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Full text of "Guide manuel théorique et pratique de l'ouvrier ou praticien-relieur"

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V 



Guide Manuel 



DtJ 



Pr ati ci en- R el i eux 



OUVRAGES DU MÊME AUTEUR 



Traité théorique et pratique de Fart da 
Relieur. — i volume iii-8 raisin avec i6 planches 
hors texte et 17 fijB^ures. 19 fr. &0 

Barèmes ou deTls de travaunL de reliure, 
établis au moyen de 4^ tableaux à 28 formats chacun 
plus un prix courant et une feuille de format, i volume 
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tous travaux de reliures, d'embottases, 
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peut se procurer une copie. 

lia Reliure, études d'un pratlelen sur Flils- 
tolre et la teelinolo||;le de l'art du Relleur- 
Roreur. — i vol. in-8 jésus avec 24 planches hors 
texte. 

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lia Reliure au musée Galllera tOO!9. — Brochure 
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Guide manuel, tbéorlque et pratique de 
l'ouvrier ou pratlelen Roreur sur eulr et 
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Jésus avec 76 figures ou figurines dans le texte. 



Guide Manuel 

THÉORIQUE ET PRATIQUE DE L'OUVRIER 

ou 

Pr ati ci en - Rel i eur 



CONTENANT DANS TOUTES LEURS PARTIES 

La Brochure dans ses rapports avec la reliure, 

La Reliure en tous genres, Le cartonnage à la Bradel, 

Le cartonnage des livres classiques et autres, 

L'Emboitage, etc., etc. 



PAR 



Em. ^OSQUET 

Relieur- Doreur praticien 

Auteur du Traité théorique et pratique de l*art du relieur, 

et de divers ouvrages et notices sur la reliure etc. 

Officier d'Académie 



PARIS 

LIBRAIRIE POLYTECHNIQUE CH. DÉRANGER, ÉDITEUR 

Successeur de BAUDRY & O» 

15, RUE DES SAINTS-PÈRES 

Maison à Liège : 21, rue de la Régence 

1903 
Tous droits'Téservés 



ICHOOL 



A Monsieur 



CHARLES MAGNIER 



Ivi534^« 



PREFACE 



Comme notre titre l'indique, le petit ouvrage que 
nous publions aujourd'hui, fruit d'une longue expé- 
rience et d'études constantes, est destiné à venir en aide 
à ceux qui, à un titre quelconque, entrent dans la car- 
rière ou s'occupent de la reliure et des arts industriels 
qui s'y rattachent. 

A servir de vade-mecum usuel aux artisans attachés 
à l'habillage du livre. 

Aux ouvriers qui désirent s'instruire, s'assimiler les 
méthodes les plus simples, les plus pratiques, en vue 
de produire un ensemble aussi rapproché que possible 
de la perfection, tout en tenant compte des exigences 
du métier et du milieu dans lequel ils sont appelés à 
exercer leur art ou industrie. 

Dans un art qui, bien souvent, et pour des causes 
faciles à saisir, ne peut que s'astreindre aux formules 
les plus banales, mais qu'il importe toutefois d'appli- 
quer avec intelligence ; qui, parfois, s'inspire d'un 
sentiment assez élevé, disons dans certains cas^ même 
très élevé, toujours il restera quelque chose à appren- 
dre, tant par ceux qui se spécialisent dans telle ou telle 
partie de la reliure, etc., que par ceux à qui leur situa- 
tion permet ou oblige à embrasser Tensemble de Part 
ou métier de relieur. 

C'est aussi en vue de la spécialisation et afin de 
mettre cet ouvrage à la portée du plus grand nombre, 

BOSQUET — RELIURE 1 



â 1>RËFAC£ 

disons de toutes les bourses, que nous nous sommes 
décidés à le diviser en deux parties : Tune traitant de 
la reliure proprement dite et formant un tout complet 
à l'usage de l'ouvrier ou praticien relieur ; l'autre trai- 
tant de la partie ornementale, à l'usage de l'ouvrier 
doreur sur cuir ou sur tranches^ du marbreur, etc. Des 
artisans et artistes s'occupant de la partie ornementale 
ou décorative de la couverture du livre, relié ou car- 
tonné. Spécialités qui, dans la pluralité des cas, s'exer- 
cent en dehors des ateliers de reliure. 



DÉFINITION DE LA RELIURE 



L'art ou industrie du relieur consiste à assembler les 
feuilles d'un livre en masse compacte, agencée sous 
une couverture solide pour en faciliter l'usage et en 
assurer la conservation. 

Oo distingue divers genres de reliures, savoir : la 
relium pleine, cousue sur nerfs ou à dos brisé, la 
demi^reliure^ le reliure ou cartonnage à la Bradel et, 
enfin, la reliure ou cartonnage emboîté {emboîtage). 

On désigne sous le nom de reliure pleine celle dont 
le dos et les plats de la couverture sont entièrement 
recouverts en peau (il en est de fabriquées spécialement 
pour cet usage) ou d'un tissu quelconque. On entend 
par demi-'reliure celle dont le dos ainsi qu'une partie 
des plats sont seuls recouverts soit en peau, en 
toile, etc. ; la reliure genre Bradel ou cartonnage per- 
fectionné ; puis Yembottage dont la couverture s'adapte 
ensuite au volume agencé d*autre part selon les besoins 
de la cause, et ce, en vue d'établir des reliures à des 
prix relativement réduits. 

Après rimpression, on fait sécher les feuilles en les 
étendant par petites pincées à califourchon avec l'aide 
d'uu /erlet ou étendoir, soit sur des ficelles, soit sur 
des traverses ou tringles en bois, dans un endroit sec ou 
chaud (séchage). On les satine en les mettant en presse 
entre des cartons glacés, dits cartons de Lyon {sati' 



4 DEFINITION DE LA RELIURE 

nage). On plie ensuite les feuilles imprimées, selon 
rimposition ou agencement des pag'es imprimées sur 
la feuille (pliure) pour en faire des cahiers que Ton 
assemble en volume (assemblage). 

On bat les volumes à Taide d'un lourd marteau de 
forme spéciale (battage) ou on les lamine entre des 
plaques de zinc ou de cuivre (laminage). On les met 
en presse entre des ais en carton ou en bois bien unis, 
puis on collationne le livre à l'aide des chiffres, ou 
signatures^ qui se trouvent au bas de la première page 
de chaque cahier. 

On procède ensuite à la couture, soit sur nerfs, telle 
que la pratiquaient les anciens relieurs, soit sur rubans 
ou, enfin, sur ficelles, à la grecque, telle qu'on la pra- 
tique pour la plupart de nos jours. La grecqure con- 
siste à entailler le dos du volume à l'aide d'une scie à 
main (grecque) ou à la machine à grecquer ; ces entail- 
les ou encoches, faites à des distances déterminées, 
servent à enchâsser ou dissimuler les ficelles sur les- 
quelles on coud le volume et à faciliter en même temps 
le travail de la couture. Ce travail se fait sur un métier 
à coudre (cousoir) sur lequel l'ouvrière tend les ficel- 
les ; les fils de lin écru dont elle se sert et qu'elle enfile 
dans les cahiers, en passant l'aiguille dans les encoches 
qui lui servent de guide, y compriment en même temps 
les ficelles qui, après l'opération, font corps avec le 
volume et servent à y rattacher les cartons de la cou- 
verture. 

Le travail de Vendossure consiste à approprier les 
cartons au volume et à donner à celui-ci la forme vou- 
lue, la forme d'une reliure, à l'aide de presses de 
divers genres affectées à cet usage. On égalise ensuite 
les tranches du volume au moyen d'une presse à 
rogner, sur laquelle glisse le fut ou rognoir, armé 



DEFINITION DE LA RELIURE 5 

d'un couteau affûté en fer de lance ; puis on procède à 
la dorure ou au coloriage des tranches. 

La couvrure forme un ensemble d'opérations dont 
les préliminaires consistent dans le placement des 
signets (rubans de soie ou ? que Ton fixe par un bout 
au haut du volume et dont la partie restée mobile sert 
à marquer telle pai^i^e du livre que le lecteur désire 
retrouver) et des tranche-fils servant d'assise à la coiffe 
de la reliure et que l'ouvrière agence, aux extrémités 
du dos, à l'aide de fils de soie ou de lin (tranchefi- 
lure) ou qui, fabriquées préalablement en bandes, se 
fixent alors à la colle. A solidifier le dos du volume, à 
l'aide de collages de bandes de peau ou vélin assoupli, 
de toile ou de papier ; à l'appropriation des nerfs ou 
faux-nerfs ; à la coupe et à la. parure des peaux de 
maroquin, de chagrin ou chèvre, de veau, de basane 
ou mouton, etc., fabriquées spécialement pour la 
reliure ; à l'application de l'une d'elles sur la reliure 
en cours, ce qui constitue la couvrure proprement 
dite. 

La partie artistique par excellence, et dont il sera 
question dans la seconde partie du présent ouvrage, 
consiste à empreindre en or, en gaufrures ou en cou- 
leurs typographiques ou mosaïques, etc , sur la cou- 
verture, soit à la main ou à l'aide de presses à balan- 
cier, les pièces gravées sur bronze (fers à dorer), carac- 
tères, etc., servant à l'ornementation de la couverture 
du livre ou à désigner le titre de l'ouvrage. On achève 
la reliure par le collage des gardes, la mise en presse 
et le vernissage. N'oublions pas quelques travaux 
intermédiaires, tels que le placement des gravures ou 
planches, s'il y a lieu, qui se fait après la pliure ; 
Yébarbage des tranches qui se fait aux livres d'ama- 
teurs, et ce, avant de coudre le volume. 



GUIDE MANUEL DE L'OUVRIER RELIEUR 



CHAPITRE PREMIER 



La brochure dans ses rapports avao la reliure 



La brochure dont certaines parties servent de base et 
Tensemble d'introduction à la reliure, mérite à plus 
d'un titre de retenir l'attention des praticione relieurs. 

Il n'entre pas dans notre cadre d'en donner une des- 
cription approfondie, mais il importe que certaines 
parties, celles se rattachant directement à la reliure, 
soient rendues familières môme par la pratique aux 
adeptes de notre art. 

L'ensemble du travail du brocheur, consiste : à 
sécher Us/êailles nouvellement sorties de presses litho 
ou typographiques et destinées à former des volumes ; 
à lei êatinërt puis à les couper* et plier selon l'im- 
position ; à assembler cm feuilles dans leur ordre chro- 
nologique ou numérique pour en former un ou des 
volumes ; à coudre le volume, à le mettre en presse, 
puis À y appliquer une couverture en papier uni ou 
imprimé portant au dos et sur le plat le titre de Tou- 
vrage. On ébarbe ensuite au moyen de ciseaux ou 
cisailles, les feuillets qui dépassent l'ensemble, à seule 
fin d'égaliserléstranches. Le brocheur se chargée, dans 
certains cas, de glacer entre des plaques de zinc et 
avant l'impression^ les papiers destinés aux éditions de 
\^i^ ou À vignettes et gravures intercalées dans le texte. 



8 GUIDE .IIANUBL DE L OUVniEII RELIEUR 

Glaçage. -— Le glaçag'e a pour but d'enlever ce que 
l'on nomme, le grain du papier, ainsi que les rugo- 
sités provenant de certains défauts de fabrication. Lais- 
ser subsister ces inégalités serait non seulement nuisible 
à la netteté et A la beauté des tirages, mais encore à la 
conservation des gravures et clichés employés. Le gla- 
çage s'exécute de diverses façons, mais toujours après 
que le papier a été humecté et préparé pour l'impres- 
sion, ce dernier travail incombe à l'imprimeur qui, 
lorsque le papier a atteint le degré de moiteur voulu, 
confie les feuilles au glaceur. 



Fig. t. — Laminoir pour le glaçage du papier. 

Le travail du glaceur consiste, à placer chaque 
feuille de papier, entre des feuilles de zinc bien uni. 



GXllDB MANUEL DE L OUVRIKR 

dit ziac à satiner, puis de les passer ealre les cyliodres 
d'tiii laminoir actionné à bras ou au moteur. Les pla- 
ques de zinc doivent être tenues dans un étal de pro- 
preté parfaite : l'humidité déposée par le papier doit 
être enlevée fréquemment afin d'éviter l'oxjdation du 
zinc, ce qui serait nuisible même incompatible avec 
l'exécution du travail. 

Le glaçage entre des plaques de zinc peut, dans cer- 
tains cas, être remplacé par le moyen de calandres à 
trois, quatre, six cylindres et plus, fonctionnant à froid 
ou chauffées à la vapeur. 



Fig. 3. — Calandre pour le glaçage elle saliaage des papiers. 

Séchage. — Le séchage des feuilles imprimées a 
pour but d'enlever l'humidité du papier nécessitée par 
l'impression et aussi de fixer les encres litho ou typo- 
graphiques employées. Celles-ci, selon leur nature étant 

sujettes k maculer plus ou moins les cartons à satiner 



iO GUIDB MANUKL 0K L*OUVRIiR RELIEUR 

et surtout les feuilles avoiëinantes pendant les opéra- 
tions de la brochure et surtout de la reliure. 

Le séchag'e se pratique de diverses façons; i*^dans 
des fours ou chambres de chauffei dans lesquels on 
fait circuler alternativement des courants d'air chaud 
et froid, ce qui permet de presser, laminer ou battre 
les livres le lendemain de Tirnpression* 2° Dans des 
chambres ou salles où» en été, on laisse circuler lair 
et la chaleur atmosphérique et que l'on chauffe pendant 
rhiver et les temps humides au moyen de calorifères 
ou poêles en fonte. Les feuilles sont g'énéralement éten- 
dues aussi près que possible du plafond ; le meilleur 
mode d'étendag'es consiste à placer les feuilles sur des 
tringles en bois de 4^6 centimètres de large et de 2 cen 
timètres d épaisseur. Ces tringles posées sur champ 
et dont les angles supérieurs sont arrondis, permettent 
d'étendre les feuilles en ligne droite sans crainte de les 
déformer, ce qui n^est pas le cas si Tétendage se fait sur 
des Çcelles ou cordes de chanvre qui fléchissent plus ou 
moins sous le poids des feuilles et impriment à celles-ci 
une courbe qui leur est plus ou moins préjudiciable. 

Il est bon de laisser les feuilles étendues le plus long- 
temps possible, afin de pouvoir les travailler sans avoir 
à craindre le maculage. On s^assure si les encres sont 
suffisamment sèches, en plaçant un morceau de papier 
blanc sur une feuille étendue à plat sur une surface unie 
et résistante, on frotte alors avec l'ongle sur le papier 
qui se maculera d'un portion d'encre si celle-ci n'est 
pas suffisamment sèche. Dès que les feuilles sont sèches 
on les enlève des tringles en se servant toujours du 
ferlet ou étendoir. 

Satinage. — Voutillage ordinaire du satineur se 
compose d'une presse à grande puissance. Celles que 



[ MAHUIIL DB LOUVRIKH HBLIIUR 



l'on emploie g^éaé raie méat sont des preitu hydrauli- 
ques, plus ou moins fartes aelon l'étendua des feuîllas 
à satiner, ou les besoins usuels du brocheur. On 



Fig, 3. — Presse hydraulique. 

emploie aussi les pressses en îvr à percussion, ainsi 
que d'autres du même ^enre, actionnées par un volant 
et une roue à eagroaaigea commandée par un pignon 
avec vis sans fin, mais aucune de se» presses ne peu- 



là GUIDE MlLNUBL DE L'UUVRIER HELIEUn 

vent atteindre la puissance de la presse hydraulique 
(fig'. 3). Ces presses sont actionnées au moyen de 
pompes FonctionnaDt à bras ou au moteur. L'outillag:e 
comprend en outre plusieurs séries de cartons de divers 
formats. Ces cartons sont en pâte très dure et fortement 
l^'lacés. Les feuilles imprimées se placent entre les car- 
tons, qui enlèvent le foulage ou reliefs produits dans 
le papier par les tirages typographiques; ils rendent 
en outre au papier la forme lisse et plane qu'il avait 
perdue par l'humidité nécessaire à l'impression; il aide 
aussi à sécher les encres dont les parties trop grasses 
sont absorbées par les cartons. 



Ces cartons qui absorbent l'humidité du papier et les 
surcharges d'encres, se salissent assez rapidement. On 
a soin de les faire sécher entre des tringles placées dans 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 13 

le sens vertical, et d'essuyer les encres au moyen de 
tampons de papier ou de ling'e fin. Si le satinage a 
opéré sur des feuilles imprimées au moyen d'encres de 
mauvaise qualité, il faut faire usag'e de benzine ou 
d'alcool pour nettoyer les cartons qu^Ton frotte ensuite 
à sec à Taide de lingues fins, puis on les laisse bien 
sécher avant de s'en servir pour d'autres ouvragées. 

Outre les moyens indiqués ci-dessus, certaines grandes 
maisons se servent également d'une calandre à deux 
cylindres chauffés à la vapeur. Celle-ci prend la feuille 
au sortir de la presse litho ou typographique, la sèche 
et la satine en même temps, mais on a pu constater que 
dans certains cas, elle fait pâlir plus ou moins les encres 
ayant servi au tirage. 

Pliure. — La pliure des feuilles destinées à la bro- 
chure ne présente à première vue qu'une importance 
relative. Le brocheur, ne rogne pas le livre ayant 
quelque valeur et son travail peut toujours se modifier 
et être corrigé par le relieur. 

Il serait pourtant à souhaiter que même pour la bro- 
chure, cette partie du travail fut faite avec soin. En 
effet, si le brocheur ne rogne pas le livre pour en éga- 
liser les tranches, le lecteur a toujours hâte de consulter, 
de prendre connaissance de l'ouvrage avant de le con- 
fier au relieur, il coupe les feuilles sur le devant et en 
tête et de ce côté surtout si la pliure est mal faite, le 
livre subit de ce chef une avarie parfois sensible que 
l'on ne peut remettre en état qu'en prenant sur les 
marges. 

Les conséquences d'un mauvais pliage sont bien 
autrement graves pour un volume relié. Celui-ci étant 
rogné, le défaut se dénonce au premier coup d'oeil, et a 
pour conséquences de déprécier complètement le travail 



14 6UIDB MANUEL DB l'oUVRIBR RBLIBUIl 

du relieur, quelque soin qu*ii ait pris dans l'exécution 
des autres parties de la reliure. Il est donc de la plus 
haute importance que le pliage des feuilles d'un livre 
soit fait correctement, c'est-à-dire avec précision, de 
façon à arriver À un partage exact des marges. Ce 
serait facile si l'impression elle-même était toujours 
correcte, et si la retiration, c'est-'à-dire le verso de la 
feuille imprimée, correspondait exactement au recto, ce 
n'est pas toujours le cas ! ce qui oblige l'ouvrière à 
chercher des points de repère souvent difficiles à établir. 

Ce qui rend la pliure réellement difficile, c'est la très 
fâcheuse habitude que l'on a prise d'assembler les 
feuilles d'un livre par exemplaire et avant la pliure. 
Il serait de tous points préférable, que l'on abandonne 
et ce dans l'intérêt et de la bonne marche du travail, un 
système qui, à première vue, paraît des plus rassu- 
rants au point de vue de la constatation du nombre 
exact qu'un tirage a produit, mais qui, d'autre part, pré- 
sente de très graves inconvénients et des pertes de temps 
considérables (i). 

Voyons tout d'abord ce qui se passe alors qu'il s'agit 
d'ouvrages non assemblés avant la pliure ? L'ouvrière 
une fois son point de repère établi, ce qu'elle fait sur la 
première feuillç, n'a plus à chercher pour les suivantes, 
de là une régularité en quelque sorte automatique dans 
la formation des plis et une grande assurance dans 
l'exécution de son travail qui peut en outre se faire avec 
plus de rapidité. 

Dans une partie de ôoo volumes composés de ao ou 3o 



(i) Il est à notre avis, tout aussi rassurant, sinon plus, de for- 
mer des ballots de loo exemplaires, ou plus de la même feuille, 
après les avoir reconnus en bon état ; celle amenant le plus bas 
total, sur l'ensemble, délin^it^ alors le tion^bre ^xact ({ue |e 
tirage a produit. 



GUIDE MANUEL DB L*OUVRIBR RELIBUR 15 

feuilles chacun, que Ton distribue entre lo ou i5 
plieuses, chacune ayant deux feuilles, cela ne fait que 
deux points de repère à chercher, pour mille feuilles. Il 
n'en est pas de même si les volumes sont assemblés 
par exemplaire ; le livre étant composé de 20 ou 3o 
feuilles, cela fait autant de points de repère à chercher 
nous disons ao ou 3o par volume et c'est à recomman- 
-cer à chaque volume tant qu'elle en ait fait un certain 
nombre. Que L'on jug'e par là du temps perdu, et si l'ou- 
vrière n'est pas d'une habileté consommée, du travail 
plus ou moins défectueux qu'elle a du produire. 

Ce qui n'empêche que, pour les ouvrag-es en nombre 
contenant diverses planches ou gravures, on est forcé de 
procéder au désassemblage après la pliure afin de 
réunir les cahiers contenant les mêmes gravures, cartes 
ou cartons à remplacer ou à placer ; puis d'assembler à 
nouveau le volume une fois le travail fait. 

Il en est de môme des premier et dernier cahiers du 
volume nécessitant toujours un travail spécial qu'il y 
ait ou non des gravures ou collages à exécuter et cela 
à cause des g'ardes et sauve-gardes à placer. 

Il est donc de tous points préférable que les volumes 
ne soient pas assemblés avant la pliure ; nous nousper^ 
mettons d'émettre ce vœu sans grand espoir de le voir 
se réaliser ! 

La pliure se divise en deux genres : en pliure simple 
et en pliure composée. On entend par pliure simple 
celle limitée au pliage d'une feuille en deux, en 
quatre ou en huit; soit à un, deux ou trois plis sans 
encartag'es, ni coupes d'aucune sorte. La pliure com- 
posées est celle qui se complique d'une ou deux coupes, 
avec pliage et encartage de la partie coupée pour en 
former un gros cahier j telles sont les feuilles in-12 et 
in-î8. Cette derûièrâ méthode a pour cause d'anciens 



46 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

errements qui ne sont pas sans présenter de sérieux 
inconvénients et que dans l'intérêt du travail autant 
que dans l'intérêt de l'éditeur lui-même nous serions 
heureux de voir disparaître, les papiers mécaniques se 
prêtant à toutes les combinaisons. 

Entre les deux genres indiqués ci-dessus, la pliure 
se modifie selon le format des livres à plier. Pour bien 
nous faire comprendre nous devons tout d'abord indi- 
quer la manière de manœuvrer le plioir. 

Manière de plier. — La plieuse saisit le plioir entre 
le pouce et les trois doigts inférieurs de la main droite, 
elle pose l'index sur le tranchant supérieur, de cette 
façon le tranchant inférieur entièrement libre, se pose 
sur la feuille et se trouve en contact direct avec elle. 
L'ouvrière le penche légèrement en avant pour former 
les plis de bas en haut, et vers elle pour les former du 
haut en bas. Quant aux plis à faire dans le sens hori- 
zontal, elle penche le plioir en avant pour former le pli 
à partir du centre vers la gauche, en le posant sur la 
feuille dans le sens oblique à droite. Elle lui fait en" 
suite par un simple mouvement du poignet, exécuter 
un demi-tour qui le pose dans le sens oblique à gauche, 
ce qui lui permet de former le pli de gauche à droite, 
en penchaot le plioir du côté droit, tout en remettant la 
main dans une position rationnelle. 

La plieuse se sert également du plioir pour couper 
la feuille, en le maintenant de même, mais en l'intro- 
duisant à plat entre les deux portions delà feuille pliée. 
Elle presse alors le tranchant du plioir contre la partie 
antérieure du pli, et elle fend la feuille de bas en haut 
d'un seul trait. Il est de la plus haute importance que la 
feuille soit pliée avant de la couper. Certaines ouvrières 
ont la déplorable habitude de couper la feuille sans for- 



mer le pli, et se contentent de maintenir la feuille avec 
la main gauche. Ces coupes non seulentent ne sont pas 



-Plinrj. L'ajusta^ poi 



nettes, mais il arrive fréquemment que le tranchant 
du plioir, plus ou moins mal dirige, déchire la feuille, 



18 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIBR RELIEUR 

qui par ce fait est plus ou moins abîmée et parfois com^ 
plètemeat perdue On ne doit pas exposer l'éditeur à 
perdre un exemplaire de son édition, et cela par le 
défaut d'une feuill6 gâtée par une ouvrière peu cons- 
ciencieuse. 

GOttpe des feuilles. — Dans les grands ateliers où les 
ouvrages se fabriquent en quantités, il est rare que la 
plieuse soit appelée à couper les feuilles avant de procé- 
der à la pliure. Ces coupes se font ordinairement par des 
ouvriers qui exécutent ce travail par quantités au moyen 
de la machine à rogner. Dans les ateliers qui n'ont pas 
de semblables moyens d'action, Touvrière qui reçoit 
son travail en grandes feuilles et par paquets, place 
Tun de ceux-ci devant elle, l'ouvre avec la main droite 
et, saisissant un grand plioir dont elle appuie le tran- 
chant sur les feuilles, elle fait sur celles-ci quelques 
passes de gauche à droite pour les étager de ce côté, ce 
qui lui permet de les prendre une à une sans risque de 
se tromper; elle saisit la première feuille par le coin 
du bas à droite, elle reporte ce côté vers la gauche, en 
couchant les deux côtés de la feuille Tun sur Tautre, et 
et en les ajustant sur les eu'tétes des pages ou chiffres 
de pagination, elle plie alors les feuilles depuis le cen- 
tre jusqu'en tétci puis elle ramène le plioir vers elle en 
appuyant sur la feuille, pour former le pli depuis le 
centre jusqu'en bas. Elle introduit alors le plioir entre 
les deux et elle fend la feuille de bas en haut, tout en 
la maintenant avec la main gauche; elle saisit ensuite 
la première demi-feuille qu'elle place à sa droite, et avec 
la main gauche elle pose la seconde demi-feuille à sa 
gauche, et ainsi de suite jusqu'à ce que le tas soit épuisé, 
si la feuille doit être coupée en quatre. Elle procède de 
même pour les demi-feuiljes, 



GUtDB MANVBL DB l'oUVHIBR RBLIBUR 19 

Pliage das in-fblio. *-^ Les grands in*folio se compo- 
sefit ordinairement de feuilles à plier simplement en 
deux. La plieuse tenant le pi loir avec la main droite 
appuie celui-*ci sur le paquet de feuilles, dont les signa- 
tures sont placées dessous, de façon à ce que l'ouvrière 
ait devant elle et en tête les chiffres 2 et 3 de la feuille 
à plier. Elle fait quelques passes de gauche à droite 
.pour les étagper de ce côté; elle saisit entre le pouce et 
rindex de la main droite le coin de la feuille qu'elle 
soulève, elle la saisit alors avec la main gauche avec 
laquelle elle prend la feuille par le milieu, pour coucher 
la partie de droite sur celle de g-auche, en ajustant les 
chiffres qui se trouvent en tète des pages. Elle appuie le 
tranchant du plioir sur la feuille, et en deux mouve- 
ments exercés de bas en haut et du haut en bas, elle 
forme le pli et place la feuille à sa gauche, pendant 
qu^avec la main droite elle soulève la seconde feuille^ 
et ainsi de suite, en plaçant les feuilles pliées les unes 
sur les autres. 

Ce pliage est le plus simple et le plus facile, mais il 
arrive que l'imprimeur, pour éviter que l'ouvrage soit 
formé de simples feuilles, ait fait l'imposition de façon 
à pouvoir former des cahiers de deux feuilles. On plie 
alors chacune isolément, et on les encarte ensuite l'une 
dans Pautre, ce que Ton exécute en plaçant la feuille 
intérieure, bien exactement au fond du dos de la feuille 
extérieure, tout en les égalisant parfaitement en tête. 
Le cahier se compose alors de huit pages comme les 
in-4*^. 

In-4''. Feuille pliée en quatre, ou cahier de huit pages. 
■— La plieuse pose à plat sur la table, le paquet de 
feuilles. Les signatures toujours au-^dessous, et de façon 
A É^voir devant elle les pages a et -jf et à la partie supé- 



20 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

rieure de la feuille les pages 3 et 6 qu'elle voit à l'envers. 
Après avoir fait quelques passes avec le plioir de bas 
en haut pour étager les feuilles de ce côté, elle saisit le 
haut de la feuille entre le pouce et l'index de la maia 
gauche, et elle la rabat vers elle en la couchant sur la 
partie inférieure, elle prend son point de repère aux 
extrémités des dernières lignes au bas des pages, et 
elle forme le pli dans le sens horizontal en deux mouve. 
ments, tels que nous l'avons indiqué plus haut. Elle 
saisit ensuite le côté droit de la feuille doublée, et elle 
le porte vivement vers la gauche où elle l'ajuste sur les 
chiffres de tête, elle forme le pli en deux mouvements 
de bas en haut et du haut en bas, et elle place la feuille 
à sa gauche. On voit que pour former les deux plis la 
feuille n'a pas bougé de place, et que le cahier une fois 
plié, se trouve dans la position normale pour être posé 
à la gauche de celle qui opère sans changer de position. 

In-8^. Feuille pliée en huit ou cahier de 16 pages. — 

L'ouvrière pose le paquet de feuilles devant elle, la 
signature au-dessous à gauche. Dans cette position elle 
voit devant elle les pages 2-i5-i4-3, et au-dessus, à 
l'envers, les pages 6-11-10-7. Après avoir fait quelques 
passes avec le plioir de gauche à droite pour étager les 
feuilles de ce côté, elle soulève la feuille avec la main 
droite par le coin inférieur, elle s'en empare de la main 
gauche par le centre et la porte du côté gauche, en 
ajustant le chiffre 3 sur le chiffre 2, et elle forme le pli 
de bas en haut et du haut en bas. Elle saisit ensuite le 
haut de la feuille, qu'elle rabat sur la partie inférieure, 
tout en maintenant le plioir au centre de la feuille 
pour l'empêcher de se plier à faux; elle ajuste les deux 
parties de la feuille sur les lignes au bas des pages, et 
elle forme le pli dans le sens horizontal ; puis, si le 



GUIDE MANUEL DE L'oUVRIER RELIEUR 21 

papier est un peu épais, et qu'elle craigne que le der- 
nier pli à faire forme des plissures en tête, elle fend la 
feuille de ce côté jusqu'au centre, elle porte alors la 
partie de droite sur la g-auche, en ajustant le chiffre 9 
sur le chiffre 8, et elle forme ce dernier pli de bas en 
haut et de haut en bas, puis elle pose le cahier à sa 
g-auche. On voit que, malgré les trois plis à faire, la 
feuille n'a pas bougé de place et se trouve après la 
pliure dans une position normale, ce qui est très impor- 
tant à cause des mouvements qu'il faut toujours s'in- 
génier à économiser. 

L'in-12 ou format Charpentier. — S'imprime ordinai- 
rement sur feuilles de raisin double, donnant deux 
cahiers de même de vingt-quatre pages chacun, ou 
quatre cahiers dont deux de seize et deux de huit 
pages. L'ouvrière coupe ces feuilles en deux et laisse 
les deux parties l'une sur l'autre en les plaçant à sa 
gauche, si le volume n'est pas assemblé par deux 
exemplaires. Dans le cas contraire, elle place une 
partie à droite, l'autre à gauche pour séparer chacun 
d'eux, puis elle place un exemplaire en travers devant 
elle, la signature en haut, à gauche, la face contre la 
table. Elle voit alors si le cahier de huit pages, qui se 
trouve à sa droite, porte au-dessus les pages io-i5- 
i4-ii. Dans ce cas, celui-ci est destiné à être encarté 
dans le cahier qui se trouve à sa gauche, et porte éga- 
lement au dessus les pages 2-7-23-i8-22-i4-3-6. Elle 
forme un pli dans la marge qui sépare les deux par- 
ties, puis elle coupe dans ce pli, elle plie ensuite le 
cahier de huit pages en plaçant les chiffres 10 sur 11 ; 
ce pli fait, les chiffres 12 et i3 se présentent devant 
elle, elle ferme le cahier en les plaçant Tun sur l'autre. 
Reste la seconde partie ou gros cahier ; elle forme le 



' 



^ GUIDE MANUEL DE L^OUVRIER RBLtfiUtt 

premier pli en plaçant 3 sur a, puis le second pli en 
plaçant ai sur ao, ensuite le troisième en plaçant 17 
sur 8, puis elle encarte le petit cahier dans le gros. 
Dans le cas où la feuille a été imposée dans le but de 
séparer les cahiers, la partie qui doit former le cahier 
de huit pages porte à droite de la plieuse les pages 
i8>a3-aa-i9, elle le sépare du gros cahier comme ci- 
dessus, elle le plie, puis elle en fait autant du gros et 
elle les place à sa gauche à la suite Tun de l'autre. 

L'in-i6, qui est la moitié de 14n-8^, s'imprime, 
comme celui-ci, sur des papiers du même format. Il y 
a rin-i6 jésus, rin-16 raisin, Tin-iô carré, etc. Le 
pliage s'exécute comme pour les in-8®. Les cahiers sont 
de seize pages, ces formats affectent une forme carrée. 
L'in*i8 s'imprime également sur les mêmes formats 
de papier^ pour former Tin-iS jésus, raisin, carré, etc., 
mais l'imposition est faite de façon à produire trois 
cahiers de huit pages, avec encàrtement d'un petit 
cahier de quatre pages. On coupe donc la feuille en 
trois parti es> on les place devant soi, la signature du 
côté de la table, on enlève alors de la première bande le 
petit cahier de quatre pages, en ayant soin que la coupe 
se rapporte exactement aux proportions des marges de 
tôte du gros cahier, que l'on plie, et, une fois le pre- 
mier pli formé, on place par-dessus la feuille de quatre 
pages pour plier le tout en une fois. On imprime par- 
fois rin-<i8 de façon à ne former que deux cahiers à la 
feuille. L'un deux porte alors vingt-quatre pages. La 
partie forte de ce cahier se plie alors comme l'in-S®, c'est- 
à-dire en trois plis, de plus l'encart est double et se 
compose d'une bande dans laquelle on fait deux plis. 
Les autres formats se plient de la même façon que 
ceux que nous venons de décrire, il n'y a de différence 
que dans leurs proportions. 



CtiDB MANUBL DB L*OUVRIBR RBLiBUti 23 

PLIURB MÉOANIQUK 

Les machines à plier, eu ég^ard aux perfectionne* 
ments qui y ont été successivement apportés dans les 
deux mondes, ont fini par rendre de très réels services, 
surtout aux brocheurs. Elles produisent, certes, un tra- 
vail parfait, subordonné à certaines conditions qui, il 
faut le dire, ne sont pas toujours mises en pratique par 
nos imprimeurs. 

Si les machines à plier rendent des services aux bro- 
cheurs, dont on est loin d'exiger un travail parfait, il 
n'en est pas de môme pour les relieurs, dont la correc- 
tion dans le pliage des feuilles est de toute première 
nécessité. A cet effet, qu'il nous soit permis de consta- 
ter que la plupart des impressions, en ce qui concerne 
les livres destinés à la reliure, c'est-à-dire ayant une 
certaine valeur, laissent parfois à désirer, tant sous le 
rapport de la rectitude de Timpositition que du man- 
que de repérage dans les retirations. 

La main de Touvrière plieuse, jointe à un coup d'œil 
exercé, est intelligente et flexible. Hedresser^ dans les 
limites du possible, les défauts provenant de l'impres- 
sion, fait en quelque sorte partie de son métier. Il 
n'est pas possible d'en demander autant, et pour cause, 
à une machine à plier, dont le travail ne peut qu'être 
automatique, quel qu'en soit le réglage. // ne peut 
être non plus question de s'en servir pour les ouvra^ 
ges préalablement assemblés. 

L'emploi général des machines à pUer ne sera pos- 
sible que sur des feuilles dont l'imposition sera de tous 
pointa correcte et dont la retiration sera exécutée avec 
la précision voulue. La machine Martini, construite à 
Frauenfeld (Suisse), est celle qui, à notre avis, réunit 



24 GUIDE MANUEL DE L^OUVRIER RELlEUH 

les qualités indispensables à Texécution d'un travail 
parfait ; donnons de celle-ci une description sommaire. 

Un bâti en fonte servant d'assise et d'encadrement 
aux diverses articulations de la machine, supporte une 
table double, en fer, sur laquelle une ouvrière mar- 
g-euse place une à une les feuilles préalablement 
posées en tas à côté d'elle. Ces feuilles, ajustées sur 
pointures correspondantes à celles établies sur la 
feuille, ou simplement à l'équerre, sont entraînées dans 
la machine par le premier plioir ou lame émoussée en 
fer poli qui, la machine étant au repos, domine la table 
dans le sens horizontal, et qui, une fois la machine en 
mouvement, descend et entraîne la feuille sous la table 
dans le sens vertical en la pliant exactement en deux, 
c'est-à-dire au centre de la marge sur laquelle il a été 
ajusté lors du rég-lag-e de la machine. 

Ce premier plioir remonte immédiatement à son 
point de départ, laissant la feuille debout, mais soute, 
nue par des cordons en métal caoutchouté et en contact 
avec une seconde lame ou plioir placé sous la table dans 
le sens vertical et qui, prenant la feuille en flanc, la plie 
en deux parties égales dans le sens horizontal. Cette 
seconde opération laisse encore la feuille debout, cette 
fois en contact avec le troisième plioir ; celui-ci, placé 
dans le sens horizontal, mais avec la lame à plat, plie alors 
la feuille en deux en la couchant à plat tout en la con- 
duisant jusqu'à proximité d'une paire de cylindres que 
l'on peut serrer à volonté et qui s'emparent de la feuille 
pour la satiner, ou tout au moins accentuer les plis. 

Le cahier plié et satiné est alors conduit au moyen 
de cordons ou tringlettes jusqu'au baquet ou case en 
équerre où il est déposé, et sur lequel d'autres viennent 
régulièrement s'empiler au fur et à mesure qu'ils ont 
subi les opérations décrites ci-dessus* 



cUlDE MANUEL DE L'oUvniEK RBLlGDn ÎS 

Daos la machine qui broche les feuilles eu mJïine 
temps qu'elle les plie, la feuille est arrêtée un moment 
après le second pli et un petit appareil passe à travers 
elle le fil de lin, dont les bouts se trouveront en dehors 
de chaque cahier et à la long'ueur voulue, soit pour les 
nouer isolément, si c'est une simple piqilre, soit pour 
être pris par la colle, s'ils sont destinés à la brochure. 
Après cette piqûre, la machine exécute le troisième 
pli, le cahier passe par les cj'lindres et vient s'empiler 



Fig. 6. - Machine à plier (Duplei). 

En dehors des machines à trois plis, il a été construit 
depuis des machines pour faire un pli, deux plis et 
même quatre plis. La maison Marlini construit égale 
ment des machines doubles, c'est-à-dire pouvant être 
desservies par deux margeuses. Les machines doubles 
ou Duplex doivent être actionnées au moteur. Les deux 



â6 GUIDE MANUBL de L^OUVRtBR RËLlfiUtt 

marg'euses se placent de chaque côté de la machine, 
ayant chacane leur tahle : elles présentent les feuilles 
simultanément et, afin de simplifier autant que pos* 
sible leur travail, on a placé à la machine une branche 
à pince à laquelle il suffit de présenter les feuilles, 
qui sont alors entratnées sous le premier plioir à la 
place voulue. (Fig. 6). 



PLAGEBfENT DES PLANCHES ET DES CARTONS 

Après le pliage des feuilles, on procède au placement 
des planches ou gravures, ou au remplacement des 
pages défectueuses, au moyen des cartons fournis par 
l'imprimeur. Ce travail se simplifie si les volumes 
n'ont pas été assemblés avant la pliure. Dans le cas 
contraire, et si le volume contient plusieurs planches 
réparties dans divers cahiers, on retire ceux-ci ou on 
procède au désassemblage. Ce travail, ainsi que le pla- 
cement des planches, se fait par le relieur si les volu- 
mes sont destinés à la reliure, et dans ce cas le travail 
du brocheur s'arrête là. Il n*a plus qu'à former des 
ballots avec les feuilles pliées et à les remettre au 
relieur, qui est en même temps chargé de couper les 
gravures au format du livre, ou de les redresser selon 
le cas. 

La plupart des volumes ne sont pas destinés à être 
reliés immédiatement, et le brocheur reste chargé du 
travail jusqu'à ce que le livre soit présentable pour la 
vente. Il est du devoir du brocheur chargé de placer 
des estampes ou des cartes dans un ouvrage, d'exécuter 
ce travail de telle sorte qu'il n'y ait, non seulement 
aucun danger pour celles-ci si le livre venait à être 
rogné, mais encore de proportionner les coupes et le 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 27 

placement, de façon à ce qu'elles s'harmonisent parfai- 
tement avec le texte. Il faut autant que possible placer 
les planches du côté droit, en belle page. Dans cette 
position, la lumière, d'où qu'elle vienne, les éclaire 
mieux que du côté g-auche. Elles sont aussi plus agréa- 
bles à la vue et attirent mieux Tattention. Nous faisons 
toutefois exception pour le frontispice qui, par la force 
des choses, doit se placer en regard du titre, et aussi 
pour les estampes dont l'explication se trouve sur le 
recto de la feuille. Il faut surtout, pour les planches 
dont le sujet se présente dans le sens horizontal, les 
placer toutes dans le même sens, et, comme pour les 
autres, autant que possible tournant le dos à la page 
de droite ou recto, la légende du côté de la gouttière 
ou devant du volume, ce qui est beaucoup plus agréable 
pour le lecteur. S'il y avait impossibilité à le faire, et 
que pour les motifs indiqués ci-dessus, il serait néces- 
saire de les placer du côté gauche, il faut alors que la 
légende se trouve du côté du dos, et jamais sur le 
devant, ce qui obligerait le lecteur à renverser le 
volume pour examiner la planche et à prendre une 
position aussi gênante que désagréable. 

Les estampes sur papier mince peuvent être fixées et 
collées à même dans le dos sans inconvénient. Il n'en 
est pas de même pour celles sur papier fort ; il faut 
alors, ou les monter sur de petits onglets, ce qui est 
parfois coûteux pour de simples brochures, ou faire un 
. pli du côté du dos pour encarter la planche autour de 
la feuille correspondante, afin qu'elle puisse être cou- 
sue en même temps que celle-ci, le redressage et le 
montage sur onglets pouvant se faire plus tard par Iç 
relieur. 



28 GUIDE MANUEL DE L*OUVRIER RELIEUR 

ASSEMBLAGE ET COLLATIONNEMENT 

Les planches étant placées, on procède à rassem- 
blage ; l'ouvrier place au bord d'une long-ue table, ou 
tout autour de celle-ci si la circulation est libre, autant 
de tas les uns à côté des autres que le volume contient 
de cahiers, en suivant Tordre des signatures. Il com- 
mence alors par la dernière feuille, qu'il place à plat 
sur la main g'auche, puis il faitg-lisscr un cahier du tas 
qui précède, et il le fait tomber sur celui par lequel il 
a commencé, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'il soit arrivé 
au dernier tas, qui est la feuille première et qui se 
trouve ainsi par-dessus. Puis, avec la main droite, il 
saisit le volume par la tête, les doig'ts à l'arrière et la 
paume par devant ; il place la main gauche sous le 
volume du côté du dos, vers le bas, en plaçant le pouce 
au dessus, il tord légèrement le volume de façon à 
étaler les feuilles du côté du dos, il porte alors les 
yeux au bas des cahiers pour voir de près les signa- 
tures et, au fur et à mesure qu'il a reconnu la première, 
puis la seconde et ainsi de suite, il lâche successive- 
ment les cahiers qu'il maintenait avec le pouce. Arrivé 
au dernier, et le volume étant reconnu complet, il le 
remet à la couseuse. 

COUTURE DE LA BROCHURE 

Avant de procéder à la couture du volume, l'ouvrière 
à qui on a remis des feuillets de papier blanc coupés 
au format, ou simplement des bandes de papier plus 
ou moins larges et de la hauteur du volume, prend ces 
feuillets ou bandes par petites pincées, et forme à ceux- 
ci, du côté du dos, des plis d'un centimètre de large, 
qui servent à entourer le dos du premier et du dernier 



GUIDE MANUEL' DE l'oUVIUER RELIEUR 29 

cahier, pour être cousus eu môme temps que ceux-ci. 
Ces feuillets servent de gpardes à la brochure, et c'est 
sur ceux-ci que Ton colle une partie de la couverture 
en la fixant au dos. Ensuite, elle se rend compte de 
Tépaisseur des cahiers, qui doivent être cousus avec du 
fil proportionné non seulement à cette épaisseur, mais 
aussi à celle du volume. Les points ne se placent 
jamais les uns sur les autres, mais Touvrière en fait 
un, alternativement vers le haut, et un vers le bas afin 
que le dos n'ait pas trop d'épaisseur. Si le volume est 
gros et que les cahiers soient minces, elle partagée la 
long'ueur du dos en trois points. Elle pique d'abord 
dans le premier cahier un point vers la tête, puis elle 
fait ressortir Taigcuille à 3 ou 4 centimètres plus bas, 
elle pique dans le second cahier en face du trou par 
lequel elle a fait sortir Taig-uille, puis elle la fait res- 
sortir plus bas à peu près dans les mêmes proportions. 
Elle pique alors dans le troisième cahier en observant 
la même disposition, l'aiguille qu*elle fait sortir d'un 
cahier en entraînant le fil doit entrer dans le cahier 
qui suit, par un trou pratiqué immédiatement au-des- 
sus, pour que l'attache entre les deux cahiers soit plus 
ferme. Le troisième point se termine vers le bas du 
dos ; elle pique ensuite dans le quatrième cahier, puis 
elle remonte de façon à ce que le point fait au sixième 
cahier soit en rapport direct avec le bout de fil qu'elle 
a laissé pendre au premier cahier. Elle attache ce bout 
à Taiguillée, et elle continue de même jusqu'au bout 
du volume, elle attache le fil à la jointure qui se trouve 
immédiatement sous la sortie du dernier point, puis 
elle place les volumes en tas, en les posant tête-bêche, 
c'est-à-dire le dos et la tête de Tun, en rapport avec le 
devant et la queue de l'autre, afin de donner plus d'as- 
sise à la pile de volumes. 

2. 



30 GUIDE MANUEL 0B l'OUYRIBR RfiLIBUR 

MISE EN PRESSE^ GOUVRURE ET EBARBÀGE 

Les volumes étant cousus» l'ouvrier les bat de tête et 
de dos, et il les place les uns à côté des autres entre de 
grands ais, dans la presse qu'il serre fortement (voir 
fi^. 3) ; il laisse sous pression le plus long-temps pos- 
sible, tout au moins cinq à six heures, puis il desserre 
la presse. 

On procède ensuite à la couvrure, l'ouvrier bat les 
volumes de tétc et de dos et il en place une pile à plat 
au bord de la table, il passe une couche de colle de 
pâte sur'le dos» et il encolle de même le milieu de la 
couverture, de façon à ce que rencollag^e soit sensible^ 
ment plus large que l'épaisseur du dos du volume, 
mais moins large que la bande de papier que l'on a 
cousu devant et derrière. Il n'en est pas de même en 
hauteur qu'il faut encoller du haut en bas. Il place 
ensuite un volume par-dessus, en l'ajustant d'après 
l'impression du dos, qu'il voit à travers le papier 
de la couverture. Il presse alors fortement sur le dos 
avec la main gauche, il soulève ce qui reste de la cou- 
verture, et il l'applique sur le dos et le second plat avec 
la main droite. Il frotte sur le dos en se servant d'un 
papier souple et solide, afin de bien faire adhérer la 
couverture au dos du volume, puis il laisse sécher en 
le chargeant. Il place ensuite les volumes tête-bêche les 
uns sur les autres. Certains brocheurs encollent et 
fixent les couvertures au dos à la colle forte. C'est plus 
vite fait, mais cette méthode est très pernicieuse au 
débrochage. 

La couverture étant sèche, on procède à l'ébarbage.. 
soit avec des ciseailx oU à l'aide d'une cisaille, la bro* 
chure est faite. On rogne parfois la brochure à la machine 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 31 

pour en égaliser les tranches, mais cette dernière opé- 
ration ne se pratique que sur des ouvrag'es de minime 
valeur. 




fig. 7. — Cisaille à ébarber. 

Les manipulations que nous venons de décrire cons- 
tituent ce que Ton nomme la brochure, le relieur étant 
plus ou moins tributaire du brocheur, il lui est non 
seulement utile mais indispensable d'en connaître les 
éléments, les parties essentielles que, dans bien des cas, 
il est appelé à exercer lui môme. Un relieur doit au 
besoin savoir brocher un livre, il n'est même de bro- 
chure parfaite que celle établie par un bon relieur. 



CHAPITRE II 

Reliure. — Définition de Fart du relieur et des 
divers genres de reliure 



La reliure^ telle que nous l'avons définie dans notre 
traité de Tart du relieur auquel on peut avoir recours 
pour certaines questions d'ordre g'énéral qui faute d'es- 
pace n*ont pu prendre place ici, est Tart d'habiller un 
livre selon son caractère, son mérite ou sa destination. 
Le praticien comprenant son art et jaloux de sa réputa- 
tion ne doit pas perdre de vue ces questions essen- 
tielles. 

Le livre a pris de nos jours une extension énorme 
et tend de plus en plus à se populariser. Abstrac- 
tion faite de certains spécimens d'art ou de curiosité. 
Les connaissances en reliure se vulg-arisent de plus en 
plus et l'on peut prévoir le moment où certains relieurs 
auront fort à faire, s'ils ae cherchent,par tous les moyens 
possibles, à acquérir les connaissances nécessaires à 
notre art. 

Une reliure doit être avant tout solide; cette solidité 
n'exclut pas l'élég'ance, bien au contraire. Ce qu'il faut 
éviter, quand il s'agit de confectionner des reliures 
solides, c'est de les rendre grossières, il faut savoir pro- 
portionner la couverture au sujet. Il convient de donner 
à certains livres, tels que les dictionnaires, les missels, 
etc. , etc. , une reliure d'apparence massi /e saps être gros- 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIFJI RELIEUR 33 

sière : en reliure ce qui est i^rossier et lourd ne saurait 
être solide. Tout dans l'ensemble doit être parfaitement 
équilibré, ce n'est ni la masse de matières employées, 
ni Tabsence du fini qui rendent une reliure solide. 
Tout au contraire, une reliure où tout est bien com- 
biné, bien ag'encé, dont le dos n*est pas surchargé de 
colle, dont la parure faite à point pour dég'ag'er les 
mors, leur permet de fonctionner librement (on peut 
les g^arnir d'une charnière en toile ou en peau) et la 
bonne qualité des fournitures aidant, cette reliure sera 
solide : elle pourra de plus être très élégante, selon les 
soins et le goût que le relieur aura apporté à son travail 
Nous affirmons sans crainte d'être démenti, que plus 
une reliure est soignée dans les détails, mieux elle 
résistera à l'usage et à l'action du temps. 

Les divers genres de reliure se divisent comme suit. 

Reliure pleine. — On désigne sous ce nom^ toute 
reliure dont la couverture est entièrement recouverte en 
peau ou d'un tissu quelconque. La reliure pleine peut 
être ou très soignée, même un objet d'art, ou être appli- 
quée à un simple livre classique couvert en toile grise, 
en passant par toute la gamme intermédiaire. Elle peut 
être cousue sur nerfs, ou à dos brisé. Dans la reliure 
cousue sur nerfs ou à dos plein, la peau qui recouvre 
le volume est collée directement au dos des cahiers, ce 
qui est beaucoup plus solide. 

Les anciens relieurs cousaient généralement leurs 
livres sur nerfs simples ou doubles. Les manuscrits sur 
vélin étaient même cousus sur de véritables nerfs de 
bœuf. Plus tard, et surtout après l'invention de l'im- 
primerie, les nerfs de bœuf furent remplacés par des 
ficelles de chanvre câblé. Ce genre de couture est encore 
en grand boQoeur, il s'exécute géqéralen^ent de nos joi|rs 



34 GUIDE MANUEL DE I^'oUVRIER RELIEUR 

pour des reliures soig-néesi et sur celles qui réclament 
une g'rande solidité. 

La reliure à dos brisé est celle dont la préparation du 
dos est faite de telle sorte, que les peaux ou les divers 
tissus avec lesquels on recouvre les volumes sont indé- 
pendants du dos, et ont pour intermédiaire une carte 
souvent g'ar nie de faux nerfs. On désigne aussi ce genre 
de reliure sous le nom de reliure à la grecque, à cause 
des encoches pratiquées sur le dos à Taide d'une scie» et 
dans lesquelles se logent les ficelles en cousant le volume. 

On a prétendu que les reliures à dos brisé s'ouvrent 
avec plus de facilité que les reliures cousues sur nerfs. 
C'est lA une grave erreur; un volume cousu sur nerfs, 
dont la peau qui recouvre le volume est convenablement 
parée et assouplie, puis collée directement aux cahiers, 
conserve au dos une souplesse telle qu'il serait impos- 
sible à une reliure à dos brisé, quelque soignée qu'elle 
puisse être, de se comparer à une reliure à dos plein, 
tant sous le rapport de l'ouverture du volume que de la 
solidité de la reliure. Les seuls avantages de la reliure 
à la grecque ou à dos brisé, sont d^être plus économi- 
ques et d'être beaucoup plus faciles à exécuter. Mais il 
en est de la couture sur nerfs comme de bien d'autres 
systèmes, qui, quelque supérieurs qu'ils soient, ne 
valent que par leur application. Il y a ainsi en reliure 
certaines méthodes, dont l'excellence a été reconnue 
par les meilleurs praticiens, qui en ont retiré honneur 
et profit, et qui mal comprises ou mal appliquées, par 
des ouvriers routiniers et ennemis du progrès, restent 
lettres mortes entre leurs mains, et n'ont jamais pu leur 
rendre des services. 

Demi-reliure. — Elle diffère de la précédente en ce 
que le dos seul» et parfois le dos et les coins^sont seuls 



CtlDE MANUEL DE L^OUVRIER RELiBUll 35 

recouverts en peau ou d'un tissu quelconque. Les plats 
sont alors couverts d*un papier marbré, approprié à la 
qualité de la reliure, ainsi qu*à la nuance des peaux, etc., 
qui recouvrent le do«. Certaines demi-reliures sont 
fabriquées de façon à imiter les reliures pleines. On 
couvre le dos en peau de chagrin, et les plats en 
toile imitant la peau. Un encadrement doré ou gau* 
fré, qui cache la jointure faite toujours très près des 
mors, donne à ce genre de demi-reliure l'apparence 
d'une reliure pleine» 

Cartonnage et embottage. -* Ce sont des reliures légè- 
res que Ton applique principalement aux livres pour 
étrennes, ou pour être donnés en prix. Dans l'emboî- 
tage, la couture, Tendossure et les tranches se fabri- 
quent d'une part, et la couverture de l'autre. On couvre 
cette dernière d'ornements dorés ou en couleurs, puis 
on emboîte l'un dans l'autre ; ces reliures sont plus ou 
moins apparentes et se fabriquent à bon marché. 

Les cartonnages classiques se font dans des ateliers 
mixtes On couvre ordinairement le dos en toile et les 
plats en papier, en utilisant parfois la couverture de la 
brochure. 

Les divers genres de reliure indiqués ci-dessus diffè- 
rent sensiblement par Texécution. Il y a la reliure d'art, 
la reliure d'amateur, la reliure de luxe, la reliure de 
bibliothèque et la reliure usuelle. 

Reliure d'art, reliure de luxe, reliure d'amateur. — 

On confond assez souvent la reliure d'art avec la reliure 
de luxe. Aux yeux des amateurs, cette différence est 
pourtant fort sensible. Une reliure peut affecter une 
grande richesse, être recouverte d'ornements et de 
joyaux précieux dont le prix est parfois assez élevé, 



36 GU1D£ MANUEL DE l'oUYIIIER RELIEUll 

mais rester simplement ce qu*elle est^ une reliure de 
luxe, sans avoir aucune attache avec Tart proprement 
dit. Les merveilleux spécimens d'art que nous ont lég'ués 
les anciens n'ont de luxueux qu'une ornementation 
sag'ement comprise, une science approfondie des arts 
du dessin, et une exécution qui, eu ég'ard aux moyens 
dont disposaient nos pères, nous jettent parfois dans 
un étonnement profond, devant les résultats auxquels 
ils sont arrivés. 

L'art et le luxe ne sont pourtant pas incompatibles. 
Une reliure peut, par le luxe de son ornementation, 
atteindre aux plus hauts sommets de Part. Il faut surtout 
que le relieur ne perde jamais de vue son sujet, qui est 
le livre. Tout g'enre d'ornementation qui s'en écarte ne 
peut que lui nuire, et 1 art en reliure ne réside que dans 
les moyens employés pour atteindre à la perfection. 
Une reliure simple, très sobre d'ornements, peut être 
une reliure d'art, à la condition que cette ornementa- 
tion soit bien comprise et que l'exécution réponde au 
sujet. 

La reliure d'amateur se recrute dans les divers gen- 
res. Il y a la reliure et la demi-reliure d'amateur. Il y a 
même le cartonnage d'amateur. L'amateur est celui qui 
choisit l'un de ces genres, pour l'appliquer à tel ouvrage 
de sa bibliothèque, selon la valeur du livre, ou ses pré- 
férences personnelles. C'est lui qui a remis en honneur 
le cartonnage à la bradel, et qui de nos jours lui a fait 
prendre les diverses transformations qui le font recher- 
cher pour tous les ouvrages ne comportant pas une 
grande dépense, ou une certaine solidité. 

L'amateur a une influence énorme sur la reliure, qui 
lui doit non seulement la plupart de ses perfectionne- 
ments, mais aussi le cachet artistique qui la distingue 
d'une foule d'autres arts industriels. Il se trompe par- 



GUIDE iMANUËL DE l'oUVRIER RELIEUR 37 

fois, mais comme il est assez g-énéralement homme de 
sens et de goût, il se rend facilement aux objections 
que lui oppose le relieur habile, qui par état doit être à 
même de pouvoir le guidera son tour. La reliure d'ama- 
teur est donc celle qui, un type étant donné, réunit 
toutes les perfections qui lui sont relatives tant sous le 
rapport du fini que sous le rapport du goût. 

Reliure de bibliothèque. Reliure usuelle — On nomme 

reliure de bibliothèque, celle qui, sans caractère défini, 
s'applique généralement à tous les genres de livres, non 
seulement en vue de les conserver, d'en permettre Tusage 
sans s'exposer à les détériorer et de les préserver des 
atteintes du temps, mais aussi dans le but de les faire 
concourir à l'embellissement de l'intérieur dans lequel 
ils sont destinés à prendre place. 

La reliure usuelle est celle que l'on applique aux 
ouvrages d'étude et de travail; ils doivent être, avant 
tout, solides, sans recherche d'ornement d'aucune 
sorte. Une simplicité absolue, jointe à une solidité à 
toute épreuve, sont les conditions essentielles des livres 
usuels. Les volumes de petit format peuvent être recou- 
verts en toile anglaise, etc. Une bonne confection leur 
assure une longue durée. 



bOSQUET — RELIURE 



CHAPITRE III 



Matières premières employées pour la reliure 



Outre les peaux de tous g-eores préparées pour la 
reliure, on emploie également pour la couverture du 
livre: le velours de diverses qualités, la soie, le satin^ 
les toiles de lin et de chanvre et surtout les percalines 
unies et g'aufrées en toutes nuances, que Pon désigne 
sous le nom de toiles françaises ou anglaises. On se 
sert aussi d'or en feuilles de diverses qualités tant pour 
la dorure des tranches que pour la couverture, il en est 
de même du platine. Le cuivre et Taluminium en 
feuilles s'emploient pour empreindre des ornements 
sur des couvertures communes; un certain nombre de 
couleurs, teintures et vernis, sont également employés 
pour la reliure. 



PEAUX 



Les anciennes reliures étaient pour la plupart couver- 
tes en veau naturel^ que le relieur teignait ensuite 
lui-même, en couleur brune de diff'érentes nuances, 
rarement en noir, à cause de l'action plus ou moins 
mordante de cette teinture (Voir le chapitre Teinture 
des peaux.) Ces peaux, dont un tannage consciencieux 
assurait la solidité, ont été considérées comme étant les 
plus solides et les plus propres à la conservation des 



GtJlDE MANUBL DE L'oUVHIER RELIEUR 39 

reliures. Le tannage aux acides, tel qu'on le pratique de 
nos jours, a profondément modifié cet état de choses. 
On trouve des peaux de veaux admirablement fabri- 
quées etteintes en toutes nuances, mais on ne s'en sert 
que pour les travaux de luxe, que l'on conserve dans 
des étuis; les demi-reliures en veau fauve avec étiquet- 
tes en couleur font très bon effet dans une bibliothèque, 
mais on ne s'en sert plus pour des reliures usuelles. 

Les anciens couvraient é;çalement les livres en peaux 
de truie) elles étaient, comme le veau, d'un emploi 
excellent et d'une g-rande solidité ; on les emploie natu- 
relles. Ces peaux se prêtent mal à la teinture, qui, du 
reste, leur enlèverait leur cachet et leur fraîcheur. On 
s'en sert encore pour imiter les anciennes reliures et 
surtout pour la sellerie de luxe. 

Après le veau et la peau de truie, les auciens em- 
ployaient surtout le parchemin^ ou plutôt le vélin, 
dont ils tiraient le meilleur parti, et avec lequel on fai- 
sait non seulement d'admirables reliures d'art, mais 
aussi une énorme quantité de reliures usuelles. Le vélin, 
tel qu'il se fabrique de nos jours, n'est pas très favora- 
ble à la reli ure. Les anciens parcheminiers le préparaient 
spécialement pour cet usagée. Nous donnons à la fin de 
notre ouvrag-e, à l'article Préparation du vélin, une 
recette excellente pour le rendre propre non seulement 
au travail de la reliure, et à l'imitation des reliures an- 
ciennes, mais aussi pour permettre de lui appliquer 
les dorures délicates, tant recherchées par les amateurs. 

On connaît deux sortes de parchemins, le plus beau se 
fabrique avec de la peau de veau : on le nomme vélin. 
L'autre, le parchemin proprement dit, est fabriqué 
avec des peaux de chèvres, de moutons ou d'ag-neaux. 
Ces dernières peaux sont de très petite taille, elles sont 
à peu près aussi fines et aussi souples que le vélin. 



40 GUIDE MANUEL DE L*OUVRlER RELIEUR 

La fabricatiou du maroquin ou peau de chèvie, et 
son application à la reliure est de date plus récente. Le 
grain du maroquin n'avait pas anciennement la forme 
qu'on lui a donnée de nos jours. Ce g*rain, qui n'existe 
dans la peau qu'à l'état rudimentaire, se développe plus 
ou moins sous l'action d'une paumelle, ou planchette en 
liège avec laquelle on roule la peau, en la repliant sur 
elle-même du côté de la fleur. Les anciens maroqui- 
niers donnaient à ce|o;'rain une forme allongée en rou- 
lant la peau à peu près dans le même sens. Ils faisaient 
subir aux peaux certaines préparations, qui, tout en lis- 
sant la surface de la fleur, leur permettait d'accentuer 
plus ou moins leur grain selon la nature ou l'épaisseur 
des peaux. Cette même préparation se pratique encore 
de nos jours, et les peaux ainsi préparées se nomment 
maroquins à grains longs. 

Le maroquin le plus employé de nos jours est celui 
dont le grain arrondi est obtenu par l'action de la pau- 
melle que l'on fait agir en tous sens. Cette dernière forme 
date du commencement de notre siècle. On le désigne 
sous les noms de maroquin du Levant, maroquin à 
gros grains et maroquin chagrin. La nature des peaux 
de chèvre diffère sensiblement selon leur origine. Les 
plus belles et les plus nourries nous viennent du Maroc 
et surtout du Cap. Ces dernières sont très recherchées 
à cause de leur taille qui est énorme, et aussi pour la 
beauté et le relief de leur grain . Les chèvres d'Europe 
sont plus petites, leurs peaux sont moins charnues, le 
grain qu'on peut leur donner est en raison de la nature 
de ces peaux; elles sont en général d'une grande solidité 
et d'un bon emploi pour la reliure. On les teint en toutes 
nuances; elles sont de plus très propices à la dorure. 

Les basanes ou peaux de mouton sont employées 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 41 

pour les reliures communes ; les peaux de mouton sont 
très poreuses et peu solides, mais d'un emploi facile. 
Les fabricants leur font prendre toutes les formes, 
tantôt pour imiter le veau et le vélin, tantôt pour imiter 
le maroquin chag'rin. On leur donne cette apparence 
par les procédés employés par les maroquiniers. On 
les emploie naturelles ou teintes en toutes nuances, 
elles se dédoublent même avec facilité, permettant au 
fabricant de faire deux et même jusqu'à trois peaux 
d'une seule. On les nomme alors basanes fendues. 
Dans cet état elles sont d'une faiblesse extrême, mais 
le bon marché excuse jusqu'à un certain point ces 
transformations. Elles servent dans cet état à couvrir 
des reliures de petits volumes à bon marché, et pour 
placer des étiquettes au dos des reliures en veau ou en 
basane forte. 

Le cuir de Russie doit son nom non seulement à son 
orig'ine, mais au mode de tannag-e qui se fait générale- 
ment avec l'écorce du bouleau. On emploie en reliure 
le veau russe et la chèvre russe. On les fabrique sous 
diverses formes^ soit en les laissant unies, en les cha- 
grinant, ou en imprimant sur la fleur les quadrillages 
qui sont le caractère distinctif par excellence du cuir de 
Russie. 

Ces peaux sont très recherchées à cause de leur 
odeur pénétrante et pourtant très agréable. On les teint 
en diverses nuances, principalement en grenat, en vert 
foncé et en teinte fauve de divers tons. On les travaille 
comme la peau de veau. La dorure et surtout les gauf- 
frures font un très bel eftet sur le cuir de Russie. 

