Charente.  Les  eaux-de-vie  de  vin,  qui 
se  font  en  France,  p.  e.  celles  de  Nantes  et  de  l’ancien 
Poitou  ,  sont  généralement  estimées  en  Europe.  Le  li¬ 
queur  de  Bordeaux,!  dite  Entre  les  ; deux  mers ,  est  très- 


ÎO  tA  FRANCE'. 

forte.  Des  vinaigres  de  -  vin  celui  d'Orléans  est  réputé 
le  meilleur.  Les  Raisins  de  caisse  viennent  de  la  Pro¬ 
vence  et  les  JPassarilles  du  Languedoc.  La  meilleure 
huile  se  fait  en  Languedoc,  mais  surtout  en  grande 
quantité  dans  le  Roussillqn  et  la  Provence,  d’où  elle  a 
prise  son  nom;  on  préfère  celle  dite  d'Aix.  On  distin¬ 
gue  deux  sortes  d’huiles,  savoir  les  huiles  par  expres¬ 
sion  et  celles  par  destination*  Depuis  quelque  tems  on 
cultive  dans  quelques  départemens,  et  principalement 
dans  celui  des  Landes,  l'arachide  ou  cacahuète ,  origi¬ 
naire  du  nouveau  -  monde  et  introduite  en  Espagne. 
Elle  donne  une  graine,  de  laquelle  on  extrait  une  huile, 
qui  ,  par  sa  délicatesse,  ne  le  cède  point  à  celle  d’oli¬ 
ves.  Elle  est  en  outre  extrêmement  abondante.  Savon 
"blanc  et  marbré,  savons  en  pâte  verts  et  noirs.  Chanvre. 
Coton.  Lin.  La  Normandie,  la  Brétagne,  produisent  le 
lin,  employé  à  la  fabrique  des  toiles  fines,  batistes,  den¬ 
telles.  Il  y  a  des  ouvrières  en  dentelles ,  à  qui  une 
journée  de  ce  travail  vaut  depuis  9  jusqu’à  12  francs. 
Bois,  revenu  territorial  de3  plus  importans ,  mais  fort 
négligé  dans  les  tems  de  la  révolution.  Miel;  le  plus 
estimé  est  le  miel  blanc  du  petit- pays  de  Corbières  près 
Narbonne.  Paris  seul  consume  la  moitié  de  tout  ce  qui 
s’en  recueille.  Les  meilleures  cires  jaunes  sont  celles  de 
Brétagne.  Bled.  Il  a  paru  une  quantité  d’écrits  sur  le 
commerce  des  bleds  en  France,  on  en  a  compté  jusqu’à 
trente  depuis  1763  jusqu’en  1 776.  Mais  quelque  grande 
que  soit  en  France  la  consommation  du  bled  ,  tous  les 
départemens  fournis,  ^1  en  reste  chaque  année  une  gran¬ 
de  quantité  qu’on  peut  vendre  à  l’étranger.  Les  pom¬ 
mes  de  terre  obtiennent  à  présent  une  place  parmi  les 
richesses  territoriales.  La  culture  du  maïs  est  de  la  plus 
haute  importance  pour  les  départemens  où  elle  a  lieu. 
Le  safran  du  ci-devant  Gatinais  est  aujourd’hui  le  plus 
récherché.  On  cultive  surtout  l’anis  et  le  coriandre  dans 
les  départemens  méridionaux.  C’est  à  un  citoyen  in- 


LA  FRANCE,  it 

connu,  et  à  prisent  oublié ,  nommé  François  Fraucat, 
que  Nîmes  et  les  départemens  méridionaux  de  la  Fran¬ 
ce ,  sont  redevables  de  leurs  richesses  en  soieries.  Il 
planta  en  1564.  le  premier  mûrier  en  France,  et  1606  il  en 
avait  déjà  répandu  plus  de  4millions  de  plantes  dans  ce* 
Ûeux  provinces  méridionales.  A  la  grande  foire  de  Beau - 
caire ,  où  pendant  dix  jours  seulement  il  se  faisait  avant 
la  guerre  de  mers  ,  pour  six  millions  d'affaires ,  la  soie 
•st  un  objet  si  considérable,  que  l’exportation  de  cette 
marchandise  est  en  général  d’une  grande  conséquence 
pour  la  France.  Le  tabac  râpé  de  Saint  -  Orner  et  une 
infinité  d’autres  sortes,  y  font  une  branche  particulière 
de  commerce.  La  ferme  du  tabac,  rapportait  sous  l’an¬ 
cien  régime  environ  36  millions  de  livres.  La  consom¬ 
mation  en  France,  pendant  l’année  1797,  a  été  de  240,000 
quintaux  de  tabac  fabriqué.  La  plûpart  passe  par  Dun¬ 
kerque.  Le  sol  de  la  France  est  généralement  propre  à 
la  culture  du  tabac;  il  y  a  des  contrées  qui  en  produi¬ 
sent  d’excellent:  On  porte  à  300,000  quintaux  le  produit 
annuel  du  tabac,  ce  qui  ne  suffît  pas  k  présent  pour  la 
consommation  des  habitans,  qui  sont  devenus  grands 
fumeurs,  depuis  la  révolution  et  les  guerres.  La  France 
«st,  sans  contredit,  le  pays  de  l’Europe,  le  plus  abon¬ 
dant  en  fruits  de  toute  espèce,  ou,  pour  mieux  dire, 
tous  les  fruits  particuliers  à  chaque  partie  de  l’Europe, 
se  trouvent  rassemblés  dans  son  territoire  et  répandus 
avec  profusion.  Qui  ne  connaît  et  ne  recherche  pas,  les 
bons  -  chrétiens  d’Indre  et  Loire,  les  gelées  de  pommes 
de  Rouen,  les  marrons  de  Lyon,  les  pruneaux  de  Tours 
et  de  Brignolles,  les  reinettes  de  Rouen,  les  rambonrs 
d’Orléans,  les  calvilles  de  Limagne,  la  reine  Claude  du 
Poitou,  la  perdrigone  rouge  du  Languedoc,  les  jujubes» 
avelines,  citrons,  oranges  de  Grasse  et  d’Hières  etc. 
C’est  en  France  que  se  fait  le  plus  grand  commerce  du 
sel  marin,  outre  le  sel  de  salines.  Car  le  sel  de  France 
passe  pour  le  plus  salant  et  le  moins  corrossif  de  l’Eu- 


12 


L  A  F  R  A.  N  C  E. 

rope.  Les  produits  dés  marais  salans,  s'élèvent  à  près  dé 
4  millions  de  quintaux  aujourd’hui;  la  vente  que  l’on  en 
fait  au  dehors  monte,  année  moyenne,  à  environ  2  mil¬ 
lions  400,000  livres,  car  la  consommation  intérieure  s'est 
beaucoup  accrue  depuis  la  révolution.  Cela  nous  con¬ 
duit  à  des  calculs  curieux  sur  le  numéraire,  que  ce  com¬ 
merce  et  d’autres  faisaient  et  font  entrer  en  France. 

Suivant  M.  Arnould ,  dans  son  excellent  ouvrage  sur 
la  balance  du  commerce  de  France,  il  y  avait  en  France 
du  teins  de  la  révolution  plus  de  2,000  millions,  de  livres, 
en  numéraire.  Ce  même  auteur  y  ajoùte  un  calcul  assez 
curieux  des  revenus  nationaux  de  ce  royaume,  c’est-à- 
dire  du  produit  annuel  de  l'agriculture  ,  des  fabriques, 
du  commerce,  et  de  la  pêche. 

Bénéfices  de  l'Industrie  Française ,  avant  la  rivo - 


lution  en 

Pour  les  ltoreries 

!i?89- 

161,250,000 

Livres 

—  les  lainages  .  . 

92,500,000 

- 

—  les  soieries 

. 

41,600,000 

— 

—  les  modes 

. 

5,000,000 

— 

Ameublemens  et  tapisseries 

. 

800,000 

—  • 

Mercerie  ,  quincaillerie  ♦ 

75,000,000 

'  -  " 

Tannerie,  pelleterie 

. 

6,000,000 

— 

Panéterie 

♦ 

7,200,000 

— 

Orfèvrerie ,  bijouterie  . 

. 

2,500,000 

— 

Manufactures  à  feu 

. 

38, ‘200,000 

— 

Savon 

5,000,000 

—  ' 

Raffinerie  de  sucre 

♦ 

5,800,0-0 

— 

Sel  .  »  . 

2,700,000 

— 

Tabac  .  .  , 

. 

1,200,000 

— 

Arts  et  métiers  . 

6o, '.00,000 

— 

504,750,000  Livres 


Il  est  aisé  à  voir,  qu’aujourd’hui  plusieurs  parties  de 
ce  tableau  n'offrent  plus  les  mêmes  proportions  debêné- 


LA  FRANCE. 


13 


lices  de  la  main-d’oeuvre ;  les  uns  en  donnent  plus,  les 
autres  moins.  Mais  ce  tableau  suffjt  pour  prouver,  quel- 
les  ressources  immenses  renfermait  déjà  l’ancienneFran- 
ce  par  son  industrie  nationale.  On  peut  porter  dans  ce 
moment  le  produit  annuel  de  cette  industrie,  à  2,000 mil¬ 
lions  de  Francs,  dont  700  par  les  bénéfices  de  lamain- 
d'oeuvre. 

La  France  a  du  poisson  en  abondance  et  la  pêche  de 
huîtres  près  Cancale  en  Bretagne  est  considérable.  On 
fait  beaucoup  de  cas  de  celles  .qu’on  apporte  du  pays  d« 
Médoc ,  qui  sont  petites  et  d’une  couleur  qui  tire  sur  le 
vert.  On  consomme  à  Paris  en  huitres,  environ  un  mil¬ 
lion  de  douzaines.  La  pêche  des  sardines  est  très-impor¬ 
tante.  Au  moment  de  la  révolution  le  produit  de  la 
pêche  de  la  morue  s’éleva  à  15,700,000  francs.  Les  ma¬ 
quereaux ,  les  congres,  les  saumons  forment  une  pêche 
considérable  \  le  poisson  qu’on  pêche  sur  la  côte  de  Dun¬ 
kerque  â  St  Valéry  est  fort  estimé,  celui  du  Bourg 
d’Ault  est  réputé  le  meilleur.  On  prétend  que  plus  on 
approche  de  la  côte  d’Angleterre  ,  plus  le  poisson  a  de 
qualité.  Paris  seul  paraît  consommer  en  poisson  de 
mer,  frais,  sec  et  salé,  100,000  quintaux  par  an,  La 
France  si  riche  en  rivières  très-poissonneuses,  renferme 
encore  500,000  arpens  d’étangs.  Les  principaux  poissons 
que  donnent  les  rivières  de  France,  sont  lé  saumon,  le 
brochet,  la  carpe,  l’anguille,  la  truite,  le  carjpillon  etc. 
Il  faut  mettre  enpore  au  nombre  des  productions  et  des 
autres  branches  du  commerce  les  autres  productions 
animales.  Les  trçupeaux  et  leurs  produits  divers,  for¬ 
ment  une  des  plus  fortes  branches.  Le  gros  bétail  est 
répandu  en  général  sur  toute  la  surface  de  la  France. 
Le  tableau  de  l’an  1815  donne  le  calcul  aproximatif 
suivant  : 


Guide  des  Voy.  T  TT. 


B 


n 


LA  FRANCE. 


Chevaux 
Mulets  et  ânes 
Gros  bétail 
Moutons 
Chèvres 
Cochons 


1,200,000 

550,000 

6,000,000 

25,000,000 

870,000 

4,000,000 


On  trouve  en  France  plusieurs  races  de  bêtes  à  laino 
distinctes  et  précieuses  ,  chacune  dans  leur  espèce.  On 
vante  au  Nord  pour  la  chair,  les  Ardennois ,  le9  P ressa¬ 
ies .  Les  marroquins  faits  avec  la  peau  des  chèvres  de 
Corse,  égalent  ceux  du  Lévant. 


Les  belles  toisons  des  Aspres ,  de  Tech ,  et  d'une  par¬ 
tie  de  la  Salogne  fournissent  de  fort  belles  laines  à  la 
France.  Parmi  les  fromages  on  distingue  les  fromages 
de  Brie ,  le  Sassenage  de  Grenoble,  le  Vachelin  de  la  ci- 
devant  Franche-Comté.  On  trouve  dans  le  Nord  les  fro¬ 
mages  de  Marolles  et  le  Dauphin.  Les  fromages  d’Au¬ 
vergne  imitent  ceux  de  la  Hollande;  l'Angelot,  du  pays 
de  Bray  en  Normandie,  est  formé  en  coeur  ou  en  rond 
et  applati.  Les  beurres  les  plus  estimés,  sont  ceux  de 
la  Lys  ,  du  Pas  -  de  -  Calais ,  de  la  Seine  -  inférieure  ,  du 
Calvados,  de  l’Orne,  de  laJVIanche,  de  la  Brétagne.  La 
consommation  qui  se  fait  des  porcs  à  Paris  ,  est  évaluée 
à  plus  de  550,000  et  l’on  peut  estimer,  qu’il  s’en  con¬ 
somme  .par  an  dans  toute  la  France,  près  de  4.000,000. 
Les  ci  -  devant  provinces  du  Maine,  de  Normandie,  de 
Guienne,  de  Languedoc,  sont  celles  qui  abondent  le 
plus  en  volailles  de  toute  espèce.  Les  coqs  d’inde  les 
plus  gras  viennent  de  la  Dordogne,  Loire  et  Lot.  Il 
s’en  fait  un  commerce  considérable,  et  qui  s’étend  fort 
loin.  On  y  sale  des  oies  pour  toute  l’année,  en  cou¬ 
pant  l’animal  en  morceaux,  que  l’on  fait  cuire  dans  leur 
graisse.  C’est  la  ce  que  dans  ces  départemens  on  nomme 
cuissts  d'oie.  Juü  plus  grande  partie  se  consomme  dans 


LA  FRANGE. 


15 


le  pays,  et  dans  les  départemens  éloignés*  ce  mêts  est 
plus  vanté,  qu’il  n’est  en  usage.  On  en  prépare  une 
énorme  quantité  dans  le  Périgord  et  du  côté  de  Baïonne 
et  de  Toulouse.  Dans  cette  seule  dernière  ville  il  s’en- 
consomme  par  an  plus  de  120,000.  On  a  fait  depuis  peu, 
un  essai  ingénieux  de  Géographie  gourmande  de  la 
France.  La  carte  gastronomique ,  que  nous  avons  fait 
copier  et  ajoûter  à  cet  itinéraire,  -  l’expliquera  davan- 
tage.  On  y  verra  d’un  seul  coup  d’oeil  quels  sont  les 
départemens  et  les  villes  ,  qui  jouissent  du  beau  privi¬ 
lège  de  fournir  à  la  table  quelques  productions  plus  ou 
moins  célèbres  ,  plus  ou  moins  récherchées. - 

C’est  l’ancienne  Normandie  qui  fournit  les  plus 
beaux  chevaux,  sur  tout  les  bidets  normands  et  les  per - 
cherons  ;  le  Limousin  plein  de  feu,  les  doublets  bidets 
du  Morbihan,  sont  recherchés  :  mais  en  général  les  che¬ 
vaux  français  pèchent  par  avoir  de  trop  grosses  épaules. 
C’est  dans  le  Cantal  que  s’élèvent  les  mulets,  connus  et 
recherchés  sous  le  nom  de  mulets  d'Auvergne.  Dans  les 
arrondissemens  du  Poitou  et  de  Vienne,  se  trouve  une 
race  d’ânes  de  la  plus  haute  espèce;  leur  taille  ordinaire 
est  de  4  pieds  3  —  6  pouces,  même  de  5  pieds.  Iis  sont 
connus  dans  le  pays,  sous  le  nom  d'animaux  :  on  les 
appelle  aussi  bourriquets.  La  France  possède  des  gran¬ 
des  richesses  minérales.  Le  charbon  de  terre;  le  plomb 
est,  après  le  fer  et  le  zinc,  le  métal  qu’on  trouve  le 
plus  abondamment  en  France:  dans  les  départemens  il  y 
a  des  mines  d’or,  d’argent,  de  cuivre,  de  marbre;  d’al¬ 
bâtre,  les  énormes  dépôts  de  pierres  à  fusil,  dans  les  dé¬ 
partemens  de  Loir  et  Cher  et  de  l’Indre  :  d’ardoise  ;  de 
pierre  de  ponce;  de  lave;  des  mines  de  houille,  ou  char¬ 
bon  de  terre,  à  pipe  de  pierres  de  tuf  etc.  Des  très - 
nombreuses  tourbières,  et  d’autres  substances  com¬ 
bustibles,  comme  le  pétrole,  le  piss asphalte ,  les 
mihes  de  poix  minérale  etc.  Le  liège  qu’on  apelle 

B  2 


i6 


LA  FRANCE. 

liège  blanc  pour  le  distinguer  du  liège  d’Espagne,  paraît 
noir  d’un  côté.  Les  eaux  minérales ,  tant  pour  boire 
que  pour  les  bains,  ne  sont  pas  rares.  On  estime  fort 
les  eaux  médicinales  de  Bagnëres,  de  Barège,  de  Plom¬ 
bières,  de  Luxeuil,  de  Passy  etc.  La  fontaine  de  St. 
Pierre  d’Argenson  passe  pour  être  une  source  de  vin* 
parceque  l’eau  en  a  toute  à  fait  le  goût. 

Dans  les  départeraens  du  sud,  l’arbre  dit  micocoulier , 
pousse  des  branches  droites  et  flexibles.  On  donne  par 
des  coupures  à  ces  branches  la  figure  d’une  fourche  h 
trois  pointes:  cette  fourche  continue  de  croître,  et  ac¬ 
quiert  dans  l’intervalle  de  6  à  8  ans,  la  grandeur  desirée. 
Voilà  une  fabrication  de  fourches,  unique  et  assez  sin¬ 
gulière.  On  trouve  sur  les  bords  du  Rhône ,  des  castors» 
semblables  à  ceux  du  Canada,  des  loutres,  des  tortues. 

La  France  monarchique  avait  parcouru  un  cercle  de 
quatorze  siècles.  La  France  révolutionnée  et  républi¬ 
caine  s’en  est  détournée  d’une  douzaine  d’années,  poux 
devenir  ensuite  la  France  JSf  apoléonne  :  mais  la  recon¬ 
naissance,  la  raison,  l’intérêt  de  l’état,  ont  en-l’an  1814, 
révoqué  l’ancienne  Monarchie  et  les  Bourbons. 

Le  titre  du  Roi  est:  Louis  XV III.  par  la  grâce  de 
Dieu  Roi  de  France  et  de  Navarre:  on  lui  donne  l’an¬ 
cien  surnom,  Très  -  Chrétien.  Le  fils  aîné  du  Roi  est 
appellé  Dauphin  ;  le  frère  ainé  porte  le  titre  de  Mon¬ 
sieur ,  les  autres  Princes  et  les  enfans  du  Dauphin,  sont 
Princes  de  France ,  ceux  de  la  ligne  collatérale  sont 
princes  du  sang.  Le  Roi  partage  le  pouvoir  législatif 
avec  les  états  du  Royaume,  la  chambre  des  Pairs  et  la 
chambre  des  Députés ,  qui  représentent  la  Nation. 

Avant  la  révolution,  les  revenus  publics,  suivant 
le  dernier  compte  rendu  par  M.  Necker,  étaient  de 


LA  FRANCE.  17 

475,294,000  livres  par  an,  et  les  dépense»  de  l’état  excé¬ 
daient  cette  somme  de  56,150,000  livres.  Quelques-uns 
portaient  les  révenus  annuels  de  la  République  Fran¬ 
çaise  à  600  millions ,  sans  les  emprunts  et  les  crédits 
anticipés.  Suivant  le  compte  rendu  en  1807  les  revenus 
ordinaires  del’Empire  en  impôts  direct»,  montaient  à  720 
millions  Francs.  L’état  des  dettes  publiques  était  in¬ 
certain.  Elles  étaient  estimés  à  2  milliards  ;  les  rentes 
viagères  a  18  millions.  Le  ministre  Ramel  a  démontré 
dans  son  rapport  sur  les  finances,  que  la  convention 
nationale,  ses  comités,  et  le  directorat,  avaient  con¬ 
tracté  par  l’émission  du  papier-monnaie,  la  dette  de 
47  milliards,  978  millions,  810,040  livres,  dont  45,578)810,440 
en  assignats,  et  2,400,000,000  en  rescriptions  et  mandats. 
Cet  état  de  dettes  est  d’autant  plus  remarquable  ,  que 
déjà  Posselt  avait  calculé  en  1797,  que  la  France  révolu¬ 
tionnée  avait  retiré  des  autres  Etats  Européens,  envahis 
par  elle,  en  contributions ,  en  réquisitions,  y  compris 
les  dévastations,  la  somme  de  745,190,000  Francs.  Un  au¬ 
teur  moderne  vient  d’évaluer  cette  somme,  non  compris 
la  valeur  des  cliefs  -  d’oeuvres  des  arts  enlevés,  à 
4226,409,732  Francs.  La  dette  nationale  constatée  à  l’avé- 
nement  de  Louis  XVIIL  au  trône,  monta  suivant  le  rap¬ 
port  fait  au  Roi,  à  un  milliard  et  308  millions  deFranc9. 
D’après  l’exposé  à  la  chambre  des  Députés  de  1814  l’ar-» 
riéré  véritablement  exigible,  était  en  1815  de  759  mil¬ 
lions.  Le  Budget  proposé  pour  1817  est  de  io88>294,957 
Francs. 

Suivant  les  rapports  publics  en  18/7  l’armée  de  terre 
était  forte  de  140,000  hommes.  Les  gardes  nationales  for¬ 
maient  un  corps  à  part.  La  marine  militaire  était  en 
1817  d’environ  60  à  70  vaisseaux  grands  et  petits. 

Il  y  a  6  ordres  de  chevalerie:  les  ordres  de  St.  Mi¬ 
chel^  du  St,  Esprit;  de  St.  Louis;  de  St.  Lazare  et  d« 


is 


L  A  FR  A  N  C  E. 


N.  D.  de  Carmel,  réunis;  du  mérite  militaire;  de  la  lé¬ 
gion  d'honneur. 

Par  un  décret  de  l’assemblée  constituante  de  l'au 
1790  les  bureaux  et  postes  des  douanes  furent  reculées 
aux  frontières;  où  elles  restent  établies,  et  où  elles 
forment  plusieurs  lignes.  Leurs  principales  fonctions- 
sont,  de  défendre  l’impoTtation  en  fraude  des  produc¬ 
tions  des  manufactures  étrangères,  et  de  s’opposer  à  l'ex¬ 
portation  des  objets  reconnus  de  première  nécessité,  ou 
indispensables  aux  propres  besoins  du  Royaume.  P.  e. 
il  est  défendu  d’exporter  de  l’or  et  de  l’argent  frappé 
aux  coins  de  la  imonarchie  française.  Le  voyageur,  qui 
à  son  entrée  sur  le  territoire,  porte  sur  lui  des  espèces 
d’or  ou  d’argent,  monnayées  en  France,  doit  en  faire  sa 
déclaration  à  la  douane;  on  lui  en  expédie,  moyennant 
quelques  sous  qu’il  paye  au  greffier,  un  certificat,  qu’il 
montre  au  bureau  de  visite ,  où  l’argent  déclaré  est 
compté;  il  reçoit  alors  l'acquit  de  caution ,  et  cet  ac¬ 
quit,  présenté  à  la  douane  de  sortie,  ou  au  bureau  des 
frontières  où  il  quitte  la  France,  loi  procure  la  permis¬ 
sion.  d’exporter  la  même  somme  en  argent  de  France. 
Car  les  ducats,  les  risdalers  allemands,  et  même  les 
écus  brabançons,  ?ie  sont  pas  compris  dans  la  défense 
d’exportation  ou  d’importation.  Aucun  voyageur  ne 
doit  négliger  cette  déclaration  à  son  entrée,  s’il  ne  veut 
pas  voir  son  argent  confisqué  h  la  sortie.  Les  préposés 
des  douanes  concourent  en  outre  aux  mesures  de  sûreté, 
que  les  circonstances  ont  commandé  h  l’entrée,  et  pour 
les  communications  avec  l’étranger.  Les  passeports  sont 
de  toute  rigueur.  Chaque  voyageur  doit  être  muni  d’un 
passeport  en  règle,  expédié  par  le  magistrat  du  lieu  df 
son  domicile;  ce  passeport  doit  être  signé  par  l’ambas¬ 
sadeur,  l’envoyé,  ou  chargé  d’affaires  du  Royaume,  qui 
réside  'a  la  cour  ou  dans  la  ville -d’où  le  voyageur  part. 
Si  aucun  ne  s’y  trouvait,  le  voyageur  se  procurera  la 


LA  FEANCÏ, 


19 


signature  de  l’ambassadeur  ou  chargé  d’affaires  Français 
le  pins  voisin.  Ce  passeport  visé  du  voj'ageur  doit  être 
présenté  au  préfet  du  département  des  villes  frontières, 
pt  sans  en  avoir  reçu  la  permission  ,  il  ne  saurait  con¬ 
tinuer  son  voyage  dans  l’intérieur.  Arrivant  à  la  ville 
de  frontière,  le  passeport  reste  à  la  porte  d’entrée,  et 
l’on  désigne  au  voyageur  l’heure,  quand  il  doit  se  pré¬ 
senter  à  l’hôtel  de  préfecture.  Les  bureaux  de  préfec¬ 
ture  sont  ouverts  depuis  9  à  3  heures  du  matin.  Il  faut 
9e  présenter  en  personne,  signer  de  sa  main  le  passer 
port,'  et  coucher  de  même  sa  signature  sur  le  livre  des 
régitres.  Dans  le  cas  où  une  maladie  ou  quelque  autre 
accident,  vous  empêche  d’y  aller  en.  personne,  un  subT 
alterne  de  la  préfecture  se  rend  à  votre  auberge.  Nous 
marquerons  à  l’article  de  Paris ,  ca  que  l’étrangsr  doit 
observer,  à  son  arrivée  dans  cette  capitale.  Il  ne  devait 
être  payé  pour  chaque  passeport,  pour  tous  frais,  y  corn*, 
pris  ceux  de  la  fabrication  et  du  timbre,  que  2  Francs. 
Mais  cela  revient  quelquefois  à  3  ou  4.  Tous  les  visai 
devaient  de  même  être  donnés  gratuitement. 


2.  et  3. 

Poids  et  Mesures.  Réduction  des  anciennes  mesures 
en  nouvelles .  Taille  de  V homme  en  métrés. 

L’académie  des  sciences  ayant  été  chargée  par  l’as¬ 
semblée  constituante  de  travailler  à  un  nouveau  système 
général  des  poids  :et  mesures,  s’est  déterminée  à  pren¬ 
dre,  pour  Funité  réelle  de  mesure,  le  quart  du  méri¬ 
dien  ,  et  pour  l’unité  usuelle  ,  la  dix-millionième  partie 
de  cette  longueur.  Cette  unité  fondamentale,  la  dix-mil¬ 
lionième  partie  du  quart  du  méridien  ,  équivalente  à 


30  LA  FRANCE.  POIDS.  MESURES. 


très  -  peu- près  à  trois  pieds,  onze  lignes  et  demie,  fat 
appelé  mètre,  nom  venant  du  mot  grec  metron  ,  qui 
veut  dire  proprement,  mesure:  ses  divisions  sont  toutes 
assujetties  à  l’ordre  décimal.  Pour  l’unité  des  mesures 
agraires  on  a  pris  un  carré,  ayant  pour  côté  dix  mè¬ 
tres,  qu’on  a  appelé  are;  pour  l’unité  des  mesures  de 
capacité,  un  cube,  ayant  pour  côté  la  dixième  partie 
du  mètre,  auquel  on  a  donné  le  nom  de  litre:  et  pour 
l’unité  des  mesures  de  solidité,  relatives  au  bois,  un 
cube  ayant  pour  côté  le  mètre,  qu’on  a  appelé,  stère: 
enfin,  la  millième  partie  d’un  litre  d’eau  distillée,'  pé- 
sée  dans  le  vide  et  à  la  température  de  la  glace  fondan¬ 
te ,  a  été  choisie  pour  être  l’unité  des  poids,  qu’on  a 
appelé,  gramme.  Ces  quatre  unités  principales  ont 
trois  diviseurs  et  quatre  multiples,  qui  s’appliquent  à 
chacune  d’elles.  Les  trois  diviseurs  sont  le  dèci,  le 
centi  et  le  milli.  Les  quatre  multiples  sont  le  dèca, 
Vhecto ,  le  kilo  et  le  myria.  Ces  onze  termes  renferment 
tout  le  nouveau  système  des  poids  et  mesures. 


Mesures  linéaires. 

Degré.  Myriametre.  Kiliom.  Rectom.  Decam.  Mètres. 


x.  io. 

100. 

1,000. 

10,000. 

100,000- 

X. 

10. 

ICC. 

T, 000. 

10,000. 

I. 

10. 

100. 

1,000. 

1. 

10. 

100. 

r. 

10. 

Roms  systcma r 

Noms  français.  Valeur  aen 

nciennes 

tiques . 

mesures . 

Mètre. 

pieds 

3 

pouc. 

6 

liff. 

11,296 

Décimètre 
(ou  un  10.) 
de  mètre.) 


Palme. 


a 


8,330 


LA  FRANCE.  POIDS.  MESURES.  2ï 


Centimètre, 

(ou  un  ioo. 

de  mètre.) 

Doigt. 

4)433 

Millimètre, 

(ou  un  1,000. 

de  mètre.) 

Trait. 

0,443 

M  e  s  u 

ris  i  t  i  n  ê 

r  a  i  r  e  s. 

toises,  pieds,  p.  lig. 

Myriamètre 

(ou  ÏO,000 

mèt,) 

Lieue. 

530  4  5  3,560 

Kilomètre, 

(OU  1,000 

mèt.) 

Mille. 

513  0  5  3*936 

Hectomètre, 

(ou  ioo  mèt,) 

— 

51  1  10  1,583 

Décamètre, 

(ou  io  mèt.) 

Perche. 

809  4,950 

M  t  a 

turcs  a  g  r 

aires. 

□  Degré.  QMyriam.  Myriare.  Kîl.  Hect.  Décare.  Are. 

i»  jo. 

100,  1,000. 

10,000.  100,000.1,000,000. 

*  J- 

10.  100. 

1*000.  10,000.  100, coo, 

1.  20, 

IOC.  1,000.  10,000. 

1. 

IC-  100.  1,000. 

1.  10.  100. 

1.  10. 

Noms  systéma¬ 

Noms  français. 

Valeur  en  ancien • 

tiques. 

nés  mesures. 

Hectare,  (hec- 

toises  carrés. 

tomèt.  carré.) 

Arpent.  ' 

2632,45 

Are,  (decamèt. 

Perche  Car¬ 

carré.) 

rée. 

26,32 

Déciare. 

2,63 

Centiare. 

Mètre  carré» 

o,«6 

22  LA  FRANCE.  POIDS.  MESURES, 


Mesures  de  capacité  pour  les  liquides, 
Myrialitre.  Kilolitre.  Hectolitre.  Décalitre.  Litres. 

*.  10.  100.  1,000.  10,000. 
1.  10.  100.  1,000. 

1.  ÎO.  IOO. 

1.  10. 

I.  Litre  a  io  Décilitres,  ioo  centilitres,  1,000  Millilitres. 


Décalitre,  (io  déci- 

Pieds  cul) es. 

Met.  cub.) 

Boisseau ,  Velte. 

0,291? 

Litre,  (.décimèt. 

Pouces  cubes 

cub.) 

Pinte. 

5°, 412* 

Décilitre. 

Verre. 

5>°4I2 

Centilitre. 

— 

0,5941 

Millilitre,  (centimè- 

tre  cube) 

— 

0,0504 

Mesures  de 

capacité  pour 

les  matières 

se  ch  es. 

Pieds  cube» 

Kilolitre. 

Muid. 

29>i739 

Hectolitre» 

Setier. 

3,9174, 

Décalitre. 

Boisseau 

0,291? 

Litre. 

Pinte. 

50,4124 

' 

.i.  » 

pouc.  cub. 

Mesures  de  solidité  et  po 

ur  les  bois. 

Noms  systéma¬ 

Noms  français. 

Valeur  en  ancien¬ 

tiques. 

nes  mesures. 

Pieds  cubes. 

Stère,  (mitre  cube.)  — 

29,i?39 

Décistère. 

Solive. 

2,9i74 

Centistère. 

- 

0,291? 

Millistère.  (décimé- 

tre  cube) 

•>0291 

LA  FRANCE.  POIDS.  MESURES.  23 


Myriagramme. 

1. 


Myriagramme- 

Kilogramme. 

Hectogramme. 

Décagramme. 

Gramme. 

Décigramme. 

Centigramme. 

Milligramme. 


Poids. 

Kilogr.  Hectogr. 
10.  ICO. 

z.  10. 

1. 


Décagr. 

Grammes. 

1,000. 

10,000. 

100. 

1,000. 

10. 

100. 

r. 

zo. 

onc.  gros.  grains. 

6  0 

63,5 

0  5 

35»  15 

3  2 

10,72 

2 

44  >27 

18  827 

A  883 
0,188 

0,019 

liv. 

—  20 

Livre.  2 

Once. 

Gros. 

Denier. 

Grain. 


On  peut  réduire  à  huit  les  noms  génériques  du  systè¬ 
me  métrique,  savoir:  Myria ,  10,000  fois;  Kilo ,  i,00Q 
fois;  Hecto ,  100  fois;  Déc  a,  10  fois;  Unité ,  1  fois» 
Dé  ci  y  le  îome  ;  Centi y  le  ioome;  Milli,  le  i,ooome. 

Réduction  des  anciennes  en  no  uv  elle  s 


m  e  sur  e  s4 

1,188  Mètres. 
1,9484  — 

5.8452  — 

4444»  4  — 

3896.8  — 

34,166  Ares. 

0,9304  Litre®. 

1,30  Décalitres. 


Aune. 

Toise. 

Perche  de  18  pieds. 

Lieue  commune. 

Lieue  de  poste  parisienne. 

Arpent. 

Pinte  de  Paris». 

Boisseau  de  Paris 
Voie  de  bois  à  42  pouces  la  pièce.  1,917  Stères. 

Livre,  Poids  -  de  -  marc.  489.446  Grammes. 

Carat.  0,2062 

Grain.  53.075739  Milligrammes. 


24  LA  FRANCE.  POIDS.  MESURES. 

Réduction  des  mesures  et  poids  de  quelques  partie t 
de  l'Europe  en  nouvelles  mesures. 


Pied  anglais 

304,?  Millimètres. 

—  de  Castille  (Vare.) 

—  du  Rhin 

3i3.9 

—  de  Danemarc 

313.9 

—  de  Vienne 

316,0 

d’Amsterdam 

283,0 

—  de  Suède 

297,1 

—  de  Russie 

354-, 1 

—  du  Roi 

324,? 

Livre  d'Angleterre,  poids- 

de  -  Troyes 

372,6  Grammes, 

- 

Livre  d’Angleterre,  poids-avoir* 

du-poids 

453,i 

—  de  Castille 

459*4 

—  de  Cologne 

467,4 

—  de  Vienne 

558,6 

—  d'Amsterdam 

494,4 

—  de  Suède 

424,6 

—  de  Russie 

409,5 

Livre  de  Paris,  poids  de  Marc 

489.2 

Taille  de  l'homme  ezp 

rimée  en  métrés , 

4  pieds  6  pouces 

1  met. 

46. 

-  7 

ï« 

49. 

-  8 

1, 

52- 

-  9 

J, 

54* 

—  10 

1» 

57* 

—  ii 

1, 

60. 

5  o 

i, 

62. 

—  i 

1, 

65. 

—  % 

1» 

68. 

-  3 

1, 

70. 

,  -  4 

1, 

73- 

-  v 

LA  FRANCE.  POIDS.  MESURES.  J5 


— 

5 

I» 

A 

— 

6 

- 

A 

— 

? 

1» 

8t- 

— 

8 

84- 

— 

9 

I» 

87- 

— 

10 

I» 

89 

— 

il 

I» 

92* 

6 

0 

I» 

95- 

— 

X 

X. 

98 

— 

2 

x» 

00. 

4- 


Monnaies, 


Hôtels  iss  monnaies.  Valeur  des  monnaies  étrangères. 
Papier-monnaie. 


L'unité  monétaire  est  une  pièce  d'argent  do  poids  de 
5  grammes,  au  titre  de  9/n  de  fin,  appelé  Franc ,  etse 
subdivisant  en  décimes  et  centimes. 


Valeur  en  livres  tournois . 


Franc 

1  liv. 

0  sous 

3  deniers 

Décime 

2 

Centime 

2,45 

Une  lettre  de  change,  ou  billet  ou  autre  obligation 
d’une  somme  de  100  livres  ,  devra  être  réduite  à  $g  Fr. 
77  centimes,  qui  sont  la  valeur  de  100  livres:  la  valeur 
du  Franc  étant  à  celle  du  1  ancienne  livre  tournois,  dans 
le  rapport  de  &.  à  80. 

I.a  loi  a  fixé  le  titre  des  pièces  d'or  à  neuf  parties 
de  métal  pur,  et  une  partie  d'alliage.  On  frappe  depaia 

Guide  des  Vojr.  T.  11.  G 


26  LA  FRANCE.  MONNAIES. 

l’an  XI.  des  pièces  d’or  de  20  et  de  40  Francs.  Les  pre¬ 
miers  à  la  taille  ,de  155  pièces  ou  kilogrammes,  et  les 
pièces  de  40  Francs  à  celle  de  77I/2.  Les  anciens  Louis 
étaient  à  la  taille  de  32  au  marc. 

Les  pièces  de  monnaie  d’argent,  d’après  la  loi  sur  les 
monnaies  de  l’an  XI,  sont  de  ty4,  V2»  3U  de  Franc  ;  d’un, 
de  deux  et  de  cinq  Francs.  La  pièce  de  5  Francs  est  à  la 
taille  de  75  grammes,  ou  471  grains  1/40-  '  En  comparant 
ce  titre  à  celui  de  l'ancien  écu  de  6  livres,  qui  est  de  10 
deniers  21  grains,  il  répond  à  10  den.  19.  gr.  1/3-  Le  nou¬ 
veau  Franc  renferme  9Yioode  g  vain  de  métal  pur  de  plus 
que  le  livre  tournois,  et  leur  valeur  numéraire  compa¬ 
rée,  le  Franc  équivaut  1  liv.  0  sous,  3  deniers  I45/i»ooo» 

Depuis  l’an  XI.  on  a  émis  des  pièces  de  cuivre  pur, 
de  la  valeur  de  2 ,  de  3,  et  de  5  centimes. 

Monnaies  d'or.  De*  pièces  de  40  et  de  20  Francs,  avec 
l’effigie  de  Napoléon,  dites  Napoléons  d’or:  et  avec  l’ef¬ 
figie  de  Louis  XVIII .  dites  Louis  d'or.  On  trouve  en¬ 
core  mais  rarement  des  pièces,  dites  Marengos  de  l’an 
1809  et  de  20  Francs. 

Monnaies  d'argent.  Des  pièces  de  5  Francs,  de  2,  de 
I  de  1/2  d’un  quart  de  Franc.  Les  anciennes  portent  F  ef¬ 
figie  de  Napoléon,  les  nouvelles,  l’effigie  d  t  Louis  XVIII. 
On  trouve  encore,  mais  rarement,  des  Ecus  constitu¬ 
tionnels  et  des  Ecus  républicains ,  de  la  valeur  de  6  li¬ 
vres,  et  frappés  en  1791  et  1793»  de  msnie  que  des  pièces 
de  30  et  de  15  sols. 

Monnaies  de  cuivre.  Décimes ,  de  10  centimes,  des 
doubles  de  20.  des  pièces  de  5,  2  et  1  centimes. 

Lés  anciennes,  monnaies  d'or  étaient,  les  vieux 
louis,  les  louis  au  soleil,  les  Hoailles ,  les  chevaliers 
ou  louis,  les  mirlitons ,  les  doubles  et  simples  louis, 


LA  FRANCE.  .MONNAIES.  27 

de  48  et  24.1ivres,  appellés  en  allemand,  S  child- Louis  d'or. 
Les  anciennes  monnaies  d'argent ,  étaient,  depuis  172&, 
l’écu  de  6  et  de  3  livres,  ou  petit -écu,  et  des  pièces  de 
24,  12  et  6  sols.  Les  pièces  de  billon  étaient  les  sols  et 
le  s  liar  s. 

Le  double  louis  a  cours  à  présent  pour  47.  Fr.  20.  c. 
le  simple. 23 Fr.  55.  c.  l’écu  de  6  livres  5.  Fr.  80.  c.  le  petit- 
écu,  2.  Fr.  75.  c.  la  pièce  de  24.  s.  1.  Fr,  de  12.  s.  50.  c.  de 
6.  s.  25.  c.  de  30  sols  1.  Fr.  50.  c.  de  15.  Sols.  75  cent. 

C’est  François  I.  qui  a  substitué  en  1539  à  l’usage 
dans  lequel  étaient  les  monnayeurs  ,  d’imprimer  leurs 
noms  sur  les  espèces  qu’ils  fabriquaient,  celui  de  n’em¬ 
ployer  que  des  lettres  isolées  ,  pour  marques  distincti¬ 
ves  des  hôtels  des  monnaies  où  les  espèces  seraient  fa¬ 
briquées.-  C’est  ce  qu’on  nomme  le  différent.  La  table 
ci- après  indiquera  les  lettres  affectées  aux  13  hôtels  des 
monnaies ,  pour  la  fabrication  des  espèces. 

Paris.  A. 

Perpignan.  Q.  ^s\) 

Bayonne.  L. 

Bordeaux.  K. 

Nantes.  T. 

Lille.  W. 

Strasbourg.  BB. 

Lyon.  D. 

Marseille.  A  enlacé  dans  un  M. 

La  Rochelle.  H. 

Limoges.  I. 

Rouen.  B. 

Toulouse.  M. 

Depuis  l’an  1726  jusques  en  1809  on  a  monnaié  pour 
la  valeur  de  j„  637'  756,455  florins  d’Empire. 


2 S  LA  FRANCE.  MONNAIES, 

Valeur  des  monnaies  étrangères ,  en  Francs  et  Cen¬ 
times  f  suivant  le  tableau  comparatif  de  /’  A.  R . 


Angleterre. 


Fr. 

C. 

Crown,  couronne. 

à  5  shellings. 

6. 

16. 

Shelling. 

1. 

23* 

Autriche . 

Species  Thaler. 

5* 

27- 

Gulden. 

2. 

63. 

10  Kreuzers. 

- 

44. 

Hollande . 

Florin. 

2. 

17. 

Stuiver  h  6  denier 

— 

65. 

Ducat. 

6. 

88. 

Daler. 

5- 

48- 

Loewenthaler. 

4- 

59- 

D  a  n  e  m  a  r  e. 

Species  -  Thaler. 

5- 

69. 

Marc  -  lubs. 

1. 

90. 

Marc  danois. 

— 

95- 

Rome . 

Scudo. 

5- 

53- 

Testone. 

1. 

66. 

Papeto. 

1. 

11. 

Paolo. 

— 

55- 

Espagne . 

Piastre  depuis  1772. 

5- 

44. 

Pesetas  à  4  réaux. 

1. 

15. 

Réal  nuevo. 

58- 

Réal  de  Veilhon. 

— 

29. 

Hambourg. 

I-  ‘  v  .  .  • 

Marc  banco. 

I. 

90. 

Marc  courant. 

I. 

55 

LA  FRANCE,  MONNAIES,  29 


Helvétic. 


Fr. 

C. 

Ecu  de  Basle,  à  30  batzen* 

4. 

44- 

Florin  de  Basle. 

2. 

22. 

Franc  de  Berne  ,  à  10  batzen. 

1. 

52- 

Ecu  de  Zurich. 

4- 

78- 

Florin  de  Zurich. 

2, 

59- 

Naples» 

S cudo,  à  120  grani,  depuis  1784. 

5' 

12. 

Ducato,  à  ioo  grani,  depuis  1784* 

4- 

27- 

Taro. 

— 

85. 

Carlino. 

45. 

Portugal, 

M 

Crusado  à  480  rees. 

9 

2. 

93* 

Mille  rees. 

6. 

9* 

Prusse. 

• 

Thaler  à  24  gros. 

3- 

76. 

Grcschen. 

_ 

15- 

>  Russie, 

Rouble  à  100  kopecks,  depuis  1763. 

4* 

5- 

Sardaigne, 

Scudo  à  2V2  lires. 

4- 

76. 

Lira. 

I. 

90. 

S  a  x  ef 

Species  -  Thaler. 

5- 

27. 

Thaler  à  24  gros. 

3- 

95* 

Florin. 

2. 

65. 

Groschen. 

__ 

16. 

Sicile, 

Onzie  à  30  tari,  depuis  1785. 

12. 

80. 

Scudo  à  12  tari. 

5- 

12, 

Suède, 

Species  -  daler  à  48  schillings ,  depuis 

1777. 

5- 

79-  , 

Pièce  de  10  oers. 

70. 

30  LA  FRANCE.  MONNAIES. 

Toscane, 


Fr. 

C. 

Francesconi  ou  Leopoldini  a  10  paoli. 

5- 

53- 

Talleri  à  9  paoli. 

5- 

8. 

Testono  à  3  paoli. 

X. 

66. 

Paolo. 

— 

65- 

Lira. 

Turquie . 

83- 

Juspara  à  2V2  piastres. 

5- 

a. 

Piastre  à  40  paras. 

8. 

1. 

Païa. 

_ 

5 ♦ 

Venise . 

Ducato  k  8  lire. 

4- 

2  4» 

Scudo  délia  croze. 

6. 

56. 

Giustina  ou  ducatone. 

5- 

82. 

Talero  à  10  lire. 

5- 

29- 

Osella. 

2. 

6. 

Lira. 

— 

53- 

V.  pour  des  plus  amples  détails  le  Tarif  de  la  valeur 
en  Francs  des  -pièces  d'or  et  d' argent ,  par  J.  A.  JSoiret 
A  Paris  1810.  in  * 8 . 

Le  seul  papier-monnaie ,  qui  existe  k  présent,  sont 
les  5  poux  -  cent  consolidés ,  et  les  actions  de  la  banque. 

■  ■  ■■  «■— - 


Ta  b  l  eau 


5- 

quelques 


villes. 


AIX.  Long.  32°  6'  34".  Lat.  430  31'  35".  Population , 
suivant  l’A.  R.  2i,cog.  □  l’Amitié:  les  préjugés  vaincus. 


Edifices  remarquable*.  Curiosités.  La  cathédrale: 
(ses  portes;  les  fonds  baptismaux,  plus  connus  sous  le 
*onx  de  la  Rotonde.  Cette  Rotonde  est  bien  faite  dans 


LA  FRANCE.  VILLES: 


31 


son  genre;  il  est  difficile  de  l’examiner  sans  intérêt. 
Elle  est  entourée  de  8  colonnes  antiques,  cannelées, 
d’ordre  corinthien,  qui  faisaient  partie  d’un  temple  du 
soleil.  Le  monument  de  de  Vins ,  a  été  détruit,  comme 
tous  les  monumens  des  églises  d’Aix.  Remarquez  le  ta¬ 
bleau  d’un  St.  Thomas,  par  un  peintre  Flamand.)  —  Hô¬ 
tel  de  ville:  (la  tour  de  la  grande  horloge,  tour  antique, 
attenant  à  l’hôtel;  la  fontaine  placée  au  centre  de  la 
place  de  l'hôtel,  est  formée  d’une  assez  belle  colonne 
antique  trouvée  dans  les  fouilles  faites  près  la  porte  des 
Augustins.  Le  mausolée  du  Marquis  d’Argens,  élevé  par 
Frédéric  le  grand  ,  et  ci  devant  aux  Minimes,  est  placé  à 
présent  auMusée:  (Le  médaillon  est  effacé,  et  l’inscrip¬ 
tion  remplacée  par  un  style  sans  -  culotte.)  —  Les  eaux 
thermales  :  (le  prix  d’un  bain  est  fixé  à  30  sols  ;  les  eaux 
minérales  se  prennent  aussi  en  boisson).  —  Le  cours,  ou 
Y  Ortitelle  :  (On  lui  donne  1,300  pieds  de  longueur.  On  y 
avait  élevé  la  colonne  de  la  liberté  :  c’est  un  double  rang 
fl’arbres  distanciés  de  20  à  25  pas  de  la  file  des  hôtels,  ca¬ 
fés,  et  maisons  qui  bordent  cette  magnifique  rue.  Trois 
fontaines  jaillissantes,  et  qui  répandent  une  forte  quan¬ 
tité  d’eau,  sont  placées  à  '.des  points  d’enfilade.  Celle 
du  côté  de  la  terrasse  est  d’eau  thermale.  Cette  terrasse 
fixe  de  ce  côté  cette  belle  promenade).  —  L’édifice  des 
bains  —  le  bâtiment  de  la  charité  —  la  fontaine  en  obé¬ 
lisque  (la  masse  totale  fait  un  bon  effet)  —  L’église  de 
Madelaine  :  (deux  tableaux  de  Mignard  et  de  Venloot 
qui  ont  échappés  à  la  dévastation).  —  Aix  est  le  chef- 
lieu  du  département  desBouches  du  -  Rhône,  mais  l’une 
des  villes  de  France,  qui  a  le  plus  perdu  par  la  révoi 
lution,  et  dont  la  population  diminue  journellement. 
L’ancien  archevêché  est  le  chef-lieu  de  la  8  cohorte  de 
la  légion  d’honneur.  (Une  foule  de  belles  maisons ,  or¬ 
nées  de  balcons  et  de  termes,  où  le  ciseau  de  Puget  a 
survécu  au  Vandalisme,  décorent  cette  ville,  la  plus 
riche  de  France  en  fontaines  publiques.  Le  mansolée  de 


3* 


LA  FRANCE.  VILLES, 


Joseph  Sec ,  charpentier,  à  la  place  du  marché  aux  be¬ 
stiaux,  est  une  singularité  moderne,  du  teins  de  la  ré- 
rolution),  . 

Collections .  Cabinets.  Le  Musée  et  la  bibliothèque 
de  6o,ooo  volumes  ,  à  l’hôtel  de  ville  :  plusieurs  monu- 
mens  antiques,  se  conservent  à  cet  hôtel:  le  cabinet 
et  V  Antiquarium  de  M.  Desnoyers  ,  renfermant  ;des  ri¬ 
ches  collections  d’antiquités  et  de  curiosités:  le  cabinet 
de  M.  Magnan ;  les  cabinets  de  minéralogie  et  d’ento¬ 
mologie  de  MM.  Fonst  Colombe ,  père  et  fils.  (Le  célè¬ 
bre  tableau,  peint  par  le  Roi  René ,  est  déposé  k  l’ar- 
chévêché.) 

Etablissemens  littéraires.  L’école  de  droit,  qui  rem¬ 
place  l’université:  deux  cabinets  de  lecture,  dont  l’un 
au  Cours  :  Salle  de  comédie. 

Promenades.  L’Orbitelle.  —  L’allée,  hors  de  la  por¬ 
te  St.  Louis.  —  Au  Tholonet ,  lieu  charmant,  renommé 
par  un  site  pittoresque,  des  belles  eaux  et  allées,  et  par 
lin  reste  de  muraille  Romaine.  —  Albertas  est  une  au¬ 
tre  campagne  justement  célèbre  k  1  lieue  de  la  ville. 

Auberges.  A  l’hôtel  du  Cours  :  bonne  auberge  dan» 
Une  belle  situation. 

Commerce.  Manufactures.  De  belles  teintures  :  de 
l’huile  excellente,  qui  a  une  réputation  méritée  sur  les 
huiles  de  tous  les  autres  pays;  mais  dont  le  produit  a 
été  extrêmement  réduit  par  l’hiver  de  17S9.  Des  truffes 
marinées;  des  raisins  secs  ;  des  macaronis  ;  des  avelines 
étc«  Ce  fut  un  fabricant,  nommé  Nicollon ,  qui  fit  ve¬ 
nir  il  y  a  40  ou  50  ans,  des  ouvriers  de  Lyon,  pour  lՎ 
tablissement  d’une  fabrique  de  galons  d’or  e£  d’argent, 
et  qui  parvint  à  en  faire  d’aussi  beaux,  que  Ceux  de 
Lyon  même.  Il  se  tient  k  Aix  tous  les  apis  trois  foires 
de  cinq  jours  consécutifs  chacune,  l’une  dite  de  la 


LA  FRANCE.  VILLES, 


33 

Fête-  Dieu  i  on  y  vend  beaucoup  de  bestiaux  de  toute* 
espèces. 

Fêtes.  Les  fêtes  locales ,  qui  ont  lieu  une  fois  l’an¬ 
née  ,  connues  sous  le  nom  J Roumavagi ,  les  mêmes  qu’on 
nomme  Trin ,  dans  les  environs  de  Marseille.  La  pro¬ 
cession  célèbre,  qui  se  fait  ici  le  jour  de  la  Fête  -  Dieu, 
et  qui  vient  d’avoir  lieu  de  nouveau,  avec  quelques 
changemens  dans  le  costume  et  les  personnages.  La 
danse  des  fous  a  été  supprimée. 

Distances.  Aix  est  à  QT/2  postes  d’Avignon  ,  40  de 
Lyon  ,  4  de  Marseille  ,  95  de  Paris.  -l’ignore  si  la  route 
projetlée  à  Arles ,  par  la  fameuse  plaine  de  la  Crau ,  a 
été  exécutée. 

Mélanges.  Excursion  à  St.  Maximin ,  et  au  pèleri¬ 
nage  de  la  Ste.  Baume.  St.  Maximin  est  une  petite  ville, 
qui  a  pris  son  nom  du  Saint,  qui  y  est  enterré.  L’église 
des  Augustins  est  belle.  A  2  lieues  de  lk ,  la  grotte  de 
Ste.  Baume ,  célèbre  par  la  tradition  controuvée  que 
Ste.  Madelaine ,  soeur  de  Lazare,  s’y  soit  transportée, 
pour  faire  pénitence.  Elle  a  été  dévastée  par  le  vanda¬ 
lisme  révolutionnaire.  Il  croît  dans  les  environs  une 
grande  quantité  de  plantes  odoriférantes,  dont  l’odeuy 
emportée  par  le  vent,  se  fait  sentir  d’assez  loin.  Le  riche 
point  de  vue  du  St.  Filon ,  les  congélations  de  la  grotte, 
et  la  beauté  pittoresque  du  lieu,  y  attirent  les  cu¬ 
rieux.  —  Il  faut  aussi  visiter  Sallon ,  petite  ville,  qui 
n’est  pas  fort  éloignée  d’Aix,  et  qui  est  célèbre  par  le 
tombeau  de  Nostradamus ,  fameux  thaumaturge  du  iôme 
siècle,  tombeau  détruit  par  le  Vandalisme  ;  c’est  aussi 
la  patrie  de  Sujfren ,  dont  on  montre  le  buste  en  mar¬ 
bre  dans  la  maison  commune.  A  Istres  il  y  a  un  rocher 
isolé,  qu’un  Ex-Jésuite,  parent  de  la  famille  Sujfren ,  fit 
tailler  en  forme  de  vaisseau  de  ligne,  et  surnomma  le 
Héros }  nom  que  portait  le  vaisseau  -  amiral  de  Sujfren» 


34 


LA  FRANCE.  VILLES. 


£,a  foire  de  St.  Martin,  qui  se  tient  à  Sallon,  mérite 
une  mention  particulière.  —  L’étang  de  Berre  ou  de 
Martigues ,  à  4  lieues  d'Aix  communiquant  avec  le  mer 
Méditerranée,  par  un  petit  détroit,  remarquable  par  ses 
Salines,  et  par  le  passage  périodique  des  poissons  de  la 
Méditerranée.  —  Entre  Aix  et  St.  Paul ,  par  Pegrolles, 
à  6t/2  lieues  ,  est  situé  le  vieux  château  de  Mirabeau , 
fameux  par  l’homme  de  la  révolution,  qui  l'a  habité  et 
rendu  célèbre  cé  uom.  —  Ce  qui  fixe  l’attention  du  vo¬ 
yageur  ,  c’est  la  Crau,  les  càmpi  lapidez’  des  anciens# 
C’est  une  plaine  de  6  à  7  lieues  d’étendue,  toute  remplie 
de  cailloux,  grands  et  petits,  qui  sont  accumulés  à 
plusieurs  pieds  de  hauteur,  sans  être  mêlés  de  sable  ou 
de  quelque  terre.  On  s’occupe  de  son  défrichement.  La 
partie  de  la  Crau  arrosée  actuellement  par  les  eaux  du 
canal  du  Craponne ,  est  couverte  de  fermes  connues  sous 
le  nom  de  mas .  Les  fermes  et  les  maisons  de  cam¬ 
pagne,  sont  désignées  sous  trois  noms  dans  le  départe¬ 
ment  des  Bouches-du-Rhône:  1)  bastides ,  contrée  d’Aix, 
de  Marseille;  2)  mas,  contrée  d’Arles,  de  Tarascon  etc.; 
3)  granges ,  du  côté  de  Nove  etc.  —  A  trois  lieues  A' Aix 
sur  la  rive  gauche  de  la  rivière  A' Arc  ,  sont  les  fonde* 
mens  d’un  arc  de  triomphe,  érigé  par  Marius. 

AVIGNON.  Long.  22°,  28'.  42"*  Lat.  43O.  57'.  25".  Po¬ 
pulation,  suivant  l’A.  R.  21,412.  — ' "  □  les  Amis  à  l’épreu¬ 
ve  ;  la  parfaite  union:  la  réunion  bienfaisante:  les  ami9 
sincères. 

* 

Edifices  remarquables.  Curiosités.  N.  D.  des  Dons: 
[C’est  la  plus  belle  église,  et  qui  a  survécu  à  la  destruc¬ 
tion  :  le  portail  est  Romain,  et  la  place  qu*felle  occupe, 
a  été  celle  de  deux  temples  d’Hercule  et  de  Diane.  On 
y  a  découvert  plusieurs  monumens  anciens].  —  L’église 
des  Céléstins  :  (le  squelette  d’une  femme,  peint  par  René 
d’Anjou,  a  été  déchiré  par  le  vandalisme  révolution- 


LA  FRANCE.  VILLES. 


35 


n  aire.  La  voûte  hardie  de  l’église  des  cordeliers  a  été 
détruite  au  teins  du  vandalisme ,  de  même  que  les  deux 
curiosités,  que  les  étrangers  venaient  y  voir,  le  mauso¬ 
lée  du  brave  Grillon ,  et  le  tombeau  de  la  belle  Laure , 
dont  il  ne  reste  plus  que  la  fosse.  Dans  une  petite  cha¬ 
pelle  obscure,  au-dessous  de  l’arche  qui  forma  l’entrée, 
et  sous  une  pierre  simple.,  reposa  cette  Laure  qui  ne 
pourra  mourir,  tant  que  la  renommée  et  les  vers  de  son 
aimant  Pétrarque  survivront.  Autour  de  la  pierre  étaient 
quelques  caractères  gothiques,  rendus  illisibles  par  le 
tems.  François  I.  Roi  de  France,  fît  ouvrir  ce  tomb?au 
«n  sa  présence.  Quelques  petits  os,  qu’on  supposa  être 
de  Laure ,  et  une  boîte  de  plomb  contenant  un  griffo- 
»agü  de  vers  italiens  de  Pétrarque ,  était  toute  la  récom¬ 
pense,  dont  la  curiosité  duMonarque  fut  payée.  ( Laure , 
mariée  à  Hugues  de  Sadé,  mourut  le  6  Avril  1348-  de  la 
peste  qui  désola  alors  toute  1  Europe.)  —  Les  débris,  sur 
le  Roc  -  de- Dons,  au  -  ci  -  devant  palais  du  Légat ,  delà, 
tour  en  face  du  jardin,  ou  de  la  trop  fameuse  glacière , 
de  1791.  Ce  palais,  alors  le  théâtre  des  horreurs,  qui  ont 
donné  une  si  triste  célébrité  à  cette  ville,  menace  ruine, 
mais  la  vue  du  haut  de  ses  voûtes  et  toits  est  délicieu¬ 
se.  —  Les  murs  crénelés  et  les  remparts  d’Avignon, 
sont  d’une  élégance  remarquable,  des  nombreux  clochers 
de  toutes  les  formes,  décorent  encore  cette  ville,  que 
Rabelais  qualifia  de  Ville  -  sonnante.  —  La  belle  prome¬ 
nade  du  Cours,  au  bord  du  Rhône  (fréquentée  par  le 
très  -  beau  sexe  d’Avignon.)  —  des  bains  public*  —  des 
jolis  cafés.  —  le  nouveau  pont  en  bois. 

Auberges.  L’auberge  de  Mad.  Pierron ,  vis-à-vis  de 
la  poste:  (excellente  auberge). 

Etabli ssemens  littéraires.  L’Académie  de  Vaucluse: 
la  société  de  Médecine:  la  société  agricole:  la  bibliothè¬ 
que  publique:  le  Musée  de. peinture,  et  d’hist.  natu- 


36  LA  FRANCE.  VILLES. 


relie:  un  pabinet  de  lecture:  les  cabinets  de  MM.  Cat- 
vety  Ouinson ,  Limon  y  Thomas  etc,  —  (la  salle  de  spec¬ 
tacles  est  établie  dans  une  ci  -  devant  église.  A  l'église 
de  la  Miséricorde,  un  crucifix  d’ivoire,  ouvrage  d’un 
prisonnier  ,  mais  d’un  fini  précieux.) 

Fabriques.  De  soies;  de  r_ubans  unis;  de  bas  de  soie; 
taffetas  de  Florence,  très-estimés.  Des  moulins  à  organ- 
siner  la  soie:  (la  soie  teinte  a  Avignon  y  surpasse  en  lu¬ 
stre  et  en  solidité  de  couleur,  toutes  les  autres;  on  attri¬ 
bue  cette  qualité  aux  eaux  de  Vaucluse.)  Distillateur» 
d’eau  forte  etc.  Fonderie  de  canons. 

Livres  -pour  guide.  Topographie  phys.  et  méd.  d’A¬ 
vignon  et  de  son  territoire,  par  Mr.  Pamard.  Avignon. 
18^2.  [M.  Guérin  s’est  occupé  d’un  livre  intéressant,  les 
tombeaux  d' Avignon.] 

Distances.  De  Paris  80V2  postes,  de  Nîmes  5T/2  postes 
(sur  cette  route,  le  pont  du  Gard  y  antiquité  Romaine 
très-remarquable),  de  Lyon  30V4  postes  (V.  à  l’article  de 
Lyon  l’avis  sur  le  voyage  par  eau  de  Lyon  à  Avignon), 
de  Montpellier  ,  ni/2  p.  D’Avignon  à  Marseille  on  paye 
15  livres  pour  une  place,  dans  le  cabriolet  de  la  diligen¬ 
ce  de  l’Entreprise  générale.  D' Avignon  à  Carpentras ,  3 
lieues,  l’ancien  Forum  ISeronïs  :  encore  aujourd’hui  ce 
Forum  subsiste,  dans  le  grand  marché  qui  s’y  tient  tous 
les  vendredis  ,  et  qui  ressemble  à  u ne  foire.  On  admire 
les  restes  d’un  superbe  arc  de  triomphe,  et  dans  la  ca¬ 
thédrale  les  colonnes  tirées  d’un  tempie  de  Diane,  L’hô¬ 
pital  est  un  bel  édifice  moderne. 

Excursion  à  la  Fontaine  de  Vaucluse.  V.  Description 
de  la  fontaine  de  Vaucluse  etc.  par  Mr.  Guérin.  Avignon. 
I804-8-  Cette  petite  excursion  se  fait  communément  k 
cheval  ou  en  voiture.  Un  cabriolet  à  *  chevaux  se  paye 


LA  FRANCE.  VILLES.. 


37 


fl  Üvre9,  le  retour  et  tous  les  frais  y  compris;  on  donne- 
3  livres  au  cocher  pour-boire.  Il  n’y  faut  guères  moins 
que  4  à  6  heures  de  marche.  Il  faut  choisir  de  deux  rou¬ 
tes  celle,  qui  passe  par  Mori'ercs ,  comme  la  plus  agré¬ 
able  et  la  plus  courte;  on  peut  alors  prendre  son  retour 
par  l’autre,  qui  côtoyé  la  Durance.  L.e  voyage  de  Vau¬ 
cluse ,  dit  le  P.  Papon ,  si  on  le  fait  dans  la  belle  saison, 
sera  d’autant  plus  agréable,  que  pour  y  aller,  on  traver¬ 
se  la  plus  belle  partie  du  territoire  d 'Avignon  et  celui 
de  Vlsle,  qui  est  dans  une  plaine  charmante.  On  passe 
ensuite  dan3  un  vallon,  le  long  duquel  s’élève,  en  fer- 
a  -  cheval ,  une  montagne  de  pierre  vive  ,  et  l’on  arrive 
par  un  chemin  étroit  et  pierreux,  au  pied  d’un  rocher 
fort  haut  et  taillé  à  pic,  (élévation  du  mont  Vaucluse  au 
dessus  de  la  mer,  20i6anciens  p.  de  Paris.)  où  l’on  trouve 
un  antre  assez  vaste,  dont  l'obscurité  a  quelque  chose 
d’effrayant.  On  peut  y  entrer,  si  l’eau  est  basse.  On  y 
voit  deux  grandes  cavernes,  dont  la  première  a  plus  de 
soixante  pieds  de  haut  sur  l’arc  qui  en  forme  l’entrée; 
l’autre  paraît  avoir  cent  pieds  de  large  et  presqu’autant 
de  profondeur,  et  n’a  qu’ environ  vingt  pieds  d’élévation. 
C’est  vers  le  milieu  de  cet  antre  que  s’élève,  sans  jet  et 
sans  bouillon,  dans  un  bassin  ovale  d’environ  dix -huit 
toises  dans  son  plus  grand  diamètre,  la  source, abondan¬ 
te  qui  forme  la  Sorgue ,  et  porte  bâteau  presqu’en  sor¬ 
tant  du  rocher. 

Quand  elle  est  dans  son  état  ordinaire,  l’eau  s’échap¬ 
pe  par  des  conduits  souterrains  jusqu’à  son  lit;  mais, 
après  de  grandes  pluies,  elle  s’élève  au  dessus  d’une  es¬ 
pèce  de  môle  qui  est  devant  l’antre,  et  y  forme  un  bas¬ 
sin  dont  la  surface  est  unie  comme  la  glacé;  ensuite 
elle  se  précipite  avec  un  bruit  affreux’  à  travers  les  dé¬ 
bris  des  rochers,  les  blanchit  de  son  écume,  et  semblé 
faire  des  efforts,  pour  fuir  vers  l’endroit  où,  ne  trou¬ 
vant  plus  d’obstacle ,  elle  prend  un  cours  paisible  et 

Guide  des  Voy.  T.  IL  O 


38  LA  FRANCE.  VILLES. 

tranquille.  Je.l’ai  vue  dans  cet.  état,  et  il  faut  avouer, 
que  le  bruit  de  l'eau  répété  par  l’écho,  l’écume  bondis¬ 
sante,  la  solitude  du  lieu,  l’aridité  et  la  hauteur  du  ro¬ 
cher,  les  blocs  énormes,  qui,  étant  déjà  séparés  de  la 
masse  par  de  larges  crevasses,  sont  suspendus  sur  votre 
tête,  font  une  impression  sur  l’âme  qu’il  faut  avoir 
éprouvée^ 

-L’e-au  de  cette  fontaine  est  claire  et  pure  comme  le 
crystal,  et  ne  forme  ni  mousse  ni  dépôt;  cependant  elle 
ne  vaut  rien  pour  boire,  tant  elle  est  crue,  pesante,  in¬ 
digeste;  mais  elle  est  excellente  pour  la  tannerie  et  la 
teinture,  ..et  fait  croître  une  herbe  qui  a  la  vertu  d’en- 
gjraisser  les  boeufs  et  d’échauffer  les  poules;  propriété 
dont  il  est  parlé  dans  Pline  et  dans  Strabon.  Les  liabi- 
tans  de  Vaucluse  ne  manqueront  pas  de  vous  dire,  que 
le  vieux  château  que  vous  voyez  perché  sur  la  montagne 
inaccessible,  au  pied  de  laquelle  la  Sorgue  serpente,  est 
Je  château  de  Pétrarque.  Ils  se  trompent;  il  a  de  tout 
teins  appartenu  à  l’évêque  Cavaillon ,  ci-devant  seigneur 
de  cet  endroit;  et  le  fameux  Philippe  de  Cabassole , 
lorsqu’il  occupait  le  siège  de  cette  église,  venait  sou¬ 
vent  dans  .ce  château  pour  voir  Pétrarque ,  son  ami* 
Celui-ci  était  logé  près  du  village,  dans  une  petite  mai¬ 
son  de  paysan,  dont  il  .ne  reste  plus  aucuns  vestiges;  il 
la  comparait  à  la  maison  de  Fabrice  ou  de  Caton.  Nous 
invitons  les  lecteurs,  qui  sont  au  fait  de  la  langue  alle¬ 
mande,  de  lire  la  description  charmante  de  ce  voyage, 
que  feu  M.  -Girtanner  en  a  publié,  dans  le  Journal  de 
Berlin.  On  dîne  ordinairement  à  la  ville  de  1  ’ Tsle ,  dont 
l’auberge  excellente  porte  les  noms  de  Pétrarque  et  de 
Laure;  on  sç  fait  servir  des  truites,  pêchées  dans  la  Sor¬ 
gue,  et  qui  passent  pour  un  mets  délicieux,  on  y  mange 
de  même,  sous  diverses  préparations,  les  plus  belles 
écrevisses  et  les  meilleures  anguilles.  C’est  à  l  église  de 
i'2slrf  que  le  poète  vit  Laure  pour  la  -première  fois. 


LA  FRANCE.  VILLES.  39 

V.  une  petite  brochure:  Pétrarque  à  Vaucluse.  Paris. 
XIII.  8. 

BORDEAUX.  Long.  160  55'  52".  Lat.  45O  r,o'  18".  Po¬ 
pulation ,  suivant  l’A.  90,992.  (La  ville  de  Bordeaux  est 
une  des  premières  de  la  France  pour  la  grandeur,  les 
richesses  et  la  beauté:  elle  est  le  chef  -  lieu  du  départe¬ 
ment  de  la  Gironde).  □  La  Française  élue,  ^Ecossaise: 
l’Amitié:  la  Française  d’Aquitaine:  l’Anglaise.  (Ces  qua¬ 
tre  loges  forment  la  grande  loge  Franc  -  Maçonne  i  il 
y  a  encore  cinq  Q  de  St.  Jean.) 

Edifices  remarquables.  Curiosités.  La  cathédrale: 
(deux  bas-reliefs,  qui  décorent  extérieurement  le  jubé, 
méritent  l’attention  par  la  singularité ,  qui  les  caractéri. 
se.)  —  La  bourse:  (c’est  du  balcon  de  la  chambre,  ci-de¬ 
vant  consulaire  ,  que  l’on  découvre  le  mieux  toute  la 
beauté  du  port:  la  richesse  de  ce  point  de  vue  est  au- 
des-sus  de  toute  description.  On  y  lit  les  noms  de  iS  na¬ 
tions  commerçantes.)  —  Le  monastère  et  l’église  des  ci- 
devant  Chartreux.  [Dans  la  dernière  on  voyait  quelques 
bons  tableaux:  elle  servait  en  1801  de  lieu  de  réfuge  aux 
émigrés  de  St.  Dorainsuei  la  violation  des  tombeaux  et 
la  déstrnetion  des  chapelles,  datent  du  tems  du  terro¬ 
risme}  —  l’éplise  gothique  de  St.  Sevrin:  (son  cimetière 
a  servi  de  sépulture  aux  victimes  du  terrorisme,  égorgés 
en  1792  et  1793  et  1794.)  —  l’hôpital  —  la  grande  salle  des 
spectacles:  (au  moins  le  plus  vaste,  si  ce  n’est  pas  le 
plus  commode  et  le  plus  beau  des  théâtres  modernes, 
accompagné  d’une  charmante  salle  de  concert,  environné 
d’un  portique  extérieur,  servant  de  promenoir  et  de 
foire  perpétuelle,  que  décore  un  grand  ordre  d’architec¬ 
ture)  —  le  Vauxhall —  la  douane —  l'église  de  St.  Michel: 
(de  son  clocher  on  a  la  vue  sur  la  ville  ,  et  sur  une  très- 
belle  f  campagne  ;  mais  la  plus  belle  vue  est  celle  prise 
de  la  pointe  de  la  bastide,  située  de  l’autre  côté  de  la 


40 


LA  FRANCE.  VILLES. 


Garonne).  —  L a  belle  place  royale,  ci-devant  de  la  liber¬ 
té  :  (c’est  sur  cette  place  qu’est  le  rassemblement  des  fia¬ 
cres.)  —  Le  palais  archiépiscopal,  qui  peut  être  mis  au 
nombre  des  beaux  édifices  modernes  —  la  fontaine  de 
Figuero  —  le  port,  les  quais,  et  le  magnifique  demi- 
cercle,  qu’ils  décrivent.  L’on  donne  à  la^Garonne  350 
toises  de  largeur,  vis-à-vis  la  place,  où  était  situé  le 
Château  trompette ,  et  400  toises  vis-àvis  les  Chartrons. 
C’est  à  un  Café  à  trois  étages,  que  l’on  jouit  le  mieux 
de  cette  vue  superbe  —  la  porte  basse  et  le  palais  Ga¬ 
ina;  restes  d’antiquité  (les  piliers  de  Tutele ,  autres  res¬ 
tes  d’un  temple  ancien,  sont  démolis,)  —  le  superbe  fau¬ 
bourg  des  Chartrons ,  où  l’on  jouit  de  la  vue  la  plus 
magnifique  comme  de  la  plus  vaste,  et  les  quartiers  de 
Chapeaurouge ,  de  Tourny ,  et  toute  la  Ville~neuve ,  se 
distinguent  par  l’élégance  variée  des  maisons,  qu’habi¬ 
tent  les  plus  considérables  négocians ,  et  par  la  beauté 
des  places,  des  rues  etc. 

Hôtels  garnis.  Au  chapeau  -  rouge  ,  et  au  boulevard, 
surtout,  à  l’hôtel  d’Angleterre. 

Etablissemens  littéraires  et  utiles.  Cabinets.  L’aca¬ 
démie  ;  la  société  d'hist.  nat;  l’école  de  la  théorie  du 
commerce;  l'institut  des  sourds  et  muets,  la  société  de 
médecine;  l’école  de  navigation;  le  lycée;  le  musée, 
d’instruction  publique;  la  société  de  littérature  et  de9 
belles -lettres.  (On  voit  dans  la  salle,  où  elle  tient  se» 
séances,  le  monument  de  Montaigne,  ci-devant  à  l’église 
des  Feuillans,  et  le  buste  de  Montesquieu  ;  elle  possède 
la  grande  bibliothèque  et  le  cabinet  d’hist.  nat.  que  le 
Président  Bel  légua  en  1738;)  la  galerie  de  tableaux;  le 
jaTdin  botanique.  Les  cabinets  de  tableaux  de  M.  Jo«r- 
na- Aubert ,  de  M.  Mo  lier ,  et  de  M.  Bernard  —  les  bains 
Chinois. 

Promenades.  Cours  de  St.  Surin:  Cours  d$  Chartfbns  : 
les  allées  de  Tourny. 


L A.  FRANCE.  VILLES.  41 

Spectacles.  Deux,  quelquefois  trois}  (le  public  est 
connaisseur.) 

Commerce.  Fabriques .  La  ville  de  Bordeaux  a  trois 
principaux  objets  de  commerce;  la  vente  de  ses  vins  et 
de  ses  eaux  de  vie,  le  trafic  qu’elle  fait  avec  les  colonies 
françaises  de  l’Amérique,  et  la  pêche  de  la  baleine  et 
celle  de  la  morue.  L’industrie  àe  Bordeaux  consiste  ou¬ 
tre  cela  en  raffineries  de  sucre,  qui  passent  pour  être 
des  meilleures  de  la  France  ;  fabriques  d’eaux  -  de  -  vie 
et  de  vinaigre;  manufactures  de  cadis,  d’une  fort  belle 
qualité;  d’indiennes  et  de  bas;  manufacture  de  fayence} 
fabrique  d’eau  forte  très  -  estimée  ;  manufacture  de  verre 
blanc  de  tonte  beauté;  corderies  pour  la  marine.  Les 
foires  sont  au  nombre  de  deux,  qui  durent  chacune  15 
jours;  la  dernière,  au  mois  d’octobre,  est  la  plus  con¬ 
sidérable.  On  distingue  les  vins  proprement  de  Bor¬ 
deaux,  et  les  vins  auxquels  la  ville  ne  sert  que  d’entre¬ 
pôt.  On  distingue  ceux  du  crû  de  Bordeaux  en  vins  de 
Grave ,  et  vins  de  Palus.  Ceux  qui  tiennent  le  premier 
rang  parmi  les  rouges,  sont  connus  sous  les  noms  géné¬ 
riques  de  vins  du  Médoc,  du  Hantbrion  ,  de  St.  Emilion, 
de  Grave  etc.  Les  vins  du  Médoc  les  plus  estimés  sont 
ceux  de  Lafitte,  Latour  et  Margaux.  Les  plus  estimés 
parmi  les  vins  de  Grave,  sont  ceux  de  Hantbrion,  du 
Haut-Talence  ,  de  Mérignac  ,  Pessac,  Langon  ,  Villenave 
etc.  Ceux  qui  tiennent  le  premier  rang  parmi  les  vins 
blancs,  sont  ceux  de  Carbonnieux,  Serons,  Borsac, 
Prignac,  Sauterne,  Baume  et  Ste.  Croix  du  Pont  etc. 
Ceux  du  Palus  sont  connus  sous  le  nom  de  vin  deQuey- 
ries,  Montferrantr  qui  résistent  à  la  mer  dans  les  voya- 
gas  du  plus  long  cours.  Parmi  ceux  de  France,  qui  vien¬ 
nent  à  Bordeaux,  les  plus  estimés  sont  les  vins  blancs 
de  Langan ,  et  les  vins  rouges  de  Castres ,  parmi  les  vins 
d'Espagne,  ceux  de  Nantaro.  Les  magasins  de  vins  se 
trouvent  presque  tous  aux  Chartrons.  L'Anisettet  liqueur 


42 


LA  FRANCE.  VILLES, 


célèbre,  se  débite  par  an  au  nombre  de  3  à  400,000  fla¬ 
cons  .  Au  reste  le  commerce  de  Bordeaux  n’est  plus  si 
florissant,  qu'avant  la  guerre. 

Excursion.  Au  château  de  la  Brède  ,  où  Montesquieu 
naquit,  vécut,  mourut.  Ce  sont  surtout  les  Anglais,  qui 
aiment  à  faire  ce  petit  pèlerinage  philosophique. 

Distances.  De  Bordeaux  à  Paris  par  Limoges  73  pos¬ 
tes,  par  Tours  761/2,  a  Lyon  67V2  P- ,  à  Marseille  86ty2  L., 
à  Nantes  35V2  P  >  à  Pau  29V2  P-,  à  St.  Melo  62  p.,  à  Tou¬ 
louse  331/2  à  Brest  par  Nantes  77  postes.  Il  est  dû  k 
la  sortie  de  Bordeaux  une  demi  poste  en  sus  de  la  dis¬ 
tance. 

Avii.  Pour  se  rendre  de  Bordeaux  h  Bayonne ,  une 
place  dans  la  diligence,  qui  fait  le  trajet  en  3  jour®, 
coûte  70  francs. 

BREST.  Long.  13O  9'  io//.  Lat.  48°  22'  SS"-  Popula¬ 
tion  ,  suivant  l’A.  R.  25,865.—  □  les  élus  de  Sully: 
l'heureuse  rencontre. 

Edifices  rem  arquai)  les.  Curiosités.  |Le  parc  et  les 
chantiers  de  construction  —  la  corderie  —  la  voilerie  — 
les  magasins  d’approvisionnement  —  les  forges  —  la  fon- 
deiie  —  les  arsenaux  —  le  bagne  des  forçats  —  les  caser¬ 
ne»  —  le  pavillon  d’étude  et  le  dépôt  des  plans  —  l’hôpi¬ 
tal  —  le  cours  de  la  réunion,  où  l'on  devait  placer  la 
statue  de  Neptune.  —  L’école  de  navigation. 

P  Distances.  De  Brest  à  Bordeaux  79V4  P;  »  à  Paris  74V2 
p.  (L’on  paye  k  l'entrée  et  à  la  sortie  de  Brest,  une 
demi  poste  en  sus  de  la  somme  portée  dans  le  livre  de 
poste). 

pote.  L’entrée  de  la  rade  est  très  difficile  et  étroite, 
ce  qui  lui  a  fait  donner  le  nom  de  goulet.  Brest  vue  de 


LA  FRANCE;  VILLES, 


43 


l’enlréc  de  la  baie,  se  développe  agréablement;  sa  posi¬ 
tion  amphithéâtrale  la  fait  paraître  beaucoup  plus  con¬ 
sidérable  qu’elle  n’est  en  effet,  et  les  ouvrages  des  for¬ 
tifications,  entremêlés  de  jardins  et  de  jolis  petits  pa¬ 
villons  de  plaisance,  produisent  un  coup  d’oeil  des  plus 
jntéressans:  aussi  a  -  t  -  il  fourni  au  célèbre  Vernet ,  le 
sujet  d’un  de  ses  plus  beaux  tableaux.  Prés  de  l’entrée 
du  port  est  un  pont -volant,  c’est  -  à  -  dire,  une  chaisse 
pour  5  à  6  personnes,  suspendue  par  des  poulie*  et  un 
cable,  que  l'on  attire  de  la  côte  au  fort,  ou  du  fort  à  la 
côte,  au  moyen  d’une  corde  mise  en  jeu  par  un  cylin¬ 
dre.  Outre  le  commerce,  que  les  embarquemens  de  la 
marine  entretiennent  à  Rrest,  il  s’y  pêche  de  la  sardine, 
du  maquereau  etc. 

Spectacles.  Comédie  française  :  (la  salle  est  jolie  et 
le  public  connaisseur.) 

Distances.  125  lieues  de  Paris:  75  de  la  Rochelle:  100 
du  Bordeaux:  90  du  Havre:  50  de  Rennes. 

LYON.  Long,  à  l’observatoire  22^  29'  15"  (de  ï’isle  de 
Ferro.)  Lat .  450  45'  52".  Population ,  suivant  l’A.  88>9i<F 
(Seconde  ville  de  laFrance  pour  la  beauté,  le  commerce 
et  les  richesses.)  Q  de  la  bonne  amitié:  la  candeur: 
l’harmonie  parfaite:  le  silence  parfait:  la  sincère  amitié. 

Edifices  remarquables.  Curiosités.  L’hôtel  de  ville 
(on  y  montre  un  taurobole  antique,  bien  conservé.  Des 
trois  tables  de  jbrônze  sous  le  vestibule,  sur  lesquellesr 
était  gravée  la  harangue,  que  l’Empereur  Claude  pro¬ 
nonça  dans  le  Sénat  romain  en  faveur  de  la  ville  de 
Lyon ,  l’une  a  été  détruite,  dans  les  tems  du  vandalisme 
révolutionnaire  ,  par  les  boulets  de  canon.  On  y  voit 
uussi  les  deux  statues  célèbres  de  Coustou.  Les  salles 
«ont  décorées  de  tableaux  de  Blanchet.  La  façade,  le 
frontispice  et  le  portail  sont  9uperbes.  Ces  salles  et  les 


44 


LA  FRANCE.  VILLES. 


souterrains  de  l'hôtel  servirent  de  prison  à  un  grand 
nombre  d’infortunés  de  tout  sexe  et  de  tout  âge,  im¬ 
molés  par  le  terrorisme  de  la  révolution.  On  distingua 
alors  ces  souterrains  par  les  surnoms  de  mauvaise  et  de 
bonne  cave,  parceque  la  première  ne  recevait  que  ceux 
qui  devaient  périr  par  le  fer  ou  le  feu.)  —  La  salle  du 
spectacle  ;  (vaste  et  belle:  il  y  a  encore  un  théâtre  aux 
Cëlestins ,  ce  dernier  est  consacré  au  genre  des  boule¬ 
vards  —  L’ancien  couvent  de  St.  Paul ,  sa  superbe  fa¬ 
çade ,  que  beaucoup  de  personnes  préfèrent  à  ceux  de 
l’hôtel  de  ville  ,  quoique  elle  ne  soit  pas  terminée,  et  sa 
magnifique  terrasse  —  la  maison  Tolosan ,  et  sa  superbe 
façade  -  la  bourse  ou  la  loge  du  change.  —  Le  grand 
hôpital:  [le  plus  bel  édifice  de  Lyon,  et  qui  n’a  pas  son 
pareil  en  France;  toutes  les  salles  font  fâce  à  un  autel, 
placé  sous  le  dôme  quadrangulaire.]  —  La  cathédrale: 
ornée  par  le  cardinal  Fesch  de  tableaux  estimés  ,  et  re¬ 
marquable  par  son  architecture  gothique,  et  sa  fameuse 
horloge,  ouvrage  étonnant  par  sa  complication ,  mais 
dérangé  depuis  nombre  d’années:  le  coq  ne  chante  plus: 
—  l’église  du  collège:  (dans  le  même  bâtiment  une  belle 
bibliothèque,  qui  possède  800  manuscrits)  —  l’église  de  St. 
Paul  :  (le  tableau  du  maître-autel  est  de  le  Brun.)  —  L’é¬ 
glise  des  cidevant  Feuillans  :  (où  réposent  les  cendres  de 
Cinq  -  Mars  et  de  Thou ,  que  Richelieu  fit  exécuter  sur 
la  place  des  Terreaux)  —  de  St.  Nizier:  (construite  au 
4tue  siècle;  beau  portail  de  Philibert  Delorme.)  —  d’Ai- 
nay  :  (les  4  colonnes  de  marbre  granit  qui  soutiennent 
le  petit  dôme,  et  qui,  dans  leur  origine  fesaient  partie 
d’un  autel,  dédié  à  Auguste;  le  bas  -  relief  antique  au- 
dessus  du  principal  portail)  —  dans  ce  même  quartier 
d’Ainay  ou  d’Enay,  la  belle  mosaïque,  dans  le  jardin  de 
M.  Macors ,  découverte  en  1806.  —  Les  moulins  pour 
l’organsinage  et  le  dévidage  des  soies,  à  l’hôtel  de  Mi¬ 
lan  :  (c’est  un  spectacle  vraiment  imposant  et  unique, 
que  de  voir  des  milliers  de  bobines  et  dt  dévidoirs,  se 


LA  FRANGE.  VILLES. 


45 


garnir  et  dégarnier,  comme  par  des  mains  invisibles  ; 
leur  bourdonnement  ressemble  au  bruit  d’un  cataracte.) 
—  la  maison  de  l’abbé  Rozier ,  le  Columelle  des  Fran¬ 
çais,  rue  de  Maçons:  (on  la  reconnaît  à  la  devise,  écrite 
sur  la  porte:  Luudato  ingentia  rura  etc.)  — >  les  place» 
des  Terreaux  et  de  Bellecour;  cette  place,  dévastée 
vpar  le  vandalisme  révolutionnaire  ,  fut  rétablie  depuis  ; 
les  palais  de  la  Mairie,  du  gouvernement ,  de  la  poste, 
bornent.  La  place  des  Terreaux  est  devenue  célèbre  par 
les  guillotinades  d’un  grand  nombre  d’innocens ,  dont 
le  sang  ruissela  jusques  dans  les  caves).  —  Le  nouveau 
et  superbe  pont  en  pierre,  près  de  l'archevêché  sur  la 
Saône.  —  Pierre  Scise  ;  (ancienne  prison  d’état,  cou¬ 
ronnée  par  une  grande  tour  ronde,  dont  les  proportion» 
étaient  d’une  symmétrie  frappante.  La  vue  est  magnifia 
que  et  très  -  étendue.  Ce  château  gothique  a  disparu 
dans  la  révolution;  le  rocher,  exploité  en  carrière  va 
disparaître  de  même:  ce  sera  une  perte  pour  les  ama¬ 
teurs  de  vues  pittoresques.) 

Promenades.  Antiquités.  Vues  -piquantes .  La  terrasse 
des  Fourvières,  Les  Etroits ,  ou  le  sentier  entre  la 
Saône  et  le  coteau,  qui  produit  l’excellent  vin  de  St. 
Foi ,  et  qui  va  jusqu’au  pont  de  la  Mulatière  :  (on  apper- 
çoit  le  château  d'Oulins^  dans  l’église  du  village,  repose 
l’académicien  Thomas  :)  les  allées  de  Belle  -  cour;  l’al¬ 
lée  Perruche  et  le  quai  de  St,  Clair,  l’un  des  plus  beaux 
de  France,  ün  apperçoit  dp  quai  superbe  du  Rhône,  le 
Mont  -  blanc  y  par  un  tems  clair,  et  de  l’autre  côté  du 
fleuve,  les  Brotteaux ,  où  conduit  le  pont  Morand ,  ces 
Brotteaux,  tristement  célèbres  par  les  mitraillades  et  fu¬ 
sillades  de  Collot  d'Herhois  et  d’autres  terroristes  de  sa 
trempe.  Que  de  valeur,  de  vertus,  de  talens,  sont  caché* 
sou»  cètte  terre!!  —  Vue  fort  riche  et  étendue  sur  la 
hauteur  de  Fourvières  ;  surtout  de  la  terrasse  de  l’égli¬ 
se:  c’est  le  Panorama  de  Lyon!  Le  chemin  est  pénible» 


46  LA  FRANCE.  VILLES. 

mais  la  belle  vue  dédommage  amplement.  Ce  côteau  de 
FourviereS  renferme  encore  dans  son  sehi  des  marques 
du  grand  incendie ,  sous  le  régne  de  Néron,  et  dont 
parle  Sénèque.  On  y  trouve  des  monceaux  de  charbon, 
des  métaux  fondus,  des  vases  brisés  etc.  Journellement 
On  déterre,  des  médailles,  des  lampes,  des  tombes,  des 
inscriptions  etc.  L’église  de  N.  D.  des  Fourvières  occupe 
la  place  du  Forum  Veneris ,  et  la  maison  des  Antiquuil « 
les,  à  présent  l’hôpital  des  fous,  celle  du  palais  des  Cé¬ 
sars.  Le  nom  à' Antiquailles  date  des  nombreuses  anti¬ 
quités  que  l’on  y  trouve.  Les  principaux  restes  d’anti¬ 
quités  que  l’on  remarque  encore  sur  cette  montagne, 
sont  _les  aqueducs  auprès  de  l’église  de  Ste.  Irene  ;  la 
belle  mosaïque,  dans  la  maison  Cass'ere ,  rue  Gourguil- 
lan  ;  le  peu  de  reste  d’un  théâtre  dans  l’enclos  des  Mi¬ 
nimes,  et  des  réservoirs  souterrains  aux  Ursulines  et  aux 
Antiquaillles.  —  Le  côteau  de  la  Croix-Rousse ,  aU  Nord 
de  1a.  ville,  offre  aussi  des  belles  vues  et  des  aspects  pi- 
quan  ,  surtout  de  la  terrasse  des  Chartreux;  l’église  des 
Chartreux  présente  un  bel  dôme,  et  un  magnifique  autel 
en  marbre.  Le  Jardin  des  plantes ,  avec  les  vestiges 
d'une  ancienne  Naumachie,  est  sur  ce  côteau,  où  l’on  at 
trouvé  les  deux  tables  de  bronze.  — 

Spectacles .  Amusemens.  Le  grand  spectacle  :  le  thé¬ 
âtre  des  variétés:  le  (public  de  Lyon  est  connaisseur,  et 
ses  théâtres,  comme  ceux  de  Bordeaux,  ont  fourni  les 
premiers  sujets  aux  théâtres  de  Paris)  des  concerts,  de» 
cercles  etc. 

Collections.  Cabinets.  La  bibliothèque  du  collège 
dont  nous  avons  parlé:  et  le  cabinet  de  la  ville;  (c’est 
l’un  de?*plus  beaux  vaisseaux,  qui  se  voient  en  Europe  :) 
lfe  Musée  ou  le  Conservatoire  des  arts  au  couvent  de  St. 
Paul  (la  se  trouve  le  fameux  tableau  de  Rubens ,  le  sau¬ 
veur  à  la  croix,  ci-devant  aux  Gonfalonîj  la  collection 


LA  FRANCE.  VILLES. 


4? 


d’antiquités  Gauloises,  chez  M.  le  professeur  Rivoil  :  Le* 
deux  cabinets  d’antiquités  Romaines,  chez  M.  Artaud^ 
garde  du  Musée,  et  chez  M.  le  peintre  Richard.  Le  ca¬ 
binet  de  M.  de  Boissieu , 

Etablissemens  utiles  et  littéraires.  Le  lycée;  (le  plu* 
beau  et  le  plus  vaste  pensionnat  du  Royaume:)  l’école 
spéciale  de  dessin  vétérinaire  (établi  dans  l’ancien  cou¬ 
vent  des  deux  amans.  Le  tombeau  de  deux  amans, 
VAmandus  et  Amanda  dont  parle  Yoriîc  -  Stems ,  n’existe 
plus;  le  jardin  du  couvent  est  devenu  le  jardin  de 
l’école,  et  le  bosquet,  qui  serpente  à  travers  le  pen* 
chant  du  côteau,  offre  de  son  sommet  le  même  point  de 
vue,  qu’à  Pierre  -  Scise  ;)  l’Athénée:  la  société  de  mé¬ 
decine.  Le  Lycée  est  établi  dans  l’ancienne  église  de  la 
Trinité:  la  vue  de  la  terrasse  est  très  -  belle. 

Auberges .  A  l’hôtel  des  ambassadeurs,  place  Belle- 
cour:  à  l’hôtel  de  Languedoc,  quai  de  la  Saône;  à  l’hô¬ 
tel  de  l  Europe  ;  à  l’hôtel  des  Célestins;  à  l’hôtel  de  Mi¬ 
lan;  au  Parc;  (très  -  bonnes  auberges.) 

Fabriques.  Manufactures.  Les  gros  de  Tours,  bro¬ 
chés  en  or  et  argent;  les  satins  cannélés  ,  soie  et  or;  les 
cirsakas  ,  étoffes  en  dorure  passées  au  cylindre;  les  taf¬ 
fetas  brochés  en  or  et  argent;  les  velours  frisés;  les  taf¬ 
fetas  façonnés,  chmés,  brillantés;  les  moires  et  damas; 
les  gros  de  Naples  etc.  les  bas  de  soie;  la  bonnêterie  ;  la 
chapêlerie;  l'épicerie;  les  galons;  les  rubans  et  pas9e- 
raens  etc.  Le  tirage  de  l’or  est  aussi  une  opération  inté¬ 
ressante,  qu’on  n’a  point  occasion  de  voir  par  tout,  et 
qui  s’opère  ici  supérieurement:  (La  qualité  des  étoffes 
et  la  beauté  des  dessins,  qui  se  fabriquent  et  exécutent 
à  Lyon ,  sont  généralement  estimés.  Pour  être  admis 
comme  spectateur  au  travail  des  ouvriers,  il  faut  s’adres- 
*er  au  maître  de  la  fabrique,  qui  vous  fait  accompagner 


48  LA  FRANCE.  VILLES. 

par  un  de  ses  commis.  Avant  la  révolution  on  comptait 
22,000  ouvriers  en  soie;  La  chapellerie  est  aussi  uue 
branche  de  commerce. 

Livres  a  consulter.  Almanach  histor.  et  polit,  de 
Lyon.  (Et  sur  les  événemens  qui  ont  précédé  ou  suivi  la 
catastrophe  du  siège  de  Lyon  en  1794,  L'Histoire  du  siège 
de  Lyon  depuis  1759  jusqu’en  1796  accompagnée  d'un  plan 
de  la  ville.  T.  1.  2.  A  Paris  chez  le  Clerc  ,  et  à  Lyon 
chez  Daval .  1797.  8-  Consultez  aussi  le  Tableau  des  pri¬ 
sons  de  Lyon ,  par  Delandine ,  ci  -  devant  bibliothécaire* 
A  Paris  1797.  C’est  une  lecture  qui  remplit  l’ame  du 
plus  vif  intérêt.) 

J Distances .  De  Lyon  à  Paris  *)  par  Melun,  Auxerre 
et  Auîun  58V2  P*  2)  Par  Joigny,  Dijon  et  Châlons  62V4 
p.  3)  par  Nevers  et  Moulins,  ^9  p.  *)  par  Troyes,  Dijon 
et  Maçon,  62  p.  Do  Lyon,  à  Strasbourg,  533/4  p.  à  Cham¬ 
béry  ,  141/4  p.  à  Grenoble,  131/3  p. ,  h  Montpellier,  39V# 
p.  a  Genève,  20p.,  a  Avignon  3oi/4P-  (à.  l'entrée  de  Lyon, 
il  est  dû  une  demi -poste  au  de  là  de  -  la  fixation  ci-des¬ 
sus:  et  une  poste  entière,  à  la  sortie.) 

Avis .  On  peut  faire  le  voyage  h.  Avignon  sur  le  Rhô¬ 
ne,  et  par  la  coche  d’eau;  mais  comme  elle  reste  3I/2 
jours  en  chemin,  il  vaut  mieux  fréter  une  barque  ou  b⬠
teau  de  poste,  pour  son  propre  usage.  On  la  loue,  y 
compris  le  transport  de  la  voiture  et  des  malles,  à  peu 
près  pour  le  prix  de  6  à  8  Louis,  et  on  fait  ce  voyage  en 
deux  jours:  quelquefois  une  seule  journée  suffît.  Mais 
ces  bâteaux  sont  souvent  dans  un  état,  qui  fait  cou¬ 
rir  des  risques  aux  étrangers,  qui  s’ÿ  *fïent.  Car  cette 
navigation  sur  le  Rhône,  n'est  nullement  exempte  de 
dangers. 

Mélanges.  La  longue  rue  resserrée  entre  la  Saône  et 
le  coteau  de  Fourvieres,  est  arssi  remarquable  par  une 


LA  FRANCE.  VILLES, 


49 


file  des  bAtimens  ,  suspendue  aux  escarpemens.  La  rue, 
la  belle  cordière ,  porte  ce  nom,  en  mémoire  de  Louise 
JLabê ,  célèbre  beauté  et  femme  bel  -  esprit  du  16.  siècle. 
Les  marrons  de'Lyon  sont  renommés;  on  y  voit  des  ma* 
gasins  entiers  de  cette  denrée:  cependant  Lyon  ne  tire 
pas  ces  marrons  de  son  territoire,  mais  des  départe- 
xnens  voisins  :  les  marrons  du  Luc ,  sont  les  plus  recher¬ 
chés.  11  y  a  à  Lyon  une  petite  poste  ,  et  des  bureaux 
d’àgence.  —  L’îZc  Barbe  est  aux  Pâques  et  à  la  Pente¬ 
côte,  le  Longchamp  de  Lyon,  on  y  voit  un  rocher  très- 
pittoresque,  et  les  restes  d’un  château  de  Charlemagne. 
Les  environs  de  cette  île,  ont  été  cent  *  fois  dessinés. 

MARSEILLE.  Long,  à  l’obs.  230  i'  45"  »(lsle  de  Fer- 
ro)  Lat.  45O  17'  43".  Population ,  suivant  l’A.  111,000.  Q 
l’airaable  sagesse:  les  amateurs  de  la  sagesse:  les  amis 
de  l’aimable  sagesse:  les  disciples  de  St.  Jean:  l’amitié: 
les  disciples  de  Salomon:  l’étroite  amitié:  les  frère* 
unis:  la  parfaite  sincérité:  la  réunion  des  amis  choisis; 
la  triple  amitié  :  la  triple  union. 

Edifices  remarquables ,  Curiosités.  L'hôtel  de  ville- 
édifice  le  plus  distingué,  avec  une  façade  noble  et  riche: 
(remarquez  deux  tableaux,  représentans  la  peste  de  1720  ) 
La  bourse,  qu’on  nomme  ici  la  loge ,  est  au  rez  -  de- 
chaussée.  L’écusson  des  armes  du  roi  en  marbre  ,  exé» 
cuté  par  Puget ,  morceau  d’un  fini  rare,  est  placé  sur  la 
porte  extérieure.  Le  tems  de  la  bourse  ,  dure  depuis  2 
jusqu’à.  4  heures  et  1/2*  Le  son  d’une  cloche  et  les  rou- 
lemens  d’un  tambour  en  annoncent  la  fia.  On  trouve 
affiché  le  départ  des  vaisseaux,  qui  mouillent  dans  le 
port.  —  L’églis.e  cathédrale,  la  plus  ancienne  des  Gau¬ 
les:  (elle  renferme  trois  tableaux  de  Puget ,  et  quelque* 
ligures,  faites  d’une  espèce  de  majolica,  çt  qui  méritent 
de  fixer  l’attention.)  —  les  ci  -  devant  grands  -  Carmes: 
(la  boiserie  et  1?.  sculpture  dp.  choçpr)  —  St,  yiçtorî 

Guide  des  Voy.  T  II. 


50  LA  FRANCE.  VILLES. 

(l’église  inférieure,  les  tombeaux  antiques ,  le  cloîtrfc 
bâti  d’anciens  édifices  profanes  et  sacrés,  les  inscrip- 
tions)  —  la  colonne  élevée  en  1802,  en  mémoire  des  se¬ 
cours  obtenus  par  le  Pape  et  un  corsaire  Tripolitain, 
durant  la  peste  de  1720  —  la  fontaine  avec  la  colonne 
élevée  à  Homère  par  les  descendans  des  Phocéens  —  1* 
Consigne:  (le  fameux  bas  -  relief  de  la  peste,  aussi  par 
Puget)  —  la  fontaine  et  la  maison,  qu’habita  Pupet ,  on 
y  remarque  son  buste,  et  plusieurs  ouvrages  en  sculp* 
ture;  un  apoticaire  en  est  à  présent  le  propriétaire  —  la 
ci-devant  Chartreuse:  (à  une  demi- lieue  de  la  ville)  — 
le  lararet,  où  les  vaisseaux  font  la  quarantaine,  l’un 
des  plus  beaux  de  l’Europe  —  le  château  d’//,  sur  un 
ilôt  :  belle  vue  du  port  et  de  la  ville.  Pans  la  cha¬ 
pelle  se  trouva  en  dépôt  le  corps  embaumé  du  général 
Kleber ,  assassiné  en  Egypte.  C’est  une  promenade  de 
mer,  et  l’on  trouve  toujours  au  port  des  bâtelets,  pour 
faire  ces  petites  excursions/maritimes.  Outre  cet  ilôt,  il 
y  en  a  encore  deux:  Pom'egues  y  où  stationnent  les  vais¬ 
seaux  en  quarantaine,  et  Ratonneau ,  fameux  par  l’Iau. 
valide  qui  s’en  fit  le  Roi  —  la  ville  neuve  a  des  rues 
larges  et  bien  alignées,  avec  des  trottoirs.  Les  nou¬ 
veaux  boulevards ,  sont  dûs  aux  soins  d’un  Préfet;  ils 
ùboûtissent  à  une  montagne,  où  des  rampes  sablées  et 
commodes  conduisent  au  sommet;  l’oeil  y  embrasse  la 
ville,  le  port  et  la  rade,  et  cette  vue  superbe  remplace 
celle  du  fort  de  JSotre  -  Dame  de  la  Garde ,  plus  fati¬ 
guante  et  pins  éloignée.  — 

'  .  :  r  ,f  . 

Promenades.  Les  allées  du  Meilhan ;  le  cours:  (sur¬ 
tout  lés  dimanches  et  vendredis  au  soir;  le  cours  est  une 
des  plus  belles  rues  que  l’on  puisse  voir,  et  qui  ne  le 
cède  à  aucune  des  plus  fameuses  de  l'Europe.  Il  frappe 
d'avantage  que  le  Cours  d'Aix ,  par  le  mouvement  con* 
tinuel  qui  y  régne.  Au  milieu  sont  deux  rangs  d’arbres, 
avec  des  bancs  de  pierre,  et  de  chaque  côté  des  bâti- 


LA  FRANCE.  VILLES. 


51 


mens  symmétriques  ,  d’üne  architecture  imposante.)  — 
Le  jardin  de  la  ci  -  devant  intendance.  —  La  promet 
nade  sur  les  quais  du  port,  surtout  aux  heures  des  as¬ 
semblées  à  la  bourse.  Le  -pavillon  Chinois ,  est  le  café 
le  plus  fréquenté.  Des  bains  publics.  Une  place  de 
fiacres. 

Etablissement  littéraires.  Cabinets.  L'académie  des 
sciences;  la  société  de  Médecine;  la  société  de  l’Afrique 
intérieure;  le  lycée.  La  bibliothèque  publique  de  60,000 
vol.;  le  musée;  le  jardin  de  Naturalisation;  l’observa¬ 
toire  de  Marine  (superbe  et  unique  vue  de  sa  plate  -  for¬ 
me  :  cette  vue  rivalise  avec  celle  de  la  montagne  à  l’ex¬ 
trémité  des  nouveaux  boulevards .)  —  Le  cabinet  phellô- 
plastique  de  M.  Stamati . 

Spectacles.  Amusement.  Le  grand  théâtre.  (Encore 
•eux  salles  de  comédies.  La  salle  du  grand  -  théâtre  est 
une  des  plus  belles  de  la  France.) —  Les  concerts  —  le 
cercle:  (société,  où  les  étrangers  sont  admis  tous  les 
jours  ;  mais  il  faut  y  être  introduit  par  un  membre)  — 
les  parties  de  plaisir,  samedis  et  dimanches ,  aux  mai¬ 
sons  de  campagne,  ou  bastides ,  —  les  fêtes  locales  con¬ 
nues  sous  le  nom  de  Trin ,  et  qui  ont  lieu  une  fois 
l’année.  Les  fêtes  de  Noël,  de  la  veille  des  Rois,  de  la 
belle  Etoile,  et  de  la  St.  Jean. 

Fabriques.  Manufactures.  De  fer  battu:  de  savon  : 
(les  plus  renommées  de  toutes  celles  qui  existent,  par¬ 
ticulièrement  de  savon  marbré)  de  fayence  et  de  porce¬ 
laine;  de  bonnets,  façon  de  Tunis;  de  liqueurs  et  de 
parfums;  de  toiles  peintes;  de  tapisseries,  dites  de  Z’ar- 
senal,  imprimées  à  l’huile  sur  toile,  et  finies  au  pin¬ 
ceau,  les  unes  en  façon  de  damas  et  autres  étoffes  à 
plat,  les  autres  en  camaïeu  imitant  la  peinture,  d’autres 
k  ramages,  guirlandes,  paysage,  figures  européennes  et 


LA  FRANCE.  VILLES 


53 

chinoises.  Des  blancheries  de  cire  du  Levant.  Dey  raf¬ 
fineries  de  sucre,  de  soufre,  d’alun,  de  colle  -  forte,  du 
sumac,  etc.  La  préparation  des  salaisons;  telles  que  le 
thon  mariné,  les  anchois,  câpres,  olives  etc.  (Il  y  a  à 
Marseille,  un  utile  et  singulier  établissement ,  qui  se 
perd  dans  la  nuit  des  tems  ,  c’est  le  tribunal  desyrud? 
hommes,  qui  ordonne  en  dernier  ressort  sur  toutes  les 
contestations  concernant  la  pêche.)  La  fameuse  manu¬ 
facture  de  corail,  (il  y  a  des  colliers  au  prix  de  6  jus¬ 
qu’à  500  francs. )►—  Il  faut  du  tems  au  commerce  de  Mar¬ 
seille ,  jadis  si  florissant,  pour  se  relever.  Non  loin  de 
Marseille  est  le  port  de  St.  Chamas ,  petite  ville,  qui 
a’est  rendue  maîtresse  du  commerce  des  olives  prépa¬ 
rées,  et  connues  sous  le  nom  d'olives  à  la  Picholini . 

Auberges.  A  l’hôtel  des  étrangers:  à  l’hôtel  des  am¬ 
bassadeurs,  et  principalement  h  l’hôtel  deBeauvau:  tout 
voisin  du  port,  et  dans  une  belle  situation.  On  ne  din« 
à  table  d’hôte ,  que  vers  le  cinq  heures. 

Distances.  De  Marseille  h  Paris  102V4  postes;  à  Tou¬ 
lon  71/2  P-  >  à  Lyon  44  p. ,  à  Aix  4  postes.  Il  est  dû  une 
demi -poste  en  sus  de  la  distance,  pour  les  sorties. 

Mélanges.  Il  y  a  à  Marseille  une  petite  poste  aux 
lettres,  qui  compte  54  bureaux.  Le  coup  d’oeil  de  la 
porte  d 'Aix  à  la  porte  de  Rome  est  unique  au  monde, 
surtout  les  dimanches,  quand  l’assertiblée  du  cours  est 
dans  tout  son  étalage.  Le  marché  au  fleurs  et  fruits  pré¬ 
sente  aussi  tous  les  matins  un  aspect  enchanteur.  C’est 
là  que  se  range  avec  ordre,  mais  non  sans  tumulte,  la 
foule  innombrable  des  jardiniers,  maraîcheurs,  bouque¬ 
tières,  et  fruitières  ,  d’une  immense  banlieue.  Là,  Po- 
inone  est  entourée  de  toutes  ses  richesses,  et  Flore  en 
atours  frais  et  printaniers  ,  étale  tous  ses  pompons  auprès 
de  sa  soeur.  —  La  longueur  du  -port  de  Marseille  est  dç 


LA  FRANCE.  VILLES, 


53 


580  toises  sur  une  largeur  de  160.  L'aspect  de  ce  port  et 
du  quai  qui  le  borde  est  unique  et  frappant.  Les  pro¬ 
ductions  de  4  parties  du  monde,  tous  les  habitans  de  la 
terre  dans  leurs  divers  costumes,  tous  les  pavillons  qui 
flottent  sur  la  mer,  y  sont  rassemblés.  —  Quand  on  se 
promène  à  une  certaine  heure  dans  le3  rues,  à  l’aube  du 
jour,  ou  le  soir,  il  faut  prendre  garde  au  cri  de  Passa - 
res ,  si  l’on  ne  veut  pas  être  enseveli  sous  un  tas  d’im. 
mondices,  dont  toutes  les  fenêtres  semblent  alors  se  dé¬ 
gorger.  —  La  beauté  et  la  pureté  du  climat  de  Marseille 
ne  sont  troublées  que  par  le  vent  Mistral ,  qui  vient  du 
nord  -  ouest:  il  est  impétueux  et  froid,  mais  quand  il  ne 
souffle  pas,  les  jours  de  l’hiver  y  ressemblent  à  no» 
beaux  jours  de  priiitems.  —  Les  environs  de  Marseille 
sont  remplies  d’une  quantité  prodigieuse  de  petites  mai¬ 
sons  de  plaisance,  qu’on  appelé  des-  Bastides ;  on  en 
comptait,  il  n’y  a  pas  long  -  tenu,  jusqu’à  cinq  mille. 
A  la  belle  Bastide  dite  Eygalades ,  on  admire  une  tapis¬ 
serie  rare  et  curieuse.  —  L’auteur  des  Soirées  Provença - 
les  fait  des  moeurs  dépravées  à  Marseille,  surtout  pour 
ce  qui  regarde  la  foule  des  filles  perdues,  un  portrait, 
que  nous  aimons  à  croire  exagéré.  Mais  les  paysans  de» 
environs,  comme  ceux  d ' Aix  et  de  Toulon ,  passent  pour 
une  race  d’hommes  dure  et  brutale  ,  à  la  physionomie 
rude  et  au  regard  menaçant:  on  attribue  ce  caractère, 
à  l’influence  du  Mistral.  —  Un  fléau  redouté,  ce  sont 
les  cousins ,  pendant  la  saison  chaude  et  en  automne;  à 
certaines  heures  du  jour,  l’air  en  est  obscurci:  sans  la 
cousinière ,  rideau  de  gaze,  il  n’y  a  ni  repos  ni  sommeil. 
Le  scorpion  se  glisse  aussi  souvent  dans  les  apparte- 
mens,  et  jusques  dans  les  lits.  — 

MONTPELLIER.  Long,  à  I’obs.  210  32*  30".  (isle  de 
Terro)  Lat.  430  36*  29".  Population ,  suivant  l’A.  32,723. 
—  □  les  Amis  de  la  gloire  des  arts  :  les  Amis  des  arts  et 
de  l’harmonie:  (composée  d’hommes  de  lettres  et  d  ama- 


54 


LA  FRANCE.  VILLES, 


teurs  de  la  musique)  les  Amis  fidèles:  les  mis  réuris 
dans  la  bonne  Foi:  l’ancienne  □  de  la  réunion  des  Elus: 
la  parfaite  humanité  :  la  parfaite  union. 

* 

Edifices  remarquables .  Curiosités.  L’église  de  St. 

Pierre:  (le  tableau  de  Bourdon  au  fond  du  sanctuaire) 
la  bourse  —  la  citadelle  —  l’école  de  médecine:  (ci  -  de¬ 
vant  le  palais  de  l’archevêque;  on  remarque  surtout 4a 
salle  d’anatomie,  et  les  figures  anatomiques  en  cire,  à  la 
manière  de  Fontana).  —  Le  nouvel  amphithéâtre'  anato¬ 
mique:  (le  fauteuil  du  professeur,  est  un  siège  antique 
de  marbre,  trouvé  dans  les  arènes  de  Nismes.)  —  La 
maison  du  gouvernement  —  le  théâtre  ot  la  salle  des 
concerts  —  la  place  Peyrou ,  et  sa  belle  porte:  (On  dé¬ 
couvre  de  cette  place,  par  un  teins  clair,  à  gauche,  la 
mer  méditerranée ,  à  droite  les  montagnes  du  Roussil- 
ion  ,  et  même  les  Pyrénées.)  —  l’aqueduc  —  la  colonne 
sur  l’esplanade:  (la  grande  rue  est  la  plus  belle  et  la 
plus  peuplée). 

Promenades.  L’esplanade  —  la  place  Peyrou  —  la 
place  de  la  Canourgue  :  (que  préférait  J.  J.  Rousseau.) 

Etablissemens  littéraires  et  utiles.  La  société  de  mé¬ 
decine  pratique  qui  se  soutient  encore  avec  honneur, 
(dans  sa  bibliothèque,  la  robe  doctorale  de  Rabelais). 
la  société  d’agriculture;  l’institut  de  littérature,  scien¬ 
ces,  et  arts:  Je  lycée  français:  l’observatoire:  le  Musée: 
le  Lycée  de  lecture  :  (prix  d’abonnement  1  louis  pour  $ 
raois^  le  sallon ,  espèce  de  club;  (jours  d’assemblée  les 
lundis  et  vendredis  de  7  à  11  heures.  Les  étrangers  doi¬ 
vent  être  introduits  par  un  membre).  Le  jardin  bota¬ 
nique.  (Narcisse,  la  fille  du  célèbre  Young ,  y  est  en¬ 
terrée  :  j’ignore  si  le  monument  projetté  lui  a  été  élevé: 
ce  jardin  de  plantes,  est  le  premier  gui  a  été  établi  en 
*Hrope.) 


LA  FRANCE.  .VILLES. 


55 


Commerce.  Fabriques.  Les  vins ,  principale  récolte 
du  pays:  les  eaux  de  vie  ;  'l’huile  de  vitriol  ;  le  commerce 
de  laines;  la  fabrication  de  couvertures  de  laine,  mou¬ 
choirs  et  toiles  de  coton,  siamoises*  flanelles;  de  liqueur* 
dont  on  fait  le  plus  de  cas;  d’eaux  de  senteur  et  de  par» 
f  ums  :  (un  voj'ageur  qui  admirait  les  plantations  d«.a 
frères  Rubans ,  de  plantes  aromatiques  et  de  fleurs,  ra¬ 
conte,  qu’un  seul  champ  de  roses  contenait  40,000  rosiers. 
C’est  à  Montpellier  et  à  Grasse  en  Provence,  que  l'on 
trouve  les  meilleures  pommades  et  les  meilleurs  parfums 
de  la  France.)  Le  verd  -  de  pris ,  est  presque  la  pro¬ 
priété  exclusive  de  Montpellier.  On  attribue  la  grande 
facilité  qu’a  cette  ville  de  faire  du  verd  -  de  -  gris ,  à  ses 
caves  et  surtout  aux  vins  de  son  crû.  Pour  se  le  procu¬ 
rer,  on  arrose  de  ces  vins  de  petites  lames  de  cuivre 
rouge  de  Hambourg,  arrangées  par  couches,  sur  des  grap¬ 
pes  de  raisin  sec.  Il  s’en  prépare  près  de  2,000  quintaux 
par  an. 

Spectacles.  Comédie  française.  (Prix  d’abonnement 
aux  premières,  26  francs,  8  sous  par  mois.) 

Auberges.  A  l’hôtel  du  Midi:  (excellente  auberge)  au 
clieval  blanc,  dans  la  grande  rue. 

Mélanges  intéressans.  Livres  h  consulter .  Notice 
*ur  Montpellier,  par  Belleval.  A  Paris  1803.  8-  >—  Une 
variété  de  cyprès,  connue  encore  sous  le  nom  d 'arbre  de 
Montpellier ,  a  donné  le  nom  à  cette  ville.  On  voit  en¬ 
core  un  fort  bel  arbre  de  cette  espèce,  dans  une  cam¬ 
pagne,  le  mas  de  Limaçon.  —  En  langage  du  pays  Mas 
signifie  maison  de  campagne.  Les  mas  de  Montferrier , 
Laverune ,  la  Piscine ,  le  Clos ,  sont  de3  campagnes  très- 
agréables.  Mais  la  verdure  y  est  rare,  et  perd  bientôt 
de  sa  fraîcheur.  En  revanche  l’habitant  du  Nord  s’ex¬ 
tasie  à  la  vue  de»  chemins  bordés  de  jasmins  et  de  gr«- 


56 


LA  FRANCE.  VILLES. 


nadiers.  On  appuie  à  Montpellier  l’amandier,  V arbre 
de  la  folie,  pareequ’ii  fleurit  de  trop  bonne  heure,  et  le 
jujubier  est  qualifié  d  arbre  dé  la  sagesse ,  à  cause,  qu’il 
ne  porté  des  fleurs,  que  quand  le  tems  est  chaud.  —  Le 
climat  de  celte  ville  est  extrêmement  doux  et  tempéré» 
L’automne  surtout  y  est  très  -  beau,  mais  la  variation 
dans  la  température  est  la  source  de  beaucoup  de  mala¬ 
dies  catarreuses,  et  les  étrangers  doivent  prendre  garde, 
de  ne  pas  changer  à  la  légère  de  vêtemens.  La  bise  et 
le  marin, ,  ou  les  vents  de  Nord  -  Est,  et  de  mer,  affec¬ 
tent  sensiblement  les  nerfs.  Le  marin  surtout  est  d’une 
humidité,  qui  s’étend  même  jusques  sur  les  lits,  qu’il 
faut  faire  chauffer.  —  Lorsqu’on  se  propose  de  faire 
quelque  séjour  à  Montpellier,  il  vaut  mieux  prendre  un 
logement  garni,  où  l’on  se  fait  apporter  à  manger,  par 
les  traiteurs,  à  un  prix  honnête,  Pour  le  prix  de  quatre 
louis  par  mois,  on  a  un  appartement  de  2  à  3  pièces, 
chambre  de  domestique,  lits,  linge  etc.  On  paye  au  trai¬ 
teur  ou  réstaurateür,  chez  qui  on  fait  chercher  ses  plats, 
quatre  livres  par  tête,  et  pour  quatre  mets,  y  compris 
sa  soupe;  tout  cela  est  servi  abondamment,  et  pourrait 
suffire  pour  deux  personnes.  Pour  ce  qui  regarde  le  des¬ 
sert,  il  vaut  mieux  l'achêter  soi-même,  que  d'en  char¬ 
ger  le  traiteur.  Le  traiteur  fournit  vaisselle,  nappes, 
serviettes  etc.  On  dîne  à  table  d’hôte  à  une  heure,  et 
on  soupe  vers  les  Q  heures.  —  Prix  d’un  quintal  de  bois 
de  chauffage,  34  à  36  sols;  d’un  cheval  de  selle,  3  livres, 
par  jour,  et  d’un  âne  30  sols:  d’un  carrosse  de  remise, 
12  livres,  par  jour:  d’une  chaise- à-porteur ,  40  sols  par 
course;  d’un  bain,  30  sols,  y  compris  le  linge.  —  Ce 
tarif  m’a  été  fourni,  par  un  voyageur,  qui  passa  plu¬ 
sieurs  mois  à  Montpellier,  en  1805*  On  trouve  des  mai¬ 
sons  de  bains  à  la  grand’  rue,  à  l’Esplanade  ,  au  Peyrou. 
Celles  de  la  grand’  rue,  sont  réputée  les  meilleures.  — 
L’araignée  maçonne,  est  un  insecte  fort  curieux,  que 
l’on  ne  trouve  qu'aux  environs  de  Montpellier.  Lus 


LA  FRANCE.  VILLES.  g? 

Triias ,  ou  les  tieilles,  et  Ion  chivalet ,  ou  le  chevalet, 
sont  les  danses  nationales  de  Montpellier. 

Distances.  De  Montpellier  à  Paris  par  Nîmes,  97*^35 
postes:  à  Ai x,  20V4  P-  à  Lyon  39V*  P-  'a  Avignon,  iii/2.  p. 

Excursions,  k  Perrol  au  pon*  Juvenal  —  4  lieues 
de  Montpellier  les  grottes  de  Gouge  fort  belles  et  fort 
curieuses,  mais  on  n’y  descend  pas  sans  beaucoup  de 
peine  ,  et  sans  quelque  péril.  Me.  de  Genlis  a  entendu 
dire,  qu'elles  étaient  aussi  extraordinaires  que  celles 
d ' Antiparos.  —  Au  bord  de  la  mer,  et  k  l’isle  de  Ma - 
guelone  ;  (on  montre  dans  la  cathédrale  ruinée  et  dé¬ 
serte,  les  trois  tombeaux  du  comte  Pierre  de  Provence, 
de  la  belle  Maguelojie,  et  de  leur  enfant.)  — -  au  port  de 
Cette  ;  il  y  a  2  routes,  l’une  par  Balaruc ,  de  4V2  lieues, 
(à  Balaruc ,  la  source  minérale,  renommée  pour  le» 
paralysies)  l’autre  de  4  lieues,  par  Mireval.  (Le  che¬ 
min,  traverse  une  campagne  des  plus  agréables.  On 
peut  passer  par  Froritignan ,  renommé  pour  ses  vins* 
muscats;  non  loin  de  l’Hermitage,  il  faut  s’arrêter  pour 
jouir  d’une  vue  délicieuse.  La  situation  de  Cette  offr» 
un  coup  d’oeil  infiniment  piquant:  aussi  a  -  t  -  il 
fourni  au  célèbre  Vernet  un  très  -  beau  tableau, 
dont  on  trouve  par  -  tout  les  estampes.  Au  mois  de 
Janvier  et  de  Février  le  port  fourmille  de  vaisseaux.  Il 
faut  y  voir  le  grand  pont,  la  citadelle,  et  monter  suc 
la  tour  des  pilotes,  pour  y  jouir  d’une  vue  superbe  sur 
la  mer.  Prix  d’une  voiture  pour  ce  voyage  y  compris 
le  retour,  24  livres,  et  6  livres  au  cocher.  Tous  les  jour» 
une  diligence  passe  et  repasse  entre  Cette  et  Montpel¬ 
lier  ;  prix  d  une  place,  3  livres.  A  Cette  commence  le 
canal  de  Languedoc.) 

NANCY.  Lat.  480  41'  55".  Long.  23®  50'  16".  Popu¬ 
lation.  Suivant  l’A.  28,227.  —  fit.  Jean  de  Jérusalem, 


58  LA  FRANCE.  VILLES. 

Edifices  remarquables.  Curiosités.  L’hôpital;  bel 
édifice.  —  La  rotonde  et  l’église  des  ci  -  devant  Corde¬ 
liers  (cù  se  trouvaient  les  tombeaux  des  anciens  Ducs 
de  Lorraine  ;  Charles  -  le  -  hardi-,  dernier  duc  de  Bour¬ 
gogne  y  lût  enterré,  mais  son  corps  a  été  transporté  à 
Bruges  en  Flandre,  pour  y  être  déposé  à  côté  de  Marie 
sa  fille.)  —  l’hôtel  des  monnaies  —  la  place  royale,  ci- 
devant  du  peuple  (l’une  des  plus  belles  places  de  l’Eu¬ 
rope:  une  statue  de  Louis  XV;  de  bronze  embellissait 
jadis  cette  place;  elle  avait  coûté  au  roi  Stanislas  ,  qui 
la  fit  ériger  en  1751,  la  somme  de  161,453  livres.  Les 
ouvrages  en  serrurerie  méritaient  aussi  l’admiration  du 
connaisseur;  mais  tout  cela  a  été  ruiné  ou  enlevé,  dans 
les  tems  du  vandalisme  révolutionnaire.  Cette  place 
est  encore  ornée  de  V hôtel  de  ville ,  l’un  des  plus  beaux 
édifices,  de  l'hôtel  des  douanes ,  de  celui  de  l'intendance , 
et  de  celui  de  la  comédie ;  deux  immenses  rues  coupent 
le  centre,  et  aboutissent  à  deux  portes,  bâties  en  arcs  de 
triomphe)  le  ci  -  devant  cloître  des  Franciscains  au  bout 
du  faubourg  St.  Pierre;  (c’est  ici  qu’est  enterré  le  ro* 
Stanislas ,  le  créateur  des  beautés  de  Nancy  ;  le  mauso¬ 
lée  est  un  chef-d’oeuvre  de  Girardon\  —  la  place  d’ Al¬ 
liance  ,  ci-devant  de  la  liberté  —  les  magnifiques  caser¬ 
nes.  —  La  vieille  ville  est  un  amas  confus  de  maisons 
sans  goût,  de  rues  étroites;  mais  tout  ce  qu’on  appelé 
Ville  neuve ,  est  vraiment  magnifique.  Rien  n’est  plus 
élégant,  plus  frais,  que  la  place  ou  rue,  appelée  Car - 
ri'ere ,  ombragée  d’une  allée,  et  prolongée  par  des  bâti- 
mens  uniformes,  qu’un  arc  de  triomphe  ouvre,  et  l’hôtel 
du  gouvernement  termine:  on  en  sort  par  deux  colon¬ 
nades,  dont  l’une  communique  à  une  charmante  pro¬ 
menade,  la  Pépinière .  A  la  porte  -  neuve  fut  tué  JJésiU 
les,  à  l’affaire  des  régimens  révoltés:  son  action  héroï¬ 
que  est  assez  connue.  Nancy  a  donné  le  jour  à  Call ot, 
ce  dessinateur  si  célébré.  La  famille  de  M.  de  la  Fayet - 


LA  FRANCE.  VILLES.  5^ 

te,  si  connu  dans  les  premiers  tems  de  la  révolution,  est 
originaire  de  cette  ville. 

Promenades.  Les  allées  près  des  places  d’ Alliance  et 
de  Carrière:  la  Pépinière. 

Etablissemens  littéraires.  Cabinets .  L’académie.  Les 
sociétés  d’agriculture,  de  médecine,  de  littérature, 
sciences  et  arts:  le  lycée.  La  bibliothèque  publique,  de 
5o,ooovol.  Le  cabinet  de  physique  —  le  jardin  botanique. 

Auberges .  A  l’hôtel  du  Petit -Paris,  près  de  la  place 
royale. 

Fabriques  et  Manufactures.  Etoffes  de  laine,  ratines, 
tricots,  estamettes,  pannes:  des  liqueurs  fines;  des  chan¬ 
delles  très -récherchées.  Des  tapisseries,  dites  de  Nancy. 

Spectacles.  Comédie  française:  (la  salle  est  bien 
décorée  ). 

Distances.  De  Nancy  à  Paris  42^/4  postes;  à  Bour- 
bonne  les  bains  io3/4  p.  à  Saarbruck,  12V2  P-  à.  Sarrè- 
Lou  1  12V3  P‘  à  Basle,  25  p.  à  Metz  7  p.  à  Strasbourg,  18V2 
p.  Il  est  dû  un  quart  -  de  •  poste  en  sus  de  la  distance, 
«ur  toutes  les  sorties. 

Environs.  Du  côté  de  Metz,  fut  tué  Charles  -  le- 
hardi ,  Duc  de  Bourgogne,  le  5  Janvier  1477»  dont  nous 
avons  déjà  parlé.  Cet  événement  est  consacré  par  un 
obélisque,  qui  se  voit  aujourd’hui  dans  le  marais  de  la 
porte  St.  Jean  à  Nancy.  A  trois  quarts  de  lieue  de 
Nancy ,  sur  le  penchant  des  montagnes  qui  bornent  la 
campagne  au  couchant,  on  voit  cette  maison  si  superbe 
et  si  célèbre  de  Mareville ,  possédée  ci  -  devant  par  120 
frères,  appelés  Yonistes  ;  l’on  yenferme  àprésentlesfous. 

PARIS.  Long,  à  l’obs.  200  0'  0".  Lat.  430  50'  14"-  P°" 
juelation ,  suiv.  l’A.  R.  de  1815,  548.000.  (l’Annuaire  de 


6o  LA  FRANCE.  VILLES. 


Xgi2  la  porta  à  580,900.)  Q  Le  grand  Orient  de  France,  et 
pins  de  60  loges  des  différens  grades.  Les  étrangers 
aiment  à  fréquenter  celle  aux  Amis  réunis.  V.  L'Indi¬ 
cateur  de  la  tenue  des  loges  à  l'Orient  de  Paris,  chez 
Jdongié  l'alné,  libraire  au  Palais  royal. 

4  Observation  générale.  Le  tableau  que  le  .  Rédacteur 
donne  de  cette  capitale,  n’est  qu’nn  coup  d’oeil  rapide, 
qu’un  abrégé,  comme  tous  ces  tableaux.  C'est  au  voya¬ 
geur  de  consulter  sur  les  lieux,  les  descriptions  détail¬ 
lées  et  de  fraîche  date. 

x.  Etendue.  Distribution.  Police.  25  à  32,000  maisons, 
sur  une  superficie  de  1,601,644  toises  -  carrées,  57  barriè¬ 
res  des  faubourgs;  12  Municipalités  et  48  quartiers.  La 
garde  nationale  est  forte  de  12  légions  à  pied,  et  8  lé¬ 
gions  k  cheval.  48  Juges  de  paix:  4,209  réverbères  ,  et 
9,485  lanternes.  Un  corps  de  pompiers:  un  préfet  de  Po¬ 
lice  et  48  commissaires  de  police,  avec  une  garde  de  po¬ 
lice,  de  4  compagnies,  sous  le  nom,  garde  royale  de  la, 
ville  de  Paris ,  et  un  conseil  de  salubrité. 

2.  Palais  ;  édifices  et  autres  curiosités  remarquables. 
Les  Tuileries:  C’est  le  palais  du  Roi.  La  partie  droite. 
Pavillon  Marsan ,  servait  jadis  à  la  comédie  Française, 
c’est  là  où  Voltaire  fut  couronné  en  1778;  c’est  la  que 
siégea  la  convention ,  et  que  le  régne  de  Robespierre 
expira.  La  partie  gauche  est  le  Pavillon  de  Flore .  La 
réunion  projettée  des  Tuileries  avec  le  Louvre ,  n’a  pas 
été  entièrement  finie;  ‘il  existe  cependant  une  galerie 
longue  de  1362  pieds.  Des  belles  statues  ornent  le  jardin; 
consultez;  Description  des  statues  des  Tuileries.  12.  C’e§t 
dans  ce  jardin,  surtout  au  coucher  du  soleilqu’il  faut  ad¬ 
mirer  la  perspective  qui  traverse  là  place  de  laConcorde 
ou  de  Lonis  XV\,  et  se  perd  entre  les  rangs  d’arbres  du 

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LA  FRANCE.  VILLES. 


6ï 


chemin  de  , Ncuilly .  A  l’entrée  des  champs  clysèes  on 
apperçoit  les  grouppes  de  Cous/ou,  qui  jadis  étaient  pla¬ 
cées  à  Marly.  La  grille  et  la  place  imposante  du  Car¬ 
rousel.  C’était  sur  cette  place  qu’étaient  élevés  les  4 
chevaux,  dits  des  conquêtes ,  et  rendus  à  Venise .  La  ter¬ 
rasse  près  du  manège  qu’on  a  démoli,  est  la  terrasse  des 
feuillans ,  si  célèbre  dans  l’histoire  de  la  révolution.  La 
façade,  vis  -  à  -  vis  de  la  place  du  Carrousel ,  devenue 
magnifique  par  les  démolitions  considérables,  montrait 
encore,  il  n’y  a  pas  longtems  ,  les  trous  faits  par  les 
boulets  du  10.  d’Août.)  —  Le  palais  de  la  chambre  des 
Pairs  ou  le  Luxembourg.  (Ce  palais  fut  transformé  en 
prison  d'état  dans  les  teras  du  Terrorisme,  et  le  Direc¬ 
toire  y  habita.  Une  bibliothèque  et  un  beau  jardin  en¬ 
richissent  encore  ce  palais.  Le  coup  -  d’oeil  s’étend 
jusque  sur  le  vaste  enclos  des  ci  -  devant  Chartreux,  h 
présentpromenade,  sous  le  nom  dePépinière  de  Luxem¬ 
bourg  On  y  a  joint  le  jardin  de  Vendôme.)  —  Le  Pa¬ 
lais  de  la  chambre  des  Députés ,  ou  le  palais  Bourbon , 
qui  ressemble  a  une  ville,  on  n’entre  dans  la  salle  d’as¬ 
semblée,  qui  est  magnifique,  qu’avec  une  carte.  Vous  y 
admirerez  les  statues  colossales  de  la  Thémis  et  de  Mi¬ 
nerve,  et  les  statues  des  4  hommes  d’état,  Sully ,  Col¬ 
bert,  l'Hôpital ,  et  Aguesseau.  —  Le  Louvre :  (Voyez 
l’art,  suiv.)  On  distingue  à  présent  l'ancien  et  le  nou¬ 
veau  Louvre.  —  L'hôtel  des  Invalides:  (En  avant  de- l’hô¬ 
tel  sur  la  place  la  fontaine,  mais  sans  le  lion  de  St. 
Marc ,  rendu  à  Venise.  Aux  angles  des  avants  -  corps 
latéraux,  les  figures  colossales  ci  -  devant  à  la  place  de* 
Victoires.  Le  dôme  de  l’Eglise  a  60  pieds  de  diamètre, 
et  l’élévation  depuis  le  rez  -  de  chaussée  jusqu’à  sa  plu* 
grande  hauteur,  est  de  300  pieds;  ..c’est  un  vrai  chef* 
d’oeuvre  d’architecture.  On  y  lit  sur  le  marbre  les  noms 
de  ceux  qui  ont  reçu  des  recompenses  militaires.  En  se 
plaçant  au  centre  du  pavé  en  compartimens  de  différens 
marbres  très  -  précieux,  on  voit  parfaitement  les  pein- 
Guide  des  Voy.  T.  11.  F 


62 


LA  FRANCE.  VILLES 


tures  de  la  conpole.  L’autel  du  Roi  est  de  nouveau 
élevé.  Dans  la  seconde  chapelle  à  droite,  le  superbe 
monument  de  Turenne ,  et  vis  -  à  -  vis  celui  de  VauVant 
et  le  tableau  du  passage  du  Rhin  par  Louis  XIV.,  tenture 
sortie  des  Gobelins.  La  vue  du  haut  de  la  lanterne  du 
dôme,  domine  avec  celle  du  dôme  du  Panthéon  ,  et  celle 
de  la  platéforme  de  l'observatoire,  toute  la  ville  im¬ 
mense  de  Paris.  Mais  la  vue  la  plus  étendue  de  Paris, 
est  au  télégraphe  de  Montmartre ,  qui  correspond  par  97 
signes  avec  les  villes  les  plus  considérables  de  la  France. 
Aux  Invalides  la  cour  de  milieu,  l’horloge  d’équation, 
et  les  réfectoires,  méritent  l’observation  des  curieux, 
comme  la  bibliothèque  de  l’hôtel,  et  les  batailles  du 
grand  Condé  peintes  par  Casanove ,  jadis  à  1  hôtel  Bour¬ 
bon.  On  y  voit  aussi  les  villes  fortes  de  la  France  en 
\ 

haut  -  relief:  18  en  ont  été  transportés  à  Berlin.  —  Le 
Panthéon  :  (ou  l’église, de  Ste.  Généviève.  Ce  monu¬ 
ment  mérite  d’être  placé  au  rang  des  premières  basili¬ 
ques  de  l’Europe.  Son  porche  est  composé  d’un  péristile 
de  22  colonnes  corinthiennes,  de  57  pieds  de  haut.  Rien 
n’est  plus  magnifique  et  plus  agréable  que  les  ornemens 
de  son  portail.  Quand  on  approche  de  Londres  c’est 
l’église  de  St.  Paul  qui  frappe  de  loin  l’oeil  du  voya- 
geur  ;  quand  on  approche  de  Paris,  c’est  le  dôme  du 
Panthéon.  Là  reposent  dans  des  cercueils  de  plâtre  ,  les 
corps  de  Voltaire  et  de  J.  J.  Rousseau.  On  y  a  aussi  placé 
les  corps  de  quelques  guerriers  et  d’autres  hommes  cé¬ 
lèbres.  Du  haut  du  dôme  on  jouit  d’une  vue  immense.)  — 
La  ci-devant  Ecole  militaire ,  a  présent  superbe  easerne, 
•t  le  champ  -  de  -  Marsj  (là  on  admira  jadis  ce  grand 
cirque,  construit  en  1790  par  tout  le  peuple  Parisien;  là 
fut  faite  aussi  la  première  expérience  aérostatique  en 
1783;  et  c’était  aussi  là  qu’en  1815,  les  troupes  allemandes 
et  alliées  célébrèrent  la  journée  victorieuse  du  ig.  octo¬ 
bre  1813.  A  l’ancienne  salle  du  conseil,  les  4  tableaux  de 
batailles.  Il  y  a  un  observatoire  à  l’école  militaire.)  — 


LA  FRANCE.  VILLES.  63 

j v école  de  chirurgie:  (bâtimnet  superbe,  fini  ions 
Louis  XVI.  Au  -  dessus  du  péristile  est  un  bas  -  relief 
de  31  pieds  de  longueur,  sculpté  par  Berriter.)  —  L'hô- 
teî-  de  -ville:  (sur  la  place  de  Grève;  c’est  là  que 
Louis  XVI.  fut  reçu  en  1789  Par  Bailly,  c’est  là  que 
finit  le  régne  de  Robespierre;  on  montre  encore  l’en¬ 
droit  où  il  essaya  de  se  donner  la  mort.  La  première 
exécution  qui  s’y  est  faite,  a  été  celle  d’une  femme  hé¬ 
rétique  en  1310.  Dans  un  coin  de  cette  place,  au  -  des¬ 
sus  d’une  boutique  d’épicier,,  est  le  réverbère,  célèbre 
par  la  mort  violente  de  Foulon ,  époque  d’un  nouveau 
genre  de  supplice,  appelé  alors  en  termes  révolution¬ 
naires,  lanterniser.)  —  Le  Palais  de  Justice:  (la  salle, 
dite  des  procureurs,  est  unique  en  France  pour  son  éten¬ 
due.  La  Grand' chambre ,  construite  sous  St.  Louis  était 
le  lieu  où  siégea  depuis  le  Tribunal  Révolutionnaire. 

_  C’est  dans  cette  même  Jalle  que  Louis  XVI.  tint  la  séance 
h  jamais  mémorable,  qui  commença  la  révolution.  Vere 
la  rivière  sont  les  prisons  de  la  trop  fameuse  Concier¬ 
gerie.  (Les  prisons  actuels  de  Paris  sont  au  nombre  de 
12,  la  Force,  Fort  l'Evêque ,  les  deux  châtelets,  etc.) 
*-  Le  Palais  royal  appelé  d’abord  Palais  Cardinal, 
ensnite,  Palais  Egalité  ,  et  Palais  du  Tribunat.  Ce  pa¬ 
lais,  ce  jardin  sont  uniques  sur  le  globe.  Allez  à 
Londres,  à  Madrid,  à  Vienne,  à  Pétersbourg,  vous  n’y 
▼errez  rien  de  pareil.  Tout  s’y  trouve.  Ce  séjour  en¬ 
chanté  est  une  petite  ville  luxurieuse,  renfermée  dans 
Une  grande.  Quoique  tout  augmente ,  triplé  et  qua¬ 
druple  de  prix  dans  ce  lieu,  il  semble  y  régner  une  at¬ 
traction,  qui  attire  l’argent  de  toutes  les  poches,  sur¬ 
tout  de  celles  des  étrangers,  qui  raffolent  de  cet  assem¬ 
blage  de  jouissances  variées  et  qui  sont  sous  leur  main. 
C’est  là  qu’en  un  instant,  sans  changer  de  place,  on 
peut  vendre  ,  acquérir,  goûter,  voir,  sentir  et  appren¬ 
dre  ,  tout  ce  que  la  sensualité,  l’industrie  et  la  sagesse 
d«  l’homme ,  peuvent  concevoir  de  plus  bizarre  et  de 


64  LA  FRANCE.  VILLES. 

plus  parfait.  Le  libertinage  y  est  éternel.  A  chaque 
heure  du  jour  et  de  la  nuit,  son  temple  est  ouvert.  Le 
passage  de  Radzivil  est  peut  -  être  Je  pas  le  plus  fré¬ 
quenté  de  Paris  et  de  l’univers _ L'observatoire.  (Dans 

une  grande  salle  au  premier  étage,  est  tracée  la  ligne 
de  la  méridienne,  qui,  prolongée  au  sud  et  au  nord, 
traverse  toute  la  France  depuis  Collioure  jusqu’à  Dun-> 
herque.  Sur  le  pavé  d’une  autre  salle,  la  ca»te  univer¬ 
selle  gravée  par  Chazelles.  Les  souterrains  forment  une 
espèce  de  labyrinthe,  où  il  ne  faut  pas  pénétrer  sans 
guide.  On  descend  dans  ces  souterrains  par  un  escalier 
à  vis  de  360  marches.  On  trouve  dans  le  voyage  de  M. 
Bugge  la  description  des  instrumens  et  des  autres  curio¬ 
sités  de  cet  observatoire.  La  vue  est  immense  du  haut 
de  sa  plateforme.  —  La  Halle  au  bled;  sa  vaste  coupole 
s’est  écroulée,  lors  de  l'incendie  de  1802.  Napoléon  l’a 
remplacée  par  une  en  plomb,  de  120.  p.  de  diamètre. 
.Les  curieux  remarquent  une  grande  colonne,  adossée  à 
ce  bâtiment,  et  qui  servait  d’observatoire  à  Catherine  de 
Medicis  ;  "les  C.  et  les  H.  et  les  miroirs  brisés  qu’on  y 
remarquait  jadis,  ont  été  détruits  pendant  la  révolu¬ 
tion.  —  Le  superbe  hôtel  de  la  banque,  rue  de  la  Vril- 
iière.  —  Lahalle  au  vin — le  grenier  de  reserve  —  le  mag¬ 
nifique  bâtiment  de  la  bourse,  commencé  sous  Napo¬ 
léon.  —  L’église  de  la  Madeleine  :  (déjà  commencée  en 
1763;  Napoléon  -avait  fait  continuer  les  travaux,  la  de* 
stinant  à  un  temple  de  la  victoire,  dédié  aux  soldats 
de  la  grande  armée.  Mais  cette  église  sera  rendu  au 
culte.  Près  de  là  le  cimetière  de  ce  nom:  là  reposa, 
avant  son  transport  au  caveau  royal  de  St.  Dénis,  le  bon 
Louis  XVI.  avec  sa  soeur,  et  avec  cette  reine  si  grande 
dars  l’infortune;  là,  dorment  encore  en  paix,  pêle-mê¬ 
le  ,  les  coryphées  éphémères  de  la  révolution,  les  hom¬ 
mes  de  toutes  les  époques,  de  tous  les  partis,  de  toutes 
les  couleurs,  réunis  par  la  guillotine  et  la  mort.  —  Les 
catacombes  de.Baris;  (où  les  anciennes  carrières,  qui 


LA  FRANCE,  VILLES,  65 

•  ■étendent  sous  les  faubourgs  de  St.  Jacques  et  de  S. 
Germain.  L’entrée  est  à  la  barrière  dlEnfer.  On  y  a 
dressé  des  osâuaires  sous  mille  formes  différentes  avec 
des  inscriptions.  C’est  à  présent  une  des  premières  cu¬ 
riosités  de  la  Capitale.  V.  Description  des  catacombes 
de  Paris  etc.  par  M.  Uericart  de  Thury.  Paris  1815.  g. 
Ouvrage  curieux  et  intéressant, ) —  Le  cimetière  du  P. 
la  Chaise :  (c’est  l’une  des  curiosités  actuelles  de  Paris: 
les  cendres  de  Heloïse  et  Abailard ,  et  des  autres  morts 
illustres,  longtems  conservés  au  Musée  des  monumens 
Français,  viennent  d’y  être  déposées.) 

2.  Eglises:  —  Nous  avons  déjà  parlé  du  Panthéon, 
ou  de  Ste.  Gènèvieve,  et  de  l’église  de  Ste.  Madeleine. 
Les  4  églises  principales  de  Paris,  sont  celles  de  Notre- 
Dame,  de  St.  Sulpice ,  de  St.  Eustache  et  de  St.  Roche. 
L’église  de  Notre  r  Dame  a  65  toises  de  longueur  et  24  de 
largeur;  les  tours  ont  204  pieds  d’élévation,  au  haut  des¬ 
quelles  on  monte  par  un  escalier  de  339  degrés;  45  cha¬ 
pelles  régnent  autour.  Les  campanoclastes  révolution* 
naires,  n’ont  épargné  des  8  cloches  que  l’Emanuel,  la¬ 
quelle  a  recommencé  à  se  faire  entendre  à  la  Pâque  de 
1802.  On  admire  le  portail  du  Nord  avec  des  bas-reliefs 
antiques;  parmi  les  45  chapelles  il  y  a  celle  dite  la  noi¬ 
re,  fameuse  par  une  tradition.  L’orgue  est  célèbre  Au 
trésor  la  couronne  d’épines  de  Jésus -Christ  et  les  orné- 
mens  du  couronnement  de  Napoléon  en  1805;  le  manteau 
pèse  80  livres,  mais  la  couronne  de  Charlemagne  est 
apocryphe.  L’église  de  St.  Roche ,  garde  les  cendres  de 
Corneille ,  celle  de  St.  Eustache,  le  tombeau  de  Colbert. 
Le  portail  de  l’église  de  St.  Sulpice  a  64  toises  de  face, 
c’est  un  superbe  morceau  d’architecture.  Les  bénitiers 
de  la  croisée  sont  des  urnes  sépulcrales  de  granit, 
venues  d’Egypte.  On  voit  au  milieu  une  méridienne, 
tracée  par  Henry  Sully.  Remarquons  encore  le  portail 

l’église  de  St.  Gervais  ;  l’église  d e-la  Sorbonne ,  avec 


66 


LA  FRANCE..  VILLES, 


le  tombeau  et  le  monument  de  Richelieu.  L’église  de 
8t.  Germain  V Auxerrois ,  est  célèbre  par  sa  grille  de  fer 
poli,  et  par  son  clocher,  qui  donna  le  premier  signal 
de  la  St.  Barthélémi  :  Le  plus  curieux  de  l’église  de  St. 
Etienne  -  du  -  Mont ,  est  le  jubé  et  la  légèreté  et  har¬ 
diesse  des  tourelles:  les  dépouilles  de  Mirabeau  sont 
tout  auprès,  dans  le  ci  devant  cimetière.  Il  y  a  trois  égli¬ 
ses  réformées,  une  luthérienne  et  trois  synagogues  kParis. 

5.  Places.  Rues,  Passages.  70"  Places:  les  plus 
pelles  sont:  Place  de  Louis  XV-,  ci  -  devant  de  la  révo¬ 
lution,  puis  de  la  Concorde.  Au  milieu  de  cette  place 
était  la  statue  équestre  de  Louis  XV.,  le  chef  -  d'oeuvre 
de  Bouchardon ,  dont  le  cheval  fut  jugé  le  plus  correct 
et  le  plus  élégant  de  tous  ceux  des  autres  statues  éques¬ 
tres  de  Pari9.  On  en  conserve  encore  une  jambe,  et 
c’est  même  le  seul  reste,  qui  existe  de  toutes  ces  belles 
statues,  qui  ornèrent  les  places  de  l’ancienne  capitale. 
Lors  de  la  destruction  de  cette  statue,  la  municipalité 
fit  présent  de  la  main  droite  de  la  figure  de  Louis  XV. 
au  fameux  de  la  Tudc.  Ce  fut  au  piédestal  de  cette  sta¬ 
tue  ,  que  Louis  XVI.,  la  Keine,  sa  soeur,  et  de  milliers 
jde  victimes  de  tout  âge  et  de  tout  sexe,  furent  immo¬ 
lés  à  la  fureur  et  aux  cabales  de  quelques  hommes  de 
sang,  qui  tyrannisaient  la  nation,  et  qui  expièrent  en¬ 
fin  leurs  crimes  sous  le  fer  de  cette  même  guillotine, 
instrument  de  leur  rage  sanguinaire.  Place  royale ,  ci- 
devant  des  Vosges  ;  avec  la  statue  de  Hautpoult :  Place 
du,  Musée:  Place  du  Louvre :  Place  de  l' oratoire  :  Place 
des  Cordeliers  :  Place  de  la  Bastille.  On  y  placera  un 
éléphant  colossal,  et  une  fontaine  qui  sera  nourrie  par 
le  canal  de  l'Ourcq  :  il  faut  voirie  modèle  de  l’éléphant 
en  terre  glaise,  haut  de  ç5  p.  curiosité  remarquable  et 
imposarte.  Les  greniers  d  abondance  y  sont  aussi  con¬ 
struits.  La  Bastille  bâtie  eu  1371,  a  été  démolie  en  1789» 
lorsque  le  peuple  de  Paris  se  rendit  maître  de  cette  for¬ 
teresse,  par  capitulation  le  14.  Juillet,  jour  a  jamais  jjié- 


« 


LA  FRANCE.  VILLES.  6? 

orable.  Les  pièces  ,  notes  letsres /rapports  ,  procès- 
verbaux,  trouvés  dans  les  archives,  se  conservent  à  la 
bibliothèque  de  la  commune  de  Paris.  (Consultez  [sur 
ces  papiers  les  9  cahiers  de  la  Bastille  dévoilée  et  les  Mé¬ 
moires  historiques  et  authentiques  sur  la  Bastille.  Pa¬ 
ris,  1789  3  vol.)  Place  Vendôme ,  avec  la  colonne  de  l'Ar¬ 
mée,  haute  de  135.  p.  et  composée  du  métal  de  425  canons 
pris.  Place  des  Victoires.  La  statue  pédestre  que  le 
maréchal  de  la  Feuillade  y  fit  teriger  k  Louis  XïV.  et 
que  la  révolution  renversa,  devait  être  remplacé  par 
Un  autre  monument.  Place  Dauphine,  avec  la  fontaine 
Desaix.  Bues:  les  plus  belles  outre  celle  de  Bourbon  et 
de  Rivoli,  sont  •'  St.  Jacques,  de  12000  p.  de  longueur; 
St.  Honoré,  de  5158  p.  St.  Dénis,  de  3870  p.  Enfer,  de 
8744  p.  St.  Martin,  de  3526.  p.  Université  ,  de  3000  p.  Ri¬ 
chelieu,  de  2730.  p.  St.  Antoine,  de  2628  P*  du  Bau ,  de 
2496p.  Passages.  Nous  avons  déjà  parlé  du  passage  Rad- 
zivil  ;  les  passages,  dites  du.  Panorama,  et  de  V orme,  sont 
voûtées  en  verre. 

4.  Fontaines.  Ponts.  Barrières.  Fontaine  des  In- 
nocens ,  chef  -  d’oeuvre  d’un  st3'le  un  peu  vieux,  mais 
digne  d’exciter  l’adrtiiration  de  tous  les  connaisseurs. 
Napoléon  l’a  fait  embellir,  et  elle  ressemble  à  un  vrai 
temple  d’Amphitrite.  Fontaine  de  la  rue  Grenelle;  c’est 
au  génie  et  au  ciseau  du  fameux  Bouchardon ,  que  l’on 
doit  le  dessin  de  ce  superbe  monument.  Il  y  a  7réservoirs 
et  84  fontaines  k  Paris,  dont  26  donnent  de  l’eau  de  la 
Seine.  Le  canal  del’Ourcq,  et  surtout  la  Beauvronne 
et  la  Theursuenne  fournissent^  l’eau  aux  autres  ;  l’eau 
coule  de  ces  fontaines*  le  jour  et  la  nuit.  —  Ponts.  Il 
y  en  a  environ  seize,  y  compris-  les  nouveaux;  pont- 
neuf:  c’est  un  des  plus  beaux  ponts  de  l’Europe;  sa  lar¬ 
geur  est  de  12  toises,  sa  longeur  de  170.  Dastatue  de  Hen¬ 
ri  IV.  brisée  par  le  Vandalisme,  sera  remplacée  par  la 
nouvelle  statue,  qui  vient  d’être  coulée  sous  Louis  XVIII. 


6g  LA  FRANCE.  VILLES, 


Le  Nôtre  a  dit  quelque  part,  que  les  trois  plus  beaux 
points  de  vue  des  villes  de  l’Europe  ,  étaient  le  port  de 
Constantinople,  celui  de  Naples  ,  et  V éperon  du  Pont- 
neuf.  Pont  nôtre  -  Dame  ,  apelé  dans  les  premiers  tems 
de  la  révolution,  pont  de  la  raison ;  il  a  été  construit 
en  1499.  Pont royal'  ou  des  Tuileries:  fini  en  1790  sou# 
Louis  XVI.  l’arche  du  milieu  a  96  pieds  d’ouverture. 
C’est  le  plus  beau  des  ponts.  Pont  du  Louvre  ;  les  ar¬ 
ches  sont  formés  avec  du  fer  ou  plutôt  avec  de  la  fonte, 
entre  le  Louvre  et  le  ci  -  devant  collège  Mazarin.  Ou 
l’a  garni  en  i8oj,  de  fleurs  et  d’orangers,  ce  qui  en  fésait 
la  promenade  favorite.  Pont  des  Invalides  ;  en  fer.  Pont 
du  Jardin  du  Roi  à  l’instar  de  celui  des  Arts  etc.  le# 
voitures  y  passent  —  Barrières.  L’architecte  le  Doux  a 
diversifié  avec  beaucoup  d’art  la  forme  de  ces  56  barriè¬ 
res,  qui  représentent  des  temples,  des  péristiles  ,  des 
chapelles,  de  lourdes  masses  rustiques  etc.  On  distingue 
pour  l'architecture,  les  barrières  de  Neuilly,  de  St.  Mar¬ 
tin  et  de  Vineenncs.  L’entrée  de  Paris  de  ce  dernier  cô¬ 
té  ,  s’annonce  avec  grandeur. 

5.  Hôpitaux  et  maisons  de  charité  ;  portes  ;  ports  ; 
quais  etc.  L’hôtel-Dieu  ,  avec  1200  lits;  7  hôpitaux  pour 
les  malades,  les  Vénériens,  les  Fous  etc.  l’hôpital  des 
enfans;  l’hospice^de  maternité,  deux  maisons  de  santé; 
la  Salpétrière;  les  Incurables  de  deux  sexes;  la  retraite 
à  Chaillôt;  les  enfans  trouvés;  la  maison  des  orphelins; 
les  Sourds  et  Muets;  les  Quinze  -  vingts  ;  la  société  de 
charité  maternelle,  sous  les  auspices  de  Mad.  la  Du¬ 
chesse  d’Angoulême.  Encore  cinq  associations  chari¬ 
tables.  Le  gouvernement  a  établi  un  hospice  cen¬ 
tral  de  vaccination  gratuite.  Portes  —  au  nombre  de 
19;  Porte  St.  Denis  ;  la  magnificence  de  son  architecture, 
la  met  au  rang  des  plus  beaux  monumens  de  Paris  ;  elle 
a  72  pieds  de  face,  et  autant  de  hauteur.  Porte  St.  Mar¬ 
tin.  Porte  St. Antoine:  Porte  Bernard;  Porte  triomphale 


LA  FRANCE.  VILLES.  69 

des  Tuileries.  Portes  de  la  Seine  au  nombre  de  huit  etc. 
Quais.  Les  plus  beaux  sont  ceux  du  Louvre,  des  Tui¬ 
leries,  de  la  Monnaie,  des  4  nations,  Malaquais,  de  Vol¬ 
taire  ,  d'Orsay,  et  le  quai  de  l’Ecole.  Il  faut  y  ajoûter 
les  deux  nouveaux  quais.  Les  quais  des  Orfèvres  et  de» 
Augustins,  sont  les  centres  de  l’orfèvrerie  et  de  la  li¬ 
brairie  en  gros.  Tous  ces.  quais  sont  décorés  de  bâtimens 
superbes.  Qui  a  vû  Paris,  il  y  a  10  ans,  ne  le  reconnaî¬ 
trait  plus,  les  embellissemens  s’y  succèdent  sans  relâche, 
comme  par  un  coup  de  baguette  magique.  On  est  frappé 
de  trouvfr  cette  capitale  plus  embellie  dans  le  cours  des 
guerres,  qu’elle  ne  le  fût  jadis  dans  un  demi  -  siècle  de 
paix.  Nous  ajoûterons  une  nomenclature,  de  quelques 
lieux  mémorables  par  des  faits  historiques. 

Hôtel  Vilette t  où  mourut  Voltaire.  Quai  de  ce  nom;  ait 
coin  de  la  rue  de  Beaune. 

Hôtel ,  où  mourut  Mirabeau,  rue  du  Mont-Blanc. 

1 

Maison  de  Moliérx ,  Piliers  des  Halles  ,  rue  de  la  Mor- 
tellerie ,  no.  692. 

Café  Procope ,  où  s’assemblaient  Voltaire,  J.  B.  Rousseau» 
Piron,  etc.  maintenant  café  Zoppi,  rue  des  Fossés 
Saint- Germain. 

Maison  où.  a  demeuré  J.  J.  Rousseau ,  rue  de  ce  nom, 
jadis  rue  Plâtrière ,  n0'  553. 

Café  de  la  Régence ,  où  J.  J.  Rousseau  jouait  aux  échecs 
avec  Philidor  /  place  du  Palais  royal. 

Maisons  de  Campagne  de  Molière  et  de  Boileau ,  au  vil* 
lage  d’Auteuil,  rues  qui  portent  leurs  noms. 

Chambre  où  mourut  Henri  IV. ,  à  côté  de  celle  où  s’as¬ 
semble  aujourd’hui  l’institut,  pour  ses  séances  parti¬ 
culières. 

Maison  où  mourut  V amiral  Coligny ,  rue  Bétizy,  se¬ 
conde  maison  à  gauche,  en  entrant  par  la  rue  de  la 
Monnaie.  V 


7° 


LA  FRANCE.  VILLES. 


L'hôtel  du  Grand-  Prieur ,  où.  fréquentait  Chaulieu,  en¬ 
clos  du  Temple. 

Hôtel  de  la  Rachefoucault ,  rue  de  Seine,  où  demeu¬ 
rait  Turenne. 

Rue  de  la  Feronnerie\  Henri  IV.  fut  assassiné  devant  la 
maison  de  la  Croix  -  d’or  où  était  son  buste,  dont  la 
niche  existe  encore. 

liaison  de  Nicolas  Flamel ,  au  coin  de  la  rue  Marivaux. 

Maison  de  Duplay ,  où  demeurait  Robespierre,  rue  Saint. 
Honoré,  n°.  59,  en  face  de  la  rue  Saint-Florentin. 

Butte  des  Moulins ,  où  la  pue  elle  d'Orléans  fut  blessé» 

u  dans  un  assaut. 

Hôtel  de  Rambouillet,  où  s’assemblaient  Chapelain ,  Seu * 
déri ,  etc.  rue  Saint-Thomas  du  JLouvre. 

Maison  de  Racine ,  dans  la  Cité,  rue  basse  des  Ursins. 

L'hotel  de  Mesmes ,  à  présent  institut  des  aveugles  tra* 
vailleurs:  la  banque  de  Law  y  fût  établie. 

Hôtel  de  Sully ,  habité  depuis  par  Turgot. 

Maison  ci  -  devant  de  Mademoiselle  Guimard ,  rue  du 
Montbîanc. 

Le  jardin  Beaumarchais ,  rue  St.  Antoine. 


6.  Boulevards.  Promenades.  Quatre  rangées  d'ar¬ 
bres  formant  trois  allées,  celle  du  milieu  pour  ceux  qui 
se  promènent  à  cheval  ou  en  voiture,  les  deux  collatéra¬ 
les  pour  les  gens  à  pied,  entourent  la  ville  de  Paris.  Tes 
boulevards  du  nord,  appelés  les  grands  -  boulevards  ,  et 
les  boulevards  du  midi,  apelés  nouveaux  boulevards, 
eu  nombre  de  23,  dont  le  boulevard  Bourdon ,  est  de 
fraîche  création,  quoiqu’à  peu -près  disposés  de  la  mê¬ 
me  manière,  ne  se  ressemblent  guères.  Ils  ont  chacun 
leur  physionomie  bien  distincte.  I/ancien  boulevard 
rassemble  tous  les  agrémens  que  peut  produire  l’indu- 
«trie  pour  désennuyer  des  oisifs  et  délasser  les  gens  oc- 


LA  FRANCE.  VILLES 


n 

cupés.  Tout  y  respire  un  air  de  féerie  et  d’enchante* 
ment.  Surtout  les  après-midi  des  dimanches  il  y  a  un, 
concours  tumultueux  de  promeneurs  et  de  promeneuses 
de  toute  espèce,  de  tout  âge,  à  pied  ou  en  voiture.  En* 
tre  la  rue  de  la  Concorde,  jusqu’à  celle  des  filles  du  Cal¬ 
vaire,  les  cafés,  les  restaurateurs,  les  boutiques  etc.  abon¬ 
dent  et  l’affluence  est  des  plus  grandes.  Les  nouveaux 
boulevards  ont  le  site  agréable,  le  coup  d’oeil  champê¬ 
tre,  l’air  pur;  mais  on  n’y  rencontre  presque  jamais  de 
voiture  et  d’éléganspersonnages.  C’est  une  superbe  pro¬ 
menade  de  province.  —  Outre  les  promenades  publi¬ 
ques,  dont  il  a  été  déjà  fait  mention ,  [les  Tuilerie?, 
les  champs  Elysées,  le  jardin  du  Palais  royal ,  le  jardirt 
des  plantes  etc,)  il  y  en  a  encore  nombre  d’autres;  les 
jardins  du  Luxembourg,  du  Muséet  de  la  place  royale, 
de  l'Arsenal ,  (solitaire  et  occupé  par  le  grenier  de  re- 
«erve,  La  vue  du  côté  de  la  rivière,  est  pittoresque  etc.) 

7.  Bibliothèques.  Musée.  Cabinets.  Chacune  de* 
premières  autorités  a  sa  bibliothèque  particulière.  Mais 
il  y  a  quatre  grandes  bibliothèques  publiques.  I.  la  &ï- 
bliothèque  du  Roi  :  (elle  est  ouverte  aux  hommes  de  let¬ 
tres,  tous  les  jours  depuis  10  à  2  heures;  et  pour  les  cu¬ 
rieux  les  mardis  et  vendredis  aux  mêmes  heures,  excep¬ 
té  les  fêtes  nationales,  et  celles  de  l’ascension ,  l’as- 
somption,  la  toussaint,  et  noël.  Cette  bibliothèque  con¬ 
tient  aujourd’hui  plus  de  400,000  volumes.  (V.  le  Tite 
Live ,  à  moitié  déchiré  par  une  bombe.)  Fies  de  -  là 
sont  1.  la  galerie  des  manuscrits  (avant  la  révolution  le 
nombre  des  manuscrits  montait  déjà  à  plus  de  80,000  ob¬ 
jets  curjeux:  plusieurs  de  ces  manuscrits,  enlevés  pen¬ 
dant  les  guerres  révolutionnaires  ont  été  rendus  en  1814 
et  1815,  à  leurs  anciens  propriétaires,  mais  on  y  remar¬ 
que  encore,  les  lettres  de  Henri  IV.  à  Gabrielle;  les  ma¬ 
nuscrits  de  Télémaque;  les  Mémoires  de  Louis  XTV.  de 
sa  main;  un  coraja,  qui  a  appartenu  au  calife  Haroun * 


?* 


LA  FRANCE.  VILLES. 


al  -  Raschid  -,  la  bible  latine  de  Charles-le-cbauve ,  seul 
monument  qui  donne  une  idée  de  la  pourpre  antique  ;  les 
heures  d’Anne  de  Brétagne  ,  ayant  à  chaque  page  une 
plante  colorée,  avec  ses  fleurs ,  ses  fruits,  et  ses  insec¬ 
tes  parasites:  les  heures  de  Louis  XIV.  etc.)  2-  le  cabi¬ 
net  de  médailles  antiques,  où  se  trouve  le  cabinet  de 
C aylus ,  et  où  l’on  conserve  aussi  les  armures  de  Henri 
IV.  et  de  François  f.;  le  fauteuil  de  Dagobert;  le  ca¬ 
chet  de  Michel  -  Ange,  l’épée  de  Malte  etc.  le  relief  de 
Ghizé  et  des'pyramides.  3.  Le  cabinet  des  gravures.  Tou¬ 
tes  ces  collections  déjà  si  riches  de  leur  propre  fonds, 
ont  multiplié  leurs  trésors,  par  la  réunion  de  beaucoup 
de  dépôts  publics  et  particuliers.  (M.  Allard ,  dans  son 
Annuaire ,  donne  l’apperçu  du  nombre  des  volumes  de 
toutes  les  bibliothèques  publiques  de  Paris,  la  biblio¬ 
thèque  du  Roi  non  comprise.  C’est  un  total  de  615,000 
▼dûmes.) —  II.  Bibliothèque  du  Panthéon ,  ci-devant 
Ste.  Généviève  :  et  le  cabinet  des  antiques;  too,ooo  volu¬ 
mes.  —  III.  Bibliothèque  de  l'Arsenal  :  ci  -  devant  du 
célèbre  Paulmy  d'Argenson ;  (  150,000  volumes  )  parmi 
les  manuscrits  se  doit  touver  célui  dont  parle  M.  d’Ar- 
genson,  dans  ses  Mélanges  tirés  d'une  grande  bibliothè¬ 
que ,  et  qui  annonçait  d’avance  nombre  d’événemens  des 
siècles  futurs;  on  montre  encore  à  l’arsenal,  le  cabinet 
qu’occupa  Sully.  IV .Bibliothèque  Mazarine  ou  des  qua¬ 
tre  -  nations;  80,000  volumes:  elle  possède  les  éditions 
les  plus  rares.  Elle  a  été  considérablement  augmentée, 
par  le  dépôt  de  toutes  les  grandes  bibliothèques  des  dé- 
partemens.  —  Musée  d'histoire  naturelle  ou  le  Jardin - 
du  Roi  :  (ce  Musée  renferme  1.  le  jardin  botanique,  2.  la 
galerie:  3.  la  bibliothèque;  4  la  ménagerie;  et  5.  1  am¬ 
phithéâtre.  Le  jardin  botanique  formé  par  Gui  de  la 
Brosse,  médecin  de  Louis  XIII.  possède  encore  le  cèdre 
du  Liban,  planté  par  Bernard  Jussieu ,  le  plus  gros  que 
l’on  connaisse  et  peut  -  être  le  seul  qui  rapporte  des 
fruits.  Dans  les  teins  des  troubles  révolutionnaires  uu 


LA  FRANCE.  VILLES. 


73 


boulet  a  frappé  sa  cime.  Dans  une  forêt  des  pins  est  re¬ 
placée  la  statue  de  Linné  e ,  brisée  parle  Vandalisme 
révolutionnaire  et  restaurée.  La  vallée  Suisse,  jolie  pro¬ 
menade,  a  été  ajoûtée  depuis  peu  au  Jardin  des  plantes. 
On  jouit  aussi  d’une  vue  superbe  à  la  maisonnette,  dite 
à  juste  titre,  liellevue.  La  galerie :  la  sont  rangés,  pla¬ 
cés,  étalés»  les  quadrupèdes,  les  oiseaux,  le9  insectes, 
les  minéraux,  les  coquillages;  dans  le  cabinet  d’anato¬ 
mie  on  garde  le  squelette  de  l’assassin  du  général  Kle - 
ber,  et  qui  fût  empâlé  en  Egypte.  La  bibliothèque  :  elle 
contient  10,000,  volumes  ;  elle  est  ouverte  tous  les  jours. 
On  y  voit  entre  autres  herbiefs,  ceux  de  Tournefort  et 
de  Vaillant.  La  ménagerie  :  elle  est  ouverte,  savoir  de¬ 
puis  il  heures  jusqu’à  1,  et  depuis  3  jusqu’à  5,  pour  y 
voir  l’éléphant,  les  chameaux  dromadaires,  autruches, 
kangourous  etc.  Depuis  11  heures  jusqu’às,  tous  les  jours 
pour  lë9  autres  animaux;  l’ours  de  Berne  s’y  trouve  en¬ 
core.  L'amphithéâtre ,  à  l’usage  des  cours  publics  de  chi¬ 
mie  etc.  le  laboratoire  s’y  trouve.  V.  Ménagerie  du  Mu¬ 
séum  d'hist.  nat.  par  Lacepède  et  par  les  peintres  Maré¬ 
chal  et  de  IVailly.  Fol.  On  voit  dans  un  caveau  le  tom¬ 
beau  et  le  corps  de  Guy  de  la  Brosse ,  fondateur  de  cet 
établissement,  feu  le  célèbre  Faujas  de  St.  Fond ,  y  garda 
le  cervelet  de  M.  Buffon  embaumé,  et  toutes  les  pierres 
qui  se  trouvaient  dans  sa  vessie.  —  Le  Musée  au  Lou¬ 
vre  *).  Après  l’entrée  des  armées  alliées  à  Paris  en  1814 
et  18*5,  ce  Musée  ,  alors  collection  unique  et  telle  com¬ 
me  il  n’y  en  avait  pas  auparavant  existé  sur  aucun  point 
de  ce  globe,  a  dû  rendre  les  chefs  d’oeuvre  de  pein¬ 
ture  et  de  sculpture,  que  des  victoires  précédentes  et  des 
traités  dictés,  y  avaient  réunis;  chaque  nation  ayant 
réclamé  et  obtenu  les  siens.  Mais  ce  Musée  renferme  en- 
"core  des  grandes  richesses.  La  galerie  des  tableaux  était 

*)  On  trouve  à  l’entrée  le  catalogue  imprimé  de  la  ga¬ 
lerie  des  tableaux.  Il  faut  y  laisser  les  cannes;'  lç* 
enfans  n’entrent  pas. 

Guide  des  Voy .  T.  II. 


G 


74 


LA  FRANCE.  VILLES, 


composée  en  1817,  5e  1100  tableaux:  dont  13  de  Raphaël, 
20  de  Titien,  10  de  Corrège,  10  de  Veronèse  ,  28  de  deux 
Carraches,  23  de  Guide,  17  d’Albane  ,  14  de  Dominichino, 
17  de  van  Dyk,  41  de  Rubens,  15  de  Rembrand,  6  de  Hol- 
bein,  d'autres  de  Poussin,  Lebrun,  Vernet,  de  Lesueur, 
les  tableaux  du  Luxembourg  y  ayant  été  placés.  La  ga- 
lerie  des  antiques  étale  en  16  salons  ,  350  statues  et  anti¬ 
ques:  toute  la  galerie  Borghèse,  ci-devant  à  Rome,  le 
fameux  Gladiateur,  le  Faune,  l’Hermaphrodite,  la  Diane 
de  Fontainebleau,  par  Praxitèle ,  la  Pallas  de  Vellétri, 
la  statue  colossale  du  Tibre  etc.  V.  le  Musée  des  canti¬ 
ques  publié  par  M .Bouillon:  24  livraisons  en  avait  paru 
en  1817.  Les  étrangers  peuvent  entrer  tous  les  jours,  en 
présentant  leurs  cartes.  —  Musée  des  monumens  Fran¬ 
çais ,  aux  ci-devant  Petits-Augustins.  (Ce  musée  formé 
de  la  réunion  des  monumens,  qui  étaient  placés  dans 
les  palais  et  églises  de  Paris  et  des  départemens  ,  lors¬ 
qu’on  put  les  soustraire  aux  haches  ,  et  aux  leviers  des 
iconoclastes  de  17Q3,  était  rangé  d’après  la  suite  des  siè¬ 
cles,  à  commencer  par  les  antiquités  celtes  et  grecques: 
c’était  un  memento  mori  des  grandeurs  humaines,  un 
mélange  bizarre  et  frappant  de  sarcophages,  épitaphes, 
statues,  cippes  etc.  Dans  L'Elysée  attenant  à  ce  grand 
et  bel  établissement,  reposaient  ou  reposent  au  milieu 
des  cyprès  et  des  peupliers,  les  cendres  de  Molière ,  La¬ 
fontaine ,  Boileau  ,  Descartes ,  Mabillon  et  M ontfaucon. 
Voyez  la  ,, Description  du  Musée  des  monumens  français, 
par  Lenoir ,  fondateur  et  inspecteur  de  ce  Musée;  à  Pa¬ 
ris,  an  X.“  et  le  petit  guide  du  même  auteur:  Descrip¬ 
tion  histor.  et  chronol.  des  monumens  réunis  au  Musée, 
^me  édition,  2  fr.  40  cent.  Plusieurs  monumens  ont  été 
rendus  en  1817  à  St.  Dénis;  quelques  morts  célèbres,  p 
e.  les  ossemens  de  Iléloise  et  Abailard  ,  ont  été  trans¬ 
portés  ailleurs.  Le  reste  des  monumens,  des  bustes,  et 
d’autres  objets  non  -  replacés,  doit  former  Une  galerie 
des  antiques  Français,  au  Louvre.)  —  Le  Musée  d'indu - 


LA  FRANCE.  VILLES. 


75 


strie,  ou  le  conservatoire  des  arts  et  métiers'.  (Réunion 
précieuse  de  plus  de  20,000  machines,  modèles  etc.  en  tout 
genre,  ci-devant  épars  dans  un  grand  nombre  de  collec¬ 
tions  publiques  et  particulières  ,  qui  avaient  appartenu 
ou  a  des  établissemens  de  l’ancien  gouvernement ,  ou  à 
des  seigneurs  émigrés  ou  suppliciés.  11  y  a  trois  dépôts; 
le  plus  grand  se  trouva  rue  Charonne,  dans  la  même  mai¬ 
son  qu’a  habité  Vaucanson.)  —  Cabinet  de  l'école  des  mi¬ 
nes:  (ce  cabinet  est  ouvert  au  public  depuis  10  heures 
jusqu’à  2,  excepté  les  dimanches.  Il  est  situé  dans  la 
principale  pièce  de  l’avant-corps  du  magnifique  hôtel  des 
monnaies.  Sur  le  premier  palier  de  l’escalier  qui  con¬ 
duit  à  la  galerie,  est  le  buste  du  fameux  chimiste  le 
Sage,  dont  la  collection  forma  en  1773  ce  cabinet.) —  Les 
collections  précieuses  de  l’école  polytechnique.  —  Le# 
archives  des  cartes  du  dépôt  delà  guerre,  des  cartes  ma¬ 
rines  et  des  modèles  des  vaisseaux,  etc.  —  Le  Musée 
d' Artillerie.,  (On  y  voit  toutes  les  iuventions  créées  pour 
la  destruction,  une  collection  d’armes  à  feu,  depuis  leur 
origine,  et  plusieurs  armures  curieuses,  entre  autres  cel¬ 
les  de  Godefroy  de  Bouillon,  de  la  Pucelle  d’Orléans, 
de  Louis  XIV.  provenant  de  Chantilly  et  du  Gardemeu- 
ble.) —  Le  Gardemeuble  :  beaucoup  des  objets  précieux 
qu'il  contenait  ont  été  la  proie  de  la  révolution  ou  des 
voleurs  :  p.  e.  le  grand  diamant  connu  sous  le  nom  du 
Régent ,  fut  rétrouvé  dans  un  grenier,  et  sert  à  présent 
à  orner  l’épée  du  Roi.  On  a  placé  quelques  armures  ra¬ 
res  et  précieuses  au  cabinet  des  antiques.  On  conserve 
encore  au  Gardemeuble  quelques  morceaux  capables  de 
satisfaire  la  curiosité  de  l’étranger.  —  Le  Musée  de  mé¬ 
canique.  —  Nombre  des  cabinets  particuliers.  L’acadé¬ 
mie  des  beaux  arts  des  Frères  Pirancsi ,  renferme  tout 
ce  que  l’art  du  dessin  peut  offrir  d’intéressant;  la  col¬ 
lection  entière  se  vend  1S63  livres.  Le  local  est  à  l’an- 
eien  collège  de  Navarre,  ci  -  devant  fameuse  école  de 
théologie  ;  on  y  jouit  d’une  superbe  vue  qui  domine  an 


76  LA  FRANCE.  VILLES. 

loin  sur  Pari*.  (Note.  La  bibliothèque  du  Roi ,  ïe  mu¬ 
sée  d'hist .  naturelle ,  le  musée  au  Louvre  ,  et  le  musée 
des  monumens  Français ,  sont  dignes  d'être  visité»  de 
préférence  par  les  savans,  les  artistes,  les  amateurs  de 
tous  les  pays.  L'entrée  est  gratis.  Cependant  nous  con¬ 
tenions  au  voyageur,  de  faire  la  connaissance  de  M. 
l’évêque  Grégoire,  de  M.  Millin ,  homme  de  lettres  aussi 
aimable  que  complaisant,  et  de  quelques  autres  artiste» 
et  savans.  Il  faut,  que  dès  son  arrivée  il  se  trace  un  plan 
de  sa  tournée  à  l’aide  du  Panorama  de  Paris ,  joint  à  ce 
Guide  ;  dans  ce  plan  doit  entrer  le  calcul  de  l’éloigne¬ 
ment  des  édifices,  où  se  trouvent  placées  les  collections, 
et  des  jours  d’ouverture.  Mais  l’entrée  n’est  jamais  ré¬ 
fusée  aux  étrangers,  qui  la  demandent  aux  jours  non 
fixés,  et  l’on  ne  paye  alors  qu’une  gratification  très  -  lé- 
gère  ) 

Etablissemens  littéraires  et  utiles.  L’université  ,  ré¬ 
tablie  en  ï8o6.  *L’institUt:  (formé  des  restes  des  ci-de¬ 
vant  académies,  qui  paraîtront  peut  -  être  de  nouveau 
sous  ce  nom.  Cet  institut  est  divisé  en  quatre  classe», 
et  chacune  de  ces  classes  en  plusieurs  sections.  A  la  bi¬ 
bliothèque  de  l’Institut  six  manuscrits  calcinés  du  Her- 
culanum.)  —  *Le  collège  de  France —  quatre  lycées  et 
46  écoles  secondaires.  Les  écoles  -  normales,  des  langues 
vivantes  orientales,  des  ponts  et  chaussées,  de,  médecine, 
de  dessin  etc.  —  le  bureau  des  longitudes.  — -  L’Athénée 
des  arts:  La  société  est  divisée  en  6  classes.  Son  an¬ 
nuaire  paraît  tous  les  ans.  —  L’Athénée  de  Paris:  (De» 
savans  célèbres,  y  tiennent  des  cours.  Le  prix  modique 
de  la  souscription  est  de  120  francs  pour  les  hommes,  et 
de  60  francs  pour  les  damés  L’Athénée  est  ouvert  tons 
les  jours  aux  souscripteurs  depuis  9  h.  du  matin.)  —  fLa 
société  libre  des  sciences,  lettres  et  arts  de  Paris.  — 
♦Linstitut  des  aveugles  travailleurs  :  (  cet  institut  a  été 
1»  berceau  du  culte  Théo  -  philanthropique  ,  qui  ne  s’as- 


LA  FRANCE,  VILLES, 


77 


semble  plus  depuis  la  réorganisation  du  culte  catholi¬ 
que.  C’est  dans  le  même  local,  ci-devant  hôtel  de  Mes- 
mes,  que  mourût  le  connétable  Montmorency  en  1567, 
et  que  Law  y  établit  cette  banque  ingénieuse,  qui  se  vit 
revivre  dans  les  assignats  de  la  révolution.)  —  ♦L’insti¬ 
tut  des  sourds-muets.  On  est  admis  aux  exercices  de  ses 
élèves  le  2.  et  le  4.  jeudi  de  chaque  mois,  moyennant 
un  billet  d’entrée,  qui  ne  sert  que  pour  une  seule  per¬ 
sonne,  et  qu’il  faut  aller  chercher  soi-même. —  *La  so¬ 
ciété  des  inventions  et  découvertes  —  la  société  statisti¬ 
que  —  *lâ  société  des  amis  des  arts  —  la  société  d’agri- 
culture *—  la  société  philomatique:  (son  bulletin  esttrês- 
estimé  des  Savans.)  —  La  société  de  médecine:  —  la  so¬ 
ciété  d’écriture.  (Elle  possède  les  chefs  d’oeuvre  origi¬ 
naux  des  Alais,  des  Sauvage ,  des  Paillasson  ,  des  Ros - 
signols,  des  Roland ,  etc.)  —  L’Athénée  des  étrangers 
(outre  les  séances  littéraires,  il  y  a  une  fois  par  mors 
un  concert,  et  trois  bals  par  mois  pendant  l’hiver.  On 
y  trouve  une  excellente  société:  prix  d’abonnement,  36 
francs  pour  6,  24  francs  pour  3,  et  60  pour  12  mois.  ) — 
♦L’école  philotechnique  qui  compte  plus  de  300  élèves, 
divisés  en  brigades  dessin  etc.)  —  *le  conservatoire  de  mu¬ 
sique.  (v.  sur  le  concert  Clery ,  les  lettres  de  feu  Mr. 
Reichardt.)  —  *la  société  galvanique  etc.  —  *les  thés  lit¬ 
téraires  de  Mr.  Millin ,  les  mercredis,  entre  8  et  n  heu¬ 
res  du  soir:  l’on  ne  saurait  trop  recommander  aux  Sa¬ 
vans  étrangers  de  tâcher  d’y  être  introduits.)  _  Note. 

Nous  avons  marqué  d’un  *les  établissemens  et  instituts 
qui  méritent  le  plus  de  fixer  l’attention  du  voyageur. 
Il  existe  plusieurs  cabinets  littéraires  à  Paris.  On  y 
trouve  tous  les  Journaux  français  ,  allemands,  anglais 
®fc-  Il  y  a  a  Paris  quatre  rotondes  ,  qui  renferment 
autant  de  Panoramas. 

Fabriques.  Manufacture r*.  Les  Gobelins  :  — .  (  Gilles 
Gobelin  de  Rheims  ,  le  plus  fameux  ouvrier  pour  la 


7S 


LA  FRANCE.  VILLES. 


teinture  en  laine,  sous  le  régne  de  François  I.  bâtit 
cette  maison.  Rien  n’est  plus  beau  que  les  ouvrages  qui 
sortent  de  cette  manufacture,  soit  en  haute-  soit  en 
basselisse ,  et  qui  peuvent  le  disputer  pour  l’effet,  la 
force  et  la  vivacité  des  couleurs,  aux  tableaux  des  grands 
.  maîtres.  Une  seule  figure  demande  deux  à  trois  années 
de  travail,  et  le  prix,  à  ce  qu’on  m’assurait,  est  de  6000 
livres.  Les  bustes  de  Colbert  et  de  le  J3runy  ornent  les 
appartenons  de  l'hôtel.)  — r  la  manufacture  des  tapis  de 
pied,  à  la  façon  de  Perse,  dite  de  la  Savonnerie,-à Chail- 
lot  —  la  manufacture  des  glaces.  C’est  à  S.  Gobia  en 
Picardie  que  l’on  coule  ces  glaces.  Cette  manufacture 
fournit  les  plus  grandes  que  l’on  connaisse.  Elles  vont 
jusqu’à  120  pouces  de  hauteur  —  la  manufacture  des  Por¬ 
celaines  à  Sèvres ,  bourg  sur  la  route  de  Versailles,  dont 
les  fabrications  et  ouvrages,  surtout  pour  la  dorure  et 
la  peinture  sont  partout  rénommés;  les  heures  de  tra¬ 
vail  sont  celles  de  9  à  midi ,  et  de  2  à  6  h.  de  l’après- 
midi.  On  divise  la  porcelaine  en  dure  et  tendre.  *11  y 
a  encore  une  vingtaine  d’autres  fabriques,  entre  autres 
une  de  porcelaine  imprimée  ,  et  la  fabrique  des  porce¬ 
laines  de  M.  M.  Dihl  et  Gérard  à  Paris,  boulevard  du 
Temple,  qui  rivalise  avec  celle  de  Sèvres. —  Les  manufac¬ 
tures  de  poterie  d’Angleterre;  de  tapisseries  et  tapis 
d’Aubusson;  de  verrerie;  de  papiers  -  peints  ;  de  sparte- 
rie;  de  dentelle?  de  point  etc.  des  fabriques  de  cartes  à 
jouer;  d’étoffes  de  Paris  ;  des  draps  d’écarlate,  dit  Jn- 
lienne ,  de  taffetas  de  France;  de  stuc;  d’acier  minéral; 
de  cristaux;  de  plomb  laminé;  de  crayons;  de  cha¬ 
peaux;  de  parfums;  d’ouvrages  d’orfèvrerie  et  d’horloge¬ 
rie  ;  d’instrumens  de  chirurgie;  de  fleurs  artificielles;  de 
perles;  d  ébénisterie  et  de  meubles  etc.  Les  nippes  et 
marchandises  de  mode,  mettent  toute  l’Europe  à  con¬ 
tribution.  Les  presses  de  Didot  et  les  édictions  stéréo¬ 
types,  sont  recherchés  par  les  savans  voyageurs. 


« 


L A.  FRANCE.  VILLES. 


79 


Spectacles .  Jardins .  Bains.  Suivant  l’arrêt  du  Mi¬ 
nistre  de  l’Intérieur  du  25  d’Avril  1807  r  les  théâtres  de 
Paris  consistent:  1.  en  trois  grands  théâtres;  et  2.  en 
théâtres  secondaires.  I .{Grands  théâtres  :  1.  Théâtre  fran¬ 
çais,  2.  Théâtre  de  l’opéra,  ou  académie  de  musique; 
3.  Théâtre  de  l’opéra-comique  ,  auquel  est  annexé  l’o¬ 
péra  bufra.  II.  Théâtres  secondaires  :  1.  du  vaudeville; 

2  des  variétés,  ou  des  pièces  grivoises  et  poissardes,  3, 
de  1  Udéon  ;  4.  de  la  Gaîté,  autrefois  Nicolet  ;  5.  des  va¬ 
riétés  étrangères.  Le  nombre  des  autres  Théâtres  est 
assez  grand.  —  Cirque  Olympique  de  Franconi ,  (exerci¬ 
ces  d’équitation)  etc.  —  la  Fantasmagorie  —  les  jeux 
gymnastiques.-  Cabinets  de  figures  en  cire  de  la  veuve 
Curtius ,  et  du  sculpteiar  Orsy  ;  parmi  les  curiosités  du 
cabinet  Curtius ,  se  trouve  la  chemise  que  portait  Henri 
IV.  lorsqu’il  fut  assassiné.  —  Récréation  de  physiqpe 
amusante.  —  Il  y  a  un  grand  nombre  d’édifices  et  de 
jardins  publics ,  p.  e.  Frascati\  (dans  la  belle  sàison, 
entre  minuit  et  une  heure,  on  y  trouve  assemblée  la 
bonne  société.  On  vante  le  punch  à  la  Romaine,  et  les 
glaces  à  la  Frascatana ,  ce  sont  des  glaces  de  l’invention, 
du  propriétaire.)  Tivoli  (ci-devant  Jardin  Boutin ,  très- 
fréquenté  j  le  prix  d’entrée  est  de  3  francs.)  l'Elysée  ou 
hameau  de  Chantilly ,  (jardin  des  plus  beaux  et  des  plus 
pittoresques,  où  le  public  se  livre  à  tous  les  amusemens 
que  permet  la  rainte  saison.  On  y  entre  par  billets  pa- 
yans.)  —  Le  jardin  Turc  :  Paphos  :  jardin  de  Henri  IV. 
Colysée  etc.  Sans  faire  l’énumération  des  Jardins  non- 
publics  ,  mais  remarquables  par  leur  grandeur  et  leur 
beauté,  tels  que  le  Parc  de  Monceaux.  (Dans  ce  lieu  de 
délices  on  trouve  des  rafraîchissemens  chez  le  concier¬ 
ge ,  et  dans  un  café  à  la  rotonde)  ;  l’Italie  ;  Jardin  Bi¬ 
ron  ;  Jardin  -  Monaco  ;  Jardin  -  Beaujeon  ;  Colysée  ou 
Vauxhalletc.  Au  Jardin  Beaujeon ,  les  montagnes  Fran¬ 
çaises ,  eu  les  folies  Beaujeon ,  établissement  splendide. 
—  Les  montagnes  Russes  ou  de  glace  ,  forment  avec  les 


80 


LA  FRANCE.  VILLES. 


montagnes  aeriennes ,  un  nouveau  divertissement  a  la 
anode  du  jour.  Les  bains  -  Vigier ,  situés  sur  la  Seine» 
(ils  sont  ouverts  en  tout  teins  :  cinq  billets  pris  à  la  fois, 
coûtent  5  francs.)  —  On  compte  encore  un  grand  nom¬ 
bre  de  bains  publics  sur  la  rivière.  Les  bains  chinois  ; 
les  bains  aromatiques  etc» 

Environs  de  Paris. 

Fontainebleau.  L’escalier  du  fer  h  cheval  est  regar¬ 
dé  comme  un  chef- d’oeuvre.  On  compte  dans  ce  ch⬠
teau  900  chambres  ;  le  bassin  est  de  30  toises ,  le  canal 
de  585  t.  de  longueur.  La  galerie  de  François  J.  garde 
le  buste  de  ce  Roi  guerrier,  et  quatorze  tableaux  à  fres¬ 
que,  qui  datent  de  trois  siècles.  Sous  la  galerie  des  cerfs, 
ornée  de  peintures  qui  représentent  avec  une  exactitude 
Singulière  les  chasses  de  Henri  IF.,  à  l’endroit  où  l’on 
apperçoit  une  petite  croix,  fat  assassiné  le  6.  Novembre 
1657  le  Marquis  Monaldeschi ,  par  ordre  de  Christine  de 
.Suède,  dont  il  était  grand  -  écuyer.  On  gardait  son 
épée  et  sa  cotte  d’armes,  à  la  Bibliothèque  de  l’Ecole 
militaire,  mais  j’ignore  ce  que  sont  devenues  les  lettres 
de  la  Reine  ,  ci  -  devant  a  la  bibliothèque  des  Mathurins 
à  Fontainebleau.  L’étang  dans  les  Jardins  est  rempli  de 
vieilles  carpes  d'üne  grosseur  prodigieuse.  Le  raisin 
cultivé  dans  les  jardins,  est  renommé  à  Paris  sous  le 
nom  de  chasselas  de  Fontainebleau.  Le  parc  est  terminé 
par  une  étoile,  distribuée  en  8  grandes  allées.  Une  va¬ 
ste  forêt  entoure  le  bourg.  Cette  forêt,  ces  vieux  chê* 
lies,  ces  rochers  variés,  noires,  informes,  sont  d’une 
beauté  qui  offre  bien  des  réflexions.  Il  y  a  tel  arbre 
qui  peut  avoir  prêté  son  ombrage  à  Louis  XI L  et  à  Louis 
XVI.,  à  François  I.  et  à  Louis  XIV  a  Henri  IV.,  etàNa- 
poléon.  Il  faut  voir  surtout  l'ermitage  de  Franchard. 
11  est  dû  un  quart  de  poste  en  sus  de  la  distance,  sur  tou¬ 
tes  les  sorties,  excepté  sur  Morat.  V.  sur  les  vipères  de 


LA  FRANCE.  VILLES.  8r 

«ette  forêt,  les  Observations  du  D.  Paulet.  Fontaine¬ 
bleau.  1805.  8-  la  population  est  de  7,421  a.  Fontaine¬ 
bleau  est  le  chef -lieu  de  la  première  cohorte  de  la  lé¬ 
gion  d’honneur.  —  St.  Cloud.  L’heureuse  situation  de 
ce  château,  les  peintures  de  sa  galerie,  la  beauté  de  ses 
eaux  et  de  la  cascade,  et  le  riche  ameublement  des  nou¬ 
veaux  appartemens,  rendent  St.  Cloud  digne  de  la  curio¬ 
sité  des  étrangers.  St.\Cloud  est  aussi  connu  par  la  jour¬ 
née  du  18  brumaire  (9  Novembre  1800.)  Sur  une  esplanade 
appelée  la  Balustrade ,  on  découvre  Paris  dont  1  immen¬ 
sité  étonne.  Dans  l’église  collégiale  au  haut  d’une  co¬ 
lonne  torse,  on  gardait  ci  -  devant  le  coeur  de  Henri 
III.  assassiné  à  St.  Cloud  par  le  Jacobin  Clément.  Avis. 
Un  avant-midi  Parisien,  de  8  à  5  heures,  suffît  pour  réu¬ 
nir  les  curiosités  de  Sèvres ,  de  St.  Cloud  ,  et  de  Belle- 
vue.  (V,  ci{- après.)  en  déjeunant  à  St.  Cloud  sur  la  ter¬ 
rasse,  et  visiant  sur  le  retour,  le  moulin-neuf ,  a  cor¬ 
nets  de  fer-blanc.—  Luciennes ,  fameux  par  le  pavillon 
de  feue  la  Comtesse  du  Barri .  La  perspective  immense 
dont  ou  jouit  à  Luciennes  ,  est  l’ornement  de  ce  séjour» 
Hais  la  main  du  vandalisme  révolutionnaire  est  em¬ 
preinte  sur  les  ornemens  de  ce  temple  des  arts  et  dea 
grâces.  —  Marly  :  Il  ne  reste  plus  que  les  murailles  du 
château  de  Marly,  devenu  une  manufacture  de  draps  et 
de  filature:  mais  elle  existe  encore ,  cette  machine  hy¬ 
draulique ,  inventée  par  un  nommé  Rannequin  Sualemt 
qui  ne  savait  pas  même  lire.  Elle  donnait  en  24  heure» 
2,737  l/2  muids  d’eau.  Une  troupe  du  peuple  de  Pari» 
ayant  enlevé  de  Marly,  lors  de  rapproché  des  Prussiens, 
le  fer  et  le  bronze;  la  machine,  et  plusieurs  statues  an¬ 
tiques,  ont  été  ou  détruites  ou  endommagées.  On  vient 
de  rétablir  ou  de  remplacer  la  machine,  par  des  belier» 
hydrauliques.  Il  est  un  lieu  à  l’extrémité  de  la  forêt  de 
Marly,  nommé  le  désert ,  oû  l’on  trouve  des  points  de 
vues  pittoresques,  et  qui  mérite  d’être  vû ,  quoique  fort 
dégradé,  pour  les  singularités  de  l’édifice.  —  SS.  GiT-. 


8a  ,  LA  FRANCE.  VILLES. 

main- en- Laye',  (Magnifique  situation;  la  terrasse  près 
du  boulingrin  (dénomination  introduite  en  France  ,  par 
Henriette  d'Angleterre ,  )  et  une  autre,  la  plus  longue 
qu’il  y  ait  au  monde,  l’ouvrage  de  le  Nôtre,  offrent  un 
lointain  immense  ,  et  le  tableau  le  plus  agréable'  On 
sait,  que  Louis  XIV.  abandonna  St.  Germain  -  en-Laye, 
où  il  était  né,  pour  Versailles,  parcequlon  apperçoit  de 
St.  Germain  le  clocher  de  St.  Dénis ,  tombeau  des  roi» 
de  France.  Il  y  a  ici  une  maison  d’éducation  de  Mad. 
Campan.)  —  La  Muette  est  un  pavillon  placé  dans  la 
forêt  de  St.  Germain;  il  est  surmonté  d’un  belvédère 
d’où  l’on  jouit  d’une  charmante  vue.  —  Belleville  :  (vil¬ 
lage,  qui  domine  Paris  par  sa  situation,  et  présente  le 
coup  d’oeil  le  plus  étonnant,  que  l’on  puisse  imaginer.) 
—  Passy :  (son  voisinage  de  la  capitale,  du  bois  de  Bou¬ 
logne,  de  la  Muette,  de  Ranelagh,  les  belles  maisons 
qu’on  y  trouve,  ses  eaux  minérales,  (que  l’on  divise  en 
anciennes,  et  nouvelles)  l’air  pur  qu’on  y  respire,  la 
rue  charmante  dont  on  y  jouit,  rendent  ce  village  l’un 
des  plus  agréables  des  environs  de  Paris.  La  belle  mai¬ 
son  de  M.  de  Caumont  fut  habitée  par  Franklin.  —  Ba - 
gatelle :  (charmant  jardin.  Les  étrangers  ne  visiteront 
pas  ce  joli  séjour,  sans  en  emporter  d’agréables  souve¬ 
nirs.  Le  château  rétabli,  sert  de  rendez-vous  de  chasse. 
Au  boudoir  des  jolis  tableaux  de  Greuze ,  Fragonard  et 
Legrenée.)  —  Sceaux  -  Penthièvre  :  (La  charrue  a  labou¬ 
ré  le  terrain  sur  lequel  se  trouvaient  le  château  de 
Sceaux,  et  ses  jardins,  où  erraient  sous  de  magnifiques 
lambris  et  des  bosquets  paisibles,  l’aimable  Duchesse 
du  Maine,  Fontanelle,  La  Motte,  St.  Aulaire  etc.  Il 
ne  reste  que  l’orangerie,  dont  la  commune  a  faitl’acqui- 
sition.  Les  ouvrages  de  la  manufacture  de  faïence  et  des 
porcelaines,  sont  très  -  estimés.)  —  Ermenonville  :  tun 
site  heureux,  dont  le  charme  est  encore  augmenté  par 
la  main  du  génie  et  du  goût,  caractérise  cet  aimable  sé¬ 
jour.  Il  eu  existe  une  description  détaillée  ,  ornée  d’e- 


f 


LA  FRANCE.  VILLES.  83 

stawpes.  A  l’Isle  des  peupliers  reposa*)  l'homme  delà, 
nature  et  de  la  vérité,  J.  J.  Rousseau,  avant  qu’on  trans¬ 
portât  ses  cendres  àParis:  non  loin  des  cendres  de  Rous¬ 
seau  à  Ermenonville,  étaient  placées  celles  de  Meyer , 
Génevois,  peintre  célèbre  dans  le  genre  de  Berghem. 
Deux  pierres  blanches  marquent  l’endroit,  où  fut  en¬ 
terré  un  jeune  inconnu,  qui  se  tua  par  un  désespoir 
amoureux,  après-  avoir  fait  un  court  séjour  à  Ermenon¬ 
ville.  Ce  qu’il  y  a  de  mieux  à  Ermenonville,  est  la  vue 
que  forment  les  ponts  près  du  château.) —  Morfontaine , 
superbe  château,  près  d’Ermenonville;  il  y  a  de  très- 
belles  parties  dans  ce  jardin.  Le  marquis  de  Morfontai¬ 
ne  était  le  premier  imitateur  des  jardins  Anglais  eu 
France.  —  Compiègne :  (cette  ville  est  embellie  par  sa 
situation,  par  un  beau  pont,  par  plusieurs  promenades, 
et  surtout  par  le  château,  où  l’on  trouve  à  présent 
des  appartemens  qui  brillent  pàr  la  richesse  et  l’élé¬ 
gance.  La  salle  est  ornée  de  médaillons,  qui  représen¬ 
tent  les  batailles  de  Napoléon;  celui  qui  représente 
celle  d 'Erlau  a  été  percé,  par  un  boulet,  à  l’attaque  du 
château  par  les  Alliés  en  1814.  L a  façade  est  superbe,  et 
dans  le  parc  il  y  a  le  charmant  berceau,  séjour  favori 
de  Marie  Louise ,  Souveraine  de  Parme.  L’église  de  Ste. 
Corneille  a  possédé  les  premiers  orgues  qui  aient  paru 
en  France.  La  pucelle  d'Orléans  fut  prise  au  siège  de 
cette  ville  dans  une  sortie,  et  brûlé  vive  à  Rouen.  Sous 
Louis  XV.  les  camps  de  Compiègne  ont  été  célèbres; 
plusieurs  de  ces  camps  portaient  le  nom  de  Verberies. 
—  Le  château  de  Liancourt :  les  cascades,  la  machine 
hydraulique  etc. —  Franconville:  (ce  lieu  est  remarqua¬ 
ble  par  plusieurs  belles  maisons  de  campagne,  surtout 
par  celle  du  comte  d'Albon,  sur  le  bord  du  grand  che¬ 
min  qui  mène  à  Pontoise.  Le  célèbre  Court  de  Gibelin , 


*)  Depuis  l’exhumation  de  J.  J.  on  a  changé  fe  repose 
de  l’inscription,  en  reposa. 


LA  FRANGE. 


V  ILLES. 


«uteur  du  monde  primitif,  est  inhumé  dans  les  jardin* 
de  cette  maison  d'Albon.  On  lit  sur  sa  tombe:  Passans 
vénérez  cette  tombe  !  Gébelin  y  repose.) —  Rainsi ,  près 
de  Paris:  jardin  anglais,  très-orné  et  fort  agréable,  mais 
manquant  de  grande*  masses ,  et  de  grands  espaces.  «*• 
Vincennes.  Ce  fameux  donjon,  forteresse  gothique,  con¬ 
tinué  de  servir  de  prison.  Une  manufacture  de  porce¬ 
laines  est  placée  du  côté  du  donjon.  —  St.  Dénis  (appelé 
un  moment  Franciade)  :  Population,  4,425.  L’abbaye  de 
St.  Dénis,  l’église  de9  Carmélites,  la  célèbre  maison  d’é¬ 
ducation,  et  la  magnifique  caserne  d’infanterie,  sont 
les  choses  remarquables  de  cette  ville.  Ce  qui  forme 
son  principal  relief,  est  l’église  du  plus  beau  gothique, 
et  dont  l’entrée  est  un  reste  de  l’église  fondée  par'Char- 
leipagne.  Le  vandalisme  ,  dans  les  tems  malheureux  de 
la  révolution,  profanant  l’asyle  des  morts ,  enleva,  ou 
détruisit  les  mausolées,  dont  on  conserva  une  partie  à 
Paris  dans  le  Musée  des  monumens  Français  ,  et  jeta  les 
cendres  de  tant  de  souverains  et  héros  dans  une  fosse 
commune.  Mercier  raconte,  que  le  corps  de  Louis  XIV. 
en  y  tombant,  éleva  le  bras  droit,  comme  s’il  voulait 
menacer  les  familiers  de  la  cohue  Jacobine.  La  restau¬ 
ration  de  cette  église,  déjà  commencée  sou9  Napoléon , 
s’achèva  sous  Louis  XVl.ll.  Rendue  à  sa  sainte  destina¬ 
tion,  d’être  là-  sépulture  des  Rois,  le  caveau  a  déjà  re¬ 
couvré  en  1815,  les  cendres  du  bon  et  infortuné  Louis 
XVI.  et  d’autres  monumens ,  conservés  par  le  brave  Lé- 
noir  au  Musée.  La  sacristie  de  l’église  est  un  chefd’oeu»* 
vre  moderne,  et  ses  boiseries  encadrent  dix  tableaux 
d’artistes  vivans.  On  conservait  jadis  à  St.  Dénis  un 
grand  nombre  de  choses  rares,  tant  profanes  que  sa¬ 
crées,  p.  e.  le  vase  d’agate  orientale,  le  plus  beau  et  le 
plus  rare  dans  ce  genre,  qui  représente  une  fête  célébrée 
en  l’honneur  de  Bacclius  etc.  V.  Coup  d'oeil  historique 
sur  la  ville  et  l'église  de  St.  Dénis ,  avec  Le  plan.  Paris , 
1892.  chez  Debray.  A  V*  de  lieuo  de  St.  Dénis ,  l'ile  d'a- 


LA  FRANCE.  VILLES.  85 

inour,  avec  son  délicieux  parc.  —  La  belle  vallée  de 
Montmorency  :  (au  cheval  blanc ,  chez  Leduc ,  bonne  au¬ 
berge.)  Le  point  de  vue  le  plus  favorable  pour  planer 
sur  la  vallée,  et  jouir  de  ses  beautés,  est  dans  le  village 
d'Antilly  ,  sur  une  petite  terrasse ,  où  il  J  a  un  banc 
devant  une  maison  de  campagne.  On  visite  le  château 
de  chasse  et  l’ermitage  où  séjourna  Jean-Jacques ;  le  cé¬ 
lèbre  Gretry  l’occupa.  On  voit  aussi  la  jolie  maison 
qu’habita  St.  Lambert  ;  elle  appartient  à  présent  à  Msr. 
Gohier.  Dans  l’église  de  St.  Qratieny  village  proche 
l’étang,  sont  déposées  les  cendres  du  grand  Catinat.  — 
j Betz,  à  quelques  lieues  de  Paris:  (c’est  le  jardin  anglais 
en  France,  qui  mérite  le  plus  d’éloges;  il  est  l’ouvrage 
d’une  femme,  de  Mde.  la  princesse  de  Monaco  :  toutes 
les  fabriques  en  sont  charmantes,  ingénieuses,  entre 
autres  les  superbes  ruines  d’un  château  du  tems  de  l’an¬ 
cienne  chevalerie;  les  tombeaux,  qui  sont  ce  qu’on  peut 
voir  de  plus  noble  et  de  plus  beau  dans  ce  genre  ,  le 
temple  de  l’amitié  d'une  excellente  architecture ,  ren¬ 
fermait  ci  -  devant  le  beau  grouppe  de  marbre  de  Pigal , 
représentant  l’amitié  embrassant  l’amour,)—  Les  jardins 
ù'Arnonville,  près  de  Paris,  les  plus  beaux  dans  l’ancien 
goût  français.  On  admire  la  machine  de  M.  Parcieux 
et  le  beau  coup  d’oeil  que  présente  le  village.  —  Mal - 
maieon  est  situé  à  peu  de  distance  de  Ruel,  où  était  la 
maison  de  campagne  du  célèbre  cardinal  de  Richelieu , 
dont  on  voit  encore  les  vestiges.  Le  château  de  Malmai, 
son  renferma  nombre  des  chefs  -  d’oeuvre  de  sculpture 
et  de  peinture,  de  Canova,  Cartelier,  hemot,  Vernet- 
Richard  ,  Tanay  etc.  Ces  chefs  d’oeuvre  s’y  trouvaient 
encore  en  l8ï+,  à  la  visite  que  fit  l’Empereur  Alexandre 
h  Joséphine y  qui  faisait  elle-même  le  Cicérone  de  ces 
merveilles,  et  mourût  trois  jours  après  des  suites  d’un 
refroidissement.  'Mais  le  i.  Juillet  1815,  une  troupe  de 
soldats  étrangers,  remplit  ces  beaux  lieux  de  pillage  et 
de  la  dévastation  la  plus  complette.  Le  jardin  de  Mal- 
Guide  des  Vq y,  T.  11.  H 


86 


LA'FkANCE.  villes. 


maison  était  devenu  l’un  des  plus  beaux  et  des  plus  cu¬ 
rieux  de  la  France.  Voyez  pour  la  Botanique,  l’ouvrage 
de  Mr.  Ventehat ,  qui  contient  la  déscription  des  plan¬ 
tes.  Les  voyageurs  allemands  aimaient  à  s’adresser  à 
leur  compatriote,  l’honnêle  et  instruit  Bernhard.  On 
peut  réunir  les  curiosités  de  Malmaison ,  de  la  machine 
de  Marly ,  et  de  Lucienne: ,  en  dînant  avec  une  mate- 
lotte  et  une  bouteille  de  vin  de  Pommard,  chez  la  veuve 
du  portier  de  la  machine  de  Marly.  C’est  à  Nanterre 
village  entre  Paris  et  Malmaison,  que  des  paysannes  jo¬ 
lies  vous  offrent  des  petits  gâteaux  délicats  à  acheter.  — 
Bellevue  ;  Maison  de  campagne  de  la  Pompadour  renom¬ 
mée  ci-devant  par  sa  magnificence,  et  offrant  une  vue 
tupexbe,  au  nord  du  château,  sur  des  plaines  immenses, 
des  bqis,  des  villages,  des  châteaux,  Paris  et  la  Seine. 
Cettemaison  appartient  à  présent  à  la  famille  Lanch'ere. 

—  St.  Brice.  Magnifique  château,  dont  le  maréchal  Mac- 
donald  est  à  présent  posesseur.  —  Buttar .  Site  romanti¬ 
que;  le  pavillon  où  Louis  XV.  se  délassait  de  la  chasse, 
a  été  acquis  par  le  notaire  Pêrignon.  —  Choisi  :  château 
où  se  rendait  souvent  Louis XV.  avec  la  Pompadour.  La 
charrue  révolutionnaire  a  labouré  ses  superbes  jardins: 
le  labyrinthe  seul  a  échappé  à  la  déstruction.  L’auteur 
de  l’art  d’aimer ,  le  gentil  Bernard ,  était  bibliothécaire 
de  Choisi.  —  Ecouen:  le  château  appartenait  à  la  mai¬ 
son  de  Montmorency  :  on  y  admire  quatre  colonnes,  uni¬ 
ques  en  France  par  leur  hauteur  et  leur  proportion.  Le 
bâtiment  a  seul  résisté  à  la  foudre  révolutionnaire  ;  tout 
le  reste  a  été  mutilé  ou  brisé.  — -  Chtdeau  -  Gaillard  : 
superbe  jardin,  rénommé  par  ses  magnifiques  planta¬ 
tions  et  son  site  pittoresque.  —  Gros  Bois  à  5  lieues  de 
Paris;  les  jardins  sont  spacieux  et  agréables,  et  le  parc 
contient  1700  arpens.  Ce  château  appartenait  à  Moreau. 

—  Longe  hamp  :  consigné  dans  les  fastes  de  Paris,  par 
les  brillantes  promenades  de  la  semaine  sainte;  l’abbaie 
est  aujourd’hui  transformée  en  métairie.  —  Le  Marais, 


LA  FRANCE.  VILLES. 


8? 


beau  parc  de  Mad.  de  la  Briche.  —  Moulin- joli:  jardin 
délicieux  de  ieu  M.  IVatelet.  —  Neuilly  :  Soissy  -  sous- 
Etiole  des  jolies  maisons  et  jardins  —  Villcfrit.  Jo¬ 
lie  maison  de  campagne,  à  3  lieues  de  Paris.  — .  Yeres , 
à  V2  lieues  de  Paris;  remarquable  par  la  source  Budéet 
l’une  des  plus  belles  qu’on  puisse  voir:  ou  y  visite  aussi 
le  château  de  la  Grange,  et  le  parc  de  Mad.  Dauber- 
ville.  - 


INSTRUCTIONS 

•pour  V Etranger,  ~ 

Arrivée  a  Paru,  L’étranger  doit  avoir  prir avant 
son  départ  l’indication  d’un  hôtel*garni  ou  l’addresse  de* 
personnes  chez  lesquelles  il  veut  demeurer.  Alors  il  lui 
fuffît  d’en  instruire  le  postillon.  S’il  arrive  par  la  dili¬ 
gence,  il  trouvera  dans  le  bureau  même  des  gens  qui 
s’offriront  k  le  conduire,  ou  bien  il  pourra  prendre  un 
fiacre  auquel  il  donnera  son  adresse.  Si  l’on  n’a  point 
de  logement  qui  convienne  particulièrement,  on  peut 
•’en  remettre  au  postillon  en  lui  nommant  le  quartier 
de  Paris  où  l’on  veut  loger,  jusqu’à  ce  qu’on  trouve  par 
soi-même  ce  qui  convient. 

Logemens.  Le  prix  des  logemens  dans  les  hôtel* 
garnis  n’est  point  déterminé  ;  il  se  règle  sur  l’avantage 
de  la  situation,  la  beauté  du  local,  le  luxe  de  l’ameuble. 
ment  ou  même  sur  la  vogue.  Dans  tous  les  cas,  le  prix 
convenu  n’est  jamais  que  pour  le  logement.  La  lumiè¬ 
re ,  le  feu  se  paient  à  part. 

On  peut  trouver,  dan9  les  quartiers  moins  fréquen¬ 
tés  que  ceux  du  Palais  -  Royal,  des  Tuileries  ou  de  la 

H  2 


$8 


LA  FRANCE.  VILLES. 


Chaussée  d’Antin,'  des  hôtels  garnis  très  *  commodes  h 
un  prix  modéré. 

Quand  on  veut  demeurer  long-  teins  à  Paris,  pn  peut 
encore  chercher  une  manière  plus  économique  de  se  lo¬ 
ger  ;  on  trouve  assez  communément  des  appartemens 
meublés  dans  des  maisons  particulières.  On  peut  con¬ 
sulter  pour  avoir  des  renseignemens  sûrs  à  cet  égard, 
les  journaux  qui  paraissent  tous  les  jours  sous  le  titre 
de  Petites  j4J fiches ,  celui  A.' Indications,  et  le  supplé¬ 
ment  du  Journal  de  Paris ,  à  l’article  des  Maisons  et 
Appartemens  à  louer.  Il  faut  aller  visiter  soi-même  le 
local;  car  si  ces  logemens  sont  moins  chers  que  dan9 
les  hôtels  garnis,  ils  sont  aussi  moins  commodes.  Ces 
feuilles  indiquent  quelquefois  des  personnes  qui  en  lou¬ 
ant  leur  appartement  prennent  la  personne  en  pension. 
Au  reste,  cela  se  fait  rarement. 

