GUIDE
DES
VOYAGEURS
EN EUROPE.
Par
Mr. Reichard ,
Conseiller au département militaire de S. A.
le Duc de Saxe - Gotha.
HUITIÈME EDITION ORIGINALE,
considérablement augmentée , et totalement
revûe et refaite .
Avec nombre de cartes itinéraires, et les Panoramas
des Curiosités des XIII villes capitales.
TOME SECOND.
A WEIMAR,
au Bureau d’industrie et chez les libraires principaux
de l’Europe j8i8-
; - Y
4V-' .ri r
v? ■
' 2 I C
#' LA
a ;ï 0 A • aü
fÿ V '. :*'-l V l «A,
P Y
„
*A ' .«*
* il ;■ r i
Vaiv. Y'-.n,r* Xî> { v,V> p ■ v-
î|(; ; ■) • ,
î x •.» >.«' J V
ff>î J -.1
,k i
> 51
«HH
% f.
(î?/ T^li « 1 ■:;.»*
) ;. j
• '■ y
-.. Vvtr
INDEX
d u second Tome .
Itinéraire de l a FRANGE.
Itinéraire de L’ITALIE,
Itinéraire de la SUISSE.
GUIDE
DES
VOYAGEURS EN FRANGE
Par
M r. ReICHARD ,
Conseiller au Département militaire de S. A. le Duc de
Saxe- Gotha.
Huitième ê d it i o n>
Totalement changée -, refaite, et augmentée*
Faisant partie
de la
nouvelle édition originale
d u
Guide des Voyageurs- en Europe,
publiée
par le même auteur.
Avec la Carte des Postes, la Carte gastronomique, la
Carte des Environs et J.e Panorama des Curio¬
sités de Paris.
A Weimar.
au Bureau dTndustrie, et chez les principaux
Libraires de l’Europe.
i 8 i S-
' ' >v • - fl *
: . v
triii t a * J&foo* *?<;-•* >.n
V>-' ':f'v "£.VC' itAiS>
■
«!^.f 23»;. J
• ■ • - .
'
tr*' , ,«MSt
AVANT-PROPOS
du Rédacteur .
Le Guide des Voyageurs en France , de
I8l8> doit, nécessairement, différer de celui
de l8l3- Les changemens politiques d’un côté,
puis de l’autre des additions, des corrections,
des augmentations sans nombre, en devait faire
tout un autre ouvrage. On s’en peut convain¬
cre facilement, en comparant telle feuille, oü
telle page avec l’ancienne. Presque toutes les*
Nations Européennes avaient, dans le courant
des dernières années, des représentans armés
en France, et de ces représentans beaucoup
tv
savaient allier au métier du soldat, l’amour
des arts et sciences, et le coup d’oeil d'un
esprit cultivé et observateur, La litérature
des voyages ne pouvait donc manquer d’être
enrichie par beaucoup de relations et obser¬
vations, que j’ai tâché de recueillir dans cette
huitième Edition , J’y ai ajouté les renseig-
nêmens , que je trouvais épars dans les de¬
scriptions, que d’autres voyageurs avaient pub¬
lié depuis quelques ans. J’ai surtout copié et
puisé dans un Ouvrage de grand mérite *et
comme il en existe peu. C’est la Description
routière etc. de M . Vaysse de Vïlliers , in¬
specteur aux postes - relais. J’en ai parlé en
détail à la fin de ce Guide , et je me suis
empressé de rendre à son travail toute la
justice qui lui est dûë, quoiqu'il m’aie traité
bien injustement, dès qu’il avait éventé qu’un
certain Itinéraire de France , dont il rélevait
2*9 K? C * tSW i'Tf tPÇT •*.') b ‘ •
quelques inexactitudes, n’était proprement que
la copie du livre d’un autre certain M. Rey*
ehard , Allemand»
! -j: : l* • ‘ * A J ; .. * i ' - • u ^ ;
J’ai parcouru s à plusieurs reprises quel-»
ques grandes routes de la France , mais je
n’ai pas parcouru la France entière, et. dans
l’impossibilité de tout voir, il m’a fallu avoir
recours aux relations des voyages les plus ac¬
créditées. Si j’y ai copié, par ci par là, quel¬
ques erreurs, Ce n’est pas ma faute, et si, par
exemple, en suivant fidèlement *) les traces
de M. Vaysse , il m*a dérouté, au lieu de me
guider, je me remets à lui de mes méprises.
Au reste il me sera bien permis de me
flatter, que les erreurs de mon Guide en
France , ne sauraient pas être au moins de
*) Excepté là, où ses observations étaient en discor¬
dance avec celles de Mr. M illin , parçeque alors
j’ai cru donner la préférence a l’opinion d’un tel
littérateur, sur celle de i’Inspecteur des poste?»
Tl
grande importance, puisque l’on continue de
le réimprimer en France même. Dans ce
moment Mi\ Langlois à Paris et l’auteur de
la Géographie de Guthrié^ font l’honneur à
mon Guide , d’en publier et vendre la hui-
iieme édition , en trois volumes , et ce qui
est le plus étonnant, la huitième édition de
la France , quoiqu’ alors elle n’existait pas.
• f-% V * \
A Gotha, ce 3. Mars Igl8*
Reichard.
Table des matières,
du Guide des Voyageurs en France.
v Avant - Propos du Rédacteur*
Page.
I. Etendue. Climat. Montagnes * Fleuves.
Culte . Population. Langage. Sol. Produc¬
tions. Carte gastronomique. Gouverne¬
ment. Titres. Revenus. Dettes . Forces
de terre et de mer* Ordres. Douanes. Pas¬
seports. ....... 3
t et 3. Poids es Mesures. Réduction des an¬
ciennes mesures en nouvelles. Taille de
l'homme en mbtre . 3' . „ • ' 19
4. Monnaies . Hôtels des monnaies. Valeur des
monnaies étrangères . Papier monnaie • 25
VÏIZ
5, Tableau de quelques Villes .
Page.
Page.
Ai*.
3°-
Paris.
59-
Avignon*
34-
Itinéraire de Paris et
Bordeaux»
39-
deses environs; avec
Brest
. 42-
une carte des envi¬
X-yon.
43-
rons.
99.
Marseille.
49.
Strasbourg.
126»
Montpellier .
53.
Toulon.
130.
Nancy.
57-
Versailles,
133-
6. Etat des postes. Notes instructives , « re¬
marques qui intéressent les voyageurs dans
leur tournée. Table du calcul proportionnel
des prie des chevaux des postes et des guides
des postillons. . . . . ‘ * 136
y. Itinéraire des routes. . . . . . 144
Page. Page.
1. De Paris à Amiens» 144. 4, De Basle à Stras-
2. — — à Arras. 146, bourg. 153»
3. — -r à Basle, par 5. De Faris à Bayonne
par Bordeaux et Li-
*»•
Troyes, Langres, Bé-
fort. 148-
inoges.
IX
Page.
6. De Paris àBesançon,
par Langres. 154.
.De Paris àBordeaux,
par Limoges. 156.
8- De Paris à Brest, par
Rennes. 159.
9. De Paris kBruxelles,
par So^ssons , Laon,
Maubeuge et Mons. 162.
10. De Paris à Calais,
par Abeville. 164.
11. De Paris à Dieppe,
par Rouen et Pon¬
toise. i68«
18, De Paris à Dunker¬
que, par Douay et
Lille. i?0.
13. De Lille k Ostende,
par YpreSï 173.
14. De Paris à Genève,
par Sens , Auxerre,
Dijon, et Maçon, de
même que parDôle.173.
15. De Paris à Greno¬
ble; 184.
Page.
16. De Grenoble k Cham¬
béry et Genève. 186.
17. De Paris à la Ro¬
chelle. jgg.
18- De Paris ;à Liège. 192,
19. — — al’Orient. 194.
20. De Paris à Lyon, par
Auxerre et Dijon. 19^,
2i a. De Paris k Lyon par
Ne vers et Moulins. 196.
21 b. De Paris à Lyon,
par Melun, Auxerre,
Autun et Maçon, 201,
22. De Paris à Marseille,
par Aix. 203.
23. De Marseille à Mont¬
pellier. 210.
24. De Marseille à Tou-
lon. six,
25* De Toulon k Nice. 2*2-
26. De Paris à Metz. 214.
27. — — àPerpignan. 217.
28* — — àPontarlier. 221.
29, — — à Strasbourg,
parNancy etSaverne.222.
f
X
Page.
30. De Paris à Stras¬
bourg, par Metz,
Moy envie etc. 225.
3r. — — à Chambéry. 225.
32. De Metz, par Deux-
Ponts, Durckh. etc.
à Francfort s. 1. M. 227.
33. De Strasbourg, par
Landau à Francfort
s. 1. M. 228»
Page.
34. De Strasbourg par
Spire etc. a Francfort
s. 1. M. 22$.
35. De Cologne, à Aîx
la - Chapelle. 23^
36. De Liège h Bruxel-
elles. 23c#
37. De Jvletz à Trêves et
Coblence. 23*.
8. Cartes itinéraires . Manuels . Relations de
voyage de fraîche date ,
332
-
ITINÉRAIRE
d e 1
U
FRANCE.
Guide des Voy , T. Tl.
k'Jl'
M
l'IU
o
■îî > '
• c >.
Xi-A&W
,W:
*w-.
' -■
'•' * S XI
: . <; .« 3 ,1 • .. */>;* ■
:■ uX i- -i * l
itfikMtêàsry-.**-
.
rittriî' ■■ rrw*-l*‘ ’v
■'.(j -b*;\ h '<i( i nvïi.: >
s :4i . t:*sx.2i'i
.« -, ’ /-■-<»•». «**< *, *
'mi&b. t;. /'j f.f» -H r.co* •* * ■■';
; v*.!1 ••.>*'•’*■.' !* •' “ " • '■ •■
f
f< _ : ♦ - v ■ v » ; . |
-t;-: -..ï- •. ko--.- : 'ï >**«•'»
,>r-v 4,a.j»b .
■> i'
-
i-.
- - fei Mi
A J ’t
ROYAUME
DE FRANCE.
i.
Etendue. Climat. Montagnes ♦ Fleuves. Culte.
Population » Langage. Soit Productions. Carte
gastronomique. Gouvernement. Titres. Revenus.
Dettes, Forces de terre et de mer. Ordres • Doua -
nés. Passeports.
I-/a France, naguères la terreur de l’Europe, vient de
retourner dans ses limites naturelles, semblable à un
fier fleuve, qui terrible dans ses débordemens , rentre
dans ses bords paisibles. Elle a été rendue à son ancien
gouvernement, et à ses Pjriuces légitimes, après avoir
rempli l’histoire de sa gloire et de ses revers, et après
avoir passé un quart de siècle sous les armes, et dans
les souffrances. Elle a donné une terrible leçon aux peu¬
ples et aux souverains. Mais c’est a la postérité , juge
sevère et juste, à peser les nations et leurs destinées.
Nous, les contemporains, nous avons vu un phénix sor¬
tir triomphant des cendres de Moscou , pour se mirer
dans les eaux de la Seine.
A 2
4
LA FRANCE
La France Européenne comprend 86 département , et
une étendue de 36J239V3 lieues carrées , d’autres la por¬
tent, à 10,050 m. c. d’Allemagne , ou 116,167,180 arpens.
Dépar terriens :
Population suivant
l'apperçu officiel de 1815.
Ain
.
322,608
Aisne
.
.
432,237
Allier
. N
254.558
Alpes (Basses)
» .
•
147.91<>
Alpes (Hautes)
.
•
121,523
Ardèche
.
!
284,743
Ardennes
V .
345.980
Arriége
.
. -
222,936
iVobe
.
4
238,819
Aude
♦
240,993
Aveyron
.
318,047
Bouches du Rhône
.
..
293,235
Calvados
.
505,420
Cantal
.
251,436
Charente
.
326,885
Charente - Inférieure
.
.
393,011
Cher
.
228,158
Corrèze
.
.
•
254,271
Corse
..
174,572
Côte d’Ur
•
.
♦
355,436
Côtes du Nord
.
519,620
Creuse
.
.
226,224
Dordogne
424,113
Doubs
.
226,093
Drôme
.
253,372
Eure
.
.
421,481
Eure et Loir
.
265,996
Finistère
.
.
452,895
Gard . .
322,144
Garonne (Haute)
.
•
♦
367,551
LA F R a N G E*
Dépariemensx
Gers
Gironde ^ .
Hérault ,
Ille et Vilaine
Indre
Indre et Loire
Isère
Jura
Landes
Loir et Char
Loire .
Loire (Haute)
Loire - Inférieure
Loiret
Lot
Lot et Garonne
Lozère
Maine et Lpire
Manche
Marne
Marne Haute
Mayenne
Meurthe
Meuse
Mont - Blanc
Morbihan
Moselle
Nièvre
Nord
Oise
Orne
Pas - de ■ Calais
Puy - de -Dôme
Pyrénées (Basses)
Population suivant
l'appergu officiel de 1815-
286,499
514,562
301,099
, . * 508.3(4
204,721
275»2Q2
471,660
. , 292,882
. 240,146
212552
315.858
268,202
407,827
. • . 285,395
272,233
. • . 326,127
143-247
* • • 404,489
581,429
311,017
237,785
332,253
365-810
284,703
' 180,000
403,423
562,700
• • 241,520
899,890
• • 383,507
425,920
580,457
• 542,834
• « 383,502
6
LA FRANCE
Dèpartemens :
Population suivant
l'apperçu officiel de i8rs*
Pyrénées (Hautes)
«
.
198,763
Pyréneés - Orientales
• .
;
-,
126,626
Rhin (Bas)
s
»
500, oco
Rhin (Haut)
•
- ;
421,101
Rhône
.
.
347,381
Saône (Haute)
.
s ■
305,546
Saône et Loire .
«
463,782
Sarthe
J
a
• Z
4* 0,380
Seine
«
p
631,531
Seine - Inférieure
t
* •
m
642,948
Seine et Marne • »
• 1
;
304,068
Seine et Oise
.
.
•
430,972
Sèvres (Deux)
•
254>io5
Somme
.
• .
•
495,105
Tarn
•
• ♦
295,885
Tarn et Garonne
•
•
238,882
Var
.
.
283,296
Vaucluse »
.
»
205,832
Vendée
.
.
268,786
Vienne *
«
•
253,048
Vienne (Haute)
-
.
243,195
Vosges
V
♦
•
334,169
Yonne
•
• '
326,324
Le dénombrement de i8i?>
porte suivant l’Annuaire
du bureau des longitudes , la population du Royaume à
39,327,388- non- compris les soldats sous les drapeaux.
La population des colonies , d’après les données de
quelques statistiques Français, est portée:
Indes occidentales, à 583- m- c, 658,000 habit.
Sud de l’Amérique. — 610. - 33, 500 —
Nord de l’Amérique. — 6. — — 2,000 —
Afrique. — 140. - 92,000 — «
Indes orientales. — 29. — - — 50,000 —
LA FRANCE.
7
Le Climat^ à quelques provinces méridionales près
où il fait ford chaud, est très - doux et très - agréable,
et l’air tempéré et sain. En général on peut diviser le
Royaume en trois zones, qui ont exactement troi9
climats différens, dont l’influence est très - remarquable
sur toute espèce de végétation.
Les montagnes les plu9 considérables sont outre le»
Alpes, qui séparent la France de l’Italie, les Vosges, le
Jura, les Pyrénées, les Cévennes et les montagnes de la
ci - devant Auvergne, que l’on pourrait nommer la
Suisse française. Le Cantal , est élevé de 5,802 pieds de
Paris et le Mont- d'or, de 5,820, le Puy - de - Dôme , de
4,960. p. le Mont-Mezin des Cévennes de, 6,162. p. le Bal¬
lon des Yosges, suiv. André de Gy , de 4,368" p. le Chas¬
serai de 4,968. p. le Viso de 9,38?. p. VOlan de 12,206. p.
Pellvoux de Vallouisse ’, 13,236. p. le Monte rotondo et le
Monte Oro en Corse^, de 9,294 et 8,166. p. au-dessus de la
mer: mais les plus hautes montagnes de la France, sont
le Louzira , 13,548* p. le Loupilon , 13,260, le Jocelme,
13,002. Vignemale , 10,332. p. Marhoré , 9,978. p. Les prin¬
cipales rivières sont la Seine, la Loire, le Rhône. [Le
castor, se trouve dans les îles et sur les bords du
Rhône:] la Garonne, le Rhin, la Meuse, l’Escaut;
dans ces grands fleuves se jettent les petites, la Saône,
la Yonne, la Marne, la Moselle, la Sambre etc. Dans
la Garonne se rend au-dessous de Toulouse, le fameux
Canal de Languedoc , qui commence à Cette sur la mer
méditerranée , et qui réunit deux mers. Il y a toujours
sur le canal 250 bâtimens en activité. Il y a encore le x
canal d’Orléans , le canal du centre , le canal de Briare.
celui de St. Quentin. Le canal de Bourgogne et celui
tle l'Ourcq sont presque fini, mais les autres canaux
projettés sous le gouvernement Napoléon ne le sont
guères, excepté le canal de Beaucaire. On porte dans la
France Européenne le nombre des villes à 1,950 , de»
8
LA FRANCE.
bourgs et villages à 38 509, des hameaux à 51,000, et des
maisons et cabanes à, 5,336,300. La révolution a amené
la tolérance de toutes les sectes, et l’exercice libre et
public de tous les cultes. Mais la religion catholique,
étant d’après le concordat celle de l’état, doit être re«
gardée comme le culte de la grande majorité des Fran,«
gais. Mr. Hassel évalue dans le Royaume de* France les
Catholiques, à 25,633,000, les Réformés, 02,300,000, les
Luthériens, à 1,100,000. Il y a encore à peu près 60,000
Juifs, 2,000 Memnonites , et 350 Quakers. Les Catholi¬
ques ont 9 archévêchés , les Réformés des Consistoires,
dont 5 forment une Synode , les Luthériens un Consi¬
stoire général et 7 Inspections. Les Juifs possèdent un
Consistoire et 5 Synagogues. On parle en France cinq
langues différentes : le Français proprement dit, qui n’au¬
torise aucun dialecte, et qui est devenu la langue uni¬
verselle de l’Europe, au moins la principale en usage;
l’ancien Bréton en Basse - Brétagne; le Basque dans les
Pyrénées; l’Allemand en Alsace, dans la Lorraine, et
l’Italien en Corse. Chaque nation possède des diction¬
naires de la langue française. Nous recommandons aux
voyageurs allemands , comme des livres de poche utiles,
le Dictionnaire portatif français - allemand, et allemand-
français par Catel. N. E. à Brunswick. 12. , et surtout
le Nouveau Dictionnaire de poche français allemand , et
allemand -français , à Leipsic, chez Rabenhorst. 12. cin¬
quième E. Le Gascon et le Provençal par son mélange
du Français, de l’Espagnol et de l’Italien, annonce non
seulement le voisinage de l’Espagne et de l’Italie, mais
encore les anciennes liaisons des habitans de ces trois
pays»
Reausobre fait monter la quantité du vin qui se yen*
dange dans toute la France, année commune, à 13,687,500
muids. L’auteur de l'Etude de la Politique porte à ^4
de pinte la consommation de chaque homme par jour ;
LA FRANCE.
9
c’est pour la population de la France, 7,603,680 muids
par an. Si l’on cjoûte à ce résultat une quantité égale
pour l’exportation, et 2,000,000 de muids pour les eaux-
de-vie et le vinaigre, on aura, 18,207,368 muids de vin,
année commune, suivant l’opinion de cet auteur. Le
Ministre de l’Intérieur, dans son budget de l’an 1812»
porta le produit des vignes et vignobles à 20 raillions de
muids. Maréchal soutient qu’une vigne en Champagne
rapporte en général depuis 30 jusqu’à cinquante livres
sterling, et le produit net en est d’environ 4 jusqu’à 7
livres sterling. Le champagne rouge des environs de
Rheims est d’une bonté exquise. Les vins de Cham¬
pagne passent dans le commerce sous les noms des vins
à'Ayi de Taissy , de Sillêry , Haut - Villers , de Versenay ,
de Tonnere , mousseux et pétillant. Le canton auprès
d'Epcrnay , qui produit le vin blanc fin, ne contient
que 5 lieues de longueur , et il y a un autre espace de 3
ou 4 lieues , où l’on fait le vin blanc avec du raisin
blanc seulement. Avec le raisin noir on fait du vin
rouge ou du vin blanc. Les meilleurs vins de Bourgogne
sont ceux de Beaune , 'de Nuits , de Rùmanée , de Pom¬
mard , de Clos - Vourgeot. Les vins de liqueur les plu?
estimés en France sont ceux de la Ciotat et de St, Lau¬
rent en Provence ; les vins muscats d’une qualité exqui¬
se sont ceux de V Hermitage , de Frontignan , de Lunel>
et de Rivesaltes. Bordeaux e3t l’entrepôt principal des
vins dits français, de Bergerac, de Médoc, de Cahors,
du vin de Grave, de Pontac etc. le Cap-Bréton de Gas¬
cogne, le Clairet de Calvisson, le vin de paille d’Alsace:
[l’auberge à Colmar, aux sept montagnes était a mon
passage renommée, d’en posséder du bon:] Du mauvais
vin se fait l’eau - de - vie dont la meilleure est celle de
Cognac sur la Charente. Les eaux-de-vie de vin, qui
se font en France, p. e. celles de Nantes et de l’ancien
Poitou , sont généralement estimées en Europe. Le li¬
queur de Bordeaux,! dite Entre les ; deux mers , est très-
ÎO tA FRANCE'.
forte. Des vinaigres de - vin celui d'Orléans est réputé
le meilleur. Les Raisins de caisse viennent de la Pro¬
vence et les JPassarilles du Languedoc. La meilleure
huile se fait en Languedoc, mais surtout en grande
quantité dans le Roussillqn et la Provence, d’où elle a
prise son nom; on préfère celle dite d'Aix. On distin¬
gue deux sortes d’huiles, savoir les huiles par expres¬
sion et celles par destination* Depuis quelque tems on
cultive dans quelques départemens, et principalement
dans celui des Landes, l'arachide ou cacahuète , origi¬
naire du nouveau - monde et introduite en Espagne.
Elle donne une graine, de laquelle on extrait une huile,
qui , par sa délicatesse, ne le cède point à celle d’oli¬
ves. Elle est en outre extrêmement abondante. Savon
"blanc et marbré, savons en pâte verts et noirs. Chanvre.
Coton. Lin. La Normandie, la Brétagne, produisent le
lin, employé à la fabrique des toiles fines, batistes, den¬
telles. Il y a des ouvrières en dentelles , à qui une
journée de ce travail vaut depuis 9 jusqu’à 12 francs.
Bois, revenu territorial de3 plus importans , mais fort
négligé dans les tems de la révolution. Miel; le plus
estimé est le miel blanc du petit- pays de Corbières près
Narbonne. Paris seul consume la moitié de tout ce qui
s’en recueille. Les meilleures cires jaunes sont celles de
Brétagne. Bled. Il a paru une quantité d’écrits sur le
commerce des bleds en France, on en a compté jusqu’à
trente depuis 1763 jusqu’en 1 776. Mais quelque grande
que soit en France la consommation du bled , tous les
départemens fournis, ^1 en reste chaque année une gran¬
de quantité qu’on peut vendre à l’étranger. Les pom¬
mes de terre obtiennent à présent une place parmi les
richesses territoriales. La culture du maïs est de la plus
haute importance pour les départemens où elle a lieu.
Le safran du ci-devant Gatinais est aujourd’hui le plus
récherché. On cultive surtout l’anis et le coriandre dans
les départemens méridionaux. C’est à un citoyen in-
LA FRANCE, it
connu, et à prisent oublié , nommé François Fraucat,
que Nîmes et les départemens méridionaux de la Fran¬
ce , sont redevables de leurs richesses en soieries. Il
planta en 1564. le premier mûrier en France, et 1606 il en
avait déjà répandu plus de 4millions de plantes dans ce*
Ûeux provinces méridionales. A la grande foire de Beau -
caire , où pendant dix jours seulement il se faisait avant
la guerre de mers , pour six millions d'affaires , la soie
•st un objet si considérable, que l’exportation de cette
marchandise est en général d’une grande conséquence
pour la France. Le tabac râpé de Saint - Orner et une
infinité d’autres sortes, y font une branche particulière
de commerce. La ferme du tabac, rapportait sous l’an¬
cien régime environ 36 millions de livres. La consom¬
mation en France, pendant l’année 1797, a été de 240,000
quintaux de tabac fabriqué. La plûpart passe par Dun¬
kerque. Le sol de la France est généralement propre à
la culture du tabac; il y a des contrées qui en produi¬
sent d’excellent: On porte à 300,000 quintaux le produit
annuel du tabac, ce qui ne suffît pas k présent pour la
consommation des habitans, qui sont devenus grands
fumeurs, depuis la révolution et les guerres. La France
«st, sans contredit, le pays de l’Europe, le plus abon¬
dant en fruits de toute espèce, ou, pour mieux dire,
tous les fruits particuliers à chaque partie de l’Europe,
se trouvent rassemblés dans son territoire et répandus
avec profusion. Qui ne connaît et ne recherche pas, les
bons - chrétiens d’Indre et Loire, les gelées de pommes
de Rouen, les marrons de Lyon, les pruneaux de Tours
et de Brignolles, les reinettes de Rouen, les rambonrs
d’Orléans, les calvilles de Limagne, la reine Claude du
Poitou, la perdrigone rouge du Languedoc, les jujubes»
avelines, citrons, oranges de Grasse et d’Hières etc.
C’est en France que se fait le plus grand commerce du
sel marin, outre le sel de salines. Car le sel de France
passe pour le plus salant et le moins corrossif de l’Eu-
12
L A F R A. N C E.
rope. Les produits dés marais salans, s'élèvent à près dé
4 millions de quintaux aujourd’hui; la vente que l’on en
fait au dehors monte, année moyenne, à environ 2 mil¬
lions 400,000 livres, car la consommation intérieure s'est
beaucoup accrue depuis la révolution. Cela nous con¬
duit à des calculs curieux sur le numéraire, que ce com¬
merce et d’autres faisaient et font entrer en France.
Suivant M. Arnould , dans son excellent ouvrage sur
la balance du commerce de France, il y avait en France
du teins de la révolution plus de 2,000 millions, de livres,
en numéraire. Ce même auteur y ajoùte un calcul assez
curieux des revenus nationaux de ce royaume, c’est-à-
dire du produit annuel de l'agriculture , des fabriques,
du commerce, et de la pêche.
Bénéfices de l'Industrie Française , avant la rivo -
lution en
Pour les ltoreries
!i?89-
161,250,000
Livres
— les lainages . .
92,500,000
-
— les soieries
.
41,600,000
—
— les modes
.
5,000,000
—
Ameublemens et tapisseries
.
800,000
— •
Mercerie , quincaillerie ♦
75,000,000
' - "
Tannerie, pelleterie
.
6,000,000
—
Panéterie
♦
7,200,000
—
Orfèvrerie , bijouterie .
.
2,500,000
—
Manufactures à feu
.
38, ‘200,000
—
Savon
5,000,000
— '
Raffinerie de sucre
♦
5,800,0-0
—
Sel . » .
2,700,000
—
Tabac . . ,
.
1,200,000
—
Arts et métiers .
6o, '.00,000
—
504,750,000 Livres
Il est aisé à voir, qu’aujourd’hui plusieurs parties de
ce tableau n'offrent plus les mêmes proportions debêné-
LA FRANCE.
13
lices de la main-d’oeuvre ; les uns en donnent plus, les
autres moins. Mais ce tableau suffjt pour prouver, quel-
les ressources immenses renfermait déjà l’ancienneFran-
ce par son industrie nationale. On peut porter dans ce
moment le produit annuel de cette industrie, à 2,000 mil¬
lions de Francs, dont 700 par les bénéfices de lamain-
d'oeuvre.
La France a du poisson en abondance et la pêche de
huîtres près Cancale en Bretagne est considérable. On
fait beaucoup de cas de celles .qu’on apporte du pays d«
Médoc , qui sont petites et d’une couleur qui tire sur le
vert. On consomme à Paris en huitres, environ un mil¬
lion de douzaines. La pêche des sardines est très-impor¬
tante. Au moment de la révolution le produit de la
pêche de la morue s’éleva à 15,700,000 francs. Les ma¬
quereaux , les congres, les saumons forment une pêche
considérable \ le poisson qu’on pêche sur la côte de Dun¬
kerque â St Valéry est fort estimé, celui du Bourg
d’Ault est réputé le meilleur. On prétend que plus on
approche de la côte d’Angleterre , plus le poisson a de
qualité. Paris seul paraît consommer en poisson de
mer, frais, sec et salé, 100,000 quintaux par an, La
France si riche en rivières très-poissonneuses, renferme
encore 500,000 arpens d’étangs. Les principaux poissons
que donnent les rivières de France, sont lé saumon, le
brochet, la carpe, l’anguille, la truite, le carjpillon etc.
Il faut mettre enpore au nombre des productions et des
autres branches du commerce les autres productions
animales. Les trçupeaux et leurs produits divers, for¬
ment une des plus fortes branches. Le gros bétail est
répandu en général sur toute la surface de la France.
Le tableau de l’an 1815 donne le calcul aproximatif
suivant :
Guide des Voy. T TT.
B
n
LA FRANCE.
Chevaux
Mulets et ânes
Gros bétail
Moutons
Chèvres
Cochons
1,200,000
550,000
6,000,000
25,000,000
870,000
4,000,000
On trouve en France plusieurs races de bêtes à laino
distinctes et précieuses , chacune dans leur espèce. On
vante au Nord pour la chair, les Ardennois , le9 P ressa¬
ies . Les marroquins faits avec la peau des chèvres de
Corse, égalent ceux du Lévant.
Les belles toisons des Aspres , de Tech , et d'une par¬
tie de la Salogne fournissent de fort belles laines à la
France. Parmi les fromages on distingue les fromages
de Brie , le Sassenage de Grenoble, le Vachelin de la ci-
devant Franche-Comté. On trouve dans le Nord les fro¬
mages de Marolles et le Dauphin. Les fromages d’Au¬
vergne imitent ceux de la Hollande; l'Angelot, du pays
de Bray en Normandie, est formé en coeur ou en rond
et applati. Les beurres les plus estimés, sont ceux de
la Lys , du Pas - de - Calais , de la Seine - inférieure , du
Calvados, de l’Orne, de laJVIanche, de la Brétagne. La
consommation qui se fait des porcs à Paris , est évaluée
à plus de 550,000 et l’on peut estimer, qu’il s’en con¬
somme .par an dans toute la France, près de 4.000,000.
Les ci - devant provinces du Maine, de Normandie, de
Guienne, de Languedoc, sont celles qui abondent le
plus en volailles de toute espèce. Les coqs d’inde les
plus gras viennent de la Dordogne, Loire et Lot. Il
s’en fait un commerce considérable, et qui s’étend fort
loin. On y sale des oies pour toute l’année, en cou¬
pant l’animal en morceaux, que l’on fait cuire dans leur
graisse. C’est la ce que dans ces départemens on nomme
cuissts d'oie. Juü plus grande partie se consomme dans
LA FRANGE.
15
le pays, et dans les départemens éloignés* ce mêts est
plus vanté, qu’il n’est en usage. On en prépare une
énorme quantité dans le Périgord et du côté de Baïonne
et de Toulouse. Dans cette seule dernière ville il s’en-
consomme par an plus de 120,000. On a fait depuis peu,
un essai ingénieux de Géographie gourmande de la
France. La carte gastronomique , que nous avons fait
copier et ajoûter à cet itinéraire, - l’expliquera davan-
tage. On y verra d’un seul coup d’oeil quels sont les
départemens et les villes , qui jouissent du beau privi¬
lège de fournir à la table quelques productions plus ou
moins célèbres , plus ou moins récherchées. -
C’est l’ancienne Normandie qui fournit les plus
beaux chevaux, sur tout les bidets normands et les per -
cherons ; le Limousin plein de feu, les doublets bidets
du Morbihan, sont recherchés : mais en général les che¬
vaux français pèchent par avoir de trop grosses épaules.
C’est dans le Cantal que s’élèvent les mulets, connus et
recherchés sous le nom de mulets d'Auvergne. Dans les
arrondissemens du Poitou et de Vienne, se trouve une
race d’ânes de la plus haute espèce; leur taille ordinaire
est de 4 pieds 3 — 6 pouces, même de 5 pieds. Iis sont
connus dans le pays, sous le nom d'animaux : on les
appelle aussi bourriquets. La France possède des gran¬
des richesses minérales. Le charbon de terre; le plomb
est, après le fer et le zinc, le métal qu’on trouve le
plus abondamment en France: dans les départemens il y
a des mines d’or, d’argent, de cuivre, de marbre; d’al¬
bâtre, les énormes dépôts de pierres à fusil, dans les dé¬
partemens de Loir et Cher et de l’Indre : d’ardoise ; de
pierre de ponce; de lave; des mines de houille, ou char¬
bon de terre, à pipe de pierres de tuf etc. Des très -
nombreuses tourbières, et d’autres substances com¬
bustibles, comme le pétrole, le piss asphalte , les
mihes de poix minérale etc. Le liège qu’on apelle
B 2
i6
LA FRANCE.
liège blanc pour le distinguer du liège d’Espagne, paraît
noir d’un côté. Les eaux minérales , tant pour boire
que pour les bains, ne sont pas rares. On estime fort
les eaux médicinales de Bagnëres, de Barège, de Plom¬
bières, de Luxeuil, de Passy etc. La fontaine de St.
Pierre d’Argenson passe pour être une source de vin*
parceque l’eau en a toute à fait le goût.
Dans les départeraens du sud, l’arbre dit micocoulier ,
pousse des branches droites et flexibles. On donne par
des coupures à ces branches la figure d’une fourche h
trois pointes: cette fourche continue de croître, et ac¬
quiert dans l’intervalle de 6 à 8 ans, la grandeur desirée.
Voilà une fabrication de fourches, unique et assez sin¬
gulière. On trouve sur les bords du Rhône , des castors»
semblables à ceux du Canada, des loutres, des tortues.
La France monarchique avait parcouru un cercle de
quatorze siècles. La France révolutionnée et républi¬
caine s’en est détournée d’une douzaine d’années, poux
devenir ensuite la France JSf apoléonne : mais la recon¬
naissance, la raison, l’intérêt de l’état, ont en-l’an 1814,
révoqué l’ancienne Monarchie et les Bourbons.
Le titre du Roi est: Louis XV III. par la grâce de
Dieu Roi de France et de Navarre: on lui donne l’an¬
cien surnom, Très - Chrétien. Le fils aîné du Roi est
appellé Dauphin ; le frère ainé porte le titre de Mon¬
sieur , les autres Princes et les enfans du Dauphin, sont
Princes de France , ceux de la ligne collatérale sont
princes du sang. Le Roi partage le pouvoir législatif
avec les états du Royaume, la chambre des Pairs et la
chambre des Députés , qui représentent la Nation.
Avant la révolution, les revenus publics, suivant
le dernier compte rendu par M. Necker, étaient de
LA FRANCE. 17
475,294,000 livres par an, et les dépense» de l’état excé¬
daient cette somme de 56,150,000 livres. Quelques-uns
portaient les révenus annuels de la République Fran¬
çaise à 600 millions , sans les emprunts et les crédits
anticipés. Suivant le compte rendu en 1807 les revenus
ordinaires del’Empire en impôts direct», montaient à 720
millions Francs. L’état des dettes publiques était in¬
certain. Elles étaient estimés à 2 milliards ; les rentes
viagères a 18 millions. Le ministre Ramel a démontré
dans son rapport sur les finances, que la convention
nationale, ses comités, et le directorat, avaient con¬
tracté par l’émission du papier-monnaie, la dette de
47 milliards, 978 millions, 810,040 livres, dont 45,578)810,440
en assignats, et 2,400,000,000 en rescriptions et mandats.
Cet état de dettes est d’autant plus remarquable , que
déjà Posselt avait calculé en 1797, que la France révolu¬
tionnée avait retiré des autres Etats Européens, envahis
par elle, en contributions , en réquisitions, y compris
les dévastations, la somme de 745,190,000 Francs. Un au¬
teur moderne vient d’évaluer cette somme, non compris
la valeur des cliefs - d’oeuvres des arts enlevés, à
4226,409,732 Francs. La dette nationale constatée à l’avé-
nement de Louis XVIIL au trône, monta suivant le rap¬
port fait au Roi, à un milliard et 308 millions deFranc9.
D’après l’exposé à la chambre des Députés de 1814 l’ar-»
riéré véritablement exigible, était en 1815 de 759 mil¬
lions. Le Budget proposé pour 1817 est de io88>294,957
Francs.
Suivant les rapports publics en 18/7 l’armée de terre
était forte de 140,000 hommes. Les gardes nationales for¬
maient un corps à part. La marine militaire était en
1817 d’environ 60 à 70 vaisseaux grands et petits.
Il y a 6 ordres de chevalerie: les ordres de St. Mi¬
chel^ du St, Esprit; de St. Louis; de St. Lazare et d«
is
L A FR A N C E.
N. D. de Carmel, réunis; du mérite militaire; de la lé¬
gion d'honneur.
Par un décret de l’assemblée constituante de l'au
1790 les bureaux et postes des douanes furent reculées
aux frontières; où elles restent établies, et où elles
forment plusieurs lignes. Leurs principales fonctions-
sont, de défendre l’impoTtation en fraude des produc¬
tions des manufactures étrangères, et de s’opposer à l'ex¬
portation des objets reconnus de première nécessité, ou
indispensables aux propres besoins du Royaume. P. e.
il est défendu d’exporter de l’or et de l’argent frappé
aux coins de la imonarchie française. Le voyageur, qui
à son entrée sur le territoire, porte sur lui des espèces
d’or ou d’argent, monnayées en France, doit en faire sa
déclaration à la douane; on lui en expédie, moyennant
quelques sous qu’il paye au greffier, un certificat, qu’il
montre au bureau de visite , où l’argent déclaré est
compté; il reçoit alors l'acquit de caution , et cet ac¬
quit, présenté à la douane de sortie, ou au bureau des
frontières où il quitte la France, loi procure la permis¬
sion. d’exporter la même somme en argent de France.
Car les ducats, les risdalers allemands, et même les
écus brabançons, ?ie sont pas compris dans la défense
d’exportation ou d’importation. Aucun voyageur ne
doit négliger cette déclaration à son entrée, s’il ne veut
pas voir son argent confisqué h la sortie. Les préposés
des douanes concourent en outre aux mesures de sûreté,
que les circonstances ont commandé h l’entrée, et pour
les communications avec l’étranger. Les passeports sont
de toute rigueur. Chaque voyageur doit être muni d’un
passeport en règle, expédié par le magistrat du lieu df
son domicile; ce passeport doit être signé par l’ambas¬
sadeur, l’envoyé, ou chargé d’affaires du Royaume, qui
réside 'a la cour ou dans la ville -d’où le voyageur part.
Si aucun ne s’y trouvait, le voyageur se procurera la
LA FEANCÏ,
19
signature de l’ambassadeur ou chargé d’affaires Français
le pins voisin. Ce passeport visé du voj'ageur doit être
présenté au préfet du département des villes frontières,
pt sans en avoir reçu la permission , il ne saurait con¬
tinuer son voyage dans l’intérieur. Arrivant à la ville
de frontière, le passeport reste à la porte d’entrée, et
l’on désigne au voyageur l’heure, quand il doit se pré¬
senter à l’hôtel de préfecture. Les bureaux de préfec¬
ture sont ouverts depuis 9 à 3 heures du matin. Il faut
9e présenter en personne, signer de sa main le passer
port,' et coucher de même sa signature sur le livre des
régitres. Dans le cas où une maladie ou quelque autre
accident, vous empêche d’y aller en. personne, un subT
alterne de la préfecture se rend à votre auberge. Nous
marquerons à l’article de Paris , ca que l’étrangsr doit
observer, à son arrivée dans cette capitale. Il ne devait
être payé pour chaque passeport, pour tous frais, y corn*,
pris ceux de la fabrication et du timbre, que 2 Francs.
Mais cela revient quelquefois à 3 ou 4. Tous les visai
devaient de même être donnés gratuitement.
2. et 3.
Poids et Mesures. Réduction des anciennes mesures
en nouvelles . Taille de V homme en métrés.
L’académie des sciences ayant été chargée par l’as¬
semblée constituante de travailler à un nouveau système
général des poids :et mesures, s’est déterminée à pren¬
dre, pour Funité réelle de mesure, le quart du méri¬
dien , et pour l’unité usuelle , la dix-millionième partie
de cette longueur. Cette unité fondamentale, la dix-mil¬
lionième partie du quart du méridien , équivalente à
30 LA FRANCE. POIDS. MESURES.
très - peu- près à trois pieds, onze lignes et demie, fat
appelé mètre, nom venant du mot grec metron , qui
veut dire proprement, mesure: ses divisions sont toutes
assujetties à l’ordre décimal. Pour l’unité des mesures
agraires on a pris un carré, ayant pour côté dix mè¬
tres, qu’on a appelé are; pour l’unité des mesures de
capacité, un cube, ayant pour côté la dixième partie
du mètre, auquel on a donné le nom de litre: et pour
l’unité des mesures de solidité, relatives au bois, un
cube ayant pour côté le mètre, qu’on a appelé, stère:
enfin, la millième partie d’un litre d’eau distillée,' pé-
sée dans le vide et à la température de la glace fondan¬
te , a été choisie pour être l’unité des poids, qu’on a
appelé, gramme. Ces quatre unités principales ont
trois diviseurs et quatre multiples, qui s’appliquent à
chacune d’elles. Les trois diviseurs sont le dèci, le
centi et le milli. Les quatre multiples sont le dèca,
Vhecto , le kilo et le myria. Ces onze termes renferment
tout le nouveau système des poids et mesures.
Mesures linéaires.
Degré. Myriametre. Kiliom. Rectom. Decam. Mètres.
x. io.
100.
1,000.
10,000.
100,000-
X.
10.
ICC.
T, 000.
10,000.
I.
10.
100.
1,000.
1.
10.
100.
r.
10.
Roms systcma r
Noms français. Valeur aen
nciennes
tiques .
mesures .
Mètre.
pieds
3
pouc.
6
liff.
11,296
Décimètre
(ou un 10.)
de mètre.)
Palme.
a
8,330
LA FRANCE. POIDS. MESURES. 2ï
Centimètre,
(ou un ioo.
de mètre.)
Doigt.
4)433
Millimètre,
(ou un 1,000.
de mètre.)
Trait.
0,443
M e s u
ris i t i n ê
r a i r e s.
toises, pieds, p. lig.
Myriamètre
(ou ÏO,000
mèt,)
Lieue.
530 4 5 3,560
Kilomètre,
(OU 1,000
mèt.)
Mille.
513 0 5 3*936
Hectomètre,
(ou ioo mèt,)
—
51 1 10 1,583
Décamètre,
(ou io mèt.)
Perche.
809 4,950
M t a
turcs a g r
aires.
□ Degré. QMyriam. Myriare. Kîl. Hect. Décare. Are.
i» jo.
100, 1,000.
10,000. 100,000.1,000,000.
* J-
10. 100.
1*000. 10,000. 100, coo,
1. 20,
IOC. 1,000. 10,000.
1.
IC- 100. 1,000.
1. 10. 100.
1. 10.
Noms systéma¬
Noms français.
Valeur en ancien •
tiques.
nés mesures.
Hectare, (hec-
toises carrés.
tomèt. carré.)
Arpent. '
2632,45
Are, (decamèt.
Perche Car¬
carré.)
rée.
26,32
Déciare.
2,63
Centiare.
Mètre carré»
o,«6
22 LA FRANCE. POIDS. MESURES,
Mesures de capacité pour les liquides,
Myrialitre. Kilolitre. Hectolitre. Décalitre. Litres.
*. 10. 100. 1,000. 10,000.
1. 10. 100. 1,000.
1. ÎO. IOO.
1. 10.
I. Litre a io Décilitres, ioo centilitres, 1,000 Millilitres.
Décalitre, (io déci-
Pieds cul) es.
Met. cub.)
Boisseau , Velte.
0,291?
Litre, (.décimèt.
Pouces cubes
cub.)
Pinte.
5°, 412*
Décilitre.
Verre.
5>°4I2
Centilitre.
—
0,5941
Millilitre, (centimè-
tre cube)
—
0,0504
Mesures de
capacité pour
les matières
se ch es.
Pieds cube»
Kilolitre.
Muid.
29>i739
Hectolitre»
Setier.
3,9174,
Décalitre.
Boisseau
0,291?
Litre.
Pinte.
50,4124
'
.i. »
pouc. cub.
Mesures de solidité et po
ur les bois.
Noms systéma¬
Noms français.
Valeur en ancien¬
tiques.
nes mesures.
Pieds cubes.
Stère, (mitre cube.) —
29,i?39
Décistère.
Solive.
2,9i74
Centistère.
-
0,291?
Millistère. (décimé-
tre cube)
•>0291
LA FRANCE. POIDS. MESURES. 23
Myriagramme.
1.
Myriagramme-
Kilogramme.
Hectogramme.
Décagramme.
Gramme.
Décigramme.
Centigramme.
Milligramme.
Poids.
Kilogr. Hectogr.
10. ICO.
z. 10.
1.
Décagr.
Grammes.
1,000.
10,000.
100.
1,000.
10.
100.
r.
zo.
onc. gros. grains.
6 0
63,5
0 5
35» 15
3 2
10,72
2
44 >27
18 827
A 883
0,188
0,019
liv.
— 20
Livre. 2
Once.
Gros.
Denier.
Grain.
On peut réduire à huit les noms génériques du systè¬
me métrique, savoir: Myria , 10,000 fois; Kilo , i,00Q
fois; Hecto , 100 fois; Déc a, 10 fois; Unité , 1 fois»
Dé ci y le îome ; Centi y le ioome; Milli, le i,ooome.
Réduction des anciennes en no uv elle s
m e sur e s4
1,188 Mètres.
1,9484 —
5.8452 —
4444» 4 —
3896.8 —
34,166 Ares.
0,9304 Litre®.
1,30 Décalitres.
Aune.
Toise.
Perche de 18 pieds.
Lieue commune.
Lieue de poste parisienne.
Arpent.
Pinte de Paris».
Boisseau de Paris
Voie de bois à 42 pouces la pièce. 1,917 Stères.
Livre, Poids - de - marc. 489.446 Grammes.
Carat. 0,2062
Grain. 53.075739 Milligrammes.
24 LA FRANCE. POIDS. MESURES.
Réduction des mesures et poids de quelques partie t
de l'Europe en nouvelles mesures.
Pied anglais
304,? Millimètres.
— de Castille (Vare.)
— du Rhin
3i3.9
— de Danemarc
313.9
— de Vienne
316,0
d’Amsterdam
283,0
— de Suède
297,1
— de Russie
354-, 1
— du Roi
324,?
Livre d'Angleterre, poids-
de - Troyes
372,6 Grammes,
-
Livre d’Angleterre, poids-avoir*
du-poids
453,i
— de Castille
459*4
— de Cologne
467,4
— de Vienne
558,6
— d'Amsterdam
494,4
— de Suède
424,6
— de Russie
409,5
Livre de Paris, poids de Marc
489.2
Taille de l'homme ezp
rimée en métrés ,
4 pieds 6 pouces
1 met.
46.
- 7
ï«
49.
- 8
1,
52-
- 9
J,
54*
— 10
1»
57*
— ii
1,
60.
5 o
i,
62.
— i
1,
65.
— %
1»
68.
- 3
1,
70.
, - 4
1,
73-
- v
LA FRANCE. POIDS. MESURES. J5
—
5
I»
A
—
6
-
A
—
?
1»
8t-
—
8
84-
—
9
I»
87-
—
10
I»
89
—
il
I»
92*
6
0
I»
95-
—
X
X.
98
—
2
x»
00.
4-
Monnaies,
Hôtels iss monnaies. Valeur des monnaies étrangères.
Papier-monnaie.
L'unité monétaire est une pièce d'argent do poids de
5 grammes, au titre de 9/n de fin, appelé Franc , etse
subdivisant en décimes et centimes.
Valeur en livres tournois .
Franc
1 liv.
0 sous
3 deniers
Décime
2
Centime
2,45
Une lettre de change, ou billet ou autre obligation
d’une somme de 100 livres , devra être réduite à $g Fr.
77 centimes, qui sont la valeur de 100 livres: la valeur
du Franc étant à celle du 1 ancienne livre tournois, dans
le rapport de &. à 80.
I.a loi a fixé le titre des pièces d'or à neuf parties
de métal pur, et une partie d'alliage. On frappe depaia
Guide des Vojr. T. 11. G
26 LA FRANCE. MONNAIES.
l’an XI. des pièces d’or de 20 et de 40 Francs. Les pre¬
miers à la taille ,de 155 pièces ou kilogrammes, et les
pièces de 40 Francs à celle de 77I/2. Les anciens Louis
étaient à la taille de 32 au marc.
Les pièces de monnaie d’argent, d’après la loi sur les
monnaies de l’an XI, sont de ty4, V2» 3U de Franc ; d’un,
de deux et de cinq Francs. La pièce de 5 Francs est à la
taille de 75 grammes, ou 471 grains 1/40- ' En comparant
ce titre à celui de l'ancien écu de 6 livres, qui est de 10
deniers 21 grains, il répond à 10 den. 19. gr. 1/3- Le nou¬
veau Franc renferme 9Yioode g vain de métal pur de plus
que le livre tournois, et leur valeur numéraire compa¬
rée, le Franc équivaut 1 liv. 0 sous, 3 deniers I45/i»ooo»
Depuis l’an XI. on a émis des pièces de cuivre pur,
de la valeur de 2 , de 3, et de 5 centimes.
Monnaies d'or. De* pièces de 40 et de 20 Francs, avec
l’effigie de Napoléon, dites Napoléons d’or: et avec l’ef¬
figie de Louis XVIII . dites Louis d'or. On trouve en¬
core mais rarement des pièces, dites Marengos de l’an
1809 et de 20 Francs.
Monnaies d'argent. Des pièces de 5 Francs, de 2, de
I de 1/2 d’un quart de Franc. Les anciennes portent F ef¬
figie de Napoléon, les nouvelles, l’effigie d t Louis XVIII.
On trouve encore, mais rarement, des Ecus constitu¬
tionnels et des Ecus républicains , de la valeur de 6 li¬
vres, et frappés en 1791 et 1793» de msnie que des pièces
de 30 et de 15 sols.
Monnaies de cuivre. Décimes , de 10 centimes, des
doubles de 20. des pièces de 5, 2 et 1 centimes.
Lés anciennes, monnaies d'or étaient, les vieux
louis, les louis au soleil, les Hoailles , les chevaliers
ou louis, les mirlitons , les doubles et simples louis,
LA FRANCE. .MONNAIES. 27
de 48 et 24.1ivres, appellés en allemand, S child- Louis d'or.
Les anciennes monnaies d'argent , étaient, depuis 172&,
l’écu de 6 et de 3 livres, ou petit -écu, et des pièces de
24, 12 et 6 sols. Les pièces de billon étaient les sols et
le s liar s.
Le double louis a cours à présent pour 47. Fr. 20. c.
le simple. 23 Fr. 55. c. l’écu de 6 livres 5. Fr. 80. c. le petit-
écu, 2. Fr. 75. c. la pièce de 24. s. 1. Fr, de 12. s. 50. c. de
6. s. 25. c. de 30 sols 1. Fr. 50. c. de 15. Sols. 75 cent.
C’est François I. qui a substitué en 1539 à l’usage
dans lequel étaient les monnayeurs , d’imprimer leurs
noms sur les espèces qu’ils fabriquaient, celui de n’em¬
ployer que des lettres isolées , pour marques distincti¬
ves des hôtels des monnaies où les espèces seraient fa¬
briquées.- C’est ce qu’on nomme le différent. La table
ci- après indiquera les lettres affectées aux 13 hôtels des
monnaies , pour la fabrication des espèces.
Paris. A.
Perpignan. Q. ^s\)
Bayonne. L.
Bordeaux. K.
Nantes. T.
Lille. W.
Strasbourg. BB.
Lyon. D.
Marseille. A enlacé dans un M.
La Rochelle. H.
Limoges. I.
Rouen. B.
Toulouse. M.
Depuis l’an 1726 jusques en 1809 on a monnaié pour
la valeur de j„ 637' 756,455 florins d’Empire.
2 S LA FRANCE. MONNAIES,
Valeur des monnaies étrangères , en Francs et Cen¬
times f suivant le tableau comparatif de /’ A. R .
Angleterre.
Fr.
C.
Crown, couronne.
à 5 shellings.
6.
16.
Shelling.
1.
23*
Autriche .
Species Thaler.
5*
27-
Gulden.
2.
63.
10 Kreuzers.
-
44.
Hollande .
Florin.
2.
17.
Stuiver h 6 denier
—
65.
Ducat.
6.
88.
Daler.
5-
48-
Loewenthaler.
4-
59-
D a n e m a r e.
Species - Thaler.
5-
69.
Marc - lubs.
1.
90.
Marc danois.
—
95-
Rome .
Scudo.
5-
53-
Testone.
1.
66.
Papeto.
1.
11.
Paolo.
—
55-
Espagne .
Piastre depuis 1772.
5-
44.
Pesetas à 4 réaux.
1.
15.
Réal nuevo.
58-
Réal de Veilhon.
—
29.
Hambourg.
I- ‘ v . . •
Marc banco.
I.
90.
Marc courant.
I.
55
LA FRANCE, MONNAIES, 29
Helvétic.
Fr.
C.
Ecu de Basle, à 30 batzen*
4.
44-
Florin de Basle.
2.
22.
Franc de Berne , à 10 batzen.
1.
52-
Ecu de Zurich.
4-
78-
Florin de Zurich.
2,
59-
Naples»
S cudo, à 120 grani, depuis 1784.
5'
12.
Ducato, à ioo grani, depuis 1784*
4-
27-
Taro.
—
85.
Carlino.
45.
Portugal,
M
Crusado à 480 rees.
9
2.
93*
Mille rees.
6.
9*
Prusse.
•
Thaler à 24 gros.
3-
76.
Grcschen.
_
15-
> Russie,
Rouble à 100 kopecks, depuis 1763.
4*
5-
Sardaigne,
Scudo à 2V2 lires.
4-
76.
Lira.
I.
90.
S a x ef
Species - Thaler.
5-
27.
Thaler à 24 gros.
3-
95*
Florin.
2.
65.
Groschen.
__
16.
Sicile,
Onzie à 30 tari, depuis 1785.
12.
80.
Scudo à 12 tari.
5-
12,
Suède,
Species - daler à 48 schillings , depuis
1777.
5-
79- ,
Pièce de 10 oers.
70.
30 LA FRANCE. MONNAIES.
Toscane,
Fr.
C.
Francesconi ou Leopoldini a 10 paoli.
5-
53-
Talleri à 9 paoli.
5-
8.
Testono à 3 paoli.
X.
66.
Paolo.
—
65-
Lira.
Turquie .
83-
Juspara à 2V2 piastres.
5-
a.
Piastre à 40 paras.
8.
1.
Païa.
_
5 ♦
Venise .
Ducato k 8 lire.
4-
2 4»
Scudo délia croze.
6.
56.
Giustina ou ducatone.
5-
82.
Talero à 10 lire.
5-
29-
Osella.
2.
6.
Lira.
—
53-
V. pour des plus amples détails le Tarif de la valeur
en Francs des -pièces d'or et d' argent , par J. A. JSoiret
A Paris 1810. in * 8 .
Le seul papier-monnaie , qui existe k présent, sont
les 5 poux - cent consolidés , et les actions de la banque.
■ ■ ■■ «■— -
Ta b l eau
5-
quelques
villes.
AIX. Long. 32° 6' 34". Lat. 430 31' 35". Population ,
suivant l’A. R. 2i,cog. □ l’Amitié: les préjugés vaincus.
Edifices remarquable*. Curiosités. La cathédrale:
(ses portes; les fonds baptismaux, plus connus sous le
*onx de la Rotonde. Cette Rotonde est bien faite dans
LA FRANCE. VILLES:
31
son genre; il est difficile de l’examiner sans intérêt.
Elle est entourée de 8 colonnes antiques, cannelées,
d’ordre corinthien, qui faisaient partie d’un temple du
soleil. Le monument de de Vins , a été détruit, comme
tous les monumens des églises d’Aix. Remarquez le ta¬
bleau d’un St. Thomas, par un peintre Flamand.) — Hô¬
tel de ville: (la tour de la grande horloge, tour antique,
attenant à l’hôtel; la fontaine placée au centre de la
place de l'hôtel, est formée d’une assez belle colonne
antique trouvée dans les fouilles faites près la porte des
Augustins. Le mausolée du Marquis d’Argens, élevé par
Frédéric le grand , et ci devant aux Minimes, est placé à
présent auMusée: (Le médaillon est effacé, et l’inscrip¬
tion remplacée par un style sans - culotte.) — Les eaux
thermales : (le prix d’un bain est fixé à 30 sols ; les eaux
minérales se prennent aussi en boisson). — Le cours, ou
Y Ortitelle : (On lui donne 1,300 pieds de longueur. On y
avait élevé la colonne de la liberté : c’est un double rang
fl’arbres distanciés de 20 à 25 pas de la file des hôtels, ca¬
fés, et maisons qui bordent cette magnifique rue. Trois
fontaines jaillissantes, et qui répandent une forte quan¬
tité d’eau, sont placées à '.des points d’enfilade. Celle
du côté de la terrasse est d’eau thermale. Cette terrasse
fixe de ce côté cette belle promenade). — L’édifice des
bains — le bâtiment de la charité — la fontaine en obé¬
lisque (la masse totale fait un bon effet) — L’église de
Madelaine : (deux tableaux de Mignard et de Venloot
qui ont échappés à la dévastation). — Aix est le chef-
lieu du département desBouches du - Rhône, mais l’une
des villes de France, qui a le plus perdu par la révoi
lution, et dont la population diminue journellement.
L’ancien archevêché est le chef-lieu de la 8 cohorte de
la légion d’honneur. (Une foule de belles maisons , or¬
nées de balcons et de termes, où le ciseau de Puget a
survécu au Vandalisme, décorent cette ville, la plus
riche de France en fontaines publiques. Le mansolée de
3*
LA FRANCE. VILLES,
Joseph Sec , charpentier, à la place du marché aux be¬
stiaux, est une singularité moderne, du teins de la ré-
rolution), .
Collections . Cabinets. Le Musée et la bibliothèque
de 6o,ooo volumes , à l’hôtel de ville : plusieurs monu-
mens antiques, se conservent à cet hôtel: le cabinet
et V Antiquarium de M. Desnoyers , renfermant ;des ri¬
ches collections d’antiquités et de curiosités: le cabinet
de M. Magnan ; les cabinets de minéralogie et d’ento¬
mologie de MM. Fonst Colombe , père et fils. (Le célè¬
bre tableau, peint par le Roi René , est déposé k l’ar-
chévêché.)
Etablissemens littéraires. L’école de droit, qui rem¬
place l’université: deux cabinets de lecture, dont l’un
au Cours : Salle de comédie.
Promenades. L’Orbitelle. — L’allée, hors de la por¬
te St. Louis. — Au Tholonet , lieu charmant, renommé
par un site pittoresque, des belles eaux et allées, et par
lin reste de muraille Romaine. — Albertas est une au¬
tre campagne justement célèbre k 1 lieue de la ville.
Auberges. A l’hôtel du Cours : bonne auberge dan»
Une belle situation.
Commerce. Manufactures. De belles teintures : de
l’huile excellente, qui a une réputation méritée sur les
huiles de tous les autres pays; mais dont le produit a
été extrêmement réduit par l’hiver de 17S9. Des truffes
marinées; des raisins secs ; des macaronis ; des avelines
étc« Ce fut un fabricant, nommé Nicollon , qui fit ve¬
nir il y a 40 ou 50 ans, des ouvriers de Lyon, pour l’é¬
tablissement d’une fabrique de galons d’or e£ d’argent,
et qui parvint à en faire d’aussi beaux, que Ceux de
Lyon même. Il se tient k Aix tous les apis trois foires
de cinq jours consécutifs chacune, l’une dite de la
LA FRANCE. VILLES,
33
Fête- Dieu i on y vend beaucoup de bestiaux de toute*
espèces.
Fêtes. Les fêtes locales , qui ont lieu une fois l’an¬
née , connues sous le nom J Roumavagi , les mêmes qu’on
nomme Trin , dans les environs de Marseille. La pro¬
cession célèbre, qui se fait ici le jour de la Fête - Dieu,
et qui vient d’avoir lieu de nouveau, avec quelques
changemens dans le costume et les personnages. La
danse des fous a été supprimée.
Distances. Aix est à QT/2 postes d’Avignon , 40 de
Lyon , 4 de Marseille , 95 de Paris. -l’ignore si la route
projetlée à Arles , par la fameuse plaine de la Crau , a
été exécutée.
Mélanges. Excursion à St. Maximin , et au pèleri¬
nage de la Ste. Baume. St. Maximin est une petite ville,
qui a pris son nom du Saint, qui y est enterré. L’église
des Augustins est belle. A 2 lieues de lk , la grotte de
Ste. Baume , célèbre par la tradition controuvée que
Ste. Madelaine , soeur de Lazare, s’y soit transportée,
pour faire pénitence. Elle a été dévastée par le vanda¬
lisme révolutionnaire. Il croît dans les environs une
grande quantité de plantes odoriférantes, dont l’odeuy
emportée par le vent, se fait sentir d’assez loin. Le riche
point de vue du St. Filon , les congélations de la grotte,
et la beauté pittoresque du lieu, y attirent les cu¬
rieux. — Il faut aussi visiter Sallon , petite ville, qui
n’est pas fort éloignée d’Aix, et qui est célèbre par le
tombeau de Nostradamus , fameux thaumaturge du iôme
siècle, tombeau détruit par le Vandalisme ; c’est aussi
la patrie de Sujfren , dont on montre le buste en mar¬
bre dans la maison commune. A Istres il y a un rocher
isolé, qu’un Ex-Jésuite, parent de la famille Sujfren , fit
tailler en forme de vaisseau de ligne, et surnomma le
Héros } nom que portait le vaisseau - amiral de Sujfren»
34
LA FRANCE. VILLES.
£,a foire de St. Martin, qui se tient à Sallon, mérite
une mention particulière. — L’étang de Berre ou de
Martigues , à 4 lieues d'Aix communiquant avec le mer
Méditerranée, par un petit détroit, remarquable par ses
Salines, et par le passage périodique des poissons de la
Méditerranée. — Entre Aix et St. Paul , par Pegrolles,
à 6t/2 lieues , est situé le vieux château de Mirabeau ,
fameux par l’homme de la révolution, qui l'a habité et
rendu célèbre cé uom. — Ce qui fixe l’attention du vo¬
yageur , c’est la Crau, les càmpi lapidez’ des anciens#
C’est une plaine de 6 à 7 lieues d’étendue, toute remplie
de cailloux, grands et petits, qui sont accumulés à
plusieurs pieds de hauteur, sans être mêlés de sable ou
de quelque terre. On s’occupe de son défrichement. La
partie de la Crau arrosée actuellement par les eaux du
canal du Craponne , est couverte de fermes connues sous
le nom de mas . Les fermes et les maisons de cam¬
pagne, sont désignées sous trois noms dans le départe¬
ment des Bouches-du-Rhône: 1) bastides , contrée d’Aix,
de Marseille; 2) mas, contrée d’Arles, de Tarascon etc.;
3) granges , du côté de Nove etc. — A trois lieues A' Aix
sur la rive gauche de la rivière A' Arc , sont les fonde*
mens d’un arc de triomphe, érigé par Marius.
AVIGNON. Long. 22°, 28'. 42"* Lat. 43O. 57'. 25". Po¬
pulation, suivant l’A. R. 21,412. — ' " □ les Amis à l’épreu¬
ve ; la parfaite union: la réunion bienfaisante: les ami9
sincères.
*
Edifices remarquables. Curiosités. N. D. des Dons:
[C’est la plus belle église, et qui a survécu à la destruc¬
tion : le portail est Romain, et la place qu*felle occupe,
a été celle de deux temples d’Hercule et de Diane. On
y a découvert plusieurs monumens anciens]. — L’église
des Céléstins : (le squelette d’une femme, peint par René
d’Anjou, a été déchiré par le vandalisme révolution-
LA FRANCE. VILLES.
35
n aire. La voûte hardie de l’église des cordeliers a été
détruite au teins du vandalisme , de même que les deux
curiosités, que les étrangers venaient y voir, le mauso¬
lée du brave Grillon , et le tombeau de la belle Laure ,
dont il ne reste plus que la fosse. Dans une petite cha¬
pelle obscure, au-dessous de l’arche qui forma l’entrée,
et sous une pierre simple., reposa cette Laure qui ne
pourra mourir, tant que la renommée et les vers de son
aimant Pétrarque survivront. Autour de la pierre étaient
quelques caractères gothiques, rendus illisibles par le
tems. François I. Roi de France, fît ouvrir ce tomb?au
«n sa présence. Quelques petits os, qu’on supposa être
de Laure , et une boîte de plomb contenant un griffo-
»agü de vers italiens de Pétrarque , était toute la récom¬
pense, dont la curiosité duMonarque fut payée. ( Laure ,
mariée à Hugues de Sadé, mourut le 6 Avril 1348- de la
peste qui désola alors toute 1 Europe.) — Les débris, sur
le Roc - de- Dons, au - ci - devant palais du Légat , delà,
tour en face du jardin, ou de la trop fameuse glacière ,
de 1791. Ce palais, alors le théâtre des horreurs, qui ont
donné une si triste célébrité à cette ville, menace ruine,
mais la vue du haut de ses voûtes et toits est délicieu¬
se. — Les murs crénelés et les remparts d’Avignon,
sont d’une élégance remarquable, des nombreux clochers
de toutes les formes, décorent encore cette ville, que
Rabelais qualifia de Ville - sonnante. — La belle prome¬
nade du Cours, au bord du Rhône (fréquentée par le
très - beau sexe d’Avignon.) — des bains public* — des
jolis cafés. — le nouveau pont en bois.
Auberges. L’auberge de Mad. Pierron , vis-à-vis de
la poste: (excellente auberge).
Etabli ssemens littéraires. L’Académie de Vaucluse:
la société de Médecine: la société agricole: la bibliothè¬
que publique: le Musée de. peinture, et d’hist. natu-
36 LA FRANCE. VILLES.
relie: un pabinet de lecture: les cabinets de MM. Cat-
vety Ouinson , Limon y Thomas etc, — (la salle de spec¬
tacles est établie dans une ci - devant église. A l'église
de la Miséricorde, un crucifix d’ivoire, ouvrage d’un
prisonnier , mais d’un fini précieux.)
Fabriques. De soies; de r_ubans unis; de bas de soie;
taffetas de Florence, très-estimés. Des moulins à organ-
siner la soie: (la soie teinte a Avignon y surpasse en lu¬
stre et en solidité de couleur, toutes les autres; on attri¬
bue cette qualité aux eaux de Vaucluse.) Distillateur»
d’eau forte etc. Fonderie de canons.
Livres -pour guide. Topographie phys. et méd. d’A¬
vignon et de son territoire, par Mr. Pamard. Avignon.
18^2. [M. Guérin s’est occupé d’un livre intéressant, les
tombeaux d' Avignon.]
Distances. De Paris 80V2 postes, de Nîmes 5T/2 postes
(sur cette route, le pont du Gard y antiquité Romaine
très-remarquable), de Lyon 30V4 postes (V. à l’article de
Lyon l’avis sur le voyage par eau de Lyon à Avignon),
de Montpellier , ni/2 p. D’Avignon à Marseille on paye
15 livres pour une place, dans le cabriolet de la diligen¬
ce de l’Entreprise générale. D' Avignon à Carpentras , 3
lieues, l’ancien Forum ISeronïs : encore aujourd’hui ce
Forum subsiste, dans le grand marché qui s’y tient tous
les vendredis , et qui ressemble à u ne foire. On admire
les restes d’un superbe arc de triomphe, et dans la ca¬
thédrale les colonnes tirées d’un tempie de Diane, L’hô¬
pital est un bel édifice moderne.
Excursion à la Fontaine de Vaucluse. V. Description
de la fontaine de Vaucluse etc. par Mr. Guérin. Avignon.
I804-8- Cette petite excursion se fait communément k
cheval ou en voiture. Un cabriolet à * chevaux se paye
LA FRANCE. VILLES..
37
fl Üvre9, le retour et tous les frais y compris; on donne-
3 livres au cocher pour-boire. Il n’y faut guères moins
que 4 à 6 heures de marche. Il faut choisir de deux rou¬
tes celle, qui passe par Mori'ercs , comme la plus agré¬
able et la plus courte; on peut alors prendre son retour
par l’autre, qui côtoyé la Durance. L.e voyage de Vau¬
cluse , dit le P. Papon , si on le fait dans la belle saison,
sera d’autant plus agréable, que pour y aller, on traver¬
se la plus belle partie du territoire d 'Avignon et celui
de Vlsle, qui est dans une plaine charmante. On passe
ensuite dan3 un vallon, le long duquel s’élève, en fer-
a - cheval , une montagne de pierre vive , et l’on arrive
par un chemin étroit et pierreux, au pied d’un rocher
fort haut et taillé à pic, (élévation du mont Vaucluse au
dessus de la mer, 20i6anciens p. de Paris.) où l’on trouve
un antre assez vaste, dont l'obscurité a quelque chose
d’effrayant. On peut y entrer, si l’eau est basse. On y
voit deux grandes cavernes, dont la première a plus de
soixante pieds de haut sur l’arc qui en forme l’entrée;
l’autre paraît avoir cent pieds de large et presqu’autant
de profondeur, et n’a qu’ environ vingt pieds d’élévation.
C’est vers le milieu de cet antre que s’élève, sans jet et
sans bouillon, dans un bassin ovale d’environ dix -huit
toises dans son plus grand diamètre, la source, abondan¬
te qui forme la Sorgue , et porte bâteau presqu’en sor¬
tant du rocher.
Quand elle est dans son état ordinaire, l’eau s’échap¬
pe par des conduits souterrains jusqu’à son lit; mais,
après de grandes pluies, elle s’élève au dessus d’une es¬
pèce de môle qui est devant l’antre, et y forme un bas¬
sin dont la surface est unie comme la glacé; ensuite
elle se précipite avec un bruit affreux’ à travers les dé¬
bris des rochers, les blanchit de son écume, et semblé
faire des efforts, pour fuir vers l’endroit où, ne trou¬
vant plus d’obstacle , elle prend un cours paisible et
Guide des Voy. T. IL O
38 LA FRANCE. VILLES.
tranquille. Je.l’ai vue dans cet. état, et il faut avouer,
que le bruit de l'eau répété par l’écho, l’écume bondis¬
sante, la solitude du lieu, l’aridité et la hauteur du ro¬
cher, les blocs énormes, qui, étant déjà séparés de la
masse par de larges crevasses, sont suspendus sur votre
tête, font une impression sur l’âme qu’il faut avoir
éprouvée^
-L’e-au de cette fontaine est claire et pure comme le
crystal, et ne forme ni mousse ni dépôt; cependant elle
ne vaut rien pour boire, tant elle est crue, pesante, in¬
digeste; mais elle est excellente pour la tannerie et la
teinture, ..et fait croître une herbe qui a la vertu d’en-
gjraisser les boeufs et d’échauffer les poules; propriété
dont il est parlé dans Pline et dans Strabon. Les liabi-
tans de Vaucluse ne manqueront pas de vous dire, que
le vieux château que vous voyez perché sur la montagne
inaccessible, au pied de laquelle la Sorgue serpente, est
Je château de Pétrarque. Ils se trompent; il a de tout
teins appartenu à l’évêque Cavaillon , ci-devant seigneur
de cet endroit; et le fameux Philippe de Cabassole ,
lorsqu’il occupait le siège de cette église, venait sou¬
vent dans .ce château pour voir Pétrarque , son ami*
Celui-ci était logé près du village, dans une petite mai¬
son de paysan, dont il .ne reste plus aucuns vestiges; il
la comparait à la maison de Fabrice ou de Caton. Nous
invitons les lecteurs, qui sont au fait de la langue alle¬
mande, de lire la description charmante de ce voyage,
que feu M. -Girtanner en a publié, dans le Journal de
Berlin. On dîne ordinairement à la ville de 1 ’ Tsle , dont
l’auberge excellente porte les noms de Pétrarque et de
Laure; on sç fait servir des truites, pêchées dans la Sor¬
gue, et qui passent pour un mets délicieux, on y mange
de même, sous diverses préparations, les plus belles
écrevisses et les meilleures anguilles. C’est à l église de
i'2slrf que le poète vit Laure pour la -première fois.
LA FRANCE. VILLES. 39
V. une petite brochure: Pétrarque à Vaucluse. Paris.
XIII. 8.
BORDEAUX. Long. 160 55' 52". Lat. 45O r,o' 18". Po¬
pulation , suivant l’A. 90,992. (La ville de Bordeaux est
une des premières de la France pour la grandeur, les
richesses et la beauté: elle est le chef - lieu du départe¬
ment de la Gironde). □ La Française élue, ^Ecossaise:
l’Amitié: la Française d’Aquitaine: l’Anglaise. (Ces qua¬
tre loges forment la grande loge Franc - Maçonne i il
y a encore cinq Q de St. Jean.)
Edifices remarquables. Curiosités. La cathédrale:
(deux bas-reliefs, qui décorent extérieurement le jubé,
méritent l’attention par la singularité , qui les caractéri.
se.) — La bourse: (c’est du balcon de la chambre, ci-de¬
vant consulaire , que l’on découvre le mieux toute la
beauté du port: la richesse de ce point de vue est au-
des-sus de toute description. On y lit les noms de iS na¬
tions commerçantes.) — Le monastère et l’église des ci-
devant Chartreux. [Dans la dernière on voyait quelques
bons tableaux: elle servait en 1801 de lieu de réfuge aux
émigrés de St. Dorainsuei la violation des tombeaux et
la déstrnetion des chapelles, datent du tems du terro¬
risme} — l’éplise gothique de St. Sevrin: (son cimetière
a servi de sépulture aux victimes du terrorisme, égorgés
en 1792 et 1793 et 1794.) — l’hôpital — la grande salle des
spectacles: (au moins le plus vaste, si ce n’est pas le
plus commode et le plus beau des théâtres modernes,
accompagné d’une charmante salle de concert, environné
d’un portique extérieur, servant de promenoir et de
foire perpétuelle, que décore un grand ordre d’architec¬
ture) — le Vauxhall — la douane — l'église de St. Michel:
(de son clocher on a la vue sur la ville , et sur une très-
belle f campagne ; mais la plus belle vue est celle prise
de la pointe de la bastide, située de l’autre côté de la
40
LA FRANCE. VILLES.
Garonne). — L a belle place royale, ci-devant de la liber¬
té : (c’est sur cette place qu’est le rassemblement des fia¬
cres.) — Le palais archiépiscopal, qui peut être mis au
nombre des beaux édifices modernes — la fontaine de
Figuero — le port, les quais, et le magnifique demi-
cercle, qu’ils décrivent. L’on donne à la^Garonne 350
toises de largeur, vis-à-vis la place, où était situé le
Château trompette , et 400 toises vis-àvis les Chartrons.
C’est à un Café à trois étages, que l’on jouit le mieux
de cette vue superbe — la porte basse et le palais Ga¬
ina; restes d’antiquité (les piliers de Tutele , autres res¬
tes d’un temple ancien, sont démolis,) — le superbe fau¬
bourg des Chartrons , où l’on jouit de la vue la plus
magnifique comme de la plus vaste, et les quartiers de
Chapeaurouge , de Tourny , et toute la Ville~neuve , se
distinguent par l’élégance variée des maisons, qu’habi¬
tent les plus considérables négocians , et par la beauté
des places, des rues etc.
Hôtels garnis. Au chapeau - rouge , et au boulevard,
surtout, à l’hôtel d’Angleterre.
Etablissemens littéraires et utiles. Cabinets. L’aca¬
démie ; la société d'hist. nat; l’école de la théorie du
commerce; l'institut des sourds et muets, la société de
médecine; l’école de navigation; le lycée; le musée,
d’instruction publique; la société de littérature et de9
belles -lettres. (On voit dans la salle, où elle tient se»
séances, le monument de Montaigne, ci-devant à l’église
des Feuillans, et le buste de Montesquieu ; elle possède
la grande bibliothèque et le cabinet d’hist. nat. que le
Président Bel légua en 1738;) la galerie de tableaux; le
jaTdin botanique. Les cabinets de tableaux de M. Jo«r-
na- Aubert , de M. Mo lier , et de M. Bernard — les bains
Chinois.
Promenades. Cours de St. Surin: Cours d$ Chartfbns :
les allées de Tourny.
L A. FRANCE. VILLES. 41
Spectacles. Deux, quelquefois trois} (le public est
connaisseur.)
Commerce. Fabriques . La ville de Bordeaux a trois
principaux objets de commerce; la vente de ses vins et
de ses eaux de vie, le trafic qu’elle fait avec les colonies
françaises de l’Amérique, et la pêche de la baleine et
celle de la morue. L’industrie àe Bordeaux consiste ou¬
tre cela en raffineries de sucre, qui passent pour être
des meilleures de la France ; fabriques d’eaux - de - vie
et de vinaigre; manufactures de cadis, d’une fort belle
qualité; d’indiennes et de bas; manufacture de fayence}
fabrique d’eau forte très - estimée ; manufacture de verre
blanc de tonte beauté; corderies pour la marine. Les
foires sont au nombre de deux, qui durent chacune 15
jours; la dernière, au mois d’octobre, est la plus con¬
sidérable. On distingue les vins proprement de Bor¬
deaux, et les vins auxquels la ville ne sert que d’entre¬
pôt. On distingue ceux du crû de Bordeaux en vins de
Grave , et vins de Palus. Ceux qui tiennent le premier
rang parmi les rouges, sont connus sous les noms géné¬
riques de vins du Médoc, du Hantbrion , de St. Emilion,
de Grave etc. Les vins du Médoc les plus estimés sont
ceux de Lafitte, Latour et Margaux. Les plus estimés
parmi les vins de Grave, sont ceux de Hantbrion, du
Haut-Talence , de Mérignac , Pessac, Langon , Villenave
etc. Ceux qui tiennent le premier rang parmi les vins
blancs, sont ceux de Carbonnieux, Serons, Borsac,
Prignac, Sauterne, Baume et Ste. Croix du Pont etc.
Ceux du Palus sont connus sous le nom de vin deQuey-
ries, Montferrantr qui résistent à la mer dans les voya-
gas du plus long cours. Parmi ceux de France, qui vien¬
nent à Bordeaux, les plus estimés sont les vins blancs
de Langan , et les vins rouges de Castres , parmi les vins
d'Espagne, ceux de Nantaro. Les magasins de vins se
trouvent presque tous aux Chartrons. L'Anisettet liqueur
42
LA FRANCE. VILLES,
célèbre, se débite par an au nombre de 3 à 400,000 fla¬
cons . Au reste le commerce de Bordeaux n’est plus si
florissant, qu'avant la guerre.
Excursion. Au château de la Brède , où Montesquieu
naquit, vécut, mourut. Ce sont surtout les Anglais, qui
aiment à faire ce petit pèlerinage philosophique.
Distances. De Bordeaux à Paris par Limoges 73 pos¬
tes, par Tours 761/2, a Lyon 67V2 P- , à Marseille 86ty2 L.,
à Nantes 35V2 P > à Pau 29V2 P-, à St. Melo 62 p., à Tou¬
louse 331/2 à Brest par Nantes 77 postes. Il est dû k
la sortie de Bordeaux une demi poste en sus de la dis¬
tance.
Avii. Pour se rendre de Bordeaux h Bayonne , une
place dans la diligence, qui fait le trajet en 3 jour®,
coûte 70 francs.
BREST. Long. 13O 9' io//. Lat. 48° 22' SS"- Popula¬
tion , suivant l’A. R. 25,865.— □ les élus de Sully:
l'heureuse rencontre.
Edifices rem arquai) les. Curiosités. |Le parc et les
chantiers de construction — la corderie — la voilerie —
les magasins d’approvisionnement — les forges — la fon-
deiie — les arsenaux — le bagne des forçats — les caser¬
ne» — le pavillon d’étude et le dépôt des plans — l’hôpi¬
tal — le cours de la réunion, où l'on devait placer la
statue de Neptune. — L’école de navigation.
P Distances. De Brest à Bordeaux 79V4 P; » à Paris 74V2
p. (L’on paye k l'entrée et à la sortie de Brest, une
demi poste en sus de la somme portée dans le livre de
poste).
pote. L’entrée de la rade est très difficile et étroite,
ce qui lui a fait donner le nom de goulet. Brest vue de
LA FRANCE; VILLES,
43
l’enlréc de la baie, se développe agréablement; sa posi¬
tion amphithéâtrale la fait paraître beaucoup plus con¬
sidérable qu’elle n’est en effet, et les ouvrages des for¬
tifications, entremêlés de jardins et de jolis petits pa¬
villons de plaisance, produisent un coup d’oeil des plus
jntéressans: aussi a - t - il fourni au célèbre Vernet , le
sujet d’un de ses plus beaux tableaux. Prés de l’entrée
du port est un pont -volant, c’est - à - dire, une chaisse
pour 5 à 6 personnes, suspendue par des poulie* et un
cable, que l'on attire de la côte au fort, ou du fort à la
côte, au moyen d’une corde mise en jeu par un cylin¬
dre. Outre le commerce, que les embarquemens de la
marine entretiennent à Rrest, il s’y pêche de la sardine,
du maquereau etc.
Spectacles. Comédie française : (la salle est jolie et
le public connaisseur.)
Distances. 125 lieues de Paris: 75 de la Rochelle: 100
du Bordeaux: 90 du Havre: 50 de Rennes.
LYON. Long, à l’observatoire 22^ 29' 15" (de ï’isle de
Ferro.) Lat . 450 45' 52". Population , suivant l’A. 88>9i<F
(Seconde ville de laFrance pour la beauté, le commerce
et les richesses.) Q de la bonne amitié: la candeur:
l’harmonie parfaite: le silence parfait: la sincère amitié.
Edifices remarquables. Curiosités. L’hôtel de ville
(on y montre un taurobole antique, bien conservé. Des
trois tables de jbrônze sous le vestibule, sur lesquellesr
était gravée la harangue, que l’Empereur Claude pro¬
nonça dans le Sénat romain en faveur de la ville de
Lyon , l’une a été détruite, dans les tems du vandalisme
révolutionnaire , par les boulets de canon. On y voit
uussi les deux statues célèbres de Coustou. Les salles
«ont décorées de tableaux de Blanchet. La façade, le
frontispice et le portail sont 9uperbes. Ces salles et les
44
LA FRANCE. VILLES.
souterrains de l'hôtel servirent de prison à un grand
nombre d’infortunés de tout sexe et de tout âge, im¬
molés par le terrorisme de la révolution. On distingua
alors ces souterrains par les surnoms de mauvaise et de
bonne cave, parceque la première ne recevait que ceux
qui devaient périr par le fer ou le feu.) — La salle du
spectacle ; (vaste et belle: il y a encore un théâtre aux
Cëlestins , ce dernier est consacré au genre des boule¬
vards — L’ancien couvent de St. Paul , sa superbe fa¬
çade , que beaucoup de personnes préfèrent à ceux de
l’hôtel de ville , quoique elle ne soit pas terminée, et sa
magnifique terrasse — la maison Tolosan , et sa superbe
façade - la bourse ou la loge du change. — Le grand
hôpital: [le plus bel édifice de Lyon, et qui n’a pas son
pareil en France; toutes les salles font fâce à un autel,
placé sous le dôme quadrangulaire.] — La cathédrale:
ornée par le cardinal Fesch de tableaux estimés , et re¬
marquable par son architecture gothique, et sa fameuse
horloge, ouvrage étonnant par sa complication , mais
dérangé depuis nombre d’années: le coq ne chante plus:
— l’église du collège: (dans le même bâtiment une belle
bibliothèque, qui possède 800 manuscrits) — l’église de St.
Paul : (le tableau du maître-autel est de le Brun.) — L’é¬
glise des cidevant Feuillans : (où réposent les cendres de
Cinq - Mars et de Thou , que Richelieu fit exécuter sur
la place des Terreaux) — de St. Nizier: (construite au
4tue siècle; beau portail de Philibert Delorme.) — d’Ai-
nay : (les 4 colonnes de marbre granit qui soutiennent
le petit dôme, et qui, dans leur origine fesaient partie
d’un autel, dédié à Auguste; le bas - relief antique au-
dessus du principal portail) — dans ce même quartier
d’Ainay ou d’Enay, la belle mosaïque, dans le jardin de
M. Macors , découverte en 1806. — Les moulins pour
l’organsinage et le dévidage des soies, à l’hôtel de Mi¬
lan : (c’est un spectacle vraiment imposant et unique,
que de voir des milliers de bobines et dt dévidoirs, se
LA FRANGE. VILLES.
45
garnir et dégarnier, comme par des mains invisibles ;
leur bourdonnement ressemble au bruit d’un cataracte.)
— la maison de l’abbé Rozier , le Columelle des Fran¬
çais, rue de Maçons: (on la reconnaît à la devise, écrite
sur la porte: Luudato ingentia rura etc.) — > les place»
des Terreaux et de Bellecour; cette place, dévastée
vpar le vandalisme révolutionnaire , fut rétablie depuis ;
les palais de la Mairie, du gouvernement , de la poste,
bornent. La place des Terreaux est devenue célèbre par
les guillotinades d’un grand nombre d’innocens , dont
le sang ruissela jusques dans les caves). — Le nouveau
et superbe pont en pierre, près de l'archevêché sur la
Saône. — Pierre Scise ; (ancienne prison d’état, cou¬
ronnée par une grande tour ronde, dont les proportion»
étaient d’une symmétrie frappante. La vue est magnifia
que et très - étendue. Ce château gothique a disparu
dans la révolution; le rocher, exploité en carrière va
disparaître de même: ce sera une perte pour les ama¬
teurs de vues pittoresques.)
Promenades. Antiquités. Vues -piquantes . La terrasse
des Fourvières, Les Etroits , ou le sentier entre la
Saône et le coteau, qui produit l’excellent vin de St.
Foi , et qui va jusqu’au pont de la Mulatière : (on apper-
çoit le château d'Oulins^ dans l’église du village, repose
l’académicien Thomas :) les allées de Belle - cour; l’al¬
lée Perruche et le quai de St, Clair, l’un des plus beaux
de France, ün apperçoit dp quai superbe du Rhône, le
Mont - blanc y par un tems clair, et de l’autre côté du
fleuve, les Brotteaux , où conduit le pont Morand , ces
Brotteaux, tristement célèbres par les mitraillades et fu¬
sillades de Collot d'Herhois et d’autres terroristes de sa
trempe. Que de valeur, de vertus, de talens, sont caché*
sou» cètte terre!! — Vue fort riche et étendue sur la
hauteur de Fourvières ; surtout de la terrasse de l’égli¬
se: c’est le Panorama de Lyon! Le chemin est pénible»
46 LA FRANCE. VILLES.
mais la belle vue dédommage amplement. Ce côteau de
FourviereS renferme encore dans son sehi des marques
du grand incendie , sous le régne de Néron, et dont
parle Sénèque. On y trouve des monceaux de charbon,
des métaux fondus, des vases brisés etc. Journellement
On déterre, des médailles, des lampes, des tombes, des
inscriptions etc. L’église de N. D. des Fourvières occupe
la place du Forum Veneris , et la maison des Antiquuil «
les, à présent l’hôpital des fous, celle du palais des Cé¬
sars. Le nom à' Antiquailles date des nombreuses anti¬
quités que l’on y trouve. Les principaux restes d’anti¬
quités que l’on remarque encore sur cette montagne,
sont _les aqueducs auprès de l’église de Ste. Irene ; la
belle mosaïque, dans la maison Cass'ere , rue Gourguil-
lan ; le peu de reste d’un théâtre dans l’enclos des Mi¬
nimes, et des réservoirs souterrains aux Ursulines et aux
Antiquaillles. — Le côteau de la Croix-Rousse , aU Nord
de 1a. ville, offre aussi des belles vues et des aspects pi-
quan , surtout de la terrasse des Chartreux; l’église des
Chartreux présente un bel dôme, et un magnifique autel
en marbre. Le Jardin des plantes , avec les vestiges
d'une ancienne Naumachie, est sur ce côteau, où l’on at
trouvé les deux tables de bronze. —
Spectacles . Amusemens. Le grand spectacle : le thé¬
âtre des variétés: le (public de Lyon est connaisseur, et
ses théâtres, comme ceux de Bordeaux, ont fourni les
premiers sujets aux théâtres de Paris) des concerts, de»
cercles etc.
Collections. Cabinets. La bibliothèque du collège
dont nous avons parlé: et le cabinet de la ville; (c’est
l’un de?*plus beaux vaisseaux, qui se voient en Europe :)
lfe Musée ou le Conservatoire des arts au couvent de St.
Paul (la se trouve le fameux tableau de Rubens , le sau¬
veur à la croix, ci-devant aux Gonfalonîj la collection
LA FRANCE. VILLES.
4?
d’antiquités Gauloises, chez M. le professeur Rivoil : Le*
deux cabinets d’antiquités Romaines, chez M. Artaud^
garde du Musée, et chez M. le peintre Richard. Le ca¬
binet de M. de Boissieu ,
Etablissemens utiles et littéraires. Le lycée; (le plu*
beau et le plus vaste pensionnat du Royaume:) l’école
spéciale de dessin vétérinaire (établi dans l’ancien cou¬
vent des deux amans. Le tombeau de deux amans,
VAmandus et Amanda dont parle Yoriîc - Stems , n’existe
plus; le jardin du couvent est devenu le jardin de
l’école, et le bosquet, qui serpente à travers le pen*
chant du côteau, offre de son sommet le même point de
vue, qu’à Pierre - Scise ;) l’Athénée: la société de mé¬
decine. Le Lycée est établi dans l’ancienne église de la
Trinité: la vue de la terrasse est très - belle.
Auberges . A l’hôtel des ambassadeurs, place Belle-
cour: à l’hôtel de Languedoc, quai de la Saône; à l’hô¬
tel de l Europe ; à l’hôtel des Célestins; à l’hôtel de Mi¬
lan; au Parc; (très - bonnes auberges.)
Fabriques. Manufactures. Les gros de Tours, bro¬
chés en or et argent; les satins cannélés , soie et or; les
cirsakas , étoffes en dorure passées au cylindre; les taf¬
fetas brochés en or et argent; les velours frisés; les taf¬
fetas façonnés, chmés, brillantés; les moires et damas;
les gros de Naples etc. les bas de soie; la bonnêterie ; la
chapêlerie; l'épicerie; les galons; les rubans et pas9e-
raens etc. Le tirage de l’or est aussi une opération inté¬
ressante, qu’on n’a point occasion de voir par tout, et
qui s’opère ici supérieurement: (La qualité des étoffes
et la beauté des dessins, qui se fabriquent et exécutent
à Lyon , sont généralement estimés. Pour être admis
comme spectateur au travail des ouvriers, il faut s’adres-
*er au maître de la fabrique, qui vous fait accompagner
48 LA FRANCE. VILLES.
par un de ses commis. Avant la révolution on comptait
22,000 ouvriers en soie; La chapellerie est aussi uue
branche de commerce.
Livres a consulter. Almanach histor. et polit, de
Lyon. (Et sur les événemens qui ont précédé ou suivi la
catastrophe du siège de Lyon en 1794, L'Histoire du siège
de Lyon depuis 1759 jusqu’en 1796 accompagnée d'un plan
de la ville. T. 1. 2. A Paris chez le Clerc , et à Lyon
chez Daval . 1797. 8- Consultez aussi le Tableau des pri¬
sons de Lyon , par Delandine , ci - devant bibliothécaire*
A Paris 1797. C’est une lecture qui remplit l’ame du
plus vif intérêt.)
J Distances . De Lyon à Paris *) par Melun, Auxerre
et Auîun 58V2 P* 2) Par Joigny, Dijon et Châlons 62V4
p. 3) par Nevers et Moulins, ^9 p. *) par Troyes, Dijon
et Maçon, 62 p. Do Lyon, à Strasbourg, 533/4 p. à Cham¬
béry , 141/4 p. à Grenoble, 131/3 p. , h Montpellier, 39V#
p. a Genève, 20p., a Avignon 3oi/4P- (à. l'entrée de Lyon,
il est dû une demi -poste au de là de - la fixation ci-des¬
sus: et une poste entière, à la sortie.)
Avis . On peut faire le voyage h. Avignon sur le Rhô¬
ne, et par la coche d’eau; mais comme elle reste 3I/2
jours en chemin, il vaut mieux fréter une barque ou bâ¬
teau de poste, pour son propre usage. On la loue, y
compris le transport de la voiture et des malles, à peu
près pour le prix de 6 à 8 Louis, et on fait ce voyage en
deux jours: quelquefois une seule journée suffît. Mais
ces bâteaux sont souvent dans un état, qui fait cou¬
rir des risques aux étrangers, qui s’ÿ *fïent. Car cette
navigation sur le Rhône, n'est nullement exempte de
dangers.
Mélanges. La longue rue resserrée entre la Saône et
le coteau de Fourvieres, est arssi remarquable par une
LA FRANCE. VILLES,
49
file des bAtimens , suspendue aux escarpemens. La rue,
la belle cordière , porte ce nom, en mémoire de Louise
JLabê , célèbre beauté et femme bel - esprit du 16. siècle.
Les marrons de'Lyon sont renommés; on y voit des ma*
gasins entiers de cette denrée: cependant Lyon ne tire
pas ces marrons de son territoire, mais des départe-
xnens voisins : les marrons du Luc , sont les plus recher¬
chés. 11 y a à Lyon une petite poste , et des bureaux
d’àgence. — L’îZc Barbe est aux Pâques et à la Pente¬
côte, le Longchamp de Lyon, on y voit un rocher très-
pittoresque, et les restes d’un château de Charlemagne.
Les environs de cette île, ont été cent * fois dessinés.
MARSEILLE. Long, à l’obs. 230 i' 45" »(lsle de Fer-
ro) Lat. 45O 17' 43". Population , suivant l’A. 111,000. Q
l’airaable sagesse: les amateurs de la sagesse: les amis
de l’aimable sagesse: les disciples de St. Jean: l’amitié:
les disciples de Salomon: l’étroite amitié: les frère*
unis: la parfaite sincérité: la réunion des amis choisis;
la triple amitié : la triple union.
Edifices remarquables , Curiosités. L'hôtel de ville-
édifice le plus distingué, avec une façade noble et riche:
(remarquez deux tableaux, représentans la peste de 1720 )
La bourse, qu’on nomme ici la loge , est au rez - de-
chaussée. L’écusson des armes du roi en marbre , exé»
cuté par Puget , morceau d’un fini rare, est placé sur la
porte extérieure. Le tems de la bourse , dure depuis 2
jusqu’à. 4 heures et 1/2* Le son d’une cloche et les rou-
lemens d’un tambour en annoncent la fia. On trouve
affiché le départ des vaisseaux, qui mouillent dans le
port. — L’églis.e cathédrale, la plus ancienne des Gau¬
les: (elle renferme trois tableaux de Puget , et quelque*
ligures, faites d’une espèce de majolica, çt qui méritent
de fixer l’attention.) — les ci - devant grands - Carmes:
(la boiserie et 1?. sculpture dp. choçpr) — St, yiçtorî
Guide des Voy. T II.
50 LA FRANCE. VILLES.
(l’église inférieure, les tombeaux antiques , le cloîtrfc
bâti d’anciens édifices profanes et sacrés, les inscrip-
tions) — la colonne élevée en 1802, en mémoire des se¬
cours obtenus par le Pape et un corsaire Tripolitain,
durant la peste de 1720 — la fontaine avec la colonne
élevée à Homère par les descendans des Phocéens — 1*
Consigne: (le fameux bas - relief de la peste, aussi par
Puget) — la fontaine et la maison, qu’habita Pupet , on
y remarque son buste, et plusieurs ouvrages en sculp*
ture; un apoticaire en est à présent le propriétaire — la
ci-devant Chartreuse: (à une demi- lieue de la ville) —
le lararet, où les vaisseaux font la quarantaine, l’un
des plus beaux de l’Europe — le château d’//, sur un
ilôt : belle vue du port et de la ville. Pans la cha¬
pelle se trouva en dépôt le corps embaumé du général
Kleber , assassiné en Egypte. C’est une promenade de
mer, et l’on trouve toujours au port des bâtelets, pour
faire ces petites excursions/maritimes. Outre cet ilôt, il
y en a encore deux: Pom'egues y où stationnent les vais¬
seaux en quarantaine, et Ratonneau , fameux par l’Iau.
valide qui s’en fit le Roi — la ville neuve a des rues
larges et bien alignées, avec des trottoirs. Les nou¬
veaux boulevards , sont dûs aux soins d’un Préfet; ils
ùboûtissent à une montagne, où des rampes sablées et
commodes conduisent au sommet; l’oeil y embrasse la
ville, le port et la rade, et cette vue superbe remplace
celle du fort de JSotre - Dame de la Garde , plus fati¬
guante et pins éloignée. —
' . : r ,f .
Promenades. Les allées du Meilhan ; le cours: (sur¬
tout lés dimanches et vendredis au soir; le cours est une
des plus belles rues que l’on puisse voir, et qui ne le
cède à aucune des plus fameuses de l'Europe. Il frappe
d'avantage que le Cours d'Aix , par le mouvement con*
tinuel qui y régne. Au milieu sont deux rangs d’arbres,
avec des bancs de pierre, et de chaque côté des bâti-
LA FRANCE. VILLES.
51
mens symmétriques , d’üne architecture imposante.) —
Le jardin de la ci - devant intendance. — La promet
nade sur les quais du port, surtout aux heures des as¬
semblées à la bourse. Le -pavillon Chinois , est le café
le plus fréquenté. Des bains publics. Une place de
fiacres.
Etablissement littéraires. Cabinets. L'académie des
sciences; la société de Médecine; la société de l’Afrique
intérieure; le lycée. La bibliothèque publique de 60,000
vol.; le musée; le jardin de Naturalisation; l’observa¬
toire de Marine (superbe et unique vue de sa plate - for¬
me : cette vue rivalise avec celle de la montagne à l’ex¬
trémité des nouveaux boulevards .) — Le cabinet phellô-
plastique de M. Stamati .
Spectacles. Amusement. Le grand théâtre. (Encore
•eux salles de comédies. La salle du grand - théâtre est
une des plus belles de la France.) — Les concerts — le
cercle: (société, où les étrangers sont admis tous les
jours ; mais il faut y être introduit par un membre) —
les parties de plaisir, samedis et dimanches , aux mai¬
sons de campagne, ou bastides , — les fêtes locales con¬
nues sous le nom de Trin , et qui ont lieu une fois
l’année. Les fêtes de Noël, de la veille des Rois, de la
belle Etoile, et de la St. Jean.
Fabriques. Manufactures. De fer battu: de savon :
(les plus renommées de toutes celles qui existent, par¬
ticulièrement de savon marbré) de fayence et de porce¬
laine; de bonnets, façon de Tunis; de liqueurs et de
parfums; de toiles peintes; de tapisseries, dites de Z’ar-
senal, imprimées à l’huile sur toile, et finies au pin¬
ceau, les unes en façon de damas et autres étoffes à
plat, les autres en camaïeu imitant la peinture, d’autres
k ramages, guirlandes, paysage, figures européennes et
LA FRANCE. VILLES
53
chinoises. Des blancheries de cire du Levant. Dey raf¬
fineries de sucre, de soufre, d’alun, de colle - forte, du
sumac, etc. La préparation des salaisons; telles que le
thon mariné, les anchois, câpres, olives etc. (Il y a à
Marseille, un utile et singulier établissement , qui se
perd dans la nuit des tems , c’est le tribunal desyrud?
hommes, qui ordonne en dernier ressort sur toutes les
contestations concernant la pêche.) La fameuse manu¬
facture de corail, (il y a des colliers au prix de 6 jus¬
qu’à 500 francs. )►— Il faut du tems au commerce de Mar¬
seille , jadis si florissant, pour se relever. Non loin de
Marseille est le port de St. Chamas , petite ville, qui
a’est rendue maîtresse du commerce des olives prépa¬
rées, et connues sous le nom d'olives à la Picholini .
Auberges. A l’hôtel des étrangers: à l’hôtel des am¬
bassadeurs, et principalement h l’hôtel deBeauvau: tout
voisin du port, et dans une belle situation. On ne din«
à table d’hôte , que vers le cinq heures.
Distances. De Marseille h Paris 102V4 postes; à Tou¬
lon 71/2 P- > à Lyon 44 p. , à Aix 4 postes. Il est dû une
demi -poste en sus de la distance, pour les sorties.
Mélanges. Il y a à Marseille une petite poste aux
lettres, qui compte 54 bureaux. Le coup d’oeil de la
porte d 'Aix à la porte de Rome est unique au monde,
surtout les dimanches, quand l’assertiblée du cours est
dans tout son étalage. Le marché au fleurs et fruits pré¬
sente aussi tous les matins un aspect enchanteur. C’est
là que se range avec ordre, mais non sans tumulte, la
foule innombrable des jardiniers, maraîcheurs, bouque¬
tières, et fruitières , d’une immense banlieue. Là, Po-
inone est entourée de toutes ses richesses, et Flore en
atours frais et printaniers , étale tous ses pompons auprès
de sa soeur. — La longueur du -port de Marseille est dç
LA FRANCE. VILLES,
53
580 toises sur une largeur de 160. L'aspect de ce port et
du quai qui le borde est unique et frappant. Les pro¬
ductions de 4 parties du monde, tous les habitans de la
terre dans leurs divers costumes, tous les pavillons qui
flottent sur la mer, y sont rassemblés. — Quand on se
promène à une certaine heure dans le3 rues, à l’aube du
jour, ou le soir, il faut prendre garde au cri de Passa -
res , si l’on ne veut pas être enseveli sous un tas d’im.
mondices, dont toutes les fenêtres semblent alors se dé¬
gorger. — La beauté et la pureté du climat de Marseille
ne sont troublées que par le vent Mistral , qui vient du
nord - ouest: il est impétueux et froid, mais quand il ne
souffle pas, les jours de l’hiver y ressemblent à no»
beaux jours de priiitems. — Les environs de Marseille
sont remplies d’une quantité prodigieuse de petites mai¬
sons de plaisance, qu’on appelé des- Bastides ; on en
comptait, il n’y a pas long - tenu, jusqu’à cinq mille.
A la belle Bastide dite Eygalades , on admire une tapis¬
serie rare et curieuse. — L’auteur des Soirées Provença -
les fait des moeurs dépravées à Marseille, surtout pour
ce qui regarde la foule des filles perdues, un portrait,
que nous aimons à croire exagéré. Mais les paysans de»
environs, comme ceux d ' Aix et de Toulon , passent pour
une race d’hommes dure et brutale , à la physionomie
rude et au regard menaçant: on attribue ce caractère,
à l’influence du Mistral. — Un fléau redouté, ce sont
les cousins , pendant la saison chaude et en automne; à
certaines heures du jour, l’air en est obscurci: sans la
cousinière , rideau de gaze, il n’y a ni repos ni sommeil.
Le scorpion se glisse aussi souvent dans les apparte-
mens, et jusques dans les lits. —
MONTPELLIER. Long, à I’obs. 210 32* 30". (isle de
Terro) Lat. 430 36* 29". Population , suivant l’A. 32,723.
— □ les Amis de la gloire des arts : les Amis des arts et
de l’harmonie: (composée d’hommes de lettres et d ama-
54
LA FRANCE. VILLES,
teurs de la musique) les Amis fidèles: les mis réuris
dans la bonne Foi: l’ancienne □ de la réunion des Elus:
la parfaite humanité : la parfaite union.
*
Edifices remarquables . Curiosités. L’église de St.
Pierre: (le tableau de Bourdon au fond du sanctuaire)
la bourse — la citadelle — l’école de médecine: (ci - de¬
vant le palais de l’archevêque; on remarque surtout 4a
salle d’anatomie, et les figures anatomiques en cire, à la
manière de Fontana). — Le nouvel amphithéâtre' anato¬
mique: (le fauteuil du professeur, est un siège antique
de marbre, trouvé dans les arènes de Nismes.) — La
maison du gouvernement — le théâtre ot la salle des
concerts — la place Peyrou , et sa belle porte: (On dé¬
couvre de cette place, par un teins clair, à gauche, la
mer méditerranée , à droite les montagnes du Roussil-
ion , et même les Pyrénées.) — l’aqueduc — la colonne
sur l’esplanade: (la grande rue est la plus belle et la
plus peuplée).
Promenades. L’esplanade — la place Peyrou — la
place de la Canourgue : (que préférait J. J. Rousseau.)
Etablissemens littéraires et utiles. La société de mé¬
decine pratique qui se soutient encore avec honneur,
(dans sa bibliothèque, la robe doctorale de Rabelais).
la société d’agriculture; l’institut de littérature, scien¬
ces, et arts: Je lycée français: l’observatoire: le Musée:
le Lycée de lecture : (prix d’abonnement 1 louis pour $
raois^ le sallon , espèce de club; (jours d’assemblée les
lundis et vendredis de 7 à 11 heures. Les étrangers doi¬
vent être introduits par un membre). Le jardin bota¬
nique. (Narcisse, la fille du célèbre Young , y est en¬
terrée : j’ignore si le monument projetté lui a été élevé:
ce jardin de plantes, est le premier gui a été établi en
*Hrope.)
LA FRANCE. .VILLES.
55
Commerce. Fabriques. Les vins , principale récolte
du pays: les eaux de vie ; 'l’huile de vitriol ; le commerce
de laines; la fabrication de couvertures de laine, mou¬
choirs et toiles de coton, siamoises* flanelles; de liqueur*
dont on fait le plus de cas; d’eaux de senteur et de par»
f ums : (un voj'ageur qui admirait les plantations d«.a
frères Rubans , de plantes aromatiques et de fleurs, ra¬
conte, qu’un seul champ de roses contenait 40,000 rosiers.
C’est à Montpellier et à Grasse en Provence, que l'on
trouve les meilleures pommades et les meilleurs parfums
de la France.) Le verd - de pris , est presque la pro¬
priété exclusive de Montpellier. On attribue la grande
facilité qu’a cette ville de faire du verd - de - gris , à ses
caves et surtout aux vins de son crû. Pour se le procu¬
rer, on arrose de ces vins de petites lames de cuivre
rouge de Hambourg, arrangées par couches, sur des grap¬
pes de raisin sec. Il s’en prépare près de 2,000 quintaux
par an.
Spectacles. Comédie française. (Prix d’abonnement
aux premières, 26 francs, 8 sous par mois.)
Auberges. A l’hôtel du Midi: (excellente auberge) au
clieval blanc, dans la grande rue.
Mélanges intéressans. Livres h consulter . Notice
*ur Montpellier, par Belleval. A Paris 1803. 8- >— Une
variété de cyprès, connue encore sous le nom d 'arbre de
Montpellier , a donné le nom à cette ville. On voit en¬
core un fort bel arbre de cette espèce, dans une cam¬
pagne, le mas de Limaçon. — En langage du pays Mas
signifie maison de campagne. Les mas de Montferrier ,
Laverune , la Piscine , le Clos , sont de3 campagnes très-
agréables. Mais la verdure y est rare, et perd bientôt
de sa fraîcheur. En revanche l’habitant du Nord s’ex¬
tasie à la vue de» chemins bordés de jasmins et de gr«-
56
LA FRANCE. VILLES.
nadiers. On appuie à Montpellier l’amandier, V arbre
de la folie, pareequ’ii fleurit de trop bonne heure, et le
jujubier est qualifié d arbre dé la sagesse , à cause, qu’il
ne porté des fleurs, que quand le tems est chaud. — Le
climat de celte ville est extrêmement doux et tempéré»
L’automne surtout y est très - beau, mais la variation
dans la température est la source de beaucoup de mala¬
dies catarreuses, et les étrangers doivent prendre garde,
de ne pas changer à la légère de vêtemens. La bise et
le marin, , ou les vents de Nord - Est, et de mer, affec¬
tent sensiblement les nerfs. Le marin surtout est d’une
humidité, qui s’étend même jusques sur les lits, qu’il
faut faire chauffer. — Lorsqu’on se propose de faire
quelque séjour à Montpellier, il vaut mieux prendre un
logement garni, où l’on se fait apporter à manger, par
les traiteurs, à un prix honnête, Pour le prix de quatre
louis par mois, on a un appartement de 2 à 3 pièces,
chambre de domestique, lits, linge etc. On paye au trai¬
teur ou réstaurateür, chez qui on fait chercher ses plats,
quatre livres par tête, et pour quatre mets, y compris
sa soupe; tout cela est servi abondamment, et pourrait
suffire pour deux personnes. Pour ce qui regarde le des¬
sert, il vaut mieux l'achêter soi-même, que d'en char¬
ger le traiteur. Le traiteur fournit vaisselle, nappes,
serviettes etc. On dîne à table d’hôte à une heure, et
on soupe vers les Q heures. — Prix d’un quintal de bois
de chauffage, 34 à 36 sols; d’un cheval de selle, 3 livres,
par jour, et d’un âne 30 sols: d’un carrosse de remise,
12 livres, par jour: d’une chaise- à-porteur , 40 sols par
course; d’un bain, 30 sols, y compris le linge. — Ce
tarif m’a été fourni, par un voyageur, qui passa plu¬
sieurs mois à Montpellier, en 1805* On trouve des mai¬
sons de bains à la grand’ rue, à l’Esplanade , au Peyrou.
Celles de la grand’ rue, sont réputée les meilleures. —
L’araignée maçonne, est un insecte fort curieux, que
l’on ne trouve qu'aux environs de Montpellier. Lus
LA FRANCE. VILLES. g?
Triias , ou les tieilles, et Ion chivalet , ou le chevalet,
sont les danses nationales de Montpellier.
Distances. De Montpellier à Paris par Nîmes, 97*^35
postes: à Ai x, 20V4 P- à Lyon 39V* P- 'a Avignon, iii/2. p.
Excursions, k Perrol au pon* Juvenal — 4 lieues
de Montpellier les grottes de Gouge fort belles et fort
curieuses, mais on n’y descend pas sans beaucoup de
peine , et sans quelque péril. Me. de Genlis a entendu
dire, qu'elles étaient aussi extraordinaires que celles
d ' Antiparos. — Au bord de la mer, et k l’isle de Ma -
guelone ; (on montre dans la cathédrale ruinée et dé¬
serte, les trois tombeaux du comte Pierre de Provence,
de la belle Maguelojie, et de leur enfant.) — - au port de
Cette ; il y a 2 routes, l’une par Balaruc , de 4V2 lieues,
(à Balaruc , la source minérale, renommée pour le»
paralysies) l’autre de 4 lieues, par Mireval. (Le che¬
min, traverse une campagne des plus agréables. On
peut passer par Froritignan , renommé pour ses vins*
muscats; non loin de l’Hermitage, il faut s’arrêter pour
jouir d’une vue délicieuse. La situation de Cette offr»
un coup d’oeil infiniment piquant: aussi a - t - il
fourni au célèbre Vernet un très - beau tableau,
dont on trouve par - tout les estampes. Au mois de
Janvier et de Février le port fourmille de vaisseaux. Il
faut y voir le grand pont, la citadelle, et monter suc
la tour des pilotes, pour y jouir d’une vue superbe sur
la mer. Prix d’une voiture pour ce voyage y compris
le retour, 24 livres, et 6 livres au cocher. Tous les jour»
une diligence passe et repasse entre Cette et Montpel¬
lier ; prix d une place, 3 livres. A Cette commence le
canal de Languedoc.)
NANCY. Lat. 480 41' 55". Long. 23® 50' 16". Popu¬
lation. Suivant l’A. 28,227. — fit. Jean de Jérusalem,
58 LA FRANCE. VILLES.
Edifices remarquables. Curiosités. L’hôpital; bel
édifice. — La rotonde et l’église des ci - devant Corde¬
liers (cù se trouvaient les tombeaux des anciens Ducs
de Lorraine ; Charles - le - hardi-, dernier duc de Bour¬
gogne y lût enterré, mais son corps a été transporté à
Bruges en Flandre, pour y être déposé à côté de Marie
sa fille.) — l’hôtel des monnaies — la place royale, ci-
devant du peuple (l’une des plus belles places de l’Eu¬
rope: une statue de Louis XV; de bronze embellissait
jadis cette place; elle avait coûté au roi Stanislas , qui
la fit ériger en 1751, la somme de 161,453 livres. Les
ouvrages en serrurerie méritaient aussi l’admiration du
connaisseur; mais tout cela a été ruiné ou enlevé, dans
les tems du vandalisme révolutionnaire. Cette place
est encore ornée de V hôtel de ville , l’un des plus beaux
édifices, de l'hôtel des douanes , de celui de l'intendance ,
et de celui de la comédie ; deux immenses rues coupent
le centre, et aboutissent à deux portes, bâties en arcs de
triomphe) le ci - devant cloître des Franciscains au bout
du faubourg St. Pierre; (c’est ici qu’est enterré le ro*
Stanislas , le créateur des beautés de Nancy ; le mauso¬
lée est un chef-d’oeuvre de Girardon\ — la place d’ Al¬
liance , ci-devant de la liberté — les magnifiques caser¬
nes. — La vieille ville est un amas confus de maisons
sans goût, de rues étroites; mais tout ce qu’on appelé
Ville neuve , est vraiment magnifique. Rien n’est plus
élégant, plus frais, que la place ou rue, appelée Car -
ri'ere , ombragée d’une allée, et prolongée par des bâti-
mens uniformes, qu’un arc de triomphe ouvre, et l’hôtel
du gouvernement termine: on en sort par deux colon¬
nades, dont l’une communique à une charmante pro¬
menade, la Pépinière . A la porte - neuve fut tué JJésiU
les, à l’affaire des régimens révoltés: son action héroï¬
que est assez connue. Nancy a donné le jour à Call ot,
ce dessinateur si célébré. La famille de M. de la Fayet -
LA FRANCE. VILLES. 5^
te, si connu dans les premiers tems de la révolution, est
originaire de cette ville.
Promenades. Les allées près des places d’ Alliance et
de Carrière: la Pépinière.
Etablissemens littéraires. Cabinets . L’académie. Les
sociétés d’agriculture, de médecine, de littérature,
sciences et arts: le lycée. La bibliothèque publique, de
5o,ooovol. Le cabinet de physique — le jardin botanique.
Auberges . A l’hôtel du Petit -Paris, près de la place
royale.
Fabriques et Manufactures. Etoffes de laine, ratines,
tricots, estamettes, pannes: des liqueurs fines; des chan¬
delles très -récherchées. Des tapisseries, dites de Nancy.
Spectacles. Comédie française: (la salle est bien
décorée ).
Distances. De Nancy à Paris 42^/4 postes; à Bour-
bonne les bains io3/4 p. à Saarbruck, 12V2 P- à. Sarrè-
Lou 1 12V3 P‘ à Basle, 25 p. à Metz 7 p. à Strasbourg, 18V2
p. Il est dû un quart - de • poste en sus de la distance,
«ur toutes les sorties.
Environs. Du côté de Metz, fut tué Charles - le-
hardi , Duc de Bourgogne, le 5 Janvier 1477» dont nous
avons déjà parlé. Cet événement est consacré par un
obélisque, qui se voit aujourd’hui dans le marais de la
porte St. Jean à Nancy. A trois quarts de lieue de
Nancy , sur le penchant des montagnes qui bornent la
campagne au couchant, on voit cette maison si superbe
et si célèbre de Mareville , possédée ci - devant par 120
frères, appelés Yonistes ; l’on yenferme àprésentlesfous.
PARIS. Long, à l’obs. 200 0' 0". Lat. 430 50' 14"- P°"
juelation , suiv. l’A. R. de 1815, 548.000. (l’Annuaire de
6o LA FRANCE. VILLES.
Xgi2 la porta à 580,900.) Q Le grand Orient de France, et
pins de 60 loges des différens grades. Les étrangers
aiment à fréquenter celle aux Amis réunis. V. L'Indi¬
cateur de la tenue des loges à l'Orient de Paris, chez
Jdongié l'alné, libraire au Palais royal.
4 Observation générale. Le tableau que le . Rédacteur
donne de cette capitale, n’est qu’nn coup d’oeil rapide,
qu’un abrégé, comme tous ces tableaux. C'est au voya¬
geur de consulter sur les lieux, les descriptions détail¬
lées et de fraîche date.
x. Etendue. Distribution. Police. 25 à 32,000 maisons,
sur une superficie de 1,601,644 toises - carrées, 57 barriè¬
res des faubourgs; 12 Municipalités et 48 quartiers. La
garde nationale est forte de 12 légions à pied, et 8 lé¬
gions k cheval. 48 Juges de paix: 4,209 réverbères , et
9,485 lanternes. Un corps de pompiers: un préfet de Po¬
lice et 48 commissaires de police, avec une garde de po¬
lice, de 4 compagnies, sous le nom, garde royale de la,
ville de Paris , et un conseil de salubrité.
2. Palais ; édifices et autres curiosités remarquables.
Les Tuileries: C’est le palais du Roi. La partie droite.
Pavillon Marsan , servait jadis à la comédie Française,
c’est là où Voltaire fut couronné en 1778; c’est la que
siégea la convention , et que le régne de Robespierre
expira. La partie gauche est le Pavillon de Flore . La
réunion projettée des Tuileries avec le Louvre , n’a pas
été entièrement finie; ‘il existe cependant une galerie
longue de 1362 pieds. Des belles statues ornent le jardin;
consultez; Description des statues des Tuileries. 12. C’e§t
dans ce jardin, surtout au coucher du soleilqu’il faut ad¬
mirer la perspective qui traverse là place de laConcorde
ou de Lonis XV\, et se perd entre les rangs d’arbres du
/ ' ■ V />:
' - ■ *
« aï q ■îiia-t# ii ' t -'h *■•{ ; cv p , v ’
-■'/t -i irî* .!'■: *v*v
* ÎPÎ ièT'l .“. ••;'•'.'<•• •
**!»$ «J- . V • : ■ • .*■ ■ ■■■- ■':
s-tiK.-v.vi: bï ntt. . ■ 1\m* .-.n * i •■ *.
js J ,noi?A?i0 - #| |i|'svç< ■ t. ■•
•
,* . ■
jv* 1 • ' ^ . v •• •< ^imjhum
*nv-t M , ■> x
jû.'tj'i ? -'îb-} • ;■■ v, •
À' ;
V S'
* ** ' h ~
*"4 > >■- - ■ i
I
*'i :••■■.»•: i i >:/ -
;> • ‘.U.'-:- . -v ■ ' Jwi -
* ;/'rç x* h'::- ■
*S •' ••>?• ,i.ii •** ^guMI
«jOXO.tf Si' S T ^ V •: /51T ÿ r.Si. »r . v ■ •*'* «•"•'!
V* .xJ • • • rt; _ ; '
tnssfùiih vé> -if'-i-.. . *#9 *«*>;•■ ut >'<*</ l-.f’ * *J» ■
i-ijsq *c-i 'l.xaxit^f^'.rfn-T 5ÎJ ' • -K- '**'*'*
U V\ ** *
x .- ■ •
LA FRANCE. VILLES.
6ï
chemin de , Ncuilly . A l’entrée des champs clysèes on
apperçoit les grouppes de Cous/ou, qui jadis étaient pla¬
cées à Marly. La grille et la place imposante du Car¬
rousel. C’était sur cette place qu’étaient élevés les 4
chevaux, dits des conquêtes , et rendus à Venise . La ter¬
rasse près du manège qu’on a démoli, est la terrasse des
feuillans , si célèbre dans l’histoire de la révolution. La
façade, vis - à - vis de la place du Carrousel , devenue
magnifique par les démolitions considérables, montrait
encore, il n’y a pas longtems , les trous faits par les
boulets du 10. d’Août.) — Le palais de la chambre des
Pairs ou le Luxembourg. (Ce palais fut transformé en
prison d'état dans les teras du Terrorisme, et le Direc¬
toire y habita. Une bibliothèque et un beau jardin en¬
richissent encore ce palais. Le coup - d’oeil s’étend
jusque sur le vaste enclos des ci - devant Chartreux, h
présentpromenade, sous le nom dePépinière de Luxem¬
bourg On y a joint le jardin de Vendôme.) — Le Pa¬
lais de la chambre des Députés , ou le palais Bourbon ,
qui ressemble a une ville, on n’entre dans la salle d’as¬
semblée, qui est magnifique, qu’avec une carte. Vous y
admirerez les statues colossales de la Thémis et de Mi¬
nerve, et les statues des 4 hommes d’état, Sully , Col¬
bert, l'Hôpital , et Aguesseau. — Le Louvre : (Voyez
l’art, suiv.) On distingue à présent l'ancien et le nou¬
veau Louvre. — L'hôtel des Invalides: (En avant de- l’hô¬
tel sur la place la fontaine, mais sans le lion de St.
Marc , rendu à Venise. Aux angles des avants - corps
latéraux, les figures colossales ci - devant à la place de*
Victoires. Le dôme de l’Eglise a 60 pieds de diamètre,
et l’élévation depuis le rez - de chaussée jusqu’à sa plu*
grande hauteur, est de 300 pieds; ..c’est un vrai chef*
d’oeuvre d’architecture. On y lit sur le marbre les noms
de ceux qui ont reçu des recompenses militaires. En se
plaçant au centre du pavé en compartimens de différens
marbres très - précieux, on voit parfaitement les pein-
Guide des Voy. T. 11. F
62
LA FRANCE. VILLES
tures de la conpole. L’autel du Roi est de nouveau
élevé. Dans la seconde chapelle à droite, le superbe
monument de Turenne , et vis - à - vis celui de VauVant
et le tableau du passage du Rhin par Louis XIV., tenture
sortie des Gobelins. La vue du haut de la lanterne du
dôme, domine avec celle du dôme du Panthéon , et celle
de la platéforme de l'observatoire, toute la ville im¬
mense de Paris. Mais la vue la plus étendue de Paris,
est au télégraphe de Montmartre , qui correspond par 97
signes avec les villes les plus considérables de la France.
Aux Invalides la cour de milieu, l’horloge d’équation,
et les réfectoires, méritent l’observation des curieux,
comme la bibliothèque de l’hôtel, et les batailles du
grand Condé peintes par Casanove , jadis à 1 hôtel Bour¬
bon. On y voit aussi les villes fortes de la France en
\
haut - relief: 18 en ont été transportés à Berlin. — Le
Panthéon : (ou l’église, de Ste. Généviève. Ce monu¬
ment mérite d’être placé au rang des premières basili¬
ques de l’Europe. Son porche est composé d’un péristile
de 22 colonnes corinthiennes, de 57 pieds de haut. Rien
n’est plus magnifique et plus agréable que les ornemens
de son portail. Quand on approche de Londres c’est
l’église de St. Paul qui frappe de loin l’oeil du voya-
geur ; quand on approche de Paris, c’est le dôme du
Panthéon. Là reposent dans des cercueils de plâtre , les
corps de Voltaire et de J. J. Rousseau. On y a aussi placé
les corps de quelques guerriers et d’autres hommes cé¬
lèbres. Du haut du dôme on jouit d’une vue immense.) —
La ci-devant Ecole militaire , a présent superbe easerne,
•t le champ - de - Marsj (là on admira jadis ce grand
cirque, construit en 1790 par tout le peuple Parisien; là
fut faite aussi la première expérience aérostatique en
1783; et c’était aussi là qu’en 1815, les troupes allemandes
et alliées célébrèrent la journée victorieuse du ig. octo¬
bre 1813. A l’ancienne salle du conseil, les 4 tableaux de
batailles. Il y a un observatoire à l’école militaire.) —
LA FRANCE. VILLES. 63
j v école de chirurgie: (bâtimnet superbe, fini ions
Louis XVI. Au - dessus du péristile est un bas - relief
de 31 pieds de longueur, sculpté par Berriter.) — L'hô-
teî- de -ville: (sur la place de Grève; c’est là que
Louis XVI. fut reçu en 1789 Par Bailly, c’est là que
finit le régne de Robespierre; on montre encore l’en¬
droit où il essaya de se donner la mort. La première
exécution qui s’y est faite, a été celle d’une femme hé¬
rétique en 1310. Dans un coin de cette place, au - des¬
sus d’une boutique d’épicier,, est le réverbère, célèbre
par la mort violente de Foulon , époque d’un nouveau
genre de supplice, appelé alors en termes révolution¬
naires, lanterniser.) — Le Palais de Justice: (la salle,
dite des procureurs, est unique en France pour son éten¬
due. La Grand' chambre , construite sous St. Louis était
le lieu où siégea depuis le Tribunal Révolutionnaire.
_ C’est dans cette même Jalle que Louis XVI. tint la séance
h jamais mémorable, qui commença la révolution. Vere
la rivière sont les prisons de la trop fameuse Concier¬
gerie. (Les prisons actuels de Paris sont au nombre de
12, la Force, Fort l'Evêque , les deux châtelets, etc.)
*- Le Palais royal appelé d’abord Palais Cardinal,
ensnite, Palais Egalité , et Palais du Tribunat. Ce pa¬
lais, ce jardin sont uniques sur le globe. Allez à
Londres, à Madrid, à Vienne, à Pétersbourg, vous n’y
▼errez rien de pareil. Tout s’y trouve. Ce séjour en¬
chanté est une petite ville luxurieuse, renfermée dans
Une grande. Quoique tout augmente , triplé et qua¬
druple de prix dans ce lieu, il semble y régner une at¬
traction, qui attire l’argent de toutes les poches, sur¬
tout de celles des étrangers, qui raffolent de cet assem¬
blage de jouissances variées et qui sont sous leur main.
C’est là qu’en un instant, sans changer de place, on
peut vendre , acquérir, goûter, voir, sentir et appren¬
dre , tout ce que la sensualité, l’industrie et la sagesse
d« l’homme , peuvent concevoir de plus bizarre et de
64 LA FRANCE. VILLES.
plus parfait. Le libertinage y est éternel. A chaque
heure du jour et de la nuit, son temple est ouvert. Le
passage de Radzivil est peut - être Je pas le plus fré¬
quenté de Paris et de l’univers _ L'observatoire. (Dans
une grande salle au premier étage, est tracée la ligne
de la méridienne, qui, prolongée au sud et au nord,
traverse toute la France depuis Collioure jusqu’à Dun->
herque. Sur le pavé d’une autre salle, la ca»te univer¬
selle gravée par Chazelles. Les souterrains forment une
espèce de labyrinthe, où il ne faut pas pénétrer sans
guide. On descend dans ces souterrains par un escalier
à vis de 360 marches. On trouve dans le voyage de M.
Bugge la description des instrumens et des autres curio¬
sités de cet observatoire. La vue est immense du haut
de sa plateforme. — La Halle au bled; sa vaste coupole
s’est écroulée, lors de l'incendie de 1802. Napoléon l’a
remplacée par une en plomb, de 120. p. de diamètre.
.Les curieux remarquent une grande colonne, adossée à
ce bâtiment, et qui servait d’observatoire à Catherine de
Medicis ; "les C. et les H. et les miroirs brisés qu’on y
remarquait jadis, ont été détruits pendant la révolu¬
tion. — Le superbe hôtel de la banque, rue de la Vril-
iière. — Lahalle au vin — le grenier de reserve — le mag¬
nifique bâtiment de la bourse, commencé sous Napo¬
léon. — L’église de la Madeleine : (déjà commencée en
1763; Napoléon -avait fait continuer les travaux, la de*
stinant à un temple de la victoire, dédié aux soldats
de la grande armée. Mais cette église sera rendu au
culte. Près de là le cimetière de ce nom: là reposa,
avant son transport au caveau royal de St. Dénis, le bon
Louis XVI. avec sa soeur, et avec cette reine si grande
dars l’infortune; là, dorment encore en paix, pêle-mê¬
le , les coryphées éphémères de la révolution, les hom¬
mes de toutes les époques, de tous les partis, de toutes
les couleurs, réunis par la guillotine et la mort. — Les
catacombes de.Baris; (où les anciennes carrières, qui
LA FRANCE, VILLES, 65
• ■étendent sous les faubourgs de St. Jacques et de S.
Germain. L’entrée est à la barrière dlEnfer. On y a
dressé des osâuaires sous mille formes différentes avec
des inscriptions. C’est à présent une des premières cu¬
riosités de la Capitale. V. Description des catacombes
de Paris etc. par M. Uericart de Thury. Paris 1815. g.
Ouvrage curieux et intéressant, ) — Le cimetière du P.
la Chaise : (c’est l’une des curiosités actuelles de Paris:
les cendres de Heloïse et Abailard , et des autres morts
illustres, longtems conservés au Musée des monumens
Français, viennent d’y être déposées.)
2. Eglises: — Nous avons déjà parlé du Panthéon,
ou de Ste. Gènèvieve, et de l’église de Ste. Madeleine.
Les 4 églises principales de Paris, sont celles de Notre-
Dame, de St. Sulpice , de St. Eustache et de St. Roche.
L’église de Notre r Dame a 65 toises de longueur et 24 de
largeur; les tours ont 204 pieds d’élévation, au haut des¬
quelles on monte par un escalier de 339 degrés; 45 cha¬
pelles régnent autour. Les campanoclastes révolution*
naires, n’ont épargné des 8 cloches que l’Emanuel, la¬
quelle a recommencé à se faire entendre à la Pâque de
1802. On admire le portail du Nord avec des bas-reliefs
antiques; parmi les 45 chapelles il y a celle dite la noi¬
re, fameuse par une tradition. L’orgue est célèbre Au
trésor la couronne d’épines de Jésus -Christ et les orné-
mens du couronnement de Napoléon en 1805; le manteau
pèse 80 livres, mais la couronne de Charlemagne est
apocryphe. L’église de St. Roche , garde les cendres de
Corneille , celle de St. Eustache, le tombeau de Colbert.
Le portail de l’église de St. Sulpice a 64 toises de face,
c’est un superbe morceau d’architecture. Les bénitiers
de la croisée sont des urnes sépulcrales de granit,
venues d’Egypte. On voit au milieu une méridienne,
tracée par Henry Sully. Remarquons encore le portail
l’église de St. Gervais ; l’église d e-la Sorbonne , avec
66
LA FRANCE.. VILLES,
le tombeau et le monument de Richelieu. L’église de
8t. Germain V Auxerrois , est célèbre par sa grille de fer
poli, et par son clocher, qui donna le premier signal
de la St. Barthélémi : Le plus curieux de l’église de St.
Etienne - du - Mont , est le jubé et la légèreté et har¬
diesse des tourelles: les dépouilles de Mirabeau sont
tout auprès, dans le ci devant cimetière. Il y a trois égli¬
ses réformées, une luthérienne et trois synagogues kParis.
5. Places. Rues, Passages. 70" Places: les plus
pelles sont: Place de Louis XV-, ci - devant de la révo¬
lution, puis de la Concorde. Au milieu de cette place
était la statue équestre de Louis XV., le chef - d'oeuvre
de Bouchardon , dont le cheval fut jugé le plus correct
et le plus élégant de tous ceux des autres statues éques¬
tres de Pari9. On en conserve encore une jambe, et
c’est même le seul reste, qui existe de toutes ces belles
statues, qui ornèrent les places de l’ancienne capitale.
Lors de la destruction de cette statue, la municipalité
fit présent de la main droite de la figure de Louis XV.
au fameux de la Tudc. Ce fut au piédestal de cette sta¬
tue , que Louis XVI., la Keine, sa soeur, et de milliers
jde victimes de tout âge et de tout sexe, furent immo¬
lés à la fureur et aux cabales de quelques hommes de
sang, qui tyrannisaient la nation, et qui expièrent en¬
fin leurs crimes sous le fer de cette même guillotine,
instrument de leur rage sanguinaire. Place royale , ci-
devant des Vosges ; avec la statue de Hautpoult : Place
du, Musée: Place du Louvre : Place de l' oratoire : Place
des Cordeliers : Place de la Bastille. On y placera un
éléphant colossal, et une fontaine qui sera nourrie par
le canal de l'Ourcq : il faut voirie modèle de l’éléphant
en terre glaise, haut de ç5 p. curiosité remarquable et
imposarte. Les greniers d abondance y sont aussi con¬
struits. La Bastille bâtie eu 1371, a été démolie en 1789»
lorsque le peuple de Paris se rendit maître de cette for¬
teresse, par capitulation le 14. Juillet, jour a jamais jjié-
«
LA FRANCE. VILLES. 6?
orable. Les pièces , notes letsres /rapports , procès-
verbaux, trouvés dans les archives, se conservent à la
bibliothèque de la commune de Paris. (Consultez [sur
ces papiers les 9 cahiers de la Bastille dévoilée et les Mé¬
moires historiques et authentiques sur la Bastille. Pa¬
ris, 1789 3 vol.) Place Vendôme , avec la colonne de l'Ar¬
mée, haute de 135. p. et composée du métal de 425 canons
pris. Place des Victoires. La statue pédestre que le
maréchal de la Feuillade y fit teriger k Louis XïV. et
que la révolution renversa, devait être remplacé par
Un autre monument. Place Dauphine, avec la fontaine
Desaix. Bues: les plus belles outre celle de Bourbon et
de Rivoli, sont •' St. Jacques, de 12000 p. de longueur;
St. Honoré, de 5158 p. St. Dénis, de 3870 p. Enfer, de
8744 p. St. Martin, de 3526. p. Université , de 3000 p. Ri¬
chelieu, de 2730. p. St. Antoine, de 2628 P* du Bau , de
2496p. Passages. Nous avons déjà parlé du passage Rad-
zivil ; les passages, dites du. Panorama, et de V orme, sont
voûtées en verre.
4. Fontaines. Ponts. Barrières. Fontaine des In-
nocens , chef - d’oeuvre d’un st3'le un peu vieux, mais
digne d’exciter l’adrtiiration de tous les connaisseurs.
Napoléon l’a fait embellir, et elle ressemble à un vrai
temple d’Amphitrite. Fontaine de la rue Grenelle; c’est
au génie et au ciseau du fameux Bouchardon , que l’on
doit le dessin de ce superbe monument. Il y a 7réservoirs
et 84 fontaines k Paris, dont 26 donnent de l’eau de la
Seine. Le canal del’Ourcq, et surtout la Beauvronne
et la Theursuenne fournissent^ l’eau aux autres ; l’eau
coule de ces fontaines* le jour et la nuit. — Ponts. Il
y en a environ seize, y compris- les nouveaux; pont-
neuf: c’est un des plus beaux ponts de l’Europe; sa lar¬
geur est de 12 toises, sa longeur de 170. Dastatue de Hen¬
ri IV. brisée par le Vandalisme, sera remplacée par la
nouvelle statue, qui vient d’être coulée sous Louis XVIII.
6g LA FRANCE. VILLES,
Le Nôtre a dit quelque part, que les trois plus beaux
points de vue des villes de l’Europe , étaient le port de
Constantinople, celui de Naples , et V éperon du Pont-
neuf. Pont nôtre - Dame , apelé dans les premiers tems
de la révolution, pont de la raison ; il a été construit
en 1499. Pont royal' ou des Tuileries: fini en 1790 sou#
Louis XVI. l’arche du milieu a 96 pieds d’ouverture.
C’est le plus beau des ponts. Pont du Louvre ; les ar¬
ches sont formés avec du fer ou plutôt avec de la fonte,
entre le Louvre et le ci - devant collège Mazarin. Ou
l’a garni en i8oj, de fleurs et d’orangers, ce qui en fésait
la promenade favorite. Pont des Invalides ; en fer. Pont
du Jardin du Roi à l’instar de celui des Arts etc. le#
voitures y passent — Barrières. L’architecte le Doux a
diversifié avec beaucoup d’art la forme de ces 56 barriè¬
res, qui représentent des temples, des péristiles , des
chapelles, de lourdes masses rustiques etc. On distingue
pour l'architecture, les barrières de Neuilly, de St. Mar¬
tin et de Vineenncs. L’entrée de Paris de ce dernier cô¬
té , s’annonce avec grandeur.
5. Hôpitaux et maisons de charité ; portes ; ports ;
quais etc. L’hôtel-Dieu , avec 1200 lits; 7 hôpitaux pour
les malades, les Vénériens, les Fous etc. l’hôpital des
enfans; l’hospice^de maternité, deux maisons de santé;
la Salpétrière; les Incurables de deux sexes; la retraite
à Chaillôt; les enfans trouvés; la maison des orphelins;
les Sourds et Muets; les Quinze - vingts ; la société de
charité maternelle, sous les auspices de Mad. la Du¬
chesse d’Angoulême. Encore cinq associations chari¬
tables. Le gouvernement a établi un hospice cen¬
tral de vaccination gratuite. Portes — au nombre de
19; Porte St. Denis ; la magnificence de son architecture,
la met au rang des plus beaux monumens de Paris ; elle
a 72 pieds de face, et autant de hauteur. Porte St. Mar¬
tin. Porte St. Antoine: Porte Bernard; Porte triomphale
LA FRANCE. VILLES. 69
des Tuileries. Portes de la Seine au nombre de huit etc.
Quais. Les plus beaux sont ceux du Louvre, des Tui¬
leries, de la Monnaie, des 4 nations, Malaquais, de Vol¬
taire , d'Orsay, et le quai de l’Ecole. Il faut y ajoûter
les deux nouveaux quais. Les quais des Orfèvres et de»
Augustins, sont les centres de l’orfèvrerie et de la li¬
brairie en gros. Tous ces. quais sont décorés de bâtimens
superbes. Qui a vû Paris, il y a 10 ans, ne le reconnaî¬
trait plus, les embellissemens s’y succèdent sans relâche,
comme par un coup de baguette magique. On est frappé
de trouvfr cette capitale plus embellie dans le cours des
guerres, qu’elle ne le fût jadis dans un demi - siècle de
paix. Nous ajoûterons une nomenclature, de quelques
lieux mémorables par des faits historiques.
Hôtel Vilette t où mourut Voltaire. Quai de ce nom; ait
coin de la rue de Beaune.
Hôtel , où mourut Mirabeau, rue du Mont-Blanc.
1
Maison de Moliérx , Piliers des Halles , rue de la Mor-
tellerie , no. 692.
Café Procope , où s’assemblaient Voltaire, J. B. Rousseau»
Piron, etc. maintenant café Zoppi, rue des Fossés
Saint- Germain.
Maison où. a demeuré J. J. Rousseau , rue de ce nom,
jadis rue Plâtrière , n0' 553.
Café de la Régence , où J. J. Rousseau jouait aux échecs
avec Philidor / place du Palais royal.
Maisons de Campagne de Molière et de Boileau , au vil*
lage d’Auteuil, rues qui portent leurs noms.
Chambre où mourut Henri IV. , à côté de celle où s’as¬
semble aujourd’hui l’institut, pour ses séances parti¬
culières.
Maison où mourut V amiral Coligny , rue Bétizy, se¬
conde maison à gauche, en entrant par la rue de la
Monnaie. V
7°
LA FRANCE. VILLES.
L'hôtel du Grand- Prieur , où. fréquentait Chaulieu, en¬
clos du Temple.
Hôtel de la Rachefoucault , rue de Seine, où demeu¬
rait Turenne.
Rue de la Feronnerie\ Henri IV. fut assassiné devant la
maison de la Croix - d’or où était son buste, dont la
niche existe encore.
liaison de Nicolas Flamel , au coin de la rue Marivaux.
Maison de Duplay , où demeurait Robespierre, rue Saint.
Honoré, n°. 59, en face de la rue Saint-Florentin.
Butte des Moulins , où la pue elle d'Orléans fut blessé»
u dans un assaut.
Hôtel de Rambouillet, où s’assemblaient Chapelain , Seu *
déri , etc. rue Saint-Thomas du JLouvre.
Maison de Racine , dans la Cité, rue basse des Ursins.
L'hotel de Mesmes , à présent institut des aveugles tra*
vailleurs: la banque de Law y fût établie.
Hôtel de Sully , habité depuis par Turgot.
Maison ci - devant de Mademoiselle Guimard , rue du
Montbîanc.
Le jardin Beaumarchais , rue St. Antoine.
6. Boulevards. Promenades. Quatre rangées d'ar¬
bres formant trois allées, celle du milieu pour ceux qui
se promènent à cheval ou en voiture, les deux collatéra¬
les pour les gens à pied, entourent la ville de Paris. Tes
boulevards du nord, appelés les grands - boulevards , et
les boulevards du midi, apelés nouveaux boulevards,
eu nombre de 23, dont le boulevard Bourdon , est de
fraîche création, quoiqu’à peu -près disposés de la mê¬
me manière, ne se ressemblent guères. Ils ont chacun
leur physionomie bien distincte. I/ancien boulevard
rassemble tous les agrémens que peut produire l’indu-
«trie pour désennuyer des oisifs et délasser les gens oc-
LA FRANCE. VILLES
n
cupés. Tout y respire un air de féerie et d’enchante*
ment. Surtout les après-midi des dimanches il y a un,
concours tumultueux de promeneurs et de promeneuses
de toute espèce, de tout âge, à pied ou en voiture. En*
tre la rue de la Concorde, jusqu’à celle des filles du Cal¬
vaire, les cafés, les restaurateurs, les boutiques etc. abon¬
dent et l’affluence est des plus grandes. Les nouveaux
boulevards ont le site agréable, le coup d’oeil champê¬
tre, l’air pur; mais on n’y rencontre presque jamais de
voiture et d’éléganspersonnages. C’est une superbe pro¬
menade de province. — Outre les promenades publi¬
ques, dont il a été déjà fait mention , [les Tuilerie?,
les champs Elysées, le jardin du Palais royal , le jardirt
des plantes etc,) il y en a encore nombre d’autres; les
jardins du Luxembourg, du Muséet de la place royale,
de l'Arsenal , (solitaire et occupé par le grenier de re-
«erve, La vue du côté de la rivière, est pittoresque etc.)
7. Bibliothèques. Musée. Cabinets. Chacune de*
premières autorités a sa bibliothèque particulière. Mais
il y a quatre grandes bibliothèques publiques. I. la &ï-
bliothèque du Roi : (elle est ouverte aux hommes de let¬
tres, tous les jours depuis 10 à 2 heures; et pour les cu¬
rieux les mardis et vendredis aux mêmes heures, excep¬
té les fêtes nationales, et celles de l’ascension , l’as-
somption, la toussaint, et noël. Cette bibliothèque con¬
tient aujourd’hui plus de 400,000 volumes. (V. le Tite
Live , à moitié déchiré par une bombe.) Fies de - là
sont 1. la galerie des manuscrits (avant la révolution le
nombre des manuscrits montait déjà à plus de 80,000 ob¬
jets curjeux: plusieurs de ces manuscrits, enlevés pen¬
dant les guerres révolutionnaires ont été rendus en 1814
et 1815, à leurs anciens propriétaires, mais on y remar¬
que encore, les lettres de Henri IV. à Gabrielle; les ma¬
nuscrits de Télémaque; les Mémoires de Louis XTV. de
sa main; un coraja, qui a appartenu au calife Haroun *
?*
LA FRANCE. VILLES.
al - Raschid -, la bible latine de Charles-le-cbauve , seul
monument qui donne une idée de la pourpre antique ; les
heures d’Anne de Brétagne , ayant à chaque page une
plante colorée, avec ses fleurs , ses fruits, et ses insec¬
tes parasites: les heures de Louis XIV. etc.) 2- le cabi¬
net de médailles antiques, où se trouve le cabinet de
C aylus , et où l’on conserve aussi les armures de Henri
IV. et de François f.; le fauteuil de Dagobert; le ca¬
chet de Michel - Ange, l’épée de Malte etc. le relief de
Ghizé et des'pyramides. 3. Le cabinet des gravures. Tou¬
tes ces collections déjà si riches de leur propre fonds,
ont multiplié leurs trésors, par la réunion de beaucoup
de dépôts publics et particuliers. (M. Allard , dans son
Annuaire , donne l’apperçu du nombre des volumes de
toutes les bibliothèques publiques de Paris, la biblio¬
thèque du Roi non comprise. C’est un total de 615,000
▼dûmes.) — II. Bibliothèque du Panthéon , ci-devant
Ste. Généviève : et le cabinet des antiques; too,ooo volu¬
mes. — III. Bibliothèque de l'Arsenal : ci - devant du
célèbre Paulmy d'Argenson ; ( 150,000 volumes ) parmi
les manuscrits se doit touver célui dont parle M. d’Ar-
genson, dans ses Mélanges tirés d'une grande bibliothè¬
que , et qui annonçait d’avance nombre d’événemens des
siècles futurs; on montre encore à l’arsenal, le cabinet
qu’occupa Sully. IV .Bibliothèque Mazarine ou des qua¬
tre - nations; 80,000 volumes: elle possède les éditions
les plus rares. Elle a été considérablement augmentée,
par le dépôt de toutes les grandes bibliothèques des dé-
partemens. — Musée d'histoire naturelle ou le Jardin -
du Roi : (ce Musée renferme 1. le jardin botanique, 2. la
galerie: 3. la bibliothèque; 4 la ménagerie; et 5. 1 am¬
phithéâtre. Le jardin botanique formé par Gui de la
Brosse, médecin de Louis XIII. possède encore le cèdre
du Liban, planté par Bernard Jussieu , le plus gros que
l’on connaisse et peut - être le seul qui rapporte des
fruits. Dans les teins des troubles révolutionnaires uu
LA FRANCE. VILLES.
73
boulet a frappé sa cime. Dans une forêt des pins est re¬
placée la statue de Linné e , brisée parle Vandalisme
révolutionnaire et restaurée. La vallée Suisse, jolie pro¬
menade, a été ajoûtée depuis peu au Jardin des plantes.
On jouit aussi d’une vue superbe à la maisonnette, dite
à juste titre, liellevue. La galerie : la sont rangés, pla¬
cés, étalés» les quadrupèdes, les oiseaux, le9 insectes,
les minéraux, les coquillages; dans le cabinet d’anato¬
mie on garde le squelette de l’assassin du général Kle -
ber, et qui fût empâlé en Egypte. La bibliothèque : elle
contient 10,000, volumes ; elle est ouverte tous les jours.
On y voit entre autres herbiefs, ceux de Tournefort et
de Vaillant. La ménagerie : elle est ouverte, savoir de¬
puis il heures jusqu’à 1, et depuis 3 jusqu’à 5, pour y
voir l’éléphant, les chameaux dromadaires, autruches,
kangourous etc. Depuis 11 heures jusqu’às, tous les jours
pour lë9 autres animaux; l’ours de Berne s’y trouve en¬
core. L'amphithéâtre , à l’usage des cours publics de chi¬
mie etc. le laboratoire s’y trouve. V. Ménagerie du Mu¬
séum d'hist. nat. par Lacepède et par les peintres Maré¬
chal et de IVailly. Fol. On voit dans un caveau le tom¬
beau et le corps de Guy de la Brosse , fondateur de cet
établissement, feu le célèbre Faujas de St. Fond , y garda
le cervelet de M. Buffon embaumé, et toutes les pierres
qui se trouvaient dans sa vessie. — Le Musée au Lou¬
vre *). Après l’entrée des armées alliées à Paris en 1814
et 18*5, ce Musée , alors collection unique et telle com¬
me il n’y en avait pas auparavant existé sur aucun point
de ce globe, a dû rendre les chefs d’oeuvre de pein¬
ture et de sculpture, que des victoires précédentes et des
traités dictés, y avaient réunis; chaque nation ayant
réclamé et obtenu les siens. Mais ce Musée renferme en-
"core des grandes richesses. La galerie des tableaux était
*) On trouve à l’entrée le catalogue imprimé de la ga¬
lerie des tableaux. Il faut y laisser les cannes;' lç*
enfans n’entrent pas.
Guide des Voy . T. II.
G
74
LA FRANCE. VILLES,
composée en 1817, 5e 1100 tableaux: dont 13 de Raphaël,
20 de Titien, 10 de Corrège, 10 de Veronèse , 28 de deux
Carraches, 23 de Guide, 17 d’Albane , 14 de Dominichino,
17 de van Dyk, 41 de Rubens, 15 de Rembrand, 6 de Hol-
bein, d'autres de Poussin, Lebrun, Vernet, de Lesueur,
les tableaux du Luxembourg y ayant été placés. La ga-
lerie des antiques étale en 16 salons , 350 statues et anti¬
ques: toute la galerie Borghèse, ci-devant à Rome, le
fameux Gladiateur, le Faune, l’Hermaphrodite, la Diane
de Fontainebleau, par Praxitèle , la Pallas de Vellétri,
la statue colossale du Tibre etc. V. le Musée des canti¬
ques publié par M .Bouillon: 24 livraisons en avait paru
en 1817. Les étrangers peuvent entrer tous les jours, en
présentant leurs cartes. — Musée des monumens Fran¬
çais , aux ci-devant Petits-Augustins. (Ce musée formé
de la réunion des monumens, qui étaient placés dans
les palais et églises de Paris et des départemens , lors¬
qu’on put les soustraire aux haches , et aux leviers des
iconoclastes de 17Q3, était rangé d’après la suite des siè¬
cles, à commencer par les antiquités celtes et grecques:
c’était un memento mori des grandeurs humaines, un
mélange bizarre et frappant de sarcophages, épitaphes,
statues, cippes etc. Dans L'Elysée attenant à ce grand
et bel établissement, reposaient ou reposent au milieu
des cyprès et des peupliers, les cendres de Molière , La¬
fontaine , Boileau , Descartes , Mabillon et M ontfaucon.
Voyez la ,, Description du Musée des monumens français,
par Lenoir , fondateur et inspecteur de ce Musée; à Pa¬
ris, an X.“ et le petit guide du même auteur: Descrip¬
tion histor. et chronol. des monumens réunis au Musée,
^me édition, 2 fr. 40 cent. Plusieurs monumens ont été
rendus en 1817 à St. Dénis; quelques morts célèbres, p
e. les ossemens de Iléloise et Abailard , ont été trans¬
portés ailleurs. Le reste des monumens, des bustes, et
d’autres objets non - replacés, doit former Une galerie
des antiques Français, au Louvre.) — Le Musée d'indu -
LA FRANCE. VILLES.
75
strie, ou le conservatoire des arts et métiers'. (Réunion
précieuse de plus de 20,000 machines, modèles etc. en tout
genre, ci-devant épars dans un grand nombre de collec¬
tions publiques et particulières , qui avaient appartenu
ou a des établissemens de l’ancien gouvernement , ou à
des seigneurs émigrés ou suppliciés. 11 y a trois dépôts;
le plus grand se trouva rue Charonne, dans la même mai¬
son qu’a habité Vaucanson.) — Cabinet de l'école des mi¬
nes: (ce cabinet est ouvert au public depuis 10 heures
jusqu’à 2, excepté les dimanches. Il est situé dans la
principale pièce de l’avant-corps du magnifique hôtel des
monnaies. Sur le premier palier de l’escalier qui con¬
duit à la galerie, est le buste du fameux chimiste le
Sage, dont la collection forma en 1773 ce cabinet.) — Les
collections précieuses de l’école polytechnique. — Le#
archives des cartes du dépôt delà guerre, des cartes ma¬
rines et des modèles des vaisseaux, etc. — Le Musée
d' Artillerie., (On y voit toutes les iuventions créées pour
la destruction, une collection d’armes à feu, depuis leur
origine, et plusieurs armures curieuses, entre autres cel¬
les de Godefroy de Bouillon, de la Pucelle d’Orléans,
de Louis XIV. provenant de Chantilly et du Gardemeu-
ble.) — Le Gardemeuble : beaucoup des objets précieux
qu'il contenait ont été la proie de la révolution ou des
voleurs : p. e. le grand diamant connu sous le nom du
Régent , fut rétrouvé dans un grenier, et sert à présent
à orner l’épée du Roi. On a placé quelques armures ra¬
res et précieuses au cabinet des antiques. On conserve
encore au Gardemeuble quelques morceaux capables de
satisfaire la curiosité de l’étranger. — Le Musée de mé¬
canique. — Nombre des cabinets particuliers. L’acadé¬
mie des beaux arts des Frères Pirancsi , renferme tout
ce que l’art du dessin peut offrir d’intéressant; la col¬
lection entière se vend 1S63 livres. Le local est à l’an-
eien collège de Navarre, ci - devant fameuse école de
théologie ; on y jouit d’une superbe vue qui domine an
76 LA FRANCE. VILLES.
loin sur Pari*. (Note. La bibliothèque du Roi , ïe mu¬
sée d'hist . naturelle , le musée au Louvre , et le musée
des monumens Français , sont dignes d'être visité» de
préférence par les savans, les artistes, les amateurs de
tous les pays. L'entrée est gratis. Cependant nous con¬
tenions au voyageur, de faire la connaissance de M.
l’évêque Grégoire, de M. Millin , homme de lettres aussi
aimable que complaisant, et de quelques autres artiste»
et savans. Il faut, que dès son arrivée il se trace un plan
de sa tournée à l’aide du Panorama de Paris , joint à ce
Guide ; dans ce plan doit entrer le calcul de l’éloigne¬
ment des édifices, où se trouvent placées les collections,
et des jours d’ouverture. Mais l’entrée n’est jamais ré¬
fusée aux étrangers, qui la demandent aux jours non
fixés, et l’on ne paye alors qu’une gratification très - lé-
gère )
Etablissemens littéraires et utiles. L’université , ré¬
tablie en ï8o6. *L’institUt: (formé des restes des ci-de¬
vant académies, qui paraîtront peut - être de nouveau
sous ce nom. Cet institut est divisé en quatre classe»,
et chacune de ces classes en plusieurs sections. A la bi¬
bliothèque de l’Institut six manuscrits calcinés du Her-
culanum.) — *Le collège de France — quatre lycées et
46 écoles secondaires. Les écoles - normales, des langues
vivantes orientales, des ponts et chaussées, de, médecine,
de dessin etc. — le bureau des longitudes. — - L’Athénée
des arts: La société est divisée en 6 classes. Son an¬
nuaire paraît tous les ans. — L’Athénée de Paris: (De»
savans célèbres, y tiennent des cours. Le prix modique
de la souscription est de 120 francs pour les hommes, et
de 60 francs pour les damés L’Athénée est ouvert tons
les jours aux souscripteurs depuis 9 h. du matin.) — fLa
société libre des sciences, lettres et arts de Paris. —
♦Linstitut des aveugles travailleurs : ( cet institut a été
1» berceau du culte Théo - philanthropique , qui ne s’as-
LA FRANCE, VILLES,
77
semble plus depuis la réorganisation du culte catholi¬
que. C’est dans le même local, ci-devant hôtel de Mes-
mes, que mourût le connétable Montmorency en 1567,
et que Law y établit cette banque ingénieuse, qui se vit
revivre dans les assignats de la révolution.) — ♦L’insti¬
tut des sourds-muets. On est admis aux exercices de ses
élèves le 2. et le 4. jeudi de chaque mois, moyennant
un billet d’entrée, qui ne sert que pour une seule per¬
sonne, et qu’il faut aller chercher soi-même. — *La so¬
ciété des inventions et découvertes — la société statisti¬
que — *lâ société des amis des arts — la société d’agri-
culture *— la société philomatique: (son bulletin esttrês-
estimé des Savans.) — La société de médecine: — la so¬
ciété d’écriture. (Elle possède les chefs d’oeuvre origi¬
naux des Alais, des Sauvage , des Paillasson , des Ros -
signols, des Roland , etc.) — L’Athénée des étrangers
(outre les séances littéraires, il y a une fois par mors
un concert, et trois bals par mois pendant l’hiver. On
y trouve une excellente société: prix d’abonnement, 36
francs pour 6, 24 francs pour 3, et 60 pour 12 mois. ) —
♦L’école philotechnique qui compte plus de 300 élèves,
divisés en brigades dessin etc.) — *le conservatoire de mu¬
sique. (v. sur le concert Clery , les lettres de feu Mr.
Reichardt.) — *la société galvanique etc. — *les thés lit¬
téraires de Mr. Millin , les mercredis, entre 8 et n heu¬
res du soir: l’on ne saurait trop recommander aux Sa¬
vans étrangers de tâcher d’y être introduits.) _ Note.
Nous avons marqué d’un *les établissemens et instituts
qui méritent le plus de fixer l’attention du voyageur.
Il existe plusieurs cabinets littéraires à Paris. On y
trouve tous les Journaux français , allemands, anglais
®fc- Il y a a Paris quatre rotondes , qui renferment
autant de Panoramas.
Fabriques. Manufacture r*. Les Gobelins : — . ( Gilles
Gobelin de Rheims , le plus fameux ouvrier pour la
7S
LA FRANCE. VILLES.
teinture en laine, sous le régne de François I. bâtit
cette maison. Rien n’est plus beau que les ouvrages qui
sortent de cette manufacture, soit en haute- soit en
basselisse , et qui peuvent le disputer pour l’effet, la
force et la vivacité des couleurs, aux tableaux des grands
. maîtres. Une seule figure demande deux à trois années
de travail, et le prix, à ce qu’on m’assurait, est de 6000
livres. Les bustes de Colbert et de le J3runy ornent les
appartenons de l'hôtel.) — r la manufacture des tapis de
pied, à la façon de Perse, dite de la Savonnerie,-à Chail-
lot — la manufacture des glaces. C’est à S. Gobia en
Picardie que l’on coule ces glaces. Cette manufacture
fournit les plus grandes que l’on connaisse. Elles vont
jusqu’à 120 pouces de hauteur — la manufacture des Por¬
celaines à Sèvres , bourg sur la route de Versailles, dont
les fabrications et ouvrages, surtout pour la dorure et
la peinture sont partout rénommés; les heures de tra¬
vail sont celles de 9 à midi , et de 2 à 6 h. de l’après-
midi. On divise la porcelaine en dure et tendre. *11 y
a encore une vingtaine d’autres fabriques, entre autres
une de porcelaine imprimée , et la fabrique des porce¬
laines de M. M. Dihl et Gérard à Paris, boulevard du
Temple, qui rivalise avec celle de Sèvres. — Les manufac¬
tures de poterie d’Angleterre; de tapisseries et tapis
d’Aubusson; de verrerie; de papiers - peints ; de sparte-
rie; de dentelle? de point etc. des fabriques de cartes à
jouer; d’étoffes de Paris ; des draps d’écarlate, dit Jn-
lienne , de taffetas de France; de stuc; d’acier minéral;
de cristaux; de plomb laminé; de crayons; de cha¬
peaux; de parfums; d’ouvrages d’orfèvrerie et d’horloge¬
rie ; d’instrumens de chirurgie; de fleurs artificielles; de
perles; d ébénisterie et de meubles etc. Les nippes et
marchandises de mode, mettent toute l’Europe à con¬
tribution. Les presses de Didot et les édictions stéréo¬
types, sont recherchés par les savans voyageurs.
«
L A. FRANCE. VILLES.
79
Spectacles . Jardins . Bains. Suivant l’arrêt du Mi¬
nistre de l’Intérieur du 25 d’Avril 1807 r les théâtres de
Paris consistent: 1. en trois grands théâtres; et 2. en
théâtres secondaires. I .{Grands théâtres : 1. Théâtre fran¬
çais, 2. Théâtre de l’opéra, ou académie de musique;
3. Théâtre de l’opéra-comique , auquel est annexé l’o¬
péra bufra. II. Théâtres secondaires : 1. du vaudeville;
2 des variétés, ou des pièces grivoises et poissardes, 3,
de 1 Udéon ; 4. de la Gaîté, autrefois Nicolet ; 5. des va¬
riétés étrangères. Le nombre des autres Théâtres est
assez grand. — Cirque Olympique de Franconi , (exerci¬
ces d’équitation) etc. — la Fantasmagorie — les jeux
gymnastiques.- Cabinets de figures en cire de la veuve
Curtius , et du sculpteiar Orsy ; parmi les curiosités du
cabinet Curtius , se trouve la chemise que portait Henri
IV. lorsqu’il fut assassiné. — Récréation de physiqpe
amusante. — Il y a un grand nombre d’édifices et de
jardins publics , p. e. Frascati\ (dans la belle sàison,
entre minuit et une heure, on y trouve assemblée la
bonne société. On vante le punch à la Romaine, et les
glaces à la Frascatana , ce sont des glaces de l’invention,
du propriétaire.) Tivoli (ci-devant Jardin Boutin , très-
fréquenté j le prix d’entrée est de 3 francs.) l'Elysée ou
hameau de Chantilly , (jardin des plus beaux et des plus
pittoresques, où le public se livre à tous les amusemens
que permet la rainte saison. On y entre par billets pa-
yans.) — Le jardin Turc : Paphos : jardin de Henri IV.
