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ET
POMPEI.
TOME I".
Typographie de Firmiii Didol frorcs, riii« Jacoh, n° 56.
ET
POKFEI.
RECUEIL GÉNÉRAL
DES
PEINTURES BRONZES, MOSAÏQUES, ETC.
DÉCOUVEBTS JUSQU'a CE JOUB, ET BEPRODUITS d'aPRÈS
ET TOUS LES OUVRAGES ANALOGUES;
AUGMENTÉ DE SUJETS INÉDITS,
GRAVÉS AU TRAIT SUR CUIVRE
'3
Et accompagné d'un Texte explicatif par M. Ii. BarbÉ.
PEINTURES, PREMIERE SERIE.
DÉCORATIONS ARCHITECTURALES.
PARIS,
LIBRAIRIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES ,
RUE JACOB , N° 56.
M DCCC XL.
à. * « I ■ J i.i
m atnY uenter
UWtAKV
NOTICE.
Quidquid sub terra est in apricuin proferet aetas ,
Defodiet, condetqiie niteiitia.
HoRAT. , Epist., I, 6j 2/1.
« Le temps mettra au jour tout ce qui est
« enseveli sous la terre; il engloutira et cachera ce
« qui brille maintenant. «
Les cités ensevelies , auxquelles appartiennent les restes
précieux que nous avons à décrire, sont situées sur une
ligne droite , qui longe le golfe du Cratère , en se dirigeant
du nord-est au sud-est , depuis le mont I^eucogée jusqu'au
Lactaire, théâtre de la défaite du roi goth Téias par
l'eunuque Narsès.
En partant de Néapolis et de Palœpolis, à la tête de
cette ligne, on trouvait, dans un repli du rivage qui
est en face du Vésuve, Herculanum et Retina, qui ne
formaient qu'une seule ville. On traversait ensuite la pe-
tite cité d'Oplonte , et on arrivait à Pompéi , située entre
les salines d'Hercule et les marais Pompéiens. Pompéi
n NOTICE.
communiquait en outre avec Nola , par une route qui pas-
sait près du Vésuve. Puis, après avoir franchi l'ancien lit
du Sarnus , qui aujourd'hui a deux embouchures beau-
coup plus au sud , on laissait encore à gauche un embran-
chement de route dirigé sur Nucérie, et l'on arrivait
enfin à Stabies. Mais toute cette ligne du rivage , cou-
verte de maisons de campagne et de constructions de toute
espèce, ne formait à proprement parler qu'une seule
ville , depuis Naples jusqu'à Stabies. La montagne elle-
même, dont les anciennes éruptions n'avaient laissé qu'un
souvenir confus (i) , marqué par la dénomination de
Champs phlégréens donnée au pays; la terrible montagne
était habitée , et plus d'une villa se montrait suspendue
sur les bords du gouffre éteint.
Jetons un coup d'œil rapide sur l'histoire de ces loca-
lités; car nous y puiserons des indications précieuses
pour l'histoire de leurs monuments.
L'origine d'Herculanum et de Pompéi se perd dans la
nuit des temps : on attribuait leur fondation à Hercule,
qui avait donné son nom à la première cité ; l'autre avait
tiré le sien de la longue troupe de bœufs [pompa)^ que ce
héros avait amenée d'Espagne en Italie (2). A l'aide de
pareilles fables, les peuples anciens se dissimulaient qu'un
voile impénétrable leur dérobait leur propre berceau :
l'enfance est d'autant plus curieuse et crédule , qu'elle est
plus ignorante.
(i) Diod. Sic; Strab., V et VI; (2) Solin., a.
Plin.,III,5,y.
• NOTICE. ni
Ces villes appartinrent d'abord aux Pélasges et aux
Opiques : un grand nombre d'inscriptions osques prou-
vent qu'à travers toutes les vicissitudes politiques , la po-
pulation conserva toujours un souvenir de sa langue pri-
mitive. Elles furent conquises ensuite par les Grecs , qui
vinrent de l'Eolie et de l'Eubée aborder sur le rivage de
Cumes. Ceux-ci à leur tour furent chassés par les Etrus-
ques , qui donnèrent pour capitale à toute la Campanie
et aux cités du Vésuve , Capoue , appelée alors Vultur-
num , et adjointe aux douze villes de la confédération
toscane.
A partir de là, Herculanum et Pompéi suivirent le
sort commun de la Campanie : elles se donnèrent aux
Romains , pour échapper aux Samnites ; puis , elles ac-
ceptèrent momentanément le joug d'Annibal, et enfin
elles prirent part à la guerre sociale. Alors Stabies fut
détruite par Sylla, à la vue même des habitants de Pompéi ;
et depuis ce ne fut plus qu'une réunion de quelques
maisons des champs, in villas abiit [\). Les Pompéiens
non intimidés fermèrent leurs portes au vainqueur; ils ne
capitulèrent qu'après la triple lutte commencée sous leurs
murs par l'armée italiote , et terminée enfin , à Nola , par
la mort du chef samnite Cluentius ou Cluventius.
Les cités de la Campanie , qui se soumirent alors aux ar-
mes romaines , furent traitées avec douceur. Pompéi garda
ses droits de municipe, et put même opposer un refus aux
(i) Plin., Hist. nat.y III, 5, 9.
IV NOTICE.
colons envoyés de Rome pour partager ces droits ; seule-
ment, ses murailles furent démantelées , comme le prouve
leur état actuel. Pendant les guerres civiles , on fit, en
quelques endroits de ces fortifications, des réparations
dont les traces existent encore aujourd'hui. Sous Auguste,
enfin , de longues courtines de ces murailles disparurent
entièrement, de sorte que des constructions privées s'éle-
vèrent sur leur emplacement ; et ce fut alors seulement
que la cité sans défense devint une colonie romaine , ainsi
que le prouve une inscription trouvée au théâtre. On n'a
pas de renseignements particuliers sur le sort d'Hercula-
num : il est probable que cette ville éprouva des vicissi-
tudes toutes pareilles.
On sait que Pompéi fut la résidence de Cicéron et de
sa famille , résidence constatée par des monuments et des
inscriptions. Un des fils de l'empereur Claude y mourut ,
étouffé par un fruit qu'il avait avalé.
En l'an 69 , pendant un combat de gladiateurs , que
donnait un homme chassé du sénat et nommé Livineius
Regulus , une querelle s'éleva entre les Pompéiens et les
Nucériens, qui assistaient aux jeux de l'amphithéâtre ; des
mots injurieux on en vint aux coups ; le sang coula , et les
Pompéiens demeurèrent vainqueurs. Leur triomphe est
rappelé non-seulement par le passage de Tacite , qui ra-
conte cette espèce de sédition (i), mais encore par une
espèce de caricature politique , que l'on a trouvée sur les
(i) Annal. y XIV, 17.
NOTICE. V
murs extérieurs de la rue de Mercure , et qui est accom-
pagnée de cette inscription : Campani, Victoria una, cum
Nucerinis periistis. « Campaniens, une victoire sur les
« Nucériens vous a tués. »
En effet , cet avantage leur coûta cher : Néron et le
sénat condamnèrent les vainqueurs à se passer de spec-
tacle , pendant dix années.
Le i6 février de l'an 63 (i), un tremblement de terre ,
précurseur qui seize années d'avance annonçait la ca-
tastrophe finale, vint renverser une partie des édifices
de Pompéi, et causer également des ravages dans les
murs d'Herculanum. L'année suivante, un autre trem-
blement de terre épouvanta la contrée, au moment
même où Néron chantait sur le théâtre de Naples ;
et cet édifice s'écroula aussitôt que l'empereur l'eut
quitté.
Enfin, le a3 août 79, éclata la terrible éruption qui
causa la ruine de cinq cités opulentes, la désolation de
la contrée la plus riche du monde , et en même temps le
trépas non moins regrettable du grand naturaliste ro-
main. Le neveu de celui-ci , Pline le Jeune , nous a con-
servé le récit de cette catastrophe, dans deux lettres à
Tacite , son ami ; lettres qui sont des modèles de narra-
tion , et par cela trop connues pour que nous les repro-
duisions ici.
La position élevée et assez éloignée de Pompéi mit
(i) Senec. , Quœst. nat., VI, i et a6.
VI NOTICE.
cette ville à l'abri des torrents de lave ; mais elle fut cou-
verte d'une couche de cendres et xle petits cailloux , qui
atteignit une hauteur de i5 à 18 pieds, et dans laquelle
on trouve quelques sphéroïdes (i), parfaitement cristalli-
sés , semblables à des aérolithes. Cette espèce de déluge
de matières volcaniques ne dépassa nulle part la hau-
teur du premier étage des édifices ; mais les toits et les
terrasses s'affaissèrent sous son poids, et dans les endroits
oii les voûtes et les murs "offraient une résistance suffi-
sante, comme à l'amphithéâtre , il se forma des monticules
de cendres. Une partie des habitants parvint sans doute
à s'échapper ; mais , d'après les cent soixante squelettes
trouvés dans les parties déblayées , c'est-rà-dire , dans la
huitième partie de la ville , on peut conjecturer qu'il n'y
eut pas moins de treize cents personnes qui périrent
étouffées dans l'enceinte des murs.
La double cité d'Herculanum et de Retina , située plus
près du volcan , dans le bas du rivage et sur la route des
laves à la mer , ne put échapper à ce fléau ; elle fut re-
couverte de couches successives de matières en fusion
et de petits cailloux ( lapilli) , qui se sont amoncelées en
quelques endroits jusqu'à la hauteur de soixante -dix
pieds au-dessus du sol de l'ancienne ville.
Un étrange paradoxe a été soutenu par quelques anti-
quaires à l'égard des villes campaniennes ; on a prétendu
d'abord distinguer , et même séparer par plusieurs siècles
(i) Mazois, Ruines de Pompéi , tom. I, Notice historique, p. 18.
NOTICE. vu
de distance , l'époque de l'ensevelissement d'Herculanum
et celle de la ruine de Pompéi. Cependant , on ne paraît
guère avoir eu de meilleure raison pour établir cette
distinction , que la différence des couches de terrain qui
recouvrent les deux cités. On n'a pas voulu voir que
cette différence tenait uniquement à la situation des villes.
Bâties dans les lieux élevés, mais placées sous le vent, qui
soufflait du sud-est, et qui a porté les cendres jusqu'en
Egypte , Pompei et Stabia ne pouvaient recevoir que les
matières les plus subtiles de l'éruption. Herculanum et
Retina, gisant au bas de la plus grande déclivité de la
montagne, devaient être écrasées sous les plus gros dé-
bris que lançait le cratère, brûlées et ensevelies par les
torrents de substances qui se frayaient un chemin vers la
mer. Les partisans de l'opinion que nous combattons, sont
tombés dans une étrange erreur , en s'appuyant du silence
de Sénèque (i), et en faisant observer que cet écrivain,
après avoir parlé de l'ébranlement des édifices des deux
villes par le tremblement de 63 (2), n'a point men-
tionné leur destruction complète en 79; ces critiques
ne se sont donc point rappelé que Sénèque est mort en
l'an 65 !
Un argument plus sérieux des antiquaires qui ont rap-
proché de nous la ruine d'Herculanum , jusqu'à en assi-
gner la cause à l'éruption de 471» repose sur la table
(i) Edinb. Renew , tom. XVI, (2) Qtuest. nat. ,\oc. cilut.
p. 383.
vin NOTICE.
peutingérienne, monument qui date du règne de Thëo-
dose, et qui signale encore Herculanum au nombre des
lieux de la Campanie.
En efîet , cette table porte ces indications : « De Naples
« à Herculanum 6 ; Oplontis 6 ; Pompéi 3. » Mais , en
partant de là , M. Laporte-Dutheil , le plus habile défen-
seur du paradoxe en question (i), a bien senti que, si
l'argument est valable pour Herculanum , il s'applique
également à Oplonte, à Pompéi et à Stabies, et il en
a conclu que « toutes ces villes ont survécu à l'éruption
« de 79 et aux suivantes ; qu'elles sont sorties de leurs
« ruines sous le règne même de Titus ; qu'elles eurent
« encore un reste de splendeur sous Adrien , et qu'on les
ce retrouve dans le règne d'Antonin (a). »
Voilà qui simplifie la question ; et il s'agit maintenant
de savoir si Pompéi , comme les autres cités, a été détruite
en 79 ou en 471-
A ce point de la discussion, il suffira de remarquer
d'abord que la table peutingérienne pourrait bien être,
surtout en ce qui concerne l'Italie , la copie d'une suite
de monuments du même genre, dont l'original serait an-
térieur à l'an 79; que d'ailleurs ces endroits peuvent y
avoir été indiqués, soit à cause de leur ancienne célébrité,
causée par le désastre même dont ils ont été le théâtre ,
soit peut-être parce que de nouvelles habitations, en petit
(i) Magasin Encyclopédique. Quincy, Dict. d'arehit., article Hercu-
{%) Cité par M. Qiiatremcrc de lanum.
NOllCE. IX
nombre, s'y seraient élevées sur la lave , depuis longtemps
refroidie , comme y ont été construits , dans les temps tout
à fait modernes , le» palais et les édifices de Portici et de
Résina.
Nous disons que cette remarque suffit, et qu'il est
inutile de réfuter les autres raisonnements de nos mo-
dernistes : c'est qu'en effet nous avons pour nous des
preuves d'un ordre supérieur à toutes les inductions ti-
rées des monuments étrangers, des preuves que nous
pourrions appeler intrinsèques , et qui nous sont fournies
par les ruines mêmes qui forment l'objet de la contesta-
tion. En effet , nous voyons , tant à Herculanum qu'à
Pompéi , nombre de monuments et d'inscriptions qui si-
gnalent des faits encore récents au moment de l'éruption
de 79, et qui se rapportent à des personnages contempo-
rains ou à peine antérieurs ; tandis que personne n'a vu ,
ni à Pompéi , ni à Herculanum , aucun témoignage pos-
térieur à la catastrophe décrite par Pline.
On y rencontre presque vivant le souvenir des Cicé-
rons , de Caligula enfant, des Agrippines et de Néron, de
toute la famille des premiers Césars, et rien au delà. On
voit les théâtres, les temples fraîchement réparés après
le désastre de l'an 63 , et couverts d'inscriptions dictées
par la reconnaissance, en faveur des citoyens qui ont
contribué de leurs deniers à cette restauration. On lit sur
les murs des phrases tracées au pinceau , qui parlent de
la lutte avec les Nucériens, par exemple (i), comme d'un
(i) Voyez ci-dessus, p. v.
X NOTICE.
fait de la veille. Et tout cela aurait été conservé intact^
aucune addition n'y aurait été faite , jusqu'en l'an 47 1 î
Nous verrions les réparations faites après le tremblement
de terre de 63; et de celles qui auraient dû avoir lieu
après l'éruption de 79 , nulle trace ne serait restée ! Le
goût grec et le goût de l'époque césarienne n'auraient
nulle part été remplacés ou gâtés par l'empreinte bar-
bare et byzantine des temps intermédiaires : la basilique
ne serait point devenue chrétienne sous Constantin , et les
statues des idoles seraient demeurées debout, leurs images
profanes auraient subsisté sur les murailles! En vérité,
tout cela serait plus merveilleux encore que la conser-
vation souterraine des deux cités. Nous regrettons pres-
que que cette surprenante hypothèse soit contredite et
ruinée de fond en comble par l'examen attentif de tous
les monuments que nous reproduisons dans cet ouvrage :
chacun de ces monuments serait plus qu'une rareté; il
deviendrait un prodige.
Concluons. Tout ce qu'on peut inférer de la table peu-
tingérienne , c'est que l'emplacement des villes ensevelies
était encore connu au cinquième siècle ; et il paraît , en
effet , que des fouilles furent entamées à Pompéi , soit
immédiatement après l'éruption , soit au moins à des épo-
ques fort anciennes, pour retirer quelques objets pré-
cieux des parties les plus élevées de la ville ; c'est ainsi
que disparurent les marbres du théâtre. Il ne pouvait
pas en être de même à Herculanum.
La tradition d'une ville engloutie se conserva 1 ong-
NOTICE. ■ XI
temps dans la mémoire des hommes , puisque le terrain ,
sous lequel était Pompéi , reçut au moyen âge le nom de
Civita , nom que l'on donne pncore à cet endroit et aux
fouilles qui s'y pratiquent. Mais le sens primitif de cette
expression était entièrement perdu au seizième siècle;
car, en 1692, Dominique Fontana, pour conduire à Torre
deir Annunziata les eaux du Sarno , creusa un aqueduc
à travers les ruines mêmes ; et cet architecte , homme ha-
bile et instruit cependant , ne se douta pas de l'existence
d'une ville antique dans le terrain qu'il fouillait.
Chose étrange! Pompéi était restée pour ainsi dire à
fleur de terre; le lieu avait gardé un nom significatif; et
ce fut Herculanum , oublié , caché à soixante-dix pieds
sous terre, que l'on découvrit d'abord. En 1684, comme
on creusait un puits, on eut quelques indices de ruines
romaines en cet endroit. Ce puits , qui existe encore au^
jourd'hui, descendait précisément au milieu du théâtre
d'Herculanum.
Le prince d'Elbœuf, Français de naissance, envoyé à
Naples à la tête d'une armée impériale , et ayant épousé
une princesse de ce pays, fit , en 1706, l'acquisition du
terrain, et y bâtit un palais : il trouva, vers 17 13, dans
le puits qu'il fit agrandir , des marbres dont il orna ses
terrasses et ses escaliers, et des statues qu'il envoya en
France ou à Vienne , à sa famille et au prince Eugène ,
sous lequel il avait servi. Bientôt le gouvernement de
Naples intervint , et fît suspendre les fouilles ; mais ce ne
fut que plus de vingt ans après, vers 1786, que ces tra-
XII ' NOTICE.
vaux furent repris pour le roi. Une nouvelle entrée fut
pratiquée à Résina , et l'on découvrit successivement le
théâtre , des temples , des édifices privés , des inscriptions
et des médailles , qui ne laissèrent aucun doute sur l'iden-
tité de ces ruines avec celles de la malheureuse cité d'Her-
culanum , ensevelie sous Titus.
Cependant , les excavations , prolongées à une profon-
deur de soixante-dix pieds , étaient fort difficiles et de-
mandaient des frais considérables ; on se rappela qu'en
1689, des paysans avaient trouvé, sur le terrain appelé
Civita, quelques débris antiques. On chercha Pompéi
en 1748, sous les amas de cendres, et bientôt on vit
qu'à bien moins de frais , on l'en pouvait tirer tout en-
tière. Ce qui dut imprimer à ces nouvelles découvertes
un caractère tout différent des anciennes, c'est qu'on avait
ici une ville avec ses rues , ses places publiques, ses por-
tiques , revivant tout à coup à l'air pur et sous la belle
lumière de l'Italie; tandis que de l'autre côté, on ne pos-
sédait que des catacombes , une mine d'antiquités , mine
d'une extraordinaire richesse, mais froide, obscure et
resserrée.
Ce double succès conseilla quelques tentatives du côté
de Stables, sur l'emplacement où est bâtie aujourd'hui
la ville de Castel-a-Mare ; et l'on y découvrit , en effet,
quelques débris précieux : mais la cherté des terrains fit
bientôt abandonner les fouilles; tandis que celles d'Her-
culanum et de Pompéi , poussées avec ardeur à la fin du
dix -huitième siècle, reçurent un nouvel accroissement
NOTICE. XIII
SOUS l'administration française , qui , avec son activité or-
dinaire, fît explorer toute l'enceinte de la ville. Enfin,
les recherches devinrent de plus en plus productives de-
puis la restauration de i8i5, et surtout depuis l'avéne-
ment du souverain actuel.
Un grand nombre de publications ont été entreprises
pour faire connaître à toute l'Europe les richesses con-
quises par le gouvernement de Naples. Dès 1765 , parut
un catalogue des antiquités rassemblées depuis dix-neuf
ans dans le musée de Portici; et en lyôy commença
l'impression du magnifique ouvrage des académiciens
d'Herculanum , ouvrage qui se compose aujourd'hui de
huit volumes in-folio.
Nous ne citerons que pour mémoire les deux gros in-
quarto de Monsignor Bayardi, au bout desquels l'au-
teur ne fait encore que d'arriver de Sicile , avec le fon-
dateur d'Herculanum et les bœufs de Géryon.
Le grand ouvrage de MazOis, commencé en 1812 et
terminé en i838 (i), a pour objet principal la descrip-
tion et la représentation exacte des monuments d'archi-
tecture ; et c'est un modèle unique à cet égard. On y
trouve, en outre , des renseignements précieux sur quel-
ques-uns des objets d'antiquités découverts dans les édi-
fices pompéiens.
C'est en 1824 , que commença la publication du Musée
(i) Ruines de Pompéi , 4 vol. in- 4* vol. a été rédigé par M. Barré,
folio, chez M. Firmin Didot : le
XIV NOTICE.
Bourbon (i), destiné à reproduire tous les objets d'art
qui formaient d'abord les musées de Portici et de Naples,
et qui furent définitivement réunis dans le palais Degli
Studj. Comme le musée lui-même , cette description
comprend, outre les antiques, des statues et tableaux des
temps modernes , et même quelques monuments du
moyen âge et de la renaissance. Elle se continue encore
aujourd'hui avec un succès mérité.
Parmi les travaux entrepris à l'étranger dans le même
but, on peut citer ceux de MM. Ternite et Zahn, à Ber-
lin (a") , Goro , à Vienne (3) , Goldicutt , à Londres (4) , et
enfin les deux volumes de sir William Gell , dont la
première partie a été traduite de l'anglais, et publiée
à Paris, avec des additions considérables, par l'auteur
même des gravures du présent ouvrage (5).
La plupart de ces livres sont très-volumineux et d'un
prix considérable : notre but, en publiant un nouvel ou-
vrage qui les résume tous , a été d'offrir aux artistes un
recueil de toutes les antiquités trouvées dans les cités
vésuviennes , en exceptant les édifices eux-mêmes, recueil
qui doit être à la fois complet , portatif, peu coiiteux et
commode à consulter.
Nous l'avons rendu aussi complet qu'il était possible,
en ne négligeant aucun des grands ouvrages que nous
venons de passer en revue , et les comparant tous entre
(i) Museo Borbonico , i vol. in-4° (3) Id.
par an, avec planches grav. au trait. (4) In-folio , London , iSaS.
(a) In-folio , en allemand. (5) Un vol. in-4°; Paris, 1827.
NOTICE. XV
eux; empruntant pour chaque objet le dessin le plus
correct et le plus vrai , traduisant et refondant au besoin ,
les descriptions les plus exactes et les mieux senties. Nous
devons avertir que, jDour les recherches érudites, les
académiciens d'Herculanum ont presque toujours été
nos guides : à la vérité , nous avons souvent abrégé leurs
déductions archéologiques, et quelquefois élagué le luxe
de leurs citations; puis, nous avons hasardé avec sobriété
nos conjectures à côté des leurs ; et parfois nous avons
redressé une erreur matérielle. Enfin , nous nous sommes
procuré un certain nombre de dessins inédits , grâce
auxquels nous pouvons dire que notre ouvrage, pro-
pre à suppléer à tous les autres recueils , ne peut être lui-
même remplacé par aucun.
Des combinaisons nouvelles de rédaction , de typo-
graphie et de gravure , nous ont permis de réduire à un
format commode des descriptions d'une étendue consi-
dérable , et des planches d'une grande dimension. Quant
à l'arrangement des matières, nous n'avons point voulu
suivre dans notre publication l'ordre chronologique des
découvertes , ni celui des lieux; nous n'avons point
voulu non plus, ce qui eût été préférable en théorie,
mais fort difficile dans l'exécution, classer nos monu-
ments d'après l'époque à laquelle ils appartiennent ori-
ginairement, mettant ensemble ce qui est étrusque ou
pélasgien , puis le grec , le romain de la république , et
enfin le romain de l'empire. Nous avons adopté un plan
beaucoup plus propre à faciliter les recherches des ar-
XVI NOTICE.
tistes qui consulteront notre ouvrage , et nous l'avons
partagé en deux grandes parties : Peinture et Sculpture,
subdivisées chacune en plusieurs séries , que nous allons
passer en revue, après quelques observations prélimi-
naires.
Longtemps, le gouvernement napolitain s'est opposé
à ce que l'on copiât les peintures antiques, et cette in-
terdiction a donné lieu à un fait assez curieux.
Malgré les précautions quelquefois exagérées avec les-
quelles étaient gardées les fresques du musée , alors à
Portici, quelques copies furtives en étaient faites au moins
de souvenir, et le public recherchait ces copies avec
d'autant plus d'avidité , qu'elles étaient plus rares et se
vendaient avec plus de mystère. Un peintre vénitien ,
nommé Joseph Guerra , établi à Rome , où il manquait
d'ouvrage, quoiqu'il ne fût pas absolument dépourvu
de talent, entreprit de bâtir, sur une fraude encore plus
hardie , l'édifice de sa fortune. Guerra ne se hasarda point
seulement à débiter des copies des peintures antiques :
il vendit ces peintures elles-mêmes. Il peignit différentes
fresques à la manière antique,sur des fragments d'enduit,
et les céda à quelques amateurs , en leur avouant , sous
promesse du secret , qu'il les avait achetées lui - même
de quelque employé des fouilles napolitaines. Grande
rumeur à Naples, oii d'abord on cherche en vain le cou-
pable! Mais, ayant reçu de Rome des indices positifs,
les directeurs du musée firent d'abord acheter secrète-
ment trois des fresques qui circulaient dans cette capitale;
NOTICE. xvH
puis un de leurs agents alla s'adresser à Guerra lui-même,
et lui demanda l'Achille et Chiron , alors déjà gravé et
publié dans le premier volume des Antiquités d'Hercu-
lanum. Guerra, sans défiance aucune, fit la copie ou
plutôt l'imitation demandée ; car ii ne pouvait travailler
en présence de l'original. Dans cette copie , qu'il signa ,
on reconnut exactement le faire des trois fresques ache-
tées : mêmes efforts pour suivre un modèle entrevu seu-
lement de loin ; mêmes différences échappées , malgré ces
efforts , et surtout analogie parfaite des copies entre elles,
quoique les modèles différassent beaucoup. Le gouver-
nement de Naples n'usa point de son influence dans l'État
pontifical , pour inquiéter Guerra. On se contenta d'ex-
poser les quatre imitations près des originaux , avec une
inscription explicative, afin de prémunir les curieux
contre toute fraude de ce genre. Guerra, ne pouvant plus
vendre de faux antiques , revint , non sans quelque succès ,
à un usage légitime et avoué de son pinceau. D'après
cette anecdote, on ne s'étonnera plus de ne pas rencon-
trer dans notre recueil tout ce qui a été colporté en Eu-
rope , comme provenant de Pompéi : les imitateurs de
Guerra nous ont trouvés sur nos gardes.
Dans tout le cours de cet ouvrage , nous nous servons
du mot Jresque , en parlant des peintures murales que
nous reproduisons : nous employons ce mot suivant l'u-
sage général , qui l'applique à tous les tableaux de ce
genre ; mais nous prions nos lecteurs de n'en pas con-
clure que, selon nous, les anciens aient toujours étendu
c
xviii >OTICE.
leurs couleurs sur l'enduit encore frais. Il est évident
qu'ils peignaient aussi à la guazza ou en détrempe, avec
des couleurs préparées à la gomme ou au gluten (i). On
en trouve la preuve dans un grand nombre de tableaux
du musée, dont les couleurs non -seulement s'altèrent,
mais s'écaillent aussi et se séparent de l'enduit du mur :
on voit même quelquefois une teinte primitive reparaître,
à mesure que la couche supérieure tombe; ce qui ne
peut avoir lieu dans une fresque. Nous savons, d'ailleurs,
que toutes les couleurs ne résistent pas à la chaux, et,
par conséquent , ne sont pas propres à la fresque : telles
étaient, parmi les couleurs en usage chez les anciens,
celles qu'ils appelaient, /?«A/??^rm'«/w, indicurriy cœruleum,
melinum , auriplginentum , appianum et cerussa. Or , il
est évident que nos peintres ont rarement été arrêtés par
cette restriction , dans l'emploi des teintes les plus riches.
Cette simple observation suffira pour prévenir toute in-
terprétation peu exacte de notre pensée.
Nous devons ajouter ceci : nous n'ignorons nullement
que toutes les peintures antiques , sans exception , n'é-
taient pas des peintures murales: car on peignait quel-
quefois sur des tablettes de bois, sur des peaux ou
membranes (2), et même sur de la toile, comme nous en
voyons un exemple dans cette image colossale de Néron ,
haute de cent vingt pieds , qui fut consumée par la fou-
dre dans les jardins de Marins (3). Notre ouvrage même
(1) Plin.,XlTI, 11; XXVIII, 17; (a) Plin., XXXV, II.
XXXV, 6;Vitruv.,VlI, 10. (3j Plin., XXXV, 7.
JNOTICE. XIX
en fournit encore des preuves, dans les peintures qui re-
présentent une femme artiste , à son chevalet , et un
Pygmée occupé à peindre de même. Nous avons eu oc-
casion , dans un autre ouvrage , de reconnaître qu'il
existe , au temple de Vénus , un endroit de la muraille
évidemment destiné à recevoir un tableau suspendu : nous
avons aussi recueilli quelques faits de ce genre, dans nos
observations sur la pornographie des anciens. Nous re-
gretterions donc qu'un savant archéologue , qui a pris
parti exclusivement pour ce genre de peinture, crût que
nous nous refusons sur ce point à l'évidence ; mais nous
ne voulons pas non plus que l'exception prenne la place de
la règle générale , et nous consej*vons toute notre estime
hautement avouée pour les travaux qui ont assigné à la
peinture murale un emploi général dans la décoration
des édifices antiques. Nous nous sommes même prononcés,,
et nous nous prononçons encore pour les idées émises
récemment sur l'architecture peinte ; nous croyons que
dans ces idées se trouve l'intelligence du passé de l'archi-
tectonique , et peut-être la prévision de son avenir.
La première série des Peintures se compose des Déco-
rations, la plupart architecturales, qui couvrent les pa-
rois des salles d'un grand nombre d'édifices. Les déco-
rateurs et les ornemanistes modernes y trouveront des
modèles et des inspirations : cette partie de l'ouvrage ne
sera pas inutile aux architectes eux-mêmes, soit parce
qu'ils sont appelés à diriger la décoration des édifices
qu'ils construisent , soit parce qu'ils peuvent trouver
XX NOTICE.
dans ces caprices architectoniques, des motifs qui, réduits
à des proportions moins fantastiques , deviendraient ap-
plicables à des constructions réelles. L'antiquaire et
l'archéologue rencontreront encore dans ce volume quel-
ques sujets relatifs à leurs études et à leurs recherches
habituelles; partout se trouvent des figures et des em-
blèmes mythologiques , des attributs dramatiques ou re-
ligieux propres à éclaircir quelques points contestés; çà
et là se révèlent quelques traits spéciaux , qui n'ont point
été enregistrés dans l'histoire de l'art.
La deuxième série , qui comprend les Tableaux, est
la plus étendue , comme elle est aussi sans contredit la
plus importante et la plus curieuse. Elle éclaire à la fois,
par les sujets, la mythologie et l'histoire du temps héroï-
que ; par les détails, la science du costume, et conséquem-
ment, l'art dramatique aussi bien que l'antiquité pro-
prement dite; et enfin , par la composition et l'exécution
des tableaux , l'art moderne lui-même, qui a encore quel-
que chose à apprendre des anciens.