Une  troisième  manière  de  se  loger  et  qui  convient 
aux  personnes  qui  veulent  passer  au  moins  six  mois  à 
Paris,  est  de  louer  un  appartement  vide,  et  de  le  meu¬ 
bler;  on  trouve  facilement  des  tapissiers  qui  louent  les 
meubles  nécessaires. 

En  général,  on  peut  diviser  les  quartiers  de  Paris 
de  la  manière  suivante:  La  Chaussée  d’Antin  pour  les 
négocians  et  banquiers;  le  quartier  St.  Dénis  pour  les 
marchands;  les  quais  de  Voltaire  et  des  Augustins  pour 
les  libraires;  le  faubourg  St.  Germain  pour  les  mini¬ 
stres;  le  quartier  du  Palais -Royal  et  des  Tuileries  pour 
les  curieux.  Les  prix  varient  suivant  le  local  :  p.  e.  un 
voyageur  de  ma  connaissance  eut  à  l’hôtel  de  Toscana, 
un  appartement  de  4  pièces,  pour  360  Fr.  par  mois, 
l’hôtel  de  Piémont  pour  160  Fr.;  h  l’hôtel  ûe  Dijon  pour 
J50  Fr.  Plusieurs  voyageurs  m’ont  vanté  l'hôtel  Grange* 
Bateliers  y  d'autres,  l'hôtel  de  l'Europe  y  rue  Richelieu, 


LA  FRANCE,  VILLES, 


8# 

l'hôtel  des  ambasadeurs  etc.  ;  feu  M.  Reichardt  de  Ber¬ 
lin,  recommande  dans  ses  lettres,  l'hôtel  des  Languedo¬ 
ciens  ,  rue  de  Richelieu  et  l’honnêteté  des  propriétaires. 
Pendant  mon  séjour  à  Paris ,  avant  la  révolution  ,  j’ai 
logé  à  l'hôtel  de  Lanc astre,  rue  de  Richelieu,  à  4.0  pas  du 
palais  royal,  et  je  n'ai  eu  qu’a  me  louer  de  mes  hôtes. 

Des  personnes  de  ma  connaissance,  ont  eu  le  maître 
et  le  domestique,  des  bons  logemens  à  2,  pièces  ,  et  à  3 
livres  par  jour,  aux  hôtels  de  la  victoire ,  de  Genève,  de 
Lyon,  d'Autriche  etc.  11  y  a  table  d  hôte  ,à  l'hôtel  de  la 
victoire. 

Domestiques.  L’étranger  logé  en  hôtel  garni 
trouvera  dés  domestiques  de  louage  attachés  à  l'hôtel  et 
qu’il  prendra  a  la  semaine,  ou  au  mois,  ou  au  jour. 

Si  l’étranger  est  dans  un  logement  particulier  et  qu’il 
soit  sans  connaissances ,  il  pourra  demander,  par  la  voie 
des  journaux  ci-dessus,  des  domestiques  de  l’un  ou  de 
l’autre  sexe,  avec  l’âge  et  les  qualités  qu’il  désire,  en 
indiquant  son  heure.  Le  prix  de  ces  annonces  est  ordi¬ 
nairement  de  2  à  3  francs:  il  y  a  aussi  des  bureaux  où 
l’on  place  des  domestiques. 

Si  l’on  n’a  point  de  domestique,  on  peut  obtenir  de 
celui  de  la  maison  les  petits  services  d’usage;  c’est  une 
chose  à  laquelle  les  maîtres  se  refusent  rarement.  Les 
portiers  peuvent  aussi  être  utiles  pour  les  envois  ou 
commissions. 

Cependant  on  se  sert  plus  communément  pour  cela 
àe  commissionnaires ,  pour  la  plupart  adroits,  intelli- 
gens  et  surtout  très  -  fidèles.  Pour  les  transports,  soit 
sur  les  crochets,  soit  sur  les  voitures  à  bras,  soit  sur 
les  brancards,  on  fait  un  prix  avec  eux.  Le  prix  d’une 
commission  ordinaire,  pour  une  lettre,  par  exemple, 
«st  depuis  6  sous  jusqu’à  24  sous,  suivant  les  distances. 


ço 


LA  FRANCE.  VILLES 


-  Rêvas.  Un  étranger  peut,  s'il  veut,  ou  tenir  son 
ménage  ou  se  faire  apporter  du  dehors:  s’il  veut  déjeû¬ 
ner  ou  dîner  chez  soi,  il  envoie  chez  le  cafetier  ou  le 
restaurateur.  Le  premier  a  des  garçons  qui  vont  par¬ 
tout,  mais  il  est  quelquefois  difficile  de  faire  venir^e 
restaurateur,  surtout  pour  une  personne  Seule;  alors  on 
est  sujet  à  attendre,  et  l’on  est  souvent  mal  servi;  mais 
s’il  est  question  de  plusieurs  personnes,  la  chose  alors 
est  très  -  facile- 

Le  repas  en  règle,  commence  vers  les  6  heures  de  l’a- 
près  midi,  et  se  prolonge  jusqu’à  9.  Ordinairement  il 
est  précédé  de  deux  déjeûners  ,  dont  le  second,  dit  a.  la 
fourchette ,  est  d’une  respectable  solidité.  ...  V.  pour 
tout  ce  qui  regarde  les  moyens  de  faire  bonne  chère  à 
Paris,  en  friandises,  boissons,  liqueurs,  sucreries  etc. 
et  en  général,  pour  l’Itinéraire  nutritif  et  friand,  les  4 
ou  5  années  de  Y  Almanach  des  gourmands ,  cet  immor¬ 
tel  ouvrage  de  feu  Mr.  Grimod  de  la  Regniére ,  et  que  la 
Public  alors  a  làien  voulu  prendre  pour  guide  dans  tou¬ 
tes  ses  emplettes  alimentaires. 

CAFES.  Les  cafés  de  Paris  sont  de  grandes  bouti¬ 
ques  entourées  de  petites  tables  de  marbre;  e  déjeûner 
est  servi  sans  nappe,  on  y  trouve  du  café,  du  tbé,  du 
punch,  de  la  limonade,  toutes  sortes  de  liqueurs,  de  la 
bière,  niais  point  de  vin,  excepté  dans  les  cafés  où  l’on 
déjeûne  à  la  fourchette  ;  c’est- à  dire,  avec  des  côtelet¬ 
tes  et'des  viandes  froides,  accompagnées  d’un  excellent 
vin  [de  Bourgogne.  Ces  déjeûnés  qu’on  trouve  aujour¬ 
d’hui  en  bien  des  endroits,  ont  été  mis  à  la  mode  par 
Hardy ,  au  coin  de  la  rue  Cérutti;  il  est  rivalisé  par 
Tortoni  son  voisin. 

Le  prix  du  café  et  des  liqueurs  est  fixé:  on  paie  au 
comptoir:  on  donne  ,  si  l’on  veut,  quelque  chose  aux 
garçons  ;  mais  jamais  ils  ne  demandent  rien. 


LA  FRANCE.  VILLES 


91 

On  ne  déjeûne  guères  avec  une  dame  dans  un  café; 
mais  on  peut  dîner  avec  elle  chez  le  restaurateur. 

Il  y  a  beaucoup  d’autres  cafés  épars  dans  les  diffé- 
rens  quartiers;  ils  forment  dans  l’hiver  de  petites  assem¬ 
blées,  dont  l’unique  occupation  se  borne  à  jouer  une 
poule  au  domino  ou  bien  une  partie  de  dames  ou  dՎ 
checs.  Quant  aux  grottes  et  estaminets  nouvellement 
établis  dans  l’enceinte  du  Palais  Royal,  ils  ne  sont  or¬ 
dinairement  fréquentés  qup  par  les  batteurs  de  pavé,  les 
joueurs,  les  chevaliers d’ind itstrie  et  les  femmes  perdues. 
Les  étrangers  doivent  toujours  se  méfier  des  gens  offi¬ 
cieux  qu’on  y  rencontre;  il  n’y  a  pas  de  ruses  qu’il» 
n’emploient  pour  faire  des  dupes. 

Les  cafés  les  plus  fréquentés  de  Paris,  sont  le  café 
Conti,  de  Foi ,  (recherché  par  ses  glaces  au  citron,  à  la 
vanille  etc.)  du  caveau ,  autrefois  Valois,  à  présent  h 
la  rotonde ,  des  étrangers  (renommé  pour  l’excellence 
de  son  café  à  l’eau),  de  Tortoni ,  (de  fort  bon  chocolat), 
Corazza.  On  y  trouve  réuni  tous  les  papiers  publics  de 
Paris:  c’était  le  café  que  Napoléon,  lorsqu’il  n’était  que 
«impie  militaire,  aimait  à  fréquenter.  La  propriétaire 
passa  pour  la  plus  belle  limonadière  de  la  capitale. 
Zoppi ,  (on  y  prend  les  meilleures  glaces  en  tasse  et  les 
plus  copieuses),  du  bosquet :  (renommé  par  la  beauté  de 
la  limonadière  ,  et  embelli  par  le-  parfum  de  mille  plan¬ 
tes  odoriférantesetc.)  Café  Monpensier,  au  local  de  l’an¬ 
cien  Théâtre  de  ce  nom;  c’est  le  rendez-vous  des  bel¬ 
les  à  bonne  fortune. 

RESTAURATEURS.  Les  restaurateurs  ont  deux 
manières  de  fournir:  iA  h  prix  fixe ,  et  l’on  en  trouve 
depuis  30  sous  jusqu’à  12  francs  par  tête  poux*  tel  nom¬ 
bre  de  plats,  le  vin  compris  ordinairement:  2°.  b  la 
tarte;  c’est-à-dire,  d’après  un  tableau  où  tous  les  mêts 


9* 


LA  FRANCE.  VILLES, 


sont  indignés  à  tel  prix;  en  sorte  que  celui  qui  se  fait 
servir  peut  fixer  lui -même  ce  qu’il  veut  dépenser. 

On  trouve  aujourd'hui  très  -  peu  de  tables  d’hôte  à 
Paris:  il  n’est  resté  de  cet  usage  que  celui,  de  manger 
chez  les  traiteurs  et  restaurateurs  dans  une  salle  com¬ 
mune,  mais  sur  des  tables  séparées.  Si  l’on  ne  veut  pas 
dîner  dans  la  salle  publique,  on  vous  donne  un  cabinet 
particulier.  En  entrant,  on  vous  apporte  un  couvert  et 
la  carte  qui  contient  tous  les  plats  qu’on  peut  choisir, 
avec  le  prix  de  chaque  plat,  ainsi  que  celui  du  vin. 
Après  dîner  on  demande  la  carte  payante  où  sont  les 
prix  de  chaque  mêts,  conformément  à  la  carte  imprimée. 
On  paie  ou  au  comptoir  ou  au  garçon  qui  vous  a  servi, 
•n  y  ajoutant  quelque  chose  pour  boire. 

Les  premiers  restaurateurs  sont:  Beauvilliers ,  rue 
de  Richelieu;  Robert ,  JSaudet ,  les  trois  f reres  -proven¬ 
çaux  ,  au  Palais  Royal  (renommés  pour  leurs  brandades 
de  morue  b  la  provençale  et  par  la  Nouga  de  Marseille); 
Vèryy  aux  Tuileriers:  Grignon ,  rue  neuve  des  petits- 
champs;  le  rocher  de  Cancale  ,  rue  Mardon  :  («ur-tout 
pour  les  huîtres  ,  et  les  poissons  de  mer);  Madame  Gui¬ 
chard ,  (non  loin  du  pont  du  Jardin  du  Roi,  est  renom¬ 
mée  pour  ses  malelottes)  etc.  Mais  il  y  en  a  une  foule 
d’autres  moins  chers  et  où  l’on  mange  très  -  propre¬ 
ment,  surtout  ceux  du  3e  ordre,  où  la  conversation,  est 
agréable  et  même  instructive. 

Un  nommé  Boulanger  imagina  en  3765  de  donner  des 
bouillons  et  de  servir  sur  des  petites  tables  de  marbre, 
sans  nappe,  des  oeufs  frais,  de  la  volaille  etc.  Il  avait 
mis  sur  sa  porte:  Venite  ad  me  omnes ,  qui  stomacho  la- 
boratis ,  et  ego  RESTAURABO  vos !  telle  fut  l’origine 
du  mot  restaurateur.  On  dit  que  cet  ancien  Restaurateur 
est  encore  en  vie,  mais  pauvre  et  loin  de  l’aisance  de 


LA 


FRANCE.  VILLES. 


93 

ses  imitateurs,  qui  ont  avec  tant  de  succès  enchéri  suc 
son  invention. 

VOITURES  DANS  PARIS.  L’étendue  de  Paris  et  se» 
environs  qui  en  font  pour  ainsi  dire  une  partie  essen¬ 
tielle,  rendent  souvent  nécessaire  ,  même  dans  les  plus 
beaux  jours,  l’usage  des  voitures. 

On  peut  s’en  procurer  de  quatre  espèces,  trois  sont 
exclusivement  d’usage  et  font  aussi  le  service  des  envi¬ 
rons. 

1°.  Les  remises.  Ce  sont  des  voitures  bourgeoises  a 
quatre  roues,  trcs-propres,  qu’un  carrossier  loue  au  jour, 
à  la  semaine  ou  au  mois  avec  le  cocher  et  les  chevaux. 
Les  prix  varient  suivant  l’élégance  du  train  et  la  beauté 
des  chevaux.  On  fixe  ,  en  faisant  le  marché  ,  l’heure  ou 
Ton  prendra  et  où  l’on  quittera  la  voiture.  Prix  d’au 
carrosse  de  remise,  25  à  40  louis  par  mois,  et  un  au  co¬ 
cher  ,  ou  45  à  50  livres  par  jonr  ,  et  3  ou  4  li-r.  coche** 
On  porte  le  nombre  des  remises  au  delà  de  1000. 

2?.  Les  cabriolets.  On  en  fait  monter  le  nombre  h 
ÿooo.  Ils  sont  très- commodes,  et  les  chevaux  générale¬ 
ment  meilleurs  que  ceux  des  fiacres.  Il  faut  laisser  a*or 
1er  les  chevaux.  Il  est  défendu  d’aller  dans  Paris  plus 
v\te  que  le  trot:  on  en  trouve  aussi  à  louer,  aux  mê¬ 
mes  conditions  chez  les  carrossiers.  Ils  fournissent  en 
même  tems  un  conducteur  qui,  si  l’on  conduit- soi- mê¬ 
me  ,  monte  derrière  la  voiture.  C’est  encore  l’élégan¬ 
ce  de  la  voiture  et  la  beauté  du  cheval  qui  règlent  le 
prix.  Il  est  défendu  de  faire  mener  par  des  enfans.  Prix 
x  Franc  par  course,  et  18  à  20  louis  par  mois,  et  1  au  co¬ 
cher. 

Ces  deux  espèces  de  voitures  peuvent  faire,  à  celui 
qui  loue,  le  même  honneur  que  si  elles  lui  apparte- 


94 


LA  FRANCE.  VILLES. 


naient ,  surtout  s’il  a  un  cocher  et  des  domestiques  à, 
lui.  Les  remises  et  les  cabriolets  entrent  dans  les  cours 
des  hôtels,  mais  les  fiacres  restent  a  la  porte. 

30.  On  trouve  à  toute  heure,  jusqu’après  minuit,  des 
cabriolets  et  des  voitures  à  quatre  roues  que  l’on  ap¬ 
pelé  fiacres  et  que  l’on  peut  prendre  à  la  course  ou  h 
l’heure.  Prix:  30  sou9  pour  la  course,  et  à  l’heure,  îFr. 
pour  la  première,  et  30  sols  pour  chacune  des  suivantes: 
le  double  après  minuit.  On  compte  environ  2000  fiacres. 
On  ajoûte  ordinairement  quelques  sous  que  les  cochera 
appelent  le  pour  boire,  surtout  quand  la  course  a  été 
longue  :  mais  quand  on  a  beaucoup  de  visites  à  rendre, 
il  est  plus  avantageux  de  les  prendre  à  l’heure  :  ce  qui 
se  fait  en  observant  au  cocher  l’heure  à  laquelle  ou 
monte  et  l’heure  à  laquelle  on  descend.  Il  est  bon  de 
noter  le  No.  de  la  voiture  pour  s’en  servir  à  la  police  si 
le  besoin  le  requiert.  Ce  No.  se  trouve  écrit  même  dans 
la  voiture. 

Les  carosses  ou  cabriolets  loués  au  jour,  à  la  semaine 
ou  au  mois  ,  sont  obligés  de  conduire  dans  les  environs 
de  Paris,  pourvû  que  la  distauce  ne  soit  pas  assez  grande 
pour  qu’il  ne  puissent  pas  rentVer  en  ville  la  nuit,  h 
moins  que  l’on  n’ait  prévu  ce  cas  en  les  louant.  Les 
cabriolets  et  les  voitures  de  place  peuvent  conduire 
aussi  au  -  dehors  ;  mais  alors  on  doit  faire  un  arrange¬ 
ment  particulier  avec  le  cocher,  soit  pour  l’aller,  soit 
pour  le  retour;  les  réglemens  de  Police,  ne  les  obligent 
que  jusqu’aux  barrières.  Les  droit  de  passe  est  à  la  char¬ 
ge  des  cochers.  On  paye  4  Fr.  pour  aller  à  Bicêtre. 

VOITURES  HORS  DE  PARIS.  On  peut  se  faire 
conduire  plus  économiquement  dans  tous  les  environs 
de  Paris  et  en  revenir  de  même,  en  prenant  à  celle  des 
portes  qui  conduisent  à  l’endroit  où  l'on  veut  se  ren- 


LA  FRANCE.  VILLES: 


95 


dre,  une  voiture  qu’on  appelé  des  environs  de  Paris  * 
La  concurrence  qui  a  succédé  depuis  la  révolution  au 
privilège,  a  tellement  multiplié  ces  voitures,  qu’il  est 
rare  qu’on  en  manque.  On  peut  prendre  une  ou  plu¬ 
sieurs  places,  ou  attendre  que  les  autres  soient  remplies, 
ou  louer  la  voiture  entière  à  son  compte.  Les  prix  ne 
sont  fixés  par  aucun  réglement.  Ils  varient  suivant  les 
circonstances,  depuis  25  ou  30  sous  jusqu'à  40  sous  pour 
aller  à  St.  Cloud  et  même  à  Versailles.  Ils  vont  quel¬ 
quefois  jusqu  à  3  livres  les  dimanches  et  fêtes.  C’est  sur¬ 
tout  pour  le  retour  qu’ils  augmentent.  Quand  on  est 
en  nombre  suffisant  pour  remplir  la  voiture,  il  est  pru 
dent  ces  jours  là  de  faire  un  arrangement  avec  le  con¬ 
ducteur  pour  l’alier  et  le- retour.  Dans  le  prix  des  pla¬ 
ces  ordinaires,  est  toujours  compris  ce  que  l’ondoitpour 
la  taxe  d'entretien  des  routes.  Quand  on  fait  une  con¬ 
vention  particulière  pour  une  voiture,  il  faut  avoir  soin 
de  l’y  faire  comprendre.  La  plûpart  des  cabriolets  pour 
Versailles,  St. -Cloud,  St.  -  Germain  ,  etc.  se  tiennent  à 
la  place  de  la  Concorde  et  celle  de  Montmorenci,  à  la 
porte  St.  -  Denis  ;  deSeaux,  à  la  place  St.- Michel,  aux 
boulevards  du  Temple,  etc. 

Le3  cèlériferes ,  voitures  d’une  invention  toute-nou- 
velle,  partent  toutes  les  deux  heures  pour  Versailles, 
St.-  Germain,  St.  -  Dénis  etc.  Ils  méritent  bien  le  nom 
qu’ils  portent,  car  ils  font  le  tour  de  Versailles  à  Paris 
en  1V2  b.  de  teins.  Ce  sont  des  coches  à  la  façon  des 
Stage-Coach.es  de  Londres:  ces  cèlériferes  portent  ordi¬ 
nairement  14  personnes,  et  même  quelquefois  20. 

On  a  encore,  pour  aller  a  certains  endroits,  la  faci¬ 
lité  de  prendre  des  voitures  d’eau. 

On  connaît  la  galiotte  et  le  zéphir  qui  font  le  ser¬ 
vice  de  Paris  k  St.  -  Cloud;  le  départ  est  à  10  heures;  on 


LA  FRANCE.  VILLES. 


96 

les  trouve  au  -  dessous  du  Pont -Royal,  près  les  Tuile¬ 
ries  :  le  prix  des  places  est  fixé.  Excepté  les,fêtes  et  di¬ 
manches  où.  ces  voitures  sont  très  fréquentées  ,  on  y  est 
commodément;  il  faut  ajoûter  au  prix  quelques  sous 
pour  Si.  Nicolas  y  (c’est  le  pour-boire  des  bateliers.)  On 
y  trouve  assez  souvent  une  compagnie  agréable. 

Il  n’en  est  pas  toujours  de  même  des  coches  d'eau, 
dits  de  Haute -Seine  ,  qui  conduisent  a  Poissy,  Choisy, 
etc.,  parcequ’ils  ne  6ont  pas  uniquement  destinés  pour 
ces  endroits,  mais  qu’ils  font  encore  de  plus  longs  voya¬ 
ges  ,  ce  qui  entraîne,  pour  quelques  personnes,  la  né¬ 
cessité  d’y  coucher.  De  plus,  comme  ils  sont  beaucoup 
moins  chers  que  les  diligences,  la  société  en  est  aussi 
moins  choisie. 

TAILLEURS,  CORDONNIERS,  etc.  L’étranger 
qui  veut  suivre  les  modes,  même  de  loin,  ne  doit  point 
prendre  le  premier  ouvrier  venu ,  il  risquerait  d’aveir 
des  objets  déjà  faits  depuis  un  an  ou  deux  ;  car,  ce  sont 
ordinairement  les  nouveaux  débarqués  qui  vuident  les 
vieux  magasins.  Il  faut  aussi,  autan^ qu’on  peut,  appe¬ 
ler  soi-même  un  tailleur  ou  un  bottier;  autrement  ils 
font  payer,  en  surplus,  la  rétribution  qu’ils  sont  obli¬ 
gés  de  donner  à  l’aubergiste  qui  les  appelé  pour  vous* 
On  achète  aussi  au  faubourg  St.  Germain,  des  marchan¬ 
dises  de  bonne  qualité,  à  des  prix  plus  raisonnables,  que 
dans  les  grands  quartiers  au- delà  de  la  Seine. 

Tems  de  Séjour.  Il  ne  sera  pas  mal -à- propos  ,  de 
faire  ici  quelques  réflexions  rélatives  à  la  manière  de 
séjourner  à  Paris.  Ceux  qui  n’y  vont  que  pour  voir  le 
local  et  admirer  les  curiosités  que  Paris  renferme,  se 
contenteront  de  ôsemnines  de  la  saison  des  longues  jour¬ 
nées;  mais  alors  il  faut  être  en  course  depuis  le  matin, 
et  surtout  économiser  son  tems,  en  associant  la  visite 


LA  FRANCE.  VILLES.  97 

de*  curiosités,  voisines  l’une  de  l’antre.  On  n’a  besoin 
que  d’un  laquais  de  louage,  et  de  deux  ou  trois  petits 
ouvrage*  faits  pour  guider  les  voyageurs.  Quant  aux 
autres,  qui  vont  à  Paris  pour  y  voir  le  monde,  ils  doi¬ 
vent  prendre  le  parti,  de  faire  un  séjour  de  6  mois  au 
moins  dans  cette  ville. 


Service  de  la  petite  poste  aux  lettres . 

JLe  tableau  suivant  servira  de  règle  pour  l’envoi  et  la 
réception  des  lettres. 


Heures  des  levées 

I.  de  6  à  6i/2- 

II.  de  8  à  8V*. 

III.  de  io  a  iot/2. 

IV.  de  12  à  12V2» 

V.  de  4  à  4I/2. 

VI.  de  7  à.  8-  Cette 

dernière  le  vée  ne 
se  porte  que  le  len¬ 
demain  à  la  pre¬ 
mière  distribution. 


Heures  de  distribution » 

I.  de  7  à  ç. 

II.  de  9  à  11. 

II I.  de  11  a  I. 

IV.  de  1  à  4. 

V.  de  4  à  6. 

VI.  de  6  à  8. 


Service  de  la  grande  poste  aux  lettres  à  Paris ,  Dili¬ 
gences.  La  grande  poste  aux  lettres  ,  a  7  bureaux  pour 
son  service,  qui  rendent  les  lettres  à  leur  destination» 
avec  affranchissement,  ou  sans  affranchissement.  Il  est 
défendu  de  mettre  de  l’or  et  de  l’argent  dans  les  lettres. 
Il  y  a  un  bureau  des  envois  h  découvert ,  dans  lequel  on 
reçoit  h  découvert ,  l’or,  l’argent  et  autres  effets  de  va¬ 
leur,  en  payant  cinq  pour  cent  de  la  valeur.  Il  y  a  aus¬ 
si  un  autre  bureau,  dans  lequel  on  reçoit  à  couvert ,  sous 
enveloppe  cachetée  sur  tous  les  plis,  et  en  payant  le 
double  port,  les  lettres  et  paquets  que  l’on  veut  faire 
charger  et  recommander.  Ce  bureau  est  ouvert  depuis 
8  heures  du  matin  jusqu’ *13,  en  tous  téms.  Ce»  lettre* 

Guide  des  Voy.  T .  II.  I 


98  LA  FRANCE.  VILLES. 

qui  y  «ont  chargées  avant  deux  heures ,  partent  le  jour 
môme.  Des  diligences  commodes  et  couvertes,  partent 
tous  les  jours  pour  les  départemens  ou  les  frontières,  et 
même  jusqu’à  Londres  et  Bruxelles.  Les  jours  de  départ 
et  d’arrivée ,  comme  ceux  du  dîner  et  du  coucher  à  des 
endroits  nommés,  sont  fixés. 

Pla  vs.  Livres  à  consulter .  L’arrivée  des  armées  en 
i8H  et  1815  à  Paris,  où  presque  toutes  les  Nations 
avaient  leurs  représentai ,  nous  a  fourni  un  grand 
nombre  des  tableaux  et  des  descriptions  de  cette  capi- 
taie  célèbre.  Il  serait  impossible  d’en  faire  une  énu¬ 
mération  complète.  Nous  nous  bornerons  à  une  notice 
des  plus  récentes  comme  des  plus  accréditées.  —  Nou¬ 
veau  tableau  de  Paris ,  ou  observations  sur  les  moeurs 
et  usages  Parisiens  en  1814  et  1815.  par  M.  de  Jouy .  Pest. 
1816.  —  Paris  in  1802  and  i?z  i8i4«  by  the  Rev,  W.  Shep¬ 
herd.  London  1814..  8 .  —  A  new  picture  of  Paris ,  or  the 
Stranger  Guide,  by  E.  Planta  with  niaps ,  plans  and 
views.  London.  1814.  —  Paris  revisited  in  1815.  hy  John 
Scott.  London  1816.  8-  (Ie  même  auteur  avait  publié  en 
I8i5-  Visit  a  Paris  in  1814.O  —  Denina  Briefe  aus  Paris , 
geschrieben  ira  Jul.  —  Oct.  Francfurt  1816.  8- 

L’étranger  en  arrivant  à  Paris,  doit  présenter  son 
passeport  à  la  préfecture  de  police,  où  on  l’échange 
contre  un  permis  de  séjour .  A  son  départ,  il  s’y  pré¬ 
sente  de  nouveau,  et  reçoit  son  passeport.  Mais  nous 
lui  conseillons  d’aller  de  bonne  heure  à  la  préfecture  - 
et  même  un  ou  deux  jours  avant  son  départ  fixé,  parce- 
qu’il  y  a  toujours  presse,  et  que  sa  patience  sera  sou¬ 
vent  mise  à  des  rudes  épreuves.  Le  maître  de  poste  de 
Paris  et  tous  ceux  placés  sur  un  rayon  de  15  lieues  de 
cette  commune,  n«  pourront  pas  donner  des  chevaux 
à  aucun  voyageur,  se  présentant  pour  la  première  fois, 
pour  prendre  la  poste,  s  il  n’exhibe  un  passeport,  e.t  un 


LA  FRANCE.  VILLES, 


99 


■permis y  délivré  par  M.  le  Directeur  général.  Ces  permis 
seront  délivrés  gratis ,  sur  la  présentation  au  enregistre» 
ment  des  passeports. 

Distances.  De  Paris  à  Aix  -  la  -  Chapelle  34,3/4  pos¬ 
tes  ,  à  Basle  593/4.  à  Bayonne  no3 /4.  à  Bordeaux  76.  à 
Bruxelles  371/2*  à/Calais  34ty2*  à  Coblence  661/2*  à  Cham¬ 
béry  74x/2*  à  Genève  623/4.  à  Lyon  59.  à  Mayence  69,  à 
Marseille  103.  à  Montpellier  q8V4*  à  Nantes  471/2*  à  Metz 
çVa*  à  Nice  i423/4.  à  Ostende  4o3/4.  à  Rouen  i53/4.  à  Stras¬ 
bourg  6o3/4  à  Toulouse  893/4*  Il  est  dû,  tant  à  l’entrée 
qu’à  la  sortie,  une  poste  en  sus  de  la  distance  marquée. 


ITINÉRAIRE 


de  Paris  et  de  ses  environs ,  h  la  distance  de  4 
lieues  à  la  ronde  *). 

( Avec  une  Carte.) 


Les  environs  de  Paris  restent  pour  la  plûpart  beau¬ 
coup  trop  inconnus  aux  voyageurs-,  et  peut  être  davan¬ 
tage  encore  aux  Parisiens.  Il  n’y  a  guère  d’étrangers 
qui  n’aillent  voir  au  moins  Versailles,  et  en  effet,  de 
toutes  les  parties  qui  s’offrent  à  lui  autour  de  la  Capi¬ 
tale  ,  c’est  une  des  plus  intéressantes ,  par  la  facilité 
qu’elle  procure  de  passer  en  revue  dans  la  même  pro¬ 
menade,  Sèves  avec  sa  belle  manufacture  dè  porcelaine, 
St.  Cloud,  Malmaison ,  Marly ,  St.  Germain  etc.  Pour 
ceux  d’ailleurs  qui  connaissent  Paris,  et  qui  surtout  y 


}  d!U  Portefe™He  d’un  Voyageur  de  l’an  1807, 

avec  les  renvois  aux  détails  de  l’an  1817.  que  nous 
venons  de  donner  à  l’article  précédent.  7  4 


100 


PARIS 


ent  vécu  quelques  années,  il  est  facile  de  concevoir, 
pourquoi  souvent,  pendant  un  tems  considérable,  on  ne 
trouve  pas  le  moment  de  faire  une  course  hors  de  la 
barrière.  L'intérieur  de  Paris,  présente  tant  de  plaisirs 
et  des  objets  d’un  intérêt  si  varié,  que  l’on  n’éprouve 
que  peu  le  besoin  de  parcourir  la  campagne.  Et  que  ne 
fait  pas  l’habitude!  Le  jardin  de  Tuileries,  celui  des 
plantes,  les  Champs  Elysées,  le  jardin  du  palais  du 
Luxembourg,  les  anciens  et  les  nouveaux  boulevards,  et 
diiférens  jardins  dont  ils  sont  embellis  de  part  et  d’aut« 
re,  s’offrent  aux  promeneurs,  dans  l’intérieur  des  mura 
de  la  ville,  comme  autant  d'occasions  de  se  procurer 
un  petit  amusement.  Si  le  tems  est  favorable ,  on  fait 
de  petites  excursions  au  bois  de  Boulogne;  ceux  qui 
habitent  plus  près  du  côté  septentrional  de  Paris,  vont 
au  pré  S.  Gervais ,  à  Belleville  et  au  bois  de  Romain- 
ville ,  situés  tout  prè3  de  la  barrière  et  dans  une  cam¬ 
pagne  très  -  agréable,  tandis  que  pour  les  vieux  bon* 
bourgeois  du  fauxbourg  St.  Germain ,  l’endroit  qu’il* 
aiment  le  plus  pour  ces  petites  parties  de  plaisir  qui  n© 
doivent  leurs  coûter  que  peu  de  tems,  c’est  le  grand 
Montrouge ,  également  situé  dans  une  jolie  contrée.  Ce 
sont  ordinairement  les  dimanches  que  l’on  destine  pour 
ces  promenades  d’une  plus  grande  dimension:  le  matin 
de  très  -  bonne  heure,  toute  la  famille  se  met  en  che¬ 
min,  et  il  est  permis  jusqu’au  serin  de  prendre  part  à 
cette  joie,  étant  porté  dans  sa  cage  par  la  mère  de  la 
maison,  ou  bien  par  l’une  des  demoiselles  les  plus  âgées, 
sous  leur  tablier. 

Les  classes  les  plus  communes  du  peuple  ont  cou¬ 
tume  de  diriger  leurs  pèlerinages  de  dimanche,  et  trop 
souvent  aussi  ceux  des  jours  ouvriers,  à  Vaugirard ,  a 
la  Fillette  et  aux  villages  les  plus  voisins  de  la  barrière, 
où  ils  peuplent  surtout  les  guinguettes,  parceque  les  hô¬ 
tes  de  ces  endroits,  ne  payant  pas  de  droit  d’entrée,  peu- 


ET  SES  ENVIRONS. 


10  T 


▼ent  donner  le  vin  à  meilleur  marché  qu’il  ne  se  vend 
dans  l’intérieur  de  la  ville,  où  cet  article  est  sujet  à  de 
forts  impôts. 

He  voyageur,  qui  trouve  de  l’intérêt  à  observer  les 
classes  inférieures  et  moyennes  du  peuple,  ne  doit  pas 
négliger  d’aller  visiter  ces  endroits  jusqu’à  présent  in* 
cliques.  Cette  fois  --ci  il  n’en  sera  pas  question. 

Le  but  de  cet  aperçu  n’est  que  de  fournir  une  espèce 
de  guide  aux  voyageurs,  qui  ont  envie  de  parcourir  les 
environs  de  Paris ,  très -beaux  par  ci  par  là,  et  quelque 
fois  vraiment  pittoresques.  Je  serai  le  plus  court  pos¬ 
sible  ,  et  je  donnerai  moins  des  descriptions  que  des 
avis.  Venez  voir  vous  -  même! 

Notre  première  course  sera  à  Versailles  :  il  n’y  a 
certainement  pas  de  voyageur  qui  ne  la  fasse.  Celui  qui 
est  bon  piéton,  préférera  peut  -  être  d’y  aller  à  pied: 
chose  cependant  qui,  pour  la  plûpart  des  curieux,  a  ses 
inconvéniens ,  puisqu’à  Versailles  même  011  trouve  assez 
d’occasion9  de  mettre  ses  pieds  en  mouvement,  et  si 
l’on  y  arrive  fatigué,  on  ne  voit  communément  les  cu¬ 
riosités  qu’à  demi  et  sans  éprouver  le  même  plaisir.  Il 
est  donc  plus  à  propos  de  faire  celte  excursion  ou  à  che¬ 
val  on  en  voiture.  Daus  le  dernier  cas,  il  y  a  deux  ma¬ 
nières;  on  peut  louer  une  voiture  pour  la  journée,  ou 
bien,  voulant  mettre  plus  d’économie,  on  prend  une 
place  dans  le  c èlérifère ,  ou  on  va  au  quai  entre  le  pont 
royal  et  celui  de  Louis  XV.  ,  où  l’on  trouve  toujours 
prête  un  grand  nombre  de  cabriolets,  ordinairement  à 
quatre  places  et  qui  ne  demandent  pas  mieux  que  d’être 
occupés.  Il  est  plus  agréable  de  faire  ce  petit  voyage 
dans  une  société  de  4  ou  8  personnes;  n’ayant  alors  pas 
besoin  d’aller  avec  des  inconnus,  ou  d’attendre  que  la 
voiture  soit  pleine,  ce  qui  est  toujours  désagréable.  Au 


lOfc 


PARIS 


reste,  ce  qui  soit  dit  ici  une  fois  pour  toutes,  on  trouve 
de  ces  cabriolets,-  dans  le  voisinage  des  barrières,  pres¬ 
que  pour  tous  les  points  des  environs. 

Celui  qui  fait  cette  excursion  a  Versailles  dans  Un© 
voiture,  ne  peut  guères,  il  est  vrai,  s'arrêter  en  route, 
si  ce  n’est  à  Sèves,  ou  les  voituriers  laissent  toujours 
leurs  chevaux  se  reposer  un  peu,  le  chemin  de  Sèves 
jusqu’à  Versailles  allant  presque  toujours  en  montant. 
Cependant,  comme  plusieurs  des  objets  plus  rapprochés 
peuvent  être  visités  dans  des  promenades  de  moindre 
étendue,  les  lecteurs  voudront  bien  me  permettre  quel¬ 
ques  indications  là  dessus. 

Avant  d’arriver  à  la  barrière,  on  passe  devant  la 
•pompe  à  feu  des  frères  Perrier  :  tout  le  monde  y  peut 
entrer  à  loisir,  et  les  préposés  aussi  bien  que  les  ou¬ 
vriers,  s’empressent  de  donner  à  l’étranger  qui  désire 
s’informer,  les  renseignemens  nécessaires  pour  le  met¬ 
tre  au  fait  de  ce  qu'il  pourrait  ne  pas  savoir.  Autrefois 
un  canal,  partant  du  bord  de  la  Seine  conduisait  dan9 
un  réservoir  qui  se  trouvait  en  avant  de  la  machine: 
c'est  pourquoi  l’eau  qui  y  arrivait,  était  toujours  extrê* 
memcnt  bourbeuse.  Mais,  on  a  dirigé  un  gros  tuyau  de 
fer  fondu  depuis  la  machine  jusqu’au  milieu  de  la  ri¬ 
vière.  Là,  dans  une  cage  de  pôteaux  qui  sont  assez  hauts 
pour  n’etre  jamais  couverts  de  la  rivière  ni  porter  dan¬ 
ger  aux  bâteaux,  ce  tuyau  s’élève  du  manière  que  l’ou¬ 
verture  par  où  l’eau  entre,  se  trouve  tournée  à  niveau 
d’eau,  ce  qui  fait  que  la  pompe  à  feu  ne  reçoit  que  d© 
l’eau  pure,  sans  fange  et  sans  aucune  de  ces  matières 
hétérogènes  qui  troublent  les  rivières.  A  la  hauteur  de 
ChailloC,  sont  établis  trois  grands  réservoirs,  dans  les¬ 
quels,  par  la  force  de  la  machine,  l’eau  sélève  et  où  la 
fange  se  dépose:  lorsqu’elle  a  été  conduite  du  plus  haut 
réservoir  dans  le  second  et  dans  le  troisième,  l’eau,  ainsi 


ET  SES  ENVIRONS.  103 

purifiée,  se  répand  dans  les  différens  quartiers  de  Paris. 
Pour  voir  ces  réservoirs,  on  n’a  qu’à  s’adresser  au  con¬ 
cierge,  qui,  moyennant  une  petite  rétribution,  y  admet 
le  voyageur  avec  empressement. 

31  sera  moins  aisé  de  voir  la  fonderie  établie  derrière 
la  pompe:  on  y  a  employé  de  petites  pompes  à  feu  pour 
faciliter  les  travaux. 

Les  villages  de  Chaillot,  qui,  depuis  la  nouvelle  eir- 
ceinte  de  Paris,  s’y  trouve  renfermé,  et  de  Passy  qui  est 
dehors,  servent  en  été  de  séjour  à  plusieurs  familles,  qui 
y  ont  une  maison  de  campagne  ou  qui  y  louent  seule¬ 
ment  un  logement  *).  Il  y  a  aussi  dans  l’un  et  dan# 
l’autre  ,  plusieurs  établissement  d'éducation  et  des  mai¬ 
sons  où  se  font  soigner  de  riches  malades  ,  qui  chez  eux 
manquent  de  pareille  ressource.  La  situation  de  ce# 
deux  villages  est  charmante,  en  partie  au  pied  d’une 
colline,  en  partie  sur  la  colline  même,  d’où  l’on  jouit 
d’une  vue  ravissante  sur  Paris  et  sur  la  belle  plaine  de 
la  rive  gauche  de  la  Seine  et  qui  est  couverte  de  villa¬ 
ges  ^t  de  maisons  de  campagne.  La  pente  de  la  colline 
est  employée  à  des  jardins,  dont  la  plûpart  sont  très-jo- 
lîment  arrangés  en  terrasses. 

La  barrière  de  cette  route  de  Versailles  s’appele  la 
barrière  des  bons  -  hommes,  d’un  cloître  dès  Minime# 
qui  se  trouve  à  côté,  jadis  nommé  les  bons  -  hommes,  et 
qui  aujourd’hui  est  transformé  eu  une  belle  manufac- 

*)  Le  savant  Latour  (L Auvergne  mort  et  connu  comme 
premier  grenadier  de  l’armée  française,  habitai* 
aussi  le  village  de  Passy  toutes  les  fois  que  ses  oc¬ 
cupations  rappelaient  à  Paris.  Il  y  a  deux  sour¬ 
ces  minérales.  —  Dans  le  village  de  Chaiilot  on 
voit  aussi  une  manufacture  de  tapis,  établie  en  1604 
et  connue  sous  le  nom  de  la  Savonnerie ,  cet  édifice 
ayant  autrefois  en  effet  été  employé  à  faire  1#  savon. 


104 


PARIS 


ture  debasins,  piqués,  mousselines  et  autres., étoffes  de 
cotons.  Ici,  sous  le  ministère  de  Mr.  Chaptal ,  ont  été 
faits  quelques  essais  en  grand  de  différentes  nouvelles 
méthodes  de  blanchir,  dont  quelques  uns ,  pour  avoir 
mal  réussi,  n’en  ont  pas  moins  été  instructifs. 

Tout  près  de  Passy  et  a  petite  distance  de  la  route, 
on  aperçoit  le  joli  hameau  d' Auteuil ,  près  le  bois  de 
Boulogne:  c’est  ici  que  Boileau  ,  Molière  et  beaucoup 
Vautres  savans  et  hommes  de  lettres  eurent  des  terres, 
et  jusqu’à  ce  jour  ce  village  est  le  séjour  [d’été  d’une 
foule  de  Parisiens. 

Un  peu  plus  loin,  à  une  modique  distance  de  Shves 
{qui  aussi  s’écrit  Sèvres),  la  route  se  divise  en  deux 
bras;  tout  droit  on  arrive  à  Sèves,  et  c’est  aussi  le  che¬ 
min  que  prennent  le9  voitures  destinées  'pour  Versail¬ 
les  :  le  chemin  qui  va  à  droite,  conduit  à  St.  Cloud.  Ce 
dernier,  comme  toute  la  route  depuis  Paris  jusqu’au 
chemin  fourchu,  est  garni  de  réverbères;  la  même 
chose  autrefois  avait  lieu}  sur  toute  la  route  de  Paris  k 
Versailles. 

St.  Cloud  est  très-bien  situé;  c’est  pourquoi  de  tout 
teins  il  y  a  en  un  grand  nombre  de  maisons  |de  cam¬ 
pagne  j  et  beaucoup  de  bourgeois  aisés  ont  l’habitude 
de  s’y  louer  un  logement  ou  même  une  maison  entière 
pour  un  ou  plusieurs  étés.  Ceux  qui  prennent  St.  Cloud 
pour  terme  de  leur  promenade,  feront  bien  de  se  ser¬ 
vir  de  la  galliotte  qui  part  tous  les  matins  du  pont  ro¬ 
yal,  voiture  un  peu  lente,  il  est  vrai,  mais  sous  un 
rapport  dont  il  sera  parlé  ci  -  après,  très  -  commode. 
Souvent  des  familles  de  la  classe  des  artisans  profitent 
d’un  beau  jour  ;d’été  *)  pour  faire  de  petites  parties  de 

*)  C’est  au  mois  de  Septembre  que  les  Parisiens  s’em¬ 
pressent  le  plus  d’aller  à  St.  Cloud.  Ue  7.  de  ce 


ET  SES  ENVIRONS.  105 

plaisir  dans  la  partie  du  parc  de  St.  Cloud,  qui  est  ou¬ 
verte  au  public,  et  dont  celle,  qui  se  distingue  par  le 
monument  choragique  de  Dysicrate,  ou  la  lanterne  de 
Diogène,  imitée  en  terre  cuite  par  les  frères  Trabuchi, 
et  s’élévant  au  sommet  de  la  colline  beaucoup  au  dessu» 
des  environs,  est  en  effet  très  -  variée,  et  offre  de  belle» 
vues  sur  la  plaine  et  sur  la  rivière  qui  y  serpente.  Ce» 
familles,  pour  rendre  leurs  courses  moins  coûteuses,  très- 
souvent  emportent  avec  elles  quelques  provisions  de 
bouche  apprêtées  k  la  maison,  et  quelquefois  même  le 
Vin,  et  font  leur  repas  le  plus  ordinairement  à  l’ombre 
d’un  arbre.  Si  la  société  est  nombreuse,  tous  les  vivre» 
sont  empaquetés  dans  un  panier  ;  on  loue  un  fidèle  com* 
missionaire  pour  la  journée,  lequel,  pendant  que  la  so¬ 
ciété  se  promène,  est  chargé  de  garder  le  dîner  et  de  le 
porter  à  l’endroit  où  la  caravane  prendra  position. 
Pour  ces  parties  là  ,  lagalliotte,  à  cause  du  transport; 
des  provisions,  est  une  voiture  aussi  commode  que  peu 
dispendieuse.  D’autres,  qui  ne  se  chargent  pas  de  pro¬ 
visions,  et  qui  aiment  mieux  aller  à  pied  k  St.  Cloud , 
ont  un  chemin  assez  agréable  à  travers  le  bois  de  Bou¬ 
logne,  au  bout  duquel  le  village  de  Boulogne  les  con¬ 
duit  au  pont  de  St.  Cloud ♦ 

Il  y  a  aussi  une  route  à  Versailles  par  St.  Cloud ,  et 
celui  qui  voudra  faire  à  pied  cette  petite  excursion,  fera 
mieux  de  choisir  ce  dernier  chemin,  comme  étant  plu» 
varié  que  celui  par  Sèves;  et  offrant  dans  plusieurs  en¬ 
droits  des  vues  délicieuses  sur  la  campagne.  —  Vaucres - 
son  y  que  vous  voyez  sur  votre  carte  dans  cette  contrée» 
tire,  son  nom  du  cresson  qui  y  croît  en  grande  quantité  ; 

mois  est  la  fête  de  St.  Cloud;  il  y  a  une  foire  à  cette 
occasion  :  le9  eaux  jouent  trois  dimanches  de  suite,  ce 
qui  ne  manque  pas  d’attirer  la  foule  des  jétranger» 
et  des  voisins,  d  autant  plus  qu’en  Septembre  d3JM 
ee  pays  «  ci  le  teins  est  des  plus  agréables. 


PARIS 


106 

Vaucresson  signifiant  Val  ou  Vallée  de  cresson.  A  Paris, 
où  la  consommation  de  la  volaille  est  si  immense,  celle 
du  cresson  naturellement  ne  l’est  pas  moins. 

St.  Cloud  et  Sevrés  sont  très  près  l’un  de  l’autre,  et 
lie  se  trouveut  séparés  que  par  une  petite  partie  du  parc 
public  de  St.  Cloud.  Il  a  déjà  été  dit  plus  haut,  que  les 
voitures  qui  vont  à  Versailles,  s’arrêtent  toujours  à  Sè¬ 
vres.  Celui  qui  voudrait  seulement  donner  un  coup* 
d’oeil  fugitif  à  la  manufacture  de  porcelaine,  pourrait 
(“supposé  le  cas  où  toutes  les  personnes  se  trouvant  dans 
la  voiture  seraient  d’accord  avec  lui)  il  pourrait,  dis- je, 
se  faire  conduire  à  l’entrée  de  la  manufacture  et  faire 
reposer  là  le  cheval  ou  les  chevaux.  Il  faut  pourtant  en 
prévenir  le  voiturier  avant  d’arriver  a.  Sèvres,  parceque  le 
lieu  de  repos  ordinaire  est  plus  loin  que  la  manufacture 
de  porcelaine.  Cependant  il  est  à  conseiller  à  tout  voya¬ 
geur  qui  aime  les  arts ,  de  consacrer  à  l’examen  de  cet 
intéressant  établissement  une  journée  particulière,  qui 
sera  txta  feion.  vp  -nplie,  surtout  auand  on  veut  encore 
parcourir  un  peu  St.  Cloud  (il  n’est  pas  question  ici  du 
château)  et  les  environs.  Déjà  les  salles  où  sont  expôsés 
les  ouvrages  achevés,  offrent  un  coup  d’oeil  très  -  inté¬ 
ressant  et  très -varié;  l’entrée  y  est  libre  à  tout  étranger 
qui  désire  être  admis  :  quant  à  l’employé  de  l’établisse¬ 
ment,  qui  l’accompagne  dans  les  salles,  il  peut  lui  don¬ 
ner  ce  qu’il  voudra.  Mais  pour  visiter  les  différens  at- 
féliers  des  ouvriers,  il  faut  obtenir  la  permission  du 
directeur.. 

Sur  un  e  île  de  la  Seine  ,  à  gauche  du  pont  qui  con¬ 
duit  à  Sèvres ,  est  la  tannerie  de  M.  Séguin ,  connu  com¬ 
me  chymiste  et  élève  de  Lavoisier.  Il  avait  essayé  d'in¬ 
troduire  en  France  la  méthode  anglaise  de  tanner,  et 
avait  reçu  par  là  du  gouvernement,  avec  des  secours 
considérables,  la  commission  des  fournitures  de  cuir. 


ET  SES  ENVIRONS. 


107 

Pdr  cette  spéculation  ,  et  par  plusieurs  autres  qui  réus¬ 
sirent  également,  M.  Séguin  a  amassé  une  fortune  con¬ 
sidérable,  qu’il  emploie  maintenant  en  partie  à  l’encou¬ 
ragement  des  arts,  ayant  établi  une  belle  galerie  de  ta» 
bleaux,  parmi  lesquels  se  trouvent  aussi  plusieurs  bons 
ouvrages  d’artiste9  vivans. 

A  gauclie,  tout  près  de  Sèvres  ,  on  voit  sur  une  col¬ 
line  le  château  de  Bellevue ,  ainsi  appelé  à  bon  droit, 
car  on  y  jouit  en  effet,  comme  au  château  de  Meudont 
situé  un  peu  plus  loin  et  plus  jhaut ,  d’une  vue  ravis¬ 
sante  sur  la  vaste  étendue  de  Paris  et  sur  toute  la  cam¬ 
pagne  circonvoisine.  Rabelais  fût  curé  à  Meudon.  A 
Bellevue,  il  y  a  quelques  années  ,  l’écuyer  Têtu  entre¬ 
prit  à  cheval  son  voyage  dans  l’air,  et  Meudon  renfer¬ 
mait  autrefois  l'école  aérostatique  fondée  par  Conté  qui 
est  mort  depuis  peu.  —  Au  pied  de  la  montagne,  sur 
laquelle  est  situé  Bellevue,  on  voit  une  jolie  maison  de 
campagne,  nommée  Brimborion ,  où  se  rendait  souvent 
Louis  XV.  avec  Madame  de  Pompadour;  elle  appartient 
maintenant  à  un  riche  particulier. 

Un  peu  en  avant  de  Versailles  est  le  village  de  Mon¬ 
treuil  ,  qu’on  ne  doit  pas  confondre  avec  celui  du  même 
nom,  connu  par  sa  culture  de  fruits  et  surtout  par  ses 
espaliers  à  pêches:  ce  dernier  village,  dont  il  sera  par¬ 
lé  dans  une  des  excursions  suivantes,  est  situé  de  l’autre 
côté  de  Paris  près  Charonne  et  Vincennes.  Ce  Mon¬ 
treuil,  voisin  de  Versailles,  est  renommé  par  ses  déli¬ 
cieux  jardins.  Delille ,  dans  son  poème  des  Jardins,  fait 
mention  de  celui  de  Madame  de  Guémenée. 

Pour  voir  Versailles  avec  quelque  utilité,  il  faut  ab- 
aolument  en  avoir  une  bonne  description;  néanmoins 
l’étranger  fera  bien ,  pour  s’épargner  des  courses  et  des 
détours  inutiles,  de  louer  un  conducteur:  qu’il  s’en 


io8 


PARIS 


garde  seulement  des  garçons  et  femmes  qui  s’offrent  en 
foule  près  du  château.  Le  mieux  est  de  s’adresser  pour 
cela  à  l’hôtellier  chez  lequel  on  descend;  Ceux  -  ci  ont 
ordinairement -quelques  guides  un  peu  plus  instruits,  et 
il  vaut  mieux  donner  à  ces  gens  quelques  sous  de  plus. 
U  est  cependant  prudent  d  arrêter  auparavant  le  prix 
«.vec  ces  Guides,  et  de  ne  pas  entièrement  s’abandonner  à 
eux  pour  les  objets  à  voir.  C’est  pourquoi,  avant  de  se 
mettre  en  chemin  pour  le  château  et  pour  le  parc,  il  est 
bon  de  dresser,  concurremment  avec  le  conducteur,  une 
liste  des  choses  que  l’on  désire  à  voir. 

On  ne  doit  pas  négliger  d’aller  voir  dans  la  ville 
même  la  fabrique  d’armes,  surtout  si  c’est  un  jour  ou¬ 
vrier.  Les  dimanches  et  les  jours  de  fête,  le  magasin, 
au  moins,  mérite  d’être  vû,  ainsi  que  les  différens  atte- 
liers.  Pas  loin  de  là  se  trouve  la  bibliothèque  publique 
dans  les  salles,  où  jadis  étaient  les  bureaux  du  ministre 
des  affaires  étrangères.  Le  château  renferme  une  collec¬ 
tion  de  tableaux  de  maîtres  modernes  français,  et  un 
cabinet  d’histoire  naturelle.  Qu’on  se  fasse  ouvrir  aussi 
la  salle  de  spectacle r  dont  l’entrée,  ainsi  que  l’ouver¬ 
ture  de  la  superbe  orangerie  et  des  bosquets  ^enfermés, 
coûte  quelques  petites  pièces  d’argent  pour  ceux,  qui 
en  tiennent  les  clés.  Sur  Grand  et  Petit  -  Trianon  v.  le 
tableau  de  Versailles. 

St.  Cyr1  où  Mad.  de  Maintenon ,  veuve  de  Scarron, 
avait  établi  une  pension  pour  des  demoiselles  nobles, 

-  possède  en  ce  moment  un  établissement  d’instruction  et 
d’éducation  ,  fondé  sous  le  nom  de  Prytanée. 

Dans  la  forêt  de  Versailles,  le  joli  village  de  Virof - 
lay  mérite  aussi  d’être  remarqué,  à  cause  de  la  belle 
vue  dont  on  y  jouit  et  qui  a  beaucoup  de  ressemblance 
avec  celle  de  St.  CloutL  Ce  village  était  un  des  lieux 
de  repos  dans  les  parties  de  chasse  des  rois* 


ET  SES  ENVIRONS.  109 

De  Versailles ,  un  chemin  très-agréable  conduit  à  St. 
Germain ,  si  toutefois  on  veut  faire  ce  tour  de  suite, 
et  de  là  retourner  le  long  de  la  Seine. 

Comme  intermezzo,  lorsque  le»  roses  sont  en  fleur, 
le  chemin  sur  la  rive  gauche  de  la  Seine,  entre  les  ponts 
de  Neuilly  et  de  St.  Cloud,  doit  ici  être  recommandé 
comme  une  promenade  charmante.  On  peut  la  faire  sans 
incommodité  dans  une  demi  -  journée. 

Ce  pont  de  Neuilly  mérite  l’attention  des  voyageurs. 
Il  ne  fut  construit  que  sous  le  régne  de  Louis  XV.  On 
remarque  en  dessous  un  écho  artificiel.  Il  y  a  à  ISTeuil- 
ly  un  grand  nombre  de  belles  maisons  de  campagne» 
Sur  la  rive  gauche  de  la  Seine,  un  peu  au-delà  du  pont 
de  Neuilly,  est  Courbevoye  avec  une  belle  caserne,  qui 
servait  autrefois  de  logement  à  un  régiment  de  Suisses 
faisant  partie  de  la  garde  royale. 

'  -•  *  •  -  i  »  0  z  »'ii4<ri»va  t-f.  '  »v  «*. 

Sur  le  pont  de  Neuilly  on  joûit  d’une  vue  délicieuse 
sur  les  côteaux  de  la  Seine.  A  peu  de  distance  en  deçà 
du  pont  on  remarque  dans  cette  rivière  une  petite  île, 
habitée  par  une  espèce  de  Robinson.  Il  s’y  est  retiré,  il 
y  a  déjà  plusieurs  années,  sans  l’avoir  jamais  quitté* 
depuis.  Le  chemin,  indiqué  plus  haut  passe  au  pied  du 
Calvaire  ou  Mont  Valérien,  qu’il  faut  absolument  mon¬ 
ter  parcequ’on  y  découvre  des  points  de  vues  magnifi¬ 
ques.  Ce  mont  n’est  d’ailleurs  qu'une  trè9  modique  col¬ 
line  ,  et  ne  peut  obtenir  le  nom  de  montagne  que  dan» 
une  campagne  aussi  rase  que  la  plaine  de  Paris.  Du  côté 
de  la  Seine  ,  cette  colline  étant  très  -  escarpée  ,  on  y  a 
pratiqué  des  escaliers  et  des  reposoir»;  et  les  prêtres  et 
hermites,  qui  l’habitaient  avant  la  révolution,  non  seu¬ 
lement  y  avaient  érigé  un  mont  Calvaire  (image  du  crù- 
cifiment  de  Jésus  -  Christ)  mais  encore  avaient  dressé, 
sur  chacun  de  es  reposoir»,  une  chapelle,  le  tout  re- 

Guide  des  Voyï  T.  / /.  K 


1:10 


PARIS 


présentant  les  diverses  stations ,  telles  qu'on  les  trouve 
encore  dans  les  autres  endroits  de  ce  pèlerinage.  De¬ 
puis  le  commencement  du  printems  jusqu’à  la  pentecô- 
te,  les  pieux  Parisiens  et  Parisiennes  se  portaient  assez 
fréquemment  dans  ce  lieu  consacré  à  la  dévotion,  et, 
outre  les  âmes  pieuses  il  en  venait  peut-être  aussi  pour 
d’autres  motifs.  Dans  le  cours  de  la  révolution,  le  Cal¬ 
vaire  et  ses  pèlerinages  furent  tout  à  fait  plongés  dans 
l’oubli:  Merlin  de  Thionville  achêta  la  colline  entière 
qui  avait  été  déclarée  être  un  bien  national.  Dès  lors, 
couvens,  chapelles,  églises,  etc.  furent  en  partie  démo¬ 
lis,  et  en  partie  employés  à  la  construction  d’une  jolie 
maison  de  campagne,  d’où  l’oeil  se  perd  dans  une  vue 
aussi  étendue  que  délicieuse.  Depuis  que  le  Calvaire 
n’existait  plus  au  Mont  Valérien ,  le  Curé  de  St.  Roch 
profita  de  l’occasion  pour  en  établir  un  dans  une  de  ses 
chapelles,  et  il  réussit  à  persuader  aux  dames  dévotes, 
que  tous  les  avantages  spirituels,  attachés  jadis  aux  pè¬ 
lerinages  du  calvaire  du  Mont  Valérien,  s’étaient  trans¬ 
portés  sur  ceux  qu'on  ferait  pour  voir  la  chapelle  de 
l’église  de  St.  Roch,  qui  devait  remplacer  l’établisse¬ 
ment  du  Mont  Valérien. 

Saint  Roch  paraît  n’avoir  rien  perdu  à  ce  remplace¬ 
ment.  Du  moins  le  curé  de  cette  église  ne  fut  pas  bien 
aise,  lorsque  le  ci  -  devant  chef  des  hermites  du  Mont 
Valérien  sut  obtenir  du  gouvernement  la  permission  de 
rétablir  l’hermitage.  Il  réussit  à  rachêter  toute  la  col¬ 
line  de  Merlin  de  Thionville  ,  qui  la  possédait  jusqu'a¬ 
lors.  ;  cir.0 

Au  pied  de  la  colline  est  situé  le  hameau  de  Suresne 
dont  les  vins  de  la  plus  mauvaise  qualité  ,  sont  devenu* 
le  proverbe  de  Paris  pour  désigner  des  vins  détestables. 
On  assure  qu’au  commencement  du  dernier  siècle  on  a 
soutenu  publiquement  à  Paris  des  thèses,  dans  lesquelles 


ET  SES  ENVIRONS, 


lit 


on  a  avancé  que  le  vin  de  Suresne  surpassait  en  bonté 
celui  de  Beaune  et  des  autres  contrées  de  Bourgogne. 
Aujourd’hui  personne  ne  proférera  une  semblable  as¬ 
sertion. 

La  multitude  de  roses  que  l’on  remarque  ici  le  long 
du  chemin  dans  les  champs,  donne  à  cette  promenade, 
recommandable  déjà  par  sa  proximité,  un  charme  par¬ 
ticulier,  et  l’on  peut  s’étonner  avec  raison  qu’elle  ne 
soit  pas  recherchée  d’avantage.  Au  lieu  de  retourner  à 
la  barrière  des  bons -hommes,  par  la  longue  et  mono¬ 
tone  grande  -  route  de  St.  Cloud,  le  piéton  fera  mieux 
de  diriger  son  retour  par  le  bois  de  Boulogne,  à  moins 
que,  faute  de  tems,  l’approche  de  la  nuit  ou  la  fatigue, 
ne  l’oblige  de  louer  à  St.  Cloud  un  de  ces  cabriolets 
qu’on  y  trouve  prêts  à  chaque  instant. 

Au  reste,  le  beau  monde,  qui  en  a  le  tems,  profita 
du  bois  de  Boulogne,  pour  y  faire  dans  la  matinée  des 
promenades  à  cheval  ou  en  voiture.  Depuis  quelques 
années  plusieurs  nouvelles  routes  y  ont  été  percées,  et 
des  vieilles  ont  été  raccommodées. 

C’est  dans  ce  bois  qu’est  situé  la  jolie  maison  de  Ba¬ 
gatelle;  bâtie  par  le  Comte  d'Artois  par  l’habile  archi¬ 
tecte  Bellanger ,  séjour  digne  de  l’attention  de  tout  vo¬ 
yageur.  —  Ranelagh  est  à  certaines  époques,  un  rendez- 
vous  très  -  recherché  par  les  élegans  des  deux  sexes:  en 
été  il  y  a  souvent  des  jeux  de  barres  sur  la  pelouse  atte¬ 
nante. —  Le  château  de  Madrid  a  été  démoli,  il  y  a 
déjà  quelques  années,  et  on  a  employé  les  matériaux 
à  construire  sur.  le  même  emplacement  plusieurs  jolies 
maisons  de  campagne.  —  Le  château  de  la  Muette  existe 
encore  en  partie  :  On  y  jouit  d’une  vue  très  -  étendue 
qui,  lorsque  le  tems  est  serein,  porte  jusqu’à  Mont¬ 
morency f 


113 


PARIS 


I>«  côteaux  de  la  Seine  au  delà  de  Neuilly ,  dans  la 
grande  sinuosité  jusqu  à  Croisy ,  offrent  plusieurs  con¬ 
tres  magnifiques,  où  les  familles  de  Paris,  dans  les 
beaux  jours  d’été  font  souvent  de  petites  parties  de  cam¬ 
pagne,  et  que  les  amis  de  la  belle  nature,  ainsi’ que  ceux 
de  la  nature  embellie,  ne  négligeront  pas  d’aller  voir. 
«Je  n’indiquerai  ici  que  les  environs  de  St»  Ouèn ,  et  dû 
côté  opposé  Mont  -  Joli:  ce  dernier  séjour ,  o  ixTVatelet 
fit  naître  un  délicieux  jardin,  était  possédé  depuis  par 
Colonne  et  plus  tard  par  le  fameux  peintre,  Mad:  le 
Brun.  A  Anieres  il  y  a  beaucoup  de  maisons  de  cam¬ 
pagne  extrêmement  jolies. 

Après  ces  petites  excursions ,  nous  en  ferons  un* 
plus  grande  à  St.  Germain  en  Laye . 

Pour  faire  cette  excursion,  on  trouve  de  même  près 
du  pont  royal  des  cabriolets  pour  aller  et  revenir, 
n  i  -  î 

Ee  chemin  va  à  travers  les  champs  Elÿsées,  par  le 
pont  de  Neuilly  dont  il  a  été  parlé  plus  haut.  Plus 
avant,  près  de  iV  anterte ,  les  cochers  font  halte  ordinai¬ 
rement,  et  les  voyageurs  saisissent  ce  moment  pour  goû¬ 
ter  quelques  gâteaux  de  Nanterre ,  tant  estimés  à  Paris, 
et  qui  s’achètent  ici  tout  chauds  et  tout  bouillans.  Com¬ 
me  cela  n’arrange  guère  l’estomac,  on  a  soin  de  vous 
offrir  du  Ratafia  de  Nanterre ,  pour  le  remettre  On 
peut  compter  en  outre  que  la  voiture  sera  entourée  de 
quelques  aveugles  mendians:  on  dirait  que  c’est  là  leur 
rendez  -  vous. 

Il  se  présente  ici  deux  chemins;  l’un  va  tout  droit 
et  passe  deux  fois  la  Seine  ,  près  Chaton  et  le  Pec.  En¬ 
tre  ces  deux  lieux,  on  voyait  avant  la  révolution  une 
chapelle  de  Ste.  Geniviève ,  élevée  au  même  endroit  où 
l’on  dit  qu’elle  a,  avec  son  amant,  passé  la  Seine  à  la 


ET  SES  ENVIRONS.  113 

nage  et  sur  son  manteau.  Au  Pec  on  jouit  d’une  vue 
délicieuse. 

L’autre  chemin  conduit  le  long  de  la  rive  gauche  de 
la  Seine.  A  gauche  de  la  route,  on  voit  Ruel.  Un  peu 
plus  loin,  à  une  petite  distance  on  apperçoit 
V.  ce  que  . nous  en  avons  dit  à  l’article  précédent  des  En¬ 
virons  de  Paris. 

Encore  plus  loin  on  trouve  la  machine  hydraulique 
de  Marly.  Ici  chaque  curieux  s’arrêtera  avec  plaisir  un 
peu  de  tems  pour  examiner  le  mécanisme  de  cet  ou¬ 
vrage  admirable:  qu’on  s’y  prenne  seulement  avec  pré¬ 
caution  pour  ne  pas  s’attirer  le  même  malheur,'  qui  ar¬ 
riva  à  une  petite  société  d’habitans  de  Paris  des  deux 
sexes,  qui,  en  allant  à  St.  Germain ,  s’arrêtèrent  égale¬ 
ment  quelques  momens  ,  pour  voir  la  machine,  et  qui 
virent  plusieurs  personnes  de  leur  compagnie,  se  fiant 
trop  aux  planches  fragiles  et  h  demi  pourries  ,  périr 
d’une  manière  effroyable  dans  la  Seine;  quelquesuns  de 
ces  malheureux  qui  avaient  embrassé  les  roues  de  la 
machine,  furent  tournés  plusieurs  fois,  —  prolongation 
affreuse  de  leur  agonie! 

Quand  on  est  allé  jusqu’ici  dans  une  voiture,  on  fpra 
bien  de  l’envoyer  d’avance  et  de  se  faire  attendre  à 
l’endroit  où  le  chemin  tourne  autour  de  la  montagne. 
Il  est  intéressant  de  suivre  la  machine  en  montant,  et 
d’examiner  à  chaque  terrasse  le  mécanisme  par  lequel 
l’eau  s’élève  jusqu’au  sommet  de  la  colline.  A  la  der¬ 
nière  hauteur  on  trouve  l’aqueduc,  çhef  -  d’oeuvre  digne 
des  Romains  :  on  ne  peut  trop  recommander  d’y  monter, 
non  seulement  pour  examiner  l’ouvrage,  mais  encore 
pour  jouir  de  la  vue.  —  Tout  près  de  là ,  on  voit  le  joli 
château  de  Lucienne  ou  Louvecienne  d’une  situation 
très-heureuse  ;  il  fut  construit  par  Louis  XV.  pour  Mad. 


) 


H4 


PARIS 

•Du  Barry y  et  a  été  fort  endommagé  depuis  la  .révolu¬ 
tion.  —  Etant  arrivé  au  sommet,  on  peut  aller  à  pied 
jusqu’à  Marly ,  où  cependant  il  n’y  a  pas  beaucoup  d’ob¬ 
jets  remarquables  ;  car,  depuis  la  révolution,  tout  y  est 
changé  et  en  partie  ruiné.  Dans  le  château  se  trouve 
une  grande  manufacture  en.  drap. 

En  quittant  Marly  on  rejoint  la  route  de  St.  Ger¬ 
main ,  où  l’on  s'est  fait  attendre  par  sa  voiture.  —  V.  sur 
St.  Germain  l’article  précédent  des  Environs  de  Paris. 

Pour  faire  d’une  pierre  deux  coups  ,  on  pourra  en¬ 
treprendre  cette  excursion  dans  la  partie  de  l’été,  où  il 
y  a  dans  la  forêt  de  St.  Germain  la.  foire  des  loges ,  plai¬ 
sir  auquel  les  Parisiens  prennent  part  en  foule.  Les  lo¬ 
ges  étaient  autrefois  un  monastère  des  Augustins,  fondé 
par  Anne  d'Autriche  en  1644. 

En  allant  un  peu  plus  loin  ,  on  est  surpris  sur  le 
pont  de  Poissy  par  une  très- belle  vue.  Tous  les  mardis 
et  jeudis  011  y  tient  un  foire  de  bestiaux,  qu’on  ne  voit 
pas  sans  intérêt.  On  prétend  que  le  marché  de  viande 
de  Poissy  n’est  jamais  inquiété  par  les  mouches,  ce 
qu’on  attribue  au  séjour  qu’a  fait  St.  Louis  dans  cette 
petite  ville.  Meulan  ,  Mantes ,  Pontoise  (qui  a  donné  le 
nom  à  la  meilleure  viande  de  veau  qui  se  consomme 
dans  la  capitale)  et  Gaillon ,  méritent  aussi  quelque  at¬ 
tention  de  la  part  du  voyageur,  qui,  arrivé  à  Poissy ,  se 
trouve  assez  d’envie  et  de  loisir  pour  aller  plus  loin. 
Meulan  et  Mantes  se  distinguent  par  de  beaux  ponts. 
C’est  à  juste  titre  que  cette  dernière  ville  porte  le  nom 
de  Mantes  la  jolie. 

Nous  nous  tournonsk  présent  plus  au  nord,  pour  faire 
une  excursion  hors  de  la  barrière  de  St.  Denys.  —  Il  a 
déjà  été  question  plus  haut  du  charmant  paysage  près 


ET  SES  ENVIRONS.  113 

St.  Ouen ,  sur  la  route  de  St.  Denys ,  vers  îa  Seine,  ét 
qui  offre  une  très  -  agréable  promenade  à  pied.  —  Che¬ 
min  faisant,  dans  la  direction  de  St.  Denys ,  on  passe  pa 
un  village,  nommé  la  Chapelle ,  lieu  de  naissance  du 
poète  Chapelle ,  où  on  voyait  jadis  un  hôpital,  dans  le¬ 
quel  Ste.  Génêviève ,  dit  -  on,  passa  la  nuit  du  samedi 
au  dimanche,  lorsqu’elle  alla  avec  ses  compagnes  à  St. 
Denys ,  pour  voir  les  tombeaux  des  martyrs.  —  Pins 
remarquable  que  ce  village  il  en  est  un  autre,  à  droits 
de  la  route  de  St.  Denys ,  nommé  Notre-Dame  de  bon  se¬ 
cours.  On  y  voyait  autrefois  un  monastère,  fameux  par 
les  pèlerinages  qu’on  y  faisait.  Car  les  femmes  en¬ 
nuyées -de  leur  stérilité,  y  allaient  en  pèlerinage ,  et 
on  prétend  que  toujours  elles  revenaient  enceintes. 

Quand  aux  curiosités  de  St.  Denys ,  v.  ce  que  nous 
en  avons  dit  à  l’article  précédent  des  Environs  de  Paris, 

Près  de  St.  Denys  on  remarque  sur  une  île  très  -  lon¬ 
gue  le  village  d'Isle  -  St.  -  Denys ,  d’une  situation  char¬ 
mante,  qui  présenterait  de  riche  matière  à  un  paysa¬ 
giste. 

De  St.  Denys  il  peut  se  faire  surtout  deux  excur¬ 
sions,  dont  l’une  à  Montmorency  demande  une  journée} 
pour  la  seconde,  par  Ecouen,  Senlis ,  Ermenonville  et 
Morfontaine ,  il  en  faut  plusieurs.  Toutes  deux  sont 
très  -  amusantes,  et  personne  ne  se  repentira  de  les 
avoir  faites. 

Montmorency  est  situé  sur  une  éminence,  d’où  on. 
domine  une  très-belle  plaine:  ceci,  et  l'air  sain  qu’on  y 
respire,  a  engagé  beaucoup  de  propriétaires  à  y  ache¬ 
ter  des  maisons  de  campagne.  Nous  renvoyons  pour  ce 
qui  regarde  Montmorency ,  à  l’article  précédent  des  En¬ 
virons  de  PariSi 


PARIS 


116 

Montmorency  avec  ses  environs  est  principalement  en 
renommée  pour  ses  délicieuses  uerises ,  et  par  consé¬ 
quent  est  Ie  plus  fréquenté  dans  la  saison  où  ce  fruit 
mûrit. 

Au  reste  ,  tout  ce  pays  ,  au  -  déla  de  St.  Denys ,  a  !• 
désagrément,  de  manquer  d  eau,  de  manière  qu’en  été, 
les  habitana  sont  obligés  d’aller  chercher  leur  eau  quel¬ 
quefois  à  la  distance  de  plusieurs  lieues.  —  Gonesse ,  si¬ 
tué  encore  plus  à  droite,  est  renommé  à  Paris  pour  son 
beurre  et  son  pain.  Vous  savez  qüe  ,  dans  le  joli  petit 
opéra,  les  deux  journées,  il  est  fait  mention  de  ce 
bourg.  —  Derrière  Gonesse ,  le  pays  n’est  plus  beau.  — 
Si  l’on  veut  de  Montmorency  aller  encore  un  peu  plus 
au  nord,  on  verra  St.  Leu,  d’où  l’Ex. -Roi  de  Hollande, 
porte  le  nom  de  Comte.  L’ancien  propriétaire,  le  Duc 
d'Orléans  dépensa  beaucoup  pour  l'embellissement  de 
cette  campagne.  Durant  son  bannissement  de  la  Cour 
il  y  fit  dresser  un  théâtre,  et  dans  une  des  salles  du  châ- 
teau  il  fit  distribuer  de  nombreuses  glaces,  de  manière 
qu’on  pouvait  y  voir  toute  l’étendue  des  environs  à  trois 
lieues  à  la  ronde.  —  Encore  plus  loin  ,  on  trouve  Ta- 
verny  dans  une  situation  extrêmement  jolie;  la  cam¬ 
pagne  qui  l’entoure,  offrant  la  rare  réunion  de  l’utile 
et  de  l’agréable.  Si  d’un  côté  la  nature  paraît  y  avoir 
prodigué  ses  trésors  les  plus  variés,  l’art,  de  son  côté, 
a  fait  tous  ses  efforts  pour  la  rendre  plus  belle  encore 
Un  air  pur,  un  sol  très  -  fertile,  de  sites  pittoresques, 
de  charmantes  vues,  tout  fait  de  cette  vallée  un  des  plus 
délicieux  séjours.  C’est  pourquoi  on  y  voit  tant  de  jo¬ 
lies  maisons  de  campagne  et  de  jardins  magnifiques. 

Une  autre  course  va  de  la  barrière  de  St.  Martin  à 
Pantin  ,  Belleville ,  où  l’on  voit  encore  chaque  dimanche 
des  combats  d’animaux,  Bondy ,  Raincy ,  Livry ,  et  plus 
loin  à  Claye>  Meaux  et  Mousseau  :  c’est  dans  cette  cou- 


ET  SES  ENVIRONS. 


117 


trée  qu’on  peut  voir  le  canal  de  l'Ourcq  ,  commencé  de¬ 
puis  quelques  années.  A  Pantin  il  y  a  beaucoup  de  jo¬ 
lies  maisons  de  campagne,  ainsi  qu’à  Bondi.  La  forêt 
de  Bondi  était  autrefois  fameuse  a  cause  des  voleurs  qui 
n’y  tenaient  cachés,  et  qui  sont  devenus  le  proverbe  des 
Parisiens.  Il  n’en  est  plus  ainsi  de  nos  jours.  Près  de 
Pantin  sont  les  plâtrières,  qui  fournissent  ce  magnifique 
plâtre  ,  qu’on  sait  à  Pans  si  bien  employer  pour  bâtir 
et  pour  moûler  les  statues:  c’est  dans  ces  mêmes  fossé» 
que  Mr.  Cuvier  a  trouvé  tant  de  restes  de  races  d'ani¬ 
maux  qui  actuellement  n’existent  plus.  —  Malherbe 's 
«t  Mad.  de  Sevignê  habitèrent  longtems  à  Livry ,  et  il 
y  a  quelques  années,. on  y  conservait  encore  leurs  bustes 
dans  les  maisons  qu’ils  avaient  occupées.  —  Raincy  est 
une  des  plus  charmantes  terres  autour  dé  Paris,  dont 
elle  n’est  distante  que  de  3  lieues;  elle  est  située  tout 
j^rès  de  Bondi ,  derrière  Pantin.  Avant  la  révolution, 
elle  appartenait  au  Duc  d’Orléans  ;  c’était  jadis  une  pro- 
priété  de  la  famille  Livry  qui  depuis  l’a  rachetée.  Le» 
Parisiens  font  souvent  de  petites  parties  de  campagne 
dans  le  Parc  de  Raincy. 

Nous  pourrons  comprendre  dans  la  même  excursion 
les  villages  de  Belleville  et  le  Pré  St.  Gervais ,  situé» 
aous  la  même  direction.  Ces  points  surtout  offrent  une 
promenade  des  plus  agréables,  que  tout  étranger  devrait 
s’empresser  de  faire;  puisque  c’est  là  un  des  principaux 
lieux  de  réunion  pour  les  classes  moyennes  du  peuple 
des  quartiers  avoisinants  de  Paris.  A  Belleville  et  au  Pré 
St.  Gervais  il  y  a  aussi  beaucoup  de  maisons  de  cam* 
pagne.  Les  environs  surtout  de  ce  dernier  village  sont 
des  plus  agréables.  Comme  il  y  croît  beaucoup  de  su¬ 
reau  d’Espagne,  les  Parisiens  fréquentent  cette  cam¬ 
pagne  principalement  dans  la  saison  où  il  fleurit,  et  on 
lès  voit  alors,  dans  les  soirées  des  dimanches  et  des 
jour*  4e  fête ,  revenir  avec  de  gros  bouquets  de  cet 


PA.RIS 


V9 

fleur».  C’est  dans  le  village  voisin  de  Romainville  gu’lrtf- 
bitait  feue  Mad.  de  Montesson.  La  forêt  attenante  et 
"pleine  d’agrément,  est  aussi  l’un  des  endroits  favoris  des 
Parisiens  pour  faire  de  petites  parties  de  campagne. 
Entre  cette  forêt  et  le  parc  de  la  terre  de  Mad.  de  Mon. 
tesson ,  il  se  développe  un  site  vraiment  divin,  et  qui 
offre  à  l’oeil  partout  des  groupes  de  groseillers,  de  ro¬ 
siers  et  de  sureau  d’Espagne. 

Aux  environs  de  Menilmontant  sont  des  carrières,  où 
il  y  eut  en  1778  une  chûte  terrible.  Tout  près  on  trouve 
le  Pavillon  français,  occupé  par  un  restaurateur,  dea 
ienêtres  duquel  on  voit  toute  l’étendue  de  Paris  devant 
soi.  C'est  ici  que  les  Parisiens  font  aussi  beaucoup  de 
parties  de  campagne. 

Hors  de  la  barrière  du  temple,  prés  de  Popimourt , 
est  le  célèbre  cimetière  du  Père  Lachaise. 

Hans  la  saison  des  pêches,  on  ne  se  repentira  paf 
d’avoir  fait  une  excursion  à  Montreuil.  Ce  Montreuil , 
situé  près  de  Charonne  et  Vincennes ,  il  ne  faut  pas  le 
confondre  avec  celui  près  de  Versailles.  Les  jardiniers 
de  Montreuil  sont  renommés  par  toute  V Europe  à  cause 
de  la  culture  des  fruits:  mais  peut-être  sait- on  moins, 
qui  est  l’inventeur  des  jardins  appelés  a  la  Montreuil % 
c’est  à  dire,  où  l’on  a  élevé  un  grand  nombre  de  murs 
auxquels  on  adosse  des  arbres  à  l’espalier.  C’est  un  che¬ 
valier  de  St.  Louis ,  nommé -.Girardot ,  qui  après  avoir 
dépensé  la  plus  grande  partie  de  sa  fortune  au  service 
militaire,  se  retira  dans  sa  terre  à  Bagnolet  et  y  créa  le 
premier  jardin  d’après  la  méthode  suivie  actuellement  à 
Montreuil  avec  tant  de  succès. 

La  forêt  de  Vincennes  était  jadis  aussi  du  nombre 
des  endroits,  où  l’on  fesait  des  parties  champêtres;  mais 


ET  SES  ENVIRONS.  n$ 

an  n’y  va  plus,  depuis  qu’elle  a  été  si  cruellement  ra¬ 
sée,  peut*  être  aussi  à  cause  de  la  proximité  du  château, 
qui  sert  de  prison. 

A  Charonne y  St.  Manilê y  Fontenay  sur  loîsy  il  y  a 
un  grand  nombre  de  maisons  de  campagne ,  fort  bien  si¬ 
tuées. 

Là  il  s’offre  deux  chemina  qui  conduisent  également 
dans  cette  fertile  contrée,  qui  est  connue  sous  le  nom 
de  la  Brie  *).  Ces  deux  chemins  sur  les  deux  côtés  de 
la  Marne  y  sont  infiniment  beaux;  ce  qui  peut  se  dire 
surtout  de  celui  qui  conduit  à.  Lyon ,  entre  la  Marne  et 
la  Seine.  —  Le  Château  et  le  joli  Parc  de  St.  Maur  suc 
Un  isthme  entre  ces  deux  rivières,  appartiennent  à  l’ex- 
sénateur  la  Martelliere.  —  A  Bercy  y  sur  le  chemin  de 
Charentoruy  il  y  a  une  prodigieuse  quantité  de  jolies 
maisons  de  campagne.  A  l’extrémité,  du  parc,  une  ter¬ 
rasse  qui  s’élève  sur  le  bord  de  la  Seine,  procure  une 
vue  délicieuse.  Dans  la  révolution,  le  château  était 
abandonné  et  les  terres  louées  à  différentes  personnes, 
qui  y  firent  toute  sorte  de  dégâts,  en  coupant  des  ar¬ 
bres,  changeant  des  allées  en  champs  de  blé  etc.:  l’in¬ 
térieur  du  château  a  encore  le  moins  souffert.  Actuelle¬ 
ment  le  propriétaire,  rentré  dans  ses  biens,  fait  son 
possible,  pour  remettre  tout  sur  l’ancien  pied.  On  a 
établi  à  Bercy  plusieurs  fabriques  et  manufactures,  tel¬ 
les  que  d’Indienne,  de  Vitriol,  une  raffinerie  de  sucre, 
plusieurs  grandes  tanneries  ;  on  y  remarque  surtout  la 
grande  sellerie  des  frères  Coulon ,  où  se  font  les  ouvra¬ 
ges  les  plus  magnifiques.  La  broderie  seule  de  quel¬ 
ques  selles  qui  s’y  travaillent,  et  sur  lesquelles  les  gé¬ 
néraux  paraissent  avec  tant  d'éclat,  revient  à  30,000  lir- 

C’est  de  là  que  viennent  les  fromages  de  Brief  qui 
sont  tant  recherchés., 


PARIS 


£20 

res.  Comme  Bercy  est  situé  si  près  de  Paris  '  et  sur  le 
bord  de  la  Seine,  cet  endroit  sert  de  dépôt  général  au* 
marchands  de  vin  de  Paris.  Car  le  droit  d’entrée  étant 
très  -  considérable  ,  ils  ont  dans  Paris  même  seulement 
une  {retire  quantité  de  vin  de  chaque  espèce,  et  à  mesure 
qu'il  se  vend,  ils  le  remplacent  du  magasin,  pour  n’êtrfe 
pas  obligés  de  payer  le  droit  d’entrée  longtems  d'avan¬ 
ce.  —  Un  peu  plus  loin  que  Bercy  on  arrive  k  Çonflans , 
qui  communique  avec  Carrières  ,  comme  celui  -  ci  avec 
Charenton ,  Dans  ce  dernier  endroit  est  le  fameux  et  re¬ 
marquable  hôpital  des  fous,  et  au- de-là  du  pont  de  la 
Marne ,  ou  voit  le  Château  d '  Alfort  avec  l’école  vétéri¬ 
naire  fondée  en  176)  par  le  Ministre  Bertier .  Proche 
Charenton  la  Marne  'se  décharge  dans  la  Seine,  et  on 
distingue  jusqu’à  une  certaine  distance  son  eau  k  la  rive 
droite.  —  Le  pont  de  Charenton  est  un  beau  morceau 
d'architecture.  Il  y  a  un  moulin  dessus.  —  Maisons ,  un 
peu  plus  loin,  est  l'un  de  ces  endroits,  .où  les  Parisiens 
font  de  petites  parties  de  plaisir  et  de  récréation.  En 
suivant  cette  route  le  long  de  la  rive  droite  de  la  Seine, 
on  arrive  k  Villeneuve  sur  Seine ,  joli  endroit,  et  a 
Crosne  (lieu  natal  de  Boileau)  ,  dont  le  château  avec  ses 
dépendances,  destiné  déjà,  après  le  18.  brumaire,  k  Sieyes 
comme  récompense  nationale,  fut  pourtant  rendu  à  ses 
anciens  possesseurs,  qui  revinrent  immédiatement  après. 
Si  l’on  prend  k  Alfort  la  route  k  gauche,  on  passe  de¬ 
vant  le  château  de  Grosbois ,  dont  le  parc  est  immense 
(dé  1600  arpens)  et  où  l’on  fait  de  superbes  chasses.  Au 
commencement  de  la  révolution,  Monsieur  frère  de 
Louis  XVI. en  était  propriétaire;  dans  la  suite,  ce 
château  appartient  au  Directeur  Barras ,  dont  l’acheta 
le  général  Moreau  *). 

En  sortant  par  la  barrière  des  Gobeîins ,  on  sera,  dans 
trois  quarts  d’heure,  srlvry ,  joli  hameau,  situé  à  la 

+)  Lo  fondateur  du  château  se  nomma  aussi  Moreau. 


Ë'T  SES  ENVIRONS. 


121 


descente  d’une  colline  et  surtout  renommé  à  Paris  pour 
sou  excellent  lait.  Les  médecins  ordonnent  quelquefois 
à  certains  malades  de  séjourner  quelque  teins  à  Ivry 
pour  y  boire  du  lait  bon  et  naturel.  Sur  la  terrasse  ffu 
château  on  jouit  d’une  vue  délicieuse  sur  tout  Paris  et 
sur  tous  les  environs  qui  dans  le  voisinage  à.' Ivry  offrent 
de  superbes  pâturages.  —  Plus  loin,  vers  le  sud,  on  voit 
Vitry  dans  un  charmant  paysage,  à  peu  de  distance  de 
la  Seine.  Il  y  a  là  beaucoup  de  maisons  de  campagne. 
En  suivant  cette  route  encore  un  peu  plus  loin,  on  ar¬ 
rive  à  Choisy,  au  bord  de  la  Seine,  à  deux  bonnes  lieues 
de  Paris,  dans  une  situation  fort  agréable;  par  cette 
même  raison  on  y  découvre  des  groupes  nombreux  de 
maisons  de  campagne,  semées  d’une  manière  pittoresque 
le  long  de  la  rivière.  A  Choisy ,  il  y  avait  autrefois  un 
château  royal ,  dont  on  ne  voit  plus  de  trace  depuis  la 
révolution:  sur  sa  terrasse  l’oeil  se  perdait  dans  une 
vue  très  -  étendue.  Le  labyrinthe  seul  existe  encore,  et 
offre  une  promenade  ombragée  très  -  agréable.  Près  de 
Choisy  il  y  a  une  fabrique  dq  maroquin,  qui,  quoi¬ 
qu’elle  n’existe  que  depuis  peu  de  tems,  prospère  k  mer¬ 
veille  et  peut  à  peine  satisfaire  aux  nombreuses  com¬ 
mandes  qui  se  font  de  toute  part.  Sur  le  quai  des  Augus- 
tins  est  un  bureau,  d’où  partent  tous  les  jours  des  voitu¬ 
res  pour  Choisy ,  avec  lesquelles  on  peut  aussi  retourner 
à  Paris.  —  Si  on  veut  étendre  son  excursion  jusqu’à 
Corheil ,  on  pourra,  se  servir  du  coche,  qui  part  des 
ports  St.  Bernard  et  St.  Paul. 

De  ce  côté  est  aussi  la  route  de  Fontainebleau ,  pour 
laquelle  il  y  a  des  diligences  établies  exprès  k  Paris.  Le 
chemin  par  Villejuif  est  extrêmement  monotone  et  en¬ 
nuyeux,  mais  des  deux  côtés  de  la  grande-route  on  voit, 
à  petites  distances  d’elle,  des  paysages  délicieux,  où  par 
conséquent  aussi  beaucoup  de  Parisiens  ont  leurs  mai¬ 
sons  de  campagne.  Surtout  le?  environs  de  Itavigny,  un 

Guide  des  Voy .  T.  11.  L 


132 


PARIS 


peu  plus  loin  que  ne  va  notre  carte,  sont  charmants. 
Près  du  village  voisin  de  Juvisy ,  un  ouvrage  digne  des 
Romains  réclame  toute  l’attention  en  même  tems  que 
l'admiration  des  voyageurs. 

Anciennement  la  grande  -  route  traversait  le  village 
de  Juvisy,  mais  avec  beaucoup  de  danger,  à  cause  de 
la  roîdeur  du  chemin.  Le  Gouvernement  forma  le  des¬ 
sin  d’établir  une  route  praticable  et  commode,  et  con¬ 
formement  au  plan  arrêté  elle  devait  également  traver 
ser  Juvisy  ;  mai9  alors  il  aurait  fallu  que  le  Seigneur  du 
village  cédât  une  partie  de  son  parc.  Celui  -  ci  refusa 
d’y  consentir.  Aujourd’hui  on  n’aurait  pas  égard  à  ut» 
tel  refus  :  une  entreprise  aussi  importante  pour  le  bien 
public  se  serait  exécutée,  si  même  le  parc  tout  entier 
eût  dû  être  détruit.  Le  Gouvernement  d’alors,  soit  par 
faiblesse,  soit  par  crainte,  soit  par  d’autres  motifs,  ne 
procéda  pas  de  la  sorte:  la  propriété  des  particuliers, 
comme  cette  fois-ci  le  caprice  du  propriétaire  de  Juvisy , 
fut  respectée»,  et  la  route,  au  grand  désavantage  des  ha- 
bitans,  conduite  à  une  petite  distance  du  village.  En 
1722  cet  ouvrage  fut  commencé:  il  fallait  rabaisser  la 
hauteur  et  réunir  deux  collines  entre  lesquelles  coule 
la  petite  rivière  de  YOrge,  On  éleva  à  cet  effet  sur 
Y  Orge  un  pont  de  7  arcades,  qui  ne  sert  qu’à  empêcher 
le  terrain  des  deux  collines  de  s’écroûler.  Au  dessus  de 
ce  premier  pont  il  en  est  un  second,  d’une  seule  arcado, 
sur  lequel  passe  la  grande  -  route.  Cet  ouvrage  remar¬ 
quable,  qui  rappelé  les  beaux  tems  des  Romains,  fut 
achevé  en  1728-  Jadis  on  voyait  à  chaque  côté  de  ce 
pont  une  fontaine  à  tuyaux,  dont  il  est  dit  dans  la  plu¬ 
part  des  descriptions,  qu’on  y  fesait  monter  l’eau,  par 
une  pompe  particulière,  de  YOrge  qui  coule  dessous. 
Cette  assertion  est  erronée  ;  l’eau  venait  des  sources, 
qu’on  avait  trouvées,  en  fesant  sauter  la  hauteur  qu’il 
fallait  enlever,  et  on  l’avait  dirigée  ici.  Cet  aqueduc 


ET  SES  ENVIRONS. 


123 


est  actuellement  négligé:  mais  le  double  pont  existe 
encore,  comme  un  monument  honorable  du  gouverne¬ 
ment  qui  le  fit  ériger. 

Un  peu  à  droite  de  la  route  de  Fontainebleau  on  dé¬ 
couvre  la  petite  rivière  de  Bièvre ,  qui  reçoit,  près  de 
Gentïlly ,  le  nom  orgueilleux  de  rivière  de  Gentilly ,  sans 
devenir  pour  cela  plus  grande,  ni  plus  pure ,  ni  plus 
remarquable,  comme  cela  arrive  bien  souvent  dans  le 
cours  de  la  vie  à  ceux  qui  obtiennent  de  nouveaux  titres 
et  de  nouvelles  dignités.  Bicêtre ,  n’est  pas  loin  delà 
Bièvre  y  où  se  jette  la  totalité  de  l’eau  sale  et  dégoû¬ 
tante,  qui  découle  de  cet  édifice,  circonstance  qui, 
selon  l’opinion  vulgaire ,  rend  cette  rivière  propre  à 
effectuer  les  belles  teintures  des  Gobelins ,  ce  qui  n’es* 
d’ailleurs  qu’un  préjugé  *).  M4iis  détournons  nos  re¬ 
gards  de  ce  séjour  de  la  misère  et  du  vice,  pour  faire 
une  petite  promenade  au  village  voisip.  à’Arcueil.  C’est 
le  seul  endroit  dans  les  environs  de  Paris ,  où  l’on 
puisse  voir  encore,  en  quelque  sorte,  la  façon  de  bâtir 
des  Romains,  à  une  ruine  d'un  ancien  aqueduc  romain, 
qui  se  trouve  à  l’extrémité  du  village,  dans  la  ferme 
de  Cachant ,  appartenant  a  Mr.  Gambry.  On  voit  aussi 
dans  ce  village  un  autre  aqueduc,  construit  sur  les  des¬ 
seins  de  Jacques  de  Brosse  par  ordre  de  Marie  de  Mj- 
dicis ,  et  qui  conduit  l’eau  de  plusieurs  sources  de  Bun- 
gis  sl  Paris,  pour  y  fournir  une  partie  des  fauxbourgs 
St.  Marceau  y  St.  Jaèques  et  St.  Germain.  .Les  eaux 
d 'Arcueil  couvrent  les  matières,  qui  y  sont  trempées 
pendant  quelque  tcms,  d’une  croûte  de  pierre:  lors¬ 
qu’on  donna  au  jardin  du  Luxembourg  son  arrangement 

*)  Quelquesuns  de  ces  prisonniers,  pour  gagner  un 
peu  d’argent,  s’occupent  à  faire  de  petits  ouvrages 
qui  demandent  du  talent  et  prouvent  que  le  Gou¬ 
vernement  pourrait  le  mettre  en  oeuvre  jd’une  ma¬ 
nière  profitable  pour  la  société/  Le  puits  de  13ï- 
9 être  est  un  objet  qui  mérite  d’êtrevu. 


124 


PARIS 


actuel,  on  trouva,  en  fouillant  la  terre,  quelques  vien-x 
tuyaux  d’aqueduc,  entièrement  remplis  de  cette  masse 
pierreuse,  au  point  qu’à  la  fin,  l’eau  n’avait  plus  trouvé 
d’espace  pour  passer.  Dans  les  carrières  d 'Arcueil  on 
taille  une  pierre  d’un  grain  fin,  propre  à  être  poli,  et 
qu’on  emploie  dans  des  maisons  ordinaires  pour  cham¬ 
branles  et  dessus  de  cheminée,  à  la  place  du  marbre  qui 
y  sert  dans  des  maisons  plus  élégantes,  A  Arcueil  et 
dans  ses  enviions  il  y  a  depuis  longtems  un  grand  nom» 
bre  de  maisons  de  campagne  des  Parisiens. 

Le  village  voisin  de  Bourg  -  la  -  Reine  (à  l’époqne 
des  Sansculottes  Bourg  -  Egalité)  renferme  plusieurs  mai» 
sons  d’éducation.  Il  y  a  aussi  une  manufacture  de  por¬ 
celaine. 

Fontenay  -  aux  •  Roses  porte  ce  surnom  de  ce  que  ca 
village  jadis  fournissait  les  roses  qui  se  distribuaient  à 
2a  cour  et  dans  une  certaine  solennité  aux  membres  da 
parlement.  Encore  aujourd’hui,  ce  village  est  renommé 
à  cause  de  ses  habiles  jardiniers  et  des  belles  Heurs  qu’on 
y  cultive. 

De  Montrouge  îl  a  été  dit  un  mot  dès  le  commen¬ 
cement.  A  la  route  qui  y  conduit  tout  droit,  on  voit 
une  jolie  maison,  bien  tenue,  où  des  vieillards ,  qui 
n’ont  que  peu  de  fortune,  peuvent  se  mettre  en  pen¬ 
sion  à  un  prix  très  -  modéré.  Les  carrières  des  environs 
de  Montrouge  fournissent  une  quantité  considérable  des 
pierres  qùi  s’emploient  à  Paris. 

Sceaux ,  près  de  Bourg  -  la  -  Reine ,  était  ancienne¬ 
ment  un  de  ces  endroits  où  l’on  aimait  à  faire  des  par¬ 
ties  de  plaisir.  Mais  dans  le  cours  de  la  révolution  le 
château  et  les  jardins  ayant  été  vendus,  l’un  a  été  dé¬ 
moli  et  les  autres  cruellement  ruinés.  Ceux  qui  ache- 


ET  SES  ENVIRONS,  125 

tè relit  le  château,'  ont  gagné  parles  matériaux,  plus 
qu’ils  n’avaient  payé  le  tout.  Seulement  l’Orangerie 
existe  encore,  le  Maire  de  Sceaux  ayant  réussi  à  dé¬ 
terminer  sa  commune  à  en  faire  l'acquisition,  pour  pro¬ 
curer  au  moins  aux  habitans,  dans  les  fêtes  publiques^ 
un  endroit  ombragé.  Au  dessus  de  l'entrée  on  lit  ce 
distique  : 

De  l'Amour  du  pays  cejagdtn  est  le  gage ; 

Quelquesuns  Vont  acquis ,  tous  .en  auront  l'usage, 

Florian  mourut  à  Sceaux  en  1795  a  la  suite  d'une  ma¬ 
ladie  phtisique,  qui  lui  avait  attirée  sa  prison  du  teins 
de  la  terreur. 

Il  ne  nous  reste  à  faire  à  présent  qu’une  petité  ex¬ 
cursion:  elle  va  par  la  barrière  de  Vaugirard ,  le  long 
de  la  rive  gauche  de  la  Seine  vers  Sèvres ,  de  manière 
que  notre  dernier  petit  voyage  coincide  avec  le  premier 
à  Versailles. 

De  ce  côté  -  ci  on  voit  des  sites  charmans  près  Vau - 
vres  ,  Issy  ,  Clamart ,  Meudon.  La  forêt  de  Meüdon  est 
très  -  jolie,  et  comme  cette  contrée  n’est  pas  éloignée, 
elle  offre  une  promenade  capable  de  remplir  très-agrca- 
blement  un  dimanche  ou  tout  autre  jour  de  loisir.  11 
y  a  également  nombre  de  maisons  de  campagne,  dont 
plusieurs  sont  très  -  bien  situées. 

Avant  de  finir,  je  ne  puis  que  recommander  d’aller 
encore  à  Jouy ,  ou  de  ce  côté  -  ci,  ou  à  l’excursion  pré¬ 
cédente  à  Sceaux ,  ou  bien  à  un  voyage  à  Versailles , 
qui  n’en  est  distant  que  d’une  lieue.  Ce  Jouy  est  un 
village  sur  la  petit»  rivière  de  Bièvre ,  célèbre  par  la 
fabrique  d'Indienne ,  établie  ici  en  1760  par  Mr.  Ober - 
kiimpf.  Ce  dernier  commença  sa  fabrique  avec  un  seul 
métier;  maintenant  Jouy  est  peuplé  presqu’entièremen  fc 
par  ses  ouvriers,  et  on  compte  que  leur  nombre  se 


126  LA  FRANCE.  VILLES, 


monte  à-tzco.  Son  entreprise  réussit  si  bien,  que  dans 
ce  moment  -  ci,  il  est  propriétaire  de  plusieurs  mil¬ 
lions.  » 

STRASBOURG.  Long  230.  24,'.  30".  (Taie  de  Fer.) 
Lat.  48°*  3+'-'.  56".  Population ,  suivant  l’A.  J.  de  XII. 
49,056.  —  O  à  la  concorde:  à  la  vraie  fraternité. 

Edifices  remarquables.  Curiosités.  La.  cathédrale,  ou 
le  Munster;  (le3  fondemens  de  cette  église  furent  jet», 
tées  en  1015:  l'édifice  11e  fut  achevé  qu’en  1275.  lieux 
ans  après,  on  commença  à  élever  la  tour,  dont  le  pre¬ 
mier  architecte  fut  Erwin  de  Steinbach.  Elle  ne  fut 
achevée  qu’au  mois  de  Juin  1439.  Sa  bâtisse  gothique 
est  admirée  de  tous  les  connaisseurs.  Sa  hauteur  mo¬ 
yenne  au  -  dessus  de  la  mer,  déduite  de  la  moyenne  ba* 
rométrique,  observée  à  Strasbourg  depuis  6  années,  est 
de  287  mètres,  80  centimètres.  Bien  des  gens  s’imaginent 
que  le  tremblement  de  terre  de  1723  a  dérangé  sa  perpen¬ 
diculaire  d’un  pied.  Il  n’y  a  que  la  grande  pyramide 
d’Egypte,  qui  surpasse  l’élévation  de  cette  tour,  et  seu¬ 
lement  de  3  pieds;  celle  de  la  grande  pyramide  étant 
-  de  448  pieds  au  dessus  du  sol,  et  celle  de  cette  tour,  de 
445  p.  au-dessus  du  sol.  On  monte  par  635  marches.  La 
tour  est  percée  à  jour,  et  découpée  comme  de  la  den¬ 
telle.  Les  statues  et  un  grand  nombre  d’autres  ornemens, 
tant  intérieurs  qu’extérieurs,  ont  été  détruits  et  enlevés 
par  le  vandalisme  révolutionnaire.  On  jouit  de  la  plate¬ 
forme,  d’une  vue  très  -  étendue.  On  lit  sur  les  pierres 
de  cette  plate-forxne ,  les  noms  de  beaucoup  de  curieux, 
et  que  l  un  des  gardes  du  clocher  fait  graver  sur  la  pier¬ 
re,  moyennant  une  gratification  légère.  On  achète  de 
«es  gardes,  de  petites  médailles  d’étain,  qui  représen¬ 
tent  le  clocher.  L’horloge  a  été  faite  ert  1571.  L’abbé 
Grandidicr  a  donné  une  description  détaillée  de  ce  tem¬ 
ple,  qui*  après  avoir  longtems  servi  .aux  fêtes  révolu- 


LA  FRANCE.  VILLES, 


127 


tionnaires  ,  a  été  rendu  au  culte  catholique.  La  foudre 
tomba  sur  la  tour,  l’an  VIII.  Sur  le  toit  d’un  donjon 
ou  d’une  petite  tour  du  côté  du  choeur  de  l’église, 
nommé  la  mitre ,  s’élève  l’un  des  deux  télégraphes,  celui 
qui  correspond  avec  Paris.  Vis  -  à  -  vis  ,  on  voyait  ci- 
devant  l’arbre  de  la  liberté,  et  près  do  -  là  est  l’hôtel  d« 
ville.)  _  L’église  de  St.  Thomas:  (on  y  admire  le  maii* 
solée  du  Maréchal  de  Saxe ,  chef  -  d’oeuvre  de  Pigale , 
et  le  cippe  de  Schoep^lin  :  le  premier  n’échappa  l’an  II. 
à  la  fureur  des  démolisseurs,  que  parcequ’ils  le  croyaient 
écrasé  sous  le  poids  des  gerbes,  empilées  à  l’entour, 
lorsque  ce  temple  fut  converti  en  magasin.  En  compa¬ 
rant  la  physionomie  du  Maréchal  de  Saxe  ,  avec  celle  dit 
Roi  Auguste  à  Dresde ,  on  trouve  de  la  ressemblance. 
On  vient  d’y  placer  le  monument  d 'Oberliny  par  Ohm - 
nacht.)  —  l'arsenal  et  la  fonderie  des  canons  —  le  palais 
épiscopal  —  les  greniers  publics  —  la  maison  des  enfans 
trouvés  —  l’hôpital  bourgeois  —  l’observatoire  —  la  cita¬ 
delle  :  (elle  a  été  bâtie  en  forme  de  pentagone  en  i683 
par  le  Maréchal  de  Vauban;  on  frappa  à  cette  occasion 
une  médaille,  avec  la  légende:  clausa  Germanis  Gal- 
lia.)  —  le  monument  du  Général  Desaix  —  le  pont  dut 
Rhin  :  (ce  pont,  fini  en  i8°8>  remplace  d’ane  manière 
plus  solide,  l’ancien  pont,  connu  sous  le  nom  de  grand 
ët  petit.  —  Le9  épis  du  Rhin ,  jetés  dans  ce  fleuve,  pour 
en  détourner  le  courant,  méritent  d’être  vus.)  —  Deux 
postes  télégraphiques.  —  v 

Fabriques.  Manufactures:  de  toiles  de  voile  et.de 
sacs;  de  laines;  de  draps  communs;  de  cuirs;  de  plu¬ 
mes  ;  de  chapeaux;  de  chandelles  aussi  belles  que  celles 
de  Nancy;  des  ateliers  de  corderie  (le  cordeau  de  Stras¬ 
bourg  est  renommé);  des  ateliers  de  fabrication  de  crics; 
des  drogues  ;  de  la  poudre  à  poudrer;  des  fleurs  artifi¬ 
cielles  ;  de  la  belle  fayence  ;  des  papiers  peints;  des  in- 
•trumena  de  chirurgie;  des  meubles  de  toute  espèce; 


128  LA  FRANCE.  VILLES. 

des  beaux  ouvrages  d’orfèvrerie,  du  -vermeil  fort  beau 
et  renommé:  de  la  broderie  riche  et  eu  mousseline;  de 
belles  voitures  etc.  Le  tabac  est  une  forte  branche  du 
commerce  dè  cette  ville  ,  de  même  que  les  vins  de  la 
Haute  -  Alsace.  Il  y  a  deux  grandes  foires  à  Strasbourg, 
les  graines  et  semences  d’herbes  potagères  de  Strasbourg, 
celles  d’oignons  surtout,  ont  de  la  réputation. 

Spectacles.  Comédie  française  ;  comédie  allemande^ 
concert  de  la  réunion  des  arts. 

Collections.  Cabinets.  La  bibliothèque  et  les  collec¬ 
tions  de  l’académie:  (la  bibliothèque  est  au  temple 
neuf,  qui  s’ouvre  tous  les  jours  depuis  2  jusqu’à  4  heu¬ 
res)  la  galerie  des  tableaux.  Quatre  riches  cabinets; 
l’un  le  musée  d’antiquités  de  Schoepflin;  {v*.  Muséum 
Schoepflini  publié  par  Oberlin)  les  deux  autres  de  phy-* 
sique  et  d’histoire  nat.  (fruits  des  connaissances  et  re¬ 
cherches  des  Professeurs  Ehrmann  et  Herrmann)  et  le 
quatrième  de  mécanique:  (dans  ce  dernier  cabinet  ont 
été  déposés  provisoirement,  les  vitraux  peints  de  la  ci- 
devant  chartreuse  de  Molsheim.  On  sait  combien  ils  sont 
précieux:  de  plus  on  y  trouve  le  plan  de  Strasbourg 
exécuté  en  bois  par  SpecJtle  ;  l’ancienne  bannière  de  la 
ville;  et  les  deux  tableaux  peints,  que  les  Meistersany 
gers ,  ou  troubadours  allemands,  suspendaient  les  jours 
de  fête.) 

Etablissemens  littéraires  et  utiles.  L’académie;  le  sé¬ 
minaire  luthérien  ;  et  le  gymnase  luthérien  ;  le  lycée  du 
département;  l’école  spéciale  de  médecine,  ci  -  devant 
école  de  chirurgie;  l’école  d’instruction  dans  le  grandhos- 
pice  militaire  permanent;  l’école  publique  d’accouche¬ 
ment;  la  société  d’agriculture,  des  sciences  et  arts;  l’am¬ 
phithéâtre  anatomique;  le  jardin  botanique  (enrichi  de 
beaucoup  de  plantes,  tirées  des  jardins  d' Qberbronn  et 


LÀ  FRANCE.  VILLES. 


129 


de  Bouxweiler ,  ci  -  devant  apparfcenans  aux  princesse 
Hohenlohe  et  de  Darmstadt)»;*  l’observatoire.  Trois  hos¬ 
pices  civils  sous  une  même  administration*  La  société 
libre  de  bienfaisance ,  fondée  en  1780,  interrompue  par 
la  révolution,  de  nouveau  formée  l’an  Vil.  (Une  petite 
poste  avait  été  établie  en  1780-)  C’est  à  Strasbourg  que 
Guttenberg ,  inventa  1436  —  1440  l’art  d’imprimerie;  avec 
des  caractères  mobiles;  il  s’associa  a  Mayence  avec  J. 
fus/,  et  se  sépara  de  lui  en  1445.  On  voit  à  la  bibliothè¬ 
que  le  portrait  de  Guttenberg^  et  l’épitaphe  de  Mentélirtj 
premier  imprimeur  de  Strasbourg  après  Guttenberg. 

Promenades.  Le  boulevard;  le  Broglie,  dans  la  ville ï 
l’ile  de  Robert,  ou  la  Rupr'echfsau  ,  à  une  médiocre  dis* 
tance  de  la  ville  avec  l’orangerie,  ci  -  devant  à  Boux¬ 
weiler  ;  la  plaine  de  Contades  ;  les  environs  du  canal  de 
la  Brusche.  —  Le  jardin  de  Baldner .  —  Le  restaurateu* 
de  la  Ruprechtsdue , 

Auberges.  A  la  ville  de  Lyon;  (bonne  auberge);  à 
l’Esprit;  à  la  maison  rouge,  place  d’armes  etc» 

Livres  â  consulter.  Topographie  physique  et  médi¬ 
cale  de  la  ville  de  Strasbourg,  avec  des  tableaux  statisti¬ 
ques  ,  une  vue  ,  et  le  plan  de  la  ville.  Par  M.  le  D> 
Graffenauer  ;  Strasbourg  1816.  8.  Avec  la  carte  du  dé¬ 
partement.  A  Strasbourg.  An  IX-  et  suivant.  16.  5  vol. 

. Distances .  De  Strasbourg  à  Paris  par  Nancy  603/4 
postes  4-  à  Basle  151/2»  h  Besançon  2OV2  P-  »  à  Landau  îd 
p.,  au  Port-Vauban  5  p.,  à  Mannheim ,  par  Landau  16  p.y 
à  Lyon  553/4  p. 

Mélanges.  L’Ill  traverse  la  ville,  il  y  a  plusieurs 
ponts  tant  en  pierres  qu’en  bois.  Cette  ville,  autrefois 
impériale,  se  rendit  a  Louis  XIY,  en  1681  par  capitula¬ 
tion.  Ou  entre  par  7  portes.  La  grande  rue ,  celle  du 
marché  aux  poissons,  et  celle  de  la  boucherie,  sont  las 


ijo  LA  FRANCE.  VILLES. 

g eS  et  bien  ornées.  Les  poissons  les  plus  estimés  qué 
l’oii  prend  dans  le  Rhin ,  VU  l,  et  la  Brusche,  sont,  l’e¬ 
sturgeon  (quelquefois  du  poids  de  300  livres);  les  sau¬ 
mons;  l’alose  d’une  saveur  très  -  agréable;  la  lamproie; 
l’àblette,  (l’essencr  pour  les  fausses  perles  se  fabrique 
de  ses  écailles);  les  belles  écrevisses  de  l’Ill,  les  truites 
et  les  ombres  de  la  Brusche.  —  Les  feuilles  publiques 
sont  au  nombre  de  deux:' —  C’est  l’église  St.  Etienne , 
remarquable  par  sa  voûte  hardie,  et  par  son  antiquité, 
qui  date  de  plus  longtems  que  le  Munster ,  qui  a  ét# 
transformée  en  salle  de  spectacles.  — 

Environs ,  Kehl.  Forteresse  avancée,  au  bout  du 
Pont.  —  La  montagne  d'Odile ,  ou  la  Hohenbourg  :  (con¬ 
sultez:  ,,Silbennann’s  Beschreibung  von  Hohenburg. 

Strasbourg.  1781.  8*“)  —  Sur  Sasbach  et  le  monument  do 
Turenne ,  v.  No.  g.  des  routes  de  V Itinéraire  d'Alle¬ 
magne,) 

TOULON.  Long.  230  35'  30"  (He  de  Fer.)  Lat.  43$ 
7'  ;iô".  Population  y  suivant  l’A.  27,000.  —  O  la  double 
union:  les  élèves  de  Mars  et  de  Neptune:  la  Paix  et 
parfaite  union  ;  les  vrais  amis  constans  :  lés  amis  réunis 
d’Egypte. 

Edifices  remarquables.  Curiosités.  Le  port  neuf  e* 
le  port  marchand.  Le  fort  Lamalgue ,  et  les  autres  forts 
et  tours,  qui  défendent  la  rade.  —  L’arsenal  de  marine  : 
(les  chantiers,  les  forges,  la  corderie,  la  mâture,  la  voi» 
lerie,  le  grand  magasin  d’armes  etc.  En  parcourant  les 
jardins,  où  ces  rangées  de  canons,  et  ces  monceaux  de 
boulets  reposent  à  l’ombre,  on  trouve  un  énorme  ca¬ 
non,  pris  par  Napoléon  sur  les  Vénitiens.  La  belle  porté 
de  V arsenal,  mérite  une  attention  particulière  —  le  bas¬ 
sin  de  M.  Grognard  :  (il  a  300  pieds  de  long  sur  100  de 
large,  et  de  grands  avantages  pour  la  construction  et  le 


LA  FRANCE.  VILLES,  igj, 

radoub  des  vaisseaux.)  —  le  champ  de  bataille:  (grande 
et  superbe  place  entourée  d’un  double  rang  de  peup¬ 
liers,  de  trembles  et  de  micocouliers).  —  l’hôtel  de  ville 
sur  le  beau  quai  marchand:  (deux  cariatides  colossales', 
qui  servent  de  support  au  balcon,  sont  du  célèbre  P14- 
get ,  qui,  dit-on,  ayant  à  se  plaindre  de  deux  consuls, 
les  représenta  sur  la  pierre  avec  tant  de  vérité,  que 
toute  la  ville  les  reconnut)  —  dans  la  maison  qu’occu¬ 
pait  M.  Puget ,  au  plafond  d’une  chambre,  les  trois  Par¬ 
ques  peintes  par  cet  artiste  —  la  cathédrale  :  (belle  vue 
du  haut  de  ses  clochers.)  —  L’intendance  ;  bel  édifice  ,  — 
les  bagnes,  ou  la  prison  des  forçats;  (on  ne  peut  y  entrer 
que  sur  une  permission  particulière.)  —  Salle  de  corné-1 
die:  beaux  calés:  maisons  de  bains.  — 

Auberges.  A  la  croix  de  Malte,  à  l’hôtel  de  Montau* 
Tille:  bonnes  auberges. 

Promenades.  La  rue  aux  arbres  ou  le  cours:  (tous 
les  matins  s’y  range  la  foule  des  jardiniers,  maraîchers; 
bouquetières  et  fruitières  de  la  banlieue). 

Etablis  s  emens  littéraires  et  utiles.  L’Athénée;  la 
société  d’émuletion ;  le  Lycée;  l’école  de  navigation; 
l’école  de  santé  navale. 

Fabriques.  Commerce.  Des  pinchinats,  étoffes  dè 
laine;  de  l'huile;  des  câpres  fines:  (on  en  exporte  pat* 
an,  au  moins  2000  quintaux)  de  l’eau  de  vie,  du  vin 
muscat  rouge  surtout  et  du  vin  de  la  Maïgue:  pêche  dti 
thon  etc.  Les  environs  de  Toulon  fournissent  d’excel- 
lens  muscats,  et  les  plus  belles  fleurs  qu’il  soit  possible 
de  trouver,  surtout  parmi  les  tubéreuses  et  les  narcisses. 
Les  savonneries  qui  fabriquent  le  savon  de  Toulon ,  con¬ 
nu  sous  ce  nom  de  toute  l’Europe,  n’expédient  plus  que 
3  à  6000  quintaux  par  an,  au  lieu  de  75,000. 


*3»  LÀ  FRANCE.  VILLES. 

Distance b.  De  Toulon  à  Pari»,  par  Lyon,  Tarasccn, 
Aix  ioiVî  postes  ;  à  Nice  22  p.  ,  à  Marseille  71/3  p.  Il  est 
dû  un  quart  de  poste  en  sus  de  la  distance,  pour  les 
sorties. 

Enviràns.  Hier  es ,  petite  ville  à  une  lieue  de  la  mer, 
vis  -  à  -  vis  des  îles  de  ce  nom  ,  qui  sont  au  nombre  de 
«inq,  non  compris  quelques  récifs.  Les  îles  d e  Portecras 
et  de  Porquerolles  sont  seules  habitées.  Les  Romains 
leur  donnèrent  le  nom  d 'îles  d'or,  parcequ'elles  étaient 
alors  fertiles  en  oranges.  Hières  est  célèbre  par  la 
beauté  et  la  douceur  de  son  climat,  plus  doux  que  celui 
de  Toulon ,  mais  moins  que  celui  de  Nice .  On  le  re¬ 
commande  avec  succès  aux  valétudinaires  pour  rétablir 
leur  santé.  La  plantation  de  M.  Filtz  réalise  les  jardins 
poétiques  d’Annide  et  d’Alcine  ;  on  s’y  promène  dans 
les  bois  d’orangers,  où  l’on  a  cueilli  une  orange,  qui 
pesa  33  onces;  le  jardin  de  M.  Beauregard ,  y  est  con¬ 
tigu,  et  non  moins  célèbre.  Il  possède  le  plus  beau  pal¬ 
mier  -  dattier  de  la  France.  Les  'salines  qui  brillent  au 
loin  sur  les  bords  de  la  mer,  répandent  vers  le  soir  une 
odeur  de  violette.  De  la  tour  de  l’ancien  couvent  de 
Ste.  Claire,  mais  plus  encore  de  la  chapelle  de  Notre- 
Dame,  on  jouit  du  spectacle  de  la  mer,  et  d’un  paysage 
digne  du  pinceau  d’un  grand  maître.  La  vue  est  encore 
plus  magnifique  du  haut  de  V observatoire ,  qu’avait  fait 
construire  en  1786,  le  Duc  Erneste  de  Saxe  -  Gotha ,  et 
qui  existe  encore,  car  même  le  vandalisme  avait  res¬ 
pecté  ce  monument  d’un  prince  chéri.  La  ville  s’agran¬ 
dit  et  s’embellit.  (Latit.  43°  7'  2".)  Bonne  auberge,  à 
l’hôtel  des  ambassadeurs.  Les  valétudinaires  qui  veulent 
faire  un  séjour  d’hiver  dans  les  villes  du  midi  de  la 
France,  et  surtout  à  Hier  es,  trouveront  des  renseigne- 
mens  utiles  et  détaillés,  dans  les  deux  ouvrages  de  M. 
Fischer ,  l’un  intituléi  Briefe  einesSüd  Lânder  s*  Leip * 
sicjs,  1804*  8-  l’autre  Reise  nach  Hières.  Leipsiclt.  1805.  âf. 


LA  FRANCE.  VILLES. 


I3J 

Mai*  ils  feront  bien  d’aller  passer  l'été  ailleurs;  car 
alors  le  séjour  en  devient  incommode,  mal  sain,  et  même 
dangereux. 

AVIS.  Quiconque  voyage  k  Toulon  ou  dans  la  Pro¬ 
vence ,  doit  avoir  sur  soi,  les  Soirée r  Provençales  de  M. 
Bérenger.  Ce  charmant  livre  a  paru  en  1786,  mais  il  est 
de  tous  les  siècles. 

VERSAILLES.  Population .  Suivant  l’ A.  27,574. 

O  les  militaires  réunis:  le  patriotisme,  loge  écossaise. 
Bonne  auberge:  chez  Madame  dim6oui, 

Edifices  remarquables.  Curiosités.  Le  château :  (ce 
célèbre  château,  très  -  dégradé,  va  être  rétabli.  11  fut 
commencé  en  1673  et  achevé  en  1680,  par  les  talens  réu¬ 
nis  de  trois  hommes  célèbres,  Mansard ,  Le  Brun ,  et  Le 
Nôtre.  Pierre  le  grand  l’a  comparé  à  un  pigeon,  qui 
aurait  des  ailes  d’aigle.  Trois  avenues ,  k  qnatre  rangs 
d’arbres  chacune,  conduisent  au  château;  celle  du  mi¬ 
lieu,  qui  est  la  plus  longue,  vient  de  Paris.  Ces  ave¬ 
nues  se  réunissent  à  une  place  immense,  appelée  la 
place  d’armes ,  décorée  de  deux  superbes  bâtimens  ,  les 
petites  et  les  grandes  écuries ,  toutes  deux;  élevées  sur 
les  dessins  de  Mansard .  Par  la  grille  de  fer ,  qui  sépare 
la  cour  des  ministres  de  la  cour  royale,  pénétrèrent, 
lors  de  la  fameuse  nuit  d’Octobre  1789»  les  piquiers  et 
poissardes  de  Paris.  La  chapelle  est  un  chef  -  d  oeuvre 
et  le  dernier  ouvrage  de  Mansard.  Le  plafond  du  sallon 
d’Hercule  représente  l’apothéose  de  ce  héros  parie Moinej 
et  est  regardé  comme  la  plus^  grande  machine  en  pein» 
ture.  La  grande  galerie  par  le  Brun  est  une  des  plu* 
belles  de  l’Europe;  elle  a  37  toises  de  longueur  et  5  de 
largeur,  et  est  éclairée,  par  17  grandes  croisées.  Il  faut 
voir  les  appartemens  de  la  Reine  et  du  Roi,  l'oeil  dé 
boeuf  etc.  Louis  XVI  habitait,  ce  qu’on  appellait  les 
petits  appartemens  du  Roi  :  c’était  là  qu’il  se  livrait  k 
la  lecture  et  k  l’étude.  On  montre  encore  sa  bibiiothè-' 
particulière.  —,  ,La.  s  aide  des  spectacles.  —  ;  Le  patc  > 

G*i de  des  Voy.  T.  11.  M 


134  LA  FRANCE.  VILLES. 

il  se  distingue  en  grand  et  petit,  lesquels  réunis  forment 
environ  vingt  lieues  de  circuit.  La  façade  du  château 
du  côté  des  jardins,  est  bien  supérieure  à  celle  qui  eat 
opposée.  Mansurâ  l'a  décorée  de  toutes  les  richesses  de 
l’architecture  et  de  la  sculpture.  Elle  a  plus  de  300  toi¬ 
les  de  longueur.  Ce  château  renferme  un  Musée  de  ta • 
bleaux  et  un  cabinet  dPhist.  nat.  très  -  curieux,  et  qui 
-contient  des  coquillages  extrêmement  rares,  et  des  cry- 
staUisations  uniques.  On  trouve  au  Musée  le  tableau  cé¬ 
lèbre  de  la  Vallière ,  ci  devant  à  Paris  aux  Carmélites. 
Plusieurs  tableaux  et  statues  ont  été  corrigés ,  c’est  -  à- 
dire  mutilés .  On  avait  métamorphosé,  par  exemple,  un 
Louis  XV.  en  Mars  Français.  Les  jardins  ont  été  planté 
par  le  JS  être ,  (il  était  Allemand  d’origine;  Louis  et  sa 
cour  ne  l’appellaient  que  le  nôtre ,  et  cette  épithète  a 
plongé  dans  l’oubli  son  vrai  nom).  Le  genre  anglais  a 
éclipsé  de  nos  jours  ce  genre  trop  régulier,  dans  lequel 
ce  le  Nôtre  excellait.  Nous  n’entrerons  pas  dans  le  dé¬ 
tail,  de  ces  vastes  jardins  qui  ont  coûté  plus  de  zoo  mil¬ 
lions,  y  compris. le  grand  parc.  Ils  renferment  un  espace 
de  deux  lieues,  tout  entouré  de  murailles.  Lors  des  éyé- 
nemens  du  10.  Août  on  a  enlevé  presque  tout  ce  qui  se 
trouvait  de  plomb  dans  ces  jardins,  pour  le  métamoÿ- 
phoser  en  boulets  et  balles.  Cependant  les  eaux  ont 
recommencé  à  jouer  en  1801.  Les  bains  d'Apollon  sont  le 
chef  d’oeuvre  de  Girardon  ;  les  hosgueîs  de  la  colonnade 
et  du  Dâpne ,  sont  très  -  remarquables;  Yorangerie  est  un 
superbe  monument  d’architecture.  L’oranger,  appelé  le 
grand  Bourbon  existe  encore,  et  est  âgé  d’environ  300 
ans.  —  Trianon:  (palais  situé  dans  le  parc  de  Versail¬ 
les,  à  droit  du  grand  cana).  L’architecture,  e,t  les  jar¬ 
dins,  sont  aussi  gracieux  que  magnifiqnes.  Mansard  en 
fut  Parchitecte).  ;  Petit  -  Trianon;  (le  chantre  des  jar 
dins  a  fort  bien  décrit  ce  joli  séjour: 

Semblable  à.  son  auguste  et  jeune  déïté 

Trianon  joint  la  grâce  avec  la  majesté.  », 


L'A  FRANCE.  VILLES.  135 

Je  n’OUblierai  de  ma  vie  le»  douces  sensations,  dont  ce 
jardin  me  pénétra  l  ame  par  son  aimable  simplicité.  La 
plus  grande  partie  de  «es  embellissemens  avait  été  ou  en¬ 
levé ,  ou  spolié,  ou  dévasté  par  des  Vandales,  et  Petit - 
Trianon  était  devenu  le  séjour  d’un  traiteur  Me  charmant 
hameau,  et  la  chaumière  ruBtique,  le  séjour  favori  de  la 
Reine,  tombaient  en  ruines.  Mai»,  tout  a  été  rétabli  et 
le  Petit  Trianon  brille  d’un  éclat  nouveau.)  —  l’abreu¬ 
voir  {digne  de  la  curiosité  des  voyageurs  —  le  jeu  de 
paume  où  était  la  table  de  bronze,  pour  consacrer  le  fa¬ 
meux  serment  de  la  première  assemblée  nationale.  —  Fa~ 
briques  etc.  de  montres;  de  bougies;  blancheries  de  cire; 
Ja  manufacture  d’armes,  de  M.  Boutet  et  fils  l’une  des 
plus  belles  en  France.  (A  Pari»  il  y  a  un  dépôt  d’armes 
de  Versailles,  rue  de  Richelieu,  près  du  palais  Royal.) 
Etablissemens  littéraires .  JLes  écoles  de  peinture,  de  mu¬ 
sique,  des  sourds  et  muets,  d’artillerie,  de  génie  :  l’Athé¬ 
née:  la  société  d’agriculture  :  la  bibliothèque  ,  de  40,000 
vol.;  le  cabinet  de  physique;  le  jardin  botanique.  — 

Distances.  De  Versailles  à  Pari»  2T/4  postes  ,  à  Ram¬ 
bouillet  3®/4  p. ,  (V.  No.  17.  de  V Itinéraire  obs.  loc.  2.) 
à  Chartres  8V2  P  »  à  St.  Dénis  31/2  p. ,  à  Pontoise  31/2  P*» 
(k  la  sortie  de  Versailles,  l’on  paye  une  demi -poste  de 
plus»  que  celle  fixée  dans  le  livre  de  poste.)  A  un  myria- 
xnètre  de  Versailles  le  célèbre  Port  -  Royal  des  Champs , 
•es  ruines ,  et  se»  souvenirs.  V.  l’ouvrage  du  célèbre  et 
savant  Evêque  ,  Grégoire:  Les  ruines  du  Port  -  Royal 
{Les  champs.  Nouvelle  édition,  A.  Paris.  1809.  8; 

Livres  qui  peuvent  servir  de  guide.  Avis  nécessaire. 
te  Cicerone  de  Versailles,  ou  indicateur  des  cnriosités 
de  cette  ville.  A  Versaille»,  1808.  —  Avis.  Pour  voir  les 
Curiosités  du  château  et  de  ses  environs,  il  faut  se  co¬ 
tiser  avec  d’autres  étranger  s;  car  par  -  tout  il  y  a  quel¬ 
ques  pour  -  boire  à  distribuer,  et  n’évaluant  un  chacun 
4u’k  30  sols  ,  le  tout  peut  bien  monter  à.  12  livre». 

M  2 


136  LA  FRANCE.  VILLES, 

JS  Ote.  Un  jour  viendra,  (disait  Mercier  dans  son  ta - 
Ueau  de  Paris ,  en  1788)  que  les  pièces  d’eau  de  Versail¬ 
les  se  changeront  en  marais,  les  berceaux  s’obstrueront, 
tontes  les  avenues  se  fermeront;  les  chardons  étoilés 
étoufferont  les  gazons,  les  toufte»  d’orties  s'empareront 
des  statues,  et  des  mousses  verdâtres  rongeront  le  sein 
et  les  joues  de  ces  marbres  dont  on  adinire  la  beauté. 
Une  multitude  d’arbres  assiégeront  le  château,  et  pre¬ 
nant  racine  dans  les  fentes,  écarteront  les  pierres  et  dé¬ 
moliront  l’édifice  —  Ce  jour  a  passé  l 


6- 

Etat  des  postes ,  Notes  instructives ,  et  remarques 
qui  intéressent  les  voyageurs  dans  leur  tournée. 

Un  étranger  qui  veut  voyager  en  poste,  doit  avant 
tout  se  procurer  le  livre  de  poste,  qui  se  réimprime 
chaque  année,  avec  les  changemens  de  l'année  précé¬ 
dente.  Ce  livre  de  poste  porte  à  présent  le  titre  :  ,Etal 
général  des  postes  du  Royaume  de  France ,  dressé  par 
ordre  du  conseil  à' administration  :  suivi  de  la  carte  gêo- 
métrique  des  routes  desservies  en  postes.  A  Paris  de  l'Im¬ 
primerie  Royale.  8. 

Les  chaises  à  deux  roués  Ou  a  brancard,  et  les  chaî¬ 
nes  à  4  roues  à  limonière,  ne  doivent  pas  être  chargée^ 
de  plus  de  100  livres  sur  le  derrière,  et  de  40  sur  le  de¬ 
vant.  Les  chaises  à  deux  roues  o vl  cabriolets ,  sont  les 
voitures  de  poste  les  plus  communes  en  France  ,  très- 
légères,  ayant  quelquefois  des  glaces  aux  portières,  por¬ 
tant  vache  et  malle.  Un  voyageur  moderne  conseille, 
d’échanger  aux  villes  des  frontières  les  voitures  alleman¬ 
des  h  quatre  roues,  contre  ces  cabriolets  à  deux,  parce- 
qu’on  roule  plus  lestement,  et  pareequ’on  év/te  d’être 
chicané  par  les  maîtres  de  poste  sur  le  nombre  des  che- 


Page  136 


Table 

du  Calcul  proportionnel ,  de  ce  qui  doit  être  payé  par 
les  courier s ,  pour  les  chevaux  de  poste ,  et 
pour  les  Guides  des  postillons . 

Note.  Ce  calcul  est  réglé  d’après  l'ancien  tarif,  de  1.  Fr.  50.  C.  par  cheval  et  *par 
poste.  Ce  prix  a  subi  un  haussement  de  25  Centimes ,  depuis  1815- 


Distances. 

Nombre  des  Chevaux. 

Nombre  des  Postillons. 

I. 

2. 

3‘ 

4* 

5- 

6. 

I. 

2. 

3- 

4- 

1  quart  de  poste. 

f  c 

0.  38. 

f  c 

0.  75- 

f  € 

I*  13' 

£  c 

1.  50. 

f  C 
I.  88. 

f  c 

2.  25 

f  C 

0.  JQ. 

f  c 
0.  38- 

f  C 

0.  57- 

f  c 

0.  76. 

Demi-poste.  .  . 

o-  75- 

1.  50. 

2.  25. 

3.  00. 

3-  75. 

4.  50 

0.  38. 

0.  76- : 

1. 14. 

ï-  52- 

3  quarts  de  poste. 

1.  13. 

25- 

3-  38. 

4. 50. 

5  63 

6.  25. 

os  56. 

ï;  12. 

1.  68- 

2.  24. 

1  poste.  .... 

1.  50. 

3  °° 

4.  50. 

6  00. 

7.  50. 

9.  00. 

0. 75. 

1.  5°. 

2.  25. 

3.  00 

1  poste  1  quart.  . 

1.  88. 

3-  75- 

5-  63- 

7-  59 

9-  38. 

ii.  25 

0.  94. 

i.  88 

2.  82. 

3-  76 

I  poste  et  demie 

2.  25. 

4-  5°- 

6-  75- 

9.  00. 

n.  25. 

1 3-  5° 

I.  1.3 

2.  !Ô. 

3.  39 

4.  52. 

1  poste  3  quarts. 

2.  63. 

5-  25 

7-  88- 

10.  50. 

15  13. 

15-  75 

1.  31- 

2.  62. 

3.  93 

5.  24- 

2  postes . 

3.  00. 

6.  00. 

9-  OO. 

12.  00. 

15-  00. 

18.  00. 

1  50. 

3.  00. 

4.  30. 

6.  00. 

2  postes  1  quart  . 

3-  38. 

6.  75. 

10.  13. 

13.  50 

16.  88- 

20.  25. 

1.  69 

3-  38- 

5-  07- 

6.  76. 

2  postes  et  demie. 

3-  75- 

7-  50. 

II.  25- 

15.  00. 

■s  75 

22.  50. 

i.  88- 

3  75- 

5-  64. 

’  7-  52- 

2  postes  3  quarts. 

4-  13- 

8-  25. 

12.  38. 

16. 50. 

20. 63. 

24-  75- 

2.  07. 

4.  14. 

6.  21. 

8-  28 

3  postes.  .  *  .  . 

.  4-  5o. 

9.  00. 

13;  5°. 

18  00. 

22.  50. 

27.  00 

2.  26. 

4.  52. 

6.  78 

9.  04. 

3  postes  1  quart. 

4-  88. 

9  75- 

14-  63. 

19.  50- 

24  38. 

29.  25 

2-  45- 

4.  go. 

7-  35- 

9.  8o- 

3  postes  et  demie. 

5.  25. 

•10.  50. 

15-  75' 

21.  00. 

26.  25. 

3i.  50 

2.  64. 

5-  28- 

7.  92. 

10;  56. 

3  postes  3  quarts. 

±*k\ 

II.  25 

16.  63. 

22.  50. 

28.  13. 

33-  75 

2.  83- 

5  66. 

8.  49- 

II.  32 

4  postes.  .... 

6.  00.  ! 

12.  OO. 

i8-  00. 

24*.  00. 

30.  00. 

36.  00. 

3  00. 

6.  00. 

Q.  OO* 

12.  CO. 

v.r  .YV  7  ■  ■  :V'  Vl  r  m .  .»•  , 

iu.gr  TX  .  >  ïk',1  .v.5 

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LA  FRANCE.  MAN.  D.  VOY.  137 

vaux.  D’ailleur9  il  existe  une  loi  de  l’an  XI. ,  qui  dé¬ 
fend  l’importation  des  berlines  coupées  ou  voitures  an¬ 
glaises  a  4  roues ,  qui  n’est  permise  qu’en  déposant  att 
bureau  de  la  douane  le  tiers  du  prix  de  la  voiture.  Maie 
suivant  M.  de  Kotzebue ,  cela  ne  s’entend  que  des  voitu¬ 
res  qui  arrivent  par  mer ,  et  cette  loi  n’est  en  vigueur 
qu'aux  ports  d' arrivée . 

Les  chariots  allemands ,  qui  sont  montés  sur  4  roues 
dans  la  première  division  du  tarif,  lorsqu’ils  sont  recou¬ 
verts  d’un  tablier,  qu’ils  sont  à  soufflet,  qu’il9  ne  son* 
pas  chargés  d’une  vache,  et  qu’ils  ne  peuvent  pas  con¬ 
tenir  au  -  delà  de  deux  personnes.  Lorsque  les  chariots 
allemands  à  timon  réunissent  toutes  ces  conditions,  il9 
doivent  être  attelés  de  deux  chevaux,  et  conduits  par  un 
postillon.  Sans  cela  ils  rentrent  dans  la  division  des  Li - 
monières,  ou  dans  celle  des  Berlines.  Là,  où  le  3rae  che¬ 
val  est  d’ordonnance,  le  voyageur,  quand  le  chariot  est  h 
brancard ,  a  le  droit  d’exiger,  que  le  3111e  cheval  soi* 
attelé,  mais  lorsque  ces  mêmes  voitures  sont  à  timon,  I9 


3me  cheval,  ne  pouvant  pas  être  mis  en  arbalète  sans 
inconvénient',  elles  seront  conduites  par  2  chevaux  f  et  il 

en  sera  payé  3. 

• 

T  a 

'  »•  /. 

î.  Cabriolets » 

Nombre 

Nombré 

j Prix  par 

Somme 

des 

des 

cheval  et  par 

totale  par 

personnes. 

ehevdux. 

poste.  +) 

poste . 

Fr.  Cent. 

Fr»  Cent* 

1 

2 

I  5<S 

3  - 

2 

2 

1  50 

3  - 

3 

3 

H 

O 

4 

A 

5 

2  — 

6  — 

+)  4vis.  Depuis  1815.  il  y  faut  ajoute*  partout  tUX 
haussement  de  35  centimes. 


138  LA  FRANCE.  MAN.  D.  VOÏ. 


2.  Limonières. 

Nombre 

Nombre 

Prix  par 

Somme 

des 

des 

cheval 

et  par  totale  par 

personnes. 

chevaux, 

.  poste. 

poste. 

- 

Fr. 

Cent. 

Fr.  Cent. 

*23 

3 

X 

50 

4  50 

4 

3 

2 

— 

6 

Il  sera  payé 

1  Fr.  50  Cent,  par  chaque 

personne ,  ex* 

édant  le  nombre  des  quatre. 

3- 

Berlinçs. 

*23 

4 

X 

50 

6  — 

45 

6 

X 

50 

9  - 

6 

6 

1 

75 

*o  50 

Il  sera  payé  i  Fr.  50  Cent,  par  chaque  personne ,  au- 
dessus  du  nombre  de  six:  mais  il  ne  sera  jamais  attelé 
nu  -  de  -  la  de  six  chevaux  sur  chaque  Berline. 

Un  enfant  de  6  ans  et  au  -  dessous,  ne  pourra  être 
considéré  comme  voyageur.  Deux  enfans  de  quelque 
âge  qu'ils  soient,  tiendront  toujours  lieu  d'un  voyageur. 
Chaque  voiture  f  soit  cabriolet  oti  berline,  pourra  être 
chargée  d’une  vache,  soit  qu’elle  soit  entière  ou  en  deux 
parties,  et  d’une  malfe.  Il  sera,  payé  par  chaque  article 
excédant,  50  centimes  par  poste,  outre  le  prix  des  che¬ 
vaux  *•), 

Il  est  défendu  aux  postillons lorsqu’ils  se  rencon¬ 
trent  vers  le  milieu  de  leur  coùrse,  d’échanger  leur  che- 

*)  Les  anciens  rëglemens  pour  l’attelage  et  le  paye¬ 
ment  des  boeufs,  à  la  montée  de  la  montagne  de 
Tarare  sur  la  route  d o  Lyon ,  ou  à  la  montée  de* 
Echelles,  sur  la  route  de  Chambéry  et  de  Grenoble , 
sont  restés  en  vigueur. 


LA  FRANCE.  MAN.  D.  VOY.  139 

▼aux,  à  moins,  qu’ils  n’aient  obtenu  le  consentiment 
respectif  des  ceuriers.  La  course  d'une  poste  devant  s» 
faire,  dan9  les  localités  ordinaires  ,  dans  une  heure  Us 
tems,  les  postillons  ne  pourront  s’arrêter  sans  permis¬ 
sion,  qu-e  pour  laisser  prendre  haleine  à  leurs  chevaux, 
Les  maîtres  de  poste  ne  peuvent  être  forcés  à  fournir 
des  chevaux  pour  les  routes  de  traverse ,  cependant  ils 
sont  autorisés  à  conduire  les  couriers  dans  les  dites  rou¬ 
tes,  à  prix  défendu.  Tout  courier  à  franc  étrier  ne  peut 
faire  porter  au  cheval  qu  il  monte,  que  ce  que  peuvent 
contenir  en-  menus  effets  les  poches  de  la  selle.  S'il  y  a 
un  porte  -  manteau,  il  doit  èire  porté  en  croupe  par  le 
postillon,  pourvu  toutefois  qu’il  n’excède  point  le  poids 
de  25  kilogrammes  ,  ou  30  livres. 

Ce  n’est  ordinairement  que  dans  le  voisinage  de  Pa¬ 
ris  que  l’on  suit  l’ordonnance  à  la  rigueur.  Dans  les 
provinces  les  maîtres  des  postes  ,  ne  donnent  que  3  che¬ 
vaux  ,  même  pour  quatre  personnes,  moyennant  une  ré¬ 
tribution  assez  légère  par  cheval.  Vraisemblablement 
les  mêmes  connivences  ont  lieu  aujourd'hui,  comme  du 
tems  de  mes  voyages  en  France.  A  l’entrée  et  à  la  sortie 
des  lieux,  où  le  Roi  fait  son  séjour  momentanément,  la 
première  poste  se  paye  double,  sous  le  nom  de  poste 
royale  ,  mais  à  compter  seulement  de  Vheure  de  minuit , 
qui  suit  le  jour  où  S.  M,  est  arrivée,  et  jusqu’à  minuit 
après  le  jour  qu’elle  en  est  partie. 

Les  voyageurs  doivent  être  servis  dans  les  postes,  se» 
Ion  l’ordre  de  leur  arrivée,  ou  de  celle  de  leur  avs,nt- 
qourier;  car  les  personnes  qui  se  font  précéder  par  un 
CQurier,  doivent  avoir  la  préférence  dans  le  service. 
Les  maîtres  de  poste  qui  conduisent  à  un  relais  sur  les 
pays  étrangers,  sont  autorisés  à  se  faire  payer  sur  le 
pied  de  monnaie  étrangère. 


140  LA  FRANCE.  MANT.  D.  VOY. 

Dans  tout  le  Royaume,  le  prix  de  la  course,  fixé  U 
Kft  franc  cinquante  centimes  par  chaque  cheval  et  par 
poste,  (et  à  ürî franc  par  poste  pour  chaque  voyageur, 
accompagnant  le  courier  de  la  malle,  et  qui  a  subi  un 
haussement  de  25  centimes,  depuis  î8i5‘.  doit  se  payer 
avant  de  partir;  mais,  de  mon  teins,  on  était  très -indul¬ 
gent  h  cet  égard  envers  les  étrangers.  Vous  pouviez  dor¬ 
mir  pendant  3  et  8  heures  de  sHite ,  sans  craindre  qu’on 
"vînt  interrompre  votre  sommeil,  pour  vous  demander  le 
payement  de  la  poste  ou  des  postillons,  et  quand  vous 
étiez  réveillé,  le  postillon  vous  faisait  votre  compte  à 
la  première  poste.  De  plusi  si  vous  ne  vouliez  pas 
perdre  votre  tems  à  faire  changer  et  à  payer  à  chaque 
relais,  vous  pouviez  payer  d’avance  la  poste  pour  une 
longue  traite,  ou  bien  payer  à  la  dernière  poste,  ou  en¬ 
fin  donner  des  à  -  comptes.  Aussi  le  nouveau  postillon 
ne  manquait  jamais  de  demander  à  son  camarade  avant 
que  de  partir,  combien  fie  payé?  celui-ci  lui  répondit, 
fant  de  livres  et  de  sols;  cela  suffisait  et  l’on  ne  vous 
parlait  plus  de  rien,  jusqu’à  l’endroit  où  le  prix  des 
postes  que  vous  veniez  de  faire,  se  trouyait  égal  à  vos 
déboursés.  Tout  cet  usage  extrêmément  commode  sub¬ 
siste  encore,  au'  moins  sur  les  grandes  routes;  et  c’est 
d’autant  plus  nécessaire,  pareeque,  suivant  les  observa¬ 
tions  de  M.  de  Kotzebue ,  en  faisant  changer  de  l’or,  on 
est  expôsé  à  présent  sur  quelques  routes ,  à  des  escro¬ 
queries  désagréables  :  p.  e.  on  vous  force  de  perdre  20  à 
40  sous  par  louis  ,  sous  le  prétexte  qu’il  n'a  pas  le  poids 
juste,  ou,  l’on  réfuse  les  petites *espèces ,  dont  l’em¬ 
preinte  est,  tant  soit  peU,  effacée,  en  prétextant,  que 
ça  n'est  pas  marque1.  Un  voyageur  doit  donc  bien  pren¬ 
dre  garde,  do  ne  pas  faire  changer  de  l’oV,J  et  de  se  mu¬ 
nir  d’un  nombre  suffisant  d’espèces  d’argent’’,  d’un  type 
bien  marqué.  —  —  Il  n’y  a  jamais  qué  les  postillons  qui 
conduisent  les  chevaux  de  poste,  il  n’est’  pas  permis  aux 
voyageurs  de  se  faire  meneic  par  leurs  gens.  JLes  postil- 


LA  FRANCE.  MAN.  D.  VOY.  141 

Ions  sont  porteurs  d’une  plaque  au  bras,  qui  indique 
le  nom  du  relais  auquel  ils  sont  attachés,  et  le  numéro 
de  leur  rang.  Cette  plaque  est  aux  armes  du  Roi.  Les 
guides  de  chaque  postillon' sont  portés  à  soixante-quinze 
centimes  par  poste.  Il  est  défendu  à  tout  postillon, 
d’exiger  une  somme  offerte  au  -  delà  des  guides  fixés 
par  la  loi,  d’insulter  les  voyageurs,  ou  des  leur  donner 
aucun  sujet  de  plainte.  Tout  postillon  doit  être  âgé  de 
16  ans  au  moins.  Les  voyageurs  pourront  consigner  leurs 
plaintes  dans  le  régître,  tenu  par  chaque  maître  de  pos¬ 
te,  côté  et  paraphé  par  le  commissaire  près  de  l’adminis¬ 
tration  municipale,  ou  par  l’agent  municipal  de  la  com¬ 
mune.  Deux  voitures  qui  ont  le  même  nombre  de  che¬ 
vaux,  ne  doivent  point  se  devancer ,  mais  rester  dans  le 
même  ordre  où  elles  sont  arrivées,  ou  parties  du  relais, 
à  moins  qu’un  accident  ne  soit  survenu  à  celle  qui  pré¬ 
cède.  On  roule  sur  des  chaussées  superbes,  et  on  ne 
paye  plus  à  présent  les  droits  imposés  aux  barrières. 
Aux  environs  de  Paris  les  chemins  sont  pavés,  et  comme 
les  postillons  vont  fort  vite,  les  voitures  s’en  trouvent 
fort  mal.  C’est  pourquoi  si  le  tems  le  permet,  il  fau,t 
recommander  aux  postillons  d'aller  par  terre ,  c’est  -  à- 
dire  sur  les  chemins  non  pavés  qui  sont  à  côté  de* 
chaussées.  L’organisation  des  postes  en  France  est  ex¬ 
cellente,  et  l’on  est  servi  avec  une  extrême  promptitude 
Un  écrivain  allemand  se  trompe  fort,  lorsqu’il  en  fait 
honneur  à  la  révolution.  On  en  est  uniquement  rede¬ 
vable  à  l’ancien  régime.  Par  la  révolution  et  la  guerre 
toutes  les  chaussées  étaient  extrêmement  dégradées,  mais 
le  gouvernement  en  a  ordonné  les  réparations  nécessai¬ 
res.  J’ai  souvent  fait  pendant  l’été,  ifi  à  20  milles  d’Al¬ 
lemagne  par  jour,  sans  avoir  besoin  d’aller  de  nuit,  et 
les  relais  étaient  si  bien  servis,  surtout  en  Bourgogne 
et  en  Champagne,  sans  avoir  besoin  de  me  faire  précé*< 
der  d’un  couriçr,  que  mes  trois  chevanx  étaient  détalés 
et  remplacés  par  d’autres  au  bout  de  3  à  4  minutes.  J’ai 

Guide  des  Voy.  T.  II.  N 


142  LA  FRANCE.  MAN,  D.  VQY. 

fait  lVxpérience  en  1810,  que  le  service  des  postes  aux 
chevaux  continue  d’être  fait  avec  promptitude. 

Il  y  a  des  coches  et  des  diligences,  qui  vont  et  vien¬ 
nent  de  Paris  dans  tous  les  départemens  de  la  France. 
11  faut  y  ajoûter  les  chariots  et  messageries.  On  trouva 
a  l’ouvrage  intitulé:  Itinéraire  de  l'Empire  Français  un 
tableau  détaillé  de  ces  diligences,  avec  l’indication  des 
jours  et  heures  du  départ  et  du  retour,  du  tems  que  l’o* 
est  en  route  etc. 

Il  partait  de  Bruxelles  pour  Paris  une  diligence  à  g 
places  ,  où  l’on  ne  payait  pour  toute  la  roule  qui  est  de 
66  lieues,  que  3  louis,  et  pour  cette  modique  somme 
vous  étiez  encore  défrayé  de  tout.  Vous  aviez  le  dîné, 
le  soupe,  une  demi  -  bouteille  de  vin  à  chaque  repas,  et 
un  très  bon  lit.  En  partant  l’on  donnait  quelque  chose 
à  la  servante  de  l’auberge.  La  première  couchée  était  à 
Mons ,  et  la  seconde  à  Péronne  dans  la  ci-devant  Picar¬ 
die.  On  en  repartait  à  2  heures  du  matin,  et  le  soir  à 
cinq  heures  on  était  à  Paris.  Il  faut  s’informer,  si  cette 
diligence  fait  encore  le  service  sur  le  même  pied. 

Au  reste,  suivant  feu  M.  Campe ,  ces  diligences  répon¬ 
dent  quelquefois  très  -  mal  à  leur  nom,  et  à  leurs  pro¬ 
messes  d’arrivée  ;  et  le  voyageur  est  forcé  de  sacrifier 
plus  de  jours  et  de  nuits,  que  le  tems  fixé. 

Il  existe  depuis  peu  dans  plusieurs  départemens  de 
la  France  une  manière  de  faire  le  voyage,  à  peu  de  frais. 
Mais  il  faut  être  fait  aux  fatigues.  Ce  sont  les  Pataches , 
espèce  de  voiture  à  roues  basses,  et  a  un  collier.  Quatre 
et  même  six  personnes  s’y  trouvent  placées  assez  com¬ 
modément.  Le  prix  pour  tout  le  voyage,  de  Stre~- 
bourg  à  Paris  et  vice  -  versa,  est  de  60  Fiancs  par  tête, 
et,  4  h.  5  Francs  de  pour  -  boire.  On  est  cinq  jouis  en 


0 


•LA  FRANCE.  MAN.  D.  VOY.  143 

route  ,  et  on  couche  les  nttits.  Le  total  des  frai*  de 
▼  oyage ,  y  compris  la  nourriture  et  les  couchées, .ne  sur¬ 
passe  pas  100  Francs. 

Pour  se  rendre  dans  les  villes  de  l’ouest  ou  du  midi 
de  la  France,  si  l’on  ne  veut  prendre  ni  la  poste  ni  les 
coches  ordinaires,  on  prend  ce  qu’on  appelé  la  Messa¬ 
gerie  h  cheval.  Les  chevaux  qu’on  donne  aux  voyageurs 
sont  petits,  mais  vigoureux.  Le  messager  en  chef  de  la 
cavalcade,  conduit  dans  une  espèce  de  voiture  ou  cha¬ 
riot  couvert,  le  bagage  des  voyageurs.  Il  part  du  grand 
matin,  et  indique  aux  voyageurs  le  lieu  de  la  dinée  et 
de  la  couchée.  Ceux  -  ci  le  suivent  h  cheval  à  leur  com¬ 
modité,  de  manière  cependant  qu’ils  arrivent  à  midi  au 
lieu  de  la  dînée,  qui  pour  l’ordinaire  n’est  éloigné  que 
de  3  milles  d’Allemagne  de  celui  du  départ.  Là  ils  trou¬ 
vent  un  bon  dîner  tout  prêt;  et  chacun  a  sa  demi -bou¬ 
teille  de  vin.  Après  -  dîner  l’on  repart  et  l’on  fait  en¬ 
viron  2  milles  et  demi,  ou  3  milles  d’Allemagne,  pour 
gagner  le  lieu  de  la  couchée.,  où  l’on  trouve  un  bon 
soupé  et  un  bon  lit.  On  ne  fait  guères  par  jour  que  5 
ou  6  milles  d’Allemagne  tout  au  plus.  Cette  manière  de 
voyager  est  lente  i  mais,  si  la  compagnie  est  bonne  et  le 
tems  favorable,  elle  est  aussi  agréable  que  peu  dispen¬ 
dieuse.  C’est  ainsi  que  de  Paris  à  Nantes ,  ce  qui  fait 
90  lieues  de  chemin  ,  on  ne  paya  ci  -  devant  que  60  liv-? 
res,  y  compris  la  table  et  le  gîte.  De  Lyon  h  Marseille , 
il  y  a  une  poste  aux  ânes  que  l’on  court  comme  la  poste 
à  cheval.  Elle  est  bien  servie,  et  les  relais  sont  placés 
de  distance  en  distance  dans  les  villages  chez  des  pay¬ 
sans.  Il  n’est  pas  rare  de  voir  des  personnes  aisées, 
prendre  cette  poste  pour  voyager  dans  le  midi  de  la 
France.  -  Nous  en  avons  parlé,  au  No.  33.  de  V Itinéraire , 
ois.  loc.  4. 


144  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE* 

7* 

Itinéraire  des  routes . 


I.  Route  de  Paris  à  Amiens. 


Postes 

de 

France. 

Noms. 

Postes 

de 

France. 

Noms. 

l  *) 

j.  St.  Dénis. 

2 

St.  Just. 

1V4 

2 ■  Ecoueu. 

1 

Wavigny. 

1V4 

Lu z  rches. 

1V2 

Breteuil. 

1V4 

3.  Chantilly. 

1V2 

Fiers. 

1V2 

Laingueville. 

1 

Hébécourt. 

l*/4 

4.  Clermont. 

1 

.5,  Amiens. 

iSV* 


Observations  locales. 

Une  seconde  route  de  Paris  à  Amiens ,  conduit  par 
Beauvais  et  Breteuil.  V.  aussi  l-Avist  a  la  tête  des  ob»- 
loc.  No.  io. 

x.  Voyez  les  environs  de  Paris.  La  hauteur  que  l’on 
apperçoit  à  gauche,  à  peu  de  distance,  est  Montmartre , 
célèbre  par  l’attaque  victorieuse  des  Alliés  ,  le  Mars, 
1814 ,  qui  remportèrent  après  une  défense  vive. 

2.  Dans  une  des  galeries  du  château,  qui  a  servi  de 
modèle  au  Luxembourg,  et  que  le  connétable  Anne  de 
Montmorency  fit  bâtir  en  1540,  (sa  devise  AttXocvoç  ,  sans 
reproche ,  se  remarquait  par  tout)  on  admirait  les  vi¬ 
tres,  peintes  d’après  Raphaël ,  représentant  l’histoire 
de  Psyché.  La  chapelle  et  la  sacristie  offraient  aussi  des 
sujets  d’après  cet  artiste,  et  une  belle  copie  de  la"  fa- 

*)  Il  est  dû  une  poste  au  -  delà  de  la  distance  ci  -  des- 
sas  fixée  pour  la  sortie  de  Paris,  de  même  que  pour 
l’entrée.  Cela  s’entend  aussi  de  toutes  les  routes 
suivantes  qui  commencent  ou  finissent  par  Paris. 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE.  145 

meuse  cène  de  Leonard  da  Vinci.  Toutes  ces  richesses 
©nt  été  ou  détruites  ou  dispersées  par  le  vandalisme. 
La  masse  seule  de  l’édifice  existe  dans  sa  beauté'sur  une 
colline  boisée  et  pittoresque,-  mais  c’en  est  encore  assez, 
pour  en  donner  la  plus  pompeuse  idée.  Ce  château  sert 
de  maison  d’éducation,  et  on  admire  dans  l’intérieur 
les  colonnes  des  façades,  et  extérieurement,  le  très -joli 
parc  avec  une  superbe  vue,  et  embelli  récemment. 

3.  On  traverse  le  parc  de  Chantilly ,  ainsi  que  les  jar¬ 
dins.  Le  premier  est  toujours  beau,  mais  mal  -  entre¬ 
tenu  ,  et  des  marécages  mal  sains  ont  remplacé  les  dé¬ 
licieux  jardins.  Le  canal  est  en  bon  état.  A:  la  ville  le 
superbe  hospice;  à  l’église  paroissiale,  à  côté  du  pre¬ 
mier  pilier  à  gauche  en  entrant,  reposent  les  restes  de 
l’illustre  Amiral  de  Coligny.  Chantilly  n’est  plus,  et 
les  nouveaux  propriétaires  ont  détruit  en  un  an,  ce 
qu’un  grand  nombre  d’années,  et  plusieurs  raillions 
avaient  créé.  De  tous  les  bâtimens  qui  en  faisaient  l’un 
des  plus  magnifiques  châteaux,  il  ne  subsiste  plus  que  le 
petit  château  d’Enghien ,  les  chénils  ,  les  écuries.  Plu¬ 
sieurs  manufactures,  de  porcelaine,  de  filature  de  coton, 
et  de  toiles  peintes,  de  dentelles  etc.  ont  été  établies  à 
Chantilly. 

4.  Le  chemin  jusqu’à  Clermont  est  pavé,  et  la  route 
bonne.  Liancourt  est  l’habitation  de  M.  de  la  Pioche- 
foucault  à  qui  la  France  doit  l’introduction  de  la  vac¬ 
cine  ,  et  qui  a  fait  de  Liancourt  l’école  de  l’agriculture. 
Au  château  une  école  de  filatures.  Clermorit  est  la  sou¬ 
che  de  la  maison  des  Bourbons.  Le  château  de  Clermont 
9ert  de  maison  de  détention;  la  terrasse  qui  l’entoure, 
est  une  délicieuse  promenade.  D’ici  au  premier  relais, 
le  Parc  de  Fitz  -  James.  A  Breteuil ,  l'élégante  habita¬ 
tion  des  anciens  abbés,  est  devenue  la  villa  d’un  maître 
de  poste. 


146  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE. 

g.  Population,  suiv.  l’À.  41,279.  Q  à  la  parfaite  sia* 
cérité.  On  j  admire  la  nef  et  le  clocher  de  la  cathé¬ 
drale,  bâtiment  gothique  qui  a  beaucoup  souffert  par  le 
vandalisme  déstrueteur  des  Jacobins.  Remarquez  trois 
vases  magnifiques  et  les  vitraux  colorés,  qui  sont  restés; 
les  126  piliers  de  l’intérieur,  dont  quelques  -  uns  isolés, 
surtout  le  pilier  sonore-,  retentissent  comme  une  cloche 
etc.  M.  Rivoire  a  donné  la  déscription  de  cette  basilique, 
juste  objet  de  l’admiration  de  tous  les  voyageurs.  Le 
poète  Gresset  y  est  inhumé.  La  promenade  du  cours, 
dite  V  Auto  y ,  est  fraîche  et  ombragée.  Jadis  on  y  célébra 
la.  fc te  des  ânes.  Amiens  est  renommé  chez  les  friands 
pour  ses  pâtés,  et  fait  époque  dans  l’histoire,  parle 
congrès  de  paix  qui  s  y  tint  en  1802,  et  qui  en  porte  le 
nom.  On  montre  à  la  Municipalité ,  l’appartement  où 
le  traité  de  paix  fut  signé.  A  la  Municipalité,  de  beaux 
tableaux  de  l’école  française.  Tout  le  monde  connaît  le 
stratagème,  dont  usa  Fernand  Telles ,  pour  surprendre 
Amiens  en  1597.  Avec  une  charette  chargée  de  noix,  ré¬ 
pandues  aux  portes,  il  en  amusa  les  gardes.  Les  manu¬ 
factures,  établies  par  Colbert ,  sont  bien  déchues;  il 
n’existe  que  celles  de  velours,  de  coton,  de  Casimir,  et 
des  tanneries.  La  ville  a  une  académie,  une  bibliothè, 
que  publique,  un  jardin  botanique,  des  cabinets  littéral- 
rts  etc.  A  la  maison  de  poste,  bonne  auberge. 


2.  Route  de  Paris  à  Arras. 


Postes 

Noms. 

Postes 

de 

de 

France. 

France. 

ïi/2 

Bourgette. 

I 

3i/2 

1.  Louvrcs. 

1 

.  U/2 

Chapelle  en-ser¬ 

ix/a 

val. 

1 

1 

2.  Senlis. 

I 

lV2 

3.  Pont  St.  Ma- 

1V2 

xence  j 

[  H/j 

J 1/2 

Bois  de  Liheu. 

Gournay. 

1  2 

Noms. 


Cuvilly. 

Conchy  les  Pots. 
4.  Roye. 

Fonches. 

Marché- le-Pot. 

/s.  Péronne. 

S«ully 

Hervillers. 

6  Arras. 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE.  14? 

Observations  lo  c  aies. 

1.  Bourgette  est  un  charmant  bourg,  rempli  de  cafés 
et  d’ànberges.  La  tour  de  pierres  d’une  des  églises  de 
Louvres  est  fort  belle,  et  d’un  travail  du  Xlle  siècle,  de 
même  que  le  portail  de  l’Hôtel  -  Dieu. 

2.  Population  suiv.  l’A..  4., 312.  L’enceinte  de  la  cité 
passe  pour  un  ouvrage  des  Romains.  Dans  l’église  de 
St,  Maurice  était  le  superbe  mausolée  d’un  fou  en  titre 
de  Charles  V.  dit  le  Sage,  mort  en  1374.  Le  clocher  de 
l’église  principale  est  un  des  plus  hauts  de  la  France. 

~  3.  Pont  St.  Maxencc  est  remarquable  par  son  pont  sur 
l’Oise,  qui  est  un  ouvrage  de  la  dernière  magnificence, 
digne  des  anciens  Romains. 

4.  Il  y  a  une  jolie  promenade  sur  les  remparts  au» 
tour  de  la  ville.  On  y  a  découvert  des  eaux  minérales. 
Les  Apicius  modernes  vantent  B.oye  à  cause  de  ses  bis¬ 
cuits. 

5.  Popul.  suiv.  TA.  3,706.  Cette  ville,  surnommée  la 
pucelle,  parcequ’elle  n’avait  jamais  été  prise,  a  perdu 
ce  surnom  le  26.  Juin  1815»  où  les  Anglais  la  prirent 
par  assaut.  On  trouve  da»s  ce  canton  encore  quelques, 
uns  de  ces  bons  et  prudens  chiens,  dont  l’adresse  four¬ 
voyait  tous  les  limiers  des  fermes. 

6.  Arras.  Populat.  suivant  l’A«  19,958-  à  l’Amitié: 
à  la  Constance.  A  la  ci  -  devant  abbaye  de  St.  JVaast » 
maison,  cloître,  église,  bibliothèque,  tout  était  riche 
et  magnifique.  Elle  avait  8°°;O0o  livres  de  rentes.  Elle 
sert  à  présent  de  chef-lieu  à  la  2de  cohorte  de  la  légion 
d’honneur.  La  poste  est  près  de  la  promenade  du  rem¬ 
part.  La  ville  et  la  citadelle  fortifiée  par  Vauban  sont 
belles.  Le  baptistère  est  l’objet  le  plus  frappant  de  Pé- 
glise  principale,  d’ailleur9  fort  belle.  Arras  a  deux  pla¬ 
ces  magnifiques.  On  y  fait  beaucoup  de  dentelles,  de  la 
batiste ,  des  bas  de  fil,  du  savon,  et  de  la  porcelaine  etc. 


148  LA  FRANCE,  ITINÉRAIRE. 

Il  est  dû  un  quart  de  poste,  en  sus  de  la  distance,  sur 
l’Arbre  t  et  sur  Lens. 

3.  Route  de*)  Paris  à  Bâle  par  Troyts ,  Langres 
Vésoulj  Béfort, 


Postes 

de 

France . 
1 

-  iVa 

1 

2 

1 

1V2 

1V2 

1V2 

1 

1 

1V2 

i3/4 

2V4 

2V4 

1V2 

2V2 

I3/4 
'  1 


Noms. 

Postes 

de 

France. 

• 

1.  Charenton. 

2 

Grosbois. 

2 

2.  Brie-  Comte  -  Ro¬ 

2 

bert. 

iVa 

Guignes. 

1V2 

Mormans. 

i1/® 

Nangis. 

Maison,  rouge. 

ll/2 

Provins. 

11  /2 

Nogent  -  sur  Sei¬ 

1V2 

ne. 

1V2 

3.  Pont  -  le  -  Roi. 

2 

Granges. 

lr/2 

Grès. 

1V2 

4.  Troyes. 

1V4 

Montiérame. 

U/2 

Vandoeuvre. 

1V4 

5.  B  r-  sur  -  Aube. 

2 

•Colombey. 

1  V2 

Suzainecôurt. 

I 

Noms. 


t.  Chaumont. 

VesAignes. 

7.  Langres.  ' 
Griffon  ottes. 
Fay  -  Billot. 
Cintré. 
Combeau- 
Fontaine. 
Port-sur  Saône. 
8-  Vésoul. 

Càlmoutier. 

9  Lure 

Roncharnps. 

Frahier. 

10.  Béfort. 
Fussemagne. 
Altkirk. 

Trois-Maisons. 

11.  St.  Louis. 

12.  Bâle. 


60 


GV  s  e  rv  atiofis  locales. 

i.  V.  No.  21  b.  Grosbois,  ancienne  propriété  de  Mon¬ 
sieur,  à  présent  Louis  XVIII.,  puis  de  Moreau  ,  est  oc¬ 
cupée  par  la  veuve  du  Prince  Berthier.  On  y  admire  un 
beau  et  vaste  parc,  des  belles  statues,  et  une  galerie  de 
beaux  tableaux. 

2.  Dans  la  révolution  Brie  -  sur  -  Yeres.  Elle  com¬ 
merce  en  blé  et  en  fromages.  Nangis  surprend  par  ses 
belles  promenades.  Provins  en  possède  d’autres,  aussi 
belles.  Celte  ville  de  Provins  est  renommée  par  sa  fon¬ 
taine  d’eau  ferrugineuse  et  par  ses  roses ,  venues,  dit  •  on 


)  V,  la  note  à  la  ï  et  2  route. 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE.  1 49 

de  la  Palestine,  et  ne  réussissant  aussi  bien  nulle  autre 
part.  Il  y  faut  aussi  remarquer  l'hôtel  de  ville,  avec 
une  bibliothèque,  et  l’église  de  St.  Quiriace,  avec  sa 
tour  Romaine.  A  Nogent  -  de^~  Seine ,  la  caserne  a  été 
détruite  en  1814  par  les  Alliés,  et  les  Français*  oilt  fait 
sauter  le  pont  de  pierre. 

3*  On  laisse  à  la  droite  leÿ  ruines  de  la  ci  -  devant  ab¬ 
baye  du  JParaclet ,  fondée  par  Abailarà ,  presque  aussi 
désert  à  présent,  comme  à  sa  fondation  par  l’amant  de 
Héloïse.  Lorsqu’on  exhuma  leurs  ossemens  ,  un  curieux 
ôta  une  dent  à  Héloïse  et  la  fit  monter  en  bague.  L© 
château  du  Prince  Xavier  de  Saxe ,  devenu  la  propriété 
de  la  mère  de  Napoléon,  a  été  brûlé  par  les  Alliés  en 
3814.  On  a  ouvert  dans  ces  environs  y  plusieurs  tom¬ 
beaux  prétendus  des  Romains. 

4)  Population  suivant  l’A.  24,061.  Q  l’union  de  la  Sin¬ 
cérité.  Parmi  les  objets  de  curiosité  de  cette  ville  an¬ 
cienne,  on  compte  l’église  paroissiale  du  Paubourg  St. 
Martin:  (son  portail,,  son  vaisstau  gothique,  ses  [jvi- 
traux:)  la  cathédrale  de  St.  Pierre,  une  des  plus  belles 
du  Royaume:  l’église  de  St.  Pantaléon,  ses  vitraux 
peints  en  grisaille,  comme  ceux  de  St.  Nizier,  autre 
église:  les  vitraux  et  le  Jubé  de  l’église  de  la-  Made¬ 
leine:  l’église  de  St.  Rémi,  avec  le  Christ  en  bronze, 
par  Girardon  :  dans  celle  de  St.  Jean,  le  tableau  de 
Mignard  :  l’hôtel  -  Dieu  et  sa  superbe  grille.  Il  y  a  à 
Troyes  une  société  académique,  une  belle  bibliothèque, 
un  collège.  La  plus  fréquentée  des  promenades ,  est  à 
côté  de  la  salle  de  comédie,  les  morceaux  de  sculpture 
dans  les  églises,  dûs  à  Gentil  et  Dominique ,  artistes  ,  ont 
disparus  par  la  révolution.  Cette  ville  manque  de  bonne 
eau  à  boire.  Mais  en  revanche  les  eaux  de  la  Seine  ont 
ici  ùne  autre  propriété,  celle  de'tanner  les  cuirs  aussi 
bien  que  celles  de  Hongrie.  La,  boucherie  offre  une  s ift,- 


ISO  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE. 

gularité;  les  mouches  n’y  entrent  jamais,  ce  qui  est  dlft 
«  la  nature  du  bois  dont  elle  est  construite.  La  partîe 
«le  ses  manufactures ,  consiste  maintenant,  en  papête- 
ries,  tissanderies,  tanneries,  teintureries,  fabriques  d'ë- 
pingles,  de  blanc  d’Espagne,  connu  sous  le  nom  de  blanc 
de  Troyes.  Troyes  fût  une  des  3  ou  4  villes  de  l’Europe, 
qui  répandirent  par  milliers  ces  contes  populaires,  qui 
forment  ce  que  l’on  appelle  la  bibliothèque  bleue  ;  en¬ 
core  aujourd’hui,  on  mût  sur  leurs  titre’,  a  Troyes  chez 
la  veuve  Garnier ,  quoiqu’on  les  imprime  partout  ail¬ 
leurs.  Les  vins  de  son  territoire  ne  sont  pas  sans  esti¬ 
me  ,  et  ses  hures  et  andouilles ,  ses  fruits  et  ses  légumes 
jouissent  d’une  sorte  de  célébrité.  Une  nouvelle  route 
«on  encore  confectionnée,  ouvrira  une  communication 
entre  le  Nord  et  le  Midi  de  la  France.  Il  est  dû  un  de¬ 
mi  -  poste  en  sus  de  la  distance,  sur  toutes  les  sorties. 

5.  Ses  vins  sont  renommés;  à  deux  lieues  de  Bar-sur - 
Aube  était  la  ci  -  devant  abbaye  de  Clairvaux.  On  ÿ 
■conservait  cette  cuve  fameuse,  dite  par  excellence  ton¬ 
ne  de  Clairvaux ,  qui  contenait  800  tonneaux  de  vin:  on 
y  a  établi  maintenant  une  papêterie  et  nne  verrerie. 

6.  Cette  ville  se  présente  agréablement  K  l’oeil,  et  sm 
dessine  en  amphithéâtre  sur  le  penchant  de  la  colliue. 
Ses  toiles  jouissent  d’une  certaine  célébrité;  on  y  fabri¬ 
que  aussi  de  gants  de  laine  et  de  fil,  de  la  bonnêterie, 
-de  serges  croisées  etc.  Population  suivant  l’A.  6,188-  A 
une  lieue  de  Chaumont  on  voyait  l’abbaye  du  Val  des- 
Ecoliers ,  rentrée  dans  la  masse  des  propriétés  nationa¬ 
les.  On  admire  à  Chaumont  le  portail  de  l’église  du 
collège. 

7.  Pôpulation  s.  l’A.  7,283-  C’est  la  ville  de  France  là 
plus  élevée.  Les  plaines  vastes  qui  l’environnent  ont 
été,  comme  la  ville,  le  théâtre  des  prouesses  des  habx- 


liA  FRANCE.  ITINÉRAIRE.  151 

tan 9  contre  Les  armées  belliqueuses,  de»  Romains,  de« 
Vandales,  des  Huns  etc.  Elle  -voit  naître  autour  de  sa 
montagne  quatre  rivières,  la  Meuse ,  la  Marne ,  la  Fin» 
geanne  et  la  Suite  etc. j  l’air  y  est  pur  et  salubre;  os 
jouit  du  haut  des  tours  de  l'église  de  St.  Mammes  d'un 
horizon  sans  bornes.  Cette  église  est  d’une  bonne  archi- 
tecture.  Le  vaisseau  est  immense.  La  révolution  y  a  dé¬ 
truit  le  jubé,  la  chaire  épiscopale  ,  les  tapisseries,  sui¬ 
vant  les  dessins  de  Raphaël ,  mais  le  beau  Christ  de  le 
Gentil  est  resté.  Il  exista  longtems  dans  cette  église  une 
cérémonie  singulière  ,  la  flagellation  de  V alleluja.  L.e 
collège  a  aussi  une  belle  église.  On  a  découvert  des  mo- 
numens  antiques  ,  à  différentes  époques  ,  tant  dans  la 
ville  que  dans  les  environs.  Mais  surtout  des  morceaux 
très  -  curieux  enchâssés  dans  les  murs  des  remparts.  II 
sort  des  fabriques  de  Langres  de  bons  ouvrages  de  cou¬ 
tellerie;  les  ciseaux  de  Langres  sont  renommés.  Mai» 
Nogent  commence  à  disputer  aux  Langrais  cette  branche 
d’industrie.  Ses  papeteries  ont  aussi  de  la  réputation* 
C’est  M.  Laurent  Bournot  qui  a  fait  des  feuilles  de  9 
pieds  de  long  sur  7  pieds  de  larges  ,  et  qui  a  imprimé 
d’un  seul  coup  de  presse  sur  cette  feuille  immensej 
Le  monument  funèbre  de  M.  Bertrand ,  et  les  essai» 
agricoles  de  M.  Douette  Ri  char dot ,  sont  deux  autres  cu¬ 
riosités.  C’est  d’un  coutelier  de  cette  ville  qu’était  issu 
le  célèbre  Diderot.  Le  village  de  Brevoine  fournit  .en 
été  des  fromages  frais  très  estimés  à  Langres.  Les  eaux 
minérales  de  Bourdonne  -  les  -  Bains  ,  sont  à  7  lieues  de 
cette  ville. 

8.  Population  suivant  l’A.  5,417.  Chef  -  lieu  du  dé¬ 
partement  de  la  haute  -  Saône.  La  montagne,  que  l’on 
appelé  la  Motte  de  Vesoul ,  sert  à  abriter  la  ville.  Les 
environs  donnent  des  vins  estimés.  Un  des  principaux 
poissons  du  Drageon  qui  traverse  la  ville  ,  est  la  lotte# 
Le  çours  est  une  jolie  promeuad'.  Le  beau  jardin  de 


*5*  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE. 

M.  Réal  est  aussi  ouvert  au  public.  A  Leugne ,  village 
à  l’est  de  Vesoul ,  il  .y  aune  grotte,  qui  sert  de  baro¬ 
mètre  à  tous  les  paysans  des  environs.  Au  haut  de  la 
voûte,  qui  a  50  pieds,  sont  suspendus  des  colonnes  de 
glace,  d’une  pesanteur  prodigieuse.  Luxeuil ,  petite  vil¬ 
le  ,  renommée  pour  ses  bains  chauds  au  nombre  de  cinq, 
est  à  6  lieues  de  Vesoul.  Les  ruines  des  anciennes  ther¬ 
mes  à  400  pas  de  la  ville,  attestent  encore  la  magnifi¬ 
cence  des  beaux  jours  de  Rome.  La  maison  commune 
est  ornée  de  pilastres,  qu’on  y  a  trouvés.  Non  «loin  de 
Vesoul  ,  il  faut  voir  Scejr  -  sur  -  Saône  ,  fameuse  par 
le  magnifique  château,  qu'y  possédait  la  famille  de 
fie  auf remont. 

9.  Ville  située  dans  une  île  formée  par  un  étang,  eu 
milieu  des  bois  et  des  montagnes.  Elle  a  des  forges  et 
des  verreries.  L’abbaye  de  .Bénédictins ,  qui  y  était  éta¬ 
blie,  jouissait  de  beaucoup  de  prérogatives.  L’abbé  de 
Lure  .était  .prince  de  l’Empire. 

10.  Population  suiv.  i’A.  4,400.  Ville  très  -  forte;  . ©Ile 
est  divisée  en  deux,  ville  haute  et  ville  basse,  distinc¬ 
tion  qui  date  des  fortifications  de  Vauban,  Le  château  a 
des  murailles  d’une  élévation  prodigieuse.  Des  moulins 
à  poudre  et  des  forges,  fournissent  à  l’industrie  de  ses 
habitans.  J  ai  .été  bien  logé  a  la  maison  de  poste. 

11.  Ci  -  devant,  Bourg  -  libre.  Les  personnes,  qui 
ne  peuvent  pas  arriver  à  Bâle,  avant  que  les  portes  se 
ferment,  ne  trouveront  qu’un  très  -  mauvais  gîte  îi 
St,  Louis. 

\j>.  y.  l’itiuéraire  de  la  Suisse. 


f 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE.  153 

4- 


Postes 

de 

France. 

î 

2 

l'/4 

l'/Z 


Route  de  Bâle  à  Strasbourg . 

Noms. 


Markolsheim. 

Friesenheim. 

Kraft. 

Strasbourg » 


Noms. 

Postes 

de 

France. 

St.  Louis. 

2 

Gros  Kembs. 

2'A 

Bantzenheim, 

l'Â 

Fessenheim. 

1.  Neuf-Brisak. 

2 

*5  . 

Observations  Locales. 

A  St.  Louis  est  la  première  douane  française» 

1.  Ville  bâtie  par  Louis  XIV,  plus  renommée  par  ses 
fortifications,  que  par  son  commerce»  La  poste  aux 
chevaux  est  hors  de  la  ville. 

2.  On  parcourt  les  belles  plaines  de  l’Alsace.  La 
tour  du  Munster  de  Strafsbourg ,  se  présente  de  loin  aux 
jeux  du  voyageur,  comme  une  colonne  isolée» 

5.  Route  de  Paris  à  Bayonne,  par  Bordeaux  et 
Limoges . 

Postes 
de 

France . 

m  ■ 

2 

2  'à 
2 

2'/z 
l'/2 


Noms. 

Postes 

de 

France. 

Noms. 

I.  Bordeaux. 

Mont  •  de  -  Mar¬ 

Bouscaut. 

san. 

Castres. 

m 

Campagne» 

Cerons. 

2 

Tartas» 

2.  Langon. 

i'/z 

Pontons» 

Bazas. 

1% 

St.  Paul-les-Dar. 

Captieux. 

2 

St.  Geours, 

Poteau. 

2 

Cantone, 

Roquefort. 

2 

Or.dres» 

Caloy» 

I& 

3.  Bayonne. 

iiofc 

Observations  lo  cale  s » 


I,  ParLimoges.  Voyez:  Route  à  Bordeaux.  No. 
Guide  des  Voy .  T.  I/.  O 


J54  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE. 

2.  Il  est  dû  au  maître  de  poste  de  Langon ,  cinquan¬ 
te  centimes  (10  sols)  par  roue,  des  voitures  qu’il  tirer» 
du  bac. 

3  Population  suiv.  l’A.  13,190.  Q  la  Zélée.  ta  situa¬ 
tion  de  la  ville  au  confluent  de  deux  rivières  la  Nive  et 
l’Adonr,  où  monte  la  mer,  est  une  des  plus  belles;  le 
Vin  de  Cap  -  Breton ,  et  le  vin  d'Anglet ,  3ont  très -bons 
Les  allées  marines ,  ou  le  quai,  est  une  promenade  su¬ 
perbe.  On  ne  trouve  ici  aucun  point  de  vue  d’où  l’on 
ne  découvre  la  ville  et  les  rivières,  qui  l’arrosent,  les 
cimes  des  Pyrénées,  ou  la  mer.  La  coëffure  dés  femmes 
Basques,  fait  un  merveilleux  effet.  La  place  de  Gram - 
mont  est  la  plus  belle  place  de  la  ville.  La  cathédrale 
est  un  édifice  vénérable.  Les  jambons  de  Bayonne  sont 
recherchés  dans  toute  l’Europe.  Une  branche  considé¬ 
rable  du  commerce  de  Bayonne ,  est  le  chocolat,  dont 
on  fait  un  grand  débit.  Les  combats  du  taureau  ,  et  le 
jeu  de  paume,  sont  un  des  plaisirs  favoris  des  Rayonnais, 
et  en  général  des  Basques.  C’est  h  Bayonne  que  fut  in¬ 
ventée  labayonnette.  Son  commerce  avec  l’Espagne,  est 
très-considérable;  la  pêche  de  la  morue,  est  son  princi¬ 
pal  objet  de  négoce  des  mer. 


6.  Route  de  Paris  à  Besançon  par  Langres . 


Postes 

de 

France. 


Noms. 

Postes 

de 

France. 

I.  Langres. 

m 

Longeau. 

i'/z 

Champlitte. 

2.  Gray. 

2 

Noms. 


Bonboillon. 

Fiecologne. 

Besançon. 


Observations  locales. 

1.  Voyez  No.  3» 

2.  II  y  a  au  moins  20  forges  à  3'ou  4,  lieues  aux  euvi- 
reas.  La  ville  est  très  -  agréable. 


LF  FRANCE.  ITINÉRAIRE.  155 

3.  Population  suiv.  l’A.  28,436.  Q  les  Amis  fidèles 
réunis  :  la  Sincérité  et  parfaite  Union,  C’est  le  chef- 
lieu  du  département  du  Doubs.  Elle  est  jolie.  Des  bel¬ 
les  casernes.  Un  hôpital  superbe.  La  grande  rue,  et  la 
rue  St.  Paul  (la  dernière  le  soir  à  cause  des  dévoilées ) 
•ont  très- fréquentées.  L’église  de  la  Madelaine ;  l’an- 
eien  collège  des  Jésuites,  ou  le  lycée  et  son  église  etc. 
toutes  les  églises  sont  bien  ornées.  Cette  ville  a  une 
académie,  des  sociétés  des  sciences,  d’agriculture,  de  mé¬ 
decine;  une  ecole  de  dessin  ;  une  salle  de  comédie^etc. 
On  y  trouve  les  restes  d’un  amphithéâtre  Romain,  d’un 
arc  de  triomphe,  d’un  temple  etc.  Il  y  a  une  i,biblio» 
thèque  publique,  et  les  deux  cabinets  intéressans  de  M. 
M.  Bruand  et Baverel,  Le  jardin  du  palais  Granv elle  est 
le  rendez-vous  de  Besançon .  La  promenade  de  Cham - 
mars  est  l’une  des  plus  belles  de  l’Europe,  Un  monu¬ 
ment  y  est  consacré  aux  mânes  des  guerriers  morts  au 
champ  d’honneur.  Quelque  fontaines,  mutilées  par  les 
Vandales  révolutionnaires  ,  décorent  les  places  de  ceïte 
cité.  La  citadelle  est  extrêméuient  forte  par  sa  situation: 
une  guérite  sous  le  nom  du  capucin ,  y  rappelle  un 
événement  assez  singulier  du  siège  par  Louis  XIV.  L’é¬ 
cole  de  l’artillerie  est  célèbre,  et  c’est  une  des  villes  du 
Royaume,  où  l’on  fabrique  les  meilleures  armes,  soit 
blanches,  soit  à  feu»  Les  environs  sont  très  -  pittores¬ 
ques.  On  y  trouve  un  café,  et  plus  loin  des  bains 
chauds  très-fréquentés.  Cette  ville  a  une  fabrique  d’hor¬ 
logerie,  qui  égale  celle  de  Genève  ;  on  y  fabrique,  des 
indiennes,  mousselines,  toiles,  couvertures  de  laine,  etc. 
La'montagne  de  Chaudane ,  de  l’autre  côté,  est  riche¬ 
ment  habillée  de  taillis  et  de  buissons  épars:  rarement 
il  se  passe  un  beau  jour,  sans  que  des  sociétés  ne  vien¬ 
nent  faire  des  parties  chez  le  propriétaire.  Dans  la  ci- 
devant  église  des  Cartnes ,  on  voyait  une  descente  de 
croix  de  Bronzin,  peinte  sur  bois.  A  Ornans ,  à  3  lieues 
de  Besançon ,  il  y  a  un  puits  >  Iqui  se  dégorge  quelque- 


156  LA  FRANCE»  ITINÉRAIRE. 

fois,  et  inonde  les  campagnes.  On  appelé  umbres  le 
poissons  ,  qu’il  jette.  Les  amateurs  de  l’hist.  nat.  trou¬ 
veront  dans  les  environs  de  Besançon  ,  à  Mieri  et  Uu- 
tille ,  dans  le  village  nommé  Pouilley ,  de  nombreux  ob¬ 
jets  de  leur  curiosité.  Les  fameuses  grottes  ù' Ausselsont 
à  cinq  lieues  de  la  ville-  Elles  renferment  de  ces  cri? 
stallisations  où  la  nature  semble  s’être  plû  k  copier  des 
chefs-d’oeuvre  de  l’art.  Il  est  dû  un  quart- de  poste  en 
sus  de  la  distance,  à  sa  sortie  sur  Saint  -  Vit  seulement. 


7.  Route  de  Paris  à  Bordeaux  ,  par  Limoges. 


Postes 

de 

France. 

Noms. 

i'/z 

Berny. 

I 

Lonj  ameau. 

\‘/z 

Arpajon. 

I  Yz 

Etrechy. 

X 

I.  Etampes. 

r 

Montdesir. 

1 

Angerville. 

1% 

Toury. 

Artenay. 

Cbevilïy. 

2  Orléans. 

*/z 

Ferté  St.  Aubin. 

2 

Motte  Beuvron. 

l'/z 

Salbris. 

la  Loge. 

I 

J.  Vierzon. 

Massey. 

2 

Vatan. 

*'/z 

Epine-Fauveau. 

2 

4..  Cnateauroux, 

2 

Lottier. 

Argenton. 

Postes 

Noms. 

de 

France 

2 

Fay. 

zYz 

Ville-au  Brun. 

2  'fa 

v  Morterolles. 

2 

Chanteloube, 

2 

Maison-rouge. 

l/Z 

5.  Limoges. 

i'/z 

Aixé. 

l’/Z 

Gatinaud. 

iA 

Chai  us. 

ï  Yz 

la  Coquille. 

2 

Tbiviers. 

1/2 

Palissons. 

F/z 

Tavernes. 

ï'A 

6.  Périgueux. 

2  'A 

Massoulie. 

2 

Mucidan. 

2 

Montpon. 

St.  Méard. 

2 

2  Yz 

7.  Libourne. 

1 

St.  Pardoux. 

2 

Carbon-blanc, 

2 

g.  Bordeaux, 

"  7634 

Observations  lo  c  al  es. 


r.  On  a  découvert  un  grand  nombre  da,  fossiles  aux 
environs  de  cette  ville  qui  a  un  air  riant.  L’action  gé¬ 
néreuse  du  maire  Simoneau  en  1792»  est  onbliée  comme 
sa  mort,  et  l’on  demande  en  vain  à  Etampes ,  où  s’élève 
le  monument,  que  l’assemblée  nationale  lui  avait  dé- 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE.  157 

crété.—  Dans  les  environs  de  cette  ville  on  pêche  beau» 
coup  d’écré  visses  ,  qui  sont  renommées. 

2.  Population  suivant  l’A.  41,937.  Q  Jeanne  d ’Arc. 
La  rue  du  faubourg  de  Paris,  est  d’une  longueur  pro¬ 
digieuse.  Les  environs  sont  très  -  agréables ,  surtout  le 
faubourg  d ,'Olivet  qui  communique  avec  la  ville  par  un 
pont,  qui  traverse  la  Loire  ,  et  est  regardé  comme  l’un 
des  plus  beaux  raonumens  de  ce  genre,  que  possède  la 
France.  La  statue  de  la  pucelle  d'Orléans  a  été  renver¬ 
sée  avec  la  statue  de  Charles  Vil.  ,  et  vient  d’être  rem¬ 
placée  par  une  autre.  On  célèbre  encore  l’anniversaire 
du  S  Mai  de  1429  ,  jour  où  la  pucelle  sauva  la  ville.  De 
ïbin ,  le  mail  et  le9  autres  arbres  plantés  en  beaucoup 
d’endroits  le  long  du  rempart,  font  paraître  Orléans  a. 
demi  fermé  de  murailles  vertes.  Le  jubé  de  la  cathé¬ 
drale ,  plaît  aux  connaisseurs.  Les  superbes  tours  de 
Ste.  Croix,  dont  les  colonnes  circulent  en  spirale  jus¬ 
qu’à  leur  faîte,  voisin  de  la  nuë ,  se  découvrent  au  loin. 
Il  y  a  dans  cette  ville  une  bibliothèque  publique  de 
36,000  vol.  On  y  fabrique  des  espèces  de  calottes  de  laine 
extrêmément  fine,  que  l’on  fait  teindre  en  écarlate  pour 
le  levant;  la  chapellerie,  la  coutellerie,  la  tannerie, 
la  bonneterie  occupent  une  infinité  de  bras,  mais  ses 
raffineries  sont  bien  déchues.  II  y  a  des  fabriques  de 
porcelaine,  de  faïence.  Mais  les  plus  fortes  branches  du 
commerce  sont  le9  vins,  les  eaux  de  vie,  et  les  vinai¬ 
gres.  Le  canal  d' Orléans  commence  à  une  lieue  et  de¬ 
mie  au-dessus  de  la  ville,  et  sa  longueur  est  de  i8lieues. 
Près  de  la  ville  est  la  délicieuse  maison  de  la  source  du 
Loiret.  Cette  source  est  une  merveille  de  la  nature.  Le 
pont  et  les  maisons  de  campagne  sur  le  Loiret,  offrent 
des  paysages  charmans.  La  maison  du  célèbre  Lord  JSo- 
lingbrocke ,  avec  une  inscription ,  est  près  du  Pont.  Il 
est  dû  une  demi  -  poste,  en  sus  de  la  distance,  sur  tou¬ 
tes  ses  sortis. 


I58  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE. 

3.  Petite  ville  très'-  ancienne ,  qui  ne  manque  pas  de 
promenades;  les  draps  qu’on  y  fabrique  ,  sont  peu  con* 
nus,  mais  les  forges  sont  très  -  renommées. 

4.  Dans  une  belle  et  vaste  plaine ,  avec  une  manu¬ 
facture  de- gros  draps. 

5.  Population  suiv.  l’A.  20  255.  □  l’Amitié.  L’églis© 

principale  est  mi  gothique  et  mi  -  arabe  ,  mais  pas  finie. 
L’évêché  est  le  plus  bel  édifice  de  la  ville;  on  remarque 
encore  la  fontaine  d’Afgoulène,  le  plus  beau  des  ouvra¬ 
ges  publics,  la  place  d 'Orsay  sur  l'emplacement  d’un 
amphithéâtre  Romain,  et  la  place  Montmaillé .  La  pro¬ 
menade  de  Fourny  est  belle.  St.  Martial ,  ci-devant  afi- 
baye,  intéresse  par  son  antiquité.  On  y  travaille  délicate¬ 
ment  en  émail.  Les  chevaux  des  environs  sont  très-fins 
et  renommés.  Les  mines  d  antimoine  sont  fort  en  répu¬ 
tation.  Il  y  a  des  fabriques  de  petites  étoffes,  de  mou¬ 
choirs  et  de  porcelaine,  dont  les  matières  toutes  prépa¬ 
rées  connues  sous  le  nom  des  pâtes  et  couvertes ,  sont  con¬ 
nues  ;  des  papêteries,  une  fabrique  de  clous  pour  ferrer 
les  chevaux,  qui  passent  pour  être  les  meilleurs  de  la 
France  etc.  De  Limogés  à  Troyes ,  V.  No.  3.  de  l’Itiné¬ 
raire,  obs.  loc.  3.  Il  est  dû  un  quart- de  -  poste  en  sus 
de  la  distance  à  toutes  ses  sorties.  Un  officier  Prussien, 
prisonnier  de  guerre  à  Limoges,  vient  de  publier  en  al- 
lémand,  un  charmant  petit  ouvrage,  sur  cette  ville  et 
le  Limosin, 

6.  Population  suiv.  l’A.  5,733.  □-  l’Anglaise  de  l’A¬ 
mitié.  Cette  ville  fournit  des  pâtes  de  perdrix  délicieux, 
et  des  dindes  farcies  de  truffes,  connues  dans  toute  la 
France.  La  teinture  des  fils  y  est  excellente.  Elle  con¬ 
serve  plusieurs  monumens  romains,  entre  autres  un  am¬ 
phithéâtre  ,  et  la  tour  de  Vesunc.  Tout  près  de  la  ville 
est  une  fontaine.,  qui  a  flux  et  reflux  chaque  jour  ,  et 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE.  159 


un  soûterrain  curieux,  nommé  le  Cluseau.  A  2  lieues 
de  Péri  gueux  est  le  château  de  Montagne  t  qui  port* 
encore  le  nom  de  ce  célèbre  auteur. 

7.  Petite  ville,  bien  peuplée  et  jolie;  tout  autour  d* 
la  ville  on  trouve  de  jolies  promenades. 

£.  Voyez:  tableau  etc.  Trois  autres  routes  mèneiïC 
de  Cordeaux  à  Paris;  l’une  par  Saintes  ,  Niort,  Poitiers, 
Tours  et  Vendôme,  76  postes;  l'autre  par  Ange uléme, 
Poitiers,'  Tours  et  Orléans,  76^  postes;  et  la  troisième, 
par  Angoulême,  Poitiers,  Tours,  Vendôme  et  Chartres, 
75'/2  postes.  A  AngouVeme  bonne  auberge  chez  Madame 
Bertrand.  □l’Aménité;  l’Harmonie  parfaite.  A  Beau- 
toin,  non  loin  à' Angoulême,  les  ruines  d’un  couvent  de* 
Bénédictins ,  avec  des  grottes  ,  où  il  y  a  les  restes  de 
sculptures,  qui  réprésentaient  les  batailles  de  du  Gués - 
clin ,  mais  qui  furent  détruites  par  le  vandalisme  révo¬ 
lutionnaire. 


8.  Route  de  Paris  a  Brest ,  par  Rennes. 


Postes 

de 

France. 


2& 

P/Z 

1 

ï/z 

i'/z 

2 

2 


*'/* 

V/z 

y'/z 

1  Yz 

2 


Noms. 

Postes 

de 

France. 

I.  Versailles. 

/Z» 

2  Pontchartrain. 

2 

la  Queue. 

2 

lïoudan. 

1  Yz 

Mardi  es. 

ifc 

3.  Dreux 

ifc 

1  Nonancourt, 

1/2 

Tilliere. 

m 

14.  Verneuil. 

*/z 

St.  Maurice. 

v/z 

5.  Mor'agne. 

2 

Mesle  -  sur-Sar- 

2  Zz 

the. 

2 

Ménilbroust. 

1/2 

6-  Alençon* 

A/z 

St.  Dénis. 

. 

Prez-en-Pail. 

2 

Ribay. 

2  Yz 

7.  Mayenne, 

2 

Mar  ligné. 

8-  Laval. 

2  Yz . 

Noms, 


Gravelle. 

Q.  Vitré. 

Châteaubourg, 

Noyai. 

10.  Rennes. 

Pacé. 

Bedé. 

IVl  ontaubau. 

Eroons. 

Langouècfre. 

U  La  m  balle. 

)Z  St.  Brieux. 
Châtelaudreii. 

G  unigamn. 
Bollisle  en  terre. 
Fnntou. 
ij  Morlaix. 
JLandiviziau. 
Landemau. 

14.  Brest. 


7M 


l6o  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE, 


Observations  locales. 

1.  V.  le  tableau  de  villes. 

2.  Le  parc  est  très  -  bien  planté. 

3.  Population  suiv.  PA.  5,437.  Ville  ancienne,  cé¬ 
lèbre  par  la  bataille  de  1552  sous  Charles  IX.  On  y  fa¬ 
brique  des  draps ,  quelques  cuirs  et  des  toiles ,  mais  d« 
peu  d’importance. 

4.  Petite  ville.  C’est  l’endroit  de  la  France,  où  l’on 
tanne  le  mieux  les  peaux  de  veau,  pour  la  reliure  de» 
livres. 

5.  Connu  par  ses  fabriques  de  serge  et  de  toiles.  C'é¬ 
tait  de  l’autre  côté  de  Mortagne  que  se  trouvait  cette 
fameuse  Abbaye  de  la  Trappe.  Là,  se  réalisa  cette  avan- 
ture  du  comte  de  Comminges ,  qui  paraît  un  roman  de 
l’esprit,  et  que  le  régime  seul  delà  Trappe  pût  enfanter: 
là  est  enterré  le  fondateur  de  ce  régime,  l'abbé  de  Ran¬ 
ce.  La  révolution  a  fait  fuir  les  religieux  de  la  Trappe, 
et  l’abbaye  est  vendue. 

6.  Population  suiv.  P  A.  12,407.  la  Fidélité.  La 

maison  commune  est  d'une  architecture  élégante.  Le 
portail  de  l’église  de  Nôtre-Dame  est  estimé.  Les  voû¬ 
tes  sont  belles  et  élévées.  On  y  fait  de  bonnes  toiles  et 
des  dentelles,  connues  sous  le  nom  de  points  d' Alençon. 
Le  prix  d’une  paire  de  manchettes  est  de  120  livres  jus¬ 
qu’à  1200  et  2400.  Ces  manchettes  sont  d’hiver.  Dans  la 
miné  de  Hertre ,  à  2  lieues  de  la  villè  ,  il  se  trouve  par¬ 
mi  des  pierres  à  bâtir,  dé  faux  diamans,  qui  portent  le 
nom  de  diamans  d' Alençon.  Cette  mine  ,  presqu’épui- 
sée  aujourd’hui,  en  a  produit  de  si  brillans,  que  des  con¬ 
naisseurs  9'y  sont  mépris.  Cette  ville  se  vante,  de  n’êtrt 
point  souillée  par  les  massacres  de  la  St.  Barthélemi. 
Il  eat  dû  un  quart  de  poste  sur  toutes  ses  sorties  en  sus 
de  la  distance. 


LA  FRANCE.  ITINERAIRE.,  161 


y.  Une  antre  route  conduit  de  Mayenne  à  Rennes  par 
Ernée,  3.  p.  Fougères  2 Zz*  St.  Aubin  -  du  -  Cormier  2. 
Lifïré  1.  Rennes.  2.  Une  fabrique  de  mouchoirs,  façon 
de  Béarn,  y  est  établie. 

8.  Population  suivant  TA.  13,825.  Son  territoire  ren¬ 
ferme  des  carrières  de  marbre  jaspé.  Ses  fabriques  de 
toiles  et  de  siamoises,  et  ses  blanchisseries,  ont  de  la 
réputation. 

9.  Population  suiv.  l’A.  8,809.  Il  s’y  fait  un  grand 
commerce  en  toiles,  et  en  bas  et  gant9  de  fil. 

10.  Population  suivant  l’A.  25,904*  □  La  parfaite 

nniqn  :  la  triple  union.  La  grande  place  où  il  y  avait, 
ci  -  devant  une  statue  équestre  de  Louis  XV-,  est  très- 
belle  5  l’hôtel  de  ville  mérite  d’être  vue,  de  même  que 
le  palais  de  l’ancien  parlement,  avec  des  plafonds  de 
Jouvenet.  Rennes  a  une  académie,  une  école  de  chirur¬ 
gie,  une  école  de  peinture,  une  société  de  belles  lettres, 
un  lycée,  une  bibliothèque  de  30,000  vol.  ,  un  Musée  de 
tableaux  et  estampes,  un  jardin  botanique,  deux  cabinets 
de  physique  et  d’hist.  naturelle.  Le  beurre  qui  se  fait  à 
Pacé  et  h  la  Prévalaye ,  à  une  lieue  de  Rennes ,  n’a  de 
comparable  en  France  que  celui  de  la  vallée  de  Carripan , 
sur  l’Àdour,  à  une  lieue  de  Bagneres .  Fabriques  des 
toiles  à  voiles,  de  fils,  connus  sous  le  nom  de  fils  de 
Bretagne,  de  couvertures  de  laine,  de  fayence.  Les  fils 
dv  paimpont ,  sont  d’une  blancheur  étonnante.  Rennes 
est  la  patrie  de  du.  Guesclin % 

11.  Petite  ville  où  l’on  vend  beaucoup  de  toiles  et 
de  parchemin.  Elle  est  divisée  en  haute  et  basse 
ville  ;  la  première  a  un  marché  tout  couvert.  □.  L’union 
philanthropique. 

12.  Vilie  avec  un  bon  port:  ses  liabitans  passent  pour 
les  meilleurs  pionniers  de  France.  Leurs  barques  $e 


IÔ2  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE, 


rendent  en  moins  de  6  h.  à  St.  Malo  ,  à  Jersey  etc.  Q 
La  Vertu  ûiomphante. 

13.  Population  suiv.  l’A.  9,351.  □.  La  fidèle  Union. 

L’église  de  N,  D.  des  murs,  est  d'une  structure  singu¬ 
lière;  l’hôpital  est  très  •  beau,  et  le  port  considérable. 
On  y  fabrique  des  toiles,  dites  Crées ,  ou  de  Morlaix. 
On  y  prépare  aussi  très  -  bien  le  tabac.  Fabriques  de 
toiles  et  de  fils,  de  papiers,  d’huiles,  tanneries  etc. 

14.  V.  le  tableau.  Une  seconde  route,  plus  courte 
de  5  postes,  mène  de  Brest  h  Paris  par  Lamballe,  Dol, 
Mayenne  et  Alençon. 

9.  Route  de  Paris  à  Bruxelles ,  par  Soissons ,  Laon} 
Maubeuge  et  Mons. 


Postes 
<  de 
France . 

2 

*'/z 

i'/z 

2 

y'/z 

*/z 

2 


Noms. 


Bourget. 

Mesnil. 

1.  Dammartin. 
Nanteuil  -  Hau- 
douin. 

Lévignen. 

Villers-Côterets. 

Vertefeuilie. 

2,  Soissons. 
Vaurains. 


Postes 

de 

France . 

4 

l'/z 

2 

2 

2 

2  VZ 
2 

m 


Noms. 


3.  Laon. 

Marie. 

Vervins. 
la  Capelïe» 

A  vesnes. 

4.  Maubeuge. 

5.  Mons. 

Haine  St.  Pierre. 

6.  Nivelle. 

7.  Bruxelles . 


37& 


O  b  s  e  rv  at  i  o  ns  locales. 


1.  L’éminence  sur  laquelle  ce  bourg  est  situé,  lui 
procure  une  vue  très  -  agréable,  qui  domine  sur  une 
plaine  immense.  L’ancien  château  offre  une  ruine  très- 
pittoresque.  L’explosion  de  la  poudre  ne  produisit  d’au¬ 
tres  effets  que  des  fentes  verticales;  c’est  ce  qui  a  don¬ 
né  lieu  à  ce  proverbe:  c'est  le  château  de  Dammartin , 
il  crève  de  rire. 


2.  Population  suiv.  l’A.  7,229.  La  ci  -  devant  abbaye 
de- St.  Médard  est  dans  un  état  de  dévastation  complet. 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE,  163 

te;  cette  abbaye,  dont  tout  annonçait  l’antiquité  véné¬ 
rable,  et  qui  renfermait  des'  monumens  précieux,  est  à 
présent  la  propriété  d’un  tanneur:  l’église  est  en  par¬ 
tie  abattue,  mais  les  soûterrains,  le  séchoir  de  la  tanne¬ 
rie,  existent  encore;  le  tombeau  de  St.  Médard,  est  une 
cave,  celui  de  Clotaire  I.  avec  la  chapelle,  une  écurie, 
et  ce  qui  reste  du  palais  des  rois  de  la  première  race, 
sera  démoli  sous  peu.  On  y  voyait  encore  la  prison  de 
Louis  -  le  -  Débonnaire ,  et  sur  le  mur,  de9  caractères 
gravées  de  sa  main.  Les  dehors  de  la  ville  sont  char- 
xnans.  La  ville  prise  plusieurs  fois  d’assaut  et  livrée  à 
toutes  les  horreurs,  se  ressent  encore  aujourd’hui  de  ces 
désastres.  Plusieurs  conciles  ont  illustré  Soissons ,  Abai- 
lard  y  fut  condamné.  La  moutarde  et  la  bière  de  Sois- 
sons,  jouissent  de  beaucoup  de  réputation.  Les  haricots 
passent  pour  être  excellens.  Il  y  a  des  fabriques  de  gros¬ 
ses  toiles,  filature  de  laine,  corderie,  tannerie  etc.  Près 
de  Soissons  est  St.  Gobin ,  ville  intéréssante  par  la  ma¬ 
nufacture  des  plus  belles  glaces  que  l’on  connaisse  en 
Europe.  L’empereur  de  la  Chine  possède  les  plus  gran¬ 
des  et  les  plus  larges,  qui  soient  sorties  de  cette  manu¬ 
facture.  Il  est  dû  une  derçi- poste  en  sus  de  la  distance 
9Ur  toutes  les  sorties. 

3.  Laon  est  joliment  situé  sur  le  sommet  d’une  col¬ 
line,  et  s’apperçoit  à  7  ou  8  lieues  de  distance  de  chaque 
côté.  C’est  le  chef  -  lieu  du  département  de  l'Aisne.  Sa 
population  suivant  l’A.  6,69t.'  On  estime  les  artichaux 
qu’on  y  cultive.  Les  pierres  dont  la  ville  est  hàtie,  sont 
pleines  de  petites  pierres  lenticulaires  et  d’huîtres.  C’est 
des  cailloux  cristallisés  que  l’on  ramasse  dans  ses  envi¬ 
rons  ,  que  se  fabriquent  les  glaces  de  St.  Gobinf  qui  est 
voisin  de  Laon.  Des  fabriques  de  cuirs  etc. 

4.  Les  amis  des  moeurs.  Première  poste  étrangère. 
Maübeuge  est  devenue  célèbre  par  le  siège  et  les  cam¬ 
pagnes  de  l’an  1793  et  1794. 


164  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE. 

5.  Q  la  Concorde.  Belle  église.  Près  de  Mo  ns  se  donna 
en  1792  la  fameuse  bataille  de  Jemmappe.  Le  champ  de 
bataille  est  à  gauche  du  grand  chemin,  vers  le  marais. 
Entre  Boissy  et  Jemmappe ,  on  remarque  un  monument 
de  briques  et  plusieurs  piliers,  le  premier  en  mémoire 
du  prince  Charles  de  Ligne,  les  autres  en  mémoire  de 
quelques  officiers  -  généraux  qui  y  furent  tués.  Le-châ- 
teau  et  ses  jardins,  la  célèbre  ci  -  devant  abbaye  de 
JVautru ,  et  le  collège  des  ci  -  devant  Jésuites,  méritent 
l’attention  du  voyageur» 


6.  Toute  cette  route  passe  sur  les  champs  de  bataille 
et  de  combats,  qui  ont  illustré  les  années  1814  et 
.Non  loin  de  Bruxelles,  et  sur  la  route  de  Jemmappe  à 
•cette  ville,  le  champ  de  Waterloo ,  à-jamais  mémorable. 

7.  V.  Itinéraire  du  Royaume  des  Pays  -  bas.  Une  se¬ 
conde  route,  pareillement  de  34  postes  et mène  de 
Jîruxelles  par  Valenciennes  à  Paris.  Valenciennes  et  scs 
environs,  portent  l’empreinte  du  siège  de  ce  nom.  On 
apperço^Ë  du  haut  des  remparts  de  Valenciennes ,  le 
champ  de  bataille  de  Famars.  Le  monument  du  géné¬ 
ral  Dampierre ,  'a  été  enlevé.  □  La  parfaite  Union:  St* 
Jean  du  désert.  Bavay ,  petite  ville  non  loin  de  Valent 
ciennes ,  est  l’ancien  Bavacum  JServorum ,  et  conserve 
nombre  d’antiquités  Romaines.  ,  Le  curé  Cartier  possède 
une  collection  archéologique  et  numismatique,  fort -in¬ 
téressante. 


10.  R,oute  de  Paris  à  Calais ,  par  Abbeville. 


Postes 

Noms. 

Postes 

de 

de 

France. 

France. 

1 

I,  Amiens. 

1 

1 

Pecquigny, 

1  . 

1 

Plixcourt. 

X 

I 

Ailly  -  le  -  haut- 
clocher. 

1 

Noms. 


a.  Abbeville. 
Nouvion* 
Bernay. 

Nam  p  ont. 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE.  165 


Postes 

de 

France. 

1 

1 

x 


Noms. 

Postes 

de 

France. 

2  b.  Montreuil  sur 

.2 

mer. 

1 

Cormont. 

1 

Samers. 

1 

Noms. 


3.  Boulogne. 
Marquise. 
Haubuissoil, 

4.  Calais. 


3+ 


O  b  s  erv  ati  on  s  lo  c  ale  s. 

Avis  utile.  'La.  Description  routière ,  géographique 
etc.  de  la  France  3 me  Partie.  Région  du  Nord,  par  M. 
Vaysse  de  Villiers ,  Inspecteur  des  postes.  A  Paris% 
1816.  8-  est  le  meilleur  Guide  pour  cette  route  et  pour 
celle  de  Dunkerque.  L'auteur  y  a  ajouté  une  excellente 
carte  de  ces  deux  routes.  Le  Rédacteur  du  Guide  en  a 
tiré  la  plupart  de  ses  renseignemens  nouveaux.  Cette 
3me  Partie  se  vend  séparément,  3.  Fr.  50.  c. 


1.  Voyez  la  route  de  Paris  à  cette  ville,  No.  1.  Si 
l’on  ne  veut  pas  passer  par  Amiens ,  on  suit  la  route  dç 
Dénis ,  Beauvais  ,  Abbéville  etc.  qui  n’est  que  de  65  lieues* 
Beauvais  a  une  superbe  cathédrale;  quoiqu’elle  ne  soit 
pas  finie;  011  y  remarque  des  tentures  de  tapisseries  de 
la  célèbre  manufacture  de  cette  ville.  On  n’y  fabrique 
à  présent  que  des  tissus  pour  meubles.  L’église  de  St. 
Etienne  offre  un  beau  gothique,  des  vitraux  bien  con¬ 
servés,  et  un  tombeau  romain  en  relief.  La  ville  pos¬ 
sède  encore  d’autres  restes  d’antiquité  Romaine»  A 
Amiens  il  est  dû.  une  demi  *  poste  en  sus  de  la  distance* 
sur  les  sorties. 


2  a)  Population  ,  suiv.  l’A.  18,052.  Auberge  de  l’Eur 
rope,  bonne.  Cette  ville  est  distinguée  par  sa  saïettetie t 
nom  général  qui  désigne  toute  étoffe  de  laine ,  par  se» 
beaux  draps  de  Vaarobès ,  ses  damhs  d'Abbeville ,  et  les 
mocquettes ,  dont  le  tissu  est  semblable  à  celui  du  ve¬ 
lours;  la  fabrique  de  peluches  et  pannes  est  la  plus  an- 

Guide  des  Foy .  T.  11.  P 


i66  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE. 

cienne.  On  fabrique  aussi  des  calicots  et  des  Kalmouckt . 
Deux  fabriques  d’une  autre  espèce  et  qui  ont  le  plus 
gr&nà  débit,  sont  celle  de  biscotins,  et  celle  de  pâtés 
d’anguilles  et  d’esturgeons.  L’hospice  dea  enfans  -  trou, 
vés  ,  et  l’église  principale  ,  sont  deux  bâtimens  remar¬ 
quables:  de  l’une  de  trois  tours  de  F  église,  qui  s’élance 
•n  forme  de  colonne,  on  a  le  plus  haut  point  de  vue. 
Le  rempart  est  une  charmante  promenade.  Le  port  où 
Guillaume -le  •  Conquérant  s’embarqua,  nommé  St.  Va¬ 
léry  -  sur  -  Somme ,  est  près  d 'Abbévillt  y  et  le  diminu¬ 
tif  de  Dieppe:  même  industrie,  même  genre  de  pêche. 
Il  faut  voir  les  champs  de  Crécy ,  célèbres  par  la  batail¬ 
le  ,  où  les  Anglais  se  servirent  pour  la  première  foi*, 
de  canons, 

2.  b)  Montreuil  -  sur  -  mer ,  qui  malgré  son  surnom, 
est  éloigné  de  3  lieues  de  l’Océan,  comptait  avant  la  ré¬ 
volution  5  ou  b  églises,  dont  feu  M.  Campe  ne  trouva 
plus  que  les  ruines.  Sa  situation  agréable  l’avait  fait 
choisir  de  préférence,  jadis,  par  les  rentiers:  à.  présent 
elle  est  déserte  et  appauvrie;  sa  population  n’excède 
pas  3,600. 