Colysée etc. Sans faire l’énumération des Jardins non-
publics , mais remarquables par leur grandeur et leur
beauté, tels que le Parc de Monceaux. (Dans ce lieu de
délices on trouve des rafraîchissemens chez le concier¬
ge , et dans un café à la rotonde) ; l’Italie ; Jardin Bi¬
ron ; Jardin - Monaco ; Jardin - Beaujeon ; Colysée ou
Vauxhalletc. Au Jardin Beaujeon , les montagnes Fran¬
çaises , eu les folies Beaujeon , établissement splendide.
— Les montagnes Russes ou de glace , forment avec les
80
LA FRANCE. VILLES.
montagnes aeriennes , un nouveau divertissement a la
anode du jour. Les bains - Vigier , situés sur la Seine»
(ils sont ouverts en tout teins : cinq billets pris à la fois,
coûtent 5 francs.) — On compte encore un grand nom¬
bre de bains publics sur la rivière. Les bains chinois ;
les bains aromatiques etc»
Environs de Paris.
Fontainebleau. L’escalier du fer h cheval est regar¬
dé comme un chef- d’oeuvre. On compte dans ce châ¬
teau 900 chambres ; le bassin est de 30 toises , le canal
de 585 t. de longueur. La galerie de François J. garde
le buste de ce Roi guerrier, et quatorze tableaux à fres¬
que, qui datent de trois siècles. Sous la galerie des cerfs,
ornée de peintures qui représentent avec une exactitude
Singulière les chasses de Henri IF., à l’endroit où l’on
apperçoit une petite croix, fat assassiné le 6. Novembre
1657 le Marquis Monaldeschi , par ordre de Christine de
.Suède, dont il était grand - écuyer. On gardait son
épée et sa cotte d’armes, à la Bibliothèque de l’Ecole
militaire, mais j’ignore ce que sont devenues les lettres
de la Reine , ci - devant a la bibliothèque des Mathurins
à Fontainebleau. L’étang dans les Jardins est rempli de
vieilles carpes d'üne grosseur prodigieuse. Le raisin
cultivé dans les jardins, est renommé à Paris sous le
nom de chasselas de Fontainebleau. Le parc est terminé
par une étoile, distribuée en 8 grandes allées. Une va¬
ste forêt entoure le bourg. Cette forêt, ces vieux chê*
lies, ces rochers variés, noires, informes, sont d’une
beauté qui offre bien des réflexions. Il y a tel arbre
qui peut avoir prêté son ombrage à Louis XI L et à Louis
XVI., à François I. et à Louis XIV a Henri IV., etàNa-
poléon. Il faut voir surtout l'ermitage de Franchard.
11 est dû un quart de poste en sus de la distance, sur tou¬
tes les sorties, excepté sur Morat. V. sur les vipères de
LA FRANCE. VILLES. 8r
«ette forêt, les Observations du D. Paulet. Fontaine¬
bleau. 1805. 8- la population est de 7,421 a. Fontaine¬
bleau est le chef -lieu de la première cohorte de la lé¬
gion d’honneur. — St. Cloud. L’heureuse situation de
ce château, les peintures de sa galerie, la beauté de ses
eaux et de la cascade, et le riche ameublement des nou¬
veaux appartemens, rendent St. Cloud digne de la curio¬
sité des étrangers. St.\Cloud est aussi connu par la jour¬
née du 18 brumaire (9 Novembre 1800.) Sur une esplanade
appelée la Balustrade , on découvre Paris dont 1 immen¬
sité étonne. Dans l’église collégiale au haut d’une co¬
lonne torse, on gardait ci - devant le coeur de Henri
III. assassiné à St. Cloud par le Jacobin Clément. Avis.
Un avant-midi Parisien, de 8 à 5 heures, suffît pour réu¬
nir les curiosités de Sèvres , de St. Cloud , et de Belle-
vue. (V, ci{- après.) en déjeunant à St. Cloud sur la ter¬
rasse, et visiant sur le retour, le moulin-neuf , a cor¬
nets de fer-blanc.— Luciennes , fameux par le pavillon
de feue la Comtesse du Barri . La perspective immense
dont ou jouit à Luciennes , est l’ornement de ce séjour»
Hais la main du vandalisme révolutionnaire est em¬
preinte sur les ornemens de ce temple des arts et dea
grâces. — Marly : Il ne reste plus que les murailles du
château de Marly, devenu une manufacture de draps et
de filature: mais elle existe encore , cette machine hy¬
draulique , inventée par un nommé Rannequin Sualemt
qui ne savait pas même lire. Elle donnait en 24 heure»
2,737 l/2 muids d’eau. Une troupe du peuple de Pari»
ayant enlevé de Marly, lors de rapproché des Prussiens,
le fer et le bronze; la machine, et plusieurs statues an¬
tiques, ont été ou détruites ou endommagées. On vient
de rétablir ou de remplacer la machine, par des belier»
hydrauliques. Il est un lieu à l’extrémité de la forêt de
Marly, nommé le désert , oû l’on trouve des points de
vues pittoresques, et qui mérite d’être vû , quoique fort
dégradé, pour les singularités de l’édifice. — SS. GiT-.
8a , LA FRANCE. VILLES.
main- en- Laye', (Magnifique situation; la terrasse près
du boulingrin (dénomination introduite en France , par
Henriette d'Angleterre , ) et une autre, la plus longue
qu’il y ait au monde, l’ouvrage de le Nôtre, offrent un
lointain immense , et le tableau le plus agréable' On
sait, que Louis XIV. abandonna St. Germain - en-Laye,
où il était né, pour Versailles, parcequlon apperçoit de
St. Germain le clocher de St. Dénis , tombeau des roi»
de France. Il y a ici une maison d’éducation de Mad.
Campan.) — La Muette est un pavillon placé dans la
forêt de St. Germain; il est surmonté d’un belvédère
d’où l’on jouit d’une charmante vue. — Belleville : (vil¬
lage, qui domine Paris par sa situation, et présente le
coup d’oeil le plus étonnant, que l’on puisse imaginer.)
— Passy : (son voisinage de la capitale, du bois de Bou¬
logne, de la Muette, de Ranelagh, les belles maisons
qu’on y trouve, ses eaux minérales, (que l’on divise en
anciennes, et nouvelles) l’air pur qu’on y respire, la
rue charmante dont on y jouit, rendent ce village l’un
des plus agréables des environs de Paris. La belle mai¬
son de M. de Caumont fut habitée par Franklin. — Ba -
gatelle : (charmant jardin. Les étrangers ne visiteront
pas ce joli séjour, sans en emporter d’agréables souve¬
nirs. Le château rétabli, sert de rendez-vous de chasse.
Au boudoir des jolis tableaux de Greuze , Fragonard et
Legrenée.) — Sceaux - Penthièvre : (La charrue a labou¬
ré le terrain sur lequel se trouvaient le château de
Sceaux, et ses jardins, où erraient sous de magnifiques
lambris et des bosquets paisibles, l’aimable Duchesse
du Maine, Fontanelle, La Motte, St. Aulaire etc. Il
ne reste que l’orangerie, dont la commune a faitl’acqui-
sition. Les ouvrages de la manufacture de faïence et des
porcelaines, sont très - estimés.) — Ermenonville : tun
site heureux, dont le charme est encore augmenté par
la main du génie et du goût, caractérise cet aimable sé¬
jour. Il eu existe une description détaillée , ornée d’e-
f
LA FRANCE. VILLES. 83
stawpes. A l’Isle des peupliers reposa*) l'homme delà,
nature et de la vérité, J. J. Rousseau, avant qu’on trans¬
portât ses cendres àParis: non loin des cendres de Rous¬
seau à Ermenonville, étaient placées celles de Meyer ,
Génevois, peintre célèbre dans le genre de Berghem.
Deux pierres blanches marquent l’endroit, où fut en¬
terré un jeune inconnu, qui se tua par un désespoir
amoureux, après- avoir fait un court séjour à Ermenon¬
ville. Ce qu’il y a de mieux à Ermenonville, est la vue
que forment les ponts près du château.) — Morfontaine ,
superbe château, près d’Ermenonville; il y a de très-
belles parties dans ce jardin. Le marquis de Morfontai¬
ne était le premier imitateur des jardins Anglais eu
France. — Compiègne : (cette ville est embellie par sa
situation, par un beau pont, par plusieurs promenades,
et surtout par le château, où l’on trouve à présent
des appartemens qui brillent pàr la richesse et l’élé¬
gance. La salle est ornée de médaillons, qui représen¬
tent les batailles de Napoléon; celui qui représente
celle d 'Erlau a été percé, par un boulet, à l’attaque du
château par les Alliés en 1814. L a façade est superbe, et
dans le parc il y a le charmant berceau, séjour favori
de Marie Louise , Souveraine de Parme. L’église de Ste.
Corneille a possédé les premiers orgues qui aient paru
en France. La pucelle d'Orléans fut prise au siège de
cette ville dans une sortie, et brûlé vive à Rouen. Sous
Louis XV. les camps de Compiègne ont été célèbres;
plusieurs de ces camps portaient le nom de Verberies.
— Le château de Liancourt : les cascades, la machine
hydraulique etc. — Franconville: (ce lieu est remarqua¬
ble par plusieurs belles maisons de campagne, surtout
par celle du comte d'Albon, sur le bord du grand che¬
min qui mène à Pontoise. Le célèbre Court de Gibelin ,
*) Depuis l’exhumation de J. J. on a changé fe repose
de l’inscription, en reposa.
LA FRANGE.
V ILLES.
«uteur du monde primitif, est inhumé dans les jardin*
de cette maison d'Albon. On lit sur sa tombe: Passans
vénérez cette tombe ! Gébelin y repose.) — Rainsi , près
de Paris: jardin anglais, très-orné et fort agréable, mais
manquant de grande* masses , et de grands espaces. «*•
Vincennes. Ce fameux donjon, forteresse gothique, con¬
tinué de servir de prison. Une manufacture de porce¬
laines est placée du côté du donjon. — St. Dénis (appelé
un moment Franciade) : Population, 4,425. L’abbaye de
St. Dénis, l’église de9 Carmélites, la célèbre maison d’é¬
ducation, et la magnifique caserne d’infanterie, sont
les choses remarquables de cette ville. Ce qui forme
son principal relief, est l’église du plus beau gothique,
et dont l’entrée est un reste de l’église fondée par'Char-
leipagne. Le vandalisme , dans les tems malheureux de
la révolution, profanant l’asyle des morts , enleva, ou
détruisit les mausolées, dont on conserva une partie à
Paris dans le Musée des monumens Français , et jeta les
cendres de tant de souverains et héros dans une fosse
commune. Mercier raconte, que le corps de Louis XIV.
en y tombant, éleva le bras droit, comme s’il voulait
menacer les familiers de la cohue Jacobine. La restau¬
ration de cette église, déjà commencée sou9 Napoléon ,
s’achèva sous Louis XVl.ll. Rendue à sa sainte destina¬
tion, d’être là- sépulture des Rois, le caveau a déjà re¬
couvré en 1815, les cendres du bon et infortuné Louis
XVI. et d’autres monumens , conservés par le brave Lé-
noir au Musée. La sacristie de l’église est un chefd’oeu»*
vre moderne, et ses boiseries encadrent dix tableaux
d’artistes vivans. On conservait jadis à St. Dénis un
grand nombre de choses rares, tant profanes que sa¬
crées, p. e. le vase d’agate orientale, le plus beau et le
plus rare dans ce genre, qui représente une fête célébrée
en l’honneur de Bacclius etc. V. Coup d'oeil historique
sur la ville et l'église de St. Dénis , avec Le plan. Paris ,
1892. chez Debray. A V* de lieuo de St. Dénis , l'ile d'a-
LA FRANCE. VILLES. 85
inour, avec son délicieux parc. — La belle vallée de
Montmorency : (au cheval blanc , chez Leduc , bonne au¬
berge.) Le point de vue le plus favorable pour planer
sur la vallée, et jouir de ses beautés, est dans le village
d'Antilly , sur une petite terrasse , où il J a un banc
devant une maison de campagne. On visite le château
de chasse et l’ermitage où séjourna Jean-Jacques ; le cé¬
lèbre Gretry l’occupa. On voit aussi la jolie maison
qu’habita St. Lambert ; elle appartient à présent à Msr.
Gohier. Dans l’église de St. Qratieny village proche
l’étang, sont déposées les cendres du grand Catinat. —
j Betz, à quelques lieues de Paris: (c’est le jardin anglais
en France, qui mérite le plus d’éloges; il est l’ouvrage
d’une femme, de Mde. la princesse de Monaco : toutes
les fabriques en sont charmantes, ingénieuses, entre
autres les superbes ruines d’un château du tems de l’an¬
cienne chevalerie; les tombeaux, qui sont ce qu’on peut
voir de plus noble et de plus beau dans ce genre , le
temple de l’amitié d'une excellente architecture , ren¬
fermait ci - devant le beau grouppe de marbre de Pigal ,
représentant l’amitié embrassant l’amour,)— Les jardins
ù'Arnonville, près de Paris, les plus beaux dans l’ancien
goût français. On admire la machine de M. Parcieux
et le beau coup d’oeil que présente le village. — Mal -
maieon est situé à peu de distance de Ruel, où était la
maison de campagne du célèbre cardinal de Richelieu ,
dont on voit encore les vestiges. Le château de Malmai,
son renferma nombre des chefs - d’oeuvre de sculpture
et de peinture, de Canova, Cartelier, hemot, Vernet-
Richard , Tanay etc. Ces chefs d’oeuvre s’y trouvaient
encore en l8ï+, à la visite que fit l’Empereur Alexandre
h Joséphine y qui faisait elle-même le Cicérone de ces
merveilles, et mourût trois jours après des suites d’un
refroidissement. 'Mais le i. Juillet 1815, une troupe de
soldats étrangers, remplit ces beaux lieux de pillage et
de la dévastation la plus complette. Le jardin de Mal-
Guide des Vq y, T. 11. H
86
LA'FkANCE. villes.
maison était devenu l’un des plus beaux et des plus cu¬
rieux de la France. Voyez pour la Botanique, l’ouvrage
de Mr. Ventehat , qui contient la déscription des plan¬
tes. Les voyageurs allemands aimaient à s’adresser à
leur compatriote, l’honnêle et instruit Bernhard. On
peut réunir les curiosités de Malmaison , de la machine
de Marly , et de Lucienne: , en dînant avec une mate-
lotte et une bouteille de vin de Pommard, chez la veuve
du portier de la machine de Marly. C’est à Nanterre
village entre Paris et Malmaison, que des paysannes jo¬
lies vous offrent des petits gâteaux délicats à acheter. —
Bellevue ; Maison de campagne de la Pompadour renom¬
mée ci-devant par sa magnificence, et offrant une vue
tupexbe, au nord du château, sur des plaines immenses,
des bqis, des villages, des châteaux, Paris et la Seine.
Cettemaison appartient à présent à la famille Lanch'ere.
— St. Brice. Magnifique château, dont le maréchal Mac-
donald est à présent posesseur. — Buttar . Site romanti¬
que; le pavillon où Louis XV. se délassait de la chasse,
a été acquis par le notaire Pêrignon. — Choisi : château
où se rendait souvent Louis XV. avec la Pompadour. La
charrue révolutionnaire a labouré ses superbes jardins:
le labyrinthe seul a échappé à la déstruction. L’auteur
de l’art d’aimer , le gentil Bernard , était bibliothécaire
de Choisi. — Ecouen: le château appartenait à la mai¬
son de Montmorency : on y admire quatre colonnes, uni¬
ques en France par leur hauteur et leur proportion. Le
bâtiment a seul résisté à la foudre révolutionnaire ; tout
le reste a été mutilé ou brisé. — - Chtdeau - Gaillard :
superbe jardin, rénommé par ses magnifiques planta¬
tions et son site pittoresque. — Gros Bois à 5 lieues de
Paris; les jardins sont spacieux et agréables, et le parc
contient 1700 arpens. Ce château appartenait à Moreau.
— Longe hamp : consigné dans les fastes de Paris, par
les brillantes promenades de la semaine sainte; l’abbaie
est aujourd’hui transformée en métairie. — Le Marais,
LA FRANCE. VILLES.
8?
beau parc de Mad. de la Briche. — Moulin- joli: jardin
délicieux de ieu M. IVatelet. — Neuilly : Soissy - sous-
Etiole des jolies maisons et jardins — Villcfrit. Jo¬
lie maison de campagne, à 3 lieues de Paris. — . Yeres ,
à V2 lieues de Paris; remarquable par la source Budéet
l’une des plus belles qu’on puisse voir: ou y visite aussi
le château de la Grange, et le parc de Mad. Dauber-
ville. -
INSTRUCTIONS
•pour V Etranger, ~
Arrivée a Paru, L’étranger doit avoir prir avant
son départ l’indication d’un hôtel*garni ou l’addresse de*
personnes chez lesquelles il veut demeurer. Alors il lui
fuffît d’en instruire le postillon. S’il arrive par la dili¬
gence, il trouvera dans le bureau même des gens qui
s’offriront k le conduire, ou bien il pourra prendre un
fiacre auquel il donnera son adresse. Si l’on n’a point
de logement qui convienne particulièrement, on peut
•’en remettre au postillon en lui nommant le quartier
de Paris où l’on veut loger, jusqu’à ce qu’on trouve par
soi-même ce qui convient.
Logemens. Le prix des logemens dans les hôtel*
garnis n’est point déterminé ; il se règle sur l’avantage
de la situation, la beauté du local, le luxe de l’ameuble.
ment ou même sur la vogue. Dans tous les cas, le prix
convenu n’est jamais que pour le logement. La lumiè¬
re , le feu se paient à part.
On peut trouver, dan9 les quartiers moins fréquen¬
tés que ceux du Palais - Royal, des Tuileries ou de la
H 2
$8
LA FRANCE. VILLES.
Chaussée d’Antin,' des hôtels garnis très * commodes h
un prix modéré.
Quand on veut demeurer long- teins à Paris, pn peut
encore chercher une manière plus économique de se lo¬
ger ; on trouve assez communément des appartemens
meublés dans des maisons particulières. On peut con¬
sulter pour avoir des renseignemens sûrs à cet égard,
les journaux qui paraissent tous les jours sous le titre
de Petites j4J fiches , celui A.' Indications, et le supplé¬
ment du Journal de Paris , à l’article des Maisons et
Appartemens à louer. Il faut aller visiter soi-même le
local; car si ces logemens sont moins chers que dan9
les hôtels garnis, ils sont aussi moins commodes. Ces
feuilles indiquent quelquefois des personnes qui en lou¬
ant leur appartement prennent la personne en pension.
Au reste, cela se fait rarement.
Une troisième manière de se loger et qui convient
aux personnes qui veulent passer au moins six mois à
Paris, est de louer un appartement vide, et de le meu¬
bler; on trouve facilement des tapissiers qui louent les
meubles nécessaires.
En général, on peut diviser les quartiers de Paris
de la manière suivante: La Chaussée d’Antin pour les
négocians et banquiers; le quartier St. Dénis pour les
marchands; les quais de Voltaire et des Augustins pour
les libraires; le faubourg St. Germain pour les mini¬
stres; le quartier du Palais -Royal et des Tuileries pour
les curieux. Les prix varient suivant le local : p. e. un
voyageur de ma connaissance eut à l’hôtel de Toscana,
un appartement de 4 pièces, pour 360 Fr. par mois,
l’hôtel de Piémont pour 160 Fr.; h l’hôtel ûe Dijon pour
J50 Fr. Plusieurs voyageurs m’ont vanté l'hôtel Grange*
Bateliers y d'autres, l'hôtel de l'Europe y rue Richelieu,
LA FRANCE, VILLES,
8#
l'hôtel des ambasadeurs etc. ; feu M. Reichardt de Ber¬
lin, recommande dans ses lettres, l'hôtel des Languedo¬
ciens , rue de Richelieu et l’honnêteté des propriétaires.
Pendant mon séjour à Paris , avant la révolution , j’ai
logé à l'hôtel de Lanc astre, rue de Richelieu, à 4.0 pas du
palais royal, et je n'ai eu qu’a me louer de mes hôtes.
Des personnes de ma connaissance, ont eu le maître
et le domestique, des bons logemens à 2, pièces , et à 3
livres par jour, aux hôtels de la victoire , de Genève, de
Lyon, d'Autriche etc. 11 y a table d hôte ,à l'hôtel de la
victoire.
Domestiques. L’étranger logé en hôtel garni
trouvera dés domestiques de louage attachés à l'hôtel et
qu’il prendra a la semaine, ou au mois, ou au jour.
Si l’étranger est dans un logement particulier et qu’il
soit sans connaissances , il pourra demander, par la voie
des journaux ci-dessus, des domestiques de l’un ou de
l’autre sexe, avec l’âge et les qualités qu’il désire, en
indiquant son heure. Le prix de ces annonces est ordi¬
nairement de 2 à 3 francs: il y a aussi des bureaux où
l’on place des domestiques.
Si l’on n’a point de domestique, on peut obtenir de
celui de la maison les petits services d’usage; c’est une
chose à laquelle les maîtres se refusent rarement. Les
portiers peuvent aussi être utiles pour les envois ou
commissions.
Cependant on se sert plus communément pour cela
àe commissionnaires , pour la plupart adroits, intelli-
gens et surtout très - fidèles. Pour les transports, soit
sur les crochets, soit sur les voitures à bras, soit sur
les brancards, on fait un prix avec eux. Le prix d’une
commission ordinaire, pour une lettre, par exemple,
«st depuis 6 sous jusqu’à 24 sous, suivant les distances.
ço
LA FRANCE. VILLES
- Rêvas. Un étranger peut, s'il veut, ou tenir son
ménage ou se faire apporter du dehors: s’il veut déjeû¬
ner ou dîner chez soi, il envoie chez le cafetier ou le
restaurateur. Le premier a des garçons qui vont par¬
tout, mais il est quelquefois difficile de faire venir^e
restaurateur, surtout pour une personne Seule; alors on
est sujet à attendre, et l’on est souvent mal servi; mais
s’il est question de plusieurs personnes, la chose alors
est très - facile-
Le repas en règle, commence vers les 6 heures de l’a-
près midi, et se prolonge jusqu’à 9. Ordinairement il
est précédé de deux déjeûners , dont le second, dit a. la
fourchette , est d’une respectable solidité. ... V. pour
tout ce qui regarde les moyens de faire bonne chère à
Paris, en friandises, boissons, liqueurs, sucreries etc.
et en général, pour l’Itinéraire nutritif et friand, les 4
ou 5 années de Y Almanach des gourmands , cet immor¬
tel ouvrage de feu Mr. Grimod de la Regniére , et que la
Public alors a làien voulu prendre pour guide dans tou¬
tes ses emplettes alimentaires.
CAFES. Les cafés de Paris sont de grandes bouti¬
ques entourées de petites tables de marbre; e déjeûner
est servi sans nappe, on y trouve du café, du tbé, du
punch, de la limonade, toutes sortes de liqueurs, de la
bière, niais point de vin, excepté dans les cafés où l’on
déjeûne à la fourchette ; c’est- à dire, avec des côtelet¬
tes et'des viandes froides, accompagnées d’un excellent
vin [de Bourgogne. Ces déjeûnés qu’on trouve aujour¬
d’hui en bien des endroits, ont été mis à la mode par
Hardy , au coin de la rue Cérutti; il est rivalisé par
Tortoni son voisin.
Le prix du café et des liqueurs est fixé: on paie au
comptoir: on donne , si l’on veut, quelque chose aux
garçons ; mais jamais ils ne demandent rien.
LA FRANCE. VILLES
91
On ne déjeûne guères avec une dame dans un café;
mais on peut dîner avec elle chez le restaurateur.
Il y a beaucoup d’autres cafés épars dans les diffé-
rens quartiers; ils forment dans l’hiver de petites assem¬
blées, dont l’unique occupation se borne à jouer une
poule au domino ou bien une partie de dames ou d’é¬
checs. Quant aux grottes et estaminets nouvellement
établis dans l’enceinte du Palais Royal, ils ne sont or¬
dinairement fréquentés qup par les batteurs de pavé, les
joueurs, les chevaliers d’ind itstrie et les femmes perdues.
Les étrangers doivent toujours se méfier des gens offi¬
cieux qu’on y rencontre; il n’y a pas de ruses qu’il»
n’emploient pour faire des dupes.
Les cafés les plus fréquentés de Paris, sont le café
Conti, de Foi , (recherché par ses glaces au citron, à la
vanille etc.) du caveau , autrefois Valois, à présent h
la rotonde , des étrangers (renommé pour l’excellence
de son café à l’eau), de Tortoni , (de fort bon chocolat),
Corazza. On y trouve réuni tous les papiers publics de
Paris: c’était le café que Napoléon, lorsqu’il n’était que
«impie militaire, aimait à fréquenter. La propriétaire
passa pour la plus belle limonadière de la capitale.
Zoppi , (on y prend les meilleures glaces en tasse et les
plus copieuses), du bosquet : (renommé par la beauté de
la limonadière , et embelli par le- parfum de mille plan¬
tes odoriférantesetc.) Café Monpensier, au local de l’an¬
cien Théâtre de ce nom; c’est le rendez-vous des bel¬
les à bonne fortune.
RESTAURATEURS. Les restaurateurs ont deux
manières de fournir: iA h prix fixe , et l’on en trouve
depuis 30 sous jusqu’à 12 francs par tête poux* tel nom¬
bre de plats, le vin compris ordinairement: 2°. b la
tarte; c’est-à-dire, d’après un tableau où tous les mêts
9*
LA FRANCE. VILLES,
sont indignés à tel prix; en sorte que celui qui se fait
servir peut fixer lui -même ce qu’il veut dépenser.
On trouve aujourd'hui très - peu de tables d’hôte à
Paris: il n’est resté de cet usage que celui, de manger
chez les traiteurs et restaurateurs dans une salle com¬
mune, mais sur des tables séparées. Si l’on ne veut pas
dîner dans la salle publique, on vous donne un cabinet
particulier. En entrant, on vous apporte un couvert et
la carte qui contient tous les plats qu’on peut choisir,
avec le prix de chaque plat, ainsi que celui du vin.
Après dîner on demande la carte payante où sont les
prix de chaque mêts, conformément à la carte imprimée.
On paie ou au comptoir ou au garçon qui vous a servi,
•n y ajoutant quelque chose pour boire.
Les premiers restaurateurs sont: Beauvilliers , rue
de Richelieu; Robert , JSaudet , les trois f reres -proven¬
çaux , au Palais Royal (renommés pour leurs brandades
de morue b la provençale et par la Nouga de Marseille);
Vèryy aux Tuileriers: Grignon , rue neuve des petits-
champs; le rocher de Cancale , rue Mardon : («ur-tout
pour les huîtres , et les poissons de mer); Madame Gui¬
chard , (non loin du pont du Jardin du Roi, est renom¬
mée pour ses malelottes) etc. Mais il y en a une foule
d’autres moins chers et où l’on mange très - propre¬
ment, surtout ceux du 3e ordre, où la conversation, est
agréable et même instructive.
Un nommé Boulanger imagina en 3765 de donner des
bouillons et de servir sur des petites tables de marbre,
sans nappe, des oeufs frais, de la volaille etc. Il avait
mis sur sa porte: Venite ad me omnes , qui stomacho la-
boratis , et ego RESTAURABO vos ! telle fut l’origine
du mot restaurateur. On dit que cet ancien Restaurateur
est encore en vie, mais pauvre et loin de l’aisance de
LA
FRANCE. VILLES.
93
ses imitateurs, qui ont avec tant de succès enchéri suc
son invention.
VOITURES DANS PARIS. L’étendue de Paris et se»
environs qui en font pour ainsi dire une partie essen¬
tielle, rendent souvent nécessaire , même dans les plus
beaux jours, l’usage des voitures.
On peut s’en procurer de quatre espèces, trois sont
exclusivement d’usage et font aussi le service des envi¬
rons.
1°. Les remises. Ce sont des voitures bourgeoises a
quatre roues, trcs-propres, qu’un carrossier loue au jour,
à la semaine ou au mois avec le cocher et les chevaux.
Les prix varient suivant l’élégance du train et la beauté
des chevaux. On fixe , en faisant le marché , l’heure ou
Ton prendra et où l’on quittera la voiture. Prix d’au
carrosse de remise, 25 à 40 louis par mois, et un au co¬
cher , ou 45 à 50 livres par jonr , et 3 ou 4 li-r. coche**
On porte le nombre des remises au delà de 1000.
2?. Les cabriolets. On en fait monter le nombre h
ÿooo. Ils sont très- commodes, et les chevaux générale¬
ment meilleurs que ceux des fiacres. Il faut laisser a*or
1er les chevaux. Il est défendu d’aller dans Paris plus
v\te que le trot: on en trouve aussi à louer, aux mê¬
mes conditions chez les carrossiers. Ils fournissent en
même tems un conducteur qui, si l’on conduit- soi- mê¬
me , monte derrière la voiture. C’est encore l’élégan¬
ce de la voiture et la beauté du cheval qui règlent le
prix. Il est défendu de faire mener par des enfans. Prix
x Franc par course, et 18 à 20 louis par mois, et 1 au co¬
cher.
Ces deux espèces de voitures peuvent faire, à celui
qui loue, le même honneur que si elles lui apparte-
94
LA FRANCE. VILLES.
naient , surtout s’il a un cocher et des domestiques à,
lui. Les remises et les cabriolets entrent dans les cours
des hôtels, mais les fiacres restent a la porte.
30. On trouve à toute heure, jusqu’après minuit, des
cabriolets et des voitures à quatre roues que l’on ap¬
pelé fiacres et que l’on peut prendre à la course ou h
l’heure. Prix: 30 sou9 pour la course, et à l’heure, îFr.
pour la première, et 30 sols pour chacune des suivantes:
le double après minuit. On compte environ 2000 fiacres.
On ajoûte ordinairement quelques sous que les cochera
appelent le pour boire, surtout quand la course a été
longue : mais quand on a beaucoup de visites à rendre,
il est plus avantageux de les prendre à l’heure : ce qui
se fait en observant au cocher l’heure à laquelle ou
monte et l’heure à laquelle on descend. Il est bon de
noter le No. de la voiture pour s’en servir à la police si
le besoin le requiert. Ce No. se trouve écrit même dans
la voiture.
Les carosses ou cabriolets loués au jour, à la semaine
ou au mois , sont obligés de conduire dans les environs
de Paris, pourvû que la distauce ne soit pas assez grande
pour qu’il ne puissent pas rentVer en ville la nuit, h
moins que l’on n’ait prévu ce cas en les louant. Les
cabriolets et les voitures de place peuvent conduire
aussi au - dehors ; mais alors on doit faire un arrange¬
ment particulier avec le cocher, soit pour l’aller, soit
pour le retour; les réglemens de Police, ne les obligent
que jusqu’aux barrières. Les droit de passe est à la char¬
ge des cochers. On paye 4 Fr. pour aller à Bicêtre.
VOITURES HORS DE PARIS. On peut se faire
conduire plus économiquement dans tous les environs
de Paris et en revenir de même, en prenant à celle des
portes qui conduisent à l’endroit où l'on veut se ren-
LA FRANCE. VILLES:
95
dre, une voiture qu’on appelé des environs de Paris *
La concurrence qui a succédé depuis la révolution au
privilège, a tellement multiplié ces voitures, qu’il est
rare qu’on en manque. On peut prendre une ou plu¬
sieurs places, ou attendre que les autres soient remplies,
ou louer la voiture entière à son compte. Les prix ne
sont fixés par aucun réglement. Ils varient suivant les
circonstances, depuis 25 ou 30 sous jusqu'à 40 sous pour
aller à St. Cloud et même à Versailles. Ils vont quel¬
quefois jusqu à 3 livres les dimanches et fêtes. C’est sur¬
tout pour le retour qu’ils augmentent. Quand on est
en nombre suffisant pour remplir la voiture, il est pru
dent ces jours là de faire un arrangement avec le con¬
ducteur pour l’alier et le- retour. Dans le prix des pla¬
ces ordinaires, est toujours compris ce que l’ondoitpour
la taxe d'entretien des routes. Quand on fait une con¬
vention particulière pour une voiture, il faut avoir soin
de l’y faire comprendre. La plûpart des cabriolets pour
Versailles, St. -Cloud, St. - Germain , etc. se tiennent à
la place de la Concorde et celle de Montmorenci, à la
porte St. - Denis ; deSeaux, à la place St.- Michel, aux
boulevards du Temple, etc.
Le3 cèlériferes , voitures d’une invention toute-nou-
velle, partent toutes les deux heures pour Versailles,
St.- Germain, St. - Dénis etc. Ils méritent bien le nom
qu’ils portent, car ils font le tour de Versailles à Paris
en 1V2 b. de teins. Ce sont des coches à la façon des
Stage-Coach.es de Londres: ces cèlériferes portent ordi¬
nairement 14 personnes, et même quelquefois 20.
On a encore, pour aller a certains endroits, la faci¬
lité de prendre des voitures d’eau.
On connaît la galiotte et le zéphir qui font le ser¬
vice de Paris k St. - Cloud; le départ est à 10 heures; on
LA FRANCE. VILLES.
96
les trouve au - dessous du Pont -Royal, près les Tuile¬
ries : le prix des places est fixé. Excepté les,fêtes et di¬
manches où. ces voitures sont très fréquentées , on y est
commodément; il faut ajoûter au prix quelques sous
pour Si. Nicolas y (c’est le pour-boire des bateliers.) On
y trouve assez souvent une compagnie agréable.
Il n’en est pas toujours de même des coches d'eau,
dits de Haute -Seine , qui conduisent a Poissy, Choisy,
etc., parcequ’ils ne 6ont pas uniquement destinés pour
ces endroits, mais qu’ils font encore de plus longs voya¬
ges , ce qui entraîne, pour quelques personnes, la né¬
cessité d’y coucher. De plus, comme ils sont beaucoup
moins chers que les diligences, la société en est aussi
moins choisie.
TAILLEURS, CORDONNIERS, etc. L’étranger
qui veut suivre les modes, même de loin, ne doit point
prendre le premier ouvrier venu , il risquerait d’aveir
des objets déjà faits depuis un an ou deux ; car, ce sont
ordinairement les nouveaux débarqués qui vuident les
vieux magasins. Il faut aussi, autan^ qu’on peut, appe¬
ler soi-même un tailleur ou un bottier; autrement ils
font payer, en surplus, la rétribution qu’ils sont obli¬
gés de donner à l’aubergiste qui les appelé pour vous*
On achète aussi au faubourg St. Germain, des marchan¬
dises de bonne qualité, à des prix plus raisonnables, que
dans les grands quartiers au- delà de la Seine.
Tems de Séjour. Il ne sera pas mal -à- propos , de
faire ici quelques réflexions rélatives à la manière de
séjourner à Paris. Ceux qui n’y vont que pour voir le
local et admirer les curiosités que Paris renferme, se
contenteront de ôsemnines de la saison des longues jour¬
nées; mais alors il faut être en course depuis le matin,
et surtout économiser son tems, en associant la visite
LA FRANCE. VILLES. 97
de* curiosités, voisines l’une de l’antre. On n’a besoin
que d’un laquais de louage, et de deux ou trois petits
ouvrage* faits pour guider les voyageurs. Quant aux
autres, qui vont à Paris pour y voir le monde, ils doi¬
vent prendre le parti, de faire un séjour de 6 mois au
moins dans cette ville.
Service de la petite poste aux lettres .
JLe tableau suivant servira de règle pour l’envoi et la
réception des lettres.
Heures des levées
I. de 6 à 6i/2-
II. de 8 à 8V*.
III. de io a iot/2.
IV. de 12 à 12V2»
V. de 4 à 4I/2.
VI. de 7 à. 8- Cette
dernière le vée ne
se porte que le len¬
demain à la pre¬
mière distribution.
Heures de distribution »
I. de 7 à ç.
II. de 9 à 11.
II I. de 11 a I.
IV. de 1 à 4.
V. de 4 à 6.
VI. de 6 à 8.
Service de la grande poste aux lettres à Paris , Dili¬
gences. La grande poste aux lettres , a 7 bureaux pour
son service, qui rendent les lettres à leur destination»
avec affranchissement, ou sans affranchissement. Il est
défendu de mettre de l’or et de l’argent dans les lettres.
Il y a un bureau des envois h découvert , dans lequel on
reçoit h découvert , l’or, l’argent et autres effets de va¬
leur, en payant cinq pour cent de la valeur. Il y a aus¬
si un autre bureau, dans lequel on reçoit à couvert , sous
enveloppe cachetée sur tous les plis, et en payant le
double port, les lettres et paquets que l’on veut faire
charger et recommander. Ce bureau est ouvert depuis
8 heures du matin jusqu’ *13, en tous téms. Ce» lettre*
Guide des Voy. T . II. I
98 LA FRANCE. VILLES.
qui y «ont chargées avant deux heures , partent le jour
môme. Des diligences commodes et couvertes, partent
tous les jours pour les départemens ou les frontières, et
même jusqu’à Londres et Bruxelles. Les jours de départ
et d’arrivée , comme ceux du dîner et du coucher à des
endroits nommés, sont fixés.
Pla vs. Livres à consulter . L’arrivée des armées en
i8H et 1815 à Paris, où presque toutes les Nations
avaient leurs représentai , nous a fourni un grand
nombre des tableaux et des descriptions de cette capi-
taie célèbre. Il serait impossible d’en faire une énu¬
mération complète. Nous nous bornerons à une notice
des plus récentes comme des plus accréditées. — Nou¬
veau tableau de Paris , ou observations sur les moeurs
et usages Parisiens en 1814 et 1815. par M. de Jouy . Pest.
1816. — Paris in 1802 and i?z i8i4« by the Rev, W. Shep¬
herd. London 1814.. 8 . — A new picture of Paris , or the
Stranger Guide, by E. Planta with niaps , plans and
views. London. 1814. — Paris revisited in 1815. hy John
Scott. London 1816. 8- (Ie même auteur avait publié en
I8i5- Visit a Paris in 1814.O — Denina Briefe aus Paris ,
geschrieben ira Jul. — Oct. Francfurt 1816. 8-
L’étranger en arrivant à Paris, doit présenter son
passeport à la préfecture de police, où on l’échange
contre un permis de séjour . A son départ, il s’y pré¬
sente de nouveau, et reçoit son passeport. Mais nous
lui conseillons d’aller de bonne heure à la préfecture -
et même un ou deux jours avant son départ fixé, parce-
qu’il y a toujours presse, et que sa patience sera sou¬
vent mise à des rudes épreuves. Le maître de poste de
Paris et tous ceux placés sur un rayon de 15 lieues de
cette commune, n« pourront pas donner des chevaux
à aucun voyageur, se présentant pour la première fois,
pour prendre la poste, s il n’exhibe un passeport, e.t un
LA FRANCE. VILLES,
99
■permis y délivré par M. le Directeur général. Ces permis
seront délivrés gratis , sur la présentation au enregistre»
ment des passeports.
Distances. De Paris à Aix - la - Chapelle 34,3/4 pos¬
tes , à Basle 593/4. à Bayonne no3 /4. à Bordeaux 76. à
Bruxelles 371/2* à/Calais 34ty2* à Coblence 661/2* à Cham¬
béry 74x/2* à Genève 623/4. à Lyon 59. à Mayence 69, à
Marseille 103. à Montpellier q8V4* à Nantes 471/2* à Metz
çVa* à Nice i423/4. à Ostende 4o3/4. à Rouen i53/4. à Stras¬
bourg 6o3/4 à Toulouse 893/4* Il est dû, tant à l’entrée
qu’à la sortie, une poste en sus de la distance marquée.
ITINÉRAIRE
de Paris et de ses environs , h la distance de 4
lieues à la ronde *).
( Avec une Carte.)
Les environs de Paris restent pour la plûpart beau¬
coup trop inconnus aux voyageurs-, et peut être davan¬
tage encore aux Parisiens. Il n’y a guère d’étrangers
qui n’aillent voir au moins Versailles, et en effet, de
toutes les parties qui s’offrent à lui autour de la Capi¬
tale , c’est une des plus intéressantes , par la facilité
qu’elle procure de passer en revue dans la même pro¬
menade, Sèves avec sa belle manufacture dè porcelaine,
St. Cloud, Malmaison , Marly , St. Germain etc. Pour
ceux d’ailleurs qui connaissent Paris, et qui surtout y
} d!U Portefe™He d’un Voyageur de l’an 1807,
avec les renvois aux détails de l’an 1817. que nous
venons de donner à l’article précédent. 7 4
100
PARIS
ent vécu quelques années, il est facile de concevoir,
pourquoi souvent, pendant un tems considérable, on ne
trouve pas le moment de faire une course hors de la
barrière. L'intérieur de Paris, présente tant de plaisirs
et des objets d’un intérêt si varié, que l’on n’éprouve
que peu le besoin de parcourir la campagne. Et que ne
fait pas l’habitude! Le jardin de Tuileries, celui des
plantes, les Champs Elysées, le jardin du palais du
Luxembourg, les anciens et les nouveaux boulevards, et
diiférens jardins dont ils sont embellis de part et d’aut«
re, s’offrent aux promeneurs, dans l’intérieur des mura
de la ville, comme autant d'occasions de se procurer
un petit amusement. Si le tems est favorable , on fait
de petites excursions au bois de Boulogne; ceux qui
habitent plus près du côté septentrional de Paris, vont
au pré S. Gervais , à Belleville et au bois de Romain-
ville , situés tout prè3 de la barrière et dans une cam¬
pagne très - agréable, tandis que pour les vieux bon*
bourgeois du fauxbourg St. Germain , l’endroit qu’il*
aiment le plus pour ces petites parties de plaisir qui n©
doivent leurs coûter que peu de tems, c’est le grand
Montrouge , également situé dans une jolie contrée. Ce
sont ordinairement les dimanches que l’on destine pour
ces promenades d’une plus grande dimension: le matin
de très - bonne heure, toute la famille se met en che¬
min, et il est permis jusqu’au serin de prendre part à
cette joie, étant porté dans sa cage par la mère de la
maison, ou bien par l’une des demoiselles les plus âgées,
sous leur tablier.
Les classes les plus communes du peuple ont cou¬
tume de diriger leurs pèlerinages de dimanche, et trop
souvent aussi ceux des jours ouvriers, à Vaugirard , a
la Fillette et aux villages les plus voisins de la barrière,
où ils peuplent surtout les guinguettes, parceque les hô¬
tes de ces endroits, ne payant pas de droit d’entrée, peu-
ET SES ENVIRONS.
10 T
▼ent donner le vin à meilleur marché qu’il ne se vend
dans l’intérieur de la ville, où cet article est sujet à de
forts impôts.
He voyageur, qui trouve de l’intérêt à observer les
classes inférieures et moyennes du peuple, ne doit pas
négliger d’aller visiter ces endroits jusqu’à présent in*
cliques. Cette fois --ci il n’en sera pas question.
Le but de cet aperçu n’est que de fournir une espèce
de guide aux voyageurs, qui ont envie de parcourir les
environs de Paris , très -beaux par ci par là, et quelque
fois vraiment pittoresques. Je serai le plus court pos¬
sible , et je donnerai moins des descriptions que des
avis. Venez voir vous - même!
Notre première course sera à Versailles : il n’y a
certainement pas de voyageur qui ne la fasse. Celui qui
est bon piéton, préférera peut - être d’y aller à pied:
chose cependant qui, pour la plûpart des curieux, a ses
inconvéniens , puisqu’à Versailles même 011 trouve assez
d’occasion9 de mettre ses pieds en mouvement, et si
l’on y arrive fatigué, on ne voit communément les cu¬
riosités qu’à demi et sans éprouver le même plaisir. Il
est donc plus à propos de faire celte excursion ou à che¬
val on en voiture. Daus le dernier cas, il y a deux ma¬
nières; on peut louer une voiture pour la journée, ou
bien, voulant mettre plus d’économie, on prend une
place dans le c èlérifère , ou on va au quai entre le pont
royal et celui de Louis XV. , où l’on trouve toujours
prête un grand nombre de cabriolets, ordinairement à
quatre places et qui ne demandent pas mieux que d’être
occupés. Il est plus agréable de faire ce petit voyage
dans une société de 4 ou 8 personnes; n’ayant alors pas
besoin d’aller avec des inconnus, ou d’attendre que la
voiture soit pleine, ce qui est toujours désagréable. Au
lOfc
PARIS
reste, ce qui soit dit ici une fois pour toutes, on trouve
de ces cabriolets,- dans le voisinage des barrières, pres¬
que pour tous les points des environs.
Celui qui fait cette excursion a Versailles dans Un©
voiture, ne peut guères, il est vrai, s'arrêter en route,
si ce n’est à Sèves, ou les voituriers laissent toujours
leurs chevaux se reposer un peu, le chemin de Sèves
jusqu’à Versailles allant presque toujours en montant.
Cependant, comme plusieurs des objets plus rapprochés
peuvent être visités dans des promenades de moindre
étendue, les lecteurs voudront bien me permettre quel¬
ques indications là dessus.
Avant d’arriver à la barrière, on passe devant la
•pompe à feu des frères Perrier : tout le monde y peut
entrer à loisir, et les préposés aussi bien que les ou¬
vriers, s’empressent de donner à l’étranger qui désire
s’informer, les renseignemens nécessaires pour le met¬
tre au fait de ce qu'il pourrait ne pas savoir. Autrefois
un canal, partant du bord de la Seine conduisait dan9
un réservoir qui se trouvait en avant de la machine:
c'est pourquoi l’eau qui y arrivait, était toujours extrê*
memcnt bourbeuse. Mais, on a dirigé un gros tuyau de
fer fondu depuis la machine jusqu’au milieu de la ri¬
vière. Là, dans une cage de pôteaux qui sont assez hauts
pour n’etre jamais couverts de la rivière ni porter dan¬
ger aux bâteaux, ce tuyau s’élève du manière que l’ou¬
verture par où l’eau entre, se trouve tournée à niveau
d’eau, ce qui fait que la pompe à feu ne reçoit que d©
l’eau pure, sans fange et sans aucune de ces matières
hétérogènes qui troublent les rivières. A la hauteur de
ChailloC, sont établis trois grands réservoirs, dans les¬
quels, par la force de la machine, l’eau sélève et où la
fange se dépose: lorsqu’elle a été conduite du plus haut
réservoir dans le second et dans le troisième, l’eau, ainsi
ET SES ENVIRONS. 103
purifiée, se répand dans les différens quartiers de Paris.
Pour voir ces réservoirs, on n’a qu’à s’adresser au con¬
cierge, qui, moyennant une petite rétribution, y admet
le voyageur avec empressement.
31 sera moins aisé de voir la fonderie établie derrière
la pompe: on y a employé de petites pompes à feu pour
faciliter les travaux.
Les villages de Chaillot, qui, depuis la nouvelle eir-
ceinte de Paris, s’y trouve renfermé, et de Passy qui est
dehors, servent en été de séjour à plusieurs familles, qui
y ont une maison de campagne ou qui y louent seule¬
ment un logement *). Il y a aussi dans l’un et dan#
l’autre , plusieurs établissement d'éducation et des mai¬
sons où se font soigner de riches malades , qui chez eux
manquent de pareille ressource. La situation de ce#
deux villages est charmante, en partie au pied d’une
colline, en partie sur la colline même, d’où l’on jouit
d’une vue ravissante sur Paris et sur la belle plaine de
la rive gauche de la Seine et qui est couverte de villa¬
ges ^t de maisons de campagne. La pente de la colline
est employée à des jardins, dont la plûpart sont très-jo-
lîment arrangés en terrasses.
La barrière de cette route de Versailles s’appele la
barrière des bons - hommes, d’un cloître dès Minime#
qui se trouve à côté, jadis nommé les bons - hommes, et
qui aujourd’hui est transformé eu une belle manufac-
*) Le savant Latour (L Auvergne mort et connu comme
premier grenadier de l’armée française, habitai*
aussi le village de Passy toutes les fois que ses oc¬
cupations rappelaient à Paris. Il y a deux sour¬
ces minérales. — Dans le village de Chaiilot on
voit aussi une manufacture de tapis, établie en 1604
et connue sous le nom de la Savonnerie , cet édifice
ayant autrefois en effet été employé à faire 1# savon.
104
PARIS
ture debasins, piqués, mousselines et autres., étoffes de
cotons. Ici, sous le ministère de Mr. Chaptal , ont été
faits quelques essais en grand de différentes nouvelles
méthodes de blanchir, dont quelques uns , pour avoir
mal réussi, n’en ont pas moins été instructifs.
Tout près de Passy et a petite distance de la route,
on aperçoit le joli hameau d' Auteuil , près le bois de
Boulogne: c’est ici que Boileau , Molière et beaucoup
Vautres savans et hommes de lettres eurent des terres,
et jusqu’à ce jour ce village est le séjour [d’été d’une
foule de Parisiens.
Un peu plus loin, à une modique distance de Shves
{qui aussi s’écrit Sèvres), la route se divise en deux
bras; tout droit on arrive à Sèves, et c’est aussi le che¬
min que prennent le9 voitures destinées 'pour Versail¬
les : le chemin qui va à droite, conduit à St. Cloud. Ce
dernier, comme toute la route depuis Paris jusqu’au
chemin fourchu, est garni de réverbères; la même
chose autrefois avait lieu} sur toute la route de Paris k
Versailles.
St. Cloud est très-bien situé; c’est pourquoi de tout
teins il y a en un grand nombre de maisons |de cam¬
pagne j et beaucoup de bourgeois aisés ont l’habitude
de s’y louer un logement ou même une maison entière
pour un ou plusieurs étés. Ceux qui prennent St. Cloud
pour terme de leur promenade, feront bien de se ser¬
vir de la galliotte qui part tous les matins du pont ro¬
yal, voiture un peu lente, il est vrai, mais sous un
rapport dont il sera parlé ci - après, très - commode.
Souvent des familles de la classe des artisans profitent
d’un beau jour ;d’été *) pour faire de petites parties de
*) C’est au mois de Septembre que les Parisiens s’em¬
pressent le plus d’aller à St. Cloud. Ue 7. de ce
ET SES ENVIRONS. 105
plaisir dans la partie du parc de St. Cloud, qui est ou¬
verte au public, et dont celle, qui se distingue par le
monument choragique de Dysicrate, ou la lanterne de
Diogène, imitée en terre cuite par les frères Trabuchi,
et s’élévant au sommet de la colline beaucoup au dessu»
des environs, est en effet très - variée, et offre de belle»
vues sur la plaine et sur la rivière qui y serpente. Ce»
familles, pour rendre leurs courses moins coûteuses, très-
souvent emportent avec elles quelques provisions de
bouche apprêtées k la maison, et quelquefois même le
Vin, et font leur repas le plus ordinairement à l’ombre
d’un arbre. Si la société est nombreuse, tous les vivre»
sont empaquetés dans un panier ; on loue un fidèle com*
missionaire pour la journée, lequel, pendant que la so¬
ciété se promène, est chargé de garder le dîner et de le
porter à l’endroit où la caravane prendra position.
Pour ces parties là , lagalliotte, à cause du transport;
des provisions, est une voiture aussi commode que peu
dispendieuse. D’autres, qui ne se chargent pas de pro¬
visions, et qui aiment mieux aller à pied k St. Cloud ,
ont un chemin assez agréable à travers le bois de Bou¬
logne, au bout duquel le village de Boulogne les con¬
duit au pont de St. Cloud ♦
Il y a aussi une route à Versailles par St. Cloud , et
celui qui voudra faire à pied cette petite excursion, fera
mieux de choisir ce dernier chemin, comme étant plu»
varié que celui par Sèves; et offrant dans plusieurs en¬
droits des vues délicieuses sur la campagne. — Vaucres -
son y que vous voyez sur votre carte dans cette contrée»
tire, son nom du cresson qui y croît en grande quantité ;
mois est la fête de St. Cloud; il y a une foire à cette
occasion : le9 eaux jouent trois dimanches de suite, ce
qui ne manque pas d’attirer la foule des jétranger»
et des voisins, d autant plus qu’en Septembre d3JM
ee pays « ci le teins est des plus agréables.
PARIS
106
Vaucresson signifiant Val ou Vallée de cresson. A Paris,
où la consommation de la volaille est si immense, celle
du cresson naturellement ne l’est pas moins.
St. Cloud et Sevrés sont très près l’un de l’autre, et
lie se trouveut séparés que par une petite partie du parc
public de St. Cloud. Il a déjà été dit plus haut, que les
voitures qui vont à Versailles, s’arrêtent toujours à Sè¬
vres. Celui qui voudrait seulement donner un coup*
d’oeil fugitif à la manufacture de porcelaine, pourrait
(“supposé le cas où toutes les personnes se trouvant dans
la voiture seraient d’accord avec lui) il pourrait, dis- je,
se faire conduire à l’entrée de la manufacture et faire
reposer là le cheval ou les chevaux. Il faut pourtant en
prévenir le voiturier avant d’arriver a. Sèvres, parceque le
lieu de repos ordinaire est plus loin que la manufacture
de porcelaine. Cependant il est à conseiller à tout voya¬
geur qui aime les arts , de consacrer à l’examen de cet
intéressant établissement une journée particulière, qui
sera txta feion. vp -nplie, surtout auand on veut encore
parcourir un peu St. Cloud (il n’est pas question ici du
château) et les environs. Déjà les salles où sont expôsés
les ouvrages achevés, offrent un coup d’oeil très - inté¬
ressant et très -varié; l’entrée y est libre à tout étranger
qui désire être admis : quant à l’employé de l’établisse¬
ment, qui l’accompagne dans les salles, il peut lui don¬
ner ce qu’il voudra. Mais pour visiter les différens at-
féliers des ouvriers, il faut obtenir la permission du
directeur..
Sur un e île de la Seine , à gauche du pont qui con¬
duit à Sèvres , est la tannerie de M. Séguin , connu com¬
me chymiste et élève de Lavoisier. Il avait essayé d'in¬
troduire en France la méthode anglaise de tanner, et
avait reçu par là du gouvernement, avec des secours
considérables, la commission des fournitures de cuir.
ET SES ENVIRONS.
107
Pdr cette spéculation , et par plusieurs autres qui réus¬
sirent également, M. Séguin a amassé une fortune con¬
sidérable, qu’il emploie maintenant en partie à l’encou¬
ragement des arts, ayant établi une belle galerie de ta»
bleaux, parmi lesquels se trouvent aussi plusieurs bons
ouvrages d’artiste9 vivans.
A gauclie, tout près de Sèvres , on voit sur une col¬
line le château de Bellevue , ainsi appelé à bon droit,
car on y jouit en effet, comme au château de Meudont
situé un peu plus loin et plus jhaut , d’une vue ravis¬
sante sur la vaste étendue de Paris et sur toute la cam¬
pagne circonvoisine. Rabelais fût curé à Meudon. A
Bellevue, il y a quelques années , l’écuyer Têtu entre¬
prit à cheval son voyage dans l’air, et Meudon renfer¬
mait autrefois l'école aérostatique fondée par Conté qui
est mort depuis peu. — Au pied de la montagne, sur
laquelle est situé Bellevue, on voit une jolie maison de
campagne, nommée Brimborion , où se rendait souvent
Louis XV. avec Madame de Pompadour; elle appartient
maintenant à un riche particulier.
Un peu en avant de Versailles est le village de Mon¬
treuil , qu’on ne doit pas confondre avec celui du même
nom, connu par sa culture de fruits et surtout par ses
espaliers à pêches: ce dernier village, dont il sera par¬
lé dans une des excursions suivantes, est situé de l’autre
côté de Paris près Charonne et Vincennes. Ce Mon¬
treuil, voisin de Versailles, est renommé par ses déli¬
cieux jardins. Delille , dans son poème des Jardins, fait
mention de celui de Madame de Guémenée.
Pour voir Versailles avec quelque utilité, il faut ab-
aolument en avoir une bonne description; néanmoins
l’étranger fera bien , pour s’épargner des courses et des
détours inutiles, de louer un conducteur: qu’il s’en
io8
PARIS
garde seulement des garçons et femmes qui s’offrent en
foule près du château. Le mieux est de s’adresser pour
cela à l’hôtellier chez lequel on descend; Ceux - ci ont
ordinairement -quelques guides un peu plus instruits, et
il vaut mieux donner à ces gens quelques sous de plus.
U est cependant prudent d arrêter auparavant le prix
«.vec ces Guides, et de ne pas entièrement s’abandonner à
eux pour les objets à voir. C’est pourquoi, avant de se
mettre en chemin pour le château et pour le parc, il est
bon de dresser, concurremment avec le conducteur, une
liste des choses que l’on désire à voir.
On ne doit pas négliger d’aller voir dans la ville
même la fabrique d’armes, surtout si c’est un jour ou¬
vrier. Les dimanches et les jours de fête, le magasin,
au moins, mérite d’être vû, ainsi que les différens atte-
liers. Pas loin de là se trouve la bibliothèque publique
dans les salles, où jadis étaient les bureaux du ministre
des affaires étrangères. Le château renferme une collec¬
tion de tableaux de maîtres modernes français, et un
cabinet d’histoire naturelle. Qu’on se fasse ouvrir aussi
la salle de spectacle r dont l’entrée, ainsi que l’ouver¬
ture de la superbe orangerie et des bosquets ^enfermés,
coûte quelques petites pièces d’argent pour ceux, qui
en tiennent les clés. Sur Grand et Petit - Trianon v. le
tableau de Versailles.
St. Cyr1 où Mad. de Maintenon , veuve de Scarron,
avait établi une pension pour des demoiselles nobles,
- possède en ce moment un établissement d’instruction et
d’éducation , fondé sous le nom de Prytanée.
Dans la forêt de Versailles, le joli village de Virof -
lay mérite aussi d’être remarqué, à cause de la belle
vue dont on y jouit et qui a beaucoup de ressemblance
avec celle de St. CloutL Ce village était un des lieux
de repos dans les parties de chasse des rois*
ET SES ENVIRONS. 109
De Versailles , un chemin très-agréable conduit à St.
Germain , si toutefois on veut faire ce tour de suite,
et de là retourner le long de la Seine.
Comme intermezzo, lorsque le» roses sont en fleur,
le chemin sur la rive gauche de la Seine, entre les ponts
de Neuilly et de St. Cloud, doit ici être recommandé
comme une promenade charmante. On peut la faire sans
incommodité dans une demi - journée.
Ce pont de Neuilly mérite l’attention des voyageurs.
Il ne fut construit que sous le régne de Louis XV. On
remarque en dessous un écho artificiel. Il y a à ISTeuil-
ly un grand nombre de belles maisons de campagne»
Sur la rive gauche de la Seine, un peu au-delà du pont
de Neuilly, est Courbevoye avec une belle caserne, qui
servait autrefois de logement à un régiment de Suisses
faisant partie de la garde royale.
' -• * • - i » 0 z »'ii4<ri»va t-f. ' »v «*.
Sur le pont de Neuilly on joûit d’une vue délicieuse
sur les côteaux de la Seine. A peu de distance en deçà
du pont on remarque dans cette rivière une petite île,
habitée par une espèce de Robinson. Il s’y est retiré, il
y a déjà plusieurs années, sans l’avoir jamais quitté*
depuis. Le chemin, indiqué plus haut passe au pied du
Calvaire ou Mont Valérien, qu’il faut absolument mon¬
ter parcequ’on y découvre des points de vues magnifi¬
ques. Ce mont n’est d’ailleurs qu'une trè9 modique col¬
line , et ne peut obtenir le nom de montagne que dan»
une campagne aussi rase que la plaine de Paris. Du côté
de la Seine , cette colline étant très - escarpée , on y a
pratiqué des escaliers et des reposoir»; et les prêtres et
hermites, qui l’habitaient avant la révolution, non seu¬
lement y avaient érigé un mont Calvaire (image du crù-
cifiment de Jésus - Christ) mais encore avaient dressé,
sur chacun de es reposoir», une chapelle, le tout re-
Guide des Voyï T. / /. K
1:10
PARIS
présentant les diverses stations , telles qu'on les trouve
encore dans les autres endroits de ce pèlerinage. De¬
puis le commencement du printems jusqu’à la pentecô-
te, les pieux Parisiens et Parisiennes se portaient assez
fréquemment dans ce lieu consacré à la dévotion, et,
outre les âmes pieuses il en venait peut-être aussi pour
d’autres motifs. Dans le cours de la révolution, le Cal¬
vaire et ses pèlerinages furent tout à fait plongés dans
l’oubli: Merlin de Thionville achêta la colline entière
qui avait été déclarée être un bien national. Dès lors,
couvens, chapelles, églises, etc. furent en partie démo¬
lis, et en partie employés à la construction d’une jolie
maison de campagne, d’où l’oeil se perd dans une vue
aussi étendue que délicieuse. Depuis que le Calvaire
n’existait plus au Mont Valérien , le Curé de St. Roch
profita de l’occasion pour en établir un dans une de ses
chapelles, et il réussit à persuader aux dames dévotes,
que tous les avantages spirituels, attachés jadis aux pè¬
lerinages du calvaire du Mont Valérien, s’étaient trans¬
portés sur ceux qu'on ferait pour voir la chapelle de
l’église de St. Roch, qui devait remplacer l’établisse¬
ment du Mont Valérien.
Saint Roch paraît n’avoir rien perdu à ce remplace¬
ment. Du moins le curé de cette église ne fut pas bien
aise, lorsque le ci - devant chef des hermites du Mont
Valérien sut obtenir du gouvernement la permission de
rétablir l’hermitage. Il réussit à rachêter toute la col¬
line de Merlin de Thionville , qui la possédait jusqu'a¬
lors. ; cir.0
Au pied de la colline est situé le hameau de Suresne
dont les vins de la plus mauvaise qualité , sont devenu*
le proverbe de Paris pour désigner des vins détestables.
On assure qu’au commencement du dernier siècle on a
soutenu publiquement à Paris des thèses, dans lesquelles
ET SES ENVIRONS,
lit
on a avancé que le vin de Suresne surpassait en bonté
celui de Beaune et des autres contrées de Bourgogne.
Aujourd’hui personne ne proférera une semblable as¬
sertion.
La multitude de roses que l’on remarque ici le long
du chemin dans les champs, donne à cette promenade,
recommandable déjà par sa proximité, un charme par¬
ticulier, et l’on peut s’étonner avec raison qu’elle ne
soit pas recherchée d’avantage. Au lieu de retourner à
la barrière des bons -hommes, par la longue et mono¬
tone grande - route de St. Cloud, le piéton fera mieux
de diriger son retour par le bois de Boulogne, à moins
que, faute de tems, l’approche de la nuit ou la fatigue,
ne l’oblige de louer à St. Cloud un de ces cabriolets
qu’on y trouve prêts à chaque instant.
Au reste, le beau monde, qui en a le tems, profita
du bois de Boulogne, pour y faire dans la matinée des
promenades à cheval ou en voiture. Depuis quelques
années plusieurs nouvelles routes y ont été percées, et
des vieilles ont été raccommodées.
C’est dans ce bois qu’est situé la jolie maison de Ba¬
gatelle; bâtie par le Comte d'Artois par l’habile archi¬
tecte Bellanger , séjour digne de l’attention de tout vo¬
yageur. — Ranelagh est à certaines époques, un rendez-
vous très - recherché par les élegans des deux sexes: en
été il y a souvent des jeux de barres sur la pelouse atte¬
nante. — Le château de Madrid a été démoli, il y a
déjà quelques années, et on a employé les matériaux
à construire sur. le même emplacement plusieurs jolies
maisons de campagne. — Le château de la Muette existe
encore en partie : On y jouit d’une vue très - étendue
qui, lorsque le tems est serein, porte jusqu’à Mont¬
morency f
113
PARIS
I>« côteaux de la Seine au delà de Neuilly , dans la
grande sinuosité jusqu à Croisy , offrent plusieurs con¬
tres magnifiques, où les familles de Paris, dans les
beaux jours d’été font souvent de petites parties de cam¬
pagne, et que les amis de la belle nature, ainsi’ que ceux
de la nature embellie, ne négligeront pas d’aller voir.
«Je n’indiquerai ici que les environs de St» Ouèn , et dû
côté opposé Mont - Joli: ce dernier séjour , o ixTVatelet
fit naître un délicieux jardin, était possédé depuis par
Colonne et plus tard par le fameux peintre, Mad: le
Brun. A Anieres il y a beaucoup de maisons de cam¬
pagne extrêmement jolies.
Après ces petites excursions , nous en ferons un*
plus grande à St. Germain en Laye .
Pour faire cette excursion, on trouve de même près
du pont royal des cabriolets pour aller et revenir,
n i - î
Ee chemin va à travers les champs Elÿsées, par le
pont de Neuilly dont il a été parlé plus haut. Plus
avant, près de iV anterte , les cochers font halte ordinai¬
rement, et les voyageurs saisissent ce moment pour goû¬
ter quelques gâteaux de Nanterre , tant estimés à Paris,
et qui s’achètent ici tout chauds et tout bouillans. Com¬
me cela n’arrange guère l’estomac, on a soin de vous
offrir du Ratafia de Nanterre , pour le remettre On
peut compter en outre que la voiture sera entourée de
quelques aveugles mendians: on dirait que c’est là leur
rendez - vous.
Il se présente ici deux chemins; l’un va tout droit
et passe deux fois la Seine , près Chaton et le Pec. En¬
tre ces deux lieux, on voyait avant la révolution une
chapelle de Ste. Geniviève , élevée au même endroit où
l’on dit qu’elle a, avec son amant, passé la Seine à la
ET SES ENVIRONS. 113
nage et sur son manteau. Au Pec on jouit d’une vue
délicieuse.
L’autre chemin conduit le long de la rive gauche de
la Seine. A gauche de la route, on voit Ruel. Un peu
plus loin, à une petite distance on apperçoit
V. ce que . nous en avons dit à l’article précédent des En¬
virons de Paris.
Encore plus loin on trouve la machine hydraulique
de Marly. Ici chaque curieux s’arrêtera avec plaisir un
peu de tems pour examiner le mécanisme de cet ou¬
vrage admirable: qu’on s’y prenne seulement avec pré¬
caution pour ne pas s’attirer le même malheur,' qui ar¬
riva à une petite société d’habitans de Paris des deux
sexes, qui, en allant à St. Germain , s’arrêtèrent égale¬
ment quelques momens , pour voir la machine, et qui
virent plusieurs personnes de leur compagnie, se fiant
trop aux planches fragiles et h demi pourries , périr
d’une manière effroyable dans la Seine; quelquesuns de
ces malheureux qui avaient embrassé les roues de la
machine, furent tournés plusieurs fois, — prolongation
affreuse de leur agonie!
Quand on est allé jusqu’ici dans une voiture, on fpra
bien de l’envoyer d’avance et de se faire attendre à
l’endroit où le chemin tourne autour de la montagne.
Il est intéressant de suivre la machine en montant, et
d’examiner à chaque terrasse le mécanisme par lequel
l’eau s’élève jusqu’au sommet de la colline. A la der¬
nière hauteur on trouve l’aqueduc, çhef - d’oeuvre digne
des Romains : on ne peut trop recommander d’y monter,
non seulement pour examiner l’ouvrage, mais encore
pour jouir de la vue. — Tout près de là , on voit le joli
château de Lucienne ou Louvecienne d’une situation
très-heureuse ; il fut construit par Louis XV. pour Mad.
)
H4
PARIS
•Du Barry y et a été fort endommagé depuis la .révolu¬
tion. — Etant arrivé au sommet, on peut aller à pied
jusqu’à Marly , où cependant il n’y a pas beaucoup d’ob¬
jets remarquables ; car, depuis la révolution, tout y est
changé et en partie ruiné. Dans le château se trouve
une grande manufacture en. drap.
En quittant Marly on rejoint la route de St. Ger¬
main , où l’on s'est fait attendre par sa voiture. — V. sur
St. Germain l’article précédent des Environs de Paris.
Pour faire d’une pierre deux coups , on pourra en¬
treprendre cette excursion dans la partie de l’été, où il
y a dans la forêt de St. Germain la. foire des loges , plai¬
sir auquel les Parisiens prennent part en foule. Les lo¬
ges étaient autrefois un monastère des Augustins, fondé
par Anne d'Autriche en 1644.
En allant un peu plus loin , on est surpris sur le
pont de Poissy par une très- belle vue. Tous les mardis
et jeudis 011 y tient un foire de bestiaux, qu’on ne voit
pas sans intérêt. On prétend que le marché de viande
de Poissy n’est jamais inquiété par les mouches, ce
qu’on attribue au séjour qu’a fait St. Louis dans cette
petite ville. Meulan , Mantes , Pontoise (qui a donné le
nom à la meilleure viande de veau qui se consomme
dans la capitale) et Gaillon , méritent aussi quelque at¬
tention de la part du voyageur, qui, arrivé à Poissy , se
trouve assez d’envie et de loisir pour aller plus loin.
Meulan et Mantes se distinguent par de beaux ponts.
C’est à juste titre que cette dernière ville porte le nom
de Mantes la jolie.
Nous nous tournonsk présent plus au nord, pour faire
une excursion hors de la barrière de St. Denys. — Il a
déjà été question plus haut du charmant paysage près
ET SES ENVIRONS. 113
St. Ouen , sur la route de St. Denys , vers îa Seine, ét
qui offre une très - agréable promenade à pied. — Che¬
min faisant, dans la direction de St. Denys , on passe pa
un village, nommé la Chapelle , lieu de naissance du
poète Chapelle , où on voyait jadis un hôpital, dans le¬
quel Ste. Génêviève , dit - on, passa la nuit du samedi
au dimanche, lorsqu’elle alla avec ses compagnes à St.
Denys , pour voir les tombeaux des martyrs. — Pins
remarquable que ce village il en est un autre, à droits
de la route de St. Denys , nommé Notre-Dame de bon se¬
cours. On y voyait autrefois un monastère, fameux par
les pèlerinages qu’on y faisait. Car les femmes en¬
nuyées -de leur stérilité, y allaient en pèlerinage , et
on prétend que toujours elles revenaient enceintes.
Quand aux curiosités de St. Denys , v. ce que nous
en avons dit à l’article précédent des Environs de Paris,
Près de St. Denys on remarque sur une île très - lon¬
gue le village d'Isle - St. - Denys , d’une situation char¬
mante, qui présenterait de riche matière à un paysa¬
giste.
De St. Denys il peut se faire surtout deux excur¬
sions, dont l’une à Montmorency demande une journée}
pour la seconde, par Ecouen, Senlis , Ermenonville et
Morfontaine , il en faut plusieurs. Toutes deux sont
très - amusantes, et personne ne se repentira de les
avoir faites.
Montmorency est situé sur une éminence, d’où on.
domine une très-belle plaine: ceci, et l'air sain qu’on y
respire, a engagé beaucoup de propriétaires à y ache¬
ter des maisons de campagne. Nous renvoyons pour ce
qui regarde Montmorency , à l’article précédent des En¬
virons de PariSi
PARIS
116
Montmorency avec ses environs est principalement en
renommée pour ses délicieuses uerises , et par consé¬
quent est Ie plus fréquenté dans la saison où ce fruit
mûrit.
Au reste , tout ce pays , au - déla de St. Denys , a !•
désagrément, de manquer d eau, de manière qu’en été,
les habitana sont obligés d’aller chercher leur eau quel¬
quefois à la distance de plusieurs lieues. — Gonesse , si¬
tué encore plus à droite, est renommé à Paris pour son
beurre et son pain. Vous savez qüe , dans le joli petit
opéra, les deux journées, il est fait mention de ce
bourg. — Derrière Gonesse , le pays n’est plus beau. —
Si l’on veut de Montmorency aller encore un peu plus
au nord, on verra St. Leu, d’où l’Ex. -Roi de Hollande,
porte le nom de Comte. L’ancien propriétaire, le Duc
d'Orléans dépensa beaucoup pour l'embellissement de
cette campagne. Durant son bannissement de la Cour
il y fit dresser un théâtre, et dans une des salles du châ-
teau il fit distribuer de nombreuses glaces, de manière
qu’on pouvait y voir toute l’étendue des environs à trois
lieues à la ronde. — Encore plus loin , on trouve Ta-
verny dans une situation extrêmement jolie; la cam¬
pagne qui l’entoure, offrant la rare réunion de l’utile
et de l’agréable. Si d’un côté la nature paraît y avoir
prodigué ses trésors les plus variés, l’art, de son côté,
a fait tous ses efforts pour la rendre plus belle encore
Un air pur, un sol très - fertile, de sites pittoresques,
de charmantes vues, tout fait de cette vallée un des plus
délicieux séjours. C’est pourquoi on y voit tant de jo¬
lies maisons de campagne et de jardins magnifiques.
Une autre course va de la barrière de St. Martin à
Pantin , Belleville , où l’on voit encore chaque dimanche
des combats d’animaux, Bondy , Raincy , Livry , et plus
loin à Claye> Meaux et Mousseau : c’est dans cette cou-
ET SES ENVIRONS.
117
trée qu’on peut voir le canal de l'Ourcq , commencé de¬
puis quelques années. A Pantin il y a beaucoup de jo¬
lies maisons de campagne, ainsi qu’à Bondi. La forêt
de Bondi était autrefois fameuse a cause des voleurs qui
n’y tenaient cachés, et qui sont devenus le proverbe des
Parisiens. Il n’en est plus ainsi de nos jours. Près de
Pantin sont les plâtrières, qui fournissent ce magnifique
plâtre , qu’on sait à Pans si bien employer pour bâtir
et pour moûler les statues: c’est dans ces mêmes fossé»
que Mr. Cuvier a trouvé tant de restes de races d'ani¬
maux qui actuellement n’existent plus. — Malherbe 's
«t Mad. de Sevignê habitèrent longtems à Livry , et il
y a quelques années,. on y conservait encore leurs bustes
dans les maisons qu’ils avaient occupées. — Raincy est
une des plus charmantes terres autour dé Paris, dont
elle n’est distante que de 3 lieues; elle est située tout
j^rès de Bondi , derrière Pantin. Avant la révolution,
elle appartenait au Duc d’Orléans ; c’était jadis une pro-
priété de la famille Livry qui depuis l’a rachetée. Le»
Parisiens font souvent de petites parties de campagne
dans le Parc de Raincy.
Nous pourrons comprendre dans la même excursion
les villages de Belleville et le Pré St. Gervais , situé»
aous la même direction. Ces points surtout offrent une
promenade des plus agréables, que tout étranger devrait
s’empresser de faire; puisque c’est là un des principaux
lieux de réunion pour les classes moyennes du peuple
des quartiers avoisinants de Paris. A Belleville et au Pré
St. Gervais il y a aussi beaucoup de maisons de cam*
pagne. Les environs surtout de ce dernier village sont
des plus agréables. Comme il y croît beaucoup de su¬
reau d’Espagne, les Parisiens fréquentent cette cam¬
pagne principalement dans la saison où il fleurit, et on
lès voit alors, dans les soirées des dimanches et des
jour* 4e fête , revenir avec de gros bouquets de cet
PA.RIS
V9
fleur». C’est dans le village voisin de Romainville gu’lrtf-
bitait feue Mad. de Montesson. La forêt attenante et
"pleine d’agrément, est aussi l’un des endroits favoris des
Parisiens pour faire de petites parties de campagne.
Entre cette forêt et le parc de la terre de Mad. de Mon.
tesson , il se développe un site vraiment divin, et qui
offre à l’oeil partout des groupes de groseillers, de ro¬
siers et de sureau d’Espagne.
Aux environs de Menilmontant sont des carrières, où
il y eut en 1778 une chûte terrible. Tout près on trouve
le Pavillon français, occupé par un restaurateur, dea
ienêtres duquel on voit toute l’étendue de Paris devant
soi. C'est ici que les Parisiens font aussi beaucoup de
parties de campagne.
Hors de la barrière du temple, prés de Popimourt ,
est le célèbre cimetière du Père Lachaise.
Hans la saison des pêches, on ne se repentira paf
d’avoir fait une excursion à Montreuil. Ce Montreuil ,
situé près de Charonne et Vincennes , il ne faut pas le
confondre avec celui près de Versailles. Les jardiniers
de Montreuil sont renommés par toute V Europe à cause
de la culture des fruits: mais peut-être sait- on moins,
qui est l’inventeur des jardins appelés a la Montreuil %
c’est à dire, où l’on a élevé un grand nombre de murs
auxquels on adosse des arbres à l’espalier. C’est un che¬
valier de St. Louis , nommé -.Girardot , qui après avoir
dépensé la plus grande partie de sa fortune au service
militaire, se retira dans sa terre à Bagnolet et y créa le
premier jardin d’après la méthode suivie actuellement à
Montreuil avec tant de succès.
La forêt de Vincennes était jadis aussi du nombre
des endroits, où l’on fesait des parties champêtres; mais
ET SES ENVIRONS. n$
an n’y va plus, depuis qu’elle a été si cruellement ra¬
sée, peut* être aussi à cause de la proximité du château,
qui sert de prison.
A Charonne y St. Manilê y Fontenay sur loîsy il y a
un grand nombre de maisons de campagne , fort bien si¬
tuées.
Là il s’offre deux chemina qui conduisent également
dans cette fertile contrée, qui est connue sous le nom
de la Brie *). Ces deux chemins sur les deux côtés de
la Marne y sont infiniment beaux; ce qui peut se dire
surtout de celui qui conduit à. Lyon , entre la Marne et
la Seine. — Le Château et le joli Parc de St. Maur suc
Un isthme entre ces deux rivières, appartiennent à l’ex-
sénateur la Martelliere. — A Bercy y sur le chemin de
Charentoruy il y a une prodigieuse quantité de jolies
maisons de campagne. A l’extrémité, du parc, une ter¬
rasse qui s’élève sur le bord de la Seine, procure une
vue délicieuse. Dans la révolution, le château était
abandonné et les terres louées à différentes personnes,
qui y firent toute sorte de dégâts, en coupant des ar¬
bres, changeant des allées en champs de blé etc.: l’in¬
térieur du château a encore le moins souffert. Actuelle¬
ment le propriétaire, rentré dans ses biens, fait son
possible, pour remettre tout sur l’ancien pied. On a
établi à Bercy plusieurs fabriques et manufactures, tel¬
les que d’Indienne, de Vitriol, une raffinerie de sucre,
plusieurs grandes tanneries ; on y remarque surtout la
grande sellerie des frères Coulon , où se font les ouvra¬
ges les plus magnifiques. La broderie seule de quel¬
ques selles qui s’y travaillent, et sur lesquelles les gé¬
néraux paraissent avec tant d'éclat, revient à 30,000 lir-
C’est de là que viennent les fromages de Brief qui
sont tant recherchés.,
PARIS
£20
res. Comme Bercy est situé si près de Paris ' et sur le
bord de la Seine, cet endroit sert de dépôt général au*
marchands de vin de Paris. Car le droit d’entrée étant
très - considérable , ils ont dans Paris même seulement
une {retire quantité de vin de chaque espèce, et à mesure
qu'il se vend, ils le remplacent du magasin, pour n’êtrfe
pas obligés de payer le droit d’entrée longtems d'avan¬
ce. — Un peu plus loin que Bercy on arrive k Çonflans ,
qui communique avec Carrières , comme celui - ci avec
Charenton , Dans ce dernier endroit est le fameux et re¬
marquable hôpital des fous, et au- de-là du pont de la
Marne , ou voit le Château d ' Alfort avec l’école vétéri¬
naire fondée en 176) par le Ministre Bertier . Proche
Charenton la Marne 'se décharge dans la Seine, et on
distingue jusqu’à une certaine distance son eau k la rive
droite. — Le pont de Charenton est un beau morceau
d'architecture. Il y a un moulin dessus. — Maisons , un
peu plus loin, est l'un de ces endroits, .où les Parisiens
font de petites parties de plaisir et de récréation. En
suivant cette route le long de la rive droite de la Seine,
on arrive k Villeneuve sur Seine , joli endroit, et a
Crosne (lieu natal de Boileau) , dont le château avec ses
dépendances, destiné déjà, après le 18. brumaire, k Sieyes
comme récompense nationale, fut pourtant rendu à ses
anciens possesseurs, qui revinrent immédiatement après.
Si l’on prend k Alfort la route k gauche, on passe de¬
vant le château de Grosbois , dont le parc est immense
(dé 1600 arpens) et où l’on fait de superbes chasses. Au
commencement de la révolution, Monsieur frère de
Louis XVI. en était propriétaire; dans la suite, ce
château appartient au Directeur Barras , dont l’acheta
le général Moreau *).
En sortant par la barrière des Gobeîins , on sera, dans
trois quarts d’heure, srlvry , joli hameau, situé à la
+) Lo fondateur du château se nomma aussi Moreau.
Ë'T SES ENVIRONS.
121
descente d’une colline et surtout renommé à Paris pour
sou excellent lait. Les médecins ordonnent quelquefois
à certains malades de séjourner quelque teins à Ivry
pour y boire du lait bon et naturel. Sur la terrasse ffu
château on jouit d’une vue délicieuse sur tout Paris et
sur tous les environs qui dans le voisinage à.' Ivry offrent
de superbes pâturages. — Plus loin, vers le sud, on voit
Vitry dans un charmant paysage, à peu de distance de
la Seine. Il y a là beaucoup de maisons de campagne.
En suivant cette route encore un peu plus loin, on ar¬
rive à Choisy, au bord de la Seine, à deux bonnes lieues
de Paris, dans une situation fort agréable; par cette
même raison on y découvre des groupes nombreux de
maisons de campagne, semées d’une manière pittoresque
le long de la rivière. A Choisy , il y avait autrefois un
château royal , dont on ne voit plus de trace depuis la
révolution: sur sa terrasse l’oeil se perdait dans une
vue très - étendue. Le labyrinthe seul existe encore, et
offre une promenade ombragée très - agréable. Près de
Choisy il y a une fabrique dq maroquin, qui, quoi¬
qu’elle n’existe que depuis peu de tems, prospère k mer¬
veille et peut à peine satisfaire aux nombreuses com¬
mandes qui se font de toute part. Sur le quai des Augus-
tins est un bureau, d’où partent tous les jours des voitu¬
res pour Choisy , avec lesquelles on peut aussi retourner
à Paris. — Si on veut étendre son excursion jusqu’à
Corheil , on pourra, se servir du coche, qui part des
ports St. Bernard et St. Paul.
De ce côté est aussi la route de Fontainebleau , pour
laquelle il y a des diligences établies exprès k Paris. Le
chemin par Villejuif est extrêmement monotone et en¬
nuyeux, mais des deux côtés de la grande-route on voit,
à petites distances d’elle, des paysages délicieux, où par
conséquent aussi beaucoup de Parisiens ont leurs mai¬
sons de campagne. Surtout le? environs de Itavigny, un
Guide des Voy . T. 11. L
132
PARIS
peu plus loin que ne va notre carte, sont charmants.
Près du village voisin de Juvisy , un ouvrage digne des
Romains réclame toute l’attention en même tems que
l'admiration des voyageurs.
Anciennement la grande - route traversait le village
de Juvisy, mais avec beaucoup de danger, à cause de
la roîdeur du chemin. Le Gouvernement forma le des¬
sin d’établir une route praticable et commode, et con¬
formement au plan arrêté elle devait également traver
ser Juvisy ; mai9 alors il aurait fallu que le Seigneur du
village cédât une partie de son parc. Celui - ci refusa
d’y consentir. Aujourd’hui on n’aurait pas égard à ut»
tel refus : une entreprise aussi importante pour le bien
public se serait exécutée, si même le parc tout entier
eût dû être détruit. Le Gouvernement d’alors, soit par
faiblesse, soit par crainte, soit par d’autres motifs, ne
procéda pas de la sorte: la propriété des particuliers,
comme cette fois-ci le caprice du propriétaire de Juvisy ,
fut respectée», et la route, au grand désavantage des ha-
bitans, conduite à une petite distance du village. En
1722 cet ouvrage fut commencé: il fallait rabaisser la
hauteur et réunir deux collines entre lesquelles coule
la petite rivière de YOrge, On éleva à cet effet sur
Y Orge un pont de 7 arcades, qui ne sert qu’à empêcher
le terrain des deux collines de s’écroûler. Au dessus de
ce premier pont il en est un second, d’une seule arcado,
sur lequel passe la grande - route. Cet ouvrage remar¬
quable, qui rappelé les beaux tems des Romains, fut
achevé en 1728- Jadis on voyait à chaque côté de ce
pont une fontaine à tuyaux, dont il est dit dans la plu¬
part des descriptions, qu’on y fesait monter l’eau, par
une pompe particulière, de YOrge qui coule dessous.
Cette assertion est erronée ; l’eau venait des sources,
qu’on avait trouvées, en fesant sauter la hauteur qu’il
fallait enlever, et on l’avait dirigée ici. Cet aqueduc
ET SES ENVIRONS.
123
est actuellement négligé: mais le double pont existe
encore, comme un monument honorable du gouverne¬
ment qui le fit ériger.
Un peu à droite de la route de Fontainebleau on dé¬
couvre la petite rivière de Bièvre , qui reçoit, près de
Gentïlly , le nom orgueilleux de rivière de Gentilly , sans
devenir pour cela plus grande, ni plus pure , ni plus
remarquable, comme cela arrive bien souvent dans le
cours de la vie à ceux qui obtiennent de nouveaux titres
et de nouvelles dignités. Bicêtre , n’est pas loin delà
Bièvre y où se jette la totalité de l’eau sale et dégoû¬
tante, qui découle de cet édifice, circonstance qui,
selon l’opinion vulgaire , rend cette rivière propre à
effectuer les belles teintures des Gobelins , ce qui n’es*
d’ailleurs qu’un préjugé *). M4iis détournons nos re¬
gards de ce séjour de la misère et du vice, pour faire
une petite promenade au village voisip. à’Arcueil. C’est
le seul endroit dans les environs de Paris , où l’on
puisse voir encore, en quelque sorte, la façon de bâtir
des Romains, à une ruine d'un ancien aqueduc romain,
qui se trouve à l’extrémité du village, dans la ferme
de Cachant , appartenant a Mr. Gambry. On voit aussi
dans ce village un autre aqueduc, construit sur les des¬
seins de Jacques de Brosse par ordre de Marie de Mj-
dicis , et qui conduit l’eau de plusieurs sources de Bun-
gis sl Paris, pour y fournir une partie des fauxbourgs
St. Marceau y St. Jaèques et St. Germain. .Les eaux
d 'Arcueil couvrent les matières, qui y sont trempées
pendant quelque tcms, d’une croûte de pierre: lors¬
qu’on donna au jardin du Luxembourg son arrangement
*) Quelquesuns de ces prisonniers, pour gagner un
peu d’argent, s’occupent à faire de petits ouvrages
qui demandent du talent et prouvent que le Gou¬
vernement pourrait le mettre en oeuvre jd’une ma¬
nière profitable pour la société/ Le puits de 13ï-
9 être est un objet qui mérite d’êtrevu.
124
PARIS
actuel, on trouva, en fouillant la terre, quelques vien-x
tuyaux d’aqueduc, entièrement remplis de cette masse
pierreuse, au point qu’à la fin, l’eau n’avait plus trouvé
d’espace pour passer. Dans les carrières d 'Arcueil on
taille une pierre d’un grain fin, propre à être poli, et
qu’on emploie dans des maisons ordinaires pour cham¬
branles et dessus de cheminée, à la place du marbre qui
y sert dans des maisons plus élégantes, A Arcueil et
dans ses enviions il y a depuis longtems un grand nom»
bre de maisons de campagne des Parisiens.
Le village voisin de Bourg - la - Reine (à l’époqne
des Sansculottes Bourg - Egalité) renferme plusieurs mai»
sons d’éducation. Il y a aussi une manufacture de por¬
celaine.
Fontenay - aux • Roses porte ce surnom de ce que ca
village jadis fournissait les roses qui se distribuaient à
2a cour et dans une certaine solennité aux membres da
parlement. Encore aujourd’hui, ce village est renommé
à cause de ses habiles jardiniers et des belles Heurs qu’on
y cultive.
De Montrouge îl a été dit un mot dès le commen¬
cement. A la route qui y conduit tout droit, on voit
une jolie maison, bien tenue, où des vieillards , qui
n’ont que peu de fortune, peuvent se mettre en pen¬
sion à un prix très - modéré. Les carrières des environs
de Montrouge fournissent une quantité considérable des
pierres qùi s’emploient à Paris.
Sceaux , près de Bourg - la - Reine , était ancienne¬
ment un de ces endroits où l’on aimait à faire des par¬
ties de plaisir. Mais dans le cours de la révolution le
château et les jardins ayant été vendus, l’un a été dé¬
moli et les autres cruellement ruinés. Ceux qui ache-
ET SES ENVIRONS, 125
tè relit le château,' ont gagné parles matériaux, plus
qu’ils n’avaient payé le tout. Seulement l’Orangerie
existe encore, le Maire de Sceaux ayant réussi à dé¬
terminer sa commune à en faire l'acquisition, pour pro¬
curer au moins aux habitans, dans les fêtes publiques^
un endroit ombragé. Au dessus de l'entrée on lit ce
distique :
De l'Amour du pays cejagdtn est le gage ;
Quelquesuns Vont acquis , tous .en auront l'usage,
Florian mourut à Sceaux en 1795 a la suite d'une ma¬
ladie phtisique, qui lui avait attirée sa prison du teins
de la terreur.
Il ne nous reste à faire à présent qu’une petité ex¬
cursion: elle va par la barrière de Vaugirard , le long
de la rive gauche de la Seine vers Sèvres , de manière
que notre dernier petit voyage coincide avec le premier
à Versailles.
De ce côté - ci on voit des sites charmans près Vau -
vres , Issy , Clamart , Meudon. La forêt de Meüdon est
très - jolie, et comme cette contrée n’est pas éloignée,
elle offre une promenade capable de remplir très-agrca-
blement un dimanche ou tout autre jour de loisir. 11
y a également nombre de maisons de campagne, dont
plusieurs sont très - bien situées.
Avant de finir, je ne puis que recommander d’aller
encore à Jouy , ou de ce côté - ci, ou à l’excursion pré¬
cédente à Sceaux , ou bien à un voyage à Versailles ,
qui n’en est distant que d’une lieue. Ce Jouy est un
village sur la petit» rivière de Bièvre , célèbre par la
fabrique d'Indienne , établie ici en 1760 par Mr. Ober -
kiimpf. Ce dernier commença sa fabrique avec un seul
métier; maintenant Jouy est peuplé presqu’entièremen fc
par ses ouvriers, et on compte que leur nombre se
126 LA FRANCE. VILLES,
monte à-tzco. Son entreprise réussit si bien, que dans
ce moment - ci, il est propriétaire de plusieurs mil¬
lions. »
STRASBOURG. Long 230. 24,'. 30". (Taie de Fer.)
Lat. 48°* 3+'-'. 56". Population , suivant l’A. J. de XII.
49,056. — O à la concorde: à la vraie fraternité.
Edifices remarquables. Curiosités. La. cathédrale, ou
le Munster; (le3 fondemens de cette église furent jet»,
tées en 1015: l'édifice 11e fut achevé qu’en 1275. lieux
ans après, on commença à élever la tour, dont le pre¬
mier architecte fut Erwin de Steinbach. Elle ne fut
achevée qu’au mois de Juin 1439. Sa bâtisse gothique
est admirée de tous les connaisseurs. Sa hauteur mo¬
yenne au - dessus de la mer, déduite de la moyenne ba*
rométrique, observée à Strasbourg depuis 6 années, est
de 287 mètres, 80 centimètres. Bien des gens s’imaginent
que le tremblement de terre de 1723 a dérangé sa perpen¬
diculaire d’un pied. Il n’y a que la grande pyramide
d’Egypte, qui surpasse l’élévation de cette tour, et seu¬
lement de 3 pieds; celle de la grande pyramide étant
- de 448 pieds au dessus du sol, et celle de cette tour, de
445 p. au-dessus du sol. On monte par 635 marches. La
tour est percée à jour, et découpée comme de la den¬
telle. Les statues et un grand nombre d’autres ornemens,
tant intérieurs qu’extérieurs, ont été détruits et enlevés
par le vandalisme révolutionnaire. On jouit de la plate¬
forme, d’une vue très - étendue. On lit sur les pierres
de cette plate-forxne , les noms de beaucoup de curieux,
et que l un des gardes du clocher fait graver sur la pier¬
re, moyennant une gratification légère. On achète de
«es gardes, de petites médailles d’étain, qui représen¬
tent le clocher. L’horloge a été faite ert 1571. L’abbé
Grandidicr a donné une description détaillée de ce tem¬
ple, qui* après avoir longtems servi .aux fêtes révolu-
LA FRANCE. VILLES,
127
tionnaires , a été rendu au culte catholique. La foudre
tomba sur la tour, l’an VIII. Sur le toit d’un donjon
ou d’une petite tour du côté du choeur de l’église,
nommé la mitre , s’élève l’un des deux télégraphes, celui
qui correspond avec Paris. Vis - à - vis , on voyait ci-
devant l’arbre de la liberté, et près do - là est l’hôtel d«
ville.) _ L’église de St. Thomas: (on y admire le maii*
solée du Maréchal de Saxe , chef - d’oeuvre de Pigale ,
et le cippe de Schoep^lin : le premier n’échappa l’an II.
à la fureur des démolisseurs, que parcequ’ils le croyaient
écrasé sous le poids des gerbes, empilées à l’entour,
lorsque ce temple fut converti en magasin. En compa¬
rant la physionomie du Maréchal de Saxe , avec celle dit
Roi Auguste à Dresde , on trouve de la ressemblance.
On vient d’y placer le monument d 'Oberliny par Ohm -
nacht.) — l'arsenal et la fonderie des canons — le palais
épiscopal — les greniers publics — la maison des enfans
trouvés — l’hôpital bourgeois — l’observatoire — la cita¬
delle : (elle a été bâtie en forme de pentagone en i683
par le Maréchal de Vauban; on frappa à cette occasion
une médaille, avec la légende: clausa Germanis Gal-
lia.) — le monument du Général Desaix — le pont dut
Rhin : (ce pont, fini en i8°8> remplace d’ane manière
plus solide, l’ancien pont, connu sous le nom de grand
ët petit. — Le9 épis du Rhin , jetés dans ce fleuve, pour
en détourner le courant, méritent d’être vus.) — Deux
postes télégraphiques. — v
Fabriques. Manufactures: de toiles de voile et.de
sacs; de laines; de draps communs; de cuirs; de plu¬
mes ; de chapeaux; de chandelles aussi belles que celles
de Nancy; des ateliers de corderie (le cordeau de Stras¬
bourg est renommé); des ateliers de fabrication de crics;
des drogues ; de la poudre à poudrer; des fleurs artifi¬
cielles ; de la belle fayence ; des papiers peints; des in-
•trumena de chirurgie; des meubles de toute espèce;
128 LA FRANCE. VILLES.
des beaux ouvrages d’orfèvrerie, du -vermeil fort beau
et renommé: de la broderie riche et eu mousseline; de
belles voitures etc. Le tabac est une forte branche du
commerce dè cette ville , de même que les vins de la
Haute - Alsace. Il y a deux grandes foires à Strasbourg,
les graines et semences d’herbes potagères de Strasbourg,
celles d’oignons surtout, ont de la réputation.
Spectacles. Comédie française ; comédie allemande^
concert de la réunion des arts.
Collections. Cabinets. La bibliothèque et les collec¬
tions de l’académie: (la bibliothèque est au temple
neuf, qui s’ouvre tous les jours depuis 2 jusqu’à 4 heu¬
res) la galerie des tableaux. Quatre riches cabinets;
l’un le musée d’antiquités de Schoepflin; {v*. Muséum
Schoepflini publié par Oberlin) les deux autres de phy-*
sique et d’histoire nat. (fruits des connaissances et re¬
cherches des Professeurs Ehrmann et Herrmann) et le
quatrième de mécanique: (dans ce dernier cabinet ont
été déposés provisoirement, les vitraux peints de la ci-
devant chartreuse de Molsheim. On sait combien ils sont
précieux: de plus on y trouve le plan de Strasbourg
exécuté en bois par SpecJtle ; l’ancienne bannière de la
ville; et les deux tableaux peints, que les Meistersany
gers , ou troubadours allemands, suspendaient les jours
de fête.)
Etablissemens littéraires et utiles. L’académie; le sé¬
minaire luthérien ; et le gymnase luthérien ; le lycée du
département; l’école spéciale de médecine, ci - devant
école de chirurgie; l’école d’instruction dans le grandhos-
pice militaire permanent; l’école publique d’accouche¬
ment; la société d’agriculture, des sciences et arts; l’am¬
phithéâtre anatomique; le jardin botanique (enrichi de
beaucoup de plantes, tirées des jardins d' Qberbronn et
LÀ FRANCE. VILLES.
129
de Bouxweiler , ci - devant apparfcenans aux princesse
Hohenlohe et de Darmstadt)»;* l’observatoire. Trois hos¬
pices civils sous une même administration* La société
libre de bienfaisance , fondée en 1780, interrompue par
la révolution, de nouveau formée l’an Vil. (Une petite
poste avait été établie en 1780-) C’est à Strasbourg que
Guttenberg , inventa 1436 — 1440 l’art d’imprimerie; avec
des caractères mobiles; il s’associa a Mayence avec J.
fus/, et se sépara de lui en 1445. On voit à la bibliothè¬
que le portrait de Guttenberg^ et l’épitaphe de Mentélirtj
premier imprimeur de Strasbourg après Guttenberg.
Promenades. Le boulevard; le Broglie, dans la ville ï
l’ile de Robert, ou la Rupr'echfsau , à une médiocre dis*
tance de la ville avec l’orangerie, ci - devant à Boux¬
weiler ; la plaine de Contades ; les environs du canal de
la Brusche. — Le jardin de Baldner . — Le restaurateu*
de la Ruprechtsdue ,
Auberges. A la ville de Lyon; (bonne auberge); à
l’Esprit; à la maison rouge, place d’armes etc»
Livres â consulter. Topographie physique et médi¬
cale de la ville de Strasbourg, avec des tableaux statisti¬
ques , une vue , et le plan de la ville. Par M. le D>
Graffenauer ; Strasbourg 1816. 8. Avec la carte du dé¬
partement. A Strasbourg. An IX- et suivant. 16. 5 vol.
. Distances . De Strasbourg à Paris par Nancy 603/4
postes 4- à Basle 151/2» h Besançon 2OV2 P- » à Landau îd
p., au Port-Vauban 5 p., à Mannheim , par Landau 16 p.y
à Lyon 553/4 p.
Mélanges. L’Ill traverse la ville, il y a plusieurs
ponts tant en pierres qu’en bois. Cette ville, autrefois
impériale, se rendit a Louis XIY, en 1681 par capitula¬
tion. Ou entre par 7 portes. La grande rue , celle du
marché aux poissons, et celle de la boucherie, sont las
ijo LA FRANCE. VILLES.
g eS et bien ornées. Les poissons les plus estimés qué
l’oii prend dans le Rhin , VU l, et la Brusche, sont, l’e¬
sturgeon (quelquefois du poids de 300 livres); les sau¬
mons; l’alose d’une saveur très - agréable; la lamproie;
l’àblette, (l’essencr pour les fausses perles se fabrique
de ses écailles); les belles écrevisses de l’Ill, les truites
et les ombres de la Brusche. — Les feuilles publiques
sont au nombre de deux:' — C’est l’église St. Etienne ,
remarquable par sa voûte hardie, et par son antiquité,
qui date de plus longtems que le Munster , qui a ét#
transformée en salle de spectacles. —
Environs , Kehl. Forteresse avancée, au bout du
Pont. — La montagne d'Odile , ou la Hohenbourg : (con¬
sultez: ,,Silbennann’s Beschreibung von Hohenburg.
Strasbourg. 1781. 8*“) — Sur Sasbach et le monument do
Turenne , v. No. g. des routes de V Itinéraire d'Alle¬
magne,)
TOULON. Long. 230 35' 30" (He de Fer.) Lat. 43$
7' ;iô". Population y suivant l’A. 27,000. — O la double
union: les élèves de Mars et de Neptune: la Paix et
parfaite union ; les vrais amis constans : lés amis réunis
d’Egypte.
Edifices remarquables. Curiosités. Le port neuf e*
le port marchand. Le fort Lamalgue , et les autres forts
et tours, qui défendent la rade. — L’arsenal de marine :
(les chantiers, les forges, la corderie, la mâture, la voi»
lerie, le grand magasin d’armes etc. En parcourant les
jardins, où ces rangées de canons, et ces monceaux de
boulets reposent à l’ombre, on trouve un énorme ca¬
non, pris par Napoléon sur les Vénitiens. La belle porté
de V arsenal, mérite une attention particulière — le bas¬
sin de M. Grognard : (il a 300 pieds de long sur 100 de
large, et de grands avantages pour la construction et le
LA FRANCE. VILLES, igj,
radoub des vaisseaux.) — le champ de bataille: (grande
et superbe place entourée d’un double rang de peup¬
liers, de trembles et de micocouliers). — l’hôtel de ville
sur le beau quai marchand: (deux cariatides colossales',
qui servent de support au balcon, sont du célèbre P14-
get , qui, dit-on, ayant à se plaindre de deux consuls,
les représenta sur la pierre avec tant de vérité, que
toute la ville les reconnut) — dans la maison qu’occu¬
pait M. Puget , au plafond d’une chambre, les trois Par¬
ques peintes par cet artiste — la cathédrale : (belle vue
du haut de ses clochers.) — L’intendance ; bel édifice , —
les bagnes, ou la prison des forçats; (on ne peut y entrer
que sur une permission particulière.) — Salle de corné-1
die: beaux calés: maisons de bains. —
Auberges. A la croix de Malte, à l’hôtel de Montau*
Tille: bonnes auberges.
Promenades. La rue aux arbres ou le cours: (tous
les matins s’y range la foule des jardiniers, maraîchers;
bouquetières et fruitières de la banlieue).
Etablis s emens littéraires et utiles. L’Athénée; la
société d’émuletion ; le Lycée; l’école de navigation;
l’école de santé navale.
Fabriques. Commerce. Des pinchinats, étoffes dè
laine; de l'huile; des câpres fines: (on en exporte pat*
an, au moins 2000 quintaux) de l’eau de vie, du vin
muscat rouge surtout et du vin de la Maïgue: pêche dti
thon etc. Les environs de Toulon fournissent d’excel-
lens muscats, et les plus belles fleurs qu’il soit possible
de trouver, surtout parmi les tubéreuses et les narcisses.
Les savonneries qui fabriquent le savon de Toulon , con¬
nu sous ce nom de toute l’Europe, n’expédient plus que
3 à 6000 quintaux par an, au lieu de 75,000.
*3» LÀ FRANCE. VILLES.
Distance b. De Toulon à Pari», par Lyon, Tarasccn,
Aix ioiVî postes ; à Nice 22 p. , à Marseille 71/3 p. Il est
dû un quart de poste en sus de la distance, pour les
sorties.
Enviràns. Hier es , petite ville à une lieue de la mer,
vis - à - vis des îles de ce nom , qui sont au nombre de
«inq, non compris quelques récifs. Les îles d e Portecras
et de Porquerolles sont seules habitées. Les Romains
leur donnèrent le nom d 'îles d'or, parcequ'elles étaient
alors fertiles en oranges. Hières est célèbre par la
beauté et la douceur de son climat, plus doux que celui
de Toulon , mais moins que celui de Nice . On le re¬
commande avec succès aux valétudinaires pour rétablir
leur santé. La plantation de M. Filtz réalise les jardins
poétiques d’Annide et d’Alcine ; on s’y promène dans
les bois d’orangers, où l’on a cueilli une orange, qui
pesa 33 onces; le jardin de M. Beauregard , y est con¬
tigu, et non moins célèbre. Il possède le plus beau pal¬
mier - dattier de la France. Les 'salines qui brillent au
loin sur les bords de la mer, répandent vers le soir une
odeur de violette. De la tour de l’ancien couvent de
Ste. Claire, mais plus encore de la chapelle de Notre-
Dame, on jouit du spectacle de la mer, et d’un paysage
digne du pinceau d’un grand maître. La vue est encore
plus magnifique du haut de V observatoire , qu’avait fait
construire en 1786, le Duc Erneste de Saxe - Gotha , et
qui existe encore, car même le vandalisme avait res¬
pecté ce monument d’un prince chéri. La ville s’agran¬
dit et s’embellit. (Latit. 43° 7' 2".) Bonne auberge, à
l’hôtel des ambassadeurs. Les valétudinaires qui veulent
faire un séjour d’hiver dans les villes du midi de la
France, et surtout à Hier es, trouveront des renseigne-
mens utiles et détaillés, dans les deux ouvrages de M.
Fischer , l’un intituléi Briefe einesSüd Lânder s* Leip *
sicjs, 1804* 8- l’autre Reise nach Hières. Leipsiclt. 1805. âf.
LA FRANCE. VILLES.
I3J
Mai* ils feront bien d’aller passer l'été ailleurs; car
alors le séjour en devient incommode, mal sain, et même
dangereux.
AVIS. Quiconque voyage k Toulon ou dans la Pro¬
vence , doit avoir sur soi, les Soirée r Provençales de M.
Bérenger. Ce charmant livre a paru en 1786, mais il est
de tous les siècles.
VERSAILLES. Population . Suivant l’ A. 27,574.
O les militaires réunis: le patriotisme, loge écossaise.
Bonne auberge: chez Madame dim6oui,
Edifices remarquables. Curiosités. Le château : (ce
célèbre château, très - dégradé, va être rétabli. 11 fut
commencé en 1673 et achevé en 1680, par les talens réu¬
nis de trois hommes célèbres, Mansard , Le Brun , et Le
Nôtre. Pierre le grand l’a comparé à un pigeon, qui
aurait des ailes d’aigle. Trois avenues , k qnatre rangs
d’arbres chacune, conduisent au château; celle du mi¬
lieu, qui est la plus longue, vient de Paris. Ces ave¬
nues se réunissent à une place immense, appelée la
place d’armes , décorée de deux superbes bâtimens , les
petites et les grandes écuries , toutes deux; élevées sur
les dessins de Mansard . Par la grille de fer , qui sépare
la cour des ministres de la cour royale, pénétrèrent,
lors de la fameuse nuit d’Octobre 1789» les piquiers et
poissardes de Paris. La chapelle est un chef - d oeuvre
et le dernier ouvrage de Mansard. Le plafond du sallon
d’Hercule représente l’apothéose de ce héros parie Moinej
et est regardé comme la plus^ grande machine en pein»
ture. La grande galerie par le Brun est une des plu*
belles de l’Europe; elle a 37 toises de longueur et 5 de
largeur, et est éclairée, par 17 grandes croisées. Il faut
voir les appartemens de la Reine et du Roi, l'oeil dé
boeuf etc. Louis XVI habitait, ce qu’on appellait les
petits appartemens du Roi : c’était là qu’il se livrait k
la lecture et k l’étude. On montre encore sa bibiiothè-'
particulière. —, ,La. s aide des spectacles. — ; Le patc >
G*i de des Voy. T. 11. M
134 LA FRANCE. VILLES.
il se distingue en grand et petit, lesquels réunis forment
environ vingt lieues de circuit. La façade du château
du côté des jardins, est bien supérieure à celle qui eat
opposée. Mansurâ l'a décorée de toutes les richesses de
l’architecture et de la sculpture. Elle a plus de 300 toi¬
les de longueur. Ce château renferme un Musée de ta •
bleaux et un cabinet dPhist. nat. très - curieux, et qui
-contient des coquillages extrêmement rares, et des cry-
staUisations uniques. On trouve au Musée le tableau cé¬
lèbre de la Vallière , ci devant à Paris aux Carmélites.
Plusieurs tableaux et statues ont été corrigés , c’est - à-
dire mutilés . On avait métamorphosé, par exemple, un
Louis XV. en Mars Français. Les jardins ont été planté
par le JS être , (il était Allemand d’origine; Louis et sa
cour ne l’appellaient que le nôtre , et cette épithète a
plongé dans l’oubli son vrai nom). Le genre anglais a
éclipsé de nos jours ce genre trop régulier, dans lequel
ce le Nôtre excellait. Nous n’entrerons pas dans le dé¬
tail, de ces vastes jardins qui ont coûté plus de zoo mil¬
lions, y compris. le grand parc. Ils renferment un espace
de deux lieues, tout entouré de murailles. Lors des éyé-
nemens du 10. Août on a enlevé presque tout ce qui se
trouvait de plomb dans ces jardins, pour le métamoÿ-
phoser en boulets et balles. Cependant les eaux ont
recommencé à jouer en 1801. Les bains d'Apollon sont le
chef d’oeuvre de Girardon ; les hosgueîs de la colonnade
et du Dâpne , sont très - remarquables; Yorangerie est un
superbe monument d’architecture. L’oranger, appelé le
grand Bourbon existe encore, et est âgé d’environ 300
ans. — Trianon: (palais situé dans le parc de Versail¬
les, à droit du grand cana). L’architecture, e,t les jar¬
dins, sont aussi gracieux que magnifiqnes. Mansard en
fut Parchitecte). ; Petit - Trianon; (le chantre des jar
dins a fort bien décrit ce joli séjour:
Semblable à. son auguste et jeune déïté
Trianon joint la grâce avec la majesté. »,
L'A FRANCE. VILLES. 135
Je n’OUblierai de ma vie le» douces sensations, dont ce
jardin me pénétra l ame par son aimable simplicité. La
plus grande partie de «es embellissemens avait été ou en¬
levé , ou spolié, ou dévasté par des Vandales, et Petit -
Trianon était devenu le séjour d’un traiteur Me charmant
hameau, et la chaumière ruBtique, le séjour favori de la
Reine, tombaient en ruines. Mai», tout a été rétabli et
le Petit Trianon brille d’un éclat nouveau.) — l’abreu¬
voir {digne de la curiosité des voyageurs — le jeu de
paume où était la table de bronze, pour consacrer le fa¬
meux serment de la première assemblée nationale. — Fa~
briques etc. de montres; de bougies; blancheries de cire;
Ja manufacture d’armes, de M. Boutet et fils l’une des
plus belles en France. (A Pari» il y a un dépôt d’armes
de Versailles, rue de Richelieu, près du palais Royal.)
Etablissemens littéraires . JLes écoles de peinture, de mu¬
sique, des sourds et muets, d’artillerie, de génie : l’Athé¬
née: la société d’agriculture : la bibliothèque , de 40,000
vol.; le cabinet de physique; le jardin botanique. —
Distances. De Versailles à Pari» 2T/4 postes , à Ram¬
bouillet 3®/4 p. , (V. No. 17. de V Itinéraire obs. loc. 2.)
à Chartres 8V2 P » à St. Dénis 31/2 p. , à Pontoise 31/2 P*»
(k la sortie de Versailles, l’on paye une demi -poste de
plus» que celle fixée dans le livre de poste.) A un myria-
xnètre de Versailles le célèbre Port - Royal des Champs ,
•es ruines , et se» souvenirs. V. l’ouvrage du célèbre et
savant Evêque , Grégoire: Les ruines du Port - Royal
{Les champs. Nouvelle édition, A. Paris. 1809. 8;
Livres qui peuvent servir de guide. Avis nécessaire.
te Cicerone de Versailles, ou indicateur des cnriosités
de cette ville. A Versaille», 1808. — Avis. Pour voir les
Curiosités du château et de ses environs, il faut se co¬
tiser avec d’autres étranger s; car par - tout il y a quel¬
ques pour - boire à distribuer, et n’évaluant un chacun
4u’k 30 sols , le tout peut bien monter à. 12 livre».
M 2
136 LA FRANCE. VILLES,
JS Ote. Un jour viendra, (disait Mercier dans son ta -
Ueau de Paris , en 1788) que les pièces d’eau de Versail¬
les se changeront en marais, les berceaux s’obstrueront,
tontes les avenues se fermeront; les chardons étoilés
étoufferont les gazons, les toufte» d’orties s'empareront
des statues, et des mousses verdâtres rongeront le sein
et les joues de ces marbres dont on adinire la beauté.
Une multitude d’arbres assiégeront le château, et pre¬
nant racine dans les fentes, écarteront les pierres et dé¬
moliront l’édifice — Ce jour a passé l
6-
Etat des postes , Notes instructives , et remarques
qui intéressent les voyageurs dans leur tournée.
Un étranger qui veut voyager en poste, doit avant
tout se procurer le livre de poste, qui se réimprime
chaque année, avec les changemens de l'année précé¬
dente. Ce livre de poste porte à présent le titre : ,Etal
général des postes du Royaume de France , dressé par
ordre du conseil à' administration : suivi de la carte gêo-
métrique des routes desservies en postes. A Paris de l'Im¬
primerie Royale. 8.
Les chaises à deux roués Ou a brancard, et les chaî¬
nes à 4 roues à limonière, ne doivent pas être chargée^
de plus de 100 livres sur le derrière, et de 40 sur le de¬
vant. Les chaises à deux roues o vl cabriolets , sont les
voitures de poste les plus communes en France , très-
légères, ayant quelquefois des glaces aux portières, por¬
tant vache et malle. Un voyageur moderne conseille,
d’échanger aux villes des frontières les voitures alleman¬
des h quatre roues, contre ces cabriolets à deux, parce-
qu’on roule plus lestement, et pareequ’on év/te d’être
chicané par les maîtres de poste sur le nombre des che-
Page 136
Table
du Calcul proportionnel , de ce qui doit être payé par
les courier s , pour les chevaux de poste , et
pour les Guides des postillons .
Note. Ce calcul est réglé d’après l'ancien tarif, de 1. Fr. 50. C. par cheval et *par
poste. Ce prix a subi un haussement de 25 Centimes , depuis 1815-
Distances.
Nombre des Chevaux.
Nombre des Postillons.
I.
2.
3‘
4*
5-
6.
I.
2.
3-
4-
1 quart de poste.
f c
0. 38.
f c
0. 75-
f €
I* 13'
£ c
1. 50.
f C
I. 88.
f c
2. 25
f C
0. JQ.
f c
0. 38-
f C
0. 57-
f c
0. 76.
Demi-poste. . .
o- 75-
1. 50.
2. 25.
3. 00.
3- 75.
4. 50
0. 38.
0. 76- :
1. 14.
ï- 52-
3 quarts de poste.
1. 13.
25-
3- 38.
4. 50.
5 63
6. 25.
os 56.
ï; 12.
1. 68-
2. 24.
1 poste. ....
1. 50.
3 °°
4. 50.
6 00.
7. 50.
9. 00.
0. 75.
1. 5°.
2. 25.
3. 00
1 poste 1 quart. .
1. 88.
3- 75-
5- 63-
7- 59
9- 38.
ii. 25
0. 94.
i. 88
2. 82.
3- 76
I poste et demie
2. 25.
4- 5°-
6- 75-
9. 00.
n. 25.
1 3- 5°
I. 1.3
2. !Ô.
3. 39
4. 52.
1 poste 3 quarts.
2. 63.
5- 25
7- 88-
10. 50.
15 13.
15- 75
1. 31-
2. 62.
3. 93
5. 24-
2 postes .
3. 00.
6. 00.
9- OO.
12. 00.
15- 00.
18. 00.
1 50.
3. 00.
4. 30.
6. 00.
2 postes 1 quart .
3- 38.
6. 75.
10. 13.
13. 50
16. 88-
20. 25.
1. 69
3- 38-
5- 07-
6. 76.
2 postes et demie.
3- 75-
7- 50.
II. 25-
15. 00.
■s 75
22. 50.
i. 88-
3 75-
5- 64.
’ 7- 52-
2 postes 3 quarts.
4- 13-
8- 25.
12. 38.
16. 50.
20. 63.
24- 75-
2. 07.
4. 14.
6. 21.
8- 28
3 postes. . * . .
. 4- 5o.
9. 00.
13; 5°.
18 00.
22. 50.
27. 00
2. 26.
4. 52.
6. 78
9. 04.
3 postes 1 quart.
4- 88.
9 75-
14- 63.
19. 50-
24 38.
29. 25
2- 45-
4. go.
7- 35-
9. 8o-
3 postes et demie.
5. 25.
•10. 50.
15- 75'
21. 00.
26. 25.
3i. 50
2. 64.
5- 28-
7. 92.
10; 56.
3 postes 3 quarts.
±*k\
II. 25
16. 63.
22. 50.
28. 13.
33- 75
2. 83-
5 66.
8. 49-
II. 32
4 postes. ....
6. 00. !
12. OO.
i8- 00.
24*. 00.
30. 00.
36. 00.
3 00.
6. 00.
Q. OO*
12. CO.
v.r .YV 7 ■ ■ :V' Vl r m . .»• ,
iu.gr TX . > ïk',1 .v.5
. .
W* v#*H - 'Sf • ;;^ •"ïotBI
r: . ,< ' ; •■ • -
•£• îî ■ rr *'*âi #fA>Ç-
»ii A"? > il-.'
SUT*,»' ; tà* i:} ■'KH- :■■ t
‘i^ft-A Vi tf./'ï -. •;'•'■ :> • >, :
If ’i^îv <M' ;u
‘■'à«|^^44^r biàfoiï-i • Y »**
*••*< . ~
•SA • V M.'.r '■-<*■;
n.r ; '
_>$ Çr > .* J* : V: "t tf :i’-
.ii. • .'i. « .h ;:
.< •
£i 4;>-, 1 t ..... y i- ti- w *
a o 4f ‘'
*■ ■ r ' ' *
„
' • * ••‘Vf ï; ÎS;
\ *3 «••»;> : \'i
‘ ' € V ** /
'■ ’ < I
«U**.,
y > ••».!., . ! • ' t. «**•* 4 ' fl
•. .. <* . . ^ ■ •■• i»i
- -'7.r
r VBtV; *'»
Ifly!
rr* j
>%'y
-V ■
*?5r* " 1
4 1
n
-L4
LA FRANCE. MAN. D. VOY. 137
vaux. D’ailleur9 il existe une loi de l’an XI. , qui dé¬
fend l’importation des berlines coupées ou voitures an¬
glaises a 4 roues , qui n’est permise qu’en déposant att
bureau de la douane le tiers du prix de la voiture. Maie
suivant M. de Kotzebue , cela ne s’entend que des voitu¬
res qui arrivent par mer , et cette loi n’est en vigueur
qu'aux ports d' arrivée .
Les chariots allemands , qui sont montés sur 4 roues
dans la première division du tarif, lorsqu’ils sont recou¬
verts d’un tablier, qu’ils sont à soufflet, qu’il9 ne son*
pas chargés d’une vache, et qu’ils ne peuvent pas con¬
tenir au - delà de deux personnes. Lorsque les chariots
allemands à timon réunissent toutes ces conditions, il9
doivent être attelés de deux chevaux, et conduits par un
postillon. Sans cela ils rentrent dans la division des Li -
monières, ou dans celle des Berlines. Là, où le 3rae che¬
val est d’ordonnance, le voyageur, quand le chariot est h
brancard , a le droit d’exiger, que le 3111e cheval soi*
attelé, mais lorsque ces mêmes voitures sont à timon, I9
3me cheval, ne pouvant pas être mis en arbalète sans
inconvénient', elles seront conduites par 2 chevaux f et il
en sera payé 3.
•
T a
' »• /.
î. Cabriolets »
Nombre
Nombré
j Prix par
Somme
des
des
cheval et par
totale par
personnes.
ehevdux.
poste. +)
poste .
Fr. Cent.
Fr» Cent*
1
2
I 5<S
3 -
2
2
1 50
3 -
3
3
H
O
4
A
5
2 —
6 —
+) 4vis. Depuis 1815. il y faut ajoute* partout tUX
haussement de 35 centimes.
138 LA FRANCE. MAN. D. VOÏ.
2. Limonières.
Nombre
Nombre
Prix par
Somme
des
des
cheval
et par totale par
personnes.
chevaux,
. poste.
poste.
-
Fr.
Cent.
Fr. Cent.
*23
3
X
50
4 50
4
3
2
—
6
Il sera payé
1 Fr. 50 Cent, par chaque
personne , ex*
édant le nombre des quatre.
3-
Berlinçs.
*23
4
X
50
6 —
45
6
X
50
9 -
6
6
1
75
*o 50
Il sera payé i Fr. 50 Cent, par chaque personne , au-
dessus du nombre de six: mais il ne sera jamais attelé
nu - de - la de six chevaux sur chaque Berline.
Un enfant de 6 ans et au - dessous, ne pourra être
considéré comme voyageur. Deux enfans de quelque
âge qu'ils soient, tiendront toujours lieu d'un voyageur.
Chaque voiture f soit cabriolet oti berline, pourra être
chargée d’une vache, soit qu’elle soit entière ou en deux
parties, et d’une malfe. Il sera, payé par chaque article
excédant, 50 centimes par poste, outre le prix des che¬
vaux *•),
Il est défendu aux postillons lorsqu’ils se rencon¬
trent vers le milieu de leur coùrse, d’échanger leur che-
*) Les anciens rëglemens pour l’attelage et le paye¬
ment des boeufs, à la montée de la montagne de
Tarare sur la route d o Lyon , ou à la montée de*
Echelles, sur la route de Chambéry et de Grenoble ,
sont restés en vigueur.
LA FRANCE. MAN. D. VOY. 139
▼aux, à moins, qu’ils n’aient obtenu le consentiment
respectif des ceuriers. La course d'une poste devant s»
faire, dan9 les localités ordinaires , dans une heure Us
tems, les postillons ne pourront s’arrêter sans permis¬
sion, qu-e pour laisser prendre haleine à leurs chevaux,
Les maîtres de poste ne peuvent être forcés à fournir
des chevaux pour les routes de traverse , cependant ils
sont autorisés à conduire les couriers dans les dites rou¬
tes, à prix défendu. Tout courier à franc étrier ne peut
faire porter au cheval qu il monte, que ce que peuvent
contenir en- menus effets les poches de la selle. S'il y a
un porte - manteau, il doit èire porté en croupe par le
postillon, pourvu toutefois qu’il n’excède point le poids
de 25 kilogrammes , ou 30 livres.
Ce n’est ordinairement que dans le voisinage de Pa¬
ris que l’on suit l’ordonnance à la rigueur. Dans les
provinces les maîtres des postes , ne donnent que 3 che¬
vaux , même pour quatre personnes, moyennant une ré¬
tribution assez légère par cheval. Vraisemblablement
les mêmes connivences ont lieu aujourd'hui, comme du
tems de mes voyages en France. A l’entrée et à la sortie
des lieux, où le Roi fait son séjour momentanément, la
première poste se paye double, sous le nom de poste
royale , mais à compter seulement de Vheure de minuit ,
qui suit le jour où S. M, est arrivée, et jusqu’à minuit
après le jour qu’elle en est partie.
Les voyageurs doivent être servis dans les postes, se»
Ion l’ordre de leur arrivée, ou de celle de leur avs,nt-
qourier; car les personnes qui se font précéder par un
CQurier, doivent avoir la préférence dans le service.
Les maîtres de poste qui conduisent à un relais sur les
pays étrangers, sont autorisés à se faire payer sur le
pied de monnaie étrangère.
140 LA FRANCE. MANT. D. VOY.
Dans tout le Royaume, le prix de la course, fixé U
Kft franc cinquante centimes par chaque cheval et par
poste, (et à ürî franc par poste pour chaque voyageur,
accompagnant le courier de la malle, et qui a subi un
haussement de 25 centimes, depuis î8i5‘. doit se payer
avant de partir; mais, de mon teins, on était très -indul¬
gent h cet égard envers les étrangers. Vous pouviez dor¬
mir pendant 3 et 8 heures de sHite , sans craindre qu’on
"vînt interrompre votre sommeil, pour vous demander le
payement de la poste ou des postillons, et quand vous
étiez réveillé, le postillon vous faisait votre compte à
la première poste. De plusi si vous ne vouliez pas
perdre votre tems à faire changer et à payer à chaque
relais, vous pouviez payer d’avance la poste pour une
longue traite, ou bien payer à la dernière poste, ou en¬
fin donner des à - comptes. Aussi le nouveau postillon
ne manquait jamais de demander à son camarade avant
que de partir, combien fie payé? celui-ci lui répondit,
fant de livres et de sols; cela suffisait et l’on ne vous
parlait plus de rien, jusqu’à l’endroit où le prix des
postes que vous veniez de faire, se trouyait égal à vos
déboursés. Tout cet usage extrêmément commode sub¬
siste encore, au' moins sur les grandes routes; et c’est
d’autant plus nécessaire, pareeque, suivant les observa¬
tions de M. de Kotzebue , en faisant changer de l’or, on
est expôsé à présent sur quelques routes , à des escro¬
queries désagréables : p. e. on vous force de perdre 20 à
40 sous par louis , sous le prétexte qu’il n'a pas le poids
juste, ou, l’on réfuse les petites *espèces , dont l’em¬
preinte est, tant soit peU, effacée, en prétextant, que
ça n'est pas marque1. Un voyageur doit donc bien pren¬
dre garde, do ne pas faire changer de l’oV,J et de se mu¬
nir d’un nombre suffisant d’espèces d’argent’’, d’un type
bien marqué. — — Il n’y a jamais qué les postillons qui
conduisent les chevaux de poste, il n’est’ pas permis aux
voyageurs de se faire meneic par leurs gens. JLes postil-
LA FRANCE. MAN. D. VOY. 141
Ions sont porteurs d’une plaque au bras, qui indique
le nom du relais auquel ils sont attachés, et le numéro
de leur rang. Cette plaque est aux armes du Roi. Les
guides de chaque postillon' sont portés à soixante-quinze
centimes par poste. Il est défendu à tout postillon,
d’exiger une somme offerte au - delà des guides fixés
par la loi, d’insulter les voyageurs, ou des leur donner
aucun sujet de plainte. Tout postillon doit être âgé de
16 ans au moins. Les voyageurs pourront consigner leurs
plaintes dans le régître, tenu par chaque maître de pos¬
te, côté et paraphé par le commissaire près de l’adminis¬
tration municipale, ou par l’agent municipal de la com¬
mune. Deux voitures qui ont le même nombre de che¬
vaux, ne doivent point se devancer , mais rester dans le
même ordre où elles sont arrivées, ou parties du relais,
à moins qu’un accident ne soit survenu à celle qui pré¬
cède. On roule sur des chaussées superbes, et on ne
paye plus à présent les droits imposés aux barrières.
Aux environs de Paris les chemins sont pavés, et comme
les postillons vont fort vite, les voitures s’en trouvent
fort mal. C’est pourquoi si le tems le permet, il fau,t
recommander aux postillons d'aller par terre , c’est - à-
dire sur les chemins non pavés qui sont à côté de*
chaussées. L’organisation des postes en France est ex¬
cellente, et l’on est servi avec une extrême promptitude
Un écrivain allemand se trompe fort, lorsqu’il en fait
honneur à la révolution. On en est uniquement rede¬
vable à l’ancien régime. Par la révolution et la guerre
toutes les chaussées étaient extrêmement dégradées, mais
le gouvernement en a ordonné les réparations nécessai¬
res. J’ai souvent fait pendant l’été, ifi à 20 milles d’Al¬
lemagne par jour, sans avoir besoin d’aller de nuit, et
les relais étaient si bien servis, surtout en Bourgogne
et en Champagne, sans avoir besoin de me faire précé*<
der d’un couriçr, que mes trois chevanx étaient détalés
et remplacés par d’autres au bout de 3 à 4 minutes. J’ai
Guide des Voy. T. II. N
142 LA FRANCE. MAN, D. VQY.
fait lVxpérience en 1810, que le service des postes aux
chevaux continue d’être fait avec promptitude.
Il y a des coches et des diligences, qui vont et vien¬
nent de Paris dans tous les départemens de la France.
11 faut y ajoûter les chariots et messageries. On trouva
a l’ouvrage intitulé: Itinéraire de l'Empire Français un
tableau détaillé de ces diligences, avec l’indication des
jours et heures du départ et du retour, du tems que l’o*
est en route etc.
Il partait de Bruxelles pour Paris une diligence à g
places , où l’on ne payait pour toute la roule qui est de
66 lieues, que 3 louis, et pour cette modique somme
vous étiez encore défrayé de tout. Vous aviez le dîné,
le soupe, une demi - bouteille de vin à chaque repas, et
un très bon lit. En partant l’on donnait quelque chose
à la servante de l’auberge. La première couchée était à
Mons , et la seconde à Péronne dans la ci-devant Picar¬
die. On en repartait à 2 heures du matin, et le soir à
cinq heures on était à Paris. Il faut s’informer, si cette
diligence fait encore le service sur le même pied.
Au reste, suivant feu M. Campe , ces diligences répon¬
dent quelquefois très - mal à leur nom, et à leurs pro¬
messes d’arrivée ; et le voyageur est forcé de sacrifier
plus de jours et de nuits, que le tems fixé.
Il existe depuis peu dans plusieurs départemens de
la France une manière de faire le voyage, à peu de frais.
Mais il faut être fait aux fatigues. Ce sont les Pataches ,
espèce de voiture à roues basses, et a un collier. Quatre
et même six personnes s’y trouvent placées assez com¬
modément. Le prix pour tout le voyage, de Stre~-
bourg à Paris et vice - versa, est de 60 Fiancs par tête,
et, 4 h. 5 Francs de pour - boire. On est cinq jouis en
0
•LA FRANCE. MAN. D. VOY. 143
route , et on couche les nttits. Le total des frai* de
▼ oyage , y compris la nourriture et les couchées, .ne sur¬
passe pas 100 Francs.
Pour se rendre dans les villes de l’ouest ou du midi
de la France, si l’on ne veut prendre ni la poste ni les
coches ordinaires, on prend ce qu’on appelé la Messa¬
gerie h cheval. Les chevaux qu’on donne aux voyageurs
sont petits, mais vigoureux. Le messager en chef de la
cavalcade, conduit dans une espèce de voiture ou cha¬
riot couvert, le bagage des voyageurs. Il part du grand
matin, et indique aux voyageurs le lieu de la dinée et
de la couchée. Ceux - ci le suivent h cheval à leur com¬
modité, de manière cependant qu’ils arrivent à midi au
lieu de la dînée, qui pour l’ordinaire n’est éloigné que
de 3 milles d’Allemagne de celui du départ. Là ils trou¬
vent un bon dîner tout prêt; et chacun a sa demi -bou¬
teille de vin. Après - dîner l’on repart et l’on fait en¬
viron 2 milles et demi, ou 3 milles d’Allemagne, pour
gagner le lieu de la couchée., où l’on trouve un bon
soupé et un bon lit. On ne fait guères par jour que 5
ou 6 milles d’Allemagne tout au plus. Cette manière de
voyager est lente i mais, si la compagnie est bonne et le
tems favorable, elle est aussi agréable que peu dispen¬
dieuse. C’est ainsi que de Paris à Nantes , ce qui fait
90 lieues de chemin , on ne paya ci - devant que 60 liv-?
res, y compris la table et le gîte. De Lyon h Marseille ,
il y a une poste aux ânes que l’on court comme la poste
à cheval. Elle est bien servie, et les relais sont placés
de distance en distance dans les villages chez des pay¬
sans. Il n’est pas rare de voir des personnes aisées,
prendre cette poste pour voyager dans le midi de la
France. - Nous en avons parlé, au No. 33. de V Itinéraire ,
ois. loc. 4.
144 LA FRANCE. ITINÉRAIRE*
7*
Itinéraire des routes .
I. Route de Paris à Amiens.
Postes
de
France.
Noms.
Postes
de
France.
Noms.
l *)
j. St. Dénis.
2
St. Just.
1V4
2 ■ Ecoueu.
1
Wavigny.
1V4
Lu z rches.
1V2
Breteuil.
1V4
3. Chantilly.
1V2
Fiers.
1V2
Laingueville.
1
Hébécourt.
l*/4
4. Clermont.
1
.5, Amiens.
iSV*
Observations locales.
Une seconde route de Paris à Amiens , conduit par
Beauvais et Breteuil. V. aussi l-Avist a la tête des ob»-
loc. No. io.
x. Voyez les environs de Paris. La hauteur que l’on
apperçoit à gauche, à peu de distance, est Montmartre ,
célèbre par l’attaque victorieuse des Alliés , le Mars,
1814 , qui remportèrent après une défense vive.
2. Dans une des galeries du château, qui a servi de
modèle au Luxembourg, et que le connétable Anne de
Montmorency fit bâtir en 1540, (sa devise AttXocvoç , sans
reproche , se remarquait par tout) on admirait les vi¬
tres, peintes d’après Raphaël , représentant l’histoire
de Psyché. La chapelle et la sacristie offraient aussi des
sujets d’après cet artiste, et une belle copie de la" fa-
*) Il est dû une poste au - delà de la distance ci - des-
sas fixée pour la sortie de Paris, de même que pour
l’entrée. Cela s’entend aussi de toutes les routes
suivantes qui commencent ou finissent par Paris.
LA FRANCE. ITINÉRAIRE. 145
meuse cène de Leonard da Vinci. Toutes ces richesses
©nt été ou détruites ou dispersées par le vandalisme.
La masse seule de l’édifice existe dans sa beauté'sur une
colline boisée et pittoresque,- mais c’en est encore assez,
pour en donner la plus pompeuse idée. Ce château sert
de maison d’éducation, et on admire dans l’intérieur
les colonnes des façades, et extérieurement, le très -joli
parc avec une superbe vue, et embelli récemment.
3. On traverse le parc de Chantilly , ainsi que les jar¬
dins. Le premier est toujours beau, mais mal - entre¬
tenu , et des marécages mal sains ont remplacé les dé¬
licieux jardins. Le canal est en bon état. A: la ville le
superbe hospice; à l’église paroissiale, à côté du pre¬
mier pilier à gauche en entrant, reposent les restes de
l’illustre Amiral de Coligny. Chantilly n’est plus, et
les nouveaux propriétaires ont détruit en un an, ce
qu’un grand nombre d’années, et plusieurs raillions
avaient créé. De tous les bâtimens qui en faisaient l’un
des plus magnifiques châteaux, il ne subsiste plus que le
petit château d’Enghien , les chénils , les écuries. Plu¬
sieurs manufactures, de porcelaine, de filature de coton,
et de toiles peintes, de dentelles etc. ont été établies à
Chantilly.
4. Le chemin jusqu’à Clermont est pavé, et la route
bonne. Liancourt est l’habitation de M. de la Pioche-
foucault à qui la France doit l’introduction de la vac¬
cine , et qui a fait de Liancourt l’école de l’agriculture.
Au château une école de filatures. Clermorit est la sou¬
che de la maison des Bourbons. Le château de Clermont
9ert de maison de détention; la terrasse qui l’entoure,
est une délicieuse promenade. D’ici au premier relais,
le Parc de Fitz - James. A Breteuil , l'élégante habita¬
tion des anciens abbés, est devenue la villa d’un maître
de poste.
146 LA FRANCE. ITINÉRAIRE.
g. Population, suiv. l’À. 41,279. Q à la parfaite sia*
cérité. On j admire la nef et le clocher de la cathé¬
drale, bâtiment gothique qui a beaucoup souffert par le
vandalisme déstrueteur des Jacobins. Remarquez trois
vases magnifiques et les vitraux colorés, qui sont restés;
les 126 piliers de l’intérieur, dont quelques - uns isolés,
surtout le pilier sonore-, retentissent comme une cloche
etc. M. Rivoire a donné la déscription de cette basilique,
juste objet de l’admiration de tous les voyageurs. Le
poète Gresset y est inhumé. La promenade du cours,
dite V Auto y , est fraîche et ombragée. Jadis on y célébra
la. fc te des ânes. Amiens est renommé chez les friands
pour ses pâtés, et fait époque dans l’histoire, parle
congrès de paix qui s y tint en 1802, et qui en porte le
nom. On montre à la Municipalité , l’appartement où
le traité de paix fut signé. A la Municipalité, de beaux
tableaux de l’école française. Tout le monde connaît le
stratagème, dont usa Fernand Telles , pour surprendre
Amiens en 1597. Avec une charette chargée de noix, ré¬
pandues aux portes, il en amusa les gardes. Les manu¬
factures, établies par Colbert , sont bien déchues; il
n’existe que celles de velours, de coton, de Casimir, et
des tanneries. La ville a une académie, une bibliothè,
que publique, un jardin botanique, des cabinets littéral-
rts etc. A la maison de poste, bonne auberge.
2. Route de Paris à Arras.
Postes
Noms.
Postes
de
de
France.
France.
ïi/2
Bourgette.
I
3i/2
1. Louvrcs.
1
. U/2
Chapelle en-ser¬
ix/a
val.
1
1
2. Senlis.
I
lV2
3. Pont St. Ma-
1V2
xence j
[ H/j
J 1/2
Bois de Liheu.
Gournay.
1 2
Noms.
Cuvilly.
Conchy les Pots.
4. Roye.
Fonches.
Marché- le-Pot.
/s. Péronne.
S«ully
Hervillers.
6 Arras.
LA FRANCE. ITINÉRAIRE. 14?
Observations lo c aies.
1. Bourgette est un charmant bourg, rempli de cafés
et d’ànberges. La tour de pierres d’une des églises de
Louvres est fort belle, et d’un travail du Xlle siècle, de
même que le portail de l’Hôtel - Dieu.
2. Population suiv. l’A.. 4., 312. L’enceinte de la cité
passe pour un ouvrage des Romains. Dans l’église de
St, Maurice était le superbe mausolée d’un fou en titre
de Charles V. dit le Sage, mort en 1374. Le clocher de
l’église principale est un des plus hauts de la France.
~ 3. Pont St. Maxencc est remarquable par son pont sur
l’Oise, qui est un ouvrage de la dernière magnificence,
digne des anciens Romains.
4. Il y a une jolie promenade sur les remparts au»
tour de la ville. On y a découvert des eaux minérales.
Les Apicius modernes vantent B.oye à cause de ses bis¬
cuits.
5. Popul. suiv. TA. 3,706. Cette ville, surnommée la
pucelle, parcequ’elle n’avait jamais été prise, a perdu
ce surnom le 26. Juin 1815» où les Anglais la prirent
par assaut. On trouve da»s ce canton encore quelques,
uns de ces bons et prudens chiens, dont l’adresse four¬
voyait tous les limiers des fermes.
6. Arras. Populat. suivant l’A« 19,958- à l’Amitié:
à la Constance. A la ci - devant abbaye de St. JVaast »
maison, cloître, église, bibliothèque, tout était riche
et magnifique. Elle avait 8°°;O0o livres de rentes. Elle
sert à présent de chef-lieu à la 2de cohorte de la légion
d’honneur. La poste est près de la promenade du rem¬
part. La ville et la citadelle fortifiée par Vauban sont
belles. Le baptistère est l’objet le plus frappant de Pé-
glise principale, d’ailleur9 fort belle. Arras a deux pla¬
ces magnifiques. On y fait beaucoup de dentelles, de la
batiste , des bas de fil, du savon, et de la porcelaine etc.
148 LA FRANCE, ITINÉRAIRE.
Il est dû un quart de poste, en sus de la distance, sur
l’Arbre t et sur Lens.
3. Route de*) Paris à Bâle par Troyts , Langres
Vésoulj Béfort,
Postes
de
France .
1
- iVa
1
2
1
1V2
1V2
1V2
1
1
1V2
i3/4
2V4
2V4
1V2
2V2
I3/4
' 1
Noms.
Postes
de
France.
•
1. Charenton.
2
Grosbois.
2
2. Brie- Comte - Ro¬
2
bert.
iVa
Guignes.
1V2
Mormans.
i1/®
Nangis.
Maison, rouge.
ll/2
Provins.
11 /2
Nogent - sur Sei¬
1V2
ne.
1V2
3. Pont - le - Roi.
2
Granges.
lr/2
Grès.
1V2
4. Troyes.
1V4
Montiérame.
U/2
Vandoeuvre.
1V4
5. B r- sur - Aube.
2
•Colombey.
1 V2
Suzainecôurt.
I
Noms.
t. Chaumont.
VesAignes.
7. Langres. '
Griffon ottes.
Fay - Billot.
Cintré.
Combeau-
Fontaine.
Port-sur Saône.
8- Vésoul.
Càlmoutier.
9 Lure
Roncharnps.
Frahier.
10. Béfort.
Fussemagne.
Altkirk.
Trois-Maisons.
11. St. Louis.
12. Bâle.
60
GV s e rv atiofis locales.
i. V. No. 21 b. Grosbois, ancienne propriété de Mon¬
sieur, à présent Louis XVIII., puis de Moreau , est oc¬
cupée par la veuve du Prince Berthier. On y admire un
beau et vaste parc, des belles statues, et une galerie de
beaux tableaux.
2. Dans la révolution Brie - sur - Yeres. Elle com¬
merce en blé et en fromages. Nangis surprend par ses
belles promenades. Provins en possède d’autres, aussi
belles. Celte ville de Provins est renommée par sa fon¬
taine d’eau ferrugineuse et par ses roses , venues, dit • on
) V, la note à la ï et 2 route.
LA FRANCE. ITINÉRAIRE. 1 49
de la Palestine, et ne réussissant aussi bien nulle autre
part. Il y faut aussi remarquer l'hôtel de ville, avec
une bibliothèque, et l’église de St. Quiriace, avec sa
tour Romaine. A Nogent - de^~ Seine , la caserne a été
détruite en 1814 par les Alliés, et les Français* oilt fait
sauter le pont de pierre.
3* On laisse à la droite leÿ ruines de la ci - devant ab¬
baye du JParaclet , fondée par Abailarà , presque aussi
désert à présent, comme à sa fondation par l’amant de
Héloïse. Lorsqu’on exhuma leurs ossemens , un curieux
ôta une dent à Héloïse et la fit monter en bague. L©
château du Prince Xavier de Saxe , devenu la propriété
de la mère de Napoléon, a été brûlé par les Alliés en
3814. On a ouvert dans ces environs y plusieurs tom¬
beaux prétendus des Romains.
4) Population suivant l’A. 24,061. Q l’union de la Sin¬
cérité. Parmi les objets de curiosité de cette ville an¬
cienne, on compte l’église paroissiale du Paubourg St.
Martin: (son portail,, son vaisstau gothique, ses [jvi-
traux:) la cathédrale de St. Pierre, une des plus belles
du Royaume: l’église de St. Pantaléon, ses vitraux
peints en grisaille, comme ceux de St. Nizier, autre
église: les vitraux et le Jubé de l’église de la- Made¬
leine: l’église de St. Rémi, avec le Christ en bronze,
par Girardon : dans celle de St. Jean, le tableau de
Mignard : l’hôtel - Dieu et sa superbe grille. Il y a à
Troyes une société académique, une belle bibliothèque,
un collège. La plus fréquentée des promenades , est à
côté de la salle de comédie, les morceaux de sculpture
dans les églises, dûs à Gentil et Dominique , artistes , ont
disparus par la révolution. Cette ville manque de bonne
eau à boire. Mais en revanche les eaux de la Seine ont
ici ùne autre propriété, celle de'tanner les cuirs aussi
bien que celles de Hongrie. La, boucherie offre une s ift,-
ISO LA FRANCE. ITINÉRAIRE.
gularité; les mouches n’y entrent jamais, ce qui est dlft
« la nature du bois dont elle est construite. La partîe
«le ses manufactures , consiste maintenant, en papête-
ries, tissanderies, tanneries, teintureries, fabriques d'ë-
pingles, de blanc d’Espagne, connu sous le nom de blanc
de Troyes. Troyes fût une des 3 ou 4 villes de l’Europe,
qui répandirent par milliers ces contes populaires, qui
forment ce que l’on appelle la bibliothèque bleue ; en¬
core aujourd’hui, on mût sur leurs titre’, a Troyes chez
la veuve Garnier , quoiqu’on les imprime partout ail¬
leurs. Les vins de son territoire ne sont pas sans esti¬
me , et ses hures et andouilles , ses fruits et ses légumes
jouissent d’une sorte de célébrité. Une nouvelle route
«on encore confectionnée, ouvrira une communication
entre le Nord et le Midi de la France. Il est dû un de¬
mi - poste en sus de la distance, sur toutes les sorties.
5. Ses vins sont renommés; à deux lieues de Bar-sur -
Aube était la ci - devant abbaye de Clairvaux. On ÿ
■conservait cette cuve fameuse, dite par excellence ton¬
ne de Clairvaux , qui contenait 800 tonneaux de vin: on
y a établi maintenant une papêterie et nne verrerie.
6. Cette ville se présente agréablement K l’oeil, et sm
dessine en amphithéâtre sur le penchant de la colliue.
Ses toiles jouissent d’une certaine célébrité; on y fabri¬
que aussi de gants de laine et de fil, de la bonnêterie,
-de serges croisées etc. Population suivant l’A. 6,188- A
une lieue de Chaumont on voyait l’abbaye du Val des-
Ecoliers , rentrée dans la masse des propriétés nationa¬
les. On admire à Chaumont le portail de l’église du
collège.
7. Pôpulation s. l’A. 7,283- C’est la ville de France là
plus élevée. Les plaines vastes qui l’environnent ont
été, comme la ville, le théâtre des prouesses des habx-
liA FRANCE. ITINÉRAIRE. 151
tan 9 contre Les armées belliqueuses, de» Romains, de«
Vandales, des Huns etc. Elle -voit naître autour de sa
montagne quatre rivières, la Meuse , la Marne , la Fin»
geanne et la Suite etc. j l’air y est pur et salubre; os
jouit du haut des tours de l'église de St. Mammes d'un
horizon sans bornes. Cette église est d’une bonne archi-
tecture. Le vaisseau est immense. La révolution y a dé¬
truit le jubé, la chaire épiscopale , les tapisseries, sui¬
vant les dessins de Raphaël , mais le beau Christ de le
Gentil est resté. Il exista longtems dans cette église une
cérémonie singulière , la flagellation de V alleluja. L.e
collège a aussi une belle église. On a découvert des mo-
numens antiques , à différentes époques , tant dans la
ville que dans les environs. Mais surtout des morceaux
très - curieux enchâssés dans les murs des remparts. II
sort des fabriques de Langres de bons ouvrages de cou¬
tellerie; les ciseaux de Langres sont renommés. Mai»
Nogent commence à disputer aux Langrais cette branche
d’industrie. Ses papeteries ont aussi de la réputation*
C’est M. Laurent Bournot qui a fait des feuilles de 9
pieds de long sur 7 pieds de larges , et qui a imprimé
d’un seul coup de presse sur cette feuille immensej
Le monument funèbre de M. Bertrand , et les essai»
agricoles de M. Douette Ri char dot , sont deux autres cu¬
riosités. C’est d’un coutelier de cette ville qu’était issu
le célèbre Diderot. Le village de Brevoine fournit .en
été des fromages frais très estimés à Langres. Les eaux
minérales de Bourdonne - les - Bains , sont à 7 lieues de
cette ville.
8. Population suivant l’A. 5,417. Chef - lieu du dé¬
partement de la haute - Saône. La montagne, que l’on
appelé la Motte de Vesoul , sert à abriter la ville. Les
environs donnent des vins estimés. Un des principaux
poissons du Drageon qui traverse la ville , est la lotte#
Le çours est une jolie promeuad'. Le beau jardin de
*5* LA FRANCE. ITINÉRAIRE.
M. Réal est aussi ouvert au public. A Leugne , village
à l’est de Vesoul , il .y aune grotte, qui sert de baro¬
mètre à tous les paysans des environs. Au haut de la
voûte, qui a 50 pieds, sont suspendus des colonnes de
glace, d’une pesanteur prodigieuse. Luxeuil , petite vil¬
le , renommée pour ses bains chauds au nombre de cinq,
est à 6 lieues de Vesoul. Les ruines des anciennes ther¬
mes à 400 pas de la ville, attestent encore la magnifi¬
cence des beaux jours de Rome. La maison commune
est ornée de pilastres, qu’on y a trouvés. Non «loin de
Vesoul , il faut voir Scejr - sur - Saône , fameuse par
le magnifique château, qu'y possédait la famille de
fie auf remont.
9. Ville située dans une île formée par un étang, eu
milieu des bois et des montagnes. Elle a des forges et
des verreries. L’abbaye de .Bénédictins , qui y était éta¬
blie, jouissait de beaucoup de prérogatives. L’abbé de
Lure .était .prince de l’Empire.
10. Population suiv. i’A. 4,400. Ville très - forte; . ©Ile
est divisée en deux, ville haute et ville basse, distinc¬
tion qui date des fortifications de Vauban, Le château a
des murailles d’une élévation prodigieuse. Des moulins
à poudre et des forges, fournissent à l’industrie de ses
habitans. J ai .été bien logé a la maison de poste.
11. Ci - devant, Bourg - libre. Les personnes, qui
ne peuvent pas arriver à Bâle, avant que les portes se
ferment, ne trouveront qu’un très - mauvais gîte îi
St, Louis.
\j>. y. l’itiuéraire de la Suisse.
f
LA FRANCE. ITINÉRAIRE. 153
4-
Postes
de
France.
î
2
l'/4
l'/Z
Route de Bâle à Strasbourg .
Noms.
Markolsheim.
Friesenheim.
Kraft.
Strasbourg »
Noms.
Postes
de
France.
St. Louis.
2
Gros Kembs.
2'A
Bantzenheim,
l'Â
Fessenheim.
1. Neuf-Brisak.
2
*5 .
Observations Locales.
A St. Louis est la première douane française»
1. Ville bâtie par Louis XIV, plus renommée par ses
fortifications, que par son commerce» La poste aux
chevaux est hors de la ville.
2. On parcourt les belles plaines de l’Alsace. La
tour du Munster de Strafsbourg , se présente de loin aux
jeux du voyageur, comme une colonne isolée»
5. Route de Paris à Bayonne, par Bordeaux et
Limoges .
Postes
de
France .
m ■
2
2 'à
2
2'/z
l'/2
Noms.
Postes
de
France.
Noms.
I. Bordeaux.
Mont • de - Mar¬
Bouscaut.
san.
Castres.
m
Campagne»
Cerons.
2
Tartas»
2. Langon.
i'/z
Pontons»
Bazas.
1%
St. Paul-les-Dar.
Captieux.
2
St. Geours,
Poteau.
2
Cantone,
Roquefort.
2
Or.dres»
Caloy»
I&
3. Bayonne.
iiofc
Observations lo cale s »
I, ParLimoges. Voyez: Route à Bordeaux. No.
Guide des Voy . T. I/. O
J54 LA FRANCE. ITINÉRAIRE.
2. Il est dû au maître de poste de Langon , cinquan¬
te centimes (10 sols) par roue, des voitures qu’il tirer»
du bac.
3 Population suiv. l’A. 13,190. Q la Zélée. ta situa¬
tion de la ville au confluent de deux rivières la Nive et
l’Adonr, où monte la mer, est une des plus belles; le
Vin de Cap - Breton , et le vin d'Anglet , 3ont très -bons
Les allées marines , ou le quai, est une promenade su¬
perbe. On ne trouve ici aucun point de vue d’où l’on
ne découvre la ville et les rivières, qui l’arrosent, les
cimes des Pyrénées, ou la mer. La coëffure dés femmes
Basques, fait un merveilleux effet. La place de Gram -
mont est la plus belle place de la ville. La cathédrale
est un édifice vénérable. Les jambons de Bayonne sont
recherchés dans toute l’Europe. Une branche considé¬
rable du commerce de Bayonne , est le chocolat, dont
on fait un grand débit. Les combats du taureau , et le
jeu de paume, sont un des plaisirs favoris des Rayonnais,
et en général des Basques. C’est h Bayonne que fut in¬
ventée labayonnette. Son commerce avec l’Espagne, est
très-considérable; la pêche de la morue, est son princi¬
pal objet de négoce des mer.
6. Route de Paris à Besançon par Langres .
Postes
de
France.
Noms.
Postes
de
France.
I. Langres.
m
Longeau.
i'/z
Champlitte.
2. Gray.
2
Noms.
Bonboillon.
Fiecologne.
Besançon.
Observations locales.
1. Voyez No. 3»
2. II y a au moins 20 forges à 3'ou 4, lieues aux euvi-
reas. La ville est très - agréable.
LF FRANCE. ITINÉRAIRE. 155
3. Population suiv. l’A. 28,436. Q les Amis fidèles
réunis : la Sincérité et parfaite Union, C’est le chef-
lieu du département du Doubs. Elle est jolie. Des bel¬
les casernes. Un hôpital superbe. La grande rue, et la
rue St. Paul (la dernière le soir à cause des dévoilées )
•ont très- fréquentées. L’église de la Madelaine ; l’an-
eien collège des Jésuites, ou le lycée et son église etc.
toutes les églises sont bien ornées. Cette ville a une
académie, des sociétés des sciences, d’agriculture, de mé¬
decine; une ecole de dessin ; une salle de comédie^etc.
On y trouve les restes d’un amphithéâtre Romain, d’un
arc de triomphe, d’un temple etc. Il y a une i,biblio»
thèque publique, et les deux cabinets intéressans de M.
M. Bruand et Baverel, Le jardin du palais Granv elle est
le rendez-vous de Besançon . La promenade de Cham -
mars est l’une des plus belles de l’Europe, Un monu¬
ment y est consacré aux mânes des guerriers morts au
champ d’honneur. Quelque fontaines, mutilées par les
Vandales révolutionnaires , décorent les places de ceïte
cité. La citadelle est extrêméuient forte par sa situation:
une guérite sous le nom du capucin , y rappelle un
événement assez singulier du siège par Louis XIV. L’é¬
cole de l’artillerie est célèbre, et c’est une des villes du
Royaume, où l’on fabrique les meilleures armes, soit
blanches, soit à feu» Les environs sont très - pittores¬
ques. On y trouve un café, et plus loin des bains
chauds très-fréquentés. Cette ville a une fabrique d’hor¬
logerie, qui égale celle de Genève ; on y fabrique, des
indiennes, mousselines, toiles, couvertures de laine, etc.
La'montagne de Chaudane , de l’autre côté, est riche¬
ment habillée de taillis et de buissons épars: rarement
il se passe un beau jour, sans que des sociétés ne vien¬
nent faire des parties chez le propriétaire. Dans la ci-
devant église des Cartnes , on voyait une descente de
croix de Bronzin, peinte sur bois. A Ornans , à 3 lieues
de Besançon , il y a un puits > Iqui se dégorge quelque-
156 LA FRANCE» ITINÉRAIRE.
fois, et inonde les campagnes. On appelé umbres le
poissons , qu’il jette. Les amateurs de l’hist. nat. trou¬
veront dans les environs de Besançon , à Mieri et Uu-
tille , dans le village nommé Pouilley , de nombreux ob¬
jets de leur curiosité. Les fameuses grottes ù' Ausselsont
à cinq lieues de la ville- Elles renferment de ces cri?
stallisations où la nature semble s’être plû k copier des
chefs-d’oeuvre de l’art. Il est dû un quart- de poste en
sus de la distance, à sa sortie sur Saint - Vit seulement.
7. Route de Paris à Bordeaux , par Limoges.
Postes
de
France.
Noms.
i'/z
Berny.
I
Lonj ameau.
\‘/z
Arpajon.
I Yz
Etrechy.
X
I. Etampes.
r
Montdesir.
1
Angerville.
1%
Toury.
Artenay.
Cbevilïy.
2 Orléans.
*/z
Ferté St. Aubin.
2
Motte Beuvron.
l'/z
Salbris.
la Loge.
I
J. Vierzon.
Massey.
2
Vatan.
*'/z
Epine-Fauveau.
2
4.. Cnateauroux,
2
Lottier.
Argenton.
Postes
Noms.
de
France
2
Fay.
zYz
Ville-au Brun.
2 'fa
v Morterolles.
2
Chanteloube,
2
Maison-rouge.
l/Z
5. Limoges.
i'/z
Aixé.
l’/Z
Gatinaud.
iA
Chai us.
ï Yz
la Coquille.
2
Tbiviers.
1/2
Palissons.
F/z
Tavernes.
ï'A
6. Périgueux.
2 'A
Massoulie.
2
Mucidan.
2
Montpon.
St. Méard.
2
2 Yz
7. Libourne.
1
St. Pardoux.
2
Carbon-blanc,
2
g. Bordeaux,
" 7634
Observations lo c al es.
r. On a découvert un grand nombre da, fossiles aux
environs de cette ville qui a un air riant. L’action gé¬
néreuse du maire Simoneau en 1792» est onbliée comme
sa mort, et l’on demande en vain à Etampes , où s’élève
le monument, que l’assemblée nationale lui avait dé-
LA FRANCE. ITINÉRAIRE. 157
crété.— Dans les environs de cette ville on pêche beau»
coup d’écré visses , qui sont renommées.
2. Population suivant l’A. 41,937. Q Jeanne d ’Arc.
La rue du faubourg de Paris, est d’une longueur pro¬
digieuse. Les environs sont très - agréables , surtout le
faubourg d ,'Olivet qui communique avec la ville par un
pont, qui traverse la Loire , et est regardé comme l’un
des plus beaux raonumens de ce genre, que possède la
France. La statue de la pucelle d'Orléans a été renver¬
sée avec la statue de Charles Vil. , et vient d’être rem¬
placée par une autre. On célèbre encore l’anniversaire
du S Mai de 1429 , jour où la pucelle sauva la ville. De
ïbin , le mail et le9 autres arbres plantés en beaucoup
d’endroits le long du rempart, font paraître Orléans a.
demi fermé de murailles vertes. Le jubé de la cathé¬
drale , plaît aux connaisseurs. Les superbes tours de
Ste. Croix, dont les colonnes circulent en spirale jus¬
qu’à leur faîte, voisin de la nuë , se découvrent au loin.
Il y a dans cette ville une bibliothèque publique de
36,000 vol. On y fabrique des espèces de calottes de laine
extrêmément fine, que l’on fait teindre en écarlate pour
le levant; la chapellerie, la coutellerie, la tannerie,
la bonneterie occupent une infinité de bras, mais ses
raffineries sont bien déchues. II y a des fabriques de
porcelaine, de faïence. Mais les plus fortes branches du
commerce sont le9 vins, les eaux de vie, et les vinai¬
gres. Le canal d' Orléans commence à une lieue et de¬
mie au-dessus de la ville, et sa longueur est de i8lieues.
Près de la ville est la délicieuse maison de la source du
Loiret. Cette source est une merveille de la nature. Le
pont et les maisons de campagne sur le Loiret, offrent
des paysages charmans. La maison du célèbre Lord JSo-
lingbrocke , avec une inscription , est près du Pont. Il
est dû une demi - poste, en sus de la distance, sur tou¬
tes ses sortis.
I58 LA FRANCE. ITINÉRAIRE.
3. Petite ville très'- ancienne , qui ne manque pas de
promenades; les draps qu’on y fabrique , sont peu con*
nus, mais les forges sont très - renommées.
4. Dans une belle et vaste plaine , avec une manu¬
facture de- gros draps.
5. Population suiv. l’A. 20 255. □ l’Amitié. L’églis©
principale est mi gothique et mi - arabe , mais pas finie.
L’évêché est le plus bel édifice de la ville; on remarque
encore la fontaine d’Afgoulène, le plus beau des ouvra¬
ges publics, la place d 'Orsay sur l'emplacement d’un
amphithéâtre Romain, et la place Montmaillé . La pro¬
menade de Fourny est belle. St. Martial , ci-devant afi-
baye, intéresse par son antiquité. On y travaille délicate¬
ment en émail. Les chevaux des environs sont très-fins
et renommés. Les mines d antimoine sont fort en répu¬
tation. Il y a des fabriques de petites étoffes, de mou¬
choirs et de porcelaine, dont les matières toutes prépa¬
rées connues sous le nom des pâtes et couvertes , sont con¬
nues ; des papêteries, une fabrique de clous pour ferrer
les chevaux, qui passent pour être les meilleurs de la
France etc. De Limogés à Troyes , V. No. 3. de l’Itiné¬
raire, obs. loc. 3. Il est dû un quart- de - poste en sus
de la distance à toutes ses sorties. Un officier Prussien,
prisonnier de guerre à Limoges, vient de publier en al-
lémand, un charmant petit ouvrage, sur cette ville et
le Limosin,
6. Population suiv. l’A. 5,733. □- l’Anglaise de l’A¬
mitié. Cette ville fournit des pâtes de perdrix délicieux,
et des dindes farcies de truffes, connues dans toute la
France. La teinture des fils y est excellente. Elle con¬
serve plusieurs monumens romains, entre autres un am¬
phithéâtre , et la tour de Vesunc. Tout près de la ville
est une fontaine., qui a flux et reflux chaque jour , et
LA FRANCE. ITINÉRAIRE. 159
un soûterrain curieux, nommé le Cluseau. A 2 lieues
de Péri gueux est le château de Montagne t qui port*
encore le nom de ce célèbre auteur.
