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Full text of "Herculanum et Pompéi : recueil général des peintures, bronzes, mosaïques, etc., découverts jusqu'a ce jour, et reproduits d'après le antichità di Ercolano, il Museo borbonico, et tous les ouvrages analogues : augmenté de sujets inédits, gravés au trait sur cuivre"

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ET 


POMPEI. 


TOME  I". 


Typographie  de  Firmiii  Didol  frorcs,  riii«  Jacoh,  n°  56. 


ET 


POKFEI. 

RECUEIL    GÉNÉRAL 

DES 

PEINTURES  BRONZES,  MOSAÏQUES,  ETC. 

DÉCOUVEBTS    JUSQU'a    CE    JOUB,    ET    BEPRODUITS    d'aPRÈS 
ET   TOUS    LES   OUVRAGES   ANALOGUES; 

AUGMENTÉ    DE    SUJETS    INÉDITS, 

GRAVÉS    AU    TRAIT    SUR    CUIVRE 


'3 
Et    accompagné    d'un    Texte    explicatif  par    M.    Ii.   BarbÉ. 


PEINTURES,    PREMIERE   SERIE. 

DÉCORATIONS  ARCHITECTURALES. 


PARIS, 

LIBRAIRIE  DE  FIRMIN  DIDOT  FRÈRES , 

RUE    JACOB  ,     N°   56. 


M  DCCC  XL. 


à.  *  «      I  ■  J  i.i 


m  atnY  uenter 

UWtAKV 


NOTICE. 


Quidquid  sub  terra  est  in  apricuin  proferet  aetas , 
Defodiet,  condetqiie  niteiitia. 

HoRAT. ,  Epist.,  I,  6j  2/1. 

«  Le  temps  mettra  au  jour  tout  ce  qui  est 
«  enseveli  sous  la  terre;  il  engloutira  et  cachera  ce 
«  qui  brille  maintenant.  « 


Les  cités  ensevelies ,  auxquelles  appartiennent  les  restes 
précieux  que  nous  avons  à  décrire,  sont  situées  sur  une 
ligne  droite ,  qui  longe  le  golfe  du  Cratère ,  en  se  dirigeant 
du  nord-est  au  sud-est ,  depuis  le  mont  I^eucogée  jusqu'au 
Lactaire,  théâtre  de  la  défaite  du  roi  goth  Téias  par 
l'eunuque  Narsès. 

En  partant  de  Néapolis  et  de  Palœpolis,  à  la  tête  de 
cette  ligne,  on  trouvait,  dans  un  repli  du  rivage  qui 
est  en  face  du  Vésuve,  Herculanum  et  Retina,  qui  ne 
formaient  qu'une  seule  ville.  On  traversait  ensuite  la  pe- 
tite cité  d'Oplonte ,  et  on  arrivait  à  Pompéi ,  située  entre 
les  salines  d'Hercule  et  les  marais  Pompéiens.  Pompéi 


n  NOTICE. 

communiquait  en  outre  avec  Nola ,  par  une  route  qui  pas- 
sait près  du  Vésuve.  Puis,  après  avoir  franchi  l'ancien  lit 
du  Sarnus ,  qui  aujourd'hui  a  deux  embouchures  beau- 
coup plus  au  sud ,  on  laissait  encore  à  gauche  un  embran- 
chement de  route  dirigé  sur  Nucérie,   et  l'on  arrivait 
enfin  à  Stabies.  Mais  toute  cette  ligne  du  rivage ,  cou- 
verte de  maisons  de  campagne  et  de  constructions  de  toute 
espèce,  ne  formait  à  proprement  parler  qu'une  seule 
ville ,  depuis  Naples  jusqu'à  Stabies.  La  montagne  elle- 
même,  dont  les  anciennes  éruptions  n'avaient  laissé  qu'un 
souvenir  confus  (i) ,  marqué  par  la  dénomination   de 
Champs phlégréens  donnée  au  pays;  la  terrible  montagne 
était  habitée ,  et  plus  d'une  villa  se  montrait  suspendue 
sur  les  bords  du  gouffre  éteint. 

Jetons  un  coup  d'œil  rapide  sur  l'histoire  de  ces  loca- 
lités; car  nous  y  puiserons  des  indications  précieuses 
pour  l'histoire  de  leurs  monuments. 

L'origine  d'Herculanum  et  de  Pompéi  se  perd  dans  la 
nuit  des  temps  :  on  attribuait  leur  fondation  à  Hercule, 
qui  avait  donné  son  nom  à  la  première  cité  ;  l'autre  avait 
tiré  le  sien  de  la  longue  troupe  de  bœufs  [pompa)^  que  ce 
héros  avait  amenée  d'Espagne  en  Italie  (2).  A  l'aide  de 
pareilles  fables,  les  peuples  anciens  se  dissimulaient  qu'un 
voile  impénétrable  leur  dérobait  leur  propre  berceau  : 
l'enfance  est  d'autant  plus  curieuse  et  crédule ,  qu'elle  est 
plus  ignorante. 

(i)  Diod.   Sic;  Strab.,  V  et  VI;  (2)  Solin.,  a. 

Plin.,III,5,y. 


•   NOTICE.  ni 

Ces  villes  appartinrent  d'abord  aux  Pélasges  et  aux 
Opiques  :  un  grand  nombre  d'inscriptions  osques  prou- 
vent qu'à  travers  toutes  les  vicissitudes  politiques ,  la  po- 
pulation conserva  toujours  un  souvenir  de  sa  langue  pri- 
mitive. Elles  furent  conquises  ensuite  par  les  Grecs  ,  qui 
vinrent  de  l'Eolie  et  de  l'Eubée  aborder  sur  le  rivage  de 
Cumes.  Ceux-ci  à  leur  tour  furent  chassés  par  les  Etrus- 
ques ,  qui  donnèrent  pour  capitale  à  toute  la  Campanie 
et  aux  cités  du  Vésuve ,  Capoue ,  appelée  alors  Vultur- 
num  ,  et  adjointe  aux  douze  villes  de  la  confédération 
toscane. 

A  partir  de  là,  Herculanum  et  Pompéi  suivirent  le 
sort  commun  de  la  Campanie  :  elles  se  donnèrent  aux 
Romains ,  pour  échapper  aux  Samnites  ;  puis ,  elles  ac- 
ceptèrent momentanément  le  joug  d'Annibal,  et  enfin 
elles  prirent  part  à  la  guerre  sociale.  Alors  Stabies  fut 
détruite  par  Sylla,  à  la  vue  même  des  habitants  de  Pompéi  ; 
et  depuis  ce  ne  fut  plus  qu'une  réunion  de  quelques 
maisons  des  champs,  in  villas  abiit  [\).  Les  Pompéiens 
non  intimidés  fermèrent  leurs  portes  au  vainqueur;  ils  ne 
capitulèrent  qu'après  la  triple  lutte  commencée  sous  leurs 
murs  par  l'armée  italiote ,  et  terminée  enfin ,  à  Nola  ,  par 
la  mort  du  chef  samnite  Cluentius  ou  Cluventius. 

Les  cités  de  la  Campanie ,  qui  se  soumirent  alors  aux  ar- 
mes romaines ,  furent  traitées  avec  douceur.  Pompéi  garda 
ses  droits  de  municipe,  et  put  même  opposer  un  refus  aux 

(i)  Plin.,  Hist.  nat.y  III,  5,  9. 


IV  NOTICE. 

colons  envoyés  de  Rome  pour  partager  ces  droits  ;  seule- 
ment, ses  murailles  furent  démantelées ,  comme  le  prouve 
leur  état  actuel.  Pendant  les  guerres  civiles ,  on  fit,  en 
quelques  endroits  de  ces  fortifications,  des  réparations 
dont  les  traces  existent  encore  aujourd'hui.  Sous  Auguste, 
enfin ,  de  longues  courtines  de  ces  murailles  disparurent 
entièrement,  de  sorte  que  des  constructions  privées  s'éle- 
vèrent sur  leur  emplacement  ;  et  ce  fut  alors  seulement 
que  la  cité  sans  défense  devint  une  colonie  romaine ,  ainsi 
que  le  prouve  une  inscription  trouvée  au  théâtre.  On  n'a 
pas  de  renseignements  particuliers  sur  le  sort  d'Hercula- 
num  :  il  est  probable  que  cette  ville  éprouva  des  vicissi- 
tudes toutes  pareilles. 

