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Full text of "Herculanum et Pompéi: recueil général des peintures, bronzes, mosaïques, etc ..."

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THE DORSCH LIBRARY. 



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Monroe, MUjhIgan, presented to the Universlty of Mlchi- 
gan by hls wldow, May, 1888, in accordance wlth a wlsh 
expressed by him. 



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POJUPEI. 



TOME I". 



Typograpkic àt Firmiii Didot frères, nie Jacob, u* 56. 






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POMPEZ. 
RECUEIL GÉNÉRAL 



DES 



PEINTURES BRONZES, MOSAÏQUES, ETC. 

DÉCOUYEBTS JUSQU'a CE JOUB, ET BEPBODUITS D'âPBES 



ET TOUS LES OUVBÂGES ANALOGUES; 



AUGMENTÉ DE SUJETS INÉDITS, 

GRAVÉS AU TRAIT SUR CUIVRE 

PAR 

Kt aocompa^é d'un Texte ezplîeAtîf par M. Ii. BabbA. 



PEINTURES, PREMIÈRE SÉRIE. 

DÉCORATIONS ARCHITECTURALES. 



PARIS, 

LIBRAIRIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES , 

RUK JACOB, M° 56. 



M DCCC XL. 



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NOTICE. 






Quidquid sub terrÀ est in apricum proferet aetas , 
Defodiet, condetque nitentia. 

HoRAT.y Epist.y I, 6, 2/|. 

« Le temps mettra au jour tout ce qui est 
« enseveli sous la terre; il engloutira et cachera ce 
« qui brille maintenant. ^ 



Les cités ensevelies , auxquelles appartiennent les restes 
précieux que nous avons à décrire , sont situées sur une 
ligne droite, qui longe le golfe du Cratère , en se dirigeant 
du nord-est au sud-est , depuis le mont Leucogée jusqu'au 
Lactaire, théâtre de la défaite du roi goth Téias par 
l'eunuque Narsès. 

En partant de Néapolis et de Palaepolis, à la tête de 
cette ligne, on trouvait, dans un repli du rivage qui 
est en face du Vésuve, Herculanum et Retina, qui ne 
formaient qu'une seule ville. On traversait ensuite la pe- 
tite cité d'Oplonte , et on arrivait à Pompéi , située entre 
les salines d'Hercule et les marais Pompéiens. Pompéi 



n 



Il NOTICE. 

communiquait eu outre avec Nola , par une route qui pas- 
sait près du Vésuve. Puis, après avoir franchi Tancien lit 
du Sarnus, qui aujourd'hui a deux embouchures beau- 
coup plus au sud , on laissait encore à gauche un embran- 
chement de route dirigé sur Nucérie, et Ton arrivait 
enfin à Stabies. Mais toute cette ligne du rivage , cou- 
verte de maisons de campagne et de constructions de toute 
espèce, ne formait à proprement parler qu'une seule 
ville , depuis Naples jusqu'à Stabies. La montagne elle- 
même, dont les anciennes éruptions n'avaient laissé qu'un 
souvenir confus (i) , marqué par la dénomination de 
Champs phlégréens donnée au pays; la terrible montagne 
était habitée , et plus d'une villa se montrait suspendue 
sur les bords du gouffre éteint. 

Jetons un coup d'œil rapide sur l'histoire de ces loca- 
lités; car nous y puiserons des indications précieuses 
pour l'histoire de leurs monuments. 

L'origine d'Herculanum et de Pompéi se perd dans la 
nuit des temps : on attribuait leur fondation à Hercule, 
qui avait donné son nom à la première cité ; l'autre avait 
tiré le sien de la longue troupe de bœufs [pompa)^ que ce 
héros avait amenée d'Espagne en Italie (2). A l'aide de 
pareilles fables , les peuples anciens se dissimulaient qu'un 
voile impénétrable leur dérobait leur propre berceau : 
l'enfance est d'autant plus curieuse et crédule , qu'elle est 
plus ignorante. 

(i) Diod. Sic; Strab., V et V£; f»Solin., a. 

Plio.,111,5, 9. 



NOTICE. m 

Ces villes appartinrent d'abord aux Pélasges et aux 
Opiques : un grand nombre d'inscriptions osques prou- 
vent qu'à travers toutes les vicissitudes politiques , la po- 
pulation conserva toujours un souvenir de sa langue pri- 
mitive. Elles furent conquises ensuite par les Grecs , qui 
vinrent de l'Éolie et de TEubée aborder sur le rivage de 
Cumes. Ceux-ci à leur tour furent chassés par les Étrus- 
ques , qui donnèrent pour capitale à toute la Campanie 
et aux cités du Vésuve, Capoue, appelée alors Vultur- 
num , et adjointe aux douze villes de la confédération 
toscane. 

A partir de là, Herculanum et Pompéi suivirent le 
sort commun de la Campanie : elles se donnèrent aux 
Romains , pour échapper aux Samnites ; puis , elles ac- 
ceptèrent momentanément le joug d'Annibal , et enfin 
elles prirent part à la guerre sociale. Alors Stabies fut 
détruite par Sylla, à la vue même des habitants de Pompéi ; 
et depuis ce ne fut plus qu'une réunion de quelques 
maisons des champs, in villas abiit (i). Les Pompéiens 
non intimidés fermèrent leurs portes au vainqueur; ils ne 
capitulèrent qu'après la triple lutte commencée sous leurs 
murs par l'armée italiote , et terminée enfin , à Nola , par 
la mort du chef samnite Cluentius ou Cluventius. 

Les cités de la Campanie , qui se soumirent alors aux a r- 
mes romaines, furent traitées avec douceur. Pompéi garda 
ses droits de municipe, et put même opposer un reftis aux 

(i) Plin., Hist. nat, III, 5, 9. 



IV NOTICE. 

colons envoyés de Rome pour partager ces droits ; seule- 
ment , ses murailles furent démantelées , comme le prouve 
leur état actuel. Pendant les guerres civiles , on fit, en 
quelques endroits de ces fortifications , des réparations 
dont les traces existent encore aujourd'hui. Sous Auguste, 
enfin , de longues courtines de ces murailles disparurent 
entièrement , de sorte que des constructions privées s'éle- 
vèrent sur leur emplacement ; et ce fut alors seulement 
que la cité sans défense devint une colonie romaine , ainsi 
que le prouve une inscription trouvée au théâtre. On n'a 
pas de renseignements particuliers sur le sort d'Hercula- 
num : il est probable que cette ville éprouva des vicissi- 
tudes toutes pareilles. 

On sait que Pompéî fut la résidence de Cicéron et de 
sa famille , résidence constatée par des monuments et des 
inscriptions. Un des fils de l'empereur Claude y mourut, 
étouffé par un fruit qu'il avait avalé. 

En l'an 5g , pendant un combat de gladiateurs , que 
donnait un homme chassé du sénat et nommé Livineius 
Regulus , une querelle s'éleva entre les Pompéiens et les 
Nucériens, qui assistaient aux jeux de l'amphithéâtre ; des 
mots injurieux on en vint aux coups ; le sang coula , et les 
Pompéiens demeurèrent vainqueurs. Leur triomphe est 
rappelé non-seulement par le passage de Tacite , qui ra- 
conte cette espèce de sédition (i), mais encore par une 
espèce de caricature politique , que Ton a trouvée sur les 

(i) AnnaL, XIV, 17^ 



NOTICE. V 

murs extérieurs de la rue de Mercure , et qui est accom- 
pagnée de cette inscription : Campom, Victoria una, cum 
Nucerirds periistis. <c Gampaniens, une victoire sur les 
« Nucériens vous a tués. » 

En eflfet , cet avantage leur coûta cher : Néron et le 
sénat condamnèrent les vainqueurs à se passer de spec- 
tacle , pendant dix années. 

Le i6 février de Tan 63 (i)? ^^ tremblement de terre , 
précurseur qui seize années d'avance annonçait la ca- 
tastrophe finale , vint renverser une partie des édifices 
de Pompéi, 'et causer également des ravages dans les 
murs d'Herculanum. L'année suivante, un autre trem- 
blement de terre épouvanta la contrée, au moment 
même où Néron chantait sur le théâtre de Naples; 
et cet édifice s'écroula aussitôt que l'empereur l'eut 
quitté. 

Enfin, le ^3 août 79, éclata la terrible éruption qui 
causa la ruine de cinq cités opulentes , la désolation de 
la contrée la plus riche du monde , et en même temps le 
trépas non moins regrettable du grand naturaliste ro- 
main. Le neveu de celui-ci , Pline le Jeune , nous a con- 
servé le récit de cette catastrophe , dans deux lettres à 
Tacite , son ami ; lettres qui sont des modèles de narra- 
tion , et par cela trop connues pour que nous les repro- 
duisions ici. 

La position élevée et assez éloignée de Pompéi mit 



(i) Senec. , Quœst. nat, Vly i et 26? 



Ti NOTICE. 

cette ville à l'abri des torrents de lave ; mais elle iut cou- 
verte d'une couche de cendres et de petits cailloux , qui 
atteignit une hauteur de 1 5 à 18 pieds , et dans laquelle 
on trouve quelques sphéroïdes (i), parfaitement cristalli- 
sés , semblables à des aérolithes. Cette espèce de déluge 
de matières volcaniques ne dépassa nulle part la hau- 
teur du premier étage des édifices; mais les toits et les 
terrasses s'affaissèrent sous son poids, et dans les epdroits 
où les voûtes et les murs offraient une résistance suffi- 
sante, comme à l'amphithéâtre , il se forma des monticules 
de cendres. Une partie des habitants parvint sans doute 
à s'échapper ; mab , d'après les cent soixante squelettes 
trouvés dans les parties déblayées , c'est-à-dire , dans la 
huitième partie de la ville , on peut conjecturer qu'il n'y 
eut pas moins de treize cents personnes qui périrent 
étouffées dans l'enceinte des murs. 

La double cité d'Herculanum et de Retina , située plus 
près du volcan , dans le bas du rivage et sur la route des 
laves à la mer , ne put échapper à ce fléau ; elle fut re- 
couverte de couches successives de matières en fusion 
et de petits cailloux ( lapilli) , qui se sont amoncelées en 
quelques endroits jusqu'à la hauteur de soixante -dix 
pieds au-dessus du sol de l'ancienne ville. 

Un étrange paradoxe a été soutenu par quelques anti- 
quaires à l'égard des villes campaniennes ; on a prétendu 
d'abord distinguer , et même séparer par plusieurs siècles 

(i) Mazois, Ruines de Pompéi, tom. \ ^ Notice historique , p. i8. 



NOTICE. vil 

de distance , l'époque de rensevelissement d'Herculanum 
et celle de la ruine de Pompéi. Cependant , on ne parait 
guère avoir eu de meilleure raison pour établir cette 
distinction , que la différence des couches de terrain qui 
recouvrent les deux cités. On n'a pas voulu voir que 
cette différence tenait uniquement à la situation des villes. 
Bâties dans les lieux élevés , mais placées sous le vent , qui 
soufflait du sud-est , et qui a porté les cendres jusqu'en 
Egypte , Pompéi et Stabia ne pouvaient recevoir que les 
matières les plus subtiles de l'éruption. Herculanum et 
Retina, gisant au bas de la plus grande déclivité de la 
montagne , devaient être écrasées sous les plus gros dé- 
bris que lançait le cratère , brûlées et ensevelies par les 
torrents de substances qui se frayaient un chemin vers la 
mer. Les partisans de l'opinion que nous combattons, sont 
tombés dans une étrange erreur , en s'appuyant du silence 
de Sénèque (i), et en faisant observer que cet écrivain, 
après avoir parlé de l'ébranlement des édifices des deux 
villes par le tremblement de 63 (2), n'a point men- 
tionné leur destruction complète en 79 ; ces critiques 
ne se sont donc point rappelé que Sénèque est mort en 
l'an 65 ! 

Un argument plus sérieux des antiquaires qui ont rap- 
proché de nous la ruine d'Herculanum , jusqu'à en assi- 
gner la cause à l'éruption de 47i> repose sur la table 



(i) EiHnb. Jteview, tom. XVI, (a) QuœsL nai. , ïoc, citât, 

p. 383. • 



viii NOTICE. 

peutingérienne , monument qui date du règne de Théo- 
dose, et qui signale encore Herculanum au nombre des 
lieux de la Campanie. 

En effet , cette table porte ces indications : <c De Naples 
<c à Herculanum 6 ; Oplontis 6 ; Pompéi 3. » Mais , en 
partant de là , M. Laporte-Dutheil , le plus habile défen- 
seur du paradoxe en question (i), a bien senti que, si 
rargument est valable pour Herculanum , il s'applique 
également à Oplonte, à Pompéi et à Stabies, et il en 
a conclu que « toutes ces villes ont survécu à l'éruption 
<c de 79 et aux suivantes; qu'elles sont sorties de leurs 
a ruines sous le règne même de Titus ; qu'elles eurent 
« encore un reste de splendeur sous Adrien', et qu'on les 
a retrouve dans le règne d'Antonin (a). » 

Voilà qui simplifie la question ; et il s'agit maintenant 
de savoir si Pompéi , comme les autres cités, a été détruite 

en 79 ou en 471- 

A ce point de la discussion, il suffira de remarquer 
d'abord que la table peutingérienne pourrait bien être, 
surtout en ce qui concerne l'Italie , la copie d'une suite 
de monuments du même genre , dont l'original serait an- 
térieur à l'an 79; que d'ailleurs ces endroits peuvent y 
avoir été indiqués, soit à cause de leur ancienne célébrité, 
causée par le désastre même dont ils ont été le théâtre , 
soit peut-être parce que de nouvelles habitations , en petit 



(1) Magasin Encyclopédique. Quincy, Dict, d'archit, article fferru- 

(a) Cité par M. Quatremcfe de Inmtm. 



NOTICE. IX 

nombre, s'y seraient élevées sur la lave , depuis longtemps 
refroidie , comme y ont été construits , dans les temps tout 
à fait modernes , les palais et les édifices de Portici et de 
Résina. 

Nous disons que cette remarque suffit, et qu'il est 
inutile de réfuter les autres raisonnements de nos mo- 
dernistes : c'est qu'en effet nous avons pour nous des 
preuves d'un ordre supérieur à toutes les inductions ti- 
rées des monuments étrangers, des preuves que nous 
.pourrions appeler intrinsèques , et qui nous sont fournies 
par les ruines mêmes qui forment l'objet de la contesta- 
tion. En effet, nous voyons^ tant à Herculanum qu'à 
Pompéi, nombre de monuments et d'inscriptions qui si- 
gnalent des faits encore récents au moment de l'éruption 
de 79, et qui se rapportent à des personnages contempo- 
rains ou à peine antérieurs ; tandis que personne n'a vu , 
ni à Pompéi , ni à Herculanum , aucun témoignage pos- 
térieur à la catastrophe décrite par Pline. 

On y rencontre presque vivant le souvenir des Cicé- 
rons , de Galigula enfant, des Agrippines et de Néron, de 
toute la famille des premiers Césars, et rien au delà. On 
voit les théâtres , les temples fraîchenlent réparés après 
le désastre de l'an 63 , et couverts d'inscriptions dictées 
par la reconnaissance, en faveur des citoyens qui ont 
contribué de leurs deniers à cette restauration. On lit sur 
les murs des phrases tracées au pinceau , qui parlent de 
la lutte avec les Nucériens, par exemple (i), comme d'un 

( i ) Voyei ci-dcssws > p. v. 

b 



X NOTICE. 

fait de la veille. Et tout cela aurait été conservé intact ; 
aucune addition n'y aurait été faite , jusqu'en l'an 47 1 î 
Nous verrions les réparations faites après le tremblement 
de terre de 63 ; et de celles qui auraient dû avoir lieu 
après l'éruption de 79 , nulle trace ne serait restée ! Le 
goût grec et le goût de l'époque césarienne n'auraient 
nulle part été remplacés ou gâtés par l'empreinte bar- 
bare et b}/^antine des temps intermédiaires : la basilique 
ne serait point devenue chrétienne sous Constantin, et les 
statues des idoles seraient demeurées debout, leurs images 
profanes auraient subsisté sur les murailles! En vérité, 
tout cela serait plus merveilleux encore que la conser- 
vation souterraine des deux cités. Nous regrettons pres- 
que que cette surprenante hypothèse soit contredite et 
ruinée de fond en comble par l'examen attentif de tous 
les monuments que nous reproduisons dans cet ouvrage : 
chacun de ces monuments serait plus qu'une rareté ; il 
deviendrait un prodige. 

Concluons. Tout ce qu'on peut inférer de la table peu- 
tingérienne , c'est que l'emplacement des villes ensevelies 
était encore connu au cinquième siècle ; et il parait , en 
effet, que des fouilles furent entamées à Pompéi, soit 
immédiatement après l'éruption , soit au moins à des épo- 
ques fort anciennes, pour retirer quelques objets pré- 
cieux des parties les plus élevées de la ville ; c'est ainsi 
que disparurent les marbres du théâtre. Il ne pouvait 
pas en être de même à Herculanum. 

La tradition d'une ville engloutie se conserva long- 



NOTICE. XI 

temps dans la mémoire des hommes , puisque le terrain , 
sous lequel était Pompéi , reçut au moyen âge le nom de 
Cavita , nom que Ton donne encore à cet endroit et aux 
fouilles qui s'y pratiquent. Mais le sens primitif de cette 
expression était entièrement perdu au seizième siècle; 
car, en 1692, Dominique Fontana, pour conduire à Torre 
deir Annunziata les eaux du Sarno , creusa un aqueduc 
à travers les ruines mêmes ; et cet architecte , homme ha- 

■ 

bile et instruit cependant , ne se douta pas de l'existence 
d'une ville antique dans le terrain qu'il fouillait. 

Chose étrange! Pompéi était restée pour ainsi dire à 
fleur de terre; le lieu avait gardé un nom significatif; et 
ce fut Herculanum , oublié , caché à soixante-<iix pieds 
sous terre, que l'on découvrit d'abord. En i684, comme 
on creusait un puits , on eut quelques indices de ruines 
romaines en cet endroit. Ce puits , qui existe encore au- 
jourd'hui', descendait précisément au milieu du théâtre 
d'Herculanum. 

Le prince d'Elbœuf, Français de naissance, envoyé à 
Naples à la tête d'une armée impériale , et ayant épousé 
une princesse de ce pays , fit , en 1706 , l'acquisition du 
terrain, et y bâtit un palais : il trouva, vers 1718, dans 
le puits qu'il fit agrandir , des marbres dont il orna ses - 
terrasses et ses escaliers , et des statues qu'il envoya en 
France ou à Vienne , à sa famille et au prince Eugène , 
sous lequel il avait servi. Bientôt le gouvernement de 
Naples intervint, et fit suspendre les fouilles ; mais ce ne 
fut que plus de vingt ans apr^, vers 1786, que ces tra- 



XII NOTICE. 

vaux furent repris pour le roi. Une nouvelle entrée fut 
pratiquée à Résina , et Ton découvrit successivement le 
théâtre , des temples , des édifices privés , des inscriptions 
et des médailles, qui ne laissèrent aucun doute sur Tiden* 
tité de ces ruines avec celles de la malheureuse cité d'Her* 
culanum , ensevelie sous Titus. 

Cependant , les excavations , prolongées à une profon- 
deur de soixante-dix pieds , étaient fort difficiles et de- 
mandaient des frais considérables ; on se rappela qu'en 
1 689 , des paysans avaient trouvé , sur le terrain appelé 
Civita, quelques débris antiques. On chercha Pompéi 
en 174^, sous les amas de cendres, et bientôt on vit 
qu'à bien moins de frais , on Yen pouvait tirer tout en- 
tière. Ce qui dut imprimer à ces nouvelles découvertes 
un caractère tout différent des anciennes, c'est qu'on avait 
ici une ville avec ses rues , ses places publiques, ses por- 
tiques , revivant tout à coup à Fair pur et sous la belle 
lumière de l'Italie; tandis que de l'autre côté, on ne pos- 
sédait que des catacombes , une mine d'antiquités , mine 
d'une extraordinaire richesse, mais froide, obscure et 
resserrée. 

Ce double succès conseilla quelques tentatives du côté 
de Stabies , sur l'emplacement où est bâtie aujourd'hui 
la ville de Castel-a-Mare ; et Ion y découvrit, en effet, 
quelques débris précieux : mais la cherté des terrains fit 
bientôt abandonner les fouilles ; tandis que celles d'Her- 
culanum et de Pompéi , poussées avec ardeur à la fin du 
dix -huitième siècle, reçurent un nouvel accroissement 



NOTICE. XIII 

SOUS l'administration française , qui , avec son activité or- 
dinaire, fit explorer toute l'enceinte de la ville. Enfin, 
les recherches devinrent de plus en plus productives de- 
puis la restauration de 1 8 1 5 , et surtout depuis Tavéne- 
ment du souverain actuel. 

Un grand nombre de publications ont été entreprises 
pour faire connaître à toute l'Europe les richesses con- 
quises par le gouvernement de Naples. Dès 1765 , parut 
un catalogue des antiquités rassemblées depuis dix-neuf 
ans dans le musée de Portici; et en 1767 commença 
l'impression du magnifique ouvrage des académiciens 
d'Herculanum , ouvrage qui se compose aujourd'hui de 
huit volumes in-folio. 

Nous ne citerons que pour mémoire les deux gros in- 
quarto de Monsignor Bayardi, au bout desquels l'au- 
teur ne fait encore que d'arriver de Sicile , avec le fon- 
dateur d'Herculanum et les bœufs de Géryon. 

Le grand ouvrage de Mazois, commencé en 18 lâ et 
terminé en i838 (i), a pour objet principal la descrip- 
tion et la représentation exacte des monuments d'archi- 
tecture ; et c'est un modèle unique à cet égard. On y 
trouve, en outre , des renseignements précieux sur quel- 
ques-uns des objets d'antiquités découverts dans les édi- 
fices pompéiens. 

C'est en 1 824 9 que commença la publication du Musée 



(i) Ruines de Pompéi, 4 vol. in- 4* vol. a été rédigé par M. Barré, 
folio, chez M. Firmin Didot : le 



XIV NOTICE. 

Bourbon (i), destiné à reproduire tous les objets d'art 
qui formaient d'abord les musées de Portici et de Naples, 
et qui furent définitivement réunis dans le palais Degli 
Studj. Comme le musée lui-même, cette description 
comprend, outre les antiques, des statues et tableaux des 
temps modernes , et même quelques monuments du 
moyen âge et de la renaissance. Elle se continue encore 
aujourd'hui avec un succès mérité. 

Parmi les travaux entrepris à l'étranger dans le même 
but, on peut citer ceux de MM. Ternite et Zahn, à Ber- 
lin (2) , Goro , à Vienne (3) , Goldicutt , à Londres (4) , et 
enfin les deux volumes de sir William Gell, dont la 
première partie a été traduite de l'anglais, et publiée 
à Paris, avec des additions considérables, par l'auteur 
même des gravures du présent ouvrage (5). 

La plupart de ces livres sont très-volumineux et d'un 
prix considérable : notre but, en publiant un nouvel ou- 
vrage qui les résume tous , a été d'offrir aux artistes un 
recueil de toutes les antiquités trouvées dans les cités 
vésuviennes, en exceptant les édifices eux-mêmes, recueil 
qui doit être à la fois complet , portatif, peu coûteux et 
commode à consulter. 

Nous l'avons rendu aussi complet qu'il était possible, 
en ne négligeant aucun des grands ouvrages que nous 
venons de passer en revue , et les comparant tous entre 

(i) Museo Borhonico f i vol. in-4** (3) Id, 

par an, avec planches grav. au trait. (4) In-folio , London , 1826. 

(a) In-folio , en allemand. (5) Un vol. in-4®; Paris, 1827. 



NOTICE. XV 

eux; empruntant pour chaque objet le dessin le plus 
correct et le plus vrai , traduisant et refondant au besoin , 
les descriptions les plus exactes et les mieux senties. Nous 
devons avertir que, pour les recherches érudites, les 
académiciens d'Herculanum ont presque toujours été 
nos guides : à la vérité , nous avons souvent abrégé leurs 
déductions archéologiques , et quelquefois élagué le luxe 
de leurs citations; puis, nous avons hasardé avec sobriété 
nos conjectures à côté des leurs ; et parfois nous avons 
redressé une erreur matérielle. Enfin , nous nous sommes 
procuré un certain nombre de dessins inédits , grâce 
auxquels nous pouvons dire que notre ouvrage, pro- 
pre à suppléer à tous les autres recueils , ne peut être lui- 
même remplacé par aucun. 

Des combinaisons nouvelles de rédaction, de typo- 
graphie et de gravure , nous ont permis de réduire à un 
format commode des descriptions d'une étendue consi- 
dérable , et des planches d'une grande dimension. Quant 
à l'arrangement des matières, nous n'avons point voulu 
suivre dans notre publication l'ordre chronologique des 
découvertes, ni celui des lieux; nous n'avons point 
voulu non plus, ce qui eût été préférable en théorie, 
mais fort difficile dans l'exécution, classer nos monu- 
ments d'après l'époque à laquelle ils appartiennent ori- 
ginairement, mettant ensemble ce qui est étrusque ou 
pélasgien , puis le grec , le romain de la république , et 
enfin le romain de l'empire. Nous avons adopté un plan 
beaucoup plus propre à faciliter les recherches des ar- 



ïvi NOTICE. 

listes qui consulteront notre ouvrage , et nous l'avons 
partagé en deux grandes parties : Peinture et Sculpture j 
subdivisées chacune en plusieurs sériel , que nous allons 
passer en revue, après quelques observations prélimi- 
naires. 

Longtemps , le gouvernement napolitain s'est opposé 
à ce que Ton copiât les peintures antiques, et cette in- 
terdiction a donné lieu à un fait assez curieux. 

Malgré les précautions quelquefois exagérées avec les- 
quelles étaient gardées les fresques du musée , alors à 
Porticir, quelques copies furtives en étaient faites au moins 
de souvenir, et le public recherchait ces copies avec 
d'autant plus d'avidité , qu'elles étaient plus rares et se 
vendaient avec plus de mystère. Un peintre vénitien , 
nommé Joseph Guerra , établi à Rome , où il manquait 
d'ouvrage, quoiqu'il ne fut pas absolument dépourvu 
de talent, entreprit de bâtir, sur une fraude encore plus 
hardie , l'éditice de sa fortune. Guerra ne se hasarda point 
seulement à débiter des copies des peintures antiques : 
il vendit ces peintures elles-mêmes. Il peignit différentes 
fresques à la manière antique,sur des fragments d'enduit, 
et les céda à quelques amateurs , en leur avouant , sous 
promesse du secret , qu'il les avait achetées lui - même 
de quelque employé des fouilles napolitaines. Grande 
rumeur à Naples, où d'abord on cherche en vain le cou- 
pable! Mais, ayant reçu de Rome des indices positifs, 
les directeurs du musée firent d'abord acheter secrète- 
ment trois des fresques qui circulaient dans cette capitale ; 



NOTICE. xvu 

puis un de leurs agents alla s'adresser à Guerra lui-même, 
et lui demanda l'Achille et Chiron , alors déjà gravé et 
publié dans le premier volume des .Antiquités d'Hercu- 
lanum. Guerra, sans défiance aucune, fit la (x>pie ou 
plutôt l'imitation demandée ; car il ne pouvait travailler 
en présence de l'original. Dans cette copie , qu'il signa , 
on reconnut exactement le faire des trois fresques ache- 
tées : mêmes efforts pour suivre un modèle entrevu seu- 
lement de loin ; mêmes différences échappées, malgré ces 
efforts , et surtout analogie parfaite des copies entre elles, 
quoique les modèles différassent beaucoup. Le gouver- 
nement de Naples n'usa point de son influence dans l'Etat 
pontifical , pour inquiéter Guerra. On se contenta d'ex- 
poser les quatre imitations près des originaux, avec une 
inscription explicative, afin de prémunir les curieux 
contre toute fraude de ce genre. Guerra, ne pouvant plus 
vendre de faux antiques , revint , non sans quelque succès , 
à un usage légitime et avoué de son pinceau. D'après 
cette anecdote , on ne s'étonnera plus de ne pas rencon- 
trer dans notre recueil tout ce qui a été colporté en Eu- 
rope , comme provenant de Pompéi : les imitateurs de 
Guerra nous ont trouvés sur nos gardes. 

Dans tout le cours de cet ouvrage , nous nous servons 
dn mot Jresque , en parlant des peintures murales que 
nous reproduisons : nous employons ce mot suivant l'u- 
sage général, qui l'applique à tous les tableaux de ce 
genre ; mais nous prions nos lecteurs de n'en pas con- 
clure que, selon nous, les anciens aient toujours étendu 

c 



xviii NOTICE. 

leurs couleurs sur Tenduit encore frais. Il est évident 
qu'ils peignaient aussi à la guazza ou en détrempe, avec 
des couleurs préparées à la gomme ou au gluten (i). On 
en trouve la preuve dans un grand nombre de tableaux 
du musée, dont les couleurs non -seulement s'altèrent, 
mais s'écaillent aussi et se séparent de Tenduit du mur : 
on voit même quelquefois une teinte primitive reparaître, 
à mesure que la couche supérieure tombe; ce qui ne 
peut avoir lieu dans une fresque. Nous savons, d'ailleurs, 
que toutes les couleurs ne résistent pas à la chaux, et, 
par conséquent , ne sont pas propres à la fresque : telles 
étaient, parmi les couleurs en usage chez les anciens, 
celles qu'ils appelaient, /^^r/^wmj'tt/w^ indwum, cœruleum, 
melinum , auripigmentum , appianum et cerussa. Or , il 
est évident que nos peintres ont rarement été arrêtés par 
cette restriction , dans l'emploi des teintes les plus riches. 
Cette simple observation suffira pour prévenir toute in- 
terprétation peu exacte de notre pensée. 