TISSUS 

Les velours de tous genres et en tputes nuances sont 
employés pour la reliure, surtout pour les livres reli- 



42 GUIDE MANUEL DE LOUVRIER RELIEUR 

g'ieux. On l'applique assez souvent au dos des livres de 
piété, dont les plais sont formés par des plaques en 
ivoire, en nacre, en écaille et en bois durci ; les mis- 
sels dont Torfèvrerie en arguent ou en cuivre doré con- 
stitue le principal ornement se couvrent presque géné- 
ralement en velours roug-e ou g'renat. On emploie le 
velours de s(5ie, le velours soie trame coton^ le velours 
de coton, puis la peluche pour fantaisies et albums 
dont certains spécimens garnis en argent oxydé font 
très bel effet. 

La soie et le satin de diverses qualités et nuances 
s'emploient également comme couvertures de livres, et 
principalement comme gardes aux reliures de luxe. On 
emploie surtout la moire antique et la moire fran- 
çaise, certaines imitations de soies moirées sont em- 
ployées pour les reliures communes. 

Toiles et peroalioes. — On emploie divers genres de 
toiles pour la reliure. Les toiles de lin ou de chanvre, 
teintes en gris, en vert ou en noir, sont journellement 
employées pour des livres usuels, tels que les diction- 
naires, les lexiques, etc. La plupart des livres de 
comptabilité commerciale sont recouverts de ces toiles, 
dont la plupart sont d'une grande solidité. On les 
nomme toiles à tabliers. Un autre genre de toile, dite 
toile bisonne, s'emploie surtout pour les livres classi- 
ques. 

Papier, cartes et cartons. — On emploie pour la 
reliure une quantité considérable de papiers de tous 
genres, soit comme couvertures de livres, soit pour les 
plats des demi-reliures, ainsi que pour les gardes des 
reliures en général. On emploie pour les gardes d'em- 
boîtage des papiers unis, les uns teintés d'un côté en 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 43 

diverses nuances, d'autres en pâtes de couleurs plus 
ou moins claires, le tout approprié au genre ou à l'im- 
portance du sujet. Les teintes fauves et vert olive sont 
les plus recherchées pour les volumes dorés sur tran- 
ches, pour lesquels on emploie aussi le papier moiré 
blanc^ ainsi que le peig'ne ordinaire. Les cartonnag'es 
en demi-toile, ainsi que les cartonnagpes classiques, 
reçoivent des g^ardes en papier blanc ordinaire, dit 
papier d'impression , 

On varie les gardes des demi-reliures selon les gen- 
res. On place* habituellement des gardes en papier 
moiré blanc, ou en papier peigne aux volumes dorés 
sur tranches, et des gardes en papier marbré ordinaire 
de divers genres aux volumes à tranches blanches ou 
jaspées. Il se fabrique une très grande variété de papiers 
marbrés, tant sous le rapport des dessins que des cou«» 
leurs, chacun les applique selon ses goûts ; les plus 
recherchés sont les marbrés, veinés ou ombrés qui font 
très bon effet. Les gardes étant la partie faible de la 
reliure^ il est prudent d'employer des papiers de bonne 
qualité ; il en est de môme des papiers pour plats dont 
les qualités et la forme varient selon leur prix de 
revient. La fantaisie est ici limitée par la nuance des 
peaux ; il serait de mauvais goût de placer sur des 
plats de livres des papiers dont la couleur ou tout au 
moins le fond ne se confondrait pas avec la nuance de 
la peau. 

On emploie en reliure certaines qualités de cartes, 
soit pour faux-dos ou pour doubler les cartons de 
reliures soignées. Les cartes simples se fabriquent en 
diverses épaisseurs, comme les cartons ; les cartes dou- 
blées sont celles que Ton fabrique en collant plusieurs 
feuilles de papier blanc ou teinté les unes sur les 
^^tre^. On les désigne spps Je po|fn 4e cartes en deux, 



44 GUIDE MANUEL DE L^OUVRIER RELIEUR 

en trois, en quatre, etc , selon le nombre de feuilles de 
papier dont se compose la carte, que le relieur doit pou- 
voir se procurer eu diverses épaisseurs selon le format 
et répaisseur des volumes auxquels il est appelé à les 
appliquer. 

Les cartons sont de divers g'enres et qualités ; on les 
fabrique en divers formats. Les meilleurs sont ceux 
que Ton fabrique avec de vieux cordag-es, tels certains 
cartons ang'lais et aussi les cartons, dits de Lyon, géné- 
ralement employés pour le satinage. On en fait aussi 
avec de la pâte de vieux papiers, rognures, etc. Les 
cartons de Paris, pâte rouge, sont excellents; il en est 
à peu près de même de ceux en pâte bleue. Les pâtes 
grises, bien que de qualité inférieure, deviennent, entre 
les mains de certains fabricants, des cartons très conve- 
nables pour les reliures ordinaires. Ce qu'il faut rejeter, 
au moins pour les reliures, môme les plus communes, 
ce sont les pâtes de pailles, qui se contractent et se dé- 
forment, tout en déformant en môme temps les reliures. 

LES COLLES, ET LEUR PREPARATION 

Après les fournitures de tous genres employées pour 
la reliure, ce qu'il y a de plus intéressant à connaître, 
et au besoin à fabriquer ou à préparer par le relieur, 
ce sont les colles de tous genres applicables à la reliure. 
Leur préparation et leur mode d'emploi exercent une 
influence capitale dans la réussite et la solidité du tra- 
vail. 

Colle d'amidon . — C'est l'auxiliaire par excellence 
pour la reliure. On doit autant que possible l'employer 
de préférence à la colle de farine, au mpins pour les 
travaux essentiels, tels que le placement des gravures et 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 45 

planches, le montag-e sur ong-lets, et surtout pour la 
couvrure ou applicatioa des peaux, ainsi que pour la 
préparation du veau et des basanes mates pour la 
dorure. 

Son mode de préparation est des plus simples: on 
prend de l'amidon de riz ou de froment pur. Le pre- 
mier surtout produit une pâte bien g-rasse et d'un em- 
ploi excellent On en place une certaine quantité dans 
un chaudron ou dans un vase en faïence, le récipient 
ne devant pas se placer sur le feu. On triture Tamidon 
à pleines mains, en versant par dessus et successive- 
ment une certaine quantité d'eau fraîche sans trop 
noyer la pâte. Celle ci étant parfaitement broyée, on 
verse par-dessus, mais peu à peu, de Teau bouillante, 
en remuant le tout, et toujours dans le môme sens à 
Taide d*une cuiller en bois. On cesse de verser de Teau 
dès que Ton a amené la pâte à la limpidité d'un lait de 
chaux, puis on remue pendant un certain temps jusqu'à 
ce qu'elle se soit suffisamment épaissie, puis on laisse 
refroidir, et au fur et à mesure des besoins, on en 
prend la quantité voulue et on la tord à travers un 
linge à g-rosses mailles. Ainsi préparée, cette colle, 
d'une blancheur parfaite, s'étend avec la plus grande 
facilité. 

Colle de farine. — Le relieur peut se procurer sur la 
place de Paris de la colle de farine d'une bonne qualité|;. 
les épiciers et surtout les marchands de couleurs en 
ont constamment de toute préparée. Il n'en est pas de 
même dans la plupart des villes de province où les 
relieurs sont obligés et ont intérêt à pouvoir la fabri- 
quer eux-mêmes. Voici, d'après nous, la meilleure 
manière de s'y prendre. 

On prend une certaine quantité de farine de froment 

3. 



46 GUIDB MANUEL OB l'oUVRIBR RELIEUR 

pur, OU la place dans un chaudron en fer émaillé ou 
en cuivre. On ajoute de Teau fraîche, mais en petite 
quantité, pour en former une pâte épaisse, que Ton 
triture au moyen d'une cuiller en bois ; la farine étant 
bien délayée, on ajoute la quantité d'eau nécessaire et, 
tout en remuant, on place le chaudron sur un feu qui 
ne soit pas trop vif. Une fois là, il faut que la cuiller ne 
quitte pas le fond du chaudron, avoir soin de remuer 
toujours dans le môme sens, et d'accentuer le mouve» 
ment au fur et à mesure de réchauffement de la pâte, 
qui s'épaissit par l'action du feu jusqu'à produire un 
ou deux bouillons. On retire alors le chaudron du feu, 
et on continue à remuer pendant quelques instants; on 
laisse ensuite refroidir la pâte, puis on la fait passer par 
un tamis ou à travers un linge comme l'amidon, et l'on 
obtient ainsi d'excellente colle, si la farine est de bonne 
qualité? L'addition d'un peu d'alun en poudre pendant 
la trituration est excellente, pour la colle de farine; elle 
devient par ce moyen plus adhérente et se conserve plus 
long'temps. 

Colles fortes. — Le choix des colles fortes a une très 
grande importance en reliure; leur qualité essentielle 
doit être de con.server de la souplesse aux parties en- 
collées. Il faut qu'elles soient en môuie temps très adhé- 
rentes et présentent une certaine élasticité. Les colles 
qui durcissent jusquà être cassantes, doivent être abso- 
lument écartées du travail de la reliure, il faut surtout 
se défier des colles à bon marché, charg'ées d'un tas de 
matières inertes, et qui, tout compte fait, reviennent 
plus cher que les colles de bonne qualité ; celles-ci pren- 
nent une plus |a;-rande quantité d'eau, elles tiennent 
malgré cela beaucoup mieux que d'autres qu'il faut 
étaler en couches trop épaisses. Les mauvaises colles 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 47 

s'écaillent et tombent en poussière, surtout après l'en- 
collag'e des dos après la couture. L'endosseur est surtout 
bien placé pour jug'er de la qualité de la colle. Celle-ci 
doit résister et s'assouplir sous Taction du marteau en 
arrondissant le dos du volume, ainsi qu'en battant ou 
en roulant les mors. S*il se produit des cassures ou si 
la colle s'écaille, il faut la rejeter et ne pas s'exposer, à 
cause de sa mauvaise qualité, à produire un travail 
défectueux. 

Les colles de Lyon sont en gfénéral très convenables 
pour la reliure, elles sont gommeuses et très adhé- 
rentes. 

Nous devons pourtant faire exception pour la fabri- 
cation des couvertures en toile française et anglaise. Il 
faut pour ce genre de travail une colle très adhérente 
et qui sèche rapidement, la conservation des grains de 
la toile et de sa fraîcheur est à ce prix ; les colles de 
Givet remplissent ce double but (Voir Fabrication des 
couvertures). 

On prépare généralement les colles fortes de la 
manière suivante : on commence par la casser en petits 
morceaux, et on en place une certaine quantité dans 
une marmite en fer, on ajoute de l'eau fraîche jusqu'à 
ce que le tout soit parfaitement noyé ; on laisse macérer 
pendant quelques heures, puis on fait foudre sur un 
feu doux, en remuant surtout le fond. La dissolution 
étant parfaite et le liquide prêt à bouillir, on retire du 
feu et on verse la colle dans une bassine chauffée au 
bain marie. Il ne faut pas se servir de colles trop chau- 
des, mais simplement tièdes, c'est plus économique et 
Ipur action est plus énergique. 

Gélatine. — L'emploi de la gélatine devient presque 
usuel en reliure et rend les plus grands services. On 



48 GUIDE MANUEL DE L*OUVRlER RELIEUR 

s'en sert surtout pour Tapplication des soies et satins, 
ainsi que du vélin ; Tencollag'e des volumes lavés se fait 
à la g'élatine» il en est de même des tranches destinées 
à être dorées. On s*en sert également pour la prépara- 
tion des peaux de veau et de basanes mates, de même 
que pour le glairag-e des toiles anglaises, que Ton veut 
dorer à l'or faux au balancier. La gélatine se prépare 
comme les colles fortes, on la laisse bouillir légère- 
ment au bain-marie, on l'emploie à chaud, il faut qu'elle 
soit assez épaisse pour le collage de la soie et du vélin, 
et très claire pour l'encollage du papier et le glairage 
pour la dorure. 

Gomme arabique, ou colle à froid. — On fait dissoudre 
une certaine quantité de gomme arabique, que l'on 
place dans un pot en grès ; cette dissolution peut se 
faire à l'eau chaude, mais la gomme perd plus ou moins 
de ses qualités et se conserve moins longtemps, il est 
donc préférable d'opérer à l'eau froide, après avoir con- 
cassé la gomme pour en activer la dissolution, qui 
n'est parfaite qu'au bout de cinq à six jours. Il faut la 
remuer de* temps en temps, pour Tempêcher de se con^ 
denserau fond du vase, la dissolution étant parfaite oa 
la passe à travers un tamis. Cette colle est excellente 
pour le placement des planches, le montage sur onglets» 
le collage des photographies; enfin pour tous travaux 
urgents, pour lesquels il ^est prudent d*en avoir cons- 
tamment sous la main. 

Colle chimique (ou colle Dornemann). ~ Cette colle, 

d'invention récente et à laquelle l'inventeur a donné 
son nom, constitue pour la reliure ainsi que pour les 
industries du papier en général, un progrès énorme. 
D'une blancheur parfaite, elle est, de plus, d'uae ^dhfr» 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 49 

rence très supérieure à celles des colles de farine et 
d'amidon, elle sèche aussi plus rapidement. Elle peut, 
dans la pluralité des cas, remplacer la colle forte, notam- 
ment pour l'encollage du dos après la couture du 
volume. Elle est sans rivale pour le placement des gra- 
vures, le montage sûr ong-lets, le placement des gar- 
des etc. Elle donne, outre son adhérence parfaite et 
rapide, une grande propreté dans ses diverses applica- 
tions. Epaisse et très gluante à l'état naturel, elle se 
liquéfie avec facilité à l'eau fraîche au degré voulu et se 
conserve beaucoup plus longtemps que les colles de 
farine et d'amidon. Néanmoins, en ce qui concerne la 
couvrure des divers genres de peaux, il est préférable 
d'employer les colles d'amidon ou de farine. 



CHAPITRE IV 



Outillage du relieur. 



Bien que la figuration de Toutillage du relieur se 
présente à la vue du lecteur du présent ouvrage et ce 
afin d'appuyer plus clairement nos démonstrations, 
nous croyons utile d*en établir tout d'abord ici la nomen- 
clature. L'outillage usuel, de même que presses, machi- 
nes, etc. à l'usage du relieur, se trouve aux meilleures 
conditions dans certaines maisons de Paris, s'occupant 
de la fabrication et de la vente de notre matériel ; il 
se compose, en ce qui concerne la reliure proprement 
dite, nous réservant de tracer d'autre part la nomencla- 
ture du doreur sur cuir etc. (i) : 

De plusieurs plioirs en os ou en buis, de formes et 
dimensions diverses; — de ciseaux: pour la taille des 
gravures, la couture, la couvrure etc. ; — d'une ou plu- 
sieurs gamelles en bois pour la colle de pâte et pinceaux ; 

— d'un lourd marteau à battre et d'une pierre en granit ; 

— d'une scie à main dite scie àgrecquer; — d'uncousoir 
ou métier à coudre ; — de plusieurs chevillettes en cuivre 
ou en fer pour tendre les ficelles ; — d'un pot ou bassine 
à colle forte chauffé au bain-marie, l'ensemble placé 
sur un réchaud à gaz et que Ton peut remplacer par 

(i) Dans notre « Guide manuel du praticien doreur sur cuir, 
etc. ? à la main et au bal?incie|* », f^rmanf la secpnde partie du 
présent ouvrage. 



GUIDE MANUEL DE L*OUVRIER RELIEUR 51 

une chaufferette au charbon de bois (dans les gprands 
ateliers on chauffe les bassines à colle au moyen de la 
vapeur) ; — de marteaux en fer et maillets en bois ; — 
de compas, règ'les etéquerres en fer de divers formats; — 
de pointes à couper la peau, la carte ou le papier ; — 
d'un poinçon à percer les trous dans les cartons etc. ; — 
de presses en bois, dites presses à main avec clef à part 
pour les serrer ; — d'un frottoir en fer pour Tendos- 
sure ; — d'un ciseau de menuisier dont Tusag'e, en 
reliure, est assez fréquent ; — d'un couteau et d'une 
pierre servant à parer le cuir etc. ; — d'une pince à ner- 
vures; — d'un troussequin, instrument dont on se sert 
pour tracer l'emplacement des plats aux demi-reliu- 
, res. — D'un trace-coins ou équerre mobile servant à 
délimiter les coins en peau etc. aux demi- reliures ; — 
d'une g'rille et d'une brosse à jasper les couleurs sur les 
tranches ; — de brunissoirs d'agathe pour le brunis- 
sage des tranches. — Voilà pour le petit outillage ; il 
faut en outre et surtout : 

Une presse à percussion d'une certaine force avec vis 
en fer ; plus une ou plusieurs séries d'ais en bois pour 
la mise en presse de volumes soit avant la couture, soit 
après l'endossure ; des ais en carton de Lyon et des 
platines en zinc de divers formats pour la mise en presse 
des volumes reliés ; 

Une cisaille à couper le,carton et la carte, soit en fer, 
soit en bois et fer ; 

Une presse à endosser à deux jumelles en bois, avec 
ais ferrés servantà former ou battre des mors au volume. 
La presse à endosser en bois a été remplacée avec avan- 
tage par l'étau ou machine à endosser en fer. Il en est 
de même du rouleau à endosser pour les cartonnages- 
emboîtages ; 

Une presse à rogner avec fût ou rognoir à main, le 



52 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

tout placé sur un bâtis ou porte-presse. La machine à 
rogner actionnée à bras ou au moteur dite massiquot, 
du nom de son inventeur sert à rogner les volumes par 
quantités; on s'en sert aussi avec avantage pour la 
rognure de volumes endossés. Il faut aussi au relieur des 
tables solides, des rayons et armoires pour placer les 
ouvrages et les fournitures de tous genres : le tout à dis- 
poser selon le local et les besoins de chaque partie. Tout 
doit être rangé méthodiquement, afin d'avoir chaque 
objet sous la main : Tordre économise le temps et les 
bons soins produisent un travail parfait. 



CHAPITRE V 



Des formats 



SOURCES, DENOMINATIONS ET DIMENSIONS 

La connaissance des formats et de leurs dimensions 
est d'une grande importance en reliure. La plupart 
d'entre eux n'ayant pas de définitions suffisamment 
connues ou établies, nous croyons être utile à nos 
lecteurs en joig-nant à notre Guide-Manuel, un tableau 
portant leurs dénominations et dimensions, en prenant 
pour base les formats de papier en usage dans la librai- 
rie française. 

Ces dimensions sont basées non seulement sur les 
feuilles imprimées et pliées selon leur imposition, ainsi 
que sur le livre broché, ce qui nous exposait à des 
mécomptes à cause des fausses marges résultant d'im- 
positions assez souvent irrégulières, mais en prenant 
les mesures sur les cartons de livres reliés, auxquels la 
rognure avait conservé les témoins d'usage, établissant 
la preuve que les fausses marges seules avaient été 
enlevées, et que les marges réelles avaient été rigou- 
sement respectées. 

Les dénominations de formats de papiers ont pour 
origine les formes de diverses dimensions affectées à 
leur fabrication manuelle. On fabrique encore de nos 
jours, et en très grandes quantités, des papiers à la 



54 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

forme, tant pour Timpression des livres que pour tout 
autre usage, les divers formats de papier et leurs 
dimensions sont à ce point consacrés par Tusag-e, que 
les papiers fabriqués à l'aide de machines sont ensuite 
débités de façon à se rapporter aux formats usuels, dont 
ils prennent alors les dénominations. 

Les formats de papier g-énéralement en usagée dans la 
librairie ou l'impression des livres sont : VEcu, le 
Carré, le Cavalier, le Raisin, le grand Raisin, le 
Jésus, le Soleil et le Colombier, 

La feuille dont l'impression couvre toute la surface, 
sans blancs intermédiaires de façon à ne former qu'une 
seule page, se nomme in-plano, et prend également 
la dénomination du format de papier sur lequel l'impres- 
sion a été faite, soit in-plano écu, in piano carrée 
in-plano cavalier, etc. Cette feuille ne contient qu'une 
page si le recto seul a été imprimé et deux pages si elle 
est imprimée des deux côtés. 

La feuille dont l'impression divise la surface en deux 
parties égales de façon à ce que l'on puisse la plier en 
deux se nomme in-folio, soit in-folio écu — in-folio 
carré, etc. Cette feuille imprimée des deux côtés con- 
tient alors quatre pages ou deux feuillets. 

La feuille dont l'impression divise la surface en 
quatre parties, de façon à ce que l'on puisse la plier en 
quatre se nomme in-quarto, soit inl^^ écu — in-l\!* 
carré, etc. Elle contient quatre feuillets ou huit pages. 

La feuille dont l'impression divise la surface en huit 
parties, de façon à ce que l'on puisse la plier en huit, 
se nomme in-octavo soit m-8° écu — in 8** carré, 
in*S° cavalier, etc. Elle contient huit feuillets ou seize 
pages. 

Il en est de même des formats plus petits, Tm-iô a 
sei^je feuillets ou trente-deux paçfes, et se nomrne (n-jQ 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 55 

écu — in-i6 carré, etc.; Tm-iS a dix-huit feuillets ou 
trente-six pag-es, et se nomme 1/1-18 écu — «7i-i8 
carré, etc., et ainsi de suite. 

Le nombre de feuillets ou pagpes dont se compose 
une feuille d'impression ne se renferme pas toujours 
dans un seul cahier. L'imprimeur a gprand soin, quand 
il s'ag'it de formats de petite dimension, de faire l'im- 
position ou mise en pagpes de façon à pouvoir diviser 
la feuille en deux, en trois et même en quatre parties, 
pour en/ormer deux, trois ou quatre cahiers, afin de 
faciliter le travail de la pliure et de la reliure. Ces divi- 
sions ne chang'ent en aucune façon la dénomination du 
format, qui prend toujours le nom du format de papier 
sur lequel l'impression a été faite. 

La dénomination des papiers est d'autant plus insé- 
parable de la désig-nation des formats, que l'on n'a pu 
prendre pour bases de ces dési/^-nations que le nombre 
de feuillets que donne chaque feuille d'impression. Un 
g'rand nombre de relieurs désignent les formats par : 
petit et i^rand in-folio petit, et grand in-4® — petit 
in-80 — in-8® — grand in-S® et jusqu'à très grand 
in-8° (?) sans pouvoir se mettre d'accord sur les limites 
de chacun d'eux, par la raison bien simple que ces 
dernières désignations manquent de bases précises, et 
qu'il n'y a que la feuille d'impression qui puisse la 
donner. Les in -8® comme les autres formats prenant 
leur source dans les huit dimensions de papier en usage 
dans la librairie, il en résulte, faute d'adjoindre h cha- 
cun d'eux la dénomination de ces papiers, des mécomp- 
tes et des discussions aussi embarrassantes que faciles 
à éviter, si tout le monde se conformait aux règles éta- 
blies par les éditeurs tant anciens que modernes. 

L'in-i8 Jésus a remplacé dans la librairie française 
rin-12 raisin, tous deux étant plies et brochés ont les 



56 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

mêmes dimensions. On les désig'nes aussi sous le nom 
de format Charpentier. C'est donc Tin-iS jésus qui 
fîg'ure au tableau, conformément à la note que nous 
avons placée au bas de celui-ci. 

Il nous reste à parler des formats oblongSy dits à 
l'italienne. On désig-ne ainsi les livres et albums qui 
ont moins de hauteur que de largeur. On les emploie 
assez fréquemment pour imprimer les atlas ou livres à 
planches, etc. 

Ces formats, pour lesquels on se sert des mêmes 
dimensions de papier que pour les formats de livres 
ordinaires, empruntent également à ces papiers leurs 
dénominations et dimensions. On les désig'ne soit par 
in-plano raisin oblong, qui mesure k% centimètres 
de haut sur 64 de large ; — m-4® raisin oblong, qui 
mesure 24 1/2 de haut sur 82 de large, etc., etc. ; ce 
dernier contient également quatre feuillets ou huit 
pages. Mais l'imposition en est faite de façon à ce que 
Ton doive former le premier pli de la feuille dans le 
sens de la longueur, le second pli que l'on fait ensuite 
en largeur, place le dos du cahier in-4® oblong à la 
place où se trouverait la tête des cahiers in-4® raisin 
ordinaire, il en est de même des autres formats. Ceci 
étant bien établi et bien compris, il nous a semblé inu- 
tile de les faire figurer au tableau ci-contre, sur lequel 
se trouvent également leurs dimensions en chiffres. 



GUIDE MANUEL 0£ L'OUVRIER RELIEUR 



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CHAPITRE VI 

Travail du relie ar 
en ce qui concerne la reliure proprement dite 



Nous avons décrit, au chapitre de la brochure, les 
opérations préliminaires de la reliure, du moins en ce 
qui concerne les livres en feuilles, c*est-àdire de ceux 
que le relieur reçoit directement de l'éditeur, et qui 
n'ont été ni brochés ni reliés antérieurement ; nous 
n'avons donc plus à revenir sur'ce g-enre de prépara- 
tions, qui se font de la même façon chez le relieur 
comme chez le brocheur, sauf que le premier doit, par 
la force des choses, apporter plus de soins et de préci- 
sion dans la mise en train de son travail. 

Nous n*avons donc à nous préoccuper dans ce chapi- 
tre que du livre que le relieur reçoit broché ou revêtu 
d'une reliure à renouveler. Nous établirons l'ensemble 
de nos descriptions sur un volume à façonner en reliure 
pleine, nous réservant de donner plus loin la descrip- 
tion des divers genres de demi-reliure. 

L'ensemble du travail du relieur ou la reliure propre- 
ment dite, comprend les opérations suivantes : 

Le débrochage^i le démontage des anciennes reliures. 

La préparation k Idi couture, qui comprend aussi, 
le repliage et le placement des gravures et planches ; le 
montage sur onglets de certaines cartes, planches ou 
gravures et le collationnement; 



GtiDË MANUEL OE L'oUVBIER RELIEUR 59 

Le battage et le laminage ; de même que la mise en 
presse des volumes battus ou laminés. 

La grecqure et le traçage pour la couture sur nerfs 
et le collationnement ; 

La couture en divers ijspenres ; 

Uendossure et la rognure, que Ton désigne aussi 
sous le nom de corps d'ouvragpe ; 

Les tranches : leur coloriagpe, le travail de la tranche 
qui n^est pas du ressort des spécialistes et se fait ordi- 
nairement par le relieur ; 

La tranchejîlure et la préparation à la couvrure ; 

La coupe des peaux et la parure ; 

La couvrure : le placement des charnières et des éti- 
quettes ou pièces de titres ; 

La finissure : qui comprend le nettoyag-e des mors, 
le placement et le collage des gardes de couleurs ; la 
mise en presse ; la cambrure ; le polissage et le yer- 
nissage, 

DU DÉBROCHAGE, OU REPLIAGE ET DE LA PRÉPARATION 

A LA COUTURE 

Les livres que Ton destine à la reliure se présentent 
sous divers aspects; en feuilles pliées ou non pliées, en 
brochures^ en reliures provisoires ou ayant cessé de 
plaire ou encore en reliures fatiguées par le temps ou 
par l'usage. Nous avons indiqué comment on s'y prend 
pour plier les feuilles de divers formats il nous reste à 
indiquer la manière de découdre les livres brochés et 
aussi, les livres ayant déjà été reliés. 

Le Débrochage consiste, à enlever la couverture du 
livre broché, à le découdre, à l'approprier en enlevant 
les parcelles de colle qui se trouvent sur le dos en même 
temps que les débris de papier provenant de la couver- 



60 GUIDE MANUEL DE l'oUVIUER RELIEUR 

ture que Ton a arrachée, à retirer les bouts de fîl qui se 
trouvent à l'intérieur des cahiers et à enlever les faux 
plis qui se sont formés sur les coins du volume, opéra- 
tions que Ton exécute de la manière suivante. 

L'ouvrière, assise devant une table qu'elle domine 
suffisamment, place le volume à plat devant elle comme 
s'il s'agcissait de le lire. Elle soulève la couverture en 
même temps que les premiers feuillets jusqu'au milieu 
du cahier et elle coupe le fil qui se trouve à l'intérieur ; 
cette précaution n'est pas inutile, surtout si ce premier 
cahier se compose uniquement d^une feuille de titre. 

Elle arrache alors la couverture, qu'elle tient entre le 
pouce et l'index de la main ^^auche, en ayant soin de 
ne pas la froisser : elle opère l'arrachag-e par une trac- 
tion de droite à gauche et du haut en bas, de façon à 
enlever le plus possible du papier collé sur le dos. Gela 
fait, elle coupe avec des ciseaux en suivant la ligne net- 
tement tracée par le pli, les barbes produites par l'arra- 
chage au bord de cette partie de la couverture, qu'elle 
place ensuite à sa gauche ; elle détache ensuite le titre, 
s'il estseul,puis le premier cahier en ayant soin de tenir 
les feuillets rapprochés les uns des autres, afin qu'en 
détachant le premier cahier du second et ainsi de suite, 
les feuillets extérieurs ne soient pas exposés à être déchi- 
rés. En un mot les cahiers doivent être détachés les uns 
des autres avec le plus de netteté possible, en ayant soin 
de couper les fils dès qu'ils présentent quelque résis- 
tance. Ce qui adhère au dos des cahiers doit être enlevé 
très proprement sans fatiguer les feuillets extérieurs des 
cahiers : arrivée à la fin, elle coupe le verso de la cou- 
verture comme elle l'a fait au recto, elle redresse, s'il y 
à lieu, les coins du volume en les repliant dans le sens 
opposé, ou en cornet afin de leur faire reprendre leur 
première forme. 



GCIDË MANUEL DE l'oUVIUEH tlELIËUIt 6l 

Les volumes brochés dont les dos ont été encollés et 
leurs couvertures fixées à la colle de pâte, colle de farine 
ou d'amidon, peuvent être facilement décousus; il n'en 
est pas de même de ceux encollés et couverts à la colle 
forte. L'opération dans ce cas présente de réelles difficul- 
tés si on ne prend pas les précautions nécessaires. 

Le premier moyen consiste, à battre le volume à laide 
d'un marteau, sur l'arête vive du dos, afin de briser la 
colle qui étant assez souvent de mauvaise qualité se 
morcelle assez facilement et permet alors de détacher 
les cahiers les uns des autres sans trop de difficultés. 
Si ce moyen ne réussit pas, ou imparfaitement, il faut 
alors mettre le livre en presse entre des ais en bois 
placés à fleur du dos, et les serrer fortement, puis trem- 
per le dos au moyen d'une couche épaisse de colle de 
pâte comme on le fait pour l'endossure. 

La colle détrempe le papier de la couverture ainsi que 
la colle forte ayant servi à l'appliquer; on enlève alors 
le tout à l'aide d'un frottoir en bois ou en fer, puis on 
essuie les dos à l'aide d'une poig'née de rog-nures. On 
retire les volumes de la presse; les cahiers dont les dos 
ont été débarrassés de la colle se détachent alors très 
facilement les uns des autres sans aucun risque de les 
déchirer ce qui est le but à atteindre ainsi que d'écono- 
miser du temps. 

Le démontage des livres reliés présente un peu plus 
de difficultés. 

On commence par débarrasser le dos du volume de 
la peau ou de la toile qui le recouvre, on enlève les tran- 
chefiles ou imitation de celles-ci et on place le volume 
en presse comme pour l'endossure (voir page 98). On 
détrempe le dos à la colle de pâte et ce pendant deux ou 
trois heures et, après avoir enlevé au frottoir ce qui se 
trouve sur le dos. On essuie à sec, puis, avec une pointe 

BOSQUET RELIURE 4 



6â GUlbE MANUEL DE L*OUVRIfiR ttELlËU» 

à couper on pratique une incision sur chaque ficelle en 
suivant le contour du dos afin de couper à ces places, 
les fils avec lesquels le livre a été cousu. On retire le 
volume de la presse et on enlève les cartons en coupant 
les ficelles d'attache et, pendant que le dos est encore 
un peu humide, on détache les cahiers un à un comme 
on le ferait d'un livre broché, en ayant soin d'enlever 
les bouts de fil qui se trouvent à l'intérieur des cahiers. 
On laisse bien sécher en étag-eant les cahiers du vo- 
lume, puis on abat à petits coups de marteau, par trois 
ou quatre cahiers à la fois, les mors (i) de l'ancienne 
reliure afin de rendre au volume la forme plane sans 
laquelle on ne pourrait le relier à nouveau. 

Du repliage. — Nous avons indiqué : Chapitre I en 
quoi consiste la pliure des feuilles dont se compose un 
livre : ce travail, s'il était correctement exécuté par le 
brocheur, permettrait au relieur d'exécuter son travail 
sur des bases èg-alement correctes. Mais il n*en est, 
malheureusement pas ainsi, et dans la pluralité des cas, 
une révision attentive delà pliure s'impose à tout relieur, 
ayant souci de son art et de sa renommée. Quoique le 
livre broché ait été lu et que les cahiers en soient cou- 
pés en lête et sur le devant, le redressag'e des feuilles est 
indispensable: sans ce travail préliminaire une reliure 
quel qu'en soit le genre ou la forme n^aura qu'une 
valeur relative. 

En effet, est-il rien de plus disgracieux qu'un livre 
ouvert offrant à la vue du lecteur des pages dont le 
texte se présente de travers par rapport aux marges, en 
les supposant coupées à la rognure ou à l'ébarbage. De 

(1) On donne le nom de Mors à la portion du dos des cahiers 
qui se rabat au commencement et À la fin du volume, pour for- 
mer à ces places les creux dans lesquels se logent les cartons. 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIEK RELIEUR 63 

môme, la pliure étant correcte, de voir un volume relié 
dontlete^te ou les cartons ne sont pas irréprochable- 
ment coupés d'équerre. Les opérations du repliag-e ont 
beaucoup d'analogie avec la pliure ; elles consistent à 
rétablir dans la ligne droite les pages d'un livre qu'une 
mauvaise pliure empêchent de concorder entre elles. 
L'ouvrière, après avoir ouvert la feuille et Ta voir étendue 
à plat sur la table, qu'il s'agisse d'un cahier in-folio — 
in-4** — in-8° etc.^ répète selon le cas les diverses opéra- 
tions que nous avons décrites, au chapitre précédent en 
ajustant cette fois ces pages avec la correction voulue 
tout en accentuant chaque pli afin que la feuille ne re- 
prenne sa forme défectueuse. Si, comme nous l'avons 
dit plus haut, les feuilles du livre broché ont été coupées 
en tête et sur le devant, afin de pouvoir le lire, chacun 
des cahiers se divise alors en feuillets doubles qu'il 
iaut replier isolément et encarter ensuite l'un dans 
l'autre ou les uns dans les autres selon qu'ils appartien- 
nent à l'un ou à l'autre format. 

L'ajustage se fait en plaçant exactement en regard 
les uns des autres, les chiffres qui se trouvent en tête 
des pages, tout en accentuant les plis à l'aide du 
plioir et afin de maintenir les feuillets à la place voulue 
on a soin de les fixer au moyen d'un petit filet de colle 
de pâte étendu avec la plus grande réserve sur l'arête 
vive du dos à la longueur d'un centimètre au plus. On 
coupe ensuite, soit avec des ciseaux, soit avec une 
pointe à couper ce qui dépasse en tête et ce d'après une 
moyenne sur l'ensemble des cahiers composant le vo- 
lume. Le titre, s'il est isolé, doit être replié en ajustant 
par la transparence (en opposition avec la lumière) les 
deux parties, titre et faux-titre et si le livre ne contient 
ni gravures ni planches devant y prendre place on le 
fçQd dans le pli et oq fixe les deux feuillets au moyen 



64 GUIDE MANUEL DE l'ouVRIER RELIEUR 

d'un filet de colle de pâte sur le premier cahier du 
volume. 



Préparation à la couture. — Opération des plus sim- 
ples alors qu'il s'agfit d'un livre se présentant dans les 
conditions ordinaires; c'est-à-dire sans estampes hors 
texte ni planches d'aucune sorte ; celle-ci se complique 
et devient un art parfois très délicat. S'il comporte le 
placement d'estampes ayant une certaine valeur, de 
planches dépassant dans certains cas et plus ou moins 
les dimensions du livre. Puis d'autres qui, tout en étant 
établies au format du volume exig-ent néanmoins le 
concours intelli|o;'ent du praticien afin d'en rendre l'intel- 
lig'ence facile sans nuire à la forme ainsi qu'à la solidité 
de la reliure. Le relieur connaissant son art, de même 
que l'amateur de livre, ne devant pas perdre de vue 
qu'un livre quel qu'il soit est destiné à être lu et con- 
sulté. Que l'ouverture doit en être facile, chacun de ses 
feuillets mis à la portée du lecteur qui, absorbé par l'é- 
tude ou le charme du sujet ne peut être astreint à un 
effort quelconque pour maintenir le livre en place. Une 
reliure quelle qu'elle soit qui ne comporte pas ces con- 
ditions essentielles ne saurait être parfaite. 

La préparation d'un livre ordinaire consiste, outre le 
placement du titre, tel que nous l'avons indiqué ci-des- 
sus à préserver le commencement et la fin du volume 
au moyen d'un papier solide ou sauve-garde. Les gardes 
blanches, tout au moins en ce qui concerne les cahiers 
destinés à être cousus sur ficelles à la grecque, devant 
être placées après la couture, sous peine de voir les 
gardes trouées par la scie à grecquer. 

Certains relieurs utilisent pour se faire la couverture 
de la brochure qu'ils fixent au moyen d'un filet décolle 
de pâte et ce à même le premier et le dernier feuillet du 



GUIDE MANUEL DE L*0UVRIER RELIEUR 65 

livre. Ce procédé est des plus défectueux en ce sens que 
pour placer un peu plus tard les gardes blanches il faut 
alors décoller les sauve-g'ardes pour placer celles-ci, ce 
qui n'est pas sans fatiguer et parfois déchirer quelque 
peu les feuillets sur lesquels elles ont été fixées; il en 
est de môme des gardes blanches, alors qu'il s'agit lors 
de la finissure, de nettoyer les mors au volume afin d*y 
placer les gardes de couleur. Donc, dans l'un et l'autre 
cas, feuillets du livre et gardes dont les dos ne sont nul- 
lement protégés, sont à ce point fatigués qu'ils se déchi- 
rent à ces places, obligent l'opérateur soil à remplacer 
les gardes soit à pratiquer à ces places des replâtrages 
de toute façon préjudiciables à la propreté, à la bonne 
harmonie du travail. 

Consolider le commencement et la fin du volume a 
toujours été le grand souci des bons praticiens, le sur- 
jetage des premiers et derniers cahiers est un moyen 
excellent, mais on ne peut l'appliquer qu'à des reliures 
soignées et par des mains exercées, il solidifie le cahier 
mais il ne protège pas les gardes pour lesquelles il faut 
alors des papiers très solides et parfois coûteux que l'on 
coud comme on le fait des cahiers du volume. 

Sauf-gardes à onglets. — Le seul moyen économique 
que l'on puisse opposer au mal que nous venons de 
signaler, qui rend inutile le surjetage et la couture des 
gardes, même aux volumes les plus soignés, consiste 
en deux bandes de papier de 4 à 6 centimètres de large 
(selon le format du livre), relativement mince, solide et 
souple que l'on place en forme d'onglet, entourant le 
premier et le dernier cahier du volume sur la partie 
antérieure desquels on les colle à deux ou trois millimè- 
tres de large, toujours selon le format du livre. Ces 
collages étant secs, on plie ces onglets de façon à con- 

4. 



66 GUIDE MANUEL DE L*OUVRIER RELIEUR 

tourner le dos et à se présenter à l'extérieur du vo- 
lume. On fixe sur ces onglets un feuillet de papier 
solide servant de sauvegarde et sous lesquels on peut 
avec facilité et après la couture, placer les gardes blan- 
ches qui demeurent efficacement préservées ainsi que 
les premier et dernier cahiers pendant tout le cours du 
travail jusqu'à la finissure. A ce moment on les arrache 
sans peine, laissant intacts le commencement et la fin 
du volume. 

On peut, pourvu que Ton puisse disposer d'un papier 
souple et solide, faire en sorte que, sauve*gardes et on» 
glets ne fassent qu'un; il est même indispensable qu'il 
en soit ainsi alors qu'il s'agit de reliures ou cartonnages 
à la Bradel. , 

Réparations sommaires. — Les livres à préparer à la 
couture, ne sont pas toujours en bon état; l'usage leur 
a parfois fait subir des avaries plus ou moins impor- 
tantes, certaines feuilles sont parfois déchirées ou môme 
totalement abimées. S'il n'est pas possible de s'en pro- 
curer de rechange, il faut alors se résigner à y faire les 
réparations nécessaires. Nous renvoyons au chapitre 

sur la RÉPARATION DES VIEUX LIVRES ET ESTAMPES, pOUr 

ceux qui ont subi des avaries importantes, nous bor- 
nant à consigner ici les réparations usuelles. 

S'il ne s'agit que d'une simple déchirure, on place une 
bande de papier de soie sous celle ci, on enduit à l'aide 
d'un petit pinceau en plumes les barbes delà déchirure 
d'un peu de colle de pâte. On opère ensuite la jonction 
des deux parties de façon à rendre à la feuille sa forme 
primitive: opération plus ou mois délicate selon que la 
feuille a été déchirée à vif ou en biais : puis on place 
par dessus une nouvelle bande de papier de soie, ou 
tout autre papier fin de la nuance de la feuille à répa- 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 67 

rer, on charg-e le tout d'un poids plus ou moins lourd 
selon le cas et on laisse sécher. 

La siccation étant parfaite, on arrache avec précau- 
tion les parties du papier de soie qui n*ont pas été 
prises par les bavures de la colle, on frotte sur les par- 
ties réparées à Taide d'un petit tampon de papier et si 
l'opération a été faite avec précision elle sera à peine 
visible. 

Si les coins de la feuille ou certaines parties du dos 
sont totalement usées, on colle de chaque côté de la 
feuille des coins ou des bandes de papier de soie, on 
charge et on laisse sécher. 

Si un coin, ou telle autre partie d'un feuillet ont été 
arrachés et perdus on choisit un coin ou une bande de 
papier semblable, si possible : on enduit les barbes de 
la déchirure d'un peu de colle de pâte, on place alors 
au-dessous le papier choisi en appuyant légèrement sur 
les barbes à l'aide d'un plioir, puis on place par-dessus 
une bande de papier de soie et on laisse sécher. On 
enlève un peu plus tard le papier de soie, on marque 
un pli dans la feuille sur laquelle a été opéré et bien à 
fleurs de celui-ci et on enlève le surplus au moyen d'une 
déchirure pratiquée délicatement dans le pli. On place 
ensuite le feuillet séparé entre deux plaques de zinc 
puis dans une presse que l'on serre à proportion et ce 
afin que les parties s'imprègnent l'une dans l'autre. 

On peut également et il est préférable d'en agir ainsi 
alors qu'il s'agit de papier d'une certaine épaisseur, 
couper à vif et en ligne droite les parties à remplacer, 
on amaincit ensuite les bords au moyen du couteau à 
parer, puis la même opération à une bande ou pièce de 
papier semblable et on opère la jonction à la colle de 
pâte en plaçant l'une sur l'autre les parties biaisées. On 
place de chaque côté une bande de papier de soie, on 



68 ' GUIDE MANUEL DE L*OUVRIER RELIEUR 

charge plus ou moins selon le cas, on laisse sécher 
puis on enlève les bandes de papier de soie, on approprie 
et on met sous presse comme ci- dessus. 

Le placement des gravures et planches est une opéra- 
tion très délicate qui nécessite de la part de l'ouvrière 
beaucoup de tact et de soins. 

Avant toutes choses, une gravure que l'on place dans 
un livre doit autant que possible cadrer avec le texte et 
faire face à la narration qui la concerne, au moins pour 
les ouvrag'es scientifiques, afin que le lecteur ait l'un et 
l'autre en même temps sous les yeux. Il n'en est pas de 
môme quand il s'agit de gravures d'art ; celles-ci doiven 
surtout, afin de se présenter sous le jour le plus favora- 
ble, être placées face au lecteur, c'est-à-dire en regard 
des pages à numéros pairs (en belle page) dût la narra* 
tion se trouver au-dessous. 

Cette règle souflFre néanmoins certaines exceptions, 
et a, dans le cas où la planche — un portrait ou tout 
autre sujet servant de frontispice — doit se placer en 
face du titre ou d'un chapitre commençant sur une page 
à numéro impair. 




Fig. 8. — Ciseaux pour le redressage des gravures. 

Si le volume contient des gravures ? l'ouvrière s'as- 
sure si elles ont été bien placées, et dans le cas contraire 
elle les décolle, et elle les présente sur le texte tant en hau- 
teur qu'en largeur, et elle enlève, soit avec des ciseaux, 
ou à la pointe à couper et à la règle sur une platine de 
zinc, le surplus soit en tête ou du côté du dos, puis elle 
les fixe à la colle de pâte par un collage étroit et régulier, 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIBR RELIEUR 69 

elle place de même le papier de soie s'il y a lieu. Si la 
gfravureest imprimée sur papier fort, elle monte celle-ci 
sur un petit onglet simple ou double, comme nous 
lavons indiqué à l'article sur la brochure Enfin, s'il 
s'agit d'une carte, elle la plie de telle sorte en hauteur 
et en largeur que les plis ne puissent être atteints par 
la rognure, et autant que possible de façon à ce que 
l'extrémité de la planche se trouve à fleur de la marge 
pour être rognée en même temps que le volume. Il faut 
surtout s'atfacher à former le moins de plis possible 
dans les cartes, autant dans l'intérêt de l'ouvrage que 
pour éviter des inégalités très préjudiciables au livre, 
moins il y a de plis, plus l'emploi de la carte sera 
facile et moins elle sera cause de la déformation de la 
reliure. 

Nous disions que la planche doit cadrer avec le texte 
c'est-à-dire que les livres ayant en général moins de 
marges du côté du dos et en tête que sur le devant et en 
queue, il faut que les planches se présentent de même 
par rapport au texte qui doit servir de guide. 

En ce qui concerne les estampes qui, tout en ayant la 
forme oblongue, demandent à être placées dans le sens 
de la hauteur du livre, il faut que la légende se trouve 
du côté de la tranche pour celles qui font face aux pages à 
numéros pairs et du côté du dos pour celles qui font face 
aux pages à numéros impairs. 

De telle sorte que si deux planches de forme oblon- 
g^ue devaient prendre place entre les mêmes pages,, elles 
se présenteraient à la vue du lecteur, l'une au-dessus, 
l'autre au-dessous, la première avec la légende du côté 
du dos et la seconde du côté de la tranche du livre. 

Montages sur onglets. — Les livres à monter sur 
onglets soat fi^ssez qombreux, ceux-ci sont, ou des volu- 



70 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER QELIEUR 

mes uniquement composés de planches, ou texte inter- 
calé de planches, mais imprimé sur papier plus fort. 
L'essentiel pour le g'enre de reliure à y affecter consiste 
en ce que le dos ne soit pas plus épais que le corps du 
volume ; il y a plusieurs g'enres de montages sur ong'Iets, 
qui d'après l'épaisseur du papier des planches, ou le 
prix affecté au travail, se font sur ong'lets de toile ou de 
papier ; les premiers doivent toujours être doublés de 
papier pour leur donner de la consistance, et aussi pour 
g'arnir le dos afin de l'établir à la g-rosseur du livre. 

Montages simples sur onglets en papier. — Etant donné 

un volume uniquement composé de planches simples, 
auquel on désire donner des onglets de i5 millimètres 
de large, on commence par redresser au moyen de la 
règle ou d'une équerre et de la pointe à couper toutes 
les planches de façon à bien proportionner les marges, 
l'ouvrier enlève ducMé du dos et en tète, non seulement 
les parties inégales, mais il rétablit les proportions des 
marges en prenant pour base la plus grande des plan* 
ches ; il prend alors du papier blanc souple et solide, 
dont l'épaisseur doit être proportionnée au format du 
volume, et si possible plus mince de moitié que l'épais* 
seur du papier des planches, il divise son volume en 
deux parties, c'est-à-dire que pour un volume composé 
de loo planches, il coupe 5o onglets de la largeur de 
65 millimètres et 5o de 38 millimètres; les collages 
étant de 3 millimètres de large, il lui restera d'une 
part 62 et d'autre part 35 millimètres de largeur d'on- 
glets ; il retire alors les planches des numéros pairs, 
et il leur enlève à la pointe ou à la presse à rogner, 
3 millimètres de marges dans le dos, puis il étage ces 
planches à la largeur de 2 millimètres du côté du dos ; 
la face au-dessous au bord de la table, il place une 



GUIDE MANUEL DE L'ouVuIER RËLIËUtt 71 

baode de papier par-dessus, et il enduit à la colle 
d'amidon toute la partie étagée, ou la moitié s'il juge 
que le nombre en est trop considérable, puis il les place 
devant lui en les étag-eant un peu plus pour écarter un 
peu les parties collées, puis il prend une à une les 
bandes de 38 millimètres, et il les place successivement 
sur les parties enduites de colle, qui par la pression des 
doigts s'élargit à 3 millimètres, proportion qu'il donne 
à l'application des bandes d'onglets. Les planches à 
numéros pairs, étant collées, il en fait autant des plan- 
ches à numéros impairs, en se servant cette fois des 
bandes de 65 millimètres, il charge le tout d'un poids 
quelconque et il laisse sécher. 

Les collages étant parfaitement secs, l'ouvrier prend 
la planche numéro i et il la place devant lui, l'onglet 
au bord de la table. Il place par-dessus la planche 2, 
mais de façon à ce que le collage de cette dernière se 
trouve non pas au-dessus, mais à côté du collage de la 
planche i. Ceci explique le motif pour lequel il a enlevé 
3 millimètres en plus, des planches à numéros pairs 
qui, par cet arrangement, se retrouvent dans les pro- 
portions voulues, par rapport à la largeur des planches 
en général, et servent en même temps de remplissage 
pour que le dos soit de même épaisseur que le corps du 
volume. 

Les deux planches étant placées, l'une sur l'autre, 
l'ouvrier plie d'abord l'onglet large qui se trouve des- 
sous, puis il fait un second pli avec l'ensemble et à 
fleur du dos de la planche i ; l'équilibre est alors par- 
fait. Il fait la même opération avec les planches 3 et 4, 
puis avec 5 et 6 et ainsi de suite. Puis il assure le com- 
mencement et la fin du volume comme pour un livre 
ordinaire. Il égalise alors le volume au dos et en tête, 
puis il bat les onglets par petites battées, à l'aide d'un 



7^ GtIDË MANtEL DE L^OUVRlËU UELIKUR 

marteau en fer ordinaire ; il met ensuite le volume en 
presse. 

Nous avons indiqué la formation des cahiers par 
deux planches. On peut aussi former des cahiers de 
quatre planches en étag'eant dans le même ordre, c'est- 
à-dire en plaçant le collage de la planche 2 à côté du 
collage de la planche i, puis en posant exactement 3 
sur I et 4 sur 2 ; on plie alors les onglets des planches 
I et 3, et on fait un pli d'ensemble des 4 onglets réunis. 

On peut faire le même montage avec des planches 
pliées en deux, il faut pour celles-ci des onglets un peu 
plus larges, afin qu'elles puissent s'étaler bien à plat. 
Gomme il n'est pas possible d'équilibrer la largeur par 
le dos, il faut pourtant les étager de même dans Tagen- 
cément des onglets, sous peine d'avoir un dos trop épais, 
mais aussi afin que la pression ne fatigue pas trop le pli 
des planches. 

Montage sur onglets de toile. — Ce montage est de 
plusieurs genres, on le proportionne selon le format du 
volume ou l'épaisseur des planches. On prend, pour les 
onglets de toile, de la percale lustrée plus ou moins fine 
selon le cas, ou de toiles à calquer que l'on trouve éga- 
lement en diverses épaisseurs. Mais il faut toujours les 
doubler d'un papier plus ou moins mince, à moins qu'il 
s'agisse d'un montage sur fonds, c'est-à-dire en joi- 
gnant deux planches par le fond ou dos. 

Le montage est simple, quand il s'agit de planches 
sur papier de force ordinaire. On colle alors la toile à la 
planche, et on double cette toile en collant sur la partie 
restée libre, une bande de papier pour lui donner de la 
consistance. Le montage est double quand ce papier, au 
lieu de doubler simplement la toile, s'applique de façon 
à ce que la planche soit prise entre les deux, ce qui est 



GtJlDB MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 73 

plus solide. Il faut parfois placer la planche entre deux 
bandes de toile. On fixe alors la première bande de 
toile, en appliquant la colle sur les planches à la lar- 
g'eur voulue selon le format du livre, soit de 2 à 5 mil« 
lim êtres selon le cas. On colle ensuite des bandes de 
papier sur les parties restées libres, puis on encolle la 
seconde bande de toile en entier et on l'applique par- 
dessus en la plaçant sur la planche dans les mêmes 
proportions que la première et avftc le moins de colle 
possible. On frotte ensuite sur la bande en se servant 
d'un papier comme intermédiaire, il faut avoir soin de 
laisser sécher le premier collag'e avant d'appliquer le 
second. Ces onglets ne se font qu'à un seul pli ; on se 
sert d'ong'lets en papier libre comme remplissage, on 
les place non pas à Tintérieur mais à Textérieur, la toile 
à l'extérieur n'étant pas favorable à l'endossure du 
volume. Dans les montages à une seule toile, il faut 
également avoir soin de plier le papier en dehors pour 
le même motif. 

Nous devons mentionner également un genre de 
montage sur onglets de toile, reliant deux planches par 
le même onglet. Voici comment s'exécute ce travail. 

Montage sur onglets, dit montage à la russe. — Etant 

donné un volume in-fôlio, auquel on se propose de pla- 
cer des onglets de 2 centimètres de large. On coupe 
autant de bandes de papier de 4 centimètres de large 
qu*il y a de planches au volume. Ce papier doit avoir la 
moitié de l'épaisseur des planches. On coupe ensuite 
autant de bandes de toile. Celles-ci à 6 centimètres de 
large. On colle ces bandes de papier en les fixant au 
centre des bandes de toile, on laisse sécher puis on en- 
colle du côté du dos, la planche i sur le recto et la plan- 
che 2 sur le verso à la largeur de 8 millimètres, et on 

BOSQUET — RELIURE 5 



74 GtIDB MàNUBL de L^OUVRIfiR RBtIBOR 

les fixe à Tune des bandes préparées, que Ton place sur 
la table, la toile touchant celle-ci. L'attache des plan- 
ches doit se faire de telle sorte qu*il reste un écart de 
a millimètres entre le dos de la planche et la naissance 
de l'onglet en papier, afin qu*il y ait à cette place un jeu 
suffisant. On encolle ensuite les deux côtés ou bords de 
. la toile à la seconde bande d'onglet, et on la place par- 
dessus de façon à relier les deux planches par une toile 
double, tout en plaçant les papiers de remplissage à 
l'intérieur sans les coller l'un à l'autre, afin que cette 
partie conserve une certaine souplesse; on traite de 
même les autres planches. On laisse sécher, puis on 
plie les onglets par le milieu, on les bat ensuite au 
marteau et on met le volume en presse. Dans ce système 
les toiles se touchent à la couture, mais on place de 
fortes claies en peau sur le dos après Tendossure. Cette 
méthode a pour avantage de ne présenter aucun onglet 
libre à l'intérieur du volume. 

Le montage des photographies collées sur bristol pré- 
sente quelques inconvénients à cause du godage du 
bristol, provoqué par le collage des photographies. On 
remédie à cet état de choses, en collant au dos un feuil- 
let de papier blanc de même qualité et teinte. L'ong^let 
en toile se place alors entre les deux et se trouve com* 
plètement dissimulé. En outre, le godage des planches 
disparaît^ pourvu qu'on les place entre des cartons bien 
unis pour les laisser sécher. Les photographies ayant 
pris une forme bien plane, le livre se fermera herméti- 
quement. On agit de même quand on reçoit une coIIec- 
tion de photographies à monter sur bristol et à relier. 
On prend alors du bristol mince dont l'épaisseur de 
deux feuilles réunies forme celle que l'on désire affec» 
ter au montage. On colle d'abord les photographies 6ar 



Gtll)B MANtEL DE L*OUVRIBll RBLlEtR 78 

Tune d'elles, et on les double ensuite après avoir fixé 
les onglets. La bonne exécution assure alors un ensem- 
ble parfait. 

Montage sur onglets des livres soignés. — Nous avons 

indiqué le montag-e sur ong>lets en g-énéral, basé autant 
que possible sur un déplacement des collag^es, en vue 
d'éviter des épaisseurs du côté du dos ; certains ouvra- 
ges ne s'arrangent pas de ce mode de montage. La 
cause principale réside dans Texiguïté des marges de 
certains ouvrages, et principalement des livres de piété 
de luxe, imprimés en chromolithographie ou manus- 
crits sur papiers forts, etc., pour obvier à l'inconvénient 
résultant des collages, et qui, placés les uns sur les 
autres, rendent presque impossible la reliure de ces 
livres, sans que le dos en soit trop développé. On com- 
mence par redresser les planches au dos et en tête, puis 
au moyen d'une ppinte à couper bien affilée, on prati- 
que au verso de chaque planche du côté du dos, une 
entaille jusqu'à la moitié de l'épaisseur du papier ou de 
la carte et à 2 ou 3 millimètres du bord, cela fait, on 
dédouble cette partie avec précaution, et on colle dans 
ces creux des onglets en papier mince et solide, de pré- 
férence du papier du Japon ou de la toile à calquer. On 
plie ou on double ensuite ceux-ci comme il est dit plus 
haut. Ce travail fait avec soin et propreté assure aux 
livres un excellent montage sur onglets. 



en presse. Battage et laminage. — Les volumes 

étant préparés à la couture, on les met en presse en les 
divisant en plusieurs parties égales, selon leur épais- 
seur ou leur format. Il faut autant que possible éviter 
de battre et surtout de laminer les livres. La plupart 
des ouvrages de luxe édités de nos jours sont imprimés 



76 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

sur des papiers bien glacés et calendrés, papiers cou- 
chés, etc., qui permettent de relier convenablement le 
livre, sans avoir recours aux deux derniers moyens ; le 
laminage surtout ne pourrait que leur nuire. 

Il n'en est pas de même des éditions ordinaii:es, et 
surtout des anciennes éditions. Ces dernières exigent 
parfois de puissants moyens d'action pour les compri- 
mer et les rendre propres à la reliure. Le plus ancien 
système connu est la mise en presse, et le battage sur la 
pierre au moyen du lourd marteau du relieur. C'est 




Fig. g. — Marteau à battre. 

encore le meilleur moyen en usage de nos jours. Le la- 
minage est beaucoup plus expéditif, mais il durcit le 
papier et présente même quelque danger. Le marteau 
seul a le don de comprimer le livre en assouplissant le 
papier, la presse égalise ensuite le tout, et en forme une 
masse compacte qui se maintient parfaitement en cet état* 
Il ne faut pourtant pas abuser du battage ; certaines 
encres souflPrent plus ou moins par l'action échauffante 
du marteau ; il n'est pas bon surtout de battre les gra- 
vures en même temps que le livre ; les belles estampes 
surtout doivent être satinées à part en les plaçant sous 
la presse entre des papiers bien unis, pour les fixer dans 
le livre après l'avoir battu, et avant de le mettre en 
presse. Il est prudent, pour les ouvrages en grand for- 
mat que l'on reçoit en feuilles, de les faire satiner avant 
la pliure, et surtout avant le battage ou le laminage, à 



GUIDE MANUEL DE L OUVRIER I 



cause surtout de certaines plissures qui se produisent 
souvent en laminant les anciennes impressions. 



Fig. lo. — Le Batteur aplanissant une battée. 

Pour battre le volume, l'ouvrier commence par le 
diviser en autant de battées ou petits paquets qu'il con- 
tient de fois l'épaisseur du petit doigt ou h peu près. Il 
place la première batlée entre deux feuillets de papier 
très fort et du même format que le livre ; il se place à 
côté de la pierre, les jambes rapprochées et le corps 



78 GUIDB MANUBL DB l'oUVRIER RBLIEUR 

bien d'aplomb ; il saisit la partie inférieure de la battée 
entre le pouce et les quatre doigts de la main gauche, 
qu'il a soin de tenir en dehors de la surface de la pierre, 
puis il soulève le marteau avec la main droite^ en le 
serrant de près pour que le poids ne fatigue pas trop 
la main, qu'il place un peu en dessous du manche, de 
façon à ce que celui ci soit bien comprimé et qu'il puisse 
soulever le marteau sans difficulté ; il le lève ensuite à 
la hauteur de la tête, et il le laisse retomber bien 
d'aplomb au centre du volume ; ce coup bien appliqué 
fait rebondir le marteau, qui, une fois mis en mouve- 
ment, est relevé avec plus de facilité. Les coups doivent 
être bien cadencés, et exercer leur action du centre aux 
extrémités ; le premier coup doit être aux trois quarts 
couvert par le second, et ainsi de suite. Le haut de la 
battée étant terminée, il fait pivoter celle-ci et il la sai- 
sit par la tête sans arrêter le battage, puis il la retourne 
sens dessus dessous, en la plaçant toujours à portée des 
coups du marteau qui, manœuvré en cadence et par des 
mouvements automatiques, fatigue beaucoup moins 
l'opérateur. 

Mais il ne suffit pas de retourner la battée pour que 
l'action du marteau soit répartie d'une façon égale sur 
tous les cahiers qui composent le livre. Il faut, pour 
obtenir un résultat parfait, les changer alternativement 
de place, c'est-à-dire qu'après un premier battage opéré 
des deux côtés, on partage la battée en deux^ on place 
au-dessus la partie qui se trouvait dessous et on recom- 
mence l'opération. Après le battage, on place le livre en 
presse entre des ais en carton ou en bois bien uni, tout 
en ayant soin de changer à nouveau les divisions ; 
c'est-à-dire que si l'on a partagé le livre en six parties 
pour le battre, il faut le diviser eu 5 ou en -y pour le 
placer dans la presse. 



6UIDB MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 79 

On pourrait inférer de ce qui précède qu'il suffit de 
battre un livre à outrance ou le plus longptemps possible 
pour atteindre à la perfection ? S'il en est plus ou moins 
ainsi pour certains livres déjà vieux, imprimés sur pa- 
piers à la forme, etc.^ ciu moyen d'encres de très bonne 
qualité, il en est autrement pour certains papiers et sur^ 
tout pour certaines encres. 

Il est des livres que Ton doit battre pendant un 
certain temps pour obtenir un bon résultat : il en est, 
d'autre part, dont le papier est d'une délicatesse ex- 
trême et ne souffre le battagpe à aucun deg-ré. D'autres, 
dont les encres sont ou très délicates ou de mauvaise 
qualité, ce que le relieur doit être à même de pouvoir 
apprécier ; il arrive même assez souvent qu'on lui confie 
des livres que Ton vient d'imprimer. L'ancienneté du 
livre n'est pas une garantie suffisante pour exécuter le 
battage avec sécurité ; il est des incunables (i) dont les 
encres sont à ce point fragiles qu'elles maculent à une 
très faible pression. 

Certains ouvrages imprimés au siècle dernier pré- 
sentent les mêmes inconvénients et sont par ce fait, plus 
ou moins difficiles à relier. Les impressions en taille 
douce et même certaines empreintes de gravures sur 
acier ne souffrent pas l'action du marteau, les gravures 
de ce genre ne doivent prendre place dans le livre qu'a- 
près le battage : il est même indispensable de placer 
provisoirement devant chacune d'elles un papier de soie 
non seulement pour les préserver, pendant et jusqu'à 
complet achèvement de la reliure ; mais pour préserver 
également les feuilles qui leur font face dans le livre« 
On reconnaît que l'encre est fragile ou d'impression trop 

(i) Livres imprimés depuis rinvention de l'imprimerie jusaue 
Tan i5oo mcl^s. 



80 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

récente en plaçant par dessus, un papier blanc mat 
quelconque : on frotte alors en appuyant soit avec un 
plioir ou avec Tong-le du pouce. L'encre macule alors 
plus ou moins le papier, ce qui permet de se rendre 
compte du degré de pression que le livre peut sup- 
porter. 

Quelques coups de marteau appliqués modérément 
de chaque côté de la battée suffisent très souvent pour 
aplanir convenablement le livre ; la presse fait le reste 
et dans bien des cas on peut s'en tenir là. 

Le laminage, n'est qu'une abréviation du battage au 
marteau et de la mise en presse réunis, qu'il remplace 
avantageusement en ce qui concerne les reliures com- 
merciales. Dans certains ateliers on a complètement 
renoncé au battage ; les laminages se font du reste par 
certains spécialistes d'une façon assez intelligente pour 
rassurer de ce côté la plupart des amateurs de livres. II 
faut pour le laminage, avoir soin de placer les battées 
entre des plaques de zinc ou de cuivre, sur lesquelles 
on aura, au préalable, appliqué à la colle de pâte du 
papier blanc bien uni. Le laminage sans le secours des 
plaques est dangereux pour le livre et pour l'opérateur 
qui, pour éviter les plissures, doit courber à la main la 
battée qu'il engage entre les cylindres ; la moindre dis- 
traction peut alors êlre fatale à l'opérateur surtout si la 
machine est actionnée par un moteur. 

Il faut pour laminer un livre, procéder avec prudence, 
débuter par petites battées que l'on augmente graduelle- 
ment jusqu'à ce que Ton ait obtenu un résultat satisfai- 
sant. Ne présentera Taction des cylindres qu'une épais- 
seur égale à celle sur laquelle on a réglé la machine ; 
une^ planche en plus peut occasionner des macula- 
ges et durcir le papier. Un livre laminé en connais*. 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIBR RELIEUR 81 

sancede cause peat se passer de la mise en presse, sur- 
tout s'il a subi deux passes, soit que l'on juge à propos 
de changer les cahiers de place comme ou le fait pour 
certains battages au marteau; soit que la machine 
étant pourvue d'un mouvement de retour, permette à 
l'opérateur de ramener la battéeàluiet d'économiser 
par là l'emploi d'un récepteur. 



Pig. II. -Laminoir du relieur. 