On  sait  que  Pompéi  fut  la  résidence  de  Cicéron  et  de 
sa  famille ,  résidence  constatée  par  des  monuments  et  des 
inscriptions.  Un  des  fils  de  l'empereur  Claude  y  mourut , 
étouffé  par  un  fruit  qu'il  avait  avalé. 

En  l'an  69 ,  pendant  un  combat  de  gladiateurs ,  que 
donnait  un  homme  chassé  du  sénat  et  nommé  Livineius 
Regulus  ,  une  querelle  s'éleva  entre  les  Pompéiens  et  les 
Nucériens,  qui  assistaient  aux  jeux  de  l'amphithéâtre  ;  des 
mots  injurieux  on  en  vint  aux  coups  ;  le  sang  coula ,  et  les 
Pompéiens  demeurèrent  vainqueurs.  Leur  triomphe  est 
rappelé  non-seulement  par  le  passage  de  Tacite ,  qui  ra- 
conte cette  espèce  de  sédition  (i),  mais  encore  par  une 
espèce  de  caricature  politique ,  que  l'on  a  trouvée  sur  les 

(i)  Annal. y  XIV,  17. 


NOTICE.  V 

murs  extérieurs  de  la  rue  de  Mercure ,  et  qui  est  accom- 
pagnée de  cette  inscription  :  Campani,  Victoria  una,  cum 
Nucerinis  periistis.  «  Campaniens,  une  victoire  sur  les 
«  Nucériens  vous  a  tués.  » 

En  effet ,  cet  avantage  leur  coûta  cher  :  Néron  et  le 
sénat  condamnèrent  les  vainqueurs  à  se  passer  de  spec- 
tacle ,  pendant  dix  années. 

Le  i6  février  de  l'an  63  (i),  un  tremblement  de  terre , 
précurseur  qui  seize  années  d'avance  annonçait  la  ca- 
tastrophe finale,  vint  renverser  une  partie  des  édifices 
de  Pompéi,  et  causer  également  des  ravages  dans  les 
murs  d'Herculanum.  L'année  suivante,  un  autre  trem- 
blement de  terre  épouvanta  la  contrée,  au  moment 
même  où  Néron  chantait  sur  le  théâtre  de  Naples  ; 
et  cet  édifice  s'écroula  aussitôt  que  l'empereur  l'eut 
quitté. 

Enfin,  le  a3  août  79,  éclata  la  terrible  éruption  qui 
causa  la  ruine  de  cinq  cités  opulentes,  la  désolation  de 
la  contrée  la  plus  riche  du  monde ,  et  en  même  temps  le 
trépas  non  moins  regrettable  du  grand  naturaliste  ro- 
main. Le  neveu  de  celui-ci ,  Pline  le  Jeune ,  nous  a  con- 
servé le  récit  de  cette  catastrophe,  dans  deux  lettres  à 
Tacite ,  son  ami  ;  lettres  qui  sont  des  modèles  de  narra- 
tion ,  et  par  cela  trop  connues  pour  que  nous  les  repro- 
duisions ici. 

La  position  élevée  et  assez  éloignée  de  Pompéi  mit 

(i)  Senec. ,   Quœst.    nat.,   VI,    i    et  a6. 


VI  NOTICE. 

cette  ville  à  l'abri  des  torrents  de  lave  ;  mais  elle  fut  cou- 
verte d'une  couche  de  cendres  et  xle  petits  cailloux  ,  qui 
atteignit  une  hauteur  de  i5  à  18  pieds,  et  dans  laquelle 
on  trouve  quelques  sphéroïdes  (i),  parfaitement  cristalli- 
sés ,  semblables  à  des  aérolithes.  Cette  espèce  de  déluge 
de  matières  volcaniques  ne  dépassa  nulle  part  la  hau- 
teur du  premier  étage  des  édifices  ;  mais  les  toits  et  les 
terrasses  s'affaissèrent  sous  son  poids,  et  dans  les  endroits 
oii  les  voûtes  et  les  murs  "offraient  une  résistance  suffi- 
sante, comme  à  l'amphithéâtre ,  il  se  forma  des  monticules 
de  cendres.  Une  partie  des  habitants  parvint  sans  doute 
à  s'échapper  ;  mais ,  d'après  les  cent  soixante  squelettes 
trouvés  dans  les  parties  déblayées ,  c'est-rà-dire ,  dans  la 
huitième  partie  de  la  ville ,  on  peut  conjecturer  qu'il  n'y 
eut  pas  moins  de  treize  cents  personnes  qui  périrent 
étouffées  dans  l'enceinte  des  murs. 

La  double  cité  d'Herculanum  et  de  Retina ,  située  plus 
près  du  volcan ,  dans  le  bas  du  rivage  et  sur  la  route  des 
laves  à  la  mer ,  ne  put  échapper  à  ce  fléau  ;  elle  fut  re- 
couverte de  couches  successives  de  matières  en  fusion 
et  de  petits  cailloux  (  lapilli) ,  qui  se  sont  amoncelées  en 
quelques  endroits  jusqu'à  la  hauteur  de  soixante -dix 
pieds  au-dessus  du  sol  de  l'ancienne  ville. 

Un  étrange  paradoxe  a  été  soutenu  par  quelques  anti- 
quaires à  l'égard  des  villes  campaniennes  ;  on  a  prétendu 
d'abord  distinguer ,  et  même  séparer  par  plusieurs  siècles 

(i)   Mazois,    Ruines  de  Pompéi ,  tom.  I,  Notice  historique,  p.  18. 


NOTICE.  vu 

de  distance  ,  l'époque  de  l'ensevelissement  d'Herculanum 
et  celle  de  la  ruine  de  Pompéi.  Cependant ,  on  ne  paraît 
guère  avoir  eu  de  meilleure  raison  pour  établir  cette 
distinction ,  que  la  différence  des  couches  de  terrain  qui 
recouvrent  les  deux  cités.  On  n'a  pas  voulu  voir  que 
cette  différence  tenait  uniquement  à  la  situation  des  villes. 
Bâties  dans  les  lieux  élevés,  mais  placées  sous  le  vent,  qui 
soufflait  du  sud-est,  et  qui  a  porté  les  cendres  jusqu'en 
Egypte ,  Pompei  et  Stabia  ne  pouvaient  recevoir  que  les 
matières  les  plus  subtiles  de  l'éruption.  Herculanum  et 
Retina,  gisant  au  bas  de  la  plus  grande  déclivité  de  la 
montagne,  devaient  être  écrasées  sous  les  plus  gros  dé- 
bris que  lançait  le  cratère,  brûlées  et  ensevelies  par  les 
torrents  de  substances  qui  se  frayaient  un  chemin  vers  la 
mer.  Les  partisans  de  l'opinion  que  nous  combattons,  sont 
tombés  dans  une  étrange  erreur ,  en  s'appuyant  du  silence 
de  Sénèque  (i),  et  en  faisant  observer  que  cet  écrivain, 
après  avoir  parlé  de  l'ébranlement  des  édifices  des  deux 
villes  par  le  tremblement  de  63  (2),  n'a  point  men- 
tionné leur  destruction  complète  en  79;  ces  critiques 
ne  se  sont  donc  point  rappelé  que  Sénèque  est  mort  en 
l'an  65  ! 

Un  argument  plus  sérieux  des  antiquaires  qui  ont  rap- 
proché de  nous  la  ruine  d'Herculanum ,  jusqu'à  en  assi- 
gner la  cause  à  l'éruption  de  471»  repose  sur  la  table 


(i)    Edinb.    Renew ,    tom.    XVI,  (2)   Qtuest.  nat.  ,\oc.  cilut. 

p.  383. 


vin  NOTICE. 

peutingérienne,  monument  qui  date  du  règne  de  Thëo- 
dose,  et  qui  signale  encore  Herculanum  au  nombre  des 
lieux  de  la  Campanie. 