7. Petite ville, bien peuplée et jolie; tout autour d*
la ville on trouve de jolies promenades.
£. Voyez: tableau etc. Trois autres routes mèneiïC
de Cordeaux à Paris; l’une par Saintes , Niort, Poitiers,
Tours et Vendôme, 76 postes; l'autre par Ange uléme,
Poitiers,' Tours et Orléans, 76^ postes; et la troisième,
par Angoulême, Poitiers, Tours, Vendôme et Chartres,
75'/2 postes. A AngouVeme bonne auberge chez Madame
Bertrand. □l’Aménité; l’Harmonie parfaite. A Beau-
toin, non loin à' Angoulême, les ruines d’un couvent de*
Bénédictins , avec des grottes , où il y a les restes de
sculptures, qui réprésentaient les batailles de du Gués -
clin , mais qui furent détruites par le vandalisme révo¬
lutionnaire.
8. Route de Paris a Brest , par Rennes.
Postes
de
France.
2&
P/Z
1
ï/z
i'/z
2
2
*'/*
V/z
y'/z
1 Yz
2
Noms.
Postes
de
France.
I. Versailles.
/Z»
2 Pontchartrain.
2
la Queue.
2
lïoudan.
1 Yz
Mardi es.
ifc
3. Dreux
ifc
1 Nonancourt,
1/2
Tilliere.
m
14. Verneuil.
*/z
St. Maurice.
v/z
5. Mor'agne.
2
Mesle - sur-Sar-
2 Zz
the.
2
Ménilbroust.
1/2
6- Alençon*
A/z
St. Dénis.
.
Prez-en-Pail.
2
Ribay.
2 Yz
7. Mayenne,
2
Mar ligné.
8- Laval.
2 Yz .
Noms,
Gravelle.
Q. Vitré.
Châteaubourg,
Noyai.
10. Rennes.
Pacé.
Bedé.
IVl ontaubau.
Eroons.
Langouècfre.
U La m balle.
)Z St. Brieux.
Châtelaudreii.
G unigamn.
Bollisle en terre.
Fnntou.
ij Morlaix.
JLandiviziau.
Landemau.
14. Brest.
7M
l6o LA FRANCE. ITINÉRAIRE,
Observations locales.
1. V. le tableau de villes.
2. Le parc est très - bien planté.
3. Population suiv. PA. 5,437. Ville ancienne, cé¬
lèbre par la bataille de 1552 sous Charles IX. On y fa¬
brique des draps , quelques cuirs et des toiles , mais d«
peu d’importance.
4. Petite ville. C’est l’endroit de la France, où l’on
tanne le mieux les peaux de veau, pour la reliure de»
livres.
5. Connu par ses fabriques de serge et de toiles. C'é¬
tait de l’autre côté de Mortagne que se trouvait cette
fameuse Abbaye de la Trappe. Là, se réalisa cette avan-
ture du comte de Comminges , qui paraît un roman de
l’esprit, et que le régime seul delà Trappe pût enfanter:
là est enterré le fondateur de ce régime, l'abbé de Ran¬
ce. La révolution a fait fuir les religieux de la Trappe,
et l’abbaye est vendue.
6. Population suiv. P A. 12,407. la Fidélité. La
maison commune est d'une architecture élégante. Le
portail de l’église de Nôtre-Dame est estimé. Les voû¬
tes sont belles et élévées. On y fait de bonnes toiles et
des dentelles, connues sous le nom de points d' Alençon.
Le prix d’une paire de manchettes est de 120 livres jus¬
qu’à 1200 et 2400. Ces manchettes sont d’hiver. Dans la
miné de Hertre , à 2 lieues de la villè , il se trouve par¬
mi des pierres à bâtir, dé faux diamans, qui portent le
nom de diamans d' Alençon. Cette mine , presqu’épui-
sée aujourd’hui, en a produit de si brillans, que des con¬
naisseurs 9'y sont mépris. Cette ville se vante, de n’êtrt
point souillée par les massacres de la St. Barthélemi.
Il eat dû un quart de poste sur toutes ses sorties en sus
de la distance.
LA FRANCE. ITINERAIRE., 161
y. Une antre route conduit de Mayenne à Rennes par
Ernée, 3. p. Fougères 2 Zz* St. Aubin - du - Cormier 2.
Lifïré 1. Rennes. 2. Une fabrique de mouchoirs, façon
de Béarn, y est établie.
8. Population suivant TA. 13,825. Son territoire ren¬
ferme des carrières de marbre jaspé. Ses fabriques de
toiles et de siamoises, et ses blanchisseries, ont de la
réputation.
9. Population suiv. l’A. 8,809. Il s’y fait un grand
commerce en toiles, et en bas et gant9 de fil.
10. Population suivant l’A. 25,904* □ La parfaite
nniqn : la triple union. La grande place où il y avait,
ci - devant une statue équestre de Louis XV-, est très-
belle 5 l’hôtel de ville mérite d’être vue, de même que
le palais de l’ancien parlement, avec des plafonds de
Jouvenet. Rennes a une académie, une école de chirur¬
gie, une école de peinture, une société de belles lettres,
un lycée, une bibliothèque de 30,000 vol. , un Musée de
tableaux et estampes, un jardin botanique, deux cabinets
de physique et d’hist. naturelle. Le beurre qui se fait à
Pacé et h la Prévalaye , à une lieue de Rennes , n’a de
comparable en France que celui de la vallée de Carripan ,
sur l’Àdour, à une lieue de Bagneres . Fabriques des
toiles à voiles, de fils, connus sous le nom de fils de
Bretagne, de couvertures de laine, de fayence. Les fils
dv paimpont , sont d’une blancheur étonnante. Rennes
est la patrie de du. Guesclin %
11. Petite ville où l’on vend beaucoup de toiles et
de parchemin. Elle est divisée en haute et basse
ville ; la première a un marché tout couvert. □. L’union
philanthropique.
12. Vilie avec un bon port: ses liabitans passent pour
les meilleurs pionniers de France. Leurs barques $e
IÔ2 LA FRANCE. ITINÉRAIRE,
rendent en moins de 6 h. à St. Malo , à Jersey etc. Q
La Vertu ûiomphante.
13. Population suiv. l’A. 9,351. □. La fidèle Union.
L’église de N, D. des murs, est d'une structure singu¬
lière; l’hôpital est très • beau, et le port considérable.
On y fabrique des toiles, dites Crées , ou de Morlaix.
On y prépare aussi très - bien le tabac. Fabriques de
toiles et de fils, de papiers, d’huiles, tanneries etc.
14. V. le tableau. Une seconde route, plus courte
de 5 postes, mène de Brest h Paris par Lamballe, Dol,
Mayenne et Alençon.
9. Route de Paris à Bruxelles , par Soissons , Laon}
Maubeuge et Mons.
Postes
< de
France .
2
*'/z
i'/z
2
y'/z
*/z
2
Noms.
Bourget.
Mesnil.
1. Dammartin.
Nanteuil - Hau-
douin.
Lévignen.
Villers-Côterets.
Vertefeuilie.
2, Soissons.
Vaurains.
Postes
de
France .
4
l'/z
2
2
2
2 VZ
2
m
Noms.
3. Laon.
Marie.
Vervins.
la Capelïe»
A vesnes.
4. Maubeuge.
5. Mons.
Haine St. Pierre.
6. Nivelle.
7. Bruxelles .
37&
O b s e rv at i o ns locales.
1. L’éminence sur laquelle ce bourg est situé, lui
procure une vue très - agréable, qui domine sur une
plaine immense. L’ancien château offre une ruine très-
pittoresque. L’explosion de la poudre ne produisit d’au¬
tres effets que des fentes verticales; c’est ce qui a don¬
né lieu à ce proverbe: c'est le château de Dammartin ,
il crève de rire.
2. Population suiv. l’A. 7,229. La ci - devant abbaye
de- St. Médard est dans un état de dévastation complet.
LA FRANCE. ITINÉRAIRE, 163
te; cette abbaye, dont tout annonçait l’antiquité véné¬
rable, et qui renfermait des' monumens précieux, est à
présent la propriété d’un tanneur: l’église est en par¬
tie abattue, mais les soûterrains, le séchoir de la tanne¬
rie, existent encore; le tombeau de St. Médard, est une
cave, celui de Clotaire I. avec la chapelle, une écurie,
et ce qui reste du palais des rois de la première race,
sera démoli sous peu. On y voyait encore la prison de
Louis - le - Débonnaire , et sur le mur, de9 caractères
gravées de sa main. Les dehors de la ville sont char-
xnans. La ville prise plusieurs fois d’assaut et livrée à
toutes les horreurs, se ressent encore aujourd’hui de ces
désastres. Plusieurs conciles ont illustré Soissons , Abai-
lard y fut condamné. La moutarde et la bière de Sois-
sons, jouissent de beaucoup de réputation. Les haricots
passent pour être excellens. Il y a des fabriques de gros¬
ses toiles, filature de laine, corderie, tannerie etc. Près
de Soissons est St. Gobin , ville intéréssante par la ma¬
nufacture des plus belles glaces que l’on connaisse en
Europe. L’empereur de la Chine possède les plus gran¬
des et les plus larges, qui soient sorties de cette manu¬
facture. Il est dû une derçi- poste en sus de la distance
9Ur toutes les sorties.
3. Laon est joliment situé sur le sommet d’une col¬
line, et s’apperçoit à 7 ou 8 lieues de distance de chaque
côté. C’est le chef - lieu du département de l'Aisne. Sa
population suivant l’A. 6,69t.' On estime les artichaux
qu’on y cultive. Les pierres dont la ville est hàtie, sont
pleines de petites pierres lenticulaires et d’huîtres. C’est
des cailloux cristallisés que l’on ramasse dans ses envi¬
rons , que se fabriquent les glaces de St. Gobinf qui est
voisin de Laon. Des fabriques de cuirs etc.
4. Les amis des moeurs. Première poste étrangère.
Maübeuge est devenue célèbre par le siège et les cam¬
pagnes de l’an 1793 et 1794.
164 LA FRANCE. ITINÉRAIRE.
5. Q la Concorde. Belle église. Près de Mo ns se donna
en 1792 la fameuse bataille de Jemmappe. Le champ de
bataille est à gauche du grand chemin, vers le marais.
Entre Boissy et Jemmappe , on remarque un monument
de briques et plusieurs piliers, le premier en mémoire
du prince Charles de Ligne, les autres en mémoire de
quelques officiers - généraux qui y furent tués. Le-châ-
teau et ses jardins, la célèbre ci - devant abbaye de
JVautru , et le collège des ci - devant Jésuites, méritent
l’attention du voyageur»
6. Toute cette route passe sur les champs de bataille
et de combats, qui ont illustré les années 1814 et
.Non loin de Bruxelles, et sur la route de Jemmappe à
•cette ville, le champ de Waterloo , à-jamais mémorable.
7. V. Itinéraire du Royaume des Pays - bas. Une se¬
conde route, pareillement de 34 postes et mène de
Jîruxelles par Valenciennes à Paris. Valenciennes et scs
environs, portent l’empreinte du siège de ce nom. On
apperço^Ë du haut des remparts de Valenciennes , le
champ de bataille de Famars. Le monument du géné¬
ral Dampierre , 'a été enlevé. □ La parfaite Union: St*
Jean du désert. Bavay , petite ville non loin de Valent
ciennes , est l’ancien Bavacum JServorum , et conserve
nombre d’antiquités Romaines. , Le curé Cartier possède
une collection archéologique et numismatique, fort -in¬
téressante.
10. R,oute de Paris à Calais , par Abbeville.
Postes
Noms.
Postes
de
de
France.
France.
1
I, Amiens.
1
1
Pecquigny,
1 .
1
Plixcourt.
X
I
Ailly - le - haut-
clocher.
1
Noms.
a. Abbeville.
Nouvion*
Bernay.
Nam p ont.
LA FRANCE. ITINÉRAIRE. 165
Postes
de
France.
1
1
x
Noms.
Postes
de
France.
2 b. Montreuil sur
.2
mer.
1
Cormont.
1
Samers.
1
Noms.
3. Boulogne.
Marquise.
Haubuissoil,
4. Calais.
3+
O b s erv ati on s lo c ale s.
Avis utile. 'La. Description routière , géographique
etc. de la France 3 me Partie. Région du Nord, par M.
Vaysse de Villiers , Inspecteur des postes. A Paris%
1816. 8- est le meilleur Guide pour cette route et pour
celle de Dunkerque. L'auteur y a ajouté une excellente
carte de ces deux routes. Le Rédacteur du Guide en a
tiré la plupart de ses renseignemens nouveaux. Cette
3me Partie se vend séparément, 3. Fr. 50. c.
1. Voyez la route de Paris à cette ville, No. 1. Si
l’on ne veut pas passer par Amiens , on suit la route dç
Dénis , Beauvais , Abbéville etc. qui n’est que de 65 lieues*
Beauvais a une superbe cathédrale; quoiqu’elle ne soit
pas finie; 011 y remarque des tentures de tapisseries de
la célèbre manufacture de cette ville. On n’y fabrique
à présent que des tissus pour meubles. L’église de St.
Etienne offre un beau gothique, des vitraux bien con¬
servés, et un tombeau romain en relief. La ville pos¬
sède encore d’autres restes d’antiquité Romaine» A
Amiens il est dû. une demi * poste en sus de la distance*
sur les sorties.
2 a) Population , suiv. l’A. 18,052. Auberge de l’Eur
rope, bonne. Cette ville est distinguée par sa saïettetie t
nom général qui désigne toute étoffe de laine , par se»
beaux draps de Vaarobès , ses damhs d'Abbeville , et les
mocquettes , dont le tissu est semblable à celui du ve¬
lours; la fabrique de peluches et pannes est la plus an-
Guide des Foy . T. 11. P
i66 LA FRANCE. ITINÉRAIRE.
cienne. On fabrique aussi des calicots et des Kalmouckt .
Deux fabriques d’une autre espèce et qui ont le plus
gr&nà débit, sont celle de biscotins, et celle de pâtés
d’anguilles et d’esturgeons. L’hospice dea enfans - trou,
vés , et l’église principale , sont deux bâtimens remar¬
quables: de l’une de trois tours de F église, qui s’élance
•n forme de colonne, on a le plus haut point de vue.
Le rempart est une charmante promenade. Le port où
Guillaume -le • Conquérant s’embarqua, nommé St. Va¬
léry - sur - Somme , est près d 'Abbévillt y et le diminu¬
tif de Dieppe: même industrie, même genre de pêche.
Il faut voir les champs de Crécy , célèbres par la batail¬
le , où les Anglais se servirent pour la première foi*,
de canons,
2. b) Montreuil - sur - mer , qui malgré son surnom,
est éloigné de 3 lieues de l’Océan, comptait avant la ré¬
volution 5 ou b églises, dont feu M. Campe ne trouva
plus que les ruines. Sa situation agréable l’avait fait
choisir de préférence, jadis, par les rentiers: à. présent
elle est déserte et appauvrie; sa population n’excède
pas 3,600.
3. Q St. Frédéric des Amis choisis. C’est le port o à
s’embarquaient les Romains quand ils passaient chez les
Bretons. La flotille de Napoléon contre l’Angleterre, et
sa côte de fer, l’a rendu de nouveau célèbre. On en.
découvre encore quelques restes; des fortifications, des
vaisseaux pourrus etc. Le quai est très -beau, et ce qui
11’était que le faubourg, est devenu la ville principale,
et renferme les 3/4 de la population. Du haut du rem¬
part on découvre les côtes d’Angleterre, si le brume le
permêt. Ces côtes, que l’on appercoit aussi en route,
ressemblent à une longue bordure blanchâtre, ou a une
chaîne des monts couverts de neige, et qui tranche avec
l’àzuf des cieux et des flots. Des paquebots viennent et
LA FRANCE. ITINÉRAIRE. 167
partent, entre Boulogne et Douvres. Le commerce con¬
siste en poissons de mer : on y construit beaucoup de
vaisseaux; au cimétiere de Wimïlle , sur la route
de Marquise le monument de l’infortuné navigateur
des airs, PLlâtre de Rozier. Population, suivant l’A.
10,605.
4. Population, suivant l’An. 6,(596. Q Les Amis réu¬
nis sur les côtes de l’océan: parfaite union: St. Louis
des amis réunis. Petite ville charmante, son port est
aussi gai que vivant. C’est plutôt une hôtellerie entre
la France et l’Angleterre, qu’une barrière entre les deux
empires. La pêche des harengs et des maquereaux est
considérable. Il y a dans cette ville deux bonneteries,
et l’on y fait des savons verts liquides. Nous avons fait
mention à l’Itinéraire d’Angleterre, de l’hôtel Quillacq ,
ci- devant Dessain , au lion- d’argent. C’est une petite
ville au milieu de Calais, et elle renferme tous les agré-
mena. Le maître-autel de l’église paroissiale; l’hôtel
de ville, avec sa jolie tour, fa tour du Guêcetc. voilà les
curiosités d’architecture. Les remparts sont une belle
promenade, mais la jetée qui régne sur la droite du
port est plus fréquentée. On y distingue la ville et le
château de Douvres. Le paquebot va tous les luudis,
mercredis, vendredis et samedis de Calais à Douvres. La
distance est de 7 lieues , ou de 21,360 toises , suivant la
détermination de 16&1. par les astronomes Picard et la
Rire: le trajet dure ordinairement 3 à 4 h. quelquefois
7. Mon üls l’a fait en 1817 par un vent fort, en 2 Yx fr-
de teins. Près de Calais on voit une colonne, qui mar¬
que la place , où descendit le ballon de Blanchard à son
passage aerien. On garde sa nacelle à l’hôtel de ville.
Sur la route de St. Orner 0. Calais^ on traverse entre cette
ville et le relais d’Ardres, le pont sans pareil, pont su¬
perbe et unique en son genre, à 4 voûtes et à 4 faces
(V. aussi Almanach départemental du Pas - de- Calais,
l68 LA FRANCE. ITINÉRAIRE.
par mcquenard. An. X. ) Il est dû une demi -poste en
?us de la distance, sur toutes les sorties.
II* Route de Paris à Die
Postes
de
France.
î'/&
*'/2
2
2
2
PPe ,
et Pontoise.
Postes
Noms »
de
France.
T. St. Dénis.
1%
2. Franconville.
1
3. Pontoise.
p/z
Bordeau - de -
2
Vigny.
- V/z
Magny.'
P/Z
Thilliers.
Ecouis.
2
par Roueu
Noms.
Bourg Baudouin.
Forge - Feret.
4 Rouen.
Cambres.
Totes.
Osraonville.
5. Dieppe.
22 §4
En sortant de Paris, on laisse à gauche, Mont-mar*
*te, la principaLe des hauteurs, qui environnent la capi¬
tale, et vivement attaquée et emportée par l'armée des
Alliés le 29- Mars, 1814- t
Observations locales.
jr. V. environs de Paris.
2. V. environs de Pari».
3. Populat. suiv. l’A. 5, 174. L’église de St. Martin est
d’architecture gothique, et d’une hardiesse étonnante;
six frêles piliers soutiennent la voûte du «choeur, et la
tour. Dans 1 église de St. Malion on voit un tableau
très -estimé , représentant une descente de croix, et u»
superbe tableau de Jouvenet. La tour est belle. Sur la
cloche qui servait à sonner le tocsin, on lisait un ver»
latin d’une harmonie singulièrement imitative , et qui
exprime le' son du tçscin : U nda , unda , unda , undat
unda , unda , unda , accurrite cives . De Pontoise à Gi-
sors 4 postes. A Gisors l’église décorée de superbes
vitraux ét de plusieurs ornemens de sculpture , parmi
LA FRANCE. ITINÉRAIRE. 169
lesquels on distingue un squelette de la plus effrayante
vérité.
4. Population, suiv. l’A. 87,ooo. Q. L’ardente amitiés
la parfaite égalité. — Parmi les beaux édifices, on y di¬
stingue la grande salle du palais, la salle de spectacles,
le vieux château, et la cathédrale, où était la fameuse
cloche. Le clocher de9 ci-devant bénédictins de St.
Ouen , est d’une forme élégante, quoique Igothique,
Dans le même faubourg, le long de la Seine, est un des
beaux cours de l’Europe. C’est le cours de la Reine j le
Mouriboudet, le cours du hôpital , et le boulevard Cau¬
chois, sont trois autres promenades. La salle des specta¬
cles est un bel édifice. Les toiles de Rouen, particuliè¬
rement les siamoises, sont -très- estimée». Les étoffes
légères, dites Rouenneries, sont connues ; il y a des fabri¬
ques de fayence , de papier, de rouge d’Angleterre etc.
On confit supérieurement les fruits; la getqe de pommes
est supérieure : des liqueurs, des sucreries, surtout le ci~
tron, etc. Il y a dans cette ville, une école de navigation,
une société d’émulation, une académie des sciences et
arts, un Lycée, un musée, une bibliothèque publique de
70,000 vol. et 400 manuscrits ; un cabinet d’hist. nat., un
jardin botanique etc. Les eaux minérales de St. Paul,
sont tout près de Rouen. Rouen est mal-bâti, mais sa si¬
tuation est charmante et ses dehors sont délicieux. C’est
l’entrepôt des richesses maritimes, débarquées au Havre.
Le pont de bateaux sur la Seine, est pavé et d’une con¬
struction curieuse. Il est dû une demi poste en sus de
le. distance , sur toutes les sorties.
5. Population, suiv. l’A. 20,000. Q Les Coeurs unis,
*i- devant St. Louis. Ce port est un de ceux, où l’on
s’embarque pour l’Angleterre. Les dentelles que l’on
fait à Dieppe sont renommées: on y travaille aussi fort
délicatement l’ivoire. Une figure de 8 à 10 pouces bien
170 LA FRANCE. ITINÉRAIRE,
finie se paye six louis. La pêche du hareng (est une bran¬
che principale du commerce de Dieppe. De la tour de
lVglise paroissiale deSt. Jacques, qui est très-belle, l’on
découvre les côt»s d’Angleterre 11 est dû un quart de
poste en sus de la distance , sur toutes les sorties.
12. Route de Paris à Dunkerque, -par Sentis , Pé¬
renne, Cambray, Douay et Lille.
Postes
de
France.
t6&
2
1 fe
l'/l
Ï/Z
2 &
Noms.
Postes
de
‘ 1. Péronne.
France.
i'/z
P* ns.
2
i Bon • \ vis.
2 Cambra v.
2 fc
Bac à Bi» ch eux.
3 Doüay.
I
j Pont- à - Marque.
Noms.
4. Lille.
Armentières.
Baiiïeul.
5. Cassai.
Bergues.
6. Dunkerque.
38^
Observations locales.
1. v. No. 2.
Z- Population, suiv. l’A. 13,799. Thémis. Belle
citadelle quoiqu’antique ; grande place, qui, quoiqu’ir-
régulière , fait un bel effet. L’hôtel de ville et le palais
ci-devant épiscopal, sont superbement bâtis. Mais les
maisons y sont dans la direction espagnole, c. à d. quo
les pignons y bordent les rues et non les façades. Le
clocher pyramidal de l’église principale, que l’on re¬
gardait comme un chef - d'oenvre de l’art, vient d’être
renversé par l’ouragan du30. Janvier igcq. De cette église
partait tout les ans le 35. Août une procession célèbre
dans les environs. Cambray est renommé pour ses toi¬
les de lin, ses linons, ses batistes, ses blanchisseries.
rC’est le quartier général de Wellington et de l’ar¬
mée d’occupation, qui en a fait presque une ville an¬
glaise. Cambrai fût pris par assaut, par les Anglais
en ;8 (fv
LA 'FRANCE. ITINÉRAIRE, 171
3. Population, suiv. l’ A. *18,230. La parfaite union.
Cette ville a un bel arsenal , une fonderie de canons,
et une école d’artillerie. L’église, l’hôtel de ville , et
la grande place, sont à remarquer, C’est le chef-iiew
du département du Nord. Tous les ans on y promène
j oui) ligures colossales sous le nom de M. Gaillan et
sa famille y qui défendit lui seul Douai contre ioo,000
hommes. Au village de Lalain , des tombeaux dhciens
dans l'église, d’une sculpture remarquable. Il est dû ua
quart de poste en sus de la distance , sur les sorties.
4. Population, suivant l’A. 5^,756. Les Amis réu*
nis : la fidélité : la modeste. La citadelle de Lille est
regardée comme une des plus fortes de l’Europe. Cëpeu*
dant on estime davantage celle de Turin. On admire
en cette ville, la porte principale, le théâtre, la bourse,
les casernes. 11 y a ici Une société de littérature et de*
art*; un collège de chirurgie; Une écple de peinture;
une bibliothèque publique ; une galerie de tableaux.
La culture des fleurs , surtout celle des tulipes , et les
camelots de Lille sont renommés, et ses nombreuse*
fabriques de tabac, d’indiennes, de dentelles, de fayence
etc. , jouissent depuis longtems d’une haute réputation.
Bonnes auberges: à l’hôtel de l’Europe; à l’hôtel de
Gand, sur la place. Ou voit autour de la ville 100 mou¬
lins -à - vent, pour l’huile de Colsat , qui sert à peindre
et à brûler La ville de tout tems l’aréne des scène*
sanglantes de la guerre, avait beaucoup souffert par le
bombardement de 1792. 11 est dû un quart de poste eu
sus dd la distance sur les sorties.
5. Cassely célèbre par trois batailles de son nom, n’a
plus que l’étonnement de son point de vue, pour arrê¬
ter le voyageur. L’oeil plane sur 32 villes, presque
tous remarquables par quelque événement des guerres,
anciennes et modernes. On y découvre même la me*
172 LA FRANCE. ITINÉRAIRE.
par un tems clair. Le mont Cassel est l’ancien Castel *
lum Morinorum , dont on foule encore les décombres :
sept voies romaines y aboutissaient; toutes les routes
modernes qui y conduisent sont des promenades conti¬
nuelles. A la ville de Bergucs, dans l’église de St. lYi -
nox , on remarque 14 petits tableaux peints sur cuivre*,
par van Hoeck. Les canaux de Dunkerque, de Furnier,
de St. Orner, s’y réunissent. On y fait un grand com¬
merce de beurre et de fromage , façon de Hollande.
6. La route de Dunkerque à Paris , par Calais, Bou¬
logne, Amiens, est de 39 postes, et la route par St.
Orner, Arras et Péronne, de 37. Kerque |en flamand
signifie église , de là est venu Dunkerque , église des dai¬
nes. Cette ville compte 20,000 habitans. Q. L’amitié et
fraternité: la trinité. La pêche, sur tout du hareng, et
les armemens en course, ont rendu tes matelots Dan-
kerquois fameux, et le héros marin, Jean - Bart y nâ-
quit. On voit son buste à la place Dauphine. La rade
est une des plus belles de l’Europe. Les maisons sont
en briques blanches d’une exacte symmétrie. Un quai
très-long et très-solide, conduit du port à l’intérieur
de la ville. Il y a deux bassins de construction. La
corderie , et le magasin des matelots sont deux corps de
bâtimens, de près de 100 toises de face chacun. Les ca¬
sernes sont belles. Il y a dans cette ville une école pu¬
blique de mathématiques et d’hydrographie, des fabri*
ques considérables d’amidon, d’eau de vie, plusieurs raf¬
fineries de sucre, des corderies, des verreries et des
fayenceries. Un bain public est au milieu des Dunes.
Il est dû une demi -poste en sus de la distance, sur tou¬
tes les sorties.
LA FRANCE. ITINÉRAIRE. 173
13. Route de Lille à Ostende , par Ypres.
Postes
de
France.
S
Postes
Noms.
de
France
1. Menin.
ï/z
2. Ypres.
3
Noms.
Dixmude.
3. Ostende.
Observations locales.
1. A Menin des blanchisseries d’après les procédés
chimiques de Mr. Chaptal. Menin est célèbre par la
belle défense et sortie , de feu le général de Hammer-
stein dans la guerre de la révolution.
2. Le canal de Bosingenf le collège des ci-devant
Jésuites, méritent d’être vus. Le village de JVaton , non-
loin d 'Ypres, passe pour l’un des plus grands do 1»
Flandre.
3. Population, suivant l’A. 10,459. les trois ni¬
veaux. Cette ville était devenue dans les premières an¬
nées de la révolution , un des passages les plus fréquen¬
tés de la terre -ferme en Angleterre. Son commerce a
été presque anéanti par la guerre , et son port a été en¬
combré en partie. Mais son port a été déjà rétabli sous
Napoléon, et son commerce refleurit, sous l’égide du
royaume des Pays - bas. Le canal d1 Ostende est connu.
14 Route de Paris à Genève , par Sens , Auxerre ,
Dijon et Macpn, de même que par Dôle ^ et
par Tonnerre.
Postes
de
France.
%
Noms.
Postes
de
1. Villejuif.
France.
Noms,.
Froniéntau.
174 LA FRANCE. ITINÉRAIRE.
Postes
de
France.
i Vi
i'A.
i
x
)'/2
l'/z
m
2
2
1
[Noms.
Postes
• : - . à * ' <
de
France.
2. Essonne,
Ponthierry.
Chailly.
l'/z
3. Fontainebleau.
i§6
Moret.
2
Fossart.
2
Villeneuve - la-
Gaiard.
2
Pont-sur-Yonne.
4. Sens.
2
Villeneuve - sur-
2
Yonne.
2
5. Joigny.
2
Basson.
6. Auxerre.
2'/z
St. Bris.
Vermauton.
j fjL
Lucy - le - Bois,
7 a. Avalon.
i'/z
Rouvray.
m
Maison - neuve.
2
Viteaûx. 5
2
la Chaleur.
I ’/z
Pont de-Pany,
Noms.
7 b. Dijon. *)
8. Baraque,
g. Nuits.
10. Beaune.
Chagny.
11. Châlons -
Saône. v,
Senecey.
Tournus.
12. St. Albin.
13. Mâcen.
Logis - neuf.
14. Bourg
l’Ain.
Pont d’Ain.
15. Cerdon.
Maillac.
16. Nantua.
17. la Voûte.
18- Bellegarde.
19. Colonges.
20. St. Génix.
Genève,
de
76
#) Une route a Genève qui abrège de beaucoup, p»
est celle de Dijon par Dole; savoir: Genlis 2 p.
Auxonne 154. Dôle 2, Mont - sous - Vaudrey 2^.
Poligny 2^ Champagnolle z'/z. Maison- neuve 1^.
St. Laurent 1 Morez i&. Rousses i&. La Vat-
tay i%- Gex. 2. Genève 2. Auxonne , ville de 5000
h. a une école d’artillerie, qui a compté parmi ses
élèves Napoléon , des belles casernes etc. ses rem¬
parts, ouvrage de Vauban . servent de promenade:
les melons, sont renommés. A Dôle , l’hôpital mi¬
litaire, et la fontaine publique, ouvrage A'Attiret
Mandarin de la Chine. La promenade sur la Doubs ,
est charmante. Napoléon avait fait commencer un
canal, qui devait Joindre le Rhin a la Saône. Po¬
ligny est renommé par se9 vins rouges; on trouve
fréquemment dans les environs des antiquités ro¬
maines et gauloises: Caylus a décrit les charnbret-
tes : le chemin - pavé, est une voie romaine, qui
se dirige vers, un roc, taillé grossièrement en sta¬
tue. A Champagnole la filerie de fer de M. Muller ,
excellente fabrique: joli coup d’oeil de la bonne
auberge au relais. Cette partie du Jura, fabrique
des fromages façon de Gruyère, et connus sous le
nom ùe Gruyère de Comté. Morez , est renommé
par son industrie, grosse horlogerie, pendule», mon¬
tres, montures de lunettes etc. Lu douane fran-
LÀ FRANCE. ITINÉRAIRE. 175
OJ> s er v a ti on s locales.
1. On sort par le faubourg St. Marceau, dont Fâs-
pect sâle laissa à J. J. Rousseau tine impression si vire
et si désavantageuse; V. ses Confessions. A droite sur
une éminence le fameux Bicêtre , dont le nom date par
corrùption, de son fondateur, évêque de JVincestrç. On
j admire le très - simple mécanisne de la machine à
puiser l’eau, et le vaste attelier. On y fabrique des jolis
ouvrages en pailles. En arrivant, sur la hauteur de la
descente près de Villejuif, l’oeil embrasse Paris, c. à- d.
W monceau grisâtre et immense de tours et ïl’édificea
çaise se trouve à présent au hameau de la Cure: on
y est au pied de la Dèle , le plus haut pic du Jura:
il ne faut que %. h. pour monter au sommet. Ce
trajet du Jura, pittoresque, romantique et facile
en été, ne l’est guère en hiver, à cause des neiges
et des tourmentes, surtout depuis la guerre de 1.814»
où la montagne de la Fossille , a été dépouillée de
sa forêt tutélaire. Les ours ne sont pas rares. V.
Streifereien durch den franzosischen Jura, vonjjlys-
ses von Salis. IVintertliur. igôÇ. 8- — On peut aussi
$e rendre de Paris à Dijon, par Tonnerre , 38^2 pos¬
tes. A Tonnerre on voit l’un des plus beaux monu-
mens érigés aux sciences, uu grand Gnomon, con¬
struit en 1786, encore unique dans.son genre: ce
monument, à l’église de l’hôpital, (où l'on remar¬
que aussi le tombeau de Marguerite de Bourgogne:)
a beaucoup souffert pendant la révolution, où cette
église devait être convertie en magasin à foin. Les
vins de Tonnerre sont très récherchés; les vignob¬
les d'Epindul produisent la première qualité. La
belle promenade du Patis, est située au bord de la
rivière. Au dessus de la porte de l’ex - abbaie de
St. Michel, on remarque un portrait de Marie - An*
toinette , qui a survécu à la révolution De Dijon
on devait faire l’excursion au château et aux jar¬
dins de Monïbard , célèbres pour avoir été l’habita¬
tion et les témoins' des travaux du grand Bujfon.
Un passe par Val Suzon, renommé par ses trui¬
tes; Ste. Seine , source de la Seine; Chanceaux et
Villeneuve. On loge à Montbard , 'à l’Ecu, chez
l'ancien cuisinier de Bujfon. Au château les restes
du cabinet d hist naturèlle. La distance de Dijon
à Montbard est de I7#z lieues, et 6 relais. Cès re¬
lais conduisent, à peu de distance, de Villeneuve ,
dans le voisinage du château de Bussy - Babutin,
curieux par son site et *es peintures, et de St. Heine
l'âncienne Alasia , cù la bataille décisive de César ,
creusa le tombeau de la liberté des Gaulois.
176 LA FRANCE. ITINÉRAIRE.
irréguliers, qui composent cette ville, et qui s’étendent
à gauche et à droite, presqu’k perte de vue. Je n’ou¬
blierai de œa vie ce coup d’oeil imposant. Le point de
vue le plus favorable, est près de la pyramide qui indi¬
que la ligne par où passe la méridienne ; on est alors k
une hauteur égale au sommet de Notre - Dame . A un
quart - de - lieue à l’ouest, des carrières, remarquables
par les fossiles que l’on y trouve. A Juvissy les deux
ponts qui joignent deux collines, ouvrage hardi et sur¬
prenant.
2. Du château de Choisy , séjour favori de Louis XV.
et de la Dubarry , n’existent pas même lés débris. On
remarque depuis Fromentau les beaux châteaux et parcs
du Duc de Raguse , de Davoust , et de Villeroi. Essonne
existait déjà sons le régne de Clovis. On y a établi plu¬
sieurs manufactures de papiers, d’indiennes, un moulin
a poudre, une superbe filature de coton, la papêterie
de Didot, etc. Sur la route au prochain relais; on doit
voir Croix -fontaine , l’un des plus beaux châteaux de
France , et celui de Ste. Assise » Le relais de Chailly a
été longtems renommé pour les 40 ou 50 chevaux blancs,
qni forment habituellement son attelage.
3. Voyez Environs de Paris. A peu de distance de
JJloret , une colonne à l’endroit où Louis XV. alla à la
rencontre de la Reine son épouse, fille de Stanislas.
4. Population , stiîv. l’A. 10,117. Au confluent de la
Vanne et de l’Yonne. L’aspect de la ville est flatteur.
Les vestiges de temples, de portiques, d’amphithéâtres
attestant son antique splendeur, n’existent pins en
grande partie. Ses remparts antiques, qüb l’on com¬
mence aussi à démolir en plus d'un endroit, sont de
même de fondation Romaine. La , cathédrale contient
nombre de curiosités , et le célèbre tombeau de marbre
LA FRANCE. ITINÉRAIRE. 177
du Dauphin et de la Dauphine, relégué dans une cha¬
pelle mesquine; le trésor de l'église mérite d’être viL
Le vaisseau est un beau mûrceau d’architecture gothi-
que. L’original de l’ancien office des fous est conservé à
présent à la bibliothèque du Collège, dont le* collec¬
tions sont intéressantes. On y voit aussi les bas - re¬
liefs du tombeau de Duprat. N’oubliez pas la collec¬
tion de tableaux de M. Thomas. C’est à Sens, que se
fabriqua cette étoffe, dite velours d’Utrecht. 11 y a ici
des amidonneries, blanchisseries, bonnêtqries, chapel¬
leries, des manufactures de colle -forte, surtout celle de
Cherchedieu, etc. On y fabrique des montres d'eau> il
y a ici une salle de spectacles, des bains publics, et une
école secondaire. La double allée d’arbres qui l’entoure f
forme une charmante promenade. Près Sens existe la
fontaine curieuse de Véron , stir la route de Villeneuve
Son eau a la qualité de pétrifier la mousse, la bourbe,
et de produire, dit - on, des pierres - ponces. On lui a
reconnu aussi quelque vertus médicinales. La carrière
de craie à Michery est remarquable par sa voûte soû-
tenue par des piliers, où une voiture h 4 chevaux peut
circuler.
5. Population suiv. l’A. 5,132. Petite ville, où Ton
arrive par une grille , qui ressemble à celle d’un châ¬
teau, embellie de casernes, et précédée d’un pont et
d’un superbe quai , qui fait un bel effet. Peu de villes
ont un abord si riant. Ses vins rouges, quoiqu’ils ne
soient pas de la première qualité, sont recherchés. Vue
magnifique des terrasses du château; belle voûte de l’é¬
glise attenante,
6. Chef - lieu du département de l’Yonne. Popula¬
tion 6uiv. l’A. 12,047. Ses dehors sont délicieux ; le palais
de l’évêque à présent la préfecture, était le plus bel
édifice épiscopal de France. Remarque? les trois églises ,
Guide des Voy> T. ll< Q
X?8 LA FR. A N CE. ITINÉRAIRE.
gothiques d’nnè haute antiquité, celle de St. Pierre, avec
sa belle tour, celle de St. Germain, dont le gothique
est le plus ancien, mais dont toute la partie antérieure
été rasée par les révolutionnaires, et puis la cathédrale, la
flèche délicate de sa tour, avec son vieux cadran, la gran¬
deur et l’élévation de sa nef, et «es vitraux peints. Bains
publics, salle de comédie, école secondaire. On déterre
quelquefois des antiquités Romaines. Le plus beau point
de vue est sur le pont. De ses vins, ceux de Chablis,
A'Yrancy , de Coulanges , de Migrenne , sont les plus re¬
nommés. M. Depping raconte naïvement l’empresse¬
ment des servantes solliciteuses des différentes auber¬
ges, à l’arrivée des voyageurs. A deux lieues d 'Auxerre,
la fontaine de Belombre qui , comme celle de Véron,
forme des concrétions bizarres. A Auxerre fut inventé
en 1591, cet instrument de musique, appelé Serpent .
Bonne auberge, au Léopard II y a ici l’Athénée de
l’Yonne, Il faut voir la bibliothèque publique, le mé-
dailler de M. Fournier et le riche cabinet de M. de la.
Bergerie. A 2 lieue» de Vermanton , sont les grottes
A'Arcy t remarquables par leurs incrustations. Elles ont
500 toises de longueur. Pour s’y rendre on ne paye aux
postes de Vermanton ou de Lucy , qu’une lieue de plus.
On remarque en partant do Vermanton , un beau bâti¬
ment, c’est l’éx - abbaye de Ligny, de l’ordre des Ber¬
nardins.
7 a. Avalon , se présente [agréablement; elle a des
bonnes auberges, des cafés bien montés, des bains pub¬
lics, bonne société et des vins renommés. L’architecture
gothique de l’église paroissiale, excite l’attention de
l’artiste. Suivant M. Millin , (pardon, M. Vayssé!) la
vallée du Cousin , a près de mille toises de profondeur.
Près de Maison - neuve , le pittoresque aspect du vieux
château de Thîl , Les environs de Vitteaux sont riches
efe substances marines pétrifiées.
; O .*
LA FRANGE. ITINÉRAIRE. 179
7 b. Population suiv. l’A. 21,000 Q Les arts réunis-
la Concorde : U Sincérité. C’est une des belles villes de
la France et le chef - lieu du département de la Côte-
d’or. La préfecture, l’ancienne intendance; la belle
place Royale devant le palais des états; la vieille tour
derrière, sert d’observatoire. L’église moderne et belle
des Orphelines - Ste. Anne: l’hôpital, la rue de Condé,
ci - devant de l’égalité, le portail de l’église de St. Mi¬
chel de Hugues Sambin , l’émule et l’ami de Michel-
Ange ; le' portail de l’église Notre-Dame, chef - d’oeuvre
d’architecture gothique, mais où le vandalisme a détruit
l’harmonie, en brisant les statues, qui étaient dans les
pendentifs: voilà ce qui de préférence doit fixer l’atten¬
tion des voyageurs. La Chartreuse, jadis si renommée
par sa bonne - chère, ses palais, sa basilique, ses mau¬
solées, a été dévastée par le vandalisme révolutionnaire:
le soc y a passé: on regrette surtout les tombeaux en
marbre de Paros des Ducs de Bourgogne, quelques sta¬
tues existent encore au Musée. Dans ces teins de dé¬
sordre périt cette boiserie, qu’offrait l’intérieur de l.i
cathédrale. Mais ils existent encore, les deux cftefs-
d’oeuvres surprenans de l’art, la flèche de St. Benigne
ou de la cathédrale; et celle de St. Jean ; la première est
à coup sûr la plus belle flèche qui soit en Europe. Elle
est élevée de 375 pieds à compter du pavé; l’autre jaillit
à près de 300 pieds de hauteur. Les avenues de Dijon
sont charmantes , et les promenades du cours , ùeV ar¬
quebuse ^ où l’on voit un énorme peuplier de 24 pieds de
circonférence , et du Parc planté par le Nôtre , sont des
plus belles de la France. Cette ville possède un Musée,
qui contient nombre de tableaux, et une collection des
restes de la Chartreuse, de sculptures, d’estampes etc ,
et qui est ouverte au public tous les dimanches : ajou¬
tez - y le jardin botanique, avec le sarcophage de son
fondateur; quelques monumens anciens enchâssés dans
son mur; l'académie et ses collections ; la riche biblio-
Igo LA FRANCE. ITINÉRAIRE.
thèque de la ville ; le musée lapidaire, chez M. Richard,
la collection d’antiquités de M. Baudot , entre autres
une urne déterrée récemment. J’ai très bien logé à
l’hôtel Dauphin, qui sans doute, lors de la révolution a
changé de nom. M. le Vayssi recommande l’auberge des
Trois Pigeons, et se plaint de celle de Condé. Il y a à
Dijon quelques fabriques de draps etc. mais le com¬
merce est en stagnation et se rédqit aux vins, et aux
bois de son territoire, et à la moutarde de Dijon , si
renommée. Il est dû un quart de poste en sus de la dis¬
tance, sur toutes les sorties. De la ci - devant abbaye
de Cite aux , et de ces caves fameuses, il n’existe plus
que le souvenir^ ses monuraens et l’église ont disparu.
8- Près de la Baraque croît le vin de Chambertin ,1e
plus estimé en Angleterre. On passe [par le village de
Clos - de - Vougeot , où croît le vin le plus renommé des
vins de Bourgogne. La vigne, ci - devant la propriété
de Ciieaux , est entre les mains d'autres possesseurs, qui
sacrifient tout à la quantité, selon les on - dit du pays,
au lieu que les moines, sacrifiaient tout à la qualité.
Comme le Clos forme deux parties opposées, qui don¬
nent deux différentes qualités de vin, le» moines, pour
ne pas les mélanger, faisaient leurs vendanges par ban¬
des longitudinales , ce que les nouveaux acquéreurs né¬
gligent, ne voulant avoir qu’une seule qualité de vin.
q. A Nuits et a Beaune il y a des crûs recherchés de
la Bourgogne. Les vins de Nuits ne sont devenus célè¬
bres , que depuis la maladie de Louis XIV. en i68a.
io. Beaune a un magnifique hôpital. Des belles pro¬
menades, et un grand et beau jardin Anglais nouvelle¬
ment planté , une bibliothèque , une salle de comédie,
de bonnes auberges, et une fabrique de bière, malgré
sa grande expédition de vins, de 30 à 40,00a pièces par an.
t
LA FRANCE. ITINÉRAIRE, igi
"Depuis les épigrammes de Piron les mauvais plais ans,
ont prêté bien des naïvetés aux bons et braves Beaunois
Q les amis la Nature et de l’Humanité.
11. Population suivant PA. 10,43t. Dans une char¬
mante plaine. Les débris d’un amphithéâtre, et de^
inscriptions , attestent l’antiquité romaine de cette vil¬
le r on en trouve des restes de tems en tems. L’église
principale, l’hôpital St. Laurent et le pont en pierre,
se distinguent. Chez les ci-devant Carmes était la tom¬
be de l’épicurien DesVarreaux , converti par une ome¬
lette. La bibliothèque, eu l’ancien collège, la maison
des bains publics, une 9alle de comédie, des cafés etc.
trois belles promenades, dont l’une borde le beau canal
du centre. Des deux premières, qui s’élèvent en terras¬
se r on a , quand le tems est serein, la vue des Alpes.
etc. On prépare dans cette ville l'essence dt Orient , qui
sert à faire les fausses perles. Un objet curieux c’est -la
machine, hydraulique. Le plus joli des costumes villa¬
geois est peut - être celui des bergères des environs de
Châlons. Les vins des environs de cette ville sont esti¬
més; on distingue surtout ceux de Mercurey. L’hôtel-
du - Parc est une bonne et renommée auberge. Cette
ville a trois foires fameuses, le ii„ Février,. 25. Juin e&
30. Octobre.
12. Entre St. ATbin et Mâcon l'on v-ort, an levant, le
mont Jura , et les montagnes du pays de Gex , et au,
sud le Mont d'or à 3 lieues de Lyon. La navigation sur
la Saône par la diligence d'eau , offre plus d’agrément
que la route par terre; cela s’entend de Châlons jusqu'à
Mâcon t et même jusqu’à Lyon. Car cette coche d'eau
part tous les jours de Châlons pour Lyon.
13» Mâcon n’est éloigné de Lyon que de 7 postes. Sçn
aspect est agréable : son magnifique quai est bordé de#
182 LA FRANCE. ITINERAIRE.
somptueux édifices, parmi lesquels on remarque l'iiôtel
de ville, l’ancien palais Montrevel , des bains [publics,
une salle de spectacles; on distingue de ce quai les Al¬
pes. Une île que forme la Saône au dessus du pont de
Mâcon est un véritable tableau dans le genre de l 'Al¬
lume. Le costume des Mâconnoites est célèbre et cir¬
conscrit dans un petit territoire, dont 57. Albin est le
centre: la coïffure ressemble à celle du Valais. Les vins
du territoire sont estimés. On cite les confitures de
cette ville, et le cotignac de Mâcon jouit d’une grande
réputation. On le vend à Paris sous le nom de raisiné •
Le cabinet de M. de Roujoux renferme des antiquités
intéressantes, et il y a ici une société d’agriculture et
des arts. Les sauteries de Mâcon , sont un monument
du fanatisme religieux. Population suiv. l’A. 10,807. A
4 lieues Nord - Ouest de Mâcon est la ville de Clunjr ,
fameuse par la ci -devant abba3re de ce nom. Ce n’était
pas une abbaj-e, c’était une petite ville. Ni l’église go¬
thique, une des plus belles, ni sa rich<L bibliothèque
n’existent plus: le couvent, superbe édifice moderne, a
été consacré a plusieurs établissemens , entre autres à
un haras.
14. Population suiv. T A. 6,984- Jolie chef- lieu
du département de l’Ain. Ses promenades, surtout celle
du Mail , lui donnent de l’agrément. Elle a une salle
de comédie, et des bains: l’une de ses fontaines publi¬
ques, a été érigée par les habitans à la mémoire du gé¬
néral JouVert. Ses tanneries ont de la réputation; on y
fabrique des dentelles grossières, des chapeaux, et il y a
une filature de coton. On y fait Je commerce des fa¬
meuses volailles de \la Bresse. Les environs de Chailly
dans le voisinage sont délicieux. L'église de Brou bâtie
aux portes de Bourg est remarquable par son architec¬
ture , par la sculpture de son choeur, et par trois mau¬
solées. On y voit aussi la statue en marbre du sculpteur
LA FRANCE. ITINÉRAIRE, igj
fle ces monuœens ; devant le portail d'un très - bon go¬
thique, un cadran solaire sur le sol du parvis. Fort
près de Bourg est le ci - devant monastère des Augus-
tins , où les connaisseurs d’Ain admiraient une magnifi¬
que église, de belles statues, et des mausolées remar¬
quables. Bourg était la patrie de de la Lande. On vient
d’y placer son buste. Les villages de Boz et Arbigny
près de Bourg , sont habités par des restes de peuplades
sarrasines , dont les usages, le caractère, les moeürs
diffèrent essentiellement de leurs voisins. De Point d'Ain
a Lyon : Bublanne \'/z P- Meximieux l 'fa. Montluel 1%.
Mirebel i^. Lyon l'/z*
15. Village situé au pied des montagnes, à 156 toises
au - dessus du niveau de la mer, dans une gorge, où
passe le chemin qui, de là, s’élève et tourne sur le mont
Cerdon dans lequel il est taillé. La route est bordée
d’un côté, par un vallon à quelques centaines de pieds
de profondeur ; de l’autre, par un mur de rochers, éle¬
vés à pic à une hauteur prodigieuse. Des ruines de châ¬
teaux s’élèvent tristement au sommet de quelques-unes
des montagnes,
16. Nantua 11’a qu’une seule rue , mais dans cette rue
réside l’industrie la plus active, et on y trouve l’abrégé
des manufactures et des fabriques, qui, éparses sur la
surface de la France font une partie ,de ses richesses.
Les tapis , dites de Nantua , sont une étoffe grossière
faite du poil du boeuf. Les carpes, les écrévisses sont
excellentes, et les truites du lacdisputent le rang à cel¬
les de Genève. Dans la montagne de St. Claude et dans
ses carrières on voit de ces globules , nommés dragées
de pierre. Nantua possède des eaux minérales.
17. Chemin romantique. Le relais n’est plus à St.
Germain, mais o» trouve une bonne auberge dans ce
dernier bourg.
xS4 LA. FRANCE. ITINÉRAIRE.
i8* Des broussailles et des buissons couvrent les r»-
chers du mont Credo , la racine du Jura . La Perte du
Rhône, près de Coupy , est à -quelques pas du chemin.
on y descend par des sentiers assez rapides. C est nn
amas de rochers entassés au milieu du fleuve, et sous
lequel il s’engouffre et disparaît avec uil fracas prodi¬
gieux. Il demeure caché dans une distance d’environ
300 pas, et resort avec une impétuosité pareille à celle
de sa chûte Lors des crues d’eau, le fleuve couvre ce»
roches et tombe parmi elles avec tournoyeznent et fu¬
reur, mais le phénomène de sa perte n’a plus lieu. Le
cours de la Valserine est non moins curieux à observer,
et à 3 lieues il y a une autre curiosité, la mine
d'asyhalte du Parc. Le baron de Monville a publié en
1815 une relation intéressante des dangers et difficultés
de sa course nautique et téméraire sur le Rhône , tant
au-dessus <]u' au- dessous de la Perte.
19. Fort de V Ecluse, plaqué sur le flanc d’une mon¬
tagne escarpée du Jura , est baigné par le Rhône. C*
passage de la Cluse était jadis une Clé de la France; la
route le traverse Comme auparavant , ne pouvant pas
passer ailleurs , mais le fort a été défruit par les Alliés
en i8i|. On trouve ce défilé déjà décrit dans les Com¬
mentaires de Jules - César , liv. 1.
20. Route agréable. On laisse Ferney sur la gauche.
22. V, Itinéraire de la Suisse. Le prix de la course et
la fixation de la distance, d’après les lois françai¬
ses, sont maintenus avec Genève, tant à l’aller qu’au
retour.
Postes
de
■ France .
15. Route de Paris à GrenoMe ,
Postes
Noms.
de
France.
Noms.
1. Lyon.
Bron.
1
St. Laurent- des»
Mûres-
LA FRANCE. ITINERAIRE. 185
Postes
de
France.
l'/x
9
Postes
Noms.
de
France.
Verpillière.
i'/2
Bourgoin.
1 Yz
Eclose.
La Erette.
2
Noms.
Rives.
Voreppe.
2. Grenoble,
7*'/z
Observations local es.
I. Voyez, No. zi a. et 21 b. A l’entrée de Lyon il
est dû unè demi -poste au-dela de la fixation ci-dessus,
et une à la sortie.
2. Population, suiv. TA. 22,603, les coeurs con-
scans : l’humanité : la parfaite union. Bonne auberge :
à l’hôtel des ambassadeurs. On y remarque l’hôpital
général, édifice d’un bon genre; l’église principale,
morceau gothique où se trouve à présent le maître -au.
tel de la grande Chartreuse ; l’arsenal, qui ressemble b
une petite citadelle. A la place du fort, et à la maison
appelée Bastille , un très -beau coup -d’oeil; on apper-
çoit la cime du Mont-blanc. Dans une des promena»
(des, qui sont belles, on voit un Hercule en bronze, tiré
du magnifique château qui appartenait autrefois au con¬
nétable de Lesdiguières. Il y a ici un lycée, un musée
des arts, qui renferme une bibliothèque, un sarcophage
antique, d’une grande beauté, un cabinet d’hist. na¬
turelle et d’antiquité9, 400 tableaivx de différens maîtres;
et un jardin botanique bien entretenu. Le sallon où
s'assemble la société des sciences et des arts, est orné
des bustes delq hommes illustres, qui reconnaissent cette
ville pour leur patrie. Il y a 4 maisons de bains et une
salle de comédie. On fait à Grenoble du ratafia qui a
de la réputation, une assez grande quantité de draps,
et des gants, que le9 étrangers préfèrent, pour la finesse
«t la légèreté, à ceux d’Espagne et d’Italie. La ci -de¬
vant grande Chatreuse , n’est éloignée de Grenoble que
186 LA FRANCE. ITINÉRAIRE.
de 5 lieues. On s’y rend ou par le chemin de St. Laurent-
du-Pont, où le danger des torrens est extrême à l’épo¬
que de la fonte des neiges, ou par celui du Sappey.
Quoiqu’elle soit totalement délaissée, excepté un ré¬
gisseur, qui fournit des lits, et des vivres, et que tout y
atteste les horreurs du vandalisme révolutionnaire, le
voyageur fera bien de s’y rendre, la belle description à
la main, que M. de Matthison vient de publier de ce
voyage dans ses Erinnerungen. On ne saurait contem¬
pler, sans la plus vive sensation, ce vaste et admirable
édifice, construit au centre d’une solitude romanesqu e,
et horriblement belle. Il a coûté plus d’un million; le
cloître renferme 80 cellules , et la salle du chapitre est
encore tapissée des ^portraits des généraux de l’ordre.
Les 7 merveilles des environs ds Grenoble , sont: I. la
tour - sans - venin. 3. La fontaine - ardente. 3. Xa mon¬
tagne inaccessible. 4. Les cuves -de Sassenage, bourg
renommé par ses fromages. 5. Les pierres ophthalmi-
ques de Sassenage, c’est- à - dire, des cailloux de la gros¬
seur d'une lentille, qui ont la vertu réelle d’attirer le»
ordures, qui peuvent être entrées dans les yeux. 6. La
manne de Briançon. 7. La grotte de N. D. de la Balme.
Quelques-uns y ajoutent 8- le Pré qui tremble. Ces cu¬
riosités naturelles ne méritent guères l’épithète qu’on
leur donne. Y. Antiquités de Grenoble , ou hist. an¬
cienne de cette ville , par M. Champollion - Figeac .
Grenoble.
16. Route de Grenoble à Chambéry et à
G en eve.
Noms.
Postes
1 Postes
de
Noms. |
de
France .
I France.
z'/z
1. Lnmbin. f
Chapareillan. |
1 2
2-
2 . Chambéry.
7
LA FRANÇE. ITINÉRAIRE. 187
Observations locales.
1. On peut aussi prendre le chemin des Echelles,
gorge artificielle, qui doit êtrè considéré, comme l’ou-
vrâge le plU9 hardi. Charles - Emanuel 71. y fit élever
un monument, dont le vandalisme de 1793, a mutilé là
plus belle partie ainsi que l’inscription latine, faite non
par St. Réal, comme le dit M. Vayssé , mais par le célè¬
bre Tesoto, et qui cependant a été restituée depuis. V. No.
31. Napoléon , voulait faire percer un autre passage
moins rapide, mais l’ouvrage n’est pas fini. Entre Gre¬
noble et les premier relais de Lunibin , le pays s’élève
en terrasse, et on suit V Isère, qui reste plus ou moins
éloigné; le village de Meylan , connu par ses belles géo¬
des, et le fort Barraux , sont à remarquer, comme la
belle vue de la fertile vallée de Grésivauclan : on a aussi
en face sur l’autre rive les gothiques restes du château
du chevalier Bayard .
2. V. les détails au No. 31. De Chambéry it Genève
11% p. par Piumilly et IC% p. par Annecy. La première
poste est Aix : on voit sur cette route le village de Le-
menc , dont l’église, où repose Mad. de JVarens, est l’un
des plus anciens établissemens du Christianisme. A dix,
les bâtimens des bains offrent de précieux vestiges de9
travaux des Romains. M. Perrier a rassemblé dans son
jardin le produit des fouilles faites dans ces bains. On
voit aussi un ancien arc sépulcral d’un certain Campa-
nus : la tour et les murs Romains qui lui servent de base,
sont suivant M. Millin , ceux d’une Edicule , de la Villa
de ce même riche Romain Pompéjus Campanus. Les
bains actuels de cette ville, doivent leur nom de Bassin
royal à Henri IV. qui s’y baigna. Ce sont des eaux
souffrées; on exporte dans des caisses de plomb, une
conserve de souffre qui surnage, et que l’on applique
efficacement sur les parties attaqués de douleurs arthri¬
tiques; les eaux d 'Aix ont fait des cures brillantes de
188 I A FRANCE. ITINÉRAIRE.
rhumatismes invétérés. Air a une situation eharmante
et pittoresque. Q L’Intimité. Le lac de Bourget , sur la
route de Genève, et très - fréquenté par les habitans
d 'Aix et de Chambéry , forme un de plus jolis bassins.
On y pêche de treites de 30 et 40 livres, et le Lavaretzt
,,Salmo Lavaretus“ du Linnée , qui ne se propage nulle
part que dans ce lac. Un céteau est baigné par Ses eaux,
et tellement abrité, que tous les fruits de la Provence y
réuisissent et a merveille. La très - ancienne et célè¬
bre abbaie de Haute - Combe , près du lac, est à présent
une faïencerie. La tempête de la révolution y a passé
et a détruit ses trésors, comme ses archives et ses tom¬
bes. Sur son dernier monument 9ur le marbre du tom¬
beau d’un archevêque de Canterbnry de 1270, j’ai vû pé¬
trir la terre glaise de la fabrique!!! Habert sua fatal
La mairie d’ Annecy , possède un tableau de Corrige d’un
grand mérite.
17» -K
Postes
de
France.
, ; *'A
2
u'A
2
2
2
’l'/z
2
lï&
m
m
2 •
o 11 te de Paris à La Rochelle , par
Chartres , Tours et Poitiers ,
Postes
Noms.
de
France.
i- Versailles.
T '/z
Coignières.
1
2. Rambouillet.
r
Epernon.
Maintenon.
ï
3. Chartres.
1
La Bourdinière.
2
BonneVal.
1
Châteaudun.
2'/z
Cloye.
Pezon.
Vendôme.
T-YZ
2
Ne uveSt. Arnaud.
T
Ch ût eau- Régnault.
Monnaie.
l'â
l 'fa
4. Tours.
I Yz
5 a Montbazon.
I
S 0 r i-g'nÿ: 5 ' V'"'V 4
w
Ste. Maure.
l'/z
5 b. Ormes.
I
Noms.
In grande.
6 a. Chatellerault.
Barres - de - Nin-
tré.
La Tricherie.
Clan
6 b. Poitiers.
Croutelle.
Lusignan.
Villedieu - du -
Perron.
St. Maixent.
La Crèche.
Niprt. .
Fontenay.
Manzéi
Laigne.
Nuaillé.
Groland.
7. La Rochelle.
LA FRANGE. ITINÉRAIRE. î89
Observations locales.
ï. V. le tableau des villes.
2. Il y a un château considérable. François I. l’a ha¬
bité et y mourût en 1547. On y conserva son épée, son
casque, et sa cotte d’armes. C’est à présent une caserne,
et le siège d’un établissement rural, qui deviendra le
berceau d’une belle race de moutons. Bien de plus
magnifique que le Parc, où il y a un asyle vraiment
enchanteur , le temple d'Io. Population 2,588*
2. Population suiv. l’A. 13,791* Q la Franchise. L’é¬
glise principale est magnifique, la hardiesse etl’élévation
de ses clochers, étonnent le voyageur: clocher de Char¬
tres, nef d'Amiens , choeur de Beauvais , portail de
Kheims , sont passés en proverbe; un beau morceau de
sculpture de Bridaut , l'assomption de la sainte vierge,
décore le maître - autel. Le fini du travail des arabes¬
ques sculptés sur les piliers, les rend infiniment pré¬
cieuses. Un groupe magnifique de marbre blanc, est un
cbef-d’ouvre du célèbre Coustou. Le maréchal de Vau-
ifan mettait la construction hardie du, choeur de St, An¬
dré , au nombre des merveilles de la France; on voit la
rivière couler sous la voûte qui le soutient. Les corps
se conservent dans le caveau, construit dans l’épaisseur
de cette voûte. La promenade qui se présente sur la
route de Paris, est superbe. Les maisons de Chartres
sont singulières à cause de la multitude des croisées.
Les serges communes que l’on tire de Chartres , se fa¬
briquent dans les villages des alentours. Les bas à tricot,
et les chapeaux sont des objets d’un fort commerce.
Dans le voisinage de Chartres , sont situés Anet et Main-
tenon, lieux célèbres par Diane de Poitiers et Madame
de Maintenon. L'aqueduc de Maintenon , est superbe,
mais pas achevé.
’ * * i ‘ .
Guide des Voy. T. II. R
icp LA FRANCE. ITINÉRAIRE.
4. Population , suiv. PA. 20,240. □ les Amis réunis :
la parfaite union. Le raail est le plus beau cours qu’il
y ait en Europe. Il a 1,330 toises de longueur, et une
terrasse, d’où l’on découvre une plaine riante et fertile,
bornée par un coteau charmant. La cathédrale est un
des plus beau monimiens gothiques, surtout les tours.
On a bâti un pont à Tours qui a 1335 pied9 de longueur,
sur 42 de large, et à la suite de ce pont, une rue de 400
toises de longueur. L’église de St. Martin, mérite d’être
vue. Les vins rouges de Tours , sont très - estimés. 'A
une petite demi -lieue de Tours il faut remarquer dans
les pans d’un roc, les habitations excavées d’un peuple
troglodyte de vignerons et de jardiniers. Dans le châ¬
teau d' Amboise , l’escalier cTune tour, qu’on a monté
plusieurs fois en voiture. Non loin d’ Amboise , le châ¬
teau le Chanteloup , remarquable par son magnificence
et son luxe, avant le Vandalisme révolutionnaire. Dans
un des faubourgs est la ci-devant abbaye de Marmou-
tier , édifice immense, d’une architecture imposante
mais bizarre. Cinq Terrasses, dont la plus élévée est de
niveau avec le clocher, offrent en perspective l’horizon
le plus étendu. Il y a à Tours une bibliothèque superbe,
et un musée de peinture et d’hist. nat. A la bibliothè¬
que on remarque deux manuscrits , un Pentateuque de
1000 ans, et les Evangiles, de 1200 ans d’ancienneté. Les
prunes de Catherine, les pruneaux, les pêches tapées etc.
sontrenommées. Onfabrique àTours vingt sortes d’étoffes
desoie; car les soie9 que fournit l’ancienne Touraine, sont
d’une qualité supérieure. On prétend que c’est a Tour*
qu’on a établi la première calandre, inventée par un cer¬
tain Chomey qui l’apporta d’Italie , pour onder les moi¬
res , tabis etc. L’industrie manufacturière , consiste de
plus en petites draperies, tanneries, fayencerie: on fait
de fort bonnes eaux-de-vie. Il est dû un quart de poste
en sus de la distance, sur toutes les sorties, excepté sur
Monnaie.
A
LA FRANCE. ITINÉRAIRE. 191
5. a) Tout ce pays arrosé par la Loire et le Cher , est
agréable et fertile, surtout, eu fruits excellens.
5. b) A Ormes le parc à'sirgensom une haute colonne
servant d’observatoire, s’élève au-dessus des toits du
château. L’obélisque, érigé sur la grande route ^ a été
renversé.
6. a) A Chatelterault les fabriques de coutellerie. Le
voyageur s’y voit assiégé par une foule de vendeuses de
ciseaux et de couteaux, qui quelquefois se mettent déjà
en embuscade sur le grand chemin.
6. b) Population, suiv. l’A. 18,223. □ la vraie Har¬
monie. 11 y a de grands jardins dans l’enceinte de cette
ville, et une promenade publique, appelée Blcssoi, du
nom de son planteur et qui ferait honneur aux plus bel¬
les villes. On y voit des antiquités du tems des Ro¬
mains , un reste d’amphithéâtre , dont les vastes rui¬
nes , les aqueducs, l’arène , sont connues chez le peuple
sous le nom de Merlusines j et un arc de triomphe , qui
sert de porte. C’est une ville ancienne et d’un aspect
gothique; des masses grandes et pittoresques de rochers
l’environnent. Non loin de Poitiers , sur le grand che¬
min d ' Angoulême , on remarque une pierre d’une gran¬
deur énorme, connue sous le nom de -pierre Levée , et
que l’on croit avoir été un autel érigé à Mercure. Dan»
la petite ville de Montmorillon , on trouve les restes
d’un temple des Druides, gravé dans les antiquités de
Montfaucon. Il y a à Poitiers de bonnes papêîeries, et
des fabriques des étoffes de laine; les mégissiers passent
quantité de peaux en chamois. Une branche singulière
de commerce, sont les vipères, que l’on prend eu quan¬
tité dans les fentes des rochers. . L'université a été rem
placée par une école centrale
iça LA FRANCE. ITINÉRAIRE.
y. La route par Tours et Orléans , est de 61 p. et
celle par Vendôme , Tours , Poitiers, Niort et Saintes,
de 69 p. et demie. On découvre à la Rochelle d’un seul
point de vue, les îles à'Oléron, de Rhè , à'Aix , de
Brouages et Marennes. On voit les restes de la fameuse
Aigue , dirigée par le cardinal de Richelieu . Elle était
de 747 toises. Quand la mer se retire, elle est assez vi¬
sible. Cet ouvrage, sa durée, son étendue et sa force,
semblent presque supérieurs au pauvoir humain. La
prise c le la Rochelle coûta plus de 30 millions. Le mai!
est avantageusement situé. Les habitans de Vile de Rhi
à 3 lieues de la Rochelle , réussissent à faire une liqueur
très - agréable, nommée anisette. Du haut de la tour de
la Baleine, on découvre 8 à 10 lieues à la roîTde. Un as¬
semblage de réverbères, sous un dôme tout en verre,
forme pendant la nuit, un globe de feu, pour servir de
phare. Population , suiv. l’A. 17,512. Q L’Union par¬
faite.
Ig. Route de P a r\i s à Liège , par Reims
et Sedan, -j
Postes
de
France .
12&
2
i'/z
2
2 Yz
Noms.
Postes
de
1. Soissons.
France.
ï'/z
Braine.
2%
Fiâmes.
r/z
Jonciiery.
tfz
2. Reims.
2%
Jsle .
2 ŸZ
Rhétel.
2 $L
Vauxeiles.
2&
Launoy.
3
Noms.
3. Mézières.
4. Sedan.
Bouillon.
Palizeul.
Telin.
JMurche.
Bonsoin.
Frai n eux.
5. Liege.
48
Observations lo c aies.
1. Voyez No. 9.
2. Population, suivant l'A. 3<>i225- D la Sincérité: la
triple Union. L’église principale est un édifice gothi»
LA FRANCE. ITINÉRAIRE. 193
que de la plus grande beauté. JLe portail surtout est cé¬
lèbre. La rose en vitrage que l’on voit audessus des
trois portes colossales d’entrée , ’est nn ouvrage admi¬
rable par l’extrême délicatesse de sa découpure. Dans
l’église de St. Nicolas il y avait un arc-boutant qui
s’ébranla d’une manière sensible au mouvement de la
plus petite des 4 cloches, et demeurait immobile quand
on sonnait les autres. M. JPluche avait expliqué ce phé¬
nomène dans son spectacle de la nature. Mai9 tout cela
n’existe plus; fie vandalisme révolutionnaire a détruit
cette église , l’un des plus beaux manumens de la
France. On n’en jouit plus que par les gravures. La
Ste. Ampoule qui servait à sacrer les rois de France, a
été cassée publiquement par le nommé Rühl , jacobin
enragé et qui a fini sa carrière par un suicide. — On
trouve a Reims des monumens Romains,, un arc de
triomphe, l’arcade dite de Romulus, avec des bas-re¬
liefs etc. La grande place est belle. Il y a à Reims des
manufactures de flanelle et d’autres étoffes de laine.
Les toiles, et surtour les chandelles, tiennent un rang
considérable dans le commerce de cette ville. On y fait
des pains d’épices renommés. Reims jouit d’une prome¬
nade superbe , que l’on appelé le cours . C’était Ici que
les rois guérissaient les écrouelles. Reims est la patrie
de Colbert , et de Pluche. A Courtagnùn et à Mèri ■ dans
le voisinage de Reims, on découvre une quantité prodi¬
gieuse de coquilles fossiles. Il est dû un quart de poste
en sus de la distance, sur* toutes les sotties.
3. Mèzières : chef- lieu du département des Arden¬
nes. Population, suivant l’A. 3,310. C’est une école du
corps du génie. La généreuse bravoure de Bayard a ré¬
pandu son éclat sur Mèzières. Les champs de bataille
de Rocroy sont dans le voisinage de cette ville.
4- Beau pont sur la Meuse. On trouve à Sedan un
arsenal bien fourni, où l’on conserve les armes dé plu-
UJ4 LA FRANCE, ITINÉRAIRE.
sieurs chevaliers, qui se sont distingués, et une fond-erie
de canons. Les draps noirs de Sedan connus sous le
nom de Pagnons et de Rousseau , sont d’une qualité su¬
périeure. Cette ville fait aussi un commerce en bou¬
tons et aciéries, platinerie9, boucles et faïenceries. Les
forces à tondre les draps sont encore les plus renom¬
més et les plus recherchées, à cause de la bonté de leur
trempe, et de la façon dont elles sont montées. Le
grand Turenne est né dans le château de celte ville. Po¬
pulation suivant l’ A. 10,634. La c* - devant chartreuse
près de Sèdan était magnifique. A Palizeul la première
poste étrangère.
5. V. Itinéraire du Royaume des Pays -bas.
19. Route de Paris à L'Orient, pav
R enn es.
Postes
de
France .
42&
2
2 &
3
1
%
Noms.
Postes
de\
1. Rennes.
France.
*'A
Mordelles.
2
Plélan.
2
Ploërmel-
Vh
Roc St. André.
l‘/z
Pont-Guillemet.
to'A
Noms.
2. Vannes.
3. Aura y.
Landevant.
Hennebon.
4. L’Orient*
Observations loc aies.
1. Voyez No. 8-
2. □ La philanthropie. Vannes a un joli mail. On
y fait trafic de sardines et de congres. Auprès de Van¬
nes sont les célèbres pierres debout de Carnac , monu-
mens celtiques très - remarquables rangées, sur cinq lig¬
nes, au nombre de plus de quatre mille».
3. Près d'Auray était une chartreuse très -belle.
LA FRANCE, ITINÉRAIRE. 195
4. Population/ suiv. l’A. 19,9215. C’est une des plus'jo-
lies villes de la France. Ses quais sont beaux, ses co¬
mestibles excellens.
20. Route de Paris à Lyon , par Fontainebleau , Au*
xerret Dijon et Maçon.
Postes
Postes
Noms.
de
France.
Noms ..
de
France.
5Ÿ/2
j. Maçon.
2. Anse.
2
Maison blanche.
1 Zz
Limonet.
2
Tournelles - de -
Flandres.
3. Lyon.
62
Observations locales.
1. Voyez No. 14. La route, belle et roulante en été,
boueuse en hiver, passe près de plusieurs jolis châteaux,
p. e. ceux de Saintrê , et de Montrouge , dont on longe
la grille. Tournelles , maison isolée est remarquable
par une espèce de ménagerie, que le maître de poste y
entretient.
2. De Villefr anche au Puits d'or , de l’autre côté de
la Saône , est une vue charmante, où l'on rémarque,
entre autres objets, la ville de Trévoux , agréablement
située sur les bords de la rivière. L’embranchement des
trois routes qu’ Agrippa avait fait ouvrir- dans les Gau¬
les, et dont le. tronc aboutissait à Lyon , fut l’origine de
Trévoux. Il y a un ancien proverbe qui dit: la lieue
d'Anse à Villefranche , est la plus belle lieue du France.
3. Des jardins, des vignobles , des maisons de plai¬
sance des Lyonnais. A gauche le vallon romantique et
célèbre de Rochecardon. On y montre la maison où lo¬
geait fj. J. Rousseau , et le bois et la fontaine du Roset ,
son séjour favori. Il vaut mieux faire cette promenade
de Lyon. Les jardins de la maison Claire * ont été plan-
iç6 LA FRANCE, ITINÉRAIRE.
tés par le fameux Ze Notre. L ou paye une demi- poste
au-delà de la fixation , à l’entrée et une poste à la sor¬
tie de Lyon. 3e conseillerai» aux voyageurs, de préfé¬
rer toujours cette route de la ci-devant Bourgogne,
qtioique ce soit la plus longue. Elle les dédommagera
amplement. J’en parle par expérience.
gl. a. Route de Parie à Lyon ,
Moulins.
Postes
de
France.
ÏA
2
i'/z
i
1
*'/z
t-'/z
2
m
m
*Zz
3'/z
V/z
*'/z
l'/Z
Noms.
Postes
de
t. Fontainebleau.
France.
1
2. Nemours.
i'A
la Croisière
1 n
Fontenay.
2
Puy la Lande.
2
3. Montargis.
1 Yz
la Commodité.
i'A
Nogent-sur-Ver-
r'A
msson.
1
Bnssière.
1 Yz
4. Briare.
r'/z
Neuvy.
«. Cosrte.
1 Yz '
Pouilly.
la Charité.
1
6. Fougues.
ï *'/z
7. Nevers.
*'/z
Magny.
l'/z
St. Pierre le Mon.
2
tier.
i'/z
59&
par Nevers tt
Noms,
St. Imbert.
Villeneuve^
8. Moulins.
Bessay.
9 Varennes.
St. Géran'd,
xo. la Palice.
Drditurier'.
ix. St. Martin,
la Pacaudière.
St. Germain l’Es-
pinasse.
12. Roanne.
1 Hôpital.
St. Siruphorien.
Pain - Bouchain.
13. Tarare.
Arnas.
Sal vagny.
14. Lyon.
Observations locales,
ï. V. No. 14. (C’est la route du Bourbonnais; un che¬
min ferré, fort doux, et fort üni. L’on va plus vite sur
•ette route que sur l’autre.)
2- Population, suiv l’A. 3,760. Cette petite ville est
bien placée et bien bâtie. En sortant par la pdrte du
nord, on trouve le canal de Montargis1 et la principale
promenade de la ville, appelée la butte , sur le bord de
LA FRANCE. ITINÉRAIRE. 19?
la Tivière du Loing. Le nouveau pont de pierre est
d’une belle construction. A une lieue de Nemours , sut
le chemin de Paris, on passe près de la ci-devant com-
manclerie de Beauvais , de l’ordre de Malte. Elle est fort
ancienne, et a été fondée du teins des Templiers. Dans
la chapelle on voit plusieurs tombes.
3. Avant d’arriver k Montargis , on laisse à droite le
village de Cepoix , où l’on découvrit des mosaïques, et
dont le sol cache d’autres antiquités romaines. La forêt
fle Montargis forme türe promenade très - agréable pour
les habîtans. Ils en ont une autre, appelée le Pâtis , où
se tient une foire considérable. Les Romains ont ha¬
bité cette ville , consumée par le feu en 1725 , et la re¬
nommée parle d’eux sur les vestiges des monumeas
qu’ils y bâtirent. Une voie militaire s’appele encore le
àhemin de César. En 1725 on a découvert un portique,
dont le pavé présente une mosaïque précieuse. On esti-
tee surtout le canard qui avale un poisson. La papête-
Srie, surtout celle de Buge et de l'Anglée , la coutellerie,
et la moûtarde de Montargis sont estimées. A une lieue
de Nagent, sur le bord du canal, au milieu de la cam¬
pagne , les restes d’un théâtre Romain.
4. La route longe l’agréable parc, appartenant aU
donjon de la Bussière. Briare, petite ville, est remar¬
quable par le canal de communication de la Loire à la
Seine , auquel elle donne son nom. C’est la tableau le
plus riant, et un spectacle vraiment pittoresque, que ce
coup d oeil k la; descente de Briare, sur les bords de la
Loire , et sur ce canal couvert d’une multitude de voi¬
les. Le pavillon de Beauvoir , est dans la position la
plus heureuse, et mérite bien son nom. Il y a une jolie
promenade entre le canal et la Loire. Le canal, entre¬
pris par Sully, est le premier ouvrage de ce genre, que
J’.oa ait tenté eu France.
*98 £A FRANCE. ITINÉRAIRE.
5. Sa coutellerie, quincaillerie et ses gants sont esti¬
mée On y trouve des forges, où se font les plus grosse»
ancres de navire. Il y a ici une salle des spectacles, et
une bonne auberge renommée.
6. A Fougues il y a des eaux minérales ferrugineu*
ses, une promenade d’un quart de lieue conduit à leur
source au travers d’un long tapis de prairies. Jolie pro¬
menade en terrasse sur la Loire.
7. Population, suiv. l'A. R. 11,200. Q les amis à l’épreu-
re. Nevers est joliment située sur le bord de la Loiret
qui y passe sous un beau pont. Le palais des ancien*
ducs de Nevers , est un modèle de beauté et de délica*
tesse dans l’architecture gothique. La promenade tout
auprès est ombragée et fraîche. Le travail de manufac¬
tures de verre, et de tous ces petits bijoux de verrête*
rie, méritent d’être vus un moment. L’émail se travaille
aussi fort joliment dans cette ville. La cathédrale a une
belle tour carrée, et forme l’un des côtés de la grande
place, qui est remarquable par la singularité de ses faça¬
des à pignon, ün admire la fraîcheur et la vivacité du
coloris des vitreaux. Dans*le voisinage de Nevers , la
forge de Guérigny, consacrée aux, ancres et aux bou¬
lets, et h tout ce qui tient à la ferrure des vaisseaux.
 St- Pierre Mautier, le fameux étang poissonneux, qui
ne tarit j amais , ci • devant la propriété de l’ordre de
Çlugny.
& Population, suivant l’A. R. 13,500. A Moulins , com¬
merce considérable de coutellerie d’un travail solide et
fini, surtout pour les ciseaux. Des b «lins , une salle de
spectacles , des jolies promenades, et une riche biblio¬
thèque publique. Le vaste et magnifique château est
presque détruit. Le tombeau du fameux Duc de Mont •
morency , qui fut décapité sous le règne de Louis X1IL
f-A FRANCE. ÏÎÏNÉRAÏRE. 199
un des plus beaux monrtraem de sculpture qu'il y ait
en France, est placé à l'église du ci - devant couvent de
la Visitation, à présent le Lycée. On vante les moeurs
douces et la franchise des habitaiis de la ville et de9 en¬
virons. Aux environs du village de Bresscl, a une demi-
lieue de la ville, oii trouve beaucoup de bois pétrifié.
De Moulins à Clermont 46. p. Clermont (Population 27 —
30,000 h. □ la Concorde) èst une ville ancienne et gran¬
de, ornée de promenades et places superbes. Le devant
du maître - autel de la cathédrale, est un sarcophage
•antique. Des,] cinq tours, la révolution ne lui a laissé
qu’une, dont la vue est superbe. Cette basilique et les
bâtimens de la ville , sont bâties de lave. On admire
une source de St. Alyre, dont l’eau est tellement pétri¬
fiante, qu’elle a formé le long de sa course, une mu¬
raille de 15 à 20 pieds de hauteur, et de 140 pas de long.
Le commerce est très - considérable, surtout en vins de
'la Limagne. Les pâtés de pommes et d’abricots, et les
fromages dites d’Auvergne, sont extrêmement renom¬
mées. Bonne auberge, à l’écu de France. L’ excursion
à la vallée de Royat , renommée pour son site sauvage
ses fruits et ses fontaines, est l’une des plus intéressantes1,
9. Charmante route, parsemée de vignobles (les vins
de la Chaise sont estimés) d’agréables côtenux, de bourgs,
de châteaux etc. surtout Pamphitliéâtre de verdure de
Chaseuille , à '/% lieue de Varennes , où l’on admire aussi
le château de Gaëte , converti en hôpital. Vers le midi,
on apperçoit dans les nues, dans un lointain de 12 à 15
lieues, le Puy - de Dôme , et le Mont d'or, montagnes
fameuses. On gravit le premier par deux côtés , l’un an
nord, l’autre au sud. A 4 lieues de St. Gerand, est ht
petité ville de Vichi , avec ses eaux thermales , juste¬
ment célèbres. Le voyageur traverse un rameau des mon¬
tagnes , les premières proprement dites sur cette route,
quoique ‘d’élévation médiocre.
eoo LA FRANCE. ITINÉRAIRE.
k>. A Police on voyait Avant la révolution le tom-
beau du Maréchal de Chabannes , tué à la bataille de
Pavie. JL.es basreliefs é, talent d’un, bon goût. Le châ¬
teau de cette famille se fait remarquer de loin par son
élévation, et de près par son délabrement.
il. Ncu9 voici sur des hauteurs très - dominantes: le
pays e9t froid, humide; couvert de bois ça et laj de teras
en tems vous découvrez des perspectives très - riantes,
puis tout à coup de vastes vallées , des étangs ménagés
dans le penchant des gorges, d’innombrabJes troupeaux,
paissant et mugissant dans ces pâturages.
~ , , ü
’.12. Population , ip — 12,000 h. De Roanne à Lyon il
y a plusieurs montagnes à passer, et on va toujours en
montant et descendant. A Roanne , la Loire commence
à porter bateaux. Le collège est un beau bâtiment. On
trouve dans cette ville des rues larges, de belles mai-
sens, de bonnes auberges, de bains publics, une salle
de spectacles, et de plus, le bon ton, de l'élégance, et
de belles femmes. La révolution n’a pas pu introduire
ses excès, dans Roanne. Les meilleurs vins sont ceux de
Renaison et de St. André , Le pont de bois est beau,
quoique provisoire. Le principal commerce consiste
dans l’entrepôt de celui de Lyon et de Paris.
13. Des particuliers sont dans l’usage., de tenir des
boeufs au bas de la montagne de Tarare pour aider à
monter les voitures. Le nombre et le prix pour chaque
paire de boeufs, est fixé par un tarif. Aux Echelles ,
l’on découvre ce superbe horizon, qui fuit jusqù’au
Pilot, tourne vers les mpnts de la Savoie, et n’est borné
que par le St. Bernard. A Amas bonne auberge; la
montagne pyramidale qu'on voit en face, est le mont
Poppée , devenu fameux par le combat entre les Lyon¬
nais fugitifs, et l’armée révolutionnaire.. Les mines et
LA FRANCE. ITINÉRAIRE. 201
fonderies de cuivre de Chaissi , sont à une lieue de l'Ar -
brcle à peu de distance du dernier relais de la Tour : sur
la droite, le château de Charbonnières , renommé k
Lyon par les eaux minérales de son parc.
21 b. Route de Paris à Lyon , par Melun , Auxerre ,
Autun et Maçon .
C’est la plus courte et la plus abrégeante , de tontes
les routes de Paris à Lyon.
Postes ,
de
France.
2
1/2
I7&
Noms.
Charentôn.
Villeneuve . St,
Georges.
Lieusain,
Melun.
L’Ecluse.
Montereau.
Villeneuve -
Guiard,
Pont-sur-Yonne
Sens.
la -
0. Rouvray.
Postes
de
France.
1
il
2 ‘/z
2
2^
m
v/z
Noms.
Roche en Berrçy
Saulieü.
7. Pierre - Ecrite.
Chissey.
8- Autun.
I St. Emilan.
1 9. St. Léger.
10. Chalons - sur -
I Saône.
| xi. Maçon.
1 12 Lyon,
Ob s erv a tion s locales.
x. A droite, en sortant, le charmant parc de Bercy ,
et les jolis jardins de Conflans: k gauche la vue impo¬
sante du fameux donjon de Vincennes. La maison de
brique a l’entrée de Charentôn , est celle de la belle, Ga-
brielle de Ver gy. Dans le château d 'Alfort l’école vété¬
rinaire, son jardin botanique , son beau cabinet d’anato- ,
mie, et le buste de Bourgelat. *A Charentôn l’ancien,
couvent de la charité, k présent maison de santé pour
les fous.
2. Jolie campagne, belles vues, une infinité des mai¬
sons ae plaisance * lè village Ci* Mont ger on en est pres-
Guide des Voy , T. II. S
202 LA F Pi ANGE. ITINÉRAIRE.
que composé. La route dans la forêt de Senars est dif¬
ficile en toute saison.
3. Melun. Population .6,000 â. Une société d’agricul¬
ture : des bains publics etc. C’est le Melodunum de
Jules - César.
4. Monter eau, a une fabrique de faïence anglaise; dans
l’église gothique onj garde l’épée du Duc de Bour¬
gogne: cette petite ville plaît par la gaîté de sa [si-
tuation.
5. V. No. 14.
6. V. No. 14.
7. Contrée de plus en plus montagneuse : le nom de
JPierre - écrite date d’une pierre tumulaire, avec une in¬
scription à demi - effacée.
8. Autun. □ la bienfaisance. On admire à Autun
le temple de Janus , à (Iroite du pont d’entrée; et les
portes d 'Arroux, (par où l’on entre), et de St. André ,
monumens Romains , digne de toute votre attention. H
y a encore une tour d’un temple de Minerve; la masse
pyramidale, dite Pierre de Couars, au milieu du champ
des urnes ; un reste d’ancien pavé, dans une rue de la
ville etc. Mais les vestiges de quelques temples et d’un
amphithéâtre, disparaissent, parceque depuis longtems
ou les regarde comme une carrière. V. Histoire de la
ville d' Autun, par Gaston Rosny. Autun. 1802. 4. Le
champ de Mars est une grande et belle place. Le choeur,
et le maître - autel dé ta cathédrale sont richement dé¬
corés. Les restes du monument de Jeannin, détruit par
la révolution, se conservent à la bibliothèque. Belle
fontaine sur la place. Le plus bel édifice, le^Séminaire,
est une fabrique de toiles de coton. Population 10,000 â.
Mont - Cénis et les usines de Crcusot , voisins l’un de
LA FRANCE. ITINÉRAIRE. 203
l’autre , sont renommés par la manufacture des cristaux
la plus perfectionnée, et la fonderie des canons la plus
considérable de la France. Le chemin de traverse, qui
s’y rend d’Autun, passe près du beau château de Monjeiet
et traverse Marmagne , cher aux amateurs d’hjst. nat.
La manufacture des cristaux, imite toutes les pierres
précieuses; et la lustrerie est la plus parfaite, peut-être,
de l’Europe.
9. On franchit ,les plus hautes montagnes de cette
route; le passage est estimé à environ 600 mètres au-des¬
sus de lamer. De la petite ville de Couches un grand cher
min aboùtit aux établissemens de Creusot , dont elle est
plus près qu 'Autun d’environ une lieue.
iq. V. No. 14, obs. loc. il,
11. V. No. 14.
12. V. No. ao.
32» Route de Paris à Marseillet par Lyon , Valence ,
Avignon et Aix.
Postes
de
France.
&
i'/z
ï'/z
1/2
Noms.
Postes
de
France.
1. Lyon.
F/z
St. Fons.
2
St. Simphorien.
2
2. Vienne.
x'/z
Auberive.
l'/z
-Péage de Rous¬
I '/z
sillon.
l'/z
St. Rambert.
St. Vallier.
1
3. Tain.
2
4. Valence.
2
Paillasse.
2
Loriol.
2
Derbierres.
2
102%
Noms.
Montélimart.
5. Donzere.
La Palud.
Mornas.
6. Orange.
7. Sorgues.
8- a. Avignon.
St. Andiol.
8- b. ürgon.
Pont - Royal.
St. Cannat.
9. Aix.
10. Pin.
11. Marseille.
204 LA frange, itinéraire.
Observ a t i\ons locales.
ï. Voyez No. 21. a et b. Note 14. De Lyon à Vienne ,
on a une très - belle vue des Alpes. (Sur le voyage par
eau à Avignon ; V. à l’article de Lyon. Les rives de
chaque côté, sont bordées de rochers , de vignes et de
châteaux; mais la rapidité du Rhône effraye les person¬
nes timides, et il faut un bateau solide , et des bateliers
experts.)
2. Population suitr. l’A. 10,362. Q la concorde. On y
▼oit un amphithéâtre, un arc de triomphé et un tem¬
ple d’Auguste , où siège à présent le tribunal de com¬
merce. Cette ville renferme de plus, nombre d’autres
xnonumens, et principalement des mosaïques et des in¬
scriptions curieuses. Cette ville s’embellit par des rues
neuves, par l’agrandissement de la principale place, où
l’on remarque la façade moderne de l’hôtel de ville. Il
y a une école de dessin et une école secondaire, une
bibliothèque, un musée, qui contient, avec le cabinet
de M. Schneider , des objets intéressans. Une salle de
comédie; des bains publics. Le fort \Pipet est moitié go¬
thique, moitié romain. La belle cathédrale, se distin¬
gue par son portail et par sa nef; elle possède le beau
mausolée de JVlontmorin. Les mines de plomb, sont
très riches, â 40 pour cent, et 2 onces d’argent par quin¬
tal. Entre Vienne et Auberive , mais de l’autre côté de
la rivière, est situé le coteau, fameux par le vin de côte-
rôtie. La montagne de Tupain donne le meilleur vin de
ce nom. Les lames d’épée de Vienne , jouissaient jadia
de la plus grande réputation. On trouve beaucoup d’at'
teliers à Vienne, mus par les roues et par l’eau. Le mo¬
nument que l’on voit entre le Rhône et le grand che¬
min sur la route, ou l’ Aiguille , est un tombeau Ro¬
main et mérite l’attention des curieux, par sa forme
et sa bâtisse: sa hauteur e$'t de 42 pieds. 11 est dû un
LA FRANCE. ITINÉRAIRE. 205
quart de poste en sus de la distance, sut la sortie de Stt
Simphorieu.
3. A 3. lieues de St. Vallier , (bonne auberge a la po¬
ste), Annonay et ses papêteries , où se font les pins-
beaux (papiers de France. Tctin est presque au pied de
la montagne de Y Hermitage , d’où vient le vin de ce
nom. Le vin blanc est supérieur au rouge. Du haut de
ce» vignobles, on jouit d’un superbe horizon. Au mi¬
lieu d’une petite place, on remarque le Taurobole,
trouvé à Tain , comme d’autres antiquités Romaines.
Avant d’arriver à Tain , on apperçoit le château de Pon-
sas , supposé d’avoir été la prison de Ponce - Pilate.
4. Population suiv. l’A. 7,532. O L'humanité : la sa¬
gesse. Auberge, chez M. Martin, très bonne. Le tom¬
beau de la famille Marcien formant un petit carré, est
non loin de la cathédrale. Cette ville a un territoire
très - fertile. Une école d’artillerie y est établie où le
génie de Napoléon se développa; de plus une école secon¬
daire et une société libre d’agriculture. Il faut voir le ca¬
binet de feu M. de Sucy chez ses soeurs. Belle vue de la
terrasse de l’ancienne abbaye où siège la préfecture; les
jardins et la vue du Gouvernement , oùlnourût le Pape
Pie VI. sont délicieux, il y a encore 2 ou 3 promena¬
des, salle de comédie, bains publics; la beauté du sexe
est renommée. En face de Valence est la côte de St. Pe •
ray, renommée chez les amateurs du bon vin. On passe
l 'Isère sur un beau pont de bois, construit sous Napo¬
léon. C’est dans la partie de cette route, entre Lyon et
Valence , qu’est établie la fameuse poste aux ânes, res¬
source des voyageurs peu aisés. Voyez ce que nous en
avons dit au chapitre 6. de ce Guide . De Valence , une
route conduit à Grenoble , en passant à Homans. C’est
une route de 16 lieues, et très - pittoresque: on suit le
cours de Y Isère, par une vallée charmante qui ressemble
2o6 LA FRANCE. ITINÉRAIRE.
par tout à un jardin. Le val d e Varepp e frappe par la
forme grotesque ûe ses monts et rocs, et la double cas¬
cade du Rusan est superbe. Le pont de la Drôme , con¬
struit entre Valence et Montélimart , est remarquable
par la grandeur de ses arches, et pas sa hauteur. On y
apperçoit la tour du château de Crest , prison d’état.
Le vin blanc de Montélimart , appelé Clairette de Die,
mpussfcomrae le Champagne. La poste de Montélimart
est une bonne auberge. Les volcans du Vivarais , sont
dans le voisinage. En venant de Loriol , on est frappé
par trois roches pyramidales de lave, et d’une forme
singulière. Au bas sont situé Eochemaure , et les ruines
pittoresques du château de ce nom, renommé pour la
beauté de le vue.
5. A 3li-eues d q Donzère, Grignan , célèbre par les let¬
tres de Mad. de Sèvignè ; le beau château a été démoli
dans la révolution, mais la tombe de la Sévignc , a été
conservée dans l’église, comme par miracle. Avant d’ar¬
river à Palud , à demi-lieue à gauche, est situé St. Paul,
l’ancienne Augusta Tricastinorum. Tout ce pays' Tri-
eastin est infiniment curieux, tant par ses monumem
anciens et les antiquités qu’on y déterre, que parles
productions naturelles , et les fossiles que renferme la
montagne de Ste. Juste, surtout celui apelé fungo-pseu-
io - dentalites. — Qu.and on descend la colline près de
Donzère , on commence d’appercevoir la plaine du Com -
tat. Les vins rouges de Donzère sont estimés. C’est de
l'autre: côté du Rhône, que croît le délicieux vin de Pé¬
rès. A St. Andéol, le rocher, où était le temple du Dieu
Mythra. L ouverlure est presque bouchée, et le relief
presque efiacé, par les coups de pierre que jettent les en-
fans. De la. Palud, au célèbre Pont St. Esprit. 2. lieues. Ce
Pont, qui depuis 5 siècles brave par la hardiesse de sa
construction l’impéluosit é du Rhône, est décrié parle dan¬
ger imaginaire du passage des bateaux sons ses arches.
LA FRANCE, ITINÉRAIRE. 20?
6. L’arc de triomphe de Marius , où passèrent en
triomphateurs les conquérans des Gaules, fut dans le
teins du terrorisme révolutionnaire métamorphosé en
lieu de supplice. Il y a de plu9 les restes d’ün cirque,
ou plutôt d'un théâtre, le plus entier de tous ceux, qui
ont été conservés. C’est à présent, en partie, une prison»
Auberge, à la poste. Population suiv. l’A# 7,270.
7. On apperçoit de loin la haute montagne, le Ven-
toux. Non loin de Courtezon , ancien relais, un petit
lac salé , sur les bords duquel croissent des plantes ma¬
ritimes. Le |oli monastère de Gentilly , est à présent la
propriété d’un particulier.
8. a.) En allant d’ Avignon à Toulouse , on passe par
Nism.es et Montpellier. Nismes n’est éloignée que de 5
postes, et il vaut bien la peine de voir cette ville, même
si l’on ne prend pas la route dé Toulouse ou de Mont¬
pellier. Nismes , grande ville de 59594 âmes suivant l’A«
(□■ Le bienfait anonyme: la philanthropique: la triple
union éprouvée.) est l’ancienne Nemausus , et la ville
la plus féconde en monuracns antiques; l’amphithéâtre 5
la maison carrée; le temple de Diane; la tour - magne
etc. Nismes a de très - beaux édifices modernes : le pa¬
lais de justice avec l’esplanade, l’hôpital, la nouvelle
salle du spectacle etc. des superbes promenades etc. une
académie soua le nom , académie du Gard , et un cabi¬
net d histoire naturelle et d’antiques. On y fabrique des
toiles peintes, il y a des tanneries, des teintureries, sur J
tout celle du coton en violets Les bas de soie au métier^
ne sont nulle part à aussi boa compte. On trouve au*
environs, sur une espèce de petit choux, une graine
rougeâtre, nommée vermillon. (V. Topographie de la
ville de Nismes, par Vincens. Nismes, XI. in 4P.) Le
pont du Gard , ouvrage des Romains, est à 3 lieues de<
Nismes, C’est un aqueduc , qui traverse le Gardon , et
208 LA FRANCE. ITINÉRAIRE.
réunit deux montagnes escarpées. (M. Vaysse d e Villiers ,
préfère aux ponts St. Esprit et du Gard, un ouvrage
étonnant de la nature, à 9-10 lieues du pont St. Es -
prit , dans l'Ardèche; ç’es,t le pont d' Arc , immense ar¬
cade de 60 p» de hauteur et 150 d'ouverture, formée d’une
roche calcaire.) Tarascon (Q La fidélité.) par où l’on
passe, en allant d 'Aix à Nismes , est une ville élégante
et belle, pleine d’agrémens, entourée d’un grand nom¬
bre des moulins à huile, et célèbre par la beauté du
sexe, qui ne le cède en rien à celui d 'Arles dont la
beauté est renommée partout. C’est une chose qui frap¬
pe le voyageur, que la beauté, la tournure, et la mise
du sexe dans les villes qui sont sur les bords du Rhône,
depuis Lyon jusqu’à Arles. L’air est bon à Tarascon ,
quoique peu distant d'Arles. Il faut voir à Tarascon , le
château, avec la belle vue de sa plate - forme; et le
beau tombeau de Ste. Marthe, à l’église de sou nom.
L’insalubrité de l’air d’^rZ^r, vient de l’étonnante quan¬
tité de terrain en marais Salés et d’eau douce, et du voi¬
sinage des étangs de l’île, la Camargue. On voit à la
Camargue des chevaux en troupeaux, connus sous le
nom de manade de rosses : ils servent en troupeaux au
battaga des blés.
Arles ; Population , 18,600 h. est célèbre par le grand
nombre de ses antiquités, p. e. l’obélisque, haut de 6r p.
La tour Roland; le palais de la Trouille; la colonne
Constantine ; 1 es Aliscamps ou champs Elysées. On y
a établi un Musée trés-riche eu antiquités. Pour se pro¬
curer la vue des campagnes, montez au haut de la tour
de l’hôtel de ville.
8. b) Un nouveau pont de bois, d’une longueur pro¬
digieuse , traverse le torrent de Durance. A St. Andiol ,
le canal des Alpiftcs, commencé en I783i et pas fini: il a
pri9 son nom.de la petite chaîne des Alpines , qui com-
LA FRANCE. ITINÉRAIRE, 209
mence à Orgon , et se termine près Tarascon. Avant
d’arriver à St. Cannat , on passe par Lamlesc : et à 5
lieues de là, Salon : v. tableau à' Aix , Mélanges.
9, V. le tableau de villes.
ïo. Les montagnes entre Aix et Marseille sont rem¬
plies de poissons pétrifiés, ou des ichtyolites dans des
carrières de plâtre. Entre Aix et JP/n-, les belles plan¬
tations et eaux dü château â'Albertas. Environ une
demi -lieue en avant de Marseille , on descend une hau¬
teur, d’où l’on jouit de la vue la plus magnifique du
côté du l’c3t et du nord-est. C'est la célèbre Vista , et
le plus beau point de vue est a droite, ;à la dernière
maison ou auberge. Les deux tiers de la circonférence
de la ville sont bordés de haute* montagnes, et d’un
grand nombre de petites collines. Ces collines sont si
garnies de maisons de campagne, que, dans l’étendue
de quelques milles, toute la contrée ressemble de loin
à un faubourg immense, rempli de maisons et de jar¬
dins. Au milieu de ce magnifique canton, on voit la
ville située, en partie sur le penchant des montagnes
voisines, en partie dans les vallées ou à l’entour du
port. Les hauts rochers qui sont à l’entrée du port , les
forts qui y sont élevés, plusieurs îles élevées et occu¬
pées par deux châteaux, situées hors du port et dans la
baie, le jeu varié des eaux, et le grand nombre de
grands et de petits vaisseaux qui entrent et qui sortent,
donnent à ce grand et magnifique tableau une vivacité
et une variété, qu'on ne saurait regarder sans admira¬
tion. Cette route est très - incommodo à cause de la
poussière de chaux, qui s’élève sur le chemin. Il passe
tant de voitures sur ce pavé de pierre calcaire, que sa
surface est moulue et réduite en poudre. Comme lo
vent ne peut y donner ni emporter la poussière, à causo
de l'élévation des murailles qui environnent les jardins
210 LA FRANCE. ITINÉRAIRE,
et les maisons de campagne , on marche dans un nuage
continuel de cette ^ouisière , dont i tontes les maison»
et les arbres sont si couverts, qu’ils paraissent aussi
blancs que s’ils étaient dans un mouliu.
il. V. tableau de villes.
23. Route de M ar s eille à Montpellier .
s
Noms .
Uchaut.
L,unel.
Colombières.
3. Montpellier.
Postes
Postes
de
Noms.
de
France.
France.
10
I. Orgon-
i|4
2
2. St. Rémi.
1%
2 /
3. Tarascon.
m
4. Curbussot.
l'/z
5, Nismes,
2314
Observations locales.
t. V. No. 22.
2. En allant dé St. Remy a Tarascon y et en payant
un quart de poste de plus, on peut voir dans le voisi¬
nage, les beaux restes d’un ancien temple Romain, et
un mausolée, parfaitement conservé. Chez M. de Lagoyy
un médailler, et une riche collection de dessins, dont
quelques-uns sont de Raphaël et de Michel- Ange.
3. Y. No. 22.
4. Avant que d’atteindre Curbussot on passe par
Beaucaire , au delà du Rhône , Beaucaire et Tarascon -
sont situés sur les deux rives de ce fleuve, et communi¬
quent par un pont de bateaux, que l’on ôte dans les
mois de Janvier et Février, à cause des glaces qui cou¬
vrent la rivière, mais qui sont rarement assez fortes
pour porter des voitures. Les voyageurs les traversent
à pied, et les malles sont' transportées à dos de mulet»
•u d’hommes,- La fameuse, foire de Beaucaire se tient
LA FRANCE. ITINÉRAIRE. 211
le 22. Juillet et dure 3 jours. L’affluence est alors si
grande, que beaucoup d’étrangers et de négocians avec
leurs marchandises, campent le long du Rhône, sou»
des tentes et des baraques de planches. Il n’y a point
de marchandises, quelques rares qu’elles soient, qu’on
n’y puisse trouver. Le canal de Beaucaire à Aigues-
Mortes , est terminé, et la navigation ouverte.
5. V. No. 22. Note 8- a. Lunel est une petite ville,
connue par ses vins muscats, dont la bouteille se vend
£0 sols sur les lieux; on recherche de même 9es confitu¬
res sèches, ses raisins muscats secs, en petites caisses, et
ses bas de soie. Un canal de communication va joindre
celui de Languedoc à Aigues mortes.
6. V. tableau de villes.
24* Route de Marseille à Toulon.
Postes
de
JS oms.
Postes
de
Noms .
Frdnce.
2
Aubagne.
France.
2
Beausset.
1 '/z
Cujes.
2
Toulon .
7 Yz
Observations locales ,
On passe la première lieue, entre les tristes et haut»
mur» de clôture d’un nombre infini de bastides ; et tout
ce qu’on y rencontre en été, est couvert d’une poudre
calcaire et blanchâtre. On fabrique à Aubagne beaucoup
de pôterie. A une demi -lieue de Cujes , le château de
Gemenos , fameux par ses jardins et ses belles eaux. Le
bois de Cujes était redouté pour les voleurs. Les câ¬
priers commencent à garnir le chemin.
En sortant des antres et des arides rocs de Vaux d’ÜL
lioules , et en s’approchant de la ville d Ollioules , on
ai» L A FRANCE. ITINÉRAIRE.
te croit transporté, comme par un coup de baguette ma¬
gique, au milieu des Jardins des Hesperides. V. tableau
de Toulon. Il est dû un quart - de - poste en su* de la di-
«tance, pour les deux sorties de Toulon.
25. Route de Toulon à Nice , par Antibes,
1
Postes
de
Noms,
Postes
de
Noms.
France.
2
Solliers.
France,
* 2
1. Fréjus.
■ 2'/Z
Pignan.
2
2. L’Estrelies
2
Luc.
3
3. Cannes. ^
*'/2
Vidauban.
2
4. Amibes.
i'/z
Muy.
4
5. Nice.
22/2
Observations lo c al es.
Sur la route de Luc à Fréjus , on est affecté de la
pâleur des habitans ; les exhalaisons des prairies maré¬
cageuses altèrent l’air et la santé, mais on est frappé de
la fertilité du pays. La montagne Roquebrune , est la
plus elevée de la chaîne, que l’on a à sa droite , sur les
bords de la mer.
1. Population 2,756 â. La parfaite égalité. Cette
ville qui sous les Romains portait le nom de Forum Ju¬
in, et qui n’offre que des rues désertes,, conserve encore
les restes de son ancienne splendeur. Entr’autres , un
arc de la porte Romaine, bâtie par Jules César , et les
débris d’un aqueduc d’uu cirque, d un temple antique
etc. Ce fut à St. Raphaël, petit port de pêcheurs, à f/z
lieue de Fréjus , que Napoléon. débarqua à son retour
d’Egypte. On trouve dans ses environs des améthystes,
du jaspe, des cristaux etc. C’est surtout au mois d'Août,
que l’air de Fréjus est chargé de miasmes pestilentiel*.
2. A l’auberge de 1 ' Estrelle , il y avait un poste mili¬
taire,, pour escorter les couriers et les voyageurs , mo-
LA FRANCE. ITINÉRAIRE. 313
yennant une contribution convenue. La route ci-de¬
vant si difficile* et scabreuse , a été rendue depuis 1808»
très - bonne.
3. Cannes est encore plus insalubre que Fréjus. L’au¬
berge de i'inchine , isolément située sur un rocher qui
borde la mer, plaira aux amateurs des belles positions
maritimes. On y a en face les îles de St. Honorât et de
Ste. Marguerite. L’histoire de l’homme au masque de
fer, dont oh montre encore la prison, a donné de la cé¬
lébrité au fort de Ste. Marguerite. C’est près de Cannes,
dans le Golfe de St. Juan, que Napoléon mît pied à
terre, en igig, venant de l’îsle d’Elbe.
4,. Du bastion du couchant à Antibes l’on a une très-
jolie vue sur la ville , sur la mer etc. Le port en arca¬
des est charmant. On voit les restes d’un théâtre Ro¬
main, d'un aqueduc, des inscriptions etc* Les jardins
sont remplis d’orangers et des charmantes promenades
longent la côte. Auberge , chez Mr. Balice. J}' Antibes
à Nice , grande plaine près de la mer, où l’on trouve
des haies de grenadiers, de myrtes et d’aloës. Entre An~
tibes et Nice • on passa le Var, ou sur un pont de bois
fort long et vacillant et souvent détruit , ou à gué. Il
est quelquefois si rapide , qu’il faut avoir des hommes
à pied, que l’on nomme ici Gaieurs , pour soûtenir la
chaise contre le courant du fleuve, de crainte qu’elle
ne soit renversée. Plusieurs voyageurs préfèrent à se
fier aux do* de ces hommes grands et robustes. Le blé
est en épi avant la fin d’ Avril , les cerise* sont presque
mûres dans le même teins, et les figue* commencent îi
noircir: Population, suivant l’A. 5,270. O. La Con¬
stance, Passé le Var , on sent déjà le climat d’Italie/
et l’on trouve un pays plus riche et un plus beau ciel,
on appetçoit aussi pour la première fois, les mouches
luisantes, de la famille de* scarabées. Grafse , jolie ville
Guide des Voy. T. TL T
214 LA FRANCE. ITINRAIRE.
à 5 lieues d’ Antibes et à 4 de Cannes est célèbre par ses
savonnettes et ses parfums, dont le commerce embaume
les deux mondes, et par toutes sortes de jolies bagatel¬
les en bergamottes/ et en écorce de citrons et d’oranges.
De la promenade publique, la vue sur la campagne est
délicieuse.
5. Voyez le tableau de villes d’Italie.
26. Route de Paris à Metz , par Meaux et Verdun *
Postes
de
France ,
2
2
*'/±
Z
2
I Yz
I
i'/z
pïoms.
1. Bondy.
2. Clayes.
3. Meaux.
S. Jean.
4. La Ferté - sous -
Jouarre.
Ferme de Paris.
5. Château Thierr3r.
Paroy.
Dormans.
Port - à - Binson.
6. Epernay.
Jalons.
7. Chalons - sur
Marne.
Postes
de
France.
l 'A
2
2
*Zz
£
Noms.
Pont - de - Som¬
me - Vesle.
OrbevaL
St. Ménéhould.
Clermont - eu -
Argonne.
Domballe.
8- Verdun.
Manheule.
Harville.
Mars - la - Tour.
Gravelotte.
9. Metz.
S9'/z
Observait ions locales.
1. Bondy a donné son nom a la forêt près de laquelle
ce village se trouve, et qui renferme 1,178 arpens
2. On traverse de Paris k Meaux la plaine , fameuse
par la retraite des Suisses , sous les ordres de Pfyffer
en 1567, qui se frayèrent un chemin k travers les enne¬
mis , et escortèrent Charles IX. , Catjièr.ine de Mèiicis
et son troupeau, ou les belles femmes de sa cour bril¬
lante, en toute sûreté k Paris.
3. Population, suiv. l’A. 6,648- Des coeurs fidèles.
Bonne auberge aux trois couronnes. Cette ville est si-
LA FRANCE. ITINÉRAIRE, 215
tuée dans une fort belle plaine, sur la Marne. On a
planté une promenade assez bien entendue , sur les
bords de cette rivière. Le choeur de l’église cathédrale,
mérite l’attention des connaisseurs par son architecture,
qui est généralement estimée. La belle place , qu'on
nomme le marché , est. une presqu’île. On remarque
aussi la fontaine publique Ae Provins. Il se fait à| Meaux
d’excellens fromages soas le nom de fromages de Brie ,
connus de toute l’Europe par leur délicatesse. A. Meaux,
une belle halle; un musée; et une société d’agriculture.
On fait ici un grand commerce, avec les écailles du
poisson, appelé albe , pour faire des fausses perles.
4. Petite ville qui a un hôtel - Dieu et de fort belles
promenades. Auberge; à la ville de Metz. Sanglante ba¬
taille de 1814* Toutes ces contrées ont été le théâtre et
les témoins ôes combats de 1814.
5. C’est la patrie de Lafontaine. Il y a de jolies pro*
menades de long du fleuve, couvert de barques. Auberge,
a la Sirène. A une lieue de la ville le parc et le joli
château du Comte de Bueil,
6. Son territoire n’est fertile qu’en vins délicieux de
Champagne: ils sont les plus renommés du départe¬
ment. Ce sont les vins A' Aï , A’ Hauvilliers , de Pierry
etc. Les caves et les dépôts de vins de champagne, de
M. Mo'èt , renferment plusieurs centaines de mille de
bouteilles, et sont une chose unique. Il y a h Epernay
une fabrique de pôterie h l’épreuve du feu.
?• Population , suivant l’A. 11,120. Q St. Louis de
Bienfaisance. Auberges à la pomme d’or: k la ville de
Nancy. Chef -lieu du département de la Marne. L’hô¬
tel de ville, les flèches et le jubé de la cathédrale, et
son autel d’un beau marbre; le Jard , la plus belle pro-
316 LA FRANCE. ITINÉRAIRE.
jnenade peut-être que possède la France. Il y a dans
cette ville des fabriques de petites .étoffes de laine et
des tanneries, et l’école militaire, fondée sous le gou¬
vernement dernier. Les plaines voisines sont le champ
de bataille de la défaite d’Attila, par les Romains et le*
Francs. Il est dû un quart de poste en sus de la distan¬
ce, sur toutes les sorties. A St. Ménéhould, k l’auberge
de l’hôtel de ville, Louis XVI. fûtrreconnu dans sa fuite.
Près de St. Ménéhould le champ de la canonade de Val -
my , et dans son canton, une excellente manufacture de
faïence.
8- Population sniv. l’A. 9,136- La franche Amitié.
Ses fortifications sont de Vauban. Elle fut prise par
l’armée Prussienne en 1792. Les îles que forme la Meuse,
rendent ses dehors charmans. Chevert , ce grand Géné¬
ral, nâquit à Verdun. Les anis , les confitures sèches,
et surtout les dragées qu’on ÿ fait, jouissent de la plu»
grande réputation au dedans et au dehors de la Fran¬
ce. M. Roux , vis-a-vis de l’hôtel des trois Maures,
*tait en 1811 le plus célébré confiseur. On trouve dau»
les vignes de Verdun, du côté de Clermont , un marbre
lumachelle, appelé marbre des Argonnes ; on entaille
des tables, des plaques etp. d’un assez beau poli. Non
loin de Verdun, est Varennes, célèbre par la catastrophe
de Louis XVI. dans sa fuite.
9. Population, suivant l’A. 32,099. Q L’école de la
sagesse : St. Louis du triple Acçord. Auberge , à l'hôtel
de France. Cette ville est fameuse dans l’histoire par le
siège de 1552. Les fortifications ont été rasées. Les ca¬
sernes sont magnifiques. L’église principale est belle,
et une baignoire antique de porphyre, y sert de fonts
baptismaux. La place Coislin, et l'école d’artillerie.
L’hydromel ; des confitures de mirabelles et de fram¬
boises blanches, très - estimées j des verreries considéra¬
bles. Frascati , maison de plaisance des anciens évêques
LA FRANCE. ITINERAIRE, 217
eafc très -jolie. Sur la montagne du Gedard , le télégra¬
phe. Il est dû un quart de poste en sus de U distante
sur Joutes les sorties.
27.
Postes
de
France.
■ AM
2%
3
i'/z
2 Yz
2
zVz
23/4
t'/z
*/z
3
■2
23/4
i'/2
Route de Paris à Perpignan .
Noms.
Postes
de
1. Limoges.
France.
r'/z
Pierre - Buffière.
2'A
Masseré.
1 Yz
2. IJzerches.
1 Yz
St. Pardoux.
1 Yz
Donzenac.
m
Brives.
*Yz
Cressensac.
I
3. Souillac.
2 'A
Peyrac.
2
Pont- de - Rodes.
r Yz,
Places.
2
4. Cshors.
Madeleine.
2
2 Yz
Caussade.
2
5 Montauban.
1
Grisolles.
2
Noms,
St. Jorry.
6. Toulouse.
Castanet.
Bassiège.
7- Villefranclie. ,
8. Castelnaudary.
Ville Pinte.
Aizonne.
9. Carcassonne.
Barbeyra.
10. Moux'.
Gruscades.
Ti. Narbonne.
Sîgeau..
Fit fl u.
Salces. ' ;
12. Perpignan.
117&
O i s erv ations toc aies.
I. Voyez No. 7. Un embrandhement de route part
ü'Uzerçhes pour le service du Cartal: en passant par
Tulle. A Tulle la manufacture royale d’armes à feu ; on
y fait surtout des pistplets très - beaux et très - sûrs On
fabrique à Tulle des ras. .L’habitude de faire cettè sorte
de dentelles , que les modistes de Paris appelent du
Tulle , est h. • peu - près perdue dans le lieu où elle
paraît avoir pris naissance. Il n’y a plus que quelques
religieuses, qui en conservent la tradition.
2. Petite ville dans un vallon riant, qui l’a fait sur-
nommer la gaillarde-, l’hôpital et le ci - devant collège
sont des édifices modernes, d’uh bon goût. Brives a des
fabriques de coton. C’est la patrie du fameux cardinal
218 LA FRANCE, ITINÉRAIRE,
■i Dubois. Les foires de Privés , dites foires, grasses , st
tiçnnent au mois de maïs. Le rocher volcanique de
JPvlignac est intéressaut à voir, et le champ dite Tinté *
niac offre beaucoup de restes d’antiquités.
‘ ï f J v v \ *• v ; •.S**' f >...
3 Le maître de poste de Souillac est autorisé à jfaire
r.têler une paire de boeufs, sur toutes les voitures 04
roues qu’il conduit, soit à Peyrac , soit à Cressensac,
laquelle lui sera payées francs, compris le pour -boire
du bouvier.
4. Population, suivant l’À. 11,228. La parfaite
Union. Dans l’un des faubourgs, on voit les restes d’un
amphithéâtre Romain. La cathédrale est regardée com¬
me un ancien temple pâyen. Cètte ville a des fabriques
de drap fin et de ratines. Cahors fournit aussi d’excel-
lens vins rouges, des truffes etc*
5. Population suiv. VA. 21,950- Q La parfaite Union.
Cette belle ville , a une place bien régulière, environ¬
née d’un double rang d’arcades; et une fort belle église
principale. On y trouve des fabriques de cadis, et des
manufactures de plusieurs petites étoffes de soie, et de
bas de soie d’assez bonne qualité. La situation de Mon -
iauban domine une des plus belles plaines de la France.
On a découvert près de Moissac une fontaine antique
fort curieuse.
6. Population suivant l’A. 50,171. □ Au nombre de
beuf, dont les quatre suivan9 forment la loge provin¬
ciale, savoir l’Encyclopédique ; St. Joseph des arts; la
Sagesse: les Coeurs réunis. On y remarque surtout la
façade de l’hôtel de villej. appelé le Capitole et qui passe
pour le plus magnifique de la France et pour un su¬
perbe morceau d’architecture: on y voit quelques bons
tableaux de Coypel , Jouvenet etc, et la statue de Cte~
LA FRANCE. ITINÉRAIRE'. 219
vnence lscLiire , fondatrice de la maison et des jeux flo¬
raux. Le pont de 810 p. de longueur sur 72 p. de lar^
geur, avec un arc - de - triomphe , ouvrage de Mansard,
est un des plus beaux de l’Europe. De ce pont, on voit
les Pyrénées t et les Cévennes. Dans un caveau de la
ci-devant église des Cordeliers, l’on voit de» corps mort*
desséchés, et rangés autour du mur; spectacle hideux-.
Dans l’église des Dominicains le sarcophage de Thomas
Aquin. Toulouse es t un vaste labyrinthe de rues étroi-
tes et tortueuses. Le palais de l’archévêqme est magnifi¬
que. Peu de villes ont des promenades aussi étendues
et aussi agréables que Toulouse. Il y a une fonderie de
canons, des manufactures pour lès draps fins , d’étoffes
de soie , de gazes, d’indiennes, de couvertures en laine
et en coton etc. Il y a ici une académie , le lycée, les
3 sociétés des sciences et arts, de médecine, des jeux
floraux, une bibliothèque publique, un jardin botani¬
que, un observatoire: on trouve ici la seule association
d’assurance contre les dégâts de la grêle, qui existe. Le
produit annuel du moulin de Basacle est de 40,000 écus*
A 1000 toises de la ville le canal de Languedoc se réunit
à la Garonne. Le canal s’étend dans l’espace d’environ
60 lieues, c’est à dire, depuis le port de Cette. Ce canal
du Midi ou de Languedoc , exécuté sous Louis XIV. par
Biquet, sur le plan et les mémoires Andréossy , fut
commencé en 1666 , et achevé en 1680. Il a coûté 14 mil¬
lions de livres , ce qui équivaut aujourd'hui presqu'au
double. Ce canal a 62 écluses; il est traversé par 72
ponts, il passe lui -même sur 55 aqueducs. ou ponts, pour
donner passage à autant de rivières qui coulent au -des¬
sous du canal. Il est dû un quart de poste en sus de la
distance, sur Castanet et Monbert, et une demi-poste
sur St. Jory et Leguevin. En 1814 , Wellington y gagna
une bataille sanglante. En 1762 Toulouse vit le supplice
de Jean Calais , victime du fanatisme religieux.
320 LA FRANCE. ITINÉRAIRE,
7- Crousac, a 4 lieues de cette ville, est un village
renommé -par ses eaux minérales, et pour le goût déli¬
cieux de la chair de ses montons.
8. Q Les Amis réunis de l’Encyclopédique ; les en-
fans de l’Unioü triomphante. La ville est située sur le
canal de Languedoc , qui forme ici un bassin de 600 toi¬
ses environ, dans son pourtour. L’hôtel de ville a quel*
ques belles salles et une vue des plus agréables.
9. Population suiv. l’A 15,219. □ Les commandeur»
du Temple ; la Persévérance. Carcassonne a deux belles
places: l’église des ci-devant Capucins mérite d’être
vue; la fontaine de Neptune : la cathédrale; 1 hôtel de
ville. La manufacture de draps fins , est une' des douze
établies par Colbert. De Carcassonne on va a Barbeyrac
par le chemin de Trèbes , pour voir le canal de Langue¬
doc passer sur un aqueduc, qui sert de pont à la rivière
d'Orbe, et l’on compte une demi- poste déplus.
\Â ... \ • - ' b . : x< v iv»
10 Plaine abondante en vignes, olives, bleds, mû¬
riers, et entourée de rochers stériles.
11. Population suiv. l’A. 9,085. Q L’Amitié à l’épreu**
Ve. A Narbonne , les ruines de plusieurs édifices Ro¬
main», et le tombeau ruiné de Philippe - le- Hardi, dans
la cathédrale, remarquable par la hauteur de ses voûtes,
ét la hardiesse de sa construction ; à l’ancien archevê¬
ché , le chef- lieu de la 10. cohorte de la légion d'hon¬
neur. Narbonne est beaucoup plus riche en inscriptions
antiques qu'aucune ville des Gaules. De ISarbonne à
Beziers , sur le chemin de Montpellier , la montagne de
Malpas est percée de 120 toises, pour donner passage an
Canal du Languedoc. L’effet que produit un ouvrage si
extraordinaire sur le spectateur est sublime au plu*
haut degré. Une multitude de marches à chaque bout
LA FRANCE. ITINÉRAIRE. 22*
permet h la curiosité de se satisfaire avec la plus grande
attention. L'excellent miel, connu sous le nom de
miel de Narbonne , est très - recherché.
12- Population sniv. l’A. 10,000. L’Union ; la So¬
ciabilité} St. Jean des Arts; les frères réunis etc. L’é¬
glise principale est un fort beau bâtiment, auquel il ne
manque qu’un portail. L’hôtel de ville doit être visité.
L’eau à boire se tire des puits et des citernes, mais les
gens riches en font avorter d’une fontaine hors delà
ville. Les environs produisent d’excellens vins muscats,
de îliycsaltes , de Macabeu, de Grenache, de Malvoisie,
des eaux-de-vie très - recherchées, et des huiles, excel¬
lentes à manger.
28, Route de Paris à Pontarlier .
Postes
Postes
de
France.
Noms.
de
France
Noms.
1. Besançon.
2 ’
Grange d’Aleine»
2
1 '/z
Merey.
2. Ornans.
2
3. Pontarlier.
56&
Observations locales.
Entre Pontarlier, Genève et Lausanne , il y a des
ligences établies.
, 1. V. No 6.
2. Au voisinage d’un puits, qui, lors des ^grandes
pluies, se dégorge. On appelé umbres les poissons qu’il
jette.
3. Population suivant l’A. 3,880- Le château de Joux
qui sert de prison d’état et dans lequel mourût le fa¬
meux général - Nègre, Toussaint V Ouverture , protège 1$
passage. Ou trouve dans cette ville une jolie prome-
*22 LA FRANCE. ITINÉRAIRE.
nade : le mont * d'or dans le voisinage est célèbre par ses
pâturages, ses fromages en boites, et cet assemblage de
fleurs choisies , auxquelles on donne lé nom de vulné¬
raires ou de thé Suisse. Le plus beau spectacle dans
dette contrée est le lever du soleil, vu du sommet du
Mont-d'or . Il faut visiter dans les environs, le saut du
Doubs, l’église dans les grottes de Rèmonot , et la fon¬
taine ronde.
29. Route de Paris à Strasbourg , par] Châlons9
Bar - sur - O main , Nancy , Lunéville , P/oZz-
bourg et Saverne.
Postes
de
France.
Si
3
8
V/z
8
I
m
V/z
l'/Z
Noms.
î. Châlons - sur* -
Marne.
La Chaussée.
3. Vitry - sur -
Marne
Longchamp.
3. St. Dizier.
Saudrupt.
4. Bar -le - Duc.
Ligny.
r. St. Aubin»
Void.
Layes,
6. T oui*
Postes
de
France.
10b
l'/z
2
2
2
I
1
1
i'/z
M
i'/z
2
Noms.
YeJaine.
7. Nancy.
Dombasle.
8- Lunéville.
Benamenil.
Blamont.
Héming.
9. Sarbourg.
Homarting*
10. Pfalzbourg.
11. Saverne.
Wasselonne*
Ittenheim.
12. Strasbourg,
ÉU&
Observations loc aies.
1% No. 25. Il est dû à Châlons un quart de poste
en sus de la distance, sur toutes les sorties.
2. Ci - devant Vitry - le - Français ; surnom qui lui
venait de François I, son fondateur. Cette ville pré¬
sente un très - joli conp-doeil. La place sur laquelle
•e trouve l’église principale, est fort belle. Il y a ici
quelques manufactures de chapellerie, de bonnêterie, de
serges, façon de Londres, et de galons, moitié soie.
LA FRANCE. ITINÉRAIRE. 223
moitié fil* En se rendant d’ici à Stc. Mènèhould , on
traverse le champ de bataille, célèbre par la canonada
de Valmy. Dans le canton de St. Mènèhould , une su¬
perbe manufacture de faïence, et Varennes célèbre par
Louis XVI.
3. La Marne commence ici de porter bateaux. La
ceinture champêtre qui environne la ville, lui prête ua
charme que l’on retrouve à peu d’autre». C’est la que
l’on forge' et que l’on fond la majeure partie des pooles,
des plaques de cheminée, des enclumes etc*, que con¬
somme Paris.
4. Dans la révolution Bar - sur - Ornain. Pôpulat.
•uiv. l’A. 6,961. Q. L’Amitié triomphante. C’est le chef-
lieu du département de la Meuse. Les fruits confits, et
surtout les pots de groseilles en gelée, sdnt recherchés
par les friands. On pêche d’excellentes truites dans la
petite rivière d 'Ornain. Les vins que fournissent les
environs, ne le cèdent pas pour la délicatesse à ceux de
Champagne. On travaille toutes sortes d’ouvrages d’acier
dans un de ses faubourgs.
5. Non loin de ce relais il y a le petit village de
Dom Remy , lieu natal de la célèbre Pucelle. La mai¬
son de cette héroïne, se distingue par ses armes, et par
son buste au - dessus de la porte. Ou montre aussi le9
ruines dé sa chapelle, sous le nonr du Février de la
Pucelle.
6. Population, suiv. l’A. 6,940. — Les 9 soeurs. La
ci - devant cathédrale est un énorme amas de pierres*
Toul est au nombre des villes dont l’origine se perd
dans la nuit du tems passé. Elle est jolie; située sur la
Moselle y dans un vallon agréable et fertile. Son com¬
merce consiste en vins de bonne qualité. Elle renferme
224 LA FRANCE. ITINÉRAIRE.
une manufacture de fayence estimée ; l’ancien évêché
sert de chef -lieu à la 5 cohorte de la légion d’honàeur.
?. V. tableau de villes. Il est dû un quart de poste
en sus de la distance, pour les sorties.?
8. La château est aujourd'hui un corps de casernes.
Le chef -'d’oeuvre de mécanique et d’hj draulique les
rochers, n’existe plus. L'église des ci - devant chanoi¬
nes, est jolie. Cette ville a une manufacture de faïence.
Le traité de paix qui porte le nom de cette ville, l'a
illustrée de nouveau.
p. La Sarre commence à porter bateau dans cette
Tille. Il y a beaucoup de forges dans les environs.
10. Pfalzbourg , forteresse dans le# Vosges, est célè¬
bre par ses liqueurs.
11. La montagne de Saverne est au pied des mon¬
tagnes des Vosges. La chaussée qui conduit sur ’cette
montagne , autrefois presque impraticable par le mau¬
vais tems , offre un chemin assez commode parmi ces
montagnes escarpées. C’est un des ouvrages les plus
curieux de l’industrie humaine II fut si admiré du tems
de son origine , que les dames en prirent une mode.
Elles portaient ides perles arrangées en forme spiral»
comme la chaussée. , Elles en metaient dans leurs che¬
veux et cette coëffure s appelait une coiffure h la Sa~
verne. Du haut de ces montagnes , l'Alsace offrit à mes
yeux un vaste jardin. On y trouve la plus grande va¬
riété de collines, de vignes, de champs, de prés, de jar¬
dins, de bois et quantité de villages, bourgs, villes et
métairies. Dans le lointain on voit le Rhin qui coule
majestueusement au pied des montagnes d’Allemagne,
sur lesquelles on apperçoit des villages et des châteaux
au milieu de plusieurs touffes ‘d’arbres. La tour du
Munster, s'élève majestueusement, comme une colonne
LA FRANCE. ITINÉRAIRE* 225
isolée. A peu de distance est la ville de Saoerne , avec
le château et la chaussée qui conduit à Strasbourg ; et
qui est garnie de noyers des deux côtés; vue superbe!
Le palais - neuf , ci - devant au cardinal de Rohan , est
parfaitement ressemblant au château de JVilhelmshohe ,
ou VFeissenstein , près Cassel. Les jardins ont été en
partie dévastés par la révolution.
12. Y. le tableau de villes. Il est dû une demi- poste
en sus de la distance, sur toutes les sorties.
30. Route de Paris à Strasbourg , par Metz t Moy -
envie etc.
Postes
de
France.
39%
y'/z
l'/Z
1 Yz
Noms.
Postes
de
France.
1. Metz.
1
la Horgne.
2
Soigne.
2 Yz
Delme.
m
Château- Salins.
Noms.
Moyeuvic.
la Bourdonnaye.
2. Héming.
Strasbourg.
Observation i locales .
1. V. No. 25.
2. V. l’article ci - dessus.
31. Route de Paris à Chambéry.
Postes
Noms.
Postes
de
de
France.
France.
&3J/z
1. Bourgoing. 1
2
2
la Tour du - Pin
1
Gaz.
*%
2*~ Pont - de - Beau-
voisin.
Noms .
3. Echelles.
St. Thibault de
Coux.
4. Chambéry.
Guide des Voy. T. 11.
U
226 LA FRANCE. ITINÉRAIRE.
Observations lacales.
1. V. No. 15.
2. Les montagnes offrent des bois, des rochers, des
précipices, des cascades et des torrens qui forment des
paysages charraans. La route est sûre et bonne, même
belle en plusieurs endroits.
3. A quelque distance des Echelles , on passe par le
chemin de la grotte ; V. No. 16. Les habitans des envi¬
rons aident les chevaux à gravir sur Je roc, pour attra-
_ per quelque légère gratification. Non loin de - là , la
route tourne vers la ci - devant Grande ■ Chartreuse :
V. 15. obs. loc. 2. La belle cascade de Coux , sous la*
quelle aimait à passer J. J. Rousseau, se précipite à peu
de distance au - delà de St. Thibault.
4. 0. Les Amis réunis ; la triple Union. Population.
10 — 12,000 h. La cathédrale et la caserne. La rue cou¬
verte sert de promenade; il y en a deux autres jolieskla
quinconce de Vernay , et sur la terrasse du château, à
présent la préfecture Le dent de JSivolet est le pic le
plus élevé; il faut 4 heures pour la monter, et pour y
jouir d’upe vue admirable. La fontaine minérale de
Boisse : les abymes de Myans , qui ont enseveli une
ville: les Çhai-mettes , à de lieue de la yille : tout y
est encore plein de Rousseau et de Mad. de IVarens ;
rien n’a changé, excepté l’inscription sur la porte.
Auberge à Chambéry, qui de mon tenu était bonne, à
la St. Jean: M. de Mathison vante l’auberge, à la Rose.
La fontaipe sur la place de Lans est l’ouvrage de trois
artistes obscurs. Il y a une salle de comédie et au col¬
lège un Musée, où M. Millii x trouva des antiquités inté¬
ressantes; et une bibliothèque publique? à la préfec¬
ture on voit un bas - relief, ci - devant à St. Jean de
Maurienne. La ville a des belles maisons , des rues lar¬
ges , des environs rians, et la société a même obtenu le
LA FRANCE. ITINÉRAIRE. 227
suffrage de J J. Une autre excursion de Chambéry est
celle à la chute de la Doria , et encore une autre, à la
riante habitation, et au charmant belvédère, du Général
Boigne , au Buisson - rond .
32. Route de Metz , -par Deux - Ponts , Türkheim ,
Worms , Mayence t à Francfort s. I. M.
Postes.
I
2
2
I
Noms.
Postes.
Courcelles.
2
Fouligny.
2
St. Avold,
2
Forbach.
2
I. Saarbruck.
2
Rohrbach.
3
Hombourg.
2
Bruchmuhlbach.
2
Landstuhl.
1
Noms.
Kniserslautern,
Frankenstein.
2. Türkheim.
Oggersheim.
5. Worms.
4. Oppenheim.
5. Mayence.
Hattersheim.
Francfort,
34&
Observations locales.
1. Population 5,000 a. Le pont - neuf qui joint le®
«leux villes de SaarbrucJc et de St. Jean; la salle des
spectacles etc. La ville est bien bâtie, et a été très-
commerçante. Sur le Hallbergy où était l’emplacement
de l’ancienne ville construite par les Romains, on re¬
marque une grotte, taillée dans le roc, et qui servait
autrefois au culte payen ; elle est encore appelée dans
la langue du paj's , die alte Heidenhap elle. Le beau châ¬
teau du prince , en ruines, rappelé le vandalisme révo¬
lutionnaire. Dans les arrondissemens de Saarbruck on
fait un grand débit de tabatières de carton et de papier-
mâché , dont il y existe plusieurs manufactures. Entre
St. Avold et Foligny , est le village de Longeville , le
terme de la langue Française, et à Rohrbacli commen¬
cent les postes allemandes.
2.. Türkheim est une jolie petite ville. Le Hart
avec les ruines de Limbourg offre des sites pittoresques.
A Ilombourg à la poste, bonne auberge.
U 2
228 LA FRANCE, ITINÉRAIRE.
3. Population 5,000. Ville ancienne, qui de loin se
présente bien avec ses tours gothiques. Il faut voir à
IVorms la salle* où Luther fît sa profession de foi. Il
y a quelques antiquités romaines à IVorms. La cathé¬
drale date du XII. siècle. La route d'Oppenheim à
IVorms est très •• agréable. Les vignes célèbres de Nie-
renstein , à'Unser-lieben-Frauen Jtfileh , bordent presque
le chemin. Le vin du Katerloch est fort - estimé.
4. On y reconnaît encore les traces des dévastations
de Mèlac , sous Louis XIV. C’était près d 'Oppenheini,
que Gustave - Adolphe de Suède passa le Rhin, et vain¬
quit les Espagnols retranchés. Dans un bois, de l'autre
côté du Rhin, il y a l’obélisque érigé en sa mémoire.
On montrait encore, près d ' Oppenhcim , en 1794 i’os-
suairc des espagnols tués.
5. V. Itinéraire de l’Allemagne.
6. On passe par Roechst , où il y a une manufacture
de tcbac, une fabrique de porcelaines, et le château
qu’a fait bâtir M. Bolongaro. On voit à gauche» de loin,
le fort de Koenigstein , si fameux dans la guerre de la
révolution, et que l’on a fait sauter. Toute cette con¬
trée a été le théâtre de plusieurs combats sanglansj on
passe la Nidda. A Hattersheim , une montagne volca¬
nique très - remarquable. Avec les voituriers, on ne
passe pas par Hattersheim ; on prend une route détour¬
née et plus courte.
33. Route de Str aslour g , par Landau , à
F r ancf 0 rt s. I. M,
Postes. Noms.
Postes. Noms.
2 Bruinât.
Æ
2
V/z 2- YVissembourg.
z'/z barbelroth.
i'/z 3- Landau.
Neustadt.
3 Oggersheim,
10 5. Francfort.
LA FRANCE. ITINÉRAIRE. *39
Observations locales .
1. Il y a ici une espèce de terre sigillée , dont on
fabrique une belle fayence.
2. Beaucoup de vignobles; beaucoup de châtaigners.
TVissembourg et ses ligires ont été célèbres dans la guerre
de la révolution. Q La triple Union.
3. Ville forte , souvent assiégée et prise. L’ouvrage
à corne, est la fortifîcatiou principale, d’où dépend le
salut de la ville. Q L’Union philanthropique.
4. Le vin, nommé Gaertsefusser , est célèbre. Pre¬
mière poste allemande.
5. V. Itinéraire de l’Allemagne.
34. Route de Str asbour g, par FortVaulan ,
Spire , M anheim , à Francfort s. I. M.
Postes.
2
2
3
Noms. s
Postes.
Wanzenau.
2
Drusenheim.
2
Bernheim.
3
1. Lanterbour*.
10
4. Rheinzabern.
37
Noms.
Germerslieim.
Spire.
Manheina»
Francfort.
Observations locales.
1. Célèbre dans la guerre par ses retranchemens et la
prise de ses lignes.
2. Chemin sablonneux; on passe par une vaste forêt
dite Bêwald ou Bienwald. A Germersheim , poste alle¬
mande.
3 La cathédrale, bâtiment gothique , et les tombeaux
ruinés des empereurs voila la curiosité principale de
cette ville , ci - devant impériale , çui a succombé tant'
V
23o LA FRANK) E. ITINERAIRE.
de fois sous les armes de la France. Population suiv»
l’A. 3, 444. La grande famille.
4. □ à 1 amitié fraternelle. V. Itinéraire de T Allé-
magne.
35-
Route de Cologne
à Aix -
la - Chapelle .
Postes.
| Noms. ï
Postes.
Noms ,
3
Bergheim,
5
2. Aix - la - Cha¬
II* Juliers.
1
pelle.
S'/z
Observations locales.
ï. Auberge. A la cour impériale. L’église collégiale
est belle. La ci - devant chartreuse, zum Vogelscngt
n’était qu’à une demi - heure de la ville. Aldenhofen,
à I Yz lieue de Juliers , est célèbre par une vierge mira¬
culeuse, et par la bataille de 1793. On fortifie de nou¬
veau la ville de Juliers. Population 2,126.
2. V. Itine'raire de l'Allemagne.
36. Route de Liège*) à Bruxelles,
.Postes. | Noms. I Postes. Noms.
z'/k. j Orey. I 2%. 2. Louvain.
2# St. Trond. I I /z Cortemberg.
2 1. Tiriemont* I i& 3- Bruxelles.
Observations locales,
j. x pirlemont , jolie ville, un très - beau carillon*
Population , suiv. l’A. 7,788- Près de la le villaSe de
Neerwinden, si célèbre par deux batailles de ce nom.
*) V. Itinéraire des Pays - bas.
LA FRANCE. ITINÉRAIRE. 231
2. Louvain. Population, 18 — 20,000. Redevenue uni¬
versité, silongtems célèbre. □•Les disciples de Salomon.
Dans l’église des Franciscains le tombeau de Lipsius.
ta maison commune est d’un beau gothique. Le sémi¬
naire, bâtiment magnifique, sert à présent de maison
d’invalides. Louvain fait un grand commerce de bière,
qui est renommée, et d’huile de navette et de colza.
Elle communique avec Malines, par un beau canal. Au¬
berge: à l’hôtel de Cologne.
3. V. Itinéraire du Royaume des Pays -bas. On peu?
passer sur le champ de bataille de TVatcrlco.
37. Route de Metz à Trêves et Coblence r
Postes.
2
ï/z
2
m
2
JS oms,
1. Mondelange.
ThionvilLe.
Frissauge.
2. Luxembourg.
Roodt.
Grevenmachern.
3. Trêves.
Postes.
2&
2
3 Vz
2
2
3
Noms.
Hetzerath.
Wittlich.
4. Lutzerath.
Kaiseresche.
Polich.
5. Coblence,
*7^
Observations locales.
1. Il est dû 2 fa. de Metz à Mondelange 4 et de Mo K®
delange à Metz deux postes seulement.
2. Population, 9,000. Les enfans de la concorde
fortifiée. Luxembourg est la ville la plus forte de l’Eu¬
rope. C’était la famine qui força le brave Bender à ca¬
pituler, A Luxembourg la première poste allemande.
3. Population, 9,118. Voyez sur Trêves l’Itinéraire de
l’Allemagne. A Trêves il existe deux messageries, l’une
de Trêves à Coblence , l’autre de Trêves à Luxembourg.
La première part tous les lundis et jeudis, et arrive tous
les mardis et vendredis. La population de cette ville
a32 LA FRANCE. ITINÉRAIRE.
ne répond pa* à l’étendue du sol qu’elle occupe, et qui
est de 224 arpens. Son origine se perd dans la nuit des
siècles, et c’est certes une des plus célèbres villes de
l’antiquité, Les environs àe'Trèvés sont riches en cu¬
riosités.
4. Il ne faut pas s’arrêter à Lutzerath , mais coucher
aux bains de Bertlich ^
5. V. Description du voyage sur le Rhin, à l’Itiné¬
raire d’Allemagne.
8.
Cartes itinéraires. Manuels. Relations de voyage
de fraîche date.
(La carte itinéraire jointe à cette édition du Guide ,
dispense le voyageur , de faire l'achat de quelque autre.
De même celui qui est muni du livre des postes fîo-
yalcs , possède dans la carte des routes , qui y est an¬
nexée, la meilleure carte itinéraire.)
Itinéraire du Royaume de France, divisé en cinq ré¬
gions : 2de édition considérablement augmentée avec une
grande carte routière. A Paris, chez Langlois. 1817. ï2.
(Chez le même avait paru en 1811 un Itinéraire complet
de l’Empire Français, où nombre d'articles étaient tirés
du Guide des Voyageurs.)
Itinéraire descriptif, ou description routière, géogra¬
phique, historique et pittoresque de la France et de l’Ita¬
lie: par M. Vaysse de Villiers. Paris. 1814 — 16. 8* (C’est
vraiment un ouvrage utile, nécessaire à tout voyageur.
LA FRANCE. ITINERAIRE. 233
fauteur, observateur éclairé par goût, et voyageur par
état depuis vingt - ans, étant Inspecteur des postes - re¬
lais, a été par tout sur les lieux, et ses observations et
tableaux, portent l'empreinte d’une parfaite connais¬
sance des localités. Ajoûtons-y une brillante variété de
style. Cet ouvrage paraît par cahiers; il en a parû neuf.
Chaque cahier est, en outre, orné d’une carte, anales
gue au contenu du cahier, et qui ne laisse rien à dési¬
rer, tant pour l'exactitude que pour Inexécution.)
Reisè durch das südliche Frankreich, von Johannâ
Schopenhauer , Rudolstadt 1317. (Marqué au coin du ben
goût, comme tout ce qui sort de la plume de cette
dame.)
Voyage dans les départemens du midi de la France,
par M. Millin. Paris, 1807 — 1S10; cinq volumes. (Ouvrage
excellent et instructif).
Voyage de Paris à Neufchâtel en Suisse, fait dans
l’automne 3812. par M. Depping. A Paris, 1813. 32. (Vo¬
yage d’un homme de lettres estimable, qui parcourt
Tune des plus belles contrées de la France, et qui a four¬
ni au Rédacteur nombre de renseignemens instructifs.)
Fitch , Briefe über die südlichen Provinzen von Frank-
reich. Zurich J790: (ce livre quoique publié sous l’an¬
cien régime , sera de la plus grande utilité au voyageur,
qui veut parcourir les provinces méridionales).
Fragmente aus Paris im IV. Jahr der franzosischen
Republic von F. J. L. Meyer D. Domllerrn in Hamburg,
1797. ^traduits en Français, par ie Général Dumouriez.
C’est le meilleur ouvrage que nous possédonn en alle¬
mand sur Paris sous le Direetorat: le même auteur,
homme de lettres généralement estimé, y a ajoûté le
tableau de Paris et de la France sous le Consulat; sous
le titre; Briefe aus der Hauptstadt uni üem lnnern
234 LA FRANCE. ITINÉRAIRE.
Erankreichs. Tubingen, chez Cotta, 2 Vol. La seconde
.édition est très - augmentée).
Vertrauliche Briefe über Frankreich und Paris; Leip¬
zig, igoo. (L’auteur, feu M. Reichardt , alors maître de la
chapelle du Roi de Prusse, en a publié la suite, ou la
description de son dernier voyage à Paris, sous-ie titre :
J. E» Reichardt' s vertraute Briefe aus Paris , geschrie -
ten in den Jahren 1802 und 1803. Hambourg 1804. 3. vol. 8.)
Auch ich war in Paris ! (1801.) Winlerthur , 1803.8»
3 vol. (L'auteur est M. JVeddigen.)
(Dans l’ouvrage de Mr. Seume ,. ,,Spaziergang nacli''
Syracus im Jahr 1802- Leipzig 1803 “ se trouvent quel¬
ques détails intéressans sur Paris et sur d’autres villes
de la France),
Erinnerungen aus Paris im Jahr 1804. von August
von Kotzebue. Berlin 1804. 8- (H en a paru à Paris une
traduction française , et à Londres une en langue an¬
glaise).
Fiir Reisende nach Paris. Aus den Papieren des Gra-
fen S. [SflZzs/i] Berlin 1810. avec une carte itinéraire;
très - instructif.
Reise nach Paris , im Sommer 1808. vom Prof. Gai -
letti. Gotha 1810. 8-
Bemerkungen auf einer Reise durch die Hiederlande
nach Paris im XI. Jahr der Republik. To. 1. 2. Ham-
burg , 1804. 8- (Ouvrage renfermant un grand nombre de
renseignemens utiles).
Original - Beitrage zur eigentlichen Kenntnifs von
Frankreich, von H. Nemnich. Tubingen i8i°< 8- deux:
vol. Ouvrage instructif, et indispensable aux négociaris
voyageurs.
LA FRANCE. ITINÉRAIRE. 235
Reisen durch die südlichen Provinzen Frankreichs;
1807, 1809, 1815. par M. de Humboldt , (homme d’état, et
littérateur connu et estimé.) Fraucfurt igi6. 8- 2. vol.
Kiescioetter Reise durch einen Theil Deutschlands,
Frankreichs etc. 1813. 18*4* 1815* Berlin, 1816. 8- 2- vol.
(Des détails et des observations instructives.)
Demian Briefe aus Paris, geschrieben in den Mona-
ten Julius — October, 1815. Fraucfurt. igj(j. 8*
Briefe, geschrieben in Paris, im Jahr i£l>>, von J. F.
Benzenberg .' Dortmund, 1816. 8* (Un peut regarder ces
lettres, dont ie 1. cahier a paru, comme servant de suite
à l’ouvrage du même auteur, sur la France et sur Paris,
publié en 1804.)
Von Bretschneider Reise nach London und Paris etc.
herausgegeben durch von Goccking , Berlin, l8i7- 8* (Le
nom de l’Editeur, vétéran littéraire estimé, et le juge¬
ment qu’en porte M. de Kotzebue , dans sa feuille litté¬
raire, sont autant de récommandations.)
(M. Mylius k Basle, a annoncé, Malerische Reise
durch das südliche Frankreich aie. avec vues et estam¬
pes, mais qui n a pas encore été publié.)
Reize door Frankryk in gemeenzame Brieven door
Adrian van der Willigen . ïlaarlem. 1805. 8. 3 cahiers,
avec gravures»
Th. Bugge's Reise til Paris, i Aarene 1798 og 1799.
Kiôbenhavn , 1800. 8. (On en a publié une trad. alle¬
mande).
Versailles, Paris and St. Dénis, or a sériés of view»
by J. C. Nattes; wiih an historical account fcy L. J.
Gérard. London, i8cô. Fol. X2 cahiers.
a36 LA FRANCE. ITINÉRAIRE.
Travels arter the peace o£ Amiens through parts of
France etc. b y J. G. Lemaistre. London, i8e6. 8- 3 vol.
The belgic traveller, or a tour trough Holland, Fran¬
ce etc. in the years 1804 and 5. London, 1806. 8. 4 vol.
Travels to the South of France, in the years 1807 and
ï8o8> by Colonel Pinkney. London, 1810.
Narrative of the events hich hâve lately taken place
in France etc. by H. Maria JVilliams. ^London 1815* 8*
(L’autenr est connue par ses ouvrages publiés sur la
France , du tems de la Convention et du Consulat, com¬
me à présent de Louis XVIII.)
Notes on a Journey through France, in July, August
and Sept. 1814.- by Morris Birckbeck. London, 1815. 8-
Mémorandum of a résidence in France in the Win-
ter of 1815 — 1816. London 1816. 8- (Ce charmant ouvrage
écrit par une Dame, se distingue par ses remarques
neuves et intéressantes, et par l’aménité de son style.)
La France: par Lady Morgan. Paris et Londres, 1817.
*. vol.
Travels through France and Germany in the Years
1815 , 16 et 17* By Jorgenson. London 1817. (L’auteur fit
son voyage à pied, et il ne faut pas confondre sa rela¬
tion avec tant d’autres, qui ne renferment que des cho¬
ses mille fois dites).
Table alphabétique
d a
G. d. V* en France.
A.
Abbeville. 164. 165.
Aix - en - Savoie. 187.
Aix, tabl. 30.
Alençon. 159. 160.
Alfort. 2or.
Amiens. 146. 164.
St. Andéol. 206.
St. Andiol. 208.
Angoulême. 159.
Annecy. 188.
Annonay. 205.
Anse. 195.
Antibes. 213.
Arcy, grottes. 178.
Arles. 208.
Arras. 147.
Guide des Voy> T. II.
Aubagne. 211.
St. Aubin. 223.
Aussel , grottes. 156.
Autun. 202.
Auxerre. 177.
Auxonne. 174»
Avalon. 178.
Avignon, tabl. 34.
B.
Bagatelle. 82- III.
Ballon. 7»
Bar - le - Duc. 223.
Basle. 152.
Bavay. 164.
Bayonne. 152. 153.
Beaucaire. 210.
X
Table alphabétique.
238
Be&une. 180.
Beautoin. 159.
Beauvais. 165.
Béfort. 152.
Belleville. 8 2. Il6.
Bellevue. 85. 107.
Bergues. 172.
Berre, étang. 34.
Besançon. 155.
Betz. 65.
Bicêtre. 123. 175.
Bondy. 117. ,214.
Bordeaux , vins. 9. 41.
tabl. 39.
Boulogne. 165. 166.
Bourg. ig2.
Bourget, lac. 188.
Bourgette. 147.
Bourgogne, vins. 9. 17g. igo. '
Brest, tabl. 43.
Briare , et canal. 197.
St. Brice. 86.
Brie , fromage. 14. 215.
St. Brieux. 159. 161.
Brives. 217.
Bruxelles. 164. 230.
c.
Cahors. 2i8*
Calais. 165. 167.
Camargue. 208.
Cambray. 170.
Canal de Bourgogne, de
Briare, du Centre, d Or¬
léans , del’Ourcq, de St.
Quentin. 7.
Canal de Languedoc. 7. 219.
Cannes. 213.
Cantal. 7.
Carcassonne. 220.
Carpentras. 36.
Cassel. 470. i7r.
Castelnaudary. 217. 22Q.
Cette. 57.
Cévennes. 7,.
Chaillot. 103.
Chiilly. 176.
Chalons - sur - Marne. 215.
Châlons - sur- Saône. 181.
St. Chaînas. 52.
Chambéry. 226.
Champagne, vins. 9.
Chantilly. 145.
Charmettes. 226.
Charento^n. 120. soi.
Chartres. 189.
Chasserai. 7.
Château - Thierry. 215.
Ch atellerault. 191.
Chaumont. 150.
Choisÿ. 86. 121. 176.
Clairvaux. 150.
Clermont. 145.
Clermont, 199.
Clos de-Vougeot. 180,
St. Cloud. 8i* 104.
Cluny. 182.
Colmar. 9.
Compiegne. 83»
Cos ne 193.
Courtezon. 207.
Crau. 34.
Table
Crousac. 220.
Cujes. 211»
St. Cyr. 108.
D.
Dammartin. 162.
St. Denis. 84- H4* 168.
Dieppe* 168. 169*
Dijon. 179.
St. Dizier. 223.
Dole. J74.
Dom Remy. 223.
Douay. 170. 171. t
Donzere. so5.
Dreux. 159. 160.
' Dunkerque. 170. 1 72.
Ê.
Echelles. 187. 226.
Ecluse, fort. 184,.
Ecouen. 86. 144.
Epernsy. 215.
Ermenonville. 82.
Esonne. 174. 176.
‘Estrelles. 212.
Etampes. 156.
F.
Férté-sous- Jouarre. 74.
Fontainebleau. 80. 174.
Franconville. S3- 168-
Fréjus. 212.
G.
St.Germain en-Laye. 82» 109.
Gisors. i68-
alphabétique.
St. Gobin. 163.
Gouge , grottes. 57.
Grasse. 213*
Gray. 154.
Grenoble. 185;.
Grenoble. 205.
Grignan. 206.
Grosbois. 120. 14S.
H*
Hattersheim. 228.
Hieres. 132.
Hoechst. 228*
Hombourg. 227»
I.
Jemmappe. 164.
Joux, château. 221.
Istres. 53.
Juliers. 230.
Juvissy. 122. 176*
K.
Kehl. 130.
Koenigstein. 228*
L.
Lamballe. 159. ï(Jr«
Lainbesc. 209.
Landau. 229.
Langres. 130. 154.
Laon. 163.
Lauterbourg. 2:9.
Laval. 159. i6i.
St. Leu. 116.
Libourne. 156. 159.
x 2
23î>
Table ' alphabétique .
Lieusain. soi.
Lille. 170. 171.
Limoges. 156. 158.
Lioncourt. 83- 145.
L’Isle. 38.
liongchamp. 36.
St. Louis. 15s.
Louvain. 23t.
Luc. 212.
Luciennes. 8i- 113.
Lunel. 2ii.
Lu ne ville. 222. 224.
Lure. 152.
Luxembourg. 231.
Luxeuil. 152.
Lyon. tabl. 43. 143.
M.
Maçon. 181.
Maguelone , isle. 57.
Malmaison. 85* 113*
Mareville. 5g.
St. Marguerite. 213.
Marly. 81. 1*4.
Marquise. 167.
Marseille, tabl. 49. 143.
Maubeuge. 163.
St. Maximin. 33.
Meaux. 214.
Melun. 202.'
St. Ménéhould. 216. 223-
Menin. 173.
Metz. 214. 216.
Meudon. 107. 125.
Mézières. 193.
Mirabeau. 34.
Mons. 162. 164.
Montagne. 159.
Montargis. 197.
Montauban. 218*
Montbard. 175.
Mont-Cénis. 202»
Mont-d’or1. 7.
Monte d’oro. 7. 199. gag.
Montélimart. 206.
Montereau. 202.
Monte rotondo. 7.
Montmartre. 62. 144. 168.
Montmorency. 85- 115.
Montpellier, tabl. 53.
Montreuil. 118.
Montreuil - sur - mer. 1O5.
166.
Moret. 176.
Morez. 174.
Morfontaine. 83-
Morlaix. 159. 162.
Mortagne. 159. 160.
Moulins. 198.
Muette. 82* m.
N.
Nancy, tabl. 57.
Nangis. 148-
Nantua. 183.
Narbonne. 220.
Neerwinden. 230.
Nemours. 196.
Neuf Brisaclc. 153.
Neustadt. 229.
2 Jable alphabétique.
Nevers. 198-
.Nice. 213.
Nismes. 207.
Nuits. i89*
O.
Odile, mont. 130.
Oppenheim. 228'
Orange. 203. 207,
Orient. 195.
Orléans- 157.
Ormes, jqi.
Ornans. 155.
Oman s. 221*
Ostende. 173»
K
Palice. 200.
Pantin. 117.
Paraci*et. 149.
Paris, tabl. 59;
Passy. 82- 103.
St. Paul. 206.
Périgueux. 156. 15&
Péronne. 147. 170.
Perpignan. 217. 22i.
Pfalzbouig. 224.
Poitiers. 191.
Poligny. 174,
Pontarlier. 221-
Pont d’Aro. 208.
Pontchai train. 159. 160.
Pont St. Esprit. 206
'Pont du Gard. 207.
241
Pont du Gard. 36.
Pont St. Maxence. 147.
Pontoise. 168.
Poppée, mont. 200.
Pougues. 198.
Pouilley. 15Ô.
Provins. 148.
Pyrénées. 7.
R,
Rainsi. 8i»
Rambouillet. 189
St. Raphaël. 212.
pLeims. 192.
St. Rémy. 210.
Rennes.. 159. i6r.
Rheinzabern. *29.
Rhône, perte. 184,
Pioanne. 200.,.
Kochelle. 192.
Rochemaure. 20&.
Pvocroi. 193^
Romans. 205.
Rouen. i&8- 169.
Roye. 147.
S.
Saarbruck. 227.
Sallon. 33. 209.
Sassenage , fromage. 14.
Saverne. 224. 225.
Sceaux. 124.
Sceaux. Penthièvre. 82- 12^
Sedan. 193.
Y
Guide des Voy. T. II.
242 Table * alphabétique.
y.
Vachelin. 14.
Valence. 203. 205.
Valenciennes. 164.
14?. St. Valéry. i65.
St. V allier. 205.
Valmy. 216. 223.
Vannes. 194.
Varennes* 2î6. 223.
Vaucluse. 36.
Verdun. 214* 216.
Verneuil. 159. 160-
Versailles. 101. tabl. jtjjy
Vésoul. igr.
Vichi, eaux. *99.
Vierzon. 156. 158»
. Villejuif. 173. 175. '
Vienne. 204.
Vincennes. §4.
Viso. 7.
Vitry- sur -Marne, 22?.
Senlis, 14?.
Sens. 174. 176. 202=
Seves. 104. 106.
Soissons. 162.
Spire. 229.
Strafs bourg, tabl. 126.
T.
Tarare. 200.
Taras c on. 208-
Taverny. 116.
Tirlemonfr. 230.
Tonnerre. 175.
Toul. 222. 223.
Toulon, tabl. 130,
Toulouse. 217. 218.
Tours. 190.
Trêves. 231.
Trévoux. 195*
Trianon. 134.
Troyes. 149. 158.
Tulle. 217.
Turckheixn. 227.
U.
Uzexches. 21?»
w.