Les ouvrag'es nouvellement imprimés ont des parties 
plus Fragiles les unes que les autres, la fin du volume 
et surtout le titre maculent tout en laissant intactes les 
feuilles qui suivent ou qui précédent, la dernière battée 
d'un livre doit être sensiblement moins épaisse que celle 
que l'on forme avec le corps du volume. Il faut de temps 
en temps s'assurer si la pression entre les cylindres est 
tga\e des deux côtés, on abaisse pour cela le cylindre 



82 GUIDE MANUEL DE L'oUVRIBR RELIEUR 

supérieur jusqu'à ce qu'il touche, ou à peu près le 
cylindre inférieur. On prend alors deux petites bandes 
de carton d'égale épaisseur et on les passe en même 
temps aux deux extrémités. Si le rég-lag^e est exact ils 
seront laminés de même, dans le cas contraire il faut 
resserrer le côté faible au mojren de la vis qui supporte 
le coussinet. Il est néanmoins prudent de présenter les 
battées alternativement dans les deux sens, c'est-à-dire 
qu'après avoir passé la première le dos à gauche il 
convient de passer la seconde le dos à droite et ainsi de 
suite. Il faut toujours eng'ager les battées par la tête 
entre les cylindres et jamais par la queue et ce afin 
d'éviter les plissures. Il importe encore afin d'évi- 
ter les plissures^ que les tables adaptées de chaque 
côté du laminoir soient sensiblement plus basses que 
l'ouverture des cylindres. La battée que Ton a soin de 
présenter à l'action des cylindres en employant les deux 
mains, étant prise, on presse alors vivement avec le 
poing bien fermé sur la battée pour la cintrer vers le 
bas afin d'éviter les plissures qui ont une certaine ten- 
dance à se produire. Ne jamais appuyer avec les doigts 
sur la battée entraînée par Faction des cylindres, une 
distraction pouvant amener les plus graves conséquen- 
ces pour l'opérateur. Il faut surtout avoir soin d'éviter les 
pressions trop fortes, quel que soit l'état du volume à 
laminer ; les fortes pressions durcissent les papiers jus- 
qu'à les rendre cassants, le moindre excès les brûle sans 
retour. 

CoUationnement, grecquage, et traçage pour la cou- 
ture sur nerfs. — A la sortie de la presse ou après le 
laminage, le volume est remis au collationneur, qui est 
en même temps chargé de le grecquer ou de le tracer, 
s'il doit être cousu sur nerfs. Nous avons fait au chapi-* 



GUIDE MÂNTJEL DE l'oUVRIBR RELIEUR 83 

tre de la brochure la description du coUatioûnement, 
qui ne se fait pas de même pour tous les formats de 
livres. Celui que nous avons décrit est le plus expéditif, 
pour les formats au-dessous de la moyenne. En dehors de 
ceux-ci et pour les volumes d'un certain poids, le col- 
lationneur place le volume devant lui à plat sur la table, 
la queue vers lui et le dos à gauche ; il étage alors légè- 
rement le volume de ce côté, afin de lui faciliter le con- 
tact par unité de chacun des cahiers, qu'il soulève 
avec le pouce de la main gauche, pour être maintenu 
ensuite ainsi que les suivants au moyen de la main 
droite, au fur et à mesure qu'il aura reconnu les signa- 
tures des cahiers, puis il grecque le volume, à moins 
que l'ouvrage ne présente des lacunes, et, dans ce cas, 
il le met à part, et signale à qui de droit les feuilles 
manquantes. 

L'opération du grecquage, consiste à pratiquer en 
travers du dos du volume, des encoches dans lesquel- 
les la couseuse enchâssera les ficelles, qui logées dans 
ces encoches et entourées par les fils de la couture, ne 
produiront aucune saillie sur le dos du volume. Deux 
encoches plus petites, pratiquées en haut et en bas du 
volume servent à loger les chaînettes. 

Les chaînettes doivent se rapprocher, autant que pos- 
sible de la rognure, la couture du livre en sera d'au- 
tant plus solide, et avoir soin si le livre doit être relié à 
nerfs ou faux nerfs que les ficelles soient disposées de 
façon à se rapporter à ceux-ci. Il faut prendre garde à ne 
grecquer que très peu le livre ; les encoches pratiquées 
au moyen de scies à grecquer, soit à la main ou à la 
machine, doivent à peine dépasser le feuillet intérieur 
des cahiers, tout juste de quoi passer l'aiguille. 

Voici comment opère le grecqueur : l'ouvrier com- 
meace par égaliser avec soin les cahiers du côté du dos 



1 



84 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

et en tète du volume, en ajoutant une bande de carton 
qui lui servira de point de repère pour les volumes sui- 
vants ; il place le volume entre deux ais, en laissant 
dépasser le dos d'un centimètre environ, puis il met le 
tout dans la presse à rogcner, ou dans Tétau à endosser, 
ou toute autre presse du même genre, en serrant légère- 
ment ; il prend un compas, avec lequel il mesure et 
marque la place des ficelles, puis avec une scie à main 

Fig. la. ^ Scie à grecquer. 

il pratique le nombre d*encoches nécessaires, en ayant 
grand soin que celles-ci ne soient pas plus profondes que 
Tépaisseur des ficelles. Il a soin également que les 
encoches de tête et de queue ne soient pas trop éloi- 
gnées des extrémités du volume, ce qui lui enlèverait 
de la solidité et nuirait également à Tendossure. On se 
sert également, alors qu'il s^agit de reliures commer- 
ciales de la machine à grecquer. 

Nous venons de dire qu'il faut grecquer le moins 
possible. Des encoches profondes sont nuisibles non 
seulement au volume, mais aussi au travail, et princi- 
palement aux gardes des emboîtages qui, quoique pla- 
cées après la couture, sont presque généralement cou- 
pées par les ficelles. L'inconvénient est encore plus 
grave pour celles que l'on coud en môme temps que le 
volume. Il n'est pas possible d'attacher les. cartons con- 
venablement à un volume trop grecque; il faut donc 
attacher une réelle importance à la grecqure, que, pour 
des volumes soignés, il faut établir de telle sorte que 
les ficelles concordent avec les nervures du dos. 



GUIDE MANUEL DE l'OUVRIBR RELIEUR 85 

L'ouvrier doit donc, dès ce momeat, combiner la 
place des faux nerfs, et se rendre compte du format 
des cartons et de la ro^oure, ÎI marque alors la place- 
des chatoettes, qa'il rapproche le plus possible de In 



Fîg. i3, — Machine à ^ecqoer. 

coupe présumée du volume; il marque ensuite la place 
de cinq nervures, puis il pratique des encoches propor- 
lioDnées aux trois quarts au plus de l'épaisseur des 
ficelles qui produisent alors au dos de faibles saillies, 
celles-ci couvertes plus tard par les faux nerfs. Un 
volume ainsi g^recquë ne produira aucun effet désagréa- 
ble à l'intérieur ; il aura de plus, l'avantage de s'ou- 
vrir aussi facilement qu'un volume cousu sur nerfs ou 
sur rubans. Le travail sera d'autant plus parfait si on 
coud le volume point-arrière. Il n'est pas indispensable 
que le volume soit cousu sur autant de ficelles qu'il y 
a de nerfs; on coud les petits volumes à trois ficelles 
en marquant légèrement les places intermédiaires. 
Le traçage pour la coulure sur uerfs est de deux 



86 GUIDE MANUEL DE L*OUVRIBR RELIEUR 

gfenres : on peut l'exécuter pour nerfs simples ou dou- 
bles. Voici comment on opère ces traçages: 

L'ouvrier place le volume en presse entre deux ais et 
une bande de carton, sans laisser dépasser le dos. Le 
volume étant bien d*équerre, et les cahiers bien égali- 
sés de même que les ais^ il marque en tête et en queue, 
à l'aide d'une petite équerre et d'un crayon la place des 
chaînettes ; puis, à l'aide d'un compas, il marque la 
place des nerfs ; il trace alors chacun de ceux-ci par 
une double ligne au crayon, fortement marquée en tra- 
vers du dos. Les traits au crayon qui doivent se rappor- 
ter exactement à l'épaisseur des nerfs, servent de point 
de repère à l'ouvrière pour l'entrée et la sortie de l'ai- 
guille, et comme guides pour la rectitude des nervures 
qui doivent être parfaitement d'équerre. Il en est de 
même pour les nervures doubles, il faut alors marquer 
la place de chaque ficelle, en laissant entre elles un 
espace proportionné, au format du volume et à l'épais- 
seur des nervures. 



DE LA COUTURE 

La couture du livre constitue l'élément essentiel de 
la reliure ; elle est l'assise par excellence sans laquelle 
on ne saurait relier le livre, elle suffirait à elle seule 
pour caractériser le métier de relieur. 

En effet, la couverture proprement dite que l'on 
applique sur le livre cousu n'est en réalité que l'acces- 
soire. Elle peut être ou très simple ou très luxueuse, 
mais le livre n'en est pas moins relié dès qu'il est cousu 
selon la méthode du relieur. 

Nous devons, et pour cause, insister sur l'importance 
de la couture ; c'était le travc^il de prédilection des 



6UIDB MANUEL DE l'oUVRIBR RELIEUR 87 

anciens relieurs qui, en g'énéral, cousaient admirable* 
ment les livres. Les coutures croisées du xv* siècle sont 
les chefs-d'œuvre du genre ; on ne fit jamais mieux et 
on ne saurait non plus rien imaginer de plus solide, 
partant de plus durable. Cette couture a de plus le 
mérite d'être très caractéristique et de conserver 
intactes les feuilles du livre. Ce genre de couture exige 
il est vrai, une dépense de temps relativement considé- 
rable et ne peut être appliquée qu'à des reliures d'un 
prix élevé ; il en est de plus simples à divers degrés et 
de plus expéditives. Le relieur, il y va de son intérêt, 
lui doit tous ses soins et ne peut perdre de vue que, 
quelle que soit la somme de travail dépensée soit pour 
consolider la reliure, soit pour l'embellir à quelque 
degré que ce soit, si la couture n'est pas faite avec soin 
et en connaissance de cause, cette reliure sera mal faite 
et n'aura qu'une valeur relative. Une couture défec- 
tueuse entraîne fatalement la malfaçon de la reliure, si 
grande que puisse être l'habileté du praticien à qui un 
livre mal cousu aura été confié. 

Il y a plusieurs genres de coutures, que l'on appro- 
prie plus ou moins aux divers genres de reliures. On 
les désigne sous le nom de couture sur nerfs simples ou 
sur nerfs doubles (nerfs accouplés) ; la couture à la 
grecque et la couture sur lacets ou rubans. On les exé- 
cute à points arrière ou à points devant, selon les genres 
désignés ci-dessus. Les coutures sur nerfs doivent être 
exécutées à points arrière, celles sur rubans ne peuvent 
l'être qu'au moyen de points devant On prend indiffé- 
remment l'un ou l'autre pour les coutures à la grecque, 
mais le point arrière, beaucoup plus long à exécuter, 
ne s'emploie que pour les reliures soignées. 

La couture du livre se fait sur un métier à coudre dit 
cousoir. Ce cousoir dont le type est fort ancien et dont 



88 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIBR RELIEUR 

les détails ont peu varié, sert à tendre les ficelles ou 
rubans sur lesquels on coud les volumes et à les main- 
tenir bien tendues en observant les distances voulues 
pendant le cours du travail . Ces ficelles, en lin ou en 
chanvre de bonne qualité, doivent être parfaitement 
lisses. Les brins ou fils qui les composent doivent pou- 
voir se détacher les uns des autres avec facilité par 
ropération de Teffilochag-e. On se sert de ficelles à deux 
fils pour les petits formats, et à trois fils pour ceux qui 
dépassent Tin-S^ raisin ; on emploie le fouet en diverses 
épaisseurs pour les coutures sur nerfs. On emploie le 
fil de lin écru de première qualité pour la couture du 
livre ; le lin de nuance fauve clair, lisse et bien tordu, 
est préférable. Il faut rejeter tout fil qui s'effiloche, non 
seulement à cause du mauvais aspect qu'il présente, 
mais surtout à cause de son manque de solidité. On 
emploie aussi des fils blancs (fils de lin blanchis sur le 
pré) et môme des fils de soie fauves pour les reliures 
soig-nées. 

Les fils que Ton emploie pour la reliure se vendent 
en long-s écheveaux que Ton coupe à Tune des extrémi- 
tés pour en faire des aig-ui liées qui varient de i m. 20 
à I m. 5o. Il faut plusieurs aig'uillées de fil pourxoudre 
un volume et même un certain nombre, selon les 
dimensions ou l'épaisseur du livre. On rattache ces 
aig'uillées successivement les unes aux autres par des 
nœuds qu'il importe de dissimuler le mieux possible, 
voir un ou plusieurs nœuds dans l'intérieur d'un 
volume fait toujours le plus mauvais effet ; Tattache à 
la chaînette ou sur la ficelle est un moyen excellent. A 
défaut de ces moyens, il reste les nœuds réduits à leur 
plus simple expression tels sont : le nœud de tisserand 
et le nœud de marin. Le premier présente cet avantagée 
d'être en mênje temps le plus petit et le plus solide que 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 89 

Ton connaisse ; voici comment il faut s'y prendre pour 
le former. 

L'ouvrière, voulant joindre l'un à l'autre deux bouts 
de fils çaisit le n^ i entre le pouce et l'index de la main 
droite ; elle le place en croix sous le n® 2 pour être ainsi 
maintenu entre le pouce et l'index de la main g'auche. 
Elle entoure ce dernier en passant le fil n^ i au-dessus de 
roDg'Ie et soUs le bout n^ i tout en ramenant le fil qu'elle 
passe entre les deux bouts et de façon à ce qu'il soit en 
même temps entre le pouce et l'index. Alors, à l'aide 
du médius de la main droite, elle abaisse le bout no i 
jusqu'à ce qu'il puisse être pincé entre le médius et 
l'index de la main gauche, elle passe à l'aide du même 
doigt le bout n^ 2 dans la boucle formée par le fil qui 
entourait le pouce ; elle saisit vivement le bout entre le 
pouce et l'index de la main gauche, puis elle tire forte- 
ment vers le bas le fil n® i qu'elle n'a cessé de tenir entre 
le pouce et l'index de la main droite. Elle coupe ensuite 
les bouts qui dépassent, le nœud est fait et s'il est suf- 
fisamment serré, aucune traction ne pourrait le déta- 
cher. 

Ce nœud ainsi que celui désigné sous le nom de 
nœud de marin, plus épais d'un fil que celui dont nous 
avons fait la description se voient très peu dans l'inté- 
rieur du volume ; il est néanmoins préférable, quand il 
s'agit de reliures soignées, de rattacher ce fil aux chaî- 
nettes, les nœuds se trouvent ainsi complètement dissi- 
mulés dans les encoches en même temps que les dites 
chaînettes. 

Indépendamment des divers genres de couture indi- 
quées ci-dessus, les livres se cousent à un, à deux et 
même à trois cahiers ; on emploie cette dernière pour 
certains livres composés de feuilles simples tels que 
journaux, etc. Il faut dans tous les cas, pour ce genre 



90 GUIDB MANUEL DB l'oUVRIBR RBLIEUR 

de couture, qu'il y ait un nombre suffisant de ficelles 
pour que chaque feuille ait au moins deux points de 
couture. La couture à trois cahiers n'en est pas moins 
un gpenre des plus défectueux ; il ne faut l'employer 
que dans les cas indiqués ci-dessus, et alors que le 
prix fixé pour le travail serait trop minime pour en ag'ir 
autrement. 

La couture à deux cahiers, bien que n'ayant pas tou- 
jours pour but d'économiser le prix de la main-d'œuvre 
mais bien dans certains cas afin de permettre d'exécuter 
le travail avec plus de facilité, n'en est pas moins un 
g'enre qui n'offre aucune garantie de solidité ni de durée 
pour les reliures auxquelles il est appliqué ; elle est 
admissible et en quelque sorte indispensable quand il 
s'agit de volumes composés de cahiers relativement 
minces. Aux ouvrages de ce genre, à certains gros 
volumes surtout, l'application d'une couture à un 
cahier, ou tout du long, tout en employant du fil fin, 
donnerait au dos une amplification telle qu'il ne serait 
pas possible d'exécuter convenablement le travail de 
l'endossure. En dehors des cas indiqués ci-dessus, la 
couture à deux cahiers est un travail économique pré- 
judiciable à la reliure, même quand il est exécuté avec 
des fils très forts et suffisamment épais pour donner au 
dos Tamplitude nécessaire pour l'endossure. 

En effet, il ne suffit pas de coudre le livre avec du fil 
suffisamment fort et assez épais pour qu'on puisse l'ar- 
rondir et battre les mors avec facilité, c'est-à-dire don- 
ner au dos du volume une forme convenable. Il faut 
que la reliure puisse résister aux manipulations néces- 
sitées par la lecture, le travail ou la curiosité, s'ouvrir 
bien à plat et conserver malgré cela la forme qui lui a 
été donnée. 

I^ forinees^tôrieure n'est pas ici seule ep caisse ; dcms 



GUIDE MÂNUBL DE l'oUVRIER RELIEUR * 94 

les coutures à deux cahiers, les feuilles intérieures de 
chacun d'eux, et même l'ensemble alternativement en 
tète et en queue, n'étant pas suffisamment maintenues, 
se déplacent par l'action du feuilletag'e et bien qu'elles 
ne puissent se détacher (la plupart des relieurs semblent 
en être convaincus), les tranches deviennent inégales et 
donnent à la reliure un aspect désag'réable et, disons-le, 
peu rassurant pour le possesseur du livre. 

Le cousoir ou métier à coudre se compose d'une 
tablette de a à 3 centimètres d'épaisseur, de go centi- 
mètres de long sur 4o de large. Ces proportions varient 
plus ou moins selon les formats des livres à coudre et 
de l'emplacement que l'on peut a£Fecter au travail. Le 
dessous de la tablette est muni aux deux extrémités de 
deux traverses de 4 à ^ centimètres d'épaisseur. Deux 
trous ronds percés dans la tablette en môme temps que 
dans les traverses et à 3 centimètres du devant, servent 
à introduire les pivots de deux vis dressées verticalement 
et qui servent à élever ou abaisser une traverse munie 
de deux écrous et à laquelle on attache les ficelles. Une 





Fig. i4. — Chevillelte pour Fig. i5. — Boucle pour 
l'attache des ficelles. rattache des rubans. 

rainure pratiquée dans la tablette, à peu près d'une vis 
à l'autre, permet de fixer sous celle-ci au moyen de 
chevillettes, les ficelles que Ton attache à la traverse. 
Les ficelles une fois fixées on ferme la rainure au moyen 
d'un liteau ayant la forme de celle-ci, puis on serre les 
vis pour tendre les ficelles (fig. i4 et i5). 

Couture à la grecque^ à point «deyant, sur trois ficelles 
& UQ seul ci^bier, QU cputure toi^t du lon^. L'ouvrière 



92 * GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

ayant placé les ficelles en rapport avec les encoches 
pratiquées au dos du volume, prend le premier cahier 
qu'elle ouvre des deux mains, pour s'assurer qu'elle 
tient le milieu . Elle le maintient avec la main g'auche, 
avec laquelle elle place le cahier derrière les ficelles, la 
partie inférieure touchant la tablette du cousoir ; elle 
saisit alors avec la main droite 1 aig-uille dans laquelle 
elle a enfilé un bout de fil, elle passe Taig-uille du 
dehors en dedans à travers le trou de la chaînette en 
tête du volume, elle saisit Taig'uille avec la main gauche, 
et la fait ressortir par la seconde encoche en avant de la 
première ficelle ; elle la saisit avec la main droite et elle 
la fait rentrer par la même encoche de l'autre côté de 
la ficelle, elle la fait sortir par la troisième encoche en 
avant de la seconde ficelle, elle tire alors à elle l'ai- 
g-uillée^ jusqu'à ne laisser qu'un bout de fil qu'elle 
laisse pendre hors de la première encoche qui est celle 
de la chaînette, ce bout devant servir à rattacher le fil 
après la couture du premier cahier; puis elle fait rentrer 
l'aiguille dans la troisième encoche en couvrant la 
la seconde ficelle, puis elle passe à la troisième ficelle 
sur laquelle elle fait la même opération ; elle fait 
ensuite sortir l'aiguille par l'encoche de la chaînette de 
queue, elle serre alors le ûl en maintenant le bout entre 
le pouce et l'index de la main gauche. On voit par les 
quatre points qu'elle vient de faire qu'il s'agit ici du 
point devant : ces points n'entourent pas les ficelles, le 
fil passe tout simplement par-dessus, pour les serrer 
dans les encoches. 

L'ouvrière prend ensuite le second cahier qu'elle coud 
de même, arrivée au bout de celui-ci, elle attache l'ai- 
guillée par un double nœud (le nœud du tisserand), au 
bout qu'elle a laissé pendre ; elle prend alors le troi- 
sième cahier, en s'assurant toujours qu'elle tient le 



GUIDE MANUEL DÉ l'oUVRIER RELIEUR 93 

milieu, ce qui est très important, pour que tous les 
feuillets soient cousus. Elle le coud comme les deux 
premiers en serrant le fil le plus possible, et arrivée au 
bout de celui-ci, elle le rattache aux deux premiers par 
un nœud croisé, c'est-à-dire qu'elle passe Taig'uille 
entre les deux premiers cahiers, pour entourer le fil 
qui les relie, elle fait ressortir l'aiguille du côté de la 
queue, elle relève le fil avec la main gauche, elle ramène 
l'aiguille à elle, puis elle serre le fil qui se trouve 
croisé et forme chaînette au fond de l'encoche. Aux 
cahiers suivants l'ouvrière descend toujours deux 
cahiers à la fois pour rattacher le fil, afin que la chaî- 
nette soit plus nourrie et partant plus solide ; arrivée 
au bout du volume, elle rattache le fil par un double 
nœud croisé, et elle coupe le surplus, en laissant un 
bout de 2 ou 3 centimètres. 

Couture à la grecque à point-devant sur trois ficelles à 

deux cahiers. — La couture à deux cahiers diffère de la 
précédente, en ce que dans la couture sur trois ficelles, 
chaque cachier n'est attaché que par deux points sur 
quatre. Cette couture est plus économique mais moins 
solide, il est pourtant nécessaire que les deux premiers, 
ainsi que les derniers cahiers du volume, soient cousus 
tout du long, ou à un cahier. Voici comment on pro- 
cède pour les autres : 

Les deux premiers cahiers étant cousus, l'ouvrière 
prend le cahier n® 3, auquel elle fait un point depuis 
la chaînette jusque en avant de la première ficelle, elle 
place alors une fiche à deux branches, afin de marquer 
le centre du cahier, qu'elle doit pouvoir retrouver sans 
peine pour exécuter le troisième point ; elle saisit alors 
le cahier n® 4 qu'elle présente derrière les ficelles, et 
dans lequel elle fait entrer la seconde branche de la 



94 GUlllB MAMtJBL DB L^OUVRUSR tlELtBUlt 

fiche, puis elle fait à ce cahier un point partant de la 
première ficelle jusqae en avant de la seconde ; elle 
changée alors la main de place avec laquelle elle reprend 
le centre da cahier no 3, auquel elle fait un point à 
partir de la seconde jusqu'à la troisième ficelle, elle 
chang'e de nouveau la main de place, avec laquelle elle 
reprend le centre du cahier n^ 4» auquel elle fait le 
second point à partir de la troisième ficelle jusqu'à la 
chaînette, à laquelle elle rattache le fil après Tavoir 
serré convenablement, et ainsi de suite jusqu'à ce 
qu'elle soit arrivée aux deux ou trois derniers cahiers, 
qu'elle coud tout du long. 

Coatore à la grecque, avec point-arrière. — Le point- 
devant diffère du point-arrière, en ce que pour exécuter 
le premier, le fil n*entoure pas la ficelle, mais passe 
simplement par-dessus pour la serrer au fond de l'en- 
coche. 

Pour exécuter la couture point- arrière certes plus 
solide, et que Ton emploie surtout pour la couture sur 
nerfs, l'ouvrière au lieu de faire sortir l'aiguille en 
avant de la ficelle, la fait sortir à l'arrière, c'est-à-dire à 
la droite de celle-ci, elle fait alors rentier l'aiguille 
dans l'encoche en avant de la ficelle, c'est-à-dire à la 
gauche de celle-ci, en ayant soin de ne pas piquer dans 
le fil qui se trouve ainsi croisé derrière la ficelle, puis 
elle passe à la seconde et ainsi de suite. Il est à remar- 
quer que dans ce genre de couture, l'ouvrière doit 
serrer le fil à chaque point, la couture ne pourrait 
s'exécuter autrement ; on ne peut avec ce système cou- 
dre qu'un volume à la fois sur chaque tendée. Les 
volumes cousus point-arrière ne permettant pas aux 
ficelles de glisser dans les encoches ; ce genre de cou- 
ture ne s'exécute que pour les reliures soignées» 



COWK HANDEL DB L'oCVRIBU RBLtBDR 



F-ig. tS. — Cotmrmt ; L'ouvrière t son consoir. 

- Contore sur nerfll simples. — La couture sur oerfs 
diffère de la couture k la grecque, en ce que pour celle-ci 
les ficelles ou nerfs ne sont pas togiés dans des encoches, 
mais doivent rester A la surface da dos des cahiers. Ce 
g^ure de couture doit toujours s'exécuter au moyeu du 
point-arrière. 

La place des nerfs et des chatnettes ayant élé nnarquée 
an dos dn volume, comme nous t'avons indiqua pins 



96 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

haut, Touvrière tend son cousoîr et place lés ficelles ou 
nerfs bien en rapport avec les marques. Nous venons 
d'indiquer la manière d'exécuter le point-arrière, mais 
comme il n'y a pas d'encoches au dos du volume, 
mais simplement des marques au crayon, l'ouvrière 
perce le premier cahier à la place marquée pour la 
chaînette, puis elle fait sortir l'aigcuille sur la troisième 
marque qui est placée à la droite de la première ficelle, 
elle revient alors en arrière et elle perce le cahier à la 
gauche de la ficelle, c'est-à-dire sur la seconde marque 
qui lui sert de guide ; elle fait ensuite ressortir l'ai- 
guille à la droite de la seconde ficelle^ puis elle serre le 
fil en abaissant le cahier bien à plat sur la tablette du 
cousoir, tout en abaissant le fil qui entoure la ficelle, 
avec l'ongle du pouce de la main droite, ce qu'elle est 
obligée de faire après la couture de chaque cahier, afin 
que l'ensemble de la couture soit bien serré. Les points 
de chaînette s'exécutent comme pour la couture à la 
grecque, en croisant le fil et en descendant toujours 
deux cahiers à la fois, pour que l'attache soit plus 
solide. La couture sur nerfs se fait toujours tout du 
long, c'est-à-dire à un seul cahier. 

Couture sur nerfs doubles ou nerfs accouplés. — Ce 

genre de couture, en usage chez les anciens, s'appli- 
quait surtout aux manuscrits et aux incunables, on la 
désigne sous le nom de couture croisée du xv° siècle, 
elle est peu usitée pour les reliures modernes, on l'em- 
ploie surtout pour imiter les reliures anciennes et pour 
certains ouvrages qui exigent une couture très solide. 
La couture croisée du xv® siècle difiFère quelque peu de 
la couture sur nerfs doubles pratiquée de nos jours, les 
anciens cousaient chaque nervure double par deux 
points entrelacés, c'est-à-dire que chaque nervure étant 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIEU RELlEUll 97 

composée de deux fortes ficelles placées l'une à côté de 
Tautre ; le premier point, à partir de la chaînette de 
tête, s'exécutait en faisant sortir l'aig'uille à la droite de 
la seconde ficelle de la première nervure. On faisait 
rentrer l'aig'uille entre les deux, pour la faire ressortir 
à la g-auche de la première ficelle, on la faisait rentrer 
à nouveau entre les deux pour passer à la seconde ner- 
vure et ainsi de suite ; il y a là deux points qui se croi- 
sent, dont l'exécution n'est pas sans présenter quelque 
difficulté, tout en forçant l'ouvrière à serrer les ficelles 
l'une contre l'autre. Il n'en est pas de même de la 
méthode adoptée de nos jours, et, à moins qu'il s'agisse 
de reproduire exactement le type ancien, on préfère 
coudre chaque ficelle isolément, tout en les accouplant 
par deux, avec intervalles de i à 2 millimètres, la ner- 
vure double se dessine ainsi beaucoup mieux quand le 
volume est couvert en peau. 

Contore sur rubans on sur lacets. — La couture sur 
rubans s'applique principalement aux reliures pour 
manuscrits. On l'emploie pour la reliure des livres de 
musique en général et pour les volumes qui doivent 
pouvoir s'ouvrir bien à plat ; cette couture se fait tou- 
jours à points-devant et à uu seul cahier, c'est-à-dire 
tout du long. 

Il faut prendre garde de ne pas coudre les livres sur 
des rubans ou des lacets trop larges, ce serait une erreur 
de croire que la reliure en est plus solide. Le ruban 
large a pour inconvénient d'empêcher la colle d'arriver 
aux cahiers de toute la largeur de celui-ci. Le volume 
étant ouvert il se forme à ces places des renflements 
désagréables, non seulement à la vue, mais marquent 
une cause de faiblesse. Le fil qui se trouve à l'extérieur, 
c'est-à-dire sur le dos du ruban est perdu pour la soli- 

BOSQUET — RELIURE 6 



9B GUIDB alAinJSL us L*O0V1itBlt HELtEUH 

dite de l'ensemble. Il vaut mieux coudre sur des rubans 
étroits de bonne qualité et en placer un de plus, puis 
consolider le dos et les mors par des claies en toile ou 
en peau, comme on le fait pour les r^istres (i). 

Placement des gardes blanches après la couture. — 

Le livre étant cousu, on procède au placement des g^ar- 
des blanches. Le papier de ces gardes doit, autant que 
possible : être assorti à la forme et à la nuance du papier 
sur lequel le livre est imprimé, surtout quand il s'a|^it 
de reliures plus ou moins soignées. Les gardes doivent 
être doubles, c'est-à-dire composées d'une feuille de 
papier pliée en deux et coupée au format exact du 
livre. 

Le placement des gardes blanches est un travail facile 
pourvu que l'on se soit conformé aux principes énoncés 
ci-dessus pour la préparation à la couture. Il suffit 
alors de soulever la sauvegarde qui n'adhère qu'au 
verso des premier et dernier cahiers, de placer les g-ar- 
des bien à fleur des cahiers et de rabattre la sauvegarde 
par dessus. Nous recommandons également de fixer le 
premier cahier au second à l'aide d'un petit filet de 
colle, ce qui facilite beaucoup le travail de Tendossure 
et donne plus de solidité au commencement et à la fin 
du volume. 

ENDOSSURE 

L'endossure qui,conjointement avec la rognure, porte 
le nom de corps d'ouvrage, consiste à donner au volume 
la forme après laquelle on le classera définitivement 

(i) Voir chapitre VIII. Cartonnages et Emboitai^es ; dans 
lequel il est question des machines à coudre. 



6UIDB MANUEL DB L*OUVRIBR RELIBUR 99 

comme reliure. Après avoir passé par les mains de Ten- 
dosseur, dont le travail consiste à arrondir le dos, for- 
mer les mors et attacher les cartons au moyen des ficel- 
les, le montag'e ou carcasse de la reliure est fait, et c'est 
poar cela que l'on donne à ce travail le nom de corps 
d'ouvrage. 

Nous nous bornerons à la description des bonnes 
méthodes, elles nous viennent en partie des anciens^ et 
qui se pratiquent généralement de nos jours, en laissant 
de côté toutes les pratiques surannées, introduites à 
certaines époques et bientôt abandonnées^ telles que 
Teodossure au poinçon, au paquet, etc., etc. 

Encollage du dos. — Après la couture et le place- 
ment des gardes blanches, le volume est remis à l'en- 
dosseur qui s'assure si le fil employé à la couture (et 
qu'il est souvent appelé à désigner lui-même) est en 
rapport avec les besoins de son travail. Si le dos lui 
paraît trop garni ou trop épais, il abat à l'aide du mar- 
teau ce qui lui paraît dépasser les limites nécessaires. 
Si, au contraire, le dos lui paraît juste ou un peu fai- 
ble, il se contente de serrer les ficelles qu'il couche à 
plat sur les flancs du volume. 

Après l'avoir battu en tête et sur le dos pour en égali- 
ser les cahiers, il le place à plat entre deux ais qu'il 
égalise en tète et à fleur du dos, et après s'être assuré 
que le volume est bien d'équerre, il le place de façon à 
ce que le dos avec les ais qui l'emboîtent, dépassent 
légèrement le bord de la table. Il pose alors la main 
gauche par-dessus pour maintenir le tout, pendant 
quWec la main droite il saisit un pinceau imbibé de 
bonne colle forte dont il enduit le dos en frottant dans 
tous les sens, et surtout en long pour que la couche 
soit parfaite. Il enlève alors les ais et il place le volume 



100 GUIDE MANUEL DE L'OUVRIER RELIEUR 

bien à plat sur un aïs du même format, de Façoa à ce 
que le dos le dépasse légèrement, et en essuyant, s'il y 
a lieu, la colle qui déborde parfois plus ou moins sur 
les sauvegj-ardes. 



Fig.17. — Pot àcolleForle. 

Il n'y a nul inconvénient d'encoller plusieurs volu- 
mes à la fois, d'un même format. Dans ce cas, apr^s 
avoir procédé k l'encollage on les place téte-béche les 
uns sur les autres, c'est-à-dire de façon à ce que le dos 
de l'un dépasse légèrement la gouttière, ou tranche de 
devant de l'autre. La pile doit être dressée bieo 
d'aplomb, et de (elle sorte que l'encollage puisse 
sécher, en conservant à chaque volume une forme par- 
faitement carrée. 

EfBlochage des ficelles. — L'encollage étant parfaite- 
ment sec, l'ouvrier procède à l'effilochage. Pour cela, il 
place le volume à plat sur la table, le dos vers lui, et à 
l'aide d'un poinçon dont il introduit la pointe entre les 
brins de la ficelle, il les détache les uns dos autres jus- 
que près du dos. Dans cette opération, il se sert du 
pouce et de l'index de la main gauche pour tordre la 
ficelle dans le sens inverse de sa torsion pour facililcr 
le travail ; puis, à l'aide d'un petit couteau dont le tran- 
chant de la lame est entièrement émoussè, et qu'il tient 



GUIDE MANUEL DE L*OUVRIER RELIEUR iOt 

avec la main droite, il saisit Tune des ficelles entre le 
pouce et la lame, et par des /j^rattag-es répétés, partant 
du dos aux extrémités de la ficelle, il en fait une mèche 
soyeuse, en ayant soin de conserver autant que possi- 
ble toutes les fibres dont elle se compose. Il fait la 
même opération sur toutes les ficelles, puis il les cou* 
che à plat sur le volume, 

Ârrondissage du dos. — L'ouvrier place le volume à 
plat^ la gouttière vers lui sur un tas en fer, ou sur la 
tablette de Tétau à endosser. Il place la main gauche 
sur le volume en couchant légèrement le dos vers lui, 
et à Taide du marteau à endosser qu'il tient avec la 
main droite, il frappe sur le dos en partant du centre 
aux extrémités et de façon à coucher complètement et 
uniformément les cahiers, puis il retourne le volume et 
il procède de même sur le second côté, et ainsi de suite 
jusqu'à ce qu'il ait obtenu un contour parfait du dos 
auquel il s'attache à donner la courbe exacte d'un tiers 
de cercle. Cette forme doit être la même partout ce 
dont il peut se rendre compte en constatant la rectitude 
de la tranche en tête. Toute irrégularité dans la courbe 
du dos venant se dénoncer à cette place. Il faut après 
Tarrondissage du dos redresser la tranche en tête du 
volume en le posant de ce côté sur le tas en fer et tout 
eo le maintenant par le dos avec la main gauche emboî- 
tant celui-ci, en même temps que le devant avec la 
main droite, l'index engagé dans la gouttière, le sou- 
lever perpendiculairement et le laisser retomber bien 
d'aplomb jusque réussite complète. La pose des mains 
indique qu'il s'agit ici, en ce qui concerne de lourds et 
gros volumes, de venir en aide par là au marteau en 
vue d'une forme parfaitement correcte à donner au 
volume t Si après cette opération le dos ne présentait 

6. 



102 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIBR RELIEUR 

pas partout la même courbe, il faudrait par quelques 
coups de marteau lég'èrement et intelligemment appli- 
qués, redresser la partie déformée. Il faut éviter en 
arrondissant le dos d'un volume de frapper à coups de 
marteau sur les extrémités en tète et en queue ; son 
action, en ce qui concerne Tarrondissure ne devant 
s'exercer que d'une chaînette à l'autre : il faut sur- 
tout éviter de relever le volume en couchant le dos 
légfèrement vers soi pour appliquer les premiers 
coups de marteau. Les coups doivent être appli- 
qués non sur l'arête vive mais en plein sur le dos, en 
courbant légèrement le poignet, tout en relevant un 
peu le coude, on évite ainsi les cassures de l'encollage^ 
on n'écrase pas non plus les parties saillantes des pre- 
miers et derniers cahiers qu'il y a intérêt à conserver 
afin de pouvoir former les mors avec facilité. Si néan- 
moins la colle avait trop séché il faudrait humecter le 
dos à Taide d'une petite éponge imbibée d'eau, mais 
sans excès et attendre que la colle soit moins dure e^ 
partant moins cassante . 

La formation et le battage des mors s'exécute par l'ac- 
tion combinée de la presse et du marteau à endosser. 
La presse dont on se sert habituellement pour ce genre 
de travail se compose de deux fortes jumelles en bois 
placées horizontalement sur un bâti : en tout sembla- 
ble pour le gros œuvre, aux presses à rogner dont nous 
donnerons plus loin la description. Deux vis en bois 
actionnent les jumelles; on opère le serrage de cette 
presse au moyen d'une forte tige ou broche en fer, et 
afin d'accentuer la compression du dos, on place le 
volume entre deux ais taillés en biais. Ces ailjs dont la 
largeur varie entre 8 à 12 centimètres selon le format 
et dont la longeur doit dépasser quelque peu laMuteur 



GUIDE MANUEL DE L OUVRIER RELIEUR 



i03 



du volume. Le champ du côté épais qui porte une 
armature en fer doit être également taillé en biais et 




Eig. 19. — Ais ferrés, pour le battage des mors. 

présenter unang'le de 12 à i5 degrés afin de faciliter 
l'action du marteau. 




Fig. ao. — Marteau à endosser. 

Le dos étant parfaitement arrondi l'ouvrier, après 
avoir couché les ficelles effilochées sur les flancs du 
volume, le place ainsi disposé entre deux ais tels que 
nous venons de les décrire. Le côté à angle aigu se 
place très près du dos à une distance égale, à l'épaisseur 
des cartons destinés au volume. Ces cartons devant 
prendre place dans le creux du mors dont la formation 
a pour but de les emboiter exactement et y être main- 
tenus parles ficelles pour faire corps avec le volume. 

Nous avons dit que la formation des mors, a lieu par 
Taction combinée de la presse ^t du marteau à endosser. 



104 GUIDE MANUEL DE l'OUVRIER RELIEUR 

Les aïs étant bien ajustés, Touvrier descend le tout dans 
la presse, la ferrure des aiijs à fleur des jumelles, puis il 
serre fortement à Taide la broche en fer. Pour peu que 
le papier du volume soit souple, ou que la couture soit 
exécutée dans les conditions voulues, les premiers et 
derniers cahiers se rabattent plus ou moins sur les ais 
par le seul fait de la compression . Il suffit ensuite de 
quelques coups de marteau lég'èrement appliqués de 
chaque côté du dos, sur toute la longueur des deux 
ou trois premiers et derniers cahiers du volume, pour 
accentuer les battées ou mors qui doivent emboiter les 
cartons et de donner au dos du volume la forme sous 
laquelle il doit se présenter. 

Il est à remarquer que la plupart des volumes ne se 
présentent pas dans des conditions aussi favorables. 
Indépendamment des causes imputables à l'ouvrier : 
défaut d'appréciation relativement à l'épaisseur du fil 
à employer pour la couture, encollage ou arrondissag'e 
du dos etc., il est des volumes imprimés sur papiers 
durs, ou très épais qui, quoique suffisamment serrés 
dans la presse entre des ais ferrés, ou dans Tétau à en- 
dosser, les premiers et derniers cahiers (les parties 
qui dépassent les airs et qu'il s'agit de rabattre) con- 
servent une rigidité telle que l'action seule du marteau 
peut les courber pour former les mors. En de telles 
conditions, l'ouvrier se trouve dans la nécessité de 
faire agir le marteau sur une plus grande parlie de 
cahiers, mais il le fait avec précaution et par degrés en 
ayant soin de coucher graduellement les cahiers sans 
que l'on puisse constater la moindre plissure dans le 
dos ce qui fait le plus mauvais efifet à l'ouverture du 
volume. 

Ce que dans tous les cas et en toutes circonstances 
il faut s'attacher à éviter, c'est de froisser le dos des ca-» 



liUlDE MANUEL DE l'ouVBIER RELIEUR l(fô 

hiers en tête et en queue par des martelagres iacons- 
cients et du reste parfaitement inutiles. Une action des 
plus sommaire! suffit aux extrémités, on évite ainsi les 
frotssures en tête et eu queue, on conserve à ces places 
une bonne assise pour la dorure des tranches qui, 
exercée sur des cahiers froissés, tient mal, même par- 
fois pas du tout, et fait en outre le plus mauvais cITet. 



Fig. al. — Etau à endosser, 

L'étau à endosser (fig. 21 ) par sa construction particu- 
lière, ses mâchoires en acier et la pédale à crémaillère 
dont il est pourvu, donne aux relieurs de grandes faci- 
lités pour la formation des mors, il simplifie le travail 
en supprimantlesaisferrésdootl'ajuslage prend un cer- 
tain temps. On ajuste le volume dans l'étau à endosser en 
l'introduisant par le bas. Sans cette précaution, on per* 



106 GDIDB MANUEL D8 1 

lirait du temps à rentrer les ficelles en même temps que 
le volume. Il eu est de infime pour la machine dite roa- 
leaa à endosser ; ici le marteau n'intervient que fort 
rarement, c'est le rouleau qui couche les cahiers sur 
les mâchoires et c'est cette saillie que l'on obtient en 
coucbant les cahiers que l'on nomme mors. 



Pig, ai . — Emdossuiib ; Formation des mon 

Les mors se forment avec plus ou moins de facilité, 
selon la précision que la couseuse aura apportée à son 
travail; le dos chargé d'un fil trop épais on résultant 



ûOiDB Manuel db l'ouvrier RELtsuR 407 

parfois du grand nombre de cahiers minces dont le vo- 
lume est composé, présente de sérieuses difficultés pour 
donner au volume une forme convenable. 11 est certains 
cas ou l'épaisseur outrée du dos, provient de causes 
étrang^éres à la couture du volume qui contient parfois 
de nombreuses planches rattachées par des onglets, etc., 
quoi qu'il en soit si Tépaisseur du dos empêchait l'ou- 
vrier d'exécuter convenablement son travail, il faudrait 
placer quelques feuillets de papier fort en les dispersant 
dans le volume et les placer de telle sorte qu'ils rejoi- 
gnent les onglets sans les dépasser. On peut alors serrer 
le volume dans la presse ou dans l'étau et l'y mainte- 
nir à la place voulue. Si la différence d'épaisseur est 
peu sensible, on retire ces papiers avant la mise en 
presse, ou, s'il y a lieu, avant la dorure des tranches, 
même selon le cas, après l'achèvement de la reliure. 

Les mors étant formés il s'agit d'épointer les ficelles; 
l'ouvrier ou plutôt l'apprenti en saisit une entre le pouce 
et l'index de la main gauche, et après en avoir réuni 
tous les brins par un lissage rapide, il enduit l'extrémité 
d'un peu de colle de pâte ; il fait la même opération à 
chaque ficelle, puis il la tortille entre la paume des 
deux mains pour obtenir une pointe effilée qui, étant 
séchée, sera suffisamment dure et apte à enfiler les car- 
tons; toutes les ficelles étant épointées, il passe au choix 
et à la coupe des cartons. 

Le choix des cartons est très important. Son épais- 
seur doit être en rapport avec le corps du volume, et le 
caractère de la reliure. L'harmonie entre les deux doit 
être parfaite. Ce choix fait, l'ouvrier prend deux com- 
pas, l'un pour la hauteur et l'autre pour la largeur du 
volume. Ces deux mesures prises en même temps, per- 
mettent à l'ouvrier de se rendre compte immédiatement 
quel est le sens le plus économique, pour le débitagd 



108 GUID£ MANUEL DE l'OUVBIER lŒLlEUR 

de la feuille de carton, qu'il place sur une planche en 
bois de hêtre, dite ais à rabaisser, ou ce qui est préfé- 
rable, sur une feuille de zinc, et au moyen d'une règ'le 
en fer et d'une pointe à couper, il débite d'abord une 
bande que nous supposons être la larg-eur du volume, 
puis il prend une équerre en fer, il l'ajuste à la partie 
coupée et il débite de même le carton dans le sens delà 
hauteur. 

Avant l'invention de la cisaille à couper le carton, 
c'est ainsi que l'on opérait en tous temps, et pour n'im- 
porte quelle quantité de cartons à débiter, c'était la par- 
tie la plus pénible et la plus désagréable du métier, 
pénible surtout, car faute de précaution, il est arrivé 
maintes fois à des hommes rompus au métier de s'en- 
tailler les doig-ts. C'est pour cette cause que l'on a ima- 
g'iné les rég'les à bordure. Mais leur emploi est désa- 
g'réable, et fausse la coupe pour peu que le carton ait 
une certaineepaisseur.il faut avoir soin de ne jamais 
pencher la pointe ni à droite, ni à g'auche, ce qui pro- 
duirait des coupes en biais ; la pencher vers soi est la 
cause principale pour laquelle la pointe monte sur la 
règle. Cet accident ne se produit généralement qu'en 
commençant la coupe et jamais si on tient la pointe 
bien droite. 

Cette première coupe, faite à la main ou à la cisaille 
(fig. -'<3), doit toujours dépasser légèrement la mesure 
du volume, surtout quand il s'agit de traiter une reliure 
soignée. Beaucoup de relieurs ont conservé l'habitude 
de rogner les cartons en même temps que le volume. 
Nous ne pouvons désapprouver cette méthode, qui est 
simple et à la portée de tous, mais qui a l'inconvénient 
d'émousser rapidement la pointe du couteau à rogner, 
celui-ci, ayant tranché le carton, n'est plus assez affilé 
pour rogner nettement le papier, surtout si le volume 



GUIDE MANUEL DE l'oUVIKER HBLIEUH 109 

a une certaine épaisseur et que l'on ait beaucoup de 
témoins à conserver. Nous rccommaQdoDS de roçner 



Fig, s3. — Coupe du carton, au moyen de la ciBaîlle. 

d'abord les cartons bien d'équerre sur les quatre faces, 
on aura ainsi un g;uide sûr pour la rognure du volume, 
et l'on pourra mieux se rendre compte du résultat de 
son travail. 

Le volume ayant les mors formés, il est facile de se 
rendre compte de la mesure exacte à lui donner. L'ou- 

nOSCUET — HBLIURE 7 



410 GtiDË MANUEL DE L^OUVRIER RELlEttt 

trier prend les deux cartons^ et après les avoir placés 
sur un ais, légèrement biaisé, il les descend dans la 
presse à rog-ner. Il enlève d'abord un léger filet du côté 
qui devra se placer dans les mors. L'opération s'arrête 
là| f 'il a rintention de rogner les cartons avec le volume. 
Dani le cas contraire, il prend une équerre en fer et il 
la place bien à flettr de la partie rognée, il trace à 
réquerre» «t il rogne ensuite le côté de la iéte. Gela fait. 




t^if. a4. -^ Compâli ordinaire. 



il prend uo compas avec lequel il mesure exactement 
la hauteur du volume en tenant compte des chasses, 
c'est-à-dire des parties du carton qui doivent dépasser un 
volutnareliéi il fait un point pour marquer la place et, à 
l'aide de Téquerre, il fait une nouvelle trace sur laquelle 
il rogne le troisième côté. Il reprend le compas dont il 
place Tune des pointes dans le creux du mors, il prend 
la largeur du volume et il marque la place de la ro- 
gnure, puis il ouvre le compas à la largeur des chasses 
qu'il veut donner au volume. Il reporte cette mesure 
sur les cartons sur lesquels il marque un point à chaque 
extrémité et, après s'être assuré si les traces sont par- 
faitement d'équerre, il rogne les cartons. Après les 
avoir retirés de la presse, il en adoucit les arêtes vives 
du côté du mors, au moyen d'un frottoir en bois ou en 
os, il procède ensuite à l'opération de l'affinage. 

L^AlSnage des cartons a pour but de raffermir les 
cartons et d'empêcher les bords de s'émousser ou de se 
déformer dans les mors pendant les opérations relati- 
ves à Tendossure, la rognure, etc. Il consiste à fixer à 



1a colle dé paie sur le bord des cartoniï, sur le càiè des*- 
tiné â pteudré place dans len mors : une bande de pa> 
pief très mince et pltts ou moins large, et ce après avoir 
émoussé Tarète vive résultant de la coupe, soit avec 
un frottoir en os, soit à la lime alors qu'il sagit de re*- 
liures soignées. 

PlAcemêHt (rt ftttaehe deti ôftMons. ^ L'affinage étant 
parfaitement sec, l'ouvrier place les cartons de chaque 
côté du volume, bien & fleur de la tète s'il les a rognés 
d'avance des quatre côtés ; ou en les faisant dépasser 
de deux ou trois millimètres^ s'ils sont destinés à être 
rognés en même temps que le volume. 11 le place à 
plftt sur la table, le devant vers lui et, pendant qu^avec 
la main gauche il maintient le carton près du mors, il 
marque avec la main droite la place des ficelles^ soit 
par des trait» au crayon, soit par des points marqués à 
l'aide du poinçon. On trace ces points â quatre milli- 
mètres au moins à dix millimètres au plus du bord se- 
lon le format du volume« det écart est indispensable 
pour que les caftonSi tout en étant rattachés au volume 
aient un jeu suffisant pour permettre de les faire glis- 
ser du haut en bas et de bftS en haut pour la rognure 
des tète et queue. 

La place deS troUS à percer dans les cartons étant 
marquée^ l'ouvrier place l'un deux sur un ais en bois 
dur^ il présente le poinçon Verticalement sur la pre- 
fiiière pointure^ et il donne par dessus un coup de mar- 
teau pour percer un trou, et ainsi des autres. Notts 
fecommandons de se procurer un poinçon un peu fort 
et emmanché très court dans un manche épais, que 
Von prend en plein dans la main gauche, la pointe dé- 
bordant légèrement la paume de la main^ de façon 
à appuyer les deuM à la fois sur le carton, dans cette 



112 CUIDE UANUBL DE l'oUVIUEII RELIEUR 

position le pouce seal maiDtieDt le manche daos la 
main mi-ouverte. Le coup de marteau étant doDoé, il 
suffit d'une légère contraction de la main pour ramener 
le poinçon, que l'on à soin de graisser dans les cheveux 
ou en le piquant dans du savon blanc. On obtient par 
ce moyen une telle rapidité dans les mouvements, que 
de très jeunes gens arrivent à percer des trous aussi 
vite, qu'on a peine à les suivre en comptant les coups 
de marteau. 

Les trous étant percés d'un c4té, l'ouvrier retourne 
le carton, et à la distance de quaire à cinq millimétrés 
plus bas, et un peu surlecdté, il perce les autres trous, 
puis il présente le carton avec les trous en face des 
ficelles, il les enfile du dehors en dedans dans les pre- 
miers Irons, pour les faire ressortir par les seconds. 
Les deux cartons étant enfilés, il serre les ficelles de 
près, mais de façon à ce que les cartons puissent être 
fermés sans effort. 



Fig, a5. — Tas à battre, ca fer. 

Alors avec la main gauche, il saisit le volume en 
même temps que l'un des cartons par la tranche, il 
l'accole parallèlement au tas à arrondir placé sur un 
billot, ou au bord de la table, en étalant le second car- 
ton à plat sur le tas. II frappe sur les trous afin de les 
boucher et de comprimer en même temps les ficelles, 
dont il coupe l'excédent de façon à laisser des bouts de 
dix à douze millimètres, qu'il étale sur le carton à 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 113 

Taide d'un peu de colle de pâte, et il frappe à nouveau 
pour applatir le tout. Il fait de même pour le second 
carton et il laisse sécher, puis il donne un dernier coup 
de marteau. 

La méthode que nous venons de décrire est la plus 
ancienne^ et celle que Ton pratique g*énéralement de 
nos jours. Mais Tattache des cartons au volume, au 
moyen de deux trous percés dans les cartons pour 
ramener les ficelles en dehors, présente un grave incon- 
nénient pour les reliures soig-nées, et principalement 
pour les reliures en veau et en maroquin poli. Les 
bouts de ficelles qui s'étalent sur les plats, et qui gon- 
flent au contact de Thumidité de la peau pendant les 
opérations de la couvrure, le martelage, etc. font, qu'à 
cette place il se produit des inégalités qui se dénoncent 
surtout au polissage. Nous recommandons pour obvier 
à cet inconvénient, les attaches à un trou, parce moyen 
les ficelles s'étalent à l'intérieur, et le martelage se fait 
de ce côté. Pour couvrir le tout, on prend une carte en 
deux ou en trois, que l'on trempe à la colle de pâte. On 
place une platine de zinc sur la sauve garde et bien au 
fond du mors, puis on pose la carte de même par-des- 
sus, on ferme le carton, et après avoir fait de même des 
deux côtés, an met le volume en presse pendant quel- 
ques minutes, puis on ouvre les cartons en plaçant le 
volume sur un ais, et on laisse sécher. Les cartons, ainsi 
traités, sont francs et lisses des deux côtés, il n'y a plus 
de traces de bouts de ficelles, et il n'y a plus rien à 
craindre au polissage. 

Il reste à faire une opération essentielle pour termi- 
ner l'endossure. Le volume ayant ses cartons bien atta- 
chés, l'ouvrier met les cartons bien en place et pose le 
volume à plat sur le tas, la gouttière vers lui. Il le 
masse avec soin, c'est-à-dire qu'à l'aide du marteau il 



4U GoiDB Mktfvin. m l'ouvriir BRUBUR 

Ifl réarrondit, «n le raffermÏMant pour lui donnar m 

forme dëllaitive. 

Ia forme du volume éUot en toui point! parfsito, il 
le place entre deux ais plats et il le met en preSM. Si 
pluBïeuri vomulei du mâme format marohent on màme 
temps, il teii empile doue la prewa tu plaçant no ai* 



Fit- 'B- '^ Pr*Ma t p*rcuB«lon. 

entre chaque volume bien h fleur du doa, en prenant 
pourj^uidele bord du carton, et iliart UpreuaàfoDd. 
Un volume que l'on met en presse pour l'endoasure, 
doit être pressé bien à plat, dans le oaa contraire al 
quelque soin que l'on ait apporta à son travail, l'endos- 
aure se déformera. Nous repommandons deplaoerdana 
la (rrande presse (fig-. afi) (ous le» volHmea i partir d» 



6UI0B MANUEL DE l'OUVRIER RELIEUR 145 

Pia*8o écu et au-dessus, et de n'endosser dans des près* 
ses à main, que des volumes in-ia ou in-i8jésus et 
au-dessous. On place deux ais ou un ais plus fort aujc 
deux extrémités, et de façon à ce que la pila te trouva 
au centre des jumelles. 

La pressée étant faite, et après s'être assuré que les 
volumes ont exactement conservé leur forme, et que les 
ais sont bien placés, l'ouvrier eaduit d'une couche de 
colle de pâte bien épaisse toute la surface du dos, il 
laisse tremper un quart d'heure au moins, et une heure 
au plus selon le papier, ou l'état dans lequel se trouve 
le dos du volume, et dans le dernier cas il renouvelle 
la couche de temps en temps, puis il prend ua frottoir 




Pig. 27. ^- Frottoir à endosser. 

en fer dont le creux a plus ou moins la forme du dos, 
il frotte jusqu'à parfait poUissage des cahiers, en s' ai* 
dant de la couche de colle de pâte. Ayant obtenu un fini 
parfait, il enlève la colle au moyen de rognures de pa» 
pier, et il applique incontinent une toile transparente 
(on en fabrique de spéciales), il la fait adhérer avec 
soin, soit à la colle de pâte, ou, ce qui est préférable, 
au moyen de la colle qui a servi à Tendossure, en frot- 
tant par dessus avec les doig'ts, puis il laisse bien sécher. 
Après quoi il passe sur le tout une couche de colle forte 
très claire. 

Après dix heures au moins de pression, l'ouvrier, & 
l'aide d'un poinçon, fend la toile de chaque côté du dos 
à l'endroit où Tais touche le volume, il se sert d'un 
poinçon à l'exclusion de toute lame tranchante, pour 
pe pas s'exposer à couper les ^celles. A|ors il desserre 



116 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

la presse et il retire le volume, en détachant les ais avec 
précaution, il dégage les cartons qu'il remet bien en 
place; il termine l'opération par quelques petits coups 
de marteau, appliqués sur toute la longueur des mors: 
le volume est prêt à être rogné. 



Fig. 28. — Poinçon. 

Dans les maisons qui fabriquent spécialement les re- 
liures commerciales, qu'elles traitent en grands nom * 
bres, et pour lesquelles elles n'ont ni la quantité de 
presses ni l'espace nécessaires, l'ouvrier place les volu- 
mes passés en carton et arrondis, dans une presse 
hydraulique, ou dans une grande presse à percussion, 
dans laquelle il étale entre de grands ais un certain 
nombre de volumes, il les place les uns à côté des autres 
sans qu'il soit possible de laisser les dos en dehors, il 
serre la presse à outrance et il la laisse dans cet état 
le plus longtemps possible, puis il retire les volumes, 
qu'il redresse au marteau, et il en forme des piles en 
plaçant tous les dos à niveau du même côté, alors il 
passe sur les dos une couche de colle forte, puis, sur 
chaque pile, une bande de toile à laquelle il fait pren- 
dre exactement le contour des dos, puis, avec un couteau 
légèrement humecté, il fend la toile entre chaque vo- 
lume. Il barbouille ensuite les dos à la colle de pâte, 
puis il place l'un des volumes sur le bord de la table, il 
le maintient avec la main gauche pendant qu'avec la 
paume de la main droite il frotte vigoureusement sur 
le dos pour faire adhérer la toile, il empile les volumes 
tête-bêche pour laisser sécher, il dégage ensuite les 
cartons qu'il abaisse vers la queue du volume, afin de 
le préparer pour la rognure de la tête. 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIBR RELIEUR 117 

Les reliures cousues sur nerfs réclament des soins 
tout particuliers à Tendossure. Les mors doivent domi- 
ner quelque peu l'épaisseur des cartons ; si le contraire 
a Heu, il se forme à l'ouverture une raie creuse de cha- 
que côté du dos, qui produit très mauvais efFet, et 
entraîne une déformation très rapide de la reliure. 
Cette déformation est d'autant plus sensible que g'éné- 
ralement, et surtout pour l'imitation des reliures 
anciennes, ces cartons dépassent en épaisseur les 
cartons ordinaires^ et principalement quand il s'agit 
d'imiter les gcenres à bizeaux, ou à bizeaux entaillés, 
ces derniers laissent les coins et une portion égale 
vers le dos, dans toute leur épaisseur qui, pour cer- 
tains types, atteignent parfois jusqu'à lo millimètres. 

Il ne faut pas pour cela que les mors soient formés 
de façon à emboîter toute l'épaisseur des cartons, ce 
qui forcerait l'endosseur à coucher une telle portion de 
cahiers, que l'intérieur du livre en serait abîmé. Il faut 
dans ce cas bizeauter ou arrondir les cartons, de telle 
sorte qu'ils se présentent dans les mors, avec des pro- 
portions au-dessous de l'ordinaire, nous entendons par 
là, que pour un volume cousu sur nerfs, il faut que, du 
côté des mors, les cartons soient le plus minces possi- 
ble, la forme du dos en sera d'autant plus gracieuse, et 
le livre n'aura plus à souffrir d'une emprise désastreuse. 
En un mot il faut, pour ces reliures, enlever tout au 
moins l'arête vive des cartons à l'extérieur ; les anciens 
le faisaient ainsi, au temps où les planchettes en bois 
avaient précédé le carton pour la reliure des livres. 

Volumes cousus sur nerfs doubles. — Pour ce genre 
de reliure l'attache des nerfs ou ficelles devant se faire 
à une certaine distance du dos, il faut effilocher les 
ficelles comme pour les reliures ordinaires, et, au 

7. 



118 GUIDB MÀNUBL DE L*OUVRIER RELIEUR 

moment de les épointer, roaler chaque ficelle isolément, 
puis on les réunit en pointe aux extrémités, Âpres le 
perça/ilpe des trous, on introduit les ficelles en une seule 
fois. Malgré cela, et à cause des précautions que l'on a 
prises selon nos indications, les ficelles une fois intro* 
duites et serrées aux cartons, se présenteront près du 
dos dans leur forme isolée^ le nerf se terminera en 
pointe, et il sera facile en gauffrant plus tard les filets, 
de les dessiner correctement. 

On comprendra que, pour ces ficelles parfois très 
épaisses, l'endossure à un trou est tout indiquée, et 
qu'il est indispensable de les fixer à Tintérieur en les 
étalant le plus largement possible. Puis la carte collée 
et pressée par-dessus, égalisera parfaitement Tintérieur 
des cartons. 

En ce qui concerne le polissage du dos, au moyen 
de la colle et du frottoir, le volume étant sous presse ; 
il faut le faire avec le plus grand soin en frottant d'un 
nerf à Tautre, de façon à donner à ceux-ci une forme 
nette et correcte. On ne met jamais de toile sur les volu* 
mes cousus sur nerfs, dont les dos sont destinés à être 
garnis plus tard de bandes de peau ou de vélin, opéra* 
tion à exécuter au volume après la tranchefilure. 

DE LÀ ROGNURE 

La rognure, ou action d'enlever une partie des mar» 
ges d'un livre pour en égaliser les tranches, se fait au 
moyen d'une presse et d'accessoires, dont l'ensemble 
constitue l'outil désigné sous le nom de presse à rogner. 

Outillage du rogneur. — La pièce principale ou 
presse à rogner proprement dite(fig. Sg) se compose de 
deux fortes pièces en bois$ de forme ca)rrée ou Jumelles^ 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 119 

reliées par deux g^uides parallèles fixés dans la jumelle 
de droite, et g'iissant dans celle de gauche à travers 
deux ouvertures de même calibre ; ils servent à relier 
les jumelles et à maintenir, dans la ligne droite, celle 
à qui est dévolu la marche de la presse. La jumelle de 
gauche, dans laquelle on a taraudé deux écrous, est 
actionnée par deux vis, dont les tètes sensiblement plus 
fortes que les filets, ont leur point d'arrêt au flanc exté» 
rieur de la jumelle de droite. Les deux vis sont en 
outre reliées à cette dernière par un col ou rainure cir* 
culaire dans laquelle vient s'engager une clef, placée 
dans une ouverture pratiquée au-dessous de la jumelle. 
Par ce moyen, la marche en avant ou en arrière de la 
jumelle de gauche est assurée, et l'ouvrier l'écarté ou la 
rapproche à volonté de la jumelle de droite. La tète de 
chaque vis est traversée par une broche mobile qui per- 
met de serrer la presse. 

Cette presse, toute en bois, a beaucoup varié en pro- 
portions depuis son origine. Les anciens reliiïurs s'en 
servaient étant assis sur un escabeau, ils tenaient l'un 
des côtés de la presse sur les genoux, l'autre côté repo- 
sait sur un billot ou simplement sur le plancher. Il en 
est encore ainsi chez certains relieurs, dans quelques 
petites villes de l'Allemagne, où les traditions primiti- 
ves se sont absolument conservées. 

On comprend que dans ces conditions, il fallait à la 
presse une forme relativement légère, il en fut autre- 
ment dès l'époque, encore peu éloignée, où on a trouvé 
le moyen de la placer sur un bâti ou porte-presse, dans 
lequel on a ménagé un bac destiné à recevoir les rognu- 
res. Les proportions des jumelles de la presse varient 
entre i mètre lo et i mètre 55 centimètres de long, sur 
16 à ao centimètres en carré, avec des vis et des guides 
proportionnés à la fprçe 4e la presse. 



120 cciDË MANUEL DE l'ovviiier rkmeur 

Il est essentiel que le porle-presse soit placé bien 
d'aplomb, et que l'on s'assure si le niveau de la presse 
est parfait. La jumelle de droite devant être immobile, 
est fixée à fleur du porte-presse. Ou garnit la partie 
intérieure de la jumelle d'un ais lég'èrement biaisé. 
S'étendant d'une vis à l'autre au niveau de sa surface, 
cetais qui doit faire corps avec la jumelle, a pour but 
de faciliter le travail. Il sert de contre-partie aux ais, 
sur lesquels on place les volumes pour les descendre 
dans la presse à rogner. Il aide à comprimer le volume 
à la place voulue pour l'action du couteau; il pré- 
serve aussi les extrémités de la jumelle contre les entail- 
les qu'un faux mouvement du couteau pourrait lui 
occasionner. 

La jumelle de gauche, actionnée par les vis et main- 
tenue par les guides, doit pouvoir fj^lisser librement sur 
le porte-presse. Elle s'écarle ou elle se rapproche de la 
jumelle de droite selon les besoins du travail, elle porte 
à la surface une coulisse formée au moyen de deux 
liteaux parallèles qui servent à embofter et entre les- 
quels glisse la plaque gauche du filt à rogner. 




Fig. ag. — Fùl à rogner el son lalon. 

Le fût [dg. 29) ou rognoir, dans lequel se place le 
couteau à rogner, se compose : 1° de deux plaques en 
bois du mCme calibre et de même forme, reliées par. 