3.  Q  St.  Frédéric  des  Amis  choisis.  C’est  le  port  o à 
s’embarquaient  les  Romains  quand  ils  passaient  chez  les 
Bretons.  La  flotille  de  Napoléon  contre  l’Angleterre,  et 
sa  côte  de  fer,  l’a  rendu  de  nouveau  célèbre.  On  en. 
découvre  encore  quelques  restes;  des  fortifications,  des 
vaisseaux  pourrus  etc.  Le  quai  est  très -beau,  et  ce  qui 
11’était  que  le  faubourg,  est  devenu  la  ville  principale, 
et  renferme  les  3/4  de  la  population.  Du  haut  du  rem¬ 
part  on  découvre  les  côtes  d’Angleterre,  si  le  brume  le 
permêt.  Ces  côtes,  que  l’on  appercoit  aussi  en  route, 
ressemblent  à  une  longue  bordure  blanchâtre,  ou  a  une 
chaîne  des  monts  couverts  de  neige,  et  qui  tranche  avec 
l’àzuf  des  cieux  et  des  flots.  Des  paquebots  viennent  et 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE.  167 

partent,  entre  Boulogne  et  Douvres.  Le  commerce  con¬ 
siste  en  poissons  de  mer  :  on  y  construit  beaucoup  de 
vaisseaux;  au  cimétiere  de  Wimïlle  ,  sur  la  route 
de  Marquise  le  monument  de  l’infortuné  navigateur 
des  airs,  PLlâtre  de  Rozier.  Population,  suivant  l’A. 
10,605. 

4.  Population,  suivant  l’An.  6,(596.  Q  Les  Amis  réu¬ 
nis  sur  les  côtes  de  l’océan:  parfaite  union:  St.  Louis 
des  amis  réunis.  Petite  ville  charmante,  son  port  est 
aussi  gai  que  vivant.  C’est  plutôt  une  hôtellerie  entre 
la  France  et  l’Angleterre,  qu’une  barrière  entre  les  deux 
empires.  La  pêche  des  harengs  et  des  maquereaux  est 
considérable.  Il  y  a  dans  cette  ville  deux  bonneteries, 
et  l’on  y  fait  des  savons  verts  liquides.  Nous  avons  fait 
mention  à  l’Itinéraire  d’Angleterre,  de  l’hôtel  Quillacq , 
ci-  devant  Dessain  ,  au  lion- d’argent.  C’est  une  petite 
ville  au  milieu  de  Calais,  et  elle  renferme  tous  les  agré- 
mena.  Le  maître-autel  de  l’église  paroissiale;  l’hôtel 
de  ville,  avec  sa  jolie  tour,  fa  tour  du  Guêcetc.  voilà  les 
curiosités  d’architecture.  Les  remparts  sont  une  belle 
promenade,  mais  la  jetée  qui  régne  sur  la  droite  du 
port  est  plus  fréquentée.  On  y  distingue  la  ville  et  le 
château  de  Douvres.  Le  paquebot  va  tous  les  luudis, 
mercredis,  vendredis  et  samedis  de  Calais  à  Douvres.  La 
distance  est  de  7  lieues  ,  ou  de  21,360  toises  ,  suivant  la 
détermination  de  16&1.  par  les  astronomes  Picard  et  la 
Rire:  le  trajet  dure  ordinairement  3  à  4  h.  quelquefois 
7.  Mon  üls  l’a  fait  en  1817  par  un  vent  fort,  en  2 Yx  fr- 
de  teins.  Près  de  Calais  on  voit  une  colonne,  qui  mar¬ 
que  la  place ,  où  descendit  le  ballon  de  Blanchard  à  son 
passage  aerien.  On  garde  sa  nacelle  à  l’hôtel  de  ville. 
Sur  la  route  de  St.  Orner 0.  Calais^  on  traverse  entre  cette 
ville  et  le  relais  d’Ardres,  le  pont  sans  pareil,  pont  su¬ 
perbe  et  unique  en  son  genre,  à  4  voûtes  et  à  4  faces 
(V.  aussi  Almanach  départemental  du  Pas  -  de-  Calais, 


l68  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE. 


par  mcquenard.  An.  X.  )  Il  est  dû  une  demi -poste  en 
?us  de  la  distance,  sur  toutes  les  sorties. 


II*  Route  de  Paris  à  Die 


Postes 

de 

France. 

î'/& 

*'/2 

2 

2 

2 


PPe , 
et  Pontoise. 


Postes 

Noms » 

de 

France. 

T.  St.  Dénis. 

1% 

2.  Franconville. 

1 

3.  Pontoise. 

p/z 

Bordeau  -  de  - 

2 

Vigny. 

-  V/z 

Magny.' 

P/Z 

Thilliers. 

Ecouis. 

2 

par  Roueu 


Noms. 


Bourg  Baudouin. 
Forge  -  Feret. 

4  Rouen. 

Cambres. 

Totes. 

Osraonville. 

5.  Dieppe. 


22  §4 


En  sortant  de  Paris,  on  laisse  à  gauche,  Mont-mar* 
*te,  la  principaLe  des  hauteurs,  qui  environnent  la  capi¬ 
tale,  et  vivement  attaquée  et  emportée  par  l'armée  des 
Alliés  le  29-  Mars,  1814-  t 


Observations  locales. 
jr.  V.  environs  de  Paris. 


2.  V.  environs  de  Pari». 

3.  Populat.  suiv.  l’A.  5, 174.  L’église  de  St.  Martin  est 
d’architecture  gothique,  et  d’une  hardiesse  étonnante; 
six  frêles  piliers  soutiennent  la  voûte  du  «choeur,  et  la 
tour.  Dans  1  église  de  St.  Malion  on  voit  un  tableau 
très -estimé  ,  représentant  une  descente  de  croix,  et  u» 
superbe  tableau  de  Jouvenet.  La  tour  est  belle.  Sur  la 
cloche  qui  servait  à  sonner  le  tocsin,  on  lisait  un  ver» 
latin  d’une  harmonie  singulièrement  imitative  ,  et  qui 
exprime  le'  son  du  tçscin  :  U nda  ,  unda  ,  unda ,  undat 
unda ,  unda  ,  unda  ,  accurrite  cives .  De  Pontoise  à  Gi- 
sors  4  postes.  A  Gisors  l’église  décorée  de  superbes 
vitraux  ét  de  plusieurs  ornemens  de  sculpture  ,  parmi 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE.  169 

lesquels  on  distingue  un  squelette  de  la  plus  effrayante 
vérité. 

4.  Population,  suiv.  l’A.  87,ooo.  Q.  L’ardente  amitiés 
la  parfaite  égalité.  —  Parmi  les  beaux  édifices,  on  y  di¬ 
stingue  la  grande  salle  du  palais,  la  salle  de  spectacles, 
le  vieux  château,  et  la  cathédrale,  où  était  la  fameuse 
cloche.  Le  clocher  de9  ci-devant  bénédictins  de  St. 
Ouen  ,  est  d’une  forme  élégante,  quoique  Igothique, 
Dans  le  même  faubourg,  le  long  de  la  Seine,  est  un  des 
beaux  cours  de  l’Europe.  C’est  le  cours  de  la  Reine  j  le 
Mouriboudet,  le  cours  du  hôpital ,  et  le  boulevard  Cau¬ 
chois,  sont  trois  autres  promenades.  La  salle  des  specta¬ 
cles  est  un  bel  édifice.  Les  toiles  de  Rouen,  particuliè¬ 
rement  les  siamoises,  sont -très- estimée».  Les  étoffes 
légères,  dites  Rouenneries,  sont  connues  ;  il  y  a  des  fabri¬ 
ques  de  fayence ,  de  papier,  de  rouge  d’Angleterre  etc. 
On  confit  supérieurement  les  fruits;  la  getqe  de  pommes 
est  supérieure  :  des  liqueurs,  des  sucreries,  surtout  le  ci~ 
tron,  etc.  Il  y  a  dans  cette  ville,  une  école  de  navigation, 
une  société  d’émulation,  une  académie  des  sciences  et 
arts,  un  Lycée,  un  musée,  une  bibliothèque  publique  de 
70,000  vol.  et  400  manuscrits  ;  un  cabinet  d’hist.  nat.,  un 
jardin  botanique  etc.  Les  eaux  minérales  de  St.  Paul, 
sont  tout  près  de  Rouen.  Rouen  est  mal-bâti,  mais  sa  si¬ 
tuation  est  charmante  et  ses  dehors  sont  délicieux.  C’est 
l’entrepôt  des  richesses  maritimes,  débarquées  au  Havre. 
Le  pont  de  bateaux  sur  la  Seine,  est  pavé  et  d’une  con¬ 
struction  curieuse.  Il  est  dû  une  demi  poste  en  sus  de 
le.  distance  ,  sur  toutes  les  sorties. 

5.  Population,  suiv.  l’A.  20,000.  Q  Les  Coeurs  unis, 
*i- devant  St.  Louis.  Ce  port  est  un  de  ceux,  où  l’on 
s’embarque  pour  l’Angleterre.  Les  dentelles  que  l’on 
fait  à  Dieppe  sont  renommées:  on  y  travaille  aussi  fort 
délicatement  l’ivoire.  Une  figure  de  8  à  10  pouces  bien 


170  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE, 

finie  se  paye  six  louis.  La  pêche  du  hareng  (est  une  bran¬ 
che  principale  du  commerce  de  Dieppe.  De  la  tour  de 
lVglise  paroissiale  deSt.  Jacques,  qui  est  très-belle,  l’on 
découvre  les  côt»s  d’Angleterre  11  est  dû  un  quart  de 
poste  en  sus  de  la  distance  ,  sur  toutes  les  sorties. 


12.  Route  de  Paris  à  Dunkerque,  -par  Sentis ,  Pé¬ 
renne,  Cambray,  Douay  et  Lille. 


Postes 

de 

France. 

t6& 

2 

1  fe 

l'/l 

Ï/Z 

2  & 


Noms. 

Postes 

de 

‘  1.  Péronne. 

France. 

i'/z 

P*  ns. 

2 

i  Bon  •  \ vis. 

2  Cambra  v. 

2 fc 

Bac  à  Bi»  ch  eux. 

3  Doüay. 

I 

j  Pont- à  -  Marque. 

Noms. 


4.  Lille. 
Armentières. 
Baiiïeul. 

5.  Cassai. 
Bergues. 

6.  Dunkerque. 


38^ 


Observations  locales. 


1.  v.  No.  2. 


Z-  Population,  suiv.  l’A.  13,799.  Thémis.  Belle 

citadelle  quoiqu’antique  ;  grande  place,  qui,  quoiqu’ir- 
régulière  ,  fait  un  bel  effet.  L’hôtel  de  ville  et  le  palais 
ci-devant  épiscopal,  sont  superbement  bâtis.  Mais  les 
maisons  y  sont  dans  la  direction  espagnole,  c.  à  d.  quo 
les  pignons  y  bordent  les  rues  et  non  les  façades.  Le 
clocher  pyramidal  de  l’église  principale,  que  l’on  re¬ 
gardait  comme  un  chef  -  d'oenvre  de  l’art,  vient  d’être 
renversé  par  l’ouragan  du30.  Janvier  igcq.  De  cette  église 
partait  tout  les  ans  le  35.  Août  une  procession  célèbre 
dans  les  environs.  Cambray  est  renommé  pour  ses  toi¬ 
les  de  lin,  ses  linons,  ses  batistes,  ses  blanchisseries. 
rC’est  le  quartier  général  de  Wellington  et  de  l’ar¬ 
mée  d’occupation,  qui  en  a  fait  presque  une  ville  an¬ 
glaise.  Cambrai  fût  pris  par  assaut,  par  les  Anglais 
en  ;8 (fv 


LA  'FRANCE.  ITINÉRAIRE,  171 

3.  Population,  suiv.  l’ A.  *18,230.  La  parfaite  union. 
Cette  ville  a  un  bel  arsenal  ,  une  fonderie  de  canons, 
et  une  école  d’artillerie.  L’église,  l’hôtel  de  ville ,  et 
la  grande  place,  sont  à  remarquer,  C’est  le  chef-iiew 
du  département  du  Nord.  Tous  les  ans  on  y  promène 
j  oui)  ligures  colossales  sous  le  nom  de  M.  Gaillan  et 
sa  famille  y  qui  défendit  lui  seul  Douai  contre  ioo,000 
hommes.  Au  village  de  Lalain ,  des  tombeaux  dhciens 
dans  l'église,  d’une  sculpture  remarquable.  Il  est  dû  ua 
quart  de  poste  en  sus  de  la  distance  ,  sur  les  sorties. 

4.  Population,  suivant  l’A.  5^,756.  Les  Amis  réu* 
nis  :  la  fidélité  :  la  modeste.  La  citadelle  de  Lille  est 
regardée  comme  une  des  plus  fortes  de  l’Europe.  Cëpeu* 
dant  on  estime  davantage  celle  de  Turin.  On  admire 
en  cette  ville,  la  porte  principale,  le  théâtre,  la  bourse, 
les  casernes.  11  y  a  ici  Une  société  de  littérature  et  de* 
art*;  un  collège  de  chirurgie;  Une  écple  de  peinture; 
une  bibliothèque  publique  ;  une  galerie  de  tableaux. 
La  culture  des  fleurs ,  surtout  celle  des  tulipes ,  et  les 
camelots  de  Lille  sont  renommés,  et  ses  nombreuse* 
fabriques  de  tabac,  d’indiennes,  de  dentelles,  de  fayence 
etc.  ,  jouissent  depuis  longtems  d’une  haute  réputation. 
Bonnes  auberges:  à  l’hôtel  de  l’Europe;  à  l’hôtel  de 
Gand,  sur  la  place.  Ou  voit  autour  de  la  ville  100  mou¬ 
lins  -à  -  vent,  pour  l’huile  de  Colsat ,  qui  sert  à  peindre 
et  à  brûler  La  ville  de  tout  tems  l’aréne  des  scène* 
sanglantes  de  la  guerre,  avait  beaucoup  souffert  par  le 
bombardement  de  1792.  11  est  dû  un  quart  de  poste  eu 
sus  dd  la  distance  sur  les  sorties. 

5.  Cassely  célèbre  par  trois  batailles  de  son  nom,  n’a 
plus  que  l’étonnement  de  son  point  de  vue,  pour  arrê¬ 
ter  le  voyageur.  L’oeil  plane  sur  32  villes,  presque 
tous  remarquables  par  quelque  événement  des  guerres, 
anciennes  et  modernes.  On  y  découvre  même  la  me* 


172  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE. 

par  un  tems  clair.  Le  mont  Cassel  est  l’ancien  Castel * 
lum  Morinorum ,  dont  on  foule  encore  les  décombres  : 
sept  voies  romaines  y  aboutissaient;  toutes  les  routes 
modernes  qui  y  conduisent  sont  des  promenades  conti¬ 
nuelles.  A  la  ville  de  Bergucs,  dans  l’église  de  St.  lYi - 
nox  ,  on  remarque  14  petits  tableaux  peints  sur  cuivre*, 
par  van  Hoeck.  Les  canaux  de  Dunkerque,  de  Furnier, 
de  St.  Orner,  s’y  réunissent.  On  y  fait  un  grand  com¬ 
merce  de  beurre  et  de  fromage  ,  façon  de  Hollande. 

6.  La  route  de  Dunkerque  à  Paris ,  par  Calais,  Bou¬ 
logne,  Amiens,  est  de  39  postes,  et  la  route  par  St. 
Orner,  Arras  et  Péronne,  de  37.  Kerque  |en  flamand 
signifie  église ,  de  là  est  venu  Dunkerque ,  église  des  dai¬ 
nes.  Cette  ville  compte  20,000  habitans.  Q.  L’amitié  et 
fraternité:  la  trinité.  La  pêche,  sur  tout  du  hareng,  et 
les  armemens  en  course,  ont  rendu  tes  matelots  Dan- 
kerquois  fameux,  et  le  héros  marin,  Jean  -  Bart  y  nâ- 
quit.  On  voit  son  buste  à  la  place  Dauphine.  La  rade 
est  une  des  plus  belles  de  l’Europe.  Les  maisons  sont 
en  briques  blanches  d’une  exacte  symmétrie.  Un  quai 
très-long  et  très-solide,  conduit  du  port  à  l’intérieur 
de  la  ville.  Il  y  a  deux  bassins  de  construction.  La 
corderie ,  et  le  magasin  des  matelots  sont  deux  corps  de 
bâtimens,  de  près  de  100  toises  de  face  chacun.  Les  ca¬ 
sernes  sont  belles.  Il  y  a  dans  cette  ville  une  école  pu¬ 
blique  de  mathématiques  et  d’hydrographie,  des  fabri* 
ques  considérables  d’amidon,  d’eau  de  vie,  plusieurs  raf¬ 
fineries  de  sucre,  des  corderies,  des  verreries  et  des 
fayenceries.  Un  bain  public  est  au  milieu  des  Dunes. 
Il  est  dû  une  demi -poste  en  sus  de  la  distance,  sur  tou¬ 
tes  les  sorties. 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE.  173 

13.  Route  de  Lille  à  Ostende ,  par  Ypres. 


Postes 

de 

France. 

S 


Postes 

Noms. 

de 

France 

1.  Menin. 

ï/z 

2.  Ypres. 

3 

Noms. 

Dixmude. 
3.  Ostende. 


Observations  locales. 

1.  A  Menin  des  blanchisseries  d’après  les  procédés 
chimiques  de  Mr.  Chaptal.  Menin  est  célèbre  par  la 
belle  défense  et  sortie  ,  de  feu  le  général  de  Hammer- 
stein  dans  la  guerre  de  la  révolution. 


2.  Le  canal  de  Bosingenf  le  collège  des  ci-devant 
Jésuites,  méritent  d’être  vus.  Le  village  de  JVaton ,  non- 
loin  d 'Ypres,  passe  pour  l’un  des  plus  grands  do  1» 
Flandre. 


3.  Population,  suivant  l’A.  10,459.  les  trois  ni¬ 

veaux.  Cette  ville  était  devenue  dans  les  premières  an¬ 
nées  de  la  révolution  ,  un  des  passages  les  plus  fréquen¬ 
tés  de  la  terre -ferme  en  Angleterre.  Son  commerce  a 
été  presque  anéanti  par  la  guerre  ,  et  son  port  a  été  en¬ 
combré  en  partie.  Mais  son  port  a  été  déjà  rétabli  sous 
Napoléon,  et  son  commerce  refleurit,  sous  l’égide  du 
royaume  des  Pays  -  bas.  Le  canal  d1  Ostende  est  connu. 


14  Route  de  Paris  à  Genève ,  par  Sens ,  Auxerre , 
Dijon  et  Macpn,  de  même  que  par  Dôle ^  et 
par  Tonnerre. 


Postes 

de 

France. 

% 


Noms. 

Postes 

de 

1.  Villejuif. 

France. 

Noms,. 

Froniéntau. 


174  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE. 


Postes 

de 

France. 

i  Vi 

i'A. 

i 


x 

)'/2 

l'/z 

m 

2 

2 

1 


[Noms. 

Postes 

•  :  -  .  à  *  '  < 

de 

France. 

2.  Essonne, 

Ponthierry. 

Chailly. 

l'/z 

3.  Fontainebleau. 

i§6 

Moret. 

2 

Fossart. 

2 

Villeneuve  -  la- 
Gaiard. 

2 

Pont-sur-Yonne. 

4.  Sens. 

2 

Villeneuve  -  sur- 

2 

Yonne. 

2 

5.  Joigny. 

2 

Basson. 

6.  Auxerre. 

2'/z 

St.  Bris. 

Vermauton. 

j  fjL 

Lucy  -  le  -  Bois, 

7  a.  Avalon. 

i'/z 

Rouvray. 

m 

Maison  -  neuve. 

2 

Viteaûx.  5 

2 

la  Chaleur. 

I  ’/z 

Pont  de-Pany, 

Noms. 


7  b.  Dijon.  *) 
8.  Baraque, 
g.  Nuits. 

10.  Beaune. 
Chagny. 

11.  Châlons  - 
Saône.  v, 
Senecey. 
Tournus. 

12.  St.  Albin. 

13.  Mâcen. 
Logis  -  neuf. 

14.  Bourg 
l’Ain. 

Pont  d’Ain. 

15.  Cerdon. 
Maillac. 

16.  Nantua. 

17.  la  Voûte. 
18-  Bellegarde. 

19.  Colonges. 

20.  St.  Génix. 
Genève, 


de 


76 


#)  Une  route  a  Genève  qui  abrège  de  beaucoup,  p» 
est  celle  de  Dijon  par  Dole;  savoir:  Genlis  2  p. 
Auxonne  154.  Dôle  2,  Mont  -  sous  -  Vaudrey  2^. 
Poligny  2^  Champagnolle  z'/z.  Maison- neuve  1^. 
St.  Laurent  1  Morez  i&.  Rousses  i&.  La  Vat- 
tay  i%-  Gex.  2.  Genève  2.  Auxonne ,  ville  de  5000 
h.  a  une  école  d’artillerie,  qui  a  compté  parmi  ses 
élèves  Napoléon ,  des  belles  casernes  etc.  ses  rem¬ 
parts,  ouvrage  de  Vauban .  servent  de  promenade: 
les  melons,  sont  renommés.  A  Dôle ,  l’hôpital  mi¬ 
litaire,  et  la  fontaine  publique,  ouvrage  A'Attiret 
Mandarin  de  la  Chine.  La  promenade  sur  la  Doubs , 
est  charmante.  Napoléon  avait  fait  commencer  un 
canal,  qui  devait  Joindre  le  Rhin  a  la  Saône.  Po¬ 
ligny  est  renommé  par  se9  vins  rouges;  on  trouve 
fréquemment  dans  les  environs  des  antiquités  ro¬ 
maines  et  gauloises:  Caylus  a  décrit  les  charnbret- 
tes  :  le  chemin  -  pavé,  est  une  voie  romaine,  qui 
se  dirige  vers,  un  roc,  taillé  grossièrement  en  sta¬ 
tue.  A  Champagnole  la  filerie  de  fer  de  M.  Muller , 
excellente  fabrique:  joli  coup  d’oeil  de  la  bonne 
auberge  au  relais.  Cette  partie  du  Jura,  fabrique 
des  fromages  façon  de  Gruyère,  et  connus  sous  le 
nom  ùe  Gruyère  de  Comté.  Morez ,  est  renommé 
par  son  industrie,  grosse  horlogerie,  pendule»,  mon¬ 
tres,  montures  de  lunettes  etc.  Lu  douane  fran- 


LÀ  FRANCE.  ITINÉRAIRE.  175 


OJ>  s  er  v  a  ti  on  s  locales. 

1.  On  sort  par  le  faubourg  St.  Marceau,  dont  Fâs- 
pect  sâle  laissa  à  J.  J.  Rousseau  tine  impression  si  vire 
et  si  désavantageuse;  V.  ses  Confessions.  A  droite  sur 
une  éminence  le  fameux  Bicêtre ,  dont  le  nom  date  par 
corrùption,  de  son  fondateur,  évêque  de  JVincestrç.  On 
j  admire  le  très  -  simple  mécanisne  de  la  machine  à 
puiser  l’eau,  et  le  vaste  attelier.  On  y  fabrique  des  jolis 
ouvrages  en  pailles.  En  arrivant,  sur  la  hauteur  de  la 
descente  près  de  Villejuif,  l’oeil  embrasse  Paris,  c.  à-  d. 
W  monceau  grisâtre  et  immense  de  tours  et  ïl’édificea 


çaise  se  trouve  à  présent  au  hameau  de  la  Cure:  on 
y  est  au  pied  de  la  Dèle ,  le  plus  haut  pic  du  Jura: 
il  ne  faut  que  %.  h.  pour  monter  au  sommet.  Ce 
trajet  du  Jura,  pittoresque,  romantique  et  facile 
en  été,  ne  l’est  guère  en  hiver,  à  cause  des  neiges 
et  des  tourmentes,  surtout  depuis  la  guerre  de  1.814» 
où  la  montagne  de  la  Fossille ,  a  été  dépouillée  de 
sa  forêt  tutélaire.  Les  ours  ne  sont  pas  rares.  V. 
Streifereien  durch  den  franzosischen  Jura,  vonjjlys- 
ses  von  Salis.  IVintertliur.  igôÇ.  8-  —  On  peut  aussi 
$e  rendre  de  Paris  à  Dijon,  par  Tonnerre ,  38^2  pos¬ 
tes.  A  Tonnerre  on  voit  l’un  des  plus  beaux  monu- 
mens  érigés  aux  sciences,  uu  grand  Gnomon,  con¬ 
struit  en  1786,  encore  unique  dans.son  genre:  ce 
monument,  à  l’église  de  l’hôpital,  (où  l'on  remar¬ 
que  aussi  le  tombeau  de  Marguerite  de  Bourgogne:) 
a  beaucoup  souffert  pendant  la  révolution,  où  cette 
église  devait  être  convertie  en  magasin  à  foin.  Les 
vins  de  Tonnerre  sont  très  récherchés;  les  vignob¬ 
les  d'Epindul  produisent  la  première  qualité.  La 
belle  promenade  du  Patis,  est  située  au  bord  de  la 
rivière.  Au  dessus  de  la  porte  de  l’ex  -  abbaie  de 
St.  Michel,  on  remarque  un  portrait  de  Marie  -  An* 
toinette ,  qui  a  survécu  à  la  révolution  De  Dijon 
on  devait  faire  l’excursion  au  château  et  aux  jar¬ 
dins  de  Monïbard ,  célèbres  pour  avoir  été  l’habita¬ 
tion  et  les  témoins'  des  travaux  du  grand  Bujfon. 
Un  passe  par  Val  Suzon,  renommé  par  ses  trui¬ 
tes;  Ste.  Seine ,  source  de  la  Seine;  Chanceaux  et 
Villeneuve.  On  loge  à  Montbard ,  'à  l’Ecu,  chez 
l'ancien  cuisinier  de  Bujfon.  Au  château  les  restes 
du  cabinet  d  hist  naturèlle.  La  distance  de  Dijon 
à  Montbard  est  de  I7#z  lieues,  et  6  relais.  Cès  re¬ 
lais  conduisent,  à  peu  de  distance,  de  Villeneuve , 
dans  le  voisinage  du  château  de  Bussy  -  Babutin, 
curieux  par  son  site  et  *es  peintures,  et  de  St.  Heine 
l'âncienne  Alasia ,  cù  la  bataille  décisive  de  César , 
creusa  le  tombeau  de  la  liberté  des  Gaulois. 


176  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE. 

irréguliers,  qui  composent  cette  ville,  et  qui  s’étendent 
à  gauche  et  à  droite,  presqu’k  perte  de  vue.  Je  n’ou¬ 
blierai  de  œa  vie  ce  coup  d’oeil  imposant.  Le  point  de 
vue  le  plus  favorable,  est  près  de  la  pyramide  qui  indi¬ 
que  la  ligne  par  où  passe  la  méridienne  ;  on  est  alors  k 
une  hauteur  égale  au  sommet  de  Notre  -  Dame .  A  un 
quart  -  de  -  lieue  à  l’ouest,  des  carrières,  remarquables 
par  les  fossiles  que  l’on  y  trouve.  A  Juvissy  les  deux 
ponts  qui  joignent  deux  collines,  ouvrage  hardi  et  sur¬ 
prenant. 

2.  Du  château  de  Choisy ,  séjour  favori  de  Louis  XV. 
et  de  la  Dubarry ,  n’existent  pas  même  lés  débris.  On 
remarque  depuis  Fromentau  les  beaux  châteaux  et  parcs 
du  Duc  de  Raguse  ,  de  Davoust ,  et  de  Villeroi.  Essonne 
existait  déjà  sons  le  régne  de  Clovis.  On  y  a  établi  plu¬ 
sieurs  manufactures  de  papiers,  d’indiennes,  un  moulin 
a  poudre,  une  superbe  filature  de  coton,  la  papêterie 
de  Didot,  etc.  Sur  la  route  au  prochain  relais;  on  doit 
voir  Croix  -fontaine ,  l’un  des  plus  beaux  châteaux  de 
France  ,  et  celui  de  Ste.  Assise »  Le  relais  de  Chailly  a 
été  longtems  renommé  pour  les  40  ou  50  chevaux  blancs, 
qni  forment  habituellement  son  attelage. 

3.  Voyez  Environs  de  Paris.  A  peu  de  distance  de 
JJloret ,  une  colonne  à  l’endroit  où  Louis  XV.  alla  à  la 
rencontre  de  la  Reine  son  épouse,  fille  de  Stanislas. 

4.  Population  ,  stiîv.  l’A.  10,117.  Au  confluent  de  la 
Vanne  et  de  l’Yonne.  L’aspect  de  la  ville  est  flatteur. 
Les  vestiges  de  temples,  de  portiques,  d’amphithéâtres 
attestant  son  antique  splendeur,  n’existent  pins  en 
grande  partie.  Ses  remparts  antiques,  qüb  l’on  com¬ 
mence  aussi  à  démolir  en  plus  d'un  endroit,  sont  de 
même  de  fondation  Romaine.  La ,  cathédrale  contient 
nombre  de  curiosités ,  et  le  célèbre  tombeau  de  marbre 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE.  177 

du  Dauphin  et  de  la  Dauphine,  relégué  dans  une  cha¬ 
pelle  mesquine;  le  trésor  de  l'église  mérite  d’être  viL 
Le  vaisseau  est  un  beau  mûrceau  d’architecture  gothi- 
que.  L’original  de  l’ancien  office  des  fous  est  conservé  à 
présent  à  la  bibliothèque  du  Collège,  dont  le*  collec¬ 
tions  sont  intéressantes.  On  y  voit  aussi  les  bas  -  re¬ 
liefs  du  tombeau  de  Duprat.  N’oubliez  pas  la  collec¬ 
tion  de  tableaux  de  M.  Thomas.  C’est  à  Sens,  que  se 
fabriqua  cette  étoffe,  dite  velours  d’Utrecht.  11  y  a  ici 
des  amidonneries,  blanchisseries,  bonnêtqries,  chapel¬ 
leries,  des  manufactures  de  colle -forte,  surtout  celle  de 
Cherchedieu,  etc.  On  y  fabrique  des  montres  d'eau>  il 
y  a  ici  une  salle  de  spectacles,  des  bains  publics,  et  une 
école  secondaire.  La  double  allée  d’arbres  qui  l’entoure f 
forme  une  charmante  promenade.  Près  Sens  existe  la 
fontaine  curieuse  de  Véron ,  stir  la  route  de  Villeneuve 
Son  eau  a  la  qualité  de  pétrifier  la  mousse,  la  bourbe, 
et  de  produire,  dit  -  on,  des  pierres  -  ponces.  On  lui  a 
reconnu  aussi  quelque  vertus  médicinales.  La  carrière 
de  craie  à  Michery  est  remarquable  par  sa  voûte  soû- 
tenue  par  des  piliers,  où  une  voiture  h  4  chevaux  peut 
circuler. 

5.  Population  suiv.  l’A.  5,132.  Petite  ville,  où  Ton 
arrive  par  une  grille ,  qui  ressemble  à  celle  d’un  ch⬠
teau,  embellie  de  casernes,  et  précédée  d’un  pont  et 
d’un  superbe  quai ,  qui  fait  un  bel  effet.  Peu  de  villes 
ont  un  abord  si  riant.  Ses  vins  rouges,  quoiqu’ils  ne 
soient  pas  de  la  première  qualité,  sont  recherchés.  Vue 
magnifique  des  terrasses  du  château;  belle  voûte  de  l’é¬ 
glise  attenante, 

6.  Chef  -  lieu  du  département  de  l’Yonne.  Popula¬ 
tion  6uiv.  l’A.  12,047.  Ses  dehors  sont  délicieux  ;  le  palais 
de  l’évêque  à  présent  la  préfecture,  était  le  plus  bel 
édifice  épiscopal  de  France.  Remarque?  les  trois  églises  , 

Guide  des  Voy>  T.  ll<  Q 


X?8  LA  FR.  A  N  CE.  ITINÉRAIRE. 

gothiques  d’nnè  haute  antiquité,  celle  de  St.  Pierre,  avec 
sa  belle  tour,  celle  de  St.  Germain,  dont  le  gothique 
est  le  plus  ancien,  mais  dont  toute  la  partie  antérieure 
été  rasée  par  les  révolutionnaires,  et  puis  la  cathédrale,  la 
flèche  délicate  de  sa  tour,  avec  son  vieux  cadran,  la  gran¬ 
deur  et  l’élévation  de  sa  nef,  et  «es  vitraux  peints.  Bains 
publics,  salle  de  comédie,  école  secondaire.  On  déterre 
quelquefois  des  antiquités  Romaines.  Le  plus  beau  point 
de  vue  est  sur  le  pont.  De  ses  vins,  ceux  de  Chablis, 
A'Yrancy ,  de  Coulanges ,  de  Migrenne ,  sont  les  plus  re¬ 
nommés.  M.  Depping  raconte  naïvement  l’empresse¬ 
ment  des  servantes  solliciteuses  des  différentes  auber¬ 
ges,  à  l’arrivée  des  voyageurs.  A  deux  lieues  d 'Auxerre, 
la  fontaine  de  Belombre  qui ,  comme  celle  de  Véron, 
forme  des  concrétions  bizarres.  A  Auxerre  fut  inventé 
en  1591,  cet  instrument  de  musique,  appelé  Serpent . 
Bonne  auberge,  au  Léopard  II  y  a  ici  l’Athénée  de 
l’Yonne,  Il  faut  voir  la  bibliothèque  publique,  le  mé- 
dailler  de  M.  Fournier  et  le  riche  cabinet  de  M.  de  la. 
Bergerie.  A  2  lieue»  de  Vermanton ,  sont  les  grottes 
A'Arcy t  remarquables  par  leurs  incrustations.  Elles  ont 
500  toises  de  longueur.  Pour  s’y  rendre  on  ne  paye  aux 
postes  de  Vermanton  ou  de  Lucy ,  qu’une  lieue  de  plus. 
On  remarque  en  partant  do  Vermanton ,  un  beau  bâti¬ 
ment,  c’est  l’éx  -  abbaye  de  Ligny,  de  l’ordre  des  Ber¬ 
nardins. 

7  a.  Avalon ,  se  présente  [agréablement;  elle  a  des 
bonnes  auberges,  des  cafés  bien  montés,  des  bains  pub¬ 
lics,  bonne  société  et  des  vins  renommés.  L’architecture 
gothique  de  l’église  paroissiale,  excite  l’attention  de 
l’artiste.  Suivant  M.  Millin ,  (pardon,  M.  Vayssé!)  la 
vallée  du  Cousin ,  a  près  de  mille  toises  de  profondeur. 
Près  de  Maison  -  neuve ,  le  pittoresque  aspect  du  vieux 
château  de  Thîl ,  Les  environs  de  Vitteaux  sont  riches 
efe  substances  marines  pétrifiées. 

;  O  .* 


LA  FRANGE.  ITINÉRAIRE.  179 

7  b.  Population  suiv.  l’A.  21,000  Q  Les  arts  réunis- 
la  Concorde  :  U  Sincérité.  C’est  une  des  belles  villes  de 
la  France  et  le  chef  -  lieu  du  département  de  la  Côte- 
d’or.  La  préfecture,  l’ancienne  intendance;  la  belle 
place  Royale  devant  le  palais  des  états;  la  vieille  tour 
derrière,  sert  d’observatoire.  L’église  moderne  et  belle 
des  Orphelines  -  Ste.  Anne:  l’hôpital,  la  rue  de  Condé, 
ci  -  devant  de  l’égalité,  le  portail  de  l’église  de  St.  Mi¬ 
chel  de  Hugues  Sambin ,  l’émule  et  l’ami  de  Michel- 
Ange ;  le' portail  de  l’église  Notre-Dame,  chef  -  d’oeuvre 
d’architecture  gothique,  mais  où  le  vandalisme  a  détruit 
l’harmonie,  en  brisant  les  statues,  qui  étaient  dans  les 
pendentifs:  voilà  ce  qui  de  préférence  doit  fixer  l’atten¬ 
tion  des  voyageurs.  La  Chartreuse,  jadis  si  renommée 
par  sa  bonne  -  chère,  ses  palais,  sa  basilique,  ses  mau¬ 
solées,  a  été  dévastée  par  le  vandalisme  révolutionnaire: 
le  soc  y  a  passé:  on  regrette  surtout  les  tombeaux  en 
marbre  de  Paros  des  Ducs  de  Bourgogne,  quelques  sta¬ 
tues  existent  encore  au  Musée.  Dans  ces  teins  de  dé¬ 
sordre  périt  cette  boiserie,  qu’offrait  l’intérieur  de  l.i 
cathédrale.  Mais  ils  existent  encore,  les  deux  cftefs- 
d’oeuvres  surprenans  de  l’art,  la  flèche  de  St.  Benigne 
ou  de  la  cathédrale;  et  celle  de  St.  Jean ;  la  première  est 
à  coup  sûr  la  plus  belle  flèche  qui  soit  en  Europe.  Elle 
est  élevée  de  375  pieds  à  compter  du  pavé;  l’autre  jaillit 
à  près  de  300  pieds  de  hauteur.  Les  avenues  de  Dijon 
sont  charmantes  ,  et  les  promenades  du  cours  ,  ùeV ar¬ 
quebuse  ^  où  l’on  voit  un  énorme  peuplier  de  24  pieds  de 
circonférence ,  et  du  Parc  planté  par  le  Nôtre  ,  sont  des 
plus  belles  de  la  France.  Cette  ville  possède  un  Musée, 
qui  contient  nombre  de  tableaux,  et  une  collection  des 
restes  de  la  Chartreuse,  de  sculptures,  d’estampes  etc  , 
et  qui  est  ouverte  au  public  tous  les  dimanches  :  ajou¬ 
tez  -  y  le  jardin  botanique,  avec  le  sarcophage  de  son 
fondateur;  quelques  monumens  anciens  enchâssés  dans 
son  mur;  l'académie  et  ses  collections  ;  la  riche  biblio- 


Igo  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE. 

thèque  de  la  ville  ;  le  musée  lapidaire,  chez  M.  Richard, 
la  collection  d’antiquités  de  M.  Baudot ,  entre  autres 
une  urne  déterrée  récemment.  J’ai  très  bien  logé  à 
l’hôtel  Dauphin,  qui  sans  doute,  lors  de  la  révolution  a 
changé  de  nom.  M.  le  Vayssi  recommande  l’auberge  des 
Trois  Pigeons,  et  se  plaint  de  celle  de  Condé.  Il  y  a  à 
Dijon  quelques  fabriques  de  draps  etc.  mais  le  com¬ 
merce  est  en  stagnation  et  se  rédqit  aux  vins,  et  aux 
bois  de  son  territoire,  et  à  la  moutarde  de  Dijon ,  si 
renommée.  Il  est  dû  un  quart  de  poste  en  sus  de  la  dis¬ 
tance,  sur  toutes  les  sorties.  De  la  ci  -  devant  abbaye 
de  Cite  aux ,  et  de  ces  caves  fameuses,  il  n’existe  plus 
que  le  souvenir^  ses  monuraens  et  l’église  ont  disparu. 

8-  Près  de  la  Baraque  croît  le  vin  de  Chambertin  ,1e 
plus  estimé  en  Angleterre.  On  passe  [par  le  village  de 
Clos  -  de  -  Vougeot ,  où  croît  le  vin  le  plus  renommé  des 
vins  de  Bourgogne.  La  vigne,  ci  -  devant  la  propriété 
de  Ciieaux ,  est  entre  les  mains  d'autres  possesseurs,  qui 
sacrifient  tout  à  la  quantité,  selon  les  on  -  dit  du  pays, 
au  lieu  que  les  moines,  sacrifiaient  tout  à  la  qualité. 
Comme  le  Clos  forme  deux  parties  opposées,  qui  don¬ 
nent  deux  différentes  qualités  de  vin,  le»  moines,  pour 
ne  pas  les  mélanger,  faisaient  leurs  vendanges  par  ban¬ 
des  longitudinales  ,  ce  que  les  nouveaux  acquéreurs  né¬ 
gligent,  ne  voulant  avoir  qu’une  seule  qualité  de  vin. 

q.  A  Nuits  et  a  Beaune  il  y  a  des  crûs  recherchés  de 
la  Bourgogne.  Les  vins  de  Nuits  ne  sont  devenus  célè¬ 
bres ,  que  depuis  la  maladie  de  Louis  XIV.  en  i68a. 

io.  Beaune  a  un  magnifique  hôpital.  Des  belles  pro¬ 
menades,  et  un  grand  et  beau  jardin  Anglais  nouvelle¬ 
ment  planté  ,  une  bibliothèque ,  une  salle  de  comédie, 
de  bonnes  auberges,  et  une  fabrique  de  bière,  malgré 
sa  grande  expédition  de  vins,  de  30  à  40,00a  pièces  par  an. 


t 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE,  igi 

"Depuis  les  épigrammes  de  Piron  les  mauvais  plais  ans, 
ont  prêté  bien  des  naïvetés  aux  bons  et  braves  Beaunois 
Q  les  amis  la  Nature  et  de  l’Humanité. 

11.  Population  suivant  PA.  10,43t.  Dans  une  char¬ 
mante  plaine.  Les  débris  d’un  amphithéâtre,  et  de^ 
inscriptions  ,  attestent  l’antiquité  romaine  de  cette  vil¬ 
le  r  on  en  trouve  des  restes  de  tems  en  tems.  L’église 
principale,  l’hôpital  St.  Laurent  et  le  pont  en  pierre, 
se  distinguent.  Chez  les  ci-devant  Carmes  était  la  tom¬ 
be  de  l’épicurien  DesVarreaux  ,  converti  par  une  ome¬ 
lette.  La  bibliothèque,  eu  l’ancien  collège,  la  maison 
des  bains  publics,  une  9alle  de  comédie,  des  cafés  etc. 
trois  belles  promenades,  dont  l’une  borde  le  beau  canal 
du  centre.  Des  deux  premières,  qui  s’élèvent  en  terras¬ 
se  r  on  a  ,  quand  le  tems  est  serein,  la  vue  des  Alpes. 
etc.  On  prépare  dans  cette  ville  l'essence  dt  Orient ,  qui 
sert  à  faire  les  fausses  perles.  Un  objet  curieux  c’est -la 
machine,  hydraulique.  Le  plus  joli  des  costumes  villa¬ 
geois  est  peut  -  être  celui  des  bergères  des  environs  de 
Châlons.  Les  vins  des  environs  de  cette  ville  sont  esti¬ 
més;  on  distingue  surtout  ceux  de  Mercurey.  L’hôtel- 
du  -  Parc  est  une  bonne  et  renommée  auberge.  Cette 
ville  a  trois  foires  fameuses,  le  ii„  Février,.  25.  Juin  e& 
30.  Octobre. 

12.  Entre  St.  ATbin  et  Mâcon  l'on  v-ort,  an  levant,  le 
mont  Jura ,  et  les  montagnes  du  pays  de  Gex  ,  et  au, 
sud  le  Mont  d'or  à  3  lieues  de  Lyon.  La  navigation  sur 
la  Saône  par  la  diligence  d'eau ,  offre  plus  d’agrément 
que  la  route  par  terre;  cela  s’entend  de  Châlons  jusqu'à 
Mâcon  t  et  même  jusqu’à  Lyon.  Car  cette  coche  d'eau 
part  tous  les  jours  de  Châlons  pour  Lyon. 

13»  Mâcon  n’est  éloigné  de  Lyon  que  de  7  postes.  Sçn 
aspect  est  agréable  :  son  magnifique  quai  est  bordé  de# 


182  LA  FRANCE.  ITINERAIRE. 


somptueux  édifices,  parmi  lesquels  on  remarque  l'iiôtel 
de  ville,  l’ancien  palais  Montrevel ,  des  bains  [publics, 
une  salle  de  spectacles;  on  distingue  de  ce  quai  les  Al¬ 
pes.  Une  île  que  forme  la  Saône  au  dessus  du  pont  de 
Mâcon  est  un  véritable  tableau  dans  le  genre  de  l 'Al¬ 
lume.  Le  costume  des  Mâconnoites  est  célèbre  et  cir¬ 
conscrit  dans  un  petit  territoire,  dont  57.  Albin  est  le 
centre:  la  coïffure  ressemble  à  celle  du  Valais.  Les  vins 
du  territoire  sont  estimés.  On  cite  les  confitures  de 
cette  ville,  et  le  cotignac  de  Mâcon  jouit  d’une  grande 
réputation.  On  le  vend  à  Paris  sous  le  nom  de  raisiné • 
Le  cabinet  de  M.  de  Roujoux  renferme  des  antiquités 
intéressantes,  et  il  y  a  ici  une  société  d’agriculture  et 
des  arts.  Les  sauteries  de  Mâcon ,  sont  un  monument 
du  fanatisme  religieux.  Population  suiv.  l’A.  10,807.  A 
4  lieues  Nord  -  Ouest  de  Mâcon  est  la  ville  de  Clunjr , 
fameuse  par  la  ci -devant  abba3re  de  ce  nom.  Ce  n’était 
pas  une  abbaj-e,  c’était  une  petite  ville.  Ni  l’église  go¬ 
thique,  une  des  plus  belles,  ni  sa  rich<L  bibliothèque 
n’existent  plus:  le  couvent,  superbe  édifice  moderne,  a 
été  consacré  a  plusieurs  établissemens ,  entre  autres  à 
un  haras. 

14.  Population  suiv.  T  A.  6,984-  Jolie  chef- lieu 

du  département  de  l’Ain.  Ses  promenades,  surtout  celle 
du  Mail ,  lui  donnent  de  l’agrément.  Elle  a  une  salle 
de  comédie,  et  des  bains:  l’une  de  ses  fontaines  publi¬ 
ques,  a  été  érigée  par  les  habitans  à  la  mémoire  du  gé¬ 
néral  JouVert.  Ses  tanneries  ont  de  la  réputation;  on  y 
fabrique  des  dentelles  grossières,  des  chapeaux,  et  il  y  a 
une  filature  de  coton.  On  y  fait  Je  commerce  des  fa¬ 
meuses  volailles  de  \la  Bresse.  Les  environs  de  Chailly 
dans  le  voisinage  sont  délicieux.  L'église  de  Brou  bâtie 
aux  portes  de  Bourg  est  remarquable  par  son  architec¬ 
ture  ,  par  la  sculpture  de  son  choeur,  et  par  trois  mau¬ 
solées.  On  y  voit  aussi  la  statue  en  marbre  du  sculpteur 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE,  igj 

fle  ces  monuœens  ;  devant  le  portail  d'un  très  -  bon  go¬ 
thique,  un  cadran  solaire  sur  le  sol  du  parvis.  Fort 
près  de  Bourg  est  le  ci  -  devant  monastère  des  Augus- 
tins  ,  où  les  connaisseurs  d’Ain  admiraient  une  magnifi¬ 
que  église,  de  belles  statues,  et  des  mausolées  remar¬ 
quables.  Bourg  était  la  patrie  de  de  la  Lande.  On  vient 
d’y  placer  son  buste.  Les  villages  de  Boz  et  Arbigny 
près  de  Bourg ,  sont  habités  par  des  restes  de  peuplades 
sarrasines ,  dont  les  usages,  le  caractère,  les  moeürs 
diffèrent  essentiellement  de  leurs  voisins.  De  Point  d'Ain 
a  Lyon  :  Bublanne  \'/z  P-  Meximieux  l 'fa.  Montluel 1%. 
Mirebel  i^.  Lyon  l'/z* 

15.  Village  situé  au  pied  des  montagnes,  à  156  toises 
au  -  dessus  du  niveau  de  la  mer,  dans  une  gorge,  où 
passe  le  chemin  qui,  de  là,  s’élève  et  tourne  sur  le  mont 
Cerdon  dans  lequel  il  est  taillé.  La  route  est  bordée 
d’un  côté,  par  un  vallon  à  quelques  centaines  de  pieds 
de  profondeur  ;  de  l’autre,  par  un  mur  de  rochers,  éle¬ 
vés  à  pic  à  une  hauteur  prodigieuse.  Des  ruines  de  ch⬠
teaux  s’élèvent  tristement  au  sommet  de  quelques-unes 
des  montagnes, 

16.  Nantua  11’a  qu’une  seule  rue ,  mais  dans  cette  rue 
réside  l’industrie  la  plus  active,  et  on  y  trouve  l’abrégé 
des  manufactures  et  des  fabriques,  qui,  éparses  sur  la 
surface  de  la  France  font  une  partie  ,de  ses  richesses. 
Les  tapis ,  dites  de  Nantua ,  sont  une  étoffe  grossière 
faite  du  poil  du  boeuf.  Les  carpes,  les  écrévisses  sont 
excellentes,  et  les  truites  du  lacdisputent  le  rang  à  cel¬ 
les  de  Genève.  Dans  la  montagne  de  St.  Claude  et  dans 
ses  carrières  on  voit  de  ces  globules  ,  nommés  dragées 
de  pierre.  Nantua  possède  des  eaux  minérales. 

17.  Chemin  romantique.  Le  relais  n’est  plus  à  St. 
Germain,  mais  o»  trouve  une  bonne  auberge  dans  ce 
dernier  bourg. 


xS4  LA.  FRANCE.  ITINÉRAIRE. 


i8*  Des  broussailles  et  des  buissons  couvrent  les  r»- 
chers  du  mont  Credo ,  la  racine  du  Jura .  La  Perte  du 
Rhône,  près  de  Coupy ,  est  à  -quelques  pas  du  chemin. 


on  y  descend  par  des  sentiers  assez  rapides.  C  est  nn 


amas  de  rochers  entassés  au  milieu  du  fleuve,  et  sous 
lequel  il  s’engouffre  et  disparaît  avec  uil  fracas  prodi¬ 
gieux.  Il  demeure  caché  dans  une  distance  d’environ 
300  pas,  et  resort  avec  une  impétuosité  pareille  à  celle 
de  sa  chûte  Lors  des  crues  d’eau,  le  fleuve  couvre  ce» 
roches  et  tombe  parmi  elles  avec  tournoyeznent  et  fu¬ 
reur,  mais  le  phénomène  de  sa  perte  n’a  plus  lieu.  Le 
cours  de  la  Valserine  est  non  moins  curieux  à  observer, 
et  à  3  lieues  il  y  a  une  autre  curiosité,  la  mine 
d'asyhalte  du  Parc.  Le  baron  de  Monville  a  publié  en 
1815  une  relation  intéressante  des  dangers  et  difficultés 
de  sa  course  nautique  et  téméraire  sur  le  Rhône ,  tant 
au-dessus  <]u' au-  dessous  de  la  Perte. 

19.  Fort  de  V Ecluse,  plaqué  sur  le  flanc  d’une  mon¬ 
tagne  escarpée  du  Jura ,  est  baigné  par  le  Rhône.  C* 
passage  de  la  Cluse  était  jadis  une  Clé  de  la  France;  la 
route  le  traverse  Comme  auparavant ,  ne  pouvant  pas 
passer  ailleurs  ,  mais  le  fort  a  été  défruit  par  les  Alliés 
en  i8i|.  On  trouve  ce  défilé  déjà  décrit  dans  les  Com¬ 
mentaires  de  Jules  -  César ,  liv.  1. 

20.  Route  agréable.  On  laisse  Ferney  sur  la  gauche. 

22.  V,  Itinéraire  de  la  Suisse.  Le  prix  de  la  course  et 
la  fixation  de  la  distance,  d’après  les  lois  françai¬ 
ses,  sont  maintenus  avec  Genève,  tant  à  l’aller  qu’au 
retour. 


Postes 

de 

■  France . 


15.  Route  de  Paris  à  GrenoMe , 

Postes 


Noms. 


de 

France. 


Noms. 


1.  Lyon. 
Bron. 


1 


St.  Laurent- des» 
Mûres- 


LA  FRANCE.  ITINERAIRE.  185 


Postes 

de 

France. 

l'/x 

9 


Postes 

Noms. 

de 

France. 

Verpillière. 

i'/2 

Bourgoin. 

1  Yz 

Eclose. 

La  Erette. 

2 

Noms. 

Rives. 

Voreppe. 

2.  Grenoble, 


7*'/z 


Observations  local  es. 


I.  Voyez,  No.  zi  a.  et  21  b.  A  l’entrée  de  Lyon il 
est  dû  unè  demi -poste  au-dela  de  la  fixation  ci-dessus, 
et  une  à  la  sortie. 


2.  Population,  suiv.  TA.  22,603,  les  coeurs  con- 
scans  :  l’humanité  :  la  parfaite  union.  Bonne  auberge  : 
à  l’hôtel  des  ambassadeurs.  On  y  remarque  l’hôpital 
général,  édifice  d’un  bon  genre;  l’église  principale, 
morceau  gothique  où  se  trouve  à  présent  le  maître -au. 
tel  de  la  grande  Chartreuse ;  l’arsenal,  qui  ressemble  b 
une  petite  citadelle.  A  la  place  du  fort,  et  à  la  maison 
appelée  Bastille ,  un  très -beau  coup -d’oeil;  on  apper- 
çoit  la  cime  du  Mont-blanc.  Dans  une  des  promena» 
(des,  qui  sont  belles,  on  voit  un  Hercule  en  bronze,  tiré 
du  magnifique  château  qui  appartenait  autrefois  au  con¬ 
nétable  de  Lesdiguières.  Il  y  a  ici  un  lycée,  un  musée 
des  arts,  qui  renferme  une  bibliothèque,  un  sarcophage 
antique,  d’une  grande  beauté,  un  cabinet  d’hist.  na¬ 
turelle  et  d’antiquité9,  400  tableaivx  de  différens  maîtres; 
et  un  jardin  botanique  bien  entretenu.  Le  sallon  où 
s'assemble  la  société  des  sciences  et  des  arts,  est  orné 
des  bustes  delq  hommes  illustres,  qui  reconnaissent  cette 
ville  pour  leur  patrie.  Il  y  a  4  maisons  de  bains  et  une 
salle  de  comédie.  On  fait  à  Grenoble  du  ratafia  qui  a 
de  la  réputation,  une  assez  grande  quantité  de  draps, 
et  des  gants,  que  le9  étrangers  préfèrent,  pour  la  finesse 
«t  la  légèreté,  à  ceux  d’Espagne  et  d’Italie.  La  ci -de¬ 
vant  grande  Chatreuse ,  n’est  éloignée  de  Grenoble  que 


186  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE. 

de  5 lieues.  On  s’y  rend  ou  par  le  chemin  de  St.  Laurent- 
du-Pont,  où  le  danger  des  torrens  est  extrême  à  l’épo¬ 
que  de  la  fonte  des  neiges,  ou  par  celui  du  Sappey. 
Quoiqu’elle  soit  totalement  délaissée,  excepté  un  ré¬ 
gisseur,  qui  fournit  des  lits,  et  des  vivres,  et  que  tout  y 
atteste  les  horreurs  du  vandalisme  révolutionnaire,  le 
voyageur  fera  bien  de  s’y  rendre,  la  belle  description  à 
la  main,  que  M.  de  Matthison  vient  de  publier  de  ce 
voyage  dans  ses  Erinnerungen.  On  ne  saurait  contem¬ 
pler,  sans  la  plus  vive  sensation,  ce  vaste  et  admirable 
édifice,  construit  au  centre  d’une  solitude  romanesqu  e, 
et  horriblement  belle.  Il  a  coûté  plus  d’un  million;  le 
cloître  renferme  80  cellules ,  et  la  salle  du  chapitre  est 
encore  tapissée  des  ^portraits  des  généraux  de  l’ordre. 
Les  7  merveilles  des  environs  ds  Grenoble ,  sont:  I.  la 
tour  -  sans  -  venin.  3.  La  fontaine  -  ardente.  3.  Xa  mon¬ 
tagne  inaccessible.  4.  Les  cuves -de  Sassenage,  bourg 
renommé  par  ses  fromages.  5.  Les  pierres  ophthalmi- 
ques  de  Sassenage,  c’est- à  -  dire,  des  cailloux  de  la  gros¬ 
seur  d'une  lentille,  qui  ont  la  vertu  réelle  d’attirer  le» 
ordures,  qui  peuvent  être  entrées  dans  les  yeux.  6.  La 
manne  de  Briançon.  7.  La  grotte  de  N.  D.  de  la  Balme. 
Quelques-uns  y  ajoutent  8-  le  Pré  qui  tremble.  Ces  cu¬ 
riosités  naturelles  ne  méritent  guères  l’épithète  qu’on 
leur  donne.  Y.  Antiquités  de  Grenoble  ,  ou  hist.  an¬ 
cienne  de  cette  ville ,  par  M.  Champollion  -  Figeac . 
Grenoble. 


16.  Route  de  Grenoble  à  Chambéry  et  à 
G  en eve. 


Noms. 


Postes 

1  Postes 

de 

Noms.  | 

de 

France . 

I  France. 

z'/z 

1.  Lnmbin.  f 

Chapareillan.  | 

1  2 

2- 

2 .  Chambéry. 


7 


LA  FRANÇE.  ITINÉRAIRE.  187 

Observations  locales. 

1.  On  peut  aussi  prendre  le  chemin  des  Echelles, 
gorge  artificielle,  qui  doit  êtrè  considéré,  comme  l’ou- 
vrâge  le  plU9  hardi.  Charles  -  Emanuel  71.  y  fit  élever 
un  monument,  dont  le  vandalisme  de  1793,  a  mutilé  là 
plus  belle  partie  ainsi  que  l’inscription  latine,  faite  non 
par  St.  Réal,  comme  le  dit  M.  Vayssé ,  mais  par  le  célè¬ 
bre  Tesoto,  et  qui  cependant  a  été  restituée  depuis.  V.  No. 
31.  Napoléon ,  voulait  faire  percer  un  autre  passage 
moins  rapide,  mais  l’ouvrage  n’est  pas  fini.  Entre  Gre¬ 
noble  et  les  premier  relais  de  Lunibin  ,  le  pays  s’élève 
en  terrasse,  et  on  suit  V Isère,  qui  reste  plus  ou  moins 
éloigné;  le  village  de  Meylan  ,  connu  par  ses  belles  géo¬ 
des,  et  le  fort  Barraux  ,  sont  à  remarquer,  comme  la 
belle  vue  de  la  fertile  vallée  de  Grésivauclan :  on  a  aussi 
en  face  sur  l’autre  rive  les  gothiques  restes  du  château 
du  chevalier  Bayard . 

2.  V.  les  détails  au  No.  31.  De  Chambéry  it  Genève 
11%  p.  par  Piumilly  et  IC%  p.  par  Annecy.  La  première 
poste  est  Aix  :  on  voit  sur  cette  route  le  village  de  Le- 
menc ,  dont  l’église,  où  repose  Mad.  de  JVarens,  est  l’un 
des  plus  anciens  établissemens  du  Christianisme.  A  dix, 
les  bâtimens  des  bains  offrent  de  précieux  vestiges  de9 
travaux  des  Romains.  M.  Perrier  a  rassemblé  dans  son 
jardin  le  produit  des  fouilles  faites  dans  ces  bains.  On 
voit  aussi  un  ancien  arc  sépulcral  d’un  certain  Campa- 
nus  :  la  tour  et  les  murs  Romains  qui  lui  servent  de  base, 
sont  suivant  M.  Millin ,  ceux  d’une  Edicule ,  de  la  Villa 
de  ce  même  riche  Romain  Pompéjus  Campanus.  Les 
bains  actuels  de  cette  ville,  doivent  leur  nom  de  Bassin 
royal  à  Henri  IV.  qui  s’y  baigna.  Ce  sont  des  eaux 
souffrées;  on  exporte  dans  des  caisses  de  plomb,  une 
conserve  de  souffre  qui  surnage,  et  que  l’on  applique 
efficacement  sur  les  parties  attaqués  de  douleurs  arthri¬ 
tiques;  les  eaux  d 'Aix  ont  fait  des  cures  brillantes  de 


188  I  A  FRANCE.  ITINÉRAIRE. 

rhumatismes  invétérés.  Air  a  une  situation  eharmante 
et  pittoresque.  Q  L’Intimité.  Le  lac  de  Bourget ,  sur  la 
route  de  Genève,  et  très  -  fréquenté  par  les  habitans 
d 'Aix  et  de  Chambéry ,  forme  un  de  plus  jolis  bassins. 
On  y  pêche  de  treites  de  30  et  40  livres,  et  le  Lavaretzt 
,,Salmo  Lavaretus“  du  Linnée ,  qui  ne  se  propage  nulle 
part  que  dans  ce  lac.  Un  céteau  est  baigné  par  Ses  eaux, 
et  tellement  abrité,  que  tous  les  fruits  de  la  Provence  y 
réuisissent  et  a  merveille.  La  très  -  ancienne  et  célè¬ 
bre  abbaie  de  Haute  -  Combe ,  près  du  lac,  est  à  présent 
une  faïencerie.  La  tempête  de  la  révolution  y  a  passé 
et  a  détruit  ses  trésors,  comme  ses  archives  et  ses  tom¬ 
bes.  Sur  son  dernier  monument  9ur  le  marbre  du  tom¬ 
beau  d’un  archevêque  de  Canterbnry  de  1270,  j’ai  vû  pé¬ 
trir  la  terre  glaise  de  la  fabrique!!!  Habert  sua  fatal 
La  mairie  d’ Annecy ,  possède  un  tableau  de  Corrige  d’un 
grand  mérite. 


17»  -K 


Postes 

de 

France. 

,  ;  *'A 
2 


u'A 

2 

2 

2 

’l'/z 

2 

lï& 

m 

m 

2  • 


o  11  te  de  Paris  à  La  Rochelle ,  par 
Chartres ,  Tours  et  Poitiers , 


Postes 

Noms. 

de 

France. 

i-  Versailles. 

T  '/z 

Coignières. 

1 

2.  Rambouillet. 

r 

Epernon. 

Maintenon. 

ï 

3.  Chartres. 

1 

La  Bourdinière. 

2 

BonneVal. 

1 

Châteaudun. 

2'/z 

Cloye. 

Pezon. 

Vendôme. 

T-YZ 

2 

Ne  uveSt.  Arnaud. 

T 

Ch  ût  eau- Régnault. 
Monnaie. 

l'â 

l 'fa 

4.  Tours. 

I  Yz 

5  a  Montbazon. 

I 

S  0  r  i-g'nÿ:  5  '  V'"'V  4 

w 

Ste.  Maure. 

l'/z 

5  b.  Ormes. 

I 

Noms. 


In  grande. 

6  a.  Chatellerault. 
Barres  -  de  -  Nin- 
tré. 

La  Tricherie. 
Clan 

6  b.  Poitiers. 
Croutelle. 
Lusignan. 
Villedieu  -  du  - 
Perron. 

St.  Maixent. 

La  Crèche. 

Niprt.  . 
Fontenay. 
Manzéi 
Laigne. 

Nuaillé. 

Groland. 

7.  La  Rochelle. 


LA  FRANGE.  ITINÉRAIRE.  î89 

Observations  locales. 

ï.  V.  le  tableau  des  villes. 

2.  Il  y  a  un  château  considérable.  François  I.  l’a  ha¬ 
bité  et  y  mourût  en  1547.  On  y  conserva  son  épée,  son 
casque,  et  sa  cotte  d’armes.  C’est  à  présent  une  caserne, 
et  le  siège  d’un  établissement  rural,  qui  deviendra  le 
berceau  d’une  belle  race  de  moutons.  Bien  de  plus 
magnifique  que  le  Parc,  où  il  y  a  un  asyle  vraiment 
enchanteur ,  le  temple  d'Io.  Population  2,588* 

2.  Population  suiv.  l’A.  13,791*  Q  la  Franchise.  L’é¬ 
glise  principale  est  magnifique,  la  hardiesse  etl’élévation 
de  ses  clochers,  étonnent  le  voyageur:  clocher  de  Char¬ 
tres,  nef  d'Amiens ,  choeur  de  Beauvais ,  portail  de 
Kheims ,  sont  passés  en  proverbe;  un  beau  morceau  de 
sculpture  de  Bridaut ,  l'assomption  de  la  sainte  vierge, 
décore  le  maître  -  autel.  Le  fini  du  travail  des  arabes¬ 
ques  sculptés  sur  les  piliers,  les  rend  infiniment  pré¬ 
cieuses.  Un  groupe  magnifique  de  marbre  blanc,  est  un 
cbef-d’ouvre  du  célèbre  Coustou.  Le  maréchal  de  Vau- 
ifan  mettait  la  construction  hardie  du,  choeur  de  St,  An¬ 
dré  ,  au  nombre  des  merveilles  de  la  France;  on  voit  la 
rivière  couler  sous  la  voûte  qui  le  soutient.  Les  corps 
se  conservent  dans  le  caveau,  construit  dans  l’épaisseur 
de  cette  voûte.  La  promenade  qui  se  présente  sur  la 
route  de  Paris,  est  superbe.  Les  maisons  de  Chartres 
sont  singulières  à  cause  de  la  multitude  des  croisées. 
Les  serges  communes  que  l’on  tire  de  Chartres ,  se  fa¬ 
briquent  dans  les  villages  des  alentours.  Les  bas  à  tricot, 
et  les  chapeaux  sont  des  objets  d’un  fort  commerce. 
Dans  le  voisinage  de  Chartres ,  sont  situés  Anet  et  Main- 
tenon,  lieux  célèbres  par  Diane  de  Poitiers  et  Madame 
de  Maintenon.  L'aqueduc  de  Maintenon ,  est  superbe, 
mais  pas  achevé. 

’  *  *  i  ‘  . 

Guide  des  Voy.  T.  II.  R 


icp  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE. 

4.  Population ,  suiv.  PA.  20,240.  □  les  Amis  réunis  : 
la  parfaite  union.  Le  raail  est  le  plus  beau  cours  qu’il 
y  ait  en  Europe.  Il  a  1,330  toises  de  longueur,  et  une 
terrasse,  d’où  l’on  découvre  une  plaine  riante  et  fertile, 
bornée  par  un  coteau  charmant.  La  cathédrale  est  un 
des  plus  beau  monimiens  gothiques,  surtout  les  tours. 
On  a  bâti  un  pont  à  Tours  qui  a  1335  pied9  de  longueur, 
sur  42  de  large,  et  à  la  suite  de  ce  pont,  une  rue  de  400 
toises  de  longueur.  L’église  de  St.  Martin,  mérite  d’être 
vue.  Les  vins  rouges  de  Tours ,  sont  très  -  estimés.  'A 
une  petite  demi -lieue  de  Tours  il  faut  remarquer  dans 
les  pans  d’un  roc,  les  habitations  excavées  d’un  peuple 
troglodyte  de  vignerons  et  de  jardiniers.  Dans  le  ch⬠
teau  d' Amboise  ,  l’escalier  cTune  tour,  qu’on  a  monté 
plusieurs  fois  en  voiture.  Non  loin  d’ Amboise ,  le  ch⬠
teau  le  Chanteloup  ,  remarquable  par  son  magnificence 
et  son  luxe,  avant  le  Vandalisme  révolutionnaire.  Dans 
un  des  faubourgs  est  la  ci-devant  abbaye  de  Marmou- 
tier ,  édifice  immense,  d’une  architecture  imposante 
mais  bizarre.  Cinq  Terrasses,  dont  la  plus  élévée  est  de 
niveau  avec  le  clocher,  offrent  en  perspective  l’horizon 
le  plus  étendu.  Il  y  a  à  Tours  une  bibliothèque  superbe, 
et  un  musée  de  peinture  et  d’hist.  nat.  A  la  bibliothè¬ 
que  on  remarque  deux  manuscrits ,  un  Pentateuque  de 
1000  ans,  et  les  Evangiles,  de  1200  ans  d’ancienneté.  Les 
prunes  de  Catherine,  les  pruneaux,  les  pêches  tapées  etc. 
sontrenommées.  Onfabrique  àTours  vingt  sortes  d’étoffes 
desoie;  car  les  soie9  que  fournit  l’ancienne  Touraine,  sont 
d’une  qualité  supérieure.  On  prétend  que  c’est  a  Tour* 
qu’on  a  établi  la  première  calandre,  inventée  par  un  cer¬ 
tain  Chomey  qui  l’apporta  d’Italie  ,  pour  onder  les  moi¬ 
res  ,  tabis  etc.  L’industrie  manufacturière ,  consiste  de 
plus  en  petites  draperies,  tanneries,  fayencerie:  on  fait 
de  fort  bonnes  eaux-de-vie.  Il  est  dû  un  quart  de  poste 
en  sus  de  la  distance,  sur  toutes  les  sorties,  excepté  sur 
Monnaie. 


A 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE.  191 

5.  a)  Tout  ce  pays  arrosé  par  la  Loire  et  le  Cher ,  est 
agréable  et  fertile,  surtout,  eu  fruits  excellens. 

5.  b)  A  Ormes  le  parc  à'sirgensom  une  haute  colonne 
servant  d’observatoire,  s’élève  au-dessus  des  toits  du 
château.  L’obélisque,  érigé  sur  la  grande  route ^  a  été 

renversé. 

6.  a)  A  Chatelterault  les  fabriques  de  coutellerie.  Le 
voyageur  s’y  voit  assiégé  par  une  foule  de  vendeuses  de 
ciseaux  et  de  couteaux,  qui  quelquefois  se  mettent  déjà 
en  embuscade  sur  le  grand  chemin. 

6.  b)  Population,  suiv.  l’A.  18,223.  □  la  vraie  Har¬ 
monie.  11  y  a  de  grands  jardins  dans  l’enceinte  de  cette 
ville,  et  une  promenade  publique,  appelée  Blcssoi,  du 
nom  de  son  planteur  et  qui  ferait  honneur  aux  plus  bel¬ 
les  villes.  On  y  voit  des  antiquités  du  tems  des  Ro¬ 
mains  ,  un  reste  d’amphithéâtre  ,  dont  les  vastes  rui¬ 
nes  ,  les  aqueducs,  l’arène  ,  sont  connues  chez  le  peuple 
sous  le  nom  de  Merlusines j  et  un  arc  de  triomphe  ,  qui 
sert  de  porte.  C’est  une  ville  ancienne  et  d’un  aspect 
gothique;  des  masses  grandes  et  pittoresques  de  rochers 
l’environnent.  Non  loin  de  Poitiers ,  sur  le  grand  che¬ 
min  d ' Angoulême  ,  on  remarque  une  pierre  d’une  gran¬ 
deur  énorme,  connue  sous  le  nom  de  -pierre  Levée ,  et 
que  l’on  croit  avoir  été  un  autel  érigé  à  Mercure.  Dan» 
la  petite  ville  de  Montmorillon ,  on  trouve  les  restes 
d’un  temple  des  Druides,  gravé  dans  les  antiquités  de 
Montfaucon.  Il  y  a  à  Poitiers  de  bonnes  papêîeries,  et 
des  fabriques  des  étoffes  de  laine;  les  mégissiers  passent 
quantité  de  peaux  en  chamois.  Une  branche  singulière 
de  commerce,  sont  les  vipères,  que  l’on  prend  eu  quan¬ 
tité  dans  les  fentes  des  rochers.  .  L'université  a  été  rem 
placée  par  une  école  centrale 


iça  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE. 

y.  La  route  par  Tours  et  Orléans ,  est  de  61  p.  et 
celle  par  Vendôme  ,  Tours  ,  Poitiers,  Niort  et  Saintes, 
de  69  p.  et  demie.  On  découvre  à  la  Rochelle  d’un  seul 
point  de  vue,  les  îles  à'Oléron,  de  Rhè ,  à'Aix ,  de 
Brouages  et  Marennes.  On  voit  les  restes  de  la  fameuse 
Aigue ,  dirigée  par  le  cardinal  de  Richelieu .  Elle  était 
de  747  toises.  Quand  la  mer  se  retire,  elle  est  assez  vi¬ 
sible.  Cet  ouvrage,  sa  durée,  son  étendue  et  sa  force, 
semblent  presque  supérieurs  au  pauvoir  humain.  La 
prise  c le  la  Rochelle  coûta  plus  de  30  millions.  Le  mai! 
est  avantageusement  situé.  Les  habitans  de  Vile  de  Rhi 
à  3  lieues  de  la  Rochelle  ,  réussissent  à  faire  une  liqueur 
très  -  agréable,  nommée  anisette.  Du  haut  de  la  tour  de 
la  Baleine,  on  découvre  8  à  10  lieues  à  la  roîTde.  Un  as¬ 
semblage  de  réverbères,  sous  un  dôme  tout  en  verre, 
forme  pendant  la  nuit,  un  globe  de  feu,  pour  servir  de 
phare.  Population ,  suiv.  l’A.  17,512.  Q  L’Union  par¬ 
faite. 


Ig.  Route  de  P  a  r\i  s  à  Liège ,  par  Reims 
et  Sedan,  -j 


Postes 

de 

France . 


12& 

2 

i'/z 


2 


2  Yz 


Noms. 

Postes 

de 

1.  Soissons. 

France. 

ï'/z 

Braine. 

2% 

Fiâmes. 

r/z 

Jonciiery. 

tfz 

2.  Reims. 

2% 

Jsle  . 

2  ŸZ 

Rhétel. 

2 $L 

Vauxeiles. 

2& 

Launoy. 

3 

Noms. 


3.  Mézières. 

4.  Sedan. 
Bouillon. 
Palizeul. 
Telin. 
JMurche. 
Bonsoin. 
Frai  n  eux. 

5.  Liege. 


48 


Observations  lo  c  aies. 

1.  Voyez  No.  9. 

2.  Population,  suivant  l'A.  3<>i225-  D  la  Sincérité:  la 
triple  Union.  L’église  principale  est  un  édifice  gothi» 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE.  193 

que  de  la  plus  grande  beauté.  JLe  portail  surtout  est  cé¬ 
lèbre.  La  rose  en  vitrage  que  l’on  voit  audessus  des 
trois  portes  colossales  d’entrée  ,  ’est  nn  ouvrage  admi¬ 
rable  par  l’extrême  délicatesse  de  sa  découpure.  Dans 
l’église  de  St.  Nicolas  il  y  avait  un  arc-boutant  qui 
s’ébranla  d’une  manière  sensible  au  mouvement  de  la 
plus  petite  des  4  cloches,  et  demeurait  immobile  quand 
on  sonnait  les  autres.  M.  JPluche  avait  expliqué  ce  phé¬ 
nomène  dans  son  spectacle  de  la  nature.  Mai9  tout  cela 
n’existe  plus;  fie  vandalisme  révolutionnaire  a  détruit 
cette  église  ,  l’un  des  plus  beaux  manumens  de  la 
France.  On  n’en  jouit  plus  que  par  les  gravures.  La 
Ste.  Ampoule  qui  servait  à  sacrer  les  rois  de  France,  a 
été  cassée  publiquement  par  le  nommé  Rühl ,  jacobin 
enragé  et  qui  a  fini  sa  carrière  par  un  suicide.  —  On 
trouve  a  Reims  des  monumens  Romains,,  un  arc  de 
triomphe,  l’arcade  dite  de  Romulus,  avec  des  bas-re¬ 
liefs  etc.  La  grande  place  est  belle.  Il  y  a  à  Reims  des 
manufactures  de  flanelle  et  d’autres  étoffes  de  laine. 
Les  toiles,  et  surtour  les  chandelles,  tiennent  un  rang 
considérable  dans  le  commerce  de  cette  ville.  On  y  fait 
des  pains  d’épices  renommés.  Reims  jouit  d’une  prome¬ 
nade  superbe  ,  que  l’on  appelé  le  cours .  C’était  Ici  que 
les  rois  guérissaient  les  écrouelles.  Reims  est  la  patrie 
de  Colbert ,  et  de  Pluche.  A  Courtagnùn  et  à  Mèri ■  dans 
le  voisinage  de  Reims,  on  découvre  une  quantité  prodi¬ 
gieuse  de  coquilles  fossiles.  Il  est  dû  un  quart  de  poste 
en  sus  de  la  distance,  sur*  toutes  les  sotties. 

3.  Mèzières :  chef- lieu  du  département  des  Arden¬ 
nes.  Population,  suivant  l’A.  3,310.  C’est  une  école  du 
corps  du  génie.  La  généreuse  bravoure  de  Bayard  a  ré¬ 
pandu  son  éclat  sur  Mèzières.  Les  champs  de  bataille 
de  Rocroy  sont  dans  le  voisinage  de  cette  ville. 

4-  Beau  pont  sur  la  Meuse.  On  trouve  à  Sedan  un 
arsenal  bien  fourni,  où  l’on  conserve  les  armes  dé  plu- 


UJ4  LA  FRANCE,  ITINÉRAIRE. 

sieurs  chevaliers,  qui  se  sont  distingués,  et  une  fond-erie 
de  canons.  Les  draps  noirs  de  Sedan  connus  sous  le 
nom  de  Pagnons  et  de  Rousseau ,  sont  d’une  qualité  su¬ 
périeure.  Cette  ville  fait  aussi  un  commerce  en  bou¬ 
tons  et  aciéries,  platinerie9,  boucles  et  faïenceries.  Les 
forces  à  tondre  les  draps  sont  encore  les  plus  renom¬ 
més  et  les  plus  recherchées,  à  cause  de  la  bonté  de  leur 
trempe,  et  de  la  façon  dont  elles  sont  montées.  Le 
grand  Turenne  est  né  dans  le  château  de  celte  ville.  Po¬ 
pulation  suivant  l’ A.  10,634.  La  c*  -  devant  chartreuse 
près  de  Sèdan  était  magnifique.  A  Palizeul  la  première 
poste  étrangère. 

5.  V.  Itinéraire  du  Royaume  des  Pays -bas. 


19.  Route  de  Paris  à  L'Orient,  pav 
R  enn  es. 


Postes 

de 

France . 

42& 

2 

2  & 

3 

1 

% 


Noms. 

Postes 

de\ 

1.  Rennes. 

France. 

*'A 

Mordelles. 

2 

Plélan. 

2 

Ploërmel- 

Vh 

Roc  St.  André. 

l‘/z 

Pont-Guillemet. 

to'A 


Noms. 


2.  Vannes. 

3.  Aura  y. 
Landevant. 
Hennebon. 

4.  L’Orient* 


Observations  loc  aies. 


1.  Voyez  No.  8- 

2.  □  La  philanthropie.  Vannes  a  un  joli  mail.  On 
y  fait  trafic  de  sardines  et  de  congres.  Auprès  de  Van¬ 
nes  sont  les  célèbres  pierres  debout  de  Carnac  ,  monu- 
mens  celtiques  très  -  remarquables  rangées,  sur  cinq  lig¬ 
nes,  au  nombre  de  plus  de  quatre  mille». 


3.  Près  d'Auray  était  une  chartreuse  très -belle. 


LA  FRANCE,  ITINÉRAIRE.  195 

4.  Population/  suiv.  l’A.  19,9215.  C’est  une  des  plus'jo- 
lies  villes  de  la  France.  Ses  quais  sont  beaux,  ses  co¬ 
mestibles  excellens. 

20.  Route  de  Paris  à  Lyon ,  par  Fontainebleau ,  Au* 
xerret  Dijon  et  Maçon. 


Postes 

Postes 

Noms. 

de 

France. 

Noms .. 

de 

France. 

5Ÿ/2 

j.  Maçon. 

2.  Anse. 

2 

Maison  blanche. 

1  Zz 

Limonet. 

2 

Tournelles  -  de  - 
Flandres. 

3.  Lyon. 

62 


Observations  locales. 

1.  Voyez  No.  14.  La  route,  belle  et  roulante  en  été, 
boueuse  en  hiver,  passe  près  de  plusieurs  jolis  châteaux, 
p.  e.  ceux  de  Saintrê ,  et  de  Montrouge ,  dont  on  longe 
la  grille.  Tournelles ,  maison  isolée  est  remarquable 
par  une  espèce  de  ménagerie,  que  le  maître  de  poste  y 
entretient. 

2.  De  Villefr anche  au  Puits  d'or ,  de  l’autre  côté  de 
la  Saône ,  est  une  vue  charmante,  où  l'on  rémarque, 
entre  autres  objets,  la  ville  de  Trévoux ,  agréablement 
située  sur  les  bords  de  la  rivière.  L’embranchement  des 
trois  routes  qu’ Agrippa  avait  fait  ouvrir- dans  les  Gau¬ 
les,  et  dont  le.  tronc  aboutissait  à  Lyon ,  fut  l’origine  de 
Trévoux.  Il  y  a  un  ancien  proverbe  qui  dit:  la  lieue 
d'Anse  à  Villefranche ,  est  la  plus  belle  lieue  du  France. 

3.  Des  jardins,  des  vignobles ,  des  maisons  de  plai¬ 
sance  des  Lyonnais.  A  gauche  le  vallon  romantique  et 
célèbre  de  Rochecardon.  On  y  montre  la  maison  où  lo¬ 
geait  fj.  J.  Rousseau ,  et  le  bois  et  la  fontaine  du  Roset , 
son  séjour  favori.  Il  vaut  mieux  faire  cette  promenade 
de  Lyon.  Les  jardins  de  la  maison  Claire *  ont  été  plan- 


iç6  LA  FRANCE,  ITINÉRAIRE. 

tés  par  le  fameux  Ze  Notre.  L  ou  paye  une  demi- poste 
au-delà  de  la  fixation ,  à  l’entrée  et  une  poste  à  la  sor¬ 
tie  de  Lyon.  3e  conseillerai»  aux  voyageurs,  de  préfé¬ 
rer  toujours  cette  route  de  la  ci-devant  Bourgogne, 
qtioique  ce  soit  la  plus  longue.  Elle  les  dédommagera 
amplement.  J’en  parle  par  expérience. 


gl.  a.  Route  de  Parie  à  Lyon , 
Moulins. 


Postes 

de 

France. 

ÏA 

2 

i'/z 

i 

1 


*'/z 

t-'/z 

2 

m 

m 

*Zz 

3'/z 

V/z 

*'/z 

l'/Z 


Noms. 

Postes 

de 

t.  Fontainebleau. 

France. 

1 

2.  Nemours. 

i'A 

la  Croisière 

1  n 

Fontenay. 

2 

Puy  la  Lande. 

2 

3.  Montargis. 

1  Yz 

la  Commodité. 

i'A 

Nogent-sur-Ver- 

r'A 

msson. 

1 

Bnssière. 

1  Yz 

4.  Briare. 

r'/z 

Neuvy. 

«.  Cosrte. 

1  Yz  ' 

Pouilly. 

la  Charité. 

1 

6.  Fougues. 

ï  *'/z 

7.  Nevers. 

*'/z 

Magny. 

l'/z 

St.  Pierre  le  Mon. 

2 

tier. 

i'/z 

59& 


par  Nevers  tt 


Noms, 


St.  Imbert. 
Villeneuve^ 

8.  Moulins. 

Bessay. 

9  Varennes. 

St.  Géran'd, 
xo.  la  Palice. 

Drditurier'. 
ix.  St.  Martin, 
la  Pacaudière. 
St.  Germain l’Es- 
pinasse. 

12.  Roanne. 

1  Hôpital. 

St.  Siruphorien. 
Pain  -  Bouchain. 

13.  Tarare. 

Arnas. 

Sal  vagny. 

14.  Lyon. 


Observations  locales, 
ï.  V.  No.  14.  (C’est  la  route  du  Bourbonnais;  un  che¬ 
min  ferré,  fort  doux,  et  fort  üni.  L’on  va  plus  vite  sur 
•ette  route  que  sur  l’autre.) 


2-  Population,  suiv  l’A.  3,760.  Cette  petite  ville  est 
bien  placée  et  bien  bâtie.  En  sortant  par  la  pdrte  du 
nord,  on  trouve  le  canal  de  Montargis1  et  la  principale 
promenade  de  la  ville,  appelée  la  butte ,  sur  le  bord  de 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE.  19? 

la  Tivière  du  Loing.  Le  nouveau  pont  de  pierre  est 
d’une  belle  construction.  A  une  lieue  de  Nemours ,  sut 
le  chemin  de  Paris,  on  passe  près  de  la  ci-devant  com- 
manclerie  de  Beauvais ,  de  l’ordre  de  Malte.  Elle  est  fort 
ancienne,  et  a  été  fondée  du  teins  des  Templiers.  Dans 
la  chapelle  on  voit  plusieurs  tombes. 

3.  Avant  d’arriver  k  Montargis ,  on  laisse  à  droite  le 
village  de  Cepoix ,  où  l’on  découvrit  des  mosaïques,  et 
dont  le  sol  cache  d’autres  antiquités  romaines.  La  forêt 
fle  Montargis  forme  türe  promenade  très  -  agréable  pour 
les  habîtans.  Ils  en  ont  une  autre,  appelée  le  Pâtis ,  où 
se  tient  une  foire  considérable.  Les  Romains  ont  ha¬ 
bité  cette  ville ,  consumée  par  le  feu  en  1725  ,  et  la  re¬ 
nommée  parle  d’eux  sur  les  vestiges  des  monumeas 
qu’ils  y  bâtirent.  Une  voie  militaire  s’appele  encore  le 
àhemin  de  César.  En  1725  on  a  découvert  un  portique, 
dont  le  pavé  présente  une  mosaïque  précieuse.  On  esti- 
tee  surtout  le  canard  qui  avale  un  poisson.  La  papête- 
Srie,  surtout  celle  de  Buge  et  de  l'Anglée ,  la  coutellerie, 
et  la  moûtarde  de  Montargis  sont  estimées.  A  une  lieue 
de  Nagent,  sur  le  bord  du  canal,  au  milieu  de  la  cam¬ 
pagne  ,  les  restes  d’un  théâtre  Romain. 

4.  La  route  longe  l’agréable  parc,  appartenant  aU 
donjon  de  la  Bussière.  Briare,  petite  ville,  est  remar¬ 
quable  par  le  canal  de  communication  de  la  Loire  à  la 
Seine ,  auquel  elle  donne  son  nom.  C’est  la  tableau  le 
plus  riant,  et  un  spectacle  vraiment  pittoresque,  que  ce 
coup  d  oeil  k  la;  descente  de  Briare,  sur  les  bords  de  la 
Loire ,  et  sur  ce  canal  couvert  d’une  multitude  de  voi¬ 
les.  Le  pavillon  de  Beauvoir ,  est  dans  la  position  la 
plus  heureuse,  et  mérite  bien  son  nom.  Il  y  a  une  jolie 
promenade  entre  le  canal  et  la  Loire.  Le  canal,  entre¬ 
pris  par  Sully,  est  le  premier  ouvrage  de  ce  genre,  que 
J’.oa  ait  tenté  eu  France. 


*98  £A  FRANCE.  ITINÉRAIRE. 

5.  Sa  coutellerie,  quincaillerie  et  ses  gants  sont  esti¬ 
mée  On  y  trouve  des  forges,  où  se  font  les  plus  grosse» 
ancres  de  navire.  Il  y  a  ici  une  salle  des  spectacles,  et 
une  bonne  auberge  renommée. 

6.  A  Fougues  il  y  a  des  eaux  minérales  ferrugineu* 
ses,  une  promenade  d’un  quart  de  lieue  conduit  à  leur 
source  au  travers  d’un  long  tapis  de  prairies.  Jolie  pro¬ 
menade  en  terrasse  sur  la  Loire. 

7.  Population,  suiv.  l'A.  R.  11,200.  Q  les  amis  à  l’épreu- 
re.  Nevers  est  joliment  située  sur  le  bord  de  la  Loiret 
qui  y  passe  sous  un  beau  pont.  Le  palais  des  ancien* 
ducs  de  Nevers ,  est  un  modèle  de  beauté  et  de  délica* 
tesse  dans  l’architecture  gothique.  La  promenade  tout 
auprès  est  ombragée  et  fraîche.  Le  travail  de  manufac¬ 
tures  de  verre,  et  de  tous  ces  petits  bijoux  de  verrête* 
rie,  méritent  d’être  vus  un  moment.  L’émail  se  travaille 
aussi  fort  joliment  dans  cette  ville.  La  cathédrale  a  une 
belle  tour  carrée,  et  forme  l’un  des  côtés  de  la  grande 
place,  qui  est  remarquable  par  la  singularité  de  ses  faça¬ 
des  à  pignon,  ün  admire  la  fraîcheur  et  la  vivacité  du 
coloris  des  vitreaux.  Dans*le  voisinage  de  Nevers ,  la 
forge  de  Guérigny,  consacrée  aux,  ancres  et  aux  bou¬ 
lets,  et  h  tout  ce  qui  tient  à  la  ferrure  des  vaisseaux. 
  St-  Pierre  Mautier,  le  fameux  étang  poissonneux,  qui 
ne  tarit  j  amais  ,  ci  •  devant  la  propriété  de  l’ordre  de 
Çlugny. 

&  Population,  suivant  l’A.  R.  13,500.  A  Moulins ,  com¬ 
merce  considérable  de  coutellerie  d’un  travail  solide  et 
fini,  surtout  pour  les  ciseaux.  Des  b  «lins  ,  une  salle  de 
spectacles  ,  des  jolies  promenades,  et  une  riche  biblio¬ 
thèque  publique.  Le  vaste  et  magnifique  château  est 
presque  détruit.  Le  tombeau  du  fameux  Duc  de  Mont • 
morency ,  qui  fut  décapité  sous  le  règne  de  Louis  X1IL 


f-A  FRANCE.  ÏÎÏNÉRAÏRE.  199 

un  des  plus  beaux  monrtraem  de  sculpture  qu'il  y  ait 
en  France,  est  placé  à  l'église  du  ci  -  devant  couvent  de 
la  Visitation,  à  présent  le  Lycée.  On  vante  les  moeurs 
douces  et  la  franchise  des  habitaiis  de  la  ville  et  de9  en¬ 
virons.  Aux  environs  du  village  de  Bresscl,  a  une  demi- 
lieue  de  la  ville,  oii  trouve  beaucoup  de  bois  pétrifié. 
De  Moulins  à  Clermont  46.  p.  Clermont  (Population  27 — 
30,000  h.  □  la  Concorde)  èst  une  ville  ancienne  et  gran¬ 
de,  ornée  de  promenades  et  places  superbes.  Le  devant 
du  maître  -  autel  de  la  cathédrale,  est  un  sarcophage 
•antique.  Des,] cinq  tours,  la  révolution  ne  lui  a  laissé 
qu’une,  dont  la  vue  est  superbe.  Cette  basilique  et  les 
bâtimens  de  la  ville ,  sont  bâties  de  lave.  On  admire 
une  source  de  St.  Alyre,  dont  l’eau  est  tellement  pétri¬ 
fiante,  qu’elle  a  formé  le  long  de  sa  course,  une  mu¬ 
raille  de  15  à  20  pieds  de  hauteur,  et  de  140  pas  de  long. 
Le  commerce  est  très  -  considérable,  surtout  en  vins  de 
'la  Limagne.  Les  pâtés  de  pommes  et  d’abricots,  et  les 
fromages  dites  d’Auvergne,  sont  extrêmement  renom¬ 
mées.  Bonne  auberge,  à  l’écu  de  France.  L’ excursion 
à  la  vallée  de  Royat ,  renommée  pour  son  site  sauvage 
ses  fruits  et  ses  fontaines,  est  l’une  des  plus  intéressantes1, 

9.  Charmante  route,  parsemée  de  vignobles  (les  vins 
de  la  Chaise  sont  estimés)  d’agréables  côtenux,  de  bourgs, 
de  châteaux  etc.  surtout  Pamphitliéâtre  de  verdure  de 
Chaseuille ,  à  '/%  lieue  de  Varennes ,  où  l’on  admire  aussi 
le  château  de  Gaëte ,  converti  en  hôpital.  Vers  le  midi, 
on  apperçoit  dans  les  nues,  dans  un  lointain  de  12  à  15 
lieues,  le  Puy  -  de  Dôme ,  et  le  Mont  d'or,  montagnes 
fameuses.  On  gravit  le  premier  par  deux  côtés  ,  l’un  an 
nord,  l’autre  au  sud.  A  4  lieues  de  St.  Gerand,  est  ht 
petité  ville  de  Vichi ,  avec  ses  eaux  thermales ,  juste¬ 
ment  célèbres.  Le  voyageur  traverse  un  rameau  des  mon¬ 
tagnes  ,  les  premières  proprement  dites  sur  cette  route, 
quoique  ‘d’élévation  médiocre. 


eoo  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE. 

k>.  A  Police  on  voyait  Avant  la  révolution  le  tom- 
beau  du  Maréchal  de  Chabannes ,  tué  à  la  bataille  de 
Pavie.  JL.es  basreliefs  é, talent  d’un,  bon  goût.  Le  ch⬠
teau  de  cette  famille  se  fait  remarquer  de  loin  par  son 
élévation,  et  de  près  par  son  délabrement. 

il.  Ncu9  voici  sur  des  hauteurs  très  -  dominantes:  le 
pays  e9t  froid,  humide;  couvert  de  bois  ça  et  laj  de  teras 
en  tems  vous  découvrez  des  perspectives  très  -  riantes, 
puis  tout  à  coup  de  vastes  vallées  ,  des  étangs  ménagés 
dans  le  penchant  des  gorges,  d’innombrabJes  troupeaux, 
paissant  et  mugissant  dans  ces  pâturages. 

~  ,  ,  ü 

’.12.  Population ,  ip  —  12,000  h.  De  Roanne  à  Lyon  il 
y  a  plusieurs  montagnes  à  passer,  et  on  va  toujours  en 
montant  et  descendant.  A  Roanne ,  la  Loire  commence 
à  porter  bateaux.  Le  collège  est  un  beau  bâtiment.  On 
trouve  dans  cette  ville  des  rues  larges,  de  belles  mai- 
sens,  de  bonnes  auberges,  de  bains  publics,  une  salle 
de  spectacles,  et  de  plus,  le  bon  ton,  de  l'élégance,  et 
de  belles  femmes.  La  révolution  n’a  pas  pu  introduire 
ses  excès,  dans  Roanne.  Les  meilleurs  vins  sont  ceux  de 
Renaison  et  de  St.  André ,  Le  pont  de  bois  est  beau, 
quoique  provisoire.  Le  principal  commerce  consiste 
dans  l’entrepôt  de  celui  de  Lyon  et  de  Paris. 

13.  Des  particuliers  sont  dans  l’usage.,  de  tenir  des 
boeufs  au  bas  de  la  montagne  de  Tarare  pour  aider  à 
monter  les  voitures.  Le  nombre  et  le  prix  pour  chaque 
paire  de  boeufs,  est  fixé  par  un  tarif.  Aux  Echelles , 
l’on  découvre  ce  superbe  horizon,  qui  fuit  jusqù’au 
Pilot,  tourne  vers  les  mpnts  de  la  Savoie,  et  n’est  borné 
que  par  le  St.  Bernard.  A  Amas  bonne  auberge;  la 
montagne  pyramidale  qu'on  voit  en  face,  est  le  mont 
Poppée ,  devenu  fameux  par  le  combat  entre  les  Lyon¬ 
nais  fugitifs,  et  l’armée  révolutionnaire..  Les  mines  et 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE.  201 

fonderies  de  cuivre  de  Chaissi ,  sont  à  une  lieue  de  l'Ar - 
brcle  à  peu  de  distance  du  dernier  relais  de  la  Tour  :  sur 
la  droite,  le  château  de  Charbonnières ,  renommé  k 
Lyon  par  les  eaux  minérales  de  son  parc. 

21  b.  Route  de  Paris  à  Lyon ,  par  Melun ,  Auxerre , 
Autun  et  Maçon . 

C’est  la  plus  courte  et  la  plus  abrégeante  ,  de  tontes 
les  routes  de  Paris  à  Lyon. 


Postes , 
de 

France. 


2 

1/2 

I7& 


Noms. 


Charentôn. 
Villeneuve  .  St, 
Georges. 
Lieusain, 
Melun. 
L’Ecluse. 
Montereau. 
Villeneuve  - 
Guiard, 
Pont-sur-Yonne 
Sens. 


la  - 


0.  Rouvray. 


Postes 

de 

France. 

1 

il 

2  ‘/z 
2 

2^ 


m 

v/z 


Noms. 


Roche  en  Berrçy 
Saulieü. 

7.  Pierre  -  Ecrite. 

Chissey. 

8-  Autun. 

I  St.  Emilan. 

1 9.  St.  Léger. 

10.  Chalons  -  sur  - 
I  Saône. 

|  xi.  Maçon. 

1 12  Lyon, 


Ob  s  erv  a  tion  s  locales. 
x.  A  droite,  en  sortant,  le  charmant  parc  de  Bercy , 
et  les  jolis  jardins  de  Conflans:  k  gauche  la  vue  impo¬ 
sante  du  fameux  donjon  de  Vincennes.  La  maison  de 
brique  a  l’entrée  de  Charentôn ,  est  celle  de  la  belle, Ga- 
brielle  de  Ver gy.  Dans  le  château  d 'Alfort  l’école  vété¬ 
rinaire,  son  jardin  botanique  ,  son  beau  cabinet  d’anato-  , 
mie,  et  le  buste  de  Bourgelat.  *A  Charentôn  l’ancien, 
couvent  de  la  charité,  k  présent  maison  de  santé  pour 
les  fous. 


2.  Jolie  campagne,  belles  vues,  une  infinité  des  mai¬ 
sons  ae  plaisance  *  lè  village  Ci*  Mont ger on  en  est  pres- 
Guide  des  Voy ,  T.  II.  S 


202  LA  F  Pi  ANGE.  ITINÉRAIRE. 

que  composé.  La  route  dans  la  forêt  de  Senars  est  dif¬ 
ficile  en  toute  saison. 

3.  Melun.  Population  .6,000  â.  Une  société  d’agricul¬ 
ture  :  des  bains  publics  etc.  C’est  le  Melodunum  de 
Jules  -  César. 

4.  Monter eau,  a  une  fabrique  de  faïence  anglaise;  dans 
l’église  gothique  onj  garde  l’épée  du  Duc  de  Bour¬ 
gogne:  cette  petite  ville  plaît  par  la  gaîté  de  sa  [si- 
tuation. 

5.  V.  No.  14. 

6.  V.  No.  14. 

7.  Contrée  de  plus  en  plus  montagneuse  :  le  nom  de 
JPierre  -  écrite  date  d’une  pierre  tumulaire,  avec  une  in¬ 
scription  à  demi  -  effacée. 

8.  Autun.  □  la  bienfaisance.  On  admire  à  Autun 
le  temple  de  Janus  ,  à  (Iroite  du  pont  d’entrée;  et  les 
portes  d 'Arroux,  (par  où  l’on  entre),  et  de  St.  André , 
monumens  Romains  ,  digne  de  toute  votre  attention.  H 
y  a  encore  une  tour  d’un  temple  de  Minerve;  la  masse 
pyramidale,  dite  Pierre  de  Couars,  au  milieu  du  champ 
des  urnes ;  un  reste  d’ancien  pavé,  dans  une  rue  de  la 
ville  etc.  Mais  les  vestiges  de  quelques  temples  et  d’un 
amphithéâtre,  disparaissent,  parceque  depuis  longtems 
ou  les  regarde  comme  une  carrière.  V.  Histoire  de  la 
ville  d' Autun,  par  Gaston  Rosny.  Autun.  1802.  4.  Le 
champ  de  Mars  est  une  grande  et  belle  place.  Le  choeur, 
et  le  maître  -  autel  dé  ta  cathédrale  sont  richement  dé¬ 
corés.  Les  restes  du  monument  de  Jeannin,  détruit  par 
la  révolution,  se  conservent  à  la  bibliothèque.  Belle 
fontaine  sur  la  place.  Le  plus  bel  édifice,  le^Séminaire, 
est  une  fabrique  de  toiles  de  coton.  Population  10,000  â. 
Mont  -  Cénis  et  les  usines  de  Crcusot ,  voisins  l’un  de 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE.  203 

l’autre  ,  sont  renommés  par  la  manufacture  des  cristaux 
la  plus  perfectionnée,  et  la  fonderie  des  canons  la  plus 
considérable  de  la  France.  Le  chemin  de  traverse,  qui 
s’y  rend  d’Autun,  passe  près  du  beau  château  de  Monjeiet 
et  traverse  Marmagne ,  cher  aux  amateurs  d’hjst.  nat. 
La  manufacture  des  cristaux,  imite  toutes  les  pierres 
précieuses;  et  la  lustrerie  est  la  plus  parfaite,  peut-être, 
de  l’Europe. 

9.  On  franchit  ,les  plus  hautes  montagnes  de  cette 
route;  le  passage  est  estimé  à  environ  600  mètres  au-des¬ 
sus  de  lamer.  De  la  petite  ville  de  Couches  un  grand  cher 
min  aboùtit  aux  établissemens  de  Creusot ,  dont  elle  est 
plus  près  qu 'Autun  d’environ  une  lieue. 

iq.  V.  No.  14,  obs.  loc.  il, 

11.  V.  No.  14. 

12.  V.  No.  ao. 


32»  Route  de  Paris  à  Marseillet  par  Lyon ,  Valence , 
Avignon  et  Aix. 


Postes 

de 

France. 


& 

i'/z 

ï'/z 

1/2 


Noms. 

Postes 

de 

France. 

1.  Lyon. 

F/z 

St.  Fons. 

2 

St.  Simphorien. 

2 

2.  Vienne. 

x'/z 

Auberive. 

l'/z 

-Péage  de  Rous¬ 

I  '/z 

sillon. 

l'/z 

St.  Rambert. 

St.  Vallier. 

1 

3.  Tain. 

2 

4.  Valence. 

2 

Paillasse. 

2 

Loriol. 

2 

Derbierres. 

2 

102% 


Noms. 


Montélimart. 

5.  Donzere. 

La  Palud. 
Mornas. 

6.  Orange. 

7.  Sorgues. 

8-  a.  Avignon. 

St.  Andiol. 

8-  b.  ürgon. 
Pont  -  Royal. 
St.  Cannat. 

9.  Aix. 

10.  Pin. 

11.  Marseille. 


204  LA  frange,  itinéraire. 


Observ  a  t  i\ons  locales. 

ï.  Voyez  No.  21.  a  et  b.  Note  14.  De  Lyon  à  Vienne , 
on  a  une  très  -  belle  vue  des  Alpes.  (Sur  le  voyage  par 
eau  à  Avignon  ;  V.  à  l’article  de  Lyon.  Les  rives  de 
chaque  côté,  sont  bordées  de  rochers  ,  de  vignes  et  de 
châteaux;  mais  la  rapidité  du  Rhône  effraye  les  person¬ 
nes  timides,  et  il  faut  un  bateau  solide  ,  et  des  bateliers 
experts.) 

2.  Population  suitr.  l’A.  10,362.  Q  la  concorde.  On  y 
▼oit  un  amphithéâtre,  un  arc  de  triomphé  et  un  tem¬ 
ple  d’Auguste  ,  où  siège  à  présent  le  tribunal  de  com¬ 
merce.  Cette  ville  renferme  de  plus,  nombre  d’autres 
xnonumens,  et  principalement  des  mosaïques  et  des  in¬ 
scriptions  curieuses.  Cette  ville  s’embellit  par  des  rues 
neuves,  par  l’agrandissement  de  la  principale  place,  où 
l’on  remarque  la  façade  moderne  de  l’hôtel  de  ville.  Il 
y  a  une  école  de  dessin  et  une  école  secondaire,  une 
bibliothèque,  un  musée,  qui  contient,  avec  le  cabinet 
de  M.  Schneider ,  des  objets  intéressans.  Une  salle  de 
comédie;  des  bains  publics.  Le  fort \Pipet  est  moitié  go¬ 
thique,  moitié  romain.  La  belle  cathédrale,  se  distin¬ 
gue  par  son  portail  et  par  sa  nef;  elle  possède  le  beau 
mausolée  de  JVlontmorin.  Les  mines  de  plomb,  sont 
très  riches,  â  40  pour  cent,  et  2  onces  d’argent  par  quin¬ 
tal.  Entre  Vienne  et  Auberive ,  mais  de  l’autre  côté  de 
la  rivière,  est  situé  le  coteau,  fameux  par  le  vin  de  côte- 
rôtie.  La  montagne  de  Tupain  donne  le  meilleur  vin  de 
ce  nom.  Les  lames  d’épée  de  Vienne ,  jouissaient  jadia 
de  la  plus  grande  réputation.  On  trouve  beaucoup  d’at' 
teliers  à  Vienne,  mus  par  les  roues  et  par  l’eau.  Le  mo¬ 
nument  que  l’on  voit  entre  le  Rhône  et  le  grand  che¬ 
min  sur  la  route,  ou  l’ Aiguille ,  est  un  tombeau  Ro¬ 
main  et  mérite  l’attention  des  curieux,  par  sa  forme 
et  sa  bâtisse:  sa  hauteur  e$'t  de  42  pieds.  11  est  dû  un 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE.  205 

quart  de  poste  en  sus  de  la  distance,  sut  la  sortie  de  Stt 
Simphorieu. 

3.  A  3.  lieues  de  St.  Vallier ,  (bonne  auberge  a  la  po¬ 
ste),  Annonay  et  ses  papêteries ,  où  se  font  les  pins- 
beaux  (papiers  de  France.  Tctin  est  presque  au  pied  de 
la  montagne  de  Y  Hermitage ,  d’où  vient  le  vin  de  ce 
nom.  Le  vin  blanc  est  supérieur  au  rouge.  Du  haut  de 
ce»  vignobles,  on  jouit  d’un  superbe  horizon.  Au  mi¬ 
lieu  d’une  petite  place,  on  remarque  le  Taurobole, 
trouvé  à  Tain ,  comme  d’autres  antiquités  Romaines. 
Avant  d’arriver  à  Tain ,  on  apperçoit  le  château  de  Pon- 
sas ,  supposé  d’avoir  été  la  prison  de  Ponce  -  Pilate. 

4.  Population  suiv.  l’A.  7,532.  O  L'humanité  :  la  sa¬ 
gesse.  Auberge,  chez  M.  Martin,  très  bonne.  Le  tom¬ 
beau  de  la  famille  Marcien  formant  un  petit  carré,  est 
non  loin  de  la  cathédrale.  Cette  ville  a  un  territoire 
très  -  fertile.  Une  école  d’artillerie  y  est  établie  où  le 
génie  de  Napoléon  se  développa;  de  plus  une  école  secon¬ 
daire  et  une  société  libre  d’agriculture.  Il  faut  voir  le  ca¬ 
binet  de  feu  M.  de  Sucy  chez  ses  soeurs.  Belle  vue  de  la 
terrasse  de  l’ancienne  abbaye  où  siège  la  préfecture;  les 
jardins  et  la  vue  du  Gouvernement ,  oùlnourût  le  Pape 
Pie  VI.  sont  délicieux,  il  y  a  encore  2  ou  3  promena¬ 
des,  salle  de  comédie,  bains  publics;  la  beauté  du  sexe 
est  renommée.  En  face  de  Valence  est  la  côte  de  St.  Pe • 
ray,  renommée  chez  les  amateurs  du  bon  vin.  On  passe 
l 'Isère  sur  un  beau  pont  de  bois,  construit  sous  Napo¬ 
léon.  C’est  dans  la  partie  de  cette  route,  entre  Lyon  et 
Valence ,  qu’est  établie  la  fameuse  poste  aux  ânes,  res¬ 
source  des  voyageurs  peu  aisés.  Voyez  ce  que  nous  en 
avons  dit  au  chapitre  6.  de  ce  Guide .  De  Valence ,  une 
route  conduit  à  Grenoble ,  en  passant  à  Homans.  C’est 
une  route  de  16  lieues,  et  très  -  pittoresque:  on  suit  le 
cours  de  Y  Isère,  par  une  vallée  charmante  qui  ressemble 


2o6  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE. 

par  tout  à  un  jardin.  Le  val  d e  Varepp e  frappe  par  la 
forme  grotesque  ûe  ses  monts  et  rocs,  et  la  double  cas¬ 
cade  du  Rusan  est  superbe.  Le  pont  de  la  Drôme  ,  con¬ 
struit  entre  Valence  et  Montélimart ,  est  remarquable 
par  la  grandeur  de  ses  arches,  et  pas  sa  hauteur.  On  y 
apperçoit  la  tour  du  château  de  Crest ,  prison  d’état. 
Le  vin  blanc  de  Montélimart ,  appelé  Clairette  de  Die, 
mpussfcomrae  le  Champagne.  La  poste  de  Montélimart 
est  une  bonne  auberge.  Les  volcans  du  Vivarais ,  sont 
dans  le  voisinage.  En  venant  de  Loriol ,  on  est  frappé 
par  trois  roches  pyramidales  de  lave,  et  d’une  forme 
singulière.  Au  bas  sont  situé  Eochemaure ,  et  les  ruines 
pittoresques  du  château  de  ce  nom,  renommé  pour  la 
beauté  de  le  vue. 

5.  A  3li-eues  d q  Donzère,  Grignan ,  célèbre  par  les  let¬ 
tres  de  Mad.  de  Sèvignè  ;  le  beau  château  a  été  démoli 
dans  la  révolution,  mais  la  tombe  de  la  Sévignc ,  a  été 
conservée  dans  l’église,  comme  par  miracle.  Avant  d’ar¬ 
river  à  Palud ,  à  demi-lieue  à  gauche,  est  situé  St.  Paul, 
l’ancienne  Augusta  Tricastinorum.  Tout  ce  pays'  Tri- 
eastin  est  infiniment  curieux,  tant  par  ses  monumem 
anciens  et  les  antiquités  qu’on  y  déterre,  que  parles 
productions  naturelles  ,  et  les  fossiles  que  renferme  la 
montagne  de  Ste.  Juste,  surtout  celui  apelé  fungo-pseu- 
io  -  dentalites.  —  Qu.and  on  descend  la  colline  près  de 
Donzère ,  on  commence  d’appercevoir  la  plaine  du  Com - 
tat.  Les  vins  rouges  de  Donzère  sont  estimés.  C’est  de 
l'autre:  côté  du  Rhône,  que  croît  le  délicieux  vin  de  Pé¬ 
rès.  A  St.  Andéol,  le  rocher,  où  était  le  temple  du  Dieu 
Mythra.  L  ouverlure  est  presque  bouchée,  et  le  relief 
presque  efiacé,  par  les  coups  de  pierre  que  jettent  les  en- 
fans.  De  la.  Palud,  au  célèbre  Pont  St.  Esprit.  2.  lieues.  Ce 
Pont,  qui  depuis  5  siècles  brave  par  la  hardiesse  de  sa 
construction  l’impéluosit  é  du  Rhône,  est  décrié  parle  dan¬ 
ger  imaginaire  du  passage  des  bateaux  sons  ses  arches. 


LA  FRANCE,  ITINÉRAIRE.  20? 

6.  L’arc  de  triomphe  de  Marius ,  où  passèrent  en 
triomphateurs  les  conquérans  des  Gaules,  fut  dans  le 
teins  du  terrorisme  révolutionnaire  métamorphosé  en 
lieu  de  supplice.  Il  y  a  de  plu9  les  restes  d’ün  cirque, 
ou  plutôt  d'un  théâtre,  le  plus  entier  de  tous  ceux,  qui 
ont  été  conservés.  C’est  à  présent,  en  partie,  une  prison» 
Auberge,  à  la  poste.  Population  suiv.  l’A#  7,270. 

7.  On  apperçoit  de  loin  la  haute  montagne,  le  Ven- 
toux.  Non  loin  de  Courtezon ,  ancien  relais,  un  petit 
lac  salé  ,  sur  les  bords  duquel  croissent  des  plantes  ma¬ 
ritimes.  Le  |oli  monastère  de  Gentilly ,  est  à  présent  la 
propriété  d’un  particulier. 

8.  a.)  En  allant  d’ Avignon  à  Toulouse ,  on  passe  par 
Nism.es  et  Montpellier.  Nismes  n’est  éloignée  que  de  5 
postes,  et  il  vaut  bien  la  peine  de  voir  cette  ville,  même 
si  l’on  ne  prend  pas  la  route  dé  Toulouse  ou  de  Mont¬ 
pellier.  Nismes ,  grande  ville  de  59594  âmes  suivant  l’A« 
(□■  Le  bienfait  anonyme:  la  philanthropique:  la  triple 
union  éprouvée.)  est  l’ancienne  Nemausus ,  et  la  ville 
la  plus  féconde  en  monuracns  antiques;  l’amphithéâtre 5 
la  maison  carrée;  le  temple  de  Diane;  la  tour  -  magne 
etc.  Nismes  a  de  très  -  beaux  édifices  modernes  :  le  pa¬ 
lais  de  justice  avec  l’esplanade,  l’hôpital,  la  nouvelle 
salle  du  spectacle  etc.  des  superbes  promenades  etc.  une 
académie  soua  le  nom  ,  académie  du  Gard  ,  et  un  cabi¬ 
net  d  histoire  naturelle  et  d’antiques.  On  y  fabrique  des 
toiles  peintes,  il  y  a  des  tanneries,  des  teintureries,  sur  J 
tout  celle  du  coton  en  violets  Les  bas  de  soie  au  métier^ 
ne  sont  nulle  part  à  aussi  boa  compte.  On  trouve  au* 
environs,  sur  une  espèce  de  petit  choux,  une  graine 
rougeâtre,  nommée  vermillon.  (V.  Topographie  de  la 
ville  de  Nismes,  par  Vincens.  Nismes,  XI.  in  4P.)  Le 
pont  du  Gard ,  ouvrage  des  Romains,  est  à  3  lieues  de< 
Nismes,  C’est  un  aqueduc  ,  qui  traverse  le  Gardon  ,  et 


208  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE. 

réunit  deux  montagnes  escarpées.  (M.  Vaysse  d e  Villiers , 
préfère  aux  ponts  St.  Esprit  et  du  Gard,  un  ouvrage 
étonnant  de  la  nature,  à  9-10  lieues  du  pont  St.  Es - 
prit ,  dans  l'Ardèche;  ç’es,t  le  pont  d' Arc  ,  immense  ar¬ 
cade  de  60  p»  de  hauteur  et  150  d'ouverture,  formée  d’une 
roche  calcaire.)  Tarascon  (Q  La  fidélité.)  par  où  l’on 
passe,  en  allant  d 'Aix  à  Nismes ,  est  une  ville  élégante 
et  belle,  pleine  d’agrémens,  entourée  d’un  grand  nom¬ 
bre  des  moulins  à  huile,  et  célèbre  par  la  beauté  du 
sexe,  qui  ne  le  cède  en  rien  à  celui  d 'Arles  dont  la 
beauté  est  renommée  partout.  C’est  une  chose  qui  frap¬ 
pe  le  voyageur,  que  la  beauté,  la  tournure,  et  la  mise 
du  sexe  dans  les  villes  qui  sont  sur  les  bords  du  Rhône, 
depuis  Lyon  jusqu’à  Arles.  L’air  est  bon  à  Tarascon , 
quoique  peu  distant  d'Arles.  Il  faut  voir  à  Tarascon ,  le 
château,  avec  la  belle  vue  de  sa  plate  -  forme;  et  le 
beau  tombeau  de  Ste.  Marthe,  à  l’église  de  sou  nom. 
L’insalubrité  de  l’air  d’^rZ^r,  vient  de  l’étonnante  quan¬ 
tité  de  terrain  en  marais  Salés  et  d’eau  douce,  et  du  voi¬ 
sinage  des  étangs  de  l’île,  la  Camargue.  On  voit  à  la 
Camargue  des  chevaux  en  troupeaux,  connus  sous  le 
nom  de  manade  de  rosses :  ils  servent  en  troupeaux  au 
battaga  des  blés. 

Arles  ;  Population ,  18,600  h.  est  célèbre  par  le  grand 
nombre  de  ses  antiquités,  p.  e.  l’obélisque,  haut  de  6r  p. 
La  tour  Roland;  le  palais  de  la  Trouille;  la  colonne 
Constantine  ;  1  es  Aliscamps  ou  champs  Elysées.  On  y 
a  établi  un  Musée  trés-riche  eu  antiquités.  Pour  se  pro¬ 
curer  la  vue  des  campagnes,  montez  au  haut  de  la  tour 
de  l’hôtel  de  ville. 

8.  b)  Un  nouveau  pont  de  bois,  d’une  longueur  pro¬ 
digieuse  ,  traverse  le  torrent  de  Durance.  A  St.  Andiol , 
le  canal  des  Alpiftcs,  commencé  en  I783i  et  pas  fini:  il  a 
pri9  son  nom.de  la  petite  chaîne  des  Alpines ,  qui  com- 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE,  209 

mence  à  Orgon  ,  et  se  termine  près  Tarascon.  Avant 
d’arriver  à  St.  Cannat ,  on  passe  par  Lamlesc  :  et  à  5 
lieues  de  là,  Salon  :  v.  tableau  à'  Aix ,  Mélanges. 

9,  V.  le  tableau  de  villes. 

ïo.  Les  montagnes  entre  Aix  et  Marseille  sont  rem¬ 
plies  de  poissons  pétrifiés,  ou  des  ichtyolites  dans  des 
carrières  de  plâtre.  Entre  Aix  et  JP/n-,  les  belles  plan¬ 
tations  et  eaux  dü  château  â'Albertas.  Environ  une 
demi -lieue  en  avant  de  Marseille ,  on  descend  une  hau¬ 
teur,  d’où  l’on  jouit  de  la  vue  la  plus  magnifique  du 
côté  du  l’c3t  et  du  nord-est.  C'est  la  célèbre  Vista ,  et 
le  plus  beau  point  de  vue  est  a  droite,  ;à  la  dernière 
maison  ou  auberge.  Les  deux  tiers  de  la  circonférence 
de  la  ville  sont  bordés  de  haute*  montagnes,  et  d’un 
grand  nombre  de  petites  collines.  Ces  collines  sont  si 
garnies  de  maisons  de  campagne,  que,  dans  l’étendue 
de  quelques  milles,  toute  la  contrée  ressemble  de  loin 
à  un  faubourg  immense,  rempli  de  maisons  et  de  jar¬ 
dins.  Au  milieu  de  ce  magnifique  canton,  on  voit  la 
ville  située,  en  partie  sur  le  penchant  des  montagnes 
voisines,  en  partie  dans  les  vallées  ou  à  l’entour  du 
port.  Les  hauts  rochers  qui  sont  à  l’entrée  du  port ,  les 
forts  qui  y  sont  élevés,  plusieurs  îles  élevées  et  occu¬ 
pées  par  deux  châteaux,  situées  hors  du  port  et  dans  la 
baie,  le  jeu  varié  des  eaux,  et  le  grand  nombre  de 
grands  et  de  petits  vaisseaux  qui  entrent  et  qui  sortent, 
donnent  à  ce  grand  et  magnifique  tableau  une  vivacité 
et  une  variété,  qu'on  ne  saurait  regarder  sans  admira¬ 
tion.  Cette  route  est  très  -  incommodo  à  cause  de  la 
poussière  de  chaux,  qui  s’élève  sur  le  chemin.  Il  passe 
tant  de  voitures  sur  ce  pavé  de  pierre  calcaire,  que  sa 
surface  est  moulue  et  réduite  en  poudre.  Comme  lo 
vent  ne  peut  y  donner  ni  emporter  la  poussière,  à  causo 
de  l'élévation  des  murailles  qui  environnent  les  jardins 


210  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE, 


et  les  maisons  de  campagne  ,  on  marche  dans  un  nuage 
continuel  de  cette  ^ouisière ,  dont  i  tontes  les  maison» 
et  les  arbres  sont  si  couverts,  qu’ils  paraissent  aussi 
blancs  que  s’ils  étaient  dans  un  mouliu. 

il.  V.  tableau  de  villes. 


23.  Route  de  M  ar  s  eille  à  Montpellier . 

s 

Noms . 


Uchaut. 
L,unel. 
Colombières. 
3.  Montpellier. 


Postes 

Postes 

de 

Noms. 

de 

France. 

France. 

10 

I.  Orgon- 

i|4 

2 

2.  St.  Rémi. 

1% 

2  / 

3.  Tarascon. 

m 

4.  Curbussot. 

l'/z 

5,  Nismes, 

2314 


Observations  locales. 

t.  V.  No.  22. 

2.  En  allant  dé  St.  Remy  a  Tarascon y  et  en  payant 
un  quart  de  poste  de  plus,  on  peut  voir  dans  le  voisi¬ 
nage,  les  beaux  restes  d’un  ancien  temple  Romain,  et 
un  mausolée,  parfaitement  conservé.  Chez  M.  de  Lagoyy 
un  médailler,  et  une  riche  collection  de  dessins,  dont 
quelques-uns  sont  de  Raphaël  et  de  Michel- Ange. 

3.  Y.  No.  22. 

4.  Avant  que  d’atteindre  Curbussot  on  passe  par 
Beaucaire ,  au  delà  du  Rhône ,  Beaucaire  et  Tarascon - 
sont  situés  sur  les  deux  rives  de  ce  fleuve,  et  communi¬ 
quent  par  un  pont  de  bateaux,  que  l’on  ôte  dans  les 
mois  de  Janvier  et  Février,  à  cause  des  glaces  qui  cou¬ 
vrent  la  rivière,  mais  qui  sont  rarement  assez  fortes 
pour  porter  des  voitures.  Les  voyageurs  les  traversent 
à  pied,  et  les  malles  sont' transportées  à  dos  de  mulet» 
•u  d’hommes,-  La  fameuse,  foire  de  Beaucaire  se  tient 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE.  211 

le  22.  Juillet  et  dure  3  jours.  L’affluence  est  alors  si 
grande,  que  beaucoup  d’étrangers  et  de  négocians  avec 
leurs  marchandises,  campent  le  long  du  Rhône,  sou» 
des  tentes  et  des  baraques  de  planches.  Il  n’y  a  point 
de  marchandises,  quelques  rares  qu’elles  soient,  qu’on 
n’y  puisse  trouver.  Le  canal  de  Beaucaire  à  Aigues- 
Mortes ,  est  terminé,  et  la  navigation  ouverte. 

5.  V.  No.  22.  Note  8-  a.  Lunel  est  une  petite  ville, 
connue  par  ses  vins  muscats,  dont  la  bouteille  se  vend 
£0  sols  sur  les  lieux;  on  recherche  de  même  9es  confitu¬ 
res  sèches,  ses  raisins  muscats  secs,  en  petites  caisses,  et 
ses  bas  de  soie.  Un  canal  de  communication  va  joindre 
celui  de  Languedoc  à  Aigues  mortes. 

6.  V.  tableau  de  villes. 


24*  Route  de  Marseille  à  Toulon. 


Postes 

de 

JS  oms. 

Postes 

de 

Noms . 

Frdnce. 

2 

Aubagne. 

France. 

2 

Beausset. 

1  '/z 

Cujes. 

2 

Toulon . 

7  Yz 

Observations  locales , 


On  passe  la  première  lieue,  entre  les  tristes  et  haut» 
mur»  de  clôture  d’un  nombre  infini  de  bastides  ;  et  tout 
ce  qu’on  y  rencontre  en  été,  est  couvert  d’une  poudre 
calcaire  et  blanchâtre.  On  fabrique  à  Aubagne  beaucoup 
de  pôterie.  A  une  demi -lieue  de  Cujes ,  le  château  de 
Gemenos ,  fameux  par  ses  jardins  et  ses  belles  eaux.  Le 
bois  de  Cujes  était  redouté  pour  les  voleurs.  Les  c⬠
priers  commencent  à  garnir  le  chemin. 

En  sortant  des  antres  et  des  arides  rocs  de  Vaux  d’ÜL 
lioules  ,  et  en  s’approchant  de  la  ville  d  Ollioules ,  on 


ai»  L  A  FRANCE.  ITINÉRAIRE. 

te  croit  transporté,  comme  par  un  coup  de  baguette  ma¬ 
gique,  au  milieu  des  Jardins  des  Hesperides.  V.  tableau 
de  Toulon.  Il  est  dû  un  quart  -  de  -  poste  en  su*  de  la  di- 
«tance,  pour  les  deux  sorties  de  Toulon. 


25.  Route  de  Toulon  à  Nice ,  par  Antibes, 


1 


Postes 

de 

Noms, 

Postes 

de 

Noms. 

France. 

2 

Solliers. 

France, 

*  2 

1.  Fréjus. 

■  2'/Z 

Pignan. 

2 

2.  L’Estrelies 

2 

Luc. 

3 

3.  Cannes.  ^ 

*'/2 

Vidauban. 

2 

4.  Amibes. 

i'/z 

Muy. 

4 

5.  Nice. 

22/2 


Observations  lo  c  al  es. 


Sur  la  route  de  Luc  à  Fréjus ,  on  est  affecté  de  la 
pâleur  des  habitans  ;  les  exhalaisons  des  prairies  maré¬ 
cageuses  altèrent  l’air  et  la  santé,  mais  on  est  frappé  de 
la  fertilité  du  pays.  La  montagne  Roquebrune ,  est  la 
plus  elevée  de  la  chaîne,  que  l’on  a  à  sa  droite  ,  sur  les 
bords  de  la  mer. 


1.  Population  2,756  â.  La  parfaite  égalité.  Cette 
ville  qui  sous  les  Romains  portait  le  nom  de  Forum  Ju¬ 
in,  et  qui  n’offre  que  des  rues  désertes,,  conserve  encore 
les  restes  de  son  ancienne  splendeur.  Entr’autres ,  un 
arc  de  la  porte  Romaine,  bâtie  par  Jules  César ,  et  les 
débris  d’un  aqueduc  d’uu  cirque,  d  un  temple  antique 
etc.  Ce  fut  à  St.  Raphaël,  petit  port  de  pêcheurs,  à  f/z 
lieue  de  Fréjus  ,  que  Napoléon.  débarqua  à  son  retour 
d’Egypte.  On  trouve  dans  ses  environs  des  améthystes, 
du  jaspe,  des  cristaux  etc.  C’est  surtout  au  mois  d'Août, 
que  l’air  de  Fréjus  est  chargé  de  miasmes  pestilentiel*. 


2.  A  l’auberge  de  1  ' Estrelle ,  il  y  avait  un  poste  mili¬ 
taire,,  pour  escorter  les  couriers  et  les  voyageurs ,  mo- 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE.  313 

yennant  une  contribution  convenue.  La  route  ci-de¬ 
vant  si  difficile*  et  scabreuse ,  a  été  rendue  depuis  1808» 
très  -  bonne. 

3.  Cannes  est  encore  plus  insalubre  que  Fréjus.  L’au¬ 
berge  de  i'inchine ,  isolément  située  sur  un  rocher  qui 
borde  la  mer,  plaira  aux  amateurs  des  belles  positions 
maritimes.  On  y  a  en  face  les  îles  de  St.  Honorât  et  de 
Ste.  Marguerite.  L’histoire  de  l’homme  au  masque  de 
fer,  dont  oh  montre  encore  la  prison,  a  donné  de  la  cé¬ 
lébrité  au  fort  de  Ste.  Marguerite.  C’est  près  de  Cannes, 
dans  le  Golfe  de  St.  Juan,  que  Napoléon  mît  pied  à 
terre,  en  igig,  venant  de  l’îsle  d’Elbe. 

4,.  Du  bastion  du  couchant  à  Antibes  l’on  a  une  très- 
jolie  vue  sur  la  ville  ,  sur  la  mer  etc.  Le  port  en  arca¬ 
des  est  charmant.  On  voit  les  restes  d’un  théâtre  Ro¬ 
main,  d'un  aqueduc,  des  inscriptions  etc*  Les  jardins 
sont  remplis  d’orangers  et  des  charmantes  promenades 
longent  la  côte.  Auberge  ,  chez  Mr.  Balice.  J}' Antibes 
à  Nice  ,  grande  plaine  près  de  la  mer,  où  l’on  trouve 
des  haies  de  grenadiers,  de  myrtes  et  d’aloës.  Entre  An~ 
tibes  et  Nice •  on  passa  le  Var,  ou  sur  un  pont  de  bois 
fort  long  et  vacillant  et  souvent  détruit ,  ou  à  gué.  Il 
est  quelquefois  si  rapide  ,  qu’il  faut  avoir  des  hommes 
à  pied,  que  l’on  nomme  ici  Gaieurs ,  pour  soûtenir  la 
chaise  contre  le  courant  du  fleuve,  de  crainte  qu’elle 
ne  soit  renversée.  Plusieurs  voyageurs  préfèrent  à  se 
fier  aux  do*  de  ces  hommes  grands  et  robustes.  Le  blé 
est  en  épi  avant  la  fin  d’ Avril ,  les  cerise*  sont  presque 
mûres  dans  le  même  teins,  et  les  figue*  commencent  îi 
noircir:  Population,  suivant  l’A.  5,270.  O.  La  Con¬ 
stance,  Passé  le  Var ,  on  sent  déjà  le  climat  d’Italie/ 
et  l’on  trouve  un  pays  plus  riche  et  un  plus  beau  ciel, 
on  appetçoit  aussi  pour  la  première  fois,  les  mouches 
luisantes,  de  la  famille  de*  scarabées.  Grafse ,  jolie  ville 

Guide  des  Voy.  T.  TL  T 


214  LA  FRANCE.  ITINRAIRE. 

à  5  lieues  d’ Antibes  et  à  4  de  Cannes  est  célèbre  par  ses 
savonnettes  et  ses  parfums,  dont  le  commerce  embaume 
les  deux  mondes,  et  par  toutes  sortes  de  jolies  bagatel¬ 
les  en  bergamottes/  et  en  écorce  de  citrons  et  d’oranges. 
De  la  promenade  publique,  la  vue  sur  la  campagne  est 
délicieuse. 

5.  Voyez  le  tableau  de  villes  d’Italie. 


26.  Route  de  Paris  à  Metz ,  par  Meaux  et  Verdun * 


Postes 

de 

France , 

2 

2 

*'/± 

Z 

2 

I  Yz 

I 

i'/z 


pïoms. 


1.  Bondy. 

2.  Clayes. 

3.  Meaux. 

S.  Jean. 

4.  La  Ferté  -  sous  - 

Jouarre. 

Ferme  de  Paris. 

5.  Château  Thierr3r. 
Paroy. 

Dormans. 

Port  -  à  -  Binson. 

6.  Epernay. 

Jalons. 

7.  Chalons  -  sur 

Marne. 


Postes 

de 

France. 


l 'A 

2 

2 

*Zz 

£ 


Noms. 


Pont  -  de  -  Som¬ 
me  -  Vesle. 
OrbevaL 
St.  Ménéhould. 
Clermont  -  eu  - 
Argonne. 
Domballe. 

8-  Verdun. 
Manheule. 
Harville. 

Mars  -  la  -  Tour. 
Gravelotte. 

9.  Metz. 


S9'/z 


Observait  ions  locales. 

1.  Bondy  a  donné  son  nom  a  la  forêt  près  de  laquelle 
ce  village  se  trouve,  et  qui  renferme  1,178  arpens 

2.  On  traverse  de  Paris  k  Meaux  la  plaine  ,  fameuse 
par  la  retraite  des  Suisses  ,  sous  les  ordres  de  Pfyffer 
en  1567,  qui  se  frayèrent  un  chemin  k  travers  les  enne¬ 
mis  ,  et  escortèrent  Charles  IX. ,  Catjièr.ine  de  Mèiicis 
et  son  troupeau,  ou  les  belles  femmes  de  sa  cour  bril¬ 
lante,  en  toute  sûreté  k  Paris. 

3.  Population,  suiv.  l’A.  6,648-  Des  coeurs  fidèles. 
Bonne  auberge  aux  trois  couronnes.  Cette  ville  est  si- 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE,  215 

tuée  dans  une  fort  belle  plaine,  sur  la  Marne.  On  a 
planté  une  promenade  assez  bien  entendue  ,  sur  les 
bords  de  cette  rivière.  Le  choeur  de  l’église  cathédrale, 
mérite  l’attention  des  connaisseurs  par  son  architecture, 
qui  est  généralement  estimée.  La  belle  place  ,  qu'on 
nomme  le  marché ,  est.  une  presqu’île.  On  remarque 
aussi  la  fontaine  publique  Ae Provins.  Il  se  fait  à| Meaux 
d’excellens  fromages  soas  le  nom  de  fromages  de  Brie , 
connus  de  toute  l’Europe  par  leur  délicatesse.  A.  Meaux, 
une  belle  halle;  un  musée;  et  une  société  d’agriculture. 
On  fait  ici  un  grand  commerce,  avec  les  écailles  du 
poisson,  appelé  albe ,  pour  faire  des  fausses  perles. 

4.  Petite  ville  qui  a  un  hôtel  -  Dieu  et  de  fort  belles 
promenades.  Auberge;  à  la  ville  de  Metz.  Sanglante  ba¬ 
taille  de  1814*  Toutes  ces  contrées  ont  été  le  théâtre  et 
les  témoins  ôes  combats  de  1814. 

5.  C’est  la  patrie  de  Lafontaine.  Il  y  a  de  jolies  pro* 
menades  de  long  du  fleuve,  couvert  de  barques.  Auberge, 
a  la  Sirène.  A  une  lieue  de  la  ville  le  parc  et  le  joli 
château  du  Comte  de  Bueil, 

6.  Son  territoire  n’est  fertile  qu’en  vins  délicieux  de 
Champagne:  ils  sont  les  plus  renommés  du  départe¬ 
ment.  Ce  sont  les  vins  A' Aï  ,  A’ Hauvilliers ,  de  Pierry 
etc.  Les  caves  et  les  dépôts  de  vins  de  champagne,  de 
M.  Mo'èt ,  renferment  plusieurs  centaines  de  mille  de 
bouteilles,  et  sont  une  chose  unique.  Il  y  a  h  Epernay 
une  fabrique  de  pôterie  h  l’épreuve  du  feu. 

?•  Population ,  suivant  l’A.  11,120.  Q  St.  Louis  de 
Bienfaisance.  Auberges  à  la  pomme  d’or:  k  la  ville  de 
Nancy.  Chef -lieu  du  département  de  la  Marne.  L’hô¬ 
tel  de  ville,  les  flèches  et  le  jubé  de  la  cathédrale,  et 
son  autel  d’un  beau  marbre;  le  Jard ,  la  plus  belle  pro- 


316  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE. 

jnenade  peut-être  que  possède  la  France.  Il  y  a  dans 
cette  ville  des  fabriques  de  petites  .étoffes  de  laine  et 
des  tanneries,  et  l’école  militaire,  fondée  sous  le  gou¬ 
vernement  dernier.  Les  plaines  voisines  sont  le  champ 
de  bataille  de  la  défaite  d’Attila,  par  les  Romains  et  le* 
Francs.  Il  est  dû  un  quart  de  poste  en  sus  de  la  distan¬ 
ce,  sur  toutes  les  sorties.  A  St.  Ménéhould,  k  l’auberge 
de  l’hôtel  de  ville,  Louis XVI.  fûtrreconnu  dans  sa  fuite. 
Près  de  St.  Ménéhould  le  champ  de  la  canonade  de  Val - 
my ,  et  dans  son  canton,  une  excellente  manufacture  de 
faïence. 

8-  Population  sniv.  l’A.  9,136-  La  franche  Amitié. 
Ses  fortifications  sont  de  Vauban.  Elle  fut  prise  par 
l’armée  Prussienne  en  1792.  Les  îles  que  forme  la  Meuse, 
rendent  ses  dehors  charmans.  Chevert ,  ce  grand  Géné¬ 
ral,  nâquit  à  Verdun.  Les  anis ,  les  confitures  sèches, 
et  surtout  les  dragées  qu’on  ÿ  fait,  jouissent  de  la  plu» 
grande  réputation  au  dedans  et  au  dehors  de  la  Fran¬ 
ce.  M.  Roux ,  vis-a-vis  de  l’hôtel  des  trois  Maures, 
*tait  en  1811  le  plus  célébré  confiseur.  On  trouve  dau» 
les  vignes  de  Verdun,  du  côté  de  Clermont ,  un  marbre 
lumachelle,  appelé  marbre  des  Argonnes  ;  on  entaille 
des  tables,  des  plaques  etp.  d’un  assez  beau  poli.  Non 
loin  de  Verdun,  est  Varennes,  célèbre  par  la  catastrophe 
de  Louis  XVI.  dans  sa  fuite. 

9.  Population,  suivant  l’A.  32,099.  Q  L’école  de  la 
sagesse  :  St.  Louis  du  triple  Acçord.  Auberge  ,  à  l'hôtel 
de  France.  Cette  ville  est  fameuse  dans  l’histoire  par  le 
siège  de  1552.  Les  fortifications  ont  été  rasées.  Les  ca¬ 
sernes  sont  magnifiques.  L’église  principale  est  belle, 
et  une  baignoire  antique  de  porphyre,  y  sert  de  fonts 
baptismaux.  La  place  Coislin,  et  l'école  d’artillerie. 
L’hydromel  ;  des  confitures  de  mirabelles  et  de  fram¬ 
boises  blanches,  très  -  estimées  j  des  verreries  considéra¬ 
bles.  Frascati ,  maison  de  plaisance  des  anciens  évêques 


LA  FRANCE.  ITINERAIRE,  217 

eafc  très -jolie.  Sur  la  montagne  du  Gedard ,  le  télégra¬ 
phe.  Il  est  dû  un  quart  de  poste  en  sus  de  U  distante 
sur  Joutes  les  sorties. 


27. 

Postes 

de 

France. 

■  AM 

2% 

3 


i'/z 

2  Yz 

2 

zVz 

23/4 

t'/z 

*/z 

3 

■2 

23/4 

i'/2 


Route  de  Paris  à  Perpignan . 


Noms. 

Postes 

de 

1.  Limoges. 

France. 

r'/z 

Pierre  -  Buffière. 

2'A 

Masseré. 

1  Yz 

2.  IJzerches. 

1  Yz 

St.  Pardoux. 

1  Yz 

Donzenac. 

m 

Brives. 

*Yz 

Cressensac. 

I 

3.  Souillac. 

2  'A 

Peyrac. 

2 

Pont-  de  -  Rodes. 

r Yz, 

Places. 

2 

4.  Cshors. 
Madeleine. 

2 

2  Yz 

Caussade. 

2 

5  Montauban. 

1 

Grisolles. 

2 

Noms, 


St.  Jorry. 

6.  Toulouse. 
Castanet. 
Bassiège. 

7-  Villefranclie.  , 

8.  Castelnaudary. 
Ville  Pinte. 
Aizonne. 

9.  Carcassonne. 
Barbeyra. 

10.  Moux'. 
Gruscades. 

Ti.  Narbonne. 
Sîgeau.. 

Fit  fl  u. 

Salces.  ' ; 

12.  Perpignan. 


117& 


O  i  s  erv  ations  toc  aies. 


I.  Voyez  No.  7.  Un  embrandhement  de  route  part 
ü'Uzerçhes  pour  le  service  du  Cartal:  en  passant  par 
Tulle.  A  Tulle  la  manufacture  royale  d’armes  à  feu  ;  on 
y  fait  surtout  des  pistplets  très  -  beaux  et  très -  sûrs  On 
fabrique  à  Tulle  des  ras.  .L’habitude  de  faire  cettè  sorte 
de  dentelles  ,  que  les  modistes  de  Paris  appelent  du 
Tulle ,  est  h.  •  peu  -  près  perdue  dans  le  lieu  où  elle 
paraît  avoir  pris  naissance.  Il  n’y  a  plus  que  quelques 
religieuses,  qui  en  conservent  la  tradition. 


2.  Petite  ville  dans  un  vallon  riant,  qui  l’a  fait  sur- 
nommer  la  gaillarde-,  l’hôpital  et  le  ci  -  devant  collège 
sont  des  édifices  modernes,  d’uh  bon  goût.  Brives  a  des 
fabriques  de  coton.  C’est  la  patrie  du  fameux  cardinal 


218  LA  FRANCE,  ITINÉRAIRE, 

■i Dubois.  Les  foires  de  Privés  ,  dites  foires,  grasses  ,  st 
tiçnnent  au  mois  de  maïs.  Le  rocher  volcanique  de 
JPvlignac  est  intéressaut  à  voir,  et  le  champ  dite  Tinté * 
niac  offre  beaucoup  de  restes  d’antiquités. 

‘  ï  f  J  v  v  \  *•  v  ;  •.S**'  f  >... 

3  Le  maître  de  poste  de  Souillac  est  autorisé  à  jfaire 
r.têler  une  paire  de  boeufs,  sur  toutes  les  voitures  04 
roues  qu’il  conduit,  soit  à  Peyrac ,  soit  à  Cressensac, 
laquelle  lui  sera  payées  francs,  compris  le  pour -boire 
du  bouvier. 

4.  Population,  suivant  l’À.  11,228.  La  parfaite 

Union.  Dans  l’un  des  faubourgs,  on  voit  les  restes  d’un 
amphithéâtre  Romain.  La  cathédrale  est  regardée  com¬ 
me  un  ancien  temple  pâyen.  Cètte  ville  a  des  fabriques 
de  drap  fin  et  de  ratines.  Cahors  fournit  aussi  d’excel- 
lens  vins  rouges,  des  truffes  etc* 

5.  Population  suiv.  VA.  21,950-  Q  La  parfaite  Union. 
Cette  belle  ville  ,  a  une  place  bien  régulière,  environ¬ 
née  d’un  double  rang  d’arcades;  et  une  fort  belle  église 
principale.  On  y  trouve  des  fabriques  de  cadis,  et  des 
manufactures  de  plusieurs  petites  étoffes  de  soie,  et  de 
bas  de  soie  d’assez  bonne  qualité.  La  situation  de  Mon - 
iauban  domine  une  des  plus  belles  plaines  de  la  France. 
On  a  découvert  près  de  Moissac  une  fontaine  antique 
fort  curieuse. 

6.  Population  suivant  l’A.  50,171.  □  Au  nombre  de 
beuf,  dont  les  quatre  suivan9  forment  la  loge  provin¬ 
ciale,  savoir  l’Encyclopédique  ;  St.  Joseph  des  arts;  la 
Sagesse:  les  Coeurs  réunis.  On  y  remarque  surtout  la 
façade  de  l’hôtel  de  villej.  appelé  le  Capitole  et  qui  passe 
pour  le  plus  magnifique  de  la  France  et  pour  un  su¬ 
perbe  morceau  d’architecture:  on  y  voit  quelques  bons 
tableaux  de  Coypel ,  Jouvenet  etc,  et  la  statue  de  Cte~ 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE'.  219 

vnence  lscLiire ,  fondatrice  de  la  maison  et  des  jeux flo¬ 
raux.  Le  pont  de  810  p.  de  longueur  sur  72  p.  de  lar^ 
geur,  avec  un  arc  -  de  -  triomphe  ,  ouvrage  de  Mansard, 
est  un  des  plus  beaux  de  l’Europe.  De  ce  pont,  on  voit 
les  Pyrénées t  et  les  Cévennes.  Dans  un  caveau  de  la 
ci-devant  église  des  Cordeliers,  l’on  voit  de»  corps  mort* 
desséchés,  et  rangés  autour  du  mur;  spectacle  hideux-. 
Dans  l’église  des  Dominicains  le  sarcophage  de  Thomas 
Aquin.  Toulouse  es t  un  vaste  labyrinthe  de  rues  étroi- 
tes  et  tortueuses.  Le  palais  de  l’archévêqme  est  magnifi¬ 
que.  Peu  de  villes  ont  des  promenades  aussi  étendues 
et  aussi  agréables  que  Toulouse.  Il  y  a  une  fonderie  de 
canons,  des  manufactures  pour  lès  draps  fins  ,  d’étoffes 
de  soie  ,  de  gazes,  d’indiennes,  de  couvertures  en  laine 
et  en  coton  etc.  Il  y  a  ici  une  académie  ,  le  lycée,  les 
3  sociétés  des  sciences  et  arts,  de  médecine,  des  jeux 
floraux,  une  bibliothèque  publique,  un  jardin  botani¬ 
que,  un  observatoire:  on  trouve  ici  la  seule  association 
d’assurance  contre  les  dégâts  de  la  grêle,  qui  existe.  Le 
produit  annuel  du  moulin  de  Basacle  est  de  40,000  écus* 
A  1000  toises  de  la  ville  le  canal  de  Languedoc  se  réunit 
à  la  Garonne.  Le  canal  s’étend  dans  l’espace  d’environ 
60  lieues,  c’est  à  dire,  depuis  le  port  de  Cette.  Ce  canal 
du  Midi  ou  de  Languedoc ,  exécuté  sous  Louis  XIV.  par 
Biquet,  sur  le  plan  et  les  mémoires  Andréossy ,  fut 
commencé  en  1666  ,  et  achevé  en  1680.  Il  a  coûté  14  mil¬ 
lions  de  livres ,  ce  qui  équivaut  aujourd'hui  presqu'au 
double.  Ce  canal  a  62  écluses;  il  est  traversé  par  72 
ponts,  il  passe  lui -même  sur  55  aqueducs. ou  ponts,  pour 
donner  passage  à  autant  de  rivières  qui  coulent  au -des¬ 
sous  du  canal.  Il  est  dû  un  quart  de  poste  en  sus  de  la 
distance,  sur  Castanet  et  Monbert,  et  une  demi-poste 
sur  St.  Jory  et  Leguevin.  En  1814 ,  Wellington  y  gagna 
une  bataille  sanglante.  En  1762  Toulouse  vit  le  supplice 
de  Jean  Calais ,  victime  du  fanatisme  religieux. 


320  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE, 

7-  Crousac,  a  4  lieues  de  cette  ville,  est  un  village 
renommé  -par  ses  eaux  minérales,  et  pour  le  goût  déli¬ 
cieux  de  la  chair  de  ses  montons. 

8.  Q  Les  Amis  réunis  de  l’Encyclopédique  ;  les  en- 
fans  de  l’Unioü  triomphante.  La  ville  est  située  sur  le 
canal  de  Languedoc ,  qui  forme  ici  un  bassin  de  600  toi¬ 
ses  environ,  dans  son  pourtour.  L’hôtel  de  ville  a  quel* 
ques  belles  salles  et  une  vue  des  plus  agréables. 

9.  Population  suiv.  l’A  15,219.  □  Les  commandeur» 
du  Temple  ;  la  Persévérance.  Carcassonne  a  deux  belles 
places:  l’église  des  ci-devant  Capucins  mérite  d’être 
vue;  la  fontaine  de  Neptune  :  la  cathédrale;  1  hôtel  de 
ville.  La  manufacture  de  draps  fins  ,  est  une'  des  douze 
établies  par  Colbert.  De  Carcassonne  on  va  a  Barbeyrac 
par  le  chemin  de  Trèbes ,  pour  voir  le  canal  de  Langue¬ 
doc  passer  sur  un  aqueduc,  qui  sert  de  pont  à  la  rivière 
d'Orbe,  et  l’on  compte  une  demi- poste  déplus. 

\Â  ...  \  •  -  '  b  .  :  x<  v  iv» 

10  Plaine  abondante  en  vignes,  olives,  bleds,  mû¬ 
riers,  et  entourée  de  rochers  stériles. 

11.  Population  suiv.  l’A.  9,085.  Q  L’Amitié  à  l’épreu** 
Ve.  A  Narbonne  ,  les  ruines  de  plusieurs  édifices  Ro¬ 
main»,  et  le  tombeau  ruiné  de  Philippe  -  le- Hardi,  dans 
la  cathédrale,  remarquable  par  la  hauteur  de  ses  voûtes, 
ét  la  hardiesse  de  sa  construction  ;  à  l’ancien  archevê¬ 
ché  ,  le  chef- lieu  de  la  10.  cohorte  de  la  légion  d'hon¬ 
neur.  Narbonne  est  beaucoup  plus  riche  en  inscriptions 
antiques  qu'aucune  ville  des  Gaules.  De  ISarbonne  à 
Beziers ,  sur  le  chemin  de  Montpellier ,  la  montagne  de 
Malpas  est  percée  de  120  toises,  pour  donner  passage  an 
Canal  du  Languedoc.  L’effet  que  produit  un  ouvrage  si 
extraordinaire  sur  le  spectateur est  sublime  au  plu* 
haut  degré.  Une  multitude  de  marches  à  chaque  bout 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE.  22* 


permet  h  la  curiosité  de  se  satisfaire  avec  la  plus  grande 
attention.  L'excellent  miel,  connu  sous  le  nom  de 
miel  de  Narbonne  ,  est  très  -  recherché. 

12-  Population  sniv.  l’A.  10,000.  L’Union  ;  la  So¬ 
ciabilité}  St.  Jean  des  Arts;  les  frères  réunis  etc.  L’é¬ 
glise  principale  est  un  fort  beau  bâtiment,  auquel  il  ne 
manque  qu’un  portail.  L’hôtel  de  ville  doit  être  visité. 
L’eau  à  boire  se  tire  des  puits  et  des  citernes,  mais  les 
gens  riches  en  font  avorter  d’une  fontaine  hors  delà 
ville.  Les  environs  produisent  d’excellens  vins  muscats, 
de  îliycsaltes ,  de  Macabeu,  de  Grenache,  de  Malvoisie, 
des  eaux-de-vie  très  -  recherchées,  et  des  huiles,  excel¬ 
lentes  à  manger. 


28,  Route  de  Paris  à  Pontarlier . 


Postes 

Postes 

de 

France. 

Noms. 

de 

France 

Noms. 

1.  Besançon. 

2  ’ 

Grange  d’Aleine» 

2 

1  '/z 

Merey. 

2.  Ornans. 

2 

3.  Pontarlier. 

56& 


Observations  locales. 

Entre  Pontarlier,  Genève  et  Lausanne  ,  il  y  a  des 
ligences  établies. 

,  1.  V.  No  6. 

2.  Au  voisinage  d’un  puits,  qui,  lors  des  ^grandes 
pluies,  se  dégorge.  On  appelé  umbres  les  poissons  qu’il 
jette. 

3.  Population  suivant  l’A.  3,880-  Le  château  de  Joux 
qui  sert  de  prison  d’état  et  dans  lequel  mourût  le  fa¬ 
meux  général  -  Nègre,  Toussaint  V  Ouverture ,  protège  1$ 
passage.  Ou  trouve  dans  cette  ville  une  jolie  prome- 


*22  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE. 

nade  :  le  mont  *  d'or  dans  le  voisinage  est  célèbre  par  ses 
pâturages,  ses  fromages  en  boites,  et  cet  assemblage  de 
fleurs  choisies  ,  auxquelles  on  donne  lé  nom  de  vulné¬ 
raires  ou  de  thé  Suisse.  Le  plus  beau  spectacle  dans 
dette  contrée  est  le  lever  du  soleil,  vu  du  sommet  du 
Mont-d'or .  Il  faut  visiter  dans  les  environs,  le  saut  du 
Doubs,  l’église  dans  les  grottes  de  Rèmonot  ,  et  la  fon¬ 
taine  ronde. 


29.  Route  de  Paris  à  Strasbourg ,  par]  Châlons9 
Bar  -  sur  -  O  main  ,  Nancy ,  Lunéville ,  P/oZz- 
bourg  et  Saverne. 


Postes 

de 

France. 

Si 

3 

8 


V/z 

8 

I 

m 

V/z 

l'/Z 


Noms. 


î.  Châlons  -  sur*  - 
Marne. 

La  Chaussée. 

3.  Vitry  -  sur  - 
Marne 
Longchamp. 

3.  St.  Dizier. 
Saudrupt. 

4.  Bar -le  -  Duc. 
Ligny. 

r.  St.  Aubin» 

Void. 

Layes, 

6.  T  oui* 


Postes 

de 

France. 

10b 

l'/z 

2 

2 

2 

I 

1 
1 

i'/z 

M 

i'/z 

2 


Noms. 


YeJaine. 

7.  Nancy. 

Dombasle. 

8-  Lunéville. 
Benamenil. 
Blamont. 
Héming. 

9.  Sarbourg. 
Homarting* 

10.  Pfalzbourg. 

11.  Saverne. 
Wasselonne* 
Ittenheim. 

12.  Strasbourg, 


ÉU& 


Observations  loc  aies. 

1%  No.  25.  Il  est  dû  à  Châlons  un  quart  de  poste 
en  sus  de  la  distance,  sur  toutes  les  sorties. 


2.  Ci  -  devant  Vitry  -  le  -  Français  ;  surnom  qui  lui 
venait  de  François  I,  son  fondateur.  Cette  ville  pré¬ 
sente  un  très  -  joli  conp-doeil.  La  place  sur  laquelle 
•e  trouve  l’église  principale,  est  fort  belle.  Il  y  a  ici 


quelques  manufactures  de  chapellerie,  de  bonnêterie,  de 
serges,  façon  de  Londres,  et  de  galons,  moitié  soie. 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE.  223 

moitié  fil*  En  se  rendant  d’ici  à  Stc.  Mènèhould ,  on 
traverse  le  champ  de  bataille,  célèbre  par  la  canonada 
de  Valmy.  Dans  le  canton  de  St.  Mènèhould ,  une  su¬ 
perbe  manufacture  de  faïence,  et  Varennes  célèbre  par 
Louis  XVI. 

3.  La  Marne  commence  ici  de  porter  bateaux.  La 
ceinture  champêtre  qui  environne  la  ville,  lui  prête  ua 
charme  que  l’on  retrouve  à  peu  d’autre».  C’est  la  que 
l’on  forge'  et  que  l’on  fond  la  majeure  partie  des  pooles, 
des  plaques  de  cheminée,  des  enclumes  etc*,  que  con¬ 
somme  Paris. 

4.  Dans  la  révolution  Bar  -  sur  -  Ornain.  Pôpulat. 
•uiv.  l’A.  6,961.  Q.  L’Amitié  triomphante.  C’est  le  chef- 
lieu  du  département  de  la  Meuse.  Les  fruits  confits,  et 
surtout  les  pots  de  groseilles  en  gelée,  sdnt  recherchés 
par  les  friands.  On  pêche  d’excellentes  truites  dans  la 
petite  rivière  d 'Ornain.  Les  vins  que  fournissent  les 
environs,  ne  le  cèdent  pas  pour  la  délicatesse  à  ceux  de 
Champagne.  On  travaille  toutes  sortes  d’ouvrages  d’acier 
dans  un  de  ses  faubourgs. 

5.  Non  loin  de  ce  relais  il  y  a  le  petit  village  de 
Dom  Remy ,  lieu  natal  de  la  célèbre  Pucelle.  La  mai¬ 
son  de  cette  héroïne,  se  distingue  par  ses  armes,  et  par 
son  buste  au  -  dessus  de  la  porte.  Ou  montre  aussi  le9 
ruines  dé  sa  chapelle,  sous  le  nonr  du  Février  de  la 
Pucelle. 

6.  Population,  suiv.  l’A.  6,940.  —  Les  9  soeurs.  La 
ci  -  devant  cathédrale  est  un  énorme  amas  de  pierres* 
Toul  est  au  nombre  des  villes  dont  l’origine  se  perd 
dans  la  nuit  du  tems  passé.  Elle  est  jolie;  située  sur  la 
Moselle  y  dans  un  vallon  agréable  et  fertile.  Son  com¬ 
merce  consiste  en  vins  de  bonne  qualité.  Elle  renferme 


224  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE. 

une  manufacture  de  fayence  estimée  ;  l’ancien  évêché 
sert  de  chef -lieu  à  la  5  cohorte  de  la  légion  d’honàeur. 

?.  V.  tableau  de  villes.  Il  est  dû  un  quart  de  poste 
en  sus  de  la  distance,  pour  les  sorties.? 

8.  La  château  est  aujourd'hui  un  corps  de  casernes. 
Le  chef  -'d’oeuvre  de  mécanique  et  d’hj draulique les 
rochers,  n’existe  plus.  L'église  des  ci  -  devant  chanoi¬ 
nes,  est  jolie.  Cette  ville  a  une  manufacture  de  faïence. 
Le  traité  de  paix  qui  porte  le  nom  de  cette  ville,  l'a 
illustrée  de  nouveau. 

p.  La  Sarre  commence  à  porter  bateau  dans  cette 
Tille.  Il  y  a  beaucoup  de  forges  dans  les  environs. 

10.  Pfalzbourg ,  forteresse  dans  le#  Vosges,  est  célè¬ 
bre  par  ses  liqueurs. 

11.  La  montagne  de  Saverne  est  au  pied  des  mon¬ 
tagnes  des  Vosges.  La  chaussée  qui  conduit  sur  ’cette 
montagne  ,  autrefois  presque  impraticable  par  le  mau¬ 
vais  tems  ,  offre  un  chemin  assez  commode  parmi  ces 
montagnes  escarpées.  C’est  un  des  ouvrages  les  plus 
curieux  de  l’industrie  humaine  II  fut  si  admiré  du  tems 
de  son  origine  ,  que  les  dames  en  prirent  une  mode. 
Elles  portaient  ides  perles  arrangées  en  forme  spiral» 
comme  la  chaussée.  , Elles  en  metaient  dans  leurs  che¬ 
veux  et  cette  coëffure  s  appelait  une  coiffure  h  la  Sa~ 
verne.  Du  haut  de  ces  montagnes ,  l'Alsace  offrit  à  mes 
yeux  un  vaste  jardin.  On  y  trouve  la  plus  grande  va¬ 
riété  de  collines,  de  vignes,  de  champs,  de  prés,  de  jar¬ 
dins,  de  bois  et  quantité  de  villages,  bourgs,  villes  et 
métairies.  Dans  le  lointain  on  voit  le  Rhin  qui  coule 
majestueusement  au  pied  des  montagnes  d’Allemagne, 
sur  lesquelles  on  apperçoit  des  villages  et  des  châteaux 
au  milieu  de  plusieurs  touffes  ‘d’arbres.  La  tour  du 
Munster,  s'élève  majestueusement,  comme  une  colonne 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE*  225 

isolée.  A  peu  de  distance  est  la  ville  de  Saoerne ,  avec 
le  château  et  la  chaussée  qui  conduit  à  Strasbourg ;  et 
qui  est  garnie  de  noyers  des  deux  côtés;  vue  superbe! 
Le  palais  -  neuf  ,  ci  -  devant  au  cardinal  de  Rohan ,  est 
parfaitement  ressemblant  au  château  de  JVilhelmshohe , 
ou  VFeissenstein ,  près  Cassel.  Les  jardins  ont  été  en 
partie  dévastés  par  la  révolution. 

12.  Y.  le  tableau  de  villes.  Il  est  dû  une  demi- poste 
en  sus  de  la  distance,  sur  toutes  les  sorties. 


30.  Route  de  Paris  à  Strasbourg ,  par  Metz  t  Moy - 
envie  etc. 


Postes 

de 

France. 

39% 

y'/z 

l'/Z 

1  Yz 


Noms. 

Postes 

de 

France. 

1.  Metz. 

1 

la  Horgne. 

2 

Soigne. 

2  Yz 

Delme. 

m 

Château- Salins. 

Noms. 


Moyeuvic. 
la  Bourdonnaye. 
2.  Héming. 
Strasbourg. 


Observation i  locales . 


1.  V.  No.  25. 

2.  V.  l’article  ci  -  dessus. 


31.  Route  de  Paris  à  Chambéry. 


Postes 

Noms. 

Postes 

de 

de 

France. 

France. 

&3J/z 

1.  Bourgoing.  1 

2 

2 

la  Tour  du  -  Pin 

1 

Gaz. 

*% 

2*~  Pont  -  de  -  Beau- 
voisin. 

Noms . 


3.  Echelles. 

St.  Thibault  de 
Coux. 

4.  Chambéry. 


Guide  des  Voy.  T.  11. 


U 


226  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE. 

Observations  lacales. 

1.  V.  No.  15. 

2.  Les  montagnes  offrent  des  bois,  des  rochers,  des 
précipices,  des  cascades  et  des  torrens  qui  forment  des 
paysages  charraans.  La  route  est  sûre  et  bonne,  même 
belle  en  plusieurs  endroits. 

3.  A  quelque  distance  des  Echelles ,  on  passe  par  le 
chemin  de  la  grotte ;  V.  No.  16.  Les  habitans  des  envi¬ 
rons  aident  les  chevaux  à  gravir  sur  Je  roc,  pour  attra- 

_  per  quelque  légère  gratification.  Non  loin  de  -  là ,  la 
route  tourne  vers  la  ci  -  devant  Grande  ■  Chartreuse  : 
V.  15.  obs.  loc.  2.  La  belle  cascade  de  Coux ,  sous  la* 
quelle  aimait  à  passer  J.  J.  Rousseau,  se  précipite  à  peu 
de  distance  au  -  delà  de  St.  Thibault. 

4.  0.  Les  Amis  réunis  ;  la  triple  Union.  Population. 
10  —  12,000  h.  La  cathédrale  et  la  caserne.  La  rue  cou¬ 
verte  sert  de  promenade;  il  y  en  a  deux  autres  jolieskla 
quinconce  de  Vernay ,  et  sur  la  terrasse  du  château,  à 
présent  la  préfecture  Le  dent  de  JSivolet  est  le  pic  le 
plus  élevé;  il  faut  4  heures  pour  la  monter,  et  pour  y 
jouir  d’upe  vue  admirable.  La  fontaine  minérale  de 
Boisse :  les  abymes  de  Myans ,  qui  ont  enseveli  une 
ville:  les  Çhai-mettes ,  à  de  lieue  de  la  yille  :  tout  y 
est  encore  plein  de  Rousseau  et  de  Mad.  de  IVarens  ; 
rien  n’a  changé,  excepté  l’inscription  sur  la  porte. 
Auberge  à  Chambéry,  qui  de  mon  tenu  était  bonne,  à 
la  St.  Jean:  M.  de  Mathison  vante  l’auberge,  à  la  Rose. 
La  fontaipe  sur  la  place  de  Lans  est  l’ouvrage  de  trois 
artistes  obscurs.  Il  y  a  une  salle  de  comédie  et  au  col¬ 
lège  un  Musée,  où  M.  Millii x  trouva  des  antiquités  inté¬ 
ressantes;  et  une  bibliothèque  publique?  à  la  préfec¬ 
ture  on  voit  un  bas  -  relief,  ci  -  devant  à  St.  Jean  de 
Maurienne.  La  ville  a  des  belles  maisons ,  des  rues  lar¬ 
ges ,  des  environs  rians,  et  la  société  a  même  obtenu  le 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE.  227 

suffrage  de  J  J.  Une  autre  excursion  de  Chambéry  est 
celle  à  la  chute  de  la  Doria ,  et  encore  une  autre,  à  la 
riante  habitation,  et  au  charmant  belvédère,  du  Général 
Boigne ,  au  Buisson  -  rond . 


32.  Route  de  Metz ,  -par  Deux  -  Ponts ,  Türkheim , 
Worms ,  Mayence  t  à  Francfort  s.  I.  M. 


Postes. 

I 


2 

2 

I 


Noms. 

Postes. 

Courcelles. 

2 

Fouligny. 

2 

St.  Avold, 

2 

Forbach. 

2 

I.  Saarbruck. 

2 

Rohrbach. 

3 

Hombourg. 

2 

Bruchmuhlbach. 

2 

Landstuhl. 

1 

Noms. 

Kniserslautern, 

Frankenstein. 

2.  Türkheim. 

Oggersheim. 

5.  Worms. 

4.  Oppenheim. 

5.  Mayence. 
Hattersheim. 
Francfort, 


34& 


Observations  locales. 


1.  Population  5,000  a.  Le  pont  -  neuf  qui  joint  le® 
«leux  villes  de  SaarbrucJc  et  de  St.  Jean;  la  salle  des 
spectacles  etc.  La  ville  est  bien  bâtie,  et  a  été  très- 
commerçante.  Sur  le  Hallbergy  où  était  l’emplacement 
de  l’ancienne  ville  construite  par  les  Romains,  on  re¬ 
marque  une  grotte,  taillée  dans  le  roc,  et  qui  servait 
autrefois  au  culte  payen  ;  elle  est  encore  appelée  dans 
la  langue  du  paj's  ,  die  alte  Heidenhap elle.  Le  beau  ch⬠
teau  du  prince  ,  en  ruines,  rappelé  le  vandalisme  révo¬ 
lutionnaire.  Dans  les  arrondissemens  de  Saarbruck  on 
fait  un  grand  débit  de  tabatières  de  carton  et  de  papier- 
mâché  ,  dont  il  y  existe  plusieurs  manufactures.  Entre 
St.  Avold  et  Foligny ,  est  le  village  de  Longeville  ,  le 
terme  de  la  langue  Française,  et  à  Rohrbacli  commen¬ 
cent  les  postes  allemandes. 


2..  Türkheim  est  une  jolie  petite  ville.  Le  Hart 
avec  les  ruines  de  Limbourg  offre  des  sites  pittoresques. 
A  Ilombourg  à  la  poste,  bonne  auberge. 

U  2 


228  LA  FRANCE,  ITINÉRAIRE. 


3.  Population  5,000.  Ville  ancienne,  qui  de  loin  se 
présente  bien  avec  ses  tours  gothiques.  Il  faut  voir  à 
IVorms  la  salle*  où  Luther  fît  sa  profession  de  foi.  Il 
y  a  quelques  antiquités  romaines  à  IVorms.  La  cathé¬ 
drale  date  du  XII.  siècle.  La  route  d'Oppenheim  à 
IVorms  est  très  ••  agréable.  Les  vignes  célèbres  de  Nie- 
renstein  ,  à'Unser-lieben-Frauen  Jtfileh  ,  bordent  presque 
le  chemin.  Le  vin  du  Katerloch  est  fort  -  estimé. 

4.  On  y  reconnaît  encore  les  traces  des  dévastations 
de  Mèlac ,  sous  Louis  XIV.  C’était  près  d 'Oppenheini, 
que  Gustave  -  Adolphe  de  Suède  passa  le  Rhin,  et  vain¬ 
quit  les  Espagnols  retranchés.  Dans  un  bois,  de  l'autre 
côté  du  Rhin,  il  y  a  l’obélisque  érigé  en  sa  mémoire. 
On  montrait  encore,  près  d  '  Oppenhcim ,  en  1794  i’os- 
suairc  des  espagnols  tués. 

5.  V.  Itinéraire  de  l’Allemagne. 

6.  On  passe  par  Roechst ,  où  il  y  a  une  manufacture 
de  tcbac,  une  fabrique  de  porcelaines,  et  le  château 
qu’a  fait  bâtir  M.  Bolongaro.  On  voit  à  gauche»  de  loin, 
le  fort  de  Koenigstein  ,  si  fameux  dans  la  guerre  de  la 
révolution,  et  que  l’on  a  fait  sauter.  Toute  cette  con¬ 
trée  a  été  le  théâtre  de  plusieurs  combats  sanglansj  on 
passe  la  Nidda.  A  Hattersheim ,  une  montagne  volca¬ 
nique  très  -  remarquable.  Avec  les  voituriers,  on  ne 
passe  pas  par  Hattersheim  ;  on  prend  une  route  détour¬ 
née  et  plus  courte. 


33.  Route  de  Str  aslour  g ,  par  Landau ,  à 
F  r  ancf  0  rt  s.  I.  M, 


Postes.  Noms. 


Postes.  Noms. 


2  Bruinât. 

Æ 

2 

V/z  2-  YVissembourg. 
z'/z  barbelroth. 


i'/z  3-  Landau. 


Neustadt. 


3  Oggersheim, 

10  5.  Francfort. 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE.  *39 


Observations  locales . 

1.  Il  y  a  ici  une  espèce  de  terre  sigillée ,  dont  on 
fabrique  une  belle  fayence. 

2.  Beaucoup  de  vignobles;  beaucoup  de  châtaigners. 
TVissembourg  et  ses  ligires  ont  été  célèbres  dans  la  guerre 
de  la  révolution.  Q  La  triple  Union. 

3.  Ville  forte ,  souvent  assiégée  et  prise.  L’ouvrage 
à  corne,  est  la  fortifîcatiou  principale,  d’où  dépend  le 
salut  de  la  ville.  Q  L’Union  philanthropique. 

4.  Le  vin,  nommé  Gaertsefusser ,  est  célèbre.  Pre¬ 
mière  poste  allemande. 

5.  V.  Itinéraire  de  l’Allemagne. 


34.  Route  de  Str  asbour  g,  par  FortVaulan , 
Spire ,  M  anheim ,  à  Francfort  s.  I.  M. 


Postes. 


2 

2 

3 


Noms.  s 

Postes. 

Wanzenau. 

2 

Drusenheim. 

2 

Bernheim. 

3 

1.  Lanterbour*. 

10 

4.  Rheinzabern. 

37 


Noms. 

Germerslieim. 

Spire. 

Manheina» 

Francfort. 


Observations  locales. 

1.  Célèbre  dans  la  guerre  par  ses  retranchemens  et  la 
prise  de  ses  lignes. 


2.  Chemin  sablonneux;  on  passe  par  une  vaste  forêt 
dite  Bêwald  ou  Bienwald.  A  Germersheim ,  poste  alle¬ 
mande. 

3  La  cathédrale,  bâtiment  gothique  ,  et  les  tombeaux 
ruinés  des  empereurs  voila  la  curiosité  principale  de 
cette  ville  ,  ci  -  devant  impériale ,  çui  a  succombé  tant' 


V 


23o  LA  FRANK) E.  ITINERAIRE. 


de  fois  sous  les  armes  de  la  France.  Population  suiv» 
l’A.  3, 444.  La  grande  famille. 

4.  □  à  1  amitié  fraternelle.  V.  Itinéraire  de  T  Allé- 
magne. 


35- 

Route  de  Cologne 

à  Aix  - 

la  -  Chapelle . 

Postes. 

|  Noms.  ï 

Postes. 

Noms , 

3 

Bergheim, 

5 

2.  Aix  -  la  -  Cha¬ 

II*  Juliers. 

1 

pelle. 

S'/z 

Observations  locales. 


ï.  Auberge.  A  la  cour  impériale.  L’église  collégiale 
est  belle.  La  ci  -  devant  chartreuse,  zum  Vogelscngt 
n’était  qu’à  une  demi  -  heure  de  la  ville.  Aldenhofen, 
à  I  Yz  lieue  de  Juliers ,  est  célèbre  par  une  vierge  mira¬ 
culeuse,  et  par  la  bataille  de  1793.  On  fortifie  de  nou¬ 
veau  la  ville  de  Juliers.  Population  2,126. 

2.  V.  Itine'raire  de  l'Allemagne. 


36.  Route  de  Liège*)  à  Bruxelles, 

.Postes.  |  Noms.  I  Postes.  Noms. 

z'/k.  j  Orey.  I  2%.  2.  Louvain. 

2#  St.  Trond.  I  I /z  Cortemberg. 

2  1.  Tiriemont*  I  i&  3-  Bruxelles. 


Observations  locales, 
j.  x  pirlemont ,  jolie  ville,  un  très  -  beau  carillon* 
Population ,  suiv.  l’A.  7,788-  Près  de  la  le  villaSe  de 
Neerwinden,  si  célèbre  par  deux  batailles  de  ce  nom. 


*)  V.  Itinéraire  des  Pays  -  bas. 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE.  231 

2.  Louvain.  Population,  18  —  20,000.  Redevenue  uni¬ 
versité,  silongtems  célèbre.  □•Les  disciples  de  Salomon. 
Dans  l’église  des  Franciscains  le  tombeau  de  Lipsius. 
ta  maison  commune  est  d’un  beau  gothique.  Le  sémi¬ 
naire,  bâtiment  magnifique,  sert  à  présent  de  maison 
d’invalides.  Louvain  fait  un  grand  commerce  de  bière, 
qui  est  renommée,  et  d’huile  de  navette  et  de  colza. 
Elle  communique  avec  Malines,  par  un  beau  canal.  Au¬ 
berge:  à  l’hôtel  de  Cologne. 

3.  V.  Itinéraire  du  Royaume  des  Pays -bas.  On  peu? 
passer  sur  le  champ  de  bataille  de  TVatcrlco. 


37.  Route  de  Metz  à  Trêves  et  Coblence r 


Postes. 

2 

ï/z 

2 

m 

2 


JS  oms, 

1.  Mondelange. 
ThionvilLe. 
Frissauge. 

2.  Luxembourg. 
Roodt. 

Grevenmachern. 

3.  Trêves. 


Postes. 

2& 

2 

3 Vz 

2 

2 

3 


Noms. 

Hetzerath. 

Wittlich. 

4.  Lutzerath. 
Kaiseresche. 
Polich. 

5.  Coblence, 


*7^ 


Observations  locales. 

1.  Il  est  dû  2 fa.  de  Metz  à  Mondelange  4  et  de  Mo  K® 
delange  à  Metz  deux  postes  seulement. 

2.  Population,  9,000.  Les  enfans  de  la  concorde 
fortifiée.  Luxembourg  est  la  ville  la  plus  forte  de  l’Eu¬ 


rope.  C’était  la  famine  qui  força  le  brave  Bender  à  ca¬ 
pituler,  A  Luxembourg  la  première  poste  allemande. 


3.  Population,  9,118.  Voyez  sur  Trêves  l’Itinéraire  de 
l’Allemagne.  A  Trêves  il  existe  deux  messageries,  l’une 
de  Trêves  à  Coblence ,  l’autre  de  Trêves  à  Luxembourg. 
La  première  part  tous  les  lundis  et  jeudis,  et  arrive  tous 
les  mardis  et  vendredis.  La  population  de  cette  ville 


a32  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE. 

ne  répond  pa*  à  l’étendue  du  sol  qu’elle  occupe,  et  qui 
est  de  224  arpens.  Son  origine  se  perd  dans  la  nuit  des 
siècles,  et  c’est  certes  une  des  plus  célèbres  villes  de 
l’antiquité,  Les  environs  àe'Trèvés  sont  riches  en  cu¬ 
riosités. 

4.  Il  ne  faut  pas  s’arrêter  à  Lutzerath ,  mais  coucher 
aux  bains  de  Bertlich ^ 

5.  V.  Description  du  voyage  sur  le  Rhin,  à  l’Itiné¬ 
raire  d’Allemagne. 


8. 


Cartes  itinéraires.  Manuels.  Relations  de  voyage 
de  fraîche  date. 


(La  carte  itinéraire  jointe  à  cette  édition  du  Guide , 
dispense  le  voyageur  ,  de  faire  l'achat  de  quelque  autre. 
De  même  celui  qui  est  muni  du  livre  des  postes  fîo- 
yalcs ,  possède  dans  la  carte  des  routes ,  qui  y  est  an¬ 
nexée,  la  meilleure  carte  itinéraire.) 


Itinéraire  du  Royaume  de  France,  divisé  en  cinq  ré¬ 
gions  :  2de  édition  considérablement  augmentée  avec  une 
grande  carte  routière.  A  Paris,  chez  Langlois.  1817.  ï2. 
(Chez  le  même  avait  paru  en  1811  un  Itinéraire  complet 
de  l’Empire  Français,  où  nombre  d'articles  étaient  tirés 
du  Guide  des  Voyageurs.) 


Itinéraire  descriptif,  ou  description  routière,  géogra¬ 
phique,  historique  et  pittoresque  de  la  France  et  de  l’Ita¬ 
lie:  par  M.  Vaysse  de  Villiers.  Paris.  1814  —  16.  8*  (C’est 
vraiment  un  ouvrage  utile,  nécessaire  à  tout  voyageur. 


LA  FRANCE.  ITINERAIRE.  233 

fauteur,  observateur  éclairé  par  goût,  et  voyageur  par 
état  depuis  vingt  -  ans,  étant  Inspecteur  des  postes  -  re¬ 
lais,  a  été  par  tout  sur  les  lieux,  et  ses  observations  et 
tableaux,  portent  l'empreinte  d’une  parfaite  connais¬ 
sance  des  localités.  Ajoûtons-y  une  brillante  variété  de 
style.  Cet  ouvrage  paraît  par  cahiers;  il  en  a  parû  neuf. 
Chaque  cahier  est,  en  outre,  orné  d’une  carte,  anales 
gue  au  contenu  du  cahier,  et  qui  ne  laisse  rien  à  dési¬ 
rer,  tant  pour  l'exactitude  que  pour  Inexécution.) 

Reisè  durch  das  südliche  Frankreich,  von  Johannâ 
Schopenhauer ,  Rudolstadt  1317.  (Marqué  au  coin  du  ben 
goût,  comme  tout  ce  qui  sort  de  la  plume  de  cette 
dame.) 

Voyage  dans  les  départemens  du  midi  de  la  France, 
par  M.  Millin.  Paris,  1807  —  1S10;  cinq  volumes.  (Ouvrage 
excellent  et  instructif). 

Voyage  de  Paris  à  Neufchâtel  en  Suisse,  fait  dans 
l’automne  3812.  par  M.  Depping.  A  Paris,  1813.  32.  (Vo¬ 
yage  d’un  homme  de  lettres  estimable,  qui  parcourt 
Tune  des  plus  belles  contrées  de  la  France,  et  qui  a  four¬ 
ni  au  Rédacteur  nombre  de  renseignemens  instructifs.) 

Fitch ,  Briefe  über  die  südlichen  Provinzen  von  Frank- 
reich.  Zurich  J790:  (ce  livre  quoique  publié  sous  l’an¬ 
cien  régime  ,  sera  de  la  plus  grande  utilité  au  voyageur, 
qui  veut  parcourir  les  provinces  méridionales). 

Fragmente  aus  Paris  im  IV.  Jahr  der  franzosischen 
Republic  von  F.  J.  L.  Meyer  D.  Domllerrn  in  Hamburg, 
1797.  ^traduits  en  Français,  par  ie  Général  Dumouriez. 
C’est  le  meilleur  ouvrage  que  nous  possédonn  en  alle¬ 
mand  sur  Paris  sous  le  Direetorat:  le  même  auteur, 
homme  de  lettres  généralement  estimé,  y  a  ajoûté  le 
tableau  de  Paris  et  de  la  France  sous  le  Consulat;  sous 
le  titre;  Briefe  aus  der  Hauptstadt  uni  üem  lnnern 


234  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE. 

Erankreichs.  Tubingen,  chez  Cotta,  2  Vol.  La  seconde 
.édition  est  très  -  augmentée). 

Vertrauliche  Briefe  über  Frankreich  und  Paris;  Leip¬ 
zig,  igoo.  (L’auteur,  feu  M.  Reichardt ,  alors  maître  de  la 
chapelle  du  Roi  de  Prusse,  en  a  publié  la  suite,  ou  la 
description  de  son  dernier  voyage  à  Paris,  sous-ie  titre  : 
J.  E»  Reichardt' s  vertraute  Briefe  aus  Paris ,  geschrie - 
ten  in  den  Jahren  1802  und  1803.  Hambourg  1804.  3.  vol.  8.) 

Auch  ich  war  in  Paris  !  (1801.)  Winlerthur ,  1803.8» 
3  vol.  (L'auteur  est  M.  JVeddigen.) 

(Dans  l’ouvrage  de  Mr.  Seume ,.  ,,Spaziergang  nacli'' 
Syracus  im  Jahr  1802-  Leipzig  1803  “  se  trouvent  quel¬ 
ques  détails  intéressans  sur  Paris  et  sur  d’autres  villes 
de  la  France), 

Erinnerungen  aus  Paris  im  Jahr  1804.  von  August 
von  Kotzebue.  Berlin  1804.  8-  (H  en  a  paru  à  Paris  une 
traduction  française ,  et  à  Londres  une  en  langue  an¬ 
glaise). 

Fiir  Reisende  nach  Paris.  Aus  den  Papieren  des  Gra- 
fen  S.  [SflZzs/i]  Berlin  1810.  avec  une  carte  itinéraire; 
très  -  instructif. 

Reise  nach  Paris  ,  im  Sommer  1808.  vom  Prof.  Gai - 
letti.  Gotha  1810.  8- 

Bemerkungen  auf  einer  Reise  durch  die  Hiederlande 
nach  Paris  im  XI.  Jahr  der  Republik.  To.  1.  2.  Ham- 
burg  ,  1804.  8-  (Ouvrage  renfermant  un  grand  nombre  de 
renseignemens  utiles). 

Original  -  Beitrage  zur  eigentlichen  Kenntnifs  von 
Frankreich,  von  H.  Nemnich.  Tubingen  i8i°<  8-  deux: 
vol.  Ouvrage  instructif,  et  indispensable  aux  négociaris 
voyageurs. 


LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE.  235 

Reisen  durch  die  südlichen  Provinzen  Frankreichs; 
1807,  1809,  1815.  par  M.  de  Humboldt ,  (homme  d’état,  et 
littérateur  connu  et  estimé.)  Fraucfurt  igi6.  8-  2.  vol. 

Kiescioetter  Reise  durch  einen  Theil  Deutschlands, 
Frankreichs  etc.  1813.  18*4*  1815*  Berlin,  1816.  8-  2-  vol. 
(Des  détails  et  des  observations  instructives.) 

Demian  Briefe  aus  Paris,  geschrieben  in  den  Mona- 
ten  Julius  —  October,  1815.  Fraucfurt.  igj(j.  8* 

Briefe,  geschrieben  in  Paris,  im  Jahr  i£l>>,  von  J.  F. 
Benzenberg .'  Dortmund,  1816.  8*  (Un  peut  regarder  ces 
lettres,  dont  ie  1.  cahier  a  paru,  comme  servant  de  suite 
à  l’ouvrage  du  même  auteur,  sur  la  France  et  sur  Paris, 
publié  en  1804.) 

Von  Bretschneider  Reise  nach  London  und  Paris  etc. 
herausgegeben  durch  von  Goccking ,  Berlin,  l8i7-  8*  (Le 
nom  de  l’Editeur,  vétéran  littéraire  estimé,  et  le  juge¬ 
ment  qu’en  porte  M.  de  Kotzebue ,  dans  sa  feuille  litté¬ 
raire,  sont  autant  de  récommandations.) 

(M.  Mylius  k  Basle,  a  annoncé,  Malerische  Reise 
durch  das  südliche  Frankreich  aie.  avec  vues  et  estam¬ 
pes,  mais  qui  n  a  pas  encore  été  publié.) 

Reize  door  Frankryk  in  gemeenzame  Brieven  door 
Adrian  van  der  Willigen .  ïlaarlem.  1805.  8.  3  cahiers, 
avec  gravures» 

Th.  Bugge's  Reise  til  Paris,  i  Aarene  1798  og  1799. 
Kiôbenhavn ,  1800.  8.  (On  en  a  publié  une  trad.  alle¬ 
mande). 

Versailles,  Paris  and  St.  Dénis,  or  a  sériés  of  view» 
by  J.  C.  Nattes;  wiih  an  historical  account  fcy  L.  J. 
Gérard.  London,  i8cô.  Fol.  X2  cahiers. 


a36  LA  FRANCE.  ITINÉRAIRE. 

Travels  arter  the  peace  o£  Amiens  through  parts  of 
France  etc.  b  y  J.  G.  Lemaistre.  London,  i8e6.  8-  3  vol. 

The  belgic  traveller,  or  a  tour  trough  Holland,  Fran¬ 
ce  etc.  in  the  years  1804  and  5.  London,  1806.  8.  4  vol. 

Travels  to  the  South  of  France,  in  the  years  1807  and 
ï8o8>  by  Colonel  Pinkney.  London,  1810. 

Narrative  of  the  events  hich  hâve  lately  taken  place 
in  France  etc.  by  H.  Maria  JVilliams.  ^London  1815*  8* 
(L’autenr  est  connue  par  ses  ouvrages  publiés  sur  la 
France  ,  du  tems  de  la  Convention  et  du  Consulat,  com¬ 
me  à  présent  de  Louis  XVIII.) 

Notes  on  a  Journey  through  France,  in  July,  August 
and  Sept.  1814.-  by  Morris  Birckbeck.  London,  1815.  8- 

Mémorandum  of  a  résidence  in  France  in  the  Win- 
ter  of  1815  —  1816.  London  1816.  8-  (Ce  charmant  ouvrage 
écrit  par  une  Dame,  se  distingue  par  ses  remarques 
neuves  et  intéressantes,  et  par  l’aménité  de  son  style.) 

La  France:  par  Lady  Morgan.  Paris  et  Londres,  1817. 
*.  vol. 

Travels  through  France  and  Germany  in  the  Years 
1815 ,  16  et  17*  By  Jorgenson.  London  1817.  (L’auteur  fit 
son  voyage  à  pied,  et  il  ne  faut  pas  confondre  sa  rela¬ 
tion  avec  tant  d’autres,  qui  ne  renferment  que  des  cho¬ 
ses  mille  fois  dites). 


Table  alphabétique 

d  a 

G.  d.  V*  en  France. 


A. 

Abbeville.  164.  165. 
Aix  -  en  -  Savoie.  187. 
Aix,  tabl.  30. 

Alençon.  159.  160. 

Alfort.  2or. 

Amiens.  146.  164. 

St.  Andéol.  206. 

St.  Andiol.  208. 
Angoulême.  159. 

Annecy.  188. 

Annonay.  205. 

Anse.  195. 

Antibes.  213. 

Arcy,  grottes.  178. 

Arles.  208. 

Arras.  147. 

Guide  des  Voy>  T.  II. 


Aubagne.  211. 

St.  Aubin.  223. 
Aussel ,  grottes.  156. 
Autun.  202. 
Auxerre.  177. 
Auxonne.  174» 
Avalon.  178. 
Avignon,  tabl.  34. 

B. 

Bagatelle.  82-  III. 
Ballon.  7» 

Bar  -  le  -  Duc.  223. 
Basle.  152. 

Bavay.  164. 
Bayonne.  152.  153. 
Beaucaire.  210. 

X 


Table  alphabétique. 


238 


Be&une.  180. 

Beautoin.  159. 

Beauvais.  165. 

Béfort.  152. 

Belleville.  8 2.  Il6. 
Bellevue.  85.  107. 

Bergues.  172. 

Berre,  étang.  34. 

Besançon.  155. 

Betz.  65. 

Bicêtre.  123.  175. 

Bondy.  117.  ,214. 

Bordeaux ,  vins.  9.  41. 
tabl.  39. 

Boulogne.  165.  166. 

Bourg.  ig2. 

Bourget,  lac.  188. 
Bourgette.  147. 

Bourgogne,  vins.  9.  17g.  igo.  ' 
Brest,  tabl.  43. 

Briare  ,  et  canal.  197. 

St.  Brice.  86. 

Brie ,  fromage.  14.  215. 

St.  Brieux.  159.  161. 

Brives.  217. 

Bruxelles.  164.  230. 

c. 

Cahors.  2i8* 

Calais.  165.  167. 

Camargue.  208. 

Cambray.  170. 

Canal  de  Bourgogne,  de 
Briare,  du  Centre,  d  Or¬ 
léans  ,  del’Ourcq,  de  St. 
Quentin.  7. 


Canal  de  Languedoc.  7.  219. 
Cannes.  213. 

Cantal.  7. 

Carcassonne.  220. 
Carpentras.  36. 

Cassel.  470.  i7r. 
Castelnaudary.  217.  22Q. 
Cette.  57. 

Cévennes.  7,. 

Chaillot.  103. 

Chiilly.  176. 

Chalons  -  sur  -  Marne.  215. 
Châlons  -  sur- Saône.  181. 

St.  Chaînas.  52. 

Chambéry.  226. 

Champagne,  vins.  9. 
Chantilly.  145. 

Charmettes.  226. 

Charento^n.  120.  soi. 
Chartres.  189. 

Chasserai.  7. 

Château  -  Thierry.  215. 

Ch  atellerault.  191. 
Chaumont.  150. 

Choisÿ.  86.  121.  176. 
Clairvaux.  150. 

Clermont.  145. 

Clermont,  199. 

Clos  de-Vougeot.  180, 

St.  Cloud.  8i*  104. 

Cluny.  182. 

Colmar.  9. 

Compiegne.  83» 

Cos  ne  193. 

Courtezon.  207. 

Crau.  34. 


Table 

Crousac.  220. 

Cujes.  211» 

St.  Cyr.  108. 

D. 

Dammartin.  162. 

St.  Denis.  84-  H4*  168. 
Dieppe*  168.  169* 

Dijon.  179. 

St.  Dizier.  223. 

Dole.  J74. 

Dom  Remy.  223. 

Douay.  170.  171.  t 
Donzere.  so5. 

Dreux.  159.  160. 

'  Dunkerque.  170.  1 72. 

Ê. 

Echelles.  187.  226. 

Ecluse,  fort.  184,. 

Ecouen.  86.  144. 

Epernsy.  215. 
Ermenonville.  82. 

Esonne.  174.  176. 

‘Estrelles.  212. 

Etampes.  156. 

F. 

Férté-sous- Jouarre.  74. 
Fontainebleau.  80.  174. 
Franconville.  S3-  168- 
Fréjus.  212. 

G. 

St.Germain  en-Laye.  82»  109. 
Gisors.  i68- 


alphabétique. 

St.  Gobin.  163. 
Gouge  ,  grottes.  57. 
Grasse.  213* 

Gray.  154. 

Grenoble.  185;. 
Grenoble.  205. 
Grignan.  206. 
Grosbois.  120.  14S. 

H* 

Hattersheim.  228. 
Hieres.  132. 
Hoechst.  228* 
Hombourg.  227» 

I. 

Jemmappe.  164. 
Joux,  château.  221. 
Istres.  53. 

Juliers.  230. 

Juvissy.  122.  176* 

K. 

Kehl.  130. 
Koenigstein.  228* 

L. 

Lamballe.  159.  ï(Jr« 
Lainbesc.  209. 
Landau.  229. 

Langres.  130.  154. 
Laon.  163. 
Lauterbourg.  2:9. 
Laval.  159.  i6i. 

St.  Leu.  116. 
Libourne.  156.  159. 

x  2 


23î> 


Table '  alphabétique . 


Lieusain.  soi. 

Lille.  170.  171. 

Limoges.  156.  158. 
Lioncourt.  83-  145. 
L’Isle.  38. 
liongchamp.  36. 

St.  Louis.  15s. 

Louvain.  23t. 

Luc.  212. 

Luciennes.  8i-  113. 
Lunel.  2ii. 

Lu  ne  ville.  222.  224. 
Lure.  152. 

Luxembourg.  231. 
Luxeuil.  152. 

Lyon.  tabl.  43.  143. 

M. 

Maçon.  181. 

Maguelone  ,  isle.  57. 
Malmaison.  85*  113* 
Mareville.  5g. 

St.  Marguerite.  213. 
Marly.  81.  1*4. 
Marquise.  167. 

Marseille,  tabl.  49.  143. 
Maubeuge.  163. 

St.  Maximin.  33. 

Meaux.  214. 

Melun.  202.' 

St.  Ménéhould.  216.  223- 
Menin.  173. 

Metz.  214.  216. 

Meudon.  107.  125. 
Mézières.  193. 


Mirabeau.  34. 

Mons.  162.  164. 

Montagne.  159. 

Montargis.  197. 
Montauban.  218* 

Montbard.  175. 
Mont-Cénis.  202» 
Mont-d’or1.  7. 

Monte  d’oro.  7.  199.  gag. 
Montélimart.  206. 
Montereau.  202. 

Monte  rotondo.  7. 
Montmartre.  62.  144.  168. 
Montmorency.  85-  115. 
Montpellier,  tabl.  53. 
Montreuil.  118. 

Montreuil  -  sur  -  mer.  1O5. 
166. 

Moret.  176. 

Morez.  174. 

Morfontaine.  83- 
Morlaix.  159.  162. 
Mortagne.  159.  160. 

Moulins.  198. 

Muette.  82*  m. 

N. 

Nancy,  tabl.  57. 

Nangis.  148- 
Nantua.  183. 

Narbonne.  220. 
Neerwinden.  230. 

Nemours.  196. 

Neuf  Brisaclc.  153. 
Neustadt.  229. 


2 Jable  alphabétique. 


Nevers.  198- 
.Nice.  213. 

Nismes.  207. 

Nuits.  i89* 

O. 

Odile,  mont.  130. 
Oppenheim.  228' 

Orange.  203.  207, 

Orient.  195. 

Orléans-  157. 

Ormes,  jqi. 

Ornans.  155. 

Oman  s.  221* 

Ostende.  173» 

K 

Palice.  200. 

Pantin.  117. 

Paraci*et.  149. 

Paris,  tabl.  59; 

Passy.  82-  103. 

St.  Paul.  206. 

Périgueux.  156.  15& 
Péronne.  147.  170. 
Perpignan.  217.  22i. 
Pfalzbouig.  224. 

Poitiers.  191. 

Poligny.  174, 

Pontarlier.  221- 
Pont  d’Aro.  208. 
Pontchai  train.  159.  160. 
Pont  St.  Esprit.  206 
'Pont  du  Gard.  207. 


241 

Pont  du  Gard.  36. 

Pont  St.  Maxence.  147. 
Pontoise.  168. 

Poppée,  mont.  200. 
Pougues.  198. 

Pouilley.  15Ô. 

Provins.  148. 

Pyrénées.  7. 

R, 

Rainsi.  8i» 

Rambouillet.  189 
St.  Raphaël.  212. 
pLeims.  192. 

St.  Rémy.  210. 

Rennes..  159.  i6r. 
Rheinzabern.  *29. 

Rhône,  perte.  184, 

Pioanne.  200.,. 

Kochelle.  192. 

Rochemaure.  20&. 

Pvocroi.  193^ 

Romans.  205. 

Rouen.  i&8-  169. 

Roye.  147. 

S. 

Saarbruck.  227. 

Sallon.  33.  209. 

Sassenage ,  fromage.  14. 
Saverne.  224.  225. 

Sceaux.  124. 

Sceaux.  Penthièvre.  82-  12^ 
Sedan.  193. 

Y 


Guide  des  Voy.  T.  II. 


242  Table  *  alphabétique. 


y. 

Vachelin.  14. 

Valence.  203.  205. 
Valenciennes.  164. 

14?.  St.  Valéry.  i65. 

St.  V allier.  205. 

Valmy.  216.  223. 
Vannes.  194. 

Varennes*  2î6.  223. 
Vaucluse.  36. 

Verdun.  214*  216. 
Verneuil.  159.  160- 
Versailles.  101.  tabl.  jtjjy 
Vésoul.  igr. 

Vichi,  eaux.  *99. 
Vierzon.  156.  158» 

.  Villejuif.  173.  175.  ' 
Vienne.  204. 

Vincennes.  §4. 

Viso.  7. 

Vitry- sur -Marne,  22?. 


Senlis,  14?. 

Sens.  174.  176.  202= 
Seves.  104.  106. 
Soissons.  162. 

Spire.  229. 

Strafs bourg,  tabl.  126. 

T. 

Tarare.  200. 

Taras c on.  208- 
Taverny.  116. 
Tirlemonfr.  230. 
Tonnerre.  175. 

Toul.  222.  223. 

Toulon,  tabl.  130, 
Toulouse.  217.  218. 
Tours.  190. 

Trêves.  231. 

Trévoux.  195* 
Trianon.  134. 

Troyes.  149.  158. 
Tulle.  217. 

Turckheixn.  227. 

U. 

Uzexches.  21?» 


w. 

Waterloo.  164.  23f. 

Wissembourg.  229. 
Worms.  228« 


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guide 


DBS 

VO  YAGEURS 

E  N 

ITALIE  ET  SUISSE. 

Par 

Mr,  Reich  a  r  d  , 

Conseiller  au  Département  militaire  de  S.  A.  S.  le 
Duc  de  Saxe -Gotha. 

Huitième  Edition ,  totalement  refaite  ; 

[et  augmentée  pour  les  présentes  exemplaires  d’un  grand 
nombre  d’additions  de  fraîche  date.] 

Faisant  partie 

de  la 

nouv  ell  e  Edition  originale 
d  u 

Guide  des  Voyageurs  en  Europe  ; 

publiée 

par  le  même  auteur. 

Première  Section:  Italie. 


Avec  deux  cartes  routières  et  les  Panoramas  des 
villes  capitales. 

A  Weimar, 

au  Bureau  d'industrie,  et  chez  les  principaux 
Libraires  de  l’Europe. 

i  8  »  6. 


Y.f J'>  dlllî'i  9U! 


fcaûmènitjL  sus»  ? 
-:>u8  zjU9  J  ne  . 


u;çu  qo'iî  ‘ïoqqci-  rr#  iuo 
ufi  Mon  eb  n  ’  . 

:  '1er  V/'  tria*.  f.  -  r  *.,» 


Avant-Propos. 

àiof 

»••'•  iV  :.  ,  ,;V  $ 

Cette  huitième  Edition ,  a  été  totalement 

c  »  «rcfiili/n  ;  "  •  ’j  r  ;  : 

refondue^  Saàs’  faire  mention  des  additions, 
corrections  et  renseignemens  nombreux,  qui 
ont  remplacés,  en  forme  des  cartons,  presque 
chaque  feuille  de  V Italie,  il  n’y  a  qu’à  com» 
parer  le  passage  du  Mo  rit :  Cénis,  ou  celui  de 
la  Corniche ,  avec  les  mêmes  articles  des  édi¬ 
tions  précédentes,  pour  s’en  convaincre  plei¬ 
nement.  Le  rédacteur  a  de  plus  ajoûtés  aux 
présentes  exemplaires^  un  grand  nombre 
d’additions  de  la  plus  fraîche  date,  qui  lui 
étaient  parvenues  plus  tard,  et  qui  font  en 
quelque  sorte,  de  cette  8me  édition,  une 
Neuvième. 


L’Italie  et  la  Suisse  (TfanT  deux 'pays', “qui 
ont  un  rapport  trop  marqué  entre  eux,  l’Au¬ 
teur  a  de  nouveau  réuni  les  deux  Itinéraires 
en  un  seul  volume,  mais'  divisé  en  deux  Sec¬ 
tions ,  suivani  les  deux  pays. 


A  Gotha y 

ce  3*  •Septembre  ;  •; 

1S16. 


R  e  i  c  h  a  r  d, 

Conseiller  au  Département  militaire  de 
j  .  _  &.A.  S.  le  Duc  de  Sa,jre  -  Çotha 

et  Altenbourg- 

f  ,1  J9  1ÏJ0Îtp9îâf0^ 

l  ?.no r  ‘  •  Aailr  rnoT  juo 

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I 


JF  IJ  -* 


oîïB 


Table  des  matières 

d  u 

Guide  des  Voyageurs  en  Italie, 


Avant  -  Propos, 

Page. 

I.  Etendue .  Sol .  Etats.  Population. 

Reli¬ 

gion.  Langage, 

Productions.  Ordr 

es  de 

chevalerie, 

* 

3- 

2,  Poids. 

10. 

3.  Mesures  linéaires 

et  de  capacité . 

12. 

4.  Monnaies. 

15- 

5.  Tableau  de  quelques  villes. 

Page. 

Page 

Bologne. 

24.  Parme. 

59 

Florence. 

26.  Pise. 

61 

Gênes. 

31.  Rome. 

62 

Mantoue. 

34.  Siene. 

85 

Messine. 

35.  Turin. 

87 

Milan. 

37.  Venise. 

89 

Modène. 

42.  Verone. 

97 

Naples. 

43.  Vicence. 

99 

Padoue, 

S* 

H 


Page, 

6»  Etats  des  postes .  Voituriers.  Passages 

des  Alpes.  Notes  instructives ,  et  remar¬ 
ques  qui  peuvent  intéresser  les  voya¬ 


geurs  dans  leur  tournée.  lo-l* 

1.  Route  par  le  Tyrol ,  en  passant  par  Trente.  107. 

2*  Passage  du  Mont-Cénis.  108. 

3.  Passage  du  St.  Gothard.  113. 

4.  Passage  du  grand  St.  Bernard.  115. 

5.  Passage  du  Splugen.  I2i* 

6.  Passage  et  route  de  poste  du  Simplon.  134. 


7.  Ancienne  route  de  Nice  à  Gênes  ,  par  la 

corniche;  route  de  poste  de  Nice  à  Gênes, 
par  la  rivière  du  Ponant,  et  à  Turin  par  le 
col  de  Tende.  126. 

8.  Route  de  Nice  par  mer  à  Gênes.  127. 

Table  du  midi  en  heures  italiques.  130. 

7,  Itinéraire  des  routes. 

A.  Plan  d'un  voyage  en  Italie  par  ta  postet 
en  entrant  par  Turin ,  et  sortant  par  Ve- 
nise\  et  vice-versa. 


Route  de  Chambéry 

me,  par  Rimini,  Ap* 

à  Turin. 

cona,  Loretto  et  Ter¬ 

—  de  Turin  à  Gênes. 

134- 

ni. 

144- 

—  de  Gênes  à  Flo¬ 

7.  —  de  Rome  à  Na¬ 

rence  par  Pise,  Li¬ 

ples  ,  par  les  ma¬ 

vourne,  Lucques. 

136. 

rais  Pontins. 

149. 

—  de  Gênes  à  Mi¬ 

8.  a)  —  de  Naples  àMes- 

lan. 

140. 

sine  et  à  Tarente. 

153- 

—  de  Milan  à  Bo¬ 

8  b)  Route  de  Rome  & 

logne,  par  Plaisance, 

Florence  parViterbe 

Parme  et  Modène. 

141- 

et  Siène. 

153- 

—  de  Bologne  ùRo- 

III 


Page. 

9.  Route  de  Rome  à 
Florence,  par  Terni 
et  Pérouse.  156,  13. 

10.  — 1  de  Florence  à  Bo¬ 
logne.  158. 

XI.  —  de  Bologne  à  Ve-.  14. 
nise  ,  par  Ferrare  et 
Padoue.  159.  15. 

12.  —  de  Venise  à  Milan, 
par  Vicence  ,  Vé- 


Page. 

ro ne,  Brescia,  et  Ber- 
game.  ibu 

—  de  Vénise  par 

Padoue  à  Trente  et  à 
Mestre.  164. 

—  de  Vénise  par 
Udine  à  Trieste.  165. 
—  de  Vénise  à  Vien¬ 
ne  par  la  nouvelle 

ro  ute.  166. 


B.  Plan  d'un  voyage  en  Italie ,  avec  des  voi¬ 

turiers.  IÔ7« 

C.  Communication  -par  Les  canaux  et  les 

fleuves.  170. 

8.  Cartes.  Manuels.  Relations  de  voyage  de 

fraîche  date .  iygé 


S  u  p  p  l  é  rn  e  n  t. 

Tableau  de  Nice, 

NICE.  Long.  24O  56'  15".  Lat.  430  41'  47".  Popula¬ 
tion.  Suivant  l’A.  de  France  18,473.  —  □  les  vrais  Amis 
réunis. 

Edifices  rtmarquables .  Curiosités.  La  place,  dans 
la  vieille  ville  ,  et  la  place  au  quartier  neuf.  —  [Deux 
des  plus  belles  places,  la  première  entourée  de  porti¬ 
ques!,  la  seconde,  bordée  par  un  cours,  qui.  est  bordé 
lui -même  par  une  large  terrasse,  servant  a  la  fois  de 
promenade  et  de  digue.  Sur  le  perron,  la  statue  de 
Catharine  Seguiron  ,  qui  défendit  la  ville  contre  les 
Turcs.  De  cette  terrasse,  battue  par  la  mer,  on  distin¬ 
gue  les  montagnes  de  Corse.]  —  L’église  de  Sta.  Re¬ 
paraît.  —  Les  ruines  et  antiquités  à  Cimier ,  Cemena - 


m 


IV 


liicm  (  k  ïi/2  lieue,  sur  une  charmante  colline)  et  d’au¬ 
tres  restes  antiques  ,  près  du  monastère  des  Recollets, 
de  la  bastide  de  Ferrera y  et  de  la  ci-devant  abbaye  de 
Pons ,  l’un  des  sîtC9  les  plus  agréables  de»  environs  — 
le  port.  —  Le  roc  à  pic,  qui  s’élance  pittoresquement 
du  milieu  de  la  ville  :  [  on  est  faiblement  dédommagé, 
en  gravissant  au  sommet.]  —  La  croix  de  marbre,  en  mé¬ 
moire  de  l’entrevûe  qui  eut  lieu,  entre  Paul  III.,  Char¬ 
les  Y.  et  François  I.  l’an  1538,  élevée  de  nouveau  en 
1807,  ayant  été  abattue  par  le  vandalisme  révolution¬ 
naire.  Cette  croix  donne  le  nom  à  un  beau  faubourg, 
que  l’on  appel©  aussi  le  faubourg  des  Anglais.  Des 
maisons  peintes  avec  élégance,  et  embellie»  de  jardins, 
exhalana  des  parfums,  lui  donnent  un  air  ravissant. 

Promenades.  Vues.  Outre  les  promenades  dont 
nous  venons  de  parler:  les  remparts  de  la  ville  — 
les  bastides,  ou  petites  maisons  de  campagne  peintes 
de  différentes  couleurs,  qui  couvrent  les  coteaux.  — 
Les  belles  vues  devant  la  maison  Cesoli  ,  et  à  la  cam¬ 
pagne  do  Chais.  —  Le  chemin  du  Var  est  aussi  une  pro¬ 
menade  favorite,  soit  k cause  des  charmans  points  de  vue 
dont  on  y  juuit,  soit  pour  l’agrément  de  se  promener 
dans  une  forêt  délicieuse  ,  qui  se  trouve  le  long  du  Var, 
à  une  lieue  de  Nice. 

Auberges.  A  l'hotel  de  York.  A  l’hôtel  de»  étran¬ 
gers,  très -bonnes  auberges,  la  dernière  est  tenue  par 
uu  Suisse. 

Distances.  De  Nice  à  Toulon,  22  postes:  h  Aix,  25V4 
p.  à  Bordeaux,  110V2  P-  à  Paris,  I24ty4  P-  Trois  routes 
aboutissent  à  Nice;  celle  de  Gènes;  celle  de  Turin;  et 
celle  de  France,  vulgairement  appelée,  chemin  du  Yar. 

Séjour  h  Nice.  On  trouve  à  Nice  un  spectacle,  des 
beaux  cafés,  deux  bains,  une  bibliothèque  publique,  une 
société  agréable  etc.  Les  fêtes  pendant  le  carême  se 
nomment  festins.  —  On  apporte  du  Piémont  des  cha¬ 
pons  et  des  truffes  excellentes.  La  chasse  fournit  de  la 
venaison  d’un  goût  parfait.  Le  pain  est  mauvais,  La 
datte ,  ou  la  moule  -perce  -  pierre ,  est  réputée  la  plus  dé¬ 
licate  de  toutes  le  moûlos.  —  On  trouve  à  Nicela.  ta¬ 
rentule  et  le  scorpion.  —  Les  rues  de  la  vieille  ville 


V 


sont  étroites  et  mal -propres.  C’est  principalement  dans 
les  faubourgs  de  la  -poudrière  et  de  la  croix  de  marbre , 
que  logent  les  étrangers.  Les  maisons  sont  neuves  et  com¬ 
modes,  ayant  vue  d'un  côté  sur  la  grande  route  de  Fran¬ 
ce ,  et  de  l’autre  sur  un  beau  jardin  et  sur  la  mer,  et 
Nice  qui  passait  déjà  pour  un  lieu  de  délices  du  tem9 
des  Romains ,  l’est  encore  pour  les  valétudinaires  de 
l’Europe,  et  surtout  pour  les  Anglais.  L’air  y  est  si 
serein,  qu'on  ne  voit  pendant  des  mois  entiers,  que  le 
plu»  beau  ciel  azuré  sans  nuages.  Pendant  tout  l’hiver 
de  1785  le  thermomètre  ne  descendit  qu’à  deux  degrés 
seulement,  pendant  qu’il  était  à  Genève,  à  15.  On. 
trouve  beaucoup  de  vieillards  dans  ce  pays;  les  mala¬ 
dies  ordinaires  sont  les  pleurésies.  On  voit  à  Noël  les 
fermiers  occupés  à  cueillir  leurs  olives  sur  les  collines, 
[l’olivier  est  ici  un  arbre  de  haute -futaie ,  et  donne 
ombrage  et  fraîcheur:]  et  à  ramasser  dans  les  vallées 
leurs  oranges  et  leurs  citrons,  à  faucher  et  à  faire  leurs 
foins,  ce  qui  arrive  4  fois  par  an.  Enfin  le  pays  est, 
comme  on  le  dit  dans  le  pays  même,  très  -  abondant  en 
aigrure.  Les  anchois  de  Nice ,  sont  aussi  très -recher¬ 
chés  des  friands.  —  On  loue  pour  la  saison,  c’est-à- 
dire  du  mois  d'octobre  au  mois  de  mai,  une  cham¬ 
bre  garnie  à  un  louis  ,  et  U  y  a  des  apparte¬ 
nons  depuis  i5*louis  jusqu’à  100  et  même  150.  Les  pro¬ 
priétaires  fournissent  le  linge  et  même  l’argenterie.  On 
trouve  des  meubles  à  louer  pour  2  louis  le  mois.  —  Tl 
faut  attacher  des  réseaux  de  moucherons  à  tous  les  lits  ; 
sans  cette  précaution  il  ne  serait  pas  possible  de  dor¬ 
mir.  Il  faut  avoir  soin,  lorsqu’on  fait  quelques  con¬ 
ventions,  d’entrer  dans  les  plus  petits  détails.  Le  Roi 
de  Sardaighe  avait  rendu  moins  pénible  la  communica¬ 
tion  de  Nice  avec  Turin.  {  V.  V Itinéraire.  )  Cette 
route  continue  d'être  praticable;  elle  est  de  la  plus 
grande  beauté,  sur  tout  pour  les  amateur*  de  la  na- 

3* 


-  ♦-  ,««***** V,v  ...  ■  \ 

twre  sauvage  et  romantique.  Des  voyageurs,  m’ont  ex¬ 
primé  leur  reconnaissance,  de  ce  que  je  les  avais  ren¬ 
dus  attentifs  à  cette  route.  Y.  Voyage  historique  et  pit¬ 
toresque  du  comté  de  Nicey  par  JVl .  Âlbaiie  Beaumont. 
A  Genève ,  i/8r-  Foi»  avec  douze  vues  de  Nice  et  de  li t 
côtCf  gravées  par  le  même  et  coloriées  par  Lori. 


H  c 

èrrriît^o/T 
'  '-ttu  : 

M  t').T£ld 

Etendu*. 


I  Ji  f.sn  >;^Vv  bu:  is oq  èrvti’TÇ  sLrf.U  ah  3» 

IT  ï  T  A  L  $„]'&'  .!,■ 

Jé  -  a  i  >  r  >  ri  j  n  »  m  *i  s  a  c  ♦>  f>  si  srnioî  mî 

•  ’  *»X  Sa  .  n  .'ii'  ë  T  -  fj%adxTio^|  ^m/jiîroVX 

<Sq4  Etats.  Population.  Religion.  £*anr. 


gage!.  Productions.  Ordres  de  okeuàleŸieï 

L’ftalie  avec  ses  lies  a,  suivant  Susching,  5*625  milles 
carrés  ;  suivant" if  itchin  5, 371  >  et  "suivant  'brome  5,472  d’é¬ 
tendue  èn  superficie.  Elle  est  sjjtûée  sous  un  si  heureux 
climat,’ L et  a  partout  un  si. bbn  terrain,  qu’.rjn  pput,  sans 
contredit  là  mettre  ^aii  nombre  des  pgys  les  plus  îo'rftt- 
rfés,  de  l’Èuropê.  On.  lui  al  donne  l’épithète  de'  jardin  de 
l^Èuvop'eS  $fais°tbutë  exçéîlejxt’e  ^uq  soit  Vltalie  :  Jil‘  y  à" 
pourtanVunè  grande  dmereirce^cfans  ïa  riclië  ss  et  écrite -j 
rîa!p,  là' Salubrité  et  les  agrëmehs^dé'sès  différentes  pro* 
vihcesV  Les  îles  situées  vers  l’Afrique  ont  le  cliiîiât;' 
chaud  ;  mais  l’étendue,  ia  figure  ,  T?,  situation,  et  le  ter- 
rbif*font  encore  une  grande  différence  éntre  elles.  Quel¬ 
ques  -  unes  but  'dès  volcans  ,  telles  que  la  Sicile  et  lëi 
îles  dfe’Lipari.  Lës  plùS  pëtiéêà  hë  dbh&hstent  qu’en  un 
aïrias  dë'frbcher»  cèmme^MhltJe  f  iét,lës>pltfs")£ràridès  sbîlt 
rëiripîiès  -dè^  rttontagnëS. r  On-  rëinaHqbé  éii  ptertieulièh  dë£ 
•M^ît'è^  quë5  jâmajs  îfl  n’y  ‘-gèîéY  ni  .Aéîge-  ,,LëS  Italièn-»’ 
(dît  MJ  ''rMsékorfra.s', ‘l 'da ils'  »èh>  excellente}  Histoire  d'Ita¬ 
lie),  ont  tenté  de  cailler  Ta1  quantité  de  màtièfé,  qh^ 
le  Vesuve  et  l'Etna  ont  vomie,  elle  e&t  mille  fois  plus 
considérable  que  ces  montagnes.  Les  différentes  couches 
de  Lava,  entassées  les  unës  sine  lies  autres,  les  villes  en- 
glqiqitiëa!  p»r  .>îeur  éruptiidn  fr-et  ïcouv erres  par  des  lits  de 
matièjrçàrcaloi-rtéei,  prouvfént  f-évidetoment,  que. le  ter¬ 
rain  de  la  Sicilerefed*  dTtalio,  i  s’est  élevé  prodigieuse-^ 
ment.  Mhisice  soldes*?  il  :deven«.  caverneux  ?  Est  *  il  ré*-; 
durtrà  jl’^atrd’iine  croûte, oquë  lè  choc  des  flots  peut  bri¬ 


sai  eft  engloutir  daris  cun  instant  h  La  p'ostérité  le  saura; 
nous  ne  pouvons:  aujourd’hui  que  le'conjbcturer.*4— 


Les*  montagnes  lés  plus' considérables  sont  les  Alpes 
et  les  Apennins.  Les  plus  grands  fleuves  de  l’Italie  sont 
lè  £0^  qqiijëçoit  dans,  son  cours  £^us..de  trente  rivières 
avant  de  se  jeter  dans  'la.inqr-  Ad  riatique,  l’Adige,'  la 
Pi  ave ,  ^J’Àrho  ef,fe  Tibre.  Les  plus,  grands  .lacs  sont: 
leeïàc  majeur^’  '  $&  lac  de  I^tjgpno  , .  dpn,t  seulement  une 
partie  appartient  à  l’iïalie  ,  et  les  lacs  de  Côme  ,  d’Iseo, 


A  3 


6  L’ITALIE.  INTKODtrûTTÜN, 


et  de  Garda,  renommé  pour  ses  Agrumi ,  et  la  douceur 
de  son  climat,  -  £.a  éiaute  ~  italüfprer&er'ane-Fe  Royaume 
de  Sardaigne,  tttl  le  *PiémonfPet  la  Sa-foie: 'dont  une  par¬ 
tie  forme  le  de  parlement,  français  du  Mont-blanc,  le 
R.oyaume  Lombard -^Vénitien ,  et  les  duchés  de  Parme  et 
«ttf  ’ îtiodèîie.  &îtalVé  Aie  rNili&u  •éôüri^rend  le  • 
Duché^d*,  Toscane*  la  ci.-Cdevanst  république  de^Gêne*, 
appartenante  au  Roi , de  Sardaigne,  l’ile  d’Elbe,  l’Etat  ec¬ 
clésiastique,  Lacques  et  St.  Marin.  V Italie  inférieure 
est  formée  par  le  royaume  de  Nàj^és  et  Sicile,  par  Mal- 
tg,  la  Corse.'  l’île  de  'Sarda^gne^  étalés  .Iles  Jqniepnes.^ 
Suivant  M.  CrOme  la  population  est  çle  16V2  millions; 
suivant  M.  Fabri  de  17  à  iB  ;  suivant  M.  Gaspari  de  18  j 
Grandeur  ,  et  -population  des  états  d' / 1  ali  e  [mis  sous  les’ 
yeux,  du  Congrès  de  Vj.enne]  :  ^Roy.aume  Lombard:Véni~^ 
tien.  13880,  m.,  carrés.  .4..  065000  âmes.  Duché  de  Mode  ne 
1^77.  m.  cl  375000.  â.  Duché  de  JPaçme.  1626.  m.  c/ 383000  à. 
Etat  ecclésiastique.  1355.’  m.  c.  2, 425000.  â.  Sardaigne  et 
états.  22471.  m.  c.  3,814660-  f*  Deux  Sieiles.  31,731.  m.  c. 
6,766000.  â.  Total.  93,57?.  m.  c.  d’Italie.  10,690000.  âmgs. 