En  efîet ,  cette  table  porte  ces  indications  :  «  De  Naples 
«  à  Herculanum  6  ;  Oplontis  6  ;  Pompéi  3.  »  Mais  ,  en 
partant  de  là ,  M.  Laporte-Dutheil ,  le  plus  habile  défen- 
seur du  paradoxe  en  question  (i),  a  bien  senti  que,  si 
l'argument  est  valable  pour  Herculanum ,  il  s'applique 
également  à  Oplonte,  à  Pompéi  et  à  Stabies,  et  il  en 
a  conclu  que  «  toutes  ces  villes  ont  survécu  à  l'éruption 
«  de  79  et  aux  suivantes  ;  qu'elles  sont  sorties  de  leurs 
«  ruines  sous  le  règne  même  de  Titus  ;  qu'elles  eurent 
«  encore  un  reste  de  splendeur  sous  Adrien ,  et  qu'on  les 
ce  retrouve  dans  le  règne  d'Antonin  (a).  » 

Voilà  qui  simplifie  la  question  ;  et  il  s'agit  maintenant 
de  savoir  si  Pompéi ,  comme  les  autres  cités,  a  été  détruite 
en  79  ou  en  471- 

A  ce  point  de  la  discussion,  il  suffira  de  remarquer 
d'abord  que  la  table  peutingérienne  pourrait  bien  être, 
surtout  en  ce  qui  concerne  l'Italie ,  la  copie  d'une  suite 
de  monuments  du  même  genre,  dont  l'original  serait  an- 
térieur à  l'an  79;  que  d'ailleurs  ces  endroits  peuvent  y 
avoir  été  indiqués,  soit  à  cause  de  leur  ancienne  célébrité, 
causée  par  le  désastre  même  dont  ils  ont  été  le  théâtre , 
soit  peut-être  parce  que  de  nouvelles  habitations,  en  petit 


(i)  Magasin  Encyclopédique.  Quincy,  Dict.  d'arehit.,  article  Hercu- 

{%)  Cité    par    M.   Qiiatremcrc    de      lanum. 


NOllCE.  IX 

nombre,  s'y  seraient  élevées  sur  la  lave ,  depuis  longtemps 
refroidie ,  comme  y  ont  été  construits ,  dans  les  temps  tout 
à  fait  modernes  ,  le»  palais  et  les  édifices  de  Portici  et  de 
Résina. 

Nous  disons  que  cette  remarque  suffit,  et  qu'il  est 
inutile  de  réfuter  les  autres  raisonnements  de  nos  mo- 
dernistes :  c'est  qu'en  effet  nous  avons  pour  nous  des 
preuves  d'un  ordre  supérieur  à  toutes  les  inductions  ti- 
rées des  monuments  étrangers,  des  preuves  que  nous 
pourrions  appeler  intrinsèques ,  et  qui  nous  sont  fournies 
par  les  ruines  mêmes  qui  forment  l'objet  de  la  contesta- 
tion. En  effet ,  nous  voyons ,  tant  à  Herculanum  qu'à 
Pompéi ,  nombre  de  monuments  et  d'inscriptions  qui  si- 
gnalent des  faits  encore  récents  au  moment  de  l'éruption 
de  79,  et  qui  se  rapportent  à  des  personnages  contempo- 
rains ou  à  peine  antérieurs  ;  tandis  que  personne  n'a  vu , 
ni  à  Pompéi ,  ni  à  Herculanum ,  aucun  témoignage  pos- 
térieur à  la  catastrophe  décrite  par  Pline. 

On  y  rencontre  presque  vivant  le  souvenir  des  Cicé- 
rons ,  de  Caligula  enfant,  des  Agrippines  et  de  Néron,  de 
toute  la  famille  des  premiers  Césars,  et  rien  au  delà.  On 
voit  les  théâtres,  les  temples  fraîchement  réparés  après 
le  désastre  de  l'an  63 ,  et  couverts  d'inscriptions  dictées 
par  la  reconnaissance,  en  faveur  des  citoyens  qui  ont 
contribué  de  leurs  deniers  à  cette  restauration.  On  lit  sur 
les  murs  des  phrases  tracées  au  pinceau  ,  qui  parlent  de 
la  lutte  avec  les  Nucériens,  par  exemple  (i),  comme  d'un 

(i)  Voyez  ci-dessus,  p.  v. 


X  NOTICE. 

fait  de  la  veille.  Et  tout  cela  aurait  été  conservé  intact^ 
aucune  addition  n'y  aurait  été  faite ,  jusqu'en  l'an  47 1  î 
Nous  verrions  les  réparations  faites  après  le  tremblement 
de  terre  de  63;  et  de  celles  qui  auraient  dû  avoir  lieu 
après  l'éruption  de  79 ,  nulle  trace  ne  serait  restée  !  Le 
goût  grec  et  le  goût  de  l'époque  césarienne  n'auraient 
nulle  part  été  remplacés  ou  gâtés  par  l'empreinte  bar- 
bare et  byzantine  des  temps  intermédiaires  :  la  basilique 
ne  serait  point  devenue  chrétienne  sous  Constantin ,  et  les 
statues  des  idoles  seraient  demeurées  debout,  leurs  images 
profanes  auraient  subsisté  sur  les  murailles!  En  vérité, 
tout  cela  serait  plus  merveilleux  encore  que  la  conser- 
vation souterraine  des  deux  cités.  Nous  regrettons  pres- 
que que  cette  surprenante  hypothèse  soit  contredite  et 
ruinée  de  fond  en  comble  par  l'examen  attentif  de  tous 
les  monuments  que  nous  reproduisons  dans  cet  ouvrage  : 
chacun  de  ces  monuments  serait  plus  qu'une  rareté;  il 
deviendrait  un  prodige. 

Concluons.  Tout  ce  qu'on  peut  inférer  de  la  table  peu- 
tingérienne ,  c'est  que  l'emplacement  des  villes  ensevelies 
était  encore  connu  au  cinquième  siècle  ;  et  il  paraît ,  en 
effet ,  que  des  fouilles  furent  entamées  à  Pompéi ,  soit 
immédiatement  après  l'éruption ,  soit  au  moins  à  des  épo- 
ques fort  anciennes,  pour  retirer  quelques  objets  pré- 
cieux des  parties  les  plus  élevées  de  la  ville  ;  c'est  ainsi 
que  disparurent  les  marbres  du  théâtre.  Il  ne  pouvait 
pas  en  être  de  même  à  Herculanum. 
La  tradition  d'une  ville  engloutie  se  conserva  1  ong- 


NOTICE.  ■  XI 

temps  dans  la  mémoire  des  hommes ,  puisque  le  terrain , 
sous  lequel  était  Pompéi ,  reçut  au  moyen  âge  le  nom  de 
Civita ,  nom  que  l'on  donne  pncore  à  cet  endroit  et  aux 
fouilles  qui  s'y  pratiquent.  Mais  le  sens  primitif  de  cette 
expression  était  entièrement  perdu  au  seizième  siècle; 
car,  en  1692,  Dominique  Fontana,  pour  conduire  à  Torre 
deir  Annunziata  les  eaux  du  Sarno ,  creusa  un  aqueduc 
à  travers  les  ruines  mêmes  ;  et  cet  architecte ,  homme  ha- 
bile et  instruit  cependant ,  ne  se  douta  pas  de  l'existence 
d'une  ville  antique  dans  le  terrain  qu'il  fouillait. 

Chose  étrange!  Pompéi  était  restée  pour  ainsi  dire  à 
fleur  de  terre;  le  lieu  avait  gardé  un  nom  significatif;  et 
ce  fut  Herculanum ,  oublié ,  caché  à  soixante-dix  pieds 
sous  terre,  que  l'on  découvrit  d'abord.  En  1684,  comme 
on  creusait  un  puits,  on  eut  quelques  indices  de  ruines 
romaines  en  cet  endroit.  Ce  puits ,  qui  existe  encore  au^ 
jourd'hui,  descendait  précisément  au  milieu  du  théâtre 
d'Herculanum. 