Nous devons ajouter ceci : nous n'ignorons nullement 
que toutes les peintures antiques , sans exception , n'é- 
taient pas des peintures murales: car on peignait quel- 
quefois sur des tablettes de bois, sur des peaux ou 
membranes (2) , et même sur de la toile, comme nous en 
voyons un exemple dans cette image colossale de Néron , 
haute de cent vingt pieds , qui fut consumée par la fou- 
dre dans les jardins de Marins (3). Notre ouvrage même 

(i) PHn. , XIII, 1 1 ; XXVIII ,17; (a) Plin., XXXV, 1 1. 

XXXV, 6 ; Vitruv., VII, lo. (3; Plin. , XXXV, 7 . 



NOTICE. XIX 

en fournit encore des preuves, dans les peintures qui re- 
présentent une femme artiste, à son chevalet, et un 
Pygmée occupé à peindre de même. Nous avons eu oc- 
casion , dans un autre ouvrage , de reconnaître qu'il 
existe , au temple de Vénus , un endroit de la muraille 
évidemment destiné à recevoir un tableau suspendu : nous 
avons aussi recueilli quelques faits de ce genre , dans nos 
observations sur la pornographie des anciens. Nous re- 
gretterions donc qu'un savant archéologue , qui a pris 
parti exclusivement pour ce genre de peinture , crût que 
nous nous refusons sur ce point à l'évidence ; mais nous 
ne voulons pas non plus que l'exception prenne la place de 
la règle générale , et nous conservons toute notre estime 
hautement avouée pour les travaux qui ont assigné à la 
peinture murale un emploi général dans la décoration 
des édifices antiques. Nous nous sommes même prononcés^ 
et nous nous prononçons encore pour les idées émises 
récemment sur l'architecture peinte ; nous croyons que 
dans ces idées se trouve l'intelligence du passé de Tarchi- 
tectonique , et peut-être la prévision de son avenir. 

La première série des Peintures se compose des Déco^ 
rations, la plupart architecturales, qui couvrent les pa- 
rois des salles d'un grand nombre d'édifices. Les déco- 
rateurs et les ornemanistes modernes y trouveront des 
modèles et des inspirations : cette partie de l'ouvrage ne 
sera pas inutile aux architectes eux-mêmes, soit parce 
qu'ils sont appelés à diriger la décoration des édifices 
qu'ils construisent , soit parce qu'ils peuvent trouver 



%x NOTICE. 

dans ces caprices architectoniqiies, des motiis qui, réduits 
à des proportions moins fantastiques , deviendraient ap- 
plicables à des constructions réelles. L'antiquaire et 
Farchéologue rencontreront encore dans ce volume quel- 
ques sujets relatif à leurs études et à leurs recherches 
habituelles; partout se trouvent des figures et des em- 
blèmes mythologiques , des attributs dramatiques ou re- 
ligieux propres à éclaircir quelques points contestés ; çà 
et là se révèlent quelques traits spéciaux , qui n ont point 
été enregistrés dans l'histoire de Fart. 

La deuxième série , qui comprend les Tableaux, est 
la plus étendue , comme elle est aussi sans contredit la 
plus importante et la plus curieuse. Elle éclaire à la fois, 
par les sujets, la mythologie et l'histoire du temps héroï- 
que ; par les détails, la science du costume, et conséquem- 
ment, l'art dramatique aussi bien que l'antiquité pro- 
prement dite; et enfin , par la composition et l'exécution 
des tableaux , l'art moderne lui-même, qui a encore quel- 
que chose à apprendre des anciens. 

Ce que nous venons de dire s'applique également à 
la troisième série , comprenant les Figures isolées. 

La quatrième, qui se compose des Frises^ a quelques 
rapports, tant avec la première, par sa destination archi- 
tecturale , qu'avec la seconde , par les sujets qu'elle com- 
prend. 

La cinquième est formée des Paysages; elle offre 
des particularités toutes nouvelles encore pour un grand 
nombre d'artistes ; elle peut enseigner comment doivent 



NOTICE. xxi 

■ 

être composées les villes , les villas , les plus simples fabri- 
ques , dans un paysage historique , dont le sujet appar- 
tient à l'antiquité. Claude Lorrain lui-même aurait pu 
gagner quelque chose à Fexamen de ces planches. Parmi 
ces vues d'édifices, quelques-unes seulement confirmeront 
ce que l'on sait déjà de la connaissance approfondie 
qu'avaient les anciens des règles de la perspective , tant 
aérienne (i) que linéaire (a). 

Les Mosaïques, sixième série, sont accompagnées 
d'une introduction spéciale. 

Dans l'autre partie de l'ouvrage, la première série 
comprend non-seulement les Statues de bronze, mais 
aussi celles de marbre, qui ont été trouvées dans les 
villes du Vésuve. Ici figurent ces chefs-d'œuvre qui sont 
venus prendre rang après les plus célèbres , à savoir : le 
Mercure assis , la Vénus détachant de son pied une de ses 
périscélides ,. et enfin le Faune endormi. Cette partie 
comprend aussi quelques bas- reliefs. 

La deuxième série, celle des Bustes, s'adresse moins 
aux artistes qu'aux historiens et aux iconographes ; il ne 
paraît pas que ceux-ci aient complètement exploité 
déjà les matériaux que les fouilles leur ont livrés. 

La troisième se .compose des Lampes, candélabres, 
"va^es, bijoux et ustensiles de toute espèce : les artistes 
qui travaillent les métaux , orfèvres , bijoutiers et fon- 



(i) Philostr. , Imag., I, /§ eti3; (a) Vitriiv., I, a ; V, praef. 

II , ao. 



XXII NOTICE. 

deurs , y trouveront des formes , des combinaisons , ap- 
plicables peut-être , sauf de légères modifications , à des 
besoins tout modernes. 

Nous n^avons pas à parler du Musée secret^ auquel 
nous avons joint, sous forme d'avant-propos, les expli- 
cations et les apologies nécessaires. 

Nous n'entreprendrons point ici de justifier quelques 
opinions du texte , qui , faute du développement néces- 
saire, pourront paraître hasardées, ni d'en éclaircir 
quelques autres qui sembleront obscures , parce que nous 
ne les avons peut-être pas assez dégagées de la discussion 
des hypothèses contradictoires. Nous ne rejetterons point 
sur les ouvrages traduits, les fautes du traducteur, ni 
sur la rapidité de la publication, les défauts d'une ré- 
daction trop hâtive. Les excuses mal fondées ajoutent 
un tort de plus aux torts de l'écrivain; les excuses 
valables ennuient le lecteur , qui les eût bien devinées. Il 
est pourtant un point que l'on oubliera bientôt et qu'il 
nous importe de constater. Cet ouvrage n'a pas été publié 
continûment , en commençant par la première série , et 
en passant à la seconde , après celle-ci épuisée : mais 
plusieurs séries, entamées à la fois, ont dû marcher de 
front. Il a pu résulter de là quelques répétitions. Des 
contradictions même, plus apparentes que réelles, ont 
pu être causées par la diversité des sources où nous 
avons puisé. Nous comptons sur l'indulgence du lecteur, 
pour faire dans la critique la part de cette difficulté , 
et pour nous attribuer définitivement, dans les cas 



NOTICE. XXIII 

douteux, Topinion qui s'accorde le plus avec le bon 
sens universel et avec son propre jugement. Ainsi, en 
donnant une interprétation , que nous regardions comme 
nouvelle , de l'inscription gravée sur les cachets de spec- 
tacle , nous ne nous rappelions pas avoir examiné ailleurs 
une opinion presque semblable et l'avoir rejetée. Nous 
l'adoptons , enfin , mais par de nouveaux motifs : ce sont 
ceux-là seulement que nous tenons pour valables , ainsi 
que la décision dernière. 

Le texte de cet ouvrage n'a point été continué et 
terminé par l'écrivain auquel il avait été confié en pre- 
mier lieu. M. Bories, appelé à d'autres travaux , a rédigé 
quelques feuilles des trois premières séries des peintures, 
ainsi que de la première des bronzes. J'ai fait seul tout le 
reste. Il était de mon devoir de tracer cette limite ; car 
je craindrais également d'usurper des éloges dus à mon 
collaborateur, et de faire retomber sur lui le blâme que 
j'aurais mérité. 

L. Barr^. 



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EXPLICATION DES PLANCHES- 



d^â^l^ïj^^^^â^^ 



1" 0tr«. 



PÉGOBATIONS ABCBITECTURAUSS. 



PLANCHES 1 ET 2. 

Cettb peinture architecturale, trouvée dans les 'fouilles 
de Pompéi avec les deux suivantes, est remarquable par 
Toriginalité et la multitude des ornements qui la corn-* 
posent. On voit à son étendue et à sa forme quelle fai- 
sait à elle seule la décoration d'un des murs d'une salle. 

L'architecture, d'un jaune très^foncé, se détache sur 
un fond d*un jaune plus clair, et les ornements qui la 
décorent sont blancs. Dans le milieu est un tableau que 
nouB développerons dans la neuvième planche de la 
deuxième série des peintures. Il est entouré par une pe- 
tite draperie étroite de couleur blanche. 

Les tritons, les griffons, les dauphins, les paons, les 



2 PEINTURES. 

sphinx et les tigres que Ton voit épars dans les diverses 
parties de notre peinture, sont d'un clair obscur jaune ; 
les guirlandes sont vertes; les deux vases peints sur le 
socle ainsi que les rhytons suspendus au milieu des guir- 
landes attachées aux deux côtés du socle, ont une cou- 
leur de bronze. Les masques sont couleur de chair. Le 
mascaron du milieu est rouge et entouré d'ornements 
verts. 

Les deux figures au-dessus de la corniche 'tiennent en 
main des rameaux. Des deux autres figures que Ton 
aperçoit plus bas dans la peinture, Tune tient aussi un 
rameau, et l'autre, dont la tête est voilée, semble por- 
ter une patère. Deux bustes sont peints dans les mé« 
daillons latéraux : l'un des deux se distingue par une 
corne d'abondance , l'autre n'a pas d'attribut qui le ca- 
ractérise. 

Cette peinture architectonique semble avoir été faite 
à l'intention de Bacchus. En effet, le tableau peint au 
milieu a quelque analogie avec le culte de ce dieu. Les 
tigres, les griffons et les autres animaux fabuleux lui 
conviennent parfaitement; nous aurons occasion d'en 
parler ailleurs. Les rhytons ont avec le dieu des ven- 
danges un rapport qu'on ne contestera pas. Les rameaux 
dans les mains de plusieurs figures , le voile sur la tête 
de l'une d'elles, indiquent des sacrifices ou des cérémo- 
nies religieuses. Enfin le médaillon qui représente une 
femme tenant en main une corne d'abondance, peut 
nous offrir l*tmage de Cérès, mère de Bacchus, selon 



PREMIÈRE SÉRIE. 3 

quelques auteurs, et l'autre celle de Vénus, dont Bac- 
chus cultivait Tainitié (i). 

Sine Cerere et Ubero friget Venus (a),. 

Pï.ANCHE 3. 

Cette peinture rivalise avec la précédente pour le goût, 
mais elle lui cède pour la régularité et pour Tentente de 
la perspective. Elle formait aussi à elle seule la décora- 
tion complète d'une des murailles d'un appartement. 

Le fond est un ciel bleu avec des nuages. A lexcep- 
tipn de la frise qui est noire, et des petites statues qui 
sont blanches, l'architecture entière est de couleur 
rouge ; l'arc est d'un ton moins foncé. Les vases posés 
sur la corniche et les tritons sont d'un rouge clair. Le 
pilastre du milieu où sont attachés un thyrse et une 
tête de bœuf avec une draperie rouge, l'intérieur de 
l'édifice couronné par un tholus, et les balustrades qui 
fermant le vestibule oit se trouve un Priape, sont de 
couleur jaunâtre. La frise, ornée de chevaux ailés, est de 
la même couleur ; les chevaux sont blancs ; les colonnes 
fuyantes soilt d'un jaune clair. Le soubassement et la 
terrasse sont peints au naturel, et ies pierres qui se 

trouvent au-dessus sont brunes. 

■ 

Quant au sujet de cette peinture, il semble qu'il ne 
peut pas être autre chose qu'un temple. Le Priape placé 
dans le vestibule ne serait pas une indication suffisante 

• i) D'Ariiaiid> lic Dits wapéSpoi;. (2)- Terencr, Eunuch, IV, 5, 6. 



4 PEINTURES. 

pour porter à croire que Tédifiee est dédié à cette divir 
ni té secondaire. Le thyrse attaché à un des pilastres 
ferait pencher la balance en faveur de Bacchus, si les 
tritons et surtout les conques qui ornent les deux frises 
ou les tympans latéraux, n'appartenaient d'une manière 
toute particulière à Vénus. Priape, on aura occasion 
de le dire ailleui's, conviendrait également à Bacchus 
et à Vénus. Les colonnes extérieures empruntent à Tor- 
dre corinthien leurs chapiteaux, mais non pas leurs 
bases; celles en perspective semblent appartenir par 
leurs chapiteaux à Tordre dorique, mais par leur sim- 
plicité elles se rapprochent du toscau. 

PLANCHES 4 ET 5. 

On voit à Tétendue et à la forme de cette peinture 
qu'elle décorait encore un des murs d'une salle. Elle est 
divisée en plusieurs compartiments dont chacun offre 
un sujet différent. F^es quatre motifs de dessus, peints sur 
fond bleu, sont entourés de filets bruns. Ils reposent sur 
une longue corniche peinte à l'imitation d'un stuc blanc, 
qui traverse la décoration dans toute sa longueur. Dans 
le premier on voit un socle qui en supporte deux autres. 
Sur Tun de ces deux socles est une corbeille ; sur Tautre 
Ton a placé deux petits pains qui semblent appartenir 
parleur forme à cette espèce particulière que les Romains 
appelaient quadrœ (i) et les Grecs rexparpoçoi (a), sans 

(i) Horace, I, Ep, XVII, 49; Mar- nal, V, a. 
tial, ni, Hp. 7^» et IX, Ep, gS; Jiivé- (a) Hésiode 'KpY* 44^» 




T4M'^^k;è:U%ùC!'%À:^ ^Al 



^ PRËMIËHE SÉRIE. 

doute à cause de^ qualité subdivisions qui y étaient indi* 
quées. Uii pain beaucoup plus gros et d'une forme difTé* 
rente est appuyé sur le socle, au-devant duquel se trouve 
un bassin d'argent rempli de pâtisseries; peut-être les/^/o- 
centœ ou les scribUtoe dont il est question dans plusieurs 
auteurs latins (i). Le second représente la mer et des 
poissons parmi lesquels on peut reconnaître deux gros 
surmulets et une lamproie; quelques pierres sont sur le 

bord; le tout est de couleur naturelle. Dans le troisièmei 

» 

et sur un socle, Ton voit deux vases couleur de bronase, 
dont l'un supporte une passoire {%) et un bassin de la 
même couleur qui contient des cl&ufs. Un troisième vase, 
couleur de terre cuite, s'appuie sur le socle, et porte 
une inscription dont le but est d^indiquer le nom du 
propriétaire (3), ou celui de la fabrique^ ou celui dlii 
vin, peut-être encore celui du consulat sous lequel il a 
été recueilli (4) , ou celui du pays qui l'a produit (5). 

Les peuples de l'Italie devaient étiqueter leurs vins 
avec d'autant plus de précautions que Pline admettait à 
peu près quatre-vingts sortes de vins célèbres, dont les 
deux tiers appartenaient à la seule Italie (6). Quant à 
ceux de Pompéi, si on veut Ten croire, ils n'étaient pas 
potables avant d'avoir atteint leur dixième aimée, et ils 
étaient si capiteux que cè^ix qui en buvaient en ressen- 

(i)Marlial, III, 17; Athénée, XIV, (4) Pline, XIV, i/| et 'ai; Horace, 

i3. I, £p» V, 4. 

(a) V. dans cet ouvrage la pi. XX. (5) Pline, ioc. eit,; Plaute,,P£e/7. 

de la a* série des peintures. IV, a, i4; Juvénal, V, "M^, 

(3) Piaule. Rud. II, V, ai. (6) Pline, XIV, 11. 



6 PEINTURES. 

taient des douleurs de tête jusqu'à la sixième heure du 
lendemain (i). Quatre oiseaux, dont le plumage est roux 
et le bec blanc, sont suspendus au mur, où l'on a attache 
aussi une espèce de senriette blanche. Enfin dans le haut 
du dernier compartiment on aperçoit un tas de pièces 
d'or, puis un petit sac et un autre tas de pièces d*or et 
d'argent mêlées ensemble : par-dessous, un encrier blanc 
avec une plume jaunâtre ; un parchemin à demi déroule ; 
des tablettes ouvertes ayec quelques inscriptions et une 
plnme, et d'autres fermées couvertes de caractères, et 
suspendues à un clou. La bande qui traverse toute la 
peinture par-dessous la corniche en stuc est verte ; le 
fond des deux compartiments latéraux est rouge, et les 
deux petits tableaux qui occupent le milieu ont des bor- 
dures blanches et noires. Ils représentent des paysages 
peints de couleur naturelle. I^es grands cadres tracés 
au milieu de ces deux compartiments latéraux sont 
blancs, et les petites fleurs qui les ornent, jaunes. Le 
fond sur lequel se détachent les deux compartiments 
ainsi que celui des quatre stylobates est jaune. Leurs pe- 
tites corniches et leurs bordures sont vertes. Le fond de 
l'architecture qui reste est blanc. Les petites guirlandes 
sont vertes, les dauphins jaunes, les deux candélabres, 
rouges sur fond noir; les boules qui décorent leurs ex- 
trémités supérieures, couleur de bronze; les coquilles que 
l'on voit au-dessus, bleues. Tout le feuillage des candéla- 



(i) PIÎDC, XIV, 6. 



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PREMIÈRE SÉRIE. 7 

bres et du socle qui traverse et termine la pei^nture est 
en partie jaune et en partie blanc. Le fond de l'ajuste* 
ment du milieu est rouge; celui de la draperie, qui imite 
une vêla, est jaune; la bordure qui entoure les deux fi- 
gures du milieu est blanche. Le groupe de la bacchante 
et du faune se trouve en grand dans le présent ouvrage, 
au Musée secret. 

PLANCHES 6 ET 7. 

On ne doit voir dans cette peinture architectonique, et 
dans toutes celles du même genre appelées par Vitruve 
du nom générique^ d'expolitiones (i), autre chose que des 
sujets d'imagination dont les peintres et les ornemanis- 
tes décoraient les appartements. Dans les compositions de 
ce genre , comme on peut le voir par cette planche , la 
vérité était toujours sacrifiée à la gi*âce de rajustement. 
On s'inquiétait peu de composer des plans d'édifices 
vrais 6u même vraisemblables ) de dessiner une perspec- 
tive juste ; d'observer dans le courant de toute la com- 
position le même horizon , le même point de vue et la 
même distance : le caprice du peintre était sa seule loi. 
n faut reconnaître cependant que, malgré le peu de res- 
pect des ornemanistes anciens pour les règles de Fart, 
leurs décorations avaient souvent beaucoup de mérite 
et n'en étaient jamais absolument dépourvues. Les con- 
naisseurs leur accordent une certaine vivacité de com- 

(i) Livre vu, ch. 5. 



8 PEINTUftES. 

position , un faire soigneux , de la hardiesse dans le pin- 
ceau, et une intelligence parfaite des touches. F^dius, 
peintre du siècle d'Auguste, parait avoir été le premier 
qui ait décoré l'intérieur des appartements de pein- 
tures architectoniques. Institua amœnissimam parietum 
picturam^ villas et porticus ac topiaria opéra (i). H ré- 
sulterait de ce fait que F usage des peintures architec- 
turales serait postérieur à celui des décorations de ta- 
bleaux, qui remontait à une antiquké bien plus reculée. 
Mais Vitruve, dans les détails où il entre sur les ex- 
politiones^ ne rapporte pas le nom de leur inventeur, ni 
l'époque d'où elles datent. Il aime mieux penser qu'elles 
ont été adoptées progressivement, et qu'après avoir d'a- 
bord essayé d'imiter sur les enduits les veines du mar- 
bre, les ornemanistes ont été conduits à peindre sur les 
murs des colonnes, des coupoles, des édifices, des pay- 
sages, etc., etc. 

La décoration d'architecture reproduite par notre 
planche serait attribuée , peut-être avec plus de raison , 
à un peintre qu'à un architecte. Elle est incomplète ; la 
colonnade circulaire paraît en être le milieu, et alors il 
est certain qu'il manque à la partie gauche tout ce 
que l'on voit de plus dans la partie droite. On ne doit y 
chercher autre chose qu'un assemblage de diverses co- 
lonnades, où, malgré bien des erreurs et bien des dé- 
fauts , l'on reconnaît partout l'ordre ionique. Cette com- 
position , toute de fantaisie et dans le goût arabesque , 

(i) Pline, XXXV, 4. 



PREMIÈRE SÉRIE. 9 

peut servir de commentaire à un passage de Vitruve , où , 
dans une noble indignation d'artiste , il blâme les peintres 
de son temps de ne plus se contenter, comme les an- 
ciens , du vrai ni du vraisemblable , et par exemple , 
de faire des roseaux ou des candélabres au lieu de co- 
lonnes , et des harpa^netuli ( enroulements entrelacés ) 
en guise de faîtes. Il est certain que les proportions des 
colonnes sont exagérées, et motivent en quelque sorte 
la critique de Vitruve. Le tholus qui est supporté par la 
colonnade circulaire du milieu est sans doute aussi un 
de ces faîtes que Vitruve appelle harpaginetuli , et dont 
il condamne la bizarrerie. Si nous en croyons Perrault , 
Vitruve aurait tout à fait manqué son but en donnant 
une description des arabesques, et en la faisant suivre 
d'une critique sévère; non-seulement il ne serait pas 
parvenu à détruire l'usage de ce genre chez les anciens, 
mais encore ce serait lui qui en aurait donné l'idée, et 
fourni le modèle aux artistes modernes. Cette observa- 
tion ne semble pas fondée; et il paraît certain, au con- 
traire, que les arabesques n'ont jamais été abandonnées. 
Saint Bernard reproche aux moines de Cluny le scandale 
qu'ils occasionnaient en faisant orner d'arabesques les 
murs de leurs cloîtres. On doit remarquer enfin dans les 
deux cloisons que contient notre peinture la division de 
leurs compartiments, et les guirlandes qui lient entre 
elles les différentes parties de l'édifice. 



F«Série.-PdnUirfs; 



10 PEINTIÎRES. 



PLANCHE 8. 



Cette peinture est dans le goût de la précédente. 
Comme elle aussi , elle est incomplète et tronquée. La 
large bande qui la termine formait sans doute Tentable- 
ment d'une décoration inférieure, et se divise en trois 
parties. La première , qui tenait lieu d'architrave , a pour 
ornement des ailes et des drageons de vigne , disposés 
alternativement. La partie de dessus ressemble à une 
corniche , ou plutôt à un simple larmier décoré. Celle du 
milieu ne peut être qu'une frise, ou un zoophore (de Çôov, 
animal, et f jpco, je porte) , nom que les anciens donnaient 
aux frises dont la décoration était formée par des ani- 
maux (i). Elle est ornée d'oiseaux diposés deux à deux , 
soutenant des couronnes , et portés alternativement , les 
uns par des pavillons , les autres par des conques. Cha- 
que couple est séparé par une tête entourée d'ornements. 

A gauche du cadre on voit trois espèces de pavillons. 
Celui du milieu est quadrangulaire , et ne laisse aperce- 
voir que cinq colonnes. Les deux de côté sont moins 
grands et moins élevés, et ont une forme triangulaire. 
Leurs colonnes, quoique sans base, appartiennent à 
l'odre ionique. Elles posent sur un soubassement percé 



(i) Philandre , ch. 3, liv, m de Vitnive. 




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PREMIÈRE SÉRIE. U 

de petites baies et couronné d'un entablement y dont la 
frise est ornée de modillons. 

La symétrie qui règne entre les deux pavillons trian- 
gulaires et les guirlandes fait présumer que le portique 
ou pavillon quadrilatéral formait le milieu de toute la 
décoration. 

A droite est un commencement de portique de même 
ordre que les pavillons, dont le soubassement est décoré 
de trois ouvertures ressemblant à des fenêtres. 

L'intervalle entre ce portique et les trois autres est 
rempli par une espèce de pavillon ou de dais , surmonté 
d'un cadre qui contient un animal marin. Dans le 
milieu est suspendue une corbeille. On a cru voir dans 
cette peinture une décoration en l'hoimem^ de Vénus 
ou d'Isis. 



PLANCHE 9. 



Cette peinture formait la décoration entière d'une 
muraille. Le fond du socle est noir ; les filets qui l'ornent 
dans toute sa longueur sont blancs, les petites guirlandes 
vertes; les cygnes et la tête de bœuf (i), d'un jaune 
clair. La partie supérieure de la décoration est sur fond 
jaune ; les petites colonnes , et tout le reste de Tarchitec- 



(i) Pline, vm, 45. 



12 PEINTURES. 

ture, ont une teinte jaunâtre; les deux autres côtés de la 
peinture , qui ont été faits à Fimitation d'une construction 
en travertin , ont une couleur jaune foncé. Les deux fi- 
gures symétriquement posées au-dessus , sont vêtues de 
draperies de couleur changeante entre le vert et le 
pourpre. L'une d'elles est représentée lisant un pa- 
pyrus. Les deux génies , dans les panneaux latéraux , sont 
peints au naturel : ils ont des ailes vertes et une petite 
draperie rouge. L'un d'eux tient d'une main une patère, 
et de l'autre un vase dont on ne peut déterminer la 
forme. Le tableau du milieu, qui représente une bac- 
chante et un faune, sera donné en grand , et développé 
dans la série à laquelle il appartient. Les deux mas- 
ques sont de couleur de chair, et les longues cornes 
dont ils sont surmontés permettent d'affirmer qu'ils ont 
été faits à l'intention de Bacchus, 

La figure couchée sur la corniche est peinte au naturel. 
Elle est à demi voilée par une draperie rouge. Les cygnes 
posés sur le pavillon au-dessus de sa tête, et le dard 
( dont une de s* mains est armée) (i), font reconnaître 
Vénus. On a donné une couleur rouge aux ailes du génie 
que l'on aperçoit tout nu et debout sur un des côtés de 
la peinture , ainsi qu'aux griffons qui surmontent l'espèce 
de niche où il se trouve placé. 

Les personnes qui tiennent à donner à ce genre de 
peinture une intention autre que l'ajustement et la grâce 

(i) Thés, Brand, t. I, p. 17. 



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PREMIÈRE SÉRIE. 13 

de la décoration, pourront rapporter cette planche à 

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Bacchus. 

La Bacchante , les masques surmontés de cornes ; Vé- 
nus y les Amours ; car on ne saurait voir autre chose dans 
les trois génies de cette peinture , 

Nuda Venus picta est, nudi pinguntur Amores (i) ; 
Et puer est , et nudus Amor : sine sordibus annos , 

Et nu lias vestes y ut sit apertus, habet. 
Quld puerum Veneris pretio prostare jubetis? 

Quo pretium condat, non habet ille sinum {%) ; 

peuvent donner quelque vraisemblance à cette interpré- 
tation. 

PLANCHE 10. 

Chfi ne saurait assez admirer la disposition heureuse et 
la grâce de la décoration d'architecture qui fait le sujet 
de cette planche. Toute cette composition repose sur un 
socle dont le fond noir est traversé par des guirlandes 
vertes attachées avec des rubans d'un rouge clair qui 
supportent une corbeille jaune. Les deux panneaux laté- 
raux dans le socle sont rouges et entourés de cadres 

blancs. Tout le reste de la peinture est sur fond jaune ; 
l'architecture est jaune aussi , mais bien plus foncée. Une 
bandelette blanche est suspendue à l'ornement supérieur, 



(a) Pithaeus y lib. I. (i) Ovide, Amor, I, lo, i5. 