Par  les  changem^psr  norphreux^quippt  gouleyersé  la_ 
belle  Italie  copmt .  fuite  $  'guerre^  de  la  xévqlntioj*; 

Française,  .  qt  de  dqminailfifn. stp<t  dyapolxop,  •  tout  y* 
*Wf4p:  changé  sa  lacet  politique.  -  Les  grandes  Tpicttoir#ftï. 
remportées-en  1&3  et  *845.,  redonné-  aux  états  vdu  p^f},  ; 
mier  rang  leurs,  anciens  .souverains.  *  t  a  r  (siS 

On  compte  æn  Italie,  .300  villes;  258  évêchés  ,  et  350,000 
prêtre  »  .et-  religieux,  -dont  .plus  d’un  tiers:  réside  ,  à  ce 
qu’on  assure,  dans  les  états  du  >Pape. 

La  religion  dominante:  en  Italie  -est; oïa  ‘eajholiqud. 
Les  Grecs  unis  sont  tolérés  è(  Rome  etr  à- Jfeivourne^  et  il* 
ont  une  église  à  Venise..  Les  Albigeois  ne  soirt  plus  per¬ 
sécutés;,  et  les  JuifffoOftt  partout  l’exercice  public  de  leur 
religion*  quoiquayec  dé»  restriction-sndânè^jqùeliques 
contrées.  On  parle  cinq  langues  en  Italie:  Jf Italien v  le 
français  .que  tout  le  monde  parle  danst-laj  :gav»ofie  et 
dans  une  grande  partie  du  Piémont;  l’allemand  cor- 
rbmpu  jîans  les  districts  de  Vérone  et  de  'Vïcençe  par 
une  petite  peuplade  allemànde,  dont  l’origine  n’est  pas 
encore  bien  conriue',  mais  qui,  d’après  M.  le'Çomte  de 
Stcrr.ber^  ,,  dqit 'être  d’origirte  bavaroise  ;  le  grçc,  dans 
quelques  contrées  méridionales  du'  royaume  de  Naples,  ’ 
et  dans  les  Sept-Isles;^  et  l’ardbé  zuélé  d’italien,  qui, se  „ 


L’ITALIE  INTRODUCTION.  7 

parle  parmi  le  peuple  de  Malte.  De  nos  jours,  c’est  k 
Rome  et  à  Florence  que  la  prononciation  est  la  meil¬ 
leure,  la  plus  pure,  et  la  plus  élégante^  mais  la  Tos¬ 
cane  reste  toujours  le  siège  classique  de  la  langue  ita¬ 
lienne.  Plus  on  s’approche  de  l’accent  romain  ou  tos¬ 
can,  plus  on  peut  se  flatter  d’atteindre  à  la  perfection, 
de  l'Italien.  (V.  Italienische  Spraehlehre  für  Teutsche , 
▼  on  C.  L.  Fernow ,  Tiibingen  1804.  8*  2  vol.  excellente 
grammaire.)  Les  diftérens  dialectes  de  l’Italie  donnent 
souvent  beaucoup  plus  de  peine  à  un  étranger,  à  com¬ 
prendre  le3  autres  qu’à  se  faire  comprendre ,  car  les 
gens  du  commun  comprennent  généralement  le  bon  Ita¬ 
lien.  Le  Napolitain  est  très-difficile  à  comprendre.  A 
Venise,  le  vulgaire  et  même  la  noblesse  parlent  un  lan¬ 
gage  particulier,  qui  a  des  tournures  très-naïves  et  qui 
ne  manque  pas  d’agrément.  On  peut  se  faire  aisément 
une  idée  de  l'idiome  de  tous  les  états  Vénitiens  d’après 
la  comédie  de  Goldonit  i  Rusteghi ,  qu’on  ferait  très- 
bien  de  lire  en  société  d’un  Vénitien  même.  En  géné. 
lal,  la  frequente  lecture  des  pièces  de  Goldoni ,  qui  sont 
écrites  dans  le  style  ordinaire  des  sociétés  t  peut  beau¬ 
coup  contribuer  à  la  prompte  connaisance  de  la  langue, 
et,  par  le  grand  changement  des  matières,  donnerdesin- 
structions  sur  tout  ce  qui  arrive  communément  dans  la 
vie  sociale  de  ce  peuple.  Il  y  a  aussi  une  quantité  d’ou¬ 
vrages  français  traduits  en  Italien,  qui,  avec  un  peu 
d’application ,  peuvent  éclairer  ceux  qui  savent  le  fran¬ 
çais.  Ils-  paraissent  même  avoir  plutôt  été  traduits  a 
cette  intention,  que  pour  faire  connaître  aux  Italiens 
les  vraies  beautés  et  la  finesse  du  style  des  originaux. 
On  ne  saurait  trop  recommander  la  grammaire  Italienne 
par  M.  l’abbé  Boldoni,  et  le  Dictionnaire  portatif  fran¬ 
çais,  Italien  et  anglais ,  par  -Bottarelli  r  Venise,  1791- 
8  vbl.  in  8*  dont  le  1  italien,  anglais,  français;  le  2. 
anglais,  français,  italien;  et  le  3.  français,  italien,  ang¬ 
lais.  De  même  le  D  izzionario  portatile  di  prununzia 
France  s-e  Ltaliano  ed  Italiano  Franccse .  per  Bartolo- 
mco  Cormon.  Lyon,  et  Paris  ,  XI.  1802.  2.  vol.  8.  U»ri 
peut  y  ajouter  la  Grammaire  italienne  réduite  a,  5  ar¬ 
ticles.  A  Paris,  an  X.  12.  Les  Allemands  possèdent  un 
dictionnaire  de  poche  excellent:  c’est  le  Dizionario 
nuovo  portatile ,  Italiano  -Teèesco  ed  l'cdesco-Italiano. 
Leipsick,  chez  Rabenhorst.  2,  vol*  12* 


8  L’ITALIE  INTRODUCTION. 


On  recueille  en  Italie  du  bled,  des  vins,  des  fruits, 
des  soies  ;  l’on  y  exploite  des  mines,  et  on  y  élève  des 
cheveaux  qui  sont  assez  bons.  L’industrie  s’exerce  prin¬ 
cipalement  sur  les  ouvrages  de  soie,isles  étoffes,  les  pas¬ 
sementeries,  les  confitures,  les  parfumeries  et  les  pâtes 
de  diverses  espèces.  Le  vin  par  sa  bonté  et  sa  quantité 
est  d’un  produit  considérable  pour  l'Italie;  le  meilleur 
est  récolté  entre  les  montagnes  de  Somma  et  d'Ottojano 
près  du  Vésuve.  L’espèce  ^qu’on  préfère,  est  celui  qu’on 
appelé  Lacrirnae  Christi ,  mais  qui  ne  se  trouve  que 
dans  les  caves  des  grands.  Le  vin  de  Montejiascone  ap¬ 
pelé  Est  Est',  est  célèbre.  Le  vin  de  la  Romagne  à 
Aritie  ne  paraissait  que  sur  la  table  du  Pape.  En  géné¬ 
ral  les  vins  des  environs  de  Rome,  si  estimés  par  les 
anciens  ,  ont  beaucoup  perdu  de  leur  saveur.  M.  Lèves- 
que  en  accuse  la  négligence  et  le  peu  de  soin  des  Ro¬ 
mains  moderpes.  Dans  le  Grand-Duché  de  Toscane  le 
vin  rouge  qui  croît  sur  les  montagnes  de  Pulciano  et 
A '  Alcino ,  est  préférable  aux  autres;  le  vin  muscat  de 
Gc'nes  est  très-estimé;  particulièrement  celui  de  Far - 
nese  de  la  montagne  Fornaccia.  Le  vino  santo  entre 
Pari  et  Volargine  est  excellent,  de  même  le  vino  Fa - 
lerno1  a  JPuzzoli,  près  de  JSayles.  On  cultive  partout 
le  vin  dans  les  ci-devant  états  de  Venise.  Les  vins  de 
Cor/ou  et  de  Zantc  sont  de  bons  vins  de  liqueur.  Le 
vin  de  Sardaigne  ressemble  beaucoup  à  celui  d’Espagne; 
les  meilleures  sortes,  dont  celui  de  Malvagia  di  Casas 
est  le  plus  fort,  se  trouvent  dahs  les  environs  de  Cag- 
liari.  Les  fruits  de  première  qualité  sont  meilleurs  et 
en  plus  grande  abondance  en  Italie,  que  dans  aucun 
pays  de  l’Europe.  La  Sicile  seule  ,  d’après  la  déclara¬ 
tion  de  Sestini ,  envoyait  au  dehors  S ï >745  quintaux  d’a¬ 
mandes  douces  et  amères.  Malte  donne  les  plus  belles 
oranges  qui  existent,  d’un  jus  rouge.  Les  Italiens  font 
de  leur  excellens  fruits  toutes  sortes  d'essences  et 
d’eaux  distillées,  qui  se  transportent  en  quantité  dans 
les  autres  pays,  de  même  que  les  fruits  frais  et  confits. 
Les  raisins ,  dits  de  Corinthe  viennent  de  la  Sicile  et 
des  îles  de  Lipari  entre  les  volcans  du  pays,  et  de  la 
Céphalonie.  La  meilleure  huile  est  l’huile  vierge  qui 
est  tout  à  fait  transparente ,  d’une  couleur  blanche  ei 
sans  odeur.  Il  y  a  en  Sicile  différentes  fontaines,  sur 
les  eaux  desquelles  le  pétrole  nage,  et  qui  s'emploie 
clans  la  pharmacie  et  pour  brûler  dans  les  lampes.  La 


L'ITALIE  INTRODUCTION-.  9 

fontaine  Canal-otto  près  de  Nicosia  est  particulièrement 
remarquable  h  cet  égard.  Les  cannes  à  sucre,  surtout  de 
l’île  Gozo  ,  la  manne  ,  le  safran ,  le  miel  et  la  cire,  sont 
des  productions  de  ce  pays.  Le  miel  de  Sicile  qui  se 
transporte  dans  des  outres  de  peau  est  le  plus  odorifé- 
rant;  celui  de  Sardaigne  et  de  Corse  est  amer;  parce- 
que  les  abeilles  le  tirent,  la  plûpart  des  bufs.  Les  blan- 
cheries  italienues  fournissent  une  cire  très-fine  et  très* 
blanche.  Le  ris  est  le  meilleur  de  l’Europe.  Il  n’y  a 
point  de  contrées  en  Italie  où  l’on  ne  cultive  la  soia 
qui  tient  toujours  le  premier  rang  parmi  les  soies  con* 
nues.  C’est"  en  Sicile  qu’on  a  commencé,  dans  le  12e 
siècle  à  la  cultiver;  Roger  après  son  expédition  dans  la 
Palestine,  l’an  1130,  en  avait  ramené  des  gens  qui  en  sa¬ 
vaient  parfaitement  la  manoeuvre.  Les  soies  que  l’on 
tire  d’Italie  sont  moitté  soies  grèges,  et  moitié  soies  ap¬ 
prêtées  et  ouvrées.  Il  n’est  pas  extraordinaire  de  trou¬ 
ver  dans  le  Piémont  des  paysans,  qui  recueillent  cha¬ 
cun  jusqu’à  *00  livres  de  'soie.  On  i  appelé  Miliortli 
une  sorte  de  soie  qui  se  tire  d  Italie  ;  il  y  a  des  miliora- 
tis  de  Bologne,  et  des  milioratis  de  Milan.  Les  damas 
de  Gênes,  les  vélours  de  Gênes,  et  de  Venise  conservent 
encore  leur  ancienne  réputation.  Il  y  a  des  arbrisseaux 
de  coton  en  Sicile,  a  Naples  et  principalement  à  Malte 
et  à  Gozo.  Le  chanvre  de  Bologne  est  le  meilleur,  sans 
en  excepter  même  celui  de  Riga.  Ee  bois  le  fer,  le 
marbre,  et  l’albâtre,  les  bestiaux,  appartiennent  au 
nombre  des  richesses  nationales.  Le  buffle,  animal  ap¬ 
privoisé,  mais  qui  conserve  un  aspect  féroce,  est  en 
Europe  presque  particulier  à  l’Italie.  Le  fromage  de 
vache  se  divise  en  deux  espèces,  Formaggio  et  Stra - 
chino.  On  fait  peu  de  cas  du  premier,  appelé  cacio 
magro.  Le  second  ,  ou  Strachino  ,  est  fait  avec  du  lait, 
auquel  on  laisse  la  crême,  a  tutto  buttiro  :  il  n’est  con¬ 
densé  que  par  son  propre  poids;  il  est  gras,  délicat,  et 
plus  blanc  que  le  Formaggio.  Il  se  divise  en  deux  espè¬ 
ces:  d’une  seule  crème,  ou  de  deux.  Ces  fromages  qui 
se  font  aux  environs  de  Milan,  et  surtout,  dans  !a  Val- 
sasiua,  sont  fort  estimés.  Le  mascarponi  de  Vaprio , 
fait  avec  la  crème  seule,  est  envoyé  par  la  poste  à 
Vienne  en  Autriche,  où  il  est  servi  dans  les  plus  grands 
repas.  Il  y  a  encore  des  fromages  appelés  caciuole  et 
raviggiuoli ,  qui  se  font  avec  du  lait  de  brebis  ou  de 
chèvre.  Il  y  a  eu  Etiarie  un  fromage  doux,  appelé 


IO  t’ITALlE.  INTRODUCTION. 


cacio  marzolino ,  parcequ’il  se  fait  principalement  a* 
mois  de  mars.  Le  fromage  Parmesan ,  se  fait  dans  toute 
l’étendue  du  pays,  qui  est  entre  Parme  et  Milan.  Il  tire 
son  nom  d’une  certaine  princesse  de  Parme,  qui  la  pré- 
anière  le  fit  connaître  en  France.  En  Piémont,  on  le 
nomme  Lodèse.  Les  moutons ,  les  chevaux  et  les  mu¬ 
lets ,  sont  estimés.  Il  y  a  trois  sortes  de  chevaux  à  Nap¬ 
les;  à  corsieri ,  à  genetti  del  R*gno  ,  et  k  genetti  da  dus 
selle ,  c’est  aussi  de  ces  endroits  que  se  tirent  les  plu* 
beaux  mulets  de  l’Europe.  Un  trouve  quantité  d’eaux 
minérales  ea  Italie.  Le  corail,  et  sa  pêche  est  un  ar¬ 
ticle  important  d’économie  et  de  commerce  pour  l’Ita¬ 
lie.  La  pêche  du  thon  à  Porto -Sus  en  Sardaigne  rap¬ 
porte  seule  31,000  risdalers  ait  propriétaire.  La  Sicile  tire 
aussi  un  revenu  considérable  des  cantarides.  C’est  un 
insecte  appartenant  à  la  classe  des  scarabées  ,  qu’oa 
trouve  en  quantité  sur  les  feuilles  du  frêne  et  du  peu¬ 
plier,  dans  le  froment  et  dans  les  prairies.  La  Sien*  en 
possède  les  meilleures  et  en  exporte  tous  les  ans  40  cant  ares. 

Les  ordres  sont  celui  de  la  couronne  de  fer  duci-devant 
Royaume  d  Italie;  ila  été  conservé,  de  mêmeque  les  deux 
ordres  du  Pape,  celui  de  l’éperon  d’or,  et  celui  de  St. 
Jean  de  Latéran.  Pour  ce  qui  regarde  l’Italie  insulaire, 
il  y  a  à  l’île  de  Sardaigne,  les  deux  ordres  de  l’Annon¬ 
ciation  et  St.  Maurice,  et  à  l’île  de  Sicile,  comme  dany 
le  royaume  de  NapLs,  les  deux  ordres  de  Constantin  et 
de  St.  Ferdinand.  Nous  n’entrons  pas  dans  le  détail  des 
A  rmoiries. 


2. 

Poids. 

Aussi-longtems  que  l'usurpation  Française  dura,  le 
•  ystême  des  mésures  métriques  de  France  ,  prévalut.  La 


division 

de  l’ancien 

poids  de 

Turin 

e6tt 

Rubbo. 

Libre. 

Marco. 

Onde. 

Dcnari. 

Grani% 

1 

5 

37  V2 

300 

7200 

172, Soô 

1 

1V2 

12 

288 

6-.ÇI2 

I 

8 

192 

4,608 

I 

24 

576 

1 

24 

16  livres  de  Hambourg ,  valaient  2ï  livres  de  Turin. 
La  livre  employée  en  pharmacie  était  aussi  compôséede 


L’ITALIE.  POIDS. 


tt 


12  onces;  mais  ces  onces  étaient  plus  faibles  que  celles 
de  la  livre  ordinaire,  dans  le  rapport  de  5  à  6. 

La  livre  commune  et  usuelle  de  Milan,  la  livre  de» 
marchands  était,  ou  est  de  28  onces  légères,  libra  gro&~ 
sa ;  chacune  de  ces  onces  de  Milan  se  divise  en8dragmes, 
la  dragme  en  3  deniers,  le  denier  en  24  grains.  L’once 
qui  servait  ou  sert  à  peser  les  matières  d’or  et  d’argent, 
est  plus  forte.  On  l’appele,  V oncia  di  marco  d'oro. 
L’once  des  orfèvres  se  divise  en  24  deniers ,  et  le  denier 
en  24  grain9,  mais  les  24  deniers,  en  font  26  de  l’once 
commune,  ou  oncia  di  peso  leggiere.  Le  sucre,  le  café, 
la  bougie,  la  droguerie,  la  soie ,  se  vendaient  ou  se  ven¬ 
dent  à  la  livre  de  12  onces,  liretta ;  ou  libra  piccola ; 
elle  est  de  12  onces  légères,  de  même  que  les  onces  de 
la  livre  commune,  c’est  à  dire;  10  onces  5V2  gros ,  an¬ 
cien  poid9  de  Paris. 

La  livre  qui  servait  ou  sert  à  Venise  à  peser  le  paiii 
et  les  drogues  se  divise  en  12  onces;  dont  chacune  vaut 
6  gros  et  171/e  grains,  ancienne  mesure  de  France.  L’on¬ 
ce  se  divise  en  six  sazi ,  quand  il  s’agit  de  peser  le  pain, 
la  soie,  le  fil,  et  tout  ce  qui  sert  à  coudre.  Elle  se  di¬ 
vise  en  g  dragines ,  quand  il  s’agit  de  drogues  :  19  onces  lé¬ 
gères  font  la  livre  pesante. 

Le  marc  qui  servait  ou  sert  a  peser  les  monnaies,  les 
matières  d’or  et  d’argent,,  les  perles  et  les  diamans ,  se 
divise  en  8  onces,  dont  chacune  vaut  7  gros  5V16  grains, 
ancien  poids  de  France,  L’once  se  divise  en  144  carats; 
et  le  carat  contient  4  grains. 

La  livre,  libra  grossa ,  qui  servait  ou  sert  pour  les 
métaux  et  autres  marchandises  pesantes  et  pour  les  co¬ 
mestibles,  se  divise  en  12  onces  grosses,  chaque  once,*en 
jg 2  carats ,  le  carât  en  4  grains. 

La  livre  qui  servait  ou  sert  à  peser  les  galons  et  l’or 
filé  ,  est  plus  légère  que  celle  qui  sert  pour  les  lingots 
et  les  monnaies.  L’once  de  cette  livre  ne  vaut  que  6 
gros  4ÔV6  grains,  ancien  poids  de  France. 

81  livres,  peso  grosso  font  80  livres  de  Hambourg,  et 
8  livres,  peso  settile ,  font  5  livres  de  Hambourg. 

Le  robe  ou  rubo  était  de  2.)  livres,  a  peso  sottile,  oit 
de  12  onces  chacune.  Le  cantaro  ou  quintal  ,  était  ou 
est  de  six  robes,  ou  de  150  livres,  et  contient  100  rotoli. 
Le  rotolo  était  de  18  onces  ;  et  le  poids  que  l’on  em^ 
ploie  pour  les  marchandises  pesantes.  Le  peso  était  de 
cinq  cantara. 


13 


L’ITALIE.  MESURES. 


Litra.  Oncie.  Denari.  Grani. 

I  12  288  6,912 

I  24  576 

i  24 

On  conserve  à  Florence  avec  des  précautions  scru¬ 
puleuses,  le  Campione  ou  l’étalon  de  la  livre,  poids  de 
Florence,  qu’on  assure  être  celle  des  anciens  Romains. 


JLibro .  Oncie.  Dramme.  Scrupoli ,  Oboli.  Silique.  Grani. 


12 

95 

288 

576 

i)728 

6,9*2 

1 

8 

24 

48 

144 

676 

1 

3 

6 

18 

1 

2 

6 

24 

X 

4 

22 

i  4 

Le  quintal  est  de  ioo,  de  160  et  ûe  250  livres.  La  livre 
de  Rome  pese  6,63s  grains,  ancienne  mesure  de  France; 
la  livre  ancienne  des  Romains  n’était  que  de  6,144  grains. 


La  livre  de  Naples  se  divise  en  12  onces,  l’once  en 
30  trapesi ,  le  trapeso  en  20  acini.  100  onces  font  3  roto - 
li.  Ainsi  le  rotolo  est  de  33V3  onces  de  Naples.  Le  staro 
est  de  icV3  rotoli ,  et  le  cantaro  de  100  rotoli. 

En  Sicile,  le  rotolo,  peso  grosso ,  a  2V4  livres  ou  33 
onces;  le  rotolo,  peso  sottile  n’a  que  2V2  livres  on  30 
onces. 


3- 


Mesures  linéaires  et  de  capacité. 


Les  anciennes  mesures  de  Turin  étaient  et  sont 
les  suivantes. 

Le  raso  ou  braccio ,  qui  servait  aux  marchands,  était 
de  14  onces  ou  pouces;  il  valait  21  pouces,  2  lignes  et 
®/ioo-  ancienne  mesure  de  France.  Il  se  divisait  en  quarts, 
huitièmes  et  seizièmes.  19  Iiasi  de  Turin,  répondaient 
à  20  aunes  de  Hambourg. 

Ancienne  division  de  la  mesure  du  vin  : 


Brenta. 

Rubbi , 

Tinte. 

1 

6 

36 

1 

6 

L’ITALIE.  MESURES. 


13 


Ancienne  division 

de  la  mesure  des  grains: 

Saccho.  St  aj a. 

Emina. 

CopellU 

1  3 

6 

48 

z 

2 

16 

I 

8 

On  emploie  à  Milan  nn  bra9  pour  la  mesure  de  I» 
soie  ,  braccio  da  seta,  de  19  pouces  56/ioo  lignes,  ancien* 
ne  mesure  de  Paris  ;  et  un  bras  pour  la  mesure  du  drap, 
braccio  da  Farina,  qui  a  24  pouces  deux  tiers,  de  France. 

Division  des  mesures  des  liquides. 


Brenta. 

Stari.  Emine.  Quartari. 

Pinte. 

Boccali , 

X 

3  6  12 

48 

384 

124 

16 

128 

I  2 

8 

64 

I 

4 

32 

X 

8 

Division  de  la  mesure  de9  grains 

Emine. 

Bubbi.  Moggi. 

Stari. 

Stareli. 

1 

J4  28 

224 

448 

I  2 

16 

32 

X 

8 

16 

1 

2 

Le  braccio ,  pour  la  mesure  du  drap,  a  278» 

2  lignes 

de  France:  pour  la  mesure  de  la  soie,  295,  6  de  ces  lig¬ 
nes;  16  des  premiers  bracci ,  fout  17  de  ces  derniers. 

Division  de  la  mesure  du  vin  : 

Amphore.  Bigonzo.  Secchi.  Inguistane. 

1  4  64  1,024. 

1  16  256 

1  16 

Le  moggio ,  mesure  du  blé,  pese  528  livres  de  Venise î 
le  stajo  en  pèse  44;  il  se  divise  en  quarte ,  la  quarta  en. 
quartaroli . 

La  canna  piccola  ,  pour  la  mesure  des  draps  vaut 
palmes,  ou  iooi,  7  lignes  de  France;  la  canna  grossa 
pour  la  mesure  d’étoffes  de  soie,  est  de  10  palmes  et  de¬ 
mi;  la  canna  de  toile,  n’est  que  de  io  palmes;  16  canne, 
grosse  =  61  aunes  de  Brabant;  15  canne  piccole  =  49  au¬ 
nes  de  Brabant. 

Le  mille  Italien  est  de  60  au  dégré ,  ou  950s7  toises 
de  l’ancienne  France.  27  milles  Italiens  répondent  à  £ 
myriamètres. 

Guide  d,  Voy.  T.  II.  B 


14 


L’ITALIE.  MESURES.' 


Mesure,  du  vin  : 

Mezzarola.  Barili.  Fiaschi.  Amola, 


i 


2 

I 


90 

45 


180 

90 


x 


2 


Mesure  des  grains: 
Mine. 

x 


Quarte. 

8 


Gambette. 

96 


1 


12 


Le  ris  s’évalue  par  cantari,  da  igo  livres,  de  12  onces 
Chacune,  ou  par  rotoli  de  Gênes. 

Le  bras  de  Florence,  braccio  de  panno,  Ou  panoro, 
le  seul  que  l’on  connaissait  dans  l’usage  ordinaire,  était 
de  1  pied  Q  pouces  6454/1000  lignes,  ancienne  mesure  de 
France.  Le  passetto  vaut  2  bras  ,  et  la  canna  en  vaut  4. 
Le  bras  se  divisa  en  20  soldi  ;  et  le  soldo  en  3  quatrini. 

Mesure  du  vin; 

Cogno.  Barili.  Fiaschi. 


200 

20 


I 


10 

x 


Le  baril  de  vin  pesait  140  livres  de  Florence,  et  Le 
Jîasco  vaut  presque  2r/2  pintes  d'e  Paris.  Le  baril  d’huile 
pèse  85  livres  de  Florence. 

Le  Modio ,  mesure  de  blé,  est  de  24  Staja  ;  le  stajo 
de  Florence  approche  beaucoup  de  2  boisseaux,  ancien¬ 
ne  mesure  de  Paris. 

Le  palme  des  marchands  est  plus  grand  d’une  once 
et  demie  que  celui  des  architectes,  qui  se  divise  en  12 
parties  qu’on  appelé  once :  le  palme  des  marchands  se 
divise  seulement  en  tiers  et  en  quarts.  Sur  un  marbre 
qui  est  dans  la  cour  du  Capitole ,  a  gauche,  on  trouve 
ce  palme  gravé.  On  y  voit  aussi  la  canne  des  marchand* 
de  8  palmes;  le  bras  des  marchands  a  4  palmes,  et  le 
bras  de  toile  a  3  palmes.  36  cannes  de  soie  et  de  draps, 
=  125  aunes  de  Hambourg:  17  cannes  de  toile,  =62  au¬ 
nes  de  Hambourg. 

Le  baril  de  vin  se  divise  en  32  bocali ,  chaque  bocale 
en  $  fogliette:  ainsi  la  fogliettu  est  à  peu- près  la  cho- 
pine  ,  ou  demi  -  bouteille  de  Paris*  Le  baril  d’huile  se 
divise  en  28  bocali. 


L’ITALIE.  MESURES 


15 


Le  bled  se  vend  par  une  mesure  appelée  rubbio  ,  qui 
pèse  640  livres  Romaines  :  la  rubiatella  est  la  moitié  du 
rub'tio.  JL’on  divise  le  rubbio  en  12  siari  ou  22  scorzi. 

Le  palme  de  Naples  contient  à  peu  -  près  9  pouces 
gl/2  lignes  de  France.  Il  se  divise  en  12  oncie ,  l  oncia 
en  ;  minuti .  La  canne  est  de  8  palmes,  19  cannes  sont 


73  aunes  de  Hambourg. 

Mesure  du  vin: 

Carro.  •  Botti. 

Barili. 

Carafe. 

X  2 

24 

i,440 

v  1 

12 

720 

X 

60 

Une  caraffe  et  demie  est  à  peu- près  l’ancienne  pinte 
de  Paris.  La  regia  c  amer  a  a  une  mesure  particulière, 
qui  est  plus  grande  dans  le  rapport  de  10  à  11.  La  me  ¬ 
sure  de  l’huile,  salma  ,  contient  10  staia  ,  et  le  staio  32 
pignotti.  On  prétend  que  le  bénitier  de  S.  Janvier  est 
Je  modèle  de  la  mesure  des  liquides. 

Le  t'umuîo  ou  tomolo ,  dont  on  se  sert  pour  mesurer 
le  blé,  contient  40  rotoli  de  33  onces  chacun,  il  est  ré 
puté  communément  3  palmes  cubes. 

La  canne  a  8  palmes,  ou  8584  ligues  de  France;  8 
cannes  font  27  annes  de  Hambourg..  La  mesure  du  viu 
s’appuie  salma ;  12  salines  font  la  tonne . 

La  mesures  des  solides  porte  aussi  le  nom  de  salma , 
ma  5.  on  la  divise  en  salma  grossa  et  salma  generale , 
chacune  de  16  tomoli.  Nous  ne  rapporterons  pas  les  me¬ 
sures  des  autres  endroits  d'Italie  ;  elles  diffèrent  trop  peu. 

4- 

Monnaies. 

La  dépendance  dans  laquelle  se  trouva  presque  la  to¬ 
talité  de  l’Italie,  y  avait  introduit,  la  manière  à  comp¬ 
ter  par  francs  et  centimes  ;  au  lieu  de  compter  par  lira 
de  20  sous  ou  soldis ,  de  12  deniers  ou  denari.  On  vient 
de  retourner  à  l’ancienne  manière  de  compter  ,  mais  les 
espèces  d  or  et  d’argent  du  Gouvernement  Français,  con¬ 
tinuent  d’avoir  cours. 

Les  anciennes  espèces  d’or  étaient  de  deux  sortes;  sa¬ 
voir,  les  pis  tôles ,  qui  se  divisent  en  demi  et  en 


W  Z 


lô  L’ITALIE.  MONNAIES. 

quart  de  pistole,  et  les  carlins,  qui  se  divisent  en 
lierai  -  carlins.  Toutes  ces  espèces  devaient  être  fa¬ 
briquées  au  titre  de  21  carats  18  grains.  L’empreinte 
des  nouvelles  pistoles  différait  de  celle  des  ancien¬ 
nes ,  en  ce  que  les  armes  que  l’on  voit  sur  celles-ci 
étaient  écartelées,  au  lieu  que  le  revers  des  nouvel¬ 
les  ne  présentait  qu’un  aigle  couronné,  portant  en 
coeur  les  armes  de  Savoie,  qui  étaient  de  gueule  à  la 
croix  d’argent;  on  les  reconnaît  d’aifleurs  par  le  mil¬ 
lésime.  l.a  pistole  neuve  avait  cours,  comme  l’an, 
cienne  pour  24  livres,  =  26  1.  8-  s.  ancienne  monnaie 
de  France.  Le  carlin  avait  cours  pour  5  pistoles  ou 
120  livl  =  132  liv.  de  France.  Les  demis  et  quarts  de 
pistole,  et  les  demi-carlins,  à  proportion.  Mais  on 
voit  à  présent  très  -  rarement  de  ces  espèces  d’or. 

Les  espèces  d'argent  se  divisent  en  écus ,  demi  -quart- 
et  huitième  d’écu.  Les  empreintes  étaient  les  mêmes 
que  celles  des  anciennes  pistoles.  L’écu  à  ô  lire,  = 
7  Francs  17  centimes,  nouvelle  monnaie  de  France. 
Ces  espèces  d’argent  sont  à  présent  réduites  à  leur 
valeur  intensive. 

Les  espèces  de  billon  étaient  des  pièces  de  7  s.  6.  d.  et 
2  s  6  d.  marqué  dessus. 

Les  espèces  de  cuivre  se  divisaient  en  sols,  demi -sols, 
et  picaillons  à  2  den. 

On  a  frappé  sous  les  Français  à  Turin,  des  Maren- 
gos  ou  pièces  d’or  de  20  Francs,  et  des  pièces  d’ar¬ 
gent  de  5  Francs,  suivant  le  nouveau  système  moné¬ 
taire  de  France.  Le  différent  de  l’hôtel  des  mon¬ 
naies  de  Turin  était  U. 

Les  anciennes  espèces  d’or  et  d’argent  des  anciens  sou¬ 
verains  rétablies,  continuent  d’avoir  cours. 

IsTous  renvoyons  au  tarif  ci- joint,  pour  tout  ce  qui  re¬ 
garde  le  Cours  actuel  des  monnaies  d’or  et  d’argent 
du  Royaume  d'Italie. 

On  comptait  et  on  compte  à  Milan  par  Zire,  soldi  et 
denari ,  dont  la  division  est  la  même  que  celle  qui 
était  en  usage  en  Francé. 

Les  anciennes  monnaies  d'or  frappées  au  coin  et  aux 
armes  de  l’Empereur  d’ Autriche  ,  qui  ont  encore 
cours  dans  la  Lombardie,  sont  la  pistole  et  le  séquin. 
Leurs  empreintes  sont  les  mêmes.  C'est,  d’un  côté 


Ad  y  a  g.  16 


Ta  r  i  f  f  a 

Belle  Monete  circolanti  in  tutto  il  R^gno. 


VaTore  a  Moneia. 


i.  O  R  O. 

Milan. 

liai. 

Italiane  Pezzo  da  40  lire 

— 

— 

— 

40 

00 

Pezzo  da  20  lire  .... 

— 

— 

— 

20 

00 

Francesi  Pezzo  da  40  franchi 

— 

— 

— 

40 

00 

Pezzo  da  20  franchi 

— 

— 

— 

20 

00 

Pezzo  da  48  lire  Tornesi 

— 

— 

— 

47 

20 

Pezzo  da  24  dette  .  . 

— 

— 

— 

23 

55 

Milano  Doppia . 

25 

15 

— 

19 

77 

Zecchino  . 

Venezia  Zecchino  e  suoi  spezzati 

15 

11 

3 

11 

94 

in  proporzione 

15 

13 

4 

12 

Bologna  Doppia  e  sua  metâ 

•  22 

5 

8 

1 7 

10 

Zecchino  e  sua  meta 

15 

5 

6 

11 

72 

Francia  .Luigi  nuovo  .  .  . 

30 

15 

6 

23 

55 

Parma  Doppia  nuova  . 

Genova  Doppia  da  Lire  96,  sua 

2? 

18 

— 

21 

4i 

meta  e  4to  in  proporz. 

Savoja  Doppia  nuova  del  1787  in 

102 

12 

— 

00 

74 

avanti,  e  sua  metâ 

3? 

— 

*3 

28 

40 

Firenze  Zecchino  .  . 

15 

9 

9 

11 

88 

Roma  Doppia . 

22 

4 

6 

17 

05 

Zec:hino  .  ..... 

Germania  Ongaro  Impériale  di  Ba- 

15 

4 

6 

11 

63 

viera  e  Salisburgo  . 

la 

6 

— 

h 

74 

Ongaro  Kremnitz  .... 

l5 

7 

3 

11 

79 

Ongaro  dei  Principi 

15 

3 

9 

11 

65 

Valorc  a  Moneta. 


Z.  A  R  G  E  N  T  O. 
'Fiandra  Sovrano  e  sua  meta 
francia  Sc.  da  6  lire  torn. 

cia  3  dette . 

franco  . 

Milano  Scudo  e  sua  meta  . 

Lira  vecchia  e  sua  meta 
Lira  nuova  del  1778,  sua  meta  e 
quarto  ih  proporzione 
Bologna  Scudo  délia  Madonna  e 

sua  meta . 

Sc.  da  paoli  10  e  sua  meta  .  1 
Modena  Scudo  di  francesco  III. 
Scudo  di  Ercole  III.  1782  e  suoi 
spezzati  in  proporzione 
Savoja  Scudo  nuoiro 
Genova  Scudo  nuovo  . 

Parma  Ducato . 

Firenze  Francescone  . 

Roma  Scudo  da  Paoli  dieci  . 
Germania  Tallero  di  convenzione 
Fiandra  Scudo  delle  Corone  o  Cro- 

cione . 

Spagna  Pezza  nuova 


Milan. 

Ital. 

45' 

9 

3 

34 

89 

— 

5 

80 

— 

— 

— 

2 

75 

— 

— 

— 

1 

00 

6 

— 

— 

4 

60 

1 

— 

- 

— 

751/3 

1 

- 

- 

- 

76V2 

7 

_ 

— 

5 

37 

6 

18 

6 

5 

3i 

7 

4 

6 

5 

54 

7 

6 

— 

5 

60 

9 

1 

6 

6 

96 

8 

9 

— 

6 

48 

6 

11 

5 

02 

7 

2 

— 

5 

45 

6 

16 

6 

5 

24 

6 

12 

9 

5 

09 

7 

6 

6 

5 

62 

6 

17 

9 

5 

29 

Nota.  Le  monete  Italiane  han- 
no  corso  al  vafcore  sopra 
di  esse  segnato. 


L’ITALIE.'  MONNAIES. 


*1 


l’effigie  de  l’Empereur  et  de  l’autre  un  écu  écartelé 
au  preipier  et  au  quatrième,  de  Maurienne,  au  second 
et  troisième  de  Milan,  et  sur  le  tout,  parti  d’Au¬ 
triche  et  de  Lorraine.  Le  séquin  ,  pour  être  admit 
dans  la  circulation,  doit  peser  2  deh.  20*tya4  grains, 
et  le  souverain  9  den.  i5/e  grains. 

Les  anciennes  espèces  d'argent  frappées  au  coin  et  ar¬ 
mes  de  l’Empereur  d’Autriche  et  qui  continuent  d’a¬ 
voir  cours,  sont,  les  écus  et  demi-écus.  Ils  portent 
les  mêmes  empreintes  que  les  pistoles  et  séquins,  et 
de  plus,  sur  la  tranche  cette  légende:  virtute  et  exem- 
plo.  JL’écu  a  cours  pour  6  lire,  et  le  demi  -  écu  k 
proportion. 

Les  espèces  de  billon  se  divisent  en  pièces  d’une  lira  ou 
20  sols,  pièces  de  ic  et  dé  5  s. 

<  •  1  '• 

Les  espèces  de  cuivre ,  sont  divisées  en  pièces  d’un  sou, 
de  6  den.  (  mezzo  soldo  )  de  3  den.  (  quatrino  )  et  d’un 
denier  et  demi  (  sestino  ). 

On  comptait  et  on  compte  à  Venise  par  ducats,  ducati, 
de  24  gros,  grossi  ;  ou  par  livre’s  ,  lire ,  de  vingt,  sols, 
(  à  53  centimes  ,  monnaie  actuelle  de  lq  France  ) ,  sol . 
di ,  le  sol  de  12  déuièrs,  denari  :  124.  sols,  ou  288  gros - 
setti ,  ou  1,488  deniers,  représentent  un  ducat.. 

Les  monnaies  d'or  de  la  ci-devant  République  de  Ve¬ 
nise  étaient  de  six  espèces  différentes z  savoir,  l’écu 
d’or,  scudo  de  oro  ;  Vosella  de  Oro  ;  la  pistoie,  dop - 
via;  le  séquin,  zecchino  ;  le  ducaton,  ducato  de  oro  ; 
le  demi  et  le  quart  de  séquin.  Toutes  ces  espèces 
devaient  être  fabriquées  d’or  fin,  c’ect-àdire,  au 
plus  haut  titre  possible.  ISécu  d'or  porte  20  lignes 
de  diamètre,  on  voit  d’un  côté  le  buste  d’un  lion, 
tenant  un  livre  ouvert;  on  lit  autour  cette  légende, 
Sanctus  Marcus  Venet.  140.  L’autre  côté  représente 
une  croix  fleuronnée ,  autour  de  laquelle  on  lit,  le 
nom  du  Doge  N.  N.  DuxVenetiar.  L.  A.  F.  L yosella 
d'oro ,  pcite  15  lignes  de  diamètre.  Cette  monnaie 
est  plûtot  une  médaille  quune  monnaie;  les  em- 


i8 


L’ITALIE.  MONNAIES. 

prelntes  chantaient  suivant  la  volonté  «lu  Doge.  Le 
séquin  porte  à  peu -près  8  lignes  üe  diamètre,  se» 
types  représentent  d’un  côté  S.  Marc  au  milieu  d’un 
cadre  de  forme  ovale,  entouré  de  iô  étoiles  ;  et 
de  1  autre,  ce  même  S.  Marc,  devant  lequel  le  Doge 
est  représenté  h  genoux.  Le  ducat  porte,  h  peu -près 
9  lignes  de  diamètre,  ses  types  représentent  d’un  côté 
un  lion  allé,  tenant  un  livre  ouvert;  on  lit  autour 
cette  légende:  f)ucatus  reipubl.  on  voit  de  Lautre 
Côté,  S.  Marc  assis ,  tenant  une  grande  croix  ;  que 
tient  aussi  le  Doge  à  genoux.  LV'cii  d'or  a  cours  pour 
264.  liv.  ou  lire.  t  L ' osella  de  oro  ,  pour  gg  livres.  La 
pistoie,  doppia,  dont  le  poids  légal  est  fixé  à  32  ka- 
rats  2/3,  pour  38  liv.  Le  séquin  ,  pesant  1680/91  karats 
pour  22  livres.  Le  ducat  du  poids  de  101/2  karats, 
pour  14  liv. 

Les  monnaies  d'argent  étaient:  l’écu  à  la  croix,  scudo 
délia  croce ,  qui  se  divise  en  demi,  quart  et  huitiè¬ 
me  ;  la  justine  ,  ducatone  guistina  ;  qui  se  divise  dé 
la  môme  manière;  l’écu  nommé  talaro ,  qui  se  di¬ 
vise  comme  l’écu  de  la  croix;  le  ducat  effectif,  du~ 
oato  cjfctivo  ,  qui  se  divise  en  demi  et  quart;  et  l’o- 
selle,  osella.  L'écu  à  la  croix  était  fabriqué  au 
titre  de  1,056  karats  ;  ses  empreintes  sont  les  mêmes 
que  celles  de  l’écu  d’or;  il  a  cours  pour  12  liv.  8»  •• 
(6  Francs  56  centimes,  monnaie  de  la  France  répu¬ 
blicaine).  La  justine  devait  peser  135  karats,  et  être 
fabriquée  au  même  titre  que  l’écu  à  la  croix.  Se» 
type»  représentent  d’un  côté  Ste.  Justine  avec  cette, 
légende:  memor  ero  tui ,  Justina  Virg.  124,  et  de 
l’autre  côté,  un  lion  tenant  le  livre  de  l’évangile, 
devant  lequel  le  Doge  est  à  genoux.  La  j’ustine  a 
cours  pour  11  liv.  (5  Francs  82  centimes).  Le  talara 
n’a  cours  que  dans  le  Levaht  ;  il  vaut  à  peu- près  5 
liv.  5  s.  ancien  argent  de  France.  Ses  empreintes  re¬ 
présentent  d’un  côté,  le  buste  d’une  femme  revêtue 
du  manteau  ducal,  avec  cette  légende,  republic  a  Ve- 
net.  de  l’autre  un  lion  ailé*  tenant  un  livre;  la  lé¬ 
gende  est  composée  du  nom  du.  Doge,  et  le  millé¬ 
simé  est  placé  au-dessous  du  lion.  Le  ducat  effec¬ 
tif  ou  d  argent,  doit  peser  110  karats,  et  être  fabri¬ 
qué  au  titre  de  952  carati.  Ses  empreintes  représen¬ 
tent  d’un  côté  St.  Marc  assis,  ayant  devant  lui  le 


L'ITALIE.  MONNAIES, 


19 


Doge  h.  genoux  ;  de  l'autre  côté,  un  lion  aile  tenant 
un  livre.  La  légende  est  composée  de  ces  deux  mots: 
ducatus  Venetus.  Le  ducat  a  cours  pour  8  livres. 
(4  Francs,  24  centimes.  )  L'oselle  d’argent ,  est  une 
médaille  de  la  même  forme,  et  portant  les  mêmes 
empreintes  que  l’oselle  dar  ;  elle  a  cours  pour  3  liv. 
18  s.  (2  Fr.  6  Cent. ) 

La  monnaie  de  billon ,  se  divise  en  pièces  de  30,  de  15, 
de  10,  et  de  5  sols  ou  sojdi.  La  pièce  de  3a  sous  ,  Zi- 
razza,  a  pour  empreintes ,  d’un  côté  le  buste  d’un 
lion  tenant  un  livre  >  de  F  autre  Thémis  assisse  sur 
des  lions,  tenant  le  glaive  et  la  balance.  Le  millé¬ 
sime  est  placé  au-dessous  de  la  figure.  La  pièce  de 
15  s.  représente  d’un  côté  le  Doge  à  genoux,  et  de 
l’autfe  côté  le  lion,  comme  sur  la  pièce  de  30  s.  Les 
empreintes  de  la  pièce  de  10  sols  sont  les  mêmes, 
excepté  qu’au  dessous  lion  on  ne  voit  qu’une  ro¬ 
sette  ,  et  qu’il  y  en  a  deux  sur  la  pièce  de  15  s.  La 
pièce  de  5  sous,  représente  d’un  côté,  Thémis  assise 
sur  deux  livres,  et  de  l’autre  un  lion  ailé,  tenant 
un  livre. 

Les  espèces  de  cuivre  se  divisent  en  sous  et  demi -sous 
qui  diffèrent  peu  les  uns  dos  autres  quant  h  la  forme. 
Les .  empreintes  du  sous  représentent  d'un  côté  le 
Doge  à  genoux  devant  un  lion  ailé,  qui  tient  un 
livre;  celles  des  demi- sous  représentent  d'un  côté 
Deffigie  de  S.  Marc. 

Venise  faisant  partie  de  la  monarchie  Autrichienne,  les 
monnaies  de  l’Empereur  y  ont  cours  avec  les  mon¬ 
naies  de  l’ancien  régime.  On  a  même  frappé  des  lire, 
aux  empreintes  impériales  autrichiennes.  Venise 
étant  retournée  de  nouveau  sous  le  sceptre  au¬ 
trichien  les  monnaies  de  cette  Monarchie  y  sont 
-  de  nouveau  en  circulation. 

On  comptait  à  Gênes  par  livres  de  20  sous,  qui  se  divi¬ 
sent  chacun  en  12  deniers.  Les  anciennes  espèces 
d'or  sont,  les  doublqns  et  les  séquins:  Les  séquins 
portent  d’un  côté  l’effigie  de  St.  Jean,  avec  cette  lé¬ 
gende,  non  surrexit  major ,  et  le  millésime.  Les 
doublons  pèsent  6  den.  2  gr.  2  tiers,  et  ont  cours 
pour  23  liv.  12  s.  et  les  séquins,  pésant  3  d.  4  gr.  pour 
13  liv.  10  s.  On  les  évalue  à  11  1.  4  s.  ancien  urgent 
«U  France. 


m 


so  l,’ ITALIE.  MO-NN  AIES. 

Le9  anciennes  espèces  d’ argent  sont:  l’écu  de  S.  Jean 
Baptiste,  parcequ’il  porte  pour  empreinte  l'effigie 
de  ce  Saint,  valant  5  liv.  de  Gênes:  l’écu  ou  croizat , 
portant  d’un  côté  l’effigie  de  la  vierge  :  9  1.  10  9.  de 
Gênes,  =  7  1.  6  s.  8  d.  ancien  argent  de  France.  La 
géorgine,  1  liv.  6  s.  argent  de  Gênes  =  1  liv.  ancien 
argent  de  France;  la  madonnine  simple  et  double, 
de  la  valeur  de  1  et  de  2  liv.  de  Gênes. 

J1  y  a  10  parpayoles  dans  une  livre  numéraire  de  Gênes* 

On  compte  dans  la  Toscane  par  livres,  lire ,  dont  cha¬ 
cune  se  divise  en  12  crctzie ,  ou  20  soldi ,  ou  sous  (83 
centimes  ,  argent  de  France);  le  sol  en  3  quatrini,  et 
le  quatrino  ,  en  4  denari. 

Les  monnaies  d'or  étaient  le  ruspone  et  le  sèquin  :  le 
ruspone  à  la  taille  de  32^/9»  et  les  séquins  à  celle  de 
07*/? »  à  l’ancienne  livre  4e  France.  L’empreinte  du 
ruspone ,  a  d’un  côté  l’rffigie  de  S.  Jean- Baptiste 
couvert  d’uîie  peau  de  mouton,  et  le  revers  repré¬ 
sente  une  fleur  de  lys,  et  la  légende  est  le  nom  du 
grand -Duc.  Les  empreintes  des  séquins  sont  les 
mêmes,  excepté  que  S.  Jean  y  est  représenté  cou¬ 
vert  d’une  toile,  et  assis  sur  la  terre,  et  qu’il  tient 
la  croix  de  la  main  gauche.  Le.  ruspone  a  cours  pour 
40  liv.  =  33  liv.  13  s.  4  d.  ancien  argent  de  France  et 
le  séquin  pour  13  liv.  6  s.  8  d*-  =  il  liv.  4  s.  5  d. 
ancien  argent  de  France, 

Les  monnaies  d'argent  se  divisaient  en  pièces  de  10,  de 
5,  de  2,  et  d’un  paul ,  et  d’un  demi-paul.  Tou¬ 
tes  ces  espèces  portaient  d’un  côté  l’effigie  du  grar.d 
Duc,  et  de  l’autre  ses  armes,  avec  cette  légen¬ 
de:  dirige  y  Domine ,  gressus  rncos.  La  pièce  de  10 
pauls  a  cours  pour  6  livres  13  s.  4  d.  =  5  liv.  12  s, 
10  d.  ancien  argent  de  France  =  5  Francs  53  centimes 
monnaie  de  la  France  républicaine;  les  autres  à  pro¬ 
portion  ,  à  raison  de  13  sols  4  den.  le  paul,  =  11  s,  3 
d.  4/io  de  la  France  ancienne  =  55  centimes  de  la 
France  républicaine.  Les  Tallari  à  ypaoli,  =  5 
Francs  8  centimes;  le  testoano  h  3  paoli,  =  1  Franc 
66  centimes. 

Les  monnaies  de  billon ,  étais  les  pièces  de  quart- 
de-paul,  quatrini  dieci ,  valant  2  crazies  £  s  10  d 
de  France. 


L’ITALIE.'  MONNAIES, 


21 


Lès  espèces,  de  cuivre ,  se  divisaient  en'  soldo ,  sou,  dou- 
ettiy  2/3  de  sou,  et  quatrini,  tiers  de  sou.  Elles  por¬ 
tent  d’un  côté  les  armes  de  l'ancien  Duc,  et  de  l’au¬ 
tre  rénonciation  de  leur  valeur. 

La  Reine  régente  durant  le  court  teins  de  son  Régné,  avait 
fait  frapper  des  espèces  d’or  et  d’argent,  sur  lesquelles 
on  voyait  son  image  et  l’inaâge  de  son  fils,  avec  cette 
légende:  Spes  mea ,  in  juventùte  mea% 

On  compte  à  Rome  par  écus  ,  qui  se  divisent  en  100 
bayoques ,  et  chaque  bayoque  en  cinq  quatrins * 

Les  monnaies  d'or  sont  de  deux  espèces  ;  savoir  :  les 
séquins  ,  doubles  -  et  demi  -  séquins  ,  et ‘le-s  doubles 
ou  pistoles,  demi  -  doubles  7  et  double  -  doubles,  dop- 
pia  romuna ,  mezza  doppia ,  doppia-doppia.  Les  dou¬ 
bles  portent  d’un  côté  l’image  de  S.  Pierre,  portée 
sur  un  nuage,  et  de  l’autre  la  tige  d’un  lys  en  fleur. 
La  valeur  de  la  doppia  romana  est  portée  à  3  écus, 
13  bayoques,  es  16  1.  8*-7d.  ancien  argent  de  France  ; 
celle  de  ses  divisions  à  proportion.  Cette  valeur 
change  suivant  la  hausse  des  espèces  d’or.  Les  sé¬ 
quins ,  doubles  et  demi- séquins  portent  d’un  côté 
les  armes  du  Pape,  et  de  l’autre  l’église,  représentée 
par  une  femme  portée  sur  un  nuage ,  tenant  les  clefs 
d’une  main  et  de  l’autre  la  figure  d’un  temple.  Le 
séquin  vaut  2  écus  14  bayoques  =1  11,  liv.  14  s.  6  d.  Le* 
doubles  -  et  -  demi  -  séquins  valent  à  proportion.  Le 
quatrino  ,  ou  quatrin.,  porte  d’un  côté  le  buste  de^S. 
Pierre,  et  de  l’autre  les  deux  clefs  posées  en  croix, 
et  surmontées  de  la  tiare;  on  lit  audéssous.  le  nom 
du  Pape.  Le  quatrino  vaut  531/2  bayoques  r  =  2  1.  15 
s.  8  d.  ancien  argent  de  France. 

Les  espèces  d'argent  se  divisent  en  écus  romains,  scudo 
romano  ,  valant  100  bayoques,  =  5  1.  5  s.  ancien  argent 
de  France,  t=  5  Francs  53  centimes,  nouvel  argent  de 
France,  demi  -  écu,  mezzo  scudo ,  valant  50  bayoques; 
cinquième  d’éctf,  papetto ,  20  bayoques  =3  1  Franc  11 
centimes;  on  a  donné  la  valeur  de  l’éçu  Romain' qui 
est  très -rare,  à  la  piastre  d’Espagne  qui  est  assez 
commune;  en  teston,  testone ,  30  bayoques  ;  =3  1  l.  io 
s.  ancien  argent  de  France  ■  =•  1  Franc  66  centimes  ; 
paul,  paolo ,  10  bayoques,  e=:  10  s.  6  den.  =s  55  centimes  ; 
gros  ,  grosso,  5  bayoques  ;  demi  -  gros  ,  medio-grosso , 
2  bayoques  et  3  demi- q lutrins ,  s =.3  s*  64en.  Les  cm- 


22 


L’ITALIE.  MONNAIES, 


preintes  des  écus,  demi -écus,  et  papets,  sont  les 
mêmes  que  celles  des  séquins,  excepté  que  les  écus, 
frappés  pendant  la  vacance  du  St.  Siège,  portent 
d’un  côté  les  armes  du  Gouverneur  de  Rome  ,  et  de 
l’autre  le  St.  Esprit  dans  une  gloire.  Le  teston 
porte  d’un  côté  S.  Pierre  et  S.  Paul,  et  de  l’autrô 
les  armes  du  Pape.  .Le  paul ,  le  gros,  et  le  demi- 
gros  ,  portent  d’un  côté  les  armes  du  Pape  et  de 
l’autre  une  légende  différente;  le  paul:  oblectat  jus- 
tos  misericordia  ;  le  gros:  auxilium  a  sancto ,  et  le 
demi-gros:  vae  vobis  divitibus  ! 

Les  espèces  de  billon  se  divisent  en  haut  et  bas  billon. 
Celles  du  haut  billon,  sont  les  pièces  de  deux  car¬ 
lins  et  d’un  carlin ,  qui  ont  cours  pour  15  bayoques, 
et  pour  1$  moitié  de  cette  valeur.  Elles  portent  d’un, 
côté  les  deux  clefs  posées  en  croix,  surmontées  de 
la  tiare  ,  et  de  l’autre  l’énoaciation  de  la  quanti¬ 
té  de  carlins  qu’elles  représentent.  Les  espèces  de 
bas  billon,  sont- de  couleur  grise,  et  se  divisent  en 
pièces  de  8>  de  4,  de  2,  et  d’un  bayoque,  =  8»  4,  2, 
I  sou.  Les  pièces  de  8»  baiochella  da  8,  portent 
d’un  côté,  le  buste  du  Pape  dans  un  médaillon,  et 
de  l’autre  les  figures  de  deux  Saints.  Les  pièces  de 
4,  de  2,  et  d’un  bayoque,  portent  d’un  côté,  les  clefs 
posées  eh  croix;  et  de  l’autre  une  légende,  qui  in¬ 
dique  leur  valeur,  ✓ 

Les  espèces  de  cuivre  se  divisent  en  bayoques,  bajocchot 
demi  bayoques,  mezzo  bajoccho  ;  et  quatrin,  quatri - 
no.  Une  légende  annonce  la  valeur,  pour  laquelle 
elles  ont  cours. 

Le  numéraire  étant  très- rare,  on  a  crée  de  petites  cé¬ 
dules ,  de  5,  6'  et  7  écus,  qui  portent  les  noms  du 
mont  de  piété  et  de  la  banque  du  St.  Esprit.  Ces 
billets  qu’oîx  est  toujours  obligé  de  prendre  pour  ar¬ 
gent  comptant,  perdent  quelquefois  5  et  6  pour  cent; 
quelquefois  la  perte  n’est  que  de  2  et  2V2  pour  cent. 
Le  papier-monnaie  émis  pendant  la  courte  existence 
de  la  République  romaine,  est  hors  de  cours. 

•n  compte  à  Naples  par  ducat,  qui  représente  10  car¬ 
lins;  chaque  carlin  «=  43  centimes,  (argent  de  Fran¬ 
ce)  se  divise  en  10  grains,  et  chaque  grain  en  12  ca- 
valli  :  4  ducats  et  demi  sont  la  doppia ,  et  26  carlins 
sont  un  séquin. 


L’ITALIE.  MONNAIES. 


23 


Les  espèces  d'or  sont  des  pièces  de  6  ducats  ,  et  des  on¬ 
ces  de  Sicile  La  pièce  de  6  ducats  a  cours  pour  60 
carlins,  =  26  liv.  13  s.  4  den.  ,  ancien  argent  de  France. 
Sa  valeur  est  indiquée  par  un  D.  et  un  6.  Elle  re¬ 
présente  d’un  côté  l’effigie  du  Roi,  et  de  l’autre  l’é¬ 
cusson  de  ses  armes.  L’once  d’or  de  Sicile,  a  cours 
pour  30  carlins. 

Les  monnaies  d'argent  sont  des  ducats  et  demi  -  ducats, 
des  pièces  de  12  carlins,  ou  écus  de  Sicile  ,  des  piè¬ 
ces  de  2  carlins,  de  26  grains,  et  de  13  grains.  L’em¬ 
preinte  des  ducats  d’argent  est  la  même  que  celle  des 
pièces  d’or  de  6  ducats.  On  lit  au-dessous  de  l’écus¬ 
son  ces  mots,  ducato  Nap.  gr .  100,  ce  qui  annonce 
que  cette  monnaie  doit  contenir  fbo  gr.  de  fin.  Elle 
a  cours  pour  10  carlins,  =4  1.  3.  s.  4  d.,  ancien  argent 
de  France  =  4  Francs  27  centimes,  argent  de  France. 
Le  demi- ducat  à  proportion.  La  pièce  de  12  carlins 
ou  l’écu  de  Sicile,  différé  des  ducats,  en  ce  que  1  é- 
cusson  est  sans  aucun  accompagnement;  on  voit  au- 
dessous  cette  marque  G.  120.  Elle  a  cours  pour  11 
carlins  =  5  Francs  12  centimes.  Des  tari ,  ou  pièces 
de  2carlins  =  85centimes.  Des  pièces  de  26  grains.  Des 
pièces  de  13  grains  ont  une  valeur  proportionnée. 

Il  y  a  encore  la  pièce  de  4  cavalli,  le  tornese  de  6  ca- 
valli;  la  pièce  de  9  cavalli  ;  ou  de  3  quatrini  ;  et 
la  publica  ,  qui  vaut  ig  cavalli  ou  1V2  grains. 

D’après  un  décret  du  Roi  Joachim,  à  dater  du  1.  Jan¬ 
vier  1S12.  le  lire  au  poids  de  5  grammes,  étàit  l’unité 
monétaire.  H  y  a  i/4 ,  i/o',  3/4 ,  2  et  5  lires  ,  en  pièces 
d'argent,  et  pièces  de  20  et  40  lires  en  or.  Les  mon¬ 
naies  de  billon  ,  sont  des  pièces  de  r,  3,  5  et  to  Cen¬ 
times.  Les  pièces  portaient  toutes,  d’un  côté,  le  nom 
et  l’effigie  du  Roi  et  le  millésime;  au  ré  vers  les  armes 
du  Royaume  avec  la  légende:  Rcgno  de  due  SiciLie. 
Les  espèces  d’or  et  d’argent  ont  de  plus  sur  .la  tran¬ 
che  ces  mots:  Dio  proteggç  il  Rcgno.  Tout  cela  doit 
changer,  au  retour  du  légitime  souverain. 

On  compte  à  ftlc§sine  et  JPalerme  ,  par  once  de  30  Tari. 


Onza.  2'ari. 

Carlini. 

Ponti. 

Grani. 

P  iccioli, 

H 

CO 

O 

60 

450 

603 

3,600 

I 

2 

15 

20 

100 

X 

7% 

ro 

60 

1 

8 

1 

6 

I 


24  L’ITALIE.  VILLES. 

Les  monnaies  d'or  sont  l'once  d'or  de  30  tari.  %z 
France  80  centimes,  argent  de  France. 

Les  monnaies  d’argent  sont  les  écus,  demi -écus,  quart- 
d’écus  etc.  de  12,  6,  et  3  tari.  Scudo  à  12  tari,  =  5 
Francs  12  centimes.  Des  pièces  de  4,  2  et  d’un  tari ; 
et  des'  carlins  ,  ou  pièces  de  10  grains. 

Outre  les  monnaies  d'argent,  ci-dessus  dénommées,  on 
avait  frappé  pendant  la  courte  durée  de  quelques 
républiques  éphémères,  des  espèces  d’argent,  dont 
quelquesunes  ont  d'un  côté  la  légende,  Libéria , 
Egualianza ,  avec  la  figure  d  une  femme  entourée  de 
trophées,  et  portant  au  bout  d  une  pique  le  bonnet 
de  la  liberté  ;  de  l’autre  côté  de  la  pièce  on  trouve 
sa  valeur  indiquée  au  milieu  d’une  couronne  de 
chêne,  et  au-dessus  ces  mots:  Anno  1.  délia  libel  la 
ltaliana. 


5- 

T  a  b  le  au  de  quelques  villes  *). 

BOLOGNE.  Long .  a  l’ohs.  290  0'  32".  (Ile  de  Fer.) 
Lat.  440  29'  3Ô".  Population  ,  70,000  a. 

Edifices  remarquables.  Curiosités.  Le  ci  -  devant 
palazzo  publico ,  ou  palais  de  la  seigneurie:  (on  trouve 
dans  les  appartemens  plusieurs  beaux  tableaux)  —  la 
cathédrale,  ou  il'duomo  :  l’église  de  St.  Pétrone:  (on  y 
trouve  la  fameuse  méridienne  de  Dominique  Cassiniy 
dont  le  gnomon  a  8.3  pieds  de  hauteur.  Cassini  la  traça 
en  1653,  et  la  rétablit  en  1695.  Les  marbres  de  la  méri¬ 
dienne  étant  fort  dégradés  ,  on  les  a  refaits  en  1776  sous 
la  direction  de  M.  Zanotti.)  —  les  bâtimens  de  l’univer- 

*)  A.  l’occupation  de  Paris  en  .1815 ,  par  les  troupes  al¬ 
liées,  plusieurs  puissances  européennes  ont  réclamé 
Ie9  chefs  d  oeuvre  des  arts,  dont  Ils  années  fran¬ 
çaises  avaient  dépouillées  leurs  capitales  et  Musées. 
Espérons  que  l’Italie  reverra  de  même,  ces  tableaux, 
ces  statues,  ces  antiquités  ,  qui  avaient  serais  d’em¬ 
bellir  et  d’enrichir  Paris.  Que  surtout  soient  rendus 
aux  églises  et  cathédrales,  ces  tableaux,  calculés 
sur  la  vaste  enceinte  de  ces  bâtimens  sacrés  ,  et  qui 

ferdaient  de  leur  effet,  entassés  dans  les  galènes  du 
.ouvre.  Nous  prions  les  voyageurs  d  en  prendre 
nôte,  et  de  nous  en  informer  pour  quelque  édition 
nouvelle. 


L'ITALIE.  VILLES. 


sité ;  (le  théâtre  4e  l’anatomie  est  un  des  plus  beaux 
qu’il  y  ait.)  —  la  fontaine  de  Neptune  :  (elle  <f?t  une  des 
plus  belles  ;  la  statue  de  Neptune  est  très- célèbre  en 
Italie.)  —  les  tour»  Asinelli  et  de  ’  Garisendi  ;  (la  hauteur 
de  la  première  est  de  307  pieds  de  Paris,  sans  compter 
la  coupole;  elle  est  inclinée  de  31/3  pieds;  l’autre  n’a 
que  144  pieds  de  hauteur,  à  8  P-  2  pouces  d’inclinaison, 
et  cela  est  si  frappant,  qu’on  n’apperçoit  pas  la  pente 
de  l’autre  tour.  On  compare  la  forme  de  Bologne  à  un 
vaisseau,  dont  la  tour  Asinelli  serait  le  mât.)  —  le  b⬠
timent  de  l’ Insiiiuto  ;  (établissement  célèbre,  qui  est 
ce  que  Bologne  a  de  plus  remarquable.)  —  les  églises  de 
Gesu  et  Maria:  de  Mendicanti:  (dans  la  quatrième  cha¬ 
pelle  à  droite,  un  beau  tableau  de  Cavedone ,  et  au 
xnaitre  autel  un  grand  tableau  du  Guide.)  de  S.  Saiva- 
tore:  (une  des  plus  belles  églises  de  Bologne.)  de  S. 
Paolo  :  (sous  le  baldaquin,  deux  belles  figures  sculptées 
par  Algardi)  de  Santa  -  Agnese  :  de  S.  Domenicd;  (on 
conserve  dans  la  6me  chapelle  les  reliques  de  S.  Domi¬ 
nique.  Il  est  très  •  difficile  de  voir  la  tête,  parcequ’il 
faut  que  la  municipalité  envoie  les  clefs  de  la  châsse.) 
des  Servîtes:  de  S.  Giovanni  in  monte:  le  palazzo  Zam- 
pieri:  (la  maison  principale  de  la  ville),  — •  le  palazzo 
Tanari:  (il  y  a  dans  les  appartemens  un  tableau  admi- 
rable ,  par  le  Guerchin.) —  le  palais  Magnani ,  Grassi 
etc.  et  plusieurs  autres  —  la  Zecca  —  la  belle  salle  des 
spectacles  —  l’église  des  Capucins:  Madonna  di  S.  JLuca . 
(on  y  va  par  une  belle  galerie  en  portique,  formée  de 
640  arcades  numérotées,  qui  rendent  ce  pèlerinage  très- 
commode.  La  Madonna  passe  pour  être  l’ouvrage  de 
St.  Luc). 

Etablissements  littéraires  et  utiles.  L’université  na¬ 
tionale  du  royaume  d’Italie  —  l’institut  de  Bologne  : 
(consultez:  Notizie  dell’  origine  e  progressi  de  II’  Insti- 
tpto  delle  Sciencie  etc.  1780  par  le  Marquis  Angelettij 
l’académie  royale  des  beaux  arts:  la  Academia  de  Filar- 
mônici  :  le  collé geE  d’édüdation  :  les  sociétés  d’agricul¬ 
ture  et  de  médecine. 

Collections.  Cabinets.  La  bibliothèque,  les  salles, 
cabinets  et  galeries  de  l’université  et  de  l’instituto,  qui 
renferment  encore,  malgré  les  enlévemens  des  Français, 
de  grandes  richesses,  en  chimie,  physique,  architecture, 
peinture,  antiquités,  les  figures  anatomiques  en  cire  de 
Mad.  Mazzolini ;  le  buste  de  Galvani  etc.  —  le  jardin 
Guide  d.  Voy.  T.  IL  C 


26 


L’ITALIE.  VILLES. 


botanique  —  les  galeries  Z ambeccari,  Malvese  et  Zam~ 
pie  ri ,  surtout  à  la  dernière,  le  St.  Pierre  de  Guido 
Hhehi ;  l’Agar  par  Guercino  ;  le  rapt  de  Proserpiue,  par 
Albarro  ;  le  crucifix  d’ivoire  de  Jean  de  Bologna  —  les 
galeries  de  tableaux  aux  palais  Tanari  et  Z aniboni,  — 
le  couvent  San-  Vitale  renferme  à  présent  la  plûpart 
des  tableaux  ,  qui  se  trouvaient  dans  les  autres  églises 
et  couvens,  surtout  plusieurs  Carraches ,  et  un  Sauisoû 
de  Guido  Rheni.  — 

Promenades.  La  promenade  de  LMontaguuola. 

Auberges.  Aux  3  Pèlerins  :  (tre  Pellegrini ,  très- 
bonne). 

Distances.  Bologne  est  éloigné  de  Milan,  de  16  postes  j 
de  Modène  3,  de  Florence  12  ,  de  Siène  17,  de  Rome  31. 
-niîtu,  k  ,  ■  ,.t  -, 

Avis.  Les  friands  d’Italie  vantent  fort  les  morta- 
dellas  de  Bologne  ,  espèce  de  gros  saucissons.  Les  sa¬ 
vonnettes  fines  et  odoriférantes,  les  liqueurs  fines,  le 
contignac  et  autres  confitures,  de  même  que  la  thé¬ 
riaque  de  Bologne,  sont  recherchées  dans  toute  l’Italie. 
Bologne  est  encore  renommée  en  Italie  pour  les  maca¬ 
ronis  ,  pour  les  fleurs  artificielles  en  orfèvrerie  et  en 
soie,  et  pour  les  fruits  imités  en  cire,  dans  lesquels  on 
met  quelquefois  des  gants  blancs  de  peau  de  la  plus 
grande  finesse.  Les  fabriques  de  papier  y  sont  belles, 
et  le  travail  des  batteurs  d’or  mérite  d’être  examiné. 
Le  tabac  de  Bologne  a  aussi  de  la  réputation.  On  y  re¬ 
marque  jusqu’à  la  raçq^des  beaux  chiens  des  dames,  si 
connus  sous  le  nom  de  chiens  de  Bologne.  La  pierre  de 
Bologne  est  une  espèce  de  spath  pesant,  reconnaissable 
par  ses  lames  brillantes,  demi  -  transparentes ,  et  sa 
forme  extérieure,  qui  annonce,  qu’elle  a  été  roulée  par 
jUs  eaux.  Cette  pierre,  nommée  il  cuminafrile ,  ou 
spongin  di  lucey  se  trouve  eu  grande  quantité  sur  le 
rpont  Paterno  ,  près  de  Bologne.  (Ce  fut  un  cordonnier, 
nommé  Vincenzo  Casciarolo ,  qui,  occupé  d'alçhimie, 
ramassa  des  pierres  du  mont  Paterno ,  croyant  y  trou¬ 
ver  de  l’argent;  rentré  chez  lui,  il  les  traita  au  feu,  et 
au  lieu  d’y  trouver  le  métal  qu’il  y  cherchait,  il  trouva 
le  phosphore  qu’il. ne  cherchait  pas). 

FLORENCE.  Long.  2go  55'  30".  (Ile  de  Fer.  )  Lat. 
430  46'  30".  Population.  80, ooo-  h. 


L’ITALIE.  VILLES.  27 

Edifices  remarquables.  Curiosités-  La  cathédrale-  (Cett# 
église  est.  toute  incrustée  au  dehors  de  marbres  noirs  et 
blancs,  qui  sont  polis,  et  lui.  donnent  l’air  d’un  catafal¬ 
que  ou  d'une  montagne  de  marbre.  JLa  coupole  est  haute, 
de  380  pieds.  La  méridienne  que  l'on  voit  dans  cette  ca¬ 
thédrale  est  le  plus  grand  instrument  d’astronomie  qu’il 
y  ait  au  monde,  puisque  le  gnomon  e^.t  élevé  de  277  pieds 
ôpouces  o  lignes  et  un  dixième,  ancienne  mesure  de  Paris, 
au-dessus  du  pavé  de  l’église.  Ce  beau  temple  est  fermé 
par  des  portes  d'airain,  sculptées  avec  un  art  admirable. 
Le  Campanile  ou  la  tour  a  280 pieds  de  hauteur,  et.est  in¬ 
crustée  de  marbre  noir,  (rouge  et  blanc;  on  y  jouit  ùe  la 
vue  d’un  grand  horizon).  Le  baptistère  (jà  sont  ces  fameu¬ 
ses  portes  de  bronze,  chef  -  d’oeuvre  de  Ghiberti  etd '  V go~ 
Uni ,  et  que  Michel- Ange  qualifiait  de  porte  del  paradiso . 
bu  artiste,  le  fameux  Féodor,  Calmouk  de  nation,  connu 
par  ses  taiens  et  ses  voyages,  les  a  gravées). —  Les  églises 
de  St.  Laurent*,  (les  tombeaux  de  plusieurs  Princes  et  les 
7  statues  qui  ornent  leurs  mausolées,  qui  sont  de  Michel- 
Ange.  Le  tombeau  de  Cosme  l.  se  distingue  par  sa  sim¬ 
plicité  et  par  la  noble  fierté  de  l’épitaphe  ,  dans  la  efte- 
jte.llc  royale  des  tombeaux ,  commencée  en  1604,  et  l’une 
des  choses  les  plus  remarquables  de  toute  l’Italie.  On  y 
admire  la  célèbre  nuit  de  Michel-Ange.  Celui  qui  fait 
voir  la  chapelle  fait  un  commerce  de  mosaïques  et  de 
niarbres  -  fins.  La  collection  de  1:0  échantillons  de  mar¬ 
bres  différens ,  y  coûte  15  séquins.)  de  Santa  -  Maria- no- 
vella;  (la  pharmacie  du  couvent  est  fort  renommé  en 
Italie.)  ueSt. Esprit;  (une  des  plus  belles)  deS.Marc;  (les 
tableaux  de  Fr  a  Bartoloméo  ;  les  parfums  excellens  du 
laboratoire  du  couvent  etc.  les  tombeaux  du  Pic  do  la 
Mirandole  et  de  Politien  :  les  cellules  et  le  portrait  du 
fameux  Jerômé  Savanarole ,  brûlé  en  1498-)  de  l’Annon¬ 
ciation  ,  (le  tableau  célèbre,  sous  le  nom  de  la  M adonna 
delSacco)  de  la  Ste.  Croix;  (avec  le  mausolée  üe  Michel- 
Ange  ,  et  les  tombeaux  de  Galilée ,  de  Mttchiavclle ,  de 
Bonarotti  y  et  d’Alfieri,  le  dernier  par  Canova).  I40 
Studio,  ou  le  bâtiment  de  l'université  —  les  maisons  de 
Michel-Ange  dans  la  rue  de  Gibelins;  d ’Amèric.Vespucc, 
h  l'endroit  où  est  bâti  l’hôpital  de  S.  Jean  de  Dieu;  de 
Bianca  Capello  dans  la  rue,  Via  Maggio,  avec  les  armas 
de  Médicis  surmontées  d’un  chapeau.  —  Le  palais  Pitti. 
(C’est  dans  ce  palais  qu’était  la  M adonna  délia  dédia  de 
Baphaël  qui  orne  à  présent  le  Musée  de  Paris.  Toute  la 

C  2 


L’ITALIE.  VILLES. 


2$ 


galerie  i^itti  a  été  transportée.)  —  Le  palais  vieux  —  le 
palais  Strozzi  —  le  palais  Boboli,  (son  jardin  est  le  plus 
beau  de  Flèrence.)  — -  Corsini,  (les  amours  et  Silène,  par 

Albane)  —  Riccardi  (la  galerie  de  ce  palais  est  admira¬ 
ble) —  l’hôpital  deBoniface,  palais  distingué, — les4ponts. 
(Le  pont  de  la  Trinité  est  un  des  plus  beaux  qu’on  ait 
faits.  Près  du  pont-vieux,  l’Hercule,  très-beau  groupe 
de  Jean  de  Bologne.)  Lafontaine  de  Neptune.  (On  compte 
à  Florence  160  statues  dans  les  places,  dans  les  rues,  et 
dans  les  façades  des  palais,  p.  e.  Je  beau  groupe  appelé 
Alessandto  ;  mais  il  n’y  a  aucune  place  dans  le  monde 
ornée  de  statues  aussi  précieuses  que  la  place  du  vieux 
palais.)  —  la  bourse,  di  Lanzi  —  l’hôpital  de  Sta.  Maria 
novèlla.  —  Le  plus  beau  quartier  de  la  ville  est  celui 
entre  la  place  de  St.  Marc,  la  place  de  Maria  Novella 
et  du  palajs  Pitti.  11  y  a  de  belles  rues  le  long  de  l’Ar- 
no.  Les  bords  de  l’Arno,  surtout  depuis  le  ponte  vec- 
chio~  jusqu’au  pont  de  la  Trinité,  forment  une  prome¬ 
nade  jolie  et  très  -  fréquentée. 

Etabli  s  semens  littéraires  et  utiles.  L’université;  l’aca¬ 
démie  de  Florence  ;  (c’est  l’académie  délia  Ci  u»ca  réunie 
à  celle  des  Apatistes  et  rétablie  en  1810.  Xes  meubles  de 
la  salle  d'assemblée  répondent  à  son  emblème,  de  sé¬ 
parer  le  son  de  la  farine.  Le  directeur  est  assis  sur  une 
meule.)  —  l’académie  des  arts;  (le  travail  de  pierres 
dures  et  en  mosaïque  y  est  annexé);  l’Athénée  ou  les 
Golombari  et  Géorgophiles;  la  société  pour  étudier  l’his¬ 
toire  du  pays;  le  cours  de  chimie  et  de  pharmacie  eu 
professeur  Gabrielli.  (Les  typographies  et  calcographies 
de  Florence,  sont  très  -  estimées.  On  y  trouve  une  fon¬ 
derie  de  caractères,  et  plusieurs  atteliers  de  sculpture, 
surtout  celui  des  Pisani.) 

Collections  ;  Cabinets.  La  galerie  de  Medicis  ou  de 
Florence:  (collection  célèbre ,  riche,  et  nombreuse  de 
statues  antiques,  de  bronzes,  de  tableaux,  de  médailles, 
de  camées,  et  d’autres  curiosités;  p.  e.  la  bannière  et  la 
cuirasse  du  duc  Bernard  de  IVeimar.  Consultez  le  Mu¬ 
sée  Florentin  y  et  un  nouveau  Guide,  la  Galerie  de  Flo¬ 
rence  chez  Piatti.  Florence  1807.  La  célèbre  Pénur  A/é- 
dicts  a  été  transportée  à  Paris,  de  même  que  plusieurs  au¬ 
tres  objets  précieux,  mais  on  y  admire  encore  la  iamilio 
de  Niobé.  Il  est  défendu  aux  préposés  et  gardiens, 
fl’exiger  ou  d’accepter  la  moindre  gratification  de  la 
part  des  étrangers:  cette  ordonnance,  n’est  guères  ob¬ 
servée.  La  livrée  n’entre  pas.  Cette  galerie,  par  une 
»ui<e  dé  corridors  communique  avec  le  palais  Pitti , 
Si1  éloigné,  et  avec  le  palais  vieux.  —  Le  gardemeuble 
ou  le  tesoro.  —  Les  archives  diplomatiques.  —  La 
bibliothèque  Maggliabecchi  —  le  Musée  ,  collection 


L’ITALIE.  .  VILLES. 


29 


immense,  surtout  le  cabinet  de  physique,  les  figure* 
anatomiques  en  cire  etc.),  la  bibliothèque  MediceaL.au- 
rentiana  (le  bibliothécaire  Fossi  en  a  publié  le  catalo¬ 
gue)  —  les  tableaux 'à- la  Villa  reale  —  les  bibliotliè** 
ques  des  Dominicains  de  St.  Marc,  des  Franciscains, 
de  Marucelli,  du  grand  hôpital,  de  la  famille  Riccardi, 
du  doyen  Riccardi,  de  Strozzi,  de  Rinucçini  etc.  le  ca¬ 
binet  d’antiques  et  de  pierres  gravées  du  baron  de 
SchelLersheim  ,  et  avant  -  tout ,  la  superbe  galerie  des 
tableaux,  du  Marchese  Gerini.  —  L’arsenal •  —  l’obser¬ 
vatoire  de  Ximenes  —  le  jardin  agronomique. 

Fabriques.  Manufactures:  de  soie  (connu  sous  le 
nom  de  taffetas  de  Florence ,  de  bas)  de  porcelaine,  (à 
Doscia ,  à  1V2  lieue  de  Florence,  et  dont  les  des¬ 
sins  sont  fort  agréables)  d’eaux  de  senteur  et  d’essences 
(surtout  à  la  Fonderia  de  St.  Marco)  de  fruits  candis  ; 
des  teintures,  surtout  en  noir;  *  des  ouvrages  de  bronze, 
de  tour,  de  marqueterie;  des  voitures  de  bon-goût;  des 
piano-forte;  des  machines  et  dnstrumens  de  ma  thé  ma-' 
tique  et  de  physique  La  fabrique  de  mosaïque  en  pièr- 
res  précieuses  ou  dures  (genre  de  travail  ancien  dans 
cette  ville;  dans  les  moinens  de  relâche  que  les  ouvriers' 
peuvent  employer  pour  leur  compte  ,  ils  font  quelques 
petits  tableaux  très -chers,  que  les  curieux  se  peuvent' 
procurer,  le  pied  carré  à  15  à  33  louis)  la  fabrique  de  la- 
vori  ài  scagliuola ,  (cet  art  consiste  a  faire  un  stuc  avec 
la  pierre  spéculaire ,  et  sert  à  imiter  admirablement  la 
mosaïque  et  la  peinture.)  —  Les'< magasins  d’ouvrage* 
en  marbre  et  albâtre,  de  Bor.elli  [à  l’auberge  de  Schneir- 
derff.]  et  des  frères  Pisani ,  al  Prato.  —  (Les  mortadelles 
de  Firenze  sont  renommées  en  Italie,  Allemagne,  et 
France.) 

Jardins.  Promenades.  Le  jardin  de  Boboli  (surtout 
la  belle  vue  du  haut  du  Casino  cavalière)  :  —  les  Casine 
(métairies  près  desquelles  on  a  fait  de  jolies  promena¬ 
des  Je  long  de  l’Arno,  peut-être  les  plus  belles  de  l’Ita¬ 
lie) —  la  promenade  al  praîo  ,  de  l 'Amo,  entre  les  pont* 
de  la  Santa  -  Triai  ta-  et  d’alia  Carraja  —  (on  aime  aussi 
a  s’arrêter,  et  à  se  rafraîchir  aur  les  marbres  et  marchés 
entre  la  cathédrale  et  le  baptistère,  où  l’on  montre  le 
Sasso  di  Dante,  la  pierre  sur  laquelle  le  célèbre  Dante 
s’asseyait  de  préférence).  —  Les  "terrasses  du  cloître  des 
Olivetains. 

Spectacles.  Divertissement.  Plusieurs  spectacles: 
(le  plus  grand  théâtre  est  celui  délia  Pergola ,  celui  del 


3« 


L’ITALIE.  VILLES. 

Cocomero  est  plus  petit  ;  prix  des  places  au  parterre, 
3  paoli,  pour  ceux  qui  ne  s’abonnent  pas.  Pendant  le 
carnaval  on  compte  plus  de  six  théâtres,  p.  e.  celui  de 
Borgo  d’ogni  Santi,  di  Maria  Novella.  Les  prix  d’entrée 
baissent  considérablement ,  juspùà  un  demi  paolo  ,  ex¬ 
cepté  au  théâtre  délia  Pergola.  Les  abattimenti ,  qu’  on 
donne  alors  sur  ces  théâtres ,  comme  des  intermèdes, 
sont  des  tours  d'escrime  aves  l’épée  et  le  poignard,  et 
font  le  divertissement  de  la  populace)  les  promenades 
en  carrosses  aux  portes  de  S.  Galle  et  de  S.  Pi?  tro  Gatta- 
leni,  aux  Casernes.  Les  courses  de  chevaux  qui  se  font 
vers  la  S  Jean:  (c'est  le  beau  jour  de  Florence  ;)  la  festa 
délié  fierucoloné  ;  le  jeu  du  calcio  ou  du  balion  :  les 
eourses  de  chars,  [la  veille  de  la  St.  Jean*,  sur  la  place 
de  Sta  Maria  Novella]  les  Signorié  :  les  casinos:  les  con- 
versazione. 

Auberges :  chez  Mr.  Schneider  ou  Schneiderjf ,  sui¬ 
vant  M.  de  Morgenstern ,  à  l’  Auberge  anglaise  ;  (excel- 
lente  auberge,  l’une  des  meilleures  de  l’Europe.  Il  pos¬ 
sède  encore  deux  autres  hôtels,  .dont  l’un  sur  l  Arno* 
C’est  l’aubergiste  le  plus  honnête  et  le  plus  obligeant, 
qui  est  au  fait  de  la  plupart  des  langues  vivantes,  et 
qui  procure  aux  étrangers  des  V etturinis  sûrs,  pour  tra¬ 
verser  les  Apennins.)  —  Le  plus  grand  café  est  celui  de 
Battegone ,  sur  la  place  du  dôme.  Sur  cette  place,  sur 
la  place  royale,  et  au-delà  du  Pontevecchio ,  on  trouve 
les  cafés  les  plus  élégans. 

Environs.  L’église  St.  François  au  mont:  (avec  une 
très  belle  vue  sur  la  capitale.)  —  les  maisons  de  plai¬ 
sance,  de  Careggi,  (renommée  par  l’ académie  platoni* 
que  de  Laurent  le  Magnifit/ue ;)  de  Castello,  de  la  Pe- 
traja,  de  Lappegesi,  de  Poggio  Impériale:  —  Pratolinoz 
[ci-devant  le  Palais  enchanté  de  Bianca  Capello ,  et 
construit  par  le  grand  architecte  Buontalcnti  ,  qui  y 
prodigua  les  ressources  de  son  génie  par  les  jeux  méca¬ 
niques;  il  existe  encore  quelques  unes  de  c»  s  merv.eil- 
'les ,  p.  e.  le  fameux  colosse  de  Jean  de  Boiogixe ,  dit 
l’ Apennin ,  et  qui  parait  au  premier  coup  d’oeil,  un  roc 
pyramidal.  Il  y  a  un  beau  beîvedère  dans  la  tête:  le 
reste  ne  présente  que  ruine  et  dévastation]  —  les  ruines 
de  I  ancienne  ville  de  Eiesole,  2  milles  rie  Florence. 

Distances:  De  Florence  à  Bologne,  il  portes;  à 
Milan  28;  à  Siène  />;  à  Rome  22;  à  Gênes  iSTV 

Livres  a  consulter  :  Guida  per  esservar  con  me* 
todo  le  rarita  e  bellezae  délia  citta  di  Fioreuza  :  *la 


L’ITALIE.  VILLES. 


3t 


neuvième  édition.)  Fiorenza.  1807.  12.  Mais  surtout  lo 
éahier  second,  de  l’intéressant  voyage  de  M.  de  Morgen¬ 
stern  hcise  in  Italien  ira  J ahr  1809.  1.  Band .  2.  Heft , 
car  c  -st  le  Guide  le  plus  instructif  de  Florence^ 

Mélanges.  Le  pavé,  en  larges  dalles  plates  et  unies, 
est  une  des  magnificences  de  cette  ville,  qui  peut  être 
regardée  comme  l’Athènes  d’Italie.  La  place  du  palais 
vieux  est  le  rendez -vous  des  vendeurs  de  chapeaux  de 
paille,  qri  se  font  à  Florence  ou  dans  les  environs  avec 
beaucoup  de  propreté  et  dont  les  dames  Anglaises  font 
tant  de  cas.  Au  dessus  de  la  porte  de  beaucoup  de  mai¬ 
sons  habitées  par  la' noblesse,  à  Florence,  on  voit  une 
bouteille  vide  suspendue,  qui  indique  qu’on  y  vend  du 
vin  lecueilii  dans  les  domaines  du  maître.  A  coté  de  la 
porte,  il  y  a  un  trou  carré  assez  large  pour  passer  un^e 
bouteille;  celui  qui  veut  acheter  du  vip ,  tire  la  son¬ 
nette,  donne  sa  bouteille  vide,  on  la  remplit,  il  la  paie 
et  l’emporte.  —  L’heure  du  dîner  est  entre  3  et  4.  heu¬ 
res.  Pour  3  paoli9  ou  10  gros,  argent  d’Allemagne  ,  on 
est  bien  servi  et  nourri,  à  la  table -d’hôte  des  auberges. 

GENES.  Long.  26°.  38'.  o".  (Ile  de  Fer.)  Lat.  44°. 
23'.  48".  Population,  75,860,  dénombr.  récent.  —  Q.  La 
fille  de  Paix: 

Edifices  remarquables.  Curiosités.  L’église  de  St. 
Laurent.  (  On  monte  sur  sa  tour,  pour  dominer  toute 
la  ville,  et  jouir  de  la  vue  la  plus  variée.  Sur  la  place, 
il  y  a  des  cafés  fréquentés.  —  L’église  del  l’Annonciade  — 
et  la  belle  place  de  ce  nom  —  (  la  Cène  de  lîrocaccini) 
l’église  de  Carignano  :  (le  St.  Sébastien  de  Puget  ;  figure 
de  marbre,  très  -  belle  )  —  l’église  de  St.  Steffano  [le  ta¬ 
bleau  de  Raphaël]  —  de  St.  Ambroise:  [tableau  de  Ru¬ 
bens]  de  St.  Cyr  —  l’église  de  St.  Mathieu,  (la  chapelle 
de  la  famille  Doria)  —  le  palais  du  Doge  et  sur  la  porte 
la  proue  d’un  navire  ancien  — le  palais  Doria  (respectable 
par  tant  de  souvenirs  glorieux  et  dans  la  plus  belle  si¬ 
tuation  du  monde.  Les  jardins  sont  en  terrasse.  Près  de 

la  statue,  Gigante ,  l’épitaphe  du  chien  de  Doria)  _ 

l’hôpital  des  incurables:  (qui  pourrait,  san9  -frissonner, 
traverser  l’étendue  et  le  silence  de  ce  palais  de  la  dou¬ 
leur  ?)  —  l’Albergo  :  (hôpital  magnifique,  la  merveille 
de  Gènes  :  il  y  régnait  avant  la  révolution  un  ordre  ad¬ 
mirable,  une  propreté  parfaite,  un  soin  extrême.  Près 
de  cet  hôpital ,  uu^  endroit  où.  le  pavé  est  enfoncé  ,  et 
^  qu’on  n'a  point  réparé,  pour  jr  conserver  la  mémoire  du 


33  L’ITALIE.  VILLES. 

jme  Décembre  1746.)  —  la  panêterie  publique  —  1»  bas- 
que  de  St.  George:  les  archives:  les  statues  des  lé¬ 
gataires  —  la  place  deile  Fontane  amorose  —  la  lan¬ 
terne  ou  le  phare  —  le  bagne  —  le  port,  et  la  piazza 
de  Eanchi  —  les  rues  Balbi,  la  rue  nuova,  e  nuova  nuo- 
va,  jusqu’à  la  place  à'Aqua  verdey  la  seule  jolie  place 
de  Gènes.  Les  deux  premières  sont  les  plus  belles  rues 
de  Gènes,  où  il  y  a  plusieurs  palais  tout  en  marbre, 
poli  à  l'extérieur  ;  chose  unique:  surtout  le  palais  Bri- 
gnolet  rouge  et  blanc,  les  palais  Pallavicini,  Spinola, 
Balbi  j  Durazzo ,  [rempli  de  beaux  tableaux  de  Véro- 
nèse,  de  Rubens,  de  Rembrand,  de  Raphaël  etc.]  Doria, 
Serra  etc.  on  peut  à  présent  y  entrer  en  carrosse;  le* 
chpfs  -  d’oeuvre  des  arts  ont  disparu  en  partie.  Une 
dame  fait  bien  de  ne  pas  parcourir  les  rues  à  pied,  et 
de  se  faire  porter  en  chaise,  pour  n’être  pas  exposée  à 
la  vue  hideuse  et  à  l’insolence  des  estropiés  et  des  men- 
dians,  dont  les  rues  fourmillent ,  ou  des  portefaix,  qui 
ne  se  détournent  pas.  On  lit  aux  coins  des  rues  les  dé¬ 
nominations  nouvelles  de  fratellama ,  vguaglienza ,  po- 
polo  etc.  —  [Au  reste,  ne  cherchez  plus  que  l’extérieur 
de  Gènes  la  superbe ,  dans  Gènes  d'aujourd'hui ;  d’un 
côté  l’anarchie,  les  dilapidations,  les  sang  -  sues  à  bon¬ 
net-rouge  et  à  grands  mots,  et  tous  ces  fléaux  qui  ac¬ 
compagnent  les  révolutions;  et  de  l’autre  côté,  la  guer¬ 
re,  les  réquisitions,  ont  dépouillé  Gènes  de  sa  magnifi¬ 
cence;  les  fondations  pieuses  et  publiques,  l’aisance  des 
habitans,  le  commerce,  tout  a  été  mis  aux  abois.] 

Promenades.  Les  Moles  ;  la  très- fréq uentée  prome¬ 
nade  d 'Acque  Soli  :  la  terrase  de  l’église  de  St.  Laurent; 
les  remparts,  [promenade  fort  agréable  ,  'depuis  le  cou¬ 
vent  des  religieuses  de  S.  Antoi'ue  qui  sont  à  l’orient, 
jusqu’à  la  lanterne]  ;  le  jardin  de  Lomellino  ,  dont  M. 
Dupatr  parle  avec  tant  déloges;  la  promenade  très- 
fréquentée  au  pont  de  Carignano  ;  (le  soir,  les  prome¬ 
nades  sont  le  plus  remplies  de  monde  Si  l’on  veut  avoir 
les*  plus  beaux  points  de  vue,  il  faut  aller  i.  en  mer  à  un 
mille  du  port,  2.  sur  le  haut  de  la  tour  de  là  lanterne; 
o,  Sllr  le  sommet  de  la  montagne  qui  domine  Gènes, 
c’est  à  dire  du  côté  de  l’éperon.) 

Etablïsscmens  littéraires  L’université:  l’académie. 

Collections.  Cabinets.  Trois  bibliothèques  publi¬ 
ques;  plusieurs  bibliothèques  pa:  tieuhères. 

Commerce,  fabriques  Manufactures:  eu  velours, 
(principalement  en  velours  noirs,  qui  passent  pour  ê.;e 
d/nn  plus  beau  noir  que  partout  ailleurs  ;  tié  dainrs^. 


L’ITALIE.  VILLES.  33 

4’étofîes,  de  rubans  et  de  bas  de  soie;  de  laine;  de  toile; 
d’huile;  de  savon;  de  papier  (les  papiers  de  Gènes  ont 
deux  qualités  particulières;  ils  ne  sont  point  sujets  à 
être  rongés  des  vers,  et  ils  ont  une  bonne  odeur  quand 
on  les  brûle.  Les  ouvrages  d’ébénisterie  ;  les  pâtés,  (qui 
passent  pour  les  meilleurs  de  l’Italie)  :  les  champignons 
secs;  les  boîtes  en  vernis;  les  fleurs  artificielles  (les 
convens  de  la  Neve  ,  deRozina,  de  8.  Nicolas  ,  de  S, 
Barthélemi,  du  St.  Esprit,  sont  renommés  pour  les  bel¬ 
les  fleurs.  A  Chiavari ,  à  8  lieues  de  Gènes,,  on  fait  des 
fleurs,  qui  coûtent  60  on  70  livres  Génoises,  chaque 
.branche)  :  la  pêche  aux  anchois. 

Spectacles.  Opéra,  aux  deux  théâtres  S.  Agostino, 
le  plus  beau,  et  di  Falcone;  la  comédie  au  petit  thé⬠
tre,  Teatrino. 

Auberges .  A  la  Villa,  chez  Carlo  [  très  -bonne  ].  A 
la  croix  de  Malte  près  du  port,  trè3  -  bonne:  à  l’hôtel 
des  quatre  nations. 

Environs.  La  villa  de  Tomellini  Poggio  :  la  villa 
Cornigliano  ;  on  jouit  de  ses  deux  terrasses  d’une  vue 
étendue  et  superbe.  La  villa  Brignole;  [  Michel  Ange 
en  a  été  l’architecte:  elle  mérite  d'être  remarquée.] 

Distances.  De  Gènes  a  Florence,  18  postes  1/2  »  à 
Livourne  17I/2;  à  Milan  11  ;  à  Turin  i3T/2* 

Livres  a  consulter.  Description  des  beautés  de  Gè¬ 
nes  et  de  ses  environs,  ornée  de  différentes  vues  et  4^ 
la  carte  topographique  de  la  ville.  Gènes  1773.  8* 

Mélanges.  On  nomme  la  colonie,  un  cercle  qui  ré¬ 
unit  la  société  la  plus  choisie.  Le  Mezzaro ,  que  por¬ 
tent  les  dames  de  Gènes,  quand  elles  vont  à  pied,  est 
un  voile  de  2  ou  3  aunes  d’indienne  ou  de  perse,  plus 
ou  moins  belle.  L’art  de  la  plus  fine  coquetterie  prési¬ 
de  à  la  manière  de  couvrir  la  tête,  les  épaules,  et  les 
bras  du  Mezzaro,  ou  de  les  dévoiler.  Le  cicisbéisme 
n’est  nulle -part  plus  en  vogue  qu’à  Gènes.  Le  cicisbèe 
représente  à  peu  près  à  Gènes,  l'ami  de  la  maison  de 
Paris.  Il  est  rare  qu’il  entre  des  voitures  en  ville  ;  elles 
s’arrêtent  sur  une  petite  place,  où  sont  les  écuries  et 
les  remises,  d’où  l’on  part  pour  la  promenade  oulacam 
pagne,  et  où  les  chaises  à  porteurs  se  rendent  de  toute 
part.  Les  voitures  ne  peuvent  suivre  dans  les  rues  de. 
Gènes  qu’une  direction  qu’elles  remplissent,  et 'alors 
ori  ouvre  les  chaînes  qui  en  barrent  quelques-unes:  les 
chaises  à  porteurs  et  les  porte- faix  y  sont  sans  nombre. 


L’ITALIE.  VILLES. 


64 

Ces  chaises  sont  noires ,  comme  les  gondoles  à  VenlSff* 
et.pour  la  même  raison.  11  y  a  deux  établissemens  de 
bain  superbes,  dont  l’un  sur  la  ;mcr.  Prix  ci’un  dîner  4 
è  5  lire  ou  20  à  24  gros,  argent  d’Allemagne;  prix  d’une 
chambre  dans  une  belle  situation,  3  lire  ou  un.  florin 
par  jour.  Les  ducats  do  Hollande  et  de  Cremnitz,  et 
l’écu  de  5  et  6  francs  sont  de  toutes  les  monnaies,  cel¬ 
les,  qui  ont  généralement  cours,  et*  au  prix  do  leur 
valeur. 

MANTOUE.  Longit.  à  la  coupole  de  St.  André,  28°. 
py.  59".  Lut.  450.  9'.  14".  Population ,  23,000  h.  Q  Les 
àmis  de  la  gloire  et  de*  arts. 

Edifices  remarquables.  Curiosités.  ’^La  cathédrale: 
(le  tableau  de  St.  Aloyse,  par  Guercinoi  la  tentation 
de  St.  Antoine,  par  Paul  Veronese ).  —  S.  Anaelmo 
(belle  église);  l’église  St.  Egide,  avec  le  tombeau  de 
Bernard  Tasso  —  l’église  de  St.  André  (célèbre  par  se» 
réliques,  et  par  le  tombeau  du  comte  Andréossi  )  — » 
l’église  de  St.  Maurice  (beau  tableau  de  Carrache)  — 
l’église  deMndonne  delOrto:  (quelques  beaux  tableaux) 
—  le  buste  et  la  place  de  Virgile  —  l’église  des  Domi* 
nicains  (avec  le  monument  de  P.  Strozzi).  —  Corté,  ou 
le'ci-devant  palais  ducal  —  le  ci-devant  Palazzo  délia 
Giustizia  (  dans  la  muraille  de  sa  salle,  une  mauvaise 
statue  de  Virgile)  —  le  palais  du  T.  (ainsi  appelé  à  cau- 
**e  de  la  forme  de  son  pan,  qui  approche  d’un  T.  Ce 
palais  était  remarquable  par  de  belles  peintures  de  Jum 
les  £.omainy  surtout  la  guerre  des  Dieux  et  des  Géans, 
et  passait  pour  la  première  curiosité  de  Mantoue.  Quel¬ 
ques  appartenions  existent  encore,  mais  la  grande  salle 
est  ruinée.  —  Le  palai*  de  Gonzague  -r-  vis  à  vis  de  ce 
dernier  palai»  la  maison  qu’occupait  Jules  Romain  (sur 
la  porte  une  belle  statue  de  Mercure ,  refaite  par  lui. 
Ce  grand  peintre  est  enterré  à  l’église  de  St.  Barnabe, 
mais  on  ignore  la  place  de  eon  tombeau.  .  Sa  maison  est 
voisine  de  cette  église). —  Les  ponts  de  St.  Giorgio  et 
de  Molini:  (le  dernier  renferme  13  moulins.  Belle  vue 
alpine  ,  souttout  dans  la  soirée,  du  pont  de  St.  Giorgio.) 

Etablissemens  littéraires'.  L’académie  Virgilien'ne. 

Collections .  Cabinets.  Le  Musée  —  la  collection  au 
palais  <le  Gonzague. 

Auberge.  A  l’albergo  grande:  (auberge  nouvelle¬ 
ment  montée,  et  fort  bonne). 


L’ITALIE.  VILLES. 


35 

Spectacles.  Des  comédies  et  de  petits  opéras  dans 
le  carnaval , .  et -au  mois  de  Mai  ,  tems  où  il  s’y  forme 
une  espèce  de  foire  très  -  agréable. 

Distances .  De  Mantoue  à  Milan  II  postes  et  1/2.;  à 
Parme  6;  a  Venise  12;  . à  Modène  ?y2. 

Environs.  La  Favorita  —  la  Virgiliana;  [la  tradi¬ 
tion  porte,  que  Virgile  y  venait  étudier  dans  une  grot¬ 
te?  mais  on  n’y  voit  rien  de  remarquable]  —  le  village 
«le  Pietolo  ,  anciennement  apelé  Andes  ,  où  nâq.uit  Vir¬ 
gile  et  Catulle, 

Avis.  M'antoue  est  située  entre  deux  lacs  ,  et  telle¬ 
ment  engagée  dans  les  marais,  qu’on  ne  peut  l’aborder 
que  ‘par  deis  chaussées  étroites.  Cette  ville  n’est  deve¬ 
nue  que  trop’  célèbre ,  par  ses  sièges  et  par  les  scènes 
sanglantes  dont*  ses  environs  ont  été  le  théâtre'. 

MESSINE.  Population  4b, 000  a.  avant  le  tremblement 
de  ferre  dé  1783.  M.  Thomson  l’évalua  en  1810  à  28,000. 

Edifices  remarquables .  Curiosités.  Presque  tous  les 
édifices,  surtout  la  superbe  P alazzata  en  face  du  quai, 
©Ut  été  renversés  ou  détruits  par  le  tremblement  de  terre 
de  1783.  On  les  <a  reconstruits  en  partie  et  plus  solides 
et.  avec'  plus  de.  luxe.  Le  rez  -  de.  chaussée  est  presque 
.tout. en  bqutique.  La  Valenziana ,  sorte  de  citron,  et  la 
temonella  di  Spagna  sont  recherchés  par  leur  délicatesse. 
[Le  fameux  autel  de  la  cathédrale  est  dédié  à  la  sagra 
lettera ,  ou  la  lettre  de  la  vierge  aux Messéniens^  et  dont 
la  fête  s,e  célèbre  le  3.  Juin.] 

Promenades.  La  promenade  de  la  marine  ou  la 
Panchetta  ;  celle  entre  la  ville  et  la  citadelle  — *  les  jar¬ 
dins  des  capucins  ;  (la  .vue  de  la  terrasse  est  magnifique.) 

Collections.  Cabinets?.  La ’bibliothèque  royale  et 
publique:  la  bibliothèque  des  Capücins :  les  archives 
de's  Bénédictins1.  •'  c.  * 

Manufactures'.  Fabriques.  0 n*y  fait  des  taffetas, 
dès  gros  -  de  -  tours  ,  des  molla  ,  dès  tapis,  beaucoup  de 
petits  velours  ciselés,  des  satins ,  des  étoffes- guillocliée»* 
de  rayées  en  coutils,  etc. 

Epoques  des  quelques  tremblemens  de  ferre. 

Ïi6p  —  1265,.  —  1390  — ;  1456  —  I4Q4  —  1499  —  1500  —  1536' 

-4537,  -  1538  -  1542  -  1549,—  1553  -  1563  -  1601  —  1613: 

>l635  —  1638  —  1649  —  1659  —  1661  —  1693  —  1717  —  1726 

*72?t  -  1732  -  1732  —  1789  -  1783- 


L’ITALIE,  AILLES. 


30 

Mélanges.  A  la  partie  conv&Xe  de  la  courbure  a.x 
golfe,  derrière  le  fort,  sont  dès  rochers  sous  l’eau  ;  c’est 
la  fameuse  Charybde ,  où  le  Garofalo  ,  où'un  bouillon¬ 
nement,  un  tourhoyement  des  eaux  ,  par  les  r.ourans 
violens,  qui  se  détournent  avéc  irrégularité ,  eùtr&inent 
les  bâtimens,  etles  font  quelquefois  périr;  la  Soylla  n’ex¬ 
iste  plus.  —  Rien  de  plus  beau  que  le  coup  d’oeil  de  la 
marine,  à  Messine,  après  celui  du  golfe  de  Naples ,  sur 
une  longueur  de  douze  milles  ,  depuis  le  phare  qui  est 
au  détroit,  jusqu’au  fond  du  port.  Ce  port,  garni  de  na¬ 
vires ,  qui  sqnt  en  charge  ou  en  décharge ,  qui.entrent 
ou  sortent;  la  rade,  où  il  y  en  a  souvent  à  l’aucre  ;  le 
canal  où  il  eu  va  et  vient  continuellement  ;  les.  coteaux: 
de  la  Sicile  couverts  d'oliviers,  de  mûriers,  et,  de  diffé- 
rens  autres  arbres,  qui  se  montrent  en  amphithéâtre  jus¬ 
qu’au  phare;  ceux  de  la  Calabre,  en  face ,  également 
bien  cultivés.  Tous  ces  objets  sous’  la  vue  en  même 
tems,  forment  un  spectacle  magnifique. 

Esquisse  rapide  d'un  voyage  sur  l'Etna.  On  doïihe 
à  l'Etna  9660  pieds  de  Paris  au-dessus'  du  niveau  de  la 
mer,  et  cént  mille  pieds  de  circonférence.  Tes  relations 
de  son  escalade  sontj  plus  effrayantes  les  unes  que  les 
autres;  mais  le  séjour  des  Anglais  a  rendu  plus  commode 
ce  voyage;  on  trouve  mênie  pïès  de  là  cîmé ,  ‘  Z/z  Casa 
lnglcse,  OÙ  un  abri,  avec  une  écurie.  Ta  route  se  fait 
à  cheval,  ou  à  pied,  et  Tune  et  l’autre  sont  fort  lon¬ 
gues.  (V.  la  relation  de  M.  Scume  de  son  voyage  sur 
l’Etna  en  1802.  et  la  plus  récente  de  M .  Grafs.)  De 
Catance  à  Nieolosi,  [a  Cutanée  chez  Biscari  une  belle 
collection  de  vases  étrusques]  on  marche  sur  des  laves 
continuelles,  qui ,  dan®  beaucoup  d’endroits  ,..i;çufïraient 
le  chemin  impraticable  à  d’autres  animaux  qu’à  dçs  mu¬ 
lets.  Partout  où  la  végétation  parait,  elle  se  développe 
avec  la  plus  grande^  force  :  ce  ne  sont  qne  de^  aloës ,  des 
oountias  ,  des  figuiers.  C’est  à  Nieolosi,  que  commen¬ 
cent  les  plaines  de  cendres,  qui  séparent  la  regione 
montese ,  de  la  regione  silvosa.  C’est  un  tableau  singu¬ 
lier  que  celui  de  la  plaine  noire  et  poudreuse,  qu’en¬ 
tourent  cent  montagnes  coniques,  couvertes  dé  vigno¬ 
bles  et  de  verdure.  Autour-  de'  Monten  osso  ,  d’où  est 
sortie  la  terrible  lave  en  1669,  qui- abîffia  Cutanée  -,  on 
ne  voit  aujourd  hui  que  plantes  et  arbustes.  La  regi&ne 
silvosa ,  est  couverte  d'arbres,  (Tune  espèce  rabougrie, 


.L'ITALIE.  VILLES, 


3? 

petfcdïîbits.  C’esf  air  lx>ut  de  cfette  tégio n$  tju'eÿtla  sÿeA 
- hunca  deile  •caprioïr') *  La  têrre  est  dès  i'IéTs  daiis  ühe  lé- 
■thargie  totale.  ■  Partout  la  vite1  se'  pfeVtfe  rs%iVVf?f  surface 
-grisptre  ,'j  . dont  l’aspect  uSiiorme  r  h’ interrompit  que 
•parades  ' ioàkeW-  prodigieux,  ‘qtiVn^s ’étdnhe- de  vdirHrtô- 
•mis  de  .la- r  montagne  ^  qûèlqiï’efe'rby^h  te  idée  qn.'6n°^e 

•  fasSè  de  ses  gouffres.  On  arriv'è-.ct  là1  platefornie,  où  était 
<  la  prétendue  tour  û'Einpe'dàclï.  Orésr  près  de -  la',  dît 

-  Un  voyageur  modt?rȎ,  que  vu  lever  le  soleil,  et 

les  pays  les- plus  éloighés- 86e Rapprocher ,  poitr®  eml^elfîr 
■àrtion  oeil  le  taMfeaU-' iittfgniflqtfè'  dont  il  ‘ £tàit;frappé, 

. jèn  regardantes  îles  Lipurü,'1  eèttfe*  tfcal*î^  ]  cétte!  mèr  ifk- 
mense  r  c p^StràmlfOtû  qui  fltihàit-à  laigÿ  pi  edè- - 
»  •  Vil-*  •  toute  ;  entière-!  >Jè  'M’existais  que  ptour  admirer \u  L- 
■  L’éruption  du  moii  de  Mars  •  igb0rlétâit  niré  des  pins  Vi«- 
«  lentes.  LMiSina  vomit  lé  ffceu  et  îa  lave  des  dbuze  cratè- 
~res,  à  la  fois;  -a*  ■*—  Les  Ouvragés  de  Brydone ,  de  Houel 
et  de  Grafs  [Y%  page  153  de  tèt’ "Itinéraire  ]  seront  lè» 
plus,  instructifs* o  'M.  Grtt'f»  récômménde  pour  guide,  le 
•nommé  j4lfïo  r  Fighærmàe  Trécdstagiïa  dxt  *il  Piloto. 

-  MIIiAeK.r  •  î.ongT-s^ld  Bréra  26°  5T*  ‘îo".  ‘(lie  dû  Per.’  > 
î  3Lai..'43°  -2?f  igo'^i  ' Poftïtlation  *24,700*,  *xi\\'J&-n.t  \iAnnï}àîre 
’  de  rgTizr.— 4  c0.  L’heureufee^Rencontre,  et  lé  Grand  -  Orient 

du  Ro.yauine-d’Il&We.’C'  f^ovr  ..  *•  - 

Kdijtcés-  r'ema^-dables .  Curioiitéé.'  Lé  palais  R^ryal 
—  la  -cathédralé  (après  S.  Pièrte  dé  Rotne  ,  la  première 
église  uleritalie.  La  hauteur  extérieure  de  la  coupole  et 
;  du  couronnement  est  de  370  pieds  de  Paris.'  Sous-le  re- 
grie  de  Napoléon  oit  y  a  travaillé  dé  rrttuvean  ,  pourra 
fînin.  U>a  prétend  que  cette  église  renfermé  4,'ooof  statues, 
tant;  grandes  que’ "petite s  .  dont  2oo  aUd'essus  de  là’ gran¬ 
deur  naturelle.  La  plus  fameuse  ést-céfl-e  de  St.  Barthé- 
.iémii  écorché ,  proche  de  là  sàicriStré  ;  elle  ekt  faite  par 
Jigrdti.  ■  11  faut  monter' <kur  la  couverture  dé  l’église, 
;  nonàéulement  pour  voit*  >l’im’mehrsè  trâ'Rài’h  dont  elle  ést 
chargée,  mais  encore  pour  y  jouir  “de  la  vue.  Oh  y 
découvre  itnè  plaine  charmante,  terminée  par  l’angle 
de  jonction- de  l’Apennin  et  dés  Alpes!  :  Là  chhpelle 
souterraine  cPà  repose  le  corps  de  Charles  Borromêe^  est 

•  iréff  -efeSmarquablè.  >  «La  sculpture ,  là  ciselure,  l’-brfé- 

-  vderier,  îyto nt  épuisé  leurs  oRiiétftèn s.  Le'trésor  de  l’ë- 
— glisé!  à  ;ë'té;  le 'plus  Riehe  après  celui  de  tÉorétte.ai^-  La 
(  3£illa  bu*  Palais  Belgioso  — la  casa  Boromea  —  l’église 

ée  .S.  •'Aïhbro'iéév  q ui  daté -du"  4me  siècle- — i’églisè  de  St. 
G,  d.  Voy.  Tom.  II.  D 


L’ITALIE.  VILLES. 


38 

Francesco. lÆaggiore  —  l’église  de  Sfcr  Victor  —  l*égli«, 
le  Graz^e:  (  dans  le  réfectoire  f  le  tableau  le  plus  cé¬ 
lèbre  de  Leonardo  da,  Vinci.;  la  cène  de-JN";  S.  peint  à 
fresque.  Ce  tableau,  a  été  très  -  endommagé  et  pres¬ 
que  effacé,  mais  il  existe  encore  dans  le9  belles  gravu¬ 
res  de  Morghen  et  de  Rainaldi  et  surtout  dans  25  copies* 
Y.  l’intéressant  ouvrage,  publié  par  Giuseppe  BossU 
peintre.  Del  Cenacolo  Ai  Leonardo  da  Vinci.  Milano 
agio.  4*)  —  la  figure  du  tombeau  de  J.  C.  dans  l’église  da 
S.  Jérome  —  la  casa  Litta  —  le  monasteru  maggioré  *. 
^  bâti  k  l’endroit  du  temple  der  Jupiter*  )  —  l’église  de  iS. 
,M;arc:  (une  des  plus  belles  et  dejK,plus  grandes  de  Mi¬ 
lan)  -r  d’église  de  S.  Çarpofpro  :  .  (  prés  de  la  porte  4  ca¬ 
mionnes  antiques  de  porphyre),-?- le  collège,  de  .Brera  appeHé 
après  le  palais  des  beaux  arts,  et  son  observatoire  — 
la  Casa  Cusani  —  l’église,  jl  Giardino  &  •  (éeinarq uable» 
-par  la  grande  largeur  du  vaisseau.  )  —  le  théâtre  neuf  — 
la  casa  Clerici:  (  c’est  ©e  qu’on  cite  de  préférence-  k  Mi¬ 
lan. pour  un  modèle  d’élégance  et  de  goût.)  —  l’église  de 
S.  Fedele  :  (il  j  a  6  colonnes  de  granit  rouge  d’une  hau- 
(  teu*  prodigieuse.)  rfc  Casa  Marina  —  1«  palafa»  Dârini  — 
.  Casa  Arese  •  (belles  peintures.  le  séminaire  —  la  joEe 
église  de  S.  Angelo  — .  l’archevêché.:-  (belle  collection  de 
tableaux)  —  les  prisons  :  (beau  portail.  );  —.la.  Casa  Ca¬ 
stelli:  (un  des  plus  beaux  palais1  d« la  ville.)  le  Fop. 
pone,  ou  les  charniers  de  l’ hôpital  — *  l’église  des  Bar-' 
Habites:  le  grand  autel  est  remarquable  par  sa  pro¬ 
preté  et  sa  richesse.^  au  collège  ,1e  cabinet  d’hist.  nat.  du 
Père  Fini.)  —  le  grand  hôpital  avec  2,2Q0  lits  ,  et  où  l’on 
élève  4000  enfans  trouvés  .*■*-?  l’église  de  Madonua  del 
Celso  :.  (c’est  une  des  églises,  les  plus  estimées,  de,  la  ville. 
On  admire  surfrout+Ja  coupole,-  peinte  k  fresque  parle 
célèbre  Appiani  et  lçs  deux  -statues  d’Adam  et  d’Eve, 
par  délia.  Forta ),  —  les  églises  de  Vittofria  et  de  S. 
Laurent:,  (le  poétique  de  la, dernière  est  une  colonnade 
aptique,  le  seul  ouvrage  des  Romains  qui  soit  resté  sur 
pied,  et  d’un  bon  siècle.)  —  [La  porte  Spmpione  n'est 
que  commencée,  mais  elle  excite  l’admiration  y  même 
dans  cet  état,  par  les  grandes  conceptions, de  son  plan  ] 

—  les  caserpes  dje?.gard,es  — -  la  porte  di  Castello  e,t, la  plate 
d’armes  —  la  7,ecc  ar  eiv.eç:  un  Jri  eh  a '-médai  lier,  et  urte  bel¬ 
le  collection  de  livres. jiumis(matiques  —  Casai  Visconti>— 
l’église  de  $te.  Marthe  (où  esL-la  statue  de  Gastpinde  F.oii) 

—  d’église- de  St.  Alessandro  (plusieurs  parties  de  l’église 


V  ITALIE.  VILLES. 


39 


sont  ornées  avec  profusion  de  pierres  précieuses.)  — 
JLe  Corso  —  les  deux  grands  canaux,  qui  joignent  Milaft 
à  YAdda  et  au  Tcsin.  [Les  Italiens  appelent  avec  raison 
cette  ville  Milano  la  grande  ] 

Promenades.  Les  remparts:  le  cours:  l’esplanade  en¬ 
tre  la  ville  et  le  Forum,  ci-devant  Bo?iaparte. 

Spectacles.  Amnsemens.  Opéra  italien  pendant  le 
carnaval,  au  grand  théâtre  neuf,  bâtiment  magnifique. 
La  comédie  snccède  à  l’opéra,  mais  en  automne  il  n’y 
a  point  de  spectacle.  On  compte  trois  salles  de  specta¬ 
cles  à  Milan:  il  teatro  grande ,  il  teatro  carcano ,  et  il 
t entra  piccolo  alla  Canobiane,  ou  de  mercanti.  —  On 
trouve  une  excellente  société  dans  cette  ville. 

Etabli  s  sejnens  littéraires.  L’institut.  L’académie  des 
beaux  arts;  le  collège  de  Bréra;  nombre  des  écoles; 
le  conservatoire  de  musique;  les  sociétés  de  Filodrama* 
tici,  delîe  Scienza  ed  Arti,  de  transformati  etc.  lise 
publia  à  Milan  13  Journaux  et  feuilles  tant  politiques 
que  littéraires. 

Collections.  Cabinets.  La  bibliothèque  Ambrosien- 
xte,  le  musée  de  Sattala,  et  le  cabinet  de  médailles  qui 
se  trouvent  dans  le  même  bâtiment:  (cette  bibliothèque, 
et  ses  collections,  étaient  la  chose  la  plus  intéressante 
de  Milan,  après  la  cathédrale,  mais  Paris  en  possède  à 
présent  les  curiosités  les  plus  précieuses.  La  bibliothè¬ 
que  est  ouverte  tous  les  jours  pendant  2  heures  le  ma¬ 
tin ,  et  autant  l'àprès  -  midi.)  La  bibliothèque,  l’obser¬ 
vatoire,  et  les  collections  du  collège  de  Bréra,  surtout 
le  cabinet  des  médailles  et  les  célèbres  tableaux  de  Ra¬ 
faël  ,  de  Guido  ,  de  Gucrcino  ,  de,  Caracçi ,  et  la  cène  de 
Veroncse.  (Les  bibliothèques  de  Francesco  lieina,  et  de 
Giacomo  Trivulzio  1  les  cabinets  de  médailles  ,  d’anti¬ 
quités,  de  physique,  de  tableaux,  des  frères  Trivulzio, 
de  Beccaria ,  du  sénateur  Moscati  des  frères  Pczzoni , 
et  nombre  d’autres  dont  le  Guide  de  Milano  donne  la 
nomenclature.  Le  célèbre  peintre  Appiani ,  possède, 
outres  ses  propres  ouvrages,  de  beaux  tableaux  de  Da 
Vinci  ,  de  Guido  Rhcni  etc.) 

Fabriques  Manufactures.  Les  fabriques  de  verre, 
de  porcelaine,  de  laine,  de  poil  de  chèvre  (la  machine 
pour  dévider  le  poil  de  chèvre  à  la  casa  Clerici  est  très- 
singulière.)  Les  fabriques  de  toutes  sortes  d’étoffes  en 
soie  et  en  dorure,  on  en  estime  surtout  les  velours;  de 
mouchoirs  de  soie  ,  de  bas  de  soie  ,  etc.  La  fabrique  de 

D  2 


4<> 


L’ITALIE.  TILLES. 


rubans  à  la  casa  Bovara  :  (on  y  emploie  un  métier  ingé¬ 
nieux.)  Des  broderies:  des  ouvrages  de  crystal,  qui 
sont  précieux.  Des  voitures.  Des  plâtres  faits  d'après 
les  antiques. 

Auberges.  L’albcrgo  reale:  excellente.—-  Albergo 
délia  citta:  [on  y  a  aussi  la  commodité  des  bains  tout 
prêts.  ) 

Plan .  Livres  instructifs  II  Forestiero  in  Milano:  avec 
lepjan  cle  la  ville.  Milano.  1808.  [bon  guide,  suivant 
M.  de  7 Morgenstern.]  Almanaco  e  guida  di  Milano, 
Milan.  1812.  16. 

Distances.  De  Milan  à  Venise  21  postes;  à  Mantoue 
X1I/2:  à  Parme  9;  à  Bologne  16  ;  à  Florence  25;  à  Gènes 
Ji;  à  Lorette  331/2;  à  Borne  47. 

Avis  Chaque  domestique  mâle  ou  femelle,  ne  peut  ~ 
entrer  au  service  sans  être  muni  d’une  carte  de  police. 
Les  domestiques  de  place,  doi/ent  donner  caution.  On 
trouve  chez  les  frères  Reycens ,  libraires  à  Milan  et  Tu¬ 
rin,  les  voyages  d  Italie  surtout  1  ' ltinerario  ItaUano  , 
dont  M.  de  Morgenstern  vante  l’exactitude,  accompagne 
de  nombre  de  petites  cartes  routières  ]  des  cartes, 
plaus,  vues,  etc.  Ce  qui  affecte  singulièrement  l’étran¬ 
ger,  c’est  l’odeur  infecte  du  fumier  qui  sort  des  soupi¬ 
raux  des  souterrains  où  l’on  le  garde. 

Environs.  Le  monte  Brienza ,  couvert  de  maisons 
de  plaisance,  et  rénommé  par  la  variété  des  points  de 
vue  —  Casa  Cassellaza  :  où  il  y  a  une  statue  célèbre  de 
Pompée  —  La  casa  Simondta:  (remarquable  par  un 
écho  qui  répète  40  fois  la  voix  humaine,  et  56  ou  60  fois 
le  coup  d'un  pistolet.)  —  Pavie ,  à  7  lieues  de  Milan. 
[Long.  2ô°  49'  33".  Lat.  45O  jo'  47".  Popul.  25,000  ]  La 
ci-devant  Chartreuse  que  l’on  trouve  en  venant.  L’é¬ 
glise  est  un  monument  admirable,  on  y  voit  le  tombeau 
de  Visconti.  Les  campagnes  voisines  sont  remarquables 
par  la  bataille  du  24.  Février  1225,  non  loin  des  ruines 
du  Parc  où  François  1.  roi  de  France  fut  fait  prisonnier. 

Il  faut  voir  à  Pavie  la  statue  de  Marc  Anrèle,  le  pont 
sur  le  Tesin^  la  chapelle  des  morts,  les  palais  Botle  et 
Bellisome,  les  bâtimens  de  l’ université  renommée  par 
ses  grands  hommes,  sa  bibliothèque,  son  jardin  botani 
•que,  et  le  musée  d’histoire  naturelle  fondé  et  classé  par 
Spallanzani .  —  Les  Iles  Borromêes ,  elles  sont  situées 
sur  la  partie  occidentale  du  Lac  majeur ,  à  15  lieues  de 
Milan. 


L’ITALIE.  VILLES. 


41 


On  va  dans  l’espace  de  g  heures  à  Sesto  où  l’on  s’embar¬ 
que  sur  le  lac,  et  l'on  y  arrive  en  5  heures*,  ou-,  on 
prend  le  chemin  de  Seriano ,  Tradàte,  Varese,  Laveno , 
chemin  que  l’on  finit  en  7  h.  de  teins.  On  s’embarqu-e 
u.  . Laveno,  et  l’on  arrive  en  1  h.  15  fhin.  a  V  Isola  bella , 
et  en  15  min.  à  l 'Isola  madré.  C’est  le  chemin  le  plus 
court.  A  Varese ,  la  belle  maison  de  ca  npagne  ,  ci -de¬ 
vant  à  l’archiduc  Ferdinand.  Auberge  h  la  feoste.  Les 
descriptions  romanesques  des  îles  d’Arraide  semblent 
avoir  été  faites  pour  l'isola  madré  et  l 'Isola  bella, 
mais  surtout  pour  la  dernière.  On  pêche  dans  ce 
lac  quantité  de  poissons  estimés,  entre  autres  l'agone, 
qui  ressemble  à  la  sardine  :  les  truites  et  les  anguilles 
y  sont  d’une  grosseur  extraordinaire:  j’en  ai  vû  servir 
du  poids  de  30  livres.  (Elévation  du  lad  audessus  de  la 
mer,  646  pieds  de  Paris.  Le  dôme  de  Milan,  la  char^ 
treuse  de  Pavie,  cent  beaux  édifices  de  Cômé  et  des  en¬ 
virons,  sont  sortis  des.  carrières  des  bords  de  ce  lac.) 
L'Isola  bella  s’élève  en  dix  terrasses,  surmontées  par 
:un  licorne  colossal,  qui  fait  partie  des  armes  de  la  fa¬ 
mille  Borromée.  Ces  terrasses  sont  garnies  de  citron¬ 
niers  en  espaliers  et  berceaux;  de  limons  de  toutes  sor¬ 
tes  et  grosseurs;  d'orangers  en  pleine  terre;  de  grena¬ 
diers  etc.  Sur  des  citronniers  on  a  enté  de  la  vigne, 
du  figuier,  du  rosier,  et  tous  ont  fleurs  ou  fruits.  Le 
jardinier  vient  d’y  joindre  un  bois  d’arbres  Américains 
et  un  jardin  botanique.  Un  superbe  laurier  noble ,  est 
connu  sous  le  nom,  arbre  de  Bonaparte ,  pareeque  l’Em¬ 
pereur  se  reposa  à  son  ombre  et  le  mesura.  La  rotonde 
du  Comte  Vitalini  est  d’un  beau  goût.  Les  souterrains 
du  château  forment  un  appartement  en  mosaïque,  vrai¬ 
ment  délicieux,  appelé  l'appartement  d'ète.  On  y  ad¬ 
mire- de  belles  copies  de  chefs  -  d’oeuvres  antiques,  et 
un  buste  d’Achille,  très -estimé.  Dans;  les  apparte¬ 
nions  supérieurs,  l’on  trouve  la  bibliothèque,  et  plu¬ 
sieurs  tableaux.  Quelques  paysages  de  Tempesta ,  et 
3  tableaux  de  Giordano  ,  sont  les  seuls,  qui  méritent  de 
.fixer  l’attention.  L'Isola  madré  peuplée  de  faisans,  est 
agreste  ,  simple  et  agréable.  Un  petit  bois  dé  cyprès,  de 
myrtes  et  de  lauriers,  est  délicieux.  On  trouve  au  bureau 
td'Industrie  à  IVeimnr  trois  estampes -coloréès  alamanfère 
d 'Aberli.  Feu  M.  Kraus  les  a  '  dessinées  'sut  '  les  lieux. 
En  allant  aux  îles  Borromées  et  sur  le  bord  du  lac,  on 
voit  le  château  d 'Arona,  où  nàquit  sS’.  Charles  y  ët  sa 


42 


L'ITALIE.  VILLES. 


statue  colossale  en  cuivre  battu.  Elle  à  112  pieds  de  hati- 
teur  y  compris  les  40  pieds  du  piédestal,  et  semble  do" 
miner  tout  le  lac.  Cette  statue  a  presque  la  même  gran¬ 
deur,  que  la  statue  célébré  de  Néron.  L  Isola  de  pesca- 
tore ,  peu  considérable,  n’a  rien  des  embellissemens  d4s 
auties.  Mais  le  voyageur  y  trouvera  à  l’auberge,  du 
plat  de  poissons  exceliens  ,  du  fromage  de  Suisse  et  un 
vin  rouge  potable.  A  l'isola  btlla  il  faut  tâcher  d’avoir 
un  logement  au  palais,  car  l’auberge,  il  Delphino  ,  est 
détestable.  On  vante  aussi  l’auberge  de  Belgirode ,  sur 
ce  lac..  J’ai  visité  ces  îles,  en  venant  de  Domo  d'Os- 
sola,  après  avoir  franchi  les  Alpes  et  les  neiges  éter¬ 
nelles  du  Valais  et  du  Simplon.  JLe  meilleur  parti,  le 
moins  coûteux ;,  et  le  plus  expéditif*  comme  je  l’ai  déjà 
observé,  est  celui  de  se  rendre  directement  de  Milan 
à  Laveno  ,  d’où  l’on  visite  ensuite  le  plus  facilement  les 
îles.  On  trouve  à  Sesto  et  à  Laveno  des  barques  tou¬ 
jours  prêtes.  Le.  prix  ordinaire  est  de  10  à  15  livres  de 
France,  et  pour  une  barque  à  4  rameurs,  de  18  livres. 
11  faut  1°.  choisir  la  barque  la  plus  large  et  îa  plus 
•  solide,  et  faire  prix  pou'r  4  rameurs:  2°.  retenir  pour 
tout  le.  jour  la  barque  à  son  service,  et  convenir' que 
l’on  s’arrêtera  à  Arona ,  à  l'isola  bella ,  et  à  l'isola 
madré.  Si  l'on  revient  par  Varese ,  on  peut  aller  voir 
Corne ,  (en  5  heur-,  30  min.  de  tems*)  que  les  Italiens, 
à  cause  de  pluies  fréquentes  qui  y  tombent,  ont  sur¬ 
nommé  Yurinajo  délia  Lombardia  \  mais  dont  le  lac  est 
le  plus  agréable  de  tous  ceux  qui  sont  aux  pieds  de-* 
Alpes.  L’aspect  de  ce  lac,  (élevé  de  654  pieds  de  Paris 
audessus  de  la  mer  ;  f  vu  du  port,  ou  du. balcon  de  l’au¬ 
berge  de  S.  Angelo ,  forme  un  tableau  bien  agréôble. 
Cest  à  Corne,  ville  charmante  ,  que  commence  à  bnllér 
la  belle  architecture  italienne  et  grecque  II  y  u  Ufn 
lycée,  une  société  des  sçienees  et  arts,  et  un  collège 
d’éducation.  On  n’oubliera  pas  de  faire  une  petite 
promenade  en  bâteau  à  la  Villa  Pliniana  et  à  la  bolle 
Villa  Danzi,  pour  voir  cette  fontaine,  dont  Pline  parlé, 
et  qui  a  le  flux  et  reflux  comme  la  mer.  A  Morbegno 
sur  le  lac  de  Côme,  il  y  a  une  auberge,»  qui  rivalise  a.ec 
celles  de  Milan.  (^Consultez  pour  ce  voyage  aux  îles  et 
à  Côme:  Viaggio  ai  trè  lagki  Maggiore ,  di  Lugano , 
e  di  Çomo  . e te.-,  dic  Carlo  Amoretti.  Milano  1803.  avec 
trois,  cartes.  )  ei 

MODEISL.  Population,  550,000.  h-. 


L’ITALIE.  VILLES 


43 


Edifices  remarquables.  Curiosités.  —  Le  palais  du¬ 
cal  :  (le  plus  bel  édifice  de  Modène;  c’était  là  qu’était 
placée,  la  Nuit  de  Corrige,  à  présent  à  Dresde.)  —  La 
cathédrale:  (on  montre  dans  un  soûterrain  de  la  tour 
de  marbre,  nommée  Ja  Guirlandina ,  l’une  des  plus  élé- 
vées  d'Italie,  un  vieux  seau  de  bois  suspendu  à  une 
chaîne;  c’est  le  seau  immortalisé  par  le  poème  de  Tas- 
soni ,  intitulé  la  secchia  rapita.  )  —  L’arsenal  —  la 
strada  maestra:  (superbe  rue,  où  est  placée  une  statue 
éguestre  du  dernier  Duc.)  Le  canal  de  navigation. 
(L’eau,  que  l’on  boita  Modène,  est  excellente.  Un  trouve 
à  Modène,  des  bains  publics  e.t  une  société  agréable.) 

Collections.  Cabinets.  La  bibliothèque,  ci-devant 
l’une  des  plus  belles  de  l’Europe,  le  cabinet  de  camées, 
la  galerie  de  tableaux,  et  les  autres  collections  au  pa¬ 
lais  ducal.  (Toutes  ces  collections  ont  dû  payer  leur 
tribut  à  Paris:  de  plus  feu  le  Duc  de  Modène  a  fait 
transporter  en  Allemagne,  ce  qu’il  y  avait  de  plus  pré¬ 
cieux  et  de  plus  rare  dans  ses  collections.) 

EtabLissernens  utiles.  La  société  des  sciences  et  des 
arts;  celle  d’agriculture;  celle  d'arts  mécaniques;  le 
collège  d'éducation. 

Promenades.  L’esplanade. 

Auberges.  A  l'auberge  à  la  place.  % 

Distances.  De  Modène  à  Milan  ,  13  postes;  à  Man- 

toue,  7i/2;  à  Bologne,  3;  à  Florence  ,  12. 

Environs.  Le  château  de  Sassolo  ,  maison  de  plai¬ 
sance  des  ci-d'évant  Ducs;  les  deux  fontaines  minérales 
à  S.  Faustino  ,  à  un  mille  de  Modène,  et  à  San  -  Agata, 
h  un  demi- mille  de  cette  ville:  les  sources  de  pétrole 
à  j Bagnonero. 

Livres  'a  consulter.  ,,Le  pitture  e  sculture  di  Mo- 
dena  indicate  e  descritte  dal  dottore  Pagani.  8-“ 

IV  A  P  LE  S.  -  Long.  310  55'.  43".  (Ile  de  Fer).  Lat. 
0°  50'.  15".  Population ,  380,000  a.  y  compris  les  fau- 
ourgs.  (]JÆ.  Galant i  porte  le  nombre  des  Lazctroni 
.  60,000.)  , 

Edifices  remarquables.  Curiosités.  (Nous  désigne¬ 
rons  par  un*,  ce  qui  mérite  le  plus  l’attention  du  vo¬ 
yageur.)  *  Le  palais  du  roi  (embelli  par  la  création 
d’une  superbe  place,  et  par  la  démolition  de  deux  égli¬ 
ses  qui  l’obstruaient.)  —  *  le  théâtre  de  St.  Charles  — 
l’arsenal  de  la  marine  — le  château  neuf— la  place  Largo 
di  Castello  —  *  la  voûte  et  la  corvpole  de  l’ église  S.  Fer- 


44 


L’ITALIE.  VILLES. 


flinanclo;  (le  plus  bel  ouvrage  à  fresque,  de  Mattéis.)  — . 
l’église  de  la  vierge  delaSoledad:  (au  maître  autel  une 
descente  de  la  croix  de  Giordano.)  —  le  château  de 
l’oeuf  —  la  façade  de  l’église  de  Ste.  Thérèse  des  Car¬ 
mes  déchaussés  —  *  le  beau  quai  Chiaia  —  l’église  de 
Piedigrotta:  (on  y  fait  chaque  année  le  8  Septembre  une 
*  procession,  qui  est  la  plus  célèbre  de  Naples;  l’image 
miraculeuse  qui  a  fait  la  réputation  de  cette  église,  est 
sur  le  grand  -  autel.)  —  le  château  S.  Elme  —  *  le  cou¬ 
vent  des  Chartreux,  métamorphosé  sous  Joachim  dans 
un  hôtel  d’invalides;  (dans  la  plus  belle  position.  Les 
jardins  et  surtout  le  belvédère  qui  est  sur  une  petit» 
terrasse,  sont  une  chose  unique  en  Italie.  La  vue  sՎ 
tend  môme  jusqu’au  château  de  Caïerte.  Un  admire 
dans  la  sacristie  le  plafond  de  Ginrdano ,  et  le  Christ 
mort  de  V Espagnolet.  La  Pharmacie  et  les  caves  mér'- 
tent  aussi  d’être  vues.  On  sait  quelle  réponse  un  reli* 
gieux  Chartreux  fit  a  une  grande  Princesse  allemande, 
qui  se  répandait  en  éloges  des  beautés  de  la  situation 
du  couvent:  Transeuntibu s!  répondit  tristement  le  re¬ 
ligieux:  réponse  d’un  sens  aussi  profond,  qu’orrgiuale  et 
piquante.  )  —  léglise  de  S.  Gennarello  :  (où  fut  faite  pour 
la  première  fois  la  liquéfaction  du  sang  de  S.  Janvier.) 

—  le  belvédère  du  Prince  Caraffa  —  le  couvent  des  Caî- 
maidules  —  le  château  de  Capo  di  Monte  et  l’observa¬ 
toire  y  construit  en  1814-  [la  nouvelle  route  entre  Capo 
di  Monte  et  Capo  di  Chiara ,  est  une  *  promenade  déli¬ 
cieuse,  surtout  dans  les  matinées] —  *le  palais  Miradois: 
(c’est  une  des  plus  belles  situations  des  environs  de  Na¬ 
ples,  oii  elles  sont  toutes  charmantes.)  —  *  les  catacom¬ 
bes  de  5.  Janvier  :  (elles  sont  bien  plus  grandes  et  pic» 
belles  que  ce-lles  de  Rome)  —  la  douane  —  l’église  de  S. 
Pietro  Martire  ;  (il  y  a  dans  le  cloître  une  source,  où 
l’on  ouise  de  l’eau  pour  le  Roi,  dans  un  réservoir  fer¬ 
mé  à  clef;  le  reste  de  l’eau  sert  au  public.)  l’églis® 
de  S.  Maria  la  nuova:  (*  une  adoration  des  Mages,  par 
Giordano  et  *  deux  enfans  peints  par  le  même,  à  Page- 
de  8  ans.'  —  *  monte  Oliveto;  (c’est  an  des  plus  fameux 
couvens  de  la  ville  do  Naples)  —  Péglise  Ste.  Anne  de 
Lombardie:  (*  l’enfant  Jésus  et  la  Vierge,  qui  donnent 
le  rosaire  à  Sfr.  Dominique,  beu  tableau  de  Lanfranc  ) 

—  *  la  rue  de  Tolede:  (la  plus  belle  etla  plus  grande 
rue  de  Naples,  peut  -  être  de  l’Italie:  elle  a  pi  ès  de 
$00  toises  d'alignement.  La  StracLa.  nova  y  doit  abo«- 


L’ITALIE.  VILLES. 


45 


♦ir  ;  cette  nouvelle  Strada  mérite  d’être  mise  a  côté  des 
ouvrages  les  plus  hardis  de  l’ancienne  Rome.  —  l’église 
du  St.  Esprit  :  (le  tableau  le  plus  .remarquable  est  celui 
du  rosaire,  par  Giordano .)  —  la  place  délia  Carita:  (c’est 
où  se  tient  le  marché  aux  fleurs,  aux  fruits,  aux  légu¬ 
mes  etc.)  —  l’église  de  la  Madanne  des  7  douleurs:  (le 
troisième  dimanche  de  Septembre ,  on  y  célèbre  sa  fête.) 

—  l’église  de  la  Ste.  Trinité  :  (on  assure  que  le  *  cloître  des 
religieuses  est  le  plus  beau  qu’il  y  ait  en  Italie.)  — 
l’aiguille  de  marbre  du  Père  Pepe  —  l’église  de  St.  Chia* 
rer  [trop  surchargée  de  dorure,  et  de  magnificence; 
mais  on  y  remarque  *  deux  colonnes  antiques,  dites  du 
temple  (le  Salomon,  et  une  *  urne  de  la  plus  grande 
beauté]  —  *  le  couvent  de  Ste.  Claire:  (c’est  le  plus  cé¬ 
lèbre  de  Naples;  les  religieuses  sont  de  la  première  no¬ 
blesse)  —  le  palais  ’cfella  Rocca  —  l’église  de  S.  Jean  le 
majeur:  (c’était  autrefois  un  temple,  que  l’empereur 
Adrien  avait  fait  élever  à  Antinous.  Il  en  reste  encore 
quelques  *  colonnes  cannelées  antiques.)  —  *  le  couvent 
de  S.  Domenico  maggiore:  (une  sainte  famille,  de  Fra - 
Bartolomei  ;  un  tableau  de  Titien  ;  plusieurs  tombeaux, 
•ntre  autres,  creux  de  Charles  II.,  du  bon  Alphonse  d’A,r- 
ragon,  et  du  marquis  de  Pescara,  l’un  des  grands  capi¬ 
taines.  de  son  tems.  La  *  procession  du  rosaire ,  le  pre¬ 
mier  dimanche  d’octobre,  est  une  des  grandes  et  belles 
cérémonies  de  Naples.)  —  le  palais  Caraffa;  (il  est  re¬ 
marquable  par  beaucoup  de  *  monumens  d’antiquité.) 

—  l’église  Sauta- Maria -Maggiore;  (ancien  temple  de 
Diane.)  —  l’église  de  St.  Paul:  (*  la  sacristie  est  une 
des  curiosités  de  Naples,  h  cause  des  peintures  de  Soli- 
mène.)  —  *l’église  de  S-  Philippe  de  Neri:  (l’une  des  plus 
belle»  églises  de  Naples  et  même  des  plus  remarquablés 
en  Italie.)  —  *  la  cathédrale:  (le  roi  André  de  Hongrie, 
qui  fut  étranglé  à  A  versa,  y  est  enterré.  Le  trésor  ou 
la  chapelle  de  S.  Janvier,  est  la  plus  belle  partie  de  la 
cathédrale.  Dans  une  niche  h  porte  d’argent,  derrière 
l’autel,  on  conserve  dans  un  ostensoir,  deux  ampoules 
ou  fioles  de  verre,  qui  contiennent  le  sang  de  S.  Jan¬ 
vier.)  —  *  l’église  des  Sts.  Apôtres:  (c’est  une  des  plus 
belles  églises  et  des  plus  ornées,  qu'il  y  ait  à  Naples  et 
même  dans  toute  l’Italie.)  —  la  Vicaria,  ou  le  palais  de 
Justice:  (on  comptait  sous  l’ancien  régime  à  Naples  plus 
de  30,000  avocats,  procureurs,  et  hommes  de  robe.) — 
l’hôpitai  général,  où  l’annunziata  il  Mercata ,  ou  la 


L’ITALIE.  VILLES. 


46 

place  du  marché  :  (la  plus  ancienne  de  Naples,  et  la  plu» 
fréquentée  par  la  populace.  Ce  fut  là  que  fat  décapité 
1  e  jeune  Conradin.  On  a  bâti  une  *  petite  chapelle  et 
placé  une  croix ,  dans  l’endroit  même  de  celte  indigne 
exécution.)  —  l’église  des  Carmes:  (on  y  voit  le  *  tom¬ 
beau  du  jeune  Conradin  près  de  la  porte  de  la  sacristie. 
On  fait  remarquer  le  crucifix  placé  au  milieu  de  cette 
église,  qui,  selon  la  tradition  du  pays,  baissa  la  tête, 
pour  éviter  un  coup  de  canon;  on  montre  même  le  bou¬ 
let.  Le  principal  dortoir  des  Carmes  est  très-beau,  et 
donne  sur  la  mer;  on  y  montre  l’endroit,  ou  Masa- 
niello  fut  assassiné  ,  38  jours  après-  l'établissement  de 

son  pouvoir  en  1647.)  •—  la  caserne  de  la  eavalerie  —  le 
château  de  Poggio  reale  —  la  grotte  des  chauvesou- 
ris ,  et  l’église  St.  Maria  del  Pianto  ;  (devant  cette 
église ,  le  coup  d’oeil  est  admirable.)  —  (l’église  des 
Théatins,  a  été  un  temple  de  Castor  et  Pollux:  on  y 
voit  encore  *  deux  belles  colonnes  d’ordre  corinthien.) 
—  *  Franca- Villa:  (palais  royal;  plusieurs  tableaux  esti* 
més  de  Conaletti ,  de  Salvatere  Rosa ,  de  S chidone.  Plu¬ 
sieurs  couvens  et  églises  ayant  été  supprimés  ou  sécu¬ 
larisés,  il  se  pourrait  bien,  que,  faute  de  renseigne¬ 
ment ,  nous  en  citons,  qui  n’existent  plus;  il  faut  alors 
^informer,  où  ont  été  transportées  les  curiosités,  que  ces 
eouvens  et  églises  ,  renfermaient* 

Spectacles.  Fêtes  publiques ,  Le  théâtre  de  S-  Char¬ 
les:  (c’est  de  tous  les  théâtres  modernes  de  l’Italie,  le 
plu»  remarquable  par  sa  grandeur;]  le  théâtre  neuf:  le 
théâtre  de  Fiorentini;  (tous  les  spectacles  de  Naples, 
jouent  le  samedi  et  le  dimanche;  ils  prennent  encore 
chacun  un  autre  jour  de  la  semaine,  comme  le  mercre¬ 
di  où  le  jeudi,)  le  carnaval:  (il  est  très  -  brillant.)  la  Co¬ 
cagne  :  (depuis  quelques  années  elle  a  été  supprimée.)  — 
La  veille  de  Noël  on  se  distingue  par  la  dévotion  à  la 
vierge;  il  y  a  des  Madonnes  dans  presque  toutes  les 
rues,  et  l’on  tire  des  fusées  devant  chacune.  On  fait 
dans  les  maisons  des  crèches,  Presepi ,  pour  lesquelles 
on  dépense  quelquefois  jusqu’à  6o,coo  francs.  Des  jou¬ 
eurs  d’instrumens  viennent  de  la  Calabre  ,  avec  des  mu¬ 
settes,  des  guitarres,  des  tambours  de  basque,  des  cro¬ 
tales,  tout  le  monde  danse  et  chante  plus  qu’en  tout 
autre  tems.  On  voit  dans  les  rues,  surtout  dans  la  Str* - 
dadelpopolo,  des  eafés  ambulans,  des  tas  de  viande 


L’ITALIE.  VILLES.  47 

et  le  peuple  boit  et  mange  à  outrance.  —  les  courses  des 
chevaux  dans  les  rues  de  Çhiaia  et  de  Tolède.  — 

Promenades.  Platamone :  (promenade  sur  le  bord  de 
la  mer,  assez  élevée  pour  qu’on  y  jouisse  de  la  plus, 
belle  vue.)  —  Chiaia:  (quai,  qui  a  près  de  1,000  toises 
de  longueur;  on  y  a  planté  en  1779  tr°is  rangées  d’arbres 
en  berceaux,  défendues  par  des  parapets  et  des  grilles, 
ornées  de  fontaines,  de  statues,  de  treillages,  de  ga¬ 
zons,  de  parterres  et  d’orangers:  on  y  a  bâti  des  ter¬ 
rasses,  des  casinos,  des  cafés,  des  billards  :  c’est  une 
des  plus  belles  propienades  qu’il  y  ait  dans  l’univers. 
La  foire  du  mois  de  Juillet  se  tient  à  présent  k  Chiaia.') 
—-la  promenade  et  le  corso  aux  jardins  de  la  villa  reale: 
(entouré  de  bains,  de  cafés,  et  de  deux  Casino.  Cette 
place  et  cette  superbe  promenade,  vient  de  recevoir 
nombre  d’embellissemens  ,  d’après  les  dessins  et  le  plan 
de  M.  Kniep ,  peintre-paysagiste  allemand.  Un  grand 
nombre  des  statues  la  décorent,  parmi  lesquelles  on  doit 
distinguer  le  chef  -  d’oeuvre  de  l’antiquité,  le  Taureau 
Farnèse ,  ci-devant  à  Rome.)  —  les  promenades  sur  le 
Mole ,  et  sur  le  nouveau  quai,  qui  conduit  au  pont  de 
la  Madelaine. 

■  Etablissemens  littéraires  et  utiles.  L’université:  l’a¬ 
cadémie  des  sciences,  fondée  en  i?87*  L’école  militaire; 
l’académie  de  peinture.  Les  académies  des  Otiosi,  In- 
tronati,  Ardenti  etc.  L’académie  Herculane. 

Collections.  Cabinets.  Les  bibliothèques  publiques 
du  Seggio ,  des  Hiéronimites ,%  et  du  Prince  de  Tarfia  : 
les  bibliothèques  des  Carmes,  des  Capucins  à  St.  Jefré- 
mo,  de  St.  Jean  de  Carbonara  etc.  Les  collections  de 
l’école  militaire,  car  celles  d eCapo  di  Monte  n’existent 
que  de  mémoire. •*-  GliStudj.  Ce;vaste  bâtiment  que  déjà, 
le  Roi  Ferdinand ,  avoit  choisi  pour  servir  de  Musée,  en 
mérite  bien  le  nom.  Ses  collections  sont  ouvertes  de  8 
et  12  heures  du  matin,  et  de  2  —  4  heures  de  l’après  midi. 
Une  école  des  arts  y  est  établie  ,  et  l’académie  royale 
et  celle  d’Herculanum ,  y  tiennent  leurs  séances.  On  y 
trouve  réuni:  1.  La  bibliothèque:  on  pofte  le  nombre 
de  ses  volumes  â  80  —  130,000,  et  celui  des  manuscrits  k 
4000.  2.  La  galerie  des  antiques,  oii  l’on  trouve  tout  ce 


L’ITALIE.  VILLES, 


48 

qu’on  admira  ci-devant  au  palais  Farncse  et  a  Portici. 
3.  La  collection  des  vases  étrusques  :  plusieurs  des  cham¬ 
bres  sont  pavées  de  mosaïque  antique;  l’une  des  vases 
renferme  encore  les  cendres  du  mort.  4.  Les  célèbres 
Papyrus  du  Herculanum.  5.  La  galerie  des  tableau*, 
ei-  devant  à  Capo  di  Monte,  aux  Palais  Farnèse  et  Fran- 
cavilla  ;  de  même  que  les  tableaux  antiques  du  Hercu¬ 
lanum.  Les  statues  du  premier  rang,  tels  que  V Hercule 
Farnèse ,  la  Flore,  1  eTorso  et  les  bronzes  de  Portici  ornent 
ce  Musée.  Le  retour  du  légitime  souverain,  y  ramènera 
sans  doute  aussi,  les  statues,  les  bronzes,  et  d’autres 
antiques  de  prix,  que  l’on  avait  sauvé  dans  les  tems 
d’usurpation  à  Palerme.  Ne  cherchez  plus  à  Portici , 
ce  que  les  anciens  voyageurs  y  voyaient.  —  La  col¬ 
lection  des  vases  étrusques  chez  Vcnuti  etc.  —  A  NjJa , 
à  3  lieues  de  Naples  la  collection  des  vases  étrusques  de 
la  famille  Vivenzio  :  c’est  la  plus  nombreuse  qui  existe 
à  présent. 

Fabriques.  Manufactures.  D’étoffes  d’or  et  d’argent  ; 
de  taffetas;  de  bas  de  soie  tricotés;  de  mouchoirs  de 
soie;  de  cordes  de  violon;  de  giallolino  ;  de  porcelaine; 
de  bougies  ;  de  pâtes  fines,  ou  ce  qu’on  nomme  en  gé¬ 
néral  maccaroni  (on  distingue  plus  de  20  sortes  de  ces 
pâtes.)  Les  savons;  les  essences  ;  les  fleurs  artificielles; 
les  confitures;  les  diavolini.  (Choses  très-recherchée» 
des  étrangers.  L’apothicairerie  du  couvent  des  Olivé~ 
tains  est  renommée  pour  les  odeurs,  les  pommades,  et 
les  savons  parfumés,  qu’on  y  débite.)  Des  tables  incru¬ 
stées  de  pierres  dures;  de  jolies  tabatières  d’écaille  etc. 
ü ega,  est  le  nom  d’un  artiste  connu  et  célèbre  dan» 
l’art  des  camées ,  et  dans  la  gravure  des  pierres  hues. 

Auberges.  Au  grand  -  hôtel  garni,  ou  k  la  Grande  - 
Brétagne  ;  (auberge  excellente,  et  dans  une  situation  dé¬ 
licieuse.)  Albergo  reale;  Albergo  aux  4  nations:  Al- 
bergo  alla  Crocellaj  très -bonne:  (on  jouit  dans  toute» 
ces  auberges  de  la  belle  vue  du  Pausilippe,  du  Vésuve, 
et  du  Golfe). 

Coup  d'oeil;  aspect  de  la  ville.  L’aspect  de  Naples 
doit  être  compté  parmi  ce  qu’il  y  a  de  plus  beau  au 
monde.  Un  ne  peut  lui  comparer  que  la  rue  de  Con- 


L’ITALIE.  VILLES. 


49 


•tantinople  et  celles  de  Gènes ,  qui  en  approche  le  plus. 
Naples  doit  être  vue.  i.  du  quai,  qui  côtoie  la  petite 
église  del  porto,  près  de  Pausilippe.  2.  du  haut  des  Char¬ 
treux.  3.  du  jardin  des  Caraaldules ,  et  en  sortant  de  la 
nouvelle  entrée  de  la  Strada.  4.  du  château  de  Portici. 
5-  dans  une  barque,  à  quelque  distance  du  port.  Cette 
dernière  vue  est  préférable  aux  autres.  Sur  aucun  hôri- 
son  le  soleil  ne  mérite  si  bien  l’épithète  d 'aureus.  Il  se 
lève  derrière  le  Vésuve ,  pour  illuminer  le  coteau  riant 
d  e~Posilippo ,  et  le  sein  du  plus  beau  golfe  de  l’univers, 
uni  comme  un  miroir,  et  rempli  de  bâteaux,  tous  ed 
mouvement.  L’objet  qui  termine  la  perspective,  est  l’ile 
de  Caprée.  Les  charmes  de  la  nature  étourdissent  ici 
sur  les  abîmes  qui  s’ouvrent  sous  les  pas  des  Napolitains. 
La  nature  leur  a  fait  don  de  deux  préservatifs  contre  un 
mal  nécessaire ,  l'habitude  et  V espérance'.  Le  climat  de 
Nap les  étant  fort  chaud,  on  est  aussi  plus  exposé  aux 
insectes.  Les  lits  n'ont  point  de  rideaux -à  cause  de  la 
chaleur;  mais  on  les  couvre  avec  des  gazes  pour  se  ga¬ 
rantir  de  la  Zanzara ,  qui  est  une  espèce  de  cousin  très- 
incommode,  et  l’on  fait  les  montures  de  lits  avec  du  fer, 
pour  mieux  se  préserver  des  insectes.  La  tarantule  est 
une  grosse  araignée,  qui  a  8  pieds  comme  les  nôtres,  et 
dont  le  corps  est  composé  de  deux  parties  séparées  par 
un  canal  très  -  mince.  Tous  les  physiciens  mettent  à 
présent  au  nombre  des  erreurs  populaires  sa  piqûre,  et 
tous  les  effets  qu’on  en  raconte.  —  Naples  est  à  présent 
éclairé  par  des  réverbères. 

JPlan.  Plan  de  la  ville  de  Naples  ,  par  M.  Perrier. 

Livres  à  consulter.  Suivant  M.  de  Morgenstern  on 
manque  de  bons  guides  de  fraîche  date;  le  premier  Ca¬ 
hier  de  son  Voyage  suppléera  à  ce  défaut,  de  même  que 
le:  Gemâlde  von  Neapel  und  seinen  Umgebungen:  von 
P.  J.  Réhfues.  Zurich  1808*  8*  trois  vol.  [tableau  demain 
de  maître.] 

Distances,  De  Naples  à  Capoue  2  postes;  à  Rome 
I8ty2i  à  Florence  40V2  ;  à  Bologne  49I/2. 

Environs.  V.  comme  Guide  général:  Memorie  su  t 
monuments  di  antichita  e  di  belli  arti ,  ch' euistono  in 
Miseno,  BaoLi  ,  Baja  Cuma ,  Pozzuoli ,  Napoli  ,  Capua 
untica ,  Ercolano  ,  Pompei  rd  in  Pesta.  Napoli .  1812.  4. 
avec  un  vol.  de  gravures.  Publié  par  Robert  Paolini  et 
Nicolas.  J.  Voyage  au  Vésuve. 

C'est  la  montagne,  qui  comme  le  disait  avec  vérité, 
mn  capucin  à  une  dame  anglaise,  vomit  de  l’or,  pas  ta 
G.  d.  Yoj.  X.  XI.  S 


L’ITALIE.  VILLES. 


5° 

quantité  d’étrangers  qu’elle  attire.  Elle  est  à' troislieue» 
de  JVaples,  et  à  une  lieue  de  la  mer. 

La  première  éruption  dont  il  soit  fait  mention  dan# 
l’histoire  ,  (car  on  n’a  que  par  la  tradition  des  indices 
faibles  et  peu  certaines  qu’il  y  en  ait  eu  dans  l'antiqui¬ 
té)  arriva  le  4.  Août,  l’an  79.  de  l’ère  chrétienne.  Le» 
villes  < VJiercàlanum  et  de  Pompéïa  furent  engloutiis 
.sous  les  cendres  et  autres  matières  qui  en  sortirent,  et 
Pline-le  -  naturaliste  ,  pour  s’en  être  approché  de  trop 
près,  y  perdit  la  vie.  L’éruption  de  l’année  472  fut  si 
terrible,  que  les  habitans  de  Constantinople  en  firent 
effrayés,  et  que  l’empereur  Léon  J.  sortit  de  la  ville. 
Celle  de  l’année  1779  fut  presque  aussi  forte.  M.  B  ooke 
donne  des  détails  curieux  sur  l’explosion  du  Vésuve , 
pris  sur  les  lieux  a  minuit,  en  Juin  1794,  lorsque  la 
belle  ville  de  Torre  del  Greco  fut  détruite  par  la  lave 
brûlante,  qui  se  précipita  de  la  montagne.  La  dernière 
éruption  se  fit  au  mois  de  décembre  1805.  On  estima  le 
dégât  à  6oo,oco  piastres,  et  la  lave  forma  un  nouveau 
promontoire,  justement  à  l’endroit  même  de  la  lave  de 
1794.  Cette  éruption  est  très -bien  décrite  dans  un  jour¬ 
nal  allemand:  Neue  Berlinische  Monatsschrift.  April% 
1806.  C’est  le  tableau  le  plus  fidèle,  tracé  par  un  témoin 
oculaire,  avec  tout  l’enthousiasme,  que  doit  produire 
un  spectacle  et  sublime  et  terrible. 

On  trouve  à  Portici ,  sur  la  grande  place,  un  con¬ 
cours  de  Ciceroniy  ou  guides,  qui  sont  sous  le  com¬ 
mandement  d’un  chef,  et  qui  se  chargent  des  mulets  et 
de  tout  ce  dont  on  a  besoin,  pour  monter  sur  le  Vésuve • 

Il  y  a  trois  chemins  qui  conduisent  à  cette  mon¬ 
tagne;  l’un  au  nord,  du  côté  de  é aint  -  Sebastien  et  de 
Somma.  Le  second  à  l’ouest  par  Résina ,  et  le  troisiè¬ 
me  à  l’est,  du  côté  d' Ottaiano.  Celui  par  Résina  est  le 
plus  fréquenté  et  le  plus  difficile.  Il  faut  environ  sept 
heures,  par  ce  chemin,  pour  parvenir  au  sommet  du 
Vésuve.  De  Portici ,  on  y  parvient  en  deux  heures  et 
demie.  On  se  sert  de  mulets  pour  monter  jusqu’à  la 
plate  forme.  Si  l’on  prend  le  chemin  de  St.  Sébastien, 
on  peut  aller  jusque-là  en  voiture;  on  prend  des  ânes 
à  St.  Sébastien  ,  pour  parvenir  jusqu’à  l’hermitage  do 
S.  Salvador ,  qui  en  est  à  environ  cinq  quarts  d’heure 
de  chemin.  L’hermite  offre  aux  étrangers,  du  vin,  des 
fruits  et  tout  ce  qu’il  peut  offrir.  Le»  personnes ,  qui 


L’ITALIE*  VILLES.  51 


aiment  la  tonne  chère,  ont  soin  d’y  faire  porter  ce 
qu’elles  désirent. 

De -là  on  va  à  pied  pendant  environ  une  heure  Jus¬ 
qu’à  une  pente  assez  roide  qu’il  faut  gravir;  et  quoi¬ 
qu'on  n’ait  plus  que  355  toises  à  monter,  on  emploie  en¬ 
core  près  d’une  heure  à  les  franchir;  parceque  le  sol  sur 
lequel  on  marche,  couvert  de  pierre -ponce ,  de  sable 
et  de  cendres,  cède  sous  les  pas,  use  les  semelles  des 
souliers,  ou  leâ  brûle,  si  on  est  obligé  de  marcher  sur 
de  la  nouvelle  lave  ,  et  blesse  1er  pieds.  Il  faut  se  tenir 
ferme  à  la  ceinture  ou  à  la  corde  du  paysan,  ou  guide; 
le  guide  ordinaire  des  étrangers  était  ci-devant  Barto- 
lomeo ,  surnommé  le  cyclope  du  Vésuve:  j’ignore  s’il  est 
encore  .en  vie. 

On  arrive  enfin  sur  la  plate-forme  du  Vésuve ,  qui 
était  autrefois  le  sommet  de  la  montagne,  et  qui  est  au¬ 
jourd’hui  une  petite  colline  de  quatre  -  vingt  pieds  de 
haut  et  de  200  en  talus,  qui  s’est  formée  lors  de  l’érup¬ 
tion  de  l'année  1755. 

C’est  au  sommet  de  cette  montagne  qu’est  situé  Te 
erat'ere ,  ou  la  bouche  du  volcan,  d’où  la  flamme  sort 
continuellement,  et  dont  la  forme  change  si  fréquem¬ 
ment,  qu’il  est  impossible  d’en  donner  une  description 
certaine.  En  1801,  huit  Français  hasardèrent  l’entreprise 
de  descendre  dans  ce  cratère.  Suivant  le  récit  d’unvoya- 
geur  moderne  de  1803,  cette  entreprise  n’est  nullement 
périlleuse.  En  général ,  il  ne  faut  pas  s’imaginer,  que 
ce  voyage  soit  dangereux»  car  Mail.  Piozzi  l’a  fait  avec 
une  dame  qui  y  mena  avec  elle  un  enfant  de  quatre  ans, 
et  qui  fut  avec  lui  jusqu’au  bord  du  cratère.  Madame 
le  Brun  y  monta  aussi .  en  T796  avec  ses  deux  enfans.  La 
description  charmante  que  Madame  le  Brun  a  tracée  de 
sonvoyage  au  Vésuve,  (Voyez  :  Prosaische  Schriften  von. 
F.  le  Brun.  Pageyfâsv.  du  û^mc  volume .)  devrait  être  sous 
les  yeux  de  chaque  voyageur  Vésuvien. 


^Consultez  en  lithologiste  le  petit  livre  :  Saggio  dï 
Lithologia  Vesuviana  da  Cavalière  Giovani.  JSapoli 
1790  et  soyez  muni  du  Guide,  que  le  sieur  Gaëtano  d’An- 
cona,  9.  publié  en  1803.  (V.  Route  à  Portici  etc.)  On 

compte  143  ouvrages  imprimés  qui  traitent  de  ce  volcan. 
D’après  les  remarques  de  Mr.  de  Salis ;  il  paraît  que 
lorsque  le  vent  vient  du  sud,  ou  de  l’ouest,  et  qu’il  pousse 

E  2 


52  L’ITALIE.  VILLLS. 

les  vagues  de  la  mer  vers  la  côte,  le  volcan  est  plus 
agité.  Il  se  vend  à  Portici  et  à  Naples  des  ouvrages 
faits  de  lave,  et  autres  productions  du  Vésuve.  (Elévat. 
4u  Vésuve  au-dessus  de  la  mer:  3690.  anc.  p.  de  Paris.) 

2.  Voyage  à  P aestum. 

On  compte  de  Naples  à  Paesturrifâ  milles  d’Italie;  on 
peut  y  aller  et  en  revenir  commodément  en  trois  jours. 
En  hiver  et  au  printems  on  va  le  premier  jour  jusqu’à 
Salerne ,  où  l’on  couche.  Mais  depuis  le  mois  de  juin 
jusqu’à  celui  d’octobre,  l’air  de  cette  contrée  est  très- 
mal -sain  pour  les  étrangers;  alors  on  s’arrête  à  Vietri. 
Pendant  les  séjours  que  l'on  fait  en  automne  à  la  cam¬ 
pagne,  et  pendant  la  grande  foire  qui  se  tient  à  Salerne , 
cette  route  est  très  -  fréquentée.  On  passe  aux  environs 
de  Portici  j  de  Résina ,  de  Pompéii ,  qu’on  laisse  à 
droite,  de  sorte  qu'en  faisant  cette  tournée,  on  peut  voir 
ce  que  tous  ces  endroits  ont  de  remarquable.  Ensuite  on 
entre  dans  la  vallée  de  Nocera.  11  faut  voir  en  passant 
l’église  deSte.  Maria  Maggiore ,  qui  sans  contredit,  pa¬ 
rait  être  une  des  plus  anciennes  de  la  chrétienté. 

On  ne  peut  trop  recommander  les  vues  des  environs 
«le  la  Cava  (V.  les  tableaux  et  les  lettres  de  Mad.  le  Brun.) 
et  celles  de  Vietri ,  dans  le  golfe  de  Salerne.,  à  ceux  qui 
aiment  à  peindre  des  paysages.  Derrière  Salerne ,  on 
passe  dans  un  bac  la  rivière  de  Salsa.  Les  bâteliers  qui 
conduisent  ce  bac,  sont  pour  la  plûpart  des  malfaiteurs 
qui  trouvent  ici  un  asile ,  et  qui  ressemblent  plus  à  des 
ombres,  qu’à  des  êtres  vivan9  ;  cause  qu’il  faut  attribuer 
au  mauvais  air  qu’ils  respirent.  Les  buffles,  les  brebis 
noires,  broutent  les  chardons  qui  croissent  à  présent 
dans  les  marais  d’eau  stagnante,  qui  couvrent  les  en¬ 
droits  où  étaient  anciennement  les  tepidi  rosaria  Pacsti, 
célébrés  par  Ovide.  La  description  des  plus  anciens  et 
des  plus  intéressans  monumens  de  Paestum ,  se  trouve 
dans  un  ouvrage  du  P.  Paolit  intitulé,  Ruine  Aclla 
citta  di  Paesto ,  detta  ancora  Posidonia.  Roma  1748. 
Les  principales  ruines  qu'on  y  trouve  encore,  consistent 
en  celles  de  deux  temples  et  d’un  autre  édifice. 

On  arrive  le  même  soir  à  Salerne  ou  à  Vietri.  Dans 
le-* parvis  de  la  cathédrale  de  Salerne  il  y  a  une  fontaine 
décorée  d’un  vase  antique  de  granit  vert.  Dans  le  vesti- 


L'ITALIE.  AILLES. 


53 

Imle  on  voit  -encore  beaucoup  de  sarcophages  antiques 
ornés  de  bas  -  reliefs;  et  parmi  les  tableaux  des  autels 
il  y  en  a  deux  superbes,  d'André  Sabbatini, 

3.  Route  de  Pozzuoli ,  Bayes  etc. 

La  première  chose  remarquable  est  la  grotte  de  Poz¬ 
zuoli,  ou  de  Pausilippe ,  qui  a  363  toises  de  longueur; 
li  seconde  est  le  tombeau  de  Virgile.  Un  a  replanté  le 
célèbre  laurier,  qui  ombragea  ce  tombeau.  V.  l'ouvra¬ 
ge  recent  de  l’abbé  Romanelli ,  sur  ce  tombeau.  Un  voit 
eccore  dans  l’église  de  Sta.  Maria  del  Porto ,  le  mau¬ 
solée  du  poëte  Sannazar.  Une  seule  fois  dans  l’année, 
la  grotte  ou  caverne  de  Pozzuoli  est  éclairée;  c’est  à 
l’équinoxe  d’automne.  Les  rayons  du  soleil  la  traver¬ 
sent  alors  jusqu’à  l’autre  extrémité.  On  découvre  à  ce 
moment,  toutes  les  fractuosités  de  cette  voûte,  les  tra¬ 
ces  des  chars  antiques,  dont  les  unes  sont  élevés  à  plus 
de  15  pieds  du  sol  actuel,  et  beaucoup  de  noms  inscrits 
sur  les  parois. 

Un  peut  faire  le  voyage  de  Pozzuoli  par  eau,  mais 
xl  est  plus  agréable  lorsqu’on  le  fait  par  terre  en  pas¬ 
sant  par  \a.\Solfatara  et  le  lac  Agnano ,  que  l’on  soupçon¬ 
ne  être  la  -piscine  de  Lucullus.  Le  monastère  des  Ca~ 
maldules  qui  est  sur  une  montagne,  d’où  l’on  jouit  de 
magnifiques  points  de  vue;  San  Salvadore  a  prospetto, 
nommé  à  présent,  S.  M.  Scala  coeli.  La  Grotia  del  Ca¬ 
ne  (grotte  du  chien)  assez  connue.  La  Solfatara.  Non 
loin'  de  là  un  amphithéâtre  ancien  bien  conservé.  Le 
monastère  des  Capucins.  Il  y  a  près  de  l’autel,  une  étu¬ 
ve  naturelle  qui  donne  assez  de  chaleur,  pour  qu’on  y 
puisse  faire  Sécher  du  linge  mouillé.  Daus  lesoûterrain 
qui  ^ert  de  sépulture  aux  moines,  on  montre  des  cadav¬ 
res  qui  sont  préservés  de  la  corruption.  De  là  on  entre 
dans  les  champs  Phi  é  gré  ïens. 

Entre  les  antiquités  qu’on  trouve  à  Pozzuoli  et  dans 
les  environs,  il  faut  distinguer  le  temple  de  Sérapis ;  le 
ponbde  Caligula  ,  l'amphithéâtre.,  les  citernes ,  les  Co- 
lombaria  ;  la  maison,  dite  de  Cicéron,  n’existe  p’us  que 
de  mémoire  etc.  On  offre  aux  étrangers  à  Pozzuoli  des 
médailles,  des  pierres  gravées  à  acheter,  qui,  pour  la 


SM  - 


54 


L’ITALIE.  VILLES. 


ptftpart,  sont  contrefaits  à  Naples ,  et  par  conséquent 
fausses;  des  ouvrages  en  mosaïque,  des  vases  anti¬ 
ques  ,  etc. 

Ces  contrées  et  les  environs  du  lac  Bajanits  ,  étaient 
le  séjour  le  plus  délicieux  des  anciens  Romains  ;  aujour¬ 
d’hui  elles  sont  désertes,  l'air  même  qu’on  y  respire 
est  très  -  mal  -  sain. 

Monte  riuovo  est  une  colline  qui  a  été  formée  par  un 
volcan  qui  l'éleva  du  fond  d'mî  lac  en  1538-  Ce  lac  qui 
était  très  -  renommé  pour  l'excellence  du  poisson  qu’ou 
y  pêchait»  se  dessécha  et  est  comblé  par  la  colline. 

Le  lac  Averno.  Les  bains  de  Néron,  ou  plutôt  les 
thermes  de  Bajae,  si  renommés  dans  l’antiquité.  La 
chaleur  qu'on  y  éprouve  en  y  entrant,  excite  une  sueur 
abondante.  11  ne  faut  entrer  dans  les  galeries  et  dans 
les  salles  qu’avec  précaution,  par  rapport  aux  trous  et 
aux  décombres  dont  elles  sont  remplies.  Les  ruines  des 
tejnples  de  Vénus,  de  Mercure  et  de  Diane.  La  chambre 
de  Vénus,  où  les  paysans  gardent  aujourd’hui  leurs  fû- 
tailles  ;  le  plafond,  orné  de  sculpture,  est  noirci  par  les 
flambeaux  d’une  fumée  très  -  épaisse,  ce  qui  fait  que 
bientôt,  à  force  d'y  regarder  on  n’y  verra  plus  rien.  Le 
terrain  marécageux  ne  permettant  pas  d’y  parvenir  à 
pied  sec,  on  s’y  fait  porter  sur  les  épaules  des  mariniers. 
Le  prétendu  tombeau  d'Agrippine ,  a  plus  l’apparence 
des  restes  d’un  théâtre  que  d’un  tombé*au. 

Les  Cento  Camerelle.  La  Piscina  mirabile ,  qui  n’est 
qu’un .  réservoir.  Les  restes  du  théâtre  de  Lucullus  à 
Miskne.  La  source  d'eau  douce  au  milieu  de  la  mer. 
On  croit  que  c’est  la  sour  e  deDoniitien.  Le  temple  des 
Nymphes.  Les  champs  Elysées.  Le  Mare  morto ,  abon¬ 
dant  en  poissons.  Le  lac  Fusai  a  ou  l’ancien  Achcron. 
La  grotte  de  la  Sj- bille  de  Cumes.  Le  temple  des  Géants. 
La  maison  de  SylLa.  Le  tombeau  de  Scipion  l’Africain, 
nommé  Torre  di  Patrie,  d’après  les  trois  mots  qui  sont 
restés  seuls  entiers  de  l'inscription  de  ce  monument. 

4.  Route  de  Po  tici 5  Hercular.um  ;  Pompé ji  etc. 

Le  château  de  Port  ici  et  quelques  restes  du  célèbre 
Musée,  qui  se  trouve  à  présent,  aux  Sludj  k  Naples. 


55 


L’ITALIE.  VILLES. 

Une  partie  fût  envoyée  à  Paris ,  mais  le  Roi  Ferdinand 
avait  sauvé  les  choses  les  plus  rares,  à  Païenne.  Les 
jardins  du  château.  Les  ruines  d' tler cul anum ,  dont  on 
voit  encore  le  théâtre,  le  reste  étant  comblé.  Les  rui¬ 
nes  de  Pompeji.  Ici  on  parcourt  une  ancienne  ville, 
qu’habitaient  et  fréquentaient  jadis  les  Grecs  et  les  Ro¬ 
mains;  entouré  des  restes  de  l’antiquité ,  parmi  les  mai¬ 
sons,  les  théâtres  et  les  temples.  Le  Prosxetto  etc. 
di  Gaëtano  d' Ancona.  Napoli  1803.  8-  ne  renfermant  pas 
les  découvertes  nombreuses  sous  le  gouvernement  Fran¬ 
çais,  il  faut,  jusgtvà  ce  que  l’ouvrage  de  M  Mazoi*  Sur 
les  ruines  de  Pompé ji,  paraisse,  consulter  les  lettres  du 
célèbre  M.  M illin ,  sur  les  tombeaux  découverts  en.  1812. 
JSlaples.i 814-8-  Lagrande  place  à  Portici  est  toujours  rem¬ 
plie  de  CgÈponi ,  qui  offrent  leurs  services,  et  qui  sont 
sous  l’ir^rection  d’uu  chef.  Je  conseille  aux  voyageurs 
d’emporter  avec  eux  des  vivres’,  dans  leurs  excursions  à 
Pornpèji;  On  s’y  arrête  assez  longtems  ,  et  les  vivres  y 
sont  de  mauvaise  qualité.  Les  ruines  de  Çtabiae.  L’ile 
Caprée ,  célèbre  par  tous  les  excès  de  Tibère. 


Château  royale  de  Caser  te» 

Cette  maison  est  située  dans  la  plaine,  à  peu  de  di¬ 
stance  de  l’endroit  où  était  anciennement  la  voluptueuse 
ville  de  Capoue.  Le  château  est  un  des  plus  superbes, 
des  plus  réguliers  et  des  plus  vastes  de  toute  l’Italie. 
Il  a  été  bâti  d’après  le  pian  de  l’architecte  Vanvitelli. 
Les  jardins  répondent  à  la  grandeur  et  à  la  magnificence 
de  l’ensemble.  On  y  remarque  des  Eucalytus,  des  Bank- 
sia ,  et  des  Camphres  en  pleine  terre,  de  40  pieds  de 
hauteur.  U  aqueduc ,  est  long  de  27  milles  d’Italie  et 
218  palmes.  Mais  sa  partie  la  plus  remarquable  se  trou¬ 
ve  à  une  petite  lieue  de  Caserte.  Le  palais  et  l’aqueduc 
ont  coûté  sept  millions  de  ducats  à  bâtir.  Eu  creusant 
le  grand  aqueduc  on  trouva  à  quatre-vingt  dix  pieds  de 
profondeur,  un  ancien  tombeau.  Il  est  aisé,  de  juger 
de  quelle  antiquité  doit  être  ce  tombeau,  le  sol  étant 
proportionellement  le  même  aujourd’hui  qu’il  était  il  y 
a  deux  mille  ans.  Combien  de  siècles  ne  s’écoulent -ils 
pas  avant  que  le  sol  d’une  vallée  s’élève  de  soixante-dix 


L’ITALIE.  VILLES. 


56 

pieds?  Car  certainement  ce  cadavre  ne  fut  pas  enterré 
à  plus  de  vingt  pieds  de  profondeur. 

Près  de  Casa  te ,  fleurissait  la  colonie.de  Saint  -  Leu* 
cio  ,  établissement  de  manufacture  et  essai  remarqua¬ 
ble ,  quoiqu’on  petit  de  tout  ce  qui  peut  contribuer  à 
l'éducation  du  peuple.  Il  faut  lire  Jes  statuts  et  les  in¬ 
structions  que  le  Roi  Ferdinand  a  écrits  de  sa  propre 
main  à  ce  sujet. 

6.  Voyage  à  l*  Ile  d' I  s  ch  t  a. 

On  compte  quatorze  milles  d’Italie  depuis  Naples 
güsqu’à  la  ville  d'ischia.  Les  bains  qu’elle  renferme  et 
les  étuves  (Stuffa),  vapeurs  humides  qui  ]y*j|kttent  de 
la  terre,  font,  qu’en  été  cette  île  est  très  -  fréquentée 
par  les  malades.  Les  montagnes  nommées  Monte  divico 
ot  dy Eporneo ,  qu’on  dit  être  aussi  hautes  que  le  Fesuve, 
offrent  les  points  de  vue  les  plus  agréables.  L’île  d'I- 
schiu  est  une  production  volcanique  et  nche  en  matiè¬ 
res  très -remarquables  de  cette  espèce.  Son  territoire 
produit  d’excellent  vin,  chaud  et  fort,  que  les  Anglais 
aiment  de  préférence.  L’tle  de  Procida,  qui  n’est  pas 
éloignée  de' celle  d'ischia ,  est  peut  -  être  la  plus  peu¬ 
plée  du  monde:  car,  quoiqu’elle  n’ait  qu’environ  trois 
milles  italiens  dexircjùt,  on  y  compte  quatorze  mille 
habitans.  Le  costume  du  beau  sexe,  est  extrêmément 
pittoresque.  Mad.  le  Brun  nous  a  donné  une  description 
intéressante  de  son  séjour  à  Ischia  en  1796,  et  Mad.  de 
Rcck  de  même  ,  dans  le  jme  vol.  de  ses  Voyages.  1815. 

7.  Note  des  dépenses  à  faire  dans  ces  voyages. 

Un  voyageur  français  (  Roland ,  homme  fameux  dans 
les  premières  époques  de  la  révolution)  indiqua  les  prix 
suivans;  qui  sont  tous  au  plus  bas,  mais  qui  peuvent 
encore  servir  à  faire  son  calcul  d  avance,  une  différence 
de  quelques  carlins  étant  un  petit  objet. 

Pour  June  journée  de  route  à  Pozzuoli ,  y  compris  le 
rendez- vous  au  cas  qu’il  soit  nécessaire,  le  retour  et 
le  pour- boire,  12,  13,  ou  tout  au  plus  14  Carlini j  et 

pour  le  Cicerone  dont  on  se  fait  accompagner  6  à  7  Car- 
Uni.  Un  canot  pour  traverser  le  golfe,  12  Cari.,  mais  si 


L’ITALIE.  VILLES, 


57 


c’est  simplement  pour  ie  promener.  Lorsqu’on  se  fait 
porter  dans  la  grotte  des  Sybilles  et  dans  les  temples 
situés  dans  les  marais ,  on  paye  chaque  fois  un  Carlin. 
Pour  le  chemin  souterrain,  qui  conduit  jusqu’à  l’en¬ 
droit  le,  plus  profond  des  bains  de  Néron,  où  l’on  ne 
peut  descendre  qu’avec  un  flambeau,  trois  Cari.  Au 
temple  de  Vénus  un  Carlin  et  demi.  A  l’amphithéâtre 
Uh  demi  -  Cari.  A  celui  qui  conduit  à  l’entrée  de  la 
Soljatara ,  qui  en  fait  entendre  l’écho,  et  qui  conduit 
à  la  fabrique  d’alun  et  de  souffre,  deux  Cari.  Dans 
les  bains  des  Vapeurs  de  San  -  Germano ,  un  Cari . 
A  celui  qui  c^Lduit  et  qui  a  la  clef  de  la  grotte  du  chien, 
et  qui  fournit  un  chien  pour  faire  l’expérience,  deux 
Cari.  Pour  un  cabriolet  pour  aller  k  Caserta  15,  jus¬ 
qu’à  iô  Carlini.  C’est  une  petite  voiture  dorée,  très- 
jolie,  attelée  d’un  cheval,  qui  va  comme  un  trait.  Pour 
aller  de  Caserta  à  l’aqueduc,  on  prend  un  cabriolet,  qui 
coûte  5  Carlini ,  on  donne  au  fontainier  deux  Carl.\  à 
vèiui  qui  montre  les  statues,  un  ou  deux  Cari,  tout  au 
plus.  Pour  le  théâtre,  un  Cari.  A  celui  qui  conduit  et 
fait  voir  les  appartemens  du  palais,  un  Cari.  Au  garde 
du  Musée  de  JPorticiy  8  à  10  Cari.  Au  garde  des  tableaux 
4  à  5  Cari.  Pour  se  faire  montrer  les  statues  et  les  co¬ 
lonnes  qui  sont  dans  le  palais  royal,  2,  3  ou  4  Carlini . 
A  l’Invalide  qui  a  les  clefs  d' Herculanum  et  qui  y  con¬ 
duit  les  étrangers  avec  un  flambeau,  un  Carlin  par  heu¬ 
re.  Le  Louis  de  24  livres,  ancien  argent  de  France,  ou 
onze  florins  d’Empire ,  vaut  ordinairement  56  Carlini. 
Il  est  nécessaire,  lorsqu’on  fait  la  course  à  Pozzuoli , 
de  se  pourvoir  à  Naples  de  vivres  qu’on  emporte  avec 
soi. 

La  calèche  JS apolitaine  n’est  qu’une  coquille  sur  un 
support  en  piédestal,  semblable  à  la  section  oblique 
d’un  vase,  dont  le  pied  resterait  entier  pour  former  le 
siège;  elle  est  portée  sur  des  brancards  légers  et  très- 
élastiques.  Une  personne  y  est  à  l’aîse,  deux  y  sont  fort 
gênées.  Trainée  par  un  seul  cheval,  elle  va  comme  le 
vent,  ne  pèse  que  quelque  dixaines  de  livres  et  cul¬ 
buterait  et  jeterait  au  loin  son  homme,  s’il  y  avait  le 
moindre  cahot,  mais  tous  les  chemins  des  environs  de 
Naples,  sont  comme  des  allées  de  jardin.  L’un  des  vo¬ 
yageurs  tient  les  rênes,  et  le  conducteur,  placé  derriè¬ 
re  lui,  et  criant  lavora !  lavoral  garde  le  fouet ,  ouïe 
lui  remet,  suivant  l’occurence. 


58 


L’ITALIE.  VILLES 


PA  DOUE.  Long,  à  l’oBs.  290.  32'.  33".  (Ile  de  Fer.) 
Lat.  450.  23'.  40".  Population ,  48,000  a. 

Edifices  remarquables.  Curiosités.  La  cathédrale, 
(une  vierge,  du  célèbre  Giotto.)  —  Il  Santo,  ou  S,  An¬ 
toine  de  Padoue  :  (la  chapelle  de  St.  Antoine;  le  buste 
d’Hélène  Cornaro  ;  la  galleria  del  Santo;  les  célèbres 
reliefs  qui  représentent  la  vie  du  Saint;  la  bibliothè¬ 
que.) —  Santa  Giustina  (l’une  des  plus  superbes  égli¬ 
ses  de  l’Italie;  le  martyre  de  Ste.  Justine,  par  Paul  Vê- 
ronèse ,  tableau  estimé;  la  bibliothèque  du  couvent.)  — 
Sa.  Annunciata:  (quelques  peintures  à  fresque,  par 
Giotto)  —  il  Sallone;  (la  plus  grande  salle  qu’il  y  ait 
au  monde;  le  monument  élevé  à  Tite-Live;  la  pierre 
d’opprobre,  où  les  personnes  insolvables  vont  s  e  faire 
déclarer  telles,  pour  se  soustraire  aux  créanciers)  — 
Le  ci-devant  Palazzo  del  podestà:  (des  peintures  esti- 
mées)  —  Le  cidevant  Palazzo  del  Capitanio  :  (la  biblio¬ 
thèque  publique  de  Padoue  donne  sur  une  cour  de  ce 
palais)  -  la  Loggia  —  Il  Bo  ou  les  bâtimens  de  l’uni¬ 
versité  par  Palladio  —  l’église  alli  Ereraiti  :  (un  St, 
Jean,  par  Guido  Rheni ,  un  des  meilleurs  tableaux  de 
ce  peintre,  et  moins  connu  qu’il  ne  le  mérite:  dans  le 
cloître  du  couvent  est  enterré  le  Prince  Frédéric  d' O- 
range ,  mort  dans  la  guerre  de  la  révolution;  la  pierre 
sépulcrale  porte  une  inscription  allemande.  Quoique 
jeune,  il  a  emporté  la  réputation  d’un  grand  capitaine^ 
et  l’amour  de  ses  soldats.) 

Etablissemens  littéraires  et  utiles.  Collections . 
L’université  :  (l’une  des  plus  anciennes  et  des  plus  célè¬ 
bres  qu’il  y  ait  eu)  et  ses  collections  et  cabinets  —  le 
théâtre  anatomique  —  le  jardin  botanique  —  l’observa¬ 
toire  —  l'académie  des  sciences  —  le  collège  d’éduca¬ 
tion  ;  l’académie,  degli  È.ccitati  —1  la  collection  des  pro¬ 
ductions  volcaniques  chez  le  marchèse  Orologio. 

Auberge  s.  A  l’étoile  d’or:  à  l’empereur  Romain; 
très  -  bonnes. 

Spectacles.  Divertissemens.  Opéra  italien.  (les  es¬ 
caliers  du  théâtre  sont  magnifiques  :)  La  musique  est 
très-bein  cultivé  à  Padoue.  Durant  la  foire  de  St.  An- 


L’ITALIE.  VILLES.  59 

toine  au  mois  dé  Juin,  Padoue  est  très -gaie  et  remplie 
de  monde. 

Promenade.  Al  prato  délia  valle  ;  superbe  place  en¬ 
tourée  d’un  canal,  ornée  de  statues. 

Distances.  De  Padoue  k  ViCence ,  2  postes;  a  Vé¬ 
rone  51/2,  à  Trente  12. 

Environs.  Les  bains  chauds  d 'Abano  et  de  Bataglia  : 
—  le  jardin  botanique  du  signor  Farsetti  à  Sola  ;  —  le 
palais  Obizzî  ; —  la  villa  Pisani  :  —  la  villa  d '  Alticchie- 
ro,  aune  petiLe  lieue  de  Padoue,  (il  faut  la  voir,  là  belle 
description  à  la  main,  que  feue  Mad.  la  comtesse  de 
Rosenberg  en  a  publiée.  Le  monument  de  la  comtesse 
vient  d’y  être  placé;  le  propriétaire  actuel ,  M.  Hancar- 
villc,  publiera  une  nouvelle  description’  —  Arqua :  vil¬ 
lage  à  4  lieues,  remarquable'  par  le  tombeau  de  Pétrar¬ 
que  qui  y  mourut  en  1374.  Les  murs  de  sa  maison  et 
^\Album  ,  sont  remplis  de  noms  et  de  sentences.  —  Les 
montagnes  Euganèennes  ;  des  volcans  éteints,  qui  méri¬ 
tent  l’attention  du  naturaliste. 

Avis.  On  peut  laisser  sa  voiture  à  Padoue ,  et  loueir 
un  burchiello  ou  bâteau  couvert,  pour  lequel  on  paye¬ 
ra  3V2  écus  de  convention,  et  l’argent  pour  boire  aur 
gens  qui  mettent  votre  bagage  a  bord  etc.  environ  12 
paules  de  plus.  On  descendra  le  délicieux  canal  de  la 
Brenta  en  8  heures,  puis  on  traversera  les  lagunes,  et 
l’on  débarquera  dans  le  grand  canal  de  Venise.  (V.  No. 
Il  de  V Itinéraire.) 

PARME.  Long.  28°.  o'.  19".  (Ile  de  Fer.  )  Lat.  440. 
48'  1 Population  y  30,000  h. 

Edifices  remarquables.  Curiosités.  L’église  de  tous 
les  Saints  :  (beau  tableau  de  le  franc.)  —  l’église  des 
Capucins  :  (un  crucifix  de  Guerchin.  C’est  dans  cette 
église  qu’est  enterré  Annibal  de  Farnêse,  grand  capi¬ 
taine  de  son  temps.) —  l’église  da  l’Annonciade  où  est  la 
St.  Vierge  de  Corrègey  qui  commence  le  cycle  fameux 
de  ses  trois  Madonnes  à  Parme —  la  Pilota  et-le  théâtre: 
(liâti  sur  les  dessins  de  Vignola  ,  il  n’y  en  a  pas  de  sem¬ 
blable  dans  toute  l’Italie  :  mais  il  n’a  plus  servi  depuis 
un  grand  nombre  d’années.  Il  y  a  un  théâtre  moins 
grand,  construit  sur  les  dessins  de  Bernino)  —  le  monu¬ 
ment  consacré  à  l’amitié:  (élevé  au  milieu  de  la  grande 
place)  —  )e  couvent  de  S.  Paolo  :  (où  l’on  trouve  les 
sianzaSy  chefs  d’oeuvre  al  fresco  par  Corregc)  —  la 
Steccata:  (la  plus  belle  église  de  Parme:  le  Moïse, 


6o 


L’ITALIE.  VILLES. 


sous  l’arcade  ;  beau  tableau  de  Parmegianino  ,  la  statue 
de  Ste.  Généviève.)  —  la  caLhédrale;  (remarquable  par  sa 
coupole;  fameux  ouvrage  de  Corrèze  ;  le  tombeau  ip Augu¬ 
stin  Carraclie).  —  L’église  de.  S.  Giovanni ,  avec  une  au¬ 
tre  célébré  coupole  de  Corrige  et  le  St.  Jean  l’Evangeli- 
ste  ,  peint  al  fresco  par  le  même  —  le  bâtiment  de  l’uni¬ 
versité  —  la  Madonna  délia  Scala:  (bâtie  en  l’honner.r 
de  laVierge  que  le  Corrige  peignit  sur  le  mur  de  la  mai¬ 
son  de  son  compère)  —  le  Palazzo  del  Giardino  (dans  les 
appartemens  de  belles  peintures  al  fresco  d’Augustin 
Carrache.  Il  faut  monter  sur  la  terrasse,  pour  jouir  des 
perspectives  et  des  coups  d’oeil.  Précisément  soùs  cette 
terrasse  fut  donnée  la  bataille  de  1734  )  —  La  foire  de  co¬ 
cons  de  vers  à  soie,  au  mois  de  Juillet,  est  curieuse 
à  voir. 

Collections.  Cabinets.  Le  Musée,  la  bibliothèque  et 
les  collections  de  l’académie  des  arts,  (la  célébré  Ma¬ 
donna  di  S.  Girolamo  par  Corrige  a  été  transportée  à 
Paris:  à  l’académie  la  table  de  bronze  deTrajan,  et  l’ado¬ 
ration  des  Mages  par  Parmegianino  :  la  statue  d’Agrip¬ 
pine,  le  buste  de  Vitellius  etc.  A  la  bibliothèque  une 
suite  précieuse  de  livres  du  15  siècle)  —  le  cabinet  d’ani¬ 
maux  au  couvent  de  St.  François  de  Pauie. 

Etablissement  littéraires  et  utiles.  L’académie  des 
arts  :  les  académies  des  Arcades  et  des  Inaspettati.  Le9 
presses  et  les  curiosités  typographiques  du  célèbre  Bo - 
do  ni. 

Livres  h  consulter.  Il  Parmigiano.  Servitor  di  Piaz- 
za  ,  ovvero  Diaioghi  di  Trombola.  Parma.  1796.  8>  [l’au¬ 
teur  est  feu  le  Père  Irenéo  Affo.] 

Promenades.  Le  Stradone. 

Spectacles.  Amusemens.  Grand  opéra  aux  müis  de 
Mai  et  de  Juin;  comédie  française;  opéra  bouffon,  de¬ 
puis  Noël  jusqu'à  la  fin  du  carnaval.  Le  Casino. 

Auberges.  Bonne  auberge,  non  loin  de  la  grande 
place. 

Distances.  De  Parme  à  Livourne  15  postes:  à  Plai¬ 
sance  5;  à  Gènes  16;  à  Mantoue  6;  à  Milan  9. 

Environs.  Les  deux  maisons  de  plaisance  Colorno 
et  la  Sala  —  les  antiquités  et  ruines  de  Eelléia,  ù  13 
lieues  de  Parme.  Cette  ville  fut  détruite,  quelques  an¬ 
nées  après  la  mort  de  Constantin ,  par  .les  éboûlemen» 


L’ITALIE.  VILLES. 


6* 

■do  deux  montagnes  voisines.  On  voit  k  ,1a  galerie  du 
château  de  Parme,  le  plan  de  la  partie,  que  l’on  a  fouil¬ 
lée  jusqu’ici. 

PISE.  Long.  28<>  V  15".  (Xle  de  Fer.)  Lat.  430  43'  ?" 
Population ,  20,000  a. 

Ldificci  remarquables.  Curiosités.  La  cathédrale: 
(les  trois  belles  portes  de  bronze  si  fameuses,  qu’on  les 
a  prétendues  de  Jérusalem  :  spirdntia  mollius  aéra,  cet 
airain  respire  en  effet;  les  deux  colonnes  de  vert  anti. 
que,  enlevées  du  templ^de  Diane  à  Ephèse  :  le  maître- 
autel;  le  tombeau  de  l’empereur  Henri  VII.  ;  une  co¬ 
lonne  de  la  chaire,  très -belle  brocatelle  orientale,  et  le 
plus  beau  morceau ,  que  l’on  connaisse  de  cette  espèce 
de  marbre;  une  urne  sépulcrale  antique  sur  une  colonne 
isolée;  et  un  tombeau  antique  de  marbre..  La  lampe  de 
l’eglise  rappelé,  que  ce  fut  sur  ses  vibrations ,  quoi- 
qu’inégales,  que  Galilée  remarqua  leurs  isochronisme  ; 
comme  ce  fut  de  dessus  la  fameuse  tour  inclinée,  qu’il 
fit  ses  expériences  sur  la  chute  des  graves)  —  le  Baptis¬ 
tère  ;  (la  voûte  est  très  -  élastique  et  sonore,  et  la  chaire 
cl’un  marbre  presque  transparent)  —  le  Campo  santo  : 
(les  charniers*  une  des  choses  singulières  de  celte  ville. 
On  remarque  surtout  le  tableau  de  la  Vergoguo^a  di 
Campo  santo  :  le  tombeau  du  comte  Algarotti  érigé  aux 
frais  du  grand  Frédéric  de  Prusse  etc.  Le  Sarcophage 
antique  avec  le  bas-relief  d'Orphée)  —  le  clocher  (tour 
inclinée,  haute  de  142  pieds;  sil’on'jete  un  plomb,  il 
s’écarte  de  12  à  13  pieds  de  la  base  de  la  tour.  C’est  l’afV 
faissement  du  terrain ,  et  non  pas  l'intention  de  l’ar¬ 
chitecte,  qui  a  produit  cette  inclinaison.  On  voit  de 
la  platte  forme  supérieure  les  plus  belles  campagnes; 
On  distingue  même  le  fanal  de  Livourne ,  pendant  la 
ïiuity. —  L’hôpital  —  le  collège  de  Bartolo  (dans  la  mai¬ 
son  qu’habita  ce  grand  Jurisconsulte)  —  l’église  des  Cor¬ 
deliers  (quelques  tableaux,  l’adoration  des  pasteurs,,  la 
résurrection  etc.)  —  la  belle  statue  colossale  de  Ferdi¬ 
nand  II.  —  l’église  de  St.  Etienne;  (l’orgue,  une  colonne 
de  porphyre  et  l’autel  de  Foggini ,  sont  les  trois  pièces 
remarquables  de  cette  église)  —  le  palais  du  ci -  devant 
ordre  de  St.  Etienne  —  St.  Matteo  :  (église  remarquable 
par  son  plafond)  — ^  la  Loggia  de  Mercanti  —  les  quais  de 
l’.Arno  et  les  ponts,  surtout  le  ponte  marrno ;  —  les  re¬ 
stes  de  la  tour  d'Ugolino  et  de  ses  enfans,  condamnés  k 
y  mourir  de  faini-  (Dana  le  petit  jardin,  à  côté  du  pa- 
G.  d.  Voy.  Tom.  1T.  F 

V  ff 


63 


L’ITALIE.  VILLES'. 

laîs  de  l’ordre  de  St. 'Etienne;  ce  ne  sont  plus  que  de  tnâ- 
sures,  avec  des  barreaux  de  fer.)  —  (Les  fleurs  artificiel¬ 
les  qui  se  font  au  couvent  de  S.  Mathieu,  sont  fort  esti- 
jnées.  Les  plus  chères  sont  celles,  faites  de  feuilles  min¬ 
ées  de  pierre.  L’huiîê  du  Pisan  est  aussi  très  -  estimée.) 

Jeux.  Amuscmens.  Le  combat  des  Çispontins  et 
Transpontins ,  sur  le  pont  de  marbre  ,  qui  se  donne  tous 
les  3  ans  —  l’illumination  que  l’on  fait  tous  les  trois  ans, 
le  jour  de  S.  Rémi ,  patron  de  la  ville  —  l’opéra.  •— 

Auberges.  Al  Uzaro  :  aux  3  donzelles. 

Etablissemens  littéraires.  L’université  :  le  sémi¬ 
naire. 

Collections.  Cabinets.  Les  collections  et  la  biblio¬ 
thèque  de  l’université.  La  specola  ou  l’observatoire;  le 
jardin  des  plantes;  le  cabinet  d’histoire  naturelle  ou  de 
physique. 

Promtnades.  Les  quais,  le  long  de  l’Arno. 

Distances.  De  Pise  à  Livourne,  2  postes;  à  Floren¬ 
ce  6;  à  Gènes  151/2- 

Environs.  —  Les  haras  de  Sdn  Rosore  qui  datent  en¬ 
core  du  tems  des  Médicis.  On  y  voit  des  troupeaux  de 
boeiifs  et  de  vaches  sauvages,  et  des  centaines  de  cha¬ 
meaux  avec  leurs  petits,  errans  dans  la  campagne.  — 
La  M  acchia  ou  les  casines.  —  Les  bains  'de  Pise  ou  dç  St. 
Julien :  (à  1V2  lieue  de  la  ville)  des  eaux  thermales, 
qui  ont  depuis  22  'a  33  dégrés  de  chaleûr;  les  plus  célè¬ 
bres  et  les  plus  fréquentées,  en  Italie.  Ces'bains  sont 
beaux  et  commodes,  et  le  prix  des  appartemens  et  de  la 
table  est  réglé  par  le  gouvernement  à  un  prix  modiqua. 
On  les  estime  surtout  salubres  pour  la  goutte  et  les  ma¬ 
ladies  du  foie.  ,, C’est  la  plus  belle  eau,  qui  coule  dans 
le  plus  beau  marbre,  et  avec  elle  ,  dit  -  on  ,  la  santé  “  dit 
M.  Dupcty.  Les  Juifs  ont  des  bains  destinés  pour  eux. 
Le  beau  casino  de  bagni ,  est  une  salle  d’assemblée  et  de 
danse.  (  V\  les  ouvrages  du  D.  Cocchi ,  et  du  Docteur 
Eianchi  sur  ces  bains. y 

ROME.  Long,  à  l’égl.  de  S.  Pierre  30°  7*  15''.  (Ile  de 
Fer.)  Lat.  41©  53' 54".  Population  à  ;  suivant  l'An¬ 
nuaire  de  1812.  •  1 

Edifices  remarquables.  Curiosités.  Je  n’entrepren¬ 
drai  pas  de  décrire  Rome  entière.  .  Il  faut  avoir  recours 
aux  plans,  aux  ouvrages  faits  pour  en  rendre  compte. 
De  plus,  les  événemens  du  tems  ont  opéré  de  grands 
changement  Je  me  contenterai  de  désigner  les  princi- 


I 


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ce  qui  regarde  le  bon  goût  et  la  beauté  de  l’exécution  •  le 

ouvrages  de  lafabrique  Romaine, sont  aussi  d’unprix  moin 
cher  ;)  le  bas-relief  par  Algardi  ;  leachapelles  Slxtine  Cle 
afcentme,  baptismale^  les  mausolées  de  Paul  Ul! 
Grégoire  XIII.,  d’Urbain  -VIH.,  d’Alexandre  VII.  *  di 
*ape  Rezzonrco ,  par  Canovu.,  de  la  Comtes**  Mathüde 

F» 


L’ITALIE.  VILLES.  63 

pales  curiosité»  par  des  astérisques.  Je  les  partagerai' 
en  5  classes,  i.  Eglises.  2.  Palais  et  bâtimens  princi¬ 
paux.  3.  Monts.  Rues.  Fontaines.  Ponts.  4.  Ruines. 
Antiquités.  5.  Villas.  —  1.  Eglises.  On  compte  343  égli¬ 
ses,  dont  13  sont  des  basiliques.  Quatre  des  dernière» 
ont  des  portes  saintes,  qui  ne  s’ouvrent  qu’à  des  jours 
fixes  ,  et  cinq  sont  des  églises  patriarchiales.  La  princi¬ 
pale,  pour  la  grandeur,  et  la  beauté,  la  richesse  et  l’élé¬ 
gance,  est  sans  contredit  celle  de  ♦  St.  Pierre ,  apeléé 
San  Pietro  in  Vaticano  ;  (On  a  mis  plus  d’un  siècle 
pour  bâtir  ce  superbe  édifice ,  et  il  a  coûté  45  millions 
d  éçus  Romains.  Les  écrivains  varient  extrêmément  dan* 
les  dimensions  qu’ils  donnent  de  cette  église.  L’im¬ 
mense  place ,  le  pérystile  circulaire ,  les  deux  magni¬ 
fiques  fontaines  et  l’obélisque  égyptien,  forment  l’ave¬ 
nue  de  cette  belle  église,  qui  est  vraiment  superbe.  Vn 
est  impossible ,  dit  M.  Dupaty ,  d’avoir  dans  ce  temple 
des  sentimens  médiocres ,  et  des  pensées  communes. “ 
Deux  choses  sont  à  remarquer  en  entrant  dans  l’église 
de  S.  Pierre ,  et  qui  mettent  sur  le  champ  au  fait  de  lՎ 
tendue  de  l’édifice;  ce  sont  les  bénitiers,  et  des  colom¬ 
bes  de  marbre  blanc  avec  des  rameaux  verds  dans  le  bec. 
On  s’imagine  en  entrant,  que  les  enfans  qui  soûtiennent 
les  deux  vases  des  bénitiers  sont  d’une  taille  ordinaire, 
et  à  mesure  que  l’on  approche,  leur  figure  devient  gi¬ 
gantesque,  Il  en  est  de  même  de»  colombes,  qu’on  pensp 
à  une  certaine  distance  pouvoir  toucher  avec  la  main, 
et  qui  s’élèvent  tellement  à  mesure  que  l’on  arrive,  que 
lorsqu’on  est  à  leur  portée,  on  est  étonné  de  les  trouver 
de  plusieurs  pieds  au-dessus  de  sa  tête.  Il  a  parp  un 
ouvrage  qui  peut  servir  de  guide  :  JSuova  descrizione 
délia  basiliea  e  palazzo  di  Vaticano ,  par  Tachard  1767, 
3  vol.  in  8«  Jetons  un  coup  -  d’oeil  sur  les  principaux 
cbjets  :  le  grand  baldachino  ;  la  coupole;  les  bénitier,  f 
la  chaire  de  S.  Pierre;  les  mosaïques,  et  la  fabrique  dej- 
mosaïques  (celle  de  Florence  l’emporte  par  la  hardiesse 
et  la  difficulté  du  travail >  comme  par  le  précieux  des 
matériaux;  mais  elle  est  inférieure  à  celle  de  Rome,  en 
ce  qui  regarde  le  bon  goût  et  la  beauté  de  l’exécution  ;  les 
ouvrages  delafabrique  Romaine, sont  aussi  d’unprix  moins 
cher;)  le  bas-relief  par  Algardi;  leschapelles  Sixtine,  Clé¬ 
mentine  ,  baptismale;  les  mausolées  de  Paul  M. ,  de 
Grégoire  XIII.,  d’Urbain  -VIII, ,  d’Alexandre  VII.,  du 
Pape  Rezzonico ,  par  Canova,r  de  la  Comtesse  Mathilde, 


64  L’ITALIE.  VILLES. 

«le  la  reine  Christine:  les  statues  de  St.  Dominique  par 
le  Gros ,  S.  Bruno  par  'Michel  -  Ange  -  Slodtz  ,  St.  André 
du  Fiammingo ,  la  plus  belle  figure  qui  soit  à  St.  Pier¬ 
re;  Ta  statue  de  bronze  de  St.  Pierre  assis,  qui  attire 
tous  les  hommages  des  fidèles,  faite  d’après  la  statue  de 
Jupiter  Capitolin;  la  sacristie,  finie  en  1780;  les  grottes 
ou  l’église  inférieure.  La  coupole  de  S.  Pierre  est  l'ou¬ 
vrage  le  plus  hardi  et  le  plus  étonnant  que  l’architectu¬ 
re  moderne  ait  tenté.  Elév.  de  la  croix  au-dessus  du 
pavé  487  anc.  p.  de  Paris,  ce  qui  surpasse  de  39.  p.  celle 
de  la  grande  pyramide  de  Ghizè.  Il  est  peu  de  person¬ 
nes  qui  n’éprouvent  quelque  effroi,  en  se  trouvant  à  une 
si  grande  élévation,  quoiqu’on  aille  rarement  au-dessu« 
de  la  boule.  On  se  contente  de  monter  sur  la  plate¬ 
forme,  ou  jusques  sur  la  voûte  de  la  lanterne,  où  finis¬ 
sent  les  marches.  La  coupo’e,  la  lanterne,  la  boule,  et 
la  croix  furent  achevées  dans  l’espace  de  29 mois.  ,, Mon¬ 
tez  à  la  coupole,  dit  un  voyageur  moderne,  quand  l'heure 
de  votre  départ  approche;  votre  oeil  planera  sur  la  ca¬ 
pitale  du  monde  ancien,  et  sur  ses  environs,  et  ce  coup 
d’oeil,  unique  dans  son  genre,  fera  revivre  des  souve¬ 
nirs  bien  chers.  “  Il  n’y  a  que  la  vue  du  haut  de  la  tour 
du  Capitole ,  qui  rivalise  avec  ce  coup  d’oeil.)  —  *  S. 
Jean  de  Latran  :  (les  statues  de  S.  André,  S.  Jean,  S. 
Jacques  et  de  S.  Mathieu  par  Rusconi  ;  la3*1  chapelle 
Corsini,  la  plus  élégante  de  l’Europe;  on  suppose  que 
le  *  beau  sarcophage  de  porphyre  sous  la  statue  de  Clé¬ 
ment  XII.,  et  qu’on  a  trouvé  dans  le  Panthéon  ,  conte¬ 
nait  les  cendre*  d’ A gripp a  ;  les  colonnes  de-bronze  doré, 
cannelées,  antiques  et  très-magnifiques;  l’orgue,  le  plus 
grand  de  la  ville;  dans  la  sacristie,  le  *  crucifix  par  iWi- 
chel  -Ange  ;  dans  le  cloître  le  tombeau  d’Hélène,  et  les 
*  deux  sièges  de  marbre  rouge,  dont  on  se  servait  dans 
les  bains,  et  qui  ont  donné  lieu  à  la  fable  de  la  papesse 
Jeanne.)  —  le  baptistère  de  Constantin,  et  *  la  S  cala 
santa,  près  et  vis-à-vis  de  cette  église;  (cette  dernière 
consiste  en  28  degrés  de  marbre,  qu’on  dit  avoir  été  ame¬ 
nés  du  palais  de  Pilate.)  —  *  S.  Maria  maggiore  :.  (des 
mosaïques  du  cinquième  siècle  ;  les  chapelles  Sforza, 
Sixte  et  Borghèse;  les  tombeaux  par  AlgartLi  ;  le  maître, 
autel  qui  est  un  grand  sarcophage  antique  ;  *  la  belle  co¬ 
lonne  de  l’ancien  temple  de  la  paix,  sur  la  place  devant 
l’église.)  —  *  S.  Paolo  fuori  le  mura:  (ses  anciennes 
colonnes  et  mosaïques;  il  n’y  a  pas  moins  de  140  colon- 


L’ITALIE.  VILLES. 