Le  prince  d'Elbœuf,  Français  de  naissance,  envoyé  à 
Naples  à  la  tête  d'une  armée  impériale ,  et  ayant  épousé 
une  princesse  de  ce  pays,  fit ,  en  1706,  l'acquisition  du 
terrain,  et  y  bâtit  un  palais  :  il  trouva,  vers  17 13,  dans 
le  puits  qu'il  fit  agrandir ,  des  marbres  dont  il  orna  ses 
terrasses  et  ses  escaliers,  et  des  statues  qu'il  envoya  en 
France  ou  à  Vienne ,  à  sa  famille  et  au  prince  Eugène , 
sous  lequel  il  avait  servi.  Bientôt  le  gouvernement  de 
Naples  intervint ,  et  fît  suspendre  les  fouilles  ;  mais  ce  ne 
fut  que  plus  de  vingt  ans  après,  vers  1786,  que  ces  tra- 


XII  '  NOTICE. 

vaux  furent  repris  pour  le  roi.  Une  nouvelle  entrée  fut 
pratiquée  à  Résina ,  et  l'on  découvrit  successivement  le 
théâtre ,  des  temples ,  des  édifices  privés ,  des  inscriptions 
et  des  médailles ,  qui  ne  laissèrent  aucun  doute  sur  l'iden- 
tité de  ces  ruines  avec  celles  de  la  malheureuse  cité  d'Her- 
culanum ,  ensevelie  sous  Titus. 

Cependant ,  les  excavations ,  prolongées  à  une  profon- 
deur de  soixante-dix  pieds ,  étaient  fort  difficiles  et  de- 
mandaient des  frais  considérables  ;  on  se  rappela  qu'en 
1689,  des  paysans  avaient  trouvé,  sur  le  terrain  appelé 
Civita,  quelques  débris  antiques.  On  chercha  Pompéi 
en  1748,  sous  les  amas  de  cendres,  et  bientôt  on  vit 
qu'à  bien  moins  de  frais ,  on  l'en  pouvait  tirer  tout  en- 
tière. Ce  qui  dut  imprimer  à  ces  nouvelles  découvertes 
un  caractère  tout  différent  des  anciennes,  c'est  qu'on  avait 
ici  une  ville  avec  ses  rues ,  ses  places  publiques,  ses  por- 
tiques ,  revivant  tout  à  coup  à  l'air  pur  et  sous  la  belle 
lumière  de  l'Italie;  tandis  que  de  l'autre  côté,  on  ne  pos- 
sédait que  des  catacombes ,  une  mine  d'antiquités  ,  mine 
d'une  extraordinaire  richesse,  mais  froide,  obscure  et 
resserrée. 

Ce  double  succès  conseilla  quelques  tentatives  du  côté 
de  Stables,  sur  l'emplacement  où  est  bâtie  aujourd'hui 
la  ville  de  Castel-a-Mare  ;  et  l'on  y  découvrit ,  en  effet, 
quelques  débris  précieux  :  mais  la  cherté  des  terrains  fit 
bientôt  abandonner  les  fouilles;  tandis  que  celles  d'Her- 
culanum  et  de  Pompéi ,  poussées  avec  ardeur  à  la  fin  du 
dix -huitième  siècle,  reçurent  un  nouvel  accroissement 


NOTICE.  XIII 

SOUS  l'administration  française ,  qui ,  avec  son  activité  or- 
dinaire, fît  explorer  toute  l'enceinte  de  la  ville.  Enfin, 
les  recherches  devinrent  de  plus  en  plus  productives  de- 
puis la  restauration  de  i8i5,  et  surtout  depuis  l'avéne- 
ment  du  souverain  actuel. 

Un  grand  nombre  de  publications  ont  été  entreprises 
pour  faire  connaître  à  toute  l'Europe  les  richesses  con- 
quises par  le  gouvernement  de  Naples.  Dès  1765  ,  parut 
un  catalogue  des  antiquités  rassemblées  depuis  dix-neuf 
ans  dans  le  musée  de  Portici;  et  en  lyôy  commença 
l'impression  du  magnifique  ouvrage  des  académiciens 
d'Herculanum ,  ouvrage  qui  se  compose  aujourd'hui  de 
huit  volumes  in-folio. 

Nous  ne  citerons  que  pour  mémoire  les  deux  gros  in- 
quarto  de  Monsignor  Bayardi,  au  bout  desquels  l'au- 
teur ne  fait  encore  que  d'arriver  de  Sicile ,  avec  le  fon- 
dateur d'Herculanum  et  les  bœufs  de  Géryon. 

Le  grand  ouvrage  de  MazOis,  commencé  en  1812  et 
terminé  en  i838  (i),  a  pour  objet  principal  la  descrip- 
tion et  la  représentation  exacte  des  monuments  d'archi- 
tecture ;  et  c'est  un  modèle  unique  à  cet  égard.  On  y 
trouve,  en  outre ,  des  renseignements  précieux  sur  quel- 
ques-uns des  objets  d'antiquités  découverts  dans  les  édi- 
fices pompéiens. 

C'est  en  1824 ,  que  commença  la  publication  du  Musée 


(i)  Ruines  de  Pompéi ,  4  vol.  in-       4*  vol.  a  été  rédigé  par  M.  Barré, 
folio,   chez   M.    Firmin    Didot  :  le 


XIV  NOTICE. 

Bourbon  (i),  destiné  à  reproduire  tous  les  objets  d'art 
qui  formaient  d'abord  les  musées  de  Portici  et  de  Naples, 
et  qui  furent  définitivement  réunis  dans  le  palais  Degli 
Studj.  Comme  le  musée  lui-même ,  cette  description 
comprend,  outre  les  antiques,  des  statues  et  tableaux  des 
temps  modernes  ,  et  même  quelques  monuments  du 
moyen  âge  et  de  la  renaissance.  Elle  se  continue  encore 
aujourd'hui  avec  un  succès  mérité. 

Parmi  les  travaux  entrepris  à  l'étranger  dans  le  même 
but,  on  peut  citer  ceux  de  MM.  Ternite  et  Zahn,  à  Ber- 
lin (a") ,  Goro ,  à  Vienne  (3) ,  Goldicutt ,  à  Londres  (4) ,  et 
enfin  les  deux  volumes  de  sir  William  Gell ,  dont  la 
première  partie  a  été  traduite  de  l'anglais,  et  publiée 
à  Paris,  avec  des  additions  considérables,  par  l'auteur 
même  des  gravures  du  présent  ouvrage  (5). 

La  plupart  de  ces  livres  sont  très-volumineux  et  d'un 
prix  considérable  :  notre  but,  en  publiant  un  nouvel  ou- 
vrage qui  les  résume  tous ,  a  été  d'offrir  aux  artistes  un 
recueil  de  toutes  les  antiquités  trouvées  dans  les  cités 
vésuviennes ,  en  exceptant  les  édifices  eux-mêmes,  recueil 
qui  doit  être  à  la  fois  complet ,  portatif,  peu  coiiteux  et 
commode  à  consulter. 

Nous  l'avons  rendu  aussi  complet  qu'il  était  possible, 
en  ne  négligeant  aucun  des  grands  ouvrages  que  nous 
venons  de  passer  en  revue ,  et  les  comparant  tous  entre 

(i)  Museo  Borbonico ,  i  vol.  in-4°  (3)  Id. 

par  an,  avec  planches  grav.  au  trait.  (4)  In-folio  ,  London  ,  iSaS. 

(a)  In-folio  ,  en  allemand.  (5)  Un  vol.  in-4°;  Paris,  1827. 