Waterloo. 164. 23f.
Wissembourg. 229.
Worms. 228«
I »i I « ri
r l
» î » ‘ I î 'fit . I . 5
■ Ht'l
l
X
)
guide
DBS
VO YAGEURS
E N
ITALIE ET SUISSE.
Par
Mr, Reich a r d ,
Conseiller au Département militaire de S. A. S. le
Duc de Saxe -Gotha.
Huitième Edition , totalement refaite ;
[et augmentée pour les présentes exemplaires d’un grand
nombre d’additions de fraîche date.]
Faisant partie
de la
nouv ell e Edition originale
d u
Guide des Voyageurs en Europe ;
publiée
par le même auteur.
Première Section: Italie.
Avec deux cartes routières et les Panoramas des
villes capitales.
A Weimar,
au Bureau d'industrie, et chez les principaux
Libraires de l’Europe.
i 8 » 6.
Y.f J'> dlllî'i 9U!
fcaûmènitjL sus» ?
-:>u8 zjU9 J ne .
u;çu qo'iî ‘ïoqqci- rr# iuo
ufi Mon eb n ’ .
: '1er V/' tria*. f. - r *.,»
Avant-Propos.
àiof
»••'• iV :. , ,;V $
Cette huitième Edition , a été totalement
c » «rcfiili/n ; " • ’j r ; :
refondue^ Saàs’ faire mention des additions,
corrections et renseignemens nombreux, qui
ont remplacés, en forme des cartons, presque
chaque feuille de V Italie, il n’y a qu’à com»
parer le passage du Mo rit : Cénis, ou celui de
la Corniche , avec les mêmes articles des édi¬
tions précédentes, pour s’en convaincre plei¬
nement. Le rédacteur a de plus ajoûtés aux
présentes exemplaires^ un grand nombre
d’additions de la plus fraîche date, qui lui
étaient parvenues plus tard, et qui font en
quelque sorte, de cette 8me édition, une
Neuvième.
L’Italie et la Suisse (TfanT deux 'pays', “qui
ont un rapport trop marqué entre eux, l’Au¬
teur a de nouveau réuni les deux Itinéraires
en un seul volume, mais' divisé en deux Sec¬
tions , suivani les deux pays.
A Gotha y
ce 3* •Septembre ; •;
1S16.
R e i c h a r d,
Conseiller au Département militaire de
j . _ &.A. S. le Duc de Sa,jre - Çotha
et Altenbourg-
f ,1 J9 1ÏJ0Îtp9îâf0^
l ?.no r ‘ • Aailr rnoT juo
r. . r; • ^ „
v f t . ,js_> * bd oiiif.Oi s l pcrv3
jj " •• ■ TT~
-Ihb v.- b sLi‘'xr r.u.ii/taî?
p:nt#nvr£G2 tiï'i *
XJJ.B J . : 2 J ' f O') S ’J
vxd/.nort 5> r • t . o / t
• —
VJi 09 V 6 ,Si' m "VO ^ vA
jj . r-)îru>Lj09iq «coït
yfii bt oS .ifioü.aii
/.Si û .V*;i4 xs UofrvJ^TT
.7; ;• j; 9i> clïC./ii’O*/ i->
I
JF IJ -*
oîïB
Table des matières
d u
Guide des Voyageurs en Italie,
Avant - Propos,
Page.
I. Etendue . Sol . Etats. Population.
Reli¬
gion. Langage,
Productions. Ordr
es de
chevalerie,
*
3-
2, Poids.
10.
3. Mesures linéaires
et de capacité .
12.
4. Monnaies.
15-
5. Tableau de quelques villes.
Page.
Page
Bologne.
24. Parme.
59
Florence.
26. Pise.
61
Gênes.
31. Rome.
62
Mantoue.
34. Siene.
85
Messine.
35. Turin.
87
Milan.
37. Venise.
89
Modène.
42. Verone.
97
Naples.
43. Vicence.
99
Padoue,
S*
H
Page,
6» Etats des postes . Voituriers. Passages
des Alpes. Notes instructives , et remar¬
ques qui peuvent intéresser les voya¬
geurs dans leur tournée. lo-l*
1. Route par le Tyrol , en passant par Trente. 107.
2* Passage du Mont-Cénis. 108.
3. Passage du St. Gothard. 113.
4. Passage du grand St. Bernard. 115.
5. Passage du Splugen. I2i*
6. Passage et route de poste du Simplon. 134.
7. Ancienne route de Nice à Gênes , par la
corniche; route de poste de Nice à Gênes,
par la rivière du Ponant, et à Turin par le
col de Tende. 126.
8. Route de Nice par mer à Gênes. 127.
Table du midi en heures italiques. 130.
7, Itinéraire des routes.
A. Plan d'un voyage en Italie par ta postet
en entrant par Turin , et sortant par Ve-
nise\ et vice-versa.
Route de Chambéry
me, par Rimini, Ap*
à Turin.
cona, Loretto et Ter¬
— de Turin à Gênes.
134-
ni.
144-
— de Gênes à Flo¬
7. — de Rome à Na¬
rence par Pise, Li¬
ples , par les ma¬
vourne, Lucques.
136.
rais Pontins.
149.
— de Gênes à Mi¬
8. a) — de Naples àMes-
lan.
140.
sine et à Tarente.
153-
— de Milan à Bo¬
8 b) Route de Rome &
logne, par Plaisance,
Florence parViterbe
Parme et Modène.
141-
et Siène.
153-
— de Bologne ùRo-
III
Page.
9. Route de Rome à
Florence, par Terni
et Pérouse. 156, 13.
10. — 1 de Florence à Bo¬
logne. 158.
XI. — de Bologne à Ve-. 14.
nise , par Ferrare et
Padoue. 159. 15.
12. — de Venise à Milan,
par Vicence , Vé-
Page.
ro ne, Brescia, et Ber-
game. ibu
— de Vénise par
Padoue à Trente et à
Mestre. 164.
— de Vénise par
Udine à Trieste. 165.
— de Vénise à Vien¬
ne par la nouvelle
ro ute. 166.
B. Plan d'un voyage en Italie , avec des voi¬
turiers. IÔ7«
C. Communication -par Les canaux et les
fleuves. 170.
8. Cartes. Manuels. Relations de voyage de
fraîche date . iygé
S u p p l é rn e n t.
Tableau de Nice,
NICE. Long. 24O 56' 15". Lat. 430 41' 47". Popula¬
tion. Suivant l’A. de France 18,473. — □ les vrais Amis
réunis.
Edifices rtmarquables . Curiosités. La place, dans
la vieille ville , et la place au quartier neuf. — [Deux
des plus belles places, la première entourée de porti¬
ques!, la seconde, bordée par un cours, qui. est bordé
lui -même par une large terrasse, servant a la fois de
promenade et de digue. Sur le perron, la statue de
Catharine Seguiron , qui défendit la ville contre les
Turcs. De cette terrasse, battue par la mer, on distin¬
gue les montagnes de Corse.] — L’église de Sta. Re¬
paraît. — Les ruines et antiquités à Cimier , Cemena -
m
IV
liicm ( k ïi/2 lieue, sur une charmante colline) et d’au¬
tres restes antiques , près du monastère des Recollets,
de la bastide de Ferrera y et de la ci-devant abbaye de
Pons , l’un des sîtC9 les plus agréables de» environs —
le port. — Le roc à pic, qui s’élance pittoresquement
du milieu de la ville : [ on est faiblement dédommagé,
en gravissant au sommet.] — La croix de marbre, en mé¬
moire de l’entrevûe qui eut lieu, entre Paul III., Char¬
les Y. et François I. l’an 1538, élevée de nouveau en
1807, ayant été abattue par le vandalisme révolution¬
naire. Cette croix donne le nom à un beau faubourg,
que l’on appel© aussi le faubourg des Anglais. Des
maisons peintes avec élégance, et embellie» de jardins,
exhalana des parfums, lui donnent un air ravissant.
Promenades. Vues. Outre les promenades dont
nous venons de parler: les remparts de la ville —
les bastides, ou petites maisons de campagne peintes
de différentes couleurs, qui couvrent les coteaux. —
Les belles vues devant la maison Cesoli , et à la cam¬
pagne do Chais. — Le chemin du Var est aussi une pro¬
menade favorite, soit k cause des charmans points de vue
dont on y juuit, soit pour l’agrément de se promener
dans une forêt délicieuse , qui se trouve le long du Var,
à une lieue de Nice.
Auberges. A l'hotel de York. A l’hôtel de» étran¬
gers, très -bonnes auberges, la dernière est tenue par
uu Suisse.
Distances. De Nice à Toulon, 22 postes: h Aix, 25V4
p. à Bordeaux, 110V2 P- à Paris, I24ty4 P- Trois routes
aboutissent à Nice; celle de Gènes; celle de Turin; et
celle de France, vulgairement appelée, chemin du Yar.
Séjour h Nice. On trouve à Nice un spectacle, des
beaux cafés, deux bains, une bibliothèque publique, une
société agréable etc. Les fêtes pendant le carême se
nomment festins. — On apporte du Piémont des cha¬
pons et des truffes excellentes. La chasse fournit de la
venaison d’un goût parfait. Le pain est mauvais, La
datte , ou la moule -perce - pierre , est réputée la plus dé¬
licate de toutes le moûlos. — On trouve à Nicela. ta¬
rentule et le scorpion. — Les rues de la vieille ville
V
sont étroites et mal -propres. C’est principalement dans
les faubourgs de la -poudrière et de la croix de marbre ,
que logent les étrangers. Les maisons sont neuves et com¬
modes, ayant vue d'un côté sur la grande route de Fran¬
ce , et de l’autre sur un beau jardin et sur la mer, et
Nice qui passait déjà pour un lieu de délices du tem9
des Romains , l’est encore pour les valétudinaires de
l’Europe, et surtout pour les Anglais. L’air y est si
serein, qu'on ne voit pendant des mois entiers, que le
plu» beau ciel azuré sans nuages. Pendant tout l’hiver
de 1785 le thermomètre ne descendit qu’à deux degrés
seulement, pendant qu’il était à Genève, à 15. On.
trouve beaucoup de vieillards dans ce pays; les mala¬
dies ordinaires sont les pleurésies. On voit à Noël les
fermiers occupés à cueillir leurs olives sur les collines,
[l’olivier est ici un arbre de haute -futaie , et donne
ombrage et fraîcheur:] et à ramasser dans les vallées
leurs oranges et leurs citrons, à faucher et à faire leurs
foins, ce qui arrive 4 fois par an. Enfin le pays est,
comme on le dit dans le pays même, très - abondant en
aigrure. Les anchois de Nice , sont aussi très -recher¬
chés des friands. — On loue pour la saison, c’est-à-
dire du mois d'octobre au mois de mai, une cham¬
bre garnie à un louis , et U y a des apparte¬
nons depuis i5*louis jusqu’à 100 et même 150. Les pro¬
priétaires fournissent le linge et même l’argenterie. On
trouve des meubles à louer pour 2 louis le mois. — Tl
faut attacher des réseaux de moucherons à tous les lits ;
sans cette précaution il ne serait pas possible de dor¬
mir. Il faut avoir soin, lorsqu’on fait quelques con¬
ventions, d’entrer dans les plus petits détails. Le Roi
de Sardaighe avait rendu moins pénible la communica¬
tion de Nice avec Turin. { V. V Itinéraire. ) Cette
route continue d'être praticable; elle est de la plus
grande beauté, sur tout pour les amateur* de la na-
3*
- ♦- ,««***** V,v ... ■ \
twre sauvage et romantique. Des voyageurs, m’ont ex¬
primé leur reconnaissance, de ce que je les avais ren¬
dus attentifs à cette route. Y. Voyage historique et pit¬
toresque du comté de Nicey par JVl . Âlbaiie Beaumont.
A Genève , i/8r- Foi» avec douze vues de Nice et de li t
côtCf gravées par le même et coloriées par Lori.
H c
èrrriît^o/T
' '-ttu :
M t').T£ld
Etendu*.
I Ji f.sn >;^Vv bu: is oq èrvti’TÇ sLrf.U ah 3»
IT ï T A L $„]'&' .!,■
Jé - a i > r > ri j n » m *i s a c ♦> f> si srnioî mî
• ’ *»X Sa . n .'ii' ë T - fj%adxTio^| ^m/jiîroVX
<Sq4 Etats. Population. Religion. £*anr.
gage!. Productions. Ordres de okeuàleŸieï
L’ftalie avec ses lies a, suivant Susching, 5*625 milles
carrés ; suivant" if itchin 5, 371 > et "suivant 'brome 5,472 d’é¬
tendue èn superficie. Elle est sjjtûée sous un si heureux
climat,’ L et a partout un si. bbn terrain, qu’.rjn pput, sans
contredit là mettre ^aii nombre des pgys les plus îo'rftt-
rfés, de l’Èuropê. On. lui al donne l’épithète de' jardin de
l^Èuvop'eS $fais°tbutë exçéîlejxt’e ^uq soit Vltalie : Jil‘ y à"
pourtanVunè grande dmereirce^cfans ïa riclië ss et écrite -j
rîa!p, là' Salubrité et les agrëmehs^dé'sès différentes pro*
vihcesV Les îles situées vers l’Afrique ont le cliiîiât;'
chaud ; mais l’étendue, ia figure , T?, situation, et le ter-
rbif*font encore une grande différence éntre elles. Quel¬
ques - unes but 'dès volcans , telles que la Sicile et lëi
îles dfe’Lipari. Lës plùS pëtiéêà hë dbh&hstent qu’en un
aïrias dë'frbcher» cèmme^MhltJe f iét,lës>pltfs")£ràridès sbîlt
rëiripîiès -dè^ rttontagnëS. r On- rëinaHqbé éii ptertieulièh dë£
•M^ît'è^ quë5 jâmajs îfl n’y ‘-gèîéY ni .Aéîge- ,,LëS Italièn-»’
(dît MJ ''rMsékorfra.s', ‘l 'da ils' »èh> excellente} Histoire d'Ita¬
lie), ont tenté de cailler Ta1 quantité de màtièfé, qh^
le Vesuve et l'Etna ont vomie, elle e&t mille fois plus
considérable que ces montagnes. Les différentes couches
de Lava, entassées les unës sine lies autres, les villes en-
glqiqitiëa! p»r .>îeur éruptiidn fr-et ïcouv erres par des lits de
matièjrçàrcaloi-rtéei, prouvfént f-évidetoment, que. le ter¬
rain de la Sicilerefed* dTtalio, i s’est élevé prodigieuse-^
ment. Mhisice soldes*? il :deven«. caverneux ? Est * il ré*-;
durtrà jl’^atrd’iine croûte, oquë lè choc des flots peut bri¬
sai eft engloutir daris cun instant h La p'ostérité le saura;
nous ne pouvons: aujourd’hui que le'conjbcturer.*4—
Les* montagnes lés plus' considérables sont les Alpes
et les Apennins. Les plus grands fleuves de l’Italie sont
lè £0^ qqiijëçoit dans, son cours £^us..de trente rivières
avant de se jeter dans 'la.inqr- Ad riatique, l’Adige,' la
Pi ave , ^J’Àrho ef,fe Tibre. Les plus, grands .lacs sont:
leeïàc majeur^’ ' $& lac de I^tjgpno , . dpn,t seulement une
partie appartient à l’iïalie , et les lacs de Côme , d’Iseo,
A 3
6 L’ITALIE. INTKODtrûTTÜN,
et de Garda, renommé pour ses Agrumi , et la douceur
de son climat, - £.a éiaute ~ italüfprer&er'ane-Fe Royaume
de Sardaigne, tttl le *PiémonfPet la Sa-foie: 'dont une par¬
tie forme le de parlement, français du Mont-blanc, le
R.oyaume Lombard -^Vénitien , et les duchés de Parme et
«ttf ’ îtiodèîie. &îtalVé Aie rNili&u •éôüri^rend le •
Duché^d*, Toscane* la ci.-Cdevanst république de^Gêne*,
appartenante au Roi , de Sardaigne, l’ile d’Elbe, l’Etat ec¬
clésiastique, Lacques et St. Marin. V Italie inférieure
est formée par le royaume de Nàj^és et Sicile, par Mal-
tg, la Corse.' l’île de 'Sarda^gne^ étalés .Iles Jqniepnes.^
Suivant M. CrOme la population est çle 16V2 millions;
suivant M. Fabri de 17 à iB ; suivant M. Gaspari de 18 j
Grandeur , et -population des états d' / 1 ali e [mis sous les’
yeux, du Congrès de Vj.enne] : ^Roy.aume Lombard:Véni~^
tien. 13880, m., carrés. .4.. 065000 âmes. Duché de Mode ne
1^77. m. cl 375000. â. Duché de JPaçme. 1626. m. c/ 383000 à.
Etat ecclésiastique. 1355.’ m. c. 2, 425000. â. Sardaigne et
états. 22471. m. c. 3,814660- f* Deux Sieiles. 31,731. m. c.
6,766000. â. Total. 93,57?. m. c. d’Italie. 10,690000. âmgs.
Par les changem^psr norphreux^quippt gouleyersé la_
belle Italie copmt . fuite $ 'guerre^ de la xévqlntioj*;
Française, . qt de dqminailfifn. stp<t dyapolxop, • tout y*
*Wf4p: changé sa lacet politique. - Les grandes Tpicttoir#ftï.
remportées-en 1&3 et *845., redonné- aux états vdu p^f}, ;
mier rang leurs, anciens .souverains. * t a r (siS
On compte æn Italie, .300 villes; 258 évêchés , et 350,000
prêtre » .et- religieux, -dont .plus d’un tiers: réside , à ce
qu’on assure, dans les états du >Pape.
La religion dominante: en Italie -est; oïa ‘eajholiqud.
Les Grecs unis sont tolérés è( Rome etr à- Jfeivourne^ et il*
ont une église à Venise.. Les Albigeois ne soirt plus per¬
sécutés;, et les JuifffoOftt partout l’exercice public de leur
religion* quoiquayec dé» restriction-sndânè^jqùeliques
contrées. On parle cinq langues en Italie: Jf Italien v le
français .que tout le monde parle danst-laj :gav»ofie et
dans une grande partie du Piémont; l’allemand cor-
rbmpu jîans les districts de Vérone et de 'Vïcençe par
une petite peuplade allemànde, dont l’origine n’est pas
encore bien conriue', mais qui, d’après M. le'Çomte de
Stcrr.ber^ ,, dqit 'être d’origirte bavaroise ; le grçc, dans
quelques contrées méridionales du' royaume de Naples, ’
et dans les Sept-Isles;^ et l’ardbé zuélé d’italien, qui, se „
L’ITALIE INTRODUCTION. 7
parle parmi le peuple de Malte. De nos jours, c’est k
Rome et à Florence que la prononciation est la meil¬
leure, la plus pure, et la plus élégante^ mais la Tos¬
cane reste toujours le siège classique de la langue ita¬
lienne. Plus on s’approche de l’accent romain ou tos¬
can, plus on peut se flatter d’atteindre à la perfection,
de l'Italien. (V. Italienische Spraehlehre für Teutsche ,
▼ on C. L. Fernow , Tiibingen 1804. 8* 2 vol. excellente
grammaire.) Les diftérens dialectes de l’Italie donnent
souvent beaucoup plus de peine à un étranger, à com¬
prendre le3 autres qu’à se faire comprendre , car les
gens du commun comprennent généralement le bon Ita¬
lien. Le Napolitain est très-difficile à comprendre. A
Venise, le vulgaire et même la noblesse parlent un lan¬
gage particulier, qui a des tournures très-naïves et qui
ne manque pas d’agrément. On peut se faire aisément
une idée de l'idiome de tous les états Vénitiens d’après
la comédie de Goldonit i Rusteghi , qu’on ferait très-
bien de lire en société d’un Vénitien même. En géné.
lal, la frequente lecture des pièces de Goldoni , qui sont
écrites dans le style ordinaire des sociétés t peut beau¬
coup contribuer à la prompte connaisance de la langue,
et, par le grand changement des matières, donnerdesin-
structions sur tout ce qui arrive communément dans la
vie sociale de ce peuple. Il y a aussi une quantité d’ou¬
vrages français traduits en Italien, qui, avec un peu
d’application , peuvent éclairer ceux qui savent le fran¬
çais. Ils- paraissent même avoir plutôt été traduits a
cette intention, que pour faire connaître aux Italiens
les vraies beautés et la finesse du style des originaux.
On ne saurait trop recommander la grammaire Italienne
par M. l’abbé Boldoni, et le Dictionnaire portatif fran¬
çais, Italien et anglais , par -Bottarelli r Venise, 1791-
8 vbl. in 8* dont le 1 italien, anglais, français; le 2.
anglais, français, italien; et le 3. français, italien, ang¬
lais. De même le D izzionario portatile di prununzia
France s-e Ltaliano ed Italiano Franccse . per Bartolo-
mco Cormon. Lyon, et Paris , XI. 1802. 2. vol. 8. U»ri
peut y ajouter la Grammaire italienne réduite a, 5 ar¬
ticles. A Paris, an X. 12. Les Allemands possèdent un
dictionnaire de poche excellent: c’est le Dizionario
nuovo portatile , Italiano -Teèesco ed l'cdesco-Italiano.
Leipsick, chez Rabenhorst. 2, vol* 12*
8 L’ITALIE INTRODUCTION.
On recueille en Italie du bled, des vins, des fruits,
des soies ; l’on y exploite des mines, et on y élève des
cheveaux qui sont assez bons. L’industrie s’exerce prin¬
cipalement sur les ouvrages de soie,isles étoffes, les pas¬
sementeries, les confitures, les parfumeries et les pâtes
de diverses espèces. Le vin par sa bonté et sa quantité
est d’un produit considérable pour l'Italie; le meilleur
est récolté entre les montagnes de Somma et d'Ottojano
près du Vésuve. L’espèce ^qu’on préfère, est celui qu’on
appelé Lacrirnae Christi , mais qui ne se trouve que
dans les caves des grands. Le vin de Montejiascone ap¬
pelé Est Est', est célèbre. Le vin de la Romagne à
Aritie ne paraissait que sur la table du Pape. En géné¬
ral les vins des environs de Rome, si estimés par les
anciens , ont beaucoup perdu de leur saveur. M. Lèves-
que en accuse la négligence et le peu de soin des Ro¬
mains moderpes. Dans le Grand-Duché de Toscane le
vin rouge qui croît sur les montagnes de Pulciano et
A ' Alcino , est préférable aux autres; le vin muscat de
Gc'nes est très-estimé; particulièrement celui de Far -
nese de la montagne Fornaccia. Le vino santo entre
Pari et Volargine est excellent, de même le vino Fa -
lerno1 a JPuzzoli, près de JSayles. On cultive partout
le vin dans les ci-devant états de Venise. Les vins de
Cor/ou et de Zantc sont de bons vins de liqueur. Le
vin de Sardaigne ressemble beaucoup à celui d’Espagne;
les meilleures sortes, dont celui de Malvagia di Casas
est le plus fort, se trouvent dahs les environs de Cag-
liari. Les fruits de première qualité sont meilleurs et
en plus grande abondance en Italie, que dans aucun
pays de l’Europe. La Sicile seule , d’après la déclara¬
tion de Sestini , envoyait au dehors S ï >745 quintaux d’a¬
mandes douces et amères. Malte donne les plus belles
oranges qui existent, d’un jus rouge. Les Italiens font
de leur excellens fruits toutes sortes d'essences et
d’eaux distillées, qui se transportent en quantité dans
les autres pays, de même que les fruits frais et confits.
Les raisins , dits de Corinthe viennent de la Sicile et
des îles de Lipari entre les volcans du pays, et de la
Céphalonie. La meilleure huile est l’huile vierge qui
est tout à fait transparente , d’une couleur blanche ei
sans odeur. Il y a en Sicile différentes fontaines, sur
les eaux desquelles le pétrole nage, et qui s'emploie
clans la pharmacie et pour brûler dans les lampes. La
L'ITALIE INTRODUCTION-. 9
fontaine Canal-otto près de Nicosia est particulièrement
remarquable h cet égard. Les cannes à sucre, surtout de
l’île Gozo , la manne , le safran , le miel et la cire, sont
des productions de ce pays. Le miel de Sicile qui se
transporte dans des outres de peau est le plus odorifé-
rant; celui de Sardaigne et de Corse est amer; parce-
que les abeilles le tirent, la plûpart des bufs. Les blan-
cheries italienues fournissent une cire très-fine et très*
blanche. Le ris est le meilleur de l’Europe. Il n’y a
point de contrées en Italie où l’on ne cultive la soia
qui tient toujours le premier rang parmi les soies con*
nues. C’est" en Sicile qu’on a commencé, dans le 12e
siècle à la cultiver; Roger après son expédition dans la
Palestine, l’an 1130, en avait ramené des gens qui en sa¬
vaient parfaitement la manoeuvre. Les soies que l’on
tire d’Italie sont moitté soies grèges, et moitié soies ap¬
prêtées et ouvrées. Il n’est pas extraordinaire de trou¬
ver dans le Piémont des paysans, qui recueillent cha¬
cun jusqu’à *00 livres de 'soie. On i appelé Miliortli
une sorte de soie qui se tire d Italie ; il y a des miliora-
tis de Bologne, et des milioratis de Milan. Les damas
de Gênes, les vélours de Gênes, et de Venise conservent
encore leur ancienne réputation. Il y a des arbrisseaux
de coton en Sicile, a Naples et principalement à Malte
et à Gozo. Le chanvre de Bologne est le meilleur, sans
en excepter même celui de Riga. Ee bois le fer, le
marbre, et l’albâtre, les bestiaux, appartiennent au
nombre des richesses nationales. Le buffle, animal ap¬
privoisé, mais qui conserve un aspect féroce, est en
Europe presque particulier à l’Italie. Le fromage de
vache se divise en deux espèces, Formaggio et Stra -
chino. On fait peu de cas du premier, appelé cacio
magro. Le second , ou Strachino , est fait avec du lait,
auquel on laisse la crême, a tutto buttiro : il n’est con¬
densé que par son propre poids; il est gras, délicat, et
plus blanc que le Formaggio. Il se divise en deux espè¬
ces: d’une seule crème, ou de deux. Ces fromages qui
se font aux environs de Milan, et surtout, dans !a Val-
sasiua, sont fort estimés. Le mascarponi de Vaprio ,
fait avec la crème seule, est envoyé par la poste à
Vienne en Autriche, où il est servi dans les plus grands
repas. Il y a encore des fromages appelés caciuole et
raviggiuoli , qui se font avec du lait de brebis ou de
chèvre. Il y a eu Etiarie un fromage doux, appelé
IO t’ITALlE. INTRODUCTION.
cacio marzolino , parcequ’il se fait principalement a*
mois de mars. Le fromage Parmesan , se fait dans toute
l’étendue du pays, qui est entre Parme et Milan. Il tire
son nom d’une certaine princesse de Parme, qui la pré-
anière le fit connaître en France. En Piémont, on le
nomme Lodèse. Les moutons , les chevaux et les mu¬
lets , sont estimés. Il y a trois sortes de chevaux à Nap¬
les; à corsieri , à genetti del R*gno , et k genetti da dus
selle , c’est aussi de ces endroits que se tirent les plu*
beaux mulets de l’Europe. Un trouve quantité d’eaux
minérales ea Italie. Le corail, et sa pêche est un ar¬
ticle important d’économie et de commerce pour l’Ita¬
lie. La pêche du thon à Porto -Sus en Sardaigne rap¬
porte seule 31,000 risdalers ait propriétaire. La Sicile tire
aussi un revenu considérable des cantarides. C’est un
insecte appartenant à la classe des scarabées , qu’oa
trouve en quantité sur les feuilles du frêne et du peu¬
plier, dans le froment et dans les prairies. La Sien* en
possède les meilleures et en exporte tous les ans 40 cant ares.
Les ordres sont celui de la couronne de fer duci-devant
Royaume d Italie; ila été conservé, de mêmeque les deux
ordres du Pape, celui de l’éperon d’or, et celui de St.
Jean de Latéran. Pour ce qui regarde l’Italie insulaire,
il y a à l’île de Sardaigne, les deux ordres de l’Annon¬
ciation et St. Maurice, et à l’île de Sicile, comme dany
le royaume de NapLs, les deux ordres de Constantin et
de St. Ferdinand. Nous n’entrons pas dans le détail des
A rmoiries.
2.
Poids.
Aussi-longtems que l'usurpation Française dura, le
• ystême des mésures métriques de France , prévalut. La
division
de l’ancien
poids de
Turin
e6tt
Rubbo.
Libre.
Marco.
Onde.
Dcnari.
Grani%
1
5
37 V2
300
7200
172, Soô
1
1V2
12
288
6-.ÇI2
I
8
192
4,608
I
24
576
1
24
16 livres de Hambourg , valaient 2ï livres de Turin.
La livre employée en pharmacie était aussi compôséede
L’ITALIE. POIDS.
tt
12 onces; mais ces onces étaient plus faibles que celles
de la livre ordinaire, dans le rapport de 5 à 6.
La livre commune et usuelle de Milan, la livre de»
marchands était, ou est de 28 onces légères, libra gro&~
sa ; chacune de ces onces de Milan se divise en8dragmes,
la dragme en 3 deniers, le denier en 24 grains. L’once
qui servait ou sert à peser les matières d’or et d’argent,
est plus forte. On l’appele, V oncia di marco d'oro.
L’once des orfèvres se divise en 24 deniers , et le denier
en 24 grain9, mais les 24 deniers, en font 26 de l’once
commune, ou oncia di peso leggiere. Le sucre, le café,
la bougie, la droguerie, la soie , se vendaient ou se ven¬
dent à la livre de 12 onces, liretta ; ou libra piccola ;
elle est de 12 onces légères, de même que les onces de
la livre commune, c’est à dire; 10 onces 5V2 gros , an¬
cien poid9 de Paris.
La livre qui servait ou sert à Venise à peser le paiii
et les drogues se divise en 12 onces; dont chacune vaut
6 gros et 171/e grains, ancienne mesure de France. L’on¬
ce se divise en six sazi , quand il s’agit de peser le pain,
la soie, le fil, et tout ce qui sert à coudre. Elle se di¬
vise en g dragines , quand il s’agit de drogues : 19 onces lé¬
gères font la livre pesante.
Le marc qui servait ou sert a peser les monnaies, les
matières d’or et d’argent,, les perles et les diamans , se
divise en 8 onces, dont chacune vaut 7 gros 5V16 grains,
ancien poids de France, L’once se divise en 144 carats;
et le carat contient 4 grains.
La livre, libra grossa , qui servait ou sert pour les
métaux et autres marchandises pesantes et pour les co¬
mestibles, se divise en 12 onces grosses, chaque once,*en
jg 2 carats , le carât en 4 grains.
La livre qui servait ou sert à peser les galons et l’or
filé , est plus légère que celle qui sert pour les lingots
et les monnaies. L’once de cette livre ne vaut que 6
gros 4ÔV6 grains, ancien poids de France.
81 livres, peso grosso font 80 livres de Hambourg, et
8 livres, peso settile , font 5 livres de Hambourg.
Le robe ou rubo était de 2.) livres, a peso sottile, oit
de 12 onces chacune. Le cantaro ou quintal , était ou
est de six robes, ou de 150 livres, et contient 100 rotoli.
Le rotolo était de 18 onces ; et le poids que l’on em^
ploie pour les marchandises pesantes. Le peso était de
cinq cantara.
13
L’ITALIE. MESURES.
Litra. Oncie. Denari. Grani.
I 12 288 6,912
I 24 576
i 24
On conserve à Florence avec des précautions scru¬
puleuses, le Campione ou l’étalon de la livre, poids de
Florence, qu’on assure être celle des anciens Romains.
JLibro . Oncie. Dramme. Scrupoli , Oboli. Silique. Grani.
12
95
288
576
i)728
6,9*2
1
8
24
48
144
676
1
3
6
18
1
2
6
24
X
4
22
i 4
Le quintal est de ioo, de 160 et ûe 250 livres. La livre
de Rome pese 6,63s grains, ancienne mesure de France;
la livre ancienne des Romains n’était que de 6,144 grains.
La livre de Naples se divise en 12 onces, l’once en
30 trapesi , le trapeso en 20 acini. 100 onces font 3 roto -
li. Ainsi le rotolo est de 33V3 onces de Naples. Le staro
est de icV3 rotoli , et le cantaro de 100 rotoli.
En Sicile, le rotolo, peso grosso , a 2V4 livres ou 33
onces; le rotolo, peso sottile n’a que 2V2 livres on 30
onces.
3-
Mesures linéaires et de capacité.
Les anciennes mesures de Turin étaient et sont
les suivantes.
Le raso ou braccio , qui servait aux marchands, était
de 14 onces ou pouces; il valait 21 pouces, 2 lignes et
®/ioo- ancienne mesure de France. Il se divisait en quarts,
huitièmes et seizièmes. 19 Iiasi de Turin, répondaient
à 20 aunes de Hambourg.
Ancienne division de la mesure du vin :
Brenta.
Rubbi ,
Tinte.
1
6
36
1
6
L’ITALIE. MESURES.
13
Ancienne division
de la mesure des grains:
Saccho. St aj a.
Emina.
CopellU
1 3
6
48
z
2
16
I
8
On emploie à Milan nn bra9 pour la mesure de I»
soie , braccio da seta, de 19 pouces 56/ioo lignes, ancien*
ne mesure de Paris ; et un bras pour la mesure du drap,
braccio da Farina, qui a 24 pouces deux tiers, de France.
Division des mesures des liquides.
Brenta.
Stari. Emine. Quartari.
Pinte.
Boccali ,
X
3 6 12
48
384
124
16
128
I 2
8
64
I
4
32
X
8
Division de la mesure de9 grains
Emine.
Bubbi. Moggi.
Stari.
Stareli.
1
J4 28
224
448
I 2
16
32
X
8
16
1
2
Le braccio , pour la mesure du drap, a 278»
2 lignes
de France: pour la mesure de la soie, 295, 6 de ces lig¬
nes; 16 des premiers bracci , fout 17 de ces derniers.
Division de la mesure du vin :
Amphore. Bigonzo. Secchi. Inguistane.
1 4 64 1,024.
1 16 256
1 16
Le moggio , mesure du blé, pese 528 livres de Venise î
le stajo en pèse 44; il se divise en quarte , la quarta en.
quartaroli .
La canna piccola , pour la mesure des draps vaut
palmes, ou iooi, 7 lignes de France; la canna grossa
pour la mesure d’étoffes de soie, est de 10 palmes et de¬
mi; la canna de toile, n’est que de io palmes; 16 canne,
grosse = 61 aunes de Brabant; 15 canne piccole = 49 au¬
nes de Brabant.
Le mille Italien est de 60 au dégré , ou 950s7 toises
de l’ancienne France. 27 milles Italiens répondent à £
myriamètres.
Guide d, Voy. T. II. B
14
L’ITALIE. MESURES.'
Mesure, du vin :
Mezzarola. Barili. Fiaschi. Amola,
i
2
I
90
45
180
90
x
2
Mesure des grains:
Mine.
x
Quarte.
8
Gambette.
96
1
12
Le ris s’évalue par cantari, da igo livres, de 12 onces
Chacune, ou par rotoli de Gênes.
Le bras de Florence, braccio de panno, Ou panoro,
le seul que l’on connaissait dans l’usage ordinaire, était
de 1 pied Q pouces 6454/1000 lignes, ancienne mesure de
France. Le passetto vaut 2 bras , et la canna en vaut 4.
Le bras se divisa en 20 soldi ; et le soldo en 3 quatrini.
Mesure du vin;
Cogno. Barili. Fiaschi.
200
20
I
10
x
Le baril de vin pesait 140 livres de Florence, et Le
Jîasco vaut presque 2r/2 pintes d'e Paris. Le baril d’huile
pèse 85 livres de Florence.
Le Modio , mesure de blé, est de 24 Staja ; le stajo
de Florence approche beaucoup de 2 boisseaux, ancien¬
ne mesure de Paris.
Le palme des marchands est plus grand d’une once
et demie que celui des architectes, qui se divise en 12
parties qu’on appelé once : le palme des marchands se
divise seulement en tiers et en quarts. Sur un marbre
qui est dans la cour du Capitole , a gauche, on trouve
ce palme gravé. On y voit aussi la canne des marchand*
de 8 palmes; le bras des marchands a 4 palmes, et le
bras de toile a 3 palmes. 36 cannes de soie et de draps,
= 125 aunes de Hambourg: 17 cannes de toile, =62 au¬
nes de Hambourg.
Le baril de vin se divise en 32 bocali , chaque bocale
en $ fogliette: ainsi la fogliettu est à peu- près la cho-
pine , ou demi - bouteille de Paris* Le baril d’huile se
divise en 28 bocali.
L’ITALIE. MESURES
15
Le bled se vend par une mesure appelée rubbio , qui
pèse 640 livres Romaines : la rubiatella est la moitié du
rub'tio. JL’on divise le rubbio en 12 siari ou 22 scorzi.
Le palme de Naples contient à peu - près 9 pouces
gl/2 lignes de France. Il se divise en 12 oncie , l oncia
en ; minuti . La canne est de 8 palmes, 19 cannes sont
73 aunes de Hambourg.
Mesure du vin:
Carro. • Botti.
Barili.
Carafe.
X 2
24
i,440
v 1
12
720
X
60
Une caraffe et demie est à peu- près l’ancienne pinte
de Paris. La regia c amer a a une mesure particulière,
qui est plus grande dans le rapport de 10 à 11. La me ¬
sure de l’huile, salma , contient 10 staia , et le staio 32
pignotti. On prétend que le bénitier de S. Janvier est
Je modèle de la mesure des liquides.
Le t'umuîo ou tomolo , dont on se sert pour mesurer
le blé, contient 40 rotoli de 33 onces chacun, il est ré
puté communément 3 palmes cubes.
La canne a 8 palmes, ou 8584 ligues de France; 8
cannes font 27 annes de Hambourg.. La mesure du viu
s’appuie salma ; 12 salines font la tonne .
La mesures des solides porte aussi le nom de salma ,
ma 5. on la divise en salma grossa et salma generale ,
chacune de 16 tomoli. Nous ne rapporterons pas les me¬
sures des autres endroits d'Italie ; elles diffèrent trop peu.
4-
Monnaies.
La dépendance dans laquelle se trouva presque la to¬
talité de l’Italie, y avait introduit, la manière à comp¬
ter par francs et centimes ; au lieu de compter par lira
de 20 sous ou soldis , de 12 deniers ou denari. On vient
de retourner à l’ancienne manière de compter , mais les
espèces d or et d’argent du Gouvernement Français, con¬
tinuent d’avoir cours.
Les anciennes espèces d’or étaient de deux sortes; sa¬
voir, les pis tôles , qui se divisent en demi et en
W Z
lô L’ITALIE. MONNAIES.
quart de pistole, et les carlins, qui se divisent en
lierai - carlins. Toutes ces espèces devaient être fa¬
briquées au titre de 21 carats 18 grains. L’empreinte
des nouvelles pistoles différait de celle des ancien¬
nes , en ce que les armes que l’on voit sur celles-ci
étaient écartelées, au lieu que le revers des nouvel¬
les ne présentait qu’un aigle couronné, portant en
coeur les armes de Savoie, qui étaient de gueule à la
croix d’argent; on les reconnaît d’aifleurs par le mil¬
lésime. l.a pistole neuve avait cours, comme l’an,
cienne pour 24 livres, = 26 1. 8- s. ancienne monnaie
de France. Le carlin avait cours pour 5 pistoles ou
120 livl = 132 liv. de France. Les demis et quarts de
pistole, et les demi-carlins, à proportion. Mais on
voit à présent très - rarement de ces espèces d’or.
Les espèces d'argent se divisent en écus , demi -quart-
et huitième d’écu. Les empreintes étaient les mêmes
que celles des anciennes pistoles. L’écu à ô lire, =
7 Francs 17 centimes, nouvelle monnaie de France.
Ces espèces d’argent sont à présent réduites à leur
valeur intensive.
Les espèces de billon étaient des pièces de 7 s. 6. d. et
2 s 6 d. marqué dessus.
Les espèces de cuivre se divisaient en sols, demi -sols,
et picaillons à 2 den.
On a frappé sous les Français à Turin, des Maren-
gos ou pièces d’or de 20 Francs, et des pièces d’ar¬
gent de 5 Francs, suivant le nouveau système moné¬
taire de France. Le différent de l’hôtel des mon¬
naies de Turin était U.
Les anciennes espèces d’or et d’argent des anciens sou¬
verains rétablies, continuent d’avoir cours.
IsTous renvoyons au tarif ci- joint, pour tout ce qui re¬
garde le Cours actuel des monnaies d’or et d’argent
du Royaume d'Italie.
On comptait et on compte à Milan par Zire, soldi et
denari , dont la division est la même que celle qui
était en usage en Francé.
Les anciennes monnaies d'or frappées au coin et aux
armes de l’Empereur d’ Autriche , qui ont encore
cours dans la Lombardie, sont la pistole et le séquin.
Leurs empreintes sont les mêmes. C'est, d’un côté
Ad y a g. 16
Ta r i f f a
Belle Monete circolanti in tutto il R^gno.
VaTore a Moneia.
i. O R O.
Milan.
liai.
Italiane Pezzo da 40 lire
—
—
—
40
00
Pezzo da 20 lire ....
—
—
—
20
00
Francesi Pezzo da 40 franchi
—
—
—
40
00
Pezzo da 20 franchi
—
—
—
20
00
Pezzo da 48 lire Tornesi
—
—
—
47
20
Pezzo da 24 dette . .
—
—
—
23
55
Milano Doppia .
25
15
—
19
77
Zecchino .
Venezia Zecchino e suoi spezzati
15
11
3
11
94
in proporzione
15
13
4
12
Bologna Doppia e sua metâ
• 22
5
8
1 7
10
Zecchino e sua meta
15
5
6
11
72
Francia .Luigi nuovo . . .
30
15
6
23
55
Parma Doppia nuova .
Genova Doppia da Lire 96, sua
2?
18
—
21
4i
meta e 4to in proporz.
Savoja Doppia nuova del 1787 in
102
12
—
00
74
avanti, e sua metâ
3?
—
*3
28
40
Firenze Zecchino . .
15
9
9
11
88
Roma Doppia .
22
4
6
17
05
Zec:hino . .....
Germania Ongaro Impériale di Ba-
15
4
6
11
63
viera e Salisburgo .
la
6
—
h
74
Ongaro Kremnitz ....
l5
7
3
11
79
Ongaro dei Principi
15
3
9
11
65
Valorc a Moneta.
Z. A R G E N T O.
'Fiandra Sovrano e sua meta
francia Sc. da 6 lire torn.
cia 3 dette .
franco .
Milano Scudo e sua meta .
Lira vecchia e sua meta
Lira nuova del 1778, sua meta e
quarto ih proporzione
Bologna Scudo délia Madonna e
sua meta .
Sc. da paoli 10 e sua meta . 1
Modena Scudo di francesco III.
Scudo di Ercole III. 1782 e suoi
spezzati in proporzione
Savoja Scudo nuoiro
Genova Scudo nuovo .
Parma Ducato .
Firenze Francescone .
Roma Scudo da Paoli dieci .
Germania Tallero di convenzione
Fiandra Scudo delle Corone o Cro-
cione .
Spagna Pezza nuova
Milan.
Ital.
45'
9
3
34
89
—
5
80
—
—
—
2
75
—
—
—
1
00
6
—
—
4
60
1
—
-
—
751/3
1
-
-
-
76V2
7
_
—
5
37
6
18
6
5
3i
7
4
6
5
54
7
6
—
5
60
9
1
6
6
96
8
9
—
6
48
6
11
5
02
7
2
—
5
45
6
16
6
5
24
6
12
9
5
09
7
6
6
5
62
6
17
9
5
29
Nota. Le monete Italiane han-
no corso al vafcore sopra
di esse segnato.
L’ITALIE.' MONNAIES.
*1
l’effigie de l’Empereur et de l’autre un écu écartelé
au preipier et au quatrième, de Maurienne, au second
et troisième de Milan, et sur le tout, parti d’Au¬
triche et de Lorraine. Le séquin , pour être admit
dans la circulation, doit peser 2 deh. 20*tya4 grains,
et le souverain 9 den. i5/e grains.
Les anciennes espèces d'argent frappées au coin et ar¬
mes de l’Empereur d’Autriche et qui continuent d’a¬
voir cours, sont, les écus et demi-écus. Ils portent
les mêmes empreintes que les pistoles et séquins, et
de plus, sur la tranche cette légende: virtute et exem-
plo. JL’écu a cours pour 6 lire, et le demi - écu k
proportion.
Les espèces de billon se divisent en pièces d’une lira ou
20 sols, pièces de ic et dé 5 s.
< • 1 '•
Les espèces de cuivre , sont divisées en pièces d’un sou,
de 6 den. ( mezzo soldo ) de 3 den. ( quatrino ) et d’un
denier et demi ( sestino ).
On comptait et on compte à Venise par ducats, ducati,
de 24 gros, grossi ; ou par livre’s , lire , de vingt, sols,
( à 53 centimes , monnaie actuelle de lq France ) , sol .
di , le sol de 12 déuièrs, denari : 124. sols, ou 288 gros -
setti , ou 1,488 deniers, représentent un ducat..
Les monnaies d'or de la ci-devant République de Ve¬
nise étaient de six espèces différentes z savoir, l’écu
d’or, scudo de oro ; Vosella de Oro ; la pistoie, dop -
via; le séquin, zecchino ; le ducaton, ducato de oro ;
le demi et le quart de séquin. Toutes ces espèces
devaient être fabriquées d’or fin, c’ect-àdire, au
plus haut titre possible. ISécu d'or porte 20 lignes
de diamètre, on voit d’un côté le buste d’un lion,
tenant un livre ouvert; on lit autour cette légende,
Sanctus Marcus Venet. 140. L’autre côté représente
une croix fleuronnée , autour de laquelle on lit, le
nom du Doge N. N. DuxVenetiar. L. A. F. L yosella
d'oro , pcite 15 lignes de diamètre. Cette monnaie
est plûtot une médaille quune monnaie; les em-
i8
L’ITALIE. MONNAIES.
prelntes chantaient suivant la volonté «lu Doge. Le
séquin porte à peu -près 8 lignes üe diamètre, se»
types représentent d’un côté S. Marc au milieu d’un
cadre de forme ovale, entouré de iô étoiles ; et
de 1 autre, ce même S. Marc, devant lequel le Doge
est représenté h genoux. Le ducat porte, h peu -près
9 lignes de diamètre, ses types représentent d’un côté
un lion allé, tenant un livre ouvert; on lit autour
cette légende: f)ucatus reipubl. on voit de Lautre
Côté, S. Marc assis , tenant une grande croix ; que
tient aussi le Doge à genoux. LV'cii d'or a cours pour
264. liv. ou lire. t L ' osella de oro , pour gg livres. La
pistoie, doppia, dont le poids légal est fixé à 32 ka-
rats 2/3, pour 38 liv. Le séquin , pesant 1680/91 karats
pour 22 livres. Le ducat du poids de 101/2 karats,
pour 14 liv.
Les monnaies d'argent étaient: l’écu à la croix, scudo
délia croce , qui se divise en demi, quart et huitiè¬
me ; la justine , ducatone guistina ; qui se divise dé
la môme manière; l’écu nommé talaro , qui se di¬
vise comme l’écu de la croix; le ducat effectif, du~
oato cjfctivo , qui se divise en demi et quart; et l’o-
selle, osella. L'écu à la croix était fabriqué au
titre de 1,056 karats ; ses empreintes sont les mêmes
que celles de l’écu d’or; il a cours pour 12 liv. 8» ••
(6 Francs 56 centimes, monnaie de la France répu¬
blicaine). La justine devait peser 135 karats, et être
fabriquée au même titre que l’écu à la croix. Se»
type» représentent d’un côté Ste. Justine avec cette,
légende: memor ero tui , Justina Virg. 124, et de
l’autre côté, un lion tenant le livre de l’évangile,
devant lequel le Doge est à genoux. La j’ustine a
cours pour 11 liv. (5 Francs 82 centimes). Le talara
n’a cours que dans le Levaht ; il vaut à peu- près 5
liv. 5 s. ancien argent de France. Ses empreintes re¬
présentent d’un côté, le buste d’une femme revêtue
du manteau ducal, avec cette légende, republic a Ve-
net. de l’autre un lion ailé* tenant un livre; la lé¬
gende est composée du nom du. Doge, et le millé¬
simé est placé au-dessous du lion. Le ducat effec¬
tif ou d argent, doit peser 110 karats, et être fabri¬
qué au titre de 952 carati. Ses empreintes représen¬
tent d’un côté St. Marc assis, ayant devant lui le
L'ITALIE. MONNAIES,
19
Doge h. genoux ; de l'autre côté, un lion aile tenant
un livre. La légende est composée de ces deux mots:
ducatus Venetus. Le ducat a cours pour 8 livres.
(4 Francs, 24 centimes. ) L'oselle d’argent , est une
médaille de la même forme, et portant les mêmes
empreintes que l’oselle dar ; elle a cours pour 3 liv.
18 s. (2 Fr. 6 Cent. )
La monnaie de billon , se divise en pièces de 30, de 15,
de 10, et de 5 sols ou sojdi. La pièce de 3a sous , Zi-
razza, a pour empreintes , d’un côté le buste d’un
lion tenant un livre > de F autre Thémis assisse sur
des lions, tenant le glaive et la balance. Le millé¬
sime est placé au-dessous de la figure. La pièce de
15 s. représente d’un côté le Doge à genoux, et de
l’autfe côté le lion, comme sur la pièce de 30 s. Les
empreintes de la pièce de 10 sols sont les mêmes,
excepté qu’au dessous lion on ne voit qu’une ro¬
sette , et qu’il y en a deux sur la pièce de 15 s. La
pièce de 5 sous, représente d’un côté, Thémis assise
sur deux livres, et de l’autre un lion ailé, tenant
un livre.
Les espèces de cuivre se divisent en sous et demi -sous
qui diffèrent peu les uns dos autres quant h la forme.
Les . empreintes du sous représentent d'un côté le
Doge à genoux devant un lion ailé, qui tient un
livre; celles des demi- sous représentent d'un côté
Deffigie de S. Marc.
Venise faisant partie de la monarchie Autrichienne, les
monnaies de l’Empereur y ont cours avec les mon¬
naies de l’ancien régime. On a même frappé des lire,
aux empreintes impériales autrichiennes. Venise
étant retournée de nouveau sous le sceptre au¬
trichien les monnaies de cette Monarchie y sont
- de nouveau en circulation.
On comptait à Gênes par livres de 20 sous, qui se divi¬
sent chacun en 12 deniers. Les anciennes espèces
d'or sont, les doublqns et les séquins: Les séquins
portent d’un côté l’effigie de St. Jean, avec cette lé¬
gende, non surrexit major , et le millésime. Les
doublons pèsent 6 den. 2 gr. 2 tiers, et ont cours
pour 23 liv. 12 s. et les séquins, pésant 3 d. 4 gr. pour
13 liv. 10 s. On les évalue à 11 1. 4 s. ancien urgent
«U France.
m
so l,’ ITALIE. MO-NN AIES.
Le9 anciennes espèces d’ argent sont: l’écu de S. Jean
Baptiste, parcequ’il porte pour empreinte l'effigie
de ce Saint, valant 5 liv. de Gênes: l’écu ou croizat ,
portant d’un côté l’effigie de la vierge : 9 1. 10 9. de
Gênes, = 7 1. 6 s. 8 d. ancien argent de France. La
géorgine, 1 liv. 6 s. argent de Gênes = 1 liv. ancien
argent de France; la madonnine simple et double,
de la valeur de 1 et de 2 liv. de Gênes.
J1 y a 10 parpayoles dans une livre numéraire de Gênes*
On compte dans la Toscane par livres, lire , dont cha¬
cune se divise en 12 crctzie , ou 20 soldi , ou sous (83
centimes , argent de France); le sol en 3 quatrini, et
le quatrino , en 4 denari.
Les monnaies d'or étaient le ruspone et le sèquin : le
ruspone à la taille de 32^/9» et les séquins à celle de
07*/? » à l’ancienne livre 4e France. L’empreinte du
ruspone , a d’un côté l’rffigie de S. Jean- Baptiste
couvert d’uîie peau de mouton, et le revers repré¬
sente une fleur de lys, et la légende est le nom du
grand -Duc. Les empreintes des séquins sont les
mêmes, excepté que S. Jean y est représenté cou¬
vert d’une toile, et assis sur la terre, et qu’il tient
la croix de la main gauche. Le. ruspone a cours pour
40 liv. = 33 liv. 13 s. 4 d. ancien argent de France et
le séquin pour 13 liv. 6 s. 8 d*- = il liv. 4 s. 5 d.
ancien argent de France,
Les monnaies d'argent se divisaient en pièces de 10, de
5, de 2, et d’un paul , et d’un demi-paul. Tou¬
tes ces espèces portaient d’un côté l’effigie du grar.d
Duc, et de l’autre ses armes, avec cette légen¬
de: dirige y Domine , gressus rncos. La pièce de 10
pauls a cours pour 6 livres 13 s. 4 d. = 5 liv. 12 s,
10 d. ancien argent de France = 5 Francs 53 centimes
monnaie de la France républicaine; les autres à pro¬
portion , à raison de 13 sols 4 den. le paul, = 11 s, 3
d. 4/io de la France ancienne = 55 centimes de la
France républicaine. Les Tallari à ypaoli, = 5
Francs 8 centimes; le testoano h 3 paoli, = 1 Franc
66 centimes.
Les monnaies de billon , étais les pièces de quart-
de-paul, quatrini dieci , valant 2 crazies £ s 10 d
de France.
L’ITALIE.' MONNAIES,
21
Lès espèces, de cuivre , se divisaient en' soldo , sou, dou-
ettiy 2/3 de sou, et quatrini, tiers de sou. Elles por¬
tent d’un côté les armes de l'ancien Duc, et de l’au¬
tre rénonciation de leur valeur.
La Reine régente durant le court teins de son Régné, avait
fait frapper des espèces d’or et d’argent, sur lesquelles
on voyait son image et l’inaâge de son fils, avec cette
légende: Spes mea , in juventùte mea%
On compte à Rome par écus , qui se divisent en 100
bayoques , et chaque bayoque en cinq quatrins *
Les monnaies d'or sont de deux espèces ; savoir : les
séquins , doubles - et demi - séquins , et ‘le-s doubles
ou pistoles, demi - doubles 7 et double - doubles, dop-
pia romuna , mezza doppia , doppia-doppia. Les dou¬
bles portent d’un côté l’image de S. Pierre, portée
sur un nuage, et de l’autre la tige d’un lys en fleur.
La valeur de la doppia romana est portée à 3 écus,
13 bayoques, es 16 1. 8*-7d. ancien argent de France ;
celle de ses divisions à proportion. Cette valeur
change suivant la hausse des espèces d’or. Les sé¬
quins , doubles et demi- séquins portent d’un côté
les armes du Pape, et de l’autre l’église, représentée
par une femme portée sur un nuage , tenant les clefs
d’une main et de l’autre la figure d’un temple. Le
séquin vaut 2 écus 14 bayoques =1 11, liv. 14 s. 6 d. Le*
doubles - et - demi - séquins valent à proportion. Le
quatrino , ou quatrin., porte d’un côté le buste de^S.
Pierre, et de l’autre les deux clefs posées en croix,
et surmontées de la tiare; on lit audéssous. le nom
du Pape. Le quatrino vaut 531/2 bayoques r = 2 1. 15
s. 8 d. ancien argent de France.
Les espèces d'argent se divisent en écus romains, scudo
romano , valant 100 bayoques, = 5 1. 5 s. ancien argent
de France, t= 5 Francs 53 centimes, nouvel argent de
France, demi - écu, mezzo scudo , valant 50 bayoques;
cinquième d’éctf, papetto , 20 bayoques =3 1 Franc 11
centimes; on a donné la valeur de l’éçu Romain' qui
est très -rare, à la piastre d’Espagne qui est assez
commune; en teston, testone , 30 bayoques ; =3 1 l. io
s. ancien argent de France ■ =• 1 Franc 66 centimes ;
paul, paolo , 10 bayoques, e=: 10 s. 6 den. =s 55 centimes ;
gros , grosso, 5 bayoques ; demi - gros , medio-grosso ,
2 bayoques et 3 demi- q lutrins , s =.3 s* 64en. Les cm-
22
L’ITALIE. MONNAIES,
preintes des écus, demi -écus, et papets, sont les
mêmes que celles des séquins, excepté que les écus,
frappés pendant la vacance du St. Siège, portent
d’un côté les armes du Gouverneur de Rome , et de
l’autre le St. Esprit dans une gloire. Le teston
porte d’un côté S. Pierre et S. Paul, et de l’autrô
les armes du Pape. .Le paul , le gros, et le demi-
gros , portent d’un côté les armes du Pape et de
l’autre une légende différente; le paul: oblectat jus-
tos misericordia ; le gros: auxilium a sancto , et le
demi-gros: vae vobis divitibus !
Les espèces de billon se divisent en haut et bas billon.
Celles du haut billon, sont les pièces de deux car¬
lins et d’un carlin , qui ont cours pour 15 bayoques,
et pour 1$ moitié de cette valeur. Elles portent d’un,
côté les deux clefs posées en croix, surmontées de
la tiare , et de l’autre l’énoaciation de la quanti¬
té de carlins qu’elles représentent. Les espèces de
bas billon, sont- de couleur grise, et se divisent en
pièces de 8> de 4, de 2, et d’un bayoque, = 8» 4, 2,
I sou. Les pièces de 8» baiochella da 8, portent
d’un côté, le buste du Pape dans un médaillon, et
de l’autre les figures de deux Saints. Les pièces de
4, de 2, et d’un bayoque, portent d’un côté, les clefs
posées eh croix; et de l’autre une légende, qui in¬
dique leur valeur, ✓
Les espèces de cuivre se divisent en bayoques, bajocchot
demi bayoques, mezzo bajoccho ; et quatrin, quatri -
no. Une légende annonce la valeur, pour laquelle
elles ont cours.
Le numéraire étant très- rare, on a crée de petites cé¬
dules , de 5, 6' et 7 écus, qui portent les noms du
mont de piété et de la banque du St. Esprit. Ces
billets qu’oîx est toujours obligé de prendre pour ar¬
gent comptant, perdent quelquefois 5 et 6 pour cent;
quelquefois la perte n’est que de 2 et 2V2 pour cent.
Le papier-monnaie émis pendant la courte existence
de la République romaine, est hors de cours.
•n compte à Naples par ducat, qui représente 10 car¬
lins; chaque carlin «= 43 centimes, (argent de Fran¬
ce) se divise en 10 grains, et chaque grain en 12 ca-
valli : 4 ducats et demi sont la doppia , et 26 carlins
sont un séquin.
L’ITALIE. MONNAIES.
23
Les espèces d'or sont des pièces de 6 ducats , et des on¬
ces de Sicile La pièce de 6 ducats a cours pour 60
carlins, = 26 liv. 13 s. 4 den. , ancien argent de France.
Sa valeur est indiquée par un D. et un 6. Elle re¬
présente d’un côté l’effigie du Roi, et de l’autre l’é¬
cusson de ses armes. L’once d’or de Sicile, a cours
pour 30 carlins.
Les monnaies d'argent sont des ducats et demi - ducats,
des pièces de 12 carlins, ou écus de Sicile , des piè¬
ces de 2 carlins, de 26 grains, et de 13 grains. L’em¬
preinte des ducats d’argent est la même que celle des
pièces d’or de 6 ducats. On lit au-dessous de l’écus¬
son ces mots, ducato Nap. gr . 100, ce qui annonce
que cette monnaie doit contenir fbo gr. de fin. Elle
a cours pour 10 carlins, =4 1. 3. s. 4 d., ancien argent
de France = 4 Francs 27 centimes, argent de France.
Le demi- ducat à proportion. La pièce de 12 carlins
ou l’écu de Sicile, différé des ducats, en ce que 1 é-
cusson est sans aucun accompagnement; on voit au-
dessous cette marque G. 120. Elle a cours pour 11
carlins = 5 Francs 12 centimes. Des tari , ou pièces
de 2carlins = 85centimes. Des pièces de 26 grains. Des
pièces de 13 grains ont une valeur proportionnée.
Il y a encore la pièce de 4 cavalli, le tornese de 6 ca-
valli; la pièce de 9 cavalli ; ou de 3 quatrini ; et
la publica , qui vaut ig cavalli ou 1V2 grains.
D’après un décret du Roi Joachim, à dater du 1. Jan¬
vier 1S12. le lire au poids de 5 grammes, étàit l’unité
monétaire. H y a i/4 , i/o', 3/4 , 2 et 5 lires , en pièces
d'argent, et pièces de 20 et 40 lires en or. Les mon¬
naies de billon , sont des pièces de r, 3, 5 et to Cen¬
times. Les pièces portaient toutes, d’un côté, le nom
et l’effigie du Roi et le millésime; au ré vers les armes
du Royaume avec la légende: Rcgno de due SiciLie.
Les espèces d’or et d’argent ont de plus sur .la tran¬
che ces mots: Dio proteggç il Rcgno. Tout cela doit
changer, au retour du légitime souverain.
On compte à ftlc§sine et JPalerme , par once de 30 Tari.
Onza. 2'ari.
Carlini.
Ponti.
Grani.
P iccioli,
H
CO
O
60
450
603
3,600
I
2
15
20
100
X
7%
ro
60
1
8
1
6
I
24 L’ITALIE. VILLES.
Les monnaies d'or sont l'once d'or de 30 tari. %z
France 80 centimes, argent de France.
Les monnaies d’argent sont les écus, demi -écus, quart-
d’écus etc. de 12, 6, et 3 tari. Scudo à 12 tari, = 5
Francs 12 centimes. Des pièces de 4, 2 et d’un tari ;
et des' carlins , ou pièces de 10 grains.
Outre les monnaies d'argent, ci-dessus dénommées, on
avait frappé pendant la courte durée de quelques
républiques éphémères, des espèces d’argent, dont
quelquesunes ont d'un côté la légende, Libéria ,
Egualianza , avec la figure d une femme entourée de
trophées, et portant au bout d une pique le bonnet
de la liberté ; de l’autre côté de la pièce on trouve
sa valeur indiquée au milieu d’une couronne de
chêne, et au-dessus ces mots: Anno 1. délia libel la
ltaliana.
5-
T a b le au de quelques villes *).
BOLOGNE. Long . a l’ohs. 290 0' 32". (Ile de Fer.)
Lat. 440 29' 3Ô". Population , 70,000 a.
Edifices remarquables. Curiosités. Le ci - devant
palazzo publico , ou palais de la seigneurie: (on trouve
dans les appartemens plusieurs beaux tableaux) — la
cathédrale, ou il'duomo : l’église de St. Pétrone: (on y
trouve la fameuse méridienne de Dominique Cassiniy
dont le gnomon a 8.3 pieds de hauteur. Cassini la traça
en 1653, et la rétablit en 1695. Les marbres de la méri¬
dienne étant fort dégradés , on les a refaits en 1776 sous
la direction de M. Zanotti.) — les bâtimens de l’univer-
*) A. l’occupation de Paris en .1815 , par les troupes al¬
liées, plusieurs puissances européennes ont réclamé
Ie9 chefs d oeuvre des arts, dont Ils années fran¬
çaises avaient dépouillées leurs capitales et Musées.
Espérons que l’Italie reverra de même, ces tableaux,
ces statues, ces antiquités , qui avaient serais d’em¬
bellir et d’enrichir Paris. Que surtout soient rendus
aux églises et cathédrales, ces tableaux, calculés
sur la vaste enceinte de ces bâtimens sacrés , et qui
ferdaient de leur effet, entassés dans les galènes du
.ouvre. Nous prions les voyageurs d en prendre
nôte, et de nous en informer pour quelque édition
nouvelle.
L'ITALIE. VILLES.
sité ; (le théâtre 4e l’anatomie est un des plus beaux
qu’il y ait.) — la fontaine de Neptune : (elle <f?t une des
plus belles ; la statue de Neptune est très- célèbre en
Italie.) — les tour» Asinelli et de ’ Garisendi ; (la hauteur
de la première est de 307 pieds de Paris, sans compter
la coupole; elle est inclinée de 31/3 pieds; l’autre n’a
que 144 pieds de hauteur, à 8 P- 2 pouces d’inclinaison,
et cela est si frappant, qu’on n’apperçoit pas la pente
de l’autre tour. On compare la forme de Bologne à un
vaisseau, dont la tour Asinelli serait le mât.) — le bâ¬
timent de l’ Insiiiuto ; (établissement célèbre, qui est
ce que Bologne a de plus remarquable.) — les églises de
Gesu et Maria: de Mendicanti: (dans la quatrième cha¬
pelle à droite, un beau tableau de Cavedone , et au
xnaitre autel un grand tableau du Guide.) de S. Saiva-
tore: (une des plus belles églises de Bologne.) de S.
Paolo : (sous le baldaquin, deux belles figures sculptées
par Algardi) de Santa - Agnese : de S. Domenicd; (on
conserve dans la 6me chapelle les reliques de S. Domi¬
nique. Il est très • difficile de voir la tête, parcequ’il
faut que la municipalité envoie les clefs de la châsse.)
des Servîtes: de S. Giovanni in monte: le palazzo Zam-
pieri: (la maison principale de la ville), — • le palazzo
Tanari: (il y a dans les appartemens un tableau admi-
rable , par le Guerchin.) — le palais Magnani , Grassi
etc. et plusieurs autres — la Zecca — la belle salle des
spectacles — l’église des Capucins: Madonna di S. JLuca .
(on y va par une belle galerie en portique, formée de
640 arcades numérotées, qui rendent ce pèlerinage très-
commode. La Madonna passe pour être l’ouvrage de
St. Luc).
Etablissements littéraires et utiles. L’université na¬
tionale du royaume d’Italie — l’institut de Bologne :
(consultez: Notizie dell’ origine e progressi de II’ Insti-
tpto delle Sciencie etc. 1780 par le Marquis Angelettij
l’académie royale des beaux arts: la Academia de Filar-
mônici : le collé geE d’édüdation : les sociétés d’agricul¬
ture et de médecine.
Collections. Cabinets. La bibliothèque, les salles,
cabinets et galeries de l’université et de l’instituto, qui
renferment encore, malgré les enlévemens des Français,
de grandes richesses, en chimie, physique, architecture,
peinture, antiquités, les figures anatomiques en cire de
Mad. Mazzolini ; le buste de Galvani etc. — le jardin
Guide d. Voy. T. IL C
26
L’ITALIE. VILLES.
botanique — les galeries Z ambeccari, Malvese et Zam~
pie ri , surtout à la dernière, le St. Pierre de Guido
Hhehi ; l’Agar par Guercino ; le rapt de Proserpiue, par
Albarro ; le crucifix d’ivoire de Jean de Bologna — les
galeries de tableaux aux palais Tanari et Z aniboni, —
le couvent San- Vitale renferme à présent la plûpart
des tableaux , qui se trouvaient dans les autres églises
et couvens, surtout plusieurs Carraches , et un Sauisoû
de Guido Rheni. —
Promenades. La promenade de LMontaguuola.
Auberges. Aux 3 Pèlerins : (tre Pellegrini , très-
bonne).
Distances. Bologne est éloigné de Milan, de 16 postes j
de Modène 3, de Florence 12 , de Siène 17, de Rome 31.
-niîtu, k , ■ ,.t -,
Avis. Les friands d’Italie vantent fort les morta-
dellas de Bologne , espèce de gros saucissons. Les sa¬
vonnettes fines et odoriférantes, les liqueurs fines, le
contignac et autres confitures, de même que la thé¬
riaque de Bologne, sont recherchées dans toute l’Italie.
Bologne est encore renommée en Italie pour les maca¬
ronis , pour les fleurs artificielles en orfèvrerie et en
soie, et pour les fruits imités en cire, dans lesquels on
met quelquefois des gants blancs de peau de la plus
grande finesse. Les fabriques de papier y sont belles,
et le travail des batteurs d’or mérite d’être examiné.
Le tabac de Bologne a aussi de la réputation. On y re¬
marque jusqu’à la raçq^des beaux chiens des dames, si
connus sous le nom de chiens de Bologne. La pierre de
Bologne est une espèce de spath pesant, reconnaissable
par ses lames brillantes, demi - transparentes , et sa
forme extérieure, qui annonce, qu’elle a été roulée par
jUs eaux. Cette pierre, nommée il cuminafrile , ou
spongin di lucey se trouve eu grande quantité sur le
rpont Paterno , près de Bologne. (Ce fut un cordonnier,
nommé Vincenzo Casciarolo , qui, occupé d'alçhimie,
ramassa des pierres du mont Paterno , croyant y trou¬
ver de l’argent; rentré chez lui, il les traita au feu, et
au lieu d’y trouver le métal qu’il y cherchait, il trouva
le phosphore qu’il. ne cherchait pas).
FLORENCE. Long. 2go 55' 30". (Ile de Fer. ) Lat.
430 46' 30". Population. 80, ooo- h.
L’ITALIE. VILLES. 27
Edifices remarquables. Curiosités- La cathédrale- (Cett#
église est. toute incrustée au dehors de marbres noirs et
blancs, qui sont polis, et lui. donnent l’air d’un catafal¬
que ou d'une montagne de marbre. JLa coupole est haute,
de 380 pieds. La méridienne que l'on voit dans cette ca¬
thédrale est le plus grand instrument d’astronomie qu’il
y ait au monde, puisque le gnomon e^.t élevé de 277 pieds
ôpouces o lignes et un dixième, ancienne mesure de Paris,
au-dessus du pavé de l’église. Ce beau temple est fermé
par des portes d'airain, sculptées avec un art admirable.
Le Campanile ou la tour a 280 pieds de hauteur, et.est in¬
crustée de marbre noir, (rouge et blanc; on y jouit ùe la
vue d’un grand horizon). Le baptistère (jà sont ces fameu¬
ses portes de bronze, chef - d’oeuvre de Ghiberti etd ' V go~
Uni , et que Michel- Ange qualifiait de porte del paradiso .
bu artiste, le fameux Féodor, Calmouk de nation, connu
par ses taiens et ses voyages, les a gravées). — Les églises
de St. Laurent*, (les tombeaux de plusieurs Princes et les
7 statues qui ornent leurs mausolées, qui sont de Michel-
Ange. Le tombeau de Cosme l. se distingue par sa sim¬
plicité et par la noble fierté de l’épitaphe , dans la efte-
jte.llc royale des tombeaux , commencée en 1604, et l’une
des choses les plus remarquables de toute l’Italie. On y
admire la célèbre nuit de Michel-Ange. Celui qui fait
voir la chapelle fait un commerce de mosaïques et de
niarbres - fins. La collection de 1:0 échantillons de mar¬
bres différens , y coûte 15 séquins.) de Santa - Maria- no-
vella; (la pharmacie du couvent est fort renommé en
Italie.) ueSt. Esprit; (une des plus belles) deS.Marc; (les
tableaux de Fr a Bartoloméo ; les parfums excellens du
laboratoire du couvent etc. les tombeaux du Pic do la
Mirandole et de Politien : les cellules et le portrait du
fameux Jerômé Savanarole , brûlé en 1498-) de l’Annon¬
ciation , (le tableau célèbre, sous le nom de la M adonna
delSacco) de la Ste. Croix; (avec le mausolée üe Michel-
Ange , et les tombeaux de Galilée , de Mttchiavclle , de
Bonarotti y et d’Alfieri, le dernier par Canova). I40
Studio, ou le bâtiment de l'université — les maisons de
Michel-Ange dans la rue de Gibelins; d ’Amèric.Vespucc,
h l'endroit où est bâti l’hôpital de S. Jean de Dieu; de
Bianca Capello dans la rue, Via Maggio, avec les armas
de Médicis surmontées d’un chapeau. — Le palais Pitti.
(C’est dans ce palais qu’était la M adonna délia dédia de
Baphaël qui orne à présent le Musée de Paris. Toute la
C 2
L’ITALIE. VILLES.
2$
galerie i^itti a été transportée.) — Le palais vieux — le
palais Strozzi — le palais Boboli, (son jardin est le plus
beau de Flèrence.) — - Corsini, (les amours et Silène, par
Albane) — Riccardi (la galerie de ce palais est admira¬
ble) — l’hôpital deBoniface, palais distingué, — les4ponts.
(Le pont de la Trinité est un des plus beaux qu’on ait
faits. Près du pont-vieux, l’Hercule, très-beau groupe
de Jean de Bologne.) Lafontaine de Neptune. (On compte
à Florence 160 statues dans les places, dans les rues, et
dans les façades des palais, p. e. Je beau groupe appelé
Alessandto ; mais il n’y a aucune place dans le monde
ornée de statues aussi précieuses que la place du vieux
palais.) — la bourse, di Lanzi — l’hôpital de Sta. Maria
novèlla. — Le plus beau quartier de la ville est celui
entre la place de St. Marc, la place de Maria Novella
et du palajs Pitti. 11 y a de belles rues le long de l’Ar-
no. Les bords de l’Arno, surtout depuis le ponte vec-
chio~ jusqu’au pont de la Trinité, forment une prome¬
nade jolie et très - fréquentée.
Etabli s semens littéraires et utiles. L’université; l’aca¬
démie de Florence ; (c’est l’académie délia Ci u»ca réunie
à celle des Apatistes et rétablie en 1810. Xes meubles de
la salle d'assemblée répondent à son emblème, de sé¬
parer le son de la farine. Le directeur est assis sur une
meule.) — l’académie des arts; (le travail de pierres
dures et en mosaïque y est annexé); l’Athénée ou les
Golombari et Géorgophiles; la société pour étudier l’his¬
toire du pays; le cours de chimie et de pharmacie eu
professeur Gabrielli. (Les typographies et calcographies
de Florence, sont très - estimées. On y trouve une fon¬
derie de caractères, et plusieurs atteliers de sculpture,
surtout celui des Pisani.)
Collections ; Cabinets. La galerie de Medicis ou de
Florence: (collection célèbre , riche, et nombreuse de
statues antiques, de bronzes, de tableaux, de médailles,
de camées, et d’autres curiosités; p. e. la bannière et la
cuirasse du duc Bernard de IVeimar. Consultez le Mu¬
sée Florentin y et un nouveau Guide, la Galerie de Flo¬
rence chez Piatti. Florence 1807. La célèbre Pénur A/é-
dicts a été transportée à Paris, de même que plusieurs au¬
tres objets précieux, mais on y admire encore la iamilio
de Niobé. Il est défendu aux préposés et gardiens,
fl’exiger ou d’accepter la moindre gratification de la
part des étrangers: cette ordonnance, n’est guères ob¬
servée. La livrée n’entre pas. Cette galerie, par une
»ui<e dé corridors communique avec le palais Pitti ,
Si1 éloigné, et avec le palais vieux. — Le gardemeuble
ou le tesoro. — Les archives diplomatiques. — La
bibliothèque Maggliabecchi — le Musée , collection
L’ITALIE. . VILLES.
29
immense, surtout le cabinet de physique, les figure*
anatomiques en cire etc.), la bibliothèque MediceaL.au-
rentiana (le bibliothécaire Fossi en a publié le catalo¬
gue) — les tableaux 'à- la Villa reale — les bibliotliè**
ques des Dominicains de St. Marc, des Franciscains,
de Marucelli, du grand hôpital, de la famille Riccardi,
du doyen Riccardi, de Strozzi, de Rinucçini etc. le ca¬
binet d’antiques et de pierres gravées du baron de
SchelLersheim , et avant - tout , la superbe galerie des
tableaux, du Marchese Gerini. — L’arsenal • — l’obser¬
vatoire de Ximenes — le jardin agronomique.
Fabriques. Manufactures: de soie (connu sous le
nom de taffetas de Florence , de bas) de porcelaine, (à
Doscia , à 1V2 lieue de Florence, et dont les des¬
sins sont fort agréables) d’eaux de senteur et d’essences
(surtout à la Fonderia de St. Marco) de fruits candis ;
des teintures, surtout en noir; * des ouvrages de bronze,
de tour, de marqueterie; des voitures de bon-goût; des
piano-forte; des machines et dnstrumens de ma thé ma-'
tique et de physique La fabrique de mosaïque en pièr-
res précieuses ou dures (genre de travail ancien dans
cette ville; dans les moinens de relâche que les ouvriers'
peuvent employer pour leur compte , ils font quelques
petits tableaux très -chers, que les curieux se peuvent'
procurer, le pied carré à 15 à 33 louis) la fabrique de la-
vori ài scagliuola , (cet art consiste a faire un stuc avec
la pierre spéculaire , et sert à imiter admirablement la
mosaïque et la peinture.) — Les'< magasins d’ouvrage*
en marbre et albâtre, de Bor.elli [à l’auberge de Schneir-
derff.] et des frères Pisani , al Prato. — (Les mortadelles
de Firenze sont renommées en Italie, Allemagne, et
France.)
Jardins. Promenades. Le jardin de Boboli (surtout
la belle vue du haut du Casino cavalière) : — les Casine
(métairies près desquelles on a fait de jolies promena¬
des Je long de l’Arno, peut-être les plus belles de l’Ita¬
lie) — la promenade al praîo , de l 'Amo, entre les pont*
de la Santa - Triai ta- et d’alia Carraja — (on aime aussi
a s’arrêter, et à se rafraîchir aur les marbres et marchés
entre la cathédrale et le baptistère, où l’on montre le
Sasso di Dante, la pierre sur laquelle le célèbre Dante
s’asseyait de préférence). — Les "terrasses du cloître des
Olivetains.
Spectacles. Divertissement. Plusieurs spectacles:
(le plus grand théâtre est celui délia Pergola , celui del
3«
L’ITALIE. VILLES.
Cocomero est plus petit ; prix des places au parterre,
3 paoli, pour ceux qui ne s’abonnent pas. Pendant le
carnaval on compte plus de six théâtres, p. e. celui de
Borgo d’ogni Santi, di Maria Novella. Les prix d’entrée
baissent considérablement , juspùà un demi paolo , ex¬
cepté au théâtre délia Pergola. Les abattimenti , qu’ on
donne alors sur ces théâtres , comme des intermèdes,
sont des tours d'escrime aves l’épée et le poignard, et
font le divertissement de la populace) les promenades
en carrosses aux portes de S. Galle et de S. Pi? tro Gatta-
leni, aux Casernes. Les courses de chevaux qui se font
vers la S Jean: (c'est le beau jour de Florence ;) la festa
délié fierucoloné ; le jeu du calcio ou du balion : les
eourses de chars, [la veille de la St. Jean*, sur la place
de Sta Maria Novella] les Signorié : les casinos: les con-
versazione.
Auberges : chez Mr. Schneider ou Schneiderjf , sui¬
vant M. de Morgenstern , à l’ Auberge anglaise ; (excel-
lente auberge, l’une des meilleures de l’Europe. Il pos¬
sède encore deux autres hôtels, .dont l’un sur l Arno*
C’est l’aubergiste le plus honnête et le plus obligeant,
qui est au fait de la plupart des langues vivantes, et
qui procure aux étrangers des V etturinis sûrs, pour tra¬
verser les Apennins.) — Le plus grand café est celui de
Battegone , sur la place du dôme. Sur cette place, sur
la place royale, et au-delà du Pontevecchio , on trouve
les cafés les plus élégans.
Environs. L’église St. François au mont: (avec une
très belle vue sur la capitale.) — les maisons de plai¬
sance, de Careggi, (renommée par l’ académie platoni*
que de Laurent le Magnifit/ue ;) de Castello, de la Pe-
traja, de Lappegesi, de Poggio Impériale: — Pratolinoz
[ci-devant le Palais enchanté de Bianca Capello , et
construit par le grand architecte Buontalcnti , qui y
prodigua les ressources de son génie par les jeux méca¬
niques; il existe encore quelques unes de c» s merv.eil-
'les , p. e. le fameux colosse de Jean de Boiogixe , dit
l’ Apennin , et qui parait au premier coup d’oeil, un roc
pyramidal. Il y a un beau beîvedère dans la tête: le
reste ne présente que ruine et dévastation] — les ruines
de I ancienne ville de Eiesole, 2 milles rie Florence.
Distances: De Florence à Bologne, il portes; à
Milan 28; à Siène />; à Rome 22; à Gênes iSTV
Livres a consulter : Guida per esservar con me*
todo le rarita e bellezae délia citta di Fioreuza : *la
L’ITALIE. VILLES.
3t
neuvième édition.) Fiorenza. 1807. 12. Mais surtout lo
éahier second, de l’intéressant voyage de M. de Morgen¬
stern hcise in Italien ira J ahr 1809. 1. Band . 2. Heft ,
car c -st le Guide le plus instructif de Florence^
Mélanges. Le pavé, en larges dalles plates et unies,
est une des magnificences de cette ville, qui peut être
regardée comme l’Athènes d’Italie. La place du palais
vieux est le rendez -vous des vendeurs de chapeaux de
paille, qri se font à Florence ou dans les environs avec
beaucoup de propreté et dont les dames Anglaises font
tant de cas. Au dessus de la porte de beaucoup de mai¬
sons habitées par la' noblesse, à Florence, on voit une
bouteille vide suspendue, qui indique qu’on y vend du
vin lecueilii dans les domaines du maître. A coté de la
porte, il y a un trou carré assez large pour passer un^e
bouteille; celui qui veut acheter du vip , tire la son¬
nette, donne sa bouteille vide, on la remplit, il la paie
et l’emporte. — L’heure du dîner est entre 3 et 4. heu¬
res. Pour 3 paoli9 ou 10 gros, argent d’Allemagne , on
est bien servi et nourri, à la table -d’hôte des auberges.
GENES. Long. 26°. 38'. o". (Ile de Fer.) Lat. 44°.
23'. 48". Population, 75,860, dénombr. récent. — Q. La
fille de Paix:
Edifices remarquables. Curiosités. L’église de St.
Laurent. ( On monte sur sa tour, pour dominer toute
la ville, et jouir de la vue la plus variée. Sur la place,
il y a des cafés fréquentés. — L’église del l’Annonciade —
et la belle place de ce nom — ( la Cène de lîrocaccini)
l’église de Carignano : (le St. Sébastien de Puget ; figure
de marbre, très - belle ) — l’église de St. Steffano [le ta¬
bleau de Raphaël] — de St. Ambroise: [tableau de Ru¬
bens] de St. Cyr — l’église de St. Mathieu, (la chapelle
de la famille Doria) — le palais du Doge et sur la porte
la proue d’un navire ancien — le palais Doria (respectable
par tant de souvenirs glorieux et dans la plus belle si¬
tuation du monde. Les jardins sont en terrasse. Près de
la statue, Gigante , l’épitaphe du chien de Doria) _
l’hôpital des incurables: (qui pourrait, san9 -frissonner,
traverser l’étendue et le silence de ce palais de la dou¬
leur ?) — l’Albergo : (hôpital magnifique, la merveille
de Gènes : il y régnait avant la révolution un ordre ad¬
mirable, une propreté parfaite, un soin extrême. Près
de cet hôpital , uu^ endroit où. le pavé est enfoncé , et
^ qu’on n'a point réparé, pour jr conserver la mémoire du
33 L’ITALIE. VILLES.
jme Décembre 1746.) — la panêterie publique — 1» bas-
que de St. George: les archives: les statues des lé¬
gataires — la place deile Fontane amorose — la lan¬
terne ou le phare — le bagne — le port, et la piazza
de Eanchi — les rues Balbi, la rue nuova, e nuova nuo-
va, jusqu’à la place à'Aqua verdey la seule jolie place
de Gènes. Les deux premières sont les plus belles rues
de Gènes, où il y a plusieurs palais tout en marbre,
poli à l'extérieur ; chose unique: surtout le palais Bri-
gnolet rouge et blanc, les palais Pallavicini, Spinola,
Balbi j Durazzo , [rempli de beaux tableaux de Véro-
nèse, de Rubens, de Rembrand, de Raphaël etc.] Doria,
Serra etc. on peut à présent y entrer en carrosse; le*
chpfs - d’oeuvre des arts ont disparu en partie. Une
dame fait bien de ne pas parcourir les rues à pied, et
de se faire porter en chaise, pour n’être pas exposée à
la vue hideuse et à l’insolence des estropiés et des men-
dians, dont les rues fourmillent , ou des portefaix, qui
ne se détournent pas. On lit aux coins des rues les dé¬
nominations nouvelles de fratellama , vguaglienza , po-
polo etc. — [Au reste, ne cherchez plus que l’extérieur
de Gènes la superbe , dans Gènes d'aujourd'hui ; d’un
côté l’anarchie, les dilapidations, les sang - sues à bon¬
net-rouge et à grands mots, et tous ces fléaux qui ac¬
compagnent les révolutions; et de l’autre côté, la guer¬
re, les réquisitions, ont dépouillé Gènes de sa magnifi¬
cence; les fondations pieuses et publiques, l’aisance des
habitans, le commerce, tout a été mis aux abois.]
Promenades. Les Moles ; la très- fréq uentée prome¬
nade d 'Acque Soli : la terrase de l’église de St. Laurent;
les remparts, [promenade fort agréable , 'depuis le cou¬
vent des religieuses de S. Antoi'ue qui sont à l’orient,
jusqu’à la lanterne] ; le jardin de Lomellino , dont M.
Dupatr parle avec tant déloges; la promenade très-
fréquentée au pont de Carignano ; (le soir, les prome¬
nades sont le plus remplies de monde Si l’on veut avoir
les* plus beaux points de vue, il faut aller i. en mer à un
mille du port, 2. sur le haut de la tour de là lanterne;
o, Sllr le sommet de la montagne qui domine Gènes,
c’est à dire du côté de l’éperon.)
Etablïsscmens littéraires L’université: l’académie.
Collections. Cabinets. Trois bibliothèques publi¬
ques; plusieurs bibliothèques pa: tieuhères.
Commerce, fabriques Manufactures: eu velours,
(principalement en velours noirs, qui passent pour ê.;e
d/nn plus beau noir que partout ailleurs ; tié dainrs^.
L’ITALIE. VILLES. 33
4’étofîes, de rubans et de bas de soie; de laine; de toile;
d’huile; de savon; de papier (les papiers de Gènes ont
deux qualités particulières; ils ne sont point sujets à
être rongés des vers, et ils ont une bonne odeur quand
on les brûle. Les ouvrages d’ébénisterie ; les pâtés, (qui
passent pour les meilleurs de l’Italie) : les champignons
secs; les boîtes en vernis; les fleurs artificielles (les
convens de la Neve , deRozina, de 8. Nicolas , de S,
Barthélemi, du St. Esprit, sont renommés pour les bel¬
les fleurs. A Chiavari , à 8 lieues de Gènes,, on fait des
fleurs, qui coûtent 60 on 70 livres Génoises, chaque
.branche) : la pêche aux anchois.
Spectacles. Opéra, aux deux théâtres S. Agostino,
le plus beau, et di Falcone; la comédie au petit théâ¬
tre, Teatrino.
Auberges . A la Villa, chez Carlo [ très -bonne ]. A
la croix de Malte près du port, trè3 - bonne: à l’hôtel
des quatre nations.
Environs. La villa de Tomellini Poggio : la villa
Cornigliano ; on jouit de ses deux terrasses d’une vue
étendue et superbe. La villa Brignole; [ Michel Ange
en a été l’architecte: elle mérite d'être remarquée.]
Distances. De Gènes a Florence, 18 postes 1/2 » à
Livourne 17I/2; à Milan 11 ; à Turin i3T/2*
Livres a consulter. Description des beautés de Gè¬
nes et de ses environs, ornée de différentes vues et 4^
la carte topographique de la ville. Gènes 1773. 8*
Mélanges. On nomme la colonie, un cercle qui ré¬
unit la société la plus choisie. Le Mezzaro , que por¬
tent les dames de Gènes, quand elles vont à pied, est
un voile de 2 ou 3 aunes d’indienne ou de perse, plus
ou moins belle. L’art de la plus fine coquetterie prési¬
de à la manière de couvrir la tête, les épaules, et les
bras du Mezzaro, ou de les dévoiler. Le cicisbéisme
n’est nulle -part plus en vogue qu’à Gènes. Le cicisbèe
représente à peu près à Gènes, l'ami de la maison de
Paris. Il est rare qu’il entre des voitures en ville ; elles
s’arrêtent sur une petite place, où sont les écuries et
les remises, d’où l’on part pour la promenade oulacam
pagne, et où les chaises à porteurs se rendent de toute
part. Les voitures ne peuvent suivre dans les rues de.
Gènes qu’une direction qu’elles remplissent, et 'alors
ori ouvre les chaînes qui en barrent quelques-unes: les
chaises à porteurs et les porte- faix y sont sans nombre.
L’ITALIE. VILLES.
64
Ces chaises sont noires , comme les gondoles à VenlSff*
et.pour la même raison. 11 y a deux établissemens de
bain superbes, dont l’un sur la ;mcr. Prix ci’un dîner 4
è 5 lire ou 20 à 24 gros, argent d’Allemagne; prix d’une
chambre dans une belle situation, 3 lire ou un. florin
par jour. Les ducats do Hollande et de Cremnitz, et
l’écu de 5 et 6 francs sont de toutes les monnaies, cel¬
les, qui ont généralement cours, et* au prix do leur
valeur.
MANTOUE. Longit. à la coupole de St. André, 28°.
py. 59". Lut. 450. 9'. 14". Population , 23,000 h. Q Les
àmis de la gloire et de* arts.
Edifices remarquables. Curiosités. ’^La cathédrale:
(le tableau de St. Aloyse, par Guercinoi la tentation
de St. Antoine, par Paul Veronese ). — S. Anaelmo
(belle église); l’église St. Egide, avec le tombeau de
Bernard Tasso — l’église de St. André (célèbre par se»
réliques, et par le tombeau du comte Andréossi ) — »
l’église de St. Maurice (beau tableau de Carrache) —
l’église deMndonne delOrto: (quelques beaux tableaux)
— le buste et la place de Virgile — l’église des Domi*
nicains (avec le monument de P. Strozzi). — Corté, ou
le'ci-devant palais ducal — le ci-devant Palazzo délia
Giustizia ( dans la muraille de sa salle, une mauvaise
statue de Virgile) — le palais du T. (ainsi appelé à cau-
**e de la forme de son pan, qui approche d’un T. Ce
palais était remarquable par de belles peintures de Jum
les £.omainy surtout la guerre des Dieux et des Géans,
et passait pour la première curiosité de Mantoue. Quel¬
ques appartenions existent encore, mais la grande salle
est ruinée. — Le palai* de Gonzague -r- vis à vis de ce
dernier palai» la maison qu’occupait Jules Romain (sur
la porte une belle statue de Mercure , refaite par lui.
Ce grand peintre est enterré à l’église de St. Barnabe,
mais on ignore la place de eon tombeau. . Sa maison est
voisine de cette église). — Les ponts de St. Giorgio et
de Molini: (le dernier renferme 13 moulins. Belle vue
alpine , souttout dans la soirée, du pont de St. Giorgio.)
Etablissemens littéraires'. L’académie Virgilien'ne.
Collections . Cabinets. Le Musée — la collection au
palais <le Gonzague.
Auberge. A l’albergo grande: (auberge nouvelle¬
ment montée, et fort bonne).
L’ITALIE. VILLES.
35
Spectacles. Des comédies et de petits opéras dans
le carnaval , . et -au mois de Mai , tems où il s’y forme
une espèce de foire très - agréable.
Distances . De Mantoue à Milan II postes et 1/2.; à
Parme 6; a Venise 12; . à Modène ?y2.
Environs. La Favorita — la Virgiliana; [la tradi¬
tion porte, que Virgile y venait étudier dans une grot¬
te? mais on n’y voit rien de remarquable] — le village
«le Pietolo , anciennement apelé Andes , où nâq.uit Vir¬
gile et Catulle,
Avis. M'antoue est située entre deux lacs , et telle¬
ment engagée dans les marais, qu’on ne peut l’aborder
que ‘par deis chaussées étroites. Cette ville n’est deve¬
nue que trop’ célèbre , par ses sièges et par les scènes
sanglantes dont* ses environs ont été le théâtre'.
MESSINE. Population 4b, 000 a. avant le tremblement
de ferre dé 1783. M. Thomson l’évalua en 1810 à 28,000.
Edifices remarquables . Curiosités. Presque tous les
édifices, surtout la superbe P alazzata en face du quai,
©Ut été renversés ou détruits par le tremblement de terre
de 1783. On les <a reconstruits en partie et plus solides
et. avec' plus de. luxe. Le rez - de. chaussée est presque
.tout. en bqutique. La Valenziana , sorte de citron, et la
temonella di Spagna sont recherchés par leur délicatesse.
[Le fameux autel de la cathédrale est dédié à la sagra
lettera , ou la lettre de la vierge aux Messéniens^ et dont
la fête s,e célèbre le 3. Juin.]
Promenades. La promenade de la marine ou la
Panchetta ; celle entre la ville et la citadelle — * les jar¬
dins des capucins ; (la .vue de la terrasse est magnifique.)
Collections. Cabinets?. La ’bibliothèque royale et
publique: la bibliothèque des Capücins : les archives
de's Bénédictins1. •' c. *
Manufactures'. Fabriques. 0 n*y fait des taffetas,
dès gros - de - tours , des molla , dès tapis, beaucoup de
petits velours ciselés, des satins , des étoffes- guillocliée»*
de rayées en coutils, etc.
Epoques des quelques tremblemens de ferre.
Ïi6p — 1265,. — 1390 — ; 1456 — I4Q4 — 1499 — 1500 — 1536'
-4537, - 1538 - 1542 - 1549,— 1553 - 1563 - 1601 — 1613:
>l635 — 1638 — 1649 — 1659 — 1661 — 1693 — 1717 — 1726
*72?t - 1732 - 1732 — 1789 - 1783-
L’ITALIE, AILLES.
30
Mélanges. A la partie conv&Xe de la courbure a.x
golfe, derrière le fort, sont dès rochers sous l’eau ; c’est
la fameuse Charybde , où le Garofalo , où'un bouillon¬
nement, un tourhoyement des eaux , par les r.ourans
violens, qui se détournent avéc irrégularité , eùtr&inent
les bâtimens, etles font quelquefois périr; la Soylla n’ex¬
iste plus. — Rien de plus beau que le coup d’oeil de la
marine, à Messine, après celui du golfe de Naples , sur
une longueur de douze milles , depuis le phare qui est
au détroit, jusqu’au fond du port. Ce port, garni de na¬
vires , qui sqnt en charge ou en décharge , qui.entrent
ou sortent; la rade, où il y en a souvent à l’aucre ; le
canal où il eu va et vient continuellement ; les. coteaux:
de la Sicile couverts d'oliviers, de mûriers, et, de diffé-
rens autres arbres, qui se montrent en amphithéâtre jus¬
qu’au phare; ceux de la Calabre, en face , également
bien cultivés. Tous ces objets sous’ la vue en même
tems, forment un spectacle magnifique.
Esquisse rapide d'un voyage sur l'Etna. On doïihe
à l'Etna 9660 pieds de Paris au-dessus' du niveau de la
mer, et cént mille pieds de circonférence. Tes relations
de son escalade sontj plus effrayantes les unes que les
autres; mais le séjour des Anglais a rendu plus commode
ce voyage; on trouve mênie pïès de là cîmé , ‘ Z/z Casa
lnglcse, OÙ un abri, avec une écurie. Ta route se fait
à cheval, ou à pied, et Tune et l’autre sont fort lon¬
gues. (V. la relation de M. Scume de son voyage sur
l’Etna en 1802. et la plus récente de M . Grafs.) De
Catance à Nieolosi, [a Cutanée chez Biscari une belle
collection de vases étrusques] on marche sur des laves
continuelles, qui , dan® beaucoup d’endroits ,..i;çufïraient
le chemin impraticable à d’autres animaux qu’à dçs mu¬
lets. Partout où la végétation parait, elle se développe
avec la plus grande^ force : ce ne sont qne de^ aloës , des
oountias , des figuiers. C’est à Nieolosi, que commen¬
cent les plaines de cendres, qui séparent la regione
montese , de la regione silvosa. C’est un tableau singu¬
lier que celui de la plaine noire et poudreuse, qu’en¬
tourent cent montagnes coniques, couvertes dé vigno¬
bles et de verdure. Autour- de' Monten osso , d’où est
sortie la terrible lave en 1669, qui- abîffia Cutanée -, on
ne voit aujourd hui que plantes et arbustes. La regi&ne
silvosa , est couverte d'arbres, (Tune espèce rabougrie,
.L'ITALIE. VILLES,
3?
petfcdïîbits. C’esf air lx>ut de cfette tégio n$ tju'eÿtla sÿeA
- hunca deile •caprioïr') * La têrre est dès i'IéTs daiis ühe lé-
■thargie totale. ■ Partout la vite1 se' pfeVtfe rs%iVVf?f surface
-grisptre ,'j . dont l’aspect uSiiorme r h’ interrompit que
•parades ' ioàkeW- prodigieux, ‘qtiVn^s ’étdnhe- de vdirHrtô-
•mis de .la- r montagne ^ qûèlqiï’efe'rby^h te idée qn.'6n°^e
• fasSè de ses gouffres. On arriv'è-.ct là1 platefornie, où était
< la prétendue tour û'Einpe'dàclï. Orésr près de - la', dît
- Un voyageur modt?rȎ, que vu lever le soleil, et
les pays les- plus éloighés- 86e Rapprocher , poitr® eml^elfîr
■àrtion oeil le taMfeaU-' iittfgniflqtfè' dont il ‘ £tàit;frappé,
. jèn regardantes îles Lipurü,'1 eèttfe* tfcal*î^ ] cétte! mèr ifk-
mense r c p^StràmlfOtû qui fltihàit-à laigÿ pi edè- -
» • Vil-* • toute ; entière-! >Jè 'M’existais que ptour admirer \u L-
■ L’éruption du moii de Mars • igb0rlétâit niré des pins Vi«-
« lentes. LMiSina vomit lé ffceu et îa lave des dbuze cratè-
~res, à la fois; -a* ■*— Les Ouvragés de Brydone , de Houel
et de Grafs [Y% page 153 de tèt’ "Itinéraire ] seront lè»
plus, instructifs* o 'M. Grtt'f» récômménde pour guide, le
•nommé j4lfïo r Fighærmàe Trécdstagiïa dxt *il Piloto.
- MIIiAeK.r • î.ongT-s^ld Bréra 26° 5T* ‘îo". ‘(lie dû Per.’ >
î 3Lai..'43° -2?f igo'^i ' Poftïtlation *24,700*, *xi\\'J&-n.t \iAnnï}àîre
’ de rgTizr.— 4 c0. L’heureufee^Rencontre, et lé Grand - Orient
du Ro.yauine-d’Il&We.’C' f^ovr .. *• -
Kdijtcés- r'ema^-dables . Curioiitéé.' Lé palais R^ryal
— la -cathédralé (après S. Pièrte dé Rotne , la première
église uleritalie. La hauteur extérieure de la coupole et
; du couronnement est de 370 pieds de Paris.' Sous-le re-
grie de Napoléon oit y a travaillé dé rrttuvean , pourra
fînin. U>a prétend que cette église renfermé 4,'ooof statues,
tant; grandes que’ "petite s . dont 2oo aUd'essus de là’ gran¬
deur naturelle. La plus fameuse ést-céfl-e de St. Barthé-
.iémii écorché , proche de là sàicriStré ; elle ekt faite par
Jigrdti. ■ 11 faut monter' <kur la couverture dé l’église,
; nonàéulement pour voit* >l’im’mehrsè trâ'Rài’h dont elle ést
chargée, mais encore pour y jouir “de la vue. Oh y
découvre itnè plaine charmante, terminée par l’angle
de jonction- de l’Apennin et dés Alpes! : Là chhpelle
souterraine cPà repose le corps de Charles Borromêe^ est
• iréff -efeSmarquablè. > «La sculpture , là ciselure, l’-brfé-
- vderier, îyto nt épuisé leurs oRiiétftèn s. Le'trésor de l’ë-
— glisé! à ;ë'té; le 'plus Riehe après celui de tÉorétte.ai^- La
( 3£illa bu* Palais Belgioso — la casa Boromea — l’église
ée .S. •'Aïhbro'iéév q ui daté -du" 4me siècle- — i’églisè de St.
G, d. Voy. Tom. II. D
L’ITALIE. VILLES.
38
Francesco. lÆaggiore — l’église de Sfcr Victor — l*égli«,
le Graz^e: ( dans le réfectoire f le tableau le plus cé¬
lèbre de Leonardo da, Vinci.; la cène de-JN"; S. peint à
fresque. Ce tableau, a été très - endommagé et pres¬
que effacé, mais il existe encore dans le9 belles gravu¬
res de Morghen et de Rainaldi et surtout dans 25 copies*
Y. l’intéressant ouvrage, publié par Giuseppe BossU
peintre. Del Cenacolo Ai Leonardo da Vinci. Milano
agio. 4*) — la figure du tombeau de J. C. dans l’église da
S. Jérome — la casa Litta — le monasteru maggioré *.
^ bâti k l’endroit du temple der Jupiter* ) — l’église de iS.
,M;arc: (une des plus belles et dejK,plus grandes de Mi¬
lan) -r d’église de S. Çarpofpro : . ( prés de la porte 4 ca¬
mionnes antiques de porphyre),-?- le collège, de .Brera appeHé
après le palais des beaux arts, et son observatoire —
la Casa Cusani — l’église, jl Giardino & • (éeinarq uable»
-par la grande largeur du vaisseau. ) — le théâtre neuf —
la casa Clerici: ( c’est ©e qu’on cite de préférence- k Mi¬
lan. pour un modèle d’élégance et de goût.) — l’église de
S. Fedele : (il j a 6 colonnes de granit rouge d’une hau-
( teu* prodigieuse.) rfc Casa Marina — 1« palafa» Dârini —
. Casa Arese • (belles peintures. le séminaire — la joEe
église de S. Angelo — . l’archevêché.:- (belle collection de
tableaux) — les prisons : (beau portail. ); —.la. Casa Ca¬
stelli: (un des plus beaux palais1 d« la ville.) le Fop.
pone, ou les charniers de l’ hôpital — * l’église des Bar-'
Habites: le grand autel est remarquable par sa pro¬
preté et sa richesse.^ au collège ,1e cabinet d’hist. nat. du
Père Fini.) — le grand hôpital avec 2,2Q0 lits , et où l’on
élève 4000 enfans trouvés .*■*-? l’église de Madonua del
Celso :. (c’est une des églises, les plus estimées, de, la ville.
On admire surfrout+Ja coupole,- peinte k fresque parle
célèbre Appiani et lçs deux -statues d’Adam et d’Eve,
par délia. Forta ), — les églises de Vittofria et de S.
Laurent:, (le poétique de la, dernière est une colonnade
aptique, le seul ouvrage des Romains qui soit resté sur
pied, et d’un bon siècle.) — [La porte Spmpione n'est
que commencée, mais elle excite l’admiration y même
dans cet état, par les grandes conceptions, de son plan ]
— les caserpes dje?.gard,es — - la porte di Castello e,t, la plate
d’armes — la 7,ecc ar eiv.eç: un Jri eh a '-médai lier, et urte bel¬
le collection de livres. jiumis(matiques — Casai Visconti>—
l’église de $te. Marthe (où esL-la statue de Gastpinde F.oii)
— d’église- de St. Alessandro (plusieurs parties de l’église
V ITALIE. VILLES.
39
sont ornées avec profusion de pierres précieuses.) —
JLe Corso — les deux grands canaux, qui joignent Milaft
à YAdda et au Tcsin. [Les Italiens appelent avec raison
cette ville Milano la grande ]
Promenades. Les remparts: le cours: l’esplanade en¬
tre la ville et le Forum, ci-devant Bo?iaparte.
Spectacles. Amnsemens. Opéra italien pendant le
carnaval, au grand théâtre neuf, bâtiment magnifique.
La comédie snccède à l’opéra, mais en automne il n’y
a point de spectacle. On compte trois salles de specta¬
cles à Milan: il teatro grande , il teatro carcano , et il
t entra piccolo alla Canobiane, ou de mercanti. — On
trouve une excellente société dans cette ville.
Etabli s sejnens littéraires. L’institut. L’académie des
beaux arts; le collège de Bréra; nombre des écoles;
le conservatoire de musique; les sociétés de Filodrama*
tici, delîe Scienza ed Arti, de transformati etc. lise
publia à Milan 13 Journaux et feuilles tant politiques
que littéraires.
Collections. Cabinets. La bibliothèque Ambrosien-
xte, le musée de Sattala, et le cabinet de médailles qui
se trouvent dans le même bâtiment: (cette bibliothèque,
et ses collections, étaient la chose la plus intéressante
de Milan, après la cathédrale, mais Paris en possède à
présent les curiosités les plus précieuses. La bibliothè¬
que est ouverte tous les jours pendant 2 heures le ma¬
tin , et autant l'àprès - midi.) La bibliothèque, l’obser¬
vatoire, et les collections du collège de Bréra, surtout
le cabinet des médailles et les célèbres tableaux de Ra¬
faël , de Guido , de Gucrcino , de, Caracçi , et la cène de
Veroncse. (Les bibliothèques de Francesco lieina, et de
Giacomo Trivulzio 1 les cabinets de médailles , d’anti¬
quités, de physique, de tableaux, des frères Trivulzio,
de Beccaria , du sénateur Moscati des frères Pczzoni ,
et nombre d’autres dont le Guide de Milano donne la
nomenclature. Le célèbre peintre Appiani , possède,
outres ses propres ouvrages, de beaux tableaux de Da
Vinci , de Guido Rhcni etc.)
Fabriques Manufactures. Les fabriques de verre,
de porcelaine, de laine, de poil de chèvre (la machine
pour dévider le poil de chèvre à la casa Clerici est très-
singulière.) Les fabriques de toutes sortes d’étoffes en
soie et en dorure, on en estime surtout les velours; de
mouchoirs de soie , de bas de soie , etc. La fabrique de
D 2
4<>
L’ITALIE. TILLES.
rubans à la casa Bovara : (on y emploie un métier ingé¬
nieux.) Des broderies: des ouvrages de crystal, qui
sont précieux. Des voitures. Des plâtres faits d'après
les antiques.
Auberges. L’albcrgo reale: excellente.—- Albergo
délia citta: [on y a aussi la commodité des bains tout
prêts. )
Plan . Livres instructifs II Forestiero in Milano: avec
lepjan cle la ville. Milano. 1808. [bon guide, suivant
M. de 7 Morgenstern.] Almanaco e guida di Milano,
Milan. 1812. 16.
Distances. De Milan à Venise 21 postes; à Mantoue
X1I/2: à Parme 9; à Bologne 16 ; à Florence 25; à Gènes
Ji; à Lorette 331/2; à Borne 47.
Avis Chaque domestique mâle ou femelle, ne peut ~
entrer au service sans être muni d’une carte de police.
Les domestiques de place, doi/ent donner caution. On
trouve chez les frères Reycens , libraires à Milan et Tu¬
rin, les voyages d Italie surtout 1 ' ltinerario ItaUano ,
dont M. de Morgenstern vante l’exactitude, accompagne
de nombre de petites cartes routières ] des cartes,
plaus, vues, etc. Ce qui affecte singulièrement l’étran¬
ger, c’est l’odeur infecte du fumier qui sort des soupi¬
raux des souterrains où l’on le garde.
Environs. Le monte Brienza , couvert de maisons
de plaisance, et rénommé par la variété des points de
vue — Casa Cassellaza : où il y a une statue célèbre de
Pompée — La casa Simondta: (remarquable par un
écho qui répète 40 fois la voix humaine, et 56 ou 60 fois
le coup d'un pistolet.) — Pavie , à 7 lieues de Milan.
[Long. 2ô° 49' 33". Lat. 45O jo' 47". Popul. 25,000 ] La
ci-devant Chartreuse que l’on trouve en venant. L’é¬
glise est un monument admirable, on y voit le tombeau
de Visconti. Les campagnes voisines sont remarquables
par la bataille du 24. Février 1225, non loin des ruines
du Parc où François 1. roi de France fut fait prisonnier.
Il faut voir à Pavie la statue de Marc Anrèle, le pont
sur le Tesin^ la chapelle des morts, les palais Botle et
Bellisome, les bâtimens de l’ université renommée par
ses grands hommes, sa bibliothèque, son jardin botani
•que, et le musée d’histoire naturelle fondé et classé par
Spallanzani . — Les Iles Borromêes , elles sont situées
sur la partie occidentale du Lac majeur , à 15 lieues de
Milan.
L’ITALIE. VILLES.
41
On va dans l’espace de g heures à Sesto où l’on s’embar¬
que sur le lac, et l'on y arrive en 5 heures*, ou-, on
prend le chemin de Seriano , Tradàte, Varese, Laveno ,
chemin que l’on finit en 7 h. de teins. On s’embarqu-e
u. . Laveno, et l’on arrive en 1 h. 15 fhin. a V Isola bella ,
et en 15 min. à l 'Isola madré. C’est le chemin le plus
court. A Varese , la belle maison de ca npagne , ci -de¬
vant à l’archiduc Ferdinand. Auberge h la feoste. Les
descriptions romanesques des îles d’Arraide semblent
avoir été faites pour l'isola madré et l 'Isola bella,
mais surtout pour la dernière. On pêche dans ce
lac quantité de poissons estimés, entre autres l'agone,
qui ressemble à la sardine : les truites et les anguilles
y sont d’une grosseur extraordinaire: j’en ai vû servir
du poids de 30 livres. (Elévation du lad audessus de la
mer, 646 pieds de Paris. Le dôme de Milan, la char^
treuse de Pavie, cent beaux édifices de Cômé et des en¬
virons, sont sortis des. carrières des bords de ce lac.)
L'Isola bella s’élève en dix terrasses, surmontées par
:un licorne colossal, qui fait partie des armes de la fa¬
mille Borromée. Ces terrasses sont garnies de citron¬
niers en espaliers et berceaux; de limons de toutes sor¬
tes et grosseurs; d'orangers en pleine terre; de grena¬
diers etc. Sur des citronniers on a enté de la vigne,
du figuier, du rosier, et tous ont fleurs ou fruits. Le
jardinier vient d’y joindre un bois d’arbres Américains
et un jardin botanique. Un superbe laurier noble , est
connu sous le nom, arbre de Bonaparte , pareeque l’Em¬
pereur se reposa à son ombre et le mesura. La rotonde
du Comte Vitalini est d’un beau goût. Les souterrains
du château forment un appartement en mosaïque, vrai¬
ment délicieux, appelé l'appartement d'ète. On y ad¬
mire- de belles copies de chefs - d’oeuvres antiques, et
un buste d’Achille, très -estimé. Dans; les apparte¬
nions supérieurs, l’on trouve la bibliothèque, et plu¬
sieurs tableaux. Quelques paysages de Tempesta , et
3 tableaux de Giordano , sont les seuls, qui méritent de
.fixer l’attention. L'Isola madré peuplée de faisans, est
agreste , simple et agréable. Un petit bois dé cyprès, de
myrtes et de lauriers, est délicieux. On trouve au bureau
td'Industrie à IVeimnr trois estampes -coloréès alamanfère
d 'Aberli. Feu M. Kraus les a ' dessinées 'sut ' les lieux.
En allant aux îles Borromées et sur le bord du lac, on
voit le château d 'Arona, où nàquit sS’. Charles y ët sa
42
L'ITALIE. VILLES.
statue colossale en cuivre battu. Elle à 112 pieds de hati-
teur y compris les 40 pieds du piédestal, et semble do"
miner tout le lac. Cette statue a presque la même gran¬
deur, que la statue célébré de Néron. L Isola de pesca-
tore , peu considérable, n’a rien des embellissemens d4s
auties. Mais le voyageur y trouvera à l’auberge, du
plat de poissons exceliens , du fromage de Suisse et un
vin rouge potable. A l'isola btlla il faut tâcher d’avoir
un logement au palais, car l’auberge, il Delphino , est
détestable. On vante aussi l’auberge de Belgirode , sur
ce lac.. J’ai visité ces îles, en venant de Domo d'Os-
sola, après avoir franchi les Alpes et les neiges éter¬
nelles du Valais et du Simplon. JLe meilleur parti, le
moins coûteux ;, et le plus expéditif* comme je l’ai déjà
observé, est celui de se rendre directement de Milan
à Laveno , d’où l’on visite ensuite le plus facilement les
îles. On trouve à Sesto et à Laveno des barques tou¬
jours prêtes. Le. prix ordinaire est de 10 à 15 livres de
France, et pour une barque à 4 rameurs, de 18 livres.
11 faut 1°. choisir la barque la plus large et îa plus
• solide, et faire prix pou'r 4 rameurs: 2°. retenir pour
tout le. jour la barque à son service, et convenir' que
l’on s’arrêtera à Arona , à l'isola bella , et à l'isola
madré. Si l'on revient par Varese , on peut aller voir
Corne , (en 5 heur-, 30 min. de tems*) que les Italiens,
à cause de pluies fréquentes qui y tombent, ont sur¬
nommé Yurinajo délia Lombardia \ mais dont le lac est
le plus agréable de tous ceux qui sont aux pieds de-*
Alpes. L’aspect de ce lac, (élevé de 654 pieds de Paris
audessus de la mer ; f vu du port, ou du. balcon de l’au¬
berge de S. Angelo , forme un tableau bien agréôble.
Cest à Corne, ville charmante , que commence à bnllér
la belle architecture italienne et grecque II y u Ufn
lycée, une société des sçienees et arts, et un collège
d’éducation. On n’oubliera pas de faire une petite
promenade en bâteau à la Villa Pliniana et à la bolle
Villa Danzi, pour voir cette fontaine, dont Pline parlé,
et qui a le flux et reflux comme la mer. A Morbegno
sur le lac de Côme, il y a une auberge,» qui rivalise a.ec
celles de Milan. (^Consultez pour ce voyage aux îles et
à Côme: Viaggio ai trè lagki Maggiore , di Lugano ,
e di Çomo . e te.-, dic Carlo Amoretti. Milano 1803. avec
trois, cartes. ) ei
MODEISL. Population, 550,000. h-.
L’ITALIE. VILLES
43
Edifices remarquables. Curiosités. — Le palais du¬
cal : (le plus bel édifice de Modène; c’était là qu’était
placée, la Nuit de Corrige, à présent à Dresde.) — La
cathédrale: (on montre dans un soûterrain de la tour
de marbre, nommée Ja Guirlandina , l’une des plus élé-
vées d'Italie, un vieux seau de bois suspendu à une
chaîne; c’est le seau immortalisé par le poème de Tas-
soni , intitulé la secchia rapita. ) — L’arsenal — la
strada maestra: (superbe rue, où est placée une statue
éguestre du dernier Duc.) Le canal de navigation.
(L’eau, que l’on boita Modène, est excellente. Un trouve
à Modène, des bains publics e.t une société agréable.)
Collections. Cabinets. La bibliothèque, ci-devant
l’une des plus belles de l’Europe, le cabinet de camées,
la galerie de tableaux, et les autres collections au pa¬
lais ducal. (Toutes ces collections ont dû payer leur
tribut à Paris: de plus feu le Duc de Modène a fait
transporter en Allemagne, ce qu’il y avait de plus pré¬
cieux et de plus rare dans ses collections.)
EtabLissernens utiles. La société des sciences et des
arts; celle d’agriculture; celle d'arts mécaniques; le
collège d'éducation.
Promenades. L’esplanade.
Auberges. A l'auberge à la place. %
Distances. De Modène à Milan , 13 postes; à Man-
toue, 7i/2; à Bologne, 3; à Florence , 12.
Environs. Le château de Sassolo , maison de plai¬
sance des ci-d'évant Ducs; les deux fontaines minérales
à S. Faustino , à un mille de Modène, et à San - Agata,
h un demi- mille de cette ville: les sources de pétrole
à j Bagnonero.
Livres 'a consulter. ,,Le pitture e sculture di Mo-
dena indicate e descritte dal dottore Pagani. 8-“
IV A P LE S. - Long. 310 55'. 43". (Ile de Fer). Lat.
0° 50'. 15". Population , 380,000 a. y compris les fau-
ourgs. (]JÆ. Galant i porte le nombre des Lazctroni
. 60,000.) ,
Edifices remarquables. Curiosités. (Nous désigne¬
rons par un*, ce qui mérite le plus l’attention du vo¬
yageur.) * Le palais du roi (embelli par la création
d’une superbe place, et par la démolition de deux égli¬
ses qui l’obstruaient.) — * le théâtre de St. Charles —
l’arsenal de la marine — le château neuf— la place Largo
di Castello — * la voûte et la corvpole de l’ église S. Fer-
44
L’ITALIE. VILLES.
flinanclo; (le plus bel ouvrage à fresque, de Mattéis.) — .
l’église de la vierge delaSoledad: (au maître autel une
descente de la croix de Giordano.) — le château de
l’oeuf — la façade de l’église de Ste. Thérèse des Car¬
mes déchaussés — * le beau quai Chiaia — l’église de
Piedigrotta: (on y fait chaque année le 8 Septembre une
* procession, qui est la plus célèbre de Naples; l’image
miraculeuse qui a fait la réputation de cette église, est
sur le grand - autel.) — le château S. Elme — * le cou¬
vent des Chartreux, métamorphosé sous Joachim dans
un hôtel d’invalides; (dans la plus belle position. Les
jardins et surtout le belvédère qui est sur une petit»
terrasse, sont une chose unique en Italie. La vue s’é¬
tend môme jusqu’au château de Caïerte. Un admire
dans la sacristie le plafond de Ginrdano , et le Christ
mort de V Espagnolet. La Pharmacie et les caves mér'-
tent aussi d’être vues. On sait quelle réponse un reli*
gieux Chartreux fit a une grande Princesse allemande,
qui se répandait en éloges des beautés de la situation
du couvent: Transeuntibu s! répondit tristement le re¬
ligieux: réponse d’un sens aussi profond, qu’orrgiuale et
piquante. ) — léglise de S. Gennarello : (où fut faite pour
la première fois la liquéfaction du sang de S. Janvier.)
— le belvédère du Prince Caraffa — le couvent des Caî-
maidules — le château de Capo di Monte et l’observa¬
toire y construit en 1814- [la nouvelle route entre Capo
di Monte et Capo di Chiara , est une * promenade déli¬
cieuse, surtout dans les matinées] — *le palais Miradois:
(c’est une des plus belles situations des environs de Na¬
ples, oii elles sont toutes charmantes.) — * les catacom¬
bes de 5. Janvier : (elles sont bien plus grandes et pic»
belles que ce-lles de Rome) — la douane — l’église de S.
Pietro Martire ; (il y a dans le cloître une source, où
l’on ouise de l’eau pour le Roi, dans un réservoir fer¬
mé à clef; le reste de l’eau sert au public.) l’églis®
de S. Maria la nuova: (* une adoration des Mages, par
Giordano et * deux enfans peints par le même, à Page-
de 8 ans.' — * monte Oliveto; (c’est an des plus fameux
couvens de la ville do Naples) — Péglise Ste. Anne de
Lombardie: (* l’enfant Jésus et la Vierge, qui donnent
le rosaire à Sfr. Dominique, beu tableau de Lanfranc )
— * la rue de Tolede: (la plus belle etla plus grande
rue de Naples, peut - être de l’Italie: elle a pi ès de
$00 toises d'alignement. La StracLa. nova y doit abo«-
L’ITALIE. VILLES.
45
♦ir ; cette nouvelle Strada mérite d’être mise a côté des
ouvrages les plus hardis de l’ancienne Rome. — l’église
du St. Esprit : (le tableau le plus .remarquable est celui
du rosaire, par Giordano .) — la place délia Carita: (c’est
où se tient le marché aux fleurs, aux fruits, aux légu¬
mes etc.) — l’église de la Madanne des 7 douleurs: (le
troisième dimanche de Septembre , on y célèbre sa fête.)
— l’église de la Ste. Trinité : (on assure que le * cloître des
religieuses est le plus beau qu’il y ait en Italie.) —
l’aiguille de marbre du Père Pepe — l’église de St. Chia*
rer [trop surchargée de dorure, et de magnificence;
mais on y remarque * deux colonnes antiques, dites du
temple (le Salomon, et une * urne de la plus grande
beauté] — * le couvent de Ste. Claire: (c’est le plus cé¬
lèbre de Naples; les religieuses sont de la première no¬
blesse) — le palais ’cfella Rocca — l’église de S. Jean le
majeur: (c’était autrefois un temple, que l’empereur
Adrien avait fait élever à Antinous. Il en reste encore
quelques * colonnes cannelées antiques.) — * le couvent
de S. Domenico maggiore: (une sainte famille, de Fra -
Bartolomei ; un tableau de Titien ; plusieurs tombeaux,
•ntre autres, creux de Charles II., du bon Alphonse d’A,r-
ragon, et du marquis de Pescara, l’un des grands capi¬
taines. de son tems. La * procession du rosaire , le pre¬
mier dimanche d’octobre, est une des grandes et belles
cérémonies de Naples.) — le palais Caraffa; (il est re¬
marquable par beaucoup de * monumens d’antiquité.)
— l’église Sauta- Maria -Maggiore; (ancien temple de
Diane.) — l’église de St. Paul: (* la sacristie est une
des curiosités de Naples, h cause des peintures de Soli-
mène.) — *l’église de S- Philippe de Neri: (l’une des plus
belle» églises de Naples et même des plus remarquablés
en Italie.) — * la cathédrale: (le roi André de Hongrie,
qui fut étranglé à A versa, y est enterré. Le trésor ou
la chapelle de S. Janvier, est la plus belle partie de la
cathédrale. Dans une niche h porte d’argent, derrière
l’autel, on conserve dans un ostensoir, deux ampoules
ou fioles de verre, qui contiennent le sang de S. Jan¬
vier.) — * l’église des Sts. Apôtres: (c’est une des plus
belles églises et des plus ornées, qu'il y ait à Naples et
même dans toute l’Italie.) — la Vicaria, ou le palais de
Justice: (on comptait sous l’ancien régime à Naples plus
de 30,000 avocats, procureurs, et hommes de robe.) —
l’hôpitai général, où l’annunziata il Mercata , ou la
L’ITALIE. VILLES.
46
place du marché : (la plus ancienne de Naples, et la plu»
fréquentée par la populace. Ce fut là que fat décapité
1 e jeune Conradin. On a bâti une * petite chapelle et
placé une croix , dans l’endroit même de celte indigne
exécution.) — l’église des Carmes: (on y voit le * tom¬
beau du jeune Conradin près de la porte de la sacristie.
On fait remarquer le crucifix placé au milieu de cette
église, qui, selon la tradition du pays, baissa la tête,
pour éviter un coup de canon; on montre même le bou¬
let. Le principal dortoir des Carmes est très-beau, et
donne sur la mer; on y montre l’endroit, ou Masa-
niello fut assassiné , 38 jours après- l'établissement de
son pouvoir en 1647.) •— la caserne de la eavalerie — le
château de Poggio reale — la grotte des chauvesou-
ris , et l’église St. Maria del Pianto ; (devant cette
église , le coup d’oeil est admirable.) — (l’église des
Théatins, a été un temple de Castor et Pollux: on y
voit encore * deux belles colonnes d’ordre corinthien.)
— * Franca- Villa: (palais royal; plusieurs tableaux esti*
més de Conaletti , de Salvatere Rosa , de S chidone. Plu¬
sieurs couvens et églises ayant été supprimés ou sécu¬
larisés, il se pourrait bien, que, faute de renseigne¬
ment , nous en citons, qui n’existent plus; il faut alors
^informer, où ont été transportées les curiosités, que ces
eouvens et églises , renfermaient*
Spectacles. Fêtes publiques , Le théâtre de S- Char¬
les: (c’est de tous les théâtres modernes de l’Italie, le
plu» remarquable par sa grandeur;] le théâtre neuf: le
théâtre de Fiorentini; (tous les spectacles de Naples,
jouent le samedi et le dimanche; ils prennent encore
chacun un autre jour de la semaine, comme le mercre¬
di où le jeudi,) le carnaval: (il est très - brillant.) la Co¬
cagne : (depuis quelques années elle a été supprimée.) —
La veille de Noël on se distingue par la dévotion à la
vierge; il y a des Madonnes dans presque toutes les
rues, et l’on tire des fusées devant chacune. On fait
dans les maisons des crèches, Presepi , pour lesquelles
on dépense quelquefois jusqu’à 6o,coo francs. Des jou¬
eurs d’instrumens viennent de la Calabre , avec des mu¬
settes, des guitarres, des tambours de basque, des cro¬
tales, tout le monde danse et chante plus qu’en tout
autre tems. On voit dans les rues, surtout dans la Str* -
dadelpopolo, des eafés ambulans, des tas de viande
L’ITALIE. VILLES. 47
et le peuple boit et mange à outrance. — les courses des
chevaux dans les rues de Çhiaia et de Tolède. —
Promenades. Platamone : (promenade sur le bord de
la mer, assez élevée pour qu’on y jouisse de la plus,
belle vue.) — Chiaia: (quai, qui a près de 1,000 toises
de longueur; on y a planté en 1779 tr°is rangées d’arbres
en berceaux, défendues par des parapets et des grilles,
ornées de fontaines, de statues, de treillages, de ga¬
zons, de parterres et d’orangers: on y a bâti des ter¬
rasses, des casinos, des cafés, des billards : c’est une
des plus belles propienades qu’il y ait dans l’univers.
La foire du mois de Juillet se tient à présent k Chiaia.')
—-la promenade et le corso aux jardins de la villa reale:
(entouré de bains, de cafés, et de deux Casino. Cette
place et cette superbe promenade, vient de recevoir
nombre d’embellissemens , d’après les dessins et le plan
de M. Kniep , peintre-paysagiste allemand. Un grand
nombre des statues la décorent, parmi lesquelles on doit
distinguer le chef - d’oeuvre de l’antiquité, le Taureau
Farnèse , ci-devant à Rome.) — les promenades sur le
Mole , et sur le nouveau quai, qui conduit au pont de
la Madelaine.
■ Etablissemens littéraires et utiles. L’université: l’a¬
cadémie des sciences, fondée en i?87* L’école militaire;
l’académie de peinture. Les académies des Otiosi, In-
tronati, Ardenti etc. L’académie Herculane.
Collections. Cabinets. Les bibliothèques publiques
du Seggio , des Hiéronimites ,% et du Prince de Tarfia :
les bibliothèques des Carmes, des Capucins à St. Jefré-
mo, de St. Jean de Carbonara etc. Les collections de
l’école militaire, car celles d eCapo di Monte n’existent
que de mémoire. •*- GliStudj. Ce;vaste bâtiment que déjà,
le Roi Ferdinand , avoit choisi pour servir de Musée, en
mérite bien le nom. Ses collections sont ouvertes de 8
et 12 heures du matin, et de 2 — 4 heures de l’après midi.
Une école des arts y est établie , et l’académie royale
et celle d’Herculanum , y tiennent leurs séances. On y
trouve réuni: 1. La bibliothèque: on pofte le nombre
de ses volumes â 80 — 130,000, et celui des manuscrits k
4000. 2. La galerie des antiques, oii l’on trouve tout ce
L’ITALIE. VILLES,
48
qu’on admira ci-devant au palais Farncse et a Portici.
3. La collection des vases étrusques : plusieurs des cham¬
bres sont pavées de mosaïque antique; l’une des vases
renferme encore les cendres du mort. 4. Les célèbres
Papyrus du Herculanum. 5. La galerie des tableau*,
ei- devant à Capo di Monte, aux Palais Farnèse et Fran-
cavilla ; de même que les tableaux antiques du Hercu¬
lanum. Les statues du premier rang, tels que V Hercule
Farnèse , la Flore, 1 eTorso et les bronzes de Portici ornent
ce Musée. Le retour du légitime souverain, y ramènera
sans doute aussi, les statues, les bronzes, et d’autres
antiques de prix, que l’on avait sauvé dans les tems
d’usurpation à Palerme. Ne cherchez plus à Portici ,
ce que les anciens voyageurs y voyaient. — La col¬
lection des vases étrusques chez Vcnuti etc. — A NjJa ,
à 3 lieues de Naples la collection des vases étrusques de
la famille Vivenzio : c’est la plus nombreuse qui existe
à présent.
Fabriques. Manufactures. D’étoffes d’or et d’argent ;
de taffetas; de bas de soie tricotés; de mouchoirs de
soie; de cordes de violon; de giallolino ; de porcelaine;
de bougies ; de pâtes fines, ou ce qu’on nomme en gé¬
néral maccaroni (on distingue plus de 20 sortes de ces
pâtes.) Les savons; les essences ; les fleurs artificielles;
les confitures; les diavolini. (Choses très-recherchée»
des étrangers. L’apothicairerie du couvent des Olivé~
tains est renommée pour les odeurs, les pommades, et
les savons parfumés, qu’on y débite.) Des tables incru¬
stées de pierres dures; de jolies tabatières d’écaille etc.
ü ega, est le nom d’un artiste connu et célèbre dan»
l’art des camées , et dans la gravure des pierres hues.
Auberges. Au grand - hôtel garni, ou k la Grande -
Brétagne ; (auberge excellente, et dans une situation dé¬
licieuse.) Albergo reale; Albergo aux 4 nations: Al-
bergo alla Crocellaj très -bonne: (on jouit dans toute»
ces auberges de la belle vue du Pausilippe, du Vésuve,
et du Golfe).
Coup d'oeil; aspect de la ville. L’aspect de Naples
doit être compté parmi ce qu’il y a de plus beau au
monde. Un ne peut lui comparer que la rue de Con-
L’ITALIE. VILLES.
49
•tantinople et celles de Gènes , qui en approche le plus.
Naples doit être vue. i. du quai, qui côtoie la petite
église del porto, près de Pausilippe. 2. du haut des Char¬
treux. 3. du jardin des Caraaldules , et en sortant de la
nouvelle entrée de la Strada. 4. du château de Portici.
5- dans une barque, à quelque distance du port. Cette
dernière vue est préférable aux autres. Sur aucun hôri-
son le soleil ne mérite si bien l’épithète d 'aureus. Il se
lève derrière le Vésuve , pour illuminer le coteau riant
d e~Posilippo , et le sein du plus beau golfe de l’univers,
uni comme un miroir, et rempli de bâteaux, tous ed
mouvement. L’objet qui termine la perspective, est l’ile
de Caprée. Les charmes de la nature étourdissent ici
sur les abîmes qui s’ouvrent sous les pas des Napolitains.
La nature leur a fait don de deux préservatifs contre un
mal nécessaire , l'habitude et V espérance'. Le climat de
Nap les étant fort chaud, on est aussi plus exposé aux
insectes. Les lits n'ont point de rideaux -à cause de la
chaleur; mais on les couvre avec des gazes pour se ga¬
rantir de la Zanzara , qui est une espèce de cousin très-
incommode, et l’on fait les montures de lits avec du fer,
pour mieux se préserver des insectes. La tarantule est
une grosse araignée, qui a 8 pieds comme les nôtres, et
dont le corps est composé de deux parties séparées par
un canal très - mince. Tous les physiciens mettent à
présent au nombre des erreurs populaires sa piqûre, et
tous les effets qu’on en raconte. — Naples est à présent
éclairé par des réverbères.
JPlan. Plan de la ville de Naples , par M. Perrier.
Livres à consulter. Suivant M. de Morgenstern on
manque de bons guides de fraîche date; le premier Ca¬
hier de son Voyage suppléera à ce défaut, de même que
le: Gemâlde von Neapel und seinen Umgebungen: von
P. J. Réhfues. Zurich 1808* 8* trois vol. [tableau demain
de maître.]
Distances, De Naples à Capoue 2 postes; à Rome
I8ty2i à Florence 40V2 ; à Bologne 49I/2.
Environs. V. comme Guide général: Memorie su t
monuments di antichita e di belli arti , ch' euistono in
Miseno, BaoLi , Baja Cuma , Pozzuoli , Napoli , Capua
untica , Ercolano , Pompei rd in Pesta. Napoli . 1812. 4.
avec un vol. de gravures. Publié par Robert Paolini et
Nicolas. J. Voyage au Vésuve.
C'est la montagne, qui comme le disait avec vérité,
mn capucin à une dame anglaise, vomit de l’or, pas ta
G. d. Yoj. X. XI. S
L’ITALIE. VILLES.
5°
quantité d’étrangers qu’elle attire. Elle est à' troislieue»
de JVaples, et à une lieue de la mer.
La première éruption dont il soit fait mention dan#
l’histoire , (car on n’a que par la tradition des indices
faibles et peu certaines qu’il y en ait eu dans l'antiqui¬
té) arriva le 4. Août, l’an 79. de l’ère chrétienne. Le»
villes < VJiercàlanum et de Pompéïa furent engloutiis
.sous les cendres et autres matières qui en sortirent, et
Pline-le - naturaliste , pour s’en être approché de trop
près, y perdit la vie. L’éruption de l’année 472 fut si
terrible, que les habitans de Constantinople en firent
effrayés, et que l’empereur Léon J. sortit de la ville.
Celle de l’année 1779 fut presque aussi forte. M. B ooke
donne des détails curieux sur l’explosion du Vésuve ,
pris sur les lieux a minuit, en Juin 1794, lorsque la
belle ville de Torre del Greco fut détruite par la lave
brûlante, qui se précipita de la montagne. La dernière
éruption se fit au mois de décembre 1805. On estima le
dégât à 6oo,oco piastres, et la lave forma un nouveau
promontoire, justement à l’endroit même de la lave de
1794. Cette éruption est très -bien décrite dans un jour¬
nal allemand: Neue Berlinische Monatsschrift. April%
1806. C’est le tableau le plus fidèle, tracé par un témoin
oculaire, avec tout l’enthousiasme, que doit produire
un spectacle et sublime et terrible.
On trouve à Portici , sur la grande place, un con¬
cours de Ciceroniy ou guides, qui sont sous le com¬
mandement d’un chef, et qui se chargent des mulets et
de tout ce dont on a besoin, pour monter sur le Vésuve •
Il y a trois chemins qui conduisent à cette mon¬
tagne; l’un au nord, du côté de é aint - Sebastien et de
Somma. Le second à l’ouest par Résina , et le troisiè¬
me à l’est, du côté d' Ottaiano. Celui par Résina est le
plus fréquenté et le plus difficile. Il faut environ sept
heures, par ce chemin, pour parvenir au sommet du
Vésuve. De Portici , on y parvient en deux heures et
demie. On se sert de mulets pour monter jusqu’à la
plate forme. Si l’on prend le chemin de St. Sébastien,
on peut aller jusque-là en voiture; on prend des ânes
à St. Sébastien , pour parvenir jusqu’à l’hermitage do
S. Salvador , qui en est à environ cinq quarts d’heure
de chemin. L’hermite offre aux étrangers, du vin, des
fruits et tout ce qu’il peut offrir. Le» personnes , qui
L’ITALIE* VILLES. 51
aiment la tonne chère, ont soin d’y faire porter ce
qu’elles désirent.
De -là on va à pied pendant environ une heure Jus¬
qu’à une pente assez roide qu’il faut gravir; et quoi¬
qu'on n’ait plus que 355 toises à monter, on emploie en¬
core près d’une heure à les franchir; parceque le sol sur
lequel on marche, couvert de pierre -ponce , de sable
et de cendres, cède sous les pas, use les semelles des
souliers, ou leâ brûle, si on est obligé de marcher sur
de la nouvelle lave , et blesse 1er pieds. Il faut se tenir
ferme à la ceinture ou à la corde du paysan, ou guide;
le guide ordinaire des étrangers était ci-devant Barto-
lomeo , surnommé le cyclope du Vésuve: j’ignore s’il est
encore .en vie.
On arrive enfin sur la plate-forme du Vésuve , qui
était autrefois le sommet de la montagne, et qui est au¬
jourd’hui une petite colline de quatre - vingt pieds de
haut et de 200 en talus, qui s’est formée lors de l’érup¬
tion de l'année 1755.
C’est au sommet de cette montagne qu’est situé Te
erat'ere , ou la bouche du volcan, d’où la flamme sort
continuellement, et dont la forme change si fréquem¬
ment, qu’il est impossible d’en donner une description
certaine. En 1801, huit Français hasardèrent l’entreprise
de descendre dans ce cratère. Suivant le récit d’unvoya-
geur moderne de 1803, cette entreprise n’est nullement
périlleuse. En général , il ne faut pas s’imaginer, que
ce voyage soit dangereux» car Mail. Piozzi l’a fait avec
une dame qui y mena avec elle un enfant de quatre ans,
et qui fut avec lui jusqu’au bord du cratère. Madame
le Brun y monta aussi . en T796 avec ses deux enfans. La
description charmante que Madame le Brun a tracée de
sonvoyage au Vésuve, (Voyez : Prosaische Schriften von.
F. le Brun. Pageyfâsv. du û^mc volume .) devrait être sous
les yeux de chaque voyageur Vésuvien.
^Consultez en lithologiste le petit livre : Saggio dï
Lithologia Vesuviana da Cavalière Giovani. JSapoli
1790 et soyez muni du Guide, que le sieur Gaëtano d’An-
cona, 9. publié en 1803. (V. Route à Portici etc.) On
compte 143 ouvrages imprimés qui traitent de ce volcan.
D’après les remarques de Mr. de Salis ; il paraît que
lorsque le vent vient du sud, ou de l’ouest, et qu’il pousse
E 2
52 L’ITALIE. VILLLS.
les vagues de la mer vers la côte, le volcan est plus
agité. Il se vend à Portici et à Naples des ouvrages
faits de lave, et autres productions du Vésuve. (Elévat.
4u Vésuve au-dessus de la mer: 3690. anc. p. de Paris.)
2. Voyage à P aestum.
On compte de Naples à Paesturrifâ milles d’Italie; on
peut y aller et en revenir commodément en trois jours.
En hiver et au printems on va le premier jour jusqu’à
Salerne , où l’on couche. Mais depuis le mois de juin
jusqu’à celui d’octobre, l’air de cette contrée est très-
mal -sain pour les étrangers; alors on s’arrête à Vietri.
Pendant les séjours que l'on fait en automne à la cam¬
pagne, et pendant la grande foire qui se tient à Salerne ,
cette route est très - fréquentée. On passe aux environs
de Portici j de Résina , de Pompéii , qu’on laisse à
droite, de sorte qu'en faisant cette tournée, on peut voir
ce que tous ces endroits ont de remarquable. Ensuite on
entre dans la vallée de Nocera. 11 faut voir en passant
l’église deSte. Maria Maggiore , qui sans contredit, pa¬
rait être une des plus anciennes de la chrétienté.
On ne peut trop recommander les vues des environs
«le la Cava (V. les tableaux et les lettres de Mad. le Brun.)
et celles de Vietri , dans le golfe de Salerne., à ceux qui
aiment à peindre des paysages. Derrière Salerne , on
passe dans un bac la rivière de Salsa. Les bâteliers qui
conduisent ce bac, sont pour la plûpart des malfaiteurs
qui trouvent ici un asile , et qui ressemblent plus à des
ombres, qu’à des êtres vivan9 ; cause qu’il faut attribuer
au mauvais air qu’ils respirent. Les buffles, les brebis
noires, broutent les chardons qui croissent à présent
dans les marais d’eau stagnante, qui couvrent les en¬
droits où étaient anciennement les tepidi rosaria Pacsti,
célébrés par Ovide. La description des plus anciens et
des plus intéressans monumens de Paestum , se trouve
dans un ouvrage du P. Paolit intitulé, Ruine Aclla
citta di Paesto , detta ancora Posidonia. Roma 1748.
Les principales ruines qu'on y trouve encore, consistent
en celles de deux temples et d’un autre édifice.
On arrive le même soir à Salerne ou à Vietri. Dans
le-* parvis de la cathédrale de Salerne il y a une fontaine
décorée d’un vase antique de granit vert. Dans le vesti-
L'ITALIE. AILLES.
53
Imle on voit -encore beaucoup de sarcophages antiques
ornés de bas - reliefs; et parmi les tableaux des autels
il y en a deux superbes, d'André Sabbatini,
3. Route de Pozzuoli , Bayes etc.
La première chose remarquable est la grotte de Poz¬
zuoli, ou de Pausilippe , qui a 363 toises de longueur;
li seconde est le tombeau de Virgile. Un a replanté le
célèbre laurier, qui ombragea ce tombeau. V. l'ouvra¬
ge recent de l’abbé Romanelli , sur ce tombeau. Un voit
eccore dans l’église de Sta. Maria del Porto , le mau¬
solée du poëte Sannazar. Une seule fois dans l’année,
la grotte ou caverne de Pozzuoli est éclairée; c’est à
l’équinoxe d’automne. Les rayons du soleil la traver¬
sent alors jusqu’à l’autre extrémité. On découvre à ce
moment, toutes les fractuosités de cette voûte, les tra¬
ces des chars antiques, dont les unes sont élevés à plus
de 15 pieds du sol actuel, et beaucoup de noms inscrits
sur les parois.
Un peut faire le voyage de Pozzuoli par eau, mais
xl est plus agréable lorsqu’on le fait par terre en pas¬
sant par \a.\Solfatara et le lac Agnano , que l’on soupçon¬
ne être la -piscine de Lucullus. Le monastère des Ca~
maldules qui est sur une montagne, d’où l’on jouit de
magnifiques points de vue; San Salvadore a prospetto,
nommé à présent, S. M. Scala coeli. La Grotia del Ca¬
ne (grotte du chien) assez connue. La Solfatara. Non
loin' de là un amphithéâtre ancien bien conservé. Le
monastère des Capucins. Il y a près de l’autel, une étu¬
ve naturelle qui donne assez de chaleur, pour qu’on y
puisse faire Sécher du linge mouillé. Daus lesoûterrain
qui ^ert de sépulture aux moines, on montre des cadav¬
res qui sont préservés de la corruption. De là on entre
dans les champs Phi é gré ïens.
Entre les antiquités qu’on trouve à Pozzuoli et dans
les environs, il faut distinguer le temple de Sérapis ; le
ponbde Caligula , l'amphithéâtre., les citernes , les Co-
lombaria ; la maison, dite de Cicéron, n’existe p’us que
de mémoire etc. On offre aux étrangers à Pozzuoli des
médailles, des pierres gravées à acheter, qui, pour la
SM -
54
L’ITALIE. VILLES.
ptftpart, sont contrefaits à Naples , et par conséquent
fausses; des ouvrages en mosaïque, des vases anti¬
ques , etc.
Ces contrées et les environs du lac Bajanits , étaient
le séjour le plus délicieux des anciens Romains ; aujour¬
d’hui elles sont désertes, l'air même qu’on y respire
est très - mal - sain.
Monte riuovo est une colline qui a été formée par un
volcan qui l'éleva du fond d'mî lac en 1538- Ce lac qui
était très - renommé pour l'excellence du poisson qu’ou
y pêchait» se dessécha et est comblé par la colline.
Le lac Averno. Les bains de Néron, ou plutôt les
thermes de Bajae, si renommés dans l’antiquité. La
chaleur qu'on y éprouve en y entrant, excite une sueur
abondante. 11 ne faut entrer dans les galeries et dans
les salles qu’avec précaution, par rapport aux trous et
aux décombres dont elles sont remplies. Les ruines des
tejnples de Vénus, de Mercure et de Diane. La chambre
de Vénus, où les paysans gardent aujourd’hui leurs fû-
tailles ; le plafond, orné de sculpture, est noirci par les
flambeaux d’une fumée très - épaisse, ce qui fait que
bientôt, à force d'y regarder on n’y verra plus rien. Le
terrain marécageux ne permettant pas d’y parvenir à
pied sec, on s’y fait porter sur les épaules des mariniers.
Le prétendu tombeau d'Agrippine , a plus l’apparence
des restes d’un théâtre que d’un tombé*au.
Les Cento Camerelle. La Piscina mirabile , qui n’est
qu’un . réservoir. Les restes du théâtre de Lucullus à
Miskne. La source d'eau douce au milieu de la mer.
On croit que c’est la sour e deDoniitien. Le temple des
Nymphes. Les champs Elysées. Le Mare morto , abon¬
dant en poissons. Le lac Fusai a ou l’ancien Achcron.
La grotte de la Sj- bille de Cumes. Le temple des Géants.
La maison de SylLa. Le tombeau de Scipion l’Africain,
nommé Torre di Patrie, d’après les trois mots qui sont
restés seuls entiers de l'inscription de ce monument.
4. Route de Po tici 5 Hercular.um ; Pompé ji etc.
Le château de Port ici et quelques restes du célèbre
Musée, qui se trouve à présent, aux Sludj k Naples.
55
L’ITALIE. VILLES.
Une partie fût envoyée à Paris , mais le Roi Ferdinand
avait sauvé les choses les plus rares, à Païenne. Les
jardins du château. Les ruines d' tler cul anum , dont on
voit encore le théâtre, le reste étant comblé. Les rui¬
nes de Pompeji. Ici on parcourt une ancienne ville,
qu’habitaient et fréquentaient jadis les Grecs et les Ro¬
mains; entouré des restes de l’antiquité , parmi les mai¬
sons, les théâtres et les temples. Le Prosxetto etc.
di Gaëtano d' Ancona. Napoli 1803. 8- ne renfermant pas
les découvertes nombreuses sous le gouvernement Fran¬
çais, il faut, jusgtvà ce que l’ouvrage de M Mazoi* Sur
les ruines de Pompé ji, paraisse, consulter les lettres du
célèbre M. M illin , sur les tombeaux découverts en. 1812.
JSlaples.i 814-8- Lagrande place à Portici est toujours rem¬
plie de CgÈponi , qui offrent leurs services, et qui sont
sous l’ir^rection d’uu chef. Je conseille aux voyageurs
d’emporter avec eux des vivres’, dans leurs excursions à
Pornpèji; On s’y arrête assez longtems , et les vivres y
sont de mauvaise qualité. Les ruines de Çtabiae. L’ile
Caprée , célèbre par tous les excès de Tibère.
Château royale de Caser te»
Cette maison est située dans la plaine, à peu de di¬
stance de l’endroit où était anciennement la voluptueuse
ville de Capoue. Le château est un des plus superbes,
des plus réguliers et des plus vastes de toute l’Italie.
Il a été bâti d’après le pian de l’architecte Vanvitelli.
Les jardins répondent à la grandeur et à la magnificence
de l’ensemble. On y remarque des Eucalytus, des Bank-
sia , et des Camphres en pleine terre, de 40 pieds de
hauteur. U aqueduc , est long de 27 milles d’Italie et
218 palmes. Mais sa partie la plus remarquable se trou¬
ve à une petite lieue de Caserte. Le palais et l’aqueduc
ont coûté sept millions de ducats à bâtir. Eu creusant
le grand aqueduc on trouva à quatre-vingt dix pieds de
profondeur, un ancien tombeau. Il est aisé, de juger
de quelle antiquité doit être ce tombeau, le sol étant
proportionellement le même aujourd’hui qu’il était il y
a deux mille ans. Combien de siècles ne s’écoulent -ils
pas avant que le sol d’une vallée s’élève de soixante-dix
L’ITALIE. VILLES.
56
pieds? Car certainement ce cadavre ne fut pas enterré
à plus de vingt pieds de profondeur.
Près de Casa te , fleurissait la colonie.de Saint - Leu*
cio , établissement de manufacture et essai remarqua¬
ble , quoiqu’on petit de tout ce qui peut contribuer à
l'éducation du peuple. Il faut lire Jes statuts et les in¬
structions que le Roi Ferdinand a écrits de sa propre
main à ce sujet.
6. Voyage à l* Ile d' I s ch t a.
On compte quatorze milles d’Italie depuis Naples
güsqu’à la ville d'ischia. Les bains qu’elle renferme et
les étuves (Stuffa), vapeurs humides qui ]y*j|kttent de
la terre, font, qu’en été cette île est très - fréquentée
par les malades. Les montagnes nommées Monte divico
ot dy Eporneo , qu’on dit être aussi hautes que le Fesuve,
offrent les points de vue les plus agréables. L’île d'I-
schiu est une production volcanique et nche en matiè¬
res très -remarquables de cette espèce. Son territoire
produit d’excellent vin, chaud et fort, que les Anglais
aiment de préférence. L’tle de Procida, qui n’est pas
éloignée de' celle d'ischia , est peut - être la plus peu¬
plée du monde: car, quoiqu’elle n’ait qu’environ trois
milles italiens dexircjùt, on y compte quatorze mille
habitans. Le costume du beau sexe, est extrêmément
pittoresque. Mad. le Brun nous a donné une description
intéressante de son séjour à Ischia en 1796, et Mad. de
Rcck de même , dans le jme vol. de ses Voyages. 1815.
7. Note des dépenses à faire dans ces voyages.
Un voyageur français ( Roland , homme fameux dans
les premières époques de la révolution) indiqua les prix
suivans; qui sont tous au plus bas, mais qui peuvent
encore servir à faire son calcul d avance, une différence
de quelques carlins étant un petit objet.
Pour June journée de route à Pozzuoli , y compris le
rendez- vous au cas qu’il soit nécessaire, le retour et
le pour- boire, 12, 13, ou tout au plus 14 Carlini j et
pour le Cicerone dont on se fait accompagner 6 à 7 Car-
Uni. Un canot pour traverser le golfe, 12 Cari., mais si
L’ITALIE. VILLES,
57
c’est simplement pour ie promener. Lorsqu’on se fait
porter dans la grotte des Sybilles et dans les temples
situés dans les marais , on paye chaque fois un Carlin.
Pour le chemin souterrain, qui conduit jusqu’à l’en¬
droit le, plus profond des bains de Néron, où l’on ne
peut descendre qu’avec un flambeau, trois Cari. Au
temple de Vénus un Carlin et demi. A l’amphithéâtre
Uh demi - Cari. A celui qui conduit à l’entrée de la
Soljatara , qui en fait entendre l’écho, et qui conduit
à la fabrique d’alun et de souffre, deux Cari. Dans
les bains des Vapeurs de San - Germano , un Cari .
A celui qui c^Lduit et qui a la clef de la grotte du chien,
et qui fournit un chien pour faire l’expérience, deux
Cari. Pour un cabriolet pour aller k Caserta 15, jus¬
qu’à iô Carlini. C’est une petite voiture dorée, très-
jolie, attelée d’un cheval, qui va comme un trait. Pour
aller de Caserta à l’aqueduc, on prend un cabriolet, qui
coûte 5 Carlini , on donne au fontainier deux Carl.\ à
vèiui qui montre les statues, un ou deux Cari, tout au
plus. Pour le théâtre, un Cari. A celui qui conduit et
fait voir les appartemens du palais, un Cari. Au garde
du Musée de JPorticiy 8 à 10 Cari. Au garde des tableaux
4 à 5 Cari. Pour se faire montrer les statues et les co¬
lonnes qui sont dans le palais royal, 2, 3 ou 4 Carlini .
A l’Invalide qui a les clefs d' Herculanum et qui y con¬
duit les étrangers avec un flambeau, un Carlin par heu¬
re. Le Louis de 24 livres, ancien argent de France, ou
onze florins d’Empire , vaut ordinairement 56 Carlini.
Il est nécessaire, lorsqu’on fait la course à Pozzuoli ,
de se pourvoir à Naples de vivres qu’on emporte avec
soi.
La calèche JS apolitaine n’est qu’une coquille sur un
support en piédestal, semblable à la section oblique
d’un vase, dont le pied resterait entier pour former le
siège; elle est portée sur des brancards légers et très-
élastiques. Une personne y est à l’aîse, deux y sont fort
gênées. Trainée par un seul cheval, elle va comme le
vent, ne pèse que quelque dixaines de livres et cul¬
buterait et jeterait au loin son homme, s’il y avait le
moindre cahot, mais tous les chemins des environs de
Naples, sont comme des allées de jardin. L’un des vo¬
yageurs tient les rênes, et le conducteur, placé derriè¬
re lui, et criant lavora ! lavoral garde le fouet , ouïe
lui remet, suivant l’occurence.
58
L’ITALIE. VILLES
PA DOUE. Long, à l’oBs. 290. 32'. 33". (Ile de Fer.)
Lat. 450. 23'. 40". Population , 48,000 a.
Edifices remarquables. Curiosités. La cathédrale,
(une vierge, du célèbre Giotto.) — Il Santo, ou S, An¬
toine de Padoue : (la chapelle de St. Antoine; le buste
d’Hélène Cornaro ; la galleria del Santo; les célèbres
reliefs qui représentent la vie du Saint; la bibliothè¬
que.) — Santa Giustina (l’une des plus superbes égli¬
ses de l’Italie; le martyre de Ste. Justine, par Paul Vê-
ronèse , tableau estimé; la bibliothèque du couvent.) —
Sa. Annunciata: (quelques peintures à fresque, par
Giotto) — il Sallone; (la plus grande salle qu’il y ait
au monde; le monument élevé à Tite-Live; la pierre
d’opprobre, où les personnes insolvables vont s e faire
déclarer telles, pour se soustraire aux créanciers) —
Le ci-devant Palazzo del podestà: (des peintures esti-
mées) — Le cidevant Palazzo del Capitanio : (la biblio¬
thèque publique de Padoue donne sur une cour de ce
palais) - la Loggia — Il Bo ou les bâtimens de l’uni¬
versité par Palladio — l’église alli Ereraiti : (un St,
Jean, par Guido Rheni , un des meilleurs tableaux de
ce peintre, et moins connu qu’il ne le mérite: dans le
cloître du couvent est enterré le Prince Frédéric d' O-
range , mort dans la guerre de la révolution; la pierre
sépulcrale porte une inscription allemande. Quoique
jeune, il a emporté la réputation d’un grand capitaine^
et l’amour de ses soldats.)
Etablissemens littéraires et utiles. Collections .
L’université : (l’une des plus anciennes et des plus célè¬
bres qu’il y ait eu) et ses collections et cabinets — le
théâtre anatomique — le jardin botanique — l’observa¬
toire — l'académie des sciences — le collège d’éduca¬
tion ; l’académie, degli È.ccitati —1 la collection des pro¬
ductions volcaniques chez le marchèse Orologio.
Auberge s. A l’étoile d’or: à l’empereur Romain;
très - bonnes.
Spectacles. Divertissemens. Opéra italien. (les es¬
caliers du théâtre sont magnifiques :) La musique est
très-bein cultivé à Padoue. Durant la foire de St. An-
L’ITALIE. VILLES. 59
toine au mois dé Juin, Padoue est très -gaie et remplie
de monde.
Promenade. Al prato délia valle ; superbe place en¬
tourée d’un canal, ornée de statues.
Distances. De Padoue k ViCence , 2 postes; a Vé¬
rone 51/2, à Trente 12.
Environs. Les bains chauds d 'Abano et de Bataglia :
— le jardin botanique du signor Farsetti à Sola ; — le
palais Obizzî ; — la villa Pisani : — la villa d ' Alticchie-
ro, aune petiLe lieue de Padoue, (il faut la voir, là belle
description à la main, que feue Mad. la comtesse de
Rosenberg en a publiée. Le monument de la comtesse
vient d’y être placé; le propriétaire actuel , M. Hancar-
villc, publiera une nouvelle description’ — Arqua : vil¬
lage à 4 lieues, remarquable' par le tombeau de Pétrar¬
que qui y mourut en 1374. Les murs de sa maison et
^\Album , sont remplis de noms et de sentences. — Les
montagnes Euganèennes ; des volcans éteints, qui méri¬
tent l’attention du naturaliste.
Avis. On peut laisser sa voiture à Padoue , et loueir
un burchiello ou bâteau couvert, pour lequel on paye¬
ra 3V2 écus de convention, et l’argent pour boire aur
gens qui mettent votre bagage a bord etc. environ 12
paules de plus. On descendra le délicieux canal de la
Brenta en 8 heures, puis on traversera les lagunes, et
l’on débarquera dans le grand canal de Venise. (V. No.
Il de V Itinéraire.)
PARME. Long. 28°. o'. 19". (Ile de Fer. ) Lat. 440.
48' 1 Population y 30,000 h.
Edifices remarquables. Curiosités. L’église de tous
les Saints : (beau tableau de le franc.) — l’église des
Capucins : (un crucifix de Guerchin. C’est dans cette
église qu’est enterré Annibal de Farnêse, grand capi¬
taine de son temps.) — l’église da l’Annonciade où est la
St. Vierge de Corrègey qui commence le cycle fameux
de ses trois Madonnes à Parme — la Pilota et-le théâtre:
(liâti sur les dessins de Vignola , il n’y en a pas de sem¬
blable dans toute l’Italie : mais il n’a plus servi depuis
un grand nombre d’années. Il y a un théâtre moins
grand, construit sur les dessins de Bernino) — le monu¬
ment consacré à l’amitié: (élevé au milieu de la grande
place) — )e couvent de S. Paolo : (où l’on trouve les
sianzaSy chefs d’oeuvre al fresco par Corregc) — la
Steccata: (la plus belle église de Parme: le Moïse,
6o
L’ITALIE. VILLES.
sous l’arcade ; beau tableau de Parmegianino , la statue
de Ste. Généviève.) — la caLhédrale; (remarquable par sa
coupole; fameux ouvrage de Corrèze ; le tombeau ip Augu¬
stin Carraclie). — L’église de. S. Giovanni , avec une au¬
tre célébré coupole de Corrige et le St. Jean l’Evangeli-
ste , peint al fresco par le même — le bâtiment de l’uni¬
versité — la Madonna délia Scala: (bâtie en l’honner.r
de laVierge que le Corrige peignit sur le mur de la mai¬
son de son compère) — le Palazzo del Giardino (dans les
appartemens de belles peintures al fresco d’Augustin
Carrache. Il faut monter sur la terrasse, pour jouir des
perspectives et des coups d’oeil. Précisément soùs cette
terrasse fut donnée la bataille de 1734 ) — La foire de co¬
cons de vers à soie, au mois de Juillet, est curieuse
à voir.
Collections. Cabinets. Le Musée, la bibliothèque et
les collections de l’académie des arts, (la célébré Ma¬
donna di S. Girolamo par Corrige a été transportée à
Paris: à l’académie la table de bronze deTrajan, et l’ado¬
ration des Mages par Parmegianino : la statue d’Agrip¬
pine, le buste de Vitellius etc. A la bibliothèque une
suite précieuse de livres du 15 siècle) — le cabinet d’ani¬
maux au couvent de St. François de Pauie.
Etablissement littéraires et utiles. L’académie des
arts : les académies des Arcades et des Inaspettati. Le9
presses et les curiosités typographiques du célèbre Bo -
do ni.
Livres h consulter. Il Parmigiano. Servitor di Piaz-
za , ovvero Diaioghi di Trombola. Parma. 1796. 8> [l’au¬
teur est feu le Père Irenéo Affo.]
Promenades. Le Stradone.
Spectacles. Amusemens. Grand opéra aux müis de
Mai et de Juin; comédie française; opéra bouffon, de¬
puis Noël jusqu'à la fin du carnaval. Le Casino.
Auberges. Bonne auberge, non loin de la grande
place.
Distances. De Parme à Livourne 15 postes: à Plai¬
sance 5; à Gènes 16; à Mantoue 6; à Milan 9.
Environs. Les deux maisons de plaisance Colorno
et la Sala — les antiquités et ruines de Eelléia, ù 13
lieues de Parme. Cette ville fut détruite, quelques an¬
nées après la mort de Constantin , par .les éboûlemen»
L’ITALIE. VILLES.
6*
■do deux montagnes voisines. On voit k ,1a galerie du
château de Parme, le plan de la partie, que l’on a fouil¬
lée jusqu’ici.
PISE. Long. 28<> V 15". (Xle de Fer.) Lat. 430 43' ?"
Population , 20,000 a.
Ldificci remarquables. Curiosités. La cathédrale:
(les trois belles portes de bronze si fameuses, qu’on les
a prétendues de Jérusalem : spirdntia mollius aéra, cet
airain respire en effet; les deux colonnes de vert anti.
que, enlevées du templ^de Diane à Ephèse : le maître-
autel; le tombeau de l’empereur Henri VII. ; une co¬
lonne de la chaire, très -belle brocatelle orientale, et le
plus beau morceau , que l’on connaisse de cette espèce
de marbre; une urne sépulcrale antique sur une colonne
isolée; et un tombeau antique de marbre.. La lampe de
l’eglise rappelé, que ce fut sur ses vibrations , quoi-
qu’inégales, que Galilée remarqua leurs isochronisme ;
comme ce fut de dessus la fameuse tour inclinée, qu’il
fit ses expériences sur la chute des graves) — le Baptis¬
tère ; (la voûte est très - élastique et sonore, et la chaire
cl’un marbre presque transparent) — le Campo santo :
(les charniers* une des choses singulières de celte ville.