GUIDE MANUEL 0£ l'oUVRIER RELIEUR 121 

deux guides parallèles fixés à la plaque de droite^ les 
deux plaques sont actionnées par une vis à poig'née, 
fixée par un col à la plaque de droite au centre des 
deux guides, et par un écrou taraudé dans la plaque 
de gauche ; 2^ d'une plaque en acier que Ton nomme 
talon et dont la partie essentielle est une coulisse for- 
mée en queue d'aronde> dans laquelle on engage le 
couteau qui se trouve maintenu vers la pointe par une 
petite vis de pression. Ce talon, faisant corps avec la 
plaque de droite, au moyen d'une entaille pratiquée 
dans la partie inférieure de celle-ci, est maintenu en 
place par un boulon. Ce boulon, d'une longueur suffi- 
sante pour traverser la plaque dans sa hauteur, passe 
dans le col de la vis pour la maintenir, il se termine 
par un pas de vis, qui permet de le fixer au haut de la 
plaque au moyen d'un écrou ou antillette ; 3® le fût est 
en outre pourvu d'un couteau ou lame de 26 centimè- 
tres de long sur i 1/2 de large ; cette lame est légère- 
ment évidée au centre, et les flancs en sont taillés à 
bizeaux de façon à être maintenus dans la coulisse du 
talon, dont ils ont exactement la forme. La pointe en 
fer de lance, afiFûtée en bizeau double, à sa partie supé- 
rieure, doit rester intacte à sa partie inférieure et con- 
server une ligne parfaitement droite afin que la coupe 
soit régulière et correcte. 

Opérations préliminaires. — Nous avons détaillé cha- 
que articulation de la presse à rogner, afin de rendre 
sensible chacun de ses mouvements, que l'ouvrier doit 
pouvoir maîtriser dans ses moindres détails. La rognure 
étant la pierre d'achoppement du relieur, et la partie 
qui lui occasionne le plus de soucis, l'ouvrier doit se 
rendre compte, en tous temps, si son outil est bien 
réglé. S'il craiqt un dérangemeni ou s'il s'en sert pour 



122 GUIDE MANUEL DB l'OOVRIBK RBLIRUR 

la première Foii, 11 prend ud volume sans importaDca, 
de l'épaisBeur de 3 A 4 centimètres environ, le place 
■np un ait légèrement biaisé suivant l'inclinaisoD de 
l'aia fixé à la jumelle de droite, il le descend dans la 
presse, avec l'intention de lui enlever le moias de mar- 
ges possible, il serpe la presse, uniformément mais 
sans excès, il suffit que le volume soit bien maintenu, 
il rapproche le Ht à la portée du volume, il rapproche, 
k l'aide de la vis, la pointe du couteau de la partie à 



Fig. 3o, — Rognure. Fonctionnement du fût, ou rognoir. 

rogner. L'ouvrier se plaçant alors au bout de la presse, 
la jambe droite en avant, pose la main droite sur la poi- 
g'née de la vis, et la main gauche sur la partie de la vis 
qui dépassa la gauoKe du (ûl, il appuie lé^ëremçnt iea 



6UIDB MANUEL DE l'oUVRIRB RELIBUR 423 

deux mains, afin de le mattriser et de Tempâcher de 
vaciller en lui imprimant le mouvement de va-et-vient 
qui fait agir le couteau, qu'il doit avoir soin d* avancer 
très peu à la fois, pour que la coupe soit bien nette. 

Il est assez indifférent que la coupe se fasse au départ 
ou au retour, mais jamais dans les deux sens, ce qui 
fausserait la coupe, surtout s'il y a un peu de jeu dans 
les articulations du fût. Cependant nous croyons qu'il 
est plus rationnel que la coupe se fasse au retour. Le 
mouvement de la main l'indique, on est obligée de la 
contracter pour ramener le fût, l'attaque est aussi moins 
dure ; dans tous les cas, il faut tenir compte de la taille 
de Touvrier qui, s'il est de petite ou moyenne taille, ne 
domine pas la presse, et, pour lui, il n'y a nul inconvé- 
nient à ce que la coupe s*exerce au départ ; au con- 
traire s'il est de taille élevée et domine la presse, la 
coupe au retour est tout indiquée ; il est essentiel que 
les mouvements soient libres et régpuliers, une gprande 
aisance est indispensable à la bonne réussite de Topé- 
ration. 

Pendant le cours de cette opération d'essai, l'ouvrier 
pourra se rendre compte si le couteau talonne, c'est-à- 
dire si dans le mouvement de va et vient, au lieu de 
fonctionner librement dans les deux sens, le couteau 
vient à buter contre le volume, ce qui occasionne un 
choc plus ou moins sensible. Ceci indique que le cou- 
teau est mal placé dans la coulisse à mortaise ou que 
celle-ci, trop largue, n'enserre pas le couteau avec toute 
la précision voulue, ce dernier présentant parfois des 
irrégularités sous le rapport de Tajustage. Il faut dans 
ce cas qu'il place des petites cales en papier ou carte, 
selon le cas, soit dans le fond de la coulisse à l'arriére 
du talon, si le couteau est un peu mince, soit sur l'un 
des flancs de la mortaise, sj la pression de la vis fait 



124 GUIDE MANUEL DE L*OUVRI£R RELIEUR 

saillir le couteaa qui ne peut en aucun cas dépasser la 
platine du talon et doit faire corps avec lui. 

Dès qu*il a obtenu un ajustag'e parfait, l'ouvrier 
reprend la tranche après avoir affûté un léger morfil au 
couteau afin que la coupe soit plus mordante, ce qui 
lui permet de rétablir la rectitude de la tranche, sans 
être forcé de hausser le volume dans la presse, et de 
faire une nouvelle emprise sur les marges. Etant cette 
fois arrivé au bout, et avant de desserrer la presse, 
l'ouvrier s'assure s'il est resté dans la ligne droite, et 
dans l'affirmation, la presse est bien réglée. 

Si au contraire le couteau monte, mais sans talonner, 
il desserre la vis à oreilles ou antillette du boulon qui 
maintient la plaque dans laquelle est fixée le couteau. 
Il soulève légèrement celle-ci du côté de la pointe, il 
garnit le fond de Tentaille dans toute sa longueur, à la 
largeur de lo à i5 millimètres seulement, d'une bande 
de papier ou de carte plus ou moins forte, afin qu'en 
resserrant Tantillette la pointe du couteau se trouve 
légèrement abaissée. 

Si, par suite du placement de cette carte, le talon 
venait à déborder le bois, il faudrait qu'il abaisse le 
fond de Tentaille sur toute sa surface afin d'obtenir l'in- 
clinaison du couteau sans que celui-ci fasse saillie en 
dehors de la plaque du talon . 

Si, au lieu de monter, l'ouvrier s'aperçoit que le cou- 
teau plonge, il placera le même genre de cales du côté 
opposé, c'est-à-dire à l'arrière du talon afin de relever 
la coupe jusqu'à ce qu'elle soit parfaitement régulière. 

Certains ouvriers ont la déplorable habitude de com- 
penser par la mise en presse ce que la marche du cou- 
teau présente de défectueux, en penchant le volume soit 
à droite, soit à gauche, selon que le couteau monte ou 
plonge ; cette manière de procéder est contraire à la 



tiUlDB MANUEL DE L'OUVRIER RELIEUR 12S 

boDne règle, qui veut que l'oD attaque le mal où il se 
trouve, et veut que riea ne soit abandonné au hasard ; 
un volume doit toujours se placer en presse parfaite- 
ment d'équerre, et c'est au couteau qu'il faut s'en pren- 
dre si la coupe n'est pas tout à fait correcte. 



Fig. 3i. — Presse à rogner à 3 jumelles. 

L'outil doQt nous veaous de donner la description, 
en indiquant l'usage de chacune de ses parties, est le 
type uni verse llement employé. 11 a fort peu varié depuis 
sa création qui date de loin . Nous y avons pour notre 
part apporté certaines modifications telles que d'action- 
ner les jumelles de la presse au moyen d'une seule vis 
en fer, à seule £a d'activer la mise en presse en sim- 
ptiSant les mouvements de l'opération et plus tard en 
plaçant le volant entre la seconde et la troisième jumelle 



116 6UIDB MANUEL DB l'oUVRIBR RELIEUR 

ot par ce moyen le mettre plus à la portée de la main de 
l'ouvrier ; mais le principe est resté le môme. On est 
arrivé au moyen de machines de divers systèmes dont 
nous donnons plus loin la description, à rogner beau* 
coup plus vite, mais jamais aussi bien ni avec autant 
de sûreté et de précision qu'avec le rog'noir de nos pères. 

L'art do fOgn^UT) consiste à égaliser parfaitement les 
traaches d'un livre, tout en lui conservant le plus de 
marges possible. On égalise les tranches d'un livre 
non seulement pour en faciliter Tusage, mais aussi afin 
de contribuer dans une certaine mesura à son embellis- 
sement. L'aspect d'un volume dont les tranches parfai- 
tement dressées en équerre, dont la gouttière méthodi- 
quement creusée et dorée par un praticien habile et fort 
séduisant à la condition que cet aspect n*ait pas été 
obtenu au détriment des marges du livre. C'est-à-dire 
qu*il y reste en tête comme en queue et en gouttière 
des témoins établissant la preuve que le volume n'a été 
rogné que tout juste pour obtenir ce résultat. 

Nous parlons, bien entendu, d'un livre n'ayant pas 
été relié précédemment : auquel cas la science du 
rogneur ne peut avoir pour objectif que de redresser, 
s'il y a lieu, la coupe plus ou moins défectueuse exercée 
par le premier relieur. Encore, en exerçant ce redres- 
sftge, faut'oil laisser subsister la preuve, par des parties 
de tranches que le couteau n'a pas atteintes^ que la dirai» 
nution des marges du livre ne peut être attribuée au 
dernier relieur. On voit par là que la définition donnée 
par nous, d'autre part : La Rognure consiste à enlever 
une partie des marges d'un livre pour en égaliser les 
tranches ; est subordonnée à la conservation, dans les 
limites du possible, des marges que l'imprimeur a 
affectées au livre, 



OUIDB MANDBL DE l'oUVRIBE RBLIBUE 1S7 

ta eooservation des mikvgeB esta en point importante, 
surtout quand il s'ag'it d'un livre d'art, que les amateurs 
considèrent eomme ayant perdu la plus grande partie 
de sa valeur, tout livre dont les tranches ont été rognées 
des trois eôtés. Est-<il besoin de dire que nous approu» 
vons oette manière de voir à la condition que la volume 
ait une réelle valeur typojfraphique ou graphique, et 
qu'il y ait un réf 1 intérêt à ce que les marges restent 
intactes. Nous disons intactes ? il ne faut pourtant pas 
confondre a marges » avec c fausses marges », ce dont 
il sera question à propos de Tébarbage. Il convient tou» 
tefois de rogner la tranche supérieure afin d'empêcher 
U poussière qui se dépose à cette place, quelque bien 
elose que soit une bibliothèque, de pénétrer entre les 
feuillets du livre, mais il importe alors dans tous les 
cas que même à cette place, le rogneur laisse subsister 
quelques feuillets qui ne soient pas atteints par la cou* 
teau à rogner. 

Il est dee livres, c'est le plus grand nombre, qui doi* 
vent avoir leurs tranches unies des trois côtés : tels sont 
les ouvrages scientifiques, dictionnaires, etc., qu'il 
importe de pouvoir feuilleter avec rapidité, quand il 
s'agit de recherches et sans qu'il s'ensuive interruption 
ou distraction pour le lecteur absorbé dans son travail. 
Il n'en est pas de même en ce qui concerne le livre 
d'art ; feuilleter celui-ci avec lenteur et les précautions 
que nécessite un volume non rogné est un repos pour 
les yeux et pour la pensée. 

Avant de procéder à l'opération de la rognure, Tou- 
vrier doit se rendre compte de l'état du volume sur 
lequel il est appelé à opérer, ce qu'il a dû faire pendant 
les opérations de l'endossure en admettant qu'il ait 
rogné les cartons à Tavanee. 

I® |1 cfoit sVssifrer si les marges sont ré^ulièrss et 



128 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

n'ont besoin d^aucune modification ; puis si les marges 
de tète, par suite d'un défaut d'imposition de la part de 
1 imprimeur, se trouve être proportionnellement trop 
g>randes pour cadrer avec les marg'es du devant ou celles 
de queue. Il faut qu'il enlève l'excédent de façon à 
obtenir une parfaite harmonie, la tète devant autant 
que possible présenter les mêmes blancs que la gout- 
tière, la queue devant toujours être un peu plus grande, 
elle doit présenter quelques feuillets que la rognure 
n'aura pas atteints, et que l'on nomme témoins; le 
devant ou gouttière doit également conserver quelques 
témoins. 

S'il se rencontre parfois des volumes à marges trop 
grandes en tète, il s'en trouve par contre assez souvent 
dont les marges en lète sont proportionnellement trop 
petites, eu égard à celles de devant et de queue. Il faut, 
dans ce cas, n'enlever que le strict nécessaire, pour que 
la tranche soit unie, et si possible faire en sorte qu'il 
reste un ou deux témoins, afin que le défaut ne puisse 
pas être imputé au relieur. Il faut du reste en agir 
ainsi à l'égard des volumes, ébarbés en queue et en 
gouttière, dont les tranches supérieures sont destinées à 
être dorées ou jaspées. 

2^ Si le volume contient des planches, il faut que l'ou- 
vrier se rende compte s'il n'y a aucun danger qu'elles 
puissent être atteintes par la rognure, surtout s'il y en 
a de pliées. Certains tableaux débordent parfois le texte 
ordinaire. 

3^ S'il y a des notes en marges imprimées ou manu- 
scrites. 

4^ Si le volume, quoique isolé, n'appartient pas à 
une collection. Puis, si l'ouvrage est composé d'un cer- 
tain nombi'e de volumes, quel est celui qui doit servir 
de type pour arriver à un ensemble parfait. 



GCIOE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 129 

Manière de rogner. — Après avoir tout bien disposé, 
et en supposant que les cartons n'ont pas été rognés 
avant l'endossure, l'ouvrier, ayant le volume à plat sur 
la table, la queue vers lui et le dos à sa droite^ soulève le 
carton de derrière, l'abaisse vers la queue autant que le 
lui permet Tattache des ficelles, tout en maintenant le 
volume avec la m^in gauche pour ne pas le déformer, et 
retourne le volume pour en faire autant du carton de 
devant, opération indispensable pour se ménager des 
chasses en tête, et, plaçant le volume à plat sur la 
presse, la tète à sa droite et la gouttière vers lui, il 
prend une équerre qu'il ajuste bien à fleur du carton 




Fig. 3a. — Equerre en fer. 

du côté du mors, et en tête à la place qu'il doit rogner, 
il marque un trait sur le carton le long de la tranche 
de tête pour former l'équerre, puis, plaçant le volume 
à fleur de Tais biaisé que nous avons décrit plus haut, 
et au moyen de la main gauche, il le saisit par la tête 
et il le descend dans la presse, il passe la main droite 
sous la presse et saisissant le volume par le bas, il 
rajuste au niveau du trait et il serre la presse. 

Puis ToMvrier se place, et il saisit le fût comme nous 
l'avons décrit plus haut, il rogne tout le côté sans s'ar- 
rêter, pour ne pas s'exposer à des irrégularités. Gela 
fait, il desserre la presse avec la main droite et de 
façon à ce que le volume reste légèrement maintenu, et 
avec la même main saisissant le bas du volume, il le 
soulève de façon à ce qu'il puisse s'en emparer avec la 
main gauche, et le retirer tout à fait de la presse. 



130 GttDB MAMUltL Dt L^OUVRtBR RBLlBDH 

Aprèft s'être assuré que cette première opératidfi a 
réussit Touvrier fait remonter cette fois les cartonsi et 
les fait dépasser en tète bien paralièlementi et de façon 
à ménager les chasses de tète et de queue, proportion** 
nellement au format du volume, qu'il pose à plat devant 
lui la queue à sa droite» et prenant Téquerre qu'il ajuste 
à nouveau du côté du mors» il trace en queue comme il 
l'a fait en tête la place qu'il doit rogner, ce qu'il exécuta 
comme le premier côté. Gela fait» il s'assure s'il a bien 
opéré, et il passe à la rognure de la gouttière. 

L'ouvrier place le volume à plat, la tête à sa gauche, le 
dos vers lui et le carton ouvert, et saisissant un compas 
avec la main droite, il fait mouvoir les feuilles avec la 
main gauche, jusqu'à ce que son point de repère soit bien 
établi, puis il place l'une des pointes du compas bien 




Fig. dS< -^ CùmpM à tii. 

au fond du mors et asse^ près de la tète» il marque un 
point sur le devant du volume en observant la Hgne 
droite» c'est-à-dire qu'à la même distance de la léte 
qu'il a placé l'une des pointes dans le mors, il marque 
avec l'autre pointe à la même distance du côté de la 
gouttière, la moindre déviation devant fausser Ift 
mesure» puis il marque de même un point du côté de 
la queue» ayant ainsi marqué le devant du Voittme» il 
est prudent d'en faire autant de l'autre côté» afiû de se 
rendre mieux compte du résultat de l'opération. 

Indépendamment de ces points de repère» il faut au 
rogneur un guide pour établir le creux de la gouttière; 



GUIDE MAKtBL DB L^OUVRtBR BBLIEtIR 131 

le moyen le plus sûr en même temps que le plus simple 
pour l'ouvrier, est de poser le volume à plat sur la 
presse, les cartons au niveau de la tranche de tète, puis 
avec la main g-auche, il prend une petite équerre qu'il 
place debout contre la tranche, et il marque un traitai! 
crayon à fleur de la gouttière, puis il retourne le volume 
et il en fait autant du côté de la queue. S'il a un certain 
nombre de volumes, il les met en pile, les cartons à 
niveau des tranches, il prend une équerre plus grande 
et il trace la pile d'un seul coup, en ayant soin d'appuyer 
suffisamment êuf Textrémité eu maintenant l'équerre, 
de façon à ce que la marque soit établie correctement. 
Nous préférons une trace en ligue droite, à celle que 
certains ouvriers ont l'habitude de marquer au moyen 
d'un compas, dont ils placent Puûe des pointes au 
centre du dos, pour marquer avec l'autre pointe armée 
d'un crayon un arc de cercle d^uû cartoû à l'autre ; tra- 
cer un arc de cercle pour obtenir Uû autre are de cercle 
plus accentué, n'est pas u& moyeu bien sûr pour se 
rendre compte de la forme exftcte d'uue gouttière, la 
ligne droite âu contraire est un point de départ plus 
certain» La courbe que Ton obtiendra au berçage 
représentera eitactement le creux de la gouttière, en 
indiquant avec précision le degré auquel l'ouvrier 
devra s'arrêter, qui est à peu de chose près la courbe 
donnée au dos par l'endossure. 

Quand il s'agît d*un volume très Soigné, pour lequel 
le temps n'est pas limité, le tracé en ligne droite peut 
se faire immédiatement après la rognure^ et avant de 
retirer le volume de la presse. La petite équerre que 
l'on emploie à cet usage, peut être un coin en forte 
carte ou en zinc, que l'ouvrier taille lui-même et que 
l'on peut placer dans une petite pochetCe attachée au 
fût, ou derrière la jumelle gauche de la presse. 



132 GUI 

Les points de repère bien établis, l'ouvrier prend un 
ais un peu plus long que le volume, maïs n'ayant que 
4 à 6 centimètres de large, selon le format du livre à 
roR-ner, et biseauté à peu près dans les proportions de 
la tring:le, fixée à l'intérieur de la jumelle de droite. 11 
place le volume relevé, le dos sur la presse et la tète à 
gauche, il laisse tomber le carton de derrière et il le 
remplace par Tais, qu'il place de façon k dépasser légè- 



rement les points qu'il a marqué derrière le volume. 
Puis, prenant un ais de même longueur, mais mince et 
plat et un peu moins large que l'ais de derrière, il laisse 
tomber le carton de devant et il place l'ais au niveau 



GtlOE MANUEL DÉ L^OUVRlBR RELlEtJn 133 

des points marqués devant le volume, alors il saisit les 
deux ais et le volume avec les deux mains et il le berce ; 
c'est-à-dire qu'il le balance de l'avant à l'arrière et de 
l'arrière à l'avant, en maintenant les ais bien en place 
et en appuyant lég'èrement à l'extrémité de chaque 
mouvement, jusqu'à ce qu'il ait obtenu l'arc de cercle 
nécessaire, ce dont le trait alors courbé vers le haut 
indiquera exactement les proportions ; puis il descend 
le volume avec précaution dans la presse, qu'il serre ; 
après s'être assuré que tout est bien correct, il se place 
au bout de la presse, il attaque la rognure avec précau- 
tion, et une fois le fût en mouvement il le fait marcher 
carrément comme il l'a fait pour les tète et queue. 
Arrivé au bout, il écarte le fût, retire le volume de la 
presse, enlève les ais, en refermant les cartons, le bat 
lég'èrement des deux côtés pour détacher les feuillçs 
comprimées par la rogpnure, et il s'assure s'il a parfai- 
tement réussi. 

Le mode de berçage que nous venons de décrire peut 
être simplifié ; au moins quand il s'agit de reliures cou- 
rantes de petit format et même de format moyen, et plus 
rapidement exécuté par la méthode suivante en usage 
dans beaucoup d'ateliers. 

Les ais biseautés étant placés à l'avant et à l'arrière 
du volume et le dos de celui-ci posé sur la presse ; l'ou- 
vrier, tout en maintenant le volume avec les ais bien en 
place avec la main gauche, relève le carton de derrière 
avec la main droite, jusqu'à lui faire toucher le dos de 
la main gauche, puis il appuie sur le champ du carton 
en plaçant la paume de la main bien au centre, pendant 
qu'avec les doigts il maintient le carton avec fermeté 
dans le creux du mors. 11 presse alors uniformément 
sur le mors pour abaisser ce côté du volume jusque sur 
la presse tout en penchant légèrement le volume vers 

BOSQUET — RELIURE 8 



134 GUiDË MANÙBL DE L^OUVRlBlt RfiLtBtin 

lai pour qae la pression s'exerça d'ane façon plus di* 
recte. Ce côté étant abaissé il laisse retomber le carton 
et il opère de même de l'autre côté en penchant cette 
fois légèrement le volume en arrière. Pendant ces deux 
opérations, les feuillets du volume glissent les uns sur 
les autres à la condition de n'être que faiblement com- 
primés et maintenus avec la main g-auche sur le dos en 
vue de former la gottttièfe qui se trouve ainsi rapidetnefit 
aplati sans déformer TendoBsure* Il s'assure si Papla^ 
tissement s'est opéré avec régularité, il corrige le côté 
défectueux en plaçant le dos datis la main droite mi* 
ouverte avec laquelle il corrige et achève de le bercer^ 
puis il le descend dans la presse pour le rogner. 

Les gouttières que Toti obtient par ce mode de ber- 
cage se présentent A la vue avec des angles plus ou 
moins émoussés, ce qui permet d'exécuter la dorure des 
gouttières creuses avec plus de facilité. Ces formes de 
gouttières sont surtout adoptées par les maisons qui 
fabriquent un grand nombre de livres de piété ou de 
liturgie en petits formats dont on dore généralemeât 
les tranches, maid elles ne sauraient convenir pour des 
reliures artistiques . 

Si le volume contient des cartes pliées, présentant 
des creux que la pression ordinaire de la presse à rogner 
ne puisse comprimer suffisamment; l'ouvrier doit 
avant la mise en presse combler les vides au moyen de 
petites cales en papier ou en carte afin que l'épaisseur 
du volume sôit égale partout lorsqu'il est serré dans la 
presse ; par ce moyen le couteau rencontre partout la 
inème résistance et il coupe uniformément sans 0Gca« 
sionner aucune déchirure* 

Dans le cas où le volume étant surchargé de plan* 
chès pliées, présentant une trop grande difficulté au 
berçage, nos pères avaient imaginé un moyen très 



GUIDB MANUEL DB l'oUVRIBR BBLIBUR 136 

simple 6t très pratique pour les aider dan» cette opéra*- 
tien: ils employaient deux petites plaques de métal, 
ntiqces, mais très rigides, larges de » centimètres envi^ 
roQ et un peu plus longues que Tépaisseur du volume, 
ils plaçaient les volumes sur lo dos, un tiers débordant 
la tabla, et les cartons coucbés^ ils plaçaient d'abord 
de ce côté, à T^xtrémité du volume, l'une des plaques 
60 abaissant les cartons d'une part et en soulevant de 
même le dos, d'autre part ; puis, tournant le volume 
dans l'autre sens, ils plaçaient de même la seconde pla- 
que, leur action réunie aplatit légèrement le dos. Il n'y 
a plus qu'à placer les ais comme pour la rognure d'une 
g*outtière ordinaire, soulever les ais avec le volume en 
laissant pendre les cartons qui servent toujours de 
point d'appui aux plaques pour maintenir le dos. 
S'assurer si la forme de la gouttière est correcte, et 
descendre le volume dans la presse. Ce moyen peut 
encore servir aux rogneurs inexpérimentés, et cela pour 
n'importe quel volume, mais il faut s'en défaire le plus 
tôt possible. Il peut aider des commençants^ mais il 
fatigue le volume et tend à déformer l'endossure, il est 
mômeda tous points préférable et ce dans l'un ou l'autre 
cas de rogner le devant du volume i plat, c'est-à-dire 
avant l'endossure. 

Pour les volumes dont les cartons ont été rognés à 
l'avance, l'ouvrier n'a plus à chercher des points de 
repère déjà établis, il commence par abaisser le carton 
de devant, à hauteur de la place qu41 veut rogner. Il 
place entre le carton de derrière et le volume une bande 
de carton très mince et très dur, pour servir de point 
d'arrêt au couteau et afin d'éviter d'entamer le carton 
de derrière à la fin de la coupe, il place le volume sur 
lais biaisé, et il le descend dans la presse. La tête 
étfint rognée, il fait de même pour la cjueue après Avoir 



136 UUIDK MANUEL DE L OUVRIER RELIEUR 

bieD réglk les chasses, et, arrivé à la t^outtière au lieu 
de pointer au compas, il trace sur le devant du volume, 
au niveau du carton qui lui sert de règ'le, une li^ne au 
craj'on, puis il place ses ais à ro§^ner, en ayaol soin de 
descendre celui de devantassez bas sous la marque, afin 
d'obtenir les chasses qu'il a calculées à l'avance. Le 
volume étant rogné avec chasses bien proportionnées, 
celles-ci lui donnent immédiatement la preuve que l'opé- 
ration a bien réussi. 

Rognure mécaniqne. — 11 nous reste à parler de la 
rognure mécanique; et de la machine à rogner qui 



Fig, 35. — Machine à rognsr. 

porte encore de nos jours le nom de l'inventeur, 
M. Massiquot. Cette machine, tour à tour modifiée et 
sensiblement perfectionnée, rend des services considé- 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 137 

rables, tant pour la rog^nure du papier en gpénéral, que 
pour la rognure des livres. 

Avant son invention, les relieurs, pressés par la con- 
currence, avaient fait adapter à la presse à rogner à la 
main un mécanisme qui leur permît d'activer leur tra- 
vail, en leur permettant de rogner un certain nombre 
de volumes en un seule fois, et sans être forcés de 
mesurer isolément chacun d'eux. C'était un progrès 
sous le rapport commercial, eu égard aux prix parfois 
très restreints de certains cartonnages et emboîtages. 
Beaucoup de petits relieurs, qui ne possèdent pas 
de massiquot, pratiquent encore de nos jours ce sys- 
tème. 

Ce mécanisme consiste en un châssis en bois, aussi 
long que le permet Tintervalle laissé libre entre les 
deux vis, on attache ce châssis au flanc intérieur de la 
jumelle de gauche, il a de plus une largeur sufflsante 
pour permettre de rogner tous les formats usuels. A ce 
châssis est rattachée une planchette ou console mobile, 
que Ton fixe à la hauteur voulue, au moyen de bou- 
lons, glissant dans une double rainure pratiquée verti- 
calement dans le châssis. La console ou support une 
fois fixé à la hauteur nécessaire, l'ouvrier place par 
dessus un certain nombre de volumes, pour les rogner 
en uAe seule fois, et ainsi de suite pour toute la partie 
de volumes à rogner sur le même format; c'est-à-dire 
qu'il commence par rogner d'abord le devant des volu- 
mes, qu'il place sur le dos bien d'aplomb sur le sup- 
port. Tous les volumes étant rognés sur le devant, il 
change la mesure, en abaissant le support à la hau- 
teur voulue pour rogner le bas ou la queue; puis, il 
s'assure si tous les volumes placés tète bêche sont bien 
dressés en tète, il les place de ce côté sur le support, et 
après que tous les volumes ont été rognés en queue, il 

8. 



i38 GUIDB MANUEL DE l'oUVRIBR RELIEUIT 

n*a plus qu'à hausser légèrement le support à la hau- 
teur nécessaire pour les rogner en tête. 

Le massiquot ou machine à rogner fait en grand ce 
que nous venons d'indiquer. On place dans ces machi- 
nes, qui s'actionnent à bras ou au moteur, autant de 
volumes que le permet la longueur de la lame, et cela 
à la hauteur de lo à i5 centimètres, après avoir com- 
primé le tout au moyen du pressoir actionné parle 
volant placé horizontalemept au-dessus de la machine. 
En quelques tours de roue tout est enlevé et les tran»- 
ches, pourvu que la lame soit en bon état, sont d'une 
netteté parfaite. 

Ces machines sont arrivées à un tel degré de perfec- 
tion que les relieurs de nos jours (et pour autant qu'il 
s'agit de reliures commerciales traitées par quantités), 
au moyen d'une équerre et de deux planchettes ferrées, 
rognent non seulement en tête et en queue des reliures 
passées en cartons et endossées, mais aussi des gout- 
tières, et cela avec une précision et une rapidité telles 
que certains ouvriers sont arrivés à rogner jusqu'à 
3oo volumes in-8" jésus de 5 à 6 centimètres d'épaisseur 
dans une journée de dix heures. 

On coupe toujours les cartons d*avance au format des 
volumes qu'on rogne à la machine. Sans cette précau- 
tion le tranchant de la lame s'userait trop rapidement 
et serait surtout sujet à s'ébrécher. Dans tous les cas, il 
est indispensable qu'il en soit ainsi pour la rognure 
des gouttières, l'un des cartons devant servir au repé- 
rage et comme point d'appui pour aplatir le dos du 
volume et égaliser les feuilles sur le devant comme s'il 
était bercé à la main. Nous complétons aujourd'hui 
ce chapitre par une description détaillée de ce genre de 
rognure : 

Cinq petits outils accessoires sont' indispensablef 



GUIDE MANUBL DE l'oUVRIER RELIEUR 139 

pour rogner à la machine des volumes endossés^ dont 
les cartons ont été coupés d'avance au format voulu. 
D'abord trois équerres à doublecoulisse, pour lesquelles 
il faut faire tarauder six pas de vis dans la table de la 
machine, dont deux à droite : le premier sous le pres- 
soir de la machine. Le second à dix centimètres en 
arrière environ , selon Técartement des coulisses ratta- 
chées aux équerres, en conservant la ligne droite de 
façon à fixer de ce côté, à l'aide de boulons ou tire^ 
fonds, la première équerre contre laquelle on place le 
devant du carton du volume dont on veut rogner la 
tète ou la queue. Les coulisses de Téquerre servent à la 
rapprocher ou à Téloigner plus ou moins du centre de 
la machine, selon que les volumes à rogner sont plus 
ou moins larges. 

La seconde équerre se place de môme du côté gau- 
che ; la bordure doit être suffisamment élevée pour ser- 
vir de point d'appui à un petit bloc en bois creusé en 
quart de cercle, que Ton place à fleur du pressoir. Le 
creux de ce bloc doit affecter la forme de la partie infé- 
rieure du dos du volume, qui doit être emboîté exacte» 
ment afin de présenter à l'action de la lame un point 
d'appui suffisamment résistant. Sans cette précaution et 
pour peu que la lame soit émoussée, ou que le papier du 
volume soit peu résistant, la coupe ne serait pas assez 
nette à cette place et môme certaines parties pourraient 
ôtre arrachées. Il en est de môme pour le devant d'un 
volume d'une certaine épaisseur ; pour obvier à cet 
inconvénient on se sert d'un petit cylindre en bois dur, 
que Ton tient en main et dont on se sert comme d'un 
levier, avec lequel on soutient les premiers cahiers du 
volume et que l'on retire vivement dès^que l'action de 
la lame les a dépassés. 
La troisième équerre se place en travers sur le devant 



140 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIBR RELIEUR 

de la machine; elle sert de point d*appui et de repé- 
ragpe pour la rognure des gouttières, pour lesquelles 
une fois la rognure en tête et en queue terminée on 
enlève les équerres de côté. On fait alors intervenir 
Téquerre de fond dont toutes les machines sont pour- 
vues et qui, pour la rognure des volumes en gouttière^ 
doit être suffisamment dégagée afin que le mouvement 
de va-et-vient puisse en être opéré avec facilité. On 
place alors le volume de façon à ce que le devant du car- 
ton inférieur vienne s'appuyer contre la petite équerre 
que Ton a placée horizontalement devant la lame à la 
distance de 2 à 5 millimètres, selon le format des volu- 
mes à rogner et d'après la largeur des chasses qu'on 
désire leur affecter. L'équerre de fond que l'on ramène 
alors à soi au moyen de la vis, presse sur le dos du 
volume pour Taplatir en vue de présenter à la lame les 
marges à enlever, comme si le volume était bercé à la 
main. 

Mais, pour que ces marges se présentent d'une façon 
régulière à l'action de la lame, sans déformer Tendos- 
sure du volume, il faut deux plaques en tôle d'acier 
courbées à leur extrémité, de façon qu'en aplatissant 
le dos les renflements qui se produisent par le foulage 
des premiers et derniers cahiers ne soient pas compri- 
més et puissent se déplacer librement. Chacune de ces 
plaques, à laquelle est rivée une planchette semblable 
à celles dont on se sert pour bercer la gouttière d'un 
volume pour le rogner à la main, et qui, pour le format 
in-8<* raisin, ne peut dépasser 6 centimètres de large, 
doit avoir i5 millimètres d'épaisseur à la partie forte 
(celle qui se trouve en contact avec la lame). Le biais 
des planchettes se perd sous les plaques dont l'extré- 
mité, courbée çn forme de pince, se place de chaque 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR i41 

côté dans les mors du volume (i). L'une des deux pla- 
ques à planchettes, celle qui se place entre le volume et 
le carton inférieur dont elle doit avoir exactement la 
largeur, est destinée à être mise en contact avec Téquerre 
fixée à la table de la machine. La plaque que Ton place 
au-dessus du volume, et qui doit avoir exactement la 
larg'eur de la rognure, doit être garnie d'une nervure 
servant de point d'appui contre l'arrière du pressoir et 
s'arrêter sur le devant à fleur de celui-ci qui, après une 
très faible compression du volume, permet de faire agir 
Téquerre de fond pour aplatir le dos. On serre ensuite 
suffisamment avant de faire descendre la lame de la 
machine. 

En un mot le volume doit, étant placé dans la machine 
et sous l'action combinée des deux planchettes pour- 
vues de leurs plaques en tôle recourbées, affecter pour 
la rognure de la gouttière la même forme que le volume 
mis dans une presse à rogner à la main après leberçage 
et au moment de faire fonctionner le fût à rogner, avec 
cette différence que dans cette dernière, le volume se 
trouve suspendu et que dans la machine le volume est 
couché à plat. 

Voici comment on procède pour la rognure à la ma- 
chine sur des volumes endossés dont les cartons ont été 
coupés d'avance au format voulu : l'ouvrier commence 
par écarter Téquerre du fond qui est inutile pour la 
rognure des tête et queue; puis il prend un volume et il 
place entre celui-ci et le carton de derrière une bande de 
carton mince pour le protéger contre les atteintes de la 
lame de la machine dans laquelle il place le volume 
après avoir haussé le carton de devant du côté de la tête 
et il l'ajuste à fleur du pressoir qu'il serre légèrement, 

(i) On trouve ces planchettes garnies en tôle courbée, et en 
divers formats, chez les fabricants d'outils pour relieurs. 



142 GUIDE MANUEL DE L*OUYRIER RELfEUR 

Le volume se trouve ainsi placé d'équerre au centre de 
la machine et disposé de façon à être rogné en queue. 
Il place alors Téquerre de droite à fleur du carton ; il 
place ensuite du côté gauche et sous le dos du volume 
le petit bloc creux qu'il ilxe à la table avec un peu de 
colle ; puis il place Téquerre pour épauler le bloc, il 
serre le pressoir à fond et il rogne la queue du volume. 
La lame, dont il a eu soin de régler la limite de la des* 
cente de façon à ne couper que les feuilles du livre sans 
toucher au carton, s'arrête après avoir eotamé plus ou 
moins la bande qu'il a placé au bas comme intermèf- 
diaire et remonte ensuite à son point de départ, Il re- 
tourne alors le volume pour lui faire subir les mêmes 
opérations du côté de la tête. 

Tous les volumes étant rogaés eu tôte et en queue, 
l'ouvrier retire les équerres de droite et de gauche aiosî 
que le bloc creux, et il place l'équerre de devant pour 
rogner les volumes en gouttière. Il prend alors Tu» 
d'eux et il place, entre celui-ci et le carton de derrière, 
la plaque à planchette qui n'a pas de nervure; il retourne 
le volume et il le place dans la machine, après avoir 
soulevé le carton de devant qu'il place debout coQtre 
l'équerre du fond et l'avoir remplacé par la plaque à 
nervure. Dans cette position, le devant du carton iafé* 
rieur et la planchette de la première plaque sont ajustés 
contre l'équerre horizontale ; le dos du volume toucha 
légèrement l'équerre du fond. L'ouvrier descend le 
pressoir avec la main droite, tandis qu'avec la maio 
gauche il presse sur le devant de la planchette à per» 
vure, afin que cette nervure vienne s'adapter contre 
l'arrière du pressoir, qu'il continue à faire descendre 
jusqu'à comprimer très légèrement le volume. Alors, 
au moyen de la vis, il fait avancer l'équerre du fond 
qui pressant sijr le 4qs d\\ vplume pend ant que les plft- 



ques recourbées le maintiennent parles morSj il Taplatit 
avec précaution jusqu'à ce que la tranche de devant 
prenne la forme d*tin livre bercé. Puis il serre le pres- 
soir à fond et fait Agît la lame dont il a rég'lé la des- 
cente de façon à ne toucher que lég'èrementla planchette 
inférieure. Après avoir fait remonter la lame, il fait 
reculer l'équerre du fond jusqu'à son point de départ 
et il retire le volume qui^ si là machine a été bien ré- 
glée) sera parfaitement d*équerre ; il en sera ainsi des 
autreSi quel qu'en soit le nombre. Ces diverses opéra-* 
lions s'enécutent par des spécialistes avec la plus grande 
célérité I il en est qui^ ayant leurs volumes disposés en 
tas à leur portée, rognent les têtes et queues d'une cen- 
taine de volumes sans débrayer la machine actionnée 
par un moteur. 

RabaiSêage des CàPtôUS. -^ Après la rognure, on pro* 
cède au rabaiëSftge des cartons, si ceux-ci n'ont pas été 
coupée au format du volume, pendant les opérations de 
Tendossure. 

Le rabaissage consisté à couper les cartons sur le 
devant du volumei pour en régulariser le format, tout 
en laissant la largeur nécessaire pour les chasses, qui 
doivent à cette place^ c'est-à-dire du côté de la gouttière j 
avoir les mêmes proportions qu'en tête et en queue du 
volume» 

On peut rabaisser les cartons d'un volume de quatre 
manières différentes : î** au moyen d'une règle à bor- 
dure avec cartons fermés ; 2° à la règle ordinaire avec 
cartons ouverts ; 3» à la cisaille ou machine à couper le 
carton ; 4" à la presse à rogner. 

La règle à bordure, que certains relieurs de province 
emploient encore actuellement, est composée d'une 
règle plate en fer ou en acier, sur l'un des longs côtés 



144 GL'IDE MANUEL DE l'oUVRIER RELlËtR 

de laquelle a été rivé une nervure de 5 à 6 millimètres 
de haut, sur 2 à 6 millimètres d'épaisseur, formant 
équerre sur le plat de la règle. Ces difiPérentes épais- 
seurs sont motivées par le plus ou moins de largeur à 
donner aux chasses, d'après les divers formats des livres. 
Il faut donc plusieurs longueurs et épaisseurs de règles 
à bordure. ' 

Les relieurs qui font usage de ces règles, ne mesu- 
rent pas les cartons pour les rabaisser; l'ouvrier place 
le volume à plat sur un ais à rabaisser, ou sur une 
plaque de zinc, le côté de la gouttière à sa droite, il 
ouvre le carton et il le rabat sur le dos, il prend une 
règle assortie au format, et il en introduit le côté plat 
entre le carton qui touche le zinc et le volume, il presse 
le carton bien au fond du mors, et il place la règle à 
bordure bien à fleur de la gouttière, contre laquelle il 
appuie la bordure de la règle, il appuie fortement la 
main gauche ouverte sur le volume, pendant qu'avec la 
main droite armée d'une pointe à couper, ou d'un cou- 



Fig. 36. — Pointe à couper. 

leau à rabaisser, il coupe le carton à fleur de la règle, 
en ayant soin de tenir la pointe bien droite, pour ne 
pas couper le carton en biais. Arrivé au but, il retourne 
le volume et il opère de même de l'autre côté. Si le vo- 
lume est bien endossé, et que la rognure en soit en 
tous points irréprochable, les cartons seront d'équerre; 
mais il n'en est pas toujours ainsi, et la coupe du car- 
ton au moyen d'une règle à bordure élevée, et la façon 
défectueuse de la maintenir à travers l'épaisseur du 
volume, rendent l'opération plus ou moins difficile. 
Nous préférons le rabaissage au moyen d'une règle 



GUIDE MANUEL DE l'OUVRIEB RELIEUR 145 

plate de 2 à 3 millimètres d'épaisseur, que Ton main- 
tient directement, et au moyen de laquelle la coupe a 




Fig. 37. — Règle en fer. 

moins de chances de se déformer. Voici dans ce cas la 
manière d'opérer : 

L'ouvrier place le volume à plat au bord de la table, 
le dos vers lui, il ouvre le premier carton qu'il rabat 
sur le dos, il presse le carton qui touche la table bien 
au fond du mors, et à l'aide d'une pointe de compas, il 
marque un point sur le carton près de la gouttière du 
volume vers lui, il ouvre le carton qu'il a marqué et il 
le rabat sur la table, il ajuste alors le compas d'un côté 
sur le point marqué, et de l'autre sur l'arête vive du 
carton près du mors, il place alors l'ongle de l'index 
très près de la queue du volume, il place l'une des 
pointes du compas sur l'arête vive du carton, contre 
l'ongle qui lui sert de point d'appui, et il marque un 
point sur le devant du carton près de la queue. Nous 
spécifions qu'il faut placer les pointes du compas, 
assez près de la tête et de la queue du volume, pour 
trois motifs : i® c'est qu'à cette place on se rend plus 
facilement compte si la pointure faite sur le devant se 
rapporte exactement à la proportion des chasses de tête 
et de queue; a® c'est qu'il faut prendre garde de placer 
les deux pointes du compas bien en face l'une de l'autre, 
et qu'à ces places le bord du carton sert de guide pour 
conserver la ligne droite, et 3<> c'est qu'au rabaissage à 
la cisaille, les pointures faites près des bords du carton 
servent de point de repère pour l'ajuster à la lame infé- 
rieure de la machine. 

BOSQUET » RELIURE 9 



146 CUIDB MANUEL DE L'OUVRIER RBLiBuII 

Les poiatures étant faites, l'ouvrier place le volume 
 plat sur la table, le dos à sa droite, il ouvre le carton 
et il le rabat sur Vais ou sur le zioc à rabaisser, haussé 
à l'épaisseur du volume. Il place la régie sur les poin- 
tures et il coupe le carton. Le système des poiatures a 
l'avantage de permettre à l'ouvrier de se rendre compte 
en pressant le carton bien au fond du mors, et avant de 
couper les cartons, si la rognure de la gouttière est 



Fig. 38, — Cisïille i conper les cartooi. 

d'une rectitude parfaite, non pas qne nous cooseilloas 
de rattrapper sur les cartons les différences qui pour- 
raient se produire à cette place, mais au moins d'atlé* 
ouer plus ou moins le mauvais effet que produiraient 
des chasses irrégulières, en corrigeant les défauts de la 
rognure. 

Le rabaissage peut également se faire à la cisaille. 



etiDfi MÀNU£L DB l'OUYRISR RELIBtA 14? 

Nous veDODs de décrire la manière de faire lea poin- 
tures. Celles-ci étant faites, Touvrier place le volume 
sur la cisaille ; il le saisit du côté de la g'outtière. à l'ex- 
ception du carton inférieur^ qu'il fait passer sous le 
pressoir de la machine, et qu'il ajuste avec la main g'au'* 
che à la lame inférieure. Il serre alors le pressoir avec 
le pied, il abaisse la lame avec la main droite' et tranche 
le carton ; puis il en fait autant de Tautre côté, en ayant 
soin de presser suffisamment la lame pour que la coupe 
soit bien nette. S'il a plusieurs volumes du même for- 
mat, il ne pointe que le premier carton, qu'il retourne 
une fois coupé> en plaçant la partie coupée à fleur de la 
lame inférieure ; il avance alors l'équerre contre le car- 
ton du côté du mors, il serre la vis de l'équerre et il 
retourne le volume pour ajuster le second carton contre 
l'équerre, il serre le pressoir et il franche le second car- 
ton* Cette mesure lui sert à rabaisser tous les volumes 
du même format. 

Mais le rabaissante par excellence est celui qu'on exé'* 
cute au moyen de la presse à rog'ner. Ce système est 
préférable à tout autre à cause de la netteté et de la préci* 
sion de la coupe, que l'on exécute plus rapidement 
qu'au couteau à rabaisser, en s'y prenant de la manière 
suivante. L'ouvrier, ayant marqué ses pointures à l'iu" 
térieur et s' étant assuré si le volume est bien rogné, 
reporte, au moyen du compas^ les mêmes pointures à 
l'extérieur des cartons, il place alors un ais à rogner 
entre le volume et le premier carton ^ il descend le vo- 
lume dans la presse et il le maintient avec la main gB.n^ 
chcy pendant qu'avec la main droite qu'il passe sous la 
presse, il tient le volume par le dos pour ajuster les 
pointures au niveau de la presse, puis il la serre et, au 
moyen de couteaux dont la pointe est un peu fatiguée^ 
il rogne le carton* Il retire alors le volume de la presse^ 



448 GtIDE MANUEL DE l'ouvRIER RELIEUR 

il le retourne et il place Tais derrière le second carton 
pour lui faire subir la même opération. 

On peut également ajuster les cartons sur les poin- 
tures intérieures, mais ce système a pour inconvénient 
d'obliger l'opérateur à tenir le volume ouvert sous la 
presse, et aussi à le faire soutenir par un tiers ou à 
placer un Support sous le volume. Pendant ce temps, 
les ficelles sont plus ou moins tiraillées, et on fatique 
leurs attaches au premier et au dernier cahier. C'est 
pour ces motifs que nous préférons le premier moyen . 

De l'ebarbage. — Si la rognure, comme nous le di- 
sions ci-dessus, consiste à enlever une partie des mar- 
ges d'un livre pour en égaliser les tranches ; Vébar- 
bage consiste à régulariser les marges d'un livre en les 
conservant dans leur intégrité . 

On désigne généralement sous le nom de marges les 
blancs de la feuille d'un livre qui se trouvent en de- 
hors du cadre de l'impression ; il en est de même des 
estampes, etc. Les dimensions des marges n'ayant au- 
cune règle fixe, ce sont les imprimeurs d'accord avec 
les éditeurs, qui en établissent les proportions plus ou 
moins limitées par les formats de papiers en usage ou 
spécialement aflectés à l'impression d'un livre quel- 
conque. 

Les marques sont réelles ou fictives, selon le plus ou 
moins de soins ou de précision qu'on aura apporté dans 
le partage de la feuille lors de l'imposition des pages 
dont le livre est composé. 

On entend par marges réelles celles qui, (une feuille 
de livre étant correctement pliée selon l'imposition typo- 
graphique, etc. ; pour en former un cahier) se renfer- 
ment dans les plis, soit du côté du dos, soit en tête, et 
surtout sur le devant du cahier plié. 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 149 

Exemple : Dans un cahier in-8** composée de huit 
feuillets ou i6 pagres, les blancs en marg'e des quatre 
premiers feuillets ou pagpes i à 8 sont nettement délimités 
par les plis formés dans la partie centrale de la feuille, 
tant sur le devant que du côté ou dos et en tête, ce qui 
dépasse ces plis sur le devant aux pagres 9 à i6 ne sont 
que marg'es factices ou fausses marg-es. En ce qui con- 
cerne le bas du cahier, ce sont les quatre feuillets les 
plus courts qui servent de base ; on considère ce qui les 
dépasse comme fausses marges. 

Les marg'es réelles sont précieuses pour les amateurs 
de livres, le relieur chargée de les habiller doit avoir 
soin de les conserver intactes et ne peut prendre que 
sur les marg'es fictives ou fausses marg'es ce qui est 
strictement nécessaire pour rég-ulariser les tranches. 

Il est pourtant certaines exceptions à cette dernière 
régule ; celles où les marges fictives sont en trop grandes 
disproportions avec les marges réelles ou corps du 
volume. Il est des livres, dont les marges fictives attei- 
gnes parfois de telles proportions, qu'elles constituent 
de réelles anomalies dont les causes une fois connues 
et du reste faciles à apprécier font, que le livre même, 
à tout à gagner à ce quelles disparaissent : tout au 
moins à ce qu*elles soient ramenées à des proportions . 
normales. 

Est-il rien d'anormal comme de voir un livre dont 
une moite des pages présentent à la vue des marges de 
3 à 4 centimètres et l'autre moitié ayant une largeur 
double des premières, parfois même d'avantage. Ces 
marges réellement fictives, résultat de vices d'imposi- 
tion ou manque de tact de la part de l'imprimeur, ne 
sont de plus qu'un trompe-l'œil absolument préjudi- 
ciable au livre. Elles résultent parfois d'économies mal 
entendues de la part de certains éditeurs qui, tout en 



450 GUIDB MANUBL DB L*OUVRIBR ULTIUR 

publiant un livre plug ou moins artistique, imprimé 
sur papier ordinaire, de proportions restreintes, en 
font imprimer un certain nombre d'exemplaires sur 
papier de luxe en plus §prand format. 

Si l'imposition établie tout d'abord d'après les dimen- 
sions normales, voulues pour le premier : reste la même 
pour l'impression sur grand papier : les marges réelles, 
celles des pages i à 8, seront de tous points semblables 
pour les deux genres. Elles paraîtront d'autant plus 
étriquées pour l'édition de luxe, que les marges débor^ 
dant sur le devant et en queue ; les pages 9 à i6 auront 
plus d'étendue, partant moins de rapports avec les 
marges du dos et de la tête, invariables si Pimposition 
est restée la même. 

Ces livres, aux formes bizarres se rencontrent assea 
fréquemment dans le commerce de la librairie. Les 
vrais amateurs, les connaisseurs n'y attachent aucune 
importance, et quand ils jugent à propos de leur faire 
appliquer une reliure quelconque, ils ont grand soin 
de faire supprimer, en partie, ces marges fictives qui 
ne permettent pas de donner à la reliure une forme 
Qonvenable. 

Il convient néanmoins dans ce cas> de ne pas ébarber 
trop près des feuillets constituant les marges véritables; 
le bon goût de l'amateur et du relieur décidera des pro* 
portions à conserver, et cela relativement au format du 
volume qui se trouvera dans ce cas. 

Maniera d'ébarber. — L'ébarbage d'un livre se fait 
avant la couture, immédiatement après le battage, ou 
la mise en presse qui suit la préparation à la couture, et 
alors que toutes les planches et cartes ont été mises en 
place. Si Pouvrier peut disposer d'une petite cisaille à 
pQuper la carte (de préférepce celle n^unie 4'un cpnï- 



GDIDR MANUEL DE L OUVRIER 



presseur) son travail pourra se faire rapidement et avec 
Facilité. Après avoir battu le volume sur le dos et en 



Fig. 39. — CissiMe k couper la carie et à ébarber, 

tête, il le place à plat sur la table et marque d'abord en 
tête d'uQ petit trait au crayon le cahier qu'il choisit 
comme type de coupe pour le devant, puis il en fait 
autant au bas du dos pour la queue, à la place qu'il 
veut couper ; puis, prenant un compas et un carton de 
force moyenne, il le coupe bien d'équerre au format 
qu'il se propose de donner au volume, d'après les 
marques qu'il vient de faire au bas du dos et en télé. 
Cela fait, il place le carton au milieu du volume qu'il 
bat de nouveau sur le dos et en tête, et s'assure s'il a 
biei) établi ses dimensions, et dans l 'affirmative, il n'a 



152 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

plus qu'à utiliser les mesures qu'il a déjà établies sur 
la cisaille, en coupant le carton, c'est-à-dire au centre 
pour le devant et au bas pour la queue, et ébarber un 
cahier à la fois ou deux tout au plus si les cahiers sont 
minces, en serrant bien la lame de la cisaille pour qu'il 
n'y ait pas de bavures. 

Si l'ouvrier n'a pas de cisaille à sa disposition, ou 
que le tranchant de la lame ne soit pas assez vif, il se 
sert du carton coupé qu'il place alternativement sur 
chaque cahier bien à fleur du dos et de la tête, et se 
plaçant au coin d'une table il enlève au moyen de 
longs ciseaux les barbes qui dépassent le carton, d'abord 
en queue, puis sur le devant et ainsi des autres cahiers 
en traitant chacun isolément. Le carton qui sert de 
guide à la coupe doit être bien maintenu, il est même 
prudent de le charger d'un poids et de ne laisser dépas- 
ser du coin de la table que ce qui est strictement néces- 
saire au fonctionnement des ciseaux. 

On peut également ébarber à la pointe sur une feuille 
de zinc, mais cette méthode n'est pas sans danger, les 
barbes n'étant pas suffisamment comprimées à cause 
des feuilles plus courtes; néanmoins, en plaçant une 
règle en fera fleur du carton et avec un peu d'adresse, 
on peut s'en tirer et gagner un peu de temps. 

Le volume étant ébarbé, l'ouvrier procède à l'opéra- 
tion du grecquage et au collationnement, et le remet 
à la couturière. 

L'endossure d'un volume ébarbé ne diffère de l'eu- 
dossure d'un volume ordinaire, que par l'application 
des cartons qu'il faut rogner à l'avance, au moins en 
queue, biend'équerre avec la partie déjà rognée du côté 
du mors, on les ajuste en queue de façon à laisser 
dépasser le nécessaire pour les chasses. 

Le volume étant arrivé à la rogaure, l'ouvrier pro- 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 153 

cède à cette opération avec Jes précautions usitées pour 
les volumes avec planches, c'est-à-dire que pour le 
rogner en léte, il place des petites cales entre les bouts 
de feuilles qui dépassent du côté de la gouttière. Il 
seire un peu plus fortement la presse de ce côté, et il a 
soin d'employer un couteau fraîchement affilé, en ayant 
soin d'avancer très peu à la fois et de n'exercer la coupe 
qu'au retour, ce qui pour le cas ne saurait se faire 
autrement, sans arracher les coins de la gouttière. Le 
volume étant rogné, l'ouvrier laisse les cales en place ; 
on les conserve pour faire la tranche. Il est entendu 
que les cales ne sont nécessaires, que dans le cas où la 
fausse marge dépasserait dans une certaine proportion. 
Si l'ébarbage à pu se faire assez près des marges, les 
cales sont inutiles et même ne tiendraient pas ; il suffit 
alors d'exercer la coupe avec précaution pour réussir 
parfaitement. 

La tranche supérieure étant rognée, il s'agit d'éga- 
liser à la lime la gouttière et la queue. L'ouvrier com- 
mence par faire remonter les cartons vers la tête, en 
ayant soin de les placer au moins un millimètre plus 
bas que les tranches ébarbées, puis il place le volume 
entre deux ais plats en ayant soin de le faire dépasser 
de un centimètre environ, puis il saisit le* volume avec 
les ais, et il le descend dans la presse de façon à ne 
comprimer que les deux tiers, laissant dépasser le reste, 
et il serre la presse. Puis prenant une lime à bois 
ordinaire, il la pose à plat sur la tranche, et, en pesant 
avec les deux mains, il égalise proprement toute la sur- 
face, en ayant soin de ménager les angles formés par le 
creux de la gouttière. Pour finir, et afin d'enlever les 
marques produites par la lime, il passe celle-ci deux ou 
trois fois en longueur, c'est-à-dire dans le sens des 
feuilles, et ^près ^voir retiré le volunie de la presse, il 

9, 



154 GUIDE MANUEL DE l'oUVRISR RELIEUR 

le pose à plat sur celle-ci, enlève un ais et après avoir 
soulevé le carton, il pose la main gpauche à plat sur le 
volume du côté de la tète, et avec la main droite il fait 
mouvoir les feuilles du côté de la queue pour en chas* 
ser la poussière, produite par l'action de la lime. 

Avant de procéder à la même opération sur la gout- 
tière, Touvrier s'assure s'il reste des feuilles de la 
marge, qui n'ont pas été ouvertes, et dans ce cas il 
prend un plioir assez long et très affilé, avec lequel il 
fend toutes les feuilles encore fermées. Nous recom- 
mandons que le plioir soit long, afin d'éviter de s'y 
reprendre en plusieurs fois, et qu'il soit bien affilé, afia 
que les coupes se fassent sans bavures. 

Pour éviter d'endommager l'endossure, ce qui arri*- 
verait infailliblement si pour couper les feuilles on 
ouvrait le volume à plat aux endroits à couper, Tou- 
vrier a soin de lier le volume vers le dos, au moyen 
d'un ruban de 2 à 3 mètres de long selon le format. 
Pour cela il place le volume au bord de la presse, le 
dos vers lui, et soulevant le carton de devantqu'il laisse 
pendre, il fait plusieurs tours avec le ruban sans s'écar-^ 
ter du mors, liant en même temps le carton de derrière 
au volume, cela fait et le ruban attaché, il fait pivoter 
le volume de façon à ce que la gouttière se présente à 
sa droite. Alors avec la main gauche il soulève la pre» 
mière feuille, puis avec la main droite armée du plioir 
il fend la feuille avec précaution et si possible d'un seul 
trait, puis il passe à la seconde feuille et ainsi de suite. 

Si le volume est gros, il sera plus facile à l'ouvrier 
de faire l'opération en deux fois^ pour cela il lie le 
volume sans le carton et, après avoir coupé les feuilles 
du commencement jusqu'au milieu, il retourne le 
volume et en fait autant de ce côté jusqu'à ce qu'il ait 
rejoint l'endroit où il s'était arrêté. 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIBR RELIEUR 155 

Après avoir délié le volume, l'ouvrier procède comme 
pour larog-nure de la g-outtière, il place le volume entre 
les deux ais en biais, qu'il descend cette fois de 5 à 
6 millimètres plus bas que le niveau de la tranche, il 
berce le volume jusqu'à ce que la tranche soit bien à 
plat, et il le place dans la presse, de façon à ce que les 
ais dépassent de 2 à 3 centimètres les jumelles de la 
presse, qu'il seire modérément. Alors prenant la lime, 
il égalise et approprie la gouttière comme il l'a fait en 
queue, puis il retire le volume de la presse pour chasser 
la poussière que l'action de la lime a introduit entre les 
feuilles, puis il referme le volume en redressant le dos 
à l'aide du marteau, ce qui termine l'opération. 

On peut ég-alement fendre les feuilles avant la cou- 
ture, mais, dans ce cas, il faut commencer par les fen- 
dre en tête ; nous répugnons à recommander cette 
méthode, qui peut causer du dérangement au repliage 
ou à l'agencement des feuilles. Tout dérangement peut 
être évité en fendant les feuilles immédiatement après 
la couture, et pour éviter de le fendre en tête se servir 
d'un plioir taillé en pointe avec lequel il est possible 
de fendre la feuille, jusqu'au fond du pli en tête. 

JASPURE ET COLORIAGE DES TRANCHES 

Bien que le travail de la Tranche, constitue un art à 
part et s'exerce assez généralement en dehors des ate- 
liers de reliure et ce par des spécialistes plus ou moins 
attitrés (i), nous devons ici une mention au travail 
sommaire de la tranche : Jaspure ainsi que certains 

(i) Dans la seconde partie du présent ouvrage, intitulé ; 
Guide théorique et pratique de Vouvrier doreur sur cuir, etc. etc. : 
nous avons consacrés des chapitres spéciaux aux diverses par 
des ou arts relatifs aux tranches de livres. 



i56 GUIDE MANUEL DE l'OUVRIER RELIEUR 

coloriag'es : que le relieur est appelé journellement à 
appliquer lui-même. 

Pour le coloriage des tranches soit unies ou jaspées, 
on emploie un certain nombre de couleurs, selon Tim- 
portance des sujets à traiter. Le relieur trouve dans les 
préparations d'aniline les nuances désirables et à bas 
prix, mais ces couleurs très pénétrantes exigent cer- 
taines précautions surtout quand il s'agit de les appli- 
quer sur des papiers non collés. Il est alors utile et même 
en général quand il s'agit de coloriages unis de mettre 
les volumes en presse et de gratter la surface des tran- 
ches comme pour la dorure, tout au moins de les frotter 
au papier de verre fin ; sans ces précautions, il ne 
serait pas possible d'obtenir des nuances uniformes. 

En dehors des préparations d'aniline les relieurs 
emploient surtout les couleurs suivantes. 

Pour le Rouge : le vermillon carminé, le vermillon 
de Chine et la Garance. 

Pour le Bleu : le bleu de Berlin, d'indigo et d'outre- 
mer. 

Pour le Jaune . Le jaune de chrome, le jaune royal, 
ou le stil de grain quand il s'agit d'imitier les ancien- 
nes tranches. 

Pour le Violet : mélange de rouge d'Angleterre et de 
bleu d'outre-mer. 

Pour le Vert : mélange de bleu d'outre-mer et de 
jaune royal,* ou de gomme gutte. 

Toutes ces couleurs se broient sur un porphyre avec 
une molette, ou plus simplement dans un mortier avec 
un pilon en faïence ou en verre. Les couleurs étant 
broyées à sec, on y ajoute autant de colle de farine ou 
d'amidon, non en poids mais en volume, et plutôt 
plus que moins. On broie jusqu'à ce que le mélange 
poit parfait, puis o^ ajoqtç la quantité d'ec^u i^éçcssfiire 



GUIDE MANUEL DE l'OUVRIER RELIEUR 157 

selon les nuances que Ton veut obtenir, ou Tusage que 
Ton veut en faire. Certaines couleurs, telles que le ver- 
millon, étant un peu lentes à se dissoudre, on active la 
dissolution au moyen de quelques gcouttes d'alcool, 
avec lequel on broie la couleur avant tout autre mé- 
lange. 

Il nous reste à citer la couleur la plus employée pour 
la jaspure, celle servant uniquement à cet usage, la 
terre-d*ombre, que Ton prépare comme nous Tavons 
indiqué pour les autres couleurs, en ayant soin, outre 
la quantité' de colle de pâte voulue, d'ajouter quelques 
fines rognures de savon de Marseille, ce qui facilite 
sensiblement son application. Ces quelques rognures 
de savon viennent en aide à l'application des autres 
couleurs et facilitent aussi le brunissage, s'il y a lieu. 

Les préparations relatives aux couleurs étant faites, 
on les conserve dans des vases clos jusqu'au moment 
de s'en servir ; il faut pourtants e garder de les pré- 
parer longtemps à l'avance, il est même préférable de 
ne faire ces préparations qu'au fur et à mesure des 
besoins, ou pour une dizaine de jours au plus. 

On fabrique de nos jours des encres à jasper, que 
l'on trouve dans le commerce en diverses nuances ; elles 
sont d'un emploi excellent et se conservent fort long- 
temps. 

Hanière de colorier les tranches. — Pour obtenir un 

coloriage parfait, il est indispensable de mettre les 
volumes en presse entre des ais biaises, et de gratter 
les tranches comme s'il s'agissait de les dorer, ou tout au 
moins de les passer au papier de verre, pour faire dis- 
paraître les rugosités ; si pourtant le travail était trop 
peu payé, on se contenterait de mettre le volume entre 
dçux ais dfins une pressç à main. Q\i s'il ^ çn avait ur^ 






158 GUIDE MANUBt DE l'oUVRIER RELIEUR 

certain nombre, en une pile, avec un ais en biais de 
chaque côté. Dans ce dernier cas, voici comment on 
procède : l'ouvrier place à plat sur une table bien unie 




Fig. 4o. — Presse à main. 

une presse à main, les jumelles en travers et les écrous 
débordant la table, il prend autant de volumes que la 
presse peut en contenir, et il les place entre les deux 
jumelles, les g-outtières du côté de la table ; puis il 
prend deux ais en biais et il en place un de chaque 
côté de la pile, contre les jumelles de la presse qu'il 
serre ensuite fortement, puis il la retourne et il la penche 
légèrement en avant de façon à la dominer, et de telle 
sortequeles volumes se présentent en travers devant lui; 
alors, avec un pinceau en soies de porc, qu'il a trempé 
dans la couleur préparée et qu'il essuie sur le bord du 
vase, il passe la couleur en commençant par le milieu 
de la tranche, en appliquant de gauche à droite et de 
droite à gauche, tout en relevant légèrement le pinceau 
àtshaque extrémité pour éviter d'amasser la couleur à 
ces places^ ce qu'il doit égalei?)en|;év|ter yers lesbordi?. 



GUIDB MANUBL DE t'oUVRIBR RELIEUR 159 

Tout dépôt de couleur devant faire un effet désagréable 
à la vue, et s*écailler en séchant, il a soin de tenir la 
couche à Tétat liquide sur toute la surface de la tran* 
che pendant l'opération, qu'il termine à longs traits 
pour que la répartition soit égale partout ; il laisse les 
volumes en presse pour sécher ; puis^ au moyen d*une 
bros/ie saturée de cire, il frotte vivement pour upir la 
couleur et lui donner un certain brillant. 