Ce que nous venons de dire s'applique également à
la troisième série , comprenant les Figures isolées.
La quatrième, qui se compose des Frises ^ a quelques
rapports, tant avec la première, par sa destination archi-
tecturale , qu'avec la seconde , par les sujets qu'elle com-
prend.
La cinquième est formée des Paysages; elle offre
des particularités toutes nouvelles encore pour un grand
nombre d'artistes ; elle peut enseigner comment doivent
NOTICE. XXI
être composées les villes , les villas , les plus simples fabri-
ques, dans un paysage historique, dont le sujet appar-
tient à l'antiquité. Claude Lorrain lui-même aurait pu
gagner quelque chose à l'examen de ces planches. Parmi
ces vues d'édifices, quelques-unes seulement confirmeront
ce que l'on sait déjà de la connaissance approfondie
qu'avaient les anciens des règles de la perspective , tant
aérienne (i) que linéaire (o).
Les Mosaïques , sixième série , sont accompagnées
d'une introduction spéciale.
Dans l'autre partie de l'ouvrage , la première série
comprend non-seulement les Statues de bronze, mais
aussi celles de marbre , qui ont été trouvées, dans les
villes du Vésuve. Ici figurent ces chefs-d'œuvre qui sont
venus prendre rang après les plus célèbres, à savoir: le
Mercure assis , la Vénus détachant de son pied une de ses
périscélides , et enfin le Faune endormi. Cette partie
comprend aussi quelques bas-reliefs.
La deuxième série , celle des Bustes, s'adresse moins
aux artistes qu'aux historiens et aux iconographes ; il ne
parait pas que ceux-ci aient complètement exploité
déjà les matériaux que les fouilles leur ont livrés.
La troisième se compose des Lampes, candélabres,
'vases, bijoux et ustensiles de toute espèce : les artistes
qui travaillent les métaux , orfèvres , bijoutiers et fon-
(i) Philostr. , Imng., I , /", ot 1 3 ; (9; Vitruv., I, 2 ; V, praef.
II , 2<).
xxu notice:
deurs , y trouveront des formes , des combinaisons , ap-
plicables peut-être, sauf de légères modifications, à des
besoins tout modernes.
Nous n'avons pas à parler du Musée secret, auquel
nous avons joint, sous forme d'avant-propos, les expli-
cations et les apologies nécessaires.
Nous n'entreprendrons point ici de justifier quelques
opinions du texte , qui , faute du développement néces-
saire, pourront paraître hasardées, ni d'en éclaircir
quelques autres qui sembleront obscures , parce que nous
ne les avons peut-être pas assez dégagées de la discussion
des hypothèses contradictoires. Nous ne rejetterons point
sur les ouvrages traduits, les fautes du traducteur, ni
sur la rapidité de la publication , les défauts d'une ré-
daction trop hâtive. Les excuses mal fondées ajoutent
un tort de plus aux torts de l'écrivain; les excuses
valables ennuient le lecteur , qui les eût bien devinées. Il
est pourtant un point que l'on oubliera bientôt et qu'il
nous importe de constater. Cet ouvrage n'a pas été publié
continûment, en commençant par la première série, et
en passant à la seconde , après celle-ci épuisée : mais
plusieurs séries, entamées à la fois, ont dû marcher de
front. Il a pu résulter de là quelques répétitions. Des
contradictions même, plus apparentes que réelles, ont
pu être causées par la diversité des sources où nous
avons puisé. Nous comptons sur l'indulgence du lecteur,
pour faire dans la critique la part de cette difficulté ,
et pour nous attribuer définitivement , dans les cas
NOTICE. xxiii
douteux , l'opinion qui s'accorde le plus avec le bon
.sens universel et avec son propre jugement. Ainsi, en
donnant une interprétation , que nous regardions comme
nouvelle , de l'inscription gravée sur les cachets de spec-
tacle , nous ne nous rappelions pas avoir examiné ailleurs
une opinion presque semblable et l'avoir rejetée. Nous
l'adoptons , enfin , mais par de nouveaux motifs : ce sont
ceux-là seulement que nous tenons pour valables, ainsi
que la décision dernière.
Le texte de cet ouvrage n'a point été continué et
terminé par l'écrivain auquel il avait été confié en pre-
mier lieu. M. Bories, appelé à d'autres travaux , a rédigé
quelques feuilles des trois premières séries des peintures,
ainsi que de la première des bronzes. J'ai fait seul tout le
reste. Il était de mon devoir de tracer cette limite ; car
je craindrais également d'usurper des éloges dus à mon
collaborateur, et de faire retomber sur lui le blâme que
j'aurais mérité.
L. Barré.
PEEX'
1""* Série .
//. Kifua'', tM-cn-r
ES .
EXPLICATION DES PLANCHES.
saia
1" ôme,
DÉCORATIONS ARCHITECTURALES.
PLANCHES 1 ET 2.
Cette peinture architecturale, trouvée dans les fouilles
de Pompéi avec les deux suivantes , est remarquable par
l'originalité et la multitude des ornements qui la com-
posent. On voit à son étendue et à sa forme qu'elle faisait
à elle seule la décoration d'un des murs d'une salle.
L'architecture, d'un jaune très-foncé, se détache sur
un fond d'un jaune plus clair, et les ornements qui la
décorent sont blancs. Dans le milieu est un tableau que
nous développerons dans la neuvième planche de la
deuxième série des peintures. Il est entouré par une pe-
tite draperie étroite de couleur blanche.
Les tritons , les griffons , les dauphins , les paons , les
1^^ Série. I
2 PEINTURES.
sphinx et les tigres que Ton voit épars dans les diverses
parties de notre peinture sont d'un clair obscur jaune;
les guirlandes sont vertes; les deux vases peints sur le
socle ainsi que les rhytons suspendus au milieu des guir-
landes attachées aux deux côtés du socle, ont une cou-
leur de bronze. Les masques sont couleur de chair. Le
mascaron du milieu est rouge et entouré d'ornements
Verts.
Les deux figures au-dessus de la corniche tiennent en
main des rameaux. Des deux autres figures que l'on
aperçoit plus bas dans la peinture , l'une tient aussi un
rameau , et l'autre , dont la tête est voilée , semble porter
une patère. Deux bustes sont peints dans les médail-
lons latéraux : l'un des deux se distingue par une corne
d'abondance; l'autre n'a pas d'attribut qui le carac-
térise.
Cette peinture architectonique semble avoir été faite
à l'intention de Bacchus. En effet, le tableau peint au
milieu a quelque analogie avec le culte de ce dieu. Les
tigres , les griffons et les autres animaux fabuleux lui
conviennent parfaitement ; nous aurons occasion d'en
parler ailleurs. Les rhytons ont avec le dieu des ven-
danges un rapport qu'on ne contestera pas. Les rameaux
dans les mains de plusieurs figures ; le voile sur la tête
de l'une d'elles , indiquent des sacrifices ou des cérémonies
religieuses. Enfin le médaillon qui représente une femme
tenant en main une corne d'abondance, peut nous offrir
l'image de Cérès , mère de Bacchus , selon quelques
*• . .♦♦
^5
PREMIÈRE SÉRIE. 3
auteurs , et l'autre celle de Vénus , dont Bacchus culti-
vait l'amitié (i).
Sine Cerere et Libero friget Venus (2).
PLANCHE 3.
Cette peinture rivalise avec la précédente pour le goût,
mais elle lui cède pour la régularité et pour l'entente de
la perspective. Elle formait aussi à elle seule la décora-
tion complète d'une des murailles d'un appartement.
Le fond est un ciel bleu avec des nuages. A l'excep-
tion de la frise qui est noire , et des petites statues qui
sont blanches, l'architecture entière est de couleur
rouge; l'arc est d'un ton moins foncé. Les vases posés
sur la corniche et les tritons sont d'un rouge clair. Le
pilastre du milieu où sont attachés un tliyrse et une
tête de bœuf avec une draperie rouge ; l'intérieur de
l'édifice couronné par un tholus , et les balustrades qui
ferment le vestibule où se trouve un Priape, sont de cou-
leur jaunâtre. La frise, ornée de chevaux ailés, est de
la même couleur ; les chevaux sont blancs ; les colonnes
fuyantes sont d'un jaune clair. Le soubassement et la
terrasse sont peints au naturel , et les pierres qui se trou-
vent au-dessus sont brunes.
Quant au sujet de cette peinture, il semble qu'il ne
peut pas être autre chose qu'un temple. Le Priape placé
dans le vestibule ne serait pas une indication suffisante
(i) D'Arnaud, de Z)«V 7capé8poii. (2) Tçrence, Eiinuch. IV. 5, 6.
4 PEINTURES.
pour porter à croire que l'édifice est dédié à cette di-
vinité secondaire. Le thyrse attaché à un des pilastres
ferait pencher la balance en faveur de Bacchus, si les
tritons et surtout les conques qui ornent les deux frises
ou les tympans latéraux , n'appartenaient d'une manière
toute particulière à Vénus. Priape, on aura occasion
de le dire ailleurs, conviendrait également à Bacchus
et à Vénus. Les colonnes extérieures empruntent à l'ordre
corinthien leurs chapiteaux, mais non pas leurs bases ;
celles en perspective semblent appartenir par leurs
chapiteaux à l'ordre dorique; mais par leur simplicité
elles se rapprochent du toscan.
PLANCHES 4 ET 5.
On voit à l'étendue et à la forme de cette peinture
qu'elle décorait encore un des murs d'une salle. Elle est
divisée en plusieurs compartiments dont chacun offre
un sujet différent. Les quatre motifs de dessus, peints sur
fond bleu, sont entourés de filets bruns. Ils reposent sur
une longue corniche peinte à l'imitation d'un stuc blanc ,
qui traverse la décoration dans toute sa longueur. Dans
le premier on voit un socle qui en supporte deux autres.
Sur l'un de ces deux socles est une corbeille ; sur l'autre
l'on a placé deux petits pains qui semblent appartenir
par leur forme à cette espèce particulière que les Romains
appelaient quadrœ (i) et les Grecs Terparpuçoi (2), sans
(i) Hoiarc, I, Ep. XVII, 49; Mai- nal, V, 1.
tial, III, Ep. 7(i el IX, Ep. gS; Juvc- (-2) H<'siodc 'Epy. l\l\o.
P E I N T I
fivu^ itiJt*
A d'H V
I
-f-
4 et
flKSfWl.AILl,
PREMIÈRE SÉRIE. ^
doute à cause des quatre subdivisions qui y étaient indi-
quées. Un pain beaucoup plus gros et d'une forme diffé-
rente est appuyé sur le socle, au-devant duquel se trouve un
bassin d'argent rempli de pâtisseries ; peut-être les placen-
tœ ou les scriblitœ dont il est question dans plusieurs au-
teurs latins (i). Le second représente la mer et des pois-
sons parmi lesquels on peut reconnaître deux gros
surmulets et une lamproie ; quelques pierres sont sur le
bord : le tout est de couleur naturelle. Dans le troi-
sième, et sur un socle, l'on voit deux vases couleur de
bronze, dont l'un sup|)orte une passoire (2) et un bas-
sin de la même couleur qui contient des œufs. Un troi-
sième vase , couleur de terre cuite , s'appuie sur le socle ,
et porte une inscription dont le but est d'indiquer le
nom du propriétaire (3), ou celui de la fabrique, ou celui
du vin, peut-être encore celui du consulat sous lequel il
a été recueilli (4) , ou celui du pays qui l'a produit (5).
Les peujiles de l'Italie devaient étiqueter leurs vins
avec d'autant plus de précautions que Pline admettait à
peu près quatre-vingts sortes de vins célèbres, dont les
deux tiers appartenaient à la seule Italie (6). Quant à
ceux de Pompéi, si on veut l'en croire, ils n'étaient pas
potables avant d'avoir atteint leur dixième année, et ils
étaient si capiteux que ceux qui en buvaient en ressen-
(i) Martial, III, 17; Athénée, XIV, (4) Pline, XIV, 14 et 21; Horace,
i3. 1,^/7. V, 4.
(2) V. dans cet ouvrage la pi. XX (5) Pline, loc. cit. Plante, Pœn.
(le la 2* série des peintures. IV, 2 , i4 ; Juvenal , V, 34.
(3) Piaule. Rud. II, V, 21. (6) Pline, XIV, 11.
e PEINTURES.
taient des douleurs de tête jusqu'à la sixième heure du
lendemain (i). Quatre oiseaux, dont le plumage est roux
et le bec blanc , sont suspendus au mur, où l'on a attaché
aussi une espèce de serviette blanche. Enfin dans le haut
du dernier compartiment on aperçoit un tas de pièces
d'or, puis un petit sac et un autre tas de pièces d'or et
d'argent mêlées ensemble : par-dessous , un encrier blanc
avec une plume jaunâtre ; un parchemin à demi déroulé ;
des tablettes ouvertes avec quelques inscriptions et une
plume, et d'autres fermées couvertes de caractères, et
suspendues à un clou. La bande qui traverse toute la
peinture par-dessous la corniche en stuc , est verte ; le
fond des deux compartiments latéraux est rouge, et les
deux petits tableaux qui occupent le milieu ont des bor^
dures blanches et noires. Ils représentent des paysages
peints de couleur naturelle. Les grands cadres tracés
au milieu de ces deux compartiments latéraux sont
blancs, et les petites fleurs qui les ornent, jaunes. Le
fond sur lequel se détachent les deux compartiments
ainsi que celui des quatre stylobates est jaune. Leurs pe-
tites corniches et leurs bordures sont vertes. Le fond de
l'architecture qui reste est blanc. Les petites guirlandes
sont vertes, les dauphins jaunes, les deux candélabres,
rouges sur fond noir , les boules qui décorent leurs ex-
trémités supérieures, couleur de bronze; les coquilles que
l'on voit au-dessus, bleues. Tout le feuillage des candéla-
(i) Pline, XIV, 6.
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^^^Ornss-î?^-.©^ W2B ^ILi3S
PREMIÈRE SÉRIE. 7
bres et du socle qui traverse et termine la peinture est
en partie jaune et en partie blanc. Le fond de l'ajuste-
ment du milieu est rouge ; celui de la draperie , qui imite
une ijela , est jaune ; la bordure qui entoure les deux fi-
gures du milieu est blanche. Le groupe de la bacchante
et du faune se trouve en grand dans le présent ouvrage,
au Musée secret.
PLANCHES 6 ET 7.
On ne doit voir dans cette peinture architectonique, et
dans toutes celles du même genre appelées par Vitruve
du nom générique à' expolitiones (i) , autre chose que des
sujets d'imagination dont les peintres et les ornemanis-
tes décoraient les appartements. Dans les compositions de
ce genre , comme on peut le voir par cette planche , la
vérité était toujours sacrifiée à la grâce de l'ajustement.
On s'inquiétait peu de composer des plans d'édifices
vrais ou même vraisemblables ; de dessiner une perspec-
tive juste ; d'observer dans le courant de toute la com-
position le même horizon , le même point de vue et la
même distance : le caprice du peintre était sa seule loi.
Il faut reconnaître cependant que malgré le peu de res-
pect des ornemanistes anciens pour les règles de l'art,
leurs décorations avaient souvent beaucoup de mérite,
et n'en étaient jamais absolument dépourvues. Les con-
naisseurs leur accoi'dent une certaine vivacité de com-
(i) Livre VII, ch. 5.
a PEINTURES.
position, un faire soigneux, de la hardiesse dans le pin-
ceau, et une intelligence parfaite des touches. Ladiiis,
peintre du siècle d'Auguste , paraît avoir été le premier
qui ait décoré l'intérieur des appartements de pein-
tures architectoniques. Instituit amœnissimam parie-
tum picturam y villas et porticus ac topiaria opéra (i).
Il résulterait de ce fait que l'usage des peintures archi-
tecturales serait postérieur à celui des décorations de
tableaux qui remontait à une antiquité bien plus recu-
lée. Mais Vitruve , dans les détails oii il entre sur les ex-
politiones, ne rapporte pas le nom de leur inventeur, ni
l'époque d'oii elles datent. Il aime mieux penser qu'elles
ont été adoptées progressivement , et qu'après avoir d'a-
bord essayé d'imiter sur les enduits les veines du marbre,
les ornemanistes ont été conduits à peindre sur les murs,
des colonnes , des coupoles , des édifices , des paysa-
ges , etc. , etc.
La décoration d'architecture reproduite par notre
planche serait attribuée, peut-être avec plus de raison,
à un peintre qu'à un architecte. Elle est incomplète; la
colonnade circulaire parait en être le milieu, et alors il
est certain qu'il manque à la partie gauche tout ce
que l'on voit de plus dans la partie droite. On ne doit y
chercher autre chose qu'un assemblage de diverses co-
lonnades, oîi, malgré bien des erreurs et bien des dé-
fauts. Ton reconnaît partout l'ordre ionique. Cette com-
position , toute de fantaisie et dans le goût arabesque ,
(i) Pline , XXXV, ;i.
PREMIÈRE SÉRIE. 9
peut servir de commentaire à un passage de Vitruve, où,
dans une noble indignation d'artiste, il blâme les peintres
de son temps de ne plus se contenter, comme les an-
ciens, du vrai ni du vraisemblable, et par exemple ,
de faire des roseaux ou des candélabres au lieu de co-
lonnes , et des harpaginetuli ( enroulements entrelacés )
en guise de faîtes. Il est certain que les proportions des
colonnes sont exagérées, et motivent en quelque sorte
la critique de Vitruve. Le tholus qui est supporté par la
colonnade circulaire du milieu est sans doute aussi un
de ces faîtes que Vitruve appelle harpaginetuli, et dont
il condamne la bizarrerie. Si nous en croyons Perrault,
Vitruve aurait tout à fait manqué son but en donnant
une description des arabesques, et en la faisant suivre
d'une critique sévère; non-seulement il ne serait pas
parvenu à détruire l'usage de ce genre chez les anciens,
mais encore ce serait lui qui en aurait donné l'idée, et
fourni le modèle aux artistes modernes. Cette observa-
tion ne semble pas fondée; et il paraît certain, au con-
traire, que les arabesques n'ont jamais été abandonnées.
Saint Bernard reproche aux moines de Cluny le scandale
qu'ils occasionnaient en faisant orner d'arabesques les
murs de leurs cloîtres. On doit remarquer enfin dans les
deux cloisons que contient notre peinture la division de
leurs compartiments, et les guirlandes qui lient entre
elles les différentes parties de l'édifice.
I '* Série. - Peintures . „
10 PFJNTUKES.
PIANCHE 8.
Cette peinture est dans le goût de la précédente.
Comme elle aussi , elle est incomplète et tronquée. La
large bande qui la termine formait sans doute l'entable-
ment d'une décoration inférieure, el se divise en trois
parties. La première , qui tenait lieu d'architrave , a pour
ornement des ailes et des drageons de vigne , disposés
alternativement. La partie de dessus ressemble à une
corniche , ou plutôt à un simple larmier décoré. Celle du
milieu ne peut être qu'une frise, ou un zoophore (de ^Gov,
animal, et (pepto, je porte) , nom que les anciens donnaient
aux frises dont la décoration était formée par des ani-
maux (i). Elle est ornée d'oiseaux diposés deux à deux,
soutenant des couronnes, et portés alternativement, les
uns par des pavillons , les autres par des conques. Cha-
que couple est séparé par une tête entourée d'ornements.
A gauche du cadre on voit trois espèces de pavillons.
Celui du milieu est quadrangulaire , et ne laisse aperce-
voir que cinq colonnes. Les deux de côté sont moins
grands et moins élevés, et ont une forme triangulaire.
Leurs colonnes, quoique sans base, appartiennent à
l'odre ionique. Elles posent sur un soubassement percé
(i) Philandre, ch. 3, liv. III de Vitruve.
S3
PEINTURES
1""* Série
-H '^ ''"^
I.-' .y /•(•// f/ff/r'/if /{■//, / /iJjftr/f j//f
PREMIERE SERIE. H
de petites baies et couronné d'un entablement, dont la
frise est ornée de modillons.
La symétrie qui règne entre les deux pavillons trian-
gulaires et les guirlandes fait présumer que le portique
ou pavillon quadrilatéral formait le milieu de toute la
décoration.
A droite est un commencement de portique de même
ordre que les pavillons, dont le soubassement est décoré
de trois ouvertures ressemblant à des fenêtres.
L'intervalle entre ce portique et les trois autres est
rempli par une espèce de pavillon ou de dais , surmonté
d'un cadre qui contient un animal marin. Dans le
milieu est suspendue une corbeille. On a cru voir dans
cette peinture une décoration en l'honneur de Vénus
ou d'Isis.
PLANCHE 9.
Cette peinture formait la décoration entière d'une
muraille. Le fond du socle est noir ; les filets qui l'ornent
dans toute sa longueur sont blancs , les petites guirlandes
vertes; les cygnes et la tête de bœuf (i), d'un jaune
clair. La partie supérieure de la décoration est sur fond
jaune ; les petites colonnes, et tout le reste de l'architec-
(i) Pline, VIII, 45.
12 PEINTURES.
ture, ont une teinte jaunâtre; les deux autres côtés de la
peinture , qui ont été faits à l'imitation d'une construction
en travertin , ont une couleur jaune foncé. Les deux fi-
gures symétriquement posées au-dessus, sont vêtues de
draperies de couleur changeante entre le vert et le
pourpre. L'une d'elles est représentée lisant un pa-
pyrus. Les deux génies , dans les panneaux latéraux, sont
peints au naturel : ils ont des ailes vertes et une petite
draperie rouge. L'un d'eux tient d'une main une patère,
et de l'autre un vase dont on ne peut déterminer la
forme. Le tableau du milieu, qui représente une bac-
chante et un faune, sera donné en grand, et développé
dans la série à laquelle il appartient. Les deux mas-
ques sont de couleur de chair, et les longues cornes
dont ils sont surmontés permettent d'affirmer qu'ils ont
été faits à l'intention de Bacchus.
La figure couchée sur la corniche est peinte au naturel.
Elle est à demi voilée par une draperie rouge. Les cygnes
posés sur le pavillon au-dessus de sa tête, et le dard
( dont une de ses mains est armée) (i), font reconnaître
Vénus. On a donné une couleur rouge aux ailes du génie
que Ton aperçoit tout nu et debout sur un des côtés de
la peinture , ainsi qu'aux griffons qui surmontent l'espèce
de niche oii il se trouve placé.
Les personnes qui tiennent à donner à ce genre de
peinture une intention autre que l'ajustement et la grâce
(i) Thes.Brand. t. I,p. 17.
PKIX'l'L'KKS
PREMIÈRE SÉRIE. 13
de la décoration, pourront rapporter cette planche à
Bacchus.
La Bacchante , les masques surmontés de cornes ; Vé-
nus , les Amours ; car on ne saurait voir autre chose dans
les trois génies de cette peinture ,
Nuda Venus picta est, nudi pinguntur Amores (i) ;
Et puer est , et nudus Amor : sine sordibus annos ,
Et nullas vestes, ut sit apertus, habet.
Quid puerum Veneris pretio prostare jubetis ?
Quo pretium condat, non habet ille sinum (2) ;
peuvent donner quelque vraisemblance à cette interpré-
tation.
PLANCHE 10.
On ne saurait assez admirer la disposition heureuse et
la grâce de la décoration d'architecture qui fait le sujet
de cette planche. Toute cette composition repose sur un
socle dont le fond noir est traversé par des guirlandes
vertes attachées avec des rubans d'un rouge clair qui
supportent une corbeille jaune. Les deux panneaux laté-
raux dans le socle sont rouges et entourés de cadres
blancs. Tout le reste de la peinture est sur fond jaune ;
l'architecture est jaune aussi , mais bien plus foncée. Une
bandelette blanche est suspendue à l'ornement supérieur,
(2) Pithseus , lib. I. (i) Ovide, Amor. I, 10, i5.
14 PEINTURES.
et elle vient s'unir à l'ornement inférieur en retombant
des deux côtés. Le paon, les griffons, les deux petites
boîtes ouvertes et posées sur les deux pilastres latéraux ,
imitant la construction travertine, et la tête bachique
suspendue à l'architrave, sont d'un jaune clair. Le mé-
daillon du milieu qui représente Vénus rustique et
l'Amour, sera donné en grand dans une planche de la
deuxième série.
PLANCHE n.
L'irrégularité et l'originalité capricieuse de la décora-
tion d'architecture qui fait le sujet de cette planche,
sont pleines de goût et de grâce. Toute la construction
extérieure , les divers ornements , les griffons , les petites
figures se dessinent sur un fond noir, et sont peints à
l'imitation d'un marbre jaune. Le char de la Victoire , et
la figure ailée qui est suspendue au milieu de l'arc, et
supporte une espèce de lampe à plusieurs becs , sont de
la même teinte. Les entablements , les vases , et le livre
que l'on aperçoit dans F architecture intérieure, sont aussi
peints en jaune, mais d'une teinte plus claire. La guir-
lande attachée à la lampe est verte. Dans le bas , et der-
rière un balustre orné de trois petites sphères surmon-
tées d'une fleur ou d'une croix , on voit une figure peinte
au naturel. Son manteau est bleu et recouvre une tuni-
que verte à manches longues. Son front est orné d'une
PEINTURES
\ffA/?wx^ xin^^A ?tA K<=i««s- A-dH-V."^. P. 2 8 5 .
2â)2E(e©m.^'^Iή29" ..«^^©SiS'ÔÎ'IE.S'^'^m^SL^E
PREMIÈRE SÉRIE. 15
couronne d'or; l'espèce d'autel qui porte sur lebalustre,
et l'autre vase que la figure tient dans une de ses mains,
sont du même métal.
Si l'on veut assigner à l'édifice de cette peinture une
destination quelconque , on pourra peut-être y voir un
arc de triomphe. Les anciens en construisaient de plu-
sieurs sortes ; de simples , qu'ils appelaient du nom d'^r-
cus ; et de composés avec quatre portes , et même quel-
quefois plus, qu'ils nommaient Jani (i). Ils leur donnaient
une hauteur prodigieuse, qui surpassait quelquefois celle
des temples eux-mêmes (2). Enfin ils posaient sur le faîte
de petits temples avec des statues et d'autres orne-
ments (3). Ceci donnera une explication de l'originalité
de notre peinture, et de ses acrotères ( c'est le nom que
l'on donnait aux ornements qui décoraient le sommet des
édifices (4) )•
Le quadrige, qui était toujours employé dans les pom-
pes et dans les cérémonies triomphales , aurait eu plus de
rapport avec l'arc de triomphe que le bige conduit par la
Victoire (5). Cette observation pourrait faire élever des
doutes sur la destination de l'édifice représenté dans notre
(1) Suétone, Domit. XIII; Octav. (3) Pline, XXXVI, 5.
XXXI;Tite-Live,XLI, 27; Cicéron, (4) Vitruve, III, 12, et ses corn-
ue iV. Z). II , 27 ; Pline , XXXIV , 6 ; mentateurs.
Marlian. Topogr. Urb. Ro. Il, 14 ; (5) Florus, I, 5; Buonarotti, Etr.
Fabrizio, Descript. Urb. Ro. cap. i4; Reg. PI. 48 et 49; Dempster, III, 36;
Boulenger, ^<? 7V/«//?/>/i. cap. 2. Suétone , Domit. XIII; Prudence,
(2) Pline, Paneg. LIV, 4. Symm. II, v. 555.
16 PEINTURES.
peinture, et on s'est demandé à cet égard si le bige (i)
qui disputait au quadrige l'honneur de soulever la pous-
sière du cirque, ne serait pas une indication suffisante
pour autoriser à voir dans ce tableau un fragment d'un
lieu construit pour les spectacles ; ou bien encore d'un
gymnase , ou de thermes , qui avaient aussi leur hippo-
drome (2).
On a voulu aller plus loin , et l'on n'a pas craint de sup-
poser que l'arc de triomphe qui fait le sujet de cette
décoration pouvait très-bien être celui que l'on éleva
pour le cinquième et le dernier triomphe de César. Alors,
malgré la ressemblance de la figure principale avec une
figure de femme , tant pour les traits du visage que pour
la chevelure et la forme du vêtement , on s'est décidé à
y voir un portrait du vainqueur des Gaules, de la Grande-
Bretagne, et de l'Espagne, et pour cela l'on a tiré parti
de quelques lignes de Suétone (3) qui justifieraient jusqu'à
un certain point cette hypothèse. On a rappelé aussi que
le sénat lui avait décerné une couronne d'or ornée de
pierres précieuses (4). Enfin, les trois petites sphères pla-
cées dans le balustre indiqueraient les trois parties du
monde subjuguées par César , et le livre suspendu dans
l'intérieur de l'édifice serait le livre des ordres , liber
(1) Pline, XXXIV, 5; VII, 56; (2) Vitruve, VII, 5.
Pausanias, V, 8; Schaeffer, de Me (3) J« /«/. XLV.
vehic. II, 11; Begers, Th. Br. p. (4) Dion, XLIV, § 6, p. 243; et
îQ/i- XLV, §6,p. 273.
PEINTURES
tfM^c^, a*»v^^
A. d H . V. 4. P , 289
PREMIÈRE SÉRIE. il
mandatorum que les consuls et les généraux romains re-
cevaient du sénat. - ' ^. '
• On a pensé aussi au culte de la Grande Mère qui avait
un temple à Herculanum. Dans cette explication, la fi-
gure principale serait une de ses prêtresses.
PLANCHE 12. '■'■ ''™'S '<"
Cette figure a été trouvée avec la précédente aux fouil-
les de Portici. Elle est, comme on peut le voir, absolu-
ment du même genre ; et elle lui ressemble par la couleur
du fond, l'architecture, les ornements des corniches tels
que les griffons et les petites figures, les entablements,
et toute la perspective intérieure. Enfin la figure équestre
correspond au bige de la Victoire, et une figure de
femme placée derrière un balustre tout à fait pareil à
celui de la planche précédente , orné comme lui de trois
petites sphères, fait pendant à la figure que l'on a dit
être César triomphant , ou une prêtresse de la Grande
Mère. Comme elle, on l'a peinte au naturel. Ses boucles
d'oreilles , son collier et ses bracelets sont couleur d'or.
Elle tient une lyre, et porte un petit coffre La drape-
rie qui lui couvre la tête et retombe sur son épaule gau-
che , est blanche ; et la partie inférieure de son corps est
voilée par un vêtement jaune qu'elle retient de sa main
gauche. .i ;n7
I" Série.— Peintures. Q
18 PEINTURES.
Il est difficile de trouver dans les détails de cette pein-
ture des indications assez plausibles pour faire soupçon-
ner l'intention du peintre, au pinceau duquel nous la
devons. La figure équestre pourrait amener l'idée d'une
ovation qui se faisait toujours à cheval (i) , ou bien encore
celle d'un monument élevé pour célébrer quelque succès
éclatant dans une guerre (2) , ou dans des jeux (3) , ou
un grand service rendu à la patrie (4).
La nudité de la figure principale a fait penser aussi
aux jeux Floraux et aux fêtes Eleusines où les courtisa-
nes paraissaient toutes nues (5). Enfin l'on sait encore
que les femmes de Sparte se dépouillaient de leurs vête-
ments pour exercer leurs corps dans le Gymnase, et que les
joueuses de lyre et de flûte s'habillaient toujours d'une
manière très-peu modeste. La petite boîte aura tou-
jours sa place dans chacune de ces suppositions ; car nous
en avons déjà trouvé , et nous aurons occasion d'en trou-
ver encore de pareilles dans le cours de cet ouvrage
entre les mains de femmes qui s'en servent pour serrer
leur toilette, ou des objets appartenant aux sacrifices.