NOTICE.  XV 

eux;  empruntant  pour  chaque  objet  le  dessin  le  plus 
correct  et  le  plus  vrai ,  traduisant  et  refondant  au  besoin , 
les  descriptions  les  plus  exactes  et  les  mieux  senties.  Nous 
devons  avertir  que,  jDour  les  recherches  érudites,  les 
académiciens  d'Herculanum  ont  presque  toujours  été 
nos  guides  :  à  la  vérité ,  nous  avons  souvent  abrégé  leurs 
déductions  archéologiques,  et  quelquefois  élagué  le  luxe 
de  leurs  citations;  puis,  nous  avons  hasardé  avec  sobriété 
nos  conjectures  à  côté  des  leurs  ;  et  parfois  nous  avons 
redressé  une  erreur  matérielle.  Enfin  ,  nous  nous  sommes 
procuré  un  certain  nombre  de  dessins  inédits ,  grâce 
auxquels  nous  pouvons  dire  que  notre  ouvrage,  pro- 
pre à  suppléer  à  tous  les  autres  recueils ,  ne  peut  être  lui- 
même  remplacé  par  aucun. 

Des  combinaisons  nouvelles  de  rédaction ,  de  typo- 
graphie et  de  gravure ,  nous  ont  permis  de  réduire  à  un 
format  commode  des  descriptions  d'une  étendue  consi- 
dérable ,  et  des  planches  d'une  grande  dimension.  Quant 
à  l'arrangement  des  matières,  nous  n'avons  point  voulu 
suivre  dans  notre  publication  l'ordre  chronologique  des 
découvertes  ,  ni  celui  des  lieux;  nous  n'avons  point 
voulu  non  plus,  ce  qui  eût  été  préférable  en  théorie, 
mais  fort  difficile  dans  l'exécution,  classer  nos  monu- 
ments d'après  l'époque  à  laquelle  ils  appartiennent  ori- 
ginairement, mettant  ensemble  ce  qui  est  étrusque  ou 
pélasgien ,  puis  le  grec ,  le  romain  de  la  république ,  et 
enfin  le  romain  de  l'empire.  Nous  avons  adopté  un  plan 
beaucoup  plus  propre  à  faciliter  les  recherches  des  ar- 


XVI  NOTICE. 

tistes  qui  consulteront  notre  ouvrage ,  et  nous  l'avons 
partagé  en  deux  grandes  parties  :  Peinture  et  Sculpture, 
subdivisées  chacune  en  plusieurs  séries ,  que  nous  allons 
passer  en  revue,  après  quelques  observations  prélimi- 
naires. 

Longtemps,  le  gouvernement  napolitain  s'est  opposé 
à  ce  que  l'on  copiât  les  peintures  antiques,  et  cette  in- 
terdiction a  donné  lieu  à  un  fait  assez  curieux. 

Malgré  les  précautions  quelquefois  exagérées  avec  les- 
quelles étaient  gardées  les  fresques  du  musée  ,  alors  à 
Portici,  quelques  copies  furtives  en  étaient  faites  au  moins 
de  souvenir,  et  le  public  recherchait  ces  copies  avec 
d'autant  plus  d'avidité ,  qu'elles  étaient  plus  rares  et  se 
vendaient  avec  plus  de  mystère.  Un  peintre  vénitien  , 
nommé  Joseph  Guerra ,  établi  à  Rome ,  où  il  manquait 
d'ouvrage,  quoiqu'il  ne  fût  pas  absolument  dépourvu 
de  talent,  entreprit  de  bâtir,  sur  une  fraude  encore  plus 
hardie ,  l'édifice  de  sa  fortune.  Guerra  ne  se  hasarda  point 
seulement  à  débiter  des  copies  des  peintures  antiques  : 
il  vendit  ces  peintures  elles-mêmes.  Il  peignit  différentes 
fresques  à  la  manière  antique,sur  des  fragments  d'enduit, 
et  les  céda  à  quelques  amateurs ,  en  leur  avouant ,  sous 
promesse  du  secret ,  qu'il  les  avait  achetées  lui  -  même 
de  quelque  employé  des  fouilles  napolitaines.  Grande 
rumeur  à  Naples,  oii  d'abord  on  cherche  en  vain  le  cou- 
pable! Mais,  ayant  reçu  de  Rome  des  indices  positifs, 
les  directeurs  du  musée  firent  d'abord  acheter  secrète- 
ment trois  des  fresques  qui  circulaient  dans  cette  capitale; 


NOTICE.  xvH 

puis  un  de  leurs  agents  alla  s'adresser  à  Guerra  lui-même, 
et  lui  demanda  l'Achille  et  Chiron ,  alors  déjà  gravé  et 
publié  dans  le  premier  volume  des  Antiquités  d'Hercu- 
lanum.  Guerra,  sans  défiance  aucune,  fit  la  copie  ou 
plutôt  l'imitation  demandée  ;  car  ii  ne  pouvait  travailler 
en  présence  de  l'original.  Dans  cette  copie ,  qu'il  signa  , 
on  reconnut  exactement  le  faire  des  trois  fresques  ache- 
tées :  mêmes  efforts  pour  suivre  un  modèle  entrevu  seu- 
lement de  loin  ;  mêmes  différences  échappées ,  malgré  ces 
efforts ,  et  surtout  analogie  parfaite  des  copies  entre  elles, 
quoique  les  modèles  différassent  beaucoup.  Le  gouver- 
nement de  Naples  n'usa  point  de  son  influence  dans  l'État 
pontifical ,  pour  inquiéter  Guerra.  On  se  contenta  d'ex- 
poser les  quatre  imitations  près  des  originaux ,  avec  une 
inscription  explicative,  afin  de  prémunir  les  curieux 
contre  toute  fraude  de  ce  genre.  Guerra,  ne  pouvant  plus 
vendre  de  faux  antiques ,  revint ,  non  sans  quelque  succès , 
à  un  usage  légitime  et  avoué  de  son  pinceau.  D'après 
cette  anecdote,  on  ne  s'étonnera  plus  de  ne  pas  rencon- 
trer dans  notre  recueil  tout  ce  qui  a  été  colporté  en  Eu- 
rope ,  comme  provenant  de  Pompéi  :  les  imitateurs  de 
Guerra  nous  ont  trouvés  sur  nos  gardes. 

Dans  tout  le  cours  de  cet  ouvrage ,  nous  nous  servons 
du  mot  Jresque ,  en  parlant  des  peintures  murales  que 
nous  reproduisons  :  nous  employons  ce  mot  suivant  l'u- 
sage général ,  qui  l'applique  à  tous  les  tableaux  de  ce 
genre  ;  mais  nous  prions  nos  lecteurs  de  n'en  pas  con- 
clure que,  selon  nous,  les  anciens  aient  toujours  étendu 

c 


xviii  >OTICE. 

leurs  couleurs  sur  l'enduit  encore  frais.  Il  est  évident 
qu'ils  peignaient  aussi  à  la  guazza  ou  en  détrempe,  avec 
des  couleurs  préparées  à  la  gomme  ou  au  gluten  (i).  On 
en  trouve  la  preuve  dans  un  grand  nombre  de  tableaux 
du  musée,  dont  les  couleurs  non -seulement  s'altèrent, 
mais  s'écaillent  aussi  et  se  séparent  de  l'enduit  du  mur  : 
on  voit  même  quelquefois  une  teinte  primitive  reparaître, 
à  mesure  que  la  couche  supérieure  tombe;  ce  qui  ne 
peut  avoir  lieu  dans  une  fresque.  Nous  savons,  d'ailleurs, 
que  toutes  les  couleurs  ne  résistent  pas  à  la  chaux,  et, 
par  conséquent ,  ne  sont  pas  propres  à  la  fresque  :  telles 
étaient,  parmi  les  couleurs  en  usage  chez  les  anciens, 
celles  qu'ils  appelaient, /?«A/??^rm'«/w,  indicurriy  cœruleum, 
melinum ,  auriplginentum ,  appianum  et  cerussa.  Or ,  il 
est  évident  que  nos  peintres  ont  rarement  été  arrêtés  par 
cette  restriction ,  dans  l'emploi  des  teintes  les  plus  riches. 
Cette  simple  observation  suffira  pour  prévenir  toute  in- 
terprétation peu  exacte  de  notre  pensée. 