On remarque surtout le tableau de la Vergoguo^a di
Campo santo : le tombeau du comte Algarotti érigé aux
frais du grand Frédéric de Prusse etc. Le Sarcophage
antique avec le bas-relief d'Orphée) — le clocher (tour
inclinée, haute de 142 pieds; sil’on'jete un plomb, il
s’écarte de 12 à 13 pieds de la base de la tour. C’est l’afV
faissement du terrain , et non pas l'intention de l’ar¬
chitecte, qui a produit cette inclinaison. On voit de
la platte forme supérieure les plus belles campagnes;
On distingue même le fanal de Livourne , pendant la
ïiuity. — L’hôpital — le collège de Bartolo (dans la mai¬
son qu’habita ce grand Jurisconsulte) — l’église des Cor¬
deliers (quelques tableaux, l’adoration des pasteurs,, la
résurrection etc.) — la belle statue colossale de Ferdi¬
nand II. — l’église de St. Etienne; (l’orgue, une colonne
de porphyre et l’autel de Foggini , sont les trois pièces
remarquables de cette église) — le palais du ci - devant
ordre de St. Etienne — St. Matteo : (église remarquable
par son plafond) — ^ la Loggia de Mercanti — les quais de
l’.Arno et les ponts, surtout le ponte marrno ; — les re¬
stes de la tour d'Ugolino et de ses enfans, condamnés k
y mourir de faini- (Dana le petit jardin, à côté du pa-
G. d. Voy. Tom. 1T. F
V ff
63
L’ITALIE. VILLES'.
laîs de l’ordre de St. 'Etienne; ce ne sont plus que de tnâ-
sures, avec des barreaux de fer.) — (Les fleurs artificiel¬
les qui se font au couvent de S. Mathieu, sont fort esti-
jnées. Les plus chères sont celles, faites de feuilles min¬
ées de pierre. L’huiîê du Pisan est aussi très - estimée.)
Jeux. Amuscmens. Le combat des Çispontins et
Transpontins , sur le pont de marbre , qui se donne tous
les 3 ans — l’illumination que l’on fait tous les trois ans,
le jour de S. Rémi , patron de la ville — l’opéra. •—
Auberges. Al Uzaro : aux 3 donzelles.
Etablissemens littéraires. L’université : le sémi¬
naire.
Collections. Cabinets. Les collections et la biblio¬
thèque de l’université. La specola ou l’observatoire; le
jardin des plantes; le cabinet d’histoire naturelle ou de
physique.
Promtnades. Les quais, le long de l’Arno.
Distances. De Pise à Livourne, 2 postes; à Floren¬
ce 6; à Gènes 151/2-
Environs. — Les haras de Sdn Rosore qui datent en¬
core du tems des Médicis. On y voit des troupeaux de
boeiifs et de vaches sauvages, et des centaines de cha¬
meaux avec leurs petits, errans dans la campagne. —
La M acchia ou les casines. — Les bains 'de Pise ou dç St.
Julien : (à 1V2 lieue de la ville) des eaux thermales,
qui ont depuis 22 'a 33 dégrés de chaleûr; les plus célè¬
bres et les plus fréquentées, en Italie. Ces'bains sont
beaux et commodes, et le prix des appartemens et de la
table est réglé par le gouvernement à un prix modiqua.
On les estime surtout salubres pour la goutte et les ma¬
ladies du foie. ,, C’est la plus belle eau, qui coule dans
le plus beau marbre, et avec elle , dit - on , la santé “ dit
M. Dupcty. Les Juifs ont des bains destinés pour eux.
Le beau casino de bagni , est une salle d’assemblée et de
danse. ( V\ les ouvrages du D. Cocchi , et du Docteur
Eianchi sur ces bains. y
ROME. Long, à l’égl. de S. Pierre 30° 7* 15''. (Ile de
Fer.) Lat. 41© 53' 54". Population à ; suivant l'An¬
nuaire de 1812. • 1
Edifices remarquables. Curiosités. Je n’entrepren¬
drai pas de décrire Rome entière. . Il faut avoir recours
aux plans, aux ouvrages faits pour en rendre compte.
De plus, les événemens du tems ont opéré de grands
changement Je me contenterai de désigner les princi-
I
WsiCV«a»a J <VOX3 CUC C5t IJUCl»»»,» » >fcuv (l(. XXUIHP fn
ce qui regarde le bon goût et la beauté de l’exécution • le
ouvrages de lafabrique Romaine, sont aussi d’unprix moin
cher ;) le bas-relief par Algardi ; leachapelles Slxtine Cle
afcentme, baptismale^ les mausolées de Paul Ul!
Grégoire XIII., d’Urbain -VIH., d’Alexandre VII. * di
*ape Rezzonrco , par Canovu., de la Comtes** Mathüde
F»
L’ITALIE. VILLES. 63
pales curiosité» par des astérisques. Je les partagerai'
en 5 classes, i. Eglises. 2. Palais et bâtimens princi¬
paux. 3. Monts. Rues. Fontaines. Ponts. 4. Ruines.
Antiquités. 5. Villas. — 1. Eglises. On compte 343 égli¬
ses, dont 13 sont des basiliques. Quatre des dernière»
ont des portes saintes, qui ne s’ouvrent qu’à des jours
fixes , et cinq sont des églises patriarchiales. La princi¬
pale, pour la grandeur, et la beauté, la richesse et l’élé¬
gance, est sans contredit celle de ♦ St. Pierre , apeléé
San Pietro in Vaticano ; (On a mis plus d’un siècle
pour bâtir ce superbe édifice , et il a coûté 45 millions
d éçus Romains. Les écrivains varient extrêmément dan*
les dimensions qu’ils donnent de cette église. L’im¬
mense place , le pérystile circulaire , les deux magni¬
fiques fontaines et l’obélisque égyptien, forment l’ave¬
nue de cette belle église, qui est vraiment superbe. Vn
est impossible , dit M. Dupaty , d’avoir dans ce temple
des sentimens médiocres , et des pensées communes. “
Deux choses sont à remarquer en entrant dans l’église
de S. Pierre , et qui mettent sur le champ au fait de l’é¬
tendue de l’édifice; ce sont les bénitiers, et des colom¬
bes de marbre blanc avec des rameaux verds dans le bec.
On s’imagine en entrant, que les enfans qui soûtiennent
les deux vases des bénitiers sont d’une taille ordinaire,
et à mesure que l’on approche, leur figure devient gi¬
gantesque, Il en est de même de» colombes, qu’on pensp
à une certaine distance pouvoir toucher avec la main,
et qui s’élèvent tellement à mesure que l’on arrive, que
lorsqu’on est à leur portée, on est étonné de les trouver
de plusieurs pieds au-dessus de sa tête. Il a parp un
ouvrage qui peut servir de guide : JSuova descrizione
délia basiliea e palazzo di Vaticano , par Tachard 1767,
3 vol. in 8« Jetons un coup - d’oeil sur les principaux
cbjets : le grand baldachino ; la coupole; les bénitier, f
la chaire de S. Pierre; les mosaïques, et la fabrique dej-
mosaïques (celle de Florence l’emporte par la hardiesse
et la difficulté du travail > comme par le précieux des
matériaux; mais elle est inférieure à celle de Rome, en
ce qui regarde le bon goût et la beauté de l’exécution ; les
ouvrages delafabrique Romaine, sont aussi d’unprix moins
cher;) le bas-relief par Algardi; leschapelles Sixtine, Clé¬
mentine , baptismale; les mausolées de Paul M. , de
Grégoire XIII., d’Urbain -VIII, , d’Alexandre VII., du
Pape Rezzonico , par Canova,r de la Comtesse Mathilde,
64 L’ITALIE. VILLES.
«le la reine Christine: les statues de St. Dominique par
le Gros , S. Bruno par 'Michel - Ange - Slodtz , St. André
du Fiammingo , la plus belle figure qui soit à St. Pier¬
re; Ta statue de bronze de St. Pierre assis, qui attire
tous les hommages des fidèles, faite d’après la statue de
Jupiter Capitolin; la sacristie, finie en 1780; les grottes
ou l’église inférieure. La coupole de S. Pierre est l'ou¬
vrage le plus hardi et le plus étonnant que l’architectu¬
re moderne ait tenté. Elév. de la croix au-dessus du
pavé 487 anc. p. de Paris, ce qui surpasse de 39. p. celle
de la grande pyramide de Ghizè. Il est peu de person¬
nes qui n’éprouvent quelque effroi, en se trouvant à une
si grande élévation, quoiqu’on aille rarement au-dessu«
de la boule. On se contente de monter sur la plate¬
forme, ou jusques sur la voûte de la lanterne, où finis¬
sent les marches. La coupo’e, la lanterne, la boule, et
la croix furent achevées dans l’espace de 29 mois. ,, Mon¬
tez à la coupole, dit un voyageur moderne, quand l'heure
de votre départ approche; votre oeil planera sur la ca¬
pitale du monde ancien, et sur ses environs, et ce coup
d’oeil, unique dans son genre, fera revivre des souve¬
nirs bien chers. “ Il n’y a que la vue du haut de la tour
du Capitole , qui rivalise avec ce coup d’oeil.) — * S.
Jean de Latran : (les statues de S. André, S. Jean, S.
Jacques et de S. Mathieu par Rusconi ; la3*1 chapelle
Corsini, la plus élégante de l’Europe; on suppose que
le * beau sarcophage de porphyre sous la statue de Clé¬
ment XII., et qu’on a trouvé dans le Panthéon , conte¬
nait les cendre* d’ A gripp a ; les colonnes de-bronze doré,
cannelées, antiques et très-magnifiques; l’orgue, le plus
grand de la ville; dans la sacristie, le * crucifix par iWi-
chel -Ange ; dans le cloître le tombeau d’Hélène, et les
* deux sièges de marbre rouge, dont on se servait dans
les bains, et qui ont donné lieu à la fable de la papesse
Jeanne.) — le baptistère de Constantin, et * la S cala
santa, près et vis-à-vis de cette église; (cette dernière
consiste en 28 degrés de marbre, qu’on dit avoir été ame¬
nés du palais de Pilate.) — * S. Maria maggiore :. (des
mosaïques du cinquième siècle ; les chapelles Sforza,
Sixte et Borghèse; les tombeaux par AlgartLi ; le maître,
autel qui est un grand sarcophage antique ; * la belle co¬
lonne de l’ancien temple de la paix, sur la place devant
l’église.) — * S. Paolo fuori le mura: (ses anciennes
colonnes et mosaïques; il n’y a pas moins de 140 colon-
L’ITALIE. VILLES.
«5
nés, dont20de marbre violet du mausolée d Adrien : lepa-
’vé est un chaos de marbres précieux et d’inscriptions.) —
•S. Lorenzo fuori le mura: (le pavé en mosaïque: le*
deux anciens sarcophages: sous le portique , différentes
peintures fort anciennes; les catacombes de S. Laurent
sont très - curieuses , et contiennent plus de choses con*
serrées, que celles de S- Sébastien.) — S. Croce in Ge-
rusalemme : (la statue * de Ste. Hélène, était sans doute
une Junon, très-adroitement métamorphosée. Dans la ga¬
lerie, qui conduit à la sacristie, trois tableaux par Rubens,,
lorsqu’il étudiait à Rome. Dans le couvent, une nom¬
breuse bibliothèque, des antiques, et des inscriptions.) —
S. Sebastiano; (dans le portique, ôcolonnes antiques; les*
catacombes de S. Sébastien, sont les plus vastes qu’il y ait à
Rome; on dit qu’il y a été enterré 70,000 martyrs, 18 papes, et
beaucoup ue prêtres. De teins en teras il arrive des ébonle-
mens dans ces soûterrains, et plus d’une fois de malheu¬
reux étrangers, à la merci d’un conducteur qui n’en est
'pas responsable, y sont entrés, et n’en sont pas sortis;
on assure qu’on pourrait faire vingt milles Italiens de
chemin, dans ces soûterrains jusqu’à Civita Vecchio.
Ÿ. l’intéressant Voyage dans les catacombes de Rome ,
par M. Artaud. A Paris , 1810. 8*) — S- Agnèse, sur la
place Navonne : (le * bas-relief de la sainte, par Al -
gardi. Le chevalier Bernini était brouillé avec le che¬
valier Borromini , l’architecte de cette superbe église
qui est vis-à-vis la fontaine de la place Savonne. Bor •
romini faisait peu de cas de cette fontaine du Bernini :
celui-ci de son côté critiquait le dôme de Ste. Agnèse,
et pour se moquer de son peu de solidité, il a repré¬
senté l’un de ses fleuves avec les mains étendues en
avant, comme pour se préserver de la chûte du bâti¬
ment.) — S. Agnèse , fuori delle mura: (les quatre bel¬
les colonnes du maître -autel; le beau candélabre anti¬
que; le * buste en marbre blanc de N. S. par Michel-
Ange; c’est pour le portrait un chef- d’oeuvre. ) — S#
Agostino: (* la bibliothèque Angélique, la plus remar¬
quable de Rome.) — S. Andrea del Noviziato, et S. An¬
drea délia valle: (d’une architecture simple mais par¬
faite dans ses proportions: dans la dernière de ces égli¬
ses, * les Peintures de D omenichino , la coupole de Lan-
franco , et la chapelle Strozzi. ) — l’église des Sts. Apô¬
tres: (le mausolée de Clément XIV. ) — S. Bibiana: (la.
* belle statue de Ste. Bibiane, par Bernini ; le grand vas*
66
L’ITALIE. VILLES,
d'albâtre oriental.) — S. Carlo à Catinari; (Ica 4 vertus,
par Dominicain.) — S. Carlo al Corso: (belle coupole.) —
‘S. Carlino aile quattro' fontane : (cette église est -de la
■•grandeur d^un des piliers qui soûtiennent la coupole da
St. Pierre;) — Sta. Cecilia in Trastevere : {la Ste. Cecile
par Stefcino M aderno ; la * chapelle , jadis chambre du
bain— le cou vent a été conservé pour des religieuses.) Ste.
Clemente : (le tombeau du Cardinal Rovereila , qui es-t
* un sarcophage antique.) — S. Crisogono: (des colon¬
nes antiques.) — S. Eusebio: (le * plafond par Mcngs.)
Il Gesu: (* l’autel de S. Ignace d’une richesse audessus
de toute description.) — S. Giovanni Battista de Fioren-
tini: (les mausolées par Algardi , et par Michel - Angc-
Slodtz.) — S. Giovanni Evangelista : (Beaux tableaux
par le Dominicain.) — S. Giovanni e Pqolo : (l’autel
de porphyre, * l’un des plus beaux de Rqme) ; —r S. Giu¬
seppe : (la nativité par Charles Maratti; sous l’église
une ancienne prison romaine.) — S. Gregorio magno :
(les deux belles peintures à fresque de Dominicain et
de Guide dans la chapelle de S. André : la bibliothè¬
que.) — * S. Ignazio : (magnifique église du collège Ro¬
main ; * le musée de Kircher. Dans le devant de l’autel
est une ouverture, par laquelle on jete encore aujour¬
d’hui , des lettres adressées à St. Rouis de Gonzague.
La statue du saint par le Gros , est un chef-d’oeuvre.) —
S. Luigi- de’ Trancesi: (l’assomption de la vierge par
Bossan.) — S. Marco: (quelques beaux mausolées.) —
* S- Maria degli Angeli: (ou les Charlreux ; cette vaste
église est bâtie dans les thermes de Dioclétien par
Michel - Ange ’r les colonnes de granit sont. les mêmes
tjui y étaient. Beaux tableaux de Maratti, de Domini¬
cain, et de Battoni. La méridienne; une des plus
grandes et des plus belles qu’on ait faites ) — S. Maria
in ara coeli : (à l’endroit; où était autrefois le temple
de Jupiter Capitolin: on y monte par 124 degrés de mar¬
bre, du fameux temple de Quirinus. Les bonnes âmes
s’imaginent qu’en s’écorchant les genoux contre le pavé,
et marmotant des litanies en le montant, on obtienne
la révélation du numéro qui doit gagner à la loterie.
Cette idée attire toujours grand nombre de pèlerins.
S. Maria in Campitellr: (au-dessus de la tribune une
* croix singulière , d’un marbre presque transparent. —
Concezzione di Maria Vergine de’ Capuccini: (le carton,
de Giotto , audessus de la porte; et Saul, de Pierre de
L’ITALIE. VILLES.
6?
Cortone; le mausolée du cardinal Barberini , avec une
épitaphe philosophique.) — S. Maria di Loreto : (* la
sainte Suzanne, de François Flamand, figure de marbre
qui a beaucoup de célébrité. ) — * S. Maria sopra Mi-
nerva: (belle église, bâtie à la place où était un temple
dédié à Minerve. * Le Christ en marbre de Michel-Ange,
figure célèbre : la * bibliothèque de la Minerve , ou de
Casanate , est une des plus riches qu’il y ait en Italie.)
— S. Maria in Navicella : ( 18 colonnes de granit, qui
sont remarquables; * le vaisseau devant l’église.) Santa
Maria dell’ Orto ; (beaucoup de peintures estimées.) —
S. Maria del popolo : (la statue de Jonas, par Lorenzetto ;
la chapelle Chigi. ) — S. Maria in Trastevere. (des mo¬
saïques antiques: * la place de l’église, une des plus
belles places de Rome.) — S. Maria in Yallicella: (les ta¬
bleaux de Caravaggio , du Guide, de Rubens etc. la bi¬
bliothèque du couvent.) — S. Maria in via lata: (belle
façade.) — S. Maria délia Vittoria: (la * figure de Ste.
Thérèse de Bernin , l’un des chefs - d’oeuvre de ce grand
artiste. ) — S. Maria aux Martyres , dit * le Panthéon ,
ou la Rotonde : (le, seul temple de Rome, qui reste en
son entier: il est d’une majestueuse simplicité. Quel
dommage que le goût moderne ait blanchi la voûte du
Panthéon ! Blanchir un édifice antique! La coupole de
S. Pierre est précisément de la grandeur de ce temple.
Raphaël et plusieurs fameux artistes, ont ici leurs tom
beaux. On peut monter sur la calotte de la Rotonde.
Le portique est superbe, et présenté l’aspect le plus
majestueux.) — S. Martino e Silvestro : (bâtie sur les
ruines des bains de Titus.) — S. Nicolo in Carcere:
(c’était la prison, où se passa l’action célèbre, qu’on
appelé la chanté Romaine. * Ancien tombeau de por¬
phyre noir.) -- S. Onofrio: ( * le tombeau du Tasse rend
cette église -remarquable. On garda dans la bibliothèque
du couvent ses manuscrits, avec une écritoire, une boëte,
et même un petit pot de terre, qui ont été à son usage.
Tout cela a disparu. Le couvent sert â présent aux en-
fans trouvés malades. De dessus la terrasse de S. üno-
phro on a une belle vue.) S. Pietro in Montorio : (cette
église possédait le premier tableau de l’univers, la trans¬
figuration de Raphaël, transporté à Paris. L’église
avec le jardin , fut vendue par la nouvelle république
Romaine, au prix de 2000 piastres, et en partie dévastée.
Le pape Pie VII. annullait ces ventes révolutionnaires.)
V
4
68
L’ITALIE. VILLES
- S. Pietro in Vincoli : Moïse et le mausolée du pape
Jules IL, fait par Michel- Ange, qui est un des monu-
mens les plus célèbres d’Italie. ) - S. Prassède : (la cha¬
pelle délia colonna, à cause d’une colonne, qu’on dit
être celle a laquelle N. S. fut attaché pour la flagella- l
tion. ) S. Sabina : (les 24 colonnes cannelées de marbre
de Paros viennent d’un temple de Junon ; * cette église,
et celle de S. Alexis, et le prieuré de Malte, sont dans
une situation très - favorable , pour prendre une vue de i
Rome, dans toute son étendue. ) — S. Silvestro a Monte
cavallo : (les * 4 fameux rondi , ou tableaux ronds à 1
fresque, par Dominicain ; la bibliothèque et les jardins j
du couvent, un de ceux conservés pour des religieuses.)—- 1
S. Trinita de’ monti: (la descente de croix par D. de j
Volt errtt , l’un des plus célèbres tableaux de Rome , fut
enlevée avec une portion du mur, pour être transporté
à'Paris, mais se brisa en pièces. Cependant on est par¬
venu, à le transmettre sur la toile et en entier. 11 faut
faire dans la soirée une * promenade sur la place , de¬
vant l’église S. Trinita de’Pellegrini , ( le tableau par le
Guide.) — S. Valentino: (le dimanche dans l’octave de
la purification , la maison Paganica orne l’image d’un
collier de pierres précieuses, gagnées à la bataille de
Liitzen en Saxe.) — la Yisitazione; [beau groupe de
marbre, par Maratti.] — (Il y avoit à Rome 123 cou-
vehs de religieux, 55 de religieuses. Le décret de 1810 les
a supprimés, à l’exception seulement des 4 couvens des
religieuses. .Les tableaux, statues etc. dans ces églises
et couvens, ont été taxé par une commission, pour être
vendus. )
2. Palais et bâiimcns principaux . Sept salles de
spectacles, et 150 palais. * Le Capitole: les fondemens,
capitolii immobile saxum , sont encore visibles, vers le
temple de la concorde, et l’arc de Sevère} la * roche
Tarpéïenne se voit à l’occident, sa hauteur perpendicu¬
laire est aujourd’hui de 58 ou 60 pieds. La * statue éques¬
tre de Marc-Aurèle, de bronze, est la plus belle qui
soit restée des anciens. Le * Musée Capitolin , ou le
riche recueil d’antiquités du pape Clément XII., occupe
le bâtiment qui fait face à celui des conservateurs. Ln
face de la grille d’entrée, on voit au fond de la cour,
la statue appelée * Marforio , qui est très -peu de chose,
mais il faut l’avoir vue, ainsi que la statue mutilée, ou
le tronc de Pasquin, qui est derrière la place Navonnej
L’ITALIE. VILLES,
69
14 statues et 6 bustes ont été emportés à Paris, mais on
y trouve encore, entre autres * la célèbre louve de
bronze, frappée par la foudre, au moment de l’assassi¬
nat de Jules César. C’était un specLacle imposant, lors¬
que Berthier à la tête des brigades Françaises , monta au
Capitole, et y procl ama la B épublique Romaine. Aucun
étranger ne devrait quitter Rome, sans monter à la tour
du Capitole. On voit d’un côté Rome ancienne , ayec
ses monticules et ses ruines, et de l’autre üomé? moderne,
et le Corso. Il n’y a que la vue du haut de la coupole
de St. Pierre, qui égale ce coup d’oeil). — * le Vatican :
palais très-vaste et très- irrégulier; il contient 13,000 sal¬
les, selon Bonanni , mais il faut comprendre dans ce
compte les caves; Venuti les fait monter, à 11,500; Keys-
ler dit, qu’il y a 12,524 salles, 11,246 chambres, et 22 cours.
Tout cela paraît exagéré. Dans le tems de la guerre de -
la révolution,. le Vatican a été spolié, et ruiné en grande
partie, par les fouilles qu'on y faisait, pour chercher
des prétendus trésors cachés. La scala regia, par Bernin ;
la chapelle Sixtine, la chapelle Pauline; les stanze di
Rafaello , (surtout * l’incendio di Borgo T La biblio¬
thèque d’environ 70,000 volumes, dont 40,000 étaient ma¬
nuscrits, mais dont les plus rares ont enrichi la biblio¬
thèque impériale de Paris: le * plafond al fresco , passe
pour le plus beau tableau de Mengs. On y garde, entre
autres curiosités la Bible du Docteur Luther, avec des
notes manuscrites. Les jardins; le Belvedeï en deuil,
regrettant, comme le * Musée Clémcntin, ses chefs-
d’oeuvre les plus célèbres. On les a remplacé par des
copies en plâtre. Cependant le Musée Clémentin et ce¬
lui de Pio - Chiaramonte , renferment encore un grandi
nombre d’antiquités dignes à tous égards de l’attention
de l’amateur. — * Le château de St. Ange; (citadelle de
Rome, ci-devant le mausolée d’Adrien; c’est sur le som¬
met de ce mausolée, qu’était autrefois la pomme de pin
en bronze, qui se trouve dans les jardins du Vatican.
La vue de Rome fait un coup d ôeil superbe, quand on.
est sur le s haut du château de S. Ange.) — * Monte- Ça -
vallo : ( palais d’été du pape : .les * deux groupes colos¬
sales de Phidias et de Praxitèle ; quelques tableaux dans
les appartemens; * le crucifiement, par Guide ; le jar¬
din; le café, plusieurs statues et marbres antiques.) —
la Douane de terre: (les colonnes de marbre blanc, avec
de beaux chapiteaux.) — la chancellerie: (grand et beau
70
L’ITALIE. VILLES.
bâtiment ; l’architecture est de Bramante.) — * palais
Altieri: (le * portrait de Titien, peint par lui -même;
Lucrèce, par Guide ); — • * palais Barbcrini : (le * pla¬
fond, par Pierre de Cortone ; la bibliothèque. L’on dit
que ce palais a 4,000 chambres , et que la bibliothèque
contenait autrefois 60,000 volumes et 9,000 manuscrits.
Le cabinet de médailles, de pierres antiques, de bron¬
zes etc. Mais le Faune dormant ne s’y trouve plus. ) —
palais Boccapeduli : (* les 7 saçrémens , par Poussin', la
Ste. Cécile par le même ; l’amour terrestre et céleste,
par Titien,) — * palais Borghèse: (les appartemens con¬
tiennent 1700 tableaux., * la inusica par Domenichino. ) —
palais Bracciani : — * palais Colonne. (* la mort de Ré-
gulus , par Salvator - Rosa , tableau fort estimé, une *
S.te# Madelaine, par Guide ; * Vénus et Adon, par Ti¬
tien ; deux paysages, par Poussin-, la bibliothèque ; les
jardins. ) — * palais Corsini ; habité par la reine Chris¬
tine, qui y mourut en 1689; (grande collection de ta¬
bleaux, principalement de l’école flamande, beau cabi¬
net d’estampes ; il y en a qu’on n’aime pas à montrer, p.
e. la suite des estampes lubriques, d’après les Carraches ;
le bosquet pour l’assemblée publique des Quirini. Du
jardin l’on jouit d’une des plus magnifiques vues de
Rome.) — * palais Doria : (six * paysages d 'Annibal
Caraccio ; un * paysage de Claude Lorrain. * la For-
nara par Romano : igoo tableaux.) — * palais Farnèse:
(estimé le plus beau de tous les palais P ; Rome;) — * pa¬
lais Rospigliosi: (le beau tableau * de la vie humaine,
par Poussin ; * l’aurore du Guide, dans le bâtiment du
jardin, qui renferme la partie la plus précieuse des pein¬
tures de ce palais); le palais Ghigi : (♦ Mercure qui en¬
dort l’Argus, par S. Rosa;) — palais Giustiniani ; (les
collections que renfermait ce palais , ont été vendues,
et se trouvent en partie chez l’étranger!)— palais Mattéi:
(la * femme adultère, par Pierre de Cortone.) palais
Pamiîli, place Navonne: (le plafond peint par Pierre
de Cortone.) — palais Rondonini:- (*,la tête antique de
Méduse.) — palais Spada: ♦ (Judithe, par Güido Reni ;
* la statue de Pompée, on supposa qu’à son pied Jules
César fut assassiné; mais en i$i2. l’abbé Féa en a dé¬
montré la fausseté; v. Osservazioni intorno alla célébré
statue detta di Pompéo.) — palais Strozzi : (le cabinet
de médailles : * la jeune fille de Titien.) - palais Ve-
rospi: (remarquable par * le plafond d 'Albane.) — pa-
L’ITALIE. VILLES
7i
lais Ruspoli : (les * trois Grâces; * le basrelief de Té-
lephe. ) — palais Casali. — palais Costaguti: (deux pla¬
fonds peints par Domenichino , et par Guerchin . ) — pa¬
lais Massini: — palais Caligula: (la Vestale, par Mar-
celli) — palais Santa - Croce : (Job, par Salvator - Rosa :
* les 4 saisons, par Albane). —
3. Monts. Fontaines. Bues. Ponts. Les 7 monts
ou collines: du montAventiny surtout des jardins du
Priorato , on a une vue vraiment superbe ; le mont Cé-
lien a aussi une vue des plus étendues, et l’emplacement
ne le cède qu’au mont Palatin ; ce dernier mont, qui
renfermait la ville de Rome dans son berceau, et le pa¬
lais des Empereurs, est aujourd’hui la place des jardins
potagers: VEsquilin est le plus élevé de tous ces monts,
et le Viminal le plus bas; sur le mont Quirinal l’on
respire l’air le plus pur. Du mont Pincio on jouit de
vues délicieuses. Le mont Testaceo est une montagne
formée des débris de pots cassés: au-dessous sont des
voûtes où le vin se garde extrêmément frais; il s’y rend
eu été une foule de peuple, pour én boire. — 12 Fontai¬
nes. * Fontaine Pauline , l’une des trois grandes fontai¬
nes de Rome, et peut-être la plus abondante de l’uni¬
vers. * La fontaine de Te r mini , l’un des glus grands
ouvrages de Sixte - Quint. . * La fontaine de Trevi , c’est
une fontaine d’architecture magnifique. * La fontaine
de la place Navonne , elle est du Berni/i, et c’est ce
gu’il a fait de plus beau. La fontaine du Triton.— L’on
compte 46 -places publiques , 6 marchés et 28 rues prin ■*
cipales : le * Cours, ou il Corso ; il sert de promenade
publique, et l’on y va en carrosse tous les jours avant
le dîner et deux heures avant la nuit; le Corso est situé
au même endroit que la rue de l’ancienne Rome, appe¬
lée Via lata. La * Strada Felicey de plus d’un mille
de longueur; cette rue est croisée par une autre rue
droite, appelée Strada Pia , et l’intersection de ces
rues , fait un des plus beaux points de vue de Rome. La
Strada Julia , Strada Longaray Strada de Condotti. — <
* Pont S. Angelo : le Tibre a ici environ 315 pieds de
largeur. Ce pont s’appelait autre fois Pons Aelius ; sa
longueur est de 300 pieds. Le pont Cestio. Le pont
Quattro Capif anciennement le pont Fabricius. Le
pont de Sixte y anciennement le pont du Janicule. Le
pont Molle y anciennement pont Emilien y hors de la
ville. Le vieux pont, où se libra la bataille entre Cos-
L’ITALIE. VILLES,
7*
stantin etMaxencc, était 200 pieds plus haut. — La porte
de Popolo , autrefois yorta Flaminia', c?est la plus belle
porte de Rome. (Rien ne saurait être plus magnifique
que l’entrée de Rome par cette porte, surtout depuis la
création du Giardino di Cesare ; l’av.enu er .est de la plus
grande beauté ).
Ruines. Antiquités, io obélisques , 5 colonnes ; les
ruines de go temples, de 12 Forum, de 16 arcs de triomphe,
de 3 théâtres; de 10 cirques, de 18 tombeaux, de 14 ther¬
mes, de 6 aqueducs etc. L’imagination r perçant a tra¬
vers les siècles, plane sur Rome éternelle, qui ne sub¬
siste plus que dans ses ruines , où l’on va la chercher
avec empressement. Sans Ciceroue , sans guide, on peut
parcourir son enceinte le flambeau de l'histoire à la
main. Un voit encore quelques vestiges du temple de la
paix decombré par ordre du gouvernement, et de celui
de la Concorde , de Bacchus, de ceux du Soleil, de Jupi¬
ter Stator, et de Jupiter Tonans etc. On voit la demi-
coupole du temple de Minerva medica , à la droite de la
Villa Magnani. Au portique du temple d’Antoniu et de
Faustine, 10 grandes colonnes de marbre oriental. Aux
jardins du palais Colonna, des fragmens de marbre, d’une
grosseur excessive , beaux restes d’une frise du fameux
temple, érigé par Aurélien. Le joli temple rond de
Vesta , est aujourd’hui l’église de Madonna del Sole etc.
etc. On montre la place du goufre dans lequel Curtius
se dévoua au salut de sa patrie. Descendu dans les bains
de Livie, on trouve des camées incrustés à la voûte, qui
attestent, encore les beaux tems de la Grèce. * Les bains
de Titus, où Raphaël prit l’idée de ses tableaux de la
galerie du Vatican. * Les ruines immenses des thermes
de Caracalla, qui contenaient 2300 cellules, et 1600 sièges
de marbre. ( On voit deux de ces sièges au cloître de S-
Jean de Latran). Les bains de Dioclétien, leurs restes
aux Chartreux, et a St. Marie des anges. * L’arc de Titus,
élevé parTrajan, supérieurà tous les autres arcs deRome,
pour l’architecture. * L’arc de Constantin, encore dans
son entier. Les basreliefs qui décorent celui de Septime
Sévère. L’arc de Janus, qui est bien conservé. La place
du * Carapo - Vaccino , ci-devant l’endroit le plus fa-
mèux de l’univers, le forum Romanum. Là, on foule sous
ses pieds la grandeur Romaine; quels changemens! La
* fontaine d’Egérie, si célèbre dans la destinée de Rome,
est aussi une des promenades que l’on peut fréquenter à
Rome. Les aqueducs de l’eau Claudia , et celui de l’eau
L’ITALIE. VILLES.
/
n
•
de la Vierge, subsistent encore. Les r, es tes du cirque de
Flarainius ; ce qui est aujourd’hui la place Navonne, for¬
mait l’arène. Le *. cirque de Caracalia, de tous les cir¬
ques celui, dont il y a le plus de restes. Le * Colisée,
élevé par Vespasien, achevé par Titus. Il contenait plus
de 100,000 spectateurs, dont 80,000 étaient assis sur de»
gradins rangés en amphithéâtre. Ce monument le plus
admirable de la puissance Romeine sous les Césars,
vient d’être décombré,, e.t ressort dpns. un lustre tout
nouveau. Au milieu du forum Trajani la superbe * co¬
lonne, haute de 128 pieds d’Angleterre. Elle est debout,
et intacte, mais au lieu de Xrajan, elle porte aujourd’¬
hui St. Pierre. 11 y a en dedans un escalier commode
pour monter jusqu’au sommet. La * colonne d’Anto-
nin, ou plus proprement d’Aurèle , est plus haute que
celle de Trajan, mais d’un mérite beaucoup inférieur.
L’ordre du théâtre de Marcellus, avec sa colonnade, un
Opus reticulatum de briques, subsiste- encore en en¬
tier. Il reste peu de chose du mausolée d'Auguste. On
y a bâti Un théâtre, où l’on donne de teins en teros des
combats de bêtes ; on les entend rugir dan* cet antique
silence de la mort. Le tombeau des * Scipions , près
de la porte Capena. Le * mausolée de Cécilia Metella.
femme de Cra3sus, sur 4 a Via Appia, est une tour
ronde, bien conservéç. Le * célèbre tpmbeau de Çajus
Cestius, de 25 pieds d’épaisseur , et haut de 102, subsi¬
ste en entier, ainsi que; sa chambre sépulcrale. Les or-
nemens sont du beau tems d’Aug.uste. Près de -là, sont
les tombeaux de plusieurs étrangers morts kRome. Il y
ah Rome 10 obélisques sur pied, dont 3 érigés de nou¬
veau par Pie VI , et 1 étendu sur terre. Ces monument
de la plus haute antiquité, chargés de caractères hié¬
roglyphiques , connus des seuls initiés, remontent
aux teins des Rois pasteurs. * Le plus grand obélis¬
que que l’on connaissoit avant la Campagne 'd’Egypte,
décore la place de S. Jean de Latran. R<,messes, roi de
Thebes le fit élever, et ce fut le seul qui fut épargné
par Cambyse. Sa hauteur est de 140 pieds; il pèse,
J?3IO>4-94 livres, poids de Rome. * L’obélisque d’Auguste,
placé ci-devant à Héiiopolis en Egypte et qui orne
maintenant la place del popolo, a 81 pieds de France de
hauteur. » Lobélisque de la plaçe de S. Pierre, date
d’un fils de Sésostris.
G. des Voy, T. IL G
ii
74
L’ITALIE. ‘VILLES.
Nota. Sou» l’ancien gouvernement Français, qui dé*
créta le décombr'ement et le rétablissement des monu-
mens antiques, les travaux ont donné de grands resul-
tats i. au temple' de Vesta. 2. au Campo Vaccino. 3. aux
temples de Jupiter tonnant et de ia Concorde. 4. au
Colisée. 5. aux bains de Titus. 6.. aux fouilles de l’arc
de Jupiter quadriremis.
5. Villas. 40 villas des plus remarquables. Villa
Aldobrandini ( * la noce Aldobrandini , de thermes de
Titus ne s’y trouve plus, mais au dépôt de Vincenzo
Nelli. V. l’ouvrage de Liugi Biondi : Lettèra sul antica
celebere pittura etc. Rome, 1815. 4.] — * Villa Albani ;
la maison la plu9 élégante; son plafond est peint par
Mengs: (elle est dépouillée h présent de ses antiques.) —
* Villa Borghèse: (le palais, est remarquable pour l’é¬
tendue; * et le jardin est h midi le rendez-vous du beau
monde, surtout au printems , et vers l’automne. L,e
précieux récuèil de ses antiquités, a disparu) — Villa
Ludovisi- Piombino ; (* Mars * Aria et Paetus et dan*
l’un des pavillons, * l’Aurore par Guercino ) — Villa
Mattéi: (on y voit les vestiges des anciens murs de Ro¬
me) «— Villa Médicis : (l’académie Française s’y trouva
encore en 1814 ) — * Villa Pamphili (la plus belle pour
les jardins et pour la vue: ’ujie belle table* de Luma-
chella) ; — * Farnésina * la tête colossale dessinée avec
du charbon, sur .une muraille, par Michel - Ange). —
Villa Farnesé : ( cette villa , bâtie sur le ruines des ap-
partemens de JLivie, tombe elle -même en ruine, n’ayant
pour habitans, que des pauvres vignerons. Dans la plû-
part des sites de ce jardin, l’on jouit de la vue des plus
anciens monumens de Rome coup - d’oeil superbe). —
Villa Massimi, ci-devant Nègroni: — Villa Madama :
( elle domine Rome et les environs de la manière la
plus agréable).' — Villa Giustiniani: vuide de ses cu¬
riosités.) — Villa Ca^ali. — Villa Doria , ci -devant
Olgiati : (elle fut la possession de Raphaël, dont on y
admire les peintures al fresco).
Manufactures . Commerce. Des manufactures de
soierie, mais de mauvaise qualité; de draps gros er
fins; d’indiennes’: de (leurs artificielles ( les religieuses
de 'S. Cosiniüto passant pour travailler le mieuv les fleurs
qui se font avec la soie. On a à St. Côsimato une très-
belle rose pour 3 paules etc )« De la poudre, qu’on apele
75
L’ITALIE. VILLES.
typriv ; de la pommade à odeur , très -recherchée. Des
essences; des gants; des peignés; des cordes de musique;
des éventails, ornés de petits tableaux; des estampes co¬
lorées etc,; des chapelets des médailles et des reliquai¬
res. Tl y a une rue, qui en a pris le nom de coronari.
Un autre article de commerce ce sont des camées y des
médailles, des statues, des bustes, des tableaux, des étu¬
ves de marbre. Dans le voisinage de la place d’Espagne,
des manufactures de mosaïques. Chez le libfairê Itnpé -
riali, et chez le graveur Piroli , des copies de médail¬
les antiques, en pâte de souffre vernissé.
Etablissemens littéraires. L’université de la Sapien-
za: le collège Romain : l’àcadéfnie française , l’acadé¬
mie de St. Luc, à Ara Coeli; la société archéologique,
présidée par Canova\ l’académie des Arcades etc.
Collections. Cabinets. Bibliothèques. Deux biblio¬
thèques publiques , celle du Campidogîio èt celle d’Ara
Coeli pour les collections, cabinets, galéries de ta¬
bleaux; (voyez Eglises, Palais, Villas.) Tout le monde
sait, que ce que le despotisme du plus fort, et l’orgueil
de la victoire avait ôté à Rome , en statues de prix , et
autres objets précieux* y a été rendu, en igiô, parla
magnanimité des Souverains alliés , au moins en grande
partie, et que l’on, admire de nouveau au Belvedère , ce
que l’on y admira, il y a des siècles. De plus le 1 Mu¬
sée Chiaramontê du Pape régnant, renferme nombre
d’antiquités rares. Mais plusieurs collections des parti¬
culiers ont disparus : de statues antiques et de tableau*
ont été vendus; p. e. le Discobolus du palais Massimi a
passé en Angleterre, où il a été vendu à l’enchère pour
le prix de 363 guinées: l’Apollon Musagete9 et le9 neuf
Muses de la vitla Digerii , sont à Stockholm: les deux
paysages par Claude Lorrain , au palais Altierit ont
été vendus , lors du sac révolutionnaire, pour 10,000 pezzi
duri et envoyés à Naples etc. Des collections entières,
comme celles d \Aldrobandini t à' Albani, de Braschi ont
été dispersées ; d’autres, telles que les galeries de Co-
lonna , de Corsini , de Borghese , de Giustïniani ont
perdu leurs tableaux de prix. Les palais Chïgi et Altie~
ri, se sont, aussi dépouillés de leurs trésors en peinture.
La plus grande partie de ces tableaux a passé en France
ou en Angleterre. La galerie Giustiniani , orne à présent
Berlin. La galerie de tableaux et le recueil de sculpture
76 L’ITALIE, VILLES
de Lucien Bonaparte en renfermait plusieurs, mais qui
viennent d’ête vendus en partie. Le cabinet du Pein¬
tre Fidanza est riche en tableaux de main de maître! on
y trouve, des Guidos, des Correggios, des Dominichi-
nos etc. — Il reste encore à Rome, de quoi satisfaire la
curiosité des voyageurs , car en 1794 on y compta seule¬
ment en tableaux 3880 pièces, dont 2271 à l’huile, irg5 al
fresco , et 42a paysages. Ajoutez- y les antiques, qu'ont
procuré les fouilles faites sur le campo Vaccino , et à
Ostia , vers l'embouchure du 'fibre. — Il y a dans cha¬
que palais un custode ou maître domestique, qui reçoit
ordinairement pour invalide, l’emploi de faire voir les
statues et Jes tableaux de son maître. Le prix qu;On lui
flonat, est fixé à 30 au 60 sols de France. Les bibliothè¬
ques du Vatican, de la Minerve et des Augustins sont
publiques; mais pour faire usage des livres, que ren¬
ferme la première, il faut une permission , difficile à
obtenir.
Fondations pies. Hôpitaux. Lé grand hôpital dit
•S. Esprit; la ’jfrinitài dei pelegrini, ou î’hospic'e des pè¬
lerins; l’hôpital de la consolation; celui des bons' frè¬
res, bien aéré, et tenu avec lat plus grande propreté
(on n’y reçoit que les hommes, at'taqüés de la fièvre etc.).
Les hôpitaux généraux se montaient à 14, et ceux des
nations et des corps de métier, à.vin£t. Les conserva¬
toires , au nombre de treize , étaient deSlinéès à l’éduca¬
tion des deux sexes. Un se tromperait én les prenaht
pour des écoles de musique, comme ceux de: Naples et
de Venise. L/es fonds de ces hôpitaux ayant été ou en¬
levés, ou dilapidés par l’administfatiÔA révolutionnaire,
nombre de ceux ci ont été réduits à une grande détresse,
ou à une nullité totale.
Cérémonies religieuses. Solemnités renïarquableSf
La grande procession dé la fête-Dieu: (c’est la plus
pompeuse des processions qui se font ici) — les cérémo¬
nies de la semdine sainte, l’un des grands objets de la
curiosité des étrangers, a commencer deptfis'le dimanche
des rameaux. (V. Descrizione delle funziorti délia Set -
timana santa nélla cappella P orttificia ; da Francesco
Cancellieri.. Terza ediz'ione corretta '• Borna, 'i&z. 8-
C’est le meilleur guide des étrangers duraiit la se'mairfe
sainte.) Le * beau, miser ère , àu commencement du cré¬
puscule du Jeudi sainr, et dont la^ musique est la plus
L'ITALIE. VILLES.
belle chose que Ton ptiîsse erftendre', 'é L’illumination
de_la croix dans l’église de St. Pierre/ le soir du ven¬
dredi saint. C ’est une des belles iÜéeV&e Michel - Ange.
La croix est suspendue au milieu de la nef, et couverte
de lampions, dônt'ïa lümière, étant la seule qui éclaire
l'église, présente des effets de'perspective, que les pein¬
tres s empressent à dessiner. Les trois derniers jours de
la semaine sainte, le pape traite les cardinaux. Les
gens bien mis , et surtout les étrangers, sont admis à
assister k leur dîner. Lés Sépulcres qu’on dresse aior^s
avec plus où moins d’appareil, sont un autre objet d'e
curiosité du de dévotion. 11 ÿ en a toujours quelques^
uns de remarquables, surtout par la beauté de l’illumii
nation: (tel est celui de la chapelle Pauline). — La pro¬
cession des filles dotées, le joui de l’annonciation de la
vierge. — La * procession du premier jour de Noël, à
Léglise de Slé. Marie majeur* : l’une des fêtes, les plus
courues de Rôme. — L’exposition du St. Sacr-ament :
les prières de 40 héutes , qui se succèdent sans interrupi
tion durant toute l’année dans les églises privilégiées •
les fêtes patronales ; jeà béatifications — IVctave d'as tré¬
passés à l’église de St. Grégoire ,. çt à l’église ‘de" la mort ;
(tout y respiée la tristesse la plus profonde. On des¬
cend dan? un caveau' qui est partagé, en deux pièces, en¬
tièrement lambrissées et plafonnées de têtes et^d’ps^e
morts; il n’y a pas moins d’art et de sym met rie dans
leur arrangement, que dans la grotte la mieux revêtue
de coquillages les plus variés.) — le jour de” la fêté de
S. Antoine, à l’église de ce noiù: (un prêtre se tient a
la porte pour béniV tous les animaux qu’on lui présente;
chévaux, ânes, pigeons, poulets, ciiats, chiens etc.). —
Nous lié parlerons point des cérémonies usitées aux fu¬
nérailles des papes, de celles qui? ont lieu après leur
élection, à leur couronnement, à leur prise de posses¬
sion.’ Nous ne dirons rien non plus de toujfc f’appareil
avec lequel on célèbre les canonisations et les jubilés.
On en trouve dans plusieurs auteurs des descriptions
exactes et tout cela s’est réproduit avec un nouvel éclat,
à la rentrée du Saint-Père , dans sa capitale. — L’illu¬
mination '* du dôme de St* Pierre, 'îp jour de la fête
patronale. (Ce vaste globe» tout éclatant de feux pré¬
sente un coup- d’oeil unique,, dont oh 11e peut çe r|^-
sasier). — La* girandole ôe 4,506 fusées qù’on tire au
78 L’ITALIE. VILLES.
château St. Ange, les jours de gala: (l’élévation, d’où
paît cette gerbe lumipeuse immense, et la proximité
du fleuve dont les eaux servent a la réfléchir, ne lais¬
sent rien a désirer. à la beauté, de son effet).
Théâtres.. Les théâtres sont ordinairement fermés une
grande partie de l'apnée» Cependant le pape a permis
de représenter depuis pâques jusqu’ à l’avent , des inter¬
mèdes en musique, à la Valle et à Palla corda. Iis
S’oiivrent pendant le carnaval, au nombre de 6 ou 7.
Un y joue tous les jours, excepté le vendredi et les fêtes.
Les d.ux premiers sont Aliberti et ^Argent ine, où l’on
représente des opéras seïieux entremêlés de ballets ; (la
salle' Q^jïiVerti est la plus grande, mais celle A' Argenti¬
ne , présente à tous les spectateurs une vue plus compio-
de et moins' oblique du spectacle). Les théâtres de, 7a
i^alle et de Capranica tiennent le second rangs Aon y
joue des opéras comiques, des congédies, et quelque fois
ci es tragédies). Les deux derniers sont la Pace ç t la Pal¬
la corda , où l’on représente des jeux de marionnettes, et
de mauvaises farces pour le menu peuple. — (Le spec¬
tacle ne commence à Rome, qu’à AS heures de nuit, et en
dure environ quatre. Ainsi il ne finit guères avant onze
heures de France en hiver, et beaucoup plus tardent
été. Le prix est très -modique ; trois .paules pour les
billets de parterre de deux premiers théâtres, deux pour
Cèux des seconds, et un seul pour çeux des .derniers
On est assis dans'tous les parterres Les loges n'ont pas
dé prix fixe; il subsiste beaucoup d’abus à cet égard. On
est souvent réduit à en acheter les clefs des pagarini ,
espèce de gredins, qui les crient dans les rues voisines
des spectacles, et en vendent souvent de fausses aux
étrangers , qui n’ont pas la précaution de les faire véri¬
fier et enregistrer aux bureaux).
Divertissemens. Les plaisirs du carnaval. Les Alle¬
mands eh possèdent une peinture unique de la main de
maître de M. de Goethe. — Le jour des trois Rois : c’est
le jour des étrennes , et où la Beffana joue son rôle. —
Les con versazioni ou assemblées, (les jeux les plus
traités sont les jeux de commerce et le pharaon) — le*
académies: ( des ^assemblées , , où l’on réunit quelquefois
les plaisirs du chant, .de la danse et du jeu— , les rice -
■ vimenti , ou les assemblées à l’occasion d’un mariage —
Ièi sabatines: (du mot salato , cela veut dire que le
ITALIE, VILLES.
vendredi on attend souvent minuit pour souper, afin de
pouvoir manger du gras, sans violer les commande-
mens de l’église. On fait alors de fréquens piqueniqu.es t
que les femmes aiment beaucoup); — les divertissemen*
du mois d’octobre ; les villégiature k Albano, à Frasca-
ti, k Tivoli (même les cardinaux ne portent pas alors
l’Habit noir) ; les parties de plaisir à la campagne , qui
consistent dans des piqueniques qu’oh fait dans les vi¬
gnes des environs , k la chasse aux alouettes, et dans la
tiromenade. La promenade de midi, à la villa Porghcse
qui est surtout k la mode dans le mois d octobre Les
dimanches et les jeudi?, jours particuliérement consa¬
crés aux plaisirs, cm y voit un. très' grand concours de
personnes des deux sexe9 qui soqt restées à Rome — les
promenades en carrosse au Corso, avant la nuit. —
L’inondation de la place Navônne , les dimanches du
mois d’août, après les vêpres. On se promène dans l’eau,
en carrosse. On croirait yoir une naunaachie antique.*
Auberges. Il y a quantité de bons hôtels garnis à
Rome, en particulier sur la place' d' Espagne et dans la
Strada Croce qui y aboutit, et où les étrangers aiment
à loger. Dans la Strada condotti , ' Y auberge allemande
de M, Roefsler, connu sous' le nom de Monsu Franz.
Distances. De Rome k Naples , 18V2 postes; k Mi¬
lan, 47; k Florence, 22; k Bologne 31
Tournée intéressante pour voir en détail les princi -
pales curiosités des environs de Rome , rère Journée. De
Rome en voiture k Albano , 13 migiie, ou milles Italiens.
Des cippes et des restes d’anciens tombeaux, bordent la
vàie Appienne. A un mille d’Albano on qttiffe sa voi¬
ture et on se rend k pied k Castel- Gandolfo , belle vue
k la pidzza , élévée au-dessus è<- 'Ïül 'mer de 1249 anciens
pieds de Paris." Ce bourg, où Gdn.gqnelli se plaisait
beaucoup, est des plus jotis et des plus rihrisr'; il domine
sur un lac, le cratère d’un volcan éteint,' et où fou ad¬
mire avec un étonnement respectueux, ce superbe emïs •
sario , ou canal, creusvé par les anciens Romains. Deux
chemins mènent de Castel - Gandolfo k Albano, l’un dit,
la galeria di sopra , l’autre la galeria Ai sotto. Chôisis
sez le premier, et allez voir en passant à la villa Bar-
beririi . les restes magnifiques de la màjsdn' de campagne
de Domitien , où le coup d oeil est superbe, ainsi que
du couvent des Zoccolunti. Les JSymphées. Belle vao
go L’ITALIE. VILLES..
dp. haut des çapuc.^ns d' Albano. Gamme la galfir.U dû
sotto a aussi ses beautés particulières , on pourrait y
faire une promenade , et voir .le .tombe,au,fabùieu^ d'As-
Cjune , et le mausolée des.iîorac^,s e,t Çuriaçes , mais qui
plus vraisemblablement renferme les çendres du grand.
Pompée , Albano , cette ville agréable, bâtie sur rem¬
placement de la somptueuse maison de campagne de
Pompée, réunit tous les avantages d’une heureuse situa¬
tion.. Seconde Journée. Excursion au co.uvjent .de? capm-
«pas de Gensano ; au lac de ce .nom , qui p. pareillement
1 \n .émissaire (au fond, on remarque à l’eau claire , la
carcasse d’un navire ancien, dont parle Pie 11.) -, à Nemiÿ
et sua* le retour h. la Ricçia ç>ù il y a un.beau parc du
duc de Çfytgî. Troisième Journée f Poursuivant le voyage
à. cheval, on arrive à Rocca di Papa , ( élév. au- dessus
dp la mer, 2230 p. de Paris) dans une situation pittores¬
que et .romantique; au couvent de Palazzuola , l:an-
exen Alba-longa , et au sommet du t Monte Cavo ; vue
étendue et imposante; restps cçlèbres de l’ancien temple
de Jupj,t/:r: ( élçv. a. cl., de la mer, ü,Ç20 p. de Paris),
Via consulaiis et ?qvatiop,is. On retourne du sommet,
par Rocca di Pcpa, à Murino : au palais Colonna , le
tableau ^original de Béatrice Cenci : au couvent de Grotta
fer.Qia’, ojù l’çn adtpire quelques tableaux en fresque, de
Domenichino ;■ â Vr/iscati : des ruines attestent l’antique
splendeur des anciens jElomains. A la villa Mondragone ,
beau portique de Fignola , et belle yue de la terrasse.
Quatrième Journée. A la fl ufjirj,ella, villa d 0 Lucien Buo-
naparte ; le Tusc.ulanum de Cicéron n’existe plus , mais
les platanes y croissent comme de son tems, de Orat.\. 7.
Cinquième Journée: àmulet, à Palestrijia, l’ancien Prae-
neste : ruines du. temple de lafortuné; clans l’avantsalle du
palais. Barberinp, la célèbre mosaïque , trouvée dans ces
ruines. Sixième Journée àmulet, de Palestrina à Subiacp :
beaux sites de la nature romantique sur.çe chemin de Pale -
strinea. Subiaco , et Tipoli: contrées pittoresques et sauva¬
ges : M . Küitner sTen parle qu’avec extase. Subiaco: belle
v.ue du château papal; allez au couvent des Bénédictins,
où l’on trouve des colonnes et d’autres restes du palais
de Néron: à. la grotte du St. Bernard, sa statue, par Ber-
Ziini, se voit a.u couvent des Bernardins. Septième Jour¬
née. De Subiaco au couvent de Str Cosimo . il faut lo¬
ger dfms ce couvent hospitalier, car l nuberge à Vico~
L’ITALIE. \ILLES; gi
vavo est mauvaise, jynçieiy aqueduc Romain, au tra¬
vers d’un roc.. ^Huitième Joy.rnèe. De St. Cosim o a Ti¬
voli ; Li milles ; la villa d'Horace sur le penchant du-
mont Lucretilis ; (le paysage ressemble parfaitement à la
description du poète: Serm. II. 6, et Carm. I. 17-) prèsr
de la un payé en mosaïque; on remplit ses poches de
ces pierres: (consultez les 8 estampes à l’eau forte, par
Philippe Hackert , et la petite carte topographique qui
les accbmpagne; ce sera, votre meilleur guide dans ces
lieux classiques). Neuvième Journée. Tivoli : le Tibur
HL' Horace (Ode , VI. liv. II. ) célèbre d’ailleurs parles-
ruines imposantes des plaisons de campagne de Mécène:-
à'Adfien (à .q miglie de Tivoli) dont les débris semblent
ceux d’une autre, Rome ; les temples de Vesta- X à présent
une église et,, de la SybHlf (placé dans la cour de Tau*
berge); de plus par la perspective frappante et diversi¬
fiée de ses cascades , surtout des cascatelles. Le général
MioÙis a rendu l’approche de la grotte de Neptune*»
plus cpmihode , par un sentier nouveau. La villa d' Este,
ja^ip si renommée, n’intéresse plus à présent , que par
quelques peintures al fresco. Un naturaliste v peut ob¬
server la. nouvelle pierre de Tibur. Les incrustations,,
appelées , confetti- di. Tivoli- , se forment dans un petit
fuis.eau^ qui s’écoule d’un lac, qui a de petites îles-
flottantes’. Cetfe eau bouillonne ayssitôt-que l’on y
jette là moindre pierre; et l’odeur de souffre qui flotte
sur son étendue est furieste aux oiseaux. — Dixième ou-
qnzièrfrie Journée. fi.etour à Rome, en voiture. — ■
Noüs reçoxhmandons aux amateurs de la littérature
classique ancienne, un manuéj intéressant , le Voyage
sur la scène des six derniers livres de l'Enéide , Suivi.de
quelques observations sur le Latium moderne^ par C. V.
d(?J'Bonsietten. A Genève, T An' XI PI. 8- et aux An¬
glais , 1& Des crtpiiïon'of Latium , or la Campagna di
JRom a. Lonflpn, 1815* 1 4* avec 20 gravures, et une bonne
carte de la<Catopagnà;' ? '
• '* . . : . .1 ft •
Mil ange J.
-Rome n’est plus dans Rome. Mais partout à Rome
on s’arrête avec étonnement, et l’on Contemple avec ad-
mirataon: ,,Cet air que l’on ïespîre , dit Dupaty, c'est
cet »air que Cicéron a frappé de tant de mots éle-
q uehs ; , les Césars, de tant dé mots puissans ef teïrf-
8a
L’ITALIE. VILLES,
blés. Sur cette terre a dôiic coulé tarit de sang!
Sur cette terre ont donc coulé tant de larmes ! Horace
et Virgile ont récité ici leurs beaux vers ! “ Et le con¬
temporain de nos jours ajoûtera: „la révolution de
France, dont les secousses ont bouleversé l’Europe,
en ébranlant Rome, n’a que consolidé son aiicienne
gloire. “ — La plus belle vue de Rome , dit M. Datent,
et peut être d’aucune cité du monde, est des jardins
du prince Dante, ou de la Villa Cqrsini , au-dessus
du palais Corsini , dont Vasi a. publié une estampe;
ou de la place de l’église la Trinita de Montï. — De¬
puis le mois de juillet jusqu’en octobre l’air qu’ori1
respire à Rome , est très - malsain'; on est alors obli-’
gé de choisir une habitation fixe, de né jamais dé¬
coucher, de tenir son lit exposé au grand air pen¬
dant tout le jour, et d’être, surtout le soir, de la'
plus grande sobriété, sans quoi l’on court le risque
de gagner des fièvres dangereuses, auxqu’elles Ion
succombe très souvent. Grand nombre d’étrangers ont
été la victime de leur imprudence. Cette aria cat~
tivo , a fait déserter plusieurs quartiers de Rome.
Suivant un voyageur de 1813 les Quartiers de la
Porte du Peuple , du Quirinal , du Mont - Trinité , de
Transtevere, les derrières du Vatican, et de lâ porte kn-
gelica , sont abandonnés, et servent de demerire à quelques
campagnards, et de réfuge nocturne aux pâtres avec leurs
troupeaux, qui habitent alors les débris et masures des
couvens supprimés, et des maisons désertes: D’après ce'
voyageur, il faut distinguer à présent entre les ruines
de Rome ancienne et celles de Rome moderne. — , Le vent
de Sud, nommé Sirocco, détraque les ressorts; mais n’esC
pas dangereux. — La -phthisie, regardée partout comme in¬
curable lorsqu’on lui a laissé faire de certains progrès oftre
à Rome, de plus, l’image horrible d une sorte de peste, qui
se communique aux gens sains, par l’usage non seule¬
ment des vêtemen» et des meubles, mais encore par 1 ha¬
bitation des appart*mens Comme elle s’attache de même
aux livres, c est une chose, qu’on craint lorsqu’on en achè¬
te de hasaid à Rome: on expôse alors chaque feuillet d’un
livre de rencontre à l’action du feu d’un réchaud parfumé. —
Le pain nommé pan Francese est le plus léger; il se
vend un baïoque et demi les deux pagnotes ; le veau-de-
lait est très délicat; il n y a point de plus déLcât gi¬
bier, que les grives et les alouettes; le>s rougets et les
merlans sont toujours recherchés. On aime aussi beau¬
coup les écrevisses de mèr, nommées grand en italien;
oh parvient a réduire leur écaille à une peau très -fine.
L’ITALIE. VILLES.
83
âe manière qu’on les mange tout entiers. Les broccoli g
«ont supérieurs à tous les autres légumes : la racine d’u¬
ne espèce de fenouil, est un des principaux desserts du
printems ; il s'y trouve très -souvent des vers qu’on dit
être très- nuisibles à la santé» ce qui a donné lieu au
proverbe, guardati del verme di finochio. Les pomi d'o *■
ro , les concommeri , espèce de mêlons d’eau, les poi¬
res, qu’on nomme brutte e buone , les pommes rouges,
et le pizoutello , raisin de table très - délicat , sont des
fruits excellens. Les citrons passent pour les meilleurs
d’Italie. — Les moins chers des sorbets qu’on fait ici
avec de la neige, au lieu de glace, Coûtent cinq baro¬
ques. — Au cours , et à la place d' Espagne , le loyer
des maisons est plus cher, que dans les quartiers éloig**
nés et déserts. — Les étrangers sont obligés de prendre
des carosses de remise, lorsqu’ils ne veulent pas aller à
pied , car on n’a point ici la commodité des iïacres. —
La fontaine de Trevi , fournit la plus saine de toutes
les eaux de Rome; l’eau qui est appelée del Grillo, tient
le second rang. Les eaux des thermes de Dioclétien , et
de la fontaine del Gianicolo , sont d'unusage pernicieux y
et proscrits de toutes les tables. — Les baignoires, dont
on fait usage ici, sont très - commodes. Elles ressem¬
blent a peu -près à un vaisseau sans tête, et portent
sur quatre appuis assez élevés pour qu’on puisse passer
un réchaud sous la baignoire, de sorte que le bain s’en¬
tretient facilement au degré de chaleur qu’on désire.
Ces baignoires sont de cuivre bien étamé , minces et lé¬
gères. On peut en louer une pour 6 sous ou 2 gros par
jour. On doit s'attendre à Rome , quand on a été pré¬
senté dans une maison , de trouver le lendemain à sa
porte quelques-uns des domestiques, ou de la famille
de celui qu’on a été riverire (saluer). Ce tribut que les
domestiques, et même ci-devant les soldats du châteaié
Saint- Ange , ont impôsé aux étrangers est modique, et
n’équivaut pas aux frais des cartes, qui ont lieu cheznou9,
encore moins aux sommes, qu on est tenu de distribuer
en Angleterre, à Vienne, à Hambourg, à la livrée du maî¬
tre chez qui l’on. a diné. — A Home,' les heures de la
promenade, l’hiver et le printems, sont depuis 22 jus¬
qu’à 24. heures, toujours dans la rue du Cours ; le peuple
«à pied; les grands en voiture; les femmes surtout n’en
descendent point. Il est rare, que les étrangers attén¬
uent l’été pour quitter Rome, On ne s’y promène point
84
L’ITALIE. VILLES
Alors pendant le jour. Chacun renfermé ehez soi dan*
la première heure de la nuit, attend, nue l’p.tmosphère
condensée se soit déchargée du poids immense qui l’ac-
cafcle: vient l’heure des ébats , le Cours se remplit. Cet
amusement dure jusqu’à minuit, où chacun se retire pour
aller se coucher. Les grands viennent à leur tour s’em¬
parer de la promenade au sortir des conversations, et il*
la tiennent à-peu-près jusqu’au jour, teins, où il vont
aussi se coucher. On demandera peut-être quand sou-
pe-t-on donc? On ne soupe guères à Rome . L’automne,
il y a peu de promenade en ville; c’est le teins des Ville-
giatures. Albano, Frascati , et autres lieux agréables
et en bon air à l’orient de Rome, sont remplis de mon¬
de, en cette saison. — Rome n’est point éclairée. Les
gens à pied font porter devant eux une petite lanterne.
Ceux en voiture en font porter une semblable, dont le
faible rayon de lumière est dirigé sur l’oreille du che¬
val. Beaucoup plus de personnes, soit à pied, soit en
voiture, vont à tâtons. — Les coups de coûteau ne sont
plus si fréquens ,• anciennement il ne se passait guères
d,eux ou trois jours de suite, sans qu’on en distribuât
quelques - uns. Mais rien de plus rare à Rome , que
les vols.
Cartes. Vues. Gravures. Nuova Raccolta di 100 Ve -
dutine antiche délia Citta di Roma e sue Viciuanze, in¬
cise a builino , da Domenice Pronti : 2 Tômes. (Le se¬
cond tôme contient 70 Vedutine moderne ; cet ouvrage
qui se trouve chez tous les marchands d’estampes ne
coûte que 12 Francs.)
Livres à consulter. Il a paru par les soins d’un ha¬
bile antiquaire, un petit livre de fraîche date, et accom¬
pagnant un Plan vaste et bien exécuté: c’e^t, le Plan
topographique de la Campagne de Home, considérée
sous le rapport de la Géologie et des antiquités , dessiné
et expliqué par M. le D. Sickler [à présent conseiller
du Duc de Saxe - Hildbourghausen] A Rome ign. chez
Bourlié: . [ét se trouve à Weimar , au bureau d’in¬
dustrie.] Ce livre et ce plan sont indispensablement
nécessaires aux voyageurs, par le. grand nombre d’a-
yis utiles et instructifs, sur tous les sujets, qui
peuvent les intéresser. Le livre de Donatl , Roma,
vêtus et recens , quoique cet ouvrage aie déjà pa¬
ru, il y a cent ans, rçsle encore un livre qu'un
L’ITALIE. VILLES. 85
voyageur puisse consulter, comme Cicerone, malgré
son ancienne date, et malgré les ch.angem.ens survenus
depuis le dernier siècle. Nous recommandons aux étran¬
gers: V Itinéraire instructif de Rome , par Marien Vasi,
Romain: à Rome 1797: vol. 8- (Prix 12 paules d’argent,
broché.) et un autre ouvrage in 40. encore plus récent:
Roma descritta cd illustrata dell' abbate G. A. Guat-
tani. Seconda edizione corretta ed accresciuta. Roma.
1805. 2 vol. chez Pagliarini. — L’Abbé Marini , est
un antiquaire fort à recommander.
SIENE. Population 15 à i6,eoo a.
Edifices remarquables. Curiosités. La porte Fiomaine ;
(construite en 1321 sur les dessins d’Agostino etd’Agnolo)
— la cathédrale (c’est ce qu’il y a de plus grand et de plus
remarquable à Siène. Il y en a une déscription imprimée*
Le pavé par Beccafumi , est une des belles choses d’ita
lie. On admire surtout le sacrifice d’Abraham et le pas¬
sage de la mer rougè. Le tableau peint par Parin del
Vagay est très - estim-é. N’oubliez non plus de fixer le*
belles peintures, qui représentent la vue du pape Pie 11.
ou Enée Sylvius. La chapelle de la famille Chigi est
la plus belle.) — L’hôpital di Sta. Maria délia Scala-
(dans l’église une très - grande fresque du chevalier
Conçu.) — le palais Savini — la grande place: (on y
donne des fêtes et des jeux très -connus; savoir: le jeu
des Pugni , espèce de lutte, et la course des chevaux.
La fontaine, appelée Fonte di Gaja , est belle.) — le pa¬
lais public (plusieurs tableaux de Beccafumi et de Soda»
na.) — la colonne antique de granit, surmontée d’un
groupe en bronze doré — la grande tour et la chapelle
à laquelle elle est adossée ; (la hauteur de la tour est
de 270 pieds ; on y découvre jusqu’à la chaîne des Alpes
comme un nuage noir, daûs le lointain.) — les palais
de Chigi , d’Elci , de Gianelli etc. — le bâtiment de la
douane: — (un grand nombre d’églises, mais pas si re¬
marquables que la cathédrale. Dans l’église des Do¬
minicains , qui a été ruinée par un tremblement de ter¬
re , on remarquait autrefois un tableau très -ancien, et
très - éstimé, fait en 1221 par Guide de Siène , et qui vient
d’être transporté dans un autre lieu.) — plusieurs fon¬
taines remarquables. —
Etablissemens littéraires et utiles. Les académie*
des Introuati , des Rozzi , des Innominati, de’ Fisiocri»
G» des Voy. X. II. H
86
L’ITALIE. VILLES.
tici, (très- considérée en Italie) degli Ardenti. L’uai-
rérsité: (établie en 1321.)— l’académie del maneggio, sus-
pendue en 1799, rétablie en 1802.
Collections. Cabinets. Les bibliothèques de l’uni¬
versité, des Augustin s et de la cathédrale: (dans la der¬
nière, des tableaux de Pinturicchio et de Raphaël.) les
cabinets d’histoire naturelle, de l’université, du cheva¬
lier Gallerani; du père Soldani etc. Le cabinet des mé¬
dailles, et la collection d’estampes et de dessins, de l’u¬
niversité. Les galeries de Spanochi et de Saracini:
(ces deux galeries renferment surtout des tableaux pré¬
cieux de 1* école de Siène.)
Promenades. Les allées près de la porte Camullia.
Fabriques . Manufactures: de rubans , de cuirs; de
chapeaux , de cordes d’instrumens. Le marbre appelé
Broc atelle de Siène , est fort recherché.
Auberges. Aux trois Rois.
Livres a consulter . Nuova raccolta di alcune piu
belle pittüre di Siena. Siena , 1776.
Distances. De Siène à Rome, 17 postes; à Florence,
5; à Bologne, 13; à Mtodène, 16; a Parme , 20; à Mi¬
lan , 29.
Environs. Le Monte - Rotondo , où l’on voit des
bouches fumantes , et des eaux qui ont la chaleur de
l’eau bouillante. — Les antiquités de villes de Colle et
de Casole «— La Maremma — les salines de Castiglione
— File d'Elbe , vis-à-vis des Maremmes.
Mélanges. Siène , au milieu de collines qui opt les
formes les plus agréables, et. qui sont très-bien culti¬
vées, est peut-être la ville de l’Italie-, où il convient
le mieux à un étranger de faire quelque séjour. Le cli¬
mat y est doux, on y vit à un prix raisonnable, on y
jouit d’une société aimable et spirituelle, et l’on y par¬
le l’italien le plus pur. — A Siène , qui est la patrie de
la sainte Cathérine, il y a une confrairie instituée en
l’honneur de cette Sainte, qui a coûtume de marier
quelques filles de pauvres artisans à son anniversaire.
On y observe un usage tout- à- fait singulier. Ces filles
entièrement habillées de blanc, et couvertes d’un voile,
entendent la messe, et après cela on les mène en pro¬
cession par la ville; les hommes qui en demandent une
en mariage, les attendent dans les rues, et chacun don-
L’ITALIE. VILLES.
87
ne un mouchoir à celle qu’il a choisie; si elle en est
contente, elle fait un noeud dans le mouchoir et le,
garde, si non, elle le baise et le rend. Les parens ne
trouveut rien à redire à ce3 mariages, étant persuadés
que la Sainte en a dirigé le choix.
TURIN. Long, piazza castello : 25°. 20'. o". (Ile de
per) Lat. 45O. 4'. 15". Population : 685coo. [Les loges
Franc-Maçonnes viennent d’être,sévérement défendues.]
Edifices remarquables. Curiosités. La cathédrale :
(le trésor contient beaucoup de vases précieux;) — la
chapelle-du S. Suaire: (la plus belle église de Turin) —
Je château Royal. La place est l’une des plus grandes de
l’Europe — le palais d’Aoste: l’escalier en est magni¬
fique, et peut-être unique. — Le théâtre (le plus consi¬
dérable qu’il y ait en Italie: la toile est un véritable
tableau). — L’église de St. Laurent; (c’est une des cou¬
poles les plus hardies que l’on ait faites) — les bâtimens
de l’académie et de l’université: (sous les portiques, des
inscriptions etdçs bas-reliefs antiques) — l’hôpit'al délia
carità — l’église de la Ste. Croix: (belle rotonde) — l’é¬
glise de St. Philippe dé Néri: (c’est une des plus belles
églises de Turin) — le palais de Carignan (la façade,
qjuoique de briques, a un aspect agréable et maje-
stueuxj — la place de St. Charles; (la plus belle de Tu¬
rin , sans excepter celle du château, par la proportion
et la grandeur, et par 1 égalité des bâtimens.) — l’église
de Ste. Christine: (la belle statue de Ste. Thérèse,, chef-
d’oeuvre de Legros) — l’église de Ste. Thérèse (la cha¬
pelle de St. Joseph est ornée de tableaux de Corrado ,
qui sont fort beaux) — la citadelle: .(ouvrage immense , les
fortifications célèbres ont été démolies) — l’arsenal et ses
atteliers , — l’église, la Consolata: très - fréquentée à
cause de l’inaage de Nôtre- Daine de Consolation ; la vue
de la terrasse au-dessus de l’église, est fort belle.) — l’é¬
glise de S. Salvadore : (elle était occupée, enlevant, par
les Jésuites) — l’hôtel de ville — l’église Corpus Domi-
^\i : (cette église est une des plus ornées qu'on puisse
■voir)-— les casernes près de la porte de Suze: (on les
croit les plus belles de l’Europe.) les rues du Pô et de
la Doire , sont réputées les plus belles.
Fabriques. Manufactures : de velours; de draps;
d étoffes de soie : (surtout la mauufacture à la Casa di
Virtù,) de tapisseries, dans le goût de celles des Gobe-
H 2
88
L’ITALIE. VILLES.
lins; (on y a fait de belles teintures sur les cartons du
chevalier de Beaumont ,) de porcelaine ; de gants de cha¬
mois : (très - recherchés,) d’excellens rosolis; d’eau de
mille fleurs, généralement recherchée; de beaux bas
de soie, très -estimés; de la parfumerie etc.
« Spectacles , Comédies italiennes e t françaises ; cpé-
ras bouffons , au théâtre de Carignan.
Etablissemens littéraires et utiles. L’académie dc.s
sciences, rétablie en 1801.
Collections. Cabinets. Le musée et la galerie de ta¬
bleaux, lescollections d’hist. nat. et du physique et la bi¬
bliothèque de l’académie et de l’université ; l’observatoire .
Les collections, qui existaient à Turin avant l’occupa-
tions des Français, ont élé privées de la plus grande par¬
tie de leurs richesses. M. de Matthison , trouva encore
au Musée quelques antiquités de prix, un Orphée en
mosaïque ; un Cupidon dormant.
Promenades. Le jardin du château; [la plus belle
promenade, comme la plus fréquentée;] la place dtï
Rondeau: les allées un peu éloignées du Vallentin : le
glacis: le Corso : (toute la ville s’y montrait en voituré
entre 5 et 7 heures du soir).
Auberges. A l’hôtel d'Europe , grande et magnifique
auberge: à la bonne femme.
Distances . De Turin à Gènes, 15 postes ty2i à Mi¬
lan 11; à Chambéry 22V2.
Environs. La vigne de la Reine , — la montagne de$
CUpuçins : (c’est l’endroit, où l’on va le plus volon¬
tiers , pour avoir dans tout son entier la vue de Turin,
celle du Po, de la Doire etc.) — le château de Vallentiny
et sou beau jardin botanique. — La Superga : (gron¬
de et belle église , bâtie en mémoire de la dé¬
faite des Français en 1706; du haut de la coupole on
découvre toute la plaine, et les montagnes du Piémont
de tous les côtés; dans le beau teins, on peut découvrir
L'ITALIE. VILLES.
89
tout le pays jusqu’à Milan. Les cendres des Rois de Sar¬
daigne ont échappé au vandalisme révolutionnaire, mais
les ornemens et inscriptions ont été mutilés ou effacés:
la bibliothèque a été transportée à' l’Académie de Tu¬
rin). — le château de Stupiniggi, l’une des plus belle»*
maisons de plaisance de l’Europe — la Vénerie : maison
de campagne du Roi. Sous, le gouvernement françai»
on y a cultivé le nopal, l’indigo, et d’âutfes plante»
lares. Vers la moitié du chemin de Turin à la Vénérie,
uii vieux chêne. Sous cet arbre se tint le conseil: de
guerre, où fut résolue l’attaque des lignes des Erançais,,
lors du siège en /706. — Moncalderi : ( situé agréable¬
ment sur le Pô). — les ruines de l’ancienne ville d’Jn-
dustria , à 6 lieues de 'Turin, du côté de Verceil»
Mélanges. Il y a quatre belles portes à Turin ; 1^
•porte du Pô est la plus remarquable de toutes. L’oiï
compte 110 églises et chapelles, et dix places. Les rue» *
sont d’une régularité et d’uù alignement, qui forment
le -plus beau spectacle. Les rues se croisant à angles
droits, partagent la ville en 145 parties ou carrés. Au
milieu il y a une grand pierre, sur laquelle il faut mon¬
ter, pour contempler d’un seul coup - d’oeil ces rues,
qui partent comme autant de .rayons d’un centre com¬
mun, et finissent toutes par quelque perspective agré¬
able. On vend à Turin un grand plan, où tous leurs
noms sont notés. On se sert k Turin d’un excellent'
pain,, qui par sa forme d’une gauffre roulée, ressemb*
le assez k de petits fagots. Le Carrottino , est uue es¬
pèce de voiture à un sepl cheval, particulière k cettè
ville.
VENISE. Long, place de St. Marc. 300 o' 44". (Ile
de Ter.) Lat. 450 25' 33". Population 100,000 h.
Edifices remarquables. Curiosités. * 1. Les. églises,
les plus remarquables, pour les tableaux ou pour la
bonne architecture — * la Carita , par Palladio — S.
Francesca délia Vigiia, par Sansovino — • li Frasi : ( Ti-
tien est enterré dans cette église; sa simple tombe con¬
traste singulièrement avec le monument fastueux de
Pesarq qui se trouve en lace). — S. Geminiano: (mor-
ça
L’ITALIE. VILLES.
ceaii élégant d’architecture, par Sansqvino , qui y est
enseveli; dans la sacristie le tombeau du fameux Law..
— S. Geremi-a: ( belle églis-e ). — I Gesu-iti (surtout le
pavé en mosaïque, et les marches du maître - autel), r—
S'. Giaconro dello Orio : (on y admire irne très -belle-
colonne de vert antique). — S. Giacomo délia Vigna —
* S. Giorgio maggiore ; (dans une île qui fait face au
palais de S. Marc, entièrement occupée par des pro-
jnenadès très - fréquentées les dimanches , et des jardins-
de plaisance; l'église est de. Palladio , et il y a deux
beaux cloîtres , l’un par Palladio, l’autre par Sanso • -
vino. Le pape Pie VII. y fut élu* Les Français ont em¬
porté de l’église le tableau fameux de Véronèse : un
commissaire autrichien il’a réclamé à Paris , de même
que les manuscrits et éditions rares de la bibliothèque
du couvent». Du balcon du grand dortoir, * une très-
lielle vue sur les lagunes)'. — S. Giovanni à Paolo : (ri-
clxç en tableaux. On conserve encore dans cette église’
la peau de Bragadino, que Mustapha fît écorcher vif,
après1 la1 prise .cle Faniagouste en 1571.) — S. Lucia, par
Palladio \f'Areiiri y est; ‘enterré), — Madonna del O'rttr
— * S'.‘, Marco ;’ (le frôfttispice' et ses ciiiq portes d” ai¬
rain ; un voyageur moderne appelé cette église magni¬
fique , Ta v itte de tXieu. Élle aÿcôupoles, 12 porte?,
500 colonnes, dés monümens et des ouvrages en mosaï-
que' superbes , et chaque pas y rappe.'e le souvenir de
Êysance, de Jérusalem et de Rome ancienne ; Un petit
morceau dé po-rphÿre est enchâssé dans le pavé du por-^|
tique de S Marc; c’est là que l’Empereûr Frédéric Bar-
berousse, prosterné aux pieds du pape Alexandre TÏI.,
reçut en 1177 Pabsolütiori ‘des censures encourues* Sur
le portail, les 4 fameux chevaux, dits des Conquîtes.
Transportés de Corinthe en 120S à Venise, à Paris en 1797.
iîs; y furent îreplacéér en i8îÿ>'Pai> François IJ. * Le clo¬
cher de St Maie est haut de 334 pieds, y compris la
hauteur de la statue de l ange, dt 16 pieds. C est seulement
du haut de cette tour qu’on peut se former une idée de
l’ensemble de la cité flottante et de s-es îles.) — * il Re-
dentore.: (remarquable par ïa .largeur de son Area).
* S.- Sainte: (c’est une de? églises qui mé¬
rite, le plus d'être vue et edjniyée. L’annoncia-
tion ; beau tableau de Giordano). — S. Seba-
tliauo: (Paul Fétonèsc 0 f le plafond, lé? vo-
L’ITALIE. VILLES. 91
lets de l’orgUe, le maître-autel etc. Il fui: enseveli dans
cette église. ) — J. Tolentini : i(de Sansovino.) — S.
Zaccaria — * le Zitelle : ( par Palladio. ) — i Servi : (la
statue de l’amiral Emo , en grandeur naturelle , de Ca*
nova : on y montre le lieu de la sépulture d e Fra Paolo ;
le poignard dont il fut frappé pour avoir défendu le*
droits de laRépublique avec tant d’énergie, est suspendu
aux pieds d’un crucifix )'. — (Non loin de l’église San-
Miracoli , on montre la "maison que Titien habita) —
le * couvent de Scalzi est tout couvert de marbres pré¬
cieux, de porphyr-e, de verde antico. — * St. Stephano
(le grand Mauroceni Peloponnesiaco y est enteiré). —
2. Les Scuole; qui appartiennent aux confréries, et
sont décorées de quelques-uns des plus beaux tableaux
de Venise, -r Scuola délia carità. (Le tableau de la
présentation dans le temple, et l’Ecce homo, par le
Titien ; surtout la figure d’une paysanne qui porte des
oeufs. Rahel mourante, par Cinarolli.) — Scuola di
S. Marco: (le S. Marc du Tintfiret , le chef- d’oeuvre de
ce peintre célèbre.) — ♦la Scuola du S. Rocco : (toute
peinte par le Tintoret \ le morceau le plus capital est le
crucifiement de J. C. dans la salle de l'Aibergo. A la
voûte de l’Aibergo on voit un S. Roch, c’est le tableau
d épreuve qui donna l’avantage au Tintoret sur ses con-
currens. Il y a plusieurs autres scuole. Pendant la ré¬
volution , ces scuole ont le moins souffert).
3. Bâtimens et lieux publics. Palais. * Le ci-devant
palais du doge : (ce palais est orné dé superbes tableaux,
par Vérone se; par Bassano ; par Palms, (le jugement
dernier. Les Fi-ançais en ont fait transporter plusieurs
à Paris, et les démagogues Vénitiens ont détruit les fa¬
meuses gueules de lion. On admire encore le monument
érigé en l’honneur du grand Mauroceni . Une partie de
ce grand palais est couverte de cuivre ou de plombr, et
c’est entre les voûtes et les plombs, qu’étaient les pri¬
sons de l’état, sotto i Piombi. -La galerie inférieure,
ou le portique sous le- palais, est appelé le Broglio. —
* Place S. Marc: (elle forme comme deux places diffé¬
rente» qui se joignent. Elles ont en tout 180 toises de
longueur; la plus petite s’appele Piazetta. Lé coup-
d’oeil de cette place est admirable , surtout quand on
arrive par le canal de la Giudecca, eu -venant de Fev-
rare. Sur trois hauts mâts, où l’on déployait ci-devant
92 L’ITALIE. VILLES.
les pavillons la République en mémoire des trois
Royaumes de Chypre, de Candie et de Négreponte, flot»
tent à présent les bannières royales. Les deux colonnes
de granit oui terminent la petite place, et entre lesquel¬
les on exécute les criminels, furent apportées d’Atliènes
l’an 1174. La place de S. Marc est pour les habitans de
Venise, ce que le palais royal est pour ceux de Paris-
Elle a une ressemblance parfaite avec la place de Mei-
dan-Chah d’Ispahan. C’est le rendez-vous général d’af¬
faires, de plaisirs et de curiosités, et à quelque heure
du jour qu’on s’y rende, on est sûr d’y trouver un échan¬
tillon de toutes les nations. Les dames, aussi bien que
les hommes, sont ici dans l’usage de fréquenter les ca¬
sinos et les cafés qui entourent la place. Lorsque la
place est illuminée, cela produit l’effet le plus brillant.
Dans la belle saison, quantité de personnes y passent la
plus grande partie de la nuit.) — les procuraties vieilles
et les procuraties neuves — la Zecca ou la monnaie —
* la dogana di mare — * le pont Rialto : (formé d’une
seule arche qui a 89 pieds d’cîuverture ; la largeur du
pont est de 70 pieds.) — * 1 arsenal; (dans une île; il y
a des bassins pour les galères et les vaisseaux, et des
magasins pour toutes sortes 'de munitions dç marine et
de guerre; on y fond des canons, on y fait des cables etc.
On voit dans la salle de modèles, deux colonnes érigées
en l’honneur de l’amiral Emo , et dans une autre salle
le buste de cet amiral, chef - d’oeuvre d eCanova, mutilé
par le vandalisme: on garde encore le Bucentaure ; des
mains révolutionnaires l'ont dépouillé de ses ornemens
de dorure et sculpture; il y a 72 ans qu’on a construit
ce buccntaure. On a coûtume de manger à l’arsenal des
huîtres qui sont très-grandes et très -bonnes. Le lion,
plus grand que nature, de marbre Parien , placé jadis
au port de Pirée, décore maintenant l’entrée de 1 arse¬
nal. Il faut être muni d’un billet de permission du
gouverneur, pour entrer; on dira au guide de l’arsenal,
qu’on charge de vous conduire, que vous lui donnerez,
à lui seul, la cortezia , et que ce sera à lui à s'arranger
avec tout le monde; autrement, en donnant des baga¬
telles, vous ne contenteriez pas la moitié des quêteurs
pour dix pistoles. Un séquin en sortant, au .conducteur,
est une gratification fort - honnête. ) — * la mercerie ;
(quand les boutiques sont éclairées, cela produit un ef¬
fet admirable.) — le palais Lornaro, de Sansovino — le
93
L’Italie, vit. le s.
palais Grassi : (la Ténus , de Titien ; l’énlévemerit d’Eu¬
rope, de Vèron'ese.) — * le palais' Pisani Mt>reta-? (*ie
fameux tableau de la famille * de Daritçs, par Véroncse)
— le palais Pisani : (Christ chassant du temple les chan¬
geurs, par Véronèse) — le palais Barbarico : la Vénus et
la Madelairie du Titien ) — * le palais Farsetti: (une
nombreuse collection de fontes des meilleures, statues
antiques de Rome etc.) — le pâlai? Grimani, avec la sta¬
tue de Marcus Agrippa — le palais habité par la célèbre
Bianca Capello : (au coin du pont Ruga Giussa, sur la
place de Sta. MdfPia formosa;’ la maison de Banavénturi
est en face r orné d’un petit balçon.) — les' hépita^tx a
(voyez Conservatoire.) — I muràzzi ou le molo de Pale-
strina ; c’est un ouvrage digne des anciens 'Romains ,. et
qui mérite bien l’inscription noble et fière : 4uro Ro-
mano , ■ aere. Veneto : cependant on y remarque déjà des
dégradations, *
Collections. Cabinets. La bibliothèque de S. Marc:
(fondée par Pétrarque .'etc. ). — La bibliothèque du cou¬
vent des Arméniens, et son imprimerie greque etc. (Un
grand nombre de collections de tableaux, de livres, de
médailles, de marbres antiques, che^ des particuliers,
p. e. le célèbre Musée Nani, riche en Objets précieux,
surtout !e Thésée en. bronze: au palais Alberici, la belle
Hébé , chef - d’oeuvre de Canova.) ,
Etablissemens littéraires et utiles. La société publi¬
que de médecine; l’académie des beaux arts; l’académie
de belles lettres; l’académie desFilareti; le collège royal
de marine ;■ la chambre de commerce; Je lycée , 249 éco¬
les publiques et particulières. La chambre d'assurance.
La banque.
Fabriques. Manufactures „ De damasquettes ; (de
petites étoifes légères, un peu croisées, s qui ne se font
qu’à Venise.) Les glaces, et les ouvrages de verrerie,
comme des gobelets, des fleurs, des babioles ( mdrgari •
^tine) etc., que l’on fabrique dans l'île de Murano ; la
manufacture de crystal de Briati. Les télescopes deDo-
raenico Selva. La fabrication de la thériaque ( qüi se
fait avec le plus grand appareil) ; de la crème de tartre ;
du sublimé corrosif; du blanc de céruse; la fabrique de
porcelaine. Le marasquin de Corfou: (qui se fait avec
1 amande d’une cérise noire dijtilléei et toutes «sortes de
liqueurs. Des manufactures de velours et de bas de
7f
L’ITALIE. VILLES.
‘94
soie. L’imprimerie fait aussi une des principales bran¬
ches du commerce de Venise.
Spectacles. C’est pour la comédie , que Venise est
célèbre en Italie. Il y a dans ses théâtres des rangs de
chaises au parterre; elles sont pliantes , et' se ferment h
clef. Ceux qui préfèrent de s’en servir, donnent io soldi
au portier, pour les ouvrir. On ne jouait en 1801 la co»
médie que sur les théâtres de St. Angelo et de St. Sa -
muele ; prix d’entrée, 10 soldi. Le théâtre de Fenice est
le théâtre le plus magnifique ; sa construction a coûté
1 300,000 florins et fût achevée en 1798. On y compte 170
loges ou palchi, au prix de 400 à 600 florins par an.
Concerts. Après Naples, Venise est l’endroit de toute
l’Italie, où la musique est la meilleur?, et la pluiï cul¬
tivée. Il y avait cidevant quatre conservatoires. ^ A
présent il n'y a que la Pietà, qui en donne: les au¬
tres ayant perdu leurs fonds, par l’enlèvement de la
Zecca. On loue des chaises à l’église pour le prix de
2 soldi.
Promenades. Le jardin public la rue Eugène , nou¬
velle promenade, avec la vuè sur les isles et la mer:
[Til. de Raumer la vante dans son charmant ouvrage,
Hérbstreise nach Venedig . Berlin , 1816. qui devrait être
consulté sur Venise, comme le Guide le plus récent.]
les jardins flu couvent de S. Giorgio maggiore : le jar¬
din Savorgnano.
Fêtes. Amusesnens. (Les regates , ou courses de gon¬
doles/ les bal? au palais de St. Marc etc. tout cela date
du vieux tems, et ne se trouve guère plus que dans les
anciens récits de- voyage) — le carnaval, les dimanches:
il Giovedi grasso : le jour de carnaval par excellence —
la Seitimana santa: la place de Castello devient alors
Je rendez-vous du beau monde et des friands, pour y
manger les Frittole délia Quaresima : )'. — Le temps -de
villégiaturé : communément deux fois l’année , au
mois de Juin, et au mois d'Octobre. La plûpart d»
ces villas sont situées ou sur la Brenta , sur la route
de Padoue, ou près de Mestre , sur la route de Tr*e-
visç. On préféré ces dernières pour la villégiaturé d’aii-
tomne, et les premi ères pour celle d’été) — les Casini :
(ils sont ou p rivât i ou public i , et -se trouvent presque
tous dans le voisinage de la place dè S. Maro. Les p ri¬
vât i sont de petites maisons, louées par une ou plusieurs
L’ITALIE. VILLES. 95
personnes des classes supérieures ou d'une aisance peu
commune, et ornées avec une élégance, dont on ne
saurait se faire une idée. Les cartes , la conversation,
le thé, le café, la limonade, l’amour et une société choisie,
semblent y conspirer pour vos plaisirs. On se voit ra¬
rement dans les maisons, on préfère de donner rendez-
vous dans oes casinos. 1 — Les Botcghe di Caffg : (c’est?
là où s’assemblent le matin et le soir les élégans et
les élégantes de la ville.)
Auberges. Chez Pedrillo au lion blanc (bonne au¬
berge) à l’étoile d’or, non loin de la place de St. Marc
etc. (C’est aux environs de l’église S. Salvadore et du
pont de Rialfo, que logent la plupart des étrangers.)
Distances. De Venise à Lorette, 29V2 postes; de
Venise à Rome 38V2i à Mantoue , 12; à Milan 21.
Mélanges . Venise est située dans les lagunes , espè¬
ce de lac, séparé de la mer par des bancs de sable. Elle
est formée de 150 isles réunies par plus de 400 pont9.
On ne peut s’en faire une idée, qu’après l’avoir habi¬
té quelque tems. Tous ces ponts sont à une seule ar¬
che, et en grande partie sans parapêts. Le plain pied
de toute la ville , étant peu élevé au-dessus du niveau
de la mer, on arrive à ces ponts par quelques marches
d’une pierre dure et glissante. Il faut être continuelle¬
ment sur ses gardes, pour ne pas tomber dans les ca¬
naux. D’ailleurs les différentes détours que nécessite la
situation des isles et toutes ces rues étroites et tor¬
tueuses , font de cette ville un vrai labyrinthe , qu’il
faut étudier, ce qui en rend le séjour désagréable aux
étrangers. Malgré ces défauts, Venise qui parait sortir
de la mer, est à cet égard une ville unique dans le
monde, et quelque prévenu que l’on soit, le premier
coup -d’oeil excite toujours un sentiment de surprise,
dont il n’est pas possible de se défendre. Les canaux
sont très-puans en été; on en est incommodé même
au mois de Mai, à l’heure de la basse- mer. On s’ap-
perçoit du flux et reflux de la mer, deux fois le jour,
à des heures qui varient sans cesse , comme le passage
de la lune au méridien. Le grand canal présente un
beau coup -d’oeil, il est large et profond, et le lieu de
Venise le plus agréable et le plus sain. — Un étranger
peut louer une bonne chambre pour une ou deux livres
ou lire par jour, et faire un bon dîner pour 4 lire #u
96 L’ITALIE. VILLES.
il peut set procurer un joli appartement, et à dîner,
pour le prix de 8 à n lire par jôur. Le bois de chauf¬
fage coûtera environ i lira. Les gages d’un domestique
ib lire par mois, si on le nourrit; pu 60 à 80 lire, s’il
se nourrit à ses frais. Le louage d’une gondole est à io
lire par jour ou 5 lire, s’il n’y a qu’un rameur et deux
lire au goudolier qui sert de domestique de place: mais
si on la tient constamment à louage, on paye 30040
lire par mois pour la gondole, et 76 ou 80 pour un gon¬
dolier. — Les gondoles, les seules voitures en usage à
Venise, sont de petits bâteaux longs et fort agiles , con¬
duits ordinairement par deux gondoliers, qui rament
l’un sur le devant et l’autre sur le derrière, chacun
avec une seule rame. La poupe est armée d’un fer plat
et récourbé comme une S. La gondole est totalement
peinte en noir, et la petite chambre est tapissée d’un
drap de la même couleur avec des houpes et des fran¬
ges. Le siège dü fpnd est très s large et couvert de mar-
roquin noir. Sur les côtés sont deux places qu’on haus¬
se ou qu’on baisse a volonté. La place -d’honneur y est
à gauche. Il faut prendre garde en entrant dans la gon¬
dole, de ne pas y sauter trop vivement parcequ’on cour- '
rait risque de faire crever les planches de ce frêle bâti¬
ment. Il ne faut pas non plus mettre la tête ou les mains
â la petite fenêtre, de peur que l’armature de fer d’une
autre gondole ne les emporte dans le choc dps rencon¬
tres. La boue grasse et onctueuse que laisse la mer sur
les marches des maisons en se retirant, exige aussi les
plus grandes précautions en sortant de la gondole, si
l’on 11e veut pas faire une culbute. Les gondoliers ou
barcalores sont de grands hommes gais, pleins de sail¬
lies, d’ailleurs fort sûrs et très - fidèles. Ils sont [aussi
très - propres. Ils chantent les plus beaux vers du lasse.
On fesait monter ci-devant leur nombre à 26,000 ou
30,000. Leurs cris pour éviter le choc d’autres gondoles»
sont: Cia! halte! Stali\ à droite.' Premi! â gauche. —
Les hommes qui sont restés attaché aux anciennes coû-
tumes et anciens usages portent le manteau, qui est d’éti¬
quette , et ordinairement d’écarlate, ou de soie rouge ou
grise. On en loue par jour, par semaine, chez les fri¬
piers à un prix modique. Beaucoup de dames qui sor¬
tent le matin portent encore la vesta de zendale , mais
la plûpart rendent hommage, surtout les jours de gala
et
L’ITALIE. VILLES.
97
et les après-midi a l’éleganoe des modes Françaises.
C’est je plus grand compliment qu’un Vénitien pouvait
faire à une d<une étrangère, que de lui dire: la porta
la vesta coin.' >e fasse Veneziana. Ce grand mantelet
noir, qui même dans: ce moment est devenu d’usage chez
l’étranger, servant de voile à la pudeur, se renouant
sur une chûte de reins admirable; serre un corset cou¬
leur de rose , qui cambre et dessine la taille svelte des
Vénitiennes. Elles joignent à l'artifice de cacher un joli
pied, ladresse de le montrer quelquefois sous un jupon
noir, falbalassé de gaze. On parcourt de profil deux
globes arrondis par l’amour, et de grands yeux assassi -
ni, couronnés d’un sourcil en arc-en-ciel. Leurs traits
chargés d’une tendre langueur appelent la volupté, et
rappelent l’Arioste qui, faisant le portrait d’Angélique,
dit très -éloquemment : la fece l'amore b ruppè il ma-
dello. J. J. Rousseau n’a pas dédaigné de tracer dans ses
confessions le portrait des célèbres courtisanes .de Ve -
*nise, ou des Amorosos. Celles de la première classe
étaient ordinairement entretenues ; on les appelait
Donne mantenute. Aujourd’hui ces anciens tableaux
brillans du luxe et de l’élégance, deviennent tous le*
jours plus rares. — L’usage dos cicisbées ou cavalicri ser-
venti , est très - commun à Venise. On dit que ce terme
vient d’un ancien mot italien , cicisbcare, qui signifie
parler a l'oreille , chuchoter. — Le Vernacolo Vene-
ziano est le langage des affaires, celui de la société,
quelquefois celui des Muses. Mais un lllustrissimo
parle tout autrement que son Lacch'e ; et une Z entil
Donna , n’a pas le même style que ses Massare , ser¬
vantes inférieures aux c ameriere. Le vénitien du bar¬
reau n’est pas celui des marchands , et les Gondolieri
ont aussi leur idiôme à part , ainsi que les artisans. —
Livres à' consulter. Guida de Forestieri per Vene
zia — Beschreibung von Venedig, Leipzig, N. E. 1790.;
(l’auteur est M. Mayer qui a fait un long séjour dans
cette ville. Toutes ces déscriptions sont d’ancienne da¬
te. On trouve les meilleurs renseignemens sur Venist t
après la révolution, dans le premier volume du voyage
de Mr. Arndt , et dans les Streifereien ccc. Voyez le
chapitre VIII. Manuels relations.)
VERONE. Long, à l’obs. 28°» 40'. 5". (Ile de Fer )
Lat. 450 26'. 14". Population , 57,000. a.
Guide d. Voy. T. II.
I
98
L’ITALIE. VILLES.
Edifices remarquables. Curiosités. La Porta Stupa,
et la Porta Nuova — le pont de Castel Vecchio (le plus
remarquable des quatre ponts , surtout sa troisième ar¬
che de 145 pieds d’ouverture.) — L’Arenae, ou l’amphi¬
théâtre; (la chose la plus curieuse à Vérone ; il peut re¬
cevoir 22,000 personnes assises. La circonférence exté¬
rieure est de 1331 pieds , le plus grand diamètre de 464
et le moindre de 367. Il y a 46 rangs de sièges). — Le
bâtiment du Musée, (sous le superbe portique d’entrée
est le Lapidario ; le Musée a été privé du buste de Ca¬
tulle et d’auties curiosités, dans la dernière guerre
d’Italie. Le buste de M afféi est1 placé sur le portique)
-la Bra, ou la grande place — la cathédrale; (on y
montre un beau crucifix de bronze et un grand tableau
de Titien) — l’église de S. George: (le grand tableau de
Farîi\ati , le tableau de Tintoret, et la Madonna de
Girolamo )£-- l’église des Capucins : — l’église de Sta.
Maria antica: (on y remarque les tombeaux des Seali-
gèrs) , — l’oratoire de St. Zénon — l’église de S. Carlo :
(les petites noces et la Madelaine de Véronèse) — l’an-
cieîine église à S. Nazaro : (c’est un des plus beaux mo-
numens d’antiquité sacrée) — deux beaux sarcophages
anciens, dans la grotte de S. Jean in Valle — le palais
des recteurs — la piazza d’armi et la Fiera (ou le bâti¬
ment de la foire, qui s’y tient au mois de mai, et.au
mois de novembre) ~ la douane — le palais Bevilacqua
(où l’on conservait jadis de belles statues antiques,) —
les palais de Gustaverza, Canossà, etc. — la place delle
Erbe : (les parapets et les cordons des bastions San-Mi-
cheli, et la porte du Pallie, sont d’une pierre , qu’on
nomme Mattone , où l’on distingue des pétrifications en
quantité. Le marbre est très-commun dans, les carriè¬
res des environs de la ville. On demande pour un stu¬
dio, composé d'environ 156 pièces, 24 à 25 séquins.) — les
restes d’antiquités Romaines, p. e. Arpo de Gava, Porta
de Borsari, foro Giudiziale, Panthéon etc, —
Mélanges. Les belles rues , longues et larges , les
places superbes, et les arcs de triomphe donnent a la
ville de Vérone , je ne sais quel air d’élégance et de
grandeur, qui plaît et frappe. Les amours de Romeo et
Juliette , et leur fin tragique, ont eu cette ville pour
«cène; on y montrait, il y a cent ans, la maison des
Cappcietti , et on montre encore dans un. jardin le pré¬
tendu sarcophage de Juliette.
L ITALIE. VILLES. 99
Etablissemens littéraires et utiles. La sociétà Italia*
lia. Lf 1 société littéraire : celle de peinture et de sculp¬
ture, et l’académie d'agriculture et de commerce: la
Filarmonique.
Collections, cabinets. Le Musée lapidaire: le cabi¬
net de tableaux chez Rotario; le cabinet du comte de
Gazzola; très - riche en poissons pétrifiés du mont Bolca,
V. l’ouvrage du Comte: Ittiolitologic Veroncse. Le mont
Bolca est à 6 lîfeues. — Les bibliothèques de là cathédrale
et des écoles publiques.
Fêtes. Spectacles . Amusemqns. , La çourse des che¬
vaux au mois de Mai. Les opéras. L’espèce de ridotto
ou Casino à la Caméra délia conversazione.
Promenadas. Les jardins de la maison Justi à Vçro-
nette , où l’èn a une vue superbe de la ville, et de tout
le pays adjacent.
Auberges. Due Torre (bonne.)
Livres h consulter. ,,Verona illustrata j nouvelle
et 8uie édition.
Distances. De Vérone à Venise 9 postes ; à Padoue
5V2- • •
Singularités d'hist. nat. dans les environs. Les eaux
minérales de Caldiero , très - estimées , à 3 lieues de la
ville, du côté de Vicence. Le champ de bataille de Cai-
diero a une ressemblance frappante avec celui à' Asp cm.
Aussi les dispositions ont été les mêmes. — Le pont de
Veja, arcade naturelle, à 4 lieues — la terre verte de
Vérone , à neuf lieues de Vérone; (c’est un d.épôt cui¬
vreux., formé dans une terre argillëuse par des eaux
courantes . — Les curiosités volcaniques à Eonca ; (on
est surpris d’y trouver des coquilles %marines mêlées a ■
la lave. Il y a peu .d’endroit/ plus romantiques que
Jionca.)' *
VICENCE, à la tour Long. 290 13' 9". Lat. 450 32'
24". Population , 25 à 30,000 à.
Edifices remarquables. Curiosités. Le pont delle
Barche — le théâtre degli olyrjipici lie plus célèbre édi¬
fice de Vicence, et le chef - d’oeuvre du fameux archi*
tecte Palladio ; plusieurs regardent cet ouvrage, comme
la plus belle architecture moderne de 1 Italie)- — la Ra-
gione, ou le palais de justice (beau tableau de Bassano)
— le ci-devant Palazzo del Capitanio : (de Fatladio) — - la
' " 1. 2
fr
A
100
L’ITALIE. VILLES.
place de l’isola —.le palais Chiericati : (de Palladio ; êt
nombre rl’àutres palais très -beaux, décorés par ce célè¬
bre architecte, et par Soamozzi). • — La cathédrale: (au
dessous du choeur est une église soûterraine) — l’église
des Dominicains; l’église de S. Laurent: (le mausolée de
Léonard Porto) — l’église de S. Micheli (un St. Augustin,
par Tintoret). — Quelques restes d’antiquités; les rui¬
nes d’un théâtre dans les jardins de Battistelli; un reste
du palais impérial; trois arcs d’un aque<Mc ; une statue
d’Iphigénie, qui est aux' Dominicains ; un chapiteau de
colonne, qui sert de bénitier à St. Thomas; un morceau
de colonne cannelée , sur la place Gualdi. —
Fabriques. Manufactures: de soie, et d’étoffes de
soie; de fleurs artificielles très - estimées, surtout les pe¬
tites plantes herbacées, dans le couvent de Ste. Marie la
neuve, et dans celui des Convertites. (La grande foire
commence le 15 du Mai ).
Promenades. Les jardins du Comte deValmarana; le
champ de ‘Mars, orné d’un arc de triomphe.
Collections. Cabinets. La bibliothèque publique.
Etablissemens littéraires et utiles. Les academies
olympique, et agraria; les deux écoles de médecine et
de chirurgie: leJLicée.
Auberges. A l’étoile d’or, bonne. Scudo di Francia.
Livres h consulter. Il forestière instrutto delle cos e
piu rare di Vicenza.
Distances. De Vicence à Trente , 10 postes; à Pa*
doue, 2, à Vérone 3V2.
Environs. La rotonde ou le casin du marquis Capra,
à un mille de la viile^ (ce casin est de Palladio). —
L’arc de Palladio , à droite de la porte de [la Madonna
del monte; et l’église de la Madonna dei monte. La
•vue de la rotonde et de l'église est immense et l’une
dés plus hellês de la Lombardie. La rotonde renferme
trente deux appartemens — La maison des Comtes de
Caldagno; (o.ù il y a des peintures estimées) — le laby¬
rinthe , ou la grotte de Cavali: (c’est vraisemblablement
une ancienne carrière). — Les sette 'Communia (ou le»
sept villages, entre Vicence et .Vérone, habités par des
desccndans de Bavarois; ils parlent encore un allemand,
corrompu, surtout dans les districs d'Azwigo , et d ' En”
nego). — Les .colonnes de basalte et antres débris de vol -
L’ITALIE. VILLES,
roi
clins , dans la moptagne 4*1 diable, et les montagnes
•au S. E. (On y trouve de petits noeuds de calcédoine1,
depuis la grosseur d’un pois, jusqu’au diamètre d’un pou¬
ce, couchée dans la lave. Ils sont généralement'creux
et ce creux renferme quelquefois de l’eau. On les ap¬
pelé alors enhydri.) — Les eaux minérales de Recoaro ,
et les eaux tièdes de S. Pancrazio. — La terre de Vi~
cence , que l’on tire des mines de Tretto, sert pour la
porcelaine de Venise.
5»
Etat des postes. Voituriers , Passages des Alpes .
Notes instructives , et remarques qui peuvent in¬
téresser les voyageurs dans leur tournée.
Jtaliam, Italiam ! .... Cette antique patrie des
héros,' offre à l’observateur tant d’objets intéressans,
que son nom seul reveille dans notre imagination une
foule d’idées agréablës ou mélancoliques, séduisantes
ou terribles. C’est lë pays , dont le désir de le voir tour¬
mente tout artiste, toutpoëte, tout homme de lettres
et tout homme sensible, ou le regret de ne point l’avoir
vû. On peut voyager en Italie de bien des manières.
Pour courir la poste, il y a deux façons, l’une ordi¬
naire et l’autre en cambiatura. On appelé, aller en
cambiatura , la permission qu’on accôrde dans quel¬
ques étatsyltaliens , de prendre des chevaux dè poste à
un moindre prix qu’il n’est fixé pour là ’pdste ordinai¬
re , mais avec quelques restrictions , horiiine de JÀe pou.
v-ier pas obliger-*** postillon à galoper/ -etwdl ne pou¬
voir pas voyager après le soleil couohé, qu’en payant
le prix entier de la poste. On obtient aisément cette
permission en partant dé la capitale de ces états*, mais
<*i Pon . en ^a- besoin en entrant dans le pays/ul faut se
la faire, envoyer; par son banquier aux villes d’uù l’on
part. Du . teius du gouvernement Français , cela avait
subi quelques changemens , mais au retour de1 l’ancien,
ordre «Iss choses, vraisemblablement la cambiatura «e
rétablira.
102
L’ITALIE. MANt D. VOY.
Les demandes d’argent jfdur - boire , ne finissent pas
en -Italie. L'osidlliere ou le valet d’écurie, vous met
à contribution j vient en suite le - garçon qui a jeté de
l’eau sur les roues de votre voiture etc. Gardez-vous
bien de icédeï" à leurs impbrtunités , si vous ne voulez
pas multiplier les importun*.
Anciennement on payait par poste : . ,
Italie septentrionale.
i. cheval de chaise, t^paoli.
I. cheval de selle, g
I* postillon, 5
I. palefrenier.. i
Italie méridionale .
I. cheval de chaise,
X. cheval dé selle,
x. postillon,
1. palefrenier.
■* • «f H-.*? . U
4 paoli.
3
3
I
Royaume de Naples,
Pour dpux. chevaux de chaise n; Carlini. |
Pour un cheval de selle 5 — /
A une poste royale, de plus 5. carlini et demi.
Il faut payer trois carlini à chaque postillon.
par peste.
Il faut Être muni d’un passe- avant, ou Bolletta ;
sans cela, on risque de se voir enlever lés chevaux ou
mulets aux frontières. C’est surtout le cas , quand on
voyagpnaveç. dç3 chevaux ou des mulets, de voiturier.
Entrant ou .sjaytant de Turin , de Florence et de G'encs^
o n paya sous.les Fronçais la demiTv<*?te Rentrée et de
sortie. - _
Il faut s’informer sur les lieux si les ordonnances
de poste du tems des Français, sont encore en v'iguèur,
ou s’ils furent remplacées par les anciennes. De môme
Je Royaume Lombard - Vénitien, avoit alors les ordon¬
nances de poste suivantes:
Un cabriolet a 1 ou 2 personnes, sera atte-
L’ITALIE. MAN. DE VOY. *03
lé de 2 chevaux et payera 3 francs par poste. Cabrio¬
let à 3 personnes, 3 chevaux, 4 francs, 50 centimes.
Cabriolet à 4 pers. 3 chev. 6 fr. Des Limonièrcs à 1, 2,
3, pers. prendront 3 chev., payeront par poste, 4fr. 50 cent.
Des Berlines , à 1, 2, 3 Pers- et 4 chev. 6 fr. : à 4 et 5
pers. et 6 chev. 9 fr. : à 6 pers. et 6 chev. 10 fr. 50 cent.
Un enfant de 6 ans et au-dessous, n’est pas compté,
mais deux enfans tiennent lieu d'un voyageur. Chaque
voiture pourra être chargée d’une vache et d’une malle.
Voyage de Florence à Modene par la nouvelle
route. '
A Prato. 2. p. Pistoja 23/4* Piastre 1. S. Marcello T.
Piano Asinatico 1. Boscolungo 3/4. Pieva a Paule 1.
Birigazzo 1. Monteçenere 1. Paullo 3/^. Serra de Ma-
zoni 3/4. S. Yenanzio r. Formigine 1. Modène 1. en
tout 14 postes et un quart. Poursuivant le voyage jus¬
qu'à Mantoue, il y a cinq postes et demie; savoir: Car-
pi 1V4» Novi 1. Benedetto ity4* Mantoue 11/2* (Non
loin de Boscolungo il y a le petit lac de Scaffajolo , et
les bains de la Porreita , dont l’eau s’enflamme comme
l’Acquebuja de Pietra - Mala.)
En vertu d’un arrangement pris sur cette route, un
courier paye par poste pour 2 chevaux 6 paoli , et tout
autre voyageur 8; pour un cheval de postillon 3, et 4
pour un cheval qui n’accompagne pas de chaise. le pa¬
yement des guides du postillon (on l’appele en Italie la
Benandata ) est d’un paolo par poste pour chaque che¬
val, lors même que la poste n’est pas entière. Si l’on
en excepte les postes de Pistoie à Piastre , et de Piano -
Asinatico h Boscolungo , où l’on est obligé de prendre
3 chevaux, même pour une voiture à 2 roues, oh ne
vous donne jamais plus de chevaux qu’il n’y a de roues
au carrosse. Une ou 2 personnes avec 200 livres de ba- v
gage, prennent 2 chevaux ; 4 personnes avec 400 livres
de bagage, ou 300 livres et des domestiques, en pren¬
nent 4; mais s’il y a plus de bagage qu’il n’est stipulé
par l’ordonnance, dans le premier cas oh est obligé de
prendre 5 chevaux, et dans le second 6. Le payement
des guides est proportionné au nombre des chevaux.
Sortant de toutes les villes capitales d’Italie, on pa¬
ye la poste de sortie 3 c’est à dire une poste et demie.
104 L'ITALIE. MAN. DE VOY.
excepté à Turin , à Gènes, et à Florence , où la poste
de sortie et d’entrée, comme nous l’avons déjà observé,
ne se paye qu’à demi.
Il y a à présent des diligences établies entré, les villes
principales du royaume d’Italie, et à des prix très - mo¬
diques. On peut aüssi voyager avec le courier du gou¬
vernement, entre Milan et Turin et alors on n’a pas à
craindre les vexations des douanier* De Turin à Ge¬
nève, une diligence commode est continuellement en
*oute.
Les chemins de la Lombardie sont plats et en géné¬
ral très-bons^ excepté lorsque la pluie a délayé le sol
qui est naturellement gras. Tous les voyageurs n’ont
point de Sedia: c’est le nom qu’on donne à une sorte
de chaise h moitié couverte et à deux roues, où il y a
place pour 2 personnes et où l’on peut mettre de
grosses malles sur le derrière: le maître de poste
à Ala , sur la route de Trente , en donne à louer ou a
troquer aux voyageurs*, qui viennent de l’Allemagne,
et qui veulent y laisser leurs voitures à 4 roues. Les
étrangers donc, qui* n’ont point de Sedia , font fort bien,
pour traverser la Lombardie , de se servir des voituriers
{vetturini) qui ont pour l’ordinaire des sedie très - com¬
modes ; mais arrivés à Bologne, je leur conseille d’en
acheter une, et de prendre ensuite des chevaux de po¬
ste. Si l’on ne veut pas faire cette dépense, on trouve
partout des voituriers pour continuer sa route. Il est
vrai qu’on ne va pas vite ; mais cela ne peut être autre¬
ment dans les contrées montagneuses , même avec des
chevaux de poste. 1 Et comme on rencontre à chaque
pas des curiosités naturelles ou des monumens de l’art,
sur lesquels on ne peut jeter qu’un coup d’oeil rapide
lorsqu’on voyage par la poste, les personnes qui veu¬
lent voyager avec fruit , doivent prendre des Vetturini.
On peut arranger avec eux son plan de voyage comme
on veut, et ces voituriers rit- faisant jamais plus de 30
milles d’Italie par jour, on a tout le teins de voir tout
ce qui se présente de remarquable sur la route. On
trouve de ces voituriers dans toutes les grandes villes.
Pour l’ordinaire ce sont des sedie très - commodes à deux
et à quatre roues, attelées de deux chevaux ou mulets,
et sur lesquelles on peut prendre jusqu’à 300 livres de
bagage. Au reste voyager avec les Vetturini , revient h
peu -près au prix des chevaux de poste, et l’épargne
L’ITALIE. MAN. DE VOY. 105
n’est jamais fort considérable, parceque le Vetturino ,
dès qu’il sent que vous avez besoin de sa vpiture, ne re¬
lâche pas du prix demandé, même quand iF conduirait
une chaise de retour. Il est même très - difficile de se
procurer des chaises de retour, surtout quand on s’a¬
dresse à l’aubergiste ou à ses gens, parceque ceux-ci
s’entendent toujours avec les voituriers. On n’en trou¬
vera que par l’intervention de nos amis , ou des person¬
nes de notre connaissance, qui sont au fait. Le prix
ordinaire, en y comprenant ce qu’on donne au voiturier
pour boire, est d’un ducat de Hollande par jour, ou de
3 à 4rixdalers( sans y regarder, que ce soient 1, 2 ou 3
personnes. Au reste on n,’en peut fixer aucun tarif
stable, ou -qui puisse servir de règle générale. Plus la
traite que l’on se propose de faire est longue, et plus il
y a à gâgner sur le prix, surtout si l’on Va d’une gran¬
de ville à l’autre, car alors les voituriers y sont sûrs de
trouver des voyageurs à reconduire. Les personnes qui
veulent faire le voyage d’Italie , trouvent à Lyon et à
Genève des voiturins qui s’engagent k les mener, si
elles le souhaitent, jusqu’à l’extrémité du Royaume de
Naples. Mais il ne faut pas oublier de faire d’avance
ses conditions de manière , que non seulement les droits
pour les chaussées et les ponts, mais encore les frais
du passage des montagnes soient compris dans le prix
de la voiture- Si l’on n’aime pas trop la bonne chère,
on ne peut rien faire de mieux que de charger les voi¬
turins de la table et du gîte. Avant la dernière guerre,
ces gens payaient en général trois paules par tête pour
le dîner, et quatre pour le souper, y compris la cham¬
bre. Dans les villes, un étranger payait six paules pour
chaque repas, et l’appartement à part, suivant le nom¬
bre des chambres. Depuis la guerre, ces prix ont haus¬
sé. Il faut aussi convenir avec les voituriers de ce qu’on
leur donnera pour boire, si l’on ne veut pas être ex¬
posé à des prétentions impertinentes de leur part. Un
voyageur moderne , (M. Hufeland ,) paya en 1803 , pour
aller de Milan à Genève , vingt louis neufs pour deux
personnes, y compris le passage du Cénis , les soupers
et les couchées. Le pour -boire était fixé à ii/2 louis-
neuf. M. de Kotzebue faisait le voyage de Florence a.
JSaples avec 7 chevaux pour le prix de 80 ducats de
Hollande; cette route est au moins de 80 milles alle¬
mands , et avec des chevaux de poste, il aurait fallu
106 L’ITALIE. MAN. D. VOY.
payer le double, M. de Kotzcbue recommande l’entrepre-
neurdes voitures, M. Polastri à Florence , et surtoutson
vetturino Viacenzo. M. de Bridel fit en 1S06 le voyage
de Bolzano à Florence , avec un voiturier, pris à Bolza¬
no , pour le prix de 17 louis -neufs, y compris le dîner
et le coucher. Ces exemples font connaître h peu près
le prix des voituriers. JL.es voituriers Fiémontais pas¬
sent pour les meilleurs de l’Italie ; ils ont ordinaire¬
ment de bonriés voitures, et comme ils sont accoûtu-
més dès leur jeunesse à voyager dans les montagnes, on
peut avoir toute confiance en eux. Un voyageur mo¬
derne ne donne pas une idée bien avantageuse de la
bonne foi et de l’honnêteté des voituriers Italiens. Pour
ne pas être leur dupe, il faut, comme j’ai déjà dit,
faire avec eux un accord par écrit: il faut de plus se
garder de leur avancer plus de la moitié de la somme
convenue ; et noter exprès dans l’accord, que le total
'de la somme, de même que la luona mono , ne doit
être payé qu’à la fin heureuse du voyage, et que la buo-
na mono se réglera selon qu’on aura été content de
leur conduite.
On représente généralement les auberges d’Italie
comme détestables*: quelques-unes sont assurément as-
sei mauvaises, mais il y en a aussi beaucoup debohnes,
Surtout dans les grandes villes, et sur les routes les
plus fréquentées par des étrangers. Depuis le gouver¬
nement et la présence des Français, les auberges d’Italie
ont généralement gagné, en propreté et bonté. Dès
qu’on est arrivé dans une ville, et qu’on s’est arrangé
et fait d’avance son accord avec l’aubergiste pour le
prix de la table et des appartemens, on doit se procu¬
rer une carte du pays, un plan de la ville, et un livre
pour servir de guide ; à peine y a-t-il une ville en Ita¬
lie, qui n’ait pas un tel livre, assez bien fait, où tout
ce qu’ il y a de bon, de mauvais, et de médiocre à voir
dans la ville, se trouve décrit dans le plus grand détail.
Un homme sage, qui n’a pas l’ambition de passer pour
un riche et grand seigneur, peut certainement vivre en
Italie à un prix très -raisonnable.
On peut se rendre par terre en Italie par des routes
différentes. Il y en a à présent plusieurs qui soient pra¬
ticables en voiture et même avec des chevaux de poste;
pour les autres, il faut les faire à pied, à cheval, ou en
•haiie à porteur.
I-’IT ALIE.- ROUTES. 107
I. Route, Par le Tyrol en passant par Trente.
' * .. .y ' ‘ '• ^
Cette route, qui commence à Insbruck, est très-com¬
mode pour les personnes qui viennent d'Allemagne.
Nulle part on n’est obligé, de faire démonter sa voi¬
ture; au contraire , on voyage partout avec des chevjïtrx
de poste et 1 Tin1 roule sur de magnifiques chaussées,' dé¬
truites en partie par les sanglans événeme ns de 1809 —
mai? qui même dans les montagnes sont aussi commodes
que sûres, et peuvent être regardées comme le prodige
de l’art. Les Auberges sont propres, et l’on y est fort
bien, la poste est parfaitement bien servie; bref, 011
voyage avec contentement et plaisir. • Lè Tyrol est cer¬
tainement un des pays les plus remarquables de l’Eu¬
rope. Ses vallées et ses montagnes ressemblent infini¬
ment à celles de la Suisse. Ses habi'tans sont refio-ftfmés
pour leur loyauté et leur intrépidité ; depuis des siècles,
jusqu’à nos jours, ils ont excellé dans la défense de
leurs rochers; et l’histoire conservera, en dépit de la fla¬
gornerie fblliculaire, mille exemples brillans de leur au¬
dace guerrière, et de leur fermeté.
Toute la route du Tyrol est aussi variée que roman¬
tique, et les regards des voyageurs sont continuellement
enchantés par les beautés sublimes qu’elle leur offre.
Dans l’endroit où l’on passe des Alpes du Tyrdl dans les
plaines d’Italie, il y a deux rochers d’une hauteur pro¬
digieuse, qui semblent avoir été séparés avec effort i;«n
de l’autre, pour donner un passage à l’Adige qui coule
presque toujours à côté du voyageur, et forme dans ces
endroits un grand nombre de sinuosités, aussi gracieu¬
ses que pittoresques.
On arrive à Insbruck, par l’ Allemagne , de Smp-
*erv , de Feldkirch , et de l’ Allgovïe , en traversant YÂdi.
létsbcrg. C’est à Brixen ] que la grande route se divise
en trois branches, qui conduisent, i. par Bolzano, Tren-
t'a, Ro.eredo, à Vérone. 2. par Brezono, Bassàno, Tre-
viso, à Mestre et Venise. 3. par Eienz, Villhch, Kla-
genfurt, Laibach , a Trieste. Toutes ces routes, servent
à toute sorte de Voiture. V. Itinéraire d'Allemagne.
io8
L’ITALIE.. . ROUTES.
Elévation de- quelques points de cette route, au des¬
sus de la mer, in venant dé Munich,
Munich.
Hohenkirchea.
Tegernsee,
Verrerie.
Auberge Achen
Lac Acben.
Insbruck.
Auberge de la Mon¬
tagne,
étehünberg.
Matrey. . , . .
Steinach.
Griet.
Etang au pied du
Brenner. . .
Pari s:
pieds de
1622
2152
Brenner, maijon
2324
de poste. . . .
2892
Goses. ... . .
2886
Sterzing. .
2919
Mittetwald. . .
I3U
Brixen .
2460
Cluse .
Kollmann.
3267
Atzwang.
3298
Bolzano. . . .
3389
A uer .
3778
Njeumark. .
4155
Trente. .
44Si
3471
3030
2575
1903
1767
1616
1351
1094
848
818
7i6
Suivant les observations récentes de M. de 7 Buch ,
cette élévation diffère de la manière suivante: Insbruck
1774 pieds. Griet 3708. Brenner 4353. Brixen 1883. Clu-
«0.1697. Bolzano 1071. Trente 646.
2. Passage du Mo nt - C é nis .
Anciennement on était obligé de faire démonter sa
voiture e£ de se faire porter à bras ou par des muiets.
Au sommet de la montagne on se faisait ramasser., c’est-
à-.dire qu’on descendait >. la montagne dans des traî¬
neaux, qui étaient conduits par une seule personne, et
qui glissaient rapidement sur la neige. On fesait, dans
l’espace de 10, 12, 15, 041 20 minutes, suivant que la
neige était plus au moins ferme, et la surface .plus ou
moiii9 unie, le chemin de la Ramasse à Lasru bourg qui
éta,it au moins d’une lieue. Cette manière de desceu-
'dre le M ont-Cénis n’était praticable que pendant
mois de l’année. On ne suivait point de chemin battu,
mais 014 descendait en droiturp sur une pente uuie et
presque ouverte par tout; la où la neige portait il n'y
avait rien. à craindre. On se fesait aussi quelquefois ra-
maiscr du côté de Noi>alaise ; mais^ cela était plus rare,
parceque le chemin était très - tortueux , et fermait en
Certains endroits des terrasses escarpées, d’où l'on ris¬
quait de tomber dans des précipices d’une profondeur
effrayante. D’ailleurs la neige ne portait pas aussi long-
LIT A LIE* ROUTES.
109
tems de ce côté que de l’autre. On continue encor»
k ramasser comme anciennement. Les traîneaux do;nt
on se sert, (et sur lesquels on charrie aussi le fou-
rage pour les bestiaux et tout ce qu’on va chercher su*
la montagne) sont faits de branches d’arbres entrelacée*
et d’une structure très - simple. Ordinairement , il n’y
a sur chaque traîneau , qu’un passager avec son guide#
quelquefois cependant on s’y met à deux, à trois:, ou
même a quatre; mais il n!y a jamais qu’un seul guide,
qui dirige et arrête, à son gré, le traîneau au moyen
de crampons de fer qu’il a aux pieds. La neige, que la
rapidité avec laquelle on descend éléve continuellement
en l’air en forme de poussière, se porte contre le visage
du voyageur , ce qui, joint à la résistance de l’air froid
<pt condensé, l’oblige à tenir les yeux fermés pendant
le trajet. <11 y avait beaucoup de personnes qui frison-
naient à la seule vue de ce spectacle. Il y en avait d’au¬
tres au contraire qui trouvaient cette manière td’aller
fort agréable ; témoin cet Anglais qui rèsta pendant 8
jours de suite à Lasnebourg , -pour avoir le plaisir, de se
faire ramasser deuar ou trois fois par jour. Les chaise*
k porteur ne sont autre chos.e que deux gros bâtons, avec
un siège formé de cordes au d’osier entrelacés.
Du moment qu’on avait fait son accord avec les mu-
létiers , on démontait anciennement la voiture, et on la
chargeait avec le bagage sur des ânes ou des mulets.
Lasnebourg vtNovalaise vivaient de ce passage. On avait
un ancien proverbe: Porteurs de Novalaise.y Mulets de
Lasnebourg. Lasnebourg est resté florissant, mais Nova-
taise est aujour d’hui totalement ruiné par la nouvelle
direction de la route qui feaait sa prospérité. Car les
voyageurs qui ont passé autrefois le Mont- Cénis et qui
ont connu les difficultés de ce passage , n’apprendronfc
pas sans étonnement, qu’il n’en reste plus que le sou¬
venir. ■ i
Guide d, Voy. T. II. K 1
ïiô L’ITALIE. ROUTES.
En sortant de Lasnebourg, ou Lans - le - Bourg on
•passe l'Arcque , et On gravit le Mont - Cénis par une' lon¬
gue suite de rampes douces et d.e tournans prolongés,
dont l’ensemble forme une des plus belles et des plus
étonnantes routes de l’Europe. Quelques efforts- que
fassent les cantonniers et les habitans pour la déblayer,
il leur est impossible d’empêcher, que la neige ne la
couvre pendant une grande partie de l’année. Alors la
voiture roule, sur la neige même; la trace des premiè¬
res qui passent, devient la voie nécessaire des autres;
et malheur à celles qui n’ont pas la même voie, lorsque
les ornières ont été approfondies par la fréquence du
passage, surtout au tems de la fonte de neige. C’est alors
que le secours des hommes qui soutiennent les voitures,
est essentiel, c’est alors aussi qu’ils éprouvent le plus
de peine et de danger. La maison ou grange qu’on voit
au haut de la montée, porte le nom de Rainasse , parce-
que c’est là que les voyageurs commencent à se faire
t'amasser, de la manière décrite précédemment. Un
quart de liette après la Ramasse , on trouve le point le.
plus élevé du Mont - tJèniSi lequel est dominé par de
bien plus hautes montagnes.
Ce point qui forme le partage des eaux , forme aussi
cèlui des climats; «souvent il fait beau d’un côté, et de*
brouillards et vents glacés régnent de l’autre. - C’est l’en¬
droit le plus difficile du passage , dans les momens de
tourmentes, ,ou ouragans violens et dangereux* Heuren-
sement les -habitans en connaissent les pronostics, et
avertissent les voyageurs , qui font bien d’attendre, et
pas longtems, car il est rare qu’une tourmente dure un
jour entier. (Elévation, 6300. p. d. P. au dessus delà mer.)
On gagne de là la jolie plaine , dont un 'j*>etit lae
occupe presque la moitié. Au hameau des Tavernettès,
L’ITÀLÏE. ROUTES.
ni
est pîâéé le relais. Ce sont 5 on 6 maisons, et autant
d’auberges ou tavernes , d’où lui est venu ‘le nom des
jL'civtr nettes \ remplacé depuis quelques années par celui
de Mont --'(Unis. Les fvoy ageurs s’y arrêtent, pour se
réchauffer et s’y régaler des excellentes truites du lac.
On est encore plus sûr de s’en régaler à l'ÎUrspice, qu’on
trouve à un quart - de - lieue plus loin, et auquel la pro¬
priété de ce lac a été concédée. Cet établissement ho¬
spitalier ressemble à celui du grand- Bernard , et est
une fondation dé Charlemagne , renouvellée par Napo¬
léon. L’édifice en est vaslé commode. En face s’étend
line vaste prairie, terminée par le lac , joli bassin de
î’ean la plus limpide. Les pêcheurs ytrouvent fréquem¬
ment des arbres réduits à l’état de charbon. Les habi-
tans y voyent l’appui d’une de leurs traditions, d’après
faquilTe le Mont - Cénis était dans des tems très-récu-
lés, couvert de forêts qui furent brûlées par un géhéral,
peut - être 'Aririïbàl. La même tradition ’ fait dériver
^Moni - tt/riis , de Morts - &iniris.' Lés boVcls du lac sont
fleuris et gazonnés, et une petite île, parsemée d’ar¬
brisseaux et embaumée de fleurs de toute espèce , l’em¬
bellit encore. Une canne sauvage y fàit sa nichée tous
Ifs ans.
' Cette charrh ante plaine oû l’oh prépare un fbomage
excellent j qui resséinMe à celui ûJe Sassenage , dure une
Mette, depuis le hameâu de Mont- Cénis, jusqu’à celui
de la Grand - Crdïir , composé de " même d’au berges-,. efc
Situé sur là C- enise, qui forme le dégorgement du lac;
non loin est le Pic de Rochcmeîon , la principale som¬
mité de cette chaîne } et un ancien lieu de pèlerinage
mais la Madonnê se trouve à présent à Suze. On passe»
au bout d’une demi -lieue, sous la voûte d’un rocher-
très-élevè, excavé ainsi. On domine à gaiiche le vil -
Iftge'ue Ferrière , et le bourg de La Novalaise , dans use?
K. Z
m
1 12
L’ITALIE. ROUTES.
profondeur de 3 à 400 mètres. Le pays devient un vrai
paysage. La poste de Molaret , maison isolée, but e
presque directement au-dessus de la Noyalaise , est à
la moitié de la descente. La température change sen¬
siblement. Les vignes, les treillages, les noyers et Us
vergers de l’Italie commencent.
Du Pont de Lasnebourg au point culminant on s’é¬
lève ne 692 mètres ; six rampes en lacets ont réduit c-t 9
cliûte à une pente, que toutes voitures parcourent aisé¬
ment dar.s une étendue de 10,212 mètres. Dü côté do
Suze la des -ente est de 1450 mètres, sur une directe de
i7>Sè5 mètres, qu’on parcourt sur une pente suivie, if
25,663 mètres.
Une diligence commode et à bon prix, roule ent>e
Turin , Lyon et Genève , et monte et descend le Moni~.
CêniSy sans les moindres inconvénient [V. pour les dé¬
tails de la. route de poste, Nr. 1. de V Itinéraire dto
r o utes.\
3. Passage du St. Cothard .
Cette route est, avec les deux précédentes et celle r>U
Sirnplon , du St. Bernard et du Splugen , l’une des plu»
fréquentées ; vn la prend ordinairement pour passer r*
la vSuisse Allemande en Italie. Il ne faut que 3 jours,
soit -à pied, soit à cheval, pour se rendre d'jiltarf à
Bell inzone par le St. Gçthard. Lorsque la guerre ferma
le passage du Mont ~ Cénis r en 1792 et 1793, des Anglais
y passaient avec leurs voitures, en les démontant k Z7r-
sern , et les remontant à Airola ou J’ellinzone. Si on ex¬
cepte la saison de&avalanches, surtout auxendroits dits .la
JViota,* St. Antonio , Giuseppe , Val- Tremola, ce passage
u’est point dangereux. Les dames mêmes peuvent .faire
eette route. Un trouve la déscription de cette route dans
L’ITALIE. ROUTES. 113
presque tous les voyages de Suisse, et on en a gravé les
plus belles vues. Je ne m’arrêterai donc point a parler
de tout ce que la première journée d 'Altorf à L' Hôpital
offre de remarquable, comme le Pfaffen- Sprung (saut
du moine) la Cascade , le Pont du Diable ,. les Schblle •
nen,Y Urner-Loch, et le coup-d’oeil superbe que-présente
la vallée Urseline. Le pont du Diable fut deux fois rui¬
né dans la guerre de la révolution , qui remplit ces so¬
litudes de carnage, de misère et de ruines. Souwarouf
Rimniskoy - ltalisky , y arrivant dans sa marche har¬
die et trouvant le pont rompu, ses braves Russes le pas¬
sèrent sur des poutres liées ensemble par les écharpes
de leurs officiers. Cependant cette archeéùiardie du pont
qui fixe l’admiration des voyageurs, ne fut jamais dé¬
molie entièrement. Du village de V Hôpital, ou arrivait
cidevant à V hospice des Capucins , qui d’après le calcul
de M. de Saussure était élevé de 6,390 pieds de Paris , et
de 6,700 pieds- suivant M. TVeiJs, audessus du niveau de
la Méditerranée. Ce fut St. Charles Eorromee qui bâ¬
tit cet hospice en 1*613, mais les Capucins n’y furent éta¬
blis qu’en 1684. On y était en général très-bien. Lesap-
parteanensj. les lits, la table, tout y était de la- plus gran¬
de propreté. Dans les mauvais teins , des domestique#'
suivis de chiens, dressés comme ceux du St. Bernard r
allaient à la découverte des voyageurs fatigués ou éga¬
rés, et tous les soirs, aux approches de la nuit, on son¬
nait la cloche de la chapelle, pour les avertir, qu’il#
approchaient d'un lieu ,. où des secours les attendaient".
Ces bons pères ne demandaient aucune rétribution, mai#;
ils recevaient avec reconnaissance, ce que chacun vou¬
lait bien leur donner, pour les indemniser des dépen¬
ses. Hélas ! la guerre de la révolution n’épargna pas- ce;
temple de l’hospitalité. L’hospice et l’hôpital furent en¬
tièrement pillés , et ceux qui en fesaient le service,, dé¬
pouillés et chassés. Le soldat se chauffa avec les portes,,
les fenêtres , les poûtres , et les planches, des bâtimemsv
En 1800 la commune d Aïroio a fait rétablir un chétif
réduit provisoire, pour abriter trois personues, chargés;
de la garde du peu de marchandises qui. passaient en¬
core. Le sommet du St. Gothard , comme celui de touv
tes les montagnes, est une petite plaine dont la. vue est
bornée par les cimes des rochers élevés qui la resserrent
de toute part. La plus haute des pointes ou pic# est. le.
Galenstock, élevé de 10,972 p. au-dessus de la mer. Uaaiv
H4 L’ITALIE. ROUTES.
tre moitié de la route du St. Gothard celle par où l’on
descend en Italie, n’a pas été dé'crite aussi souvent que
la première, quoiqu’k mon avis elle soit encore plus
pittoresque, M. Meyer a publié k Zurich , une déscrip-
tion Allemande de cette route, enjolivée 'de gravures,
sous le titre: Voyage pittoresque de la Suisse Italienne,
que je recommande aux personnes, qui prendront ce
chemin. Le second jour on vient jusqu’au grand péage
[gross Zollhaus) fort bonne auberge", ou Toii pousse jus¬
qu’à Faido (auberge nouvelle et excellente chez S.cola-
ro.) et le troisième on arrive k Bellinzone. Toute cette
route est singulièrement embellie par la vue du Té s in ,
qui coule presque toujours à côté du voyageur, et qui
tantôt mugit sourdement au fond de son lit, profondé¬
ment encaissé, et tantôt se précipite en cascade h tra¬
vers les- débris et les restes d’anciennes avalanches ; soit
par 1 aspect infiniment varié de montagnes d’une forme
majestueuse j de forets de sapins; de pâturages ; de jolis
hameaux placés ça et là sur les hauteurs ; de bois de
châtaigniers., de peupliers et de noyfrs de la vallée Li
vine\ de collines couvertes de vignes et de figuiers, et
d.e toutes les productions que la chaleur fait éclore en
abondance sous ce ciel fortuné. Lorsque, avant d’arriver
à Airolo (bonne auberge chez Camozzi ,) on a passé le
Ponte Tremole , on jouit du beau coup- d’oeil que pré¬
sente la vallée couverte de maisons et parée de la plus
belle verdure. De- Bellinzone on peut st rendre k Mi¬
lan par Corne , ou aller visiter les lies Borromées sur le
lac Majeur. (V. la déscription de ces îles et de Corne k
l’article de Milan. Distance entre Luzerne et Milan
par le St. Gothard. De Luzerne k Altorf , 18 lieues à
Bellinzone 23; k Laviso, 6; k Côme 6; à Milan 8-) Com¬
bien cette route laisse de doux souvenirs! Encore au
moment où j’écris ceci, je me crois transporté, comme
par enchantement sous les feuillages ondoyans des châ*
fcaiguiera de Gdornico, ou dans les bosquets de romarins,
qui bordent le Tésin, lorsque cette rivière, lasse d’écu-
mer et de se réduire en poussière- dans ses nombreuses
cascades,, coule dans un lit plus uni, et serpente molle¬
ment k côté du passant. Nous, conseillons encore au
voyageur de se munir pour le voyage du moût Gothard
de V Itinéraire du St. Gothard , d'une partie du Valais
et des contrées de la Suisse que l'on traverse ordinaire¬
ment pour se rendre au St. Gothard ; publié par Chr. de
L’ITALIE. ROUTES.
ir5 -
Mechel a Bâle en 1795, avec une carte des montagnes.
Au reste ce chemin, si pittoresque, ce grand passage,
qui, avant la révolution;, était nuit et jour couvert de
mulets chargés, n’est plus si florissant et si fréquenté,
depuis les autres passages ouverts. - Le relief de feu
:M. Exchaquet du St. Gothard coûte à Genève 30 liv. -de
3?rance. Lë Mont ~ Gôthard comprend' dans toute Re¬
tendue de sa chaîné , 12 vallées alpines, 28 a 30 lacs,
dont le plus grand n’a' guères plus d’une lieue de cir¬
cuit ; 8 glaciers; et les sources de 4 grands fleuves. On
trouve h Ursern , chez Mr. Ermenegild Miller , des col¬
lections des minéraux du St. Gothard , pour le prix de
2, 4, et 10 louis - neufs.
4. Passage du grand St. Bernard.
7 ■ - J> -• -i :
Les voyageurs qui veulent passer du' Pays - de - Vàud
en Italie par un chemin plus ‘court que celui du MoA'i-
Cénis , prennent ordinairement la route du grand St.
Bernard. On a pu de tout teins aller en voiture jusqu’à.
St. Btanchier , même sûr des charrettes jusqu’à"^- Pï.cr~
re. Lés éboulemehts avoiént rendu ce pass.age’én iS^T.
sur de3 chars a banc, impossible au-delà
En 1793 des Anglais ont fait transporter leurs vuitiM^s
à la manière du Mont-Cénis, en les faisant déïhoh^ëà
à Martigny et remonter à \do'ste. Les frais ' l'un tel
transport 110 n - compris les malles, montaient à f8‘6Ü
20 louis-neufs. De Martigny (auberges , à là gfàilide
maison et au cigne) à l’Hospice il y a environ ^aou 9
lieues. On se rend à Martigny , 1. d eJ.Vevây par ‘St.
Maurice , ou 2. de Genève , par Eviari, et par lé vâr'de
ChuYnouhy. A Martigny , commencent les’ Crétins, que
JL’On tFoitve1 jusqu’au fond de là' vallée' d^Aosïe f ie^r tn'àî-
propreté , leur figuré hideuse, leur co'sVupïe ,’ *en ïb&t
des objets dégoûtans.' [V. sur J Martigny et1 ÿüf 'lessi¬
vant et intéressant Mv M’urith , Prieur, à l'article* de
la Suisse , les détails que nous en avons 'donnés /‘cfaÎA
la description du voyage a Chdmoüny .] "Tjlë Zi&bÂ/fjh.
l’on trouve un poêle, qui date l’an 1000) k°S't. PieVre
il y a une liéue. Ou co*$if #*’&.. PièM o??Mo
mulets, qui journellement' Jûôùteht et rëdéscenuen^ïa
. -t*. . . h * ij.-p i- -,
5
1 16 L’ITALIE. ROUTES.
montagne; leur charge ordinaire est de 300 livres- la
taxe d’un mulet, y compris l’homme qui l’accompagne
est de 25 batz, outre 1 batz pour le commissaire qui lé
commande. Les étrangers payent communément quel¬
que^ chose de plus. Celui qui n’est pas bon piéton, doit
prendre un char A banc à Martigny jusqu’à Liddcs et
des mulets à St. Pierre jusqu’à l’hospice; c’est le moins
coûteux. Redescend- 1- on par le même chemin, votre
-char. ..vous attendra à Liddes ou à St. Branchier , vous
faites à pied la descente jusqu’à St. Pierre , et vous
-joignez à dos de mulet, votre char à banc, à l’endroit
iùonvenu. Non loin de St. Branchier , on remarque les
restes de l’établissement des Trapistes. Cette contrée
est remarquable par les profonds ravins bordés de ro¬
chers , dans lesquels la Vrance se précipite , et semble
vouloir se perdre dans le sein de la terre. La vue des
flots toujours bouillonnans et couverts d’écume de ce
torrent des Alpes, augmente la beauté de cette route,
jl’une des plus pittoresques et sauvages, que j’ai par¬
couru. Ce qui frappe le plus, .çst l’énorme crevasse ou
cavité, que s’est creusée la. D rance, sous le bourg de
St. Pierre; quoique la vue en soit effrayante, il faut
y descendre et se placer sous les voûtes immenses que*
^prment les rochers. De St. Pierye, [bonne auberge
fiu cheval blanc] on a encore trois lieues de chemin à
faire pour arriver à l’hospice. Â St. Pierre on voit la
colonne railliaire , élevée par les Romains au plus haut
"point des Alpes Pennincs ou au St. Bernard. Une in¬
scription., qui parla de l’invasion des Arabes, avoit dis¬
paru en 1811. Le sentier devient toujours plus roide et
la contrée plus sauvage. A une lieue au délà de St.
Pierre on rencontre les derniers mélèses , et les perdrix
blanches y habitent en grand nombre. Cette entrée d’un
vaste désert , et cette neige éternelle par ci par là
frappe par sa nouveauté ceux, qui ne se sont pas vus
dans de semblables lieux. Dans la vallée qu’on appelé
les enfers des Foireuses , on voit une quantité prodi¬
gieuse de cailloux roulés, et de pierres charriées par
les eaux. De -là on traverse la vallée de la Combe dan-
gejrcusç dans le tems des avalanches, et l’on arrive en¬
fin %. 1 ''hospice. Quand les sommités voisines sont voi¬
lées par d’épais brouillards, l’apparition de l’hospice
est une chose infiniment frappante , ep il semble tou¬
cher au ciel. Cette maison qui est à la hauteur de 7,548
L’ITALIE. ROUTES. 117
pieds de Paris au-dessus de la mer est, sans contredit la
plus élevée de toutes les habitations humaines de l’an¬
cien continent; car on ne trouve pas même un châlet à
une si grande hauteur. Vis-à-vis on en a construit, il
y a peu d’années, un moins considérable. Les ecclé¬
siastiques qui l’habitent, et dont l’humanité active et
vigilante, sauvent toutes les années la vie. à tant cl’hom-
mes, qui sans leurs- secours périraient sous ce ciel
rigoureux, sont des chanoines réguliers de l’ordre de
St. Augustin: il y en a dix à douze qui residéut dans le
couvent, et le prieur, le savant Mur.ilh , à Martigny.
Les administrateurs sont, jle prieur, l’économe, le
sommelier, le pourvoyeur »et l’infirmier. On donne
le nom d e Maronnier h un domestique de confiance, qui
accompagne l’ecclésiastique chargé d’aller à la recherche
des malheureux égarés dans les neiges, ou ensévelis
sous les avalanches. Ils ont avec eux de gros chiens-,
dressés tout exprès et d’une espèce particulière, qui
flairent de loin les voyageurs égarés, et qui, malgré le*'
brouillards et les tourbillons de neige, savent toujours
retrouver le chemin. Us portent dons des paniers pen¬
dus à leur col, des vivres et des boissons fortifiantes
pour réstaurer -les voyageurs. On a imprimé et répété,
que ces chiens n’existaient plus, ce qui est de toute
fausseté. J’en ai trouvé quatre en i8ii- Les chiens sent
d’origine Danoise. Il y a cent ans qu’un comte Mat -
s/ni, Napolitain, ramena de ses voyages une dogue
Danoise; c’est de cette dogue et des mâtins Valaisans,
que descend cette race. Leur taille est moyenne, leur
couleur est fauve, mêlée de quelques taches blanches.
Tous les passans sont reçus et traités à l’hospice de la
manière la plus affable. Les malades y trouvent des
remèdes et tous les secours que la médecine et la chi¬
rurgie peuvent procurer, et cela sans distinction de
fang, de sexe, de pays ou de religion. Ils n’exigenü
rien des passagers pour tous ces soins que d’inscrire
leurs noms dans un sllbum qu’ils présentent; mais en
comprend bien , que les personnes aisées ne manquent
pas de mettre dans le tronc de l’église, plutôt comme
une aumône que comme une rétribution, le prix des
vivres qu’on leur a fournis. Les revenus des terres que
le couvent a en propre , et le produit des collectes q uil
fait , le mettent en état de soûtenir cette dépense.
ug L’ITALIE. ROUTES.
Sur la route du Valais il y a un bâtiment appelé le pe¬
tit hôpital ; d’un côté il est un abri pour les passans,
de l’autre un caveau, destiné à recevoir les corps des in¬
connus , qui perdent la vie dans ce passage. C’est un
spectacle singulier et frappant que de contempler ces
cadavres, desséchés, et presque entiers dans toutes leurs
parties. Si l’on monte sur le Col des Ténèbres , élevé
de 8000 pieds, (et cette petite excursion n’est pas trop
fatiguante, même pour une femme), on est bien dédom¬
magé de la peine qu’on a eue à le gravir, par la vue du
J Mont-Blanc qui se présente sous un tout autre point de
vue qu’à Chamouny , c’est-à-dire, du côté opposé.
Le Miroir est une autre curiosité; c’est un pan de roc,
poli par la nature , à s’y mirer. Les deux pointes les
plus élevéès du grand •Bernard , sont le Mont- Velan et
la pointe de Dronaz; la première, suivant les observa¬
tions du prieur Murrith , qui y est monté, est élevée
de 10,327 p. et la seconde de 9005 p. au-dessus de la mer*
La vallée où est situé l’hospice, est longue et étroite;
un petit lac la termine. Le couvent avec l’église est
situé à l’extrémité de ce lac. Du côté de l’Italie on
voit une petite place où était autrefois un temple de
Jupiter, et où l’on a déterré différens ex • veto , et d’au¬
tres antiques, que l’on garde en partie au Musée du
couvent, le reste a été transporté dans le Musée de Tu -
rin. C’est à la chapelle de cet hospice, dans cet asyle
de l’hospitalité et de la vertu , qu’on a transféré du cou¬
vent de San-Angeio de Milan, le 30 prairial XIII. les
cendres du Général Désaix. A Desaix , mort a la ba~
taille de Marengo, était en 1311 , l’inscription fière de ce
monument, qui frappe par sa simplicité. Le passage de
JSI apoléon était indiqué en ign sur unetable de marbre. Ce
n’était pas la première fois que le St, Bernard a été le che¬
min d'une armée. L’oncle de Charlemagne, Bernard , con¬
duisit par cette route, au mois de Mai l’an 755, plus de
30,000 hommes en Italie, et c’est en mémoire de ce pas¬
sage que le Mont- Joux prit le nom de Bernard. Même
dans la guerre de 1792, quelques bataillons Suisses et
Sardes se retirèrent de la, Savoie, par le grand * Bernard
à Acste. Mais le souvenir des passages précédens était
comme effacé, Napoléon est venu les rappeler. De plus
il étonna par la rapidité de la marche, et par l’audace
avec laquelle l’armée s’expôsa à la saison des avalan-
L’ITALIE. ROUTES.
U9
ches. Ce qu’il y a de singulier, c’est qu’à un quart de
lieue de l’hospice, il se trouve un vaste rocher, absolu¬
ment isolé, et qui s’appele par hasard, Marengo! — 1
Entre St. Pierre et le premier châlet, le mulet qüe
monta Napoléon , broncha pour la première fois, et
serait tombé dans un précipice , si le guide ne l’avait
pas retenu. Ce guide est encore connu à St. Pierre sous
le nom de guide de Buonaparte , mais le mulet était de
l’écurie de Napoléon. ’ Plus de cent mille et cinquante
hommes passèrent au couvent en 1798- Qu’on jugé par
là, des dépenses que les religieux ont dû faire , ou¬
tre cela, ils avaient eu dans l’hospice même, pen¬
dant plus d’une année', 600 hommes de garnison. En
1799 les Autrichiens gravirent les montagnes, tournè¬
rent l’hospice, et cherchèrent à enlever ce poste.
Ou se fusilla toute une journée sur ces rochers : d’un
côté les Français qui étaient dans le couvent n purent
être forcés; de l’aütre , les troupes qui étaient à St.
Pierre , se portèrent si rapidement au secours de leurs
frères d’armes, que les Autrichiens privent le parti dé
se retirer. — Qui croirait, que cette solitude sanctifiée
par l’exercice de toutes les vertus, a failli devenir la
proie de quelques voleurs ! Au moment où ils mettaient
l’hcrspice à contribution, ils virent entrer M. le prient
Mur rit h , suivi des chiens de la maison prêts à s’élan-'
cer sur eux. Au lieu de piller ils demandèrent grâ¬
ce. — Du monastère on descend par une route fati¬
guante, d’une pente rapide, dans l’espace de 6 à 7
heures de teras à Aoste-, à Jiemy était la première
douane Italienne; on y trouve une assez bonne au¬
berge, et une source d’eau excellente, qui remplit
le bassin d’une fontaine: après ce village on com¬
mence déjà à ressentir les chaleurs de lïtaiie. A
Aoste ôn trouve un arc de triomphe, bâti pour Au¬
guste, les restes d’un cirque, où Farène est devenue *
un jardin, et une muraille de ^ille construite du
te ms des Romains. Mais l’auberge est mal - propre
et mal - fournie. Le nom de la ville vient d'Au~
gusta - Pretoria. D'Aoste, on continue son voyage
en prenant la route de Turin, ou celle de Milan.
Entre Aoste et le fort de Bard , on rencontre un ou¬
vrage admirable, un chemin taillé de main d’homme
dans le roc vif; l’ingratitude à effacé de l’inscription
L’ITALIE. ROUTES.
120
les deux premières lignes qui transmettaient a Ta posté-
rite les noms des ducs de Savoie qui avaient en¬
trepris cette route. On a fait sauter par ordre de
Napoléon , le fort de Bardt qui avait arrêté quelques
jours l’armée. Distances . De Vevay à St. Maurice,
672 Heues ; à Martigny, 2V2 \ sur le Bernard 8; à Aoste
6. La route du grand ^ Str Bernard est très -bien mar¬
quée sur des reliefs de terre cuite et coloriée, que l’on
vend à Genève pour le prix de 2 louis neufs, et dont
feu M. Exchaquet est l’inventeur: on peut les porter
commodément sur soi.
Route de poste d'Aoste à Turin. Chatillon 3. Ver¬
rez 3. Settimo 2'1/** Ivréer 3/4. Foglizzo 3. Turin 3.
En tout 16 postes. Cette route, peu connue, mais su¬
perbe et romantique, peut être parcourue en 20 heures.
Quand on ne part pas de bonne heure d'Aoste, on ne
poussera pas jusqu'à lvrée [où se fait un grand com¬
merce en fromages, mais où l’auberge est, des plus
mauvaises] , et l’on fera mieux de rester à Verrez , très-
bonne auberge. Cette route au reste, a été infestée ré¬
cemment par des brigands et des voleurs. La descrip¬
tion détaillée du passage du St. Bernard , se trouve
dans les Etrennes hclv étiennes et -patriotiques pour
Van 1802, sous le titre modeste de: Petite course au
St. Bernard en Avril 1801. Les Allemands possè¬
dent la rélation de M. le Baron de Menu ( v. son.
ouvrage à l’article 8- des relations de voyage). Il
faut y ajouter celle de Mad le Brun dans le Si-'
eond volume des Episoden. J'ai donné dans le No. 2 •
Année 1812. d’une feuille Allemande : Journal des
JLuxus und der Moden , la relation de ma course
au grand - Bernard i8li- , ornée de gravures analo¬
gues. C’est la plus récente et la plus circonstanciée.
L’ITA LIE. ROUTES.
12 1
5. Passage du Splugen.
Cette route qui est plus sauvage et moins bien en¬
tretenue que celle du St. Gothard , est plus courte et
plus commode pour les voyageurs ., qui se rendent à
Venise ou à. Milan par la Souabe et par Coire. On ar¬
rive à Coire de l’Allemagne , par Lindau et FeldJeirch ^
(en traversant les fameuses lhermopyles. ,du . Luciensteig)
et de J a Suisse, par Zurich et IVallensfadt , sur le laç
du dernier nom, renommé par ses sites sauvages et se#
tempêtes, Ordinairement les voyageurs qui vont de
Lindau à. Milan , s’arrangent avec le messager ou con-
ducteur de Lindau ou d e Milan, \Lindauer ou Mai-
1 il rider Bote) qui part chaque semaine d’une de ces deux
vjUe*. Il se charge pour un certain prix des frais de
toute la traversée,, y compris les repas et couchées»
On fait avec lui ce voyage en toute sûreté et plus com¬
modément que seul; on se trouve presque toujours en
grande compagnie. Il y a deux ou trois de ces conduc¬
teurs, qui sont sans cesse en route. Jusqu’à Coire le
chemin est'très - bon , et peut se faire en voiture; mai»
depuis cette ville il faut se faire porter, ou bien aller
cheval ou en traîneau, et ce voyage est extrêniément
pénible. Je -connais cependant une dame Allemande qui
a franchi, cette montagne dans la saison la plus rigou-;
reuse, ce qui peut servir d'encouragement aux person-*
nés de son sexe qui “souhaiteraient l imiter. Caire (V.
itinéraire de la Suisse) fait un commerce de limaçon*.,
de fruits secs d'une qualité exquise, et de choucroute
ou Sauerkraut pour l’Italie. A. Coire la route se divise,
en deux hranches, qui se réunissent à Chiai) enna. L’une,
appelé le chemin d'en -haut, se dirige sur le mont Sept-
mer et par la vallée de Bergell; des petites voitures y
passent; l’autre, connue sous le nom du chemin d' en¬
tas , se rend par Thusis , Splugen et la vallée de St. Jct-
ques , à Chiavenne. C’est la route de poste, et la plus
en usage. JVlM. Storr et Bürde ont tracé un tableau
détaillé de cette route. On ne peut lire sans frissonner
la description qn-ils font, de la Via mala et de la Pan-
ten r Brüeke , où le voyageur appuyé sur la barrière du
pont voit au- dessous de lui un abîme profond , que les
rayons du soleil n’ont jamais éclairé, et entend le sourd
mugissement du Rhin qui forme dans cet endroit uu
bassin circulaire, d’où il s’échappe comme un filet d’ar¬
gent par un passage étroit, qu’il s’est ouvert dans le
Guide des Yey. T. II. I*
125* VITALI&. R CRU T ES.
rocher. An resté, de ./^’est .que l’aspect effrayant eue pré¬
sente cette route, qui lui a fait donner le nom de via
nialajïckr elle e^ï lâ plus belle' ét la plus’ sûre de celles
qui ‘Cttrtduisenï (an village â e- *Sp lugen. Jft n' face se Voit
la route qui conduit à- Milan. -On y trotivè une planté
rare, peut-@tr>e nouvelle, appelée par Villars Hi'erciciuiÀ
fuscuvi. 1,’auberge a la cro'ix Manche^ était excellente'
je ne sais si depuis la guerre de la révolution, qui a pous¬
sé ses horreurs et ses ravages jusqu’au centre des frimats
du S plu g en , cette auberge conserve son ancienne répu¬
tation. Elle est située aft somniet’ dù mont Splugen ; (élé¬
vation du Tombenhorn , àu - dessus' du lac des 4 cantons",
8445 Pieds de Paris :*) te*ütjprè$ de là un pètedti miarqûe
les limites du royaume Lombardo - Vénitien- , donV lé
territoire y commence. Avant que d’arriver à Splïtgefi'
on traverse le Sehcimserthali Tune. des plus romanesques
▼ allées des Alpes. Parmi les nombreuses ruines de châ¬
teaux qu’on y découvre, il n’y en a point de plus pitto¬
resques que celle du Barenbourg. Près du village iVAn-
ier , est un bain sulfureux. Dans le RJieinwald du fôret
du Rhin , on voit des sapins d’une hauteur prodigieuse $
il y en a un entr’autres, qu’on peut nommer le ro'i de
ces fùrets , qui a, dit -on, 25 aunes de contour. C'est urf
magnifique spectacle què la chûté que fait Ici le Rhin,
au milieu des sombres fefcillagés de ces arbres maje¬
stueux. Le voyageur à' cette Vué- est saisi de respect. Lé
vallée du Rhtintvald offre partout les traces" des ravages
causés yjar ^es avalanches. Dans bien des endroits le
chemin est si étroit., qu’il est nécessaire d’envoyer Un
guide en avant, peur qu’il fasse arrêter dans les endroits
où le sentier est le plus large, les bêtes-de -somme qui
viennent du côté opposé : car dans la règle on est obligé*
de leur faire place, et je ne conseillerais à personne' de
leur disputer le passage, non plus qu’à leurs conduc¬
teurs. C'est pour éviter ces rencontres désagréables1
qu’il faut partir- du village de Splugen sur les deux oc¬
trois heures du matin , pour gravir la montagne- du
même nom; d’ailleurs le vent ne sonfle pas alors avec
autant de violence que durant le jour. On se^couc'hé
tout de son long dans des traîneaux tirés par dns boeuf»,
la fête du côté du timon-, paTceque la roideur de la
pente est telle, que -ans cela, les pieds seraient beaucoup
plushautque 1 . tète. Dans cette position, Don ne voit
que le ciel et le conducteur du traîneaux, qui va derri -re
p<ms régler la marche de bête, et l’arrêter ou l’accé-
L’ITALIE. ROUTÉS. 123
lérer au besoin. Quant aux personnes qui voudraient
faire cette route à pied, si elles ne sont pas accoutu¬
mées à gravir les montagnes, elles courent risque de
s’échauffer à la montée, et en arrivant au sommet où
l’air est toujours très -vif, d’éprouver un refroidisse¬
ment qui peut devenir très - dangereux. Une colonne
de l’armée française, qui en 1800 força ce passage, en a
beaucoup souffert. Il faut environ 2 heures pour at¬
teindre le haut de la montagne. Dans le tems des ava¬
lanches , les voyageurs doivent prendre les plus grandes
précautions dans les endroits dangereux, pour ne pas
déterminer la chuté d’une de ces avalanches , qui les
écraserait infailliblement. Il faut éviter avec soin, tout
ce qui. peut causer la moindre agitation dans l’air.