La lance, et surtout la cuirasse dont la figure équestre
a été armée , sont des motifs suffisants d'affirmer que
cette peinture est d'origine romaine. Grœca res est nihil
Délave : at contra romana ac militaris thoracas addere :
(i) Tibulle ,l,El. I; Aulu-Gelle , (4) Pline , XXXIV , 6,
V , 6. (5) Ovide, Fasf., V. 279 ; Lactance
(2) Justin , XI , 6. 1,1»; Valerius Maximus , XI , 1 o, 8.
(3) Pline , XXXIV, 5.
PKtNTUKES
i^- /C'a /r/^y/-' .
M o H * V . 3 . P . H .
PREMIÈRE SÉRIE. 19
Cœsdr quidem dlctator loricatani sihi dicari inforo suo
pas sus est (\),
PLANCHE 13.
Cette peinture et la suivante ont été trouvées à Pompéi,
et faisaient partie de l'édifice appelé le Panthéon.
Au milieu d'une architecture peinte dans le goût ara-
besque , on aperçoit une belle cithariste qui descend le
gradin d'une porte et semble marier l'harmonie de sa
voix à celle de son instrument. Sur le chambranle de la
porte une Victoire , peinte avec un art merveilleux , fait
tous ses efforts pour modérer la fougue de deux cour-
siers qui paraissent plus rapides que le vent. La citha-
riste est d'un goût exquis. Elle laisse négligemment
tomber ses vêtements qui découvrent une partie de sa
gorge et descendent sur son bras. Elle est toute à l'en-
thousiasme qui la transporte , et s'élève à ce que la poé-
sie a de plus sublime. Ses regards enflammés semblent
parcourir comme un éclair les espaces de l'imagination.
Lorsqu'on la regarde avec attention , on croit entendre à
la fois l'harmonie de sa voix et celle de son instrument.
Elle est un tiers de nature. Son habillement se compose
d'une tunique blanche , d'une autre tunique violette par-
(i) Pline, XXXW, 5; Servius , /Ew. VIII, 435;Nicolaï, de Triumph^
C. 7, § 2. ^ M-»?.
20 PEINTURES.
dessus, qui des épaules descend jusqu'à ses pieds chaus-
sés de jaune, et d'un timico-pallium de couleur verte,
dont les plis laissent à son bras l'agilité dont il a besoin
pour parcourir les cordes de la cithare , et se rattachent
d'une manière assez élégante sur le flanc droit. Son front
est orné par une bandelette d'or , ses oreilles et ses bras
par deux anneaux du même métal. On remarquera que
notre belle citliariste emploie ses deux mains au jeu de
son instrument suspendu à son épaule gauche par un ru-
ban rouge. Nous ne saurions trop admirer l'expression
de cette fîgilre qui est drapée avec ampleur et avec grâce,
et admirablement bien posée.
PLANCHE 14.
Cette décoration et la précédente formaient les deux
pendants. Elles sont tout à fait semblables , et ne diffèrent
que par les sujets qui , encore , sont du même genre et
de la même beauté. Dans celle-ci , c'est une prêtresse
vêtue d'un timico-pallium blanc, avec des franges d'or,
qui descend devant et derrière jusqu'au-dessous du ge-
nou. Ce vêtement ressemble beaucoup à celui de la
Flore du Capitole. Il recouvre une tunique bleue qui
tombe jusqu'aux pieds chaussés de jaune. La tête de
la prêtresse est ceinte d'un bandeau d'or; ses oreilles
sont ornées de pendants d'une forme peu ordinaire, et
ses bras de deux cercles d'or. Un ^uttum dans la main
'7^'-
PEINTURES
if' Série
t
H. ïijua: . £rift^' .
M ? B ' V . 3 . P .. 6
IFlliSS'IE@g§Il
PEINTURES.
A.d-H. v:i.-p. 2 21
XoM JAa
H IPieJ.
S)2Ë(3®S!iJ?^=2'2©3¥ ^35â(S2E2T2E©T'®rmiS^5L.S
PREMIÈRE SÉRIE. 21
droite, des épis et des pavots dans la main gauche , elle
sort d'une porte et s'achemine sans doute vers le lieu où
elle doit s'acquitter de son ministère. Son attitude est
très-animée , son visage respire la vie , et les draperies
dont elle est vêtue ont été peintes par une main savante.
Sur le chambranle de la porte , une Victoire couleur d'or
excite avec un fouet les deux coursiers de son bige. Les
anciens avaient créé ce symbole pour figurer la marche
impétueuse de la fortune des armes ; et les peuples dé
cette époque avaient sous les yeux un exemple frappant
de la rapidité de la Victoire , eux qui avaient vu les Ro-
mains, leurs maîtres, subjuguer le monde en si peu de
temps.
u' Dans cette peinture et dans la précédente , la figure est
peinte sur fond blanc, et produit un effet merveilleux.
Il est bon d'observer à ce sujet que dans presque tous les
tableaux antiques , les figures sont détachées sur des fonds
clairs et lumineux , et que ce procédé leur donne un re-
lief et une apparence de vérité dont on ne saurait se
faire idée. Du reste, ce procédé est basé sur la nature.
PLANCHE 15.
On voit dans cette peinture une composition bizarre
qui offre au premier aspect l'apparence d'un édifice bien
ordonné; mais lorsqu'on la regarde attentivement, l'œil
se perd dans ses diverses parties , et y cherche en vain
22 PEINTURES.
quelque symétrie. Sur le devant est un portique formé
de quatre colonnes d'ordre composite pour les chapiteaux
et les proportions. Leurs bases sont attiques , et reposent
sur un socle ou soubassement construit à l'imitation d'un
piédestal , et percé dans le milieu d'une grande ouverture
horizontale. Le portique est fermé par un pluteus , ou
une barrière de bois de moyenne hauteur. Derrière est
un autre portique d'ordre ionique , moins bien conservé
que le premier : la corniche est dans le goût arabesque ,
mais les métopes dont elle est ornée la rapprochent as-
sez du dorique. Comme à l'ordinaire toutes les parties
de l'édifice sont liées entre elles par deux guirlandes atta-
chées à la voûte du portique postérieur d'où elles par-
tent pour aller l'une à droite, l'autre à gauche, après
avoir entouré un petit écusson. Si l'on ne tient aucun
compte des défauts qui dénotent une ignorance complète
de l'art, tels que le désaccord qui existe entre les hau-
teurs des colonnes, les architraves et les corniches, on
pourra dire que l'auteur de cette peinture a voulu figurer
im pronaos , c'est-à-dire le vestibule d'un temple , fermé,
comme c'était l'usage, par une barrière de bois ; et la vue
d'une partie de Forum, qui se trouvait ordinairement
à l'entrée des temples (i).
PLANCHE 16.
L'originalité de cette peinture trouvée aux fouilles de
(i}Pallad.,lib. IVjCap. Setg.
PEINTURES.
j\ . av. . V. 2 . y . 2 6 '
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Adîr . V. 'r.F..
:Q)2i©®:EJv.'îr2(a)ig' ^m(Ssiii=âP2g©'î?wi£j^,3L2E
PREMIÈRE SÉRIE. 23
Portici , doit la rendre digne de quelque attention. Sur
un panneau imitant une fenêtre, on aperçoit deux habi-
tations rustiques avec des personnages. Auprès de la
première est une femme qui tient une longue perche des-
tinée sans doute à abattre des fruits, et appelée paxrpia
par les Grecs (i). Près d'elle sont deux jeunes filles, dont
l'une porte sur la tête une espèce de corbeille, qui servait
à serrer et à transporter les fruits , et que les Latins
nommaient corhis , quia curvatis virgis contexuntur (2).
Un homme précédé par un chien , marche en s'appuyant
sur un bâton ; il est coiffé d'un petasus , et porte une be-
sace sur son dos (3). Il a sur l'épaule une longue barre,
aux extrémités de laquelle sont suspendues deux espèces
de sacs. Sur le devant on aperçoit une chèvre. Auprès de
l'édifice supérieur, est une femme entourée de deux petits
enfants. Trois autres enfants , plus grands , et tout nus ,
sont dans des attitudes variées, et paraissent vouloir
s'exercer à la course.
Le petit motif placé au bas de cette planche est peint
sur fond jaune. Les guirlandes sont vertes ; les chèvres
peintes au naturel , le masque du milieu , couleur de chair
sur un fond cendré ; et les deux petits cadres latéraux ,
noirs sur fond jaune. ink?^
(t ) Pollux , VII , 1 46 ; X , 1 3o , et (2) Isidore, XX , 9 ; PoUux, X, 1 29.
ses scoliastes. Voyez aussi Hesychius. (3) Pollux , X , 4^- ffrit
A »iM\Ti^i fionîiiî (i)
24 PEINTURES.
PLANCHE 17.
Cette décoration semble se rapporter au vestibule
d'un temple. Le tholus et toute rarchitecture sont peints
au naturel ; les deux sphinx ailés , les ornements posés
sur les acrotères , les hippogriffes , les fleurs de la frise ,
les deux têtes d'Hermès ou cariatides , sont couleur d'or.
Les ornements en forme de pointes , ou les feuillages que
l'on aperçoit sur l'entablement , sont dignes par leur bi-
zarrerie de quelque attention. On a voulu y voir des jou-
barbes connues par les anciens sous le nom de barba
Jovis ; mais on ferait peut-être mieux, dans le cas où
l'on voudrait prêter à l'auteur de cette peinture une au-
tre intention que son caprice , d'y voir des persea , qui
étaient très-connues en Egypte, et que l'on rencontre
souvent sur la tête des animaux sacrés et des divinités
égyptiennes (i); et cela- avec d'autant plus de raison
qu'une plante égyptienne figurerait avec à-propos à côté
de la fleur du lotus placée ici sur la tête des sphinx, et
aussi à côté des cariatides, dont l'ajustement est tout à fait
conforme à celui que l'on donne le plus volontiers à la
tête d'Isis. La bande obscure que l'on aperçoit sous l'en-
tablement , et qui descend derrière les deux colonnes en
traversant tout le tableau , est de couleur verte. La bande
(i) Pignor., Mensa Is. , p. 35. Cuperus, Harpocr., p. ai.
PEINTURES
H, R.ou^ , iz^jz^^.
A d H V 3 P 317
®ïl(g®mA'îrïï@M AIEQïEElt^IKg'îîWMivail
PEINTURES.
// Roua^ atJt^
A d H ,V. 4. P. 3'u'9.
I 1 1 1-
^ (6 1^0 ucc. .
1 ■):iâS(o)iii^'î?E@iRr yàm(§3sissïis^wïiiAas o
PREMIÈRE SÉRIE. 25
extérieure est rouge , les petits ornements sont couleur
d'or ; les colonnes imitent un marbre blanc ; le pluteus
placé au-devant est jaune. La bande inférieure est verte ;
les oves et la bande de teinte claire sur laquelle ils sont
peints, sont d'une couleur jaunâtre. La guirlande sus-
pendue au soffite est verte ; la teinte du bouclier ou du
disque est incertaine. Les objets que nous avons passés
sous silence sont peints en rouge.
PLANCHE 18.
n Au milieu de plusieurs morceaux d'architecture, s'é-
lève un tliolus supporté par huit colonnes d'ordre io-
nique, et orné de pointes. Le tholus était, à proprement
parler, la construction à laquelle nous donnons le nom
de coupole : ©oXoç, xupiwç xajxapa (i).
Par faciès templi : nullus procurrit in illo
Ângulus ; a pluvio vindicat imbre tholus (2).
(
Le mot tholus fut employé ensuite par extension pour
désigner la totalité et l'ensemble d'un édifice construit
en rotonde : 6oXoç, cTpoyyuXoei^viç ouoç (3) , Tholus qui est
intra rotundus, columnatus (4). Cette architecture fut
adoptée d'abord d'une manière exclusive pour les tem-
(i) Hesychius. (3) Hesychius.
(2) Ovide , Fast., VI , 281 . (4) Varron., R. R., III , 5 , i a.
I " Série.— Peintures. A
26 PEINTURES.
pies érigés en l'honneur de Vesta (i) ; mais on l'employa
plus tard , pour les autres divinités ; et nous lisons dans
Athénée (2) que le grand vaisseau de Ptolémée Philopa-
tor contenait un temple de Venus en forme de tholus. Il
paraît aussi que Bacchus en avait un pareil.
Les antefixes qui ornent la partie supérieure de la
coupole se retrouvent encore dans les corniches des cons-
tructions latérales ; sur l'une d'elles est posé un oiseau
qui ressemble à un cygne et se termine en arabesque.
Derrière est un appui qui joint deux grands pilastres.
L'intervalle qui les sépare est occupé par trois autres pi-
lastres moins élevés, de forme quadrangulaire, et qui peu-
vent passer pour des autels ; chacun des deux grands
pilastres porte un vase orné de feuillage. a
Le cygne aurait assez de rapport au Soleil ou à Apol-i
Ion; les vases donnent à cette décoration une couleur
égyptienne et peuvent encore porter à croire qu'elle re-
présente un monument funèbre.
PLANCHE 19.
>
Un pronaos ou un magnifique vestibule de temple té-
trastyle forme le sujet de cette peinture sur fond rouge.
Nous retrouvons autour du faîte, ou frontispice triangu-
laire, les pointes ou antefixes qui étaient peut-être les
(1) Meursius, Ceram. Gem:,cap. 7. (2) Athénée, V, 9, p. ao5.
PEINTURES
PREMIÈRE SÉRIE. 27
harpagirietuli, dont parle Vitruve. L'entablement est sou-
tenu par quatre colonnes ioniques. I/autre morceau de
corniche, sur l'extrémité de laquelle est posé un dau-
phin , s'appuie sur un fragment de colonne entouré de
feuillages. Cette colonne est portée à son tour par une
figure qui, par ses formes sveltes, et ses cheveux courts
ressemble beaucoup à une figure égyptienne. La patèreet
le bâton pastoral se trouvent dans les mains d'Isis et d'O-
siris. Enfin, le fragment de colonne à feuillage, qui repose
sur la tête de la figure, se rapproche aussi beaucoup du
genre égyptien. Tout ceci cependant ne serait pas une
raison suffisante de croire que l'architecture, représentée
ici, appartient à l'Egypte. Le caractère grec y est em-
preint avec trop de sévérité pour qu'on puisse le mécon-
naître.
De la corniche, surmontée du dauphin, part une guir-
lande, qui va joindre un ornement en forme d'éventail,
dans le milieu duquel est un miroir. Il sort de la tête d'un
sphinx aile , assis sur un trépied très-élevé, dont on dis-
tingue toutes les parties. Le sphinx et le trépied étaient
les deux symboles consacrés à exprimer les mystères
et les choses obscures et douteuses. Le dernier de ces
attributs est peint avec tant d'exactitude , que nous al-
lons énumérer brièvement toutes ses parties. Les trois
petits cercles servent à réunir et à attacher solidement
entre elles les trois branches qui composentle trépied. Le
bassin, qui porte sur le premier de ces trois cercles, est le
crater ou le bassin ; les trois petits rouleaux perpendicu-
28 PEINTURES.
laires sont les manches du crater. Enfin , l'autre hémis-
phère, qui est posé sur les trois manches du crater, et sur
lequel le sphinx se tient assis, est la fameuse cortina^ le
couvercle du trépied que les Grecs appelaient oXjxoç. Dans
le fragment, qui occupe la partie inférieure de cette plan-
che, on voit un masque, peint au naturel, avec une barbe
épaisse , une couronne radiée , garnie de petits rameaux ,
peut-être de branches de corail , et attachée avec un ru-
ban dont on aperçoit les deux bouts. Des deux côtés sont
des dauphins ou des chevaux marins. Le fond de la pein-
ture est noir, les arabesques sont jaunes ainsi que le ca-
dre du petit tableau qui représente un paysage. La cor-
niche et tous ses ornements sont jaunes aussi. Enfin la
draperie attachée à la corniche est verte et a une frange
d'or. .rijiKi?
'.Vf
PLANCHE 20.
Cette peinture est sur fond blanc et bordée d'i^n cadre
dont la bande intérieure est noire et la bande extérieure
rouge foncé. On y voit sur un entablement , supporté
par des colonnes ou des poteaux, un édifice composé de
deux ailes. Le toit et le fronton de l'aile extérieure repo-
sent sur deux colonnes , semblables à celles de l'entable-
ment inférieur ; ils sont jaunes, à l'exception des frises
auxquelles on a donné une couleur rouge, et du tympan
qui est vert. L'aile intérieure, qui est tout à fait pareille
PEINTURES
mm©®ïïu\,wmm ^iH'Sii^ïfîKgspmAîf.s o
t
PEINTURES
A d'il V. 3 P 127
5oja(S@IiU\,'3iK®5SnS iv.5lil(S)fŒ'E'îl5(gS' Wîli^ïLIl i
PREMIÈRE SÉRIE. 2)
à la première , est couleur de fleur de pêcher. C'est aussi
la teinte de la partie du milieu qui unit les deux ailes et
qui repose sur un arc de couleur verte. La porte est jaune
et moins foncée. Sur les toits des deux ailes on a placé
deux panthères cendrées avec la langue rouge. Un paon,
peint au naturel , se tient sur le premier entablement. A
quelque distance est un vase d'argent avec une anse et
un goulot étroit , qui soutient une branche de palmier.
Les panthères étaient consacrées à Bacchus, et le paon
à Junon; mais de ces deux faits on ne saurait induire
rien de positif pour arriver à comprendre la destination
de l'édifice dont on voit ici un fragment, .«uoii bnoi ^iie
à iiini'H\ 'ii'i iiio
r^ib 'irn K)l lii'
PLANCHE 21.
Cette planche comprend plusieurs sujets : le premier
représente un tholus ou un vestibule. Dans le comparti-
ment du milieu, on pourra voir l'entrée principale et
deux petites portes de côté. La corniche parait apparte-
nir, par ses triglypheset ses modillons, à l'ordre dorique ;
elle est soutenue par des colonnes ioniques et sans base ,
dans le goût ordinaire. La lionne , la guirlande tressée
avec des rubans rouges , que l'on retrouve ici comme
dans toutes les décorations architecturales , et le disque
à couleur d'argent, semblent placés ici pour remplir le
vide , pour animer et lier ensemble les parties diverses
de la peinture. Le petit cadre placé au-dessus de cette
30 PEINTURES.
décoration doit être considéré comme un ornement ajouté
à la grâce du tableau. Les anciens avaient donné à ces
jDetits motifs, indépendants du sujet principal, le nom de
parerga ; adjecerit parvulas naves longas in Us, quœ
pictores parerga appellant (i).
La vignette, qui complète cette planche, représente,
sur le plancher d'un édifice , dont on aperçoit un frag-
ment de colonne de couleur rouge , une lyre de même
couleur , un carquois fermé et attaché avec un ruban de
la même teinte que la colonne , et un rameau de laurier
vert; la colonne extérieure est d'un rouge plus foncé,
sur fond noir. La lyre, le carquois et le laurier, réunis
ici, ne permettent pas de douter qu'ils ont été peints à
l'intention d'Apollon. On devra observer la forme de
la lyre, qui est «ans doute la curva fyra, dont il est
souvent question dans les poètes anciens (2). La forme
recourbée lui avait été conservée sans doute de la tes-
tudo dont elle se composa d'abord , et dont elle garda
le nom. •-' ^u.-u.i :,.; ;..
Qui persaepç cai>a testudine flevit amurem ('i). • 1 1 1 f
Au reste on sait que la cithare différait de la lyre en
ce que celle-ci avait toujours une cavité pour recevoir le
son, et que celle-là se composait de cordes , de traverses
(i) Pline, XXXV, 20; Vitruve, race, I, 10, 6, et III, 28, 11.
IX , cap. uit. (3) Horace , Épod., XIV ,14.
(a) Ovide, ^■«J^, V, 5/| et 4i5; Ho-
PEINTURES.
^ya^Ydfays^Y^^asj^^if^^
V.t... .... u.-l'.' >.
A d-H.V. 1-P228n V. -ip. 123.
I lP«i.
1 1 P..i
S)2S(S@m^TE©3Sf ^5F^(SMST31(aTWm.>Ê^.liiS .
PREMIÈRE SÉRIE. 31
supérieures où elles étaient attachées , et de deux man-
ches latéraux.
PLANCHE 22.
Sur un portique d'ordre ionique, dont on aperçoit
seulement les chapiteaux, la corniche et la frise ornée de
dauphins, de tritons et d'autres monstres marins, est une
construction en bois, à demi ouverte, à demi fermée. Le
chapiteau qu'elle surmonte se rapproche du corinthien.
La corniche , le fronton et le toit sont gracieux et ne
manquent pas d'originalité. Sur un des côtés se détache
un morceau de construction dans le même goût qui con-
siste en deux pilastres de bois. Ils descendent plus bas
que le portique et portent une amphore. Sur l'autre côté
on aperçoit un autre édifice et une colonne très-longue
surmontée d'un vase. Les arbres qui étendent leur bran-
ches dans l'édifice supérieur peuvent faire soupçonner
que la construction représentée ici appartient à une
villa.
La vignette est une frise sur fond noir fermée par des
bandes et des ornements de diverses couleurs. La colonne
et le pilastre sont ornés d'arabesques. Le premier oi-
seau a un plumage de couleur changeante du jaune au
vert ; l'autre ressemble à un merle. Le papillon , les fi-
gues et les arbouses sont peints au naturel; les plantes
sont vertes et les petites fleurs, blanches.
32 PEINTURES.
PLANCHE 23.
Nous le disons ici , sans crainte d'être taxés d'exagé-
ration , la peinture qui fait le sujet de cette planche ne
serait pas indigne, par son goîit, son fini et sa délicatesse,
de figurer à côté des arabesques de Raphaël.
Au milieu , et sur un fond blanc , est une espèce de
candélabre dont la partie inférieure est rouge et cannelée,
et supporte un vase jaune orné tout autour de feuillages.
Sur les bords du vase sont posés deux perroquets, peints
au naturel , et du milieu s'élève une guirlande de feuil-
lages verts , de fleurs blanches et rouges , et de fruits ,
qui se termine par un pavillon de couleur jaune. Ce pa-
villon porte deux figures : l'une d'elles représente un
jeune homme avec une draperie rouge sur le bras, et
une verge à ia main droite ; l'autre représente une jeune
femme, vêtue d'une draperie jaune bordée de rouge ; elle
tient un rameau dans sa main gauche. Ces deux figures,
qui peuvent être Mercure et la Paix, ou Bacchus et Cé-
rès, ou, plus généralement encore, deux Bacchantes, ont
un pied en l'air et se retiennent, par une de leurs mains,
à deux branches qui sortent des deux côtés du pavillon
et se croisent dans le milieu d'un autre fût de candé-
labre, rouge comme celui de la partie inférieure, pour aller
se réunir encore sous une fleur d'un rouge moins foncé.
l)e là , ils sortent chacun de leur côté , se recourbent ici
PEINTURES
l''.' Se
N.Miu^'.ai^^i- A d'H.V. 3. P. 293. eu M" B» V. 8. P . 3S .
PREMIÈRE SÉRIE. 33
en dehors, et se terminent par deux fleurs jaunes. Sur leurs
coiu'bures sont deux petits oiseaux. Du milieu de la
fleur s'élève une autre guirlande, semblable à la première,
qui se termine aussi par un petit pavillon jaune; après
le pavillon , le fust du candélabre continue encore et se
termine en une fleur rouge toujours moins foncée qilé
le candélabre. Il est encore traversé dans le milieu par
deux branches semblables à celles de dessous, -'^"^'^i*"
De dessous le premier paviUon sortent deux guirlan-
des vertes qui joignent deux constructions tout à fait
semblables. Elles se composent de deux colonnes rouges,
ceintes en trois endroits par des anneaux ou des nœuds
jaunes. Elles supportent un soffite rouge qui s'appuie par
derrière sur un pilastre vert orné de deux bandes, l'une'
blanche et l'autre rouge. Sur la corniche rouge , aussi en
dedans , est posé un sphinx. Le fragment de la colonne
supérieure est rouge encore et orné de trois nœuds ou
anneaux jaunes. La partie extérieure de la corniche est
décorée de feuillages rouges et d'un petit sphinx. Sur le
derrière, entre la colonne intérieure et le pilastre, est
une petite construction avec des pilastres et une corni-
che qui supporte un vase de couleur noire.
A droite est une guirlande de feuilles entourée par un
lierre sur les branches duquel sont peints de petits oi-
seaux et des insectes, j n '> .>«()MJun ■>{ '5lioib iii«ii
.;v.v. ,ia.q.n:/.Tfo
.•«iiu'>t«t#i'»rnfrnv>
K
T"' Série. -Peintures, '-'
3^ PEINTURES.
'•' . PLANCHE 24.
«-'i'ui;; :'iHiJi,i lioHiv.f.tj Jil'Kj nii 'it;(j isKifr, ouinroJ riH luj»
Cette peinture est une vue intérieure d'un temple. Sur
un fond noir , et au milieu d'une architecture de couleur
naturelle, est une jeune femme coiffée d'une draperie
blanche. Son cou est orné d'un collier de perles; on ne
distingue pas bien la couleur des draperies dont elle
est revêtue ; cependant il semble qu'elles tirent sur le
jaune. La coupe qu'elle tient dans sa main gauche , et le
vase posé sur la galerie sont peints de couleur d'or.
La manière dont est disposée la draperie qui enveloppe
la tête de cette jeune femme se rapporte beaucoup à l'ar-
rangement de la coiffure des. prêtresses de Cérès(i), qui
se voilaient de blanc ifi .>J xnifkp. un i>èoq Jr^o ,^.in.bii>
Albenti velatae tempora vitta (2).
Mais Cérès exigeait dans ses suivantes plus de décence
et de chasteté que n'en montre notre figure. Les femmes
qui composaient son cortège étaient citées par opposition
aux courtisanes (3). h *)^j;7 nn 'j1'i(M((jna Un^ 'ȕi'>
Il est plus prudent de croire que la jeune femme peinte
dans cette décoration architecturale, et qui semble tenir
de sa main droite le manche d'un petit vase plongé dans
(1) T. VII, p. 61 , ^. G. (3) Lucien , t. III, p. 298 ; Diai.
(2) Ovide, Mélam.^ V, 1 10; et les MrCjVII.
commentateurs.
PEINTURES .
24.
S. li^ua'^'. a£-n<y.
A.d'H .V. 4.. P. 299.
A a ri V , 4t . P. 3'6^ ■
5ïï)îi(g®3m^sa@aT§ .<^m(§.îiiiisii(gswm='f\jtiîs !
PEINTURES
J©)!riS®)S,A']i:'3£®W A\.m(S)SGl?i?3^S'î'ei6ni£A.ÏÏ-,K o
PREMIÈRE SÉRIE. 3*»
le grand , est une simpuviatrix. Le simpuvium ou simpu"
lum était un petit vase qui servait à puiser, par petites
quantités, le vin des libations ; quo sumebant niinutatim ,
a sumendo simpulum nominavere (i). Cet usage existait
déjà du temps d'Homère: - > - . . , ,
jjlÉÔu S' IxxpYjxrjpoç àcpuaffwv
Ohojôoi; cpoperjffi xal sYX^'lfl ^S'^asdaiv (2).
On appelait simpuviatrix la femme chargée de cette
fonction (3).
lir;1'H|q);'I isO .^li ij îîT u/w'I JiciiaJiioo inp
. , PLANCHE 25.,,, ' , , '
v.'A \v\':>'^'vv\\?,v> ?,\\ : io-inlo') J^/3 f^fio»'. *>! Jnoli la ,iiifid ;^.i*[q
On doit voir ici l'entrée d'un temple , auquel on monte
par trois gradins. La porte et ses ornements sont coii-
leur d'or. C'est aussi la couleur de la grande base sur la-
quelle est posée la colonne entortillée, dont le fond
est vert et dont le feuillage est doré , de la corniche , de
la frise et des autres ornements de cette peinture, et
enfin de la corbeille qui contient des vases et d'autres
objets sacrés. Les guirlandes sont rouges. ^ ,
Deux piédestaux semblables , et de couleur d'or , sup-
portent deux vases pour les lustrations , deux périrran-
tères, wepippavTYipta, qui imitent le cuivre. Les Latins avaient
(M .(in , /i ; 'i .A\',w,fA ,'iniitlqoJirnA <^^
(1) Varron, lY , de L.L.^ p. 3i. (3) Juvériali «SSaif.TI, "S^i et le àco-
(») Odyss., I, Y. 9. liaste; Musée de Rome, t. II, pi. IL
36 PEINTURES.
donné à ces vases , que l'on plaçait à l'entrée des temples ,
le nom de aquiminaria , ou aquimanaria(^i). L'eau lus-
trale qu'ils contenaient , que les prêtres consacraient en
éteignant dedans un tison pris à l'autel, et dont les fidèles
présents au sacrifice se servaient pour se laver et purifier ,
avait été appelée par les Grecs x,£'pvnj; (2) ;
ot {/.iS; T£ yspvtéoç
B(<)[xoù(; irepip^aivovTSÇ, b&OTTEp \\j-^v*t\<i (3).
Par extension , le nom de yepvnj; fut donné aussi au vase
qui contenait l'eau lustrale. On l'appelait cependant de
préférence j^epvîSiov et jç^spviêov (4).
Les deux vers d'Aristophane que nous venons de citer
plus haut, et dont le sens est celui-ci : Us aspergent les
autels avec la même eau lustrale, comme s'ils étaient de
la même race, nous amènent à dire que l'usage en com-
mun des mêmes objets sacrés était le signe d'une liaison
intime (5). Les lustrations étaient une coutume religieuse
fort répandue non-seulement chez les Egyptiens, les
Grecs et les Étrusques (6), mais encore chez les Hé-
breux \J}', -^'Yf-i-r :ifp mII! xl'iu» r.l •)!) «iijn»
(i ) L. 2 1 de ^.eVA. Leg. ; Vossius, (5) Le scoliaste d'Aristophane, Ly-
£tjm.injqua. '. )-ji ]■-, ,^.. sùtr. ^x^^l. ,Ar'A'iWu\ /ir>r;
(a) Athénée, IX, 18 ; Aristophane,, (6) Lomeier, de Lustrât. y cap. 18;
y^p. 85i ; Pac. 955 ; Lys. ii!îf ; Eu- Broukhusins ad Tibvdl., II, El. i/»;
ripide, Hcrc.fur.y 929 ; Iphig. in Aid., Ryc(iiiiiis, de Capit.y cap. 57 ; Loreu/,
1569. Far. sac. gent., cap. i4 » t- VII, A. G.;
(3) Aristophane, Lysistr. ii3i. T. Liv., lib. LV.
(4) Homère, //. H, 3o4 ; Odyss. A, (7) Josèphe, III, 5.^ ti.»i 1»; / 1 .
i3G; r, 440. V t ,.,^jV» I , V
♦ ' ' l! 5
PEINTURES
J/ UtJi*^ . tu*Lr
"1^-
M
PEINTURES
ivvvvvyvvvvvvvvvvvvvyvvyvvvvvvvvv
A.d'n V 3^ p. 19
_-(6 Pouces
PREMIÈRE SÉRIE. 37
; Jnî> 3«oi i^.^ i PLANCHE 26.