Nous  devons  ajouter  ceci  :  nous  n'ignorons  nullement 
que  toutes  les  peintures  antiques ,  sans  exception ,  n'é- 
taient pas  des  peintures  murales:  car  on  peignait  quel- 
quefois sur  des  tablettes  de  bois,  sur  des  peaux  ou 
membranes  (2),  et  même  sur  de  la  toile,  comme  nous  en 
voyons  un  exemple  dans  cette  image  colossale  de  Néron  , 
haute  de  cent  vingt  pieds  ,  qui  fut  consumée  par  la  fou- 
dre dans  les  jardins  de  Marins  (3).  Notre  ouvrage  même 

(1)  Plin.,XlTI,  11;  XXVIII,  17;  (a)  Plin.,  XXXV,  II. 

XXXV,  6;Vitruv.,VlI,  10.  (3j  Plin.,  XXXV,  7. 


JNOTICE.  XIX 

en  fournit  encore  des  preuves,  dans  les  peintures  qui  re- 
présentent une  femme  artiste ,  à  son  chevalet ,  et  un 
Pygmée  occupé  à  peindre  de  même.  Nous  avons  eu  oc- 
casion ,  dans  un  autre  ouvrage  ,  de  reconnaître  qu'il 
existe ,  au  temple  de  Vénus ,  un  endroit  de  la  muraille 
évidemment  destiné  à  recevoir  un  tableau  suspendu  :  nous 
avons  aussi  recueilli  quelques  faits  de  ce  genre,  dans  nos 
observations  sur  la  pornographie  des  anciens.  Nous  re- 
gretterions donc  qu'un  savant  archéologue  ,  qui  a  pris 
parti  exclusivement  pour  ce  genre  de  peinture,  crût  que 
nous  nous  refusons  sur  ce  point  à  l'évidence  ;  mais  nous 
ne  voulons  pas  non  plus  que  l'exception  prenne  la  place  de 
la  règle  générale ,  et  nous  consej*vons  toute  notre  estime 
hautement  avouée  pour  les  travaux  qui  ont  assigné  à  la 
peinture  murale  un  emploi  général  dans  la  décoration 
des  édifices  antiques.  Nous  nous  sommes  même  prononcés,, 
et  nous  nous  prononçons  encore  pour  les  idées  émises 
récemment  sur  l'architecture  peinte  ;  nous  croyons  que 
dans  ces  idées  se  trouve  l'intelligence  du  passé  de  l'archi- 
tectonique ,  et  peut-être  la  prévision  de  son  avenir. 

La  première  série  des  Peintures  se  compose  des  Déco- 
rations, la  plupart  architecturales,  qui  couvrent  les  pa- 
rois des  salles  d'un  grand  nombre  d'édifices.  Les  déco- 
rateurs et  les  ornemanistes  modernes  y  trouveront  des 
modèles  et  des  inspirations  :  cette  partie  de  l'ouvrage  ne 
sera  pas  inutile  aux  architectes  eux-mêmes,  soit  parce 
qu'ils  sont  appelés  à  diriger  la  décoration  des  édifices 
qu'ils  construisent  ,   soit  parce  qu'ils  peuvent  trouver 


XX  NOTICE. 

dans  ces  caprices  architectoniques,  des  motifs  qui,  réduits 
à  des  proportions  moins  fantastiques  ,  deviendraient  ap- 
plicables à  des  constructions  réelles.  L'antiquaire  et 
l'archéologue  rencontreront  encore  dans  ce  volume  quel- 
ques sujets  relatifs  à  leurs  études  et  à  leurs  recherches 
habituelles;  partout  se  trouvent  des  figures  et  des  em- 
blèmes mythologiques ,  des  attributs  dramatiques  ou  re- 
ligieux propres  à  éclaircir  quelques  points  contestés;  çà 
et  là  se  révèlent  quelques  traits  spéciaux ,  qui  n'ont  point 
été  enregistrés  dans  l'histoire  de  l'art. 

La  deuxième  série  ,  qui  comprend  les  Tableaux,  est 
la  plus  étendue ,  comme  elle  est  aussi  sans  contredit  la 
plus  importante  et  la  plus  curieuse.  Elle  éclaire  à  la  fois, 
par  les  sujets,  la  mythologie  et  l'histoire  du  temps  héroï- 
que ;  par  les  détails,  la  science  du  costume,  et  conséquem- 
ment,  l'art  dramatique  aussi  bien  que  l'antiquité  pro- 
prement dite;  et  enfin  ,  par  la  composition  et  l'exécution 
des  tableaux  ,  l'art  moderne  lui-même,  qui  a  encore  quel- 
que chose  à  apprendre  des  anciens. 

Ce  que  nous  venons  de  dire  s'applique  également  à 
la  troisième  série ,  comprenant  les  Figures  isolées. 

La  quatrième,  qui  se  compose  des  Frises ^  a  quelques 
rapports,  tant  avec  la  première,  par  sa  destination  archi- 
tecturale ,  qu'avec  la  seconde ,  par  les  sujets  qu'elle  com- 
prend. 

La  cinquième  est  formée  des  Paysages;  elle  offre 
des  particularités  toutes  nouvelles  encore  pour  un  grand 
nombre  d'artistes  ;  elle  peut  enseigner  comment  doivent 


NOTICE.  XXI 

être  composées  les  villes ,  les  villas ,  les  plus  simples  fabri- 
ques, dans  un  paysage  historique,  dont  le  sujet  appar- 
tient à  l'antiquité.  Claude  Lorrain  lui-même  aurait  pu 
gagner  quelque  chose  à  l'examen  de  ces  planches.  Parmi 
ces  vues  d'édifices,  quelques-unes  seulement  confirmeront 
ce  que  l'on  sait  déjà  de  la  connaissance  approfondie 
qu'avaient  les  anciens  des  règles  de  la  perspective ,  tant 
aérienne  (i)  que  linéaire  (o). 

Les   Mosaïques ,   sixième  série ,    sont    accompagnées 
d'une  introduction  spéciale. 

Dans  l'autre  partie  de  l'ouvrage ,  la  première  série 
comprend  non-seulement  les  Statues  de  bronze,  mais 
aussi  celles  de  marbre ,  qui  ont  été  trouvées,  dans  les 
villes  du  Vésuve.  Ici  figurent  ces  chefs-d'œuvre  qui  sont 
venus  prendre  rang  après  les  plus  célèbres,  à  savoir:  le 
Mercure  assis ,  la  Vénus  détachant  de  son  pied  une  de  ses 
périscélides ,  et  enfin  le  Faune  endormi.  Cette  partie 
comprend  aussi  quelques  bas-reliefs. 

La  deuxième  série ,  celle  des  Bustes,  s'adresse  moins 
aux  artistes  qu'aux  historiens  et  aux  iconographes  ;  il  ne 
parait  pas  que  ceux-ci  aient  complètement  exploité 
déjà  les  matériaux  que  les  fouilles  leur  ont  livrés. 

La  troisième  se  compose  des  Lampes,  candélabres, 
'vases,  bijoux  et  ustensiles  de  toute  espèce  :  les  artistes 
qui  travaillent  les  métaux ,  orfèvres ,  bijoutiers  et  fon- 


(i)  Philostr. ,  Imng.,  I ,  /",  ot  1 3  ;  (9;  Vitruv.,  I,  2  ;  V,  praef. 

II ,  2<). 


xxu  notice: 

deurs ,  y  trouveront  des  formes ,  des  combinaisons ,  ap- 
plicables peut-être,  sauf  de  légères  modifications,  à  des 
besoins  tout  modernes. 

Nous  n'avons  pas  à  parler  du  Musée  secret,  auquel 
nous  avons  joint,  sous  forme  d'avant-propos,  les  expli- 
cations et  les  apologies  nécessaires. 