14 PEINTURES. 

et elle vient s unir à romement inférieur en retombant 
des deux côtés. Le paon , les griffons , les deux petites 
boîtes ouvertes et posées sur les deux pilastres latéraux, 
imitant la construction travertiae , et la tête bachique 
suspendue à l'architrave , sont dW jaune clair. Le mé- 
daillon du milieu qui représente Vénus rustique et 
l'Amour y sera donné en grand dans une planche de la 
deuxième série. 



planche; 11 



L'irrégularité et l'originalité capricieuse de la décora- 
tion d'architecture qui fait le sujet de cette planche, 
sont pleines de goût et de grâce. Toute la construction 
extérieure , les divers ornements , les griffons , les petites 
figures se dessinent sur un fond noir , et sont peints à 
l'imitation d'un marbre jaune. Le char de la Victoire , et 
la figure ailée qui est suspendue au milieu de Tare, et 
supporte une espèce de lampe à plusieurs becs , sont de 
la même teinte. Les entablements , les vases , et le livre 
que l'on aperçoit dans l'architecture intérieure , sont aussi 
peints en jaune, mais d'une teinte plus claire. La guir- 
lande attachée à la lampe est verte. Dans le bas , et der- 
rière im balustre orné de trois petites sphères surmon- 
tées d'une fleur ou d'une croix , on voit une figure peinte 
au naturel. Son manteau est bleu et recouvre une tuni- 
que verte à manches longues. Son front est orné d'une 



FKINTURES 



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PREMIÈRE SÉRIE. 15 

couronne d'or; Fespèce d'autel qui porte sur lebalustre, 
et l'autre vase que la figure tient dans une de ses mains , 
sont du même métal. 

Si l'on yeut assigner à l'édifice de cette peinture une 
destination quelconque , on pourra peut-être y voir un 
arc de triomphe. Les anciens en construisaient de plu- 
sieurs sortes ; de simples y qu'ils appelaient du nom d'ar- 
<:us ; et de composés avec quatre portes , et même quel- 
quefois plus, qu'ils nommaient Jani (i). Ils leur donnaient 
une hauteur prodigieuse , qui surpassait quelquefois celle 
des temples eux-mêmes (â). Enfin ils posaient sur le faite 
de petits temples avec des statues et d'autres orne- 
ments (3). Ceci donnera une explication de l'originalité 
de notre peinture , et de ses acrotères ( c'est le nom que 
l'on donnait aux ornements qui décoraient le sommet des 
édifices (4) ). 

Le quadrige, qui était toujours employé dans les pom- 
pes et dans les cérémonies triomphales , aurait eu plus de 
rapport avec l'arc de triomphe que le bige conduit par la 
Victoire (5). Cette observation pourrait faire élever des 
doutes sur la destination de l'édifice représenté dans notre 



(i) Suétone, Domit, Xm; Octav. (3) Wne,XXXVI, 5. 

XXXI;Tite-Live,XLI,a7; Cicéron, (4) Vitruve, III, la, et ses com- 

rftf -nr. JD. n , a7 ; Pline , XXXIV , 6 ; mentatears. 

Marlian. Topogr. Urb, Ro, II, i4; (5) Flonis, I, 5; Buonarotti, Etr. 

Fabrizio, Descript. Urb. Ro, cap. i4; Rcg, PI. ifi et 49; Deinpster, HI, 36; 

Boulenger, </e 7W«i7?/?A. cap. a. Suétone, Domtt. XUI; Prudence, 

(a) Pline, Paneg, LIV, 4. Symm. H, v. 555. 



16 PEINTURES. 

peinture, et on s'est demandé à cet égard si le bige (i) 
qui disputait au quadrige Thonneur de soulever la pous- 
sière du cirque, ne serait pas une indication suffisante 
pour autoriser à voir dans ce tableau un fragment d'un 
lieu construit pour les spectacles ; ou bien encore d'un 
gymnase , ou de thermes , qui avaient aussi leur hippo- 
drome (2). 

On a voulu aller plus loin , et l'on n'a pas craint de sup- 
poser que l'arc de triomphe qui fait le sujet de cette 
décoration pouvait très-bien être celui que l'on éleva 
pour le cinquième et le dernier triomphe de César. Alors, 
malgré la ressemblance de la figure principale avec une 
figure de femme , tant pour les traits du visage que pour 
la chevelure et la forme du vêtement , on s'est décidé à 
y voir un portrait du vainqueur des Gaules, de la Grande- 
Bretagne , et de l'Espagne , et pour cela l'on a tiré parti 
de quelques lignes de Suétoiie (3) qui justifieraient jusqu'à 
un certain point cette hypothèse. On a rappelé aussi que 
le sénat lui avait décerné une couronne d'or ornée de 
pierres précieuses (4). Enfin, les trois petites sphères pla- 
cées dans le balustre indiqueraient les trois parties du 
monde subjuguées par César , et le livre suspendu dans 
l'intérieur de l'édifice serait le livre des ordres , Uber 



(0 Pline, XXXIV, 5; VII, 56; (a) Vitruve, VH, 5. 

Pausanias , V, 8 ; Schseffer ^ de Re ( 3) In JuL XLV. 

vehic, II, II ; Begers, Th. Br, p. (4) Dion, XLIV, § 6, p. a43; et 

294. XLV, §6, p. 273. 



PREMIÈRE SÉRIE. 17 

mandatorum que les consuls et les généraux romains re- 
cevaient du sénat. 

On a peq^ aussi au culte de la Grande Mère qui avait 
un temple à Herculanum. Dans cette explication , la fi- 
gure principale serait une de ses prêtresses. 



PLANCHE 12. 



Cette figure a été trouvée avec la précédente aux fouil- 
les de Portici. Elle est, comme on peut le voir, absolu- 
ment du même genre ; et elle lui ressemble par la couleur 
du fond , l'architecture , les ornements des corniches tels 
que les griffons et les petites figures, les entablements, 
et toute la perspective intérieure. Enfin la figure équestre 
correspond au bige de la Victoire, et une figure de 
femme placée derrière un balustre tout à fait pareil à 
celui de la planche précédente , orné comme lui de trois 
petites sphères , fait pendant à la figure que Ton a dit 
être César triomphant , ou une prêtresse de la Grande 
Mère. Comme elle, on Ta peinte au naturel. Ses boucles 
d'oreilles , son collier et ses bracelets sont couleur d'or. 
Elle tient une lyre, et porte un petit coffre. La drape- 
rie qui lui couvre la tête et retombe sur son épaule gau- 
che , est blanche ; et la partie inférieure de son corps est 
voilée par un vêtement jaune qu'elle retient de sa main 
gauche. 

V Série.— Peintures. 3 



18 PEINTURES. 

Il est difficile de trouver dans les détails de cette pein- 
ture des indications assez plausibles pour faire soupçon- 
ner rintention du peintre , au pinceau duquel nous la 
devons. La figure équestre pourrait amener l'idée d'une 
ovation qui se faisait toujours à cheval ( i ) , ou bien encore 
celle d'un monument élevé pour célébrer quelque succès 
éclatant dans une guerre (â), ou dans des jeux. (3), ou 
un grand service rendu à la patrie (4). 

La nudité de la figure principale a fait penser aussi 
aux jeux Floraux et aux fêtes Eleusines où les courtisa- 
nes paraissaient toutes nues (5). Enfin l'on sait encore 
que les femmes de Sparte se dépouillaient de leurs vête- 
ments pour exercer leurs corps dans le Gymnase, et que les 
joueuses de lyre et de flûte s'habillaient toujours d'une 
manière très-peu modeste. La petite boîte aura tou- 
jours sa place dans chacune de ces suppositions ; car nous 
en avons déjà trouvé, et nous aurons occasion d'en trou- 
ver encore de pareilles dans le cours de cet ouvrage 
entre les mains de femmes qui s'en servent pour serrer 
leur toilette , ou des objets appartenant aux sacrifices. 

La lance, et surtout la cuirasse dont la figure équestre 
a été armée , sont des motifs suffisants d'affirmer que 
cette peinture est d'origine romaine. Grœca res est nihil 
velare : at contra romana ac militaris thoracas addere : 



(i) TibuUe , I , J?/. I; Aulu-Gelle , (4) Pline , XXXIV , 6, 

V , 6. (5) Ovide, Fast.y V. ^79 ; Lactance 

(a) Justin , XI , 6. 1 9 i ^ > Valerius Maximus , XI , i o, 8. 
(3) Pline,XXXrsr, 5. 



PREMIÈRE SÉRIE. 19 

Cœsar quidem dictator loricatam sibi dicati inforo suo 
passas est {}). 



PLANCHE 13. 



Cette peinture et la suivante ont été trouvées à Pompéî, 
et faisaient partie de l'édifice appelé le Panthéon. 
' Au milieu d'une architecture peinte dans le goût ara- 
besque , on aperçoit une belle cithariste qui descend le 
gradin d'une porte et semble marier l'harmonie de sa 
voix à celle de son instrument. Sur le chambranle de la 
porte une Victoire , peinte avec un art merveilleux , fait 
tous ses efforts pour modérer la fougue de deux cour- 
siers qui paraissent plus rapides que le vent. La citha- 
riste est d'un goût exquis. Elle laisse négligemment 
tomber ses vêtements qui découvrent une partie de sa 
gorge et descendent sur son bras. Elle est toute à l'en- 
thousiasme qui la transporte , et s!élève à ce que la poé- 
sie a de plus sublime. Ses regards enflammés semblent 
parcourir comme un éclair les espaces de l'imagination. 
Lorsqu'on la regarde avec attention, on croit entendre à 
la fois l'harmonie de sa voix et celle de son instrument. 

Elle est un tiers de nature. Son habillement se compose 
d'une tunique blanche , d'une autre tunique violette par- 



(i) Pline, XXXIV, 5; Servius, yC^/i. VIII, 435;Nicolaï, //« TriumpL, 
c. 7, § a. 



20 PEII9TUBES. 

dessus ^ qui des épaules descend jusqu'à ses pieds chaus- 
sés de jaune , et d'un tumco-pallium de couleur verte , 
dont les plis laissent à son bras l'agilité dont il a besoin 
pour parcourir les cordes de la cithare , et se rattachent 
d'une manière assez élégante sur le flanc droit. Son front 
est orné par une bandelette d'or , ses oreilles et ses bras 
par deux anneaux, du même métal. On remarquera que 
notre belle cithariste emploie ses deux mains au jeu de 
son instrument suspendu à son épaule gauche par un ru- 
ban rouge. Nous ne saurions trop admirer l'expression 
de cette figure qui est drapée avec ampleur et avec grâce, 
et admirablement bien posée« 



PLANCHE 14. 



Cette décoration et la précédente formaient les deux 
pendants. Elles sont tout à fait semblables , et ne difïerent 
que par les sujets qui , encore , sont du même genre et 
de la même beauté. Dans celle-Kîi, c'est une prêtresse 
vêtue d'un turUco-pallium blanc, avec des franges d'or, 
qui descend devant et derrière jusqu'au-dessous du ge^ 
nou. Ce vêtement ressemble beaucoup à celui de la 
Flore du Capitole. Il recouvre une tunique bleue qui 
tombe jusqu'aux pieds chaussés de jaune. La tête de 
la prêtresse est ceinte d'un bandeau d'or ; ses oreilles 
sont ornées de pendants d'une forme peu ordinaire , et 
ses bras de deux cercles d'or. Un guttum dans la main 



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PREMIËIIE SÉRIE. 21 

drmte, des épis et des pavots dans la main gauche , elle 
sort d'une porte et s'achemine sans doute vers le lieu oii 
elle doit s'acquitter de son ministère. Son attitude est 
très-animée y son visage respire la vie y et les draperies 
dont elle est vêtue ont été peintes par une main savante. 
Sur le chambranle de la porte , une Victoire couleur d or 
excite avec un fouet les deux coursiers de son bige. IjCS 
anciens avaient créé ce symbole pour figurer la marche 
impétueuse de la fortune des armes ; et les peuples de 
cette époque avaient sous les yeux un exemple frappant 
de la rapidité de la Victoire , eux qui avaient vu les Ro* 
mains, leurs maîtres , subjuguer le monde en si peu de 
temps. 

Dans cette peinture et dans la précédente , la figure est 
peinte sur fond blanc, et produit un effet merveilleux, 
n est bon d'observer à ce sujet que dans presque tous les 
tableaux antiques , les figures sont détachées sur des fonds 
clairs et lumineux , et que ce procédé leur donne un re- 
lief et une apparence de vérité dont on ne saurait se 
faire idée. Du reste , ce procédé est basé sur la nature. 



PLANCHE 15. 

On voit dans cette peinture une composition bizarre 
qui offre au premier aspect l'apparence d'un édifice bien 
ordonné; mais lorsqu'on la regarde attentivement, l'œil 
se perd dans ses diverses parties , et y cherche en vain 



22 PEINTURES. 

quelque symétrie. Sur le devant est un portique formé 
de quatre colonnes d'ordre composite pour les chapiteaux 
et les proportions. Leurs bases sont attiques , et reposent 
sur un socle ou soubassement construit à l'imitation d'un 
piédestal , et percé dans le milieu d'une grande ouverture 
horizontale. Le portique est fermé par un pluteus , ou 
une barrière de bois de moyenne hauteur. Derrière est 
un autre portique d'ordre ionique*, moins bien conservé 
que le premier : la corniche est dans le goût arabesque , 
mais les métopes dont elle est ornée la rapprochent as- 
sez du dorique. Comme à l'ordinaire toutes les parties 
de l'édifice sont liées entre elles par deux guirlandes atta- 
chées à la voûte du portique postérieur d'où elles par- 
tent pour aller l'une à droite, l'autre à gauche, après 
avoir entouré un petit écusson. Si l'on ne tient aucun 
compte des défauts qui dénotent une ignorance complète 
de l'art, tels que le désaccord qui existe entre les hau- 
teurs des colonnes , les architraves et les corniches , on 
pourra dire que l'auteur de cette peinture a voulu figurer 
un pronaos , c'est-à-dire le vestibule d'un temple , fermé, 
comme c'était l'usage, par une barrière de bois ; et la vue 
d'une partie de Forum , qui se trouvait ordinairement 
à l'entrée des temples (i). 

PLANCHE 16. 
L'originalité de cette peinture trouvée aux fouilles de 

(i) Pallad., lib. IV, cap. 8 et 9. 



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PREMIÈRE SÉRIE. U 

Porticî , doit la rendre digne de quelque attention. Sur 
un panneau imitant une fenêtre , on aperçoit deux habi- 
tations rustiques avec des personnages. Auprès de la 
première est une femme qui tient une longue perche des- 
tinée sans doute à abattre des fruits, et appelée ^oarpia 
par les Grecs (i). Près d'elle sont deux jeunes filles , dont 
l'une porte sur la tête une espèce de corbeille, qui servait 
à serrer et à transporter les fruits , et que les Latins 
nommaient corbis , quia curvatis virgis contexuntur (2). 
Un homme précédé par un chien , marche en s'appuyant 
sur un bâton ; il est coiffé d'un petasus , et porte une be- 
sace sur son dos (3). Il a sur l'épaule une longue barre, 
aux extrémités de laquelle sont suspendues deux espèces 
de sacs. Sur le devant on aperçoit une chèvre. Auprès de 
l'édifice supérieur, est une femme entourée de deux petits 
enfants. Trois autres enfants , plus grands , et tout nus , 
sont dans des attitudes variées, et paraissent vouloir 
s'exercer à la course. 

Le petit motif placé au bas de cette planche est peint 
sur fond jaune. Les guirlandes sont vertes ; les chèvres 
peintes au naturel , le masque du milieu , couleur de chair 
sur un fond cendré ; et les deux petits cadres latéraux , 
noirs sur fond jaune. 



(i) Pollux,VII, 146; X, i3o, et (a) Isidore, XX , 9 ; Pollux, X, 1 19. 

ses scoUastes. Voyes aussi Hesychius. (3) Pollux , X 9 43. 



U PEINTURES. 



PLANCHE 17. 



Cette décoration aeijfible w rapporter au vestibule 
d'un temple. Le tholus et toute l'architecture sont peints 
au naturel ; les deux sphinx ailés , les ornements posés 
sur les acrotères , les hippogriffes , les fleurs de la frise , 
les deux têtes d'Hermès ou cariatides » sont couleur d'or. 
Les ornements en forme de pointes , ou les feuillages que 
l'on aperçoit sur l'entablement , sont dignes par leur bi- 
zarrerie de quelque attention* On a voulu y voir des jou- 
barbes connues par les anciens sous le nom de barba 
Jovis ; mais on ferait peut-être mieux , dans le cas où 
l'on voudrait prêter à l'auteur de cette peinture une au* 
tre intention que son caprice , d'y voir des persea , qui 
étaient très-connues en Egypte, et que l'on rencontre 
souvent sur la tête des animaux sacrés et des divinités 
égyptiennes (i); et cela avec d'autant plus de raison 
qu'une plante égyptienne figurerait avec à-propos à cota 
de la fleur du lotus placée ici sur la tête des sphinx » et 
aussi à côté des cariatides, dont l'ajustement est tout à fait 
conforme à celui que l'on donne le plus volontiers à la 
têtii d'Isis. La bande obscure que l'on aperçoit sous l'en- 
tablement , et qui descend derrière les deux colonnes en 
traversant tout le tableau , est de couleur verte. La bande 



(i) Pignor., Mensa Is, , p. 35. Cuperus, Harpocr,y p. ai. 



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PREMIÈRE SÉRIE. ^» 

^tëriétire est rotige j les petits ornemenis sont eonleor 
d'or ; les coloïiiïes imitent un marbre blanc ; lé pltaeus 
pkcé au-devant est jaune. La bande inférieure est verte ; 
les are^ et la bande de teinte claire sur laquelle ils sont 
peints , sont d^une couleur jaunâtre. Là guirlande sus- 
pendue au soflifte est inerte ; la tefMe du boddier ou du 
disque est incertaine. Les objets que nous avons passes 
90«» silence sont peints en rouge.. 



PLANCHE 18. 

Au miKeutde ^lusieisrls morceaux d'architecture, s'é- 
lève un tholus supporté par huit colonnei^ d'ordre io- 
nique, et orné dé poiAtes» Le tholus était ,< à proprement 
parler , la cofistriictioTi à laquelle nous donnons le nom 

de coupole : €MX6ç, Kupto»; xaf^^apoc (l). 

Par faciès tempH : nullus procurrit in illo 
Angulus : a pluvio vindicat imbre tholus (a). 

liC mot tholus fut employé ensuite par extension pour 
désigner la totalité et l'ensemble d'un édifice construit 
en rotonde : ©oXoç, aTpoyyuXoetJ^iç olxo; (3) , Tholus qui est 
intra rotunduSy columnatus (4). Cette architecture fut 
adoptée d'abord d'une manière exclusive pour les tem- 



(i) Hesychius. (3) Hesychius. 

(a) Ovide , Fast.y VI , aSi. (4) Varron., il. il., m, &, i«. 

I" Série.— Pdnture». /. 



26 PEINTURES. 

pies érigés en l'honneur de Vesta (i) ; mais on l'employa 
plus tard , pour les autres divinités ; et nous lisons dans 
Athénée (2) que le grand vaisseau de Ptolémée Philopa- 
tor contenait un temple de Venus en forme de tholus. Il 
paraît aussi que Bacchus en avait un pareil. 

Les antefixes qui ornent la partie supérieure de la 
coupole se retrouvent encore dans les corniches des cons- 
tructions latérales ; sur Tune d'elles est posé un oiseau 
qui ressemble à un cygne et se termine en arabesque. 
Derrière est un appui qui joint deux grands pilastres. 
L'intervalle qui les sépare est occupé par trois autres pi- 
lastres moins élevés, de forme quadrangulaire, et qui peu- 
vent passer pour des autels ; chacun des deux grands 
pilastres porte un vase orné de feuillage. ' 

Le cygne aurait assez de rapport au Soleil ou à Apol- 
lon; les vases donnent à cette décoration une couleur 
égyptienne et peuvent encore porter à croire qu'elle re- 
présente un monument funèbre. 



PLANCHE 19. 



Un pronaos ou un magnifique vestibule de temple té- 
trastyle forme le sujet de cette peinture sur fond rouge. 
Nous retrouvons autour du faîte, ou frontispice triangu- 
laire, les pointes ou antefixes qui étaient peut-être les 

(1) MeursiuSy Ceram, ^m.,cap. 7. (2) Athénée, Y» 9, p. 2o5. 



f'IC[N"l'L'Kf.S . 






PREMIÈRE SÉRIE. 27 

harpaginetuU, dont parle Vitruve. L'entablement est sou- 
tenu par quatre colonnes ioniques. L'autre morceau de 
corniche, sur l'extrémité de laquelle est posé un dau- 
phin , s'appuie sur un fragment de colonne entouré de 
feuillages. Cette colonne est portée à son tour par une 
figure qui , par ses formes sveltes , et ses cheveux courts 
ressemble beaucoup à une figure égyptienne. La patèreet 
le bâton pastoral se trouvent dans les mains d'Isis et d'O- 
siris. Enfin, le fragment de colonne à feuillage, qui repose 
sur la tête de la figure, se rapproche aussi beaucoup du 
genre égyptien. Tout ceci cependant ne serait pas une 
raison suffisante de croire que l'architecture, représentée 
ici , appartient à l'Egypte. Le caractère grec y est em- 
preint avec trop de sévérité pour qu'on puisse le mécon- 
naître. 

De la corniche, surmontée du dauphin, part une guir- 
lande, qui va joindre un ornement en forme d'éventail, 
dans le milieu duquel est un miroir. Il sort de la tête d'un 
sphinx ailé , assis sur un trépied très-élevé, dont on dis- 
tingue toutes les parties. Le sphinx et le trépied étaient 
les deux symboles consacrés à exprimer les mystères 
et les choses obscures et douteuses. Le dernier de ces 
attributs est peint avec tant d'exactitude , que nous al- 
lons énumérer brièvement toutes ses parties. Les trois 
petits cercles servent à réunir et à attacher solidement 
entre elles les trois branches qui composent le trépied. Le 
bassin, qui porte sur le premier de ces trois cercles, est \e 
crater ou le bassin ; les trois petits rouleaux perpendicu- 



28 PEINTURES, 

laires sont lea nianches du crater. Enfin , l'autre heniis*- 
pbère, qui est posé sur les trois manches du crater , et sur 
lequel le sphinx se tient assi^ , est la fameuse cordna , le 
couvercle du trépied que les Grecs appelaient ^(ao(. Dans 
le fragment, qui occupe la partie inférieure de cette plaq^ 
che, on voit un masque, peint au naturel, avec une barbe 
épaisse , une couronne radiée , garnie de petits rameaui^ , 
peqt-être de branches de corail , et attachée avec un ru- 
ban dont on aperçoit les deux bouts. Des deux côtés ^ont 
des (^auphins ou des chevaux marins. Le fpnd de la pein- 
ture est noir, les arabesques ^sont jaunes ainsi que le ca- 
dre du petit tableau qui représente un paysage. I^ cor-r 
niche et tous ses ornement^ sont jjaimes aussL Enfin la 
draperie attachée à. la corniche est verte et a une frsMdge 
d'or. 



PLANCHE 20. 



Cette peinture est sur fond blanc et bordée d'un cadre 
dont la bande intérieure est noire et la bande extérieure 
rouge foncé. On y voit sur un entablement , supporté 
par de^ çQlopnes ou des poteaux , un édifice composé de 
^^yxs ailes. Le toit et le fronton de l'ailie extérieure repa-^ 
3çnt sur deux colonne^ , semblables ài celles de l'entable-^ 
ment inférieur \ ils sont jaunes , à re^cception des frises^ 
auxquelles on a donné une couleur rouge, çt du tympan 
qui est vert. L'aile intérieure ; qui est tout à £)dt pareille 



PEINTURES 



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PREMIÈRE SÉRIE. 21 

à la première , ^t couleur de fleur dç pêcher'. C'est aussi 
la teinte de la partie du milieu <|ui unit les deux ailes et 
qui repose sur un arc de couleur verte. La porte est jaune 
et moiit» foncée. Syr les toits det^ deux ailes on a place 
deux panthères cendrées avec la langue rouge. Un paoU^ 
peint au naturel , se tient sur le premier entablement* A 
quelque distance est nn vase d'argent avec une anse et 
un goulot étroit , qui soutient \me branche de palmier* 
Les panthères étaient consacrées à Bacchus, et le paon 
à Junon ; piais de ces deux faits on ne saurait induire 
rien de positif pour arriver à comprendre la destiuatico» 
de l'édifice dont on voit ici un fragment. 



PLANCHE 21. 



Cette planche comprend plusieurs sujets : le premîei' 
représente un tholus ou un vestibule. Dans le comparti- 
ment du milieu, on pourra voir l'entrée principale et 
deux petites portes de côté. La corniche parait apparte- 
nir, par ses triglyphes et ses modillons, à Tordre dorique ; 
elle est soutenue par des colonnes ioniques et ^ans base , 
dans le goût ordinaire. La lionne , la guirlande tressée 
avec des rubans rouges 3^ que l'on retrouve ici comme 
dans tontes les décorations architecturales , et le disque 
à couleur d'argent, semblent placés ici pour remplir le 
vide , pour animer et lier ensemble les parties diverses 
de la peinture. Le petit cadre placé au-dessus de cette 



30 PEINTURES. 

décoration doit être considéré comme un ornement ajouté 
à la grâce du tableau. Les anciens avaient donné à ces 
petits motifs, indépendants du sujet principal, le nom de 
parerga ; adjecerk parvulas naves longus in us, quœ 
pictores parerga appellant (i). 

Ijd vignette , qui complète cette planche , représente y 
sur le plancher d'un édifice , dont on aperçoit un frag- 
ment de colonne de couleur rouge , une lyre de même 
couleur , un carquois fermé et attaché avec un ruban de 
la même teinte que la colonne , et un rameau de laurier 
vert; la colonne extérieure est d'un rouge plus foncé, 
sur fond noir. La lyre , le carquois et le laurier , réunis 
ici , ne permettent pas de douter qu'ils ont été peints à 
l'intention d'Apollon. On devra observer la forme de 
la lyre, qui est sans doute la curva lyra^ dont il est 
souvent question dans les poètes anciens (2). La forme 
recourbée lui avait été conservée sans doute de la tes- 
tudo dont elle se composa d'abord , et dont elle garda 
le nom* 

Qui penaepe cai^a testudine flevit amorem (3). 

Au reste on sait que la cithare différait de la lyre en 
ce que celle-ci avait toujours une cavité pour recevoir le 
son, et que celle-là se composait de cordes , de traverses 



(i) Pline, XXXV, %o; Vitruve, race, I, 10, 6,et IXI, a8, 11. 
IX , cap. ult. (3) Horace , £pod,y XIV ,14. 

(a) Ovide, Fasi.^ V, 54 et 4i5; Ho- 



PEINTimE.S 






PREMIÈRE SÉRIE. 31 

supérieures où elles étaient attachées , et de deux man- 
ches latéraux. 



PLANCHE 22. 



Sur un portique d'ordre ionique, dont on aperçoit 
seulement les chapiteaux, la corniche et la frise ornée de 
dauphins, de tritons et d'autres monstres marins, est une 
construction en bois, à demi ouverte, à demi fermée. Le 
chapiteau qu'elle surmonte se rapproche du corinthien. 
La corniche , le fronton et le toit sont gracieux et ne 
manquent pas d'originalité. Sur un des côtés se détache, 
un morceau de construction dans le même goût qui con- 
siste en deux pilastres de bois. Ils descendent plus bas 
que le portique et portent une amphore. Sur l'autre côté 
on aperçoit un autre édifice et une colonne très-longue 
surmontée d'un vase. Les arbres qui étendent leur bran- 
ches dans l'édifice supérieur peuvent faire soupçonner 
que la construction représentée ici appartient à une 
villa. 

La vignette est une frise sur fond noir fermée par des 
bandes et des ornements de diverses couleurs. La colonne 
et le pilastre sont ornés d'arabesques. Le premier oi- 
seau a un plumage de couleur changeante du jaune au 
vert ; l'autre ressemble à un merle. Le papillon , les fi- 
gues et les arbouses sont peints au naturel ; les plantes 
sont vertes et les petites fleurs, blanches. 



J2 PKINTUltM. 



PLANCHE 23 



Nous le disons ici , sans crainte d'être taxés d exagé- 
ration , la peinture qui fait le sujet de cette planche ne 
serait pas indigiie, par don goût, son fini et sa délieatesse, 
de figurer à côté des arabesques de Raphaël. 

Au milieu , et sur wà foncl blan^ , est unte espèce de 
candélabre dont la partie inférieure est rôugeet cannelée, 
et supporte «ft yase jaune orné tout autour de feuillages. 
Sur les bords du vase sont posés deux perroquets, peints 
au: naturel , et du milieu s'élève une guirlande de feuil- 
lages verts , de fleurs blanches et rouges ^ et de fruits , 
qui se temine par un pavillon de couleur jaune. Ce pa- 
villon porte deux figures : Fuite d'elles représente un 
jeune homme avec une draperie rouge sur le bras^ et 
une verge à la main droite ; Fautre représente une jeune 
finnme, vêtue d'une draperie jaune bordée dé rouge; elle 
tient un rameau dans sa mmvL gaiK;he.> Ges* deux figures-, 
qui peuvent être Mercure et la Paix, ou Bacchus et Cé- 
rès> ou, plus généralement encore, deux Bacchantes, ont 
un pied en l'air et se retiennent, par une de leurs mains, 
à deux branches qui sortent des deux cotés du pavillon 
et se croisent dans le milieu d'un autre fût de candé- 
labre, rouge comme celui de la partie inférieure, pour aller 
se réunir encore sous une fleur d'un rouge moins foncé. 
De là , ils sortent chacun de leur côté , se recourbent ici 



PEIXTUIIKS . 