Il retourne ensuite la presse sur la table, il en retire 
les volumes dont il détache les cartons sur le devant, 
pour les égaliser en tète, puis il remet les volumes en 
presse, avec des ais plus larges, en égalisant le tout 
sur la table de façon à ce que les tôtes de volumes 
prennent la place des gouttières ; il serre la presse, 
puis il la retourne, et il la place comme il faut devant 
lui. Alors, saisissant le pinceau, il passe la couleur sur 
la tranche du premier volume, en commençant par le 
milieuallant vers la gouttière d'un côté et vers le dos 
de l'autre, tout en évitant d'amasser la couleur aux 
extrémités surtout du côté de le gouttière, pour les 
motifs indiqués ci^dessus ; puis il passe au second 
volume et ainsi de suite. La couche étant terminée, il 
laisse sécher et s'assure si la nuance est bien conforme 
à celle du devant ; cela étant, il brosse à fond dans le 
sens de chaque volume, puis, retournant la presse qu'il 
desserre, il retire les volumes en détachant les cartons 
qu'il égalise cette fois en queue, sur laquelle il fait la 
même opération. 

Si l'on avait à colorier un certain nombre de volu- 
mes, on prendrait plusieurs presses, afin que les uns 
puissent sécher pendant que l'on s'occuperait des autres. 
De môme si l'oii n'avait qu'un volume on pourrait se 
servir de la presse à rogner en ayant soin de ne pas la 
Jifirbouiller. 



160 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

Tranches jaspées. — On entend par tranches jaspées, 
celles sur lesquelles on a semé une infinité de points 
d'une couleur quelconque afin de rompre runiformité 
des tranches, qui après la rog'nure sont d'un blanc plus 
ou moins uni. Mais on pratique surtout ce genre de 
coloriage en vue de permettre le feuilletage des livres 
sans que les tranches en soient trop rapidement macu- 
lées. La jaspure ne s*applique généralement que sur 
des livres usuels, ou sur des reliures à bon marché, il 
y a pourtant quelques exceptions que nous ferons con- 
naître dans le cours de cette notice. 

On ne jaspe guère que sur le blanc, ou sur une cou- 
leur plus claire que celle que Ton emploie pour la jas- 
pure, on peut jasper en plusieurs couleurs sur la même 
tranche, c'est-à-dire qu'après avoir jaspé en rouge sur 
la tranche blanche, on peut aussi jasper en bleu. Ce 
qui donne un fond blanc avec points rouges et bleus, 
de même on peut sur un fond jaune très clair jasper 
en rouge, puis en brun à la terre d'ombre. On peut 
modifier la forme àTinfini selon la fantaisie ou le goût 
de chacun. La jaspure la plus communément employée 
à notre époque se fait au moyen de la terre d'ombre 
sur la tranche blanche. 

De la jaspure. — Pour jasper on peut avoir recours 
à plusieurs procédés, mais presque tous ont été aban- 
donnés pour céder la place au système du grillage ; 
nous nous bornerons à décrire celui ci. 

L'outillage pour la jaspure consiste: i® en une grille 
à mailles fines en fils de laiton, tendus sur un châssis 
rectangulaire en fer, muni d'un manche sur un des côtés, 
et dont le poids est assez léger, pour qu'on puisse le 
manier sans fatigue avec une seule main ; 2** en une 
brosse, Qn cq f^it 4e plusieurs formes, m^is ce qu'il y 






GUIDE MANVEL »B L OUVRIER RELIEUR 161 

a de plus pratique est une bonne brosse à cirer les sou- 
liers dont les soies douces et touffues, permettent de jas- 



GRILLE A JASPER 

Fig. 4-. 

per CD g^outtes très fines. Il faut avoir soin de ne pas 
laisser durcir les soies par la conleur et de les détrem- 
per à l'eau frafche avant de s'en servir; il faut une brosse 
pour chaque couleur. 3" Un plat en faïence ou en métal, 
assez lar^e pour permettre après un mélange parfait, 
de reporter la masse de couleur sur l'un des cAtés, puis 
en penchant lég'érement le plat d'amener de l'autre la 
partie liquide. 4° Deux billots en bois lourd de forme 
cubique, dont les dimensions se rapportent plus ou 
moins aux formats des livres à jasper et servent à les 
maintenir debout. On les recouvre de papier solide au 
moyen de collag'es qui n'adhèrent pas an bois et on 
renouvelle l'enveloppe de temps en temps. 

L'outillag'e et la conleur étant préparés, l'ouvrier 
place un certain nombre de volumes debout au bord 
de la table, les tranches de tète en haut et les dos vers 
lui, il place également un billot de chaque câté de la 
rangée de volumes, pour les maintenir en les compri- 
mant le plus possible. Alors, avec la main droite il sai- 
sit la brosse et en trempe lè§^èrement la surface dans 
la couleur, dont il imprègne suffisamment les soies, 
mais de façon à ce qu'il ne s'y attache que très peu de 
couleur (il est même prudent de se servir d'un petit 



162 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

pinceau, que Ton trempe dans la couleur pour en satu« 
per les soies de la brosse), puis avec la main gauche il 
tient la grille au-dessus d'un papier blanc et fait quel- 
ques passes d'essai, jusqu'à ce que le résultat réponde 
à son attente, et certain du résultat il opère sur les tran- 
ches des volumes en commençant par la gauche. Tout en 
faisant tournoyer les soies de la brosse sur le grillag-e, 
en appuyant très légèrement pour commencer ; il a soin 
de répartir exactement la couleur, qui par l'action du 
brossage doit tomber en poussière très fine, puis à 
mesure qu'il avance vers la droite, il accentue le mouve- 
ment, en appuyant davantage au fur et à mesure que la 
couleur se perd. Arrivé au bout, il revient vers la gau- 
che pour que la répartition soit tout à fait parfaite. 

Les tranches supérieures étant jaspées, l'ouvrier dé- 
pose grillage et brosse et couche les volumes sur le 
dos pour jasper la gouttière, il sature à nouveau les 
soies de la brosse avec la même quantité de couleur; et 
reprenant le grillage qu'il présente au dessus des volu- 
mes, tout en avançant de gauche à droite, il lui imprime 
un mouvement de va-et-vient pour faciliter la réparti- 
tion de la couleur dans le creux de la gouttière. Puis 
après ;s'ôtre assuré que les deux tranches sont sembla- 
bles, il relève les volumes de façon à pouvoir jasper 
les tranches en queue. 

Ce dernier côté achevé, et s'il n'a dû employer qu'une 
couleur, l'opération est terminée. 

Dans le cas où on se proposerait de jasper en deux 
couleurs, il faut prendre soin de commencer par la 
nuance la plus claire, et de teindre d'abord les trois 
tranches. avec la première couleur, pour mieux s'assu- 
rer si la répartition est égale de trois côtés. 

Voici un autre procédé de jaspure connu en Angle- 
terre soi^s le i^om de marbrure au riz (Hice Mc^rblé), 



omm ifAirTOi< vu l'ouvrihk helibcr 163 

Cegenv^ de tranches tient le milieu entre la marbrure 
et la jaspure. Il se fait en toutes couleurs sur tranches 
blanches. Les Anglais emploient des grains de riz, qu'ils 
sèment sur tranches de volumes qu'ils ont au préalable 
0)19 en presse, puis ils jaspent à grosses gouttes une 
oeuleur quelconque par-dessus, ils retournent ensuite 
la presse pour faire tomber les grains de riz qui, ayant 
servi d'intermédiaire entre les tranches et la couleur 
employée, laissent autant de places blanches qui ont 
plus ou moins la forme de ces grains. 

Les tranches ainsi faites ont un aspect assez baroque, 
i} vaut mieux remplacer le riz par le son, et^ ce qui 
est encore préférable, par la sciure de bois, à l'aide 
de laquelle la couleur est mieux répartie ; par ce moyen 
QO donne aux tranches un aspect plus agréable. Le ton 
du coloriage dépend du plus ou moins de sciure em< 
ployée, qu'il faut semer uniformément à l'aide d'un 
petit tamis à grosses mailles. Il faut pour ce genre de 
tranches que, contrairement à la jaspure, la couleur 
tombe non pas en poussière plus ou moins fine, mais 
sous forme de pluie légère et serrée; la couleur étant 
parfaitement sèche, on brosse la surface des tranches 
sur lesquelles on passe ensuite, un chiffon nature de 
cire, et on les brunit comme la marbrure» 

On jaspe aussi en or sur tranches blanches ou sur 
n'importe qu'elle couleur. Mais l'or a besoin d'un in** 
termédiaire pour adhérer aux tranches ainsi que sur la 
peau. Le meilleur moyen de réussir cette opération est 
de jasper d'abord du blanc d'œuf, tel qu'il est préparé 
pour leglairage du veau ou de la basane. Il faut avant 
de procéder à l'opération de la jaspure du blanc d'œuf, 
étendre un peu d'huile sur un papier collé ou sur un 
marbrei sur lequel on frotte ensuite la brosse, qui sans 
cette précautio.n ferait mQUssçr le M^nc d'opuf en le 



164 GUIDE MANUEL DE L*OUVRIER RELIEUR 

frottant sur le grillage. Par ce moyen le blanc d'œuf 
tombe sar les tranches en gouttes limpides ; puis on 
fait tomber immédiatement de Tor ou du bronze en 
poudre par dessus. L'or s'attache partout où il y a du 
blanc d*œuf : on laisse bien sécher et on essuie, d'abord 
à l'aide d'une brosse très douce, ensuite avec un linge 
fin d'abord à sec, puis avec un linge saturé de cire ce 
qui permet de brunir les tranches. 

TRANGHEFILURE ET GOMETAGE 

La tranchefile est une sorte de broderie en fils de 
soie^ de lin ou de coton, que les relieurs fabriquent en 
les rattachant aux deux extrémités d u dos, en tète et en 
queue du volume, pour faire corps avec la tranche, et 
donner à cette partie du volume la solidité et une forme 
gracieuse inséparables d'une reliure soignée. 

Les anciens relieurs attachaient une grande impor- 
tance à la tranchefile à laquelle ils s'efforçaient de don- 
ner une grande solidité. Ils les fabriquaient sur nerfs 
de bœuf, ou sur du cuir doublé qu'ils entouraient de 
fines lanières de cuir ou de vélin entrelacées, dont ils 
fixaient les extrémités sur le dos, et parfois même aux 
cartons du volume. Cette partie de la reliure est en 
effet la plus délicate et celle qui supporte le plus de 
fatigue, tant au repos que pendant la manipulation du 
livre ; elle sert de liaison et a pour but de combler le 
vide entre les cartons ; elle est en même temps l'assise 
par excellence, sur laquelle on couche la peau pour 
former la coiffe, celle-ci motivée non seulement comme 
principal ornement de la couvrure, mais surtout comme 
partie essentielle de la reliure. 

La tranchefile sert de trait d'union entre les cartons 
du volume, en prenant le contour du dos. Elle doit être 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 165 

un peu moins élevée que les chasses, en prenant pour 
base l'épaisseur du rempliage de la peau, afin que la 
coi£Fe ne dépasse pas les chasses, ce qui ferait mauvais 
effet et l'exposerait à une déformation même à une 
destruction rapide ; le contraire donnerait à cette partie 
de la reliure un aspect difforme. Il faut que la tran- 
chefile soit appropriée de telle sorte que la coiffe fasse 
corps avec les angles des cartons, présentant partout la 
même surface. On prend le plus souvent deux nuances 
de soie bien tranchées pour tranchefiler. 

Les tranchefiles se font ordinairement selon le sujet 
du livre, ou selon le goût de l'opérateur. On peut les 
former d'une seule, comme de quatre nuances différen- 
tes. On les fait en soie tordue ou en soie plate ; il n'y a 
pas pour cela de règle fixe. Leur épaisseur varie selon 
le format ou l'épaisseur du livre. On prend pour le 
corps de la tranchefile de la carte végétale blanche, qui, 
tout en étant très résistante, se plie sans cassures . De 
même, ce qui est préférable, on colle de la peau de 
velin ou de parchemin dos à dos ou sur du papier 
de bonne qualité, qu'on laisse bien sécher, et que Ton 
débite en bandes à la largeur voulue, soit à la pointe 
à couper, soit en petits paquets à la presse à rogner. 

Les tranchefiles se font sous trois formes différentes : 
simple, double et à chapiteau. Les dispositions à pren- 
dre sont les mêmes pour les trois genres : on place le 
volume dans une petite presse, qui n'est autre que celle 
dont se sert le doreur sur cuir à la main ; on en fabri- 
que de spéciales et de moindres dimensions. 

Traneheflle simple. — L'ouvrière prend le volume 
avec la main droite, du côté de la tranche de devant ou 
gouttière, elle appuie le dos sur la table de façon à 
l'aplatir très légèrement, et de lui enlever un peu de sa 



166 GVtDB HAtltlEL SE L OuVBiktl RBLtEVtt 

rigidité, et afin de lui permettre de passer l'ai^ilte 
dans les cahiers saas les déchirer. Elle place alors le 
volume en presse, mais à l'estrémité de celle-ci et en 



Fig. 41. — Petile presse A trtnchefilcr. 

dehors de la vis, pour ne comprimer que le devAnt du 
volume, qu'elle penche lÉgrèrement vers elle; puis, elle 
serre la vis de ce côté. Elle prend ensuite deux aî^nil- 
lées de fils de soie, l'une blanche, l'autre bleue ; elle les 
enfile toutes les deux dans de fortes aigniilles, puis elle 
pique la première dans le premier cahier à la gauche 
du volume, pour la faire sortir par le dos à quinze 
millimètres environ plus bas que la tranche, elle attire 
l'aig-uille A l'aide de la pince et attache bout à bout les 
deux fils de soie par un nœud de tisserand, qu'elle fait 
entrer dans le cahier. Elle fait alors un n<xud simple 
sur l'arête vive delà tranche, elle saisit ensuite la bande 
de cartet qu'elle entoure avec le fil blanc qu'elle ramène 
vers elle, elle passe alors le fil bleu par-dessus le fil 
blanc, elle le passe sous la carte qu'elle entoure en le 
ramenant vers elle, elle passe le fil blanc sur le bleu, 
elle le passe sous la carte et elle l'entoure de même, et 
ainsi de suite alternativement avec l'une ou l'antrv 
couleur. Le croisement se fait au bas de la carte, et 



GUIDE AlANtEL DS t'ouVAlBR llELIEtR 16? 

forme à cette place une chaînette qu'elle serre et couche 
sur la tranche, en se servant de Tongle du pouce g-au- 
che pour égaliser les points de la chaînette en les pres- 
sant sur la tranche. La face, le dos et le haut de la carte 
sont simplement entourés de fils de soie alternative- 
ment blancs ou bleus. De cinq en cinq cahiers, elle 
pique dans le volume, en descendant toujours à la 
même distance, pour rattacher la tranchefile au vo- 
lume ; chaque point d'attache, au lieu de passer sous 
la carte, passe dans un cahier du volume, et doit être 
ramené par-dessus la carte pour être croisé au bas de 
celle-ci par la couleur suivante. Arrivée au but, c'est-à- 
dire au bout du dos à droite, elle fait deux piqûres et 
elle rattache les fils sur le dos, ce qui termine Topé- 
ration de ce côté. Elle coupe alors ce qui dépasse de la 
carte, puis elle desserre la presse, et elle retourne le 
volume pour opérer de même de l'autre côté. 

Tranchefile double. — La tranchefile double diffère 
de la précédente en ce que la hauteur en est divisée en 
deux parties : celle du bas assez larg-e et sensiblement 
plus épaisse que la partie du haut, qui ne peut être 
qu'un petit cordonnet, auquel on donne la rigidité de 
la carte par un lég-er encollage, ou pour lequel on 
prend de la ficelle blanche cirée. 

L'ouvrière, ayant disposé le volume comme pour la 
tranchefile simple, attache la soie de même, elle prend 
alors la carte, puis le cordonnet qu'elle place parades- 
sus, elle passe la soie blanche sous la carte et la 
ramène vers elle en la passant entre les deux ; elle 
entoure alors le cordonnet en passant par-dessus, et en 
ramenant la soie entre les deux pour l'abaisser sur la 
tranche, puis elle saisit la soie bleue qu'elle passe au- 
dessus de la soie blanche, pour lui fs^ire parcourir le 



168 GUIDE MANUEL DE LOUVRIEÎl RELIEUR 

même chemin, et ainsi de suite, en alternant les deux 
couleurs comme elle la fait pour la tranchefile simple, 
et en rattachant la tranchefile au volume de cinq en 
cinq cahiers. L'opération se termine de même par deux 
piqûres à la droite du volume. L'essentiel est de bien 
croiser les fils de soie, qui ne peuvent s'entre-croiser 
qu'au bas de la tranchefile pour y former la chaînette, 
celle-ci doit pouvoir s'étaler avec netteté sur la tran- 
che, il faut surtout courber la carte et le cordonnet de 
façon à lui donner exactement le contour du dos. 

Tranchefile à chapiteau. — La tranchefile à chapiteau 
est une opération délicate, que peu d'ouvrières réussis- 
sent dans la perfection. 

Certains relieurs nomment tranchefile à chapiteau 
celle que nous venons de décrire sous le nom de tran- 
chefile double. On a pu voir qu'elle est composée de 
deux nervures, dont celle du bas, la plus forte, sert 
d'assise et supporte une nervure beaucoup plus fine, à 
laquelle on ne saurait qu'arbitrairement donner le 
nom de chapiteau et pour lequel le sujet lui-même fait 
défaut. Il faut trois nervures pour former une tranche- 
file à chapiteau, dont celle du bas, la plus forte, forme 
l'assise ou socle ; la seconde, très fine, figure le fût ou 
colonne, et la troisième, moins forte que celle du bas, 
mais sensiblement plus forte que la seconde, forme 
alors le chapiteau. Ce mot, étant un terme d'architec- 
ture, ne s'aurait s'appliquer avec raison si la base fait 
défaut, et c'est ici le cas. 

On emploie fréquemment trois nervures pour les 
tranchefiles de livres soignés. Ces trois nervures sont 
indispensables à celles dans lesquelles on brode des 
noms, des devises, des initiales, des croix et autres 
sujets. Voici comment se fait la tranchefile à chapiteau, 



GUIDE MANUEL DE LOUVRIEB RELIEUR 169 

en deux couleurs, l'une blanche et Tautre roug*e. L'ou- 
vrière ayant placé le volume dans la presse et attaché 
la soie, place les trois bandes superposées dans le sens 
que nous venons d'indiquer, elle passe la soie rouge 
sous la première et la ramène vers elle entre celle-ci e^ 
la seconde, sur le devant de laquelle elle passe la soie, 
puis elle entoure la troisième en ramenant la soie vers 
elle, pour la passer entre celle-ci et la seconde qu'elle 
entoure par derrière, en la ramenant vers elle entre la 
seconde et la première qui est celle du bas. Elle rabat 
la soie sur la tranche, puis elle passe la soie blanche 
par-dessus pour la maintenir et former la chaînette . 
Elle la passe sous la bande du bas, elle la ramène vers 
elle entre celle-ci et la seconde, puis elle la passe entre 
celle-ci et la troisième, qu'elle entoure en ramenant la 
soie vers elle et en la passant entre celle-ci et la seconde. 
Elle ramène la soie vers elle en passant entre la seconde 
et la première, puis elle rabat la soie sur la tranche et 
elle passe le fil rouge par-dessus, pour lui faire par- 
courir le même chemin d'enlacement, et ainsi de suite, 
en rattachant la tranchelile par des piqûres de cinq en 
cinq cahiers. Arrivée au bout du volume, elle rattache 
la «"oie comme aux tranchefiles simple et double. Elle 
coupe alors les nervures avec un couteau bien affilé, 
mais pas trop près afin d'éviter l'effilochage. La coupe 
finale devant se faire par l'ouvrier après avoir fixé la 
tranchefile à la colle, en préparant le volume pour la 
couvrure, 

Tranchefile à rubans. — La tranchefile à rubans n'est 
qu'une variété des trois genres dont nous venons de 
donner la description, c'est-à-dire qu'au lieu de placer 
alternativement un fil de chaque couleur, on en place 
un certain nombre de la même nuance jusqu'à une lar- 

BOSQUET — RELIURE 10 



ilO GtiDS MANtfiL DB L^OUVRIËtl REttËOIl 

g-ettr déterminée, pottl* reprendre avec une autre cou- 
leur en les alternant de distance en distance, au lieu de 
le faire fil par fil. On peut varier la forme à l'infini, en 
rubans largpes ou étroits, et même ne mettre que troift 
rubans sur toute la longueur de la trancbefile, qui 
peut aussi avoir trois couleurs. Il faut deux fils à 
cbaque couleur pour les tranebefiles à rubans, à cause 
de la chatnette ou point d'arréii le premier devant 
maintenir le second^ et ainsi de suite* Le i^enre ruban 
peut s'appliquer indifféremment à la trioichefile simple 
ou double, ou à chapiteau. 

L'outilla^ de la tranchejilease se compose de diveri 
accessoires. Outre la petite presse dont la forme est la 
même que celle dont se servent les doreurs à la mtin^ 
elle peut être plus petite et se placer au bord de la 
table, afin que Touvrière puisse être assise pendant 
l'opération. Mais^ pour cela, il faut qu'elle comprime 
le dos du volume le plus bas possible ; il lui faut un 
certain nombre d'aiguilles assez fortes^ ensuite une 
poucette, sorte de dé à coudre qu'elle place sur le 
pouce, afin de pouvoir pousser sur l'aig-uille pour per* 
cer les cahiers. Il lui faut aussi une petite pince plate, 
pour attirer l'aiguille à sa sortie du dos^ 

Nous avons indiqué la manière de former et de 
découper les bandes de carte. On en trouve de toutes 
faites^ mais elles sont généralement cassantes, et la 
plupart des relieurs préfèrent les fabriquer enjc^mèmeSé 
On se sert aussi de ficelles blanches de diverses épais- 
seurs, et parfois même de nerfs de bœuf ou cordes de 
violon , Il ne faut jamais couper les nervures de trop 
près, il est préférable de les laisser dépasser quelque 
peu pour les couper définitivement après la préparation 
à la couvrure. 



6UIDB MANUEL DB l'OUVRIER RELIEUR 171 

La tranchefilure au volume ne se fait g'énéralement 
qu'aux reliures soignées, et môme pour celles-«i chez la 
plupart des relieurs n'ayant pas de spécialistes dans 
leur personnel, il est fort souvent fait usag'e de tran- 
ohefile en bandes, fabriquées à la main, ou tissées à la 
machine ; ces imitations se fabriquent, en fils de soie 
ou de coton, rattachées à un ruban plus ou moins 
léguer pour en faciliter l'application au volume. Elles 
se vendent au métré ou à la pièce dans les magasins 
d'articles pour relieurs. 

Outre les tranchefiles en bandes et leurs imitations, 
les relieurs fabriquent eux:-*mèmes avec du coton à la 
pièce, connu dans le commerce sous le nom de mille<r 
raies, à cause du dessin qui n'est composé que de fines 
rayures droites, blanches et rouges ou blanches et 
bleues. Ils le découpent ou déchirent en bandes de 
a à 3 centimètres de large, qu'ils trempent à la colle de 
pâte, et sur lesquelles ils tendent ou une ficelle quand 
il s'agit d'emboîtages, ou une bandelette de carte, dont 
la largeur est proportionnée aux chasses des demi** 
reliures ordinaires. Ils remplient l'un des côtés delà 
bande, c'est-à-dire un tiers environ de sa largeur, sur 
la ficelle ou sur la bande de carte qui se trouvent ainsi 
enveloppées ; l'opérateur achève de les fixer à l'aide 
d'un plioir, en leur donnant le plus de relief possible, 
puis il laisse sécher. 

Ces bandes ainsi préparées présentent les filets du 
tissu en petites hachures verticales, et imitent plus ou 
moins les fils de soie ou de coton des tranchefiles. Le 
rempliage n'ayant pris que le tiers de la largeur de la 
bande, il reste un tiers environ qui n'est pas doublé, 
permettant de les fixer au volume avec plus de facilité. 
Cette imitation se fait en quantités considérables, pour 
}es reliures prdinaires et les emboîtages, on la désignç 



172 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

soas le nom de comète ! Son application au volume se 
nomme cométage ? Beaucoup de relieurs de Paris ont 
fini par confondre les deux sous la même dénomina- 
tion, et bien qu'il s'a^^isse d'une part, de tranchefiles en 
bandes, et de l'autre d'une bande de coton dans laquelle 
on a collé une ficelle, ou une bande de carte, fixer l'une 
ou l'autre au volume se nomme cométer. 

Malg'ré la modicité du prix des imitations de la tran- 
chefile, on relie souvent les volumes sans y placer Tune 
ou l'autre. Celle-ci, dans ce cas, sont remplacées par une 
nervure formée dans la coiffe, à l'aide d'une petite bande 
de carte ou de ficelle, et à laquelle on donne le nom de 
coiffe lyonnaise. 



PRÉPARATION A LA COUVRURE 



La préparation à la couvrure consiste ; à placer, s'il 
y a lieu, des sinets ou signets de soie au volume. — A 
enlever du côté du dos en tête et en queue un coin à 
chaque carton, tout en le taillant en biais proportion- 
nellement aux châssis et aux dimensions du volume. — 
A redresser le dos du volume plus ou moins déformé 
par les opérations précédentes. — A envelopper les 
tranches afin de les préserver des chocs et attouche- 
ments nuisibles à toutes tranches dorées ou coloriées. 
— A fixer à la colle et à approprier convenablement les 
tranchefiles au volume ; d'autre part à placer à celui-ci 
s'il y a lieu des tranchefiles imitation. — A g-arnir les 
dos au moyen de collages soit à la colle forte ou à la 
colle de pâte, de papier, de toile ou parchemin etc., et 
enfin à couper et fabriquer des faux-dos à nervures ou 
unis. 

Aux volumes dorés sur tranches ou finement colo- 
riées, l'ouvrier commence par s'assurer si les arêtes 



GUIDE MANUEL DE L*OUVRIBR RELIEUR 173 

vives des tranches du côté du dos en tête et en queue 
n'ont pas de bavures; il frotte ces parties du dos sur 
une surface un peu rugueuse, ce qu'il fait ordinaire- 
ment sur un zinc à rabaisser ayant déjà un peu servi. 
Il tient le volume avec les deux mains du côté de la gout- 
tière, et en le penchant légèrement du côté sur lequel il 
opère le frottement, puis il place les volumes debout 
sur la table la tête vers lui ; il coupe les signets à la 
longueur voulue, et avec le bout de l'index il applique 
au centre du dos près de la tranche, un peu de colle 
de pâte épaisse ou un peu de col[e forte claire ; il fixe 
les signets par-dessus au milieu du dos, puis il place 
le premier volume sur le dos en l'appuyant à droite 
contre un billot; il l'ouvre légèrement au milieu, et il 
le maintient avec la main gauche, pendant qu'avec la 
main droite, il introduit et couche le signet à l'inté- 
rieur en le repliant sur lui-même, afin qu'il ne dépasse 
pas les tranches du volume qu'il ferme, puis il opère de 
même aux volumes suivants, en les ouvrant très peu 
afin de ne pas déformer l'endossure. 

Les signets étant placés, il place Tun des volumes 
sur le bord de la table le dos vers lui, il ouvre le carton 
qu'il rabat sur le dos, il le soulève alors autant quele lui 
permettent les ficelles qui le retiennent, puis avec de 
fortis ciseaux il coupe les coins du côté du mors en tête 
et en queue. Ces coins se coupent carrément, c'est-à- 
dire que les proportions doivent être les mêmes du côté 
du mors que sur le haut ou le bas du volume ; la por- 
tion à enlever doit être égale à la hauteur des chasses qui 
ne doivent jamais être dépassées. Si le carton est un 
peu fort, il place le volume sur un ais le dos vers lui, 
il égalise le carton du bas, d'un côté à fleur de la tran- 
che, ce qui le fait dépasser de l'autre de la largeur de 
deux cbctases ; il prend alors uq ci^eai; de menuisier, 

io. 



174 GUIDB MANUEL DE l'oTJVRIBR RBLIBUH 

que tous les relieurs possèdent égfalement dans leur 
outillage, il en place le tranchant sur le coin dans les 
proportions indiquées ci-dessus, et il tranche le coin 
en pressant avec Tépaule ou en frappant sur le haut du 
manche, puis il déplace le carton du côté opposé pour 
lui faire subir la même opération ; la précaution qu'il 
prend de faire dépasser d'un côté la lai^geur des deux 
chasses a pour but de donner au ciseau l'espace néces- 
saire, afin qu*il ne touche pas la tranche pendant Topé* 
ration. 

Après la section des coins, l'ouvrier procède au rcdres-» 
sage du volume, dont Ja forme du dos a été plus ou 
moins faussée pendant les opérations précédentes, puis 
il enveloppe les tranches, afin de ne pas les tacher pen« 
dant les opérations suivantes. 

Le moyen le plus simple d'envelopper lestranchesd'un 
volume est découper un papier de deux fois la hauteur, 
et de deux fois la largeur ou un peu plus, si le volume 
a une certaine épaisseur. On place un des longs côtés de 
ce papier sur le devant du volume derrière le titre, 
afin que celui-ci reste à découvert, puis on retourne le 
volume en plaçant la gouttière vers soi au bord de la 
table. Alors, avec des oiseaux, on fait dans l'enveloppe 
deux entailles parallèles à la tète et à la queue jusque 
près de la gouttière. On lève le carton et on le rabat sur 
le dos ; on plie Penveloppe en tète et en queue sur la 
tranche et on la fixe sur la sauve garde à l'aide d'un 
peu de colle, puis on plie chacun des côtés en deux plis 
sur la gouttière. Ces plis doivent être bien accentués, 
puis on relève le devant de l'enveloppe par dessus et on 
le fixe au centre en tète et en queue, avec un peu décolle. 

Priparation de reliures tranchefilées eousuessur nerft. 

— Cette préparation sepratique de différentes manières. 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 175 

selon le genre et l'importance de la reliure. On fixe 
d'abord les tranchefiies, en faisant adhérer leur base 
sur l'arête vive de la tranche, tout en lui imprimant 
exaiUement le contour du dos, et ce à Taide d'un peu 
de colle forte que l'on applique avec le bout du doigl . 
Cette colle à laquelle il est bon de mélang'er une cer- 
taine quantité de gomme arabique afin de la rendre 
onctueuse c'est-à-dire en état de conserver aux organes 
saturés la souplesse nécessaire doit être de toute pre- 
mière qualité. Cette première opération terminée et la 
colle ayant suffisamment séché, on enduit le dos de la 
tranchefile et la portion du dos du volume en tète et en 
queue sur laquelle on a opéré la tranchefilure, et ce afin 
de faire adhérer les fils et de fixer ensuite sur l'emsem- 
ble une petite bande de papier très mince ou très sou- 
ple ou, ce qui est préférable une pièce de mousseline, 
recouvrant les fils et la tranchefile à laquelle on la fait 
a<lhérer en appuyant sur celle-ci avec un plioir afin 
que le contact entre les deux soit parfait. 

On prépare les reliures soignées, en plaçant des claies 
sur le dos^ on donne le nom de claies aux bandes de 
vélin assoupli, de peau de chamois, ou de toile fine 
que l'on colle sur le dos d'un nerf à l'autre et que l'on 
passe sous les cartons pour les coller à l'intérieur et 
solidifier les mors après la couvrure du volume. 

Les tranches du volume étant enveloppées, l'ouvrier 
coupe autant de bandes de vélin qu'il y a d'entre-nerfs ; 
ce vélin doit être très mince et toucher les nerfs de 
très près. Quant aux claies de tête et de queue, il faut 
qu'elles dépassent légèrement les tranchefiles, pour 
être coupées plus tard après que la préparation aura 
séché. Toutes doivent dépasser le contour du dos de 
trois à quatre centimètres de chaque côté, selon le for- 
mat ou le poids du volume. Le parchemin, quoique très 



176 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

mince, est toujours un peu dur à travailler. On l'assou- 
plit en le plaçant, pendant une ou deux heures, entre 
des feuilles de papier non collées et légèrement mouil- 
lées, que Ton charge d'un poids quelconque. Il ne faut 
pas mouiller le parchemin, qui ne doit être qu'assoupli 
par le contact de l'humidité. On passe alors chaque 
bande entre les ficelles sous le carton de devant^ en cou- 
chant les claies sur le dos du volume. 

L'ouvrier place le volume sur la table, la gouttière 
vers lui, il soulève le carton, et il place une bande de 
papier collé, uni et fort, dans le mors, pour préserver le 
volume de l'humidité des claies, qu'il place sous le car- 
ton entre chaque nerf; puis en tête et en queue, ne con- 
cervant de ce côté qu'une longueur de 3 à4 centimètres, 
il place une autre bande de papier par-dessus et il ferme 
le carton. Dans cette position les claies sont compri- 
mées sur le devant du volume. Les parties qui se trou- 
vent en dehors, doivent être assez longues pour couvrir 
le dos et être passées sous le carton de derrière, à la 
même longueur qu'il a comprimée sur le devant. Il 
enduit alors le dos du volume d'une bonne couche de 
colle de pâte, puis il entoure le dos avec les claies qu'il 
passe sous le carton de derrière ; il place une bande de 
papier sur le volume, et il serre chaque claie le plus 
possible. Il les couche sur le volume, il place une autre 
bande de papier par-dessus, comme il l'a fait sur le 
devant, et il ferme le carton qui tous deux doivent être 
ajustés bien au fond du mors, puis il place le volume 
entre deux ais plats, qu'il ajuste à fleur des cartons 
près des mors, et il met le volume en presse, puis il 
passe une nouvelle couche de colle de pâte sur toute la 
surface du dos qu'il polit à la colle à l'aide d'un plioir. 
En égalisant avec soin toutes les aspérités, il fixe égale* 
meot le parçbçmip aujç trancbeSlçs ctvçc le plus graa4 



GUIDE MANUEL DE l'OUVRIER RELIEUR 177 

soin. Il approprie aussi les nerfs, en leur donnant une 
forme bien nette; le parchemin, ainsi trempé à la colle 
des deux côtés, se prête à l'opération. ïl le fait bien 
adhérer partout jusqu'à ce qu'il fasse corps avec les 
cahiers du volume, qu'il retire ensuite de la presse ; il 
enlève les bavures de colle et il arrondit Taréte vive 
du mors, en laissant les cartons bien en place, puis il 
charge le volume, avec un poids plus ou moins lourd 
selon le format, et il laisse sécher complètement. 

Le volume étant bien sec, l'ouvrier coupe le par- 
chemin à fleur de la tranchefile ; il se sert de petits 
ciseaux bien affilés, en ayant bien soin de ne pas cou- 
per les fils [de soie. Il la coupe ég-alement du côté des 
mors, à la distance nécessaire pour ne pas être g'êné au 
rempliag'e, et pour la formation de la coiffe, pour les- 
quelles il raccourcit les claies, en tête et en queue, de 
i5 à 20 millimètres environ plus bas que la tranche. Il 
bat les bords des cartons à Taide d'un marteau^ en ser- 
rant les coups pour les rendre bien unis, puis il passe 
un peu de colle de pâte, sous les ficelles d'abord d'un 
côté, puis il les aplatit à petits coups de marteau, il en 
fait autant de l'autre côté et sur toute la longueur des 
mors; le vol u me est prêt pour la cou vrure La préparation 
au moyen de claies en peau de chamois fin se fait de la 
même façon, sauf qu'il faut le parer sur les bords. Il est 
nécessaire de placer au fond des mors les mêmes bandes 
de papier qu'on place pour les claies en parchemin, et 
cela pour deux motifs. C'est que la bande supérieure 
sert à protéger les claies des atteintes de la colle pendant 
la couvrure, et que la bande inférieure sert à fixer les 
claies aux cartons après la couvrure. En effet, après le 
nettoyage des mors et avant de poser les charnières, il 
faut fixer les claies aux cartons. Pour cela, l'ouvrier 
les coupe en tête et en queue, selon la fprmebiaisée qu'il 



178 GUIDE MANUEL DB l'OUVRISH REU^UR 

a donnée aux remplis, pais il encolb leg claies à la colla 
de pâte, pendant cette opération, la bande de papier 
qu'il a placée sous celle-ci préserve la sauvegarde des 
atteintes de la colle, surtout entri» l0s jointures, qu'il 
doit rapprocher avec soin. Il pl^çe epsuite une platiné 
de zinc sous la bande, et il ferme le carton par-dessus, 
il fait la même opération d^ Tautre côté, puis il met la 
volume en presse, dans laquelle il laisse sécher ces 
collag-es, qui seront ainsi parfaitement unis. Il enlève 
alors les parties de la banda de papier, qui n'ont pas été 
atteintes par la colle, et si les claies venaient à brider, 
il les humecte légèrement dans las mors qu'il redressa, 
et il laisse sécher avec les aartoas ouverts. II peut aussi 
placer immédiatement las charnières par-dassus : la 
reste de l'opération s'exécuta comme nous l'avons indi- 
qué à l'article concernant la placement das charnières. 

Las reliures cousues sur nepfs sa préparant souvent 
pour la couvrure, sans y placer das claies ni quoi que 
ce soit, sauf la tranchafile ou aes imitations, tel qu'on 
le fait généralement pour laa livras da liturgie. On se 
contente dans ce cas de polir le dos et d'approprier las 
nerfs à la colle de pâte, on plaça ensuite la tranchefile 
dont on enlève la lisière du ruban» afin qu'il n'y ait pas 
d'épaisseurs à cette place, puis on induit toute la sur- 
face du dos d'une légère coucha da colle forte qu'on 
laisse sécher. On bat ensuite les bordi das cartons^ et 
l'arête vive des mors ; après avpir collé le» ficelles at 
ajusté les chasses, le volume ast prêt à être couvert. 

Le collage des claies à l'intériaur, après la aouvrure, 
peut également se faire sans le secours de la pressa ; la 
plupart des relieurs procèdent même de cette façon, 
mais dans ce cas il est prudant da na coller qu'un côté 
à la fois, On charga alors la ypluma d'un poids assez 
lourd, tout en appuyant la carton ouvert *vr 1^ taj)lç 



tîiJtDË litAfïtBL DE l'ouvrier l^ËLIËUH 179 

contre un objet suffisamment résistant ; de façon à 
pouvoir dresser carrément le mors et de le tenir en 
place non seulement pendant l'opération mais aussi 
pendant le laps de temps indispensable à la siccation . 
Malg-ré cela et quelle que soit l'adresse de l'opérateur 
il se produit presque toujours une légère déformation 
des mors â l'extérieur et l'intérieur n'est pas aussi net, 
aussi franc que s'il avait exécuté ce travail à l'aide de 
la presse. 

Le collage des claies à cartons ouverts, s'exécute delà 
manière suivante. Après avoir calé convenablement le 
volume, on enduit les claies à la colle de pâte, on les 
relève une & une et on les fixe dans les mors et sur les 
cartons tout en ayant soin de les joindre exactement et 
le plus proprement possible. On se sert pour cela du 
plat et du tranchant du plioir^ on se sert aussi d'un 
papier comme intermédiaire, en frottant avec le plioir 
dans les mors, qu'il importe de dresser carrément tout 
en tendant le velin^ le chamois ou la toile, de façon à 
ce qu'il ne puisse se produire de plissures en fermant 
les cartons alors que te tout aura parfaitement séché. 

Préparation dêS féliufês à dos brisé. -— Pour placer 
les tranchefilesj l'ouvrier enduit les extrémités du dos, 
en tête et en queue d'une petite couche de colle forte, 
et ce en proportions égales à la largeur du ruban de la 
tranchefile. Il encolle également l'arête vive de la tran- 
che à la largeur de la chatnette, pour lui donner plus 
d'assise,- puis il fixe la tranchefile en la serrant conve- 
nablement sur l'arête vive de la tranche tout en la peu** 
chant légèrement en arriére afin de lui donner meil- 
leure forme et afin de lui donner de la consistance on 
applique par-dessus à l'aide d'un peu de colle forte 
claire une bandelette de papier pelure. 



l80 GUIDÉ MANUEL DE L^ODVRtER RELIEUR 

Il s'ag"!! maintenant de i^'arnir le dos à Taide de 
papiers destinés à lui donner la consistance voulue tout 
en unissant parfaitement cette partie du volume. L'em- 
ploi du papier g-oudron est de tous points préférable, 
il est bon que son application se fasse à la colle de pâte 
qui conserve au papier ses qualités et au dos la sou- 
plesse voulue ; le papier pelure que Ton applique tout 
d*abord aux deux extrémités du dos afin de fixer défini- 
tivement la tranchefile permet d'en ag^ir ainsi. Le nom- 
bre de papiers goudron à appliquer au dos du volume, 
varie selon ses dimensions et surtout son épaisseur. Il est 
d'usag-e et même nécessaire d'en mettre deux ; l'un ser- 
vant de remplissage entre les deux tranchefiles, l'autre 
couvrant le tout. Aux volumes ayant plus de deux 
doigts d'épaisseur, il convient d'en appliquer trois, 
dont deux servant de remplissag'e, mais il convient néan- 
moins de les établir de façon à ce que le second dépasse 
le premier jusqu'à couvrir la moitié du ruban de la 
tranchefile, le troisième couvrant le tout. Il importe 
d'enduire tout d'abord le dos d'une bonne couche de 
colle de pâte (tout en évitant d'en étaler sur les cartons, 
moins encore dans les mors) puis successivement sur les 
papiers qui bien détrempés et assouplis par la colle 
adhèrent alors avec facilité surtout si l'on a soin de 
frotter sur le tout à l'aide d'un peu de colle en se ser- 
vant de la paume de la main droite pendant qu'avec la 
main gauche on maintient le volume à plat dépassant 
quelque peu le bout de la table. 

On laisse bien sécher, sans approcher le volume du 
feu ce qui nuirait à l'ensemble du travail et rendrait le 
dos cassant, puis on enlève le papier qui dépasse les 
tranchefiles, on dégage les cartons dont on bat les bords 
à petits coups de marteau, on fixe les ficelles à la colle 
de pâte. Tout en partageant exactement les chasses en 



L 



GUIDE MANUEL DE l'oUVBIER RELIEUR i8l 

tête et en queue on ég'alise le tout, en redressant s'il y 
a lieu le contour du dos à Taîde du marteau et on laisse 
sécher. 

La plupart des relieurs appliquent^ certes bien à tort, 
les papiers g'arnissant les dos, à la colle forte. Ce procédé, 
sans être plus expéditif, sinon que la sèche en est plus 
rapide, n'en est pas moins nuisible non seulement à la 
forme mais surtout à la durée de la reliure. A Touverture 
d'un volume dont le travail a été exécuté à la colle forte ; 
un craquement de mauvais augure se fait entendre, 
et pour peu que le lecteur insiste pour le faire tenir 
ouvert à plat sur la table, il se produit une cassure 
irrémédiable dont la marque indélébile dénoncera la 
malfaçon du travail. 

Préparation du dos brisé. — La préparation du dos 
brisé ou faux dos, se fait de deux manières différentes, 
à carte fixe et à carie libre, La première se fixe au dos 
du volume avant la couvrure, la seconde se place en 
même temps que la couverture, en couvrant le volume. 

L'ouvrier ayant fait choix d'une carte, appropriée au 
format et à l'épaisseur du volume, la découpe d'abord 
à la hauteur des tranchefiles, qui doivent avoir un mil- 
limètre de moins que la hauteur des cartons ; il prend 
alors le contour du dos à l'aide d'une bandelette de 
carte, dans les proportions voulues pour que le faux 
dos ne touche pas les cartons, il laisse entre les deux un 
petit intervalle de i à 2 millimètres selon le format du 
livre, afin de ne pas g'êner le jeu des cartons, il coupe 
la carte parfaitement d'équerre, puis il l'arrondit sans 
cassures à la forme exacte du dos, sur lequel il l'appli- 
que au moyen d'un peu de colle forte dont il enduit les 
bords inférieurs du faux-dos à la largeur de 2 à 3 mil- 
limètres au plus, selon le format du volume, qu'il pose 

BOSQUET — RELIURE 11 



182 ÛUt&B MÀNOBL i>B L^OUVRtfiR ilELtfitR 

à plat sur le bord de la table, en laissant dépasser un 
peu le dos pour faciliter Tajustag'e. Il appuie par un 
léger frottement à Taide d'un plioir sur les flancs du 
dos, afin de faire adhérer la carte qui, pour les petits 
volumes est assez mince pour se fixer par cette opéra- 
tion, mais si la carte est plus ou moins forte, elle tient 
mal par un simple collag'e^ il doit alors lier le faux: dos 
au volume, au moyen d'un large ruban, avec lequel il 
l'entoure en le serrant fortement et sans laisser d'inter- 
valle. Les collages étant parfaitement secs, il enlève les 
rubans, puis il marque la place des nerfs, qu'il fait 
concorder avec les ficelles si le volume a été grecque 
dans les proportions voulues. Les intervalles devant 
être partout les mêmes, sauf en tête et en queue où il 
laisse un espace en plus, variant pour la tête entre 5 
et 10 millimètres, et en queue entre loà 20 millimètres, 
^elon le format du volume, il prépare alors des bandes 
soit en carte doublée, ou en carton sonple dont il n*ait 
pas à redouter de cassures, ou, ce qui est préférable, en 
•cuir épais ou qu'il a doublé afin d'avoir la proportion 
voulue, la largeur et la hauteur des nerfs devant être 
proportionnées au format, puis ils les colle sur le dos 
du volume après leur avoir donné la forme de celui-ci 
et il laisse sécher^ puis il taille les extrémités en biais 
et il les arrondit tout en leur donnant la forme d'un 
nerf véritable. 

On prépare également les reliures à carte fixe au mo- 
yen d'une housse, on s'y prend de diverses façons pour 
exécuter ce travail qui présente de très réelles garanties 
de solidité ; voici, à notre avis la meilleure manière de 
s'y prendre. — Les tranchefiles étant achevées ou pla- 
cées, on remplace le premier papier A coller sur le dos: 
celui que Ton place toujours d^une tranchefile à l'autre 
ou entre-deux : par une bande de toile ou lustrine de 



6ttDB MÀKVBt Dl t'oUTRlER llBLIBtJll 483 

même long'aeur mais plus larg'e du double que le con- 
tour du dos, en ayant soin de partager celle-ci de façon 
à laisser dépasser une portion égale de chaque côté du 
dos. On fixe par-dessus, le ou les papiers dont on gar- 
nit habituellement le dos : ceux-ci étant secs on les 
ébarbe en tête et en queue. On prend alors une carte en 
deux et un papier bien uni et plus ou moins fort selon 
le cas, et on les coupe aux dimensions des faux-dos 
ordinaires. On les arrondit convenablement et on fixe 
la carte en deux, au dos du volume et ce à l'aide d'un 
filet de colle. — Il importe de ne pas perdre de vue, 
que le faux-dos ainsi attaché^ ne peut Tétre qu'à la dis- 
tance voulue pour qu'il soit possible d'opérer en tète et 
en queue du volume le rempliage de la peau ou tissu 
dont il doit être recouvert. — L'attache du-faux dos 
ayant su^samment séché on rabat de chaque côté la toile 
par-dessus, en la fixant soit à la colle forte claire ou à 
la colle de pâte de même que l'on colle pardessus le 
papier que Ton a coupé en même temps que la carte. 
On raffermit le tout, d'abord au moyen d'un papier très 
fort dont on entoure le dos puis en se servant d'un 
large ruban avec lequel on entoure le volume, on laisse 
bien sécher, on enlève ensuite ruban et papier intermé- 
diaire et on procède au placement des faux nerfs comme 
il est dit ci-dessus. 

Nous donnons, au chapitre relatif à la couvmrey la 
description du faux-doii à carte libre appliqué à l'unité. 
On fabrique habituellement les faux-dos à carte libre, 
par bandes de la lopgueur ou largeur de la feuille de 
carte coupée à hauteur des cartons du volume à recou- 
vrir. On marque et on trace au orayon la place des faux 
ner£s, que l'on fixe à la eotle forte, appliquée de telle 
sorte qu'il ne s'en dépose pas sor les fiancs» qui doivent 
se présenter intacts. On laisse sécher, puis on débite la 



184 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

carte chargée de nerfs à la largeur des dos, soit à la 
règle avec la pointe à couper ou, ce qui est préférable, 
à la cisaille qui les tranche d'un seul coup, puis on 
taille les faux-nerfs en biais comme nous TindiquoDS 
ci-dessus. 



COUPE ET PARURE DES PEAUX 

La coupe des peaux et les soins à apporter quant au 
choix et leur appropriation aux divers genres de reliu- 
res, et surtout des dorures, exigent du coupeur une 
connaissance approfondie des divers genres et qualités 
de peaux en usage pour la reliure. 

Il faut un tact parfait pour en reconnaître les qualités 
et surtout les défauts parfois nombreux, et pour la plu- 
part très peu apparents. Il faut surtout allier, autant 
qne possible, les besoins avec l'économie. La matière 
est parfois fort chère et c'est surtout de ce côté que le 
relieur se sent limité relativement aux prix souvent fort 
peu rémunérateurs de certaines reliures. 

Quand il s'agit de reliures plus ou moins soignées, 
on procède a un examen attentif de toute la surface de 
la peau, dont on tâche de reconnaître les moindres dé- 
fauts. On coupe alors un modèle en papier des couver- 
tures ou des dos à découper, à moins que le volume 
appartienne à un format usuel, auquel cas le relieur a 
toujours sous la main des modèles en carton, avec les 
quels il trace au moyen d'un plioir, ou d'un crayon, 
pour les découper ensuite avec de forts ciseaux. Ces 
mêmes modèles lui servent aussi comme règle, pour les 
découpages à la pointe sur une feuille de zinc. Il tâche 
de combiner les coupes de façon à éviter les défauts, 
qui sont une cause de dépréciation de son travail. Il 
arrive parfois que la reliure à traiter exige de tels soins, 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 185 

que l'on est obligé de prendre la couverture au beau 
milieu de la peau. Il faut alors faire en sorte que les 
chutes puissent s'employer avec facilité pour des reliu- 
res plus ordinaires. 

Il est certes plus écoQomique de couper les peaux 
telles qu'elles se présentent, et de façon à combiner les 
g>randes et petites coupes sans qu'il reste un vide, en 
évitant d'avoir le moindre déchet ; le hasard seul dans 
ce cas décide si les couvertures seront propices à la 
couvrure. En effet, pour qu'une couverture en veau, 
basane ou maroquin puisse donner un bon résultat, et 
vienne en aide à l'ouvrier pendant l'opération, il faut 
qu'une couverture soit taillée dans le sens de la hauteur 
de la peau et non en larg'eur ; en effet, les peaux en 
général ne s'allongent pas à la traction, mais s'élargis- 
sent au moindre effort, surtout quand elles sont humi- 
des ou trempées par la colle. Les peaux de bœuf et de 
cheval sont pourtant bien épaisses, et cependant une 
courroie taillée en travers de la peau se déformerait 
immédiatement et n'offrirait aucune résistance. 

Pour mieux nous faire comprendre, nous supposons 
une peau de veau ou basane couchée sur la table, la 
tête en haut et le bas ou la queue vers le coupeur, l'un 
des flancs de la peau sera donc à sa gauche et l'autre à 
sa droite. L'ouvrier prend un volume et le place sur la 
peau, de façon à ce qu'il ait l'un des cartons à sa gau- 
che, et l'autre à sa droite, il trace et coupe la couverture 
qui se trouvera ainsi taillée en largeur, et par consé- 
quent dans le sens où la fleur se déformera par la trac- 
tion qu'il devra exercer sur la peau en l'appliquant 
sur le volume. En effet, pour bien couvrir un volume 
il faut que la couverture soit serrée au dos, et sur- 
tout sur les mors, et pour peu que la fleur soit déli- 
cate, elle se déforme et s'il s'agit du maroquin, une 



186 GUIDB MANUEL DB L*OUVKIBE EBLIBCR 

partie du grain disparaît. De plus, quand il s'ag'it de 
former les nerfs, Touvrier éprouve une résistance qui 
rend son travail beaucoup plus difficile et, quoi qu*il 
fasse en pinçant Tan des nerfs, il déformera l'autre, et 
tous, en séchant se déformeront plus ou moins. La for- 
mation de la coiffe sera aussi plus difficile ; les angles 
se déformant et s'allongeant sous Taction du plioir, 
tandis que la couverture étant taillée dans la hauteur, 
c'est-à-dire le dos du volume dans le sens inverse du 
dos de la peau, elle supportera sans inconvénient Topé- 
ration du serrage au dos et sur les mors, et en outre, 
quand il s*agira de pincer les nerfs, l'ouvrier amènera 
sans difficulté la peau nécessaire aux flancs de chacun 
d'eux, de même la coiffe se travaillera sans difficulté et 
conservera sa forme en séchant. 

Il faut donc, autant que les circonstances le permet- 
tent, combiner les coupes de façon à obtenir des cou- 
vertures taillées dans la hauteur de la peau, et s'il s'agit 
de dos pour demi-reliures, de les tailler en travers par 
le long côté, de façon à ce que le pinçage des nerfs soit 
favorisé par la partie de la peau, qui s'allonge, et se 
prête par cela même à être ramassée plus facilement 
aux flancs des nervures. 

Le travail en général sera ainsi mieux exécuté et plus 
rapidement achevé. 

Parure. — Les peaux étant coupées, il s'agit de les 
parer, c'est-à-dire d'amincir les bords et parfois toute 
la surface de la couverture, selon les besoins et les genres 
de reliures auxquels il faut les approprier. 

L'outillage du pareur consiste en une pierre litho- 
graphique (celles de teinte grise sont préférables). Son 
format n'est pas limité ; cependant il est d'usage d'em- 
ployer des pierres de 5o ceatimètres de lar^e sur 35 d^ 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 187 

haut, dont Tun des longes côtés se place au bord de la 
table, et doit être arrondi et poncé avec soin pour que 
le contact de son arête vive ne puisse nuire à la fleur 
de la peau, qui doit à cette place pouvoir s'arrondir 
sous la main pendant l'opération de la parure. Les trois 
autres côtés de la pierre doivent être encadrés, et elle* 
même doit être placée sur un ais en bois assez épais, 
auquel on attache les encadrements de la pierre qui se 
trouve ainsi parfaitement enchâssée. Il faut en outre 
fixer sous le support un ais, ou taquet qui sert de point 
d'appui contre le bord de la table^ afin que la pierre ne 
puisse se déplacer pendant le coufs de Topération ; la 
couvrure se fait ég^alement sur la même pierre. 

L'outil principal du pareur est un couteau, ou plaque 
d'acier mince ayant à peu prés 4 centimètres de large 



Fif. 43. — Couteau à parer. 

sur 10 à 12 de long, dans le genre de la lame d'un 
rabot, et à peu près de la même trempe, mais moins 
épais et emmanché très court. On TafFute également d'un 
seul côté, la partie inférieure devant rester intacte. Le 
tranchant doit, en outre, avoir une certaine courbe, afin 
qu'il n'y ait pas d'angles aigus aux extrémités. On ne 
laisse à découvert que 3 à 4 centimètres de la lame. Le 
reste est enveloppé par une peau lisse, afin de pouvoir 
manier le couteau à pleine main sans la fatiguer. 

La lame doit être bien affilée et exige des soins cons- 
tants de la part de l'opérateur. On l'affûte toujours d'un 
ç^té svir une pierre à l'huile. En outre, le pareur la passç 



188 GUIDE MANUEL DE L OUVRIER RELIEUR 

souvent sur la pierre à parer afio de raviver le tranchaal 
qui est d'une délicatesse extrême. 

Tout étant bien disposé, l'ouvrier place la couverture 
sur la pierre, la chair au-dessus. H place le bord de la 
couverture sur le bord de la pierre qui, à cette place, 
ne présente pas d'arête vive, mais doit être suHisam- 



ment arrondie, non seulement pour ne pas fatig'ucr la 
fleur ou les crains de la peau, mais aussi, afin de per- 
mettre à Touvrier de manœuvrer le couteau avec Tacilité. 
Alors, pendant qu'avec la main (fauche il fait prendre 
à la couverture, suspendue au bord de la table, le con- 



GUIDE MANUKL DE l'oUVRIER RELIEUR 189 

tour du bord delà pierre en la maintenant avec le pouce 
contre la paroi de celle-ci et avec Tindex sur le plat de 
la pierre; avec ia main droite armée du couteau qu'il 
tient à pleine main, le pouce d'un côté et Tannulairede 
l'autre accolés aux flancs du couteau, puis Tindex et le 
médius appuyant sur le plat de la lame dont la partie 
biaisée, se trouve alors au-dessus, il présente le tran- 
chant à la distance voulue du bord de la couverture. Il 
pousse la lame droit devant lui en pressant sur l'extré- 
mité, afin que la coupe soit faite en biais, c'est-à-dire se 
termine en lame de couteau. Il faut que le point de départ 
de cette coupe en biais, ne pénètre' pas brusquement 
dans la peau, mais que l'épaisseur en soit diminuée 
insensiblement et arrive à rien sans qu'il y ait la moin- 
dre inég'alité. 

Ayant enlevé une partie de la chair, il place le tran- 
chant du couteau à côté de la partie enlevée et il enlève 
une nouvelle partie de la chair et ainsi de suite en 
poussant toujours droit devant lui et en maintenant 
toujours le couteau au niveau voulu, c'est-à-dire que le 
tranchant seul doit se poser sur la peau, sans autre 
inclinaison que la forme de la coupe en biais qu'il 
désire donner au bord de la couverture, ou morceau de 
peau quelconque. Le point de départ de la coupe en 
biais ou parure a pour base l'arête vive des cartons du 
volume qu'il faut pourtant dépasser plus ou moins quoi- 
que lég-èrement selon l'épaisseur de la peau. 

Nous disions que la main gauche doit maintenir la 
peau bien en place ; il faut avec le pouce presser la 
couverture contre la paroi de la pierre. L'index et aussi 
le médius se posent sur le plat de la pierre afin de 
tendre la peau qui, ainsi maintenue se prête bien mieux 
à l'action du couteau. Le débutant doit tendre la peau 
et présenter en même temps le tranch^mt du couteau 

il* 



i90 6T7IDE MANVBL DE l'oUVRIBR RELIBUR 

sur le bord de la peau ; puis^ au moment où il eng-ag'e 
la lame dans la peau lever l'index pour la laisser passer. 
Les praticiens habiles, surtout quand il s*a|o;'it de peaux 
d'une certaine épaisseur maintiennent la peau et font 
passer le tranchant de la lame sous le doig^t. La peau 
ainsi tendue facilite Taction du couteau, mais il faut 
une certaine habitude de la part de l'opérateur pour en 
ag'ir ainsi. 

Cette méthode de tendre la peau sur la pierre est sur- 
tout efficace pour parer la peau en plein ou quand il 
s'ag^it d'évider ou échancrer à l'endroit des mors, afin 
que la couverture du volume soit convenablement arti- 
culée. Si la peau est mal tendue, l'opération est plus 
long-ue, plus difficile et même plus dangereuse pour la 
couverture qu'une entaille maladroite peut abimer 
sans retour. Il faut pour la parure en plein ou l'échan- 
cruredes mors, procéder avec précaution, surtout si la 
peau se présente plus ou moins cornée (i) ; il faut alors, 
n'enlever la chair que par très petites portions sous 
peine de s'exposer à traverser la peau avec le couteau 
qu'il est bon de faire agir en divers sens afin d'arriver 
à un résultat passable. Il est néanmoins préférable de 
ne pas se servir de peaux cornées au moins pour les tra- 
vaux soignés. 

Il faut toujours tenir la pierre dans un état de pro- 
preté parfaite et enlever soigneusement les rognures de 
cuir au fur et à mesure qu'on les pare, sous peine de 
les amener sous les parties en cours, et de s'exposer 



(i) On applique le nom de corne à des parties coriaces qui se 
forment dans la peau entre la fleur et la chair et qui souvent 
envahissent une grande partie de la chair. Elles ont pour point 
de départ une fabrication mal séchée, ou séchée dans de mau- 
vaises conditions et aussi Thumidité de certaines place^ dans 
|eg(|ue|lçs on çnimagasine Içs peau^. ' ' 



GUIDE MANUEL DE l'oUYRIEH RELIEUR 491 

par là à des coupures désastreuses. Si la peau est un peu 
dure, il faut, non pas gratter les bords avec un couteau, 
mais les rouler fleur contre fleur, avec les doig'ts lég-è- 
rement humectés, ou bien encore avec une paumelle en 
liègre, les peaux assouplies se prêtent mieux à la pa- 
rure. 

Il faut rég'ler le mode de parure, d'après le format et 

l'épaisseur du volume à couvrir. Si le volume est mince, 

il faut évider le dos selon l'épaisseur de la peau, ce qui 

nécessite de grandes précautions et une main exercée. 

Il faut avoir soin de laisser suffisamment de chair du 

côté de la coiffe, afin de pouvoir lui donner une jolie 

forme et en môme temps toute la solidité nécessaire» 

cette partie de la reliure étant celle qui fatigue le plus. 

Quand il s'agit de reliures en maroquin ou chagrin 

soignés, il faut, après les avoir parées et poncées avec 

soin, les humecter à l'eau fraîche à l'aide d*une éponge 

douce et fine, mais seulement du côté de la fleur; puis^ 

à l'aide d'une paumelle, la rouler fleur contre fleur, 

mais avec la plus grande légèreté et dans tous les sens 

pour relever et reformer les grains de la peau fatigués 

par l'opération de la parure, puis on fait de l'eau de 

colle, c'est-à-dire de la colle de pâte très claire, et, à 

l'aide d'un pinceau, on encolle chaque couverture au 

dos, c'est-à-dire du côté de la chair, et on les étend sur 

des cordes bien propres pour laisser sécher pendant 

quelques heures, en les écartant du feu ou du soleil pour 

éviter de les durcir. 

Il faut pour exécuter la parure se garder de mouiller 
les peaux de veau ou basane, teintes en n'importe quelle 
couleur, ce qui ferait le plus grand tort aux couleurs. Les 
peaux de veau et de basane naturelles fortes ne courent 
ftucun danger aies plonger dans l'eau pure ; il faut pour- 
tant ^yiter 4e Ip ff^ire ?i h cpuvrure ne pourrait s'exécuter 



192 GUIDE MANUEL DE L*OUVRIER RELIEUR 

dans la même journée. On peut aussi les mouiller à 
Tépong'e ; pour cela, l'ouvrier choisit une épongée douce 
et fine, qu'il plonge dans Teau pure, puis il place la pre- 
mière couverture la fleur au-dessus et la chair touchant 
la table. Alors, saisissant Téponge imprégnée d'eau, il 
passe en tous sens sur la fleur seulement, et jusqu'à ce 
qu'elle soit bien imbibée, mais sans excès. Puis il hu- 
mecte de même la seconde couverture, et il la retourne 
sur la première de façon à les placer fleur contre fleur, 
puis il pose la troisième sur la seconde, chair contre 
chair, et après avoir mouillé la fleur, il fait avec la 
quatrième ce qu'il a fait de la seconde et ainsi de suite; 
de cette façon il évitera de les plonger dans Teau, il 
n'aura pas de pfis à effacer et aura des peaux suffisam- 
ment mouillées pour la parure et la couvrure. 

Les peaux minces ou teintes se parent à sec, mais au 
moment de les tremper à la colle de pâte pour la couvrure, 
il faut les humecter à l'eau fraîche du côté de la fleur. 
Il faut éviter avec soin le contact du fer avec la peau, 
surtout les couleurs claires. Le danger est moindre sur 
les peaux sèches, mais le veau surtout» quand il est 
humide, tache immédiatement, et il n'est presque pas 
possible de les détacher sans laisser de traces. 

La plupart des relieurs ne semblent pas attacher à la 
parure l'importance qu'elle mérite. Il est rare de ren- 
contrer parmi les relieurs un ouvrier sachant parer la 
peau dans la perfection. Il n'en est pas de même parmi 
les maroquiniers ; ceux-ci sont pareurs par état, la pa- 
rure à elle seule constitue un art très caractérisé et en 
ce qui concerne la maroquinerie, la gaînerie et aussi la 
ganterie, la seule occupation d'un grand nombre 
d'ouvriers est la parure du cuir. C'est aux maroquiniers 
que les relieurs devraient s'adresser pour se former à 
la parure ; leur méthode est excellente et les résultats 



GUIDE MANUEL DÉ l'oUYRIBR RELIEUR 193 

qu'ils en obtiennent, tant sous le rapport de la perfection 
que de la célérité mérite de fixer l'attention. Cette per- 
fection se fait surtout sentir par la conservation des 
qualités essentielles de la peau qui, en sortant de leurs 
mains a conservé toute sa fraîcheur. 

Certes, les besoins ne sont pas les mêmes, et tel pareur 
fameux dans la maroquinerie a besoin de se mettre au 
courant des exij^eances de la reliure, mais celui qui 
sait manœuvrer un couteau à parer a bientôt compris 
de quelle façon il faut s'y prendre pour que la peau 
soit parée à point. C'est-à-dire amincie aux divers en- 
droits de la couverture en vue non seulement de per- 
mettre aux articulations de la couverture de fonctionner 
librement, mais d'amincir graduellement et sans la 
moindre inégalité, les bords servant aux rempliages. 
Les coiffes qu'il convient de conserver aussi nourries 
que possible, par rapport aux parties connexes ; de 
même les coins qui, tout en devant conserver toute leur 
solidité doivent néanmoins pouvoir se former carrément 
et leur jonction se dissimuler autant que faire se peut, 

A notre avis, le premier outil que l'on devrait mettre 
entre les mains d'un apprenti relieur est le couteau à 
parer. Les déchets de cuir ne manquent pas dans un 
atelier de reliure et les ouvriers, même, devraient sou- 
vent s'exercer à la parure. C'est un travail que l'on peut 
aisément pratiquer cher soi et dans lequel on ne devient 
maître que par la pratique. 

Il faut surtout s'abstenir de gratter les bords de la 
peau pour l'assouplir avant la parure ; on obtient un 
meilleur résultat en plaçant la couverture sur la pierre, 
la chair en dessous, on replie les bords et on les roule 
fleur sur fleur avec les doigts, et s'il s'agit de la parer 
en plein ou d'échancrer les parties correspondantes aux 
xnqv^ du volume, on roulp Ja peau avec la paume de la 



i9A GUIOB MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

maia. On peut ainsi assouplir la peau sans la fatigpuer 
et surtout sans déformer les g^rains. 