Nous  n'entreprendrons  point  ici  de  justifier  quelques 
opinions  du  texte ,  qui ,  faute  du  développement  néces- 
saire, pourront  paraître  hasardées,  ni  d'en  éclaircir 
quelques  autres  qui  sembleront  obscures ,  parce  que  nous 
ne  les  avons  peut-être  pas  assez  dégagées  de  la  discussion 
des  hypothèses  contradictoires.  Nous  ne  rejetterons  point 
sur  les  ouvrages  traduits,  les  fautes  du  traducteur,  ni 
sur  la  rapidité  de  la  publication ,  les  défauts  d'une  ré- 
daction trop  hâtive.  Les  excuses  mal  fondées  ajoutent 
un  tort  de  plus  aux  torts  de  l'écrivain;  les  excuses 
valables  ennuient  le  lecteur ,  qui  les  eût  bien  devinées.  Il 
est  pourtant  un  point  que  l'on  oubliera  bientôt  et  qu'il 
nous  importe  de  constater.  Cet  ouvrage  n'a  pas  été  publié 
continûment,  en  commençant  par  la  première  série,  et 
en  passant  à  la  seconde  ,  après  celle-ci  épuisée  :  mais 
plusieurs  séries,  entamées  à  la  fois,  ont  dû  marcher  de 
front.  Il  a  pu  résulter  de  là  quelques  répétitions.  Des 
contradictions  même,  plus  apparentes  que  réelles,  ont 
pu  être  causées  par  la  diversité  des  sources  où  nous 
avons  puisé.  Nous  comptons  sur  l'indulgence  du  lecteur, 
pour  faire  dans  la  critique  la  part  de  cette  difficulté , 
et    pour   nous   attribuer   définitivement ,    dans   les   cas 


NOTICE.  xxiii 

douteux ,  l'opinion  qui  s'accorde  le  plus  avec  le  bon 
.sens  universel  et  avec  son  propre  jugement.  Ainsi,  en 
donnant  une  interprétation ,  que  nous  regardions  comme 
nouvelle ,  de  l'inscription  gravée  sur  les  cachets  de  spec- 
tacle ,  nous  ne  nous  rappelions  pas  avoir  examiné  ailleurs 
une  opinion  presque  semblable  et  l'avoir  rejetée.  Nous 
l'adoptons ,  enfin ,  mais  par  de  nouveaux  motifs  :  ce  sont 
ceux-là  seulement  que  nous  tenons  pour  valables,  ainsi 
que  la  décision  dernière. 

Le  texte  de  cet  ouvrage  n'a  point  été  continué  et 
terminé  par  l'écrivain  auquel  il  avait  été  confié  en  pre- 
mier lieu.  M.  Bories,  appelé  à  d'autres  travaux ,  a  rédigé 
quelques  feuilles  des  trois  premières  séries  des  peintures, 
ainsi  que  de  la  première  des  bronzes.  J'ai  fait  seul  tout  le 
reste.  Il  était  de  mon  devoir  de  tracer  cette  limite  ;  car 
je  craindrais  également  d'usurper  des  éloges  dus  à  mon 
collaborateur,  et  de  faire  retomber  sur  lui  le  blâme  que 
j'aurais  mérité. 

L.  Barré. 


PEEX' 


1""*  Série  . 


//.  Kifua'',  tM-cn-r 


ES  . 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


saia 


1"  ôme, 

DÉCORATIONS    ARCHITECTURALES. 


PLANCHES  1   ET  2. 

Cette  peinture  architecturale,  trouvée  dans  les  fouilles 
de  Pompéi  avec  les  deux  suivantes ,  est  remarquable  par 
l'originalité  et  la  multitude  des  ornements  qui  la  com- 
posent. On  voit  à  son  étendue  et  à  sa  forme  qu'elle  faisait 
à  elle  seule  la  décoration  d'un  des  murs  d'une  salle. 

L'architecture,  d'un  jaune  très-foncé,  se  détache  sur 
un  fond  d'un  jaune  plus  clair,  et  les  ornements  qui  la 
décorent  sont  blancs.  Dans  le  milieu  est  un  tableau  que 
nous  développerons  dans  la  neuvième  planche  de  la 
deuxième  série  des  peintures.  Il  est  entouré  par  une  pe- 
tite draperie  étroite  de  couleur  blanche. 

Les  tritons ,  les  griffons ,  les  dauphins ,  les  paons  ,  les 

1^^  Série.  I 


2  PEINTURES. 

sphinx  et  les  tigres  que  Ton  voit  épars  dans  les  diverses 
parties  de  notre  peinture  sont  d'un  clair  obscur  jaune; 
les  guirlandes  sont  vertes;  les  deux  vases  peints  sur  le 
socle  ainsi  que  les  rhytons  suspendus  au  milieu  des  guir- 
landes attachées  aux  deux  côtés  du  socle,  ont  une  cou- 
leur de  bronze.  Les  masques  sont  couleur  de  chair.  Le 
mascaron  du  milieu  est  rouge  et  entouré  d'ornements 
Verts. 

Les  deux  figures  au-dessus  de  la  corniche  tiennent  en 
main  des  rameaux.  Des  deux  autres  figures  que  l'on 
aperçoit  plus  bas  dans  la  peinture ,  l'une  tient  aussi  un 
rameau ,  et  l'autre ,  dont  la  tête  est  voilée ,  semble  porter 
une  patère.  Deux  bustes  sont  peints  dans  les  médail- 
lons latéraux  :  l'un  des  deux  se  distingue  par  une  corne 
d'abondance;  l'autre  n'a  pas  d'attribut  qui  le  carac- 
térise. 

Cette  peinture  architectonique  semble  avoir  été  faite 
à  l'intention  de  Bacchus.  En  effet,  le  tableau  peint  au 
milieu  a  quelque  analogie  avec  le  culte  de  ce  dieu.  Les 
tigres ,  les  griffons  et  les  autres  animaux  fabuleux  lui 
conviennent  parfaitement  ;  nous  aurons  occasion  d'en 
parler  ailleurs.  Les  rhytons  ont  avec  le  dieu  des  ven- 
danges un  rapport  qu'on  ne  contestera  pas.  Les  rameaux 
dans  les  mains  de  plusieurs  figures  ;  le  voile  sur  la  tête 
de  l'une  d'elles ,  indiquent  des  sacrifices  ou  des  cérémonies 
religieuses.  Enfin  le  médaillon  qui  représente  une  femme 
tenant  en  main  une  corne  d'abondance,  peut  nous  offrir 
l'image  de  Cérès ,   mère   de   Bacchus ,   selon   quelques 


*•     .  .♦♦ 


^5 


PREMIÈRE  SÉRIE.  3 

auteurs ,  et  l'autre  celle  de  Vénus ,  dont  Bacchus  culti- 
vait l'amitié  (i). 

Sine  Cerere  et  Libero  friget  Venus  (2). 

PLANCHE  3. 

Cette  peinture  rivalise  avec  la  précédente  pour  le  goût, 
mais  elle  lui  cède  pour  la  régularité  et  pour  l'entente  de 
la  perspective.  Elle  formait  aussi  à  elle  seule  la  décora- 
tion complète  d'une  des  murailles  d'un  appartement. 

Le  fond  est  un  ciel  bleu  avec  des  nuages.  A  l'excep- 
tion de  la  frise  qui  est  noire ,  et  des  petites  statues  qui 
sont  blanches,  l'architecture  entière  est  de  couleur 
rouge;  l'arc  est  d'un  ton  moins  foncé.  Les  vases  posés 
sur  la  corniche  et  les  tritons  sont  d'un  rouge  clair.  Le 
pilastre  du  milieu  où  sont  attachés  un  tliyrse  et  une 
tête  de  bœuf  avec  une  draperie  rouge  ;  l'intérieur  de 
l'édifice  couronné  par  un  tholus ,  et  les  balustrades  qui 
ferment  le  vestibule  où  se  trouve  un  Priape,  sont  de  cou- 
leur jaunâtre.  La  frise,  ornée  de  chevaux  ailés,  est  de 
la  même  couleur  ;  les  chevaux  sont  blancs  ;  les  colonnes 
fuyantes  sont  d'un  jaune  clair.  Le  soubassement  et  la 
terrasse  sont  peints  au  naturel ,  et  les  pierres  qui  se  trou- 
vent  au-dessus  sont  brunes. 