Nous donnerons à la peinturé architectonique qui fait
le sujet de cette planche, le nom de Tholus. Ce nom s'ap-
pliquait à la fois à un toit sans murailles , porté par des
colonnes , tectum sine parietihus suhnixum coliimnis ; et
à la partie du soffite où étaient suspendus les ex-voto ;
Tïiolus proprie est veliiti scutum brève y quod in medio
tecto est , ad quod dona suspendi consueverunt (i).
Le tholus que l'on voit ici est rouge clair sur un fond
blanc. Il s'appuie par devant sur une construction dont
la partie extérieure est jaune , et la petite bande intérieure
rouge foncé ; et par derrière sur deux colonnes qui , avec
l'architrave, sont peintes à l'imitation du stuc. Un sphinx
ailé , à tête et à poitrine de femme, est placé sur le milieu
de la corniche. Il est d'une teinte marbrée , mais ses
cheveux sont jaunes; il porte sur sa tête une vasque
couleur de marbre. Au soffite est suspendu une corne
couleur d'or , attachée avec un ruban rouge. Dans le bas
de la peinture est un petit tableau entouré d'une bande
noire , où l'on voit la mer avec des rochers et des
pOISSOnSit'U-Liii.Crj y/'. 'jn^»/;'<i]HM'i Jii i>
Hi.ni rrjiîiffi'fxnio'; ' ^ ^ .--... ;->
J, .,i^i-..r,.in, V.. PLANCHE 27. „,,
A l'exception du paysage dont les bateaux sont rouges ,
(i)Servius, /i.'//. IX, 4o^-
38 PEINTURES.
et les figures, les édifices, les arbres et la mer, peints de
couleurs naturelles , cette composition est tout entière
d'une teinte jaunâtre. Dans le milieu est un satyre qui
tient d'une main un objet qu'il est difficile de détermi-
ner, et de l'autre une corbeille remplie de fruits. Ce n'est
pas chose nouvelle que de voir ici un satyre portant les
produits de la terre. Dans plusieurs recueils d'antiqui-
tés (i), ces divinités secondaires sont ainsi représentées.
On leur attribuait la fertilité des vignes , des champs et
des arbres :
"inîo '•"TîiKn t?') h'i -iînr no'! *):: !
, f ^. Dant fauni quod quisque valet, de vite racemos, r
De campo culmos, omnique ex arbore fruges (2).
D'ailleurs les satyres faisaient partie du cortège de
Bacchus , qui comptait parmi ses attributs les fruits de
la terre ; et le satyre de cette planche a le droit , en sa
qualité de suivant de Bacchus, de porter une corbeille
de fruits.
Vi. ur) 'Wif ni' .'nd'î rio >
PLANCHE 28. ^ , ,
; ,(i ^JiUJ h 'Jiiiuhv) »ii;'ii(fj;/ jij'uj nu jiiî* •i'cijjni*»(| iil 'jI)
f.A> î'i «ifid'j! lil }i{ ûo , 3'iion
Au caprice et à la bizarrerie de la composition que
nous retrouvons ici , comme dans beaucoup d'autres plan-
ches de la même série , se joignent une grâce parfaite et
un goût exquis. Il y a dans l'irrégularité de cette déco-
(1) Mus.Kirch.; Thesaur. Brandeb. (2) Nemesiau, EcL I, 66.
PEIXTURE S
HlP'.ed
ïn)S©@m^'x"E®ïî =^m(gsrs'2f^©'2p'isrm.>s^2L2i
PREMIÈRE SÉRIE. 39
ration une espèce d'ordre et d'harmonie. Nous arrêterons
notre attention sur l'éléphant qui entoure et soulève avec
sa trompe un autre éléphant beaucoup plus petit. Ces ani-
maux introduits en Italie par Pyrrhus , furent d'abord un
sujet de terreur pour les armées de la république , et plus
tard un objet de curiosité pour les citoyens paisibles à qui
on les montrait dans les spectacles. On les faisait combattre
avec des hommes et des bêtes féroces (i), et on les dressait
aussi à des jeux qui amusaient les spectateurs. Ils dan-
saient sur la corde ou jouaient avec de petits animaux
inoffensifs , et recevaient avec le bout de leur trompe les
pièces de monnaie destinées à récompenser et à encou-
rager leur intelligence (2). On pourrait supposer alors
que l'architecture de cette planche est une partie d'un
théâtre. Si l'on aime mieux penser qu'on a figuré ici une
vue d'un temple , on devra dire que l'éléphant apparte-
nait à Bacchus, et que dans la pompe bachique on voyait
la statue de ce dieu sur un de ces animaux (3). Une par-
ticularité que nous ne devons pas passer sous silence,
c'est la couverture à carreaux, ou l'espèce de filet dont
est revêtu le plus grand des deux animaux. Plusieurs mé-
dailles antiques représentent des éléphants ainsi habillés,
et Spanheim (/|.) suppose que cette espèce de vêtement
leur était donnée en guise de cuirasse pour les préserver
des coups et des blessures qu'ils auraient pu recevoir à
(i) Pline, VIII, 6 et 7;Sénèque, de TAeat.,1, 35.
fie Brev. vitœ, cap. XIII. (3) Athénée, V. 7.
(2) Cupcr, Ea:. II, 7; Boulanger, (/i) De V. et P. N., diss. III.
m I PEINTURES.
la guerre. Cetteinterprétation, qui semble très-hasardee,?
est appuyée sur l'autorité de plusieurs auteurs anciens
qui représentent ces animaux couverts de fer pour leur
défense , et quelquefois de cuirasses d'or qui leur étaient
données comme vêtement de luxe. Enfin ces carreaux
tracés sur la peau des éléphants dans les médailles anti-
ques et dans la planche qui fait le sujet de cette disser-
tation peuvent figurer les rides qui sillonnent leurs,
peaux (i). j . ' li 'udiin
r )1 '^jfnou ji;>i -A) pL^]>^Qfjg 29 '^'"^'^ 3') ,r:ii«tfinoiir
r.uAi; ■if', jl/niiioq iiO .d,") «vio i 'iii'>[ 'i*n?i;i
«! On voit ici une espèce de vestibule (2) avec une grande
et belle corniche soutenue par quatre colonnes. A la cor-
niche est suspendu un petit écusson dans lequel on dis-
tingue une tête à peine ébauchée. Cet ornement se rap-
porte à l'usage où étaient les anciens, d'orner leurs palais
de petits boucliers représentant les images de leurs an-
cêtres (3). L'invention de ce genre de décoration est at-*
tribuée par Pline à Appius Claudius, qui orna des portraits
de ses ancêtres le temple de Bellone ; Suorum vero cly*>
peos in sacro vel puhlico , vel privatim dicare primiis ins-
titua, ut reperio, Ap. Claudius y qui consul fuit cum
Servilio, anno CCLIX. Posuit enim in Bellonœ œde majo-
(i) Pliiu- VIII, 10; Rodigino, V, XLIl, n. a et 4.
14, et C u pcr, ii-rerciW/o, II, 9. (3) Antichità di Ercolano , t. II ^
(a) Antichità di Ercolano, t. I, tav. lav, XXXVI, n. '3.
PEINTURES
l""? Série .
A dH V 2 P 259
-^iPied
PREMIÈRE SÉRIE. 41
res suos , placuitque in excelso spectari, ac titulos ho-
norum legi(i). Plus tard ces portraits furent posés dans
les atrium avec des inscriptions et les dépouilles des
ennemis. Apud majores hœ (imagines) in atriis erant.
Exprès si cera vultus singulis disponebantur armariis...
Stemmata Dero lineis discurrehant ad imagines pictas...
yéliœforis, et circa limina animarum ingentium imagines
erant ; affixis hostium spoliis quœ nec emptori rejingere
liceret (2).
Dans le vide qui a été ménagé au-dessous du bouclier,
et qui figure sans doute l'ouverture d'une porte, on aper-
çoit un arbre. Les anciens faisaient planter des arbres
devant leurs portiques :
Nempe inter varias nutritur silva columnas,
Laudaturquc domus, longos quae prospicit agros (3).
PLANCHE 30.
On ne se douterait guère que cette décoration archi-
tecturale ait pu fournir matière à de longues et pénibles
recherches et à un immense travail d'érudition. Cepen-
dant le bouclier et la lyre que l'on aperçoit suspendus au
soffite de cet édifice , ont donné bien de la peine aux an-
tiquaires qui ont essayé d'expliquer pourquoi on avait
(i) XXXV , 3. (3) Horace I, Epist. X , aa.
(a) XXXV, a.
H" Série.— Peintures. (i
42 PEINTURES.
ainsi réuni ces deux objets d'origine et d'usage si diffé-
rents. Il n'y a pas d'explication si extraordinaire , si
inattendue, si recherchée, qui n'ait été avancée (i).
La lyre est l'attribut d'Apollon; le bouclier que l'on
aperçoit dans cette planche convient à Mars. Donc
Apollon ou le Soleil ne forme avec Mars qu'une seule
et même divinité (2). Alors on a compris, il est vrai,
pourquoi les Mégariens dédièrent à Apollon une sta-
tue tenant une lance, Xoyx'/iv êpvra (3); mais on s'est
trouvé au milieu d'une foule d'invraisemblances qui
ont dépouillé cette opinion de toute apparence de
vérité. On a nommé ensuite Mercure inventeur de la
lyre (4), et Bacchus que l'on voit quelquefois aussi
avec cet instrument (5). La lyre unie aux armes pourra
indiquer que ce noble instrument enfantait l'immor-
talité des héros (6). La lyre appartiendra encore à
Vénus, et les armes au dieu Mars (7). On sait que des
amours de ces deux divinités naquit l'Harmonie (8), qui
règne dans l'ordre d'une bataille, comme elle doit se
(i) Antichità di Eicolano, t. V, ^«., IX, 777; Horace, y^r/. P. 55.
tav. LXXIII. (7) Homère, Odys., 0, 266; Ovide,
(2) Julien, Orat., IV; Macrobe , Met, IV, 189, ei Art. Il, 56 1.
Sat. I, 17 et 19; Cuper, Hnrp., (8) Hésiode, 0,97 5; Hyginus, Faè.
p. 1 3. 65 Pausanias , IX , 5 ; Nonnus , Dion.,
(3) Plutarque, de Pyth, orne, p. III, 370; Lactance,!, 17; Le sco-
402. liaste d'Hésiode , loc. cit. ; Plutar-
(4) Ératosthène, Catast., 24 ; Ho- que, de Is. et Os., pag. 370; de An.
race,I, Od.,^^.,^. Procr. et Tint., p. 1026 ; Artémidore,
(5) Callistrate, Sot. VHI. I, 58.
(6) Homère, 11,, I, 199; Virgile,
PEINTURE S
PREMIÈRE SÉRIE. 43
trouver aussi dans les sentiments des sujets de Vénus ;
enfin la réunion de deux attributs si distincts et si
opposés indiquera le secours que la lyre prêtait aux
armes , et l'harmonie au courage des guerriers ,
et on se rappellera que les Cretois combattaient au
son de la cithare (2) ; ou plutôt , lorsqu'on aura exa-
miné , avec quelque attention , chacune de ces expli-
cations, on trouvera qu'elles sont aussi peu vraisem-
blables les unes que les autres, et l'on ne verra avec
nous , dans cette peinture , que ce que nous sommes
forcés d'y voir, c'est-à-dire un fond blanc, des colonnes,
des corniches, et des ornements rouges. Le fond sur
lequel se dessine la colonne à feuillages , la bande du
côté opposé et tous les autres fonds des ornements
sont verts. C'est aussi la couleur des guirlandes de
myrte attachées au soffîte avec la lyre et le bouclier.
J^a porte est couleur de bois , les quatre rosaces
jaunes, les deux vases et le bassin couleur de bronze.
Un des deux vases et le bassin contiennent des fruits.
Ils sont portés par un vieillard couronné de myrte ,
vêtu d'un habit de dessous rouge et d'un manteau vert
qui lui couvre la tête.
(1) Plutarque , </e Alex. fort., Orat. (2) Plutarque , de Mus., p. 1 14'» ;
II, p. 335. Martiamis Capella, lib. IX.
44 PEINTURES.
PLANCHE 31.
La composition d'architecture de cette planche est la
même que celle de la planche précédente pour le dessin
et pour les couleurs ; seulement dans celle-ci nous avons
de plus un masque rouge sur la colonne (i) et un
paysage avec des figures , des constructions , des pins ,
des cyprès et de l'eau , peints au naturel. Ces deux
objets se trouvaient sans doute dans la peinture de la
planche 3o, à l'endroit où l'enduit a été enlevé. Au
soffite sont attachés un écusson , une épée avec un
ceinturon rouge et un bouclier ou un miroir. La jeune
femme est vêtue d'une draperie verte et couronnée de
myrte. C'est aussi un rameau de myrte qu'elle tient de
la main gauche.
PLANCHE 32.
Le fond de cette peinture est rouge. Les ornements
sont jaunes dans les parties claires, et rouges dans les
parties ombrées. Les bandes de l'architecture sont
vertes , avec des filets blancs. Le fût de la colonne
entourée de feuillages , et la corbeille avec les vases
(i) Mus. Rlr. t. III, p. 2IO.
PEINTURES,
l'-.' S
tS'hvAi^-c^nofcÂ^ f^-€X€firM/i
PEINTURES .
H.Roujc- . aine
d'H V. 5. P, 3?:
-I 1_ li P,cd
PREMIÈRE SÉRIE. 45
qu'elle contient sont verts aussi. Les bandelettes qui
sortent de la corbeille , et celles qui attachent les deux
patères au sofïite supérieur sont blanches. La guirlande
attachée au tholus est jaune. Le griffon et le géant
aux pieds de serpent sont rouges , la colombe est
blanche.
L'idée du géant combattant un griffon est assez bi-
zarre. Les griffons étaient préposés à la garde des
temples , et devaient veiller sur l'or et les richesses des
dieux ; les géants étaient les ennemis déclarés des
habitants de l'Olympe et la personnification sans doute
des impies du paganisme. L'artiste a donc représenté
ici la lutte de la croyance et de l'incrédulité. Ovide
avait donné aux géants des pieds en forme de ser-
pent (i) ou des serpents en place de pieds; et quoi-
qu'on les conçût assiégeant l'Olympe avec des montagnes,
Virgile les avait imaginés se servant de l'épée et du
bouclier :
Tôt paribus streperet clypeis, tôt stringefet enses (a).
A Briarée, l'un d'eux, Ovide donne une hache de dia-
mant :
Immolât hanc Briareus facta ex adamante securi (3).
Notre géant se défend avec un bouclier en forme de
croissant, qu'on appelait pelta.
(i) Ovide, Trùi. IV; El. VII, 17 ; (2) ^neid., X, 571.
Apollodore, I, p. 9; Macrobe, I, Sut. (3) Fast.'lW, 8o5.
20 ; Pausanias, VIII, 29.
46 PEINTURES.
PLANCHE 33.
L'architecture de cette planche semble appartenir à
im temple. Tout le fond de la partie qui est en pre-
mier plan est rouge ; le long pilastre qui traverse toute
la peinture et porte un chapiteau et un cadre barlong
au-dessus est tout blanc , ainsi que la bande ou la cor-
niche qui s'appuie sur ce pilastre et traverse en largeur
toute la partie supérieure; l'autre pilastre, tenant au
premier par une guirlande verte , est de couleur jaune.
La corniche intérieure et la frise sont rouges. L'hippo-
griffe posé sur la corniche est vert. Tout le reste de
l'architecture , les corniches , les frises , les soffites , les
colonnes , et les murs intérieurs , comme aussi les orne-
ments du vase, l'écusson, la draperie qui y est attachée,
l'amulette ou petite divinité ailée , avec une fleur de
lotus sur la tête , et la colonne ornée d'anneaux , sont
jaiuies. La balustrade ou la corniche au bas de la figure
est blanche , le fond au-dessous est vert , le vide , bordé
par un filet blanc, est rouge. La jeune femme dont les
yeux sont fixés sur un volume ouvert , a des cheveux
blonds foncés , noués sur la tête , sans aucun ornement ;
sa tunique est verte, et son manteau d'un rose pâle.
Cette jeune femme est sans doute une Mditua ou une
autre fonctionnaire du temple , occupée à lire les hynnies
sacrés , ou les prières. Les prières publiques avaient
PEINTURES
l.Sér-,
.^ 31.<Saî2TaE:(S T W5R.^la2B
• •
PEINTURES
l" Série
f tty
PREMIÈRE SÉRIE. 47
ordinairement trois objets : le salut de l'âme, la santé
du corps , et les événements étrangers à ceux qui
priaient : TrpwTioTai ÛTcèp t^ç ^uyriç (JWTTipiaç , ^eurépat ûxèp tviç twv
<7(0{/.aT(«)v 8tj)cpa(7iaç , Tpixai ^è ÛTrep twv sjtTÔç è7ri{/.e^ou{/.evat (l). Les
Stoïciens renfermaient leurs vœux dans des bornes plus
étroites , et ne priaient jamais que pour eux : Boga
honam mentem, honam valetudinem animiy deinde cor-
poris. Quidni tu ista Dota sœpe fadas ? Audacter Do-
minum roga , nil illum de alieno rogaturus (2). Enfin
Horace était encore moins exigeant , il ne priait que
pour son corps, et s'inquiétait peu de son esprit.
Sed salis est orare Jovem qui donat et aufert ;
Det vitam ; det opes ; aequum mi animum ipse parabo (3).
PLANCHE 34.
Cette peinture est sur fond rouge, et semblable pour
la disposition des couleurs à. la planche 32. La guirlande
est verte; les bandelettes qui la terminent sont blan-
ches ; les instruments posés à l'extrémité du balustre du
milieu sont verts et couverts en partie par une draperie
rouge. Le griffon est rouge et le corbeau noir ; les
ornements de l'architecture sont jaunes dans les clairs
et rouges dans les ombres; les bandes sont vertes, et
(i) Proclus, lib. II, in Tint., p. 64. (3) Horace, Epist. 18.
(2) Sénèqiie, Epist. 10.
48 PEINTURES.
leurs filets blancs. Les fûts des colonnes sont verts aussi ,
et les patères ont une couleur de métal.
PLANCHE 35.
Cette planche comprend deux fragments. Dans celui
de droite, la bande inférieure est verte; celle qui suit
est d'un blanc sale ; celle qui vient immédiatement
après, et qui est ornée de petits boucliers, est jaune.
Le piédestal, les feuillages et le vase sont rouges. La
colonne qui sort du vase est d'une teinte entre le bleu
et le vert ; la branche qui s'entortille autour est rouge.
Le rouge est aussi la couleur du chapiteau, de la cor-
niche , à l'exception du fond et de l'ornement qui sont
de la couleur même de la colonne, mais les triglyphes et
les métopes sont rouges. La grande bande perpendicu-
laire ou le pilastre est vert. L'autre colonne qui s'élève
sur la corniche est jaune, ainsi que tous ses ornements,
les feuilles et les anneaux. Le cadre du petit tableau est
rouge. La marine , avec les constructions , les galères , et
les figures, est peinte de couleurs naturelles. Sur ce petit
cadre , est posé un bâton ou une oolonnette qui soutient
un van ou un vase d'argent , dans lequel est posée l'ex-
trémité d'une guirlande verte tressée avec des bande-
lettes rouges. Sur le second plan est une espèce de
parapet avec ime ouverture au milieu et une corniche
jaune. L'oiseau qui s'y repose est d'un blanc tirant sur le
PEINTURES
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J7o\/o7c
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PREMIÈRE SÉRIE. . 49
bleu et ressemble à une colombe. La grande construc-
tion qu'on aperçoit dans le fond est formée de deux
colonnes à chapiteaux ioniques et à bases attiques. L'en-
tablement se compose d'une frise , avec des triglyphes
et des métopes, et d'une corniche ornée tout autour de
petits crochets , à' harpaginetuli , comme dit Vitruve ,
et , à l'extrémité , d'un dauphin blanc sale. Le pilastre
intérieur est vert. Le pluteus est vert aussi , mais d'une
teinte moins foncée. ■
Le petit ornement latéral se compose d'un hippogriffe
jaune, posé sur un piédestal de la même couleur, et
soutenant avec les ailes une rosace dont le fond est vert,
le tour et la fleur rouges. Les deux bandes extérieures
qui partent du bord de la rosace sont rouges aussi. La
guirlande du milieu est verte ; c'est aussi la couleur
de la fleur qui orne le petit tableau , dont le cadre est
rouge.
Nous n'avons à observer dans le premier fragment
de notre planche que la grâce de toute l'architecture
et de ses détails , et surtout l'idée ingénieuse de la co-
lonne sortant du vase. On croit voir une tige frêle qui
grimpe petit à petit et s'appuie en montant sur un
bâton qu'on lui a donné pour soutien. Nous aurons
occasion de dire ailleurs, dans le courant de cet ouvrage,
que certains rapprochements entre les peintures égyp-
tiennes et chinoises ont corroboré un système qui tend
à prouver que la Chine a été peuplée par des colonies
égyptiennes. En suivant cette opinion , et en observant
r' Série.— Peintures. '" J
50 PEINTURES.
que les Chinois ont un goût très-prononcé pour les ara-
besques , on a supposé que ce genre de peinture avait
pris son origine en Egypte , d'où il aurait été apporté
aussi en Grèce et en Italie. Mais nous avons déjà cité
un texte de Vitruve qui attribue la création de ce genre
à la corruption du goût chez les artistes de son temps.
Nous admettrons l'autorité de Vitruve ; et nous attri-
buerons aux jjeintres de l'Italie et de la Grèce la créa-
tion des arabesques. Seulement nous n'aurons pas la
force de nous récrier avec lui contre une invention qui
a produit chez les anciens des décorations aussi gra-
cieuses que celle qui fait le sujet de cette planche et de
plusieurs autres de cet ouvrage ; et chez les modernes ,
de nombreux chefs-d'œuvre.
Notre second fragment nous offre, sur un fond noir,
une architecture jaunâtre, à l'exception des deux en-
roulements posés sur les deux corniches. Ils sont rou-
ges, les guirlandes vertes, l'aigle rougeâtre, le disque
sur lequel il est posé , jaune , le candélabre rouge , le
petit tableau , oii l'on voit un cheval marin , vert , et
les deux cadres latéraux , jaunes. L'aigle et le disque
ou la patère font penser que cette décoration a quelque
rapport avec Jupiter.
Le premier fragment conviendrait à Vénus par la
colombe ; mais nous ne voulons voir ici que des ar-
rangements dépourvus de toute autre intention que
celle de la grâce et de l'harmonie.
PEINTURES
l« Série
n^UiT' az/ve^.
K- dH. V. 4 , F 33/
^,1 Pied.
PREMIERE SERIE. 51
PLANCHE 36.
Trois décorations diverses composent cette planche.
La première est un candélabre jaune , surmonté d'un
aigle jaune aussi. Il a pour appui un soffite de la même
couleur , orné de deux arabesques blanches qui se ter-
minent par deux fleurs jaunes. Le reste de la peinture
est noir, à l'exception d'un autre morceau de candé-
labre en spirale qui porte, dans sa partie supérieure,
des arabesques avec des fleurs et une patère au-dessus.
Tous ces objets sont jaunes.
De l'autre côté, est un ornement du même genre
que le précédent. On y voit un candélabre jaune qui
porte un sphinx ailé, jaune aussi, avec une fleur sur
la tête et une draperie blanche posée sur ses ailes. Le
soffite supérieur est jaune; la bande qui le surmonte
est blanchâtre ; celle qui vient après , est rouge. La
figure ailée qui finit en arabesque est blanche. La troi-
sième bande est blanche aussi, et au-dessus s'élève un
candélabre blanc avec une patère ou un disque de cou-
leur jaune.
Le fragment du milieu est sur fond blanc. C'est
d'abord , et en commençant par le bas , un morceau
d'obélisque , dont les parties claires sont jaunes , les
parties ombrées rouges et vertes. La figure rouge posée
sur le triangle a des ailes jaunes et une petite draperie
52 PEINTURES.
blanche qui descend de ses épaules et se croise sur sa
poitrine. Elle porte sur sa tête un fragment d'obélisque
semblable au premier. Sur ce second fragment est posée
une autre figure égyptienne dont la carnation est rouge.
Sa coiffure, qui descend jusque sur ses épaules, est bleue.
Son petit panache est rouge ; la bande qui lui couvre
la poitrine et les épaules est bleue, jaune, et rouge. Son
tablier est bleu , et la draperie dont elle est vêtue , de-
puis la ceinture jusqu'à mi-cuisse, est rouge et rayée
de jaune. De la main droite elle tient un serpent de
couleur blanche, et de la main gauche, un petit seau de
couleur jaune. Les deux figures de ce fragment de-
mandent une courte explication. On voit dans la Table
Isiaque un monstre semblable à celui représenté dans
cette planche ; et , quoiqu'on l'ait pris pour une sirène ,
nous pourrons donner au nôtre le nom d'Ibis à face
humaine. Cette explication est confirmée jusqu'à un cer-
tain point par l'usage oii étaient les Egyptiens de donner
des visages d'homme à certains animaux.
L'autre figure est une Isis, autant qu'on peut en juger
aux traits féminins du visage, à la coiffure et au serpent.
Cependant le tablier relevé en cône convient plutôt à
Osiris (i).
(i) Antichità di Ercolano, Pitture, 1. 1, tav. L.
PEU
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37 et, 58 .
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''-^iA^cerum^
PREMIÈRE SÉRIE. 53
PLANCHES 37 ET 38.
La bande perpendiculaire qui partage en deux cette
décoration , a , dans sa partie supérieure , un rectangle
dont le fond intérieur est vert. Il est entouré par un
filet blanc autour duquel est une petite bande verte ;
après vient un autre filet blanc , puis une bande rouge ,
et enfin une ligne extérieure noire. Cette ligne noire se
prolonge dans toute la partie inférieure de la bande per-
pendiculaire. Elle entoure une petite bande verte qui
est terminée en dedans par un filet blanc , séparé d'un
autre filet blanc par un filet noir intermédiaire ; et ainsi
de suite, les filets et les bandes sont noirs et blancs. Des
petits cadres enfermés par ces filets qui, superposés l'un
sur l'autre , forment la base perpendiculaire dont nous
avons parlé , le premier a un fond couleur de laque et
une fleur jaune; le second, les quatre angles rouges, et
le petit écusson intérieur avec une fleur jaune sur un
fond vert. Le troisième correspond au premier, le qua-
trième au second et ainsi de suite. :•'
Les deux champs à gauche sont bleus. La bande qui
les sépare est sur fond noir, et les deux lignes latérales
blanches et entremêlées de petites marques rouges. Cette
bande intermédiaire est ornée d'un grand thyrse, dont la
pointe de fer sort d'entre des feuilles de lierre de couleur
verte. Le fût du thyrse est verdâtre ; les petits rameaux
54 PEINTURES.
sont verts et imitent le lierre ; les oiseaux sont peints de
couleurs naturelles ; les petites fleurs sont blanches. Le
premier de ces fonds bleus , sur la gauche , est terminé
par un pilastre svelte, cannelé, et orné d'un chapiteau.
Les deux fonds bleus , celui de gauche et celui de droite,
se terminent par des lignes noires. La large bande hori-
zontale qui vient immédiatement après , est bordée par
des lignes grisâtres ; le fond de la bande est blanc et les
ornements couleur de laque. Les figures de la frise seront
décrites dans cet ouvrage , au Musée secret. Elles sont
sur fond noir. La bande blanchâtre au-dessus de la frise
a des ornements couleur de laque plus ou moins foncée.
Après cette bande, en vient une autre d'un rouge foncé. La
partie de l'édifice , oii l'on voit sept ouvertures dont le
fond rouge est entouré de filets blancs , est toute verte ;
la corniche est blanche. La balustrade est jaune sur
fond vert. Tout le reste de cette construction , tant sur
le derrière que sur le côté de la terrasse , est jaune. La
colonne posée sur la corniche a une base rouge. La bande
perpendiculaire qui termine sur la gauche cette partie
de la peinture est bleue; tout le reste de l'architecture,
jusqu'à la longue bande du milieu , est blanchâtre , à
l'exception de la colonne et du socle, qui sont couleur de
laque.
Le champ à droite est rouge ; les guirlandes sont
vertes. I^es angles qu'elles forment sont blancs et entre-
mêlés par intervalles égaux de petits filets rouges et
verts. Le premier pilastre est blanc ; il est orné d'un
PREMIÈRE SÉRIE. 55
chapiteau qu'on peut appeler corinthien. Les deux filets
sont verts ; les ornements , jaunes. La corniche en pers-
pective est blanchâtre ; elle est soutenue par le pilastre
et une colonne blanche. Le soffite et l'autre pilastre inté-
rieur tirent sur le jaune. Les deux autres colonnes sont
blanches et ne diffèrent que par leurs chapiteaux. Le
pilastre, tout à fait dans le fond, est blanc aussi ; mais les
parties ombrées sont noires. La dernière bande à droite
est noire aussi. Les deux colonnes portent une grande
frise avec sa corniche; les trois bandes horizontales sont
blanches et leurs ornements rouges. Le fond de l'archi-
trave et celui de la corniche sont verts et les ornements
blancs. La bande qui sépare le fond rouge du fond noir
oii sont les figures , a des ornements rouges sur fond
jaune. Au-dessus de la frise , qui , comme la précédente ,
sera décrite au Musée secret , est une bande dont le fond
est blanc et dont les ornements sont jaunes. Par-dessus
est une bande , bien plus étroite , de couleur rouge. Vers
la droite , cette bande est surmontée d'une autre bande
verte, coupée par de petits filets blancs, et ornée de
petits tableaux à fond rouge avec une fleur blanche au
milieu ; les cadres de ces tableaux sont blancs aussi.
Après, est une autre bande jaune, divisée par des lignes
perpendiculaires blanches. Elle est surmontée de deux
autres bandes : l'une blanche et l'autre rouge. Au-dessus
d'elles s'élève une construction jaune avec plusieurs ou-
vertures dont le fond rouge est entouré de filets blancs.
La petite corniche est blanche ; la frise qui est au-dessus
56 PEINTURES.
est un fond rouge divisé par de petites lignés perpendi-
culaires et blanches. Les constructions, à gauche, sont
blanchâtres ; la colonne est blanche , mais sa base est
rouge. Sur la droite , on voit la partie inférieure d'une
figure qui paraîtra tout entière dans la planche suivante.
On a remarqué que dans les peintures ou les bas-reliefs
antiques qui représentent des salles tricliniaires , on voit
souvent sur les corniches de petits garçons tenant en
main des corbeilles de fleurs qu'ils répandent, ou des
rameaux, ou des draperies destinées à décorer les mu-
railles ( I ). On pourra prêter à cette figure la même
intention , à moins qu'on ne veuille qu'elle ait un rap-
port plus ou moins direct avec les Bacchanales repré-
sentées dans les frises. . ' ' :
Le sujet qui se trouve au bas est divisé en deux
parties. . *. w^ , . v v.'.' ;. r
La partie inférieure est une frise de Y apodyterium des
Thermes de Pompéi. On y voit , sur un fond rouge ,
des chimères, des dauphins et de^yres.
La partie supérieure appartient au frigidarium du
même édifice. C'est encore une frise oii l'on a incrusté
en stuc blanc , sur un fond rouge , des Amours con-
duisant des biges , et précédés par d'autres Amours
à cheval.
(i) Orsin., Appendix à Ciaccon., de Triclin., p. ^/j3; Pignor., de Serv., p. 16';.
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PREMIÈRE SÉRIE. 67
PLANCHE 39.
La partie inférieure de cette décoration a été décrite
dans la planche précédente, où l'on n'aperçoit qu'une
partie de la figure que nous voyons tout entière ici
sur la corniche. La carnation de cette figure est déli-
cate ; ses cheveux blonds sont couronnés de feuilles.