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PREMIÈRE SÉRIE. 33 

en dehors, et se terminent par deux fleurs jaunes. Sur leurs 
courbures sont deux petits oiseaux. Du milieu de la 
fleur s'élève une autre guirlande, semblable à la première, 
qui se termine aussi par un petit pavillon jaune; après 
le pavillon , le fust du candélabre continue encore et se 
termine en une fleui* rouge toujours moins foncée que 
le candélabre. Il est encore traversé dans le milieu par 
deux branches semblaMes à celles de dessous. 

De dessous le premier pavillon sortent deux guirlan- 
des vertes qui joignent deux constructions tout à fait 
semblables. Elles se composent de deux colonnes rouges, 
ceintes en trois endroits par des anneaux ou des nœuds 
jaunes. Elles supportent un soflfite rouge qui s'appuie par 
derrière sur un pilastre vert orné de deux bandes, l'une 
blanche et l'autre rouge. Sur la corniche rouge , aussi en 
dedans , est posé un sphinx. Le fragment de la colonne 
supérieure est rouge encore et orné de trois nœuds ou 
anneaux jaunes. La partie extérieure de la corniche est 
décorée de feuillages rouges et d'un petit sphinx. Sur le 
derrière» entre la colonne intérieure et le pilastre, est 
une petite construction avec des pilastres et une corni- 
che qui supporte un vase de couleur noire. 

A droite est une guirlande de feuilles entourée par un 
lierre sur les branches duquel sont peints de petits oi- 
seaux et des insectes. 



l'* Série. -Printares. 



34 PEnnXJRKS. 



PIANCHE 24. 



Cette peinture est une vue intérieure d'un temple. Sur 
un fond noir , et au milieu d'une architecture de couleur 
naturelle, est une jeune femme coiflee d'une draperie 
blanche. Son cou est orné d'un collier de perles; on ne 
distingue pas bien la couleur des draperies dont elle 
est revêtue ; cependant il semble qu'elles tirent sur le 
jaune. La coupe qu'elle tieiit dans sa main gauche , et le 
vase posé sur la galerie sont peints de couleur d'or. 

La manièrédont est disposée la draperie qui envdoppe 
la tête de cette jeune femme se rapporte beaucoup à l'ar- 
rangement de la coiffure des prêtresses de Gérés (i) , qui 
se voilaient de blanc : 



Albenti vdatae tempora vittà (a). 



Mais Gérés exigeait dans ses suivantes plus de décence 
et de chasteté que n'en montre notre figure. Les femmes 
qui composaient son cortège étaient citées par opposition 
aux courtisanes (3). 

Il est plus prudent de croire que la jeune femme peinte 
dans cette décoration architecturale , et qui semble tenir 
de sa main droite le manche d'un petit vase plongé dans 

(i) T. VII, p. 6i , A, G. (3) Lucien , t. III, p. 298 ; DiaL 

(2) Ovide, Métam,^ V, 1 10; et les Merc.^Wl, 
commentateurs. 



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PREMIÈRE SÉRIE. a5 

le grand , est une simpw^iatrix. Le simpm^ium ou simpu- 
lum était un petit vase qui servait à puiser , par petites 
quantités , le vin des libations ; quo sumebant minutatim , 
a sumendo simpuhan nominavere (i). Cet usage existait 
déjà du temps d'Homère : 

(AJ6u 8' ix XpYlTTi^ ÂfU«9<tfV 

Olvo^ooc fop^ot x«l ^YX^^ $eTc^9tv (a). 

On appelait sùnpuviatrix la femme chargée de cette 
fonction (3). 

PLANCHE 25. 



On doit voir ici l'entrée d'un temple , auquel on monte 
par trois gradins. La porte et ses ornements sont cou- 
leur d'or. C'est aussi la couleur de la grande base sur la- 
quelle est posée la colonne entortillée, dont le fond 
est vert et dont le feuillage est doré , de la corniche , de 
la frise et des autres ornements de cette peinture, et 
enfin de la corbeille qui contient des vases et d'autres 
objets sacrés. Les guirlandes sont rouges. 

Deux piédestaux semblables , et de couleur d'or , sup- 
portent deux vases pour les lustrations , deux périrran- 
tères, irepi^^oevtTipict, qui imitent le cuivre. Les Latins avaien t 



(i) Varron, IV ^ «fe £. £.y p. 3 1 . (d) Juvénal, Soi. VI , 34a et le sco- 

(a) 0(fyss,y I> V. 9. liaste; Musée de Roine, t. II , pi. U. 



36 PIINTURl». 

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donné à ces vases , que Ton plaçait à 1 entrée des temples , 
le nom de aquiminaria , ou cujuimanaria {i). L'eau lus* 
traie qu'ils contenaient , que les prêtres consacraient en 
éteignant dedans un tison pris à l'autel, et dont les fidèles 
présents au sacrifice se servaient pour se laver et purifier, 
avait été appelée par les Grecs x^p^4 ip) \ 

ol (mSc ts )^{pvc6oç 

Bai|Ao2»c iccpi^^otCvoyTt^, âoircp Suy^tysic (3). 

Par extension , le nom de x^p^4 ^^^ donné aussi au vase 
qui contenait l'eau lustrale. On l'appelait cependant de 
préférence )^«pvi€iov et j^ipviÇov (4). 

Les deux vers d'Aristophane que nous venons de citer 
plus haut 9 et dont le sens est celui-ci : Ils aspergent les 
autels avec la même eau lustrale, comme s'ils étment de 
la même raxie, nous amènent à dire que. l'usage en com- 
mun des mêmes objets sacrés était le signe d'une liaison 
intime (5). Les lustratioiis étaient une coutume religieuse 
fort répandue non^seulement chez les Egyptiens, les 
Grecs et les Étrusques (6), mais encore chez les Hé- 
breux (7). 



(1 ) L. a I de A, et À. Leg. \ Vossius, 
MtyfH. in Jqua. 

[%) Athénée 9 IX^ 18 ; Aristophane, 
Av, 85i ; Pac. gSS; Lys, ii3i ; Eu- 
ripide» Hercfur,^ 929 ; Iphig. im Aid.^ 
1569. 

(3) Aristophane y Lysisir. 1 1 3 1 . 

\k) Homère, //. U, 3o4 ; Odyss. A, 
i36;l% 440. 



(5) Le scoliaste d'Aristophane ^ Ly- 
siitr» ii3i. 

(6) Lomeier, de LusUtU.j cap. 18; 
Broukhusius ad Tibull., Hy £1. 14 ; 
Ry<cqiiiu8, de Capit.yeap. S7 ; Lorenx, 
P^ar. sac, gent.^ cap. 149 t. VU, A. G.; 
T. Liv., lib. LV. 

(7) Josèphe, Uly 5. 



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PBKMlftBK SÉRIE. 37 



PliANCHE 26. 

Nous donnerons à la peinture ardbitectonique qui fait 
le sujet de cette planche, le nom de Tholus.. Ce nom s'ap^ 
pliquait à la fois à un toit sans murailles , porté par de^ 
colonnes , tectum sine panetibus subnixum columms ; et 
à la partie du soffîte où étaient suspendus les ex-voto ; 
Thobùs proprie est'veluti scutum brève, quod in medio 
tecto est, ad quod dona suspendi consueverunt {i). 

Le tholus que l'on voit ici est rouge clair sur un fond 
blanc. Il s'appuie par devant sur une construction dont 
la partie extérieure est jaune , et la petite bande intérieure 
rouge foncé ; et par derrière sur deux colonnes qui j avec 
Tarchitrave, sont peintes à l'imitation du stuc. Un sphinx 
ailé , à tête et à poitrine de femme, est placé sur le milieu 
de la corniche. Il est d'une teinte marbrée, mais ses 

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cheveux sont jaunes; il porte sur sa tête une vasque 
couleur de marbre. Au soffite est suspendu une corne 
couleur d'or , attachée avec un ruban rouge. Dans le bas 
de la peinture est un petit tableau entouré d'une bande 
noire , oii l'on voit la mer avec des rochers et des 
poissons. 

PLANCHE 27. 
A l'exception du paysage dont les bateaux sont rouges , 

( i) Serrius, M$i. IX, 4o8. 



38 PEINTURES. 

et les figures, les édifices, les arbres et la mer, peints de 
couleurs naturelles , cette composition est tout entière 
d'une teinte jaunâtre. Dans le milieu est un satyre qui 
tient d'une main un objet qu'il est difficile de détermi- 
ner, et de l'autre une corbeille remplie de fruits. Ce n'est 
pas chose nouvelle que de voir ici un satyre portant les 
produits de la terre. Dans plusieurs recueils d'antîqui* 
tés (i), ces divinités secondaires sont ainsi représentées. 
On leur attribuait la fertilité des vignes , des champs et 
des arbres : 

Dant fauni quod quisque valet , de vite racemos , 
De campo culmos, omnique ex arbore fruges (a). 

D'ailleurs les satyres faisaient partie du cortège de 
Bacchus , qui comptait parmi ses attributs les fruits de 
la terre ; et le satyre de cette planche a le droit , en sa 
qualité de suivant de Bacchus, de porter une corbeille 
de fruits. 

PLANCHE 28. 



Au caprice et à la bizarrerie de la composition que 
nous retrouvons ici , comme dans beaucoup d'autres plan- 
ches de la même série , se joignent une grâce parfaite et 
un goût exquis. Il y a dans l'irrégularité de cette déco- 

(i) Mus.Kirch.; Thesaar, Brandeb, (a) Nemesiaii, EcL I, 66, 



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PREMIÈRE SÉRIE. S9 

ration une espèce d'ordre et d'harmonie. Nous arrêterons 
notre attention sur l'éléphant qui entoure et soulève avec 
sa trompe un autre éléphant beaucoup plus petit. Ces ani- 
maux introduits en Italie par Pyrrhus , furent d'abord un 
sujet de terreur pour les armées de la république , et plus 
tard un objet de curiosité pour les citoyens paisibles à qui 
on les montrait dans les spectacles. On les faisait combattre 
avec des hommes et des bêtes féroces (i), et on les dressait 
aussi à des jeux qui amusaient les spectateurs. Ils dan- 
saient sur la corde ou jouaient avec de petits animaux 
inoffensifs , et recevaient avec le bout de leur trompe les 
pièces de monnaie destinées à récompenser et à encou- 
rager leur intelligence (2). On pourrait supposer alors 
que l'architecture de cette planche est une partie d'un 
théâtre. Si l'on aime mieux penser qu'on a figuré ici une 
vue d'un temple , on devra dire que l'éléphant apparte- 
nait à Bacchus, et que dans la pompe bachique on voyait 
la statue de ce dieu sur un de ces animaux (3). Une par- 
ticularité que nous ne devons pas passer sous silence, 
c'est la couverture à carreaux , ou l'espèce de filet dont 
est revêtu le plus grand des deux animaux. Plusieurs mé-' 
dailles antiques représentent des éléphants ainsi habillés, 
et Spanheim (4) suppose que cette espèce de vêtement 
leur était donnée en guise de cuirasse pour les préserver 
des coups et des blessures qu'ils auraient pu recevoir à 

(i) Pline, Vm, 6 et 7;Sénèque, de TheaL^l, 35. 
fie Brev. vitee, cap. Xm. (3) Athénée, V. 7. 

(a) Cuper, Ex, H, 7 ; Bonlenger» (4) De V. et P. N,^ diss. HI. 



40 PfiINTUR£B. 

k guerre. Cette interprétation, qui semble très-^asardëe, 
est appuyée sur lautorité de plusieurs auteurs anciens 
qui r^résentent ces animaux couverts de fer pour leur 
défense , et quelquefois de cuirasses d'or qui leur étaient 
données comme vêtement de luxe. Enfin ces carreaux 
tracés sur la peau des éléphants dans les médailles anti- 
ques et dans la planche qui fait le sujet de cette disser- 
tation peuvent figurer les rides qui sillonnent leurs 
peaux (i). 



PLANCHE 29. 



On voit ici une espèce de vestibule (â) avec une grande 
et belle corniche soutenue par quatre colonnes. A la cor- 
niche est suspendu un petit écusson dans lequel on dis- 
tingue une tête à p^e ébauchée. Cet ornement se rap- 
porte à Tusage oii étaient les anoiens^ d'orner leurs palais 
de petits bouchers représentant les images de leurs an- 
cêtres (3). L'invention de ce genre de décoration est at- 
tribuée par Pline à AppiusClaudius, qui orna des portraits 
de ses ancêtres le temple de Bellone ; Suorum vero cfy^ 
peos in sacro 'vel pibAUco , 'velprmitim dicare primas ins-^ 
tàuit, ut reperio, Ap. ClttùdiuSy qui consul fuit cum 
Servilio, anno CCLIX. Posait enim in BeUonie œde ma^o^ 

(i) Pline VIII , lo; Rodi^no, V, XUI, n. a et 4. 
i4,etCuper,i;'xerci/ariQyUy 9. (3) Antichilà di Ercolano, U II , 

(a) Antichità di Ercolano, 1. 1, tav. tav, XXXVI , n. 3. 



l-F.INTirHES 




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PREMIÈRE SÉRIE. 41 

res suos , placuitque in excelso spectari, ne titidos ho^ 
norum legi{i). Plus tard ces portraits furent posés dans 
les atrium avec des inscriptions et les dépouilles des 
ennemis. Apud majores hœ (imagines) in atriis erant, 
Expressi cera vultus singuUs disponebantur armarUs... 
Stemmata vero Uneis discurrebant ad imagines pictas... 
AUœforis, et circa Umina animarum ingentium ûnagines 
erant; affixis hostium spolus quœ nec emptoH reftngere 
liceret (2). 

Dans le vide qui a été ménagé au-dessous du bouclier, 
et qui figure sans doute l'ouverture d'une porte, on aper- 
çoit un arbre. Les anciens faisaient planter des arbres 
devant leurs portiques : 

Nempe înter varias nutrîtur silva columnas , 
Laudaturque domus, longos cpise prospicit agros (3). 



PLANCHE 30. 



On ne se douterait guère que cette décoration archi- 
tecturale ait pu fournir matière à de longues et pénibles 
recherches et à un immense travail d'érudition. Cepen- 
dant le bouclier et la lyre que l'on aperçoit suspendus au 
soffite de cet édifice , ont donné bien de la peine aux an- 
tiquaires qui ont essayé d'expliquer pourquoi on avait 

(i) XXXV , 3. (3) Horace I, £pùL X, aa. 

(a) XXXV, a. 

r* Série.— Peintures. A 



42 



PEINTURES. 



ainsi réuni ces deux objets d'origine et d'usage si difTé* 
rents. Il n'y a pas d'explication si extraordinaire, si 
inattendue, si recherchée, qui n'ait été avancée (i). 
La lyre est l'attribut d'Apollon; le bouclier que l'on 
aperçoit dans cette planche convient à Mars. Donc 
Apollon ou le Soleil ne forme avec Mars qu'une seule 
et même divinité (2). Alors on a compris, il est vrai, 
pourquoi les Mégariens dédièrent à Apollon une sta- 
tue tenant une lance, Xc^y^^v êxovTa (3); mais on s'est 
trouvé au milieu d'une foule d'invraisemblances qui 
ont dépouillé cette opinion de toute apparence de 
vérité. On a nommé ensuite Mercure inventeur de la 
lyre (4), et Bacchus que l'on voit quelquefois aussi 
avec cet instrument (5). La lyre unie aux armes pourra 
indiquer que ce noble instrument enfantait l'immor- 
talité des héros (6). La lyre appartiendra encore à 
Vénus, et les armes au dieu Mars (7). On sait que des 
amours de ces deux divinités naquit l'Harmonie (8), qui 
règne dans l'ordre d'une bataille, comme elle doit se 



(i) Antichità di Ercolano, t. V, 
tav. LXXIÏT. 

(2) Julien, Orat,^ IV; Macrobe, 
Sat. I, 17 et 19; Cuper, Harp.y 
p. i3. 

(3) Plutarque, de Pyth, orac.^ p. 
402. 

(4) Ératosthène, Catast., 24; Ho- 
race,!, OJ.,X,6. 

(5) Callistrate, Sat. Vm. 

(6) Homère, 7/., 1, 199; Virgile, 



uEn., IX, 777; Horace, j4rt, P. 55. 

(7) Homère, Odjrs.y 9, 266; Ovide, 
Mei.^ IV, 189, et ^ért. U, 56i. 

(8) Hésiode, 0,97 5; Hyginus, Fab. 
6 ; Pausanias , IX , 5 ; Nonnus , Dion.y 
III, H70; Lactance,I, 17; Le sco- 
liaste d*Hcsiode , hc. cit. ; Plutar- 
que, de Is, et Os.y pag. 870; de An. 
Procr, et TV/w., p. 1026 ; Artémidore, 
I, 58. 



PREMIÈRE SÉRIE. 43 

trouver aussi dans les sentiments des sujets de Vénus ; 
enfin la réunion de deux attributs si distincts et si 
opposés indiquera le secours que la lyre prêtait aux 
armes, et l'harmonie au courage des guerriers, 

^'Epicei Y^p ^vTa tÇ ai$ap(i) to xftXÔ!)ç xiOapCl^eiv (i), 

et on se rappellera que les Cretois combattaient au 
son de la cithare (2); ou plutôt, lorsqu'on aura exa- 
miné , avec quelque attention , chacune de ces expli- 
cations, on trouvera qu'elles sont aussi peu vraisem- 
blables les unes que les autres , et l'on ne verra avec 
nous , dans cette peinture , que ce que nous sommes 
forcés d'y voir, c'est-à-dire un fond blanc, des colonnes, 
des corniches, et des ornements rouges. Le fond sur 
lequel se dessine la colonne à feuillages , la bande du 
côté opposé et tous les autres fonds des ornements 
sont verts. C'est aussi la couleur des guirlandes de 
myrte attachées au soffite avec la lyre et le bouclier. 
La porte est couleur de bois , les quatre rosaces 
jaunes, les deux vases et le bassin couleur de bronze. 
Un des deux vases et le bassin contiennent des fruits. 
Ils sont portés par un vieillard couronné de myrte, 
vêtu d'un habit de dessous rouge et d'un manteau vert 
qui lui couvre la tête. 

(1) Plutarque , c/tf Jlex,fort.y Orat. (a) Plutarque , de Mus,, p. î 1 40 ; 

II y p. 335. Martianus Capella, lib. IX. 



44 PEINTURES. 



PLANCHE 31 



La composition d architecture de cette planche est la 
même que celle de la planche précédente pour le dessin 
et pour les couleurs ; seulement dans celle-ci nous avons 
de plus un masque rouge sur la colonne (i) et un 
paysage avec des figures , des constructions , des pins y 
des cyprès et de l'eau , peints au naturel. Ces deux 
objets se trouvaient sans doute dans la peinture de la 
planche 3o, à Fendroit oii l'enduit a été enlevé. Au 
sof&te sont attachés un écusson , une épée avec un 
ceinturon rouge et un bouclier ou un miroir. La jeune 
femme est vêtue d'une draperie verte et couronnée de 
myrte. C'est aussi un rameau de myrte qu elle tient de 
la main gauche. 



PLANCHE 32. 



Le fond de cette peinture est rouge. Les ornements 
sont jaunes dans les parties claires ^ et rouges dans les 
parties ombrées. Les bandçs de l'architecture sont 
vertes , avec des filets blancs. Le fût de la colonne 
entourée de feuillages, et la corbeille avec les vases 

(i) Mus. Étr, t. in, p. aïo. 



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PREMIÈRE SÉRIE. 45 

qu'elle contient sont verts aussi. Les bandelettes qui 
sortent de la corbeille , et celles qui attachent les deux 
patères au sofHte supérieur sont blanches. La guirlande 
attachée au tholus est jaune. Le grifTon et le géant 
aux pieds de serpent sont rouges , la colombe est 
blanche. 

L'idée du géant combattant un griffon est assez bi- 
zarre. Les griffons étaient préposés à la garde des 
temples y et devaient veiller sur l'or et les richesses des 
dieux; les géants étaient les ennemis déclarés des 
habitants de l'Olympe et la personnification sans doute 
des impies du paganisme. L'artiste a donc représenté 
ici la lutte de la croyance et de l'incrédulité. Ovide 
avait donné aux géants des pieds en forme de ser- 
pent (i) ou des serpents en place de pieds; et quoi- 
qu'on les conçût assiégeant l'Olympe avec des montagnes^ 
Virgile les avait imaginés se servant de l'épée et du 
bouclier : 

Tôt paribas streperet clypeis, tôt stringer^t enses (a). 

A Briarée , l'un d'eux , Ovide donne une hache de dia- 
mant : 

Immolât hanc Briareus facta ex adamante securi (3). 

Notre géant se défend avec un bouclier en forme de 
croissant, qu'on appelait pelta. 

(i) Ovide, Trist. IV; EL VII, 17 ; (2) iEoeid., X, 57 1. 

ApoUodore, I, p. 9; Macrobe, I, Sat. (3) Ftist, HI, 8o5. 

ao; Pausanias, Vlll, a^ 



46 PEINTURES. 



PLANCHE 33. 



L'architecture de cette planche semble appartenir à 
lin temple. Tout le fond de la partie qui est en pre- 
mier plan est rouge ; le long pilastre qui traverse toute 
la peinture et porte un chapiteau et un cadre barlong 
au-dessus est tout blanc , ainsi que la bande ou la cor- 
niche qui s'appuie sur ce pilastre et traverse en largeur 
toute la partie supérieure; l'autre pilastre, tenant au 
premier par une guirlande verte , est de couleur jaune. 
La corniche intérieure et la frise sont rouges. L'hippo- 
griffe posé sur la corniche est vert. Tout le reste de 
l'architecture , les corniches , les frises , les soffites , les 
colonnes j et les murs intérieurs , comme aussi les orne- 
ments du vase , l'écusson , la draperie qui y est attachée, 
l'amulette ou petite divinité ailée, avec une fleur de 
lotus sur la tête , et la colonne ornée d'amieaux , sont 
jaunes. La balustrade ou la corniche au bas de la figure 
est blanche , le fond au-dessous est vert , le vide , bordé 
par un filet blanc , est rouge. La jeune femme dont les 
yeux sont fixés sur un volume ouvert, a des cheveux 
blonds foncés , noués sur la tête , sans aucun ornement ; 
sa tunique est verte, et son manteau d'un rose pâle. 
Cette jeune femme est sans doute une jEditua ou une 
autre fonctionnaire du temple , occupée à lire les hymnes 
sacrés , ou les prières. Les prières publiques avaient 



PEINTURES . 



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A. d H . V. 4.P.305 

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PREMIÈRE SÉRIE. 47 

ordinairement trois objets : le salut de l'âme, la santé 
du corps , et les événements étrangers à ceux qui 

priaient : xpcoTiarai ûicàp tyîç '{'^^^ç acùmpiaç , ^eur^pai Oirèp ttîç twv 
(TcopiaTcov eùxpaffiaç , Tptrat ^è ÙTràp tûv éxTOç èi7t[JLe>.ou[x^vai ( I ). Les 

stoïciens renfermaient leurs vœu^t dans des bornes plus 
étroites, et ne priaient jamais que pour eux : Roga 
honam mentem, bonam ualetudinem animi, deinde cor- 
poris. Quidrd tu ista Dota sœpe fadas P AUdacter Do-- 
minum roga, nil illum de alieno rogaturus (2). Enfin 
Horace était encore moins exigeant , il ne priait que 
pour son corps, et s'inquiétait peu de son esprit. 

Sed satis est orare Joyem qui donat et aufert ; 

Det vitam y det opes ; aeqiium mi animum ipse parabo (3). 



PLANCHE 34. 



Cette peinture est sur fond rouge, et semblable pour 
la disposition des couleurs à la planche 32. La guirlande 
est verte; les bandelettes qui la terminent sont blan- 
ches ; les instruments posés à l'extrémité du balustre du 
milieu sont verts et couverts en partie par une draperie 
rouge. Le griffon est rouge et le corbeau noir ; les 
ornements de l'architecture sont jaunes dans les clairs 
et rouges dans les ombres ; les bandes sont vertes , et 

(i) Proclus, lib. H, in Tim.y p. 6/|. (3) Horace, EpisL 18. 

(a) Sénèque, Epist. 10. 



48 PEINTURES. 

leurs filets blancs. Les fûts des colonnes sont verts aussi , 
et les patères ont une couleur de métal. 



PLANCHE 35. 



Cette planche comprend deux fragments. Dans celui 
de droite, la bande inférieure est verte; celle qui suit 
est d'un blanc sale ; celle qui vient immédiatement 
après, et qui est ornée de petits boucliers , est jaune. 
Le piédestal, les feuillages et le vase sont rouges. La 
colonne qui sort du vase est d'une teinte entre le bleu 
et le vert ; la branche qui s'entortille autour est rouge. 
Le rouge est aussi la couleur du chapiteau , de la cor- 
niche , à l'exception du fond et de l'ornement (jui sont 
de la couleur même de la colonne, mais les triglyphes et 
les métopes sont rouges. La grande bande perpendicu- 
laire ou le pilastre est vert. L'autre colonne qui s'élève 
sur la corniche est jaune, ainsi que tous ses ornements, 
les feuilles et les anneaux. Le cadre du petit tableau est 
rouge. La marine , avec les constructions , les galères , et 
les figures, est peinte de couleurs naturelles. Sur ce petit 
cadre , est posé un bâton ou une oolonnette qui soutient 
un van ou un vase d'argent , dans lequel est posée l'ex- 
trémité d'une guirlande verte tressée avec des bande- 
lettes rouges. Sur le second plan est une espèce de 
parapet avec une ouverture au milieu et une corniche 
jaune. L'oiseau qui s'y repose est d'un blanc tirant sur le 




^C'rpAtrf-f^etitJr/ie.' /.f./-\^rfrti/iii 



50 PEINTURES. 

que les Chinois ont un goût très-prononcé pour les ara- 
besques , on a supposé que ce genre de peinture avait 
pris son origine en Egypte , d'où il aurait été apporté 
aussi en Grèce et en Italie. Mais nous avons déjà cité 
un texte de Vitruve qui attribue la création de ce genre 
à la corruption du goût chez les artistes de son temps. 
Nous admettrons l'autorité de Vitruve ; et nous attri- 
buerons aux peintres de l'Italie et de la Grèce la créa- 
tion des arabesques. Seulement nous n'aurons pas la 
force de nous récrier avec lui contre une invention qui 
a produit chez les anciens des décorations aussi gra- 
cieuses que celle qui fait le sujet de cette planche et de 
plusieurs autres de cet ouvrage ; et chez les modernes, 
de nombreux chefs-d'œuvre. 

Notre second fragment nous offre , sur un fond noir, 
une architecture jaunâtre, à l'exception des deux en- 
roulements posés sur les deux corniches. Ils sont rou- 
ges, les guirlandes vertes, l'aigle rougeâtre, le disque 
sur lequel il est posé , jaune , le candélabre rouge , le 
petit tableau, ou l'on voit un cheval marin, vert, et 
les deux cadres latéraux , jaunes. L'aigle et le disque 
ou la patère font penser que cette décoration a quelque 
rapport avec Jupiter. 

Le premier fragment conviendrait à Vénus par la 
colombe ; mais nous ne voulons voir ici que des ar- 
rangements dépourvus de toute autre intention que 
celle de la grâce et de l'harmonie. 



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PREMIERE SERIE. ôl 



PLANCHE 36. 



Trois décorations diverses composent cette planche. 
La première est un candélabre jaune , surmonté d'un 
aigle jaime aussi. Il a pour appui un sofBte de la même 
couleur, orné de deux arabesques blanches qui se ter- 
minent par deux fleurs jaunes. Le reste de la peinture 
est noir, à l'exception d'un autre morceau de candé- 
labre en spirale qui porte, dans sa partie supérieure, 
des arabesques avec des fleurs et une patère au-dessus. 
Tous ces objets sont jaunes. 

De l'autre côté, est un ornement du même genre 
que le précédent. On y voit un candélabre jaune qui 
porte un sphinx ailé, jaune aussi, avec une fleur sur 
la tête et une draperie blanche posée sur ses ailes. Le 
sofBte supérieur est jaune ; la bande qui le! surmonte 
est blanchâtre ; celle qui vient après , est rouge. La 
figure ailée qui finit en arabesque est blanche. La troi- 
sième bande est blanche aussi , et au-dessus s'élève un 
candélabre blanc avec une patère ou un disque de cou- 
leur jaune. 

Le fragment du milieu est sur fond blanc. C'est 
d'abord , et en commençant par le bas , un morceau 
d'obélisque , dont les parties claires sont jaunes , les 
parties ombrées rouges et vertes. La figure rouge posée 
sur le triangle a des ailes jaunes et une petite draperie 



52 PEINTURES. 

blanche qui descend de ses épaules et se croise sur sa 
poitrine. Elle porte sur sa tête un fragment d'obélisque 
semblable au premier. Sur ce second fragment est posée 
wie autre figure égyptienne dont la carnation est rouge. 
Sa coiffure y qui descend jusque sur ses épaules, est bleue. 
Son petit panache est rouge ; la bande qui lui couvre 
la poitrine et les épaules est bleue, jaune, et rouge. Son. 
tablier est bleu , et la draperie dont elle est vêtue , de- 
puis la ceinture jusqu'à mi*cuisse, est rouge et rayée 
de jaune. De la main droite elle tient un serpent de 
couleur blanche, et de la main gauche, un petit seau de 
couleur jaune. Les deux figures de ce fragment de- 
mandent une courte explication. On voit dans la Table 
Isiaque un monstre semblable à celui représenté dans 
cette planche; et, quoiqu'on l'ait pris pour une sirène, 
nous pourrons donner au nôtre le nom d'Ibis à face 
humaine. Cette explication est confirmée jusqu'à un cer- 
tain point par l'usage oii étaient les Égyptiens de donner 
des visages d'homme à certains animaux. 