C’est pour cela gu’on ôte aux chevaux les sonnettes
qu’ils portent au col, et qu’on s’abstient même de par¬
ler trop haut. Au reste il y a sur les sommets de ces
montagnes des monceaux de pierre, d’après lesquels on
peut toujours se régler; car si la neige s’accumule an
point de cacher entièrement ces monceaux, on doit s’at¬
tendre à la chute prochaine des avalanches. De Splugt n
une troisième route, seulement praticable pour des bê¬
tes de somme, se dirige par le Rhin inférieur, par
Rujfenen, le Bernhardin, levai de Misson , h. Bel lin-
zone. En suivant la grande route, et en descendant la
montagne depuis l’auberge du mont Splugen, on suit le
chemin dit le Cardinal qui tourne en spirale sur des
rochers , où 1 on a taillé dans plusieurs endroits des es¬
pèces de marches, à côté de précipices effroyables, au
fond desquels roule avec impétuosité la Lyra , dont la
violence semble croître de moment en moment. De -là
on arrive dans la sauvage et triste vallée de St. Jacques,
ou l’on marche au milieu des débris de rochers et de
montagnes écroulées ; on admire une belle chûte d’eau
près d'isola , jusqu’à ce qu’enfin la vue des collines
verdoyantes de Chiavenne , couvertes de pêchers et d’a¬
mandiers, jointe à la douceur de l’air qu’on y respire,
vienne délasser le voyageur, et lui faire oublier les fa¬
tigues qu’il a essuyées dans cette route. Il s’embarque
ensuite à la Riva , et continue sa route en Italie par
Côme, ou par Milan, (V. la description à l’article de Mi¬
lan.) ou par Bcrgame , à Venise. Distance entre Coire
et Milan: de Coire à Chiavenna 18 lieues ; à Côme 10; à
Milan 8- Il faut se garder de passer la nuit à la Riva -$
L’ITALIE. ROUTES.
124
car au fort de la saison chaude, l’air y est si mal - sain,
qu’on risque de gagner subitement la fièvre. De Chia -
venue on peut faire une petite excursion d’une petite
heure, pour visiter les carrières où l’on exploite le la-
vège, et la place où le bourg de Pleurs a été enséveli
sous les ruines d’une montagne éboûlée en 1618. De
tems en tems on y déterre des utensiles , des monnaies,
et des ossemens. A Prosto , on montre une cloche du
poids de 50 quintaux, qui fut déterrée à Pleurs en 1767.
De grand but des personnes qui s’occupent à y creuser
des minières, est, de s’enrichir par le déterrement du
trésor de l’église de Pleurs. Non loin de Pleurs on ad¬
mire Vaqua fraggia , superbe chûte d’eau.
6. Passage du S i mpl o n , et route de po ste
du Simplon .
C'est le chemin le plus court pour passer du haut
Valais et de la Suisse allemande dans le Milanais i
c’était aussi celui que prenait de tout tems le Courier
de Milan. Du reste cette route était si pénible qu’elle
était peut fréquentée des voyageurs, et que je n’en trou¬
vai la déscription dans aucun voyage de Suisse, lorsque
ie la fis à cheval en 1785 en venant de Brigue. Les per¬
sonnes qui comme Rousseau , aiment à avoir des verti¬
ges, n’avaient alors qu’à suivre la route du Simplon à
Staffetta, pour satisfaire leur goût. C’était aussi dans
ces lieux que devaient s’arrêter et prendre leurs crayons,
ceux qui aiment à voir et à dessiner la nature sous sa
forme la plus hideuse. Certes , j’aurais traité de digne
habitant du Bedlam , quiconque se serait avisé de me
prédire dans ce moment de mon passage , les evénemens
de 1800, cette marche des Français, sous les généraux
Bèthencourt , et van dcr IV eide , et sous Quatremère-
Disjonvaly près du pont difficile et rompu du Steig :
mille hommes suspendus par les bras entre le ciel et le
plus effroyable abîme, à une corde même très -peu forte,
et franchissant ainsi, chargés de leurs armes , chargés
de leurs havreSacs , l’intervalle périlleux! Si quelque
chose peut aider à concevoir quel a été le péril des sol¬
dats , c’est le sort des cinq chiens qui suivaient la co¬
lonne. Après avoir vu partir leurs maîtres, pour pla¬
cer leurs pieds dans des trous , où des pieds d hom¬
mes seulement pouvaient entrer, après les avoir vus se
L-rTALIF. ROUTES, 125
suspendre À la cordé, le$ cinq cbjie.ns sjb- précipitent .dans
1er gouffre, comme d’un «opina un. aeçor4- 3çDeux furent as¬
sez vigoureux?,' pour arriver aux pieds de le,urs. maîtres. .
Les avantages Véels que, , présente cette ipontjigne pour
les opératiojis, . militaires,, et le peint dé$- Adpes plus cen¬
tral qu’occupe le Simpjon nwqv,ait’ décidé Napoléo^, krlaj
création, d’une route de poste, qui ouyrq -la communica¬
tion la plus abrégée comme la -plus f«güp entje ,l?JTtalie,
l’ïïelyétie ,et la France. Ç’es-t un.e chaussée assez large
pour donner passage 4 deux vpitures , et qui descend et,
mdnte doucement, ( malgré 1» hauteur j3est,cols ( V. les
quatre belles estampes, publiées, par lyTr. liahn à Zjirich,
et;les .vues?efe passages d» Simplon , par JMr. Loryiti arti¬
ste c é i.etore;<*lf ac çompagn ée ;<T junp ^dé^spriptfon dn-té r e-ssan-
te; par H- OfUr.mànn, Foiih 35^gra«pçes. Prix 409 Fraies.)
G’est de Giise ou Brigue, que part *la, nouvelle route.
pont dé ioo pieds Ose hauteur duyre la longue scène, que
l’-omya paTCOurar. iLe pont d eiGauthe? * (on compte 264
ponts* tant grands que petits, depuis Morex jusqu’k MU.
es.tx l?ün des, plus hardis du^paasage, . Au sortir de
ce poptf on-découvrela vaste .étendue déS; glaciers de la
Suisse? Au"plateaüi..sléilève t'huspic/i provisoire , yuide:à.
présent:^ dans, -lequrèl deux religieux, et .quatre domesti¬
ques , devaient donner des secours aux .voyageurs, . Ojx-
arrive au village de Simplon , et dans la vallée de Gon -
tho , que la nature. paraît -avoir .Coul'éeî frappé çp b ron¬
ce . La se précipite de gouffres en gouffres. On
traverse une longue galerie , pe rcée dans le granit. Au
sortir dé cette galerie l’ancien chemin « offre à larvue,
comme suspéncj u sun des! p eai- te s> verticales. Peui-k -p.eu
s’entrouvrent- les: côteaurX de-’; 7Jpvredo$-<-s!ni\-H, du riche,
aspe.ct. du bassin de Domo .d ‘‘fQss.al a . La; douane Italienne
est à-Xselle* La- montagne est? percée à, j-onr? k‘ trois e»;>
droits .diffère ns. Des murs' de soutènement 041. granit,,
d^a bornes à chaque préeipiceydes en-l on noirs* p ouf rece¬
voir les eaux et les glaces, des ponts,. des parapets, en un
mot, rien, n’est négligé, pour rendre la toute sûre et im¬
périssable. [*.:&->■?■ :■ ; • ?’ ■ , ,
Suivant TVE. Boudard, qui a été chargé de ces travaux
on s’élève de Glijse à l^hosgïcé,. k. 1304 mètres ; lâ^listkii-
ce directe est de 10,490 mètres , et la nouveiîlè',rou.te siri
nue use-, de 22,506. Depuis ïe •' point culminant 4 Domo*
fTOssô.ta. oii Valais se de 1707 mètres, dans une, distance
à. vue d oiseau, de 29,990 mètres, et par .une- pente suivie;.
126 I/1TAÏ.IR. ROWT'ES.
de 41,406 nôtres.1 ÎM,: ^ oxtdari évalue lÿJétât'fpri «tü’^Piùr-1
pton au - desstiÿ de la 'mer, à* 2ôê3 mitres 6'C. W« . au d; du •
lafc de Çyfen8*e,- à 1629 m* 'è*. .-. . . Su cl.- du la «'-majeur, à
i^gg m. g.: *c; • AÜc ienne roât'&'de pù$te de Ùénèùï à- Milan-, ■
par- le ■S’impMfti ‘44f/4 ^wétê# ét î^rélais. V"-'mfe charma»* .
te p e t ipé b r Otiiurè^ £èi? très &u r l(t -retire dé Gehbiïe ià Mi- .
lan par lé S im&âh, écrites -‘eh 1809-. A Genève. 1810. J’ai '
parcouru cfctte route abe.c des chèvAttx de. poste fen ig'itj; ;
et. j'en ai gardé des soûvénirs ineffaçables, elle longe lfe»
lac, et est ribBe èu Vue* iclïarmuntes, et en «ites pitto¬
resques. A la posté a S‘Â Géingoû*,- bonne ahbteVge. • Oa<
peut sfe rendre commodéjfkent delG-ettètse à Martignf, en
uÜÎouï'. Des voysLgéüfs de feies amis guii on* passé' de
Milan par' le .fl'in pion en Suisse "feu 1816 , m’ont 'dit, que
la roUte' était encorë'-etf b-ori état, quoiqu’ô'n n’y répart-
plus j qu’elle était couverte déirouliers, mais- que la rou-<
té de poste a cessée,5 !* quelles maisons de relais étaient
a Vuidè et pïêtesr a tomber 'en ruine, de mêmequc l'Hos¬
pice fini à moitié; mais - que l’on paj'e enco-re les droits
de passage. Cet ouvrage d'une grandeur et d’une exécu-'-
tion admirable ef gigantesque petit .encore -durer quel* ■
que s années, se ^soutenant -par ' soi» -même v et *a mine
sera la honte des contemporains y déjà elle îèst infestée
par des brigand*. ■ ' * r<- *•> ■> * • • , « * « :di / • ;>. , y.>a .»
- •-! 1 ' :--'i j.1 et,; h jo t «i- v • - ^bITcv :-.î
7. Route littérale de Nice à Gènes -par la cor¬
niche; et à Turin par te col de Tende.
Anciennement xm était monté sur des mulets, Ou bien
l’on se faisait porter dans des chaises, appelées Partan-
tiries . Tout cela*aochangé par la :nt>uvelle rbute. Cette
rotule porte encore sbn- ancien naïa de la corniche, parce*.
qu-’eM» éàt presque con tin rie 11 em eut suspendue en corni¬
che, au flanc méridional des Apennins, Isur le rivage de la
mer.* • Mr Saussure a méswré'vlaqplus' grande élévation de '
l’ancien passage à '2g0.-tois.es *, la nouvelle route s’élèvé eu*
core plus bout. Elle passe par Ttirbie, où sïnit les ruine»
du trophée d’Auguste; Monaco est située delà jna'riière la
plus extraordinaire sur la plateforme d’une, roche escar¬
pée, qui s’avanqe dans. la mer : entré Monaco et Ment on, il
ya'un Sitesi romantique, une Solitude si câline, des sensa¬
tions si mélancoliques etdoaces, qu’un Anglais a demandé-'
et obtenu- lf permission, d’en fajçe le tombeau de sa fa,
mille. JLe sexe y est très- joli. Vintïmille à quelques inscrip¬
tions àntiqués. B'ordighicra par ses bois de palmiers, que
Déft vend à ivcrne, pour servir de rameaux dans la se-
L’ITALIE. ROUTES. 127
Mtiine sainte, ressemble à urne ville d’Asie. San- Remo
au milieu de bosquets d’oliviers et d’orangers, est ap-
pelé le paradis d’Italie. La nouvelle- route n’étant pas
partout achevée, on passe à San- Diano, sur le flanc es*
carpé d’une montagne, qui est un pas dangereux. Albenga
conserve encore des vestiges de son ancienneté, mais
l’air y est malsain. Finale , par l’élégance qui lui est
propre, par celle du beau -s exe, par ses brillantes socié¬
tés, semble êtae la mignature de Gènes. Nulle part les
orangers ne sont aussi beaux, il y en a qui portent jus¬
qu’à 10,000 oranges. Les pomi carliy sorte particulière de
pommes, sont très - estimés. Entre Fada et Savane y ou
ne fait que parcourir de jardins, de villages et d’habita¬
tions. Les abricôts de Savane sont recherchés. A Albis-
sola, les beaux palais de Durazzo et de Rovere. Le
bourg de Cocoletto , passe pour le véritable berceau de
Colombe. Les torrens, qui obstruent le passage, offrent
un curieux et terrible spectacle, dans leur combat avec
les fiots de la mer. En approchant de Gênes y où l’on:
entre par le beau pont du faubourg de S. Pierre d' Are-
na , on passe près des jardins et des grottes de la’ belle
maison de Poggi. Total 353/4 postes’, en 10 relais. Il se¬
rait grand dommage, si cette route pittoresque, à tra¬
vers des points dé Ytie délicieux, et des parfums, ne fût
pas entretenue et conservée. Une barque ou coche
d’eau, va et vient tous les jours de Finale à Gênes, pour
le prix d'un livre et demi par persônrie.
Route de poste die Nice a Turin , par le Col de Tende
postes. Des vo3rageurs m’ont remercié d’avoir fixé
leur attention sur ce passage du Col de Tende, à cause
de ses beautés sauvages, mais imposantes et superbes*
Xes relais jusqu’à Limon e , ne sont plus montés , et ils
àie l’ont jamais été , que pour le service à dos - de - mulet
du courier de Turin. Scarena 2V4 postes. Scspello 2V4*
Breil 2V4- (la forteresse de Saorgio, semble presque sus¬
pendue en l’air.) Tenda 2r/4* [Arthur- Youhg l’a déjà
qualifié l’un de ces vilains endroits, ôù il n'y a qu’une
misérable auberge; hauteur prise de la salle, 39g toisés
au-dessus de la mer.] Oh est 3 heures à gravir le col ,
2* à le descendre, et' 7 ' depuis Tende jusqu’à Limonc.
Ou rencontre une galerie, vaste percement des Alpes et
1-une des plus gigantesques entreprises qu’ait osé conce¬
voir l’esprît hutnain: elle est abandonnée et encombrée.
Los Barbets , qui infestaient, ci>.devant ce passage, ai-
128
L’ITALIE. ROUTES.
dent à -présent à faciliter la route du col, comme gui¬
des et porteurs fidèles. Limone 3. Bourg 5. Dalmazo 2.
Coni 1. Centalle ii/2, Savigliano 21/4. on nomme les ha-
bitans les Parisiens du Piémont . Raconigi iï/2. Carig-
»an 2^/4. Turin 21/4* (Ou, l’on passe deCarignan à Mo-
rette 21/4* Saluzze [ville manufacturière] ity2. Busca 2 V4-
Pignerol n’est qu’à 31/4 p. de Saluzze.) Pour se rendre
k Gènes, par cette route, on va de Carignan à Poirino ,
2t/4 postes: (on apperçoit de loin la magnifique église de
la Superga , près de Turin) de Poirono on passe à Du-
sino 1V4 postes et on y entre dans la grande route, qui
conduit de Turin à Gènes. (V. No. 2* de l’Itinéraire.) A
Coni , qui n'a qu’une seule, mais belle rue, on loge à la
poste. □ L’heureuse réunion; la parfaite union. Les
fortifications ont été démolies. On apperçoit le Mont -
Rosa , covfvert de-neiges éternelles, et le Mont-Viso,
pyramide de 1945 toises de hauteur.
8. Route de Nice -par mejr à G'ener.
Si l’on préfère de voyager par mer, pour se rendre
à Gènes ou à Livourne , on louera k Antibes ou k Nice,
une félouque. C’est un bâteau ouvert avec un patron
et 8 à 12 rameurs, qui tantôt faisant voile, taaitôt ra¬
mant, vous mèneront à en 2 jours , si la mer est
calme; autrement, ils n’osent se mouvoir, et eu effet
une félouque n’est pas construite pour une mer orageuse,
et est en tout sens un bâtiment bien incommode , d’ail¬
leurs on a à craindre les pirates et les barbaresques, qui
se cachent dans les angles des golfes. Le transport coû¬
tera 8 séquins, ou environ 4 guinées. Sur la route de la
Riviera v. l’article précédent, et sur les routes d 'Ale*
xandrie à Savonne v. l’Itinéraire No. *. obs. loc. 3. La
route de Port - Maurice à Ceva , forme la communica
tion de Turin k Oneïlle , dans la traversée du col audes-
sùs d 'Orméa. Les fromages, dits rubiola, font le com¬
merce de Ceva , de même que les truffes blanches, qui
sont très - estimées.
Il y a encore quelques chemins pour passer les Al¬
pes, tels que ceux du petit St. Bernard , du Griesberg ,
de la mer de glace du Montanvert etc. mais comme ce
sont plutôt des sentiers difficiles que des routes fréquen¬
tées , nous 11’entrerons pas dans leur détail. —
L’ITALIE. ROUTES,
129
La douane est très - rigoureuse dans plusieure états
de l’Italie. Je conseillerais à tout voyageur de faire vi¬
siter et sceller ses malles, à la première douane qu'il
trouve K la frontière, parcequ’ordinairement on n’y vi¬
site pas les voyageurs avec autant d’exactitude que dans
les villes. Sur le territoire du royaume d’Italie, le
voyageur était obligé anciennement de payer à chaque
couchée le billet de police , ce qui revenoit par personne
à 12 soldi. Les passeports y sont de toute rigueur.
Je placerai ici, comme à l’endroit le plus convena¬
ble de cet ouvrage, un petit article sur la manière dont
on compta ci-devant les heures en Italie, avec une ta¬
ble de réduction pour l’usage des voyageurs. A Turin,
Parme, Florence etc. et dans tous les états, qui faisai¬
ent cidevant partie du Gouvernement Français au-delà
des Alpes, lés heures se comptent comme dans le reste
de l’Europe. Il n’y a que quelques pays $ où l’ancien
usage a prévalus
Dans lès éphémérides dé Milan on trouve une tablé
où l’on prend pour base, que le soleil se couche en été
à 23 heures, et en hiver à 23 heures et 30 minutes; mais
la table de Mr. de la Lande qui est celle que nous don¬
nons ici, mérite de beaucoup la préférence. ,,A chaque
demi - heure il sonne l'heure ! “ disait naïvement un mi¬
litaire Français.
L’ITALIE.
Table du midi en heurts Italiennes .
Latitudes.
ffeaïT&ne^l
et 1
j Venise.) i
43° 4Ô' I
l'ioren- {
ce. |
41° 54'
Rome.
i
|H.
M.|H.
M.|
il.
M.fH.
M.|
H.
M,
Janvier.
1
19
9
19
5
19
2
18
57
18
53
10
>9
3
19
0
18
57
18
52
13
48
26
18
54
18
5i
18
49
f8
44
18
40
Février
I
iS
40
18
37
iS
36
18
32
18
28
30
18
28
18
26
18
25
18
21
£8
18
20
18
12
18
11
18
10
18
7
£8
5
\Mars
I
*7
5«
17
57
17
57
17
65
17
53
10
17
45
17
44
‘7
44
17
43
£7
4i
20
17
28
17
29
17
28
17
19
17
27
Avril
I
17
9
17
10
17 •
10
i?
11
17
11
10
i6
54
16
57
16
57
16
59
£6
59
20
16
37
16
40
16
43
16
46
16
46
Mai
1
iô
24
16
26
16
2?
16
3i
16
23
ib
16
13
16
15
16
16
21
£6
23
20
16
1
r6
4
16
6
16
11
16
J3
Juin
1
15
49
15
53
15
56
16
1
16
5
10
15 .
44
15
48
15
51
15
57
16
0
2©
15
42| 15
46
«5
49
15
55
15
59
Juillet
Iji5
43|I5
47
15
50
15
67
16
0
ÏO T5
47 15
5i
ifi
54
16
0
16
4
20
15
56; 16
0
16
2
16
7
16
IE
Août
1
î6
9
16
12
16
13
16
19
16
22
10
16
20
16
23
16
24
16
29
16
32
20
16
34
16
37
16
38
16
44
£6
43
Septembre
1
tô
54
16
54
16
54
16
57
16
59
10
17
?
17
8
17
8
17
9
17
10
20
17
22
17
22
17
22
17
23
17
24
Octobre
1
i7
39
17
39
17
39
17
39
1?
39
10
17
53
17
52
17
52
17
5
i 1.7
51
20
18
8
18
7
18
7
iS
b
, 18
4
INovembre
I
18
27
18
'25
, !8
24
18
2C
>18
19
10
» 18
39
1 18
3à
1 13
35
■ 18
31
iS
29
20
» 18
fii
18
4C
>18
47
18
41
18
39
Décembre
1
19
1
18
58
! 18
57
18
51
uf
43
IC
> 19
7
19
4
- 19
2
18
57
18
53
2c
) 19
12
! 19
' 19
4
■ 18
59
! 18
55
L’ITALIE. ITINÉRAIRE. iji
7-
Itinèr air e des routes .
A.
Plan d'un voyage en Italie , par la Poste , en entrant
par Turin , sortant par Venise , et vice versa.
Avis. Toutes les postes, sont à deux lieue» de France.
X, Route de Chambéry à Turin *
Noms.
7. Lasnebourg.
M ont - CénxSw
Molaret.
8 Suze.
St. Georges
9. St. Antonin.
Aviliane.
10. Rivoli.
11. Turin.
les.
Avis. Le prix des chevaux de poste, des trois relaî*
du Moht-Cénis, est en hiver, depuis le 1 Novembre
jusqu’au 1 Avril, le double du prix fixé pendant les au¬
tres mois. Cette disposition , qui concerne la course de
Lasnebourg au Mont-Cènis et à St. Martin , ne doit
point avoir lieu de Mont- Cénis à Lasnebourg.
Tarif de i8u> pour l'entretien de la route. Par che¬
val ou par mulet attelé à un traîneau ou voiture non-
suspendue, on paye 3. Fr. et le double si la voiture est
suspendue. Par bête de somme, 2. Fr. Les chevaux de
poste, qui retournent vuides , passent gratis.
Tarif des chevaux de renfort. Un Cabriolet à 2 che¬
vaux, chargé d’une ou deux personnes, 1 cheval; char¬
gé de trois personnes, 2 chevaux et 1 postillon: chargé
de quatre personnes, 3 chevaux et 1 postillon. Une IA-
mon iere , chargée de deux personnes, 2 chevaux et I
postillon; chargée de 3 et 4 personnes, 3 chevaux et I
postillon. Une Berline , chargée de trois et quatre per¬
sonnes, 2 chevaux et un postillon. Le* Cabriolets h
quatre roues et à glaces, payent comme les limonières;
ceux à quatre roues et à soufflet, sont assimilés aux ca¬
briolets à deux roues. Les postillons, chevaux et mulets
Postgs.
2
1V2
1V2
2
21/2
2
21/2
2
Noms.
Postes.
2. Montmêlian.
2
Mal Taverne.
3
3. Aiguebelle.
3
la Chapelle.
2
4. St. Jean de Mau¬
1V2
rienne.
1
5. St. Michel.
iVa I
0. Modane.
1V2
V ernay-
l3/4 1
3374
Observations Loca
ï39 L’ITALIE. ITINÉRAIRE.
de renfort, tont payés h raison de 75 centimes ponr le*
guides, et d'un franc 50 centimes par poste, pour cha¬
que cheval ou mulet, dans îes proportions suivantes: de
Lasnebourg au Mont - Cènis , et de St. Martin an Mont-
Cénis , sans réciprocité; de Suze à St. Martin , récipro¬
quement. Je ne sais si ces ordonnances du Gouverne¬
ment Français, changerout sous le Gouvernement Sarde.
1. Nous avons déjà donné, à l’article précédent, la
déscription détaillée du Mont-Génis. Chambéry. Q. .Les
amis réunis: ]a. triple Union. Population 9 — 10,000 h.
On voit au château 1 escalier, et quelques fresques des frè¬
res Gâllinri ; dans l’église de l'Annonciation, un tableau
de la nativité, d’un bon maître. La caserne: la jolie
maison de campagne du général Deboigne 1 sur la route
de Montmélian. Sur la place de V Ans , une fontaine,,
avec une statue de femme. Le portail de la St. chapelle
et la cathédrale sont admirés. A la bibliothèque cen¬
trale , on a déposé un bas-relief d’un grand mérite, en¬
levé du tombeau d’un ancien Duc a St. Jean de Mau.*
vienne. La promenade au Vernay est belle. A une de¬
mi-lieue de la ville, sont les eaux de la Boisse. J’ai
été très -bien logé a l’auberge de St. Jean Baptiste. M.
de Mal/iiwoîi recommande la Rose. Chez M-. Eonjeeny
des belles collections de plantes. Chambéry est agré¬
ablement située. Le dent de Nivolet, est la plus -élevée-
des hauteurs avoisinantes-. A une demi- lieue de Cham¬
béry sont situées les Charmettes, célèbres par J. J. Rous¬
seau. Rien n’a changé. On y montre sa table d’étude et
son portrait. A 1 lieue de Chambéry , au lieu dit aux
abîmes , fut engloutie en 1249, une ville avec 16 villages.
2. Bonne auberge à Montmélian ; elle est située sur
l’embranchement de9 4 routes et de 4 vallées, dont l’une
conduit au Petit - Bernard. Les vins de Montmélian
sont estimés en Italie. De Montmélian à Lasnebourgy
ou Lans - le - Bourg on côtoie presque toujours l’Arque.
On peut dîner au village de Planese , où sont les jolies
promenades du château d’un comte, et un belvédère
magnifique. Le Mont-Blanc ne se voit point d’aucune
partie de la route de Chambéry à Turin, excepté do
dessus le pont de Montmélian.
3. Ce nom signifie belle eau- On montre près delà
les restes! d’une chute de montagne, et dans la collé¬
giale, le tombeau en cuivre d’un Anglais. .A, la poste,
bonne auberge. Presque tous les babitans de la Maù-
L’ITALIE. ITINÉRAIRE. 133
Tienne sont attaqués du mal des goitres. A. l'AigU-ebelIe.
on s’enfonce dans les Alpes.
4. St. Jean des Alpes. Il y avait do bon* tableaux
à l’évêché, et une assomption dans l’église sur la place
de l’évêché; ici commence la vallée de Maurienne. Au¬
berge: St. George; bonne. C’était à St. Jean d'e Mau -
rienne , où suivant l’opinion de Groslley , Annibal de¬
vait avoir passé les Alpes.
5. Les fourneaux , sont des maisons, où l’on exploi¬
te des mines de plomb et de cuivre. Entre S. Michel et
JModane on cherchera, Yorik k la main, la maison où
il termina son voyage sentimental , dans la société d’u¬
ne Piémontaise.
6. Bois d'Una d’une mélancolique horreur, vallons
de Moàane et de St. Michel , vos torrens, vos abîmes, vos
rochers de toutes les couleurs, seront long-tems gravés
dans la mémoire du voyageur! Le nombre des crétins
diminue
7. La double cascade de S. Benoit est la plus belle de
cette vallée. Les deux chûtes dont elle se forme, lui
donnent un caractère particulier. Elles se sont creusés
toutes les deux un profond abîme, dont on n’apercoit
pas le fond, et où elles paraissent s’engloutir, La
beauté des femmes de Termignon est fameuse dans la
Savoie. Les habitans de Lasnebourg , ne démontent
plus les voitures; mais ils les accompagnent, pour les
empêcher de verser ou d’enfoncer' dans la neige.
8- On loge à la poste. La Brunet tey citadelle très-
forte, est à présent démolie. Là périt . en 1747 le cheva¬
lier de Bellisle , victime de son courage. L’arc de tri-
omolie u S II 5 les iar&ins du châfom» «-*• I» - » — î»-i —
* *' ----- ’■ ■ — y L-J 4/ A V. aCUl tj U JX y
ait dans toute la Lombardie. Le marbre, appelé ver A
de Suze, vient de la carrière de Fossemagne. On pro¬
duit ici le meilleur vin ordinaire du Piémont. A
reste, ce qui frappe le plus, c’est la différence des
chambres et des lits d’auberges. Deux ou trois bancs
de bois, sur ces bancs 3 ou 4 planches, sur ces plan¬
ches une méchante paillasse, un plus méchant matelas
une grosse couverture de laine, une espèce de bourlet
pas plus gros que le bras, tels sont les lits, qui atten-
dent le voyageur dahs presque toute l’Italie. De la Bo-
ehe. Melon, la plus haute montagnede cette partie des
Alpes, se découre Milan et presque toute la Lombardie.
Guide d, Yoy. X, II. il
134 L’ITALIE. ITINÉRAIRE.
(V. Mémoire sur la statistique de l'arrondissement dê
Suze; par Jacquet . Turin. An. X.)
9. L’.liermitage de St. Michel est sur Jla montagne ;
l’escalier de l’église, taillé dans le roc, est singulier.
Il faut dîner à St. Antonin , en venant de Turin; il y a
une bonne auberge aux 3 couronnes, et les environs
sont charœ'ans. .
10. Une allée large et alignée, faisante face au
dôme dfe la Superga, conduit à Turin. Dans une soirée
printanniére , les prairies semblent être incendiées, par
la multitude de ces phosphores vivans, nommés lucciola,
qui s’y répandent et que l’on ne voit pas, avant d’avoir
passé les Alpes.
11. V. le tableau des villes. Les portes de Turin së
ferment à’ôtya heures, mais on les ouvre jusqu’à 10, si
on le demande convenablement.
Il y a encore une autre route de poste, de Lyon â
Turin , qui passe par Grenoble et le Mont- Genèvre , et
qui a été ouverte sous les gouvernement de Napoléon -,
elle traverse un paysage alpestre et sauvage, et la mon¬
tée du Mont - Genèvre , n’est, qu’une succession d’escar-
pemens, étayés les uns au dessus des autres. Les ours
y sont communs.
2. Route de Turin à Cènes .
Postes.
lT/Sr
1V2
1V2
iVa
1V2
1V2
Noms.
Postes .
1. TrufFarello.
1V2
2. Pbirino.
2*/4
Dusino .
3V2
Gambetta.
3. Asti.
4-
Annone .
2V4
Noms:
Felizzano.
4. Alexandrie.
5. 1S. oui:
6 . Voltaggio.
7. Campo-Marone.
8- Gènes.
S&U;
Observations locales.
1. Demi-poste de sortie. En partant de bonne heure
de Turin , on peut arriver à Alexandrie le premier jour,
et a Gènes le second.
2. Avant d’arriver à Dusino , on passe par Villeneuve ,
gros bourg, dont on vante le vijl blanc. Après de for-»
tes pluies, il vaut, mieux d’aller par Casai à Alexandrie ,
quoiqu'il y ait plusieurs rivières à passer. Route: Set-
timo, 2 p- Chivasco, 2- Crescentino 2V4* Trino 2V4. Ga-
sale 2V4- St, Sauveur 2V4* Alexandrie, iVa* ett.
route; 13 à 14 heures. r!1
L’ITALIE. ITINÉRAIRE. 135
3. A Asti les auberges, la rosa rossa et le lion d’or. Q.
Xa bienfaisance. Cette ville ne possède plus qu’une tren¬
taine de ses cent tours célébrés. La cathédrale, bâti¬
ment gothique. Le baptistère , autrefois un temple de
Vénus. Les vins ronges et blancs d’Asti, sont les meil¬
leurs du Piémont. Depuis Asti la route est sablonneu¬
se; depuis Alexandrie assez bonne , mais étroite; depuis
No v i jusqu’à Voltaggio, inégale, mais elle va en descendant.
Asti est la patrie d 'Alfieri, poète et tragique célèbre.
4. Auberges, I tre Re, et d’Angleterre, bonnes. Q La
bienfaisance. On va voir l’édifice destiné aux foires en
avril et en octobre, et le palais du comte de Guilin.
I.e pont -couvert du Tanaro, est le plus beau du Pié¬
mont. Alexandrie est une des plus fortes places de l’Eu¬
rope. Les remparts sont l’unique promenade. On trouve
ici un cabinet littéraire. Entre Alexandrie et Novi , est
l’abbaye del Bosco: et non loin de là, le champ de ba¬
taille à jamais mémorable de Marengo , où fut décidé en
1800 le sort de l’Italie et l’on peut dire d’une grande par¬
tie de l’Europe. Une coLonne est érigée à l’endroit où.
fut tué le général Desaix. En 1805 IV apoléon y a pôsé
la première pierre d’un monument. En allant de Tor-
tone à Alexandrie , on passe par Marengo ; ce Marengo
n’est qu’un petit village d’une trentaine d’habitaus. Une
prairie, dite La Rosette , sert de tombe à 15,000 guerriers.
5. Novi est célèbre par le tirage de soies, et' par la
grande bataille de ce nom en 1799, gagné par Souwarow ;
le général Joubert y fut tué. Le palais Brignole près de
l’église de St. Pierre est un des plus beaux de la ville.
A Novi y bonne auberge à la poste, hors la ville, et à
l’auberge royale, dans la ville. La soie blanche de Novit
jouit d’une grande réputation.
6. On ajoute ici un cheval de renfort ou deux. La
Bochettay c’est à dire, -le sommet de l'Appenniny est un
passage très-pénible. On a du sommet une vue très-
avantageuse de Gènes et de la vallée de Polcevera. On
découvre la mer, comme un brouillard épais, et par un
tenu clair, brillante comme une glace, et dans les ma¬
tinées les plus claires, les montagnes de la Otirse. La
forteresse de Gavi est remarquable . par sa situation.
7. L’auberge délia Rosa est bonne. On loge aussi à
la poste. On traverse dans toute sa longueur le riant
vallon de la Polcevera , par un chemin magnifique,, bor¬
dé d’arbres de» deux côté». On croit se projnener. d&jis
M 2.
4
136 L’ITALIE. ITINÉRAIRE.
lin jardin où croissent les arbres et végétaux de l’Orient,
mariés avec les pins et les cyprès. La beauté de la cam¬
pagne, la multitude des palais qui la décorent, les sites
rians qui l’animent, offrent pendant la route des tableaux
xnouvans et magiques. Cette promenade délicieuse con¬
duit au fauxbourg de San Pietro d'Arcna , situé au bord
de la mer, dont les maisons sont des palais, peints en
ordre d’architecture. Cette imitation est d’un effet gai
et agréable.
8. V. le tableau des villes. Il était dû une depii-
poste en sua de la distance, tant à l’entrée qu’à la sor¬
tie de Gènes, excepté sur Recco.
3. Roule de Ghnes à Florence par Pire, Livourne
Lucques.
Postes.
1V2
I3/4
33/4
IZ/2
" XÏ/2
3
1J/2
1V2
iVa
Noms.
Recco.
Rapallo.
Chiavari.
Bracco.
Matarana.
Borghettq.
Spezxa.
Sarzana.
La Venza.
2. Massa.
3. Pietra-Santa.
Postes.
1V2
2
3
3
3
3
h 4
23/4
2
1 Noms.
Moutramido.
Torreta.
4. Pise.
5. Livourne.
6. Pise, (de retour.)
7. Lucques.
' Pescia.
8. Pistoje.
9. Prato.
10. Florence.
48
Observations locales.
Si l’on préfère la mer, loués une felouque là Gknes
pour Lcrici ou Livourne. On peut en avoir une grande,
conduite par deux hommes, à peu-près pour cinq gui-
nées, jusqu’à Livourne , et vous y arriverez en deux
jours, si le vent et le tems sont favorables; mais s’il
fait mauvais tems, il vaut mieux |débarquer à Lericit
et y prendre la poste pour Sarzana.
Si l’on préfère d’aller par terre, on suit la route dé¬
crite. C’est à Sarzana que les antiquaires trouveront en
abondance des lapidi lumnsi ; les plus belles servirent
à bâtir la maison Berrettini '» et l’on connaît l’indigna¬
tion de Muratori sur ce vandalisme.
1. On passe près de Sestri du Levant , située pittoresque¬
ment. Cette route rude et montueu.se, resserrée entre la
mer, et les Apennins, vous dédommage par une belle cam*
L’ITALIE. ITINÉRAIRE. j 37
pagne couverte d’oliviers et de vignes, et où les myrtes
grenades etc. croissent naturellement le long de laroute.
2. Massa est 1p seul endroit où l’on puisse loger: ou
est bien traité à la poste. .Le golfe do la Spezia est d’un
aspect riant. Il y. a une source d’eau douce, au milieu
de l’eaü salée, qui occupe un grand espace sans se mêler.
Les carrières de marbre de Carrare, ne sont qu’à une
lieue de Massa : la meilleure de toutes est celle de PoL-
vaccio. On asSûre que le grain du marbre de Seruvezza ,
à 4 lieues de Carrare , est encore plus beau. On distin¬
gue deux sortes principales de marbre; Marmo statua-
rio , de trois qualités différentes, et M'armo ordiiiario.
O que l’on nomme Eetulia , est" une espèce de marbre
bâtard. Carrare entourée de montagnes de marbre ou
d’ardoiîe, est situé agréablement au fond d’une vallée
ouverte sur la mer, à trois milles du rivage, où est son
port. La route du port, entretenue hux dépens des com¬
munautés , est fort belle , et continuellement couverte
de voitures qui y charient le marbre. Ou charge les
blocs sur le rivage, en les soulevant au moyen de pou¬
lies mouflées, et les laissant descendre dans une forte
chaloupe, placée en -dessous, et po$ée en pente sur des
pièces de bois bien graissées. La chaloupe chargée, se
lance h la füer comme; un bâtiment du chantier. Les
mariniers courent après dans l’eau , l'atteignent, et la
conduisent au navire, qui se tient au large, et qui se
charge ainsi enj mer. A Carrare on trouve une belle
grotte, décrite par Spallanzani. On montre aussi la
carrière d’oùkles JRomains ont extrait le marbre du Pan¬
théon.
3. Pietra Santa a un air mal -sain. De Montramido
à Lacques , il n’y a que 6 lieues, si l’on ne veut pas
taire le détour par Pise.
4. V. le tableau des villes etc. Les quais de Pise sont
peut-être les plus beaux de l’Europé. Le chemin de
Lucques à Pise et de Pise à Livourne traverse deux bel¬
les plaines,! que réunit un défilé pittoresque. En en
sortant on est aux bains de Pise , si l’on suit la grande
route, et non: la fausse, que les postillons préfèrent,
pour abréger.
5. Population 60,000 a. ; Long. 270 56' 30". Lat. 430 35' 2".
La sta:ue de marbre de ^Ferdinand I est l’ouvrage de
Oior. del Opéra : des figures des esclaves enchaînés aui
angles du piédestal, sont bonnes. Il faut faire le tour
9
#5
133 L’ITALIE. ITINÉRAIRE.
*vl mole jusqu’à la pointe, d’où l’on distingue la piintâ
de cavaleggieri , le fanal, les îles Gorgona, Meloria,
Capraia , et müiae l'ile de Corse. Les trois lazarets et
l’arsenal méritent aussi d’être vus. Moleto est le lieu,
où les vaisseaux: tiennent quarantaine. On ne peut y
entrer sans une permission. Le Magasin de Micali (mu¬
ni de tont ce qui peut exciter la cnriosi'té) celui des hui¬
les , et celui des porcelaines, sont des objets de curiosi¬
té. La belle rue Fcrdinandine , qui traverse la ville en
ligne droite, depuis la porte de Pise jusqu’à la porte Co¬
lonelle, et la place d'armes, sont lo rendez-vous et la
bourse de la ville, et c’est là qu’on trouve les calés les
plus fréquentés, surtout ceux appelés II nuôuo Greco ,
et il Giaponcse. On appelé gli Sparti, un boulingrin,
<jui sert de promenade favorite aux . habitons , de môme
que les rempurts. Le campo santo , ou cimetière des ca¬
tholiques, planté de cyprès, ses monamens , ses chapel¬
les doivent fixer l’attention d’un voyageur. Le cime -
libre des Anglais est encore pins magnifique. Il y a des
mausolées superbes. La bibliothèque du savant Pcggioli
est remarquable par l’élite des éditions d’auteurs Ita¬
liens. M. I.ambruschini , négociant, possède une ga¬
lerie de tableaux de prix ; la cidèvant galerie du
Duc d’Orléans, en fait partie. Lo corail est le princi¬
pal objet de manufacture à Livourne. L’eau à boire
n’est pas bonne. Il vaut mieux la faire venir (le Pise.
Dans la maison des orphelins il y a une fabrique de
fleurs artificielles. Le couvent de Monte - Nero , à une
petite distance de Livourne , est très - célèbre. Il faut
aussi fréquenter à Livourne le théâtre, et l’académie de
Pioridi, espèce de club pu casino. Le carnaval est
dans cette ville l’un des plus gais de toute l'Italie. On
fréquente alors les Vcglioni , ou les grands bals qui se
donnent à la salle des spectacles. Le giovedi grasso est le
jour par excellence. Les voitures et carosses circulent
dans le Corso, et les masquer s’assaiilissent avec des
nuées de sucreries et de dragées. Le jeu de la j-ottura
délia piantola , le premier jour du carême, égaye les
sociétés particulières. La mezza. Quar'esima et le Car -
ngvQlptto, ou le Car nevalc delle Donne, c. a. d . le jeudi
saint et le vendredi - saint , sont aussi les beaux jours de
la, société. Durant le Carnevaletto , il est d’usage, que
Je cavalière sçrreute abandonne sa dame, et ne se mon-
L’ITALIE. ITINÉRAIRE. 139
trc plus k côté d’elle en public. Auberges: Croce d’oro ,
Croce di Malta.
Une autre route de Florence à Livourne , et vicever-
sa, est celle , par Lastra, ir/2 p. ; l’Ambrogiano i3/4;la
Scala i3/4. Castel del Bosco i3/4. Fornacette iVa* Pise 2.
Livourne 3. Durant l’été, on se rend directement de
fornacette par Arnaccio à Livourne. Sur cette route,
On remarque, non loin de la porte de la Scala, et à peüT
de distance, la petite ville de San - Miniato, d’où la fa¬
mille de Napoléon tiré son origine.
6. V. le tableau des villes Le paysage est rénipli de
jolies maisons de plaisance, que l'on ..peut louer.
7. Auberge, la Panthera. En sortant de Lucques il
est du un-quart de poste en sus de la distance. Lucqucs
est une ville d’environ 25,000 âmes, située dans une plai¬
ne agréable. Ses remparts, bien entretenus, et sur lesv
queis on peut faire le tour de la ville en 3/4 d’heure,
sont ce qu’elle offre de plus remarquable. Le volto san *
to est un fameux crucifix, qu’on expose dans la cathé¬
drale à la vénération publique. Le palazzo publico est
le bâtiment le plus remarquable de la ville. Elle abon¬
de en poissons d itn goût exquis. Le mot libertas qu’on
lit au dessus des armes de la ville, ce grand mot de la
révolution, est à Lacques de fort ancienne date. Le
produit des lruiles de son territoire de la première qua¬
lité, est estimé 180,000 risdalers par an. Les papeteries
y ont obtenu un succès soutenu; elles sont supérieuersà
celles de plusieurs autres nations ; on expédie surtout
une grande quantité de papier po”r l’Espagne , le Por¬
tugal, et les Indes occidentales. Il y a une université,
une académie , une maison d’éducation pour les demoi¬
selles. Les maisons de campagne sont nombreuses et
belles. Pas loin de Borgo - Buggiano , on rencontre les
bains magnifiques et commodes de Monte Calini. Ils
ont été décrits et analysés par le docteur Bicchieranî>
dans deux ouvrages, l'un in 4to , l'autre in fol. Il y a
quatre bains, dont le bagno caldo est réputé le plus fort.
31 faut prendre son logement au Palazzo di Lena; on y
trouve des chambres très - propres, et dans une situation
délicieuse, au prix de 3 paolis par jour. Un traiteur est
établi à la maison.
8. On dit que le nom de pistolet dérive de cette ville,
et que cette anne y fut inventée. Les melons d’eau
sont très - recherchés, fl y a un musée et une société
i4o L’ITALIE. ITINÉRAIRE.
littéraire. De Pistoje à Modifie, 12 postes et demie; les
beaux chemins, fet la quantité d’auberges rendent ce tra¬
jet agréable. . '
9. De Pistoje , on peut prendre le chemin à Florence ,
par le château de Poggio à Caiano , où moururent em¬
poisonnés la belle Bianca- Capella, et le grand-duc son
mari, le 19. d'octobre 1587. Indépendamment des envi¬
rons délicieux de cette maison, de plaisance, on y ad¬
mire d'excellens tableaux d 'André del Sarto.
10. V. le tableau des villes etc. Il est dû une demi-
poste en sus de la distance, tant à la sortie qu'à ren¬
trée- de Florence. Le pain de Prato , {petite ville renom¬
mée pour, son industrie et ses fabriques). est le meilleur
de la Toscane. De Prato a. Florence il faut aller par le
chemin de Sesto , garni de belles maisons de campagne,
surtout de celle de Castello. En sortanlf de Florence ,
on paye poste royale. Il faut aussi avoir soin de faire
plomber se9 malles, si J’011 ne veut pas être retenu à la
porte et à Sicne.
4. Route de Gènes à Milan .
P oit es.
«Vi
4
4
3
2
.1
Noms. |
Postes.
Campo Marone.
2V4
Voltaggio.
1. Novi.
23/4
Alexandrie.
2
St. Julien.
2
2. Tortona.
1
A 0 ms.
3. Voghera.
Casteggro.
4. Pavie.
Binasco.
5. Milan.
26V2 P-
Observations locales.
Auberges. Novi : l’auberge royale. Voghera: le
Maure: dans les autres villes, à la poste.
1. En allant à.' Alexandrie à Tortone on traverse les
champs fameux de Marengo : V. No. 2- obs. loc. 4.
2. Tortone n’est plus fortifié. Dans l’église de S.
François, la chapelle des Garofoli, et la balustrade de
la chapelle du maître-autel, qui est d’une pierre asse2
singulière.
3. On récolté danp ce canton beaucoup de soie. On
passe le Pô près d’un village.
4. V. le tableau de la ville et des environs de Mi¬
lan. On passe le Tesin et le Pô. Le château de Belgio-
Joso à 4 lieues de Pavie , est remarquable par sa posi-
L’ITALIE. ITINÉRAIRE. i4|
tion et par ses or’nemens. Les fromage? (le Pavie , sont
aussi recherchés, que ceux de Parme. Auberge à Pavie,
la pos*e, et la croix blanche.
5. V. le tableau des villes. De Milan à Turin il y
a 16Î/2 postes , savoir: ii/2 Sedriano ; ii/2 Buffalora; 'n/a
Novare; (on passe le canal, et le Tésin en barque et
l’on paye selon Peau qu’on y trouve: depuis l’Avril jus*
qu'au Septembre la campagne semble un marais.) 1. Or-
fengo: ii/2 Verceil. (On trouve à Veyceil pne place
jolie: le portique de la cathédrale a un air.de grandeur
comparable aux églises de Rome, ; elle domine sur une
grande et belle plaine couronnée par les. Alpes. On voit
à Ste. Marie - Majeure une belle mosaïque , et au grand
hôpital, le corps d 'André Valle , desséché par une lon¬
gue abstinence.) On passe à Orfengo la Gogna, et quand
il y a de l’eau , on paye un paolo. D’ici, on passe la
Sesia ; D/4 S. Gerffiano ; 2V2 Ciglïano. D/4 Rondizonne.
I. Chivasso: (ces lieux sont peu éloignés de Monteu , où
sont.les ruines $ Industria , de l'autre côté du Pô.) 1V2
Settimo ; 11/2- Turin; demi - poste de sortie. Entre Set-
timo et Chivasso, on passe la Raltia et la Doire, et entre
Settiiûo et Turin la Stura et MqlonCj ên payant. Au¬
berges, A .Novare, à Verceil, à Chivasso, aux trois
Rois: l’auberge de Verceil est surtout excellente, et
point chère. A Novare il y a encore l’auberge au pois¬
son d’or, et h Verceil , celle au lion d’or. On remarque
à JS ov are la. cathédrale, et dans son voisinage, plusieurs1
jnônumens antiques. Le palais Bellini a une riche ga¬
lerie de tableaux. On tient dans cette ville deux foires,
aux mois d’Août et de Septembre.
Une seconde route de Milan à Turin , est celle par
Aiessandrie, Tortone, Casteggio et Pavie. V. No. 2.
5» Ko ut e de Milan à Bologne par Plai¬
sance, Parme, et Mode ne.
Postes. Noms.
Postes.
1V2
1V4
ity2
3V2
Noms.
1. Marignano.
2. Lodi. *
Castel - Puster-
lengo.
3. Plaisance.
4. Fiorenzola.
ï3/* I5. Borgo S. Doni-
1 no.
I3/4
13/4
d/4
I
I
I
IV2
Castel Guelfo,
6. Parme.
7. S. Ilario.
8. Reggio.
g. Modène*
10. Anzola.
u. Bologne.
2V4 P-
I42 L’ITALIE. ITINÉRAIRE.
Observations locales .
1. Village connu par la victoire qüe François I. y
remporta sur les Suisses en 1515, et où il se fit recevoir
chevalier par la main de Bayard . Grand nombre de bou*
tiques , de cafés , d’auberges.
2. Les fromages , connus sous le nom de Parmesan,
et surtout 1 e Stracchino, et les langues de veau fumées,
qu’on prépare à Loâi , sont recherchées. Il y a une
fabrique de fayence. Le passage du pont de 'Lodi , par
une colonne de 4000 grenadiers français, est célèbre
dans l’ histoire des guerres de Napoléon. Auberge , au
soleil et aux 3 Rois.
3. Population 2&000 a. Long. 2?a 22' 17". Lat. 450 2'
44". Sur la place du palais public, construit sur le des¬
sin de Fignola, les deux statues en bronze des princes
Farnese, qui sont de Mocchi , élève de Jean de Bologne.
A la cathédrale, la coupole, peinte à fresque par Guer-
chin. Un cours planté de beaux arbres» forme l’en¬
ceinte de la ville; la rue de St. Augustin est superbe.
L'absence des arbres autour de Blaisan.ce , abattues par
les armées, ne justifie plus le nom, qu’elle porta de
droit avant cet abattis. La route de Plaisance à Parme
parcourt une plaine belle et fertile. Le costume des
paysannes de ces campagnes, est gracieux. Auberge,
San - Marco. A Plaisance" commence l’ancienne via
Emilia faite sous le consulat de Lcpidus et Flamimus,
et conduite jusqu’à Rimini.
4. Les vins de Fiorcnzolci sont très- estimés. Bonne
auberge à la poste. On passe la Nura et la Larda sur
des ponts. C’est dans ces endroits que Sylla. défit l'ar¬
mée de Carbon . A 15 milles de Fiorenzuoia , les raines
de Velleja , dont nous avons parlé à l’article de Pàrme.
Pour cette excursion il faut absolument un tems sec.
Non loin de Lugagnano, un terrain enflammé par l’huile
de Pétrole. A Castel - Arquato on a trouvé les os fossi¬
les, d’une baleine, d’un éléphant, d’un ^rhinocéros etc.
déposés au Musée de Milan.
5. Dès qu’on'a passé le Taro, et trois autres rivières,
qui descendent de V Apennin , on suit une chaussée , qui
L’ITALIE. ITINÉRAIRE, r 43
mène h Parme en ligne droite. Castel - Guelfo a donné
son nom au parti des Guelfes. La distance de Castel-
(juelfo à Parme se règle ainsi qu'il suit: 1V4 P- lorsque
Je passage du Taro s'exécute., au lieu ordinaire : 51/3 p.
lorsqu’il a lieu au Grugno et 4 p. lorsqu’il s’opère à la
Nivctta.
6. Parme. V. le tableau des ville». On peut aller
de Parme à Bozzolo et Mantoue par Colorno , belle et
remarquable maison de plaisance. On abrège sa route,
de Parme à Mantoue , en passant par Guastalla.
7. Depuis Parme , on marche dans une belle et riche
plaine, surtout après le torrent la Lervza : le paya de^
vient d’une beauté, que l’imagination aurait peine a se
flgurer. La Lombardie est un beau jardin.
8* Jolie ville; la patrie tVArtosto. Il s’y tient au
Alaï une foire fameuse; cette ville possède une .belle
«alla de comédie, et le cabinet d’hist. naturelle de S p aï-
lama ni. Auberges, à la poste; au lis. On laisse, non.
loin de la grande route , Correggio , la patrie du célèbre
Allcgri , plus connu sous le nom de Corregge.
9. V. le tableau des villes. Entre Rubiera et Mo-
dène , on passe la Secchia sur un superbe pont, et on
paye 1 Franc 25 c. Sur la nouvelle route qui passe de
Mode: ne a Florence. V. à l’article 5, sur la manière de
voyager.
10. On traverse le Panaro sur un beau pont et on
paye 25 soldi. G’est aux environs de cette rivière qu’Oc-
tave , Antoine et Lipide se partagèrent l’empire du
monde. Au delà du Panaro, le Fort - Urbain.
ix. V. le tableau des villes, Descrizione delle piu’
rare cose di Bologna etc. de Giocomo Gatti. Bologna.
1813-
De Milan à Mantoue , on va de Castel - Pusterlengô,
à Pizzighetone 1. p. Acquanera 1. Cremone 1. (Auber¬
ges, la colombe, le chapeau. Les Amis de l’Aurore.
Cicognerolo lx/2* &. Lorenxo I. Boxtclo 1^. Castel -
laccio it/2. Mantoixe,
144 L’ITALIE. ITINÉRAIRE.
6. Route de Bologne à Rome , par Rimini y Si-
nigaglia, Ancône , Lorette et Terni.
Postes.
1V2
l'U
I
Vz
Noms.
S. Nicolo.
1. Imola.
2. Faenza.
3. Forli.
4. Gesena.
Savignano.
5. Rimini.
Cattolica.
6 a. Pesaro.
6b. Fano.
7. Marotta.
8- Sinigaglia.
9. Casa-bruciata.
10. Ancona.
Camurano.
11. Loretto.
12. Sambuchetto.
13. Macerata.
14. Tolentino.
Valcimarra.
Trave.
Postes.
3/4
3/4
3/4
Noms.
15 a. Serravalle.
16b. Casa nuova.
16. Foligno.
17. le Vene.
18. Spoleto.
Strettura.
19. Terni.
20- Narni.
21. Otricoli.
Borghetto.
22. Civita Castel-
lana. ( Y. la
nouvelle route,
qui est à pré¬
férer. )
23. Rignano.
24. Castelnuovo-
Borghettaccio.
25. Prima- Porta.
26. Rome.
38 P-
Observations lo c aies.
Ce chemin, qui conduit de Bologne à Rome par Lo¬
rette , est beaucoup meilleur, que celui de Florence par
Siène. Les auberges,sur cette route, sont généralement
les maisons de poste; les meilleures sont à Macerata ,
Foligno , Spoleto , Narni. Les routes sont en général
bonnes, et les chevaux excellens. Entre Bologne et S.
Nicolo on passe la Savena sur le pont, et l’on paye x
paolo pour chaque sedia à deux roues, et le double
pour 4 roues. Le même payement a lieu entre Imola
et Faenza , en passant le Santerno sur le pont; entre
Forli et Cesena , en passant le Ronco et le Savio ; et
entre Rimini et Cattolica , eri passant la Conca, tor¬
rent dangereux, quand il grossit. Jusqu’à Rimini on
voyage sur la via Emilia , et de Rimini à Fano et Home ,
sur la via Flaminia , le long de la mer Adriatique.
1. L’académie d' Imola , sous le nom d1 lndustriosi
est célèbre; de même que la Colonia Valrenia Arcadia
di Rotna. Aux Dominicains un tableau de Louis Caraco i,
2. Cette ville de Faïence qui a donné à la vaisselle
de terre sou nom, en fait aujourd'hui très -peu. A
JL’ITALIE. ITINÉRAIRE. 145
Faènzq, on laisse à droite le chemin de la Romagne-
Toscane.
3. Auberge, à la poste. La magnifique chapelle de
la Vergine dtl furco dans la cathédrale: dans les palais
et les églises, grand nombre de beaux tableaux. On
fait dans cette ville de la cire, de la toile, et des pa¬
rasols. La place est une des plus belles d’Italie. Forli
est le Forum Livii. Il y a ici les académies Filomatica
et Filodrammatica. f
4. A 3 milles de Césène on passe le Pisatello , qu’on
suppose généralement être le Rubicon ; mais il est si
petit , qu’on le passe sans y faire attention. A Césène
Une bibliothèque curieuse, qui appartient aux frères
mineurs conventuels. Ses vins étaient estimés dès le
tem^ des Romains. Le palais public est un assez beau
bâtiment. Au casin des nobles, la statue colossale de
Pie VI. A Savignano l’académia Rubiconia^et à Césène
les académies d’agriculture et des arts mécaniques et la
Filomatica .
5. En sortant de Rimini par le chemin de Pesaro,
on passe sous l’arc de triomphe d’Auguste ; c’est le plus
ancien, et le mieux conservé, qui existe: sur la place
des consuls on voit la statue de bronze du pape Paul F.
Le fameux pont. St: Julien, commencé par Auguste, et
fini par Tibère, a 220 pieds de longueur; depuis, le pont
jusqu’au port, il y a environ un mille. A la place du
marché, le piédestal, d’où Jules César harangua son ar¬
mée. L’église de S. François est un bel édifice. La bi¬
bliothèque du comte Gambalonga , et la collection d’an¬
tiquités du docteur Bianchi, intéressent les connaisseurs.
On peut faire de Rimini une excursion K Ravenne , fa¬
meuse pour ses mosaïques, ses marbres orientaux et sar¬
cophages, et quelques édifices des derniers teins, surtout
la cathédrale, sa coupole et la chapelle Aldrobandini;
et l’église des Camaldulcs , avec 24 colorfnes antiques,
apportées de Constantinople. On y voit surtout la ro¬
tonde, élevée à la m* moire de Théodoric , par la célèbre
Amalasonde. Le bloc de la coupole pèse au moins 10, 000
quintaux. On trouve à Ravenne la chapelle sépulcrale
de Dante , et sur la place deux colonnes avec statues,
dont celle de Clément XII. est belle. On peut aussi
faire un tour à cheval à la république de S. Marin, à 12
milles Italiens de distance. Une vaste forêt fournit des
Vignons pour les desserts d’une grande partie de OtTtalii*.
Guide clés V'oy. Torn. IL N
146 L’ITALIE. ITINÉRAIRE.
De la Cattolica à Pesaro on va sur la côte de la mer,
quand elle est calme; mais quand elle ne l’est point, on
passe sur le chemin d’en haut, appelé : il Pantalone .
6. a. Auberge: la locanda di Parma, bonne. La
grande place est très -belle; la statue du pape Urbain
VIII. a été renversée dans les troubles de la révolution.
Le palais Aptico, a de la grandeur et du goût; on a
imprimé et gravé les antiquités de Pesaro , sous le titre
de Marmara Pesaurensia , et Lazzarini a donné le ca¬
talogue des tableaux précieux qui se trouvaient avant la
guerre de la révolution dans les églises. N’oubliez pas
la collection d'antiques à l’hôtel Olivieri y et le Musée
Passeri. Depuis la montagne de Pesaro , le pays est un^,
et le chemin très - bon du côté de la mer Adriatique.
Près de Pesaro on voit sur le sommet d’une montagne,
la susdite république de San- Marina.
6- b. A Fano les restes de l’arc de triomphe de Con¬
stantin; la bibliothèque; le théâtre remarquable par son
architecture; quelques tableaux du Dominicain dans la
cathédrale; et la cascade du port. Sur le rivage de la
mer, on trouve cette espèce de poisson qu’on nomme,
cavalletoy ou cheval marin.
7. Entre Fano et la Marotta , on passe le Métro ou
Metaurum , célèbre par la victoire , que les .Romains y
remportèrent dans la seconde guerre Punique , 208 ans
avant J. C.
8. Ville renommée dans toute l’Italie par la grande
foire qui s’y tient dans la dernière semaine de Juillet.
9. Toute cette route se fait sur le bord de la mer.
10. Les habitans d' Ancône , et surtout les femmes,
passent pour se distinguer par une très - jolie figure.
Ancône a une belle appaience du côté de la mer; la sta¬
tue de Clément XII. y a été renversée dans les troubles
de la révolution; le palais public; lare de Trajan, l’un
des mieux conservés d’Italie; l’arc Clémentin : le laza¬
ret, où les vaisseaux font quarantaine. A S. Palazia un
beau tableau de Guercino-, les bâiimens et les statues
de la loge des marchands etc. Le mole est un très -bel
ouvrage. On oublierait qu’on est sur le chemin de Lo-
retteÿ mais où ne pourrait manquer de se le rappeler
la vue de la coëffure des paysannes du canton; elle con¬
siste en un grand voile sur la tête, totalement semblable
L’ITALIE. ITINÉRAIRE. 147
fc celui des Madonnes. Auberges, à l’osteria del Suiz-
zéro t et à la poste. La cire d' Ancône est très- estimé©
pour sa blancheur.
11. On peut consulter un livre contenant le détail
des trésors et de toutes les merveilles de la santissima,
casa , si l’on veut s-e faire une idée de ce qu’elle à été
avant les guerres de la révolution. On montre encore a
la pharmacie, delà Majolica peinte, par Raphaël. On
sait que la M'adonne de Loretto fut transportée à Paris,
et qu’elle a été remise en 1801 au Pape Pie VII. Des pau¬
vres se traînent continuellement autour de la sainte case,
à genoux, et impriment ainsi’ deux traces profondes
dans le marbre. Il se fait en cette ville un commerce
considérable de chapelets , de médailles pieuses , de ru¬
bans bénis etc. et de paquets de poudre,* que l’on fait
tomber avec le balai des murs de la Santa Casa.
12. Pays délicieux et bien cultivé depuis Lorette jus¬
qu’à Macerata.
13. Près de Macerata r sur le bord du chemin, lis
ruines de Recina , où l’on distingue un amphithéâtre.
Macerata est située sur une colline, d’où l’on a la vue
de la mer Adriatique. La Porta Fia est un arc de triom¬
phe moderne, et a la maison Campagnoni on trouve des
inscriptions antiques.
14. La maison de poste a Tolentino est bâtie dans le
goût ancien rustique, sur les dessins d’un architecte fa¬
meux. C’est h Tolentino que l’on entre dans les Apen¬
nins. Sur la place une statue antique, bien conservé*?.
Le célèbre Sarcophage.
15. a. Le passage dit Coljiorito , chemin creusé dans
le roc, est périlleux , dans un tems de neige ; de deux
voitures qui s’y rencontrent, l’une est obligée de re¬
culer.
15. b. Avant que de descendre la dernière colline
jusqu’à la ville de Foligno , a quelque distance du che¬
min, dans le village de JPalo t il y a une ceverne cu¬
rieuse de stalactites.
16. Foligno a quelques manufactures renommées de
papier; près des papêteries le chemin étroit et sans pa-
rapet, est fameux par de» accidens funestes. Dans le
duomo , la coupole par le Bramante , L’hôtel Barnabo
N 2
148 L’ITALIE. ITINÉRAIRE.
est beau. L«s confitures de Foligno sont très - estimées
en Italie.
17. Bon et beau chemin d’ici h Syoleto. Avant que
d’arriver à la poste de le Vene, on trouve un petit temple
antique, aujourd’hui à l’usage des chrétiens, appelé le
temple de Clitumnus.
18. De Spolcto à Strettura , de même de Strettura
a' Terni, il faut prendre un troisième cheval, que l’on
paye 3 paoli. Près de Syoleto, et surtout à dmelia, on
trouve les meilleurs raisins d’Italie, en particulier, le
■pizotello. Il y a à Syoleto les ruines d’un théâtre et
d’un temple, des aqueducs immenses, le roc, le pont
de pierre, le palais deThéodoftc, la porte d’Annibai.
Au palais Ancaïani un tableau de Raphaël. La fabrique
de chapeaux est la principale de la ville. Il faut pren¬
dre garde de ne pas loger à l’auberge hors de. la ville,
mais bien à la maison de poste, même si l’on voyage
avec des voituriers. Au delà de Syoleto , on commence
à monter jusqu’à la pente la plus élevée des Apennins
de ce côté, ap£jelée k cause de cela, la Somma.
19. D’ici à 4 milles Italiens , on va voir à cheval ou
en calèche la fameuse cliûte délia Marmara , formée
par la chûte du Velino dans la Nera. Elle consiste en
trois sauts ou cascades. M. Dutens dit, que toute la
chûte du Velino, depuis le niveau de son lit jusqu'à ce¬
lui de la Nera , est de 364 pieds. M. de la Lande ne don¬
ne que -£co--piéris à la principale de ces chûtes , M. de
Morgenstern l’évalue à 300 pieds. On la voit d’en -haut
du Belvédère . la. vue d’en -bas passe pour plus pittores¬
que. On a plusieurs gravures de cette chûte; les gra¬
vures de Gtnelin et de Mécliau [No. 71. de ses Vues
d'Italie ] sont les plus estimées. La vallée de Terni e st
très - belle.
20; A Narni finit l’ Apennin. Entre N ami et Terni
on trouve un raisin sans pépins, uva passa , ou passe .
j'ina. A Narni , les restes d’un pont magiiifïque, bâti
par Auguste. Dans ce canton on fait, la chasse aux pi¬
geons de passage, par des pigeons apprivoisés, appelé*
AJ andarini.
L’ITALIE. ITINÉRAIRE. 149
21. D'ütricoli à Borghe^to on passe le Tibre , sur uu
beau pont, Ponte Felice , Construit par Sixte V . On a
en vue le Soractc , à présent appelé S. Oreste.
22. La montagne sr^ laquelle est bâtie Civita- Ca-
stcllana , est un tuf rougeâtre, avec des pierres - ponces
noires et brûlés. Y. les Vues d'Italie par Mâchait: et
Rein/iart.
^3. On reprend près de Rignano . l’aficienne Via
Flaminia, dont les pierres sont très -larges et très -bien
liées, mais fort glissantcs.pour les chevaux. La plûpart
des voyageurs laissent là ce chemin dégradé et incom¬
mode, et prennent la nouvelle route , passant à 3/4 p.
Nepi, 1. Monterosi , 1. Baccano , 1. la Storta , 1I/4. Rome.
Il est dû V4 de poste en sus de la distance, de Home à
la Storta. A Nepi, près d’une fontaine, deux autels an¬
tiques. A Monterosi des chambres soûterraiues , où l’on,
a trouvé des antiquités étrusques. D’ici à la Storta on
voyage en partie sur l’ancienne Via Cassia. Ho Baccano
on découvre la boule de la croix de St. Pierre. Entre
la Storta et Pontcmolle on voit k gauche du chemin le
sépulcre de Néron, et la pierre de Loyola. (V. No. 8*1
24. On commence à y voir la boule de la croix de
St. Pierre.
25. Deux milles avant que d’entrer k Rome, on re¬
passe le Tibre sur le pont Milvairi , aujourd’hui Ponte
molle.
26. V. le tableau des villes. On entre k Rome par
la porta del popolo , rien n’est plus digne d’annoncer
çette superbe ville. Vous êtes, au niilieu.de Rome^ il
n’y a point ici une pierre qui ne recèle une .connais¬
sance précieuse, qui ne puisse servir k bâtir l’histoire
de Rome et des arts: sachez les interroger, car elles
parlent 1
7. Rouie de Rome à N api es par les ma -
r a i s P ont in s.
Postes.
.
- 3/+
x
Noms.
Postes.
Noms.
Torre di mezza
! .
,2. Vélétri.
via. 1
1V3. ’
Çisterna.
Albauo.
3» Olfcrèponte. ’ *
Genzajio.
1
bocca
150 L’ITALIE. ITINÉRAIRE.
Postes.
Noms. Postes.
Noms.
i
1
8. S. Agado.
O. O-
g. Torre fîoralisi.
il* a v i rail*
12* Naples.
io- Capoue.
il. Aversa.
7. Mola ai Gaëta. i
Garigliano.
iQr/4
Observations l o c aies.
Il faut faire ce voyage à Naples, la 5»ne satyre du I.
livre d'Horace à la main, dans laquelle il décrit son
voyage de Rome à Brundusium. M. de Matthison, non*
a donné dans le M or genblatt de 1815. la description ré¬
cente de ce voyage, qui parcourt en partie une solitude,
romanesque par sa riche végétation, mais aussi dange¬
reuse par son air méphitique, que par les bandits ; même
les chevaux, mi-sauvages, ou Stampatores, que l’on attèle
aux chaises de poste, font souvent courir de risques, sur¬
tout quand ils rencontrent d’autres troupeaux de ces che¬
vaux errans.
1. Y, Environs de Rome. A gauche on arrive à
Frascati par une telle et magnifique traverse, appelée
la galerie.
2* Le palais Lancclotti , où l’on admire le fronti¬
spice et l’escalier. Avec une lettre de recommandation*
des étrangers de quelque distinction y peuvent loger.
Il y a une académie à Vèlètri. Le musée de Monsignor
Borgia était riche et très- célèbre. C’est dans les envi¬
rons de cette ville, qu’on déterra en 1797, la célèbre
P allas, aujourd’hui à Paris. Entre Genzano et Vèlètri ,
il faut remarquer deux points de vue superbes : 1. en
appercevant pour la première fois les Marais Pontins, et
le monte Circello. 2. en descendant les hauteurs de
Vèlètri.
3. A Oltreponte commence la célèbre linea Pia.
Cette route est très -belle et très -solide, c’e^t un re¬
nouvellement de la Via Appia, dont les fondemens ont
servi pour l’établir. Plusieurs papes, à l’exemple des
anciens Romains, se sont occupés du dessèchement de
ces marais , qui produisent en été des exhalaisons très-
dangereuses, et mortelles surtout aux personnes, qui se
livrent au sommeil en les traversant. Il faut boire fré¬
quemment du vin, et se tenir constamment éveillé. Les
L’ITALIE. ITINÉRAIRE. 131
travaux , sous le règne de Pie VI. ont obtenu un
grand succès , mais malheureusement , la révolution
est venue les interrompre. La chasse est très • considé¬
rable -dans ces marais. On y trouve des sangliers, des
cerf», des bécasses, des; buffles etc. Près de Tre ponti
on trouve deux inscriptions anciennes, et près de la
maison de poste de Mesa , des débris d’anciens m onu¬
siens, des cippes etc. A Bocca di Fiumet on admire un
très -beau pont de marbre.
4. Les ruines d’un palais de Theodoric. Le nouveau
palais de Pie VI. Sous le portique de la cathédrale un
grand vase de marbre blanc. A Terracina on est vis-à-
vis du mont Circello , jadis le mont Circé. Les paysans
des environs de Terracine , sont chaussés dans le goût
des anciens Romains,. A Terracine il y a une très-bonne
auberge. On y remarque encore la façade du temple du
Jupiter Anxurus. Il faut exhiber ses passeports. C’est
depuis Terracine , que l’on commence à être frappé d’un
changement sensible , et que tout prend un aspect
nouveau.
5. On prétend , que la partie inférieure de ses murs
est plus ancienne que Rome. La route de Terramine
à Fondi , parcourt un pays enchanteur, dont les beaux
sites remplissent l’âme de sensations délicieuses. Por-
teîla est la frontière de Naples, on y demande les pas¬
seports. A Fondi cela arrive de nouveau, de même que
la visite des malles. Dans le voisinage, on montre la ca¬
ve, où Séjan cacha Tibère. Les vins de Fondi sont esti¬
més , et les anguilles du lac sont grosses et excellentes.
6. Itri et ses environs sont, dans ce moment, infestés
de brigands. On, doit y élever un monument en mé¬
moire d’un aide-de-camp françaj» qui y futassassmé. Au
bord du chemin qui mène à Gaète , est une tour appelé
le tombeau de Cicéron. Le costume des femmes est aussi
élégant que léger. On voit encore les restes de la ville
de Minturne ; des tombeaux antiques bordent le chemin.
?'. Du couvent de S. Erasmo , à un mille de Mola di
Ca'ëta , on a une vue magnifique de la ville et du golfe,
et l’on découvre le Vésuve , et les îles voisines de Na¬
ples. Avant la révolution , on trouvait avec des lettres
de recommandation un bon gîte dans ce couvent. Le
quai devant l’auberge offre une vue délicieuse. Le vin
>52 L’ITALIE. ITINÉRAIRE.
du G acte est célèbre. Cicéron y avait mie de ses mai¬
sons de campagne, et c’est près de-là qu’il fut assassiné.
On montre une colonne antique , où sont gravé3 les
rliumbs des vents sur les douze faces. Les fonds baptis-
Bieanx de la cathédrale de la ville de Gaëte , sont un
vase antique. On admire aussi une chapelle, construite
dans la crevasse énorme d’un rocher. Les os du conné-
table de Bourbon , qui étaient expôsés dans le château,
ont été inhumés sous Pie VI. La ville de Gaëte a ac¬
quis une nouvelle célébrité , par la belle défense du
prince de Hesse - PhilippsthaL en 1806. La reddition sui¬
vit de près sa- blessure mortelle. Un monument sera
érigé au générale Français, Vallelongue , tué à ce siège.
La tour de Roland était, vraisemblablement, le mauso¬
lée de Minutius PI an eus , le Fondateur de Lyon. On
passe le Garigliano sur un pont de bâteaux, et on paye
6 carlins par sedie.
8. L’auberge a une situation délicieuse entre des col¬
lines, au milieu de jardins.
9. Tout le pays depuis le Mole est un des plus riches
de l’Europe , et rien ne saurait être plus beau que cette
route jusqu’à Naples. Tout le long du chemin sont des
lauriers , des myrtes , des grenadiers , des figuiers etc.
poussant des fleurs, même au milieu de l’hiver.
ir. Dans la Gathédrale deux morceaux de sculpture
par Bernin. Les délices de Capoue affaiblirent l'armée
d'Annibal. Les ruines de l’ancienne Capoue , sont à un
mille au-delà de la moderne. On peut aller de Capoue
à Caserte. (V. environs de Naples.)
11. Nouvelle visite des malles. "D'Aversa ce n’est
plus qu’une suite de châteaux, de maisons de campagne,
et de jardins. L’avenue qui conduira par la superbe
Strada JS apoleone , sera d’une beauté imposante.
12. Y. le tableau des villes. On peut aisément cou¬
rir ces 19Ï/2 postes, en 24 heures. — ,,Voir 'N aples , di¬
sent les Napolitains, et puis mourir! et moi, s’écrie
M. de Dupaty , je dis: voir JSaples , et 7 mis vivre
Quel spectacle pour un étranger qui voyage entre les
allées d’arbres chargées de raisins qui conduisent à la
ville de Naples, quel spectacle d’appercevoir tout d’qn
coup de sa voiture, au-dessus de l’amphithéâtre sur le¬
quel est situé cette ville, un tourbillon de fumée, sous
la forme d'une colonne haute, grise et épaisse, qui s’é¬
lève d’une montagne isolée et parfaitement ronde.
L’ITALIE. ITINÉRAIRE. 133
£«). Route de Naples à Messine , et de Naples à Tarente,
Il y a 39V2 postes à côTÏrir de Naples à MesSine: on
S’embarque kReggio , et traversant le Fare} de la largeur
de 10 milles, on arrive à Messine Les auberges sur cette
route sont rares et mauvaises. Les plus supportables se
trouvent à Salerne , à Lauria , à Gosenza et à Monte -
Leone. Salerne est fameuse par la schola Salernitana ,
A Cossnza on boit de très -bons vins. .Non loin de Mon¬
te -Leone il y a une forêt, que y on croit le célèbre Lu go
(V Agalhocle. Les habitans de Reggio font des ouvrages
très - estimes de fil de soie, et de laine ■ suida , qu’ils ti¬
rent des pinn.es marines. Messine . (V. le tableau des
villes.) — Naples à Tarante, il y a 241/3 P- Entre
Auclino et Rénèvent on trouve les fourches Caudines.
Barletta est bâtie sur les ruines de Cannes , célèbres par
la défaite des Romains. Tarente est décrié par la taren¬
tule , grosse araignée, appelé aussi ragno arabbiàto. Ce
qu’on raconte de cette araignée et de sa morsure, est
faux en grande partie. On trouve à Tarente , un monti¬
cule, semblable au Testaccio de Rome, mais d’autant
plus remarquable, qu’il est tout compôsé de coquilles du
Murex , dont les anciens tiraient leur pourpre. Le sé¬
jour. des troupes Anglaises en Sicile, nous a procuré des
renseignemens précieux, dans plusieurs ouvrages esti¬
més. Nous n’en notons ici que les grandes collections
des vases étrusqries, à Palerme , à l'université ; à Girgen -
ti , chez Soto , et à Catanéa , chez Riscari. V. l'ouvrage
récent et instructif, de feu M. Grafs : Sicilische Reise ,
oder Ausziige aus dem Tagebuche eines Landschaft - Ma¬
le rs. To. 1, 2. Stuttgard et T^bingen, 18-15. £, avec 15
gravures.
gt). Route de Rome à Florence , par Viterbo et Siene.
Postes. 1
Noms •
Postes ; 1
IT/4
i. Storta.
1V4
I
Baccano.
I»/4
1
M-onle -Rosi.
I
2- Ronciglione.
18/t
I
3. Montagna.
13/4
3/4
4. Viterbo.
2
I
5. Monte- Fiascone.
oa. Bo.sena.
2
11/4
I3/4
6b. S. Lorenzo. •
l3/4
’3/4
7. Acquapendente>.
13/4
1
8. Ponte Centino.
I3/4
iVz
Q. Radie ofani.
Noms .
10. Rirorsi.
11. Poderina.
12. Torrinieri.
BuonConvento.
Montaroni.
13. Siène.
14. Castiglioncello.
Poggibonzi.
la Tavernelle.
San Casciano.
15. Florence.
34T/4 P-
154 L’ITALIE. ITINÉRAIRE.
Ob serv ations lo cale r.
Lç chemin qui conduit de Rome à Bologne par Lo-
relie .et .celui à Florence par Foligno (V. ,No. 9.) est beau¬
coup meilleur que cette route par Siène. Celui par Fo¬
ligno, quoiqu’il soit plus long d’environ 30 milles d’Ita¬
lie , est plus riant, et les auberges y sont plus abondan¬
tes et plus commodes.
1. Il est dû une poste en sus de la distance, de Borne
à la Storta. De Storta à la Montérosi , on fait une
grande partie du chemin sur l’ancienne Via Cassia ; <’V.
No. 6. ob;. loc. 23.) Entre Pontemolle et Storta, à droite,
le sépulcre de JScron: on montre aussi la pierre sur la¬
quelle était assis Ignace de Loyola, lorsqu’il eut la vi¬
sion de la St. Vierge»
2. Ronziglione est sur le bord du lac Vico ; une an¬
cienne tradition porte, qu’une ville y fut autrefois abî¬
mée.. Entre Ronziglione et la Montagna , on laisse à
deux milles, à droite, le château de Capraruola , bâti
par le célèbre Vignola, et qui mérite d’être visité, mê¬
me dans sou état de ruine. Belle vue de ce château,
surtout dans la soirée , vers Rome.
3. On prend un cheval de plus en revenant. La
Montagna est le mons Ciminus. »
4. L’église cathédrale, surtout le tableau de Fra Ba-
stiano : plusieurs inscriptions et tombeaux antiques, et
quelques monumens étrusques. Hors de la porte Romai¬
ne , le couvent des Dominicains et sa façade. Les eaux
minérales de Viterhe sont célèbres. Bullicanne , est un
petit lac d’eau sulfureuse , à un quart de lieue des bains.
A l’auberge royale, bonne auberge.
5. Renommée par ses vins. Son nom signifie propre¬
ment, mont des flacons , parceque le vin se vend en
bouteilles. Un cabaret, situé vers le milieu de la rue
qui traverse la ville, rappelé par son enseigne l’ancien
conte d’un Allemand, Jean de Fugger, qui voyageant en
Italie, envoyait en avant un domestique, qui goûtait
le vin des cabarets, et qui écrivait sur la porte de celui,
où il avait trouvé ,1e meilleur, le mot Lst. Arrivé à
Monte Fiascone , il écrivit trois fois de mot. Le maî¬
tre fut du goût du valet, ét en mourut. Pendant une as¬
sez longue suite d années, on allait tous les ans après la
L’ITALIE. ITINÉRAIRE. 155
Pentecôte, faire une libation de vin sur la tombe du dé¬
funt, enterré à l’église de S. Flaviano. Mais on a réfor¬
mé cet usage, et on employé le prix de ce vin, à achô
ter du pain, que l’on distribue aux pauvres. Non loin
de Montrfiascane et de Bolsena , est située la ville d’O/'-
vieto , d’un accès difficile, mais renfermant nombre de
curiosités} p. e. le dôme et ses tableaux, surtout un St.*
Jean, et les trois femmes par Lucas Signorelli ; dans le
palais M'onti , une Madonne par Pierre Perugino , d’une
rare beauté; un puits où l’on descend et d’où on sort à
cheval etc. A une petite distance de l’auberge de Monte-
Fiascone , on jouit sur une petite éminence, de l’aspect
du lac de Bolsena .
6. a. Près du lac de ce nom, dans 1 île Martona ,
Théodat fit étrangler la Reine des Goths , laquelle avait
partagé son trône avec lui- Entre Bolsena. et Radicç -
fani on trouve beaucoup de colonnes basaltiques» Peu
d’endroits en Italie offrent des points de vue plus mag¬
nifiques, que les environs de Bolsena.
6. b. A St. Lorenzo bonne auberge. De distance en
distance, on remarque des cavernes et des grottes dans
les collines de tuf, servant de rétraite aux paysans.
?• En entrant, on entend le bruit d une cascade, qui
a donné son nom à la ville.
8. Dernier village et douane de l’état ecclésiastique.
9. A la poste, bonne auberge. Du Pont Centin k
Radicofani il y a une poste et demie allant vers Flo -
rence , et une poste allant vers Rome. On apperçoit à
Radicofani des vestiges de volcans éteints. L auberge "
est située sur le sommet d’un de ces volcans. En allant
de S. Quirico à Radicofani , on laisse à 3 lieues sur sa
gauche, la ville de Chiusi et les Bagni di S. Filippo,
dont les eaux dépôsent de beau tuf calcaire, qui se pré*
cipite sur des moules de médailles, de bas-reliefs etc.
et forme de très- belles gravures. Dans les petits tor-
rens, qui sont fréquens sur cette route, on trouve des
pierres de toute couleur et agatisées, servant au travail
de la mosaïque. Elévation de Radicofani au dessus de
la mer, 2470 pieds de Paris.
10. On prend un cheval de plus en y allant.
11. On paye un cheval de plus. A deux miUes de
la Scala, on voit Monte - pulciano , dont le vin étai
È
156 L’ITALIE. ITINÉRAIRE.
tant vanté; mais les fameuses vignes que les Jésuites
cultivaient avec tant de soin, sont maintenant , pour la
plûpart, négligées et incultes.
12. On. paye un cheval de plu9. A Buonconventa
mourût l’Empereur Henri VII* empoisonné.
13. V. le tableau des villes. A droite le Chianti ,
grand territoire , renommé pour 9es vins. En sortant
Pvggibonzi, on laisse à gauche le chemin de traverse,
qui conduit à Pise. Bonne aqberge à. Poggibonzi , à
la poste.
14. Toute la route depuis Sièue jusqu’ k Florence ,
est une des plus charmantes de la Toscane.
15. y. le tableau des villes.
9. Route de Rome à Florence , par Terni, Folign 9
% et Pérouse .
Postes .
Noms.
Postes.
I2I/4
1. Foligno.
1V2
I
2- Madonnâ degli
2
Angeli-
3
I
3. Pérouse.
3
4. Torricella.
3
3
5. Camoccia.
Homs.
Castiglione,
6. Arezzo.
7. JLevane.
l’f ncisa.
8. Florence.
3i3/4 P-
Ob.serv citions locales.
Note. Cette route est meilleure que celle de S Une *-
£V. N. 8 b. et l’obs. loc.)
,t. V. No. 6. et l’obs. loc. 16.
2. Près de là est Assise, L’église de Filippini , est
le plus beau reste d’antiquité qu.il y ait à Assise. La
maison de Properce, fût occupée en 1811 par un savetier.
3. Ville très - ancienne et très - célèbre. Devant la
cathédrale, les statués de Jule II. et de Paul II. L’é¬
glise des Augustins est une des plus remarquables par
les peintures de Pierre Péricgin , meîtrè de Raphaël.
La ùapienza est une espèce d’université. On voit aussi
H lac de Pérouse , jadis de Thrasirûànc , fameux par la
victoire d 'Annibal sur le consul Flaminius , et qui est
l’un des plus beaux lacs d’Italie.
L’ITALIE. ITINÉRAIRE.
*57
4. De la Toricella à Cammoccia, se trouve le lieü de
cetfe défaite de Flaminius , dans une petite plaine entre
Tuorc et la colline, encore appelée à présent, Sangui -
netta. A Casa di -piano est la dernière douane Romai*
ne, suivie de près par la première douane Toscane.
5. A gaivehe un chemin qui conduit k Mont e~pul cia-
no et aux bains de Chiusi. (V. No. 8* obs. loc. 9.) On
voit sur la hauteur la ville de Cortone , qui passe pour
la plus ancienne de l’Italie. Ses murs sont un resta
d’antiquité étrusque, et dans le» environs on découvre
plusieurs autres antiquités. .L’académie étrusque de
Cortone et son cabinet, sont très - célèbres. On loge
k la poste.
6. Arezzo est la patrie UC Are tin et de Pétrarque. Eu
vertu de sa' qualité de patrie de Pétrarque , les Fran¬
çais , après la bataille de Marengo , accordèrent k, Arez¬
zo l’oubli des faits d’armes de cette ville sous la con¬
duite du capitaine Schneider , général des Arétins. Les
loges sont un beau bâtiment sur les dessins de Vasari ;
dans la cathédrale, le mâitre-autel ; à l’abbaye , le beau
tableau de Vasari. Un ancien amphithéâtre Romain
mérite fort l’attention du voyageur. A 3 lieues à' Arez¬
zo , les mofètes de Laterina, chose très - remarquable.
Auberge, à la poste.
7. De Levane k l’ Incisa , on voyage presque toujours
le long de l'Arno. On trouve dans ces contrées de» os
d’éléphan fossiles, que l’on croit des éléphans d'Anni -
bal. Au delà du fleuve d'Arno, .il y a trois sanctuai¬
res digne d’être vus. 1. Le monastère de Vallombrosa ;
k 20 milles italiens de Florence, entouré du bois d 'Abçt-
tella, célébré par Milton. Le cabinet d’hist. nat. du cou¬
vent de Val - ümbrosa contient une riche collection de
pétrifications, surtout d’ossemens fossiles d’éléphan,
et les premiers essais d’un art, qui a pris naissance dans
cette solitude, de la Scagiola, 2. Le monastère des Ca -
maldules , où. St. Romualdo institua.cet ordre ; k 8 lieues
d’ Arezzo, et a 25 milles italiens de Vallombrosa. 3. CCAl-
vernia , où le monastère des Franciscains réformés , qui
servit de retraite k St. François; k 20 milles italiens des
Camaldules. Les descriptions de ces trois sanctuaire»
se trouvent sur les lieux mêmes. On luge chez les reli¬
gieux. De Vallombrosa au petit paradis et des Camal¬
dules au St. Eremitage , on a des vue» d une étendue
immense, qui s’étendent jusqu’à la mer. L hermitage
Guide dos Yoy. T. II. O
158 L’ITALIE. ITINÉRAIRE.
du Paradisino ou du petit - Paradis est devenu l’asyle
des arts, .par l’embelliss ement successif fait par les reli¬
gieux, dont il a été l’apanage. Quand on monte sur la
plateforme supérieure de cette partie de l’Appennin,
l’oeil s’égare dans une vue immense.
8. V. le tableau des villes. Il est dû une demi-poste
en sus de la distance, à la sortie comme à l’entrée do
Florence.
10. Route de Flofence à Bologne.
Postes.
N ottvs.
Postes.
Noms.
13/4
I3/4
l3/4
I3/4
1. Fonte buona.
Cafaggiolo.
Montecarreli.
2. Covigiiajo.
i3/4 Fi li gare.
i3/4 3. Lojano.
ll/2 Pianoro.
1V2 4- Bologne.
13 V2 P-
Observations locales.
On a fait des fouilles à Fiesole , qui a succédé à l’an¬
tique ville de ce nom. A droite Pratolino , magnifique
maison de plaisance, des Médicis. Au sommet, en avant
d eVaglia, il faut se retourner pour jouir de la magnificen¬
ce du horizon, et de la plaine de Florence. Filigare , Co-
vigliajo , Montecarreli sont des maisons isolées pour la
poste.
2. .Belle vue de l’auberge delle M aschere. (V. obs.
loc. 4.I Le feu de Pietra mala , qu’on appelé dans le
pays; fuoco di lagne , est une flamme claire qui s'élève
dans un espace de 12 à 15 pieds en tout sens, de la sur¬
face de la terre, sans aucune fente ni cavité apparente.
Elle est située sur îa droite, k V2 mille de Pietra - mala,
sur une montagne escarpée, nommée Monté di Fo. L'ac-
qua buia est une source d’eau froide, qui s’enflamme à
l’approche d’une lumière.
3. De Lojano à Pianoro , 011 a une vue très-étendue
de la chaîne des Alpes , de Milaji , Vérone , et de la
plaine du Padouan , du Po jusqu’à l'Adriatique. A Pia¬
noro finit la dernière descente.
, 4. Y. le tableau des villes. Comme il n’y a point d’auber¬
ges passables sur cette route, que celle, aile Masc h.ere ; et
que cen’est pas uneposte, il faut payer ladépense des che-
L'ITALIE. ITINÉRAIRE. 159
vaux et des postillons, sur le "pied d’environ, un demi-
séquin pour 3 chevaux et un postillon. On peut aussi
s’arrêter à un couvent de Bénédictins près de Loiano ,
dans un endroit appelé Scarica l’asinp : S’arrêtant aile
Maschcre , on divise son voyage en deux parties, et on.
va se reposer à la douane de Pietra mala. (Y. plus haut,
obs. loc. 2.) entre Covigliajo et Filigare.
II. Roule de Bologne à Venise par Ferrari
et Padoue.
Postes.
Noms.
Postes.
Noms.
1V2
1. San Giorgio.
2
6. Monfeiice.
I
2. Cento.
. 1V2 •
7. Padoue.
j
.3. San -Carlo.
1V2
Dolo.
1V2
4. Ferrare.
1V2
8- Fusine. :
2
5. Rovigo.
par eau.
9. Venise.
13V2 P-
O b s erv ati o ns 1 oc al es.
Note. De Bologne on peut aller a Venise par eflfl
ün va avec des chevaux de poste jusqu’à Francolino , à
5 milles d e Ferrare, et ensuite par eau: mais 41 faut fixrer
son embarquement à Ferrure. Il est k remarquer, que
comme on quitte alors la poste, on est obligé de payer
à la dernière station, poste et demie. On trouve tou¬
jours à Ferrure des mariniers, qui vous fournissent une
péota pour l’équipage et les gens à 7 séquins et un ba¬
chot pour soi, à 10 ou 12 séquins au plus; le voyage est
d’environ 20 heures. La route de 80 milles, se fait par
le Pô, et ensuite, par un canal, sur 1* Adige , d’où l’on
passe par un autre canal sur la Brenta , et dans les lagu¬
nes. A 20 milles de Venise on trouve Chioggia, à 10 mil¬
les Malamocco ; on n’est jamais en pleine mer.
1. On passe le Naviglio sur le pont, et on paye un
paolo. Entre Bologne et Ferrare , on entend parler k
tout instant, des débordemens du Pô, des marécages de
Bologne , de Ferrare etc. et des remèdes qu’on se propose
d’y apporter. Il y a une seconde route de poste, qui
de Bologne passe à Capodargine 1I/2 p. Malalbergo i*/2-
Ferrare iV2> elle est plus courte d’une demi -poste, que
la sus-mentionnée.
2. On passe le Reno en barque, et en payant. Cento
est la patrie du célèbre peintre Barbiéri , surnommé
O i
i6o L’TALIE. ITINÉRAIRE.
Guercinà , parcequ’il était borgne. On admira de ses
tableaux , : a Cento , dans différentes égl ises : surtout le
St. Jérôme et la vierge au séminaire, transportée a Pa¬
ris. Il y a ici les académies de Rinvigoriti et de Pullu-
iànti. Auberge, à la poste.
3. De San - Carlo à Ferrure , on passe l’Adige et le
Pô en barque, et on paye un paolo par chaise h deux
roues.,
4. Auberge, aux trois Maures. L’aspect majestueux
de cette ville, et sa dépopulation, frappent d’abord. Au
château de belles peintures a fresque. Dans l’église de
St. Bénoit, était le tombeau d Arioste. Le général
Français ' Miollis a fait exhumer les restes de ce grand
poëte, pour les enterrer dans la place publique, où un
monument lui doit être élevé. On les garde, en atten¬
dant, k la bibliothèque publique. C’est dans la maison
Qu ai en go , que fut réprésenté, pour la première fois,
le pastor Jîdo. Le musée Bellini; la bibliothèque pu¬
blique, les bibliothèques des dominicains et des carmes.
Le lycée; l’école hydraulique ; l’academia Ariostea. Dans
la maison d’un docteur Barotti , on conserva un manu¬
scrit A.' Arioste y et une chaise qui lui appartenait. Lamé-
jnoire du Tasse fait, qu’un étranger va voir l’hôpital S.
Anne, où ce grand poëte fut enfermé sons prétexte de fo¬
lie en 157p. A l’église de Marie rotonde, le monument
de Métastase. On appelé un palais, le palais des AiamanSy
parceaue les pierres de la façade en sont taillées en fa¬
cette. Après avoir quitté Ferrare , à 5 milles de cette
ville, on passe le Pô, qui est fort large , en bâteau, et à
9 milles du Pô, le canal Bianco. Ferrare était autrefois
fameuse par une manufacture de lames d’épée ,v et plus
encore par sa cour, qui était, vers la fin du 16e siècle, le
rendez-vous des arts et des beaux esprits de l’Italie. Cette
ville est très - malsaine k présent dans le tems des cha¬
leurs, à cause des marécages qui l’avoisinent. Long. 290.
16'. 10". Lat. 44°. 49' • 56"-
5. A 3 milles de Rovigo, on passe l’Adige. Ilfautobser-
ver, que les deux postes de Ferrare k Rovigo , se payent
15 paoli par poste, et au retour de Rovigo k Ferrare , on
paye deux postes et demie, suivant le tarif du dit pays.
6. On côtoyé un canal, qui coule dans une vaste et
riche plaine
L’ITALIE. ITINÉRAIRE, 161
7, V. le tableau des villes. On quitte ordinairement:
la poste à Padoue , et on y laisse sa voiture, pour pren ¬
dre une péote qui' coûte 3V2' cens de convention jusqu’à
Venise. Cette péote ressemble à une maisonnette. On
y trouve la plus jolie salle de compagnie, que l’on puisse
voir sur Beau; elle est tapissée de glaces; des fenêtres
à chaque côté, dans l'intervalle des panneaux, laissent
jouir de cette aaréabîe navigation. Un sopha règne au¬
tour, une table est au milieu; on est doucement em¬
porté par la Brcnta , et l’on va ainsi jusqu’à Venise , fe-
sant la conversation, la lecture, de petits repas? etç. et
lorsqu'on regarde au rivage, on est enchanté par de»
points de vue rians, pittoresques, et qui varient con¬
tinuellement. La Brenta partage une belle et fertile
campagne ;■ des palais magnifiques, des jardins délicieux:,
des bourgs et des villages, bordent des deux côtés toute
l’étendue de son rivage: .e’est une belle scène champê¬
tre, mêlée des magnificences de l’art. (V. No. 12. et à
l'article de Padoue.) Arrivé à Fusine la barque est re¬
morquée par une gondole à 4 rameurs. C’est encore une
des conditions dont il faut expressément convenir avec
le hntelier, sans quoi il ne manquerait pas de n’en em¬
ployer que deux. Il est dû au maître de poste de Pa¬
doue un droit {rembarquement ; le tarif l'indique, et
il est réglé au pl~o‘- rata du nombre des chevaux avec
lesquels on est arrivé à Padoue , à tant par cheval.
8- On traverse les lagunes depuis Fusine ; on y laisse
sa voiture. On va en gondole pour 12 livres. Il y a g
miglia ou milles. En entrant dans les lagunes, les com¬
mis de la douane de Venise , font leur première visite.
Au reste, l’on viderait bientôt sa bourse, si l’on voulait
contenter tous ces gens par ses largesses.
12. Route de Venise à Milan par Vicence, Vérone,
Brescia et Bergame.
Postes. Koms ,
Postes. fi oms.
3 . r. Padoue.
1 2. la Slesega.
1 U- Vioence.
1 Monte bello.
zr/2 Cald:ero.
1 j 4. Vérone.
I
1
IÔ2 L’ITALIE. ITINÉRAIRE.
Postes.
Noms.
Postes.
1V2
5. Castel nuovo.
I
1V2
Desenzano.
1
1
Ponte diS. Marco.
1V2
1V2
6. Brescia.
1
Ospitaleto.
1
ïV2
7. Palazzuolo.
1V2
Noms.
Çavernago,
8- Beïgame.
9. Vaprio; ou la Ca-
nonica.
10. Colombarolo.
11. Milan.
22Va.
Observations le c ale s.
1. V. No. 11. On mettra environ 10 heures» pour
Monter la Brenta, depuis Venise jusqu’à Padoue. La ri¬
vière couverte de barques, de jolies péotes et de gondo¬
les, qui vont et viennent continuellement, répond à la
gaieté de ses bords; de teins à tems il faut descendre au
rivage pour y admirer des villas magnifiques, où Pal¬
ladio a donné un libre essor à son imagination : le pa¬
lais Doljïn , ci-devant b'embo à Al ira, où il y a deux
fenêtres feintes que Paul Véronèse a peintes; la belle
▼ilia j Pisane à Sta ; le palais Giovanelli à Noventa etc.
2. On va toujours dans une riante plaine, où serpen¬
tent de jolies ruisseaux.
3. V. le tableau des villes. Le chemin de Viccnce à
Vérone , est une belle promenade, où l’on marche sous
les vignes et Tonneau. Sur la droite, à quelque distance,
sont les Alpes, qui séparent l’Italie de l’Allemagne. On
apperçoit aussi des monticules, peu élévées, et presque
toutes en culture; ce sont les colLi Euganei , remplis de
pétrifications curieuses. Que le voyageur n'oublie pas
dans ses courses vers ces monticules, d’aller jeter dés
fleurs sur le tombeau de Pétrarque à Arquât Sa maison
de campagne, y existe encore , et l’on vous présentera
un Album , ou le Codice di Arqua.
4. V. le tableau des villes.
5. Çn sortant de Vérone , la route est d’abord sa¬
blonneuse; ensuite viennent les arbres guirlandes ; le*
belles prairies dè différens verts, le Mincio , les bords
rians du lac de Garda , qui ressemble à une petite mer;
il a 35 milles de longueur: il est entouré en partie par
les Alpes arides ou couvertes de bois, au pied des¬
quelles sont de beaux villages, de jolies maisons
de campagne, et des jardins d’orangers. Bogliaco et
Limone les deux villas du comte Petrini , situés déli-
L'ITALIE. ITINÉRAIRE. 1 6;*
eieusemont sur les 'bords du lac, sont les vrais jardins
d ‘‘jirmutc. On peut les regarder comme des fabriques
d 'Jgrumi, par le nombre immense d’orangers et citro-
niers, eue l’on y cultive, et dont les fruits se débitent
dans le Nord. (V. de second volume , d’un charmant
ouvrage allemand, Episoden etc. pub-ié par* Madame le
Brun.) Tous ces paysages divers présentent des points
de vue d’une beauté ravissante. Te carpivnc du lac île
Garda, est un poisson très - recherché , fort différent chef
la carpe; Linnès le classe dans le genre du saumon. On
disait autrefois qu’il se nourrissait d’or, pour exprimer
l’excellence de ce poisson. On pêche aussi dans ce lac
des truites; de grosses sardines etc. Ses eaux ont. sur-,
tout la qualité de blanchir le fil. La forteresse de
Peschiera , est situé au bout de ce lac.
6. Population: 30, à 35,000 âmes-. Long. 27° 53' 3*" •
Lat. 45O 32' 30". La cathédrale; édifice considérable; l'é¬
vêché; le palais de justice,, édifice très- remarquable ;
l’église de la pace, et deux tableaux de Bat ton i ; la casa
Martining.o, par Palladio ;. la casa Barbisoni , les ta¬
bleaux dans l’église de Ste. Afre. Le lÿctfe , l’Athénée'
des sciences , d’agriculture et des arts; le collège d’éda;
çation ; la bibliothèque fondée par Quirini , et le ca¬
binet de médailles du feu le comte Mazzuccheli. L’huile
de pépins de raisins est l’objet d’an commerce considé¬
rable. Le vin santo est délicieux. Au E alcamonica et
dans les environs du lac Soncgo , on trouve des cristaux
et des topases. Il se fabrique a. Brescia beaucoup d ar¬
mes à feu. et autres; les canons à fusil sont surtout re¬
nommés. A la Tour, bonne auberge.
7. A.uberge, a la poste. En sortant de Brescia , on
marche dans une vaste plaine, remplie d’arbres, semée
de fleurs, et arrosée par mille petits ruisseaux. Ne veut-
on pas passer par Ber game, on peut aller de Brescia à
l’Ospitaletto 1 p. Chiari 1. Antegneto 1. Caravairo 1. Co-
lombaroio 1. Milan ity* ; ce qui fait 2 postes de moins.
8- * Bergame est la patrie du Tasse , et le lieu de nais¬
sance d’Arlequin. La chose la plus remarquable de Ber¬
game est le bâtiment de la foire. On loge au Phénix ou
à l’auberge royale. Q LaPiéunion. La cathédrale est un
grand vaisseau: les meilleurs tableaux sont à S. Marie
majeure, surtout quatre travaillés en marqueterie. Ou y
montre le mausolée du capitaine Collione, qui le premier
employa les canons en rase campagne. A St. Augustin on
164 L’ITALIE. ITINÉRAIRE.
remarque le tombeau de Calepin , ce père de» diction¬
naires et vocabulaires. Il y a ici l’acadexnia pitiorica
Cqrraraj, celle d'économie rurale, et celle d’ Eccitati.
A io milles de Bergame sont les eaux minérales de Tres-
covio. On s'y baigne, et surtout on en applique les
boues. .Les portes se ferment exactement à Berg/ime ,
ainsi que dans une ville de guerre. Les fortifications,
faites par les ingénieurs les plus habiles du XVI. siècle,
sont dignes d’attention.
Q. Près de Canonica le village de Cassano , célèbre par
la bataille de 1705, et par celle de Suwarow en 1799. On
passe l'Adda en barque; la douane est très- rigoureuse.
10 L'Adda , grande rivjère très-rapide, baigne le pied
d'un coteau élevé. Sur ce coteau, coule en sens contraire
un large canal: on croit voir deux rivières se fuyant.
Les environs de l'Adda et ceux du canal, sont semées de
belles maisons de campagne, de terrasses, de jardins. En
approchant de Milan , on marche, en suivant le canal,
par un chemin planté d’arbres alignés, au milieu de ver¬
tes prairies.
ji. V. le tableau des villes.
13. Route de Venise , par Padoue , Vicencef Verone9
à Trente , et par Mestre.
Postes.
8V2
1
1
1
Noms.
Postes.
1. Vérone.
1V4
2- Volarni.
1
Péri. 1
1V2
3- Ala. !
1
Noms.
4. Roveredo.
Calano.
5. Trente.
.151/4 p.
Observations locales.
1. V. No. 12.
2. Pays plat et bien cultivé; des vignes, des mûriers,
du maïs etc. On côtoyé toujours YAdige.
3. O11 entre dans le Tyrol à Borghetto. Situation
pittoresque et sauvage de la Chiusa. C’est a. Ala, chez le
maître de poste, qu’on peut troquer sa Sedia à- 2 roues
contre une voiture Allemande à quatre, et vice - versa.
Entre Ala et Péri, les frontières du royaume d Italie, et
une douane rigoureuse.
4 Jolie ville; il y a Une bibliothèque publique, et
une belle salle de théâtre. L’académie d’Agiati est fcrè-s-
céièbrc. Auberge, à la rose, excellente.
L’ITALIE. ITINÉRAIRE. 165
5. De Trente à Tnsbruck , v. pour les détails de la
route et de la ville de Trente , No. i8- de l’Itinéraire de
l’Allemagne. Il y a un licée et un institut social. On
commence a Trente à parler l’Allemand; on loge aux
auberges de l’Europe et de l’aigle d’or. Une nouvelle
route conduit de Venise à Trente , par Palestre: et par
eau 1I/4 lieue ; Treviso 1V2 P Castello Franco il/2. Bas-
sano iVz- Primolano 2- Borgo 2. Pergina ity2. Trente 1.
(Teins en route, 26 à 27 heures.) A Eassano l’industrie
des habitans est extrêmement active. On y fabrique des
étoffes, on y fait des ouvrages au tour et des sculptures
en bois; les chapeaux dp paille de Bassano , sont très-
recherchés. Il faut voir lâ bibliothèquè et l’imprimerie
JRemondini. Le pont sur la Brenta est construit sur les
dessins de j Ferracino. JLe vin des environs de Bassano
est très * délicat.
4. Route de Venise -par U dine à Trieste.
Postes.
Noms.
Postes.
Noms.
par eau.
1. Mestre.
1
5. Codroipo.
- 1V2
2. Treviso.
J V2
6. Udine.
1
Lo radin a.
1
Nogareto.
1
3. Cornegliano.
1
7. Gradisca.
1V2
4. Sacile.
1
8- Gorizia.
1
Pordenone.
2
9. S. Croce.
1I/2
Valvassone.
I
10. Trieste.
16 p.
Observations locales.
1. Auberge, à l’empereur. La ville est très-peuplée,
et l’on ne voit que des barques et des gondoles. Le prix
d’une gondole , pour aller à Venise , est fixé par le gou¬
vernement, à 9V2 lire; ce prix est si modique, qu’on ne
refusera pas, de donner encore quelques lire, pour boire.
2. Excellente auberge, à l’aigle. La route est bor¬
dée de jardins et de magnifiques villas. A Treviso il
faut voir l’église de St. Nicolas, l’église épiscopale, l’hô¬
tel de ville, les deux théâtres etc. Il y a ici deux aca¬
demies d’agriculture et Filodranimatica.
3. On passe loPiave, sur^n pont de bâteaux derrière
la nouvelle poste d e Lovadina. L’auberge à Coîrvegliçno
est. très - bonne. Du haut d’un vieux château, on jtftfit
d’une vue superbe.
i66 L'ITALIE. ITINÉRAIRE
4. On logo à la poste. A Valvassone on trouve le
chemin de traverse de Pontiebba , 4 p. V. No. 15.
5. On passe le Tagliumento. Non loin. île Codroipo ,
est la villa de Passeriano , palais magnifique, habité
par Napoléon , lors du congrès de Campo - b'orrhido \
le chemin passe par ce village de Camp o - Formido , et
Ton montre la petite maison» où fut signé le traité de
paix, qui en porte le nom. L’archiduc Charles , était
logé à Udine. A Udine un licéè , une société d’agricul¬
ture , et une dite Acquilejese. Si l’on ne veut pas cou¬
cher à Udine y on passe de Codroipo à Palmanova 2 p.
Gorizia 2 p ; cette route abrège d'une poste.
6. A la croix de Malte, auberge excellente; Popula¬
tion: i8,oco a. Ville jolie et florissante. Le ci - devant
palais du Luogo - tenente, avec une vue très - étendue ;
le palais de l’archévéque ; l'hôtel du Signor Torreani,
et les hauts - reliefs de Torrctti , sculpteur Vénitien,
l'église cathédrale , ses bas - reliefs en bpis etc. Le vin
de paille des environs d 'Udine est renommé.
7. Gradisca avec ses tours antiques, se présente très-
pittoresquement.
8- On passe le Lisonzo. Bonne auberge à l’aigle
bleu. Du haut du Castello ou château, l’oeil domine là
ville et la vaste plaine.
9. Près de St. Giovanni , les fontes et saxa Timari ,
de Virgile.
10. Belle vue des Alpes et du Golfe Adriatique, à la
ci-devant douane de Tybein. — Trieste. (V. tableau
des villes d’ Allemagne.)
15. Route de Venise à Vienne , par la
nouvelle route.
Postes.
Noms.
Pestes.
8x/a
Valvassone. V.
1
No. 14.
1
1
San - Danielo.
1
1
Ospitaletto.
I
1
Résiata.
- 1
1
Pontiebba.
1 y 2
I
Tarviso. ;
1V2
z
Arnoldstein.
1
Villach.
1 1
Noms.
Vclden.
Klagenfurt.
S. Veit.
Friesach.
Neumark.
UnzonîTiarb:.
Jud^nburg.
Knietenfeid. .
Lreutbath.
L’ITALIE. ITINÉRAIRE. 16?
Postes.
Noms.
Postes.
1
Léoben.
8 Va
X
Brugg.
36 P1
Noms.
Vienne. (V.lti-
néraire de l’Al¬
lemagne, Nd.
43-)
Observations Lo c aies.
Entre Valvassonne et San-Danielo , on passe le Ta*
gliamente en bac, et les autres fleuves et torrens sur
des ponts. La route est bien servie en chevaux, ex¬
cepté dans l’Illyrie. A Pontiebba était la douane des
anciennes frontières autrichiennes. Les auberges, sur¬
tout du côté allemand, sont très-bonnes. On parcourt
des pays et des sites agréables et pittoresques , prin¬
cipalement depuis San- Danielo jusqu’à Klagenfurt. A
Velden commence la frontière Illyrienne , et le visa du
passeport. Léoben , au jardin de M. d Eckenwalde , le
monument érigé en mémoire du traité de paix, qui fût
signé à la petite maison du jardin. A San-Danielo il
faut voir le château hospitalier et la bibliothèque du
comte Concinna .
B.
Plan d'un voyage en Italie , avec des voituriers.
En passant par le Mont-Cénis, et’ par Rome, et reve¬
nant par la Toscane et Gènes.
De Chambéry a Planesse
Aiguebelle
Saint - Jean - de M aurienne
Saint-Michel .
Modane . .
Lasnebourg
Lieues .
5
41/2
5
• 3
3
• 5
La matinée de cette journée s’emploie à monter
le Mont- Cénis, et le soir on couche à BiCcholin.
Au reste, c’était anciennement. Depuis que le
Mont- Cénis ést devenu un passage commode,
168 L’ITALIE. ITINÉRAIRE
les journées du voiturier se régleront autre¬
ment.
Bucholin . . , , , ,
Saint-Antoniiî
Turin . .....
Chiavazzo ......
Eignrno . . . . . ,
Verceil ......
Noyarre ✓ . . . .• .
Sedriano ......
Milan . . . . r
La Canonica .....
Bergame .... . .
Coccario . .
Brescia ......
Eonato ......
Castel - Nuovo .....
Vérone . . ' .
Castel- Belle .....
On passe par Vicence, et l’on couche aPadou
A Mira . .....
On passe par Fusine , et de -là a. Venise
En retournant de Venise; la même journée
Moncelesi . . . . / .
Rovigo
Fer rare
Armarose
Bologne
Imola
Faënza
Forli
Cezenna
Rimini
Catolica
Fa no
Sinigaglia
3
4
5
5
5
7
5
9
6
6
4
01/2
ty
5
4 '
P
<sva
3
4
4
8
4
5
7
7
3
672
3
3V2
5
61/2
4V2
6
5
En allant à Ancône, il faut se charger de vi¬
vres, les voiturins ne conduisant pas les voya¬
geurs jusqu'à la ville, et s'arrêtant à un quart
de lieue de distance , à cause de la montagne
qu’il faut gravir pour y entrer • • 7
Lorctte ...... *5
Macerata 572
L’ITALIE.
ITINÉRAIRE. 169
Lieues .
Tolentipo . ,
-v ' 3 V*
Al ponte délia Trava
• • • • -5
A Seravalla
Aile Case Nuove
. 4
A Foligno
4
Spoleto
.
Au haut d’unp montagne à une maison isolée 3
Terni ....
. . . • .4%
Narni . . .
. • • • • 3
Citta Castellana
. 7
Rignagno .
3
I.a Varchetta - .
. 6
Rome
. • • 2
De Rome , il faut nécessairement prendre la poste,
et aller d’une traite à Naples , à cause des mauvaises
auberges, et des risques qu’on court sur le grand che¬
min, qui est toujours infesté de coquins des deux états.
De Rome à Beccano
. .
•
6
Monterose
3
Konciglione .
.
.
4
Viterbe
4
Bolsiena
. .
*
S. Lorenzo
2
Au pied de la montagne de
Radicofani
.
6
Turinière .
3
Saint- Quirico
.
0
3 Vt
Ponte - d’Arbia
4V2
Siena ....
.
.
4V2
Poggibonzi
5 Va
Castel - Fiorentino
«
.4 Va
Montelupo
4V2
Florence
5
Giretto ,
bVa
Pietra- Mala .
, m .
‘é
6
Scarica-l’Asino .
2
Pianore
• %
#
3
Bologne
• • •
•
3
Modene
» •
7V*
Reggio
1 ,
•
5
Parme ....
• •
¥
1 4# 5
5
Borgo - Sandolino
• * » e
5
A la Cadé
Guide d. Voy. T. ,
p
-
ai
170 L’ITALIE. NAVIGATION
Plaisance
Castel - Saint - Giovanni .
*' V \*-
Lieues.
3
* 4
Bronio ....
Viguerre
•
4
. 4
Tortone ....
. . .
3
Novi ....
•
• t
4
Viagio .
...
4
Campo- Marone
•
• .
• 4
Gènes ....
.
4
Les journées des voiturins
peuvent encore
148
se faire
de la façon suivante, quand <
on
veut connaître Pise.
Livourne y Lucques etc.
De Castel Fiorentino à la Scala
Lieues .
4T/a
De la Scala aile Formazette
# m
4
Delle Formazette à Pisa
• • •
5
De Pisa à Lucques
.
• 4
De Lucques à Pistoia
. .
6V2
De Pistoia à Firenze
•
•
. 6V2
On peut faire le voyage de Pise à Livourne , avec
une barque qui part tous les jours.
Communication par les canaux , et les fleuves.
Navigation intérieure sur les rivières et les lacs du
Royaume d' Italie; et communication par les
Un voyageur est souvent dans le cas, de poursuivre
sa route par les moyens rapides et moins dispendieuses
des barques ; les éditions précédentes ne donnaient au¬
cuns renseignemens à ce sujet; nous venons de remédier
à cette lacune , par des . notices sur la navigation inté¬
rieure de la plus grande partie de l’Italie, que nous
avons tirées des notes instructives r qui accompagnent
L’ITALIE. NAVIGATION. fft
la Carta délia Stazione militari etc. eseguita per or -
dîne del Ministro délia Guerra. 18Q8-
La rivière du. Pô
est navigable en toute saison et pour toute espèce de
transport, à moins que l’eau extraordinairement gros¬
sie n’en rende le passage dangereux. Seulement si * e
lems est très- sec, la navigation aù - dessus de Crem'oh'é
ést interrompue. On ne fait pas voile dans l’obscurité
de la nuit, pour ne pas heurter contre les moulins à eau
sans nombre qui s’y trouvent, et pouir éviter générale¬
ment tout autre danger.
Sont éloignées du Pô , compter d'après les routes
à voiture les plus proches, savoir
mill es ital.
Alexandrie . . . . . .de 7I/2
Tortone . . 10i/2
Voghéra . .. I0i/4
Pavie • * . - 53/4-
eette dernière distance étant comptée jusqu’à Mezzana
Corti »
La rivière de Toce
est navigable depuis Pilla jusqu’au Lago Maggiore
pour tout transport, excepté dans les tems chauds et
secs , et lorsque l’eau est gonflée.
La rivière de Ticino
se prête à la navigation en tout tems et pour tout trans¬
port, même dans la saison aride , seulement le passage
alors est un peu pénible en quelques endroits. Sont
éloignés, par le chemin roulant le plus court,
Novara . .
Turbigo ....
BoSalara -
Novara, à compter du port de la Ville précé¬
dente ....
Vigevano .
Abbiate grasso , h compter du pori de la ville
précédente .
Bereguardo , à compter de son propre port
6%
1^/4
2V2
?3U
«3A
4-V2
I34
Le grand Canal
nnî tOUte saison el «'<= cargaison.
»« . AbUate gra,n a y a n% m,Ue> ^ * °»;
P Z
!
172 L’ITALfE. NAVIGATION.
La rivière d Adda
est également navigable en toute saison et pour tous les
transports, depuis Trezzo jusqu'au lac de Lecco ; ce¬
pendant, en descendant de Lodi , si le tems est très -sec
on rencontre des difficultés.
Le Canal de Martesana
peut être navigué en toute saison et avec toute espèce
de cargaison ; de Casano jusqu’au plus proche point du
canal, sur le chemin à voiture le plus court, on compte
3/4 de mille, et 2 milles de Casano à inzago.
La rivière d' Ogli.o
admet le passage au dessous de Pontevico avec toute es¬
pèce de transport, dans les mois de Janvier j Février,
Mai, Juin et Juillet: les grandes eaux et la sécheresse
interceptant la navigation pour les autres mois de
l’année.
La rivière de Mincio
est navigable depuis Mantoue , à vau -d’eau en toute
saison et pour tout transport.
Le Canal Tassoni
est également navigable. De Reggio à Mancasale y oü
le canal commence , on compte 2 milles , et de Manca-
sale jusqu’au Pô , au delà de Guastalla , il y en a 17.
Le Canal Bussê
établit, conjointement avec le Tartaro et la Fossettay
la communication entre Legnano et Ostiglia , mais non
celle de VAdige avec le Pô. Comme il ne porte pas de
gros vaisseaux-, il exclut les grands transports. Si le
tems est bien sec, souvent il n’admet pas le passage.
Depuis le canal jusqu’à Legnano il y d V21 et jusqu’à
Roverchiarà V4 de raille.
La rivière de VAdige
porte tout transport; de Rovigo jusqu’à VAdige on
compte trois milles, sur une bonne route de poste.
Canaux de la Polesini de Rovigo.
Toutes les eaux de ce canton se dirigent vers le Pô :
c’est pourquoi la navigation dans la Polesine , entre
le Pô et VAdige , se trouve difficile, et mC-me in-
LTTALIÊ. NAVIGATION. 173
tfrrompue , parles nombreux moyens employés néces¬
sairement pour empêcher le reflux de l’eau et pour
maintenir le gros de la navigation.
Tous les canaux, tels que le canal Bianco , Sortico ,
Castagnaro , JPolesel et Adigetto , sont toujours naviga-
-bles, et pour touts les transports ; à l’excep-tion de l:Adi~
getto qui, dans des tems très - pluvieux , est fermé et
par là mis à sec, opération d’autant plus nécessaire que
sans cela ce canal, destiné au découlement des eaux,
inonderait le pays.
Les routes qui suivent les bords des canaux, se trou*
vent toutes au bas des digues, et celles qui vont derrière \
les digues principales, en hyver ne sont pas prati¬
cables.
La partie de la rivière de Tartaro- , qui réunit les
canaux Busse , Castagnaro et Bianco , ne comporte pas
de grosses cargaisons., et dans des tenxs secs, pas même
de petites.
Rivières et Canaux entre VAdige et l'Isonzo.
Les rivières et canaux suivants sont navigable» en
toute saison et pour tout transport:
1° le Canal de Monselice r depuis Este jusqu'à-
Padoue.
2° la rivière de Bacchiglione y en descendant de
Vicenee.
3° le Canal Pievego }usqusà la Bventa morta près
Stra.
40 la Brenta morta.
5° la rivière de ÿile , en descendant de Trevis-o.
6° la rivière de Piave , au-dessous de Noventa ; la¬
quelle déjà, en descendant de Belluno , supporte de mo¬
diques transports. Elle n'admet d’ailleurs la navigation
qu’environ huit mois dans l'année, à moins qu’il n’ar¬
rive des eaux plus grandes qu'a l'ordinaire. Pour aller
de Belluno à Narvese on met ordinairement milles
italiens.
70 la rivière de Livenza , en descendant de Porto
Bujfole.
8° les Canaux Noucello et Meduna , depuis EfoueeÇlc
et Villa nueva jusqu’à la rivière de Livenza .
174 L’ITALIE. NAVIGATION.
9° la rivière de Lemene , en descendant de Porto
GruarQ.
io° la rivière de Tagliamento , en descendant de La-
tisana.
il0 la rivière d'Ausa, en descendant' de Cargig-
nano.
12° la rivière d'Isonzo , à commencer à l’endroit où
elle prend le nom de Sdoba jusqu’à la mer.
Canaux dans les Lagunes Adriatiques .
L.es canaux ci -après indiqués, y sont navigables en
toute saison et pour toute cargaison , savoir
1 le Canal de Ravenna jusqu’à la mer au Port o-
Corsini.
2 le Canal de Comacchio.
3 le Pô di primaro , depuis S. Alberto jusqu’à la
mer.
4 le Pô di Valona , en descendant de Ferrara.
5 le Pô di Ariano e di Gora , depuis la rivière de
Pô jusqu’à la mer.
6 Canal delle Toile.
7 le Pô di Levante .
8 Brentu novissima.
g Taglio Foscari.
10 Canal Pordelia.
11 Canal Sioncello.
IS Canal délia Dolce.
J3 Canal délia Fossetta.
14 Canal Pordelia *
15 Canal Rcvedoti .
16 Piave Vecchio.
17 Canalazzo.
ï8 Canal Lugugnano .
19 Canal Progettato .
20 Canal Marano.
21 Canal S. Giorgio.
22 Canal Vcrgini.
23 Rivière de JSalisa.
Outre ceux qui viennent d’être nommés, il y a en-
•core une foule innombrable de moindres canaux et ri¬
vières sur le bord de la mer, mais qui ne sont navi¬
gables que. pour les vaisseaux de la plus petite dunen-
sien.
--
L’ITALIE. NAVIGATION. 175
Lacs.
Sur tous les lacs de la partie méridionale du Royaume
d’Italie , ordinairement on remarque deux vents qui y
soufflent tous les jours. L’un d’eux, dans la direction
du nord au sud, commence à 2 heures dans la nuit-et
dure jusqu’au matin vers 10 heures: l’autre va depuis 2
heures apres midi jusqu’à peu près minuit, soufflant du
sud au nord. lie vent du nord est douteux; il est ap¬
pelé Tivano sur les lacs d'Orta, Maggiore , Lvgano et
Como , tandisque sur les lacs d Iseo et de Garda on le
nomme Sover. Le vent du midi, connu, sur les pre-
iniers, sous le nom de Breva , sur les derniers s’appele
Ora. Outre ces deux vents .réguliers il régne souvent
encore sur ces lacs d’autres vents aussi rudes qu'irrégu¬
liers, surtout dans les saisons rigoureuses.
En général, quoique les vents; sortant d’une ma¬
nière imprévue des gorges des vallons qui entourent les
lacs, s’y fassent sentir souvent avec impétuosité, ils ne
rendent pourtant pas la navigation dangereuse : l’expé¬
rience ayant suffisamment appris à avoir soin de la
sûreté des vaisseaux.
L’apperçu suivant indique Içs distances des lieux
principaux sur les différens lacs.
Sur le Lago-maggiorei
De Sesto
à A r o n a
• Angera
D'Arona ou d’ Angera
à l’embouchure de la rivière de Toce
-Feriolo „
■Laveuo .
• Isola bella
- P ail anza ....
- Intra . . „*
- Lui no „
- Canôbio
- Pÿio .....
m. ital.
• 472
4V2
12V2
• 127*
10
972
I0V4
II
i77i
20V2
2372
176 L’ITALIE. NAVIGATION.-
D* Lavsno
à In tra .
« P a 11 an sa ... *
• Feriolo
- l’embouchure de la rivière de Toc*
- Isola bella .
à P ino
- Locarno
- Magadi&o
à Loc a rn 0
- Magadin o
De Luino
De Cancbia
De Pallanza
à I titra .
- Luino •
-Canôbio
• M a g a d in o
• Isola bella
- l’embouchure du T o ee
Sur le Lai de Cçmo.
De Coma
àBellâgio
- Men dgio
~ B ellano
» D ervio
à D erv io
- C o li co
- Dongo
* Gravedona
- Sorçio
De Bellano
- l’embouchure de l’ Adda
10
I0*/2
3
10
22V2
2
2V4
141/4
I5V2
18
30V4
2V4
8
5
6i tz
9
U
De LeccG
à B ell âgi o
- Men agio
- Bellano
- D ervio
10V2
12V4
13J2
15V4
■w
L’ITALIE» NAVIGATION.
De Menàgio
B e 1 1 an o
Dervio .
Colico. . . 1 .
Dongo . . . . •
Sorico.
Grave do n a
l’embouchure de 1’ Ad da .
*7 7
m. ital
‘ 3
4V2
10
7
«Va
«Va
13
De Gravedona
à C olico
-Dongo.
-Sorico . . . .
- l’embouchure de l’Adda .
De Sorico
à C ol i c o
à l’embouchure de T A dda .
De l’embouchure de VAdda
«Riva
2V2
2
3 Va
5
aV4
xVa
2V2
Sur le Lac de Lugdno,
De Lugano
à. P o r t o
-Porlezza
-CapodiLago
■ Ponte di ïresa
à Capo diLago
-Porto . . . 4
-Ponte diTijesa
De Çavo di Lago
à Porto
- Ponte di Tresa
- A g n o
De Porlezza
à Agno
•Ponte di Tresa
- Mo r cote
De Porto
7VZ
8V4
7
10V2
13V4
I3V4
17
9t/2
10
5Va
5V2
2
178 L’ITALIE. NAVIGATION.
De Melite.
a C apo ài Lago
• Bissone
Sur le Lac d'Orta,
D’ Orta.
k Buctione
- ümegna
Sur le Lac de Garda .
De S.alo
l Garda .....
Gargnano
Riya ou à Torbolc
Malses ine ....
L azis e
De Peschiéra
, D e senzan a .
S al o . . '
Se rmi o ne . *
Gargnano .
Riva ou à Torbole
Malsesine ....
Garda .....
La zi se
De Riva ou de Torbole
à Gargnano
- Malsesine
- Garda
- Lazis e
à Lazis e
De Garda
De Desenzano
à S al O.
- Sermione ....
• Gargnano
• RivaouàTorbole . *
-Malsesine • » ,
. ital.
4
Va
a*/*
4
8Va
8Va
22V»
18
nV4
m
i3
5
î5V4
38Va
21V2
8
4Va
14V2
7
22*/2
25V2
4V*
il1/*
3V4
14
28
Zl
I
L’ITALIE. NAVIGATION. ijrç
à Çarda
• Lazise
à Marone
- Lovera
•^Castro
à I se o
- Marone
-LO vere
- Castro
a:: .‘T . >m. JLtal.
• . * 93/4
• ' . - 9
'rAir: . , -J3l>
Sur le lac d'iseo .
V'Iseo, ' • ’ ’*'<
• - ü . • - . : mb
.... 11
♦ ■ 9
. /STiilyorfjt*:
;i svimoalrï js
4V4
?r/*
De Sarnico,
à Castro
à P i ê v e
- Anfo
Sur le laci.d' Idro.
De Lovere.
n*oi
D’irfrO.
u .1 ■
V 1 U9
Ï3/V
2V2
D ’ A uf 0 jusqu’à l'embouchure de l’Arno . 53/+
8-
<»v
: 1 & ; 3 ;
Cartes. Manuels. Relations de voyages de
fraîche date.
' ' ■' :»10V
La carte du théâtre de la guerre d.' Italie , pa xt Bâcler
iFAlbe en 30 feuilles , passe pour une des carte^ le^ plus
complètes et les plus exactes de ce pays ; (elle, comprend
de même la Suisse et une partie de l’ Allemagne , in’àij,
vu son volume, elle ne peut guère# entrer dans le por¬
tefeuille d’un voyageur.) .. .. J:|a
f§6 L’ITALIE. MANUELS. .
Nuova carta deli’ Itaîia eseguita a spese di Guiseppe
yïoliiii , sôtto la direz’one di G. A. Ricci - Zaniïoni. 1302.
deux feuilles.
.Carta deile Stazio ne militari etc. eseguita par ordine
del Ministro délia Guerra. igog. r . T - (
Itinerario Italiano , [orné de 53 cartes routières et
particulières. M ilanese. igeg. N. E.] ( Pour accréditer
cet Itinéraire , il suffit de dire , qu’un voyageur mo¬
derne et de mérite, M. de Morgenstern , en vante Futi¬
lité et l’exactitude, d’après sa propre expérience.) —
Voyage historique et philosophique dans les princi¬
pales villes de l’Italie par P. Petit -Radel. Paris, 1815.
g. trois volumes. A < u :
Voyage minéralogique, philosophique et historique
en Toscane par le Docteur Tozetti. To. 1 2. A. Paris,
1792. ’ • .
Voyages dans les deux £îciles et dans quelques par¬
ties des Apennins, par Spaîlanzani, traduits de l’Italien.
T. 1-6. A Paris. An VIH, g.
Voyage physique et lithologique dans la Campanie,
avec des cartes de la Campanie, des cratères éteints du
Vésuve, du plan physique ‘dé Rome : trad. du manuscrit
italien du^Lr.. fyreislqçk par le général Pommereuil. To.
1. 2. A Pafis , an IX. 8-
Voyage en Italie par M, de la Lande. Seconde édi¬
tion corrigée et augmentée. A Paris 1786, 9 volumes, étun
vol. 4ui contient des plans et des cartes. (Le Voyage en
Italie de M. Miltin , dont 2. volumes viennent de paraî¬
tre, est ce que nous possédons de plus récent et de
plus instructif surtout en fait d’antiquités et des arts.]
L’ITALIE; MANUELS. igc
Les voyagea de Cochin ., dé Groslcyf de Richard , de
Dupatÿ , de Barthélémy,; de» Duclos , ' de Donatien d*
Musset, de Creuzé de Lcsser , et tant d'autres, sont de
plus ancienne date.
La Corinne de M'a#. de Stai'î, est trop célèbre , pour
que nous ayions besoin de la citer. Mais au moins elle
ne doit pas manquer dans cette nomenclature.
Beaumont's travels through the maritime Alp9 from
Italy to Lyoiis across tbe Col de Tende, by the way of
Nice, Provence, Languedoc etc. JLondon, 1795. 4.
A classical tour tbrough ïtaly, with an account of tlie
présent State of its cities and towrs : by John, Chetwod &
Kustace. To. 1. 2. London, 1814. 4. [Le voyage se fit
en 18OZ, mais l’introduction renferme des observations
et des régies instructifs pour ceux, qui se proposent de
faire le voyage d’Italie. ]
Voyages and travels intheyears 1809, 10, 11, containing
observations on Gibraltar, Sardinia, Sicily, Malta, Serigo
etc. by John Galt. London, 1813- 4.
Sicily and its inhabilants : observations raade during
a résidence in that country, in 1809 and 1810. by IV. H.
Thompson. London, 1813.4*
Alpine SJcetches , in a tour through parts of Holland,
Flanders, France, Savoy, ^witzerland etc. during the
Summer of 1814. by a member of the university of Ox¬
ford. London, 1814. 8*
A tour through some parts of France, Swifzerland ,
Savoy etc. during the Summer and Auturan of 1814- by
Richard Royle Bernard. London, 1815. 8.
(Un grand nombre? d’anciens auteurs Anglais, ont
publié leurs voyages en Italie, Addison , Richardson ,
Gray , Russell , Northall , Orrery , Smollet , Baretti ,
Miss Miller , Moore,. Brydane r Burney , Toung, Sher -
tolc , Sharp , Piozzi , Wright , Swinburne , Broolte etc.)
[Les voyages du comte do Stollberg , de Jacobi , de
Meyer, de Hager, de Kuttner de Ramdohr etc. qui ont
paru avant 1800 en Allemagne, fournissent une lecture
aussi intéressante qu'instructive.]
Guide (1. Voy. T. H. Q
18» L’ITALIE. MANUELS.
Streifereiep durch Innerôsterreich , Triest, Venedig,
ï8co. Leipzig, 1801. (L’auteur est Mr. Wiedemann.)
Graf Cas-par von Sternberg , Reise durch Tyrol in dit
ësterreichischen Provinzen Italien’s, im Frühjahre 1804*
Regensburg, 1806. 4.
Briefe über Italien, geschrieben 1798 und 179g. Leip¬
zig, 1802. 8- ( L’auteur s’appela M. TVoyda , et était atta¬
ché à l’état-major de l’armée du général Moreau.)
Bruchstücke aus einer Reise durch einen Theil Ita¬
lien’s, im Herbst und Winter 1789 und 1799. 1. und 2. Th.
Leipzig. 1801. 8 Par Erneste Maurice Arndt. ( Une nou¬
velle édition en a parû.)
Reise durch Oesterreich und Italien, von J. J. Ger •
ning. Frankfurt. 1802. chez PVilmans.. 3 vol. 8. (Cet ou¬
vrage est publié par un homme de lettres de mérite , et
qui a fait un long séjour en Italie.)
Tagebuch einer Reise nach Italien im Jahre 1794.
1802. 8* (C’est le voyage rapide d’un loyal Suisse par le
Tyrol h Venise et Rome.)
Spaziergang nach Syracus im Jahre 1802: von Seume.
(Des détails très • curieux y sur quelques villes d’Italie,
et surtout, sur la Sicile.)
Benkowitz Reise von Glogau etc. naçh Venedig, Bo-
logna , Florenz, Rom, Neapel etc. Berlin, 1803 — 1805. 8-
3 volumes.
Reise durch einen Theil von Tèutschland, Helvetien
und Ober -Italien , im Sommer 1803. Berlin, 1804. 1805.
Nouv. édit. 3. vol. 8- (L’auteur de cet ouvrage, qui ren¬
ferme un grand nombre de renseignemens exacts et nou¬
veaux, est M. le Baron de Menu.)
L’ITALIE, MANUELS, 183
Erinnerungen von einer Reise aus Liefland nachRom
ur.d Neapel, von A. von Kotzebue. Berlin, 1805, 8- 3 voi*
(Relation de voyage, accueillie par le public avec em¬
pressement, et traduite en langue française et anglaise).
Neue Briefe über Italien , von H. Eichholz. Zuric,
l8c6. 3 vol. 8-
Ansichten von Italien, von Rehfues. To. I. 2i 3. 4.
Zuric, 1809. (Ouvrage de mérite).
Briefe über Poler., Italien, Etrurien, Neapel etc., von
B. v. Uklanski 1807-1808. Leipsic 1808- vol. 1. 2. (Lettres
que l’on parcourira avec plaisir. Il existe encore deux
autres ouvragés, qui contiennent nombre de notices uti¬
les sur plusieurs villes et pays d’Italie, et qui ont feuM.
Benkowitz pour auteur; ee sont, Helios der Titan , oder
Rom und Neapel , et V Italie ni seine Cabinet. Nous avons
indiqué à la'page 153 l’ouvrage instructif, de feuM. Char -
les Grafs, peintre). ^
Mr. de Morgenstern a publié en 1813 le premier vo¬
lume , ou les trois premiers cahiers de son intéressant
vo-yage , sous le titre: Reise in Italien , im Jahre i8oq. 8*
ou: Auszüge aus den Tagçbüchern und Papier en eines
Reisenden , von Dr. Karl Morgenstern.
Tagebuch einer Reise durch eiuen Theil Deulsch-
lands und durch Italien , in den Jahren 1804 bis 1806 von
Elisabeth von der Recke , geb. Reiclisgrafin Mtdem , her-
ausgegeben vom Hofrath Bottiger. Berlin, 1815. 8- deux
volumes. [Les deux noms si célèbres et de Fauteur et
de l’éditeur, suffisent pour faire réchercher avec em¬
pressement la lecture de cet ouvrage].
Die Herbstreise nach Venedig von Friedrich v Rau-
mer. 2. Theile. 181G. 8- Livre qui ne fait que paraître,
mais qui donne une lecture aussi instructive qu’intéres¬
sante.
Voyage historique., littéraire et pittoresque dans les
îles et possessions ci- devant Vénitiennes duLevant. Par
St. Sauveur , ancien Consul de France. Trois volumes,
accompagnés d'un atlas. A Paris, an VIII, 8- (Des dé¬
tails très exacts sur des îles., que Ton pouvait , avant
les derniers événemens, regarder comme une terra inco -,
gnita )-
N o te. Le voyage pittoresque de l'Istrie et de la Dal¬
matien par Lavallée et Cassas , 14 livraisons; le vo¬
yage pittoresque de Naples et de Sicile } par St.
•K
184 L’ITALIE. MANUELS.
Non; et ie voyage pittoresque de Sicile et de Malte , par
M. Houel grand - in * fol. sont trois ouvrages enrichis
d’estampes, de plans, de vues etc., et parés de tout le
luxe tjpographique. Il faut y ajouter deux ouvrages,
qui rivalisent à tous égards, avec ceux que nous venons
de citer. Ce sont les Vues pittoresques des principaux
sites, et monumens de la Grèce et de la Sicile et des y col¬
lines de Rome, dessinées et gravées à l’eau forte au trait,
par M.- M. Cassas et Beace , avec une explication par M.
Landon. A Paris 1812. chez M. M. T reuttel et IVurz , et
le Voyage pittoresque du Nord de l'Italie par M- Bruim-
Neergard, les dessins de Naudet. Paris, 1812. Fol. JL’ex-
cellent ouvrage classique de feu M. IV inltelmann , l'hi¬
stoire de V art dt V antiquité , traduit de l’allemand, par
M. Huber le père, a surtout rapport aux chefs - d'oeuvres
de l’antiquité qu'il ne faut plus chercher en Italie, ayant
été transportés presque tous par les Français k Paris.
JL.es Souvenirs de Châteaubriant , renferment aussi
des souvenirs d’Italie. Les 5 volumes du charmant ou¬
vrage de Mr. de MaXthison , Erïnnérungen. Zurich , 1810
- 16. sont pleins de tableaux et d’observations, les fruits
de son séjour a diverses époques, en Italie,
I
Ta b le alphab ê ti que
A.
Abano. 59.
Adlersberg. 107.
Aiguebelle. 13?»
Airolo. 114.
Ala. 104. 164.
Albano. 79. 149.
Alexandrie. 134. 135. 140. 171.
Alticchiero. 59.
Alvernia. 157.
Ancône. 144. 146. 168.
Aoste. 120.
Arezzo. 156. 157.
Arona. 41. 175.
Arqua. 59. 162.
Assise. 156.
Asti. 134. 135-
Aversa. 150. 152.
B.
Baccano. 149. 153.
Bagnonero. 43.
Barletta. 153.
Bassano. 165. 167.
Bellinzon^. 114. 123.
Bergarae. 162. 163. 168-
Bettola. 140.
Bocchetta. 135.
Bologne , tableau. 24. 141.
158. 159* 169.
Bolsene. 155.
Borgo-Buggiano. 136* 139.
Boscolungo. 103.
Bramant. 131. 133.
Brescia. 162. 163. l6g.
Brigue. 125.!
Brunette. 133.
c.
Caldiero. 99.
Camoccia. 156. 157.
Campo Formido. 166.
Campo Marone. 131. 135. 140.
Capoue. 150. 153.
Carrare. 137.
Casai. 134.
Casarte. 55. 152»
Cassano. 169. 172.
Castel-Gandolfo. 79.
Castel- Guelfo. 143.
Cava. 52.
Cento. 159. 160.
Cesena. 144. 145.
Cevq,. 128-
Char&tjéry, 132. 167.
Charmettes. 132.
Chiavenne. 121. 123.
Chievari. 33.
Chioggia. 159.
Chiusi. 155. 157.
Civita" Castellana. 144. 149.
Coire. 121.
Côme.. 42. N
Coni. 127.
Correggio. 143.
Cornegliano. 165.
Cortone. 157.
i86 TABLE ALPHABETIQUE.
Cosenza. 153.
Cremone. 143. 171.
D.
Dorao d’Ossole* 125. 126-
E.
Elbe, isle. 86.
Etna, voyage sur cette mon¬
tagne. 36.
Evian- 126.
F.
Faënza. 144. 168.
Fano. 144. 146.
Ferrare. 159. 160. 168.
Ferrières. 133.
Finale. 127- 128.
Fiorenzola. 141. 142.
Florence, tableau, 26. 103.
136. 138. 144. 153- 156- 158- 169.
Foligno. 144. 147. 156.
Fondi. 150. 151.
Forli. 144. 145.
Fort-Urbain. 143.
Frascati.
Fusine. 159. 161. 168.
G.
Gaëta. 150. 151.
Garda, lac. 162. 178*
Gavi. 135.
Gênes, tableau. 31. 126. 127.
134. 136. 140. 170.
Genevre, mont. 133.
Giornico. 114.
Glise. 125.
Gradisca. 165. 166.
H.
Herculanum. 55.
J.
Idro , Lac. 179.
Imola. 144.
Incisa. 156. T57.
lnsbruck. 107. 108. 165.
Ischia, isle. 56.
Iseo, lac. 179.
Isles Borromées. 40. 175.
Isola bella. 41. 175. 176.
Isola madré. 41. 175.
Itri. 150. 151.
Ivrée. 120.
K.
Klagenfurt. 166.
L.
Lasnebourg. ni. 131.
Laterina mofèles. 157.
Leoben. 167.
Lerici. 136-
Lerici. 136.
Levane. 156. 157.
Liraone. 127.
Livourne. 136. tableau. ^7.
170.
Lodi. 141. 142. 172.
Loiano. 158- 159.
Loretto. 144. 147. i63*
Lucques. 136. 139. 170.
Lugano , lac, 177.
M.
Macerata. 144. 147.
Mancasale. 172.
Mantoue , tableau. 34. 143.
Marengo. 135. 14®.
Marignan. 141. 142.
Marin o. 80. 150.
Martigny. 115. 126.
Massa- 136. 137.
Messine, tableau. 35. 153.
Mestre. 165.
Milan, tableau. 37. 126. 140.
141. 143. 161. 163. 171.
Modane. 131. 133.
Modène
141. 143. 169.
Mont- Cénis? passage de cette
montagne, 108. 131* 167.
Monte-Calini , bains. 139.
Monte-Fiascone. 153. 154.
Monterosi. 149.
Monte rotondo. 8&-
Monte-Pulciano. 155. 157.
Montcu. 141.
Montmélian. 132.
Monaco. 128-
Morbegno. 42.
N. •
I^aples, tableau. 43.149.153.169.
Narai. 144. 148.
Kenai. 80.
INice. 126. 172. 135. tableau, III.
£îola. 48-
jSoü. 128-
INovalaise. 110. 111. 133.
2*ïovarre. 141. 171.
Novi. 134. 135. 140.
O.
Oltreponte. 149. 150.
Oneille. 128»
Orta, lac, 178.
Urvieto. 155.
Otricoli. 144. 149.
P. -
Padoue, tableau. 58. 159s 161
162. 164. v
Paestum. 52.
Palestrina. 80.
Palazzuolo. 162. 163.
Paradisino. 158.
Parme, tableau. 59. 141. 143.
169.
Passeriano; 166.
Pausilippe. 53.
Pavie, tableau. 40. 140.
Pérouse. 156.
Pesaro. 144. 145 146.
PescHiera. 163. 178*
Piétolo. 35.
Pietra mala. iÿ3* 159.
Pietri. 52.
Piperno. 150.
Pise, tableau. 61. 137. bains
62. 137. 156. i?o.
Pistoje. 136. 139.
Plaisance. 141. 142.
Planése. 132.
Pleurs; 124.
Pompéji. 55.
Pontietta. 166. 167.
Porretta. 103.
Eortici. 50. route 54.
Pozzuoli. 53.
Prato. 136. 140.
Pratolino. 30. 158*
Procida.
R.
Radieofani. 153, 155.
Ravenna. 145.
Reggio. 141. 143. 153.
Rheinwald, 122.
Rimini. 144. 145.
Rivoli. 131. 134.-*
Rocca diPapa. 8o»
Rome , tableau. 62. 144. 149-
135- *58- 169-
Ronca. 99.
Ronziglione. 153. 154.
Roveredo. 164.
Rovigo. 159. 160.
Ruffinella. 80.
S.
S. Faustino. 43.
S. Marino. 145. 146.
Salerne. 52. 153.
Saluzze. 127.
Samoggia. 141. 143-
San-Agade. 150. 152. -
TABLE ALPHABETIQUE. 187
tableau. 4?. 133.
188 TABLE ALPHABÉTIQUE.
San Danielo, 167.
San -Miiiiato. 139.
Saorgio. 127.
Sarzana. 136?
Savone. 127. 128. 135.
Sienne, tableau, 35. 153.
169.
Simplon, passage et route
de poste. 124.
Sinigaglia. 144. 146. 168*
Solfaîara. 53.
Specia. 13Ô. 137.
Splugen, passage de cette
montagne. 121.
Spoledo. 144- 148- 169*
St- Antonin. 131. 134.
St. Bernard , passage de
cette, montagne. 115".
St- Giovanni. 165. 166.
St. Gothard , passage de
cette montagne. 112.
St Jean de Maurienne. 131.
133. 167.
St. Leucio. 56.
St. Michel. 131. 133.
St. Pierre. 115,
St. Remo. 128.
St. Heniÿ..fî<>.
Storta. 149.. 153. 154*
Subiaco. 8o-*
Suze. 131. 133-
T.
Tnrente. 153.
T.ende. 127.
Terni* 144. 148* î&).
Terracma. 150,151*
Thonon. 126.
Thrasymène. 156.
Tivoli. 8i*
Tolenlino. 144. 147.
Torre del Greco. 50.
Tortona. 140. 171.
Trente. 107. 108. 165.
Trescovio, bains. 164..
Treviso. 165.
Trieste. 108* 165.
Trufl'arello. 134.
Turin , tableau. 37. e}6. 13t.
134. 141. 168 •
Tyrol, route. 167.
ü.
Udine. 155. 166.
V4
Val-Ombrosa. 157.
Valvassone. i65.
Velde-n. 166.
Vélétri. 149. 150*
Velleïa. 60. 142..
Venise, tableau. 39. ioS- lôï*
164. 165. l68*
Verceü. 14t.
Vérone, tableau. 97. 108* 161.
îôl 168*
Variez. 120. *
Vésuve, voyage sur ce vol¬
can. 49. w •
Vicence, tableau. 99. 161. 162.
Vienne. 166.
Villeneuve. 134.
Vfterbe. 153. 154.
Voghcra. 140. 174*
guide
DBS
VOYAGEURS
E N
SUIS SE.
Huitième Edition, totalement refaite ;
[et augmentée pour les présentes exemplaires d’un grand
nombre d’additions de fraîche date].
Faisant partie
de la
nouv ell e Edition or i gin ale
4 u
Guide des Voyageurs en Europe.
Par
Mr. Reichardj
Conseiller au Département utilitaire de S. A. S. le
Duc de Saxe -Gotha.
Avec une carte itinéraire.
A Weimar,
aU Bureau d’industrie, et chez les principaux
Libraires de l’Europe.
*'• * ,»■ V,
cr f TJ ... i-. ?. ■:
‘ '
-
rrn
f 1Ï---Ô
ftUuw .il'.
•. • ‘i
>r;4* : . • • 0*«, -
• fol . vi». Mb
■. -M
'*■ •
i 0 ' «
v • ’ ^ ■
.
* i \ i. . • A I i i\ O s
_ 5T h
..OA Y ‘A. ; W» ViVVV^AYfO . • U 'ibl-T y
I
.1
f et a. k u v» \ ,i .
.i vî *A •«* al» ‘ji!nJiifrf -* .t:i _*• => il;
•mJLIoî? . / - ' : n .’
y ii| ’èitiJi u .
— — <i*— .j- •>**- •
;i • t> / -
K CA
n
. fiai ; i q ?.•! 4î.iT » t j « r ’ î) »r •.
^OUfâ'i .'it «uiU'.di f
,fV J -f
'
Table des matières,
du Guide des Voyageurs en Suisse.
Page*
C. Etendue * SoZ. Productions. Population,
Langage. Religion. Gouvernement. 3.
2 et 3. Poids et mesures.. 9.
4, Monnaies , nouvelles et anciennes • 13*
5. Tableau de quelques villes.
Page.
Page.
Basle.
16. Lausanne.
23-
Berne.
19. Lucerne.
25.
Fribourg.
22. Zurich.
28»
Genève.
135-
6. Voituriers . Notes instructives et remar -•
que s qui intéressent les voyageurs dans
leur tournée. Détails des voyages à Grin -
delwald et Chamouny. 32.
J. Voyage à Grindelwald et a Lauterbrunnen. 57.
JJ. Voyage k Chamouny ou Ghemonix. 69.
Itinéraire-.
I. Plan d’un voyage , pour voir la Suisse en
détail, avec des observations -sur les choses
remarquables h voir, et sur d’autres curiosi¬
tés de l’art et de la nature.
II. Plan d’un voyage de 6 à S semaines, tel
qu’il conviendrait aux dames et à la plûpart
des personnes qui voyagent en Suisse.
III. Plan d’un voyage rapide de 2 à 3 semaines. 120-
JJ. Supplément aux cartes itinéraires et rela¬
tions de voyages, comprenant les ouvrages
principaux qui ont par û depuis 1800.- 121.
9, Supplément, contenant 1. une tournée inté¬
ressante de 5 — 6 semaines ; 2. la Flore de
Chamouny ; 3, les hauteurs des montagnes. 12%.
IV'. Le tableau de Genève. 135.
Vàgi.
es-
11Q4
L A
SUISSE.
I.
Etendue, Sol, Productions, Population. Langage.
Religion, Gouvernement, etc,
I-*a Suisse, avant la révolution de 1798, avait selon. Mr.
Busching 856 m. car. d’Allemagne ; et d’après un calcul
fait sur les lieux jn.êmes , 953 de ces milles. Par les in¬
corporations dans les départemens de la France et de
l’Italie, l’étendue de la Suisse en igï3 > n’était plus que
de 536 milles. Nous donnerons ci -après l’évaluation de
l’étendue en milles carrés , de tous les cantons.
C’est un pays , dit un auteur de nos jours , où la na¬
ture se contrarie elle- même de la manière la plus frap¬
pante; où les spectacles effrayans se rencontrent près
des images les plus agréables; où le climat glacé des
pôles se trouve joint aux chaleurs brûlantes de la zone
torride; et où la stérilité du Groenlande , est à côté de
la fertilité de la vallée de Terapé. L’homme n’y est pas
moins en contraste, que la nature qui l’environne. L’on
rencontre dans les vallées solitaires des Alpes, la sim¬
plicité touchante des premiers âges; et chez les habi-
tans des villes, tous les rafinemens du luxe, et toute la
culture d’esprit des tems modernes. Dan? les environs
des glaciers, on se croit transporté en Sibirie, tandis
qu* uns les autres pays , comme dans celui deVaud,
il régne un climat très- doux. Dans le Bas -Valais le
A 2
0 I
LA SUISSE, INTRODUCTION.
A.
tliermonit ? ; e de Reaùmur, monte en été à l’ombre, a
-4V:?0» sur les rochers, expôsé au soleil, à 38? et mê»
me à 4S0,
,, Songez, s’écriait Napoléon, songez à ces religions,
,, à ces langues différentes, qui ont leur limites mar-
quées, à ces vallées, à ces montagnes, qui vous sépa-
,,'rent, à tant de souvenirs attachés à ces bornes natu-
,, relies, et qu’il reste de tout cela, une empreinte dans
,, votre organisation!*4 Ilélas! ils n’y songaient guères
ces individus indignes du nom Suisse, qui, poussés par
l'envie et l’ambition, renversaient en 1798 à l’aide des
bayoruietes étrangères, la constitution de leur patrie,
que les pères de la liberté avaient fondée en 1315, et la
rendaient malheureuse en la forçant d’adopter une con¬
stitution , que le tems et l’expérience ont complètement
démentie.
La plus grande partie de la Suisse , qui est le pays le
plus élevé, ne consiste qu’en hautes montagnes, entas¬
sées les unes sur les autres, rangées tout proche ensem¬
ble et séparées par des vallons. Il y a en plusieurs en¬
droits des montagnes couvertes de glace éternelle, qui
descend dans les vallées , et porte le nom de glaciers.
Gruner en compte jusqu’à 428. On trouve dans le
Manuel qui fait partie du Guide d> V. en Europe , et qui
sert d'Litroduction à tout l’ouvrage, la détermination
des hauteurs de plusieurs de ces montagnes , suivant les
observations les plus récentes. Les glaciers touchent
quelquefois à des pâturages émaillé es de fleurs; et des
fraises excellentes, cueillies à leur voisinage, donnent
le spectacle simultané duprintems et de l’hiver. Du haut
des Alpes, la couleur du ciel devient à l’oeil plus fon¬
cée; le soleil paraît plus petit, et son disque est d’une
blancheur éblouissante. Ces A-lpes séparent dans un cir¬
cuit et une longueur de 188 milles, l’Italie, l’ Allemagne,
la France et la Suisse. Elles ont différens noms, savoir
les Pennines , qui sont les plus hautes, les Alpes Lépon -
fines et les Rhètiennes . La Suisse est le réservoir de
quantité de fleuves «t de rivières qui coulent en Alle¬
magne , en France et en Italie. Les principaux sont le
Rhin, la Reuss , l’Aar, le Rhône , le Tésin , le Limmat, ^
l’Adda. Les grands lacs sont ceux de Constance, de Ge- /
iiève, de Neufchâtel, de Bienne, de Morat, de Zurich,
des quatre cantons, de Thun , de Brienz et de YVallen-
•stadt.
LA SUISSE. INTRODUCTION; 5
L’homme renverse ce que l’homme édifie: il anticipe
*ur les ravages des siècles, etjdans sa rage de destruc*
tion il jonche le globe de décombres. Cette vérité consta¬
tée physiquement, vient de l’être moralement par les
exemples de nos jours. Mais de tous les pays que l'ou¬
ragan révolutionnaire a renversés dans sa marche impé¬
tueuse , aucun n’a inspiré des regrets plus universels
que la Suisse. Un cri général d’indignation retentit
d'un pôle à l’autre, et accompagna sa chûte qui était,
selon l’expression de Carnot , l’image de la fable du.
loup et de l'agneau réalisée! — — Nous ne voulons pas
rouvrir par des plaintes inutiles des plaies qui commen¬
cent à se fermer; nous ne voulons non plus rapeler l’an¬
cienne division du territoire Suisse, et les formes des
divers gouvernemens de cet ancien corps helvétique ,
«lui , pendant près de geo ans avait fait le bonheur de
ces peuples et de ces rochers; on, trouve l’ancienne et
la nouvelle division marquée sur la carte de la Suisse,
qui accompagne ce Guide. . Tout le monde sait, que
cette nouvelle division fût dictée, par l'acte de média -
tion de Napoléon , en 1803, qui ajoûte même à ses titres,
celui de Médiateur de la Confédération Suisse. Cet
acte comprit la division de la Suisse en 19 cantons, et
rédigea l’organisation du gouvernement particulier de
chacun de ces cantons, et celle du gouvernement géné¬
ral de toute la confédération. Les réglemens cantonaux
étaient divisés en trois classes. La première était com¬
posée des cantons démocratiques d'Uri , Schwitz , Un-
terwalden , Zug , Glaris ^ jlppenzell , et des Ligues Gri¬
ses ; ces cantons conservèrent l’ancienne forme de gou¬
vernement, et leurs anciennes limites, excepté que la
vallée de Livinen , est réunie au canton Tessin.. Les
sept cantons aristocratiques de Berne, Zurich , Soleure ,
Fribourg , Lucerne , Bâle et Schaffhouse , reçurent tous
la même constitution , sans autre différence que celle
des titres de ^eur.s magistrats , différence fondée en
grande partie sur les anciennes coûtumes. La troisième
classe des organisations cantonaux, étoit formée de cel¬
les des cinq nouveaux cantons, de l' Argovie , (avec la
plus grande partie du Frickthcil) du Pays de Faud, de
Tkurgovie, de . St. Gall , et du Tessin. Les magistrats
n’y sont point à vie, mais le grand comme le petit co?i-
scil , y sont renouvelles périodiquement, suivant les ré¬
gies des gouvernemens représentatifs modernes. Six
6 LA SUISSE. INTRODUCTION.
cantons, ceux de Berne , Zurich , Fribourg, Lucerne ,
Bâle , Soleure , étaient investis exclusivement de la pré¬
rogative, d’être cantons directeurs ; eux seul9 avaient le
privilège de rassembler la chez eux, et de la faire
présider par leur premier magistrat, que cette fonction
éléva à la dignité suprême de Landammann de la Suis¬
se. Les grands Evénemens de l’an 1813, la bataille de
Leipsic, et ses secousses, s’étant fait sentir jusque dans
ces montagnes, les organisations de l’acte de média¬
tion eûrent le sort du Médiateur: il ne resta de tout
ceci, que la division en 19 cantons, qui doivent être
augmentés, par ceux de JSeufchâtel, de Genève et Au.
Valais. La Suisse se donna une nouvelle constitution,
qu’elle soumit à la sanction du Congrès de Vienne. Elle
reprit l’ancienne dénomination , de Schwetzersche Eid -
genossenschaft , le directoire e$.t revenu au canton de
Zurich ; il doit exister un conseil suprême, composé de
7 députés ; le grand - sceau sera de gueules à la croix
blanche. Au moment où ceci part pour la presse, le
Congrès n’a point encore décidé. Au reste le nom de
Suisse a toujours prévalu dans l’opinion générale sur
celui à'Helvétie -, il retrace de souvenirs trop honorables
pour que l’histoire consente à y renojicer Certes! ils
étaient Suisses , véritables Suisses, comme ceux de Mor-
garten , de Sempach , de Morat etc. ces braves compag¬
nons de Reding , qui combattaient si glorieusement sur
la Schindelïcgi > ou ceux qui succombaient, en défen¬
dant leurs foyers, dans la forêt de Grauholz sur les ri¬
vages d 'Underwald, et parmi les rochers du Valais. —
H était aussi Suisse , ce vieillard, ce Steiger, qui n’a
jamais désespéré de sa patrie, tant 'qu’il a vécu, et qui,
couvert de l'uniforme de son pays, voulait à 70 ans mou¬
rir sous les murs de sa ville natale.
Le Tableau statistique publié par M. ZschocTce en
1813 donne le détail suivant de la
pulation de xq canioiis Suisses:
grandeur et de la po-
Berne
. 150 mil. carrés.
232,508 habitais.