«5 

nés,  dont20de  marbre  violet  du  mausolée  d  Adrien  :  lepa- 
’vé  est  un  chaos  de  marbres  précieux  et  d’inscriptions.)  — 
•S.  Lorenzo  fuori  le  mura:  (le  pavé  en  mosaïque:  le* 
deux  anciens  sarcophages:  sous  le  portique ,  différentes 
peintures  fort  anciennes;  les  catacombes  de  S.  Laurent 
sont  très  -  curieuses ,  et  contiennent  plus  de  choses  con* 
serrées,  que  celles  de  S-  Sébastien.)  —  S.  Croce  in  Ge- 
rusalemme  :  (la  statue  *  de  Ste.  Hélène,  était  sans  doute 
une  Junon,  très-adroitement  métamorphosée.  Dans  la  ga¬ 
lerie,  qui  conduit  à  la  sacristie,  trois  tableaux  par  Rubens,, 
lorsqu’il  étudiait  à  Rome.  Dans  le  couvent,  une  nom¬ 
breuse  bibliothèque,  des  antiques,  et  des  inscriptions.)  — 
S.  Sebastiano;  (dans  le  portique, ôcolonnes  antiques;  les* 
catacombes  de  S.  Sébastien,  sont  les  plus  vastes  qu’il  y  ait  à 
Rome;  on  dit  qu’il  y  a  été  enterré  70,000  martyrs,  18  papes,  et 
beaucoup  ue  prêtres.  De  teins  en  teras  il  arrive  des  ébonle- 
mens  dans  ces  soûterrains,  et  plus  d’une  fois  de  malheu¬ 
reux  étrangers,  à  la  merci  d’un  conducteur  qui  n’en  est 
'pas  responsable,  y  sont  entrés,  et  n’en  sont  pas  sortis; 
on  assure  qu’on  pourrait  faire  vingt  milles  Italiens  de 
chemin,  dans  ces  soûterrains  jusqu’à  Civita  Vecchio. 
Ÿ.  l’intéressant  Voyage  dans  les  catacombes  de  Rome , 
par  M.  Artaud.  A  Paris ,  1810.  8*)  —  S-  Agnèse,  sur  la 
place  Navonne  :  (le  *  bas-relief  de  la  sainte,  par  Al - 
gardi.  Le  chevalier  Bernini  était  brouillé  avec  le  che¬ 
valier  Borromini ,  l’architecte  de  cette  superbe  église 
qui  est  vis-à-vis  la  fontaine  de  la  place  Savonne.  Bor • 
romini  faisait  peu  de  cas  de  cette  fontaine  du  Bernini : 
celui-ci  de  son  côté  critiquait  le  dôme  de  Ste.  Agnèse, 
et  pour  se  moquer  de  son  peu  de  solidité,  il  a  repré¬ 
senté  l’un  de  ses  fleuves  avec  les  mains  étendues  en 
avant,  comme  pour  se  préserver  de  la  chûte  du  bâti¬ 
ment.)  —  S.  Agnèse  ,  fuori  delle  mura:  (les  quatre  bel¬ 
les  colonnes  du  maître -autel;  le  beau  candélabre  anti¬ 
que;  le  *  buste  en  marbre  blanc  de  N.  S.  par  Michel- 
Ange;  c’est  pour  le  portrait  un  chef- d’oeuvre.  )  —  S# 
Agostino:  (*  la  bibliothèque  Angélique,  la  plus  remar¬ 
quable  de  Rome.)  —  S.  Andrea  del  Noviziato,  et  S.  An¬ 
drea  délia  valle:  (d’une  architecture  simple  mais  par¬ 
faite  dans  ses  proportions:  dans  la  dernière  de  ces  égli¬ 
ses,  *  les  Peintures  de  D omenichino ,  la  coupole  de  Lan- 
franco ,  et  la  chapelle  Strozzi.  )  —  l’église  des  Sts.  Apô¬ 
tres:  (le  mausolée  de  Clément  XIV.  )  —  S.  Bibiana:  (la. 
*  belle  statue  de  Ste.  Bibiane,  par  Bernini  ;  le  grand  vas* 


66 


L’ITALIE.  VILLES, 


d'albâtre  oriental.)  —  S.  Carlo  à  Catinari;  (Ica  4  vertus, 
par  Dominicain.)  —  S.  Carlo  al  Corso:  (belle  coupole.)  — 
‘S.  Carlino  aile  quattro'  fontane  :  (cette  église  est -de  la 
■•grandeur  d^un  des  piliers  qui  soûtiennent  la  coupole  da 
St.  Pierre;)  —  Sta.  Cecilia  in  Trastevere  :  {la  Ste.  Cecile 
par  Stefcino  M aderno  ;  la  *  chapelle  ,  jadis  chambre  du 
bain— le  cou  vent  a  été  conservé  pour  des  religieuses.)  Ste. 
Clemente  :  (le  tombeau  du  Cardinal  Rovereila ,  qui  es-t 

*  un  sarcophage  antique.)  —  S.  Crisogono:  (des  colon¬ 
nes  antiques.)  —  S.  Eusebio:  (le  *  plafond  par  Mcngs.) 
Il  Gesu:  (*  l’autel  de  S.  Ignace  d’une  richesse  audessus 
de  toute  description.)  —  S.  Giovanni  Battista  de  Fioren- 
tini:  (les  mausolées  par  Algardi ,  et  par  Michel  -  Angc- 
Slodtz.)  —  S.  Giovanni  Evangelista  :  (Beaux  tableaux 
par  le  Dominicain.)  —  S.  Giovanni  e  Pqolo  :  (l’autel 
de  porphyre,  *  l’un  des  plus  beaux  de  Rqme)  ;  —r  S.  Giu¬ 
seppe  :  (la  nativité  par  Charles  Maratti;  sous  l’église 
une  ancienne  prison  romaine.)  —  S.  Gregorio  magno  : 
(les  deux  belles  peintures  à  fresque  de  Dominicain  et 
de  Guide  dans  la  chapelle  de  S.  André  :  la  bibliothè¬ 
que.)  —  *  S.  Ignazio  :  (magnifique  église  du  collège  Ro¬ 
main  ;  *  le  musée  de  Kircher.  Dans  le  devant  de  l’autel 
est  une  ouverture,  par  laquelle  on  jete  encore  aujour¬ 
d’hui  ,  des  lettres  adressées  à  St.  Rouis  de  Gonzague. 
La  statue  du  saint  par  le  Gros ,  est  un  chef-d’oeuvre.)  — 
S.  Luigi- de’  Trancesi:  (l’assomption  de  la  vierge  par 
Bossan.)  —  S.  Marco:  (quelques  beaux  mausolées.)  — 

*  S-  Maria  degli  Angeli:  (ou  les  Charlreux  ;  cette  vaste 
église  est  bâtie  dans  les  thermes  de  Dioclétien  par 
Michel  -  Ange ’r  les  colonnes  de  granit  sont. les  mêmes 
tjui  y  étaient.  Beaux  tableaux  de  Maratti,  de  Domini¬ 
cain,  et  de  Battoni.  La  méridienne;  une  des  plus 
grandes  et  des  plus  belles  qu’on  ait  faites  )  —  S.  Maria 
in  ara  coeli  :  (à  l’endroit;  où  était  autrefois  le  temple 
de  Jupiter  Capitolin:  on  y  monte  par  124  degrés  de  mar¬ 
bre,  du  fameux  temple  de  Quirinus.  Les  bonnes  âmes 
s’imaginent  qu’en  s’écorchant  les  genoux  contre  le  pavé, 
et  marmotant  des  litanies  en  le  montant,  on  obtienne 
la  révélation  du  numéro  qui  doit  gagner  à  la  loterie. 
Cette  idée  attire  toujours  grand  nombre  de  pèlerins. 

S.  Maria  in  Campitellr:  (au-dessus  de  la  tribune  une 

*  croix  singulière  ,  d’un  marbre  presque  transparent.  — 
Concezzione  di  Maria  Vergine  de’  Capuccini:  (le  carton, 
de  Giotto  ,  audessus  de  la  porte;  et  Saul,  de  Pierre  de 


L’ITALIE.  VILLES. 


6? 


Cortone;  le  mausolée  du  cardinal  Barberini ,  avec  une 
épitaphe  philosophique.)  —  S.  Maria  di  Loreto  :  (*  la 
sainte  Suzanne,  de  François  Flamand,  figure  de  marbre 
qui  a  beaucoup  de  célébrité.  )  —  *  S.  Maria  sopra  Mi- 

nerva:  (belle  église,  bâtie  à  la  place  où  était  un  temple 
dédié  à  Minerve.  *  Le  Christ  en  marbre  de  Michel-Ange, 
figure  célèbre  :  la  *  bibliothèque  de  la  Minerve  ,  ou  de 
Casanate  ,  est  une  des  plus  riches  qu’il  y  ait  en  Italie.) 
—  S.  Maria  in  Navicella  :  (  18  colonnes  de  granit,  qui 

sont  remarquables;  *  le  vaisseau  devant  l’église.)  Santa 
Maria  dell’  Orto  ;  (beaucoup  de  peintures  estimées.)  — 
S.  Maria  del  popolo  :  (la  statue  de  Jonas,  par Lorenzetto  ; 
la  chapelle  Chigi.  )  —  S.  Maria  in  Trastevere.  (des  mo¬ 
saïques  antiques:  *  la  place  de  l’église,  une  des  plus 
belles  places  de  Rome.)  —  S.  Maria  in  Yallicella:  (les  ta¬ 
bleaux  de  Caravaggio ,  du  Guide,  de  Rubens  etc.  la  bi¬ 
bliothèque  du  couvent.)  —  S.  Maria  in  via  lata:  (belle 
façade.)  —  S.  Maria  délia  Vittoria:  (la  *  figure  de  Ste. 
Thérèse  de  Bernin ,  l’un  des  chefs  -  d’oeuvre  de  ce  grand 
artiste.  )  —  S.  Maria  aux  Martyres ,  dit  *  le  Panthéon , 
ou  la  Rotonde :  (le,  seul  temple  de  Rome,  qui  reste  en 
son  entier:  il  est  d’une  majestueuse  simplicité.  Quel 
dommage  que  le  goût  moderne  ait  blanchi  la  voûte  du 
Panthéon  !  Blanchir  un  édifice  antique!  La  coupole  de 
S.  Pierre  est  précisément  de  la  grandeur  de  ce  temple. 
Raphaël  et  plusieurs  fameux  artistes,  ont  ici  leurs  tom 
beaux.  On  peut  monter  sur  la  calotte  de  la  Rotonde. 
Le  portique  est  superbe,  et  présenté  l’aspect  le  plus 
majestueux.)  —  S.  Martino  e  Silvestro  :  (bâtie  sur  les 
ruines  des  bains  de  Titus.)  —  S.  Nicolo  in  Carcere: 
(c’était  la  prison,  où  se  passa  l’action  célèbre,  qu’on 
appelé  la  chanté  Romaine.  *  Ancien  tombeau  de  por¬ 
phyre  noir.)  --  S.  Onofrio:  (  *  le  tombeau  du  Tasse  rend 
cette  église -remarquable.  On  garda  dans  la  bibliothèque 
du  couvent  ses  manuscrits,  avec  une  écritoire,  une  boëte, 
et  même  un  petit  pot  de  terre,  qui  ont  été  à  son  usage. 
Tout  cela  a  disparu.  Le  couvent  sert  â  présent  aux  en- 
fans  trouvés  malades.  De  dessus  la  terrasse  de  S.  üno- 
phro  on  a  une  belle  vue.)  S.  Pietro  in  Montorio  :  (cette 
église  possédait  le  premier  tableau  de  l’univers,  la  trans¬ 
figuration  de  Raphaël,  transporté  à  Paris.  L’église 
avec  le  jardin ,  fut  vendue  par  la  nouvelle  république 
Romaine,  au  prix  de  2000  piastres,  et  en  partie  dévastée. 
Le  pape  Pie  VII.  annullait  ces  ventes  révolutionnaires.) 


V 


4 


68 


L’ITALIE.  VILLES 

-  S.  Pietro  in  Vincoli  :  Moïse  et  le  mausolée  du  pape 

Jules  IL,  fait  par  Michel- Ange,  qui  est  un  des  monu- 
mens  les  plus  célèbres  d’Italie.  )  -  S.  Prassède  :  (la  cha¬ 
pelle  délia  colonna,  à  cause  d’une  colonne,  qu’on  dit 
être  celle  a  laquelle  N.  S.  fut  attaché  pour  la  flagella-  l 
tion.  )  S.  Sabina  :  (les  24  colonnes  cannelées  de  marbre 
de  Paros  viennent  d’un  temple  de  Junon  ;  *  cette  église, 
et  celle  de  S.  Alexis,  et  le  prieuré  de  Malte,  sont  dans 
une  situation  très  -  favorable ,  pour  prendre  une  vue  de  i 
Rome,  dans  toute  son  étendue.  )  —  S.  Silvestro  a  Monte 
cavallo  :  (les  *  4  fameux  rondi ,  ou  tableaux  ronds  à  1 
fresque,  par  Dominicain  ;  la  bibliothèque  et  les  jardins  j 
du  couvent,  un  de  ceux  conservés  pour  des  religieuses.)—-  1 

S.  Trinita  de’  monti:  (la  descente  de  croix  par  D.  de  j 
Volt errtt ,  l’un  des  plus  célèbres  tableaux  de  Rome  ,  fut 
enlevée  avec  une  portion  du  mur,  pour  être  transporté 
à'Paris,  mais  se  brisa  en  pièces.  Cependant  on  est  par¬ 
venu,  à  le  transmettre  sur  la  toile  et  en  entier.  11  faut 
faire  dans  la  soirée  une  *  promenade  sur  la  place  ,  de¬ 
vant  l’église  S.  Trinita  de’Pellegrini  ,  (  le  tableau  par  le 
Guide.)  —  S.  Valentino:  (le  dimanche  dans  l’octave  de 
la  purification  ,  la  maison  Paganica  orne  l’image  d’un 
collier  de  pierres  précieuses,  gagnées  à  la  bataille  de 
Liitzen  en  Saxe.)  —  la  Yisitazione;  [beau  groupe  de 
marbre,  par  Maratti.]  —  (Il  y  avoit  à  Rome  123  cou- 
vehs  de  religieux,  55  de  religieuses.  Le  décret  de  1810  les 
a  supprimés,  à  l’exception  seulement  des  4  couvens  des 
religieuses.  .Les  tableaux,  statues  etc.  dans  ces  églises 
et  couvens,  ont  été  taxé  par  une  commission,  pour  être 
vendus.  ) 

2.  Palais  et  bâiimcns  principaux .  Sept  salles  de 
spectacles,  et  150  palais.  *  Le  Capitole:  les  fondemens, 
capitolii  immobile  saxum ,  sont  encore  visibles,  vers  le 
temple  de  la  concorde,  et  l’arc  de  Sevère}  la  *  roche 
Tarpéïenne  se  voit  à  l’occident,  sa  hauteur  perpendicu¬ 
laire  est  aujourd’hui  de  58  ou  60  pieds.  La  *  statue  éques¬ 
tre  de  Marc-Aurèle,  de  bronze,  est  la  plus  belle  qui 
soit  restée  des  anciens.  Le  *  Musée  Capitolin ,  ou  le 
riche  recueil  d’antiquités  du  pape  Clément  XII.,  occupe 
le  bâtiment  qui  fait  face  à  celui  des  conservateurs.  Ln 
face  de  la  grille  d’entrée,  on  voit  au  fond  de  la  cour, 
la  statue  appelée  *  Marforio  ,  qui  est  très -peu  de  chose, 
mais  il  faut  l’avoir  vue,  ainsi  que  la  statue  mutilée,  ou 
le  tronc  de  Pasquin,  qui  est  derrière  la  place  Navonnej 


L’ITALIE.  VILLES, 


69 


14  statues  et  6  bustes  ont  été  emportés  à  Paris,  mais  on 
y  trouve  encore,  entre  autres  *  la  célèbre  louve  de 
bronze,  frappée  par  la  foudre,  au  moment  de  l’assassi¬ 
nat  de  Jules  César.  C’était  un  specLacle  imposant,  lors¬ 
que  Berthier  à  la  tête  des  brigades  Françaises  ,  monta  au 
Capitole,  et  y  procl  ama  la  B  épublique  Romaine.  Aucun 
étranger  ne  devrait  quitter  Rome,  sans  monter  à  la  tour 
du  Capitole.  On  voit  d’un  côté  Rome  ancienne ,  ayec 
ses  monticules  et  ses  ruines,  et  de  l’autre  üomé? moderne, 
et  le  Corso.  Il  n’y  a  que  la  vue  du  haut  de  la  coupole 
de  St.  Pierre,  qui  égale  ce  coup  d’oeil).  —  *  le  Vatican  : 
palais  très-vaste  et  très- irrégulier;  il  contient  13,000  sal¬ 
les,  selon  Bonanni ,  mais  il  faut  comprendre  dans  ce 
compte  les  caves;  Venuti  les  fait  monter,  à  11,500;  Keys- 
ler  dit,  qu’il  y  a  12,524  salles,  11,246  chambres,  et  22  cours. 
Tout  cela  paraît  exagéré.  Dans  le  tems  de  la  guerre  de  - 
la  révolution,. le  Vatican  a  été  spolié,  et  ruiné  en  grande 
partie,  par  les  fouilles  qu'on  y  faisait,  pour  chercher 
des  prétendus  trésors  cachés.  La  scala  regia,  par  Bernin  ; 
la  chapelle  Sixtine,  la  chapelle  Pauline;  les  stanze  di 
Rafaello  ,  (surtout  *  l’incendio  di  Borgo  T  La  biblio¬ 
thèque  d’environ  70,000  volumes,  dont  40,000  étaient  ma¬ 
nuscrits,  mais  dont  les  plus  rares  ont  enrichi  la  biblio¬ 
thèque  impériale  de  Paris:  le  *  plafond  al  fresco  ,  passe 
pour  le  plus  beau  tableau  de  Mengs.  On  y  garde,  entre 
autres  curiosités  la  Bible  du  Docteur  Luther,  avec  des 
notes  manuscrites.  Les  jardins;  le  Belvedeï  en  deuil, 
regrettant,  comme  le  *  Musée  Clémcntin,  ses  chefs- 
d’oeuvre  les  plus  célèbres.  On  les  a  remplacé  par  des 
copies  en  plâtre.  Cependant  le  Musée  Clémentin  et  ce¬ 
lui  de  Pio  -  Chiaramonte ,  renferment  encore  un  grandi 
nombre  d’antiquités  dignes  à  tous  égards  de  l’attention 
de  l’amateur.  —  *  Le  château  de  St.  Ange;  (citadelle  de 
Rome,  ci-devant  le  mausolée  d’Adrien;  c’est  sur  le  som¬ 
met  de  ce  mausolée,  qu’était  autrefois  la  pomme  de  pin 
en  bronze,  qui  se  trouve  dans  les  jardins  du  Vatican. 
La  vue  de  Rome  fait  un  coup  d  ôeil  superbe,  quand  on. 
est  sur  le  s  haut  du  château  de  S.  Ange.)  —  *  Monte- Ça  - 
vallo  :  (  palais  d’été  du  pape  :  .les  *  deux  groupes  colos¬ 
sales  de  Phidias  et  de  Praxitèle ;  quelques  tableaux  dans 
les  appartemens;  *  le  crucifiement,  par  Guide ;  le  jar¬ 
din;  le  café,  plusieurs  statues  et  marbres  antiques.)  — 
la  Douane  de  terre:  (les  colonnes  de  marbre  blanc,  avec 
de  beaux  chapiteaux.)  —  la  chancellerie:  (grand  et  beau 


70 


L’ITALIE.  VILLES. 


bâtiment  ;  l’architecture  est  de  Bramante.)  —  *  palais 
Altieri:  (le  *  portrait  de  Titien,  peint  par  lui -même; 
Lucrèce,  par  Guide );  — •  *  palais  Barbcrini :  (le  *  pla¬ 
fond,  par  Pierre  de  Cortone ;  la  bibliothèque.  L’on  dit 
que  ce  palais  a  4,000  chambres  ,  et  que  la  bibliothèque 
contenait  autrefois  60,000  volumes  et  9,000  manuscrits. 
Le  cabinet  de  médailles,  de  pierres  antiques,  de  bron¬ 
zes  etc.  Mais  le  Faune  dormant  ne  s’y  trouve  plus.  )  — 
palais  Boccapeduli  :  (*  les  7  saçrémens ,  par  Poussin',  la 
Ste.  Cécile  par  le  même  ;  l’amour  terrestre  et  céleste, 
par  Titien,)  —  *  palais  Borghèse:  (les  appartemens  con¬ 
tiennent  1700  tableaux.,  *  la  inusica  par  Domenichino.  )  — 
palais  Bracciani  :  —  *  palais  Colonne.  (*  la  mort  de  Ré- 
gulus ,  par  Salvator  -  Rosa  ,  tableau  fort  estimé,  une  * 
S.te#  Madelaine,  par  Guide ;  *  Vénus  et  Adon,  par  Ti¬ 

tien ;  deux  paysages,  par  Poussin-,  la  bibliothèque  ;  les 
jardins.  )  —  *  palais  Corsini  ;  habité  par  la  reine  Chris¬ 
tine,  qui  y  mourut  en  1689;  (grande  collection  de  ta¬ 
bleaux,  principalement  de  l’école  flamande,  beau  cabi¬ 
net  d’estampes  ;  il  y  en  a  qu’on  n’aime  pas  à  montrer,  p. 
e.  la  suite  des  estampes  lubriques,  d’après  les  Carraches ; 
le  bosquet  pour  l’assemblée  publique  des  Quirini.  Du 
jardin  l’on  jouit  d’une  des  plus  magnifiques  vues  de 
Rome.)  —  *  palais  Doria  :  (six  *  paysages  d 'Annibal 
Caraccio  ;  un  *  paysage  de  Claude  Lorrain.  *  la  For- 
nara  par  Romano :  igoo  tableaux.)  —  *  palais  Farnèse: 
(estimé  le  plus  beau  de  tous  les  palais  P  ;  Rome;)  —  *  pa¬ 
lais  Rospigliosi:  (le  beau  tableau  *  de  la  vie  humaine, 
par  Poussin  ;  *  l’aurore  du  Guide,  dans  le  bâtiment  du 
jardin,  qui  renferme  la  partie  la  plus  précieuse  des  pein¬ 
tures  de  ce  palais);  le  palais  Ghigi  :  (♦  Mercure  qui  en¬ 
dort  l’Argus,  par  S.  Rosa;)  —  palais  Giustiniani  ;  (les 
collections  que  renfermait  ce  palais ,  ont  été  vendues, 
et  se  trouvent  en  partie  chez  l’étranger!)—  palais  Mattéi: 
(la  *  femme  adultère,  par  Pierre  de  Cortone.)  palais 
Pamiîli,  place  Navonne:  (le  plafond  peint  par  Pierre 
de  Cortone.)  —  palais  Rondonini:-  (*,la  tête  antique  de 
Méduse.)  —  palais  Spada:  ♦  (Judithe,  par  Güido  Reni ; 
*  la  statue  de  Pompée,  on  supposa  qu’à  son  pied  Jules 
César  fut  assassiné;  mais  en  i$i2.  l’abbé  Féa  en  a  dé¬ 
montré  la  fausseté;  v.  Osservazioni  intorno  alla  célébré 
statue  detta  di  Pompéo.)  —  palais  Strozzi  :  (le  cabinet 
de  médailles  :  *  la  jeune  fille  de  Titien.)  -  palais  Ve- 
rospi:  (remarquable  par  *  le  plafond  d 'Albane.)  —  pa- 


L’ITALIE.  VILLES 


7i 


lais  Ruspoli  :  (les  *  trois  Grâces;  *  le  basrelief  de  Té- 
lephe.  )  —  palais  Casali.  —  palais  Costaguti:  (deux  pla¬ 
fonds  peints  par  Domenichino ,  et  par  Guerchin .  )  —  pa¬ 
lais  Massini:  —  palais  Caligula:  (la  Vestale,  par  Mar- 
celli)  —  palais  Santa  -  Croce  :  (Job,  par  Salvator  -  Rosa  : 

*  les  4  saisons,  par  Albane).  — 

3.  Monts.  Fontaines.  Bues.  Ponts.  Les  7  monts 
ou  collines:  du  montAventiny  surtout  des  jardins  du 
Priorato ,  on  a  une  vue  vraiment  superbe  ;  le  mont  Cé- 
lien  a  aussi  une  vue  des  plus  étendues,  et  l’emplacement 
ne  le  cède  qu’au  mont  Palatin ;  ce  dernier  mont,  qui 
renfermait  la  ville  de  Rome  dans  son  berceau,  et  le  pa¬ 
lais  des  Empereurs,  est  aujourd’hui  la  place  des  jardins 
potagers:  VEsquilin  est  le  plus  élevé  de  tous  ces  monts, 
et  le  Viminal  le  plus  bas;  sur  le  mont  Quirinal  l’on 
respire  l’air  le  plus  pur.  Du  mont  Pincio  on  jouit  de 
vues  délicieuses.  Le  mont  Testaceo  est  une  montagne 
formée  des  débris  de  pots  cassés:  au-dessous  sont  des 
voûtes  où  le  vin  se  garde  extrêmément  frais;  il  s’y  rend 
eu  été  une  foule  de  peuple,  pour  én  boire.  —  12  Fontai¬ 
nes.  *  Fontaine  Pauline ,  l’une  des  trois  grandes  fontai¬ 
nes  de  Rome,  et  peut-être  la  plus  abondante  de  l’uni¬ 
vers.  *  La  fontaine  de  Te r mini ,  l’un  des  glus  grands 
ouvrages  de  Sixte  -  Quint.  .  *  La  fontaine  de  Trevi ,  c’est 
une  fontaine  d’architecture  magnifique.  *  La  fontaine 
de  la  place  Navonne ,  elle  est  du  Berni/i,  et  c’est  ce 
gu’il  a  fait  de  plus  beau.  La  fontaine  du  Triton.—  L’on 
compte  46  -places  publiques ,  6  marchés  et  28  rues  prin ■* 
cipales :  le  *  Cours,  ou  il  Corso ;  il  sert  de  promenade 
publique,  et  l’on  y  va  en  carrosse  tous  les  jours  avant 
le  dîner  et  deux  heures  avant  la  nuit;  le  Corso  est  situé 
au  même  endroit  que  la  rue  de  l’ancienne  Rome,  appe¬ 
lée  Via  lata.  La  *  Strada  Felicey  de  plus  d’un  mille 
de  longueur;  cette  rue  est  croisée  par  une  autre  rue 
droite,  appelée  Strada  Pia ,  et  l’intersection  de  ces 
rues  ,  fait  un  des  plus  beaux  points  de  vue  de  Rome.  La 
Strada  Julia ,  Strada  Longaray  Strada  de  Condotti.  — < 

*  Pont  S.  Angelo  :  le  Tibre  a  ici  environ  315  pieds  de 
largeur.  Ce  pont  s’appelait  autre  fois  Pons  Aelius  ;  sa 
longueur  est  de  300  pieds.  Le  pont  Cestio.  Le  pont 
Quattro  Capif  anciennement  le  pont  Fabricius.  Le 
pont  de  Sixte  y  anciennement  le  pont  du  Janicule.  Le 
pont  Molle  y  anciennement  pont  Emilien  y  hors  de  la 
ville.  Le  vieux  pont,  où  se  libra  la  bataille  entre  Cos- 


L’ITALIE.  VILLES, 


7* 

stantin  etMaxencc,  était  200  pieds  plus  haut.  —  La  porte 
de  Popolo ,  autrefois  yorta  Flaminia',  c?est  la  plus  belle 
porte  de  Rome.  (Rien  ne  saurait  être  plus  magnifique 
que  l’entrée  de  Rome  par  cette  porte,  surtout  depuis  la 
création  du  Giardino  di  Cesare ;  l’av.enu er .est  de  la  plus 
grande  beauté  ). 

Ruines.  Antiquités,  io  obélisques  ,  5  colonnes  ;  les 
ruines  de  go  temples,  de  12 Forum,  de  16  arcs  de  triomphe, 
de  3  théâtres;  de  10  cirques,  de  18  tombeaux,  de  14  ther¬ 
mes,  de  6  aqueducs  etc.  L’imagination  r  perçant  a  tra¬ 
vers  les  siècles,  plane  sur  Rome  éternelle,  qui  ne  sub¬ 
siste  plus  que  dans  ses  ruines  ,  où  l’on  va  la  chercher 
avec  empressement.  Sans  Ciceroue  ,  sans  guide,  on  peut 
parcourir  son  enceinte  le  flambeau  de  l'histoire  à  la 
main.  Un  voit  encore  quelques  vestiges  du  temple  de  la 
paix  decombré  par  ordre  du  gouvernement,  et  de  celui 
de  la  Concorde  ,  de  Bacchus,  de  ceux  du  Soleil,  de  Jupi¬ 
ter  Stator,  et  de  Jupiter  Tonans  etc.  On  voit  la  demi- 
coupole  du  temple  de  Minerva  medica  ,  à  la  droite  de  la 
Villa  Magnani.  Au  portique  du  temple  d’Antoniu  et  de 
Faustine,  10  grandes  colonnes  de  marbre  oriental.  Aux 
jardins  du  palais  Colonna,  des  fragmens  de  marbre,  d’une 
grosseur  excessive  ,  beaux  restes  d’une  frise  du  fameux 
temple,  érigé  par  Aurélien.  Le  joli  temple  rond  de 
Vesta  ,  est  aujourd’hui  l’église  de  Madonna  del  Sole  etc. 
etc.  On  montre  la  place  du  goufre  dans  lequel  Curtius 
se  dévoua  au  salut  de  sa  patrie.  Descendu  dans  les  bains 
de  Livie,  on  trouve  des  camées  incrustés  à  la  voûte,  qui 
attestent,  encore  les  beaux  tems  de  la  Grèce.  *  Les  bains 
de  Titus,  où  Raphaël  prit  l’idée  de  ses  tableaux  de  la 
galerie  du  Vatican.  *  Les  ruines  immenses  des  thermes 
de  Caracalla,  qui  contenaient  2300  cellules,  et  1600  sièges 
de  marbre.  (  On  voit  deux  de  ces  sièges  au  cloître  de  S- 
Jean  de  Latran).  Les  bains  de  Dioclétien,  leurs  restes 
aux  Chartreux,  et  a  St.  Marie  des  anges.  *  L’arc  de  Titus, 
élevé  parTrajan,  supérieurà  tous  les  autres  arcs  deRome, 
pour  l’architecture.  *  L’arc  de  Constantin,  encore  dans 
son  entier.  Les  basreliefs  qui  décorent  celui  de  Septime 
Sévère.  L’arc  de  Janus,  qui  est  bien  conservé.  La  place 
du  *  Carapo  -  Vaccino ,  ci-devant  l’endroit  le  plus  fa- 
mèux  de  l’univers,  le  forum  Romanum.  Là,  on  foule  sous 
ses  pieds  la  grandeur  Romaine;  quels  changemens!  La 
*  fontaine  d’Egérie,  si  célèbre  dans  la  destinée  de  Rome, 
est  aussi  une  des  promenades  que  l’on  peut  fréquenter  à 
Rome.  Les  aqueducs  de  l’eau  Claudia ,  et  celui  de  l’eau 


L’ITALIE.  VILLES. 


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n 

• 

de  la  Vierge,  subsistent  encore.  Les  r, es  tes  du  cirque  de 
Flarainius  ;  ce  qui  est  aujourd’hui  la  place  Navonne,  for¬ 
mait  l’arène.  Le  *.  cirque  de  Caracalia,  de  tous  les  cir¬ 
ques  celui,  dont  il  y  a  le  plus  de  restes.  Le  *  Colisée, 
élevé  par  Vespasien,  achevé  par  Titus.  Il  contenait  plus 
de  100,000  spectateurs,  dont  80,000  étaient  assis  sur  de» 
gradins  rangés  en  amphithéâtre.  Ce  monument  le  plus 
admirable  de  la  puissance  Romeine  sous  les  Césars, 
vient  d’être  décombré,,  e.t  ressort  dpns.  un  lustre  tout 
nouveau.  Au  milieu  du  forum  Trajani  la  superbe  *  co¬ 
lonne,  haute  de  128  pieds  d’Angleterre.  Elle  est  debout, 
et  intacte,  mais  au  lieu  de  Xrajan,  elle  porte  aujourd’¬ 
hui  St.  Pierre.  11  y  a  en  dedans  un  escalier  commode 
pour  monter  jusqu’au  sommet.  La  *  colonne  d’Anto- 
nin,  ou  plus  proprement  d’Aurèle ,  est  plus  haute  que 
celle  de  Trajan,  mais  d’un  mérite  beaucoup  inférieur. 
L’ordre  du  théâtre  de  Marcellus,  avec  sa  colonnade,  un 
Opus  reticulatum  de  briques,  subsiste-  encore  en  en¬ 
tier.  Il  reste  peu  de  chose  du  mausolée  d'Auguste.  On 
y  a  bâti  Un  théâtre,  où  l’on  donne  de  teins  en  teros  des 
combats  de  bêtes  ;  on  les  entend  rugir  dan*  cet  antique 
silence  de  la  mort.  Le  tombeau  des  *  Scipions ,  près 
de  la  porte  Capena.  Le  *  mausolée  de  Cécilia  Metella. 
femme  de  Cra3sus,  sur  4 a  Via  Appia,  est  une  tour 
ronde,  bien  conservéç.  Le  *  célèbre  tpmbeau  de  Çajus 
Cestius,  de  25  pieds  d’épaisseur  ,  et  haut  de  102,  subsi¬ 
ste  en  entier,  ainsi  que;  sa  chambre  sépulcrale.  Les  or- 
nemens  sont  du  beau  tems  d’Aug.uste.  Près  de -là,  sont 
les  tombeaux  de  plusieurs  étrangers  morts  kRome.  Il  y 
ah  Rome  10  obélisques  sur  pied,  dont  3  érigés  de  nou¬ 
veau  par  Pie  VI  ,  et  1  étendu  sur  terre.  Ces  monument 
de  la  plus  haute  antiquité,  chargés  de  caractères  hié¬ 
roglyphiques ,  connus  des  seuls  initiés,  remontent 
aux  teins  des  Rois  pasteurs.  *  Le  plus  grand  obélis¬ 
que  que  l’on  connaissoit  avant  la  Campagne 'd’Egypte, 
décore  la  place  de  S.  Jean  de  Latran.  R<,messes,  roi  de 
Thebes  le  fit  élever,  et  ce  fut  le  seul  qui  fut  épargné 
par  Cambyse.  Sa  hauteur  est  de  140  pieds;  il  pèse, 
J?3IO>4-94  livres,  poids  de  Rome.  *  L’obélisque  d’Auguste, 
placé  ci-devant  à  Héiiopolis  en  Egypte  et  qui  orne 
maintenant  la  place  del  popolo,  a  81  pieds  de  France  de 
hauteur.  »  Lobélisque  de  la  plaçe  de  S.  Pierre,  date 
d’un  fils  de  Sésostris. 

G.  des  Voy,  T.  IL  G 

ii 


74 


L’ITALIE.  ‘VILLES. 


Nota.  Sou»  l’ancien  gouvernement  Français,  qui  dé* 
créta  le  décombr'ement  et  le  rétablissement  des  monu- 
mens  antiques,  les  travaux  ont  donné  de  grands  resul- 
tats  i.  au  temple' de  Vesta.  2.  au  Campo  Vaccino.  3.  aux 
temples  de  Jupiter  tonnant  et  de  ia  Concorde.  4.  au 
Colisée.  5.  aux  bains  de  Titus.  6..  aux  fouilles  de  l’arc 
de  Jupiter  quadriremis. 

5.  Villas.  40  villas  des  plus  remarquables.  Villa 
Aldobrandini  (  *  la  noce  Aldobrandini ,  de  thermes  de 
Titus  ne  s’y  trouve  plus,  mais  au  dépôt  de  Vincenzo 
Nelli.  V.  l’ouvrage  de  Liugi  Biondi  :  Lettèra  sul  antica 
celebere  pittura  etc.  Rome,  1815.  4.]  —  *  Villa  Albani  ; 
la  maison  la  plu9  élégante;  son  plafond  est  peint  par 
Mengs:  (elle  est  dépouillée  h  présent  de  ses  antiques.)  — 
*  Villa  Borghèse:  (le  palais,  est  remarquable  pour  l’é¬ 
tendue;  *  et  le  jardin  est  h  midi  le  rendez-vous  du  beau 
monde,  surtout  au  printems ,  et  vers  l’automne.  L,e 
précieux  récuèil  de  ses  antiquités,  a  disparu)  —  Villa 
Ludovisi- Piombino  ;  (*  Mars  *  Aria  et  Paetus  et  dan* 

l’un  des  pavillons,  *  l’Aurore  par  Guercino )  —  Villa 
Mattéi:  (on  y  voit  les  vestiges  des  anciens  murs  de  Ro¬ 
me)  «—  Villa  Médicis :  (l’académie  Française  s’y  trouva 
encore  en  1814  )  —  *  Villa  Pamphili  (la  plus  belle  pour 
les  jardins  et  pour  la  vue:  ’ujie  belle  table*  de  Luma- 
chella)  ;  —  *  Farnésina  *  la  tête  colossale  dessinée  avec 
du  charbon,  sur  .une  muraille,  par  Michel  -  Ange).  — 
Villa  Farnesé  :  (  cette  villa  ,  bâtie  sur  le  ruines  des  ap- 
partemens  de  JLivie,  tombe  elle -même  en  ruine,  n’ayant 
pour  habitans,  que  des  pauvres  vignerons.  Dans  la  plû- 
part  des  sites  de  ce  jardin,  l’on  jouit  de  la  vue  des  plus 
anciens  monumens  de  Rome  coup  -  d’oeil  superbe).  — 
Villa  Massimi,  ci-devant  Nègroni:  —  Villa  Madama  : 
(  elle  domine  Rome  et  les  environs  de  la  manière  la 
plus  agréable).'  —  Villa  Giustiniani:  vuide  de  ses  cu¬ 
riosités.)  —  Villa  Ca^ali.  —  Villa  Doria ,  ci -devant 
Olgiati  :  (elle  fut  la  possession  de  Raphaël,  dont  on  y 
admire  les  peintures  al  fresco). 

Manufactures .  Commerce.  Des  manufactures  de 
soierie,  mais  de  mauvaise  qualité;  de  draps  gros  er 
fins;  d’indiennes’:  de  (leurs  artificielles  (  les  religieuses 
de 'S.  Cosiniüto  passant  pour  travailler  le  mieuv  les  fleurs 
qui  se  font  avec  la  soie.  On  a  à  St.  Côsimato  une  très- 
belle  rose  pour  3  paules  etc  )«  De  la  poudre,  qu’on  apele 


75 


L’ITALIE.  VILLES. 

typriv  ;  de  la  pommade  à  odeur ,  très -recherchée.  Des 
essences;  des  gants;  des  peignés;  des  cordes  de  musique; 
des  éventails,  ornés  de  petits  tableaux;  des  estampes  co¬ 
lorées  etc,;  des  chapelets  des  médailles  et  des  reliquai¬ 
res.  Tl  y  a  une  rue,  qui  en  a  pris  le  nom  de  coronari. 
Un  autre  article  de  commerce  ce  sont  des  camées  y  des 
médailles,  des  statues,  des  bustes,  des  tableaux,  des  étu¬ 
ves  de  marbre.  Dans  le  voisinage  de  la  place  d’Espagne, 
des  manufactures  de  mosaïques.  Chez  le  libfairê  Itnpé - 
riali,  et  chez  le  graveur  Piroli ,  des  copies  de  médail¬ 
les  antiques,  en  pâte  de  souffre  vernissé. 

Etablissemens  littéraires.  L’université  de  la  Sapien- 
za:  le  collège  Romain  :  l’àcadéfnie  française ,  l’acadé¬ 
mie  de  St.  Luc,  à  Ara  Coeli;  la  société  archéologique, 
présidée  par  Canova\  l’académie  des  Arcades  etc. 

Collections.  Cabinets.  Bibliothèques.  Deux  biblio¬ 
thèques  publiques  ,  celle  du  Campidogîio  èt  celle  d’Ara 
Coeli  pour  les  collections,  cabinets,  galéries  de  ta¬ 
bleaux;  (voyez  Eglises,  Palais,  Villas.)  Tout  le  monde 
sait,  que  ce  que  le  despotisme  du  plus  fort,  et  l’orgueil 
de  la  victoire  avait  ôté  à  Rome  ,  en  statues  de  prix  ,  et 
autres  objets  précieux*  y  a  été  rendu,  en  igiô,  parla 
magnanimité  des  Souverains  alliés  ,  au  moins  en  grande 
partie,  et  que  l’on,  admire  de  nouveau  au  Belvedère ,  ce 
que  l’on  y  admira,  il  y  a  des  siècles.  De  plus  le  1 Mu¬ 
sée  Chiaramontê  du  Pape  régnant,  renferme  nombre 
d’antiquités  rares.  Mais  plusieurs  collections  des  parti¬ 
culiers  ont  disparus  :  de  statues  antiques  et  de  tableau* 
ont  été  vendus;  p.  e.  le  Discobolus  du  palais  Massimi  a 
passé  en  Angleterre,  où  il  a  été  vendu  à  l’enchère  pour 
le  prix  de  363  guinées:  l’Apollon  Musagete9  et  le9  neuf 
Muses  de  la  vitla  Digerii ,  sont  à  Stockholm:  les  deux 
paysages  par  Claude  Lorrain ,  au  palais  Altierit  ont 
été  vendus ,  lors  du  sac  révolutionnaire,  pour  10,000  pezzi 
duri  et  envoyés  à  Naples  etc.  Des  collections  entières, 
comme  celles  d \Aldrobandini  t  à'  Albani,  de  Braschi  ont 
été  dispersées  ;  d’autres,  telles  que  les  galeries  de  Co- 
lonna ,  de  Corsini ,  de  Borghese ,  de  Giustïniani  ont 
perdu  leurs  tableaux  de  prix.  Les  palais  Chïgi  et  Altie~ 
ri,  se  sont,  aussi  dépouillés  de  leurs  trésors  en  peinture. 
La  plus  grande  partie  de  ces  tableaux  a  passé  en  France 
ou  en  Angleterre.  La  galerie  Giustiniani ,  orne  à  présent 
Berlin.  La  galerie  de  tableaux  et  le  recueil  de  sculpture 


76  L’ITALIE,  VILLES 

de  Lucien  Bonaparte  en renfermait  plusieurs,  mais  qui 
viennent  d’ête  vendus  en  partie.  Le  cabinet  du  Pein¬ 
tre  Fidanza  est  riche  en  tableaux  de  main  de  maître!  on 
y  trouve,  des  Guidos,  des  Correggios,  des  Dominichi- 
nos  etc.  —  Il  reste  encore  à  Rome,  de  quoi  satisfaire  la 
curiosité  des  voyageurs  ,  car  en  1794  on  y  compta  seule¬ 
ment  en  tableaux  3880  pièces,  dont  2271  à  l’huile,  irg5  al 
fresco  ,  et  42a  paysages.  Ajoutez- y  les  antiques,  qu'ont 
procuré  les  fouilles  faites  sur  le  campo  Vaccino  ,  et  à 
Ostia ,  vers  l'embouchure  du  'fibre.  —  Il  y  a  dans  cha¬ 
que  palais  un  custode  ou  maître  domestique,  qui  reçoit 
ordinairement  pour  invalide,  l’emploi  de  faire  voir  les 
statues  et  Jes  tableaux  de  son  maître.  Le  prix  qu;On  lui 
flonat,  est  fixé  à  30  au  60  sols  de  France.  Les  bibliothè¬ 
ques  du  Vatican,  de  la  Minerve  et  des  Augustins  sont 
publiques;  mais  pour  faire  usage  des  livres,  que  ren¬ 
ferme  la  première,  il  faut  une  permission ,  difficile  à 
obtenir. 

Fondations  pies.  Hôpitaux.  Lé  grand  hôpital  dit 
•S.  Esprit;  la  ’jfrinitài  dei  pelegrini,  ou  î’hospic'e  des  pè¬ 
lerins;  l’hôpital  de  la  consolation;  celui  des  bons' frè¬ 
res,  bien  aéré,  et  tenu  avec  lat  plus  grande  propreté 
(on  n’y  reçoit  que  les  hommes,  at'taqüés  de  la  fièvre  etc.). 
Les  hôpitaux  généraux  se  montaient  à  14,  et  ceux  des 
nations  et  des  corps  de  métier,  à.vin£t.  Les  conserva¬ 
toires ,  au  nombre  de  treize  ,  étaient  deSlinéès  à  l’éduca¬ 
tion  des  deux  sexes.  Un  se  tromperait  én  les  prenaht 
pour  des  écoles  de  musique,  comme  ceux  de:  Naples  et 
de  Venise.  L/es  fonds  de  ces  hôpitaux  ayant  été  ou  en¬ 
levés,  ou  dilapidés  par  l’administfatiÔA  révolutionnaire, 
nombre  de  ceux  ci  ont  été  réduits  à  une  grande  détresse, 
ou  à  une  nullité  totale. 

Cérémonies  religieuses.  Solemnités  renïarquableSf 
La  grande  procession  dé  la  fête-Dieu:  (c’est  la  plus 
pompeuse  des  processions  qui  se  font  ici)  —  les  cérémo¬ 
nies  de  la  semdine  sainte,  l’un  des  grands  objets  de  la 
curiosité  des  étrangers,  a  commencer  deptfis'le  dimanche 
des  rameaux.  (V.  Descrizione  delle  funziorti  délia  Set - 
timana  santa  nélla  cappella  P orttificia  ;  da  Francesco 
Cancellieri..  Terza  ediz'ione  corretta '•  Borna,  'i&z.  8- 
C’est  le  meilleur  guide  des  étrangers  duraiit  la  se'mairfe 
sainte.)  Le  *  beau,  miser  ère ,  àu  commencement  du  cré¬ 
puscule  du  Jeudi  sainr,  et  dont  la^  musique  est  la  plus 


L'ITALIE.  VILLES. 


belle  chose  que  Ton  ptiîsse  erftendre',  'é  L’illumination 
de_la  croix  dans  l’église  de  St.  Pierre/  le  soir  du  ven¬ 
dredi  saint.  C  ’est  une  des  belles  iÜéeV&e  Michel  -  Ange. 
La  croix  est  suspendue  au  milieu  de  la  nef,  et  couverte 
de  lampions,  dônt'ïa  lümière,  étant  la  seule  qui  éclaire 
l'église,  présente  des  effets  de'perspective,  que  les  pein¬ 
tres  s  empressent  à  dessiner.  Les  trois  derniers  jours  de 
la  semaine  sainte,  le  pape  traite  les  cardinaux.  Les 
gens  bien  mis ,  et  surtout  les  étrangers,  sont  admis  à 
assister  k  leur  dîner.  Lés  Sépulcres  qu’on  dresse  aior^s 
avec  plus  où  moins  d’appareil,  sont  un  autre  objet  d'e 
curiosité  du  de  dévotion.  11  ÿ  en  a  toujours  quelques^ 
uns  de  remarquables,  surtout  par  la  beauté  de  l’illumii 
nation:  (tel  est  celui  de  la  chapelle  Pauline).  —  La  pro¬ 
cession  des  filles  dotées,  le  joui  de  l’annonciation  de  la 
vierge. —  La  *  procession  du  premier  jour  de  Noël,  à 
Léglise  de  Slé.  Marie  majeur*  :  l’une  des  fêtes,  les  plus 
courues  de  Rôme.  —  L’exposition  du  St.  Sacr-ament  : 
les  prières  de  40  héutes  ,  qui  se  succèdent  sans  interrupi 
tion  durant  toute  l’année  dans  les  églises  privilégiées  • 
les  fêtes  patronales  ;  jeà  béatifications  —  IVctave  d'as  tré¬ 
passés  à  l’église  de  St.  Grégoire  ,.  çt  à  l’église  ‘de"  la  mort  ; 
(tout  y  respiée  la  tristesse  la  plus  profonde.  On  des¬ 
cend  dan?  un  caveau'  qui  est  partagé,  en  deux  pièces,  en¬ 
tièrement  lambrissées  et  plafonnées  de  têtes  et^d’ps^e 
morts;  il  n’y  a  pas  moins  d’art  et  de  sym  met  rie  dans 
leur  arrangement,  que  dans  la  grotte  la  mieux  revêtue 
de  coquillages  les  plus  variés.)  —  le  jour  de”  la  fêté  de 
S.  Antoine,  à  l’église  de  ce  noiù:  (un  prêtre  se  tient  a 
la  porte  pour  béniV  tous  les  animaux  qu’on  lui  présente; 
chévaux,  ânes,  pigeons,  poulets,  ciiats,  chiens  etc.).  — 
Nous  lié  parlerons  point  des  cérémonies  usitées  aux  fu¬ 
nérailles  des  papes,  de  celles  qui?  ont  lieu  après  leur 
élection,  à  leur  couronnement,  à  leur  prise  de  posses¬ 
sion.’  Nous  ne  dirons  rien  non  plus  de  toujfc  f’appareil 
avec  lequel  on  célèbre  les  canonisations  et  les  jubilés. 
On  en  trouve  dans  plusieurs  auteurs  des  descriptions 
exactes  et  tout  cela  s’est  réproduit  avec  un  nouvel  éclat, 
à  la  rentrée  du  Saint-Père ,  dans  sa  capitale.  —  L’illu¬ 
mination  '*  du  dôme  de  St*  Pierre,  'îp  jour  de  la  fête 
patronale.  (Ce  vaste  globe»  tout  éclatant  de  feux  pré¬ 
sente  un  coup- d’oeil  unique,,  dont  oh  11e  peut  çe  r|^- 
sasier).  —  La*  girandole  ôe  4,506  fusées  qù’on  tire  au 


78  L’ITALIE.  VILLES. 

château  St.  Ange,  les  jours  de  gala:  (l’élévation,  d’où 
paît  cette  gerbe  lumipeuse  immense,  et  la  proximité 
du  fleuve  dont  les  eaux  servent  a  la  réfléchir,  ne  lais¬ 
sent  rien  a  désirer. à  la  beauté, de  son  effet). 

Théâtres..  Les  théâtres  sont  ordinairement  fermés  une 
grande  partie  de  l'apnée»  Cependant  le  pape  a  permis 
de  représenter  depuis  pâques  jusqu’  à  l’avent ,  des  inter¬ 
mèdes  en  musique,  à  la  Valle  et  à  Palla  corda.  Iis 
S’oiivrent  pendant  le  carnaval,  au  nombre  de  6  ou  7. 
Un  y  joue  tous  les  jours,  excepté  le  vendredi  et  les  fêtes. 
Les  d.ux  premiers  sont  Aliberti  et  ^Argent ine,  où  l’on 
représente  des  opéras  seïieux  entremêlés  de  ballets  ;  (la 
salle'  Q^jïiVerti  est  la  plus  grande,  mais  celle  A' Argenti¬ 
ne ,  présente  à  tous  les  spectateurs  une  vue  plus  compio- 
de  et  moins'  oblique  du  spectacle).  Les  théâtres  de, 7a 
i^alle  et  de  Capranica  tiennent  le  second  rangs  Aon  y 
joue  des  opéras  comiques,  des  congédies,  et  quelque  fois 
ci  es  tragédies).  Les  deux  derniers  sont  la  Pace  ç t  la  Pal¬ 
la  corda ,  où  l’on  représente  des  jeux  de  marionnettes,  et 
de  mauvaises  farces  pour  le  menu  peuple.  —  (Le  spec¬ 
tacle  ne  commence  à  Rome,  qu’à  AS  heures  de  nuit,  et  en 
dure  environ  quatre.  Ainsi  il  ne  finit  guères  avant  onze 
heures  de  France  en  hiver,  et  beaucoup  plus  tardent 
été.  Le  prix  est  très -modique  ;  trois  .paules  pour  les 
billets  de  parterre  de  deux  premiers  théâtres,  deux  pour 
Cèux  des  seconds,  et  un  seul  pour  çeux  des  .derniers 
On  est  assis  dans'tous  les  parterres  Les  loges  n'ont  pas 
dé  prix  fixe;  il  subsiste  beaucoup  d’abus  à  cet  égard.  On 
est  souvent  réduit  à  en  acheter  les  clefs  des  pagarini , 
espèce  de  gredins,  qui  les  crient  dans  les  rues  voisines 
des  spectacles,  et  en  vendent  souvent  de  fausses  aux 
étrangers  ,  qui  n’ont  pas  la  précaution  de  les  faire  véri¬ 
fier  et  enregistrer  aux  bureaux). 

Divertissemens.  Les  plaisirs  du  carnaval.  Les  Alle¬ 
mands  eh  possèdent  une  peinture  unique  de  la  main  de 
maître  de  M.  de  Goethe.  —  Le  jour  des  trois  Rois  :  c’est 
le  jour  des  étrennes  ,  et  où  la  Beffana  joue  son  rôle.  — 
Les  con versazioni  ou  assemblées,  (les  jeux  les  plus 
traités  sont  les  jeux  de  commerce  et  le  pharaon)  —  le* 
académies:  (  des  ^assemblées , ,  où  l’on  réunit  quelquefois 
les  plaisirs  du  chant,  .de  la  danse  et  du  jeu— ,  les  rice - 
■ vimenti ,  ou  les  assemblées  à  l’occasion  d’un  mariage  — 
Ièi  sabatines:  (du  mot  salato ,  cela  veut  dire  que  le 


ITALIE,  VILLES. 


vendredi  on  attend  souvent  minuit  pour  souper,  afin  de 
pouvoir  manger  du  gras,  sans  violer  les  commande- 
mens  de  l’église.  On  fait  alors  de  fréquens  piqueniqu.es t 
que  les  femmes  aiment  beaucoup);  —  les  divertissemen* 
du  mois  d’octobre  ;  les  villégiature  k  Albano,  à  Frasca- 
ti,  k  Tivoli  (même  les  cardinaux  ne  portent  pas  alors 
l’Habit  noir)  ;  les  parties  de  plaisir  à  la  campagne  ,  qui 
consistent  dans  des  piqueniques  qu’oh  fait  dans  les  vi¬ 
gnes  des  environs  ,  k  la  chasse  aux  alouettes,  et  dans  la 
tiromenade.  La  promenade  de  midi,  à  la  villa  Porghcse 
qui  est  surtout  k  la  mode  dans  le  mois  d  octobre  Les 
dimanches  et  les  jeudi?,  jours  particuliérement  consa¬ 
crés  aux  plaisirs,  cm  y  voit  un.  très'  grand  concours  de 
personnes  des  deux  sexe9  qui  soqt  restées  à  Rome  —  les 
promenades  en  carrosse  au  Corso,  avant  la  nuit.  — 
L’inondation  de  la  place  Navônne  ,  les  dimanches  du 
mois  d’août,  après  les  vêpres.  On  se  promène  dans  l’eau, 
en  carrosse.  On  croirait  yoir  une  naunaachie  antique.* 
Auberges.  Il  y  a  quantité  de  bons  hôtels  garnis  à 
Rome,  en  particulier  sur  la  place' d' Espagne  et  dans  la 
Strada  Croce  qui  y  aboutit,  et  où  les  étrangers  aiment 
à  loger.  Dans  la  Strada  condotti  ,  '  Y auberge  allemande 
de  M,  Roefsler,  connu  sous'  le  nom  de  Monsu  Franz. 

Distances.  De  Rome  k  Naples  ,  18V2  postes;  k  Mi¬ 
lan,  47;  k  Florence,  22;  k  Bologne  31 

Tournée  intéressante  pour  voir  en  détail  les  princi - 
pales  curiosités  des  environs  de  Rome ,  rère  Journée.  De 
Rome  en  voiture  k  Albano ,  13  migiie,  ou  milles  Italiens. 
Des  cippes  et  des  restes  d’anciens  tombeaux,  bordent  la 
vàie  Appienne.  A  un  mille  d’Albano  on  qttiffe  sa  voi¬ 
ture  et  on  se  rend  k  pied  k  Castel-  Gandolfo  ,  belle  vue 
k  la  pidzza ,  élévée  au-dessus  è<-  'Ïül  'mer  de  1249  anciens 
pieds  de  Paris."  Ce  bourg,  où  Gdn.gqnelli  se  plaisait 
beaucoup,  est  des  plus  jotis  et  des  plus  rihrisr';  il  domine 
sur  un  lac,  le  cratère  d’un  volcan  éteint,'  et  où  fou  ad¬ 
mire  avec  un  étonnement  respectueux,  ce  superbe  emïs • 
sario  ,  ou  canal,  creusvé  par  les  anciens  Romains.  Deux 
chemins  mènent  de  Castel  -  Gandolfo  k  Albano,  l’un  dit, 
la  galeria  di  sopra ,  l’autre  la  galeria  Ai  sotto.  Chôisis 
sez  le  premier,  et  allez  voir  en  passant  à  la  villa  Bar- 
beririi .  les  restes  magnifiques  de  la  màjsdn' de  campagne 
de  Domitien ,  où  le  coup  d  oeil  est  superbe,  ainsi  que 
du  couvent  des  Zoccolunti.  Les  JSymphées.  Belle  vao 


go  L’ITALIE.  VILLES.. 

dp.  haut  des  çapuc.^ns  d' Albano.  Gamme  la  galfir.U  dû 
sotto  a  aussi  ses  beautés  particulières  ,  on  pourrait  y 
faire  une  promenade  ,  et  voir  .le  .tombe,au,fabùieu^  d'As- 
Cjune ,  et  le  mausolée  des.iîorac^,s  e,t  Çuriaçes ,  mais  qui 
plus  vraisemblablement  renferme  les  çendres  du  grand. 
Pompée ,  Albano  ,  cette  ville  agréable,  bâtie  sur  rem¬ 
placement  de  la  somptueuse  maison  de  campagne  de 
Pompée,  réunit  tous  les  avantages  d’une  heureuse  situa¬ 
tion..  Seconde  Journée.  Excursion  au  co.uvjent  .de?  capm- 
«pas  de  Gensano  ;  au  lac  de  ce  .nom ,  qui  p.  pareillement 
1 \n  .émissaire  (au  fond,  on  remarque  à  l’eau  claire  ,  la 
carcasse  d’un  navire  ancien,  dont  parle  Pie  11.)  -,  à  Nemiÿ 
et  sua*  le  retour  h.  la  Ricçia ç>ù  il  y  a  un.beau  parc  du 
duc  de  Çfytgî.  Troisième  Journée f  Poursuivant  le  voyage 
à.  cheval,  on  arrive  à  Rocca  di  Papa  ,  (  élév.  au-  dessus 
dp  la  mer,  2230  p.  de  Paris)  dans  une  situation  pittores¬ 
que  et  .romantique;  au  couvent  de  Palazzuola ,  l:an- 
exen  Alba-longa  ,  et  au  sommet  du  t  Monte  Cavo  ;  vue 
étendue  et  imposante;  restps  cçlèbres  de  l’ancien  temple 
de  Jupj,t/:r:  (  élçv.  a.  cl.,  de  la  mer,  ü,Ç20  p.  de  Paris), 
Via  consulaiis  et  ?qvatiop,is.  On  retourne  du  sommet, 
par  Rocca  di  Pcpa,  à  Murino  :  au  palais  Colonna ,  le 
tableau  ^original  de  Béatrice  Cenci :  au  couvent  de  Grotta 
fer.Qia’,  ojù  l’çn  adtpire  quelques  tableaux  en  fresque,  de 
Domenichino  ;■  â  Vr/iscati  :  des  ruines  attestent  l’antique 
splendeur  des  anciens  jElomains.  A  la  villa  Mondragone , 
beau  portique  de  Fignola ,  et  belle  yue  de  la  terrasse. 
Quatrième  Journée.  A  la  fl  ufjirj,ella,  villa  d  0  Lucien  Buo- 
naparte ;  le  Tusc.ulanum  de  Cicéron  n’existe  plus ,  mais 
les  platanes  y  croissent  comme  de  son  tems,  de  Orat.\.  7. 
Cinquième  Journée:  àmulet,  à  Palestrijia,  l’ancien  Prae- 
neste  :  ruines  du. temple  de  lafortuné;  clans  l’avantsalle  du 
palais.  Barberinp,  la  célèbre  mosaïque ,  trouvée  dans  ces 
ruines.  Sixième  Journée  àmulet,  de  Palestrina  à  Subiacp  : 
beaux  sites  de  la  nature  romantique  sur.çe  chemin  de  Pale - 
strinea.  Subiaco ,  et  Tipoli:  contrées  pittoresques  et  sauva¬ 
ges  :  M .  Küitner  sTen  parle  qu’avec  extase.  Subiaco:  belle 
v.ue  du  château  papal;  allez  au  couvent  des  Bénédictins, 
où  l’on  trouve  des  colonnes  et  d’autres  restes  du  palais 
de  Néron:  à.  la  grotte  du  St.  Bernard,  sa  statue,  par  Ber- 
Ziini,  se  voit  a.u  couvent  des  Bernardins.  Septième  Jour¬ 
née.  De  Subiaco  au  couvent  de  Str  Cosimo  .  il  faut  lo¬ 
ger  dfms  ce  couvent  hospitalier,  car  l  nuberge  à  Vico~ 


L’ITALIE.  \ILLES;  gi 

vavo  est  mauvaise,  jynçieiy  aqueduc  Romain,  au  tra¬ 
vers  d’un  roc..  ^Huitième  Joy.rnèe.  De  St.  Cosim o  a  Ti¬ 
voli  ;  Li  milles  ;  la  villa  d'Horace  sur  le  penchant  du- 
mont  Lucretilis  ;  (le  paysage  ressemble  parfaitement  à  la 
description  du  poète:  Serm.  II.  6,  et  Carm.  I.  17-)  prèsr 
de  la  un  payé  en  mosaïque;  on  remplit  ses  poches  de 
ces  pierres:  (consultez  les  8  estampes  à  l’eau  forte,  par 
Philippe  Hackert ,  et  la  petite  carte  topographique  qui 
les  accbmpagne;  ce  sera,  votre  meilleur  guide  dans  ces 
lieux  classiques).  Neuvième  Journée.  Tivoli  :  le  Tibur 
HL' Horace (Ode  , VI.  liv.  II.  )  célèbre  d’ailleurs  parles- 
ruines  imposantes  des  plaisons  de  campagne  de  Mécène:- 
à'Adfien  (à  .q  miglie  de  Tivoli)  dont  les  débris  semblent 
ceux  d’une  autre,  Rome  ;  les  temples  de  Vesta-  X  à  présent 
une  église et,, de  la  SybHlf  (placé  dans  la  cour  de  Tau* 
berge);  de  plus  par  la  perspective  frappante  et  diversi¬ 
fiée  de  ses  cascades ,  surtout  des  cascatelles.  Le  général 
MioÙis  a  rendu  l’approche  de  la  grotte  de  Neptune*» 
plus  cpmihode  ,  par  un  sentier  nouveau.  La  villa  d' Este, 
ja^ip  si  renommée,  n’intéresse  plus  à  présent ,  que  par 
quelques  peintures  al  fresco.  Un  naturaliste  v  peut  ob¬ 
server  la.  nouvelle  pierre  de  Tibur.  Les  incrustations,, 
appelées  ,  confetti-  di.  Tivoli- ,  se  forment  dans  un  petit 
fuis.eau^  qui  s’écoule  d’un  lac,  qui  a  de  petites  îles- 
flottantes’.  Cetfe  eau  bouillonne  ayssitôt-que  l’on  y 
jette  là  moindre  pierre;  et  l’odeur  de  souffre  qui  flotte 
sur  son  étendue  est  furieste  aux  oiseaux.  —  Dixième  ou- 
qnzièrfrie  Journée.  fi.etour  à  Rome,  en  voiture.  — ■ 

Noüs  reçoxhmandons  aux  amateurs  de  la  littérature 
classique  ancienne,  un  manuéj  intéressant ,  le  Voyage 
sur  la  scène  des  six  derniers  livres  de  l'Enéide ,  Suivi.de 
quelques  observations  sur  le  Latium  moderne^  par  C.  V. 
d(?J'Bonsietten.  A  Genève,  T  An'  XI PI.  8-  et  aux  An¬ 
glais ,  1&  Des crtpiiïon'of  Latium ,  or  la  Campagna  di 
JRom a.  Lonflpn,  1815*  1 4*  avec  20  gravures,  et  une  bonne 
carte  de  la<Catopagnà;'  ?  ' 

•  '*  .  .  :  .  .1  ft  • 

Mil  ange  J. 

-Rome  n’est  plus  dans  Rome.  Mais  partout  à  Rome 
on  s’arrête  avec  étonnement,  et  l’on  Contemple  avec  ad- 
mirataon:  ,,Cet  air  que  l’on  ïespîre ,  dit  Dupaty,  c'est 
cet  »air  que  Cicéron  a  frappé  de  tant  de  mots  éle- 
q uehs  ;  ,  les  Césars,  de  tant  dé  mots  puissans  ef  teïrf- 


8a 


L’ITALIE.  VILLES, 


blés.  Sur  cette  terre  a  dôiic  coulé  tarit  de  sang! 
Sur  cette  terre  ont  donc  coulé  tant  de  larmes  !  Horace 
et  Virgile  ont  récité  ici  leurs  beaux  vers  !  “  Et  le  con¬ 
temporain  de  nos  jours  ajoûtera:  „la  révolution  de 
France,  dont  les  secousses  ont  bouleversé  l’Europe, 
en  ébranlant  Rome,  n’a  que  consolidé  son  aiicienne 
gloire.  “  —  La  plus  belle  vue  de  Rome ,  dit  M.  Datent, 
et  peut  être  d’aucune  cité  du  monde,  est  des  jardins 
du  prince  Dante,  ou  de  la  Villa  Cqrsini ,  au-dessus 
du  palais  Corsini ,  dont  Vasi  a. publié  une  estampe; 
ou  de  la  place  de  l’église  la  Trinita  de  Montï.  —  De¬ 
puis  le  mois  de  juillet  jusqu’en  octobre  l’air  qu’ori1 
respire  à  Rome ,  est  très  -  malsain';  on  est  alors  obli-’ 
gé  de  choisir  une  habitation  fixe,  de  né  jamais  dé¬ 
coucher,  de  tenir  son  lit  exposé  au  grand  air  pen¬ 
dant  tout  le  jour,  et  d’être,  surtout  le  soir,  de  la' 
plus  grande  sobriété,  sans  quoi  l’on  court  le  risque 
de  gagner  des  fièvres  dangereuses,  auxqu’elles  Ion 
succombe  très  souvent.  Grand  nombre  d’étrangers  ont 
été  la  victime  de  leur  imprudence.  Cette  aria  cat~ 
tivo ,  a  fait  déserter  plusieurs  quartiers  de  Rome. 
Suivant  un  voyageur  de  1813  les  Quartiers  de  la 
Porte  du  Peuple ,  du  Quirinal ,  du  Mont  -  Trinité ,  de 
Transtevere,  les  derrières  du  Vatican,  et  de  lâ  porte  kn- 
gelica ,  sont  abandonnés,  et  servent  de  demerire  à  quelques 
campagnards,  et  de  réfuge  nocturne  aux  pâtres  avec  leurs 
troupeaux,  qui  habitent  alors  les  débris  et  masures  des 
couvens  supprimés,  et  des  maisons  désertes:  D’après  ce' 
voyageur,  il  faut  distinguer  à  présent  entre  les  ruines 
de  Rome  ancienne  et  celles  de  Rome  moderne.  — ,  Le  vent 
de  Sud,  nommé  Sirocco,  détraque  les  ressorts;  mais  n’esC 
pas  dangereux.  —  La  -phthisie,  regardée  partout  comme  in¬ 
curable  lorsqu’on  lui  a  laissé  faire  de  certains  progrès  oftre 
à  Rome,  de  plus,  l’image  horrible  d  une  sorte  de  peste,  qui 
se  communique  aux  gens  sains,  par  l’usage  non  seule¬ 
ment  des  vêtemen»  et  des  meubles,  mais  encore  par  1  ha¬ 
bitation  des  appart*mens  Comme  elle  s’attache  de  même 
aux  livres,  c  est  une  chose,  qu’on  craint  lorsqu’on  en  achè¬ 
te  de  hasaid  à  Rome:  on  expôse  alors  chaque  feuillet  d’un 
livre  de  rencontre  à  l’action  du  feu  d’un  réchaud  parfumé. — 
Le  pain  nommé  pan  Francese  est  le  plus  léger;  il  se 
vend  un  baïoque  et  demi  les  deux  pagnotes  ;  le  veau-de- 
lait  est  très  délicat;  il  n  y  a  point  de  plus  déLcât  gi¬ 
bier,  que  les  grives  et  les  alouettes;  le>s  rougets  et  les 
merlans  sont  toujours  recherchés.  On  aime  aussi  beau¬ 
coup  les  écrevisses  de  mèr,  nommées  grand  en  italien; 
oh  parvient  a  réduire  leur  écaille  à  une  peau  très -fine. 


L’ITALIE.  VILLES. 


83 


âe  manière  qu’on  les  mange  tout  entiers.  Les  broccoli g 
«ont  supérieurs  à  tous  les  autres  légumes  :  la  racine  d’u¬ 
ne  espèce  de  fenouil,  est  un  des  principaux  desserts  du 
printems  ;  il  s'y  trouve  très -souvent  des  vers  qu’on  dit 
être  très- nuisibles  à  la  santé»  ce  qui  a  donné  lieu  au 
proverbe,  guardati  del  verme  di  finochio.  Les  pomi  d'o *■ 
ro  ,  les  concommeri ,  espèce  de  mêlons  d’eau,  les  poi¬ 
res,  qu’on  nomme  brutte  e  buone ,  les  pommes  rouges, 
et  le  pizoutello  ,  raisin  de  table  très  -  délicat ,  sont  des 
fruits  excellens.  Les  citrons  passent  pour  les  meilleurs 
d’Italie.  —  Les  moins  chers  des  sorbets  qu’on  fait  ici 
avec  de  la  neige,  au  lieu  de  glace,  Coûtent  cinq  baro¬ 
ques.  —  Au  cours ,  et  à  la  place  d' Espagne ,  le  loyer 
des  maisons  est  plus  cher,  que  dans  les  quartiers  éloig** 
nés  et  déserts.  —  Les  étrangers  sont  obligés  de  prendre 
des  carosses  de  remise,  lorsqu’ils  ne  veulent  pas  aller  à 
pied  ,  car  on  n’a  point  ici  la  commodité  des  iïacres.  — 
La  fontaine  de  Trevi ,  fournit  la  plus  saine  de  toutes 
les  eaux  de  Rome;  l’eau  qui  est  appelée  del  Grillo,  tient 
le  second  rang.  Les  eaux  des  thermes  de  Dioclétien  ,  et 
de  la  fontaine  del  Gianicolo ,  sont  d'unusage pernicieux  y 
et  proscrits  de  toutes  les  tables.  —  Les  baignoires,  dont 
on  fait  usage  ici,  sont  très  -  commodes.  Elles  ressem¬ 
blent  a  peu -près  à  un  vaisseau  sans  tête,  et  portent 
sur  quatre  appuis  assez  élevés  pour  qu’on  puisse  passer 
un  réchaud  sous  la  baignoire,  de  sorte  que  le  bain  s’en¬ 
tretient  facilement  au  degré  de  chaleur  qu’on  désire. 
Ces  baignoires  sont  de  cuivre  bien  étamé ,  minces  et  lé¬ 
gères.  On  peut  en  louer  une  pour  6  sous  ou  2  gros  par 
jour.  On  doit  s'attendre  à  Rome ,  quand  on  a  été  pré¬ 
senté  dans  une  maison ,  de  trouver  le  lendemain  à  sa 
porte  quelques-uns  des  domestiques,  ou  de  la  famille 
de  celui  qu’on  a  été  riverire  (saluer).  Ce  tribut  que  les 
domestiques,  et  même  ci-devant  les  soldats  du  châteaié 
Saint- Ange ,  ont  impôsé  aux  étrangers  est  modique,  et 
n’équivaut  pas  aux  frais  des  cartes,  qui  ont  lieu  cheznou9, 
encore  moins  aux  sommes,  qu  on  est  tenu  de  distribuer 
en  Angleterre,  à  Vienne,  à  Hambourg,  à  la  livrée  du  maî¬ 
tre  chez  qui  l’on. a  diné.  —  A  Home,' les  heures  de  la 
promenade,  l’hiver  et  le  printems,  sont  depuis  22  jus¬ 
qu’à  24.  heures,  toujours  dans  la  rue  du  Cours  ;  le  peuple 
«à  pied;  les  grands  en  voiture;  les  femmes  surtout  n’en 
descendent  point.  Il  est  rare,  que  les  étrangers  attén¬ 
uent  l’été  pour  quitter  Rome,  On  ne  s’y  promène  point 


84 


L’ITALIE.  VILLES 


Alors  pendant  le  jour.  Chacun  renfermé  ehez  soi  dan* 
la  première  heure  de  la  nuit,  attend,  nue  l’p.tmosphère 
condensée  se  soit  déchargée  du  poids  immense  qui  l’ac- 
cafcle:  vient  l’heure  des  ébats  ,  le  Cours  se  remplit.  Cet 
amusement  dure  jusqu’à  minuit,  où  chacun  se  retire  pour 
aller  se  coucher.  Les  grands  viennent  à  leur  tour  s’em¬ 
parer  de  la  promenade  au  sortir  des  conversations,  et  il* 
la  tiennent  à-peu-près  jusqu’au  jour,  teins,  où  il  vont 
aussi  se  coucher.  On  demandera  peut-être  quand  sou- 
pe-t-on  donc?  On  ne  soupe  guères  à  Rome .  L’automne, 
il  y  a  peu  de  promenade  en  ville;  c’est  le  teins  des  Ville- 
giatures.  Albano,  Frascati ,  et  autres  lieux  agréables 
et  en  bon  air  à  l’orient  de  Rome,  sont  remplis  de  mon¬ 
de,  en  cette  saison.  —  Rome  n’est  point  éclairée.  Les 
gens  à  pied  font  porter  devant  eux  une  petite  lanterne. 
Ceux  en  voiture  en  font  porter  une  semblable,  dont  le 
faible  rayon  de  lumière  est  dirigé  sur  l’oreille  du  che¬ 
val.  Beaucoup  plus  de  personnes,  soit  à  pied,  soit  en 
voiture,  vont  à  tâtons.  —  Les  coups  de  coûteau  ne  sont 
plus  si  fréquens  ,•  anciennement  il  ne  se  passait  guères 
d,eux  ou  trois  jours  de  suite,  sans  qu’on  en  distribuât 
quelques  -  uns.  Mais  rien  de  plus  rare  à  Rome ,  que 
les  vols. 

Cartes.  Vues.  Gravures.  Nuova  Raccolta  di  100  Ve - 
dutine  antiche  délia  Citta  di  Roma  e  sue  Viciuanze,  in¬ 
cise  a  builino  ,  da  Domenice  Pronti  :  2  Tômes.  (Le  se¬ 
cond  tôme  contient  70  Vedutine  moderne ;  cet  ouvrage 
qui  se  trouve  chez  tous  les  marchands  d’estampes  ne 
coûte  que  12  Francs.) 

Livres  à  consulter.  Il  a  paru  par  les  soins  d’un  ha¬ 
bile  antiquaire,  un  petit  livre  de  fraîche  date,  et  accom¬ 
pagnant  un  Plan  vaste  et  bien  exécuté:  c’e^t,  le  Plan 
topographique  de  la  Campagne  de  Home,  considérée 
sous  le  rapport  de  la  Géologie  et  des  antiquités ,  dessiné 
et  expliqué  par  M.  le  D.  Sickler  [à  présent  conseiller 
du  Duc  de  Saxe  -  Hildbourghausen]  A  Rome  ign.  chez 
Bourlié:  .  [ét  se  trouve  à  Weimar ,  au  bureau  d’in¬ 
dustrie.]  Ce  livre  et  ce  plan  sont  indispensablement 
nécessaires  aux  voyageurs,  par  le.  grand  nombre  d’a- 
yis  utiles  et  instructifs,  sur  tous  les  sujets,  qui 
peuvent  les  intéresser.  Le  livre  de  Donatl ,  Roma, 
vêtus  et  recens ,  quoique  cet  ouvrage  aie  déjà  pa¬ 
ru,  il  y  a  cent  ans,  rçsle  encore  un  livre  qu'un 


L’ITALIE.  VILLES.  85 

voyageur  puisse  consulter,  comme  Cicerone,  malgré 
son  ancienne  date,  et  malgré  les  ch.angem.ens  survenus 
depuis  le  dernier  siècle.  Nous  recommandons  aux  étran¬ 
gers:  V Itinéraire  instructif  de  Rome ,  par  Marien  Vasi, 
Romain:  à  Rome  1797:  vol.  8-  (Prix  12  paules  d’argent, 
broché.)  et  un  autre  ouvrage  in  40.  encore  plus  récent: 
Roma  descritta  cd  illustrata  dell'  abbate  G.  A.  Guat- 
tani.  Seconda  edizione  corretta  ed  accresciuta.  Roma. 
1805.  2  vol.  chez  Pagliarini.  —  L’Abbé  Marini ,  est 
un  antiquaire  fort  à  recommander. 

SIENE.  Population  15  à  i6,eoo  a. 

Edifices  remarquables.  Curiosités.  La  porte  Fiomaine  ; 
(construite  en  1321  sur  les  dessins  d’Agostino  etd’Agnolo) 
—  la  cathédrale  (c’est  ce  qu’il  y  a  de  plus  grand  et  de  plus 
remarquable  à  Siène.  Il  y  en  a  une  déscription  imprimée* 
Le  pavé  par  Beccafumi ,  est  une  des  belles  choses  d’ita 
lie.  On  admire  surtout  le  sacrifice  d’Abraham  et  le  pas¬ 
sage  de  la  mer  rougè.  Le  tableau  peint  par  Parin  del 
Vagay  est  très  -  estim-é.  N’oubliez  non  plus  de  fixer  le* 
belles  peintures,  qui  représentent  la  vue  du  pape  Pie  11. 
ou  Enée  Sylvius.  La  chapelle  de  la  famille  Chigi  est 
la  plus  belle.) —  L’hôpital  di  Sta.  Maria  délia  Scala- 
(dans  l’église  une  très  -  grande  fresque  du  chevalier 
Conçu.)  —  le  palais  Savini  —  la  grande  place:  (on  y 
donne  des  fêtes  et  des  jeux  très -connus;  savoir:  le  jeu 
des  Pugni ,  espèce  de  lutte,  et  la  course  des  chevaux. 
La  fontaine,  appelée  Fonte  di  Gaja ,  est  belle.)  —  le  pa¬ 
lais  public  (plusieurs  tableaux  de  Beccafumi  et  de  Soda» 
na.)  —  la  colonne  antique  de  granit,  surmontée  d’un 
groupe  en  bronze  doré  —  la  grande  tour  et  la  chapelle 
à  laquelle  elle  est  adossée  ;  (la  hauteur  de  la  tour  est 
de  270  pieds  ;  on  y  découvre  jusqu’à  la  chaîne  des  Alpes 
comme  un  nuage  noir,  daûs  le  lointain.)  —  les  palais 
de  Chigi  ,  d’Elci  ,  de  Gianelli  etc.  —  le  bâtiment  de  la 
douane:  —  (un  grand  nombre  d’églises,  mais  pas  si  re¬ 
marquables  que  la  cathédrale.  Dans  l’église  des  Do¬ 
minicains  ,  qui  a  été  ruinée  par  un  tremblement  de  ter¬ 
re  ,  on  remarquait  autrefois  un  tableau  très -ancien,  et 
très  -  éstimé,  fait  en  1221  par  Guide  de  Siène ,  et  qui  vient 
d’être  transporté  dans  un  autre  lieu.)  —  plusieurs  fon¬ 
taines  remarquables.  — 

Etablissemens  littéraires  et  utiles.  Les  académie* 
des  Introuati ,  des  Rozzi ,  des  Innominati,  de’  Fisiocri» 
G»  des  Voy.  X.  II.  H 


86 


L’ITALIE.  VILLES. 

tici,  (très- considérée  en  Italie)  degli  Ardenti.  L’uai- 
rérsité:  (établie  en  1321.)—  l’académie  del  maneggio,  sus- 
pendue  en  1799,  rétablie  en  1802. 

Collections.  Cabinets.  Les  bibliothèques  de  l’uni¬ 
versité,  des  Augustin  s  et  de  la  cathédrale:  (dans  la  der¬ 
nière,  des  tableaux  de  Pinturicchio  et  de  Raphaël.)  les 
cabinets  d’histoire  naturelle,  de  l’université,  du  cheva¬ 
lier  Gallerani;  du  père  Soldani  etc.  Le  cabinet  des  mé¬ 
dailles,  et  la  collection  d’estampes  et  de  dessins,  de  l’u¬ 
niversité.  Les  galeries  de  Spanochi  et  de  Saracini: 
(ces  deux  galeries  renferment  surtout  des  tableaux  pré¬ 
cieux  de  1* école  de  Siène.) 

Promenades.  Les  allées  près  de  la  porte  Camullia. 

Fabriques .  Manufactures:  de  rubans  ,  de  cuirs;  de 
chapeaux  ,  de  cordes  d’instrumens.  Le  marbre  appelé 
Broc atelle  de  Siène ,  est  fort  recherché. 

Auberges.  Aux  trois  Rois. 

Livres  a  consulter .  Nuova  raccolta  di  alcune  piu 
belle  pittüre  di  Siena.  Siena ,  1776. 

Distances.  De  Siène  à  Rome,  17  postes;  à  Florence, 
5;  à  Bologne,  13;  à  Mtodène,  16;  a  Parme ,  20;  à  Mi¬ 
lan  ,  29. 

Environs.  Le  Monte  -  Rotondo ,  où  l’on  voit  des 
bouches  fumantes ,  et  des  eaux  qui  ont  la  chaleur  de 
l’eau  bouillante.  —  Les  antiquités  de  villes  de  Colle  et 
de  Casole  «—  La  Maremma  —  les  salines  de  Castiglione 
—  File  d'Elbe ,  vis-à-vis  des  Maremmes. 

Mélanges.  Siène ,  au  milieu  de  collines  qui  opt  les 
formes  les  plus  agréables,  et.  qui  sont  très-bien  culti¬ 
vées,  est  peut-être  la  ville  de  l’Italie-,  où  il  convient 
le  mieux  à  un  étranger  de  faire  quelque  séjour.  Le  cli¬ 
mat  y  est  doux,  on  y  vit  à  un  prix  raisonnable,  on  y 
jouit  d’une  société  aimable  et  spirituelle,  et  l’on  y  par¬ 
le  l’italien  le  plus  pur.  —  A  Siène ,  qui  est  la  patrie  de 
la  sainte  Cathérine,  il  y  a  une  confrairie  instituée  en 
l’honneur  de  cette  Sainte,  qui  a  coûtume  de  marier 
quelques  filles  de  pauvres  artisans  à  son  anniversaire. 
On  y  observe  un  usage  tout- à- fait  singulier.  Ces  filles 
entièrement  habillées  de  blanc,  et  couvertes  d’un  voile, 
entendent  la  messe,  et  après  cela  on  les  mène  en  pro¬ 
cession  par  la  ville;  les  hommes  qui  en  demandent  une 
en  mariage,  les  attendent  dans  les  rues,  et  chacun  don- 


L’ITALIE.  VILLES. 


87 


ne  un  mouchoir  à  celle  qu’il  a  choisie;  si  elle  en  est 
contente,  elle  fait  un  noeud  dans  le  mouchoir  et  le, 
garde,  si  non,  elle  le  baise  et  le  rend.  Les  parens  ne 
trouveut  rien  à  redire  à  ce3  mariages,  étant  persuadés 
que  la  Sainte  en  a  dirigé  le  choix. 

TURIN.  Long,  piazza  castello  :  25°.  20'.  o".  (Ile  de 
per)  Lat.  45O.  4'.  15".  Population :  685coo.  [Les  loges 
Franc-Maçonnes  viennent  d’être,sévérement  défendues.] 

Edifices  remarquables.  Curiosités.  La  cathédrale  : 
(le  trésor  contient  beaucoup  de  vases  précieux;) —  la 
chapelle-du  S.  Suaire:  (la  plus  belle  église  de  Turin)  — 
Je  château  Royal.  La  place  est  l’une  des  plus  grandes  de 
l’Europe  —  le  palais  d’Aoste:  l’escalier  en  est  magni¬ 
fique,  et  peut-être  unique.  —  Le  théâtre  (le  plus  consi¬ 
dérable  qu’il  y  ait  en  Italie:  la  toile  est  un  véritable 
tableau).  —  L’église  de  St.  Laurent;  (c’est  une  des  cou¬ 
poles  les  plus  hardies  que  l’on  ait  faites)  —  les  bâtimens 
de  l’académie  et  de  l’université:  (sous  les  portiques,  des 
inscriptions  etdçs  bas-reliefs  antiques) — l’hôpit'al  délia 
carità  —  l’église  de  la  Ste.  Croix:  (belle  rotonde)  —  l’é¬ 
glise  de  St.  Philippe  dé  Néri:  (c’est  une  des  plus  belles 
églises  de  Turin)  —  le  palais  de  Carignan  (la  façade, 
qjuoique  de  briques,  a  un  aspect  agréable  et  maje- 
stueuxj  —  la  place  de  St.  Charles;  (la  plus  belle  de  Tu¬ 
rin  ,  sans  excepter  celle  du  château,  par  la  proportion 
et  la  grandeur,  et  par  1  égalité  des  bâtimens.)  —  l’église 
de  Ste.  Christine:  (la  belle  statue  de  Ste.  Thérèse,,  chef- 
d’oeuvre  de  Legros)  —  l’église  de  Ste.  Thérèse  (la  cha¬ 
pelle  de  St.  Joseph  est  ornée  de  tableaux  de  Corrado , 
qui  sont  fort  beaux)  —  la  citadelle:  .(ouvrage  immense  ,  les 
fortifications  célèbres  ont  été  démolies)  —  l’arsenal  et  ses 
atteliers  ,  —  l’église,  la  Consolata:  très  -  fréquentée  à 
cause  de  l’inaage  de  Nôtre- Daine  de  Consolation  ;  la  vue 
de  la  terrasse  au-dessus  de  l’église,  est  fort  belle.)  —  l’é¬ 
glise  de  S.  Salvadore  :  (elle  était  occupée,  enlevant,  par 
les  Jésuites)  —  l’hôtel  de  ville  —  l’église  Corpus  Domi- 
^\i  :  (cette  église  est  une  des  plus  ornées  qu'on  puisse 
■voir)-—  les  casernes  près  de  la  porte  de  Suze:  (on  les 
croit  les  plus  belles  de  l’Europe.)  les  rues  du  Pô  et  de 
la  Doire ,  sont  réputées  les  plus  belles. 

Fabriques.  Manufactures  :  de  velours;  de  draps; 
d  étoffes  de  soie  :  (surtout  la  mauufacture  à  la  Casa  di 
Virtù,)  de  tapisseries,  dans  le  goût  de  celles  des  Gobe- 

H  2 


88 


L’ITALIE.  VILLES. 


lins;  (on  y  a  fait  de  belles  teintures  sur  les  cartons  du 
chevalier  de  Beaumont ,)  de  porcelaine  ;  de  gants  de  cha¬ 
mois  :  (très  -  recherchés,)  d’excellens  rosolis;  d’eau  de 
mille  fleurs,  généralement  recherchée;  de  beaux  bas 
de  soie,  très -estimés;  de  la  parfumerie  etc. 

« Spectacles  ,  Comédies  italiennes  e  t  françaises  ;  cpé- 
ras  bouffons ,  au  théâtre  de  Carignan. 

Etablissemens  littéraires  et  utiles.  L’académie  dc.s 
sciences,  rétablie  en  1801. 

Collections.  Cabinets.  Le  musée  et  la  galerie  de  ta¬ 
bleaux,  lescollections  d’hist.  nat.  et  du  physique  et  la  bi¬ 
bliothèque  de  l’académie  et  de  l’université  ;  l’observatoire  . 
Les  collections,  qui  existaient  à  Turin  avant  l’occupa- 
tions  des  Français,  ont  élé  privées  de  la  plus  grande  par¬ 
tie  de  leurs  richesses.  M.  de  Matthison ,  trouva  encore 
au  Musée  quelques  antiquités  de  prix,  un  Orphée  en 
mosaïque  ;  un  Cupidon  dormant. 

Promenades.  Le  jardin  du  château;  [la  plus  belle 
promenade,  comme  la  plus  fréquentée;]  la  place  dtï 
Rondeau:  les  allées  un  peu  éloignées  du  Vallentin  :  le 
glacis:  le  Corso  :  (toute  la  ville  s’y  montrait  en  voituré 
entre  5  et  7  heures  du  soir). 

Auberges.  A  l’hôtel  d'Europe  ,  grande  et  magnifique 
auberge:  à  la  bonne  femme. 

Distances .  De  Turin  à  Gènes,  15  postes  ty2i  à  Mi¬ 
lan  11;  à  Chambéry  22V2. 

Environs.  La  vigne  de  la  Reine ,  —  la  montagne  de$ 
CUpuçins  :  (c’est  l’endroit,  où  l’on  va  le  plus  volon¬ 
tiers  ,  pour  avoir  dans  tout  son  entier  la  vue  de  Turin, 
celle  du  Po,  de  la  Doire  etc.)  —  le  château  de  Vallentiny 
et  sou  beau  jardin  botanique.  —  La  Superga :  (gron¬ 
de  et  belle  église  ,  bâtie  en  mémoire  de  la  dé¬ 
faite  des  Français  en  1706;  du  haut  de  la  coupole  on 
découvre  toute  la  plaine,  et  les  montagnes  du  Piémont 
de  tous  les  côtés;  dans  le  beau  teins,  on  peut  découvrir 


L'ITALIE.  VILLES. 


89 


tout  le  pays  jusqu’à  Milan.  Les  cendres  des  Rois  de  Sar¬ 
daigne  ont  échappé  au  vandalisme  révolutionnaire,  mais 
les  ornemens  et  inscriptions  ont  été  mutilés  ou  effacés: 
la  bibliothèque  a  été  transportée  à' l’Académie  de  Tu¬ 
rin).  —  le  château  de  Stupiniggi,  l’une  des  plus  belle»* 
maisons  de  plaisance  de  l’Europe  —  la  Vénerie  :  maison 
de  campagne  du  Roi.  Sous,  le  gouvernement  françai» 
on  y  a  cultivé  le  nopal,  l’indigo,  et  d’âutfes  plante» 
lares.  Vers  la  moitié  du  chemin  de  Turin  à  la  Vénérie, 
uii  vieux  chêne.  Sous  cet  arbre  se  tint  le  conseil:  de 
guerre,  où  fut  résolue  l’attaque  des  lignes  des  Erançais,, 
lors  du  siège  en  /706.  —  Moncalderi  :  (  situé  agréable¬ 
ment  sur  le  Pô).  —  les  ruines  de  l’ancienne  ville  d’Jn- 
dustria ,  à  6  lieues  de 'Turin,  du  côté  de  Verceil» 

Mélanges.  Il  y  a  quatre  belles  portes  à  Turin ;  1^ 
•porte  du  Pô  est  la  plus  remarquable  de  toutes.  L’oiï 
compte  110  églises  et  chapelles,  et  dix  places.  Les  rue»  * 
sont  d’une  régularité  et  d’uù  alignement,  qui  forment 
le -plus  beau  spectacle.  Les  rues  se  croisant  à  angles 
droits,  partagent  la  ville  en  145  parties  ou  carrés.  Au 
milieu  il  y  a  une  grand  pierre,  sur  laquelle  il  faut  mon¬ 
ter,  pour  contempler  d’un  seul  coup  -  d’oeil  ces  rues, 
qui  partent  comme  autant  de  .rayons  d’un  centre  com¬ 
mun,  et  finissent  toutes  par  quelque  perspective  agré¬ 
able.  On  vend  à  Turin  un  grand  plan,  où  tous  leurs 
noms  sont  notés.  On  se  sert  k  Turin  d’un  excellent' 
pain,,  qui  par  sa  forme  d’une  gauffre  roulée,  ressemb* 
le  assez  k  de  petits  fagots.  Le  Carrottino ,  est  uue  es¬ 
pèce  de  voiture  à  un  sepl  cheval,  particulière  k  cettè 
ville. 

VENISE.  Long,  place  de  St.  Marc.  300  o'  44".  (Ile 
de  Ter.)  Lat.  450  25'  33".  Population  100,000  h. 

Edifices  remarquables.  Curiosités.  *  1.  Les.  églises, 
les  plus  remarquables,  pour  les  tableaux  ou  pour  la 
bonne  architecture —  *  la  Carita ,  par  Palladio  —  S. 
Francesca  délia  Vigiia,  par  Sansovino  — •  li  Frasi  :  (  Ti- 
tien  est  enterré  dans  cette  église;  sa  simple  tombe  con¬ 
traste  singulièrement  avec  le  monument  fastueux  de 
Pesarq  qui  se  trouve  en  lace).  —  S.  Geminiano:  (mor- 


ça 


L’ITALIE.  VILLES. 


ceaii  élégant  d’architecture,  par  Sansqvino ,  qui  y  est 
enseveli;  dans  la  sacristie  le  tombeau  du  fameux  Law.. 

—  S.  Geremi-a:  (  belle  églis-e  ). —  I  Gesu-iti  (surtout  le 
pavé  en  mosaïque,  et  les  marches  du  maître  -  autel),  r— 
S'.  Giaconro  dello  Orio  :  (on  y  admire  irne  très -belle- 
colonne  de  vert  antique).  —  S.  Giacomo  délia  Vigna  — 

*  S.  Giorgio  maggiore  ;  (dans  une  île  qui  fait  face  au 
palais  de  S.  Marc,  entièrement  occupée  par  des  pro- 
jnenadès  très  -  fréquentées  les  dimanches  ,  et  des  jardins- 
de  plaisance;  l'église  est  de.  Palladio  ,  et  il  y  a  deux 
beaux  cloîtres  ,  l’un  par  Palladio,  l’autre  par  Sanso •  - 
vino.  Le  pape  Pie  VII.  y  fut  élu*  Les  Français  ont  em¬ 
porté  de  l’église  le  tableau  fameux  de  Véronèse :  un 
commissaire  autrichien  il’a  réclamé  à  Paris  ,  de  même 
que  les  manuscrits  et  éditions  rares  de  la  bibliothèque 
du  couvent».  Du  balcon  du  grand  dortoir,  *  une  très- 
lielle  vue  sur  les  lagunes)'.  —  S.  Giovanni  à  Paolo  :  (ri- 
clxç  en  tableaux.  On  conserve  encore  dans  cette  église’ 
la  peau  de  Bragadino,  que  Mustapha  fît  écorcher  vif, 
après1  la1  prise  .cle  Faniagouste  en  1571.)  —  S.  Lucia,  par 
Palladio \f'Areiiri y  est; ‘enterré),  —  Madonna  del  O'rttr 

—  *  S'.‘,  Marco  ;’  (le  frôfttispice'  et  ses  ciiiq  portes  d” ai¬ 

rain  ;  un  voyageur  moderne  appelé  cette  église  magni¬ 
fique  ,  Ta  v itte  de  tXieu.  Élle  aÿcôupoles,  12  porte?, 
500  colonnes,  dés  monümens  et  des  ouvrages  en  mosaï- 
que'  superbes  ,  et  chaque  pas  y  rappe.'e  le  souvenir  de 
Êysance,  de  Jérusalem  et  de  Rome  ancienne  ;  Un  petit 
morceau  dé  po-rphÿre  est  enchâssé  dans  le  pavé  du  por-^| 
tique  de  S  Marc;  c’est  là  que  l’Empereûr  Frédéric  Bar- 
berousse,  prosterné  aux  pieds  du  pape  Alexandre  TÏI., 
reçut  en  1177  Pabsolütiori ‘des  censures  encourues*  Sur 
le  portail,  les  4  fameux  chevaux,  dits  des  Conquîtes. 
Transportés  de  Corinthe  en  120S  à  Venise,  à  Paris  en  1797. 
iîs;  y  furent  îreplacéér  en  i8îÿ>'Pai>  François  IJ.  *  Le  clo¬ 
cher  de  St  Maie  est  haut  de  334  pieds,  y  compris  la 
hauteur  de  la  statue  de  l  ange,  dt  16  pieds.  C  est  seulement 
du  haut  de  cette  tour  qu’on  peut  se  former  une  idée  de 
l’ensemble  de  la  cité  flottante  et  de  s-es  îles.)  —  *  il  Re- 

dentore.:  (remarquable  par  ïa  .largeur  de  son  Area). 

*  S.-  Sainte:  (c’est  une  de?  églises  qui  mé¬ 

rite,  le  plus  d'être  vue  et  edjniyée.  L’annoncia- 
tion  ;  beau  tableau  de  Giordano).  —  S.  Seba- 
tliauo:  (Paul  Fétonèsc  0  f  le  plafond,  lé?  vo- 


L’ITALIE.  VILLES.  91 

lets  de  l’orgUe,  le  maître-autel  etc.  Il  fui:  enseveli  dans 
cette  église.  )  —  J.  Tolentini  :  i(de  Sansovino.)  —  S. 
Zaccaria  —  *  le  Zitelle  :  ( par  Palladio.  )  —  i  Servi  :  (la 
statue  de  l’amiral  Emo  ,  en  grandeur  naturelle  ,  de  Ca* 
nova  :  on  y  montre  le  lieu  de  la  sépulture  d e  Fra  Paolo  ; 
le  poignard  dont  il  fut  frappé  pour  avoir  défendu  le* 
droits  de  laRépublique  avec  tant  d’énergie,  est  suspendu 
aux  pieds  d’un  crucifix )'.  —  (Non  loin  de  l’église  San- 
Miracoli ,  on  montre  la  "maison  que  Titien  habita)  — 
le  *  couvent  de  Scalzi  est  tout  couvert  de  marbres  pré¬ 
cieux,  de  porphyr-e,  de  verde  antico.  —  *  St.  Stephano 
(le  grand  Mauroceni  Peloponnesiaco  y  est  enteiré).  — 

2.  Les  Scuole;  qui  appartiennent  aux  confréries,  et 
sont  décorées  de  quelques-uns  des  plus  beaux  tableaux 
de  Venise,  -r  Scuola  délia  carità.  (Le  tableau  de  la 
présentation  dans  le  temple,  et  l’Ecce  homo,  par  le 
Titien ;  surtout  la  figure  d’une  paysanne  qui  porte  des 
oeufs.  Rahel  mourante,  par  Cinarolli.)  —  Scuola  di 
S.  Marco:  (le  S.  Marc  du  Tintfiret ,  le  chef- d’oeuvre  de 
ce  peintre  célèbre.)  —  ♦la  Scuola  du  S.  Rocco  :  (toute 
peinte  par  le  Tintoret  \  le  morceau  le  plus  capital  est  le 
crucifiement  de  J.  C.  dans  la  salle  de  l'Aibergo.  A  la 
voûte  de  l’Aibergo  on  voit  un  S.  Roch,  c’est  le  tableau 
d  épreuve  qui  donna  l’avantage  au  Tintoret  sur  ses  con- 
currens.  Il  y  a  plusieurs  autres  scuole.  Pendant  la  ré¬ 
volution ,  ces  scuole  ont  le  moins  souffert). 

3.  Bâtimens  et  lieux  publics.  Palais.  *  Le  ci-devant 
palais  du  doge  :  (ce  palais  est  orné  dé  superbes  tableaux, 
par  Vérone  se;  par  Bassano  ;  par  Palms,  (le  jugement 
dernier.  Les  Fi-ançais  en  ont  fait  transporter  plusieurs 
à  Paris,  et  les  démagogues  Vénitiens  ont  détruit  les  fa¬ 
meuses  gueules  de  lion.  On  admire  encore  le  monument 
érigé  en  l’honneur  du  grand  Mauroceni .  Une  partie  de 
ce  grand  palais  est  couverte  de  cuivre  ou  de  plombr,  et 
c’est  entre  les  voûtes  et  les  plombs,  qu’étaient  les  pri¬ 
sons  de  l’état,  sotto  i  Piombi.  -La  galerie  inférieure, 
ou  le  portique  sous  le- palais,  est  appelé  le  Broglio.  — 
*  Place  S.  Marc:  (elle  forme  comme  deux  places  diffé¬ 
rente»  qui  se  joignent.  Elles  ont  en  tout  180  toises  de 
longueur;  la  plus  petite  s’appele  Piazetta.  Lé  coup- 
d’oeil  de  cette  place  est  admirable  ,  surtout  quand  on 
arrive  par  le  canal  de  la  Giudecca,  eu -venant  de  Fev- 
rare.  Sur  trois  hauts  mâts,  où  l’on  déployait  ci-devant 


92  L’ITALIE.  VILLES. 

les  pavillons  la  République  en  mémoire  des  trois 
Royaumes  de  Chypre,  de  Candie  et  de  Négreponte,  flot» 
tent  à  présent  les  bannières  royales.  Les  deux  colonnes 
de  granit  oui  terminent  la  petite  place,  et  entre  lesquel¬ 
les  on  exécute  les  criminels,  furent  apportées  d’Atliènes 
l’an  1174.  La  place  de  S.  Marc  est  pour  les  habitans  de 
Venise,  ce  que  le  palais  royal  est  pour  ceux  de  Paris- 
Elle  a  une  ressemblance  parfaite  avec  la  place  de  Mei- 
dan-Chah  d’Ispahan.  C’est  le  rendez-vous  général  d’af¬ 
faires,  de  plaisirs  et  de  curiosités,  et  à  quelque  heure 
du  jour  qu’on  s’y  rende,  on  est  sûr  d’y  trouver  un  échan¬ 
tillon  de  toutes  les  nations.  Les  dames,  aussi  bien  que 
les  hommes,  sont  ici  dans  l’usage  de  fréquenter  les  ca¬ 
sinos  et  les  cafés  qui  entourent  la  place.  Lorsque  la 
place  est  illuminée,  cela  produit  l’effet  le  plus  brillant. 
Dans  la  belle  saison,  quantité  de  personnes  y  passent  la 
plus  grande  partie  de  la  nuit.)  —  les  procuraties  vieilles 
et  les  procuraties  neuves  —  la  Zecca  ou  la  monnaie  — 
*  la  dogana  di  mare  —  *  le  pont  Rialto  :  (formé  d’une 
seule  arche  qui  a  89  pieds  d’cîuverture  ;  la  largeur  du 
pont  est  de  70  pieds.)  —  *  1  arsenal;  (dans  une  île;  il  y 
a  des  bassins  pour  les  galères  et  les  vaisseaux,  et  des 
magasins  pour  toutes  sortes  'de  munitions  dç  marine  et 
de  guerre;  on  y  fond  des  canons,  on  y  fait  des  cables  etc. 
On  voit  dans  la  salle  de  modèles,  deux  colonnes  érigées 
en  l’honneur  de  l’amiral  Emo ,  et  dans  une  autre  salle 
le  buste  de  cet  amiral,  chef  -  d’oeuvre  d  eCanova,  mutilé 
par  le  vandalisme:  on  garde  encore  le  Bucentaure  ;  des 
mains  révolutionnaires  l'ont  dépouillé  de  ses  ornemens 
de  dorure  et  sculpture;  il  y  a  72  ans  qu’on  a  construit 
ce  buccntaure.  On  a  coûtume  de  manger  à  l’arsenal  des 
huîtres  qui  sont  très-grandes  et  très -bonnes.  Le  lion, 
plus  grand  que  nature,  de  marbre  Parien ,  placé  jadis 
au  port  de  Pirée,  décore  maintenant  l’entrée  de  1  arse¬ 
nal.  Il  faut  être  muni  d’un  billet  de  permission  du 
gouverneur,  pour  entrer;  on  dira  au  guide  de  l’arsenal, 
qu’on  charge  de  vous  conduire,  que  vous  lui  donnerez, 
à  lui  seul,  la  cortezia ,  et  que  ce  sera  à  lui  à  s'arranger 
avec  tout  le  monde;  autrement,  en  donnant  des  baga¬ 
telles,  vous  ne  contenteriez  pas  la  moitié  des  quêteurs 
pour  dix  pistoles.  Un  séquin  en  sortant,  au  .conducteur, 
est  une  gratification  fort  -  honnête.  )  —  *  la  mercerie  ; 
(quand  les  boutiques  sont  éclairées,  cela  produit  un  ef¬ 
fet  admirable.)  —  le  palais  Lornaro,  de  Sansovino  —  le 


93 


L’Italie,  vit.  le  s. 

palais  Grassi  :  (la  Ténus ,  de  Titien  ;  l’énlévemerit  d’Eu¬ 
rope,  de  Vèron'ese.)  —  *  le  palais'  Pisani  Mt>reta-?  (*ie 
fameux  tableau  de  la  famille  *  de  Daritçs,  par  Véroncse) 
—  le  palais  Pisani  :  (Christ  chassant  du  temple  les  chan¬ 
geurs,  par  Véronèse)  —  le  palais  Barbarico  :  la  Vénus  et 
la  Madelairie  du  Titien )  —  *  le  palais  Farsetti:  (une 

nombreuse  collection  de  fontes  des  meilleures,  statues 
antiques  de  Rome  etc.)  —  le  pâlai?  Grimani,  avec  la  sta¬ 
tue  de  Marcus  Agrippa  —  le  palais  habité  par  la  célèbre 
Bianca  Capello :  (au  coin  du  pont  Ruga  Giussa,  sur  la 
place  de  Sta.  MdfPia  formosa;’  la  maison  de  Banavénturi 
est  en  face  r  orné  d’un  petit  balçon.)  —  les'  hépita^tx a 
(voyez  Conservatoire.)  —  I  muràzzi  ou  le  molo  de  Pale- 
strina  ;  c’est  un  ouvrage  digne  des  anciens  'Romains  ,.  et 
qui  mérite  bien  l’inscription  noble  et  fière  :  4uro  Ro- 
mano  ,  ■  aere.  Veneto  :  cependant  on  y  remarque  déjà  des 
dégradations,  * 

Collections.  Cabinets.  La  bibliothèque  de  S.  Marc: 
(fondée  par  Pétrarque  .'etc.  ).  —  La  bibliothèque  du  cou¬ 
vent  des  Arméniens,  et  son  imprimerie  greque  etc.  (Un 
grand  nombre  de  collections  de  tableaux,  de  livres,  de 
médailles,  de  marbres  antiques,  che^  des  particuliers, 
p.  e.  le  célèbre  Musée  Nani,  riche  en  Objets  précieux, 
surtout  !e  Thésée  en. bronze:  au  palais  Alberici,  la  belle 
Hébé  , chef  -  d’oeuvre  de  Canova.)  , 

Etablissemens  littéraires  et  utiles.  La  société  publi¬ 
que  de  médecine;  l’académie  des  beaux  arts;  l’académie 
de  belles  lettres;  l’académie  desFilareti;  le  collège  royal 
de  marine  ;■  la  chambre  de  commerce;  Je  lycée ,  249  éco¬ 
les  publiques  et  particulières.  La  chambre  d'assurance. 
La  banque. 

Fabriques.  Manufactures „  De  damasquettes ;  (de 
petites  étoifes  légères,  un  peu  croisées, s  qui  ne  se  font 
qu’à  Venise.)  Les  glaces,  et  les  ouvrages  de  verrerie, 
comme  des  gobelets,  des  fleurs,  des  babioles  ( mdrgari • 
^tine)  etc.,  que  l’on  fabrique  dans  l'île  de  Murano  ;  la 
manufacture  de  crystal  de  Briati.  Les  télescopes  deDo- 
raenico  Selva.  La  fabrication  de  la  thériaque  (  qüi  se 
fait  avec  le  plus  grand  appareil)  ;  de  la  crème  de  tartre  ; 
du  sublimé  corrosif;  du  blanc  de  céruse;  la  fabrique  de 
porcelaine.  Le  marasquin  de  Corfou:  (qui  se  fait  avec 
1  amande  d’une  cérise  noire  dijtilléei  et  toutes  «sortes  de 
liqueurs.  Des  manufactures  de  velours  et  de  bas  de 


7f 


L’ITALIE.  VILLES. 


‘94 

soie.  L’imprimerie  fait  aussi  une  des  principales  bran¬ 
ches  du  commerce  de  Venise. 

Spectacles.  C’est  pour  la  comédie ,  que  Venise  est 
célèbre  en  Italie.  Il  y  a  dans  ses  théâtres  des  rangs  de 
chaises  au  parterre;  elles  sont  pliantes ,  et' se  ferment  h 
clef.  Ceux  qui  préfèrent  de  s’en  servir,  donnent  io  soldi 
au  portier,  pour  les  ouvrir.  On  ne  jouait  en  1801  la  co» 
médie  que  sur  les  théâtres  de  St.  Angelo  et  de  St.  Sa - 
muele  ;  prix  d’entrée,  10  soldi.  Le  théâtre  de  Fenice  est 
le  théâtre  le  plus  magnifique  ;  sa  construction  a  coûté 

1  300,000  florins  et  fût  achevée  en  1798.  On  y  compte  170 
loges  ou  palchi,  au  prix  de  400  à  600  florins  par  an. 

Concerts.  Après  Naples,  Venise  est  l’endroit  de  toute 
l’Italie,  où  la  musique  est  la  meilleur?,  et  la  pluiï  cul¬ 
tivée.  Il  y  avait  cidevant  quatre  conservatoires.  ^  A 
présent  il  n'y  a  que  la  Pietà,  qui  en  donne:  les  au¬ 
tres  ayant  perdu  leurs  fonds,  par  l’enlèvement  de  la 
Zecca.  On  loue  des  chaises  à  l’église  pour  le  prix  de 

2  soldi. 

Promenades.  Le  jardin  public  la  rue  Eugène ,  nou¬ 
velle  promenade,  avec  la  vuè  sur  les  isles  et  la  mer: 
[Til.  de  Raumer  la  vante  dans  son  charmant  ouvrage, 
Hérbstreise  nach  Venedig .  Berlin ,  1816.  qui  devrait  être 
consulté  sur  Venise,  comme  le  Guide  le  plus  récent.] 
les  jardins  flu  couvent  de  S.  Giorgio  maggiore  :  le  jar¬ 
din  Savorgnano. 

Fêtes.  Amusesnens.  (Les  regates ,  ou  courses  de  gon¬ 
doles/  les  bal?  au  palais  de  St.  Marc  etc.  tout  cela  date 
du  vieux  tems,  et  ne  se  trouve  guère  plus  que  dans  les 
anciens  récits  de- voyage)  —  le  carnaval,  les  dimanches: 
il  Giovedi  grasso  :  le  jour  de  carnaval  par  excellence  — 
la  Seitimana  santa:  la  place  de  Castello  devient  alors 
Je  rendez-vous  du  beau  monde  et  des  friands,  pour  y 
manger  les  Frittole  délia  Quaresima  :  )'.  —  Le  temps -de 
villégiaturé  :  communément  deux  fois  l’année  ,  au 
mois  de  Juin,  et  au  mois  d'Octobre.  La  plûpart  d» 
ces  villas  sont  situées  ou  sur  la  Brenta ,  sur  la  route 
de  Padoue,  ou  près  de  Mestre ,  sur  la  route  de  Tr*e- 
visç.  On  préféré  ces  dernières  pour  la  villégiaturé  d’aii- 
tomne,  et  les  premi  ères  pour  celle  d’été)  —  les  Casini  : 
(ils  sont  ou  p rivât i  ou  public i ,  et -se  trouvent  presque 
tous  dans  le  voisinage  de  la  place  dè  S.  Maro.  Les  p ri¬ 
vât  i  sont  de  petites  maisons,  louées  par  une  ou  plusieurs 


L’ITALIE.  VILLES.  95 

personnes  des  classes  supérieures  ou  d'une  aisance  peu 
commune,  et  ornées  avec  une  élégance,  dont  on  ne 
saurait  se  faire  une  idée.  Les  cartes ,  la  conversation, 
le  thé,  le  café,  la  limonade,  l’amour  et  une  société  choisie, 
semblent  y  conspirer  pour  vos  plaisirs.  On  se  voit  ra¬ 
rement  dans  les  maisons,  on  préfère  de  donner  rendez- 
vous  dans  oes  casinos. 1  —  Les  Botcghe  di  Caffg  :  (c’est? 
là  où  s’assemblent  le  matin  et  le  soir  les  élégans  et 
les  élégantes  de  la  ville.) 

Auberges.  Chez  Pedrillo  au  lion  blanc  (bonne  au¬ 
berge)  à  l’étoile  d’or,  non  loin  de  la  place  de  St.  Marc 
etc.  (C’est  aux  environs  de  l’église  S.  Salvadore  et  du 
pont  de  Rialfo,  que  logent  la  plupart  des  étrangers.) 

Distances.  De  Venise  à  Lorette,  29V2  postes;  de 
Venise  à  Rome  38V2i  à  Mantoue  ,  12;  à  Milan  21. 

Mélanges .  Venise  est  située  dans  les  lagunes ,  espè¬ 
ce  de  lac,  séparé  de  la  mer  par  des  bancs  de  sable.  Elle 
est  formée  de  150  isles  réunies  par  plus  de  400  pont9. 
On  ne  peut  s’en  faire  une  idée,  qu’après  l’avoir  habi¬ 
té  quelque  tems.  Tous  ces  ponts  sont  à  une  seule  ar¬ 
che,  et  en  grande  partie  sans  parapêts.  Le  plain  pied 
de  toute  la  ville  ,  étant  peu  élevé  au-dessus  du  niveau 
de  la  mer,  on  arrive  à  ces  ponts  par  quelques  marches 
d’une  pierre  dure  et  glissante.  Il  faut  être  continuelle¬ 
ment  sur  ses  gardes,  pour  ne  pas  tomber  dans  les  ca¬ 
naux.  D’ailleurs  les  différentes  détours  que  nécessite  la 
situation  des  isles  et  toutes  ces  rues  étroites  et  tor¬ 
tueuses  ,  font  de  cette  ville  un  vrai  labyrinthe ,  qu’il 
faut  étudier,  ce  qui  en  rend  le  séjour  désagréable  aux 
étrangers.  Malgré  ces  défauts,  Venise  qui  parait  sortir 
de  la  mer,  est  à  cet  égard  une  ville  unique  dans  le 
monde,  et  quelque  prévenu  que  l’on  soit,  le  premier 
coup -d’oeil  excite  toujours  un  sentiment  de  surprise, 
dont  il  n’est  pas  possible  de  se  défendre.  Les  canaux 
sont  très-puans  en  été;  on  en  est  incommodé  même 
au  mois  de  Mai,  à  l’heure  de  la  basse- mer.  On  s’ap- 
perçoit  du  flux  et  reflux  de  la  mer,  deux  fois  le  jour, 
à  des  heures  qui  varient  sans  cesse  ,  comme  le  passage 
de  la  lune  au  méridien.  Le  grand  canal  présente  un 
beau  coup -d’oeil,  il  est  large  et  profond,  et  le  lieu  de 
Venise  le  plus  agréable  et  le  plus  sain.  —  Un  étranger 
peut  louer  une  bonne  chambre  pour  une  ou  deux  livres 
ou  lire  par  jour,  et  faire  un  bon  dîner  pour  4  lire  #u 


96  L’ITALIE.  VILLES. 

il  peut  set  procurer  un  joli  appartement,  et  à  dîner, 
pour  le  prix  de  8  à  n  lire  par  jôur.  Le  bois  de  chauf¬ 
fage  coûtera  environ  i  lira.  Les  gages  d’un  domestique 
ib  lire  par  mois,  si  on  le  nourrit;  pu  60  à  80  lire,  s’il 
se  nourrit  à  ses  frais.  Le  louage  d’une  gondole  est  à  io 
lire  par  jour  ou  5  lire,  s’il  n’y  a  qu’un  rameur  et  deux 
lire  au  goudolier  qui  sert  de  domestique  de  place:  mais 
si  on  la  tient  constamment  à  louage,  on  paye  30040 
lire  par  mois  pour  la  gondole,  et  76  ou  80  pour  un  gon¬ 
dolier.  —  Les  gondoles,  les  seules  voitures  en  usage  à 
Venise,  sont  de  petits  bâteaux  longs  et  fort  agiles ,  con¬ 
duits  ordinairement  par  deux  gondoliers,  qui  rament 
l’un  sur  le  devant  et  l’autre  sur  le  derrière,  chacun 
avec  une  seule  rame.  La  poupe  est  armée  d’un  fer  plat 
et  récourbé  comme  une  S.  La  gondole  est  totalement 
peinte  en  noir,  et  la  petite  chambre  est  tapissée  d’un 
drap  de  la  même  couleur  avec  des  houpes  et  des  fran¬ 
ges.  Le  siège  dü  fpnd  est  très  s  large  et  couvert  de  mar- 
roquin  noir.  Sur  les  côtés  sont  deux  places  qu’on  haus¬ 
se  ou  qu’on  baisse  a  volonté.  La  place  -d’honneur  y  est 
à  gauche.  Il  faut  prendre  garde  en  entrant  dans  la  gon¬ 
dole,  de  ne  pas  y  sauter  trop  vivement  parcequ’on  cour-  ' 
rait  risque  de  faire  crever  les  planches  de  ce  frêle  bâti¬ 
ment.  Il  ne  faut  pas  non  plus  mettre  la  tête  ou  les  mains 
â  la  petite  fenêtre,  de  peur  que  l’armature  de  fer  d’une 
autre  gondole  ne  les  emporte  dans  le  choc  dps  rencon¬ 
tres.  La  boue  grasse  et  onctueuse  que  laisse  la  mer  sur 
les  marches  des  maisons  en  se  retirant,  exige  aussi  les 
plus  grandes  précautions  en  sortant  de  la  gondole,  si 
l’on  11e  veut  pas  faire  une  culbute.  Les  gondoliers  ou 
barcalores  sont  de  grands  hommes  gais,  pleins  de  sail¬ 
lies,  d’ailleurs  fort  sûrs  et  très  -  fidèles.  Ils  sont  [aussi 
très  -  propres.  Ils  chantent  les  plus  beaux  vers  du  lasse. 
On  fesait  monter  ci-devant  leur  nombre  à  26,000  ou 
30,000.  Leurs  cris  pour  éviter  le  choc  d’autres  gondoles» 
sont:  Cia!  halte!  Stali\  à  droite.'  Premi!  â  gauche.  — 

Les  hommes  qui  sont  restés  attaché  aux  anciennes  coû- 
tumes  et  anciens  usages  portent  le  manteau,  qui  est  d’éti¬ 
quette  ,  et  ordinairement  d’écarlate,  ou  de  soie  rouge  ou 
grise.  On  en  loue  par  jour,  par  semaine,  chez  les  fri¬ 
piers  à  un  prix  modique.  Beaucoup  de  dames  qui  sor¬ 
tent  le  matin  portent  encore  la  vesta  de  zendale ,  mais 
la  plûpart  rendent  hommage,  surtout  les  jours  de  gala 

et 


L’ITALIE.  VILLES. 


97 

et  les  après-midi  a  l’éleganoe  des  modes  Françaises. 
C’est  je  plus  grand  compliment  qu’un  Vénitien  pouvait 
faire  à  une  d<une  étrangère,  que  de  lui  dire:  la  porta 
la  vesta  coin.'  >e  fasse  Veneziana.  Ce  grand  mantelet 
noir,  qui  même  dans:  ce  moment  est  devenu  d’usage  chez 
l’étranger,  servant  de  voile  à  la  pudeur,  se  renouant 
sur  une  chûte  de  reins  admirable;  serre  un  corset  cou¬ 
leur  de  rose  ,  qui  cambre  et  dessine  la  taille  svelte  des 
Vénitiennes.  Elles  joignent  à  l'artifice  de  cacher  un  joli 
pied,  ladresse  de  le  montrer  quelquefois  sous  un  jupon 
noir,  falbalassé  de  gaze.  On  parcourt  de  profil  deux 
globes  arrondis  par  l’amour,  et  de  grands  yeux  assassi - 
ni,  couronnés  d’un  sourcil  en  arc-en-ciel.  Leurs  traits 
chargés  d’une  tendre  langueur  appelent  la  volupté,  et 
rappelent  l’Arioste  qui,  faisant  le  portrait  d’Angélique, 
dit  très -éloquemment  :  la  fece  l'amore  b  ruppè  il  ma- 
dello.  J.  J.  Rousseau  n’a  pas  dédaigné  de  tracer  dans  ses 
confessions  le  portrait  des  célèbres  courtisanes  .de  Ve - 
*nise,  ou  des  Amorosos.  Celles  de  la  première  classe 
étaient  ordinairement  entretenues  ;  on  les  appelait 
Donne  mantenute.  Aujourd’hui  ces  anciens  tableaux 
brillans  du  luxe  et  de  l’élégance,  deviennent  tous  le* 
jours  plus  rares.  —  L’usage  dos  cicisbées  ou  cavalicri  ser- 
venti  ,  est  très  -  commun  à  Venise.  On  dit  que  ce  terme 
vient  d’un  ancien  mot  italien  ,  cicisbcare,  qui  signifie 
parler  a  l'oreille ,  chuchoter.  —  Le  Vernacolo  Vene- 
ziano  est  le  langage  des  affaires,  celui  de  la  société, 
quelquefois  celui  des  Muses.  Mais  un  lllustrissimo 
parle  tout  autrement  que  son  Lacch'e  ;  et  une  Z entil 
Donna ,  n’a  pas  le  même  style  que  ses  Massare ,  ser¬ 
vantes  inférieures  aux  c ameriere.  Le  vénitien  du  bar¬ 
reau  n’est  pas  celui  des  marchands ,  et  les  Gondolieri 
ont  aussi  leur  idiôme  à  part ,  ainsi  que  les  artisans.  — 

Livres  à'  consulter.  Guida  de  Forestieri  per  Vene 
zia —  Beschreibung  von  Venedig,  Leipzig,  N.  E.  1790.; 
(l’auteur  est  M.  Mayer  qui  a  fait  un  long  séjour  dans 
cette  ville.  Toutes  ces  déscriptions  sont  d’ancienne  da¬ 
te.  On  trouve  les  meilleurs  renseignemens  sur  Venist  t 
après  la  révolution,  dans  le  premier  volume  du  voyage 
de  Mr.  Arndt ,  et  dans  les  Streifereien  ccc.  Voyez  le 
chapitre  VIII.  Manuels  relations.) 

VERONE.  Long,  à  l’obs.  28°»  40'.  5".  (Ile  de  Fer  ) 
Lat.  450  26'.  14".  Population ,  57,000.  a. 

Guide  d.  Voy.  T.  II. 


I 


98 


L’ITALIE.  VILLES. 

Edifices  remarquables.  Curiosités.  La  Porta  Stupa, 
et  la  Porta  Nuova  —  le  pont  de  Castel  Vecchio  (le  plus 
remarquable  des  quatre  ponts  ,  surtout  sa  troisième  ar¬ 
che  de  145  pieds  d’ouverture.)  —  L’Arenae,  ou  l’amphi¬ 
théâtre;  (la  chose  la  plus  curieuse  à  Vérone  ;  il  peut  re¬ 
cevoir  22,000  personnes  assises.  La  circonférence  exté¬ 
rieure  est  de  1331  pieds  ,  le  plus  grand  diamètre  de  464 
et  le  moindre  de  367.  Il  y  a  46  rangs  de  sièges).  —  Le 
bâtiment  du  Musée,  (sous  le  superbe  portique  d’entrée 
est  le  Lapidario  ;  le  Musée  a  été  privé  du  buste  de  Ca¬ 
tulle  et  d’auties  curiosités,  dans  la  dernière  guerre 
d’Italie.  Le  buste  de  M afféi  est1  placé  sur  le  portique) 
-la  Bra,  ou  la  grande  place  —  la  cathédrale;  (on  y 
montre  un  beau  crucifix  de  bronze  et  un  grand  tableau 
de  Titien)  —  l’église  de  S.  George:  (le  grand  tableau  de 
Farîi\ati ,  le  tableau  de  Tintoret,  et  la  Madonna  de 
Girolamo )£--  l’église  des  Capucins  :  —  l’église  de  Sta. 
Maria  antica:  (on  y  remarque  les  tombeaux  des  Seali- 
gèrs) ,  —  l’oratoire  de  St.  Zénon  —  l’église  de  S.  Carlo  : 
(les  petites  noces  et  la  Madelaine  de  Véronèse)  —  l’an- 
cieîine  église  à  S.  Nazaro  :  (c’est  un  des  plus  beaux  mo- 
numens  d’antiquité  sacrée)  —  deux  beaux  sarcophages 
anciens,  dans  la  grotte  de  S.  Jean  in  Valle  —  le  palais 
des  recteurs  —  la  piazza  d’armi  et  la  Fiera  (ou  le  bâti¬ 
ment  de  la  foire,  qui  s’y  tient  au  mois  de  mai,  et.au 
mois  de  novembre)  ~  la  douane  —  le  palais  Bevilacqua 
(où  l’on  conservait  jadis  de  belles  statues  antiques,)  — 
les  palais  de  Gustaverza,  Canossà,  etc.  —  la  place  delle 
Erbe  :  (les  parapets  et  les  cordons  des  bastions  San-Mi- 
cheli,  et  la  porte  du  Pallie,  sont  d’une  pierre ,  qu’on 
nomme  Mattone ,  où  l’on  distingue  des  pétrifications  en 
quantité.  Le  marbre  est  très-commun  dans,  les  carriè¬ 
res  des  environs  de  la  ville.  On  demande  pour  un  stu¬ 
dio,  composé  d'environ  156  pièces,  24  à  25  séquins.)  —  les 
restes  d’antiquités  Romaines,  p.  e.  Arpo  de  Gava,  Porta 
de  Borsari,  foro  Giudiziale,  Panthéon  etc,  — 

Mélanges.  Les  belles  rues ,  longues  et  larges ,  les 
places  superbes,  et  les  arcs  de  triomphe  donnent  a  la 
ville  de  Vérone ,  je  ne  sais  quel  air  d’élégance  et  de 
grandeur,  qui  plaît  et  frappe.  Les  amours  de  Romeo  et 
Juliette ,  et  leur  fin  tragique,  ont  eu  cette  ville  pour 
«cène;  on  y  montrait,  il  y  a  cent  ans,  la  maison  des 
Cappcietti ,  et  on  montre  encore  dans  un.  jardin  le  pré¬ 
tendu  sarcophage  de  Juliette. 


L  ITALIE.  VILLES.  99 

Etablissemens  littéraires  et  utiles.  La  sociétà  Italia* 
lia.  Lf 1  société  littéraire  :  celle  de  peinture  et  de  sculp¬ 
ture,  et  l’académie  d'agriculture  et  de  commerce:  la 
Filarmonique. 

Collections,  cabinets.  Le  Musée  lapidaire:  le  cabi¬ 
net  de  tableaux  chez  Rotario;  le  cabinet  du  comte  de 
Gazzola;  très  -  riche  en  poissons  pétrifiés  du  mont  Bolca, 
V.  l’ouvrage  du  Comte:  Ittiolitologic  Veroncse.  Le  mont 
Bolca  est  à  6  lîfeues. —  Les  bibliothèques  de  là  cathédrale 
et  des  écoles  publiques. 

Fêtes.  Spectacles .  Amusemqns.  ,  La  çourse  des  che¬ 
vaux  au  mois  de  Mai.  Les  opéras.  L’espèce  de  ridotto 
ou  Casino  à  la  Caméra  délia  conversazione. 

Promenadas.  Les  jardins  de  la  maison  Justi  à  Vçro- 
nette ,  où  l’èn  a  une  vue  superbe  de  la  ville,  et  de  tout 
le  pays  adjacent. 

Auberges.  Due  Torre  (bonne.) 

Livres  h  consulter.  ,,Verona  illustrata j nouvelle 
et  8uie  édition. 

Distances.  De  Vérone  à  Venise  9  postes  ;  à  Padoue 
5V2-  •  • 

Singularités  d'hist.  nat.  dans  les  environs.  Les  eaux 
minérales  de  Caldiero  ,  très  -  estimées  ,  à  3  lieues  de  la 
ville,  du  côté  de  Vicence.  Le  champ  de  bataille  de  Cai- 
diero  a  une  ressemblance  frappante  avec  celui  à' Asp  cm. 
Aussi  les  dispositions  ont  été  les  mêmes.  —  Le  pont  de 
Veja,  arcade  naturelle,  à  4  lieues  —  la  terre  verte  de 
Vérone ,  à  neuf  lieues  de  Vérone;  (c’est  un  d.épôt  cui¬ 
vreux.,  formé  dans  une  terre  argillëuse  par  des  eaux 
courantes  .  —  Les  curiosités  volcaniques  à  Eonca  ;  (on 
est  surpris  d’y  trouver  des  coquilles  %marines  mêlées  a  ■ 
la  lave.  Il  y  a  peu  .d’endroit/  plus  romantiques  que 
Jionca.)'  * 

VICENCE,  à  la  tour  Long.  290  13'  9".  Lat.  450  32' 
24".  Population  ,  25  à  30,000  à. 

Edifices  remarquables.  Curiosités.  Le  pont  delle 
Barche  — le  théâtre  degli  olyrjipici  lie  plus  célèbre  édi¬ 
fice  de  Vicence,  et  le  chef  -  d’oeuvre  du  fameux  archi* 
tecte  Palladio ;  plusieurs  regardent  cet  ouvrage,  comme 
la  plus  belle  architecture  moderne  de  1  Italie)- —  la  Ra- 
gione,  ou  le  palais  de  justice  (beau  tableau  de  Bassano) 
—  le  ci-devant  Palazzo  del  Capitanio  :  (de  Fatladio)  — -  la 
'  "  1. 2 

fr 


A 


100 


L’ITALIE.  VILLES. 

place  de  l’isola  —.le  palais  Chiericati  :  (de  Palladio ;  êt 
nombre  rl’àutres  palais  très -beaux,  décorés  par  ce  célè¬ 
bre  architecte,  et  par  Soamozzi).  • —  La  cathédrale:  (au 
dessous  du  choeur  est  une  église  soûterraine)  —  l’église 
des  Dominicains;  l’église  de  S.  Laurent:  (le  mausolée  de 
Léonard  Porto)  —  l’église  de  S.  Micheli  (un  St.  Augustin, 
par  Tintoret).  —  Quelques  restes  d’antiquités;  les  rui¬ 
nes  d’un  théâtre  dans  les  jardins  de  Battistelli;  un  reste 
du  palais  impérial;  trois  arcs  d’un  aque<Mc  ;  une  statue 
d’Iphigénie,  qui  est  aux' Dominicains  ;  un  chapiteau  de 
colonne,  qui  sert  de  bénitier  à  St.  Thomas;  un  morceau 
de  colonne  cannelée  ,  sur  la  place  Gualdi.  — 

Fabriques.  Manufactures:  de  soie,  et  d’étoffes  de 
soie;  de  fleurs  artificielles  très  -  estimées,  surtout  les  pe¬ 
tites  plantes  herbacées,  dans  le  couvent  de  Ste.  Marie  la 
neuve,  et  dans  celui  des  Convertites.  (La  grande  foire 
commence  le  15  du  Mai  ). 

Promenades.  Les  jardins  du  Comte  deValmarana;  le 
champ  de ‘Mars,  orné  d’un  arc  de  triomphe. 

Collections.  Cabinets.  La  bibliothèque  publique. 

Etablissemens  littéraires  et  utiles.  Les  academies 
olympique,  et  agraria;  les  deux  écoles  de  médecine  et 
de  chirurgie:  leJLicée. 

Auberges.  A  l’étoile  d’or,  bonne.  Scudo  di  Francia. 

Livres  h  consulter.  Il  forestière  instrutto  delle  cos e 
piu  rare  di  Vicenza. 

Distances.  De  Vicence  à  Trente  ,  10  postes;  à  Pa* 
doue,  2,  à  Vérone  3V2. 

Environs.  La  rotonde  ou  le  casin  du  marquis  Capra, 
à  un  mille  de  la  viile^  (ce  casin  est  de  Palladio).  — 
L’arc  de  Palladio ,  à  droite  de  la  porte  de  [la  Madonna 
del  monte;  et  l’église  de  la  Madonna  dei  monte.  La 
•vue  de  la  rotonde  et  de  l'église  est  immense  et  l’une 
dés  plus  hellês  de  la  Lombardie.  La  rotonde  renferme 
trente  deux  appartemens  —  La  maison  des  Comtes  de 
Caldagno;  (o.ù  il  y  a  des  peintures  estimées)  —  le  laby¬ 
rinthe ,  ou  la  grotte  de  Cavali:  (c’est  vraisemblablement 
une  ancienne  carrière).  —  Les  sette  'Communia  (ou  le» 
sept  villages,  entre  Vicence  et  .Vérone,  habités  par  des 
desccndans  de  Bavarois;  ils  parlent  encore  un  allemand, 
corrompu,  surtout  dans  les  districs  d'Azwigo  ,  et  d ' En” 
nego).  —  Les  .colonnes  de  basalte  et  antres  débris  de  vol - 


L’ITALIE.  VILLES, 


roi 


clins ,  dans  la  moptagne  4*1  diable,  et  les  montagnes 
•au  S.  E.  (On  y  trouve  de  petits  noeuds  de  calcédoine1, 
depuis  la  grosseur  d’un  pois,  jusqu’au  diamètre  d’un  pou¬ 
ce,  couchée  dans  la  lave.  Ils  sont  généralement'creux 
et  ce  creux  renferme  quelquefois  de  l’eau.  On  les  ap¬ 
pelé  alors  enhydri.)  —  Les  eaux  minérales  de  Recoaro , 
et  les  eaux  tièdes  de  S.  Pancrazio.  —  La  terre  de  Vi~ 
cence ,  que  l’on  tire  des  mines  de  Tretto,  sert  pour  la 
porcelaine  de  Venise. 


5» 

Etat  des  postes.  Voituriers ,  Passages  des  Alpes . 

Notes  instructives ,  et  remarques  qui  peuvent  in¬ 
téresser  les  voyageurs  dans  leur  tournée. 

Jtaliam,  Italiam  !  ....  Cette  antique  patrie  des 
héros,'  offre  à  l’observateur  tant  d’objets  intéressans, 
que  son  nom  seul  reveille  dans  notre  imagination  une 
foule  d’idées  agréablës  ou  mélancoliques,  séduisantes 
ou  terribles.  C’est  lë  pays  ,  dont  le  désir  de  le  voir  tour¬ 
mente  tout  artiste,  toutpoëte,  tout  homme  de  lettres 
et  tout  homme  sensible,  ou  le  regret  de  ne  point  l’avoir 
vû.  On  peut  voyager  en  Italie  de  bien  des  manières. 
Pour  courir  la  poste,  il  y  a  deux  façons,  l’une  ordi¬ 
naire  et  l’autre  en  cambiatura.  On  appelé,  aller  en 
cambiatura ,  la  permission  qu’on  accôrde  dans  quel¬ 
ques  étatsyltaliens ,  de  prendre  des  chevaux  dè  poste  à 
un  moindre  prix  qu’il  n’est  fixé  pour  là  ’pdste  ordinai¬ 
re ,  mais  avec  quelques  restrictions  ,  horiiine  de JÀe  pou. 
v-ier  pas  obliger-***  postillon  à  galoper/ -etwdl  ne  pou¬ 
voir  pas  voyager  après  le  soleil  couohé,  qu’en  payant 
le  prix  entier  de  la  poste.  On  obtient  aisément  cette 
permission  en  partant  dé  la  capitale  de  ces  états*,  mais 
<*i  Pon  .  en ^a- besoin  en  entrant  dans  le  pays/ul  faut  se 
la  faire,  envoyer;  par  son  banquier  aux  villes  d’uù  l’on 
part.  Du  .  teius  du  gouvernement  Français ,  cela  avait 
subi  quelques  changemens  ,  mais  au  retour  de1  l’ancien, 
ordre  «Iss  choses,  vraisemblablement  la  cambiatura  «e 
rétablira. 


102 


L’ITALIE.  MANt  D.  VOY. 


Les  demandes  d’argent  jfdur  -  boire ,  ne  finissent  pas 
en  -Italie.  L'osidlliere  ou  le  valet  d’écurie,  vous  met 
à  contribution  j  vient  en  suite  le  -  garçon  qui  a  jeté  de 
l’eau  sur  les  roues  de  votre  voiture  etc.  Gardez-vous 
bien  de  icédeï"  à  leurs  impbrtunités  ,  si  vous  ne  voulez 
pas  multiplier  les  importun*. 

Anciennement  on  payait  par  poste  :  .  , 

Italie  septentrionale. 


i.  cheval  de  chaise,  t^paoli. 

I.  cheval  de  selle,  g 

I*  postillon,  5 

I.  palefrenier..  i 


Italie  méridionale . 


I.  cheval  de  chaise, 
X.  cheval  dé  selle, 
x.  postillon, 

1.  palefrenier. 

■*  •  «f  H-.*?  .  U 


4  paoli. 
3 
3 
I 


Royaume  de  Naples, 

Pour  dpux.  chevaux  de  chaise  n;  Carlini.  | 
Pour  un  cheval  de  selle  5  —  / 

A  une  poste  royale,  de  plus  5.  carlini  et  demi. 
Il  faut  payer  trois  carlini  à  chaque  postillon. 


par  peste. 


Il  faut  Être  muni  d’un  passe- avant,  ou  Bolletta ; 
sans  cela,  on  risque  de  se  voir  enlever  lés  chevaux  ou 
mulets  aux  frontières.  C’est  surtout  le  cas  ,  quand  on 
voyagpnaveç.  dç3  chevaux  ou  des  mulets,  de  voiturier. 
Entrant  ou  .sjaytant  de  Turin ,  de  Florence  et  de  G'encs^ 
o n  paya  sous.les  Fronçais  la  demiTv<*?te  Rentrée  et  de 
sortie.  -  _ 


Il  faut  s’informer  sur  les  lieux  si  les  ordonnances 
de  poste  du  tems  des  Français,  sont  encore  en  v'iguèur, 
ou  s’ils  furent  remplacées  par  les  anciennes.  De  môme 
Je  Royaume  Lombard  -  Vénitien,  avoit  alors  les  ordon¬ 
nances  de  poste  suivantes: 


Un  cabriolet  a  1  ou  2  personnes,  sera  atte- 


L’ITALIE.  MAN.  DE  VOY.  *03 

lé  de  2  chevaux  et  payera  3  francs  par  poste.  Cabrio¬ 
let  à  3  personnes,  3  chevaux,  4  francs,  50  centimes. 
Cabriolet  à  4  pers.  3  chev.  6  fr.  Des  Limonièrcs  à  1,  2, 

3,  pers.  prendront  3  chev.,  payeront  par  poste,  4fr.  50  cent. 
Des  Berlines ,  à  1,  2,  3  Pers-  et  4  chev.  6  fr.  :  à  4  et  5 
pers.  et  6  chev.  9  fr.  :  à  6  pers.  et  6  chev.  10  fr.  50  cent. 
Un  enfant  de  6  ans  et  au-dessous,  n’est  pas  compté, 
mais  deux  enfans  tiennent  lieu  d'un  voyageur.  Chaque 
voiture  pourra  être  chargée  d’une  vache  et  d’une  malle. 

Voyage  de  Florence  à  Modene  par  la  nouvelle 
route.  ' 

A  Prato.  2.  p.  Pistoja  23/4*  Piastre  1.  S.  Marcello  T. 
Piano  Asinatico  1.  Boscolungo  3/4.  Pieva  a  Paule  1. 
Birigazzo  1.  Monteçenere  1.  Paullo  3/^.  Serra  de  Ma- 
zoni  3/4.  S.  Yenanzio  r.  Formigine  1.  Modène  1.  en 
tout  14  postes  et  un  quart.  Poursuivant  le  voyage  jus¬ 
qu'à  Mantoue,  il  y  a  cinq  postes  et  demie;  savoir:  Car- 
pi  1V4»  Novi  1.  Benedetto  ity4*  Mantoue  11/2*  (Non 
loin  de  Boscolungo  il  y  a  le  petit  lac  de  Scaffajolo ,  et 
les  bains  de  la  Porreita ,  dont  l’eau  s’enflamme  comme 
l’Acquebuja  de  Pietra  -  Mala.) 

En  vertu  d’un  arrangement  pris  sur  cette  route,  un 
courier  paye  par  poste  pour  2  chevaux  6  paoli  ,  et  tout 
autre  voyageur  8;  pour  un  cheval  de  postillon  3,  et  4 
pour  un  cheval  qui  n’accompagne  pas  de  chaise.  le  pa¬ 
yement  des  guides  du  postillon  (on  l’appele  en  Italie  la 
Benandata )  est  d’un  paolo  par  poste  pour  chaque  che¬ 
val,  lors  même  que  la  poste  n’est  pas  entière.  Si  l’on 
en  excepte  les  postes  de  Pistoie  à  Piastre ,  et  de  Piano - 
Asinatico  h  Boscolungo  ,  où  l’on  est  obligé  de  prendre 
3  chevaux,  même  pour  une  voiture  à  2  roues,  oh  ne 
vous  donne  jamais  plus  de  chevaux  qu’il  n’y  a  de  roues 
au  carrosse.  Une  ou  2  personnes  avec  200  livres  de  ba-  v 
gage,  prennent  2  chevaux  ;  4  personnes  avec  400  livres 
de  bagage,  ou  300  livres  et  des  domestiques,  en  pren¬ 
nent  4;  mais  s’il  y  a  plus  de  bagage  qu’il  n’est  stipulé 
par  l’ordonnance,  dans  le  premier  cas  oh  est  obligé  de 
prendre  5  chevaux,  et  dans  le  second  6.  Le  payement 
des  guides  est  proportionné  au  nombre  des  chevaux. 

Sortant  de  toutes  les  villes  capitales  d’Italie,  on  pa¬ 
ye  la  poste  de  sortie 3  c’est  à  dire  une  poste  et  demie. 


104  L'ITALIE.  MAN.  DE  VOY. 

excepté  à  Turin ,  à  Gènes,  et  à  Florence ,  où  la  poste 
de  sortie  et  d’entrée,  comme  nous  l’avons  déjà  observé, 
ne  se  paye  qu’à  demi. 

Il  y  a  à  présent  des  diligences  établies  entré,  les  villes 
principales  du  royaume  d’Italie,  et  à  des  prix  très  -  mo¬ 
diques.  On  peut  aüssi  voyager  avec  le  courier  du  gou¬ 
vernement,  entre  Milan  et  Turin  et  alors  on  n’a  pas  à 
craindre  les  vexations  des  douanier*  De  Turin  à  Ge¬ 
nève,  une  diligence  commode  est  continuellement  en 
*oute. 

Les  chemins  de  la  Lombardie  sont  plats  et  en  géné¬ 
ral  très-bons^  excepté  lorsque  la  pluie  a  délayé  le  sol 
qui  est  naturellement  gras.  Tous  les  voyageurs  n’ont 
point  de  Sedia:  c’est  le  nom  qu’on  donne  à  une  sorte 
de  chaise  h  moitié  couverte  et  à  deux  roues,  où  il  y  a 
place  pour  2  personnes  et  où  l’on  peut  mettre  de 
grosses  malles  sur  le  derrière:  le  maître  de  poste 
à  Ala ,  sur  la  route  de  Trente ,  en  donne  à  louer  ou  a 
troquer  aux  voyageurs*,  qui  viennent  de  l’Allemagne, 
et  qui  veulent  y  laisser  leurs  voitures  à  4  roues.  Les 
étrangers  donc,  qui* n’ont  point  de  Sedia ,  font  fort  bien, 
pour  traverser  la  Lombardie  ,  de  se  servir  des  voituriers 
{vetturini)  qui  ont  pour  l’ordinaire  des  sedie  très  -  com¬ 
modes  ;  mais  arrivés  à  Bologne,  je  leur  conseille  d’en 
acheter  une,  et  de  prendre  ensuite  des  chevaux  de  po¬ 
ste.  Si  l’on  ne  veut  pas  faire  cette  dépense,  on  trouve 
partout  des  voituriers  pour  continuer  sa  route.  Il  est 
vrai  qu’on  ne  va  pas  vite  ;  mais  cela  ne  peut  être  autre¬ 
ment  dans  les  contrées  montagneuses  ,  même  avec  des 
chevaux  de  poste.  1  Et  comme  on  rencontre  à  chaque 
pas  des  curiosités  naturelles  ou  des  monumens  de  l’art, 
sur  lesquels  on  ne  peut  jeter  qu’un  coup  d’oeil  rapide 
lorsqu’on  voyage  par  la  poste,  les  personnes  qui  veu¬ 
lent  voyager  avec  fruit  ,  doivent  prendre  des  Vetturini. 
On  peut  arranger  avec  eux  son  plan  de  voyage  comme 
on  veut,  et  ces  voituriers  rit-  faisant  jamais  plus  de  30 
milles  d’Italie  par  jour,  on  a  tout  le  teins  de  voir  tout 
ce  qui  se  présente  de  remarquable  sur  la  route.  On 
trouve  de  ces  voituriers  dans  toutes  les  grandes  villes. 
Pour  l’ordinaire  ce  sont  des  sedie  très  -  commodes  à  deux 
et  à  quatre  roues,  attelées  de  deux  chevaux  ou  mulets, 
et  sur  lesquelles  on  peut  prendre  jusqu’à  300  livres  de 
bagage.  Au  reste  voyager  avec  les  Vetturini  ,  revient  h 
peu -près  au  prix  des  chevaux  de  poste,  et  l’épargne 


L’ITALIE.  MAN.  DE  VOY.  105 

n’est  jamais  fort  considérable,  parceque  le  Vetturino , 
dès  qu’il  sent  que  vous  avez  besoin  de  sa  vpiture,  ne  re¬ 
lâche  pas  du  prix  demandé,  même  quand  iF conduirait 
une  chaise  de  retour.  Il  est  même  très  -  difficile  de  se 
procurer  des  chaises  de  retour,  surtout  quand  on  s’a¬ 
dresse  à  l’aubergiste  ou  à  ses  gens,  parceque  ceux-ci 
s’entendent  toujours  avec  les  voituriers.  On  n’en  trou¬ 
vera  que  par  l’intervention  de  nos  amis  ,  ou  des  person¬ 
nes  de  notre  connaissance,  qui  sont  au  fait.  Le  prix 
ordinaire,  en  y  comprenant  ce  qu’on  donne  au  voiturier 
pour  boire,  est  d’un  ducat  de  Hollande  par  jour,  ou  de 
3  à  4rixdalers(  sans  y  regarder,  que  ce  soient  1,  2  ou  3 
personnes.  Au  reste  on  n,’en  peut  fixer  aucun  tarif 
stable,  ou -qui  puisse  servir  de  règle  générale.  Plus  la 
traite  que  l’on  se  propose  de  faire  est  longue,  et  plus  il 
y  a  à  gâgner  sur  le  prix,  surtout  si  l’on  Va  d’une  gran¬ 
de  ville  à  l’autre,  car  alors  les  voituriers  y  sont  sûrs  de 
trouver  des  voyageurs  à  reconduire.  Les  personnes  qui 
veulent  faire  le  voyage  d’Italie ,  trouvent  à  Lyon  et  à 
Genève  des  voiturins  qui  s’engagent  k  les  mener,  si 
elles  le  souhaitent,  jusqu’à  l’extrémité  du  Royaume  de 
Naples.  Mais  il  ne  faut  pas  oublier  de  faire  d’avance 
ses  conditions  de  manière ,  que  non  seulement  les  droits 
pour  les  chaussées  et  les  ponts,  mais  encore  les  frais 
du  passage  des  montagnes  soient  compris  dans  le  prix 
de  la  voiture-  Si  l’on  n’aime  pas  trop  la  bonne  chère, 
on  ne  peut  rien  faire  de  mieux  que  de  charger  les  voi¬ 
turins  de  la  table  et  du  gîte.  Avant  la  dernière  guerre, 
ces  gens  payaient  en  général  trois  paules  par  tête  pour 
le  dîner,  et  quatre  pour  le  souper,  y  compris  la  cham¬ 
bre.  Dans  les  villes,  un  étranger  payait  six  paules  pour 
chaque  repas,  et  l’appartement  à  part,  suivant  le  nom¬ 
bre  des  chambres.  Depuis  la  guerre,  ces  prix  ont  haus¬ 
sé.  Il  faut  aussi  convenir  avec  les  voituriers  de  ce  qu’on 
leur  donnera  pour  boire,  si  l’on  ne  veut  pas  être  ex¬ 
posé  à  des  prétentions  impertinentes  de  leur  part.  Un 
voyageur  moderne  ,  (M.  Hufeland ,)  paya  en  1803 ,  pour 
aller  de  Milan  à  Genève ,  vingt  louis  neufs  pour  deux 
personnes,  y  compris  le  passage  du  Cénis ,  les  soupers 
et  les  couchées.  Le  pour -boire  était  fixé  à  ii/2  louis- 
neuf.  M.  de  Kotzebue  faisait  le  voyage  de  Florence  a. 
JSaples  avec  7  chevaux  pour  le  prix  de  80  ducats  de 
Hollande;  cette  route  est  au  moins  de  80  milles  alle¬ 
mands ,  et  avec  des  chevaux  de  poste,  il  aurait  fallu 


106  L’ITALIE.  MAN.  D.  VOY. 

payer  le  double,  M.  de  Kotzcbue  recommande  l’entrepre- 
neurdes  voitures,  M.  Polastri  à  Florence ,  et  surtoutson 
vetturino  Viacenzo.  M.  de  Bridel  fit  en  1S06  le  voyage 
de  Bolzano  à  Florence ,  avec  un  voiturier,  pris  à  Bolza¬ 
no  ,  pour  le  prix  de  17  louis -neufs,  y  compris  le  dîner 
et  le  coucher.  Ces  exemples  font  connaître  h  peu  près 
le  prix  des  voituriers.  JL.es  voituriers  Fiémontais  pas¬ 
sent  pour  les  meilleurs  de  l’Italie  ;  ils  ont  ordinaire¬ 
ment  de  bonriés  voitures,  et  comme  ils  sont  accoûtu- 
més  dès  leur  jeunesse  à  voyager  dans  les  montagnes,  on 
peut  avoir  toute  confiance  en  eux.  Un  voyageur  mo¬ 
derne  ne  donne  pas  une  idée  bien  avantageuse  de  la 
bonne  foi  et  de  l’honnêteté  des  voituriers  Italiens.  Pour 
ne  pas  être  leur  dupe,  il  faut,  comme  j’ai  déjà  dit, 
faire  avec  eux  un  accord  par  écrit:  il  faut  de  plus  se 
garder  de  leur  avancer  plus  de  la  moitié  de  la  somme 
convenue  ;  et  noter  exprès  dans  l’accord,  que  le  total 
'de  la  somme,  de  même  que  la  luona  mono ,  ne  doit 
être  payé  qu’à  la  fin  heureuse  du  voyage,  et  que  la  buo- 
na  mono  se  réglera  selon  qu’on  aura  été  content  de 
leur  conduite. 

On  représente  généralement  les  auberges  d’Italie 
comme  détestables*:  quelques-unes  sont  assurément  as- 
sei  mauvaises,  mais  il  y  en  a  aussi  beaucoup  debohnes, 
Surtout  dans  les  grandes  villes,  et  sur  les  routes  les 
plus  fréquentées  par  des  étrangers.  Depuis  le  gouver¬ 
nement  et  la  présence  des  Français,  les  auberges  d’Italie 
ont  généralement  gagné,  en  propreté  et  bonté.  Dès 
qu’on  est  arrivé  dans  une  ville,  et  qu’on  s’est  arrangé 
et  fait  d’avance  son  accord  avec  l’aubergiste  pour  le 
prix  de  la  table  et  des  appartemens,  on  doit  se  procu¬ 
rer  une  carte  du  pays,  un  plan  de  la  ville,  et  un  livre 
pour  servir  de  guide  ;  à  peine  y  a-t-il  une  ville  en  Ita¬ 
lie,  qui  n’ait  pas  un  tel  livre,  assez  bien  fait,  où  tout 
ce  qu’  il  y  a  de  bon,  de  mauvais,  et  de  médiocre  à  voir 
dans  la  ville,  se  trouve  décrit  dans  le  plus  grand  détail. 
Un  homme  sage,  qui  n’a  pas  l’ambition  de  passer  pour 
un  riche  et  grand  seigneur,  peut  certainement  vivre  en 
Italie  à  un  prix  très  -raisonnable. 

On  peut  se  rendre  par  terre  en  Italie  par  des  routes 
différentes.  Il  y  en  a  à  présent  plusieurs  qui  soient  pra¬ 
ticables  en  voiture  et  même  avec  des  chevaux  de  poste; 
pour  les  autres,  il  faut  les  faire  à  pied,  à  cheval,  ou  en 
•haiie  à  porteur. 


I-’IT  ALIE.-  ROUTES.  107 

I.  Route,  Par  le  Tyrol  en  passant  par  Trente. 

'  *  ..  .y  '  ‘  '•  ^ 

Cette  route,  qui  commence  à  Insbruck,  est  très-com¬ 
mode  pour  les  personnes  qui  viennent  d'Allemagne. 
Nulle  part  on  n’est  obligé,  de  faire  démonter  sa  voi¬ 
ture;  au  contraire  ,  on  voyage  partout  avec  des  chevjïtrx 
de  poste  et  1  Tin1  roule  sur  de  magnifiques  chaussées,'  dé¬ 
truites  en  partie  par  les  sanglans  événeme ns  de  1809  — 
mai?  qui  même  dans  les  montagnes  sont  aussi  commodes 
que  sûres,  et  peuvent  être  regardées  comme  le  prodige 
de  l’art.  Les  Auberges  sont  propres,  et  l’on  y  est  fort 
bien,  la  poste  est  parfaitement  bien  servie;  bref,  011 
voyage  avec  contentement  et  plaisir.  •  Lè  Tyrol  est  cer¬ 
tainement  un  des  pays  les  plus  remarquables  de  l’Eu¬ 
rope.  Ses  vallées  et  ses  montagnes  ressemblent  infini¬ 
ment  à  celles  de  la  Suisse.  Ses  habi'tans  sont  refio-ftfmés 
pour  leur  loyauté  et  leur  intrépidité  ;  depuis  des  siècles, 
jusqu’à  nos  jours,  ils  ont  excellé  dans  la  défense  de 
leurs  rochers;  et  l’histoire  conservera,  en  dépit  de  la  fla¬ 
gornerie  fblliculaire,  mille  exemples  brillans  de  leur  au¬ 
dace  guerrière,  et  de  leur  fermeté. 

Toute  la  route  du  Tyrol  est  aussi  variée  que  roman¬ 
tique,  et  les  regards  des  voyageurs  sont  continuellement 
enchantés  par  les  beautés  sublimes  qu’elle  leur  offre. 
Dans  l’endroit  où  l’on  passe  des  Alpes  du  Tyrdl  dans  les 
plaines  d’Italie,  il  y  a  deux  rochers  d’une  hauteur  pro¬ 
digieuse,  qui  semblent  avoir  été  séparés  avec  effort  i;«n 
de  l’autre,  pour  donner  un  passage  à  l’Adige  qui  coule 
presque  toujours  à  côté  du  voyageur,  et  forme  dans  ces 
endroits  un  grand  nombre  de  sinuosités,  aussi  gracieu¬ 
ses  que  pittoresques. 

On  arrive  à  Insbruck,  par  l’ Allemagne ,  de  Smp- 
*erv  ,  de  Feldkirch  ,  et  de  l’ Allgovïe ,  en  traversant  YÂdi. 
létsbcrg.  C’est  à  Brixen  ]  que  la  grande  route  se  divise 
en  trois  branches,  qui  conduisent,  i.  par  Bolzano,  Tren- 
t'a,  Ro.eredo,  à  Vérone.  2.  par  Brezono,  Bassàno,  Tre- 
viso,  à  Mestre  et  Venise.  3.  par  Eienz,  Villhch,  Kla- 
genfurt,  Laibach  ,  a  Trieste.  Toutes  ces  routes,  servent 
à  toute  sorte  de  Voiture.  V.  Itinéraire  d'Allemagne. 


io8 


L’ITALIE.. .  ROUTES. 


Elévation  de- quelques  points  de  cette  route,  au  des¬ 
sus  de  la  mer,  in  venant  dé  Munich, 


Munich. 

Hohenkirchea. 

Tegernsee, 

Verrerie. 

Auberge  Achen 
Lac  Acben. 
Insbruck. 

Auberge  de  la  Mon¬ 
tagne, 
étehünberg. 

Matrey.  .  ,  .  . 

Steinach. 

Griet. 

Etang  au  pied  du 
Brenner.  .  . 


Pari  s: 

pieds  de 

1622 

2152 

Brenner,  maijon 

2324 

de  poste.  .  .  . 

2892 

Goses.  ...  .  . 

2886 

Sterzing.  . 

2919 

Mittetwald.  .  . 

I3U 

Brixen . 

2460 

Cluse . 

Kollmann. 

3267 

Atzwang. 

3298 

Bolzano.  .  .  . 

3389 

A  uer . 

3778 

Njeumark.  . 

4155 

Trente.  . 

44Si 

3471 

3030 

2575 

1903 

1767 

1616 

1351 

1094 

848 

818 

7i6 


Suivant  les  observations  récentes  de  M.  de 7  Buch , 
cette  élévation  diffère  de  la  manière  suivante:  Insbruck 
1774  pieds.  Griet  3708.  Brenner  4353.  Brixen  1883.  Clu- 
«0.1697.  Bolzano  1071.  Trente  646. 


2.  Passage  du  Mo  nt  -  C  é  nis . 

Anciennement  on  était  obligé  de  faire  démonter  sa 
voiture  e£  de  se  faire  porter  à  bras  ou  par  des  muiets. 
Au  sommet  de  la  montagne  on  se  faisait  ramasser.,  c’est- 
à-.dire  qu’on  descendait >. la  montagne  dans  des  traî¬ 
neaux,  qui  étaient  conduits  par  une  seule  personne,  et 
qui  glissaient  rapidement  sur  la  neige.  On  fesait,  dans 
l’espace  de  10,  12,  15,  041  20  minutes,  suivant  que  la 
neige  était  plus  au  moins  ferme,  et  la  surface  .plus  ou 
moiii9  unie,  le  chemin  de  la  Ramasse  à  Lasru  bourg  qui 
éta,it  au  moins  d’une  lieue.  Cette  manière  de  desceu- 
'dre  le  M ont-Cénis  n’était  praticable  que  pendant 
mois  de  l’année.  On  ne  suivait  point  de  chemin  battu, 
mais  014  descendait  en  droiturp  sur  une  pente  uuie  et 
presque  ouverte  par  tout;  la  où  la  neige  portait  il  n'y 
avait  rien. à  craindre.  On  se  fesait  aussi  quelquefois  ra- 
maiscr  du  côté  de  Noi>alaise  ;  mais^  cela  était  plus  rare, 
parceque  le  chemin  était  très  -  tortueux ,  et  fermait  en 
Certains  endroits  des  terrasses  escarpées,  d’où  l'on  ris¬ 
quait  de  tomber  dans  des  précipices  d’une  profondeur 
effrayante.  D’ailleurs  la  neige  ne  portait  pas  aussi  long- 


LIT  A  LIE*  ROUTES. 


109 


tems  de  ce  côté  que  de  l’autre.  On  continue  encor» 
k  ramasser  comme  anciennement.  Les  traîneaux  do;nt 
on  se  sert,  (et  sur  lesquels  on  charrie  aussi  le  fou- 
rage  pour  les  bestiaux  et  tout  ce  qu’on  va  chercher  su* 
la  montagne)  sont  faits  de  branches  d’arbres  entrelacée* 
et  d’une  structure  très -  simple.  Ordinairement ,  il  n’y 
a  sur  chaque  traîneau  ,  qu’un  passager  avec  son  guide# 
quelquefois  cependant  on  s’y  met  à  deux,  à  trois:,  ou 
même  a  quatre;  mais  il  n!y  a  jamais  qu’un  seul  guide, 
qui  dirige  et  arrête,  à  son  gré,  le  traîneau  au  moyen 
de  crampons  de  fer  qu’il  a  aux  pieds.  La  neige,  que  la 
rapidité  avec  laquelle  on  descend  éléve  continuellement 
en  l’air  en  forme  de  poussière,  se  porte  contre  le  visage 
du  voyageur  ,  ce  qui,  joint  à  la  résistance  de  l’air  froid 
<pt  condensé,  l’oblige  à  tenir  les  yeux  fermés  pendant 
le  trajet.  <11  y  avait  beaucoup  de  personnes  qui  frison- 
naient  à  la  seule  vue  de  ce  spectacle.  Il  y  en  avait  d’au¬ 
tres  au  contraire  qui  trouvaient  cette  manière  td’aller 
fort  agréable  ;  témoin  cet  Anglais  qui  rèsta  pendant  8 
jours  de  suite  à  Lasnebourg ,  -pour  avoir  le  plaisir,  de  se 
faire  ramasser  deuar  ou  trois  fois  par  jour.  Les  chaise* 
k  porteur  ne  sont  autre  chos.e  que  deux  gros  bâtons,  avec 
un  siège  formé  de  cordes  au  d’osier  entrelacés. 

Du  moment  qu’on  avait  fait  son  accord  avec  les  mu- 
létiers ,  on  démontait  anciennement  la  voiture,  et  on  la 
chargeait  avec  le  bagage  sur  des  ânes  ou  des  mulets. 
Lasnebourg  vtNovalaise  vivaient  de  ce  passage.  On  avait 
un  ancien  proverbe:  Porteurs  de  Novalaise.y  Mulets  de 
Lasnebourg.  Lasnebourg  est  resté  florissant,  mais  Nova- 
taise  est  aujour  d’hui  totalement  ruiné  par  la  nouvelle 
direction  de  la  route  qui  feaait  sa  prospérité.  Car  les 
voyageurs  qui  ont  passé  autrefois  le  Mont-  Cénis  et  qui 
ont  connu  les  difficultés  de  ce  passage  ,  n’apprendronfc 
pas  sans  étonnement,  qu’il  n’en  reste  plus  que  le  sou¬ 
venir.  ■  i 

Guide  d,  Voy.  T.  II.  K  1 


ïiô  L’ITALIE.  ROUTES. 

En  sortant  de  Lasnebourg,  ou  Lans  -  le  -  Bourg  on 
•passe  l'Arcque ,  et  On  gravit  le  Mont  -  Cénis  par  une'  lon¬ 
gue  suite  de  rampes  douces  et  d.e  tournans  prolongés, 
dont  l’ensemble  forme  une  des  plus  belles  et  des  plus 
étonnantes  routes  de  l’Europe.  Quelques  efforts-  que 
fassent  les  cantonniers  et  les  habitans  pour  la  déblayer, 
il  leur  est  impossible  d’empêcher,  que  la  neige  ne  la 
couvre  pendant  une  grande  partie  de  l’année.  Alors  la 
voiture  roule,  sur  la  neige  même;  la  trace  des  premiè¬ 
res  qui  passent,  devient  la  voie  nécessaire  des  autres; 
et  malheur  à  celles  qui  n’ont  pas  la  même  voie,  lorsque 
les  ornières  ont  été  approfondies  par  la  fréquence  du 
passage,  surtout  au  tems  de  la  fonte  de  neige.  C’est  alors 
que  le  secours  des  hommes  qui  soutiennent  les  voitures, 
est  essentiel,  c’est  alors  aussi  qu’ils  éprouvent  le  plus 
de  peine  et  de  danger.  La  maison  ou  grange  qu’on  voit 
au  haut  de  la  montée,  porte  le  nom  de  Rainasse ,  parce- 
que  c’est  là  que  les  voyageurs  commencent  à  se  faire 
t'amasser,  de  la  manière  décrite  précédemment.  Un 
quart  de  liette  après  la  Ramasse ,  on  trouve  le  point  le. 
plus  élevé  du  Mont  -  tJèniSi  lequel  est  dominé  par  de 
bien  plus  hautes  montagnes. 


Ce  point  qui  forme  le  partage  des  eaux ,  forme  aussi 
cèlui  des  climats;  «souvent  il  fait  beau  d’un  côté,  et  de* 
brouillards  et  vents  glacés  régnent  de  l’autre. -  C’est  l’en¬ 
droit  le  plus  difficile  du  passage  ,  dans  les  momens  de 
tourmentes,  ,ou  ouragans  violens  et  dangereux*  Heuren- 
sement  les -habitans  en  connaissent  les  pronostics,  et 
avertissent  les  voyageurs ,  qui  font  bien  d’attendre,  et 
pas  longtems,  car  il  est  rare  qu’une  tourmente  dure  un 
jour  entier.  (Elévation,  6300.  p.  d.  P.  au  dessus  delà  mer.) 


On  gagne  de  là  la  jolie  plaine ,  dont  un  'j*>etit  lae 
occupe  presque  la  moitié.  Au  hameau  des  Tavernettès, 


L’ITÀLÏE.  ROUTES. 


ni 


est  pîâéé  le  relais.  Ce  sont  5  on  6  maisons,  et  autant 
d’auberges  ou  tavernes ,  d’où  lui  est  venu  ‘le  nom  des 
jL'civtr nettes \  remplacé  depuis  quelques  années  par  celui 
de  Mont --'(Unis.  Les  fvoy  ageurs  s’y  arrêtent,  pour  se 
réchauffer  et  s’y  régaler  des  excellentes  truites  du  lac. 
On  est  encore  plus  sûr  de  s’en  régaler  à  l'ÎUrspice,  qu’on 
trouve  à  un  quart  -  de  -  lieue  plus  loin,  et  auquel  la  pro¬ 
priété  de  ce  lac  a  été  concédée.  Cet  établissement  ho¬ 
spitalier  ressemble  à  celui  du  grand-  Bernard ,  et  est 
une  fondation  dé  Charlemagne  ,  renouvellée  par  Napo¬ 
léon.  L’édifice  en  est  vaslé  commode.  En  face  s’étend 
line  vaste  prairie,  terminée  par  le  lac ,  joli  bassin  de 
î’ean  la  plus  limpide.  Les  pêcheurs  ytrouvent  fréquem¬ 
ment  des  arbres  réduits  à  l’état  de  charbon.  Les  habi- 
tans  y  voyent  l’appui  d’une  de  leurs  traditions,  d’après 
faquilTe  le  Mont  -  Cénis  était  dans  des  tems  très-récu- 
lés,  couvert  de  forêts  qui  furent  brûlées  par  un  géhéral, 
peut -  être  'Aririïbàl.  La  même  tradition  ’  fait  dériver 
^Moni  -  tt/riis ,  de  Morts  -  &iniris.'  Lés  boVcls  du  lac  sont 
fleuris  et  gazonnés,  et  une  petite  île,  parsemée  d’ar¬ 
brisseaux  et  embaumée  de  fleurs  de  toute  espèce  ,  l’em¬ 
bellit  encore.  Une  canne  sauvage  y  fàit  sa  nichée  tous 
Ifs  ans. 

'  Cette  charrh ante  plaine  oû  l’oh  prépare  un  fbomage 
excellent  j  qui  resséinMe  à  celui  ûJe  Sassenage ,  dure  une 
Mette,  depuis  le  hameâu  de  Mont- Cénis,  jusqu’à  celui 
de  la  Grand  -  Crdïir ,  composé  de "  même  d’au  berges-,.  efc 
Situé  sur  là  C- enise,  qui  forme  le  dégorgement  du  lac; 
non  loin  est  le  Pic  de  Rochcmeîon ,  la  principale  som¬ 
mité  de  cette  chaîne  }  et  un  ancien  lieu  de  pèlerinage 
mais  la  Madonnê  se  trouve  à  présent  à  Suze.  On  passe» 
au  bout  d’une  demi -lieue,  sous  la  voûte  d’un  rocher- 
très-élevè,  excavé  ainsi.  On  domine  à  gaiiche  le  vil - 
Iftge'ue  Ferrière ,  et  le  bourg  de  La  Novalaise ,  dans  use? 

K.  Z 

m 


1  12 


L’ITALIE.  ROUTES. 


profondeur  de  3  à  400  mètres.  Le  pays  devient  un  vrai 
paysage.  La  poste  de  Molaret ,  maison  isolée,  but  e 
presque  directement  au-dessus  de  la  Noyalaise ,  est  à 
la  moitié  de  la  descente.  La  température  change  sen¬ 
siblement.  Les  vignes,  les  treillages,  les  noyers  et  Us 
vergers  de  l’Italie  commencent. 

Du  Pont  de  Lasnebourg  au  point  culminant  on  sՎ 
lève  ne  692  mètres  ;  six  rampes  en  lacets  ont  réduit  c-t  9 
cliûte  à  une  pente,  que  toutes  voitures  parcourent  aisé¬ 
ment  dar.s  une  étendue  de  10,212  mètres.  Dü  côté  do 
Suze  la  des -ente  est  de  1450  mètres,  sur  une  directe  de 
i7>Sè5  mètres,  qu’on  parcourt  sur  une  pente  suivie,  if 
25,663  mètres. 

Une  diligence  commode  et  à  bon  prix,  roule  ent>e 
Turin ,  Lyon  et  Genève ,  et  monte  et  descend  le  Moni~. 
CêniSy  sans  les  moindres  inconvénient  [V.  pour  les  dé¬ 
tails  de  la.  route  de  poste,  Nr.  1.  de  V Itinéraire  dto 
r  o utes.\ 

3.  Passage  du  St.  Cothard . 

Cette  route  est,  avec  les  deux  précédentes  et  celle  r>U 
Sirnplon ,  du  St.  Bernard  et  du  Splugen  ,  l’une  des  plu» 
fréquentées  ;  vn  la  prend  ordinairement  pour  passer  r* 
la  vSuisse  Allemande  en  Italie.  Il  ne  faut  que  3  jours, 
soit  -à  pied,  soit  à  cheval,  pour  se  rendre  d'jiltarf  à 
Bell  inzone  par  le  St.  Gçthard.  Lorsque  la  guerre  ferma 
le  passage  du  Mont  ~  Cénis  r  en  1792  et  1793,  des  Anglais 
y  passaient  avec  leurs  voitures,  en  les  démontant  k  Z7r- 
sern ,  et  les  remontant  à  Airola  ou  J’ellinzone.  Si  on  ex¬ 
cepte  la  saison  de&avalanches,  surtout  auxendroits  dits  .la 
JViota,*  St.  Antonio  ,  Giuseppe ,  Val-  Tremola,  ce  passage 
u’est  point  dangereux.  Les  dames  mêmes  peuvent  .faire 
eette  route.  Un  trouve  la  déscription  de  cette  route  dans 


L’ITALIE.  ROUTES.  113 

presque  tous  les  voyages  de  Suisse,  et  on  en  a  gravé  les 
plus  belles  vues.  Je  ne  m’arrêterai  donc  point  a  parler 
de  tout  ce  que  la  première  journée  d 'Altorf  à  L' Hôpital 
offre  de  remarquable,  comme  le  Pfaffen-  Sprung  (saut 
du  moine)  la  Cascade ,  le  Pont  du  Diable ,.  les  Schblle • 
nen,Y  Urner-Loch,  et  le  coup-d’oeil  superbe  que-présente 
la  vallée  Urseline.  Le  pont  du  Diable  fut  deux  fois  rui¬ 
né  dans  la  guerre  de  la  révolution ,  qui  remplit  ces  so¬ 
litudes  de  carnage,  de  misère  et  de  ruines.  Souwarouf 
Rimniskoy  -  ltalisky  ,  y  arrivant  dans  sa  marche  har¬ 
die  et  trouvant  le  pont  rompu,  ses  braves  Russes  le  pas¬ 
sèrent  sur  des  poutres  liées  ensemble  par  les  écharpes 
de  leurs  officiers.  Cependant  cette  archeéùiardie  du  pont 
qui  fixe  l’admiration  des  voyageurs,  ne  fut  jamais  dé¬ 
molie  entièrement.  Du  village  de  V Hôpital,  ou  arrivait 
cidevant  à  V hospice  des  Capucins ,  qui  d’après  le  calcul 
de  M.  de  Saussure  était  élevé  de  6,390  pieds  de  Paris ,  et 
de  6,700  pieds-  suivant  M.  TVeiJs,  audessus  du  niveau  de 
la  Méditerranée.  Ce  fut  St.  Charles  Eorromee  qui  b⬠
tit  cet  hospice  en  1*613,  mais  les  Capucins  n’y  furent  éta¬ 
blis  qu’en  1684.  On  y  était  en  général  très-bien.  Lesap- 
parteanensj.  les  lits,  la  table,  tout  y  était  de  la-  plus  gran¬ 
de  propreté.  Dans  les  mauvais  teins  ,  des  domestique#' 
suivis  de  chiens,  dressés  comme  ceux  du  St.  Bernard r 
allaient  à  la  découverte  des  voyageurs  fatigués  ou  éga¬ 
rés,  et  tous  les  soirs,  aux  approches  de  la  nuit,  on  son¬ 
nait  la  cloche  de  la  chapelle,  pour  les  avertir,  qu’il# 
approchaient  d'un  lieu ,.  où  des  secours  les  attendaient". 
Ces  bons  pères  ne  demandaient  aucune  rétribution,  mai#; 
ils  recevaient  avec  reconnaissance,  ce  que  chacun  vou¬ 
lait  bien  leur  donner,  pour  les  indemniser  des  dépen¬ 
ses.  Hélas  !  la  guerre  de  la  révolution  n’épargna  pas-  ce; 
temple  de  l’hospitalité.  L’hospice  et  l’hôpital  furent  en¬ 
tièrement  pillés ,  et  ceux  qui  en  fesaient  le  service,,  dé¬ 
pouillés  et  chassés.  Le  soldat  se  chauffa  avec  les  portes,, 
les  fenêtres  ,  les  poûtres  ,  et  les  planches,  des  bâtimemsv 
En  1800  la  commune  d  Aïroio  a  fait  rétablir  un  chétif 
réduit  provisoire,  pour  abriter  trois  personues,  chargés; 
de  la  garde  du  peu  de  marchandises  qui.  passaient  en¬ 
core.  Le  sommet  du  St.  Gothard ,  comme  celui  de  touv 
tes  les  montagnes,  est  une  petite  plaine  dont  la.  vue  est 
bornée  par  les  cimes  des  rochers  élevés  qui  la  resserrent 
de  toute  part.  La  plus  haute  des  pointes  ou  pic#  est.  le. 
Galenstock,  élevé  de  10,972  p.  au-dessus  de  la  mer.  Uaaiv 


H4  L’ITALIE.  ROUTES. 

tre  moitié  de  la  route  du  St.  Gothard  celle  par  où  l’on 
descend  en  Italie,  n’a  pas  été  dé'crite  aussi  souvent  que 
la  première,  quoiqu’k  mon  avis  elle  soit  encore  plus 
pittoresque,  M.  Meyer  a  publié  k  Zurich  ,  une  déscrip- 
tion  Allemande  de  cette  route,  enjolivée  'de  gravures, 
sous  le  titre:  Voyage  pittoresque  de  la  Suisse  Italienne, 
que  je  recommande  aux  personnes,  qui  prendront  ce 
chemin.  Le  second  jour  on  vient  jusqu’au  grand  péage 
[gross  Zollhaus)  fort  bonne  auberge",  ou Toii  pousse  jus¬ 
qu’à  Faido  (auberge  nouvelle  et  excellente  chez  S.cola- 
ro.)  et  le  troisième  on  arrive  k  Bellinzone.  Toute  cette 
route  est  singulièrement  embellie  par  la  vue  du  Té  s  in , 
qui  coule  presque  toujours  à  côté  du  voyageur,  et  qui 
tantôt  mugit  sourdement  au  fond  de  son  lit,  profondé¬ 
ment  encaissé,  et  tantôt  se  précipite  en  cascade  h  tra¬ 
vers  les-  débris  et  les  restes  d’anciennes  avalanches  ;  soit 
par  1  aspect  infiniment  varié  de  montagnes  d’une  forme 
majestueuse  j  de  forets  de  sapins;  de  pâturages  ;  de  jolis 
hameaux  placés  ça  et  là  sur  les  hauteurs  ;  de  bois  de 
châtaigniers.,  de  peupliers  et  de  noyfrs  de  la  vallée  Li 
vine\  de  collines  couvertes  de  vignes  et  de  figuiers,  et 
d.e  toutes  les  productions  que  la  chaleur  fait  éclore  en 
abondance  sous  ce  ciel  fortuné.  Lorsque,  avant  d’arriver 
à  Airolo  (bonne  auberge  chez  Camozzi ,)  on  a  passé  le 
Ponte  Tremole ,  on  jouit  du  beau  coup- d’oeil  que  pré¬ 
sente  la  vallée  couverte  de  maisons  et  parée  de  la  plus 
belle  verdure.  De-  Bellinzone  on  peut  st  rendre  k  Mi¬ 
lan  par  Corne ,  ou  aller  visiter  les  lies  Borromées  sur  le 
lac  Majeur.  (V.  la  déscription  de  ces  îles  et  de  Corne  k 
l’article  de  Milan.  Distance  entre  Luzerne  et  Milan 
par  le  St.  Gothard.  De  Luzerne  k  Altorf ,  18  lieues  à 
Bellinzone  23;  k  Laviso,  6;  k  Côme  6;  à  Milan  8-)  Com¬ 
bien  cette  route  laisse  de  doux  souvenirs!  Encore  au 
moment  où  j’écris  ceci,  je  me  crois  transporté,  comme 
par  enchantement  sous  les  feuillages  ondoyans  des  châ* 
fcaiguiera  de  Gdornico,  ou  dans  les  bosquets  de  romarins, 
qui  bordent  le  Tésin,  lorsque  cette  rivière,  lasse  d’écu- 
mer  et  de  se  réduire  en  poussière-  dans  ses  nombreuses 
cascades,,  coule  dans  un  lit  plus  uni,  et  serpente  molle¬ 
ment  k  côté  du  passant.  Nous,  conseillons  encore  au 
voyageur  de  se  munir  pour  le  voyage  du  moût  Gothard 
de  V Itinéraire  du  St.  Gothard  ,  d'une  partie  du  Valais 
et  des  contrées  de  la  Suisse  que  l'on  traverse  ordinaire¬ 
ment  pour  se  rendre  au  St.  Gothard ;  publié  par  Chr.  de 


L’ITALIE.  ROUTES. 


ir5  - 


Mechel  a  Bâle  en  1795,  avec  une  carte  des  montagnes. 
Au  reste  ce  chemin,  si  pittoresque,  ce  grand  passage, 
qui,  avant  la  révolution;,  était  nuit  et  jour  couvert  de 
mulets  chargés,  n’est  plus  si  florissant  et  si  fréquenté, 

depuis  les  autres  passages  ouverts. - Le  relief  de  feu 

:M.  Exchaquet  du  St.  Gothard  coûte  à  Genève  30  liv. -de 
3?rance.  Lë  Mont  ~  Gôthard  comprend' dans  toute  Re¬ 
tendue  de  sa  chaîné ,  12  vallées  alpines,  28  a  30  lacs, 

dont  le  plus  grand  n’a'  guères  plus  d’une  lieue  de  cir¬ 
cuit  ;  8  glaciers;  et  les  sources  de  4  grands  fleuves.  On 
trouve  h  Ursern ,  chez  Mr.  Ermenegild  Miller ,  des  col¬ 
lections  des  minéraux  du  St.  Gothard ,  pour  le  prix  de 
2,  4,  et  10  louis  -  neufs. 


4.  Passage  du  grand  St.  Bernard. 

7  ■  - J>  -•  -i  : 

Les  voyageurs  qui  veulent  passer  du'  Pays  -  de  -  Vàud 
en  Italie  par  un  chemin  plus  ‘court  que  celui  du  MoA'i- 
Cénis ,  prennent  ordinairement  la  route  du  grand  St. 
Bernard.  On  a  pu  de  tout  teins  aller  en  voiture  jusqu’à. 
St.  Btanchier ,  même  sûr  des  charrettes  jusqu’à"^-  Pï.cr~ 
re.  Lés  éboulemehts  avoiént  rendu  ce  pass.age’én  iS^T. 
sur  de3  chars  a  banc,  impossible  au-delà 
En  1793  des  Anglais  ont  fait  transporter  leurs  vuitiM^s 
à  la  manière  du  Mont-Cénis,  en  les  faisant  déïhoh^ëà 
à  Martigny  et  remonter  à  \do'ste.  Les  frais  '  l'un  tel 
transport  110 n  -  compris  les  malles,  montaient  à  f8‘6Ü 
20  louis-neufs.  De  Martigny  (auberges ,  à  là  gfàilide 
maison  et  au  cigne)  à  l’Hospice  il  y  a  environ ^aou  9 
lieues.  On  se  rend  à  Martigny ,  1.  d  eJ.Vevây  par  ‘St. 
Maurice ,  ou  2.  de  Genève ,  par  Eviari,  et  par  lé  vâr'de 
ChuYnouhy.  A  Martigny ,  commencent  les’ Crétins,  que 
JL’On  tFoitve1  jusqu’au  fond  de  là' vallée' d^Aosïe  f  ie^r  tn'àî- 
propreté  ,  leur  figuré  hideuse,  leur  co'sVupïe ,’  *en  ïb&t 
des  objets  dégoûtans.'  [V.  sur  J Martigny et1  ÿüf 'lessi¬ 
vant  et  intéressant  Mv  M’urith ,  Prieur,  à  l'article*  de 
la  Suisse  ,  les  détails  que  nous  en  avons  'donnés /‘cfaÎA 
la  description  du  voyage  a  Chdmoüny .]  "Tjlë  Zi&bÂ/fjh. 
l’on  trouve  un  poêle,  qui  date  l’an  1000)  k°S't.  PieVre 
il  y  a  une  liéue.  Ou  co*$if  #*’&..  PièM  o??Mo 

mulets,  qui  journellement'  Jûôùteht  et  rëdéscenuen^ïa 

. -t*.  .  .  h  *  ij.-p  i-  -, 


5 


1 16  L’ITALIE.  ROUTES. 

montagne;  leur  charge  ordinaire  est  de  300  livres-  la 
taxe  d’un  mulet,  y  compris  l’homme  qui  l’accompagne 
est  de  25  batz,  outre  1  batz  pour  le  commissaire  qui  lé 
commande.  Les  étrangers  payent  communément  quel¬ 
que^  chose  de  plus.  Celui  qui  n’est  pas  bon  piéton,  doit 
prendre  un  char  A  banc  à  Martigny  jusqu’à  Liddcs  et 
des  mulets  à  St.  Pierre  jusqu’à  l’hospice;  c’est  le  moins 

coûteux.  Redescend- 1- on  par  le  même  chemin,  votre 

-char. ..vous  attendra  à  Liddes  ou  à  St.  Branchier ,  vous 
faites  à  pied  la  descente  jusqu’à  St.  Pierre  ,  et  vous 
-joignez  à  dos  de  mulet,  votre  char  à  banc,  à  l’endroit 
iùonvenu.  Non  loin  de  St.  Branchier ,  on  remarque  les 
restes  de  l’établissement  des  Trapistes.  Cette  contrée 
est  remarquable  par  les  profonds  ravins  bordés  de  ro¬ 
chers  ,  dans  lesquels  la  Vrance  se  précipite  ,  et  semble 
vouloir  se  perdre  dans  le  sein  de  la  terre.  La  vue  des 
flots  toujours  bouillonnans  et  couverts  d’écume  de  ce 
torrent  des  Alpes,  augmente  la  beauté  de  cette  route, 
jl’une  des  plus  pittoresques  et  sauvages,  que  j’ai  par¬ 
couru.  Ce  qui  frappe  le  plus,  .çst  l’énorme  crevasse  ou 
cavité,  que  s’est  creusée  la.  D rance,  sous  le  bourg  de 
St.  Pierre;  quoique  la  vue  en  soit  effrayante,  il  faut 
y  descendre  et  se  placer  sous  les  voûtes  immenses  que* 
^prment  les  rochers.  De  St.  Pierye,  [bonne  auberge 
fiu  cheval  blanc]  on  a  encore  trois  lieues  de  chemin  à 
faire  pour  arriver  à  l’hospice.  Â  St.  Pierre  on  voit  la 
colonne  railliaire  ,  élevée  par  les  Romains  au  plus  haut 
"point  des  Alpes  Pennincs  ou  au  St.  Bernard.  Une  in¬ 
scription.,  qui  parla  de  l’invasion  des  Arabes,  avoit  dis¬ 
paru  en  1811.  Le  sentier  devient  toujours  plus  roide  et 
la  contrée  plus  sauvage.  A  une  lieue  au  délà  de  St. 
Pierre  on  rencontre  les  derniers  mélèses ,  et  les  perdrix 
blanches  y  habitent  en  grand  nombre.  Cette  entrée  d’un 
vaste  désert  ,  et  cette  neige  éternelle  par  ci  par  là 
frappe  par  sa  nouveauté  ceux,  qui  ne  se  sont  pas  vus 
dans  de  semblables  lieux.  Dans  la  vallée  qu’on  appelé 
les  enfers  des  Foireuses  ,  on  voit  une  quantité  prodi¬ 
gieuse  de  cailloux  roulés,  et  de  pierres  charriées  par 
les  eaux.  De -là  on  traverse  la  vallée  de  la  Combe  dan- 
gejrcusç  dans  le  tems  des  avalanches,  et  l’on  arrive  en¬ 
fin  %.  1  ''hospice.  Quand  les  sommités  voisines  sont  voi¬ 
lées  par  d’épais  brouillards,  l’apparition  de  l’hospice 
est  une  chose  infiniment  frappante  ,  ep  il  semble  tou¬ 
cher  au  ciel.  Cette  maison  qui  est  à  la  hauteur  de  7,548 


L’ITALIE.  ROUTES.  117 

pieds  de  Paris  au-dessus  de  la  mer  est,  sans  contredit  la 
plus  élevée  de  toutes  les  habitations  humaines  de  l’an¬ 
cien  continent;  car  on  ne  trouve  pas  même  un  châlet  à 
une  si  grande  hauteur.  Vis-à-vis  on  en  a  construit,  il 
y  a  peu  d’années,  un  moins  considérable.  Les  ecclé¬ 
siastiques  qui  l’habitent,  et  dont  l’humanité  active  et 
vigilante,  sauvent  toutes  les  années  la  vie.  à  tant  cl’hom- 
mes,  qui  sans  leurs-  secours  périraient  sous  ce  ciel 
rigoureux,  sont  des  chanoines  réguliers  de  l’ordre  de 
St.  Augustin:  il  y  en  a  dix  à  douze  qui  residéut  dans  le 
couvent,  et  le  prieur,  le  savant  Mur.ilh ,  à  Martigny. 
Les  administrateurs  sont,  jle  prieur,  l’économe,  le 
sommelier,  le  pourvoyeur  »et  l’infirmier.  On  donne 
le  nom  d e  Maronnier  h  un  domestique  de  confiance,  qui 
accompagne  l’ecclésiastique  chargé  d’aller  à  la  recherche 
des  malheureux  égarés  dans  les  neiges,  ou  ensévelis 
sous  les  avalanches.  Ils  ont  avec  eux  de  gros  chiens-, 
dressés  tout  exprès  et  d’une  espèce  particulière,  qui 
flairent  de  loin  les  voyageurs  égarés,  et  qui,  malgré  le*' 
brouillards  et  les  tourbillons  de  neige,  savent  toujours 
retrouver  le  chemin.  Us  portent  dons  des  paniers  pen¬ 
dus  à  leur  col,  des  vivres  et  des  boissons  fortifiantes 
pour  réstaurer -les  voyageurs.  On  a  imprimé  et  répété, 
que  ces  chiens  n’existaient  plus,  ce  qui  est  de  toute 
fausseté.  J’en  ai  trouvé  quatre  en  i8ii-  Les  chiens  sent 
d’origine  Danoise.  Il  y  a  cent  ans  qu’un  comte  Mat - 
s/ni,  Napolitain,  ramena  de  ses  voyages  une  dogue 
Danoise;  c’est  de  cette  dogue  et  des  mâtins  Valaisans, 
que  descend  cette  race.  Leur  taille  est  moyenne,  leur 
couleur  est  fauve,  mêlée  de  quelques  taches  blanches. 
Tous  les  passans  sont  reçus  et  traités  à  l’hospice  de  la 
manière  la  plus  affable.  Les  malades  y  trouvent  des 
remèdes  et  tous  les  secours  que  la  médecine  et  la  chi¬ 
rurgie  peuvent  procurer,  et  cela  sans  distinction  de 
fang,  de  sexe,  de  pays  ou  de  religion.  Ils  n’exigenü 
rien  des  passagers  pour  tous  ces  soins  que  d’inscrire 
leurs  noms  dans  un  sllbum  qu’ils  présentent;  mais  en 
comprend  bien ,  que  les  personnes  aisées  ne  manquent 
pas  de  mettre  dans  le  tronc  de  l’église,  plutôt  comme 
une  aumône  que  comme  une  rétribution,  le  prix  des 
vivres  qu’on  leur  a  fournis.  Les  revenus  des  terres  que 
le  couvent  a  en  propre  ,  et  le  produit  des  collectes  q  uil 
fait ,  le  mettent  en  état  de  soûtenir  cette  dépense. 


ug  L’ITALIE.  ROUTES. 


Sur  la  route  du  Valais  il  y  a  un  bâtiment  appelé  le  pe¬ 
tit  hôpital ;  d’un  côté  il  est  un  abri  pour  les  passans, 
de  l’autre  un  caveau,  destiné  à  recevoir  les  corps  des  in¬ 
connus  ,  qui  perdent  la  vie  dans  ce  passage.  C’est  un 
spectacle  singulier  et  frappant  que  de  contempler  ces 
cadavres,  desséchés,  et  presque  entiers  dans  toutes  leurs 
parties.  Si  l’on  monte  sur  le  Col  des  Ténèbres ,  élevé 
de  8000  pieds,  (et  cette  petite  excursion  n’est  pas  trop 
fatiguante,  même  pour  une  femme),  on  est  bien  dédom¬ 
magé  de  la  peine  qu’on  a  eue  à  le  gravir,  par  la  vue  du 
J Mont-Blanc  qui  se  présente  sous  un  tout  autre  point  de 
vue  qu’à  Chamouny ,  c’est-à-dire,  du  côté  opposé. 
Le  Miroir  est  une  autre  curiosité;  c’est  un  pan  de  roc, 
poli  par  la  nature ,  à  s’y  mirer.  Les  deux  pointes  les 
plus  élevéès  du  grand  •Bernard ,  sont  le  Mont-  Velan  et 
la  pointe  de  Dronaz;  la  première,  suivant  les  observa¬ 
tions  du  prieur  Murrith ,  qui  y  est  monté,  est  élevée 
de  10,327  p.  et  la  seconde  de  9005  p.  au-dessus  de  la  mer* 
La  vallée  où  est  situé  l’hospice,  est  longue  et  étroite; 
un  petit  lac  la  termine.  Le  couvent  avec  l’église  est 
situé  à  l’extrémité  de  ce  lac.  Du  côté  de  l’Italie  on 
voit  une  petite  place  où  était  autrefois  un  temple  de 
Jupiter,  et  où  l’on  a  déterré  différens  ex  •  veto ,  et  d’au¬ 
tres  antiques,  que  l’on  garde  en  partie  au  Musée  du 
couvent,  le  reste  a  été  transporté  dans  le  Musée  de  Tu - 
rin.  C’est  à  la  chapelle  de  cet  hospice,  dans  cet  asyle 
de  l’hospitalité  et  de  la  vertu  ,  qu’on  a  transféré  du  cou¬ 
vent  de  San-Angeio  de  Milan,  le  30  prairial  XIII.  les 
cendres  du  Général  Désaix.  A  Desaix ,  mort  a  la  ba~ 
taille  de  Marengo,  était  en  1311 ,  l’inscription  fière  de  ce 
monument,  qui  frappe  par  sa  simplicité.  Le  passage  de 
JSI apoléon  était  indiqué  en  ign  sur  unetable  de  marbre.  Ce 
n’était  pas  la  première  fois  que  le  St,  Bernard  a  été  le  che¬ 
min  d'une  armée.  L’oncle  de  Charlemagne,  Bernard ,  con¬ 
duisit  par  cette  route,  au  mois  de  Mai  l’an  755,  plus  de 
30,000  hommes  en  Italie,  et  c’est  en  mémoire  de  ce  pas¬ 
sage  que  le  Mont-  Joux  prit  le  nom  de  Bernard.  Même 
dans  la  guerre  de  1792,  quelques  bataillons  Suisses  et 
Sardes  se  retirèrent  de  la, Savoie,  par  le  grand *  Bernard 
à  Acste.  Mais  le  souvenir  des  passages  précédens  était 
comme  effacé,  Napoléon  est  venu  les  rappeler.  De  plus 
il  étonna  par  la  rapidité  de  la  marche,  et  par  l’audace 
avec  laquelle  l’armée  s’expôsa  à  la  saison  des  avalan- 


L’ITALIE.  ROUTES. 


U9 


ches.  Ce  qu’il  y  a  de  singulier,  c’est  qu’à  un  quart  de 
lieue  de  l’hospice,  il  se  trouve  un  vaste  rocher,  absolu¬ 
ment  isolé,  et  qui  s’appele  par  hasard,  Marengo!  — 1 
Entre  St.  Pierre  et  le  premier  châlet,  le  mulet  qüe 
monta  Napoléon ,  broncha  pour  la  première  fois,  et 
serait  tombé  dans  un  précipice  ,  si  le  guide  ne  l’avait 
pas  retenu.  Ce  guide  est  encore  connu  à  St.  Pierre  sous 
le  nom  de  guide  de  Buonaparte  ,  mais  le  mulet  était  de 
l’écurie  de  Napoléon.  ’  Plus  de  cent  mille  et  cinquante 
hommes  passèrent  au  couvent  en  1798-  Qu’on  jugé  par 
là,  des  dépenses  que  les  religieux  ont  dû  faire  ,  ou¬ 
tre  cela,  ils  avaient  eu  dans  l’hospice  même,  pen¬ 
dant  plus  d’une  année',  600  hommes  de  garnison.  En 
1799  les  Autrichiens  gravirent  les  montagnes,  tournè¬ 
rent  l’hospice,  et  cherchèrent  à  enlever  ce  poste. 
Ou  se  fusilla  toute  une  journée  sur  ces  rochers  :  d’un 
côté  les  Français  qui  étaient  dans  le  couvent  n  purent 
être  forcés;  de  l’aütre ,  les  troupes  qui  étaient  à  St. 
Pierre ,  se  portèrent  si  rapidement  au  secours  de  leurs 
frères  d’armes,  que  les  Autrichiens  privent  le  parti  dé 
se  retirer.  —  Qui  croirait,  que  cette  solitude  sanctifiée 
par  l’exercice  de  toutes  les  vertus,  a  failli  devenir  la 
proie  de  quelques  voleurs  !  Au  moment  où  ils  mettaient 
l’hcrspice  à  contribution,  ils  virent  entrer  M.  le  prient 
Mur  rit  h ,  suivi  des  chiens  de  la  maison  prêts  à  s’élan-' 
cer  sur  eux.  Au  lieu  de  piller  ils  demandèrent  gr⬠
ce.  —  Du  monastère  on  descend  par  une  route  fati¬ 
guante,  d’une  pente  rapide,  dans  l’espace  de  6  à  7 
heures  de  teras  à  Aoste-,  à  Jiemy  était  la  première 
douane  Italienne;  on  y  trouve  une  assez  bonne  au¬ 
berge,  et  une  source  d’eau  excellente,  qui  remplit 
le  bassin  d’une  fontaine:  après  ce  village  on  com¬ 
mence  déjà  à  ressentir  les  chaleurs  de  lïtaiie.  A 
Aoste  ôn  trouve  un  arc  de  triomphe,  bâti  pour  Au¬ 
guste,  les  restes  d’un  cirque,  où  Farène  est  devenue  * 
un  jardin,  et  une  muraille  de  ^ille  construite  du 
te  ms  des  Romains.  Mais  l’auberge  est  mal  -  propre 
et  mal  -  fournie.  Le  nom  de  la  ville  vient  d'Au~ 
gusta  -  Pretoria.  D'Aoste,  on  continue  son  voyage 
en  prenant  la  route  de  Turin,  ou  celle  de  Milan. 
Entre  Aoste  et  le  fort  de  Bard ,  on  rencontre  un  ou¬ 
vrage  admirable,  un  chemin  taillé  de  main  d’homme 
dans  le  roc  vif;  l’ingratitude  à  effacé  de  l’inscription 


L’ITALIE.  ROUTES. 


120 

les  deux  premières  lignes  qui  transmettaient  a  Ta  posté- 
rite  les  noms  des  ducs  de  Savoie  qui  avaient  en¬ 
trepris  cette  route.  On  a  fait  sauter  par  ordre  de 
Napoléon ,  le  fort  de  Bardt  qui  avait  arrêté  quelques 
jours  l’armée.  Distances .  De  Vevay  à  St.  Maurice, 
672  Heues  ;  à  Martigny,  2V2  \  sur  le  Bernard  8;  à  Aoste 
6.  La  route  du  grand  ^  Str  Bernard  est  très -bien  mar¬ 
quée  sur  des  reliefs  de  terre  cuite  et  coloriée,  que  l’on 
vend  à  Genève  pour  le  prix  de  2  louis  neufs,  et  dont 
feu  M.  Exchaquet  est  l’inventeur:  on  peut  les  porter 
commodément  sur  soi. 

Route  de  poste  d'Aoste  à  Turin.  Chatillon  3.  Ver¬ 
rez  3.  Settimo  2'1/**  Ivréer  3/4.  Foglizzo  3.  Turin  3. 
En  tout  16  postes.  Cette  route,  peu  connue,  mais  su¬ 
perbe  et  romantique,  peut  être  parcourue  en  20  heures. 
Quand  on  ne  part  pas  de  bonne  heure  d'Aoste,  on  ne 
poussera  pas  jusqu'à  lvrée  [où  se  fait  un  grand  com¬ 
merce  en  fromages,  mais  où  l’auberge  est,  des  plus 
mauvaises]  ,  et  l’on  fera  mieux  de  rester  à  Verrez  ,  très- 
bonne  auberge.  Cette  route  au  reste,  a  été  infestée  ré¬ 
cemment  par  des  brigands  et  des  voleurs.  La  descrip¬ 
tion  détaillée  du  passage  du  St.  Bernard ,  se  trouve 
dans  les  Etrennes  hclv étiennes  et  -patriotiques  pour 
Van  1802,  sous  le  titre  modeste  de:  Petite  course  au 
St.  Bernard  en  Avril  1801.  Les  Allemands  possè¬ 
dent  la  rélation  de  M.  le  Baron  de  Menu  (  v.  son. 
ouvrage  à  l’article  8-  des  relations  de  voyage).  Il 
faut  y  ajouter  celle  de  Mad  le  Brun  dans  le  Si-' 
eond  volume  des  Episoden.  J'ai  donné  dans  le  No.  2 • 
Année  1812.  d’une  feuille  Allemande  :  Journal  des 
JLuxus  und  der  Moden ,  la  relation  de  ma  course 
au  grand  -  Bernard  i8li-  ,  ornée  de  gravures  analo¬ 
gues.  C’est  la  plus  récente  et  la  plus  circonstanciée. 


L’ITA  LIE.  ROUTES. 


12 1 


5.  Passage  du  Splugen. 

Cette  route  qui  est  plus  sauvage  et  moins  bien  en¬ 
tretenue  que  celle  du  St.  Gothard ,  est  plus  courte  et 
plus  commode  pour  les  voyageurs .,  qui  se  rendent  à 
Venise  ou  à.  Milan  par  la  Souabe  et  par  Coire.  On  ar¬ 
rive  à  Coire  de  l’Allemagne  ,  par  Lindau  et  FeldJeirch ^ 
(en  traversant  les  fameuses  lhermopyles. ,du . Luciensteig) 
et  de  J  a  Suisse,  par  Zurich  et  IVallensfadt ,  sur  le  laç 
du  dernier  nom,  renommé  par  ses  sites  sauvages  et  se# 
tempêtes,  Ordinairement  les  voyageurs  qui  vont  de 
Lindau  à.  Milan  ,  s’arrangent  avec  le  messager  ou  con- 
ducteur  de  Lindau  ou  d e  Milan,  \Lindauer  ou  Mai- 
1  il  rider  Bote)  qui  part  chaque  semaine  d’une  de  ces  deux 
vjUe*.  Il  se  charge  pour  un  certain  prix  des  frais  de 
toute  la  traversée,,  y  compris  les  repas  et  couchées» 
On  fait  avec  lui  ce  voyage  en  toute  sûreté  et  plus  com¬ 
modément  que  seul;  on  se  trouve  presque  toujours  en 
grande  compagnie.  Il  y  a  deux  ou  trois  de  ces  conduc¬ 
teurs,  qui  sont  sans  cesse  en  route.  Jusqu’à  Coire  le 
chemin  est'très  -  bon  ,  et  peut  se  faire  en  voiture;  mai» 
depuis  cette  ville  il  faut  se  faire  porter,  ou  bien  aller 
cheval  ou  en  traîneau,  et  ce  voyage  est  extrêniément 
pénible.  Je -connais  cependant  une  dame  Allemande  qui 
a  franchi,  cette  montagne  dans  la  saison  la  plus  rigou-; 
reuse,  ce  qui  peut  servir  d'encouragement  aux  person-* 
nés  de  son  sexe  qui  “souhaiteraient  l  imiter.  Caire  (V. 
itinéraire  de  la  Suisse)  fait  un  commerce  de  limaçon*., 
de  fruits  secs  d'une  qualité  exquise,  et  de  choucroute 
ou  Sauerkraut  pour  l’Italie.  A.  Coire  la  route  se  divise, 
en  deux  hranches,  qui  se  réunissent  à  Chiai) enna.  L’une, 
appelé  le  chemin  d'en -haut,  se  dirige  sur  le  mont  Sept- 
mer  et  par  la  vallée  de  Bergell;  des  petites  voitures  y 
passent;  l’autre,  connue  sous  le  nom  du  chemin  d' en¬ 
tas ,  se  rend  par  Thusis ,  Splugen  et  la  vallée  de  St.  Jct- 
ques ,  à  Chiavenne.  C’est  la  route  de  poste,  et  la  plus 
en  usage.  JVlM.  Storr  et  Bürde  ont  tracé  un  tableau 
détaillé  de  cette  route.  On  ne  peut  lire  sans  frissonner 
la  description  qn-ils  font,  de  la  Via  mala  et  de  la  Pan- 
ten  r  Brüeke ,  où  le  voyageur  appuyé  sur  la  barrière  du 
pont  voit  au-  dessous  de  lui  un  abîme  profond ,  que  les 
rayons  du  soleil  n’ont  jamais  éclairé,  et  entend  le  sourd 
mugissement  du  Rhin  qui  forme  dans  cet  endroit  uu 
bassin  circulaire,  d’où  il  s’échappe  comme  un  filet  d’ar¬ 
gent  par  un  passage  étroit,  qu’il  s’est  ouvert  dans  le 
Guide  des  Yey.  T.  II.  I* 


125*  VITALI&.  R  CRU  T  ES. 

rocher.  An  resté,  de  ./^’est  .que  l’aspect effrayant  eue  pré¬ 
sente  cette  route,  qui  lui  a  fait  donner  le  nom  de  via 
nialajïckr  elle  e^ï  lâ  plus  belle'  ét  la  plus’  sûre  de  celles 
qui  ‘Cttrtduisenï  (an  village  â  e- *Sp  lugen.  Jft n' face  se  Voit 
la  route  qui  conduit  à-  Milan.  -On  y  trotivè  une  planté 
rare,  peut-@tr>e  nouvelle,  appelée  par  Villars  Hi'erciciuiÀ 
fuscuvi.  1,’auberge  a  la  cro'ix  Manche^  était  excellente' 
je  ne  sais  si  depuis  la  guerre  de  la  révolution,  qui  a  pous¬ 
sé  ses  horreurs  et  ses  ravages  jusqu’au  centre  des  frimats 
du  S  plu  g  en ,  cette  auberge  conserve  son  ancienne  répu¬ 
tation.  Elle  est  située  aft  somniet’ dù  mont  Splugen ;  (élé¬ 
vation  du  Tombenhorn ,  àu -  dessus' du  lac  des  4  cantons", 
8445  Pieds  de  Paris  :*)  te*ütjprè$  de  là  un  pètedti  miarqûe 
les  limites  du  royaume  Lombardo  -  Vénitien- ,  donV  lé 
territoire  y  commence.  Avant  que  d’arriver  à  Splïtgefi' 
on  traverse  le  Sehcimserthali  Tune. des  plus  romanesques 
▼  allées  des  Alpes.  Parmi  les  nombreuses  ruines  de  ch⬠
teaux  qu’on  y  découvre,  il  n’y  en  a  point  de  plus  pitto¬ 
resques  que  celle  du  Barenbourg.  Près  du  village  iVAn- 
ier ,  est  un  bain  sulfureux.  Dans  le  RJieinwald  du  fôret 
du  Rhin ,  on  voit  des  sapins  d’une  hauteur  prodigieuse  $ 
il  y  en  a  un  entr’autres,  qu’on  peut  nommer  le  ro'i  de 
ces  fùrets ,  qui  a,  dit -on,  25  aunes  de  contour.  C'est  urf 
magnifique  spectacle  què  la  chûté  que  fait  Ici  le  Rhin, 
au  milieu  des  sombres  fefcillagés  de  ces  arbres  maje¬ 
stueux.  Le  voyageur  à' cette  Vué- est  saisi  de  respect.  Lé 
vallée  du  Rhtintvald  offre  partout  les  traces"  des  ravages 
causés  yjar  ^es  avalanches.  Dans  bien  des  endroits  le 
chemin  est  si  étroit.,  qu’il  est  nécessaire  d’envoyer  Un 
guide  en  avant,  peur  qu’il  fasse  arrêter  dans  les  endroits 
où  le  sentier  est  le  plus  large,  les  bêtes-de -somme  qui 
viennent  du  côté  opposé  :  car  dans  la  règle  on  est  obligé* 
de  leur  faire  place,  et  je  ne  conseillerais  à  personne'  de 
leur  disputer  le  passage,  non  plus  qu’à  leurs  conduc¬ 
teurs.  C'est  pour  éviter  ces  rencontres  désagréables1 
qu’il  faut  partir- du  village  de  Splugen  sur  les  deux  oc¬ 
trois  heures  du  matin  ,  pour  gravir  la  montagne-  du 
même  nom;  d’ailleurs  le  vent  ne  sonfle  pas  alors  avec 
autant  de  violence  que  durant  le  jour.  On  se^couc'hé 
tout  de  son  long  dans  des  traîneaux  tirés  par  dns  boeuf», 
la  fête  du  côté  du  timon-,  paTceque  la  roideur  de  la 
pente  est  telle,  que  -ans  cela,  les  pieds  seraient  beaucoup 
plushautque  1  .  tète.  Dans  cette  position,  Don  ne  voit 
que  le  ciel  et  le  conducteur  du  traîneaux,  qui  va  derri  -re 
p<ms  régler  la  marche  de  bête,  et  l’arrêter  ou  l’accé- 


L’ITALIE.  ROUTÉS.  123 

lérer  au  besoin.  Quant  aux  personnes  qui  voudraient 
faire  cette  route  à  pied,  si  elles  ne  sont  pas  accoutu¬ 
mées  à  gravir  les  montagnes,  elles  courent  risque  de 
s’échauffer  à  la  montée,  et  en  arrivant  au  sommet  où 
l’air  est  toujours  très -vif,  d’éprouver  un  refroidisse¬ 
ment  qui  peut  devenir  très  -  dangereux.  Une  colonne 
de  l’armée  française,  qui  en  1800  força  ce  passage,  en  a 
beaucoup  souffert.  Il  faut  environ  2  heures  pour  at¬ 
teindre  le  haut  de  la  montagne.  Dans  le  tems  des  ava¬ 
lanches  ,  les  voyageurs  doivent  prendre  les  plus  grandes 
précautions  dans  les  endroits  dangereux,  pour  ne  pas 
déterminer  la  chuté  d’une  de  ces  avalanches ,  qui  les 
écraserait  infailliblement.  Il  faut  éviter  avec  soin,  tout 
ce  qui.  peut  causer  la  moindre  agitation  dans  l’air. 
C’est  pour  cela  gu’on  ôte  aux  chevaux  les  sonnettes 
qu’ils  portent  au  col,  et  qu’on  s’abstient  même  de  par¬ 
ler  trop  haut.  Au  reste  il  y  a  sur  les  sommets  de  ces 
montagnes  des  monceaux  de  pierre,  d’après  lesquels  on 
peut  toujours  se  régler;  car  si  la  neige  s’accumule  an 
point  de  cacher  entièrement  ces  monceaux,  on  doit  s’at¬ 
tendre  à  la  chute  prochaine  des  avalanches.  De  Splugt  n 
une  troisième  route,  seulement  praticable  pour  des  bê¬ 
tes  de  somme,  se  dirige  par  le  Rhin  inférieur,  par 
Rujfenen,  le  Bernhardin,  levai  de  Misson ,  h.  Bel  lin- 
zone.  En  suivant  la  grande  route,  et  en  descendant  la 
montagne  depuis  l’auberge  du  mont  Splugen,  on  suit  le 
chemin  dit  le  Cardinal  qui  tourne  en  spirale  sur  des 
rochers ,  où  1  on  a  taillé  dans  plusieurs  endroits  des  es¬ 
pèces  de  marches,  à  côté  de  précipices  effroyables,  au 
fond  desquels  roule  avec  impétuosité  la  Lyra ,  dont  la 
violence  semble  croître  de  moment  en  moment.  De -là 
on  arrive  dans  la  sauvage  et  triste  vallée  de  St.  Jacques, 
ou  l’on  marche  au  milieu  des  débris  de  rochers  et  de 
montagnes  écroulées  ;  on  admire  une  belle  chûte  d’eau 
près  d'isola ,  jusqu’à  ce  qu’enfin  la  vue  des  collines 
verdoyantes  de  Chiavenne ,  couvertes  de  pêchers  et  d’a¬ 
mandiers,  jointe  à  la  douceur  de  l’air  qu’on  y  respire, 
vienne  délasser  le  voyageur,  et  lui  faire  oublier  les  fa¬ 
tigues  qu’il  a  essuyées  dans  cette  route.  Il  s’embarque 
ensuite  à  la  Riva ,  et  continue  sa  route  en  Italie  par 
Côme,  ou  par  Milan,  (V.  la  description  à  l’article  de  Mi¬ 
lan.)  ou  par  Bcrgame ,  à  Venise.  Distance  entre  Coire 
et  Milan:  de  Coire  à  Chiavenna  18  lieues  ;  à  Côme  10;  à 
Milan  8-  Il  faut  se  garder  de  passer  la  nuit  à  la  Riva  -$ 


L’ITALIE.  ROUTES. 


124 

car  au  fort  de  la  saison  chaude,  l’air  y  est  si  mal  -  sain, 
qu’on  risque  de  gagner  subitement  la  fièvre.  De  Chia - 
venue  on  peut  faire  une  petite  excursion  d’une  petite 
heure,  pour  visiter  les  carrières  où  l’on  exploite  le  la- 
vège,  et  la  place  où  le  bourg  de  Pleurs  a  été  enséveli 
sous  les  ruines  d’une  montagne  éboûlée  en  1618.  De 
tems  en  tems  on  y  déterre  des  utensiles ,  des  monnaies, 
et  des  ossemens.  A  Prosto ,  on  montre  une  cloche  du 
poids  de  50  quintaux,  qui  fut  déterrée  à  Pleurs  en  1767. 
De  grand  but  des  personnes  qui  s’occupent  à  y  creuser 
des  minières,  est,  de  s’enrichir  par  le  déterrement  du 
trésor  de  l’église  de  Pleurs.  Non  loin  de  Pleurs  on  ad¬ 
mire  Vaqua  fraggia  ,  superbe  chûte  d’eau. 

6.  Passage  du  S  i  mpl  o  n ,  et  route  de  po  ste 
du  Simplon . 

C'est  le  chemin  le  plus  court  pour  passer  du  haut 
Valais  et  de  la  Suisse  allemande  dans  le  Milanais  i 
c’était  aussi  celui  que  prenait  de  tout  tems  le  Courier 
de  Milan.  Du  reste  cette  route  était  si  pénible  qu’elle 
était  peut  fréquentée  des  voyageurs,  et  que  je  n’en  trou¬ 
vai  la  déscription  dans  aucun  voyage  de  Suisse,  lorsque 
ie  la  fis  à  cheval  en  1785  en  venant  de  Brigue.  Les  per¬ 
sonnes  qui  comme  Rousseau ,  aiment  à  avoir  des  verti¬ 
ges,  n’avaient  alors  qu’à  suivre  la  route  du  Simplon  à 
Staffetta,  pour  satisfaire  leur  goût.  C’était  aussi  dans 
ces  lieux  que  devaient  s’arrêter  et  prendre  leurs  crayons, 
ceux  qui  aiment  à  voir  et  à  dessiner  la  nature  sous  sa 
forme  la  plus  hideuse.  Certes  ,  j’aurais  traité  de  digne 
habitant  du  Bedlam ,  quiconque  se  serait  avisé  de  me 
prédire  dans  ce  moment  de  mon  passage  ,  les  evénemens 
de  1800,  cette  marche  des  Français,  sous  les  généraux 
Bèthencourt ,  et  van  dcr  IV eide ,  et  sous  Quatremère- 
Disjonvaly  près  du  pont  difficile  et  rompu  du  Steig  : 
mille  hommes  suspendus  par  les  bras  entre  le  ciel  et  le 
plus  effroyable  abîme,  à  une  corde  même  très -peu  forte, 
et  franchissant  ainsi,  chargés  de  leurs  armes  ,  chargés 
de  leurs  havreSacs ,  l’intervalle  périlleux!  Si  quelque 
chose  peut  aider  à  concevoir  quel  a  été  le  péril  des  sol¬ 
dats ,  c’est  le  sort  des  cinq  chiens  qui  suivaient  la  co¬ 
lonne.  Après  avoir  vu  partir  leurs  maîtres,  pour  pla¬ 
cer  leurs  pieds  dans  des  trous ,  où  des  pieds  d  hom¬ 
mes  seulement  pouvaient  entrer,  après  les  avoir  vus  se 


L-rTALIF.  ROUTES,  125 

suspendre  À  la  cordé,  le$  cinq  cbjie.ns  sjb-  précipitent  .dans 
1er  gouffre,  comme  d’un  «opina un. aeçor4-  3çDeux  furent  as¬ 
sez  vigoureux?,'  pour  arriver  aux  pieds  de  le,urs.  maîtres. . 
Les  avantages  Véels  que, , présente  cette  ipontjigne  pour 
les  opératiojis,  . militaires,,  et  le  peint  dé$-  Adpes  plus  cen¬ 
tral  qu’occupe  le  Simpjon  nwqv,ait’  décidé  Napoléo^,  krlaj 
création,  d’une  route  de  poste,  qui  ouyrq -la  communica¬ 
tion  la  plus  abrégée  comme  la  -plus  f«güp  entje  ,l?JTtalie, 
l’ïïelyétie ,et  la  France.  Ç’es-t  un.e  chaussée  assez  large 
pour  donner  passage  4  deux  vpitures ,  et  qui  descend  et, 
mdnte  doucement,  (  malgré  1»  hauteur  j3est,cols  (  V.  les 
quatre  belles  estampes,  publiées, par  lyTr.  liahn  à  Zjirich, 
et;les  .vues?efe  passages  d»  Simplon ,  par  JMr.  Loryiti  arti¬ 
ste  c  é i.etore;<*lf  ac  çompagn  ée ;<T junp ^dé^spriptfon  dn-té r e-ssan- 
te;  par  H-  OfUr.mànn,  Foiih  35^gra«pçes.  Prix  409  Fraies.) 
G’est  de  Giise  ou Brigue,  que  part *la, nouvelle  route. 
pont  dé  ioo  pieds  Ose  hauteur  duyre  la  longue  scène,  que 
l’-omya  paTCOurar.  iLe  pont  d eiGauthe?  *  (on  compte  264 
ponts*  tant  grands  que  petits,  depuis  Morex  jusqu’k  MU. 

es.tx  l?ün  des,  plus  hardis  du^paasage,  .  Au  sortir  de 
ce  poptf  on-découvrela  vaste  .étendue  déS; glaciers  de  la 
Suisse?  Au"plateaüi..sléilève  t'huspic/i  provisoire ,  yuide:à. 
présent:^  dans,  -lequrèl  deux  religieux, et  .quatre  domesti¬ 
ques  ,  devaient  donner  des  secours  aux  .voyageurs,  .  Ojx- 
arrive  au  village  de  Simplon  ,  et  dans  la  vallée  de  Gon - 
tho  ,  que  la  nature. paraît  -avoir  .Coul'éeî  frappé  çp  b  ron¬ 
ce  .  La  se  précipite  de  gouffres  en  gouffres.  On 

traverse  une  longue  galerie  ,  pe  rcée  dans  le  granit.  Au 
sortir  dé  cette  galerie  l’ancien  chemin  «  offre  à  larvue, 
comme  suspéncj u  sun des!  p eai- te s>  verticales.  Peui-k  -p.eu 
s’entrouvrent-  les:  côteaurX  de-’; 7Jpvredo$-<-s!ni\-H,  du  riche, 
aspe.ct.  du  bassin  de  Domo  .d ‘‘fQss.al a .  La;  douane  Italienne 
est  à-Xselle*  La- montagne  est?  percée  à,  j-onr?  k‘ trois  e»;> 
droits  .diffère ns.  Des  murs'  de  soutènement  041.  granit,, 
d^a  bornes  à  chaque  préeipiceydes  en-l  on  noirs*  p ouf  rece¬ 
voir  les  eaux  et  les  glaces,  des  ponts,. des  parapets,  en  un 
mot,  rien, n’est  négligé,  pour  rendre  la  toute  sûre  et  im¬ 
périssable.  [*.:&->■?■  :■  ;  •  ?’  ■  ,  , 

Suivant  TVE.  Boudard,  qui  a  été  chargé  de  ces  travaux 
on  s’élève  de  Glijse  à  l^hosgïcé,.  k.  1304  mètres  ;  lâ^listkii- 
ce  directe  est  de  10,490  mètres ,  et  la  nouveiîlè',rou.te  siri 
nue  use-,  de  22,506.  Depuis  ïe  •'  point  culminant 4  Domo* 
fTOssô.ta.  oii  Valais  se  de  1707  mètres,  dans  une,  distance 
à.  vue  d  oiseau,  de  29,990  mètres,  et  par  .une- pente  suivie;. 