Elle a des ailes bleues. Un ruban jaune descend de son
cou et se croise sur sa poitrine ; ses bras et ses jambes
sont ornés de petits anneaux ; elle tient de la main gauche
un sceptre de couleur jaune , et de la droite une verge,
jaune aussi. Les couleurs de l'édifice sont les mêmes
que dans la planche précédente ; mais ici elles sont plus
vives et mieux conservées. Nous voyons encore ici de
plus que dans la planche précédente , un soffite soutenu
par quatre colonnes vertes avec des corniches blanches
et jaunes ; l'autre soffite oii sont attachés une guirlande
verte et un ruban blanc, est jaune aussi. La corniche
de droite, appuyée sur deux colonnes vertes coupées
par deux traverses jaunes , a des ornements blancs sur
fond rouge. L'appui qui porte les colonnes et oii l'on
distingue plusieurs ouvertures en perspective, est noir
tirant sur le rougeâtre.
PLANCHE 40.
Le fragment de décoration que nous voyons ici semble
1" Série.— Peintures. g
58 PEINTURES.
représenter la partie supérieure du vestibule d'un palais.
ISohilibus facienda sunt vestibula regalia, alta atria ,
peristylia amplissima ( i ). On voit, à gauche, trois co-
lonnes , y compris la plus avancée, qui ressemble à un
terme ou à une caryatide. Il faut en supposer autant
sur la gauche, sans tenir compte de celle qui s'avance,
isolée et sur le premier plan , avec des ornements bi-
zarres et entre autres un monstre marin. Ces six colonnes,
avec un chapiteau d'ordre composite, supportent un
dais , où l'on doit remarquer une frise d'une grande
richesse. Par le vide de la porte , on entrevoit une co-
lonnade ionique qui réveille l'idée d'un atrium ou d'un
cavedium. On a beaucoup controversé sur le vestibule
et l'atrium. Les anciens eux-mêmes, et les jurisconsultes
surtout, ont beaucoup écrit pour établir la différence
qui existait entre l'un et l'autre (2). Il paraît cependant
bien établi que le vestibule était sur la rue , et entouré
quelquefois de portiques. L'atrium était dans l'intérieur,
et la première pièce de l'appartement (3).
PLANCHE 41.
Cette peinture semble se composer de trois parties
(i) Vitruve, VI, 8. la loi i57, t. VIII, p. 599 et 544,
(2) Aulu-Gelle, N. A., XVI, 5, et et Obs. XIV, i , t. III, p. SgojPaul.,
Gronovius, Budce sur la L. 245 de L. 19, § 1 , Comin. div.
V. S. ; Ciijas sur la même loi 245, sur (3) Vitruve , VI , 3 , 8.
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PREMIÈRE SÉRIE. 59
distinctes, qui n'ont entre elles d'autre rapport que celui
de l'ajustement. En effet les trois colonnes supportées
par des piédestaux ne se lient en aucune façon à l'édi-
fice. Elles ont été empruntées sans doute à quelque
construction dont elles faisaient partie, et placées ici
pour la grâce et l'effet de cette composition. On sait
que les temples avaient toujours un nombre impair
de gradins, pour que le pied droit qui devait monter
le premier gradin , fût aussi posé le premier dans le
temple : Gradus in fronte ita constituendi , uti sint
semper impares ; namque quum dextro pede primus
gradus ascendatur , item in summo templo primus erit
ponendus (i).
PLANCHE 42.
Le fond de cette peinture est d'un rouge foncé. L'aigle ,
la guirlande et toute l'architecture sont jaunes. Le
paysage avec une vue de la mer, de petites barques et des
pêcheurs, est peint de couleurs naturelles. L'aigle, àppç
Kai paaiXeùç oïwvwv, le roi et le prince des oiseaux (2), avait
été choisi par Jupiter, comme le symbole le plus expres-
sif de sa puissance et de son empire universel. Les rois
de la terre imitèrent le roi de l'Olympe, et virent dans
l'oiseau de Jupiter, l'expression du pouvoir et de la vic-
(i) Vitruve.
(2) Pindare, I , i , 7!^, P. 1 , 10, OL, XIII, 3o.
60 PEINTURES.
toire (i). Plus tard les Romains placèrent son image en
tête de leurs légions , et désignèrent par une aigle à deux
têtes la réunion de deux légions différentes. Enfin ce
signe fut adopté pour indiquer les deux empires d'Orient
et d'Occident (2); et comme les empereurs avaient em-
prunté son aigle à Jupiter, les impératrices prirent le
paon à Junon.
Deux oiseaux occupent les deux cadres latéraux de la
vignette. Dans le milieu est une espèce de volière , avec
un bassin oii nage un canard. Sur les côtés sont deux
barrières en treillis, dont la couleur semble indiquer des
roseaux. Les anciens mettaient beaucoup de luxe à cette
partie de leur ménagerie. Ils en attribuaient l'invention
à M. Lélius Strabon de Brundusium (3).
PLANCHE 43.
Cette décoration est dans le même goût que la précé-
dente. Le fond est rouge. L'architecture au-dessus des
guirlandes et les ornements sont jaunes, les enroulements
et le paon sont de couleur blanche. Les couleurs du
paysage sont naturelles. L'oiseau de la partie inférieure
est jaunâtre.
Le paon, en grec Tawç, fut ainsi nommé, parce qu'il
(i) Servius, .£.'/î.,I, 398; 11,691; de Nobitit., IV, 17, p. loaSetsuiv.
IX, 564 ; Begcr, Th. Br., 1. 1, p. 148. (3) Varron , de Re rustic. , III , 5.
(a) Vossius, IdoL, III, 76; Mattei,
'EINTURES
A d'H V S P 349
peinture;
J^? -Série.
1^iiX^^à^^^\^\4Ài^A^4UUàAÀ^i4,^^AS^k^XÀX^:i^^.A^.^^
A,dH.V.4 P 12 3.
PREMIÈRE SÉRIE. 61
étend ses ailes, cctco ttî? Ta^stoç tGv TCTepGv (i). Il était, chez
les anciens comme chez nous , le symbole de la vanité (2).
Attribut de Junon , il indiquait la grandeur, les richesses
et l'orgueil de la reine de l'Olympe (3). Il dut son origine
à la métamorphose que subit Argus, dont les cent yeux (4)
furent transportés dans la queue de ce bel oiseau (5).
L'autre oiseau de cette planche est un second paon
ou une huppe , confondue par Aristote et par Escu-
lape avec le coucou (6) , aussi consacré à Junon (7).
PLANCHE 44.
Le fond de cette peinture est noir. La corniche du ca-
dre barlong supérieur est blanche, la bande tracée au-
dessous est jaune. D'un petit écusson vert sortent deux
rameaux verts aussi. Ils ont des fleurs blanches, et portent
des oiseaux rouges. Au-dessous est une petite bande rouge
entre deux filets blancs. La partie extérieure de la niche,
les dauphins et les autres ornements qui en décorent le
sommet sont jaunes; l'intérieur du tholus ou de la pe-
tite coupole est vert. Les petites guirlandes sont vertes
(1) Athénée , IX , p. 367. (4) Martial, XIV , Ép. 85 ; Servius,
(2) Ovide, Met., XIII, 802; Art. I, JEn.., VII , 790.
627; Philostrate, Her., cap. i5 ; hn. (5) Ovide, Met., I, 721.
Il, 32 ; Aristophane, Ach., 63; Ln- (6) Saumaise, Ex. Plîn:,-\^. 168 et
cien , Nig., 1 3 ; Pline , X , 20. i6g.
(3) Fulgence, Myth., II, 3. (7) Pausanias, II, 17.
6Î PEINTURES.
aussi. Des rameaux verts avec de petites fleurs blanclies,
entourent deux baguettes jaunes. Le socle de la niche est
rouge. Le petit Amour a des ailes vertes et des cheveux
blonds. Son bras porte une draperie rouge, une de ses
mains un bâton pastoral, et l'autre une flûte de Pan. Sa
couronne semble faite de feuilles de pin. Tous les attri-
buts de cette petite figure appartiennent au dieu Pan (i),
ce qui pourrait faire croire qu'on a voulu représenter ici
le Génie de Pan; mais il est peut-être plus naturel de
voir ici une représentation de l'amour pastoral , ou du
goût de l'âme pour la vie champêtre. La flûte de Pan
exprimait l'harmonie et la concorde , et le pin était un
symbole de la chasteté et de l'amour pudique ,
Pronuba nec castes accendet/>wKj odores (2).
Les vierges s'en faisaient des couronnes (3) , et les tor-
ches qu'on portait à la cérémonie des noces étaient tou-
jours faites de bois de pin.
PLANCHE 45.
Cette composition est traversée dans toute sa largeur
par une grande corniche jaune. Sur la droite cette cor-
niche porte un masque de satyre (les cornes et les oreilles
(i) Ovide, Met., I et XIV; Fornu- (3) Callimaque, H. in Dian., 21 ;
tus , in Paul. ; Servius , Ed., U, 3 1 . Longus , Pastor, liv. I; Pascalius, VI,
(2) Virgile, Ciris , v. 439. uS.
1^
PREMIÈRE SÉRIE. 63
de bouc ne permettent aucun doute à ce sujet) , dont la
face et les cornes sont couleur de bronze. Les yeux ont
la prunelle noire, et le tour de la paupière vert. Les
oreilles sont rouges et les cheveux châtains. Le fond
de la niche ou de l'armoire dont ce masque occupe le
devant est pourpre , et traversé par de petits filets blancs.
Le pilastre tout à fait à droite est bleu. C'est aussi la cou-
leur des deux anneaux qui terminent les deux côtés de
l'autre partie de la peinture. Les deux filets qui les traver-
sent en long sont blancs. La bande supérieure et la petite
bande latérale plus étroite, qui encadrent le paysage,
ont une teinte jaune foncé. Le fond est bleu de ciel ; les
arbres et les rochers sont peints au naturel ; la tente ,
dont un bout est attaché à un arbre, est blanche. C'est
encore la couleur de la colonne posée sur le rocher et
surmontée de son abaque , et des deux autres colonnes
superposées , qui figurent au premier plan. A la colon nette
de dessus est un instrument angulaire, dont il ne nous
reste qu'une partie , et que nous ne pouvons déterminer
à cause de la dégradation de la peinture. La draperie
qui décore la colonne inférieure est bleue, celle qui
part du pied de la petite colonne est rouge. Auprès de ces
colonnes est un jeune homme agenouillé : il est couronné
de rameaux verts ; une draperie brune couvre ses cuisses ,
qui sont cachées aussi par une peau de bête de couleur
jaune dont on aperçoit la tête. Ce jeune homme est
d'une carnation bronzée ; il tient de la main gauche un
bâton pastoral , et tend sa main droite vers une jeune
64 PEINTURES.
femme assise sur une grande pierre. Elle est nue jusqu'aux
cuisses, qu'elle enveloppe ainsi que ses jambes dans une
draperie jaune et doublée de pourpre. On ne peut guère
distinguer ce qu'elle tient de la main droite. C'est une
feuille comme on en voit souvent entre les mains des
nymphes, ou un objet de toilette qui lui sera utile dans
le bain , en supposant qu'elle va se baigner.
L'idole placée au-dessous de l'arbre est rouge. Elle a
sur la tête un ornement, qui peut être une fleur de lotus
ou un boisseau, attribut de Sérapis, donné quelquefois à
Isis frugifère (i). Le vase ou la corbeille qu'elle tient de
la main droite convient aussi à Isis, à qui l'on attribuait
l'invention du froment et de l'orge, dont on lui offrait les
prémices (2). Dans sa main gauche est un bâton pasto-
ral (3), ou une faux. Tous les attributs de cette idole ont
rapport aussi à la déesse Paies, dont le culte remontait à
l'antiquité la plus reculée (4) ^t l'ornement de la tête
ressemble au tutulus des divinités étrusques (5). La table
ou base qui porte cette idole est rouge aussi; elle re-
tient un long thyrse orné, ainsi que l'arbre, de baur
delettes de couleur incertaine. Sous le rocher et dans
une espèce d'antre, orné de guirlandes et de dra-
peries, on voit sur une base blanchâtre trois petites
(1) Cuper, Harp., p. 35 et 46; 33i,n. 65. • . , .
Macrobe, Sat., I, 20, et Cuper, loc. (4) Ovide, Fasi., IV, 72-0 et suiv.;
c//., p. II. Vossius, /c/o/., IX, 34; Tibulie, 11^
(2} Diodore, I, 24 ; ibi Wesseling. EL 23 et suiv.; Pliitaniue , in Rom.,
(3) V. la Table isiaquc; et le Anti- p. 24.
chità di Ercolano, Osserv. , t. II, p. (5) Musée étrusque, 1. 1 , p. 32.
PREMIÈRE SÉRIE. 65
idoles peintes en vert. Celle du milieu est plus grande.
Elle tient de la main droite une patère, de la main
gauche un thyrse, ou un autre attribut. Les deux au-
tres ont sur la tête un ornement, qui est peut-être une
fleur de lotus. On a vu dans d'autres monuments anti-
ques (i) les trois statues réunies d'Isis, d'Osiris et d'Har-
pocrate encore enfant ; et nous pouvons donner les mêmes
noms à nos trois idoles. Cependant, et pour expliquer
l'inégalité de leurs tailles , il vaudra peut-être mieux voir
Isis dans la statue du milieu , et , dans les deux petites
statues latérales ses deux enfants (2); Diane, que les Égyp-
tiens appelaient Bubasté, et Apollon, qu'ils adoraient
sous les noms d'Orus et d'Harpocrate (3).
Le jeune homme agenouillé est certainement un faune ;
ses oreilles de bouc, son bâton pastoral, la peau dont il
est à demi vêtu, en sont des preuves assez plausibles. Il
faut croire alors qu'on a représenté ici les amours d'un
faune et d'une nymphe. Le paysage, avec ses arbres, ses
rochers et son antre décoré de guirlandes, est en rapport
parfait avec une scène de ce genre : satiricœ vero ornantur
arboribus, speluncis, montibus, reliquisque agrestihus
rébus (4). Quant au mélange que l'on a fait de la mytho-
logie grecque et des fables égyptiennes, et au disparate
que forment entre eux le faune, par exemple, et Isis, il
faut dire que l'Egypte et la Grèce avaient fait un échange
(1) Cuper, Harp.^ p. 35 et 46 ; (3) Cuper, Harp. , p. /|. *
Pignorio, in Auctar. (4) Vitruve, V, 8.
(2) Hérodote, II, i56.
I" Série. -Peintures 0
66 PEINTURES.
mutuel de divinités et de superstitions (i). Cette peinture a
reçu aussi une explication historique, et, quelque peu fon-
dée qu'elle soit, nous devons la rapporter. Le faune a
paru être M. Antoine, et la jeune nymphe Cléopâtre, dont
les amours auraient été représentés dans cette scène,
sous une forme allégorique. Une pareille explication est
fondée sans doute sur des textes de Plutarque et de Ser-
vius , desquels il résulte que M. Antoine aimait à pren-
dre le nom et les attributs de Bacchus (2) , et que Cléo-
pâtre voulait passer pour Isis (3) , qui , selon les Égyp-
tiens, était femme et fille d'Osiris, le Bacchus des Grecs.
' Nous avons dit qu'une des idoles avait une couleur
rouge. Il ne sera pas inutile de rappeler à ce sujet que les
anciens teignaient de rouge les statues de Bacchus et de
Priape (4) et que, certains jours de fête , on barbouillait de
minium la face de Jupiter. On prétend que cette teinte
était donnée aux idoles pour exprimer la couleur du So-
leil , avec qui toutes les divinités avaient un rapport plus
ou moins direct (5). Les triomphateurs se peignaient le
corps de couleur rouge , sans doute pour s'assimiler aux
divinités (6).
L'ornement inférieur est formé par des têtes de Méduse
ailées (7), avec des arabesques, et par trois Génies qui
(1) Pline, XXXIIT, 3. (5) Rycquius, de Capitol., cap. i8.
(2) Plutarque, «« Antonio; Buona- (6) Pline, loc. cit.
rotti, Medagl., p, 446. (7) Beger, Th. Bran., p. 553 ; Apol-
(3) Servius, ^//., VIII, 696. lodore, lib. II.
(4) Pline, XXXIII, 7.
PEINTURES
7 u.az^ ttifVfy
A.d'H . V, 3. F. 66
PREMIÈRE SÉRIE. 67
portent des bassins remplis de fruits; celui du milieu
porte en outre une espèce de couronne.
< PLAJNCHES 46 ET 47.
Dans la décoration de ces deux sujets on reconnaît la
partie extérieure d'un temple dont l'architecture est
rouge, à l'exception du mur où se trouve la porte; il est
de couleur verte. Les piédestaux sont verts aussi , à l'ex-
ception des abaques, qui sont jaunes. Les amazones sont
vêtues d'une draperie pourpre tachetée de rouge. Elles
ont une chaussure verte et un bonnet rouge en forme de
casque. Leur bouclier, que nous appelons pelta est blanc,
avec une bordure rouge. Les haches sont jaunes. Dans
des vases couleur de métal on a placé d'un côté deux pe-
tites branches de laurier, de l'autre, un rameau attaché
au vase par une chaîne. .^ ^^,„/
Les amazones posées ainsi à l'entrée d'un temple ont
fait penser que cette décoration pouvait avoir quelque
rapport avec le temple de Diane , à Ephèse, que l'on disait
avoir été bâti par les amazones, et dans lequel ces fem-
mes guerrières se réfugièrent lorsqu'elles furent pour-
suivies d'abord par Bacchus, ensuite par Hercule (i). On
aura remarqué que les deux haches ne sont pas pareilles.
L'une est à deux tranchants et portait le nom de bipennis,
(») Pausauias , IV, Hi ; VII, a.
68 PEINTURES.
et l'autre n'en a qu'un seul; c'est une securis. Le mot
bipennis fut employé d'abord adjectivement, et servit à
qualifier une certaine forme de haches ; plus tard l'usage
le fit considérer comme substantif (i). Nous avons déjà
trouvé l'occasion de parler des vases pour les lustrations
auxquels on donnait le nom de perirrantère TrepippavTfl'piov.
Nous ajouterons ici que ces vases formaient la ligne de
démarcation entre la partie profane et la partie sacrée
du temple. Celle-ci n'était ouverte qu'à ceux qui avaient
purifié leurs mains (2) ; elle était fermée pour ceux à qui
l'on avait interdit l'usage des choses saintes , et que l'on
avait , s'il est permis de s'exprimer ainsi , retranchés de la
communion des fidèles (3). L'autre, la partie extérieure,
était d'un libre accès pour tout le monde sans distinction.
C'était avec un rameau , le plus souvent de laurier, que les
prêtres aspergeaient ceux qui entraient dans le temple (4);
cependant l'aspersoir que nous voyons ici attaché au
vase par une chaîne , ferait soupçonner que l'instrument
avec lequel se faisaient les aspersions, était quelquefois
de métal. L'usage des aspersions et des lustrations était
si répandu, qu'il y avait des périrrantères jusque dans le
forum (5); ce qui prouverait que la purification des mains
était considérée comme une préparation très-utile aux
(i) Yarron dans Nonius, II, 81 ; (3) Lucien, Eun., 6.
Isidore, XIX, 19 ; J. J. Chifflet, Anast. (4) Sozomène, VI, 5.
Chipeld. Jieg., c. i4; Plutarque, de (5) Eschine, in Timarch. et in Cte-
Pyth. orac, p. 399. siph.
(2) Pollux, I, 6 cl 7.
PEINTURES
A .d' H V. 5 P3U.
< < < a <-^^< < < < i i < JA l i l < l l ^kA < < C <. i. i.UC«i ç
(Q) H m ? ? n '? ? e M n n H r; ? (j) y y TT
^. JtciCCC^ VU^ï^'
A d:H.V.3 . P.»5
PREMIÈRE SÉRIE. 69
actions importantes de la vie , dans lesquelles on ne de-
vait pas s'engager, illotis manibus. Quant aux griffons,
qui jouent un si grand rôle dans la plupart des décora-
tions de cet ouvrage, nous croyons avoir déjà dit que
les anciens n'ont jamais ajouté foi à leur existence (i).
Ils furent inventés , si l'on en croit Hérodote (2) et
Pausanias (3) , par le poëte Aristée. Il est vrai , ob-
serve un érudit (4), que Moïse défendit aux Hébreux
de se nourrir de la chair du griffon ; mais le législateur
du peuple de Dieu voulait parler sans doute d'une espèce
d'aigle appelée yp^TuaisToç , (5) , griffaquila , qui par le bec
et les ongles, ressemblait beaucoup aux images des grif-
fons , et qui aura peut-être servi de type à la création de
cet animal fabuleux (6). Il y avait cela de commun entre les
aigles et les griffons , qu'ils étaient également employés
pour la décoration des faîtes des temples. Cela est si vrai
pour les griffons que cet ouvrage en offre de nombreux
exemples; et pour les aigles que, sans tenir compte de
toutes les preuves que les monuments antiques fournis-
sent à l'appui de cette observation , chez les Grecs le mot
âeTo; désignait à la fois un aigle et le toit d'un temple (7).
Les griffons ne peuvent indiquer ici en aucune manière
la divinité, en l'honneur de laquelle ce temple a été élevé ;
(i) Hérodote , III , 1 16 ; Pausanias, (6) Spanheim, Diss. III , p. 284.
VIII, 2; Pline, X, 49. (7) Aristophane, ^p<?j, iiio,ibid.
(2) IV, i3. le scoliaste; Pausanias, II, 7 ; V, 10;
(3) I, 24. Hesychiusin Aieto;; Harpocration in
(4) Bochart , Hieroz., VI , 2. 'Astoç ; Pollux , VII ,119.
(.5) Aristophane, Ran, 960.
70 PEINTURES.
les anciens les donnaient pour attribut au Soleil (i) à
Isis et à Sérapis (2) , à l'Amour (3) , à Minerve (4) , à Né-
mésis et à Bacchus (5) et à Diane d'Ephèse , dont le man-
teau était orné de griffons et d'autres animaux.
Au-dessous de la planche 46 est un morceau de frise
compris entre des bandes bleues avec des filets blancs.
Dans le milieu et sur un fond blanc, on voit un cheval
marin et deux dauphins, d'une teinte verdâtre.
La vignette qui termine la planche 47 est un petit
cadre sur fond blanc, entouré d'une guirlande verte.
On y voit trois vases dont la couleur imite la terre cuite,
un oiseau peint avec des couleurs naturelles , et un cercle
appuyé sur une espèce de piédestal.
PLANCHE 48.
Le champ de cette peinture est noir. Tout le nu de
la première figure à gauche est bleu. Sa coiffure et ses
habits sont rouges dans les ombres et jaunes dans les
clairs. Les objets qui sont dans ses mains sont jaunes, et
il est impossible de les distinguer. Un petit ornement
jaune aussi sépare la première figure delà seconde, dont
le nu est jaune, ainsi que le tablier qui descend au-des-
(i) Servius, V, Ed. 65 et VIII, XXXVIIL
£cl. 27. (4) Pausanias, I, 24»
(a) Apulée, Met. XI. (5) Buonarotti, ilfe^ag/., p. 243 et
(3) Antichità di Erculano , 1. 1, tav; 42g.
:i:!ii|iPir
PREMIÈRE SÉRIE. 71
SOUS de la ceinture. La draperie qui couvre ses cuisses
et l'ornement de sa poitrine sont d'une couleur azurée. Sa
coiffure tombant sur les épaules , et le restant de sa toi-
lette sont rouges avec des raies blanches. Dans sa main
droite est un sistre jaune, et dans sa main gauche un ser-
pent verdâtre. Ses deux pieds sont posés sur des sphères
jaunes. Entre cette figure et la suivante sont deux autres
petits cercles tenant l'un à l'autre comme deux chaînons;
ils sont aussi de couleur jaune. La troisième figure est très-
endommagée. Sa taille est serrée par une draperie jaune
qui descend jusqu'au genou. Le vêtement au-dessous de
la ceinture est rouge, et celui dont ses cuisses et une
partie des jambes sont couvertes est vert avec des orne-
ments blancs. La jambe droite est blanche , l'autre bleue.
Entre la troisième et la quatrième figure et sur une pe-
tite table rouge bordée de jaune est un chat d'une teinte
jaune mouchetée, avec un collier plus foncé et un or-
nement sur la tête. La quatrième figure a le visage , le
cou , la jambe et le bras gauche blancs. Son espèce de cha-
peau est rouge avec un tour et d'autres ornements jaunes;
une draperie verte à bandes jaunes tombe de la tête sur
les épaules. L'ornement de la poitrine a quatre bandes :
la première est rouge, la seconde jaune, la troisième
rouge foncé , et la quatrième verte. La petite bandelette
qui de la ceinture descend jusqu'au genou est jaune , avec
des broderies rouges. Le vêtement au-dessous de la taille
est rouge , tout le reste est vert avec des raies jaunes , et
bordé de blanc. La jambe et le bras droits sont bleus,
72 PEINTURES. :
le sistre et le petit seau sont jaunes. Deux petits pilastres
blancs avec des taches rouges , enferment un cadre bar-
long sur fond rouge , dont le filet et les ornements des an-
gles sont blancs. Le champ intérieur est vert. Le tour du
rond est blanc, le fond rouge, et l'ornement du milieu
blanc avec des points noirs. La première des figures qui
viennent après , a sur la tête un bonnet vert avec des or-
nements jaunes. Une petite bande verte tombe sur l'épaule
droite, une autre blanchâtre descend par derrière. Les
manches sont d'une étoffe blanche à raies rouges. Tout
l'habillement jusqu'à la ceinture est bleu ; le tablier, jaune ,
le vêtement des cuisses vert, avec des raies jaunes. Le nu
de la cuisse et de la jambe , celui du bras et de la main
gauche sont rouges; le visage et le bras droit, blancs.
La main gauche porte un disque jaune qui contient des
objets qu'on ne peut distinguer. Le siège est vert et bor-
dé de filets jaunes. La petite table qui sépare cette figure
de la suivante est rouge, bordée de jaune et porte un
sphinx blanc, dont les cheveux blonds sont ornés d'un
ruban jaune. Il ne reste qu'un fragment de la dernière
figure, dont les couleurs sont imparfaitement conservées.
Les jambes, le bras droit, et la main qui tient un objet
difficile à distinguer sont jaunes. La ceinture et le tablier
sont blancs; tout le reste de l'habillement est bleu; le
bras et la main gauches sont blancs; les serpents ou les
bandelettes serrés par la main gauche sont verts.
liCS ornements de la bande supérieure sont verts et
blancs, sur fond rouge. Au-dessous de la frise la petite
PRElVnÈRE SÉRIE. 73
bande étroite qui traverse en longueur toute la décoration
est rouge. Les ornements placés au-dessous sont verts et
blancs. Enfin la large bande qui termine la peinture vers
le bas, est rouge dans le champ du milieu, et jaune dans
les deux champs latéraux. La petite bande festonnée au-
dessus est d'un rouge clair. La première colonne à gauche
imite le marbre blanc. Elle porte des lignes d'ornements
verts et rouges alternativement. Le thyrse qui suit est
blanc; la bande entre la colonne et le thyrse est rouge.
Dans l'autre fragment de colonne le feuillage est vert;
la partie entre les feuilles et les enroulements est rouge ,
le reste blanc et le morceau de pilastre au-dessus
bleu.
Il n'est pas facile d'assigner un nom à chacune des figu-
res de cette décoration. La première paraît être un Osiris,
et la couleur bleue de sa carnation pourra être expliquée
par les lignes suivantes de Macrobe : Quihus color apud
illos non unus est; alteriim enim cœrulea specie, alterum
clarâ Jingunt : ex his claruni superum et caeruleum infe-
rum vocant. Inferi autem nornen Soli datur, quum in
inferiore hemisphœrio, id est , hiemalibus signis cursum
suum peragit : superi quum partent zodiaci amhit œsti-
vam(i). De là nous pouvons conclure que les Egyptiens
représentaient le soleil inferus , c'est-à-dire le soleil pen-
dant le zodiaque d'hiver sous la forme d'un Osiris, à la
carnation azurée.
(i) Macrobe, Sat.^ I, 19.
I" Série— Peintures. *"
74 PEINTURES.
Le soleil ou Osiris règle les jours et les nuits,
'Houç xat vuxToç iroXuaffxépoç y)via vo[i.(J5v (i),
pourquoi la couleur bleue de sa carnation n'indiquerait-
elle pas le jour, et son vêtement jaiuie et rouge, àfXTrepvv)
fflXoyoei^Yiç (2) , la nuit étoilée ? Ou bien encore l'azur est la
couleur de l'eau, le jaune ou le rouge celle du feu; et ces
deux éléments , vénérés par les Egyptiens comme les prin-
cipes de toutes choses , étaient personnifiés dans Osiris (3).
Nous sommes, du reste , les premiers à reconnaître que
toutes ces interprétations manquent de naturel et de fon-
dement. Il en est de même de toutes celles qui seront
avancées pour l'intelligence des autres figures.
La seconde a semblé une Isis , à qui le sistre , le serpent
et l'arrangement de la coiffure conviendraient assez. Les
petites sphères qui portent ses pieds indiquent peut-être
les deux globes du soleil et de la lune ou les testicules
d'Osiris si célèbres dans la mythologie égyptienne , et qui
figurent dans la table Isiaque (4). Quant aux autres fi-
gures, on les appellera encore des Isis ou des Osiris ;
et , si l'on s'en rapporte à Plutarque (5) et à Apulée (6) ,
qui prétendent qu'Osiris était représenté tout lumineux ,
sans aucune ombre, et avec un vêtement d'une même
couleur, oùx îjzv* ociàv, ou^e TCOHCtXpLov, oKk tv àirXouv to «pwxoei^èç ,
(i) Eusèbe, Pr. Ev., III, i5; Or- (3) Cuper, Harp., p. 5i
phée dans le scoliaste d'Hésiode. (4) Pignor., p. 16.
(2) Plutarque, de Is. et Os., t. II, (.'») Loc. cit.
p. 371. («) Apulée, lib. XI.
PREMIÈRE SÉRIE. 75
tandis qu'Isis était multicolore, blanche, jaune, rouge et
noire , on verra autant d'Tsis dans tous les personnages
de cette décoration. Il n'y a que le thyrse, attribut de
Bacchus, ou d'Osiris, qui réclame jusqu'à un certain point
la présence de cette divinité. La forme en T des deux
petites tables était chez les Egyptiens un symbole pro-
pice (i). Enfin le chat était rangé au nombre des animaux
sacrés (a). Quant au sphinx , il en est question ailleurs.
La vignette se compose de deux fragments. Dans le pre-
mier à gauche est une Isis à tête de vache, qui tient de la
main droite un sistre d'une forme extraordinaire, et de la
main gauche un bassin avec des fruits. Dans une des
planches précédentes nous avons dit que les Egyptiens
adoraient Isis frugifère (3). A ses pieds est un instrument
bifurqué , qui pourrait bien appartenir à l'arpentage. Des
instruments pareils ont été observés dans la table Isia-
que , et comme les inondations du Nil avaient forcé les
Egyptiens à inventer l'art de mesurer leurs champs ,
la destination que nous donnons à de pareils instru-
ments est assez fondée. Entre autres hiéroglyphes et
mesures mystérieuses , Clément d'Alexandrie nomme ttiç
^ixaio(rJvyiç TT^pv (4). Une oie, attribut d'Tsis, est occupée à
béqueter une fleur. Enfin aux deux extrémités sont deux
pilastres sur l'un desquels est un vase couvert d'une dra-
perie. C'est ici le lieu de dire qu'il est assez probable que
(i) Pignor., Kircher. (3) Cuper, Harpoc , p. ii.