Certaines peaux présentent parfois des difficultés à 
la parure. Amincir les peauxdu Cap, etc. , pour les appli- 
quer à des volumes de petit format, demande du temps 
et des soins ; de l'adresse surtout. Il arrive aux ouvriers 
qui ne sont pas d'une habileté consommée qu'après 
avoir aminci la peau, la chair présente des inégpalités ? 
Il faut alors pratiquer l'opération que Pon nomme 
raboter la peau ; elle consiste à se servir d'un couteau 
auquel on affecte un certain morfil. On tend la peau 
comme pour la parer en écartant fortement les doig^ts ; 
on maintient le couteau comme pour la parure, mais 
on le fait glisser sur la peau. Le morfil enlève alors ces 
inégalités comme on le ferait avec une râpe ; on peut 
aussi se servir de papier de verre, après l'avoir au pré- 
alable collé sur un morceau de bois arrondi, mais il 
faut avoir soin de tenir la peau bien tendue sur la 
pierre afin de ne pas fatiguer la fleur ni les grains. 

DE LA GOUVRURE EN GÉNÉRAL 

Il y a plusieurs genres de couvrure, comme il y a 
plusieurs manières de couvrir un volume ou de fabri- 
quer une couverture. 

Les peaux de tous genres, saufs certains cas excep- 
tionnels que nous ferons connaître, se couvrent généra- 
lement à la colle de pâte. Les tissus de toute espèce 
s'appliquent à la colle forte ou à la gélatine ; on peut 
aussi employer la gomme arabique soit à chaud soit à 
froid ; tout dépend des circonstances et de la délicatesse 
des tissus. 

Pour les tissus gommés, tels que les percalines frai^-^ 
crises et ançUisegf, qi^ appli(|i;Q {^ cqUq 4ii*cçtçinGAt, 



GtlIDB MANUEL DE I. OUVBIBH 

c'est-Â-dire que, sur le revers même, on peut étendre la 
colle forte, la gélatine ou la gomme uécessaire à la 
couvrure d'un volume ou à la fabrication des couver- 
turesd'emboitages. 

Pour les soies, satins ou autres tissus facilement per- 
méables, leur application se fait d'une manière indi- 
recte, c'est-à-dire qu'au lieu de tremper directement 
l'étoffe, on étend la colle sur l'objet que l'on veut recou- 
vrir, en a^ant soin de ne mettre que la quantité stricte- 
ment nécessaire pour faire adhérer convenablement 
l'ëtoSe, sans courir le risque de provoquer des taches 
parla transparence, ou d'altérer les couleurs, parfois 
d'une extrême délicatesse. 



Outillage du couvreur. — La < 
fait de préférence sur la pierre à parer, il est bon qu'elle 
soit assez grande pour opérer à l'aise sur la plupart des 
formats. La pierre se place au bord de la table, et l'an- 
gle supérieur qui touche l'opérateur doit être suffisam- 
ment arrondi pour éviter d'abimer les couvertures pen- 
dant l'opération. Outre le couteau à parer ou paroir et 
la pierre à parer, l'outillage du couvreur se compose : 



Fig. J5. — Gamelle k colle de pâle. 

1» d'une gamelle et d'un gros pinceau à colle en soie de 
porc; 20 d'un plioir dont l'une des extrémités se ter- 
mine en pointe fine et allongée, et l'autre arrondie en 
demi-çercle Aminci sur les bords ; 3" d'une paire de 



i96 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

ciseaux à lames larges et minces; et 4* d'une pince à 
nervures reproduite par la fig'ure47» et dont les parties 




Fig. 46. — Pinceau à colle de pâte. 

essentielles sont deux mâchoires de 3 à 4 centimètres 
de long, très lisses en dedans, et se joignant parfaite- 
ment à plat. L'extérieur bizeauté en lames de couteau, 
mais dont les parties tranchantes très émoussées et 
polies, pour éviter découper les peaux pendant la com- 
pression et le lissage des nerfs. On trouve ces pinces 
chez les fabricants d'outils pour relieurs. Nous en avons 
fait établir une de forme toute spéciale et très pratique 
pour l'exécution du travail. 

Cette pince rend les plus grands services aux cou- 
vreurs qui, avant son invention, se servaient du tran- 
chant du plioir pour former les nerfs, ce qui laissait 
beaucoup à désirer ; à Taide de la pince, les nerfs se 
forment avec une rapidité et une netteté telle que n'a 
jamais pu produire le meilleur fouettage. Opération 
très longue et très dispendieuse, qui ne s'emploie plus 
guère que pour des volumes de grand format que l'on 
recouvre en peaux très fortes, ou pour imiter les ancien- 
nes reliures cousues sur nerfs. 

Gouvrure des divers genres de peaux. — La couvrure 

des divers genres ou espèces de peaux se fait généra- 
lement à la colle de pâte. Il y a certes une grande diffé- 
rence entre la couvrure d'une reliure en maroquin et 
d'une reliure en simple basane, mais la manière de s'j 
prendre est la môme. Les mouvements se CQpip'iq^^^* 



GUIDB MANUEL DE l'OUVRIER RELIEUR i97 

OU se simplifient selon la qualité des peaux employées 
et des difficultés que Ton rencontre dans leur manipu- 
lation, et surtout d'après le prix que Ton peut obtenir 
de son travail. On peut couvrir un volume plus ou 
moins bien, ou plus ou moins vite, mais la manière 
d'emboîter la couverture d'une reliure pleine ou le dos 
d'une demi-reliure, de serrer la peau au dos, de l'éten- 
dre sur les plats, de la remplier à l'intérieur, de tailler 
et de fermer les coins, de dresser les mors, de former 
les nervures vraies ou fausses, et de faire la coiffe est en 
tous points semblable. 

Nous entendons par là que pour couvrir une reliure 
en maroquin, en veau ou en basane^ les procédés sont 
les mêmes.; décrire la couvrure d'une reliure de valeur 
moyenne, c'est faire la description de tous les g'enres ; 
il n'y a de difiérence que dans le plus ou moins d'apti- 
tudes, ou le plus ou moins de soins que l'on apporte 
dans chacun des mouvements pour mener l'opération à 
bonne fin. 

L'aptitude et l'exercice sont ici tout à fait indispen- 
sables. On ne s'improvise pas couvreur en reliure, on 
ne devient maître que parla pratique et un entraînement 
basé sur de bons principes. 11 faut surtout procéder par 
ordre, s'exercer d'abord à bien couvrir une reliure en 
basane, puis en chagrin^ le maroquin vient ensuite pour 
finir par le veau, la peau de truie et le cuir de Russie. 

Beaucoup d'ouvriers sont aptes à couvrir un volume 
en chag'rin, parviennent à couvrir tant bien que mal le 
maroquin, et ne savent pas du tout couvrir une reliure 
en veau. Le temps employé influe très peu sur la réus- 
site de la couvrure ; au contraire, la meilleure est celle 
qui relativement au sujet s'exécute avec célérité. La 
matière séchant sous la main ; procéder lestement est 
le meilleur moyen de réussir à produire un travail par» 
fait, et à conserver aux peaux leur fraîcheur. 



198 GUIDB MANUEL DB L'oUVRIBR RELIBUR 

Nous allons décrire la couvrure d'une reliure pleine 
d'un prix relativement restreint, tout en produisant un 
travail pouvant satisfaire aux exigences d'une bonne 
reliure de bibliothèque, au lecteur à tirer de là les élé- 
ments propres à chaque genre, d'après les indications 
que nous avons données plus haut. 

Coavrure d'nne reliure. — Avant de procéder à la 
couvrure d'un volume, l'ouvrier s'assure s'il a été pré- 
paré convenablement, et surtout si les chasses sont bien 
partagées en tète comme en queue. Il fixe les cartons 
bien en place en mettant sous chaque ficelle, et sur le 
carton près du mors un peu de colle de pâte ; il donne 
quelques coups de marteau sur les ficelles afin de les 
aplatir et de les bien fixer au carton, de façon à leur 
enlever le jeu qui jusque-là avait été indispensable au 
travail. Ces coups de marteau servent en même temps à 
raffermir le dos du volume et à le redresser convena- 
blement, puis il procède à la fabrication du faux dos, 
qui pour le sujet qui nous occupe n'aura pas été fixé à 
l'avance. 

Le faux dos consiste, comme nous l'avons dit plus 
haut, en une carte dont l'épaisseur doit être appropriée 
au format du volume. Celui qui nous occupe était censé 
un volume in-8^ raisin de 3 centimètres d'épaisseur ou 
à peu près, nous prendrons de la carte en trois, ainsi 
nommée parce qu'elle se compose de 3 feuilles de pa- 
pier collées les unes sur les autres. L'ouvrier commence 
parla débitera la hauteur du volume, puis il prend le 
contour du dos à l'aide d^une bandelette de carte, en 
ayant soin d'établir la mesure de telle sorte qu'il reste 
un millimètre de jeu de chaque côté entre les cartons 
et le faux dos, qui saris cela gênerait l'ouverture de la 
couverture et empêcherait de fixer le dos avec la fermeté 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 199 

voulue. Il marque ensuite la place des faux nerfs, qu'il 
fait concorder avec les ficelles, s'il a eu soin de bien les 
proportionner à l'avance en |;|precquant le volume, la 
mesure des encoches ou g'recqures devant, pour toute 
reliure soignée, être prise en vue de concorder parfai- 
tement avec les faux nerfs (i). Il taille ensuite dans du 
carton souple ou dans du cuir épais, ou qu'il a doublé 
pour la circonstance, des bandes qui lui serviront à 
fig'urer les nervures, et il les applique aux places mar- 
quées sur la carte; puis, les ayant fixées et ajustées 
avec soin, il taille en biais l'extrémité de chaque nerf, 
de façon à ce que ces extrémités ne puissent g-êner 
l'ouverture des cartons, alors il arrondit le faux dos 
jusqu'à ce qu'il ait acquis le contour du dos du volume 
à couvrir. 

Le volume étant préparé et la couverture parée à 
point, l'ouvrier la plie en deux en appuyant sur les 
extrémités pour bien marquer le centre. Puis il la place 
sur un papier qui la dépasse suffisamment pour pré- 
server la table des atteintes de la colle, et saisissant le 
pinceau, il procède à un bon encollage du côté de la 
chair, en ayant soin de distribuer la colle bien égale- 
ment sur toute la surface. Il s'y prend à plusieurs fois, 
pour bien imprégner la couverture, mais sans la sur- 
charger et sans qu'il y ait la moindre inégalité, puis il 
place le faux dos bien au centre en se guidant des deux 
marques qu'il a eu soin de faire avant l'encollage. Il 
passe ensuite un peu de colle de pâte sur les mors du 

<i) La bonne rè^Ie veut que l'on mette cinq nervures à tous 
les formats jusqu'aux in-4 inclus. A partir des in-folios, on en 
met six et sept, selon la taille du volume, ce qui ne veut pas 
dire qu'il faut que la couture soit faite sur autant de ficelles. 
On peut coudre à trois ficelles et établir le dos à cinq nervu- 
res. On ne coud à cinc|, six et sept ficelles que les reliures soit 

|^née«. 



300 GUIDE MANUEL D£ l'oUVRIER RELIEUR 

volume. Cela fait, il soulève Vun des flancs de la cou- 
verture et en replie l'extrémité, chair contre chair, 
mais sans marquer de pli ; puis il en fait autant de 
Tautre côté ; il ne faut pas que ce rempliage, qui n'est 
que momentané, dépasse le quart de chaque flanc afin 
de ne pas gêner l'opération qui va suivre. 

Alors, saisissant la couverture qu'il place de façon à 
ce que le dos se trouve dans le creux delà main gauche, 
il saisit avec la main droite le volume par la gouttière 
et il emboîte le dos dans le creux du faux dos. Les deux 
mains, se trouvant en rapport par la jonction du volume 
et de la couverture, s'entr' aident mutuellement pour 
ajuster convenablement le volume au faux dos et à la 
couverture. L'ajustage étant parfait et la couverture 
fixée, il place le volume sur la pierre debout sur les 
chasses de devant la tranche de queue vers lui, puis en 
se servant de la paume de chaque main qu'il fait fonc- 
tionner de concert, il serre convenablement la couver- 
ture au dos et sur les mors du volume, en ayant soin 
de ne pas fatiguer le grain de la peau, à laquelle il 
s'efforce, pendant tout le cours de l'opération, de con- 
server sa forme et sa fraîcheur. Conditions de la plus 
haute importance, la couverture d'une reliure, qu'elle 
soit en peau ou en n'importe quel tissus, doit se présenter 
à la vue aussi fraîche qu'elle Tétait avant de lui avoir 
fait subir la moindre opération. 

La partie du dos étant convenablement fixée, l'ou- 
vrier place le volume sur le dos, la gouttière vers lui et 
tout en le maintenant avec la main gauche, il détache 
avec la main droite le pli qu'il a fait momentanément 
à la couverture et il couche le volume sur la pierre, 
puis il détache le pli qui, à ce moment, se trouve au- 
dessus ; et avec la paume des deux mains, il étend par- 
faitement la couverture pour la faire adhérer définitive- 



GUIDE MANUEL DE L*ÛUVRI£R RELIEUR 201 

ment au carton, puis il retourne le volume et en fait 
autant de Tautre côté, en ayant soin de remplier immé- 
diatement la peau à l'intérieur autour des chasses de 
devant, puis il s'assure si la couverture est bien tendue 
et ne fait aucun pli surtout du côté du dos et des nerfs ; 
cela fait, il place le volume debout sur la pierre, la 
queue vers lui et saisissant la pince à nervures il se met 
en devoir de dég-rossir les nerfs. 




Fig. 47» — La pince à nervures (Bosquet). 

Pour se servir de celle-ci, on la place dans le creux 
de la main droite, la première phalange du pouce posé 
sur l'une des tranches, ou dans la poucette si l'on se 
sert de la pince à laquelle nous avons donné notre nom; 
les mâchoires dépassent ainsi la paume de la main et 
se présentent horizontalement comme une palette à 
dorer. 

Alors, avec la main gauche contournée, il saisit entre 
le pouce et l'index le volume du côté du dos pour le 
maintenir, et avec la main armée de la pince il attaque 
le premier nerf, qu'il saisit entre les mâchoires en com- 
mençant par la droite. Il suit la courbe du dos en 
mâchonnant avec légèreté et en écartant les mâchoires 
le moins possible, afin que leur action reste circonscrite 
aux flancs du nerf et ne fatigue pas la peau. La forme 
du nerf étant ébauchée, il reprend à droite et fait suivre 
le nerf par la pince qu'il maintient serrée et en glissant 
cette fois, de droite à gauche et de gauche à droite en 
suivant bien le contour du dos pour que la forme soit 
bien nette, puis il passe au second nerf et ainsi de suite. 



SOâ GDIDB MANOBL DE l'oUVHIBR nSLIBUH 



Les nerfs étant pinces, il a soio de laver la peau à l'ean 
fraîche en se servant d'une éponge fine ; ce lava|pe a 
surtout pour but de bien humecter la fleur de la peau, 
afin que l'humidité occasionnée par la cotle de pâte, se 



Fig. 48. — Covtudhc ; Foroattioa de» 

répartisse également partout pour éviter les taches qui 
se produiraient infailliblement sans cette précaution, et 
aussi pour relever le grain déjà un peu fatig'uéparcette 
première manipulation. Puis l'ouvrier laisse reposer 
environ un quart d'heure pour donner à la peau le 
temps de se fixer, puis il procède au rempliaf^e. 



GtlDB HàNUBL de l'oUVRIBR RELiBUli 203 

En appliquant la peau, l'ouvrier n'a pu remplier que 
le devant des cartons du volume. Il s'agit de faire l'opé- 
ration en tête et en queue. Pour cela il prend le volume 
et le pose sur le dos, la queue vers lui et laisse tomber 
les cartons sur la pierre. Il maintient le volume debout 
avec la main gauche, pendant qu'avec le bout de l'index 
de la main droite il passe un peu de colle de pâte sur 
les bords intérieurs de la peau, puis il fait pirouetter le 
volume et en fait autant de l'autre côté. L'encollage des 
bordures étant ainsi rafraîchi, il attire le volume à lui 
de façon à ce qu'un quart environ dépasse la pierre, 
puis il pose une main sur chacun des cartons, en dressant 
les index avec lesquels il maintient le volume debout, 
pendant qu'avec les pouces il force les cartons à s'abais- 
ser pour livrer passage à la peau. Alors les deux doigts 
médius prennent la place des pouces très près des mors 
pour maintenir les cartons, pendant qu*avec les pouces 
il remplie la peau avec les précautions voulues pour ne 
pas tacher les tranches ni les tranchefiles avec la colle, 
puis il en fait autant de l'autre côté. 11 saisit ensuite le 
volume avec la main gauche pour le maintenir, pendant 
qu'avec le pouce et les doigts de la main droite il serre 
fortement les remplis de la peau sur les cartons, il se 
sert aussi du tranchant du plioir pour bien accentuer 
le rempliage, sauf pourtant sur la carte du dos. A cette 
place il a soin non seulement de ne pas serrer la peau, 
mais de laisser en dehors un petit bourrelet qui lui ser- 
vira à faire la coifiFe. Ce bourrelet se produit naturelle- 
ment et avec régularité s'il a soin d'introduire le rempli 
avec ensemble, c'est-à-dire d'un seul coup, et surtout si 
la peau est parée à point comme nous l'avons dit plus 
haut. 

Mais il laisse momentanément cette partie pour s'oc- 
cuper des coins, vers lesquels les remplis sont venus «e 



204 GUIDE MANUEL DE l'oUV.RIER RELIEUR 

rejoindre ; il saisit Tune des jointures et il la relève en 
équerre entre le pouce et l'index de la main gauche en 
attirant la peau, de façon à ce qu'elle recouvre Tangle 
du coin, puis avec la main droite armée du plioir, il 
accentue le pli, en exerçant avec la pointe une pression 
rentrante de chaque côté de la jointure, toujours main' 
tenue debout entre le pouce et Tindex de la main gau- 
che. Alors saisissant les ciseaux avec la main droite 




Fig. 49» — Ciseaux de couvreur. 

il coupe le pli debout bien à fleur du carton, et repre- 
nant le plioir il joint avec soin les deux parties et de 
façon qu'à cette place, la fleur de Tune couvre la chair 
de Tautre, mais le moins possible pour arriver à une 
jointure parfaitement unie. Il ne suffit pas pour qu'un 
coin soit bien fermé que les parties coupées se joignent 
à vif, il faut qu'elles se croisent légèrement et autant 
que la coupe vive le permet, pour cela il faut que l'un 
des côtés se présente en biais de bas en haut, laissant 
la chair à découvert, et de l'autre côté il faut, par une 
légère traction opérée à l'aide de la pointe du plioir que 
le biais se présente du haut en bas, la fleur dominant 
la chair ; la jointure se trouve alors bien maintenue et 
ne peut se disjoindre en séchant. Pour cela un peu de 
colle est parfois nécessaire, si l'encollage serait devenu 
un peu sec ; et il faut qu'à l'aide du plioir les joints 
soient bien aplatis et ne forment aucune épaisseur. 

Les coins étant achevés, il s'agit de dresser carrément 
les mors, pour cela, l'ouvrier place le volume à plat sur 



GUIDE MANUEL DÉ l'oUVRIER RELIEUR 205 

la pierre le dos vers lui. Il ouvre le carton qui dans 
cette position doit avoir le bord posé sur le bord arrondi 
de la pierre. Alors, avec Tindex de la main droite, 
il passe un peu de colle de pâte dans le creux et sur 
toute la longueur du mors. Puis, tout en soutenant 
le carton à Taide des trois doigts inférieurs de chaque 
main, placées chacune aux deux extrémités du volume, 
il serre la peau sur le carton avec les pouces, pendant 
qu'avec les index il la serre dans le creux du mors ; et 
si la peau est un peu forte, ou s'il s'agit d'un travail 
soigné, il se sert des deux mains pour opérer tour à 
tour à chaque extrémité. 

La peau étant suffisament serrée, il appuie fortement 
sur toute la longueur du mors avec un plioir pour 
accentuer à ces places le pli de la peau et rendre le 
mors bien carré. Alors, abandonnant le plioir, il se met 
en devoir de fermer le carton sans déformer le mors. Il 
ferme le carton en le soulevant avec les pouces pendan 
qu'avec le bout des index placés à chaque extrémité 
dans le mors, il maintient sa forme carrée tout en reti- 
rant le bout des doigts au fur et à mesure qu'il abaisse 
le carton et jusqu'à ce qu'il lui ait fait reprendre sa 
place. Il s'assure si les chasses sont parfaitement égales 
en tête et en queue, et il procède de même pour le second 
côté ; il s'occupe ensuite des coiffes. 

De la coiffe. — La coiffe qui a pour but l'ornement et 
la solidité de la reliure, se forme à l'aide du bourrelet 
de peau que le couvreur s'est ménagé lors du rempliage. 
Si le bourrelet est insuffisant ou irrégulier, il se sert 
de l'ongle du pouce de la main droite pour retirer du 
rempli engagé sous le dos ce qui lui manque pour que 
la coiffe soit régulière et atteigne en l'aplatissant l'épais- 
seur du carton. Alors il place le volume debout, la 

BOSQUET — Reliure 12 



206 CtilUB MANDBt DE l'oUVRIEH RELtBVK 

f^outtière vers lui, et, saisissant le pliotr avec la main 
droite, il en appuie le tranchaDt de le pointe du dehors 
en dedans, dans le creux formé par les coins du carton 
qu'il a coupés du cdté du dos. Puis il place l'ongle du 
pouce de la main gauche dans le pli qu'il vient de for- 



Fig. Sa. — CouvRUBE ; Formation de la coiffe. 

mer du cAté gauche, et avec la pointe du piioir il plîe 
la peau en forme d'S, sur l'ongle qui lui sert de point 
d'appui. Cela fait, il fait pivoter le volume en plaçant 
le dos vers lut, et il place l'ongle dans le creus qu'il 
' avait fait du cAté opposé et avec la pointe du piioir il 
plie la peau sur l'ongle, comme il la fait du premier 



GUIDB MANUEL DE L^OUYRIER RELIEUR 207 

côté ; les deux S étant bien formés, il replace le volume 
dans sa première position, et il se sert du côté large du 
plioir pour aplatir la peau à petits coups sur la tran- 




Fig. 5i. — Plioir de couvreur. 

chefile. Il polit la surface en ayant soin d'arrondir la 
coiffe dans la forme du dos pour que l'harmonie soit 
parfaite. 

On peut, pour la formation de la coiffe appeler à son 
aide deux moyens en usag-e dans beaucoup d'ateliers. 
Le premier consiste en un bout de fil fort, dont on en- 
roule les deux extrémités autour du pouce et de l'index 
de la main g'auche, et que l'on place en travers dans les 
creux pour servir de point d'appui en remplacement 
de l'onf^le. Les deux côtés se trouvent ainsi maintenus 
en même temps par le fil fortement tendu par la trac- 
tion qu'exerce la main g-auche placée derrière le dos, et 
dont on sert en même temps pour maintenir le volume. 
Le second moyen consiste en une petite glace sans tain 
de 8 à 10 centimètres, carrée ou octogone que l'on place 
sur la coiffe pour la former avec plus de facilités. Tout 
dépend de l'adresse de l'ouvrier, plus tôt il pourra se 
débarrasser de ces accessoires, plus son travail gagnera 
en perfection et célérité. 

Certains ouvriers, dans le but d'accentuer la forme 
arrondie du dos et des coiffes, placent le volume debout 
sur la pierre, et par des frottements avec le plioir : que 
ce soit sur peau de veau ou de maroquin lissent la sur- 
face du dos jusqu'à déformer la fleur etmêmeles grains 
de la peau. Admettons que dans certains cas, la peau 
6oit un peu dure à travailler et l'opérateur n'ayant pas 



208 GUIDE MANUEL DE L*OUVRIER RELIEUR 

acquis Tadresse nécessaire, il est préférable, après avoir 
placé le volume debout sur la pierre, la gpouttière vers 
soi ; de se servir d'une bande de carte un peu plus lon- 
g'ue que le contour du dos. On la place, non au bas da 
dos à fleur de la pierre, mais on lui fait prendre le con- 
tour du dos à fleur de la coiffe que Ton voit en haut ; 
on serre fortement et on la maintient avec le pouce et 
rindex de la main gauche aux flancs du volume. On 
saisit le plioir avec la main droite et on frotte sur le 
contour du dos et sur la coiffe sans encourir le risque de 
fatigcuer la fleur ou les g^rains de la peau. 

Demi-reliures et remarques diverses. — La couvrure 

des demi-reliures se fait par les mêmes procédés que 
l'on emploie pour la reliure pleine, au moins en ce qui 
touche les parties essentielles, c'est-à-dire Tapplication 
du faux dos soit avant ou pendant la couvrure ; le mode 
d*emboîter le dos ou la couverture est le môme. La for- 
mation des nervures le rempliag*e du dos le redressage 
des mors et les coiffes se font en tous points de la même 
façon et exig-ent autant de temps et de soins. 

Les qualités essentielles d'une bonne couvrure sont : 
Que les chasses soient bieti partagées et bien propor- 
tionnées au format du volume, que le faux dos, suffi- 
samment large pour couvrir le dos du volume, laisse 
pourtant un jeu suffisant pour que Touveiture des car- 
tons se fasse librement, et sans froisser la peau ni les 
étoffes employées; que les rempliages soient faits carré- 
ment et marquent parfaitement les angles des cartons. 
Que les mors, parties essentielles de la reliure, soient 
dressés de façon à ce que le carton et le mors propre- 
ment dit constituent un ensemble parfait et ne présentent 
aucune inégalité, tant au centre qu'aux extrémités. Une 
reliure dont les mors seraient bombés au centre et pin- 



GUIDE MANUEL DE l'ouYRIER RELIEUR 209 

ces aux extrémités, de même que celle dont les cartons 
avancent au delà, ou restent en deçà des mors et ne 
s'identifient pas exactement avec eux, fatigueront tou- 
jours le commencement ou la fin du volume, et défor- 
meront rapidement la reliure qui aura de plus un très 
vilain aspect. Que les coiffes, ornement principal, soient 
bien dégagées et d'un contour gracieux, et surtout ne 
dépassent jamais comme aspect, l'épaisseur des cartons ; 
que les nervures soient bien droites et bien nettes, et 
que les coins soient légèrement arrondis, et façonnés 
de telle sorte qu'ils ne puissent se déformer, sans une 
cause indépendante de la fabrication. 

Nous disions plus baut : les peaux de tous genres, 
sauf quelques cas exceptionnels que nous ferons con- 
naître, se couvrent généralement à la colle de pâte. 

Il arrive parfois qu'un relieur, pressé par son client, 
se voit forcé de couvrir un volume en peau à la colle 
forte. Ceci constitue un cas tout à fait anormal, que 
nous réprouvons comme ne pouvant produire qu'un 
travail des plus défectueux, et dont pour cette raison 
nous n'avons pas à nous occuper ici. 

Mais deux autres cas se présentent assez souvent dans 
certains ateliers de reliure. 

i<^ La fabrication des couvertures en maroquin, cha- 
grin, basanes, etc., et 2^ la couvruredes demi-reliures, 
dont les dos ont été dorés au balancier. 

Dans la fabrication des couvertures en peau, il est 
préférable d'encoller les cartons et les faux dos à la 
colle forte, puis de les appliquer sur la peau en ayant 
soin d'en faire les rempliages à la colle de pâte. Les 
peaux traitées ainsi conservent toute leur fraîcheur, et 
les couvertures ainsi fabriquées sèchent rapidement. On 
voit par là, que nous reprouvons formellement l'appli- 
catioQ djrçctç dç ]^ çoUe for^e sur |a peau, qui qe peut 

13. 



210 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

que se déformer, se tacher et s'abîmer par ce procédé. 
Elle ne pourrait s'étendre qu'avec difficulté et rendrait 
de plus le rempliage des plus défectueux. 

Pour la couvrure des dos dorés au balancier, on a 
soin d'appliquer à l'avance sur la peau et à la colle de 
pâte, un faux dos en carte épaisse, mais souple, de 
façon à ce que les faux nerfs auxquels il faut donner 
le plus de relief possible, puissent se former sans bri- 
sures. 

Les dos étant dorés et les volumes prêts à couvrir, 
l'ouvrier doit avoir soin d'arrondir les dos sur un cylin- 
dre ou tuyau, de 2 à 3 centimètres de diamètre, le tra- 
vail se trouve singulièrement simplifié si le tuyau peut 
être chauffé, la condition essentielle étant d'éviter les 
cassures, puis il taille des petites bandes de carte pour 
remplir le creux des nerfs. Il les fixe par un encollage 
au glacis; il colle par-dessus une bande de papier de la 
grandeur du faux dos, et après avoir ajusté les chasses 
en plaçant les cartons bien à fond dans les mors, il 
applique de la colle forte sur les cartons et les mors à la 
largeur de la peau. Il emboîte alors le dos au volume 
en serrant fortement le tout. Tous ces collages se faisant 
à la colle forte, s'appliquent et se fixent en môme temps, 
et ont pour but de conserver aux dorures et gaufrures 
du dos toute leur fraîcheur. Ceux-ci auraient trop à 
souffrir de Thumidité, et de la déformation que ne 
manquerait pas d'occasionner un encollage à la colle de 
pâte. 

Le tout étant bien sec, l'ouvrier procède au rempliage 
au moyen de la colle de pâte qui, appliquée discrètement, 
ne peut avoir aucun inconvénient et donne aux parties 
essentielles de la couvrure toute la souplesse et le fini 
désirables. Il faut pourtant s'abstenir, et dans n'importe 
quelles circonstances, de couvrir les pes^uiç de veau de 



GUIDB MANUEL DB l'oUVRIER RELIEUR 21 i 

n'importe quelles nuances à la colle forte, dont le con- 
tact direct leur serait par trop nuisible. 

Fouettage et défouettage. — Le fouettag^e est excellent 
pour les reliures cousues sur nerfs doubles. Dans ce cas, 
il est presque indispensable à la formation des nervures 
qui, aux reliures en veau ou en peau de truie, ne se 
forment qu'avec une certaine difficulté et ont besoin 
d'être maintenues pour ne pas se déformer en séchant. 
Voici, pour ne pas avoir à revenir sur ce sujet, la ma- 
nière la plus simple de faire cette opération. 

Un volume à nervures doubles étant couvert, l'ouvrier 
commence par dégrossir les nerfs au moyen de la pince 
ou du plioir, puis il prend un carton qu'il coupe à la 
hauteur du volume, mais de deux fois sa larg-eur ; il 
place le volume debout au centre et marque son épais* 
seur sur le carton ; puis, prenant une règ-le et une pointe 
à couper, il fait sur chaque trace et sur toute la lon- 
gcueur du carton une coupure lég-ère qui lui permette 
de le plier avec netteté, et de former une emboîture 
dans laquelle il place le volume du côté de la g'outtière. 
Alors, à l'aide d'une ficelle fine dite corde à fouet à 
laquelle il a fait une boucle, il attache l'embofture au 
volume en passant le fouet en même temps au centre de 
la première nervure double, puis il serre fortement : 
le centre du nerf étant lié, il fait un tour et serre le 
fouet au flanc droit du même nerf, puis il en fait autant 
au flanc g'auche. Il passe au second nerf auquel il fait 
subir la même opération, et ainsi des autres, en ayant 
soin de serrer fortement à chaque tour. Le dernier nerf 
étant lié, il arrête et noue le fouet et laisse sécher. Lors- 
que le volume est bien sec, l'ouvrier détache la ficelle et 
c'est ce qu'on nomme défouetter ou ôter le fouet. 

Si H couleur de la peau est délicate et que l'on prai- 



212 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

g-neque le contact direct du carton puisse causer quelque 
altération à la nuance, on entoure d'abord la partie infé- 
rieuae du volume d'un papier blanc et on place Tem- 
boiture par-dessus. 

Convrare des tissus en général. — Les tissus de tous 

genres se couvrent à la colle forte ou à la gélatine ; on 
peut aussi employer la gomme arabique ou colle à 
froid, tout dépend des circonstances et du genre de 
tissus. 

Pour les tissus gommés, tels que les percalines fran- 
çaises et anglaises, on applique la colle directement, 
c'est-à-dire que sur le revers môme on peut étendre la 
colle forte, la gélatine ou la gomme nécessaire à la 
couvrure d'un volume, ou à la fabrication des couver- 
tures d'emboîtages. 

Pour les soies, satins ou autres tissus facilement 
perméables, leur application se fait d'une manière indi- 
recte, c'est-à-dire qu'au lieu de tremper directement 
l'étoffe, on étend la colle sur l'objet que l'on veut recou- 
vrir, en ayant soin de ne mettre que la quantité stricte- 
ment nécessaire à une bonne adhérence, sans courir le 
risque de provoquer des taches par la transparence, ou 
d'altérer les couleurs, qui sont parfois d'une extrême 
délicatesse. Le meilleur moyen de faire une couverture 
en satin, quelque léger qu'il soit, est de se procurer un 
papier très léger, à peu près de la nuance de l'étoffe. 
On enduit le papier avec soin à la gélatine et sans faire 
de rayures, puis on l'applique sur l'étoffe en ayant soin 
que ni le satin ni le papier ne fassent aucun pli, on 
enduit alors le papier sur le verso en mettant un peu 
plus de colle. On place les cartons et le faux dos, on 
égalise avec soin et on remplie les bords après avoir 
QQupé les coins. Le papier coupé à vif avoç l'étoffe per*» 






GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 213 

met de former des coins exempts d'effilochures, et Ten- 
semble du travail est d'une propreté parfaite. 

On peut se servir du même procédé pour couvrir un 
volume, les aug'les et les coiffes se formeront d'autant 
plus aisément que le papier sera plus souple. C'est 
également le meilleur moyen de couvrir un volume, 
ou de fabriquer une couverture en vélin blanc. 

Le velours demande des soins tout particuliers, il 
faut d'abord fixer le faux dos au volume, soit au moyen 
d'un papier mince et solide, ou, ce qui est préférable, 
avec une toile légère, à moins que le volume soit d'un 
grand format, un Missel par exemple ; dans ce cas il 
faut une forte toile de lin ou de chanvre. 

Le faux dos étant fixé, l'ouvrier place le volume au 
bord de la table, le dos vers lui ; il encolle l'un des plats 
et le dos à la colle forte, il place immédiatement l'un 
des côtés de la couverture par-dessus et il la fait adhérer 
au moyen d'une brosse qui, sans être souple ne soit 
pas trop dure, en brossant dans le sens de la peluche 
et sans la toucher avec les mains. Le premier côté et le 
dos étant fixés, il retourne le volume la gouttière vers 
lui, tout en le plaçant sur une serviette pliée en quatre, 
il encolle le second côté en ayant soin de ne pas toucher 
la trame du velours avec le pinceau à l'endroit où le 
second plat rejoint le dos, puis il saisit les deux coins 
du second côté de la couverture entre le pouce et l'index. 
Il tire fortement à lui et rabat le velours sur le carton, 
puis il brosse comme il l'a fait pour le premier côté, et 
il laisse sécher pendant un quart d'heure au moins, 
puis il procède au rempliage en plaçant le volume sur 
le dos la queue vers lui, et débordant un peu la table 
et toujours sur la serviette. Il laisse alors tomber les 
cartons, et comme il s'agit d'un livre un peu lourd, et 
qu'il a besoin d'avoir les mains libres. Il fait tenir le 



214 GUIDE MAKUBL DB l'oUVRIER RELIEUR 

volume debout par un tiers pendant le cours de Topé- 
ration, qui consiste à encoller d'abord à la colle forte 
le bord intérieur du carton à la larg'eur du rempli, 
puis il place les mains de chaque côté sur les mors et à 
Textrémité du volume, de façon à pouvoir soulever le 
rempli avec les pouces, il appuie les index sur les car- 
tons pour les abaisser afin de livrer passag-e au rempli 
qu'il introduit avec les pouces entre le dos, en serrant 
le plus possible, mais sans fatig'uer le velours, puis il 
continu à fixer le rempli sur chaque carton ; ce premier 
côté étant remplie, il fait pivoter le volume et procède 
de même pour le second côté, puis il couche le volume 
sur le carton de g'auche et laisse ouvert le carton de 
droite, Taide devient alors inutile. Il procède seul au 
rempliag*e du devant de ce côté de la couverture, il taille 
les coins à vif s'ils sont destinés à être g*arnis de coins 
en métal, et dans le cas contraire, il joint les coins avec 
précaution, en ayant soin d'éviter de mettre de la colle 
sur la peluche pour que le travail soit bien propre, puis 
il a soin de redresser carrément les mors avant de fer- 
mer le carton. Il retourne alors le volume de gauche à 
droite, le dos ne quittant pas la serviette pour éviter les 
manipulations inutiles, puis il s'occupe du rempliage 
et du redressage des mors du second côté, et, après 
avoir fermé le carton, il s'assure si les coiffes ne laissent 
rien à désirer, et saisissant la brosse, il s'en sert pour 
relever le velours tant sur les bords que sur le dos et 
les plats, puis il couche le volume sur un des côtés 
bien égalisés de la serviette, il la replie de même au- 
dessus et il laisse sécher complètement avant de poser 
les charnières. 

Il est pourtant certains cas, où il n'est pas possible 
de fixer le faux dos à l'avance. Ceux, par exemple, ou 
\^ dos du voluine doit $tre doré, soit à la inaia soit au 



GtlOË IfANUËt DB L^OUVm&R HlELIfiUtt il8 

balaDcier^ où s'il s'agit de fixer au dos des ornements 
ou plaques en métal ; dans ce cas^ on colle le faux dos 
sur une forte toile de chanvre ayant la longueur du 
faux dos, mais de trois doigts environ plus large de 
chaque côté. On replie ce qui dépasse de la toile, sous 
le faux dos, et on passe une couche de colle forte sur la 
partie de la toile déjà fixée au faux dos, et on l'appli- 
que au centre de la couverture en velours. On laisse 
bien sécher et on procède à la dorure ou à la garniture 
du dos. 

Cela fait et le faux dos convenablement arrondi, on 
roule les deux plats de la couverture le velours en 
dedans, on les joints au dessus du dos en les rattachant 
avec des épingles, afin de ne pas gêner les mouvements 
qui vont suivre, et de laisser à découvert les toiles qui 
doivent servir à rattacher le faux dos au volume ; on 
applique alors une couche de colle forte sur chaque 
côté du volume près du mors, à la largeur de la toile 
qui déborde le faux dos, et on le fixe au volume en 
tirant fortement la toile jusqu'à ce qu'elle soit bien 
tendue, et on l'égalise avec le tranchant du plioir. On 
laisse sécher complètement, puis on détache les épin* 
gles et on colle chaque plat, comme nous l'avons déjà 
indiqué au volume précédent. 

Les toiles de lin ou de chanvre peuvent s'appliquer 
à la colle de pâte étendue modérément, mais il est de 
beaucoup préférable d'en faire la couvrure à la colle 
forte, non pas appliquée directement sur la toile, mais 
sur les cartons du volume, dont le faux dos aura été 
fixé à Tavance, à l'aide d'un papier qui recouvre le 
mors, et avance de 3 à 4 centimètres sur le plat. Le 
rempliage peut se faire à la colle de pâte et n'entraîne 
aucune conséquence fâcheuse^ il est même plus facile 
d'opérer ainsi. 



216 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

La toile d'un volume couvert par ce procédé conserve 
toute sa fraîcheur, ce qui est très important surtout si 
elle est teinte et lég^èrement lustrée, mais la couvrure à 
la colle de pâte et plus lestement faite, et il faut tenir 

compte du prix que l'on peut obtenir de son travail. 

« 

Placement des pièces de titres. — Après la couvrure, 

on procède pour les reliures en veau ou en basane, 
soit fauves ou naturelles, au racinage, marbrure ou jas- 
pure du dos ou de la couverture, opérations auxquelles 
nous avons consacré une notice particulière. 

Nous devons une mention spéciale au placement des 
étiquettes ou pièces de titre, opération délicate dont la 
forme varie selon le g'oût du client, et surtout selon 
l'importance du sujet. 

Le type idéal pour les reliures d'amateur, qui tou- 
jours et quel que soit le format, se font à cinq ner- 
vures, est de placer deux pièces de titre rapprochées, la 
première en rouge ponceau pour le compartiment 
généralement affecté au titre du livre, la seconde ne 
vert myrthe pour le compartiment immédiatement au- 
dessous, que le second nerf seul sépare, et sur laquelle 
on place les tomaisons ou sous-titres. Il n'est pas indis- 
pensable que l'ouvrage se compose de plusieurs volu- 
mes, pour motiver ces deux pièces de titre. S'il s'agi* 
d'un volume unique, on place ou le nom de Tauteur 
sur la première pièce et le titre proprement dit sur la 
seconde, ou, ce qui est préférable, on affecte la seconde 
pièce au millésime et à la firme de l'éditeur du livre, 
ce qui habituellement se place en queue, c'est-à-dire au 
bas du dos. Les amateurs tiennent beaucoup à la dou- 
ble pièce de titre, pour ne pas rompre l'harmonie de 
leur bibliothèque. 

Si les ouvrages ne sont pas tout à fait modernes, le 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR ' 217 

roug-e ponceau se remplace par le vieux rouge ou gre- 
nat clair, et le vert niyrthe par le vert russe. La ques- 
tion des nuances n'est, du reste, qu'une affaire de goût; 
on emploie diverses nuances aux pièces de titre ; il est 
pourtant essentiel, si Ton emploie deux couleurs diffé- 
rentes, d'affecter la plus voyante au titre proprement 
dit, et la moins vive pour la tomaison. 

On peut aussi séparer les pièces de titre> de façon à 
ce qu'il y ait Tintervalle d'un compartiment entre les 
deux. Les reliures à quatre nerfs ont leurs pièces de titre 
forcément séparées ; là il est de toute nécessité de placer 
la première entre le premier et le second nerf, et la 
deuxième entre le troisième et le quatrième nerf. 

Pour les reliures sans nerfs ou dos unis, on marque 
à Taide du compas la place de quatre ou cinq faux 
nerfs, au choix, et on place les étiquettes dans le même 
ordre que sur les dos à nerfs. Nous en reparlerons dans 
la notice sur la dorure à la main. 

On emploie généraleinent la basane sciée très mince, 
pour les pièces de titre des reliures ordinaires. On en 
fabrique de tout à fait spéciales, mais les reliures soi- 
gnées exigent le maroquin à grains longs, ou tout au 
moins de la basane forte imitation du maroquin, le 
premier sera toujours préféré par les amateurs pour la 
beauté de la dorure et la netteté que seul il peut donner 
aux caractères. 

Voici, d'après nous, la manière la plus simple de 
placer les pièces de titre. On prend une platine de zinc 
ayant peu ou point servi, une règle mince en fer, une 
pointe à couper bien affilée, un compas à vis et une 
petite équerre. L'ouvrier débite d'abord la peau en 
bandes à la hauteur du compartimenta garnir; il prend 
la mesure avec le compas, en ayant soin de s'écarter 
légèrement des nerfs, laissant environ un mllimètre 

BDSQUET — RELIURE 13 



Îi8 GUIDE MANtBL DB L^OUVRIER REtlEtJtt 

d'espace pour la dorure ou la gaufrure d'un filet, puis 
il forme l'équerre en coupant l'extrémité de la bande. 
Gela fait, il prend le contour du dos au moyen d'une 
bande de carte, en ayant soin de ne pas dépasser la 
carte du faux dos, afin que les extrémités de la pièce 
de titre ne touchent pas les mors, ce qui ne permettrait 
pas d'encadrer les pièces à la dorure, et les exposerait 
à se décoller par le jeu de Touverture des cartons ; 
puis, au moyen de Téquerre, il débite les pièces à la 
largeur du dos. 

Alors, avec le couteau à parer sur la pierre, il pare 
les pièces des quatre côtés de façon à amincir les bords, 
jusqu'à ce'qu'il ne reste qu'une faible partie de la fleur 
aux extrémités ; ensuite il pare le centre ne laissant 
qu'une partie de la chair sur toute la surface, en ayant 
soin que le tout soit bien ég'alisé. 

Les peaux de maroquin et de basane forte peuvent 
se parer avant de les débiter pour pièces de titre. On 
les pare aussi après le premier débitage en bandes 
pour les couper à la larg-eur du dos, après que la peau 
aura été débarrassée de toute la chair inutile au sujet. 
Il ne reste alors qu'à amincir les bords et surtout les 
extrémités auxquelles il faut donner la finesse du papier 
de soie. Les basanes fendues ne se parent qu'aux extré- 
mités ; il arrive même parfois, si la peau est très mince 
et le travail peu payé, qu'on les colle sans être parées. 

Le tout étant préparé, Touvrier étend de la colle de 
pâte sur une platine de zinc, et il place les étiquettes 
par-dessus de façon à bien tremper la chair (c'est ce 
qu'on appelle tremper au glacis). Puis, avec la pointe 
à couper il soulève l'une des étiquettes et l'enlève de la 
platine entre le pouce et la pointe, et il la pose sur la 
place du dos qui lui est assignée; il l'ajuste et l'ap- 
plique au moyen des deux pouces, puis il met dessus 



GtIDE MANUEL DE L*Ot)VRlER RELIEUR 219 

un morceau de papier et il frotte légèrement avec un 
plioir; il fait de même pour les suivantes, puis il lave 
le tout à Teau pure, tant pour enlever les bavures de la 
colle qui, malg-ré les précautions prises, ont plus ou 
moins souillé le travail, que pour étendre partout le 
même deg-ré d'humidité, ce qui est très important pour 
éviter les nuances. 

On peut renTplacer 'les pièces de titre par la teinture 
mais cela ne se fait que pour des ouvragées très ordi- 
naires. Voici comment on procède, on taille une bande 
de peau de i à 2 centimètres de large et de 10 à i5 cen- 
timètres de long*, on trempe le centre de la bande du 
côté de la chair dans une forte dissolution de potasse 
de Russie, si l'on veut teindre en brun ; on place le 
volume debout sur la gouttière entre deux billots sur 
la table, on prend la bande imbibée de teinture, on 
saisit les deux extrémités entre le pouce et Tindex de 
chaque main, on place la bande sur la pièce à teindre, 
et on lui imprime un mouvement de va-et-vient, jusqu'à 
ce que la teinture ait bien pénétré partout. S'il s'agit 
de teindre en noir, on passe sur cette première couche 
et par le même moyen, en se servant d*une seconde 
bande, un peu de dissolution de couperose verte. On 
peut teindre en diverses couleurs, en se servant des tein- 
tures d'aniline, mais il faut de grandes précautions 
pour éviter les bavures, et avoir une bande de peau 
spéciale pour chaque couleur. 

Nettoyage des mors. — Lacouvrure du volume étant 
parfaitement sèche, l'ouvrier procède au nettoyage des 
mors. Il place le volume à plat sur la pierre à parer, le 
dos à sa gauche ; il soulève le carton à demi et, à l'aide 
d'un petit bout d'épongé ou avec le bout du doigt il 
humecte quelque peu le rempli de la peau dans le creux 



â20 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

du mors. Ceci à seule fin de la rendre moins cassante et 
d'enlever à cette place une petite portion de la sauve- 
garde, dont l'adhérence à cet endroit du rempli ne peut, 
ayant séché, que lui être préjudiciable. Cette précaution 
prise il place sous la saureg-arde et bien au fond du 
mors, un plioir aussi long- que le volume ou, à son 
défaut, une règ'le plate sur laquelle il appuie, pour 
maintenir le premier cahier et l'empêcher de se déta- 
cher, pendant qu'en ouvrant tout à fait le carton ; il 
brise la sauveg-arde pour la séparer du volume. A ce 
moment, son rôle venant à cesser, c'est par son côté 
faible qu'il faut l'attaquer pour lui faire lâcher prise. En 
effet, la colle que l'on a mise le long- du mors en cou- 
vrant le volume a fait adhérer plus fortement celle-ci 
au carton qu'au livre même. Il est prudent d'ag-ir ainsi 
pour ne pas s'exposer à détacher le premier ou le der- 
nier cahier. 

La sauvegarde étant détachée du livre, il est facile à 
l'ouvrier de Tenlever du carton; alors il fait pivoter le 
volume et place le dos vers lui ; puis, à l'aide d'une 
petite éponge légèrement imbibée d'eau claire, il 
humecte les remplis de la peau dans les mors afin 
d'achever de les assouplir et de pouvoir enlever à cette 
place soit un peu de colle sèche, soit des débris de la 
sauvegarde'qui s'y trouveraient encore attachés. Cela 
fait, il s'assure si les mors sont bien carrés, il les 
redresse s'il y a lieu, et, au moyen de papier verre fin, 
il nettoie proprement tout le mors et polit à cette place 
les angles du carton. Si par accident le mors est bombé 
vers le centre, il l'aplatit à l'aide d'un fort plioir, et au 
besoin à petits coups de marteau. 

Certains relieurs ont la funeste habitude d'enlever 
une' forte partie des remplis de la peau, pour dégager 
les mors et pour donner à cette place plus de liberté 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 221 

aux articulations de la couverture. Ils taillent la peau 
en quelque sorte à vif et enlèvent par là, toute la solidité 
qu'il y a un intérêt majeur à conserver à ces endroits si 
fragiles de la reliure. Il ne faut en ag-ir ainsi qu'à 
l'ég-ard des reliures auxquelles on place des charnières 
tout en n'amincissant la peau que graduellement et le 
moins possible qui, si les remplis sont bien tendus et 
parés à point, peuvent alors être en g-rande partie con- 
servés sans g"êner en rien le jeu des cartons et sans 
qu'il y ait à ces places des inégalités apparentes, sur- 
tout après la mise en presse. Après le nettoyage des 
mors on place, s'il y a lieu, les charnières. 

Placement des charnières. — Les charnières que l'on 
place au volume ont tout d'abord pour but d'augmenter 
la solidité de la reliure. Elles viennent d'autre part en 
aide au relieur pour faire aboutir et compléter la par- 
faite harmonie de son travail. 

Les charnières sont de deux genres : elles se placent 
ordinairement en peau semblable à celle de la couver- 
ture pour les relinres pleines, et en toile française ou 
anglaise assorties à la peau, pour les reliures économi- 
ques et les demi-reliures. 

Il faut certaines précautions pour le placement des 
charnières en peau, et il faut se garder de les appliquer 
directement sur les gardes blanches qui, si elles n'étaient 
préservées, se tacheraient par la transparence et surtout 
par la pénétration de la teinture de la peau, dont le 
contact, quelle qu'en soit la nuance, forme au bout de 
peu de temps, tout le long de la garde du côté du mors 
des raies jaunes, brunes ou noires, du plus déplorable 
effet. 

Plusieurs moyens sont en usage pour remédier à cet 
inconvénient ; le premier qui ait été imaginé est à la fois 



222 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

le plus simple et le plus économique II consiste à appli- 
quer le long des mors sur la g-arde blanche, une bande 
de papier mince, autant que possible imperméable et 
pourtant souple, afin de ne pas durcir le fond de la 
garde et de lui conserver autant que possible la sou- 
plesse qui à cette place lui est indispensable. 

Voici, d après nous, la meilleure manière de s'y pren- 
dre. L'ouvrier, ayant sous la main un papier réunis- 
sant les qualités requises, le coupe en bandes de la hau- 
teur du volume et larges de 3 à 4 centimètres environ; 
il les étage à la largeur de i centimètre, puis avec de 
bonne colle de pâte, il encolle les bords étages en em- 
ployant peu de colle, mais étendue avec soin ; puis il 
prend Tune des bandes et il la place dans le mors, en 
remontant jusqu'à son arôte vive, de façon à ce que 
tout le fond de la garde soit parfaitement doublé, il 
place alors par-dessus une bande sèche, c'est-à-dire non 
collée et il ferme le carton, puis il en fait autant de 
l'autre côté. 

Après quelques heures, alors que les collages sont 
parfaitement secs, il arrache avec précaution la partie 
de la bande qui n'a pas été collée. Cet arrachage à pour 
but d'amincir autant que possible les bords de la 
bande, pour aider à la souplesse et empocher qu'à l'ou- 
verture de la garde, il se forme à cette place un pli 
droit, ce qui ferait mauvais effet. On peut arracher ces 
bandes après la pose des charnières. 

Des contre-gardes. — Le second moyen, que l'on 
emploie pour les reliures soignées, consiste à placer sur 
la garde blanche une contre-garde en couleur, marbre 
peigne pour les reliures d'amateur, en papier chromo 
pour certains ouvrages de luxe, à gardes de soie ou 
çhfomo, 



GUIDE MANUEL DE L^OUVRIER RELIEUR 223 

Si les gardes destinées au volume sont en soie ou en 
peau, il importe peu que les contre-g'ardes soient de 
nuances claires ou foncées ; on les assortit aux gardes. 
Ceci est affaire de goût, mais si les gardes sont en 
papier chromo, il faut que les contre-gardes soient 
pareilles ou tout au moins en teintes plus claires et 
autant que possible du même dessin. Il en est de même 
du papier peigne qui, à notre avis, doit être pareil ou 
tout au moins du même ton. Ainsi nous admettons 
très bien des gardes peigne à grands dessins ou tortil- 
lons à fond blanc, sur les contre -gardes à petits des- 
sins, mais sur fond également blanc. Jamais une con- 
tre-garde ne peut être d'une nuance plus foncée que la 
garde, ce serait un anachronisme. 

Les contre-gardes sont devenues tout à fait à la mode, 
et ce qui a été imaginé pour obvier à Tinconvénient que 
nous avons signalé plus haut, est employé par beau- 
coup de relieurs sans qu'elles aient les charnières pour 
motif. Passe encore pour des reliures pleines, il y a là 
un raffinement de luxe qui peut passer pour un embel- 
lissement, mais nous avons vu des demi-reliures, avec 
gardes et contre-gardes en papier peigne de divers 
dessins et teintes tout à fait différentes ; ceci est au 
moins bizarre et ne nous semble pas devoir faire école. 

S'il est prudent de placer les gardes de couleur après 
la couvrure, et au moment d'achever la, reliure du 
volume, il est de toute nécessité de placer les contre- 
gardes avant la rognure, et cela à cause des tranches 
soit dorées soit en couleur. En effet, les contre-gardes 
placées avant la rognure, ont leurs tranches coupées et 
dorées en même temps que les feuilles du livre. Sans 
cette précaution et malgré toute l'adresse de l'ouvrier, 
la coupe vive qu'il est obligé de pratiquer pour égaliser 
les gardes placées après coup au niveau des feuilles 4^ 



224 C;U1DE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

livre, formera une raie blanche d'un effet très désagréa- 
ble à l'œil, et aura Taspect d'un livre réparé. Il est 
donc de toute nécessité, que contre-g'ardes et feuilles 
du livre soient dorées ou peintes en même temps, d'au- 
tant plus qu'il ne pourra en résulter aucun inconvé- 
nient pour les contre-gardes, qui sont destinées à rester 
aplat et ne devront fonctionnera l'ouverture que pareil- 
lement aux premiers et derniers feuillets du livre. 

Il n'en est pas de môme des gardes qui ont pour but 
découvrir les mors et doivent, pour cette partie essen- 
tielle, conserver toute leur solidité, autrement très com- 
promise, par la fatigue que ne manque pas de lui occa- 
sionner le courant du tra'vail. De plus, il faut que le 
côté de la garde à coller sur le carton soit plus large 
que l'autre, puisqu'il a le mors à couvrir et doit, sur le 
devant du carton, arriver à une distance suffisante, 
pour qu'il n'y ait pas disproportion avec les deux autres 
côtés, qui prennent les chasses pour guide. 

Certains relieurs remédient à cet inconvénient, en 
repliant le devant de la garde avant la rognure, mais 
le papier marbré, plus ou moins cassant par nature, 
conserve toujours la marque de ce pli et il reste tou- 
jours la fatigue à subir du côté du mors, fatigue telle 
qu'il est souvent nécessaire de renouveler la garde qui 
s'est fendue à cette place. Ces inconvénients bien éta- 
blis, il nous reste à indiquer le moyen de placer les 
contre-gardes. 

Le volume étant endossé et les cartons dégagés, l'ou- 
vrier prend les contre-gardes en papier peigne ou 
chromo, qui lui sont destinées, il les plie en deux et il 
les étage du côté du dos, à deux ou trois millimètres 
de distance, selon le format du livre ; il les enduit à la 
colle de pâte, puis il soulève la sauve-garde, et place la 
contre-garde en formant un pli au fond du mors, de 



GUIDE MANUEL DE L*OUVRIER RELIEUR 225 

façon à la relever jusqu'à la hauteur de la sauvegarde, 
et de former le mors comme les premières ou dernières 
feuilles du livre. Sans cela, l'ouverture serait faussée, au 
point de ne pouvoir ouvrir la contre-garde sans la 
déchirer, puis il abaisse la sauvegarde par-dessus en 
reformant le pli du mors. Il ferme alors le carton et, 
après en avoir fait autant de Tautre côté, il laisse 
sécher. 

Les contre-gardes étant placées, il s'agit de les con- 
tre-coller : pour cela l'ouvrier place le volume à plat 
sur la table le dos à sa gauche, puis avec la main 
gauche il soulève la garde de couleur, et avec la main 
droite, au moyen d'un pinceau, il étend sur la garde 
blanche une légère couche de colle de pâte, il laisse 
tomber la garde de couleur sur le collage et il referme 
le carton ; puis, ayant fait la même opération de l'autre 
côté, il place le volume entre deux ais plats, il met le 
tout en presse en serrant fortement, puis il desserre 
incontinent la presse, il ouvre la garde de couleur et il 
s'assure s'il a bien opéré, et surtout si la garde se déta- 
che facilement sans altérer le dessin ni les couleurs ; il 
est même prudent de placer un feuillet de papier uni 
dans les gardes chromo, pour atténuer l'action de l'hu- 
midité, et de laisser ce papier jusqu'à la fin du travail. 

Collage des charnières. — Dans ce but, l'ouvrier pré- 
pare le volume selon les indications que nous avons 
données ci-dessus, concernant les contre-gardes ou le 
renforcement des gardes blanches ; il taille ensuite 
deux bandes de peau de la hauteur du volume et d'une 
largeur proportionnée aux remplis qu'il a donnés à la 
peau lors de la couvrure ; il pare la peau en tenant 
compte du format et de la grosseur du volume, il faut 
qu'il enlève toute la chair et ne peut conserver absolu- 

13. 



226 GUIDB MANUEL DE l'o0¥RIER RELIEUR 

ment que ce que l'on nomme la fleur de la peau, pour 
les petits formats, de môme pour les volumes minces, 
il est de première nécessité que la parure soit bien 
unie, et faite avec le plus g'rand soin, surtout si elle a 
pour sujet une reliure soignée. 

Les charnières étant parées, l'ouvrier les coupe exac- 
tement à la hauteur des feuilles du livre, puis il taille 
en biais les deux coins du côté de la charnière qu'il 
destine à être fixé sur le carton, afin de former une 
jointure semblable comme forme aux coins du volume. 
Il place alors les charnières sur une bande de papier, 
et il les enduit à la colle de pâte ; il passe ensuite, à 
Taide du pinceau ou de l'index de la main droite, un 
peu de la même colle, dans et sur toute la longueur du 
mors afin de bien préparer cette place à recevoir la char- 
nière qui doit bien adhérer partout. Il place alors la 
charnière sur le mors, de façon à ce qu'elle avance de 
cinq ou six millimètres sur la contre-garde, et, à l'aide 
du pouce et de Tindex de la main droite, il fait pren- 
dre à la charnière la forme du mors, en frottant sur 
toute la longueur pour que l'adhérence soit parfaite, et 
que la peau soit bien tendue dans le creux du mors ; 
puis, à Taide du plioir, il forme et égalise le tout et 
principalement aux coins et sur les angles, afin qu'il 
n'y ait pas la moindre inégalité. 

La première charnière étant posée, il retourne le 
volume et le place ouvert sur un ais plat, qu'il a soin 
de tenir légèrement écarté du mors, puis il place la 
seconde charnière et il laisse bien sécher. Après un 
intervalle de cinq à six heures, l'ouvrier ferme les car- 
tons avec précaution ; il s'assure si les charnières ne 
forment aucun pli à la fermeture et permettent de fer- 
mer les cartons sans effort. Il ne peut y avoir aucune 
difficulté si la peau a été parée et bien tendue. Noug 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 2^ 

renvoyons à la pag'e 178 pour le collage des claies à 
l'intérieur du volume après la couvrure. 

Nivelage des cartons à l'intérieur. — Les charnières 
étant parfaitement sèches, il s'ag-it de niveler Tintèrieur 
de la couverture de façon à ce que la surface soit bien 
unie. Pour arriver à ce résultat, l'ouvrier prend deux 
morceaux de carte appropriée à l'épaisseur des remplis 
de la peau. Il la coupe à peu près de la grandeur des 
cartons du volume, qu'il pose à plat sur la table. Il 
place à côté du volume, du côté du dos, quelques ais 
représentant l'épaisseur du volume, puis il ouvre l'un 
des cartons en le couchant sur les ais ; il prend alors 
l'un des morceaux de carte, et le place sur le carton en 
chargeant le centre d'un poids pour maintenir la carte, 
pendant qu'avec un compas il marque deux points sur 
chaque côté, à la largeur de la peau qu'il veut conser- 
ver. Puis, à Taide d'une règle en fer et d'une pointe à 
couper, il découpe la peau à vif en même temps que 
la carte. Cela fait, il enlève proprement les parties de 
la peau qu'il ne veut pas conserver, afin de former le 
creux d'un carré parfaitement net, dans lequel il 
enchâsse la carte qu'il fixe à la colle de pâte, puis il en 
fait autant de l'autre côté, il place ensuite une platine 
de zinc de chaque côté, bien à fond dans les mors, il 
ferme les cartons et place le volume entre deux ais plats 
et bien unis. Il met le tout en presse en serrant mode- 
rément ; il retire le volume de la presse, ouvre les car- 
tons et laisse sécher. Cette méthode permet d'avoir des 
intérieurs bien nets, et le découpage en une fois de la 
peau et de la carte, a pour résultat un ajustage parfait 
et plus rapidement obtenu que nous n'avons mis de 
temps à le décrire. 

On peut approprier Tintérieur d'un volmiae sans 



228 GUIDE MANUEL DE L*OUVRIER RELIEUR 

charnières de la môme façon ; il suffit alors de décou- 
per les trois côtés du rempliage. Le quatrième côté de 
la carte s'ajustera à fleur du carton du côté du mors. 

Pour les reliures à prix réduit, on se borne à enlever 
avec le couteau à parer les parties trop saillantes de la 
peau, puis à un polissagpe au fer chaud que le doreur 
est obligée de faire avant de dorer les bordures. 

Les charnières en toile se placent de la même façon 
que les charnières en peau, sauf qu'on les trempe à la 
colle forte et de préférence au glacis. Il ne leur faut 
qu'une heure au plus pour être parfaitement sèches. 

FABRICATION ET PLACEMENT DES GARDES EN SOIE 

Les soies de tous genres ainsi que la plupart des 
étofiFes sont sujettes à reffilochag-e et, à cause de cet 
inconvénient, il est indispensable de leur faire subir 
une préparation toute spéciale, pour pouvoir en faire 
l'application comme gardes délivre. 

Bien qu'il soit possible de placer des gardes en 
soie d'une seule pièce, ce qui ferait néanmoins le plus 
mauvais effet, en admettant la réussite de l'opération, 
on ne les applique généralement qu'aux reliures à 
charnières. 

La garde en soie ou en étoffe quelconque se compose 
donc de deux pièces, dont l'une se place sur le côté du 
volume, et l'autre sur le carton ou intérieur de la cou- 
verture, cette dernière presque toujours encadrée par 
une bordure dorée ou gaufrée, sauf aux reliures en 
velours. Pour ces dernières, on écrase, au moyen d'un 
fer à polir très chaud, les parties du velours à couvrir 
par la garde, afin de pouvoir la fixer convenablement, 
elle se trouve alors encadrée par la peluche. 

Ceci bien établi, voici comment se fabriquent et se 



GUIDE MANUEL DE L*OUVRIER RELIEUR 229 

placent les gardes en soie ; Touvrier se procure du 
papier blanc de force moyenne et souple, il en coupe 
deux morceaux un peu plus grands que le volume, et 
deux autres morceaux un peu plus grands que l'inté- 
rieur laissé libre par la bordure dorée ou gaufrée. 11 
commence par couper d'équerre ces deux derniers ; 
puis, prenant Tun d'eux, il place l'équerre faite, en 
rapport avec deux des côtés de la bordure^ il marque 
alors à l'aide de la pointe la place des deux autres côtés 
de l'encadrement ; il place le feuillet sur une plaque de 
zinc et, à l'aide de l'équerre et de la pointe à couper, il 
enlève le surplus du feuillet, qu'il présente ensuite dans 
Tencadrement pour s'assurer si les coupes qu'il a 
faites correspondent exactement avec l'intérieur de la 
bordure. 

Cette opération est nécessaire pour que la garde 
laisse à découvert d'une façon uniforme la dorure ou 
la g'aufrure de l'encadrement qui, bien qu'en principe, 
doivent former l'équerre parfaite, diffèrent parfois pour 
diverses causes faciles à saisir, le devoir du relieur 
étant de régler la coupe de la garde, de façon à ne pas 
faire ressortir par une coupe trop correcte les défauts 
de la dorure. Puis il marque un signe afin qu'une fois 
la garde fabriquée, il puisse la placer selon les coupes 
faites, puis il en fait autant pour l'autre côté. 

Les gardes du carton étant coupées, il prend l'un des 
feuillets destinés aux côtés du livre, et il le place sur 
la contre-garde, à la distance de 2 à 3 millimètres du 
mors, selon le format ; puis, à l'aide d'un plioir, il 
appuie sur le contour des tranches, afin de marquer 
par une empreinte assez forte et bien nette, les places à 
couper pour que, là encore, la garde soit bien en rap- 
port avec les tranches. Il retourne le feuillet, le place 
sur la plaque de zinc et coupe bien exactement dans 



230 GUIDB MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

les traces faites, il marque encore un signe, et il en fait 
autant de tous points pour l'autre côté. 