Pays • de
Vaud 70 — —
145,215
Argovie
. • 36 - ' -T
*32,444
Zurich
- • 4i - —
182,123
.6 île .
• 9^5 —
42,193
LA SUISSE. INTRODUCTION,
Fribourg
33 mil.
oarrêe.
67,814 habitons.
Lucerne
3IV4 -
—
86,700
Appenzell . .
10V2 ~
-
5ô?ooo
St. Gall ,
53
—
I30.30Î
Turgovie
16 —
: “
76,é7r \
Schaffhousé
? — '
—
3o.oo«
Soleure
D ~
—
47.882
Grisons
113 -
—
73.209
Tessin
38 -
V
83,793
Schwita .
22
-
28,900
U ri ,
33 ' - .
14,060
Untervvalden
13 -
... -n ..
■ 21,200
Zug ,
5Va —
— a
u, 300
Glaris ,
1? -
—
19,286
Cette population, d’environ 1,490,524 âmes, sera aug»
mentée par celle de 2V eufchâtcl , de Genève, du Valais,
et par celle de Sienne, et les autres villes et districts,
qui doivent rentrer à la confédération, ayant déjà fait
jadis parties de l’ancienne Helvétie, Les .E tiennes helvè-
tiennes de 1816; le Maestro di Casa, almanaco del Çantpn
-J.ici.no 181Ô, et V Almanac du canton de Vaud , pour 181Ô
renferment des renseignement statistiques de fraîche
date.
Chaque Suisse, suivant les ordonnances de la nou¬
velle constitution, est soldat, et armé pour la défense
de la patrie commune. Le contingent à fournir par les
cantons de la confédération en teins de guerre , est por¬
té à 30,086 hommes, avec une caissé militaire de 490,50?
Francs. Du tems de l’acte de la médiation, le contingent
n'était fixé qu'à 15,203 hommes.
Les langues reçues en Suisse sont l’ Allemand et le
Français: la langue allemande sera pelle des actes pu¬
blics de la Tagsatzung, ün parle l’Italien au- delà du
St. Gothard, et la langue Romane dans quelques parties
des Grisons. (V. page 38 de cet Itinéraire.) Les be- ✓
stiaux font une des premières - branches du commerce
8
LA SUISSE. INTRODUCTION,
de la Suisse. On y coupe certaines prairies depuis le
mois de mai jusqu’en automne trois et quatre fois, et
cependant le foin y manque çà et là pour la nourriture
d’hiver. Des villes et des villages entiers envoient nu
printems leurs troupeaux par milliers paître dans lé«
pâturages des Alpes. On confie ou on loue à un berger
eo, 40 et jusqu’à 200 pièces de bétail. Ce berger retire
tout le produit du lait, du beurre et du fromage, soit
pour le compte du propriétaire, soit pour un prix con-
venu, et ne revient chez lui qu’en automne avec, son
troupeau et son produit. Dans les pâturages des Alpes,
indépendamment de l’excellente qualité du lait, il y
est encore très - abondant. Deux fois le jour on trait
les vaches, et chacune donne de 16 à 20 pintes de lait,
quelquesunes en fournissent jusqu’à 24, et les moins
bonnes 12. Ce lait est si gras , qu’après que la crème
«n est enlevée il est encore aussi épais, que le lait de»
autres pays lorsqu il n’est point écrémé. Le fromage
qu'on exporte de Fribourg, a la préférence sur tous
les autres de la Suisse ; il se fait dans le district de
Gruyères , après quoi vient celui de la vallée d'Emma,
de Simmen, et du pays de Gessenay dans le canton de
Berne, le fromage de la vallée d 'Ursern sur le Gothard,
le fromage à' hngelberg etc. Dans cette chaîne des Al¬
pes, qui s’élève entre les cantons Suisses et le Valais,
les bergers sont dans l’usage de faire quelques fromages
avec un soin particulier, toutes les fois qu’il arrive un
événement remarquable dans leur famille; on y man¬
que rarement quand il se fait un. mariage, et l’on note
sur ces fromages les noms des mariés et la date de la cé¬
rémonie. On sale aussi, ou pour mieux dire, -on embau¬
me du cochon, que l’on conserve avec la même vénéra¬
tion, pour en manger dans les grandes solemnités; c’est
donner aux étrangers une marque de considération tout
à fait singulière, que de leur faire goûter de ce lard et
de ce fromage. On a des fromages d’une vieillesse éton¬
nante, mais ils sont peu communs et ne se vendent pas.
Les moutons, les chevaux, le débit des bêtes sauvages,
des chamois qui corrMpencent à devenir rares etc. font
partie des produits du pays. Les bouquetins ont déserté
la Suisse, et l’on n’en trouve guère* et rarement que
dans les Alpes de la Savoie, d’Aoste, et au Sud du Va¬
lais. Le vin: dans certaines villes de la .Suisse il y a
des personnes chargées de goûter le vin avant de le
LA SUISSE. POIDS. MESURES,
vendre. Les vins de Neufchâtel ,- et du Pays- de- Vaud,
surtout le vin de la cote , de même que celui qui croît
entre Lausanne et Vevay, au Désalés , sont très-estimés.
Ùn arpent de vigne de 32,000 pieds, bien situé, se vend
de 8,000 à 9,600 livres. Dans les districts trop éloignés
des vignobles on supplée au vin par du cidre et du poi¬
ré fait de pommes et de poires ; principalement dans le
canton de Thurgovie. Les fruits de la Suisse, surtout
dans les contrées des vignobles sont abondans et d’un
goût exquis. Les habitans des campagnes en sèchent une
quantité considérable, et ces fruits séchés sont recher¬
chés en France et dans les états du nord. Il y a plus de
sources (Veaux minérales dans la Suisse qu’en aucunau-
Ire pays; celles de Fideris dans le Prettigau et de St.
Maurice dans la vallée d’ Engadin sont plus fortes que
celles de Pyrmont et cfe Spaa; les valétudinaires y trou¬
vent des logemens et des tables bien servies : ces eaux
sont surtout en réputation che« les Italiens, et se trans¬
portent en grande quantité en Italie. Les eaux therma¬
les de Bade étaient déjà fréquentées du tems des Ro¬
mains. Les bains de Loiche dans le Valais et ceux de
Pfeffers et de Schinznacli sont très - renommés. Il faut
y ajouter les eaux de Gurnigel et de Blurnenstein , dans
le canton de Berne. On trouve en Suisse des sàlines;
du salpêtre, du soufre; des carrières d’ardoise, de mar¬
bre, de porphyre; des mines de différens métaux; de
plantes vulnéraires et aromatiques, très - estimées ; du
lin , qui s’emploie dans les manufactures du pays. Les
toiles qui en sortent, allaient ci-devant en France, en
Espagne, en Italie, et se débitent encore en Allemagne.
Les fonderies, l’imprimerie, l’horlogerie, y sont aussi
sur un pied florissant. Les montres de la Suisse vont
jusqu’en Perse et en Amérique.
2 et 3
Poids et mesicres .
Au mois d’Août 1801, le conseil exécutif du directoire
helvétique décréta l’uniformité des poids et mesures,
pour toute la république helvétique, en adoptant, sur le
rapport du professeur JrxtUes , le système décimal.
10 LA SUISSE. POIDS. MESURES.
L’unité fondamentale des mesures de longueur est la
quatre - cent- millionième partie du méridien terrestre,
sous la dénomination de Hand (Main.)
L’unité des^mesures de -superficie est le carré de cette
longueur sous le nom; Quadrat - Hand: (Main-carrée.)
L’unité des mesures de capacité est le cube de cette
longueur, sous le nom de Kubikhand : (Main - cube.)
Le poids d’eau distillée, contenue dans cette unité
des mesures de capacité donne l’unité élémentaire des
poids, sous le nom de Pfund: (Livre.)
Division des mesures linéaires.
Linie; Zoll ; Hand ; Stab ; Rette ; Schnur; Strecke;
Meile.
Chaque fraction qui précède 'est toujours la dixième
partie de la suivante: p. e. la Linie (ligne,) est la di-
xième partie du Zoll (pouce); le Zoll la dixième par¬
tie de la Hand [main) et ainsi de suite.
Division des mesures de superficie.
Quadrat - Linie ; Quadrat-Zoll ; Ouadrat - Hand ;
Quadrat- Stab ; Quadrat - Rette ; Quadrat - Schnur ou
Morgen ; Quadrat - Strecke ; Quadrat - Meile.
Chaque fraction qui précède est la centième partie
de la suivante: ainsi la Quadrat-Linie (ligne - carrée),
•st la centième partie du Quadrat-'Loll (pouce-carré) etc."
Division des mesures de capacité.
Rubikzehnter; Rubikhand; Kubikzehner ; Kubikhun <■
dert ; Rubikstab.
Mesures de capacité pour les liquides.
Glas; Ranne ; Limer ; Saitm ; Fajs.
Mesures de capacité pour les matières sèches.
JLoffel ; Becher ; Schejfel; Sack ; Malter.
Division des poids.
Gran; Scrupel; Drachme ; Loth ; Once ; Pfund ;
Stein ; Zentner.
Chaque fraction qui précède, est de môme la dixiè¬
me partie de la suivante. Ainsi , le Zentner (Quintal),
a io Stein ; le Stein to Pfund (ou livres) etc.
LA SUISSE. POIDS. MESURES. n
Pour exprimer le double ou la moitié des unités de
ces mesures et poids, on n’a qu’a ajoûter aux dénomina¬
tions susdites, les mots d é do y y elt (double), ou de halb
( demi.)
Comme le terme de la mise en vigueur de ce nou¬
veau système ne sera peut - être jamais généralement
exécuté, nous donnerons ici l’analyse des anciens poids
et des anciennes mesures , en usage dans les cantons
de Bâle , Berne et Zurich.
A Bâle la livre répond à l’ancienne livre de Paris,
et a 9,216 grains ; 99 livres de Bâle sont 100 livres de
Hambourg
A Berne il y a trois sortes de poids en usage, celui
des orfèvres, celui des marchands, et celui des apothi¬
caires. Le premier est la livre compôsé-e de 8 onces ou
16 loths ; chaque once se divise en 476 grains , ainsi 1
loth contient 238 grains , et le marc en contient 3,808*
Les 8 onces de ce poids répondent à un marc demi-
gros et 4 grains , ou 4,648 grains du poids de marc de
France , et l’once répond à une once cinq grains de
ce même poids. La livre ou poids des marchands de
Berne, est composée de 16 onces ou 32 loths qui répon¬
dent à 9,834 grains du poids de marc; le loth répond à 4
gros tçSfis grains du même poids. La livre des apothi¬
caires est composée de 8 onces ou 16 loths, qui répon¬
dent à 4,454 grains du poids de marc. La livre ou poids
des marchands varie dans toutes les villes de ce canton.
A Zurich la livre du poids de marc se divise en 16
loths, le loth en 4 quintli, le quintli en 4 pfenning, le
pfenning en 17 ass de Zurich, 1 marcha 4,352 ass de Zu¬
rich, ou 4,411 anciens grains de France. La livre appe¬
lée livre d'Antorf , a 2 marcs, 16 onces, 32 loths, 8,822
grains de France : 30 livres de Hambourg font 31 livres
d’Antorf. La livre des marchands a 18 onces , ou 36
loths , 9,925 grains de France , et 10,972 ass de Hollande :
14 livres de ce poids font 15 livres de Hambourg. Le
poids en usage dans les autres cantons ne varie guères.
LP aune de Bâle a 522. 6. anciennes lignes de France;
le braccio ou la petite aune, n’a que 241 2 de ces lignes;
17 aunes de Bâle = 29 aunes de Brabant.
La mesure du vin s’appela Saura : 1 Saura a 3 Oh-
mts , ou 96 pots , ou x2o nouveaux pots.
12 LA SUISSE. POIDS. MESURES.
Les grains se mesurent par Sack: le Sack se divise
en 8 Muddes ; le Mudde en 4 Kupfli ; le Kupfli en *
Becher.
L’aune de Berne se divise en demi-aune, quatrième,
huitième; sa longueur est de 140V7 lignes de France; 45
aunes de Berne, = 52 aunes de Hambourg.
Mesures des liquides;
Fats.
Saum.
Eimer
ou Brente. Maas ou Pintes.
1
4
16
400
2
4
100
I
25
La pinte se
divise , '
en
2 demi -pintes
, 4 quarts de
pinte ,
et 8 demi
- quarts.
Mesures de capacité.
Mutt.
Mass.
Immi.
Achterli , ou
Sechzehherli
huitièmes.
ou seizièmes.
I '
12
48
96
192
Z
4
8
zô
z
2
4
T
2
L’aune de Zurich a 266. 0 lignes de France ; 21 aunes
de Zurich , =a 22 aunes de Hambourg.
Mesures des liquides:
Mesure appelée, trouble.
Suum.
Eimer.
Viertel.
Kopf.
Maas .
QuartlU
Stotz
ou quart.
1 -
1V2
6
48
96
192
384
z
4 *
32
66
128
256
z
8
16
32
64
Mesure appelée
, pure.
z
1V2
6
45
90
x8o
3&Q
z
4
30
60
120
240
1
77a
15
30
60
'
z
2
4
8
Z
2
4
Mesures de capacité :
Mutt , Viertel. Vierling.
4 16
» 4
Ma fsli.
16
I
4
LA SUISSE. MONNAIES.
13
4*
Monnaies , nouvelles et anciennes.
Suivant l’arrêté de la Diète Suisse de l’an 1803 tous
les' cantons ont le droit de monnayage , mais ils sont as¬
sujettis à un titre de monnaie, égal et invariable. Les
espèces d'argent sont des pièces d'un franc au titre de
10 deniers i9724/3524 grains de fin , au remède de 16 grains
et à la taille de 3258/i00 au marc; de deux francs au ti¬
tre de 10 déniers l9724/i624 grains de fin, au remède de
12 grains, et à la taille de iô29/ioo au marc; de quatre
francs , au même titre, au remède de 8 grains, et à la
taille de 8I45/iooo au marc. Ces pièces de francs portent,
d'un côté, le sceau de la confédération helvétique, de
l’autre lesJarmes du canton qui les fait frapper. Les
monnaies de billon sont: des pièces de cinq batz au ti¬
tre de 8 deniers de fin, au remède de 1V2 grain , et à la
taille de 54 au marc: d'un batz , au titre d<e 2 deniers de
fin, au remède de 2 grains, et à la taille de 60 au marc:
d’un demi-batz , au titre du i/s d’un denier de fin, au
remède de 2 grains , et k la taille de 120 au marc des
rappes , au titre de 12 grains de fin, au remède de 2
grains, et k la taille de 360 au marc. Ces monnaies de
billon portent d’un côté l’empreinte des armes du can¬
ton , qui les fait frapper , et de l’autre la marque de
leur valeur.
Chaque canton est le maître de faire monnayer des
especes d'or', niait le titre en est fixé, k 8r/s grain de fin,
par franc. Les monnaies frappées tant par les anciens
gouvernemeus des 13 cantons , que par le cidevant di¬
rectoire helvétique , continuent encore d’avoir cours,
nous allons en donner la déseription et la division.
Le directoire helvétique avait fait frapper en iSoa
des pièces d’or et d’argent.
Les pièces d'or ont la valeur d’un carolin, et les
doubles k proportion : elles portent é’un côté l’eflïgie
de Guillaume Tell, avec la légende, Helvetische Repu -
blik et de l'autre , 16 ou 32 Francs , qui indiquent leur
valeur. Les pièces d'argent portent de même d’un côté
l’effigie et la légende des espèces d’or, et de l’autre la
marque de leur valeur en baU ; il y a des pièces de 40
G. des Voy. T. II. B
i+ LA SUISSE. MONNAIES.
cle 20 et de 10 batz : la pièce de io batz a cours pour i franc
Suisse, les autres à proportion.
Les anciennes monnaies d'or de Bâle sont le ducajt
~ 10 liv- 10 s- ancienne monnaie de France, le triple du¬
cat, et le quart de ducat. Le ducat porte deux légen¬
des, celle qui est placée du côté où se trouvent les an¬
ciennes armes de Bâle, est conçue en ces termes: Do¬
mine conserva nos in pace ; l’autre couvre le côté oppô-
sé, et est composée de ces mots: Ducat. Reipubl. Basi -
leensis. Il est fabriqué au même titre et à la taille de
celui de Berne. (Voyez eet article.)
Les monnaies d'argent sont divisées en écus, florins
ou demis , et tiers d’écus , pièces de 5 batz ou sixièmes
d’écus,, et pièces de 3 batz. L’écu est fabriqué au titre
de 10 den. 13 grains , à la taille de 10 au marc de Colog¬
ne. Il porte d’un côté les anciennes armes de Bâle , qui
sont d’argent, à un lis renversé, ou .étui de croile de
sable, avec la légende des ducats, et de l’autre cette
marque 1 T/ialer, qui indique sa valeur. Les emprein¬
tes, légendes et marques des sous - divisions sont au sur¬
plus les mêmes que celles de l’écu.
Les espèces de billon se divisent en pièces de 3 batz,
d’un batz, et d’un demi -batz, et rappes; elles ont tou¬
tes la même empreinte qui représente d’un côté lès ar¬
mes de la ville, avec la légende des ducats, et de l’autre
l’énonciation de leur valeur: 10 rappes ont cours pour
un batz. Un rappe à 3 Heller.
On compte h. Berne par francs de 10 batz; 2 francs
font un florin : 12 Heller font 1 schilling; 8 Hellér font
un Kreuzer: 4. Kreuzer font un batz.
I sou de Berne =3 1 demi -batz: 2 Francs Bernois =s 3
francs de France.
Les monnaies d'or de Berne sont le ducat, fabriqué au
titre de 23 K. I0/32.et du poids de 65 grains. Il porte d’un cô¬
té les anciennes armes de Berne, qui sont de gueule à la
bande d’or, chargées d’un ours de sable, etde l’autre cette
légende: benedictus sit Jehova Deus : au-dessous de
laquelle on lit 1 duc. Le ducat a côurs pour 7 francs 10
s rI liv. 5 s. ancien argent de France. Les triples,
doubles, demis et quarts de ducat à proportion. Au
reste on ne voit que rarement de ces ducats ep Suisse,
LA SUISSE. MONNAIES.
15
mais a la conquête d’Egypte, on les a vus circuler abon¬
damment à Alexandrie et au Caire.
Les anciennes monnaies d'argent se divisent en
pièces de 10, de 5 et de 2V2 batz. La pièce de 10 batz
est fabriquée au titre de 10 deniers, à la taille de 30V2 an-
marc, elle porte d’un côté les anciennes armes du can.
ton, et de l’autre une croix formée de 8 B. et entourée
de cette légende: Dominus providebit. La pièce de 10
batz a cours pour 1 franc ou 4oKreuzers, = 1 liv. 10 s. Les
autres pièces à proportion. La république de Berne a
fait aussi frapper cidevant des louis - neufs à 42 livres de
France, et des écus de 6 livres.
Les espèces de billon se divisent en batz, (à la taille
de 103 au marc, au dessous des anciennes armes du can¬
ton sa valeur se trouve énoncée ainsi; 4 K. ) demi -batz,
à la taille de 240 au marc; demi - Kreuzers, à la taille de
400 pièces au marc.
O11 compte a Zurich par florins, gulden, de 60 Kreu¬
zers, qui se divisent en 8 he tiers-, ou par florins de 40
escalir.s ou schillings qui se divisent en 12 Tiellers.
Les anciennes monnaies d'or sont les ducats, demis
et doubles ducats, fabriqués au titre de 23I/2 Karat. Ils
portent d’un côté les anciennes armes de la ville , qui
sont taillées d’argent et d’azur, ayant deux lions pour
supports, avec cette légende: moneta reipublicae Turi-
■censis , et au revers cette autre légende, justifia et con -
cordia , avec le millésime. Ils ont cours pour 4 fl. iS
Kreuzers, = 9 liv. 9 s. 2 d. ancien argent de France.
Les anciennes monnaies d'argent se divisent en écus
de mi- ép u s ou florins, demie et quarts de florins. Toutes
ces espèces portent d’un côté les anciennes armes du
canton , avec cette légende: moneta reipublicae Turi -
censis. L’écu est fabriqué au titre de 13I/2 loths , à la
taille de u au marc. Il a cours pour 20 schillings.
Les monnaies de billon se divisent en quart de florin
ou pièce de 10 schillings, en pièces de 2 batz et en schil¬
ling. On distingue le quart de florin, à la taille de 94
au marcjf par cette légende qui est au- revers, pro deo et
patria. La pièce de 2 batz a cours pour 5 schillings
Le schilling à la taille de ic50 au marc a cours pour 1
Kreuzer: 4 heller, 4 rappen, et 6 angster ou pfennings
font 1 schilling.
LA SUISSE. VILLES.
16
Les pièces d’or de France , les gros et petits écus et
leurs fractions en argent, sont la seule monnaie étran¬
gère qui ait généralement cours dans toute la Suisse;
mais ce cours n’y est pas égal par tout: à Zurich , le
gros écu de 6 livres vaut: 2I/2 florins: k Berne, Fribourg ,
Soleure, au Valais: 2 fl or. iobatz; hLucerne et Under-
toaldi 3 florins; à Uri : 3 flor. 10 schillings; k Schwitz-
comme k Zurich ; k Zug : 3 flor. 5 schill. ; à Glaris : 2 flor.
25 schill. ; k Bâle: 2 flor. 10 batz; k Schaffhouse , St. G ail,
Appenzell : 23/4 flor. ; aux Grisons : 33/*, flor. ; au canton
Tessin ; 8 lire 20 soldi.
5-
T ail eau de quelques villes*).
BALE. Long. 250 15' I2//. (Ile de Fer.) Lat. 47O 33' 34//
Population. 15,000 a. □ De l’Amitié et de la Constance.
Edifices remarquables. Curiosités . Le pont sur le
Rhin, long de 600 pieds ; — la cathédrale, (beau bâtiment
gothique; on y trouve des orgues d’une bonté difficile à
atteindre, des monumens très -anciens et le tombeau
cl 'Erasme. Près de l’église est la salle du concile de
1431, sur le plancher est dessinée la structure du faîtage
de la cathédrale. Consultez: ,,Bcschreibung der IfJün _
sterkirche zu Basel. 1788. 8- “ La hauteur de la grande
tour est de 205 pieds) — l’hôtel de ville: (la salle peinte
par Holbein ) — les élégantes et belles maisons de M.
Burckardt du Kirsgarten et de ci -devant Sarrasin — le
jardin botanique — le Panorama des Alpes et des envi,
rons du lac de Thoun , dressé et élevé par Mr IVocher ,
peintre célèbre. — (La fameuse curiosité de Bâle, la
*) Les arsenaux, l’une des choses remarquables delà
Suisse, ont été vidés dans la guerre de la révolution;
le fameux trésor de Berne a disparu comme celui de
Zurich; des noms et des collections célèbres sont
passés chez l’étranger. Je me restreins, donc, en re¬
touchant ce tableau, de préférence, aüx collections
publiques, et aux beautés de la nature. Le voyageur
Îiourra aisément s'informer sur les lieux, quelles col-
ections particulières y subsistent encore.
LA SUISSE. VILLES.
I?
danse des morts , peinte sur les murs d’un cimetière, par
Jean Cluber , le maître de Holbein, et retouchée 4 fois,
en 1558, 1616, i6$8 et 1703 vient d’être enlevée et détruite-
en 1805. Mais plusieurs amateurs d’antiquités nationaux
en ont conservé et sauvé des fragmens précieux dans
leurs cabinets. C’est à la maison de ci - devant Ochs ,
qu’a été conclue la paix entre la France et la Prusse en
1794- )
Promenades. La place, dite la Pfalz où l’on. jouit
d’une vue superbe — la place de St. Pierre — le pont sur
le Rhin — le jardin Forcard , où l’on remarque le beau
tombeau de son épouse, et quelques restes et antiquités
de la ville d'Augst.
Collections. Cabinets publics. La bibliothèque pu¬
blique. [ VEncomiüm Moriae avec les dessins de Hol¬
bein ; la Biblia pauperum ] on y a réuni des collections
d’antiquités, de pétrifications, d’histoire naturelle (une
huître pétrifiée et la perle déjà formée) de médailles, et
le cabinet de tableaux de Holbein. — Le magasin d’e¬
stampes de M. Hube - , mérite l’attention des voya¬
geurs v — chez M. Birrmann , peintre et dessinateur
célèbre, une riche et belle collection de tableaux — les
collections de M. M. RebecTc, TVocher , Merian , Baçho •
fen , riches en bons tableaux, achetés en France et dans
les pays révolutionnés, du tems du terrorisme. Le ca¬
binet de Rebeck malgré les ventes déjà faites, renferme
encore des Rafaëls , des Titiens , des Guidas , des Rem-
brarids , du cabinet d’Orléans. Chez Mr. IVocher , il faut
remarquer son portrait de la Reine drAngleterre. Mais
principalement son grand Panorama de Thun , curiosité
remarquable, qu’il faut voir la gravure et l’explication
en main, qui a paru chez Haas , 1815.
Fabriques: de rubans (avant la révolution le pro¬
duit de ces fabriques de rubans montait à plus de 12 mil¬
lions de livres); des papeteries; des fonderies de lett¬
res etc. Le Kirschioasser ou l’eau de cerises, et les pru¬
neaux de Bâle s’exportent au loin. Les pains d’épices ou
les Lekkerlis qui se préparent à certains jours dans les
cercles de familles, sont aussi renommés. 11 se tient à
Bâle une fois l’année, une grande foire.
Auberges. Aux trois Rois : (on jouit dans la salle à
manger d’une vue magnifique , qui s’étend Jusqu’à Hu-
ningue) ; k la cigogne. Ces auberge» sont fort bonnes.
(Chez l’hôte de la cigogne descend la diligence de Paris ,
18
LA SUISSE. VILLES.
qui part deux fois la semaine pour cette capitale. Prix
d'une place, y compris un sac de nuit de 15 livres pe¬
sant, 106 livres 7 sous, et 12 livres au conducteur, y
compris les pour -boire des postillons.)
Mélanges. Les sociétés, dites Kammerles ; les casi¬
nos; la salie de spectacles; le café Baretta. Outre la
diligence de Paris dont nous venons de faire mention,
il y a 2 ou 3 diligences , qui passent de Bâle par Colmar
i Strasbourg. Mais nous conseillons aux voyageurs, de
choisir pour cette route la diligence du Courier de Hu -
ningue , qui ne 9’arrête pas en chemin. De même il part
et repart, deux fois la semaine une diligence commode
pour Francfort , qui fait cette route en 31/2 jours. Prix
d’une place 30 Xr. par mille. — Il existait à Bâle un
usage assez singulier: les horloges, de tems immémo¬
rial , avançaient d’une heure. Tout cela a cessé. —
Ouelquefois le magistrat permet aux habitans , de faire,
ce qu’on nomme, Carême-prenant. Ce sont un ou deux
jours de Carnaval, et des fêtes continuelles. Les petits
'garçons les annoncent en battant le tambour, et le»
masques de deux sexes remplissent les places et les rues.
On danse jusqu’à minuit sonnant dans les salles des
Corps de métier.
Distances. De Bâle à Arau ni/2 heures Suisses; à
Berne iç*/3 ; à Bienne 171/2; à Colmar i23/4; à Constance
2ô3/4 ; Lucerne 18; Neufchâtel 231/4) Schaffhouse 173/4; So«
leure i23/8; Strasbourg 27; Zurzach 11V4) Zurich i6ty2-
Plans et guides. Plan de la ville de Bâle, levé par
le capitaine Ryhiner. 1799. 6 Livres. — Beschreibung
der Stadt und des Cantons Basel, vom Pfarrer Luz . Ba-
sel, ign.
Environs. Arlesheim. De nouveau célèbre par la
beauté de ses jardins Anglais, que l’ouragan révolution¬
naire avait détruit : V. Description de la solitude roman -
tique d' Arlesheim. Porentrui. 1813. M. M. Birrmann
et Huber ont aussi publié, en 18*4» des Vues d' Arlesheim.
Un médecin vient d’y établir des bains artificiels. En
allant, de Bâle à Bienne , on peut passer par Arlesheim.
JNon loin est Dorneck, où est enterré le célèbre Mau -
portais y mort à Bâle en 1759. — Augst , à une
lieue de Bâle , où se trouvait jadis une colonie
Romaine, sous le nom d'Augusta R aura co¬
ru m. On voit principalement sur les lieux le»
LA SUISSE. VILLES.
19
ruines d’un aqueduc, d’un théâtre, celles d’un temple
et celles d’un attelier , faisant partie du Parc anglais de
M. Brenner. V. No. 23. de l’ouvrage de M. ErucKnerz
Beschreibung historischer und natürlicher Merkwürdig -
keiten etc. Basel , 1765. 8- Quand on va de Bâle a Schaff-
house , on pe_ut passer par Augst. — L'hôpital et le cz-
meti'ere de St. Jacques , célèbres par le combat mémo-
rable entre les Suisses et les Français en 1444» °ù se
montra l’intrépide valeur des Suisses de la manière la
plus signalée. Il faut y faire en mémoire de ces héros,
des libations d’un vin rouge, appelé le sang des Suisses
et qui croît sur le champ de bataille. — A la colline le
Bruderholz , pour jouir de beaux points de vue qui s’y
présentent de toute part.
Etablissemens scientifiques. L’institut Philotechni¬
que, de Mr. Bernoulli [V. Nachricht von dem Zwecke
und der Einrichtung des Philot. Lehrinstituts in Basel :
von C. Bernoulli . Basel 1810. 8-]. — L’institut d’éduca¬
tion suivant la méthode Pestalozzi’enne. [V. Bemerkun-
geit über Erziehungs-Unterricht etc. Basel , 1810. 8-]
BERNE. Long. 25°. T 6". ( Ile de Fer. ) Lat. 460*
56'- 54". Population. 12,000 a. □ Les amis de la Gloire:
l’Espérance. (La ville est élevée de 1708 pieds au des¬
sus de la mer, et seulement de 71 pieds moins que le lac
de Thun. )
Edifices remarquables. Curiosités. La cathédrale :
(bâtiment gothique , assez beau; on admire surtout le
clocher: l’architecte était le fils de celui qui a bâti le
Munster à Strasbourg. On jouit de la place ou terrasse
devant l’église, d’une des plus belles vues de la Suisse) —
l’église du St. Esprit — l’hôtel des monnaies — l’hôtel
de musique — l’infirmerie ou l’ile — l’hôpital: ( son ad¬
ministration est très - soignée ; ) — Le monument de
Rodolphe de IVerdt à l’entrée de la ville — ( Berne est
bien bâtie et propre; on trouve sous des arcades un pavé
constamment sec, et un abri sûr. Il y a à Berne des
bains froids et des bains chauds au bord de VAar.)
Collections . Cabinets. La bibliothèque de la ville:
V . le catalogue de M r. Sinner , avec ses deux supplémens :
plusieurs collections précieuses sont réunies à cette bi¬
bliothèque; les deux cabinets numismatiques de MM.
Haller de Kônigsfeldcn et deNyon; (V, Enupieratio hu.
2
20
LA SUISSE. VILLES
rnismatum veterum , par M. Haller de Konigsfelden ;) le
superbe Musée de l’histoire naturelle de la Suisse, qui
renferme huit collections différentes, et le cabinet de
raretés australiques. V. la déscription de ce Musée que
M. le professeur Meisner a publié depuis peu. La bi¬
bliothèque est ouverte les mardis, jeudis et samedis, de
il h. à midi et de 2 à 4 h. — Les collections et cabinets
de MM. Wyttenbach, Haller de Konigsfelden , TVagner ,
Seringe, Risold etc. le cabinet d’insectes de M. Studers ,
et de M. Meisner , M. Hortin etc. etc. Ie9 estampes et
gravures de MM. Rieter , Dunker , Lafondt Kônig etc.
etc. (On trouve chez M. Burgdorf un bel assortiment
de livres, de cartes et d’estampes Suisses, et chez M.
lVisard des collections d’oiseaux, de minéraux, déplan¬
tés, de poissons de la Suisse, à des prix raisonnables.)
Et ablissemens littéraires et utiles. L’Académie: (son
théâtre anatomique, sa collection d’instrumens de ma*
thématique; sa salle d’antiques; son école vétérinaire.)
la société économique: la société des amis de l’histoire
naturelle Suisse, et ses deux jardins botaniques avec le
monument du grand Haller ; l’institut des fileurs et
fileuses; l’école de travail pour les pauvres filles; les in¬
stituts d’éducation de MM. Z ehnder etTrexel. L’académie
militaire. Une gazette politique se publie: feuM. Hôpf-
ner justement regretté, en a été le fondateur et rédac¬
teur.
Amusemens. De tems en tems spectacle français: les
concerts ou bals à l’hôtel de Musique: les Leists ou so¬
ciétés particulières. Trois cafés publics, chez Candi,
Déjôngh et Giudice.
Promenades et vues sur les Alpes. La terrasse près
de la cathédrale; le rempart, ou la petite redoute, (la
vue des Alpes et des glaciers au moment dn lever ou
coucher du soleil, est sans contredit, l’un des plus mag¬
nifiques spectacles de la nature. La carte de la chaîne
des Alpes, dont M. Studer a fait présent aux amateurs,
joint l’exactitude à l’élégance. Prix: 12 livres) — près
de la halle au hled ; im Graben. — "L'Engi: (hors de la
ville; on y jouit de la vue la plus étendue sur la chaîne
des Alpes, qu’on puisse se procurer dans tous les envi¬
rons de Berne. On y va danser en été.) — ■ Une prome¬
nade charmante, riche en beautés champêtres, est celle,
qui conduit de la porte inférieure au village H.'Oster -
LA SUISSE* VILLES.
21
manningen. — La montagne dite le Gourieny à 3/4 de
lieues de Berne, et celle nommée le Bantiquer - Houbel.
Il y a sur le Gourten , une ferme, où l’on t/ouve des
rafraîchissement, et où l’on peut passer la nuit, pour
contempler le lever du soleil, dans toute sa pompe.
Auberges. Au faucon ; à la couronne, fort bonnes.
Industrie. Fabriques : de drap, de toile, de coton,
de soie, de fayence etc. (Les clavecins et piano forte
de Howard; les armes à feu du célèbre Ulrich. ; les ou¬
vrages en marbre de Mr. Schnyder.)
Livres qui peuvent servir de Guide'. Description de
la ville de Berne, ornée d’un plan et de quatre vues , et
suivie d’un livre d’adresse. A Berne, igio. chez Mr. Burg-
dorfer. (Livre, d’une utilité reconnue.)
Avis. L’eau à boire de la basse -ville est plus salu¬
taire , que celle de la partie haute , qui engendre des
goitres
Distances. De Berne h Aigle 2o3/8 heures Suisses; à
Arau I53/s; à Arberg 4; à Aubonne i85/s 5 au grand Ber¬
nard, 333/4; à Constance 371/2; à Fribourg 53/4; à Ge¬
nève 24 ; à Glaris 38; au Grimsel 24; à Lausanne 15; aux
bains de Ldëche 19; k Lucerne 207/8; (Par l’Entlibuch,
iç3/8) ; à Neufchâtei q3/4; aux bains de Pfefters 4j5tya ; à
Shafthouse 29 J/4; aux bains de Schininach 18; à Soleure
63/4; à Thun 6; à Waldshut 23V2> k Yevay 16V4; à Zu¬
rich 243/4.
Excursions. A Bienne et k l'ile de St. Pierre , cé¬
lèbre par le séjour de J. J. Rousseau. Une seule journée
suffit pour y aller et en revenir. Bienne et l’île font à
présent partie de la France. — Aux Alpes de Grindel-
wald et de Lauterbrunnen. Voyez k l’article 6, les dé¬
tails de cette excursion. — A Hofwyl , k 2 lieues de
Berne, sur la route de Soleure et de Zurich , pour se ren¬
dre k l’institut d’agriculture et d’économie rurale de
M. Fellenberg. V. l’analyse complette de cet établisse¬
ment, sous le titre : Ueber Fellenbergs TVirthschaft in
Hofwyl von Hofmann , nebst Anmerkungen und einer
Nachschrift von Thaer. Berlin 1809. 8- Les étrangers se
tiennent à l’auberge de München- Buchsée , ci-devant
le siège de l’institut de PestaLozzi. Aux villages de
22
LA SUISSE. VILLES,
_ Kilchberg et de Rohdich sur les routes de Zurich , de
très- bonnes auberges, sur - tout à cette dernière.
FRIBOURG. Population. 6,000 â.
Edifices remarquables. Curiosités. La cathédrale
(sa grande tour du plus beau gothique , haute de 300
pieds 1 — le collège des cidevant Jésuites; (il faut mon¬
ter quelques centaines de marches; la vue du haut de
ses tours est intéressante) — le couvent des Cordeliers,
(la danse des morts) le couvent des Ursulines: (renom¬
mé par les chapelets et les fleurs artificielles qu’on y
fabrique.) — Le tilleul sur la grande place , planté par
un soldat, qui revenait vainqueur de la bataille de Mo -
rat. — La porte Burglen, à cause de sa situation singu¬
lière — le moulin de la Motte dans un site pittoresque —
l’hermitage à une lieue environ de Fribourg , taillé dans
le roc. (Ce qu’il y a de plus remarquable, c’est d’être
l’ouvrage de deux hommes. Considéré dans ce sens il
est étonnant. Un hermite creusa dans le rocher une ca¬
verne, précisément aussi profonde qu’il fallait pour
qu’il pût s’y étendre de toute sa longueur. Son succes¬
seur voulut se faire une demeure plus commode; il pra¬
tiqua dans le sein de la montegne une chapelle , divets
appartemens, des rampes d’escaliers pour les joindre etc.
La profondeur de tout excède 400 pieds; l’une des cham¬
bres a qo pieds de long, sur 20 de large. Le clocher do
la chapelle , si toute fois on peut lui donner ce nom,
est élevé de 80 pieds, et la cheminée de la cuisine en a
90. L’hermite Jean Dupré de Gruyères, qui a taillé dans
le roc cet immense logement, employa 10 ans h cet ou¬
vrage , qu’il commença en 1670 et finit 1680. La situa¬
tion de cet hermitage est charmante. Le rocher dans
lequel il est creusé est suspendu sur la Sûne , qui ser¬
pente entre deux chaînes de collines.
Auberges. Aux Merciers: à l’aigle.
Promenades. La place du tir — l’allée devant la
porte de Morat : non loin de là une maison de cam
pagne, où l’on a la perspective de la chaîne des Alpes.
Mélanges. Fribourg est dans une situation vraiment
pittoresque, sur le penchant d’une colline, en partie
sur des rochers élevés qui surplombent la rivière. On
jouit d’une très -belle vue, du milieu du pont sur la
Sûne. La partie basse de la ville parle le Français , la
LA SUISSE. VILLES. 23
liante l’Allemand, et presque toutes les personnes di^
peuple ne savent qu’une de ces langues. M. le chanoine
Fontaine , possède un cabinet d’histoire naturelle.
Distances. De Fribourg à Aigle i6T/s heures Suisses :
à Arberg 6V2*) * Avenches 3; à Bâle 245/8i à Berne 52/4 ; à
Bienpe 8l/2’> à Burgdorf 10; à Constance 34I/4; à Granson
ç5/8 ; k Lausanne Ç)i/4; aux bains de Loëche 24; à Martig-
ny 205/8 » à Neufchâtel 7; k Nidau 8V4? à Orbe 10V2 ; -à
Gessenay 16; à Soleure 12; à Thun 11 ; k Vevay 12; à
Yverdun 87/s*
Excursions. A une petite demi - lieue de la ville,
sur le chemin de Bulle ; vue très -étendue sur la partie
jnontueuse du canton, et sur une belle partie de la chaî¬
ne des Alpes — la chartreuse, ou Val - saint sur la même
route. La vallée de Bellegarde , à 5 lieues de Fribourg ,
où l’on voit une chûte d’eau de la plus grande beauté.
Un chemin qui traverse les montagnes, conduit par
cette vallée k Thun ; ce chemin n’est pas facile, mais
riche en beaux points de vues! — Gruyères , renommé par
ses fromages, k 1 lieue de Bellegarde. Le dépôt des fr».
mages de Gruyères est k Bulle : bonne auberge à la
mort; on vent le quintal sur les lieux, 2V2 louis neufs,
et la livre à 6 bazzes. — Le Gessenay , voisin de Gruyè¬
res % pour voir les belles montagnes qui le composent. —
Guggisberg ; village alpestre, fameux par le costume
singulier et la beauté du sexe.
LAUSANNE. Long. 24°. 25'. 15". (Ile de Fer.) Lat.
tôP. 31'. 5"* -Population , 7 k 8,000 a. Q L’amitié et Fev
sévérance.
Edifices remarquables . Curiosités. L’église 'cathé¬
drale : (elle renferme les tombeaux du Pape Félix V., de
la princesse Orlow , et de la duchesse de Courl.ande\
belle vue de la terrasse) — l’hôtel de ville — l’hôpital —
quelques restes d’antiquités ; les 4 amphores à la salle
du gouvernement; l’ancien chemin, nommé Estras -,
[via strata] h l’hôtel de ville l’inscription d’un autel ; et
au jardin de M. le ministre Levade , la partie supérieure
d’un autel, un miiliaire Romain etc. La maison de M.
Levade , dans une superbe situation, est elle même jine
jolie curiosité — le monument élevé k J. J. P^ousseau au
jardin de M. Constant.
Promenades. La terrasse près de l’église cathédrale:
— la promenade de Monbenon : la promenade qui mé-
«4 LA SUISSE. VILLES.
ne à Ouchi , ou au port de Lausanne, où l’on trouve
une bonne auberge — une autre le long de la rivière de
Venoges , où l’on passe successivement dans des vallons
romantiques, singulièrement agréables — à une demi-
lieue le signal , qui offre de superbes perspectives; —
l’un des plus brillans endroits c’est Bellevue ; Beau-lieut
campagne que feu M. Necker a habitée, n’est pas moins
remarquable par sa situation ; la campagne de Veines ,
est très bien située et très - pittoresque. Il y a un châ-
let dans une prairie, le séjour favori de Tissot , avec
des vues superbes.
Pensions. "Lausanne est renommée dans toute l’Eu¬
rope par ses établissemens de pensions pour les étran¬
gers. Un étranger doit se procurer des conseils pour le
choix de la pension qu’il prendra, car c’est de ce choix
que dépendra la société dans laquelle il pourra s’intro¬
duire.
Fabriques. Manufactures. Les principaux objets de
commerce sont les livres qu’on y imprime; les ouvrages
d’orfèvrerie et de jouaillerie: (dans laquelle se distin¬
guaient MM. Coste et Perregaux) une excellente teintu¬
rerie de coton rouge; une bonne manufacture de cha¬
peaux: une filature de coton.
Etublissemens littérairss et utiles. L’académie et
' ses collections; le manège: la salle des spectacles: le
lycée: la société d’émulation. La société religieuse ou
de bibles par M. Leuade. Ôn publie deux gazettes à
Lausanne.
Auberges. Au faucon : (belle vue sur le lac et le»
Alpes:) aux balances; deux bonnes auberges.
Distances. De Lausanne à Zurich 393/4 heures Suis¬
ses; à Berne 15; à Lucerne 35% ; à Schwilz 435/8; à Zug
40V8; à Glaris 5+7/8 ; à Bâle 34V3 i h Fribourg uV4i à So-
leure 19V4; à Schaffhouse 44^/4 i à Appenzell S&V4 i à Ge¬
nève 9.
Environs. St. Saphorin: on voit dans le mur de
1 église une colonne milliaire qui porte le nom de l’em¬
pereur Claude. La tour de Glerolle s est aussi un reste
des Romains. C’est ici le vignoble de Lavaux , vignoble
estimé et très- ancien. — Vevay , (aux trois couronnes ;
à l’hôtel de Lonares (excellente auberge' à 3V2 lieues de
Lausanne* ville jolfe et dans une situation charmante.
LA SUISSE-. VILLES.' 25
Du haut de la terrasse de la cathédrale on jouit d’uDC
vue superbe, surtout au lever et au coucher du soleil.
Vis -à' vis sont les sombres rochers de la Meillerie , si
célèbre par la nouvelle Héloïse de Rousseau , et que tra¬
verse la nouvelle route de poste du Simplon - Vers l’est,
on voit les environs des villages de Clarens , principale
scène du dit roman. On est tenté de croire que toute
l’histoire de Julie et de St. Preux est véritable. Dans la
cathédrale est enterré Edmond LudLow , l’un des juges
de Charles I. Roi d’Angleterre, et le seul qui soit mort
d’une mort naturelle. On lit encore au-dessus de la
porte de la maison qu’il habitait à Vevay , l’inscription
suivante: Omne solum forti patr'ia , quia patris. Belle
promenade au bord du lac, appelé derrière l'aile. Les
étrangers trouvent à Vevay de bons pénsionats, et des
maisons de campagne à louer. Le château et le parc de
M. Legrand d' Hauteville , à une petite lieue, dans une
Sttperbe situation, est très bien distribué et mérite d’être
visité. Chillon, prison d’état, bâti sur un rocher dans
le lac, célèbre par ses soûterrains, plus bas pour la plû-
part, qùe la surface du lâc. Deux diligences commodes
passent et repassent journellement entre Vevay et Lau¬
sanne. Prix d’une place, 15 bats.
LUCERNE, Population j 6coo d.
Edifices remarqüa'bles. Curiosités. L’église des Jé¬
suites, beau et grand bâtiment — l’hôtel de ville — le
grand hôpital de la ville — la cathédrale ou l’église du
St. Léodégarj (elle offre aux curieux un orgue de lar
dernière grandeur) — la maison des orphelins — la tour
d’eau j (on prétend que ce fut un phare, et que le nom
de la ville est dérivé du ci-devant fanal, Lucerna , qu’on
J allumait) — les 3 ponts couverts qui traversent la ri¬
vière , la Reuss et les vieilles peintures qui les ornent,
(Au pont qui réunit la ville principale avec le faubourg,
on trouve une planche, dont l’idée a été donnée par feu
le général Pfyffer, et sur laquelle les noms et les hau¬
teurs des montagnes qu'on découvre de ce point, sont
nôîés d» manière^ qu’on peut aisément ÿ trouver, à
l’aîde de lignes, tirées du centre et terminées par des
pointes de métal/ toutes les montagnes qui sont situées
de ce côté et leur distance de Lucerne) — le fameux re¬
lief do feu iM. le générai Pjyffcr ^ qui se ©onserve enfi#T*
G. d. Voy. Ton». IL C
2Ô
LA SUISSE. VILLES,
chez les héritiers: le lac de Lucerne est le centre #a
plan. ( Ce relief a été trois fois gravé, d’abord par M.
Dunher , puis par M. de Mechel , èt en dernier lieu par
M. Clausner à Zug). — V. pour tout ce q.ui peut von»
guider à la ville et dans ses environs, l’excellent ouvrage
de M, le chanoine Businger , traduit par M. de C. De¬
scription de Lucerne , et de ses environs , suivi de l'Iti»
néraire de Righi et du lac de 4 Cantons. Lucerne , 1815*
8- chez M. Xavier Meyer : [on trouve aussi chezM. Meyer,
un cabinet de lecture , le beau Panorama du Rigi , et les
différens costumes èt vues de la Suisse]. Le plan de la
ville, deux vues, et la carte du lac, sont joint à laite-
scription mentionnée.
Etablissemens littéraires et d'agrément. Le lycée c
l’école de dessin, l’académie de chant: l’école des filles :
le théâtre de la ville: la société de Musique: le café: le
nouveau Casino. [La promenade sur le Gütsch , ne doit
pas être manquée].
Bibliothèques. Collections. La bibliothèque Suisse
ou de la ville, renfermant les collections précieuses de
M. de Balthasar. La collection des costumes Susses chez
le peintre M. Reinhard ; deux cabinets d hist. rat. etc.
(Au sac et pillage de l’arsenal, plusieurs armes et, ar¬
mures curieuses ou remarquables, ont été sauvées, et se
trouvent chez des particuliers). *
Auberges. A l’aigle d’or: fort bonne. Au cheval
itlanc.
Distances. De Lucerne à Altorf 10I/4 heures Suisses ;
à Art 4Ï/2 ; à Eâle jç: à Berne aoVs (et par l’Entlibu h
*)3/80 à Coirc 275/g ; à Einsïedeln çS/s-i a Entiibuch 6J/4 ;
à Glaris i73/a 9 ^ Slanz * Schwitz 73/4? à W allenstatt
jq7/a- à Zug 51/2! à Zurich 10 1 à Schindellegi io?/8.
Excursions „ Le prix de bateliers est réglé. Sur le
lac à Xusnacht, pour voir la chapelle de Tell *, on passe
élevant le rocher, où l'abbé Raynal avait fait ériger un
obélisque en l'hcnneur des trois libérateurs de la Suisse:
nn coup <le fondre l’a détruit justement 1 an de la révo¬
lution Suisse, et les tables avec l’inscription, ont été
élépôsées à la maison de Pfyffer à Lucerne. — Sempach.
Appiès de «elle petite ville, la bataille, àu 9. Juille
LA SUISSE. VILLES.
a?
*3£&, où Léopold , duc d’Autriche, perdit la vie, ainsi que
l’élite de ses chevaliers: quatre croix sont plantés aux
endroits où se fît le plus grand carnage. Scmpach avee
un très - petit détour, est sur la route de Berne. .Les
poissons qu’on pêche dans le lac de Sempach sont, re¬
cherchés 5 on est aussi très -friand des écrevisses. — Au
Mont- Pilate: il faut compter 5 ou 6 heures , pouf mon¬
ter au sommet. La vue y est extraordinairement éten¬
due. En partant d 'Alpnach, la montée n’es* que de 4 à
5 heures , et la descente peut se faire en 3 heures. En.
1812 M. Rupp y a établi, par un mécanisme des plus in¬
génieux, une glissoire en bois, pour faire descendre des
blocs et des troncs d’arbres. — Elévation du Mont - Pi*
late c. à. d. du pic Tombishorn , au-dessus du lac des 4
cantons , 5^86 p. d. P. — Au Mont Rigi : (V. der Rigt -
ber g in. Zeichnungen nach der JS/aturf von H. Fuejsly u.
H. Relier’, mit einer (Franzôsischen und Teutsche») Be-
schreibung begleitet von J. H. Meyer. Zurich , 1809. Fol.
(Ouvrage, qui réunit la fidélité à l’exécution artistique
la plus finie). Cette montagne est surtout fameuse, à
cause de la vue dont on y jouit du haut du C«/m, ou de
la cime. [Cette Vue est parfaitement rendue, par deux
Panoramas , qui ont paru, l’un de M. Relier. Zurich >
1815 excellent ouvrage j l’autre de Mr. IVeiJs. Strasbourg ,
igi6. avec une notice et des observations]. En 1815 on a
construit une auberge assez grande au Culm , et l’un de
mes omis y a passé en 1816 la nuit, pour jouir du lever
du soleil. Mais il ÿ a aussi une vue superbe, du plateau ,
ou de la Risistafel , avant de parvenir au Culm . Le che¬
min, le meilleur et le moins pénible qui y conduit, est
celui qu’on peut prendre de Lowertz , et qui peut même
se faire à cheval. Celui qui se prend à Art , et par Weg-
gis, est plus difficile. Dominique Uetz d' Art , est des
bons guides. Chemin fesant, l’oeil plane sur les scènes
de désolation , occasionnées par la chûte du Ruffiberg
en 1806. Près dçs auberges, aucheval, au boeuf, au soleil, est
le couvent des Capucins^ et à' un quart de lieue plus
loin, à gauche, le rocher, avec la table d’inscription, en
mémoire d ’Erneste, Duc de Saxe -Gotha, posé par le Ré¬
dacteur du Guide des Voyageurs. On observe dans les
châlets la fabrication du beurre et des fromages. Pour
jouir en plein de ce superbe spectacle sur là cime, ou
Cnlm , il faut y monter le matin et le soir. Elévation
du Culm , au-dessus de la mer méditerranée , 715 toises.
C 9
2'S
LA SUISSE. VILLES,
Le s personnes qrti, à cause de leur santif, veulent faire
un: séjour sur les hautes Alpes, ne sauraient1 mieux choï-
sir qüe le Mont - Jligi v et seS auberges/ -V A la va! iée
d ' Entlibuchy singulièrement remarquable par le natu¬
rel , la franchise, le costume etTaisance de sés habitsns.
Pour y aller il faut suivre le sentier sur la Bramcgg. *
(V. Helvetischcr Almanach für 1804. Zurich chez Fuefsiiy
où l’on trouve une esquisse de ce voyage et de la val¬
lée. Sur le Storcrzbcrg est l’arêne des lutteurs d ' Entli-
ïuch. Dans une vieille tour à Schupfen on garde les
archives et les bannières de la vallée, dont i’une porte
le, surnom de la bataille de Morat. — •
ZURICÏI. Population, 10,600 â. et n6ï maisons.
Long, à l’obs. de la tour Charles, aûo I2' ?y'. Lut. 47®
te' 13'".
Edifices rem arquai)! és. Curiosités. L’hôtel de ville
la maison des orphelins ; (le plus beau bâtiment dé
la ville'. — Le Miinster, ou la cathédrale — le Frauen-
Ivlünster — l’église de St. Pierre — le monument de Salo¬
mon Gessner, sur la place du tir — la tombe de Lavater,
l’ami dc9 hommes, simplement ombragé d’Un saule pleu¬
reur. — » Les jolis bâtimens du Casino. —
Collections. Cabinets. La bibliothèque dans la'W'as-
serkîrch avec les collections y attenantes. (Gn y mon¬
tre le manuscrit Original de Quintilien, un* grand nom¬
bre de manuscrits et de premiers livres imprimés etc.) —
la bibliothèque du Stift -‘- le jardin botanique et les col¬
lections de la société de physique, surtout la carte topo¬
graphique de la Suisse, par Usteri — la collection su¬
perbe d'oiseaux de M. Schinz — le cabinet mathémati¬
que de Breitingcr , la collection de tableaux chez Mad.
Gessner etc. -*
Etablissemens littéraires ci utiles. La société de Se¬
cours, et les institutions nombreuses et bienfaisantes,
qui s’en sont propagées. Il y a aussi un grand nombre des
sociétés littéraires et artistiques à Zurich , qui publient
annuellement, des programmes très -curieux. La <io-
eléié des artistes surtout possède u xi Album t qui reji-
LA SUISSE. VILLES,
a9
ferme des dessins originaux et précieux, sortis des mans
de Hefs , Fuefsli , Usteri , Gessner et autres hommes cé¬
lèbres. V. Zojïngen.
Divertissemens. Le casino: (ses bals, qui se donnent
les lundis.) le théâtre de Société: deux académies de
musique etc. Les bals de quinze jours: le bal masqué
h la nouvelle année.
Promenades. La nouvelle promenade : le Lindenhof :
la promenade le long de la Limmat ; le Schützenplat z,
surtout les jeudis; le bois de Sihl : le Burgli. (Outre
ces promenades vous trouvez de tous les côtés des rou¬
tes et des sentiers, qui sont riches en points - de - vue
très - variés sur le lac, sur les promontoires, sur la
grande chaîne des Alpes et sur la vallée qui conduit à
Baden. La promenade d’une lieue de Zurich à K.üss -
riacht, où vous suivez continuellement le lac, mérite
bien encore qu’on la fasse."' La vue des appartemen9
d’enhaut de l’auberge de Küssnacht est délicieuse) — (V.
dans l’ouvrage de Mr. Ebel la planche IV. représentant
la vue des Alpes , telles qu’on les apperçoit de Zurich ,
du bastion le chat.)
Auberges. Au corbeau: (excellente auberge, située
tout près du lac, et très - fréquentée) à l’épée, (très • bon¬
ne auberge : en 1811 l’aubergi9te avait fait construire un
Yagd pour les promenades sur l’eau au bruit des fanfa¬
res. La vue, surtout de la chambre du coin, au troi¬
sième étage, est des plus magnifiques.)
Fabriques. Manufactures ; de tabac; de mouchoirs ;
d’étoffes de soie; de rubans; de mousselines; d’indien¬
nes; de porcelaine etc. Il y a à Zurich trois librairies,
et une fonderie de caractères d’inprimerie.
Excursions. Par le lac à Aufnau et Richtersioyl , et
à Rapperswyl. Le lac de Zurich a environ dix lieues de
longueur, sa plus grande largeur est d’une lieue. On
ne voit, depuis Ta ville et ses environs , qu’un bassin
de 2 à 3 lieues de long. Il a 1279 pieds d’élévation au
dessus de la mer, et on voit tous les genres de poissons
qu’il nourrit, peint9 d’après nature, à l’hôtel de ville.
On pouvait aussi, ci - devant, en acquérir leur suite
chez un pêcheur et solidement Arrangée. Une prome*
3<>
LA SUISSE. VILLES.
nade sur le lae est très - intéressante ; le peu de largeur
du lac laisse appercevoir les deux rives, et présente
mille pointa de vue, sur un pays généralement cultivé.
A Rapperswyl où le lac est resserré et profond, on le
traverse sur un pont de bois, qui a 1850 pas de longueur
et 12 de largeur. Ce pont a été construit en 1585, et les
planches sont simplement posées sur des pilotis. Dans
1 une des chapelles de l’île d 'Aufnau, se voyait autre¬
fois un tombeau remarquable, du chevalier Ulric de
Jiutten , tour - à - tour guerrier et poëte, courtisan et
hermite, mort en 1523* Richterswyl a perdu ce médecin
célèbre, ce vrai philantrope , ce docteur Hotze , frère
du brave Général de ce nom, mort à quelques lieues de
là, aux champs d’honneur; on lui a donné pour monu¬
ment son nom, taillé dans un grand roc. — Sur le La-
gerberg: on part de Zurich à 3 heures,, l’après-midi, et
on sera rendu à Regensbcrg , vers les 6 heures. Il ne
faut qu’une demie- heure, pour monter jusqu’au signal
du Lagerberg , où l’on jouit d’une vue très - étendue , et
de l’aspect de la chaîne des Alpes. On couche à Regens -
b erg et on monte le lendemain de nouveau au Lager¬
berg, pour jouir encore du lever du soleil. Sur le .La¬
gerberg, on trouve beaucoup de pétrifications , tels que
Glossopctrae , cornua Ammonis , caryophylla marina
etc. — Rade ; 4V2 heures de Zurich, on fait ce chemin
en 2 heures sur -la Limraat, qui coule avec une rapidité
extrême. Les bains de Bade étaient déjà fameux du tems
des Romains, et on y a découvert un grand nombre
d’antiquités, p. e. une colonne avec une figure d’Isis,
placée au milieu du bain de Ste. Vérène; une pierre
miîlidïre audessus du château - neuf, près du chemin
etc. Les dés de Bade commencent à être moins communs
qu’antrefois. Avant de s’en retourner à Zurich en voi¬
ture, il faut voir Konigsfelden et .Schinznach , 2^/4 hen-
res. Konigsfelden , ci - devant abbaye, à - présent une
ferme, est célèbre par la mort de l’Empereur Albert
d’Autriche, qui fut assassiné dans cet endroit en 1308.
L’impératrice douairière et Agnès sa fille, y fondèrent
un monastère; on y voit leurs sépulcres et ceux de plu¬
sieurs princes et princesses de la maison d’Autriche,
mais" leurs corps- ont été ;ransportés, sous le régne deN
la grande Marie Thérèse , à St. Biaise , dans la forêt
noire , et puis , de-là, à Vienne. Les vitres peintes de
l’église existent encore et sont d'une rare beauté. A
LA SUISSE. VILLES.
Schinznach sont des bains aussi célèbres que ceux de
Bade , et peut-être plus fréc^uentés. Le château de
Habsbourg y si célèbre par la maison d’Autriche qui y a
pris origine, est situé audessus de Schinznach. Il n’en
reste plus qu’une seule tour et quelques masures , mai9
on y jouit d’un coupd’oeil superbe et vaste. Un revient
à Bade , d’où l’on peut aller visiter le couvent de IV et -
tingen y et admirer dans son église de superbes vitraux
coloriés.. De deux chemins qui conduisent de Bade à
Zurich , l!un à la droite, l’autre à la gauche du Lim-
ittat, celui d’enhaut doit être préféré par le voyageur à
pied, comme plus pittoresque. — Sur YAlbiSy troi9
lieues (V. l’Itinéraire). — Vers les bains appelés Nidel -
blad , à deux lieues; en voiture, ou a pied; — au bain9
de Boche y la vue est encore plus étendue qu’à JSi >
Aelblad.
Distanees. De Zurich à Berne 242/4 heures Suisses ,
a Coire 23V4; à- Constance 12*4; à Einsiedeln 6V2; à
Frauenfeld 73/4 ; à Glaris 13V4 ; à Lucerne 10; à Rhinfel-
den 13; à Schaffhouse 9V2Ï à Schwitz fo ; à Waldshut 9;
a Winterthur 4; à Zug 5I/2; à Surzach 6V2» à Aar'au gi/a,
( Aarau est remarquable par ses fabriques de coutellerie,
et surtout par la bibliothèque et la collection de manu¬
scrits de feu M. de Zurlauben. Il y a ici une école du
Canton. O11 y publie une- gazette accréditée. C’est la
patrie et le séjour de la famille Meyer y célèbre par ses
collections curieuses , ses entreprises littéraires et arti¬
stiques, et par ses voyages à la cime An Jungfrau y et
du Finsteraarhorn. Auberge: au boeuf-)
Livres a consulter. Helvetischer Almanach für das
Jahr 1814. 12- Avec des vues et une carte. C’est le meil¬
leur guide, non- seulement de la ville, mais même de
tout le canton. Vue de la ville de Zurich: gravée par
Tomany 1790. On a aussi gravé deux jolies estampes, qu^
représentent les sites de deux principales auberges , au
corbeau et àTépée.
3*
LA SUISSE. MAN. D. VOY.
6.
Voituriers. Notes instructives , etf remarques qui inté¬
ressent les voyageurs dans leur tournée. Détail des
voyages a Grindelwald et à Chamouny.
S’il y a un pays qui mérite d’être visité, c’est certai¬
nement la Suisse. Les variétés, la grandeur, et le con¬
traste, sont le caractère distinctif de ses paysages.
L’Italie et l’Angleterre sont peut être les seuls pays où
l'on paisse voyager avec un intérêt égal ; mais en met¬
tant de côté la partie des arts, combien la Suisse ne
l’emporte - t - elle pas sur l’Italie, par le spectacle ma¬
jestueux des Alpes et des merveilles de la nature, et
par le spectacle bien plus intéressant encore d’un peu¬
ple libre et généreux, chez lequel tout annonce la féli¬
cité publique. Même en traversant la vaste solitude dès
Alpes, les contrées de la Fourche , du Grimsel , du
Schoellenen , du Splugen etc. sur des chemins tracés au
bord des plus affreux précipices, le voyageur est si pro¬
fondément ému, qu’il oublie les fatigues et les dangers
de sa route, et que ces images de terreur qu’il a devant
les yeux, se changent pour lui en beautés sublimes,
qui pénètrent son âme d’un secret ravissement. Ses pen¬
sées ont plus d’élévation, ses sentimens plus d’énergie;
il double en quelque sorte son existence. La Suisse est,
comme l’on sait, le pays le plus élevé de l’Europe.
L’air y est tellement épuré par les vents des Alpes , tou¬
jours chargés1 des exhalaisons balsamiques de milles
plantes différentes , qu’on en ressent tout de suite l’in¬
fluence bienfaisante. Plus d’un malade a recouvré en,
peu de teins sa santé en voyageant en Suisse, par le seul
effet du mouvement sans le secours des remèdes. ,, Plu*
on s’élève (dit M. Ebel) et plus on s’apperçoit de cette
propriété fortifiante de l’air: cette lassitude, cette lour¬
de pesanteur dont on est abattu, et qui semble devoir
vous ôter tout espoir, d’être en état de gravir une mon¬
tagne pendant une heure seulement, disparaît par de¬
gré, et toujours progressivement, à mesure qu’on s’élè¬
ve, et lorsqu’on est parvenu en 4 ou 5 heures, à une
LA SUISSE. MAN. D. VOY, 33
hauteur de 7 à 8cûo pieds, on se sent d’une sérénité,
d’une vigueur, et d’une légèreté , qui neSsauraient se dé¬
crire. “ En effet, s’il est vrai, comme le dit un des plu»
agréables voyageurs qu’ait produits l’Allemagne, (feu
Mr. Meiners ) et comme personne n’en doute, s’il est
vrai , que le plus grand charme des voyages consiste,
dans un jeu plus parfait des organes du corps et dans
une sérénité extraordinaire de l’esprit , avantages dont
on est redevable soit h l’action de l’air pur qu’on res¬
pire en liberté, soit au mouvement soûtenu et aux di¬
stractions continuelles, que procurent les voyages, soit
ehfin à l’éloignement des soucis domestiques et des af¬
faires sérieuses; il n’est pas surprenant, après ce que
nous venons de dire de la pureté de l’air en Suisse, et
de son influence salutaire sur le corps et l’esprit des vo¬
yageurs , que les étrangers quittent ce pays avec tant
de regrets ; qu’ils désirent avec tant d’ardeur d’y retour¬
ner, et que le souvenir des moihens toujours trop courts
qu’ils ont passés dans ces heureuses contrées, vienne
Souvent se retracer à leur esprit avec une vivacité sin¬
gulière , et soit accompagné d’une foule de réminiscen¬
ces agréables. — Non, je ne l’oublierai jamais ce jour,
où je vis pour la dernière fois le Mont-Blanc se tein¬
dre du plus beau rose aux rayons du soleil couchant,
où du haut du signal de Bougy dans le Pays de - Vaudt
j’embrassais d’un coup -d’oeil, non tous les royaumes,
du monde et leur gloire , mais le plus bel horison et les
plus rians paysages que Ton puisse imaginer. Il jne
semble que la nature eût voulu me montrer ces belles
campagnes dans toute leur parure, pour rendre plus vif
le regret que j’avais de les quitter. Avant de leur dire
un dernier adieu , mes yeux se reposèrent encore long-
tems sur cette vue enchanteresse, qui allait disparaître
pour moi, et j’adressai au génie de l’humanité des voeux
pour la conservation de ces heureuses Républiques; hé¬
las, des voeux ardens, mais cruellement déçus parles
événemens ! - —
Mais ce sont des directions et non des déclamations
que j’ai promises à mes lecteurs; j espère cependant
qu’ils me pardonneront ce moment d'enthousiasme, que
le seul souvenir d’un voyage en Suisse ne peut manquer
d’inspirer.
34 LA SUISSE. MAN. D. VOY.
Nous avons un nombre prodigieux de descriptions de
la Suisse, et de voyages en Suisse, de sorte qu’un voya¬
geur doit se trouver embarrassé de choisir parmi tant
d’ouvrages celui, qui peut lui servir de lecture prélimi¬
naire. Les voyages si connus de Cote *) et de feu Mei -
Tiers-, sont incontestablement les deux ouvrages que peu¬
vent encore lire avec fruit, les voyageurs de tout état
et tout rang. Il faut y ajoûter les lettres et le jour¬
nal •*) d'une dame l’amie de Matthisson et de Bonstet-
t£n , dont les déscriptions ressemblent à ces vues char¬
mantes d'Abcrli ou de Rieter.
Il y a encore d'autres ouvrages, dont il faut nécessai¬
rement faire mention, et qui ne sont pas volumineux.
L'Almanach Helvétique en 16. qui a commencé en 1781.
Il nous donhe depuis les dernières années de tableaux
statistiques et exactes des divers cantons; chaque année
s’occupe tour à tour, de la description de quelque nou¬
veau canton. Publié en langue allemande,, orné de jo-
lies gravures, il forme un petit livre de poche, que le^
voyageur sera bien -aise de consulter et avec fruit sur
tel ou tel canton, et sur l’état actuel de ses districts.
*) M. Schoell à présent à Paris a publié Une nouvelle
édition des voyages de Coxe , avec les additions de
liamonil et des vues, dessinées par Birrmann\ ,, W,
Cuxe's travels in Switzerland and in the country o£
Grisons etc. to whicli are added the notes and obser¬
vations of Mr. Ramond translated from the french, A
ri ew Ed. Bâle 1801. 8- 3 vol. avec 1 carte et 6 plan¬
ches. “ ,, Briefe liber die Schweiz etc. vom Prof.
Meiriers. 3 vol. 8- Berlin 1788—90.** Espérons que la
paix reconduira le premier de ces deux voyageurs
en Suisse, et qu 'alors ils enrichira la littérature par »
des tableaux de la nouvelle Helv étie , aussi exacts et
aussi intéressans que ses déscriptions de 1 ancienne.
**) Prosaische Schriften von Friederike Brun. T. und
2. B and. Zurich 1799.“ — Tagebuch einer Reise ,
durcli die ostliche, siidliche uud italienische Schweiz
ausgearbeitet in der, .lahren ivefi and I7Q9 von Friede¬
rike Brun , geb. Münter . Ntl t Kupfern. Kopenha-
gen 1800. 8-*‘ Mais surtout son ouvrage charmant:
Ep isotien aus Reisen durcit das siidliche Veutschland,
die westliche Schweiz , C mf und Italien , in den
Jahrcn igoi , l£02 , I&M et 1SC5. Zurich , ifcoô et 1808-
2 vol. S-
LA SUISSE. MAN. D. VOY.
35
Nous ne passerons non plus sous silenee les Etren-
nés Hclvétiennes et patriotiques , par M. Bridel , Curé
à Montreux y près de Vevay, qui continue de même,
depuis nombre d’années , un recueil, très - intéressant , et
dans lequel l’auteur rend avec cette élégance qui lui est
naturelle , les impressions qu’il éprouvait dans ses
courses.
Mais parlons a présent d’un manuel y le plus néces¬
saire à tout voyageur , c’est: l'instruction pour un vo¬
yageur qui se propose de parcourir la Suisse de la ma¬
nière la plus utile et la plus propre a lui procurer tou¬
tes les jouissances dont cette contrée abonde. Par M. le
D. EBEL *). Avec figures et cartes. La première édi¬
tion Allemande en a paru en 2 vol. à Zurich 171)3. Mais
l’auteur en a publié en 189, une troisième édition en
Allemand et en Français, et pareillement à Zurich y qui
comprend 4 volumes , et qui doit être regardée comme
un ouvrage totalement refondu, corrigé et augmenté
d’un grand nombre d’additions importantes. Peut-être
que dans le moment même, il en a paru la 4ème ou
5ème édition; car personne ne peut se dispenser de pos¬
séder cet ouvrage, le meilleur guide des' voyageurs en
Suisse. C’est de lui qu’on peut dire avec raison qu’il
«mbrasse toute la Suisse dans sa totalité, et qu’il mêfc
l’étranger en état, de se dresser un plan de voyage rai¬
sonnable et d’en tirer les avis dont il a besoin dans une
infinité de cas.
Outre ces quatre ou cinq ouvrages, ceux qui veulent
visiter la Suisse en Physicien ou en Mineralogues **);
puiseront dans les ouvrages de M. de Luc y de M. de
Saussure y de M. de Razumowsky , de M. Fcrbcr etc. les
*) M. Ebel a publié en allemand, une description ex-
ceellent des petits cantons d’Appenzell, de Glaris
etc. Il en a paru trois volumes.
**) Je n’ai pas besoin d’indiquer ici aux Botanistes,
r Histoire des plantes de la Suisse du grand Haller ,
ni aux Zoologistes celles des Animaux de Conrad Gess -
ner , avec l’énumération des insectes de la Suisse par
Furjsiy-y ces ouvrages sont connus de tous les savant.
Ajoutons -y: Suteri fiora helvetica. Turici , 1802.
36 LA SUISSE. MAN. D. VOY.
éclaircissement et les connaissances nécessaires, niaiâ
sui-tout dans l'excellent ouvrage de M. Bernouilli - Ge-
ognostische Uebersicht dcr Schweiz , ncbst einem syste-
matiscfien V erzeichnifs aller in dicsem Lande vorkom-
mcnden JV1 itteralkbrpcr und deren Fundortcr. Basel. 1814.
Un savant Espagnol , Don Gimbernat qui a parcouru il
y a*4 à 5 ans, les Alpes en Mineralogue a recueilli aussi
des observations intéressantes, annoncées sous le titre
de: Mapa y Pianos geognosticos de la Suizza.
Le? voyages de Meiners , de Coxe etc. ont été faits
et publiés il y a bien longtems. Mais cela n’ôte rien a
leur utilité. L’organisation politique, peut - être les
moeurs ont été changées, mais les beautés de la nature
sont restées les mêmes.
Parmi les cartes de la Suisse la carte a préférer et
la plus fraîche, c’est: la carte routière de la Suisse par
Keller et Scheuevmann. Zurich , chez Fuefsly , 1813* El¬
le ne laisse rien à désirer, et on y a même noté ingé¬
nieusement, les routes, qni conduisent des villes voisi¬
nantes en Suisse*
Je ne puis me dispenser de 'parler ici des belles
estampes enluminées , qui représentent les plus belles
contrées de la Suisse, et qui méritent de décorer les ap¬
partenons- de ceux qui ont voyagé dans ces pays. Parmi
les artistes il faut nommer de préférence Aberli, car
c’est lui qui en a été l’inventeur et qui le premier a ex¬
cellé, dans ce genre agréable: Rieter à Berne, qui possè¬
de seul la collection coinpiette de toutes les estampes d'A-
berli j
Manuel d'herboriser en Suisse et en Valais, rédige se¬
lon le système de Linnêe. IVinterthur. 1811. 8- Précis
d'un voyage botanique fait en 1811 par le professeur
Villarsy Lauth et Nestler. A Paris , i8Î2- 8* Le célè¬
bre botaniste d eBexy M. Schleicher, vient d’annoncer
un cours de botanique, pour aller herboriser sur
1er. montagnes et dans les vallées du district de Bex
et du Bas - Valais , surtout de Fouly , où l’on cueille
les deux tiers de» plantes les plus rares de l’Helvétie
LA SUISSE. MAN. D. VOY. 3 ?
herli ; Freudenberger; Henziy ICônig ; Bleuler r (qui oc¬
cupe dans son habitation^ non loin de' la chute duRhin,
plus de 6o personnes par des gravures , des dessins,)
Jjinck , à Genève etc. Le prix des vues d 'Aberli et de
Hackert varie de 6 à 18 livres de France : d’après la
grandeur des estampes. Aberli, Freudenberger , et Hen-
zi , viennent de mourir au grand regret des amateurs.
On peut mettre à côté des plus beaux ouvrages d 'Aberli
les superbes estampes coloriées qui composent la collec¬
tion de Renzi , dont il a paru plusieurs cahiers. L’art
semble y rivaliser avec la nature par la fidélité de l’exé¬
cution. Par exemple, la prairie de Rutli , le Luëtschi-
nen, le pont du diable , y sont représentés avec une
vérité qui va jusqu’à faire’illusion au spectateur, qui se
croit transporté par enchantement dans ces contrées.
Joignez à cela que le texte est de TVyttenbach , qui le
composa sur les lieux mêmes. Une autre collection de
vues Suisses qui n’est pas moins chère que celle d e Ren-
zi , mais qui lui est très - inférieure , soit pour les choix
des vues, soit pour la fidélité, c’est le recueil des tab¬
leaux topographiques et pittoresque de la Suisse , Paris
I78ij grand infolio. C’est M. de la Borde qui a fait exé¬
cuter les gravures, et c'est feu le baron de Zurlauben à
Z ug qui a travaillé le texte. Ori a encore une foule
d’estampes Suisses de différens artistes. Parmi les plus
récentes, il faut distinguer celles de Lafond , de Lorry ,
de Birrmann , de Bidermann , de fVolfy de Loutherbourg
de Link , de Hakert , de fFocher , de Reinermann , de
Hess y de Gmelin. Les vues du Mont-Blanc de Mechel
qui côutent 3 gros écus la feuille , celle que M. Bâcler
d'Albe a fait de la même montagne, et celles qu 'Albani-
Beaumont a publié en 12 feuilles et qui coûtent 3 louis
et demi, doivent être comptées parmi les meilleures
vues de la- Suisse. M. Lips a gravé les portraits de La -
vater , et do Hotze , morts pour leur patrie. — M. Koe-
nig a publié quelques costumes Suisses , qui sont en
même tems , portraits. M. F uessli a enrichi le public
d’un grand nombre de vues et estampes coloriées, et
d’autres au bistre. M. Dunker a publié beaucoup d’au¬
tres vues et' s’est égayé dans quelques caricatures sur
les ridicules révolutionnaires de son pays et de son
siècle etc. etc. Les amateurs trouvent à acheter toutes
les estampes dans le superbe magasin de M. M. FuefsW
à Zurich y et dans ceux de MM. Jiubcr et Mechel à Bàle
Guide d. Voy.' T. II. D
38 LA SUISSE. MAN. D. VOY.
et à Berne , chezMM . Burgdorf et Rôtzer. Il y en a une
surtout qu’ils ne doivent pas manquer de se procurer,
c’est celle pui représente la lisière ou la chaîne des
grandes Alpes, telle qu’on la voit de Berne , peinte par
Studer , gravée par Dunker , et enluminée par Rieter.
L’Allemand est la langue qui est parlée dans la plus
grande partie de la Suisse; c’est la langue nationale, et
celle qu’on emploie dans les actes publics, et dans tou¬
tes les affaires politiques de la conféderatioh. C’est un
dialecte particulier qui a quelque chose de choquant
pour l’oreille d’un haut -Saxon, et qu’il a souvent de la
peine à comprendre, surtotit dans les contrées basses et
dans les campagnes. D’un autre côté . l’Allemand qui
parle bien sa langue , est presque inintelligible pour
l’homme du peuple et l’habitant des campagnes. Sou¬
vent même il n’en tire pour toute réponse, que ces mots:
En vérité Monsieur , je ne sais pas le Seiche! c’est-à-
dire en langue du pays, le Français « Dans quelques
districts des Alpes , dans le Hassly p. e. le dialecte du
pays est inintelligible même pour un Suisse. La langue
Française est usitée dans une partie de la Suisse occi¬
dentale, à Soleure , à Friboxirg , à Neufchâtel , dans les
contrées voisines des lacs de Neufchâtel et de Bienney
dans tout le pays de Vaudy et dans une partie du Valais.
La plûpart des endroits ont deux noms , l’un Français
et l’autre Allemand, ce qui met quelquefois les étran¬
gers dans l’embarras. Au reste on trouve dans la Suisse
Allemande, même parmi les gens du commun, des per¬
sonnes qui parlent très -bien le Français; de plus tous
les aubergistes , les voituriers, les guides de profession
( excepté à Genève et à Chamouny ) savent également les
deux langues. A Berne c’est ordinairement le Français
que l’on parle aux étrangers ; les dames surtout ont de
la répugnance à s.e servir avec les Allemands de leur
langue maternelle, et cela par un excès de modestie;
elles craignent que leur dialecte, .qui n’est cependant
pas sans grâces dans leur bouche, ne fasse une impres¬
sion désagréable. Le sommet du St. Gothard, est comme
la limite de la langue Allemande et de l’Italienne. Cette
dernière se parle dans le canton du Tessin. La plûpaxt
des aubergistes de la vallée de Livine jùsqu’à Rellinz-ont
et chez les Grisons , l’entendent aussi.
Les louis -neufs , ou carolins, comme on les appelé
en Allemagne, les Napoléons et les gros ëcus, en général
I
LA SDISSE. MAN. DE VOY.
39
ie$ espèces d’or et d’argent de la France , tant ancienne
que nouvelle , sont le meilleur argent pour servir au
voyageur en Suisse. Dans l’intérieur du pays on ne
connaît, ni les louis Allemands, ni les pistoles , ni les
écus de convention, et plU9 d’une fois on m’a refusé de
les prendre.
Quels sont le9 mois les plus favorables à un étran¬
ger pour se rendre eu Suisse ? Cela dépend absolument
du plan, que chaque voyageur se sera formé. Le mois
de Mai, dit M. Ebtïr est communément plus beau, que
celui de Juin, qui, le plus souvent est extrêmement
pluvieux, et cés pluies se prolongent quelquefois bien
avant dans le mois de Juille*. Des mois où le tems esc
le plus constant, sont, généralement parlant, Juillet,
Août et Septembre, par conséquent ils sont les plus
avantageux pour voyager dans les hautes montagnes.
Il faut canven.ir.au demeurant, que les années diffèrent
beaucoup ent.re elles. Le mois de Septembre, et fort
souvent celui d’ Octobre, sont les plus beaux de l’année;
un ciel pur et serein, une température douce et agréa*
ble, rendent les automnes extrêmement belles en.Sufsse.
C’est alors qu il faut commencer à parcourir les envi¬
rons délicieux des lacs de Genève , de JSeufchâtel et ^de
Bienne , et principalement le charmant pays de Vau^ly
pour y jouir du spectacle des vendanges , et des plaisirs
de la société, unis à ceux de la vie champêtre.
On demande souvent, combien il faut de semaines
ou de . mois pour faire le voyage de Suisse. C’est, une
question à laquelle il n’est pas possible de répondre
d'une manière précise, pareeque chaque voyageur se,
règle à cet égard sur les circonstances où il sç trouve, t
et sur le but qu’il se propôse. L’espace de tems dont il r
peut disposer, la dépense qu’il est en état 'de faire, la
route qu il choisit pour son voyage, le plus ou Te’ mointif
de curiosité qu’il a, voilà autant de considérations qui
en décident. La plûpart des voyageurs n’y mettent ’qûé'
6 ou 8 semaines ; mais Madame de Korff dit avec’ autauit
de naïveté que de vérité dans ses lettres sur la Suisse :
,,Une chose qui me déplaît en Suisse c’est, qu’on' y
trouve trop de choses à voir à la f ois. Il faudrait, poux
«e tien perdre, s’établir pendant quelque tems dans
chaque petite ville, et faire des excursions dans les con*.
trées voisines jusqu'à ce que l’on èût tout vu. De «là il
D 2
.
40 LA SUISSE. MAN. DE VU Y.
faudrait passer dans un autre endroit et suivre la même
marche. Mais un seul voyage ne suffirait pas pour celà,
il faudrait un séjour de plusieurs années. Combien de
pays beaucoup plus étendus dont on ne peut pas dire la
même chose! ‘‘ Celui, dit M, Eb.el , qui veut se conten¬
ter de parcourir la Suisse, pour acquérir quelques no¬
tions de chaque canton, et de voir partout ce que la na¬
ture offre de remarquable à tous égards, peut, en dres¬
sant son pla?i de voyage d’une manière sagement raison,
née, remplir son objet en 3 mois et demi, en allant k
pied, ainsi qu’on le verra plus bas. On ne çbmpte ici
pour les séjour dans tel eu tel lieu, que précisément
ce qu’il en faut pourvoir ce qu’il y a de plus intéres¬
sant. Mais il faut aussi 'faire réflexion, qu’il est rare
qu’on ait trois semaines consécutives, un tems sec et se¬
rein. L'instabilité du tems est fort grande et ses chan-
geraens sont fort fréquens , et même dans le mois oi> il
est le plus constant, il survient des pluiés, qui durent
Souvent 3 ou 4 jours: on pèut donc ûjoûtèr à ces 3 mois
èt demi hardiment 15 jours, ou la pluie et les oragès
forceront de faire une station précîséhVeiit K rëiidfoit où
l’on sé‘ trouvera. Il nfè faudrait donc pris se foriner lé
plan, d’achever telle ou telle tournée dans ujl tems dé-
termiilê? mais cheminer aussi Icngtems que'la saisosï
serait' belle et le ciel serein. Je conseillerai toujours à
quelqu’un qui ne viendrait en Suisse que pour deux mois?
de restreindre son plan aux parties absolument les plus
intéressantes. >
Ôn trouvera dans l'itinéraire qui accompagne cet oil-
vraJgè, le plan dre quelques vbyàges de Suisse et des rou¬
tes qu’il faut y prendre. Le tiedàchtnifs - JBuch. Aarau ,
1816- 16. contient 250 routes et itinéraires de la Suisse’
X. )ot f -• ") ! : 1 b';** •
i Une opini-ou assez commune et qui n'en est pas
moins fausse pour cela, c’est qu>n voyageant en Suisse,
il faut .continuellement gravir les montagnes , que l’on
est tqujgurs en danger de s’y casser le cou, et que le9
personnes sujettes aux vertiges, doivent bien se garder
d’en .courir les risques. Cela peut être vrai de quelques
chemins dans l’intérieur des contrées montagneuses ; au
reste, en traversant la. plus grande partie de la Suisse,’
an. n’a ;ni vertige a craindre , ni danger a courir. • Lesr
grandes routes sont en très -bon état f et même les da¬
ines ne peuvent en désire;' de plus belles ni de plus jù
IA SUISSE» MAN. DE VOY. 41
res. Surtout Sans le canton de Berne *) elles l’empor¬
tent de beaucoup sur les chaussées des autres pays. Les
chemins qui conduisent dans quelques-unes des contrées
les plus intéressantes des Alpes, p. e! à Lauterbrunnen -,
dans le Grindelwald , et dans la vallée de Chumouny ,
sont tels, que les personnes les plus délicates des deux
sexes, peuvent faire ces courses commodément et sans
aucun danger. Je me souviens même d’avoir 'rencontré
une société de dames Anglaises, qui avaient faifcjtout le
voyage des Alpes, depuis le St. Gothard jusqu’au JVJ'ont-
Blanc. Il est vrai que c’étaient des héroïnes, dont beau¬
coup d’hommes auraient eu de la peine à suivre l’e¬
xemple.
„Tout le monde sait (dit M. Ebel) qu’on manque en
Suisse de la ressource d’un établissement de postes. Il
y a cependant des diligences réglées qui vont de Bâle à
Schaffhouse , Zurich , Berne , Soleure , Bienne , et dans
les vallées de Locle et de la Chaux-de- Fond ; de Zurich
h St. Gall et Berne ; de Berne à Thuny Genève et Neuf-
ch tel; de Lausanne à Vevay e t Pontarlier ; et de Ge
n'eve jusqu’à Lyon et Turin : ces diligences sont fort
bien, et l’on y va très -vite. On peut aussi aller en
poste, de Schaffhouse jusqu’à Arbourg , en passant k
Rheinheim , où l’on vient d'établir une poste de Taxis;
puis on change de chevaux chez les aubergistes d e Briigg,
à'Arau et A' Arbourg. ( De Rheinheim k Donaueschin-
gen V. l’Itinéraire d’Allemagne, No, 5. ) Ce même
établissement a lieu entre Bâle et Zurich , par Rhein-
felden , Stein - sur le Rhin et Brugg , où l’on trouve des
relais chez les aubergistes, finissant dans une seule jour¬
née une route, à laquelle les voituriers consacrent ri/2
jours. Entre Lindau et Constance , on change de che¬
vaux, à Brègence r à Roschach , et chez l’aubergiste de
la Hube. Comme la plûpart des voyageurs arrivent en
poste et dans leurs propres voitures, aux frontières, de
la Suisse* ils sont obliges de se servir de voituriers qui,
dans les villes tiennent toujours des chevaux prêts, et
même de9 caros.es, pour les étrangers.44
*) Cette oligarch e Bernoise, dont le gouvernement
sage et paternel, vanté par Fr édèric - le - grand, fut
le but des traits des fauteurs révolutionnaires par
eeque (comme le dit Carnot) „cette république
arsenal!4”16 11111110115 eh ré*erv^ et un magnifique
42 LA SUISSE. MAN. DE VOY.
„Cidev «tfnt les prix des loueurs de chevaux étaient as¬
sez réglés et à peu-près les mêmes par toute la Suisse;
on payait pour deux chevaux un demi louis -neuf par
jour; mais il faut savoir q’uon ne vous fournit des
cheveaux, qu autant que vous vous engagez à payer au¬
tant de journées pour le retour, que vous en avez mis
h arriver. Par exemple, si vous faites huit à dix lieues,
vous payez deux journées à 3 écus de 6 Francs chacune
pour deux chevaux: c. a. d. la journée de votre voyage,
et la journée des chevaux qui retournent vides, k un
demi louis chacune. On ne compte rien pour le louage
de la voiture, au contraire, on vous demandera plutôt
davantage, en ne vous fournissant que les chevaux,
parce que le voiturier n’a pas alors la perspective de
pouvoir ramener d’autres voyageurs au retour. Comme
le nombre des voyageurs est très - grand pendant l’été,
vous trouvez souvent des carosses qui retournent vides,
que vous pouvez avoir à la moitié du prix ordinaire,
puisque vous n’avez pas alors les journées de retour à
payer. Il est par conséquent très - économique de de¬
mander souvent au palefrenier de votre auberge, s’il
n’est point arrivé de voiture de l'endroit où vous êtes
intentionné de vous rendre. “
,,Cidevant le prix généralement réglé pour un cheval
était d’un gros écu par jour; mais ce prix a terrible¬
ment augmenté. 11 faut à présent payer , par jour, pour
deux chevaux, trois gros écus, et les voituriers ne se
Contentent de deux, que pour les journées de halte. De
plus, il faut payer chaque journée double, à cause du
retour; conséquemment six ou 4 gros écus par jour. Le
pour- boire du cocher monte, au moins a un florin par
jour. Quelquefois le loueur de chevaux ne vous de¬
mande , par cheval, que 3 florins par jour: vous croyez
avoir trouvé un homme équitable, et c'est vous qui êtes
la dupe; car alors il vous compte une journée de plus,
et la chose en revient toujours à ce que je viens d’établir
cidessus. Par exemple, on fait les vingt- quatre lieues
qu’il y a de Zurich à Berne en deux jours, et il est tout
simple que là voiture vide n’en mette pas davantage pour
le retour; cependant le voiturier vous fera payer cinq
ou 6 journées. Un se rend à St. Gall en un jour et demi,
et 1 on vous en fait payer quatre ou cinq. Ainsi l’on
doit se méfier de l’équité de ces gens là; et l’on peut
43
LA SUISSE. MAN. D. VOY.
actuellement calculer, pour chaque cheval dont on a
besoin, au moins 5V2 ilorins (12 liv.) par jour, ou pour
mieux dire 11 florins (24 livres) a cause du retour. “ *)
,, Les chevaux de monture ou les mulets, dont les
voyageurs se servent en visitant les pays de montagnes,
où l’on ne peut pas aller en voiture, se payent encore
tur l’ancien pied, savoir un gros écu par jour, quelque¬
fois moins , lorsqu’on les loue pour quelques semaines.
Mais il arrivera aussi qu’on vous demand'ra deux gros
ecus pour faire trois lieues, et qu’on poussera l’obstina¬
tion au point, de garder plutôt ses chevaux à l’écurie
que de se relâcher sur le prix exigé. Le voyageur est
aussi exposé à être quelquefois surfait , avec une pa¬
reille indignité , par les bateliers sur les lacs , et par les
aubergistes, dans les pays de montagnes, qui vous comp¬
teront, en certains endroits, beaucoup plus pour un
chétif repas, qu’il n’en coûte pour la chère la plus dé¬
licate dans lea meilleurs hôtels. Il faut cependant con¬
venir qu’en général ces sortes d’exactions ne (s’exercent
que rarement. Comme le voyageur dans les montagnes
ne revient guère a l’endroit où il a loué ses chevaux, il
est toujours obligé de prendre pour les ramener un- valet
ou un garçon1 qui le suit à pied, et qui a soin de tout
pendant la route; car en .payant un gros écu par jour,
par cheval, on n’est plus chargé de rien. A-t-011 loué
deux chevaux, on ne paye rien de plus pour le garçon,
excepté le pour-boire; mais si l’on n’en loue qu’un seul,
il faut payer au loueur plus d’un gros écu, parceque
l’entretien du garçon lui revient trop haut lorsqu’il
n’est réparti sur un cheval. Lorsque vous faites, en
partant d’un endroit, des courses qui vous j ramènent
’f) J’a^ rencontré des . personnes de ma connaissancé»,
qui étant arrivé en poste sur les frontières de ia
Suisse,* s’étaient arrangés avec des loueurs de che¬
vaux de la Souabe , du Wirtemberg, de Bade etc. il
tant par jour, y compris la nourriture de chevaux
et du cocher, pour leur tournée en Suisse. Ils y
gagnaient et pour le prix, infiniment moindre, et
pour l’agrément d’avoir toujours des chevaux prêts
et a eux, même pour les petites courses dans les vil¬
les ex leurs environs. Il s^entend au reste- que l usa-
ge de ces chevaux étrangers est uniquement pour les
grands - chemins , et non pour les sentiers des
tagne».
44 LA SUISSE. MAN. DE VOY.
constamment, et sans séjourner en chemin, vous voya¬
gez à bien meilleur compte a cheval qu’en voiture, en.
supposant que vous ne preniez pas avec vous de dome¬
stique monté. **
,, J’ai vu bien des voyageurs qui, dans la première
ville de Suisse où ils arrivaient, accordaient avec un
voiturier pour tout le voyage; mais je n’ai jamais re¬
marqué qu’on les fît payer moins que je n’ai dit- Si
vous ne faites simplement que voyager, sans faire d’au¬
tres séjours que d’une demie - journée ou d’une journée
au plus, et que vous reveniez achever votre course, la
où vous l’avez commencée, vous faites alors une épargna
considérable, en ce que vous n’avez pas de journées de
retour à payer ; autrement, vous ne feriez qu’augmenter
la dépense de votre voyage sans aucune nécessité. “
,,I1 n’est pas aussi dispendieux de voyager en Suis¬
se avec ses propres chevaux qu’on pourrait se l’imagi¬
ner. La nourriture de deux chevaux et du cocher, se
monte tout au plus à 4 florins et demi (io liv. de France)
ou 5 florins par jour, aussi long -teins qü’on loge dans
les auberges; et lorsqu’un voyageur se loge, pour un.
certain teras, dans une maison particulière, ou dans
une auberge de village, et fait acheter le fourrage par
son cocher, il lui en coûte bien moins. Si l’on veut
donc faire beaucoup de courses en Suisse pendant quel¬
ques mois de suite, il en coûtera moins d’amener ses
propres chevaux, que d’en prendre de louage, qui revien¬
dront aussi chers pour dix ou douze jours, que l’entre¬
tien de deux chevaux et d’un cocher ne vous pourra
coûter pendant tout un mois. Si l’on pouvait se servir
de ses propres chevaux pour aller à selle dans les mon¬
tagnes , l’économie serait encore plus sensible; mais la
chose n’est nullement à conseiller, moins par la crainte
àe ruiner ses chevaux, que bien plutôt par le risque,
en montant nn cheval peu habitué à cheminer avec
précaution, dans les sentiers escarpés et rocailleux de
ces montagnes. “ —
t ,, Aucune roue ne traverse les Alpes ! “ disait ordinai¬
rement le grand Haller. Mais à préseut cela a changé,
pour les grandes routes du Cènis et du Simplon , qui
par les travaux ordonnés par le* gouvernemens Français
et Italiens, sont devenus très - practicables pour les voi-
LA SUISSE. MAN. DE VOY,
4S
tures. Ceux qui veulent visiter les autres hautes mon¬
tagnes de. la Suisse, doivent toujours se résoudre à voya¬
ger à pied ou à cheval. Il est vrai qu’on peut aller à
Chamouny et dans le Grindelwald en char - à -banc f
c’est-à-dire sur de petits chariots, très -bas et à quatre
roues, où l’on est assis de côté ; mais on y est encore
plus cruellement cahoté, qu’on ne l’est dans les chariots
de poste d’Allemagne, lorsqu’ils roulent sur des chaus¬
sées nouvellement pavées. Aussi conseillerai - je à toute
personne qui a assez de force et de santé pour suppor¬
ter cette fatigue, de faire la route à pied, d’autant plus
qu’au besoin, on trouve des chevaux à louer pfesque par¬
tout. Lorsqu’on veut marcher commodément à pied , et
beaucoup cheminer dans les montagnes, il ne faut point
porter des culottes jarretées au-dessous des genoux, mais
de Ces longues culottes appelées pantalons, avec un frac
fort court ou jacquette d’une étoffe légère, mais pour¬
tant serrée; le treillis, mais mieux encore le coutil, est
cé qu'on peut prendre de meilleur. Il faut que le pan¬
talon , en se rétrécissant sous le genou, suive la forme
de la jambe comme une guêtre, et sebre le pied par-des¬
sus le soûlier tout autour, de son ouverture, jusqu’au
talon; ou bien l’on portera des demi - bottines ou bro¬
dequins dessous les pantalons. Cette précaution est in¬
dispensable pour empêcher qu’il ne vous entré de pe¬
tites pierres dans les sonliers , ce q\ii arrive à chaque
instant lorsqu’on descend par les sentiers rocailleux des
montagnes. Il faut ensuite se munir de deux paires de
soûliers ; l’une forte, grossière et à talons épais, garnis
de bons doux à grosses têtes, pôur lés routes pierreuses
des montagnes, pour les tems humides, et pour la neige
et les glaces dans les passages les plus élevés de ces mon¬
tagnes et sur les glaciers^ (V. plus bas la déscriptiôn
d’une chaussure alpestre); l’autre paire, forte aussi,
légère en comparaison de la première, sera pour les
chemins bons et unis des vallées. “
,,Pour se garantir des refroidissemens de l’atmos¬
phère qui surviennent quelquefois tout- à- coup, ainsi
que des vents froids et piquans qui régnent dans le haut
des montagnes , on sera pourvu d’un bon surtout et
d’une paire de culottes de Casimir qu’on pourra, si be¬
soin en est, mettre sous le pantalon.14
,,Je conseille au voyageur sujet à beaucoup souffrir
de la chaleur, quelquefois excessive dans les vallées et
48 LA SUISSE. MAN, DE VOY.
que les pieds et les bas soient bien mouillés. Mais s'il
vous arrive d’éprouver la grande incommodité d’avoir
des vessies en marchant, il faut bien se garder de les
ouvrir, mais seulement passer, à l’aide d’une aiguille,
'un fil au travers, avec la précaution de ne couper ce
fil aux deux bouts qu’à une certaine distance de la peau.
Par ce moyen l’on ne sentira plus aucune douleur le
lendemain, et l’on pourra très - bien marcher dessus. Si
votre soûlier vous à’éeorché dans la partie supérieure du
pied, il suffira de l’envelopper d’un linge bien enduit
de suif, pour être en état de continuer à cheminer, sans
que l’écorchure vous fasse souffrir. “
,,Se trouve -t- on extrêmement fatigué au bout d’une
journée fort longue ou fort pénible, rien ne fortifie d’a¬
vantage qu’un bain de pieds, tiède, où l'on aura mêlé du
vin, ou de l’eau de vie, ou des cendres; ou si l’on *e
lave seulement, avec de l’eau-de-vie pure , surtout avec
de l’eau de cérises.**
,, Quelqu’un qui n’a pas l’habitude de marcher à pied,
n’a seulement qu’à commencer par de petites journées
de deux à quatre lieues, et les allonger successivement
d’une lieue chaque jour, il ne manquera pas de s’accou¬
tumer de cette manière à faire autant de chemin qu’un
autre. “ '
,, J’exhorte tout voyageur qui a des montagnes à gra¬
vir, de bien observer la règle suivante, qui consiste à
ne monter jamais que le plus lentement possible'; la re¬
spiration pour lors ne lui deviendra que peu, ou même
nullement pénible , le sang n’éprouvera pas une agita¬
tion aussi forte, on ne suera pas si abondamment, les
muscles des jambes ne seront pas aussi 'tendus , et le
corps conservera des forces suffisantes pour monter
quatre , cinq heures de suite et davantage. Presque tous
ceux qui h’ont jamais voyagé dans les montagnes , com¬
mettent la faute, de commencer à les gravir avec beau¬
coup d’ardeur, ou tout au moins à grands pas; au bout
d’une heure ils se trouvent échauffés et épuisés au point
de désespérer de pouvoir en atteindre le sommet, tandis
qu’ils ne sont pas encore au quart du chemin. Mais en
-suivant ma règle, un homme qui ne sera pas bien ro¬
buste, même des femmes, pourront parvenir, à pied,
au sommet des montagnes les plus élevées.4*
„Que
IA SUISSE. MAN. DE VOY. 49
„Que celui qui fait le voyage des montagnes à cheval,
se fie entièrement à la marche assurée de sa monture,
et la laisse aller comme elle voudra, sans prétendre la
diriger. Les mulets et les chevaux des montagnes , sont
continuellement employés au transport des marchandi¬
ses; ils ne font autre chose que traverser des chemins
pratiqués dans les rochers, ils y sont tout- a- fait accoù-
tumés, et les connaissent à fond. On est étonné de voir
comme ils savent grimper, et a quel point leur marche
est ferme et mesurée. Employés le plus souvent comme
bêtes de somme, ils ne sont nullement habitués a se
laisser conduire et diriger avec la bride ; aussi ne leur
en met -on point, lorsqu’ils doivent servir de monture.
On ne vous donne pour l’ordinaire en main qu’un bout
de corde passé dans la bouche de l’animal, ou bien un
mauvais licol. Les chemins des montagnes suivent souvent
de très - près les parois de rochers d’une hauteur énorme,
et dans ces endroits - là les chevaux marchent presque
toujours tout au bord du chemin, parceque , chargés
d’ordinaire de ballots , ils sont forcés de marcher ainsi
pour ne pas se heurter contre le rocher. Si ce bord
du chemin se trouve en même tèms celui d’un affreux
précipice, ce qui est très -souvent le cas, le cavalier ne
manque guères d’être agité de crainte et d’angoisse, à
l’aspect si redoutable de l’abîme au-dessus duquel il se
voit immédiatement suspendu , joint à l’idée d'ê¬
tre absolument abandonné à la merci de sa mon¬
ture. Lorsqu’on vient dans des endroits où l’on éprouve
de tels sentimens d’horreur, on fera sagement de mettre
pied à terre, pour se délivrer de craintes aussi pénibles,
dont la raison ne saurait jamais se rendre entièrement
maîtresse. D’ailleurs, comme on l’a déjà, dit, on ne
court au fond nul risque lorsqu’on laisse aller sa mon¬
ture à sa guise, et je n’ai ouï citer aucun voya*geur k
qui il soit arrivé accident, en cas pareils. “
,, Tl faut toujours choisir le grand matin, soit pour
traverser les lacs, et voyager dessus, soit pour monter
sur les sommités des hautes montagnes; quant aux lacs,
c’est qu’il est très -rare qu’il s’y élève des tempêtes dans
la matinée, mais au contraire elles y sont assez fréquen¬
tes le soir: et quant à la montagne, c’est que le tems,
ordinairement serein dans la matinée, vous permet en
plein lq jouissance des superbes vues que vous y aile?
chercher, tandis que vers le soir, d’épais brouillards
G. des Voy. X. II. E
LA SUISSE. MAN. DE VOY.
5®
qui s’étendent sous vos pieds ne' les dérobent que trop
souvent k vos avides regards. “
J’ajoûterai k ces instructions de M. Ebel quelques
mots, touchant le costume des voyages alpestres de ceux
qui sont physiciens ou naturalistes, et des amateurs de
lithologie en. particulier. Ceux - ci on fréquemment
éprouvé l’inconvénient de n’avoir que leurs poches,
pour recueillir les échantillons des roches qu’ils déta¬
chent au marteau: elles se remplissent bientôt, et fati¬
guent par„leur balancement. Voici comment M. le prof.
Pictet k Genève, les a remplacés avec avantage. A une
ceinture de cuir assez large, est adapté du côté gauche,
un anneau de même matière , incliné , qui reçoit le
manche du marteau; de l’autre côté est une petite poche,
qui renferme un flacon d’acide dans un étui de bois, un
briquet etc. Cette ceinture forme le bord- supérieur
d'un tablier de cuir mince , qui, déployé, atteindrait le
genou , mais qui , relevé comme il l’est par un coulant
de chaque côté, forme par devant une grande poche ho¬
rizontale, ouverte en dessus, et soutenue dans son mi¬
lieu par une courroie en façon d’Y renversé , dont les
deux branches sont cousues k la ceinture, et embrassent
le tablier par dessous; la queue de l’Y remonte devant
et vient se boucler k la bandoulière avec laquelle M.
Pictet porte son baromètre. Ces pierres qu’il met dans
cette poche, disposées comme elles le sont autour du
centre de gravité du corps, et supportées en partie par
les épaules, ne l’incommodent point. Il les a toutes
sous les yeux et sous la main, quand il veut substituer
un échantillon k un autre , et elles n’éprouvent pas le
frottement, auquel elles sont exposées dans les poches.
A cette même ceinture, et par des crochets d’acier amo¬
vible», sont suspendus , d’un côté, un sextant de Rams-
den de trois pouces de rayon, qui donne jusqu’aux mi¬
nutes de degré, instrument d’une commodité extrême
pour observer les angles. De l’autre côté un horizon
artificiel, avec son niveau à bulle d’air, pour prendre
les hauteurs. M. Pictet a disposé la boîte de cet instru¬
ment de manière, qu’elle lui sert de planchette quand
il en a besoin, supportée par une canne qui s’ouvre en
façon de trépied , qui sert aussi de support k son baro¬
mètre , et fait en même tems un excellent bâton de
voyage, quand ses trois branches sont réunies.
LA SUISSE. MAN. DE VOY. 51
Le botaniste nè doit pas marcher sans une petite
presse à plantes; l'amateur de l’art de dessiner, doit se
munir d une quantité de papier bleu ou gris , d’un
crayon d’étain fondu, et d’un de ces miroirs ronds et
noirs, que l’on trouve à Zurich- chez. M. le mécanicien
Breitinger .
On rencontre dans les Alpes trois sortes de pentes
difficiles: les rochers; les pentes de glace, et celles
d’herbe , qui deviennent plus glissantes que la glace
même, quand la semelle du soulier s’est polie. L’usage
des crampons a de grands inconvéniens , et un des gui¬
des les plus' expérimentés, feu le grand Jouasse, que
j’ai consulté là - dessus dans ma course dans les Alpes
du Mont-blanc, blâma leur usage hautement. M. Pic-
tet leur a substitué une invention , qu’il faut recom¬
mander. Ce sont de forts soùliers , dont la semelle ait
au moins 6 lignes d’épaisseur, et dont l’empeigne et le
quartier sont doublés à une certaine hauteur autour de
la semelle. Il faut que l’empeigne soit d’un cuir souple,
et surtout qu’ils ne blessent nullepart, et qu’ils aient
été déjà portés par essai dans de petites courses, lors¬
qu’on voudra en entreprendre une considérable. On
fera préparer des doux d'acier trempé, dont la queue
soit à vis, et dont la tête, qui ne doit pas avoir moins
d,ç 4V2 lig. dé diamètre, soit taillée eu pyramide quar-
rée , qui se trouve avoir deux pointes, par l’effet de
l’entaille pratiquée à F ordinaire à la tête de la vis. On
mettra douze de cès doux à chaque soulier; savoir: 7
autour de la plante du pied, repartis à distances égales
dans la moitié antérieure de la semelle, et 5 autour du
talon, tous aussi près du bord du soulier qu’il sera pos¬
sible , en laissant la prise nécessaire pour que le cuir
n’échappe pas. On garnira l’intervalle d’un clou à l’au¬
tre, de doux ordinaires en fer, à tête large, et assez
serrés pour que leurs têtes se touchent toutes. Cette
c’ aussure donne au voyageur le sentiment d’une sûreté
parfaite dans tous les lieux difficiles; elle mord sur le
granit comme sur l’herbe; elle n’incommode point dans
la plaine, et elle se conserve longtems. Quand les tê¬
tes aciérées se sont émoussées, on en est quitte pour en
substituer d’autres qu’on doit avoir en provision.
Si plusieurs personnes s’arrangent pour faire le vo¬
yage de compagnie, les frais en seront moindres pour
52 LA SUISSE. MAN. DE VOY.
chacun d’eux, puisqu’alors les louages de voiture, de
bâteaux, et des conducteurs dans les hautes montagnes,
ne tomberont plus sur un seul.
On paye pour une nacelle à 2 bâteliers , un florin
15 Kreuzer pour 2 lieues;' le double pour 4 lieues ; et
ainsi de suite. Il en coûtera d’avantage si l’on prend
un plus grand nombre de rameurs, et une tente par-des¬
sus la nacelle pour se garantir du soleil. On peut aussi
accorder à un florin par deux lieues, en donnant l’équi¬
valent du surplus en pain et en vin. Il y a quelque peu
d’endroits, comme par exemple , sur le lac de 27tun,
et sur celui de IVallenstatt , où ce prix est fixé sur le
pied que je viens de dire, par le Magistrat; mais là où
cette fixation n’a pas lieu, les bâteliers vous demandent
beaucoup plus , et il faut alors marchander. Naviguez
sur ces lacs , les matinées, et non vers le soir, et vous
aurez moins à craindre des orages : on ne saurait trop
le répéter, car les orages sur ces lacs sont extrêmement
dangereux.
Le voyageur qui dîne et soupe à table d’hôte, qui
paye tous les jours un laquais de louage, quand il est
dans les villes, et qui a besoin d’un perruquier et d’un
barbier, doit, en y comprenant son blanchissage et le»
pour - boire, compter au moins un jour dans l’autre, six
florins par jour à dix florins le louis - neuf, pour sa dé¬
pense personnelle. Cet étranger veut -il mettre cinq à
six mois à voir la Suisse, et les employer à la parcou¬
rir toute entière en voiture ou à cheval, il faudra qu’il
ajoûte encore six florins par jour pour le louage des
chevaux et des voitures; ce qui fait en total 12 florins
par jour pour toutes les dépenses nécessaires de son vo¬
yage. Mais lorsqu’on ne vient en Suisse que pour 6 se¬
maines , un mois, ou quinze jours, on s'empresse ordi¬
nairement , de voir tout ce qu’il est possible de voir
dans un espace de tenu aussi limité; on s’arrête peu
dans le même endroit, et l’on est continuellement entre
les mains de loueurs des chevaux ; ce qui ne peut qu’aug¬
menter les frais , de sorte qu’on fpeut fort bien alors
porter sa dépense journalière à 17 ou 18 florins. Si au
contraire, pendant le séjour qu’on fait en Suisse, on
fait peu de courses, et qu’on n’emploie que rarement
des chevaux de louage; il est évident que l’on dépensera
d’autant moins. Quant à ceux , qui voyagent avec de»
LA SUISSE. MAN. D. VOY,
53
domestiques, et ont beaucoup de besoins, il est égale¬
ment clair, qu’il leur en coûtera journellement beau¬
coup plus que je n’ai dit. On doit calculer au moins *
la dépense journalière de la nourriture d’un domestique,
à I florin 30 Kreuzer.
Mais je conseillerais à tous ceux qui ne prennent
pas de domestiques avec eux pour l’ostentation, de n’en
point amener en Suisse. Dans les villes le laquais de
louage (a un florin par jour) est à leur disposition pen¬
dant toute la journée, et dans les montagnes, le con¬
ducteur remplit en même tems tous les offices de votre
laquais, qui vous devient même à charge.
On paye dans les auberges, à table d’hôte, 1 florin
24 à 30 Kreuzer, par couvert, y compris un demi -pot
de vin, et deux 1/2 florins (ou écu de 6 livres) quand on
dîne à sa chambre. Le prix des chambres à loger , dif¬
fère suivant les étages et leur belle exposition. Les vins
que l’on boit communément en Suisse sont des vins
d’Alsace, du Marquisat ou de Bade, de Neufchâtel, du
Valais, avec les vins de la Côte et de la Vaux. Dans
quelques-uns des petits cantons, aux environs du S. Got-
hardy dansune partie du Valais , dans la vallée de Li-
vine etc. on boit des vins d’Italie qui sont très -forts.
Les tables d’hôte sont en général très bonnes, et le
grand nombre d’étrangers de toutes les nations qu’on y
trouve rassemblés, les rend fort agréables. 11 est assez
singulier que dans toute la Suisse, le fromage, et le
beurre soient si mauvais dans les auberges. Même
dans ces contrées les plus abondantes en lait, on a de la
peine a se procurer de bonne crème pour le café, et du
beurre frais, parce que les habitans trouvent mieux leur
compte à faire du fromage avec leur lait. Je n’ai man¬
gé de bon vieux fromage Suiss^e, que dans les châlets
des Alpes, et sur la route du Gothard , où l’on a le fro¬
mage d 'Ursern, une des meilleurs sortes que je con¬
naisse. La Suisse abonde en poissons , surtout en trui¬
tes excellentes; c’est seulement dommage qu’au lieu de
les bouillir simplement, comme en Allemagne, on les
apprête avec une sauce *). Les truites des lacs de Ge-
*) Du reste il y a bien des vo3/ageurs qui aiment beau
coup la truite apprêtée de cette manière et il faut
convenir que les cuisiniers Génevois excellent dans
1 art de la préparer.
3
52 LA SUISSE. MAN. DE VOY.
chacun d’eux, puisqu’alors les louages de voiture, de
bâteaux , et des conducteurs dans les hautes montagnes,
ne tomberont plus sur un seul.
On paye pour une nacelle à e bateliers , un florin
15 Kreuzer pour 2 lieues y le double pour 4 lieues; et
ainsi de suite. Il en coûtera d’avantage si l’on prend
un plus grand nombre de rameurs, et une tente par-des¬
sus la nacelle pour se garantir du soleil. On peut aussi
accorder à un florin par deux lieues, en donnant l’équi¬
valent du surplus en pain et en vin. Il y a quelque peu
d’endroits, comme par exemple, sur le lac de l'hun,
et sur celui de IValUnstatt , où ce prix est fixé sur le
pied que je viens de dire, par le Magistrat; mais là où
cette fixation n’a pas lieu, les bâteliers vous demandent
beaucoup plus, et il faut alors marchander. Naviguez
sur ces lacs , les matinées, et non vers le soir, et vous
aurez moins à craindre des orages : on ne saurait trop
le répéter, car les orages sur ces lacs sont extrêmement
dangereux.
Le voyageur qui dîne et soupe à table d’hôte, qui
paye tous les jours un laquais de louage, quand il est
dans les villes, et qui a besoin d’un perruquier et d’un
barbier, doit, en y comprenant son blanchissage et les
pour - boire, compter au moins un jour dans l’autre, six
florins par jour à dix florins le louis - neuf, pour sa dé¬
pense personnelle. Cet étranger veut -il mettre cinq à
six mois à voir la Suisse , et les employer à la parcou¬
rir toute entière en voiture ou à cheval, il faudra qu’il
ajoûte encore six florins par jour pour le louage des
chevaux et des voitures; ce qui fait en total 12 florins
par jour pour toutes les dépenses nécessaires de son vo¬
yage. Mais lorsqu’on ne vient en Suisse que pour 6 se¬
maines , un mois, ou quinze jours, on s’empresse ordi¬
nairement , de voir tout ce qu’il est possible de voiç
dans un espace de teins aussi limité; on s’arrête peu
dans le même endroit, et l’on est continuellement entre
les mains de loueurs des chevaux ; ce qui ne peut qu’aug¬
menter les frais , de sorte qu’on fpeut fort bien alors
porter sa dépense journalière à 17 ou 18 florins. Si au
contraire, pendant le séjour qu’on fait en Suisse, on
fait peu de courses, et qu’on n’emploie que rarement
des chevaux de louage; il est évident que l’on dépensera
d’autant moins. Quant à ceux, qui voyagent avec des
LA SUISSE. MAN. D. VOY.
53
domestiques, et ont beaucoup de besoins, il est égale¬
ment clair, qu’il leur en coûtera journellement beau¬
coup plus que je n’ai dit. On doit calculer au moins
la dépense journalière de la nourriture d’un domestique,
à I florin 30 Kreuzer.
Mais je conseillerais à tous ceux qui ne prennent
pas de domestiques avec eux pour l’ostentation, de n’en
point amener en Suisse. Dans les villes le laquais de
louage (a un florin par jour) est à leur disposition pen¬
dant toute la journée, et dans les montagnes, le con¬
ducteur remplit en même tems tous les offices de votre
laquais, qui vous devient même à charge.
O11 paye dans les auberges, à table d’hôte, 1 florin
24 à 30 Kreuzer, par couvert, y compris un demi -pot
de vin, et deux 1/2 florins (ou écu de 6 livres) quand on
dîne à sa chambre. Le prix des chambres à loger , dif¬
fère suivant les étages et leur belle exposition. Les vins
que l’on boit communément en Suisse sont dés vins
d’Alsace, du Marquisat ou de Bade, de ^eufchâtel , du
Valais, avec les vins de la Côte et de la Vaux. Dans
quelques-uns des petits cantons, aux environs du S. Got-
hard , dans une partie du Valais , dans la vallée de Li-
vine etc. on boit des vins d’Italie qui sont très -forts.
Les tables d’hôte sont en général très bonnes, et le
grand nombre d’étrangers de toutes les nations qu’on y
trouve rassemblés, les rend fort agréables. Il est assez
singulier que dans toute la Suisse, le fromage, et le
beurre soient si mauvais dans les auberges. Même
dans ces contrées les plus abondantes en lait, on a de la
peine a se procurer de bonne crème pour le café, et du
beurre frais, parce que les habitans trouvent mieux leur
compte à faire du fromage avec leur lait. Je n’ai man¬
gé de bon vieux fromage S uiss^e , que dans les chalets
des Alpes, et sur la route du Gothard, où l’on a le fro.
mage d 'Ursern, une des meilleurs sortes que je con¬
naisse. La Suisse abonde en poissons , surtout en trui¬
tes excellentes; c’est seulement dommage qu’au lieu de
les bouillir simplement, comme en Allemagne, on les
apprête avec une sauce *). Les truites des lacs de Ge -
) Du reste il y a bien des voyageurs qui aiment beau
coup la truite apprêtée de cette manière et il faui
convenir que les cuisiniers Génevois excellent dan:
1 art de la préparer.
3
54
la SUISSE. MAN. d. voy.
neve et de Zurich qui pèsent jusqu’à 30 livres, les car¬
pes du Rhône qui ne sont pas moins grosses, les Al-
bruckes du lac de l'hun, l’ombre chevalier qui se pêche
dans les lacs de Gcncve et de IV eufçhâtely les écrevisses
de Tavanries etc. sont des morceaux délicats, fait pour
flatter les palais les plus friands. Joignez y l’hirondelle
de montagne, rôtie, les gigots de chamois, et le lago¬
pède. L’estomac du voyageur préfère ces mêts à toutes
les friandises des restaurateurs de Paris ou de Londres,
lorsque plusieurs heures de marche, l’activité de Pair
des montagnes, la chaleur du soleil, et la fatigue in¬
séparable de ces courses lui font sentir plus vivement le
besoin de réparer ses forces en prenant de la nourri¬
ture. — La plus grande propreté caractérise les auberges
Suisses, hors le Palais et les villages du canton Tessin
(excepté Lugano , où l’on est très- bien chez le sieur
Taglioretti; al Dazio ; et chez\Camozzi à Airolo.) On
peut se procurer à Vevai , mais seulement les jours du
marché, toutes ces différentes espèces de laitages Suisses
si vantés par Rousseau , qui les aimait avec passion.
Le voyageur n’a pas besoin de conducteur dans la
plaine, mais il ne peut s’en passer dans les montagnes,
ïl'est vrai qu’il peut aller sans guide de village en vil¬
lage, et chaque pâtre, chaque personne qu’il rencontre
lui indique le chemin de la manière la plus hojinête et
la plus exacte; cependant pour n’être pas continuelle¬
ment inquiété par la crainte de s’égarer , il vaut mieux,
quand on a de grandes courses à faire, prendre un guide
de profession, qui ait cle l'expérience, et qu’on connaît
déjà par les recommandations d’autres voyageurs, un
guide en un mot, sur lequel on puisse compter. Tel
ét^it à Thun le sieur IV erre , à qui Meiners donne les
plus grandes éloges dans son voyage, et avec raison,
comme je m’en suis convaincu par ma propre expérience.
Mais il s’est depuis retiré, et vit, bien âgé, loin des
grandes routes, dans un village du canton’ de Berné-.
JV5. Ebcl vante de même comme guides les nommés Eich-
Jiolzer et Muller, tous deux laquais de louage, à Zurich ,
a l’auberge de l’Epée. J’ai reconnu en i3ll comme gui¬
des a recommander, Johannes Guyer , au corbeau à Zu¬
rich (ci-devant <loinestique de Lavater ) : Ackermann à
Lucerne: Crotct, aux balances à Genève; les ixhresUetz
à Art. Il y a nombre d’autres de ces domestiques de
LA SUISSE. MAN. D. VOY.
55
louage, qui font le métier de conducteurs, p. e. Conrad
à Berne au faucon. Les trois frères Michel à U nterseeny
sont aussi des guides d’une haute réputation. J’ai donné
à la suite de la description du voyage de Chamouny , la
liste des guides de ce lieu. Lorsque je parcourais le*
glaciers et Alpes du Faucigny et du Valais, j’avais pour
guides Lombard dit le grand - J orasse, et Pierre - Balma,
tous deux les favoris de deux célèbres voyageurs dans
les Alpes, le premier de Mr. Bourrit et le second de Mr.
de Saussure. Le premier est mort; j’ai eu la satisfaction
de trouver en 1811 le second en vie, ayant escaladé qua¬
tre fois le Mont- blanc. Droiture, bonhommie, complai¬
sance , intelligence, dextérité, voilà les qualités qui les
distinguaient, et surtout Pierre - Balma. Combien n’ est-
il pas agréable d’avoir de pareils compagnons en parcou¬
rant ces montagnes, qui, comme le dit fort bien M.
Bourri\ , laissent bien des moment oh Von aime h s' en -
tretenir\vec un ami. Si l’on donne à ces guides un gros
écu par jour, ils se trouvent amplement payés. D’aut¬
res, comme à Chamouny, se contentent de 5 Francs. Si
l’on fait une course de longue durée, ou peut s'arran¬
ger avec le guide, que l’on garde pour tout ce tems , à
Un moindre prix.
Le Grindelwald et le Chamouny sont le terme ordi¬
naire des courses de ces voyageurs , qui ne se sentent
aucune vocation à s’enfdncejr dans l’intérieur des hau¬
tes Alpes, et qui veulent cependant pouvoir dire qu'ils
y ont ètè i car le voyage de Suisse et celui des Alpes sont
deux choses fort différentes. On part de Berne pour le
Grindelwald , comme de Genève pour Chamouny , et les
voyageurs trouveront à la suite de cet article, des in¬
structions particulières à cet égard. Mais laquelle de
ces deux courses est la plus intéressante? C’est un point
sur lequel les opinions sont partagées; je crois même
qu’on ne décidera jamais la question. Chacune de ces
contrées a ses beautés particulières, et le mieux c'est
de les visiter l’une et l'autre. Dans le Grindelwald et à
Lavterbrunnen , on est plus frappé de la hauteur éton¬
nante des Alpes, toujours couvertes de neige, pareeque
leur base est moins masquée par les montagnes inférieu¬
res qu’à Chamouny. La Lutschine donne une idée plus
frappante de la rapidité prodigieuse des torrens Alpes¬
tres , et la chûte du Staubbach offre un coup d'oeil plus
5^ LA SUISSE. MAN. D. VOY.
imposant que la cascade du Nant d’ A 'rpenaz. D’un au*
tre côté, les glaciers de Chamouny , la source de l'Arve -
ron y le Buet et le col de la Fléchiére , l'emportent de
beaucoup sur tout ce qu’on voit aux glaciers du Grin -
delusald, et sont des belvedère s, qui remplissent l’ame
du spectateur de sentimens sublimes. La route qui ser¬
pente dans la superbe vallée de l 'Arvj est aussi pittores¬
que qu'agréable et variée. Ajoûtez à cela ia commodité
avec laquelle on fait le voyage de Genève au Prieuré.
Aussi , conseillerai- je à toute personne qui ne veut faire
qne l’une de ces deux courses, surtout aux dames de se
décider pour celle de Chamouny. J’en appelé au témoi¬
gnage de deux femmes auteurs; feue Me. la Roche et
Me. de Korjf.
On fait fort bien avant que de partir pour les gla¬
ciers de se pourvoir de bonne eau de cerise, que l’on
porte sur soi dans des flacons empaillés. Non seule¬
ment l’eau de cerise fortifie et délasse, mais mêlée à de
l’eau, elle fait une boisson agréable et qui n’est jamais
dangereuse. Si l’on s’en lave les pieds, elle fait passer
la fatigue. Comme on vend beaucoup d’eau de vie de
prunes pour de l'eau de cerise, on n’a que s’en frotter
les mains, et si elle y laisse une forte odeur de cérise,
on est sûr qu’on n’a pas été trompé; mais si , en y mê¬
lant de l’eau, elle devient blanche et laiteuse, on doit
en conclure le contraire; car cela n’arrive point à l’eau
de cérise. Celle du Grinâelwald passe pour la meilleure.
Les habitans des Alpes croient que l’eau des glaciers ne
peut jamais faire de mal , quelque ebeud que l’on ait
quand on en boit. Je ne conseillerai cependant à per¬
sonne d’en courir les risques. Au reste, quelque trouble
qu elle paraûse , on ne peut pas en trouver de meilleu¬
re , de plus pure et de plus rafraîchissante. Nos meil¬
leures eaux de montagnes sent très - inférieures en bon¬
té et ea fraîcheur e celles des Alpes et surtout des
glaciers.
Je renvoie pour la description détaillée des différen¬
tes routes, que l’on peut prendre pour traverser les Al¬
pes , telles que celles du S. Gothard , du S. Bernard y du
Sj/lugeriy du a impion etc. à l'Itinéraire d 'Italie.
V
LA SUISSE, GRINDELWALD. 57
J, Voyage à Grindelwald et à Lauterlrunnen .
Je suppose qu’on fajt cette course de la manière la
plus commode, c’est à dire en chajr banc ou a cheval.
11 faudrait plus de teins pour la faire à pied.
Première journée. On part d.e grand matin de Ber¬
ne , et l’on arrive dans 3 ou 4 heures de tems à Thun,
petite ville joliment- bâtie. Auberge : leFreihoff, très-
bonne. Le chemin, qui y conduit, est une chaussée large
et commode , et la route est agréablement variée par
des jardins, des vignobles, des champs, des prairies, des
bois et des. villages.. L’Aar'coule h. une certaine distance
sur la droite, et c’est à Tiiun que commence cette par¬
tie du cànton de Berne qu’on appelé V Oberland. De¬
vant soi l’on "à lés montagnes, couvertes de neiges éter¬
nelles VUZigèr, la Jungfrau , le Gemmi etc.; à gau*
che s'étendent des vignobles, et à droite, l’on découvre
deux montagnes de forme conique , le Stockhorn et le
Hiesen. ( Elév. du Stockhorn audessus de la mer, 6,767
p. de P. suivant Mi Traites , et au-dessus du lac de
Thun, suiv. M- Muller, 4,980 p. Elév. du Niesen au-des¬
sus de la mer, 7,340 p. ) Cet ensemble forme un coup-"
d’oeil qui par uq beau jour est vraiment ravissant, et
que le burin d 'Aberli a rendu avec beaucoup de fidélité.
lac de Thun est connu par ses Albruckes (Salmo La-
v^retus de Linné); mais ce poisson est devenu plus rare,
depuis que l’on a conduit dans le lac les eaux du Kan -
del, torrent qui descend de9 montagnes avec beaucoup
d’impéî ùosit.é , et dont l’embouchure se voit à droite à
une certaine distance de Thun , et se distingue aisément
aux atterrissem#ns et aux bancs de sable formés par ses
dépôts. (Elév. du lac de. Thun au-dessus de la mer, suiv.
M. Truités/ J, 787 p. de Paris.) La belle, terre de Schadau,
appartenant au colonel May , est remarquable par sa si¬
tuation iriagüiiiqüe, à l’èmbouchure de VAat.
C est sur c'e chemin de Berne à Thun , que fut indigne¬
ment assassiné le générai d 'Erlach, chef des troupes Ber¬
noises, militaire digne d’un meilleur sort.
Arrivé h Thun , vous renvoyez à Berne votre voiture
de remise, pour laquelle vous ne payez qu’une journée
de louage, et vous fixez le jour où elle doit revenir vous
prendre à Thun ; ou bien you9 vous remettrez a votre
++
%
58 LA SUISSE. GRINDELWALû.
bonne fortune du soin, de vous procurer une voiture d<*
retour ou un voiturier de l’endroit . même , ce qui est
toujours fort incertain. •
De Thun on peut se rendre par terre a Unterseen,
soit à pied, soit à cheval, en suivant la rive méridionale
du lac; mais le détour est considérable, et le sentie*>fort
étroit, et celui qui prend par le côté nord du lac est
encore plus dangereux. Je conseille à chaque 'voyageur
de traverser le lac en bâteau jusqu’à Ncuhfius, ce qui
fait un trajet de 4 heures. On paye pour un bâteau à
trois rames, 4 gulden , ou tout au plus un demi louis.
Il faut traverser -le lac dans la matinée, et non dans la
soirée; précaution à observer dans tontes ces naviga¬
tions sur ces lacs Alpins, parceque alors on est moins
exposé aux cpups de vent. Le bâteau est recpuverfc
d’une toile. On ne doit pas oublier de prendre avec-
soi un peu de vin et quelques provisions, pour soi-mêm»
et pour les bateliers. Il faut partir de Thun à midi,- ou
à une heure le plus tard. Il part quatre fois la semaine,
une diligence, et deux fois,, les lundis et vendredis,; . un
bâteau de poste pour Unterseen et Brientzi prix io Jvreu*
zer la place.
Le meilleur Guide, à consulter sur ce voyage de Grin-'
delwald et des environs, est, sans conredit, le TiéisebaiW
àer Alpengcgénden des Berner Oberland.es ', mit Charten
und Kupfern. Bern , 1816. 8- chez Burgdorfer. Il faut/
pour faire revivre ses réminiscences , lire et consulter le’
Vovage -pittoresque de V Oberland , accompagné de noti*
ces historiques et topographiques , avrc 15 planches co«
lorièes et une carte itinéraire. A Paris et h Strasbourg,
chez Treâttel 1812. petit-in-Fol. Les estampes sont de MM.
tVeibel et DunJcer , la carte est nouvellement ajoutée, et
le. texte supérieurement bien rédigé par' M. de 'St ap fer.
On descend de V Aar dans le lac, . et Ton découvre
Bientôt les vallons pittoresques de Siemen , de h rutigen
et de Kandel. On voit un peu plus loin les jolies cas¬
cades de Pfannenbach , et de Stammbach ; Merlingert
aù l'on touche .ordinairement , soit pour faire rafraî¬
chir 1ns bâteliers , soit pour visiter la caverne de
S. Béat. Elle est situé sur la gauche du lac, et ses
laebitans, ont dans toute la contrée là même réputation
de bêtise que les S childbiirger en Allemagne , et avec
aussi peu de raison. La caverne de S.. Eçat tire son
LA SUISSF. GRINDELWALD. 59
uom du premier apôtre du christianisme dans l’Helvé-
tie. Ce que la rend remarquable, c’est, les belles stalac¬
tites que l’on y trouve, et. la caso-ade du Béatbach dans
le voisinage. Ceux qui se dispensent de faire cette course
fatiguante , n’y perdent pas beaucoup. O11 débarque à
K euh ait s. qui est une douane, et de là, on se rend k pied
& Uhterseen. C’est une promenade d’une demi -heure qui
est des plus agréables; le sentier ombragé par de beaux
arbres traverse dé riantes prairies. Les bateliers portent
le bagage. A’ Unterseen [bonne auberge chez M. A'Alpen]
on loue un char- à-banc, avec un ou deux chevaux; sui¬
vant le nombre des voyageurs , et Tqn se repd dans l’es¬
pace de 3 petites heures à Lauterbrunnen *). C’est à. Ur^-
tersçen. que se voit cette maison de bois, qui, suivant 3Vt.
de Luc a' été bâtie en 1530. A Aarmühl près d ' Ünterseert,
le docteur Abersbld a établi des cures de petit-lait de
chèvres. ( Nous reviendrons a la fin de cet article, sur in-
terlachen non loin À'Unterseen, et sur la fête nationale,
qui s’y célèbre annuellement. -Sur la route de Lauter¬
brunnen , les ruines du château A' Unspurt-nen; 1 es Lut-
schihen , deux torrens extrêmement pittoresques, qui
viennent des glaciers et que la couleur de leurs eaux qui
est très- décidée, a fait nommer l’un l'Eau noire \ -et l’au¬
tre l'Eau Mqnàhe ; l'EÏsenfluë , dont la coupe est remar¬
quable parçequ’eile. représenté des fortifications; le Saus-r
tach, ’to'irre’nt^rapide. ^ A une demi - lieue environ de Lau?
tertirujinen, on voit la fameuse cascade de Staubbacfi sons
la forme d’une large bande, descendant du sommet d’un
rocher, et fiqlisnt.çà et là sqr ses saillies au gré du ve*nt.
Il va une-aubèrge à Lauterbrunnen : ci - devant, la plu¬
part des voyageurs logeaient ch ez le ministre de l’endroit,
mais le ministre actuel ne reçoit que très ? rarement des
étrangers,. Jq_ remarquerai quelle fromage qui se fait
dans la Sejinenajp jet que l’on trouve à Lauterbrunnen,
est justement estimé. De plus il faut rechercher les ou¬
vrages en bois des frères A'Almen ; ces ouvrages sont de¬
venus depuis quelques années une curiosité et de la Suisse
et de Lauterbrunnen. S’il fait clair de lune, ou seule¬
ment, 6i la nuit est sereine, on fait u.ne promea-ade du
côté du Staubbach , et admire la blancheur éblouissante
*)s€ette vallée tient son nom de. la grande quantité de
soarçqs qu’on y trouve.
6o LA SUISSE, GJIXNDÉLWALD.
de la cime de la Jungfrau -, qui semble se perdre dans
les cieux. {Elév. de la vallée de Lauterbrunnen au t des¬
sus delà mer; 2,450 p. de Paris, suiv. M. Traites).
Seconde journée. C’est le matin, lorsque le soleil
éclaire 'le Staubbach qui se précipite du haut d u Platsch-
1er g , qu’il faut visiter cette fameuse cascade. Le spec¬
tateur voit alors un magnifique arc-en-ciel se former
autour de lui, et l’ombre de la cascade se peindre der¬
rière la cfiûte sur le roc. La hauteur de la chûte prise
avec le baroiftètre, est de 925 pieds. Il faut avoir soin,
lorsqu’on en approche, d’être bien enveloppé dans son
manteau, parceque la poussière humide de la cascade
ést la pluie la plus subtile, avec un courant d’air très-
froid. Cette immense colonne d’eau, qui écume et tour¬
noie sur. elle - même avec, impétuosité^ est .fort bien ren¬
due dans'uïie estampe d 'Aberli, et supérieurement imitée
par des floccons de plantes par M. Bianh , conseiller ec¬
clésiastique, au cabinet de l’université de IVürzboürg.
On trouve aussi cette cascade dans la collection.d’estam-
pes de Lory' c t la Fond : et gravée et coloriée chez Ko»
jri g. La monfagne appelée Jungfrau (Vierge) est le se¬
cond objet remarquable qu’on découvre dq Lauterbfun-
nen. La cime . extérieure qui est toute pue s4appele la
Fordere Jungfrau , et a été escaladée par des chasseurs
de chamois.. L’autre cime, en forme de cône, couverte
de neiges qui ne fondent jamais, lé Jüngfrauhorn pro¬
prement dit, a été regardé comme inaccessible. Mais en
1811 les deux frères Meyer d ' Aarau, y ont fait un. voyage,
renouvéilé en 1812; ils ont publié la relation de leur
courageuse entreprise. (Elév. au-dessus de la mer, suiv.
M. Traites 12,872 p. de Paris: et au -dessus' du lac de
Th un , suiv. M. Millier 11,447 p.) Enfin, il y a une troi¬
sième cime qui est beaucoup plus basse et qu’on appelé
le Monch (le Moine). (Elév- audessus de la mer , suiv.
M Tralles ' 12,666 p. d. P. et au-dessus du Hc de Thicn ,
suiv. M. Millier , 10,879 p.). On trouve une carte excel¬
lente et exacte des glaciers et montagnes, dans Une petite
brochure de MM. Meyer: Reisc auf die Lis gebirge vonBern
etc. jlarau, 1813. 8-
Si l”on est favorisé du teins , en fera bien
de partir le même soir de Lauterbrunnen , et
de faire ; encore deux -lieues et’ demie dé chemin,
pour gagner un petit village où il y avait au-
LA SUISSE. GRINDELWALD. 61
trefoi9 de mines de plomb, et où il faut passer la nuit.
Au lever du soleil on monte sur l’amphithéâtre des gla¬
ciers ; on descend de l’autre côté en suivant le pied des
Tse hingelhorner , et après avoir traversé le vallon sau¬
vage d’ Ammerten , on est de retour à Lauterbrunnen
avant la nuit. Mais je ne conseillerai cette course lon¬
gue et pénible qu’à de bons piétons. Il faut aussi être
bon piéton, pour suivre le sentier qui conduit à Grindel -
wald par dessus le IVengeberg. Il est un peu fatiguant;
mais on est amplement dédommagé par le magnifique
spectacle que présentent l’ Eiger , la Jungfrau , les pré¬
cipices et les vallées de glace, et on oublie toutes les
peines, en dînant en face de ces merveilles de la nature
sublime.
Ordinairement, lorsque l’on a assez joui de la vue du
Staubbach et de la Jungfrau , l’on remonte sur son
char- à- banc, et l’on reprend le chemin par lequel on
est venu, jusqu’aux deux Luts chinen*) d’où l'on se rend
à Grindelwald en trois heures de tems. On y arrive as¬
sez de bonne heure pour visiter le glacier inférieur.
C’est l’affaire de 3/4 d’heure pour aller et revenir. Ge
glacier comparé avec ceux de Chamouny , présente un
coup -d’oeil très - mesquin. 11 est vrai qu’on en prend
une autre idée, lorsqu’on monte le long du Mettenberg
et qu’on découvre la grande vallée de glace jusqu’au
Fyscherhorn. On est bien plus frappé du spectacle que
présentent les colosses des Alpes, le grand Eiger , le
Fyscherhorn , le Plettenberg et le W etterhorn. (Elé¬
vation de l’Eigèr, audessus de la mer, suiv, M. Traites
12,268 p. de Paris; et audessus du lac de Thun , suiv. M.
Muller , 10441 p. du fV etterhorn au-dessus de la mer,
JI453 P- et au-dessus du lac de Thun , 9966 p.) Quoique
le Schreckhorn se découvre déjà depuis Berne , on le
voit à peine du Grindelwald. Cette montagne est pour¬
tant la seule avec le mont Rosa en Piémont, que Mr. de
Saussure &it vclq du sommet du Mont-Blanc s’éléver
*) Petit village où les deux eaux Alpines, la Lutschi-
ne blanche qui vient de Lauterbrunnen , et la noire
qui vient de Grindelwald , se réunissent et forment
le torrent qu’on appelé les Lutschines. L,a noire
sort du glacier supérieur du Grindelwald , et ses
eaux sont teintes par le torrent noir du Scheideck
qui s’y jete. Elle reçoit encore une troisième Lut-
schine qui sort d’une voûte du gla'cier inférieur. Plu-
sieurs voyageurs ont confondu ces trois Lutschines
Guide d. Voy. Tom. IT. y
62 LA SUISSE. GRINDELWALD.
au-dessus de la chaîne des hautes Alpes. Elévation du
Schreckhorn au-dessus de la mer, suiv. M. Trallcs 12560
p. de Paris; et au-dessus du lac de Thun , suiv. M. Mül-
ler 10775 de ces pieds.) Le JVetterhorn fait à Grindel-
Wald la même illusion optique que la Jungfrau à Lau-
terbrunnen. On s’en croit extrêmement près , tandis
qu’on en est encore à plusieurs lieues de distance. Quel¬
quefois l'on est assez heureux, pour voir de la fenêtre
de l'auberge des avalanches se précipiter du haut des
montagnes, t’est au pied de V Eig'er que se trouve l’es¬
pèce de pin, dont la pomme pleine d'un suc laiteux,
passe pour un excellent spécifique contre la phtisie et
La 'consomtion , et est devenue un objet considérable
d'exportation , surtout depuis que Mr. Meincrs en a re¬
commandé l’usage. (Elévation de la vallée de Grindel -
wald au-dessus de la mer, 3,150 p. de P. suiv. M. Traites.)
L'auberge de Grindelwald est très -bonne. Le ministre
de l'endroit ne loge que les personnes qui lui sont par»
ticulièrement recommandées. L’hôte de Grindelwald
qui vivait en 1786, est un exemple frappant du bon¬
heur qui accompagne assez ordinairement les chasseurs
de chamois dans leurs eotfrses périlleuses. En traver¬
sant les glaciers avec un troupeau de brebis il tomba
dans une fente très - profonde et se cassa le bras; mais
cet accident ne lui ravit ni ses forces ni sa présence
d’esprit. Ayant apperçu dans l’éloignement une ouver¬
ture très- étroite , formée par la chûte d’un petit ruis¬
seau; il s’ouvrit un chemin dans ce tombeau de glace,
jusqu’k cette ouverture, et revit ainsi la lumière du jour.
Cette histoire a l'air d’une fable , mais il n’y a rien de
plus vrai. t+ —
La vallée de Grindelwald est Tune des plus roman¬
tiques des Alpes ; elle est fertile et bien cultivée. Les
maisons y sont dispersées à la distance de plus d’une
lieue. Dans la déscriptien que Gruner a publiée des
glaciers, on trouve une carte assez exacte des vallées de
iMuterbrunnen et de Grindelwald ; les voyageurs peu¬
vent en tirer parti. Dans les deux endroits que je viens
de nommèr, il est facile de faire une riche collection
de cristaux, de quarzs , de plantes alpines, et de cornes
de chamois. Des enfans des deux sexes viennent à l’en-
vi vous en pffrir à acheter. A Ch'amouny ce ne sont
pas seulement des enfans, mais encore des hommes faits
qui trafiquent de ces productions naturelles.
LA SUISSE. GR1NDELWALD. 63
Troisième journée. Plusieurs voyageurs reprennent
le troisième jour la route de Berne par Unterseen et
Thun \ mais je conseillerai d’après Mr. TVittcnbach , de
ne point repartir avant d’avoir monté sur le Scheideck.
(Elévation du pas de Scheideck au-dessus de la mer,
6,045 P- dk P- suiv. M. Traites.) Cette montagne, vue de
Grindelwald ne paraît pas fort élevée à l’oeil, qui est
familiarisé avec la vue des colosjses des Alpes. Cepen¬
dant il faut au moins 7 ou 8 heures pour les traverser,
et pour arriver à Meyringen , chef- lieu de la vallée de
Uassli. On ne peut la franchir qu’à pied on à cheval.
Cette route- est très-fatiguante, surtout quand on la fait
à pied; mais elle n’est point dangereuse; des femmes
même l’ont faite à cheval. On prend ordinairement les
chevaux du char- à -banc qu’on à loué à Unterseen ; ils
sont accoûtumés aux routes des montagnes , mais il me
semble qu’il vaut mieux en louer à Grindelwald mô¬
me, surtout pour les dames. Ce voyage est extrêmé-
ment intéressant et varié. On y apprend à connaître
les moeurs et la manière de vivre du pâtre des Alpes;
on voit paître dans les prairies ses bestiaux, qui sont de
la plus belle race; on entre dans son châlet hospitalier;
on assiste à la préparation du fromage ; on reçoit de la
première main le Zieger ou le seret , le petit lait, et
toutes les différentes sortes de laitage. L’objet qui fixe
le plus l’attention du voj'ageur pendant la route, c’est
la magnifique chaîne de montagnes avec leurs glaciers
qui est sur la droite. Il chemine longtems à l’ombre du
TVetterhorn , qui doit son nom aux nuages dont il est
presque toujours couvert.
Les avalanches de glaces sont fréquentes en été dan*
ce vallon, et le bruit, semblable à un coup de tonnerre,
qu’occasionne leur chûte , se mêle à celui des pyrami¬
des de glace, qui s’élèvent comme de petits clochers sur
a surface des glaciers, et qui, détachées de leur base par
la chaleur du soleil, tombent avec fracas, et roulant au
loin se réduisent en poussière.
Le glacier de Schwarzwald , et celui de Rosenlaui
(ce dernier tient son nom d’une Alpe ou pâturage qu’il
a englouti) méritent surtout d être remarqués Le ga¬
zon court des pâturages du Seheidek sur lequel ou mar¬
che ^devient toujonrs plus épais, et rend les soûliers
«es voyageurs. excessivement lisses. On jouit de la vne
F 2
64 LA SUISSE. GRINDELWALD.
et de l’odeur aromatique d’une foule de plantes qui em¬
bellissent ces hauteurs , lorsque toute autre végéta¬
tion a déjà cessé; telles s-ont, la petite rose des Alpes,
le cernillet moussier (Silene acaulis LY) la belle solda-
nelle etc. Du sommet du Scheidek crû. l’on arrive après
trois heures de marche, et de différens autres points,
on a dans un jour serein comme un nouveau monde
sous les yeux. On découvre la chaîne de montagnes tou¬
jours couvertes de neiges , qui embrassent la vallée de
Grindelwald et celle du Hassli. De bêlement et les
sonnettes des troupeaux aussi bien que ies cris des pâ¬
tres , font connaître au voyageur qu’il approche du ha¬
meau. 11 entre dans le premier châlet qui se présente,
et il a tout le tems de s’y raffraîchir et de tout voii-,
parcequ’il est sûr d’arriver à Meyringen avant le soir.
La descente, qui conduit à cet endroit chef - lieu du
JHassli est extrêmement pénible , parceque le chemin
est si rocailleux que l’on bronche à chaque pas. Les
premiers sapins que l’on retrouve paraissent extrêmé-
ment vieux. La mousse blanche et flottante qui tapisse
leurs énormes troncs, et leurs rameaux qui affaissés
sous le poids des années, pendent et se traînent sur la
terre, offrent un coup-d’oeil très -pittoresque. De-là,
©n traverse une contrée sauvage et désolée, où tout
semble mort dans la nature. Un bruit, semblable à ce¬
lui d’un coup de canon ou d’un éclat de tonnerre, an¬
nonce bientôt la cascade du Reichenbach au voyageur,
qui en est encore éloigné d’une demi -lieue. Il faut
s’approcher avec précaution de cette cascade, qui est sur
la gauche, parceque le sentier qui y conduit est escar¬
pé, glissant, et fort incliné vers le lit profond que le
torrent s’est creusé dans sa chûte. Une déscription de
cette grande scène serait trop au-dessous de la réalité,
pour que je veuille l’entreprendre. La violence, avec la¬
quelle l’eau se précipite, la brise et la fait remonter en
vapeurs, et ce nuage, assez semblable à la colonne de
fumée qui s’élève d'une fonderie, indique de loin au
spectateur le bassin de la cascade. On peut remarquer
dans cette cascade trois différentes chûtes. La première,
qui est ordinairement la seule que visitent les voyageurs,
c’est la colonne d’eau qui tombe perpendiculairement
dans le bassin que lui forme le rocher , le long duquel
elle se précipite. La seconde doit sa naissance au%eaux
qui, surmontant les bords de ce bassin, s’en échappent
LA SUISSE. GRINDELWALD, 65
avec impétuosité. Pour ce qui est de la troisième chûte,
on la voit de la manière la plus avantageuse d’une prai¬
rie , qui est au bas de la seconde cascade; ce n’est pro¬
prement qu’une illusion optique, car c’est plutôt un
nouvel aspect qu’une nouvelle chûte. La pai'tie infé¬
rieure de la première cascade , et la partie supérieure
de la seconde, étant cachées par les montagnes, 1 oeil
réunit ces depx cascades, et ne voit qu'une chûte im¬
mense qui est d’un très -bel effet. Avant que d’arriver
au Reichenbach , on découvre du haut du Z wirgi un
paysage charmant; c’est la belle tvallée du Hassli , arrô-
sée par l 'Aar qui y fait mille détours. Cette vue se trou¬
ve parmi les estampes A'Aberli. On passe l 'Aar sur un
pont couvert avant d’arriver à Meyringen. De l’auber¬
ge on a en partie la vue de trois belles cascades , savoir
celles d Alpbach, de V7 ühlbach , et de Dorfbach. Les
hommes et les femmes du Hassli sont renommés par¬
leur beauté. Le costume des femmes a quelque rap¬
port avec celui des Grecques de quelques îles de
l’Archipel. Une ancienne tradition qui s’est conservée
parmi ce peuple , lui donne une origine Suédoise. Ce
fût même dans la guerre de trente ans, la cause de l’en¬
voi d’une ambassade du grand Gustave. La vallée du
Hassli ne paraît pas avoir souffert par la guerre de la
révolution; les Autrichiens ypénétrèrent en 1799, niais
n’y firent qu’un séjour passager.
Quatrième journée. La plûpart des voyageurs pren¬
nent, pour revenir a Berne , le chtmin que je décrirai à
la sixième journée; mais il y en a un autre qui esttrès-
riche en objets nouveaux, et qui peut donner une idée
de la difficulté des routes Aipines. C’est ’a route qui
passe sur le Grimsel et qui, par sa proximité invite les
voyageurs a la prendre. Les dames qui ont traversé le
Schtidek , peuvent fort bien faire cette course, pourvu
quelles aient des chevaux sûrs, àe Meyringen ou de
Grindelwald. Cependant elles doivent auparavant con¬
sulter leur forces et leur courage; car cette route est
bien plus pénible et plus périlleuse que l’autre. Pour
ce qui est des hommes , il me semble qu’ils ne peuvent
se dispenser de visiter le Grimsel.
En partant de grand matin de Meyringen , on peut
arriver d’assez bonne heure à V hôpital -, qui est sur le
Grimsel, pour voir tout ce que la contrée offre de re
marquable. ün traverse d’abord un petit vallon trun \
66 LA SUISSE. GRINDELWALD.
V -
«Jilille , qui par sa solitude, sa fertilité, et ses sites ru.
ihantiques, surpasse tout ce que J imagination des pein¬
tres et des poëtes a jamais invehlé de plus gracieux. Il
fait le contraste le plus frappant avec Ibs scènes sauva¬
ges , qui se présentent un moment après à l’oeil du vo¬
yageur, et lui offrent tout ce qu’il y a de plus propre
dans la nature a ébranler fortement son ame. On à coû-
tume de s’àrrètef au Village de Gutanne, pour se raffraî-
chir et pour donner h manger aux chevaux. Le Stampf-
terg-ei t remarquable pat une belle cascade que l'Aar y
fôrine". Ce qui la rend infiniment pittoresque c’est que
la rivière qui se précipite avec fracas d’une très -grande
hauteur, comme tombant de la calotte des cieux , se par¬
tagé en deux bras, et entoure de ses eaux un rocher
couvert de sapins, dont elle fait une petite île. La blan¬
cheur de l’eau qui écume et bouillonne autour du ro¬
cher , contraste admirablement avec l'ombre épaisse de
noirs sapins. En général, dans toute cetté route, YAiir ,
ainsi que tous les torreUs des Alpes, dont le cours n’est
qu’une chûte continuelle, paraît, moins couler, que s’é¬
lancer avec la rapidité d'un trait dans son lit sans cesse
blanchi d'écume. Le bruit et le fracas de ces flots, ses
bonds , ses chûtes, étourdissent le vo}rageur et lui inspi¬
rent tine sorte d’effroi. Tout ce qu’il y a de plus af¬
freux 'et de plus terrible dans la nature semble ici s’ac¬
cumuler autour de lui. fl se trouve dans un désert, ima¬
ge du chaos, au milieu des ruinés de montagnes écrou¬
lées et dépouillées de toute espèce de verdure. On passe
la rivière sur des ponts extrêménwnt élevés, et dont il y
en a un qui ne le cède point en hardiesse au fameux pont
du diable ‘sur la Rtuss. Il y a quelques endroits , où le
chemin est comme enflé, (entres autres, la place qu'on
appelé Stockstege ou Bôse - Seite et celle appelée, belle
Platte ,) qui sont si glissâns, qu'on a été obligé d'y creu¬
ser des silla*is et des entaillures pour affermir le pas des
chevaux Le plus sûr est de mettre pied k terré. Au
reste, dans bien des endroits on amis des gkrde-foux
du côté du précipice. On arrive enfin au sommet du
Grimsel , (Elévation du pas du Grimsel au-iessus de la
mer, 6,870 p- de P. suiv. M. Traites ; et au dessus du lac
des quatre cantons, suiv. M. Millier , 5,7*8 p. Le lac du
Grimsel est élevé au dessus du lac des 4 cànt. de 5,'4JO
p., on y voit la rabane à la uelle on a donné le nom
d'hôpital. Ruinée'dans la guerre de la révolution, elle
LA SUISSE. G R I N-D EL WA L D. 6f
Tient d’être rétablie. Elle est placée dans une espèce
de cratère , et le site en est si effrayant par sa solitude,
que les hospices du S. Goihard et du S, Bernard, quoi¬
que si tristes et si isolés , ont auprès de celui-ci quelque
chose d’amical et de riant. On dirait, que le sein de la
terre a été déchiré ici par quelque convulsion du globe.
C’est là, dit- Coxe, qu'on se rappelé 3a belle déscrip-
tion que fait Virgile dans son VIII. livre de l'Enéide
de l’antre de Cacus. Et c’est cependant dans ces diserts
affreux et sur ces tristes rochers, que les Autrichiens et
les Français se sont livrés des combats sanglans en 1799.
Cet hôpital est habité par un administrateur que la
communauté du Hassli y envoie pour loger les voya¬
geurs , qui traversent la montagne , et leur fournir des
vivres. Il y demeure depuis le mois de mars jusqu’au
mois de Novembre; et en partant, il laisse encore quel¬
ques provisions dans la maison qui reste ouverte. On
n’y trouve pour toute nourriture que du fromage et du
lait, avec une espèce de vin d’Italie; on y .couche sur
la paille, et le froid y est toujours très - vif pendant la
nuit; mais la fatigue et la faim font que l’on s’accom¬
mode de tout. Près de l’hôpital, il y a deux petits lacs
qui communiquent ensemble, et vis - à - vis de la mai¬
son est la belle cascade du Sasbach. A une petite dis¬
tance de l’hôpital est la so'urce de l'Aar, qui sort sous
les monceaux et murailles de glace d’un grand et ma¬
gnifique glacier. Il y a deux glaciers, le glacier de Laur¬
ier- Aar. et celui de Finstcr - Aar, pic, haut de 13,234 p.
et que M. Meyer d'Aaràu j 1 a tenté d’escalader. La
montagne le Zinkenstock, est renommée par les cristaux
que l’on y a exploités, et dont quelquesuns étaient du
poids de cinq jusqu’à huit quüitaux.
Si, après cette course pénible, on se trouve des forces
de reste, ou ne doit pas manquer d’aller jusqu’à l’en¬
droit, d’où l’on découvre Iemagnifique glacier du Rhône
au pied de la Fourche : Elévation du pic de la Fourche
au dessus du lac des quatre cantons, 6395 p. de P. (suiv,
M- Millier, ) — I)u Grimsel on descend dans le Valais
d’où l’on se rend à Milan par le Grisberg (Elévation
au dessus de la mer, 7336 p.) dan* la vall ée de b ormacinc.
Près de la chapelle et du village de Frua , la rivière la
Tosu forme un cataracte de 600 p. de hauteur, qui est
estimé avtc iaison l’un des plus majestueux spectacle.
68 LA SUISSE. GRÏNDELWALD.
de la Suisse. Par son volume il ressemble un peu à la
chute du Rhin, mais sa masse d’eau se précipite d’une
hauteur infiniment plus imposante, et la surpasse de
beaucoup.
La Maycnward , par où l’on descend au glacier du
Bhône, est un sentier fort difficile, et qui, devenu fa¬
meux par nombre d’accidens, ne devrait être choisi, que
par des voyageurs, qui ont le pied et la tête faits aux
montagnes.
Cinquième journée. On retourne à Meyringen par
la route déjà décrite, et l’on emploie la matinée à voir
ce qu’on peut avoir oublié la veille. Les Anglais ont
coùtume de parcourir, la nouvelle Héloïse à la main,
les contrées de C larens et de Meillerie , sur les borda
du lac de Genève. Un Allemand ne devrait jamais vi¬
siter le Hassli et le Grindelwald , sans avoir sur soi
le charmant poëme des Alpes de Haller ; il est plein de
beautés qu’on ne peut bien sentir que dans les lieux mê¬
mes où il a été en partie composé.
Meyringen est le point de réunion de plusieurs rou¬
tes qui s’y croisent. Outre celles du Scheidek et du
Grimsel dont je viens de parler, il y en a une troi¬
sième *) qui conduit à l’abbaye d’ Engelberg et de là à
Altorf , en traversant les Alpes de Suren . Consultez aussi
ce que je dirai ci - après pag. 94. sur la route nouvelle et
pittoresque des vallées de Gardinen , Susten , May en , qui
de Meyringen conduit à IVasen sur la route du S. Got -
hard. Enfin il y en a une quatrième que Meincrs a dé¬
crite, qui passe sur le Brunig et mène à Lucerne par le
canton d ' Unterwalden.
Sixième journée. La Toute pour revenir à Berne par
Tracht et Interlachen se fait commodément en char à-
banc, à cheval, ou à pied, suivant le goût du voyageur.
On chemine dans une vallée ombragée et pittoresque,
embellie par une multitude de cascades, et arrosée par
l' Aar , qui y serpente, et on arrive en trois heures de
tems à Tracht sur le bord du lac de Brientz. On ren¬
voie ses chevaux et l’ on loue un bâteau pour le prix en¬
viron de 60 batz. Le lac de Brientz qui communique
par VAar avec celui de Thun , a quelque ressemblance
Elle est fort bien, décrite dan* le Manuel des voya¬
geurs.
LA SUISSE. CHAMOUNY. 69
àtec le lac des quatre cantons; seulement les bords eu
sont moins escarpés et moins sauvages. On n’a pas d’ex¬
emple d’accidens arrivées sur ce lac. Je remarquerai ici
que, ce qui rend la navigation Si dangereuse sur la plû-
j>art des lacs de la Suisse, c’est que les bâteaux sont trop
plats, et qu’ils n’enfoncent que peu dans l’eau. C’est en
général une fort mauvaise économie et une témérité que
l’on peut payer de sa vie, que de prendre des bâteaux
trop petits et qui ne soient pas fournis d’un nombre suf -
fisant de rameurs. — Les Brientzlings sont Une espèce
de poisson qui est propre à ce lac et qui ressemble aux
AalbTuck.es. En deux ou trois heures de teins on arrive
alnterlachen ; on se rend à pied à Néuhaus ; on s’embar¬
que sur le lac de Thun et l’on revient à Berne. Si le
vent 11’est pas favorable, ou si l’on part trop tard de
M eyringen, il faut un jour et demi pour ce retour. C’est
à Inierlachen , sur un pré pittoresquement situé, que se
célèbre depuis quelques a ni, la. fête nationale Suisse , ou
la fête des bergers , sous les auspices du Gouvernément
Bernois et des Députés de plusieurs Cantons. Cette fête
qui a lieu le 17 d’Août , attire une grande affluence d’é¬
trangers.
IL Voyage à Chamouny , ou Chamonix.
Première journée. On part de Genève dans une voi¬
ture ordinaire ou en cabriolet, dès que les portes sont
ouvertes. Ou, l’on prend pour 6 livres, une place à la
diligence qui part pour Salenche , supposé que cela ex¬
iste encore. La route jusqu’à Salenche , c’est- à dire dans
une longueur de 6 milles d’Allemagne, est chaussée que
je trouvais en ign un peu dégradée; il y avait même,
non loin de Salenche , un endroit où l'Arve commença
à ronger le chemin ; ce pays étant retourné depuis sous
la domination de son ancien souverain, qui avait ouvert
cette belle route, il faut espérer que l’on veillera plus
à sa conservation. Les voituriers de louage font pour
l’ordinaire difficulté de se rendre à Salenche sur les 2 ou
3 heures de l’après-midi ; mais quoiqu’ils puissent dire,
il faut insister là-dessus; d’après ma propre expérience
et celle d’autres voyageurs, qui ont en cela suivi mes con¬
seils, on peut être sûr que la chose est très-faisable. Jus¬
qu’à la Bonneville la contrée est des plus agréables, et
TT
70 u.y s ui s s & CHAMou^iy.
l'on y trouve la plus grande variété d’objets qu’une b.el-
le situation et le voisinage des Alpes puissent procurer.