L'autre figure est une Isis, autant qu'on peut en juger 
aux traits féminins du visage, à la coiffure et au serpent. 
Cependant le tablier relevé en cône convient plutôt à 
Osiris (i). 

(i) AntichitÀ di Ercolauo, Pitutre^ 1. 1, tav. L. 



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PREMIÈRE SÉRIE. 53 



PLANCHES 37 ET 38. 



La bande perpendiculaire qui partage en deux cette 
décoration , a , dans sa partie supérieure y un rectangle 
dont le fond intérieur est vert. Il est entouré par un 
filet blanc autour duquel est une petite bande verte; 
après vient un autre filet blanc , puis une bande rouge ^ 
et enfitn une ligne extérieure noire. Cette ligne noire se 
prolonge dans toute la partie inférieure de la bande per- 
pendiculaire. Elle entoure une petite bande verte qui 
est terminée en dedans par un filet blanc , séparé d'un 
autre filet blanc par un filet noir intermédiaire ; et ainsi 
de suite, les filets et les bandes sont noirs et blancs. Des 
petits cadres enfermés par ces filets qui , superposés Tun 
sur l'autre , forment la base perpendiculaire dont nous 
avons parlé , le premier a un fond couleur de laque et 
une fleur jaune; le second, les quatre angles rouges, et 
le petit écusson intérieur avec une fleur jaune sur un 
fond vert. Le troisième correspond au premier, le qua- 
trième au second et ainsi de suite. 

Les deux champs à gauche sont bleus. La bande qui 
les sépare est sur fond noir, et les deux lignes latérales 
blanches et entremêlées de petites marques rouges. Cette 
bande intermédiaire est ornée d'un grand thyrse, dont la 
pointe de fer sort d'entre des feuilles de lierre de couleur 
verte. Ije fût du thjrrse est verdâtre; les petits rameaux 



66 • PEINTURES. 

est un fond rouge divisé par de petites lignes perpendi- 
culaires et blanches. Les constructions, à gauche, sont 
blanchâtres ; la colonne est blanche , mais sa base est 
rouge. Sur la droite , on voit la partie inférieure d'une 
figure qui paraîtra tout entière dans la planche suivante. 
On a remarqué que dans les peintures ou les bas-reliefs 
antiques qui représentent des salles tricliniaires , on voit 
souvent sur les corniches de petits garçons tenant en 
main des corbeilles de fleurs qu'ils répandent, ou des 
rameaux , ou des draperies destinées à décorer les mu- 
railles (i). On pourra prêter à cette figure la même 
intention , à moins qu'on ne veuille qu'elle ait un rap- 
port plus ou moins direct avec les Bacchanales repré- 
sentées dans les frises. 

Le sujet qui se trouve au bas est divisé en deux 
parties. 

La partie inférieure est une frise de Xapodyterium des 
Thermes de PompéL On y voit, sur un fond rouge, 
des chimères, des dauphins et des Ijrres. 

La partie supérieure appartient au frigidariwn du 
même édifice. C'est encore une frise où l'on a incrusté 
en stuc blanc , sur un fond rouge , des Amours con- 
duisant des biges , et précédés par d'autres Amours 
à cheval. 



(i) Orsin., Appendix à Ciaccon., de TricUm.^ p. a43; Pignor., d^ «Sif n*., p.167. 



PREMIÈRE SÉRIE. 57 



PLANCHE 39. 

La partie inférieure de cette décoration a été décrite 
dans la planche précédente, où l'on n'aperçoit qu'une 
partie de la figure que nous voyons tout entière ici 
sur la corniche. La carnation de cette figure est déli- 
cate ; ses cheveux blonds sont couronnés de feuilles. 
Elle a des ailes bleues. Un ruban jaune descend de son 
cou et se croise sur sa poitrine ; ses bras et ses jambes 
sont ornés de petits anneaux ; elle tient de la main gauche 
un sceptre de couleur jaune , et de la droite une verge, 
jaune aussi. Les couleurs de l'édifice sont les mêmes 
que dans la planche précédente ; mais ici elles sont plus 
vives et mieux conservées. Nous voyons encore ici de 
plus que dans la planche précédente , un soffîte soutenu 
par quatre colonnes vertes avec des corniches blanches 
et jaunes ; Vautre soffîte où sont attachés une guirlande 
verte et un ruban blanc, est jaune aussi. La corniche 
de droite, appuyée sur deux colonnes vertes coupées 
par deux traverses jaunes , a des ornements blancs sur 
fond rouge. L'appui qui porte les colonnes et où l'on 
distingue plusieurs ouvertures en perspective, est noir 
tirant sur le rougeâtre. 

PLANCHE 40. 

Le fragment de décoration que nous voyons ici semble 

r* Série.— Peintures. g 



58 PEINTURES. 

représenter la partie supérieure du vestibule d'un palais. 
NohiUbus facienda sunt vestibula regalia, alta cutria , 
peristylia ampUssima (i). On voit, à gauche, trois co- 
lonnes , y compris la plus avancée, qui ressemble à un 
terme ou à une caryatide. Il faut en supposer autant 
sur la gauche, sans tenir compte de celle qui s'avance, 
isolée et sur le premier plan, avec des ornements bi- 
zarres et entre autres un monstre marin. Ces six colonnes, 
avec un chapiteau d'ordre composite, supportent un 
dais, où l'on doit remarquer une frise d'une grande 
richesse. Par le vide de la porte , on entrevoit une co- 
lonnade ionique qui réveille l'idée d'un atrium ou d'un 
cavedîum. On a beaucoup controversé sur le vestibule 
et l'atrium. Les anciens eux-mêmes, et les jurisconsultes 
surtout, ont beaucoup écrit pour établir la différence 
qui existait entre l'un et l'autre (2). Il paraît cependant 
bien établi que le vestibule était sur la ruej et entoure 
quelquefois de portiques. L*atrium était dans l'intérieur^ 
et la première pièce de l'appartement (3). 



PLANCHE 41. 



Cette peinture semble se composer de trois parties 

(i) Vitruve, VI, 8. la loi i57, t. Vm, p. 599 et 544, 

(2) Aiilu-Gelle, iV. A,, XVI , 5 , et et Obs, XIV , 1 , t. III, p. 390 ; Paul., 

Gronovius, Budce sur la L, a45 de L. 19, $ i, Comm,div, 
F. S, ; Cujas sur la même loi 24-^, sur (3) Vitruve , VI , 3 , 8. 



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PREMIÈRE SÉRIE. ô9 

distinctes, cpii n'ont entre elles d'autte rapport que celui 
de l'ajustement* En effet les trois colonnes supportées 
par des piédestaux ne se lient en aucune façon à Tédi- 
fice. Elles ont été empruntées sans doute à quelque 
construction dont elles faisaient partie, et placées ici 
pour la grâce et l'effet de cette composition. On sait 
que les temples avaient toujours un nombre impair 
dç gradins, pour que le pied droit qui devait; monter 
le premier gradin, fut aussi posé le premier dans le 
temple : Gradus in fronte ita, constituendi ^ uti sint 
semper impares ; namque quum deootro pede primas 
gradus a^cendatur , item in summo templo primas erit 

ponendus{i). 



PLANCHE 42. 



Le fond de cette peinture est d'un rouge foncé. L'aigle , 
la guirlande et toute l'architecture sont jaunes. Le 
paysage avec une vue de la mer, de petites barques et des 
pêcheurs, est peint de couleurs naturelles. L'aigle, âppç 
%$^ ^wfikih^ oicdvûv, le roi et le prince des oiseaux (2), avait 
été qhpisi par Jupiter, comme le symbole le plus expres- 
sif de sa puissance et de son empire universel. Les rois 
de la terre imitèrent le roi de l'Olympe , et virent dans 
l'oiseau de Jupiter, l'expression du pouvoir et de la vic- 

(i) Vitruve. 

(1) Piodare, I , i , 73 , P. I , lo , Oi., XIU , 3o. 



60 PEINTURES. 

toire (i). Plus tard les Romains placèrent son image en 
tête de leurs légions , et désignèrent par une aigle à deux 
têtes la réunion de deux légions différentes. Enfin ce 
signe fut adopté pour indiquer les deux empires d'Orient 
et d'Occident (2); et comme les empereurs avaient em- 
prunté son aigle à Jupiter, les impératrices prirent le 
paon à Junon. 

Deux oiseaux occupent les deux cadres latéraux de la 
vignette. Dans le milieu est une espèce de volière , avec 
un bassin où nage un canard. Sur les côtés sont deux 
barrières en treillis , dont la couleur semble indiquer des 
roseaux. Les anciens mettaient beaucoup de luxe à cette 
partie de leur ménagerie. Ils en attribuaient l'invention 
à M. liélius Strabon de Brundusium (3). 



PLANCHE 43. 



Cette décoration est dans le même goût que la précé- 
dente. Le fond est rouge. L'architecture au-dessus des 
guirlandes et les ornements sont jaunes , les enroulements 
et le paon sont de couleiu* blanche. Les couleurs du 
paysage sont naturelles. L'oiseau de la partie inférieure 
est jaunâtre. 

Le paon, eh grec xotoç, fut ainsi nommé, parce qu'il 

(1) Servius, jEn.yl,^^; 11,691; de NohiUt.^ IV, 17, p. loaSetsuiv. 
IX, 564 ; Begcr, 77i. Br,y 1. 1, p. 148. (3) Vairon, de Re rusiic, , in , 5. 

(3) Vossîus, 7//o/., ni, 76; Mattei, 



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PREMIÈRE SÉRIE. 61 

étend ses ailes, âwi vriç riamç tôv TCTspôv (i). Il était, chez 
les anciens comme chez nous , le symbole de la vanité (2). 
Attribut de Junon , il indiquait la grandeur, les richesses 
et l'orgueil de la reine de l'Olympe (3). Il dut son origine 
à la métamorphose que subit Argus, dont les cent yeux (4) 
furent transportés dans la queue de ce bel oiseau (5). 

L'autre oiseau de cette planche est un second paon 
ou une huppe , confondue par Aristote et par Escu- 
lape avec le coucou (6) , aussi consacré à Junon (7). 



PLANCHE 44. 



Le fond de cette peinture est noir. La corniche du ca- 
dre barlong supérieur est blanche, la bande tracée au- 
dessous est jaune. D'un petit écusson vert sortent deux 
rameaux verts aussi. Hs ont des fleurs blanches, et portent 
des oiseaux rouges. Au-dessous est une petite bande rouge 
entre deux filets blancs. La partie extérieure de la niche, 
les dauphins et les autres ornements qui en décorent le 
sommet sont jaimes; l'intérieur du tholus ou de la pe- 
tite coupole est vert. Les petites guirlandes sont vertes 



(1) Athénée , IX , p. 367. (4) Martial, XIV, Ép. 85; Servius, 

(a) Ovide, Mét^ Xm , 80a; jért, I , jEn.y VU , 790. 

6a7; Philostrate, Her,^ cap. i5 ; Im. (5) Ovide, Met.y I, 7*1. 

n, 3a ; Aristophane, Ach.^ 63; Lu- (6) Saumaise, Ex. Piin,yp, 168 et 

cien , Nig.f 1 3 ; Pline , X , ao. 169. 

(3) Falgence, Myth.y II, 3. (7) Pausanias, II, 17. 



62 PEINTLIŒS. 

aussi. Des rameaux verts avec de petites fleurs blanches, 
entourent deux baguettes jaunes. Le socle de la niche est 
rouge. TjC petit Amour a des ailes vertes et des cheveux 
blonds. Son bras porte une draperie rouge, une de ses 
mains un bâton pastoral, et l'autre une flûte de Pan. Sa 
couronne semble faite de feuilles de pin. Tous les attri- 
buts de cette petite figure appartiennent au dieu Pan (i), 
ce qui pourrait faire croire qu'on a voulu représenter ici 
le Génie de Pan; mais il est peut-être plus naturel de 
voir ici une représentation de l'amour pastoral , ou du 
goût de l'âme pour la vie champêtre. La flûte de Pan 
exprimait l'harmonie et la concorde , et le pin était un 
symbole de la chasteté et de l'amour pudique, 

Pronuba nec castos accendet pinus odores (a). 

Les vierges s'en faisaient des couronnes (3) , et les tor- 
ches qu'on portait à la cérémonie des noces étaient tou- 
jours faites de bois de pin. 



PLANCHE 45. 



Cette composition est traversée dans toute sa largeur 
par une grande corniche jaune. Sur la droite cette cor- 
niche porte un masque de satyre (les cornes çt les oreilles 

(0 Ovide, MéL^ I et XIV; Forau- (3) Callimaque, H. in Dian.y ai ; 

tus y in PauL ; Servius , EcL^ H , 3 1 . Longus , Pastor , liv. 1; Pascalius, VI^ 
(a) Virgile, Ciris , v. 439. a8. 



PEEMIÂRE SÉRIE. 63 

de bouc ne permettent aucun doute à ce sujet) , dont la 
face et les cornes sont couleur de bronze. Les yeux ont 
la prunelle noire, et le tour de la paupière vert. Les 
oreilles sont rouges et les cheveux châtains* Le fond 
de la niche ou de l'armoire dont ce masque occupe le 
devant est pourpre , et traversé par de petits filets blancs. 
Le pilastre tout à fait à droite est bleu. C'est aussi la cou- 
leur des deux anneaux qui terminent les deux côtés de 
l'autre partie de la peinture. I^s deux filets qui les traver- 
sent en long sont blancs. La bande supérieure et la petite 
bande latérale plus étroite, qui encadrent le paysage, 
ont une teinte jaune foncé. Le fond est bleu de ciel ; les 
arbres et les rochers sont peints au naturel ; la tente , 
dont un bout est attaché à un arbre, est blanche. C'est 
encore la couleur de la colonne posée sur le rocher et 
surmontée de son abaque , et des deux autres colonnes 
superposées , qui figurent au premier plan. A la colonnette 
de dessus est un instrument angulaire, dont il ne nous 
reste qu'une partie , et que nous ne pouvons déterminer 
à cause de la dégradation de la peinture. La draperie 
qui décore la colonne inférieure est bleue, celle qui 
part du pied de la petite colonne est rouge. Auprès de ces 
colonnes est un jeune homme agenouillé : il est couronné 
de rameaux verts ; ime draperie brune couvre ses cuisses , 
qui sont cachées aussi par une peau de bête de couleur 
jaune dont on aperçoit la tête. Ce jeune homme est 
d'une carnation bronzée ; il tient de la main gauche un 
bâton pastoral , et tend sa main droite vers une jeune 



64 PEINTURES. 

femme assise sur une grande pierre. Elle est nue jusqu'aux 
cuisses, qu'elle enveloppe ainsi que ses jambes dans une 
draperie jaune et doublée de pourpre. On ne peut guère 
distinguer ce qu elle tient de la main droite. C'est une 
f feuille comme on en voit souvent entre les mains des 

nymphes, ou un objet de toilette qui lui sera utile dans 
le bain , en supposant qu'elle va se baigner. 

L'idole placée au-dessous de l'arbre est rouge. Elle a 
sur la tête un ornement, qui peut être une fleur de lotus 
ou un boisseau, attribut de Sérapis, donné quelquefois à 
Isis frugifère (i). Le vase ou la corbeille qu'elle tient de 
la main droite convient aussi à Isis, à qui l'on attribuait 
l'invention du froment et de l'orge, dont on lui offrait les 
prémices (a). Dans sa main gauche est un bâton pasto- 
ral (3) , ou une faux. Tous les attributs de cette idole ont 
rapport aussi à la déesse Paies , dont le culte remontait à 
l'antiquité la plus reculée (4) 6t l'ornement de la tête 
ressemble au tutulus des divinités étrusques (5). La table 
ou base qui porte cette idole est rouge aussi ; elle re- 
tient un long thyrse orné, ainsi que l'arbre, de ban- 
delettes de couleur incertaine. Sous le rocher et dans 
une espèce d'antre, orné de guirlandes et de dra- 
peries, on voit sur une base blanchâtre trois petites 

(i) Cuper, Harp,^ p. 35 et 46; 33 1,11. 65. 

Macrobe, .Va/., I, ao, et Cuper, loc. (4) Ovide, FasL, IV, 7ao et suiv.; 

cit., p. II. Vossius, IdoL, IX, 34; Tibulie, II, 

(2) Diodore, I, a4 ; ibi Wesseling. EL a3 et suiv.; Plutarque , in Rom., 

(3) V . la Table isiaquc ; et le Anti- p. a4. 

chità di Ercolano, Osserv.^ t. H, p. (5) Musée étrusque, 1. 1 , p. 3a. 



PREMIÈRE SÉRIE. 65 

idoles peintes en vert. Celle du milieu est plus grande. 
Elle tient de la main droite une patère, de la main 
gauche un thyrse , ou un autre attribut. T^s deux au- 
tres ont sur la tête un ornement, qui est peut-être une 
fleur de lotus. On a vu dans d'autres monuments anti- 
ques (i) les trois statues réunies dlsis, d'Osiris et d'Har- 
pocrate encore enfant ; et nous pouvons donner les mêmes 
noms à nos trois idoles. Cependant, et pour expliquer 
Tinégalité de leurs tailles , il vaudra peut-être mieux voir 
Isis dans la statue du milieu , et , dans les deux petites 
statues latérales ses deux enfants (2); Diane, que les Égyp- 
tiens appelaient Bubasté, et Apollon, qu'ils adoraient 
sous les noms d'Orus et d'Harpocrate (3). 

Le jeune homme agenouillé est certainement un faune ; 
ses oreilles de bouc, son bâton pastoral, la peau dont il 
est à demi vêtu , en sont des preuves assez plausibles. Il 
faut croire alors qu'on a représenté ici les amours d'un 
faune et d'une nymphe. Le paysage, avec ses arbres, ses 
rochers et son antre décoré de guirlandes, est en rapport 
parfait avec une scène de ce genre : satiricœ vero ornantur 
arboribus, speluncis, montibus, reliquisque agrestibus 
rehus (4). Quant au mélange que l'on a fait de la mytho- 
logie grecque et des fables égyptiennes, et au disparate 
que forment entre eux le faune, par exemple, et Isis, il 
faut dire que l'Egypte et la Grèce avaient fait un échange 

(i) Cuper, Harp,^ p. 35 et 46 ; (3) Cuper, Harp. , p. 4- 

Pignorio, in Àuctar, (4) Vitruve, V, 8. 

(a) Hérodote, II, i56. 

I'« Série. > Peintures 9 



66 PEINTURES. 

mutuel de divinités et de superstitions (i ). Cette peinture a 
reçu aussi une explication historique, et, quelque peu fon- 
dée qu elle soit , nous devons la rapporter. Le faïuie a 
paru être M. Antoine, et la jeune nymphe Cléopâtre, dont 
les amours auraient été représentés dans cette scène, 
sous une forme allégorique. Une pareille explication est 
fondée sans doute sur des textes de Plutarque et de Ser- 
vius, desquels il résulte que M. Antoine aimait à pren- 
dre le nom et les attributs de Bacchus (2) , et que Cleo- 
pâtre voulait passer pour Isis (3) , qui , selon les Égyp- 
tiens, était femme et fille d'Osiris, le Bacchus des Grecs. 

Nous avons dit qu'une des idoles avait une couleur 
rouge. Il ne sera pas inutile de rappeler à ce sujet que les 
anciens teignaient de rouge les statues de Bacchus et de 
Priape (4) et que, certains jours de fête , on barbouillait de 
miniiun la face de Jupiter. On prétend que cette teinte 
était donnée aux idoles pour exprimer la couleur du So- 
leil , avec qui toutes les divinités avaient un rapport plus 
ou moins direct (5). Les triomphateurs se peignaient le 
corps de couleur rouge , sans doute pour s'assimiler aux 
divinités (6). 

L'ornement inférieur est formé par des têtes de Méduse 
ailées (7), avec des arabesques, et par trois Génies qui 



(1) Pline, XXXIII, 3. (5) Rycquius, de CapiioLy cap. i8. 

(a) Plutarque, in Jntonio'y Buona- (6) Pline , loc. cU, 

rotti, MedagLy p. 446. (7) Beger, Th. Bran.y p. 553 ; Apol- 

(3) Servius, Mn,, VIII, 696. lodore, lib. IL 

(4) Pline , XXXIII , 7. 



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PREMIÈRE SÉRIE. 67 

portent des bassins remplis de fruits; celui du milieu 
porte en outre une espèce de couronne. 



PLANCHES 46 ET 47. 



Dans la décoration de ces deux sujets on reconnaît la 
partie extérieure d'un .temple dont l'architecture est 
rouge ^ à l'exception du mur où se trouve la porte; il est 
de couleur verte. Les piédestaux sont verts aussi , à l'ex- 
ception des abaques y qui sont jaunes. Les amazones sont 
vêtues d'une draperie pourpre tachetée de rouge. Elles 
ont une> chaussure verte et un bonnet rouge en forme de 
casque. Leur bouclier, que nous appelons /?e/to est bla&c, 
avec une bordure rouge. Les haches sont jaunes. Dans 
des vases couleur de métal on a placé d'un côté deux pe- 
tites branches de laurier , de l'autre , un rameau attaché 
au vase par une chaîne. 

Les amazones posées ainsi à l'entrée d'un temple ont 
fait penser que cette décoration pouvait avoir quelque 
rapport avec le temple de Diane , à Ephèse, que l'on disait 
avoir été bâti par les amazones , et dans lequel ces fem- 
mes guerrières se réfugièrent lorsqu'elles furent pour- 
suivies d'abord par Bacchus, ensuite par Hercule (i). On 
aura remarqué que les deux haches ne sont pas pareilles. 
L'une est à deux tranchants et portait le nom de bipenrds^ 

(i) Pausanias , IV, Hi ; VII, a. 



70 PEINTUBES. 

les anciens les donnaient pour attribut au Soleil (i) à 
Isis et à Serapis (a) , à FAmour (3) , à Minerve (4) , à Né- 
mésis et à Bacchus (5) et à Diane d'Ëphèse , dont le man- 
teau était orné de griffons et d'autres animaux. 

Au-dessous de la planche 4^ est un morceau de frise 
compris entre des bandes bleues avec des filets blancs. 
Dans le milieu et sur un fond blanc, on voit un cheval 
marin et deux dauphins, d'une teinte verdâtre. 

La vignette qui termine la planche 47 ^^ un petit 
cadre sur fond blanc, entouré d'une guirlande verte. 
On y voit trois vases dont la couleur imite la terre cuite, 
un oiseau peint avec des couleurs naturelles , et un cercle 
appuyé sur une espèce de piédestal. 



PLANCHE 48. 



Le champ de cette peinture est noir. Tout le nu de 
la première figure à gauche est bleu. Sa coifTure et ses 
habits sont rouges dans les ombres et jaunes dans les 
clairs. Les objets qui sont dans ses mains sont jaunes, et 
il est impossible de les distinguer. Un petit ornement 
jaune aussi sépare la première figure delà seconde, dont 
le nu est jaune , ainsi que le tablier qui descend au-des- 



(i) Servius, V, Bel. 65 et VIII, XXXVIH. 
Ecl, 27. (4) Pausanias, I, a4. 

(a) Apulée, Met, XI. (5) Buonarotû ^MedagL^ p. a43 et 

(3) Antichità di Ercolano , 1. 1, tav; 429- 






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PREMIÈRE SÉRIE. 71 

SOUS de la ceinture. La draperie qui couvre ses cuisses 
et rornement de sa poitrine sont d'une couleur azurée. Sa 
coiffure tombant sur les épaules , et le restant de sa toi- 
lette sont rouges avec des raies blanches. Dans sa main 
droite est un sistre jaune, et dans sa main gauche un ser- 
pent verdâtre. Ses deux pieds sont posés sur des sphères 
jaunes. Entre cette figure et la suivante sont deux autres 
petits cercles tenant l'un à l'autre comme deux chaînons ; 
ils sont aussi de couleur jaune. La troisième figure est très- 
endommagée. Sa taille est serrée par une draperie jaune 
qui descend jusqu'au genou. Le vêtement au-<lessous de 
la ceinture est rouge , et celui dont ses cuisses et une 
partie des jambes sont couvertes est vert avec des orne- 
ments blancs. La jambe droite est blanche , l'autre bleue. 
Entre la troisième et la quatrième figure et sur une pe- 
tite table rouge bordée de jaune est un chat d'une teinte 
jaune mouchetée, avec un collier plus foncé et un or- 
nement sur la tête. La quatrième figure a le visage , le 
cou , la jambe et le bras gauche blancs. Son espèce de cha- 
peau est rouge avec un tour et d'autres ornements jaunes; 
une draperie verte à bandes jaunes tombe de la tête sur 
les épaules. L'ornement de la poitrine a quatre bandes : 
la première est rouge, la seconde jaune, la troisième 
rouge foncé , et la quatrième verte. La petite bandelette 
qui de la ceinture descend jusqu'au genou est jaune , avec 
des broderies rouges. Le vêtement au-dessous de la taille 
est rouge, tout le reste est vert avec des raies jaunes, et 
bordé de blanc. La jambe et le bras droits sont bleus^ 



1 



72 

le sistre et le petit seau sont jaunes. Deux petits pilastres 
blancs avec des taches rouges , enferment un cadre bar- 
long sur fond rouge , dont le filet et les ornements des an- 
gles sont blancs. Le champ intérieur est vert. Le tour du 
rond est blanc , le fond rouge , et Tornement du milieu 
blanc avec des points noirs. La première des figures qui 
viennent après , a sur la tète un bonnet vert avec des or- 
nements jaunes. Une petite bande verte tombe sur Tépaule 
droite, une autre blanchâtre descend par derrière. Les 
manches sont d'une étoffe blanche à raies rouges. Tout 
Thabillement jusqu'à la ceinture est bleu ; le tablier, jaune , 
le vêtement des cuisses vert , avec des raies jaunes. Le nu 
de la cuisse et de la jambe , celui du bras et de la main 
gauche sont rouges ; le visage et le bras droit , blancs. 
La main gauche porte un disque jaune qui contient des 
objets qu'on ne peut distinguer. Le siège est vert et bor- 
dé de filets jaunes. I^a petite table qui sépare cette figure 
de la suivante est rouge, bordée de jaune et porte un 
sphinx blanc, dont les cheveux blonds sont ornés d'un 
ruban jaune. II ne reste qu'un fragment de la dernière 
figure, dont les couleurs sont imparfaitement conservées. 
Les jambes, le bras droit, et la main qui tient un objet 
difficile à distinguer sont jaunes. La ceinture et le tablier 
sont blancs ; tout le reste de l'habillement est bleu ; le 
bras et la main gauches sont blancs ; les serpents ou les 
bandelettes serrés par la main gauche sont verts. 

TiCs ornements de la bande supérieure sont verts et 
blancs, sur fond rouge. Au-dessous de la frise la petite 



PREMIÈRE SÉRIE. 73 

bande étroite qui traverse en longueur toute la décoration 
est rouge. Les ornements placés au-dessous sont verts et 
blancs. Enfin la large bande qui termine la peinture vers 
le bas, est rouge dans le chamj) du milieu, et jaune dans 
les deux champs latéraux. La petite bande festonnée au- 
dessus est d'un rouge clair. La première colonne à gauche 
imite le marbre blanc. Elle porte des lignes d'ornements 
verts et rouges alternativement. Le thyrse qui suit est 
blanc; la bande entre la colonne et le thyrse est rouge. 
Dans l'autre fragment de colonne le feuillage est vert; 
la partie entre les feuilles et les enroulements est rouge , 
le reste blanc et le morceau de pilastre au-dessus 
bleu. 

n n'est pas facile d'assigner un nom à chacune des figu- 
res de cette décoration. La première paraît être un Osiris, 
et la couleur bleue de sa carnation pourra être expliquée 
par les lignes suivantes de Macrobe : Qiubus color apud 
illos non unus est; alterum enim caerulea specie, alterum 
clard fingunt : ex his clarum superum et caeruleum infe-- 
rum vocant. Inferi autem nomen SoU datur, quum in 
inferiore hemisphœrio , idest, hiemalïbus signis cursum 
suum peragit : superi quum partent zodiaci ambit œsti- 
vam (i). De là nous pouvons conclure que les Egyptiens 
représentaient le soleil inferus . c'est-à-dire le soleil pen- 
dant le zodiaque d'hiver sous la forme d'un Osiris, à la 
carnation azurée. 



(i) Macrobe, Sat.^ I, 19. 
I- Série.-Pdnlures. lO 



74 PEINTURES. 

Le soleil ou Osiris règle les jours et les nuits, 

pourquoi la couleur bleue de sa carnation n'indiquerait- 
elle pas le jour, et son vêtement jaune et rouge, âpixe^ovD 
<fkoyotiHç (a) , la nuit étoilée ? Ou bien encore l'azur est la 
couleur de Teau, le jaune ou le rouge celle du feu; et ces 
deux éléments , vénérés par les Egyptiens comme les prin- 
cipes de toutes choses , étaient personnifiés dans Osiris (3). 