126  I/1TAÏ.IR.  ROWT'ES. 

de  41,406  nôtres.1  ÎM,:  ^ oxtdari  évalue  lÿJétât'fpri  «tü’^Piùr-1 
pton  au  - desstiÿ  de  la  'mer,  à*  2ôê3  mitres  6'C.  W«  .  au  d;  du  • 
lafc  de  Çyfen8*e,-  à  1629  m*  'è*.  .-.  .  .  Su  cl.-  du  la  «'-majeur,  à 
i^gg  m.  g.:  *c;  •  AÜc  ienne  roât'&'de pù$te  de  Ùénèùï  à- Milan-,  ■ 
par-  le  ■S’impMfti  ‘44f/4 ^wétê#  ét  î^rélais.  V"-'mfe  charma»* . 
te  p e  t ipé  b r Otiiurè^  £èi? très  &u r  l(t  -retire  dé  Gehbiïe  ià  Mi-  . 
lan  par  lé  S im&âh,  écrites  -‘eh  1809-.  A  Genève.  1810.  J’ai  ' 
parcouru  cfctte  route  abe.c  des  chèvAttx de.  poste  fen  ig'itj;  ; 
et. j'en  ai  gardé  des  soûvénirs  ineffaçables,  elle  longe  lfe» 
lac,  et  est  ribBe  èu  Vue* iclïarmuntes,  et  en  «ites  pitto¬ 
resques.  A  la  posté  a  S‘Â  Géingoû*,-  bonne  ahbteVge.  •  Oa< 
peut  sfe  rendre  commodéjfkent  delG-ettètse  à  Martignf,  en 
uÜÎouï'.  Des  voysLgéüfs  de  feies  amis  guii  on*  passé'  de 
Milan  par'  le  .fl'in pion  en  Suisse  "feu  1816 ,  m’ont  'dit,  que 
la  roUte'  était  encorë'-etf  b-ori  état,  quoiqu’ô'n  n’y  répart- 
plus  j  qu’elle  était  couverte  déirouliers,  mais- que  la  rou-< 
té  de  poste  a  cessée,5  !*  quelles  maisons  de  relais  étaient 
a  Vuidè  et  pïêtesr  a  tomber 'en  ruine,  de  mêmequc  l'Hos¬ 
pice  fini  à  moitié;  mais  -  que  l’on  paj'e  enco-re  les  droits 
de  passage.  Cet  ouvrage  d'une  grandeur  et  d’une  exécu-'- 
tion  admirable  ef  gigantesque petit  .encore  -durer  quel*  ■ 
que  s  années,  se  ^soutenant -par  '  soi» -même  v  et  *a  mine 
sera  la  honte  des  contemporains  y  déjà  elle  îèst  infestée 
par  des  brigand*.  ■  '  *  r<-  *•>  ■>  *  •  • ,  «  *  « :di  /  •  ;>.  ,  y.>a .» 

-  •-!  1  ' :--'i  j.1  et,;  h  jo  t  «i-  v  •  -  ^bITcv  :-.î 
7.  Route  littérale  de  Nice  à  Gènes  -par  la  cor¬ 
niche;  et  à  Turin  par  te  col  de  Tende. 

Anciennement  xm  était  monté  sur  des  mulets,  Ou  bien 
l’on  se  faisait  porter  dans  des  chaises,  appelées  Partan- 
tiries .  Tout  cela*aochangé  par  la  :nt>uvelle  rbute.  Cette 
rotule  porte  encore  sbn-  ancien  naïa  de  la  corniche,  parce*. 
qu-’eM»  éàt  presque  con tin rie 11 em eut  suspendue  en  corni¬ 
che,  au  flanc  méridional  des  Apennins, Isur  le  rivage  de  la 
mer.*  •  Mr  Saussure  a  méswré'vlaqplus'  grande  élévation  de  ' 
l’ancien  passage  à '2g0.-tois.es  *,  la  nouvelle  route  s’élèvé  eu* 
core  plus  bout.  Elle  passe  par  Ttirbie,  où  sïnit  les  ruine» 
du  trophée  d’Auguste;  Monaco  est  située  delà  jna'riière la 
plus  extraordinaire  sur  la  plateforme  d’une,  roche  escar¬ 
pée,  qui  s’avanqe  dans. la  mer  :  entré  Monaco  et  Ment on,  il 
ya'un  Sitesi  romantique,  une  Solitude  si  câline,  des  sensa¬ 
tions  si  mélancoliques  etdoaces,  qu’un  Anglais  a  demandé-' 
et  obtenu-  lf  permission,  d’en  fajçe  le  tombeau  de  sa  fa, 
mille.  JLe  sexe  y  est  très- joli.  Vintïmille  à  quelques  inscrip¬ 
tions  àntiqués.  B'ordighicra  par  ses  bois  de  palmiers,  que 
Déft  vend  à  ivcrne,  pour  servir  de  rameaux  dans  la  se- 


L’ITALIE.  ROUTES.  127 

Mtiine  sainte,  ressemble  à  urne  ville  d’Asie.  San-  Remo 
au  milieu  de  bosquets  d’oliviers  et  d’orangers,  est  ap- 
pelé  le  paradis  d’Italie.  La  nouvelle- route  n’étant  pas 
partout  achevée,  on  passe  à  San-  Diano,  sur  le  flanc  es* 
carpé  d’une  montagne,  qui  est  un  pas  dangereux.  Albenga 
conserve  encore  des  vestiges  de  son  ancienneté,  mais 
l’air  y  est  malsain.  Finale ,  par  l’élégance  qui  lui  est 
propre,  par  celle  du  beau -s  exe,  par  ses  brillantes  socié¬ 
tés,  semble  êtae  la  mignature  de  Gènes.  Nulle  part  les 
orangers  ne  sont  aussi  beaux,  il  y  en  a  qui  portent  jus¬ 
qu’à  10,000  oranges.  Les  pomi  carliy  sorte  particulière  de 
pommes,  sont  très  -  estimés.  Entre  Fada  et  Savane y  ou 
ne  fait  que  parcourir  de  jardins,  de  villages  et  d’habita¬ 
tions.  Les  abricôts  de  Savane  sont  recherchés.  A  Albis- 
sola,  les  beaux  palais  de  Durazzo  et  de  Rovere.  Le 
bourg  de  Cocoletto ,  passe  pour  le  véritable  berceau  de 
Colombe.  Les  torrens,  qui  obstruent  le  passage,  offrent 
un  curieux  et  terrible  spectacle,  dans  leur  combat  avec 
les  fiots  de  la  mer.  En  approchant  de  Gênes y  où  l’on: 
entre  par  le  beau  pont  du  faubourg  de  S.  Pierre  d' Are- 
na ,  on  passe  près  des  jardins  et  des  grottes  de  la’  belle 
maison  de  Poggi.  Total  353/4  postes’,  en  10  relais.  Il  se¬ 
rait  grand  dommage,  si  cette  route  pittoresque,  à  tra¬ 
vers  des  points  dé  Ytie  délicieux,  et  des  parfums,  ne  fût 
pas  entretenue  et  conservée.  Une  barque  ou  coche 
d’eau,  va  et  vient  tous  les  jours  de  Finale  à  Gênes,  pour 
le  prix  d'un  livre  et  demi  par  persônrie. 

Route  de  poste  die  Nice  a  Turin ,  par  le  Col  de  Tende 
postes.  Des  vo3rageurs  m’ont  remercié  d’avoir  fixé 
leur  attention  sur  ce  passage  du  Col  de  Tende,  à  cause 
de  ses  beautés  sauvages,  mais  imposantes  et  superbes* 
Xes  relais  jusqu’à  Limon e ,  ne  sont  plus  montés ,  et  ils 
àie  l’ont  jamais  été  ,  que  pour  le  service  à  dos  -  de  -  mulet 
du  courier  de  Turin.  Scarena  2V4  postes.  Scspello  2V4* 
Breil  2V4-  (la  forteresse  de  Saorgio,  semble  presque  sus¬ 
pendue  en  l’air.)  Tenda  2r/4*  [Arthur-  Youhg  l’a  déjà 
qualifié  l’un  de  ces  vilains  endroits,  ôù  il  n'y  a  qu’une 
misérable  auberge;  hauteur  prise  de  la  salle,  39g  toisés 
au-dessus  de  la  mer.]  Oh  est  3  heures  à  gravir  le  col , 
2*  à  le  descendre,  et'  7  '  depuis  Tende  jusqu’à  Limonc. 
Ou  rencontre  une  galerie,  vaste  percement  des  Alpes  et 
1-une  des  plus  gigantesques  entreprises  qu’ait  osé  conce¬ 
voir  l’esprît  hutnain:  elle  est  abandonnée  et  encombrée. 
Los  Barbets ,  qui  infestaient,  ci>.devant  ce  passage,  ai- 


128 


L’ITALIE.  ROUTES. 

dent  à -présent  à  faciliter  la  route  du  col,  comme  gui¬ 
des  et  porteurs  fidèles.  Limone  3.  Bourg  5.  Dalmazo  2. 
Coni  1.  Centalle  ii/2,  Savigliano  21/4.  on  nomme  les  ha- 
bitans  les  Parisiens  du  Piémont .  Raconigi  iï/2.  Carig- 
»an  2^/4.  Turin  21/4*  (Ou,  l’on  passe  deCarignan  à  Mo- 
rette  21/4*  Saluzze  [ville  manufacturière]  ity2.  Busca  2 V4- 
Pignerol  n’est  qu’à  31/4  p.  de  Saluzze.)  Pour  se  rendre 
k  Gènes,  par  cette  route,  on  va  de  Carignan  à  Poirino , 
2t/4  postes:  (on  apperçoit  de  loin  la  magnifique  église  de 
la  Superga  ,  près  de  Turin)  de  Poirono  on  passe  à  Du- 
sino  1V4  postes  et  on  y  entre  dans  la  grande  route,  qui 
conduit  de  Turin  à  Gènes.  (V.  No.  2*  de  l’Itinéraire.)  A 
Coni ,  qui  n'a  qu’une  seule,  mais  belle  rue,  on  loge  à  la 
poste.  □  L’heureuse  réunion;  la  parfaite  union.  Les 
fortifications  ont  été  démolies.  On  apperçoit  le  Mont  - 
Rosa ,  covfvert  de-neiges  éternelles,  et  le  Mont-Viso, 
pyramide  de  1945  toises  de  hauteur. 

8.  Route  de  Nice  -par  mejr  à  G'ener. 

Si  l’on  préfère  de  voyager  par  mer,  pour  se  rendre 
à  Gènes  ou  à  Livourne  ,  on  louera  k  Antibes  ou  k  Nice, 
une  félouque.  C’est  un  bâteau  ouvert  avec  un  patron 
et  8  à  12  rameurs,  qui  tantôt  faisant  voile,  taaitôt  ra¬ 
mant,  vous  mèneront  à  en  2  jours  ,  si  la  mer  est 

calme;  autrement,  ils  n’osent  se  mouvoir,  et  eu  effet 
une  félouque  n’est  pas  construite  pour  une  mer  orageuse, 
et  est  en  tout  sens  un  bâtiment  bien  incommode  ,  d’ail¬ 
leurs  on  a  à  craindre  les  pirates  et  les  barbaresques,  qui 
se  cachent  dans  les  angles  des  golfes.  Le  transport  coû¬ 
tera  8  séquins,  ou  environ  4  guinées.  Sur  la  route  de  la 
Riviera  v.  l’article  précédent,  et  sur  les  routes  d 'Ale* 
xandrie  à  Savonne  v.  l’Itinéraire  No.  *.  obs.  loc.  3.  La 
route  de  Port  -  Maurice  à  Ceva ,  forme  la  communica 
tion  de  Turin  k  Oneïlle ,  dans  la  traversée  du  col  audes- 
sùs  d 'Orméa.  Les  fromages,  dits  rubiola,  font  le  com¬ 
merce  de  Ceva ,  de  même  que  les  truffes  blanches,  qui 
sont  très  -  estimées. 

Il  y  a  encore  quelques  chemins  pour  passer  les  Al¬ 
pes,  tels  que  ceux  du  petit  St.  Bernard ,  du  Griesberg , 
de  la  mer  de  glace  du  Montanvert  etc.  mais  comme  ce 
sont  plutôt  des  sentiers  difficiles  que  des  routes  fréquen¬ 
tées ,  nous  11’entrerons  pas  dans  leur  détail.  — 


L’ITALIE.  ROUTES, 


129 


La  douane  est  très  -  rigoureuse  dans  plusieure  états 
de  l’Italie.  Je  conseillerais  à  tout  voyageur  de  faire  vi¬ 
siter  et  sceller  ses  malles,  à  la  première  douane  qu'il 
trouve  K  la  frontière,  parcequ’ordinairement  on  n’y  vi¬ 
site  pas  les  voyageurs  avec  autant  d’exactitude  que  dans 
les  villes.  Sur  le  territoire  du  royaume  d’Italie,  le 
voyageur  était  obligé  anciennement  de  payer  à  chaque 
couchée  le  billet  de  police ,  ce  qui  revenoit  par  personne 
à  12  soldi.  Les  passeports  y  sont  de  toute  rigueur. 

Je  placerai  ici,  comme  à  l’endroit  le  plus  convena¬ 
ble  de  cet  ouvrage,  un  petit  article  sur  la  manière  dont 
on  compta  ci-devant  les  heures  en  Italie,  avec  une  ta¬ 
ble  de  réduction  pour  l’usage  des  voyageurs.  A  Turin, 
Parme,  Florence  etc.  et  dans  tous  les  états,  qui  faisai¬ 
ent  cidevant  partie  du  Gouvernement  Français  au-delà 
des  Alpes,  lés  heures  se  comptent  comme  dans  le  reste 
de  l’Europe.  Il  n’y  a  que  quelques  pays  $  où  l’ancien 
usage  a  prévalus 

Dans  lès  éphémérides  dé  Milan  on  trouve  une  tablé 
où  l’on  prend  pour  base,  que  le  soleil  se  couche  en  été 
à  23  heures,  et  en  hiver  à  23  heures  et  30  minutes;  mais 
la  table  de  Mr.  de  la  Lande  qui  est  celle  que  nous  don¬ 
nons  ici,  mérite  de  beaucoup  la  préférence.  ,,A  chaque 
demi  -  heure  il  sonne  l'heure  !  “  disait  naïvement  un  mi¬ 
litaire  Français. 


L’ITALIE. 


Table  du  midi  en  heurts  Italiennes . 


Latitudes. 

ffeaïT&ne^l 

et  1 

j  Venise.)  i 

43°  4Ô'  I 

l'ioren-  { 
ce.  | 

41°  54' 

Rome. 

i 

|H. 

M.|H. 

M.| 

il. 

M.fH. 

M.| 

H. 

M, 

Janvier. 

1 

19 

9 

19 

5 

19 

2 

18 

57 

18 

53 

10 

>9 

3 

19 

0 

18 

57 

18 

52 

13 

48 

26 

18 

54 

18 

5i 

18 

49 

f8 

44 

18 

40 

Février 

I 

iS 

40 

18 

37 

iS 

36 

18 

32 

18 

28 

30 

18 

28 

18 

26 

18 

25 

18 

21 

£8 

18 

20 

18 

12 

18 

11 

18 

10 

18 

7 

£8 

5 

\Mars 

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*7 

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17 

57 

17 

57 

17 

65 

17 

53 

10 

17 

45 

17 

44 

‘7 

44 

17 

43 

£7 

4i 

20 

17 

28 

17 

29 

17 

28 

17 

19 

17 

27 

Avril 

I 

17 

9 

17 

10 

17  • 

10 

i? 

11 

17 

11 

10 

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54 

16 

57 

16 

57 

16 

59 

£6 

59 

20 

16 

37 

16 

40 

16 

43 

16 

46 

16 

46 

Mai 

1 

iô 

24 

16 

26 

16 

2? 

16 

3i 

16 

23 

ib 

16 

13 

16 

15 

16 

16 

21 

£6 

23 

20 

16 

1 

r6 

4 

16 

6 

16 

11 

16 

J3 

Juin 

1 

15 

49 

15 

53 

15 

56 

16 

1 

16 

5 

10 

15  . 

44 

15 

48 

15 

51 

15 

57 

16 

0 

2© 

15 

42|  15 

46 

«5 

49 

15 

55 

15 

59 

Juillet 

Iji5 

43|I5 

47 

15 

50 

15 

67 

16 

0 

ÏO  T5 

47  15 

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54 

16 

0 

16 

4 

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0 

16 

2 

16 

7 

16 

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Août 

1 

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9 

16 

12 

16 

13 

16 

19 

16 

22 

10 

16 

20 

16 

23 

16 

24 

16 

29 

16 

32 

20 

16 

34 

16 

37 

16 

38 

16 

44 

£6 

43 

Septembre 

1 

tô 

54 

16 

54 

16 

54 

16 

57 

16 

59 

10 

17 

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17 

8 

17 

8 

17 

9 

17 

10 

20 

17 

22 

17 

22 

17 

22 

17 

23 

17 

24 

Octobre 

1 

i7 

39 

17 

39 

17 

39 

17 

39 

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39 

10 

17 

53 

17 

52 

17 

52 

17 

5 

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51 

20 

18 

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7 

18 

7 

iS 

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,  18 

4 

INovembre 

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18 

27 

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,  !8 

24 

18 

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18 

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47 

18 

41 

18 

39 

Décembre 

1 

19 

1 

18 

58 

!  18 

57 

18 

51 

uf 

43 

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!  18 

55 

L’ITALIE.  ITINÉRAIRE.  iji 


7- 

Itinèr air e  des  routes . 

A. 

Plan  d'un  voyage  en  Italie ,  par  la  Poste  ,  en  entrant 
par  Turin ,  sortant  par  Venise  ,  et  vice  versa. 

Avis.  Toutes  les  postes,  sont  à  deux  lieue»  de  France. 


X,  Route  de  Chambéry  à  Turin * 

Noms. 

7.  Lasnebourg. 
M  ont  -  CénxSw 
Molaret. 

8  Suze. 

St.  Georges 

9.  St.  Antonin. 
Aviliane. 

10.  Rivoli. 

11.  Turin. 


les. 

Avis.  Le  prix  des  chevaux  de  poste,  des  trois  relaî* 
du  Moht-Cénis,  est  en  hiver,  depuis  le  1  Novembre 
jusqu’au  1  Avril,  le  double  du  prix  fixé  pendant  les  au¬ 
tres  mois.  Cette  disposition  ,  qui  concerne  la  course  de 
Lasnebourg  au  Mont-Cènis  et  à  St.  Martin ,  ne  doit 
point  avoir  lieu  de  Mont-  Cénis  à  Lasnebourg. 

Tarif  de  i8u>  pour  l'entretien  de  la  route.  Par  che¬ 
val  ou  par  mulet  attelé  à  un  traîneau  ou  voiture  non- 
suspendue,  on  paye  3.  Fr.  et  le  double  si  la  voiture  est 
suspendue.  Par  bête  de  somme,  2.  Fr.  Les  chevaux  de 
poste,  qui  retournent  vuides  ,  passent  gratis. 

Tarif  des  chevaux  de  renfort.  Un  Cabriolet  à  2  che¬ 
vaux,  chargé  d’une  ou  deux  personnes,  1  cheval;  char¬ 
gé  de  trois  personnes,  2  chevaux  et  1  postillon:  chargé 
de  quatre  personnes,  3  chevaux  et  1  postillon.  Une  IA- 
mon  iere  ,  chargée  de  deux  personnes,  2  chevaux  et  I 
postillon;  chargée  de  3  et  4  personnes,  3  chevaux  et  I 
postillon.  Une  Berline ,  chargée  de  trois  et  quatre  per¬ 
sonnes,  2  chevaux  et  un  postillon.  Le*  Cabriolets  h 
quatre  roues  et  à  glaces,  payent  comme  les  limonières; 
ceux  à  quatre  roues  et  à  soufflet,  sont  assimilés  aux  ca¬ 
briolets  à  deux  roues.  Les  postillons,  chevaux  et  mulets 


Postgs. 

2 

1V2 

1V2 

2 

21/2 

2 

21/2 

2 


Noms. 

Postes. 

2.  Montmêlian. 

2 

Mal  Taverne. 

3 

3.  Aiguebelle. 

3 

la  Chapelle. 

2 

4.  St.  Jean  de  Mau¬ 

1V2 

rienne. 

1 

5.  St.  Michel. 

iVa  I 

0.  Modane. 

1V2 

V  ernay- 

l3/4  1 

3374 

Observations  Loca 


ï39  L’ITALIE.  ITINÉRAIRE. 

de  renfort,  tont  payés  h  raison  de  75  centimes  ponr  le* 
guides,  et  d'un  franc  50  centimes  par  poste,  pour  cha¬ 
que  cheval  ou  mulet,  dans  îes  proportions  suivantes:  de 
Lasnebourg  au  Mont  -  Cènis ,  et  de  St.  Martin  an  Mont- 
Cénis ,  sans  réciprocité;  de  Suze  à  St.  Martin ,  récipro¬ 
quement.  Je  ne  sais  si  ces  ordonnances  du  Gouverne¬ 
ment  Français,  changerout  sous  le  Gouvernement  Sarde. 

1.  Nous  avons  déjà  donné,  à  l’article  précédent,  la 
déscription  détaillée  du  Mont-Génis.  Chambéry.  Q.  .Les 
amis  réunis:  ]a.  triple  Union.  Population  9  — 10,000  h. 
On  voit  au  château  1  escalier,  et  quelques  fresques  des  frè¬ 
res  Gâllinri  ;  dans  l’église  de  l'Annonciation,  un  tableau 
de  la  nativité,  d’un  bon  maître.  La  caserne:  la  jolie 
maison  de  campagne  du  général  Deboigne  1  sur  la  route 
de  Montmélian.  Sur  la  place  de  V Ans ,  une  fontaine,, 
avec  une  statue  de  femme.  Le  portail  de  la  St.  chapelle 
et  la  cathédrale  sont  admirés.  A  la  bibliothèque  cen¬ 
trale  ,  on  a  déposé  un  bas-relief  d’un  grand  mérite,  en¬ 
levé  du  tombeau  d’un  ancien  Duc  a  St.  Jean  de  Mau.* 
vienne.  La  promenade  au  Vernay  est  belle.  A  une  de¬ 
mi-lieue  de  la  ville,  sont  les  eaux  de  la  Boisse.  J’ai 
été  très -bien  logé  a  l’auberge  de  St.  Jean  Baptiste.  M. 
de  Mal/iiwoîi  recommande  la  Rose.  Chez  M-.  Eonjeeny 
des  belles  collections  de  plantes.  Chambéry  est  agré¬ 
ablement  située.  Le  dent  de  Nivolet,  est  la  plus -élevée- 
des  hauteurs  avoisinantes-.  A  une  demi- lieue  de  Cham¬ 
béry  sont  situées  les  Charmettes,  célèbres  par  J.  J.  Rous¬ 
seau.  Rien  n’a  changé.  On  y  montre  sa  table  d’étude  et 
son  portrait.  A  1  lieue  de  Chambéry ,  au  lieu  dit  aux 
abîmes ,  fut  engloutie  en  1249,  une  ville  avec  16  villages. 

2.  Bonne  auberge  à  Montmélian  ;  elle  est  située  sur 
l’embranchement  de9  4  routes  et  de  4  vallées,  dont  l’une 
conduit  au  Petit  -  Bernard.  Les  vins  de  Montmélian 
sont  estimés  en  Italie.  De  Montmélian  à  Lasnebourgy 
ou  Lans  -  le  -  Bourg  on  côtoie  presque  toujours  l’Arque. 
On  peut  dîner  au  village  de  Planese ,  où  sont  les  jolies 
promenades  du  château  d’un  comte,  et  un  belvédère 
magnifique.  Le  Mont-Blanc  ne  se  voit  point  d’aucune 
partie  de  la  route  de  Chambéry  à  Turin,  excepté  do 
dessus  le  pont  de  Montmélian. 

3.  Ce  nom  signifie  belle  eau-  On  montre  près  delà 
les  restes!  d’une  chute  de  montagne,  et  dans  la  collé¬ 
giale,  le  tombeau  en  cuivre  d’un  Anglais.  .A,  la  poste, 
bonne  auberge.  Presque  tous  les  babitans  de  la  Maù- 


L’ITALIE.  ITINÉRAIRE.  133 

Tienne  sont  attaqués  du  mal  des  goitres.  A.  l'AigU-ebelIe. 
on  s’enfonce  dans  les  Alpes. 

4.  St.  Jean  des  Alpes.  Il  y  avait  do  bon*  tableaux 
à  l’évêché,  et  une  assomption  dans  l’église  sur  la  place 
de  l’évêché;  ici  commence  la  vallée  de  Maurienne.  Au¬ 
berge:  St.  George;  bonne.  C’était  à  St.  Jean  d'e  Mau - 
rienne ,  où  suivant  l’opinion  de  Groslley ,  Annibal  de¬ 
vait  avoir  passé  les  Alpes. 

5.  Les  fourneaux  ,  sont  des  maisons,  où  l’on  exploi¬ 
te  des  mines  de  plomb  et  de  cuivre.  Entre  S.  Michel  et 
JModane  on  cherchera,  Yorik  k  la  main,  la  maison  où 
il  termina  son  voyage  sentimental ,  dans  la  société  d’u¬ 
ne  Piémontaise. 

6.  Bois  d'Una  d’une  mélancolique  horreur,  vallons 
de  Moàane  et  de  St.  Michel ,  vos  torrens,  vos  abîmes,  vos 
rochers  de  toutes  les  couleurs,  seront  long-tems  gravés 
dans  la  mémoire  du  voyageur!  Le  nombre  des  crétins 
diminue 

7.  La  double  cascade  de  S.  Benoit  est  la  plus  belle  de 
cette  vallée.  Les  deux  chûtes  dont  elle  se  forme,  lui 
donnent  un  caractère  particulier.  Elles  se  sont  creusés 
toutes  les  deux  un  profond  abîme,  dont  on  n’apercoit 
pas  le  fond,  et  où  elles  paraissent  s’engloutir,  La 
beauté  des  femmes  de  Termignon  est  fameuse  dans  la 
Savoie.  Les  habitans  de  Lasnebourg ,  ne  démontent 
plus  les  voitures;  mais  ils  les  accompagnent,  pour  les 
empêcher  de  verser  ou  d’enfoncer' dans  la  neige. 

8-  On  loge  à  la  poste.  La  Brunet tey  citadelle  très- 
forte,  est  à  présent  démolie.  Là  périt  . en  1747  le  cheva¬ 
lier  de  Bellisle ,  victime  de  son  courage.  L’arc  de  tri- 
omolie  u  S  II  5  les  iar&ins  du  châfom»  «-*•  I» -  »  — î»-i  — 

*  *'  -----  ’■  ■  — y  L-J  4/  A  V.  aCUl  tj  U  JX  y 

ait  dans  toute  la  Lombardie.  Le  marbre,  appelé  ver  A 
de  Suze,  vient  de  la  carrière  de  Fossemagne.  On  pro¬ 
duit  ici  le  meilleur  vin  ordinaire  du  Piémont.  A 
reste,  ce  qui  frappe  le  plus,  c’est  la  différence  des 
chambres  et  des  lits  d’auberges.  Deux  ou  trois  bancs 
de  bois,  sur  ces  bancs  3  ou  4  planches,  sur  ces  plan¬ 
ches  une  méchante  paillasse,  un  plus  méchant  matelas 
une  grosse  couverture  de  laine,  une  espèce  de  bourlet 
pas  plus  gros  que  le  bras,  tels  sont  les  lits,  qui  atten- 
dent  le  voyageur  dahs  presque  toute  l’Italie.  De  la  Bo- 
ehe.  Melon,  la  plus  haute  montagnede  cette  partie  des 
Alpes,  se  découre  Milan  et  presque  toute  la  Lombardie. 

Guide  d,  Yoy.  X,  II.  il 


134  L’ITALIE.  ITINÉRAIRE. 


(V.  Mémoire  sur  la  statistique  de  l'arrondissement  dê 
Suze;  par  Jacquet .  Turin.  An.  X.) 

9.  L’.liermitage  de  St.  Michel  est  sur  Jla  montagne  ; 
l’escalier  de  l’église,  taillé  dans  le  roc,  est  singulier. 
Il  faut  dîner  à  St.  Antonin ,  en  venant  de  Turin;  il  y  a 
une  bonne  auberge  aux  3  couronnes,  et  les  environs 
sont  charœ'ans.  . 

10.  Une  allée  large  et  alignée,  faisante  face  au 
dôme  dfe  la  Superga,  conduit  à  Turin.  Dans  une  soirée 
printanniére ,  les  prairies  semblent  être  incendiées,  par 
la  multitude  de  ces  phosphores  vivans,  nommés  lucciola, 
qui  s’y  répandent  et  que  l’on  ne  voit  pas,  avant  d’avoir 
passé  les  Alpes. 

11.  V.  le  tableau  des  villes.  Les  portes  de  Turin  së 
ferment  à’ôtya  heures,  mais  on  les  ouvre  jusqu’à  10,  si 
on  le  demande  convenablement. 

Il  y  a  encore  une  autre  route  de  poste,  de  Lyon  â 
Turin  ,  qui  passe  par  Grenoble  et  le  Mont-  Genèvre ,  et 
qui  a  été  ouverte  sous  les  gouvernement  de  Napoléon  -, 
elle  traverse  un  paysage  alpestre  et  sauvage,  et  la  mon¬ 
tée  du  Mont -  Genèvre ,  n’est,  qu’une  succession  d’escar- 
pemens,  étayés  les  uns  au  dessus  des  autres.  Les  ours 
y  sont  communs. 


2.  Route  de  Turin  à  Cènes . 


Postes. 


lT/Sr 

1V2 

1V2 

iVa 

1V2 

1V2 


Noms. 

Postes . 

1.  TrufFarello. 

1V2 

2.  Pbirino. 

2*/4 

Dusino . 

3V2 

Gambetta. 

3.  Asti. 

4- 

Annone  . 

2V4 

Noms: 

Felizzano. 

4.  Alexandrie. 

5.  1S.  oui: 

6 .  Voltaggio. 

7.  Campo-Marone. 
8-  Gènes. 


S&U; 


Observations  locales. 

1.  Demi-poste  de  sortie.  En  partant  de  bonne  heure 
de  Turin ,  on  peut  arriver  à  Alexandrie  le  premier  jour, 
et  a  Gènes  le  second. 

2.  Avant  d’arriver  à  Dusino ,  on  passe  par  Villeneuve , 

gros  bourg,  dont  on  vante  le  vijl  blanc.  Après  de  for-» 
tes  pluies,  il  vaut,  mieux  d’aller  par  Casai  à  Alexandrie , 
quoiqu'il  y  ait  plusieurs  rivières  à  passer.  Route:  Set- 
timo,  2  p-  Chivasco,  2-  Crescentino  2V4*  Trino  2V4.  Ga- 
sale  2V4-  St,  Sauveur  2V4*  Alexandrie,  iVa*  ett. 

route;  13  à  14  heures.  r!1 


L’ITALIE.  ITINÉRAIRE.  135 

3.  A  Asti  les  auberges,  la  rosa  rossa  et  le  lion  d’or.  Q. 
Xa  bienfaisance.  Cette  ville  ne  possède  plus  qu’une  tren¬ 
taine  de  ses  cent  tours  célébrés.  La  cathédrale,  bâti¬ 
ment  gothique.  Le  baptistère  ,  autrefois  un  temple  de 
Vénus.  Les  vins  ronges  et  blancs  d’Asti,  sont  les  meil¬ 
leurs  du  Piémont.  Depuis  Asti  la  route  est  sablonneu¬ 
se;  depuis  Alexandrie  assez  bonne  ,  mais  étroite;  depuis 
No  v i  jusqu’à  Voltaggio,  inégale,  mais  elle  va  en  descendant. 
Asti  est  la  patrie  d 'Alfieri,  poète  et  tragique  célèbre. 

4.  Auberges,  I  tre  Re,  et  d’Angleterre,  bonnes.  Q  La 
bienfaisance.  On  va  voir  l’édifice  destiné  aux  foires  en 
avril  et  en  octobre,  et  le  palais  du  comte  de  Guilin. 
I.e  pont -couvert  du  Tanaro,  est  le  plus  beau  du  Pié¬ 
mont.  Alexandrie  est  une  des  plus  fortes  places  de  l’Eu¬ 
rope.  Les  remparts  sont  l’unique  promenade.  On  trouve 
ici  un  cabinet  littéraire.  Entre  Alexandrie  et  Novi ,  est 
l’abbaye  del  Bosco:  et  non  loin  de  là,  le  champ  de  ba¬ 
taille  à  jamais  mémorable  de  Marengo ,  où  fut  décidé  en 
1800  le  sort  de  l’Italie  et  l’on  peut  dire  d’une  grande  par¬ 
tie  de  l’Europe.  Une  coLonne  est  érigée  à  l’endroit  où. 
fut  tué  le  général  Desaix.  En  1805  IV apoléon  y  a  pôsé 
la  première  pierre  d’un  monument.  En  allant  de  Tor- 
tone  à  Alexandrie ,  on  passe  par  Marengo  ;  ce  Marengo 
n’est  qu’un  petit  village  d’une  trentaine  d’habitaus.  Une 
prairie,  dite  La  Rosette ,  sert  de  tombe  à  15,000  guerriers. 

5.  Novi  est  célèbre  par  le  tirage  de  soies,  et'  par  la 
grande  bataille  de  ce  nom  en  1799,  gagné  par  Souwarow  ; 
le  général  Joubert  y  fut  tué.  Le  palais  Brignole  près  de 
l’église  de  St.  Pierre  est  un  des  plus  beaux  de  la  ville. 
A  Novi  y  bonne  auberge  à  la  poste,  hors  la  ville,  et  à 
l’auberge  royale,  dans  la  ville.  La  soie  blanche  de  Novit 
jouit  d’une  grande  réputation. 

6.  On  ajoute  ici  un  cheval  de  renfort  ou  deux.  La 
Bochettay  c’est  à  dire, -le  sommet  de  l'Appenniny  est  un 
passage  très-pénible.  On  a  du  sommet  une  vue  très- 
avantageuse  de  Gènes  et  de  la  vallée  de  Polcevera.  On 
découvre  la  mer,  comme  un  brouillard  épais,  et  par  un 
tenu  clair,  brillante  comme  une  glace,  et  dans  les  ma¬ 
tinées  les  plus  claires,  les  montagnes  de  la  Otirse.  La 
forteresse  de  Gavi  est  remarquable .  par  sa  situation. 

7.  L’auberge  délia  Rosa  est  bonne.  On  loge  aussi  à 
la  poste.  On  traverse  dans  toute  sa  longueur  le  riant 
vallon  de  la  Polcevera ,  par  un  chemin  magnifique,,  bor¬ 
dé  d’arbres  de»  deux  côté».  On  croit  se  projnener.  d&jis 

M  2. 


4 


136  L’ITALIE.  ITINÉRAIRE. 


lin  jardin  où  croissent  les  arbres  et  végétaux  de  l’Orient, 
mariés  avec  les  pins  et  les  cyprès.  La  beauté  de  la  cam¬ 
pagne,  la  multitude  des  palais  qui  la  décorent,  les  sites 
rians  qui  l’animent,  offrent  pendant  la  route  des  tableaux 
xnouvans  et  magiques.  Cette  promenade  délicieuse  con¬ 
duit  au  fauxbourg  de  San  Pietro  d'Arcna ,  situé  au  bord 
de  la  mer,  dont  les  maisons  sont  des  palais,  peints  en 
ordre  d’architecture.  Cette  imitation  est  d’un  effet  gai 
et  agréable. 

8.  V.  le  tableau  des  villes.  Il  était  dû  une  depii- 
poste  en  sua  de  la  distance,  tant  à  l’entrée  qu’à  la  sor¬ 
tie  de  Gènes,  excepté  sur  Recco. 


3.  Roule  de  Ghnes  à  Florence  par  Pire,  Livourne 
Lucques. 


Postes. 

1V2 
I3/4 
33/4 
IZ/2 
"  XÏ/2 
3 

1J/2 

1V2 

iVa 


Noms. 

Recco. 

Rapallo. 

Chiavari. 

Bracco. 

Matarana. 

Borghettq. 

Spezxa. 

Sarzana. 

La  Venza. 

2.  Massa. 

3.  Pietra-Santa. 


Postes. 

1V2 

2 

3 
3 
3 
3 

h 4 

23/4 

2 


1  Noms. 

Moutramido. 

Torreta. 

4.  Pise. 

5.  Livourne. 

6.  Pise,  (de  retour.) 

7.  Lucques. 

'  Pescia. 

8.  Pistoje. 

9.  Prato. 

10.  Florence. 


48 


Observations  locales. 

Si  l’on  préfère  la  mer,  loués  une  felouque  là  Gknes 
pour  Lcrici  ou  Livourne.  On  peut  en  avoir  une  grande, 
conduite  par  deux  hommes,  à  peu-près  pour  cinq  gui- 
nées,  jusqu’à  Livourne ,  et  vous  y  arriverez  en  deux 
jours,  si  le  vent  et  le  tems  sont  favorables;  mais  s’il 
fait  mauvais  tems,  il  vaut  mieux  |débarquer  à  Lericit 
et  y  prendre  la  poste  pour  Sarzana. 

Si  l’on  préfère  d’aller  par  terre,  on  suit  la  route  dé¬ 
crite.  C’est  à  Sarzana  que  les  antiquaires  trouveront  en 
abondance  des  lapidi  lumnsi  ;  les  plus  belles  servirent 
à  bâtir  la  maison  Berrettini '»  et  l’on  connaît  l’indigna¬ 
tion  de  Muratori  sur  ce  vandalisme. 

1.  On  passe  près  de  Sestri  du  Levant ,  située  pittoresque¬ 
ment.  Cette  route  rude  et  montueu.se,  resserrée  entre  la 
mer,  et  les  Apennins,  vous  dédommage  par  une  belle  cam* 


L’ITALIE.  ITINÉRAIRE.  j  37 

pagne  couverte  d’oliviers  et  de  vignes,  et  où  les  myrtes 
grenades  etc.  croissent  naturellement  le  long  de  laroute. 

2.  Massa  est  1p  seul  endroit  où  l’on  puisse  loger:  ou 
est  bien  traité  à  la  poste.  .Le  golfe  do  la  Spezia  est  d’un 
aspect  riant.  Il  y. a  une  source  d’eau  douce,  au  milieu 
de  l’eaü  salée,  qui  occupe  un  grand  espace  sans  se  mêler. 
Les  carrières  de  marbre  de  Carrare,  ne  sont  qu’à  une 
lieue  de  Massa  :  la  meilleure  de  toutes  est  celle  de  PoL- 
vaccio.  On  asSûre  que  le  grain  du  marbre  de  Seruvezza , 
à  4  lieues  de  Carrare ,  est  encore  plus  beau.  On  distin¬ 
gue  deux  sortes  principales  de  marbre;  Marmo  statua- 
rio  ,  de  trois  qualités  différentes,  et  M'armo  ordiiiario. 
O  que  l’on  nomme  Eetulia ,  est" une  espèce  de  marbre 
bâtard.  Carrare  entourée  de  montagnes  de  marbre  ou 
d’ardoiîe,  est  situé  agréablement  au  fond  d’une  vallée 
ouverte  sur  la  mer,  à  trois  milles  du  rivage,  où  est  son 
port.  La  route  du  port,  entretenue  hux  dépens  des  com¬ 
munautés  ,  est  fort  belle ,  et  continuellement  couverte 
de  voitures  qui  y  charient  le  marbre.  Ou  charge  les 
blocs  sur  le  rivage,  en  les  soulevant  au  moyen  de  pou¬ 
lies  mouflées,  et  les  laissant  descendre  dans  une  forte 
chaloupe,  placée  en -dessous,  et  po$ée  en  pente  sur  des 
pièces  de  bois  bien  graissées.  La  chaloupe  chargée,  se 
lance  h  la  füer  comme;  un  bâtiment  du  chantier.  Les 
mariniers  courent  après  dans  l’eau ,  l'atteignent,  et  la 
conduisent  au  navire,  qui  se  tient  au  large,  et  qui  se 
charge  ainsi  enj  mer.  A  Carrare  on  trouve  une  belle 
grotte,  décrite  par  Spallanzani.  On  montre  aussi  la 
carrière  d’oùkles  JRomains  ont  extrait  le  marbre  du  Pan¬ 
théon. 

3.  Pietra  Santa  a  un  air  mal -sain.  De  Montramido 
à  Lacques ,  il  n’y  a  que  6  lieues,  si  l’on  ne  veut  pas 
taire  le  détour  par  Pise. 

4.  V.  le  tableau  des  villes  etc.  Les  quais  de  Pise  sont 
peut-être  les  plus  beaux  de  l’Europé.  Le  chemin  de 
Lucques  à  Pise  et  de  Pise  à  Livourne  traverse  deux  bel¬ 
les  plaines,!  que  réunit  un  défilé  pittoresque.  En  en 
sortant  on  est  aux  bains  de  Pise ,  si  l’on  suit  la  grande 
route,  et  non:  la  fausse,  que  les  postillons  préfèrent, 
pour  abréger. 

5.  Population  60,000  a.  ;  Long.  270  56'  30".  Lat.  430  35'  2". 
La  sta:ue  de  marbre  de  ^Ferdinand  I  est  l’ouvrage  de 
Oior.  del  Opéra  :  des  figures  des  esclaves  enchaînés  aui 
angles  du  piédestal,  sont  bonnes.  Il  faut  faire  le  tour 


9 


#5 


133  L’ITALIE.  ITINÉRAIRE. 


*vl  mole  jusqu’à  la  pointe,  d’où  l’on  distingue  la  piintâ 
de  cavaleggieri ,  le  fanal,  les  îles  Gorgona,  Meloria, 
Capraia ,  et  müiae  l'ile  de  Corse.  Les  trois  lazarets  et 
l’arsenal  méritent  aussi  d’être  vus.  Moleto  est  le  lieu, 
où  les  vaisseaux:  tiennent  quarantaine.  On  ne  peut  y 
entrer  sans  une  permission.  Le  Magasin  de  Micali  (mu¬ 
ni  de  tont  ce  qui  peut  exciter  la  cnriosi'té)  celui  des  hui¬ 
les  ,  et  celui  des  porcelaines,  sont  des  objets  de  curiosi¬ 
té.  La  belle  rue  Fcrdinandine ,  qui  traverse  la  ville  en 
ligne  droite,  depuis  la  porte  de  Pise  jusqu’à  la  porte  Co¬ 
lonelle,  et  la  place  d'armes,  sont  lo  rendez-vous  et  la 
bourse  de  la  ville,  et  c’est  là  qu’on  trouve  les  calés  les 
plus  fréquentés,  surtout  ceux  appelés  II  nuôuo  Greco , 
et  il  Giaponcse.  On  appelé  gli  Sparti,  un  boulingrin, 
<jui  sert  de  promenade  favorite  aux .  habitons ,  de  môme 
que  les  rempurts.  Le  campo  santo ,  ou  cimetière  des  ca¬ 
tholiques,  planté  de  cyprès,  ses  monamens  ,  ses  chapel¬ 
les  doivent  fixer  l’attention  d’un  voyageur.  Le  cime - 
libre  des  Anglais  est  encore  pins  magnifique.  Il  y  a  des 
mausolées  superbes.  La  bibliothèque  du  savant  Pcggioli 
est  remarquable  par  l’élite  des  éditions  d’auteurs  Ita¬ 
liens.  M.  I.ambruschini ,  négociant,  possède  une  ga¬ 
lerie  de  tableaux  de  prix  ;  la  cidèvant  galerie  du 
Duc  d’Orléans,  en  fait  partie.  Lo  corail  est  le  princi¬ 
pal  objet  de  manufacture  à  Livourne.  L’eau  à  boire 
n’est  pas  bonne.  Il  vaut  mieux  la  faire  venir  (le  Pise. 
Dans  la  maison  des  orphelins  il  y  a  une  fabrique  de 
fleurs  artificielles.  Le  couvent  de  Monte  -  Nero ,  à  une 
petite  distance  de  Livourne ,  est  très  -  célèbre.  Il  faut 
aussi  fréquenter  à  Livourne  le  théâtre,  et  l’académie  de 
Pioridi,  espèce  de  club  pu  casino.  Le  carnaval  est 
dans  cette  ville  l’un  des  plus  gais  de  toute  l'Italie.  On 
fréquente  alors  les  Vcglioni ,  ou  les  grands  bals  qui  se 
donnent  à  la  salle  des  spectacles.  Le  giovedi  grasso  est  le 
jour  par  excellence.  Les  voitures  et  carosses  circulent 
dans  le  Corso,  et  les  masquer  s’assaiilissent  avec  des 
nuées  de  sucreries  et  de  dragées.  Le  jeu  de  la  j-ottura 
délia  piantola ,  le  premier  jour  du  carême,  égaye  les 
sociétés  particulières.  La  mezza.  Quar'esima  et  le  Car - 
ngvQlptto,  ou  le  Car nevalc  delle  Donne,  c.  a.  d .  le  jeudi 
saint  et  le  vendredi  -  saint ,  sont  aussi  les  beaux  jours  de 
la,  société.  Durant  le  Carnevaletto ,  il  est  d’usage,  que 
Je  cavalière  sçrreute  abandonne  sa  dame,  et  ne  se  mon- 


L’ITALIE.  ITINÉRAIRE.  139 

trc  plus  k  côté  d’elle  en  public.  Auberges:  Croce  d’oro , 
Croce  di  Malta. 

Une  autre  route  de  Florence  à  Livourne ,  et  vicever- 
sa,  est  celle ,  par  Lastra,  ir/2  p.  ;  l’Ambrogiano  i3/4;la 
Scala  i3/4.  Castel  del  Bosco  i3/4.  Fornacette  iVa*  Pise  2. 
Livourne  3.  Durant  l’été,  on  se  rend  directement  de 
fornacette  par  Arnaccio  à  Livourne.  Sur  cette  route, 
On  remarque,  non  loin  de  la  porte  de  la  Scala,  et  à  peüT 
de  distance,  la  petite  ville  de  San  -  Miniato,  d’où  la  fa¬ 
mille  de  Napoléon  tiré  son  origine. 

6.  V.  le  tableau  des  villes  Le  paysage  est  rénipli  de 
jolies  maisons  de  plaisance,  que  l'on  ..peut  louer. 

7.  Auberge,  la  Panthera.  En  sortant  de  Lucques  il 
est  du  un-quart  de  poste  en  sus  de  la  distance.  Lucqucs 
est  une  ville  d’environ  25,000  âmes,  située  dans  une  plai¬ 
ne  agréable.  Ses  remparts,  bien  entretenus,  et  sur  lesv 
queis  on  peut  faire  le  tour  de  la  ville  en  3/4  d’heure, 
sont  ce  qu’elle  offre  de  plus  remarquable.  Le  volto  san * 
to  est  un  fameux  crucifix,  qu’on  expose  dans  la  cathé¬ 
drale  à  la  vénération  publique.  Le  palazzo  publico  est 
le  bâtiment  le  plus  remarquable  de  la  ville.  Elle  abon¬ 
de  en  poissons  d  itn  goût  exquis.  Le  mot  libertas  qu’on 
lit  au  dessus  des  armes  de  la  ville,  ce  grand  mot  de  la 
révolution,  est  à  Lacques  de  fort  ancienne  date.  Le 
produit  des  lruiles  de  son  territoire  de  la  première  qua¬ 
lité,  est  estimé  180,000  risdalers  par  an.  Les  papeteries 
y  ont  obtenu  un  succès  soutenu;  elles  sont  supérieuersà 
celles  de  plusieurs  autres  nations  ;  on  expédie  surtout 
une  grande  quantité  de  papier  po”r  l’Espagne  ,  le  Por¬ 
tugal,  et  les  Indes  occidentales.  Il  y  a  une  université, 
une  académie  ,  une  maison  d’éducation  pour  les  demoi¬ 
selles.  Les  maisons  de  campagne  sont  nombreuses  et 
belles.  Pas  loin  de  Borgo  -  Buggiano ,  on  rencontre  les 
bains  magnifiques  et  commodes  de  Monte  Calini.  Ils 
ont  été  décrits  et  analysés  par  le  docteur  Bicchieranî> 
dans  deux  ouvrages,  l'un  in  4to  ,  l'autre  in  fol.  Il  y  a 
quatre  bains,  dont  le  bagno  caldo  est  réputé  le  plus  fort. 
31  faut  prendre  son  logement  au  Palazzo  di  Lena;  on  y 
trouve  des  chambres  très  -  propres,  et  dans  une  situation 
délicieuse,  au  prix  de  3  paolis  par  jour.  Un  traiteur  est 
établi  à  la  maison. 

8.  On  dit  que  le  nom  de  pistolet  dérive  de  cette  ville, 
et  que  cette  anne  y  fut  inventée.  Les  melons  d’eau 
sont  très  -  recherchés,  fl  y  a  un  musée  et  une  société 


i4o  L’ITALIE.  ITINÉRAIRE. 


littéraire.  De  Pistoje  à  Modifie,  12  postes  et  demie;  les 
beaux  chemins,  fet  la  quantité  d’auberges  rendent  ce  tra¬ 
jet  agréable.  .  ' 

9.  De  Pistoje ,  on  peut  prendre  le  chemin  à  Florence , 
par  le  château  de  Poggio  à  Caiano  ,  où  moururent  em¬ 
poisonnés  la  belle  Bianca-  Capella,  et  le  grand-duc  son 
mari,  le  19.  d'octobre  1587.  Indépendamment  des  envi¬ 
rons  délicieux  de  cette  maison,  de  plaisance,  on  y  ad¬ 
mire  d'excellens  tableaux  d 'André  del  Sarto. 

10.  V.  le  tableau  des  villes  etc.  Il  est  dû  une  demi- 
poste  en  sus  de  la  distance,  tant  à  la  sortie  qu'à  ren¬ 
trée-  de  Florence.  Le  pain  de  Prato ,  {petite  ville  renom¬ 
mée  pour,  son  industrie  et  ses  fabriques). est  le  meilleur 
de  la  Toscane.  De  Prato  a.  Florence  il  faut  aller  par  le 
chemin  de  Sesto ,  garni  de  belles  maisons  de  campagne, 
surtout  de  celle  de  Castello.  En  sortanlf  de  Florence , 
on  paye  poste  royale.  Il  faut  aussi  avoir  soin  de  faire 
plomber  se9  malles,  si  J’011  ne  veut  pas  être  retenu  à  la 
porte  et  à  Sicne. 

4.  Route  de  Gènes  à  Milan . 


P  oit  es. 

«Vi 

4 

4 

3 

2 

.1 


Noms.  | 

Postes. 

Campo  Marone. 

2V4 

Voltaggio. 

1.  Novi. 

23/4 

Alexandrie. 

2 

St.  Julien. 

2 

2.  Tortona. 

1 

A  0  ms. 


3.  Voghera. 
Casteggro. 

4.  Pavie. 
Binasco. 

5.  Milan. 


26V2  P- 


Observations  locales. 


Auberges.  Novi  :  l’auberge  royale.  Voghera:  le 
Maure:  dans  les  autres  villes,  à  la  poste. 

1.  En  allant  à.' Alexandrie  à  Tortone  on  traverse  les 
champs  fameux  de  Marengo  :  V.  No.  2-  obs.  loc.  4. 

2.  Tortone  n’est  plus  fortifié.  Dans  l’église  de  S. 
François,  la  chapelle  des  Garofoli,  et  la  balustrade  de 
la  chapelle  du  maître-autel,  qui  est  d’une  pierre  asse2 
singulière. 

3.  On  récolté  danp  ce  canton  beaucoup  de  soie.  On 
passe  le  Pô  près  d’un  village. 

4.  V.  le  tableau  de  la  ville  et  des  environs  de  Mi¬ 
lan.  On  passe  le  Tesin  et  le  Pô.  Le  château  de  Belgio- 
Joso  à  4  lieues  de  Pavie  ,  est  remarquable  par  sa  posi- 


L’ITALIE.  ITINÉRAIRE.  i4| 


tion  et  par  ses  or’nemens.  Les  fromage?  (le  Pavie ,  sont 
aussi  recherchés,  que  ceux  de  Parme.  Auberge  à  Pavie, 
la  pos*e,  et  la  croix  blanche. 

5.  V.  le  tableau  des  villes.  De  Milan  à  Turin  il  y 
a  16Î/2  postes ,  savoir:  ii/2  Sedriano  ;  ii/2  Buffalora;  'n/a 
Novare;  (on  passe  le  canal,  et  le  Tésin  en  barque  et 
l’on  paye  selon  Peau  qu’on  y  trouve:  depuis  l’Avril  jus* 
qu'au  Septembre  la  campagne  semble  un  marais.)  1.  Or- 
fengo:  ii/2  Verceil.  (On  trouve  à  Veyceil  pne  place 
jolie:  le  portique  de  la  cathédrale  a  un  air.de  grandeur 
comparable  aux  églises  de  Rome,  ;  elle  domine  sur  une 
grande  et  belle  plaine  couronnée  par  les.  Alpes.  On  voit 
à  Ste.  Marie  -  Majeure  une  belle  mosaïque ,  et  au  grand 
hôpital,  le  corps  d 'André  Valle ,  desséché  par  une  lon¬ 
gue  abstinence.)  On  passe  à  Orfengo  la  Gogna,  et  quand 
il  y  a  de  l’eau ,  on  paye  un  paolo.  D’ici,  on  passe  la 
Sesia  ;  D/4  S.  Gerffiano  ;  2V2  Ciglïano.  D/4  Rondizonne. 
I.  Chivasso:  (ces  lieux  sont  peu  éloignés  de  Monteu ,  où 
sont.les  ruines  $ Industria  ,  de  l'autre  côté  du  Pô.)  1V2 
Settimo  ;  11/2-  Turin;  demi  -  poste  de  sortie.  Entre  Set- 
timo  et  Chivasso,  on  passe  la  Raltia  et  la  Doire,  et  entre 
Settiiûo  et  Turin  la  Stura  et  MqlonCj  ên  payant.  Au¬ 
berges,  A  .Novare,  à  Verceil,  à  Chivasso,  aux  trois 
Rois:  l’auberge  de  Verceil  est  surtout  excellente,  et 
point  chère.  A  Novare  il  y  a  encore  l’auberge  au  pois¬ 
son  d’or,  et  h  Verceil ,  celle  au  lion  d’or.  On  remarque 
à  JS ov are  la.  cathédrale,  et  dans  son  voisinage,  plusieurs1 
jnônumens  antiques.  Le  palais  Bellini  a  une  riche  ga¬ 
lerie  de  tableaux.  On  tient  dans  cette  ville  deux  foires, 
aux  mois  d’Août  et  de  Septembre. 

Une  seconde  route  de  Milan  à  Turin ,  est  celle  par 
Aiessandrie,  Tortone,  Casteggio  et  Pavie.  V.  No.  2. 


5»  Ko  ut e  de  Milan  à  Bologne  par  Plai¬ 
sance,  Parme,  et  Mode  ne. 

Postes.  Noms. 


Postes. 


1V2 

1V4 

ity2 


3V2 


Noms. 


1.  Marignano. 

2.  Lodi.  * 

Castel  -  Puster- 

lengo. 

3.  Plaisance. 

4.  Fiorenzola. 

ï3/*  I5.  Borgo  S.  Doni- 
1  no. 


I3/4 

13/4 

d/4 

I 

I 

I 

IV2 


Castel  Guelfo, 

6.  Parme. 

7.  S.  Ilario. 

8.  Reggio. 
g.  Modène* 

10.  Anzola. 
u.  Bologne. 


2V4  P- 


I42  L’ITALIE.  ITINÉRAIRE. 

Observations  locales . 

1.  Village  connu  par  la  victoire  qüe  François  I.  y 
remporta  sur  les  Suisses  en  1515,  et  où  il  se  fit  recevoir 
chevalier  par  la  main  de  Bayard .  Grand  nombre  de  bou* 
tiques ,  de  cafés ,  d’auberges. 

2.  Les  fromages  ,  connus  sous  le  nom  de  Parmesan, 
et  surtout  1  e  Stracchino,  et  les  langues  de  veau  fumées, 
qu’on  prépare  à  Loâi  ,  sont  recherchées.  Il  y  a  une 
fabrique  de  fayence.  Le  passage  du  pont  de  'Lodi ,  par 
une  colonne  de  4000  grenadiers  français,  est  célèbre 
dans  l’ histoire  des  guerres  de  Napoléon.  Auberge ,  au 
soleil  et  aux  3  Rois. 

3.  Population  2&000 a.  Long.  2?a  22'  17".  Lat.  450  2' 
44".  Sur  la  place  du  palais  public,  construit  sur  le  des¬ 
sin  de  Fignola,  les  deux  statues  en  bronze  des  princes 
Farnese,  qui  sont  de  Mocchi ,  élève  de  Jean  de  Bologne. 
A  la  cathédrale,  la  coupole,  peinte  à  fresque  par  Guer- 
chin.  Un  cours  planté  de  beaux  arbres»  forme  l’en¬ 
ceinte  de  la  ville;  la  rue  de  St.  Augustin  est  superbe. 
L'absence  des  arbres  autour  de  Blaisan.ce ,  abattues  par 
les  armées,  ne  justifie  plus  le  nom,  qu’elle  porta  de 
droit  avant  cet  abattis.  La  route  de  Plaisance  à  Parme 
parcourt  une  plaine  belle  et  fertile.  Le  costume  des 
paysannes  de  ces  campagnes,  est  gracieux.  Auberge, 
San  -  Marco.  A  Plaisance"  commence  l’ancienne  via 
Emilia  faite  sous  le  consulat  de  Lcpidus  et  Flamimus, 
et  conduite  jusqu’à  Rimini. 

4.  Les  vins  de  Fiorcnzolci  sont  très- estimés.  Bonne 
auberge  à  la  poste.  On  passe  la  Nura  et  la  Larda  sur 
des  ponts.  C’est  dans  ces  endroits  que  Sylla.  défit  l'ar¬ 
mée  de  Carbon .  A  15  milles  de  Fiorenzuoia ,  les  raines 
de  Velleja ,  dont  nous  avons  parlé  à  l’article  de  Pàrme. 
Pour  cette  excursion  il  faut  absolument  un  tems  sec. 
Non  loin  de  Lugagnano,  un  terrain  enflammé  par  l’huile 
de  Pétrole.  A  Castel  -  Arquato  on  a  trouvé  les  os  fossi¬ 
les,  d’une  baleine,  d’un  éléphant,  d’un  ^rhinocéros  etc. 
déposés  au  Musée  de  Milan. 

5.  Dès  qu’on'a  passé  le  Taro,  et  trois  autres  rivières, 
qui  descendent  de  V Apennin  ,  on  suit  une  chaussée  ,  qui 


L’ITALIE.  ITINÉRAIRE,  r 43 

mène  h  Parme  en  ligne  droite.  Castel  -  Guelfo  a  donné 
son  nom  au  parti  des  Guelfes.  La  distance  de  Castel- 
(juelfo  à  Parme  se  règle  ainsi  qu'il  suit:  1V4  P-  lorsque 
Je  passage  du  Taro  s'exécute.,  au  lieu  ordinaire  :  51/3  p. 
lorsqu’il  a  lieu  au  Grugno et  4  p.  lorsqu’il  s’opère  à  la 
Nivctta. 

6.  Parme.  V.  le  tableau  des  ville».  On  peut  aller 
de  Parme  à  Bozzolo  et  Mantoue  par  Colorno  ,  belle  et 
remarquable  maison  de  plaisance.  On  abrège  sa  route, 
de  Parme  à  Mantoue ,  en  passant  par  Guastalla. 

7.  Depuis  Parme ,  on  marche  dans  une  belle  et  riche 
plaine,  surtout  après  le  torrent  la  Lervza  :  le  paya  de^ 
vient  d’une  beauté,  que  l’imagination  aurait  peine  a  se 
flgurer.  La  Lombardie  est  un  beau  jardin. 

8*  Jolie  ville;  la  patrie  tVArtosto.  Il  s’y  tient  au 
Alaï  une  foire  fameuse;  cette  ville  possède  une  .belle 
«alla  de  comédie,  et  le  cabinet  d’hist.  naturelle  de  S p aï- 
lama  ni.  Auberges,  à  la  poste;  au  lis.  On  laisse,  non. 
loin  de  la  grande  route  ,  Correggio ,  la  patrie  du  célèbre 
Allcgri ,  plus  connu  sous  le  nom  de  Corregge. 

9.  V.  le  tableau  des  villes.  Entre  Rubiera  et  Mo- 
dène ,  on  passe  la  Secchia  sur  un  superbe  pont,  et  on 
paye  1  Franc  25  c.  Sur  la  nouvelle  route  qui  passe  de 
Mode: ne  a  Florence.  V.  à  l’article  5,  sur  la  manière  de 
voyager. 

10.  On  traverse  le  Panaro  sur  un  beau  pont  et  on 
paye  25  soldi.  G’est  aux  environs  de  cette  rivière  qu’Oc- 
tave ,  Antoine  et  Lipide  se  partagèrent  l’empire  du 
monde.  Au  delà  du  Panaro,  le  Fort  -  Urbain. 

ix.  V.  le  tableau  des  villes,  Descrizione  delle  piu’ 
rare  cose  di  Bologna  etc.  de  Giocomo  Gatti.  Bologna. 

1813- 

De  Milan  à  Mantoue ,  on  va  de  Castel  -  Pusterlengô, 
à  Pizzighetone  1.  p.  Acquanera  1.  Cremone  1.  (Auber¬ 
ges,  la  colombe,  le  chapeau.  Les  Amis  de  l’Aurore. 
Cicognerolo  lx/2*  &.  Lorenxo  I.  Boxtclo  1^.  Castel - 

laccio  it/2.  Mantoixe, 


144  L’ITALIE.  ITINÉRAIRE. 


6.  Route  de  Bologne  à  Rome ,  par  Rimini  y  Si- 
nigaglia,  Ancône ,  Lorette  et  Terni. 


Postes. 


1V2 

l'U 

I 


Vz 


Noms. 

S.  Nicolo. 

1.  Imola. 

2.  Faenza. 

3.  Forli. 

4.  Gesena. 
Savignano. 

5.  Rimini. 
Cattolica. 

6  a.  Pesaro. 

6b.  Fano. 

7.  Marotta. 

8-  Sinigaglia. 

9.  Casa-bruciata. 

10.  Ancona. 
Camurano. 

11.  Loretto. 

12.  Sambuchetto. 

13.  Macerata. 

14.  Tolentino. 
Valcimarra. 
Trave. 


Postes. 


3/4 


3/4 

3/4 


Noms. 

15  a.  Serravalle. 
16b.  Casa  nuova. 

16.  Foligno. 

17.  le  Vene. 

18.  Spoleto. 
Strettura. 

19.  Terni. 

20-  Narni. 

21.  Otricoli. 
Borghetto. 

22.  Civita  Castel- 
lana.  (  Y.  la 
nouvelle  route, 
qui  est  à  pré¬ 
férer.  ) 

23.  Rignano. 

24.  Castelnuovo- 
Borghettaccio. 

25.  Prima- Porta. 

26.  Rome. 


38  P- 


Observations  lo  c  aies. 

Ce  chemin,  qui  conduit  de  Bologne  à  Rome  par  Lo¬ 
rette ,  est  beaucoup  meilleur,  que  celui  de  Florence  par 
Siène.  Les  auberges,sur  cette  route,  sont  généralement 
les  maisons  de  poste;  les  meilleures  sont  à  Macerata , 
Foligno ,  Spoleto ,  Narni.  Les  routes  sont  en  général 
bonnes,  et  les  chevaux  excellens.  Entre  Bologne  et  S. 
Nicolo  on  passe  la  Savena  sur  le  pont,  et  l’on  paye  x 
paolo  pour  chaque  sedia  à  deux  roues,  et  le  double 
pour  4  roues.  Le  même  payement  a  lieu  entre  Imola 
et  Faenza ,  en  passant  le  Santerno  sur  le  pont;  entre 
Forli  et  Cesena ,  en  passant  le  Ronco  et  le  Savio  ;  et 
entre  Rimini  et  Cattolica ,  eri  passant  la  Conca,  tor¬ 
rent  dangereux,  quand  il  grossit.  Jusqu’à  Rimini  on 
voyage  sur  la  via  Emilia ,  et  de  Rimini  à  Fano  et  Home , 
sur  la  via  Flaminia ,  le  long  de  la  mer  Adriatique. 

1.  L’académie  d' Imola ,  sous  le  nom  d1  lndustriosi 
est  célèbre;  de  même  que  la  Colonia  Valrenia  Arcadia 
di  Rotna.  Aux  Dominicains  un  tableau  de  Louis  Caraco  i, 

2.  Cette  ville  de  Faïence  qui  a  donné  à  la  vaisselle 
de  terre  sou  nom,  en  fait  aujourd'hui  très -peu.  A 


JL’ITALIE.  ITINÉRAIRE.  145 

Faènzq,  on  laisse  à  droite  le  chemin  de  la  Romagne- 
Toscane. 

3.  Auberge,  à  la  poste.  La  magnifique  chapelle  de 

la  Vergine  dtl  furco  dans  la  cathédrale:  dans  les  palais 
et  les  églises,  grand  nombre  de  beaux  tableaux.  On 
fait  dans  cette  ville  de  la  cire,  de  la  toile,  et  des  pa¬ 
rasols.  La  place  est  une  des  plus  belles  d’Italie.  Forli 
est  le  Forum  Livii.  Il  y  a  ici  les  académies  Filomatica 
et  Filodrammatica.  f 

4.  A  3  milles  de  Césène on  passe  le  Pisatello ,  qu’on 
suppose  généralement  être  le  Rubicon  ;  mais  il  est  si 
petit  ,  qu’on  le  passe  sans  y  faire  attention.  A  Césène 
Une  bibliothèque  curieuse,  qui  appartient  aux  frères 
mineurs  conventuels.  Ses  vins  étaient  estimés  dès  le 
tem^  des  Romains.  Le  palais  public  est  un  assez  beau 
bâtiment.  Au  casin  des  nobles,  la  statue  colossale  de 
Pie  VI.  A  Savignano  l’académia  Rubiconia^et  à  Césène 
les  académies  d’agriculture  et  des  arts  mécaniques  et  la 
Filomatica . 

5.  En  sortant  de  Rimini  par  le  chemin  de  Pesaro, 
on  passe  sous  l’arc  de  triomphe  d’Auguste  ;  c’est  le  plus 
ancien,  et  le  mieux  conservé,  qui  existe:  sur  la  place 
des  consuls  on  voit  la  statue  de  bronze  du  pape  Paul  F. 
Le  fameux  pont.  St:  Julien,  commencé  par  Auguste,  et 
fini  par  Tibère,  a  220  pieds  de  longueur;  depuis, le  pont 
jusqu’au  port,  il  y  a  environ  un  mille.  A  la  place  du 
marché,  le  piédestal,  d’où  Jules  César  harangua  son  ar¬ 
mée.  L’église  de  S.  François  est  un  bel  édifice.  La  bi¬ 
bliothèque  du  comte  Gambalonga ,  et  la  collection  d’an¬ 
tiquités  du  docteur Bianchi,  intéressent  les  connaisseurs. 
On  peut  faire  de  Rimini  une  excursion  K  Ravenne ,  fa¬ 
meuse  pour  ses  mosaïques,  ses  marbres  orientaux  et  sar¬ 
cophages,  et  quelques  édifices  des  derniers  teins,  surtout 
la  cathédrale,  sa  coupole  et  la  chapelle  Aldrobandini; 
et  l’église  des  Camaldulcs ,  avec  24  colorfnes  antiques, 
apportées  de  Constantinople.  On  y  voit  surtout  la  ro¬ 
tonde,  élevée  à  la  m*  moire  de  Théodoric ,  par  la  célèbre 
Amalasonde.  Le  bloc  de  la  coupole  pèse  au  moins  10, 000 
quintaux.  On  trouve  à  Ravenne  la  chapelle  sépulcrale 
de  Dante ,  et  sur  la  place  deux  colonnes  avec  statues, 
dont  celle  de  Clément  XII.  est  belle.  On  peut  aussi 
faire  un  tour  à  cheval  à  la  république  de  S.  Marin,  à  12 
milles  Italiens  de  distance.  Une  vaste  forêt  fournit  des 
Vignons  pour  les  desserts  d’une  grande  partie  de  OtTtalii*. 

Guide  clés  V'oy.  Torn.  IL  N 


146  L’ITALIE.  ITINÉRAIRE. 

De  la  Cattolica  à  Pesaro  on  va  sur  la  côte  de  la  mer, 
quand  elle  est  calme;  mais  quand  elle  ne  l’est  point,  on 
passe  sur  le  chemin  d’en  haut,  appelé  :  il  Pantalone . 

6.  a.  Auberge:  la  locanda  di  Parma,  bonne.  La 
grande  place  est  très -belle;  la  statue  du  pape  Urbain 
VIII.  a  été  renversée  dans  les  troubles  de  la  révolution. 
Le  palais  Aptico,  a  de  la  grandeur  et  du  goût;  on  a 
imprimé  et  gravé  les  antiquités  de  Pesaro ,  sous  le  titre 
de  Marmara  Pesaurensia  ,  et  Lazzarini  a  donné  le  ca¬ 
talogue  des  tableaux  précieux  qui  se  trouvaient  avant  la 
guerre  de  la  révolution  dans  les  églises.  N’oubliez  pas 
la  collection  d'antiques  à  l’hôtel  Olivieri  y  et  le  Musée 
Passeri.  Depuis  la  montagne  de  Pesaro ,  le  pays  est  un^, 
et  le  chemin  très  -  bon  du  côté  de  la  mer  Adriatique. 
Près  de  Pesaro  on  voit  sur  le  sommet  d’une  montagne, 
la  susdite  république  de  San-  Marina. 

6-  b.  A  Fano  les  restes  de  l’arc  de  triomphe  de  Con¬ 
stantin;  la  bibliothèque;  le  théâtre  remarquable  par  son 
architecture;  quelques  tableaux  du  Dominicain  dans  la 
cathédrale;  et  la  cascade  du  port.  Sur  le  rivage  de  la 
mer,  on  trouve  cette  espèce  de  poisson  qu’on  nomme, 
cavalletoy  ou  cheval  marin. 

7.  Entre  Fano  et  la  Marotta  ,  on  passe  le  Métro  ou 
Metaurum ,  célèbre  par  la  victoire  ,  que  les  .Romains  y 
remportèrent  dans  la  seconde  guerre  Punique ,  208  ans 
avant  J.  C. 

8.  Ville  renommée  dans  toute  l’Italie  par  la  grande 
foire  qui  s’y  tient  dans  la  dernière  semaine  de  Juillet. 

9.  Toute  cette  route  se  fait  sur  le  bord  de  la  mer. 

10.  Les  habitans  d' Ancône ,  et  surtout  les  femmes, 
passent  pour  se  distinguer  par  une  très  -  jolie  figure. 
Ancône  a  une  belle  appaience  du  côté  de  la  mer;  la  sta¬ 
tue  de  Clément  XII.  y  a  été  renversée  dans  les  troubles 
de  la  révolution;  le  palais  public;  lare  de  Trajan,  l’un 
des  mieux  conservés  d’Italie;  l’arc  Clémentin  :  le  laza¬ 
ret,  où  les  vaisseaux  font  quarantaine.  A  S.  Palazia  un 
beau  tableau  de  Guercino-,  les  bâiimens  et  les  statues 
de  la  loge  des  marchands  etc.  Le  mole  est  un  très -bel 
ouvrage.  On  oublierait  qu’on  est  sur  le  chemin  de  Lo- 
retteÿ  mais  où  ne  pourrait  manquer  de  se  le  rappeler 
la  vue  de  la  coëffure  des  paysannes  du  canton;  elle  con¬ 
siste  en  un  grand  voile  sur  la  tête,  totalement  semblable 


L’ITALIE.  ITINÉRAIRE.  147 

fc  celui  des  Madonnes.  Auberges,  à  l’osteria  del  Suiz- 
zéro  t  et  à  la  poste.  La  cire  d' Ancône  est  très- estimé© 
pour  sa  blancheur. 

11.  On  peut  consulter  un  livre  contenant  le  détail 
des  trésors  et  de  toutes  les  merveilles  de  la  santissima, 
casa ,  si  l’on  veut  s-e  faire  une  idée  de  ce  qu’elle  à  été 
avant  les  guerres  de  la  révolution.  On  montre  encore  a 
la  pharmacie,  delà  Majolica  peinte,  par  Raphaël.  On 
sait  que  la  M'adonne  de  Loretto  fut  transportée  à  Paris, 
et  qu’elle  a  été  remise  en  1801  au  Pape  Pie  VII.  Des  pau¬ 
vres  se  traînent  continuellement  autour  de  la  sainte  case, 
à  genoux,  et  impriment  ainsi’  deux  traces  profondes 
dans  le  marbre.  Il  se  fait  en  cette  ville  un  commerce 
considérable  de  chapelets ,  de  médailles  pieuses  ,  de  ru¬ 
bans  bénis  etc.  et  de  paquets  de  poudre,*  que  l’on  fait 
tomber  avec  le  balai  des  murs  de  la  Santa  Casa. 

12.  Pays  délicieux  et  bien  cultivé  depuis  Lorette  jus¬ 
qu’à  Macerata. 

13.  Près  de  Macerata  r  sur  le  bord  du  chemin,  lis 
ruines  de  Recina ,  où  l’on  distingue  un  amphithéâtre. 
Macerata  est  située  sur  une  colline,  d’où  l’on  a  la  vue 
de  la  mer  Adriatique.  La  Porta  Fia  est  un  arc  de  triom¬ 
phe  moderne,  et  a  la  maison  Campagnoni  on  trouve  des 
inscriptions  antiques. 

14.  La  maison  de  poste  a  Tolentino  est  bâtie  dans  le 
goût  ancien  rustique,  sur  les  dessins  d’un  architecte  fa¬ 
meux.  C’est  h  Tolentino  que  l’on  entre  dans  les  Apen¬ 
nins.  Sur  la  place  une  statue  antique,  bien  conservé*?. 
Le  célèbre  Sarcophage. 

15.  a.  Le  passage  dit  Coljiorito ,  chemin  creusé  dans 
le  roc,  est  périlleux ,  dans  un  tems  de  neige  ;  de  deux 
voitures  qui  s’y  rencontrent,  l’une  est  obligée  de  re¬ 
culer. 

15.  b.  Avant  que  de  descendre  la  dernière  colline 
jusqu’à  la  ville  de  Foligno  ,  a  quelque  distance  du  che¬ 
min,  dans  le  village  de  JPalo  t  il  y  a  une  ceverne  cu¬ 
rieuse  de  stalactites. 

16.  Foligno  a  quelques  manufactures  renommées  de 
papier;  près  des  papêteries  le  chemin  étroit  et  sans  pa- 
rapet,  est  fameux  par  de»  accidens  funestes.  Dans  le 
duomo  ,  la  coupole  par  le  Bramante ,  L’hôtel  Barnabo 

N  2 


148  L’ITALIE.  ITINÉRAIRE. 

est  beau.  L«s  confitures  de  Foligno  sont  très  -  estimées 
en  Italie. 

17.  Bon  et  beau  chemin  d’ici  h  Syoleto.  Avant  que 
d’arriver  à  la  poste  de  le  Vene,  on  trouve  un  petit  temple 
antique,  aujourd’hui  à  l’usage  des  chrétiens,  appelé  le 
temple  de  Clitumnus. 

18.  De  Spolcto  à  Strettura ,  de  même  de  Strettura 
a' Terni,  il  faut  prendre  un  troisième  cheval,  que  l’on 
paye  3  paoli.  Près  de  Syoleto,  et  surtout  à  dmelia,  on 
trouve  les  meilleurs  raisins  d’Italie,  en  particulier,  le 
■pizotello.  Il  y  a  à  Syoleto  les  ruines  d’un  théâtre  et 
d’un  temple,  des  aqueducs  immenses,  le  roc,  le  pont 
de  pierre,  le  palais  deThéodoftc,  la  porte  d’Annibai. 
Au  palais  Ancaïani  un  tableau  de  Raphaël.  La  fabrique 
de  chapeaux  est  la  principale  de  la  ville.  Il  faut  pren¬ 
dre  garde  de  ne  pas  loger  à  l’auberge  hors  de. la  ville, 
mais  bien  à  la  maison  de  poste,  même  si  l’on  voyage 
avec  des  voituriers.  Au  delà  de  Syoleto  ,  on  commence 
à  monter  jusqu’à  la  pente  la  plus  élevée  des  Apennins 
de  ce  côté,  ap£jelée  k  cause  de  cela,  la  Somma. 

19.  D’ici  à  4  milles  Italiens  ,  on  va  voir  à  cheval  ou 
en  calèche  la  fameuse  cliûte  délia  Marmara ,  formée 
par  la  chûte  du  Velino  dans  la  Nera.  Elle  consiste  en 
trois  sauts  ou  cascades.  M.  Dutens  dit,  que  toute  la 
chûte  du  Velino,  depuis  le  niveau  de  son  lit  jusqu'à  ce¬ 
lui  de  la  Nera ,  est  de  364  pieds.  M.  de  la  Lande  ne  don¬ 
ne  que  -£co--piéris  à  la  principale  de  ces  chûtes  ,  M.  de 
Morgenstern  l’évalue  à  300  pieds.  On  la  voit  d’en -haut 
du  Belvédère .  la.  vue  d’en -bas  passe  pour  plus  pittores¬ 
que.  On  a  plusieurs  gravures  de  cette  chûte;  les  gra¬ 
vures  de  Gtnelin  et  de  Mécliau  [No.  71.  de  ses  Vues 
d'Italie ]  sont  les  plus  estimées.  La  vallée  de  Terni  e st 
très  -  belle. 

20;  A  Narni  finit  l’ Apennin.  Entre  N  ami  et  Terni 
on  trouve  un  raisin  sans  pépins,  uva  passa ,  ou  passe . 
j'ina.  A  Narni ,  les  restes  d’un  pont  magiiifïque,  bâti 
par  Auguste.  Dans  ce  canton  on  fait,  la  chasse  aux  pi¬ 
geons  de  passage,  par  des  pigeons  apprivoisés,  appelé* 
AJ  andarini. 


L’ITALIE.  ITINÉRAIRE.  149 

21.  D'ütricoli  à  Borghe^to  on  passe  le  Tibre ,  sur  uu 
beau  pont,  Ponte  Felice ,  Construit  par  Sixte  V .  On  a 
en  vue  le  Soractc ,  à  présent  appelé  S.  Oreste. 

22.  La  montagne  sr^  laquelle  est  bâtie  Civita-  Ca- 
stcllana ,  est  un  tuf  rougeâtre,  avec  des  pierres  -  ponces 
noires  et  brûlés.  Y.  les  Vues  d'Italie  par  Mâchait:  et 
Rein/iart. 

^3.  On  reprend  près  de  Rignano .  l’aficienne  Via 
Flaminia,  dont  les  pierres  sont  très -larges  et  très -bien 
liées,  mais  fort  glissantcs.pour  les  chevaux.  La  plûpart 
des  voyageurs  laissent  là  ce  chemin  dégradé  et  incom¬ 
mode,  et  prennent  la  nouvelle  route ,  passant  à  3/4  p. 
Nepi,  1.  Monterosi ,  1.  Baccano ,  1.  la  Storta ,  1I/4.  Rome. 
Il  est  dû  V4  de  poste  en  sus  de  la  distance,  de  Home  à 
la  Storta.  A  Nepi,  près  d’une  fontaine,  deux  autels  an¬ 
tiques.  A  Monterosi  des  chambres  soûterraiues ,  où  l’on, 
a  trouvé  des  antiquités  étrusques.  D’ici  à  la  Storta  on 
voyage  en  partie  sur  l’ancienne  Via  Cassia.  Ho  Baccano 
on  découvre  la  boule  de  la  croix  de  St.  Pierre.  Entre 
la  Storta  et  Pontcmolle  on  voit  k  gauche  du  chemin  le 
sépulcre  de  Néron,  et  la  pierre  de  Loyola.  (V.  No.  8*1 

24.  On  commence  à  y  voir  la  boule  de  la  croix  de 
St.  Pierre. 

25.  Deux  milles  avant  que  d’entrer  k  Rome,  on  re¬ 
passe  le  Tibre  sur  le  pont  Milvairi ,  aujourd’hui  Ponte 
molle. 

26.  V.  le  tableau  des  villes.  On  entre  k  Rome  par 
la  porta  del  popolo  ,  rien  n’est  plus  digne  d’annoncer 
çette  superbe  ville.  Vous  êtes,  au  niilieu.de  Rome^  il 
n’y  a  point  ici  une  pierre  qui  ne  recèle  une  .connais¬ 
sance  précieuse,  qui  ne  puisse  servir  k  bâtir  l’histoire 
de  Rome  et  des  arts:  sachez  les  interroger,  car  elles 
parlent  1 


7.  Rouie  de  Rome  à  N  api  es  par  les  ma - 
r  a  i  s  P  ont  in  s. 


Postes. 

. 

-  3/+ 

x 


Noms. 

Postes. 

Noms. 

Torre  di  mezza 

!  . 

,2.  Vélétri. 

via. 1 

1V3.  ’ 

Çisterna. 

Albauo. 

3»  Olfcrèponte.  ’  * 

Genzajio. 

1 

bocca 

150  L’ITALIE.  ITINÉRAIRE. 


Postes. 


Noms.  Postes. 


Noms. 


i 

1 


8.  S.  Agado. 


O.  O- 

g.  Torre  fîoralisi. 


il*  a  v  i  rail* 

12*  Naples. 


io-  Capoue. 
il.  Aversa. 


7.  Mola  ai  Gaëta.  i 
Garigliano. 


iQr/4 


Observations  l  o  c  aies. 


Il  faut  faire  ce  voyage  à  Naples,  la  5»ne  satyre  du  I. 
livre  d'Horace  à  la  main,  dans  laquelle  il  décrit  son 
voyage  de  Rome  à  Brundusium.  M.  de  Matthison,  non* 
a  donné  dans  le  M  or  genblatt  de  1815.  la  description  ré¬ 
cente  de  ce  voyage,  qui  parcourt  en  partie  une  solitude, 
romanesque  par  sa  riche  végétation,  mais  aussi  dange¬ 
reuse  par  son  air  méphitique,  que  par  les  bandits  ;  même 
les  chevaux,  mi-sauvages,  ou  Stampatores,  que  l’on  attèle 
aux  chaises  de  poste,  font  souvent  courir  de  risques,  sur¬ 
tout  quand  ils  rencontrent  d’autres  troupeaux  de  ces  che¬ 
vaux  errans. 

1.  Y,  Environs  de  Rome.  A  gauche  on  arrive  à 
Frascati  par  une  telle  et  magnifique  traverse,  appelée 
la  galerie. 

2*  Le  palais  Lancclotti ,  où  l’on  admire  le  fronti¬ 
spice  et  l’escalier.  Avec  une  lettre  de  recommandation* 
des  étrangers  de  quelque  distinction  y  peuvent  loger. 
Il  y  a  une  académie  à  Vèlètri.  Le  musée  de  Monsignor 
Borgia  était  riche  et  très- célèbre.  C’est  dans  les  envi¬ 
rons  de  cette  ville,  qu’on  déterra  en  1797,  la  célèbre 
P  allas,  aujourd’hui  à  Paris.  Entre  Genzano  et  Vèlètri , 
il  faut  remarquer  deux  points  de  vue  superbes  :  1.  en 

appercevant  pour  la  première  fois  les  Marais  Pontins,  et 
le  monte  Circello.  2.  en  descendant  les  hauteurs  de 
Vèlètri. 

3.  A  Oltreponte  commence  la  célèbre  linea  Pia. 
Cette  route  est  très -belle  et  très -solide,  c’e^t  un  re¬ 
nouvellement  de  la  Via  Appia,  dont  les  fondemens  ont 
servi  pour  l’établir.  Plusieurs  papes,  à  l’exemple  des 
anciens  Romains,  se  sont  occupés  du  dessèchement  de 
ces  marais  ,  qui  produisent  en  été  des  exhalaisons  très- 
dangereuses,  et  mortelles  surtout  aux  personnes,  qui  se 
livrent  au  sommeil  en  les  traversant.  Il  faut  boire  fré¬ 
quemment  du  vin,  et  se  tenir  constamment  éveillé.  Les 


L’ITALIE.  ITINÉRAIRE.  131 

travaux  ,  sous  le  règne  de  Pie  VI.  ont  obtenu  un 
grand  succès  ,  mais  malheureusement  ,  la  révolution 
est  venue  les  interrompre.  La  chasse  est  très  •  considé¬ 
rable  -dans  ces  marais.  On  y  trouve  des  sangliers,  des 
cerf»,  des  bécasses,  des;  buffles  etc.  Près  de  Tre  ponti 
on  trouve  deux  inscriptions  anciennes,  et  près  de  la 
maison  de  poste  de  Mesa ,  des  débris  d’anciens  m onu¬ 
siens,  des  cippes  etc.  A  Bocca  di  Fiumet  on  admire  un 
très -beau  pont  de  marbre. 

4.  Les  ruines  d’un  palais  de  Theodoric.  Le  nouveau 
palais  de  Pie  VI.  Sous  le  portique  de  la  cathédrale  un 
grand  vase  de  marbre  blanc.  A  Terracina  on  est  vis-à- 
vis  du  mont  Circello ,  jadis  le  mont  Circé.  Les  paysans 
des  environs  de  Terracine ,  sont  chaussés  dans  le  goût 
des  anciens  Romains,.  A  Terracine  il  y  a  une  très-bonne 
auberge.  On  y  remarque  encore  la  façade  du  temple  du 
Jupiter  Anxurus.  Il  faut  exhiber  ses  passeports.  C’est 
depuis  Terracine ,  que  l’on  commence  à  être  frappé  d’un 
changement  sensible  ,  et  que  tout  prend  un  aspect 
nouveau. 

5.  On  prétend  ,  que  la  partie  inférieure  de  ses  murs 
est  plus  ancienne  que  Rome.  La  route  de  Terramine 
à  Fondi ,  parcourt  un  pays  enchanteur,  dont  les  beaux 
sites  remplissent  l’âme  de  sensations  délicieuses.  Por- 
teîla  est  la  frontière  de  Naples,  on  y  demande  les  pas¬ 
seports.  A  Fondi  cela  arrive  de  nouveau,  de  même  que 
la  visite  des  malles.  Dans  le  voisinage,  on  montre  la  ca¬ 
ve,  où  Séjan  cacha  Tibère.  Les  vins  de  Fondi  sont  esti¬ 
més  ,  et  les  anguilles  du  lac  sont  grosses  et  excellentes. 

6.  Itri  et  ses  environs  sont,  dans  ce  moment,  infestés 
de  brigands.  On,  doit  y  élever  un  monument  en  mé¬ 
moire  d’un  aide-de-camp  françaj»  qui  y  futassassmé.  Au 
bord  du  chemin  qui  mène  à  Gaète ,  est  une  tour  appelé 
le  tombeau  de  Cicéron.  Le  costume  des  femmes  est  aussi 
élégant  que  léger.  On  voit  encore  les  restes  de  la  ville 
de  Minturne  ;  des  tombeaux  antiques  bordent  le  chemin. 

?'.  Du  couvent  de  S.  Erasmo  ,  à  un  mille  de  Mola  di 
Ca'ëta ,  on  a  une  vue  magnifique  de  la  ville  et  du  golfe, 
et  l’on  découvre  le  Vésuve ,  et  les  îles  voisines  de  Na¬ 
ples.  Avant  la  révolution ,  on  trouvait  avec  des  lettres 
de  recommandation  un  bon  gîte  dans  ce  couvent.  Le 
quai  devant  l’auberge  offre  une  vue  délicieuse.  Le  vin 


>52  L’ITALIE.  ITINÉRAIRE. 

du  G  acte  est  célèbre.  Cicéron  y  avait  mie  de  ses  mai¬ 
sons  de  campagne,  et  c’est  près  de-là  qu’il  fut  assassiné. 
On  montre  une  colonne  antique  ,  où  sont  gravé3  les 
rliumbs  des  vents  sur  les  douze  faces.  Les  fonds  baptis- 
Bieanx  de  la  cathédrale  de  la  ville  de  Gaëte ,  sont  un 
vase  antique.  On  admire  aussi  une  chapelle,  construite 
dans  la  crevasse  énorme  d’un  rocher.  Les  os  du  conné- 
table  de  Bourbon ,  qui  étaient  expôsés  dans  le  château, 
ont  été  inhumés  sous  Pie  VI.  La  ville  de  Gaëte  a  ac¬ 
quis  une  nouvelle  célébrité  ,  par  la  belle  défense  du 
prince  de  Hesse  -  PhilippsthaL  en  1806.  La  reddition  sui¬ 
vit  de  près  sa-  blessure  mortelle.  Un  monument  sera 
érigé  au  générale  Français,  Vallelongue ,  tué  à  ce  siège. 
La  tour  de  Roland  était,  vraisemblablement,  le  mauso¬ 
lée  de  Minutius  PI  an  eus ,  le  Fondateur  de  Lyon.  On 
passe  le  Garigliano  sur  un  pont  de  bâteaux,  et  on  paye 
6  carlins  par  sedie. 

8.  L’auberge  a  une  situation  délicieuse  entre  des  col¬ 
lines,  au  milieu  de  jardins. 

9.  Tout  le  pays  depuis  le  Mole  est  un  des  plus  riches 
de  l’Europe  ,  et  rien  ne  saurait  être  plus  beau  que  cette 
route  jusqu’à  Naples.  Tout  le  long  du  chemin  sont  des 
lauriers  ,  des  myrtes  ,  des  grenadiers  ,  des  figuiers  etc. 
poussant  des  fleurs,  même  au  milieu  de  l’hiver. 

ir.  Dans  la  Gathédrale  deux  morceaux  de  sculpture 
par  Bernin.  Les  délices  de  Capoue  affaiblirent  l'armée 
d'Annibal.  Les  ruines  de  l’ancienne  Capoue ,  sont  à  un 
mille  au-delà  de  la  moderne.  On  peut  aller  de  Capoue 
à  Caserte.  (V.  environs  de  Naples.) 

11.  Nouvelle  visite  des  malles.  "D'Aversa  ce  n’est 
plus  qu’une  suite  de  châteaux,  de  maisons  de  campagne, 
et  de  jardins.  L’avenue  qui  conduira  par  la  superbe 
Strada  JS apoleone ,  sera  d’une  beauté  imposante. 

12.  Y.  le  tableau  des  villes.  On  peut  aisément  cou¬ 
rir  ces  19Ï/2  postes,  en  24  heures.  —  ,,Voir  'N aples ,  di¬ 
sent  les  Napolitains,  et  puis  mourir!  et  moi,  s’écrie 
M.  de  Dupaty ,  je  dis:  voir  JSaples ,  et  7 mis  vivre 
Quel  spectacle  pour  un  étranger  qui  voyage  entre  les 
allées  d’arbres  chargées  de  raisins  qui  conduisent  à  la 
ville  de  Naples,  quel  spectacle  d’appercevoir  tout  d’qn 
coup  de  sa  voiture,  au-dessus  de  l’amphithéâtre  sur  le¬ 
quel  est  situé  cette  ville,  un  tourbillon  de  fumée,  sous 
la  forme  d'une  colonne  haute,  grise  et  épaisse,  qui  s’é¬ 
lève  d’une  montagne  isolée  et  parfaitement  ronde. 


L’ITALIE.  ITINÉRAIRE.  133 


£«).  Route  de  Naples  à  Messine ,  et  de  Naples  à  Tarente, 

Il  y  a  39V2  postes  à  côTÏrir  de  Naples  à  MesSine:  on 
S’embarque  kReggio ,  et  traversant  le  Fare}  de  la  largeur 
de  10  milles,  on  arrive  à  Messine  Les  auberges  sur  cette 
route  sont  rares  et  mauvaises.  Les  plus  supportables  se 
trouvent  à  Salerne ,  à  Lauria ,  à  Gosenza  et  à  Monte - 
Leone.  Salerne  est  fameuse  par  la  schola  Salernitana , 
A  Cossnza  on  boit  de  très -bons  vins.  .Non  loin  de  Mon¬ 
te -Leone  il  y  a  une  forêt,  que  y  on  croit  le  célèbre  Lu  go 
(V Agalhocle.  Les  habitans  de  Reggio  font  des  ouvrages 
très  -  estimes  de  fil  de  soie,  et  de  laine  ■  suida ,  qu’ils  ti¬ 
rent  des  pinn.es  marines.  Messine .  (V.  le  tableau  des 

villes.)  —  Naples  à  Tarante,  il  y  a  241/3  P-  Entre 

Auclino  et  Rénèvent  on  trouve  les  fourches  Caudines. 
Barletta  est  bâtie  sur  les  ruines  de  Cannes ,  célèbres  par 
la  défaite  des  Romains.  Tarente  est  décrié  par  la  taren¬ 
tule  ,  grosse  araignée,  appelé  aussi  ragno  arabbiàto.  Ce 
qu’on  raconte  de  cette  araignée  et  de  sa  morsure,  est 
faux  en  grande  partie.  On  trouve  à  Tarente ,  un  monti¬ 
cule,  semblable  au  Testaccio  de  Rome,  mais  d’autant 
plus  remarquable,  qu’il  est  tout  compôsé  de  coquilles  du 
Murex ,  dont  les  anciens  tiraient  leur  pourpre.  Le  sé¬ 
jour. des  troupes  Anglaises  en  Sicile,  nous  a  procuré  des 
renseignemens  précieux,  dans  plusieurs  ouvrages  esti¬ 
més.  Nous  n’en  notons  ici  que  les  grandes  collections 
des  vases  étrusqries,  à  Palerme ,  à  l'université  ;  à  Girgen - 
ti ,  chez  Soto ,  et  à  Catanéa ,  chez  Riscari.  V.  l'ouvrage 
récent  et  instructif,  de  feu  M.  Grafs  :  Sicilische  Reise , 
oder  Ausziige  aus  dem  Tagebuche  eines  Landschaft  -  Ma¬ 
le  rs.  To.  1,  2.  Stuttgard  et  T^bingen,  18-15.  £,  avec  15 
gravures. 


gt).  Route  de  Rome  à  Florence ,  par  Viterbo  et  Siene. 


Postes.  1 

Noms • 

Postes ;  1 

IT/4 

i.  Storta. 

1V4 

I 

Baccano. 

I»/4 

1 

M-onle -Rosi. 

I 

2-  Ronciglione. 

18/t 

I 

3.  Montagna. 

13/4 

3/4 

4.  Viterbo. 

2 

I 

5.  Monte- Fiascone. 
oa.  Bo.sena. 

2 

11/4 

I3/4 

6b.  S.  Lorenzo.  • 

l3/4 

’3/4 

7.  Acquapendente>. 

13/4 

1 

8.  Ponte  Centino. 

I3/4 

iVz 

Q.  Radie  ofani. 

Noms . 

10.  Rirorsi. 

11.  Poderina. 

12.  Torrinieri. 
BuonConvento. 
Montaroni. 

13.  Siène. 

14.  Castiglioncello. 
Poggibonzi. 

la  Tavernelle. 
San  Casciano. 

15.  Florence. 


34T/4  P- 


154  L’ITALIE.  ITINÉRAIRE. 

Ob  serv  ations  lo  cale  r. 

Lç  chemin  qui  conduit  de  Rome  à  Bologne  par  Lo- 
relie  .et  .celui  à  Florence  par  Foligno  (V.  ,No.  9.)  est  beau¬ 
coup  meilleur  que  cette  route  par  Siène.  Celui  par  Fo¬ 
ligno,  quoiqu’il  soit  plus  long  d’environ  30  milles  d’Ita¬ 
lie  ,  est  plus  riant,  et  les  auberges  y  sont  plus  abondan¬ 
tes  et  plus  commodes. 

1.  Il  est  dû  une  poste  en  sus  de  la  distance,  de  Borne 
à  la  Storta.  De  Storta  à  la  Montérosi ,  on  fait  une 
grande  partie  du  chemin  sur  l’ancienne  Via  Cassia ;  <’V. 
No.  6.  ob;.  loc.  23.)  Entre  Pontemolle  et  Storta,  à  droite, 
le  sépulcre  de  JScron:  on  montre  aussi  la  pierre  sur  la¬ 
quelle  était  assis  Ignace  de  Loyola,  lorsqu’il  eut  la  vi¬ 
sion  de  la  St.  Vierge» 

2.  Ronziglione  est  sur  le  bord  du  lac  Vico  ;  une  an¬ 
cienne  tradition  porte,  qu’une  ville  y  fut  autrefois  abî¬ 
mée..  Entre  Ronziglione  et  la  Montagna ,  on  laisse  à 
deux  milles,  à  droite,  le  château  de  Capraruola ,  bâti 
par  le  célèbre  Vignola,  et  qui  mérite  d’être  visité,  mê¬ 
me  dans  sou  état  de  ruine.  Belle  vue  de  ce  château, 
surtout  dans  la  soirée ,  vers  Rome. 

3.  On  prend  un  cheval  de  plus  en  revenant.  La 
Montagna  est  le  mons  Ciminus.  » 

4.  L’église  cathédrale,  surtout  le  tableau  de  Fra  Ba- 
stiano :  plusieurs  inscriptions  et  tombeaux  antiques,  et 
quelques  monumens  étrusques.  Hors  de  la  porte  Romai¬ 
ne  ,  le  couvent  des  Dominicains  et  sa  façade.  Les  eaux 
minérales  de  Viterhe  sont  célèbres.  Bullicanne ,  est  un 
petit  lac  d’eau  sulfureuse  ,  à  un  quart  de  lieue  des  bains. 
A  l’auberge  royale,  bonne  auberge. 

5.  Renommée  par  ses  vins.  Son  nom  signifie  propre¬ 
ment,  mont  des  flacons ,  parceque  le  vin  se  vend  en 
bouteilles.  Un  cabaret,  situé  vers  le  milieu  de  la  rue 
qui  traverse  la  ville,  rappelé  par  son  enseigne  l’ancien 
conte  d’un  Allemand,  Jean  de  Fugger,  qui  voyageant  en 
Italie,  envoyait  en  avant  un  domestique,  qui  goûtait 
le  vin  des  cabarets,  et  qui  écrivait  sur  la  porte  de  celui, 
où  il  avait  trouvé  ,1e  meilleur,  le  mot  Lst.  Arrivé  à 
Monte  Fiascone ,  il  écrivit  trois  fois  de  mot.  Le  maî¬ 
tre  fut  du  goût  du  valet,  ét  en  mourut.  Pendant  une  as¬ 
sez  longue  suite  d  années,  on  allait  tous  les  ans  après  la 


L’ITALIE.  ITINÉRAIRE.  155 

Pentecôte,  faire  une  libation  de  vin  sur  la  tombe  du  dé¬ 
funt,  enterré  à  l’église  de  S.  Flaviano.  Mais  on  a  réfor¬ 
mé  cet  usage,  et  on  employé  le  prix  de  ce  vin,  à  achô 
ter  du  pain,  que  l’on  distribue  aux  pauvres.  Non  loin 
de  Montrfiascane  et  de  Bolsena ,  est  située  la  ville  d’O/'- 
vieto ,  d’un  accès  difficile,  mais  renfermant  nombre  de 
curiosités}  p.  e.  le  dôme  et  ses  tableaux,  surtout  un  St.* 
Jean,  et  les  trois  femmes  par  Lucas  Signorelli  ;  dans  le 
palais  M'onti ,  une  Madonne  par  Pierre  Perugino  ,  d’une 
rare  beauté;  un  puits  où  l’on  descend  et  d’où  on  sort  à 
cheval  etc.  A  une  petite  distance  de  l’auberge  de  Monte- 
Fiascone ,  on  jouit  sur  une  petite  éminence,  de  l’aspect 
du  lac  de  Bolsena . 

6.  a.  Près  du  lac  de  ce  nom,  dans  1  île  Martona , 
Théodat  fit  étrangler  la  Reine  des  Goths ,  laquelle  avait 
partagé  son  trône  avec  lui-  Entre  Bolsena. et  Radicç - 
fani  on  trouve  beaucoup  de  colonnes  basaltiques»  Peu 
d’endroits  en  Italie  offrent  des  points  de  vue  plus  mag¬ 
nifiques,  que  les  environs  de  Bolsena. 

6.  b.  A  St.  Lorenzo  bonne  auberge.  De  distance  en 
distance,  on  remarque  des  cavernes  et  des  grottes  dans 
les  collines  de  tuf,  servant  de  rétraite  aux  paysans. 

?•  En  entrant,  on  entend  le  bruit  d  une  cascade,  qui 
a  donné  son  nom  à  la  ville. 

8.  Dernier  village  et  douane  de  l’état  ecclésiastique. 

9.  A  la  poste,  bonne  auberge.  Du  Pont  Centin  k 
Radicofani  il  y  a  une  poste  et  demie  allant  vers  Flo - 
rence ,  et  une  poste  allant  vers  Rome.  On  apperçoit  à 
Radicofani  des  vestiges  de  volcans  éteints.  L  auberge  " 
est  située  sur  le  sommet  d’un  de  ces  volcans.  En  allant 
de  S.  Quirico  à  Radicofani ,  on  laisse  à  3  lieues  sur  sa 
gauche,  la  ville  de  Chiusi  et  les  Bagni  di  S.  Filippo, 
dont  les  eaux  dépôsent  de  beau  tuf  calcaire,  qui  se  pré* 
cipite  sur  des  moules  de  médailles,  de  bas-reliefs  etc. 

et  forme  de  très- belles  gravures.  Dans  les  petits  tor- 
rens,  qui  sont  fréquens  sur  cette  route,  on  trouve  des 
pierres  de  toute  couleur  et  agatisées,  servant  au  travail 
de  la  mosaïque.  Elévation  de  Radicofani  au  dessus  de 
la  mer,  2470  pieds  de  Paris. 

10.  On  prend  un  cheval  de  plus  en  y  allant. 

11.  On  paye  un  cheval  de  plus.  A  deux  miUes  de 
la  Scala,  on  voit  Monte  -  pulciano ,  dont  le  vin  étai 


È 


156  L’ITALIE.  ITINÉRAIRE. 

tant  vanté;  mais  les  fameuses  vignes  que  les  Jésuites 
cultivaient  avec  tant  de  soin,  sont  maintenant ,  pour  la 
plûpart,  négligées  et  incultes. 

12.  On.  paye  un  cheval  de  plu9.  A  Buonconventa 
mourût  l’Empereur  Henri  VII*  empoisonné. 

13.  V.  le  tableau  des  villes.  A  droite  le  Chianti , 
grand  territoire  ,  renommé  pour  9es  vins.  En  sortant 

Pvggibonzi,  on  laisse  à  gauche  le  chemin  de  traverse, 
qui  conduit  à  Pise.  Bonne  aqberge  à.  Poggibonzi ,  à 
la  poste. 

14.  Toute  la  route  depuis  Sièue  jusqu’ k  Florence , 
est  une  des  plus  charmantes  de  la  Toscane. 

15.  y.  le  tableau  des  villes. 


9.  Route  de  Rome  à  Florence ,  par  Terni,  Folign 9 
%  et  Pérouse . 


Postes . 

Noms. 

Postes. 

I2I/4 

1.  Foligno. 

1V2 

I 

2-  Madonnâ  degli 

2 

Angeli- 

3 

I 

3.  Pérouse. 

3 

4.  Torricella. 

3 

3 

5.  Camoccia. 

Homs. 

Castiglione, 

6.  Arezzo. 

7.  JLevane. 
l’f  ncisa. 

8.  Florence. 


3i3/4  P- 


Ob.serv  citions  locales. 


Note.  Cette  route  est  meilleure  que  celle  de  S  Une *- 
£V.  N.  8  b.  et  l’obs.  loc.) 

,t.  V.  No.  6.  et  l’obs.  loc.  16. 

2.  Près  de  là  est  Assise,  L’église  de  Filippini  ,  est 
le  plus  beau  reste  d’antiquité  qu.il  y  ait  à  Assise.  La 
maison  de Properce,  fût  occupée  en  1811  par  un  savetier. 

3.  Ville  très  -  ancienne  et  très  -  célèbre.  Devant  la 
cathédrale,  les  statués  de  Jule  II.  et  de  Paul  II.  L’é¬ 
glise  des  Augustins  est  une  des  plus  remarquables  par 
les  peintures  de  Pierre  Péricgin ,  meîtrè  de  Raphaël. 
La  ùapienza  est  une  espèce  d’université.  On  voit  aussi 
H  lac  de  Pérouse ,  jadis  de  Thrasirûànc ,  fameux  par  la 
victoire  d 'Annibal  sur  le  consul  Flaminius ,  et  qui  est 
l’un  des  plus  beaux  lacs  d’Italie. 


L’ITALIE.  ITINÉRAIRE. 


*57 

4.  De  la  Toricella  à  Cammoccia,  se  trouve  le  lieü  de 
cetfe  défaite  de  Flaminius ,  dans  une  petite  plaine  entre 
Tuorc  et  la  colline,  encore  appelée  à  présent,  Sangui - 
netta.  A  Casa  di  -piano  est  la  dernière  douane  Romai* 
ne,  suivie  de  près  par  la  première  douane  Toscane. 

5.  A  gaivehe  un  chemin  qui  conduit  k  Mont e~pul cia- 
no  et  aux  bains  de  Chiusi.  (V.  No.  8*  obs.  loc.  9.)  On 
voit  sur  la  hauteur  la  ville  de  Cortone  ,  qui  passe  pour 
la  plus  ancienne  de  l’Italie.  Ses  murs  sont  un  resta 
d’antiquité  étrusque,  et  dans  le»  environs  on  découvre 
plusieurs  autres  antiquités.  .L’académie  étrusque  de 
Cortone  et  son  cabinet,  sont  très  -  célèbres.  On  loge 
k  la  poste. 

6.  Arezzo  est  la  patrie  UC  Are  tin  et  de  Pétrarque.  Eu 
vertu  de  sa' qualité  de  patrie  de  Pétrarque ,  les  Fran¬ 
çais ,  après  la  bataille  de  Marengo ,  accordèrent  k,  Arez¬ 
zo  l’oubli  des  faits  d’armes  de  cette  ville  sous  la  con¬ 
duite  du  capitaine  Schneider ,  général  des  Arétins.  Les 
loges  sont  un  beau  bâtiment  sur  les  dessins  de  Vasari ; 
dans  la  cathédrale,  le  mâitre-autel ;  à  l’abbaye  ,  le  beau 
tableau  de  Vasari.  Un  ancien  amphithéâtre  Romain 
mérite  fort  l’attention  du  voyageur.  A  3  lieues  à' Arez¬ 
zo  ,  les  mofètes  de  Laterina,  chose  très  -  remarquable. 
Auberge,  à  la  poste. 

7.  De  Levane  k  l’ Incisa ,  on  voyage  presque  toujours 
le  long  de  l'Arno.  On  trouve  dans  ces  contrées  de»  os 
d’éléphan  fossiles,  que  l’on  croit  des  éléphans  d'Anni - 
bal.  Au  delà  du  fleuve  d'Arno,  .il  y  a  trois  sanctuai¬ 
res  digne  d’être  vus.  1.  Le  monastère  de  Vallombrosa ; 
k  20  milles  italiens  de  Florence,  entouré  du  bois  d 'Abçt- 
tella,  célébré  par  Milton.  Le  cabinet  d’hist.  nat.  du  cou¬ 
vent  de  Val  -  ümbrosa  contient  une  riche  collection  de 
pétrifications,  surtout  d’ossemens  fossiles  d’éléphan, 
et  les  premiers  essais  d’un  art,  qui  a  pris  naissance  dans 
cette  solitude,  de  la  Scagiola,  2.  Le  monastère  des  Ca - 
maldules ,  où.  St.  Romualdo  institua.cet  ordre  ;  k  8  lieues 
d’ Arezzo,  et  a  25  milles  italiens  de  Vallombrosa.  3.  CCAl- 
vernia ,  où  le  monastère  des  Franciscains  réformés  ,  qui 
servit  de  retraite  k  St.  François;  k  20  milles  italiens  des 
Camaldules.  Les  descriptions  de  ces  trois  sanctuaire» 
se  trouvent  sur  les  lieux  mêmes.  On  luge  chez  les  reli¬ 
gieux.  De  Vallombrosa  au  petit  paradis  et  des  Camal¬ 
dules  au  St.  Eremitage ,  on  a  des  vue»  d  une  étendue 
immense,  qui  s’étendent  jusqu’à  la  mer.  L  hermitage 

Guide  dos  Yoy.  T.  II.  O 


158  L’ITALIE.  ITINÉRAIRE. 

du  Paradisino  ou  du  petit  -  Paradis  est  devenu  l’asyle 
des  arts,  .par  l’embelliss ement  successif  fait  par  les  reli¬ 
gieux,  dont  il  a  été  l’apanage.  Quand  on  monte  sur  la 
plateforme  supérieure  de  cette  partie  de  l’Appennin, 
l’oeil  s’égare  dans  une  vue  immense. 

8.  V.  le  tableau  des  villes.  Il  est  dû  une  demi-poste 
en  sus  de  la  distance,  à  la  sortie  comme  à  l’entrée  do 
Florence. 


10.  Route  de  Flofence  à  Bologne. 


Postes. 


N  ottvs. 


Postes. 


Noms. 


13/4 

I3/4 

l3/4 

I3/4 


1.  Fonte  buona. 
Cafaggiolo. 
Montecarreli. 

2.  Covigiiajo. 


i3/4  Fi  li  gare. 

i3/4  3.  Lojano. 

ll/2  Pianoro. 

1V2  4-  Bologne. 


13 V2  P- 


Observations  locales. 

On  a  fait  des  fouilles  à  Fiesole ,  qui  a  succédé  à  l’an¬ 
tique  ville  de  ce  nom.  A  droite  Pratolino ,  magnifique 
maison  de  plaisance,  des  Médicis.  Au  sommet,  en  avant 
d eVaglia,  il  faut  se  retourner  pour  jouir  de  la  magnificen¬ 
ce  du  horizon,  et  de  la  plaine  de  Florence.  Filigare ,  Co- 
vigliajo ,  Montecarreli  sont  des  maisons  isolées  pour  la 
poste. 

2.  .Belle  vue  de  l’auberge  delle  M aschere.  (V.  obs. 
loc.  4.I  Le  feu  de  Pietra  mala ,  qu’on  appelé  dans  le 
pays;  fuoco  di  lagne ,  est  une  flamme  claire  qui  s'élève 
dans  un  espace  de  12  à  15  pieds  en  tout  sens,  de  la  sur¬ 
face  de  la  terre,  sans  aucune  fente  ni  cavité  apparente. 
Elle  est  située  sur  îa  droite,  k  V2  mille  de  Pietra  -  mala, 
sur  une  montagne  escarpée,  nommée  Monté  di  Fo.  L'ac- 
qua  buia  est  une  source  d’eau  froide,  qui  s’enflamme  à 
l’approche  d’une  lumière. 

3.  De  Lojano  à  Pianoro ,  011  a  une  vue  très-étendue 
de  la  chaîne  des  Alpes ,  de  Milaji ,  Vérone ,  et  de  la 
plaine  du  Padouan ,  du  Po  jusqu’à  l'Adriatique.  A  Pia¬ 
noro  finit  la  dernière  descente. 

,  4.  Y.  le  tableau  des  villes.  Comme  il  n’y  a  point  d’auber¬ 

ges  passables  sur  cette  route,  que  celle,  aile  Masc h.ere  ;  et 
que  cen’est  pas  uneposte,  il  faut  payer  ladépense  des  che- 


L'ITALIE.  ITINÉRAIRE.  159 

vaux  et  des  postillons,  sur  le  "pied  d’environ,  un  demi- 
séquin  pour  3  chevaux  et  un  postillon.  On  peut  aussi 
s’arrêter  à  un  couvent  de  Bénédictins  près  de  Loiano , 
dans  un  endroit  appelé  Scarica  l’asinp  :  S’arrêtant  aile 
Maschcre  ,  on  divise  son  voyage  en  deux  parties,  et  on. 
va  se  reposer  à  la  douane  de  Pietra  mala.  (Y.  plus  haut, 
obs.  loc.  2.)  entre  Covigliajo  et  Filigare. 

II.  Roule  de  Bologne  à  Venise  par  Ferrari 
et  Padoue. 


Postes. 

Noms. 

Postes. 

Noms. 

1V2 

1.  San  Giorgio. 

2 

6.  Monfeiice. 

I 

2.  Cento. 

.  1V2  • 

7.  Padoue. 

j 

.3.  San -Carlo. 

1V2 

Dolo. 

1V2 

4.  Ferrare. 

1V2 

8-  Fusine.  : 

2 

5.  Rovigo. 

par  eau. 

9.  Venise. 

13V2  P- 


O  b  s  erv  ati  o  ns  1  oc  al  es. 

Note.  De  Bologne  on  peut  aller  a  Venise  par  eflfl 
ün  va  avec  des  chevaux  de  poste  jusqu’à  Francolino  ,  à 
5  milles  d e  Ferrare,  et  ensuite  par  eau:  mais  41  faut  fixrer 
son  embarquement  à  Ferrure.  Il  est  k  remarquer,  que 
comme  on  quitte  alors  la  poste,  on  est  obligé  de  payer 
à  la  dernière  station,  poste  et  demie.  On  trouve  tou¬ 
jours  à  Ferrure  des  mariniers,  qui  vous  fournissent  une 
péota  pour  l’équipage  et  les  gens  à  7  séquins  et  un  ba¬ 
chot  pour  soi,  à  10  ou  12  séquins  au  plus;  le  voyage  est 
d’environ  20  heures.  La  route  de  80  milles,  se  fait  par 
le  Pô,  et  ensuite,  par  un  canal,  sur  1*  Adige ,  d’où  l’on 
passe  par  un  autre  canal  sur  la  Brenta ,  et  dans  les  lagu¬ 
nes.  A  20  milles  de  Venise  on  trouve  Chioggia,  à  10  mil¬ 
les  Malamocco  ;  on  n’est  jamais  en  pleine  mer. 

1.  On  passe  le  Naviglio  sur  le  pont,  et  on  paye  un 
paolo.  Entre  Bologne  et  Ferrare ,  on  entend  parler  k 
tout  instant,  des  débordemens  du  Pô,  des  marécages  de 
Bologne ,  de  Ferrare  etc.  et  des  remèdes  qu’on  se  propose 
d’y  apporter.  Il  y  a  une  seconde  route  de  poste,  qui 
de  Bologne  passe  à  Capodargine  1I/2  p.  Malalbergo  i*/2- 
Ferrare  iV2>  elle  est  plus  courte  d’une  demi -poste,  que 
la  sus-mentionnée. 

2.  On  passe  le  Reno  en  barque,  et  en  payant.  Cento 
est  la  patrie  du  célèbre  peintre  Barbiéri  ,  surnommé 

O  i 


i6o  L’TALIE.  ITINÉRAIRE. 

Guercinà ,  parcequ’il  était  borgne.  On  admira  de  ses 
tableaux  ,  :  a  Cento ,  dans  différentes  égl  ises  :  surtout  le 
St.  Jérôme  et  la  vierge  au  séminaire,  transportée  a  Pa¬ 
ris.  Il  y  a  ici  les  académies  de  Rinvigoriti  et  de  Pullu- 
iànti.  Auberge,  à  la  poste. 

3.  De  San  -  Carlo  à  Ferrure ,  on  passe  l’Adige  et  le 
Pô  en  barque,  et  on  paye  un  paolo  par  chaise  h  deux 
roues., 

4.  Auberge,  aux  trois  Maures.  L’aspect  majestueux 
de  cette  ville,  et  sa  dépopulation,  frappent  d’abord.  Au 
château  de  belles  peintures  a  fresque.  Dans  l’église  de 
St.  Bénoit,  était  le  tombeau  d  Arioste.  Le  général 
Français  '  Miollis  a  fait  exhumer  les  restes  de  ce  grand 
poëte,  pour  les  enterrer  dans  la  place  publique,  où  un 
monument  lui  doit  être  élevé.  On  les  garde,  en  atten¬ 
dant,  k  la  bibliothèque  publique.  C’est  dans  la  maison 
Qu  ai  en  go  ,  que  fut  réprésenté,  pour  la  première  fois, 
le  pastor  Jîdo.  Le  musée  Bellini;  la  bibliothèque  pu¬ 
blique,  les  bibliothèques  des  dominicains  et  des  carmes. 
Le  lycée;  l’école  hydraulique  ;  l’academia  Ariostea.  Dans 
la  maison  d’un  docteur  Barotti ,  on  conserva  un  manu¬ 
scrit  A.' Arioste y  et  une  chaise  qui  lui  appartenait.  Lamé- 
jnoire  du  Tasse  fait,  qu’un  étranger  va  voir  l’hôpital  S. 
Anne,  où  ce  grand  poëte  fut  enfermé  sons  prétexte  de  fo¬ 
lie  en  157p.  A  l’église  de  Marie  rotonde,  le  monument 
de  Métastase.  On  appelé  un  palais,  le  palais  des  AiamanSy 
parceaue  les  pierres  de  la  façade  en  sont  taillées  en  fa¬ 
cette.  Après  avoir  quitté  Ferrare ,  à  5  milles  de  cette 
ville,  on  passe  le  Pô,  qui  est  fort  large  ,  en  bâteau,  et  à 
9  milles  du  Pô,  le  canal  Bianco.  Ferrare  était  autrefois 
fameuse  par  une  manufacture  de  lames  d’épée  ,v  et  plus 
encore  par  sa  cour,  qui  était,  vers  la  fin  du  16e  siècle,  le 
rendez-vous  des  arts  et  des  beaux  esprits  de  l’Italie.  Cette 
ville  est  très  -  malsaine  k  présent  dans  le  tems  des  cha¬ 
leurs,  à  cause  des  marécages  qui  l’avoisinent.  Long.  290. 
16'.  10".  Lat.  44°.  49' •  56"- 

5.  A  3  milles  de  Rovigo,  on  passe  l’Adige.  Ilfautobser- 
ver,  que  les  deux  postes  de  Ferrare  k  Rovigo ,  se  payent 
15  paoli  par  poste,  et  au  retour  de  Rovigo  k  Ferrare ,  on 
paye  deux  postes  et  demie,  suivant  le  tarif  du  dit  pays. 

6.  On  côtoyé  un  canal,  qui  coule  dans  une  vaste  et 
riche  plaine 


L’ITALIE.  ITINÉRAIRE,  161 


7,  V.  le  tableau  des  villes.  On  quitte  ordinairement: 
la  poste  à  Padoue ,  et  on  y  laisse  sa  voiture,  pour  pren  ¬ 
dre  une  péote  qui'  coûte  3V2'  cens  de  convention  jusqu’à 
Venise.  Cette  péote  ressemble  à  une  maisonnette.  On 
y  trouve  la  plus  jolie  salle  de  compagnie,  que  l’on  puisse 
voir  sur  Beau;  elle  est  tapissée  de  glaces;  des  fenêtres 
à  chaque  côté,  dans  l'intervalle  des  panneaux,  laissent 
jouir  de  cette  aaréabîe  navigation.  Un  sopha  règne  au¬ 
tour,  une  table  est  au  milieu;  on  est  doucement  em¬ 
porté  par  la  Brcnta ,  et  l’on  va  ainsi  jusqu’à  Venise ,  fe- 
sant  la  conversation,  la  lecture,  de  petits  repas?  etç.  et 
lorsqu'on  regarde  au  rivage,  on  est  enchanté  par  de» 
points  de  vue  rians,  pittoresques,  et  qui  varient  con¬ 
tinuellement.  La  Brenta  partage  une  belle  et  fertile 
campagne  ;■  des  palais  magnifiques,  des  jardins  délicieux:, 
des  bourgs  et  des  villages,  bordent  des  deux  côtés  toute 
l’étendue  de  son  rivage:  .e’est  une  belle  scène  champê¬ 
tre,  mêlée  des  magnificences  de  l’art.  (V.  No.  12.  et  à 
l'article  de  Padoue.)  Arrivé  à  Fusine  la  barque  est  re¬ 
morquée  par  une  gondole  à  4  rameurs.  C’est  encore  une 
des  conditions  dont  il  faut  expressément  convenir  avec 
le  hntelier,  sans  quoi  il  ne  manquerait  pas  de  n’en  em¬ 
ployer  que  deux.  Il  est  dû  au  maître  de  poste  de  Pa¬ 
doue  un  droit  {rembarquement ;  le  tarif  l'indique,  et 
il  est  réglé  au  pl~o‘-  rata  du  nombre  des  chevaux  avec 
lesquels  on  est  arrivé  à  Padoue ,  à  tant  par  cheval. 

8-  On  traverse  les  lagunes  depuis  Fusine ;  on  y  laisse 
sa  voiture.  On  va  en  gondole  pour  12  livres.  Il  y  a  g 
miglia  ou  milles.  En  entrant  dans  les  lagunes,  les  com¬ 
mis  de  la  douane  de  Venise ,  font  leur  première  visite. 
Au  reste,  l’on  viderait  bientôt  sa  bourse,  si  l’on  voulait 
contenter  tous  ces  gens  par  ses  largesses. 


12.  Route  de  Venise  à  Milan  par  Vicence,  Vérone, 
Brescia  et  Bergame. 


Postes.  Koms , 


Postes.  fi  oms. 


3  .  r.  Padoue. 

1  2.  la  Slesega. 

1  U-  Vioence. 


1  Monte  bello. 

zr/2  Cald:ero. 

1  j 4.  Vérone. 


I 


1 


IÔ2  L’ITALIE.  ITINÉRAIRE. 


Postes. 

Noms. 

Postes. 

1V2 

5.  Castel  nuovo. 

I 

1V2 

Desenzano. 

1 

1 

Ponte  diS.  Marco. 

1V2 

1V2 

6.  Brescia. 

1 

Ospitaleto. 

1 

ïV2 

7.  Palazzuolo. 

1V2 

Noms. 

Çavernago, 

8-  Beïgame. 

9.  Vaprio;  ou  la  Ca- 
nonica. 

10.  Colombarolo. 

11.  Milan. 


22Va. 


Observations  le  c  ale  s. 

1.  V.  No.  11.  On  mettra  environ  10  heures»  pour 
Monter  la  Brenta,  depuis  Venise  jusqu’à  Padoue.  La  ri¬ 
vière  couverte  de  barques,  de  jolies  péotes  et  de  gondo¬ 
les,  qui  vont  et  viennent  continuellement,  répond  à  la 
gaieté  de  ses  bords;  de  teins  à  tems  il  faut  descendre  au 
rivage  pour  y  admirer  des  villas  magnifiques,  où  Pal¬ 
ladio  a  donné  un  libre  essor  à  son  imagination  :  le  pa¬ 
lais  Doljïn ,  ci-devant  b'embo  à  Al  ira,  où  il  y  a  deux 
fenêtres  feintes  que  Paul  Véronèse  a  peintes;  la  belle 
▼ilia  j Pisane  à  Sta  ;  le  palais  Giovanelli  à  Noventa  etc. 

2.  On  va  toujours  dans  une  riante  plaine,  où  serpen¬ 
tent  de  jolies  ruisseaux. 

3.  V.  le  tableau  des  villes.  Le  chemin  de  Viccnce  à 
Vérone ,  est  une  belle  promenade,  où  l’on  marche  sous 
les  vignes  et  Tonneau.  Sur  la  droite,  à  quelque  distance, 
sont  les  Alpes,  qui  séparent  l’Italie  de  l’Allemagne.  On 
apperçoit  aussi  des  monticules,  peu  élévées,  et  presque 
toutes  en  culture;  ce  sont  les  colLi  Euganei ,  remplis  de 
pétrifications  curieuses.  Que  le  voyageur  n'oublie  pas 
dans  ses  courses  vers  ces  monticules,  d’aller  jeter  dés 
fleurs  sur  le  tombeau  de  Pétrarque  à  Arquât  Sa  maison 
de  campagne,  y  existe  encore ,  et  l’on  vous  présentera 
un  Album ,  ou  le  Codice  di  Arqua. 

4.  V.  le  tableau  des  villes. 

5.  Çn  sortant  de  Vérone ,  la  route  est  d’abord  sa¬ 
blonneuse;  ensuite  viennent  les  arbres  guirlandes  ;  le* 
belles  prairies  dè  différens  verts,  le  Mincio ,  les  bords 
rians  du  lac  de  Garda ,  qui  ressemble  à  une  petite  mer; 
il  a  35  milles  de  longueur:  il  est  entouré  en  partie  par 
les  Alpes  arides  ou  couvertes  de  bois,  au  pied  des¬ 
quelles  sont  de  beaux  villages,  de  jolies  maisons 
de  campagne,  et  des  jardins  d’orangers.  Bogliaco  et 
Limone  les  deux  villas  du  comte  Petrini ,  situés  déli- 


L'ITALIE.  ITINÉRAIRE.  1 6;* 

eieusemont  sur  les  'bords  du  lac,  sont  les  vrais  jardins 
d ‘‘jirmutc.  On  peut  les  regarder  comme  des  fabriques 
d 'Jgrumi,  par  le  nombre  immense  d’orangers  et  citro- 
niers,  eue  l’on  y  cultive,  et  dont  les  fruits  se  débitent 
dans  le  Nord.  (V.  de  second  volume ,  d’un  charmant 
ouvrage  allemand,  Episoden  etc.  pub-ié  par*  Madame  le 
Brun.)  Tous  ces  paysages  divers  présentent  des  points 
de  vue  d’une  beauté  ravissante.  Te  carpivnc  du  lac  île 
Garda,  est  un  poisson  très  -  recherché  ,  fort  différent  chef 
la  carpe;  Linnès  le  classe  dans  le  genre  du  saumon.  On 
disait  autrefois  qu’il  se  nourrissait  d’or,  pour  exprimer 
l’excellence  de  ce  poisson.  On  pêche  aussi  dans  ce  lac 
des  truites;  de  grosses  sardines  etc.  Ses  eaux  ont. sur-, 
tout  la  qualité  de  blanchir  le  fil.  La  forteresse  de 
Peschiera  ,  est  situé  au  bout  de  ce  lac. 

6.  Population:  30,  à  35,000  âmes-.  Long.  27°  53' 3*" • 
Lat.  45O  32'  30".  La  cathédrale;  édifice  considérable;  l'é¬ 
vêché;  le  palais  de  justice,,  édifice  très- remarquable  ; 
l’église  de  la  pace,  et  deux  tableaux  de  Bat  ton i  ;  la  casa 
Martining.o,  par  Palladio  ;.  la  casa  Barbisoni ,  les  ta¬ 
bleaux  dans  l’église  de  Ste.  Afre.  Le  lÿctfe ,  l’Athénée' 
des  sciences  ,  d’agriculture  et  des  arts;  le  collège  d’éda; 
çation  ;  la  bibliothèque  fondée  par  Quirini ,  et  le  ca¬ 
binet  de  médailles  du  feu  le  comte  Mazzuccheli.  L’huile 
de  pépins  de  raisins  est  l’objet  d’an  commerce  considé¬ 
rable.  Le  vin  santo  est  délicieux.  Au  E alcamonica  et 
dans  les  environs  du  lac  Soncgo  ,  on  trouve  des  cristaux 
et  des  topases.  Il  se  fabrique  a.  Brescia  beaucoup  d  ar¬ 
mes  à  feu.  et  autres;  les  canons  à  fusil  sont  surtout  re¬ 
nommés.  A  la  Tour,  bonne  auberge. 

7.  A.uberge,  a  la  poste.  En  sortant  de  Brescia  ,  on 
marche  dans  une  vaste  plaine,  remplie  d’arbres,  semée 
de  fleurs,  et  arrosée  par  mille  petits  ruisseaux.  Ne  veut- 
on  pas  passer  par  Ber  game,  on  peut  aller  de  Brescia  à 
l’Ospitaletto  1  p.  Chiari  1.  Antegneto  1.  Caravairo  1.  Co- 
lombaroio  1.  Milan  ity*  ;  ce  qui  fait  2  postes  de  moins. 

8-  * Bergame  est  la  patrie  du  Tasse ,  et  le  lieu  de  nais¬ 
sance  d’Arlequin.  La  chose  la  plus  remarquable  de  Ber¬ 
game  est  le  bâtiment  de  la  foire.  On  loge  au  Phénix  ou 
à  l’auberge  royale.  Q  LaPiéunion.  La  cathédrale  est  un 
grand  vaisseau:  les  meilleurs  tableaux  sont  à  S.  Marie 
majeure,  surtout  quatre  travaillés  en  marqueterie.  Ou  y 
montre  le  mausolée  du  capitaine  Collione,  qui  le  premier 
employa  les  canons  en  rase  campagne.  A  St.  Augustin  on 


164  L’ITALIE.  ITINÉRAIRE. 


remarque  le  tombeau  de  Calepin ,  ce  père  de»  diction¬ 
naires  et  vocabulaires.  Il  y  a  ici  l’acadexnia  pitiorica 
Cqrraraj,  celle  d'économie  rurale,  et  celle  d’ Eccitati. 
A  io  milles  de  Bergame  sont  les  eaux  minérales  de  Tres- 
covio.  On  s'y  baigne,  et  surtout  on  en  applique  les 
boues.  .Les  portes  se  ferment  exactement  à  Berg/ime , 
ainsi  que  dans  une  ville  de  guerre.  Les  fortifications, 
faites  par  les  ingénieurs  les  plus  habiles  du  XVI.  siècle, 
sont  dignes  d’attention. 

Q.  Près  de  Canonica  le  village  de  Cassano ,  célèbre  par 
la  bataille  de  1705,  et  par  celle  de  Suwarow  en  1799.  On 
passe  l'Adda  en  barque;  la  douane  est  très- rigoureuse. 

10  L'Adda ,  grande  rivjère  très-rapide,  baigne  le  pied 
d'un  coteau  élevé.  Sur  ce  coteau,  coule  en  sens  contraire 
un  large  canal:  on  croit  voir  deux  rivières  se  fuyant. 
Les  environs  de  l'Adda  et  ceux  du  canal,  sont  semées  de 
belles  maisons  de  campagne,  de  terrasses,  de  jardins.  En 
approchant  de  Milan ,  on  marche,  en  suivant  le  canal, 
par  un  chemin  planté  d’arbres  alignés,  au  milieu  de  ver¬ 
tes  prairies. 

ji.  V.  le  tableau  des  villes. 


13.  Route  de  Venise ,  par  Padoue ,  Vicencef  Verone9 
à  Trente ,  et  par  Mestre. 


Postes. 

8V2 

1 

1 

1 


Noms. 

Postes. 

1.  Vérone. 

1V4 

2-  Volarni. 

1 

Péri.  1 

1V2 

3-  Ala.  ! 

1 

Noms. 


4.  Roveredo. 
Calano. 

5.  Trente. 


.151/4  p. 


Observations  locales. 

1.  V.  No.  12. 

2.  Pays  plat  et  bien  cultivé;  des  vignes,  des  mûriers, 
du  maïs  etc.  On  côtoyé  toujours  YAdige. 

3.  O11  entre  dans  le  Tyrol  à  Borghetto.  Situation 
pittoresque  et  sauvage  de  la  Chiusa.  C’est  a.  Ala,  chez  le 
maître  de  poste,  qu’on  peut  troquer  sa  Sedia  à- 2  roues 
contre  une  voiture  Allemande  à  quatre,  et  vice  -  versa. 
Entre  Ala  et  Péri,  les  frontières  du  royaume  d  Italie,  et 


une  douane  rigoureuse. 

4  Jolie  ville;  il  y  a  Une  bibliothèque  publique,  et 
une  belle  salle  de  théâtre.  L’académie  d’Agiati  est  fcrè-s- 
céièbrc.  Auberge,  à  la  rose,  excellente. 


L’ITALIE.  ITINÉRAIRE.  165 

5.  De  Trente  à  Tnsbruck ,  v.  pour  les  détails  de  la 
route  et  de  la  ville  de  Trente ,  No.  i8-  de  l’Itinéraire  de 
l’Allemagne.  Il  y  a  un  licée  et  un  institut  social.  On 
commence  a  Trente  à  parler  l’Allemand;  on  loge  aux 
auberges  de  l’Europe  et  de  l’aigle  d’or.  Une  nouvelle 
route  conduit  de  Venise  à  Trente ,  par  Palestre:  et  par 
eau  1I/4  lieue  ;  Treviso  1V2  P  Castello  Franco  il/2.  Bas- 
sano  iVz-  Primolano  2-  Borgo  2.  Pergina  ity2.  Trente  1. 
(Teins  en  route,  26  à  27  heures.)  A  Eassano  l’industrie 
des  habitans  est  extrêmement  active.  On  y  fabrique  des 
étoffes,  on  y  fait  des  ouvrages  au  tour  et  des  sculptures 
en  bois;  les  chapeaux  dp  paille  de  Bassano  ,  sont  très- 
recherchés.  Il  faut  voir  lâ  bibliothèquè  et  l’imprimerie 
JRemondini.  Le  pont  sur  la  Brenta  est  construit  sur  les 
dessins  de  j Ferracino.  JLe  vin  des  environs  de  Bassano 
est  très  *  délicat. 

4.  Route  de  Venise  -par  U dine  à  Trieste. 


Postes. 

Noms. 

Postes. 

Noms. 

par  eau. 

1.  Mestre. 

1 

5.  Codroipo. 

-  1V2 

2.  Treviso. 

J  V2 

6.  Udine. 

1 

Lo  radin  a. 

1 

Nogareto. 

1 

3.  Cornegliano. 

1 

7.  Gradisca. 

1V2 

4.  Sacile. 

1 

8-  Gorizia. 

1 

Pordenone. 

2 

9.  S.  Croce. 

1I/2 

Valvassone. 

I 

10.  Trieste. 

16  p. 


Observations  locales. 

1.  Auberge,  à  l’empereur.  La  ville  est  très-peuplée, 
et  l’on  ne  voit  que  des  barques  et  des  gondoles.  Le  prix 
d’une  gondole ,  pour  aller  à  Venise ,  est  fixé  par  le  gou¬ 
vernement,  à  9V2  lire;  ce  prix  est  si  modique,  qu’on  ne 
refusera  pas,  de  donner  encore  quelques  lire,  pour  boire. 

2.  Excellente  auberge,  à  l’aigle.  La  route  est  bor¬ 
dée  de  jardins  et  de  magnifiques  villas.  A  Treviso  il 
faut  voir  l’église  de  St.  Nicolas,  l’église  épiscopale,  l’hô¬ 
tel  de  ville,  les  deux  théâtres  etc.  Il  y  a  ici  deux  aca¬ 
demies  d’agriculture  et  Filodranimatica. 

3.  On  passe  loPiave,  sur^n  pont  de  bâteaux  derrière 
la  nouvelle  poste  d e  Lovadina.  L’auberge  à  Coîrvegliçno 
est.  très  -  bonne.  Du  haut  d’un  vieux  château,  on  jtftfit 
d’une  vue  superbe. 


i66  L'ITALIE.  ITINÉRAIRE 


4.  On  logo  à  la  poste.  A  Valvassone  on  trouve  le 
chemin  de  traverse  de  Pontiebba  ,  4  p.  V.  No.  15. 

5.  On  passe  le  Tagliumento.  Non  loin. île  Codroipo , 
est  la  villa  de  Passeriano ,  palais  magnifique,  habité 
par  Napoléon  ,  lors  du  congrès  de  Campo  -  b'orrhido  \ 
le  chemin  passe  par  ce  village  de  Camp o  -  Formido  ,  et 
Ton  montre  la  petite  maison»  où  fut  signé  le  traité  de 
paix,  qui  en  porte  le  nom.  L’archiduc  Charles ,  était 
logé  à  Udine.  A  Udine  un  licéè  ,  une  société  d’agricul¬ 
ture  ,  et  une  dite  Acquilejese.  Si  l’on  ne  veut  pas  cou¬ 
cher  à  Udine  y  on  passe  de  Codroipo  à  Palmanova  2  p. 
Gorizia  2  p  ;  cette  route  abrège  d'une  poste. 

6.  A  la  croix  de  Malte,  auberge  excellente;  Popula¬ 
tion:  i8,oco  a.  Ville  jolie  et  florissante.  Le  ci  -  devant 
palais  du  Luogo  -  tenente,  avec  une  vue  très  -  étendue  ; 
le  palais  de  l’archévéque ;  l'hôtel  du  Signor  Torreani, 
et  les  hauts  -  reliefs  de  Torrctti  ,  sculpteur  Vénitien, 
l'église  cathédrale  ,  ses  bas  -  reliefs  en  bpis  etc.  Le  vin 
de  paille  des  environs  d 'Udine  est  renommé. 

7.  Gradisca  avec  ses  tours  antiques,  se  présente  très- 
pittoresquement. 

8-  On  passe  le  Lisonzo.  Bonne  auberge  à  l’aigle 
bleu.  Du  haut  du  Castello  ou  château,  l’oeil  domine  là 
ville  et  la  vaste  plaine. 

9.  Près  de  St.  Giovanni ,  les  fontes  et  saxa  Timari , 
de  Virgile. 

10.  Belle  vue  des  Alpes  et  du  Golfe  Adriatique,  à  la 
ci-devant  douane  de  Tybein.  —  Trieste.  (V.  tableau 
des  villes  d’ Allemagne.) 


15.  Route  de  Venise  à  Vienne ,  par  la 
nouvelle  route. 


Postes. 

Noms. 

Pestes. 

8x/a 

Valvassone.  V. 

1 

No.  14. 

1 

1 

San  -  Danielo. 

1 

1 

Ospitaletto. 

I 

1 

Résiata. 

-  1 

1 

Pontiebba. 

1  y 2 

I 

Tarviso.  ; 

1V2 

z 

Arnoldstein. 

1 

Villach. 

1  1 

Noms. 


Vclden. 

Klagenfurt. 

S.  Veit. 

Friesach. 

Neumark. 

UnzonîTiarb:. 

Jud^nburg. 

Knietenfeid.  . 

Lreutbath. 


L’ITALIE.  ITINÉRAIRE.  16? 


Postes. 

Noms. 

Postes. 

1 

Léoben. 

8  Va 

X 

Brugg. 

36  P1 


Noms. 

Vienne.  (V.lti- 
néraire  de  l’Al¬ 
lemagne,  Nd. 

43-) 


Observations  Lo  c  aies. 


Entre  Valvassonne  et  San-Danielo ,  on  passe  le  Ta* 
gliamente  en  bac,  et  les  autres  fleuves  et  torrens  sur 
des  ponts.  La  route  est  bien  servie  en  chevaux,  ex¬ 
cepté  dans  l’Illyrie.  A  Pontiebba  était  la  douane  des 
anciennes  frontières  autrichiennes.  Les  auberges,  sur¬ 
tout  du  côté  allemand,  sont  très-bonnes.  On  parcourt 
des  pays  et  des  sites  agréables  et  pittoresques  ,  prin¬ 
cipalement  depuis  San- Danielo  jusqu’à  Klagenfurt.  A 
Velden  commence  la  frontière  Illyrienne  ,  et  le  visa  du 
passeport.  Léoben  ,  au  jardin  de  M.  d  Eckenwalde ,  le 
monument  érigé  en  mémoire  du  traité  de  paix,  qui  fût 
signé  à  la  petite  maison  du  jardin.  A  San-Danielo  il 
faut  voir  le  château  hospitalier  et  la  bibliothèque  du 
comte  Concinna . 


B. 


Plan  d'un  voyage  en  Italie ,  avec  des  voituriers. 

En  passant  par  le  Mont-Cénis,  et’  par  Rome,  et  reve¬ 
nant  par  la  Toscane  et  Gènes. 


De  Chambéry  a  Planesse 
Aiguebelle 

Saint  -  Jean  -  de  M aurienne 
Saint-Michel  . 

Modane  .  . 

Lasnebourg 


Lieues . 
5 

41/2 

5 

•  3 
3 

•  5 


La  matinée  de  cette  journée  s’emploie  à  monter 
le  Mont-  Cénis,  et  le  soir  on  couche  à  BiCcholin. 
Au  reste,  c’était  anciennement.  Depuis  que  le 
Mont- Cénis  ést  devenu  un  passage  commode, 


168  L’ITALIE.  ITINÉRAIRE 


les  journées  du  voiturier  se  régleront  autre¬ 
ment. 

Bucholin  .  .  ,  ,  ,  , 

Saint-Antoniiî 

Turin  .  ..... 

Chiavazzo  ...... 

Eignrno  .  .  .  .  .  , 

Verceil  ...... 

Noyarre  ✓  .  .  .  .•  . 

Sedriano  ...... 

Milan  .  .  .  .  r 

La  Canonica  ..... 

Bergame  ....  .  . 

Coccario  .  . 

Brescia  ...... 

Eonato  ...... 

Castel  -  Nuovo  ..... 

Vérone  .  .  '  . 

Castel- Belle  ..... 

On  passe  par Vicence,  et  l’on  couche  aPadou 
A  Mira  .  ..... 

On  passe  par  Fusine ,  et  de -là  a.  Venise 
En  retournant  de  Venise;  la  même  journée 
Moncelesi  .  .  .  .  /  . 


Rovigo 

Fer  rare 

Armarose 

Bologne 

Imola 

Faënza 

Forli 

Cezenna 

Rimini 

Catolica 

Fa  no 

Sinigaglia 


3 

4 

5 
5 
5 

7 

5 
9 

6 
6 

4 

01/2 

ty 

5 

4  ' 

P 

<sva 

3 

4 
4 

8 

4 

5 
7 
7 
3 

672 

3 

3V2 

5 

61/2 

4V2 

6 
5 


En  allant  à  Ancône,  il  faut  se  charger  de  vi¬ 
vres,  les  voiturins  ne  conduisant  pas  les  voya¬ 
geurs  jusqu'à  la  ville,  et  s'arrêtant  à  un  quart 
de  lieue  de  distance  ,  à  cause  de  la  montagne 
qu’il  faut  gravir  pour  y  entrer  •  •  7 

Lorctte  ......  *5 

Macerata  572 


L’ITALIE. 

ITINÉRAIRE.  169 

Lieues . 

Tolentipo  .  , 

-v  '  3  V* 

Al  ponte  délia  Trava 

•  •  •  •  -5 

A  Seravalla 

Aile  Case  Nuove 

. 4 

A  Foligno 

4 

Spoleto 

. 

Au  haut  d’unp  montagne  à  une  maison  isolée  3 

Terni  .... 

.  .  .  •  .4% 

Narni  .  .  . 

.  •  •  •  •  3 

Citta  Castellana 

. 7 

Rignagno  . 

3 

I.a  Varchetta  -  . 

.  6 

Rome 

.  •  •  2 

De  Rome ,  il  faut  nécessairement  prendre  la  poste, 
et  aller  d’une  traite  à  Naples ,  à  cause  des  mauvaises 
auberges,  et  des  risques  qu’on  court  sur  le  grand  che¬ 
min,  qui  est  toujours  infesté  de  coquins  des  deux  états. 


De  Rome  à  Beccano 

.  . 

• 

6 

Monterose 

3 

Konciglione  . 

. 

. 

4 

Viterbe 

4 

Bolsiena 

.  . 

* 

S.  Lorenzo 

2 

Au  pied  de  la  montagne  de 

Radicofani 

. 

6 

Turinière  . 

3 

Saint-  Quirico 

. 

0 

3  Vt 

Ponte  -  d’Arbia 

4V2 

Siena  .... 

. 

. 

4V2 

Poggibonzi 

5  Va 

Castel  -  Fiorentino 

« 

.4  Va 

Montelupo 

4V2 

Florence 

5 

Giretto  , 

bVa 

Pietra-  Mala  . 

,  m  . 

‘é 

6 

Scarica-l’Asino  . 

2 

Pianore 

•  % 

# 

3 

Bologne 

•  •  • 

• 

3 

Modene 

»  • 

7V* 

Reggio 

1  , 

• 

5 

Parme  .... 

•  • 

¥ 

1  4#  5 

5 

Borgo  -  Sandolino 

•  *  »  e 

5 

A  la  Cadé 

Guide  d.  Voy.  T.  , 

p 

- 

ai 

170  L’ITALIE.  NAVIGATION 


Plaisance 

Castel  -  Saint  -  Giovanni  . 

*'  V  \*- 

Lieues. 

3 

*  4 

Bronio  .... 

Viguerre 

• 

4 

.  4 

Tortone  .... 

.  .  . 

3 

Novi  .... 

• 

•  t 

4 

Viagio  . 

... 

4 

Campo-  Marone 

• 

•  . 

•  4 

Gènes  .... 

. 

4 

Les  journées  des  voiturins 

peuvent  encore 

148 

se  faire 

de  la  façon  suivante,  quand  < 

on 

veut  connaître  Pise. 

Livourne  y  Lucques  etc. 

De  Castel  Fiorentino  à  la  Scala 

Lieues . 
4T/a 

De  la  Scala  aile  Formazette 

#  m 

4 

Delle  Formazette  à  Pisa 

•  •  • 

5 

De  Pisa  à  Lucques 

. 

•  4 

De  Lucques  à  Pistoia 

.  . 

6V2 

De  Pistoia  à  Firenze 

• 

• 

.  6V2 

On  peut  faire  le  voyage  de  Pise  à  Livourne ,  avec 
une  barque  qui  part  tous  les  jours. 


Communication  par  les  canaux ,  et  les  fleuves. 
Navigation  intérieure  sur  les  rivières  et  les  lacs  du 
Royaume  d' Italie;  et  communication  par  les 


Un  voyageur  est  souvent  dans  le  cas,  de  poursuivre 
sa  route  par  les  moyens  rapides  et  moins  dispendieuses 
des  barques  ;  les  éditions  précédentes  ne  donnaient  au¬ 
cuns  renseignemens  à  ce  sujet;  nous  venons  de  remédier 
à  cette  lacune  ,  par  des  . notices  sur  la  navigation  inté¬ 
rieure  de  la  plus  grande  partie  de  l’Italie,  que  nous 
avons  tirées  des  notes  instructives  r  qui  accompagnent 


L’ITALIE.  NAVIGATION.  fft 


la  Carta  délia  Stazione  militari  etc.  eseguita  per  or - 
dîne  del  Ministro  délia  Guerra.  18Q8- 

La  rivière  du.  Pô 

est  navigable  en  toute  saison  et  pour  toute  espèce  de 
transport,  à  moins  que  l’eau  extraordinairement  gros¬ 
sie  n’en  rende  le  passage  dangereux.  Seulement  si  *  e 
lems  est  très- sec,  la  navigation  aù  -  dessus  de  Crem'oh'é 
ést  interrompue.  On  ne  fait  pas  voile  dans  l’obscurité 
de  la  nuit,  pour  ne  pas  heurter  contre  les  moulins  à  eau 
sans  nombre  qui  s’y  trouvent,  et  pouir  éviter  générale¬ 
ment  tout  autre  danger. 

Sont  éloignées  du  Pô ,  compter  d'après  les  routes 
à  voiture  les  plus  proches,  savoir 

mill  es  ital. 

Alexandrie  .  .  .  .  .  .de  7I/2 

Tortone . .  10i/2 

Voghéra . ..  I0i/4 

Pavie  •  * . -  53/4- 

eette  dernière  distance  étant  comptée  jusqu’à  Mezzana 
Corti » 

La  rivière  de  Toce 

est  navigable  depuis  Pilla  jusqu’au  Lago  Maggiore 
pour  tout  transport,  excepté  dans  les  tems  chauds  et 
secs  ,  et  lorsque  l’eau  est  gonflée. 


La  rivière  de  Ticino 

se  prête  à  la  navigation  en  tout  tems  et  pour  tout  trans¬ 
port,  même  dans  la  saison  aride ,  seulement  le  passage 
alors  est  un  peu  pénible  en  quelques  endroits.  Sont 
éloignés,  par  le  chemin  roulant  le  plus  court, 

Novara  .  . 

Turbigo  .... 

BoSalara  - 

Novara,  à  compter  du  port  de  la  Ville  précé¬ 
dente  .... 

Vigevano  . 

Abbiate  grasso ,  h  compter  du  pori  de  la  ville 
précédente  . 

Bereguardo  ,  à  compter  de  son  propre  port 


6% 

1^/4 

2V2 

?3U 

«3A 


4-V2 

I34 


Le  grand  Canal 


nnî  tOUte  saison  el  «'<=  cargaison. 

»«  .  AbUate  gra,n  a  y  a  n%  m,Ue>  ^  *  °»; 

P  Z 


! 


172  L’ITALfE.  NAVIGATION. 

La  rivière  d Adda 

est  également  navigable  en  toute  saison  et  pour  tous  les 
transports,  depuis  Trezzo  jusqu'au  lac  de  Lecco  ;  ce¬ 
pendant,  en  descendant  de  Lodi ,  si  le  tems  est  très -sec 
on  rencontre  des  difficultés. 

Le  Canal  de  Martesana 

peut  être  navigué  en  toute  saison  et  avec  toute  espèce 
de  cargaison  ;  de  Casano  jusqu’au  plus  proche  point  du 
canal,  sur  le  chemin  à  voiture  le  plus  court,  on  compte 
3/4  de  mille,  et  2  milles  de  Casano  à  inzago. 

La  rivière  d' Ogli.o 

admet  le  passage  au  dessous  de  Pontevico  avec  toute  es¬ 
pèce  de  transport,  dans  les  mois  de  Janvier  j  Février, 
Mai,  Juin  et  Juillet:  les  grandes  eaux  et  la  sécheresse 
interceptant  la  navigation  pour  les  autres  mois  de 
l’année. 

La  rivière  de  Mincio 

est  navigable  depuis  Mantoue ,  à  vau -d’eau  en  toute 
saison  et  pour  tout  transport. 

Le  Canal  Tassoni 

est  également  navigable.  De  Reggio  à  Mancasale y  oü 
le  canal  commence ,  on  compte  2  milles ,  et  de  Manca- 
sale  jusqu’au  Pô ,  au  delà  de  Guastalla ,  il  y  en  a  17. 

Le  Canal  Bussê 

établit,  conjointement  avec  le  Tartaro  et  la  Fossettay 
la  communication  entre  Legnano  et  Ostiglia ,  mais  non 
celle  de  VAdige  avec  le  Pô.  Comme  il  ne  porte  pas  de 
gros  vaisseaux-,  il  exclut  les  grands  transports.  Si  le 
tems  est  bien  sec,  souvent  il  n’admet  pas  le  passage. 
Depuis  le  canal  jusqu’à  Legnano  il  y  d  V21  et  jusqu’à 
Roverchiarà  V4  de  raille. 

La  rivière  de  VAdige 

porte  tout  transport;  de  Rovigo  jusqu’à  VAdige  on 
compte  trois  milles,  sur  une  bonne  route  de  poste. 

Canaux  de  la  Polesini  de  Rovigo. 

Toutes  les  eaux  de  ce  canton  se  dirigent  vers  le  Pô  : 
c’est  pourquoi  la  navigation  dans  la  Polesine ,  entre 
le  Pô  et  VAdige ,  se  trouve  difficile,  et  mC-me  in- 


LTTALIÊ.  NAVIGATION.  173 

tfrrompue ,  parles  nombreux  moyens  employés  néces¬ 
sairement  pour  empêcher  le  reflux  de  l’eau  et  pour 
maintenir  le  gros  de  la  navigation. 

Tous  les  canaux,  tels  que  le  canal  Bianco ,  Sortico , 
Castagnaro  ,  JPolesel  et  Adigetto  ,  sont  toujours  naviga- 
-bles,  et  pour  touts  les  transports  ;  à  l’excep-tion  de  l:Adi~ 
getto  qui,  dans  des  tems  très  -  pluvieux  ,  est  fermé  et 
par  là  mis  à  sec,  opération  d’autant  plus  nécessaire  que 
sans  cela  ce  canal,  destiné  au  découlement  des  eaux, 
inonderait  le  pays. 

Les  routes  qui  suivent  les  bords  des  canaux,  se  trou* 
vent  toutes  au  bas  des  digues,  et  celles  qui  vont  derrière  \ 
les  digues  principales,  en  hyver  ne  sont  pas  prati¬ 
cables. 

La  partie  de  la  rivière  de  Tartaro- ,  qui  réunit  les 
canaux  Busse ,  Castagnaro  et  Bianco ,  ne  comporte  pas 
de  grosses  cargaisons.,  et  dans  des  tenxs  secs,  pas  même 
de  petites. 

Rivières  et  Canaux  entre  VAdige  et  l'Isonzo. 

Les  rivières  et  canaux  suivants  sont  navigable»  en 
toute  saison  et  pour  tout  transport: 

1°  le  Canal  de  Monselice  r  depuis  Este  jusqu'à- 
Padoue. 

2°  la  rivière  de  Bacchiglione  y  en  descendant  de 
Vicenee. 

3°  le  Canal  Pievego  }usqusà  la  Bventa  morta  près 
Stra. 

40  la  Brenta  morta. 

5°  la  rivière  de  ÿile ,  en  descendant  de  Trevis-o. 

6°  la  rivière  de  Piave ,  au-dessous  de  Noventa ;  la¬ 
quelle  déjà,  en  descendant  de  Belluno ,  supporte  de  mo¬ 
diques  transports.  Elle  n'admet  d’ailleurs  la  navigation 
qu’environ  huit  mois  dans  l'année,  à  moins  qu’il  n’ar¬ 
rive  des  eaux  plus  grandes  qu'a  l'ordinaire.  Pour  aller 
de  Belluno  à  Narvese  on  met  ordinairement  milles 
italiens. 

70  la  rivière  de  Livenza ,  en  descendant  de  Porto 
Bujfole. 

8°  les  Canaux  Noucello  et  Meduna ,  depuis  EfoueeÇlc 
et  Villa  nueva  jusqu’à  la  rivière  de  Livenza . 


174  L’ITALIE.  NAVIGATION. 

9°  la  rivière  de  Lemene ,  en  descendant  de  Porto 
GruarQ. 

io°  la  rivière  de  Tagliamento ,  en  descendant  de  La- 
tisana. 

il0  la  rivière  d'Ausa,  en  descendant'  de  Cargig- 
nano. 

12°  la  rivière  d'Isonzo  ,  à  commencer  à  l’endroit  où 
elle  prend  le  nom  de  Sdoba  jusqu’à  la  mer. 

Canaux  dans  les  Lagunes  Adriatiques . 

L.es  canaux  ci -après  indiqués,  y  sont  navigables  en 
toute  saison  et  pour  toute  cargaison ,  savoir 

1  le  Canal  de  Ravenna  jusqu’à  la  mer  au  Port o- 
Corsini. 

2  le  Canal  de  Comacchio. 

3  le  Pô  di  primaro ,  depuis  S.  Alberto  jusqu’à  la 
mer. 

4  le  Pô  di  Valona ,  en  descendant  de  Ferrara. 

5  le  Pô  di  Ariano  e  di  Gora  ,  depuis  la  rivière  de 
Pô  jusqu’à  la  mer. 

6  Canal  delle  Toile. 

7  le  Pô  di  Levante . 

8  Brentu  novissima. 
g  Taglio  Foscari. 

10  Canal  Pordelia. 

11  Canal  Sioncello. 

IS  Canal  délia  Dolce. 

J3  Canal  délia  Fossetta. 

14  Canal  Pordelia * 

15  Canal  Rcvedoti . 

16  Piave  Vecchio. 

17  Canalazzo. 

ï8  Canal  Lugugnano . 

19  Canal  Progettato . 

20  Canal  Marano. 

21  Canal  S.  Giorgio. 

22  Canal  Vcrgini. 

23  Rivière  de  JSalisa. 

Outre  ceux  qui  viennent  d’être  nommés,  il  y  a  en- 
•core  une  foule  innombrable  de  moindres  canaux  et  ri¬ 
vières  sur  le  bord  de  la  mer,  mais  qui  ne  sont  navi¬ 
gables  que.  pour  les  vaisseaux  de  la  plus  petite  dunen- 
sien. 


-- 


L’ITALIE.  NAVIGATION.  175 

Lacs. 

Sur  tous  les  lacs  de  la  partie  méridionale  du  Royaume 
d’Italie ,  ordinairement  on  remarque  deux  vents  qui  y 
soufflent  tous  les  jours.  L’un  d’eux,  dans  la  direction 
du  nord  au  sud,  commence  à  2  heures  dans  la  nuit-et 
dure  jusqu’au  matin  vers  10  heures:  l’autre  va  depuis  2 
heures  apres  midi  jusqu’à  peu  près  minuit,  soufflant  du 
sud  au  nord.  lie  vent  du  nord  est  douteux;  il  est  ap¬ 
pelé  Tivano  sur  les  lacs  d'Orta,  Maggiore ,  Lvgano  et 
Como  ,  tandisque  sur  les  lacs  d  Iseo  et  de  Garda  on  le 
nomme  Sover.  Le  vent  du  midi,  connu,  sur  les  pre- 
iniers,  sous  le  nom  de  Breva ,  sur  les  derniers  s’appele 
Ora.  Outre  ces  deux  vents  .réguliers  il  régne  souvent 
encore  sur  ces  lacs  d’autres  vents  aussi  rudes  qu'irrégu¬ 
liers,  surtout  dans  les  saisons  rigoureuses. 

En  général,  quoique  les  vents;  sortant  d’une  ma¬ 
nière  imprévue  des  gorges  des  vallons  qui  entourent  les 
lacs,  s’y  fassent  sentir  souvent  avec  impétuosité,  ils  ne 
rendent  pourtant  pas  la  navigation  dangereuse  :  l’expé¬ 
rience  ayant  suffisamment  appris  à  avoir  soin  de  la 
sûreté  des  vaisseaux. 

L’apperçu  suivant  indique  Içs  distances  des  lieux 
principaux  sur  les  différens  lacs. 


Sur  le  Lago-maggiorei 
De  Sesto 

à  A  r  o  n  a 

•  Angera 

D'Arona  ou  d’ Angera 
à  l’embouchure  de  la  rivière  de  Toce 
-Feriolo  „ 

■Laveuo  . 

•  Isola  bella 

-  P  ail  anza  .... 

- Intra  .  .  „* 

-  Lui  no  „ 

- Canôbio 

-  Pÿio  ..... 


m.  ital. 

•  472 
4V2 


12V2 
•  127* 
10 
972 
I0V4 
II 

i77i 

20V2 

2372 


176  L’ITALIE.  NAVIGATION.- 


D*  Lavsno 

à  In tra  . 

«  P  a  11  an  sa  ...  * 

•  Feriolo 

-  l’embouchure  de  la  rivière  de  Toc* 

-  Isola  bella  . 


à  P  ino 

-  Locarno 

-  Magadi&o 

à  Loc  a  rn  0 

-  Magadin  o 


De  Luino 


De  Cancbia 


De  Pallanza 


à  I  titra  . 

- Luino  • 
-Canôbio 

•  M  a  g a  d in  o 

•  Isola  bella 

-  l’embouchure  du  T  o  ee 


Sur  le  Lai  de  Cçmo. 

De  Coma 


àBellâgio 
-  Men  dgio 
~  B  ellano 
»  D  ervio 


à  D  erv io 

-  C  o  li  co 

-  Dongo 

*  Gravedona 

-  Sorçio 


De  Bellano 


-  l’embouchure  de  l’  Adda 


10 

I0*/2 


3 

10 

22V2 

2 

2V4 


141/4 

I5V2 

18 

30V4 


2V4 

8 

5 

6i tz 
9 
U 


De  LeccG 


à  B  ell âgi o 

-  Men  agio 

-  Bellano 
- D  ervio 


10V2 

12V4 

13J2 

15V4 


■w 


L’ITALIE»  NAVIGATION. 

De  Menàgio 

B  e  1 1  an  o 
Dervio  . 

Colico.  .  .  1  . 

Dongo  .  .  .  .  • 

Sorico. 

Grave  do  n  a 

l’embouchure  de  1’ Ad da  . 


*7  7 


m.  ital 
‘  3 

4V2 
10 
7 

«Va 

«Va 

13 


De  Gravedona 

à  C  olico 
-Dongo. 

-Sorico  .  .  .  . 

-  l’embouchure  de  l’Adda  . 

De  Sorico 

à  C  ol i c  o 

à  l’embouchure  de  T  A  dda  . 


De  l’embouchure  de  VAdda 


«Riva 


2V2 

2 

3  Va 
5 


aV4 

xVa 


2V2 


Sur  le  Lac  de  Lugdno, 

De  Lugano 

à.  P  o  r  t  o 
-Porlezza 
-CapodiLago 
■  Ponte  di  ïresa 

à  Capo  diLago 
-Porto  .  .  .  4 

-Ponte  diTijesa 

De  Çavo  di  Lago 

à  Porto 

-  Ponte  di  Tresa 

-  A  g  n  o 


De  Porlezza 


à  Agno 

•Ponte  di  Tresa 
-  Mo r cote 


De  Porto 


7VZ 

8V4 

7 

10V2 


13V4 

I3V4 

17 


9t/2 

10 


5Va 

5V2 

2 


178  L’ITALIE.  NAVIGATION. 


De  Melite. 


a  C  apo  ài  Lago 
•  Bissone 


Sur  le  Lac  d'Orta, 
D’ Orta. 


k  Buctione 
-  ümegna 


Sur  le  Lac  de  Garda . 
De  S.alo 

l  Garda  ..... 
Gargnano 
Riya  ou  à  Torbolc 
Malses  ine  .... 

L  azis  e 

De  Peschiéra 

,  D  e  senzan a  . 

S  al o  .  . ' 

Se  rmi  o  ne  .  * 

Gargnano  . 

Riva  ou  à  Torbole 
Malsesine  .... 

Garda  ..... 

La  zi  se 


De  Riva  ou  de  Torbole 


à  Gargnano 

-  Malsesine 

-  Garda 

-  Lazis  e 


à  Lazis  e 


De  Garda 


De  Desenzano 

à  S  al  O. 

-  Sermione  .... 

•  Gargnano 

•  RivaouàTorbole  .  * 

-Malsesine  •  »  , 


.  ital. 
4 

Va 


a*/* 

4 


8Va 

8Va 

22V» 

18 

nV4 


m 

i3 

5 

î5V4 

38Va 

21V2 

8 

4Va 


14V2 

7 

22*/2 

25V2 


4V* 


il1/* 

3V4 

14 

28 

Zl 


I 


L’ITALIE.  NAVIGATION.  ijrç 


à  Çarda 
•  Lazise 


à  Marone 
-  Lovera 
•^Castro 


à  I  se  o 

-  Marone 
-LO  vere 

-  Castro 


a::  .‘T  .  >m.  JLtal. 

•  .  *  93/4 

•  '  .  -  9 

'rAir:  .  ,  -J3l> 

Sur  le  lac  d'iseo . 

V'Iseo,  '  •  ’  ’*'< 

•  - ü  .  •  -  .  :  mb 

....  11 

♦  ■  9 

.  /STiilyorfjt*: 
;i  svimoalrï  js 

4V4 

?r/* 


De  Sarnico, 


à  Castro 


à  P  i  ê  v  e 
-  Anfo 


Sur  le  laci.d'  Idro. 
De  Lovere. 


n*oi 

D’irfrO. 


u  .1  ■ 


V  1  U9 

Ï3/V 

2V2 


D  ’  A  uf  0  jusqu’à  l'embouchure  de  l’Arno  .  53/+ 


8- 


<»v 

:  1  &  ;  3  ; 


Cartes.  Manuels.  Relations  de  voyages  de 

fraîche  date. 

'  '  ■'  :»10V 

La  carte  du  théâtre  de  la  guerre  d.' Italie ,  pa xt  Bâcler 
iFAlbe  en  30  feuilles ,  passe  pour  une  des  carte^  le^  plus 
complètes  et  les  plus  exactes  de  ce  pays  ;  (elle, comprend 
de  même  la  Suisse  et  une  partie  de  l’ Allemagne ,  in’àij, 
vu  son  volume,  elle  ne  peut  guère#  entrer  dans  le  por¬ 
tefeuille  d’un  voyageur.)  ..  ..  J:|a 


f§6  L’ITALIE.  MANUELS.  . 

Nuova  carta  deli’  Itaîia  eseguita  a  spese  di  Guiseppe 
yïoliiii ,  sôtto  la  direz’one  di  G.  A.  Ricci  -  Zaniïoni.  1302. 
deux  feuilles. 

.Carta  deile  Stazio ne  militari  etc.  eseguita  par  ordine 
del  Ministro  délia  Guerra.  igog.  r  .  T  -  ( 

Itinerario  Italiano  ,  [orné  de  53  cartes  routières  et 
particulières.  M  ilanese.  igeg.  N.  E.]  (  Pour  accréditer 
cet  Itinéraire ,  il  suffit  de  dire ,  qu’un  voyageur  mo¬ 
derne  et  de  mérite,  M.  de  Morgenstern ,  en  vante  Futi¬ 
lité  et  l’exactitude,  d’après  sa  propre  expérience.)  — 

Voyage  historique  et  philosophique  dans  les  princi¬ 
pales  villes  de  l’Italie  par  P.  Petit -Radel.  Paris,  1815. 
g.  trois  volumes.  A  <  u  : 

Voyage  minéralogique,  philosophique  et  historique 
en  Toscane  par  le  Docteur  Tozetti.  To.  1  2.  A. Paris, 
1792.  ’  •  . 

Voyages  dans  les  deux  £îciles  et  dans  quelques  par¬ 
ties  des  Apennins,  par  Spaîlanzani,  traduits  de  l’Italien. 
T.  1-6.  A  Paris.  An  VIH,  g. 

Voyage  physique  et  lithologique  dans  la  Campanie, 
avec  des  cartes  de  la  Campanie,  des  cratères  éteints  du 
Vésuve,  du  plan  physique  ‘dé  Rome  :  trad.  du  manuscrit 
italien  du^Lr.. fyreislqçk  par  le  général  Pommereuil.  To. 
1.  2.  A  Pafis  ,  an  IX.  8- 

Voyage  en  Italie  par  M,  de  la  Lande.  Seconde  édi¬ 
tion  corrigée  et  augmentée.  A  Paris  1786,  9  volumes,  étun 
vol.  4ui  contient  des  plans  et  des  cartes.  (Le  Voyage  en 
Italie  de  M.  Miltin ,  dont  2.  volumes  viennent  de  paraî¬ 
tre,  est  ce  que  nous  possédons  de  plus  récent  et  de 
plus  instructif surtout  en  fait  d’antiquités  et  des  arts.] 


L’ITALIE;  MANUELS.  igc 


Les  voyagea  de  Cochin .,  dé  Groslcyf  de  Richard ,  de 
Dupatÿ  ,  de  Barthélémy,;  de»  Duclos ,  '  de  Donatien  d* 
Musset,  de  Creuzé  de  Lcsser ,  et  tant  d'autres,  sont  de 
plus  ancienne  date. 

La  Corinne  de  M'a#.  de  Stai'î,  est  trop  célèbre  ,  pour 
que  nous  ayions  besoin  de  la  citer.  Mais  au  moins  elle 
ne  doit  pas  manquer  dans  cette  nomenclature. 

Beaumont's  travels  through  the  maritime  Alp9  from 
Italy  to  Lyoiis  across  tbe  Col  de  Tende,  by  the  way  of 
Nice,  Provence,  Languedoc  etc.  JLondon,  1795.  4. 

A  classical  tour  tbrough  ïtaly,  with  an  account  of  tlie 
présent  State  of  its  cities  and  towrs  :  by  John,  Chetwod & 
Kustace.  To.  1.  2.  London,  1814.  4.  [Le  voyage  se  fit 
en  18OZ,  mais  l’introduction  renferme  des  observations 
et  des  régies  instructifs  pour  ceux,  qui  se  proposent  de 
faire  le  voyage  d’Italie.  ] 

Voyages  and  travels  intheyears  1809, 10, 11,  containing 
observations  on  Gibraltar,  Sardinia,  Sicily,  Malta,  Serigo 
etc.  by  John  Galt.  London,  1813-  4. 

Sicily  and  its  inhabilants  :  observations  raade  during 
a  résidence  in  that  country,  in  1809  and  1810.  by  IV.  H. 
Thompson.  London,  1813.4* 

Alpine  SJcetches ,  in  a  tour  through  parts  of  Holland, 
Flanders,  France,  Savoy,  ^witzerland  etc.  during  the 
Summer  of  1814.  by  a  member  of  the  university  of  Ox¬ 
ford.  London,  1814.  8* 

A  tour  through  some  parts  of  France,  Swifzerland , 
Savoy  etc.  during  the  Summer  and  Auturan  of  1814-  by 
Richard  Royle  Bernard.  London,  1815.  8. 

(Un  grand  nombre?  d’anciens  auteurs  Anglais,  ont 
publié  leurs  voyages  en  Italie,  Addison ,  Richardson , 
Gray  ,  Russell ,  Northall ,  Orrery  ,  Smollet ,  Baretti , 
Miss  Miller ,  Moore,.  Brydane  r  Burney ,  Toung,  Sher - 
tolc ,  Sharp  ,  Piozzi  ,  Wright ,  Swinburne ,  Broolte  etc.) 

[Les  voyages  du  comte  do  Stollberg ,  de  Jacobi ,  de 
Meyer,  de  Hager,  de  Kuttner  de  Ramdohr  etc.  qui  ont 
paru  avant  1800  en  Allemagne,  fournissent  une  lecture 
aussi  intéressante  qu'instructive.] 

Guide  (1.  Voy.  T.  H.  Q 


18»  L’ITALIE.  MANUELS. 


Streifereiep  durch  Innerôsterreich ,  Triest,  Venedig, 
ï8co.  Leipzig,  1801.  (L’auteur  est  Mr.  Wiedemann.) 

Graf  Cas-par  von  Sternberg ,  Reise  durch  Tyrol  in  dit 
ësterreichischen  Provinzen  Italien’s,  im  Frühjahre  1804* 
Regensburg,  1806.  4. 

Briefe  über  Italien,  geschrieben  1798  und  179g.  Leip¬ 
zig,  1802.  8-  (  L’auteur  s’appela  M.  TVoyda ,  et  était  atta¬ 
ché  à  l’état-major  de  l’armée  du  général  Moreau.) 

Bruchstücke  aus  einer  Reise  durch  einen  Theil  Ita¬ 
lien’s,  im  Herbst  und  Winter  1789  und  1799.  1.  und  2.  Th. 
Leipzig.  1801.  8  Par  Erneste  Maurice  Arndt.  (  Une  nou¬ 
velle  édition  en  a  parû.) 

Reise  durch  Oesterreich  und  Italien,  von  J.  J.  Ger • 
ning.  Frankfurt.  1802.  chez  PVilmans..  3  vol.  8.  (Cet  ou¬ 
vrage  est  publié  par  un  homme  de  lettres  de  mérite ,  et 
qui  a  fait  un  long  séjour  en  Italie.) 

Tagebuch  einer  Reise  nach  Italien  im  Jahre  1794. 
1802.  8*  (C’est  le  voyage  rapide  d’un  loyal  Suisse  par  le 
Tyrol  h  Venise  et  Rome.) 

Spaziergang  nach  Syracus  im  Jahre  1802:  von  Seume. 
(Des  détails  très  •  curieux  y  sur  quelques  villes  d’Italie, 
et  surtout,  sur  la  Sicile.) 

Benkowitz  Reise  von  Glogau  etc.  naçh  Venedig,  Bo- 
logna ,  Florenz,  Rom,  Neapel  etc.  Berlin,  1803  —  1805.  8- 
3  volumes. 

Reise  durch  einen  Theil  von  Tèutschland,  Helvetien 
und  Ober -Italien ,  im  Sommer  1803.  Berlin,  1804.  1805. 
Nouv.  édit.  3.  vol.  8-  (L’auteur  de  cet  ouvrage,  qui  ren¬ 
ferme  un  grand  nombre  de  renseignemens  exacts  et  nou¬ 
veaux,  est  M.  le  Baron  de  Menu.) 


L’ITALIE,  MANUELS,  183 

Erinnerungen  von  einer  Reise  aus  Liefland  nachRom 
ur.d  Neapel,  von  A.  von  Kotzebue.  Berlin,  1805,  8-  3  voi* 

(Relation  de  voyage,  accueillie  par  le  public  avec  em¬ 
pressement,  et  traduite  en  langue  française  et  anglaise). 

Neue  Briefe  über  Italien  ,  von  H.  Eichholz.  Zuric, 
l8c6.  3  vol.  8- 

Ansichten  von  Italien,  von  Rehfues.  To.  I.  2i  3.  4. 
Zuric,  1809.  (Ouvrage  de  mérite). 

Briefe  über  Poler.,  Italien,  Etrurien,  Neapel  etc.,  von 
B.  v.  Uklanski  1807-1808.  Leipsic  1808-  vol.  1.  2.  (Lettres 
que  l’on  parcourira  avec  plaisir.  Il  existe  encore  deux 
autres  ouvragés,  qui  contiennent  nombre  de  notices  uti¬ 
les  sur  plusieurs  villes  et  pays  d’Italie,  et  qui  ont  feuM. 
Benkowitz  pour  auteur;  ee  sont,  Helios  der  Titan ,  oder 
Rom  und  Neapel ,  et  V  Italie  ni  seine  Cabinet.  Nous  avons 
indiqué  à  la'page  153  l’ouvrage  instructif,  de  feuM.  Char - 
les  Grafs,  peintre).  ^ 

Mr.  de  Morgenstern  a  publié  en  1813  le  premier  vo¬ 
lume  ,  ou  les  trois  premiers  cahiers  de  son  intéressant 
vo-yage  ,  sous  le  titre:  Reise  in  Italien ,  im  Jahre  i8oq.  8* 
ou:  Auszüge  aus  den  Tagçbüchern  und  Papier  en  eines 
Reisenden  ,  von  Dr.  Karl  Morgenstern. 

Tagebuch  einer  Reise  durch  eiuen  Theil  Deulsch- 
lands  und  durch  Italien ,  in  den  Jahren  1804  bis  1806  von 
Elisabeth  von  der  Recke ,  geb.  Reiclisgrafin  Mtdem ,  her- 
ausgegeben  vom  Hofrath  Bottiger.  Berlin,  1815.  8-  deux 
volumes.  [Les  deux  noms  si  célèbres  et  de  Fauteur  et 
de  l’éditeur,  suffisent  pour  faire  réchercher  avec  em¬ 
pressement  la  lecture  de  cet  ouvrage]. 

Die  Herbstreise  nach  Venedig  von  Friedrich  v  Rau- 
mer.  2.  Theile.  181G.  8-  Livre  qui  ne  fait  que  paraître, 
mais  qui  donne  une  lecture  aussi  instructive  qu’intéres¬ 
sante. 

Voyage  historique.,  littéraire  et  pittoresque  dans  les 
îles  et  possessions  ci- devant  Vénitiennes  duLevant.  Par 
St.  Sauveur ,  ancien  Consul  de  France.  Trois  volumes, 
accompagnés  d'un  atlas.  A  Paris,  an  VIII,  8-  (Des  dé¬ 
tails  très  exacts  sur  des  îles.,  que  Ton  pouvait  ,  avant 
les  derniers  événemens,  regarder  comme  une  terra  inco -, 
gnita )- 

N  o  te.  Le  voyage  pittoresque  de  l'Istrie  et  de  la  Dal¬ 
matien  par  Lavallée  et  Cassas ,  14  livraisons;  le  vo¬ 
yage  pittoresque  de  Naples  et  de  Sicile }  par  St. 


•K 


184  L’ITALIE.  MANUELS. 

Non;  et  ie  voyage  pittoresque  de  Sicile  et  de  Malte ,  par 
M.  Houel grand -  in  *  fol.  sont  trois  ouvrages  enrichis 
d’estampes,  de  plans,  de  vues  etc.,  et  parés  de  tout  le 
luxe  tjpographique.  Il  faut  y  ajouter  deux  ouvrages, 
qui  rivalisent  à  tous  égards,  avec  ceux  que  nous  venons 
de  citer.  Ce  sont  les  Vues  pittoresques  des  principaux 
sites,  et  monumens  de  la  Grèce  et  de  la  Sicile  et  des  y  col¬ 
lines  de  Rome,  dessinées  et  gravées  à  l’eau  forte  au  trait, 
par  M.-  M.  Cassas  et  Beace ,  avec  une  explication  par  M. 
Landon.  A  Paris  1812.  chez  M.  M.  T reuttel  et  IVurz ,  et 
le  Voyage  pittoresque  du  Nord  de  l'Italie  par  M-  Bruim- 
Neergard,  les  dessins  de  Naudet.  Paris,  1812.  Fol.  JL’ex- 
cellent  ouvrage  classique  de  feu  M.  IV inltelmann ,  l'hi¬ 
stoire  de  V art  dt  V antiquité ,  traduit  de  l’allemand,  par 
M.  Huber  le  père,  a  surtout  rapport  aux  chefs  -  d'oeuvres 
de  l’antiquité  qu'il  ne  faut  plus  chercher  en  Italie,  ayant 
été  transportés  presque  tous  par  les  Français  k  Paris. 

JL.es  Souvenirs  de  Châteaubriant ,  renferment  aussi 
des  souvenirs  d’Italie.  Les  5  volumes  du  charmant  ou¬ 
vrage  de  Mr.  de  MaXthison ,  Erïnnérungen.  Zurich ,  1810 
-  16.  sont  pleins  de  tableaux  et  d’observations,  les  fruits 
de  son  séjour  a  diverses  époques,  en  Italie, 


I 


Ta  b  le  alphab  ê  ti  que 


A. 

Abano.  59. 

Adlersberg.  107. 

Aiguebelle.  13?» 

Airolo.  114. 

Ala.  104.  164. 

Albano.  79.  149. 

Alexandrie.  134.  135.  140.  171. 
Alticchiero.  59. 

Alvernia.  157. 

Ancône.  144.  146.  168. 

Aoste.  120. 

Arezzo.  156.  157. 

Arona.  41.  175. 

Arqua.  59.  162. 

Assise.  156. 

Asti.  134.  135- 
Aversa.  150.  152. 

B. 

Baccano.  149.  153. 
Bagnonero.  43. 

Barletta.  153. 

Bassano.  165.  167. 
Bellinzon^.  114.  123. 
Bergarae.  162.  163.  168- 
Bettola.  140. 

Bocchetta.  135. 

Bologne ,  tableau.  24.  141. 
158.  159*  169. 

Bolsene.  155. 
Borgo-Buggiano.  136*  139. 
Boscolungo.  103. 

Bramant.  131.  133. 


Brescia.  162.  163.  l6g. 
Brigue.  125.! 

Brunette.  133. 

c. 

Caldiero.  99. 

Camoccia.  156.  157. 

Campo  Formido.  166. 

Campo  Marone.  131.  135. 140. 
Capoue.  150.  153. 

Carrare.  137. 

Casai.  134. 

Casarte.  55.  152» 

Cassano.  169.  172. 
Castel-Gandolfo.  79. 

Castel- Guelfo.  143. 

Cava.  52. 

Cento.  159.  160. 

Cesena.  144.  145. 

Cevq,.  128- 
Char&tjéry,  132.  167. 
Charmettes.  132. 

Chiavenne.  121.  123. 
Chievari.  33. 

Chioggia.  159. 

Chiusi.  155.  157. 

Civita"  Castellana.  144.  149. 
Coire.  121. 

Côme..  42.  N 

Coni.  127. 

Correggio.  143. 

Cornegliano.  165. 

Cortone.  157. 


i86  TABLE  ALPHABETIQUE. 


Cosenza.  153. 

Cremone.  143.  171. 

D. 

Dorao  d’Ossole*  125.  126- 

E. 

Elbe,  isle.  86. 

Etna,  voyage  sur  cette  mon¬ 
tagne.  36. 

Evian-  126. 

F. 

Faënza.  144.  168. 

Fano.  144.  146. 

Ferrare.  159.  160.  168. 
Ferrières.  133. 

Finale.  127-  128. 

Fiorenzola.  141.  142. 
Florence,  tableau,  26.  103. 

136.  138.  144.  153- 156- 158-  169. 
Foligno.  144.  147.  156. 

Fondi.  150.  151. 

Forli.  144.  145. 

Fort-Urbain.  143. 

Frascati. 

Fusine.  159.  161.  168. 

G. 

Gaëta.  150.  151. 

Garda,  lac.  162.  178* 

Gavi.  135. 

Gênes,  tableau.  31.  126.  127. 

134.  136.  140.  170. 

Genevre,  mont.  133. 
Giornico.  114. 

Glise.  125. 

Gradisca.  165.  166. 

H. 

Herculanum.  55. 

J. 

Idro ,  Lac.  179. 


Imola.  144. 

Incisa.  156.  T57. 
lnsbruck.  107.  108.  165. 
Ischia,  isle.  56. 

Iseo,  lac.  179. 

Isles  Borromées.  40.  175. 
Isola  bella.  41.  175.  176. 
Isola  madré.  41.  175. 

Itri.  150.  151. 

Ivrée.  120. 

K. 

Klagenfurt.  166. 

L. 

Lasnebourg.  ni.  131. 
Laterina  mofèles.  157. 
Leoben.  167. 

Lerici.  136- 
Lerici.  136. 

Levane.  156.  157. 

Liraone.  127. 

Livourne.  136.  tableau.  ^7. 
170. 

Lodi.  141.  142.  172. 

Loiano.  158-  159. 

Loretto.  144.  147.  i63* 
Lucques.  136.  139.  170. 
Lugano ,  lac,  177. 

M. 

Macerata.  144.  147. 
Mancasale.  172. 

Mantoue  ,  tableau.  34.  143. 
Marengo.  135.  14®. 
Marignan.  141.  142. 

Marin  o.  80.  150. 

Martigny.  115.  126. 

Massa-  136.  137. 

Messine,  tableau.  35.  153. 
Mestre.  165. 

Milan,  tableau.  37.  126.  140. 

141.  143.  161.  163.  171. 
Modane.  131.  133. 


Modène 
141.  143.  169. 

Mont-  Cénis?  passage  de  cette 
montagne,  108.  131*  167. 
Monte-Calini ,  bains.  139. 
Monte-Fiascone.  153.  154. 
Monterosi.  149. 

Monte  rotondo.  8&- 
Monte-Pulciano.  155.  157. 
Montcu.  141. 

Montmélian.  132. 

Monaco.  128- 
Morbegno.  42. 

N.  • 

I^aples,  tableau.  43.149.153.169. 
Narai.  144.  148. 

Kenai.  80. 

INice.  126. 172. 135.  tableau, III. 
£îola.  48- 
jSoü.  128- 

INovalaise.  110.  111.  133. 
2*ïovarre.  141.  171. 

Novi.  134.  135.  140. 

O. 

Oltreponte.  149.  150. 

Oneille.  128» 

Orta,  lac,  178. 

Urvieto.  155. 

Otricoli.  144.  149. 

P. - 

Padoue,  tableau.  58.  159s  161 
162.  164.  v 
Paestum.  52. 

Palestrina.  80. 

Palazzuolo.  162.  163. 
Paradisino.  158. 

Parme,  tableau.  59.  141.  143. 
169. 

Passeriano;  166. 

Pausilippe.  53. 

Pavie,  tableau.  40.  140. 
Pérouse.  156. 


Pesaro.  144.  145  146. 
PescHiera.  163.  178* 

Piétolo.  35. 

Pietra  mala.  iÿ3*  159. 

Pietri.  52. 

Piperno.  150. 

Pise,  tableau.  61.  137.  bains 
62.  137.  156.  i?o. 

Pistoje.  136.  139. 

Plaisance.  141.  142. 

Planése.  132. 

Pleurs;  124. 

Pompéji.  55. 

Pontietta.  166. 167. 

Porretta.  103. 

Eortici.  50.  route  54. 
Pozzuoli.  53. 

Prato.  136.  140. 

Pratolino.  30.  158* 

Procida. 

R. 

Radieofani.  153,  155. 
Ravenna.  145. 

Reggio.  141.  143.  153. 
Rheinwald,  122. 

Rimini.  144.  145. 

Rivoli.  131.  134.-* 

Rocca  diPapa.  8o» 

Rome  ,  tableau.  62.  144.  149- 
135-  *58-  169- 

Ronca.  99. 

Ronziglione.  153.  154. 
Roveredo.  164. 

Rovigo.  159.  160. 

Ruffinella.  80. 

S. 

S.  Faustino.  43. 

S.  Marino.  145.  146. 

Salerne.  52.  153. 

Saluzze.  127. 

Samoggia.  141.  143- 
San-Agade.  150.  152.  - 


TABLE  ALPHABETIQUE.  187 

tableau.  4?.  133. 


188  TABLE  ALPHABÉTIQUE. 


San  Danielo,  167. 

San -Miiiiato.  139. 

Saorgio.  127. 

Sarzana.  136? 

Savone.  127.  128.  135. 

Sienne,  tableau,  35.  153. 

169. 

Simplon,  passage  et  route 
de  poste.  124. 

Sinigaglia.  144.  146.  168* 
Solfaîara.  53. 

Specia.  13Ô.  137. 

Splugen,  passage  de  cette 
montagne.  121. 

Spoledo.  144-  148-  169* 

St-  Antonin.  131.  134. 

St.  Bernard  ,  passage  de 
cette,  montagne.  115". 

St-  Giovanni.  165.  166. 

St.  Gothard  ,  passage  de 
cette  montagne.  112. 

St  Jean  de  Maurienne.  131. 
133.  167. 

St.  Leucio.  56. 

St.  Michel.  131.  133. 

St.  Pierre.  115, 

St.  Remo.  128. 

St.  Heniÿ..fî<>. 

Storta.  149..  153.  154* 

Subiaco.  8o-* 

Suze.  131.  133- 

T. 

Tnrente.  153. 

T.ende.  127. 

Terni*  144.  148*  î&). 

Terracma.  150,151* 


Thonon.  126. 

Thrasymène.  156. 

Tivoli.  8i* 

Tolenlino.  144.  147. 

Torre  del  Greco.  50. 
Tortona.  140.  171. 

Trente.  107.  108.  165. 
Trescovio,  bains.  164.. 
Treviso.  165. 

Trieste.  108*  165. 

Trufl'arello.  134. 

Turin ,  tableau.  37.  e}6.  13t. 

134.  141.  168  • 

Tyrol,  route.  167. 

ü. 

Udine.  155. 166. 

V4 

Val-Ombrosa.  157. 
Valvassone.  i65. 

Velde-n.  166. 

Vélétri.  149.  150* 

Velleïa.  60.  142.. 

Venise,  tableau.  39.  ioS-  lôï* 
164.  165.  l68* 

Verceü.  14t. 

Vérone,  tableau.  97.  108*  161. 

îôl  168* 

Variez.  120.  * 

Vésuve,  voyage  sur  ce  vol¬ 
can.  49.  w  • 

Vicence,  tableau.  99.  161. 162. 
Vienne.  166. 

Villeneuve.  134. 

Vfterbe.  153.  154. 

Voghcra.  140.  174* 


guide 


DBS 


VOYAGEURS 

E  N 

SUIS  SE. 


Huitième  Edition,  totalement  refaite ; 

[et  augmentée  pour  les  présentes  exemplaires  d’un  grand 
nombre  d’additions  de  fraîche  date]. 


Faisant  partie 

de  la 

nouv  ell  e  Edition  or  i  gin  ale 
4  u 


Guide  des  Voyageurs  en  Europe. 


Par 

Mr.  Reichardj 

Conseiller  au  Département  utilitaire  de  S.  A.  S.  le 
Duc  de  Saxe -Gotha. 


Avec  une  carte  itinéraire. 


A  Weimar, 

aU  Bureau  d’industrie,  et  chez  les  principaux 
Libraires  de  l’Europe. 


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Table  des  matières, 

du  Guide  des  Voyageurs  en  Suisse. 


Page* 

C.  Etendue *  SoZ.  Productions.  Population, 

Langage.  Religion.  Gouvernement.  3. 

2  et  3.  Poids  et  mesures..  9. 

4,  Monnaies ,  nouvelles  et  anciennes •  13* 

5.  Tableau  de  quelques  villes. 


Page. 

Page. 

Basle. 

16.  Lausanne. 

23- 

Berne. 

19.  Lucerne. 

25. 

Fribourg. 

22.  Zurich. 

28» 

Genève. 

135- 

6.  Voituriers .  Notes  instructives  et  remar -• 


que  s  qui  intéressent  les  voyageurs  dans 
leur  tournée.  Détails  des  voyages  à  Grin - 
delwald  et  Chamouny.  32. 

J.  Voyage  à  Grindelwald  et  a  Lauterbrunnen.  57. 
JJ.  Voyage  k  Chamouny  ou  Ghemonix.  69. 


Itinéraire-. 

I.  Plan  d’un  voyage  ,  pour  voir  la  Suisse  en 
détail,  avec  des  observations -sur  les  choses 
remarquables  h  voir,  et  sur  d’autres  curiosi¬ 
tés  de  l’art  et  de  la  nature. 

II.  Plan  d’un  voyage  de  6  à  S  semaines,  tel 
qu’il  conviendrait  aux  dames  et  à  la  plûpart 
des  personnes  qui  voyagent  en  Suisse. 

III.  Plan  d’un  voyage  rapide  de  2  à  3  semaines.  120- 

JJ.  Supplément  aux  cartes  itinéraires  et  rela¬ 
tions  de  voyages,  comprenant  les  ouvrages 
principaux  qui  ont  par  û  depuis  1800.-  121. 

9,  Supplément,  contenant  1.  une  tournée  inté¬ 
ressante  de  5  —  6  semaines  ;  2.  la  Flore  de 
Chamouny  ;  3,  les  hauteurs  des  montagnes.  12%. 

IV'.  Le  tableau  de  Genève.  135. 


Vàgi. 

es- 

11Q4 


L  A 


SUISSE. 


I. 

Etendue,  Sol,  Productions,  Population.  Langage. 
Religion,  Gouvernement,  etc, 

I-*a  Suisse,  avant  la  révolution  de  1798,  avait  selon.  Mr. 
Busching  856  m.  car.  d’Allemagne  ;  et  d’après  un  calcul 
fait  sur  les  lieux  jn.êmes  ,  953  de  ces  milles.  Par  les  in¬ 
corporations  dans  les  départemens  de  la  France  et  de 
l’Italie,  l’étendue  de  la  Suisse  en  igï3  >  n’était  plus  que 
de  536  milles.  Nous  donnerons  ci -après  l’évaluation  de 
l’étendue  en  milles  carrés  ,  de  tous  les  cantons. 

C’est  un  pays  ,  dit  un  auteur  de  nos  jours  ,  où  la  na¬ 
ture  se  contrarie  elle- même  de  la  manière  la  plus  frap¬ 
pante;  où  les  spectacles  effrayans  se  rencontrent  près 
des  images  les  plus  agréables;  où  le  climat  glacé  des 
pôles  se  trouve  joint  aux  chaleurs  brûlantes  de  la  zone 
torride;  et  où  la  stérilité  du  Groenlande ,  est  à  côté  de 
la  fertilité  de  la  vallée  de  Terapé.  L’homme  n’y  est  pas 
moins  en  contraste,  que  la  nature  qui  l’environne.  L’on 
rencontre  dans  les  vallées  solitaires  des  Alpes,  la  sim¬ 
plicité  touchante  des  premiers  âges;  et  chez  les  habi- 
tans  des  villes,  tous  les  rafinemens  du  luxe,  et  toute  la 
culture  d’esprit  des  tems  modernes.  Dan?  les  environs 
des  glaciers,  on  se  croit  transporté  en  Sibirie,  tandis 
qu*  uns  les  autres  pays ,  comme  dans  celui  deVaud, 
il  régne  un  climat  très- doux.  Dans  le  Bas -Valais  le 

A  2 

0  I 


LA  SUISSE,  INTRODUCTION. 


A. 

tliermonit  ?  ;  e  de  Reaùmur,  monte  en  été  à  l’ombre,  a 
-4V:?0»  sur  les  rochers,  expôsé  au  soleil,  à  38?  et  mê» 

me  à  4S0, 

,,  Songez,  s’écriait  Napoléon,  songez  à  ces  religions, 

,,  à  ces  langues  différentes,  qui  ont  leur  limites  mar- 
quées,  à  ces  vallées,  à  ces  montagnes,  qui  vous  sépa- 
,,'rent,  à  tant  de  souvenirs  attachés  à  ces  bornes  natu- 
,,  relies,  et  qu’il  reste  de  tout  cela,  une  empreinte  dans 
,,  votre  organisation!*4  Ilélas!  ils  n’y  songaient  guères 
ces  individus  indignes  du  nom  Suisse,  qui,  poussés  par 
l'envie  et  l’ambition,  renversaient  en  1798  à  l’aide  des 
bayoruietes  étrangères,  la  constitution  de  leur  patrie, 
que  les  pères  de  la  liberté  avaient  fondée  en  1315,  et  la 
rendaient  malheureuse  en  la  forçant  d’adopter  une  con¬ 
stitution  ,  que  le  tems  et  l’expérience  ont  complètement 
démentie. 

La  plus  grande  partie  de  la  Suisse  ,  qui  est  le  pays  le 
plus  élevé,  ne  consiste  qu’en  hautes  montagnes,  entas¬ 
sées  les  unes  sur  les  autres,  rangées  tout  proche  ensem¬ 
ble  et  séparées  par  des  vallons.  Il  y  a  en  plusieurs  en¬ 
droits  des  montagnes  couvertes  de  glace  éternelle,  qui 
descend  dans  les  vallées  ,  et  porte  le  nom  de  glaciers. 

Gruner  en  compte  jusqu’à  428.  On  trouve  dans  le 
Manuel  qui  fait  partie  du  Guide  d>  V.  en  Europe ,  et  qui 
sert  d'Litroduction  à  tout  l’ouvrage,  la  détermination 
des  hauteurs  de  plusieurs  de  ces  montagnes ,  suivant  les 
observations  les  plus  récentes.  Les  glaciers  touchent 
quelquefois  à  des  pâturages  émaillé  es  de  fleurs;  et  des 
fraises  excellentes,  cueillies  à  leur  voisinage,  donnent 
le  spectacle  simultané  duprintems  et  de  l’hiver.  Du  haut 
des  Alpes,  la  couleur  du  ciel  devient  à  l’oeil  plus  fon¬ 
cée;  le  soleil  paraît  plus  petit,  et  son  disque  est  d’une 
blancheur  éblouissante.  Ces  A-lpes  séparent  dans  un  cir¬ 
cuit  et  une  longueur  de  188  milles,  l’Italie,  l’  Allemagne, 
la  France  et  la  Suisse.  Elles  ont  différens  noms,  savoir 
les  Pennines ,  qui  sont  les  plus  hautes,  les  Alpes  Lépon - 
fines  et  les  Rhètiennes .  La  Suisse  est  le  réservoir  de 
quantité  de  fleuves  «t  de  rivières  qui  coulent  en  Alle¬ 
magne  ,  en  France  et  en  Italie.  Les  principaux  sont  le 
Rhin,  la  Reuss ,  l’Aar,  le  Rhône  ,  le  Tésin ,  le  Limmat,  ^ 
l’Adda.  Les  grands  lacs  sont  ceux  de  Constance,  de  Ge-  / 
iiève,  de  Neufchâtel,  de  Bienne,  de  Morat,  de  Zurich, 
des  quatre  cantons,  de  Thun ,  de  Brienz  et  de  YVallen- 
•stadt. 


LA  SUISSE.  INTRODUCTION;  5 

L’homme  renverse  ce  que  l’homme  édifie:  il  anticipe 
*ur  les  ravages  des  siècles,  etjdans  sa  rage  de  destruc* 
tion  il  jonche  le  globe  de  décombres.  Cette  vérité  consta¬ 
tée  physiquement,  vient  de  l’être  moralement  par  les 
exemples  de  nos  jours.  Mais  de  tous  les  pays  que  l'ou¬ 
ragan  révolutionnaire  a  renversés  dans  sa  marche  impé¬ 
tueuse  ,  aucun  n’a  inspiré  des  regrets  plus  universels 
que  la  Suisse.  Un  cri  général  d’indignation  retentit 
d'un  pôle  à  l’autre,  et  accompagna  sa  chûte  qui  était, 
selon  l’expression  de  Carnot ,  l’image  de  la  fable  du. 
loup  et  de  l'agneau  réalisée!  —  —  Nous  ne  voulons  pas 
rouvrir  par  des  plaintes  inutiles  des  plaies  qui  commen¬ 
cent  à  se  fermer;  nous  ne  voulons  non  plus  rapeler  l’an¬ 
cienne  division  du  territoire  Suisse,  et  les  formes  des 
divers  gouvernemens  de  cet  ancien  corps  helvétique , 
«lui  ,  pendant  près  de  geo  ans  avait  fait  le  bonheur  de 
ces  peuples  et  de  ces  rochers;  on,  trouve  l’ancienne  et 
la  nouvelle  division  marquée  sur  la  carte  de  la  Suisse, 
qui  accompagne  ce  Guide. .  Tout  le  monde  sait,  que 
cette  nouvelle  division  fût  dictée,  par  l'acte  de  média - 
tion  de  Napoléon ,  en  1803,  qui  ajoûte  même  à  ses  titres, 
celui  de  Médiateur  de  la  Confédération  Suisse.  Cet 
acte  comprit  la  division  de  la  Suisse  en  19  cantons,  et 
rédigea  l’organisation  du  gouvernement  particulier  de 
chacun  de  ces  cantons,  et  celle  du  gouvernement  géné¬ 
ral  de  toute  la  confédération.  Les  réglemens  cantonaux 
étaient  divisés  en  trois  classes.  La  première  était  com¬ 
posée  des  cantons  démocratiques  d'Uri ,  Schwitz ,  Un- 
terwalden  ,  Zug  ,  Glaris ^  jlppenzell ,  et  des  Ligues  Gri¬ 
ses ;  ces  cantons  conservèrent  l’ancienne  forme  de  gou¬ 
vernement,  et  leurs  anciennes  limites,  excepté  que  la 
vallée  de  Livinen ,  est  réunie  au  canton  Tessin..  Les 
sept  cantons  aristocratiques  de  Berne,  Zurich ,  Soleure , 
Fribourg ,  Lucerne ,  Bâle  et  Schaffhouse ,  reçurent  tous 
la  même  constitution  ,  sans  autre  différence  que  celle 
des  titres  de  ^eur.s  magistrats  ,  différence  fondée  en 
grande  partie  sur  les  anciennes  coûtumes.  La  troisième 
classe  des  organisations  cantonaux,  étoit  formée  de  cel¬ 
les  des  cinq  nouveaux  cantons,  de  l' Argovie ,  (avec  la 
plus  grande  partie  du  Frickthcil)  du  Pays  de  Faud,  de 
Tkurgovie,  de  .  St.  Gall ,  et  du  Tessin.  Les  magistrats 
n’y  sont  point  à  vie,  mais  le  grand  comme  le  petit  co?i- 
scil ,  y  sont  renouvelles  périodiquement,  suivant  les  ré¬ 
gies  des  gouvernemens  représentatifs  modernes.  Six 


6  LA  SUISSE.  INTRODUCTION. 


cantons,  ceux  de  Berne ,  Zurich ,  Fribourg,  Lucerne , 
Bâle ,  Soleure ,  étaient  investis  exclusivement  de  la  pré¬ 
rogative,  d’être  cantons  directeurs  ;  eux  seul9  avaient  le 
privilège  de  rassembler  la  chez  eux,  et  de  la  faire 

présider  par  leur  premier  magistrat,  que  cette  fonction 
éléva  à  la  dignité  suprême  de  Landammann  de  la  Suis¬ 
se.  Les  grands  Evénemens  de  l’an  1813,  la  bataille  de 
Leipsic,  et  ses  secousses,  s’étant  fait  sentir  jusque  dans 
ces  montagnes,  les  organisations  de  l’acte  de  média¬ 
tion  eûrent  le  sort  du  Médiateur:  il  ne  resta  de  tout 
ceci,  que  la  division  en  19  cantons,  qui  doivent  être 
augmentés,  par  ceux  de  JSeufchâtel,  de  Genève  et  Au. 
Valais.  La  Suisse  se  donna  une  nouvelle  constitution, 
qu’elle  soumit  à  la  sanction  du  Congrès  de  Vienne.  Elle 
reprit  l’ancienne  dénomination  ,  de  Schwetzersche  Eid - 
genossenschaft ,  le  directoire  e$.t  revenu  au  canton  de 
Zurich  ;  il  doit  exister  un  conseil  suprême,  composé  de 
7  députés  ;  le  grand  -  sceau  sera  de  gueules  à  la  croix 
blanche.  Au  moment  où  ceci  part  pour  la  presse,  le 
Congrès  n’a  point  encore  décidé.  Au  reste  le  nom  de 
Suisse  a  toujours  prévalu  dans  l’opinion  générale  sur 
celui  à'Helvétie  -,  il  retrace  de  souvenirs  trop  honorables 
pour  que  l’histoire  consente  à  y  renojicer  Certes!  ils 
étaient  Suisses ,  véritables  Suisses,  comme  ceux  de  Mor- 
garten ,  de  Sempach ,  de  Morat  etc.  ces  braves  compag¬ 
nons  de  Reding ,  qui  combattaient  si  glorieusement  sur 
la  Schindelïcgi >  ou  ceux  qui  succombaient,  en  défen¬ 
dant  leurs  foyers,  dans  la  forêt  de  Grauholz  sur  les  ri¬ 
vages  d 'Underwald,  et  parmi  les  rochers  du  Valais.  — 
H  était  aussi  Suisse ,  ce  vieillard,  ce  Steiger,  qui  n’a 
jamais  désespéré  de  sa  patrie,  tant  'qu’il  a  vécu,  et  qui, 
couvert  de  l'uniforme  de  son  pays,  voulait  à  70  ans  mou¬ 
rir  sous  les  murs  de  sa  ville  natale. 

Le  Tableau  statistique  publié  par  M.  ZschocTce  en 


1813  donne  le  détail  suivant  de  la 
pulation  de  xq  canioiis  Suisses: 

grandeur  et  de  la  po- 

Berne 

.  150  mil.  carrés. 

232,508  habitais. 

Pays • de 

Vaud  70  —  — 

145,215 

Argovie 

.  •  36  -  '  -T 

*32,444 

Zurich 

-  •  4i  -  — 

182,123 

.6  île  . 

•  9^5  — 

42,193 

LA  SUISSE.  INTRODUCTION, 


Fribourg 

33  mil. 

oarrêe. 

67,814  habitons. 

Lucerne 

3IV4  - 

— 

86,700 

Appenzell  .  . 

10V2  ~ 

- 

5ô?ooo 

St.  Gall  , 

53 

— 

I30.30Î 

Turgovie 

16  — 

:  “ 

76,é7r  \ 

Schaffhousé 

?  — ' 

— 

3o.oo« 

Soleure 

D  ~ 

— 

47.882 

Grisons 

113  - 

— 

73.209 

Tessin 

38  - 

V 

83,793 

Schwita  . 

22 

- 

28,900 

U ri  , 

33  '  -  . 

14,060 

Untervvalden 

13  - 

...  -n  .. 

■  21,200 

Zug  , 

5Va  — 

— a 

u, 300 

Glaris  , 

1?  - 

— 

19,286 

Cette  population,  d’environ  1,490,524  âmes,  sera  aug» 
mentée  par  celle  de  2V  eufchâtcl ,  de  Genève,  du  Valais, 
et  par  celle  de  Sienne,  et  les  autres  villes  et  districts, 
qui  doivent  rentrer  à  la  confédération,  ayant  déjà  fait 
jadis  parties  de  l’ancienne  Helvétie,  Les .E tiennes  helvè- 
tiennes  de  1816;  le  Maestro  di  Casa,  almanaco  del  Çantpn 
-J.ici.no  181Ô,  et  V Almanac  du  canton  de  Vaud ,  pour  181Ô 
renferment  des  renseignement  statistiques  de  fraîche 
date. 

Chaque  Suisse,  suivant  les  ordonnances  de  la  nou¬ 
velle  constitution,  est  soldat,  et  armé  pour  la  défense 
de  la  patrie  commune.  Le  contingent  à  fournir  par  les 
cantons  de  la  confédération  en  teins  de  guerre ,  est  por¬ 
té  à  30,086  hommes,  avec  une  caissé  militaire  de  490,50? 
Francs.  Du  tems  de  l’acte  de  la  médiation,  le  contingent 
n'était  fixé  qu'à  15,203  hommes. 

Les  langues  reçues  en  Suisse  sont  l’ Allemand  et  le 
Français:  la  langue  allemande  sera  pelle  des  actes  pu¬ 
blics  de  la  Tagsatzung,  ün  parle  l’Italien  au- delà  du 
St.  Gothard,  et  la  langue  Romane  dans  quelques  parties 
des  Grisons.  (V.  page  38  de  cet  Itinéraire.)  Les  be-  ✓ 
stiaux  font  une  des  premières  -  branches  du  commerce 


8 


LA  SUISSE.  INTRODUCTION, 


de  la  Suisse.  On  y  coupe  certaines  prairies  depuis  le 
mois  de  mai  jusqu’en  automne  trois  et  quatre  fois,  et 
cependant  le  foin  y  manque  çà  et  là  pour  la  nourriture 
d’hiver.  Des  villes  et  des  villages  entiers  envoient  nu 
printems  leurs  troupeaux  par  milliers  paître  dans  lé« 
pâturages  des  Alpes.  On  confie  ou  on  loue  à  un  berger 
eo,  40  et  jusqu’à  200  pièces  de  bétail.  Ce  berger  retire 
tout  le  produit  du  lait,  du  beurre  et  du  fromage,  soit 
pour  le  compte  du  propriétaire,  soit  pour  un  prix  con- 
venu,  et  ne  revient  chez  lui  qu’en  automne  avec,  son 
troupeau  et  son  produit.  Dans  les  pâturages  des  Alpes, 
indépendamment  de  l’excellente  qualité  du  lait,  il  y 
est  encore  très  -  abondant.  Deux  fois  le  jour  on  trait 
les  vaches,  et  chacune  donne  de  16  à  20  pintes  de  lait, 
quelquesunes  en  fournissent  jusqu’à  24,  et  les  moins 
bonnes  12.  Ce  lait  est  si  gras  ,  qu’après  que  la  crème 
«n  est  enlevée  il  est  encore  aussi  épais,  que  le  lait  de» 
autres  pays  lorsqu  il  n’est  point  écrémé.  Le  fromage 
qu'on  exporte  de  Fribourg,  a  la  préférence  sur  tous 
les  autres  de  la  Suisse  ;  il  se  fait  dans  le  district  de 
Gruyères ,  après  quoi  vient  celui  de  la  vallée  d'Emma, 
de  Simmen,  et  du  pays  de  Gessenay  dans  le  canton  de 
Berne,  le  fromage  de  la  vallée  d 'Ursern  sur  le  Gothard, 
le  fromage  à'  hngelberg  etc.  Dans  cette  chaîne  des  Al¬ 
pes,  qui  s’élève  entre  les  cantons  Suisses  et  le  Valais, 
les  bergers  sont  dans  l’usage  de  faire  quelques  fromages 
avec  un  soin  particulier,  toutes  les  fois  qu’il  arrive  un 
événement  remarquable  dans  leur  famille;  on  y  man¬ 
que  rarement  quand  il  se  fait  un.  mariage,  et  l’on  note 
sur  ces  fromages  les  noms  des  mariés  et  la  date  de  la  cé¬ 
rémonie.  On  sale  aussi,  ou  pour  mieux  dire,  -on  embau¬ 
me  du  cochon,  que  l’on  conserve  avec  la  même  vénéra¬ 
tion,  pour  en  manger  dans  les  grandes  solemnités;  c’est 
donner  aux  étrangers  une  marque  de  considération  tout 
à  fait  singulière,  que  de  leur  faire  goûter  de  ce  lard  et 
de  ce  fromage.  On  a  des  fromages  d’une  vieillesse  éton¬ 
nante,  mais  ils  sont  peu  communs  et  ne  se  vendent  pas. 
Les  moutons,  les  chevaux,  le  débit  des  bêtes  sauvages, 
des  chamois  qui  corrMpencent  à  devenir  rares  etc.  font 
partie  des  produits  du  pays.  Les  bouquetins  ont  déserté 
la  Suisse,  et  l’on  n’en  trouve  guère*  et  rarement  que 
dans  les  Alpes  de  la  Savoie,  d’Aoste,  et  au  Sud  du  Va¬ 
lais.  Le  vin:  dans  certaines  villes  de  la  .Suisse  il  y  a 
des  personnes  chargées  de  goûter  le  vin  avant  de  le 


LA  SUISSE.  POIDS.  MESURES, 


vendre.  Les  vins  de  Neufchâtel ,-  et  du  Pays- de-  Vaud, 
surtout  le  vin  de  la  cote ,  de  même  que  celui  qui  croît 
entre  Lausanne  et  Vevay,  au  Désalés ,  sont  très-estimés. 
Ùn  arpent  de  vigne  de  32,000  pieds,  bien  situé,  se  vend 
de  8,000  à  9,600  livres.  Dans  les  districts  trop  éloignés 
des  vignobles  on  supplée  au  vin  par  du  cidre  et  du  poi¬ 
ré  fait  de  pommes  et  de  poires  ;  principalement  dans  le 
canton  de  Thurgovie.  Les  fruits  de  la  Suisse,  surtout 
dans  les  contrées  des  vignobles  sont  abondans  et  d’un 
goût  exquis.  Les  habitans  des  campagnes  en  sèchent  une 
quantité  considérable,  et  ces  fruits  séchés  sont  recher¬ 
chés  en  France  et  dans  les  états  du  nord.  Il  y  a  plus  de 
sources  (Veaux  minérales  dans  la  Suisse  qu’en  aucunau- 
Ire  pays;  celles  de  Fideris  dans  le  Prettigau  et  de  St. 
Maurice  dans  la  vallée  d’ Engadin  sont  plus  fortes  que 
celles  de  Pyrmont  et  cfe  Spaa;  les  valétudinaires  y  trou¬ 
vent  des  logemens  et  des  tables  bien  servies  :  ces  eaux 
sont  surtout  en  réputation  che«  les  Italiens,  et  se  trans¬ 
portent  en  grande  quantité  en  Italie.  Les  eaux  therma¬ 
les  de  Bade  étaient  déjà  fréquentées  du  tems  des  Ro¬ 
mains.  Les  bains  de  Loiche  dans  le  Valais  et  ceux  de 
Pfeffers  et  de  Schinznacli  sont  très  -  renommés.  Il  faut 
y  ajouter  les  eaux  de  Gurnigel  et  de  Blurnenstein ,  dans 
le  canton  de  Berne.  On  trouve  en  Suisse  des  sàlines; 
du  salpêtre,  du  soufre;  des  carrières  d’ardoise,  de  mar¬ 
bre,  de  porphyre;  des  mines  de  différens  métaux;  de 
plantes  vulnéraires  et  aromatiques,  très  -  estimées  ;  du 
lin  ,  qui  s’emploie  dans  les  manufactures  du  pays.  Les 
toiles  qui  en  sortent,  allaient  ci-devant  en  France,  en 
Espagne,  en  Italie,  et  se  débitent  encore  en  Allemagne. 
Les  fonderies,  l’imprimerie,  l’horlogerie,  y  sont  aussi 
sur  un  pied  florissant.  Les  montres  de  la  Suisse  vont 
jusqu’en  Perse  et  en  Amérique. 


2  et  3 

Poids  et  mesicres . 

Au  mois  d’Août  1801,  le  conseil  exécutif  du  directoire 
helvétique  décréta  l’uniformité  des  poids  et  mesures, 
pour  toute  la  république  helvétique,  en  adoptant,  sur  le 
rapport  du  professeur  JrxtUes ,  le  système  décimal. 


10  LA  SUISSE.  POIDS.  MESURES. 


L’unité  fondamentale  des  mesures  de  longueur  est  la 
quatre  -  cent- millionième  partie  du  méridien  terrestre, 
sous  la  dénomination  de  Hand  (Main.) 

L’unité  des^mesures  de -superficie  est  le  carré  de  cette 
longueur  sous  le  nom;  Quadrat  -  Hand:  (Main-carrée.) 

L’unité  des  mesures  de  capacité  est  le  cube  de  cette 
longueur,  sous  le  nom  de  Kubikhand :  (Main  -  cube.) 

Le  poids  d’eau  distillée,  contenue  dans  cette  unité 
des  mesures  de  capacité  donne  l’unité  élémentaire  des 
poids,  sous  le  nom  de  Pfund:  (Livre.) 

Division  des  mesures  linéaires. 

Linie;  Zoll  ;  Hand  ;  Stab  ;  Rette  ;  Schnur;  Strecke; 
Meile. 

Chaque  fraction  qui  précède 'est  toujours  la  dixième 
partie  de  la  suivante:  p.  e.  la  Linie  (ligne,)  est  la  di- 
xième  partie  du  Zoll  (pouce);  le  Zoll  la  dixième  par¬ 
tie  de  la  Hand  [main)  et  ainsi  de  suite. 

Division  des  mesures  de  superficie. 

Quadrat  -  Linie  ;  Quadrat-Zoll  ;  Ouadrat  -  Hand ; 
Quadrat- Stab  ;  Quadrat  -  Rette  ;  Quadrat  -  Schnur  ou 
Morgen  ;  Quadrat  -  Strecke  ;  Quadrat  -  Meile. 

Chaque  fraction  qui  précède  est  la  centième  partie 
de  la  suivante:  ainsi  la  Quadrat-Linie  (ligne  -  carrée), 
•st  la  centième  partie  du  Quadrat-'Loll  (pouce-carré)  etc." 

Division  des  mesures  de  capacité. 