Les quatre feuillets ou patrons des gardes étant cou- 
pés, l'ouvrier les place sur la soie ou TétofiFe, et il règle 
la coupe d'après leurs dessins de façon à ce que les 
deux parties de chaque garde concordent bien entre 
elles, ce qui est très important. Non seulement les gar- 
des doivent former un ensemble parfait, mais les des- 
sins, s'il y en a, doivent être bien partagés, quitte à 
perdre un peu de soie ou d'étoflFe. Rien n'est disgra- 
cieux comme de voir une partie de fleur ou de moire 
d'un côté, qui n'ait pas sa contre-partie de l'autre, il 
en est de même des grains ou des trames de la soie et 
aussi du satin qui^ quoique uni, doit être taillé dans le 
même sens pour les deux demi-gardes, Sans cette pré- 
caution, la teinte de chaque pièce paraîtrait différente 
l'une de l'autre. 

L'ouvrier ayant pris ces dispositions pour que la 
forme des gardes soit bien régulière, en plaçant sur 
la soie les quatre demi-gardes du volume représentées 
par les papiers dont nous avons décrit la coupe, saisit 
un plioir et marque au moyen de la pointe la place 
de chacune, puis il retourne la soie pour les fixer sur 
le verso. Pour cela, il place les quatre demi-gardes les 
unes sur les autres, les petites sous les grandes sur 
un papier. Alors, saisissant un pinceau qu'il a trempé 
dans de bonne colle forte bien propre ou de la géla- 
tine, il encolle les quatre gardes en ayant soin d'éten- 
dre la colle, sans qu'il y ait la moindre épaisseur, puis 
il prend la première et place le côté trempé sur la 
soie, à l'endroit qui lui a été assigné. Il frotte sur le 
papier pour l'étendre convenablement, puis il place la 
seconde, et ainsi de suite. Les quatre gardes étant 
fixées, il retourne I4 sqie et il g'fitssure cju'ellci est bie» 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 231 

tendue et ne forme aucun pli. Il prend une feuille de 
papier qu'il place sur la soie et il frotte par-dessus et 
en tous sens avec les mains étendues à plat, puis il 
charge le tout d'une feuille de carton et il laisse sécher. 

Les premiers collages étant secs, l'ouvrier enlève 
carton et papier et il retourne la soie ; puis, à l'aide de 
ciseaux ou d'une règle et d'une pointe à couper, il 
enlève le surplus de la soie autour des papiers collés, 
en laissant déborder la soie de 2 millimètres au moins 
et de 4 âu plus. Il coupe aussi les coins à i millimètre 
du papier, puis il place les gardes les unes sur les 
autres, les deux petites dessous, et il les étage à la lar- 
geur de la soie qu'il a laissé déborder; il place une 
bande de papier sur la dernière pour ne laisser à 
découvert, comme aux autres, que les parties à rem- 
plier. Alors, à l'aide du pinceau à colle, il enduit les 
remplis du premier côté, il enlève la première garde 
et procède au rem pliage, en ayant soin de former le 
pli bien à fleur du papier, puis il fait de môme pour le 
côté opposé. 

Au troisième côté, le rempliage se complique des 
coins à former, ce qu'il fait à l'aide de la pointe du 
plioir, et de façon à ce que les angles soient bien vifs 
et ne se prêtent pas à l'effilochage. 

Les gardes étant fabriquées^ l'ouvrier les place entre 
des feuilles de papier, qu'il charge de façon à ce que 
les gardes puissent sécher bien à plat, puis il les remet 
au doreur, si elles sont destinées à recevoir quelque 
ornementation, et, dans le cas contraire, il procède au 
placement de la manière suivante : 

II commence par se rendre compte de la place que 
doit occuper chaque garde, d'après les signes qu'il a 
marqués en les coupai^t ; il prend d'abord les deux 
(l'ardps dfîstiaées aux côtés du volume, il les place Tuae 



23â GUIDE MANUEL DE l'OUVRIER RELIEUR 

sur Tautre, en les étag-eant à 5 ou 6 millimètres, la soie 
en dessous et sur un papier au bord de la table ; il 
place une bande de papier par-dessus, comme il Va. 
fait pour encoller les remplis, et comme on le fait tou- 
jours pour les collag'es du même genre, il applique une 
couche de colle sur les deux bordures. Alors, saisissant 
la première garde, il la place bien à fleur de la gout- 
tière, de même en tête et en queue, puis il laisse tomber 
la garde du côté du mors et, après s'être assuré que 
l'ajustage est parfait, il appuie sur la partie collée et 
ferme le carton. Il procède de même pour le second 
côté, puis il laisse sécher un quart d'heure au moins. 
Il s'agit maintenant de contre-coller la garde soie 
sur la contre-garde : pour cela, l'ouvrier place sous 
cette dernière un feuillet de papier plus grand que le 
volume; puis, à l'aide d'nn pinceau et de la même 
colle avec laquelle il a fabriqué les gardes, il enduit la 
contre-garde, en ayant soin d'en mettre très peu^ sur- 
tout dans le fond, près de la partie déjà collée, pour 
qu'il ne s'y forme pas de dépôt. Il retire alors le papier 
qui lui a servi à préserver les tranches pendant le col- 
lage, et il le remplace par une platine de zinc bien 
unie, dite zinc à satiner, et il laisse tomber la garde 
sur le collage, puis il fait de même de l'autre côté. Il 
place aussi sur les gardes en soie, entre celles-ci et les 
cartons, un feuillet de carte glacée ou bien unie, puis, 
après avoir placé le volume entre deux ais, il le met en 
presse en serrant légèrement et le retire aussitôt, et il 
le laisse bien sécher. Il procède ensuite au placement 
des gardes du côté du carton ; pour cela il prend l'une 
d'elles et place le côté de la soie sur un papier plus 
grand que celle-ci. Il la trempe, toujours avec la même 
colle, et il l'ajuste avec soin dans l'encadrement qui lui 
est destiné, puis il place un papier mince par-dessus 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 233 

et, à Taide d'un plioir, il Ta fait bien adhérer partout, 
il ferme le carton. Après avoir placé une forte garde 
entre les deux gardes en soie, ou une platine de zinc 
entourée de papier, et après avoir fixé la seconde garde, 
il place le volume entre deux ais et il le charge conve- 
nablement jusqu'à ce que le tout soit parfaitement sec. 

Ce que nous venons de décrire, constitue le moyen le 
plus simple de fabriquer et de placer des gardes en 
soie. C'est celui que Ton pratique généralement et offre 
les meilleures garanties de durée comme aussi, les 
conditions les plus propices à tous les genres de doru- 
res à y appliquer. Mais quand il s'agit de reliures très 
soignées on dispose les cartons de façon à pouvoir 
enchâsser les gardes, de telle sorte qu'au lieu de se 
présenter en relief, elles soient parfaitement à niveau de 
la bordure dorée qui l'entoure. 

A cet effet on dispose à l'intérieur des cartons du 
volume auquel on désire placer des gardes en soie de 
ce genre et avant la couvrure; un encadrement découpé 
dans une carte en trois ou en quatre, selon le format 
du volume ou l'épaissseur de l'étoffe dont on désire 
faire usage. On monte la garde sur un papier plus ou 
moins fort, de façon à ce que l'ensemble emboîte exac- 
tement le creux du cadre afin de constituer un ensem- 
ble parfait. On place parfois des gardes soie sur les 
cartons, sans les remplier, puis, après avoir écrasé les 
bords à l'aide d'un fer à polir plus ou moins chaud^ on 
couvre la jointure par une bande de mozaïque que l'on 
dore en même temps que la bordure. 

Certains praticiens, dans le but de conserver à la soie 
sa fraîcheur et sa souplesse, ne collent pas le papier 
en plein sur le revers de la soie, qu'ils se contentent de 
rempiler. Celle-ci n'est alors maintenue ou plutôt ten- 
due que par les gardes, la soie se détend au bout d'un 



234 GUIDB MANUEL DE l'oUVRIBR RELIEUR 

temps relativement court ; surtout si on manipule plus 
ou moins le volume, môme en le conservant fermé ; la 
soie g'ode et présente alors un aspect désagréable. 

La soie quelque faible qu'elle soit, conserve toutes 
ses qualités et sa fraîcheur, si le coUag-e en plein du 
papier a été fait avec les précautions et Tadresse vou- 
lue. Si elle est faible, il faut employer la gélatine^ non 
pas chaude mais à peine tiède, ne pas appliquer la 
soie sur le papier immédiatement après Tencollage, 
mais au moment où la colle commence à se fig'er, il n'y 
a alors rien à craindre en ayant soin toutefois de la 
fixer en frottant pour la faire adhérer sur un papier 
intermédiaire. 

D'autres praticiens — et ceci est plus g'rave — ne rem- 
plient pas la soie à seule fin d'éviter les épaisseurs 
occasionnées par les remplis, que Ton peut parfaite- 
ment dissimuler s'ils sont très étroits : on peut de plus 
les unir au fer chaud si le tissus est épais. Ils se con- 
tentent de coller la soie sur un papier mince et souple, 
même simplement sur la contre-g'arde ; puis ils cou- 
pent ce qui dépasse à vif, à fleur de ladite garde. La soie 
ou autres tissus ainsi appliqués^ malgré les soins que 
Ton apporte ensuite à encoller les bords, ne présentent 
aucune garantie de solidité, ces bords finissent tou- 
jours par s'effilocher. Nous avons vu des reliures trai- 
tées par ce procédé qui, au bout de peu de temps pré- 
sentaient un aspect lamentable; les fils du tissus se 
détachaient et se balançaient sur les tranches. Un ama- 
teur de beaux livres nous soumit il y a peu de temps 
une fort belle reliure, mais dont les gardes avaient été 
appliquées par ce procédé ; lui-même, voyant l'un des 
fils s'empressa de l'arracher et ne réussit qu'à en déta- 
cher d'autres t et cependant les tranches de la garde 
avaient été encollées et enduites d'une gomme sv^r 



GUIDE MANUEL DE l'OUVRIER RELIEUR 235 

laquelle on avait appliqué de l*or au pinceau pour les 
rendre semblables aux tranches du livre doré à témoins. 
Celles-là même qui se trouvaient sur les cartons, pré- 
sentaient déjà le môme inconvénient, aidant par là à 
détruire tout le charme que Ton éprouvait à examiner la 
reliure qui, à part ce défaut, était parfaitement exécutée. 

Collage des gardes. — Le colla^^e des g'ardes aux 
reliures à charnières s'effectue à peu près de la même 
manière que les g-ardes en soie, et exigent les mêmes 
soins sous le rapport de la répartition exacte des divers 
dessins, tant des papiers peigne que des papiers 
chromo. Rien de plus disgracieux comme de voir dans 
l'ensemble des gardes le centre de leurs dessins placés 
plus d'un côté que de Tautre, et l'extrémité de la garde 
du côté de la tête ne concordant pas avec la partie 
opposée. Tout cela, il est vrai, est affaire de goût, mais 
il en coûte si peu de faire un travail correct, et c'est 
dans ces petits détails que se révèlent la supériorité de 
l'ouvrier. 

Pour les gardes peigne et chromo, l'ouvrier com- 
mence par établir un point de repère, puis il procède à 
la coupe par les côtés du carton, et, une fois celles-ci 
fixées, il prend Tune des demi-gardes destinées au 
côté du volume, et qu'il a eu soin de laisser un peu 
plus grandes que celui-ci, il coupe le côté du mors de 
façon à ce que le dessin s'harmonise parfaitement avec 
le côté du carton, puis il fait de même pour l'autre 
garde, alors il les place l'une sur l'autre en les étageant 
quelque peu, ainsi qu'une bande qu'il place par dessus, 
comme il l'a fait pour les gardes en soie, et il enduit 
ces bords avec de la colle forte bien claire, ou avec de 
bonne colle de pâte ; il faut qu'il en mette peu, très 
peu mais Qu'elle soit de bonne qualité, 



236 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

Le premier collag-e étant sec, il procède au contre- 
collag-e, soit à la colle forte, soit à la colle de pâte, et 
de la môme façon qu'il s'y est pris pour les g-ardes en 
soie, sauf qu'il a soin d'employer deux plaques de zinc, 
à chaque gparde, la première, non pas immédiatement 
sous la contre-g-arde, mais après le premier cahier du 
volume et la seconde, au-dessus de la g-arde entre 
celle-ci et le carton. Il met le volume en presse et le 
retire aussitôt après lui avoir donné une légère pres- 
sion. Il laisse alors bien sécher; puis, à l'aide d'une 
pointe à couper bien affilée et d'une plaque de zinc 
qu'il place dans la g'arde, il enlève, c'est-à-dire qu'il 
ébarbe en tête et en queue ce qui dépasse de la garde 
en suivant les tranches, comme g-uides ; puis il prend 
une règ'le en fer mince, et il la place entre le livre et la 
g'arde du côté de la g-outtière, et à fleur de celle-ci pour 
servir de guide à la coupe, les tranches à cette place 
n'étant pas assez résistantes pour que la pointe puisse 
être maintenue dans la ligne droite, la moindre dévia- 
tion pouvant avoir des conséquences déplorables, et 
abîmer complètement les tranches. 

Pour les gardes de volumes sans charnières, l'ouvrier 
prend deux gardes, qu'il taille et plie en deux, toujours 
en tenant compte de la forme du dessin, s'il s'agit 
d'une reliure un peu soignée. Le placement et le con- 
tre-collage se font de la même façon que pour les con- 
tre-gardes des reliures à charnières. Il n'y a de diflFé- 
rence qu'en ce que cette fois, le volume étant rogné et 
les tranches faites, il s'agit d'ébarber le surplus des 
gardes, avec les mêmes précautions que pour les gar- 
des de la reliure à charnières déjà décrite. Ici Tébar- 
bage se complique d'un double feuillet à couper, et de 
précautions à prendre près du mors, où il faut attein- 
dre la garde jusqu'au bout sans abîmer les tranches ni 



GUIDE MANCEL DE L*OUVRlER RELIEUR 237 

les tranchefiles. Quant au côté de la gouttière, la coupe 
ne s'exerce que sur le feuillet que l'on a contre-coUé, en 
réservant celui qui est destiné à être collé sur le carton, 
et qui sans cela ne serait plus assez large pour couvrir 
le mors et atteindre la bordure dorée sur le devant du 
carton, certaines bordures étant très étroites. La plupart 
n'ayant pas de bordure du tout, telles en général les 
demi-reliures dont il sera question dans un prochain 
chapitre, mais dont les gardes, surtout aux ouvrages soi- 
gnés, se collent de la même façon qu'aux reliures pleines. 
Les gardes étant placées et ébarbées, l'ouvrier place 
le volume sur la table et ouvre le premier carton en le 
plaçant sur des ais, tel qu'il l'a fait pour couper et 
placer la carte, qui lui a servi à égaliser l'intérieur des 
cartons. Il soulève alors la garde, et il la couche sur le 
carton, en lui faisant prendre exactement la forme du 
mors, comme s'il s'agissait de la coller; puis, à l'aide 
de la pointe, il marque les trois côtés à fleur de la bor- 
dure, par deux points sur chacun d'eux, qui serviront 
de guide pour les parties à enlever. Il place une platine 
de zinc du côté du livre, puis il rabat la garde par-des- 
sus, et, à l'aide d'une règle en fer et d'une pointe à 
couper, il coupe les trois côtés sur les marques faites, 
et enlève le surplus ; pourtant, il a grand soin d'arrê- 
ter les coupes en tête et en queue à une certaine distance 
du mors. Cette distance a pour limite exacte la hauteur 
du mors, ceci est très important; puis il fait une coupe 
oblique partant du point où il a arrêté la coupe, jus- 
qu'où la garde rejoint la tranche, près de la tranche- 
file. De cette façon la bordure reste à découvert jus- 
qu'au mors, et la garde forme un biais sur la peau, 
dans le mors. Ce biais est fait exprès pour éviter que 
cette extrémité se décolle par la suite, par le jeu de 
l'ouverture et de la fermeture du carton. 



238 GUlDfi MANUEL DE l'oUYRIBR RELIEUR 

Les deux g'ardes étant coupées, Touvrier procède au 
collage, il place sous l'uue d'elles un papier pour pré- 
server la contre-partie de la g'arde, ainsi que les tran- 
ches des atteintes de la colle. Alors, saisissant un pin- 
ceau qu'il trempe dans de bonne colle de pâte, il étend 
celle-ci avec soin sur toute la surface de la garde, et 
sur tout le long du mors, de façon à ce que tout le 
creux en soit bien imbibé, en ne mettant toutefois que 
le strict nécessaire, puis avec la main gauche, il sou- 
lève la garde et, à l'aide de l'index et du pouce de la 
main droite, il fait prendre à celle-ci exactement la 
forme du mors ; alors il couche graduellement la 
garde sur le carton, pendant qu'avec la main droite il 
suit le mouvement, en frottant légèrement du centre 
aux extrémités, jusqu'à ce que la garde soit bien en 
place, puis il prend un papier souple et solide qu'il 
couche sur la garde, il lui fait tout d'abord prendre la 
forme du mors, il frotte énergiquement sur cette place 
après avoir passé les doigts dans les cheveux, pour les 
faire glisser rapidement et facilement. Il frotte aussi 
de même sur toute la surface, tant avec les mains 
qu'avec un plioir, et, après s'être assuré qu'il a bien 
opéré, il retourne le volume en laissant le carton 
ouvert, il le place sur un ais, comme il est dit à propos 
des charnières, et, après le collage de la seconde garde, 
il laisse sécher pendant quelques heures avant de fer- 
mer le volume. 

On peut aussi coller des gardes à la colle forte ; elles 
sèchent alors très rapidement, mais nous préférons 
pour cette partie du travail le collage à la colle de pâte, 
qui conserve aux mors toute leur souplesse et donne 
plus de garanties pour la solidité de la reliure. 

Les gardes étant bien séchées, on place le volume ea 
presse. Pour cela, on place dans les gardes une platine 



GUIDB MàNUSL D£ l'oUVRIER RELIEUR 239 

en zinc bien uni, on ferme les cartons avec précaution, 
c'est-à-dire qu'on place le zinc dans le mors; en le tenant 
un peu levé, et on le couche sur le volume en même 
temps que le carton, afin de ne pas forcer sur le mors, 
puis on place le volume entre deux ais bien unis, si on 
destine la peau au polissag'e, et, dans le cas où le grain 
de la peau doive être conservé intact, on place entre la 
peau et les ais quatre ou cinq feuillets de papier épais 
et bien uni pour servir de tampon. On serre la presse 
modérément et on laisse sous pression pendant quel- 
ques heures. Il faut autant que possible éviter les pres- 
sions violentes, mais faire en sorte de laisser le sujet 
le plus longtemps possible en presse. Une pression 
modérée que Ton peut prolonger est de beaucoup pré- 
férable, et a toujours une action bienfaisante sur Ten- 
semble du travail. Nous renvoyons au chapitre — 
Demi -Reliures pour le collage des gardes — dit... à la 
française . 

De la cambrure et du polissage. — Bien que le polis- 
sage fasse partie de Tart du doreur sur cuir à la main, 
il est pourtant indispensable que l'ouvrier, chargé 
habituellement de Tachèvement des reliures, soit plus 
ou moins au courant de cette partie du travail, et sache 
manier l'outil que Ton nomnie fer à polir, ce même 
outil servant à la cambrure, la dernière opération du 
relieur. 




Fig. 52. — Fer à polir. 

Le fer à polir (fig. 62) se compose d'un bloc en acier 
dont la courbe supérieure est polie sur toute la surface. 



240 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

C'est par ce côté que s*exerce l'action du polissag^e. A 
ce bloc est rattaché une tig-e en fer de 12 à i5 centimè- 
tres de long", se terminant en pointe, et servant à fixer 
Foutil dans un manche en bois g'arni d'une virole en 
cuivre. Ce manche, de 20 à 25 centimètres de long*, 
doit avoir le centre suffisamment évidé pour former 
une poig'née facilitant le maniement de l'outil, qui doit 
pouvoir jouer avec aisance dans la main de l'opérateur. 
Ce manche doit, de plus, être assez long- pour permet- 
tre de l'appuyer dans le creux de l'épaule, lors du polis- 
sag-e des plats, ou pendant l'opération de la cambrure, 
qui nécessitent une certaine pression et un surcroît de 
forces, que la main seule de l'ouvrier ne saurait pro- 
duire sans trop de fatig'ue. 

On peut polir tous les g-enres de peaux. Le veau et la 
basane se polissent presque toujours ; on fait pourtant 
des reliures en veau mat, ou simplement poli aux pla- 
ces couvertes de dorures, telles que les pièces de titre. 
On polit souvent le maroquin et parfois le chagrin, 
surtout les compartiments des titres. 

Les reliures pleines en maroquin du Levant se polis- 
sent, sur les plats au moyen de plaques en bronze poli, 
arg'enté ou nickelé que l'on chauffe lég*èrement, et entre 
lesquelles on place le volume pour le mettre sous presse. 
Cette pression entre plaques polies, pourvu que la peau 
soit bien parée, et que l'ensemble du travail soit fait en 
conséquence, rend les plats unis comme une g"lace, fait 
remonter la dorure à fleur de la peau sans la fatig-uer 
et enlève toutes les inégalités qui ont pu se produire 
pendant le cours du travail. 

Pour obtenir un beau polissage, il n'est pas nécessaire 
d'exercer une forte pression, mais il faut laisser le 
volume en presse le plus longtemps possible» Il est par- 
fois nécessaire de réchauffer les plaques. 



GUIDE MANUEL DE L*OUVRIER RELIEUR 241 

On polit la peau de veau de la môme façon, mais il 
est prudent de chauffer à peine les plaques, et de ne 
faire cette opération que lorsque le tout est parfaitement 
sec. On ne met en presse qu'un plat à la fois si le 
volume contient des cartes ; de même, si le dos est un 
peu saillant, et surtout si les gardes sont en peau. Dans 
ce dernier cas, on place l'un des plats entre deux pla- 
ques, mais en les chauffant très lég-èrement. 

Le polissag-e par les plaques est indispensable si Ton 
veut obtenir un beau travail ; mais il est par lui-même 
insuffisant ; il faut ébaucher et terminer l'opération à 
l'aide du fer à polir, celle-ci doit être faite par une main 
exercée et en connaissance de cause. Voici comment on 
procède au polissag^e : 

L'opération commence toujours par le dos. On place 
le volume dans la presse à dorer. On fait chauffer le 
fer au degré convenable, qui varie selon la nuance ou 
la délicatesse de la peau. Il est toujours prudent, disons 
même indispensable, de faire quelques passes d'essai 
à très faible température, et d'échauffer lég-èrement la 
peau en promenant délicatement lé fer sans appuyer. 
Puis on augmente successivement le degré de chaleur 
jusqu'à ce qu'on obtienne un beau brillant exempt de 
nuances. On se rend compte assez facilement, si la cha- 
leur du fer dépasse le degré voulu. Dès qu'il ternit la 
peau au lieu de la faire briller, il y a excès de chaleur 
et il faut le laisser refroidir, jusqu'à ce qu'il réponde à 
l'attente de l'opérateur qui, nous le répétons, doit agir 
avec la plus grande prudence. 

Le polissage du dos se fait en long, par un mouve- 
ment de va-et-vient d'un nerf à l'autre en suivant le 
contour du dos, la partie aiguë ou extrémités du fer à 
polir, venant butter à chaque coup contre le nerf, mais 
légèrement et simplement comme temps d'arrêt. Tous 

BOSQUET — RELIURE 14 



iAi GtiDB MANUEL DE l'oUVBIBR RBLiBitR 

les compartiments étant légèrement polis, disons 
dégrossis dans ce sens, on tourne le volume avec la 
presse et on procède de même dans l'autre sens, puis 
on fait réchauffer le fer, et ainsi de suite jusqu'à ce que 
l'on ait obtenu un résultat parfait. On .enlève alors le 
volume de la presse, et on le couche à plat sur la table 
g'arnie d'un drap bien uni^ et avec le fer modérément 
chauffé on tire avec lég'èreté, à longs traits, du haut en 
bas du plat pour échauffer la peau ; puis, dans ce 
même but, on le promène sur toute la surface en décri- 
vant des cercles de petites dimension. La peau étant 
échauffée, on place l'extrémité du manche dans le creux 
de l'épaule et, à l'aide de la main droite ou des deux à 
la fois, on appuie fortement le fer sur la peau, et on 
lui imprime un mouvement de va-et-vient très raccourci 
et gradué en avançant de gauche à droite et en le tenant 
bien d'aplomb, afin d'obtenir, eu croisant les mouve- 
ments, une surface parfaitement unie et brillante. Arrivé 
à l'extrémité droite, on recommence un peu plus haut, 
et ainsi de suite jusqu'à ce que, par des efforts continus 
et une chaleur graduée du fer, on arrive au résultat 
désiré. La dernière passe se fait en tournoyant légère- 
ment sur toute la surface, afin que le polissage soit 
bien uni. Si le plat porte des ornements, on polit d'abord 
les endroits qui en sont couverts, pour finir par les 
intervalles ou le milieu du plat. 

Certaines peaux se polissent plus difficilement les 
unes que les autres. On ouvre alors le carton que l'on 
place sur un billot, ou sur le bord de la table, afin que 
l'action du fer rencontre plus de résistance. On peut 
aussi se servir de planchettes cintrées, appropriées aux 
principaux formats. Cinq ou six suffisent pour avoir 
un jeu complet. Ces planchettes en bois dur (poirier ou 
hêtre) ont le dessous plat, et le dessus arrondi ou cintré 



GUIDE MANUEL DE L OUVRIl^ RELIEUR 243 

en courbe régulière, dont le centre a une épaisseur de 
10 à 25 millimètres selon le format et dont les flancs 
se terminent en lame de couteau. On place la planchette 
dans la garde, on rabat le carton par-dessus, on le 
courbe et on le maintient avec la main gauche, pen- 
dant qu'avec la main droite, armée du fer, on polit 
toute la surface du plat. Ce cintrage vient en aide à la 
cambrure et y dispose convenablement le carton. 

Il faut que la peau soit bien sèche pour opérer le 
polissage, et que le fer soit tenu dans un parfait état de 
propreté. L'usage que Ton en fait et le mode de chauf- 
fage, soit au gaz mélangé d'air, ou au charbon de bois, 
Pexpose constamment à s'encrasser. Il faut avoir sous 
la main du papier d'émeri très fin, tel que le double ou 
triple zéro, que l'on colle sur un carton bien uni, et sur 
lequel on frotte la partie polie du fer dès qu'il se pro- 
duit la moindre crasse. On peut aussi se servir de char- 
bon de bois pulvérisé ; il faut avoir constamment à côté 
de soi un morceau de gros cuir, légèrement saturé de 
suif, sur lequel on frotte le fer afin de le faire glisser 
avec facilité. 

Le maroquin, le chagrin et le cuir de Russie se polis- 
sent sans qu'ils aient besoin d'être graissés, mais le 
veau et la basane exigent un léger graissage, à l'aide 
d'un linge fin saturé d'un peu de suif ; sans cette pré- 
caution, la couche de blanc d'œuf dont on a dû les cou- 
vrir pour pouvoir les dorer, se fondrait au contact du 
fer chaud et la couverture serait gâtée. Ce graissage 
doit se faire avec la plus grande précaution, et d'une 
façon imperceptible, sous peine de faire des taches à la 
peau. En résumé, il faut une grande prudence et des 
soins attentifs pour bien réussir le polissage^ surtout si 
l'on opère sur des nuances claires. Un polissage bien 
réussi sur clés ves^ux blapcs oii fauves dispense de Ie(Sf 



â44 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

vernir, ce qui est toujours préférable pour ce genre de 
peaux. On ne vernit jamais le maroquin ni le cuir de 
Russie. 

La cambrure est le complément obligé du polissa/^e 
et l'opération par laquelle le relieur achève de donner 
à son travail le fini et la tournure désirables. En effet, 
avant la cambrure un volume, quelque bien relié qu'il 
soit, laisse à désirer sous le rapport de la fermeture, 
qui sur le devant surtout, doit être parfaite. 

Les reliures pleines auxquelles on dore les bordures 
intérieures, ont été polies avant la dorure. Aux reliures 
sans bordures dorées ou gaufrées, ainsi qu'aux demi- 
reliures en général, les remplis paraissent grossiers, et 
les gardes ont parfois des inégalités que la presse ne 
parvient pas à faire disparaître. Il faut avoir recours au 
fer à polir, et c'est avec celui-ci que Ton exécute la 
cambrure. 

Au sortir de la presse et après avoir vérifié son tra- 
vail, l'ouvrier place son volume à plat sur une table 
garnie d'un drap uni, ou d'un papier propre. Il ouvre 
le carton avec la main gauche et, à Taide de la main 
droite armée du fer à polir, qu'il a fait chauffer à une 
température convenable, il commence par polir le mors 
en long, ainsi que l'arête vive du carton en appuyant 
légèrement pour unir cette place, et achever de rendre 
le mors bien carré. Il tourne alors le volume en plaçant 
la gouttière vers lui, et il se met en devoir dépolir 
toute la surface de la garde, en appuyant plus fortement 
sur les bords et surtout près du mors, afin de faire 
bomber le carton à celte place, pour rétablir le niveau 
indispensable à une fermeture parfaite sur le devant du 
volume ; il opère de même des deux côtés, puis il place 
une forte carte dans la garde, il ferme le carton, il place 
une autre carte par-dessus, et il polit les bords, c'est-à- 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 245 

dire le pourtour du volume et surtout sur les mors, afin 
de prolonger sur les plats la forme arrondie du dos. Il 
est indispensable qu'une forte carte serve d'intermé- 
diaire au fer pendant cette opération, surtout si la peau 
ne doit pas être polie, puis il polit les cartons sur les 
bords et sur la coiffe : il ne reste plus qu'à vernir le 
volume. 

Vernissage. — Le vernissage est de deux genres : 
l'un au pinceau pour les filets et ornements gaufrés 
sur cuir ou sur toile, l'autre au tampon pour les surfa- 
ces unies et principalement le veau, la basane et les 
papiers marbrés de tout genres, que l'on applique sur 
les plats des demi-reliures. 

Le vernissage au pinceau ne se fait pas tout à fait 
comme le coloriage ; il faut, à cause de l'empreinte plus 
ou moins creuse des ornements gaufrés dont il faut 
atteindre le fond, faire fonctionner le pinceau comme si 
on le tenait debout sur la pointe. On le maintient dans 
cette position entre le pouce et l'index, et on le promène 
sur les ornements, sans faire couler ni déborder le ver- 
nis, ce qui gâterait le travail. 

Pour le vernissage au tampon, on prend du coton en 
rame autrement dit ouate fine, avec lequel on forme 
une pelote à surface unie, et comprimée au moyen des 
extrémités que l'on réunit du côté opposé pour en for- 
mer une tige qui sert à maintenir et diriger la pelote 
ou tampon. On trempe la partie supérieure du tampon 
dans le vernis pour l'étendre ensuite sur la peau ou le 
papier que l'on désire vernir. 

Il est de la plus haute importance d'appliquer le ver- 
nis avec les plus grands ménagements, il ne faut mettre 
que le strict nécessaire, en opérant lestement et en évi- 
tant autant que possible de passer deux fois à la même 

14. 



946 GUIDE MANUEL DE l'oUYRIER RELIEUR 

place, pour éviter les empâtements que produiraient 
infailliblement des retouches ou frottements répétés. 
Le vernis pour relieurs étant à base d'alcool, sèche très 
rapidement et rend les reprises dangereuses, ou tout au 
moins préjudiciables à la réussite de Topération, qui se 
fait à longs traits les uns à la suite des autres. Les dos 
à nervures se vernissent en travers, afin de ne pas amas- 
ser de vernis à cette place et sur les flancs des nerfs. 

Il faut très peu de vernis pour le veau blanc ou fauve, 
ainsi qu'aux basanes à nuances claires ; il est prudent 
de s'exercer d'abord sur des papiers marbrés, et de 
n'opérer sur la peau de veau qu'en parfaite connais- 
sance de cause. 

On peut remplacer le tampon d'ouate par une épong-e 
fine, quand il s'agit d'opérer sur un certain nombre de 
reliures en basane ou de plats en papier, l'éponge ne 
pouvant s'utiliser que dans le cas, où il n'est pas indis- 
pensable de ménager la quantité de vernis. On lave 
l'éponge avec de l'alcool après que le travail est terminé 
ou de temps en temps pendant l'opération, si elle venait 
à s'encrasser. 

Il faut avoir grand soin d'opérer le vernissage dans 
un endroit chaud ; l'air froid ou humide est contraire 
au vernissage. Nous recommandons l'emploi du vernis 
blanc pour tout travail soigné, afin de ne pas ternir l'or 
ni les nuances des peaux. 

Le vernis donne non seulement du brillant aux peaux 
ou papiers qui recouvrent les volumes, mais il préserve 
également ceux-ci des accidents que peuvent lui occa- 
sionner les gouttes d'eau ou autres liquides qu'on laisse 
parfois et bien maladroitement tomber dessus, à la con- 
dition toutefois de les essuyer aussitôt. 

C'est également pour éviter ces accidents, qu'il est 
loisible au^ relieurs, de vernir les percalines unies. 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 247 

aDg*laises ou françaises. Il convient, pour ce faire, 
d'ajouter au vernis, à la condition qu'il soit de bonne 
qualité ; un tiers d'alcool bon goût, ou esprit de vin. 
Mônrie un peu plus si Ton veut éviter de donner trop 
de brillant à la toile. 

La fabrication du vernis pour relieurs est arrivée de 
nos jours à un tel degré de perfection, et se vend en 
bonne quantité à un prix assez bas pour que nous 
croyons pouvoir nous dispenser d*en donner les diffé- 
rentes recettes. La maison Shœnée frères à Paris est 
celle qui, à notre avis fabrique les meilleurs vernis 
pour relieurs. 



CHAPITRE VII 



Demi- reliure 



La demi-reliure date du premier siècle de l'imprime- 
rie. A cette époque les reliures se faisaient à Taide de 
planchettes en bois de chêne ou de cèdre que le carton a 
remplacées depuis. 

Nous avons vu des reliures de cette époque, sur des 
volumes in- folio et in-4® dont les dos en peau de truie 
ou en veau, ne couvraient que le quart ou le cinquième 
des plats ; le reste des planchettes en chêne bizeauté et 
parfaitement uni n'avait jamais été recouvert. C'est par 
imitation des demi-reliures de celte époque, qu'en 
habillant certains incunables, on couvre le dos en peau 
de truie ou en veau, et qu'on recouvre les plats à l'aide 
d'un papier de couleur imitant le bois de chêne. Nous 
avons vu d'autres demi-reliures de la même époque, 
dont les plats avaient été g'arnis en g'ros tabis, mais 
nous avons lieu de croire que ces plats avaient été pla- 
cés plus tard, alors que le bois était déjà en partie ver- 
moulu. Le collage des g-ardes dénonçait du reste ce tra- 
vail fait après coup. Les anciens plaçaient également 
des coins aux demi-reliures, les plats et les dits coins 
étaient alors ornés de filets ou ornements gaufrés, 
ceux-ci empreints au moyen de fleurons ou à la rou- 
lette . 

Les demi-reliures ne diffèrent de la reliure pleine, 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 249 

qu'en ce que dans celle-ci le volume est couvert en 
entier de peau de veau, maroquin, basane, etc. Tandis 
que dans la demi-reliure le dos seul est couvert en peau. 
Quant aux plats ils sont couverts en papier de couleur 
ou en percaline, tout en ayant les coins g-arnis soit avec 
de la peau pareille au dos, soit en toile ou en par- 
chemin . 

Dans les bibliothèques, la demi-reliure fait absolu- 
ment l'eflet de la reliure pleine, attendu que les volumes 
ne se voient que par le dos ; elle a d'ailleurs Tavantag-e 
de coûter moins cher que celle-ci, et quand elle est faite 
avec soin elle en présente à peu près toutes les qualités. 
Ce n'est pas toujours par pure économie que se font 
les demi-reliures. Certains amateurs poussent parfois 
le raffinement à un degré tel, qu'il en coûterait certes 
moins à établir certaines reliures pleines, que bon 
nombre de demi-reliures que nos bibliophiles com- 
mandent journellement à nos bons relieurs. Nous cite- 
rons, comme exemple, les demi-reliures en maroquin 
du Levant poli à larges mors, grands coins et filets, le 
dos doré aux petits fers. Certains de ces dos demandent 
souvent plus d'une journée de travail à un doreur 
habile. 

Nous avons exécuté pour des amateurs que Ton peut 
taxer de bibliomanes des demi-reliures qu'il fallait 
d'abord établir en reliure pleine, soit en veau soit en 
maroquin du Levant, poli et qui ne prenaient l'aspect 
de demi-reliures que par le placement de plats en 
papier peigne vergé, laissant à découvert des mors tel- 
lement larges et des coins dans les mêmes proportions, 
que le rempliage du papier s'opérait en tête et en queue 
par une attache de 5 à 6 millimètres seulement. A part 
cela et dans certains cas, pas le moindre ornement, pas 
un filet même gaufré pour border le papier, rien que 



250 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

le titre doré : mais Texi/çence sous le rapport des soins 
et du fini était telle, qu'il y avait un art véritable à pro- 
duire ces reliures destinées à satisfaire les goûts les 
plus délicats de connaisseurs possédant à fond tous 
les secrets de Part du relieur. 

Mais en dehors de ces ouvrag-es exceptionnels, les 
demi-reliures sont établies dans un but relativement 
économique, le tout par rapport au genre de reliure 
pleine que Ton veut représenter par une demi-reliure. 
Ainsi il y a économie à imiter la reliure pleine en maro- 
quin par une demi-reliure en même peau, avec un dos 
doré dans le même genre, de même pour le veau^ le 
chagrin, la basane ou la toile, et comme nous le disions 
plus haut, un volume placé dans une bibliothèque pro- 
duit en demi-reliure le même efiFet qu'en reliure pleine. 
Il se fabrique même en très grandes quantités des 
demi-reliures en chagrin, avec plats en toile française 
chagrinée, soit avec encadrements gaufrés sur les plats, 
soit avec plaques dorées à sujets ayant rapport à l'ou- 
vrage, et gravées spécialement pour le livre, et dans le 
but de produire l'illusion complète de la reliure pleine. 
Tous les grands éditeurs ont adopté ce genre, très favo- 
rable à l'écoulement de leur publications illustrées, qui 
se vendent en quantités énormes à l'époque des 
étrennes. 

Sauf certains détails que nous allons indiquer, la 
demi-reliure se fait absolument comme la reliure 
pleine, qu'elle soit à nerfs saillants ou à la grecque, à 
dos brisé ou à dos plein. 

Les opérations sont relativement les mêmes jusqu'à 
la couvrure, c'est-à-dire qu'il n'y a pas la moindre dif- 
férence entre les manipulations préliminaires, ainsi 
que tout le corps d'ouvrage, même les tranches et la 
préparation à la couvrure, de la demi-reliure en marc-* 



CUtDB MAKtJEL DE L*OUVRlfiR RËLlËUk 25i 

quin du Levant poli, et de la reliure pleine en maro- 
quin du Levant poli, et ainsi de suite en descendant 
tous les degrés de l'échelle. 

Les volumes étant prêts à être couverts, on débite les 
peaux d'après les genres. Il faut la même quantité de 
peau pour, les rem pliages de tête et de queue pour les 
demi-reliures, que pour les reliures pleines. Quant 
aux proportions de ce qu'il faut laisser déborder sur 
les plats, elles diffèrent depuis le tiers de la largeur 
des cartons, qui est la limite extrême pour les demi- 
reliures d'amateurs jusqu'à 16 millimètres, qui est 
l'extrémité à laquelle il faut s'arrêter pour les demi- 
reliures chagrin avec plats en toile, imitation de la 
reliure pleine, sous peine de manquer du nécessaire 
pour faire tenir le dos du volume, ces deux extrêmes, 
étant la conséquence de deux genres bien définis, ne 
sauraient servir de base. 

La largeur de la peau à laisser déborder sur les plats 
des demi-reliures, autrement dit la largeur des mors, 
n'a pour limite que le goût du relieur, souvent subor- 
donné au prix qu'il peut obtenir de son travail. Pour- 
tant l'ouvrier qui respecte son art s'abstiendra toujours 
de présenter des reliures à mors étroits, qui donnerait 
à son travail un aspect étriqué et désagréable à l'œil. 

A notre avis, le cinquième de la largeur du carton 
(pour tous les formats ayant la forme ordinaire) est 
une excellente proportion pour les demi-reliures cou- 
rantes. 

Quant aux demi-reliures avec coins en peau, la lar- 
geur des mors est subordonnée au genre, qui peut être 
ou très économique ou de grand luxe en passant par 
toute la gamme intermédiaire ; mais dans tous les 
cas, il faut que les coins soient proportionnés à la lar- 
geur des mors, c'est-à-dire que si la peau du côté des 



252 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

mors à 4 centimètres de larg-e, il faut que la largeur 
des coins soient également de 4 centimètres, non pas 
mesurés depuis la naissance du coin en remontant 
Tarête vive du carton, ce qui donnerait un coin relati- 
vement trop petit, mais sur une ligne parallèle oblique 
partant de la naissance du coin, et allant vers le centre 
du plat en partageant le coin du carton en deux parties 
égales. 

On peut établir la mesure sur Tarête vive du carton, 
à la condition d'augmenter la mesure de moitié, c'est- 
à-dire que, pour avoir un coin de 4 centimètres de large, 
on prend un compas que l'on ouvre à 6 centimètres 
d'une pointe à Tautre ; on place l'une des pointes à l'ex- 
trémité du coin et Ton marque de l'autre sur l'arête 
vive du carton un point, d'abord sur le côté de la gout- 
tière et un autre du côté de la queue. Alors avec une 
règle et la pointe du plioir, on trace une ligne d'un 
point à l'autre, ce qui donne un coin de 4 centimètres 
de large sur 8 de long, s'harmonisant parfaitement avec 
un mors de 4 centimètres. 

Les relieurs ont habituellement sous la main une 
série de modèles de coins en tous formats, soit en zinc 
ou tout au moins en carton très dur, avec lesquels ils 
prennent la mesure sur les mors en plaçant le long 
côté du coin à fleur du dos, et la pointe vers l'extrémité 
de la peau. 

Les coins se taillent ordinairement dans les déchets de 
peau, à moins qu'il s'agisse de reliures très soignées. 
Leur coupe se fait d'après le format du livre ou selon le 
genre de reliure. Pour faciliter Jeur application, il est 
essentiel de donner à cette coupe une forme particu- 
lière, que nous ne saurions mieux comparer qu'à un 
octogone plié en deux, non pas sur les pointes, mais en 
partageant deux faces par moitié. Ces généralités bien 



GtiBE MANtEL DE L*OUVRI£R RELIEUR 253 

établies, voici comment on procède à Tachèvement des 
demi-reliures : 



Demi-reliures en chagrin avec plats en toile ou imita-^ 
tien de reliures pleines. — L'ouvrier commence par 
dég^ager les mors en laissant la sauveg'arde qui, pour 
ce gpenre de reliure, doit protég-er le volume jusqu'après 
les tirages au balancier. Il s'assure, en humectant la 
peau du côté du mors et en la nettoyant avec soin, 
qu'elle est suffisamment assouplie, pour qu'il n'ait pas 
à craindre une cassure de la peau, pendant les diverses 
opérations qui suivent et principalement par la fatigue 
que subiront les mors pendant les tirages au balancier. 

Il prend alors la mesure de l'encadrement ou de la 
plaque à gauffrer ou à dorer sur les plats, puis il en 
marque la place sur la peau, par un trait qui lui ser- 
vira de guide à la parure, et ensuite à la pose des plats 
en toile; il pare ensuite la peau afin de lui donner par- 
tout une surface égale, tout en la creusant de façon à 
ce qu'une fois les plats collés ils fassent corps avec la 
peau, complétant l'illusion de la reliure pleine, et ne 
laissant subsister aucune épaisseur pouvant contrarier 
l'empreinte des plaques; puis, à l'aide d'un marteau, il 
bat légèrement les cartons autour de chaque plat qu'il 
a eu soin de placer sur un tas en fer, ou sur une pierre 
à battre afin que le battage soit bien uni. 

Les maisons dans lesquelles les demi-reliures imi- 
tant la reliure pleine se fabriquent par quantités, on 
ne trace ni on ne pare la peau : sauf sur Tarête vive 
des cartons : pour le placement des plats en toile. On 
se sert à cet effet d'une plaque en bronze ou en fer, 
ayant l'épaisseur des plaques à dorer ainsi que les 
dimensions des cartons du volume ; exacte, quant à la 
hauteur, mais dont la largeur a pour limite la partie 

BOSQUET — AEULRE 45 



âS4 GUIDÉ MANtEL DE LWvRtBR tlBLtEdlt 

de la peau qui doit rester à découvert du côté du dod. 
On fixe cette plaque sous un balancier et on écrase la 
partie de la peau destinée à être couverte par la toile 
des plats. 

Le traçag'e, l'écrasement de la peau, qu'il devient 
alors inutile de parer ainsi que Taplanissement des 
cartons se font ainsi d'un seul coup. Les cartons sont 
plus unis, les bords mieux aplanis. On évite de même 
les inég'alités d'une parure trop rapidement faite, l'en- 
semble du travail en est meilleur, mieux préparé à 
recevoir les empreintes g^aufrées ou dorées et plus rapi- 
dement exécuté. 

Il coupe alors la toile pour les plats, et il la place sur 
un papier, il les enduit ensuite avec de bonne colle 
forte, qui sans être épaisse ne soit pas trop claire, afin 
qu'elle ne puisse transpercer la toile ; puis il place les 
plats bien à fleur de la marque, et de façon à ce que les 
deux plats aient exactement la même larg-eur, et, à 
l'aide d'une brosse à soies dures et courtes, il frotte sur 
toute la surface des plats pour les faire bien adhérer, 
puis il coupe les coins de façon à ne laisser déborder 
la toile que tout juste l'épaisseur du carton. Il opère 
ensuite le rempliag^e, en fixant d'abord la toile en tète 
et en queue sur les angles du carton ; puis, à l'aide des 
pouces, tout en soutenant le carton avec les doigts, il 
remplie la toile à Tintérieur. Alors, avec l'ongle des 
pouces, il forme un pli à chaque coin qui fait prendre 
à la toile la forme du carton, puis il remplie le devant 
en couchant d'abord la oile sur l'angle du carton, et 
ensuite à l'intérieur. Cela fait, il place le second plat 
et, à l'aide du plioir, il accentue la forme des angles, 
puis il place le volume debout pour le laisser sécher* 

En procédant à l'achèvement des demi-reliures avec 
coins en peau, ainsi que pour celles avec coins en toile 



GUIDE MANUBL Vt L'otYRIER RELIBVR 268 

OU en parchemiD, l'ouvrier commence par nettoyer les 
mors, comme nous Tavons indiqué pour les reliures 
pleines, puis il place les gardes, et, après les avoir 
ébarbées à fleur des tranches, il place deux: volumes à 
côté Tun de Fautre à plat sur la table, et de façon à ce 
que le dos de Tun s'emboite dans la gouttière de Tau- 
tre, puis il ouvre le carton du premier et il le couche 
sur le second volume, pois il soulève la demi-garde et 
à Taide du pouce et de Tindex il lui fait prendre la 
forme du mors et il la couche sur le carton, comme 
s'il voulait en opérer le collage, puis au moyen d'une 
règle en fer mince et d'une pointe à couper^ il enlève 
d'abord du côté de la tète un fîlet de la garde en la 
dressant parallèlement au carton, puis il en fait autant 
du côté de la queue, il la coupe ensuite sur le devant 
en prenant toujours le carton pour guide, et de façon à 
ee que les trois côtés aient les mêmes proportions. 

On voit que dans cette opération, les coupes se font 
sur le carton même et sans l'intermédiaire d'une pla- 
tine de zinc. La seule précaution à prendre par l'ouvrier 
est, qu'en coupant la garde sur la partie de la peau 
rempliée^ la coupe soit faite assez légèrement pour que 
la peau ne soit pas entamée. 

En dehors du placement et du collage des gardes tels 
qu'on les pratique généralement pour les ouvrages soi- 
gnés et les unités : il y a le placement des gardes dit à 
à la française. Cette méthode est des plus avantageuses 
pour les travaux en nombre^ elle se pratique de la 
manière suivante : 

L'ouvrier ayant à placer les gardes à un certain nom^ 
bre de volumes d'un même format, débite la quantité 
de papier qu'il lui faut au format habituel, c'est-à-dire 
dépassant quelque peu le format des volumes rognés, 
il ouvre alors le carton de l'un d'eux, et, prenant Tune 



256 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

des gardes, il la pose sur le carton en Tajustant sur le 
devant à la laideur de la chasse^ puis il marque l'em- 
preinte du carton en tête et en queue et sur Tarête vive 
du mors. 11 place la garde sur une platine de zinc, et à 
l'aide d'une règle et de la pointe à couper, il fait deux 
coupes en flanc se rapportant aux chasses de tète et de 
queue, mais de façon à ce que la garde soit un peu plus 
courte que le volume rogné. Ces deux coupes doivent 
s'arrêter à l'empreinte qu'il a faite sur Tarète vive du 
mors, puis il fait deux coupes obliques partant de ces 
points d'arrêt et descendant vers la partie de la garde 
réservée au côté du livre, de telle sorte qu'en replaçant 
la garde sur le carton, le biais commence à Tarête vive 
du carton au haut du mors, pour finir au fond du 
mors à l'arête vive de la rognure. La partie biaisée 
couvre ainsi la peau, à l'extrémité du mors, et se con- 
tinue au-delà pour être enlevée lors de Tébarbage de la 
garde. 

En présentant à nouveau la garde sur le carton, il 
s'assure si les coupes sont exactes, il place alors la 
garde type sur une pincée de seize à vingt gardes, et il 
les découpe sur le même modèle. Les grandes maisons 
se servent pour cette opération de modèles en carton 
qu'ils ont établis en tous formats, ce qui simplifie 
beaucoup l'opération. L'ouvrier prend alors une pincée 
de gardes qu'il égalise sur le devant avec le modèle, il 
place le tout sur une platine de zinc, et met un poids 
par-dessus pour maintenir le tout en place; puis à l'aide 
d'un ciseau de menuisier et d'un marteau, il fait les 
deux entailles obliques et à l'aide de la pointe en se 
servant du modèle en carton pour guide au lieu de 
règle, il enlève les deux flancs à partir des entailles. 

Après le découpage, l'ouvrier place les gardes en tas 
sur un papier, il s'agit pour lui de coller le côté découpé 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 257 

de la g'arde sur Tintérieur du carton et sur le mors, en 
avançant le moins possible sur la garde blanche, et en 
réservant le contre-col lag'e sur la garde blanche, jus- 
qu'au moment où les collages sur les cartons et surtout 
dans les mors seront parfaitement secs. A cet efFet, il 
prend une bande de carte qu'il place sur la première 
garde, laissant à découvert toute la partie destinée au 
carton et au mors et jusqu'à 2 ou 3 millimètres sur la 
garde blanche. 

Alors, à l'aide d'un pinceau imbibé de colle forte 
claire, il trempe la garde en partant de la carte jus- 
qu'aux extrémités ; la bande de carte lui est nécessaire 
pour que l'encollage débute en ligne droite, ce qui 
est très important pour faciliter l'opération du contre- 
collage, qui, sans cette précaution, serait forcément 
incorrect. 

La garde étant trempée, l'ouvrier la saisit avec la 
main gauche par la partie non trempée et il la retourne. 
Il place le volume devant lui la gouttière à sa gauche, 
il ouvre le carton qu'il couche sur la table, alors, il 
saisit l'extrémité de la garde du côté trempé entre le 
pouce et l'index de la main droite, et il l'ajuste sur le 
devant du carton, laissant à découvert l'espace réservé 
à la chasse ; il presse avec le pouce sur la garde pour 
la fixer au carton, et il s'essuie le bout de l'index saturé 
de colle. Il frotte alors sur la garde du centre au dehors 
allant de droite à gauche et de gauche à droite, la main 
gauche tenant toujours la garde levée et ne 3'abaissant 
qu'au fur et à mesure que la main droite lisse le col- 
lage, la garde étant fixée sur toute la surface du car- 
ton, il presse sur l'arête vive du mors et fait descendre 
la garde dans le fond en la serrant le plus possible, 
puis il fait pirouetter le volume en plaçant la gouttière 
à sa droite et, saisissant un lambeau de linge fin saturé 



iA6 GUIDS MANUBL J>B L*OUVRICR BELIEUR 

de cire, il frotte vivement dans le creux du raors et sur 
toute la surface de la garde afin que Tadhéreoce isoît 
parfaite. On peut ég'alenient se servir d'un papier et 
d'un plioir, mais nous préférons un chiffon à la cire 
dont l'action est plus sûre et plus rapide; 

Quant aux gardes moirées, on se sert d'un petit tam- 
pon de papier de soie sur lequel la cire est inutile, et 
qui conserve à la moire son grain et sa fraîcheur. 

Le collage des gardes à la française doit se faire à la 
colle forte^ Thumidité des collages à la colle de pâte 
occasionnerait à la partie de la garde réservée au côté 
du volume des plissures telles, qu'il ne serait pas pos- 
sible de les aplanir lors du contre collage Celui-ci se 
fait de la même façon que pour le premier système, il 
n'y a de différence que pour le premier; dont le contre- 
collage se fait immédiatement après le placement des 
gardes et avant Je collage sur le carton et dans les 
mors, et que, dans le second, c'est le contre-collage qui 
vient après. Quant à l'ébarbage, il va de soi qu'il se 
fait de même pour les deux systèmes ; l'opération est 
même plus facile pour le dernier, vu qu'il n'y a qu'un 
feuillet à couper en tête et en queue. 

Demi-reliures avec coins en peau. -- La peau pour les 

coins étant coupée ; l'ouvrier procède à la parure en 
commençant par amincir les bords, comme il l'a fait 
pour les rem pliages du dos, puis il amincit le centre 
selon l'épaisseur de la peau, en égalisant le tout avec 
soin et ne conservant de la chair que ce qui est néces- 
saire pour ménager la forme du grain et de façon à ce 
qu'une fois le coin placé, la peau présente à cette place 
le même aspect que sur les mors. 

La parure étant faite, il place les coins les uns sur 
les autres et il en trempe la chair à la colle de pâte, il 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR S59 

les place l'un sur l'autre, chair contre chair, pour que 
rhumidité de la colle les pénètre à fond et les assou^- 
plisse parfaitement. Alors, prenant deux coins il le^ 
sépare et il les place sur les deux coins du premier 
carton du volume, en les ajustant bien exactement et 
de façon à ce que la peau ne dépasse la pointe du car- 
ton que tout juste l'épaisseur de celui-ci. Puis il rem- 
plie la peau en tête et eq queue, pour former alors les 
flancs du carton que l'ouvrier a devant lui, ensuite avec 
l'ong-Ie des pouces, il forme un pli à la peau de chaque 
coin sur la pointe du carton, de façon à ce que ces plis 
soient bien accentués, puis il remplie les devants en 
ayant soin de serrer la peau sur les angles et surtout 
de joindre les remplis en dissimulant les jointures le 
mieux possible. Il place ensuite les deux autres coins, 
à l'aide du plioir il donne aux angles une forme par- 
faite, ainsi qu'à l'intérieur, les remplis devant être lis- 
sés et bien tendus, puis à l'aide d'une éponge fine 
imbibée d'eau claire, il humecte et lave bien la peau 
tant sur les plats que sur les angles et a l'intérieur, et 
il laisse bien sécher. 

Les coins étant parfaitement secs, l'ouvrier prend un 
compas et il marque deux points de chaque côté du 
mors près de l'endroit où finit la peau, puis à l'aide 
d'une règle et de la pointe du plioir, il trace d'après 
ces points une ligne qui lui servira de guide à la coupe 
et au placement du papier des plats, il fait de même 
sur les quatre coins en se servant du modèle que ndu« 
avons décrit ou en marquant des points sur l'arête vive 
des cartons. Alors à l'aide du couteau à parer, il enlève 
de la peau ce qui dépasse les lignes tracées, non pas à 
vif mais en allongeant la parure et en évitant d'entamer 
le carton, en un mot il rend ces places aussi unies que 
possible surtout s41 s'agit d'une reliure soignée. 



260 tiVlDE UANUBL DB 'l'ouvrier HELIEtIR 

C'est précisément pour obtenir à cette place un fini 
parfait que certains amateurs out poussé la manie de 
la perfection, jusqu'à faire couvrir en reliure pleine 
certains ouvrages qu'ils faisaient ensuite convertir eo 
demi- reliure. On peut obtenir à peu de chose près les 



Fig. 53. — Parure d'un dos pour demi-reliure, 

mSmes perfections, en prenant une carte de l'épaisseur 
de la peau . On taille la peau à vif en même temps que 
la carte, comme nous l'avons indiqué pour égaliser 
l'intérieur des reliures pleines, on enlève le surplus de 
la peau et on colle la carte, dont on frotte les bords 
pour bien l'identifier avec la peau. Ce qui déborde des 
cartons est ensuite enlevé à la pointe. Les papiers des 



GDIDB MANUEL DB l'oDVBIEB nBLlBDR 261 

plais se placent alors de façon à dftpasser les jointures 
de I ou a millimètres. On obtient ainsi et sans trop de 
peine des plats parfaitement unis. 

Les cartons étant bien appropriés, l'ouvrier coupe les 
plats du livre, il les place l'un sur l'autre sous le car- 



Fig. 54. — Couïrure, serrage^d'un dos ; demi-reliure, 

ton du livre, en les ajustant au filet tracé du côté du 
mors ; puis, à l'aide de ciseaux à pointes vives, il coupe 
quatre entailles obliques se rapportant aux filets tracés 
sur les coins. Ensuite, retirant les plats de dessous le 
carton, il coupe d'un point à l'autre soit à l'aide des 
ciseaux, soit au moyen d'une rè^Ie et d'une pointe à 
couper, pour enlever la partie du papier quidoit laisser 



268 GUIDB MABTUISL DB l'oUVRIBR RELIBUR 

la coin à découvert. Une coupe droite se prolongeant 
daD9 la partie des plats destinés au rempliag-e, serait 
évidemment plus simple et.d'une exécution plus facile, 
mais dans ces conditions les remplis feraient non seu- 
lement mauvais efif^t» mftis ne couvriraient pas entière- 
ment le carton à l'intérieur près des coins en peau. Il 
est donc indispensable d'opérer le découpage du papier 
des plats, de façon à ca qu'en les plaçant sur les plats 
du livre, les coins paraissent comme encadrés. En efiFet 
les proportions justps des coupes obliques doivent con- 
corder avec le fond, de façon à former un carré dans 
lequel s'emboUe le coin. Les plats étant découpés, l'ou- 
vrier les place sqr un papier, et, à l'aide d*un pinceau 
qu'il a trempé dans de bonne colla fôrte^ il enduit les 
deux plats. Il saisit alors le premier plat at il le place 
sur le devant du volume, en l'ajustant parfaitement 
sur les filets tracés, puis il place un papier par-dessus 
et, à l'aide d'un plioir, il frotte vivement jusqu'à ce 
qu'il y ait adhérence parfaite, puis il place le second 
plat auquel il fait subir la même opération. Alors il 




Fig. 55. — Trace-coins. 

procède au rempliage en ayant soin de coucher d'abord 
les remplis sur les angles du carton ; ensuite, à l'aide 
des pouces, il fixe les remplis à l'intérieur en serrant 
autant que possible ; puis, à l'aide du plioir, il forme 
les angles avec soin et il frotte à l'intérieur jusqu'à ce 
que le tout soit parfaitement lissé at il laisse sécher. 



GU<DE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 263^ 

Le traçag-e des coins en peau, peut ég'alement se 
simplifier à l'aide d'un petit instrument ou équerre 
mobile, dit trace-coins (fig*. 55). On emboîte le coin 
dans Téquerre dont Tune des branches est mobile, ce 
qui permet de l'adapter à tous les formats, La mesure 
étant établie sur Tun, on fixe la branche mobile au moyen 
de la petite vis de pression. Le traçag'e se fait alors 
très rapidement sur tous sans le secours du compas. 

Pour las demi-reliures sans coins en peau, il est 

d'usage et môme indispensable de leur mettre des 
coins soit en parchemin très mince, ou en toile de la 
même nuance que la peau. Ces coins se placent du 
dedans au dehors afin que le travail soit plus propre 
et en môme temps plus solide. Les coins en parchemin 
se collent à la colle de pâte et on a soin de les tremper 
quelque temps à l'avance afin de les assouplir le plus 
possible, Les coins en toile ou percaline se collent à la 
colle forte. Il est bon de les mettre assez g'rands afin de 
rendre cette partie du carton aussi solide que possible . 
Leur forme avant leur application doit ôtre un carré 
long" proportionnel au format du volume. Dès qu'ils 
sont bien secs, on les aplanit à coups de marteau, afin 
qu'à cette place on ne remarque aucune épaisseur sous 
les papiers des plats. 

Certaips relieurs ont l'habitude de remplier les plats 
de façon à cacher complètement les coins en toile ou en 
parcheniin, nous préférons de beaucoup les plats cou- 
pés à vif à fleur du carton, laissant*les coins à décou- 
vert sur les ang*les et à l'intérieur, ce qui avec le sys- 
tème de fermer les coins à l'extérieur et surtout si leur 
nuance est pareille à la peau, fait très bon effet et donqe 
plus de solidité. Le papier s'use vite à cette place, et 
cette usurp f^it inauvais effet au bout de peu de temps. 



L'EL DE LOUVRIBK I 



Les g'ardes se collent aux demi-reliures comme ans 
reliures pleiDes. Les papiers moirés blancs ou chromos 
se collent toujours à la colle forte en aj-ant soin d'éten- 



FiR. 56. — L* ptiEssE A PEHCDssioH ; Placement des volumes en 
presse après l'achèvement ou pour le polissaire des plais su 
moyen de plaques. 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 265 

dre la colle sur les g-ardes seulement, sans barbouiller 
les mors, ce qui les durcirait et les rendrait même cas- 
sants. Le contre- collage est inutile pour les papiers 
moirés, si les gardes blanches sont bien propres et le 
collage près des mors est bien droit et assez étroit. 



CHAPITRE VIII 



Cartonnages et emboîtages 



Cartonnages à la Bradel. — Ce g-enre de cartonnage 
est certes d'orig-ine allemande, il porte néanmoins le 
nom du relieur qui, le premier en France Tait adopté 
et pratiqué avec succès en lui donnant la forme gra- 
cieuse sous laquelle il a pris rang dans nos bibliothè- 
ques. Considéré au début comme reliure tout à fait 
provisoire à appliquer aux livres ayant une certaine 
valeur ; pour, après lecture et les encres ayant eu le 
temps de séchera fond,y appliquer la reliure définitive 
selon l'importance de l'ouvrage ou la valeur de Tédi- 
tion. On les recouvrait généralement de papier uni, dit 
papier chamois ou marbré ; les tranches restaient intac- 
tes, ou du moins on les ébarbait très légèrement. On 
rencontre encore, de temps en temps, des spécimens du 
genre . 

Le cartonnage à la Bradel diffère de la reliure et de 
Temboîtage, en ce que les cartons du volume, au 
lieu d'être fixés dans les mors pour faire corps avec le 
dos, s'en écartent dans une certaine proportion, pour 
former près du dos, une rainure ou mors creux, per* 
mettant aux papiers ou aux étoffes, avec lesquels on 
recouvre le volume, de former un pli ondulé ou en zig^ 
/.ag qui tout en donnant au mors son maximum de 
ppjaplesse, supprima à C^ttp place l'ouverture à arête 



GUIDE HANUBL DB L'oUVglBIl RELIEUB 867 

vive à laquelle le papier ne saurait résister. Il en est de 
même pour la plupart des étoffes auxquelles la crudité 
de Touverture de la reliure proprement dite, fait pren? 
dre un mauvais pli et provoque en peu de temps une 
cassure que l'on évite au moyen de la forme rentrante 
at sortante des mors de la reliure i la Brade!. 

Ce genre de reliure, pourvu qu'il soit exécuté avec 
soin et en connaissance de cause, est fort gracieux. Il 
permet d'ouvrir le volume bien à plat, il est certes plus 
solide que tout autre genre de cartonnage. Le genre 
Bradel rend les plus grands services dans la confection 
des reliures en vélin blanc ou teinté ; de même pour 
les soies et satins de tous genres que Ton affecte aux 
reliures de haute fantaisie. Ces tissus de même que les 
papiers se coupent par Tusage à l'endroit des mors^ 
grave inconvénient qui ne saurait se produire aux 
reliures à mors creux ou ondulés; les mouvements 
résultant de l'ouverture et de la fermeture sont dans 
celles-ci répartis sur une surface beaucoup plus éten- 
due que dans tout autre genre de reliure. 

La reliure Bradel fait aussi très bon effet dans une 
bibliothèque surtout couverte en vélin blanc avec éti- 
quettes en peaux de nuances diverses. Certains ama- 
teurs, séduits par les facilités que présente ce genre de 
reliures en ce qui concerne l'ouverture du volume en 
ont fait confectionner en basane, en maroquin à grains 
longs, et même en chagrin que l'on est obligé de parer 
assez minces, pour pouvoir les appliquer au genre qui, 
au début, n'était qu'un simple cartonnage et qui depuis 
a pris place parmi les reliures soignées. Sa forme 
légère en a fait surtout une reliure usuelle qu'il n'y a 
nul inconvénient à établir à cartons souples, permet- 
tant de les mettre en poche comme de simples carnets. 