Nous sommes, du reste, les premiers à reconnaitre que 
toutes ces interprétations manquent de naturel et de fon- 
dement. Il en est de même de toutes celles qui seront 
avancées pour Fintelligence des autres figures. 

La seconde a semblé une Isis , à qui le sistre , le serpent 
et l'arrangement de la coiffure conviendraient assez. Les 
petites sphères qui portent ses pieds indiquent peut-être 
les deux globes du soleil et de la lune ou les testicules 
d'Osiris si célèbres dans la mythologie égyptienne , et qui 
figurent dans la table Isiaque (4). Quant aux autres fi- 
gures , on les appellera encore des Isis ou des Osiris ; 
et , si l'on s'en rapporte à Plutarque (5) et à Apulée (6) , 
qui prétendent qu'Osiris était représenté tout lumineux , 
sans aucune ombre, et avec un vêtement d'une même 

couleur, oùx rj^eiv <rxiàv, ou^e 7roixiX{xàv, oXX' 2v àrXouv to fcoToei^èc , 



( I ) Eusèbe , Pr, Ev,^ HI , 1 5 ; Or- (3) Cuper , Rarp.y p. 5 1 . 

phée dans le scoliaste d'Hésiode. (4) Pignor., p. i6. 

(a) Plutarque, de 1$. et Os, y t. H, (5) Loc, cit. 

p. 371. (*y) Apulée, lib. XI. 



PREMIÈRE SÉRIE. 75 

tandis qu'Isis était multicolore, blanche, jaune, rouge et 
noire , on verra autant d'Isis dans tous les personnages 
de cette décoration. Il n'y a que le thyrse , attribut de 
Bacchus, ou d'Osiris, qui réclame jusqu'à un certain point 
la présence de cette divinité. I^a forme en T des deux 
petites tables était chez les Égyptiens un symbole pro- 
pice (i). Enfin le chat était rangé au nombre des animaux 
sacrés (s). Quant au sphinx, il en est question ailleurs. 

La vignette se compose de deux fragments. Dans le pre- 
mier à gauche est une Isis à tête de vache, qui tient de la 
main droite un sistre d'une forme extraordinaire, et delà 
main gauche un bassin avec des fruits. Dans une des 
planches précédentes nous avons dit que les Egyptiens 
adoraient Isis frugifère (3). A ses pieds est un instrument 
bifurqué, qui pourrait bien appartenir à l'arpentage. Des 
instruments pareils ont été observés dans la table Isia- 
que , et comme les inondations du Nil avaient forcé les 
Égyptiens à inventer l'art de mesurer leurs champs, 
la destination que nous donnons à de pareils instru- 
ments est assez fondée. Entre autres hiéroglyphes et 
mesures mystérieuses , Clément d'Alexandrie nomme t^ç 
îixaioTJvTjç inipv (4). Une oie, attribut d'Isis , est occupée à 
béqueter une fleur. Enfin aux deux extrémités sont deux 
pilastres sur l'un desquels est un vase couvert d'une dra- 
perie. C'est ici le lieu de dire qu'il est assez probable que 



(i) Pigoor., Kircher. (3) Cuper, Harpoc^ p. 1 1. 

(a) Plutarque, loc. cit. (4) Str.^ V, p. 633. 



76 PEINTURES. 

rio des Grecs ne fut autre que Tlsis des Egyptiens : to 

yàp T^ç moç dcYoXpiflt iov Y*jvaixv)îov ^ouxepè&v loTt, xaOflcirep ËXXviveç 
rJiv loùv Ypa^udi (l). 

Dans le second fragment de la vignette on voit un loup 
ou un chien, entre deux, pilastres, sur Tun desquels est 
appuyé un carquois fermé. L'autre soutient un arc, et 
par terre est un dard ou une lance. Le loup était consa- 
cré à Apollon (2) ; et le chien à Isis et Osiris avec lesquels 
il partageait les adorations des peuples d*Égypte. C'est 
ce qui a fait dire à Juvénal : 

Oppida tota cancm venerantur, nemo Dianam (3). 



PLANCHE 49. 



Deux fragments semblables et symétriques sont réunis 
dans cette planche. Dans le premier à gauche est une 
figure sur un siège jaune. Elle est coiffée d'un bonnet 
dont le fond est rouge et les ornements jaunes. La che- 
velure ou la draperie qui lui tombe sur le dos est jaune 
aussi. La bandelette, qui du front lui descend sur 1 épaule, 
est blanche. Son bras est couvert d'une manche bleue. 
Le vêtement au-dessous de sa taille est couleur d*azur. 
Le reste de l'habillement est rouge, à l'exception du ta- 



(i) Hérodote U, 4 1 ; Cuper, Harp.^ Th. Br,y p. 438. 
p. 109. (3) XV, 8; Cuper, Harp.y p. 67. 

(a) Sophocle, ELy v. 6; Beger, 



PREMIÈRE SÉRIE. 77 

blier, qui est jaune. Le nu du bras, de la main, de la 
jambe et du pied droits est blanc; celui du bras, de la 
main , de la jambe et du pied gauches est bleu. Le long 
bâton sur lequel s'appuie cette figure est jaune. Après , est 
un sphinx de couleur fauve, coiffé d'une étoffe rouge avec 
des ornements jaunes. L'animal, posé dans Tautre fragment 
sur une table semblable à celles delà planche précédente, 
est fauve aussi, mais il a sur son dos une peau tache- 
tée , rouge et grise. La figure , assise sur im siège vert 
bordé de jaune , a tout le nu de la partie gauche et le 
visage blancs. Elle est coiffée d'un bonnet vert avec des 
ornements jaunes. Ses cheveux sont jaunes aussi. Son 
bras gauche est vêtu d'une étoffe verte avec des orne- 
ments jaunes. La partie de l'habillement au-dessus des 
cuisses est jaune , le tablier blanc , et le reste de l'habil- 
lement rouge. Le bras , la main , la jambe et le pied droits 
sont bleus. Elle a sous ses pieds les deux petites sphères 
que nous avons déjà vues et expliquées dans la planche 
précédente. Elle tient à deux mains un serpent , dont la 
couleur est jaune. Les deux champs inférieurs, l'orne- 
ment qui les termine dans le haut et les deux autres petits 
champs latéraux, sont semblables à ceux que nous avons 
décrits dans la planche précédente. Le thyrse , le cordon 
et l'ornement qui y est attaché sont verts. Les fûts des 
colonnes ornées de feuillage sont verts aussi. Entre la 
corniche et les enroulements sont des fonds noirs. Tout 
le reste est blanc. Les deux fonds noirs latéraux sont tra- 
versés par des tiges qui portent des feuilles blanches et 



78 PEINTURES. 

vertes , et des graines blanches. Les ornements qui les en- 
cadrent et ceux des fragments supérieurs sont blancs , à 
l'exception des parties ombrées qui sont vertes et rouges. 
Les colombes sont blanches ; les vases ont la même cou- 
leur 9 mais leurs ornements sont verts. Les masques sont 
blancs; ils ont cependant une légère teinte d'incarnat.* 
Dans le fragment supérieur de droite, le fond de la 
couronne est bleu ; les ornements du cylindre , d'oii sor- 
tent deux fleurs blanches , sont rouge foncé ; les petites 
bandes sont vertes, et tout le reste blanchâtre. 

Les figures et les ornements de cette peinture se rap- 
prochent tellement par leur genre de la planche précé- 
dente, que nous croyons pouvoir renvoyer aux explica- 
tions qui accompagnent notre planche 48. 



PLANCHES 50 ET 5 1 . 



Cette peinture et les trois suivantes décoraient les mu- 
railles d'une salle découverte aux fouilles de Gragnano , 
le 9 février 1769. Elles sont sur fond blanc. Les petites 
bandes festonnées extérieure et intérieure qui encadrent 
tous les sujets sont rouges et les ornements du milieu , 
verts. Les fleurs et l'intersection des tiges sont bleues, lia 
première rosace à gauche, où viennent aboutir les quatre 
tiges , a la bande extérieure et le fond rouges , la bande 
intermédiaire blanche et la fleur du milieu jaune. La se- 
conde rosace, toujours à gauche, a la bande circulaire 







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PREMIÈRE SÉRIE. 79 

extérieure rouge, Tautre blanche, le fond jaune, et la 
fleur du milieu jaune et blanche. La troisième est sembla- 
ble à la première , la quatrième à la seconde et ainsi de 
suite. Les fleurs qui ornent les angles des petits cadres 
sont rouges et soutenues par des tiges vertes , ornées de 
deux feuilles vertes aussi. 

Au milieu du premier cadre à gauche est une fleur verte 
avec une arabesque bleue ; dans le second , on voit un oi- 
seau qui tient avec ses pattes un petit rameau vert ; dans 
le troisième , une fleur dont la corolle est rouge , et l'in- 
térieur blanc et jaune; dans le quatrième une nymphe, 
dont les cheveux blonds forment un nœud sur le milieu 
de la tête. Son manteau est vert; de la main droite elle 
tient une bande jaune ; et de la gauche un carquois de 
la même couleur. Le cinquième cadre est occupé par une 
fleur et une arabesque , semblables à l'ornement du pre- 
mier des cadres que nous venons d'expliquer ; le sixième 
a pour sujet un oiseau qui déploie ses ailes. 

En passant au second rang, et en commençant toujours 
par la gauche, nous voyons dans le premier cadre un 
médaillon dont le tour extérieur est rouge , et le second 
blanc. Sur le fond, qui est rouge, est une figure qu'on dis- 
tingue à peine. Le Génie du second cadre a une draperie 
verte; il tient d'une main un bâton pastoral, et de l'autre 
une corne d'abondance de couleur jaune. Le médaillon 
du troisième cadre est entouré d'une bande circulaire 
extérieure rouge , et d'une autre bande blanche ; et, sur 
un fond rouge , est une figure qu'on ne distingue pas. 



80 PEIIHTURES. 

Dans le quatrième cadre est un perroquet auquel on a 
conservé ses couleurs ; il tient dans ses pattes une petite 
branche verte. Le sujet du cinquième cadre est un mé- 
daillon semblable aux autres pour les couleurs. Les figures 
ne sont pas bien conservées. Enfin le sixième est encore 
un petit Génie avec une draperie verte; dans une de 
ses mains est un sceptre couleur d'or, et dans l'autre 
une torche. 

.Au troisième rang, et dans le premier des petits cadres 
est un aigle peint au naturel ; dans le second , une fleur 
que nous avons déjà décrite ; dans le troisième , une nym- 
phe drapée de jaune , qui tient un instrument jaune aussi, 
un cadélabre , ou une torche , ou un javelot avec un orne- 
ment iofatpcjpiva ctxovria xai 86 f axa, (l), ^<ipt> cfaipc^Tov (â); 

dans le quatrième, une fleur déjà décrite; dans le cin- 
quième un oiseau avec un petit rameau vert; dans le 
sixième, une fleur que nous avons déjà vue. 

Au quatrième rang, et dans le premier cadre, nous voyons 
im Génie qui tient un petit seau de couleur jaune ; sa dra- 
perie est verte. Dans le second cadre, est un médaillon 
avec une colombe; dans le troisième, un aigle qui vole. 
Dans le médaillon qui vient après est un animal qui res- 
semble à un chien. Le cinquième cadre est occupé par 
un Génie qui porte ime corne d'abondance ; sa draperie 
est verte. Le dernier cadre du quatrième rang contient 
un médaillon où l'on voit un oiseau. 

(i) Xénophon, irep) 'Iinc. (a) Pollux, I, 112. 



PREMIÈRE SÉRIE. 8t 

Le second cadre du cinquième rang est occupé par 
une nymphe, qui tient un objet de couleur jaune. Elle 
est à demi vêtue d'une draperie rouge, et coiffée d'un 
bandeau blanc; ses épaules sont traversées par une cein- 
ture verte qui serre et retient sa gorge. On doit voir ici 
le strophium^ crpoçiov, qui différait du supparum en ce 

que ce dernier couvrait le cou et les épaules, et s'attachait 
au-dessus du sein : 

Non contecta levi velatum pectus amictu , 
Nec tereti j/ro/^Aia lactan tes vincta papillas (i). 

PoUux appelle cette partie du vêtement, la ceinture de la 

gorge ^ Twv [JiaaTcSv YuvaixeCcov ^&c(&a (aj, Anacréon, Taivia (3) , 

bandelette; Virgile la donne à Penthésilée; 

Aurea subnectens exertse cingula mamma? (4). 

Les ornements du troisième et du cinquième cadre figu- 
rent ailleurs; dans le quatrième et le sixième on voit 
deux oiseaux peints de couleurs naturelles. 

Dans le sixième rang nous avons trois médaillons pa- 
reils aux autres pour les couleurs. Ils semblent représen- 
ter des figures de femmes. Le paon du second cadre est 
peint de couleurs naturelles. Le Génie du quatrième a 
une draperie verte; il porte une boîte jaune. La nymphe 

(i) Catulle Carm.^ 63 , v. 65 ; No- (il) VU » 65. 

nias, XIV, 9 ; Dempster , V. 35 ; les (3) O. 20. 

commenuteurs de Térence, Eunuch,^ (4} Mn.^ 1 , 49t. 
A., II, 5, m, aa. 

I" Série.— Pdnturf». . . 



82 PEINTURES. 

du sixième cadre est à demi vêtue d'une draperie verte. 
Dans sa main droite elle tient un cancre qui indique 
peut-être la constellation du Cancer et l'été dont elle est 
le symbole (i). On a pensé aussi que cette nymphe pouvait 
appartenir au fleuve Sarnus, qui baignait les murs de 
Pompéi (2), et était renommé comme il Test encore au- 
jourd'hui pour la bonté de ses écrevisses. Les anciens 
faisaient grand cas des cancres, xapxmar, qui se ven- 
daient tout cuits avec d'autres poissons qu'on désignait 
par le nom générique d'i^Tirôv, epsètes (3). 

Les fleurs et les oiseaux du septième et dernier rang 
sont peints de couleurs naturelles. La nymphe du pre- 
mier cadre est vêtue aussi d'une draperie verte, dont le 
revers est rouge. Elle tient dans sa main droite une sphère 
bleue, et de la main gauche une feuille jaune. N'eût été 
la couleur de la pomme que porte notre jeune nymphe, 
nous aurions pu voir ici Vénus ou une des Grâces. Mais 
la teinte bleue de cette petite sphère a fait croire que le 
peintre avait voulu figurer une balle à jouer. Les anciens 
remplissaient de plumes ou de vent une peau coloriée (4), 
et se la renvoyaient de plusieurs manières qui formaient 
autant de jeux différents (5). On voyait, dit Plutarque, 



(i) Nonnus Z^/o/iji., XXXVIII, trône, cap. !i 7. 

295. (5) PoIIux,IX, io3 et 106; Eus- 

(a) Pline III, 5; Strabon,V, p. tathe O^/., 0, p. 1601; Meursius 

247. de Lud. Grœc; les commentateurs de 

(3) Athénée, III, 11; VII, 14? p* Martial, IV, 19; ceux de Suétone, 

3oo; Casaubon, ad Athenaeum, V, 3. Octav,, ch. 83; Mercurialis A. G^ 



(/,) Homère, Or/., 9, v. 373; Pé- II, /, et 5, V, 4- 



PREMIÈRE SÉRIE. 83 

un bronze qui représentait une figure lançant un ballon 
avec un bracelet de corne ; âvaxeiTat yàp cv ôxpoicoXei xa^xoDv iv 

T7i cfaipiCTpa tûv À^pTif((p(dv scepTiTi^cAv (l). Le mot x6pviTi^(ov a été 

traduit ainsi par Fabri , qui veut que les anciens aient em- 
ployé pour le jeu du ballon des bracelets semblables à ceux 
dont se servent encore aujourd'hui les Italiens, les Basques 
et les habitants de la France méridionale. Mais le mot xep?)- 
tS^siv signifie , selon Hesychius, coniscare, arietare, jouer 
avec les cornes, comme font entre eu\ les jeunes béliers et 
les chevreaux , et par extension , le prélude , les essais qui 
précèdent un jeu ou une action quelconque. Il faut re- 
connaître cependant que la traduction de Fabri , et Fu- 
sage des bracelets ou des palettes pour le jeu du ballon, 
expliqueraient deux vers d'Ovide non compris jusqu'à ce 
jour (2): 

Reticuloque pilse lèves fundantur aperto, 

Nec, nisi quam toiles, ulla inovenda pila est (3). 

Le mot reticulum signifierait une raquette dans le genre 
de celles qui servent au jeu du volant ; et un exercice à 
peu près pareil aurait été en faveur chez les femmes de 
l'antiquité. 11 est vrai que les deux autres vers d'Ovide : 

Hos ignara jocos tiibuit uatura puellis : . 
Materia ludunt uberiore viri (4)9 

(i}Plutarque, hocr^ p. 889, t. II. (3) A, A, y UI, 36 1. 

(a) BroukhusiuSy sur Properce» m, (4) A, A,^ III , 383. 

iP/.,XU,5. 



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84 PEINTURES. 

et rironie de Martial lancée contre Philénis , dont les 
goûts et les habitudes sont étrangers à son sexe , 

Harpasto quoque subligata ludit(i), 

tendraient à faire croire que le jeu de balle n'était pas 
un divertissement adopté par les femmes. Cependant , 
comme il existait plusieurs espèces de jeux de balle , il est 
assez probable que les moins fatigants avaient été choisis 
par les femmes. Les Lacédémoniennes se livraient avec 
ardeur à ce genre de divertissement (2), et Virgile ne l'a 
pas jugé indigne de figurer dans un de ses poèmes (3). 

Il nous reste à présent à faire sur la décoration de 
cette planche quelques observations générales qui se 
rapporteront aux planches suivantes. On s'accordera 
d'abord à trouver avec nous qu'il y a dans la disposition 
et dans tous les ornements de cette peinture une grâce 
et un goût parfaits; et l'on verra sans doute ici 
une imitation et peut-être une copie d'une mosaïque. 
Les anciens ornaient de mosaïques non-seulement les 
planchers (4)9 mais quelquefois encore les murailles de 
leurs appartements (5) ; nec tantum. utparietes toti(auro) 
operiantur; verum et interciso marmore^ vermictdatisque 
ad effigies rerum et animantium crustis. Ces mosaïques 
étaient copiées par les peintres , lorsqu'elles leur sem- 

(i) Martial , VII , Ep. 66. (4) Pline , XXXVI , a5 ; Vitrave , 

(a) Properce, ffl , Et. Xn , 5 ; Lu- VII, i ; Bomlenger , de PicL ,1,8; 

cien , iie Gymn , § 38 ; Athénée, 1, 1 2. Spon, Mac» Jmêk^ seet. II , diss. 8. 

(3) Ciris. (5) Pline, XXXV, 1. 



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PREMIÈRE SÉRIE. 86 

blaient dignes d'exercer leurs pinceaux. Il n'est plus 
permis de douter de ce fait , car on a trouvé une mosaïque, 
d'une délicatesse exquise, qui portait le nom de son au- 
teur , et l'on a découvert aussi une peinture qui n'était 
autre chose que la copie de cet excellent original. 



PLANCHE 52. 



Les ornements de cette peinture sont pareils, pour le 
dessin et les couleurs, à ceux de la décoration qui fait le 
sujet de la planche précédente. Ils. complétaient avec 
ceux des trois planches suivantes la décoration d'une 
muraille, dégradée aujourd'hui en plusieurs endroits, 
et l'on a réuni en quatre planches les cadres qui se sont 
trouvés le mieux conservés. 

Dans le premier cadre est une nymphe à. demi vêtue 
d'une draperie rouge. Elle tient à deux mains une es- 
pèce de corbeille. La nymphe du deuxième rang tient dç 
la main gauche une large feuille , et de la main droite une 
corne d'abondance d'oii sortent de petites feuilles. Le» 
trois petits Génies ont des draperies vertes ; l'un d'eux 
porte une espèce de massue, un autre un disque, et le 
dernier enfin , une lyre sous son bras gauche. La nymphe 

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du troisième rang est vêtue de rouge comme les deux au- 
tres ; elle élève avec une de ses mains au-dessus de son 
épaule droite le manteau qui la couvre à demi ; sur les 
doigts de sa niain gauche est posé un oiseau , qui peut 



86 PEmiURËS. 

être une colombe. La colombe était l'oiseau de Vénus , 
et un attribut assez caractéristique de cette divinité, 
pour qu'Aspasie lui fît ériger une statue d'or sans autre 
distinction qu'une colombe (i). Il ne serait donc pas im- 
possible que cette figure soit une Vénus , ou bien encore 
une déesse Suada, à qui l'on donnait pour attribut l'oiseau 
connu chez les Grecs sous le nom d'ïuyÇ , et chez nous 
sous celui de torcol (2). 

PLANCHE 52 bis. 

La première nymphe porte une boîte entrouverte que 
les Grecs appelaient xiScoriov ou Xàpvoxvi , et les Latins cap- 
sula, capsella. Nous ne saurions guère déterminer l'usage 
de la petite cassette que porte notre figure. Il est assez 
vraisemblable cependant qu'elle contient des vases sacrés 
ou des objets de toilette à l'usage des femmes (3). I^es La- 
tins avaient donné le nom de Capsarii aux exclaves char- 
gés du soin des habits pour le bain , et à ceux qui por- 
taient les livres des enfants lorsqu'ils se rendaient à 
récole (4). 

Les trois petits Génies de cette planche ont des dra- 
peries vertes. Le premier porte un sceptre ou un objet de 
ce genre qui ressemble aussi à une torche et à un candé- 

(i) iElian, V, H. XH, i. p. 59; Olearius sur Philostrate, Jp. 

(2) Pindarc, N. Od. IV, 56 et son T^an., I, a5. 

scoliaste; le scoliaste de Théocrite, (3) uEIian, loc. cit, 

1(1. n, 17; Tzetzes sur Lycophron , (4)Brîssonius,</er/^.«S.inCr7/75anVix. 



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PREMIÈRE SÉRIE. 87 

labre. Le second tient une patère , et le troisième et der- 
nier, un ornement semblable à celui qui distingue le Gé- 
nie du premier rang. La seconde nymphe porte à deux 
mains une lance ou un sceptre de couleur rouge. Sa dra- 
perie est jaune avec une bordure rouge. La troisième et 
dernière est vêtue de la même manière , elle tient d'une 
main une boîte et de l'autre un petit vase. 

PLANCHE 53. 

Les deux nymphes des deux rangs supérieurs sont vêtues 
de draperies vertes. L'une d'elles tient une cymbale dans 
ses deux mains ; ses cheveux sont noués sur sa tête de ma- 
nière à imiter le tutulus des Toscans (i). Les jeunes filles 
grecques, appelées par Homère eùwXoxaiiLoi, bien coiffées (2), 
avaient peut-être adopté ce genre de coiffure ; ce qui fai- 
sait dire qu'elles nouaient leurs tresses sur leurs têtes , 
âvaicXexecôai rà; èv t^ xtfoîk^ ^pi^aç (3). L'autre tient de la main 
gauche un objet dont on ne distingue pas bien la forme , 
et de la main droite le bord de sa draperie. La troisième 
et dernière est drapée de jaune clair ; elle porte un petit 
seau et un bâton pastoral. Des trois Génies, le premier 
porte une boîte ou un plat carré (4) et un bâton pastoral; 

(i) Pignorius,ûfe *S!tf rr., p. 394. Prudence, Psychomack\ les com- 

(a) Od, M, V. iB^i. mentateurs de Pétrone, cap. 1 10. 
(3) Pausanias, X,a5; Ovide, y^/-/. (4) Les commentateurs d'Horace, 

ni, i35 et suiv.; Manilius^ lib. V; I, Ep. 17, v. 49; Pollux, X, 8a, 

TertulHen, de Cultu fem.^ cap, 7, 1 ; IV , io3. 



88 PEINTURES. 

le second , un vase ou une corbeille ; le troisième et der- 
nier , une boîte entr'ouverte. 



PLANCHE 53 bis. 



La première nymphe est coiffée d'une manière si ex- 
traordinaire et si peu naturelle , qu'il faut supposer peut- 
être que sa coiffure est un galerum, (i), et se compose 
d'une chevelure empruntée. IjC galerum aurait été ainsi 
nommé à cause de la ressemblance de sa forme avec le 
casque, galea. Du reste , le mot galea lui-même était em- 
ployé pour désigner un certain arrangement des che- 
veux (2) , connu aussi chez les Grecs , et qui portait un 
nom différent , suivant qu'il était adopté par les hommes, 
les femmes et les enfants ; irXéyjiia Tpij^ôv «tç 6$ù âTroXYîTov , d 

èirt ocv^pûv xpidêu^oç , èiri yuvaixôv }^opu[JLêoç , lirl irociôcûv oxopmoç exa- 

îceîTo (3). Il y avait une certaine chevelure postiche à l'u- 
sage des hommes et des femmes , que l'on appelait xpu- 
€\jkoç , crobylus (4). Une explication, qui ne manquerait 
pas d'originalité, consiste à dire que cette nymphe doit 
être considérée tant pour son attitude que pour ses attri- 
buts , comme une charge gracieuse de Pallas. En effet sa 
coiffure imite le cimier, le mouvement de son bras qui 
tient le bout d'une draperie verte , est le même que celui 



(i) Pignorius, tie Sen'.^p, 892; sco- (3) Eustathe. 

liaste de Juvénal, VI , 1 ao. (4) Gonzales sur Pétrone, cap. 1 10; 

(a) Pignorio, loc. cit. Polliix, II, 3o. 




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PREMIÈRE SÉRIE. 89 

de Minerve supportant la fameuse égide ; enfin , son bras 
droit est armé, en guise de lance, d'un sceptre ou d'un thyrse. 
Les deux autres nymphes sont vêtues de draperies pour- 
pres avec des bordures bleues. La première tient de la 
main gauche des plantes dont l'espèce est difficile à re- 
connaître et cet instrument qui distingue la plupart de 
nos figures, et que nous avons appelé un thyrse, un 
candélabre ou un sceptre. La dernière appuie sur son 
épaule un objet de même forme et de couleur jaune. Des 
trois Génies le premier porte un objet carré , assez sem- 
blable à une cassette ; il est vêtu d'une draperie jaune 
clair. Des deux, autres, l'un porte un objet qu'on ne dis- 
tingue pas, et il est vêtu d'une draperie rose; l'autre, 
vêtu de vert, a sous son bras gauche une corne d'abon^ 
dance. 



PLANCHE 54. 



Tja décoration de cette planche est sur fond rouge. A 
gauche on voit une colonne jaune avec une base carrée 
de la même couleur ; la partie du piédestal , ornée d'ara- 
besques, est verte. Les griffons, les masques, et les ara- 
besques sont jaunes ; le pégase , d'un blanc adouci , et le 
tout sur un fond noir. Le champ de la frise inférieure est 
noir aussi. On y voit une Vénus dont le front est orné 
d'une couronne de perles. Cet ornement fabriqué par 

1" Série— Pcintarwi. 12 



90 PEimURES. 

Vulcain (i ), était donné aussi à Thétis et à Ampbitrite (a); 
mais la présence des deux Amours tenant en bride deux 
dauphins qu'ils excitent avec un fouet, nous décide en 
faveur de Vénus. Elle est portée par un monstre marin 
que conduit un triton. 



PLANCHE 55. 



Le fragment supérieur de cette planche est sur champ 
violet. Les piédestaux latéraux sont rouges. D'un vase 
transparent de couleur verte, orné d'arabesques vertes 
aussi , sortent des tiges de la même couleur qui portent 
des fleurs blanches. Sur une tige verticale est posé un 
sphinx de couleur jaune. Au-dessous du vase est une cor- 
niche blanche qui termine un fond noir. Entre ce fond 
et la corniche est une petite bande jaune. Sur le fond 
noir et sur une arabesque e^t posée une fleur verte , d'où 
sortent deux rameaux verts qui portent des fleurs blan- 
ches, et deux petits oiseaux rouges. Ce compartiment 
est séparé du fragment inférieur par une bande rouge 
bordée de filets blancs. Une niche jaune dont le soffite est 
vert 9 a pour ornements deux dauphins et des arabesques 
jaunes , à l'exception des feuilles et des guirlandes , qui 
sont vertes , et des petites fleurs, qui sont blanches. Dans 



(i) Ératosthène, Catast.^ 5. 

(a) Hjginus , A tir. poet.y II , 5 ; et Pausiinias , I , i •;. 



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PREMIÈRE SÉRIE. 91 

la niche on voit une Flore, dont les cheveux blonds sont 
couronnés de fleurs. Sa tunique rose est agrafée sur l'é- 
paule gauche , de manière à laisser à découvert le sein 
droit et ses deux bras , ' dont l'un porte une corbeille de 
fleurs et les plis de son manteau bleu , tandis que l'au* 
tre élève ime guirlande au-dessus de la tête. Son dos 
est orné de quatre ailes rouges qui, par leur forme et 
leurs petits yeux , ressemblent à celles des papillons. 
Les ailés de papillons étaient l'attribut qui distinguait 
Psyché , Tu^ii , l'âme , et cette fiction a peut-être inspiré 
ces vers si connus de Dante Alighieri : 

» 

Non v'accorgete voi che noi siam yermi 
Nati a formar l'angelica farfalla, 

R 

Che vola alla giustizia senza schermi? 

n Ne vous apercevez-vous pas que nous sommes des vers nés pour for- 
« mer le papillon angélique qui vole sans défense vers la justice ? » 

Cependant il ne faut pas croire que Psyché et les âmes 
ne pussent être représentées sans ailes de papillon. Ainsi, 
par exemple, l'âme de Protésilas (i), les ombres trans- 
portées dans la barque de Caron (2) , sont tout à fait dé- 
pourvues d'un attribut de ce genre, et, dans le Cabinet 
de Stosch (3) nous voyons une âme avec des ailes , il est 
vrai , mais avec des ailes d'oiseau. Gomme aussi les ailes 



( 1 ) Winckelroann , Mon, ined,^ n.^1 a 3, p. 1 64 . 
(a) Visconti, M. P. C\, t. IV, tov. XXX. 
^3) N. 868. 