Rubikzehnter;  Rubikhand;  Kubikzehner ;  Kubikhun <■ 
dert  ;  Rubikstab. 

Mesures  de  capacité  pour  les  liquides. 

Glas;  Ranne ;  Limer ;  Saitm ;  Fajs. 

Mesures  de  capacité  pour  les  matières  sèches. 

JLoffel ;  Becher  ;  Schejfel;  Sack  ;  Malter. 

Division  des  poids. 

Gran;  Scrupel;  Drachme ;  Loth ;  Once ;  Pfund ; 
Stein  ;  Zentner. 

Chaque  fraction  qui  précède,  est  de  môme  la  dixiè¬ 
me  partie  de  la  suivante.  Ainsi  ,  le  Zentner  (Quintal), 
a  io  Stein  ;  le  Stein  to  Pfund  (ou  livres)  etc. 


LA  SUISSE.  POIDS.  MESURES.  n 

Pour  exprimer  le  double  ou  la  moitié  des  unités  de 
ces  mesures  et  poids,  on  n’a  qu’a  ajoûter  aux  dénomina¬ 
tions  susdites,  les  mots  d  é  do  y  y  elt  (double),  ou  de  halb 
(  demi.) 

Comme  le  terme  de  la  mise  en  vigueur  de  ce  nou¬ 
veau  système  ne  sera  peut  -  être  jamais  généralement 
exécuté,  nous  donnerons  ici  l’analyse  des  anciens  poids 
et  des  anciennes  mesures  ,  en  usage  dans  les  cantons 
de  Bâle ,  Berne  et  Zurich. 

A  Bâle  la  livre  répond  à  l’ancienne  livre  de  Paris, 
et  a  9,216  grains  ;  99  livres  de  Bâle  sont  100  livres  de 
Hambourg 

A  Berne  il  y  a  trois  sortes  de  poids  en  usage,  celui 
des  orfèvres,  celui  des  marchands,  et  celui  des  apothi¬ 
caires.  Le  premier  est  la  livre  compôsé-e  de  8  onces  ou 
16  loths  ;  chaque  once  se  divise  en  476  grains  ,  ainsi  1 
loth  contient  238  grains  ,  et  le  marc  en  contient  3,808* 
Les  8  onces  de  ce  poids  répondent  à  un  marc  demi- 
gros  et  4  grains  ,  ou  4,648  grains  du  poids  de  marc  de 
France  ,  et  l’once  répond  à  une  once  cinq  grains  de 
ce  même  poids.  La  livre  ou  poids  des  marchands  de 
Berne,  est  composée  de  16  onces  ou  32  loths  qui  répon¬ 
dent  à  9,834  grains  du  poids  de  marc;  le  loth  répond  à  4 
gros  tçSfis  grains  du  même  poids.  La  livre  des  apothi¬ 
caires  est  composée  de  8  onces  ou  16  loths,  qui  répon¬ 
dent  à  4,454  grains  du  poids  de  marc.  La  livre  ou  poids 
des  marchands  varie  dans  toutes  les  villes  de  ce  canton. 

A  Zurich  la  livre  du  poids  de  marc  se  divise  en  16 
loths,  le  loth  en  4  quintli,  le  quintli  en  4  pfenning,  le 
pfenning  en  17  ass  de  Zurich,  1  marcha  4,352  ass  de  Zu¬ 
rich,  ou  4,411  anciens  grains  de  France.  La  livre  appe¬ 
lée  livre  d'Antorf ,  a  2  marcs,  16  onces,  32  loths,  8,822 
grains  de  France  :  30  livres  de  Hambourg  font  31  livres 
d’Antorf.  La  livre  des  marchands  a  18  onces  ,  ou  36 
loths ,  9,925  grains  de  France  ,  et  10,972  ass  de  Hollande  : 
14  livres  de  ce  poids  font  15  livres  de  Hambourg.  Le 
poids  en  usage  dans  les  autres  cantons  ne  varie  guères. 

LP  aune  de  Bâle  a  522.  6.  anciennes  lignes  de  France; 
le  braccio  ou  la  petite  aune,  n’a  que  241  2  de  ces  lignes; 
17  aunes  de  Bâle  =  29  aunes  de  Brabant. 

La  mesure  du  vin  s’appela  Saura :  1  Saura  a  3  Oh- 

mts ,  ou  96  pots ,  ou  x2o  nouveaux  pots. 


12  LA  SUISSE.  POIDS.  MESURES. 

Les  grains  se  mesurent  par  Sack:  le  Sack  se  divise 
en  8  Muddes  ;  le  Mudde  en  4  Kupfli  ;  le  Kupfli  en  * 
Becher. 

L’aune  de  Berne  se  divise  en  demi-aune,  quatrième, 
huitième;  sa  longueur  est  de  140V7  lignes  de  France;  45 
aunes  de  Berne,  =  52  aunes  de  Hambourg. 


Mesures  des  liquides; 


Fats. 

Saum. 

Eimer 

ou  Brente.  Maas  ou  Pintes. 

1 

4 

16 

400 

2 

4 

100 

I 

25 

La  pinte  se 

divise ,  ' 

en 

2  demi -pintes 

,  4  quarts  de 

pinte  , 

et  8  demi 

-  quarts. 

Mesures  de  capacité. 

Mutt. 

Mass. 

Immi. 

Achterli ,  ou 

Sechzehherli 

huitièmes. 

ou  seizièmes. 

I  ' 

12 

48 

96 

192 

Z 

4 

8 

zô 

z 

2 

4 

T 

2 

L’aune  de  Zurich  a  266.  0  lignes  de  France  ;  21  aunes 
de  Zurich  ,  =a  22  aunes  de  Hambourg. 

Mesures  des  liquides: 


Mesure  appelée,  trouble. 


Suum. 

Eimer. 

Viertel. 

Kopf. 

Maas . 

QuartlU 

Stotz 

ou  quart. 

1  - 

1V2 

6 

48 

96 

192 

384 

z 

4  * 

32 

66 

128 

256 

z 

8 

16 

32 

64 

Mesure  appelée 

,  pure. 

z 

1V2 

6 

45 

90 

x8o 

3&Q 

z 

4 

30 

60 

120 

240 

1 

77a 

15 

30 

60 

' 

z 

2 

4 

8 

Z 

2 

4 

Mesures  de  capacité  : 

Mutt ,  Viertel.  Vierling. 

4  16 

»  4 


Ma fsli. 
16 


I 


4 


LA  SUISSE.  MONNAIES. 


13 


4* 

Monnaies ,  nouvelles  et  anciennes. 

Suivant  l’arrêté  de  la  Diète  Suisse  de  l’an  1803  tous 
les'  cantons  ont  le  droit  de  monnayage ,  mais  ils  sont  as¬ 
sujettis  à  un  titre  de  monnaie,  égal  et  invariable.  Les 
espèces  d'argent  sont  des  pièces  d'un  franc  au  titre  de 
10  deniers  i9724/3524  grains  de  fin ,  au  remède  de  16  grains 
et  à  la  taille  de  3258/i00  au  marc;  de  deux  francs  au  ti¬ 
tre  de  10  déniers  l9724/i624  grains  de  fin,  au  remède  de 
12  grains,  et  à  la  taille  de  iô29/ioo  au  marc;  de  quatre 
francs  ,  au  même  titre,  au  remède  de  8  grains,  et  à  la 
taille  de  8I45/iooo  au  marc.  Ces  pièces  de  francs  portent, 
d'un  côté,  le  sceau  de  la  confédération  helvétique,  de 
l’autre  lesJarmes  du  canton  qui  les  fait  frapper.  Les 
monnaies  de  billon  sont:  des  pièces  de  cinq  batz  au  ti¬ 
tre  de  8  deniers  de  fin,  au  remède  de  1V2  grain  ,  et  à  la 
taille  de  54  au  marc:  d'un  batz ,  au  titre  d<e  2  deniers  de 
fin,  au  remède  de  2  grains,  et  à  la  taille  de  60  au  marc: 
d’un  demi-batz ,  au  titre  du  i/s  d’un  denier  de  fin,  au 
remède  de  2  grains ,  et  k  la  taille  de  120  au  marc  des 
rappes ,  au  titre  de  12  grains  de  fin,  au  remède  de  2 
grains,  et  k  la  taille  de  360  au  marc.  Ces  monnaies  de 
billon  portent  d’un  côté  l’empreinte  des  armes  du  can¬ 
ton  ,  qui  les  fait  frapper  ,  et  de  l’autre  la  marque  de 
leur  valeur. 

Chaque  canton  est  le  maître  de  faire  monnayer  des 
especes  d'or',  niait  le  titre  en  est  fixé,  k  8r/s  grain  de  fin, 
par  franc.  Les  monnaies  frappées  tant  par  les  anciens 
gouvernemeus  des  13  cantons ,  que  par  le  cidevant  di¬ 
rectoire  helvétique  ,  continuent  encore  d’avoir  cours, 
nous  allons  en  donner  la  déseription  et  la  division. 

Le  directoire  helvétique  avait  fait  frapper  en  iSoa 
des  pièces  d’or  et  d’argent. 

Les  pièces  d'or  ont  la  valeur  d’un  carolin,  et  les 
doubles  k  proportion  :  elles  portent  é’un  côté  l’eflïgie 
de  Guillaume  Tell,  avec  la  légende,  Helvetische  Repu - 
blik  et  de  l'autre ,  16  ou  32  Francs ,  qui  indiquent  leur 
valeur.  Les  pièces  d'argent  portent  de  même  d’un  côté 
l’effigie  et  la  légende  des  espèces  d’or,  et  de  l’autre  la 
marque  de  leur  valeur  en  baU  ;  il  y  a  des  pièces  de  40 
G.  des  Voy.  T.  II.  B 


i+  LA  SUISSE.  MONNAIES. 

cle  20  et  de  10  batz  :  la  pièce  de  io  batz  a  cours  pour  i  franc 
Suisse,  les  autres  à  proportion. 

Les  anciennes  monnaies  d'or  de  Bâle  sont  le  ducajt 
~  10  liv-  10  s-  ancienne  monnaie  de  France,  le  triple  du¬ 
cat,  et  le  quart  de  ducat.  Le  ducat  porte  deux  légen¬ 
des,  celle  qui  est  placée  du  côté  où  se  trouvent  les  an¬ 
ciennes  armes  de  Bâle,  est  conçue  en  ces  termes:  Do¬ 
mine  conserva  nos  in  pace ;  l’autre  couvre  le  côté  oppô- 
sé,  et  est  composée  de  ces  mots:  Ducat.  Reipubl.  Basi - 
leensis.  Il  est  fabriqué  au  même  titre  et  à  la  taille  de 
celui  de  Berne.  (Voyez  eet  article.) 

Les  monnaies  d'argent  sont  divisées  en  écus,  florins 
ou  demis  ,  et  tiers  d’écus  ,  pièces  de  5  batz  ou  sixièmes 
d’écus,,  et  pièces  de  3  batz.  L’écu  est  fabriqué  au  titre 
de  10  den.  13  grains  ,  à  la  taille  de  10  au  marc  de  Colog¬ 
ne.  Il  porte  d’un  côté  les  anciennes  armes  de  Bâle  ,  qui 
sont  d’argent,  à  un  lis  renversé,  ou  .étui  de  croile  de 
sable,  avec  la  légende  des  ducats,  et  de  l’autre  cette 
marque  1  T/ialer,  qui  indique  sa  valeur.  Les  emprein¬ 
tes,  légendes  et  marques  des  sous  -  divisions  sont  au  sur¬ 
plus  les  mêmes  que  celles  de  l’écu. 

Les  espèces  de  billon  se  divisent  en  pièces  de  3  batz, 
d’un  batz,  et  d’un  demi -batz,  et  rappes;  elles  ont  tou¬ 
tes  la  même  empreinte  qui  représente  d’un  côté  lès  ar¬ 
mes  de  la  ville,  avec  la  légende  des  ducats,  et  de  l’autre 
l’énonciation  de  leur  valeur:  10  rappes  ont  cours  pour 
un  batz.  Un  rappe  à  3  Heller. 

On  compte  h.  Berne  par  francs  de  10  batz;  2  francs 
font  un  florin  :  12  Heller  font  1  schilling;  8  Hellér  font 
un  Kreuzer:  4.  Kreuzer  font  un  batz. 

I  sou  de  Berne  =3  1  demi -batz:  2  Francs  Bernois  =s  3 
francs  de  France. 

Les  monnaies  d'or  de  Berne  sont  le  ducat,  fabriqué  au 
titre  de  23  K.  I0/32.et  du  poids  de  65  grains.  Il  porte  d’un  cô¬ 
té  les  anciennes  armes  de  Berne,  qui  sont  de  gueule  à  la 
bande  d’or,  chargées  d’un  ours  de  sable,  etde  l’autre  cette 
légende:  benedictus  sit  Jehova  Deus :  au-dessous  de 
laquelle  on  lit  1  duc.  Le  ducat  a  côurs  pour  7  francs  10 
s  rI  liv.  5  s.  ancien  argent  de  France.  Les  triples, 
doubles,  demis  et  quarts  de  ducat  à  proportion.  Au 
reste  on  ne  voit  que  rarement  de  ces  ducats  ep  Suisse, 


LA  SUISSE.  MONNAIES. 


15 

mais  a  la  conquête  d’Egypte,  on  les  a  vus  circuler  abon¬ 
damment  à  Alexandrie  et  au  Caire. 

Les  anciennes  monnaies  d'argent  se  divisent  en 
pièces  de  10,  de  5  et  de  2V2  batz.  La  pièce  de  10  batz 
est  fabriquée  au  titre  de  10  deniers,  à  la  taille  de  30V2  an- 
marc,  elle  porte  d’un  côté  les  anciennes  armes  du  can. 
ton,  et  de  l’autre  une  croix  formée  de  8  B.  et  entourée 
de  cette  légende:  Dominus  providebit.  La  pièce  de  10 
batz  a  cours  pour  1  franc  ou  4oKreuzers,  =  1  liv.  10  s.  Les 
autres  pièces  à  proportion.  La  république  de  Berne  a 
fait  aussi  frapper  cidevant  des  louis  -  neufs  à  42  livres  de 
France,  et  des  écus  de  6  livres. 

Les  espèces  de  billon  se  divisent  en  batz,  (à  la  taille 
de  103  au  marc,  au  dessous  des  anciennes  armes  du  can¬ 
ton  sa  valeur  se  trouve  énoncée  ainsi;  4  K.  )  demi -batz, 
à  la  taille  de  240  au  marc;  demi  -  Kreuzers,  à  la  taille  de 
400  pièces  au  marc. 

O11  compte  a  Zurich  par  florins,  gulden,  de  60  Kreu¬ 
zers,  qui  se  divisent  en  8  he tiers-,  ou  par  florins  de  40 
escalir.s  ou  schillings  qui  se  divisent  en  12  Tiellers. 

Les  anciennes  monnaies  d'or  sont  les  ducats,  demis 
et  doubles  ducats,  fabriqués  au  titre  de  23I/2  Karat.  Ils 
portent  d’un  côté  les  anciennes  armes  de  la  ville ,  qui 
sont  taillées  d’argent  et  d’azur,  ayant  deux  lions  pour 
supports,  avec  cette  légende:  moneta  reipublicae  Turi- 
■censis ,  et  au  revers  cette  autre  légende,  justifia  et  con - 
cordia ,  avec  le  millésime.  Ils  ont  cours  pour  4  fl.  iS 
Kreuzers,  =  9  liv.  9  s.  2  d.  ancien  argent  de  France. 

Les  anciennes  monnaies  d'argent  se  divisent  en  écus 
de  mi- ép  u  s  ou  florins,  demie  et  quarts  de  florins.  Toutes 
ces  espèces  portent  d’un  côté  les  anciennes  armes  du 
canton  ,  avec  cette  légende:  moneta  reipublicae  Turi - 
censis.  L’écu  est  fabriqué  au  titre  de  13I/2  loths ,  à  la 
taille  de  u  au  marc.  Il  a  cours  pour  20  schillings. 

Les  monnaies  de  billon  se  divisent  en  quart  de  florin 
ou  pièce  de  10  schillings,  en  pièces  de  2  batz  et  en  schil¬ 
ling.  On  distingue  le  quart  de  florin,  à  la  taille  de  94 
au  marcjf  par  cette  légende  qui  est  au- revers,  pro  deo  et 
patria.  La  pièce  de  2  batz  a  cours  pour  5  schillings 
Le  schilling  à  la  taille  de  ic50  au  marc  a  cours  pour  1 
Kreuzer:  4  heller,  4  rappen,  et  6  angster  ou  pfennings 
font  1  schilling. 


LA  SUISSE.  VILLES. 


16 

Les  pièces  d’or  de  France ,  les  gros  et  petits  écus  et 
leurs  fractions  en  argent,  sont  la  seule  monnaie  étran¬ 
gère  qui  ait  généralement  cours  dans  toute  la  Suisse; 
mais  ce  cours  n’y  est  pas  égal  par  tout:  à  Zurich ,  le 
gros  écu  de  6  livres  vaut:  2I/2  florins:  k  Berne,  Fribourg , 
Soleure,  au  Valais:  2  fl  or.  iobatz;  hLucerne  et  Under- 
toaldi  3  florins;  à  Uri  :  3  flor.  10  schillings;  k  Schwitz- 
comme  k  Zurich  ;  k  Zug  :  3  flor.  5  schill.  ;  à  Glaris  :  2  flor. 
25  schill.  ;  k  Bâle:  2  flor.  10  batz;  k  Schaffhouse ,  St.  G  ail, 
Appenzell  :  23/4  flor.  ;  aux  Grisons  :  33/*,  flor.  ;  au  canton 
Tessin  ;  8  lire  20  soldi. 


5- 


T  ail  eau  de  quelques  villes*). 


BALE.  Long.  250  15'  I2//.  (Ile  de  Fer.)  Lat.  47O  33'  34// 
Population.  15,000  a.  □  De  l’Amitié  et  de  la  Constance. 

Edifices  remarquables.  Curiosités .  Le  pont  sur  le 
Rhin,  long  de  600  pieds  ;  —  la  cathédrale,  (beau  bâtiment 
gothique;  on  y  trouve  des  orgues  d’une  bonté  difficile  à 
atteindre,  des  monumens  très -anciens  et  le  tombeau 
cl  'Erasme.  Près  de  l’église  est  la  salle  du  concile  de 
1431,  sur  le  plancher  est  dessinée  la  structure  du  faîtage 
de  la  cathédrale.  Consultez:  ,,Bcschreibung  der  IfJün _ 
sterkirche  zu  Basel.  1788.  8- “  La  hauteur  de  la  grande 
tour  est  de  205  pieds)  —  l’hôtel  de  ville:  (la  salle  peinte 
par  Holbein  )  —  les  élégantes  et  belles  maisons  de  M. 
Burckardt  du  Kirsgarten  et  de  ci -devant  Sarrasin  —  le 
jardin  botanique  —  le  Panorama  des  Alpes  et  des  envi, 
rons  du  lac  de  Thoun ,  dressé  et  élevé  par  Mr  IVocher , 
peintre  célèbre.  —  (La  fameuse  curiosité  de  Bâle,  la 


*)  Les  arsenaux,  l’une  des  choses  remarquables  delà 
Suisse,  ont  été  vidés  dans  la  guerre  de  la  révolution; 
le  fameux  trésor  de  Berne  a  disparu  comme  celui  de 
Zurich;  des  noms  et  des  collections  célèbres  sont 
passés  chez  l’étranger.  Je  me  restreins,  donc,  en  re¬ 
touchant  ce  tableau,  de  préférence,  aüx  collections 
publiques,  et  aux  beautés  de  la  nature.  Le  voyageur 

Îiourra  aisément  s'informer  sur  les  lieux,  quelles  col- 
ections  particulières  y  subsistent  encore. 


LA  SUISSE.  VILLES. 


I? 

danse  des  morts ,  peinte  sur  les  murs  d’un  cimetière,  par 
Jean  Cluber ,  le  maître  de  Holbein,  et  retouchée  4  fois, 
en  1558,  1616,  i6$8  et  1703  vient  d’être  enlevée  et  détruite- 
en  1805.  Mais  plusieurs  amateurs  d’antiquités  nationaux 
en  ont  conservé  et  sauvé  des  fragmens  précieux  dans 
leurs  cabinets.  C’est  à  la  maison  de  ci  -  devant  Ochs , 
qu’a  été  conclue  la  paix  entre  la  France  et  la  Prusse  en 
1794- ) 

Promenades.  La  place,  dite  la  Pfalz  où  l’on. jouit 
d’une  vue  superbe  — la  place  de  St.  Pierre  —  le  pont  sur 
le  Rhin  —  le  jardin  Forcard ,  où  l’on  remarque  le  beau 
tombeau  de  son  épouse,  et  quelques  restes  et  antiquités 
de  la  ville  d'Augst. 

Collections.  Cabinets  publics.  La  bibliothèque  pu¬ 
blique.  [  VEncomiüm  Moriae  avec  les  dessins  de  Hol¬ 
bein ;  la  Biblia  pauperum ]  on  y  a  réuni  des  collections 
d’antiquités,  de  pétrifications,  d’histoire  naturelle  (une 
huître  pétrifiée  et  la  perle  déjà  formée)  de  médailles,  et 
le  cabinet  de  tableaux  de  Holbein.  —  Le  magasin  d’e¬ 
stampes  de  M.  Hube -  ,  mérite  l’attention  des  voya¬ 
geurs  v  —  chez  M.  Birrmann ,  peintre  et  dessinateur 
célèbre,  une  riche  et  belle  collection  de  tableaux  —  les 
collections  de  M.  M.  RebecTc,  TVocher ,  Merian ,  Baçho • 
fen ,  riches  en  bons  tableaux,  achetés  en  France  et  dans 
les  pays  révolutionnés,  du  tems  du  terrorisme.  Le  ca¬ 
binet  de  Rebeck  malgré  les  ventes  déjà  faites,  renferme 
encore  des  Rafaëls ,  des  Titiens ,  des  Guidas ,  des Rem- 
brarids ,  du  cabinet  d’Orléans.  Chez  Mr.  IVocher ,  il  faut 
remarquer  son  portrait  de  la  Reine  drAngleterre.  Mais 
principalement  son  grand  Panorama  de  Thun ,  curiosité 
remarquable,  qu’il  faut  voir  la  gravure  et  l’explication 
en  main,  qui  a  paru  chez  Haas ,  1815. 

Fabriques:  de  rubans  (avant  la  révolution  le  pro¬ 
duit  de  ces  fabriques  de  rubans  montait  à  plus  de  12  mil¬ 
lions  de  livres);  des  papeteries;  des  fonderies  de  lett¬ 
res  etc.  Le  Kirschioasser  ou  l’eau  de  cerises,  et  les  pru¬ 
neaux  de  Bâle  s’exportent  au  loin.  Les  pains  d’épices  ou 
les  Lekkerlis  qui  se  préparent  à  certains  jours  dans  les 
cercles  de  familles,  sont  aussi  renommés.  11  se  tient  à 
Bâle  une  fois  l’année,  une  grande  foire. 

Auberges.  Aux  trois  Rois  :  (on  jouit  dans  la  salle  à 
manger  d’une  vue  magnifique ,  qui  s’étend  Jusqu’à  Hu- 
ningue)  ;  k  la  cigogne.  Ces  auberge»  sont  fort  bonnes. 
(Chez  l’hôte  de  la  cigogne  descend  la  diligence  de  Paris , 


18 


LA  SUISSE.  VILLES. 


qui  part  deux  fois  la  semaine  pour  cette  capitale.  Prix 
d'une  place,  y  compris  un  sac  de  nuit  de  15  livres  pe¬ 
sant,  106  livres  7  sous,  et  12  livres  au  conducteur,  y 
compris  les  pour -boire  des  postillons.) 

Mélanges.  Les  sociétés,  dites  Kammerles  ;  les  casi¬ 
nos;  la  salie  de  spectacles;  le  café  Baretta.  Outre  la 
diligence  de  Paris  dont  nous  venons  de  faire  mention, 
il  y  a  2  ou  3  diligences  ,  qui  passent  de  Bâle  par  Colmar 
i  Strasbourg.  Mais  nous  conseillons  aux  voyageurs,  de 
choisir  pour  cette  route  la  diligence  du  Courier  de  Hu - 
ningue ,  qui  ne  9’arrête  pas  en  chemin.  De  même  il  part 
et  repart,  deux  fois  la  semaine  une  diligence  commode 
pour  Francfort ,  qui  fait  cette  route  en  31/2  jours.  Prix 
d’une  place  30  Xr.  par  mille.  —  Il  existait  à  Bâle  un 
usage  assez  singulier:  les  horloges,  de  tems  immémo¬ 
rial  ,  avançaient  d’une  heure.  Tout  cela  a  cessé.  — 
Ouelquefois  le  magistrat  permet  aux  habitans ,  de  faire, 
ce  qu’on  nomme,  Carême-prenant.  Ce  sont  un  ou  deux 
jours  de  Carnaval,  et  des  fêtes  continuelles.  Les  petits 
'garçons  les  annoncent  en  battant  le  tambour,  et  le» 
masques  de  deux  sexes  remplissent  les  places  et  les  rues. 
On  danse  jusqu’à  minuit  sonnant  dans  les  salles  des 
Corps  de  métier. 

Distances.  De  Bâle  à  Arau  ni/2  heures  Suisses;  à 
Berne  iç*/3  ;  à  Bienne  171/2;  à  Colmar  i23/4;  à  Constance 
2ô3/4 ;  Lucerne  18;  Neufchâtel  231/4)  Schaffhouse  173/4;  So« 
leure  i23/8;  Strasbourg  27;  Zurzach  11V4)  Zurich  i6ty2- 

Plans  et  guides.  Plan  de  la  ville  de  Bâle,  levé  par 
le  capitaine  Ryhiner.  1799.  6  Livres.  —  Beschreibung 
der  Stadt  und  des  Cantons  Basel,  vom  Pfarrer  Luz .  Ba- 
sel,  ign. 

Environs.  Arlesheim.  De  nouveau  célèbre  par  la 
beauté  de  ses  jardins  Anglais,  que  l’ouragan  révolution¬ 
naire  avait  détruit  :  V.  Description  de  la  solitude  roman - 
tique  d' Arlesheim.  Porentrui.  1813.  M.  M.  Birrmann 
et  Huber  ont  aussi  publié,  en  18*4»  des  Vues  d' Arlesheim. 
Un  médecin  vient  d’y  établir  des  bains  artificiels.  En 
allant,  de  Bâle  à  Bienne ,  on  peut  passer  par  Arlesheim. 
JNon  loin  est  Dorneck,  où  est  enterré  le  célèbre  Mau - 
portais y  mort  à  Bâle  en  1759.  —  Augst ,  à  une 

lieue  de  Bâle  ,  où  se  trouvait  jadis  une  colonie 
Romaine,  sous  le  nom  d'Augusta  R  aura  co¬ 
ru  m.  On  voit  principalement  sur  les  lieux  le» 


LA  SUISSE.  VILLES. 


19 


ruines  d’un  aqueduc,  d’un  théâtre,  celles  d’un  temple 
et  celles  d’un  attelier ,  faisant  partie  du  Parc  anglais  de 
M.  Brenner.  V.  No.  23.  de  l’ouvrage  de  M.  ErucKnerz 
Beschreibung  historischer  und  natürlicher  Merkwürdig - 
keiten  etc.  Basel  ,  1765.  8-  Quand  on  va  de  Bâle  a  Schaff- 
house ,  on  pe_ut  passer  par  Augst.  —  L'hôpital  et  le  cz- 
meti'ere  de  St.  Jacques ,  célèbres  par  le  combat  mémo- 
rable  entre  les  Suisses  et  les  Français  en  1444»  °ù  se 
montra  l’intrépide  valeur  des  Suisses  de  la  manière  la 
plus  signalée.  Il  faut  y  faire  en  mémoire  de  ces  héros, 
des  libations  d’un  vin  rouge,  appelé  le  sang  des  Suisses 
et  qui  croît  sur  le  champ  de  bataille.  —  A  la  colline  le 
Bruderholz ,  pour  jouir  de  beaux  points  de  vue  qui  s’y 
présentent  de  toute  part. 

Etablissemens  scientifiques.  L’institut  Philotechni¬ 
que,  de  Mr.  Bernoulli  [V.  Nachricht  von  dem  Zwecke 
und  der  Einrichtung  des  Philot.  Lehrinstituts  in  Basel  : 
von  C.  Bernoulli .  Basel  1810.  8-].  —  L’institut  d’éduca¬ 
tion  suivant  la  méthode  Pestalozzi’enne.  [V.  Bemerkun- 
geit  über  Erziehungs-Unterricht  etc.  Basel ,  1810.  8-] 

BERNE.  Long.  25°.  T  6".  (  Ile  de  Fer.  )  Lat.  460* 

56'-  54".  Population.  12,000  a.  □  Les  amis  de  la  Gloire: 
l’Espérance.  (La  ville  est  élevée  de  1708  pieds  au  des¬ 
sus  de  la  mer,  et  seulement  de  71  pieds  moins  que  le  lac 
de  Thun.  ) 

Edifices  remarquables.  Curiosités.  La  cathédrale  : 
(bâtiment  gothique ,  assez  beau;  on  admire  surtout  le 
clocher:  l’architecte  était  le  fils  de  celui  qui  a  bâti  le 
Munster  à  Strasbourg.  On  jouit  de  la  place  ou  terrasse 
devant  l’église,  d’une  des  plus  belles  vues  de  la  Suisse)  — 
l’église  du  St.  Esprit  —  l’hôtel  des  monnaies  —  l’hôtel 
de  musique  —  l’infirmerie  ou  l’ile  —  l’hôpital:  (  son  ad¬ 
ministration  est  très  -  soignée  ;  ) —  Le  monument  de 
Rodolphe  de  IVerdt  à  l’entrée  de  la  ville  —  ( Berne  est 
bien  bâtie  et  propre;  on  trouve  sous  des  arcades  un  pavé 
constamment  sec,  et  un  abri  sûr.  Il  y  a  à  Berne  des 
bains  froids  et  des  bains  chauds  au  bord  de  VAar.) 

Collections .  Cabinets.  La  bibliothèque  de  la  ville: 

V .  le  catalogue  de  M r.  Sinner ,  avec  ses  deux  supplémens  : 
plusieurs  collections  précieuses  sont  réunies  à  cette  bi¬ 
bliothèque;  les  deux  cabinets  numismatiques  de  MM. 
Haller  de  Kônigsfeldcn  et  deNyon;  (V,  Enupieratio  hu. 


2 


20 


LA  SUISSE.  VILLES 


rnismatum  veterum  ,  par  M.  Haller  de  Konigsfelden ;)  le 
superbe  Musée  de  l’histoire  naturelle  de  la  Suisse,  qui 
renferme  huit  collections  différentes,  et  le  cabinet  de 
raretés  australiques.  V.  la  déscription  de  ce  Musée  que 
M.  le  professeur  Meisner  a  publié  depuis  peu.  La  bi¬ 
bliothèque  est  ouverte  les  mardis,  jeudis  et  samedis,  de 
il  h.  à  midi  et  de  2  à  4  h.  —  Les  collections  et  cabinets 
de  MM.  Wyttenbach,  Haller  de  Konigsfelden ,  TVagner , 
Seringe,  Risold  etc.  le  cabinet  d’insectes  de  M.  Studers , 
et  de  M.  Meisner ,  M.  Hortin  etc.  etc.  Ie9  estampes  et 
gravures  de  MM.  Rieter ,  Dunker ,  Lafondt  Kônig  etc. 
etc.  (On  trouve  chez  M.  Burgdorf  un  bel  assortiment 
de  livres,  de  cartes  et  d’estampes  Suisses,  et  chez  M. 
lVisard  des  collections  d’oiseaux,  de  minéraux,  déplan¬ 
tés,  de  poissons  de  la  Suisse,  à  des  prix  raisonnables.) 

Et ablissemens  littéraires  et  utiles.  L’Académie:  (son 
théâtre  anatomique,  sa  collection  d’instrumens  de  ma* 
thématique;  sa  salle  d’antiques;  son  école  vétérinaire.) 
la  société  économique:  la  société  des  amis  de  l’histoire 
naturelle  Suisse,  et  ses  deux  jardins  botaniques  avec  le 
monument  du  grand  Haller ;  l’institut  des  fileurs  et 
fileuses;  l’école  de  travail  pour  les  pauvres  filles;  les  in¬ 
stituts  d’éducation  de  MM.  Z ehnder  etTrexel.  L’académie 
militaire.  Une  gazette  politique  se  publie:  feuM.  Hôpf- 
ner  justement  regretté,  en  a  été  le  fondateur  et  rédac¬ 
teur. 

Amusemens.  De  tems  en  tems  spectacle  français:  les 
concerts  ou  bals  à  l’hôtel  de  Musique:  les  Leists  ou  so¬ 
ciétés  particulières.  Trois  cafés  publics,  chez  Candi, 
Déjôngh  et  Giudice. 

Promenades  et  vues  sur  les  Alpes.  La  terrasse  près 
de  la  cathédrale;  le  rempart,  ou  la  petite  redoute,  (la 
vue  des  Alpes  et  des  glaciers  au  moment  dn  lever  ou 
coucher  du  soleil,  est  sans  contredit,  l’un  des  plus  mag¬ 
nifiques  spectacles  de  la  nature.  La  carte  de  la  chaîne 
des  Alpes,  dont  M.  Studer  a  fait  présent  aux  amateurs, 
joint  l’exactitude  à  l’élégance.  Prix:  12  livres)  —  près 
de  la  halle  au  hled  ;  im  Graben.  —  "L'Engi:  (hors  de  la 
ville;  on  y  jouit  de  la  vue  la  plus  étendue  sur  la  chaîne 
des  Alpes,  qu’on  puisse  se  procurer  dans  tous  les  envi¬ 
rons  de  Berne.  On  y  va  danser  en  été.)  — ■  Une  prome¬ 
nade  charmante,  riche  en  beautés  champêtres,  est  celle, 
qui  conduit  de  la  porte  inférieure  au  village  H.'Oster - 


LA  SUISSE*  VILLES. 


21 


manningen.  —  La  montagne  dite  le  Gourieny  à  3/4  de 
lieues  de  Berne,  et  celle  nommée  le  Bantiquer  -  Houbel. 
Il  y  a  sur  le  Gourten ,  une  ferme,  où  l’on  t/ouve  des 
rafraîchissement,  et  où  l’on  peut  passer  la  nuit,  pour 
contempler  le  lever  du  soleil,  dans  toute  sa  pompe. 

Auberges.  Au  faucon  ;  à  la  couronne,  fort  bonnes. 

Industrie.  Fabriques :  de  drap,  de  toile,  de  coton, 
de  soie,  de  fayence  etc.  (Les  clavecins  et  piano  forte 
de  Howard;  les  armes  à  feu  du  célèbre  Ulrich. ;  les  ou¬ 
vrages  en  marbre  de  Mr.  Schnyder.) 

Livres  qui  peuvent  servir  de  Guide'.  Description  de 
la  ville  de  Berne,  ornée  d’un  plan  et  de  quatre  vues  ,  et 
suivie  d’un  livre  d’adresse.  A  Berne,  igio.  chez  Mr.  Burg- 
dorfer.  (Livre,  d’une  utilité  reconnue.) 

Avis.  L’eau  à  boire  de  la  basse -ville  est  plus  salu¬ 
taire  ,  que  celle  de  la  partie  haute ,  qui  engendre  des 
goitres 

Distances.  De  Berne  h  Aigle  2o3/8  heures  Suisses;  à 
Arau  I53/s;  à  Arberg  4;  à  Aubonne  i85/s 5  au  grand  Ber¬ 
nard,  333/4;  à  Constance  371/2;  à  Fribourg  53/4;  à  Ge¬ 
nève  24 ;  à  Glaris  38;  au  Grimsel  24;  à  Lausanne  15;  aux 
bains  de  Ldëche  19;  k  Lucerne  207/8;  (Par  l’Entlibuch, 
iç3/8)  ;  à  Neufchâtei  q3/4;  aux  bains  de  Pfefters  4j5tya  ;  à 
Shafthouse  29 J/4;  aux  bains  de  Schininach  18;  à  Soleure 
63/4;  à  Thun  6;  à  Waldshut  23V2>  k  Yevay  16V4;  à  Zu¬ 
rich  243/4. 

Excursions.  A  Bienne  et  k  l'ile  de  St.  Pierre ,  cé¬ 
lèbre  par  le  séjour  de  J.  J.  Rousseau.  Une  seule  journée 
suffit  pour  y  aller  et  en  revenir.  Bienne  et  l’île  font  à 
présent  partie  de  la  France.  —  Aux  Alpes  de  Grindel- 
wald  et  de  Lauterbrunnen.  Voyez  k  l’article  6,  les  dé¬ 
tails  de  cette  excursion.  —  A  Hofwyl ,  k  2  lieues  de 
Berne,  sur  la  route  de  Soleure  et  de  Zurich ,  pour  se  ren¬ 
dre  k  l’institut  d’agriculture  et  d’économie  rurale  de 
M.  Fellenberg.  V.  l’analyse  complette  de  cet  établisse¬ 
ment,  sous  le  titre  :  Ueber  Fellenbergs  TVirthschaft  in 
Hofwyl  von  Hofmann ,  nebst  Anmerkungen  und  einer 
Nachschrift  von  Thaer.  Berlin  1809.  8-  Les  étrangers  se 
tiennent  à  l’auberge  de  München- Buchsée ,  ci-devant 
le  siège  de  l’institut  de  PestaLozzi.  Aux  villages  de 


22 


LA  SUISSE.  VILLES, 


_  Kilchberg  et  de  Rohdich  sur  les  routes  de  Zurich ,  de 
très- bonnes  auberges,  sur  -  tout  à  cette  dernière. 

FRIBOURG.  Population.  6,000  â. 

Edifices  remarquables.  Curiosités.  La  cathédrale 
(sa  grande  tour  du  plus  beau  gothique ,  haute  de  300 
pieds  1  —  le  collège  des  cidevant  Jésuites;  (il  faut  mon¬ 
ter  quelques  centaines  de  marches;  la  vue  du  haut  de 
ses  tours  est  intéressante)  —  le  couvent  des  Cordeliers, 
(la  danse  des  morts)  le  couvent  des  Ursulines:  (renom¬ 
mé  par  les  chapelets  et  les  fleurs  artificielles  qu’on  y 
fabrique.)  —  Le  tilleul  sur  la  grande  place ,  planté  par 
un  soldat,  qui  revenait  vainqueur  de  la  bataille  de  Mo - 
rat.  —  La  porte  Burglen,  à  cause  de  sa  situation  singu¬ 
lière  —  le  moulin  de  la  Motte  dans  un  site  pittoresque  — 
l’hermitage  à  une  lieue  environ  de  Fribourg  ,  taillé  dans 
le  roc.  (Ce  qu’il  y  a  de  plus  remarquable,  c’est  d’être 
l’ouvrage  de  deux  hommes.  Considéré  dans  ce  sens  il 
est  étonnant.  Un  hermite  creusa  dans  le  rocher  une  ca¬ 
verne,  précisément  aussi  profonde  qu’il  fallait  pour 
qu’il  pût  s’y  étendre  de  toute  sa  longueur.  Son  succes¬ 
seur  voulut  se  faire  une  demeure  plus  commode;  il  pra¬ 
tiqua  dans  le  sein  de  la  montegne  une  chapelle  ,  divets 
appartemens,  des  rampes  d’escaliers  pour  les  joindre  etc. 
La  profondeur  de  tout  excède  400  pieds;  l’une  des  cham¬ 
bres  a  qo  pieds  de  long,  sur  20  de  large.  Le  clocher  do 
la  chapelle ,  si  toute  fois  on  peut  lui  donner  ce  nom, 
est  élevé  de  80  pieds,  et  la  cheminée  de  la  cuisine  en  a 
90.  L’hermite  Jean  Dupré  de  Gruyères,  qui  a  taillé  dans 
le  roc  cet  immense  logement,  employa  10  ans  h  cet  ou¬ 
vrage  ,  qu’il  commença  en  1670  et  finit  1680.  La  situa¬ 
tion  de  cet  hermitage  est  charmante.  Le  rocher  dans 
lequel  il  est  creusé  est  suspendu  sur  la  Sûne ,  qui  ser¬ 
pente  entre  deux  chaînes  de  collines. 

Auberges.  Aux  Merciers:  à  l’aigle. 

Promenades.  La  place  du  tir  —  l’allée  devant  la 
porte  de  Morat :  non  loin  de  là  une  maison  de  cam 
pagne,  où  l’on  a  la  perspective  de  la  chaîne  des  Alpes. 

Mélanges.  Fribourg  est  dans  une  situation  vraiment 
pittoresque,  sur  le  penchant  d’une  colline,  en  partie 
sur  des  rochers  élevés  qui  surplombent  la  rivière.  On 
jouit  d’une  très -belle  vue,  du  milieu  du  pont  sur  la 
Sûne.  La  partie  basse  de  la  ville  parle  le  Français  ,  la 


LA  SUISSE.  VILLES.  23 


liante  l’Allemand,  et  presque  toutes  les  personnes  di^ 
peuple  ne  savent  qu’une  de  ces  langues.  M.  le  chanoine 
Fontaine ,  possède  un  cabinet  d’histoire  naturelle. 

Distances.  De  Fribourg  à  Aigle  i6T/s  heures  Suisses  : 
à  Arberg  6V2*)  *  Avenches  3;  à  Bâle  245/8i  à  Berne  52/4 ;  à 
Bienpe  8l/2’>  à  Burgdorf  10;  à  Constance  34I/4;  à  Granson 
ç5/8 ;  k  Lausanne  Ç)i/4;  aux  bains  de  Loëche  24;  à  Martig- 
ny  205/8  »  à  Neufchâtel  7;  k  Nidau  8V4?  à  Orbe  10V2  ;  -à 
Gessenay  16;  à  Soleure  12;  à  Thun  11  ;  k  Vevay  12;  à 
Yverdun  87/s* 

Excursions.  A  une  petite  demi  -  lieue  de  la  ville, 
sur  le  chemin  de  Bulle  ;  vue  très -étendue  sur  la  partie 
jnontueuse  du  canton,  et  sur  une  belle  partie  de  la  chaî¬ 
ne  des  Alpes  —  la  chartreuse,  ou  Val  -  saint  sur  la  même 
route.  La  vallée  de  Bellegarde ,  à  5  lieues  de  Fribourg , 
où  l’on  voit  une  chûte  d’eau  de  la  plus  grande  beauté. 
Un  chemin  qui  traverse  les  montagnes,  conduit  par 
cette  vallée  k  Thun ;  ce  chemin  n’est  pas  facile,  mais 
riche  en  beaux  points  de  vues! —  Gruyères ,  renommé  par 
ses  fromages,  k  1  lieue  de  Bellegarde.  Le  dépôt  des  fr». 
mages  de  Gruyères  est  k  Bulle :  bonne  auberge  à  la 
mort;  on  vent  le  quintal  sur  les  lieux,  2V2  louis  neufs, 
et  la  livre  à  6  bazzes.  —  Le  Gessenay ,  voisin  de  Gruyè¬ 
res  %  pour  voir  les  belles  montagnes  qui  le  composent.  — 
Guggisberg  ;  village  alpestre,  fameux  par  le  costume 
singulier  et  la  beauté  du  sexe. 

LAUSANNE.  Long.  24°.  25'.  15".  (Ile  de  Fer.)  Lat. 
tôP.  31'.  5"*  -Population ,  7  k  8,000  a.  Q  L’amitié  et  Fev 
sévérance. 

Edifices  remarquables .  Curiosités.  L’église  'cathé¬ 
drale  :  (elle  renferme  les  tombeaux  du  Pape  Félix  V.,  de 
la  princesse  Orlow ,  et  de  la  duchesse  de  Courl.ande\ 
belle  vue  de  la  terrasse)  —  l’hôtel  de  ville  —  l’hôpital  — 
quelques  restes  d’antiquités  ;  les  4  amphores  à  la  salle 
du  gouvernement;  l’ancien  chemin,  nommé  Estras -, 
[via  strata]  h  l’hôtel  de  ville  l’inscription  d’un  autel  ;  et 
au  jardin  de  M.  le  ministre  Levade ,  la  partie  supérieure 
d’un  autel,  un  miiliaire  Romain  etc.  La  maison  de  M. 
Levade ,  dans  une  superbe  situation,  est  elle  même  jine 
jolie  curiosité  —  le  monument  élevé  k  J.  J.  P^ousseau  au 
jardin  de  M.  Constant. 

Promenades.  La  terrasse  près  de  l’église  cathédrale: 
—  la  promenade  de  Monbenon  :  la  promenade  qui  mé- 


«4  LA  SUISSE.  VILLES. 


ne  à  Ouchi ,  ou  au  port  de  Lausanne,  où  l’on  trouve 
une  bonne  auberge  —  une  autre  le  long  de  la  rivière  de 
Venoges ,  où  l’on  passe  successivement  dans  des  vallons 
romantiques,  singulièrement  agréables  —  à  une  demi- 
lieue  le  signal ,  qui  offre  de  superbes  perspectives;  — 
l’un  des  plus  brillans  endroits  c’est  Bellevue  ;  Beau-lieut 
campagne  que  feu  M.  Necker  a  habitée,  n’est  pas  moins 
remarquable  par  sa  situation  ;  la  campagne  de  Veines , 
est  très  bien  située  et  très  -  pittoresque.  Il  y  a  un  châ- 
let  dans  une  prairie,  le  séjour  favori  de  Tissot ,  avec 
des  vues  superbes. 

Pensions.  "Lausanne  est  renommée  dans  toute  l’Eu¬ 
rope  par  ses  établissemens  de  pensions  pour  les  étran¬ 
gers.  Un  étranger  doit  se  procurer  des  conseils  pour  le 
choix  de  la  pension  qu’il  prendra,  car  c’est  de  ce  choix 
que  dépendra  la  société  dans  laquelle  il  pourra  s’intro¬ 
duire. 

Fabriques.  Manufactures.  Les  principaux  objets  de 
commerce  sont  les  livres  qu’on  y  imprime;  les  ouvrages 
d’orfèvrerie  et  de  jouaillerie:  (dans  laquelle  se  distin¬ 
guaient  MM.  Coste  et  Perregaux)  une  excellente  teintu¬ 
rerie  de  coton  rouge;  une  bonne  manufacture  de  cha¬ 
peaux:  une  filature  de  coton. 

Etublissemens  littérairss  et  utiles.  L’académie  et 
'  ses  collections;  le  manège:  la  salle  des  spectacles:  le 

lycée:  la  société  d’émulation.  La  société  religieuse  ou 
de  bibles  par  M.  Leuade.  Ôn  publie  deux  gazettes  à 
Lausanne. 

Auberges.  Au  faucon  :  (belle  vue  sur  le  lac  et  le» 
Alpes:)  aux  balances;  deux  bonnes  auberges. 

Distances.  De  Lausanne  à  Zurich  393/4  heures  Suis¬ 
ses;  à  Berne  15;  à  Lucerne  35% ;  à  Schwilz  435/8;  à  Zug 
40V8;  à  Glaris  5+7/8 ;  à  Bâle  34V3 i  h  Fribourg  uV4i  à  So- 
leure  19V4;  à  Schaffhouse  44^/4  i  à  Appenzell  S&V4  i  à  Ge¬ 
nève  9. 

Environs.  St.  Saphorin:  on  voit  dans  le  mur  de 
1  église  une  colonne  milliaire  qui  porte  le  nom  de  l’em¬ 
pereur  Claude.  La  tour  de  Glerolle s  est  aussi  un  reste 
des  Romains.  C’est  ici  le  vignoble  de  Lavaux ,  vignoble 
estimé  et  très- ancien.  —  Vevay ,  (aux  trois  couronnes  ; 
à  l’hôtel  de  Lonares  (excellente  auberge'  à  3V2  lieues  de 
Lausanne*  ville  jolfe  et  dans  une  situation  charmante. 


LA  SUISSE-.  VILLES.'  25 

Du  haut  de  la  terrasse  de  la  cathédrale  on  jouit  d’uDC 
vue  superbe,  surtout  au  lever  et  au  coucher  du  soleil. 
Vis -à' vis  sont  les  sombres  rochers  de  la  Meillerie ,  si 
célèbre  par  la  nouvelle  Héloïse  de  Rousseau ,  et  que  tra¬ 
verse  la  nouvelle  route  de  poste  du  Simplon -  Vers  l’est, 
on  voit  les  environs  des  villages  de  Clarens ,  principale 
scène  du  dit  roman.  On  est  tenté  de  croire  que  toute 
l’histoire  de  Julie  et  de  St.  Preux  est  véritable.  Dans  la 
cathédrale  est  enterré  Edmond  LudLow ,  l’un  des  juges 
de  Charles  I.  Roi  d’Angleterre,  et  le  seul  qui  soit  mort 
d’une  mort  naturelle.  On  lit  encore  au-dessus  de  la 
porte  de  la  maison  qu’il  habitait  à  Vevay ,  l’inscription 
suivante:  Omne  solum  forti  patr'ia  ,  quia  patris.  Belle 
promenade  au  bord  du  lac,  appelé  derrière  l'aile.  Les 
étrangers  trouvent  à  Vevay  de  bons  pénsionats,  et  des 
maisons  de  campagne  à  louer.  Le  château  et  le  parc  de 
M.  Legrand  d' Hauteville ,  à  une  petite  lieue,  dans  une 
Sttperbe  situation,  est  très  bien  distribué  et  mérite  d’être 
visité.  Chillon,  prison  d’état,  bâti  sur  un  rocher  dans 
le  lac,  célèbre  par  ses  soûterrains,  plus  bas  pour  la  plû- 
part,  qùe  la  surface  du  lâc.  Deux  diligences  commodes 
passent  et  repassent  journellement  entre  Vevay  et  Lau¬ 
sanne.  Prix  d’une  place,  15  bats. 

LUCERNE,  Population  j  6coo  d. 

Edifices  remarqüa'bles.  Curiosités.  L’église  des  Jé¬ 
suites,  beau  et  grand  bâtiment  —  l’hôtel  de  ville  —  le 
grand  hôpital  de  la  ville  —  la  cathédrale  ou  l’église  du 
St.  Léodégarj  (elle  offre  aux  curieux  un  orgue  de  lar 
dernière  grandeur)  —  la  maison  des  orphelins  —  la  tour 
d’eau  j  (on  prétend  que  ce  fut  un  phare,  et  que  le  nom 
de  la  ville  est  dérivé  du  ci-devant  fanal,  Lucerna ,  qu’on 
J  allumait)  —  les  3  ponts  couverts  qui  traversent  la  ri¬ 
vière  ,  la  Reuss  et  les  vieilles  peintures  qui  les  ornent, 
(Au  pont  qui  réunit  la  ville  principale  avec  le  faubourg, 
on  trouve  une  planche,  dont  l’idée  a  été  donnée  par  feu 
le  général  Pfyffer,  et  sur  laquelle  les  noms  et  les  hau¬ 
teurs  des  montagnes  qu'on  découvre  de  ce  point,  sont 
nôîés  d»  manière^  qu’on  peut  aisément  ÿ  trouver,  à 
l’aîde  de  lignes,  tirées  du  centre  et  terminées  par  des 
pointes  de  métal/  toutes  les  montagnes  qui  sont  situées 
de  ce  côté  et  leur  distance  de  Lucerne)  —  le  fameux  re¬ 
lief  do  feu iM.  le  générai  Pjyffcr ^  qui  se  ©onserve  enfi#T* 
G.  d.  Voy.  Ton».  IL  C 


2Ô 


LA  SUISSE.  VILLES, 


chez  les  héritiers:  le  lac  de  Lucerne  est  le  centre  #a 
plan.  (  Ce  relief  a  été  trois  fois  gravé,  d’abord  par  M. 
Dunher ,  puis  par  M.  de  Mechel ,  èt  en  dernier  lieu  par 
M.  Clausner  à  Zug).  —  V.  pour  tout  ce  q.ui  peut  von» 
guider  à  la  ville  et  dans  ses  environs,  l’excellent  ouvrage 
de  M,  le  chanoine  Businger ,  traduit  par  M.  de  C.  De¬ 
scription  de  Lucerne ,  et  de  ses  environs ,  suivi  de  l'Iti» 
néraire  de  Righi  et  du  lac  de  4  Cantons.  Lucerne ,  1815* 
8-  chez  M.  Xavier  Meyer  :  [on  trouve  aussi  chezM.  Meyer, 
un  cabinet  de  lecture  ,  le  beau  Panorama  du  Rigi ,  et  les 
différens  costumes  èt  vues  de  la  Suisse].  Le  plan  de  la 
ville,  deux  vues,  et  la  carte  du  lac,  sont  joint  à  laite- 
scription  mentionnée. 

Etablissemens  littéraires  et  d'agrément.  Le  lycée  c 
l’école  de  dessin,  l’académie  de  chant:  l’école  des  filles  : 
le  théâtre  de  la  ville:  la  société  de  Musique:  le  café:  le 
nouveau  Casino.  [La  promenade  sur  le  Gütsch ,  ne  doit 
pas  être  manquée]. 

Bibliothèques.  Collections.  La  bibliothèque  Suisse 
ou  de  la  ville,  renfermant  les  collections  précieuses  de 
M.  de  Balthasar.  La  collection  des  costumes  Susses  chez 
le  peintre  M.  Reinhard  ;  deux  cabinets  d  hist.  rat.  etc. 
(Au  sac  et  pillage  de  l’arsenal,  plusieurs  armes  et,  ar¬ 
mures  curieuses  ou  remarquables,  ont  été  sauvées,  et  se 
trouvent  chez  des  particuliers).  * 

Auberges.  A  l’aigle  d’or:  fort  bonne.  Au  cheval 

itlanc. 

Distances.  De  Lucerne  à  Altorf  10I/4  heures  Suisses  ; 
à  Art  4Ï/2  ;  à  Eâle  jç:  à  Berne  aoVs  (et  par  l’Entlibu  h 
*)3/80  à  Coirc  275/g  ;  à  Einsïedeln  çS/s-i  a  Entiibuch  6J/4  ; 
à  Glaris  i73/a  9  ^  Slanz  *  Schwitz  73/4?  à  W  allenstatt 

jq7/a-  à  Zug  51/2!  à  Zurich  10 1  à  Schindellegi  io?/8. 

Excursions „  Le  prix  de  bateliers  est  réglé.  Sur  le 
lac  à  Xusnacht,  pour  voir  la  chapelle  de  Tell  *,  on  passe 
élevant  le  rocher,  où  l'abbé  Raynal  avait  fait  ériger  un 
obélisque  en  l'hcnneur  des  trois  libérateurs  de  la  Suisse: 
nn  coup  <le  fondre  l’a  détruit  justement  1  an  de  la  révo¬ 
lution  Suisse,  et  les  tables  avec  l’inscription,  ont  été 
élépôsées  à  la  maison  de  Pfyffer  à  Lucerne.  —  Sempach. 
Appiès  de  «elle  petite  ville,  la  bataille,  àu  9.  Juille 


LA  SUISSE.  VILLES. 


a? 


*3£&,  où  Léopold ,  duc  d’Autriche,  perdit  la  vie,  ainsi  que 
l’élite  de  ses  chevaliers:  quatre  croix  sont  plantés  aux 
endroits  où  se  fît  le  plus  grand  carnage.  Scmpach  avee 
un  très  -  petit  détour,  est  sur  la  route  de  Berne.  .Les 
poissons  qu’on  pêche  dans  le  lac  de  Sempach  sont,  re¬ 
cherchés  5  on  est  aussi  très -friand  des  écrevisses.  —  Au 
Mont-  Pilate:  il  faut  compter  5  ou  6  heures  ,  pouf  mon¬ 
ter  au  sommet.  La  vue  y  est  extraordinairement  éten¬ 
due.  En  partant  d 'Alpnach,  la  montée  n’es*  que  de  4  à 
5  heures  ,  et  la  descente  peut  se  faire  en  3  heures.  En. 
1812  M.  Rupp  y  a  établi,  par  un  mécanisme  des  plus  in¬ 
génieux,  une  glissoire  en  bois,  pour  faire  descendre  des 
blocs  et  des  troncs  d’arbres.  —  Elévation  du  Mont  -  Pi* 
late  c.  à.  d.  du  pic  Tombishorn ,  au-dessus  du  lac  des  4 
cantons ,  5^86  p.  d.  P.  —  Au  Mont  Rigi  :  (V.  der  Rigt - 
ber  g  in.  Zeichnungen  nach  der  JS/aturf  von  H.  Fuejsly  u. 
H.  Relier’,  mit  einer  (Franzôsischen  und  Teutsche»)  Be- 
schreibung  begleitet  von  J.  H.  Meyer.  Zurich ,  1809.  Fol. 
(Ouvrage,  qui  réunit  la  fidélité  à  l’exécution  artistique 
la  plus  finie).  Cette  montagne  est  surtout  fameuse,  à 
cause  de  la  vue  dont  on  y  jouit  du  haut  du  C«/m,  ou  de 
la  cime.  [Cette  Vue  est  parfaitement  rendue,  par  deux 
Panoramas ,  qui  ont  paru,  l’un  de  M.  Relier.  Zurich > 
1815  excellent  ouvrage  j  l’autre  de  Mr.  IVeiJs.  Strasbourg , 
igi6.  avec  une  notice  et  des  observations].  En  1815  on  a 
construit  une  auberge  assez  grande  au  Culm ,  et  l’un  de 
mes  omis  y  a  passé  en  1816  la  nuit,  pour  jouir  du  lever 
du  soleil.  Mais  il  ÿ  a  aussi  une  vue  superbe,  du  plateau , 
ou  de  la  Risistafel ,  avant  de  parvenir  au  Culm .  Le  che¬ 
min,  le  meilleur  et  le  moins  pénible  qui  y  conduit,  est 
celui  qu’on  peut  prendre  de  Lowertz ,  et  qui  peut  même 
se  faire  à  cheval.  Celui  qui  se  prend  à  Art ,  et  par  Weg- 
gis,  est  plus  difficile.  Dominique  Uetz  d' Art ,  est  des 
bons  guides.  Chemin  fesant,  l’oeil  plane  sur  les  scènes 
de  désolation ,  occasionnées  par  la  chûte  du  Ruffiberg 
en  1806.  Près  dçs  auberges,  aucheval,  au  boeuf,  au  soleil,  est 
le  couvent  des  Capucins^  et  à'  un  quart  de  lieue  plus 
loin,  à  gauche,  le  rocher,  avec  la  table  d’inscription,  en 
mémoire  d ’Erneste,  Duc  de  Saxe -Gotha,  posé  par  le  Ré¬ 
dacteur  du  Guide  des  Voyageurs.  On  observe  dans  les 
châlets  la  fabrication  du  beurre  et  des  fromages.  Pour 
jouir  en  plein  de  ce  superbe  spectacle  sur  là  cime,  ou 
Cnlm  ,  il  faut  y  monter  le  matin  et  le  soir.  Elévation 
du  Culm  ,  au-dessus  de  la  mer  méditerranée ,  715  toises. 

C  9 


2'S 


LA  SUISSE.  VILLES, 


Le s  personnes  qrti,  à  cause  de  leur  santif,  veulent  faire 
un:  séjour  sur  les  hautes  Alpes,  ne  sauraient1  mieux  choï- 
sir  qüe  le  Mont  -  Jligi  v  et  seS  auberges/  -V  A  la  va! iée 
d ' Entlibuchy  singulièrement  remarquable  par  le  natu¬ 
rel ,  la  franchise,  le  costume  etTaisance  de  sés  habitsns. 
Pour  y  aller  il  faut  suivre  le  sentier  sur  la  Bramcgg.  * 
(V.  Helvetischcr  Almanach  für  1804.  Zurich  chez  Fuefsiiy 
où  l’on  trouve  une  esquisse  de  ce  voyage  et  de  la  val¬ 
lée.  Sur  le  Storcrzbcrg  est  l’arêne  des  lutteurs  d '  Entli- 
ïuch.  Dans  une  vieille  tour  à  Schupfen  on  garde  les 
archives  et  les  bannières  de  la  vallée,  dont  i’une  porte 
le, surnom  de  la  bataille  de  Morat.  — • 

ZURICÏI.  Population,  10,600  â.  et  n6ï  maisons. 
Long,  à  l’obs.  de  la  tour  Charles,  aûo  I2' ?y'.  Lut.  47® 
te'  13'". 

Edifices  rem  arquai)!  és.  Curiosités.  L’hôtel  de  ville 

la  maison  des  orphelins  ;  (le  plus  beau  bâtiment  dé 
la  ville'.  —  Le  Miinster,  ou  la  cathédrale  —  le  Frauen- 
Ivlünster  —  l’église  de  St.  Pierre  —  le  monument  de  Salo¬ 
mon  Gessner,  sur  la  place  du  tir  —  la  tombe  de  Lavater, 
l’ami  dc9  hommes,  simplement  ombragé  d’Un  saule  pleu¬ 
reur.  — »  Les  jolis  bâtimens  du  Casino.  — 

Collections.  Cabinets.  La  bibliothèque  dans  la'W'as- 
serkîrch  avec  les  collections  y  attenantes.  (Gn  y  mon¬ 
tre  le  manuscrit  Original  de  Quintilien,  un*  grand  nom¬ 
bre  de  manuscrits  et  de  premiers  livres  imprimés  etc.)  — 
la  bibliothèque  du  Stift  -‘-  le  jardin  botanique  et  les  col¬ 
lections  de  la  société  de  physique,  surtout  la  carte  topo¬ 
graphique  de  la  Suisse,  par  Usteri  —  la  collection  su¬ 
perbe  d'oiseaux  de  M.  Schinz  —  le  cabinet  mathémati¬ 
que  de  Breitingcr ,  la  collection  de  tableaux  chez  Mad. 
Gessner  etc.  -* 

Etablissemens  littéraires  ci  utiles.  La  société  de  Se¬ 
cours,  et  les  institutions  nombreuses  et  bienfaisantes, 
qui  s’en  sont  propagées.  Il  y  a  aussi  un  grand  nombre  des 
sociétés  littéraires  et  artistiques  à  Zurich  ,  qui  publient 
annuellement,  des  programmes  très -curieux.  La  <io- 
eléié  des  artistes  surtout  possède  u  xi  Album  t  qui  reji- 


LA  SUISSE.  VILLES, 


a9 


ferme  des  dessins  originaux  et  précieux,  sortis  des  mans 
de  Hefs ,  Fuefsli ,  Usteri ,  Gessner  et  autres  hommes  cé¬ 
lèbres.  V.  Zojïngen. 

Divertissemens.  Le  casino:  (ses  bals,  qui  se  donnent 
les  lundis.)  le  théâtre  de  Société:  deux  académies  de 
musique  etc.  Les  bals  de  quinze  jours:  le  bal  masqué 
h  la  nouvelle  année. 

Promenades.  La  nouvelle  promenade  :  le  Lindenhof  : 
la  promenade  le  long  de  la  Limmat  ;  le  Schützenplat z, 
surtout  les  jeudis;  le  bois  de  Sihl  :  le  Burgli.  (Outre 
ces  promenades  vous  trouvez  de  tous  les  côtés  des  rou¬ 
tes  et  des  sentiers,  qui  sont  riches  en  points  -  de  -  vue 
très  -  variés  sur  le  lac,  sur  les  promontoires,  sur  la 
grande  chaîne  des  Alpes  et  sur  la  vallée  qui  conduit  à 
Baden.  La  promenade  d’une  lieue  de  Zurich  à  K.üss - 
riacht,  où  vous  suivez  continuellement  le  lac,  mérite 
bien  encore  qu’on  la  fasse."'  La  vue  des  appartemen9 
d’enhaut  de  l’auberge  de  Küssnacht  est  délicieuse)  —  (V. 
dans  l’ouvrage  de  Mr.  Ebel  la  planche  IV.  représentant 
la  vue  des  Alpes ,  telles  qu’on  les  apperçoit  de  Zurich , 
du  bastion  le  chat.) 

Auberges.  Au  corbeau:  (excellente  auberge,  située 
tout  près  du  lac,  et  très  -  fréquentée)  à  l’épée,  (très  •  bon¬ 
ne  auberge  :  en  1811  l’aubergi9te  avait  fait  construire  un 
Yagd  pour  les  promenades  sur  l’eau  au  bruit  des  fanfa¬ 
res.  La  vue,  surtout  de  la  chambre  du  coin,  au  troi¬ 
sième  étage,  est  des  plus  magnifiques.) 

Fabriques.  Manufactures ;  de  tabac;  de  mouchoirs  ; 
d’étoffes  de  soie;  de  rubans;  de  mousselines;  d’indien¬ 
nes;  de  porcelaine  etc.  Il  y  a  à  Zurich  trois  librairies, 
et  une  fonderie  de  caractères  d’inprimerie. 

Excursions.  Par  le  lac  à  Aufnau  et  Richtersioyl ,  et 
à  Rapperswyl.  Le  lac  de  Zurich  a  environ  dix  lieues  de 
longueur,  sa  plus  grande  largeur  est  d’une  lieue.  On 
ne  voit,  depuis  Ta  ville  et  ses  environs ,  qu’un  bassin 
de  2  à  3  lieues  de  long.  Il  a  1279  pieds  d’élévation  au 
dessus  de  la  mer,  et  on  voit  tous  les  genres  de  poissons 
qu’il  nourrit,  peint9  d’après  nature,  à  l’hôtel  de  ville. 
On  pouvait  aussi,  ci  -  devant,  en  acquérir  leur  suite 
chez  un  pêcheur  et  solidement  Arrangée.  Une  prome* 


3<> 


LA  SUISSE.  VILLES. 


nade  sur  le  lae  est  très  -  intéressante  ;  le  peu  de  largeur 
du  lac  laisse  appercevoir  les  deux  rives,  et  présente 
mille  pointa  de  vue,  sur  un  pays  généralement  cultivé. 
A  Rapperswyl  où  le  lac  est  resserré  et  profond,  on  le 
traverse  sur  un  pont  de  bois,  qui  a  1850  pas  de  longueur 
et  12  de  largeur.  Ce  pont  a  été  construit  en  1585,  et  les 
planches  sont  simplement  posées  sur  des  pilotis.  Dans 
1  une  des  chapelles  de  l’île  d 'Aufnau,  se  voyait  autre¬ 
fois  un  tombeau  remarquable,  du  chevalier  Ulric  de 
Jiutten ,  tour  -  à  -  tour  guerrier  et  poëte,  courtisan  et 
hermite,  mort  en  1523*  Richterswyl  a  perdu  ce  médecin 
célèbre,  ce  vrai  philantrope ,  ce  docteur  Hotze ,  frère 
du  brave  Général  de  ce  nom,  mort  à  quelques  lieues  de 
là,  aux  champs  d’honneur;  on  lui  a  donné  pour  monu¬ 
ment  son  nom,  taillé  dans  un  grand  roc.  —  Sur  le  La- 
gerberg:  on  part  de  Zurich  à  3  heures,,  l’après-midi,  et 
on  sera  rendu  à  Regensbcrg ,  vers  les  6  heures.  Il  ne 
faut  qu’une  demie- heure,  pour  monter  jusqu’au  signal 
du  Lagerberg ,  où  l’on  jouit  d’une  vue  très  -  étendue ,  et 
de  l’aspect  de  la  chaîne  des  Alpes.  On  couche  à  Regens - 
b  erg  et  on  monte  le  lendemain  de  nouveau  au  Lager¬ 
berg,  pour  jouir  encore  du  lever  du  soleil.  Sur  le  .La¬ 
gerberg,  on  trouve  beaucoup  de  pétrifications ,  tels  que 
Glossopctrae ,  cornua  Ammonis ,  caryophylla  marina 
etc.  —  Rade ;  4V2  heures  de  Zurich,  on  fait  ce  chemin 
en  2  heures  sur -la  Limraat,  qui  coule  avec  une  rapidité 
extrême.  Les  bains  de  Bade  étaient  déjà  fameux  du  tems 
des  Romains,  et  on  y  a  découvert  un  grand  nombre 
d’antiquités,  p.  e.  une  colonne  avec  une  figure  d’Isis, 
placée  au  milieu  du  bain  de  Ste.  Vérène;  une  pierre 
miîlidïre  audessus  du  château  -  neuf,  près  du  chemin 
etc.  Les  dés  de  Bade  commencent  à  être  moins  communs 
qu’antrefois.  Avant  de  s’en  retourner  à  Zurich  en  voi¬ 
ture,  il  faut  voir  Konigsfelden  et  .Schinznach ,  2^/4  hen- 
res.  Konigsfelden ,  ci  -  devant  abbaye,  à  -  présent  une 
ferme,  est  célèbre  par  la  mort  de  l’Empereur  Albert 
d’Autriche,  qui  fut  assassiné  dans  cet  endroit  en  1308. 
L’impératrice  douairière  et  Agnès  sa  fille,  y  fondèrent 
un  monastère;  on  y  voit  leurs  sépulcres  et  ceux  de  plu¬ 
sieurs  princes  et  princesses  de  la  maison  d’Autriche, 
mais"  leurs  corps- ont  été  ;ransportés,  sous  le  régne  deN 
la  grande  Marie  Thérèse ,  à  St.  Biaise ,  dans  la  forêt 
noire  ,  et  puis  ,  de-là,  à  Vienne.  Les  vitres  peintes  de 
l’église  existent  encore  et  sont  d'une  rare  beauté.  A 


LA  SUISSE.  VILLES. 


Schinznach  sont  des  bains  aussi  célèbres  que  ceux  de 
Bade ,  et  peut-être  plus  fréc^uentés.  Le  château  de 
Habsbourg y  si  célèbre  par  la  maison  d’Autriche  qui  y  a 
pris  origine,  est  situé  audessus  de  Schinznach.  Il  n’en 
reste  plus  qu’une  seule  tour  et  quelques  masures  ,  mai9 
on  y  jouit  d’un  coupd’oeil  superbe  et  vaste.  Un  revient 
à  Bade ,  d’où  l’on  peut  aller  visiter  le  couvent  de  IV et - 
tingen  y  et  admirer  dans  son  église  de  superbes  vitraux 
coloriés..  De  deux  chemins  qui  conduisent  de  Bade  à 
Zurich ,  l!un  à  la  droite,  l’autre  à  la  gauche  du  Lim- 
ittat,  celui  d’enhaut  doit  être  préféré  par  le  voyageur  à 
pied,  comme  plus  pittoresque.  —  Sur  YAlbiSy  troi9 
lieues  (V.  l’Itinéraire).  —  Vers  les  bains  appelés  Nidel - 
blad ,  à  deux  lieues;  en  voiture,  ou  a  pied;  —  au  bain9 
de  Boche  y  la  vue  est  encore  plus  étendue  qu’à  JSi  > 
Aelblad. 

Distanees.  De  Zurich  à  Berne  242/4  heures  Suisses  , 
a  Coire  23V4;  à-  Constance  12*4;  à  Einsiedeln  6V2;  à 
Frauenfeld  73/4  ;  à  Glaris  13V4  ;  à  Lucerne  10;  à  Rhinfel- 
den  13;  à  Schaffhouse  9V2Ï  à  Schwitz  fo  ;  à  Waldshut  9; 
a  Winterthur  4;  à  Zug  5I/2;  à  Surzach  6V2»  à  Aar'au  gi/a, 
( Aarau  est  remarquable  par  ses  fabriques  de  coutellerie, 
et  surtout  par  la  bibliothèque  et  la  collection  de  manu¬ 
scrits  de  feu  M.  de  Zurlauben.  Il  y  a  ici  une  école  du 
Canton.  O11  y  publie  une-  gazette  accréditée.  C’est  la 
patrie  et  le  séjour  de  la  famille  Meyer  y  célèbre  par  ses 
collections  curieuses ,  ses  entreprises  littéraires  et  arti¬ 
stiques,  et  par  ses  voyages  à  la  cime  An  Jungfrau  y  et 
du  Finsteraarhorn.  Auberge:  au  boeuf-) 

Livres  a  consulter.  Helvetischer  Almanach  für  das 
Jahr  1814.  12-  Avec  des  vues  et  une  carte.  C’est  le  meil¬ 
leur  guide,  non- seulement  de  la  ville,  mais  même  de 
tout  le  canton.  Vue  de  la  ville  de  Zurich:  gravée  par 
Tomany  1790.  On  a  aussi  gravé  deux  jolies  estampes,  qu^ 
représentent  les  sites  de  deux  principales  auberges ,  au 
corbeau  et  àTépée. 


3* 


LA  SUISSE.  MAN.  D.  VOY. 


6. 


Voituriers.  Notes  instructives ,  etf  remarques  qui  inté¬ 
ressent  les  voyageurs  dans  leur  tournée.  Détail  des 
voyages  a  Grindelwald  et  à  Chamouny. 


S’il  y  a  un  pays  qui  mérite  d’être  visité,  c’est  certai¬ 
nement  la  Suisse.  Les  variétés,  la  grandeur,  et  le  con¬ 
traste,  sont  le  caractère  distinctif  de  ses  paysages. 
L’Italie  et  l’Angleterre  sont  peut  être  les  seuls  pays  où 
l'on  paisse  voyager  avec  un  intérêt  égal  ;  mais  en  met¬ 
tant  de  côté  la  partie  des  arts,  combien  la  Suisse  ne 
l’emporte  -  t  -  elle  pas  sur  l’Italie,  par  le  spectacle  ma¬ 
jestueux  des  Alpes  et  des  merveilles  de  la  nature,  et 
par  le  spectacle  bien  plus  intéressant  encore  d’un  peu¬ 
ple  libre  et  généreux,  chez  lequel  tout  annonce  la  féli¬ 
cité  publique.  Même  en  traversant  la  vaste  solitude  dès 
Alpes,  les  contrées  de  la  Fourche ,  du  Grimsel ,  du 
Schoellenen ,  du  Splugen  etc.  sur  des  chemins  tracés  au 
bord  des  plus  affreux  précipices,  le  voyageur  est  si  pro¬ 
fondément  ému,  qu’il  oublie  les  fatigues  et  les  dangers 
de  sa  route,  et  que  ces  images  de  terreur  qu’il  a  devant 
les  yeux,  se  changent  pour  lui  en  beautés  sublimes, 
qui  pénètrent  son  âme  d’un  secret  ravissement.  Ses  pen¬ 
sées  ont  plus  d’élévation,  ses  sentimens  plus  d’énergie; 
il  double  en  quelque  sorte  son  existence.  La  Suisse  est, 
comme  l’on  sait,  le  pays  le  plus  élevé  de  l’Europe. 
L’air  y  est  tellement  épuré  par  les  vents  des  Alpes  ,  tou¬ 
jours  chargés1  des  exhalaisons  balsamiques  de  milles 
plantes  différentes  ,  qu’on  en  ressent  tout  de  suite  l’in¬ 
fluence  bienfaisante.  Plus  d’un  malade  a  recouvré  en, 
peu  de  teins  sa  santé  en  voyageant  en  Suisse,  par  le  seul 
effet  du  mouvement  sans  le  secours  des  remèdes.  ,,  Plu* 
on  s’élève  (dit  M.  Ebel)  et  plus  on  s’apperçoit  de  cette 
propriété  fortifiante  de  l’air:  cette  lassitude,  cette  lour¬ 
de  pesanteur  dont  on  est  abattu,  et  qui  semble  devoir 
vous  ôter  tout  espoir,  d’être  en  état  de  gravir  une  mon¬ 
tagne  pendant  une  heure  seulement,  disparaît  par  de¬ 
gré,  et  toujours  progressivement,  à  mesure  qu’on  s’élè¬ 
ve,  et  lorsqu’on  est  parvenu  en  4  ou  5  heures,  à  une 


LA  SUISSE.  MAN.  D.  VOY,  33 

hauteur  de  7  à  8cûo  pieds,  on  se  sent  d’une  sérénité, 
d’une  vigueur,  et  d’une  légèreté  ,  qui  neSsauraient  se  dé¬ 
crire.  “  En  effet,  s’il  est  vrai,  comme  le  dit  un  des  plu» 
agréables  voyageurs  qu’ait  produits  l’Allemagne,  (feu 
Mr.  Meiners )  et  comme  personne  n’en  doute,  s’il  est 
vrai  ,  que  le  plus  grand  charme  des  voyages  consiste, 
dans  un  jeu  plus  parfait  des  organes  du  corps  et  dans 
une  sérénité  extraordinaire  de  l’esprit ,  avantages  dont 
on  est  redevable  soit  h  l’action  de  l’air  pur  qu’on  res¬ 
pire  en  liberté,  soit  au  mouvement  soûtenu  et  aux  di¬ 
stractions  continuelles,  que  procurent  les  voyages,  soit 
ehfin  à  l’éloignement  des  soucis  domestiques  et  des  af¬ 
faires  sérieuses;  il  n’est  pas  surprenant,  après  ce  que 
nous  venons  de  dire  de  la  pureté  de  l’air  en  Suisse,  et 
de  son  influence  salutaire  sur  le  corps  et  l’esprit  des  vo¬ 
yageurs  ,  que  les  étrangers  quittent  ce  pays  avec  tant 
de  regrets  ;  qu’ils  désirent  avec  tant  d’ardeur  d’y  retour¬ 
ner,  et  que  le  souvenir  des  moihens  toujours  trop  courts 
qu’ils  ont  passés  dans  ces  heureuses  contrées,  vienne 
Souvent  se  retracer  à  leur  esprit  avec  une  vivacité  sin¬ 
gulière  ,  et  soit  accompagné  d’une  foule  de  réminiscen¬ 
ces  agréables.  —  Non,  je  ne  l’oublierai  jamais  ce  jour, 
où  je  vis  pour  la  dernière  fois  le  Mont-Blanc  se  tein¬ 
dre  du  plus  beau  rose  aux  rayons  du  soleil  couchant, 
où  du  haut  du  signal  de  Bougy  dans  le  Pays  de  -  Vaudt 
j’embrassais  d’un  coup -d’oeil,  non  tous  les  royaumes, 
du  monde  et  leur  gloire ,  mais  le  plus  bel  horison  et  les 
plus  rians  paysages  que  Ton  puisse  imaginer.  Il  jne 
semble  que  la  nature  eût  voulu  me  montrer  ces  belles 
campagnes  dans  toute  leur  parure,  pour  rendre  plus  vif 
le  regret  que  j’avais  de  les  quitter.  Avant  de  leur  dire 
un  dernier  adieu ,  mes  yeux  se  reposèrent  encore  long- 
tems  sur  cette  vue  enchanteresse,  qui  allait  disparaître 
pour  moi,  et  j’adressai  au  génie  de  l’humanité  des  voeux 
pour  la  conservation  de  ces  heureuses  Républiques;  hé¬ 
las,  des  voeux  ardens,  mais  cruellement  déçus  parles 
événemens  ! - — 


Mais  ce  sont  des  directions  et  non  des  déclamations 
que  j’ai  promises  à  mes  lecteurs;  j  espère  cependant 
qu’ils  me  pardonneront  ce  moment  d'enthousiasme,  que 
le  seul  souvenir  d’un  voyage  en  Suisse  ne  peut  manquer 
d’inspirer. 


34  LA  SUISSE.  MAN.  D.  VOY. 

Nous  avons  un  nombre  prodigieux  de  descriptions  de 
la  Suisse,  et  de  voyages  en  Suisse,  de  sorte  qu’un  voya¬ 
geur  doit  se  trouver  embarrassé  de  choisir  parmi  tant 
d’ouvrages  celui,  qui  peut  lui  servir  de  lecture  prélimi¬ 
naire.  Les  voyages  si  connus  de  Cote  *)  et  de  feu  Mei - 
Tiers-,  sont  incontestablement  les  deux  ouvrages  que  peu¬ 
vent  encore  lire  avec  fruit,  les  voyageurs  de  tout  état 
et  tout  rang.  Il  faut  y  ajoûter  les  lettres  et  le  jour¬ 
nal  •*)  d'une  dame  l’amie  de  Matthisson  et  de  Bonstet- 
t£n ,  dont  les  déscriptions  ressemblent  à  ces  vues  char¬ 
mantes  d'Abcrli  ou  de  Rieter. 

Il  y  a  encore  d'autres  ouvrages,  dont  il  faut  nécessai¬ 
rement  faire  mention,  et  qui  ne  sont  pas  volumineux. 
L'Almanach  Helvétique  en  16.  qui  a  commencé  en  1781. 
Il  nous  donhe  depuis  les  dernières  années  de  tableaux 
statistiques  et  exactes  des  divers  cantons;  chaque  année 
s’occupe  tour  à  tour,  de  la  description  de  quelque  nou¬ 
veau  canton.  Publié  en  langue  allemande,,  orné  de  jo- 
lies  gravures,  il  forme  un  petit  livre  de  poche,  que  le^ 
voyageur  sera  bien -aise  de  consulter  et  avec  fruit  sur 
tel  ou  tel  canton,  et  sur  l’état  actuel  de  ses  districts. 


*)  M.  Schoell  à  présent  à  Paris  a  publié  Une  nouvelle 
édition  des  voyages  de  Coxe ,  avec  les  additions  de 
liamonil  et  des  vues,  dessinées  par  Birrmann\  ,,  W, 
Cuxe's  travels  in  Switzerland  and  in  the  country  o£ 
Grisons  etc.  to  whicli  are  added  the  notes  and  obser¬ 
vations  of  Mr.  Ramond  translated  from  the  french,  A 
ri ew  Ed.  Bâle  1801.  8-  3  vol.  avec  1  carte  et  6  plan¬ 
ches.  “  ,,  Briefe  liber  die  Schweiz  etc.  vom  Prof. 

Meiriers.  3  vol.  8-  Berlin  1788—90.**  Espérons  que  la 
paix  reconduira  le  premier  de  ces  deux  voyageurs 
en  Suisse,  et  qu 'alors  ils  enrichira  la  littérature  par  » 
des  tableaux  de  la  nouvelle  Helv étie ,  aussi  exacts  et 
aussi  intéressans  que  ses  déscriptions  de  1  ancienne. 

**)  Prosaische  Schriften  von  Friederike  Brun.  T.  und 
2.  B  and.  Zurich  1799.“  —  Tagebuch  einer  Reise  , 
durcli  die  ostliche,  siidliche  uud  italienische  Schweiz 
ausgearbeitet  in  der,  .lahren  ivefi  and  I7Q9  von  Friede¬ 
rike  Brun ,  geb.  Münter .  Ntl t  Kupfern.  Kopenha- 
gen  1800.  8-*‘  Mais  surtout  son  ouvrage  charmant: 

Ep isotien  aus  Reisen  durcit  das  siidliche  Veutschland, 
die  westliche  Schweiz ,  C mf  und  Italien ,  in  den 
Jahrcn  igoi ,  l£02 ,  I&M  et  1SC5.  Zurich ,  ifcoô  et  1808- 
2  vol.  S- 


LA  SUISSE.  MAN.  D.  VOY. 


35 


Nous  ne  passerons  non  plus  sous  silenee  les  Etren- 
nés  Hclvétiennes  et  patriotiques ,  par  M.  Bridel ,  Curé 
à  Montreux  y  près  de  Vevay,  qui  continue  de  même, 
depuis  nombre  d’années ,  un  recueil,  très  -  intéressant ,  et 
dans  lequel  l’auteur  rend  avec  cette  élégance  qui  lui  est 
naturelle  ,  les  impressions  qu’il  éprouvait  dans  ses 
courses. 

Mais  parlons  a  présent  d’un  manuel  y  le  plus  néces¬ 
saire  à  tout  voyageur ,  c’est:  l'instruction  pour  un  vo¬ 
yageur  qui  se  propose  de  parcourir  la  Suisse  de  la  ma¬ 
nière  la  plus  utile  et  la  plus  propre  a  lui  procurer  tou¬ 
tes  les  jouissances  dont  cette  contrée  abonde.  Par  M.  le 
D.  EBEL  *).  Avec  figures  et  cartes.  La  première  édi¬ 
tion  Allemande  en  a  paru  en  2  vol.  à  Zurich  171)3.  Mais 
l’auteur  en  a  publié  en  189,  une  troisième  édition  en 
Allemand  et  en  Français,  et  pareillement  à  Zurich  y  qui 
comprend  4  volumes ,  et  qui  doit  être  regardée  comme 
un  ouvrage  totalement  refondu,  corrigé  et  augmenté 
d’un  grand  nombre  d’additions  importantes.  Peut-être 
que  dans  le  moment  même,  il  en  a  paru  la  4ème  ou 
5ème  édition;  car  personne  ne  peut  se  dispenser  de  pos¬ 
séder  cet  ouvrage,  le  meilleur  guide  des' voyageurs  en 
Suisse.  C’est  de  lui  qu’on  peut  dire  avec  raison  qu’il 
«mbrasse  toute  la  Suisse  dans  sa  totalité,  et  qu’il  mêfc 
l’étranger  en  état,  de  se  dresser  un  plan  de  voyage  rai¬ 
sonnable  et  d’en  tirer  les  avis  dont  il  a  besoin  dans  une 
infinité  de  cas. 

Outre  ces  quatre  ou  cinq  ouvrages,  ceux  qui  veulent 
visiter  la  Suisse  en  Physicien  ou  en  Mineralogues  **); 
puiseront  dans  les  ouvrages  de  M.  de  Luc  y  de  M.  de 
Saussure  y  de  M.  de  Razumowsky ,  de  M.  Fcrbcr  etc.  les 


*)  M.  Ebel  a  publié  en  allemand,  une  description  ex- 
ceellent  des  petits  cantons  d’Appenzell,  de  Glaris 
etc.  Il  en  a  paru  trois  volumes. 

**)  Je  n’ai  pas  besoin  d’indiquer  ici  aux  Botanistes, 
r Histoire  des  plantes  de  la  Suisse  du  grand  Haller , 
ni  aux  Zoologistes  celles  des  Animaux  de  Conrad  Gess - 
ner ,  avec  l’énumération  des  insectes  de  la  Suisse  par 
Furjsiy-y  ces  ouvrages  sont  connus  de  tous  les  savant. 
Ajoutons -y:  Suteri  fiora  helvetica.  Turici ,  1802. 


36  LA  SUISSE.  MAN.  D.  VOY. 

éclaircissement  et  les  connaissances  nécessaires,  niaiâ 
sui-tout  dans  l'excellent  ouvrage  de  M.  Bernouilli  -  Ge- 
ognostische  Uebersicht  dcr  Schweiz ,  ncbst  einem  syste- 
matiscfien  V  erzeichnifs  aller  in  dicsem  Lande  vorkom- 
mcnden  JV1  itteralkbrpcr  und  deren  Fundortcr.  Basel.  1814. 
Un  savant  Espagnol ,  Don  Gimbernat  qui  a  parcouru  il 
y  a*4  à  5  ans,  les  Alpes  en  Mineralogue  a  recueilli  aussi 
des  observations  intéressantes,  annoncées  sous  le  titre 
de:  Mapa  y  Pianos  geognosticos  de  la  Suizza. 

Le?  voyages  de  Meiners ,  de  Coxe  etc.  ont  été  faits 
et  publiés  il  y  a  bien  longtems.  Mais  cela  n’ôte  rien  a 
leur  utilité.  L’organisation  politique,  peut  -  être  les 
moeurs  ont  été  changées,  mais  les  beautés  de  la  nature 
sont  restées  les  mêmes. 

Parmi  les  cartes  de  la  Suisse  la  carte  a  préférer  et 
la  plus  fraîche,  c’est:  la  carte  routière  de  la  Suisse  par 
Keller  et  Scheuevmann.  Zurich ,  chez  Fuefsly ,  1813*  El¬ 
le  ne  laisse  rien  à  désirer,  et  on  y  a  même  noté  ingé¬ 
nieusement,  les  routes,  qni  conduisent  des  villes  voisi¬ 
nantes  en  Suisse* 

Je  ne  puis  me  dispenser  de  'parler  ici  des  belles 
estampes  enluminées ,  qui  représentent  les  plus  belles 
contrées  de  la  Suisse,  et  qui  méritent  de  décorer  les  ap¬ 
partenons- de  ceux  qui  ont  voyagé  dans  ces  pays.  Parmi 
les  artistes  il  faut  nommer  de  préférence  Aberli,  car 
c’est  lui  qui  en  a  été  l’inventeur  et  qui  le  premier  a  ex¬ 
cellé,  dans  ce  genre  agréable:  Rieter  à  Berne,  qui  possè¬ 
de  seul  la  collection  coinpiette  de  toutes  les  estampes  d'A- 

berli  j 


Manuel  d'herboriser  en  Suisse  et  en  Valais,  rédige  se¬ 
lon  le  système  de  Linnêe.  IVinterthur.  1811.  8-  Précis 
d'un  voyage  botanique  fait  en  1811  par  le  professeur 
Villarsy  Lauth  et  Nestler.  A  Paris ,  i8Î2-  8*  Le  célè¬ 
bre  botaniste  d eBexy  M.  Schleicher,  vient  d’annoncer 
un  cours  de  botanique,  pour  aller  herboriser  sur 
1er.  montagnes  et  dans  les  vallées  du  district  de  Bex 
et  du  Bas  -  Valais ,  surtout  de  Fouly ,  où  l’on  cueille 
les  deux  tiers  de»  plantes  les  plus  rares  de  l’Helvétie 


LA  SUISSE.  MAN.  D.  VOY.  3 ? 

herli  ;  Freudenberger;  Henziy  ICônig  ;  Bleuler  r  (qui  oc¬ 
cupe  dans  son  habitation^  non  loin  de' la  chute  duRhin, 
plus  de  6o  personnes  par  des  gravures  ,  des  dessins,) 
Jjinck ,  à  Genève  etc.  Le  prix  des  vues  d 'Aberli  et  de 
Hackert  varie  de  6  à  18  livres  de  France  :  d’après  la 
grandeur  des  estampes.  Aberli,  Freudenberger ,  et  Hen- 
zi ,  viennent  de  mourir  au  grand  regret  des  amateurs. 
On  peut  mettre  à  côté  des  plus  beaux  ouvrages  d 'Aberli 
les  superbes  estampes  coloriées  qui  composent  la  collec¬ 
tion  de  Renzi ,  dont  il  a  paru  plusieurs  cahiers.  L’art 
semble  y  rivaliser  avec  la  nature  par  la  fidélité  de  l’exé¬ 
cution.  Par  exemple,  la  prairie  de  Rutli ,  le  Luëtschi- 
nen,  le  pont  du  diable ,  y  sont  représentés  avec  une 
vérité  qui  va  jusqu’à  faire’illusion  au  spectateur,  qui  se 
croit  transporté  par  enchantement  dans  ces  contrées. 
Joignez  à  cela  que  le  texte  est  de  TVyttenbach ,  qui  le 
composa  sur  les  lieux  mêmes.  Une  autre  collection  de 
vues  Suisses  qui  n’est  pas  moins  chère  que  celle  d e  Ren- 
zi ,  mais  qui  lui  est  très  -  inférieure ,  soit  pour  les  choix 
des  vues,  soit  pour  la  fidélité,  c’est  le  recueil  des  tab¬ 
leaux  topographiques  et  pittoresque  de  la  Suisse ,  Paris 
I78ij  grand  infolio.  C’est  M.  de  la  Borde  qui  a  fait  exé¬ 
cuter  les  gravures,  et  c'est  feu  le  baron  de  Zurlauben  à 
Z ug  qui  a  travaillé  le  texte.  Ori  a  encore  une  foule 
d’estampes  Suisses  de  différens  artistes.  Parmi  les  plus 
récentes,  il  faut  distinguer  celles  de  Lafond ,  de  Lorry , 
de  Birrmann ,  de  Bidermann ,  de  fVolfy  de  Loutherbourg 
de  Link  ,  de  Hakert ,  de  fFocher ,  de  Reinermann ,  de 
Hess y  de  Gmelin.  Les  vues  du  Mont-Blanc  de  Mechel 
qui  côutent  3  gros  écus  la  feuille ,  celle  que  M.  Bâcler 
d'Albe  a  fait  de  la  même  montagne,  et  celles  qu 'Albani- 
Beaumont  a  publié  en  12  feuilles  et  qui  coûtent  3  louis 
et  demi,  doivent  être  comptées  parmi  les  meilleures 
vues  de  la- Suisse.  M.  Lips  a  gravé  les  portraits  de  La - 
vater ,  et  do  Hotze ,  morts  pour  leur  patrie.  —  M.  Koe- 
nig  a  publié  quelques  costumes  Suisses  ,  qui  sont  en 
même  tems  ,  portraits.  M.  F uessli  a  enrichi  le  public 
d’un  grand  nombre  de  vues  et  estampes  coloriées,  et 
d’autres  au  bistre.  M.  Dunker  a  publié  beaucoup  d’au¬ 
tres  vues  et'  s’est  égayé  dans  quelques  caricatures  sur 
les  ridicules  révolutionnaires  de  son  pays  et  de  son 
siècle  etc.  etc.  Les  amateurs  trouvent  à  acheter  toutes 
les  estampes  dans  le  superbe  magasin  de  M.  M.  FuefsW 
à  Zurich  y  et  dans  ceux  de  MM.  Jiubcr  et  Mechel  à  Bàle 
Guide  d.  Voy.'  T.  II.  D 


38  LA  SUISSE.  MAN.  D.  VOY. 

et  à  Berne ,  chezMM .  Burgdorf  et  Rôtzer.  Il  y  en  a  une 
surtout  qu’ils  ne  doivent  pas  manquer  de  se  procurer, 
c’est  celle  pui  représente  la  lisière  ou  la  chaîne  des 
grandes  Alpes,  telle  qu’on  la  voit  de  Berne ,  peinte  par 
Studer ,  gravée  par  Dunker ,  et  enluminée  par  Rieter. 

L’Allemand  est  la  langue  qui  est  parlée  dans  la  plus 
grande  partie  de  la  Suisse;  c’est  la  langue  nationale,  et 
celle  qu’on  emploie  dans  les  actes  publics,  et  dans  tou¬ 
tes  les  affaires  politiques  de  la  conféderatioh.  C’est  un 
dialecte  particulier  qui  a  quelque  chose  de  choquant 
pour  l’oreille  d’un  haut -Saxon,  et  qu’il  a  souvent  de  la 
peine  à  comprendre,  surtotit  dans  les  contrées  basses  et 
dans  les  campagnes.  D’un  autre  côté .  l’Allemand  qui 
parle  bien  sa  langue ,  est  presque  inintelligible  pour 
l’homme  du  peuple  et  l’habitant  des  campagnes.  Sou¬ 
vent  même  il  n’en  tire  pour  toute  réponse,  que  ces  mots: 
En  vérité  Monsieur ,  je  ne  sais  pas  le  Seiche!  c’est-à- 
dire  en  langue  du  pays,  le  Français «  Dans  quelques 
districts  des  Alpes  ,  dans  le  Hassly  p.  e.  le  dialecte  du 
pays  est  inintelligible  même  pour  un  Suisse.  La  langue 
Française  est  usitée  dans  une  partie  de  la  Suisse  occi¬ 
dentale,  à  Soleure ,  à  Friboxirg ,  à  Neufchâtel ,  dans  les 
contrées  voisines  des  lacs  de  Neufchâtel  et  de  Bienney 
dans  tout  le  pays  de  Vaudy  et  dans  une  partie  du  Valais. 
La  plûpart  des  endroits  ont  deux  noms  ,  l’un  Français 
et  l’autre  Allemand,  ce  qui  met  quelquefois  les  étran¬ 
gers  dans  l’embarras.  Au  reste  on  trouve  dans  la  Suisse 
Allemande,  même  parmi  les  gens  du  commun,  des  per¬ 
sonnes  qui  parlent  très -bien  le  Français;  de  plus  tous 
les  aubergistes ,  les  voituriers,  les  guides  de  profession 
(  excepté  à  Genève  et  à  Chamouny  )  savent  également  les 
deux  langues.  A  Berne  c’est  ordinairement  le  Français 
que  l’on  parle  aux  étrangers  ;  les  dames  surtout  ont  de 
la  répugnance  à  s.e  servir  avec  les  Allemands  de  leur 
langue  maternelle,  et  cela  par  un  excès  de  modestie; 
elles  craignent  que  leur  dialecte,  .qui  n’est  cependant 
pas  sans  grâces  dans  leur  bouche,  ne  fasse  une  impres¬ 
sion  désagréable.  Le  sommet  du  St.  Gothard,  est  comme 
la  limite  de  la  langue  Allemande  et  de  l’Italienne.  Cette 
dernière  se  parle  dans  le  canton  du  Tessin.  La  plûpaxt 
des  aubergistes  de  la  vallée  de  Livine  jùsqu’à  Rellinz-ont 
et  chez  les  Grisons ,  l’entendent  aussi. 

Les  louis -neufs ,  ou  carolins,  comme  on  les  appelé 
en  Allemagne,  les  Napoléons  et  les  gros  ëcus,  en  général 


I 


LA  SDISSE.  MAN.  DE  VOY. 


39 


ie$  espèces  d’or  et  d’argent  de  la  France  ,  tant  ancienne 
que  nouvelle ,  sont  le  meilleur  argent  pour  servir  au 
voyageur  en  Suisse.  Dans  l’intérieur  du  pays  on  ne 
connaît,  ni  les  louis  Allemands,  ni  les  pistoles ,  ni  les 
écus  de  convention,  et  plU9  d’une  fois  on  m’a  refusé  de 
les  prendre. 

Quels  sont  le9  mois  les  plus  favorables  à  un  étran¬ 
ger  pour  se  rendre  eu  Suisse  ?  Cela  dépend  absolument 
du  plan,  que  chaque  voyageur  se  sera  formé.  Le  mois 
de  Mai,  dit  M.  Ebtïr  est  communément  plus  beau,  que 
celui  de  Juin,  qui,  le  plus  souvent  est  extrêmement 
pluvieux,  et  cés  pluies  se  prolongent  quelquefois  bien 
avant  dans  le  mois  de  Juille*.  Des  mois  où  le  tems  esc 
le  plus  constant,  sont,  généralement  parlant,  Juillet, 
Août  et  Septembre,  par  conséquent  ils  sont  les  plus 
avantageux  pour  voyager  dans  les  hautes  montagnes. 

Il  faut  canven.ir.au  demeurant,  que  les  années  diffèrent 
beaucoup  ent.re  elles.  Le  mois  de  Septembre,  et  fort 
souvent  celui  d’ Octobre,  sont  les  plus  beaux  de  l’année; 
un  ciel  pur  et  serein,  une  température  douce  et  agréa* 
ble,  rendent  les  automnes  extrêmement  belles  en.Sufsse. 
C’est  alors  qu  il  faut  commencer  à  parcourir  les  envi¬ 
rons  délicieux  des  lacs  de  Genève ,  de  JSeufchâtel  et  ^de 
Bienne ,  et  principalement  le  charmant  pays  de  Vau^ly 
pour  y  jouir  du  spectacle  des  vendanges ,  et  des  plaisirs 
de  la  société,  unis  à  ceux  de  la  vie  champêtre. 

On  demande  souvent,  combien  il  faut  de  semaines 
ou  de  .  mois  pour  faire  le  voyage  de  Suisse.  C’est,  une 
question  à  laquelle  il  n’est  pas  possible  de  répondre 
d'une  manière  précise,  pareeque  chaque  voyageur  se, 
règle  à  cet  égard  sur  les  circonstances  où  il  sç  trouve,  t 
et  sur  le  but  qu’il  se  propôse.  L’espace  de  tems  dont  il  r 
peut  disposer,  la  dépense  qu’il  est  en  état 'de  faire,  la 
route  qu  il  choisit  pour  son  voyage,  le  plus  ou  Te’  mointif 
de  curiosité  qu’il  a,  voilà  autant  de  considérations  qui 
en  décident.  La  plûpart  des  voyageurs  n’y  mettent ’qûé' 

6  ou  8  semaines  ;  mais  Madame  de  Korff  dit  avec’ autauit 
de  naïveté  que  de  vérité  dans  ses  lettres  sur  la  Suisse  : 
,,Une  chose  qui  me  déplaît  en  Suisse  c’est,  qu’on'  y 
trouve  trop  de  choses  à  voir  à  la  f ois.  Il  faudrait,  poux 
«e  tien  perdre,  s’établir  pendant  quelque  tems  dans 
chaque  petite  ville,  et  faire  des  excursions  dans  les  con*. 
trées  voisines  jusqu'à  ce  que  l’on  èût  tout  vu.  De  «là  il 

D  2 

. 


40  LA  SUISSE.  MAN.  DE  VU  Y. 


faudrait  passer  dans  un  autre  endroit  et  suivre  la  même 
marche.  Mais  un  seul  voyage  ne  suffirait  pas  pour  celà, 
il  faudrait  un  séjour  de  plusieurs  années.  Combien  de 
pays  beaucoup  plus  étendus  dont  on  ne  peut  pas  dire  la 
même  chose!  ‘‘  Celui,  dit  M,  Eb.el  ,  qui  veut  se  conten¬ 
ter  de  parcourir  la  Suisse,  pour  acquérir  quelques  no¬ 
tions  de  chaque  canton,  et  de  voir  partout  ce  que  la  na¬ 
ture  offre  de  remarquable  à  tous  égards,  peut,  en  dres¬ 
sant  son  pla?i  de  voyage  d’une  manière  sagement  raison, 
née,  remplir  son  objet  en  3  mois  et  demi,  en  allant  k 
pied,  ainsi  qu’on  le  verra  plus  bas.  On  ne  çbmpte  ici 
pour  les  séjour  dans  tel  eu  tel  lieu,  que  précisément 
ce  qu’il  en  faut  pourvoir  ce  qu’il  y  a  de  plus  intéres¬ 
sant.  Mais  il  faut  aussi  'faire  réflexion,  qu’il  est  rare 
qu’on  ait  trois  semaines  consécutives,  un  tems  sec  et  se¬ 
rein.  L'instabilité  du  tems  est  fort  grande  et  ses  chan- 
geraens  sont  fort  fréquens  ,  et  même  dans  le  mois  oi>  il 
est  le  plus  constant,  il  survient  des  pluiés,  qui  durent 
Souvent  3  ou  4  jours:  on  pèut  donc  ûjoûtèr  à  ces  3  mois 
èt  demi  hardiment  15  jours,  ou  la  pluie  et  les  oragès 
forceront  de  faire  une  station  précîséhVeiit  K  rëiidfoit  où 
l’on  sé‘ trouvera.  Il  nfè  faudrait  donc  pris  se  foriner  lé 
plan,  d’achever  telle  ou  telle  tournée  dans  ujl  tems  dé- 
termiilê?  mais  cheminer  aussi  Icngtems  que'la  saisosï 
serait'  belle  et  le  ciel  serein.  Je  conseillerai  toujours  à 
quelqu’un  qui  ne  viendrait  en  Suisse  que  pour  deux  mois? 
de  restreindre  son  plan  aux  parties  absolument  les  plus 
intéressantes.  > 

Ôn  trouvera  dans  l'itinéraire  qui  accompagne  cet  oil- 
vraJgè,  le  plan  dre  quelques  vbyàges  de  Suisse  et  des  rou¬ 
tes  qu’il  faut  y  prendre.  Le  tiedàchtnifs -  JBuch.  Aarau , 

1816-  16.  contient  250  routes  et  itinéraires  de  la  Suisse’ 

X.  )ot  f  -•  ")  !  :  1  b';**  • 

i  Une  opini-ou  assez  commune  et  qui  n'en  est  pas 
moins  fausse  pour  cela,  c’est  qu>n  voyageant  en  Suisse, 
il  faut  .continuellement  gravir  les  montagnes  ,  que  l’on 
est  tqujgurs  en  danger  de  s’y  casser  le  cou,  et  que  le9 
personnes  sujettes  aux  vertiges,  doivent  bien  se  garder 
d’en  .courir  les  risques.  Cela  peut  être  vrai  de  quelques 
chemins  dans  l’intérieur  des  contrées  montagneuses  ; au 
reste,  en  traversant  la. plus  grande  partie  de  la  Suisse,’ 
an.  n’a ;ni  vertige  a  craindre  ,  ni  danger  a  courir.  •  Lesr 
grandes  routes  sont  en  très -bon  état  f  et  même  les  da¬ 
ines  ne  peuvent  en  désire;'  de  plus  belles  ni  de  plus  jù 


IA  SUISSE»  MAN.  DE  VOY.  41 

res.  Surtout  Sans  le  canton  de  Berne  *)  elles  l’empor¬ 
tent  de  beaucoup  sur  les  chaussées  des  autres  pays.  Les 
chemins  qui  conduisent  dans  quelques-unes  des  contrées 
les  plus  intéressantes  des  Alpes,  p.  e!  à  Lauterbrunnen -, 
dans  le  Grindelwald ,  et  dans  la  vallée  de  Chumouny , 
sont  tels,  que  les  personnes  les  plus  délicates  des  deux 
sexes,  peuvent  faire  ces  courses  commodément  et  sans 
aucun  danger.  Je  me  souviens  même  d’avoir  'rencontré 
une  société  de  dames  Anglaises,  qui  avaient  faifcjtout  le 
voyage  des  Alpes,  depuis  le  St.  Gothard  jusqu’au  JVJ'ont- 
Blanc.  Il  est  vrai  que  c’étaient  des  héroïnes,  dont  beau¬ 
coup  d’hommes  auraient  eu  de  la  peine  à  suivre  l’e¬ 
xemple. 

„Tout  le  monde  sait  (dit  M.  Ebel) qu’on  manque  en 
Suisse  de  la  ressource  d’un  établissement  de  postes.  Il 
y  a  cependant  des  diligences  réglées  qui  vont  de  Bâle  à 
Schaffhouse  ,  Zurich ,  Berne ,  Soleure ,  Bienne  ,  et  dans 
les  vallées  de  Locle  et  de  la  Chaux-de-  Fond  ;  de  Zurich 
h  St.  Gall  et  Berne ;  de  Berne  à  Thuny  Genève  et  Neuf- 
ch  tel;  de  Lausanne  à  Vevay  e  t  Pontarlier  ;  et  de  Ge 
n'eve  jusqu’à  Lyon  et  Turin :  ces  diligences  sont  fort 
bien,  et  l’on  y  va  très -vite.  On  peut  aussi  aller  en 
poste,  de  Schaffhouse  jusqu’à  Arbourg ,  en  passant  k 
Rheinheim  ,  où  l’on  vient  d'établir  une  poste  de  Taxis; 
puis  on  change  de  chevaux  chez  les  aubergistes  d e  Briigg, 
à'Arau  et  A' Arbourg.  (  De  Rheinheim  k  Donaueschin- 
gen  V.  l’Itinéraire  d’Allemagne,  No,  5.  )  Ce  même 
établissement  a  lieu  entre  Bâle  et  Zurich ,  par  Rhein- 
felden ,  Stein  -  sur  le  Rhin  et  Brugg ,  où  l’on  trouve  des 
relais  chez  les  aubergistes,  finissant  dans  une  seule  jour¬ 
née  une  route,  à  laquelle  les  voituriers  consacrent  ri/2 
jours.  Entre  Lindau  et  Constance ,  on  change  de  che¬ 
vaux,  à  Brègence r  à  Roschach ,  et  chez  l’aubergiste  de 
la  Hube.  Comme  la  plûpart  des  voyageurs  arrivent  en 
poste  et  dans  leurs  propres  voitures,  aux  frontières,  de 
la  Suisse*  ils  sont  obliges  de  se  servir  de  voituriers  qui, 
dans  les  villes  tiennent  toujours  des  chevaux  prêts,  et 
même  de9  caros.es,  pour  les  étrangers.44 

*)  Cette  oligarch  e  Bernoise,  dont  le  gouvernement 
sage  et  paternel,  vanté  par  Fr  édèric  -  le  -  grand,  fut 
le  but  des  traits  des  fauteurs  révolutionnaires  par 
eeque  (comme  le  dit  Carnot)  „cette  république 
arsenal!4”16  11111110115  eh  ré*erv^  et  un  magnifique 


42  LA  SUISSE.  MAN.  DE  VOY. 

„Cidev «tfnt  les  prix  des  loueurs  de  chevaux  étaient  as¬ 
sez  réglés  et  à  peu-près  les  mêmes  par  toute  la  Suisse; 
on  payait  pour  deux  chevaux  un  demi  louis -neuf  par 
jour;  mais  il  faut  savoir  q’uon  ne  vous  fournit  des 
cheveaux,  qu  autant  que  vous  vous  engagez  à  payer  au¬ 
tant  de  journées  pour  le  retour,  que  vous  en  avez  mis 
h  arriver.  Par  exemple,  si  vous  faites  huit  à  dix  lieues, 
vous  payez  deux  journées  à  3  écus  de  6  Francs  chacune 
pour  deux  chevaux:  c.  a.  d.  la  journée  de  votre  voyage, 
et  la  journée  des  chevaux  qui  retournent  vides,  k  un 
demi  louis  chacune.  On  ne  compte  rien  pour  le  louage 
de  la  voiture,  au  contraire,  on  vous  demandera  plutôt 
davantage,  en  ne  vous  fournissant  que  les  chevaux, 
parce  que  le  voiturier  n’a  pas  alors  la  perspective  de 
pouvoir  ramener  d’autres  voyageurs  au  retour.  Comme 
le  nombre  des  voyageurs  est  très  -  grand  pendant  l’été, 
vous  trouvez  souvent  des  carosses  qui  retournent  vides, 
que  vous  pouvez  avoir  à  la  moitié  du  prix  ordinaire, 
puisque  vous  n’avez  pas  alors  les  journées  de  retour  à 
payer.  Il  est  par  conséquent  très  -  économique  de  de¬ 
mander  souvent  au  palefrenier  de  votre  auberge,  s’il 
n’est  point  arrivé  de  voiture  de  l'endroit  où  vous  êtes 
intentionné  de  vous  rendre. “ 

,,Cidevant  le  prix  généralement  réglé  pour  un  cheval 
était  d’un  gros  écu  par  jour;  mais  ce  prix  a  terrible¬ 
ment  augmenté.  11  faut  à  présent  payer ,  par  jour,  pour 
deux  chevaux,  trois  gros  écus,  et  les  voituriers  ne  se 
Contentent  de  deux,  que  pour  les  journées  de  halte.  De 
plus,  il  faut  payer  chaque  journée  double,  à  cause  du 
retour;  conséquemment  six  ou  4  gros  écus  par  jour.  Le 
pour- boire  du  cocher  monte,  au  moins  a  un  florin  par 
jour.  Quelquefois  le  loueur  de  chevaux  ne  vous  de¬ 
mande ,  par  cheval,  que  3  florins  par  jour:  vous  croyez 
avoir  trouvé  un  homme  équitable,  et  c'est  vous  qui  êtes 
la  dupe;  car  alors  il  vous  compte  une  journée  de  plus, 
et  la  chose  en  revient  toujours  à  ce  que  je  viens  d’établir 
cidessus.  Par  exemple,  on  fait  les  vingt- quatre  lieues 
qu’il  y  a  de  Zurich  à  Berne  en  deux  jours,  et  il  est  tout 
simple  que  là  voiture  vide  n’en  mette  pas  davantage  pour 
le  retour;  cependant  le  voiturier  vous  fera  payer  cinq 
ou  6  journées.  Un  se  rend  à  St.  Gall  en  un  jour  et  demi, 
et  1  on  vous  en  fait  payer  quatre  ou  cinq.  Ainsi  l’on 
doit  se  méfier  de  l’équité  de  ces  gens  là;  et  l’on  peut 


43 


LA  SUISSE.  MAN.  D.  VOY. 

actuellement  calculer,  pour  chaque  cheval  dont  on  a 
besoin,  au  moins  5V2  ilorins  (12  liv.)  par  jour,  ou  pour 
mieux  dire  11  florins  (24  livres)  a  cause  du  retour.  “  *) 

,,  Les  chevaux  de  monture  ou  les  mulets,  dont  les 
voyageurs  se  servent  en  visitant  les  pays  de  montagnes, 
où  l’on  ne  peut  pas  aller  en  voiture,  se  payent  encore 
tur  l’ancien  pied,  savoir  un  gros  écu  par  jour,  quelque¬ 
fois  moins  ,  lorsqu’on  les  loue  pour  quelques  semaines. 
Mais  il  arrivera  aussi  qu’on  vous  demand'ra  deux  gros 
ecus  pour  faire  trois  lieues,  et  qu’on  poussera  l’obstina¬ 
tion  au  point,  de  garder  plutôt  ses  chevaux  à  l’écurie 
que  de  se  relâcher  sur  le  prix  exigé.  Le  voyageur  est 
aussi  exposé  à  être  quelquefois  surfait  ,  avec  une  pa¬ 
reille  indignité ,  par  les  bateliers  sur  les  lacs  ,  et  par  les 
aubergistes,  dans  les  pays  de  montagnes,  qui  vous  comp¬ 
teront,  en  certains  endroits,  beaucoup  plus  pour  un 
chétif  repas,  qu’il  n’en  coûte  pour  la  chère  la  plus  dé¬ 
licate  dans  lea  meilleurs  hôtels.  Il  faut  cependant  con¬ 
venir  qu’en  général  ces  sortes  d’exactions  ne  (s’exercent 
que  rarement.  Comme  le  voyageur  dans  les  montagnes 
ne  revient  guère  a  l’endroit  où  il  a  loué  ses  chevaux,  il 
est  toujours  obligé  de  prendre  pour  les  ramener  un-  valet 
ou  un  garçon1  qui  le  suit  à  pied,  et  qui  a  soin  de  tout 
pendant  la  route;  car  en  .payant  un  gros  écu  par  jour, 
par  cheval,  on  n’est  plus  chargé  de  rien.  A-t-011  loué 
deux  chevaux,  on  ne  paye  rien  de  plus  pour  le  garçon, 
excepté  le  pour-boire;  mais  si  l’on  n’en  loue  qu’un  seul, 
il  faut  payer  au  loueur  plus  d’un  gros  écu,  parceque 
l’entretien  du  garçon  lui  revient  trop  haut  lorsqu’il 
n’est  réparti  sur  un  cheval.  Lorsque  vous  faites,  en 
partant  d’un  endroit,  des  courses  qui  vous  j  ramènent 


’f)  J’a^  rencontré  des  .  personnes  de  ma  connaissancé», 
qui  étant  arrivé  en  poste  sur  les  frontières  de  ia 
Suisse,*  s’étaient  arrangés  avec  des  loueurs  de  che¬ 
vaux  de  la  Souabe  ,  du  Wirtemberg,  de  Bade  etc.  il 
tant  par  jour,  y  compris  la  nourriture  de  chevaux 
et  du  cocher,  pour  leur  tournée  en  Suisse.  Ils  y 
gagnaient  et  pour  le  prix,  infiniment  moindre,  et 
pour  l’agrément  d’avoir  toujours  des  chevaux  prêts 
et  a  eux,  même  pour  les  petites  courses  dans  les  vil¬ 
les  ex  leurs  environs.  Il  s^entend  au  reste-  que  l  usa- 
ge  de  ces  chevaux  étrangers  est  uniquement  pour  les 
grands  -  chemins ,  et  non  pour  les  sentiers  des 
tagne». 


44  LA  SUISSE.  MAN.  DE  VOY. 

constamment,  et  sans  séjourner  en  chemin,  vous  voya¬ 
gez  à  bien  meilleur  compte  a  cheval  qu’en  voiture,  en. 
supposant  que  vous  ne  preniez  pas  avec  vous  de  dome¬ 
stique  monté.  ** 

,,  J’ai  vu  bien  des  voyageurs  qui,  dans  la  première 
ville  de  Suisse  où  ils  arrivaient,  accordaient  avec  un 
voiturier  pour  tout  le  voyage;  mais  je  n’ai  jamais  re¬ 
marqué  qu’on  les  fît  payer  moins  que  je  n’ai  dit-  Si 
vous  ne  faites  simplement  que  voyager,  sans  faire  d’au¬ 
tres  séjours  que  d’une  demie  -  journée  ou  d’une  journée 
au  plus,  et  que  vous  reveniez  achever  votre  course,  la 
où  vous  l’avez  commencée,  vous  faites  alors  une  épargna 
considérable,  en  ce  que  vous  n’avez  pas  de  journées  de 
retour  à  payer  ;  autrement,  vous  ne  feriez  qu’augmenter 
la  dépense  de  votre  voyage  sans  aucune  nécessité.  “ 

,,I1  n’est  pas  aussi  dispendieux  de  voyager  en  Suis¬ 
se  avec  ses  propres  chevaux  qu’on  pourrait  se  l’imagi¬ 
ner.  La  nourriture  de  deux  chevaux  et  du  cocher,  se 
monte  tout  au  plus  à  4  florins  et  demi  (io  liv.  de  France) 
ou  5  florins  par  jour,  aussi  long -teins  qü’on  loge  dans 
les  auberges;  et  lorsqu’un  voyageur  se  loge,  pour  un. 
certain  teras,  dans  une  maison  particulière,  ou  dans 
une  auberge  de  village,  et  fait  acheter  le  fourrage  par 
son  cocher,  il  lui  en  coûte  bien  moins.  Si  l’on  veut 
donc  faire  beaucoup  de  courses  en  Suisse  pendant  quel¬ 
ques  mois  de  suite,  il  en  coûtera  moins  d’amener  ses 
propres  chevaux,  que  d’en  prendre  de  louage,  qui  revien¬ 
dront  aussi  chers  pour  dix  ou  douze  jours,  que  l’entre¬ 
tien  de  deux  chevaux  et  d’un  cocher  ne  vous  pourra 
coûter  pendant  tout  un  mois.  Si  l’on  pouvait  se  servir 
de  ses  propres  chevaux  pour  aller  à  selle  dans  les  mon¬ 
tagnes  ,  l’économie  serait  encore  plus  sensible;  mais  la 
chose  n’est  nullement  à  conseiller,  moins  par  la  crainte 
àe  ruiner  ses  chevaux,  que  bien  plutôt  par  le  risque, 
en  montant  nn  cheval  peu  habitué  à  cheminer  avec 
précaution,  dans  les  sentiers  escarpés  et  rocailleux  de 
ces  montagnes.  “  — 

t  ,,  Aucune  roue  ne  traverse  les  Alpes  !  “  disait  ordinai¬ 
rement  le  grand  Haller.  Mais  à  préseut  cela  a  changé, 
pour  les  grandes  routes  du  Cènis  et  du  Simplon  ,  qui 
par  les  travaux  ordonnés  par  le*  gouvernemens  Français 
et  Italiens,  sont  devenus  très  -  practicables  pour  les  voi- 


LA  SUISSE.  MAN.  DE  VOY, 


4S 

tures.  Ceux  qui  veulent  visiter  les  autres  hautes  mon¬ 
tagnes  de.  la  Suisse,  doivent  toujours  se  résoudre  à  voya¬ 
ger  à  pied  ou  à  cheval.  Il  est  vrai  qu’on  peut  aller  à 
Chamouny  et  dans  le  Grindelwald  en  char  -  à  -banc  f 
c’est-à-dire  sur  de  petits  chariots,  très -bas  et  à  quatre 
roues,  où  l’on  est  assis  de  côté  ;  mais  on  y  est  encore 
plus  cruellement  cahoté,  qu’on  ne  l’est  dans  les  chariots 
de  poste  d’Allemagne,  lorsqu’ils  roulent  sur  des  chaus¬ 
sées  nouvellement  pavées.  Aussi  conseillerai  -  je  à  toute 
personne  qui  a  assez  de  force  et  de  santé  pour  suppor¬ 
ter  cette  fatigue,  de  faire  la  route  à  pied,  d’autant  plus 
qu’au  besoin,  on  trouve  des  chevaux  à  louer  pfesque  par¬ 
tout.  Lorsqu’on  veut  marcher  commodément  à  pied ,  et 
beaucoup  cheminer  dans  les  montagnes,  il  ne  faut  point 
porter  des  culottes  jarretées  au-dessous  des  genoux,  mais 
de  Ces  longues  culottes  appelées  pantalons,  avec  un  frac 
fort  court  ou  jacquette  d’une  étoffe  légère,  mais  pour¬ 
tant  serrée;  le  treillis,  mais  mieux  encore  le  coutil,  est 
cé  qu'on  peut  prendre  de  meilleur.  Il  faut  que  le  pan¬ 
talon  ,  en  se  rétrécissant  sous  le  genou,  suive  la  forme 
de  la  jambe  comme  une  guêtre,  et  sebre  le  pied  par-des¬ 
sus  le  soûlier  tout  autour,  de  son  ouverture,  jusqu’au 
talon;  ou  bien  l’on  portera  des  demi  -  bottines  ou  bro¬ 
dequins  dessous  les  pantalons.  Cette  précaution  est  in¬ 
dispensable  pour  empêcher  qu’il  ne  vous  entré  de  pe¬ 
tites  pierres  dans  les  sonliers ,  ce  q\ii  arrive  à  chaque 
instant  lorsqu’on  descend  par  les  sentiers  rocailleux  des 
montagnes.  Il  faut  ensuite  se  munir  de  deux  paires  de 
soûliers  ;  l’une  forte,  grossière  et  à  talons  épais,  garnis 
de  bons  doux  à  grosses  têtes,  pôur  lés  routes  pierreuses 
des  montagnes,  pour  les  tems  humides,  et  pour  la  neige 
et  les  glaces  dans  les  passages  les  plus  élevés  de  ces  mon¬ 
tagnes  et  sur  les  glaciers^  (V.  plus  bas  la  déscriptiôn 
d’une  chaussure  alpestre);  l’autre  paire,  forte  aussi, 
légère  en  comparaison  de  la  première,  sera  pour  les 
chemins  bons  et  unis  des  vallées. “ 

,,Pour  se  garantir  des  refroidissemens  de  l’atmos¬ 
phère  qui  surviennent  quelquefois  tout- à- coup,  ainsi 
que  des  vents  froids  et  piquans  qui  régnent  dans  le  haut 
des  montagnes ,  on  sera  pourvu  d’un  bon  surtout  et 
d’une  paire  de  culottes  de  Casimir  qu’on  pourra,  si  be¬ 
soin  en  est,  mettre  sous  le  pantalon.14 

,,Je  conseille  au  voyageur  sujet  à  beaucoup  souffrir 
de  la  chaleur,  quelquefois  excessive  dans  les  vallées  et 


48  LA  SUISSE.  MAN,  DE  VOY. 

que  les  pieds  et  les  bas  soient  bien  mouillés.  Mais  s'il 
vous  arrive  d’éprouver  la  grande  incommodité  d’avoir 
des  vessies  en  marchant,  il  faut  bien  se  garder  de  les 
ouvrir,  mais  seulement  passer,  à  l’aide  d’une  aiguille, 
'un  fil  au  travers,  avec  la  précaution  de  ne  couper  ce 
fil  aux  deux  bouts  qu’à  une  certaine  distance  de  la  peau. 
Par  ce  moyen  l’on  ne  sentira  plus  aucune  douleur  le 
lendemain,  et  l’on  pourra  très  -  bien  marcher  dessus.  Si 
votre  soûlier  vous  à’éeorché  dans  la  partie  supérieure  du 
pied,  il  suffira  de  l’envelopper  d’un  linge  bien  enduit 
de  suif,  pour  être  en  état  de  continuer  à  cheminer,  sans 
que  l’écorchure  vous  fasse  souffrir. “ 

,,Se  trouve -t- on  extrêmement  fatigué  au  bout  d’une 
journée  fort  longue  ou  fort  pénible,  rien  ne  fortifie  d’a¬ 
vantage  qu’un  bain  de  pieds,  tiède,  où  l'on  aura  mêlé  du 
vin,  ou  de  l’eau  de  vie,  ou  des  cendres;  ou  si  l’on  *e 
lave  seulement,  avec  de  l’eau-de-vie  pure  ,  surtout  avec 
de  l’eau  de  cérises.** 

,, Quelqu’un  qui  n’a  pas  l’habitude  de  marcher  à  pied, 
n’a  seulement  qu’à  commencer  par  de  petites  journées 
de  deux  à  quatre  lieues,  et  les  allonger  successivement 
d’une  lieue  chaque  jour,  il  ne  manquera  pas  de  s’accou¬ 
tumer  de  cette  manière  à  faire  autant  de  chemin  qu’un 
autre. “  ' 

,, J’exhorte  tout  voyageur  qui  a  des  montagnes  à  gra¬ 
vir,  de  bien  observer  la  règle  suivante,  qui  consiste  à 
ne  monter  jamais  que  le  plus  lentement  possible';  la  re¬ 
spiration  pour  lors  ne  lui  deviendra  que  peu,  ou  même 
nullement  pénible  ,  le  sang  n’éprouvera  pas  une  agita¬ 
tion  aussi  forte,  on  ne  suera  pas  si  abondamment,  les 
muscles  des  jambes  ne  seront  pas  aussi  'tendus ,  et  le 
corps  conservera  des  forces  suffisantes  pour  monter 
quatre  ,  cinq  heures  de  suite  et  davantage.  Presque  tous 
ceux  qui  h’ont  jamais  voyagé  dans  les  montagnes ,  com¬ 
mettent  la  faute,  de  commencer  à  les  gravir  avec  beau¬ 
coup  d’ardeur,  ou  tout  au  moins  à  grands  pas;  au  bout 
d’une  heure  ils  se  trouvent  échauffés  et  épuisés  au  point 
de  désespérer  de  pouvoir  en  atteindre  le  sommet,  tandis 
qu’ils  ne  sont  pas  encore  au  quart  du  chemin.  Mais  en 
-suivant  ma  règle,  un  homme  qui  ne  sera  pas  bien  ro¬ 
buste,  même  des  femmes,  pourront  parvenir,  à  pied, 
au  sommet  des  montagnes  les  plus  élevées.4* 


„Que 


IA  SUISSE.  MAN.  DE  VOY.  49 

„Que  celui  qui  fait  le  voyage  des  montagnes  à  cheval, 
se  fie  entièrement  à  la  marche  assurée  de  sa  monture, 
et  la  laisse  aller  comme  elle  voudra,  sans  prétendre  la 
diriger.  Les  mulets  et  les  chevaux  des  montagnes  ,  sont 
continuellement  employés  au  transport  des  marchandi¬ 
ses;  ils  ne  font  autre  chose  que  traverser  des  chemins 
pratiqués  dans  les  rochers,  ils  y  sont  tout- a- fait  accoù- 
tumés,  et  les  connaissent  à  fond.  On  est  étonné  de  voir 
comme  ils  savent  grimper,  et  a  quel  point  leur  marche 
est  ferme  et  mesurée.  Employés  le  plus  souvent  comme 
bêtes  de  somme,  ils  ne  sont  nullement  habitués  a  se 
laisser  conduire  et  diriger  avec  la  bride  ;  aussi  ne  leur 
en  met -on  point,  lorsqu’ils  doivent  servir  de  monture. 
On  ne  vous  donne  pour  l’ordinaire  en  main  qu’un  bout 
de  corde  passé  dans  la  bouche  de  l’animal,  ou  bien  un 
mauvais  licol.  Les  chemins  des  montagnes  suivent  souvent 
de  très  -  près  les  parois  de  rochers  d’une  hauteur  énorme, 
et  dans  ces  endroits  -  là  les  chevaux  marchent  presque 
toujours  tout  au  bord  du  chemin,  parceque ,  chargés 
d’ordinaire  de  ballots  ,  ils  sont  forcés  de  marcher  ainsi 
pour  ne  pas  se  heurter  contre  le  rocher.  Si  ce  bord 
du  chemin  se  trouve  en  même  tèms  celui  d’un  affreux 
précipice,  ce  qui  est  très -souvent  le  cas,  le  cavalier  ne 
manque  guères  d’être  agité  de  crainte  et  d’angoisse,  à 
l’aspect  si  redoutable  de  l’abîme  au-dessus  duquel  il  se 
voit  immédiatement  suspendu  ,  joint  à  l’idée  d'ê¬ 
tre  absolument  abandonné  à  la  merci  de  sa  mon¬ 
ture.  Lorsqu’on  vient  dans  des  endroits  où  l’on  éprouve 
de  tels  sentimens  d’horreur,  on  fera  sagement  de  mettre 
pied  à  terre,  pour  se  délivrer  de  craintes  aussi  pénibles, 
dont  la  raison  ne  saurait  jamais  se  rendre  entièrement 
maîtresse.  D’ailleurs,  comme  on  l’a  déjà,  dit,  on  ne 
court  au  fond  nul  risque  lorsqu’on  laisse  aller  sa  mon¬ 
ture  à  sa  guise,  et  je  n’ai  ouï  citer  aucun  voya*geur  k 
qui  il  soit  arrivé  accident,  en  cas  pareils. “ 

,, Tl  faut  toujours  choisir  le  grand  matin,  soit  pour 
traverser  les  lacs,  et  voyager  dessus,  soit  pour  monter 
sur  les  sommités  des  hautes  montagnes;  quant  aux  lacs, 
c’est  qu’il  est  très -rare  qu’il  s’y  élève  des  tempêtes  dans 
la  matinée,  mais  au  contraire  elles  y  sont  assez  fréquen¬ 
tes  le  soir:  et  quant  à  la  montagne,  c’est  que  le  tems, 
ordinairement  serein  dans  la  matinée,  vous  permet  en 
plein  lq  jouissance  des  superbes  vues  que  vous  y  aile? 
chercher,  tandis  que  vers  le  soir,  d’épais  brouillards 
G.  des  Voy.  X.  II.  E 


LA  SUISSE.  MAN.  DE  VOY. 


5® 

qui  s’étendent  sous  vos  pieds  ne'  les  dérobent  que  trop 
souvent  k  vos  avides  regards.  “ 

J’ajoûterai  k  ces  instructions  de  M.  Ebel  quelques 
mots,  touchant  le  costume  des  voyages  alpestres  de  ceux 
qui  sont  physiciens  ou  naturalistes,  et  des  amateurs  de 
lithologie  en.  particulier.  Ceux  -  ci  on  fréquemment 
éprouvé  l’inconvénient  de  n’avoir  que  leurs  poches, 
pour  recueillir  les  échantillons  des  roches  qu’ils  déta¬ 
chent  au  marteau:  elles  se  remplissent  bientôt,  et  fati¬ 
guent  par„leur  balancement.  Voici  comment  M.  le  prof. 
Pictet  k  Genève,  les  a  remplacés  avec  avantage.  A  une 
ceinture  de  cuir  assez  large,  est  adapté  du  côté  gauche, 
un  anneau  de  même  matière  ,  incliné  ,  qui  reçoit  le 
manche  du  marteau;  de  l’autre  côté  est  une  petite  poche, 
qui  renferme  un  flacon  d’acide  dans  un  étui  de  bois,  un 
briquet  etc.  Cette  ceinture  forme  le  bord-  supérieur 
d'un  tablier  de  cuir  mince ,  qui,  déployé,  atteindrait  le 
genou  ,  mais  qui ,  relevé  comme  il  l’est  par  un  coulant 
de  chaque  côté,  forme  par  devant  une  grande  poche  ho¬ 
rizontale,  ouverte  en  dessus,  et  soutenue  dans  son  mi¬ 
lieu  par  une  courroie  en  façon  d’Y  renversé ,  dont  les 
deux  branches  sont  cousues  k  la  ceinture,  et  embrassent 
le  tablier  par  dessous;  la  queue  de  l’Y  remonte  devant 
et  vient  se  boucler  k  la  bandoulière  avec  laquelle  M. 
Pictet  porte  son  baromètre.  Ces  pierres  qu’il  met  dans 
cette  poche,  disposées  comme  elles  le  sont  autour  du 
centre  de  gravité  du  corps,  et  supportées  en  partie  par 
les  épaules,  ne  l’incommodent  point.  Il  les  a  toutes 
sous  les  yeux  et  sous  la  main,  quand  il  veut  substituer 
un  échantillon  k  un  autre ,  et  elles  n’éprouvent  pas  le 
frottement,  auquel  elles  sont  exposées  dans  les  poches. 
A  cette  même  ceinture,  et  par  des  crochets  d’acier  amo¬ 
vible»,  sont  suspendus ,  d’un  côté,  un  sextant  de  Rams- 
den  de  trois  pouces  de  rayon,  qui  donne  jusqu’aux  mi¬ 
nutes  de  degré,  instrument  d’une  commodité  extrême 
pour  observer  les  angles.  De  l’autre  côté  un  horizon 
artificiel,  avec  son  niveau  à  bulle  d’air,  pour  prendre 
les  hauteurs.  M.  Pictet  a  disposé  la  boîte  de  cet  instru¬ 
ment  de  manière,  qu’elle  lui  sert  de  planchette  quand 
il  en  a  besoin,  supportée  par  une  canne  qui  s’ouvre  en 
façon  de  trépied ,  qui  sert  aussi  de  support  k  son  baro¬ 
mètre  ,  et  fait  en  même  tems  un  excellent  bâton  de 
voyage,  quand  ses  trois  branches  sont  réunies. 


LA  SUISSE.  MAN.  DE  VOY.  51 

Le  botaniste  nè  doit  pas  marcher  sans  une  petite 
presse  à  plantes;  l'amateur  de  l’art  de  dessiner,  doit  se 
munir  d  une  quantité  de  papier  bleu  ou  gris  ,  d’un 
crayon  d’étain  fondu,  et  d’un  de  ces  miroirs  ronds  et 
noirs,  que  l’on  trouve  à  Zurich-  chez.  M.  le  mécanicien 
Breitinger . 

On  rencontre  dans  les  Alpes  trois  sortes  de  pentes 
difficiles:  les  rochers;  les  pentes  de  glace,  et  celles 
d’herbe  ,  qui  deviennent  plus  glissantes  que  la  glace 
même,  quand  la  semelle  du  soulier  s’est  polie.  L’usage 
des  crampons  a  de  grands  inconvéniens ,  et  un  des  gui¬ 
des  les  plus'  expérimentés,  feu  le  grand  Jouasse,  que 
j’ai  consulté  là  -  dessus  dans  ma  course  dans  les  Alpes 
du  Mont-blanc,  blâma  leur  usage  hautement.  M.  Pic- 
tet  leur  a  substitué  une  invention  ,  qu’il  faut  recom¬ 
mander.  Ce  sont  de  forts  soùliers  ,  dont  la  semelle  ait 
au  moins  6  lignes  d’épaisseur,  et  dont  l’empeigne  et  le 
quartier  sont  doublés  à  une  certaine  hauteur  autour  de 
la  semelle.  Il  faut  que  l’empeigne  soit  d’un  cuir  souple, 
et  surtout  qu’ils  ne  blessent  nullepart,  et  qu’ils  aient 
été  déjà  portés  par  essai  dans  de  petites  courses,  lors¬ 
qu’on  voudra  en  entreprendre  une  considérable.  On 
fera  préparer  des  doux  d'acier  trempé,  dont  la  queue 
soit  à  vis,  et  dont  la  tête,  qui  ne  doit  pas  avoir  moins 
d,ç  4V2  lig.  dé  diamètre,  soit  taillée  eu  pyramide  quar- 
rée ,  qui  se  trouve  avoir  deux  pointes,  par  l’effet  de 
l’entaille  pratiquée  à  F  ordinaire  à  la  tête  de  la  vis.  On 
mettra  douze  de  cès  doux  à  chaque  soulier;  savoir:  7 
autour  de  la  plante  du  pied,  repartis  à  distances  égales 
dans  la  moitié  antérieure  de  la  semelle,  et  5  autour  du 
talon,  tous  aussi  près  du  bord  du  soulier  qu’il  sera  pos¬ 
sible  ,  en  laissant  la  prise  nécessaire  pour  que  le  cuir 
n’échappe  pas.  On  garnira  l’intervalle  d’un  clou  à  l’au¬ 
tre,  de  doux  ordinaires  en  fer,  à  tête  large,  et  assez 
serrés  pour  que  leurs  têtes  se  touchent  toutes.  Cette 
c’  aussure  donne  au  voyageur  le  sentiment  d’une  sûreté 
parfaite  dans  tous  les  lieux  difficiles;  elle  mord  sur  le 
granit  comme  sur  l’herbe;  elle  n’incommode  point  dans 
la  plaine,  et  elle  se  conserve  longtems.  Quand  les  tê¬ 
tes  aciérées  se  sont  émoussées,  on  en  est  quitte  pour  en 
substituer  d’autres  qu’on  doit  avoir  en  provision. 

Si  plusieurs  personnes  s’arrangent  pour  faire  le  vo¬ 
yage  de  compagnie,  les  frais  en  seront  moindres  pour 


52  LA  SUISSE.  MAN.  DE  VOY. 

chacun  d’eux,  puisqu’alors  les  louages  de  voiture,  de 
bâteaux,  et  des  conducteurs  dans  les  hautes  montagnes, 
ne  tomberont  plus  sur  un  seul. 

On  paye  pour  une  nacelle  à  2  bâteliers  ,  un  florin 
15  Kreuzer  pour  2  lieues;'  le  double  pour  4  lieues  ;  et 
ainsi  de  suite.  Il  en  coûtera  d’avantage  si  l’on  prend 
un  plus  grand  nombre  de  rameurs,  et  une  tente  par-des¬ 
sus  la  nacelle  pour  se  garantir  du  soleil.  On  peut  aussi 
accorder  à  un  florin  par  deux  lieues,  en  donnant  l’équi¬ 
valent  du  surplus  en  pain  et  en  vin.  Il  y  a  quelque  peu 
d’endroits,  comme  par  exemple ,  sur  le  lac  de  27tun, 
et  sur  celui  de  IVallenstatt ,  où  ce  prix  est  fixé  sur  le 
pied  que  je  viens  de  dire,  par  le  Magistrat;  mais  là  où 
cette  fixation  n’a  pas  lieu,  les  bâteliers  vous  demandent 
beaucoup  plus  ,  et  il  faut  alors  marchander.  Naviguez 
sur  ces  lacs  ,  les  matinées,  et  non  vers  le  soir,  et  vous 
aurez  moins  à  craindre  des  orages  :  on  ne  saurait  trop 
le  répéter,  car  les  orages  sur  ces  lacs  sont  extrêmement 
dangereux. 

Le  voyageur  qui  dîne  et  soupe  à  table  d’hôte,  qui 
paye  tous  les  jours  un  laquais  de  louage,  quand  il  est 
dans  les  villes,  et  qui  a  besoin  d’un  perruquier  et  d’un 
barbier,  doit,  en  y  comprenant  son  blanchissage  et  le» 
pour  -  boire,  compter  au  moins  un  jour  dans  l’autre,  six 
florins  par  jour  à  dix  florins  le  louis  -  neuf,  pour  sa  dé¬ 
pense  personnelle.  Cet  étranger  veut -il  mettre  cinq  à 
six  mois  à  voir  la  Suisse,  et  les  employer  à  la  parcou¬ 
rir  toute  entière  en  voiture  ou  à  cheval,  il  faudra  qu’il 
ajoûte  encore  six  florins  par  jour  pour  le  louage  des 
chevaux  et  des  voitures;  ce  qui  fait  en  total  12  florins 
par  jour  pour  toutes  les  dépenses  nécessaires  de  son  vo¬ 
yage.  Mais  lorsqu’on  ne  vient  en  Suisse  que  pour  6  se¬ 
maines ,  un  mois,  ou  quinze  jours,  on  s'empresse  ordi¬ 
nairement  ,  de  voir  tout  ce  qu’il  est  possible  de  voir 
dans  un  espace  de  tenu  aussi  limité;  on  s’arrête  peu 
dans  le  même  endroit,  et  l’on  est  continuellement  entre 
les  mains  de  loueurs  des  chevaux  ;  ce  qui  ne  peut  qu’aug¬ 
menter  les  frais  ,  de  sorte  qu’on  fpeut  fort  bien  alors 
porter  sa  dépense  journalière  à  17  ou  18  florins.  Si  au 
contraire,  pendant  le  séjour  qu’on  fait  en  Suisse,  on 
fait  peu  de  courses,  et  qu’on  n’emploie  que  rarement 
des  chevaux  de  louage;  il  est  évident  que  l’on  dépensera 
d’autant  moins.  Quant  à  ceux ,  qui  voyagent  avec  de» 


LA  SUISSE.  MAN.  D.  VOY, 


53 


domestiques,  et  ont  beaucoup  de  besoins,  il  est  égale¬ 
ment  clair,  qu’il  leur  en  coûtera  journellement  beau¬ 
coup  plus  que  je  n’ai  dit.  On  doit  calculer  au  moins  * 
la  dépense  journalière  de  la  nourriture  d’un  domestique, 
à  I  florin  30  Kreuzer. 

Mais  je  conseillerais  à  tous  ceux  qui  ne  prennent 
pas  de  domestiques  avec  eux  pour  l’ostentation,  de  n’en 
point  amener  en  Suisse.  Dans  les  villes  le  laquais  de 
louage  (a  un  florin  par  jour)  est  à  leur  disposition  pen¬ 
dant  toute  la  journée,  et  dans  les  montagnes,  le  con¬ 
ducteur  remplit  en  même  tems  tous  les  offices  de  votre 
laquais,  qui  vous  devient  même  à  charge. 

On  paye  dans  les  auberges,  à  table  d’hôte,  1  florin 
24  à  30  Kreuzer,  par  couvert,  y  compris  un  demi -pot 
de  vin,  et  deux  1/2  florins  (ou  écu  de  6  livres)  quand  on 
dîne  à  sa  chambre.  Le  prix  des  chambres  à  loger  ,  dif¬ 
fère  suivant  les  étages  et  leur  belle  exposition.  Les  vins 
que  l’on  boit  communément  en  Suisse  sont  des  vins 
d’Alsace,  du  Marquisat  ou  de  Bade,  de  Neufchâtel,  du 
Valais,  avec  les  vins  de  la  Côte  et  de  la  Vaux.  Dans 
quelques-uns  des  petits  cantons,  aux  environs  du  S.  Got- 
hardy  dansune  partie  du  Valais ,  dans  la  vallée  de  Li- 
vine  etc.  on  boit  des  vins  d’Italie  qui  sont  très -forts. 

Les  tables  d’hôte  sont  en  général  très  bonnes,  et  le 
grand  nombre  d’étrangers  de  toutes  les  nations  qu’on  y 
trouve  rassemblés,  les  rend  fort  agréables.  11  est  assez 
singulier  que  dans  toute  la  Suisse,  le  fromage,  et  le 
beurre  soient  si  mauvais  dans  les  auberges.  Même 
dans  ces  contrées  les  plus  abondantes  en  lait,  on  a  de  la 
peine  a  se  procurer  de  bonne  crème  pour  le  café,  et  du 
beurre  frais,  parce  que  les  habitans  trouvent  mieux  leur 
compte  à  faire  du  fromage  avec  leur  lait.  Je  n’ai  man¬ 
gé  de  bon  vieux  fromage  Suiss^e,  que  dans  les  châlets 
des  Alpes,  et  sur  la  route  du  Gothard ,  où  l’on  a  le  fro¬ 
mage  d 'Ursern,  une  des  meilleurs  sortes  que  je  con¬ 
naisse.  La  Suisse  abonde  en  poissons  ,  surtout  en  trui¬ 
tes  excellentes;  c’est  seulement  dommage  qu’au  lieu  de 
les  bouillir  simplement,  comme  en  Allemagne,  on  les 
apprête  avec  une  sauce  *).  Les  truites  des  lacs  de  Ge- 

*)  Du  reste  il  y  a  bien  des  vo3/ageurs  qui  aiment  beau 
coup  la  truite  apprêtée  de  cette  manière  et  il  faut 
convenir  que  les  cuisiniers  Génevois  excellent  dans 
1  art  de  la  préparer. 


3 


52  LA  SUISSE.  MAN.  DE  VOY. 

chacun  d’eux,  puisqu’alors  les  louages  de  voiture,  de 
bâteaux ,  et  des  conducteurs  dans  les  hautes  montagnes, 
ne  tomberont  plus  sur  un  seul. 

On  paye  pour  une  nacelle  à  e  bateliers  ,  un  florin 
15  Kreuzer  pour  2  lieues  y  le  double  pour  4  lieues;  et 
ainsi  de  suite.  Il  en  coûtera  d’avantage  si  l’on  prend 
un  plus  grand  nombre  de  rameurs,  et  une  tente  par-des¬ 
sus  la  nacelle  pour  se  garantir  du  soleil.  On  peut  aussi 
accorder  à  un  florin  par  deux  lieues,  en  donnant  l’équi¬ 
valent  du  surplus  en  pain  et  en  vin.  Il  y  a  quelque  peu 
d’endroits,  comme  par  exemple,  sur  le  lac  de  l'hun, 
et  sur  celui  de  IValUnstatt ,  où  ce  prix  est  fixé  sur  le 
pied  que  je  viens  de  dire,  par  le  Magistrat;  mais  là  où 
cette  fixation  n’a  pas  lieu,  les  bâteliers  vous  demandent 
beaucoup  plus,  et  il  faut  alors  marchander.  Naviguez 
sur  ces  lacs  ,  les  matinées,  et  non  vers  le  soir,  et  vous 
aurez  moins  à  craindre  des  orages  :  on  ne  saurait  trop 
le  répéter,  car  les  orages  sur  ces  lacs  sont  extrêmement 
dangereux. 

Le  voyageur  qui  dîne  et  soupe  à  table  d’hôte,  qui 
paye  tous  les  jours  un  laquais  de  louage,  quand  il  est 
dans  les  villes,  et  qui  a  besoin  d’un  perruquier  et  d’un 
barbier,  doit,  en  y  comprenant  son  blanchissage  et  les 
pour  -  boire,  compter  au  moins  un  jour  dans  l’autre,  six 
florins  par  jour  à  dix  florins  le  louis  -  neuf,  pour  sa  dé¬ 
pense  personnelle.  Cet  étranger  veut -il  mettre  cinq  à 
six  mois  à  voir  la  Suisse ,  et  les  employer  à  la  parcou¬ 
rir  toute  entière  en  voiture  ou  à  cheval,  il  faudra  qu’il 
ajoûte  encore  six  florins  par  jour  pour  le  louage  des 
chevaux  et  des  voitures;  ce  qui  fait  en  total  12  florins 
par  jour  pour  toutes  les  dépenses  nécessaires  de  son  vo¬ 
yage.  Mais  lorsqu’on  ne  vient  en  Suisse  que  pour  6  se¬ 
maines  ,  un  mois,  ou  quinze  jours,  on  s’empresse  ordi¬ 
nairement  ,  de  voir  tout  ce  qu’il  est  possible  de  voiç 
dans  un  espace  de  teins  aussi  limité;  on  s’arrête  peu 
dans  le  même  endroit,  et  l’on  est  continuellement  entre 
les  mains  de  loueurs  des  chevaux  ;  ce  qui  ne  peut  qu’aug¬ 
menter  les  frais  ,  de  sorte  qu’on  fpeut  fort  bien  alors 
porter  sa  dépense  journalière  à  17  ou  18  florins.  Si  au 
contraire,  pendant  le  séjour  qu’on  fait  en  Suisse,  on 
fait  peu  de  courses,  et  qu’on  n’emploie  que  rarement 
des  chevaux  de  louage;  il  est  évident  que  l’on  dépensera 
d’autant  moins.  Quant  à  ceux,  qui  voyagent  avec  des 


LA  SUISSE.  MAN.  D.  VOY. 


53 


domestiques,  et  ont  beaucoup  de  besoins,  il  est  égale¬ 
ment  clair,  qu’il  leur  en  coûtera  journellement  beau¬ 
coup  plus  que  je  n’ai  dit.  On  doit  calculer  au  moins 
la  dépense  journalière  de  la  nourriture  d’un  domestique, 
à  I  florin  30  Kreuzer. 

Mais  je  conseillerais  à  tous  ceux  qui  ne  prennent 
pas  de  domestiques  avec  eux  pour  l’ostentation,  de  n’en 
point  amener  en  Suisse.  Dans  les  villes  le  laquais  de 
louage  (a  un  florin  par  jour)  est  à  leur  disposition  pen¬ 
dant  toute  la  journée,  et  dans  les  montagnes,  le  con¬ 
ducteur  remplit  en  même  tems  tous  les  offices  de  votre 
laquais,  qui  vous  devient  même  à  charge. 

O11  paye  dans  les  auberges,  à  table  d’hôte,  1  florin 
24  à  30  Kreuzer,  par  couvert,  y  compris  un  demi -pot 
de  vin,  et  deux  1/2  florins  (ou  écu  de  6  livres)  quand  on 
dîne  à  sa  chambre.  Le  prix  des  chambres  à  loger  ,  dif¬ 
fère  suivant  les  étages  et  leur  belle  exposition.  Les  vins 
que  l’on  boit  communément  en  Suisse  sont  dés  vins 
d’Alsace,  du  Marquisat  ou  de  Bade,  de  ^eufchâtel ,  du 
Valais,  avec  les  vins  de  la  Côte  et  de  la  Vaux.  Dans 
quelques-uns  des  petits  cantons,  aux  environs  du  S.  Got- 
hard ,  dans  une  partie  du  Valais ,  dans  la  vallée  de  Li- 
vine  etc.  on  boit  des  vins  d’Italie  qui  sont  très -forts. 
Les  tables  d’hôte  sont  en  général  très  bonnes,  et  le 
grand  nombre  d’étrangers  de  toutes  les  nations  qu’on  y 
trouve  rassemblés,  les  rend  fort  agréables.  Il  est  assez 
singulier  que  dans  toute  la  Suisse,  le  fromage,  et  le 
beurre  soient  si  mauvais  dans  les  auberges.  Même 
dans  ces  contrées  les  plus  abondantes  en  lait,  on  a  de  la 
peine  a  se  procurer  de  bonne  crème  pour  le  café,  et  du 
beurre  frais,  parce  que  les  habitans  trouvent  mieux  leur 
compte  à  faire  du  fromage  avec  leur  lait.  Je  n’ai  man¬ 
gé  de  bon  vieux  fromage  S  uiss^e ,  que  dans  les  chalets 
des  Alpes,  et  sur  la  route  du  Gothard,  où  l’on  a  le  fro. 
mage  d 'Ursern,  une  des  meilleurs  sortes  que  je  con¬ 
naisse.  La  Suisse  abonde  en  poissons  ,  surtout  en  trui¬ 
tes  excellentes;  c’est  seulement  dommage  qu’au  lieu  de 
les  bouillir  simplement,  comme  en  Allemagne,  on  les 
apprête  avec  une  sauce  *).  Les  truites  des  lacs  de  Ge - 


)  Du  reste  il  y  a  bien  des  voyageurs  qui  aiment  beau 
coup  la  truite  apprêtée  de  cette  manière  et  il  faui 
convenir  que  les  cuisiniers  Génevois  excellent  dan: 
1  art  de  la  préparer. 


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54 


la  SUISSE.  MAN.  d.  voy. 


neve  et  de  Zurich  qui  pèsent  jusqu’à  30  livres,  les  car¬ 
pes  du  Rhône  qui  ne  sont  pas  moins  grosses,  les  Al- 
bruckes  du  lac  de  l'hun,  l’ombre  chevalier  qui  se  pêche 
dans  les  lacs  de  Gcncve  et  de  IV eufçhâtely  les  écrevisses 
de  Tavanries  etc.  sont  des  morceaux  délicats,  fait  pour 
flatter  les  palais  les  plus  friands.  Joignez  y  l’hirondelle 
de  montagne,  rôtie,  les  gigots  de  chamois,  et  le  lago¬ 
pède.  L’estomac  du  voyageur  préfère  ces  mêts  à  toutes 
les  friandises  des  restaurateurs  de  Paris  ou  de  Londres, 
lorsque  plusieurs  heures  de  marche,  l’activité  de  Pair 
des  montagnes,  la  chaleur  du  soleil,  et  la  fatigue  in¬ 
séparable  de  ces  courses  lui  font  sentir  plus  vivement  le 
besoin  de  réparer  ses  forces  en  prenant  de  la  nourri¬ 
ture.  —  La  plus  grande  propreté  caractérise  les  auberges 
Suisses,  hors  le  Palais  et  les  villages  du  canton  Tessin 
(excepté  Lugano ,  où  l’on  est  très- bien  chez  le  sieur 
Taglioretti;  al  Dazio ;  et  chez\Camozzi  à  Airolo.)  On 
peut  se  procurer  à  Vevai ,  mais  seulement  les  jours  du 
marché,  toutes  ces  différentes  espèces  de  laitages  Suisses 
si  vantés  par  Rousseau ,  qui  les  aimait  avec  passion. 

Le  voyageur  n’a  pas  besoin  de  conducteur  dans  la 
plaine,  mais  il  ne  peut  s’en  passer  dans  les  montagnes, 
ïl'est  vrai  qu’il  peut  aller  sans  guide  de  village  en  vil¬ 
lage,  et  chaque  pâtre,  chaque  personne  qu’il  rencontre 
lui  indique  le  chemin  de  la  manière  la  plus  hojinête  et 
la  plus  exacte;  cependant  pour  n’être  pas  continuelle¬ 
ment  inquiété  par  la  crainte  de  s’égarer  ,  il  vaut  mieux, 
quand  on  a  de  grandes  courses  à  faire,  prendre  un  guide 
de  profession,  qui  ait  cle  l'expérience,  et  qu’on  connaît 
déjà  par  les  recommandations  d’autres  voyageurs,  un 
guide  en  un  mot,  sur  lequel  on  puisse  compter.  Tel 
ét^it  à  Thun  le  sieur  IV erre  ,  à  qui  Meiners  donne  les 
plus  grandes  éloges  dans  son  voyage,  et  avec  raison, 
comme  je  m’en  suis  convaincu  par  ma  propre  expérience. 
Mais  il  s’est  depuis  retiré,  et  vit,  bien  âgé,  loin  des 
grandes  routes,  dans  un  village  du  canton’ de  Berné-. 
JV5.  Ebcl  vante  de  même  comme  guides  les  nommés  Eich- 
Jiolzer  et  Muller,  tous  deux  laquais  de  louage,  à  Zurich , 
a  l’auberge  de  l’Epée.  J’ai  reconnu  en  i3ll  comme  gui¬ 
des  a  recommander,  Johannes  Guyer ,  au  corbeau  à  Zu¬ 
rich  (ci-devant  <loinestique  de  Lavater )  :  Ackermann  à 
Lucerne:  Crotct,  aux  balances  à  Genève;  les  ixhresUetz 
à  Art.  Il  y  a  nombre  d’autres  de  ces  domestiques  de 


LA  SUISSE.  MAN.  D.  VOY. 


55 


louage,  qui  font  le  métier  de  conducteurs,  p.  e.  Conrad 
à  Berne  au  faucon.  Les  trois  frères  Michel  à  U nterseeny 
sont  aussi  des  guides  d’une  haute  réputation.  J’ai  donné 
à  la  suite  de  la  description  du  voyage  de  Chamouny ,  la 
liste  des  guides  de  ce  lieu.  Lorsque  je  parcourais  le* 
glaciers  et  Alpes  du  Faucigny  et  du  Valais,  j’avais  pour 
guides  Lombard  dit  le  grand  -  J orasse,  et  Pierre  -  Balma, 
tous  deux  les  favoris  de  deux  célèbres  voyageurs  dans 
les  Alpes,  le  premier  de  Mr.  Bourrit  et  le  second  de  Mr. 
de  Saussure.  Le  premier  est  mort;  j’ai  eu  la  satisfaction 
de  trouver  en  1811  le  second  en  vie,  ayant  escaladé  qua¬ 
tre  fois  le  Mont-  blanc.  Droiture,  bonhommie,  complai¬ 
sance  ,  intelligence,  dextérité,  voilà  les  qualités  qui  les 
distinguaient,  et  surtout  Pierre  -  Balma.  Combien  n’  est- 
il  pas  agréable  d’avoir  de  pareils  compagnons  en  parcou¬ 
rant  ces  montagnes,  qui,  comme  le  dit  fort  bien  M. 
Bourri\ ,  laissent  bien  des  moment  oh  Von  aime  h  s' en - 
tretenir\vec  un  ami.  Si  l’on  donne  à  ces  guides  un  gros 
écu  par  jour,  ils  se  trouvent  amplement  payés.  D’aut¬ 
res,  comme  à  Chamouny,  se  contentent  de  5  Francs.  Si 
l’on  fait  une  course  de  longue  durée,  ou  peut  s'arran¬ 
ger  avec  le  guide,  que  l’on  garde  pour  tout  ce  tems  ,  à 
Un  moindre  prix. 

Le  Grindelwald  et  le  Chamouny  sont  le  terme  ordi¬ 
naire  des  courses  de  ces  voyageurs  ,  qui  ne  se  sentent 
aucune  vocation  à  s’enfdncejr  dans  l’intérieur  des  hau¬ 
tes  Alpes,  et  qui  veulent  cependant  pouvoir  dire  qu'ils 
y  ont  ètè i  car  le  voyage  de  Suisse  et  celui  des  Alpes  sont 
deux  choses  fort  différentes.  On  part  de  Berne  pour  le 
Grindelwald ,  comme  de  Genève  pour  Chamouny ,  et  les 
voyageurs  trouveront  à  la  suite  de  cet  article,  des  in¬ 
structions  particulières  à  cet  égard.  Mais  laquelle  de 
ces  deux  courses  est  la  plus  intéressante?  C’est  un  point 
sur  lequel  les  opinions  sont  partagées;  je  crois  même 
qu’on  ne  décidera  jamais  la  question.  Chacune  de  ces 
contrées  a  ses  beautés  particulières,  et  le  mieux  c'est 
de  les  visiter  l’une  et  l'autre.  Dans  le  Grindelwald  et  à 
Lavterbrunnen ,  on  est  plus  frappé  de  la  hauteur  éton¬ 
nante  des  Alpes,  toujours  couvertes  de  neige,  pareeque 
leur  base  est  moins  masquée  par  les  montagnes  inférieu¬ 
res  qu’à  Chamouny.  La  Lutschine  donne  une  idée  plus 
frappante  de  la  rapidité  prodigieuse  des  torrens  Alpes¬ 
tres  ,  et  la  chûte  du  Staubbach  offre  un  coup  d'oeil  plus 


5^  LA  SUISSE.  MAN.  D.  VOY. 

imposant  que  la  cascade  du  Nant  d’  A 'rpenaz.  D’un  au* 
tre  côté,  les  glaciers  de  Chamouny ,  la  source  de  l'Arve - 
ron  y  le  Buet  et  le  col  de  la  Fléchiére ,  l'emportent  de 
beaucoup  sur  tout  ce  qu’on  voit  aux  glaciers  du  Grin - 
delusald,  et  sont  des  belvedère s,  qui  remplissent  l’ame 
du  spectateur  de  sentimens  sublimes.  La  route  qui  ser¬ 
pente  dans  la  superbe  vallée  de  l 'Arvj  est  aussi  pittores¬ 
que  qu'agréable  et  variée.  Ajoûtez  à  cela  ia  commodité 
avec  laquelle  on  fait  le  voyage  de  Genève  au  Prieuré. 
Aussi  ,  conseillerai- je  à  toute  personne  qui  ne  veut  faire 
qne  l’une  de  ces  deux  courses,  surtout  aux  dames  de  se 
décider  pour  celle  de  Chamouny.  J’en  appelé  au  témoi¬ 
gnage  de  deux  femmes  auteurs;  feue  Me.  la  Roche  et 
Me.  de  Korjf. 

On  fait  fort  bien  avant  que  de  partir  pour  les  gla¬ 
ciers  de  se  pourvoir  de  bonne  eau  de  cerise,  que  l’on 
porte  sur  soi  dans  des  flacons  empaillés.  Non  seule¬ 
ment  l’eau  de  cerise  fortifie  et  délasse,  mais  mêlée  à  de 
l’eau,  elle  fait  une  boisson  agréable  et  qui  n’est  jamais 
dangereuse.  Si  l’on  s’en  lave  les  pieds,  elle  fait  passer 
la  fatigue.  Comme  on  vend  beaucoup  d’eau  de  vie  de 
prunes  pour  de  l'eau  de  cerise,  on  n’a  que  s’en  frotter 
les  mains,  et  si  elle  y  laisse  une  forte  odeur  de  cérise, 
on  est  sûr  qu’on  n’a  pas  été  trompé;  mais  si ,  en  y  mê¬ 
lant  de  l’eau,  elle  devient  blanche  et  laiteuse,  on  doit 
en  conclure  le  contraire;  car  cela  n’arrive  point  à  l’eau 
de  cérise.  Celle  du  Grinâelwald  passe  pour  la  meilleure. 
Les  habitans  des  Alpes  croient  que  l’eau  des  glaciers  ne 
peut  jamais  faire  de  mal  ,  quelque  ebeud  que  l’on  ait 
quand  on  en  boit.  Je  ne  conseillerai  cependant  à  per¬ 
sonne  d’en  courir  les  risques.  Au  reste,  quelque  trouble 
qu  elle  paraûse  ,  on  ne  peut  pas  en  trouver  de  meilleu¬ 
re  ,  de  plus  pure  et  de  plus  rafraîchissante.  Nos  meil¬ 
leures  eaux  de  montagnes  sent  très  -  inférieures  en  bon¬ 
té  et  ea  fraîcheur  e  celles  des  Alpes  et  surtout  des 
glaciers. 

Je  renvoie  pour  la  description  détaillée  des  différen¬ 
tes  routes,  que  l’on  peut  prendre  pour  traverser  les  Al¬ 
pes  ,  telles  que  celles  du  S.  Gothard ,  du  S.  Bernard  y  du 
Sj/lugeriy  du  a  impion  etc.  à  l'Itinéraire  d 'Italie. 


V 


LA  SUISSE,  GRINDELWALD.  57 

J,  Voyage  à  Grindelwald  et  à  Lauterlrunnen . 

Je  suppose  qu’on  fajt  cette  course  de  la  manière  la 
plus  commode,  c’est  à  dire  en  chajr banc  ou  a  cheval. 
11  faudrait  plus  de  teins  pour  la  faire  à  pied. 

Première  journée.  On  part  d.e  grand  matin  de  Ber¬ 
ne ,  et  l’on  arrive  dans  3  ou  4  heures  de  tems  à  Thun, 
petite  ville  joliment- bâtie.  Auberge  :  leFreihoff,  très- 
bonne.  Le  chemin,  qui  y  conduit,  est  une  chaussée  large 
et  commode  ,  et  la  route  est  agréablement  variée  par 
des  jardins,  des  vignobles,  des  champs,  des  prairies,  des 
bois  et  des. villages..  L’Aar'coule  h.  une  certaine  distance 
sur  la  droite,  et  c’est  à  Tiiun  que  commence  cette  par¬ 
tie  du  cànton  de  Berne  qu’on  appelé  V  Oberland.  De¬ 
vant  soi  l’on  "à  lés  montagnes,  couvertes  de  neiges  éter¬ 
nelles  VUZigèr,  la  Jungfrau ,  le  Gemmi  etc.;  à  gau* 
che  s'étendent  des  vignobles,  et  à  droite,  l’on  découvre 
deux  montagnes  de  forme  conique  ,  le  Stockhorn  et  le 
Hiesen.  (  Elév.  du  Stockhorn  audessus  de  la  mer,  6,767 
p.  de  P.  suivant  Mi  Traites ,  et  au-dessus  du  lac  de 
Thun,  suiv.  M-  Muller,  4,980  p.  Elév.  du  Niesen  au-des¬ 
sus  de  la  mer,  7,340  p.  )  Cet  ensemble  forme  un  coup-" 
d’oeil  qui  par  uq  beau  jour  est  vraiment  ravissant,  et 
que  le  burin  d 'Aberli  a  rendu  avec  beaucoup  de  fidélité. 

lac  de  Thun  est  connu  par  ses  Albruckes  (Salmo  La- 
v^retus  de  Linné);  mais  ce  poisson  est  devenu  plus  rare, 
depuis  que  l’on  a  conduit  dans  le  lac  les  eaux  du  Kan - 
del,  torrent  qui  descend  de9  montagnes  avec  beaucoup 
d’impéî  ùosit.é ,  et  dont  l’embouchure  se  voit  à  droite  à 
une  certaine  distance  de  Thun  ,  et  se  distingue  aisément 
aux  atterrissem#ns  et  aux  bancs  de  sable  formés  par  ses 
dépôts.  (Elév.  du  lac  de. Thun  au-dessus  de  la  mer,  suiv. 
M.  Truités/ J, 787  p.  de  Paris.)  La  belle,  terre  de  Schadau, 
appartenant  au  colonel  May ,  est  remarquable  par  sa  si¬ 
tuation  iriagüiiiqüe,  à  l’èmbouchure  de  VAat. 

C  est  sur  c'e  chemin  de  Berne  à  Thun ,  que  fut  indigne¬ 
ment  assassiné  le  générai  d 'Erlach,  chef  des  troupes  Ber¬ 
noises,  militaire  digne  d’un  meilleur  sort. 

Arrivé  h  Thun ,  vous  renvoyez  à  Berne  votre  voiture 
de  remise,  pour  laquelle  vous  ne  payez  qu’une  journée 
de  louage,  et  vous  fixez  le  jour  où  elle  doit  revenir  vous 
prendre  à  Thun ;  ou  bien  you9  vous  remettrez  a  votre 


++ 


% 


58  LA  SUISSE.  GRINDELWALû. 

bonne  fortune  du  soin,  de  vous  procurer  une  voiture  d<* 
retour  ou  un  voiturier  de  l’endroit .  même ,  ce  qui  est 
toujours  fort  incertain.  • 

De  Thun  on  peut  se  rendre  par  terre  a  Unterseen, 
soit  à  pied,  soit  à  cheval,  en  suivant  la  rive  méridionale 
du  lac;  mais  le  détour  est  considérable,  et  le  sentie*>fort 
étroit,  et  celui  qui  prend  par  le  côté  nord  du  lac  est 
encore  plus  dangereux.  Je  conseille  à  chaque  'voyageur 
de  traverser  le  lac  en  bâteau  jusqu’à  Ncuhfius,  ce  qui 
fait  un  trajet  de  4  heures.  On  paye  pour  un  bâteau  à 
trois  rames,  4  gulden  ,  ou  tout  au  plus  un  demi  louis. 
Il  faut  traverser -le  lac  dans  la  matinée,  et  non  dans  la 
soirée;  précaution  à  observer  dans  tontes  ces  naviga¬ 
tions  sur  ces  lacs  Alpins,  parceque  alors  on  est  moins 
exposé  aux  cpups  de  vent.  Le  bâteau  est  recpuverfc 
d’une  toile.  On  ne  doit  pas  oublier  de  prendre  avec- 
soi  un  peu  de  vin  et  quelques  provisions,  pour  soi-mêm» 
et  pour  les  bateliers.  Il  faut  partir  de  Thun  à  midi,-  ou 
à  une  heure  le  plus  tard.  Il  part  quatre  fois  la  semaine, 
une  diligence,  et  deux  fois,,  les  lundis  et  vendredis,; . un 
bâteau  de  poste  pour  Unterseen  et  Brientzi  prix  io  Jvreu* 
zer la  place. 

Le  meilleur  Guide,  à  consulter  sur  ce  voyage  de  Grin-' 
delwald  et  des  environs,  est,  sans  conredit,  le  TiéisebaiW 
àer  Alpengcgénden  des  Berner  Oberland.es  ',  mit  Charten 
und  Kupfern.  Bern ,  1816.  8-  chez  Burgdorfer.  Il  faut/ 
pour  faire  revivre  ses  réminiscences  ,  lire  et  consulter  le’ 
Vovage  -pittoresque  de  V  Oberland  ,  accompagné  de  noti* 
ces  historiques  et  topographiques ,  avrc  15  planches  co« 
lorièes  et  une  carte  itinéraire.  A  Paris  et  h  Strasbourg, 
chez Treâttel  1812.  petit-in-Fol.  Les  estampes  sont  de  MM. 
tVeibel  et  DunJcer ,  la  carte  est  nouvellement  ajoutée,  et 
le.  texte  supérieurement  bien  rédigé  par' M.  de  'St ap fer. 

On  descend  de  V Aar  dans  le  lac,  .  et  Ton  découvre 
Bientôt  les  vallons  pittoresques  de  Siemen ,  de  h rutigen 
et  de  Kandel.  On  voit  un  peu  plus  loin  les  jolies  cas¬ 
cades  de  Pfannenbach ,  et  de  Stammbach  ;  Merlingert 
aù  l'on  touche  .ordinairement  ,  soit  pour  faire  rafraî¬ 
chir  1ns  bâteliers  ,  soit  pour  visiter  la  caverne  de 
S.  Béat.  Elle  est  situé  sur  la  gauche  du  lac,  et  ses 
laebitans,  ont  dans  toute  la  contrée  là  même  réputation 
de  bêtise  que  les  S childbiirger  en  Allemagne  ,  et  avec 
aussi  peu  de  raison.  La  caverne  de  S..  Eçat  tire  son 


LA  SUISSF.  GRINDELWALD.  59 

uom  du  premier  apôtre  du  christianisme  dans  l’Helvé- 
tie.  Ce  que  la  rend  remarquable,  c’est,  les  belles  stalac¬ 
tites  que  l’on  y  trouve,  et. la  caso-ade  du  Béatbach  dans 
le  voisinage.  Ceux  qui  se  dispensent  de  faire  cette  course 
fatiguante  ,  n’y  perdent  pas  beaucoup.  O11  débarque  à 
K  euh  ait  s.  qui  est  une  douane,  et  de  là,  on  se  rend  k  pied 
&  Uhterseen.  C’est  une  promenade  d’une  demi -heure  qui 
est  des  plus  agréables;  le  sentier  ombragé  par  de  beaux 
arbres  traverse  dé  riantes  prairies.  Les  bateliers  portent 
le  bagage.  A’  Unterseen  [bonne  auberge  chez  M.  A'Alpen] 
on  loue  un  char- à-banc,  avec  un  ou  deux  chevaux;  sui¬ 
vant  le  nombre  des  voyageurs  ,  et  Tqn  se  repd  dans  l’es¬ 
pace  de  3  petites  heures  à  Lauterbrunnen  *).  C’est  à.  Ur^- 
tersçen.  que  se  voit  cette  maison  de  bois,  qui,  suivant  3Vt. 
de  Luc  a' été  bâtie  en  1530.  A  Aarmühl  près  d '  Ünterseert, 
le  docteur  Abersbld  a  établi  des  cures  de  petit-lait  de 
chèvres.  (  Nous  reviendrons  a  la  fin  de  cet  article,  sur  in- 
terlachen  non  loin  À'Unterseen,  et  sur  la  fête  nationale, 
qui  s’y  célèbre  annuellement.  -Sur  la  route  de  Lauter¬ 
brunnen ,  les  ruines  du  château  A'  Unspurt-nen;  1  es  Lut- 
schihen ,  deux  torrens  extrêmement  pittoresques,  qui 
viennent  des  glaciers  et  que  la  couleur  de  leurs  eaux  qui 
est  très-  décidée,  a  fait  nommer  l’un  l'Eau  noire \  -et  l’au¬ 
tre  l'Eau  Mqnàhe  ;  l'EÏsenfluë ,  dont  la  coupe  est  remar¬ 
quable  parçequ’eile. représenté  des  fortifications;  le  Saus-r 
tach,  ’to'irre’nt^rapide.  ^  A  une  demi -  lieue  environ  de  Lau? 
tertirujinen, on  voit  la  fameuse  cascade  de  Staubbacfi  sons 
la  forme  d’une  large  bande,  descendant  du  sommet  d’un 
rocher,  et  fiqlisnt.çà  et  là  sqr  ses  saillies  au  gré  du  ve*nt. 
Il  va  une-aubèrge  à  Lauterbrunnen  :  ci  -  devant,  la  plu¬ 
part  des  voyageurs  logeaient  ch  ez  le  ministre  de  l’endroit, 
mais  le  ministre  actuel  ne  reçoit  que  très  ?  rarement  des 
étrangers,.  Jq_ remarquerai  quelle  fromage  qui  se  fait 
dans  la  Sejinenajp  jet  que  l’on  trouve  à  Lauterbrunnen, 
est  justement  estimé.  De  plus  il  faut  rechercher  les  ou¬ 
vrages  en  bois  des  frères  A'Almen  ;  ces  ouvrages  sont  de¬ 
venus  depuis  quelques  années  une  curiosité  et  de  la  Suisse 
et  de  Lauterbrunnen.  S’il  fait  clair  de  lune,  ou  seule¬ 
ment,  6i  la  nuit  est  sereine,  on  fait  u.ne  promea-ade  du 
côté  du  Staubbach ,  et  admire  la  blancheur  éblouissante 

*)s€ette  vallée  tient  son  nom  de.  la  grande  quantité  de 
soarçqs  qu’on  y  trouve. 


6o  LA  SUISSE,  GJIXNDÉLWALD. 

de  la  cime  de  la  Jungfrau -,  qui  semble  se  perdre  dans 
les  cieux.  {Elév.  de  la  vallée  de  Lauterbrunnen  au  t  des¬ 
sus  delà  mer;  2,450  p.  de  Paris,  suiv.  M.  Traites). 

Seconde  journée.  C’est  le  matin,  lorsque  le  soleil 
éclaire  'le  Staubbach  qui  se  précipite  du  haut  d u  Platsch- 
1er  g ,  qu’il  faut  visiter  cette  fameuse  cascade.  Le  spec¬ 
tateur  voit  alors  un  magnifique  arc-en-ciel  se  former 
autour  de  lui,  et  l’ombre  de  la  cascade  se  peindre  der¬ 
rière  la  cfiûte  sur  le  roc.  La  hauteur  de  la  chûte  prise 
avec  le  baroiftètre,  est  de  925  pieds.  Il  faut  avoir  soin, 
lorsqu’on  en  approche,  d’être  bien  enveloppé  dans  son 
manteau,  parceque  la  poussière  humide  de  la  cascade 
ést  la  pluie  la  plus  subtile,  avec  un  courant  d’air  très- 
froid.  Cette  immense  colonne  d’eau,  qui  écume  et  tour¬ 
noie  sur.  elle  -  même  avec,  impétuosité^  est  .fort  bien  ren¬ 
due  dans'uïie  estampe  d 'Aberli,  et  supérieurement  imitée 
par  des  floccons  de  plantes  par  M.  Bianh ,  conseiller  ec¬ 
clésiastique,  au  cabinet  de  l’université  de  IVürzboürg. 
On  trouve  aussi  cette  cascade  dans  la  collection.d’estam- 
pes  de  Lory' c t  la  Fond :  et  gravée  et  coloriée  chez  Ko» 
jri  g.  La  monfagne  appelée  Jungfrau  (Vierge)  est  le  se¬ 
cond  objet  remarquable  qu’on  découvre  dq  Lauterbfun- 
nen.  La  cime  .  extérieure  qui  est  toute  pue  s4appele  la 
Fordere  Jungfrau  ,  et  a  été  escaladée  par  des  chasseurs 
de  chamois..  L’autre  cime,  en  forme  de  cône,  couverte 
de  neiges  qui  ne  fondent  jamais,  lé  Jüngfrauhorn  pro¬ 
prement  dit,  a  été  regardé  comme  inaccessible.  Mais  en 
1811  les  deux  frères  Meyer  d ' Aarau,  y  ont  fait  un.  voyage, 
renouvéilé  en  1812;  ils  ont  publié  la  relation  de  leur 
courageuse  entreprise.  (Elév.  au-dessus  de  la  mer,  suiv. 
M.  Traites  12,872  p.  de  Paris:  et  au -dessus' du  lac  de 
Th  un  ,  suiv.  M.  Millier  11,447  p.)  Enfin,  il  y  a  une  troi¬ 
sième  cime  qui  est  beaucoup  plus  basse  et  qu’on  appelé 
le  Monch  (le  Moine).  (Elév-  audessus  de  la  mer ,  suiv. 
M  Tralles  '  12,666  p.  d.  P.  et  au-dessus  du  Hc  de  Thicn , 
suiv.  M.  Millier ,  10,879  p.).  On  trouve  une  carte  excel¬ 
lente  et  exacte  des  glaciers  et  montagnes,  dans  Une  petite 
brochure  de  MM.  Meyer:  Reisc  auf  die  Lis gebirge  vonBern 
etc.  jlarau,  1813.  8- 

Si  l”on  est  favorisé  du  teins  ,  en  fera  bien 
de  partir  le  même  soir  de  Lauterbrunnen  ,  et 
de  faire  ;  encore  deux  -lieues  et’  demie  dé  chemin, 
pour  gagner  un  petit  village  où  il  y  avait  au- 


LA  SUISSE.  GRINDELWALD.  61 


trefoi9  de  mines  de  plomb,  et  où  il  faut  passer  la  nuit. 
Au  lever  du  soleil  on  monte  sur  l’amphithéâtre  des  gla¬ 
ciers  ;  on  descend  de  l’autre  côté  en  suivant  le  pied  des 
Tse hingelhorner ,  et  après  avoir  traversé  le  vallon  sau¬ 
vage  d’ Ammerten  ,  on  est  de  retour  à  Lauterbrunnen 
avant  la  nuit.  Mais  je  ne  conseillerai  cette  course  lon¬ 
gue  et  pénible  qu’à  de  bons  piétons.  Il  faut  aussi  être 
bon  piéton,  pour  suivre  le  sentier  qui  conduit  à  Grindel - 
wald  par  dessus  le  IVengeberg.  Il  est  un  peu  fatiguant; 
mais  on  est  amplement  dédommagé  par  le  magnifique 
spectacle  que  présentent  l’ Eiger ,  la  Jungfrau ,  les  pré¬ 
cipices  et  les  vallées  de  glace,  et  on  oublie  toutes  les 
peines,  en  dînant  en  face  de  ces  merveilles  de  la  nature 
sublime. 

Ordinairement,  lorsque  l’on  a  assez  joui  de  la  vue  du 
Staubbach  et  de  la  Jungfrau  ,  l’on  remonte  sur  son 
char- à- banc,  et  l’on  reprend  le  chemin  par  lequel  on 
est  venu,  jusqu’aux  deux  Luts  chinen*)  d’où  l'on  se  rend 
à  Grindelwald  en  trois  heures  de  tems.  On  y  arrive  as¬ 
sez  de  bonne  heure  pour  visiter  le  glacier  inférieur. 
C’est  l’affaire  de  3/4  d’heure  pour  aller  et  revenir.  Ge 
glacier  comparé  avec  ceux  de  Chamouny ,  présente  un 
coup -d’oeil  très  -  mesquin.  11  est  vrai  qu’on  en  prend 
une  autre  idée,  lorsqu’on  monte  le  long  du  Mettenberg 
et  qu’on  découvre  la  grande  vallée  de  glace  jusqu’au 
Fyscherhorn.  On  est  bien  plus  frappé  du  spectacle  que 
présentent  les  colosses  des  Alpes,  le  grand  Eiger ,  le 
Fyscherhorn ,  le  Plettenberg  et  le  W etterhorn.  (Elé¬ 
vation  de  l’Eigèr,  audessus  de  la  mer,  suiv,  M.  Traites 
12,268  p.  de  Paris;  et  audessus  du  lac  de  Thun ,  suiv.  M. 
Muller  ,  10441  p.  du  fV etterhorn  au-dessus  de  la  mer, 
JI453  P-  et  au-dessus  du  lac  de  Thun ,  9966  p.)  Quoique 

le  Schreckhorn  se  découvre  déjà  depuis  Berne ,  on  le 
voit  à  peine  du  Grindelwald.  Cette  montagne  est  pour¬ 
tant  la  seule  avec  le  mont  Rosa  en  Piémont,  que  Mr.  de 
Saussure  &it  vclq  du  sommet  du  Mont-Blanc  s’éléver 

*)  Petit  village  où  les  deux  eaux  Alpines,  la  Lutschi- 
ne  blanche  qui  vient  de  Lauterbrunnen ,  et  la  noire 
qui  vient  de  Grindelwald  ,  se  réunissent  et  forment 
le  torrent  qu’on  appelé  les  Lutschines.  L,a  noire 
sort  du  glacier  supérieur  du  Grindelwald  ,  et  ses 
eaux  sont  teintes  par  le  torrent  noir  du  Scheideck 
qui  s’y  jete.  Elle  reçoit  encore  une  troisième  Lut- 
schine  qui  sort  d’une  voûte  du  gla'cier inférieur.  Plu- 
sieurs  voyageurs  ont  confondu  ces  trois  Lutschines 
Guide  d.  Voy.  Tom.  IT.  y 


62  LA  SUISSE.  GRINDELWALD. 

au-dessus  de  la  chaîne  des  hautes  Alpes.  Elévation  du 
Schreckhorn  au-dessus  de  la  mer,  suiv.  M.  Trallcs  12560 
p.  de  Paris;  et  au-dessus  du  lac  de  Thun ,  suiv.  M.  Mül- 
ler  10775  de  ces  pieds.)  Le  JVetterhorn  fait  à  Grindel- 
Wald  la  même  illusion  optique  que  la  Jungfrau  à  Lau- 
terbrunnen.  On  s’en  croit  extrêmement  près  ,  tandis 
qu’on  en  est  encore  à  plusieurs  lieues  de  distance.  Quel¬ 
quefois  l'on  est  assez  heureux,  pour  voir  de  la  fenêtre 
de  l'auberge  des  avalanches  se  précipiter  du  haut  des 
montagnes,  t’est  au  pied  de  V Eig'er  que  se  trouve  l’es¬ 
pèce  de  pin,  dont  la  pomme  pleine  d'un  suc  laiteux, 
passe  pour  un  excellent  spécifique  contre  la  phtisie  et 
La  'consomtion  ,  et  est  devenue  un  objet  considérable 
d'exportation ,  surtout  depuis  que  Mr.  Meincrs  en  a  re¬ 
commandé  l’usage.  (Elévation  de  la  vallée  de  Grindel - 
wald  au-dessus  de  la  mer,  3,150  p.  de  P.  suiv.  M.  Traites.) 
L'auberge  de  Grindelwald  est  très -bonne.  Le  ministre 
de  l'endroit  ne  loge  que  les  personnes  qui  lui  sont  par» 
ticulièrement  recommandées.  L’hôte  de  Grindelwald 
qui  vivait  en  1786,  est  un  exemple  frappant  du  bon¬ 
heur  qui  accompagne  assez  ordinairement  les  chasseurs 
de  chamois  dans  leurs  eotfrses  périlleuses.  En  traver¬ 
sant  les  glaciers  avec  un  troupeau  de  brebis  il  tomba 
dans  une  fente  très  -  profonde  et  se  cassa  le  bras;  mais 
cet  accident  ne  lui  ravit  ni  ses  forces  ni  sa  présence 
d’esprit.  Ayant  apperçu  dans  l’éloignement  une  ouver¬ 
ture  très-  étroite ,  formée  par  la  chûte  d’un  petit  ruis¬ 
seau;  il  s’ouvrit  un  chemin  dans  ce  tombeau  de  glace, 
jusqu’k  cette  ouverture,  et  revit  ainsi  la  lumière  du  jour. 
Cette  histoire  a  l'air  d’une  fable ,  mais  il  n’y  a  rien  de 
plus  vrai.  t+  — 

La  vallée  de  Grindelwald  est  Tune  des  plus  roman¬ 
tiques  des  Alpes  ;  elle  est  fertile  et  bien  cultivée.  Les 
maisons  y  sont  dispersées  à  la  distance  de  plus  d’une 
lieue.  Dans  la  déscriptien  que  Gruner  a  publiée  des 
glaciers,  on  trouve  une  carte  assez  exacte  des  vallées  de 
iMuterbrunnen  et  de  Grindelwald ;  les  voyageurs  peu¬ 
vent  en  tirer  parti.  Dans  les  deux  endroits  que  je  viens 
de  nommèr,  il  est  facile  de  faire  une  riche  collection 
de  cristaux,  de  quarzs ,  de  plantes  alpines,  et  de  cornes 
de  chamois.  Des  enfans  des  deux  sexes  viennent  à  l’en- 
vi  vous  en  pffrir  à  acheter.  A  Ch'amouny  ce  ne  sont 
pas  seulement  des  enfans, mais  encore  des  hommes  faits 
qui  trafiquent  de  ces  productions  naturelles. 


LA  SUISSE.  GR1NDELWALD.  63 

Troisième  journée.  Plusieurs  voyageurs  reprennent 
le  troisième  jour  la  route  de  Berne  par  Unterseen  et 
Thun  \  mais  je  conseillerai  d’après  Mr.  TVittcnbach  ,  de 
ne  point  repartir  avant  d’avoir  monté  sur  le  Scheideck. 
(Elévation  du  pas  de  Scheideck  au-dessus  de  la  mer, 
6,045  P-  dk  P-  suiv.  M.  Traites.)  Cette  montagne,  vue  de 
Grindelwald  ne  paraît  pas  fort  élevée  à  l’oeil,  qui  est 
familiarisé  avec  la  vue  des  colosjses  des  Alpes.  Cepen¬ 
dant  il  faut  au  moins  7  ou  8  heures  pour  les  traverser, 
et  pour  arriver  à  Meyringen ,  chef- lieu  de  la  vallée  de 
Uassli.  On  ne  peut  la  franchir  qu’à  pied  on  à  cheval. 
Cette  route- est  très-fatiguante,  surtout  quand  on  la  fait 
à  pied;  mais  elle  n’est  point  dangereuse;  des  femmes 
même  l’ont  faite  à  cheval.  On  prend  ordinairement  les 
chevaux  du  char- à -banc  qu’on  à  loué  à  Unterseen  ;  ils 
sont  accoûtumés  aux  routes  des  montagnes  ,  mais  il  me 
semble  qu’il  vaut  mieux  en  louer  à  Grindelwald  mô¬ 
me,  surtout  pour  les  dames.  Ce  voyage  est  extrêmé- 
ment  intéressant  et  varié.  On  y  apprend  à  connaître 
les  moeurs  et  la  manière  de  vivre  du  pâtre  des  Alpes; 
on  voit  paître  dans  les  prairies  ses  bestiaux,  qui  sont  de 
la  plus  belle  race;  on  entre  dans  son  châlet  hospitalier; 
on  assiste  à  la  préparation  du  fromage  ;  on  reçoit  de  la 
première  main  le  Zieger  ou  le  seret ,  le  petit  lait,  et 
toutes  les  différentes  sortes  de  laitage.  L’objet  qui  fixe 
le  plus  l’attention  du  voj'ageur  pendant  la  route,  c’est 
la  magnifique  chaîne  de  montagnes  avec  leurs  glaciers 
qui  est  sur  la  droite.  Il  chemine  longtems  à  l’ombre  du 
TVetterhorn ,  qui  doit  son  nom  aux  nuages  dont  il  est 
presque  toujours  couvert. 

Les  avalanches  de  glaces  sont  fréquentes  en  été  dan* 
ce  vallon,  et  le  bruit,  semblable  à  un  coup  de  tonnerre, 
qu’occasionne  leur  chûte ,  se  mêle  à  celui  des  pyrami¬ 
des  de  glace,  qui  s’élèvent  comme  de  petits  clochers  sur 
a  surface  des  glaciers,  et  qui,  détachées  de  leur  base  par 
la  chaleur  du  soleil,  tombent  avec  fracas,  et  roulant  au 
loin  se  réduisent  en  poussière. 

Le  glacier  de  Schwarzwald ,  et  celui  de  Rosenlaui 
(ce  dernier  tient  son  nom  d’une  Alpe  ou  pâturage  qu’il 
a  englouti)  méritent  surtout  d  être  remarqués  Le  ga¬ 
zon  court  des  pâturages  du  Seheidek  sur  lequel  ou  mar¬ 
che  ^devient  toujonrs  plus  épais,  et  rend  les  soûliers 
«es  voyageurs. excessivement  lisses.  On  jouit  de  la  vne 

F  2 


64  LA  SUISSE.  GRINDELWALD. 

et  de  l’odeur  aromatique  d’une  foule  de  plantes  qui  em¬ 
bellissent  ces  hauteurs  ,  lorsque  toute  autre  végéta¬ 
tion  a  déjà  cessé;  telles  s-ont,  la  petite  rose  des  Alpes, 
le  cernillet  moussier  (Silene  acaulis  LY)  la  belle  solda- 
nelle  etc.  Du  sommet  du  Scheidek  crû.  l’on  arrive  après 
trois  heures  de  marche,  et  de  différens  autres  points, 
on  a  dans  un  jour  serein  comme  un  nouveau  monde 
sous  les  yeux.  On  découvre  la  chaîne  de  montagnes  tou¬ 
jours  couvertes  de  neiges  ,  qui  embrassent  la  vallée  de 
Grindelwald  et  celle  du  Hassli.  De  bêlement  et  les 
sonnettes  des  troupeaux  aussi  bien  que  ies  cris  des  p⬠
tres  ,  font  connaître  au  voyageur  qu’il  approche  du  ha¬ 
meau.  11  entre  dans  le  premier  châlet  qui  se  présente, 
et  il  a  tout  le  tems  de  s’y  raffraîchir  et  de  tout  voii-, 
parcequ’il  est  sûr  d’arriver  à  Meyringen  avant  le  soir. 
La  descente,  qui  conduit  à  cet  endroit  chef  -  lieu  du 
JHassli  est  extrêmement  pénible  ,  parceque  le  chemin 
est  si  rocailleux  que  l’on  bronche  à  chaque  pas.  Les 
premiers  sapins  que  l’on  retrouve  paraissent  extrêmé- 
ment  vieux.  La  mousse  blanche  et  flottante  qui  tapisse 
leurs  énormes  troncs,  et  leurs  rameaux  qui  affaissés 
sous  le  poids  des  années,  pendent  et  se  traînent  sur  la 
terre,  offrent  un  coup-d’oeil  très -pittoresque.  De-là, 
©n  traverse  une  contrée  sauvage  et  désolée,  où  tout 
semble  mort  dans  la  nature.  Un  bruit,  semblable  à  ce¬ 
lui  d’un  coup  de  canon  ou  d’un  éclat  de  tonnerre,  an¬ 
nonce  bientôt  la  cascade  du  Reichenbach  au  voyageur, 
qui  en  est  encore  éloigné  d’une  demi -lieue.  Il  faut 
s’approcher  avec  précaution  de  cette  cascade,  qui  est  sur 
la  gauche,  parceque  le  sentier  qui  y  conduit  est  escar¬ 
pé,  glissant,  et  fort  incliné  vers  le  lit  profond  que  le 
torrent  s’est  creusé  dans  sa  chûte.  Une  déscription  de 
cette  grande  scène  serait  trop  au-dessous  de  la  réalité, 
pour  que  je  veuille  l’entreprendre.  La  violence,  avec  la¬ 
quelle  l’eau  se  précipite,  la  brise  et  la  fait  remonter  en 
vapeurs,  et  ce  nuage,  assez  semblable  à  la  colonne  de 
fumée  qui  s’élève  d'une  fonderie,  indique  de  loin  au 
spectateur  le  bassin  de  la  cascade.  On  peut  remarquer 
dans  cette  cascade  trois  différentes  chûtes.  La  première, 
qui  est  ordinairement  la  seule  que  visitent  les  voyageurs, 
c’est  la  colonne  d’eau  qui  tombe  perpendiculairement 
dans  le  bassin  que  lui  forme  le  rocher  ,  le  long  duquel 
elle  se  précipite.  La  seconde  doit  sa  naissance  au%eaux 
qui,  surmontant  les  bords  de  ce  bassin,  s’en  échappent 


LA  SUISSE.  GRINDELWALD,  65 

avec  impétuosité.  Pour  ce  qui  est  de  la  troisième  chûte, 
on  la  voit  de  la  manière  la  plus  avantageuse  d’une  prai¬ 
rie  ,  qui  est  au  bas  de  la  seconde  cascade;  ce  n’est  pro¬ 
prement  qu’une  illusion  optique,  car  c’est  plutôt  un 
nouvel  aspect  qu’une  nouvelle  chûte.  La  pai'tie  infé¬ 
rieure  de  la  première  cascade ,  et  la  partie  supérieure 
de  la  seconde,  étant  cachées  par  les  montagnes,  1  oeil 
réunit  ces  depx  cascades,  et  ne  voit  qu'une  chûte  im¬ 
mense  qui  est  d’un  très -bel  effet.  Avant  que  d’arriver 
au  Reichenbach  ,  on  découvre  du  haut  du  Z wirgi  un 
paysage  charmant;  c’est  la  belle tvallée  du  Hassli ,  arrô- 
sée  par  l 'Aar  qui  y  fait  mille  détours.  Cette  vue  se  trou¬ 
ve  parmi  les  estampes  A'Aberli.  On  passe  l 'Aar  sur  un 
pont  couvert  avant  d’arriver  à  Meyringen.  De  l’auber¬ 
ge  on  a  en  partie  la  vue  de  trois  belles  cascades  ,  savoir 
celles  d  Alpbach,  de  V7 ühlbach ,  et  de  Dorfbach.  Les 
hommes  et  les  femmes  du  Hassli  sont  renommés  par¬ 
leur  beauté.  Le  costume  des  femmes  a  quelque  rap¬ 
port  avec  celui  des  Grecques  de  quelques  îles  de 
l’Archipel.  Une  ancienne  tradition  qui  s’est  conservée 
parmi  ce  peuple  ,  lui  donne  une  origine  Suédoise.  Ce 
fût  même  dans  la  guerre  de  trente  ans,  la  cause  de  l’en¬ 
voi  d’une  ambassade  du  grand  Gustave.  La  vallée  du 
Hassli  ne  paraît  pas  avoir  souffert  par  la  guerre  de  la 
révolution;  les  Autrichiens  ypénétrèrent  en  1799,  niais 
n’y  firent  qu’un  séjour  passager. 

Quatrième  journée.  La  plûpart  des  voyageurs  pren¬ 
nent,  pour  revenir  a  Berne ,  le  chtmin  que  je  décrirai  à 
la  sixième  journée;  mais  il  y  en  a  un  autre  qui  esttrès- 
riche  en  objets  nouveaux,  et  qui  peut  donner  une  idée 
de  la  difficulté  des  routes  Aipines.  C’est  ’a  route  qui 
passe  sur  le  Grimsel  et  qui,  par  sa  proximité  invite  les 
voyageurs  a  la  prendre.  Les  dames  qui  ont  traversé  le 
Schtidek  ,  peuvent  fort  bien  faire  cette  course,  pourvu 
quelles  aient  des  chevaux  sûrs,  àe  Meyringen  ou  de 
Grindelwald.  Cependant  elles  doivent  auparavant  con¬ 
sulter  leur  forces  et  leur  courage;  car  cette  route  est 
bien  plus  pénible  et  plus  périlleuse  que  l’autre.  Pour 
ce  qui  est  des  hommes ,  il  me  semble  qu’ils  ne  peuvent 
se  dispenser  de  visiter  le  Grimsel. 

En  partant  de  grand  matin  de  Meyringen ,  on  peut 
arriver  d’assez  bonne  heure  à  V hôpital -,  qui  est  sur  le 
Grimsel,  pour  voir  tout  ce  que  la  contrée  offre  de  re 
marquable.  ün  traverse  d’abord  un  petit  vallon  trun  \ 


66  LA  SUISSE.  GRINDELWALD. 

V  - 

«Jilille ,  qui  par  sa  solitude,  sa  fertilité,  et  ses  sites  ru. 
ihantiques,  surpasse  tout  ce  que  J  imagination  des  pein¬ 
tres  et  des  poëtes  a  jamais  invehlé  de  plus  gracieux.  Il 
fait  le  contraste  le  plus  frappant  avec  Ibs  scènes  sauva¬ 
ges  ,  qui  se  présentent  un  moment  après  à  l’oeil  du  vo¬ 
yageur,  et  lui  offrent  tout  ce  qu’il  y  a  de  plus  propre 
dans  la  nature  a  ébranler  fortement  son  ame.  On  à  coû- 
tume  de  s’àrrètef  au  Village  de  Gutanne,  pour  se  raffraî- 
chir  et  pour  donner  h  manger  aux  chevaux.  Le  Stampf- 
terg-ei t  remarquable  pat  une  belle  cascade  que  l'Aar  y 
fôrine".  Ce  qui  la  rend  infiniment  pittoresque  c’est  que 
la  rivière  qui  se  précipite  avec  fracas  d’une  très -grande 
hauteur,  comme  tombant  de  la  calotte  des  cieux  ,  se  par¬ 
tagé  en  deux  bras,  et  entoure  de  ses  eaux  un  rocher 
couvert  de  sapins,  dont  elle  fait  une  petite  île.  La  blan¬ 
cheur  de  l’eau  qui  écume  et  bouillonne  autour  du  ro¬ 
cher  ,  contraste  admirablement  avec  l'ombre  épaisse  de 
noirs  sapins.  En  général,  dans  toute  cetté  route,  YAiir , 
ainsi  que  tous  les  torreUs  des  Alpes,  dont  le  cours  n’est 
qu’une  chûte  continuelle,  paraît,  moins  couler,  que  s’é¬ 
lancer  avec  la  rapidité  d'un  trait  dans  son  lit  sans  cesse 
blanchi  d'écume.  Le  bruit  et  le  fracas  de  ces  flots,  ses 
bonds  ,  ses  chûtes,  étourdissent  le  vo}rageur  et  lui  inspi¬ 
rent  tine  sorte  d’effroi.  Tout  ce  qu’il  y  a  de  plus  af¬ 
freux  'et  de  plus  terrible  dans  la  nature  semble  ici  s’ac¬ 
cumuler  autour  de  lui.  fl  se  trouve  dans  un  désert,  ima¬ 
ge  du  chaos,  au  milieu  des  ruinés  de  montagnes  écrou¬ 
lées  et  dépouillées  de  toute  espèce  de  verdure.  On  passe 
la  rivière  sur  des  ponts  extrêménwnt  élevés,  et  dont  il  y 
en  a  un  qui  ne  le  cède  point  en  hardiesse  au  fameux  pont 
du  diable  ‘sur  la  Rtuss.  Il  y  a  quelques  endroits  ,  où  le 
chemin  est  comme  enflé,  (entres  autres,  la  place  qu'on 
appelé  Stockstege  ou  Bôse -  Seite  et  celle  appelée,  belle 
Platte ,)  qui  sont  si  glissâns,  qu'on  a  été  obligé  d'y  creu¬ 
ser  des  silla*is  et  des  entaillures  pour  affermir  le  pas  des 
chevaux  Le  plus  sûr  est  de  mettre  pied  k  terré.  Au 
reste,  dans  bien  des  endroits  on  amis  des  gkrde-foux 
du  côté  du  précipice.  On  arrive  enfin  au  sommet  du 
Grimsel ,  (Elévation  du  pas  du  Grimsel  au-iessus  de  la 
mer,  6,870  p-  de  P.  suiv.  M.  Traites ;  et  au  dessus  du  lac 
des  quatre  cantons,  suiv.  M.  Millier ,  5,7*8  p.  Le  lac  du 
Grimsel  est  élevé  au  dessus  du  lac  des  4  cànt.  de  5,'4JO 
p.,  on  y  voit  la  rabane  à  la  uelle  on  a  donné  le  nom 
d'hôpital.  Ruinée'dans  la  guerre  de  la  révolution,  elle 


LA  SUISSE.  G  R I N-D  EL  WA  L  D.  6f 

Tient  d’être  rétablie.  Elle  est  placée  dans  une  espèce 
de  cratère  ,  et  le  site  en  est  si  effrayant  par  sa  solitude, 
que  les  hospices  du  S.  Goihard  et  du  S,  Bernard,  quoi¬ 
que  si  tristes  et  si  isolés  ,  ont  auprès  de  celui-ci  quelque 
chose  d’amical  et  de  riant.  On  dirait,  que  le  sein  de  la 
terre  a  été  déchiré  ici  par  quelque  convulsion  du  globe. 
C’est  là,  dit-  Coxe,  qu'on  se  rappelé  3a  belle  déscrip- 
tion  que  fait  Virgile  dans  son  VIII.  livre  de  l'Enéide 
de  l’antre  de  Cacus.  Et  c’est  cependant  dans  ces  diserts 
affreux  et  sur  ces  tristes  rochers,  que  les  Autrichiens  et 
les  Français  se  sont  livrés  des  combats  sanglans  en  1799. 
Cet  hôpital  est  habité  par  un  administrateur  que  la 
communauté  du  Hassli  y  envoie  pour  loger  les  voya¬ 
geurs ,  qui  traversent  la  montagne ,  et  leur  fournir  des 
vivres.  Il  y  demeure  depuis  le  mois  de  mars  jusqu’au 
mois  de  Novembre;  et  en  partant,  il  laisse  encore  quel¬ 
ques  provisions  dans  la  maison  qui  reste  ouverte.  On 
n’y  trouve  pour  toute  nourriture  que  du  fromage  et  du 
lait,  avec  une  espèce  de  vin  d’Italie;  on  y  .couche  sur 
la  paille,  et  le  froid  y  est  toujours  très  -  vif  pendant  la 
nuit;  mais  la  fatigue  et  la  faim  font  que  l’on  s’accom¬ 
mode  de  tout.  Près  de  l’hôpital,  il  y  a  deux  petits  lacs 
qui  communiquent  ensemble,  et  vis  -  à  -  vis  de  la  mai¬ 
son  est  la  belle  cascade  du  Sasbach.  A  une  petite  dis¬ 
tance  de  l’hôpital  est  la  so'urce  de  l'Aar,  qui  sort  sous 
les  monceaux  et  murailles  de  glace  d’un  grand  et  ma¬ 
gnifique  glacier.  Il  y  a  deux  glaciers,  le  glacier  de  Laur¬ 
ier-  Aar.  et  celui  de  Finstcr  -  Aar,  pic,  haut  de  13,234  p. 
et  que  M.  Meyer  d'Aaràu  j  1  a  tenté  d’escalader.  La 
montagne  le  Zinkenstock,  est  renommée  par  les  cristaux 
que  l’on  y  a  exploités,  et  dont  quelquesuns  étaient  du 
poids  de  cinq  jusqu’à  huit  quüitaux. 

Si,  après  cette  course  pénible,  on  se  trouve  des  forces 
de  reste,  ou  ne  doit  pas  manquer  d’aller  jusqu’à  l’en¬ 
droit,  d’où  l’on  découvre  Iemagnifique  glacier  du  Rhône 
au  pied  de  la  Fourche  :  Elévation  du  pic  de  la  Fourche 
au  dessus  du  lac  des  quatre  cantons,  6395  p.  de  P.  (suiv, 
M-  Millier,  )  —  I)u  Grimsel  on  descend  dans  le  Valais 
d’où  l’on  se  rend  à  Milan  par  le  Grisberg  (Elévation 
au  dessus  de  la  mer,  7336  p.)  dan*  la  vall  ée  de  b  ormacinc. 
Près  de  la  chapelle  et  du  village  de  Frua  ,  la  rivière  la 
Tosu  forme  un  cataracte  de  600  p.  de  hauteur,  qui  est 
estimé  avtc  iaison  l’un  des  plus  majestueux  spectacle. 


68  LA  SUISSE.  GRÏNDELWALD. 


de  la  Suisse.  Par  son  volume  il  ressemble  un  peu  à  la 
chute  du  Rhin,  mais  sa  masse  d’eau  se  précipite  d’une 
hauteur  infiniment  plus  imposante,  et  la  surpasse  de 
beaucoup. 

La  Maycnward ,  par  où  l’on  descend  au  glacier  du 
Bhône,  est  un  sentier  fort  difficile,  et  qui,  devenu  fa¬ 
meux  par  nombre  d’accidens,  ne  devrait  être  choisi,  que 
par  des  voyageurs,  qui  ont  le  pied  et  la  tête  faits  aux 
montagnes. 

Cinquième  journée.  On  retourne  à  Meyringen  par 
la  route  déjà  décrite,  et  l’on  emploie  la  matinée  à  voir 
ce  qu’on  peut  avoir  oublié  la  veille.  Les  Anglais  ont 
coùtume  de  parcourir,  la  nouvelle  Héloïse  à  la  main, 
les  contrées  de  C larens  et  de  Meillerie ,  sur  les  borda 
du  lac  de  Genève.  Un  Allemand  ne  devrait  jamais  vi¬ 
siter  le  Hassli  et  le  Grindelwald ,  sans  avoir  sur  soi 
le  charmant  poëme  des  Alpes  de  Haller  ;  il  est  plein  de 
beautés  qu’on  ne  peut  bien  sentir  que  dans  les  lieux  mê¬ 
mes  où  il  a  été  en  partie  composé. 

Meyringen  est  le  point  de  réunion  de  plusieurs  rou¬ 
tes  qui  s’y  croisent.  Outre  celles  du  Scheidek  et  du 
Grimsel  dont  je  viens  de  parler,  il  y  en  a  une  troi¬ 
sième  *)  qui  conduit  à  l’abbaye  d’ Engelberg  et  de  là  à 
Altorf ,  en  traversant  les  Alpes  de  Suren .  Consultez  aussi 
ce  que  je  dirai  ci  -  après  pag.  94.  sur  la  route  nouvelle  et 
pittoresque  des  vallées  de  Gardinen ,  Susten ,  May  en ,  qui 
de  Meyringen  conduit  à  IVasen  sur  la  route  du  S.  Got - 
hard.  Enfin  il  y  en  a  une  quatrième  que  Meincrs  a  dé¬ 
crite,  qui  passe  sur  le  Brunig  et  mène  à  Lucerne  par  le 
canton  d '  Unterwalden. 

Sixième  journée.  La  Toute  pour  revenir  à  Berne  par 
Tracht  et  Interlachen  se  fait  commodément  en  char  à- 
banc,  à  cheval,  ou  à  pied,  suivant  le  goût  du  voyageur. 
On  chemine  dans  une  vallée  ombragée  et  pittoresque, 
embellie  par  une  multitude  de  cascades,  et  arrosée  par 
l' Aar ,  qui  y  serpente,  et  on  arrive  en  trois  heures  de 
tems  à  Tracht  sur  le  bord  du  lac  de  Brientz.  On  ren¬ 
voie  ses  chevaux  et  l’  on  loue  un  bâteau  pour  le  prix  en¬ 
viron  de  60  batz.  Le  lac  de  Brientz  qui  communique 
par  VAar  avec  celui  de  Thun ,  a  quelque  ressemblance 

Elle  est  fort  bien,  décrite  dan*  le  Manuel  des  voya¬ 
geurs. 


LA  SUISSE.  CHAMOUNY.  69 

àtec  le  lac  des  quatre  cantons;  seulement  les  bords  eu 
sont  moins  escarpés  et  moins  sauvages.  On  n’a  pas  d’ex¬ 
emple  d’accidens  arrivées  sur  ce  lac.  Je  remarquerai  ici 
que,  ce  qui  rend  la  navigation  Si  dangereuse  sur  la  plû- 
j>art  des  lacs  de  la  Suisse,  c’est  que  les  bâteaux  sont  trop 
plats,  et  qu’ils  n’enfoncent  que  peu  dans  l’eau.  C’est  en 
général  une  fort  mauvaise  économie  et  une  témérité  que 
l’on  peut  payer  de  sa  vie,  que  de  prendre  des  bâteaux 
trop  petits  et  qui  ne  soient  pas  fournis  d’un  nombre  suf  - 
fisant  de  rameurs.  —  Les  Brientzlings  sont  Une  espèce 
de  poisson  qui  est  propre  à  ce  lac  et  qui  ressemble  aux 
AalbTuck.es.  En  deux  ou  trois  heures  de  teins  on  arrive 
alnterlachen  ;  on  se  rend  à  pied  à  Néuhaus  ;  on  s’embar¬ 
que  sur  le  lac  de  Thun  et  l’on  revient  à  Berne.  Si  le 
vent  11’est  pas  favorable,  ou  si  l’on  part  trop  tard  de 
M eyringen,  il  faut  un  jour  et  demi  pour  ce  retour.  C’est 
à  Inierlachen ,  sur  un  pré  pittoresquement  situé,  que  se 
célèbre  depuis  quelques  a  ni,  la.  fête  nationale  Suisse ,  ou 
la  fête  des  bergers ,  sous  les  auspices  du  Gouvernément 
Bernois  et  des  Députés  de  plusieurs  Cantons.  Cette  fête 
qui  a  lieu  le  17  d’Août ,  attire  une  grande  affluence  d’é¬ 
trangers. 

IL  Voyage  à  Chamouny ,  ou  Chamonix. 

Première  journée.  On  part  de  Genève  dans  une  voi¬ 
ture  ordinaire  ou  en  cabriolet,  dès  que  les  portes  sont 
ouvertes.  Ou,  l’on  prend  pour  6  livres,  une  place  à  la 
diligence  qui  part  pour  Salenche ,  supposé  que  cela  ex¬ 
iste  encore.  La  route  jusqu’à  Salenche ,  c’est- à  dire  dans 
une  longueur  de  6  milles  d’Allemagne,  est  chaussée  que 
je  trouvais  en  ign  un  peu  dégradée;  il  y  avait  même, 
non  loin  de  Salenche ,  un  endroit  où  l'Arve  commença 
à  ronger  le  chemin  ;  ce  pays  étant  retourné  depuis  sous 
la  domination  de  son  ancien  souverain,  qui  avait  ouvert 
cette  belle  route,  il  faut  espérer  que  l’on  veillera  plus 
à  sa  conservation.  Les  voituriers  de  louage  font  pour 
l’ordinaire  difficulté  de  se  rendre  à  Salenche  sur  les  2  ou 
3  heures  de  l’après-midi  ;  mais  quoiqu’ils  puissent  dire, 
il  faut  insister  là-dessus;  d’après  ma  propre  expérience 
et  celle  d’autres  voyageurs,  qui  ont  en  cela  suivi  mes  con¬ 
seils,  on  peut  être  sûr  que  la  chose  est  très-faisable.  Jus¬ 
qu’à  la  Bonneville  la  contrée  est  des  plus  agréables,  et 


TT 


70  u.y  s  ui  s  s  &  CHAMou^iy. 

l'on  y  trouve  la  plus  grande  variété  d’objets  qu’une  b.el- 
le  situation  et  le  voisinage  des  Alpes  puissent  procurer. 
Près  de  la  Boissiére,  superbe  maison  de  campagne,  on. 
commence  à  découvrir  les  trois  cimes  du  Mont  -  Blanc. 
La  montagne  de  Salive  se  présente  sur  toute. cette  route 
sous  des  aspects  exlrêmément  variés,  flus  Ton  approche 
de  la  Bonneville ,  plus  la  contrée  prend  un  air  alpestre. 
Le  Mole  et  le  Brèzon  forment  l’entrée  de  la  vallée  que 
traverse  VArve,  et  par  laquelle  on  pénètre  dans  l'inté¬ 
rieur  des  Alpes.  (  Hauteur  du  Mole  sur  le  lac  de  Ge¬ 
nève,  760  toises,  sur  la  mer,  948,  de  la  Bonneville  sur  le 
lac,  39  t. ,  sur  la  mer,  227).  La  Bonneville  est  un  endroit 
peu  considérable.  Sur  le  chemin  de  Toninge ,  on  trouve 
dans  une  carrière  de  grès,  des  empreintes  de  végétaux, 
bien  conservés.  On  y  voit  deux  vieux  châteaux  dont 
l’un  est  une  espèce  de  prison.  Bonneville  est  à  peu  près 
à.  la  moitié  du  chemin  de  Genève  à  Salenchc •  O11  ne  s’y 

arrête  que  pour. faire  reposer  ses  chevaux.  On  loge  aux 
balances,  et  à  la  ville  de  Genève ,  avec  la  vue  sur  l’Arve. 
Un  sortant  de  la  ville,  on  passe  VArve  sur  un  pont  de 
pierre  qui  a  500  pieds  de  longueur.  Cette  vallée  prend 
lin  air  plus  riant  et  plus  pittoresque  k  mesure  qu’elle  se 
déploie  aux  yeux  Les  champs  en  culture ,  les  prairies, 
les  bosquets,  les  cascades,  les  chaumières,  les  collines 
verdoyantes  qui  s’élèvent  par  une  douce  inclinaison  les 
unes  au-dessus  des  autres,  enfin  les  Alpes,  ici  couvertes 
de  bois,  et  là,  dénuées  de  toute  verdure,  varient  à 
chaque  instant  la  scène  Le  beau  clocher  de,  Siongyy 
abattu,  est  un  des  monumens  de  la  démence  d’un  repré¬ 
sentant  révôlùtionnaire.  En  deçà  du  pont  que  l’on  pas¬ 
se  pour  arriver  à  Cluse ,  on  voit  un  sentier  étroit  ,  tail¬ 
lé  dans  le  roc,  et  pittoresquement  sauvage.  Cluse  est 
habité  en  grande  partie  par  des  horlogers.  Elle  a  tiré 
son  nom  de  sa  situation  ;  Cluse  vient  du  latin  clausa. 
(Auberge  chez  Mr  Sionnet ,  située  à  l’entrée).  Un  val¬ 
lon  charmant  domine  la  ville  de  Cluse ;  c'est  celui  de  la 
ci-devant  chartreuse  du  Reposoir ,  beau  bâtiment,  dans 
la  situation  la  plus  riante.  On  arrive  de  Cluse  dans  la 
vallée  (le  Maglans.  La  caverne  de  Balme  est  une  grotte 
assez  ordinaire,  garnie  de  stalactites,  et  ayant  640  pas 
de  longueur.  Il  faut  au  moins  une  heure  pour  y  grim¬ 
per,  et  elle  ne  mérite  ni  le  tems  ni  la  peine  qu’il  en 
coûte,  sans  parler  du  danger  que  l’on  court  de  se  refroi- 
iir, Lorsqu’après  ecUe  marche  échauffante,  ou  y  eüUe 


( 


LA  SUISSE.  CHAMOUNY. 


7ï 


font  dégouttant  de  sueur.  Le  JSant  (VArjienaz ,  telle 
cascade  au  pied  de  laquelle  passe  le  chemin,  ressemble 
un  peu  au  Staubbach  ;  comme  lui  on  la  prendraitde  loin, 
pour  une  bande  de  toile  qui  flotte  çà  et  là  au  gré  du 
vent.  Sa  hauteur  est  de  5  à  600  pieds.  Linck  en  au  don¬ 
né  une  bonne  gravure.  La  montagne  qu’elle  mouille,  est 
remarquable  par  ses  couches  concentriques.  Salenche 
est  une  vieille  ville  dans  une  situation  assez  pittoresque, 
avec  une  belle  église.  Elle  est  plus  grande  que  la  Tox.- 
neville.  On  loge  ou  a  St.  Martin,  au  bout  du  pont, 
dans  une  auberge  appelée:  le  Mont-blanc ,  [le  fils  de 
l’aubergiste,  Jean,  est  un  bon  guide]  (Elévation  du 
pont,  go  toises  sur  le  lac,  et  278  sur  la  mer),  ou  à  Sa~ 
lenche  chez  Lafflnt:  ces  aubergistes  fournissent  aussi 
des  chevaux  et  des  mulets  aux  voyageurs.  Des  fenêtres 
de  son  auberge,  on  a  la  vue  du  Mont-Blanc.  Mr.  Bâc¬ 
ler  HJAlbe  en  a  fait  une  belle  gravure-  Il  ne  faut  pas 
confondre  l’original  avec  la  copie,  qui  lui  est  inférieure. 
A  une  petite  distance  de  la  ville,  est  la  caverne  dumou¬ 
lin  de  la  Fiasse,  sur  la  rivière  de  Sale  içhe,  qui  offre  un 
coup  d’oeil  d’une  beauté  sauvage.  L^  M  ont  de  la  Frasse, 
que  le  Mont  -  Bossel  domine,  est  remarquable  par  ses 
grands  blocs  de  granits  roulés.  Alexis  Chesnay  estcelui, 
qui  pour  l'ordinaire  y  conduit  les  étrangers;  on  y  par¬ 
vient  en  10  k  15  minutes  de  marche.  On  a  découvert  à 
St.  Gervaix ,  à  11/2  lieue,  une  eau  thermale  de  2j  à  27® 
de  chaleur,  très  -  fréquentée. 