Près de la Boissiére, superbe maison de campagne, on.
commence à découvrir les trois cimes du Mont - Blanc.
La montagne de Salive se présente sur toute. cette route
sous des aspects exlrêmément variés, flus Ton approche
de la Bonneville , plus la contrée prend un air alpestre.
Le Mole et le Brèzon forment l’entrée de la vallée que
traverse VArve, et par laquelle on pénètre dans l'inté¬
rieur des Alpes. ( Hauteur du Mole sur le lac de Ge¬
nève, 760 toises, sur la mer, 948, de la Bonneville sur le
lac, 39 t. , sur la mer, 227). La Bonneville est un endroit
peu considérable. Sur le chemin de Toninge , on trouve
dans une carrière de grès, des empreintes de végétaux,
bien conservés. On y voit deux vieux châteaux dont
l’un est une espèce de prison. Bonneville est à peu près
à. la moitié du chemin de Genève à Salenchc • O11 ne s’y
arrête que pour. faire reposer ses chevaux. On loge aux
balances, et à la ville de Genève , avec la vue sur l’Arve.
Un sortant de la ville, on passe VArve sur un pont de
pierre qui a 500 pieds de longueur. Cette vallée prend
lin air plus riant et plus pittoresque k mesure qu’elle se
déploie aux yeux Les champs en culture , les prairies,
les bosquets, les cascades, les chaumières, les collines
verdoyantes qui s’élèvent par une douce inclinaison les
unes au-dessus des autres, enfin les Alpes, ici couvertes
de bois, et là, dénuées de toute verdure, varient à
chaque instant la scène Le beau clocher de, Siongyy
abattu, est un des monumens de la démence d’un repré¬
sentant révôlùtionnaire. En deçà du pont que l’on pas¬
se pour arriver à Cluse , on voit un sentier étroit , tail¬
lé dans le roc, et pittoresquement sauvage. Cluse est
habité en grande partie par des horlogers. Elle a tiré
son nom de sa situation ; Cluse vient du latin clausa.
(Auberge chez Mr Sionnet , située à l’entrée). Un val¬
lon charmant domine la ville de Cluse ; c'est celui de la
ci-devant chartreuse du Reposoir , beau bâtiment, dans
la situation la plus riante. On arrive de Cluse dans la
vallée (le Maglans. La caverne de Balme est une grotte
assez ordinaire, garnie de stalactites, et ayant 640 pas
de longueur. Il faut au moins une heure pour y grim¬
per, et elle ne mérite ni le tems ni la peine qu’il en
coûte, sans parler du danger que l’on court de se refroi-
iir, Lorsqu’après ecUe marche échauffante, ou y eüUe
(
LA SUISSE. CHAMOUNY.
7ï
font dégouttant de sueur. Le JSant (VArjienaz , telle
cascade au pied de laquelle passe le chemin, ressemble
un peu au Staubbach ; comme lui on la prendraitde loin,
pour une bande de toile qui flotte çà et là au gré du
vent. Sa hauteur est de 5 à 600 pieds. Linck en au don¬
né une bonne gravure. La montagne qu’elle mouille, est
remarquable par ses couches concentriques. Salenche
est une vieille ville dans une situation assez pittoresque,
avec une belle église. Elle est plus grande que la Tox.-
neville. On loge ou a St. Martin, au bout du pont,
dans une auberge appelée: le Mont-blanc , [le fils de
l’aubergiste, Jean, est un bon guide] (Elévation du
pont, go toises sur le lac, et 278 sur la mer), ou à Sa~
lenche chez Lafflnt: ces aubergistes fournissent aussi
des chevaux et des mulets aux voyageurs. Des fenêtres
de son auberge, on a la vue du Mont-Blanc. Mr. Bâc¬
ler HJAlbe en a fait une belle gravure- Il ne faut pas
confondre l’original avec la copie, qui lui est inférieure.
A une petite distance de la ville, est la caverne dumou¬
lin de la Fiasse, sur la rivière de Sale içhe, qui offre un
coup d’oeil d’une beauté sauvage. L^ M ont de la Frasse,
que le Mont - Bossel domine, est remarquable par ses
grands blocs de granits roulés. Alexis Chesnay estcelui,
qui pour l'ordinaire y conduit les étrangers; on y par¬
vient en 10 k 15 minutes de marche. On a découvert à
St. Gervaix , à 11/2 lieue, une eau thermale de 2j à 27®
de chaleur, très - fréquentée.
Si l’on se propose d’être de retour k Genève le on
4e jour, en repassant par Salenche, il faut laisser ses che¬
vaux dans ce dernier endroit, et donner ordre qu’ils y
attendent. Alors on peut facilement , en partant k mu¬
let ou en char-à-banc de grand matin du Prieuré , arriver
le même soir à Genève. J’ai fini cette course en i8n, on
partant à minuit, et au plus beau clair de lune possi&le.
C’est un spectacle unique, et du plus grand effet, qu’à
traverser ces vallées et ces montagnes, dans le silence
d’une belle nuit.
On peut faire cette route k pied, en char k banc ou
à cheval. Lorsque les torrents appellés les Nants ont
gâté le chemin par quelque inondation subite, il est
impossible de les passer autrement qu’à cheval ou à dus
de mulet.
72
LA SUISSE. CHAMOUNY.
La route de Salenche au chef - lieu ou Prieure qu*
l’on fait ordinairement en 6 heures de tems, n’est point
dangereuse; mais elle est sauvage et pleine de beautés
pittoresques. Tantôt rude et pénible, elle serpente sur
les bords des précipices; tantôt . embellie par la vue de
jolis vallons qui s’ouvrent dans le lointain, de montag¬
nes entassées les unes sur les autres , d’un grand nom¬
bre de cascades et de sinuosités infiniment variées de
VArve , elle présente une suite de tableaux intéressans.
On traverse plusieurs petits villages et hameaux, et l’on
a de tems en tems à franchir des^ravins, qui se remplis¬
sent d’eau à la moindre pluie. On voit sur lé9 murs de
l’église de Passy deux antiquités Romaines; ce sont
deux ex-voto en forme de plaques. On y a découvert
aussi, il y a peu de tems, une voie Romaine du second
ordre. A Chéde on remarque une belle chûte d’eau, qui
présente un gouffre et le phénomène d’iris. Le lac de
Chède que l’on trouve à une petite dHlance du chemin,
est un petit bassin dans une solitude fraîche, agréable
êt tranquille. Un ne voit pas ce lac du chemin, et il
fant faire quelques^ras au travers d’un petit bois pour y
arriver. En 1811, je n’y retrouvais plus ces beautés pit¬
toresques, que j'avais tant admirées en 1786. Je ne re¬
trouvais vraiment qu’un petit lac ordinaire qui ne va¬
lait pas le détour.
Après avoir passé VArve sur le ci-devant pont des
Chèvres, qui a été remplacé par un pont plus solide,
l’on entre dans un petit vallon; *le sentier qui est fort
étroit, tourne un précipice; mais on ne peut se lasser
de contempler les beautés saunages de cette vallée, en¬
tre lesquelles on remarque surtout une belle chûte de
l’ Arve. Au reste, il y a peu de voyageurs qui prennent
le chemin du pont des Chèvres ; on préfère communé¬
ment la route qui passe sur les hauteurs, et qui est
beaucoup plus commode. C’est aussi celle où nous con¬
tinuerons de guider le voyageur.
La vallée de Servoz [à l’auberge, assez bonne, on
trouve des cristaux et des minéraux à vendre] présente
un charmant coup - d’oeil par safertilité. C’est de ce point
que commencent de l'autre côté de VArve , Jesmontagnes
de granit. Des arbres et d’arbrisseaux cachentles ruinesd’u-
LA SUISSE. CHAMOUNY.
73
ne montagne, qui, en s’écroulant en 1751 menaça ce beau
vallon d’une déstruction tolale. L’on crut que c’était
un volcan. La fumée que causèrent les frottexnens d une
aussi grande masse, brisée dans sa chûte, fut lancée du
côté du Bonhomme , et se fit voir même en Piémont.
Il y a dans le voisinage de Servoz des mines de plomb
tenant argent, que l’on exploite. Les nouveaux bâti-
mens construits pour cet usage et qui bordent le che¬
min , l’aspect sauvage des Alpes d alentour qui servent
pour la plûpart de retraite aux contrebandiers de sel,
les ruines d’un vieux château qui s’élèvent sur la pente
d’une montagne escarpée, présentent au sortir du vil¬
lage de Servoz un magnifique tableau. La vallée de
Servoz était jadis un lac, appéle le lac de St. Michel.
L’endroit par lequel il s’écoula, s’appele encore le Per -
trui. Feu Mr. Exchaquct de Servoz avait fait, sur le
modèle du fameux ouvrage du général Pfyffer , des
plans en relief de la vallée de Chamouny et du Mont-
Blanc. Le prix en varie à Genève suivant la grandeur,
depuis 6 jusqu’à 25 louis -neufs. Mais on trouve à pré¬
sent à Chamouny même chez Josephe Burnet et Etienne
Josephe Carrier , des petits bas - reliefs du l\l ont - Blanc,
parfaitement bien exécutés, et au prix de 81 4» et
un louis - neuf, suivant la grandeur.* Ces basre-
liefs comprennent tout l’espace, entre le Col de
Balme et le Pont - Pélissier, d’un côté, et entre
le Bréven , et le Cormayeur , de l'autre. Près du
chemin qui mène à Chamouny , on voit un monu-
meut érigé en mémoire d 'Eschen, Allemand de na-’
tion, âgé de 23 ans, qui, en voulant gravir sur
le Buct , le 7 d’Août 1800, tomba dans une cre¬
vasse de plus de 105 pieds de profondeur, et mou*
rut de sa chûte. Son épithaphe commence par cet
avis salutaire: ,, Voyageur s ! un guide expert nous est
nécessaire etc.4* Deville de Servoz est un des guides les
plus accrédités de cette vallée. A l’issue de la vallée, il
y a le pont Pélissier , et les Montées : c’est un aspect
sauvage, un chemin taillé dans le roc, très - rapide,
mais sûr. On peut aussi passer par les mines du Foully
et le sentier des Trapettes. La vue que présente la val¬
lée de Chamouny , lorsqu on la découvre pour la pre¬
mière fois de ces hauteurs, jete le spectateur dans un
étonnement qu’on ne peut exprimer. Il croit voir un
nouveau monde. Ges cimes majestueuses couvertes de
Guide des Voy. T. II. G
74 LA SUISSE. CHAMOUNY.
glaces et de neiges étemelles ; ces montagnes qui parais¬
sent porter le ciel, et dont la hauteur effraye les yeux
et peut à peine être saisie par l’imagination; ces gla¬
ciers qui du haut de leurs sommets plongent jusque*
dans les vallées *).; le vert de mer dont se teignent les
pyramides qui s’élèvent à leur surface, surtout lorsque
le soleil les éclaire; la couleur sombre et noirâtre des
forêts de sapins; Je vert plus pur des pâturages. et des
prairies; les cabanes et les hameaux répandus çket la dans
la vallée; tout cela forme un ensemble dont il est plus
facile de sentir la beauté que de la décrire. Les torrens
de JSagin et de Griaz arrêtent souvent les voyageurs et
ils leur ont été plus d’une fois funestes, sur tout celui
de Griaz.
A la distance d’une lieue et plus du Prieuré , le
voyageur trouve déjà des gens qui l’attendent au pas¬
sage, et qui s’offrent à lui servir de guides. On trouve
dans le village de Chamouny ou au chef - lieu deux
auberges, également bonnes , et où l’on est à très -bon
marché; la ville de Londres, dont le sieur Terraz est pro¬
priétaire, et l’hôtel d’Angleterre de M. Couteran , laplus
ancienne auberge de Chamouny. L’eau de VArve à
Chamüuny est très - salutaire, la blancheur que lui don¬
ne le sable de quartz , n’est nullement nuisible.
De l’auberge de Monsieur Couteran , (qui est déjà
élevée de 314.4 pieds de Paris et suiv. M. Tralles même
de 3150 p. au-dessus de la méditerranée ) aussi bien que
de tous les autres points de la vallée, on a le fameux
Mont-Blanc en perspective. Ce géant des Alpes, aussi
vieux que le globe dont il a vu toutes les révolutions
et les catastrophes, est élevé, d’après le calcul de feu
Mr. de Saussure , de 2450 toises au-dessus du niveau de la
mediterranée. On le reconnaît aisément à ses trois ci¬
mes, dont l’une ressemble à la bosse d un dromadaire,
*) Tl y en a un entre autres appelé le glacier des Bos¬
sons , qui vient immédiatement du Mont-Blanc et
descend presque jusqu’au bord du chemin. On fait
bien le s'y arrêter, de xuo:.ier rjusquaux py¬
ramides, et de 1 y uiverser, pour retourner, de
1 autre côté. Les villageois vous serviront de guide*
et d’appui.
LA ‘SUISSE. CHAMOUNY,
75
et a la blancheur éblouissaute dtr tapis qui le recouvre,
Vu de la vallée d 'Aoste, il ne parait point si chargé de
neiges; mais il se présente sous un aspect aussi sauvage
et aussi hideux que le Schreckhorn. On a calculé que
la croûte de neiges qui couvre son sommet et ses flancs,
a plus de 400 pieds de profondeur et plus de 9,000 pieds
d’étendue horizontale, depuis le Dôme du Goûté qui est
la plu* basse de ses trois cimes , jusqu’au sommet de la
plus élevée; et que la hauteur perpendiculaire des nei¬
ges depuis la voûte de l’ Arveiron jusqu’au sommet du
Mont-Blanc , est d’environ 12,000 pieds, et par consé¬
quent, à peu prè9 égale à celles du Vcsuvc et de 1 'Unes,
en les supposant mis l’un sur l’autre.
C’est en 1786 que l’on est parvenu pour la première
fois au sommet du Mcnt-Blanc. Jacques Balma de Cha
knouny et le docteur Paccard. ont eu 1 honneur d’en
former le projet et de le réaliser *). Cette entreprise
hardie a valu au premier le surnom de Mont-Blanc ;
en *811» il avait perdu malheureusement la vue. Feu Mr
de Saussure , ce fameux^naturaliste , a fait le même voya¬
ge, et son exemple a été suivi en 1787 par uu Anglais
nommé Beaufoix, et en 1832 par M. le Baron de Donnée,
Conrlandais, et de M. Forneret de Lausanne. * Ces deux
voyageurs ont presque succombé à des fatigues sans
nombre, et aux tourmentes. Cette ascension fut aussi
entreprise; mais infructueusement, par le colonel An¬
glais Pollen , le 19 Sept, de la même année, il y vou-
laitreveuir l’année suivante, mais il trouva sa mort
dans un naufrage sur la mer baltique. En 1808, au mois
d’Août, quinze habitans de Chamouny, escaladèrent heu¬
reusement le Mont. Blanc . Une femme fut du nom¬
bre : c’est la première qui ait atteint la cime de ce mont
fameux. Le nom de cette héroïne est Marie Payot. ( V
l’ouvrage que M. Bourrit à Genève vient de publier
sous le titre de: Description des cols des Alpes., ou¬
vrage infiniment intéressant, et qui contient la relation
de ces cinq voyages sur le Mont-Blanc, et des détails
récens et curieux sur toute cette chaîne des hautes
Alpes.
Une des principales productions de la vall ée de Cha
mouny , c’est son excellent miel. Il est blanc et d’un
+) Mr. Bâcler d'Albe les a représenté* l’un et l’autre
en taille -douce*.
7 6 LA SÜISSE. CHAMOUNY.
grain brillant, assez semblable au sucre; il est d’an
goût exquis, et a une odeur aromatique, moin forte,
il est vrai, que celle du miel de Malte et de Narbonne!
mais qui n’en est que plus agréable pour les friands!
Il a de plus, quelque chose de balsamique at de résolu¬
tif. On l’achète à Chamouny dans des petits barils qui
coûtent un écu la pièce. Ce n’est que dans la vallée de
Chamouny que l’on recueille cet excellent miel. Celui
des villages voisins, comme Servez, St. Gervais , Passy ,
-ne diffère en rien du miel ordinairev A Chamouriy
on trouve des marchands naturalistes ; je donnerai les
noms de «principaux en 1811. Terraz ; J. Carrier ; David
Payot ; Mathieu Fige ; chez Carrier on trouve aussi de»
feliefs.
Seconde journée. Bien des voyageurs commencent
par visiter le glacier des Bossons. Mais on fait fort
bien de le voir en arrivant, comme je l’ai observé , et
de consacrer toute cette journée, au col de la Flèchierc
ou à la mer de glace du Montanvert et à la source de
l 'Arveîron , objets infiniment plus intéressans. Même
parmi les dames que la curiosité amène dans cette su¬
perbe vallée, il en est bien peu qui ne fassent le voya¬
ge du Montanvert , et qui ne soient enchantées de ce
qu’elles y ont vu. Il y a cependant quelques femmes
timides ou délicates qui se contentent de monter sur le
Chapeau.
Avant tout, on a soin de se procurer un nombre de
guides, proportionné à celui des personnes qui sont du
voyage. De plus, on se fait suivre d’un .homme qui
porte le» provisions, telles que du rôti ffoid, du fro¬
mage, du beurre, du miel, et du vin, tant pour soi
que pour ses guides; et quand on arrive à l'hospice des
Desportes on y prend un repas que l’activité de l’air des
montagnes , la fatigue de la route, et la vue des scènes
majestueuses dont on est environné, font trouver mille
fois plus délicieux qu’on ne peut l’imaginer quand on
n'en a pas fait l’expérience. Quelques dames se font
porter dans une espèce de fauteuil de bois dans lequel
on passe des bâtons; mais comme il ne faut pas moins
de 6 porteurs qui se rélèvent contimieîlemeut, cette ma¬
nière de voyager est fort dispendieuse; aussi pour peu
qu’une damé soit bonne marcheuse, je lui conseille de
LA SUISSE. CHAMOÜNY. 77
faire la course à pied. Je remarquerai seulement, que
les anciens talons pointus des soûliers de femmes sont
aussi incommodes que dangereux; dans de pareils che¬
mins, aussi les guides exigent - ils des dames , qui n’y
ont pas encore renoncé , qu’elle9 se les lassent couper
avant que de se mettre en route.
Il faut trois bonnes heures pour gravir le Montait -
vert et arriver jusqu’à la mer de glace. On part de
Chamouny sur les 7 heures du matin, et l’on peut faire
environ une lieue et quart à dos de mulet. On traverse
des forêts de sapins, où l’on trouvé partout des traces
d’anciennes avalanches. De -là, on arrive à un sentier
étroit et difficile appelé le chemin des çrystalliers , où
l'on est obligé de mettre pied à terre et de renvoyer
sa monture à Chamouny. On fait ordinairement une
halte auprès d’une petite source, appelée le Caillct , et
l’on jete de-là. un coup-d’oeil sur la vallée. C’est là
que M. de Florian entendit de. la bouche de son guide
l’histoire de Claudine , l’une de ses plus jolies nouvel¬
les, et dont la scène est dans cette vallée. La vue
qu’elle présente est fort singulière. La hauteur où l’on
se trouve , fait que l'Arve ne parait qu’un fil tendu
dans la plaine, le village qu’un assemblage de maisons
de cartes , les champs et les prairies que les cases d’un
damier. De -la, le sentier devient toujours plus rude
et plus pénible, quoique sans aucune espèce de danger.
Pour faciliter la montée aux dames qui sont de la par¬
tie , les deux guides qui accompagnent chacune d’elles,
ont soin de tenir leur bâton dans une situation hori¬
zontale du côté du précipice, et forment ainsi une
espèce de garde-fou ou barrière ambulante, sur laquelle
elles peuvent s’appuyer, sans que la vue des profon¬
deurs effrayantes, vienne troubler le plaisir qu’elles
ont à contempler les grandes scènes de la nature. L’hô-
pital de Blair dont la position est indiquée fort ex¬
actement dans la carte de Coxey est une cabane con¬
struite de pierres brutes , et que l’Anglais qui lui a
donné son nom, fit bâtir dans cet endroit pour quel¬
ques guinées qu’il lui en coûta. Un Français avait fait
bâtir depuis, une nouvelle cabane, encore plus com¬
mode. Cet hospice dédié à la nature, fut construit
aux frais de Mr. Desportes , et sous la direction de M.
Bourrit. Mais son intérieur fut dévasté, et les effets
73 LA SUISSE. CH A MO U N Y.
pillés. M. Doulcet de Pontècoulant rient de le faire ré¬
parer par les soins de M. Coûterait , et il offre de nou¬
veau un abri commode. Comme l'Album: avait subi le
sort des autres effets * uh Russe en a fourni un nouveau,
qui est confié à la garde du berger. A quelques pas de
là, on découvre la mer de glace. L’image la plus fidèle
que l’on puisse en donner est celle d’une mer en tour¬
mente, dont les vagues amoncelées auraient été tout
d’un coup saisies par une main toute puissante et chan¬
gées en masse solide. Il faut descendre près d’un bon
quart d’heure pàt ün sentier bordé de Rhododendron,
pour arriver jusques sur ses bords. Lés vagues, qui,
du haut du Mont anvert ne paraissent que comme les
sillons d'un Champ , sont de petites collines de 20 à 40
pieds de haut. Mais la descente sur la mer n’est pas
sans danger. Mad. la duchesse à'Anhalt - Bcrnbourg , y
cassa la jambe en 1810. Cette mer a 8 lieues de long
et une de large. Sur ses bords, s’élève une suite de
rochers qui portent le nom d' Aiguilles.
Les 6 grandes pyramides ou aiguilles que l’on voit dix
Montanvert et qui ont jusqu’à 6,000 pieds et plus de hau¬
teur, sont celles du Midi , du Dru , du Bouchard , du
Moine , du Tacul, et des Charmeaux ; et les 6 gla¬
ciers qui partent du pied du Mont-Blanc et descendent
dans la vallée de Chamouny , sont ceux du Griaz , du
Tacconnaz, des BosSoris, du Montanvert , de l' Argen¬
tier e , [chez le curé du village d’Argentière le beau Her-
barium de Chamouny.] et de la Tour. Le col, dit le
Montanvert , a 954 toises sur la mer. Il est riche en
plantes; iaajs c’est au Courtil , (du vieux langage; on
le dit encore dans les campagnes,) ou au Jardin , situé
au-dessus du glacier de Taleffre , que sont les plus ra
res. X aiguille du Dru est élevée sur la vallée de 1422
toises. L’aiguille du midi est élevée de 1469 t. sur Cha¬
mouny. C’est là où les chamois pâturent, et où l’on
tire les perdrix blanches.
Des bords de la mer de glace, oh remonte sur le
M ontanvért , et l’on dîne dans les deux cabanes, ou en
plein air sur la pierre des Anglais. C’est le1 nom que l’on
a donné à un énorme bloc de granit, en mémoire de deux
Anglais qui y prirent leur repas après avoirpénétré sans
guides dans ces régions, inconnues jusqu’alors aux étran-
LA SUISSE. CHAMOUNY. 79
gers. Ces deux Anglais s’appelaient JVindham et Poco-
ke. C’est en 1741 qu’ils firent ce voyage, le premier qui
ouvrit ces vallées aux curieux. On le trouve décrit dans
le Mercure de France de cette année.
Il y avait antrefois un sentier qui conduisait par la
mer de glace jusqu’en Italie, mais qui depuis a été re¬
couvert par les glaces. Eu 1786 deux guides tentèrent
de nouveau ce passage dangereux, et en 1787 M. Bourrit
accompagné de son fils, exécuta heureusement cette. en¬
treprise. La description de cette course intéressante,
que des Anglais ont faite dès lors, se trouve imprimée.
On descend du Montanvert à la source de VArveiron ,
par le chemin des Chèvres. Ce chemin abrège considé¬
rablement, mais il est excessivement roide et pénible.
Il suit les flancs de la montagne et il est si à pic qu’en
regardant du fond de la vallée ceux qui y cheminent,
on les prendrait pour des fous qui de gaîté de coeur
vont se jeter dans un précipice ; mais à l’aide. d’un bon
guide, et au moyen des différens zig zags que fait le che¬
min , on y marche sans danger. Il n’est pas rare , penr
dant cette route, de voir des avalanches tomber des
montagnes , ou des pyramides de glace s’écrouler avqc
fracas et rouler jusqu’au bas du glacier. La source de
V Arveiron se trouve au pied du glacier du Montanvert
dont elle est le dégorgement. Pour se faire une idée de
la voàte de glace qui la rend si fameuse, on se figurera
une salle ou une grotte qui a quelquefois jusqu’à 10c
pieds de hauteur, et dont l'air peut le disputer en beau¬
té à celui du ciel le plus serein. Les parois semblent,
revêtus du verre le plus poli, et l’oeil trompé par cet
te illusion optique , croit découvrir une longue suite
d’appartemens. Une pli ie fine en tombe de toutes parts,
et eri forme, si je. puis m’exprimer ainsi, une ?alle aqua¬
tique infiniment supérieure à ces pauvres grottes qu’on
voit dans nos jardins. La rivière de V Arveiron, s’élan¬
ce en écumant du fond de la grotte, et se précipitant à
travers des blocs de granit et d’énormes rochers qui for¬
ment la Moraine du glacier, ou ce rempart de pierres
et de débris qui l’entoure, elle va se réunir à VArvc à
une demi -lieue de -là. A côté de ces glaces accumulées
depuis des milliers d’hivers, on voit des arbres ornés de
la plus belle verdure, et de riantes prairies. Quelque¬
fois la glace forme dans l’intérieur de la voûte des co~
80 LA SUISSE. CHAMOUNY,
Tonnes et des portiques': mais en général, il n’y a rien
tïe moins constant que la forme de cette voûte ; elle
change toutes les années, et paraît dépendre uniquement
du hasard. Quelquefois d’énormes morceaux de glace
se détachent de la voûte, et c’est la raison pour laquel»
le les guides ne permettent pas, qu’on en approche
de trop près. En 1797 un père , un fils et un neveu,
furent les infortunées victimes de leur imprudente cu¬
riosité. La Moraine dont j’ai parlé plus haut s’élève
autour des glaciers, et les masses qui la composent sont
continuellement poussées en avant par la glace qui les
porte. Mais rien n’est plus variable que cette arche et
cette grotte. Il y a des années où il ne peut se former
de voûte; de plus le glacier ne descend plus si bas; et il
s’est prodigieusement rétiré. J'y trouvais en 1811- une
triple M oraine, et le glacier retiré de plusieurs centai¬
nes de pas, de la place, où j’avais admiré la voûte en
1786. — C’est de la source de V Arveiron que l'aiguille du
Dru se présente sous le point de vue le plus avanta¬
geux. Ilackert , frère du peintre de ce nom, a repré¬
senté avec beaucoup de fidélité la mer de glace et la
route de Y Arveiron dans deux grandes estampes. Mr.
Bourrit en a donné aussi une gravure. On voit, commi
un objet- -de -curiosité, dans le petit village des Boit, qui
n’est pas loin tle-là, deux Kakerlaks ou Albinos , que
Mr. Blumenbach a fort bien décrits dans sa bibliothè¬
que de médecine. Ils avaient été emmenés en Angle¬
terre, mais ils étaient de retour en 1811. Pour retour¬
ner à Chamouny qui n’est qu’à une petite lieue de -là,
on fait venir à la source de V Arveiroti son char- à -banc
ou ses mulets ; et l’on reprend la route du Prieuré à
travers une plaine fort agréable.
Depuis quelques ans on conduit les étrangers à la
Flêchière . C’est une montagne qui fait partie du Bré~
ven , et qui est d’une plus grande hauteur que le Mon-
tanvert. On y découvre le D/Iont - blanc dans toute sa
gloire, de même que les six glaciers qui en descendent.
Cette route, peut être faite à dos de mulet; et ne de¬
mande, que 6 à 7 heures de tems, y compris Je retour.
LA SUISSE. CIIAMOUNY.
81
Mais elle est difficile, le sentier étroit et quelquefois
à pic, et on ne doit pas être sujet aux vertiges. Cepen¬
dant je me suis convaincu en 1811 que ce belvédère
mérite à tous égards que l’on y gravisse, et je le préfère
même au Montanvert , parceque l’oeil y plane librement
sur toute la vallée, ses glaciers, le Montanvert , et
pousse jusqu’au Col de Balme. On monte aussi sur le
Buet et sur le Brêven *) , en prenant le nouveau che¬
min que Mr. Exchaquet a découvert, et qui est beau¬
coup plus commode que celui qui est décrit dans
les ouvrages de Mr. de Saussure et de Mr. Bourrit. Pour
monter sur le Buet ou la Mortine (car il porte aussi ce
nom) on va coucher aux chalets de Villy , derniers pâ¬
turages de la vallée qui commence à Servot , et se ter¬
mine au glacier de Buet. On atteint, de Villy , le Col
de Salenton , par un sentier praticable aux mulets.
De -là on attaque la montagne par sa face méridionale
et orientale, et, en traversant alternativement des pen¬
tes de neige et d’ardoise, on atteint le sommet au bout
de 2V2 heures de marche. La moyenne, entre deux ob¬
servations de baromètre que le professeur Pictct y a
faites, et dont les résultats diffèrent peu, a donné 1S781/2
toises, pour sa hauteur au-dessus du niveau delà mer.
La montagne elle - même offre peu d’intérêt sous le
point de vue lithologique; elle est d’ardoise entremêlée
de filons de quartz carié, ou en façon de stalactites,
mais il n’existe comme belvédère, rien qui -puisse lui
être comparé. (V. sur ce site: M. de Luc dans ses Ae-
eherche s sur les modif. de l'atm. T. II. §. 930 suiv.) —
L’on peut encore, à l’exemple de Coxe , descendre sur
la mer de glace , marcher pendant plusieurs heures de
suite à travers des glaciers, dés précipices, des morai¬
nes, s’avancer jusqu’au Talefre , et au Couvercle-, et pé¬
nétrer par une route aussi dangereuse que pénible , jus¬
qu’à l’endroit appelé le Jardin. Mais cette excursion
n’est faite que pour un petit nombre d’hommts accoû-
tumés à gravir les montagnes, et qui ne craignent ni
*) En 178^, trois Anglaises , du nombre desquelles était
Miss Parmintcr , firent cette course. Puis Miss
Eckershal de Bath , et s^a compagne Julse de J^,a~
forge de Lausanne , y sont montées. C’est au Brè r
ven, élevé de 1306 toises a. d. de la mer, que M.
Grosse a découvert le nouveau demi -métal, nemmé
Titane.
82 LA SUISSE. CHAMOUNY.
la fatigue ni les vertiges. Mr. van Berchem a décrit:
cette dernière rbute avec beaucoup d’exactitude dan#
son itinérai e de Chamouny.
Trosicme journée. Le plûpart des voyageurs repar.
tent de Chamouny le troisième jour, et prennent pour
retourner à Genève la même route par laquelle ils sont
venus.
Mais si l’on veut revenir par Martigni, dès qu’on est
arrivé à Chamouny , on renvoie à Salenche les chevaux
qu’on y a pris , et on loue des guides et des mulets de
Chamouny. Il y a deux chemins qui conduisent h Mar -
tigni., et ni l’un ni l’autre ne sont dangereux. Le pre¬
mier passe sur la Tête - noire et c’est celui, que l’on
prend communément. En suivant cette route, on se rend
de Chamouny dans la Valorsine qui en est éloignée
■de 3V2 lieues. Cette vallée est plus élevée que celle
:de Ghamouny et l’on n’y trouve qu’une mauvaise au¬
berge. Ou sort de la Valorsine -pur un défilé étroit, et
l’on passe des terres du Mont - Blanc dans celles du Va¬
lais. Le premier village , qu’on rencontre, et qui s’ap-
pele Finio , frappe le voÿageur par la singularité de sa
situation. Il est bâti sur une plate - forme si élevée,
qu’il paraît comme suspendu en l’air avec ses champs
et ses prairies. Après une heure et demie de marche on
arrive sur la Tête-Noire. C’est un passage extrêmément
étroit, entre deux montagnes d’une couleur sombre qui
s’élèvent jusqu'aux nues , et qui ne s’ouvrent que pour
donner passage au torrent noir, que l’on entend mugir
dans une profondeur effrayante. On gravit la montagne
par un sentier extrêmément roide, tracé sur le bord
d’un précipice et semé d’innombrables débris de rochers,
dont la couleur, et la forme varient extrêmément. Delà
Tête - Noire , on descend au village de Trian. A Triant
la famille de l’aubergiste Crèton , est des plus intéres^-
santés.
La seconde route, qui passe sur le Cpl de Balme est
très - fatiguante et est devenue célèbre par la mort fu¬
neste de M Escher de Zurich , qu’un faux pas précipita
du haut du col sur le Valais , et qui a été enterré h
Betx. Mais cette route est cependant à préférer à l’autre.
Dans mon premier voyage de Suisse, Mr. IVyttenbach
LA SUISSE. CHAMOUNŸ. 83
Berne me conseilla dé la prendre , et je lai en ai la
plus grande obligation. Du sommet du Col de Balme
qui est élevé de ign toises au dessus de la méditerranéen
on a une vue que bien des voyageurs mettent au - dessus
de toutes celles de la Suisse. D’un côté l’on découvre
le Valais , le Rhône , le grand et le petit St. Bernard ,
les passages du Mont - Cénis et du Simplort , et dans
l’éloignement , le S . Gothard , les Alpes de Berne , et
celles d’ Unterwalden. De l’autre côté on a devant soi,
comme sur la Flêchiere , le Mont Blanc avec ses ai*
guxlles majestueuses , et les glaciers dont il est envi¬
ronné. En prenant la route du Col de Balme , on peut
voir les sources de l'Arve qui. n’est là qu’un faible ruis¬
seau. La descente est très - rapide^ glissante et sauvage,
et c’est là qu’il faut user de précaution.
Cette route aboutit comme l’autre au village de
Trian. De Trian à Martigni on compte 2 lieues et i/2«
De» hauteurs de Trian on voit d’un coup -d'oeil toute
la vallée de Sion, arrosée par le Rhône parsemé d’îles fer¬
tiles. Les forêts, les prairies, les pâturages viennent se
dessiner en miniature à l’oeil du voyageur. Une mon¬
tagne d’un bleu foncé termine brusquement le tableau,
et à peine distingue -t- on le château et les maisons blan¬
ches de Sion qui est situé vis-à-vis. De C'hamouny à
Martigni on compte 8 lieues et ty2. peut louer des
mulets à Martigni pour le prix de 25 batz par jour. Au
reste, c’est l’à qu’on retrouve les grànd< s routes. Au¬
berges; à. la grande maison et au.cigne. 11, y croît du vin
rouge et du blanc; le plus estimé est celui d’un vigno¬
ble , qui porte le nom de la Marque t il. a le goût de py¬
rite à souffre et est extrêmement violent et capiteux;
les gens du pays en font plus de cas que les étrangers,
qui n’en bo vent que par curiosité. (Elévation de Mar-
ligni au-dessus de la mer, 249 toises; et sur le lac de Ge¬
nève, 6i). L’objet le plus curieux , est le château de la
Bastie y et sa superbe tour ronde , très - bien conservée.
On trouve à Martigni , au Prieuré , chez le savant et di¬
gne Mr. M urrithy une collection intéressante d’antiquités
et d’autres curiosités , entre autres des médailles puni¬
ques trouvées sur le Bernard y dont on prer^d ici la rou¬
te, intéressante à tant d’égards. (V. au Guide des Voya¬
geurs en Italie , la déscription de cette route du St. Ber¬
nard).
84 la suisse; chamouny.
De ■ lilartigriS l’on vieAt à 3e r TS l'hôtel de l’Cniom;
excellente' auberge] pa t°St.- Maurice en 3 heures et i/Vde
tenu, et'l’O'Tï voit en passant, la superbe cascade de Pis^
Xev-tiche. ' On s'arrête au pont du Rhône ; pour admirer là
hardiesse de cette superbe voûte antique, sous laquelle
coule tout un fleuve; et puis h St. Maurice , pour visiter
ses inscriptions Romaines, son abbaye , l une des plus an¬
ciennes , puisqu’elle date-'* de l’an 360, et son hcrmitage
taillé et comme suspendu sur les flancs d’une roche nue
’et esèarpée, d’où la vue plonge dans cette vallée que les
légions des Césars ont foulée jusqu’à nos jours. A Bexs
l’od Visite les salines des Bcvicux et les ouvrages soû-
terrains qui les rendent remarquables. On s’adresse au
botaniste’ célèbre M. Sthieidhér pour admirer ses collec¬
tions déplantés. Il vient aussi d'annoncer un cours de
botanique clans les Alpes. De là on se rend à Genève par
Vevay , ■ Lausanne j" Morges etc. On peut aussi faire le
trajet dé V-evay & Genève par eau.
Si l’on préfère de revenir par l’autre bord, et par un
pins court chemin, on prend la ci devant route de poste
du Simplon par S. Gingoulph, [à la poste, bonite auber.
ge],'par Meillerie, dont Rousseau a consacré les rochers
élargis à présent par le ciseau et la poudre, et par sim-
phion et Evian dont les bains attirent nombre d’étran¬
gers.' HacTtert a gravé plusieurs vues de cette contrée.
D 'Evian, on se rend h. Genève en 5 heures de teins, et
l’on peut voir, en passant, Ripaille Toute cette contrée
est fort pittoresque; on surplombe les rives du lac, et
l’on a soiis les yeux, le riant jymphithéâtre du pays de
Vaud.
' ICousr avoués grand nombre à' Itinéraires de Chamouny\
on estime surtout celui de Pictet. 3e recommande coin-
frfe’ îfe plus. récent : Voyage h Genève et. dans la vallée de
C ll,a m 6 vt nyc par Mr . Leschevih. A Paris et à Genève, 1312.
Mais l’ouvrage instructif de M. Gottschalk , est â préférer
-H tous les autres, pareequ’il ne laisse rien a désirer: Vas
•ÇTiamoüny-Thal , ein Bcgltiter auf der Reise. Halle, i$ii.
afvec unie' carte sûre et unique, de cette course. V. aussi:
rVoyagé ifitîôresque aux glaciers de "Cl ta mou ny , avec 7
gravures pat Vory et Htgi. Pa'ris , 3S15. Fol.
'z, 'On siiit -depuis quelque tems une riduvélle route de
Genève il Charnouny , moins connue. Les voyageurs qui
ch'oisisserit cètte démière foute, peuvent traverse le lac
pour aller coucher à Th on 0 n ou à Evian , et le ler.deinàin
LA SUISSE. CHAMOUNY. 85
matin aller à Samoens , de- là à la ci-devant abbaye de
Sixte , située presque au pied du Euet , et ceinte de
toute part: ils pourront y coucher s’ils veulent monter
tout de suite sur le Bu et \ ils peuvent aussi aller coucher
le même jour au prieuré de Chamouny. Depuis Sixte
jusqu’à Servez , le chemin passe près d’une des plus
belles chûtes d’eau, que ces montagnes peuvent offrir,
et sur les débris d’une montagne qui s’est éboûlée au
milieu du siècle passé. De Thonon au Prieuré , on
compte, au plus , 15 lieues, et les chemins sont géné¬
ralement beaux. Je conseillerais aux voyageurs qui sont
pressés de revenir à Genève, d’aller à Chamouny par la
route de Salenche , et- de retourner par celle de Sixte
et de Thonon.
Noms des principaux guides du canton de Cha *
mouny en 18II.
Noms.
* Pierre Balma) _ _
* Jaque? Balma J dlt ^ Varna.
Pierre Joseph et François Balma,
fils du célèbre Pierre Balma.
* J. Michel Cachat dit le Géant.
J. Pierre Cachat dit F Aiguille.
Marie Carrier
"Victor Charlet
Jaques Ciaret
* J. Marie Coutet
J. Jaques
Jaques Cupelin
* Marie Dé ville
François Pacard
J. Nicolas . . ï ou les neveux
Michel . J Pacard
Josephc Tissai.
* Tes frères Payot , bons guides.
Michel Terraz)
* Victor . . | fils de l’aubergiste
PierreT I
Demeures-
aux Bairaz.
au chef - lieu.
idem
au Plans,
aux Pvaz.
au chef- lieu.
idem,
à Valorsine.
aux Favrans.
à la Frasse.
à Moncuard.
auMont, prèsServoz.
au chef- lieu,
idem,
idem.
au chef - lieu .
G. des Yoy. Tom. IL
H
86 LA SUISSE. CHAMOUNY.
Les * asteriques , marquent les noms des Guides, qui
m ont été lé plus recommandés par des voyageurs ou
que j’ai reconnu tels en 1811. Marin Coutet , a été le
guide du Minéralogiste Espagnol Don Gimbernat , qui
a fort vante ses connaissances en histoire naturelle.
Michel Ç achat f le Géant , de même que les frères
Terraz , et Payot , procurent des mulets au prix de 5
livres par jour, au lieu de 6. Ils se contentent aussi
de 5 livres pour leurs personnes , comme guide.
7.
4
Itinéraire.
Avis du rédacteur. Il est impossible de donner un
plan de voyage, qui convienne à chacun. Les voyageurs
partent en différens tems, et de différens lieux: ils ne
voyagent pas tous de la même manière; ils ne peuvent
pas tous y consacrer le même tems , ni supporter la
même fatigue, ni faire la même dépense; les goûts
varient aussi extrêmement. Je donnerai donc un plan
de voyage, avec deux autres itinéraires, qui, à mou
avis, avec quelques légers changemens, conviendront
à la plus grande partie des voyageurs. D’ailleurs la
carte de la Suisse indique les trois routes de M. Coxe.
I. Plan d'un voyage du Rédacteur pour voir la
Suisse en détail ; avec des observations sur les
choses remarquables à voir.
S ch affh ou sc.
Auberges. A la couronne , très - bonne auberge ; au
bâteau. Le pont de bois de Grubenmann, cettq mer¬
veille d'architecture moderne, n’existe plus; il fut brûlé
et détruit dans la guerre de la révolution. On a publié.
LA SUISSE. ITINERAIRE. 87
clans le teins, qu’oti voulait le reconstruire en pierre,
avec les blçcs énormes, de la ci - devant forteresse de
Hohcntwiel , que les Français ont fait sauter, mais ce
projet n’a été qu’un bruit sans fondement. Il existe
cependant un nouveau pont solide. Il faut voir les
deux bibliothèques publiques, et le cabinet de M. Am -
mann , où l’on remarque, entre autres choses, une très-
belle suite d’empreintes de poissons, et de plantes et
d’insectes d ' Oeniugen. Les vues intéressantes sont , sur
l’antique boulevard , qui est encore un ouvrage des Ro¬
mains , appelée Munnoth , sur la place du jeu d’arque¬
buses , et sur la colline d 'Enge. Le charmant parc ap¬
pelé Fesscnstaub , est la propriété d’une société parti¬
culière, mais qui en a ouvert une partie au public.
On trouve sur la montagne de Randen , une quantité
de pétrifications. A une petite lieue de Schaffhouse,
sur le chemin de Zurich, est la célèbre chute du Rhin.
Près de là, l’habitation de Mr . Rlduler , peintre en pay¬
sages, et qui y a établi un attelier des arts, où l’on
grave, peint et colore, des dues et des paj'sages Suis¬
ses. Il faut considérer cette chûte , le matin , le soir,
et au clair de la lune. On apperçoit de loin le Rhin
qui blanchît, puis une brume qui s’élève, c’e3t cette
étonnante cascade. La cataracte a plusieurs points de
vue, tous très- intéressons. Ou haut du château, qui
s’ébranle par la force de la chûte, et où l’on conserve
aussi V Album, pour inscrire son nom, cette cataracte
impôse le moins; mais j’ai toujours préféré de la voir
en bas d’une espèce de galerie en charpente, où l’on
peut toucher l’eau avec la main. Lorsque l’on veut
jouir de l’ensemble de la cataracte, on traverse vis - à-
vis, en bâteau, le Rhin, encore ému de sa chûte;
on aborde à une pêcherie à l’extrémité de laquelle on
vient se placer en face de la cataracte. Alors se dé¬
veloppe aux yeux du spectateur, un plan en amphi¬
théâtre, de plus de 200 pieds de long, sur environ 60
de haut, d’où le Rhin se précipite par quatre bouches
énormes, qui, séparées par des intervalles, paraissent
cependant à cette distance se réunir et ne former qu’une
seule et même nappe. C’est une masse d’eau de !20,c 00
pieds cubes, qui se précipite en fumée, sans inter¬
ruption. Le plan entier de la cataracte est parsemé
ùe rochers qui, suivant leur position, multiplient,
accélèrent ou retardent la chûte des eaux du fleuve.
in
88 LA SUISSE. ITINÉRAIRE.
En voyant deux de ces rochers élever majestueusement
leurs têtes au-dessus de l'abîme, On dirait qu'ils ont
été placés là pour s’oppôser à la violence des eaux: mais
leur résistance ne fait qu’en augmenter la furie. Les
eaux, après s’être creusé avec le tems un passage entre
ces rochers, se y ont encore fait jour à travers de l’nu
d’eux. Elles s’échappent en to rens par cette double
ouverture. La cime de ces rochers est couverte d’ar¬
bustes, dont la verdure contraste admirablement avec
la blancheur des eaux. Une main hardie y avait placé
en 1805 une petite croix, qui servait de but aux tireurs.
Pour voir l’arc en ciel, formé par la poussière d’eau,
il faut y être avant 9 heures du matin. Les calculs
varient beaucoup sur la hauteur de cette cataracte ; elle
ne paraît pas excéder 80 pieds dans les plus grandes fon¬
tes de neige, mais le Rhin tombait jadis d’une hauteur
plus considérable, et son lit s'est baissé et creusé suc¬
cessivement. La veuve du peintre Hefs à Zurich, pos¬
sède un tableau de feu son mari, que l’on peut mettre
à la tête des meilleures copies de ce spectacle imposant.
Mais l’estampe la plus fidèle et qui doit être mise au
premier rang, est celle, que Mr. Kcller a exécutée en
ïgo?. V. Karte des Bheinlaufs von Schaffhausen Ms JVe~
sel. Heidelberg. 1813*
De Schajfhouse on peut aller à Zurich , ou par
Eglisau , ou par JV inter thour. Ce chemin n’est que
d’une journée, et l'on dînera ou à JV inter thour , ou
à Eglisau .
Eglisau. 4 h ,
Auberge: le cerf, bonne. Petite ville. On dit, qu’on
'y sent quelquefois des tremblemens de terre. D’ Eglisau
k Zurich il y a 5 heures de chemin. On passe par le
village de Kloten , où l’on a découvert plusieurs anti¬
quités Romaines : il paraît que la onzième légion y
avait son camp. A Oeriiken , une Jlieue et demie de
Zurichy l’on trouve un bain sulfureux.
JVinterthour , 5V2
Auberges : au sauvage; très-bonne. Cette ville a une
belle et nombreuse bibliothèque, avec un cabinet curieux
LA SUISSE. ITINÉRAIRE. 89
de médailles. Un voit dans la bibliothèque plusieurs
antiquités Romaines, et à une lieue de Winterthour on
trouve des restes de l'ancien Vîtodorum , et une chaus¬
sée Romaine, qui conduit a Frauenfeld , (excellente au¬
berge à la couronne). Il y a à Winterthour de bons et
beaux vignobles, beaucoup de commerce et d’industrie.
On remarque surtout la grande fabrique de vitriol et
de couleurs de MM. Z iegler, et des collections d’histoirte
naturelle, et d’ouvrages artistiques. De Winterthour à
Zurich , 4 h.
( Zurich V. tableau des villes.) C'est à Lucerne que,
suivant mon plan, le voyageur commencera sa première
excursion dans les Alpes. En traçant sa tournée dans
les hautes montagnes de la Suisse, j’ai cru la devoir di¬
viser en trois courses différentes, à parti-r de Lucerne ,
de Berne et de Genève. De voyageur aura alors le tems
de se reposer, de renouveller ses hardes et son linge,
et de pouvoir choisir le tems le plus propice ; il ne ris¬
quera pas non plus d’être blâsé de vues es de sites ro*
manesques en continuant sa course tout d'une haleine.
Je suppôse donc, qu’après les excursions faites dans les
environs dë Zurich y le voyageur partira en voiture àu
par Knonau à.
Lucerne. 10 h.
(Lucerne V. tableau des villes.) ou par Zug , route
plus intéressante, de n heures. De Zurich à.
Zug. 51/2 h.
On passe sur VAlhis. A 1/4 de lieue de l’auberge, on
jouit près du signal , dej’aspect des lacs de Zurich et de
Zug y d’une partie du canton de Lucerne et de la chaîne
des glaciers. Vers le nord, l’oeil pénètre dans l’Alle¬
magne. On trouve le dessin et l’explication de cette vue
dans l’ouvrage d ' Ebel. On peut descendre de V Albis
dans le bois de Sihi't retraite charmante et favorite de
feu Salomon Gefsner , chantre et peintre de paysages.
Le champ de bataille de Cappcl , sur le chemin , est fa¬
meux dans les annàlés de la Suisse par la défaite des
Zurjcois, et par la mort du réformateur Zwingli. Le
naturaliste y rencontre des eaux minérales estimées,
des pierres figurées , des coquillages pétrifiées, des ruis¬
seaux qui incrustent de tuf les mousses de leur bcrd.
L'antiquaire peut' lire dans les dissertations de Breitin -
90
LA SUISSE, ITINERAIRE
ger et de Sulzer la description d’antiquités, qu’on a
trouvées près du village de Lunnern dans ce même bail¬
liage de Knonau , où est situé Cappel , et où l’on fait
un poiré d’un goût agréable, et qui tient lieu de vin
dans le ménage des paysans.
On peut se rendre aussi à Zug, par le lac de Zurich ,
3Ï/4 h. Pont de Sihl i7/8. ('Champ de bataille entre une
colonne de Suisses des petits cantons et les légions de
Scliauenbourg en 1798 ) Baary$, ^US 3U
63/4 heures Z ug.
Auberge : le cerf; bonne. Z ug est une jolie ville
dans un site délicieux; le lac est très-poissonneux; on
éstime beaucoup la délicatesse des petites truites, nom¬
mées Roeteli dans le pays; qu’on envoie marinées en ba¬
rils dans le reste de la Suisse, et même fort loin en Alle¬
magne. On y pêche, ou plutôt on y harponne souvent
des çarpes de 50 à 60 livres, et c’est à ces poissons énor¬
mes qu’on attribue, en partie, l’écroûlement d’une rue
entière de Zug, qui s’abîma dans le lac en 1435. Ce qu’il
y a de plus remarquable en fait de bâtimens , c’est l’é¬
glise de S. Osvyald. La station la plus avantageuse sur
le lac est à une lieue et V2 de *a ville, dans la proxi¬
mité du promontoire saillant appelé Kiemen. M. de Z«r*
lauben n’est plus en vie, et sa bibliothèque célèbre, a
été transportée à Aarau.
On traverse quelquefois le lac de Zug, pour se ren¬
dre à Art , et de la, au Rigi. Mais les personnes, qui
suivraient la tournée, que nous venons de détailler,
n’auraient qu’à faire une petite excursion de Zug à
m Morgarten. 3 petites heures,
pour aller visiter le champ de bataille de l’an 1315, l’un
des plus célèbres de la Suisse, situé entre la montagne
de Morgarten et le petit lac d 'Egeri, où 1,300 Suisses de
trois cantons, mirent en fuite 20,000 ennemis. Guillaume
Tell , et IValtcr Fürst , les deux fondateurs de la liberté
Suisse, y combattirent. Les souvenirs des teins passés
renaîtront dans votre aine. Ce fut Rodolph'e R eding qui
y commanda les Suisses; et ce fut un de ses petit-fils,
digne de son nom, Alois Reding qui, le 2 Mai 1798» 7
combattit victorieusement, avec ses braves compatriotes
des petits cantons. Les femmes même y prirent part*
ayant endossé des chemises de bergers, et ceint leur tête
LA SUISSE. ITINÉRAIRE,
9i
de bandelettes blancheâ. (Disons un mot sur ce véri¬
table et franc Républicain, devenu célèbre dans la ré¬
volution de 1798. Il est d’une famille di3tingnée dan»
le canton Schiuitz , et qui ,. depuis plusieurs siècles a
fourni d’excellens militaires. Il servit comme colonel
en Espagne. Il vivait dans la retraite lorsque ses compa¬
triotes le nommèrent unanimement leur général. Il se
mit à leur tête, ils étaient au nombre d’environ 3500,
et c’est avec cette poignée d’hommes, braves, mais mal¬
armés, et presque sans connaissance de la guerre, qu’il
marcha hardiment h la rencontre de 12,000 guerriers.)
De Z ug à Lucerne par les deux lacs de ces noms
5Ï/2 heures.
De chemin par les deux lacs est plus intéressant que ce¬
lui par terre; car on débarque à Kussnacht , gros bourg
du canton de Schwitz, célèbre par la mort de Gessler ,
qui y fut tué par Guillaume Tell; une chapelle est éri¬
gée sur le lieu de la scène. Dans la hohle Gasse , et su»
le lieu même , où fut tué Gessler, un carabinier Suisse
abattit un officier supérieur des Français dans la guerre
de 1-798- Dans la traversée de Kussnacht à Lucerne , qui
n’est que de 3 heures, on voit le rocher, où était élevé
le monument que Raynal fît ériger, et qui a été détruit
en 1797 par un coup de foudre; les tables avec les 4 in¬
scriptions, sont gardées à Lucerne etc. à la maison
Pfyffer. V. à l’ article de Lucerne , ce qui concerne le
Rigi, et la chûte du Ruffiberg , entre Z ug et Lucerne.
A Lucernevons laisserez votre voiture et votre gros ba¬
gage, que vous y retrouverez à votre retour, et vous vous
préparerez pour votre première course dans les Alpes.
V. pour votre navigation sur le lac des 4 cantons et
pour tout ce qui regarde ses environs , la belle carte qui
se trouve à l’excellent Guide de Mr. Xavier Meyer:
Lucern und seine Umgebungen. Lucern. 3810. 8*
Stanzstadt. 3 heures par le lac.
Il faut convenir auparavant avec les bateliers , de
vous débarquer h Tahzberg. Sur la place, appelée le
Tjinnen , votre oeil embrassera le lac et un paysage ro¬
manesque. Il faut vous munir de provisions de bouche
et de vin pour déjeûner sur les lieux. Dans la bouche¬
rie affreuse du bas- Unterwalden , Stanzstadt a été com-
plettement réduit en cendres; mais il y a déjà la plus
92
LA SUISSE. ITINERAIRE.
grande partie de maisons rebâties depuis cet événement.
De Stanzstadt on se rend à pied à
la nouvelle -payièterie au Rotzloch. i/a heure.
La chûte du Muhlbach derrière la papéterie, est un
spectacle vraiment imposant; il faut se placer sous le
rocher voûté. Cette papéterie qui fut réduite en cen¬
dres , lors du sac d ' Unterwalden y en est ressortie plus
splendide. De la chûte à
Stanz , ï/2 heure.
On passe près des ruines du château de Rotzberg, exprès
des ruines de la chapelle de l'immortel Arnold de Win-
kelried , détruite dans la guerre d’ Unterwalden. C’est
ici qu’on voyait les suites de la guerre dans toutes leurs
horreurs. L’ancienne statue d 'Arnold de iVinkclried
échappa à la déstruction , mais on lui ôta l'épée! (V. les
estampes de M. Meyer , et la désci-iption qui les accom*
pagne sous le titre: Ruines d' Unterwalden.) On montre
à Stanz , au cimetière, la fosse qui renferme les corps
de plus de quatre-vingt vieillards, femmes et enfans,
immolés au moment où ils se rendaient à l’église, pour
invoquer le dieu de la miséricorde. On montre aussi à
l’autelr le trou de la balle, qui tua le prêtre qui officiait.
Le ci-devant directoire helvétique avait établi en 1799
une maison pour les orphelins nombreux des petits can¬
tons; cette maison qui ne subsista qu’une année, est re¬
marquable pareeque Pestalozzi y commença en y faisant
les premiers essais de sa nouvelle méthode pédagogique.
De Stanz à pied,- ou à cheval à
l'Abbaye d? Engcïbcrg. 4 heures.
Il faut partir de Stanz , de bon matin, pour 'n’être
pas fatigué par la chaleur du midi quand on gravit le
haut de la montagne. Au reste, ces chemins sont pra¬
ticables, autant qu’ils peuvent l’être dans des montagnes;
des chariots même y passent. Le terrain est bien boisé,
«t l’on marche à l’ombre de belles forêts, où il y a
beaucoup d herbes. A Gravenort on trouve une bonne
auberge , où l’on peut se rafraîchir. L’abbaye d ' Engel-
lerg est située au milieu d’une vallée; d’énormes gla¬
ciers descendent du Tittlisberg , l’une des montagnes les
plus élevées de la Suisse et longtems réputée inacces¬
sible. On y distingué à l’aîde d’une lunette , et d’un air
pur, la tour de la cathédrale de Strasbourg. L’abbaye
LA SUISSE. ITINÉRAIRE.
93
possède une belle bibliothèque , l’unique du canton , et
riche en incunables. (Elévation du Tittlis au-dessus du
lac des 4 cantons, suiv M. Müller , 8725 p. de Parish Ort
remarq e dans l’église deux beaux tableaux par IVursch ,
brûlé vif, dans le sac d’Z7 nterwalrten , à l‘âge de 80 ans.
Les fromages d 'Engelberg , sont très-estimés. A 3/4 heu¬
res de l’abbaye, on voit une cascade pittoresque, le
Tatscnbach‘ Quoique ces chûtes soient multipliées en
Suisse, chacune d’elles offre des accidens particuliers,
surtout le Tatschbach , par la position de ses rochers,
et 19 chûte de ses eaux. Elles présentent, à certaines
heures du jour un très - bel arc - en - ciel. Le voyage
d 'Engelberg , en passant le Joch, pour se rendre dans la
vallée de / iassli , offre des objets très-intéressans. (Elév.
du passage d’ Engelberg à Hassli , au-dessus du lac des 4
cantons 5560 p- de P. suivant M. Millier). On peut pas.
ser la nuit dans un des châlets de l’Alpe d’ Engstlen.
C’est sur cette Alpe qu’est la fontaine de ce nom, dont
les écoulemens sont périodiques.
Alt or f, 9 heures.
Ce chemin est très- intéressant , et y conduit dans un
jour, k travers la vallée de IValdnacht et les Alpes de
Surenen. (Elév. du pas de Surcnen à Altorf , au-dessus
du lac des 4 cantons suiv. M. Muller , 58x5 p. de P.)
Mais ce chemin est aussi un peu fatiguant, et un voyageur
T peut, pour ainsi dire, faire preuve, s’il a la tête
et le corps faits pour ces courses. Il faut se pourvoir de
provisions de bouche. On longe d’abord Y Aa , et en
montant sur la cime de la montagne, on s^arrète près
d’une croix, où l’on jouit d’une vue magnifique. Le
Tittlis se présente dans sa majesté et l’oeil plane sur
Engelberg , et sur le lac de Lucerne', on apperçoit toute
la chaîne du Gothard. Le Nirenbach forme une magni¬
fique cascade. On descend dans le val de IValdnacht ,
où I on trouve des pâturages et les châlets des bergers,
et on vient de -là à Altorf.
Un autre chemin , moins rude mais de 12 heures , re-
«onduit à Stanz , de Stanz à Buochs , où l’on s’embar¬
que sur le lac de Lucerne pour Fluelen : de Fluelen k
Altorf il y a une heure. Pendant la traversée du lac,
on débarquera à Gersau , jadis la plus petite République
•€ 1 Europe , à présent réuni à Schwitz i puis k Rutli
94
LA SUISSE. ITINÉRAIRE,
et à la chapelle de Tell. Le Rutli est un humble châlet
près d’une source jaillissante dans un pré, où les libé¬
rateurs de la Suisse jurèrent la première confédération;
la chapelle de Tell on Tells - Flatte est sur la gauche du.
lac, et bâtie sur le lieu, où il eut l’adresse de s’élancer
hors du bâteau, pendant un orage violent et d’échapper
à ses ennemis. Ce monument est du petit nombre de
ceux, qui n’ont pas été dégradés par la licence du sol¬
dat, La chapelle est couverte de peintures grossières.
Par un des plus singuliers hazards ces peintures, (celle
surtout de la chapelle de Tell à Burgle) représentent
Tell avec les couleurs nationales Suisses; vle vert, le
rouge et le jaune , au lieu que Gessler et ses suppôts,
portent le rouge, le bleu et le blanc, ce qui ne manqua
pas d’influer fortement dans le tems de l’invasion, sur
l’esprit des habitans de ce canton. Les personnes qui
ont choisi l’autre route, doivent nécessairement faire
ces deux petits pèlerinages, à Rutli et h la chapelle ,
dès qu’elles seront arrivées à Altorf.
Altorf a été consumée par un terrible incendie,
dans le courant de l’année 1799, qui arriva par un tems
affreux de vent et d’orage. La cathédrale avec presque
la totalité des maisons vient d’être reconstruite, de
même que l’auberge de la ville, au lion noir, où
l'on est bien reçu* Une autre bonne auberge, c’est la
maison rouge , à quelque distance d’ Altorf , dans un ver¬
ger. Suivant une tradition, Tell se noya dans le Schli -
chenback , torrent impétueux, qui menace souvent de ses
inondations le pays adjacent. On montre au loin de ses
bords la place où Gessler bâtit [son donjon, et où la
maison de Tell était située.
Route -pittoresque , du Hassli à Wasen.
Depuis 1810 il existe un chemin nouveau, tracé à
force de bras, pour arriver de Meiringen à la grand*
route du St. Gothard ei à Altorf. Ce chemin traverse
les vallées, ci-devant peu connues, de (Jardinen , de
Susten et de IVlayen ; il sort près de IVasen , et est pra¬
ticable même pour des chars - à - banc. On y admire un
paysage sauvage et romanesque. Nous consèillons aux
amateurs d’une belle nature , de choisir cette route de
préférence. On en trouve la description détaillée, dans
le joli Almanac Bernois, Alpenrosen , Année 1814-
Passage du Mont St. Gothard. 10V2 h-
J’ai donné le détail de ce passage, à l’Itinéraire d’ifn-
lie. Si le voyageur veut bien suivre la route, que je
* LA SUISSE. ITINÉRAIRE. 95
lui trace, il n’est pas nécessaire qu’il monte au sommet,
parcequ’il y passera à son retour d'Airolo. Mais s’il re¬
tourne à ALtorf , ou s’il prend la route de la Fourche ,
alors il ne doit pas manquer, de faire cette petite course.
En réglant sa route suivant mon plan, il se rendra
d’ Ursern ou *) dAn-derMatt dans un pays, que les
voyageurs en Suisse ne visitent guères , et qui cepen¬
dant mérite, à tant de titres, l’attention des étrangers,
o’est à dire , dans le pays des Grisons , à
Disentïs g*/2 h. et aux sources du Rhin 8 h.
On peut faire le chemin à Disentis à pied ou à che¬
val. On monte d;abord une montagne qui est déjà une
branche du Crispait , et dont le sommet est un plateau,
nommé la Oberalp , où l’on trouve des chalets, et où
l’on prépare le célèbre frorpage d 'Ursern. Le fond est
occupé en partie par un lac, renonimé pour ses truites.
On traverse le Val- Tavetsch , les villages de Ciamut,
Juff, St. Giacomo , Tavetsch, et l’on arrive à Disentis.
Plusieurs vallées sauvages , qui tirent vers le canton
d’ï/ri, et qui, dans la guerre de la révolution furent en¬
sanglantées par des combats opiniâtres, s’ouvrent dans
cette vallée. Disentis fut réduit en cendres par les
Français eni^qq, pour venger leurs frère/ d’armes , as¬
sassinés par les femmes de Disentis , lorsque tous les
hommes en état de porter les armes, s'étaient mis en
marche avec la levée en masse, de Ciamut , de Trons
etc. contre les retranchemens des Français à Reichenait
et Coire .. La collection riche des minéraux du Père
PLacidus k Specha , et deux manuscrits précieux que
l'on gardait k la bibliothèque du couvent des Bénédic¬
tins , furent la proie des flammes. Tavetsch est le vil¬
lage le plus élevé des Grisons. En 1740, une avalanche,
venant du Crispait , ensévelit ce village, et 60 hommes
y périrent. On pourrait se rendre de Tavetsch tout de
suite aux sources du Rhin sans pousser jusqu a. Disentis^
ou d' Ursern par le vallon de Nourchelas à Chiamut.
Ce sont des chemins impraticables aux chevaux, à cause
des précipices et des escarpemens, qu’il faut escalader,
et qui sont surmontés d’autres qui portent leurs cimes
*) A Ursern , chez M. Erménégild Muller , on trouve
des collections de minéraux, au prix de deux, de
quatre et de dix louis -neufs.
96 LA SUISSE. ITINÉRAIRE.
au -dessus des nues. Là, environné de glaces aussi an I
«Tiennes que le monde, le Rhin dérobe sa source a us
regards des mortels. Celle dont nous parlons, est la I
plus considérable des trois dont il descend; elle fournit
le Rhin anterieur , lavant- Rhin, ou bas-Rhin. 11 est
nécessaire de prencre des précautions; avant que de
s'embarquer dans ces glaces et ces neiges à des hauteurs
dont on ne se doute pas, et il faut des guides, (les
meilleurs sont les chasseurs ou crjstalleurs > qui cou- I
naissent bien ces déserts. Si on ne 'leur donne soi-
même l'exemple, ils vont le moins loin qu'ils peuvent,
ponr gagner avec moins de peine leur récompense, et
trouvent de pareilles curiosités fort déplacées. Mais le
voyageur est bien récompeusé de ses fatigues, par le
spectacle des beautés sublimes et gigantesques de cette
nature sauvage. On retourne à Disentis. De Disentis à ]
Coire. n h. (une journée et demie. Il faut coucher
à Trons. )
On passe à Trons (3 h.); les cascades qui tombent
des rochers, précipitent aussi une grande et belle va¬
riété de granits, et de pierres vertes de différentes nuan¬
ces : on trouve au bas de ces cascades toutes les espèces
rassemblées comme dans un c&binêt; on Ai a le choix.
Trons est la plus belle vue de toute la Ligue Grise. A
l’entrée du village se présente le chêne antique et re¬
spectable, à l’ombre duquel, Pierre de P utlingen , abbé
de D isentis , Jean Brun , seigneur de Roetsuns , et le
comte Jean de Sax , jurèrent en 1424 la première con¬
fédération qui procura la liberté de toute la Ligue Grise «
et bientôt après entraîna par son exemple celle des deux
autres. Près du chêne de la liberté, arbre miné par l’é-
< oulement de tant de siècles, on voit une petite église
et un tableau , en mémoire de cet événement. Non loin
de cette chapelle, au milieu tl'une petite vallée, au
bord d’une source abondante et fraîche, sur le plus vert
gazon, s’élève un rocher isolé, dans les fentes duquel
sont enfoncés de longs clous: c’est là qu’autrefois les dé¬
putés des communes, avant de se rendre a l'assemblée
annuelle de Trons, suspendaient leur saes de provision,
mangeaient, couchés sur l’herbe, leur pain et leur fro¬
mage, et s'abreuvaient de l'eau jaillissante à leur côté.
Dans la graude salie de la maison d'assemblée , sont
peint*
LA SUISSE. ITINERAIRE. 97
peints sur le mur, plusi-eurs événemens relatifs à la ré¬
volution de 1424. On passe le Rhin sur un pont de bois
fort pittoresque et fort singulier. Tant qu’on est dans le
pays bas, on rencontre beaucoup de goitreux et de cré¬
tins. llantz est une très -petite ville, très -triste, très-
délâbrée , très pauvre. On côtoyé un grand -ravin , ou
plûtôt une montagne excavée, près du village de JVal -
lendas. Le Rhin passe au pied de ce ravin; beaucoup
de grands et anciens sapins y sont précipités , d'autres
se sont arrêtés à mi-chemin, avec des parties du ter*
rain qui y ont glissé, et le tout forme un tableau sau¬
vage et singulier. Près du beau village de Pleins , s®
précipite une belle cascade. Cette vallée retentit sur¬
tout du bruit des chûtes d’eau, que la nature s’est plû
à y multiplier. On arrive enfin à Reichenau. Là, le
haut - Rhin vient se joindre au bas- Rhin. Reichenau
est dans une situation délicieuse par la jonction des
deux Rhins, les hautes et belles roches calcaires qui
sont en partie boisées, et par la fraîcheur clu paysage
qui l’environne. C’est le pays aux belles vues. Il y
avait un institut d'éducation. La guerre a détruit les
deux ponts, dont l’un de bois était un chef - d’oeuvre,
formé d’une seule arche de 240 pieds d’ouverture, et
avait eu pour architecte Jean Grubenmann , dont le
frère construisit ce fameux pont de Schaffhouse , qui a
subi le même sort: perte irréparable!
Le pays intéressant des Ligues Grises renferme sept
curiosités des plus remarquables, et qui appartiennent
en même tems , à la classe des principales de la Suisse:
ce sont 1. la vallée de Domleschger ^ et la montagne
pittoresque de Heinzenbcrg. 2. Le pont de Solis, le
plus haut de l’Europe. 3. La Via mala. 4. Le glacier du
Rhin et son vallon sauvage. 5. La bellé vallée de Mi-
socco , et les ruines du château de ce nom. 6. Le gla¬
cier de Bernina. 7. Les eaux minérales et fortes de
St. Maurice.
Coire, en Allemand Chur , est le chef-lieu des Li¬
gues Grises , dans une position agréable; quelques mai¬
sons de particuliers, principalement les maisons de la
famille de Salis , ont une certaine élégance. La ville
haute est catholique, la ville basse est protestante; l’é¬
vêque de Coire demeure dans la ville haute. La cha¬
pelle de S. Lucius est célèbre par un pèlerinage, et la
G. des Voy. T. n. p
98 LA SUISSE. ITINÉRAIRE.
vue peut dédommager de la fatigue d’une montée ra¬
pide qui y conduit. Il se trouve à Coire un collège et
une société économique. Les collines voisines fournis¬
sent un vin rouge, mais qui n’est pas bien fort. On
lait un grand commerce de fruits secs d’une excellente
qualité, de limaçons, et de choucrout ou Sauerkraut.
Les voitures roulent de Coire jusqu’à Reichenau. (De
Coire à Splugen ; V. à l’article d’ Italie , les détails du
passage du mont Splugen .) Le voyageur qui veut
parcourir le pays si intéressant des Ligues Grisest
doit regarder Coire comme le centre, d’où partent
les rayons de routes, qui traversent les Ligues. Sur
les grandes routes on trouve partout des bonne»
auber'jges et à des prix raisonnables, mais quand on
s’enfonce dans les vallées et dans l’intérieur du canton,
éloigné des grands chemins, alors on ne peut pas se
fier aux auberges. Entre - 1 - on dans un village du culte
catholique, il faut demander l’hospitalité au curé? qui
ne la refusera jamais: en partant on donne une gratifi¬
cation à la cuisinière. Mais si le village professe le
culte protestant, on peut bien s’adresser aussi au mi¬
nistre du lieu, seulement pour qu'il nous indique une
maison , où nous pourrions être nourris et logés , car
ces ministres protestans sont trop mal à leur aise, pour
pouvoir exercer eux- mêmes l’hospitalité. Dans les au¬
berges il y a toujours des personnes, qui comprennent
l’Allemand, mais sur les routes on ne rencontre que
des gens qui n’entendent que la langue Romane: Nu
ei la via detia di andar N. N.? est la phrase Romane,
pour demander quel chemin mène à tel et tel endroit?
La cime du mont Galanda, haute de 659S p- au-dessus de
la mer, peut être escaladée commodément depuis Coire.
La marche est de 6 heures. On part l’après-midi, on cou¬
che eux chalets, on voit le lever du soleil du haut de
la Galanda , et on retourne le jour suivant à Coire. On
y a la vue la plus étendue sur toute» les hautes Alpes
des Ligues Grises, et même jusqu’au lac de Constance.
On peut pousser de Coire jusqu’à Appenzell ( 171/4
heures ). On trouve à Sennwald le cadavre du seigneur
de Hohen - Saz el IVorsta , assassiné en 1596, et enterré
dans l’église de Sennwald. En renouvellant l’église , on
trouva ce cadavre entre deux autres, enterrés avant lui
dans un petit caveau. Ce cadâvre est très - entier dans
toutîs ses parties, et bien conservé; à peine les yeux
LA SUISSE ITINÉRAIRE.
99
et le ventre 90nt - ils affaissés. Il a reçu trois blessures
avec un instrument tranchant, et ce sont les seuls en*
droits où la peau environnante manque. Il avait 40 ans.
Son corps commence à brunir, parcequ'il est dans une
bière ouverte, dans le haut du clocher. Appenzell est
un gros bourg, d’où les voyageurs peuvent faire des ex¬
cursions dans les montagnes voisines; ils y verront di¬
verses curiosités naturelles comme, par exemple, le lac
d'Alpsec, d une profondeur excessive, et dont le bassin
est dans le roc vif; la grotte de JVildkirchlein etc. Ils
y suivront aussi les détails de la vie pastorale, et plu¬
sieurs traits d’industrie , particuliers à ce canton. (V.
l’ouvrage instructif du D. Ebel sur ce canton). Le vil¬
lage de Gais dans ce canton , est renommé par les cures
de petit-lait de chèvres, que nombre de personnes y
vont prendre tous les ans, dans les mois de Juin et de
Juillet. La personne qui prend cette cure, doit compter
•ur un écu de 6 francs par jour, généralement pour tout
ce dont elle peut avoir besoin. A Dottenwyll sur la
route de Constance , à ity^ lieues de St. Gallt on peut
aussi prendre ce lait de chèvres, et même avec plus d’a¬
grément. On n’a qu’a s’adresser à M. Blattmann , pro¬
priétaire de cette auberge, superbement située. D eGais
il y a un sentier qui mène à Trogen , en passant le Ga-
brisberg , on découvre de sa cime un paysage immense,
terminé par les rochers du Tirol. A Trogen les palais
de la famille Zellweger. T)' Appenzell on se rendrait
à Utznach; d* Utznach k Einsicdeln} d ' Einsiedeln à
Schwitz , de Schwitz à Lucerne.
Moi, je préférerais, d’aller de Coire , ou aux bains
de Pfejf ers , ou en droiture à Glaris. Je donnerai le
détail de ces deux routes.
De Coire hux bains de Pfejf ers- 5 h.
Les eaux de Pfcjfers ont acquis une certaine célé¬
brité, et l’on y trouve toujours une grande affluence de
monde. Elles sortent de terre dans une caverne, au
fond d’un abîme, où coule la Tamine , et sont condui¬
tes a la maison des bains au moyen tl’un aqueduc. Pour
s’y rendre, il faut passer sur des planches glissantes et
vous entendez la Tamine au -dessous de vos pieds, au
fond d’un noir abîme. Il vaut mieux ne pas prendre de
bâton, et se cramponner aux rochers et aux tuyaux; il
I 2
6
roo LA SUISSE. ITINÉRAIRE.
faut aussi faire aller son conducteur assez loin devint
soi, pour ne pas se trouver tous les deux sur la même
planche, qui souvent est vieille. La maison des bains,
à 4 étages , peut loger jusqu’à 200 personnes : derrière,
s’élèvent immédiatement les parois de rochers, qui ont
664 pieds de hauteur. La saison des bains et des eaux,
dure depuis Juin jusqu’en Août. On y est bien servi et
à des prix raisonnables. 11 faut faire la promenade dans
la vallée de V attis , où L’on trouve du marbre noif, avec
des pétrifications très - rares.
De Coire à Glaris 15V2 heures, par Panyz , Elm et lilatt
(deux journées et demie, si l’on veut tout voir.)
Cette dernière route, quoique pénible et faite à pied,
est plus intéressante, surtout pour l’amateur d’histoire
naturelle, et des’ sites singuliers et romantiques. D’a¬
bord, derrière Panyx , mauvais endroit, on gravit au
haut d’une montagne, où la vue embrasse un immense
pays; puis vient la gorge, qui se nomme J etz , où coule
un torrent, et où l’on se trouve parmi des rochers, qui
s’élèvent comme des murailles, et dont on ne voit pas
la cime. Ce passage est très -curieux pour la Litho-
gébgnosie , et suivant M. Brisson , il est rare de trouver
autant de phénomène» intéressans rassemblés. Le village
d’EZm, est remarquable par un trou, percé en rond,
dans le haut de la montagne de Falzaber. Les 3, 4 et
5 Mars, et les 14, 15 et 16 Septembre, vieux style, le so¬
leil pasie derrière ce trou, qui paraît avoir environ 3
pieds de diamètre, en le voyant du village; on voit le
disque du soleil en plein, les 4 et 5, et il éclaire alors
le clocher du village d 'Elm, On jugera, si cette mon¬
tagne est élevée, puisque le village d ’EZm, couvert par
cette montagne , est privé en hiver de la vue du soleil
pendant six semaines. Quel pays, quel habitation au
centre de l’Europe! On voit commodément ce trou de
la maison du curé, chez qui on loge. D’EZm, au vil¬
lage de Matty il y a une heure de chemin. Là, sous le
mont Blctten, est la fameuse carrière d’ardoise de table,
avec empreintes de poissons. Les beaux et grands mor¬
ceaux dans ce genre, qu’on voit dans les cabinets, vien¬
nent de cet endroit.
LA SUISSE. ITINÉRAIRE.
101
Claris était fort peuplé avant 1798; on s’y occupait
beaucoup de la filature du coton. Depuis la guerre, la
résistance des habitans et le séjour et les réquisitions
t es troupes étrangères, ont diminué la population d’un
liers, et l’industrie en a souffert. C’était du canton de
Claris , que venaient en partie ces tristes caravanes
d’enfans et d’orphelins, qui s’expatriaient pour cher-
cher du pain et un gîte. C’est dans ce canton que l’on
voit les moulins où. se prépare le Schàbziçger , ou fro¬
mage vert , dans lequel il entre différentes herbes ; fro¬
mage fort vanté pour ses bonnes qualités. C’est aussi
flans ce canton, que se recueillent les meilleures plantes,
dont on compôse le thé Suisse et les meilleures herbes
vulnéraires, dont on fait un trafic assez étendu. En¬
gouffré entre deux rangs de rocs sourcilleux, qui at¬
teignent à la région du tonnerre, on ést tout étonné
de trouver dans ce grand bourg, de hautes et belles mai¬
sons, des rues larges, longues, bien alignées. On visite
à Glaris , le cabinet d’hist. nat. de M. Steinmüller , et
l’hôtel de ville, où'l’on montre des cornes énormes de
bouquetins. Faites une excursion dans le Kloenihal,
vallée des plus intéressantes de la Suisse, renommée par
la marche hardie de Souwarow *) ; c’est là qu’on ap¬
prend à connaître la Nature, telle qu’elle se manifeste
dans les montagnes, et où l’on rassemble dans la faculté
représentative de son ame, une foule d'images et de scè¬
nes diverses. Au pied du Glaernisch , sur un gros frag¬
ment de roc que le Glaernisch , ébranlé par un trem¬
blement de terre en 1593 fît rouler dans la vallée, deux
Suisses ont fait tailler une inscription en l’honneur de
Salomàn Gcssner. Le lac de Kloenthal à une lieue de
longueur.
De Glaris on continuera sa course, par JS aefels h
JS être - Dame - des - Her mites , ou à Éinsicdeln. Les vo¬
yageurs qui auront préféré la route de Ffeffers , s’y ren-
*) L’armée Russe Sans vivres et toujours combattant,
traversa avec armes et canons , des sentiers des- Al¬
pes, jugés jusqu’ici impraticables à toute marche mi¬
litaire, et la finit à-peu-près dans le même teins,
qu’un piéton fait aux montagnes, et qui serait de
plus , bien nourri et bien reposé. L’avenir peut-être
traitera de fable cette marche, qui n’a été que trop
bien exécutée.
102 LA SUISSE. ITINÉRAIRE.
dront par le lac de TVallenstadt. Le canal du Linth ou
de Mollis , ouvrage hardi, a été ouvert en i8n.
De Glaris à Einsiedeln. 8V2 h.
Les champs de Naéfels ont éternisé l’héroïsme et
l’intrépidité des Suisses qui y firent des prodiges des va¬
leur. Onze piles existantes sur le champ de bataille
marquent les endroits, où les- Suisses se rallièrent, et
son*.: des moaumens de cette glorieuse victoire. La ba¬
taille se donna le ç. Avril 1388. Cette date est gravée sur
plusieurs pierres, et ces monumens simples disent plus
que des inscriptions ; on célèbre encore tous les ans
cette victoire, le premier jeudi d’ Avril. A Naefels môme
et puis à S chindeleggie , village près de l’Abbaye d’L’z'rt-
siedeln, la victoire demeura également en 1798 aux Suis¬
ses des petits cantons.
Nôtre- Dame des - H ermites , ou l’abbaye A.' Einsie¬
deln , la Lorctte de la Suisse. Annuellement, y abor¬
daient 8o,oco pèlerins au moins; dans la guerre de la ré¬
volution, deux pi’lages, l’interruption du pèlerinage et
des branches de commerce qui faisaient vivre le bourg,
et la fuite des religieux avaient totalement changé l’as¬
pect d’ Einsiedeln* L’image miraculeuse a été depuis re¬
portée a Einsiedeln , et les pèlerins y accourent de nou¬
veau. Einsiedeln est aussi célèbre pour avoir été la pa¬
trie du fameux Paracelse ; sa maison était située près
du -pont du diable , qui vraisemblablement, en a reçu
ce nom. Z wingli avait été curé à Einsiedeln en 1517.
La vue d ’Ezelberg à une lieue d" Einsiedeln , à l’auberge
qui y est située, est très -belle, mais elle devient beau¬
coup plus étendue, lorsqu’on monte à la cime de l'Ezeli
il 11e faut qu'une demi -heure pour l’atteindre,
Schwitz. 3 h.
Il y a un chemin plus commode pour ceux, qui vont
à chevâl, ou qui craignent de monter; mais ce chemin
est plus long, et je préférerais toujours celui des pié¬
tons. On monte une montagne, qui s'appele le Schwei-
zer-Haken\ ou y jouit d’une belle vue , toute compô-
sée de sommets de montagnes et de lacs; des bois et des
pâturages couvrent tous les terrains, qui ne sont pas
des rochers.
LA SUISSE. ITINÉRAIRE. 103
Faisons un petit détour à droite, vers le lac de Lo-
tvertz] ,, Voyageurs, s'écria M. Bridel , allez visiter le
lac et les îles de Lowertz. Peintres , allez dessiner ces
eaux, ces rochers! .... Malheureux, que l’amour ou
la fortune a maltraités, allez visiter l’hermitage et l'her*
mite de Schwanau !il — — Mais quel triste changement
a bouleversé ces belles contrées, depuis le 2. Septembre
1806! Là, où l’on avait vû , peu de minutes auparavant,
des beaux villages et des champs remplis de grains et
de pâturages, on n’apperçoit plus qu’un désert rocail¬
leux , et une masse de 200 pieds d’épaisseur, qui couvre
une surface de 3 lieues. Le lac de Lowertz est comblé
d’un tiers , et l’île de Schwanau \ disparu à moitié.
Plusieurs centaines de maisons, de châlets, et plus de
500 âmes avec 400 pièces de bétail, ont été les victimes
de cette terrible catastrophe. Il n’y a eu que 220 indivi¬
dus de sauvés. On évalue la somme totale du dégât, à
1,173,479 Florins Suisses. Des maisons, des tours, de*
moulins, ont été déplacés par les rochers à une grande
distance. Plusieurs voyageurs, et trois dames, y ont
péri. L’écroûlement d’une partie du mont Rufi a causé
ce grand malheur. (V. les détails officiels dans le livre
de M. le docteur Z ay : Goldau und seine Gcgend , ivas
sie warund waV sie geworden. Zurich, 1807. 8* Ajou¬
tons y la. déscription et les gravures, sous le titre: Die
Gegend von Goldau vor und nach dem JBergfall am 3.
Sept. 1806. in Kupferblattern und einer Erklarungstafel ,
von 1. H. Meyer • 7,urïch , 1806 Fol.) — Le nouveau
sentier d 'Arth à Lowertz , qui traverse ces ruines, est
fort pénible et raboteux. De Lowertz on escalade le
mont Rigi. (V. le tableau de Lucerne ) puis en redascen-
dant, et traversant le lac, on arrive au bourg de Schwitz
. ... ce bourg si fameux ,
Qui seul donna son nom h nos braves ayeux.
Il est bien bâti; on y voit beaucoup de très -belles mai-*
sons, et l’église a de la magnificence , et est accompag ¬
née d’un fort beau campanile. La*bannière bénite don¬
née a ce canton en 1512 par le Pape Jules II. avec le
titre de défenseurs de la foi; et la place remarquable
près du hameau d' Ibach , où le peuple s'assemblait
annuellement , sont des choses, qui méritent bien de
fixer l’attention d'un voyageur: Ce bourg a beaucoup
souffert dans la révolution , et il n’en e.viste presque
plus que le souvenir. On peut se rendre de Schwitz
1/
104 LA SUISSE. ITINÉRAIRE.
dans le Mutten - Thaï, vallée du Mûotta ; ruinée et «lu
sanglantée par la pierre de la révolution; ce fut au dé»
boucher de cette vallée, près de Schocnenbach , que l’ar¬
mée de Souwarow fut sur le point de vaincre danj
deux combats sanglans.
Lucerne . 7 h.
A Schwitz finira, suivant mon plan, la première ex¬
cursion dans les Alpes. Après avoir traversé , pendant
tme heure, la charmante contrée entre Schwitz et Brun-
nen, on s’embarquera sur le lac des quatre cantons, pour
Lucerne. Ce lac , long de 9 lieues , est élevé de 1320
pieds au -dessus du niveau de la mer; la nature lui a
imprimé un caractère tant de grandeur que de terreur
et l’a rendu en même tems pittoresque et romantique.
Ce lac est dangereux , lorsqu’il s’y élève une tempête,
mais si le bâteau n'est pas trop petit, et si les bâteliers
sont bons et pas ivres, on ne risque rien. La guerre de
la révolution i’a couvert à plusieurs- reprises de cha¬
loupes canonnières , et ses bords éclairés par les flam¬
mes , ont alors retenti des cris des combattans. "C’est à
Brunnen que les trois cantons de Schwitz , Uri et II n-
terwalden jurèrent l’alliance perpétuelle, qui fut la ba¬
se de l’association des autres cantons. De Lucerne,
après avoir fini l'excursion intéressante dans la vallée
d’ Entlilruch , (Y. à l’article de Lucerne), on se rendra
par des chemins superbes, avec sa voiture et son gros
bagage à
Berne. 207/g/h- (deux journées.)
On partira le premier jour de bon matin de Lucerne,
afin d’avoir le tems de faire de Su/sée , où l'on dîne
(au soleil, bonne auberge) la petite excursion au champ
de bataille de Sempach. (V. à l'article de Lucern,c.\ On
couchera a 1V1 orgenthal. Sur cette route il y a Jlrberg,
la seule forteresse de la Suisse, et Z ofingên , remar¬
quable par le livre des peintres et des artistes, que Ton
y conserve, et dans lequel on admirera des chefs-d’oeuvre
de Lips de Gessner , dyUsteri, et d’autres artistes mo¬
dernes. Le jqur suivant, ou. passera à 3 lieues de Berne,
par le village de Hindclbank , où l’on s’arrêtera , pour
voir le mausolée de madame Langhans , par JNahl. Le
tombeau de cette femme, morte en_ couche , a de gran¬
des beautés, mais cet ouvrage se ressent déjà des i»*
J
LA SUISSE. ITINÉRAIRE. 105
jures du teins. On en vend sur les lieux , des modèles
en terre -cuite; au prix de 12 livres. On peut s’écarter
un peu de la route, et joindre celle de Soleure , pour
voir à Fraubrunncn , village situé à une lieue et demie,
un monument en mémoire de la victoire , que les an¬
ciens Bernois ont remportée sur les bandes du Sire de
Couci. Ce monument était une simple colonne avec une
inscription , à présent renversée. On remarque aux
bords delà route, dans le Grauenholz , les tombeaux
des braves Bernois , qui y périrent en 1798. Sur le che¬
min de Morgenthal à Berne , on peut aussi passer par
Hofwyl , où Mr. Fellenberg a fait des établissement,
qui’ lui attirent la visite de tous les amis de l’économie
rurale et domestique. Berne , (voyez, le tableau dea
villes.)
A Berne commencera suivant mon pian, la seconde
excursion dans les Alpes, mais qui ne fera pas de si
longue haleine.
Aux bains de Lo'êche. ( Leuk ) igi/2 h. (Deux journées.!
Je me suis rendu de Berne , en voiture jusqu’à Kan-
delsteg, première journée: j’ai fait le reste du chemin à
cheval. Je conseille aux voyageurs de louer des che¬
vaux ou mulets à Thun (bonne auberge au Freyenhof )
pour toute la route, afin de n’être pas exposés aux de¬
mandes exorbitantes des paysans. De Thun , une des
plus jolies villes 'de la Suisse (V, Voyage h Grindelwaîd)
on traverse la vallée xomantique de Frutigen , riche en
pâturages arrosés par la Kandeï. Elle contient quelque»
mines , qui paraissent une continuation de celles de la
vallée de Lauterbrunnen. Frutigen est un des plus
beaux villages de la Suisse. La vallée de Kandclstcg, est
plus étroite et plus sauvage que la précédente. Un voit
de beaux rochers suspendus , et quelques restes d'un
château ruiné. Le village de ce nom, est situé au pied
de la Gemmi. Une lieue avant le village, la Kandel
sort d’une fente entre les rochers, et laisse à peine un
espace, pour un chemin étroit qui la côtoyé. Ce défilé
conduit dans le Gasterthal , vallée isolée , et qui n’a de
communication avec le reste du pays que par ce pas¬
sage , et seulement pendant quelques mois de l’année-
On admire la simplicité des moeurs, l’innocence et 1*
manière de vivre de ses habitans.
io6 LA SUISSE. ITINÉRAIRE.
De Kandelsteg on gravit le haut du plateau du Gem-
mi , par un sentier étroit et difficile, au bord des préci¬
pices. Le plateau de Gcmmi est excessivement stérile,
et rempli de débris d’anciennes avalanches , qui descen¬
dent des cimes, couvertes de glaces et de neige éternelle;
spectacle frappant et sublime. La montagne qui porte
le nom d'Alt-Els est revêtue d’une masse de glace pro¬
digieuse, sa pente est du'CÔté du chemin; sa forme est
pyramidale , et on la voit s’élèver à une hauteur pro¬
digieuse. (L 'Alt-Els, suiv. M. Tr ailes , est haute de
$1,432 p. de P. au-dessus de la mer, et le pas du Gemini
de 6,985 p- est suiv. JVt. Muller de 5522 p. au-dessus du
lac des 4 cantons: ce passage est donc de 400 p. plu*
élevé que le passage du Grimsel ; de 646 p. que le pas¬
sage du Gotfiardj et de 811 P- que le passage du Simplon.
Mais le passage du grand Bernard , le surpasse de 563 p.
en hauteur.) On dejeûne au milieu de ce désert dans
une hutte, le Schwarrenbach , qui est tout-à-la fois
une douane et un hospice, où les passagers trouvent du
pain, du vin et du fromage et où je trouvais le prix
très - modique. Le Dauben- See, est un lac gelé pendant
les trois quarts de Tanné© , et bordé de neiges et de
restes ct’avalanches.
Le chemin que les Bernois, de concert avec le Va¬
lais, ont fait tracer à force de poudre dans les rochers
à pic, que le Gemmi offre du côté des bains , est une des
premières curiosités de la Suisse, et fait honneur à la
hardiesse humaine. Ce chemin est absolument creusé
dans la paroi du roc , et le rocher est tellement perpen¬
diculaire, que du sommet, on n’apperçoit point le che¬
min , qui serpente jusqu’au bas. Les chevaux et les mu¬
lets passent par ce chemin effrayant r qui fait tourner
la tête aux voyageurs; car partout on a le plus affreux
précipice à côté de soi. On voit à ses pieds à une pro¬
fondeur immense, le village de Locche. Lorsqu’on se
trouve au haut du rocher où le chemin commence à
descendre, on rencontre un chalet, où l’on jouit d’une
vue superbe sur la chaîne des montagnes, qui court en¬
tre le Valais et le Piémont. Des bains de Locche ou
LeucTt a ce châlet, il y a une lieue et demie à mon¬
ter; son élévationperpendiculaire au-dessus de ces bains
est de 1600 pied9, et le chemin avec tous ses zig-zags a
ïO,tio pieds. A peu près vers le milieu, le chemin passe
sous des rochers, qui avancent en surplomb; on ap-
LA SUISSE. ITINÉRAIRE. iof
pele cet endroit’la grande galerie. On fait bien de des¬
cendre de cheval, et 4e marcher à pied. Les bains de
Leuck ou de Loëche , qui jouissent d’une haute réputa¬
tion , et où l’on trouve toujours une grande affluence
de malades, sont situés comme au fond d’un entonnoir.
De mauvaises auberges, de grands réservoirs où les mala¬
des se baignent ensemble, et les sources chaudes qui sor¬
tent en assez grand nombre dans cette vallée, sont le*
seules choses que les voyageurs puissent y remarquer.
M. Ebel conseille à tous ceux qui viennent là pour se
baigner, de se pourvoir d’habits d’hiver, môme de pe¬
lisses, et d’apporter une provision de vins de Malaga , et
d’autres vins propres à réchauffer; le vin qu’on vous y
fournit, est chétif , et les matinées et soirées sont perpé¬
tuellement très - froides. La source principale, la plus
chaude , nommée la grande source , est située auprès de
la maison des bains. En plongeant la boule d’un ther¬
momètre de mercure de Réaumur pendant un quart-
d’heure dans l’eau, le plus près possible de l’endroit où
elle sort de terre, on trouve la température de 41I/2 de¬
grés au-dessus du terme de la glace; cette chaleur est
telle, qu’on peut y cuire un oeuf et plumer une poule.
Une propriété singulière de ces eaux est, que des légu¬
mes, des herbages et des fleurs, arrivant toutes fanées
par la chaleur, reprennent leur fraîcheur, après avoir
été trempés 1/4 d’heure dans cette eau, qui semblait de¬
voir les cuire. Une des plus agréables promenades,
qu’on puisse faire dans les environs des bains, eshdu
côté du nord, au bord du précipice, dans lequel la Baie
se jette en cascade. Si l’on èe troqve dans ces bains au
tems de la pleine lune, et que les soirées soient claires
et sereines, il ne faut pas négliger, de se rendre en rase-
campagne, vers les 10 heures de la nuit, pour jouir de la
vue de l’ensemble. ün y jouira, par un beau clair de
lune, d’un spectacle nocturne, qui laissera dans l’ima¬
gination des traces ineffaçables. Ce conseiL s’applique à
toutes les contrées montagneuses, où l’on est entouré
de rochers nuds et à pic.
Brigue ou Glisse. 9 h. (une journée.)
On arrive d’abord au bourg de Leuck , l’un des plus
grands du Valais, en longeant le torrent de la Dale, qui
roule ses eaux dans des abîmes profonds; le chemin que
io3 LA SUISSE. ITINÉRAIRE.
l’on prend est oppôsé à celai des galeries, chemin sca¬
breux, mais pas inaccessible aux chevaux. Dans ce vo¬
yage, on doit se faire montrer un aqueduc, qui est sus¬
pendu au-dessus du chemin; il est formé de troncs de
sapins creusés, et soutenus par des barres de fer, contre
les rochers à pic. Le^ habitans du pays se servent de
cet aqueduc comme d’un sentier, parcequ’il est un peu
plus court que le chemin ordinaire. En sortant d’un
bois de pins, on a devant soi le bourg et le château de
Lo'cche ou Leuk , l’aspect magnifique delà vallée et
de l'admirable cours du Rhône, au milieu des collines
et des coteaux qui se succèdent dans le lontain à perte
de vue. 11 n'est pas de tableau plus beau, plus varié,
plus pittoresque. On côtoie toujours ce fleuve, que l’on
passe à fjcuk sur un pont , et en traversant plusieurs
villages dans la plaine , où les productions des pays
chauds, comme des figues et un vin liquoreux, crois¬
sent au pied des sapins, à quelques lieues des glaces;
on arrive à Brigue, qui est Je bourg le plus considérable
de tout le pays, et où il y a, à présent, un relais de
poste, pour la route du Simplon. On voit h Brigue di¬
verses traces de secousses de tremblemens de terre, dont
l’époque est la même que celle de la catastrophe de
Lisbonne, et à peu de distance, les restes d’un mur, que
les Romains ont construit. Les eaux thermales et chau¬
des de Brigue, sont aussi remarquables que celles de
Loëche , mais actuellement presqu’abandonnées des
étrangers.
La plûpart des voyageurs vont de Brigue à Munster
(une journée) , par le chemin sauvage de Lax , village
suspendu au-dessus d’un précipice effrayant. On pas.ce
à Mullibach un pont remarquable par la hardiesse de sa
construction. De Munster ils vont à Obcrgesteln , au
glacier du Rhône, puis ils montent le Grimsel, par un
sentier pénible; il faut 4 heures pour parvenir au plus
haut point du passage; on passe de là aux sources de
l'Aar. (Seconde journée).
J’ai préféré la route plus variée et plus pittoresque
du Simplon et du Gothard, en passant en Italie, et par
la vallée de Idvinen au village de
V Hôpital sur le Gothard.
Je renvoie pour la déscription du passage du Sim¬
plon, des îles Borromées , de la vallée de Livinen , et du
passage
LA SUISSE. ITINÉRAIRE.
109
passage du Gothard, au Guide des Voyageurs en Italie.
Route de poste de Brigue jusqu'à *) Domo d'Ossola et
Ugogna : De Brigue ou Glise, à Bérisal et au Simplon,
5V2 postes, du Simplon à Iselle et Domo d’Ossola 5^.
De Domo d’Ossola à Ugogna 1I/4 p. D’Ugogna on prend
le chemin de Margozzo , où l’on couche. 1. Journée. On
s’embarque à Margozzo , on convient avec les bâteliers
de débarquer aux lies Borromées , on dîne à Intr a , on
couche à- Magadino. 2. Journée. Dejeûner à BelLiri'
a.one\ dîner à Giornico ; couchée al Dazio. 3. Journée,
Déjeûner à Airolo , passage du Gothard , couchée au
village de l'Hôpital.
Au glacier du Rhône et à Munster. 9 heures.
On quitte l 'Hôpital a cheval ou à pied, et l’on tra¬
verse les villages de Zumdorf et dè Realp. A une petite
distance de Realp on commence à grimper. Un sentier
tantôt marqué, tantôt éclipsé, tout - h- l’heure en gra¬
dins scabreux et vacillans, l’instant après, sur des ta¬
lus de rochers fortement inclinés, ou de terres qui ne
le sont pas moins, partout sur des déblais de montagnes
écroulées, un pareil chemin ne peut être que difficile
çt même quelquefois périlleux. Enfin on ap perçoit, le
sommet bifurqué , sur lequel se dirige lepassage , et qui
donne le nom au mont de la Fourche , oq Furca. Le
glacier est à droite un peu au-dessus. C’est en face de
cette immense masse de glace, que l’on se repose et se
rafraîchit, avec les provisions que l’on y a apportées- JLe
Rhône roûle au pied du glacier sous la forme d’un tor¬
rent; mais les véritables sources de ce fleuve sont à
*) On peut faire une excursion très-intéressante de Do¬
mo d’Ossola ; c’est celle dans la Vallée d'Azasca , où
l’on admire le Mont Rosa dans toute son imposante
majesté; jusqu’à Ponte grande , où l’on jouit de cet
aspect superbe, il y a 63/4 Üeues de chemin. Macug •
uaga, au pied du Mont Rosa , est distant de 4 lieues
de Ponte grande. Auberge, chez Antoine Marie del
Prizto. Non loin de là sont de riches mines d’or.
(Hauteur du Mont R.osa au-dessus de la mer, 14,580
pieds: seulement de r6o p. moins que le Mont-blanc.)
Personne n’avait encore entrepis de monter au M ont-
Rosa. C’était le 13 d’ Août 1813, que M. Maynard ,
Français, et 7. Marie Coutet , Guide de Chamouny,
1 ont escaladé les premiers, en prenant par le Val-
lornanche et les chalets du Breuil»
* Guide d. Voy. Tom. II. K.
IIO
LA SUISSE. ITINÉRAIRE.
gauche au pied du mont Saasberg ; ce sont trois source»
qui se réunissent. Selon M. de Saussure ces sources
sont à 711 toises 1 pied au-dessus du lac de Genève , et
suiv. M. Muller ce passage de la Fourche , est élevé de
6395 P- de Paris au-dessus du lac des 4 cantons. La des¬
cente au Valais est sauvage; le Rhône se précipite, fu¬
rieux, de cascade en cascade; partout c’est l’imposante
empreinte du tems et de la vétusté, partout limage du
chaos. Les voyageurs seront forcés d’aller jusqu'à Mun¬
ster où ils trouveront une auberge excellente pour le
pays, si les gîtes à Oberwald et à Obergesteln ne le»
contentent pas. Un sentier conduit depuis 1* petit val¬
lon du glacier sur la Grimsel, en) 2 heures; mais prati¬
qué seulement par les habitons du pays, il rebuterasan*
cloute les personnes peu familiarisées avec ce que le»
habitans des Alpes appelant des sentiers dans des mon¬
tagnes aussi âpres; c’est la fameuse Mayenwand] (V.
plus haut à l’article de Grindelwald.)
Retour h Berne , -par le Grimsel , par Hassli , Grindel -
ivald , Lauterbr.unnen. .3V2 journées.
1. Passage du Grimsel, et route à Meyringen, 2. Pas¬
sage du Scheideck , et route à Grindelwald. 3. Route k
Lauterbrunnen, et à Thun. 4. Retour de Thun-àBerne.
(Y. voyage à Grindelwald etc.)
A Berne finit cette seconde excursion dans les Alpes j
on y retrouve sa voiture, et l’on passe à
Fribourg. 9 h. par Morat et Avenches.
Une autre route, en droiture, conduit de Berne à
Fribourg , en 5^/4 heures.
La chapelle de Morat -, et l’ossuaire des Bourguig¬
nons tués à la .fameuse bataille de 1476, n’existent plus:
le bataillon delà Côte-d’or (Bourgogne) détruisit en
1708 ce monument de la valeur des anciens Suisses, et y
planta un arbre de liberté qui n’existe égalément plus : l’in¬
scription latine, si sublime dans sa simplicité, fût en¬
voyée à Paris. Mais ce fût à la même place, et par les
paysans des mêmes cantons, qui y avaient anéanti l’ar¬
mée de Charles -le- hardi , que les troupes du ci-devant
dîrectorat helvétique, furent mises en fuite, le 3. Oc¬
tobre 1802.
On trouve dans le joli lac de Mo rai , ot dans le*
grands canaux qui le bordent, le silure, poisson qu’on
LA SUISSE. ITINÉRAIRE
in
ne trouve dans aucun autre lac de la Suisse. Vis-à-vis
de Morat il y a le coteau de Vully. Ce coteau est re¬
nommé pour sa belle vue sur les lacs de Morat et de
Neufchâiel , sur le vaste marais qui s’étend vers Aar-
berg, et sur la chaîne des Alpes. Pendant que le cocher
fait rafraîchir ses chevaux, on a le ienis de s’y faire
mener sur le lac, d’y monter, et d’en revenir. (Elév. de
la ville de Morat au-dessus de la mer, 1344 pl de Paris.)
Auberge à Morat : à l’Aigle. Avenches est une ville an¬
cienne , considérable sous les Romàins. On y trouve
jes restes des pavés de mosaïque, d’un amphithéâtre,
d’un aqueduc, et une colonne de marbre blanc, d’envi¬
ron 50 pieds de hauteur. Un vieux barbier de la ville
m’a servi en 1811 de Cicerone assez instruit: On y trou¬
ve aussi des bas - reliefs , des inscriptions etc. On loge
assez bien à la maison de ville.
Fribourg. V. le tableau etc. De Fribourg à
Genève , -par Payerne et Lausanne. 21 h.
2 journées et demie.
Payerne. Auberges : à l’ours, fort bonne, et à la mai¬
son de ville. Sur le pont de Payerne on remarque une
inscription Romaine. On montre aussi à Payerne la sel¬
le de la reine Berthe ; où l’on voit un trou, dans lequel
elle ficha sa queuouille, et fila en se promenant. A
Payerne on. regagne la grande route de Genève. Moudon
est le Minodunum. dts Romains, comme l’apprend une-
inscription Romaine- qu’on a fait enchâsser sur la porte
de la maison de ville. Du sommet de la montagne,
que l’on commence à grimper en sortant de Moudont 011
apperçoit pour la première fois les Alpes de la Savoîé*
et même le Mont-Blanc.
Lausanne. V. le tableau des villes. Elév. de Lau¬
sanne au-dessus de la mer, 1560 p. de Pari ). L'église de
Marges est jôliment située. A Rolle on peut se détour¬
ner pour voir Aubonne , célèbre par ses belles vues, sur¬
tout dans un lieu nommé le signai de Bougy. Tavcr-
nier , Duquesne , ont successivement possédé cette ba\ q-
nie. < Coppet, séjour et terre de la célèbre Me, de Staël,
possède le tombeau de son père, de Mr, Necker , inhumé
en 1804. A 5 ou 600 pas du château est un petit bois,
clos de murs. Au milieu de cet espace est une voûte,
dont l’intérieur est revêtu de marbre noir; au milieu
est un grand bassin en pierre, au fond duquel sont des
matelas remplis d'herbes aromatiques. On y avait
placé le cercueiL de Madame Necker , cercueil de
Îdomb et rempli d’esprit-de-vin. M. Necker seul y al-
ait tous les jours pleurer sa femme , et c'est à scs cotés
112
LA SUISSE. ITINÉRAIRE.
qu’on vient de déposer son corps. Une largo pierre a
été placée sur le bassin, qui le couvre tout entier; et la
porte de la voûte à été murée. La ville de Nyon est
très - ancienne ; il reste encore à cette ville quelques
vestiges de son ancienne splendeur sous les Romains,
une vieille tour, quelques inscriptions, des figures fort
mutilées etc. Près du château il y a une promenade
charmante ; il y a aussi une manufacture de belle porce¬
laine dans cette ville. On passe par Vcrsoix où est la
douane Française ePl’on voit à gauche Ferney . On ar¬
rive à Genève. V. le tableau de cette ville. A Genève com¬
mencera la troisième et dernière excursion dans les Al¬
pes que je proposerai aux. voyageurs.
Chamouny. Martigni . S ion. Bex . Vevay.
(7 â 8 journées.)
V. la déscription détaillée de la route de Çhamouny ,
et celle de Martigni , de Bex.
De Martigni à Sion , le village ü'IséraMe , suspen¬
du sur des rochers, peut fixer les regards des voyageurs
et la curiosité de ceux qui se sentent le courage d’y
monter. Depuis les combats sanglans , dont le Valais
fut le théâtre pendant la révolution , le nombre de cré¬
tins et crétine* a beaucoup diminué. Sion, en Allemand
Sitten , conserve quelques inscriptions Romaines. Deux
rochers portent trois châteaux; le plus élevé, nommée
Tourbillon, est en ruines, ou y jouit d’une vue superbe.
La maison des Soeurs de la Retraite chrétienne, espèce
de Trappistes femelles, est une autre curiosité.
De Sion à Bex [à l’hôtel de l’Union , excellente au¬
berge] on se rend en 6 à 7 h. par un chemin très • inté*
ressant, nommé chemin neuf , et par le mont Anzeindaz.
L’ignorance des beautés introuvables ailleurs, fait, que
tel qui y irait, n y va pas. Il faut faire cette excursion,
la belle déscription à la main, que M. Bridel en a pub¬
liée dans ses mélanges helvétiques des années 1787» 8&>
£9, qo. Ce chemin qui est un chef - d’oeuvre dans son
gendre, a été tracé aux frais d’un paysan, qui avait des
possessions dans ces recoins perdus. Il serpente le long
ne la montagne au - dessus de la»- Luserne. Dans l’en¬
droit appelé le saut du chien , au bord d’un mur, on dé¬
couvre clans toute sa profondeur l’abîme, le long duquel
LA SUISSE. IT1HÉRAIRE. 113
on s’avance. Une cascade se précipite pardessus le che¬
min, sans mouiller les passagers. On passe la Liiserne
sur des ponts faits des claies légères, et même sur une
voûte de glace et de neige perpétuelle. Avant d’arriver
aux chalets du mont Cheville , on entre, dit M. Bridely
comme dans les atteliers d’un génie déstructeur. Pen¬
dant plus d'uue lieue vous marchez au sein des débris
les plus impôsans. Ce ne sont pas les ruines d’une for¬
teresse. ni même celles d’une puissante cité ... ce
sont les ruines de deux montagnes, les diablerets , qui
se sont éboûlés en 1714 et 1749. Il est impossible de dé_
crire la variété de grouppes, de sites, d’accidens, qu’of¬
fre à chaque pas le sentier sinueux , qui se promène
entre les diverses parties du squelette d’une Alpe dans
son sépulcre. Le plus jeune des lacs de la Suisse, puis¬
qu’il date de 1749, le lac de la Derborentze, se présente
au milieu de ces débris , et la Luserne s’y précipite^
avec bruit’, par une dernière cascade. Chaque année
à la michantein , c’est à- dire le premier ou le second
dimanche d’Août, une foule de jeunes gens des deux
sexes ses rassemblent sur l’ Anzeindaz ; c’est un jour de
plaisir et d’allégresse.
Après avoir visité à Bex et près de Bex les ruines
majestueuses de son vieux château, le lac singulier du
Luissel , les collections de M. Schleic'icr , les salines de
Bévieux , le confluent romantique du Rhône, et de
VAvençon, le pont de S. Maurice , n heripitage . 1»
Pisse- Vf. !$/»;: ; Y- description uë la revie sur le Grand
Bernard au Guide des Voyageurs en Italie , et le
voyage à Chamouny) après avoir fait une petite course
d’un jobr, tant pour l’aller que pour le retour, par
Grion sur la montagne de Tavéian .7 ?•. où se trouve
tout un village de châlets , course féconde en ,sîtes pit¬
toresques , en aspects frappans et agréables .... on ira
à Vevay , en passant par Chillon et Clarens , immorta¬
lisés par la nouvelle Héloïse. Pisse- Vache est une belle
chûte d eau dans le bas-Valais. Le rocher qui la verse,
est fendu perpendiculairement depuis son sommet, et
les deux côtés de cette ouverture sont revêtus d’arbris*-
seaux: c’est du milieu de cette touffe de feuillage, que
le torrent, roulant une masse d’eau considérable, se
précipite perpendiculairement dans la vallée avec une
impétuosité effrayante. Sa chûte perpendiculaire n’a
pas moins de 90 à 100 pieds. Le fracas de ces eaux peut
U4 LA SUISSE. ITINÉRAIRE.
être comparé à celui du tonnerre, elle ventqu’elle engen¬
dre, est d’une grandeviolence , la vapeur aqueuse s’élance
jusqu’à 3 ou 400 pas de la plaine, et forme plusieurs ruis¬
seaux par sa condensation. Vevay , (V. Lausanne .) Je
conseille aux voyageurs de prendre k Vevay un bâteau
pour se transporter sur le lac k Genève. A présent on
peut aussi retourner per la Savoie, en suivant la nou¬
velle route de poste du Simplon, qui cotoie les rives
du lac.
Noms des relais : On pourrait abréger le chemin, en
traversant le lac en bâteau, de Vevay à Evian. Mais si
l’on veut faire la route par terre, on ira de Vevay a
St. Maurice , où l’on prend la poste pour Viormaz , de
Viormaz à St. Gingoulph, 2 postes; Evian, 2V2 P- Tho-
non, 1I/2 P- Dovaine, 2 p. Genève, 2V2 P- Les maîtres de
poste se firent payer en 1811. presque partout 1/4 de
poste en sus de la taxe.
Yverdun , iï/2 journée.
On reprend sa voiture k Genève, et l’on se rend à
Yverdun (bonne auberge à la maison de ville) par Orbe9
pour voir la belle vallée du lac de Jour, et celle de
Romain métier, très intéressante pour tous les amateurs
de vues pittoresques. Les entonnoirs, le moulin de Bon*
; port , la glacière naturelle , la vue de la dent de Vau-
lion- oui est moins élevée, et d’un accès plus facile,
que le Montendrè , où ia est ïiifiriisent pin; éten¬
due , la source de l'Orbe, et la mine de pétrole, sont
les principales curiosités à remarquer. Deux routes con¬
duisent d’ Yverdun dans la vallée du lac de Jouxi la
plus courte vous y mène par Orbe , la plus longue par
les villages de Lignerolles , B alalgucs , Valaires , h Va-
lorbe. Cette dernière route vous procure plusieurs su¬
perbes points de vue. Y. Sur Valaires et sur sa belle
situation, et la douceur de son climât, la belle lettre
de Mad. le Brun , page 145 du premier volume de ses Epi¬
sodes. Yverdun est une ville bien bâtie; il y a des fa¬
briques de mousselines et de toiles, et des bains d’eaux
sulphureuses. ün peut voir à la bibliothèque les anti¬
quités qui ont été découvertes dans les environs de la
ville. M. Pestalozzi vient de transplanter k Yverdun*
son institut d’éducation. (Elév. de la ville au-dessus de
ia mer, 1278 p. de Paris). De la promenade qui est k
TA SUISSE. ITINÉRAIRE.
115
l'extrémité du lac de N eufçhâtel , (Elév. du lac au-des^
jus de la mer, 1314 p. de P.) on jouit d’une perspective,
semblable à une vue marine. Il y a un chemin qui con¬
duit en 4 heures à Métiers dans le Val - travers , et
qu’on peut faire en char- à - banc.
N eufçhâtel. 63/g h.
D'Yverdun à Neufchâtel on côtoie le lac; la petite
ville de Granson est connue par la bataille, que Char¬
les - le - Hardi y perdit le 3 Mars 1475. On voit dans
l’église des statues antiques et quelques divinités égyp¬
tiennes. Il faut aller dans le Val-travers. Le village de
Métiers - Vraver s est célèbre pour avoir servi de retraite
à, J. J. Rousseau. On va voir la maison et l'apparte¬
ment 4u’iï occupait, qui existe encore absolument tel
qu’il l’a laissé. Le temple des Fées, grotte de stalactites,
Vabyme de' la Reuss, près du village de Brot ? le Creux
du vent , fixent l’attention des voyageurs. La femme de
l’aubergiste de Brot , encore vivante en 1812» était la
bonne amie de Rousseau. C’est à Métiers et dans le re¬
ste du Val-travers , que réside la majeure partie des ou¬
vrières en dentelles des vallées. On trouve des maisons
qui feraient honneur aux grandes villes. On y fabrique
aussi des montres, des horloges etc. On peut aller en
droiture de Môtiers à F! eufçhâtel.
Neufchâtel , (Auberge: au Sauvage) est très-agréable¬
ment situé; ses maisons peintes, et ses tourelles garnies
de fer- blanc , font de loin un joli effet. Les environs
sont couverts de vignes, qui produisent un bon vin
rouge. L’hôtel de ville est un beau monument de la re-
connaisance de M. Purry. L’hôpital et le château avec
l’église , voilà encore deux édifices remarquables. On a
établi des fabriqués et des manufactures de coton, de
toiles peintes, de dentelles au fuseau etc. Au bord du
lac, plusieurs rangs d arbres, forment une promenade
charmante. Les poissons du lac sont les mêmes qu’à Ge¬
nève. On a pêché une fois un salu , ou silure., de cent
livres. Le fauteuil de Farel , apôtre zélé de Calvin,
et qui fut enterré dans l'église du bas, est scigneuscmen-
conservé a la bibliothèque des ministres du comté. On
donne quelquefois (Tes spectacles de société, fort agré¬
ables. Une maison construite et acquise par plusieurs
particuliers, sert à la fois aux bais, aux spectacles, et
n6
LA SUISSE. ITINÉRAIRE.
h la musique. A quelquès cents pas de la ville, on passa
devant une maison remarquable par la beauté de sa si¬
tuation, par ses caves creusées dans le roc,, les plus
considérables de la Suisse; et par ses terrasses qui des¬
cendent jusqu’au grand chemin le long du lac. Cette
maison a été bâtie par un particulier nommé Bosset ,
l’ami de l’illustre Maupertuis. Un traverse le lac en 2
heures. V. Voyage dé Paris a Neufchâtel en 1812, par
M. Depping. A Paris 1813. 8- Autrefois potir aller de
Neufchâtel en Franche - Comté , il fallait faire un long
détour, aujourd' hui on y va par dessus un haut rocher,
et par un chemin en Zig-Z.ag, l’uu des plus beaux ou¬
vrages dans ce genre.
La Chaux- de -Fond, et Locle. (ij journée.)
C’est de Neufchâtel que l’on fait généralement , l’ex¬
cursion dans les montagnes de la Chaux - de - Fond et de
Locle. Je suis parti, en char- à-banc, de Neufchâtel à
midi; j’ai couché à la Chaux - de - Fond , et il ne m’a
fallu qu’une demi -journée pour me rendre à Locle . (Q.
Les vrais frères unis. ) et de là à Neufchâtel. Quels
villages! la nature y refusant tout aux hommes, ils y
ont supplée par l’industrie. Les- dentelles , l’orfèvrerie,
l’horlogerie, la joûaillerie, la bonneterie , la coutelle¬
rie , les ouvrages en émail, en fer, en acier, les outils
pour les arts, les instrument de mathématique et d’as¬
tronomie, les ouvrages de la mécanique la plus savante
et la plus compliquée, y ont répandu la richesse. Ces
deux villages fournissent annuellement environ 40,000
montres d’or ou d’argent, sans parler des pendules. En
allant de Locle au saut du Doubs , on passe, près des
moulins souterrain* , autre curiosité ; le saut du Doubs
est à une petite lieue au - dessous des Brenets. C’est un
des spectacles les plus merveilleux.
Bienne. Arberg. Soleure.
De Neufchâtel à Bienne (Auberge, la couronne) il
n’y a que 6 heures de chemin. L’église de Bienne est
assez belle. Une superbe source d’une eau limpide
saine et intarissable, qui remplit les tuyaux de 100
fontaines publiques et fait aller plusieurs moulins, mé¬
rite la visite.des curieux. Cette source était trouble à
LA SUISSE. ITItëËïtÀIRE. H?
l’époque du tremblement de ter’rè de Lisbonne. L’on
prépare dans les tanneries des cuirs fort recherchés dans
l’étranger. II s’y est établi une manufacture de toile*
peintes. Il - né faut- point quitter Sienne éans acheter
les- paysagei Suisses et lds chatniantes vües du lâfc-dè-
Sienne, que l'on doit aux taléns (ïe<M. Ràrlman. 'lEUe
faut pas 'iioti plus Oublier d’aller admirer sur les cimes du
Mont F-ingei ; ces blota de granit, mdnumens des révéi>
lutions de notre globe, que les flots d’un déluge, dans
des tems reculés, y ont dépôsés et chariés depuis lés
pics de la Gyjfnsel, du Schr.eokhom etc. JQ n’y a qu’u¬
ne petite prdmenade de Sienne au bord du lac, auquel
cette ville donne son nom. (Elévation au-dessus de la
mbr 1306 p. de P.) On y pêche des truites du poids de
20 -livres, et un poisson délicat", appelé -Heuerling. Il
faut y visiter l’île àe St. Pierre , VaSyle de j. J. Rous¬
seau. On msdntre aux curieux la chambre qu’il" avait
choisie sur toutes les autres de la maison, parcequ’on
voit' les glacier^ des fenêtres. Cette charmante île est
Un point de promenade, où les habitans des villes et
campagnes dans le voisinage abondent , ainsi que les
étrangers. Dans le tems des vendanges, surtout les di¬
manches , c’est un concours encore plus considérable.
Sur les bords de ce lac, là où trois arbres s’élèvent, ont
été déposés, sans monument, les restes du lord Çamcl-
fort , tué en duel à Londres l’an 1804, et qui par un co-
dicile , ordonna qu’on l'y. enterrât. Le ■Chasserai n’esfc
éloigné que de 5 lieues de Sienne . On peut aller à char-
k-banc au haut de son sommet: sa hauteur au -dessus
de la mer est de 4936 V2 pieds.
Beaucoup de voyageurs, qui craignent les douanes
Françaises"*, Jne vont pas a Bienne , et préfèrent de se
rendre à cSàXeure, par Artterg : (à la couronne, bonne
auberge. V ;
Soleure , (Auberge excellente, la couronne , (possède
dans l’églÿse de S. JJrse , un bâtiment moderne d un bon
genre, et sans contredit la plus belle en- Suisse. La fa¬
çade de l’église des çi, - devant Jésuites, l’hôteï de ville,
la monnaie, la bibliothèque publique, ouverte deux fois
par semaine; la grande tour carrée, ouvrage des Ro¬
mains etc. sont des édifices et des curiosités qui peuvent
intéresser les voyageurs à Soleure. L’ h ermitage est à
une demi -lieue de la ville; il faut s’y rendre par le
«8 LA SÜISSE. ITINÉRAIRE.
«hemin de Breteuil , et revenir par l’ancien. Je con¬
seille à tout voyageur , de faire la course aux chalets
et à la métairie de IV eis sens te in , qui s’élève en face
de la ville. On peut commodément l’effectuer à cheval,
çt méÿ ne en voiture-:. -h-rpied il ne faut que deux à trois
heures, pour y arriver. La métairie est située sur la
cime du fVeissenstein antérieur , à 3000 p. d’élévation
au-dessus de la mer. Ceux qui veulent y passer la nuit,
trouveront à se coucher dans le grenier à foin , et s’ils
ne veulent pas se contenter de pain , de lait et de
fromage , ils prendront la précaution d’apporter avec
eux des provisions de Soleure. Près de la métairie, et de
la fenêtre d’une chambre du premier étage, votre oeil
embrasse toute l’immense vallée, qui sépare le Jura de
la haute chaîne des Alpes, et toutes les montagnes de
neige, d'une telle manière, que M. Kbel doute, qu’il y
ait aucun autre point de la Suisse aussi favorablement
placé. Ce spectacle , lorsqu’on en jouit au lever, mais
mieux encore au coucher d’un beau soleil, est, on ne
peut pas plus, extraordinaire.
On peut se rendre d e Soleure à Bâle en droiture; (13
h.) mais si l’on veut finir par les vallées du Jura, il faut
retourner a Bienne.
Bâle. 18 h.
Le plus imposant spectacle àttend le voyageur à une
petite distance de Bienne., sur la crête du Jura , pourvu
qu’il ne le connaisse pa^ déjà de la métairie du Weissen-
stein. Il est frappé par l’aspect d’un rideau de 60 lieues
de montagnes qui touchent le ciel par leurs sommets, et
resplendissent au coeur de l'été par d’éclat et le reflet
des glaces et des neiges! La vue plane sur la Suisse, la
Savoie, l’Allemagne, et plonge sur plusieurs lacs et sur
les villes qui les bordent. Pour jouir encore mieux de
ce superbe aspest, les voyageurs doivent monter depuis
Bienne jusqu’à une ferme, nommée la Maison blanche ,
habitée par des Anabaptistes, à une demi -lieue au-des¬
sus de la ville; de - là, la vue s’étend plus à droite.
Il existe un charmant petit ouvrage, qui doit guide*
l’étranger dans ,ce voyage : c’est la course de Bâle h.
Bienne, par les vallées du Jura', l'auteur est M. Bridcl ,
pasteur à Montreux près de Vevay. J’y renvoie mes
LA SUISSE. ITINÉRAIRE. n9
lecteurs, et à l’ouvrage de plus fraîche date, qu’a pu»
blié M. Pierre Birrmann , sous le titre de Voyage pit¬
toresque de Bâle à Bienne , orné d’une infinité de belle»
vues et gravures , et dont le texte, a pareillement M,
Bridel pour auteur. Je ne fais q d'indiquer Pierre per -
tuis , ouvrage des Romains, la source de la Birse, le
saut de cette riyière, et les sites pittoresques et roman*
tiques dont ses vallées abondent. Lé jardin d’ Arlesheim
ravagé par le Vandalisme, a repris son ancienne splen¬
deur et a changé de maître. (V. le tablean de Bâle.) On
couchera le premier jour à- Malleruy ; (l’auberge neuve
est fort bonne). Le second jour à Bâle, V. tableau etc.
II. Plan d'un voyage de 6 à 8 semaines tel qu'il
conviendrait aux dames et à la plupart des per¬
sonnes qui voyagent en Suisse.
Schafthouse.
Constance.
St. Gall.
Appenzell.
Gais.
Winterthur.
Zurich.
Excursion à l’Albis et à
Zug.
Excursion au Rigi, et aux
ruines de Goldau, pous¬
ser par Lowertz à
Schwitz, et revenir par le
lac de 4 cantons à
Lucerne.
l)e Schwitz on pourrait
aussi traverser le lac, jus¬
qu’à Fluelen; monter de¬
puis Altorf sur le Got-
hardj revenir à Altorf, et
aller par eau à Lucerne,
ce serait l’affaire de 4 k 6
jours.
Sursée. Sempach. Hindel-
banck.
Berne.
Bienne.
Jle St. Pierre; retour à
Berne.
Excursion à Lauterbrunnen,
à Grindelwald et Hassli.
Fribourg.
Vevay.
Excursion à Bex, et aux
salines de Bévieux , à St.
Maurice et k Pissevache.
Lausanne.
Genève.
Excursion à Chamouny.
Yverdun par le Val - Tra¬
vers à
Neufchatel.
Excursion à la Chaux - de-
I'ond à Locle: et au mer¬
veilleux saut du Doubs.
Soleure.
A la métairie do Weissen-
stein, pour y dire adieu
à la lisière des Alpes.
Bâle.
120
LA SUISSE. ITINÉRAIRE
Je renvoie au plau Nr. i pour ce qui regarde les dl:
Stances et les observations locale*.
111, Plan d'un voyage rapide de 2 « 3 semaines.
Bâle.
Soleure.
A la métairie de Weissen-
stein.
Ile St. Pierre. Bienne.
Berne.
Excursion à Eauterbrunnen
et à Grindelwald.
Hindelbank. Hofwyl.
Sursée et Sempach.
Lucerne.
Sur le Pilate.
Zu g.
Au Rigi.
Excursion aux raines d<
Goldau et au lac de Lo
wertz, revenir par Zug.
Zurich.
Sur le Lagerberg.
Eglisau.
Schaühouse.
LA SUISSE,
121
8-
Supplément aux cartes itinéraires et relations de
voyages , comprenant le ouvrages principaux
qui ont parû depuis i&oo.
Bemerkungen auf einer Reise tlurch Deutschland, El-
s^Is u. die Schweiz, 1798 u. 1799, vora [aun verst.] Legations-
ratli v Eggcrs. Kopeuhagen, 8. (L’auteur, homme de lettres
çélèbre, faisant professions de l’impartialité la plus ri¬
goureuse, en a déjà publié plusieurs volumes; ce sont-
les 3 et 4, qui parlent de la Suisse).
Archiv kleiner , zerstreuter Reisebeschreibungen.
durch merkwürdige Gegenden der Schweiz. St. Galien,
1802 8-
Erinnefungen aus den deutschen Kriegsgegenden aus
der Schweitz etc. aufgesammelt 1796, von Günther , nacli
desgen Tod herausgegeben vom Domherm Meyer. Ham*
burg, igc6. 8 (Tableau d'une touche agréable, qui re¬
trace des souvenirs et des impressions charmans).
Mal* rische .Reise durch einen Theil der Si hweitz,
ror und nach der Révolution. Jena, 1805. 8- (Ouvrage
rédigé par l’auteur du Guide des Voyageurs , sur des manu¬
scrits originaux, et orné de plus de 60 vues et estampes).
J. A. H. Torlitz's Schweizer - Reise in Aaret 1805. Ko-
penhagen, 1805. 8 traduit en allemand.
Meine Reise durch das Wallis und das Pays deVaud,
jra Jahre 1803. Von dem Verfasser der Reiçe liber deit
Gotthard nach den Borromâischen Inseln und Mayland.
(Sfttttgard 1803. 2 vol.) Stuttgard 1805. 8-
Eriefe in das vâterliche Haus, aus der Schweiz. N. A.
Stuttgard 1809. '
KefsleVs Briefe auf einer Reise durch Süd - Deutsch-
land, die Schweiz etc. 1808- Leipzig, igto. 8 C’est un de
ces livres rares, que l'on rélit avec intérêt et plaisir.
Briefe auf einer Reise durch Deutschland und die
Sçhweiz, im Sommer 1808 von Charlotte von AhLefeld,
geb von Sebach . Altona, 1810. 8* Lettres charmantes,
écrites avec verve et sentiment
Heinse Reise durch das südlîche Deutschland und die
Schweiz, 1808 et 1809. avec fig. Leipzig, 1810 8.
Pot-Pourri von Reminiscenzen etc. über die Schweiz,
von J. L. Appenzeller. "Winterthur, 1810. 8-
G. des Voy, T. II. L
4-f
122
LA SUISSE*
Phantasien, Reflexionen auf einer Peise durcît da9
sÜdliche Deutschjand in die Schvveiz, von Ludwig. Leip¬
zig y i&io- 8- L’auteur donne des tableaux vrais et char-
mans. 2 vol. ont paru.
Eugenia'e Briefe an ihre Mutter : vo nHirzel. Zurich,
1S11. Nouvelle édition d’un ouvrage, justement et uni¬
versellement lû et relû.
Bcnzenberg Briefe, geschrieben auf einer Reise darcîz
die Schweiz, 1810. Düsseldorf, 2 vol. Le nom du célè¬
bre auteur en fait déjà l’éloge.
Sketch of a Aescriptiv e J ourny trough Swîtzerland :
[Cet ouvrage qui a. paru à Condres en 1796 vient d’êtra
traduit et augmenté par M. le professeur iVyJs U Berne,
sous le titre: Skizre einer malerisclièr. Rèise âurch die •
Schweiz : aus detn Engl. Bern, 1816. 8 ]
Le Voyageur en Suisse, ou Manuel instructif etc. Ge¬
nève, 1816. 8 [Ce n’est proprement qu’un abrégé de Tout*
vrage d’ libel. Ce Mr. Ebel vient de réclamer ses droits
contre un autre Abrégé de son excellent ouvrage fait et
imprimé à son insçu , à Paris i8i6]<
Kieseivetter Reise etc. in den Jahren 1813, 14 u. 15. Ber¬
lin, 1816. 2 vol. 8- On y trouve des détails curieux sur la
ânisse.
(Je passe sous silence les nombreux voyages en Suisse
d’ancienne date, mais dont le voyagepr aimera à voir ra¬
fraîchir le souvenir: ceux de Montagne , Addisson , Bar -
net, Scheuchzer , Gruncr , Andréas , Hirschfeld , Aüttner,
(très - détaillé et très - instructif). Mad. la Roche , (deux
fois; d oLuc, Bernoulli , Moore , Bjoernstahl , Sinner , Mayer ,
Lxngle, Robert , Meister, Ajfsprung , à torr, Grosse çtç.
Table alphab è ti que
du Guide des Voyageurs en Suisse .
JKbr
Aarmuhl. 59.
Airolo. 54. 109»
AHorf. 94.
Alpnach. 27.
Alt-Els. iofo
Anzeindoz , mont. lis?»
Arberg, 117.
Arbourg. 41.
Arlesheim. 18. 119,
Art. 27. 103.
Arveiron. 79.
Aubonne. m;
Aufnau. 30.
Augst.' 18.
Avenches. nr.
Azaska , val. 109.
B,
Bade. 30.
Basle, tableau. 16. 119.
Bex. 84. 112.
Berne, tableau, ig* 105.
Bernine, giacier. 97.
Bienne. 21. 116. fig,
Bonneville. 7e.
Bossons-, glacier,
Bougj ♦ 33.
Bregence. 4ü
Bréven , mon » 8î«
Brientz , Lac. 68»
Brigue. 107.
Brugg. 41,
Brunnen. 104»
Buet, mont. 8l*
Bulle. 23.
C.
C appel'. 89.
Chamouny. 55, — • voyage
69. svs, — Prieuré 72. 74.
112.
Chasserai, mont. 117*
Chaux de Fond» jiô.
Chède 72,
Glarens. 113?
Cluse. 70.
Coire. 97.
Col de Balme. g?,
D.
Dauben-See. 106,
Disent^, 95*
L 3
124 TABLE ALPHABETIQUE.
Domo d’Ossola. 109.
Dorneok. i8«
Doubs, saut du, 116 ♦
Dru, aiguille. 78.
E.
Eglisau» 88*
Eigèr , mont, 61»
Einsiedeln» I02*
Elm. ioo,
Engelberg. 92.
Entiibuch. 28 ♦ 104»
Evian, 84.. 114*
F*
Ferney. ïifc.
Fideris, 9,
Finio. 82.
Flechière, 80/
Fleins. 97,
Fouché, mont. 67. 109.
Frauenbrunnen. 105,
Frauenfeld. 89.
Fribourg, tableau» 23- III»
Frua. 67.
Frutigen, 105*
G.
Gais. 99.
Gemnii, mont, 106-
Ger.ève. 112.114. 128* tableau,
135.
Gersau. 93.
Glaris. ior,
Gliss. 107.
Granson. 115*
Griesberg, 67,
Grimseï.* 66. ic8. HO.
Grindelwald, 55, voyage 57.
svs. 110.
Grion. 113.
Gruyères. 23.
Gurnigel. 9.
Gutaune. 66.
H.
Hassli, vallée, 65. 93.
Hindelbanck". '104.
Hofwyl. 21, iofi.
Hube. 41.
Huningue., *8*
I.
Ibach. 103,
Ilanz. 97.
Interlachen. 69.
Jouk, lac et vallée. 114,
Jungfrau, mont. 60.
K.
Kandelsteg, 105.
Koenigsfelden. 30*
Ku.ssnacht. 26. 29. 91.
Kloenthal. 101.
E.
Lac. 108-
Lagerberg. 30.
Lausanne , tableau. 23. IH.
Lauterbrunnen» 59.
Lavauy. 9, 24,
Leuk. 108.
Locle. u6*
table ALPHABETIQUE. 125
ILoëclie , bains» 9. Ip5.
Orbe. H4*-
Lowertz* 27* 103-,
Lucerne, tableau. 89-
91. 104.
lugano. 54*
M.
Margozzo. 109»
Marti gni. 33*
Matt. 100.
Mayenwarcl. 68* no*
Meerlingen. 58»
Meyringen. 64.
Misocco. .97»
Mônch, mont. 60.
Mole. 70:
Montanvert. 77*
Mont-blanc. 74» 76* ... N
Mont- Ro sa. 109. ltsVT
Morat. 110.
Morgarten. 90.
Morgenthal. 104*
Morges. in.
Motiers, Travers. 115.
Moudon, ni.
N.'
Nafels^. 102.
Neufchatel. 115*
Neuhaus. 69.
Nidelblad. 31.
Niesen. 57.
Notre-Dame
102.
Nyon. 112.
P*
Panix. 100.
Payerne. ni.
Pfeffers. 9. 99.
Pierre Pertuis. II9*
Pilato, mont. 27*
Pissevache. 84* 11 3*
Q*
Quatre - cantons, lac. 104»
R.
Rapperschwyl. 30.
Réalp. 1C9.
Regensberg. 30.
Reich,enau. 97.
Reichenbach. 64.
Rheinfelden. 41*
Rheinheim. ebd.
Rhin, cataracte. 87*
Richterswyl. 30.
Rigi, mont. 27* 10.3*
Ripaille. 34. ’
Rolle. ni.
Roschach. 41.
Rotzloch. 92.
Rutli. 94.
S
Salenche. 71.
des Hermites Salere. 70.
Schaffhouse. 36 •
Scheideck. 63. no.
126 table alphabétique.
Schindelfeggi. 6.
Schinznach. g. 3r»
Srhreckhorn, mont 62.
Scliwanau. 103»
Schwitz. ic?»
Sempach. 2 f* IÛ4*
Sennwald. ç8.
Servoz. 12. 85*
Simplon. 108*
Sion. H2.
Sixte. 35.
S oie are. 117»
Stanz. 92.
Stapzstadt. gt.
Stockhorn. 57.
St. Gothard, passage* 94. 109.
St. Maurice. 9.
St. Pierre , isle. 117.
St. Saphorin. 24»
Surenen , 93.
T.
Talifre. 8i*
Tavetseh. 95.
Tête -noire. 82*
Thonon. 114.
Thuu. 57. 105. 110.
Tittlîsi ihont; 93»
Tosa, cataracte. 67.
-.Ti-san. 82.
Trons. 96.
IV
Ugogna. 109'.
Untersee. 58. 59.
Ursern. 95.
V.
Valaires. 114..
T al- saint. 23*
Vevay. 21. 113.
Via mala. 97.
W.
Weissen9téin , mont, iig*
Wergé'berg, 6i.
■Wetterhôjrn , mont. ebcU
Wettingen. 31.
Winterthour. 88*
Y. r
Yverdun- 114.
Z.
z u g. 39. go.- '
Zurich, tableau» 28» $9 *
Supplément.
I. Tournée intéressante de 5 à 6 semaines , qui rêu *
nit les principales Curiosités de ta Suisse , tant
d'ancienne que de fraîche date.
Nota, Les noms des endroits désignent en même tems
les couchées. On doit consulter à l’aide de la table
alphabétique , ce que nous avons dit précédemment,
sur les curiosités de chaque lieu et contrée.
Schaffhouie.
Zurich. Séjour d’un jour et demi.
Zug. Demi- journée. On passe VAlbis.
Mont - Rigi. Par eau à Art-, on gravit à pied le
Rigi ; On y couche, après avoir monté au Culm , et
avoir vu, en passant, le monument Ernestin , et les
chalets.. On descend , dans la matinée à
Art , mais par Loweriz , en traversant le théâtre des
dévastations de la chûte d’une partie du Mont - Ruffi-,
c’est l’une des choses les plus remarquables à voir- Si
l’on retourne à tems, on peut encore pousser par Kufs-
nacht-k Lucerne , partie par eau, partie a pied. Chemin
faisant, on voit la chapelle et l’arbre de Tell.
Lueerne. Ou y retrouve sa voiture, et ses bagages,
qui ont pris le devant à Zug , et Ont été dépôsé à l’au
berge de l’aigle d’or. Séjour d’un jour à Lucerne , puisa
Berne. Deux journées. Mais il faut y cooasacrc-r, 2V2-
Car à la première, en dinant à Sursèe , on se rend à la
chapelle et au champ de Sempach-, et à la seconde jour¬
née, en dînant à la bonne auberge de Rohdich et en
couchant à Buchsée , on s'occupe de l’Institut agricole
de Mr. Fellenberg , à Hofwyl. Séjour à la belle ville
de Berne, 2 jours. De là, à
Genève, deux journées et demie. Poussant la pre¬
mière demi- journée jusques à Av enchc s , puis à Lau¬
sanne, puis à Genève. On y séjoufne I ou 2 jours,
àprès on se rend à la
Guide des Voy. X. IL I
m
128-
LA SULSSE.
Vallée de Chamouny. Quiconque a vu Chamouny,
marner de glace, ses grottes, ses aiguilles, le Mont-
Blanc, le plus élévé de rancien continent, a vu tout ce
qu’il y a du plus beau et du plus sublime à voir dans ce
genre , et peut se faire une idée dé ces merveilles des
autres Alpes et montagqes. On épargnerait bien du
tems et du chemin , si l'on continuait sa ceurse, k pied
ou à mulet , de Chamouny , par le col de Balme , p.
Martigny , pour prendre de ce relais, la route de poste
du Simplon ou celle du Grand - Bernard. Dans ce cas il
faudrait envoyer son gros bagage et sa voiture & Lausan¬
ne, vous y attendre au Faucon. Si non, on retourne par
le même chemin à
Genève. Dans le voisinage de l’une des merveille»
de nos jours, de la Route nouvelle du Simplon , il se¬
rait' impardonnable , si l’on ne voulait pas franchir la
distance de 34 postes, ou autant des milles allemands,
qui séparent Génève de Domo d' üssola , pourvoir en
détail l’une des entreprises les plus hardies de l’esprit
humain, qui égaie les ouvrages des anciens Romains,
et qui enorgueillit et immortalise le siècle contemporain
de ces merveilles. On parcourt cette distance avec la
rapidité de la poste; mais il faut s’attendre à la malpro¬
preté Valaisanne et Italienne.
Route du impion -Jusqu' h Domo d'Ossola. Trois
journées. Le beau chemin cotoye les rives du lac Lé¬
man, on a en vue le riant Pays de Vaud-, on passe par
Lvian renommé par se9 eaux minérales, près de la
ci - devant Chartreuse de Ripaille, si célèbre dans les
fastes du Pape Félix, et sous les rochers non moins
célèbres de Meillerie. Entrant alors dans le Valais ,
et longeant le Rhône , on arrive à St. Maurice ,
à Martigny [où l’on peut s’arranger avec l’auber¬
giste sur le passage, et laisser son gros bagage]
à Sion et au pied du Simplon. C’est la nature tour a.
tour majestueuse, imposante, sauvage, et infiniment
pittoresque. On admire des opv âges étonnans; des ga¬
leries percées de i,too pieds de longueur; des ponts har¬
dis sur des torrens ou abîmes, de 83 pieds d’ouverture
et de ieo pieds de hauteur, Le pont de Crevola , répose
sur un pilier énorme, haut de 100 pieds.
A Domo d'Ossola le souvenir du voisinage des lies
Borromées , et du Lac majeur, par Lfgogna et Mar -
gozzo , y attirera nombre de personnes. Un retourne-
par le même chemin.
LA SUISSE.
129
à Martigny , Deux journées,
Si vous êtes pressé, et si la route du Simplon , vous
prend trop de teins, consacrés au -moins deux journées, ^
au Grand-Bernard. Vous pouvez y aller de Martigny à
char de banc, et puis à dos de mulet, dans une jour¬
née, y coucher, chez les bons eeciésia^tiques , saluer les
frontières de l’Italie, et revenir dans la journée suivante.
Vous aurez fait une course, infiniment intéressante, et
dont le souvenir m’est si cher, que si jamais je retourne
en Suisse, je ne manquerai certainement pas, de la re¬
prendre. [V. pour les détails, à 1 Itinéraire d'Italie, la
route du Grand - Bernard.]
Bex. Une journée et demie [à l’hôtel de l’Union,
très bonne auberge] M. Schleicher ; la visite des salines,
des souterrains , et des réservoirs de Bévjeux. Puis à
Vevay. Chemin faisant, on visite les carrières et
moulins à- marbre d’ Aigle', Montreux , la demeure de
l’intéressant auteur des Etrennes helv etienne s ; le châ¬
teau de Chillon ; les bosquets de Çlarensf si célèbre
par Jean Jacques. De Vevay a
Lausanne. D'ici on se rend à
Yverdun. Deux journées, l’une pour le voyage,
l'autre pour voir l’institut de Pest »ozzi. Parle Val -
Travers à
Neufchâtel. Deux journées et demie, pour se rendre
dans les vallées de l’industrie , de Ltcle, de Chaux - de -
Fonds, à la merveille^du saut du D *ubs etc. On se di¬
rige sur
Soleure . On peut passer, en chemin, à 1 ' Ile de
St. Pierre. Deux journées, l’une pourle voyage, l’autre
pour coucher au châlet de IVeissensteiu , et y dire avec
bien des regrêts , ses adieux à la belle lisière des gran¬
des Alpes; spectacle unique à un beau lever ou cou¬
cher du soleil. De Soleure , on quitte la Suisse , par
Bâle.
Tout cela peut s’exécuter commodément en 32 jour¬
nées. Restent encore quelques jours pou ies retards et
cas imprévus. La meilleure saison est celle du mi-Juil-
let et du mois d’Août; ou du mois d’Août et du mi-
Septevnbre. Nous donnerons PAperçu de la série des
curiosités principales qui se pressent sur cette Route.
Chùte du Rhin : la ville de Zurich et ses curiosités : vue
du haut du signal de l’Aibis ; traversée du beau lac de
130
LA SUISSE.
Zag : le Mont-Rigi, ses curiosités ét châlets : les dé¬
vastations de l'écroulement dû Kuffi; l’île de Schwanau
et le lac de Lowertz : la chapelle et l'arbre de Tell: Lu¬
cerne et ses curiosités: la chapelle et le champ de Sem-
pach : Hofwyl et son établissement renommé : la belle
ville de Berné et ses curiosités: Morat : Avenches et ses
restes d’antiquités : Lausanne: Genève, et ses curiosi¬
tés: Chamouny, ses mers de glace , ses glaciers, ses ai¬
guilles , le Mont-Blanc: la nouvelle route du Simplon,
détaillée plüs haut: la route intéressante et le séjour ho¬
spitalier au Grand - Bernard ; Pissevache et le port do
St. Maurice: les souterrains et les réservoirs deBévitux:
Aigle: Chillon i le théâtre des scènes de la nouvelle Hé-
loise : Vevay: Yverdun: l'institut de Pestalozzi: Neuf-
cliùtel ; l’orfèvrerie, l’horlogerie etc. des vallées de Locle
et dè Chaux de Fond: le saut du Doubs: l’île de St. Pi¬
erre: Soleure: l’église de St. Urse: le châlet deWeissen-
stein et la vue de la lisière des Alpes: Bâle. On parcourt
les plus beaux paysages de la Suisse,
2. Flore de Chamouny 7
par Mr. Leschsvxk.
Sur la Route de la Bonneville et Cluse à Salenche.
Ajuga Genevensis.
Epilobiutn Dodonaei, Ail.
Fuphor^ia faicata, dans les champs.
Geum rivale.
Hippophae rhamnoïdes.
Plantago media spicis ramosis.
Tatnarix Germanica..
Tozzia Alpina, le Brezon et Saxonnet*
X)e Salenche à Chamouny «
Alchemilla Alpina, Servoz.
Astrantia Alpina, aux Montées.
Circaea Alpina, aux Montées.
Epilobium Alpinum , idem.
LA SUISSE.
13'
Tetragonum , Servez.
Primula farinosa , idem.
Rhododendron f errugineum , après le p^nt Pélissjer.
Salvia glutinosa, par Je Foully. (2)
-Saxifraga cotylédon, aux Montées.
Silene rupestris , Servoz.
Spiraea aruncus. -
Trollius Europaeus. t
Verouica latifolia , par le Foully . js. .
Dans la Vallée.
Antirrhinum Alpinum , aux bords de l’Arve»
F apaver Alpinum': > '
Pyrola rainor, les bois.
— — rotundifolia , idem.
— — secundo , idem. '
— — uniflorâ, idem.
Tussilàgo Alpina.
Vaccinium myrtillus , les bois.
— — oxicoccos, idejn. i
— — uliginosum, idem.
Vitis idaea , idem.
A la Source de VArveiron.
Circaea Alpina * les bois, le long de l’Arvê"
Epilobium Dodonaei.
Saxifraga aspera.
— — autumnalis.
— — brïoydes.
— — stelîaris.
Sempervivum arachnoïdeum.
• i qïA ' a: r
Au Montanvert et sur les bords de la filer de. Glace.
Achillea moschata , Montanver{tf a
— — macrophylla, dans la foret de sapins, en
montant.
— — Genipi , Montant ert.
Arenaria grandifiora , ideni. ,
Arnica montana, sur toute, la partie, du Montapivert.
Les Chamounyards s’en servent en guise 4e tafc^c à
fumer. '
Astrantia Alpina, dans la forêt.
Azalea procumbens , Mer de glace.
Bupleurum stellatum , Montanvert.
Bartsia Alpina , idem.
Campanula barbata , idem.
Cardamine bellidifolia , idem.
Chrysanthemum Alpinum , idem.
Cnicus spinosissimus , idem.
Chrysosplenium alternifolium , dans la forêt en
montant.
Empetrum nigrum , au bord de la Mer de glace.
Erinus Alpinus , Montanvert.
Euphrasia officinalis , varietas minima flore luteo,
dans la forêt.
Geum montanum , au bord de la Mer de' glace. ;
Imperatoria ostruthium, Montanvert.
.Juncus trifïdus j idem.
- Pedicularis rostrata, idem.
Phleum Alpinum , idem.
I^inus cembra, idem. Sur les pentes en descendant
au glacier. ■ .
Phyteuma hemisphaerica, idem.
Potentilla aurea , idem.
Rumex digynus, idem.
Saxifraga bryoïdes, idem.
— — cuneïfoüa , ' idem.
— — multiflor,a, idem. . ...
— — rotundifolia , dans la forêt.
Soldanella Alpina , Montanvert .
Trifolium Alpinum , idem.
Tussilago Alpina, dans la forêt.
Vaccinium myrtillus , idem.
— — oxycoccos, idem.
Veronica Alpina , Montanvert .
— — aphylla, idem.
Viola biflora, idem.
— cenisiaj idem.
Au B r é v en,
Acrostichum septentrionale, au pied de la montagne.
Aira montana, à Pliampra.
Ajuga pyramidalis, près du Couloir.
Arnica scorpioïdes.
Artemisia rupestris.
Anémone narcissiflora , à Pliampra.
LA SUISSE.
133
Eupleurum stellatum. ;
Cnicus spinosissimus.
Cherleria sedoïdes.
Carex foetida. ' • ' “ -
Eestuca pumila.
Gallium rotundifolium,bois de sapins, sous leBréven.
Gentiana asclepiadea.
Hieracium intyhaceum. ■>
Hypericum pulchrum, rochers sous Pliampra.
Juncus spicatus.
— trifidus.
Xaserpitium hirsutum.
Potentilla grandiflora.
Rumex digynus.
Saxifraga aspera.
Scleranthus perennis.
Sedum saxatile.
Senecio Alpinus.
— incanus, au sommet.
Valeriana Celtica.
Veronica aphylla.
— — bellidifolia.
— -*• frttticulbsa.
Col de B aime.
Astragalu9 montanus.-
Carex juncifolia.
! — • Bellardi. •
— prostrata.
Cherleria sedoïdes.
Chrysanthemum Alpinum.
Cnicus spinosissimus.
Erigeron Alpinum.
Gentiana acaulis.
— — nivalis.
— — purpurea.
■Juncus Alpinus.
— Jacquini.
— luteus.
— spicatus.
— trifidus.
Pediculâris rostrata.
— — verticillata.
LA SUISSE.
«4
Phyteuma hemisphaerica.
Polygonum viviparum.
Kanunculus glacialis.
— — nivalis.
Salix herbacea.
Sçneqio incanus.- - ,■ v c . •
Sempervùvum arachnoïdeum.
Serratula Alpina, au bord. du lac.
Trifolium Alpinuoou,
Veronica Alpina.
r— — aphylla.
— — bellidioïdes.
— — saxatilis.
Viola grandiflora.
3. Hauteurs des principales sommités , de Genêt
à Martigny , au- dessus dit niveau de la mer.
Les Voirons
Te Môle ....
L’Aiguille de Varens
La croix du Bonhomme
Le Montanvert . . .
L’Aiguille du Dru
Le plan du Talèfre
Le Jardin ou Courtil
L’Aiguille du Midi
Son pied
Le Cramont
Le pied de l’Aiguille de Blaitière
Le pied de l’Aiguille du Plan
Le col du Géant
L’Aiguille du Géant
L’Aiguille d’Argentière
Le col de la Seigne
Le col de Balme
Le Bréven ....
Le Buet ....
La montagne de la Côte
Le Mont - Blanc . '
Toise;
7e
94
138
125
' 95
;I95
135
141
20c
136
14c
133
131
- 176
- 217
19c
126
n8
. 130
157
131
.. 245
LA SUISSE-.
135
GENEVE. Sa population est suivant l’A. R. de 22,055
âmes. {Long. 23°48"30"* Lat. 46° 12' I?' ). — □ la fran¬
che Amitié: l’union des coeurs: la parfaite égalité: la
triple union et amitié: les amis sincères : l'heureuse ren*
contre, loge allemande: la bienfaisance. (Ces sept loges
forment aussi la Loge provinciale).
Cette ville, que la reformation et les grandshommes,
qui lui ont dû leur éducation, ont rendu célèbre ainsique
l’énergie qu’elle a montrée dans tous le9 tems, est dans
position la plus belle que l'on puisse voir. Son beau lac,
les coteaux qui la dominent, l’aspect de la chaîne des
hautes Alpes et du fameux Mont-Blanc, présentent des
points de vue aussi variées que magnifiques. Le haut de
la ville est remarquable par de très -belles maisons dont
l’ensemble les ferait prendre pour des palais. Telles sont
les maisons Tronchin , Boissier , Sellon , de Saussure et
autres sur la infime ligne; c’est dans cette partie que l'on
voit l'hôtel de ville , [dans la cour, quelques inscriptions
romaines, connues par Spon ] et la cathédrale , dont la
façade en marbre est une copie du Panthéon. La ma¬
chine hydraulique qui produit par heure plus de 34.400
pintes, est digne de votre attention. Les bergeries de M M,
Boissier , Pictct et Audéoud , sont une autre curiosité.
Genève république s'est fait admirer par ses lois, par
ses réglemens , et surtout par des établissemens de tous
genres, tels que le Collège, l’Académie, la société pour
l’avancemeut des arts, une bibliothèque ouverte à des
jours fixes, renfermant40 mille volumes et de précieux ma¬
nuscrits dont nous avons le catalogue rédigé par fçu le sa¬
vant Sênéhier. L’Académie a eu des savans dans tous les
genres, des Calendrini , Burlamaqui , Tronchin , Pictct,
Sullin, Turrctin , et avant eux Calvin et de B'eze , et
de nos jours, les Bertrand , de Saussure , VHuillier,
Mallet y Bourrit , Pictcty et dans la classe des Ecclésias¬
tiques Vernet , Claparède etc. Elle a eu aussi de grands
prédicateurs dans les Pasteurs Vernes , Rornilli , Rejbaz,
Juventin , de Cointc , et il en est qui acquièrent tous
les jours de la réputation et qui contribuent à y main¬
tenir les bonnes moeurs. Parmi les savans qu’elle pos¬
sède encore, on distingue Mrs. le Sage, de Luc, Béren¬
ger, Jurine, Odier, et nombre d’at^tres. Enfin, c'est,
dans son sein que sont nés Rousseau , Bonnet et ISecker.
LA SUISSE.
136
Genève, devenue française , avait conservé par un
traité les principaux établissemens qui ont fait sa gloire,
les fonds qui les soutenaient restaient entre les mains
des Genevois, le Culte, le Collège, l’Académie subsi¬
staient. Redevenue R épudlique en 1S14, elle redoublera de
zèle pour faire fleuri? ces glorieux établissemens. Il y
a une société d’hist. naturelle, etune de littérature et des
sciences.* L'Ecole de Dessin prospère ; des Peintres, des
Dessinateurs en assurent les succès, L’on y voit quel¬
ques beaux tableaux de Mr. Dclarive et Saint - Ours , le
premier en paysage, le second en histoire. A ces deux
artistes du premier rang, ajoûtons MM. Constantin et
Vaucher -, Toeyfer , supérieur dans la carricature ; Agasse ,
élève de Vernet le cadet; Massbrd, peintre deportraits;
Linck , graveur et dessinateur; Bouvier , Jacquet , sculp¬
teurs, et les Dem. A" ellon d' Allemand , dont le père est
riche en tableaux de tontes les écoles Les tableaux des
Alpes se voient chez 1 historien des Alpes, et sont peints
par lui même. Mr. Bourrit outre les six volumes de ces
descriptions, a encore publié un Itinéraire de Genève
et de Chamouny.
On trouve aussi chez Mr. Monty , à l'hôtel de ville,
des cartes, atlas, gravures, vues coloriées, de bons in-
strumens de physique, modèles en rélief des Alpes, que
l’on se procure aussi chez M. Gaudin. L’on connaît le
cabinet de peinture de Mr. Tronchin aux Délices , mais
il en est un autre des plus grands maîtres chez Mr.
Meister .
Enfin les étrangers ont à voir de beaux cabinets chez
Mr. le Docteur Jurine et chez Mr De Luc. La pré¬
cieuse collection de M. Boissier , celles de MM. Jurine ,
Pictet , Tingcy, Gosse. Le riche cabinet deMr. de Saus¬
sure a fait long teins l’admiration des connaisseurs- Cet,
homme célèbre est mort à l’âge de 59 ans. M. Bourrit ,
qui l'a souvent accompagné dans ses voyages vit encore
et quoique parvenu à un âge avancé, continue ses cour¬
ses alpines.
L’Horlogerie, la Bijouterie, la Jouaiîlerie, l’Impri¬
merie, les Fabriques de toiles peintes et le commerce de
Banque, concourent avec les établissemens dont nous
venons de parler, à faire de cette ville l’une des plus
LA SUISSE.
13?
civilisées et des plus commerçantes. Les promenades au
dedans sont charmantes. La belle promenade , où 1 ou
voit le buste de Rousseau, est abandonnée, pour avoir
été le théâtre des exécutions révolutionnaires ; on se pro¬
mené à la Treille , au Cours Maurice, et a xx Plain- Palais.
la vue du haut de la colline de Coligny est justement
renommée.
Pensions. DeMM* Duvilard, Dcjoux, Vaucher , Ger -
lach etc.
Auberges. A l’écu de Genève: (bonne auberge; il faut
choisir de préférence, les appartenions , qui donnent sur
le lac) — aux balances (près de la place de Relair. M.
Crotet , domestique de louage est à recommander) — aux
Sécherons, ou à l’hôtel d’Angleterre, hors de la- porte:
toutes très -bonnes.
Excursions dans les Environs. 1. A Ferney , à iT/a
lieue de Genève; (il est rentré dans la famille, dont
Voltaire l’avait acheté, les appartemens au rez-de-chaus¬
sée du château sont dans le même état, que du vivant
de Voltaire. On remarque dans la salle q. manger du
château un tableau satyrique; où les démons donnent
les étrivières à Frèron.) — 2. Sur le Salève-, ( 3072 pieds
au-dessus du lac). — 3. Sur les Foirons ; (le sommet de
3,114 pieds au-dessus du lac). — 4. Sur le Môle ; (pour
y monter il faut se rendre à Bonneville , à 5 lieues de
Genève. Elévation 4560 pieds, au-dessus du îac.) — 5. Sur
le coteau de Boisy , en Savoie; (élevé de 1100 pieds au-
dessus du lac. On peut faire commodément cette petite
course en un jour). — 6. Sur la Dôle ; (3y2; pieds au-des¬
sus du lac. V. aussi à la page suivante !a note sur la
route à Morez.î Comme il faut prendre, pour bien jouir
de la vue, 1 instant du levep ou du coucher du soleil,
on ne peut pas employer moins de 2 jours pour cette
course. La chaîne des Alpes qu’on y découvre , aune
étendue de près de 100 lieues. — 7. Voyage à Cliamouny;
£• Excursion à la perte du Rhône.
Distances. De Genève â Besançon 2î postes, à Cham¬
béry ti3 4 p. , à Paris par Dijon et Morez 62V4 P- (La
route traverse le Jura , et on trouve partout des sites
romantiques et des curiosités à remarquer. A la Cure ,
on peut monter en 2 h. de tems ou sommet de la Dôle ,
Pour jouir d’une vue alpine et célèbre. Dans les envi-
Guide des Voy. T. II. D
rons de Morez, on fabrique beaucoup de montres, d*
tourne-broches , et autres ouvrages en fer et acier. A la
poste de la Maison neuve , il y a une belle chute d’eau;
à Champagnole , la grotte de' Balerne ; à Poligny , les
chambrettes, où les restes d’une belle mosaïque antique»
décrite par le comte de Caylus ; à Dole les grottes de
Jonhe, la source sulfüreuse, près d’un ancien couvent,
la belle promenade des ormes etc. V. Streifereien durch
den franz. Jura , von Ulysses von Salis. JVinterthur%
1805. 8*) — k Grenoble i83/4 P- » à Lyon 20 p. , à Lausanne,
q heures Suisses, une journée de voiturier; k Berne, 24.
heures Suisses, 2 journées ï/g. De Genève k Turin, on
peut voyager commodément et k bon prix, avec la dili¬
gence nouvellement établie.