92 PEINTURES. 

de papillon n étaient pas données à Psyché exclusive- 
ment. Les Saisons qui traînent le char d'Ariane et de Bac* 
chus (i), celles qui sont gravées sur un camée de Zau- 
netti (a) , celles qui ornent le bas-relief de Townley , pu* 
blié par Millin (3) , plusieurs figures de femme trouvées 
à Herculanum , et qui seront publiées dans cet ouvrage , 
enfin Morphée et le Sommeil (4) ont reçu ce gracieux at- 
tribut. On voit donc qu'il peut orner, sans aucun incon* 
vénient , la figure de Flore. L'emploi fréquent des ailes 
de papillon dans les sujets antiques est expliqué par l'in- 
tention des artistes qui éprouvaient le besoin de donner 
une couleur légère, vaporeuse, éthérée, s'il est permis 
de s'exprimer ainsi, à certains êtres mythologiques d'une 
nature que la réalité pouvait difficilement atteindre, et 
qui volaient au milieu des nuages de l'imagination. On 
donnera encore une explication plus positive et moins 
poétique de cette forme consacrée par l'art classique , en 
disant que des ailes d'oiseau auraient eu certainement 
moins d éclat et moins de grâce que les ailes de papillon 
si richement nuancées , simples ou doubles , selon le ca- 
price de l'artiste. On comprend encore que les divinités 
et les Génies du paganisme qui cheminaient, ou plutôt 
qui* volaient en silence pour arriver inattendus et à l'im- 



(i) Musée de Florence, t. I, tav. (3) Galerie mythoLy l. I, pi. XLV, 

43 , 1 1 ; Bracci , Memorie degli anti- n. 199. 

ckiincison', 1. 1, tav. XXH , n. 3. (4)Wiiickelmaiui, Mon. ined., 100; 

(a) Dactyl, Zanettiana^ tav. LXI, Visconti, Af. P. CZ.,IV, i5o. 
p. ia3. 



PREMIÈRE SÉRIE. 93 

proviste, ne pouvaient guère avoir recours aux ailes 
bruyantes des oiseaux ; 



Volat nuUos sCrepitus fadentibus aiis (i ). 



Revenons à notre peinture et à Flore qui prête tous 
ses charmes à cette décoration d'un goût si exquis. La 
belle épouse de Zéphyr commença à recevoir les honneurs 
divins , lorsque Titus Tatius eut fait voir aux Romains 
combien était grande la puissance de cette déesse ; mais 
les jeux Floraux ne furent institués que l'anSiS de Rome, 
sous les consulats de Caius Claudius Cento et de Marcus 
Sempronius Tuditanus, qui consacrèrent aux fêtes de 
Flore les amendes imposées à ceux qui avaient occupé 
le territoire du peuple romain. Cet argent ayant reçu 
dans la suite une autre destination , les fêtes furent in- 
terrompues , et les campagnes se ressentirent bientôt du 
courroux de la déesse. Les vignes et les moissons furent 
brûlées , et les oliviers stériles. Enfin , cent soixante ans 
après , on prit le parti d'instituer des jeux annuels en 
rhonneur de Flore. Alors , depuis le 28 avril jusqu'aux 
calendes de mai , le peuple se couronnait de fleurs , il 
jonchait les chemins de roses, chantait des hymnes de joie, 
et se livrait aux plaisirs de la bonne chère. Lorsque la 
nuit était venue, on allumait des torches, et on se por- 
tait en foule dans le cirque dé Flore, oii des courtisa- 
nes charmaient par leurs chants et par leur danse las- 

(1) Ovide, Méi,j XI, 65o. 



»4 PELSTURES. 

cive la multitude des spectateurs. On les voyait ensuite 
donner la chasse à des lièvres ou à des biches , et déployer 
dans ce jeu la licence la plus effrénée. Les deux lances 
qui font partie des ornements de cette peinture, se rap- 
portent peut-être à la chasse des jeux Floraux. 



PLANCHE 56. 



Le fragment qui occupe la partie supérieure formait 
la décoration d'une muraille. Il est peint sur ce stuc extrê- 
mement poli que Ton retrouve sous toutes les peintures 
de Pompéi, et qui a conservé d'une manière vraiment 
merveilleuse la vivacité et la lucidité des couleurs. Le 
fond est rouge, l'architecture jaune. La chèvre et les 
raisins ont leurs couleurs naturelles. 

Ce fragment retrouvé dans une maison qui ne peut 
avoir été habitée que par un Pompéien d'une fortune 
moins que médiocre , nous amène à établir une compa- 
raison désolante entre les classes pauvres de l'antiquité et 
celles des temps modernes , sous le rapport du bien-être 
matériel. Un misérable bourgeois, un ouvrier d'une petite 
ville de province avait la faculté de faire orner de pareil- 
les arabesques les murailles de son habitation; aujour- 
d'hui combien y en a-t-il qui puissent faire badigeonner 
les réduits où ils passent leur vie! 

Le fragment inférieur de cette planche est sur fond 



PEINTURES 



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PREMÎÈRE SÉRIE. 95 

rougé. Dan& le compartiment du milieu on a peint Ten- 
lèvemelit d'Europe. La frise sur fond blanc représente 
le combat des amazones. Cette peinture décorait une 
salle de la Maison d'Homère. C'est le nom qu'on a donné 
à un palais de Pompéi , dont les décorations ont été ins-^ 
pirées par plusieurs faits de l'Iliade. 



PLANCHE 57. 



Cette décoration appartient au même édifice que le 
fragment inférieur de la planche précédente. Elle est sur 
fond jaune. Dans le compartiment du milieu on voit 
Hellé et Phryxus; dans les deux compartiments latéraux 
de petits Génies. La frise sur fond blanc représente, 
comme celle de la planche 56 , des scènes de la guerre 
des amazones. On voit ces femmes belliqueuses , sur des 
chars , à cheval , à pied ^ combattant avec des armes di- 
verses leurs redoutables adversaires. 

Les compartiments de cette peinture sont rouges et 
jaunes. 



PLANCHE 58. 



Un cadre blanc avec une bande intérieure noire, tn^ 
ferme le sujet sur fond bleu de ciel que nous donnons 
dans cette planche. Près d'un arbre, qui paraît être un 



96 PEITfTUEES. 

chêne, on voit un petit temple tirant sur le cendré. Il 
est formé par un arc auquel on a attaché avec de» dra* 
peries jaunes une cymbale de couleur roug^e. Deux au- 
tres cymbales de la couleur de Tédifice, autour desquelles 
on a disposé des grelots, sont posées aux deux extrémités 
de Tare, l'une sur une petite colonne, l'autre sur le mur 
qui forme le derrière du temple. Sur le devant est un 
grand socle. Au-dessus du socle est une base sur laquelle 
est posée une figure de femme de couleur jaune, qui de- 
vait être voilée. Elle tient une lance de la main gauche 
et s'appuie sur une cymbale ornée de grelots , et de la 
même couleur que toute l'architecture de cette planche. 
La base ou le piédestal qui porte cette cymbale retient 
un objet barlong de couleur noire avec deux anneaux. 
Au milieu, et sur une colonnette portée par un pilastre 
décoré de bandelettes jaunes, on voit une autre figure de 
femme toute blanche , à l'exception de ses cheveux , qui 
sont châtains. La couleur blanche a été donnée aussi au 
sphinx ailé à tête d'homme barbu, qui est posé sur 
une grande base ornée d'une draperie jaune dont Fun 
des bouts tient au tronc de l'arbre. Le sphinx a le dos 
couvert d'une étoffe blanche et la tête surmontée d'un 
boisseau blanc aussi. De l'arbre on voit partir encore une 
draperie quî entoure le bras et couvre en travers le sein 
de la jeune femme posée debout sur la colonnette. Sur 
le premier plan on voit un homme à barbe blanche , et à 
la carnation bronzée. Il est à demi vêtu d'une étoffe 
blanche , porte en main une cymbale avec des grelots, et 



PRKMIKRR SERIE. 9T 

tient sur sa tête, couronnée de pampre, une corbeille de 
couleur verdâtre. 

L'explication de ce tableau , que nous venons de dé- 
crire avec la plus minutieuse exactitude, demandera quel- 
ques développements. Il règne en effet, dans sa composi^ 
tion et dans tous ses détails, je ne sais quelle couleur 
religieuse; tout y respire un profond mysticisme; et 
lorsqu'on le regarde avec attention , on se plaît à s'é*- 
garer par le souvenir dans les labyrinthes les plus obs- 
curs- de la religion grecque et des croyances égyptiennes. 

Divinités , prêtres , emblèmes , offrent ici ce double ca- 
ractère qui se montra dans le culte des villes grecques 
de l'Italie , à l'époque où elles essayèrent de rajeunir le 
polythéisme romano^hellénitjue en le retrempant dans 
sa source native. Alors , les mystères isiaques vinrent se 
confondre avec les rites éleusiniens ; et dans trois divi- 
nités auparavant distinctes , on apprit à voir le même 
personnage , adoré sous trois noms divers , aux bords du 
Nil , du Tibre et de l'Jlissus. 

Selon l'usage grec(i), d'après lequel les temples eux-* 
mêmes furent appelés ^aevu et otktm , champs et bois (3) , 
ce petit édifice est entouré d'un bois sacré; peut-être 
même ne se tromperait-on pas en affirmant que, dans Fin* 
tention du peintre, il est construit, non pas au sein 
d'une ville, mais en pleine campagne. Telle était, en effet, 



(i) Strab., IX, p. 633 et 41^; dare,0/. HI, ^1. 
Eustath., //. py 23 ; scoliaste de Pin- (2) Pollux, I^ 6, 10. 

I '* Série.— PMiituns. j 3 



9S PEINTURES. 

la coutume des temps primitifs (i), coutume que les Ta- 
nagréens conservèrent toujours , a estimant , dit Pâtisse 
nias (!à) , qu'il n était point convenable de confondre les 
habitations des dieux parmi celles des hommes.» C est au 
milieu des scènes de la nature que Ton câébrait la plu- 
part des fêtes religieuses (3) ; c est là qu on élevait Tautel 
des dieux champêtares (4) dont les édicules étaiient om- 
bragés par un bouquet d'arbres (5). Parmi ces arbres 
même , on choisissait les plus graïKb et les plus beaux 
pour les dédier spécialement à la divinité du lieu (6). Un 
reflet de sainteté se répandait sur les arbres sacrés , et 
leur attirait une espèce de culte : c est pourquoi on les 
ornait de bandelettes (7). On ne s'étonnera point de trou- 
ver, dans une composition empreinte du g^nie oriental, 
des traces de cette sorte d'idolâtrie ou de fétichisme à 
l'égard de la nature végétale , si l'on se rappelle que les 
Chaldéens y étaient particulièrement adonnés (8) et qu'il 
a fallu l'interdire aux Hébreux (9). Cette coutume était 
si profondément enracinée dans les mœurs, qu'elle dura 
longtemps après l'établissement du christianisme , quoi- 



(i) Servius, Macid.y \ir, ^a, et phane, Pitttus^ 944 ; Callim., Hymn, 

yUI, 271 ; Liban., Orat. de Tevnpl» ad Diaa.y 3&.et aSg. 

(a) IX , aa. (6) Plûi., XII , i ; Théocr., XVm, 

' (3) Scrviu5, >/•-///?«/., XI, 740. 48 ; Callini., Eymn, ad Cerer.^ 41. 

(4) Philostrat , />w., I, aS; Liban., (7) Apiil., Flor.y I; Arnob., I, 41, 
Orat. de TempL (8) Heinsius, ArisL Sacr.y p. 710. 

(5) Apollon., IV, 1714; Dionys. , (9) Deuier., XVI, ai. 
PtriegeL, v. 829 ; scoliastfs d'Aristu- 



PREMIÈRE SÉRIE. ^^ 

que sévèrement condamnée par les Pères , les conciles et 
les législateurs du moyen âge (i). 

La construction de l'édicule lui-mèitte révèle encore 
une recherche , soit d'archaisnne, soit de rusticité ; il n est 
couronné que par un demi-fronton , et le toit , s'il y en a 
un , n'a de pente que d'un seul côté : il lui manque ce que 
les anciens appelaient le/astigàim, le fronton, disposition 
architecturale qui , seloh eux , donnait tant de dignité 
aux temples des dieux , que , fussent-ils placés dans le 
ciel même ^ on ne pourrait s'empêcher de se les représen- 
ter avec un pareil ornement (la). Le peintre a donc voulu 
figurer un édifice antérieur à l'invention du fastigium , 
ou une construction rustique, qui n'avait pu se soumettre 
aux lois d'une architecture élégante et sévère. 

Le çymbalum et peut-être le tymptLHwn^ qui se retrou- 
vent cinq fois dans cette composition, étaient des attri- 
buts de Gybèle, appelée dans les vers orphiques (3), tuu.- 
iravotepmfç. Néanmoins, l'invention etTusage du tympanum 
étaient également assignés à Bacchus , comme ce dieu le 
dit lui-même dans Euripide (4)« Mais on sait que les mys- 
tères étaient à la fois consacrés à Gybèle et à Bacchus (5) ; 
on sait enfin qu'Isis elle-même se confond avec la Grande- 
Mère des dieux, et qu'on la voit souvent représentée avec^ 



(i) D. Greg.y vu, ao; Can, 84, (3) Ujrmne à la mère des dieiuc^. 

Cod, afr,\ CapiitiUùres des rois de v. 11. 

France, I , tit. 64, et Vil, tit. a36; (4) Bacch., 58 et 124. 

Lois des Lombards j I, tit. 38. (5) Euripid., Bacch,, i56 «t 5v3 ; 

(2) Cic, Orat,, 3 , 46. Strab. , X, 469 et 7 19. 



102 PEINTURES. 

du Soleil , préférèrent niêine k nom de Sérapis et con- 
fondirent ce personnage avec Bacchus (i)* Le culte de 
Bacchus barbu , sous le nom de Sérapis , était répandu 
surtout dans la Campanie (a). 

Cette explication du buste étant établie , passons à la 
petite statue de femme. 

Cette figure est debout sur une colonnette dont les 
bords retroussés poiuraient imiter une fleur de lotus , 
autre emblème isiaque bien connu. L'ombre qu'elle porte 
sur le temple indique qu'elle est placée au milieu de 
laréa, sans aucun rapport ayeo la construction du fond. 
La couleur brune de ses cheveux n'implique pas néces- 
sairement que le peintre ait voulu représenter un person- 
nage vivant ; car on voit au musée royal de Naples une 
statue de marbre blanc dont la chevelure est blonde. Nous 
remarquerons seulement que les cheveux châtains ne 
conviennent point à la flas^a Ceres des Latins (3) , mais 
plutôt à Proserpine, ou mieux encore à la dé^se du Nil, 
qui est une Cérès égyptienne. 

Rappelons-nous l'étroite liaison des cultes de Bacchus 
et de Cérès, d'une part , Liber et aima Ceres (4), d'Osiris 
(ou Sérapis) et d'Isis de l'autre. Rappelons^nous surtout 
cette inscription fameuse : 

SERAPIDI . ISIDI . LIBERO . LIBERA (5). 

(i) Jablonski, II, i , 6. ibid,\ Cic. N, D., H, 24- 

(a) Macrobe , SaL, 1 , 1 8. (5) Boni , 1, 8o ; Muratori, LXXIV, 

(3) Ovid., Amor., lll, lo , 3. 5. 

(/i) Virg. Georg.y 1,7, et Serviii^ , 



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PREMIÈRE SÉKIE. 103 

Nous en conclurons avec pleine certitude que cette 
statue représente Isis , qui est la Gérés égyptienne, ap* 
pelée Libéra, selon Maerobe ( i )« Alors, ces bandelettes, qui 
vont du sphinx à l'arbre , de Tarbre à la statue y sont 
un nouA^el emblème du lien qui unit entre elles les. dieux 
divinités de la fécondité , de Fabondance , de la vie, et 
qui les njtmt toutes deux à la nature. 

Reste à expliquer la figure assise : dans, le doute où 
nous kôsse. la perte des traits de son visage ,. nous con- 
jecturons que c est une prêtresse d'Isis-Libera qui s'en- 
tretient avec le prêtre de Liber * Sérapis. Que si Ton 
y voulait voir encore une statue , ce serait Rbea, la 
Grande-Mère des dieux, ou Gérés même; et la petite idole 
ne serait plus alors que Proserpine , appelée aussi Li- 
béra. La couleur de la robe de cette figure et l'ensemble 
de la composition laissent peu de probabilité à cette 
opinion. 



PLANGHE 59. 



Gette décoration de mur et de lambris n'a de remar- 
cpiable que la biesarrerie des deux cariatides ailées qui 
paraissent supporter le plafond. On peut y voir deux si* 
rênes , car on sait que ces monstres , suivant la Fable an- 
tique , étaient primitivement des oiseaux à tête de fem- 

(i) Maerobe, loc, ciiat* 



104 PKlNTUhKS^ 

me (i)« Ce fut seulement après leur défaite par Ulysse (li), 
que, s'étant précipitées dans la mer, les Achéloides devin- 
rent à moitié poissons. Les anciens ne les représentaient 
ordinairement que sous leur première forme (3), afin qu'on 
ne les confondit pas avec les néréides. On ne connaît 
qu'une seule exception : elle se trouve dans les médailles 
de Cumes, oii Parthénope est figurée avec une queue de 
poisson. 

Les deux têtes de Gorgone, ou les deux masques^ 
sont dessinés avec goût , ainsi que les canards et le cygne 
du milieu et les deux paons de la partie inférieure du 
lambris. 



PLANCHE 60. 



La fresque qui forme la partie supérieure de cette 
planche a été trouvée dans les fouilles de Civita. Le pre- 
mier compartiment, en commençant par le haut, a le 
fond jaune ainsi que la dernière ligne du troisième. Les 
parties et les lignes les plus obscures sont noires , et les 
clairs sont en blanc. Les sphinx paraissent gris, et la tête de 
YjElurus^ du chat sacré des Egyptiens, qui se trouve dans 
le petit carré, est d'un ton blanchâtre. On a donné aux 



(i) Ovide., Metam,, V, Ô54 ; Ser- (a) Homer., Odyss,^ XII , 173. 

vius, Georg,y I, 9, et JEn,, V. 864 ; (3) Spanheim, de Fct, num,, diss. 

Fulgcnt. , Mythol.y H , 1 1 . lU ; Monlfaucon , liv. IV y ch. 9. 



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PREMIÈRE SÉRIE. 105 

paons du deuxième compartiment leurs couleurs natu- 
relles , et au masque qui est entre ces deux oiseaux , des 
teintes d'une grande vivacité. L'autre masque offre , sur 
un fond cendré et dans un cercle d'or, un visage pâle 
dont le front et le menton sont entourés d'ornements du 
même métal. La colonne est marbrée. Peut-être cette 
peinture murale et plusieurs autres du même genre out- 
illes été faites à l'imitation de certaines tapisseries dont 
parle Pline (i). 

Le lambris inférieur, trouvé à Civita, le 19 avril 1768, 
offre , sur un fond noir, entouré d'ornements de couleurs 
variées, des oiseaux peints au naturel. 



PLANCHE 61. 



Cette fresque a été trouvée dans les fouilles <le Civita, 
en 1764. Au milieu d'un rectangle blanc, encadré de 
rouge , surmonté d'un entablement cendré et de quelques 
arabesques rouges, se trouve un hippogriffe de cette 
dernière couleur , avec les ailes grisâtres. 

Le lambris inférieur représente, sur un fond noir, 
deux oiseaux qui semblent becqueter des cerises. 



(0 Hist. Nixt., XXXVI, i5, et XXXVH, i. 



i** Série.— Peintares. 



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106 PEINTURRS. 



PLANCHE 62. 

Cette peinture murale , trouvée à Portici , ne manque 
pas d'intérêt. Elle offre de chaque côté un autel carré , 
dont la base est ornée de feuillages et d'arabesques ; au 
milieu , dans une niche fermée par un balustre , est une 
grande vasque de couleur jaune, derrière laquelle se tient 
une figure nue qui porte ses deux mains sur les bords : de 
chaque côté de la niche , un candélabre orné d^arabesques 
formées de rameaux et de feuilles découpées comme celles 
du chêne ; et sur chaque candélabre, une colombe de cou- 
leur noirâtre, les ailes déployées, et regardant le ciel. 
On soupçonne que l'artiste a voulu représenter, ou au 
moins rappeler symboliquement , le fameux vase de Do- 
done et les deux cx>lombes posées sur les chênes fatidi- 
ques. A la vérité , plusieurs auteurs ont cru qu'il y avait 
à Dodone un grand nombre de vases d'airain, qui reten- 
tissaient tous quand on en frappait un seul (i), d'où 
était venue l'expression proverbiale, « Airain de Dodone,» 
XaXxeîov AwJcovaiov, pour désigner, Un grand parleur. Néan- 
moins , Etienne de Byzance (2) a démontré la fausseté de 
cette opinion ; et , appuyé sur l'autorité de Polémon et 
d'Aristide, il a établi qu'il se trouvait à Dodone deux 
piliers , sur l'un desquels était la statue d'un jeune garçon 

(i) Auson., EpisLfXXVj a3 et licarn, I, X9;ServiuSy y£/z., III, 466. 
seci-; Ascon. , Divin, ; in Dionys. Ha- (2) Fragm, de Dod,^ t. VII, p. 114. 



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PREMIÈRE SÉRIE. 107 

tenant en main un fouet dont les courroies mobiles étaient 
agitées par le vent et allaient frapper un vase de bronze 
placé sur l'autre pilier. Strabon (i) donne une description 
semblable, sauf qu'il ne parle pas des piliers, et qu'il 
place la statue au-dessus du vase. Le fouet , ajoute cet 
auteur , avait été donné par les habitants de Corcyre ; 
d'où cette autre expression proverbiale , « Fouet des Cor- 
cyréens, » Kopxupaiwv jjià(iTiÇ, qui s'employait comme la pre- 
mière. D'autres auteurs (2) parlent aussi d'un seul vase ; 
mais , parmi eux , Philostrate remplace la statue de l'en- 
fant par celle d'Écho. 

Quant aux colombes, quelques-uns pensent qu'elles 
étaient au nombre de trois; d'autres n'en comptent 
que deux ; d'autres enfin prétendent qu'il n'y en avait 
qu'une (3). Sophocle est parmi les seconds ; Hérodote dit 
que les colombes étaient noires. Nous n'invoquerons pas 
d'autres autorités à l'appui d'une explication que nous 
ne donnons pourtant que comme une ingénieuse hy- 
pothèse. 

Le compartiment inférieur de cette planche représente 
un soffîte, c'est-à-dire, la décoration d'un dessous de 
corniche ou d'un lambris, formée par des bandes qui 
s'entrelacent à angles, droits, de manière à tracer une 
sorte de labyrinthe. C'est ce que les architectes modernes 
appellent. Une grecque. Les Latins nommaient cette 

(i) Lib. VII,p. 1^54, in excerpt. (3) Scholiast. Sophod., ThirA//?. ,, 

(a) Philostrat. , Imag,, II, 34; 174. 
Calliin.i Hymn. in De.1., a 86. 



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PREMIÈRE SÉRIE. 109 

murales le luxe de recherches érudities et' de profondes 
dissertations , dont elle avait si heureusement enrichi les 
autres monuments des villes ensevelies. 

Cette décision, nous osons le dire, a été égalementiatale 
aux progrès de l'archéologie et à ceux de l'esthétique : de 
l'archéologie , car, outre les tableaux du centre de ces 
fresques qui sont publiés et expliqués séparément^ quel- 
ques-uns de leurs détails auraient pu suggérer des observa- 
tions que personne ne fera comme ces savajïts les auraient 
faites, c'est-à-dire , avec la même conscience et les mêmes 
lumières ; de l'esthétique , car un des premiers mérites de 
ces peintures réside dans le choix des couleurs , dans 
l'harmonie et quelquefois dans le contraste des teintes , 
et il aurait fallu que la gravure, inhabile à rendre ces 
^ets, même par le clair obscur, fût accompagnée au 
moins d'une notice qui^ les indiquât à l'artiste : en outre, 
beaucoup d'objets , dessinés en petit , gagnent infiniment 
en clarté, s'ils sont décrits, expliqués ou seulement nom- 
més avec précision par un écrivain qui ait eu odcasîon 
de les voir dans toute leur grandeur sur la peinture ori- 
ginale. C'est même cette dernière considération qui a 
souvent rendu nos explications plus longues et plus 
minutieuses que ne l'auraient désiré peut-être des lecteurs 
habitués à des jouissances exclusivement littéraires : nous 
n'avons jamais perdu de vue que nous nous devûns plus 
encore à l'artiste qu'à l'homme du monde , et *qlte s'il 
est bon de nous rendre agréables à celui-ci , il importe • 
çivîint tout d'être utiles au premier. 



1 10 PEINTURES. 

Or, cette double série de travaux également inté^ 
ressauts que nous venons d'indiquer , cette double tâche 
qu'ont repoussée les archéologues , les écrivains de l'A- 
cadémie de Naples, nul aujourd'hui ne peut seulement 
l'essayer en leur place : l'heure de la description a passé 
quand le sujet a péri. Que de fois ainsi , des parents, des 
amis ont regretté de ne point avoir profité des instants 
d'une vie éphémère pour immortaliser les traits chéris 
de l'être qu'ils regrettent! A peine ces fresques magni- 
fiques étaient-elles exposées au contact de l'air, qu'aus- 
sitôt a commencé le lent et incessant travail de décom- 
position qui devait les anéantir. Bien plus , l'incurie de 
l'homme s'est jointe aux efforts de la nature , et des par- 
ties excavées ont été comblées à mesure qu'on en déblayait 
de nouvelles , et parce qu'on ne savait où porter ces amas 
de cendres: on a répété à Pompéi ce qui s'était passé au 
palais de Titus (i). 

Ainsi , de la plupart de ces chefs-d'œuvre de goût , 
d'esprit et de fantaisie, de ces grandes pages d'archi- 
tecture et de dessin, il n'existe plus en réalité que 
les fragments qui ont été détachés , sciés et transportés 
au musée, c'est-à-dire, les petits cadres faisant tableau 
que nous avons décrits dans les autres séries de cet 
ouvrage. Nul ne nous dira plus maintenant si cette ten- 
ture était de pourpre , si cette frise était peinte avec l'azur 
vestorien; si ces ornements et ces vases étaient d'or, 

(i) Voy. Peintures f 4* série, pi. 3^i. 



PREMIÈRE SÉRIE. 111 

d'argent ou de marbre ; si cet animal fantastique était 
peint en camaieu ou des couleurs naturelles ; si enfin , dans 
Toriginal, un œil exercé ne distinguait pas mieux la forme 
de ce contour indécis, l'espèce de cette fleur, ou cet oiseau 
malindiqué. Les décorations des appartements de Pompéi 
pourraient à peine, et seulement en partie, être exhumées 
de nouveau, à grands frais et pour quelques jours , après 
quoi elles périraient pour jamais. Jusque-là, elles 
n'existent plus que dans les recueils que nous avons dé- 
signés, et enfin dans le nôtre, où nous les reproduisons non 
pas peut-être telles qu'elles étaient absolument, mais 
telles qu'on les a vues et comprises dans les dernières 
années du siècle précédent et les premières de celui-ci. 

Les peintres qui voudront restituer ces fresques 
avec leurs couleurs , pourront néanmoins obtenir quel- 
que succès, en suivant les indications que nous donne- 
rons plus loin sur les panneaux les plus sombres et sur 
ceux qui n'ont qu'une teinte claire : ils mettront sur- 
tout dans le bas des lambris , et dans quelques cadres , 
ces grandes masses noires , qui devaient empêcher le 
papillotage des endroits brillants , et donner aux appar- 
tements de l'ombre et de la fraîcheur. Quant aux cou- 
leurs elles-mêmes , ils pourront se guider sur des proba- 
bilités et des analogies , en consultant ce que nous avons 
dit des fresques qui existent encore et qui ont été récem- 
ment découvertes : nous leur recommandons surtout les 
peintures entièrement inédites, gravées pour la première 
fois dans notre ouvrage d'après des dessins enluminés en 



112 PEINTURES. 

présence des modèles (i). Il faudra que le coloriste imite 
la distribution des teintes diverses , non-seulement dans 
les différents cadres et panneaux , mais quelquefois même 
dans les petits compartiments irréguliers formés par les 
rinceaux et les baguettes qui s'entre-croisent ; il évitera 
les nuances louches et ambiguës, proscrites dans un pays 
aimé du soleil; il n'oubliera pas, enfin, la dégradation 
des teintes suivant les lois de la perspective aérienne , 
dégradation que les anciens respectaient, plus soigneuse- 
ment peut-être que les règles de la perspective linéaire : 
cette dernière observation devient de la plus haute im- 
portance , dans ces compositions architectoniques ^ dispo- 
sées sur plusieurs plans, avec des échappées de vue 
irrégulières , destinées à donner plus d'espace et plus 
d'air à l'appartement. 