{%) Plutanjucy loc. cit. (4) Sir., V, p. 633.
76 PEINTURES.
rio des Grecs ne fut autre que l'Isiâ des Egyptiens : to
yàp TTC ïffioç ayaXfAa lov yuvaixviTov ^ouxepwv zari , /caOaTuep ÊXXv)Vêç
tJ|v loùv ypa<pou<ït (l).
Dans le second fragment de la vignette on voit un loup
ou un chien , entre deux pilastres , sur l'un desquels est
appuyé un carquois fermé. L'autre soutient un arc, et
par terre est un dard ou une lance. Le loup était consa-
cré à Apollon (2) ; et le chien à Isis et Osiris avec lesquels
il partageait les adorations des peuples d'Egypte. C'est
ce qui a fait dire à Juvénal : ' "
I 'VU' OPP**^^ *®** canem venerantur , nemo Dianam (3).
PLANCHE 49.
Deux fragments semblables et symétriques sont réunis
dans cette planche. Dans le premier à gauche est une
figure sur un siège jaune. Elle est coiffée d'un bonnet
dont le fond est rouge et les ornements jaunes. La che-
velure ou la draperie qui lui tombe sur le dos est jaune
aussi. La bandelette, qui du front lui descend sur l'épaule,
est blanche. Son bras est couvert d'une manche bleue.
Le vêtement au-dessous de sa taille est couleur d'azur.
Le reste de l'habillement est rouge , à l'exception du ta-
(i) Hérodote II, 4i ; Cuper, Harp., Th. Br., p. 438.
p. 10g. (3) XV, 8; Cuper, Harp.^ p. 67.
(a) Sophocle, EL, v. 6; Begcr,
^
i
PREMIÈRE SÉRIE. 77
blier, qui est jaune. Le nu du bras, de la main, de la
jambe et du pied droits est blanc ; celui du bras , de la
main , de la jambe et du pied gauches est bleu. Le long
bâton sur lequel s'appuie cette figure est jaune. Après , est
un sphinx de couleur fauve, coiffé d'une étoffe rouge avec
des ornements jaunes. L'animal, posé dans l'autre fragment
sur une table semblable à celles delà planche précédente,
est fauve aussi, mais il a sur son dos une peau tache-
tée , rouge et grise. La figure , assise sur un siège vert
bordé de jaune, a tout le nu de la partie gauche et le
visage blancs. Elle est coiffée d'un bonnet vert avec des
ornements jaunes. Ses cheveux sont jaunes aussi. Son
bras gauche est vêtu d'une étoffe verte avec des orne-
ments jaunes. La partie de l'habillement au-dessus des
cuisses est jaune, le tablier blanc, et le reste de fhabil-
lement rouge. Le bras, la main , la jambe et le pied droits
sont bleus. Elle a sous ses pieds les deux petites sphères
que nous avons déjà vues et expliquées dans la planche
précédente. Elle tient à deux mains un serpent , dont la
couleur est jaune. Les deux champs inférieurs, l'orne-
ment qui les termine dans le haut et les deux autres petits
champs latéraux, sont semblables à ceux que nous avons
décrits dans la planche précédente. Le thyrse , le cordon
et l'ornement qui y est attaché sont verts. Les fûts des
colonnes ornées de feuillage sont verts aussi. Entre la
corniche et les enroulements sont des fonds noirs. Tout
le reste est blanc. Les deux fonds noirs latéraux sont tra-
versés par des tiges qui portent des feuilles blanches et
78 PEINTURES.
vertes, et des graines blanches. Les ornements qui les en-
cadrent et ceux des fragments supérieurs sont blancs , à
l'exception des parties ombrées qui sont vertes et rouges.
Les colombes sont blanches ; les vases ont la même cou-
leur, mais leurs ornements sont verts. Les masques sont
blancs; ils ont cependant une légère teinte d'incarnat.
Dans le fragment supérieur de droite, le fond de la
couronne est bleu ; les ornements du cylindre , d'oii sor-
tent deux fleurs blanches , sont rouge foncé ; les petites
bandes sont vertes, et tout le reste blanchâtre.
Les figures et les ornements de cette peinture se raj)-
prochent tellement par leur genre de la planche précé-
dente, que nous croyons pouvoir renvoyer aux explica-
tions qui accompagnent notre planche 48.
PLANCHES 50 ET 5L
Cette peinture et les trois suivantes décoraient les mu-
railles d'une salle découverte aux fouilles de Gragnano ,
le 9 février 1 769. Elles sont sur fond blanc. Les jietites
bandes festonnées extérieure et intérieure qui encadrent
tous les sujets sont rouges et les ornements du milieu ,
verts. Les fleurs et l'intersection des tiges sont bleues. La
première rosace à gauche, oii viennent aboutir les quatre
tiges, a la bande extérieure et le fond rouges, la bande
intermédiaire blanche et la fleur du milieu jaune, [-.a se-
conde rosace, toujours à gauche, a la bande circulaire
^_ 4
JRES
1. P. 2 63.
^
PREMIÈRE SÉRIE. 79
extérieure ronge , l'autre blanche , le fond jaune , et la
fleur du milieu jaune et blanche. La troisième est sembla-
ble à la première , la quatrième à la seconde et ainsi de
suite. Les fleurs qui ornent les angles des petits cadres
sont rouges et soutenues par des tiges vertes, ornées de
deux feuilles vertes aussi.
Au milieu du premier cadre à gauche est une fleur verte
avec une arabesque bleue ; dans le second , on voit un oi-
seau qui tient avec ses pattes un petit rameau vert ; dans
le troisième , une fleur dont la corolle est rouge , et l'in-
térieur blanc et jaune; dans le quatrième une nymphe,
dont les cheveux blonds forment un nœud sur le milieu
de la tête. Son manteau est vert; de la main droite elle
tient une bande jaune ; et de la gauche un carquois de
la même couleur. Le cinquième cadre est occupé par une
fleur et une arabesque , semblables à l'ornement du pre-
mier des cadres que nous venons d'expliquer ; le sixième
a pour sujet un oiseau qui déploie ses ailes.
En passant au second rang, et en commençant toujours
par la gauche, nous voyons dans le premier cadre un
médaillon dont le tour extérieur est rouge , et le second
blanc. Sur le fond, qui est rouge, est une figure qu'on dis-
tingue à peine. Le Génie du second cadre a une draperie
verte; il tient d'une main un bâton pastoral, et de l'autre
une corne d'abondance de couleur jaune. Le médaillon
du troisième cadre est entouré d'une bande circulaire
extérieure rouge , et d'une autre bande blanche ; et, sur
un fond rouge , est une figure qu'on ne distingue pas.
80 PEINTURES.
Dans le quatrième cadre est un perroquet auquel on a
conservé ses couleurs; il tient dans ses pattes une petite
branche verte. Le sujet du cinquième cadre est un mé-
daillon semblable aux autres pour les couleurs. Les figures
ne sont pas bien conservées. Enfin le sixième est encore
un petit Génie avec une draperie verte ; dans une de
ses mains est un sceptre couleur d'or, et dans l'autre
une torche.
Au troisième rang, et dans le premier des petits cadres
est un aigle peint au naturel; dans le second, une fleur
que nous avons déjà décrite ; dans le troisième , une nym-
phe drapée de jaune , qui tient un instrument jaune aussi,
un cadélabre , ou une torche , ou un javelot avec un orne-
ment ÈGipaipcofAÊva àxdvTta xal ^opaxa (l), ^opu cçatpcoTÔv (2);
dans le quatrième, une fleur déjà décrite; dans le cin-
quième un oiseau avec un petit rameau vert; dans le
sixième, une fleur que nous avons déjà vue. ,
Au quatrième rang, et dans le premier cadre, nous voyons
un Génie qui tient un petit seau de couleur jaune ; sa dra-
perie est verte. Dans le second cadre, est un médaillon
avec une colombe; dans le troisième, un aigle qui vole.
Dans le médaillon qui vient après est un animal qui res-
semble à un chien. Le cinquième cadre est occupé par
un Génie qui porte une corne d'abondance ; sa draperie
est verte. Le dernier cadre du quatrième rang contient
un médaillon où l'on voit un oiseau.
(i) Xénoplion, irep'. 'Iinr. (a) Pollux, I, 112.
PREMIÈRE SÉRIE. 8l
Le second cadre du cinquième rang est occupé par
une nymphe, qui tient un objet de couleur jaune. Elle
est à demi vêtue d'une draperie rouge, et coiffée d'un
bandeau blanc; ses épaules sont traversées par une cein-
ture verte qui serre et retient sa gorge. On doit voir ici
le strophium, cxpoçiov, qui différait du sapparum en ce
que ce dernier couvrait le cou et les épaules, et s'attachait
au-dessus du sein :
Non contecta levi velatum pectus amîctu,
Nec tereti strophio lactantes vincta papillas (i).
Pollux appelle cette partie du vêtement, la ceinture de la
gorge ^ TÔv (xaffTôv yuvaixsuov i^ôcfxa (2J, Anacréon, Tatvia (3) ,
bandelette; Virgile la donne à Penthésilée;
Aurea subnectens exertae cingula mamma; (4).
Les ornements du troisième et du cinquième cadre figu-
rent ailleurs; dans le quatrième et le sixième on voit
deux oiseaux peints de couleurs naturelles.
Dans le sixième rang nous avons trois médaillons pa-
reils aux autres pour les couleurs. Ils semblent représen-
ter des figures de femmes. Le paon du second cadre est
peint de couleurs naturelles. Le Génie du quatrième a
une draperie verte ; il porte une boîte jaune. La nymphe
(1) Catulle Carm., 63 , v. 65 ; No- (2) VII , 65.
nius, XIV, 9 ; Derapster , V. 35 ; les (3) O. 20.
commentateurs deTérence, Eunuch., (4) Mn., I, 49*.
A., II, 5, m, 22.
l" Série.— Peintures. » .
aa ...PEINTURES.
du sixième cadre est à demi vêtue d'une draperie verte.
Dans sa main droite elle tient un cancre qui indique
peut-être la constellation du Cancer et l'été dont elle est
le symbole (i). On a pensé aussi que cette nymphe pouvait
appartenir au fleuve Sarnus, qui baignait les murs de
Pompéi (2), et était renonmié comme il l'est encore au-
jourd'hui pour la bonté de ses écrevisses. Les anciens
faisaient grand cas des cancres, xapxtvi'a, qui se ven-
daient tout cuits avec d'autres poissons qu'on désignait
par le nom générique d'èt^viTûv , epsètes (3).
Les fleurs et les oiseaux du septième et dernier rang
sont peints de couleurs naturelles. La nymphe du pre-
mier cadre est vêtue aussi d'une draperie verte, dont le
revers est rouge. Elle tient dans sa main droite une sphère
bleue, et de la main gauche une feuille jaune. N'eût été
la couleur de la pomme que porte notre jeune nymphe,
nous aurions pu voir ici Vénus ou une des Grâces. Mais
la teinte bleue de cette petite sphère a fait croire que le
peintre avait voulu figurer une balle à jouer. Les anciens
remplissaient de plumes ou de vent une peau coloriée (4),
et se la renvoyaient de plusieurs manières qui formaient
autant de jeux différents (5). On voyait, dit Plutarque,
(1) Nonnus Dionys., XXWlîl, trône, cap. 27.
295. (5) Pollux, IX, io3 et 106; Eus-
(2) Pline III, 5; Strabon,V, p. tathe Od., 0, p. 1601; Meursius
347, de Lud. Grœc; les commentateurs de
(3) Athénée, III, 11; VII, i/j, p. Martial, IV, 19; ceux de Suétone,
3oo; Casaubon, ad Athenaeum, V, 3. Octav., ch. 83; Mercurialis A. G.,
(/,) Homère, Od., «, v. 373; Pé- II, /, et 5 , V, 4-
PREMIÈRE SÉRIE. 83
un bronze qui représentait une figure lançant un ballon
avec un bracelet de corne ; âvaxeixai yàp Iv àxooTroXsi joîkMîiv év
T-fl <7(paipi(7Tpa Tûv Àppviipopwv xspyiTi^tov (l). Le mot xepviTi'Cwv a été
traduit ainsi par Fabri , qui veut que les anciens aient em-
ployé pour le jeu du ballon des bracelets semblables à ceux
dont se servent encore aujourd'hui les Italiens, les Basques
et les habitants de la France méridionale. Mais le mot xeprr
Tt'^eiv signifie , selon Hesychius, coniscare, arietare, jouer
avec les cornes, comme font entre eux les jeunes béliers et
les chevreaux , et par extension , le prélude, les essais qui
précèdent un jeu ou une action quelconque. Il faut re-
connaître cependant que la traduction de Fabri , et l'u-
sage des bracelets ou des palettes pour le jeu du ballon,
expliqueraient deux vers d'Ovide non compris jusqu'à ce
jour (2):
Reticuloque pilae lèves fundantur aperto,
■ *3
Nec , nisi quam toiles, ulla movenda pila est (3).
Le mot reticulum signifierait une raquette dans le genre
de celles qui servent au jeu du volant ; et un exercice à
peu près pareil aurait été en faveur chez les femmes de
l'antiquité. Il est vrai que les deux autres vers d'Ovide :
Hos ignai'a jocos tribuit natura puellis :
Materia ludunt uberiore viri (4),
(i) Plutarqiie, Isocr., p. SBg, t. II. (3) Â. A., III, 36i.
(a) Broukhusius, sur Properce, III, (4) J. .4., III, 383.
£/., XII,5.
81 PEINTURES.
et l'ironie de Martial lancée contre Philénis, dont les
goûts et les habitudes sont étrangers à son sexe ,
Harpasto quoque subligata ludit(i),
tendraient à faire croire que le jeu de balle n'était pas
un divertissement adopté par les femmes. Cependant,
comme il existait plusieurs espèces de jeux de balle , il est
assez probable que les moins fatigants avaient été choisis
par les femmes. Les Lacédémoniennes se livraient avec
ardeur à ce genre de divertissement (2), et Virgile ne l'a
pas jugé indigne de figurer dans un de ses poëmes (3).
Il nous reste à présent à faire sur la décoration de
cette planche quelques observations générales qui se
rapporteront aux planches suivantes. On s'accordera
d'abord à trouver avec nous qu'il y a dans la disposition
et dans tous les ornements de cette peinture une grâce
et un goût parfaits; et l'on verra sans doute ici
une imitation et peut-être une copie d'une mosaïque.
Les anciens ornaient de mosaïques non-seulement les
planchers ( 4 ) , mais quelquefois encore les murailles de
leurs appartements (5) ; nec tantum ut parietes toti{auro)
operiantur ; verumet interciso marmore^ vermicidatisque
ad effigies reriim et animantlwn crustis. Ces mosaïques
étaient copiées par les peintres , lorsqu'elles leur sem-
(i) Martial , VII , Ep. 66. (4) Pline , XXXVI , 26 ; Vitruve ,
(2) Properce, III, El. XII , 5 ; Lu- VII, 1 ; Boulenger , de Pict. ,1,8;
cien, de Gymn , § 38; Athénée, I, 12. Spon, Mise, Jntic, sect. II, diss. 8.
(3) Ciris. (5) Pline , XXXV , i .
PEINTURES .
\" Série
ll..,<tmTwrMtnTiflTritlmitmi«kilfai^^
: /'Zi/'/tf/d.
'/iO'
PREMIÈRE SÉRIE. 85
Liaient dignes d'exercer leurs pinceaux. Il n'est plus
permis de douter de ce fait , car on a trouvé une mosaïque,
d'une délicatesse exquise, qui portait le nom de son au-
teur, et l'on a découvert aussi une peinture qui n'était
autre chose que la copie de cet excellent original.
PI ANCHE 52.
Les ornements de cette peinture sont pareils, pour le
dessin et les couleurs, à ceux de la décoration qui fait le
sujet de la planche précédente. Ils complétaient avec
ceux des trois planches suivantes la décoration d'une
muraille, dégradée aujourd'hui en plusieurs endroits,
et l'on a réuni en quatre planches les cadres qui se sont
trouvés le mieux conservés.
Dans le premier cadre est une nymphe à demi vêtue
d'une draperie rouge. Elle tient à deux mains une es-
pèce de corbeille. La nymphe du deuxième rang tient de
la main gauche une large feuille , et de la main droite une
corne d'abondance d'où sortent de petites feuilles. Les
trois petits Génies ont des draperies vertes ; l'un d'eux
porte une espèce de massue , un autre un disque , et le
dernier enfin , une lyre sous son bras gauche. La nymphe
du troisième rang est vêtue de rouge comme les deux au-
tres ; elle élève avec une de ses mains au-dessus de son
épaule droite le manteau qui la couvre à demi; sur les
doigts de sa main gauche est posé un oiseau , qui peut
86 PEIINTURES.
être une colombe. La colombe était l'oiseau de Vénus ,
et un attribut assez caractéristique de cette divinité,
pour qu'Aspasie lui fît ériger une statue d'or sans autre
distinction qu'une colombe (i). Il ne serait donc pas im-
possible que cette figure soit une Vénus , ou bien encore
une déesse Suada, à qui l'on donnait pour attribut l'oiseau
connu chez les Grecs sous le nom d'iuy^ , et chez nous
sous celui de torcol (2).
PLANCHE 52 bis.
La première nymphe porte une boîte entrouverte que
les Grecs appelaient xtêwTtov ou >.apva3tvi , et les I^atins cap-
sula, capsetla. Nous ne saurions guère déterminer l'usage
de la petite cassette que porte notre figure. Il est assez
vraisemblable cependant qu'elle contient des vases sacrés
ou des objets de toilette à l'usage des femmes (3). liCS La-
tins avaient donné le nom de Capsarii aux exclaves char-
gés du soin des habits pour le bain , et à ceux qui por-
taient les livres des enfants lorsqu'ils se rendaient à
l'école (4).
Les trois petits Génies de cette planche ont des dra-
peries vertes. Le premier porte un sceptre ou un objet de
ce genre qui ressemble aussi à une torche et à un candé-
(i) iElian, V. H. XII, i. p. Kg; Olearius sur Philostrate, Jp.
(a) Pindarc, N. Od. IV, 56 et son Tyan., I, 25.
scoliaste; le scoliaste de Théocrite, (3) ^lian, loc. cit.
Id. II, 17; ïzetzcs sur Lycophron, [l^'^T\%%ovi\\X'i,(leV.S.vnC(tpsavius.
PEINTURES
l'^.* Série
-#■
PEINTURES
1 Pied
PREMIÈRE SÉRIE. 87
labre. Le second tient une patère , et le troisième et der-
nier, un ornement semblable à celui qui distingue le Gé-
nie du premier rang. La seconde nymphe porte à deux
mains une lance ou un sceptre de couleur rouge. Sa dra-
perie est jaune avec une bordure rouge. La troisième et
dernière est vêtue de la même manière , elle tient d'une
main une boîte et de l'autre un petit vase.
PLANCHE 53.
Les deux nymphes des deux rangs supérieurs sont vêtues
de draperies vertes. L'une d'elles tient une cymbale dans
ses deux mains ; ses cheveux sont noués sur sa tête de ma-
nière à imiter le tutulus des Toscans (i). Les jeunes filles
grecques, appelées par Homère eÙTrXoîtà(/.ot, bien coiffées (2),
avaient peut-être adopté ce genre de coiffure ; ce qui fai-
sait dire qu'elles nouaient leurs tresses sur leurs têtes ,
âvaTC>.é5C£c6at xccç èv rip y.ecpaX^ Tpij^aç (3). L'autre tient de la main
gauche un objet dont on ne distingue pas bien la forme ,
et de la main droite le bord de sa draperie. La troisième
et dernière est drapée de jaune clair ; elle porte un petit
seau et un bâton pastoral. Des trois Génies, le premier
porte une boîte ou un plat carré (4) et un bâton pastoral;
(i) Pignorius, f/e ^cvc, p. 394. Prudence, Psychomach; les com-
(2) Od. M, V. i32. mentateiirs de Pétrone, cap. 1 10.
(3) Pausanias, X, aS; Ovide, Art. (4) Les commentateurs d'Horace,
III, i35 et suiv.; Manilius, lib. V; I, Ep. 17, v. 49; PoUux, X, 82,
Tertullien, de Cultu fem., cap. 7, 1 ; IV, io3.
88 PEINTURES.
le second , un vase ou une corbeille ; le troisième et der-
nier, une boîte entr' ouverte.
PLANCHE 53 èw.
La première nymphe est coiffée d'une manière si ex-
traordinaire et si peu naturelle , qu'il faut supposer peut-
être que sa coiffure est un galerum (i), et se compose
d'une chevelure empruntée. Le galerum aurait été ainsi
nommé à cause de la ressemblance de sa forme avec le
casque, galea. Du reste , le mot galea lui-même était em-
ployé pour désigner un certain arrangement des che-
veux (2) , connu aussi chez les Grecs , et qui portait un
nom différent , suivant qu'il était adopté par les hommes,
les femmes et les enfants ; liki-^^a. Tpiyôv eiç 6$ù âiroX^pv , 6
iiiX i^^^iù^ Xf wêuXoç , èirl yuvaixwv jfopu{i,€oç , iizi iratàtùv cxopTrioç exa-
>€iTo (3). Il y avait une certaine chevelure postiche à l'u-
sage des hommes et des femmes , que l'on appelait xpw-
^Ktloç , crobflus (4). Une explication, qui ne manquerait
pas d'originalité, consiste à dire que cette nymphe doit
être considérée tant pour son attitude que pour ses attri-
buts , comme une charge gracieuse de Pallas. En effet sa
coiffure imite le cimier, le mouvement de son bras qui
tient le bout d'une draperie verte, est le même que celui
(1) Pignorius, r/e5cn'.,p. 392;sco- (3) Eustathe.
liaste de Juvénal, VI , 1 20. (4) Gonzales sur Pétrone, cap, 1 10;
(a) Pignorio, loc. cit. Pollux, II, 3o.
PEINTURES
!'■' Série
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Liflmiil>ff,Tt)>tiTrfrmfhmilhïï7Tllhinit?Mn'rrrn#rTrf^ j
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A.d'H. V . 't' P . 269
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PREMIÈRE SÉRIE. 89
de Minerve supportant la fameuse égide ; enfin , son bras
droit est armé, en guise de lance, d'un sceptre ou d'un thyrse.
Les deux autres nymphes sont vêtues de draperies pour-
pres avec des bordures bleues. La première tient de la
main gauche des plantes dont l'espèce est difficile à re-
connaître et cet instrument qui distingue la plupart de
nos figures, et que nous avons appelé un thyrse, un
candélabre ou un sceptre. La dernière appuie sur son
épaule un objet de même forme et de couleur jaune. Des
trois Génies le premier porte un objet carré, assez sem-
blable à une cassette ; il est vêtu d'une draperie jaune
clair. Des deux autres, l'un porte un objet qu'on ne dis-
tingue pas, et il est vêtu d'une draperie rose; l'autre,
vêtu de vert , a sous son bras gauche une corne d'abon-
dance.
PLANCHE 54.
La décoration de cette planche est sur fond rouge. A
gauche on voit une colonne jaune avec une base carrée
de la même couleur ; la partie du piédestal , ornée d'ara-
besques , est verte. Les griffons , les masques , et les ara-
besques sont jaunes ; le pégase , d'un blanc adouci , et le
tout sur un fond noir. Le champ de la frise inférieure est
noir aussi. On y voit une Vénus dont le front est orné
d'une couronne de perles. Cet ornement fabriqué par
I" Série.— Peintures. 12
90 PEmTURES.
Vulcain (i), était donné aussi à Thétis et à Amphitrite (2);
mais la présence des deux Amours tenant en bride deux
dauphins qu'ils excitent avec un fouet, nous décide en
faveur de Vénus. Elle est portée par un monstre marin
que conduit un triton.
PLANCHE 55.
Le fragment supérieur de cette planche est sur champ
violet. Les piédestaux latéraux sont rouges. D'un vase
transparent de couleur verte, orné d'arabesques vertes
aussi , sortent des tiges de la même couleur qui portent
des fleurs blanches. Sur une tige verticale est posé un
sphinx de couleur jaune. Au-dessous du vase est une cor-
niche blanche qui termine un fond noir. Entre ce fond
et la corniche est une petite bande jaune. Sur le fond
noir et sur une arabesque est posée une fleur verte , d'où
sortent deux rameaux verts qui portent des fleurs blan-
ches, et deux petits oiseaux rouges. Ce compartiment
est séparé du fragment inférieur par une bande rouge
bordée de filets blancs. Une niche jaune dont le soffite est
vert , a pour ornements deux dauphins et des arabesques
jaunes, à l'exception des feuilles et des guirlandes, qui
sont vertes , et des petites fleurs, qui sont blanches. Dans
(i) Ératosthènc, Catasl., 5.
(a) Hyginus, Àstr. poet., II, 5; et Paus.inias, 1,17.
I
PEINTURES
55.
HJlfiz-ui:^ a^^.f^A.BffK^^A^
M» B° V. 7. P. 54.
_, 1 ( 1 H
iF IL, © m
PREMIÈRE SÉRIE. 91
la niche on voit une Flore, dont les cheveux blonds sont
couronnés de fleurs. Sa tunique rose est agrafée sur l'é-
paule gauche , de manière à laisser à découvert le sein
droit et ses deux bras , dont l'un porte une corbeille de
fleurs et les plis de son manteau bleu , tandis que l'au-
tre élève une guirlande au-dessus de la tête. Son dos
est orné de quatre ailes rouges qui, par leur forme et
leurs petits yeux, ressemblent à celles des papillons.
Les ailes de papillons étaient l'attribut qui distinguait
Psyché , Wu-^-ri , l'âme , et cette fiction a peut-être inspiré
ces vers si connus de Dante Alighieri :
Non v'accorgete voi che noi siam vermi
Nati a formar l'angelica farfalla,
Che vola alla giustizia senza schermi?
« Ne vous apercevez-vous pas que nous sommes des vers nés pour for-
« mer le papillon angélique qui vole sans défense vers la justice ? »
Cependant il ne faut pas croire que Psyché et les âmes
ne pussent être représentées sans ailes de papillon. Ainsi,
par exemple, l'âme de Protésilas (i), les ombres trans-
portées dans la barque de Caron (2) , sont tout à fait dé-
pourvues d'un attribut de ce genre , et, dans le Cabinet
de Stosch (3) nous voyons une âme avec des ailes., il est
vrai , mais avec des ailes d'oiseau. Comme aussi les ailes
{i)Winckelmann,^o/i, i«e<i.,n. 123, p. 164.
(2) Visconti, M. P. C, t. IV, tav. XXX.
(i) N. 868.
92 PEINTURES.
de papillon n'étaient pas données à Psyché exclusive-
ment. Les Saisons qui traînent le char d'Ariane et de Bac-
chus (i), celles qui sont gravées sur un camée de Zan-
netti (2) , celles qui ornent le bas-relief de Townley , pu-
blié par Millin (3), plusieurs figures de femme trouvées
à Herculanum , et qui seront publiées dans cet ouvrage ,
enfin Morphée et le Sommeil (4) ont reçu ce gracieux at-
tribut. On voit donc qu'il peut orner, sans aucun incon-
vénient , la figure de Flore. L'emploi fréquent des ailes
de papillon dans les sujets antiques est expliqué par l'in-
tention des artistes qui éprouvaient le besoin de donner
une couleur légère, vaporeuse, éthérée, s'il est permis
de s'exprimer ainsi, à certains êtres mythologiques d'une
nature que la réalité pouvait difficilement atteindre, et
qui volaient au milieu des nuages de l'imagination. On
donnera encore une explication plus positive et moins
poétique de cette forme consacrée par l'art classique , en
disant que des ailes d'oiseau auraient eu certainement
moins d'éclat et moins de grâce que les ailes de papillon
si richement nuancées , simples ou doubles , selon le ca-
price de l'artiste. On comprend encore que les divinités
et les Génies du paganisme qui cheminaient, ou plutôt
qui volaient en silence pour arriver inattendus et à l'im-
^1) Musée de Florence, t. I, tav. (3) Galerie mythoL, t. I, pi. XLV,
43 , 1 1 ; Bracci , Memorie degli anti- n. 199.
chi incisori^ 1. 1, tav. XXII , n. 3. (4) Winckelmann, Mon. ined., 100;
(2) Dactyl. Zancttiana, tav. LXI, Visconti , M. P. C/.,IV, i5o.
p. 123.
PREMIÈRE SÉRIE. 93
proviste, ne pouvaient guère avoir recours aux ailes
bruyantes des oiseaux ;
.Volât nulles strepitus facientibus alis (i).
Revenons à notre peinture et à Flore qui prête tous
ses charmes à cette décoration d'un goût si exquis. La
belle éjjouse de Zéphyr commença à recevoir les honneurs
divins , lorsque Titus Tatius eut fait voir aux Romains
combien était grande la puissance de cette déesse ; mais
les jeux Floraux ne furent institués que l'an 5x3 de Rome,
sous les consulats de Caius Glaudius Cento et de Marcus
Sempronius Tuditanus, qui consacrèrent aux fêtes de
Flore les amendes imposées à ceux qui avaient occupé
le territoire du peuple romain. Cet argent ayant reçu
dans la suite une autre destination, les fêtes furent in-
terrompues , et les campagnes se ressentirent bientôt du
courroux de la déesse. Les vignes et les moissons furent
brûlées , et les oliviers stériles. Enfin , cent soixante ans
après , on prit le parti d'instituer des jeux annuels en
l'honneur de Flore. Alors , depuis le 28 avril jusqu'aux
calendes de mai , le peuple se couronnait de fleurs , il
jonchait les chemins de roses, chantait des hymnes de joie,
et se livrait aux plaisirs de la bonne chère. Lorsque la
nuit était venue , on allumait des torches , et on se por-
tait en foule dans le cirque de Flore, où des courtisa-
nes charmaient par leurs chants et par leur danse las-
(1) Ovide, Mét.y XI, 65o.
»4 PEINTURES.
cive la multitude des spectateurs. On les voyait ensuite
donner la chasse à des lièvres ou à des biches , et déployer
dans ce jeu la licence la plus effrénée. Les deux lances
qui font partie des ornements de cette peinture, se rap-
portent peut-être à la chasse des jeux Floraux.
PLANCHE 56.
Le fragment qui occupe la partie supérieure formait
la décoration d'une muraille. Il est peint sur ce stuc extrê-
mement poli que l'on retrouve sous toutes les peintures
de Pompéi, et qui a conservé d'une manière vraiment
merveilleuse la vivacité et la lucidité des couleurs. Le
fond est rouge, l'architecture jaune. La chèvre et les
raisins ont leurs couleurs naturelles.
Ce fragment retrouvé dans une maison qui ne peut
avoir été habitée que par un Pompéien d'une fortune
moins que médiocre , nous amène à établir une compa-
raison désolante entre les classes pauvres de l'antiquité et
celles des temps modernes , sous le rapport du bien-être
matériel. Un misérable bourgeois, un ouvrier d'une petite
ville de province avait la faculté de faire orner de pareil-
les arabesques les murailles de son habitation; aujour-
d'hui combien y en a-t-il qui puissent faire badigeonner
les réduits oii ils passent leur vie!