Si  l’on  se  propose  d’être  de  retour  k  Genève  le  on 
4e  jour,  en  repassant  par  Salenche,  il  faut  laisser  ses  che¬ 
vaux  dans  ce  dernier  endroit,  et  donner  ordre  qu’ils  y 
attendent.  Alors  on  peut  facilement ,  en  partant  k  mu¬ 
let  ou  en  char-à-banc  de  grand  matin  du  Prieuré ,  arriver 
le  même  soir  à  Genève.  J’ai  fini  cette  course  en  i8n,  on 
partant  à  minuit,  et  au  plus  beau  clair  de  lune  possi&le. 
C’est  un  spectacle  unique,  et  du  plus  grand  effet,  qu’à 
traverser  ces  vallées  et  ces  montagnes,  dans  le  silence 
d’une  belle  nuit. 


On  peut  faire  cette  route  k  pied,  en  char  k  banc  ou 
à  cheval.  Lorsque  les  torrents  appellés  les  Nants  ont 
gâté  le  chemin  par  quelque  inondation  subite,  il  est 
impossible  de  les  passer  autrement  qu’à  cheval  ou  à  dus 
de  mulet. 


72 


LA  SUISSE.  CHAMOUNY. 


La  route  de  Salenche  au  chef  -  lieu  ou  Prieure  qu* 
l’on  fait  ordinairement  en  6  heures  de  tems,  n’est  point 
dangereuse;  mais  elle  est  sauvage  et  pleine  de  beautés 
pittoresques.  Tantôt  rude  et  pénible,  elle  serpente  sur 
les  bords  des  précipices;  tantôt .  embellie  par  la  vue  de 
jolis  vallons  qui  s’ouvrent  dans  le  lointain,  de  montag¬ 
nes  entassées  les  unes  sur  les  autres ,  d’un  grand  nom¬ 
bre  de  cascades  et  de  sinuosités  infiniment  variées  de 
VArve ,  elle  présente  une  suite  de  tableaux  intéressans. 
On  traverse  plusieurs  petits  villages  et  hameaux,  et  l’on 
a  de  tems  en  tems  à  franchir  des^ravins,  qui  se  remplis¬ 
sent  d’eau  à  la  moindre  pluie.  On  voit  sur  lé9  murs  de 
l’église  de  Passy  deux  antiquités  Romaines;  ce  sont 
deux  ex-voto  en  forme  de  plaques.  On  y  a  découvert 
aussi,  il  y  a  peu  de  tems,  une  voie  Romaine  du  second 
ordre.  A  Chéde  on  remarque  une  belle  chûte  d’eau,  qui 
présente  un  gouffre  et  le  phénomène  d’iris.  Le  lac  de 
Chède  que  l’on  trouve  à  une  petite  dHlance  du  chemin, 
est  un  petit  bassin  dans  une  solitude  fraîche,  agréable 
êt  tranquille.  Un  ne  voit  pas  ce  lac  du  chemin,  et  il 
fant  faire  quelques^ras  au  travers  d’un  petit  bois  pour  y 
arriver.  En  1811,  je  n’y  retrouvais  plus  ces  beautés  pit¬ 
toresques,  que  j'avais  tant  admirées  en  1786.  Je  ne  re¬ 
trouvais  vraiment  qu’un  petit  lac  ordinaire  qui  ne  va¬ 
lait  pas  le  détour. 

Après  avoir  passé  VArve  sur  le  ci-devant  pont  des 
Chèvres,  qui  a  été  remplacé  par  un  pont  plus  solide, 
l’on  entre  dans  un  petit  vallon;  *le  sentier  qui  est  fort 
étroit,  tourne  un  précipice;  mais  on  ne  peut  se  lasser 
de  contempler  les  beautés  saunages  de  cette  vallée,  en¬ 
tre  lesquelles  on  remarque  surtout  une  belle  chûte  de 
l’ Arve.  Au  reste,  il  y  a  peu  de  voyageurs  qui  prennent 
le  chemin  du  pont  des  Chèvres  ;  on  préfère  communé¬ 
ment  la  route  qui  passe  sur  les  hauteurs,  et  qui  est 
beaucoup  plus  commode.  C’est  aussi  celle  où  nous  con¬ 
tinuerons  de  guider  le  voyageur. 

La  vallée  de  Servoz  [à  l’auberge,  assez  bonne,  on 
trouve  des  cristaux  et  des  minéraux  à  vendre]  présente 
un  charmant  coup  -  d’oeil  par  safertilité.  C’est  de  ce  point 
que  commencent  de  l'autre  côté  de  VArve ,  Jesmontagnes 
de  granit.  Des  arbres  et  d’arbrisseaux  cachentles  ruinesd’u- 


LA  SUISSE.  CHAMOUNY. 


73 


ne  montagne,  qui,  en  s’écroulant  en  1751  menaça  ce  beau 
vallon  d’une  déstruction  tolale.  L’on  crut  que  c’était 
un  volcan.  La  fumée  que  causèrent  les  frottexnens  d  une 
aussi  grande  masse,  brisée  dans  sa  chûte,  fut  lancée  du 
côté  du  Bonhomme ,  et  se  fit  voir  même  en  Piémont. 
Il  y  a  dans  le  voisinage  de  Servoz  des  mines  de  plomb 
tenant  argent,  que  l’on  exploite.  Les  nouveaux  bâti- 
mens  construits  pour  cet  usage  et  qui  bordent  le  che¬ 
min ,  l’aspect  sauvage  des  Alpes  d  alentour  qui  servent 
pour  la  plûpart  de  retraite  aux  contrebandiers  de  sel, 
les  ruines  d’un  vieux  château  qui  s’élèvent  sur  la  pente 
d’une  montagne  escarpée,  présentent  au  sortir  du  vil¬ 
lage  de  Servoz  un  magnifique  tableau.  La  vallée  de 
Servoz  était  jadis  un  lac,  appéle  le  lac  de  St.  Michel. 
L’endroit  par  lequel  il  s’écoula,  s’appele  encore  le  Per - 
trui.  Feu  Mr.  Exchaquct  de  Servoz  avait  fait,  sur  le 
modèle  du  fameux  ouvrage  du  général  Pfyffer ,  des 
plans  en  relief  de  la  vallée  de  Chamouny  et  du  Mont- 
Blanc.  Le  prix  en  varie  à  Genève  suivant  la  grandeur, 
depuis  6  jusqu’à  25  louis -neufs.  Mais  on  trouve  à  pré¬ 
sent  à  Chamouny  même  chez  Josephe  Burnet  et  Etienne 
Josephe  Carrier ,  des  petits  bas  -  reliefs  du  l\l  ont  -  Blanc, 
parfaitement  bien  exécutés,  et  au  prix  de  81  4»  et 
un  louis  -  neuf,  suivant  la  grandeur.*  Ces  basre- 
liefs  comprennent  tout  l’espace,  entre  le  Col  de 
Balme  et  le  Pont  -  Pélissier,  d’un  côté,  et  entre 
le  Bréven ,  et  le  Cormayeur ,  de  l'autre.  Près  du 
chemin  qui  mène  à  Chamouny ,  on  voit  un  monu- 
meut  érigé  en  mémoire  d 'Eschen,  Allemand  de  na-’ 
tion,  âgé  de  23  ans,  qui,  en  voulant  gravir  sur 
le  Buct ,  le  7  d’Août  1800,  tomba  dans  une  cre¬ 
vasse  de  plus  de  105  pieds  de  profondeur,  et  mou* 
rut  de  sa  chûte.  Son  épithaphe  commence  par  cet 
avis  salutaire:  ,,  Voyageur  s  !  un  guide  expert  nous  est 
nécessaire  etc.4*  Deville  de  Servoz  est  un  des  guides  les 
plus  accrédités  de  cette  vallée.  A  l’issue  de  la  vallée,  il 
y  a  le  pont  Pélissier ,  et  les  Montées  :  c’est  un  aspect 
sauvage,  un  chemin  taillé  dans  le  roc,  très  -  rapide, 
mais  sûr.  On  peut  aussi  passer  par  les  mines  du  Foully 
et  le  sentier  des  Trapettes.  La  vue  que  présente  la  val¬ 
lée  de  Chamouny ,  lorsqu  on  la  découvre  pour  la  pre¬ 
mière  fois  de  ces  hauteurs,  jete  le  spectateur  dans  un 
étonnement  qu’on  ne  peut  exprimer.  Il  croit  voir  un 
nouveau  monde.  Ges  cimes  majestueuses  couvertes  de 
Guide  des  Voy.  T.  II.  G 


74  LA  SUISSE.  CHAMOUNY. 

glaces  et  de  neiges  étemelles  ;  ces  montagnes  qui  parais¬ 
sent  porter  le  ciel,  et  dont  la  hauteur  effraye  les  yeux 
et  peut  à  peine  être  saisie  par  l’imagination;  ces  gla¬ 
ciers  qui  du  haut  de  leurs  sommets  plongent  jusque* 
dans  les  vallées  *).;  le  vert  de  mer  dont  se  teignent  les 
pyramides  qui  s’élèvent  à  leur  surface,  surtout  lorsque 
le  soleil  les  éclaire;  la  couleur  sombre  et  noirâtre  des 
forêts  de  sapins;  Je  vert  plus  pur  des  pâturages. et  des 
prairies;  les  cabanes  et  les  hameaux  répandus  çket  la  dans 
la  vallée;  tout  cela  forme  un  ensemble  dont  il  est  plus 
facile  de  sentir  la  beauté  que  de  la  décrire.  Les  torrens 
de  JSagin  et  de  Griaz  arrêtent  souvent  les  voyageurs  et 
ils  leur  ont  été  plus  d’une  fois  funestes,  sur  tout  celui 
de  Griaz. 

A  la  distance  d’une  lieue  et  plus  du  Prieuré ,  le 
voyageur  trouve  déjà  des  gens  qui  l’attendent  au  pas¬ 
sage,  et  qui  s’offrent  à  lui  servir  de  guides.  On  trouve 
dans  le  village  de  Chamouny  ou  au  chef  -  lieu  deux 
auberges,  également  bonnes ,  et  où  l’on  est  à  très -bon 
marché;  la  ville  de  Londres,  dont  le  sieur  Terraz  est  pro¬ 
priétaire,  et  l’hôtel  d’Angleterre  de  M.  Couteran ,  laplus 
ancienne  auberge  de  Chamouny.  L’eau  de  VArve  à 
Chamüuny  est  très  -  salutaire,  la  blancheur  que  lui  don¬ 
ne  le  sable  de  quartz ,  n’est  nullement  nuisible. 

De  l’auberge  de  Monsieur  Couteran ,  (qui  est  déjà 
élevée  de  314.4  pieds  de  Paris  et  suiv.  M.  Tralles  même 
de  3150  p.  au-dessus  de  la  méditerranée  )  aussi  bien  que 
de  tous  les  autres  points  de  la  vallée,  on  a  le  fameux 
Mont-Blanc  en  perspective.  Ce  géant  des  Alpes,  aussi 
vieux  que  le  globe  dont  il  a  vu  toutes  les  révolutions 
et  les  catastrophes,  est  élevé,  d’après  le  calcul  de  feu 
Mr.  de  Saussure ,  de  2450  toises  au-dessus  du  niveau  de  la 
mediterranée.  On  le  reconnaît  aisément  à  ses  trois  ci¬ 
mes,  dont  l’une  ressemble  à  la  bosse  d  un  dromadaire, 

*)  Tl  y  en  a  un  entre  autres  appelé  le  glacier  des  Bos¬ 
sons  ,  qui  vient  immédiatement  du  Mont-Blanc  et 
descend  presque  jusqu’au  bord  du  chemin.  On  fait 
bien  le  s'y  arrêter,  de  xuo:.ier  rjusquaux  py¬ 
ramides,  et  de  1  y  uiverser,  pour  retourner,  de 
1  autre  côté.  Les  villageois  vous  serviront  de  guide* 
et  d’appui. 


LA ‘SUISSE.  CHAMOUNY, 


75 


et  a  la  blancheur  éblouissaute  dtr  tapis  qui  le  recouvre, 
Vu  de  la  vallée  d 'Aoste,  il  ne  parait  point  si  chargé  de 
neiges;  mais  il  se  présente  sous  un  aspect  aussi  sauvage 
et  aussi  hideux  que  le  Schreckhorn.  On  a  calculé  que 
la  croûte  de  neiges  qui  couvre  son  sommet  et  ses  flancs, 
a  plus  de  400  pieds  de  profondeur  et  plus  de  9,000  pieds 
d’étendue  horizontale,  depuis  le  Dôme  du  Goûté  qui  est 
la  plu*  basse  de  ses  trois  cimes  ,  jusqu’au  sommet  de  la 
plus  élevée;  et  que  la  hauteur  perpendiculaire  des  nei¬ 
ges  depuis  la  voûte  de  l’ Arveiron  jusqu’au  sommet  du 
Mont-Blanc ,  est  d’environ  12,000  pieds,  et  par  consé¬ 
quent,  à  peu  prè9  égale  à  celles  du  Vcsuvc  et  de  1  'Unes, 
en  les  supposant  mis  l’un  sur  l’autre. 

C’est  en  1786  que  l’on  est  parvenu  pour  la  première 
fois  au  sommet  du  Mcnt-Blanc.  Jacques  Balma  de  Cha 
knouny  et  le  docteur  Paccard.  ont  eu  1  honneur  d’en 
former  le  projet  et  de  le  réaliser  *).  Cette  entreprise 
hardie  a  valu  au  premier  le  surnom  de  Mont-Blanc  ; 
en  *811»  il  avait  perdu  malheureusement  la  vue.  Feu  Mr 
de  Saussure ,  ce  fameux^naturaliste ,  a  fait  le  même  voya¬ 
ge,  et  son  exemple  a  été  suivi  en  1787  par  uu  Anglais 
nommé  Beaufoix,  et  en  1832  par  M.  le  Baron  de  Donnée, 
Conrlandais,  et  de  M.  Forneret  de  Lausanne.  *  Ces  deux 
voyageurs  ont  presque  succombé  à  des  fatigues  sans 
nombre,  et  aux  tourmentes.  Cette  ascension  fut  aussi 
entreprise;  mais  infructueusement,  par  le  colonel  An¬ 
glais  Pollen ,  le  19  Sept,  de  la  même  année,  il  y  vou- 
laitreveuir  l’année  suivante,  mais  il  trouva  sa  mort 
dans  un  naufrage  sur  la  mer  baltique.  En  1808,  au  mois 
d’Août,  quinze  habitans  de  Chamouny,  escaladèrent  heu¬ 
reusement  le  Mont.  Blanc .  Une  femme  fut  du  nom¬ 

bre  :  c’est  la  première  qui  ait  atteint  la  cime  de  ce  mont 
fameux.  Le  nom  de  cette  héroïne  est  Marie  Payot.  ( V 
l’ouvrage  que  M.  Bourrit  à  Genève  vient  de  publier 
sous  le  titre  de:  Description  des  cols  des  Alpes.,  ou¬ 
vrage  infiniment  intéressant,  et  qui  contient  la  relation 
de  ces  cinq  voyages  sur  le  Mont-Blanc,  et  des  détails 
récens  et  curieux  sur  toute  cette  chaîne  des  hautes 
Alpes. 

Une  des  principales  productions  de  la  vall  ée  de  Cha 
mouny ,  c’est  son  excellent  miel.  Il  est  blanc  et  d’un 

+)  Mr.  Bâcler  d'Albe  les  a  représenté*  l’un  et  l’autre 
en  taille -douce*. 


7 6  LA  SÜISSE.  CHAMOUNY. 

grain  brillant,  assez  semblable  au  sucre;  il  est  d’an 
goût  exquis,  et  a  une  odeur  aromatique,  moin  forte, 
il  est  vrai,  que  celle  du  miel  de  Malte  et  de  Narbonne! 
mais  qui  n’en  est  que  plus  agréable  pour  les  friands! 
Il  a  de  plus,  quelque  chose  de  balsamique  at  de  résolu¬ 
tif.  On  l’achète  à  Chamouny  dans  des  petits  barils  qui 
coûtent  un  écu  la  pièce.  Ce  n’est  que  dans  la  vallée  de 
Chamouny  que  l’on  recueille  cet  excellent  miel.  Celui 
des  villages  voisins,  comme  Servez,  St.  Gervais ,  Passy , 
-ne  diffère  en  rien  du  miel  ordinairev  A  Chamouriy 
on  trouve  des  marchands  naturalistes ;  je  donnerai  les 
noms  de  «principaux  en  1811.  Terraz  ;  J.  Carrier  ;  David 
Payot  ;  Mathieu  Fige  ;  chez  Carrier  on  trouve  aussi  de» 
feliefs. 

Seconde  journée.  Bien  des  voyageurs  commencent 
par  visiter  le  glacier  des  Bossons.  Mais  on  fait  fort 
bien  de  le  voir  en  arrivant,  comme  je  l’ai  observé  ,  et 
de  consacrer  toute  cette  journée,  au  col  de  la  Flèchierc 
ou  à  la  mer  de  glace  du  Montanvert  et  à  la  source  de 
l 'Arveîron ,  objets  infiniment  plus  intéressans.  Même 
parmi  les  dames  que  la  curiosité  amène  dans  cette  su¬ 
perbe  vallée,  il  en  est  bien  peu  qui  ne  fassent  le  voya¬ 
ge  du  Montanvert  ,  et  qui  ne  soient  enchantées  de  ce 
qu’elles  y  ont  vu.  Il  y  a  cependant  quelques  femmes 
timides  ou  délicates  qui  se  contentent  de  monter  sur  le 
Chapeau. 

Avant  tout,  on  a  soin  de  se  procurer  un  nombre  de 
guides,  proportionné  à  celui  des  personnes  qui  sont  du 
voyage.  De  plus,  on  se  fait  suivre  d’un  .homme  qui 
porte  le»  provisions,  telles  que  du  rôti  ffoid,  du  fro¬ 
mage,  du  beurre,  du  miel,  et  du  vin,  tant  pour  soi 
que  pour  ses  guides;  et  quand  on  arrive  à  l'hospice  des 
Desportes  on  y  prend  un  repas  que  l’activité  de  l’air  des 
montagnes  ,  la  fatigue  de  la  route,  et  la  vue  des  scènes 
majestueuses  dont  on  est  environné,  font  trouver  mille 
fois  plus  délicieux  qu’on  ne  peut  l’imaginer  quand  on 
n'en  a  pas  fait  l’expérience.  Quelques  dames  se  font 
porter  dans  une  espèce  de  fauteuil  de  bois  dans  lequel 
on  passe  des  bâtons;  mais  comme  il  ne  faut  pas  moins 
de  6  porteurs  qui  se  rélèvent  contimieîlemeut,  cette  ma¬ 
nière  de  voyager  est  fort  dispendieuse;  aussi  pour  peu 
qu’une  damé  soit  bonne  marcheuse,  je  lui  conseille  de 


LA  SUISSE.  CHAMOÜNY.  77 

faire  la  course  à  pied.  Je  remarquerai  seulement,  que 
les  anciens  talons  pointus  des  soûliers  de  femmes  sont 
aussi  incommodes  que  dangereux;  dans  de  pareils  che¬ 
mins,  aussi  les  guides  exigent  -  ils  des  dames ,  qui  n’y 
ont  pas  encore  renoncé  ,  qu’elle9  se  les  lassent  couper 
avant  que  de  se  mettre  en  route. 

Il  faut  trois  bonnes  heures  pour  gravir  le  Montait - 
vert  et  arriver  jusqu’à  la  mer  de  glace.  On  part  de 
Chamouny  sur  les  7  heures  du  matin,  et  l’on  peut  faire 
environ  une  lieue  et  quart  à  dos  de  mulet.  On  traverse 
des  forêts  de  sapins,  où  l’on  trouvé  partout  des  traces 
d’anciennes  avalanches.  De -là,  on  arrive  à  un  sentier 
étroit  et  difficile  appelé  le  chemin  des  çrystalliers ,  où 
l'on  est  obligé  de  mettre  pied  à  terre  et  de  renvoyer 
sa  monture  à  Chamouny.  On  fait  ordinairement  une 
halte  auprès  d’une  petite  source,  appelée  le  Caillct ,  et 
l’on  jete  de-là.  un  coup-d’oeil  sur  la  vallée.  C’est  là 
que  M.  de  Florian  entendit  de.  la  bouche  de  son  guide 
l’histoire  de  Claudine ,  l’une  de  ses  plus  jolies  nouvel¬ 
les,  et  dont  la  scène  est  dans  cette  vallée.  La  vue 
qu’elle  présente  est  fort  singulière.  La  hauteur  où  l’on 
se  trouve  ,  fait  que  l'Arve  ne  parait  qu’un  fil  tendu 
dans  la  plaine,  le  village  qu’un  assemblage  de  maisons 
de  cartes  ,  les  champs  et  les  prairies  que  les  cases  d’un 
damier.  De -la,  le  sentier  devient  toujours  plus  rude 
et  plus  pénible,  quoique  sans  aucune  espèce  de  danger. 
Pour  faciliter  la  montée  aux  dames  qui  sont  de  la  par¬ 
tie  ,  les  deux  guides  qui  accompagnent  chacune  d’elles, 
ont  soin  de  tenir  leur  bâton  dans  une  situation  hori¬ 
zontale  du  côté  du  précipice,  et  forment  ainsi  une 
espèce  de  garde-fou  ou  barrière  ambulante,  sur  laquelle 
elles  peuvent  s’appuyer,  sans  que  la  vue  des  profon¬ 
deurs  effrayantes,  vienne  troubler  le  plaisir  qu’elles 
ont  à  contempler  les  grandes  scènes  de  la  nature.  L’hô- 
pital  de  Blair  dont  la  position  est  indiquée  fort  ex¬ 
actement  dans  la  carte  de  Coxey  est  une  cabane  con¬ 
struite  de  pierres  brutes  ,  et  que  l’Anglais  qui  lui  a 
donné  son  nom,  fit  bâtir  dans  cet  endroit  pour  quel¬ 
ques  guinées  qu’il  lui  en  coûta.  Un  Français  avait  fait 
bâtir  depuis,  une  nouvelle  cabane,  encore  plus  com¬ 
mode.  Cet  hospice  dédié  à  la  nature,  fut  construit 
aux  frais  de  Mr.  Desportes ,  et  sous  la  direction  de  M. 
Bourrit.  Mais  son  intérieur  fut  dévasté,  et  les  effets 


73  LA  SUISSE.  CH  A  MO  U  N  Y. 

pillés.  M.  Doulcet  de  Pontècoulant  rient  de  le  faire  ré¬ 
parer  par  les  soins  de  M.  Coûterait ,  et  il  offre  de  nou¬ 
veau  un  abri  commode.  Comme  l'Album:  avait  subi  le 
sort  des  autres  effets  *  uh  Russe  en  a  fourni  un  nouveau, 
qui  est  confié  à  la  garde  du  berger.  A  quelques  pas  de 
là,  on  découvre  la  mer  de  glace.  L’image  la  plus  fidèle 
que  l’on  puisse  en  donner  est  celle  d’une  mer  en  tour¬ 
mente,  dont  les  vagues  amoncelées  auraient  été  tout 
d’un  coup  saisies  par  une  main  toute  puissante  et  chan¬ 
gées  en  masse  solide.  Il  faut  descendre  près  d’un  bon 
quart  d’heure  pàt  ün  sentier  bordé  de  Rhododendron, 
pour  arriver  jusques  sur  ses  bords.  Lés  vagues,  qui, 
du  haut  du  Mont anvert  ne  paraissent  que  comme  les 
sillons  d'un  Champ  ,  sont  de  petites  collines  de  20  à  40 
pieds  de  haut.  Mais  la  descente  sur  la  mer  n’est  pas 
sans  danger.  Mad.  la  duchesse  à'Anhalt  -  Bcrnbourg  ,  y 
cassa  la  jambe  en  1810.  Cette  mer  a  8  lieues  de  long 
et  une  de  large.  Sur  ses  bords,  s’élève  une  suite  de 
rochers  qui  portent  le  nom  d' Aiguilles. 

Les  6  grandes  pyramides  ou  aiguilles  que  l’on  voit  dix 
Montanvert  et  qui  ont  jusqu’à  6,000  pieds  et  plus  de  hau¬ 
teur,  sont  celles  du  Midi ,  du  Dru ,  du  Bouchard ,  du 
Moine ,  du  Tacul,  et  des  Charmeaux  ;  et  les  6  gla¬ 
ciers  qui  partent  du  pied  du  Mont-Blanc  et  descendent 
dans  la  vallée  de  Chamouny ,  sont  ceux  du  Griaz ,  du 
Tacconnaz,  des  BosSoris,  du  Montanvert  ,  de  l' Argen¬ 
tier  e ,  [chez  le  curé  du  village  d’Argentière  le  beau  Her- 
barium  de  Chamouny.]  et  de  la  Tour.  Le  col,  dit  le 
Montanvert ,  a  954  toises  sur  la  mer.  Il  est  riche  en 
plantes;  iaajs  c’est  au  Courtil ,  (du  vieux  langage;  on 
le  dit  encore  dans  les  campagnes,)  ou  au  Jardin ,  situé 
au-dessus  du  glacier  de  Taleffre ,  que  sont  les  plus  ra 
res.  X aiguille  du  Dru  est  élevée  sur  la  vallée  de  1422 
toises.  L’aiguille  du  midi  est  élevée  de  1469  t.  sur  Cha¬ 
mouny.  C’est  là  où  les  chamois  pâturent,  et  où  l’on 
tire  les  perdrix  blanches. 

Des  bords  de  la  mer  de  glace,  oh  remonte  sur  le 
M  ontanvért ,  et  l’on  dîne  dans  les  deux  cabanes,  ou  en 
plein  air  sur  la  pierre  des  Anglais.  C’est  le1  nom  que  l’on 
a  donné  à  un  énorme  bloc  de  granit,  en  mémoire  de  deux 
Anglais  qui  y  prirent  leur  repas  après  avoirpénétré  sans 
guides  dans  ces  régions,  inconnues  jusqu’alors  aux  étran- 


LA  SUISSE.  CHAMOUNY.  79 

gers.  Ces  deux  Anglais  s’appelaient  JVindham  et  Poco- 
ke.  C’est  en  1741  qu’ils  firent  ce  voyage,  le  premier  qui 
ouvrit  ces  vallées  aux  curieux.  On  le  trouve  décrit  dans 
le  Mercure  de  France  de  cette  année. 

Il  y  avait  antrefois  un  sentier  qui  conduisait  par  la 
mer  de  glace  jusqu’en  Italie,  mais  qui  depuis  a  été  re¬ 
couvert  par  les  glaces.  Eu  1786  deux  guides  tentèrent 
de  nouveau  ce  passage  dangereux,  et  en  1787  M.  Bourrit 
accompagné  de  son  fils,  exécuta  heureusement  cette. en¬ 
treprise.  La  description  de  cette  course  intéressante, 
que  des  Anglais  ont  faite  dès  lors,  se  trouve  imprimée. 

On  descend  du  Montanvert  à  la  source  de  VArveiron , 
par  le  chemin  des  Chèvres.  Ce  chemin  abrège  considé¬ 
rablement,  mais  il  est  excessivement  roide  et  pénible. 
Il  suit  les  flancs  de  la  montagne  et  il  est  si  à  pic  qu’en 
regardant  du  fond  de  la  vallée  ceux  qui  y  cheminent, 
on  les  prendrait  pour  des  fous  qui  de  gaîté  de  coeur 
vont  se  jeter  dans  un  précipice  ;  mais  à  l’aide. d’un  bon 
guide,  et  au  moyen  des  différens  zig  zags  que  fait  le  che¬ 
min  ,  on  y  marche  sans  danger.  Il  n’est  pas  rare ,  penr 
dant  cette  route,  de  voir  des  avalanches  tomber  des 
montagnes ,  ou  des  pyramides  de  glace  s’écrouler  avqc 
fracas  et  rouler  jusqu’au  bas  du  glacier.  La  source  de 
V  Arveiron  se  trouve  au  pied  du  glacier  du  Montanvert 
dont  elle  est  le  dégorgement.  Pour  se  faire  une  idée  de 
la  voàte  de  glace  qui  la  rend  si  fameuse,  on  se  figurera 
une  salle  ou  une  grotte  qui  a  quelquefois  jusqu’à  10c 
pieds  de  hauteur,  et  dont  l'air  peut  le  disputer  en  beau¬ 
té  à  celui  du  ciel  le  plus  serein.  Les  parois  semblent, 
revêtus  du  verre  le  plus  poli,  et  l’oeil  trompé  par  cet 
te  illusion  optique  ,  croit  découvrir  une  longue  suite 
d’appartemens.  Une  pli  ie  fine  en  tombe  de  toutes  parts, 
et  eri  forme,  si  je.  puis  m’exprimer  ainsi,  une  ?alle  aqua¬ 
tique  infiniment  supérieure  à  ces  pauvres  grottes  qu’on 
voit  dans  nos  jardins.  La  rivière  de  V Arveiron,  s’élan¬ 
ce  en  écumant  du  fond  de  la  grotte,  et  se  précipitant  à 
travers  des  blocs  de  granit  et  d’énormes  rochers  qui  for¬ 
ment  la  Moraine  du  glacier,  ou  ce  rempart  de  pierres 
et  de  débris  qui  l’entoure,  elle  va  se  réunir  à  VArvc  à 
une  demi -lieue  de -là.  A  côté  de  ces  glaces  accumulées 
depuis  des  milliers  d’hivers,  on  voit  des  arbres  ornés  de 
la  plus  belle  verdure,  et  de  riantes  prairies.  Quelque¬ 
fois  la  glace  forme  dans  l’intérieur  de  la  voûte  des  co~ 


80  LA  SUISSE.  CHAMOUNY, 


Tonnes  et  des  portiques':  mais  en  général,  il  n’y  a  rien 
tïe  moins  constant  que  la  forme  de  cette  voûte  ;  elle 
change  toutes  les  années,  et  paraît  dépendre  uniquement 
du  hasard.  Quelquefois  d’énormes  morceaux  de  glace 
se  détachent  de  la  voûte,  et  c’est  la  raison  pour  laquel» 
le  les  guides  ne  permettent  pas,  qu’on  en  approche 
de  trop  près.  En  1797  un  père ,  un  fils  et  un  neveu, 
furent  les  infortunées  victimes  de  leur  imprudente  cu¬ 
riosité.  La  Moraine  dont  j’ai  parlé  plus  haut  s’élève 
autour  des  glaciers,  et  les  masses  qui  la  composent  sont 
continuellement  poussées  en  avant  par  la  glace  qui  les 
porte.  Mais  rien  n’est  plus  variable  que  cette  arche  et 
cette  grotte.  Il  y  a  des  années  où  il  ne  peut  se  former 
de  voûte;  de  plus  le  glacier  ne  descend  plus  si  bas;  et  il 
s’est  prodigieusement  rétiré.  J'y  trouvais  en  1811-  une 
triple  M oraine,  et  le  glacier  retiré  de  plusieurs  centai¬ 
nes  de  pas,  de  la  place,  où  j’avais  admiré  la  voûte  en 
1786.  —  C’est  de  la  source  de  V  Arveiron  que  l'aiguille  du 
Dru  se  présente  sous  le  point  de  vue  le  plus  avanta¬ 
geux.  Ilackert ,  frère  du  peintre  de  ce  nom,  a  repré¬ 
senté  avec  beaucoup  de  fidélité  la  mer  de  glace  et  la 
route  de  Y  Arveiron  dans  deux  grandes  estampes.  Mr. 
Bourrit  en  a  donné  aussi  une  gravure.  On  voit,  commi 
un  objet- -de -curiosité,  dans  le  petit  village  des  Boit,  qui 
n’est  pas  loin  tle-là,  deux  Kakerlaks  ou  Albinos ,  que 
Mr.  Blumenbach  a  fort  bien  décrits  dans  sa  bibliothè¬ 
que  de  médecine.  Ils  avaient  été  emmenés  en  Angle¬ 
terre,  mais  ils  étaient  de  retour  en  1811.  Pour  retour¬ 
ner  à  Chamouny  qui  n’est  qu’à  une  petite  lieue  de -là, 
on  fait  venir  à  la  source  de  V Arveiroti  son  char- à -banc 
ou  ses  mulets  ;  et  l’on  reprend  la  route  du  Prieuré  à 
travers  une  plaine  fort  agréable. 

Depuis  quelques  ans  on  conduit  les  étrangers  à  la 
Flêchière .  C’est  une  montagne  qui  fait  partie  du  Bré~ 
ven ,  et  qui  est  d’une  plus  grande  hauteur  que  le  Mon- 
tanvert.  On  y  découvre  le  D/Iont  -  blanc  dans  toute  sa 
gloire,  de  même  que  les  six  glaciers  qui  en  descendent. 
Cette  route,  peut  être  faite  à  dos  de  mulet;  et  ne  de¬ 
mande,  que  6  à  7  heures  de  tems,  y  compris  Je  retour. 


LA  SUISSE.  CIIAMOUNY. 


81 


Mais  elle  est  difficile,  le  sentier  étroit  et  quelquefois 
à  pic,  et  on  ne  doit  pas  être  sujet  aux  vertiges.  Cepen¬ 
dant  je  me  suis  convaincu  en  1811  que  ce  belvédère 
mérite  à  tous  égards  que  l’on  y  gravisse,  et  je  le  préfère 
même  au  Montanvert ,  parceque  l’oeil  y  plane  librement 
sur  toute  la  vallée,  ses  glaciers,  le  Montanvert ,  et 
pousse  jusqu’au  Col  de  Balme.  On  monte  aussi  sur  le 
Buet  et  sur  le  Brêven  *)  ,  en  prenant  le  nouveau  che¬ 
min  que  Mr.  Exchaquet  a  découvert,  et  qui  est  beau¬ 
coup  plus  commode  que  celui  qui  est  décrit  dans 
les  ouvrages  de  Mr.  de  Saussure  et  de  Mr.  Bourrit.  Pour 
monter  sur  le  Buet  ou  la  Mortine  (car  il  porte  aussi  ce 
nom)  on  va  coucher  aux  chalets  de  Villy ,  derniers  p⬠
turages  de  la  vallée  qui  commence  à  Servot ,  et  se  ter¬ 
mine  au  glacier  de  Buet.  On  atteint,  de  Villy ,  le  Col 
de  Salenton ,  par  un  sentier  praticable  aux  mulets. 
De -là  on  attaque  la  montagne  par  sa  face  méridionale 
et  orientale,  et,  en  traversant  alternativement  des  pen¬ 
tes  de  neige  et  d’ardoise,  on  atteint  le  sommet  au  bout 
de  2V2  heures  de  marche.  La  moyenne,  entre  deux  ob¬ 
servations  de  baromètre  que  le  professeur  Pictct  y  a 
faites,  et  dont  les  résultats  diffèrent  peu,  a  donné  1S781/2 
toises,  pour  sa  hauteur  au-dessus  du  niveau  delà  mer. 
La  montagne  elle  -  même  offre  peu  d’intérêt  sous  le 
point  de  vue  lithologique;  elle  est  d’ardoise  entremêlée 
de  filons  de  quartz  carié,  ou  en  façon  de  stalactites, 
mais  il  n’existe  comme  belvédère,  rien  qui  -puisse  lui 
être  comparé.  (V.  sur  ce  site:  M.  de  Luc  dans  ses  Ae- 
eherche s  sur  les  modif.  de  l'atm.  T.  II.  §.  930  suiv.)  — 
L’on  peut  encore,  à  l’exemple  de  Coxe ,  descendre  sur 
la  mer  de  glace ,  marcher  pendant  plusieurs  heures  de 
suite  à  travers  des  glaciers,  dés  précipices,  des  morai¬ 
nes,  s’avancer  jusqu’au  Talefre  ,  et  au  Couvercle-,  et  pé¬ 
nétrer  par  une  route  aussi  dangereuse  que  pénible  ,  jus¬ 
qu’à  l’endroit  appelé  le  Jardin.  Mais  cette  excursion 
n’est  faite  que  pour  un  petit  nombre  d’hommts  accoû- 
tumés  à  gravir  les  montagnes,  et  qui  ne  craignent  ni 

*)  En  178^,  trois  Anglaises  ,  du  nombre  desquelles  était 
Miss  Parmintcr  ,  firent  cette  course.  Puis  Miss 
Eckershal  de  Bath ,  et  s^a  compagne  Julse  de  J^,a~ 
forge  de  Lausanne ,  y  sont  montées.  C’est  au  Brè r 
ven,  élevé  de  1306  toises  a.  d.  de  la  mer,  que  M. 
Grosse  a  découvert  le  nouveau  demi -métal,  nemmé 
Titane. 


82  LA  SUISSE.  CHAMOUNY. 

la  fatigue  ni  les  vertiges.  Mr.  van  Berchem  a  décrit: 
cette  dernière  rbute  avec  beaucoup  d’exactitude  dan# 
son  itinérai  e  de  Chamouny. 

Trosicme  journée.  Le  plûpart  des  voyageurs  repar. 
tent  de  Chamouny  le  troisième  jour,  et  prennent  pour 
retourner  à  Genève  la  même  route  par  laquelle  ils  sont 
venus. 

Mais  si  l’on  veut  revenir  par  Martigni,  dès  qu’on  est 
arrivé  à  Chamouny ,  on  renvoie  à  Salenche  les  chevaux 
qu’on  y  a  pris  ,  et  on  loue  des  guides  et  des  mulets  de 
Chamouny.  Il  y  a  deux  chemins  qui  conduisent  h  Mar - 
tigni.,  et  ni  l’un  ni  l’autre  ne  sont  dangereux.  Le  pre¬ 
mier  passe  sur  la  Tête  -  noire  et  c’est  celui,  que  l’on 
prend  communément.  En  suivant  cette  route,  on  se  rend 
de  Chamouny  dans  la  Valorsine  qui  en  est  éloignée 
■de  3V2  lieues.  Cette  vallée  est  plus  élevée  que  celle 
:de  Ghamouny  et  l’on  n’y  trouve  qu’une  mauvaise  au¬ 
berge.  Ou  sort  de  la  Valorsine -pur  un  défilé  étroit,  et 
l’on  passe  des  terres  du  Mont  -  Blanc  dans  celles  du  Va¬ 
lais.  Le  premier  village ,  qu’on  rencontre,  et  qui  s’ap- 
pele  Finio  ,  frappe  le  voÿageur  par  la  singularité  de  sa 
situation.  Il  est  bâti  sur  une  plate  -  forme  si  élevée, 
qu’il  paraît  comme  suspendu  en  l’air  avec  ses  champs 
et  ses  prairies.  Après  une  heure  et  demie  de  marche  on 
arrive  sur  la  Tête-Noire.  C’est  un  passage  extrêmément 
étroit,  entre  deux  montagnes  d’une  couleur  sombre  qui 
s’élèvent  jusqu'aux  nues ,  et  qui  ne  s’ouvrent  que  pour 
donner  passage  au  torrent  noir,  que  l’on  entend  mugir 
dans  une  profondeur  effrayante.  On  gravit  la  montagne 
par  un  sentier  extrêmément  roide,  tracé  sur  le  bord 
d’un  précipice  et  semé  d’innombrables  débris  de  rochers, 
dont  la  couleur,  et  la  forme  varient  extrêmément.  Delà 
Tête  -  Noire ,  on  descend  au  village  de  Trian.  A  Triant 
la  famille  de  l’aubergiste  Crèton ,  est  des  plus  intéres^- 
santés. 

La  seconde  route,  qui  passe  sur  le  Cpl  de  Balme  est 
très  -  fatiguante  et  est  devenue  célèbre  par  la  mort  fu¬ 
neste  de  M  Escher  de  Zurich ,  qu’un  faux  pas  précipita 
du  haut  du  col  sur  le  Valais ,  et  qui  a  été  enterré  h 
Betx.  Mais  cette  route  est  cependant  à  préférer  à  l’autre. 
Dans  mon  premier  voyage  de  Suisse,  Mr.  IVyttenbach 


LA  SUISSE.  CHAMOUNŸ.  83 

Berne  me  conseilla  dé  la  prendre  ,  et  je  lai  en  ai  la 
plus  grande  obligation.  Du  sommet  du  Col  de  Balme 
qui  est  élevé  de  ign  toises  au  dessus  de  la  méditerranéen 
on  a  une  vue  que  bien  des  voyageurs  mettent  au  -  dessus 
de  toutes  celles  de  la  Suisse.  D’un  côté  l’on  découvre 
le  Valais ,  le  Rhône ,  le  grand  et  le  petit  St.  Bernard , 
les  passages  du  Mont  -  Cénis  et  du  Simplort ,  et  dans 
l’éloignement ,  le  S .  Gothard ,  les  Alpes  de  Berne ,  et 
celles  d’ Unterwalden.  De  l’autre  côté  on  a  devant  soi, 
comme  sur  la  Flêchiere ,  le  Mont  Blanc  avec  ses  ai* 
guxlles  majestueuses  ,  et  les  glaciers  dont  il  est  envi¬ 
ronné.  En  prenant  la  route  du  Col  de  Balme ,  on  peut 
voir  les  sources  de  l'Arve  qui.  n’est  là  qu’un  faible  ruis¬ 
seau.  La  descente  est  très  -  rapide^  glissante  et  sauvage, 
et  c’est  là  qu’il  faut  user  de  précaution. 

Cette  route  aboutit  comme  l’autre  au  village  de 
Trian.  De  Trian  à  Martigni  on  compte  2  lieues  et  i/2« 
De»  hauteurs  de  Trian  on  voit  d’un  coup -d'oeil  toute 
la  vallée  de  Sion,  arrosée  par  le  Rhône  parsemé  d’îles  fer¬ 
tiles.  Les  forêts,  les  prairies,  les  pâturages  viennent  se 
dessiner  en  miniature  à  l’oeil  du  voyageur.  Une  mon¬ 
tagne  d’un  bleu  foncé  termine  brusquement  le  tableau, 
et  à  peine  distingue  -t-  on  le  château  et  les  maisons  blan¬ 
ches  de  Sion  qui  est  situé  vis-à-vis.  De  C'hamouny  à 
Martigni  on  compte  8  lieues  et  ty2.  peut  louer  des 

mulets  à  Martigni  pour  le  prix  de  25  batz  par  jour.  Au 
reste,  c’est  l’à  qu’on  retrouve  les  grànd<  s  routes.  Au¬ 
berges;  à.  la  grande  maison  et  au.cigne.  11, y  croît  du  vin 
rouge  et  du  blanc;  le  plus  estimé  est  celui  d’un  vigno¬ 
ble ,  qui  porte  le  nom  de  la  Marque  t  il.  a  le  goût  de  py¬ 
rite  à  souffre  et  est  extrêmement  violent  et  capiteux; 
les  gens  du  pays  en  font  plus  de  cas  que  les  étrangers, 
qui  n’en  bo  vent  que  par  curiosité.  (Elévation  de  Mar- 
ligni  au-dessus  de  la  mer,  249  toises;  et  sur  le  lac  de  Ge¬ 
nève,  6i).  L’objet  le  plus  curieux  ,  est  le  château  de  la 
Bastie  y  et  sa  superbe  tour  ronde  ,  très  -  bien  conservée. 
On  trouve  à  Martigni ,  au  Prieuré ,  chez  le  savant  et  di¬ 
gne  Mr.  M  urrithy  une  collection  intéressante  d’antiquités 
et  d’autres  curiosités  ,  entre  autres  des  médailles  puni¬ 
ques  trouvées  sur  le  Bernard  y  dont  on  prer^d  ici  la  rou¬ 
te,  intéressante  à  tant  d’égards.  (V.  au  Guide  des  Voya¬ 
geurs  en  Italie ,  la  déscription  de  cette  route  du  St.  Ber¬ 
nard). 


84  la  suisse;  chamouny. 

De  ■  lilartigriS  l’on  vieAt  à  3e r  TS  l'hôtel  de  l’Cniom; 
excellente'  auberge]  pa t°St.-  Maurice  en  3  heures  et  i/Vde 
tenu,  et'l’O'Tï  voit  en  passant,  la  superbe  cascade  de  Pis^ 
Xev-tiche.  '  On  s'arrête  au  pont  du  Rhône ;  pour  admirer  là 
hardiesse  de  cette  superbe  voûte  antique,  sous  laquelle 
coule  tout  un  fleuve;  et  puis  h  St.  Maurice ,  pour  visiter 
ses  inscriptions  Romaines,  son  abbaye ,  l  une  des  plus  an¬ 
ciennes  ,  puisqu’elle  date-'* de  l’an  360,  et  son  hcrmitage 
taillé  et  comme  suspendu  sur  les  flancs  d’une  roche  nue 
’et  esèarpée,  d’où  la  vue  plonge  dans  cette  vallée  que  les 
légions  des  Césars  ont  foulée  jusqu’à  nos  jours.  A  Bexs 
l’od  Visite  les  salines  des  Bcvicux  et  les  ouvrages  soû- 
terrains  qui  les  rendent  remarquables.  On  s’adresse  au 
botaniste’ célèbre  M.  Sthieidhér  pour  admirer  ses  collec¬ 
tions  déplantés.  Il  vient  aussi  d'annoncer  un  cours  de 
botanique  clans  les  Alpes.  De  là  on  se  rend  à  Genève  par 
Vevay ,  ■  Lausanne  j"  Morges  etc.  On  peut  aussi  faire  le 
trajet  dé  V-evay  &  Genève  par  eau. 

Si  l’on  préfère  de  revenir  par  l’autre  bord,  et  par  un 
pins  court  chemin,  on  prend  la  ci  devant  route  de  poste 
du  Simplon  par  S.  Gingoulph,  [à  la  poste,  bonite  auber. 
ge],'par  Meillerie,  dont  Rousseau  a  consacré  les  rochers 
élargis  à  présent  par  le  ciseau  et  la  poudre,  et  par  sim- 
phion  et  Evian  dont  les  bains  attirent  nombre  d’étran¬ 
gers.'  HacTtert  a  gravé  plusieurs  vues  de  cette  contrée. 
D 'Evian,  on  se  rend  h.  Genève  en  5  heures  de  teins,  et 
l’on  peut  voir,  en  passant,  Ripaille  Toute  cette  contrée 
est  fort  pittoresque;  on  surplombe  les  rives  du  lac,  et 
l’on  a  soiis  les  yeux,  le  riant  jymphithéâtre  du  pays  de 
Vaud. 

'  ICousr  avoués  grand  nombre  à' Itinéraires  de  Chamouny\ 
on  estime  surtout  celui  de  Pictet.  3e  recommande  coin- 
frfe’ îfe  plus. récent  :  Voyage  h  Genève  et.  dans  la  vallée  de 
C ll,a m 6 vt nyc par  Mr .  Leschevih.  A  Paris  et  à  Genève,  1312. 
Mais  l’ouvrage  instructif  de  M.  Gottschalk ,  est  â  préférer 
-H  tous  les  autres,  pareequ’il  ne  laisse  rien  a  désirer:  Vas 
•ÇTiamoüny-Thal ,  ein  Bcgltiter  auf  der  Reise.  Halle,  i$ii. 
afvec  unie'  carte  sûre  et  unique,  de  cette  course.  V.  aussi: 
rVoyagé  ifitîôresque  aux  glaciers  de  "Cl ta  mou  ny ,  avec  7 
gravures  pat  Vory  et  Htgi.  Pa'ris ,  3S15.  Fol. 

'z,  'On  siiit  -depuis  quelque  tems  une  riduvélle  route  de 
Genève  il  Charnouny ,  moins  connue.  Les  voyageurs  qui 
ch'oisisserit  cètte  démière  foute,  peuvent  traverse  le  lac 
pour  aller  coucher  à  Th  on  0  n  ou  à  Evian ,  et  le  ler.deinàin 


LA  SUISSE.  CHAMOUNY.  85 

matin  aller  à  Samoens ,  de- là  à  la  ci-devant  abbaye  de 
Sixte ,  située  presque  au  pied  du  Euet  ,  et  ceinte  de 
toute  part:  ils  pourront  y  coucher  s’ils  veulent  monter 
tout  de  suite  sur  le  Bu  et  \  ils  peuvent  aussi  aller  coucher 
le  même  jour  au  prieuré  de  Chamouny.  Depuis  Sixte 
jusqu’à  Servez  ,  le  chemin  passe  près  d’une  des  plus 
belles  chûtes  d’eau,  que  ces  montagnes  peuvent  offrir, 
et  sur  les  débris  d’une  montagne  qui  s’est  éboûlée  au 
milieu  du  siècle  passé.  De  Thonon  au  Prieuré  ,  on 
compte,  au  plus  ,  15  lieues,  et  les  chemins  sont  géné¬ 
ralement  beaux.  Je  conseillerais  aux  voyageurs  qui  sont 
pressés  de  revenir  à  Genève,  d’aller  à  Chamouny  par  la 
route  de  Salenche ,  et- de  retourner  par  celle  de  Sixte 
et  de  Thonon. 


Noms  des  principaux  guides  du  canton  de  Cha * 
mouny  en  18II. 


Noms. 

*  Pierre  Balma)  _  _ 

*  Jaque?  Balma J  dlt  ^ Varna. 
Pierre  Joseph  et  François  Balma, 

fils  du  célèbre  Pierre  Balma. 

*  J.  Michel  Cachat  dit  le  Géant. 

J.  Pierre  Cachat  dit  F  Aiguille. 
Marie  Carrier 

"Victor  Charlet 
Jaques  Ciaret 

*  J.  Marie  Coutet 
J.  Jaques 
Jaques  Cupelin 

*  Marie  Dé  ville 
François  Pacard 

J.  Nicolas  .  .  ï  ou  les  neveux 

Michel  .  J  Pacard 

Josephc  Tissai. 

*  Tes  frères  Payot ,  bons  guides. 
Michel  Terraz) 

*  Victor  .  .  |  fils  de  l’aubergiste 

PierreT  I 


Demeures- 

aux  Bairaz. 
au  chef  -  lieu. 

idem 

au  Plans, 
aux  Pvaz. 
au  chef-  lieu. 

idem, 
à  Valorsine. 
aux  Favrans. 
à  la  Frasse. 
à  Moncuard. 
auMont,  prèsServoz. 
au  chef-  lieu, 
idem, 
idem. 


au  chef  -  lieu  . 


G.  des  Yoy.  Tom.  IL 


H 


86  LA  SUISSE.  CHAMOUNY. 

Les  *  asteriques ,  marquent  les  noms  des  Guides,  qui 
m  ont  été  lé  plus  recommandés  par  des  voyageurs  ou 
que  j’ai  reconnu  tels  en  1811.  Marin  Coutet ,  a  été  le 
guide  du  Minéralogiste  Espagnol  Don  Gimbernat ,  qui 
a  fort  vante  ses  connaissances  en  histoire  naturelle. 

Michel  Ç achat f  le  Géant ,  de  même  que  les  frères 
Terraz ,  et  Payot ,  procurent  des  mulets  au  prix  de  5 
livres  par  jour,  au  lieu  de  6.  Ils  se  contentent  aussi 
de  5  livres  pour  leurs  personnes  ,  comme  guide. 


7. 

4 

Itinéraire. 

Avis  du  rédacteur.  Il  est  impossible  de  donner  un 
plan  de  voyage,  qui  convienne  à  chacun.  Les  voyageurs 
partent  en  différens  tems,  et  de  différens  lieux:  ils  ne 
voyagent  pas  tous  de  la  même  manière;  ils  ne  peuvent 
pas  tous  y  consacrer  le  même  tems  ,  ni  supporter  la 
même  fatigue,  ni  faire  la  même  dépense;  les  goûts 
varient  aussi  extrêmement.  Je  donnerai  donc  un  plan 
de  voyage,  avec  deux  autres  itinéraires,  qui,  à  mou 
avis,  avec  quelques  légers  changemens,  conviendront 
à  la  plus  grande  partie  des  voyageurs.  D’ailleurs  la 
carte  de  la  Suisse  indique  les  trois  routes  de  M.  Coxe. 

I.  Plan  d'un  voyage  du  Rédacteur  pour  voir  la 
Suisse  en  détail  ;  avec  des  observations  sur  les 
choses  remarquables  à  voir. 

S  ch  affh  ou  sc. 

Auberges.  A  la  couronne  ,  très  -  bonne  auberge  ;  au 
bâteau.  Le  pont  de  bois  de  Grubenmann,  cettq  mer¬ 
veille  d'architecture  moderne,  n’existe  plus;  il  fut  brûlé 
et  détruit  dans  la  guerre  de  la  révolution.  On  a  publié. 


LA  SUISSE.  ITINERAIRE.  87 

clans  le  teins,  qu’oti  voulait  le  reconstruire  en  pierre, 
avec  les  blçcs  énormes,  de  la  ci  -  devant  forteresse  de 
Hohcntwiel ,  que  les  Français  ont  fait  sauter,  mais  ce 
projet  n’a  été  qu’un  bruit  sans  fondement.  Il  existe 
cependant  un  nouveau  pont  solide.  Il  faut  voir  les 
deux  bibliothèques  publiques,  et  le  cabinet  de  M.  Am - 
mann ,  où  l’on  remarque,  entre  autres  choses,  une  très- 
belle  suite  d’empreintes  de  poissons,  et  de  plantes  et 
d’insectes  d '  Oeniugen.  Les  vues  intéressantes  sont ,  sur 
l’antique  boulevard  ,  qui  est  encore  un  ouvrage  des  Ro¬ 
mains ,  appelée  Munnoth ,  sur  la  place  du  jeu  d’arque¬ 
buses  ,  et  sur  la  colline  d 'Enge.  Le  charmant  parc  ap¬ 
pelé  Fesscnstaub ,  est  la  propriété  d’une  société  parti¬ 
culière,  mais  qui  en  a  ouvert  une  partie  au  public. 
On  trouve  sur  la  montagne  de  Randen ,  une  quantité 
de  pétrifications.  A  une  petite  lieue  de  Schaffhouse, 
sur  le  chemin  de  Zurich,  est  la  célèbre  chute  du  Rhin. 
Près  de  là,  l’habitation  de  Mr .  Rlduler ,  peintre  en  pay¬ 
sages,  et  qui  y  a  établi  un  attelier  des  arts,  où  l’on 

grave,  peint  et  colore,  des  dues  et  des  paj'sages  Suis¬ 

ses.  Il  faut  considérer  cette  chûte ,  le  matin  ,  le  soir, 
et  au  clair  de  la  lune.  On  apperçoit  de  loin  le  Rhin 
qui  blanchît,  puis  une  brume  qui  s’élève,  c’e3t  cette 
étonnante  cascade.  La  cataracte  a  plusieurs  points  de 
vue,  tous  très- intéressons.  Ou  haut  du  château,  qui 
s’ébranle  par  la  force  de  la  chûte,  et  où  l’on  conserve 
aussi  V Album,  pour  inscrire  son  nom,  cette  cataracte 
impôse  le  moins;  mais  j’ai  toujours  préféré  de  la  voir 
en  bas  d’une  espèce  de  galerie  en  charpente,  où  l’on 
peut  toucher  l’eau  avec  la  main.  Lorsque  l’on  veut 
jouir  de  l’ensemble  de  la  cataracte,  on  traverse  vis  -  à- 

vis,  en  bâteau,  le  Rhin,  encore  ému  de  sa  chûte; 

on  aborde  à  une  pêcherie  à  l’extrémité  de  laquelle  on 
vient  se  placer  en  face  de  la  cataracte.  Alors  se  dé¬ 
veloppe  aux  yeux  du  spectateur,  un  plan  en  amphi¬ 
théâtre,  de  plus  de  200  pieds  de  long,  sur  environ  60 
de  haut,  d’où  le  Rhin  se  précipite  par  quatre  bouches 
énormes,  qui,  séparées  par  des  intervalles,  paraissent 
cependant  à  cette  distance  se  réunir  et  ne  former  qu’une 
seule  et  même  nappe.  C’est  une  masse  d’eau  de  !20,c 00 
pieds  cubes,  qui  se  précipite  en  fumée,  sans  inter¬ 
ruption.  Le  plan  entier  de  la  cataracte  est  parsemé 
ùe  rochers  qui,  suivant  leur  position,  multiplient, 
accélèrent  ou  retardent  la  chûte  des  eaux  du  fleuve. 

in 


88  LA  SUISSE.  ITINÉRAIRE. 


En  voyant  deux  de  ces  rochers  élever  majestueusement 
leurs  têtes  au-dessus  de  l'abîme,  On  dirait  qu'ils  ont 
été  placés  là  pour  s’oppôser  à  la  violence  des  eaux:  mais 
leur  résistance  ne  fait  qu’en  augmenter  la  furie.  Les 
eaux,  après  s’être  creusé  avec  le  tems  un  passage  entre 
ces  rochers,  se  y  ont  encore  fait  jour  à  travers  de  l’nu 
d’eux.  Elles  s’échappent  en  to  rens  par  cette  double 
ouverture.  La  cime  de  ces  rochers  est  couverte  d’ar¬ 
bustes,  dont  la  verdure  contraste  admirablement  avec 
la  blancheur  des  eaux.  Une  main  hardie  y  avait  placé 
en  1805  une  petite  croix,  qui  servait  de  but  aux  tireurs. 
Pour  voir  l’arc  en  ciel,  formé  par  la  poussière  d’eau, 
il  faut  y  être  avant  9  heures  du  matin.  Les  calculs 
varient  beaucoup  sur  la  hauteur  de  cette  cataracte  ;  elle 
ne  paraît  pas  excéder  80  pieds  dans  les  plus  grandes  fon¬ 
tes  de  neige,  mais  le  Rhin  tombait  jadis  d’une  hauteur 
plus  considérable,  et  son  lit  s'est  baissé  et  creusé  suc¬ 
cessivement.  La  veuve  du  peintre  Hefs  à  Zurich,  pos¬ 
sède  un  tableau  de  feu  son  mari,  que  l’on  peut  mettre 
à  la  tête  des  meilleures  copies  de  ce  spectacle  imposant. 
Mais  l’estampe  la  plus  fidèle  et  qui  doit  être  mise  au 
premier  rang,  est  celle,  que  Mr.  Kcller  a  exécutée  en 
ïgo?.  V.  Karte  des  Bheinlaufs  von  Schaffhausen  Ms  JVe~ 
sel.  Heidelberg.  1813* 

De  Schajfhouse  on  peut  aller  à  Zurich ,  ou  par 
Eglisau ,  ou  par  JV inter thour.  Ce  chemin  n’est  que 
d’une  journée,  et  l'on  dînera  ou  à  JV inter  thour ,  ou 
à  Eglisau . 

Eglisau.  4  h , 

Auberge:  le  cerf,  bonne.  Petite  ville.  On  dit,  qu’on 
'y  sent  quelquefois  des  tremblemens  de  terre.  D’ Eglisau 
k  Zurich  il  y  a  5  heures  de  chemin.  On  passe  par  le 
village  de  Kloten ,  où  l’on  a  découvert  plusieurs  anti¬ 
quités  Romaines  :  il  paraît  que  la  onzième  légion  y 
avait  son  camp.  A  Oeriiken ,  une  Jlieue  et  demie  de 
Zurichy  l’on  trouve  un  bain  sulfureux. 

JVinterthour ,  5V2 

Auberges  :  au  sauvage;  très-bonne.  Cette  ville  a  une 
belle  et  nombreuse  bibliothèque,  avec  un  cabinet  curieux 


LA  SUISSE.  ITINÉRAIRE.  89 

de  médailles.  Un  voit  dans  la  bibliothèque  plusieurs 
antiquités  Romaines,  et  à  une  lieue  de  Winterthour  on 
trouve  des  restes  de  l'ancien  Vîtodorum ,  et  une  chaus¬ 
sée  Romaine,  qui  conduit  a  Frauenfeld ,  (excellente  au¬ 
berge  à  la  couronne).  Il  y  a  à  Winterthour  de  bons  et 
beaux  vignobles,  beaucoup  de  commerce  et  d’industrie. 
On  remarque  surtout  la  grande  fabrique  de  vitriol  et 
de  couleurs  de  MM.  Z iegler,  et  des  collections  d’histoirte 
naturelle,  et  d’ouvrages  artistiques.  De  Winterthour  à 

Zurich ,  4  h. 

( Zurich  V.  tableau  des  villes.)  C'est  à  Lucerne  que, 
suivant  mon  plan,  le  voyageur  commencera  sa  première 
excursion  dans  les  Alpes.  En  traçant  sa  tournée  dans 
les  hautes  montagnes  de  la  Suisse,  j’ai  cru  la  devoir  di¬ 
viser  en  trois  courses  différentes,  à  parti-r  de  Lucerne , 
de  Berne  et  de  Genève.  De  voyageur  aura  alors  le  tems 
de  se  reposer,  de  renouveller  ses  hardes  et  son  linge, 
et  de  pouvoir  choisir  le  tems  le  plus  propice  ;  il  ne  ris¬ 
quera  pas  non  plus  d’être  blâsé  de  vues  es  de  sites  ro* 
manesques  en  continuant  sa  course  tout  d'une  haleine. 
Je  suppôse  donc,  qu’après  les  excursions  faites  dans  les 
environs  dë  Zurich  y  le  voyageur  partira  en  voiture  àu 
par  Knonau  à. 

Lucerne.  10  h. 

(Lucerne  V.  tableau  des  villes.)  ou  par  Zug ,  route 
plus  intéressante,  de  n  heures.  De  Zurich  à. 

Zug.  51/2  h. 

On  passe  sur  VAlhis.  A  1/4  de  lieue  de  l’auberge,  on 
jouit  près  du  signal ,  dej’aspect  des  lacs de  Zurich  et  de 
Zug  y  d’une  partie  du  canton  de  Lucerne  et  de  la  chaîne 
des  glaciers.  Vers  le  nord,  l’oeil  pénètre  dans  l’Alle¬ 
magne.  On  trouve  le  dessin  et  l’explication  de  cette  vue 
dans  l’ouvrage  d ' Ebel.  On  peut  descendre  de  V Albis 
dans  le  bois  de  Sihi't  retraite  charmante  et  favorite  de 
feu  Salomon  Gefsner ,  chantre  et  peintre  de  paysages. 
Le  champ  de  bataille  de  Cappcl ,  sur  le  chemin ,  est  fa¬ 
meux  dans  les  annàlés  de  la  Suisse  par  la  défaite  des 
Zurjcois,  et  par  la  mort  du  réformateur  Zwingli.  Le 
naturaliste  y  rencontre  des  eaux  minérales  estimées, 
des  pierres  figurées ,  des  coquillages  pétrifiées,  des  ruis¬ 
seaux  qui  incrustent  de  tuf  les  mousses  de  leur  bcrd. 
L'antiquaire  peut' lire  dans  les  dissertations  de  Breitin - 


90 


LA  SUISSE,  ITINERAIRE 


ger  et  de  Sulzer  la  description  d’antiquités,  qu’on  a 
trouvées  près  du  village  de  Lunnern  dans  ce  même  bail¬ 
liage  de  Knonau ,  où  est  situé  Cappel ,  et  où  l’on  fait 
un  poiré  d’un  goût  agréable,  et  qui  tient  lieu  de  vin 
dans  le  ménage  des  paysans. 

On  peut  se  rendre  aussi  à  Zug,  par  le  lac  de  Zurich , 
3Ï/4  h.  Pont  de  Sihl  i7/8.  ('Champ  de  bataille  entre  une 
colonne  de  Suisses  des  petits  cantons  et  les  légions  de 
Scliauenbourg  en  1798  )  Baary$,  ^US  3U 

63/4  heures  Z ug. 

Auberge :  le  cerf;  bonne.  Z  ug  est  une  jolie  ville 
dans  un  site  délicieux;  le  lac  est  très-poissonneux;  on 
éstime  beaucoup  la  délicatesse  des  petites  truites,  nom¬ 
mées  Roeteli  dans  le  pays;  qu’on  envoie  marinées  en  ba¬ 
rils  dans  le  reste  de  la  Suisse,  et  même  fort  loin  en  Alle¬ 
magne.  On  y  pêche,  ou  plutôt  on  y  harponne  souvent 
des  çarpes  de  50  à  60  livres,  et  c’est  à  ces  poissons  énor¬ 
mes  qu’on  attribue,  en  partie,  l’écroûlement  d’une  rue 
entière  de  Zug,  qui  s’abîma  dans  le  lac  en  1435.  Ce  qu’il 
y  a  de  plus  remarquable  en  fait  de  bâtimens ,  c’est  l’é¬ 
glise  de  S.  Osvyald.  La  station  la  plus  avantageuse  sur 
le  lac  est  à  une  lieue  et  V2  de  *a  ville,  dans  la  proxi¬ 
mité  du  promontoire  saillant  appelé  Kiemen.  M.  de  Z«r* 
lauben  n’est  plus  en  vie,  et  sa  bibliothèque  célèbre,  a 
été  transportée  à  Aarau. 

On  traverse  quelquefois  le  lac  de  Zug,  pour  se  ren¬ 
dre  à  Art ,  et  de  la,  au  Rigi.  Mais  les  personnes,  qui 
suivraient  la  tournée,  que  nous  venons  de  détailler, 
n’auraient  qu’à  faire  une  petite  excursion  de  Zug  à 

m  Morgarten.  3  petites  heures, 
pour  aller  visiter  le  champ  de  bataille  de  l’an  1315,  l’un 
des  plus  célèbres  de  la  Suisse,  situé  entre  la  montagne 
de  Morgarten  et  le  petit  lac  d 'Egeri,  où  1,300  Suisses  de 
trois  cantons,  mirent  en  fuite  20,000  ennemis.  Guillaume 
Tell ,  et  IValtcr  Fürst ,  les  deux  fondateurs  de  la  liberté 
Suisse,  y  combattirent.  Les  souvenirs  des  teins  passés 
renaîtront  dans  votre  aine.  Ce  fut  Rodolph'e  R  eding  qui 
y  commanda  les  Suisses;  et  ce  fut  un  de  ses  petit-fils, 
digne  de  son  nom,  Alois  Reding  qui,  le  2  Mai  1798»  7 
combattit  victorieusement,  avec  ses  braves  compatriotes 
des  petits  cantons.  Les  femmes  même  y  prirent  part* 
ayant  endossé  des  chemises  de  bergers,  et  ceint  leur  tête 


LA  SUISSE.  ITINÉRAIRE, 


9i 


de  bandelettes  blancheâ.  (Disons  un  mot  sur  ce  véri¬ 
table  et  franc  Républicain,  devenu  célèbre  dans  la  ré¬ 
volution  de  1798.  Il  est  d’une  famille  di3tingnée  dan» 
le  canton  Schiuitz  ,  et  qui ,.  depuis  plusieurs  siècles  a 
fourni  d’excellens  militaires.  Il  servit  comme  colonel 
en  Espagne.  Il  vivait  dans  la  retraite  lorsque  ses  compa¬ 
triotes  le  nommèrent  unanimement  leur  général.  Il  se 
mit  à  leur  tête,  ils  étaient  au  nombre  d’environ  3500, 
et  c’est  avec  cette  poignée  d’hommes,  braves,  mais  mal¬ 
armés,  et  presque  sans  connaissance  de  la  guerre,  qu’il 
marcha  hardiment  h  la  rencontre  de  12,000  guerriers.) 

De  Z ug  à  Lucerne  par  les  deux  lacs  de  ces  noms 
5Ï/2  heures. 

De  chemin  par  les  deux  lacs  est  plus  intéressant  que  ce¬ 
lui  par  terre;  car  on  débarque  à  Kussnacht ,  gros  bourg 
du  canton  de  Schwitz,  célèbre  par  la  mort  de  Gessler , 
qui  y  fut  tué  par  Guillaume  Tell;  une  chapelle  est  éri¬ 
gée  sur  le  lieu  de  la  scène.  Dans  la  hohle  Gasse ,  et  su» 
le  lieu  même ,  où  fut  tué  Gessler,  un  carabinier  Suisse 
abattit  un  officier  supérieur  des  Français  dans  la  guerre 
de  1-798-  Dans  la  traversée  de  Kussnacht  à  Lucerne ,  qui 
n’est  que  de  3  heures,  on  voit  le  rocher,  où  était  élevé 
le  monument  que  Raynal  fît  ériger,  et  qui  a  été  détruit 
en  1797  par  un  coup  de  foudre;  les  tables  avec  les  4  in¬ 
scriptions,  sont  gardées  à  Lucerne  etc.  à  la  maison 
Pfyffer.  V.  à  l’ article  de  Lucerne ,  ce  qui  concerne  le 
Rigi,  et  la  chûte  du  Ruffiberg ,  entre  Z  ug  et  Lucerne. 

A  Lucernevons  laisserez  votre  voiture  et  votre  gros  ba¬ 
gage,  que  vous  y  retrouverez  à  votre  retour,  et  vous  vous 
préparerez  pour  votre  première  course  dans  les  Alpes. 

V.  pour  votre  navigation  sur  le  lac  des  4  cantons  et 
pour  tout  ce  qui  regarde  ses  environs ,  la  belle  carte  qui 
se  trouve  à  l’excellent  Guide  de  Mr.  Xavier  Meyer: 
Lucern  und  seine  Umgebungen.  Lucern.  3810.  8* 

Stanzstadt.  3  heures  par  le  lac. 

Il  faut  convenir  auparavant  avec  les  bateliers ,  de 
vous  débarquer  h  Tahzberg.  Sur  la  place,  appelée  le 
Tjinnen ,  votre  oeil  embrassera  le  lac  et  un  paysage  ro¬ 
manesque.  Il  faut  vous  munir  de  provisions  de  bouche 
et  de  vin  pour  déjeûner  sur  les  lieux.  Dans  la  bouche¬ 
rie  affreuse  du  bas-  Unterwalden ,  Stanzstadt  a  été  com- 
plettement  réduit  en  cendres;  mais  il  y  a  déjà  la  plus 


92 


LA  SUISSE.  ITINERAIRE. 

grande  partie  de  maisons  rebâties  depuis  cet  événement. 
De  Stanzstadt  on  se  rend  à  pied  à 

la  nouvelle  -payièterie  au  Rotzloch.  i/a  heure. 

La  chûte  du  Muhlbach  derrière  la  papéterie,  est  un 
spectacle  vraiment  imposant;  il  faut  se  placer  sous  le 
rocher  voûté.  Cette  papéterie  qui  fut  réduite  en  cen¬ 
dres  ,  lors  du  sac  d '  Unterwalden  y  en  est  ressortie  plus 
splendide.  De  la  chûte  à 

Stanz ,  ï/2  heure. 

On  passe  près  des  ruines  du  château  de  Rotzberg,  exprès 
des  ruines  de  la  chapelle  de  l'immortel  Arnold  de  Win- 
kelried ,  détruite  dans  la  guerre  d’ Unterwalden.  C’est 
ici  qu’on  voyait  les  suites  de  la  guerre  dans  toutes  leurs 
horreurs.  L’ancienne  statue  d 'Arnold  de  iVinkclried 
échappa  à  la  déstruction ,  mais  on  lui  ôta  l'épée!  (V.  les 
estampes  de  M.  Meyer ,  et  la  désci-iption  qui  les  accom* 
pagne  sous  le  titre:  Ruines  d' Unterwalden.)  On  montre 
à  Stanz ,  au  cimetière,  la  fosse  qui  renferme  les  corps 
de  plus  de  quatre-vingt  vieillards,  femmes  et  enfans, 
immolés  au  moment  où  ils  se  rendaient  à  l’église,  pour 
invoquer  le  dieu  de  la  miséricorde.  On  montre  aussi  à 
l’autelr  le  trou  de  la  balle,  qui  tua  le  prêtre  qui  officiait. 
Le  ci-devant  directoire  helvétique  avait  établi  en  1799 
une  maison  pour  les  orphelins  nombreux  des  petits  can¬ 
tons;  cette  maison  qui  ne  subsista  qu’une  année,  est  re¬ 
marquable  pareeque  Pestalozzi  y  commença  en  y  faisant 
les  premiers  essais  de  sa  nouvelle  méthode  pédagogique. 
De  Stanz  à  pied,-  ou  à  cheval  à 

l'Abbaye  d?  Engcïbcrg.  4  heures. 

Il  faut  partir  de  Stanz ,  de  bon  matin,  pour  'n’être 
pas  fatigué  par  la  chaleur  du  midi  quand  on  gravit  le 
haut  de  la  montagne.  Au  reste,  ces  chemins  sont  pra¬ 
ticables,  autant  qu’ils  peuvent  l’être  dans  des  montagnes; 
des  chariots  même  y  passent.  Le  terrain  est  bien  boisé, 
«t  l’on  marche  à  l’ombre  de  belles  forêts,  où  il  y  a 
beaucoup  d  herbes.  A  Gravenort  on  trouve  une  bonne 
auberge  ,  où  l’on  peut  se  rafraîchir.  L’abbaye  d '  Engel- 
lerg  est  située  au  milieu  d’une  vallée;  d’énormes  gla¬ 
ciers  descendent  du  Tittlisberg ,  l’une  des  montagnes  les 
plus  élevées  de  la  Suisse  et  longtems  réputée  inacces¬ 
sible.  On  y  distingué  à  l’aîde  d’une  lunette  ,  et  d’un  air 
pur,  la  tour  de  la  cathédrale  de  Strasbourg.  L’abbaye 


LA  SUISSE.  ITINÉRAIRE. 


93 


possède  une  belle  bibliothèque ,  l’unique  du  canton ,  et 
riche  en  incunables.  (Elévation  du  Tittlis  au-dessus  du 
lac  des  4  cantons,  suiv  M.  Müller ,  8725  p.  de  Parish  Ort 
remarq  e  dans  l’église  deux  beaux  tableaux  par  IVursch  , 
brûlé  vif,  dans  le  sac  d’Z7  nterwalrten ,  à  l‘âge  de  80  ans. 
Les  fromages  d  'Engelberg ,  sont  très-estimés.  A  3/4  heu¬ 
res  de  l’abbaye,  on  voit  une  cascade  pittoresque,  le 
Tatscnbach‘  Quoique  ces  chûtes  soient  multipliées  en 
Suisse,  chacune  d’elles  offre  des  accidens  particuliers, 
surtout  le  Tatschbach ,  par  la  position  de  ses  rochers, 
et  19  chûte  de  ses  eaux.  Elles  présentent,  à  certaines 
heures  du  jour  un  très  -  bel  arc  -  en  -  ciel.  Le  voyage 
d 'Engelberg ,  en  passant  le  Joch,  pour  se  rendre  dans  la 
vallée  de  / iassli ,  offre  des  objets  très-intéressans.  (Elév. 
du  passage  d’ Engelberg  à  Hassli ,  au-dessus  du  lac  des  4 
cantons  5560  p-  de  P.  suivant  M.  Millier).  On  peut  pas. 
ser  la  nuit  dans  un  des  châlets  de  l’Alpe  d’ Engstlen. 
C’est  sur  cette  Alpe  qu’est  la  fontaine  de  ce  nom,  dont 
les  écoulemens  sont  périodiques. 

Alt  or  f,  9  heures. 

Ce  chemin  est  très- intéressant ,  et  y  conduit  dans  un 
jour,  k  travers  la  vallée  de  IValdnacht  et  les  Alpes  de 
Surenen.  (Elév.  du  pas  de  Surcnen  à  Altorf ,  au-dessus 
du  lac  des  4  cantons  suiv.  M.  Muller ,  58x5  p.  de  P.) 
Mais  ce  chemin  est  aussi  un  peu  fatiguant,  et  un  voyageur 
T  peut,  pour  ainsi  dire,  faire  preuve,  s’il  a  la  tête 
et  le  corps  faits  pour  ces  courses.  Il  faut  se  pourvoir  de 
provisions  de  bouche.  On  longe  d’abord  Y Aa ,  et  en 
montant  sur  la  cime  de  la  montagne,  on  s^arrète  près 
d’une  croix,  où  l’on  jouit  d’une  vue  magnifique.  Le 
Tittlis  se  présente  dans  sa  majesté  et  l’oeil  plane  sur 
Engelberg ,  et  sur  le  lac  de  Lucerne',  on  apperçoit  toute 
la  chaîne  du  Gothard.  Le  Nirenbach  forme  une  magni¬ 
fique  cascade.  On  descend  dans  le  val  de  IValdnacht , 
où  I  on  trouve  des  pâturages  et  les  châlets  des  bergers, 
et  on  vient  de -là  à  Altorf. 

Un  autre  chemin  ,  moins  rude  mais  de  12  heures  ,  re- 
«onduit  à  Stanz ,  de  Stanz  à  Buochs ,  où  l’on  s’embar¬ 
que  sur  le  lac  de  Lucerne  pour  Fluelen  :  de  Fluelen  k 
Altorf  il  y  a  une  heure.  Pendant  la  traversée  du  lac, 
on  débarquera  à  Gersau  ,  jadis  la  plus  petite  République 
•€  1  Europe ,  à  présent  réuni  à  Schwitz  i  puis  k  Rutli 


94 


LA  SUISSE.  ITINÉRAIRE, 


et  à  la  chapelle  de  Tell.  Le  Rutli  est  un  humble  châlet 
près  d’une  source  jaillissante  dans  un  pré,  où  les  libé¬ 
rateurs  de  la  Suisse  jurèrent  la  première  confédération; 
la  chapelle  de  Tell  on  Tells  -  Flatte  est  sur  la  gauche  du. 
lac,  et  bâtie  sur  le  lieu,  où  il  eut  l’adresse  de  s’élancer 
hors  du  bâteau,  pendant  un  orage  violent  et  d’échapper 
à  ses  ennemis.  Ce  monument  est  du  petit  nombre  de 
ceux,  qui  n’ont  pas  été  dégradés  par  la  licence  du  sol¬ 
dat,  La  chapelle  est  couverte  de  peintures  grossières. 
Par  un  des  plus  singuliers  hazards  ces  peintures,  (celle 
surtout  de  la  chapelle  de  Tell  à  Burgle)  représentent 
Tell  avec  les  couleurs  nationales  Suisses;  vle  vert,  le 
rouge  et  le  jaune  ,  au  lieu  que  Gessler  et  ses  suppôts, 
portent  le  rouge,  le  bleu  et  le  blanc,  ce  qui  ne  manqua 
pas  d’influer  fortement  dans  le  tems  de  l’invasion,  sur 
l’esprit  des  habitans  de  ce  canton.  Les  personnes  qui 
ont  choisi  l’autre  route,  doivent  nécessairement  faire 
ces  deux  petits  pèlerinages,  à  Rutli  et  h  la  chapelle , 
dès  qu’elles  seront  arrivées  à  Altorf. 

Altorf  a  été  consumée  par  un  terrible  incendie, 
dans  le  courant  de  l’année  1799,  qui  arriva  par  un  tems 
affreux  de  vent  et  d’orage.  La  cathédrale  avec  presque 
la  totalité  des  maisons  vient  d’être  reconstruite,  de 
même  que  l’auberge  de  la  ville,  au  lion  noir,  où 
l'on  est  bien  reçu*  Une  autre  bonne  auberge,  c’est  la 
maison  rouge ,  à  quelque  distance  d’ Altorf ,  dans  un  ver¬ 
ger.  Suivant  une  tradition,  Tell  se  noya  dans  le  Schli - 
chenback ,  torrent  impétueux,  qui  menace  souvent  de  ses 
inondations  le  pays  adjacent.  On  montre  au  loin  de  ses 
bords  la  place  où  Gessler  bâtit  [son  donjon,  et  où  la 
maison  de  Tell  était  située. 

Route  -pittoresque ,  du  Hassli  à  Wasen. 

Depuis  1810  il  existe  un  chemin  nouveau,  tracé  à 
force  de  bras,  pour  arriver  de  Meiringen  à  la  grand* 
route  du  St.  Gothard  ei  à  Altorf.  Ce  chemin  traverse 
les  vallées,  ci-devant  peu  connues,  de  (Jardinen ,  de 
Susten  et  de  IVlayen ;  il  sort  près  de  IVasen ,  et  est  pra¬ 
ticable  même  pour  des  chars  -  à  -  banc.  On  y  admire  un 
paysage  sauvage  et  romanesque.  Nous  consèillons  aux 
amateurs  d’une  belle  nature  ,  de  choisir  cette  route  de 
préférence.  On  en  trouve  la  description  détaillée,  dans 
le  joli  Almanac  Bernois,  Alpenrosen ,  Année  1814- 

Passage  du  Mont  St.  Gothard.  10V2  h- 

J’ai  donné  le  détail  de  ce  passage,  à  l’Itinéraire  d’ifn- 
lie.  Si  le  voyageur  veut  bien  suivre  la  route,  que  je 


*  LA  SUISSE.  ITINÉRAIRE.  95 

lui  trace,  il  n’est  pas  nécessaire  qu’il  monte  au  sommet, 
parcequ’il  y  passera  à  son  retour  d'Airolo.  Mais  s’il  re¬ 
tourne  à  ALtorf ,  ou  s’il  prend  la  route  de  la  Fourche , 
alors  il  ne  doit  pas  manquer,  de  faire  cette  petite  course. 
En  réglant  sa  route  suivant  mon  plan,  il  se  rendra 
d’ Ursern  ou  *)  dAn-derMatt  dans  un  pays,  que  les 
voyageurs  en  Suisse  ne  visitent  guères ,  et  qui  cepen¬ 
dant  mérite,  à  tant  de  titres,  l’attention  des  étrangers, 
o’est  à  dire  ,  dans  le  pays  des  Grisons ,  à 

Disentïs  g*/2  h.  et  aux  sources  du  Rhin  8  h. 

On  peut  faire  le  chemin  à  Disentis  à  pied  ou  à  che¬ 
val.  On  monte  d;abord  une  montagne  qui  est  déjà  une 
branche  du  Crispait ,  et  dont  le  sommet  est  un  plateau, 
nommé  la  Oberalp ,  où  l’on  trouve  des  chalets,  et  où 
l’on  prépare  le  célèbre  frorpage  d 'Ursern.  Le  fond  est 
occupé  en  partie  par  un  lac,  renonimé  pour  ses  truites. 
On  traverse  le  Val-  Tavetsch ,  les  villages  de  Ciamut, 
Juff,  St.  Giacomo ,  Tavetsch,  et  l’on  arrive  à  Disentis. 
Plusieurs  vallées  sauvages  ,  qui  tirent  vers  le  canton 
d’ï/ri,  et  qui,  dans  la  guerre  de  la  révolution  furent  en¬ 
sanglantées  par  des  combats  opiniâtres,  s’ouvrent  dans 
cette  vallée.  Disentis  fut  réduit  en  cendres  par  les 
Français  eni^qq,  pour  venger  leurs  frère/ d’armes ,  as¬ 
sassinés  par  les  femmes  de  Disentis ,  lorsque  tous  les 
hommes  en  état  de  porter  les  armes,  s'étaient  mis  en 
marche  avec  la  levée  en  masse,  de  Ciamut ,  de  Trons 
etc.  contre  les  retranchemens  des  Français  à  Reichenait 
et  Coire ..  La  collection  riche  des  minéraux  du  Père 
PLacidus  k  Specha ,  et  deux  manuscrits  précieux  que 
l'on  gardait  k  la  bibliothèque  du  couvent  des  Bénédic¬ 
tins ,  furent  la  proie  des  flammes.  Tavetsch  est  le  vil¬ 
lage  le  plus  élevé  des  Grisons.  En  1740,  une  avalanche, 
venant  du  Crispait ,  ensévelit  ce  village,  et  60  hommes 
y  périrent.  On  pourrait  se  rendre  de  Tavetsch  tout  de 
suite  aux  sources  du  Rhin  sans  pousser  jusqu a.  Disentis^ 
ou  d' Ursern  par  le  vallon  de  Nourchelas  à  Chiamut. 
Ce  sont  des  chemins  impraticables  aux  chevaux,  à  cause 
des  précipices  et  des  escarpemens,  qu’il  faut  escalader, 
et  qui  sont  surmontés  d’autres  qui  portent  leurs  cimes 

*)  A  Ursern ,  chez  M.  Erménégild  Muller ,  on  trouve 
des  collections  de  minéraux,  au  prix  de  deux,  de 
quatre  et  de  dix  louis -neufs. 


96  LA  SUISSE.  ITINÉRAIRE. 


au -dessus  des  nues.  Là,  environné  de  glaces  aussi  an  I 
«Tiennes  que  le  monde,  le  Rhin  dérobe  sa  source  a  us 
regards  des  mortels.  Celle  dont  nous  parlons,  est  la  I 
plus  considérable  des  trois  dont  il  descend;  elle  fournit 
le  Rhin  anterieur ,  lavant- Rhin,  ou  bas-Rhin.  11  est 
nécessaire  de  prencre  des  précautions;  avant  que  de 
s'embarquer  dans  ces  glaces  et  ces  neiges  à  des  hauteurs 
dont  on  ne  se  doute  pas,  et  il  faut  des  guides,  (les 
meilleurs  sont  les  chasseurs  ou  crjstalleurs >  qui  cou-  I 
naissent  bien  ces  déserts.  Si  on  ne 'leur  donne  soi- 
même  l'exemple,  ils  vont  le  moins  loin  qu'ils  peuvent, 
ponr  gagner  avec  moins  de  peine  leur  récompense,  et 
trouvent  de  pareilles  curiosités  fort  déplacées.  Mais  le 
voyageur  est  bien  récompeusé  de  ses  fatigues,  par  le 
spectacle  des  beautés  sublimes  et  gigantesques  de  cette 
nature  sauvage.  On  retourne  à  Disentis.  De  Disentis  à  ] 

Coire.  n  h.  (une  journée  et  demie.  Il  faut  coucher 
à  Trons.  ) 

On  passe  à  Trons  (3  h.);  les  cascades  qui  tombent 
des  rochers,  précipitent  aussi  une  grande  et  belle  va¬ 
riété  de  granits,  et  de  pierres  vertes  de  différentes  nuan¬ 
ces  :  on  trouve  au  bas  de  ces  cascades  toutes  les  espèces 
rassemblées  comme  dans  un  c&binêt;  on  Ai  a  le  choix. 
Trons  est  la  plus  belle  vue  de  toute  la  Ligue  Grise.  A 
l’entrée  du  village  se  présente  le  chêne  antique  et  re¬ 
spectable,  à  l’ombre  duquel,  Pierre  de  P  utlingen ,  abbé 
de  D isentis ,  Jean  Brun ,  seigneur  de  Roetsuns ,  et  le 
comte  Jean  de  Sax ,  jurèrent  en  1424  la  première  con¬ 
fédération  qui  procura  la  liberté  de  toute  la  Ligue  Grise « 
et  bientôt  après  entraîna  par  son  exemple  celle  des  deux 
autres.  Près  du  chêne  de  la  liberté,  arbre  miné  par  l’é- 
<  oulement  de  tant  de  siècles,  on  voit  une  petite  église 
et  un  tableau  ,  en  mémoire  de  cet  événement.  Non  loin 
de  cette  chapelle,  au  milieu  tl'une  petite  vallée,  au 
bord  d’une  source  abondante  et  fraîche,  sur  le  plus  vert 
gazon,  s’élève  un  rocher  isolé,  dans  les  fentes  duquel 
sont  enfoncés  de  longs  clous:  c’est  là  qu’autrefois  les  dé¬ 
putés  des  communes,  avant  de  se  rendre  a  l'assemblée 
annuelle  de  Trons,  suspendaient  leur  saes  de  provision, 
mangeaient,  couchés  sur  l’herbe,  leur  pain  et  leur  fro¬ 
mage,  et  s'abreuvaient  de  l'eau  jaillissante  à  leur  côté. 
Dans  la  graude  salie  de  la  maison  d'assemblée  ,  sont 

peint* 


LA  SUISSE.  ITINERAIRE.  97 

peints  sur  le  mur,  plusi-eurs  événemens  relatifs  à  la  ré¬ 
volution  de  1424.  On  passe  le  Rhin  sur  un  pont  de  bois 
fort  pittoresque  et  fort  singulier.  Tant  qu’on  est  dans  le 
pays  bas,  on  rencontre  beaucoup  de  goitreux  et  de  cré¬ 
tins.  llantz  est  une  très -petite  ville,  très -triste,  très- 
délâbrée ,  très  pauvre.  On  côtoyé  un  grand  -ravin ,  ou 
plûtôt  une  montagne  excavée,  près  du  village  de  JVal - 
lendas.  Le  Rhin  passe  au  pied  de  ce  ravin;  beaucoup 
de  grands  et  anciens  sapins  y  sont  précipités  ,  d'autres 
se  sont  arrêtés  à  mi-chemin,  avec  des  parties  du  ter* 
rain  qui  y  ont  glissé,  et  le  tout  forme  un  tableau  sau¬ 
vage  et  singulier.  Près  du  beau  village  de  Pleins ,  s® 
précipite  une  belle  cascade.  Cette  vallée  retentit  sur¬ 
tout  du  bruit  des  chûtes  d’eau,  que  la  nature  s’est  plû 
à  y  multiplier.  On  arrive  enfin  à  Reichenau.  Là,  le 
haut  -  Rhin  vient  se  joindre  au  bas- Rhin.  Reichenau 
est  dans  une  situation  délicieuse  par  la  jonction  des 
deux  Rhins,  les  hautes  et  belles  roches  calcaires  qui 
sont  en  partie  boisées,  et  par  la  fraîcheur  clu  paysage 
qui  l’environne.  C’est  le  pays  aux  belles  vues.  Il  y 
avait  un  institut  d'éducation.  La  guerre  a  détruit  les 
deux  ponts,  dont  l’un  de  bois  était  un  chef  -  d’oeuvre, 
formé  d’une  seule  arche  de  240  pieds  d’ouverture,  et 
avait  eu  pour  architecte  Jean  Grubenmann ,  dont  le 
frère  construisit  ce  fameux  pont  de  Schaffhouse ,  qui  a 
subi  le  même  sort:  perte  irréparable! 

Le  pays  intéressant  des  Ligues  Grises  renferme  sept 
curiosités  des  plus  remarquables,  et  qui  appartiennent 
en  même  tems ,  à  la  classe  des  principales  de  la  Suisse: 
ce  sont  1.  la  vallée  de  Domleschger  ^  et  la  montagne 
pittoresque  de  Heinzenbcrg.  2.  Le  pont  de  Solis,  le 
plus  haut  de  l’Europe.  3.  La  Via  mala.  4.  Le  glacier  du 
Rhin  et  son  vallon  sauvage.  5.  La  bellé  vallée  de  Mi- 
socco ,  et  les  ruines  du  château  de  ce  nom.  6.  Le  gla¬ 
cier  de  Bernina.  7.  Les  eaux  minérales  et  fortes  de 
St.  Maurice. 

Coire,  en  Allemand  Chur ,  est  le  chef-lieu  des  Li¬ 
gues  Grises ,  dans  une  position  agréable;  quelques  mai¬ 
sons  de  particuliers,  principalement  les  maisons  de  la 
famille  de  Salis ,  ont  une  certaine  élégance.  La  ville 
haute  est  catholique,  la  ville  basse  est  protestante;  lՎ 
vêque  de  Coire  demeure  dans  la  ville  haute.  La  cha¬ 
pelle  de  S.  Lucius  est  célèbre  par  un  pèlerinage,  et  la 
G.  des  Voy.  T.  n.  p 


98  LA  SUISSE.  ITINÉRAIRE. 

vue  peut  dédommager  de  la  fatigue  d’une  montée  ra¬ 
pide  qui  y  conduit.  Il  se  trouve  à  Coire  un  collège  et 
une  société  économique.  Les  collines  voisines  fournis¬ 
sent  un  vin  rouge,  mais  qui  n’est  pas  bien  fort.  On 
lait  un  grand  commerce  de  fruits  secs  d’une  excellente 
qualité,  de  limaçons,  et  de  choucrout  ou  Sauerkraut. 
Les  voitures  roulent  de  Coire  jusqu’à  Reichenau.  (De 
Coire  à  Splugen ;  V.  à  l’article  d’ Italie ,  les  détails  du 
passage  du  mont  Splugen .)  Le  voyageur  qui  veut 
parcourir  le  pays  si  intéressant  des  Ligues  Grisest 
doit  regarder  Coire  comme  le  centre,  d’où  partent 
les  rayons  de  routes,  qui  traversent  les  Ligues.  Sur 
les  grandes  routes  on  trouve  partout  des  bonne» 
auber'jges  et  à  des  prix  raisonnables,  mais  quand  on 
s’enfonce  dans  les  vallées  et  dans  l’intérieur  du  canton, 
éloigné  des  grands  chemins,  alors  on  ne  peut  pas  se 
fier  aux  auberges.  Entre  - 1  -  on  dans  un  village  du  culte 
catholique,  il  faut  demander  l’hospitalité  au  curé?  qui 
ne  la  refusera  jamais:  en  partant  on  donne  une  gratifi¬ 
cation  à  la  cuisinière.  Mais  si  le  village  professe  le 
culte  protestant,  on  peut  bien  s’adresser  aussi  au  mi¬ 
nistre  du  lieu,  seulement  pour  qu'il  nous  indique  une 
maison ,  où  nous  pourrions  être  nourris  et  logés ,  car 
ces  ministres  protestans  sont  trop  mal  à  leur  aise,  pour 
pouvoir  exercer  eux- mêmes  l’hospitalité.  Dans  les  au¬ 
berges  il  y  a  toujours  des  personnes,  qui  comprennent 
l’Allemand,  mais  sur  les  routes  on  ne  rencontre  que 
des  gens  qui  n’entendent  que  la  langue  Romane:  Nu 
ei  la  via  detia  di  andar  N.  N.?  est  la  phrase  Romane, 
pour  demander  quel  chemin  mène  à  tel  et  tel  endroit? 
La  cime  du  mont  Galanda,  haute  de  659S  p-  au-dessus  de 
la  mer,  peut  être  escaladée  commodément  depuis  Coire. 
La  marche  est  de  6  heures.  On  part  l’après-midi,  on  cou¬ 
che  eux  chalets,  on  voit  le  lever  du  soleil  du  haut  de 
la  Galanda ,  et  on  retourne  le  jour  suivant  à  Coire.  On 
y  a  la  vue  la  plus  étendue  sur  toute»  les  hautes  Alpes 
des  Ligues  Grises,  et  même  jusqu’au  lac  de  Constance. 

On  peut  pousser  de  Coire  jusqu’à  Appenzell  (  171/4 
heures  ).  On  trouve  à  Sennwald  le  cadavre  du  seigneur 
de  Hohen  -  Saz  el  IVorsta  ,  assassiné  en  1596,  et  enterré 
dans  l’église  de  Sennwald.  En  renouvellant  l’église  ,  on 
trouva  ce  cadavre  entre  deux  autres,  enterrés  avant  lui 
dans  un  petit  caveau.  Ce  cadâvre  est  très  -  entier  dans 
toutîs  ses  parties,  et  bien  conservé;  à  peine  les  yeux 


LA  SUISSE  ITINÉRAIRE. 


99 


et  le  ventre  90nt  -  ils  affaissés.  Il  a  reçu  trois  blessures 
avec  un  instrument  tranchant,  et  ce  sont  les  seuls  en* 
droits  où  la  peau  environnante  manque.  Il  avait  40  ans. 
Son  corps  commence  à  brunir,  parcequ'il  est  dans  une 
bière  ouverte,  dans  le  haut  du  clocher.  Appenzell  est 
un  gros  bourg,  d’où  les  voyageurs  peuvent  faire  des  ex¬ 
cursions  dans  les  montagnes  voisines;  ils  y  verront  di¬ 
verses  curiosités  naturelles  comme,  par  exemple,  le  lac 
d'Alpsec,  d  une  profondeur  excessive,  et  dont  le  bassin 
est  dans  le  roc  vif;  la  grotte  de  JVildkirchlein  etc.  Ils 
y  suivront  aussi  les  détails  de  la  vie  pastorale,  et  plu¬ 
sieurs  traits  d’industrie ,  particuliers  à  ce  canton.  (V. 
l’ouvrage  instructif  du  D.  Ebel  sur  ce  canton).  Le  vil¬ 
lage  de  Gais  dans  ce  canton ,  est  renommé  par  les  cures 
de  petit-lait  de  chèvres,  que  nombre  de  personnes  y 
vont  prendre  tous  les  ans,  dans  les  mois  de  Juin  et  de 
Juillet.  La  personne  qui  prend  cette  cure,  doit  compter 
•ur  un  écu  de  6  francs  par  jour,  généralement  pour  tout 
ce  dont  elle  peut  avoir  besoin.  A  Dottenwyll  sur  la 
route  de  Constance ,  à  ity^  lieues  de  St.  Gallt  on  peut 
aussi  prendre  ce  lait  de  chèvres,  et  même  avec  plus  d’a¬ 
grément.  On  n’a  qu’a  s’adresser  à  M.  Blattmann ,  pro¬ 
priétaire  de  cette  auberge,  superbement  située.  D eGais 
il  y  a  un  sentier  qui  mène  à  Trogen  ,  en  passant  le  Ga- 
brisberg ,  on  découvre  de  sa  cime  un  paysage  immense, 
terminé  par  les  rochers  du  Tirol.  A  Trogen  les  palais 
de  la  famille  Zellweger.  T)' Appenzell  on  se  rendrait 
à  Utznach;  d* Utznach  k  Einsicdeln}  d ' Einsiedeln  à 
Schwitz ,  de  Schwitz  à  Lucerne. 

Moi,  je  préférerais,  d’aller  de  Coire ,  ou  aux  bains 
de  Pfejf  ers ,  ou  en  droiture  à  Glaris.  Je  donnerai  le 
détail  de  ces  deux  routes. 

De  Coire  hux  bains  de  Pfejf  ers-  5  h. 

Les  eaux  de  Pfcjfers  ont  acquis  une  certaine  célé¬ 
brité,  et  l’on  y  trouve  toujours  une  grande  affluence  de 
monde.  Elles  sortent  de  terre  dans  une  caverne,  au 
fond  d’un  abîme,  où  coule  la  Tamine ,  et  sont  condui¬ 
tes  a  la  maison  des  bains  au  moyen  tl’un  aqueduc.  Pour 
s’y  rendre,  il  faut  passer  sur  des  planches  glissantes  et 
vous  entendez  la  Tamine  au -dessous  de  vos  pieds,  au 
fond  d’un  noir  abîme.  Il  vaut  mieux  ne  pas  prendre  de 
bâton,  et  se  cramponner  aux  rochers  et  aux  tuyaux;  il 

I  2 


6 


roo  LA  SUISSE.  ITINÉRAIRE. 

faut  aussi  faire  aller  son  conducteur  assez  loin  devint 
soi,  pour  ne  pas  se  trouver  tous  les  deux  sur  la  même 
planche,  qui  souvent  est  vieille.  La  maison  des  bains, 
à  4  étages  ,  peut  loger  jusqu’à  200  personnes  :  derrière, 
s’élèvent  immédiatement  les  parois  de  rochers,  qui  ont 
664  pieds  de  hauteur.  La  saison  des  bains  et  des  eaux, 
dure  depuis  Juin  jusqu’en  Août.  On  y  est  bien  servi  et 
à  des  prix  raisonnables.  11  faut  faire  la  promenade  dans 
la  vallée  de  V attis ,  où  L’on  trouve  du  marbre  noif,  avec 
des  pétrifications  très  -  rares. 

De  Coire  à  Glaris  15V2  heures,  par  Panyz ,  Elm  et  lilatt 
(deux  journées  et  demie,  si  l’on  veut  tout  voir.) 

Cette  dernière  route,  quoique  pénible  et  faite  à  pied, 
est  plus  intéressante,  surtout  pour  l’amateur  d’histoire 
naturelle,  et  des’ sites  singuliers  et  romantiques.  D’a¬ 
bord,  derrière  Panyx ,  mauvais  endroit,  on  gravit  au 
haut  d’une  montagne,  où  la  vue  embrasse  un  immense 
pays;  puis  vient  la  gorge,  qui  se  nomme  J  etz ,  où  coule 
un  torrent,  et  où  l’on  se  trouve  parmi  des  rochers,  qui 
s’élèvent  comme  des  murailles,  et  dont  on  ne  voit  pas 
la  cime.  Ce  passage  est  très -curieux  pour  la  Litho- 
gébgnosie ,  et  suivant  M.  Brisson ,  il  est  rare  de  trouver 
autant  de  phénomène»  intéressans  rassemblés.  Le  village 
d’EZm,  est  remarquable  par  un  trou,  percé  en  rond, 
dans  le  haut  de  la  montagne  de  Falzaber.  Les  3,  4  et 
5  Mars,  et  les  14,  15  et  16  Septembre,  vieux  style,  le  so¬ 
leil  pasie  derrière  ce  trou,  qui  paraît  avoir  environ  3 
pieds  de  diamètre,  en  le  voyant  du  village;  on  voit  le 
disque  du  soleil  en  plein,  les  4  et  5,  et  il  éclaire  alors 
le  clocher  du  village  d 'Elm,  On  jugera,  si  cette  mon¬ 
tagne  est  élevée,  puisque  le  village  d ’EZm,  couvert  par 
cette  montagne  ,  est  privé  en  hiver  de  la  vue  du  soleil 
pendant  six  semaines.  Quel  pays,  quel  habitation  au 
centre  de  l’Europe!  On  voit  commodément  ce  trou  de 
la  maison  du  curé,  chez  qui  on  loge.  D’EZm,  au  vil¬ 
lage  de  Matty  il  y  a  une  heure  de  chemin.  Là,  sous  le 
mont  Blctten,  est  la  fameuse  carrière  d’ardoise  de  table, 
avec  empreintes  de  poissons.  Les  beaux  et  grands  mor¬ 
ceaux  dans  ce  genre,  qu’on  voit  dans  les  cabinets,  vien¬ 
nent  de  cet  endroit. 


LA  SUISSE.  ITINÉRAIRE. 


101 


Claris  était  fort  peuplé  avant  1798;  on  s’y  occupait 
beaucoup  de  la  filature  du  coton.  Depuis  la  guerre,  la 
résistance  des  habitans  et  le  séjour  et  les  réquisitions 
t  es  troupes  étrangères,  ont  diminué  la  population  d’un 
liers,  et  l’industrie  en  a  souffert.  C’était  du  canton  de 
Claris ,  que  venaient  en  partie  ces  tristes  caravanes 
d’enfans  et  d’orphelins,  qui  s’expatriaient  pour  cher- 
cher  du  pain  et  un  gîte.  C’est  dans  ce  canton  que  l’on 
voit  les  moulins  où.  se  prépare  le  Schàbziçger ,  ou  fro¬ 
mage  vert ,  dans  lequel  il  entre  différentes  herbes  ;  fro¬ 
mage  fort  vanté  pour  ses  bonnes  qualités.  C’est  aussi 
flans  ce  canton,  que  se  recueillent  les  meilleures  plantes, 
dont  on  compôse  le  thé  Suisse  et  les  meilleures  herbes 
vulnéraires,  dont  on  fait  un  trafic  assez  étendu.  En¬ 
gouffré  entre  deux  rangs  de  rocs  sourcilleux,  qui  at¬ 
teignent  à  la  région  du  tonnerre,  on  ést  tout  étonné 
de  trouver  dans  ce  grand  bourg,  de  hautes  et  belles  mai¬ 
sons,  des  rues  larges,  longues,  bien  alignées.  On  visite 
à  Glaris ,  le  cabinet  d’hist.  nat.  de  M.  Steinmüller ,  et 
l’hôtel  de  ville,  où'l’on  montre  des  cornes  énormes  de 
bouquetins.  Faites  une  excursion  dans  le  Kloenihal, 
vallée  des  plus  intéressantes  de  la  Suisse,  renommée  par 
la  marche  hardie  de  Souwarow  *)  ;  c’est  là  qu’on  ap¬ 
prend  à  connaître  la  Nature,  telle  qu’elle  se  manifeste 
dans  les  montagnes,  et  où  l’on  rassemble  dans  la  faculté 
représentative  de  son  ame,  une  foule  d'images  et  de  scè¬ 
nes  diverses.  Au  pied  du  Glaernisch ,  sur  un  gros  frag¬ 
ment  de  roc  que  le  Glaernisch ,  ébranlé  par  un  trem¬ 
blement  de  terre  en  1593  fît  rouler  dans  la  vallée,  deux 
Suisses  ont  fait  tailler  une  inscription  en  l’honneur  de 
Salomàn  Gcssner.  Le  lac  de  Kloenthal  à  une  lieue  de 
longueur. 

De  Glaris  on  continuera  sa  course,  par  JS  aefels  h 
JS  être  -  Dame  -  des  -  Her mites ,  ou  à  Éinsicdeln.  Les  vo¬ 
yageurs  qui  auront  préféré  la  route  de  Ffeffers ,  s’y  ren- 

*)  L’armée  Russe  Sans  vivres  et  toujours  combattant, 
traversa  avec  armes  et  canons ,  des  sentiers  des-  Al¬ 
pes,  jugés  jusqu’ici  impraticables  à  toute  marche  mi¬ 
litaire,  et  la  finit  à-peu-près  dans  le  même  teins, 
qu’un  piéton  fait  aux  montagnes,  et  qui  serait  de 
plus  ,  bien  nourri  et  bien  reposé.  L’avenir  peut-être 
traitera  de  fable  cette  marche,  qui  n’a  été  que  trop 
bien  exécutée. 


102  LA  SUISSE.  ITINÉRAIRE. 


dront  par  le  lac  de  TVallenstadt.  Le  canal  du  Linth  ou 
de  Mollis ,  ouvrage  hardi,  a  été  ouvert  en  i8n. 

De  Glaris  à  Einsiedeln.  8V2  h. 

Les  champs  de  Naéfels  ont  éternisé  l’héroïsme  et 
l’intrépidité  des  Suisses  qui  y  firent  des  prodiges  des  va¬ 
leur.  Onze  piles  existantes  sur  le  champ  de  bataille 
marquent  les  endroits,  où  les- Suisses  se  rallièrent,  et 
son*.:  des  moaumens  de  cette  glorieuse  victoire.  La  ba¬ 
taille  se  donna  le  ç.  Avril  1388.  Cette  date  est  gravée  sur 
plusieurs  pierres,  et  ces  monumens  simples  disent  plus 
que  des  inscriptions  ;  on  célèbre  encore  tous  les  ans 
cette  victoire,  le  premier  jeudi  d’ Avril.  A  Naefels  môme 
et  puis  à  S chindeleggie ,  village  près  de  l’Abbaye  d’L’z'rt- 
siedeln,  la  victoire  demeura  également  en  1798  aux  Suis¬ 
ses  des  petits  cantons. 

Nôtre-  Dame  des  -  H ermites ,  ou  l’abbaye  A.' Einsie¬ 
deln ,  la  Lorctte  de  la  Suisse.  Annuellement,  y  abor¬ 
daient  8o,oco  pèlerins  au  moins;  dans  la  guerre  de  la  ré¬ 
volution,  deux  pi’lages,  l’interruption  du  pèlerinage  et 
des  branches  de  commerce  qui  faisaient  vivre  le  bourg, 
et  la  fuite  des  religieux  avaient  totalement  changé  l’as¬ 
pect  d’ Einsiedeln*  L’image  miraculeuse  a  été  depuis  re¬ 
portée  a  Einsiedeln ,  et  les  pèlerins  y  accourent  de  nou¬ 
veau.  Einsiedeln  est  aussi  célèbre  pour  avoir  été  la  pa¬ 
trie  du  fameux  Paracelse  ;  sa  maison  était  située  près 
du  -pont  du  diable ,  qui  vraisemblablement,  en  a  reçu 
ce  nom.  Z wingli  avait  été  curé  à  Einsiedeln  en  1517. 
La  vue  d ’Ezelberg  à  une  lieue  d" Einsiedeln ,  à  l’auberge 
qui  y  est  située,  est  très -belle,  mais  elle  devient  beau¬ 
coup  plus  étendue,  lorsqu’on  monte  à  la  cime  de  l'Ezeli 
il  11e  faut  qu'une  demi -heure  pour  l’atteindre, 

Schwitz.  3  h. 

Il  y  a  un  chemin  plus  commode  pour  ceux,  qui  vont 
à  chevâl,  ou  qui  craignent  de  monter;  mais  ce  chemin 
est  plus  long,  et  je  préférerais  toujours  celui  des  pié¬ 
tons.  On  monte  une  montagne,  qui  s'appele  le  Schwei- 
zer-Haken\  ou  y  jouit  d’une  belle  vue  ,  toute  compô- 
sée  de  sommets  de  montagnes  et  de  lacs;  des  bois  et  des 
pâturages  couvrent  tous  les  terrains,  qui  ne  sont  pas 
des  rochers. 


LA  SUISSE.  ITINÉRAIRE.  103 

Faisons  un  petit  détour  à  droite,  vers  le  lac  de  Lo- 
tvertz]  ,, Voyageurs,  s'écria  M.  Bridel ,  allez  visiter  le 
lac  et  les  îles  de  Lowertz.  Peintres  ,  allez  dessiner  ces 
eaux,  ces  rochers!  ....  Malheureux,  que  l’amour  ou 
la  fortune  a  maltraités,  allez  visiter  l’hermitage  et  l'her* 
mite  de  Schwanau  !il  —  —  Mais  quel  triste  changement 
a  bouleversé  ces  belles  contrées,  depuis  le  2.  Septembre 
1806!  Là,  où  l’on  avait  vû ,  peu  de  minutes  auparavant, 
des  beaux  villages  et  des  champs  remplis  de  grains  et 
de  pâturages,  on  n’apperçoit  plus  qu’un  désert  rocail¬ 
leux ,  et  une  masse  de  200  pieds  d’épaisseur,  qui  couvre 
une  surface  de  3  lieues.  Le  lac  de  Lowertz  est  comblé 
d’un  tiers  ,  et  l’île  de  Schwanau  \  disparu  à  moitié. 
Plusieurs  centaines  de  maisons,  de  châlets,  et  plus  de 
500  âmes  avec  400  pièces  de  bétail,  ont  été  les  victimes 
de  cette  terrible  catastrophe.  Il  n’y  a  eu  que  220  indivi¬ 
dus  de  sauvés.  On  évalue  la  somme  totale  du  dégât,  à 
1,173,479  Florins  Suisses.  Des  maisons,  des  tours,  de* 
moulins,  ont  été  déplacés  par  les  rochers  à  une  grande 
distance.  Plusieurs  voyageurs,  et  trois  dames,  y  ont 
péri.  L’écroûlement  d’une  partie  du  mont  Rufi  a  causé 
ce  grand  malheur.  (V.  les  détails  officiels  dans  le  livre 
de  M.  le  docteur  Z ay  :  Goldau  und  seine  Gcgend ,  ivas 
sie  warund  waV  sie  geworden.  Zurich,  1807.  8*  Ajou¬ 
tons  y  la.  déscription  et  les  gravures,  sous  le  titre:  Die 
Gegend  von  Goldau  vor  und  nach  dem  JBergfall  am  3. 
Sept.  1806.  in  Kupferblattern  und  einer  Erklarungstafel , 
von  1.  H.  Meyer •  7,urïch ,  1806  Fol.)  —  Le  nouveau 
sentier  d 'Arth  à  Lowertz ,  qui  traverse  ces  ruines,  est 
fort  pénible  et  raboteux.  De  Lowertz  on  escalade  le 
mont  Rigi.  (V.  le  tableau  de  Lucerne )  puis  en  redascen- 
dant,  et  traversant  le  lac,  on  arrive  au  bourg  de  Schwitz 
.  ...  ce  bourg  si  fameux , 

Qui  seul  donna  son  nom  h  nos  braves  ayeux. 

Il  est  bien  bâti;  on  y  voit  beaucoup  de  très -belles  mai-* 
sons,  et  l’église  a  de  la  magnificence ,  et  est  accompag  ¬ 
née  d’un  fort  beau  campanile.  La*bannière  bénite  don¬ 
née  a  ce  canton  en  1512  par  le  Pape  Jules  II.  avec  le 
titre  de  défenseurs  de  la  foi;  et  la  place  remarquable 
près  du  hameau  d' Ibach  ,  où  le  peuple  s'assemblait 
annuellement  ,  sont  des  choses,  qui  méritent  bien  de 
fixer  l’attention  d'un  voyageur:  Ce  bourg  a  beaucoup 
souffert  dans  la  révolution  ,  et  il  n’en  e.viste  presque 
plus  que  le  souvenir.  On  peut  se  rendre  de  Schwitz 


1/ 


104  LA  SUISSE.  ITINÉRAIRE. 

dans  le  Mutten  -  Thaï,  vallée  du  Mûotta  ;  ruinée  et  «lu 
sanglantée  par  la  pierre  de  la  révolution;  ce  fut  au  dé» 
boucher  de  cette  vallée,  près  de  Schocnenbach ,  que  l’ar¬ 
mée  de  Souwarow  fut  sur  le  point  de  vaincre  danj 
deux  combats  sanglans. 

Lucerne .  7  h. 

A  Schwitz  finira,  suivant  mon  plan,  la  première  ex¬ 
cursion  dans  les  Alpes.  Après  avoir  traversé ,  pendant 
tme  heure,  la  charmante  contrée  entre  Schwitz  et  Brun- 
nen,  on  s’embarquera  sur  le  lac  des  quatre  cantons,  pour 
Lucerne.  Ce  lac  ,  long  de  9  lieues  ,  est  élevé  de  1320 
pieds  au  -dessus  du  niveau  de  la  mer;  la  nature  lui  a 
imprimé  un  caractère  tant  de  grandeur  que  de  terreur 
et  l’a  rendu  en  même  tems  pittoresque  et  romantique. 
Ce  lac  est  dangereux ,  lorsqu’il  s’y  élève  une  tempête, 
mais  si  le  bâteau  n'est  pas  trop  petit,  et  si  les  bâteliers 
sont  bons  et  pas  ivres,  on  ne  risque  rien.  La  guerre  de 
la  révolution  i’a  couvert  à  plusieurs-  reprises  de  cha¬ 
loupes  canonnières  ,  et  ses  bords  éclairés  par  les  flam¬ 
mes ,  ont  alors  retenti  des  cris  des  combattans.  "C’est  à 
Brunnen  que  les  trois  cantons  de  Schwitz  ,  Uri  et  II  n- 
terwalden  jurèrent  l’alliance  perpétuelle,  qui  fut  la  ba¬ 
se  de  l’association  des  autres  cantons.  De  Lucerne, 
après  avoir  fini  l'excursion  intéressante  dans  la  vallée 
d’ Entlilruch ,  (Y.  à  l’article  de  Lucerne),  on  se  rendra 
par  des  chemins  superbes,  avec  sa  voiture  et  son  gros 
bagage  à 

Berne.  207/g/h-  (deux  journées.) 

On  partira  le  premier  jour  de  bon  matin  de  Lucerne, 
afin  d’avoir  le  tems  de  faire  de  Su/sée  ,  où  l'on  dîne 
(au  soleil,  bonne  auberge)  la  petite  excursion  au  champ 
de  bataille  de  Sempach.  (V.  à  l'article  de  Lucern,c.\  On 
couchera  a  1V1  orgenthal.  Sur  cette  route  il  y  a  Jlrberg, 
la  seule  forteresse  de  la  Suisse,  et  Z  ofingên ,  remar¬ 
quable  par  le  livre  des  peintres  et  des  artistes, que  Ton 
y  conserve,  et  dans  lequel  on  admirera  des  chefs-d’oeuvre 
de  Lips  de  Gessner ,  dyUsteri,  et  d’autres  artistes  mo¬ 
dernes.  Le  jqur  suivant,  ou.  passera  à  3  lieues  de  Berne, 
par  le  village  de  Hindclbank  ,  où  l’on  s’arrêtera ,  pour 
voir  le  mausolée  de  madame  Langhans  ,  par  JNahl.  Le 
tombeau  de  cette  femme,  morte  en_  couche ,  a  de  gran¬ 
des  beautés,  mais  cet  ouvrage  se  ressent  déjà  des  i»* 


J 


LA  SUISSE.  ITINÉRAIRE.  105 

jures  du  teins.  On  en  vend  sur  les  lieux  ,  des  modèles 
en  terre -cuite;  au  prix  de  12  livres.  On  peut  s’écarter 
un  peu  de  la  route,  et  joindre  celle  de  Soleure ,  pour 
voir  à  Fraubrunncn ,  village  situé  à  une  lieue  et  demie, 
un  monument  en  mémoire  de  la  victoire  ,  que  les  an¬ 
ciens  Bernois  ont  remportée  sur  les  bandes  du  Sire  de 
Couci.  Ce  monument  était  une  simple  colonne  avec  une 
inscription  ,  à  présent  renversée.  On  remarque  aux 
bords  delà  route,  dans  le  Grauenholz ,  les  tombeaux 
des  braves  Bernois  ,  qui  y  périrent  en  1798.  Sur  le  che¬ 
min  de  Morgenthal  à  Berne ,  on  peut  aussi  passer  par 
Hofwyl ,  où  Mr.  Fellenberg  a  fait  des  établissement, 
qui’  lui  attirent  la  visite  de  tous  les  amis  de  l’économie 
rurale  et  domestique.  Berne  ,  (voyez,  le  tableau  dea 
villes.) 

A  Berne  commencera  suivant  mon  pian,  la  seconde 
excursion  dans  les  Alpes,  mais  qui  ne  fera  pas  de  si 
longue  haleine. 

Aux  bains  de  Lo'êche.  ( Leuk )  igi/2  h.  (Deux  journées.! 

Je  me  suis  rendu  de  Berne ,  en  voiture  jusqu’à  Kan- 
delsteg,  première  journée:  j’ai  fait  le  reste  du  chemin  à 
cheval.  Je  conseille  aux  voyageurs  de  louer  des  che¬ 
vaux  ou  mulets  à  Thun  (bonne  auberge  au  Freyenhof ) 
pour  toute  la  route,  afin  de  n’être  pas  exposés  aux  de¬ 
mandes  exorbitantes  des  paysans.  De  Thun ,  une  des 
plus  jolies  villes  'de  la  Suisse  (V,  Voyage  h  Grindelwaîd) 
on  traverse  la  vallée  xomantique  de  Frutigen ,  riche  en 
pâturages  arrosés  par  la  Kandeï.  Elle  contient  quelque» 
mines ,  qui  paraissent  une  continuation  de  celles  de  la 
vallée  de  Lauterbrunnen.  Frutigen  est  un  des  plus 
beaux  villages  de  la  Suisse.  La  vallée  de  Kandclstcg,  est 
plus  étroite  et  plus  sauvage  que  la  précédente.  Un  voit 
de  beaux  rochers  suspendus  ,  et  quelques  restes  d'un 
château  ruiné.  Le  village  de  ce  nom,  est  situé  au  pied 
de  la  Gemmi.  Une  lieue  avant  le  village,  la  Kandel 
sort  d’une  fente  entre  les  rochers,  et  laisse  à  peine  un 
espace,  pour  un  chemin  étroit  qui  la  côtoyé.  Ce  défilé 
conduit  dans  le  Gasterthal ,  vallée  isolée ,  et  qui  n’a  de 
communication  avec  le  reste  du  pays  que  par  ce  pas¬ 
sage ,  et  seulement  pendant  quelques  mois  de  l’année- 
On  admire  la  simplicité  des  moeurs,  l’innocence  et  1* 
manière  de  vivre  de  ses  habitans. 


io6  LA  SUISSE.  ITINÉRAIRE. 

De  Kandelsteg  on  gravit  le  haut  du  plateau  du  Gem- 
mi ,  par  un  sentier  étroit  et  difficile,  au  bord  des  préci¬ 
pices.  Le  plateau  de  Gcmmi  est  excessivement  stérile, 
et  rempli  de  débris  d’anciennes  avalanches ,  qui  descen¬ 
dent  des  cimes,  couvertes  de  glaces  et  de  neige  éternelle; 
spectacle  frappant  et  sublime.  La  montagne  qui  porte 
le  nom  d'Alt-Els  est  revêtue  d’une  masse  de  glace  pro¬ 
digieuse,  sa  pente  est  du'CÔté  du  chemin;  sa  forme  est 
pyramidale  ,  et  on  la  voit  s’élèver  à  une  hauteur  pro¬ 
digieuse.  (L 'Alt-Els,  suiv.  M.  Tr ailes ,  est  haute  de 
$1,432  p.  de  P.  au-dessus  de  la  mer,  et  le  pas  du  Gemini 
de  6,985  p-  est  suiv.  JVt.  Muller  de  5522  p.  au-dessus  du 
lac  des  4  cantons:  ce  passage  est  donc  de  400  p.  plu* 
élevé  que  le  passage  du  Grimsel  ;  de  646  p.  que  le  pas¬ 
sage  du  Gotfiardj  et  de  811  P-  que  le  passage  du  Simplon. 
Mais  le  passage  du  grand  Bernard ,  le  surpasse  de  563  p. 
en  hauteur.)  On  dejeûne  au  milieu  de  ce  désert  dans 
une  hutte,  le  Schwarrenbach ,  qui  est  tout-à-la  fois 
une  douane  et  un  hospice,  où  les  passagers  trouvent  du 
pain,  du  vin  et  du  fromage  et  où  je  trouvais  le  prix 
très  -  modique.  Le  Dauben- See,  est  un  lac  gelé  pendant 
les  trois  quarts  de  Tanné©  ,  et  bordé  de  neiges  et  de 
restes  ct’avalanches. 

Le  chemin  que  les  Bernois,  de  concert  avec  le  Va¬ 
lais,  ont  fait  tracer  à  force  de  poudre  dans  les  rochers 
à  pic,  que  le  Gemmi  offre  du  côté  des  bains  ,  est  une  des 
premières  curiosités  de  la  Suisse,  et  fait  honneur  à  la 
hardiesse  humaine.  Ce  chemin  est  absolument  creusé 
dans  la  paroi  du  roc ,  et  le  rocher  est  tellement  perpen¬ 
diculaire,  que  du  sommet,  on  n’apperçoit  point  le  che¬ 
min  ,  qui  serpente  jusqu’au  bas.  Les  chevaux  et  les  mu¬ 
lets  passent  par  ce  chemin  effrayant r  qui  fait  tourner 
la  tête  aux  voyageurs;  car  partout  on  a  le  plus  affreux 
précipice  à  côté  de  soi.  On  voit  à  ses  pieds  à  une  pro¬ 
fondeur  immense,  le  village  de  Locche.  Lorsqu’on  se 
trouve  au  haut  du  rocher  où  le  chemin  commence  à 
descendre,  on  rencontre  un  chalet,  où  l’on  jouit  d’une 
vue  superbe  sur  la  chaîne  des  montagnes,  qui  court  en¬ 
tre  le  Valais  et  le  Piémont.  Des  bains  de  Locche  ou 
LeucTt  a  ce  châlet,  il  y  a  une  lieue  et  demie  à  mon¬ 
ter;  son  élévationperpendiculaire  au-dessus  de  ces  bains 
est  de  1600  pied9,  et  le  chemin  avec  tous  ses  zig-zags  a 
ïO,tio  pieds.  A  peu  près  vers  le  milieu,  le  chemin  passe 
sous  des  rochers,  qui  avancent  en  surplomb;  on  ap- 


LA  SUISSE.  ITINÉRAIRE.  iof 

pele  cet  endroit’la  grande  galerie.  On  fait  bien  de  des¬ 
cendre  de  cheval,  et  4e  marcher  à  pied.  Les  bains  de 
Leuck  ou  de  Loëche ,  qui  jouissent  d’une  haute  réputa¬ 
tion ,  et  où  l’on  trouve  toujours  une  grande  affluence 
de  malades,  sont  situés  comme  au  fond  d’un  entonnoir. 
De  mauvaises  auberges,  de  grands  réservoirs  où  les  mala¬ 
des  se  baignent  ensemble,  et  les  sources  chaudes  qui  sor¬ 
tent  en  assez  grand  nombre  dans  cette  vallée,  sont  le* 
seules  choses  que  les  voyageurs  puissent  y  remarquer. 
M.  Ebel  conseille  à  tous  ceux  qui  viennent  là  pour  se 
baigner,  de  se  pourvoir  d’habits  d’hiver,  môme  de  pe¬ 
lisses,  et  d’apporter  une  provision  de  vins  de  Malaga ,  et 
d’autres  vins  propres  à  réchauffer;  le  vin  qu’on  vous  y 
fournit,  est  chétif ,  et  les  matinées  et  soirées  sont  perpé¬ 
tuellement  très  -  froides.  La  source  principale,  la  plus 
chaude  ,  nommée  la  grande  source ,  est  située  auprès  de 
la  maison  des  bains.  En  plongeant  la  boule  d’un  ther¬ 
momètre  de  mercure  de  Réaumur  pendant  un  quart- 
d’heure  dans  l’eau,  le  plus  près  possible  de  l’endroit  où 
elle  sort  de  terre,  on  trouve  la  température  de  41I/2  de¬ 
grés  au-dessus  du  terme  de  la  glace;  cette  chaleur  est 
telle,  qu’on  peut  y  cuire  un  oeuf  et  plumer  une  poule. 
Une  propriété  singulière  de  ces  eaux  est,  que  des  légu¬ 
mes,  des  herbages  et  des  fleurs,  arrivant  toutes  fanées 
par  la  chaleur,  reprennent  leur  fraîcheur,  après  avoir 
été  trempés  1/4  d’heure  dans  cette  eau,  qui  semblait  de¬ 
voir  les  cuire.  Une  des  plus  agréables  promenades, 
qu’on  puisse  faire  dans  les  environs  des  bains,  eshdu 
côté  du  nord,  au  bord  du  précipice,  dans  lequel  la  Baie 
se  jette  en  cascade.  Si  l’on  èe  troqve  dans  ces  bains  au 
tems  de  la  pleine  lune,  et  que  les  soirées  soient  claires 
et  sereines,  il  ne  faut  pas  négliger,  de  se  rendre  en  rase- 
campagne,  vers  les  10  heures  de  la  nuit,  pour  jouir  de  la 
vue  de  l’ensemble.  ün  y  jouira,  par  un  beau  clair  de 
lune,  d’un  spectacle  nocturne,  qui  laissera  dans  l’ima¬ 
gination  des  traces  ineffaçables.  Ce  conseiL  s’applique  à 
toutes  les  contrées  montagneuses,  où  l’on  est  entouré 
de  rochers  nuds  et  à  pic. 

Brigue  ou  Glisse.  9  h.  (une  journée.) 

On  arrive  d’abord  au  bourg  de  Leuck  ,  l’un  des  plus 
grands  du  Valais,  en  longeant  le  torrent  de  la  Dale,  qui 
roule  ses  eaux  dans  des  abîmes  profonds;  le  chemin  que 


io3  LA  SUISSE.  ITINÉRAIRE. 

l’on  prend  est  oppôsé  à  celai  des  galeries,  chemin  sca¬ 
breux,  mais  pas  inaccessible  aux  chevaux.  Dans  ce  vo¬ 
yage,  on  doit  se  faire  montrer  un  aqueduc,  qui  est  sus¬ 
pendu  au-dessus  du  chemin;  il  est  formé  de  troncs  de 
sapins  creusés,  et  soutenus  par  des  barres  de  fer,  contre 
les  rochers  à  pic.  Le^  habitans  du  pays  se  servent  de 
cet  aqueduc  comme  d’un  sentier,  parcequ’il  est  un  peu 
plus  court  que  le  chemin  ordinaire.  En  sortant  d’un 
bois  de  pins,  on  a  devant  soi  le  bourg  et  le  château  de 
Lo'cche  ou  Leuk ,  l’aspect  magnifique  delà  vallée  et 
de  l'admirable  cours  du  Rhône,  au  milieu  des  collines 
et  des  coteaux  qui  se  succèdent  dans  le  lontain  à  perte 
de  vue.  11  n'est  pas  de  tableau  plus  beau,  plus  varié, 
plus  pittoresque.  On  côtoie  toujours  ce  fleuve,  que  l’on 
passe  à  fjcuk  sur  un  pont  ,  et  en  traversant  plusieurs 
villages  dans  la  plaine  ,  où  les  productions  des  pays 
chauds,  comme  des  figues  et  un  vin  liquoreux,  crois¬ 
sent  au  pied  des  sapins,  à  quelques  lieues  des  glaces; 
on  arrive  à  Brigue,  qui  est  Je  bourg  le  plus  considérable 
de  tout  le  pays,  et  où  il  y  a,  à  présent,  un  relais  de 
poste,  pour  la  route  du  Simplon.  On  voit  h  Brigue  di¬ 
verses  traces  de  secousses  de  tremblemens  de  terre,  dont 
l’époque  est  la  même  que  celle  de  la  catastrophe  de 
Lisbonne,  et  à  peu  de  distance,  les  restes  d’un  mur,  que 
les  Romains  ont  construit.  Les  eaux  thermales  et  chau¬ 
des  de  Brigue,  sont  aussi  remarquables  que  celles  de 
Loëche  ,  mais  actuellement  presqu’abandonnées  des 
étrangers. 

La  plûpart  des  voyageurs  vont  de  Brigue  à  Munster 
(une  journée) ,  par  le  chemin  sauvage  de  Lax ,  village 
suspendu  au-dessus  d’un  précipice  effrayant.  On  pas.ce 
à  Mullibach  un  pont  remarquable  par  la  hardiesse  de  sa 
construction.  De  Munster  ils  vont  à  Obcrgesteln ,  au 
glacier  du  Rhône,  puis  ils  montent  le  Grimsel,  par  un 
sentier  pénible;  il  faut  4  heures  pour  parvenir  au  plus 
haut  point  du  passage;  on  passe  de  là  aux  sources  de 
l'Aar.  (Seconde  journée). 

J’ai  préféré  la  route  plus  variée  et  plus  pittoresque 
du  Simplon  et  du  Gothard,  en  passant  en  Italie,  et  par 
la  vallée  de  Idvinen  au  village  de 

V Hôpital  sur  le  Gothard. 

Je  renvoie  pour  la  déscription  du  passage  du  Sim¬ 
plon,  des  îles  Borromées ,  de  la  vallée  de  Livinen ,  et  du 

passage 


LA  SUISSE.  ITINÉRAIRE. 


109 

passage  du  Gothard,  au  Guide  des  Voyageurs  en  Italie. 
Route  de  poste  de  Brigue  jusqu'à  *)  Domo  d'Ossola  et 
Ugogna :  De  Brigue  ou  Glise,  à  Bérisal  et  au  Simplon, 
5V2  postes,  du  Simplon  à  Iselle  et  Domo  d’Ossola  5^. 
De  Domo  d’Ossola  à  Ugogna  1I/4  p.  D’Ugogna  on  prend 
le  chemin  de  Margozzo ,  où  l’on  couche.  1.  Journée.  On 
s’embarque  à  Margozzo  ,  on  convient  avec  les  bâteliers 
de  débarquer  aux  lies  Borromées ,  on  dîne  à  Intr a  ,  on 
couche  à-  Magadino.  2.  Journée.  Dejeûner  à  BelLiri' 
a.one\  dîner  à  Giornico  ;  couchée  al  Dazio.  3.  Journée, 
Déjeûner  à  Airolo ,  passage  du  Gothard ,  couchée  au 
village  de  l'Hôpital. 

Au  glacier  du  Rhône  et  à  Munster.  9  heures. 

On  quitte  l 'Hôpital  a  cheval  ou  à  pied,  et  l’on  tra¬ 
verse  les  villages  de  Zumdorf  et  dè  Realp.  A  une  petite 
distance  de  Realp  on  commence  à  grimper.  Un  sentier 
tantôt  marqué,  tantôt  éclipsé,  tout  -  h- l’heure  en  gra¬ 
dins  scabreux  et  vacillans,  l’instant  après,  sur  des  ta¬ 
lus  de  rochers  fortement  inclinés,  ou  de  terres  qui  ne 
le  sont  pas  moins,  partout  sur  des  déblais  de  montagnes 
écroulées,  un  pareil  chemin  ne  peut  être  que  difficile 
çt  même  quelquefois  périlleux.  Enfin  on  ap perçoit,  le 
sommet  bifurqué ,  sur  lequel  se  dirige  lepassage ,  et  qui 
donne  le  nom  au  mont  de  la  Fourche ,  oq  Furca.  Le 
glacier  est  à  droite  un  peu  au-dessus.  C’est  en  face  de 
cette  immense  masse  de  glace,  que  l’on  se  repose  et  se 
rafraîchit,  avec  les  provisions  que  l’on  y  a  apportées-  JLe 
Rhône  roûle  au  pied  du  glacier  sous  la  forme  d’un  tor¬ 
rent;  mais  les  véritables  sources  de  ce  fleuve  sont  à 

*)  On  peut  faire  une  excursion  très-intéressante  de  Do¬ 
mo  d’Ossola  ;  c’est  celle  dans  la  Vallée  d'Azasca ,  où 
l’on  admire  le  Mont  Rosa  dans  toute  son  imposante 
majesté;  jusqu’à  Ponte  grande ,  où  l’on  jouit  de  cet 
aspect  superbe,  il  y  a  63/4  Üeues  de  chemin.  Macug • 
uaga,  au  pied  du  Mont  Rosa ,  est  distant  de  4  lieues 
de  Ponte  grande.  Auberge,  chez  Antoine  Marie  del 
Prizto.  Non  loin  de  là  sont  de  riches  mines  d’or. 
(Hauteur  du  Mont  R.osa  au-dessus  de  la  mer,  14,580 
pieds:  seulement  de  r6o  p.  moins  que  le  Mont-blanc.) 
Personne  n’avait  encore  entrepis  de  monter  au  M  ont- 
Rosa.  C’était  le  13  d’ Août  1813,  que  M.  Maynard , 
Français,  et  7.  Marie  Coutet ,  Guide  de  Chamouny, 

1  ont  escaladé  les  premiers,  en  prenant  par  le  Val- 
lornanche  et  les  chalets  du  Breuil» 

*  Guide  d.  Voy.  Tom.  II.  K. 


IIO 


LA  SUISSE.  ITINÉRAIRE. 


gauche  au  pied  du  mont  Saasberg ;  ce  sont  trois  source» 
qui  se  réunissent.  Selon  M.  de  Saussure  ces  sources 
sont  à  711  toises  1  pied  au-dessus  du  lac  de  Genève ,  et 
suiv.  M.  Muller  ce  passage  de  la  Fourche ,  est  élevé  de 
6395  P-  de  Paris  au-dessus  du  lac  des  4  cantons.  La  des¬ 
cente  au  Valais  est  sauvage;  le  Rhône  se  précipite,  fu¬ 
rieux,  de  cascade  en  cascade;  partout  c’est  l’imposante 
empreinte  du  tems  et  de  la  vétusté,  partout  limage  du 
chaos.  Les  voyageurs  seront  forcés  d’aller  jusqu'à  Mun¬ 
ster  où  ils  trouveront  une  auberge  excellente  pour  le 
pays,  si  les  gîtes  à  Oberwald  et  à  Obergesteln  ne  le» 
contentent  pas.  Un  sentier  conduit  depuis  1*  petit  val¬ 
lon  du  glacier  sur  la  Grimsel,  en) 2  heures;  mais  prati¬ 
qué  seulement  par  les  habitons  du  pays,  il  rebuterasan* 
cloute  les  personnes  peu  familiarisées  avec  ce  que  le» 
habitans  des  Alpes  appelant  des  sentiers  dans  des  mon¬ 
tagnes  aussi  âpres;  c’est  la  fameuse  Mayenwand]  (V. 
plus  haut  à  l’article  de  Grindelwald.) 

Retour  h  Berne ,  -par  le  Grimsel ,  par  Hassli ,  Grindel - 
ivald ,  Lauterbr.unnen.  .3V2  journées. 

1.  Passage  du  Grimsel,  et  route  à  Meyringen,  2.  Pas¬ 
sage  du  Scheideck  ,  et  route  à  Grindelwald.  3.  Route  k 
Lauterbrunnen,  et  à  Thun.  4.  Retour  de  Thun-àBerne. 
(Y.  voyage  à  Grindelwald  etc.) 

A  Berne  finit  cette  seconde  excursion  dans  les  Alpes j 
on  y  retrouve  sa  voiture,  et  l’on  passe  à 

Fribourg.  9  h.  par  Morat  et  Avenches. 

Une  autre  route,  en  droiture,  conduit  de  Berne  à 
Fribourg ,  en  5^/4  heures. 

La  chapelle  de  Morat  -,  et  l’ossuaire  des  Bourguig¬ 
nons  tués  à  la  .fameuse  bataille  de  1476,  n’existent  plus: 
le  bataillon  delà  Côte-d’or  (Bourgogne)  détruisit  en 
1708  ce  monument  de  la  valeur  des  anciens  Suisses,  et  y 
planta  un  arbre  de  liberté  qui  n’existe  égalément  plus  :  l’in¬ 
scription  latine,  si  sublime  dans  sa  simplicité,  fût  en¬ 
voyée  à  Paris.  Mais  ce  fût  à  la  même  place,  et  par  les 
paysans  des  mêmes  cantons,  qui  y  avaient  anéanti  l’ar¬ 
mée  de  Charles -le- hardi ,  que  les  troupes  du  ci-devant 
dîrectorat  helvétique,  furent  mises  en  fuite,  le  3.  Oc¬ 
tobre  1802. 

On  trouve  dans  le  joli  lac  de  Mo  rai ,  ot  dans  le* 
grands  canaux  qui  le  bordent,  le  silure,  poisson  qu’on 


LA  SUISSE.  ITINÉRAIRE 


in 


ne  trouve  dans  aucun  autre  lac  de  la  Suisse.  Vis-à-vis 
de  Morat  il  y  a  le  coteau  de  Vully.  Ce  coteau  est  re¬ 
nommé  pour  sa  belle  vue  sur  les  lacs  de  Morat  et  de 
Neufchâiel ,  sur  le  vaste  marais  qui  s’étend  vers  Aar- 
berg,  et  sur  la  chaîne  des  Alpes.  Pendant  que  le  cocher 
fait  rafraîchir  ses  chevaux,  on  a  le  ienis  de  s’y  faire 
mener  sur  le  lac,  d’y  monter,  et  d’en  revenir.  (Elév.  de 
la  ville  de  Morat  au-dessus  de  la  mer,  1344  pl  de  Paris.) 
Auberge  à  Morat  :  à  l’Aigle.  Avenches  est  une  ville  an¬ 
cienne  ,  considérable  sous  les  Romàins.  On  y  trouve 
jes  restes  des  pavés  de  mosaïque,  d’un  amphithéâtre, 
d’un  aqueduc,  et  une  colonne  de  marbre  blanc,  d’envi¬ 
ron  50  pieds  de  hauteur.  Un  vieux  barbier  de  la  ville 
m’a  servi  en  1811  de  Cicerone  assez  instruit:  On  y  trou¬ 
ve  aussi  des  bas  -  reliefs  ,  des  inscriptions  etc.  On  loge 
assez  bien  à  la  maison  de  ville. 

Fribourg.  V.  le  tableau  etc.  De  Fribourg  à 
Genève ,  -par  Payerne  et  Lausanne.  21  h. 

2  journées  et  demie. 

Payerne.  Auberges  :  à  l’ours,  fort  bonne,  et  à  la  mai¬ 
son  de  ville.  Sur  le  pont  de  Payerne  on  remarque  une 
inscription  Romaine.  On  montre  aussi  à  Payerne  la  sel¬ 
le  de  la  reine  Berthe  ;  où  l’on  voit  un  trou,  dans  lequel 
elle  ficha  sa  queuouille,  et  fila  en  se  promenant.  A 
Payerne  on. regagne  la  grande  route  de  Genève.  Moudon 
est  le  Minodunum.  dts  Romains,  comme  l’apprend  une- 
inscription  Romaine-  qu’on  a  fait  enchâsser  sur  la  porte 
de  la  maison  de  ville.  Du  sommet  de  la  montagne, 
que  l’on  commence  à  grimper  en  sortant  de  Moudont  011 
apperçoit  pour  la  première  fois  les  Alpes  de  la  Savoîé* 
et  même  le  Mont-Blanc. 

Lausanne.  V.  le  tableau  des  villes.  Elév.  de  Lau¬ 
sanne  au-dessus  de  la  mer,  1560  p.  de  Pari  ).  L'église  de 
Marges  est  jôliment  située.  A  Rolle  on  peut  se  détour¬ 
ner  pour  voir  Aubonne ,  célèbre  par  ses  belles  vues,  sur¬ 
tout  dans  un  lieu  nommé  le  signai  de  Bougy.  Tavcr- 
nier ,  Duquesne ,  ont  successivement  possédé  cette  ba\  q- 
nie.  <  Coppet,  séjour  et  terre  de  la  célèbre  Me,  de  Staël, 
possède  le  tombeau  de  son  père,  de  Mr,  Necker ,  inhumé 
en  1804.  A  5  ou  600  pas  du  château  est  un  petit  bois, 
clos  de  murs.  Au  milieu  de  cet  espace  est  une  voûte, 
dont  l’intérieur  est  revêtu  de  marbre  noir;  au  milieu 
est  un  grand  bassin  en  pierre,  au  fond  duquel  sont  des 
matelas  remplis  d'herbes  aromatiques.  On  y  avait 
placé  le  cercueiL  de  Madame  Necker ,  cercueil  de 

Îdomb  et  rempli  d’esprit-de-vin.  M.  Necker  seul  y  al- 
ait  tous  les  jours  pleurer  sa  femme  ,  et  c'est  à  scs  cotés 


112 


LA  SUISSE.  ITINÉRAIRE. 


qu’on  vient  de  déposer  son  corps.  Une  largo  pierre  a 
été  placée  sur  le  bassin,  qui  le  couvre  tout  entier;  et  la 
porte  de  la  voûte  à  été  murée.  La  ville  de  Nyon  est 
très  -  ancienne  ;  il  reste  encore  à  cette  ville  quelques 
vestiges  de  son  ancienne  splendeur  sous  les  Romains, 
une  vieille  tour,  quelques  inscriptions,  des  figures  fort 
mutilées  etc.  Près  du  château  il  y  a  une  promenade 
charmante  ;  il  y  a  aussi  une  manufacture  de  belle  porce¬ 
laine  dans  cette  ville.  On  passe  par  Vcrsoix  où  est  la 
douane  Française  ePl’on  voit  à  gauche  Ferney .  On  ar¬ 
rive  à  Genève.  V.  le  tableau  de  cette  ville.  A  Genève  com¬ 
mencera  la  troisième  et  dernière  excursion  dans  les  Al¬ 
pes  que  je  proposerai  aux. voyageurs. 

Chamouny.  Martigni .  S  ion.  Bex .  Vevay. 

(7  â  8  journées.) 

V.  la  déscription  détaillée  de  la  route  de  Çhamouny , 
et  celle  de  Martigni ,  de  Bex. 

De  Martigni  à  Sion ,  le  village  ü'IséraMe ,  suspen¬ 
du  sur  des  rochers,  peut  fixer  les  regards  des  voyageurs 
et  la  curiosité  de  ceux  qui  se  sentent  le  courage  d’y 
monter.  Depuis  les  combats  sanglans ,  dont  le  Valais 
fut  le  théâtre  pendant  la  révolution  ,  le  nombre  de  cré¬ 
tins  et  crétine*  a  beaucoup  diminué.  Sion,  en  Allemand 
Sitten ,  conserve  quelques  inscriptions  Romaines.  Deux 
rochers  portent  trois  châteaux;  le  plus  élevé,  nommée 
Tourbillon,  est  en  ruines,  ou  y  jouit  d’une  vue  superbe. 
La  maison  des  Soeurs  de  la  Retraite  chrétienne,  espèce 
de  Trappistes  femelles,  est  une  autre  curiosité. 

De  Sion  à  Bex  [à  l’hôtel  de  l’Union  ,  excellente  au¬ 
berge]  on  se  rend  en  6  à  7  h.  par  un  chemin  très  •  inté* 
ressant,  nommé  chemin  neuf ,  et  par  le  mont  Anzeindaz. 
L’ignorance  des  beautés  introuvables  ailleurs,  fait,  que 
tel  qui  y  irait,  n  y  va  pas.  Il  faut  faire  cette  excursion, 
la  belle  déscription  à  la  main,  que  M.  Bridel  en  a  pub¬ 
liée  dans  ses  mélanges  helvétiques  des  années  1787»  8&> 
£9,  qo.  Ce  chemin  qui  est  un  chef -  d’oeuvre  dans  son 
gendre,  a  été  tracé  aux  frais  d’un  paysan,  qui  avait  des 
possessions  dans  ces  recoins  perdus.  Il  serpente  le  long 
ne  la  montagne  au  -  dessus  de  la»-  Luserne.  Dans  l’en¬ 
droit  appelé  le  saut  du  chien  ,  au  bord  d’un  mur,  on  dé¬ 
couvre  clans  toute  sa  profondeur  l’abîme,  le  long  duquel 


LA  SUISSE.  IT1HÉRAIRE.  113 

on  s’avance.  Une  cascade  se  précipite  pardessus  le  che¬ 
min,  sans  mouiller  les  passagers.  On  passe  la  Liiserne 
sur  des  ponts  faits  des  claies  légères,  et  même  sur  une 
voûte  de  glace  et  de  neige  perpétuelle.  Avant  d’arriver 
aux  chalets  du  mont  Cheville ,  on  entre,  dit  M.  Bridely 
comme  dans  les  atteliers  d’un  génie  déstructeur.  Pen¬ 
dant  plus  d'uue  lieue  vous  marchez  au  sein  des  débris 
les  plus  impôsans.  Ce  ne  sont  pas  les  ruines  d’une  for¬ 
teresse.  ni  même  celles  d’une  puissante  cité  ...  ce 
sont  les  ruines  de  deux  montagnes,  les  diablerets ,  qui 
se  sont  éboûlés  en  1714  et  1749.  Il  est  impossible  de  dé_ 
crire  la  variété  de  grouppes,  de  sites,  d’accidens,  qu’of¬ 
fre  à  chaque  pas  le  sentier  sinueux ,  qui  se  promène 
entre  les  diverses  parties  du  squelette  d’une  Alpe  dans 
son  sépulcre.  Le  plus  jeune  des  lacs  de  la  Suisse,  puis¬ 
qu’il  date  de  1749,  le  lac  de  la  Derborentze,  se  présente 
au  milieu  de  ces  débris ,  et  la  Luserne  s’y  précipite^ 
avec  bruit’,  par  une  dernière  cascade.  Chaque  année 
à  la  michantein ,  c’est  à- dire  le  premier  ou  le  second 
dimanche  d’Août,  une  foule  de  jeunes  gens  des  deux 
sexes  ses  rassemblent  sur  l’ Anzeindaz  ;  c’est  un  jour  de 
plaisir  et  d’allégresse. 

Après  avoir  visité  à  Bex  et  près  de  Bex  les  ruines 
majestueuses  de  son  vieux  château,  le  lac  singulier  du 
Luissel ,  les  collections  de  M.  Schleic'icr ,  les  salines  de 
Bévieux ,  le  confluent  romantique  du  Rhône,  et  de 
VAvençon,  le  pont  de  S.  Maurice ,  n  heripitage .  1» 
Pisse- Vf. !$/»;:  ;  Y-  description  uë  la  revie  sur  le  Grand 
Bernard  au  Guide  des  Voyageurs  en  Italie  ,  et  le 
voyage  à  Chamouny)  après  avoir  fait  une  petite  course 
d’un  jobr,  tant  pour  l’aller  que  pour  le  retour,  par 
Grion  sur  la  montagne  de  Tavéian .7  ?•.  où  se  trouve 
tout  un  village  de  châlets ,  course  féconde  en  ,sîtes  pit¬ 
toresques  ,  en  aspects  frappans  et  agréables  ....  on  ira 
à  Vevay ,  en  passant  par  Chillon  et  Clarens ,  immorta¬ 
lisés  par  la  nouvelle  Héloïse.  Pisse-  Vache  est  une  belle 
chûte  d  eau  dans  le  bas-Valais.  Le  rocher  qui  la  verse, 
est  fendu  perpendiculairement  depuis  son  sommet,  et 
les  deux  côtés  de  cette  ouverture  sont  revêtus  d’arbris*- 
seaux:  c’est  du  milieu  de  cette  touffe  de  feuillage,  que 
le  torrent,  roulant  une  masse  d’eau  considérable,  se 
précipite  perpendiculairement  dans  la  vallée  avec  une 
impétuosité  effrayante.  Sa  chûte  perpendiculaire  n’a 
pas  moins  de  90  à  100  pieds.  Le  fracas  de  ces  eaux  peut 


U4  LA  SUISSE.  ITINÉRAIRE. 

être  comparé  à  celui  du  tonnerre,  elle  ventqu’elle  engen¬ 
dre,  est  d’une  grandeviolence ,  la  vapeur  aqueuse  s’élance 
jusqu’à  3  ou  400  pas  de  la  plaine,  et  forme  plusieurs  ruis¬ 
seaux  par  sa  condensation.  Vevay ,  (V.  Lausanne .)  Je 
conseille  aux  voyageurs  de  prendre  k  Vevay  un  bâteau 
pour  se  transporter  sur  le  lac  k  Genève.  A  présent  on 
peut  aussi  retourner  per  la  Savoie,  en  suivant  la  nou¬ 
velle  route  de  poste  du  Simplon,  qui  cotoie  les  rives 
du  lac. 

Noms  des  relais  :  On  pourrait  abréger  le  chemin,  en 
traversant  le  lac  en  bâteau,  de  Vevay  à  Evian.  Mais  si 
l’on  veut  faire  la  route  par  terre,  on  ira  de  Vevay  a 
St.  Maurice ,  où  l’on  prend  la  poste  pour  Viormaz ,  de 
Viormaz  à  St.  Gingoulph,  2  postes;  Evian,  2V2  P-  Tho- 
non,  1I/2  P-  Dovaine,  2  p.  Genève,  2V2  P-  Les  maîtres  de 
poste  se  firent  payer  en  1811.  presque  partout  1/4  de 
poste  en  sus  de  la  taxe. 

Yverdun ,  iï/2  journée. 

On  reprend  sa  voiture  k  Genève,  et  l’on  se  rend  à 
Yverdun  (bonne  auberge  à  la  maison  de  ville)  par  Orbe9 
pour  voir  la  belle  vallée  du  lac  de  Jour,  et  celle  de 
Romain  métier,  très  intéressante  pour  tous  les  amateurs 
de  vues  pittoresques.  Les  entonnoirs,  le  moulin  de  Bon* 
; port ,  la  glacière  naturelle ,  la  vue  de  la  dent  de  Vau- 
lion-  oui  est  moins  élevée,  et  d’un  accès  plus  facile, 
que  le  Montendrè ,  où  ia  est  ïiifiriisent  pin;  éten¬ 
due ,  la  source  de  l'Orbe,  et  la  mine  de  pétrole,  sont 
les  principales  curiosités  à  remarquer.  Deux  routes  con¬ 
duisent  d’ Yverdun  dans  la  vallée  du  lac  de  Jouxi  la 
plus  courte  vous  y  mène  par  Orbe ,  la  plus  longue  par 
les  villages  de  Lignerolles ,  B alalgucs ,  Valaires ,  h  Va- 
lorbe.  Cette  dernière  route  vous  procure  plusieurs  su¬ 
perbes  points  de  vue.  Y.  Sur  Valaires  et  sur  sa  belle 
situation,  et  la  douceur  de  son  climât,  la  belle  lettre 
de  Mad.  le  Brun ,  page  145  du  premier  volume  de  ses  Epi¬ 
sodes.  Yverdun  est  une  ville  bien  bâtie;  il  y  a  des  fa¬ 
briques  de  mousselines  et  de  toiles,  et  des  bains  d’eaux 
sulphureuses.  ün  peut  voir  à  la  bibliothèque  les  anti¬ 
quités  qui  ont  été  découvertes  dans  les  environs  de  la 
ville.  M.  Pestalozzi  vient  de  transplanter  k  Yverdun* 
son  institut  d’éducation.  (Elév.  de  la  ville  au-dessus  de 
ia  mer,  1278  p.  de  Paris).  De  la  promenade  qui  est  k 


TA  SUISSE.  ITINÉRAIRE. 


115 


l'extrémité  du  lac  de  N eufçhâtel ,  (Elév.  du  lac  au-des^ 
jus  de  la  mer,  1314  p.  de  P.)  on  jouit  d’une  perspective, 
semblable  à  une  vue  marine.  Il  y  a  un  chemin  qui  con¬ 
duit  en  4  heures  à  Métiers  dans  le  Val  -  travers ,  et 
qu’on  peut  faire  en  char- à  -  banc. 

N  eufçhâtel.  63/g  h. 

D'Yverdun  à  Neufchâtel  on  côtoie  le  lac;  la  petite 
ville  de  Granson  est  connue  par  la  bataille,  que  Char¬ 
les  -  le  -  Hardi  y  perdit  le  3  Mars  1475.  On  voit  dans 
l’église  des  statues  antiques  et  quelques  divinités  égyp¬ 
tiennes.  Il  faut  aller  dans  le  Val-travers.  Le  village  de 
Métiers  -  Vraver  s  est  célèbre  pour  avoir  servi  de  retraite 
à,  J.  J.  Rousseau.  On  va  voir  la  maison  et  l'apparte¬ 
ment  4u’iï  occupait,  qui  existe  encore  absolument  tel 
qu’il  l’a  laissé.  Le  temple  des  Fées,  grotte  de  stalactites, 
Vabyme  de'  la  Reuss,  près  du  village  de  Brot  ?  le  Creux 
du  vent ,  fixent  l’attention  des  voyageurs.  La  femme  de 
l’aubergiste  de  Brot ,  encore  vivante  en  1812»  était  la 
bonne  amie  de  Rousseau.  C’est  à  Métiers  et  dans  le  re¬ 
ste  du  Val-travers ,  que  réside  la  majeure  partie  des  ou¬ 
vrières  en  dentelles  des  vallées.  On  trouve  des  maisons 
qui  feraient  honneur  aux  grandes  villes.  On  y  fabrique 
aussi  des  montres,  des  horloges  etc.  On  peut  aller  en 
droiture  de  Môtiers  à  F! eufçhâtel. 

Neufchâtel ,  (Auberge:  au  Sauvage)  est  très-agréable¬ 
ment  situé;  ses  maisons  peintes,  et  ses  tourelles  garnies 
de  fer- blanc ,  font  de  loin  un  joli  effet.  Les  environs 
sont  couverts  de  vignes,  qui  produisent  un  bon  vin 
rouge.  L’hôtel  de  ville  est  un  beau  monument  de  la  re- 
connaisance  de  M.  Purry.  L’hôpital  et  le  château  avec 
l’église  ,  voilà  encore  deux  édifices  remarquables.  On  a 
établi  des  fabriqués  et  des  manufactures  de  coton,  de 
toiles  peintes,  de  dentelles  au  fuseau  etc.  Au  bord  du 
lac,  plusieurs  rangs  d  arbres,  forment  une  promenade 
charmante.  Les  poissons  du  lac  sont  les  mêmes  qu’à  Ge¬ 
nève.  On  a  pêché  une  fois  un  salu ,  ou  silure.,  de  cent 
livres.  Le  fauteuil  de  Farel ,  apôtre  zélé  de  Calvin, 
et  qui  fut  enterré  dans  l'église  du  bas,  est  scigneuscmen- 
conservé  a  la  bibliothèque  des  ministres  du  comté.  On 
donne  quelquefois  (Tes  spectacles  de  société,  fort  agré¬ 
ables.  Une  maison  construite  et  acquise  par  plusieurs 
particuliers,  sert  à  la  fois  aux  bais,  aux  spectacles,  et 


n6 


LA  SUISSE.  ITINÉRAIRE. 


h  la  musique.  A  quelquès  cents  pas  de  la  ville,  on  passa 
devant  une  maison  remarquable  par  la  beauté  de  sa  si¬ 
tuation,  par  ses  caves  creusées  dans  le  roc,,  les  plus 
considérables  de  la  Suisse;  et  par  ses  terrasses  qui  des¬ 
cendent  jusqu’au  grand  chemin  le  long  du  lac.  Cette 
maison  a  été  bâtie  par  un  particulier  nommé  Bosset , 
l’ami  de  l’illustre  Maupertuis.  Un  traverse  le  lac  en  2 
heures.  V.  Voyage  dé  Paris  a  Neufchâtel  en  1812,  par 
M.  Depping.  A  Paris  1813.  8-  Autrefois  potir  aller  de 
Neufchâtel  en  Franche  -  Comté ,  il  fallait  faire  un  long 
détour,  aujourd'  hui  on  y  va  par  dessus  un  haut  rocher, 
et  par  un  chemin  en  Zig-Z.ag,  l’uu  des  plus  beaux  ou¬ 
vrages  dans  ce  genre. 

La  Chaux- de -Fond,  et  Locle.  (ij  journée.) 

C’est  de  Neufchâtel  que  l’on  fait  généralement ,  l’ex¬ 
cursion  dans  les  montagnes  de  la  Chaux  -  de  -  Fond  et  de 
Locle.  Je  suis  parti,  en  char- à-banc,  de  Neufchâtel  à 
midi;  j’ai  couché  à  la  Chaux  -  de  -  Fond ,  et  il  ne  m’a 
fallu  qu’une  demi -journée  pour  me  rendre  à  Locle .  (Q. 
Les  vrais  frères  unis.  )  et  de  là  à  Neufchâtel.  Quels 
villages!  la  nature  y  refusant  tout  aux  hommes,  ils  y 
ont  supplée  par  l’industrie.  Les-  dentelles ,  l’orfèvrerie, 
l’horlogerie,  la  joûaillerie,  la  bonneterie  ,  la  coutelle¬ 
rie  ,  les  ouvrages  en  émail,  en  fer,  en  acier,  les  outils 
pour  les  arts,  les  instrument  de  mathématique  et  d’as¬ 
tronomie,  les  ouvrages  de  la  mécanique  la  plus  savante 
et  la  plus  compliquée,  y  ont  répandu  la  richesse.  Ces 
deux  villages  fournissent  annuellement  environ  40,000 
montres  d’or  ou  d’argent,  sans  parler  des  pendules.  En 
allant  de  Locle  au  saut  du  Doubs ,  on  passe,  près  des 
moulins  souterrain* ,  autre  curiosité  ;  le  saut  du  Doubs 
est  à  une  petite  lieue  au  -  dessous  des  Brenets.  C’est  un 
des  spectacles  les  plus  merveilleux. 

Bienne.  Arberg.  Soleure. 

De  Neufchâtel  à  Bienne  (Auberge,  la  couronne)  il 
n’y  a  que  6  heures  de  chemin.  L’église  de  Bienne  est 
assez  belle.  Une  superbe  source  d’une  eau  limpide 
saine  et  intarissable,  qui  remplit  les  tuyaux  de  100 
fontaines  publiques  et  fait  aller  plusieurs  moulins,  mé¬ 
rite  la  visite.des  curieux.  Cette  source  était  trouble  à 


LA  SUISSE.  ITItëËïtÀIRE.  H? 

l’époque  du  tremblement  de  ter’rè  de  Lisbonne.  L’on 
prépare  dans  les  tanneries  des  cuirs  fort  recherchés  dans 
l’étranger.  II  s’y  est  établi  une  manufacture  de  toile* 
peintes.  Il  -  né  faut- point  quitter  Sienne  éans  acheter 
les-  paysagei  Suisses  et  lds  chatniantes  vües  du  lâfc-dè- 
Sienne,  que  l'on  doit  aux  taléns  (ïe<M.  Ràrlman.  'lEUe 
faut  pas  'iioti  plus  Oublier  d’aller  admirer  sur  les  cimes  du 
Mont  F-ingei  ;  ces  blota  de  granit,  mdnumens  des  révéi> 
lutions  de  notre  globe,  que  les  flots  d’un  déluge,  dans 
des  tems  reculés,  y  ont  dépôsés  et  chariés  depuis  lés 
pics  de  la  Gyjfnsel,  du  Schr.eokhom  etc.  JQ  n’y  a  qu’u¬ 
ne  petite  prdmenade  de  Sienne  au  bord  du  lac,  auquel 
cette  ville  donne  son  nom.  (Elévation  au-dessus  de  la 
mbr  1306  p.  de  P.)  On  y  pêche  des  truites  du  poids  de 
20 -livres,  et  un  poisson  délicat",  appelé  -Heuerling.  Il 
faut  y  visiter  l’île  àe  St.  Pierre ,  VaSyle  de  j.  J.  Rous¬ 
seau.  On  msdntre  aux  curieux  la  chambre  qu’il"  avait 
choisie  sur  toutes  les  autres  de  la  maison,  parcequ’on 
voit'  les  glacier^  des  fenêtres.  Cette  charmante  île  est 
Un  point  de  promenade,  où  les  habitans  des  villes  et 
campagnes  dans  le  voisinage  abondent ,  ainsi  que  les 
étrangers.  Dans  le  tems  des  vendanges,  surtout  les  di¬ 
manches  ,  c’est  un  concours  encore  plus  considérable. 
Sur  les  bords  de  ce  lac,  là  où  trois  arbres  s’élèvent,  ont 
été  déposés,  sans  monument,  les  restes  du  lord  Çamcl- 
fort ,  tué  en  duel  à  Londres  l’an  1804,  et  qui  par  un  co- 
dicile  ,  ordonna  qu’on  l'y.  enterrât.  Le  ■Chasserai  n’esfc 
éloigné  que  de  5  lieues  de  Sienne .  On  peut  aller  à  char- 
k-banc  au  haut  de  son  sommet:  sa  hauteur  au -dessus 
de  la  mer  est  de  4936 V2  pieds. 

Beaucoup  de  voyageurs,  qui  craignent  les  douanes 
Françaises"*,  Jne  vont  pas  a  Bienne ,  et  préfèrent  de  se 
rendre  à  cSàXeure,  par  Artterg :  (à  la  couronne,  bonne 
auberge. V  ; 

Soleure ,  (Auberge  excellente,  la  couronne ,  (possède 
dans  l’églÿse  de  S.  JJrse ,  un  bâtiment  moderne  d  un  bon 
genre,  et  sans  contredit  la  plus  belle  en- Suisse.  La  fa¬ 
çade  de  l’église  des  çi, -  devant  Jésuites,  l’hôteï  de  ville, 
la  monnaie,  la  bibliothèque  publique,  ouverte  deux  fois 
par  semaine;  la  grande  tour  carrée,  ouvrage  des  Ro¬ 
mains  etc.  sont  des  édifices  et  des  curiosités  qui  peuvent 
intéresser  les  voyageurs  à  Soleure.  L’ h  ermitage  est  à 
une  demi -lieue  de  la  ville;  il  faut  s’y  rendre  par  le 


«8  LA  SÜISSE.  ITINÉRAIRE. 

«hemin  de  Breteuil ,  et  revenir  par  l’ancien.  Je  con¬ 
seille  à  tout  voyageur  ,  de  faire  la  course  aux  chalets 
et  à  la  métairie  de  IV eis  sens  te  in  ,  qui  s’élève  en  face 
de  la  ville.  On  peut  commodément  l’effectuer  à  cheval, 
çt  méÿ ne  en  voiture-:. -h-rpied  il  ne  faut  que  deux  à  trois 
heures,  pour  y  arriver.  La  métairie  est  située  sur  la 
cime  du  fVeissenstein  antérieur ,  à  3000  p.  d’élévation 
au-dessus  de  la  mer.  Ceux  qui  veulent  y  passer  la  nuit, 
trouveront  à  se  coucher  dans  le  grenier  à  foin ,  et  s’ils 
ne  veulent  pas  se  contenter  de  pain  ,  de  lait  et  de 
fromage ,  ils  prendront  la  précaution  d’apporter  avec 
eux  des  provisions  de  Soleure.  Près  de  la  métairie,  et  de 
la  fenêtre  d’une  chambre  du  premier  étage,  votre  oeil 
embrasse  toute  l’immense  vallée,  qui  sépare  le  Jura  de 
la  haute  chaîne  des  Alpes,  et  toutes  les  montagnes  de 
neige,  d'une  telle  manière,  que  M.  Kbel  doute,  qu’il  y 
ait  aucun  autre  point  de  la  Suisse  aussi  favorablement 
placé.  Ce  spectacle  ,  lorsqu’on  en  jouit  au  lever,  mais 
mieux  encore  au  coucher  d’un  beau  soleil,  est,  on  ne 
peut  pas  plus,  extraordinaire. 

On  peut  se  rendre  d e  Soleure  à  Bâle  en  droiture;  (13 
h.)  mais  si  l’on  veut  finir  par  les  vallées  du  Jura, il  faut 
retourner  a  Bienne. 

Bâle.  18  h. 

Le  plus  imposant  spectacle  àttend  le  voyageur  à  une 
petite  distance  de  Bienne.,  sur  la  crête  du  Jura ,  pourvu 
qu’il  ne  le  connaisse  pa^  déjà  de  la  métairie  du  Weissen- 
stein.  Il  est  frappé  par  l’aspect  d’un  rideau  de  60  lieues 
de  montagnes  qui  touchent  le  ciel  par  leurs  sommets,  et 
resplendissent  au  coeur  de  l'été  par  d’éclat  et  le  reflet 
des  glaces  et  des  neiges!  La  vue  plane  sur  la  Suisse,  la 
Savoie,  l’Allemagne,  et  plonge  sur  plusieurs  lacs  et  sur 
les  villes  qui  les  bordent.  Pour  jouir  encore  mieux  de 
ce  superbe  aspest,  les  voyageurs  doivent  monter  depuis 
Bienne  jusqu’à  une  ferme,  nommée  la  Maison  blanche , 
habitée  par  des  Anabaptistes,  à  une  demi -lieue  au-des¬ 
sus  de  la  ville;  de  -  là,  la  vue  s’étend  plus  à  droite. 

Il  existe  un  charmant  petit  ouvrage,  qui  doit  guide* 
l’étranger  dans  ,ce  voyage  :  c’est  la  course  de  Bâle  h. 
Bienne,  par  les  vallées  du  Jura',  l'auteur  est  M.  Bridcl , 
pasteur  à  Montreux  près  de  Vevay.  J’y  renvoie  mes 


LA  SUISSE.  ITINÉRAIRE.  n9 

lecteurs,  et  à  l’ouvrage  de  plus  fraîche  date,  qu’a  pu» 
blié  M.  Pierre  Birrmann ,  sous  le  titre  de  Voyage  pit¬ 
toresque  de  Bâle  à  Bienne ,  orné  d’une  infinité  de  belle» 
vues  et  gravures  ,  et  dont  le  texte,  a  pareillement  M, 
Bridel  pour  auteur.  Je  ne  fais  q  d'indiquer  Pierre  per - 
tuis ,  ouvrage  des  Romains,  la  source  de  la  Birse,  le 
saut  de  cette  riyière,  et  les  sites  pittoresques  et  roman* 
tiques  dont  ses  vallées  abondent.  Lé  jardin  d’ Arlesheim 
ravagé  par  le  Vandalisme,  a  repris  son  ancienne  splen¬ 
deur  et  a  changé  de  maître.  (V.  le  tablean  de  Bâle.)  On 
couchera  le  premier  jour  à-  Malleruy  ;  (l’auberge  neuve 
est  fort  bonne).  Le  second  jour  à  Bâle,  V.  tableau  etc. 


II.  Plan  d'un  voyage  de  6  à  8  semaines  tel  qu'il 
conviendrait  aux  dames  et  à  la  plupart  des  per¬ 
sonnes  qui  voyagent  en  Suisse. 


Schafthouse. 

Constance. 

St.  Gall. 

Appenzell. 

Gais. 

Winterthur. 

Zurich. 

Excursion  à  l’Albis  et  à 
Zug. 

Excursion  au  Rigi,  et  aux 
ruines  de  Goldau,  pous¬ 
ser  par  Lowertz  à 

Schwitz,  et  revenir  par  le 
lac  de  4  cantons  à 

Lucerne. 

l)e  Schwitz  on  pourrait 
aussi  traverser  le  lac,  jus¬ 
qu’à  Fluelen;  monter  de¬ 
puis  Altorf  sur  le  Got- 
hardj  revenir  à  Altorf,  et 
aller  par  eau  à  Lucerne, 
ce  serait  l’affaire  de  4  k  6 
jours. 

Sursée.  Sempach.  Hindel- 
banck. 


Berne. 

Bienne. 

Jle  St.  Pierre;  retour  à 
Berne. 

Excursion  à  Lauterbrunnen, 
à  Grindelwald  et  Hassli. 

Fribourg. 

Vevay. 

Excursion  à  Bex,  et  aux 
salines  de  Bévieux ,  à  St. 
Maurice  et  k  Pissevache. 

Lausanne. 

Genève. 

Excursion  à  Chamouny. 

Yverdun  par  le  Val  -  Tra¬ 
vers  à 

Neufchatel. 

Excursion  à  la  Chaux  -  de- 
I'ond  à  Locle:  et  au  mer¬ 
veilleux  saut  du  Doubs. 

Soleure. 

A  la  métairie  do  Weissen- 
stein,  pour  y  dire  adieu 
à  la  lisière  des  Alpes. 
Bâle. 


120 


LA  SUISSE.  ITINÉRAIRE 


Je  renvoie  au  plau  Nr.  i  pour  ce  qui  regarde  les  dl: 
Stances  et  les  observations  locale*. 

111,  Plan  d'un  voyage  rapide  de  2  «  3  semaines. 


Bâle. 

Soleure. 

A  la  métairie  de  Weissen- 
stein. 

Ile  St.  Pierre.  Bienne. 
Berne. 

Excursion  à  Eauterbrunnen 
et  à  Grindelwald. 
Hindelbank.  Hofwyl. 
Sursée  et  Sempach. 


Lucerne. 

Sur  le  Pilate. 

Zu  g. 

Au  Rigi. 

Excursion  aux  raines  d< 
Goldau  et  au  lac  de  Lo 
wertz,  revenir  par  Zug. 
Zurich. 

Sur  le  Lagerberg. 

Eglisau. 

Schaühouse. 


LA  SUISSE, 


121 


8- 

Supplément  aux  cartes  itinéraires  et  relations  de 
voyages ,  comprenant  le  ouvrages  principaux 
qui  ont  parû  depuis  i&oo. 

Bemerkungen  auf  einer  Reise  tlurch  Deutschland,  El- 
s^Is  u.  die  Schweiz,  1798  u.  1799,  vora  [aun  verst.]  Legations- 
ratli  v  Eggcrs.  Kopeuhagen,  8.  (L’auteur,  homme  de  lettres 
çélèbre,  faisant  professions  de  l’impartialité  la  plus  ri¬ 
goureuse,  en  a  déjà  publié  plusieurs  volumes;  ce  sont- 
les  3  et  4,  qui  parlent  de  la  Suisse). 

Archiv  kleiner  ,  zerstreuter  Reisebeschreibungen. 
durch  merkwürdige  Gegenden  der  Schweiz.  St.  Galien, 
1802  8- 

Erinnefungen  aus  den  deutschen  Kriegsgegenden  aus 
der  Schweitz  etc.  aufgesammelt  1796,  von  Günther ,  nacli 
desgen  Tod  herausgegeben  vom  Domherm  Meyer.  Ham* 
burg,  igc6.  8  (Tableau  d'une  touche  agréable,  qui  re¬ 
trace  des  souvenirs  et  des  impressions  charmans). 

Mal*  rische  .Reise  durch  einen  Theil  der  Si  hweitz, 
ror  und  nach  der  Révolution.  Jena,  1805.  8-  (Ouvrage 
rédigé  par  l’auteur  du  Guide  des  Voyageurs ,  sur  des  manu¬ 
scrits  originaux,  et  orné  de  plus  de  60  vues  et  estampes). 

J.  A.  H.  Torlitz's  Schweizer  -  Reise  in  Aaret  1805.  Ko- 
penhagen,  1805.  8  traduit  en  allemand. 

Meine  Reise  durch  das  Wallis  und  das  Pays  deVaud, 
jra  Jahre  1803.  Von  dem  Verfasser  der  Reiçe  liber  deit 
Gotthard  nach  den  Borromâischen  Inseln  und  Mayland. 
(Sfttttgard  1803.  2  vol.)  Stuttgard  1805.  8- 

Eriefe  in  das  vâterliche  Haus,  aus  der  Schweiz.  N.  A. 
Stuttgard  1809.  ' 

KefsleVs  Briefe  auf  einer  Reise  durch  Süd  -  Deutsch- 
land,  die  Schweiz  etc.  1808-  Leipzig,  igto.  8  C’est  un  de 
ces  livres  rares,  que  l'on  rélit  avec  intérêt  et  plaisir. 

Briefe  auf  einer  Reise  durch  Deutschland  und  die 
Sçhweiz,  im  Sommer  1808  von  Charlotte  von  AhLefeld, 
geb  von  Sebach .  Altona,  1810.  8*  Lettres  charmantes, 
écrites  avec  verve  et  sentiment 

Heinse  Reise  durch  das  südlîche  Deutschland  und  die 
Schweiz,  1808  et  1809.  avec  fig.  Leipzig,  1810  8. 

Pot-Pourri  von  Reminiscenzen  etc.  über  die  Schweiz, 
von  J.  L.  Appenzeller.  "Winterthur,  1810.  8- 
G.  des  Voy,  T.  II.  L 


4-f 


122 


LA  SUISSE* 


Phantasien,  Reflexionen  auf  einer  Peise  durcît  da9 
sÜdliche  Deutschjand  in  die  Schvveiz,  von  Ludwig.  Leip¬ 
zig  y  i&io-  8-  L’auteur  donne  des  tableaux  vrais  et  char- 
mans.  2  vol.  ont  paru. 

Eugenia'e  Briefe  an  ihre  Mutter  :  vo nHirzel.  Zurich, 
1S11.  Nouvelle  édition  d’un  ouvrage,  justement  et  uni¬ 
versellement  lû  et  relû. 

Bcnzenberg  Briefe,  geschrieben  auf  einer  Reise  darcîz 
die  Schweiz,  1810.  Düsseldorf,  2  vol.  Le  nom  du  célè¬ 
bre  auteur  en  fait  déjà  l’éloge. 

Sketch  of  a  Aescriptiv  e  J ourny  trough  Swîtzerland  : 
[Cet  ouvrage  qui  a.  paru  à  Condres  en  1796  vient  d’êtra 
traduit  et  augmenté  par  M.  le  professeur  iVyJs  U  Berne, 
sous  le  titre:  Skizre  einer  malerisclièr.  Rèise  âurch  die  • 
Schweiz  :  aus  detn  Engl.  Bern,  1816.  8  ] 

Le  Voyageur  en  Suisse,  ou  Manuel  instructif  etc.  Ge¬ 
nève,  1816.  8  [Ce  n’est  proprement  qu’un  abrégé  de  Tout* 
vrage  d’ libel.  Ce  Mr.  Ebel  vient  de  réclamer  ses  droits 
contre  un  autre  Abrégé  de  son  excellent  ouvrage  fait  et 
imprimé  à  son  insçu  ,  à  Paris  i8i6]< 

Kieseivetter  Reise  etc.  in  den  Jahren  1813,  14  u.  15.  Ber¬ 
lin,  1816.  2  vol.  8-  On  y  trouve  des  détails  curieux  sur  la 
ânisse. 

(Je  passe  sous  silence  les  nombreux  voyages  en  Suisse 
d’ancienne  date,  mais  dont  le  voyagepr  aimera  à  voir  ra¬ 
fraîchir  le  souvenir:  ceux  de  Montagne ,  Addisson ,  Bar - 
net,  Scheuchzer ,  Gruncr ,  Andréas ,  Hirschfeld ,  Aüttner, 
(très  -  détaillé  et  très  -  instructif).  Mad.  la  Roche ,  (deux 
fois;  d oLuc,  Bernoulli ,  Moore ,  Bjoernstahl ,  Sinner ,  Mayer , 
Lxngle,  Robert ,  Meister,  Ajfsprung ,  à torr,  Grosse  çtç. 


Table  alphab  è  ti  que 
du  Guide  des  Voyageurs  en  Suisse . 


JKbr 

Aarmuhl.  59. 

Airolo.  54.  109» 

AHorf.  94. 

Alpnach.  27. 

Alt-Els.  iofo 
Anzeindoz  ,  mont.  lis?» 
Arberg,  117. 

Arbourg.  41. 

Arlesheim.  18.  119, 

Art.  27.  103. 

Arveiron.  79. 

Aubonne.  m; 

Aufnau.  30. 

Augst.'  18. 

Avenches.  nr. 

Azaska ,  val.  109. 

B, 

Bade.  30. 

Basle,  tableau.  16.  119. 
Bex.  84.  112. 

Berne,  tableau,  ig*  105. 
Bernine,  giacier.  97. 
Bienne.  21.  116.  fig, 
Bonneville.  7e. 


Bossons-,  glacier, 

Bougj  ♦  33. 

Bregence.  4ü 
Bréven  ,  mon  »  8î« 

Brientz  ,  Lac.  68» 

Brigue.  107. 

Brugg.  41, 

Brunnen.  104» 

Buet,  mont.  8l* 

Bulle.  23. 

C. 

C appel'.  89. 

Chamouny.  55,  — •  voyage 
69.  svs,  —  Prieuré  72.  74. 
112. 

Chasserai,  mont.  117* 
Chaux  de  Fond»  jiô. 

Chède  72, 

Glarens.  113? 

Cluse.  70. 

Coire.  97. 

Col  de  Balme.  g?, 

D. 

Dauben-See.  106, 

Disent^,  95* 

L  3 


124  TABLE  ALPHABETIQUE. 


Domo  d’Ossola.  109. 
Dorneok.  i8« 

Doubs,  saut  du,  116 ♦ 

Dru,  aiguille.  78. 

E. 

Eglisau»  88* 

Eigèr ,  mont,  61» 
Einsiedeln»  I02* 

Elm.  ioo, 

Engelberg.  92. 

Entiibuch.  28 ♦  104» 

Evian,  84..  114* 

F* 

Ferney.  ïifc. 

Fideris,  9, 

Finio.  82. 

Flechière,  80/ 

Fleins.  97, 

Fouché,  mont.  67.  109. 
Frauenbrunnen.  105, 
Frauenfeld.  89. 

Fribourg,  tableau»  23-  III» 
Frua.  67. 

Frutigen,  105* 

G. 

Gais.  99. 

Gemnii,  mont,  106- 
Ger.ève.  112.114. 128*  tableau, 
135. 

Gersau.  93. 

Glaris.  ior, 

Gliss.  107. 

Granson.  115* 

Griesberg,  67, 


Grimseï.*  66.  ic8.  HO. 
Grindelwald,  55,  voyage  57. 

svs.  110. 

Grion.  113. 

Gruyères.  23. 

Gurnigel.  9. 

Gutaune.  66. 

H. 

Hassli,  vallée,  65.  93. 
Hindelbanck".  '104. 

Hofwyl.  21,  iofi. 

Hube.  41. 

Huningue.,  *8* 

I. 

Ibach.  103, 

Ilanz.  97. 

Interlachen.  69. 

Jouk,  lac  et  vallée.  114, 
Jungfrau,  mont.  60. 

K. 

Kandelsteg,  105. 
Koenigsfelden.  30* 
Ku.ssnacht.  26.  29.  91. 
Kloenthal.  101. 

E. 

Lac.  108- 
Lagerberg.  30. 

Lausanne ,  tableau.  23.  IH. 
Lauterbrunnen»  59. 

Lavauy.  9,  24, 

Leuk.  108. 

Locle.  u6* 


table  ALPHABETIQUE.  125 

ILoëclie  ,  bains»  9.  Ip5. 

Orbe.  H4*- 


Lowertz*  27*  103-, 

Lucerne,  tableau.  89- 

91.  104. 
lugano.  54* 

M. 

Margozzo.  109» 

Marti  gni.  33* 

Matt.  100. 

Mayenwarcl.  68*  no* 
Meerlingen.  58» 
Meyringen.  64. 

Misocco.  .97» 

Mônch,  mont.  60. 

Mole.  70: 

Montanvert.  77* 
Mont-blanc.  74»  76*  ...  N 
Mont-  Ro sa.  109.  ltsVT 
Morat.  110. 

Morgarten.  90. 
Morgenthal.  104* 

Morges.  in. 

Motiers,  Travers.  115. 
Moudon,  ni. 

N.' 

Nafels^.  102. 

Neufchatel.  115* 
Neuhaus.  69. 

Nidelblad.  31. 

Niesen.  57. 

Notre-Dame 

102. 

Nyon.  112. 


P* 

Panix.  100. 

Payerne.  ni. 

Pfeffers.  9.  99. 

Pierre  Pertuis.  II9* 
Pilato,  mont.  27* 
Pissevache.  84*  11 3* 

Q* 

Quatre  -  cantons,  lac.  104» 

R. 

Rapperschwyl.  30. 

Réalp.  1C9. 

Regensberg.  30. 
Reich,enau.  97. 
Reichenbach.  64. 
Rheinfelden.  41* 
Rheinheim.  ebd. 

Rhin,  cataracte.  87* 
Richterswyl.  30. 

Rigi,  mont.  27*  10.3* 
Ripaille.  34.  ’ 

Rolle.  ni. 

Roschach.  41. 

Rotzloch.  92. 

Rutli.  94. 


S 

Salenche.  71. 
des  Hermites  Salere.  70. 

Schaffhouse.  36  • 
Scheideck.  63.  no. 


126  table  alphabétique. 


Schindelfeggi.  6. 

Schinznach.  g.  3r» 
Srhreckhorn,  mont  62. 
Scliwanau.  103» 

Schwitz.  ic?» 

Sempach.  2 f*  IÛ4* 
Sennwald.  ç8. 

Servoz.  12.  85* 

Simplon.  108* 

Sion.  H2. 

Sixte.  35. 

S  oie  are.  117» 

Stanz.  92. 

Stapzstadt.  gt. 

Stockhorn.  57. 

St.  Gothard,  passage*  94.  109. 
St.  Maurice.  9. 

St.  Pierre  ,  isle.  117. 

St.  Saphorin.  24» 

Surenen ,  93. 

T. 

Talifre.  8i* 

Tavetseh.  95. 

Tête -noire.  82* 

Thonon.  114. 

Thuu.  57.  105.  110. 


Tittlîsi  ihont;  93» 

Tosa,  cataracte.  67. 
-.Ti-san.  82. 

Trons.  96. 

IV 

Ugogna.  109'. 

Untersee.  58.  59. 

Ursern.  95. 

V. 

Valaires.  114.. 

T al-  saint.  23* 

Vevay.  21.  113. 

Via  mala.  97. 

W. 

Weissen9téin ,  mont,  iig* 
Wergé'berg,  6i. 
■Wetterhôjrn ,  mont.  ebcU 
Wettingen.  31. 
Winterthour.  88* 

Y. r 

Yverdun-  114. 

Z. 

z u g.  39.  go.-  ' 

Zurich,  tableau»  28»  $9 * 


Supplément. 


I.  Tournée  intéressante  de  5  à  6  semaines ,  qui  rêu * 
nit  les  principales  Curiosités  de  ta  Suisse ,  tant 
d'ancienne  que  de  fraîche  date. 


Nota,  Les  noms  des  endroits  désignent  en  même  tems 
les  couchées.  On  doit  consulter  à  l’aide  de  la  table 
alphabétique  ,  ce  que  nous  avons  dit  précédemment, 
sur  les  curiosités  de  chaque  lieu  et  contrée. 
Schaffhouie. 

Zurich.  Séjour  d’un  jour  et  demi. 

Zug.  Demi- journée.  On  passe  VAlbis. 

Mont  -  Rigi.  Par  eau  à  Art-,  on  gravit  à  pied  le 
Rigi  ;  On  y  couche,  après  avoir  monté  au  Culm ,  et 
avoir  vu,  en  passant,  le  monument  Ernestin ,  et  les 
chalets..  On  descend  ,  dans  la  matinée  à 

Art ,  mais  par  Loweriz ,  en  traversant  le  théâtre  des 
dévastations  de  la  chûte  d’une  partie  du  Mont  -  Ruffi-, 
c’est  l’une  des  choses  les  plus  remarquables  à  voir-  Si 
l’on  retourne  à  tems,  on  peut  encore  pousser  par  Kufs- 
nacht-k  Lucerne ,  partie  par  eau,  partie  a  pied.  Chemin 
faisant,  on  voit  la  chapelle  et  l’arbre  de  Tell. 

Lueerne.  Ou  y  retrouve  sa  voiture,  et  ses  bagages, 
qui  ont  pris  le  devant  à  Zug  ,  et  Ont  été  dépôsé  à  l’au 
berge  de  l’aigle  d’or.  Séjour  d’un  jour  à  Lucerne ,  puisa 
Berne.  Deux  journées.  Mais  il  faut  y  cooasacrc-r,  2V2- 
Car  à  la  première,  en  dinant  à  Sursèe ,  on  se  rend  à  la 
chapelle  et  au  champ  de  Sempach-,  et  à  la  seconde  jour¬ 
née,  en  dînant  à  la  bonne  auberge  de  Rohdich  et  en 
couchant  à  Buchsée ,  on  s'occupe  de  l’Institut  agricole 
de  Mr.  Fellenberg ,  à  Hofwyl.  Séjour  à  la  belle  ville 
de  Berne,  2  jours.  De  là,  à 

Genève,  deux  journées  et  demie.  Poussant  la  pre¬ 
mière  demi- journée  jusques  à  Av enchc s  ,  puis  à  Lau¬ 
sanne,  puis  à  Genève.  On  y  séjoufne  I  ou  2  jours, 
àprès  on  se  rend  à  la 
Guide  des  Voy.  X.  IL  I 

m 


128- 


LA  SULSSE. 


Vallée  de  Chamouny.  Quiconque  a  vu  Chamouny, 
marner  de  glace,  ses  grottes,  ses  aiguilles,  le  Mont- 
Blanc,  le  plus  élévé  de  rancien  continent,  a  vu  tout  ce 
qu’il  y  a  du  plus  beau  et  du  plus  sublime  à  voir  dans  ce 
genre ,  et  peut  se  faire  une  idée  dé  ces  merveilles  des 
autres  Alpes  et  montagqes.  On  épargnerait  bien  du 
tems  et  du  chemin  ,  si  l'on  continuait  sa  ceurse,  k  pied 
ou  à  mulet  ,  de  Chamouny  ,  par  le  col  de  Balme  ,  p. 
Martigny ,  pour  prendre  de  ce  relais,  la  route  de  poste 
du  Simplon ou  celle  du  Grand  -  Bernard.  Dans  ce  cas  il 
faudrait  envoyer  son  gros  bagage  et  sa  voiture  &  Lausan¬ 
ne,  vous  y  attendre  au  Faucon.  Si  non,  on  retourne  par 
le  même  chemin  à 

Genève.  Dans  le  voisinage  de  l’une  des  merveille» 
de  nos  jours,  de  la  Route  nouvelle  du  Simplon ,  il  se¬ 
rait'  impardonnable ,  si  l’on  ne  voulait  pas  franchir  la 
distance  de  34  postes,  ou  autant  des  milles  allemands, 
qui  séparent  Génève  de  Domo  d' üssola ,  pourvoir  en 
détail  l’une  des  entreprises  les  plus  hardies  de  l’esprit 
humain,  qui  égaie  les  ouvrages  des  anciens  Romains, 
et  qui  enorgueillit  et  immortalise  le  siècle  contemporain 
de  ces  merveilles.  On  parcourt  cette  distance  avec  la 
rapidité  de  la  poste;  mais  il  faut  s’attendre  à  la  malpro¬ 
preté  Valaisanne  et  Italienne. 

Route  du  impion  -Jusqu' h  Domo  d'Ossola.  Trois 
journées.  Le  beau  chemin  cotoye  les  rives  du  lac  Lé¬ 
man,  on  a  en  vue  le  riant  Pays  de  Vaud-,  on  passe  par 
Lvian renommé  par  se9  eaux  minérales,  près  de  la 
ci  -  devant  Chartreuse  de  Ripaille,  si  célèbre  dans  les 
fastes  du  Pape  Félix,  et  sous  les  rochers  non  moins 
célèbres  de  Meillerie.  Entrant  alors  dans  le  Valais , 
et  longeant  le  Rhône ,  on  arrive  à  St.  Maurice , 
à  Martigny  [où  l’on  peut  s’arranger  avec  l’auber¬ 
giste  sur  le  passage,  et  laisser  son  gros  bagage] 
à  Sion  et  au  pied  du  Simplon.  C’est  la  nature  tour  a. 
tour  majestueuse,  imposante,  sauvage,  et  infiniment 
pittoresque.  On  admire  des  opv  âges  étonnans;  des  ga¬ 
leries  percées  de  i,too  pieds  de  longueur;  des  ponts  har¬ 
dis  sur  des  torrens  ou  abîmes,  de  83  pieds  d’ouverture 
et  de  ieo  pieds  de  hauteur,  Le  pont  de  Crevola ,  répose 
sur  un  pilier  énorme,  haut  de  100  pieds. 

A  Domo  d'Ossola  le  souvenir  du  voisinage  des  lies 
Borromées ,  et  du  Lac  majeur,  par  Lfgogna  et  Mar - 
gozzo ,  y  attirera  nombre  de  personnes.  Un  retourne- 
par  le  même  chemin. 


LA  SUISSE. 


129 


à  Martigny ,  Deux  journées, 

Si  vous  êtes  pressé,  et  si  la  route  du  Simplon ,  vous 
prend  trop  de  teins,  consacrés  au -moins  deux  journées, ^ 
au  Grand-Bernard.  Vous  pouvez  y  aller  de  Martigny  à 
char  de  banc,  et  puis  à  dos  de  mulet,  dans  une  jour¬ 
née,  y  coucher,  chez  les  bons  eeciésia^tiques ,  saluer  les 
frontières  de  l’Italie,  et  revenir  dans  la  journée  suivante. 
Vous  aurez  fait  une  course,  infiniment  intéressante,  et 
dont  le  souvenir  m’est  si  cher,  que  si  jamais  je  retourne 
en  Suisse,  je  ne  manquerai  certainement  pas,  de  la  re¬ 
prendre.  [V.  pour  les  détails,  à  1  Itinéraire  d'Italie,  la 
route  du  Grand  -  Bernard.] 

Bex.  Une  journée  et  demie  [à  l’hôtel  de  l’Union, 
très  bonne  auberge]  M.  Schleicher ;  la  visite  des  salines, 
des  souterrains ,  et  des  réservoirs  de  Bévjeux.  Puis  à 

Vevay.  Chemin  faisant,  on  visite  les  carrières  et 
moulins  à-  marbre  d’ Aigle',  Montreux ,  la  demeure  de 
l’intéressant  auteur  des  Etrennes  helv  etienne  s  ;  le  ch⬠
teau  de  Chillon  ;  les  bosquets  de  Çlarensf  si  célèbre 
par  Jean  Jacques.  De  Vevay  a 

Lausanne.  D'ici  on  se  rend  à 

Yverdun.  Deux  journées,  l’une  pour  le  voyage, 
l'autre  pour  voir  l’institut  de  Pest  »ozzi.  Parle  Val  - 
Travers  à 

Neufchâtel.  Deux  journées  et  demie,  pour  se  rendre 
dans  les  vallées  de  l’industrie  ,  de  Ltcle,  de  Chaux  -  de  - 
Fonds,  à  la  merveille^du  saut  du  D  *ubs  etc.  On  se  di¬ 
rige  sur 

Soleure .  On  peut  passer,  en  chemin,  à  1  ' Ile  de 
St.  Pierre.  Deux  journées,  l’une  pourle  voyage,  l’autre 
pour  coucher  au  châlet  de  IVeissensteiu ,  et  y  dire  avec 
bien  des  regrêts  ,  ses  adieux  à  la  belle  lisière  des  gran¬ 
des  Alpes;  spectacle  unique  à  un  beau  lever  ou  cou¬ 
cher  du  soleil.  De  Soleure ,  on  quitte  la  Suisse ,  par 

Bâle. 


Tout  cela  peut  s’exécuter  commodément  en  32  jour¬ 
nées.  Restent  encore  quelques  jours  pou  ies  retards  et 
cas  imprévus.  La  meilleure  saison  est  celle  du  mi-Juil- 
let  et  du  mois  d’Août;  ou  du  mois  d’Août  et  du  mi- 
Septevnbre.  Nous  donnerons  PAperçu  de  la  série  des 
curiosités  principales  qui  se  pressent  sur  cette  Route. 
Chùte  du  Rhin  :  la  ville  de  Zurich  et  ses  curiosités  :  vue 
du  haut  du  signal  de  l’Aibis  ;  traversée  du  beau  lac  de 


130 


LA  SUISSE. 


Zag  :  le  Mont-Rigi,  ses  curiosités  ét  châlets  :  les  dé¬ 
vastations  de  l'écroulement  dû  Kuffi;  l’île  de  Schwanau 
et  le  lac  de  Lowertz  :  la  chapelle  et  l'arbre  de  Tell:  Lu¬ 
cerne  et  ses  curiosités:  la  chapelle  et  le  champ  de  Sem- 
pach  :  Hofwyl  et  son  établissement  renommé  :  la  belle 
ville  de  Berné  et  ses  curiosités:  Morat  :  Avenches  et  ses 
restes  d’antiquités  :  Lausanne:  Genève,  et  ses  curiosi¬ 
tés:  Chamouny,  ses  mers  de  glace ,  ses  glaciers,  ses  ai¬ 
guilles  ,  le  Mont-Blanc:  la  nouvelle  route  du  Simplon, 
détaillée  plüs  haut:  la  route  intéressante  et  le  séjour  ho¬ 
spitalier  au  Grand  -  Bernard  ;  Pissevache  et  le  port  do 
St.  Maurice:  les  souterrains  et  les  réservoirs  deBévitux: 
Aigle:  Chillon  i  le  théâtre  des  scènes  de  la  nouvelle  Hé- 
loise  :  Vevay:  Yverdun:  l'institut  de  Pestalozzi:  Neuf- 
cliùtel  ;  l’orfèvrerie,  l’horlogerie  etc.  des  vallées  de  Locle 
et  dè  Chaux  de  Fond:  le  saut  du  Doubs:  l’île  de  St.  Pi¬ 
erre:  Soleure:  l’église  de  St.  Urse:  le  châlet  deWeissen- 
stein  et  la  vue  de  la  lisière  des  Alpes:  Bâle.  On  parcourt 
les  plus  beaux  paysages  de  la  Suisse, 


2.  Flore  de  Chamouny 7 

par  Mr.  Leschsvxk. 


Sur  la  Route  de  la  Bonneville  et  Cluse  à  Salenche. 

Ajuga  Genevensis. 

Epilobiutn  Dodonaei,  Ail. 

Fuphor^ia  faicata,  dans  les  champs. 

Geum  rivale. 

Hippophae  rhamnoïdes. 

Plantago  media  spicis  ramosis. 

Tatnarix  Germanica.. 

Tozzia  Alpina,  le  Brezon  et  Saxonnet* 

X)e  Salenche  à  Chamouny « 

Alchemilla  Alpina,  Servoz. 

Astrantia  Alpina,  aux  Montées. 

Circaea  Alpina,  aux  Montées. 

Epilobium  Alpinum ,  idem. 


LA  SUISSE. 


13' 


Tetragonum  ,  Servez. 

Primula  farinosa ,  idem. 

Rhododendron  f  errugineum ,  après  le  p^nt  Pélissjer. 
Salvia  glutinosa,  par  Je  Foully.  (2) 

-Saxifraga  cotylédon,  aux  Montées. 

Silene  rupestris  ,  Servoz. 

Spiraea  aruncus.  - 

Trollius  Europaeus.  t 

Verouica  latifolia ,  par  le  Foully  .  js.  . 


Dans  la  Vallée. 


Antirrhinum  Alpinum ,  aux  bords  de  l’Arve» 
F apaver  Alpinum':  >  ' 

Pyrola  rainor,  les  bois. 

—  —  rotundifolia ,  idem. 


—  —  secundo  ,  idem.  ' 

—  —  uniflorâ,  idem. 

Tussilàgo  Alpina. 

Vaccinium  myrtillus  ,  les  bois. 

—  —  oxicoccos,  idejn.  i 

—  —  uliginosum,  idem. 

Vitis  idaea  ,  idem. 


A  la  Source  de  VArveiron. 

Circaea  Alpina  *  les  bois,  le  long  de  l’Arvê" 
Epilobium  Dodonaei. 

Saxifraga  aspera. 

—  —  autumnalis. 

—  —  brïoydes. 

—  —  stelîaris. 

Sempervivum  arachnoïdeum. 

•  i qïA  '  a:  r 

Au  Montanvert  et  sur  les  bords  de  la  filer  de.  Glace. 
Achillea  moschata  ,  Montanver{tf  a 

—  —  macrophylla,  dans  la  foret  de  sapins,  en 

montant. 

—  —  Genipi ,  Montant ert. 

Arenaria  grandifiora ,  ideni.  , 

Arnica  montana,  sur  toute, la  partie,  du  Montapivert. 
Les  Chamounyards  s’en  servent  en  guise  4e  tafc^c  à 
fumer.  ' 

Astrantia  Alpina,  dans  la  forêt. 

Azalea  procumbens  ,  Mer  de  glace. 


Bupleurum  stellatum ,  Montanvert. 

Bartsia  Alpina ,  idem. 

Campanula  barbata ,  idem. 

Cardamine  bellidifolia ,  idem. 

Chrysanthemum  Alpinum  ,  idem. 

Cnicus  spinosissimus ,  idem. 

Chrysosplenium  alternifolium  ,  dans  la  forêt  en 
montant. 

Empetrum  nigrum  ,  au  bord  de  la  Mer  de  glace. 
Erinus  Alpinus ,  Montanvert. 

Euphrasia  officinalis ,  varietas  minima  flore  luteo, 
dans  la  forêt. 

Geum  montanum  ,  au  bord  de  la  Mer  de' glace.  ; 
Imperatoria  ostruthium,  Montanvert. 

.Juncus  trifïdus  j  idem. 

-  Pedicularis  rostrata,  idem. 

Phleum  Alpinum  ,  idem. 

I^inus  cembra,  idem.  Sur  les  pentes  en  descendant 
au  glacier.  ■  . 

Phyteuma  hemisphaerica,  idem. 

Potentilla  aurea ,  idem. 

Rumex  digynus,  idem. 

Saxifraga  bryoïdes,  idem. 

—  —  cuneïfoüa ,  ' idem. 

—  —  multiflor,a,  idem.  .  ... 

—  —  rotundifolia ,  dans  la  forêt. 

Soldanella  Alpina  ,  Montanvert . 

Trifolium  Alpinum ,  idem. 

Tussilago  Alpina,  dans  la  forêt. 

Vaccinium  myrtillus ,  idem. 

—  —  oxycoccos,  idem. 

Veronica  Alpina  ,  Montanvert . 

—  —  aphylla,  idem. 

Viola  biflora,  idem. 

—  cenisiaj  idem. 

Au  B  r  é  v  en, 

Acrostichum  septentrionale,  au  pied  de  la  montagne. 
Aira  montana,  à  Pliampra. 

Ajuga  pyramidalis,  près  du  Couloir. 

Arnica  scorpioïdes. 

Artemisia  rupestris. 

Anémone  narcissiflora ,  à  Pliampra. 


LA  SUISSE. 


133 


Eupleurum  stellatum.  ; 

Cnicus  spinosissimus. 

Cherleria  sedoïdes. 

Carex  foetida.  '  •  '  “  - 

Eestuca  pumila. 

Gallium  rotundifolium,bois  de  sapins,  sous  leBréven. 
Gentiana  asclepiadea. 

Hieracium  intyhaceum.  ■> 

Hypericum  pulchrum,  rochers  sous  Pliampra. 
Juncus  spicatus. 

—  trifidus. 

Xaserpitium  hirsutum. 

Potentilla  grandiflora. 

Rumex  digynus. 

Saxifraga  aspera. 

Scleranthus  perennis. 

Sedum  saxatile. 

Senecio  Alpinus. 

—  incanus,  au  sommet. 

Valeriana  Celtica. 

Veronica  aphylla. 

—  —  bellidifolia. 

—  -*•  frttticulbsa. 


Col  de  B  aime. 


Astragalu9  montanus.- 
Carex  juncifolia. 

!  —  •  Bellardi.  • 

—  prostrata. 

Cherleria  sedoïdes. 
Chrysanthemum  Alpinum. 
Cnicus  spinosissimus. 
Erigeron  Alpinum. 
Gentiana  acaulis. 

—  —  nivalis. 

—  —  purpurea. 
■Juncus  Alpinus. 

—  Jacquini. 

—  luteus. 

—  spicatus. 

—  trifidus. 
Pediculâris  rostrata. 

—  —  verticillata. 


LA  SUISSE. 


«4 


Phyteuma  hemisphaerica. 
Polygonum  viviparum. 
Kanunculus  glacialis. 

—  —  nivalis. 

Salix  herbacea. 

Sçneqio  incanus.-  -  ,■  v  c  .  • 

Sempervùvum  arachnoïdeum. 
Serratula  Alpina,  au  bord. du  lac. 
Trifolium  Alpinuoou, 

Veronica  Alpina. 
r—  —  aphylla. 

—  —  bellidioïdes. 

—  —  saxatilis. 

Viola  grandiflora. 


3.  Hauteurs  des  principales  sommités ,  de  Genêt 
à  Martigny ,  au- dessus  dit  niveau  de  la  mer. 


Les  Voirons 

Te  Môle  .... 

L’Aiguille  de  Varens 
La  croix  du  Bonhomme 
Le  Montanvert  .  .  . 

L’Aiguille  du  Dru 
Le  plan  du  Talèfre 
Le  Jardin  ou  Courtil 
L’Aiguille  du  Midi 
Son  pied 
Le  Cramont 

Le  pied  de  l’Aiguille  de  Blaitière 
Le  pied  de  l’Aiguille  du  Plan 
Le  col  du  Géant 
L’Aiguille  du  Géant 
L’Aiguille  d’Argentière 
Le  col  de  la  Seigne 
Le  col  de  Balme 

Le  Bréven  .... 
Le  Buet  .... 
La  montagne  de  la  Côte 
Le  Mont  -  Blanc  .  ' 


Toise; 

7e 

94 

138 

125 
'  95 
;I95 

135 
141 
20c 

136 
14c 

133 

131 
-  176 
-  217 

19c 

126 
n8 

.  130 

157 
131 
..  245 


LA  SUISSE-. 


135 


GENEVE.  Sa  population  est  suivant  l’A.  R.  de  22,055 
âmes.  {Long.  23°48"30"*  Lat.  46°  12'  I?'  ).  —  □  la  fran¬ 
che  Amitié:  l’union  des  coeurs:  la  parfaite  égalité:  la 
triple  union  et  amitié:  les  amis  sincères  :  l'heureuse  ren* 
contre,  loge  allemande:  la  bienfaisance.  (Ces  sept  loges 
forment  aussi  la  Loge  provinciale). 

Cette  ville,  que  la  reformation  et  les  grandshommes, 
qui  lui  ont  dû  leur  éducation,  ont  rendu  célèbre  ainsique 
l’énergie  qu’elle  a  montrée  dans  tous  le9  tems,  est  dans 
position  la  plus  belle  que  l'on  puisse  voir.  Son  beau  lac, 
les  coteaux  qui  la  dominent,  l’aspect  de  la  chaîne  des 
hautes  Alpes  et  du  fameux  Mont-Blanc,  présentent  des 
points  de  vue  aussi  variées  que  magnifiques.  Le  haut  de 
la  ville  est  remarquable  par  de  très -belles  maisons  dont 
l’ensemble  les  ferait  prendre  pour  des  palais.  Telles  sont 
les  maisons  Tronchin ,  Boissier ,  Sellon ,  de  Saussure  et 
autres  sur  la  infime  ligne;  c’est  dans  cette  partie  que  l'on 
voit  l'hôtel  de  ville ,  [dans  la  cour,  quelques  inscriptions 
romaines,  connues  par  Spon ]  et  la  cathédrale ,  dont  la 
façade  en  marbre  est  une  copie  du  Panthéon.  La  ma¬ 
chine  hydraulique  qui  produit  par  heure  plus  de  34.400 
pintes,  est  digne  de  votre  attention.  Les  bergeries  de  M  M, 
Boissier ,  Pictct  et  Audéoud ,  sont  une  autre  curiosité. 

Genève  république  s'est  fait  admirer  par  ses  lois,  par 
ses  réglemens  ,  et  surtout  par  des  établissemens  de  tous 
genres,  tels  que  le  Collège,  l’Académie,  la  société  pour 
l’avancemeut  des  arts,  une  bibliothèque  ouverte  à  des 
jours  fixes,  renfermant40  mille  volumes  et  de  précieux  ma¬ 
nuscrits  dont  nous  avons  le  catalogue  rédigé  par  fçu  le  sa¬ 
vant  Sênéhier.  L’Académie  a  eu  des  savans  dans  tous  les 
genres,  des  Calendrini ,  Burlamaqui ,  Tronchin ,  Pictct, 
Sullin,  Turrctin ,  et  avant  eux  Calvin  et  de  B'eze ,  et 
de  nos  jours,  les  Bertrand ,  de  Saussure ,  VHuillier, 
Mallet  y  Bourrit ,  Pictcty  et  dans  la  classe  des  Ecclésias¬ 
tiques  Vernet ,  Claparède  etc.  Elle  a  eu  aussi  de  grands 
prédicateurs  dans  les  Pasteurs  Vernes ,  Rornilli ,  Rejbaz, 
Juventin ,  de  Cointc ,  et  il  en  est  qui  acquièrent  tous 
les  jours  de  la  réputation  et  qui  contribuent  à  y  main¬ 
tenir  les  bonnes  moeurs.  Parmi  les  savans  qu’elle  pos¬ 
sède  encore,  on  distingue  Mrs.  le  Sage,  de  Luc,  Béren¬ 
ger,  Jurine,  Odier,  et  nombre  d’at^tres.  Enfin,  c'est, 
dans  son  sein  que  sont  nés  Rousseau  ,  Bonnet  et  ISecker. 


LA  SUISSE. 


136 

Genève,  devenue  française ,  avait  conservé  par  un 
traité  les  principaux  établissemens  qui  ont  fait  sa  gloire, 
les  fonds  qui  les  soutenaient  restaient  entre  les  mains 
des  Genevois,  le  Culte,  le  Collège,  l’Académie  subsi¬ 
staient.  Redevenue  R  épudlique  en  1S14,  elle  redoublera  de 
zèle  pour  faire  fleuri?  ces  glorieux  établissemens.  Il  y 
a  une  société  d’hist.  naturelle,  etune  de  littérature  et  des 
sciences.*  L'Ecole  de  Dessin  prospère  ;  des  Peintres,  des 
Dessinateurs  en  assurent  les  succès,  L’on  y  voit  quel¬ 
ques  beaux  tableaux  de  Mr.  Dclarive  et  Saint  -  Ours ,  le 
premier  en  paysage,  le  second  en  histoire.  A  ces  deux 
artistes  du  premier  rang,  ajoûtons  MM.  Constantin  et 
Vaucher  -,  Toeyfer ,  supérieur  dans  la  carricature  ;  Agasse , 
élève  de  Vernet  le  cadet;  Massbrd,  peintre  deportraits; 
Linck ,  graveur  et  dessinateur;  Bouvier ,  Jacquet ,  sculp¬ 
teurs,  et  les  Dem.  A" ellon  d' Allemand ,  dont  le  père  est 
riche  en  tableaux  de  tontes  les  écoles  Les  tableaux  des 
Alpes  se  voient  chez  1  historien  des  Alpes,  et  sont  peints 
par  lui  même.  Mr.  Bourrit  outre  les  six  volumes  de  ces 
descriptions,  a  encore  publié  un  Itinéraire  de  Genève 
et  de  Chamouny. 

On  trouve  aussi  chez  Mr.  Monty ,  à  l'hôtel  de  ville, 
des  cartes,  atlas,  gravures,  vues  coloriées,  de  bons  in- 
strumens  de  physique,  modèles  en  rélief  des  Alpes,  que 
l’on  se  procure  aussi  chez  M.  Gaudin.  L’on  connaît  le 
cabinet  de  peinture  de  Mr.  Tronchin  aux  Délices  ,  mais 
il  en  est  un  autre  des  plus  grands  maîtres  chez  Mr. 
Meister . 

Enfin  les  étrangers  ont  à  voir  de  beaux  cabinets  chez 
Mr.  le  Docteur  Jurine  et  chez  Mr  De  Luc.  La  pré¬ 
cieuse  collection  de  M.  Boissier ,  celles  de  MM.  Jurine , 
Pictet ,  Tingcy,  Gosse.  Le  riche  cabinet  deMr.  de  Saus¬ 
sure  a  fait  long  teins  l’admiration  des  connaisseurs-  Cet, 
homme  célèbre  est  mort  à  l’âge  de  59  ans.  M.  Bourrit , 
qui  l'a  souvent  accompagné  dans  ses  voyages  vit  encore 
et  quoique  parvenu  à  un  âge  avancé,  continue  ses  cour¬ 
ses  alpines. 

L’Horlogerie,  la  Bijouterie,  la  Jouaiîlerie,  l’Impri¬ 
merie,  les  Fabriques  de  toiles  peintes  et  le  commerce  de 
Banque,  concourent  avec  les  établissemens  dont  nous 
venons  de  parler,  à  faire  de  cette  ville  l’une  des  plus 


LA  SUISSE. 


13? 


civilisées  et  des  plus  commerçantes.  Les  promenades  au 
dedans  sont  charmantes.  La  belle  promenade ,  où  1  ou 
voit  le  buste  de  Rousseau,  est  abandonnée,  pour  avoir 
été  le  théâtre  des  exécutions  révolutionnaires  ;  on  se  pro¬ 
mené  à  la  Treille ,  au  Cours  Maurice,  et  a xx  Plain-  Palais. 
la  vue  du  haut  de  la  colline  de  Coligny  est  justement 
renommée. 

Pensions.  DeMM*  Duvilard,  Dcjoux,  Vaucher ,  Ger - 
lach  etc. 

Auberges.  A  l’écu  de  Genève:  (bonne  auberge;  il  faut 
choisir  de  préférence,  les  appartenions  ,  qui  donnent  sur 
le  lac)  —  aux  balances  (près  de  la  place  de  Relair.  M. 
Crotet ,  domestique  de  louage  est  à  recommander)  —  aux 
Sécherons,  ou  à  l’hôtel  d’Angleterre,  hors  de  la-  porte: 
toutes  très -bonnes. 

Excursions  dans  les  Environs.  1.  A  Ferney ,  à  iT/a 
lieue  de  Genève;  (il  est  rentré  dans  la  famille,  dont 
Voltaire  l’avait  acheté,  les  appartemens  au  rez-de-chaus¬ 
sée  du  château  sont  dans  le  même  état,  que  du  vivant 
de  Voltaire.  On  remarque  dans  la  salle  q.  manger  du 
château  un  tableau  satyrique;  où  les  démons  donnent 
les  étrivières  à  Frèron.)  —  2.  Sur  le  Salève-,  ( 3072  pieds 
au-dessus  du  lac).  —  3.  Sur  les  Foirons  ;  (le  sommet  de 
3,114  pieds  au-dessus  du  lac).  —  4.  Sur  le  Môle ;  (pour 
y  monter  il  faut  se  rendre  à  Bonneville ,  à  5  lieues  de 
Genève.  Elévation  4560  pieds,  au-dessus  du  îac.)  —  5.  Sur 
le  coteau  de  Boisy ,  en  Savoie;  (élevé  de  1100  pieds  au- 
dessus  du  lac.  On  peut  faire  commodément  cette  petite 
course  en  un  jour).  —  6.  Sur  la  Dôle ;  (3y2;  pieds  au-des¬ 
sus  du  lac.  V.  aussi  à  la  page  suivante  !a  note  sur  la 
route  à  Morez.î  Comme  il  faut  prendre,  pour  bien  jouir 
de  la  vue,  1  instant  du  levep  ou  du  coucher  du  soleil, 
on  ne  peut  pas  employer  moins  de  2  jours  pour  cette 
course.  La  chaîne  des  Alpes  qu’on  y  découvre ,  aune 
étendue  de  près  de  100  lieues.  —  7.  Voyage  à  Cliamouny; 
£•  Excursion  à  la  perte  du  Rhône. 

Distances.  De  Genève  â  Besançon  2î  postes,  à  Cham¬ 
béry  ti3  4  p. ,  à  Paris  par  Dijon  et  Morez  62V4  P-  (La 
route  traverse  le  Jura ,  et  on  trouve  partout  des  sites 
romantiques  et  des  curiosités  à  remarquer.  A  la  Cure , 
on  peut  monter  en  2  h.  de  tems  ou  sommet  de  la  Dôle , 
Pour  jouir  d’une  vue  alpine  et  célèbre.  Dans  les  envi- 

Guide  des  Voy.  T.  II.  D 


rons  de  Morez,  on  fabrique  beaucoup  de  montres,  d* 
tourne-broches  ,  et  autres  ouvrages  en  fer  et  acier.  A  la 
poste  de  la  Maison  neuve ,  il  y  a  une  belle  chute  d’eau; 
à  Champagnole ,  la  grotte  de' Balerne  ;  à  Poligny ,  les 
chambrettes,  où  les  restes  d’une  belle  mosaïque  antique» 
décrite  par  le  comte  de  Caylus  ;  à  Dole  les  grottes  de 
Jonhe,  la  source  sulfüreuse,  près  d’un  ancien  couvent, 
la  belle  promenade  des  ormes  etc.  V.  Streifereien  durch 
den  franz.  Jura ,  von  Ulysses  von  Salis.  JVinterthur% 
1805.  8*)  —  k  Grenoble  i83/4  P-  »  à  Lyon  20  p. ,  à  Lausanne, 
q  heures  Suisses,  une  journée  de  voiturier;  k  Berne,  24. 
heures  Suisses,  2  journées  ï/g.  De  Genève  k  Turin,  on 
peut  voyager  commodément  et  k  bon  prix,  avec  la  dili¬ 
gence  nouvellement  établie.