Quant aux accessoires , aux attributs qui réclameraient 
quelque indication fondée sur l'archéologie , la mytho- * 
logie Ou l'histoire, nous allons tenter de suppléer au 
silence des doctes académiciens , en parcourant toute cette 
suite de peintures et en nous arrêtant sur les points qui 
offrent quelque intérêt. 

Nous devons préciser d'abord le sens de cette déno- 
mination , maison de campagne ou pseudo-urbana , qui 
a été appliquée à toutes les planches de cette catégorie. Ce 
nom indique une maison située sur la voie des Tombeaux, 
maison dont nous avons parlé fort au long dans un 

(2) Voy. Peintures^ 4* série, pi. 36, Sa, 64 et 55 j et i'* série , les dernières. 



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PREMIÈRE SERIE. 113 

autre endroit (i ). Cet édifice , que Millin a cru être la villa 
d'Anus Diomèdes , parce que le tombeau de ce Pompéien 
était bâti tout en face , est appelé par Mazois (2), pseiido* 
urbcmay c'est-à-dire , maison de campagne, ou partie 
d'une qiaison de campagne , qui imite l'élégance d'une 
maison de ville (3) ; et ce savant architecte pense qu'elle a 
été trouvée en 1763. Un autre historien de Pompéi (4) 

* 

l'appelle suburbana , ce qui veut dire simplement maison 
du faubourg (5), et ne fait pas remonter cette découverte au 
delà de 1775 : il est vrai que ce dernier auteur semble con- 
fondre quelquefois cette première maison avec une autre 
habitation, située sur le même côté de la voie des Tombeaux , 
que dans son plan il appelle également suburbana (6), et 
qui est connue sous le nom de villa de Cicéron. Les re- 
cherches , l'exactitude habituelle et le talent consciencieux 
de Mazois nous feraient pencher vers son opinion , quand 
mi^me elle ne serait point confirmée par l'Académie 
d'Herculanum. Quoi qu'il en soit , la plupart des plan- 
ches que nous donnons ici paraissent avoir été trouvées 
dans cet édifice, construit avec goût, brillamment orné, 
et dans lequel on a rencontré une foule d'objets d'art 
très-précieux. Il possédait un grand nombre de salles 
et de galeries , comme on peut le voir par le plan et les 



(i) Voy. Mosaïques^ pi. i à la. tie, p. 95. 

(a) iiuines de Pompéi, IV p«rt., ($) Ulpian.» Dig,, XLIX, 4, 1. 

pi, 47. (6) W. Gell, Pompeiana, T* par- 

(3) Vitruv., VI, 8. lie, pi. a. 

(4) W. Gell, Pompeiana, I" par- 

I'' Série.-P«lntum. > ^ 



114 PEINTURES. 

coupes de Mazois : en outre, comme il occupait un 
terrain inégal, sous l'étage élevé au niveau de la voie 
des Tombes, on en avait pratiqué un autre qui formait 
d'abord comme les souterrains de celui-K^i, mais qui 
ensuite s'ouvrait* par derrière, sur la terrasse du jardin, 
comme un rez de chaussée, tandis que la suite des appar- 
tements du devant formait de ce côté un premier étage. 
Le jardin lui-même , dans lequel on voyait un bassin et 
un petit temple , et qui était entouré d'un portique , se 
trouvait encore plus bas. D'après ces indications, on ne 
s'étoimera plus que toutes les fresques rassemblées ici 
aient décoré les vastes et nombreux appartements de 
cette villa pseudo-urbana : si quelques-unes n'appartien- 
nent point à cet édifice , elles ont dû être trouvées en 
différents endroits de la ville qu'il serait impossible de 
désigner aujourd'hui. 

Dans la planche 64-65, on remarque la bizarrerie de 
la corniche, dont le fond est sombre avec quelques or- 
nements plus clairs ; on admire la multiplicité des sujets 
que renferme cet entablement, marqué d'avance au coin 
de l'époque moderne qu'on appelle renaissance ; on est 
charmé de la grâce des petites bacchantes qui font l'office 
de caryatides. Le soubassement est très-obscur ; mais la 
tenture du milieu est blanche comme tous les dessus : le 
centre présente un poëte ou un pédagogue avec son audi- 
toire et sa boite de manuscrits, sujet qui a déjà été donné 
dans les tableaux. Une forêt de petites colonnes forme un 
demi-cercle derrière la tenture, et des animaux pygmées, 



Première SÉRIE. ii5 

chèvre , mulet , lézard et tortue , que le caprice du peintre 
a placés sur le premier plan, font encore mieux ressortir 
la gracilité et l'élévation des colonnettes. Et remarquez 
bien que si la hauteur excessive des colonnes est un défaut 
choquant pour nos yeux, cela tient uniquement aux 
habitudes en vertu desquelles nous apprécions le poids 
des voûtes et des plafonds y et la résistance des matériaux 
qui forment les supports. Rendez les plafonds très-légers, 
comme les supposent les décorateurs pompéiens, et Ton 
s'habituera aux colonnes grêles ^^ employez des matériaux 
plus résistants pour celles-ci, et Ion ne s'étonnera plus de 
leur peu d'épaisseur. Squs ce rapport^ les peintures mu* 
raies ofifriront d'excellents modèles pour les construc- 
tions de fer qui tôt ou tard feront une révolution dans 
l'architecture. Un philosophe moderne, dont le système 
hardi tend à renouveler tous les arts aussi bien que toutes 
les sciences humaines, l'illustre Fourier, conjecture qu'on 
ne tardera guère à employer ce qu'il appelle l'ordre 
duodénal et même des ordres supérieurs, c'est-à-dire, des 
colonnes qui auront douze diamètres et plus encore de 
hauteur (i),. 

Dans la soixante-dixième, on observe pour la pre- 
mière fois l'emploi de bouquets de plumes ou de palmes 
au sommet d'une colonnette de feuillages. Dans un mon- 
tant noir, et sur un fond très-pâle , le fragment inférieur 
offre des palmettes d'un effet assez neuf. 

(i) Traité d'association domestique-agricole , sommaire, U., 8, 



lie PEinruEES. 

Quelques planches , comme les numéros 63 , 71, 80- 
81 , 82-83 et 87-88, oflfrent un tracé du profil de la 
corniche, qui était en stuc et portait un léger relief. 

Les portes que Ton voit , percées dans le mur et indi- 
quées aux planches 71 , 74*7 5 et 89-90, ainsi que les 
petites fenêtres de la planche 85-86 , indiquent , selon 
quelques critiques , un changement de distribution fait 
dans la maison, postérieurement à la peinture. murale, 
et peut-être après le premier tremblement de terre qui 
ébranla les édifices de Pompéi ; d'autres , considérant la 
régularité de l'encadrement de ces ouvertures , pensent 
qu'elles ont été laissées dans l'œuvre lors de la construc- 
tion de l'édifice. Les anciens étaient, en effet, assez ennemis 
de tout soin minutieux pour que le décorateur ne songeât 
pas toujours à mettre son dessin d'accord avec la dispo^- 
tion des jours et des entrées de l'appartement. Les deux 
opinions peuvent se concilier : peut-être , dans certains 
édifices y a-t-il eu changement ; dans d'autres , peut-être 
voit-on seulement absence de précautions, comme on 
le voit aux planches 77-78 et 8a-83, où rien n'empêche de 
croire que la porte a été percée ainsi de première inten- 
tion. Mais , à coup sûr, il ne fiiut pas accuser les direc- 
teurs des fouilles d'avoir commis ces mutilations : il est 
bien évident que la pièce de bois, qui avait été placée en 
guise d'architrave pour soutenir les voussoirs, a été 
carbonisée par la chaleur de l'éruption , et détruite par 
le temps; et si, dans les parties voisines du chambranle , 
le stuc a été détruit, il faut l'attribuer à la même cause , 



PR£MIÀRE SÉRIE. 117 

c'est-à-dire , à la combustion de la porte , et quelquefois 
à ce qu'il était d'une application plus récente que Fenduil; 
du reste du mur. 

Les colonnettes ioniques et composites de la planche 
73 méritent une attention particulière, à cause de leurs 
heureuses proportions. Cette fresque et la suivante, dont 
le fond est d'une couleur très^bscure, proviennent sans 
doute du même appartement : il y a beaucoup d'analogie 
dans les ornements ;^t l'on reconnaît, dans les cartoudies 
du milieu des panneaux , deux chars de Diane et d'Apol- 
lon qui font pendant , et dont nous donnons ailleurs la 
gravure (1). 

Les plantes qui sont peintes de leurs couleurs natu- 
relles, à la partie inférieure du lambris ( pL 76 ) , sont 
toujours sur fond noir , bien que tout le reste soit très- 
clair ; et il faut remarquer que , dans le cavfiedium des 
maisons pompéiennes , on plaçait ordinairement devant 
ce lambrb des caisses de fleurs et d'arbustes véritables, 
qui s'accordaient très-bien avec cette peinture. 

Les deux tiges, supportant des aigles et ornées de dau- 
phins et de murènes, donnent un cachet particulier à la 
décoration suivante, qui est presque semblable , sauf la 
voûte, à la soixante-troisième, et qui sans doute vient du 
même appartement de l'étage inférieur : à quelques attri- 
buts bachiques se mêle une intention plus noble, qui se 
montre encore dans les bucranes et les diadèmes de perles 

(1) Voyez la deuxième série des Peintures , pi. 99. 



taO PEINTURES. 

d'une salle : toutes les couleurs en sont foncées , mais le 
lambris n'est pas noir. 

Enfin y dans la planche 891-90 , qui provient du porti- 
que environnant le jardin , on obsen^e un désordre com- 
plet, une absence de symétrie choquante entre la frise 
et l'étage supérieur, entre celui-ci et le dessous, entre 
ce dernier et le lambris inférieur : une grande ouverture 
pratiquée au milieu est sans rapport aucun avec la 
peinture , et pourtant l'artiste primitif semble en avoir 
ménagé le cadre, ou bien un second artiste Ta raccordé. 
Ce désordre a pu passer autrefois pour de la variété; 
mais , k coup sûr , ce n'est point la variété dans l'unité , 
et par conséquent ce n'est point le beau. Nous ne recom- 
manderions pas aux modernes, l'imitation de ce morceau ; 
car les anciens se pont trompés aussi quelquefois : 



Lorsque sur un modèle on prétend se régler, 

C est par les beaux c4tés qu'il lui faut ressembler. 



PLANCHE 91. 

La peinture murale qui fait l'objet de cette planche 
provient de fouilles beaucoup pïus nouvelles que les pré- 
cédentes ; la disposition en est fort bien entendue. Elle 
se distingue par l'abondance et la variété des feuillages , 
tous peints au naturel , qui suivent les lignes de la dé- 
coration ou qui ornent les encadrements ; ce sont d'é- 



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PREMIERE SERIE. 121 

paisses guirlandes de laurier dans le haut, puis des feuilles 
du même arbre assemblées trois à trois et ensuite deux 
à deux j et enfin des festons de pampre : ces feuillages 
divers, le rhyton et le cymbalum suspendu , ainsi que 
la figure de griffon, semblent indiquer que la salle était 
placée sous les auspices de Bacchus et d'Apollon. Il faut 
observer que, dans un grand nombre de ces décorations, 
rétage inférieur est présenté par la perspective aérienne 
comme plus rapproché du spectateur que les étages ou 
rétage de dessus : ainsi , Tappartement semble entouré 
d'une espèce de paravent qui s'élève à peu près à hauteur 
d'homme , tandis que l'air d'un appartement plus vaste 
ou même l'air extérieur paraît circuler librement dans le 
haut : tel est le pouvoir de l'imagination sur les sens, . 
que cet artifice du décorateur pouvait tromper les convives 
et leur procurer une fraîcheur illusoire. Un effet analogue 
s'observe dans nos salles à manger, que l'on peint en 
marbre ou que l'on revêt d'un papier marbré ; ainsi 
encore la vue d'un costume, léger en apparence, cause 
un sentiment de froid pénible en hiver , de douce fraî- 
cheur en été. 

La vignette représente un fragment de grotesques tel 
qu'on en a trouvé aux thermes de Titus , grotesques dont 
nous parlerons plus loin avec quelque détail (i). Nous 
devons rappeler dès à présent que Mortb de Feltri , le 
premier, sut reproduire exactement les rinceaux antiques 

(i) Peintures, /|* série, p\. 3i. 

r* Série.- Pointurr». '^ 



122 PEINTURES. 

du genre de ceux-ci (i). Ce fut après lui seulement que 
Raphaël put confier à Giovanni d'Udine la direction de 
ces ornements pour les loges du Vatican , d'où la mode 
s'en est répandue dans tout le monde civilisé (a). Nous 
rappelons encore que c'est aux grottes que formait le 
palais de Titus qu'est due l'origine du mot grotesque, 
grottesche, et nullement, comme l'a prétendu un auteur 
italien (3), à ce que ces décorations représentaient sou- 
vent des espèces d'hiéroglyphes ou d'énigmes ( xptiimxiv, 

Une belle figure de Pan occupe le milieu de cette 
frise. 



PLANCHE 92. 



Cette fresque a été trouvée dans un édifice appelé , on 
ne sait trop pourquoi, la Maison des Vestales. C'est un 
monochrome , d'un dessin correct , quoique beaucoup 
plus vague que la gravure au trait ne l'a pu représenter. 
Quelques critiques ont pensé (4) que les personnages 
qu'on y voit sont des acteurs tragiques, et que cette 
vaste fabrique est une scène théâtrale : un seul coup 



[i) Vasari , tom.II, p. 3ao. (3) Lomazzo» TKuf. deW arte délia 

\k) Vasari, t. HI, k^, 46 et 179; piti.,lfi. 

Borghini, Ripaso ^ p. 494;Mi]izia9 (4) W. Gell , Pompeiana^ 1817- 

Memoriedegli architetti, p. 8a; Or- 1819, p. 169. 
tig., Fitrup.^ p. 96. 



PREMIÈRE SÉRIE. 123 

d'œil jeté sur la décoration scénique des théâtres d'Her- 
culanum et de Pompéi (i) suffit pour voir que cette 
décoration consiste dans une façade plate qui n'a rien 
de commun avec les ailes et les galeries avancées que 
l'on remarque ici : le manque de profondeur du pro- 
scenium antique , c'est-à-dire , de ce que nous appelons 
aujourd'hui proprement le théâtre ou la scène , n'aurait 
jamais permis de pareils développements architectoni- 
ques. ♦Notre composition est formée d'un fronton et de 
deux portiques, supportés par des colonnes à chapiteau 
composite et à petite base ronde ; plus, deux rangs isolés 
de colonnes minces à chapiteau ionique , et à base feuil- 
lée, qui supportent deux aigles, indiquant peut-être un 
temple de Jupiter. La disposition inversement symétrique 
de toutes ces parties de l'édifice était-elle quelquefois 
adoptée dans la réalité ? Nous n'oserions l'affirmer ; et 
aucun exemple d'édifice antique n'a montré jusquïci 

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un arrangement pareil. Quant à ces rangées de colonnes, 
sans utilité apparente , il est plus probable qu'elles 
n'étaient point proscrites des édifices somptueux du temps 
de l'empire ; les théories sacrées avaient besoin de ces 
espèces de jalons pour enrouler et dérouler leur marche 
sinueuse. On peut donc considérer cette peinture comme 
ofïrant quelques indications précieuses pour la restau- 
ration des édifices antiques. Le lointain montre aussi 
quel pouvait être l'aspect de certaines villes de l'Italie. 



:'i) Ruines dePomjjéiy tora. IV, par L, BaiTc\ 



124 PEINTURES. 

Les deux caryatides-hermès, placés sur les cotés, repré- 
sentent sans doute deux poëtes-célèbres, avec la lyre et le 
plectrum. L'un tient une cithare à trois cordes seulement, 
et un bâton pastoral est attaché à la gaîne de Thermes ; 
la figure et la coiffure ont quelque chose d'égyptien : c'est 
sans doute un poëte pastoral des temps primitifs ; peut- 
être , le thrace Orphée, qui visita les bords du Nil. L'ins- 
trument du second a un plus grand nombre de cordes ; 
son attribut est un flambeau ; il est coiffé à la phrygienne : 
c'est un poëte plus moderne, et d'un genre plus élevé ; le 
flambeau Indique le feu de l'ode ou de la poésie épique. 
Nous n'osons cependant point songer sérieusement à 
Homère le M éonide , ni au dieu des Vers et du jour : 
c'eût été un égal sacrilège de placer l'un ou l'autre dans 
cette position, qui était une flétrissure (i). Peut-être 
faut-il voir, dans l'un, Théocrite, qui vécut à la cour des 
Ptolémées ; dans l'autre, le chantre d'Énée : l'irrévérence 
serait moins grave ; mais ce ne sont encore que des con-. 
jectures. 



PLANCHES 93 à 98 

Cette peinture murale et ces trois plafonds sont en- 
core tirés de la collection que nous avons mentionnée 
tout à l'heure (a), et proviennent de la villa pseudo- 

(i) Viiruv. , I, i. (2) Voy. ci-dessus , p. iu8. 



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PREMIÈaE SÉRIE. 125 

urbana du champ des tombeaux. Les fleurs , les oiseaux , 
les papillons, qui forment, dans le bas de la première, 
une espèce de viridarium , sont dessines avec beaucoup 
de soin : tout cela était peint sur fond noir et colorié avec 
beaucoup d'éclat ; les barreaux du treillage étaient verts ; 
les deux pilastres, d'une teinte assez claire, laissent entre 
eux une des ouvertures du portique qui entourait le 
jardin du côté de Thabitation. On remarque encore un 
manque de symétrie dans la partie placée au-dessus de 
la corniche ; les trous du mur d'en haut sont les ouver- 
tures ou opes (oiral), dans lesquelles étaient fixées les 
solives du toit. 

Les plafonds appartiennent à trois voûtes surbaissées 
de rétage inférieur : le deuxième est d'une teinte obs- 
cure ; le premier et le troisième sont peints sur un fond 
blanc, ou au moins sur un fond de teinte très-claire^ 



PLANCHES 99 et 100, 

La décoration que nous donnons ici , et qui est une des 
plus compliquées de toute la collection , doit être com- 
plétée par la pensée, en répétant symétriquement à gau- 
che toute la partie de droite : ainsi , elle occupait tout un 
côté d*un appartement. Elle a été donnée par l'architecte 
Mazois , qui l'a extraite lui-même du second recueil dont 
nous avons parlé, et qui n'a point jugé à propos de l'ac- 
compagner d'une description. Il n'y a donc aucun moyen 



126 PEINTURES. 

d'en connaître les couleurs ; seulement la gravure y étant 
ombrée, indique le degré d obscurité des teintes. Le 
lambris inférieur, jusqu'à la moitié de la hauteur du 
piédestal de la colonnette , est noir y sauf les bandes qui 
le divisent en compartiments ; le fond de la tenture du 
milieu est d'un degré moins sombre , comme les deux 
segments de cercle de la frise du haut, et comme un petit 
rectangle qui se trouve vers le bas du montant décoré de 
dauphins, griffons et hippocampes. Les segments de 
cercle des côtés de ce montant, et la plupart de ses orne- 
ments, sont d'une teinte moins sombre encore d'un de- 
gré, ainsi que le dessus et le dessous des trois tentures, 
le carré où l'on voit un satyre , les compartiments dessi- 
nés dans le haut par la branche de vigne , et plusieurs 
autres petites parties. Il n'y a d'entièrement blanc que 
les deux tentures latérales , qui portent un Génie avec 
la corne d'abondance , et tout le fond de la frise du 
haut. 

Cette indication de teintes nous a donné l'occasion 
d'énumérer presque toutes les parties importantes de 
cette composition, un peu bizarre, mais pleine de charme. 
Nous y ferons remarquer un chef-d'œuvre de goût, dans 
les deux candélabres de la frise. Elle offre aussi un sou- 
venir classique, dans un personnage du cadre du milieu, 
qui est détruit en partie : à son chapeau d'esclave, à son 
attitude pensive, nous croyons reconnaître Sosie, sortant 
(le la maison d'Amphitryon et préparant son fameux récit ; 



PREMIÈRE SÉRIE. 127 

derrière la colonne, se trouvait sans doute l'autre Sosie, 
Mercure , avec un bâton derrière le dos (i). 



PLANCHES 101 et 102- 

Les observations faites sur l'origine de la fresque précé- 
dente s'appliquent également à celle-ci. Il faut supposer 
que la partie de gauche, dans laquelle est un Génie por* 
tant des fruits, se répète symétriquement à droite. Les 
parties noires sont ici les lambris inférieurs, y compris le 
cadre dans lequel bondit un jeune taureau, et la petite 
frise où l'on voit deux taureaux marins et deux dau- 
phins. C'est encore dans un panneau entièrement noir 
que se trouve le petit tableau de deux personnages, un 
homme et une femme , entourés de draperies et séparés 
par un poteau. Il nous est impossible de déterminer quelle 
scène probablement comique , quelle anecdote ou quel 
trait mythologique a pu fournir le sujet de cette petite 
peinture. Au-dessus du tableau est un plafond soutenu 
par deux colonnes en balustres : sur ce plafond , devant 
une tenture noire et sous une espèce de dais , se trouve 
une femme assise. Le noir domine encore dans la petite 
niche , où se trouve une femme jouant du cymbalum , et 
dans le petit cartouche au-dessous du paysage. Les teintes 
les plus sombres après le noir remplissent quelques cadres 

(i) Plaut, Amphitr,, l, i. 



128 PEINTURES. 

et quelques cartouches. Regardez encore la perspective 
qui se trouve des deux côtés du baldaquin , et où vous 
voyez un jeune homme qui lit : toute cette architecture, 
fort habilement disposée, est peinte en clair obscur, 
avec des tons plus ou moins prononcés. 

Cette décoration, non moins compliquée que la précé- 
dente , paraît encore supérieure à celle-ci par la régularité 
«t rheureux agencement de ses différentes parties , aussi 
bien que par la pureté du goût qui domine dans chacune 
d'elles. Reproduite dans un édifice moderne , son effet 
serait certainement plus agréable, et elle obtiendrait plus 
sûrement l'approbation générale. 



PLANCHE 103. 

Nous avons peu de chose à dire de cette décoration 
fort simple et de bon goût, qui nous a été transmise 
comme les précédentes. Les deux petites colonnes com- 
posites sont assez jolies. Étrange rencontre , et pur effet 
du hasard ! on trouve des croix de Malte dans deux des 
compartiments. Il n'y a de blanc que les trois bandes 
perpendiculaires et la ligne horizontale au-dessous de la 
frise ; le reste est d une teinte sombre assez uniforme. Si 
les deux peintures que nous venons de voir auparavant 
conviennent aux galeries d'un palais, celle-ci décorerait 
parfaitement une salle à manger. 



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1 30 PEINTURES. 

ailleurs (i); peut-être nous offre-t-il un emblème de la 
lâcheté qui s'éloigne à la fois du danger et de la gloire. 
L'autre peinture représente un de ces sujets si communs 
sur les murs de Pompéi, une offrande aux Génies du 
lieu {^). 



PLANCHE 105. 



Cette chat mante décoration est \t cadre d^n» lequel se 
trouve enfermé un des meilleurs tableaux de Pompéi, 
celui que le célèbre Thorwaldsen A6 pouvait g^ lasser 
d'admirer , et qui a été copié par un habile artbté alle- 
mand , M. Zahn, peu de jours après qu'il eut été décou- 
vert I et quand les variations atmosphériques n'en avaient 
pas encore altéré les coul^rs. Il représente Tyhdare et 
Léda : on le trouvera gravé plus loin (3)» On voit aussi 
dans cette composition une cha^»e de ctotaures, qui sera 
reproduite ailleurs ^ sous des diniensions plus commo- 
des (4). L'encadrement est capricieux et compliqué, mais 
d'une complication qui disparaît uU peu dans l'original , 
grâce à l'éclat et à l'harmonie des teinta, et surtout à la 
grandeur des dimensions de l'ensemble ; cet encadiremeiit 
est digne du tableau principal. Les deux ouvertures des 
côtéb laissent entrevoir une vaste composition architec-^ 

(i )Rmnes de Pompéi, tom.IV, par (3) Peintures, ^® série, pi. 140. 

L. Barré. (4) Peintures, 4* série , pi. 17. 

(») Peintures^ 4* série , pi. 33. 






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132 . PEINTURES. 

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Une petite chambre dé la demeure dont il s'agit était 
ornée de cette décoration ; trèà-H^hargéè en couleurs 
qui contrastent fortement entre elles. L'irr^ularité sin-- 
gulière qu'on y remarque, provient dé ce qu'une des deux 
parties, celle* dé droite , devait être cachée en partie par 
un lit ; l'autre partie paraissait alors isolée et symétrique 
en elle-même. Cette chambre était occupée sans doute 
par le locataire dé la maison des Tullius , par le client 
qui implore {rogat) son noUe patron, Marcus Tullius, 
fils de Marcus : et peut-être le grand Marcus Tullius lui- 
même est-il entré dans cet appartement : peut-être la voix 
de l'orateur romain a-t-elle résonné entre ces murailles , 
et l'œil d'aigle du consul , s'est arrêté un moment sur ces 
lignes et ces couleurs. 

La palmette largement développée, que l'on voit au 
bas de là planche , est tirée d'une des excavations voisi- 
nes les plus récentes; elle a quelque chose d'encore 
neuf aujourd'hui, dans un genre où toutes les combinai- 
sons possibles semblent avoir été essayées. 



PLANCHE 107. 



La première de ces deux peintures murales a été trou- 
vée dans une maison voisine du temple de la Fortune 
Tullienne. Les couleurs qui y sont employées , le noir et 
le rouge, sont d'un effet assez tranchant, sans éblouir 
Vœil ; à la partie supérieure, on voit un fond de ciel. I^s 



PEINTURES 




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PREMIÈRE SÉRIE. 133 

deux colonnettes qui supportent un entablement , et dont 
Tune est de ce côté de la cloison , tandis que l'autre est 
censée derrière , dégagent bien la cloison fictive du fond 
de la muraille. 

La seconde est une décoration de salle à manger : lam- 
bris de marbre, deux petits tableaux de nature morte 
sur fond noir, bordure noire autour de tous les pan- 
neaux : voilà comme les anciens entendaient la sim- 
plicité du décor. Nous avons vu comme ils en compre- 
naient le luxe. 



PLANCHE 108. 



Ceci est peint sur le mur d'une seconde chambre de la 
maison de Joseph II , aussi petite que l'appartement 
dont nous avons parlé tout à l'heure ( i ). Autant les cou- 
leurs de l'autre fresque sont tranchantes et chargées , au- 
tant celles-ci sont légères et pour ainsi dire vaporeuses. 
Ces festons et ces rinceaux de guirlandes sont d'un effet 
très-gracieux. C'était une bonbonnière, un véritable 
boudoir, attenant à la chambre à coucher du client de 
Cicéron; la peinture, à la place de laquelle nous avons 
mis un petit paysage, a été enlevée et placée au musée : 
on dit que le sujet en était peu décent ; elle doit donc se 

(i)Pi. 106. 



134 PEINTURES. ^ PREMIÈRE SÉRIE. 

trouver dan» le Mu&ée secret. Visconti la désigne comme 
représentant Sophoni^be et Massinissa. 



FIN OU PRKMIRR VOLUMK ET DE LA 1*^* SÉEIB DES PfilIITUEES. 



AVIS AU RELIEUR 



POUR LE PLACEMENT DES PLANCHES OU PREMIER VOLUME. 



Plakche vis à V is la page Planche vis à vis la page 

1—2 3 41 58 

3 3 42 59 

4—5 4 43 60 

6—7 7 44 61 

8 10 45 62 

9 11 46—47 67 

10 13 48 70 

11 14 49 76 

12 17 50-51 78 

13 19 52 85 

14 20 52ftw 86 

15 21 53 87 

16 22 53 bis 88 

17 24 54 89 

18 25 55 90 

19 26 56 94 

20 28 57—68 95 

21 29 59 103 

22 31 60 104 

23 32 61 105 

24 34 62 , 106 

25 35 63 à 90 108 

26—27 37 91 120 

28 : 38 92 122 

29 40 93 à 98 124 

30 41 99—100 125 

31—32 44 I01--102 127 

33 46 103 128 

34 47 104 129 

35 4« 105 130 

36 51 106 131 

37—38 53 107 132 

39—40 57 108 133 



ERRATA 



DU TOME PREMIER. 



La planche 29 porte par erreur le N^ 36 , elle représente un portique avec 
un arbre sur le devant. 

La planche 49 est la seule de la série qui ne porte pas de numéro y elle 
représente, comme la planche 48, des figures égyptiennes. 

Page 108, ligne 8, lisez 63 à 90. 

ïji planche 108 porte par erreur le N*" il 2.