Le fragment inférieur de cette planche est sur fond
PEINTURES
l" Sine
M? 8° V. 6 .F. 31
PREMIÈBE SÉRIE. 95
rouge. Dans le compartiment du milieu on a peint l'en-
lèvement d'Europe. La frise sur fond blanc représente
le combat dçs amazones. Cette peinture décorait une
salle de la Maison d'Homère. C'est le nom qu'on a donné
à un palais de Pompéi , dont les décorations ont été ins-
pirées par plusieurs faits de l'Iliade.
PLANCHE 57.
Cette décoration appartient au même édifice que le
fragment inférieur de la planche précédente. Elle est sur
fond jaune. Dans le compartiment du milieu on voit
Hellé et Phryxus; dans les deux compartiments latéraux
"^de petits Génies. La frise sur fond blanc représente,
comme celle de la planche 56, des scènes de la guerre
des amazones. On voit ces femmes belliqueuses , sur des
chars, à cheval, à pied, combattant avec des armes di-
verses leurs redoutables adversaires.
Les compartiments de cette peinture sont rouges et
jaunes.
PLANCHE 58.
Un cadre blanc avec une bande intérieure noire, en-
ferme le sujet sur fond bleu de ciel que nous donnons
dans cette planche. Près d'un arbre, qui paraît être un
90 PEINTURES.
chêne , on voit un petit temple tirant sur le cendré. Il
est formé par un arc auquel on a attaché avec des dra-
peries jaunes une cymbale de couleur rouge. Deux au-
tres cymbales de la couleur de l'édifice, autour desquelles
on a disposé des grelots, sont posées aux deux extrémités
de l'arc , l'une sur une petite colonne , l'autre sur le mur
qui forme le derrière du temple. Sur le devant est un
grand socle. Au-dessus du socle est une base sur laquelle
est posée une figure de femme de couleur jaune, qui de-
vait être voilée. Elle tient une lance de la main gauche
et s'appuie sur une cymbale ornée de grelots, et de la
même couleur que toute l'architecture de cette planche.
La base ou le piédestal qui porte cette cymbale retient
un objet barlong de couleur noire avec deux anneaux.
Au milieu , et sur une colonnette portée par un pilastre
décoré de bandelettes jaunes, on voit une autre figure de
femme toute blanche , à l'exception de ses cheveux , qui
sont châtains. La couleur blanche a été donnée aussi au
sphinx ailé à tête d'homme barbu, qui est posé sur
une grande base ornée d'une draperie jaune dont l'un
des bouts tient au tronc de l'arbre. Le sphinx a le dos
couvert d'une étoffe blanche et la tête surmontée d'un
boisseau blanc aussi. De l'arbre on voit partir encore une
draperie qui entoure le bras et couvre en travers le sein
de la jeune femme posée debout sur la colonnette. Sur
le premier plan on voit un homme à barbe blanche, et à
la carnation bronzée. Il est à demi vêtu d'une étoffe
blanche , porte en main une cymbale avec des grelots, et
PEINTURES,
i''.' S en
A d' H. V.5 . p 29:
PREMIERE SERIE. 97
tient sur sa tête, couronnée de pampre, une corbeille de
couleur verdâtre.
L'explication de ce tableau, que nous venons de dé-
crire avec la plus minutieuse exactitude, demandera quel-
ques développements. Il règne en effet, dans sa composi-
tion et dans tous ses détails, je ne sais quelle couleur
religieuse ; tout y respire un profond mysticisme ; et
lorsqu'on le regarde avec attention , on se plaît à s'é-
garer par le souvenir dans les labyrinthes les plus obs-
curs de la religion grecque et des croyances égyptiennes.
Divinités , prêtres , emblèmes , offrent ici ce double ca-
ractère qui se montra dans le culte des villes grecques
de l'Italie , à l'époque oii elles essayèrent de rajeunir le
polythéisme romano-hellénique en le retrempant dans
sa source native. Alors , les mystères isiaques vinrent se
confondre avec les rites éleusiniens ; et dans trois divi-
nités auparavant distinctes , on apprit à voir le même
personnage , adoré sous trois noms divers , aux bords du
Nil , du Tibre et de l'Jlissus.
Selon l'usage grec(i), d'après lequel les temples eux-
mêmes furent appelés Téw.evïi et otkan , champs et bois (2) ,
ce petit édifice est entouré d'un bois sacré; peut-être
même ne se tromperait-on pas en affirmant que, dans l'in-
tention du peintre, il est construit, non pas au sein
d'une ville, mais en pleine campagne. Telle était, en effet.
(i) Strab., IX, p. 6^7. et /,i2 ; dare,0/. III, 3i.
Eustath., //. p, 23 ; scoliaste de Pin- (2) Pollux ,1,6, 10.
I" Série.— Peintures. j 3
98 PEINTLiftKS'.
la coutume des temps primitifs (i) , coutume que les Ta-
nagréens conservèrent toujours , « estimant , dit Pausa-
nias (2), qu'il n'était point convenable de confondre les
habitations des dieux parmi celles des hommes.» C'est au
milieu des scènes de la nature que l'on célébrait la plu-^
part des fêtes religieuses (3) ; c'est là qu'on élevait l'autel
des dieux champêtres (4) dont les édicules étaient om-
bragés par un bouquet d'arbres (5). Parmi ces arbres
même, on choisissait les plus grands et les plus beaux
pour les dédier spécialement à la divinité du lieu (6). Un
reflet de sainteté se répandait sur les arbres sacrés , et
leur attirait une espèce de culte : c'est pourquoi on les
ornait de bandelettes (7). On ne s'étonnera point de trou-
ver , dans une composition empreinte du génie oriental ,
des traces de cette sorte d'idolâtrie ou de fétichisme à
l'égard de la nature végétale , si l'on se rappelle que les
Chaldéens y étaient particulièrement adonnés (8) et qu'il
a fallu l'interdire aux Hébreux (9). Cette coutume était
si profondément enracinée dans les mœurs, qu'elle dura
longtemps après l'établissement du christianisme , quoi-
(i) Servius, JEncid., VII, 82, et ph.liie, Pltttus, 9^4 ; Callim., Hymn.
"VIII, 271 ; Libiin., Orat. de Templ. ad Dian., 3tf et 23<;.
(a) IX , 11. (6) Plin., XII , i ; Théocr., XVIII>
(3) Servius, /T.ni'.id.^ XI, vAo"- A8 ; Callim., Hymn. ad Cercr., 41.
(4) Philostrat , //;;., I, 28; Liban., (7) Apiil., Flor., I; Arnob., I, 41.
Orat. de Templ. (8) Heinsius, Arist. Sacr., p. 710.
(5) Apollon., IV, 1714; Dionys. , (9) Deiiter., XVI, 21.
Prrirget., v. H-nj ; scoliaste d'Aristo-
PREMIÈRE SÉRIE. 95
que sévèrement condamnée par les Pères , les conciles et
les législateurs du moyen âge (i).
La construction de l'édicule lui-même révèle encore
une recherche, soit d'archaïsme, soit de rusticité ; il n'est
couronné que par un demi-fronton, et le toit, s'il y en a
un , n'a de pente que d'un seul côté : il lui manque ce que
les anciens appelaient \efastigium, le fronton, disposition
architecturale qui, selon eux, donnait tant de dignité
aux temples des dieux , que , fussent-ils placés dans le
ciel même , on ne pourrait s'empêcher de se les représen-
ter avec un pareil ornement (2). Le peintre a donc voulu
figurer un édifice antérieur à l'invention du fastigium,
ou une construction rustique, qui n'avait pu se soumettre
aux lois d'une architecture élégante et sévère.
Le cymbalum et peut-être le tympanum^ qui se retrou-
vent cinq fois dans cette composition, étaient des attri-
buts de Gybèle, appelée dans les vers orphiques (3), tuul-
îravoTepTcvi'ç. Néanmoins, l'invention et l'usage du tympanunv
étaient également assignés à Bacchus , comme ce dieu le
dit lui-même dans Euripide (4). Mais on sait que les mys-
tères étaient à la fois consacrés à Cybèle et à Bacchus (5) ;
on sait enfin qu'Isis elle-même se confond avec la Grande-
Mère des dieux, et qu'on la voit souvent représentée avec
(i) D. Greg., VII, 20; Can. 8.'|, ' (3) Hymne h la mère des dieux y.
Cod. ofr.\ Capitulaircs des rois de v. 11.
France , l , ûl. 64, et VII, lit. a'ifi; (4) Baccli., 58 et 1-24.
Lois des Lombards, I, tit. H8. (5) Euripid., Bacclu, i 56 et 5i3^
(2) Cic, Oral.., 3, 46. Strab. , X, 46îJ et -ic).
100 PEINTURES.
le cymbalum (i). Or , c'est précisément cette confusion de
plusieurs divinités en une seule qui nous paraît l'idée
dominante de l'artiste.
Nous en trouvons un nouvel indice dans le sceptre , la
lance, le thyrse, qui appartiennent à Cybèle, à Cérès, à
Isis , à Bacchus. : '
C'est à tort évidemment que quelques antiquaires ont
voulu voir un livTC dans l'objet qui se trouve appuyé
contre le siège; on y reconnaît bien distinctement un
de ces instruments de percussion dont parle le scoliaste
de Théocrite (2), quand il rapporte, sur la foi d'Apol-
lodore, qu'à Athènes, dans les fêtes de la déesse Kopvi
(Proserpine, fille de Cérès), l'hiérophante faisait re-
tentir un instrument de bronze appelé iitio^. L'échéion
était employé dans les fêtes de Cybèle , de Bacchus , de la
déesse syrienne ou Vénus Uranie , et généralement dans
toutes les orgies sacrées. Cet instrument est une tablette
de bois ou de bronze, à laquelle sont attachés des anneaux
de fer : on peut l'assimiler à celui que les Toscans appel-
lent tabella (3) ou scrandola{l\) ^ à la crécelle, crécerelle
ou tartarelle des Français (5), et enfin au sémantérion des
Grecs (6). L'usage du sémantérion est très-ancien dans
l'Eglise orientale, qui n'a point adopté les cloches avant
(i) Doni, Inscript., I, 3o; Mura- romain,
tori , LXXII , I . (5) De Vert , Cérém. de l'Égl., tom.
(2)7a[r//.,II, 36. I,p. 440.
(3) La Crusca, sub verbo Tabella. (6) Du Cange, Glossar. graec, s. v.
(4) Bianchini , de Instr. mus., tab. ^T^ixavTpov.
VII, n" lo, <lans le tome H A\.\ Musée
PREMIERE SERIE. 101
le septième siècle : il est encore désigné , sous le nom de
bois sacrés , lepà l^'Ax , dans les canons du concile de Ni-
cée (i), et l'on peut, non sans quelque probabilité, en
rapporter l'origine à \ échelon dont il s'agit.
Le sphinx à tête d'homme ou Androsphinx (2) se
rencontre sur la table isiaque. On en voyait plusieurs à
l'entrée du temple de la Minerve Saitide , où, comme de-
vant les autres temples égyptiens , ils semblaient com-
mander le silence. Celui-ci unit les attributs du sphinx
égyptien, qui portait une espèce de voile , mais qui n'a-
vait pas d'ailes (3) , à ceux du sphinx grec, qui était ailé,
mais entièrement nu. Quant au boisseau qu'il porte sur la
tête , cet emblème de l'abondance (4) appartient encore
à Sérapis et à Jsis , aussi bien qu'à Cérès.
La corbeille , le ceste mystique , est un attribut de Cé-
rès , de Bacchus , de Cybèle et même de Vénus ; mais la
ligure qui le porte est toute bachique : c'est , d'après la
couleur de sa peau et d'après la nudité de son torse,
un Bacchant égyptien. Donc , ce qu'il faut voir dans le
sphinx à tête d'homme barbu surmontée du boisseau,
c'est un buste de Bacchus le vieux , de Bacchus l'Indien ,
de Bacchus-Osiris ou plutôt de Bacchus- Sérapis. Car les
Romains , ayant fait une seule divinité d'Osiris et de
Sérapis (5), ces deux emblèmes primitifs du Nil et
(i) 11* Concile, can. 4; Cardin. (4) Jablonski,P«/îr//./E^., IV,3, 3.
Bona , 1 , 22 , u. 2. (5) Tibull., El, 1 , 8,29; Rutil.,
(2) Herodot., II, i-S. Itin., v. '3:5.
(3) Th. Br., tom. I , p. 4 19.
102 ÏEIJNTURES.
du Soleil , préférèrent même le nom de Sérapis et con-
fondirent ce personnage avec Bacchus (i). Le culte de
Bacchus barbu, sous le nom de Sérapis, était répandu
surtout dans la Campanie (2).
Cette explication du buste étant établie , passons à la
petite statue de femme.
Cette figure est debout sur une colonnette dont les
bords retroussés pourraient imiter une fleur de lotus ,
autre emblème isiaque bien connu. L'ombre qu'elle porte
sur le temple indique qu'elle est placée au milieu de
l'aréa, sans aucun rapport avec la construction du fond.
La couleur brune de ses cheveux n'implique pas néces-
sairement que le peintre ait voulu représenter un person-
nage vivant; car on voit au musée royal de INaples une
statue de marbre blanc dont la chevelure est blonde. Nous
remarquerons seulement que les cheveux châtains ne
conviennent point à la flava Ceres des Latins (3) , mais
plutôt à Proserpine, ou mieux encore à la déesse du Nil ^
qui est une Cérès égyptienne.
Rappelons-nous l'étroite liaison des cultes de Bacchus
et de Cérès, d'une part , Liber et aima Ceres (4), d'Osiris
(ou Sérapis) et d'Isis de l'autre. Rappelons-nous surtout
cette inscription fameuse :
SERAPIDI . ISIDI . LIBERO . LIBERA (5).
(i) Jablonski, II, i , 6. ibid. ; Cic. N. D., II, a4-
(a) Macrobe , Sat., 1 , 1 8. (5) Doni , 1, 80 ; Muratori, LXXIV,
{'^) Ovid,, J/Hor., III, 10 , i. 5.
(4) Virg. Crur^., 1,7, ri Sci\ iu> ,
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PKEMIÈRK SÉRIK. 103
Nous en conclurons avec pleine certitude que cette
statue représente Isis , qui est la Cérès égyptienne , ap-
pelée Libéra, selon Macrobe(i). Alors, ces bandelettes, qui
vont du sphinx à l'arbre, de l'arbre à la statue, sont
un nouvel emblème du lien qui unit entre elles les deux
divinités de la fécondité, de l'abondance, de la vie, et
([ni les unit toutes deux à la nature.
Reste à expliquer la figure assise : dans le doute où
nous laisse la perte des traits de son visage , nous con-
jecturons que c'est une prêtresse d'Isis-Libera qui s'en-
tretient avec le prêtre de Liber -Sérapis. Que si l'on
y voulait voir encore une statue , ce serait Rhea , la
Grande-Mère des dieux, ou Gérés même; et la petite idole
ne serait plus alors que Proserpine, appelée aussi Li-
béra. La couleur de la robe de cette figure et l'ensemble
de la composition laissent peu de probabilité à cette
opinion.
PLANCHE 59.
Cette décoration de mur et de lambris n'a de remar-
quable que la bizarrerie des deux cariatides ailées qui
paraissent supporter le plafond. On peut y voir deux si-
rènes , car on sait que ces monstres , suivant la Fable an-
tique , étaient primitivement des oiseaux à tête de fem-
( I ) MaCrobe , for, citât:
104 PEINTURES.
me (i). Ce fut seulement après leur défaite par Ulysse (u),
que, s'étant précipitées dans la mer, les Achéloides devin-
rent à moitié poissons. Les anciens ne les représentaient
ordinairement que sous leur première forme (3), afin qu'on
ne les confondît pas avec les néréides. On ne connaît
qu'une seule exception : elle se trouve dans les médailles
de Cumes, où Parthénope est figurée avec une queue de
poisson.
Les deux têtes de Gorgone , ou les deux masques ,
sont dessinés avec goût , ainsi que les canards et le cygne
du milieu et les deux paons de la partie inférieure du
lambris.
PLANCHE 60.
La fresque qui forme la partie supérieure de cette
planche a été trouvée dans les fouilles de Civita. Le pre-
mier compartiment, en commençant par le haut, a le
fond jaune ainsi que la dernière ligne du troisième. Les
parties et les lignes les plus obscures sont noires , et les
clairs sont en blanc. Les sphinx paraissent gris, et la tête de
XjElurus^ du chat sacré des Egyptiens, qui se trouve dans
le petit carré , est d'un ton blanchâtre. On a donné aux
(i) Ovide., Metam., V, 554 ; Ser- (2) Homer., Odyss., XII , 173.
vius, Georg., 1, 9, et ^n., V. 864 ; (3) Spanlieim, de ï'ct. niim., diss.
Fulgent. , Mythol., Il , i r. III ; Montlaiicon , liv, IV , ch. 9.
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P£INTUBES
1" 5éne
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A.dH V.-i r>. 59
PREMIÈRE SÉRIE. 105
paons du deuxième compartiment leurs couleurs natu-
relles, et au masque qui est entre ces deux oiseaux, des
teintes d'une grande vivacité. L'autre masque offre, sur
un fond cendré et dans un cercle d'or, un visage pâle
dont le front et le menton sont entourés d'ornements du
même métal. La colonne est marbrée. Peut-être cette
peinture murale et plusieurs autres du même genre ont-
elles été faites à l'imitation de certaines tapisseries dont
parle Pline (i).
Le lambris inférieur, trouvé à Civita, le 19 avril 1768,
offre , sur un fond noir, entouré d'ornements de couleurs
variées, des oiseaux peints au naturel.
PLANCHE 6L
Cette fresque a été trouvée dans les fouilles de Civita,
en 1764. Au milieu d'un rectangle blanc, encadré de
rouge , surmonté d'un entablement cendré et de quelques
arabesques rouges, se trouve un hippogriffe de cette
dernière couleur , avec les ailes grisâtres.
Le lambris inférieur représente , sur un fond noir ,
deux oiseaux qui semblent becqueter des cerises.
(i) Hist. Nat, XXXVI, i5, et XXXVII, i.
1" Série.— Peintures.
• 4
106 PEINTURES.
PLANCHE 62. ^^'*'
Cette peinture murale , trouvée à Portici , ne manque
pas d'intérêt. Elle offre de chaque côté un autel carré ,
dont la base est ornée de feuillages et d'arabesques ; au
milieu, dans une niche fermée par un balustre, est une
grande vasque de couleur jaune, derrière laquelle se tient
une figure nue qui porte ses deux mains sur les bords: dé
chaque côté de la niche, un candélabre orné d'arabesques
formées de rameaux et de feuilles découpées comme celles
du chêne ; et sur chaque candélabre, une colombe de cou-
leur noirâtre, les ailes déployées, et regardant le ciel.
On soupçonne que l'artiste a voulu représenter, ou au
moins rappeler symboliquement , le fameux vase de Do-
done et les deux colombes posées sur les chênes fatidi-
ques. A la vérité, plusieurs auteurs ont cru qu'il y avait
à Dodone un grand nombre de vases d'airain, qui reten-
tissaient tous quand on en frappait un seul (i), d'où
était venue l'expression proverbiale, « Airain de Dodone,»
XaXxeîov Aw^covatov, pour désigner. Un grand parleur. Néan-
moins , Etienne de Byzance (2) a démontré la fausseté de
cette opinion ; et , appuyé sur l'autorité de Polémon et
d'Aristide, il a établi qu'il se trouvait à Dodone deux
piliers, sur l'un desquels était la statue d'un jeune garçon
(1) Ausoii., Epist., XXV, 23 et lirarn, I, 19; Servius, yff//., III, 466.
»e<l.; Ascoii., Divin.; in Dionys. Ha- (a) Fragm, de Dnd.^ t.VII, p. ii/|.
5^ .
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4 -^
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PREMIÈRE SÉRIE. 107
tenant en main un fouet dont les courroies mobiles étaient
agitées par le vent et allaient frapper un vase de bronze
placé sur l'autre pilier. Strabon (i) donne une description
semblable , sauf qu'il ne parle pas des piliers , et qu'il
place la statue au-dessus du vase. Le fouet, ajoute cet
auteur, avait été donné par les habitants de Corcyre;
d'où cette autre expression proverbiale , « Fouet des Cor-
cyréens, » Kopxupaiwv (xotaxi^, qui s'employait comme la pre-
mière. D'autres auteurs (2) parlent aussi d'un seul vase ;
mais, parmi eux, Philostrate remplace la statue de l'en-
fant par celle d'Echo.
Quant aux colombes, quelques-uns pensent qu'elles
étaient au nombre de trois; d'autres n'en comptent
que deux ; d'autres enfin prétendent qu'il n'y en avait
qu'une (3). Sophocle est parmi les seconds ; Hérodote dit
que les colombes étaient noires. Nous n'invoquerons pas
d'autres autorités à l'appui d'une explication que nous
ne donnons pourtant que comme une ingénieuse hy-
pothèse.
Le compartiment inférieur de cette planche représente
un soffite, c'est-à-dire, la décoration d'un dessous de
corniche ou d'un lambris, formée par des bandes qui
s'entrelacent à angles droits, de manière à tracer une
sorte de labyrinthe. C'est ce que les architectes modernes
appellent. Une grecque. Les Latins nommaient cette
(i) Lib. VIl,p. 1254, in excerpt. (3) Scholiast. Sophocl., rmc/z/w. ,
(2) Philostrat. , Iniag. , II, 34; 174-
Callim,, Hymn. in DcL, 286.
108 PEINTURES.
sorte de dessin , Lacunar ou laculatum , parce que les
interstices qui y sont figurés forment comme de petits
lacs (i). Les Grecs l'appelaient $aTV(6p.a, de <paTVYi , alvéole.
Du reste , Grecs et Latins employaient fréquemment cet
ornement dans les pavés de mosaïque : on voit au musée
royal de Naples un lacunar dont le dessin est presque
semblable à celui-ci.
PLANCHES 63 à 94.
Les décorations d'appartement que comprend cette
série de planches ont été publiées à Naples, dans un
recueil intitulé (2) : Les Ornements des murs et les Pavés
des salles de l'antique Pompéi. Un second ouvrage, qui
n'est en partie que la reproduction du premier (3) , en
donne aussi quelques-unes. Mais ces deux collections ne
contiennent que des gravures ; et les éditeurs de la pre-
mière, en la livrant au public, ont déclaré eux-mêmes,
dans un court avertissement, qu'ils renonçaient à y join-
dre aucun texte explicatif. En effet, l'Académie royale
Herculanienne, consultée sur ce point , avait déclaré qu'il
serait superflu et même puéril d'appliquer à ces peintures
(1) Vossius, ïnLacus; Isidor., XIX, stamperia régale. 1796.
aa. (3) Atlas de 100 planches, publié
(a) GK Ornati dcUe pareti ed i Pa- par l'Académie de Naples en 1H08;
vimenti délie stanze deW antica Pom^ mentionné par Mazois dans ses Rtti-
peit incisi in rame. Napoli, délia nés de Pompéi, \i-A\iAl, ^.Si.
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PREMIÈRE SÉRIE. 109
murales le luxe de recherches érudites et de profondes
dissertations , dont elle avait si heureusement enrichi les
autres monuments des villes ensevelies.
Cette décision, nous osons le dire, a été également fatale
aux progrès de l'archéologie et à ceux de l'esthétique : de
l'archéologie, car, outre les tableaux du centre de ces
fresques qui sont publiés et expliqués séparément, quel-
ques-uns de leurs détails auraient pu suggérer des observa-
tions que personne ne fera comme ces savants les auraient
faites , c'est-à-dire , avec la même conscience et les mêmes
lumières ; de l'esthétique, car un des premiers mérites de
ces peintures réside dans le choix des couleurs, dans
l'harmonie et quelquefois dans le contraste des teintes,
et il aurait fallu que la gravure, inhabile à rendre ces
effets, même par le clair obscur, fût accompagnée au
moins d'une notice qui les indiquât à l'artiste : en outre,
beaucoup d'objets, dessinés en petit, gagnent infiniment
en clarté , s'ils sont décrits , expliqués ou seulement nom-
més avec précision par un écrivain qui ait eu occasion
de les voir dans toute leur grandeur sur la peinture ori-
ginale. C'est même cette dernière considération qui a
souvent rendu nos explications plus longues et plus
minutieuses que ne l'auraient désiré peut-être des lecteurs
habitués à des jouissances exclusivement littéraires : nous
n'avons jamais perdu de vue que nous nous devons plus
encore à l'artiste qu'à l'homme du monde , et que s'il
est bon de nous rendre agréables à celui-ci , il importe
avant tout d'être utiles au premier.
110 PEINTURES.
Or, cette double série de travaux également inté-
ressants que nous venons d'indiquer , cette double tâche
qu'ont repoussée les archéologues, les écrivains de l'A-
cadémie de Naples, nul aujourd'hui ne peut seulement
l'essayer en leur place : l'heure de la description a passé
quand le sujet a péri. Que de fois ainsi, des parents, des
amis ont regretté de ne point avoir profité des instants
d'une vie éphémère pour immortaliser les traits chéris
de l'être qu'ils regrettent! A peine ces fresques magni-
fiques étaient-elles exposées au contact de l'air, qu'aus-
sitôt a commencé le lent et incessant travail de décom-
position qui devait les anéantir. Bien plus , l'incurie de
l'homme s'est jointe aux efforts de la nature , et des par-
ties excavées ont été comblées à mesure qu'on en déblayait
de nouvelles , et parce qu'on ne savait oii porter ces amas
de cendres : on a répété à Pompéi ce qui s'était passé au
palais de Titus (i).
Ainsi , de la plupart de ces chefs-d'œuvre de goût ,
d'esprit et de fantaisie, de ces grandes pages d'archi-
tecture et de dessin , il n'existe plus en réalité que
les fragments qui ont été détachés , sciés et transportés
au musée, c'est-à-dire, les petits cadres faisant tableau
que nous avons décrits dans les autres séries de cet
ouvrage. Nul ne nous dira plus maintenant si cette ten-
ture était de pourpre , si cette frise était peinte avec l'azur
vestorien; si ces ornements et ces vases étaient d'or,
(i) Voy. Peintures, 4* série, pi. 3i.
PREMIÈRE SÉRIE. lU
d'argent ou de marbre ; si cet animal fantastique était
peint en camaïeu ou des couleurs naturelles ; si enfin, dans
l'original, un œil exercé ne distinguait pas mieux la forme
de ce contour indécis, l'espèce de cette fleur, ou cet oiseau
mal indiqué. Les décorations des appartements de Pompéi
pourraient à peine, et seulement en partie, être exhumées
de nouveau , à grands frais et pour quelques jours , après
quoi elles périraient pour jamais. Jusque-là, elles
n'existent plus que dans les recueils que nous avons dé-
signés, et enfin dans le nôtre, où nous les reproduisons non
pas peut-être telles qu'elles étaient absolument, mais
telles qu'on les a vues et comprises dans les dernières
années du siècle précédent et les premières de celui-ci.
Les peintres qui voudront restituer ces fresques
avec leurs couleurs , pourront néanmoins obtenir quel-
que succès, en suivant les indications que nous donne-
rons plus loin sur les panneaux les plus sombres et sur
ceux qui n'ont qu'une teinte claire : ils mettront sur-
tout dans le bas des lambris , et dans quelques cadres ,
ces grandes masses noires , qui devaient empêcher le
papillotage des endroits brillants , et donner aux appar-
tements de l'ombre et de la fraîcheur. Quant aux cou-
leurs elles-mêmes , ils pourront se guider sur des proba-
bilités et des analogies, en consultant ce que nous avons
dit des fresques qui existent encore et qui ont été récem-
ment découvertes : nous leur recommandons surtout les
peintures entièrement inédites, gravées pour la première
fois dans notre ouvrage d'après des dessins enluminés en
112 PEINTURES.
présence des modèles (i). Il faudra que le coloriste imite
la distribution des teintes diverses , non-seulement dans
les différents cadres et panneaux , mais quelquefois même
dans les petits compartiments irréguliers formés par les
rinceaux et les baguettes qui s'entre-croisent ; il évitera
les nuances louches et ambiguës, proscrites dans un pays
aimé du soleil; il n'oubliera pas, enfin, la dégradation
des teintes suivant les lois de la perspective aérienne ,
dégradation que les anciens respectaient, plus soigneuse-
ment peut-être que les règles de la perspective linéaire :
cette dernière observation devient de la plus haute im-
portance , dans ces compositions architectoniques , dispo-
sées sur plusieurs plans, avec des échappées de vue
irrégulières , destinées à donner plus d'espace et plus
d'air à l'appartement.
Quant aux accessoires , aux attributs qui réclameraient
quelque indication fondée sur l'archéologie, la mytho-
logie ou l'histoire, nous allons tenter de suppléer au
silence des doctes académiciens , en parcourant toute cette
suite de peintures et en nous arrêtant sur les points qui
offrent quelque intérêt.
Nous devons préciser d'abord le sens de cette déno-
mination , maison de campagne ou pseudo-urbana , qui
a été appliquée à toutes les planches de cette catégorie. Ce
nom indique une maison située sur la voie des Tombeaux,
maison dont nous avons parlé fort au long dans un
(î) Voy. Peintures, 4* série, pi. 36, 52, 54 et 55 ; et i'* série , les dernières.
PREMIÈRE SÉRIE. 113
autre endroit (i). Cet édifice, que Millin a cru être la villa
d' Arius Diomèdes , parce que le tombeau de ce Pompéien
était bâti tout en face , est appelé par Mazois (2), pseudo-
urhana , c'est-à-dire , maison de campagne , ou partie
d'une maison de campagne , qui imite l'élégance d'une
maison de ville (3) ; et ce savant architecte pense qu'elle a
été trouvée en 1763. Un autre historien de Pompéi (4)
l'appelle suhurhana , ce qui veut dire simplement maison
du faubourg (5), et ne fait pas remonter cette décoviverte au
delà de 1775 : il est vrai que ce dernier auteur semble con-
fondre quelquefois cette première maison avec une autre
habitation, située sur le même côté de la voie des Tombeaux,
que dans son plan il appelle également suhurhana (6), et
qui est connue sous le nom de villa de Cicéron. Les re-
cherches , l'exactitude habituelle et le talent consciencieux
de Mazois nous feraient pencher vers son opinion , quand
même elle ne serait point confirmée par l'Académie
d'Herculanum. Quoi qu'il en soit, la plupart des plan-
ches que nous donnons ici paraissent avoir été trouvées
dans cet édifice, construit avec goût, brillamment orné,
et dans lequel on a rencontré une foule d'objets d'art
très-précieux. Il possédait un grand nombre de salles
et de galeries , comme on peut le voir par le plan et les
(i) Voy. Mosaïques, pi. i à 12. tie, p. 95.
(2) Ruines de Pompéi, \V part., (5) Ulpian., Dig., XLIX, 4, i.
pi. /»7. (6) W. Gell, Pompçiana, F® par-
(3) Vitruv., VI, 8. tie, pi. 2.
(4) W. Gell, Pompeiann , T* par-
1"" Série.— Peintures. ' ^
lit PEINTURES.
coiipes de Mazois : en outre , comme il occupait un
terrain inégal, sous l'étage élevé au niveau de la voie
des Tombes, on en avait pratiqué un autre qui formait
d'abord comme les souterrains de celui-ci , mais qui
ensuite s'ouvrait par derrière , sur la terrasse du jardin,
comme un rez de chaussée, tandis que la suite des appar-
tements du devant formait de ce côté un j^remier étage.