Jie genre de tranches n'a aucune importance dans la 



268 GUIDE MANUEL DE l'OUVRIER RELIEUR 

reliure |openre Bradel qui, comme nous Tavons dit plus 
haut. De doit son nom qu'à la forme des mors pour les- 
quels il faut une préparation toute particulière que 
nous ferons connaître. On les fait indifféremment en 
tranches ébarbées soit des trois côtés, soit sur le devant 
et en queue seulement, en coloriant ou en dorant les 
tranches supérieures. On les fait ég*alement avec les 
tranches rognées soit blanches ou coloriées, marbrées 
ou jaspées. On leur applique aussi des gardes de tous 
genres, principalement en papier vergé de Hollande, 
mais il n*y a sous ce rapport aucune règle fixe. 

Voici comment on exécute les reliures genre Bradel . 

La préparation à la couture se fait comme pour les 
reliures ordinaires, c'est-à-dire avec une sauve-garde 
entourant le premier et le dernier cahier. On les grec- 
que le moins possible pour les coudre sur des ficelles 
très minces. Rien n'empêche de les coudre sur rubans 
ou sur lacets et dans ces derniers cas le grecquage est 
inutile. Le placement des gardes se fait immédiatement 
après la couture; on coupe les ficelles à la longueur de 
2 centimètres environ, on les effiloche et on les colle à la 
colle de pâte sur la sauvegarde, en ayant soin de les 
étendre en éventail pour qu'elles forment le moins 
d'épaisseur possible ; puis on procède à l'encollage du 
dos comme pour les reliures. Ensuite, on arrondit le dos 
et on forme les mors à l'étau ou au rouleau et, à leur 
défaut, entre deux ais ferrés, et s'il s'agit d'un travail 
soigné, on met le volume en presse pour tremper le 
dos et le frotter à la colle de pâte. Pour cela, et après 
avoir formé les mors, on place bien au fond de ceux-ci, 
des cartons libres, puis on met le volume en presse 
entre des ais, comme on le fait pour une reliure. 

L'endossure étant bien sèche, on retire le volume 
de la presse et on enlève les cartons provisoires ; on 



GUIDE MANUEL DE l'OUVRIER RELIEUR 269 

prend une toile mince que Ton coupe à la hauteur du 
volume, mais de 5 à 6 centimètres plus large que le 
contour du dos selon le format. On trempe la toile à la 
colle de pâte et on l'applique sur le dos, dans les mors 
et sur la sauve-garde en la frottant avec soin pour la 
faire adhérer partout, en formant bien exactement le 
creux du mors, puis on laisse sécher. 

On procède ensuite à la rognure, en plaçant de cha- 
que côté du volume soit des cartons provisoires, soit les 
cartons qu'on lui destine, pour les rogner en tête et en 
queue en même temps que le volume, tout en lui ména- 
geant des chasses comme aux reliures, on enlève ensuite 
les cartons pour rogner la gouttière. On peut aussi 
rogner le volume avant Tendossure et ce après l'encol- 
lage du dos, c'est-à-dire à plat, comme on le fait pour 
les emboîtages. Ce procédé est employé pour les reliurfes- 
Bradel à bon marché. Il n'est pas nécessaire non plus 
d'endosser les volumes dans la presse; on peut, après 
avoir formé les mors, passer sur le dos une couche de 
colle de pâte et y appliquer une toile comme il est dit 
ci-dessus. 

Jusque-là le volume peut être, au choix, un emboî- 
tage ou une reliure genre Bradel ; il s'agit maintenant 
de lui donner cette dernière forme. Plusieurs systèmes 
sont ici en présence, nous en ferons successivement la 
description, tout en faisant ressortir ce qui, d'après 
nous, en constitue les défauts et les qualités, de même 
ce qu'il importe d'appliquer pour arriver à la perfec- 
tion. 

Etant donné un volume format in-8o à cartonner en 
toile genre Bradel et arrivé au point tel qu'il est indi- 
qué ci-dessus, l'ouvrier, commence par placer un signet 
et une comète, ou tranchefile artificielle, proportionnée 
au format du volume, puis il colle un papier par-dessus 



270 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

et sur toute la surface dos, ce qu*il fait à la colle forte ; 
il s'assure ensuite si les mors sont bien saillants, et, 
dans le cas contraire, il les ravive en mettant le volume 
en presse entre deux ais ferrés ou dans i'étau à endos- 
ser. Alors, prenant une carte mince, soit en deux ou en 
trois, selon l'épaisseur du volume, il en coupe un mor- 
ceau à la hauteur exacte des cartons et de 8 centimètres 
environ plus large que le contour du dos. Il est essen- 
tiel que la carte soit parfaitement d'équerre ; il forme 
alors un premier pli à la carte à la largeur de 4 cen- 
timètres, puis il place cette première partie pliée sur le 
volume en partageant exactement les chasses et de 
façon à ce que le pli soit bien au fond du mors, il place 
un ais ferré par-dessus. Après avoir soulevé la partie 
de la carte destinée au contour du dos et au mors de 
l'autre côté, puis il retourne le volume tout en mainte- 
nant Tais bien en place au fond du mors. Alors, avec 
la main gauche il appuie fortement sur le volume, 
pendant qu'avec la main droite, il fait prendre à la 
carte le contours du dos et la forme du mors, dans 
lequel il place le second ais ferré, et il met le tout en 
presse en serrant fortement et. à l'aide d'un frottoir en 
buis ou en fer, il donne à la carte sa forme définitive, 
en accentuant les plis sur les mors et en frottant sur 
toute la surface du dos. 

On se sert aussi de Tétau, et dans ce cas, les ais fer- 
rés sont inutiles. C'est pour cette partie du travail que 
le rouleau à endosser rend les plus grands services, 
l'action du rouleau donne à la carte exactement la 
forme du dos. 

Nous voici arrivés au point délicat de notre défini- 
tion, et au moment de trancher la question entre deux 
systèmes en présence, pour arriver au même résultat. 

Certains relieurs, une fois 1^ faux dos formé et les 



GUIDE MANUEL 0£ l'oUVRIER RELIEUR 274 

eartons coupés, s'empressent de fixer Tune et l'autre au 
volume sans s'inquiéter de la couvrure, ce qui les 
obiig'e, une fois arrivés là^ à exercer une coupure aux 
sauve g'ardes en tête et en queue de chaque cdté du 
mors, afin d'avoir l'ouverture indispensable à Tintro^ 
duction des remplis. Ces coupures à faire aux sauve* 
jç-ardes g'arnies de toile enlèvent à cette place l'attache 
la plus solide de la reliure et en désorganise plus ou 
moins la forme 

D'autres, pour obvier à l'inconvénient que nous 
venons de sig'naler. se contentent, une fois la carte for- 
mée au dos, de fixer les cartons aux flancs de la carte, 
ce qu'ils font sur le volume même afin de bien ajus- 
ter les chasses, puis, en couvrant le volume, enlèvent 
la couverture qu'ils ont laissée indépendante afin de 
pouvoir en opérer le rempliage avec plus de facilité et, 
une fois le rempliage fait, ils replacent le volume dans 
la couverture afin de lui faire reprendre la forme vou- 
lue en la laissant sécher ainsi, pour procéder à Tem- 
boîtag-e après siccation complète de la couverture. 

On voit d'ici les deux systèmes. Le premier laisse à 
désirer à cause des coupures, qui enlèvent aux mors la 
plus grande partie de leur solidité, et la fermeté à l'en- 
semble de la reliure. Le second avec sa couverture indé- 
pendante, malgré toute l'adresse de l'ouvrier, laisse à 
désirer sous le rapport de la forme, qui a un aspect 
lâché se rapprochant par trop de l'emboîtag'e. 

Voici, à notre avis, la meilleure manière de s'y pren» 
dre. L^ouvrier, ayant fait prendre à la carte la forme 
exacte du dos, retire le volume de la presse, et, avant 
de retirer la carte, il procède, à la coupe des cartons, le 
volume étant à ce moment parfaitement disposé pour 
prendre les mesures nécessaires. L'écartement des car- 
ton» dans les mors doit avoir une fois et demie l'épais^ 



272 GUIDB MANUEL DE l'OUVRIER RELIEUR 

seur du carton ; il s'agit alors de fixer la carte et les 
cartons ; pour cela, il enlève la carte du volume qu'il 
place sur la table la gouttière vers lui, puis il place 
sous la sauve-garde une platine de zinc, et au moyen 
d'une pointe à couper^ il exerce dans la sauve- garde à 
2 centimètres environ de la tête du volume, une coupure 
partant du fond du mors jusqu'à l'extrémité de la toile 
celle qu'il a fixée au dos et jusque sur les flancs du 
volume. Puis, sans relever la pointe, il lui fait faire un 
quart de conversion pour finir la coupure en forme 
d'équerre jusqu'à la tranche du livre, il en fait ensuite 
autant aux trois autres côtés. 

Alors, il prend une bande de papier qu'il place sous 
la sauvegarde jusqu'au fond du mors, en ayant soin de 
placer sous cette baude les deux coupures qu'il a faites 
en tête et en queue, de chaque côté du volume : il se 
met en devoir de fixer la carte à laquelle il a donné la 
forme du dos. Pour cela, il trempe à la colle de pâte 
les flancs intérieurs de celle-ci en évitant autant que 
possible de dépasser la proportion des coupures exer- 
cées dans la sauvegarde ; puis il emboîte la carte au 
volume qu'il met en presse entre deux ais à angles vifs 
qu'il place bien au fond des mors et il laisse, si possi- 
ble, sécher en presse. Il place ensuite les cartons qu'il 
trempe à la colle de pâte ou à la colle forte claire pour 
les fixer en plein sur la sauvegarde et sur la carte et il 
met le volume en presse entre deux ais plats ; le tout 
étant parfaitement sec, il retire les bandes en dégageant 
les deux coupures. Dans ces conditions le volume est 
prêt à être recouvert. 

Les divers systèmes indiqués ci-dessus, ont pour 
base : en ce qui concerne l'attache des cartons au 
volume et la formation de la couverture : une carte en 
deux ou en trois, assez large pour servir en même temps 



GÙlDË MANtEL DE L'ouvttlER HELIEDR ^73 

de faux-dos, à y empreindre les mors ondulés et à y 
rattacher les cartons. Dans la pluralité des cas et en ce 
qui concerne les volumes un peu minces et en général 
quand il s'ag'it de recouvrir le volume soit en vélin, soit 
avec une peau quelconque ; nous préférons remplacer 
la carte par un papier souple et solide. 

Dans ce cas, tout en préparant le papier selon les 
dimensions indiquées ci-dessus pour la carte ; on taille 
en plus un faux-dos comme s'il s'ag-issait d'une reliure. 
On fixe celui-ci au papier puis l'ensemble au volume et 
ensuite les cartons comme il est dit ci-dessus. Le carton- 
nage ainsi agencé sera moins lourd, les mors plus souples 
prêteront moins le flanc aux déformations, la reliure plus 
élégante sera mieux en rapport avec le sujet. En ce qui 
concerne lacouvrure du volume en toile anglaise ou fran- 
çaise, l'ouvrier, ayant coupé la couverture, enduit celle-ci 
avec de bonne colle forte claire ; il place le volume au 
bord de la table le dos vers lui. Alors saisissant la cou- 
verture, il la place sur le volume, couvrant ainsi le 
premier plat et le dos, le reste de la couverture flottant 
en dehors de la table. Il frotte sur le plat pour faire 
adhérer la toile et à l'aide du plioir, il la fait entrer 
dans le creux du mors, il retourne alors le volume, 
tout en faisant adhérer la toile au dos et il le place sur 
la table la gouttière vers lui. Il fait entrer la toile dans 
le mors de ce côté et il l'étend sur le second plat, il 
brosse ensuite les deux plats à l'aide d'une brosse à soies 
dures et courtes. Gela fait, il procède au rempliage 
Comme on le fait pour les reliures, puis il replace le 
Volume à plat sur la table, il prend un papier souple 
qu'il place sur le mors et, à l'aide du tranchant du 
plioir il frotte en appuyant fortement dans le mors pour 
que la forme en soit bien nette, puis il en fait autant de 
l'autre côté et il forme la coiffe avec la pointe du plioir. 



274 dtllDB MANUfiL DE L*OUVRtEA tlELIEtJtl 

La couvrare faite, il laisse bien sécher, puis il colle 
les gpardes et en même temps les quatre coupures des 
sauve-gardes qui, n'ayant pas été fendues dans les 
mors, reprennent leur place en rendant à la reliure sa 
forme et toute sa solidité. Ces coUag^es se font à la colle 
de pâte, puis l'ouvrier place le volume entre deux ais 
bien propres et il le met en presse en serrant lég'ère- 
ment pour le retirer aussitôt. Il le laisse sécher complè*- 
tement, puis il le remet à la presse en plaçant des plati- 
nes de zioc dans les gardes si elles sont en papier de 
couleur, ou des cartes si les gardes sont en papier rayé, 
pour que le tout soit bien uni. Il n y a plus qu'à envoyer 
le volume à la dorure pour terminer le «travail, sans 
préjudice du placement des étiquettes s'il y a lieu. 

EMBOITAGES 

On entend par emboitage, toute reliure ou imitation 
dont la couverture, objet de luxe ou de fantaisie, soit 
surtout destinée à l'usage usuel, se fabrique d'une part, 
et dans laquelle vient ensuite prendre place le volume 
dont l'agencement des feuilles, la couture, etc. etc., 
comme on le verra ci-après, se fabrique d'autre part, 
pour après former un tout, un ensemble parfait, pourvu 
qu'il soit fait avec goût et en connaissance de cause. 

L'emboîtage a pris de nos jours une extension énorme; 
la plupart des livres, illustrés surtout, sont habillés 
par ce moyen. On affecte à ce genre de reliure toutes 
espèces de tissus, cuirs de tous genres, etc., etc. La 
grande masse néanmoins se fait en toile anglaise et 
française en toutes nuances, pour la plupart ornés de 
plaques en or ou en couleurs que l'on applique au 
moyen de balanciers ; il en sera parlé d'autre part. 
Nous avons décrit avec le genre Bradel, le travail d*ua 



i 



GUIDE MANUEL OE l'oUVRIER RELIEUR 275 

cartonnage à emboîter jusqu'au moment de faire la 
coDverture; nous a'avans donc pas k revenir sur cette 
partie du travail, la pliure le collationnement et le pla- 
cement des gravures ayant été décrits d'autre part. Il est 
néanmoins certaines préparations qui diffèrent d'après 
les g-enres et qu'il est essentiel de mentionner ici. 

Certaines maisons ont encore pour habitude, en ce 
qui concerne surtout les embotlages ordinaires, de faire 
coudre les g-ardes aux volumes tout en entourant le pre- 
mier et le dernier cahier. Ce mode tend, et pour cause 
à disparaître ; il est plus économique et plus pratique 
de placer les gardes après la couture et si le volume est 
un peu lourd de placer une sauve-garde par-dessBS. On 
gratte alors et on colle les Feuilles sur les gardes ou 
sauve-gardes, on enduit les dos d'une couche de colle 



PiR. 57, — Machine k arrondir les dos. 

forte ou de colle chimique. On rogne le volume aux 
dimensions de la couverture. On arrondit les dos soit 
au marteau, soit k la machine k arrondir (fig. 67) où 
forme les mors soit dans l'étau soit au rouleau à eados- 



276 GUIDE MANUEL DB l'oUVBIBR RELIEtR 

ser (Sg. 5S). Il est loisible d'emboiter le volume dans 
la couverture soit après avoir collé une toile au dos ou 
un simple papier, voir même sans l'un ou l'autre si le 
travail est par trop peu payé. On colle ensuite les g;ar- 
des à la colle de pâte et on les met en pile dans la 
presse. 



Kig. &8. — Machine <lile rouleau à endosser. 

Les embottag'es plus soignés se préparent comme les 
Bradel soit avec sauvegardes entourant les premiers et 
derniers cabiers soit posés à plat sur la garde. On en 
fabrique ég^alement avec g'ardes à charnières, celles-ci 



GtJtDE MÀI^ÙEL De L^OVVRlER tlELlEttl 277 

sont de deux (genres. On les coud au volume comme on 
le fait gpénéralement en Allemag'ne, ou on les place 
après la couture et dans ce dernier cas voici comment il 
convient de s'y prendre, quant à leur fabrication et leur 
placement. 

Les gardes à charnières ^ telles que nous allons les 
décrire, ont été imaginées et mises en pratique par nous 
alors qu'il s'agissait d'établir sur des volumes de grand 
format, des emboîtages d'une solidité à toute épreuve. 
Sur une double garde blanche : line garde pliée en 
deux : nous attachons du côté du dos, au moyen d'un 
collage à la colle de pâte de 2 à 3 millimètres de large, 
une sauvegarde ou feuille simple de môme format en 
papier fort; les vieux registres sont d'un emploi précieux 
en la circonstance, on charge ensuite d'un poids plus 
ou moins lourd et on laisse sécher. On place ensuite 
une charnière en toile que Ton fixe à la colle forte trem- 
pée au glacis, en ayant soin de répartir la largeur de 
la charnière par moitié sur la garde et sur la sauve- 
garde. On applique ensuite les gardes en couleur ou 
autres, en ayant soin, du côté de la garde de les pla- 
cer à la distance de 5 à 7 centimètres au plus et de 8 à 
12 du côté de la sauvegarde : différence justifiée par 
la hauteur du mors à prendre en plus du côté de cette 
dernière. On plie ensuite les gardes bien à fleur de la 
garde blanche et on les fixe ensuite au volume au moyen 
d'un collage dissimulant la largeur de l'onglet. Le 
placement doit se faire bien à fleur du premier ou der- 
nier cahier du volume, il vaut môme mieux dépas- 
ser ceux-ci d'un demi millimètre afin que l'ouverture 
se fasse nette à fleur du dos du volume ; on charge 
ensuite d'un poids lourd et on laisse sécher. 

Il nous a été donné de fabriquer, à l'aide de ces 
gardes, des emboîtages à lourdes couvertures soit en 

BOSQUET — RELIURE 16 



fil CUIDB MANOBL ÙB L OUVRIER ItELtEUR 

toiie, soit en peaux de divers genres, allas, etc. etc., 
d'autres imitaot à s'y méprendre des reliures pleines 
dont les couvertures, dos et plais, tirées au balancier. 



Fig. 59. — Rouleau mécanique. 

Il nous en est revenu, au bout d'un certain temps ayaat 
subi des avaries de tous g'eares. Aucune n'accusait de 
fatig:ue du côté des mors ou g;ardes, ils étaient certes, 
en vue de leur réfection, plus difficiles à démolir que 

Les emboftag;es A charnières se traitent comme les 
antres, les g'ardes se placent immédiatement après la 
couture, les ficelles étant effilochées. On les colle en 
éventail par dessus, on encolle les dos, on procède à la 
rog'nure, on arrondit les dos et on forme les mors 
comme il est dit ci-dessus. On leur applique une toile 
au dos débordant dans les mors et sur les gardes et on 
laisse sécher. On procède ensuite à la dorure ou ae 
coloriag'e des tranches, puis on redresse les mors à 
l'étan DU au rouleau, on place des tranchefiles imitation 
ou comètes. L'emboîtage se fait pour les volumes 



GUIDE MANUEL DE L*OUVRIBR RELIEUR '279 

soig'nés au moyen d'une housse ; c*est un papier très 
solide coupé à la hauteur des trancheiiles, mais ayant 
à peu près deux lois la larg-eur du dos. On la place en 
donnant d'abord une couche de colle forte sur le dos, 
puis on ajuste le papier à 2 ou 3 millimètres de Taréte 
vive du mors de derrière. On fixe alors le papier sur le 
dos à l'aide du plioir. On rabat le papier à fleur de 
Tarête vive du mors, du côté du devant du volume, on 
le couche sur le dos en le serrant, et on fixe Tex- 
trémitè sur la bande de colle, laissée à découvert à 
cette intention ; on voit d'ici la proportion qu'il faut 
donner au papier de la housse, que Ton trempe ensuite 
en plein pour emboîter la couverture. L'un des côtés de 
la housse se trouve ainsi fixé au dos du volume, l'autre 
au faux dos de la couverture. On colle ensuite les gar- 
des en ajustant les chasses avec soin. 

Pour les volumes moins soignés, on coupe un papier 
à la hauteur des tranchefiles, mais un peu moins large 
que le dos que l'on enduit en plein à la colle forte. On 
ajuste le papier par-dessus. On emboîte alors le volume 
qui ne tient à la couverture que par les deux extrémités 
du dos, laissées à découvert par le papier plus étroit 
que celui-ci. On frotte avec le plat du plioir sur toute la 
surface du dos, pour faire adhérer le tout à la fois et 
on laisse sécher. On colle ensuite les gardes, qui, avec 
la toile que l'on a collée auparavant sur le dos et en 
même temps pour celles-ci, font que l'emboîtage tient 
parfaitement au volume. 

FABRICATION DES COUVERTURES 

II nous reste à parler des couvertures d'emboîtage 
que l'on fabrique de différentes façons, les unes avec 
partoqs bize^utés, d'autres avec cartons ordinaires. On en 



âSO GUIDE MANUEL DE L OCVRIBfi RELIBUa 

Fabrique en peaux de tous g;eares, en velours, en soie etc, 
mais principalement en percalines de couleur. On en 
fait à dos de toile avec plats imprimés et même tout à 
fait en papier, les uns dorés au balancier, les autres en 
papier chromo. On coupe les cartons au moyen de 
cisailles droites, dont nous avons fait mention au cha- 
pitre relatif à l'endossure, ou au moyen de cisailles cir- 



Fig, 60. — Machine à couper le earloo (cisaille circulaire). 

culaires représentées par la fif^. 60. Ces machines débi- 
tent la feuille de carton en une seule fois et en autant de 
bandes que l'on veut. Les coupes s'eiercenl au moyen 
de rondelles en acier ou lames circulairas taillées et 
affiltées en biais. Elles sont accouplées par deux à des 
distances à déterminer et tournent en sens inverse l'une 
de l'autre au moyen de deux axes parrallèles sur les- 
elles sont fixées, L'action des lames est facili- 



GUIDE MANUEL DE l'OUVRIBR RELIEUR 281 

téè par deux cylindres entre lesquels on engage la 
feuille de carton. Celle-ci étant débitée en bandes, on 
les coupe en travers au moyen d'une équerre mobile 
contre laquelle on place les bandes pour les pousser 
entre les cylindres. Les coupes s'exercent ainsi avec une 
parfaite régularité et ne présentent nulle bavure, si les 
lames sont de bonne qualité et convenablement affûtées. 

Biseautage des cartons. — Pour les couvertures à 
cartons biseautés, le biseautage se fait généralement 
au moyen d'une petite machine à lames biaisées, dont 
celle du bas reste fixée, et dontTautre est mobile afin de 
permettre de passer le carton par dessous, en l'ajustant 
contre Tarôte vive de la lame inférieure. Celle-ci doit 
être fixée proportionnellement à l'épaisseur que Ton 
veut conserver à l'arête vive des cartons, qu'il ne faut 
jamais biseauter en lame de couteau, afin de leur 
conserver quelque solidité. La seconde lame se rabat 
sur le carton, à la largeur voulue pour déterminer 
la largeur du biseau, Un pressoir à pédale maintient 
alors le carton pendant qu'avec un couteau spécial à 
double poignée, assez semblable à celui dont se ser- 
vent les tonneliers, on enlève en biais l'excédent du 
carton, les deux lames de la machine servent de gui- 
des au couteau. On enlève successivement les quatre 
côtés du carton qui se trouve ainsi biseauté dans la 
forme voulue. Comme on peut le voir, ce procédé est 
simple et pratique mais il faut à l'opérateur une certaine 
adresse pour l'exécution d'un travail subordonné à l'en- 
tretien constant des lames sujettes à s'émousser rapi- 
dement. 

Les grands ateliers emploient d'autres procédés. La 
fig. 61 représente une cisaille à lame inclinée dont la 
courbe facilite la coupe en biais des cartons à divers 

16. 



DB LOUVRIBR RBLIBDB ' 



degrés. Elle constitue ud progrès réel sur les procédés 
employés antérieuremeDt. 



Fig. 61. — Cisaitle k bîseauler les carlonB. 

Uae invention récente nous paraît répondre de tous 
points aux besoins de la cause ; elle consiste en une 
cisaille circulaire, fig. 63. Des biseaux à angles vifs ou 
de forme arrondie, sont obtenus à l'aide de cette 
machine appelée à rendre les plus grands services tant 
par la quantité considérable de son débit que par la 
netteté et la perfection de son travail . 

Les cartons étant préparés, on procède k la fabrica- 
tion des couvertures que nous supposerons en toile 
anglaise. La coupe de la toile est subordonnée au format 
du volume et ce par rapport aux rempliages qu'il con- 
vient d'établir à la ou i4 millimètres de large pour les 
volumes in 18 Jésus et au-dessous, mais que l'on peut 



6UIDE MANUEL DB l'QUVRIBR BBUBVII 

établir à 20 millimètres, et plus, selon les dit! 
du volume. Il convient tout d'abord d'établir la largeur 
du dos etde couper les faux-dos ; la carte du dos brisée. 
Celui-ci dont l'épaisseur doit être proportionnés au for- 
mat ou à l'épaisseur du volume, se taille, k un milli^ 



Fig. Sa. — Machine à bUeauter les cartons. 

mètre en moins que la hauteur des cartons, se 
comme larg;eur de l'arète-vive d'un mors A l'autre. En 
ce qui concerne l'écartement entre les deux cartons, on 
prend une bandelette de carie-fine avec laquelle on 

faire prendre le contour de celui-ci et jusque dans le 
creux des mors que l'on marque avec les ong'Ies, Ou 
déploie epsuile la carte dont la distance entre les dem 



284 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

traits d'ongfles représente exactement l'écart à établir 
entre les deux cartons posés à plat sur la table. On 
coupe alors un calibre plat ou double équerre (en 
forme de f) soit en carton ou ce qui est de beaucoup 
préférable en tôle de fer qui ainsi établi pourra toujours 
servir, pour les volumes de môme épaisseur. 

La fabrication des couvertures pour l'emboîtage est 
un travail très simple, mais qui exigée certains soins ; 
elle est de la plus haute importance, quand il s'agit 
de la traiter sur une grande échelle. La condition 
essentielle pour qu'une couverture soit bien faite, c'est 
que la toile employée, quelle que soit sa nuance ou sa 
forme de grains, se présente aussi fraîche et intacte sur 
la couverture faite que si la toile était encore à la pièce. 
Pour obtenir ce résultat, il faut avant tout que la colle 
employée soit de bonne qualité. Les colles de Givet 
que Ton peut employer très claires, et qui, malgré cela, 
tiennent et sèchent très rapidement, sans laisser à la 
toile le temps de se décomposer par l'humidité, sont 
celles qui conviennent le mieux. Les colles dont le 
principe actif est faible obligent l'opérateur à tremper 
les toiles quelque temps à l'avance, même à les replier 
sur elles-mêmes, ou à les placer les unes sur les autres 
afin de les assouplir par l'humidité. Cette méthode a le 
grave inconvénient de déformer les grains de la toile et 
d'altérer en partie les couleurs. En outre, en détachant 
les toiles les unes des autres, la colle forme des inégali- 
tés préjudiciables à la toile, et aux tirages au balancier, 
inconvénients que Ton évite si la colle est d'assez bonne 
qualité pour faire adhérer la toile immédiatement. Il 
faut surtout éviter d'employer de la colle trop chaude, 
la température doit être telle que l'on doit pouvoir 
tremper les doigts dans la bassine, sans ressentir les 
effets de la chaleur. Ce système est à la fois économi- 



GUIDE MANUEL DE l'OUVRIBR RELIEUR 285 

que quant à la colle qui donne ainsi moins de déchets, 
et bienfaisant envers la toile qui conserve ainsi toute 
sa fraîcheur. 

Voici comment on s'y prend pour façonner une cou- 
verture. L'ouvrier s'étant assuré si la colle est suffisam- 
ment limpide et son pinceau en parfait état, enduit 
toute la surface de la toile d*une couche de colle légère 
et uniforme, en évitant de poser les doigts au centre 
des plats, mais seulement sur les bords destinés au 
rempHage. Il place alors la toile au bord de la table 
sur un carton bien propre, il place Tun des cartons de 
la couverture sur le côté gauche de la toile, en parta- 
geant exactement les remplis, puis il pose l'équerre en 
T de façon à emboîter exactement le carton ; il place le 
second carton de façon à emboîter Téquerre de l'au- 
tre côté, puis il enlève celle-ci après avoir pesé légère- 
ment sur les cartons pour les fixer. Il place le faux dos 
bien au centre, et il le fixe par un frottement léger et 
rapide ; il retourne la couverture et il la pose sur une 
autre partie de la table, et, saisissant une brosse à soies 
courtes et résistantes, il brosse toute la surface de la 
toile, qui adhère ainsi définitivement au carton sans 
la toucher avec les mains ; il retourne la couverture 
qu'il replace au point de départ^ et, à Taide de ciseaux 
dont les lames ont été légèrement graissées, il coupe les 
quatre coins à une distance égale à l'épaisseur des car- 
tons. Alors, saisissant un plioir mince et assez large, 
qu'il maintient par le milieu entre le pouce et les deux 
premiers doigts de la main droite, il le glisse sous l'un 
des longs côtés de la couverture, pour entraîner le rem- 
pli et le rabattre sur la partie inférieure. Il égalise la 
toile avec le tranchant du plioir, tant sur le carton que 
sur le faux dos, sur lequel il frotte d'un carton à l'autre ; 
puis il fait la môme opération du côté opposé. Le rem- 



286 GUIDE MANUBL DE l'ouVRIER RELIEUR 

pliag'e étant fait en tète et en queue,ils'ag^itde remplier 
le devant de la couverture. Pour cela il plie les coins du 
dehors en dedans sur les angles du carton, en se servant 
du tranchant du plioir, puis il le g'iisse sous le rempli 
pour le rabattre sur le carton, comme il Ta fait en tète 
et en queue. Il fait la même opération sur l'autre côté, 
puis il retourne la couverture et il passe le plioir à plat 
tout autour sur les bords. La couverture est faite sans 
avoir touché la toile avec les mains, sauf pour retourner 
la couverture ou la déplacer. Pendant ces diverses opéra- 
tions,il se sert de la main gpauche.pour maintenir la cou- 
verture et lui faire exécuter les mouvements nécessaires. 
L'habitude une fois prise d*exécuter toutes les opéra- 
tions du rempliag'e, au moyen du plioir sans le déposer 
pour exécuter quoi que ce soit avec les doigts, conduit 
à une très g-rande rapidité dans la manipulation, et à 
une grande propreté dans l'exécution du travail. On 
place ensuite les couvertures debout pour les laisser 
sécher, on peut aussi les étendre sur des tringles en 
bois et jamais sur des ficelles, ce qui les déformerait. 

Nous venons de décrire la confection d'une couver- 
ture par une seule personne. On en met ordinairement 
trois pour les couvertures à cartons ordinaires, et qua- 
tre pour celles à cartons biseautés, quand il s'agit d'en 
faire un grand nombre. Dans ce cas, et une fois la dis- 
tance bien prise, on place le faux dos, immédiatement 
après le premier carton, de cette façon Péquerre en T 
se salit moins vite, ce qui est assez important. On place 
aussi sur la table, à l'endroit où on brosse les couver- 
tures, une platine de zinc afin que la colle des remplis 
touche toujours la même place et serve à maintenir la 
couverture pendant le brossage. Le zinc facilite ensuite 
l'enlèvement de la colle et conserve la table propre. 

Pans la fabrication à trois, le premier trempe les 



etiDE MAKÙEL de L*OtJVRlEtl relIëuh 28t 

couvertures et place le premier carton ; le second 
place le faux dos et le second carton, exécute le bros- 
sage et coupe Içs coins ; le troisième est charg-édu rem- 
pliag^e. On ajoute un remplieur pour les couvertures à 
biseaux. 

Le cartonnage classique est une reliure mixte, qui se 
fabrique à très bas prix par des spécialistes, et parfois 
même par des brocheurs. Il se divise en deux genres, 
en reliures et en emboîtages : les premiers ont leurs 
ficelles passées dans les cartons, et on travaille la cou- 
verture au volume, Les seconds ont leurs couvertures 
faites à part, dans lesquelles on emboîte les volumes 
après qu'ils ont été cousus et rognés, tous deux se font 
ordinairement avec dos en toile anglaise de diverses 
couleurs, avec ou sans titre doré. On applique sur les 
plats les couvertures de brochures, que l'on a impri- 
mées en conséquence, c'est-à-dire sur papier suffisam- 
ment grand pour être remplie autour des cartons. Les 
couvertures se font parfois avec dos en parchemin ; on 
en fait aussi en lustrine grise ou fauve, imprimée 
cemme les couvertures en papier. On fait aussi, mais 
alors dans des ateliers de reliure, des emboîtages de 
livres classiques avec couvertures en toile anglaise, 
avec titres sur dos et plats tirés en noir au balancier, 
mais ces derniers entret dans la catégorie des emboî- 
tages ordinaires. 

Outre la pliure qui se fait comme pour les brochures, 
le cartonnage classique est cousu sur le métier à cou- 
dre dit cousoir, ou au moyen de machines à coudre 
avec ficelles assez longues pour ceux que l'on passe eu 
carton, et avec ficelles très courtes que l'on colle sur la 
garde, pour ceux que Ton destine à Temboîtage. On 
coud généralement les gardes au volume, dont elles 



288 GUIDE MANUEL DE L OUVRIER RELIEUR 

entourent tes premier et dernier cahiers, afiii que les 
uns et les autres soient plus solides. On encolle généra- 
lement les dos à la colle forte, puis on les ro^ne. On 
arrondit le dos au marteau et on forme les mors an rou- 



Fig. 63, — Machine à coudre. 

leau ou à l'étau, on enfile les ficelles dans les cartons 
en les collant et en les martelaot, ou en les frottant sim- 
plement à la colle à l'aide du plioir. (Certains ateliers 
ont même conservé l'habitude de percer un troisième 
trou, et de croiser la ficelle à l'intérieur). Ou redresse 
ensuite les dos à l'aide du marteau, et ou passe une 
couche de colle forte par-dessus. On colle un papier 
sur les plus gros pour leur donner plus de fermeté ; on 
place alors le dos en toile, dont le titre a été doré 
d'avance an balancier. Ceux qui n'ont pas de titres 



GUIDE MANUEL DE L*0UVIUER RELI£OR 289 

dorés reçoivent à la place une étiquette imprimée sur 
le même papier que la couverture. On couvre les plats à 
la colle forte afin de ne pas altérer le papier de la cou- 
verture. L'opération se termine par le collag'e des g^ardes 
à la colle de pâte en plaçant les volumes en piles entre 
des ais, pour les mettre en presse : on visite les gar- 
des, etc. Au sortir de la presse, on jaspe les tranches et 
on place les volumes en piles carrées en nombre déter- 
miné. 



OBSERVATIONS SUR l'eMBOITAGE ET LES CARTONNAGES 



Les divers g-enres d'emboîtage de même que les car- 
tonnages classiques se fabriquent souvent en très gran- 
des quantités, et nécessitent l'emploi de machines qui 
permettent d'en activer la fabrication. Nous les avons 
mentionnées au cours de l'ouvrage sans toutefois nous 
étendre plus qu'il ne convenait sur leur emploi, leurs 
mérites, ou les défa uts particuliers à chacune d'elles. Cette 
réserve nous était imposée par des considérations que 
tout le monde comprendra. Il se construit tous les jours 
des machines ; il en est qui se perfectionnent au fur et 
à mesure des inconvénients signalés; la plupart sont 
excellentes et rendent des services énormes, aucune 
n'estarrivée à son point culminant de perfection.il con- 
vient de réserver l'avenir et de n'insérer ici que les 
recommandations nécessaires en vue d'en tirer le meil- 
leur parti possible la machine à coudre fig. 64 est, à 
notre avis, destinée à prendre une place des plus 
importantes dans les ateliers s'occupant essentielle- 
ment de reliures commerciales, emboîtages etc. 

En ce qui concerne Vemboîtage, — Il est de la plus 
haute importance que l'épaisseur et la forme des dos 
soient parfaitement équilibrés entre les volumes destinés 

BOSQUET — flELIURE 17 



390 GUlbB MANUBL DE l'oUVRIBR RELIBUtl 

à prendre place dans des couvertures fabriquées à part. 
C'est-à-dire qu'une fois les couvertures faites pour un 
certain nombre de volumes d'un même ouvrage, ou de 
même épaisseur, il fautcombiner l'ensemble du travail 
de façon à ce que les volumes étant prêts à être emboités; 
leur épaisseur, le contour du dos et la forme des mors 
soieot de tous points semblables. Pour peu que le 



Fig. fl4. — Machine à coudre ; reliures et erabotUgea. 

volume aoit trop épais, qu'il ait été arrondi plus que de 
raison, ainsi que les mors battus ou roulés sans 
mesure, c'est à-dire en dehors des proportions du dos 
de la couverture, il s'emboîte difficilement, les mors 



GttDÈ MÀ^UBL DB L^OUVRtEtl ttËLlBUR 29l 

brident et les gardes sur lesquelles s'opèrent des ten- 
sions d'autant plus fortes que le dos de la couverture 
est trop étroit, se déchirent dans les mors ou entraînent 
avec elles les premiers et derniers cahiers du volume. 
Si au contraire le volume est trop mince pour la cou- 
verture, le dos trop peu garni par la couture ou les 
mors trop peu prononcés, Temboftage manque de fer- 
meté, le dos se plisse et l'ensemble de la reliure est 
exposé à une déformation rapide. 

Il faut donc que le battage, le laminage ou la mise en 
presse, se fassent de façon à donner à tous les volumes, 
la même épaisseur ; qu'ils soient cousus avec le même 
fil, que l'abattage du dos. Il a été établi des machines à 
cet usage, fig. 65 et l'encollage donnent à tous les mêmes 
proportions.il faut éviter que la pression de la machine 
à rogner écrase les mors en tête et en queue afin que 
l'arrondissage du dos se fasse sans efforts, ainsi que le 
battage ou le roulage des mors. Il faut arrondir les dos 
avec régularité c'est-à-dire donner à tous les volumes 
le même contour et une môme forme ; il en est de 
miême des mors qui doivent présenter partout et à tous 
le même relief et se rapporter à l'épaisseur des cartons. 
Nous disions qu'il fallait éviter que le pressoir de la 
machine à rogner écrase les mors du volume, et cela 
non seulement pour les conserver en vue de faciliter 
l'arrondissage du dos et la formation des mors, mais 
aussi afin que la pression ne fasse pas dévier les volu- 
mes de la ligne droite. En effet, le devant des volumes 
étant rogné et tout en admettant qu'ils ne soient pas 
trop épais pour être placés l'un sur l'autre par deux* 
même par quatre et plus selon leur épaisseur, de 
même en plusieurs tas les uns à côté des autres, 
: pour être rognés en une fois. Le pressoir de la machine 
à rogner, avant de comprimer le corps du volume 



GUIDE MAMIEU DE L OUVl 



exerce toujours et tout d'abord son action sur les par- 
ties saillantes, ou mors ; une torsion plus ou moins 
accentuée en est la conséquenc et la coupe que l'on 



Fig. 65. — Hacbine à tromprimer les dos apràs la coulure. 

exerce ensuite dans ces conditions est inévitablement 
faussée et le volume n'est pas d'équerrc. 

Pour remédier à cet inconvénient, certains relieurs 
abattent le mors produit par la couture, à outrance, et 
vont jusqu'à faire coudre le volume avec du fil trop 



GUIDE MANUEL DE L*OUViU£R RELIEUR 293 

mince, afin que la disproportion enlre le dos et le coips~ 
du volume soit aussi faible que possible. G*est là une 
erreur et quoi qu'ils fassent, le dos étant encollé est 
toujours plus saillant et plus dur, il s'en suit que la 
pression s'exerce tout d'abord sur cette partie du volume 
et le fait encore dévier plus ou moins delà lig'ne droite. 
En outre, le volume n*ayant pas assez de dos, l'arrondis- 
sag'e et la formation des mors ne peuvent être exécutés 
qu'avec difficulté tout en froissant les cahiers. L'en- 
dossure faite dans ces conditions n'a pas la consistance 
voulue et se déforme rapidement, il est donc beaucoup 
plus simple de coudre les volumes de façon à donner au 
dos l'ampleur nécessaire pour que l'arrondi ssage du 
dos etc, puissent être exécutés rapidement et sans diffi- 
cultés. On se sert alors de cales ou taquets pour rogner 
les volumes en tête et en queue. Le taquet consiste en 
une planchette en bois de 12 à i5 millimètres d'épais" 
seur, un peu plus longue que la largeur du pressoir de 
ia machine à rogner et de 2 à 3 millimètres moins 
large que le volume dont le devant a été rogné. Le côté 
de la planchette qui touche le volume doit être arrondi 
des deux côtés en quart de cercle, s'il s'agit de rogner 
2, 4, 6 ou 8 vol. à la pile et d'un seul côté s'il s'agit 
de rogner de très gros volumes placés un par un à côté 
les uns des autres. 

L'emploi de ces taquets à pour but de comprimer 
tout d'abord le centre du volume et graduellement les 
côtés et^ce afin de maintenir le tout dans la ligne droite 
pendant la coupe. Ces jtaquets ou planchettes une fois 
préparés peuvent servir indéfiniment. On colle sur la 
surface non arrondie un carton de i à 2 millimètres 
d'épaisseur, puis un morceau de toile anglaise unie afin 
qu'en fixant à l'aide de 3 ou 4 petites taches de colle les 
taquets sous le pressoir de la machine on puisse les 



294 GUIDB MANUEL DE L*OUVRIER RELIEUR 

détacher après le travail fait sans détériorer, même les 
cartons. Les taquets étant préparés et en supposant qu'il 
s'agisse de rogner un train de volume du format in- 1 8 
Jésus de 20 à 25 millimètres d'épaisseur. On rog-ne 
d'abord les devants, puis on ajuste Téquerre de fond 
pour rogner les volumes en queue, on les place tête 
biche, les tètes touchant l'équerre et par piles de quatre 
les unes à côtés d^ autres, autant que le permet la 
longueur de la lame de la machine. On place alors 
un taquet sur chaque pile, bien au centre et bien 
à fleur du pressoir que Ton descend avec précau- 
tion : l'ajustage étant parfait on serre d'abord légère- 
ment pour que la colle que l'on a mise sur les taquets, 
les fasse adhérer sans les déranger puis on serre à fond . 
Le centre de chaque pile se trouve ainsi bien com- 
primé et les dos sont alors légèrement relevés aux flancs 
arrondis des taquets qui compriment suffisamment les 
dos sans les déformer, sans écraser les mors qui restent 
intacts. On fait alors fonctionner la lame, on desserre 
ensuite le pressoir et après avoir retiré les volumes, on 
fait descendre contre l'équerre du fond une bande de 
carton dont l'épaisseur représente la valeur de deux 
chasses, celles qu'il convient de ménager en tète et en 
queue des volumes. On replace alors les piles retour- 
nées chacune à nouveau exactement sous chacun des 
taquets qui cette fois sont fixés au pressoir et y restent 
jusqu'à complet achèvement du train. On décolle 
ensuite les taquets à l'aide d'une lame de couteau, 
pour s'en servir plus tard pour des volumes de même 
format. 



CHAPITRE IX 



Reliures diverses 



Reliures arraphiques. — Ce genre de reliure fort en 
usag'e en Angleterre et en Allemagne, ou on imprime 
un certain nombre d'ouvrages sur feuillets simples, 
consiste à rattacher ces feuillets les uns aux autres au 
moyen d'une couche de caoutchouc, dissous à l'essence 
sous forme de pâte gluante. Cette pâte appliquée sur 
le côté de^ feuillets destinés à former le dos, tient plus 
ou moins lieu de couture, pour laquelle il faut comme 
assise le dos de la feuille pliée, à moins de monter 
celle-ci sur un onglet, avec plis permettant de la ratta- 
cher par la couture. Le collage au caoutchouc est plus 
économique, mais n'offre pas de garantie de solidité. 
L'ouvrage le plus remarquable auquel les relieurs 
anglais aient appliqué ce système est la grammaire de 
l'ornement, édition grand in-folio, ainsi que l'édition 
populaire de ce livre format in-4® jésus.Nous avons fait 
usage pendant un certain temps de l'un d'eux, emboîté 
dans une couverture à dos de maroquin qui a très bien 
résisté. Malgré cela il nous répugnerait de recomman- 
der ce système, dont nous avons vu d'autre part des 
exemples fréquents de destruction rapide, car, dès 
qu'un feuillet se détache ou qu'une cassure se produit, 
tout est perdu et le tout tombe en marmelade. 

Voici comment on procède à la confection de ce genre 
(Je reliure, 



296 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

Etant donné un volume composé exclusivement de 
feuillets simples, on ég-alise parfaitement ceux-ci du 
côté du dos ; ils doivent surtout être coupés en ligne 
droite, dans le cas contraire on rog-ne quelque peu le 
dos afin que toutes les feuilles soient au même niveau . 
On place alors les gardes, puis on met le volume en 
presse, entre deux ais que Ton égalise avec le dos que 
l'on frotte à Taide d'un papier verre assez rude, on 
enlève avec soin la poussière, et on enduit le dos d'une 
couche assez épaisse de caoutchouc, que l'on applique 
avec le doigt en frottant vigoureusement, afin de bien 
imprégner toute la surface du dos. On prend ensuite 
une bande de toile molletonnée aussi longue que le 
volume, mais de 5 à 6 centimètres plus large que le 
dos, on enduit cette bande d'une couche épaisse de 
caoutchouc, en ayant soin que la largeur de- la couche 
appliquée réponde exactement à l'épaisseur du dos. On 
l'applique alors sur celui-ci, les deux couches doiven^ 
se combiner au moyen d*un frottement à la main ou au 
plioir. On retire le volume de la presse, puis on colle 
ce qui dépasse de la toile aux flancs du dos sur la 
garde, au moyen d'un peu de colle de pâte, et on laisse 
sécher le tout pendant au moins vingt-quatre heures. 
Au bout de ce temps le caoutchouc est suffisamment 
sec, pour que l'on puisse rogner les tranches, arrondir 
le dos et rouler ou battre les mors, ce qu'il faut faire 
avec précaution. On emboîte alors le volume dans la 
couverture que l'on a préparée pour lui, en se servant 
pour celui-ci d'une housse, comme s'il s'agissait d'un 
volume cousu. Les gardes aussi se collent de même. 

RELIURE DES LIVRES DE MUSIQUE 

La reliure des partitions de musique occasionne par- 
fois des soucis aux relieurs, et cela pour deux causes 



GUIDE MÀNUBL DE l'oWRIER RELIEUR 297 

principales : il est d'abord indispensable que cette 
reliure soit très solide, et ensuite qu'elle s'ouvre parfai- 
tement et tout à fait à plat. En outre, il est essentiel 
que les feuilles soient suffisamment indépendantes les 
unes des autres, pour qu'en les tournant on puisse les 
coucher sans résistance à droite ou à gauche, et sans 
qu'il soit nécessaire de les maintenir, ce qui est le com- 
ble de l'énervement pour le malheureux musicien. Le 
moyen le plus simple est de monter les feuillets isolé- 
ment sur des onglets de papier souple. On peut alors 
relier le volume comme tout autre ouvrage, mais ce 
système plus ou moins coûteux n'est pas à la portée de 
tout le monde. Voici la manière la moins coûteuse et la 
plus simple. On prépare le livre de musique à la cou- 
ture sans y faire le moindre collage, à moins que cer- 
taines feuilles réclament quelques réparations, et, dans 
ce cas on exécute ce travail de façon à ce que les feuil- 
les restent indépendantes les unes des autres ; nous 
entendons par là : en évitant de joindre les feuillets du 
livre autrement que par le fond et d'employer des 
petits onglets pour rattacher les feuillets isolés. On 
place de chaque côté du volume deux gardes blanches 
pliées et encartées l'une dans l'autre pour former un 
cahier, il faut que ce papier soit solide, sans être plus 
épais que les feuilles du livre, que l'on coud sur quatre 
rubans de 7 à 8 millimètres de large, si c'est un 
un volume in-8®, et- sur cinq rubans de même largeur 
si c'est un volume in-4^. La couture doit être faite tout 
du long, c'est-à-dire à un seul cahier, et la chaînette 
très près de la rognure. Le volume étant cousu, on 
applique sur le dos une légère couche de colle forte, 
ensuite on l'arrondit et on lui bat des mors à peine 
saillants. Puis on met le volume en presse en plaçant 
dans les mors deux cartons minces non attachés. Ceux^ 

17. 



998 GUIDB MAIfUEL DE L'OUVRIER RELIEUR 

ci n'étant que provisoires, et uniquement pour que les 
mors qui doivent être très petits soient bien formés, on 
trempe le dos à la colle de pâte, et on le frotte à l'aide 
d'un frottoir en bois. On retire le volume de la presse 
après siccation, et on applique sur le dos une couche 
de g'omme arabique ou colle à froid assez épaisse ; 
ensuite une bande de lustrine bien assouplie, que Ton 
a soin de couper assez large pour pouvoir la coller sur 
Tes g'ardes du volume. On se contente pour le moment 
de la coller au dos seulement en l'humectant très lég^è- 
rement pour que l'adhérence au moyen de la g^omme 
soit parfaite. On laisse sécher, puis on perce avec la 
pointe d'un canif sur l'arête vive du mors, et au-dessus 
des rubans, des ouvertures qui permettent de faire res- 
sortir ceux-ci en dehors de la lustrine, que l'on colle 
alors sur le premier feuillet de garde, au moyen d'un 
peu de colle de pâte. On prépare ensuite les cartons 
que l'on amincit des trois quarts, en les arrondissant 
du côté des mors afin de les mettre au niveau de ceux- 
ci. On perce des trous dans les cartons en face de cha- 
que ruban et à la larg'eur de ceux-ci, on les passe dans 
les cartons et on les fixe à l'intérieur sans trop les ser- 
rer. Le tout étant sec on redresse le dos au marteau, et 
6n met le volume en presse, puis on trempe le dos avec 
un peu de colle de pâte,on frotte avec les doig-ts afin de 
bien unir le tout et on laisse séchair.On rogne ensuite le 
volume, on le couvre avec un faux dos avec ou sans 
nerfs,et avec une peau quelconque, bien amincie sur les 
mors si elle est un peu épaisse ; puis, la couvrure étant 
sèche, on trempe la g-arde à la colle de pâte, on place 
une platine de zinc sous chaque garde, on ferme les 
cartons, et on met le volume en presse, dans laquelle 
on laisse sécher les collages à fond. On retire le volume 
de la presse, on ple^ce s^lors les coins et l^s plats, puis 



GUIDE MANUEL DE L'OUVRIER RELIEUR 299 

on place les gpardes de couleur sur le second feuillet 
blanc, le premier ayant servi de sauve-garde. 

On se rend facilement compte combien un volume 
relié dans ces conditions doit être solide, il s'ouvre égpa- 
lementbien à plat, à cause de la lustrine qui bride un 
peu sur les mors ; mais sans danger, attendu qu'on les 
a faits très petits, et le peu que l'on a pris sur le dos 
des cahiers, pour les former, n'empêche en aucune façon 
le volume de s'ouvrir comme un petit registre, laissant 
les feuilles indépendantes et souples, attendu qu'il n'y 
a aucun collage qui puisse occasionner une traction 
quelconque dans l'intérieur du volume. 



DES CONDITIONS ESSENTIELLES POUR CONFECTIONNER 

DES RELIURES SOLIDES 

De tous temps, les relieurs se sont préoccupés des 
moyens de rendre les reliures indestructibles, et sans y 
arriver complètement certains sont parvenus à les éta- 
blir de telle sorte que, malgré le temps et une manipu^ 
lation constante mais intelligente, leur travail paraît 
devoir défier les siècles. 

Indépendamment de la main-d'œuvre toute spéciale 
faite en connaissance de cause, condition essentielle 
pour arriver au résultat désiré, il faut que les fourni- 
tures soient toutes de première qualité, su i tout les 
peauXj mais toutes ne présentent pas les mêmes garan- 
ties de durée. Le veau qui anciennement était la peau 
par excellence pour la reliure, grâce au tannage qui se 
faisait par des moyens naturels, et sans le concours 
d'aucun acide, se tanne actuellement en quelques jours, 
par des moyens peu propret à conserver les qualités 
essentielles de la peàu^et,quoi que l'on fa«se,âucun fabri* 



300 GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 

cant de notre époque ne consentirait à passer par les 
anciens errements, qui seuls pourraient nous rendre les 
peaux solides d'autrefois. On fait certes encore de fort 
belles reliures en veau ; c'est même le gpenre de peau 
la plus difficile à travailler en reliure, et celle qui fait 
le plus d'honneur au relieur qui la réussit parfaite- 
ment, mais sous le rapport de la solidité elle laisse 
beaucoup à désirer. Il en est de même de la peau de 
truie, et même du cuir de Russie. C'est beau, très 
beau, mais peu durable sur un livre usuel, et cela 
grâce au tannag'e tel qu'il se pratique de nos jours. Ces 
peaux manquent surtout de solidité du côté de la fleur, 
et le relieur doit surtout pouvoir compter sur ce côté 
de la peau. Les coiffes et les ang'les des cartons ne peu- 
vent être formés que par le sacrifice de la plus g'rande 
partie de la chair, qu'il faut enlever au paroir. Il va de 
soi que nous n'attribuons pas la faiblesse de la fleur de 
ces peaux à la nature même de celles-ci, mais cette 
partie devient forcément plus faible à la suite des 
diverses opérations qu*on leur fait subir au tannag'e et 
à la teinture. Ils durcissent la fleur au point de la ren- 
dre parfois un peu cassante, ce dont le couvreur s'aper* 
çoit, si en couvrant le volume il tire un peu trop la 
peau, pour la tendre sur le carton, cette traction provo- 
que dans la fleur des petites cassures que l'on a ensuite 
beaucoup de peine à dissimuler. Il n'en est pas ainsi 
de la peau de chèvre ou maroquin, dont la partie la 
plus solide est précisément la fleur, et eela surtout à 
cause des facilités avec lesquelles on parvient à tanner 
et à teindre ces peaux. Le relieur qui les emploie doit 
porter son attention sur celles qui ne sont pas sujettes 
à se corner ; défaut très grave occasionné par la fabri- 
cation et surtout par la teinture. Celles qui sont exemp- 
tes de ce vice, ce que le relieur doit être à même de 



GUIDE MANUEL DE l'oUVRIER RELIEUR 301 

coûstater, sont les peaux les plus solides que Ton 
puisse employer pour la reliure. 

Voici, à notre avis, le genre de reliure le plus solide 
que Ton puisse appliquer à un livre. Le volume étant 
décousu et battu, on garnit le dos des feuilles inté- 
rieures de chaque cahier d'une bande de toile glacée ou 
lustrine que Ton applique au moyen de la colle d'ami- 
don. Ces bandes s'assouplissent au contact de la colle 
et adhèrent ainsi d'une façon définitive au papier. Les 
collages étant bien secs on encarte les feuilles les unes 
dans les autres, en encollant les dos à la gomme arabi- 
que ou colle à froid. Il faut avoir soin d'encoller seu- 
inent l'arête vive du dos de chaque feuille. Pour cela 
on décarte les feuilles de plusieurs cahiers, on les place 
les unes siïr les autres, on les égalise entre deux ais et 
on passe un peu de gomme sur le dos avec le doigt, 
puis on encarte les feuilles comme le font les fabricants 
de registres, qui pour cet usage se servent de caout- 
chouc. On laisse bien sécher, puis on met le volume en 
presse par petites battées. On coud ensuite le volume 
sur nerfs simples ou doubles selon le format, en ayant 
soin que les chaînettes soient formées aussi près que 
possible de la rognure. On endosse le volume, comme 
nous l'avons indiqué pour les reliures cousues sur 
nerfs. On le rogne, on fait la tranche, et on exécute la 
tranchefilure à l'aide de nervures ou bandes de parche- 
min doublé. On prépare ensuite le volume à la cou- 
vrure, en plaçant sur le dos des claies en chamois ou 
en peau de daim, selon le format. On prend alors de la 
peau de marocain du Cap, dans laquelle il n'y a aucune 
apparence de corne, on la pare le moins possible, mais 
pourtant de telle sorte que les mors soient bien dégagés 
afin que le jeu des cartons soit suffisamment libre, et 
que les coiffes puissent être formées avec facilité, le 



302 



CUIDB MANUBL DB l'oUVRIER RELIEUR 



tout proportionnellement au format du volume; puis, 
on le couvre en ayant soin de former les mors avec 
soin. On colle ensuite les claies à Tintérieur ; puis, 
après siccation complète, on place les charnières, et si 
le travail est exécuté par des mains sûres, et par un 
ouvrier connaissant son métier, cette reliure doit pou- 
voir résister à toutes les épreuves. 

Terminons cet article en recommandant, pour ce g^enre 
de reliure, l'emploi de colles de première qualité. Les 
colles fortes de (nvet et la gomme arabique, mélangées 
après dissolution et par parties ég'ales, sont ce que Ton 
peut employer de meilleur pour la reliure. La colle de 
pâte doit être fabriquée avec de Tamidon de froment 
pur. Le collage des claies sur le dos, au moyen d'un 
mélange de colle d'amidon et de g'omme arabique, 
conserve à cette partie du volume la souplesse voulue 
et oflFre en même temps les meilleures garanties de soli- 
dité. H se fabrique depuis un certain un temps déjà un 
genre décolle à laquelle M. Dornemann a donné son 
nom, elle est de beaucoup supérieure aux colles de farine 
et d'amidon, surtout pour le placement des gravures et 
montages sur onglets; très blanche son emploi est d'une 
extrême propreté et son adhérence absolue et définitive, 
à l'état naturel elle remplace avec avantage pour l'en- 
collage des dos, les meilleures colles fortes, elle se 
délaie ensuite à tous degrés s'appropriant ainsi à tous 
nos usages. 

En général, il faut avoir soin de laisser sécher com- 
plètement chaque collage, avant de procéder à la partie 
suivante, et s'abstenir de faire sécher quoi que ce soit 
au feu ou au soleil . . 



FIN 



TABLE DES FIGURES 

JiTERCALÊES DANS LE TEXTE 



Figures Pages 

1 Laminoir pour le glaçage des papiers avant l'im* 

pression 8 

2 Caîandre pour le glaçage et le satinage des papiers 

avant l'impression 9 

3 Presse hydraulique, actionnée h bras ou au moteur. 11 

4 Calandre système Gill, pour le séchage et le sati- 

nage des feuilles après l'impression 12 

5 Pliure. — La plieuse à son travail , 17 

6 Machine k plier : à deux margeuses 35 

7 Cisaille à ébarber , 31 

8 Ciseaux pour le redressage des gravures 68 

9 Marteau à battre 76 

10 Batture. — Le batteur aplanissant une battée 77 

11 Laminoir du relieur 81 

12 Scie àgrecquer 84 

13 Machine à grecquer 85 

14 Couture. — Chevillette pour rattache des ficelles.. 91 

15 » " Boucle pour rattache des rubans 91 

16 . j» — L'ouvrière k son cousoir 95 

17 Pot à coUeforte .' 100 

18 Pinceau à colle forte 100 

19 Âis ferrés à accoupler pour le battage des mors. . . . 103 

20 Marteau èi endosser... 103 

21 Etau à endosser 105 

22 Endossuro , formation des mors, au marteau 106 

23 Coupe du carton au moyen de la cisaille 109 

24 Compas en fer 110 

25 Tas k battre les ficelles et k arrondir 112 

26 Presse à percussion 114 

27 Frottoir k endosser. . . . , , 115 



304 TADLE DES FIGURES 

Figures Pages 

28 Poinçon à percer les trous dans les cartons, etc... 116 

29 Fût à rogner et talon détaché 120 

30 Rognure ; fonctionnement du fût ou rognoir 122 

31 Presse à rogner k trois jumelles et vis en fer 125 

32 Equerre en fer 129 

33 Compas à vis 130 

34 Rognure. — Opération du berçage pour la coupe 

de la gouttière 132 

35 Machine k rogner ; dite Massiquot 136 

36 Pointe à couper 144 

37 Règle en fer 145 

38 Cisaille à couper les cartons (dernier perfection- 

nement) 146 

39 Cisaille h, ébarber et à couper la carte 151 

40 Presse à main, en bois 158 

41 Grille à jasper 161 

42 Petite presse à tranchefiler 166 

43 Couteau èi parer 187 

44 Parure d'une couverture en maroquin 188 

45 Gamelle à colle de pâte 195 

46 Pinceau à colle de pâte 196 

47 La pince à nervures (Bosquet) 201 

48 Couvrure. — Formation des nervures au moyen de 

la pince 202 

49 Ciseaux de couvreur 204 

50 Couvrure. — Formation de la coiffe 206 

51 » — Plioir du couvreur 207 

52 Fer à polir 239 

53 Couvrure. — Parure d'un dos pour demi-reliures.. 260 

54 » — Serrage du dos; demi reliure 261 

55 Trace-coins 262 

56 La presse à percussion (Placement des volumes en 

presse après l'achèvement, ou pour le polissage 

des plats au moyen de plaques 264 

57 Machine à arrondir les dos 275 

58 Rouleau à endosser 276 

59 Rouleau mécanique 278 

60 Cisaille circulaire pour la coupe des cartons 280 

61 Cisaille à biseauter les cartons 282 

62 Machine k biseauter les cartons 283 

63 Machine k coudre, sur et sans rubans 288 

64 » les reliures et les emboîtages 290 

65 Machine à comprimer les dos, après la couture. ... 292 



TABLE DES MATIÈRES 

CONTENUES DANS CE VOLUME 



PREFACE 

Définition de la reliure. 



Pages 
1 



CHAPITRE PREMIER 

La brochure^ dans ses rapports avec la reliure ,. 7 

Glaçage 8 

Séchage 9 

Satinage 10 

Pliure 13 

Manière de plier 16 

Coupe des feuilles 18 

Pliuge des divers formats 19 

Pliure mécanique 23 

Placement des planches et des cartons 26 

Assemblage et collationnoment 28 

Couture de la brochure 28 

Mise en presse, couvrure et ébarbage 30 



CHAPITRE II 

Reliure . définition de l*art du relieur et des divers 

genres de reliure • 32 

Reliure pleine 33 

Demi-reliure 3* 

Cartonnage et emboîtage 35 

Reliure d'art, reliure de luxe, reliure d'Amateur 35 

Reliure d^e bibliothèque. — Reliure usuelle 37 



306 TÀBLfi t>6s MÀTtÂREâ 

Pages 
CHAPITRE III 

Matières premières employées pour la reliure 38 

Peaux 38 

Tissus ; toiles, percalines, etc 40 

Papiers, cartes et cartons , 42 

Les colles et leur préparation 44 

Colle d'amidon 44 

Colle de farine 45 

Colles fortes 46 

Gélatine 47 

Colle chimique 48 

CHAPITRE IV 

Outillage du relieur 50 

CHAPITRE V 

Des formats. — Sources, DÉNOMOfATioirg it dimensions 53 

CHAPITRE VI 

Travail du relieur en ce qui concerne la reliure propre- 
ment DITE 58 

Du débrochage 59 

Démontage des livres reliés 61 

Du repliage 62 

Préparation à. la couture , 64 

Sauvegardes à onglets 65 

Réparations sommaires 66 

Placement des gravures et planches 68 

Montages sur onglets 69 

Montage des photographies 74 

Mise en presse, battage et laminage 75 

Gollationnement. — Grecquage et traçage pour la cou- 
ture des nerfs 82 

De la couture 86 

Couture à la grecque, h point devant 91 

Couture k la grecque avec point arrière .'. 94 

Couture sur nerfs simples 95 

Coutures sur nerfs doubles, ou nerfs accouplés 96 

Couture sur rubans ou sur lacets 97 

Placement des gardes blanches après la couture .•..*...• 98 



TABLB i)B8 ilATlÈRBd 30? 

Pages 

findossure 9S 

Encollage du dos 99 

Effilochage des ficelles 100 

Arrondissage du dos 101 

Formation et battage des mors 102 

Affinage des cartons • 110 

Placement et attache des cartons 111 

Mise en presse 114 

De la rognure. — La presse k rogner 118 

Opérations préliminaires relatives h. la rognure 121 

L'art de rogner 126 

Manière de rogner 129 

Rognure mécanique 136 

Rabaissage des cartons 143 

De rébarbage • 148 

Manière d'ébarber 150 

Jaspure et coloriage des tranches 155 

Manière de colorier les tranches 157 

Tranches jaspées 160 

Tranchefilure et cotuétage 164 

Trancliefile simple 165 

Tranchefile double 167 

Tranchefile à chapiteau 168 

Tranchefile k rubans et tranchefile imitation 169 

Préparation à la couvrure 172 

Préparation des reliures tranchefîlées cousues sur nerfs. . 174 

Placement des claies au dos et à l'intérieur 178 

Préparation des reliures à dos brisé 179 

Coupe et parure des peaux 184 

De la couvrure en général 194 

Couvrure des divers genres de peaux 196 

Couvrure d'une reliure 198 

Demi-reliure et remarques diverses. 208 

Fouettage et défouettage 211 

Couvrure des tissus, en général 212 

Placement des étiquettes ou pièces de titres 216 

Nettoyage des mors 219 

Placement des charnières 221 

Des contre-gardes 222 

Collage des charnières 225 

Nivelage des cartons & l'intérieur 227 

Fabrication et placement des gardes en soie 228 

Collage des gardes aux reliures à charnières 235 

De la cambrure et du polissage 239 

Vernissage 245 



308 TABLE DES MATIÈRES 

Pages 
CHÀPITREjVn 

Demi-rbliurb 248 

Demi-reliure en chagrin avec plats en toile, ou imitation 

de reliures pleines 253 

Demi-reliure avec coins en peau 258 

> sans coins en peau 263 

CHAPITRE VIII 

Cartonnages et emboîtages 266 

Cartonnage à la Bradel 266 

Emboîtages 274 

Fabrication des couvertures 279 

Biseautage des cartons 281 

Le cartonnage classique 287 

Observations sur l'emboîtage et les cartonnages 289 

CHAPITRE IX 

Reliures diverses 295 

Reliure des livres de musique 296 

Des conditions essentielles pour établir et confectionner 

des reliures solides 299 

Table des figures 303 

Table des matières 305 



LAVAL. imprimerie PARISIENNE, L. BARNÉOUD & G>o 



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