Le jardin lui-même , dans lequel on voyait un bassin et
un petit temple , et qui était entouré d'un portique , se
trouvait encore plus bas. D'après ces indications, on ne
s'étonnera plus que toutes les fresques rassemblées ici
aient décoré les vastes et nombreux appartements de
cette villa pseudo-urbana : si quelques-unes n'appartien-
nent point à cet édifice, elles ont dû être trouvées en
différents endroits de la ville qu'il serait impossible de
désigner aujourd'hui.
Dans la planche 64-65, on remarque la bizarrerie de
la corniche, dont le fond est sombre avec quelques or-
nements plus clairs ; on admire la multiplicité des sujets
que renferme cet entablement, marqué d'avance au coin
de l'époque moderne qu'on appelle renaissance ; on est
charmé de la grâce des petites bacchantes qui font l'office
de caryatides. Le soubassement est très-obscur; mais la
tenture du milieu est blanche comme tous les dessus : le
centre présente un poète ou un pédagogue avec son audi-
toire et sa boîte de manuscrits , sujet qui a déjà été donné
dans les tableaux. Une forêt de petites colonnes forme un
demi-cercle derrière la tenture, et des animaux pygmées,
PREMIÈRE SÉRIE. 115
chèvre , mulet , lézard et tortue , que le caprice du peintre
a placés sur le premier plan, font encore mieux ressortir
la gracilité et l'élévation des colonnettes. Et remarquez
bien que si la hauteur excessive des colonnes est un défaut
choquant pour nos yeux , cela tient uniquement aux
habitudes en vertu desquelles nous apprécions le poids
des voûtes et des plafonds , et la résistance des matériaux
qui forment les supports. Rendez les plafonds très-légers,
comme les supposent les décorateurs pompéiens, et l'on
s'habituera aux colonnes grêles ; employez des matériaux
plus résistants pour celles-ci, et l'on ne s'étonnera plus de
leur peu d'épaisseur. Sous ce rapport, les peintures mu-
rales offriront d'excellents modèles pour les construc-
tions de fer qui tôt ou tard feront une révolution dans
l'architecture. Un philosophe moderne, dont le système
hardi tend à renouveler tous les arts aussi bien que toutes
les sciences humaines, l'illustre Fourier, conjecture qu'on
ne tardera guère à employer ce qu'il appelle l'ordre
duodénal et même des ordres supérieurs, c'est-à-dire, des
colonnes qui auront douze diamètres et plus encore de
hauteur (i).
Dans la soixante-dixième, on observe pour la pre-
mière fois l'emploi de bouquets de plumes ou de palmes
au sommet d'une colonnette de feuillages. Dans un mon-
tant noir, et sur un fond très-pâle , le fragment inférieur
offre des palmettes d'un effet assez neuf.
(i) Traité d'associntion domestique-agricole, sommaire, II, 8.
116 PEINTURES.
Quelques planches, comme les numéros 63, 71 , 80-
81, 82-83 et 87-88, offrent un tracé du profil de la
corniche, qui était en stuc et portait un léger relief.
Les portes que l'on voit , percées dans le mur et indi-
quées aux planches 7 1 , yi-y5 et 89-90, ainsi que les
petites fenêtres de la planche 85-86 , indiquent , selon
quelques critiques , un changement de distribution fait
dans la maison , postérieurement à la peinture murale ,
et peut-être après le premier tremblement de terre qui
ébranla les édifices de Pompéi ; d'autres , considérant la
régularité de l'encadrement de ces ouvertures, pensent
qu'elles ont été laissées dans l'œuvre lors de la construc-
tion de l'édifice. Les anciens étaient, en effet, assez ennemis
de tout soin minutieux pour que le décorateur ne songeât
pas toujours à mettre son dessin d'accord avec la disposi-
tion des jours et des entrées de l'appartement. Les deux
opinions peuvent se concilier : peut-être , dans certains
édifices y a-t-il eu changement ; dans d'autres, peut-être
voit-on seulement absence de précautions, comme on
le voit aux planches 77-78 et 82-83, 011 rien n'empêche de
croire que la porte a été percée ainsi de première inten-
tion. Mais , à coup sûr, il ne faut pas accuser les direc-
teurs des fouilles d'avoir commis ces mutilations : il est
bien évident que la pièce de bois, qui avait été placée en
guise d'architrave pour soutenir les voussoirs, a été
carbonisée par la chaleur de l'éruption , et détruite par
le temps; et si , dans les parties voisines du chambranle ,
le stuc a été détruit , il faut l'attribuer à la même cause ,
PREMIÈRE SÉRIE. 117
c'est-à-dire , à la combustion de la porte , et quelquefois
à ce qu'il était d'une application plus récente que l'enduit
du reste du mur.
Les colonnettes ioniques et composites de la planche
7 3 méritent une attention particulière, à cause de leurs
heureuses proportions. Cette fresque et la suivante, dont
le fond est d'une couleur très-obscure, proviennent sans
doute du même appartement : il y a beaucoup d'analogie
dans les ornements; et l'on reconnaît, dans les cartouches
du milieu des panneaux , deux chars de Diane et d'Apol-
lon qui font pendant , et dont nous donnons ailleurs la
gravure (i).
Les plantes qui sont peintes de leurs couleurs natu-
relles, à la partie inférieure du lambris (pi. 76 ) , sont
toujours sur fond noir , bien que tout le reste soit très-
clair ; et il faut remarquer que , dans le cavaedium des
maisons pompéiennes , on plaçait ordinairement devant
ce lambris des caisses de fleurs et d'arbustes véritables,
qui s'accordaient très-bien avec cette peinture.
Les deux tiges, supportant des aigles et ornées de dau-
phins et de murènes, donnent un cachet particulier à la
décoration suivante, qui est presque semblable , sauf la
voûte, à la soixante-troisième, et qui sans doute vient du
même appartement de l'étage inférieur : à quelques attri-
buts bachiques se mêle une intention plus noble, qui se
montre encore dans les bucranes et les diadèmes de perles
(i) Voyez la deuxième série des Peintures , pi. 99.
ff8 ' PEINTURES.
de la corniche. Le trèfle de la moulure de la voûte est
une feuille aussi rare dans l'ornementation antique,
qu'elle est commune dans celle du moyen âge. Ces deux
fresques n'ont aucune teinte foncée, sauf la corniche : le
lambris est noir.
Le fragment du bas de cette même planche a été
trouvé à Civita, en 1764 : la partie supérieure est un fond
jaune. La bande du dessus est blanche ; le carré est par-
tagé par deux diagonales en quatre compartiments , dont
deux blancs et deux noirs : vient ensuite une bande
noire , puis une blanche ; les deux oiseaux sont peints
au naturel sur un fond noir ; puis il y a encore une
bande blanche et une noire. La tête de femme, placée
sur un rond à fond blanc au milieu d'un carré grisâtre,
est peinte de manière à imiter un camée du genre appelé
corneola (i). Les guirlandes sont vertes. A l'extrémité
de gauche , on voit encore une tête de profil , peinte
d'une teinte obscure sur un fond jaune clair ^ peut-être
à l'imitation d'une tapisserie au métier, comme on l'a
déjà vu ailleurs. La tête du milieu, d'un coloris très-vif,
est peinte sur un fond d'un jaune plus sombre.
La décoration 80-8 1 , qui est d'une grande élégance ,
réunit les attributs de plusieurs divinités et une foule d'ac-
cessoires gracieux : ce sont, des aigles sur des globes, em-
blèmes de Jupiter, le paon junonien , les oscilla (2) ou
emblèmes de Bacchus suspendus aux plafonds, trois petits
(i) Mus. Odescalch., Praef., § 8 et (a) Virg., yC«., XII, 6o3.
ai; Rodig.,XVn,io.
PREMIÈRE SÉRIE. 119
cadres représentant un coq avec des vases, prix d'un
combat, un paysage et une sitographie; enfin, deux jolies
petites constructions à trois étages et à deux rangs super-
posés de colonnes ioniques de teinte moyenne sur un
fond clair. Le zoophore du premier étage est orné de
bucranes qui indiquent un temple.
La planche suivante est remarquable par une guir-
lande composée de feuilles de chêne mises bout à bout,
attribut de Jupiter, comme l'aigle qui plane au milieu
du petit cadre d'en haut et le cygne du lambris in-
férieur.
La vignette de cette même planche est une fresque
trouvée à Civita : le petit génie muni d'un pédum , d'un
stylet et de deux ailes de papillon , rappelle la fable de
Psyché (i) ; ce sont de pareilles ailes que Platon donne
aux âmes (2).
La décoration , de couleurs assez foncées , du numéro
84, appartient au portique du jardin : elle est percée d'un
dégagement donnant dans une chambre voisine, à laquelle
on monte par quatre marches , et qui est peinte également
à fresque. Les dégradations de l'enduit laissent apercevoir
Vopus reticulatum du mur et les voussoirs du dessus de la
porte.
Dans la planche suivante, il n'y a de noir que les trois
cadres, et seulement la bande inférieure du lambris.
Le numéro 87-88 offre une vue du côté le plus étroit
(i) Spon., Miscell. erud. Ant., 7. (2) Spanh. ad Cœs., p. 14 et 81.
120 PEINTURES.
d'une salle : toutes les couleurs en sont foncées , mais le
lambris n'est pas noir.
Enfin , dans la planche 89-90 , qui provient du porti-
que environnant le jardin , on observe un désordre com-
plet, une absence de symétrie choquante entre la frise
et l'étage supérieur, entre celui-ci et le dessous, entre
ce dernier et le lambris inférieur : une grande ouverture
pratiquée au milieu est sans rapport aucun avec la
peinture , et pourtant l'artiste primitif semble en avoir
ménagé le cadre , ou bien un second artiste l'a raccordé.
Ce désordre a pu passer autrefois pour de la variété ;
mais, à coup siir, ce n'est point la variété dans l'unité,
et par conséquent ce n'est point le beau. Nous ne recom-
manderions pas aux modernes l'imitation de ce morceau ;
car les anciens se sont trompés aussi quelquefois :
Lorsque sur un modèle on prétend se régler,
C'est par les beaux côtés qu'il lui faut ressembler.
PLANCHE 91.
La peinture murale qui fait l'objet de cette planche
provient de fouilles beaucoup plus nouvelles que les pré-
cédentes ; la disposition en est fort bien entendue. Elle
se distingue par l'abondance et la variété des feuillages ,
tous peints au naturel , qui suivent les lignes de la dé-
coration ou qui ornent les encadrements : ce sont d'é-
PEINTURES.
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51.
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PREMIERE SERIE. 121
paisses guirlandes de laurier dans le haut, puis des feuilles
du même arbre assemblées trois à trois et ensuite deux
à deux , et enfin des festons de pampre : ces feuillages
divers, le rhyton et le cymbalum suspendu , ainsi que
la figure de griffon, semblent indiquer que la salle était
placée sous les auspices de Bacchus et d'Apollon. Il faut
observer que, dans un grand nombre de ces décorations,
l'étage inférieur est présenté par la perspective aérienne
comme plus rapproché du spectateur que les étages ou
l'étage de dessus : ainsi , l'appartement semble entouré
d'une espèce de paravent qui s'élève à peu près à hauteur
d'homme , tandis que l'air d'un appartement plus vaste
ou même l'air extérieur paraît circuler librement dans le
haut : tel est le pouvoir de l'imagination sur les sens,
que cet artifice du décorateur pouvait tromper les convives
et leur procurer une fraîcheur illusoire. Un effet analogue
s'observe dans nos salles à manger, que l'on peint en
marbre ou que l'on revêt d'un papier marbré ; ainsi
encore la vue d'un costume, léger en apparence, cause
un sentiment de froid pénible en hiver , de douce fraî-
cheur en été.
La vignette représente un fragment de grotesques tel
qu'on en a trouvé aux thermes de Titus , grotesques dont
nous parlerons plus loin avec quelque détail (i). Nous
devons rappeler dès à présent que Morto de Feltri , le
premier, sut reproduire exactement les rinceaux antiques
(i) Peintures, /,* série, pi. 3i.
r" Série.— Peintures. 'O
122 PEINTURES.
du genre de ceux-ci (i). Ce fut après lui seulement que
Raphaël put confier à Giovanni d'Udine la direction de
ces ornements pour les loges du Vatican , d'oii la mode
s'en est répandue dans tout le monde civilisé (2). Nous
rappelons encore que c'est aux grottes que formait le
palais de Titus qu'est due l'origine du mot grotesque,
grottesche , et nullement, comme l'a prétendu un auteur
italien (3), à ce que ces décorations représentaient sou-
vent des espèces d'hiéroglyphes ou d'énigmes ( xpunTiJcèv,
xpuçoç ).
Une belle figure de Pan occupe le milieu de cette
frise.
PLANCHE 92.
Cette fresque a été trouvée dans un édifice appelé, on
ne sait trop pourquoi, la Maison des Vestales. C'est un
monochrome , d'un dessin correct , quoique beaucoup
plus vague que la gravure au trait ne l'a pu représenter.
Quelques critiques ont pensé (4) que les personnages
qu'on y voit sont des acteurs tragiques, et que cette
vaste fabrique est une scène théâtrale : un seul coup
(i) Vasari , tora. II , p. 3ao. (3) Lomazzo, TYatt. delV arte délia
{%) Vasari, t. III, /i5, 46 et 179; pitt., 48.
Borghinî , Riposo , p. 494;MiIizia, (4) 'W. Gell , Pompeiana, 1817-
Memorie degli architetti, p.S^i Or- 1819, p. 169.
tig., Fitniv., p. 96.
PREMIÈRE SÉRIE. 123
d'œil jeté sur la décoration scénique des théâtres d'Her-
culanum et de Pompéi (i) suffit pour voir que cette
décoration consiste dans une façade plate qui n'a rien
de commun avec les ailes et les galeries avancées que
l'on remarque ici : le manque de profondeur du pro-
scenium antique , c'est-à-dire , de ce que nous appelons
aujourd'hui proprement le théâtre ou la scène , n'aurait
jamais permis de pareils développements architectoni-
ques. Notre composition est formée d'un fronton et de
deux portiques, supportés par des colonnes à chapiteau
composite et à petite base ronde ; plus, deux rangs isolés
de colonnes minces à chapiteau ionique , et à base feuil-
lée, qui supportent deux aigles, indiquant peut-être un
temple de Jupiter. La disposition inversement symétrique
de toutes ces parties de l'édifice était-elle quelquefois
adoptée dans la réalité? Nous n'oserions l'affirmer; et
aucun exemple d'édifice antique n'a montré jusqu'ici
un arrangement pareil. Quant à ces rangées de colonnes,
sans utilité apparente, il est plus probable qu'elles
n'étaient point proscrites des édifices somptueux du temps
de l'empire ; les théories sacrées avaient besoin de ces
espèces de jalons pour enrouler et dérouler leur marche
sinueuse. On peut donc considérer cette peinture comme
offrant quelques indications précieuses pour la restau-
ration des édifices antiques. Le lointain montre aussi
quel pouvait être l'aspect de certaines villes de l'Italie.
(i) Ruines de Pompéi, tom. IV, par L. Barre.
124 PEINTURES.
Les deux caryatides-hermès, placés sur les côtés, repré-
sentent sans doute deux poètes célèbres, avec la lyre et le
plectrupi. L'un tient une cithare à trois cordes seulement,
et un bâton pastoral est attaché à la gaîne de Thermes ;
la figure et la coiffure ont quelque chose d'égyptien : c'est
sans doute un poëte pastoral des temps primitifs ; peut-
être , le thrace Orphée, qui visita les bords du Nil. L'ins-
trument du second a un plus grand nombre de cordes ;
son attribut est un flambeau; il est coiffé à la phrygienne :
c'est un poëte plus moderne, et d'un genre plus élevé ; le
flambeau indique le feu de l'ode ou de la poésie épique.
Nous n'osons cependant point songer sérieusement à
Homère le Méonide , ni au dieu des vers et du jour :
c'eût été un égal sacrilège de placer l'un ou l'autre dans
cette position, qui était une flétrissure (i). Peut-être
faut-il voir, dans l'un, Théocrite, qui vécut à la cour des
Ptolémées ; dans l'autre, le chantre d'Énée : l'irrévérence
serait moins grave ; mais ce ne sont encore que des con-^
jectures.
PLANCHES 93 à 98.
Cette peinture murale et ces trois plafonds sont en-
core tirés de la collection que nous avons mentionnée
tout à l'heure (2), et proviennent de la villa pseudo-
(i) Viiruv. , I, 1. (2) Voy. ci-dt'isus, p. io8.
PEINTURES.
1*T* Série.
H.AouoC' aim^
VILLA PiSZUDOURBAJTA.
3. Pli.
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PEINTURES.
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PREMIÈRE SÉRIE. 125
urbana du champ des tombeaux. Les fleurs, les oiseaux,
les papillons, qui forment, dans le bas de la première,
une espèce de viridarium , sont dessinés avec beaucoup
de soin : tout cela était peint sur fond noir et colorié avec
beaucoup d'éclat ; les barreaux du treillage étaient verts ;
les deux pilastres, d'une teinte assez claire, laissent entre
eux une des ouvertures du portique qui entourait le
jardin du côté de l'habitation. On remarque encore un
manque de symétrie dans la partie placée au-dessus de
la corniche ; les trous du mur d'en haut sont les ouver-
tures ou opes (oTCai), dans lesquelles étaient fixées les
solives du toit.
Les plafonds appartiennent à trois voûtes surbaissées
de l'étage inférieur : le deuxième est d'une teinte obs-
cure ; le premier et le troisième sont peints sur un fond
blanc , ou au moins sur un fond de teinte très-claire.
PLANCHES 99 et 100.
La décoration que nous donnons ici , et qui est une des
plus compliquées de toute la collection , doit être com-
j^létée par la pensée, en répétant symétriquement à gau-
che toute la partie de droite : ainsi , elle occupait tout un
côté d'un appartement. Elle a été donnée par l'architecte
Mazois , qui l'a extraite lui-même du second recueil dont
nous avons parlé, et qui. n'a point jugé à propos de l'ac-
compagner d'une description. Il n'y a donc aucun moyen
126 PEINTURES.
d'en connaître les couleurs ; seulement la gravure , étant
ombrée, indique le degré d'obscurité des teintes. Le
lambris inférieur, jusqu'à la moitié de la hauteur du
piédestal de la colonnette , est noir , sauf les bandes qui
le divisent en compartiments ; le fond de la tenture du
milieu est d'un degré moins sombre , comme les deux
segments de cercle de la frise du haut, et comme un petit
rectangle qui se trouve vers le bas du montant décoré de
dauphins , griffons et hippocampes. Les segments de
cercle des côtés de ce montant, et la plupart de ses orne-
ments, sont d'une teinte moins sombre encore d'un de-
gré, ainsi que le dessus et le dessous des trois tentures ^
le carré où l'on voit un satyre , les compartiments dessi-
nés dans le haut par la branche de vigne , et plusieurs
autres petites parties. Il n'y a d'entièrement blanc que
les deux tentures latérales, qui portent un G«nie avec
la corne d'abondance , et tout le fond de la frise du
haut.
Cette indication de teintes nous a donné l'occasion
d'énumérer presque toutes les parties importantes de
cette composition, un peu bizarre, mais pleine de charme.
Nous y ferons remarquer un chef-d'œuvre de goût, dans
les deux candélabres de la frise. Elle offre aussi un sou-
venir classique, dans un personnage du cadre du milieu,
qui est détruit en partie : à son chapeau d'esclave, à son
attitude pensive, nous croyons reconnaître Sosie, sortant
de la maison d'Amphitryon et préparant son fameux récit;
•V2\v
PREMIÈRE SÉRIE. 127
derrière la colonne, se trouvait sans doute l'autre Sosie,
Mercure, avec un bâton derrière le dos (i).
PLANCHES 101 et 102.
Les observations faites sur l'origine de la fresque précé-
dente s'appliquent également à celle-ci. Il faut supposer
que la partie de gauche, dans laquelle est un Génie por-
tant des fruits, se répète symétriquement à droite. Les
parties noires sont ici les lambris inférieurs, y compris le
cadre dans lequel bondit un jeune taureau, et la petite
frise où l'on voit deux taureaux marins et deux dau-
phins. C'est encore dans un panneau entièrement noir
que se trouve le petit tableau de deux personnages, un
homme et une femme , entourés de draperies et séparés
par un poteau. Il nous est impossible de déterminer quelle
scène probablement comique , quelle anecdote ou quel
trait mythologique a pu fournir le sujet de cette petite
peinture. Au-dessus du tableau est un plafond soutenu
par deux colonnes en balustres : sur ce plafond , devant
une tenture noire et sous une espèce de dais , se trouve
une femme assise. Le noir domine encore dans la petite
niche , où se trouve une femme jouant du cymbalum , et
dans le petit cartouche au-dessous du paysage. Les teintes
les plus sombres après le noir remplissent quelques cadres
(i) Plaut., y^/w/?A/Vr., I, I.
128 PEINTURES.
et quelques cartouches. Regardez encore la perspective
qui se trouve des deux côtés du baldaquin , et où vous
voyez un jeune homme qui lit : toute cette architecture,
fort habilement disposée, est peinte en clair obscur,
avec des tons plus ou moins prononcés.
Cette décoration, non moins compliquée que la précé-
dente , paraît encore supérieure à celle-ci par la régularité
et l'heureux agencement de ses différentes parties , aussi
bien que par la pureté du goût qui domine dans chacune
d'elles. Reproduite dans un édifice moderne, son effet
serait certainement plus agréable, et elle obtiendrait plus
sûrement l'approbation générale.
PLANCHE 103.
Nous avons peu de chose à dire de cette décoration
fort simple et de bon goût, qui nous a été transmise
comme les précédentes. Les deux petites colonnes com-
posites sont assez jolies. Etrange rencontre , et pur effet
du hasard ! on trouve des croix de Malte dans deux des
compartiments. Il n'y a de blanc que les trois bandes
perpendiculaires et la ligne horizontale au-dessous de la
frise ; le reste est d'une teinte sombre assez uniforme. Si
les deux peintures que nous venons de voir auparavant
conviennent aux galeries d'un palais, celle-ci décorerait
parfaitement une salle à manger.
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PEINTURE.^
V o-:e
PREMIÈRE SÉRIE. l^
PLANCHE 104.
La petite décoration, qui occupe la partie supérieure
de cette planche , fait partie de celles du temple de Vé-
nus. On l'a trouvée dans une chambre du logement des
prêtres, qui communiquait directement avec l'aréa du
temple. Ce qu'elle a de remarquable, c'est le tableau du
milieu représentant Bacchus , qui s'appuie d'un côté sur
le vieux Silène, et qui de l'autre répand du vin sur la tête
d'un animal. Ce tableau se trouve gravé plus loin , sous
des dimensions qui permettent d'en apprécier le mérite
et d'en comj)rendre les détails. Ce qu'il y a de curieux ,
c'est la manière dont il était enchâssé ici ; il paraît qu'on
l'avait déjà détaché d'une autre muraille, en sciant celle-
ci, comme le font les modernes, et qu'on l'avait transporté
dans le temple de Vénus, où on l'avait fixé avec des
crampons, au milieu d'une décoration faite pour cet ob-
jet. Ces circonstances nous prouvent que, chez les anciens
déjà , ce tableau était considéré comme un morceau
de prix : quel cas n'en devons-nous donc pas faire au-
jourd'hui !
Les deux petites fresques du bas de la planche appar-
tiennent à la décoration du puriûcatoïre, purgatorium ou
pastophorium, qui se trouve dans un angle de l'aréa d'Isis.
Le cerf, avec la palme et l'épée, pourrait bien avoir quel-
que chose d'allégorique, comme nous l'avons remarqué
l" Série.— Peintures. ' '7
130 PEINTURES.
ailleui's (i); peut-être nous off're-t-il un emblème de la
lâcheté qvii s'éloigne à la fois du danger et de la gloire.
L'autre peinture représente un de ces sujets si communs
sur les murs de Pompéi, une offrande aux Génies du
lieu (2).
PLANCHE 105.
Cette charmante décoration est le cadre dans lequel se
trouve enfermé un des meilleurs tableaux de Pompéi,
celui que le célèbre Thorwaldsen ne pouvait se lasser
d'admirer , et qui a été copié par un habile artiste alle-
mand, M. Zahn, peu de jours après qu'il eut été décou-
vert , et quand les variations atmosphériques n'en avaient
pas encore altéré les couleurs. Il représente Tyndare et
Léda : on le trouvera gravé plus loin (3). On voit aussi
dans cette composition une chasse de centaures, qui sera
reproduite ailleurs , sous des dimensions plus commo-
des (4)- L'encadrement est capricieux et compliqué, mais
d'une complication qui disparaît un peu dans l'original ,
grâce à l'éclat et à l'harmonie des teintes, et surtout à la
grandeur des dimensions de l'ensemble; cet encadrement
est digne du tableau principal. Les deux ouvertures des
côtés laissent entrevoir une vaste composition architec-
(i )Ruines de Pompéi, tom.IY, p.ir (3) Peintures, 2* série, pi. i4o.
L. Barré. (4) Peintures; 4* série, pi. 17.
(a) Peintures, 4* série, pi. 33.
■PEINTURES
l^e Sene
PÛMPîI/JNA. 2T P« P. 47
PEINTURES
\^.'' .'"érie.
106.
POMPEIAWA. 2. P^« P. 'f
PREMIÈRE SÉRIE. 131
turale, une forêt de colonnettes , et le bleu du ciel à
travers leurs lignes efïilées : ces deux percées sont d'un
très-bel effet. Les Génies et les nombreux animaux, qui
font partie de la décoration , sont dessinés avec beau-
coup de goiit : cet enfant qui joue de la double flûte est
accompagné d'un autre enfant si petit, que le premier
paraît un géant auprès du second. L'intention du peintre
a sans doute été d'indiquer , par cette supériorité de
taille, une divinité : peut-être le jeune Bacchus.
PLANCHE 106.
Lorsque le fils de Marie-Thérèse visita les ruines de
Pompéi , on découvrit , en présence de ce monarque , un
petit édifice qu'on appela La maison de Joseph IL On
lui donna aussi le nom de Maison de Fuscus , à cause
d'une inscription qu'on y trouva ; une seconde inscrip-
tion, sans doute rogatoire, existait encore en partie : elle
était tracée en grandes lettres rouges sur l'un des pilas-
tres de la porte, et elle semble se rapporter à cette
illustre famille Tullia , à la famille de Cicéron , qui lui-
même vécut longtemps à Pompéi :
M. TVLLIV
M. MARCl
n; P. CI
MAR. tIL
132 PEINTURES.
Une petite chambre de la demeure dont il s'agit était
ornée de cette décoration , très-chargée en couleurs
qui contrastent fortement entre elles. L'irrégularité sin-
gulière qu'on y remarque, provient de ce qu'une des deux
parties, celle de droite , devait être cachée en partie par
un lit ; l'autre partie paraissait alors isolée et symétrique
en elle-même. Cette chambre était occupée sans doute
par le locataire de la maison des Tullius, par le client
qui implore {rogat) son noble patron, Marcus Tullius,
fils de Marcus : et peut-être le grand Marcus Tullius lui-
même est-il entré dans cet appartement : peut-être la voix
de l'orateur romain a-t-elle résonné entre ces murailles ,
et l'œil d'aigle du consul , s'est arfêté un moment sur ces
lignes et ces couleurs.
La palmette largement développée, que l'on voit au
bas de la planche , est tirée d'une des excavations voisi-
nes les plus récentes ; elle a quelque chose d'encore
neuf aujourd'hui, dans un genre où toutes les combinai-
sons possibles semblent avoir été essayées.
PLANCHE 107.
La première de ces deux peintures murales a été trou-
vée dans une maison voisine du temple de la Fortune
Tullienne. Les couleurs qui y sont employées , le noir et
le rouge , sont d'un effet assez tranchant , sans éblouir
l'œil ; à la partie supérieure, on voit un fond de ciel. liCs
PEINTURES.
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R.aeP. l';' p." 26. Z'^ T?= 25.
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PREMIÈRE SÉRIE. 13.1
deux colonnettes qui supportent un entablement , et dont
l'une est de ce côté de la cloison, tandis que l'autre est
censée derrière, dégagent bien la cloison fictive du fond
de la muraille.
La seconde est une décoration de salle à manger : lam-
bris de marbre, deux petits tableaux de nature morte
sur fond noir, bordure noire autour de tous les pan-
neaux : voilà comme les anciens entendaient la sim-
plicité du décor. Nous avons vu comme ils en compre-
naient le luxe.
PLANCHE 108.
Ceci est peint sur le mur d'une seconde chambre de la
maison de Joseph II , aussi petite que l'appartement
dont nous avons parlé tout à l'heure (i). Autant les cou-
leurs de l'autre fresque sont tranchantes et chargées , au-
tant celles-ci sont légères et pour ainsi dire vaporeuses.
Ces festons et ces rinceaux de guirlandes sont d'un effet
très-gracieux. C'était une bonbonnière, un véritable
boudoir, attenant à la chambre à coucher du client de
Cicéron; la peinture, à la place de laquelle nous avons
mis un petit paysage, a été enlevée et placée au musée :
on dit que le sujet en était peu décent ; elle doit donc se
(i) PI. io6.
134 PEINTURES. _ PREMIÈRE SÉRIE.
trouver dans le Musée secret. Visconti la désigne comme
représentant Sophonisbe et Massinissa. .. v
FIN DU PRKMIRR VOLUMB ET DE LA I SERIE DES PEINTURES.
911
P
AVIS AU RELIEUR
POUR LE PLACEMEiNT DES PLANCHES DU PEMIER VOLUME.
Planche Planche
1 — 2 vis-à-vis la page. .... 3 41 vis-à-vis la page aS
3 3 42 59
4—5 4 43 • 60
6—7 7 . 44 61
8 10 45 62
9 11 46—47 67
10 13 48 70
11 r 14 49 76
12 17 50—51 78
13 19 52 85
14 20 52 6w 86
15 21 53 87
16 22 53 6/.V 88
17 24 54 89
18 25 55 90
19 26 56 94
20 28 57—58 95
21 29 59 103
22 31 60 ; 104
23 32 61 ^ 105
24 34 62 106
25 35 63 à 90 , 108
26—27 37 91 120
28 38 92 122
29 40 93 à 98 124
30 41 99—100 . 125
31—32 44 101—102 127
33 46 103 128
34 47 104 129
35.. 48 105..-. 130
36 51 106 131
37—38 53 107 132
39—40 57 108 133
SUPPLÉMENT
AUX ERRATA DES DIVERS VOLUMES
POUR LE PLACEMENT DES GRAVURES.
1II« VOLUME.
La planche 121 porte le N» 159; elle représente Vénus péchant.
La planche 122 porte le N° 160; elle représente une Danaé.
V» VOLUME. — 4" SÉRIE.
La planche 46 porte le N" 73 ; elle représente trois sujets : celui du bas
est un perroquet attelé à un char.
La planche 56 porte le N° 60 ; elle représente deux sujets : celui du haut
est inédit ; celui du bas, trois petits cadres contenant des oiseaux et des fruits.
VI« VOLUME.
La planche 24 porte le N° 62 ; c'est une Forhine sur un socle orné de
guirlandes.
VII« VOLUME.
La planche 36 porte le N° 26; elle se compose de 6 lampes dont les deux
du haut posées sur des lampadaires.
La planche 57 porte le N° 76; elle contient 9 lampes; les trois du haut
représentent deux mains croisées, un mouton et un coq.
1" Série. — Peintures. t8
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