Quant  au  sujet  de  cette  peinture,  il  semble  qu'il  ne 
peut  pas  être  autre  chose  qu'un  temple.  Le  Priape  placé 
dans  le  vestibule  ne  serait  pas  une  indication  suffisante 

(i)  D'Arnaud,  de  Z)«V 7capé8poii.  (2)  Tçrence,  Eiinuch.  IV.  5,  6. 


4  PEINTURES. 

pour  porter  à  croire  que  l'édifice  est  dédié  à  cette  di- 
vinité secondaire.  Le  thyrse  attaché  à  un  des  pilastres 
ferait  pencher  la  balance  en  faveur  de  Bacchus,  si  les 
tritons  et  surtout  les  conques  qui  ornent  les  deux  frises 
ou  les  tympans  latéraux ,  n'appartenaient  d'une  manière 
toute  particulière  à  Vénus.  Priape,  on  aura  occasion 
de  le  dire  ailleurs,  conviendrait  également  à  Bacchus 
et  à  Vénus.  Les  colonnes  extérieures  empruntent  à  l'ordre 
corinthien  leurs  chapiteaux,  mais  non  pas  leurs  bases  ; 
celles  en  perspective  semblent  appartenir  par  leurs 
chapiteaux  à  l'ordre  dorique;  mais  par  leur  simplicité 
elles  se  rapprochent  du  toscan. 

PLANCHES  4  ET  5. 

On  voit  à  l'étendue  et  à  la  forme  de  cette  peinture 
qu'elle  décorait  encore  un  des  murs  d'une  salle.  Elle  est 
divisée  en  plusieurs  compartiments  dont  chacun  offre 
un  sujet  différent.  Les  quatre  motifs  de  dessus,  peints  sur 
fond  bleu,  sont  entourés  de  filets  bruns.  Ils  reposent  sur 
une  longue  corniche  peinte  à  l'imitation  d'un  stuc  blanc , 
qui  traverse  la  décoration  dans  toute  sa  longueur.  Dans 
le  premier  on  voit  un  socle  qui  en  supporte  deux  autres. 
Sur  l'un  de  ces  deux  socles  est  une  corbeille  ;  sur  l'autre 
l'on  a  placé  deux  petits  pains  qui  semblent  appartenir 
par  leur  forme  à  cette  espèce  particulière  que  les  Romains 
appelaient  quadrœ  (i)  et  les  Grecs  Terparpuçoi  (2),  sans 

(i)  Hoiarc,  I,  Ep.  XVII,  49;  Mai-      nal,  V,  1. 
tial,  III,  Ep.  7(i  el  IX,  Ep.  gS;  Juvc-  (-2)  H<'siodc  'Epy.  l\l\o. 


P  E  I N  T  I 


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4  et 


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PREMIÈRE  SÉRIE.  ^ 

doute  à  cause  des  quatre  subdivisions  qui  y  étaient  indi- 
quées. Un  pain  beaucoup  plus  gros  et  d'une  forme  diffé- 
rente est  appuyé  sur  le  socle,  au-devant  duquel  se  trouve  un 
bassin  d'argent  rempli  de  pâtisseries  ;  peut-être  les  placen- 
tœ  ou  les  scriblitœ  dont  il  est  question  dans  plusieurs  au- 
teurs latins  (i).  Le  second  représente  la  mer  et  des  pois- 
sons parmi  lesquels  on  peut  reconnaître  deux  gros 
surmulets  et  une  lamproie  ;  quelques  pierres  sont  sur  le 
bord  :  le  tout  est  de  couleur  naturelle.  Dans  le  troi- 
sième, et  sur  un  socle,  l'on  voit  deux  vases  couleur  de 
bronze,  dont  l'un  sup|)orte  une  passoire  (2)  et  un  bas- 
sin de  la  même  couleur  qui  contient  des  œufs.  Un  troi- 
sième vase ,  couleur  de  terre  cuite ,  s'appuie  sur  le  socle , 
et  porte  une  inscription  dont  le  but  est  d'indiquer  le 
nom  du  propriétaire  (3),  ou  celui  de  la  fabrique,  ou  celui 
du  vin,  peut-être  encore  celui  du  consulat  sous  lequel  il 
a  été  recueilli  (4) ,  ou  celui  du  pays  qui  l'a  produit  (5). 
Les  peujiles  de  l'Italie  devaient  étiqueter  leurs  vins 
avec  d'autant  plus  de  précautions  que  Pline  admettait  à 
peu  près  quatre-vingts  sortes  de  vins  célèbres,  dont  les 
deux  tiers  appartenaient  à  la  seule  Italie  (6).  Quant  à 
ceux  de  Pompéi,  si  on  veut  l'en  croire,  ils  n'étaient  pas 
potables  avant  d'avoir  atteint  leur  dixième  année,  et  ils 
étaient  si  capiteux  que  ceux  qui  en  buvaient  en  ressen- 

(i)  Martial,  III,  17;  Athénée,  XIV,  (4)  Pline,  XIV,  14  et  21;  Horace, 

i3.  1,^/7.  V,  4. 

(2)  V.  dans  cet  ouvrage  la  pi.  XX  (5)  Pline,  loc.  cit.  Plante,  Pœn. 
(le  la  2*  série  des  peintures.  IV,  2 ,  i4  ;  Juvenal ,  V,  34. 

(3)  Piaule.  Rud.  II,  V,  21.  (6)  Pline,  XIV,  11. 


e  PEINTURES. 

taient  des  douleurs  de  tête  jusqu'à  la  sixième  heure  du 
lendemain  (i).  Quatre  oiseaux,  dont  le  plumage  est  roux 
et  le  bec  blanc ,  sont  suspendus  au  mur,  où  l'on  a  attaché 
aussi  une  espèce  de  serviette  blanche.  Enfin  dans  le  haut 
du  dernier  compartiment  on  aperçoit  un  tas  de  pièces 
d'or,  puis  un  petit  sac  et  un  autre  tas  de  pièces  d'or  et 
d'argent  mêlées  ensemble  :  par-dessous ,  un  encrier  blanc 
avec  une  plume  jaunâtre  ;  un  parchemin  à  demi  déroulé  ; 
des  tablettes  ouvertes  avec  quelques  inscriptions  et  une 
plume,  et  d'autres  fermées  couvertes  de  caractères,  et 
suspendues  à  un  clou.  La  bande  qui  traverse  toute  la 
peinture  par-dessous  la  corniche  en  stuc ,  est  verte  ;  le 
fond  des  deux  compartiments  latéraux  est  rouge,  et  les 
deux  petits  tableaux  qui  occupent  le  milieu  ont  des  bor^ 
dures  blanches  et  noires.  Ils  représentent  des  paysages 
peints  de  couleur  naturelle.  Les  grands  cadres  tracés 
au  milieu  de  ces  deux  compartiments  latéraux  sont 
blancs,  et  les  petites  fleurs  qui  les  ornent,  jaunes.  Le 
fond  sur  lequel  se  détachent  les  deux  compartiments 
ainsi  que  celui  des  quatre  stylobates  est  jaune.  Leurs  pe- 
tites corniches  et  leurs  bordures  sont  vertes.  Le  fond  de 
l'architecture  qui  reste  est  blanc.  Les  petites  guirlandes 
sont  vertes,  les  dauphins  jaunes,  les  deux  candélabres, 
rouges  sur  fond  noir ,  les  boules  qui  décorent  leurs  ex- 
trémités supérieures,  couleur  de  bronze;  les  coquilles  que 
l'on  voit  au-dessus,  bleues.  Tout  le  feuillage  des  candéla- 

(i)  Pline,  XIV,  6. 


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PREMIÈRE  SÉRIE.  7 

bres  et  du  socle  qui  traverse  et  termine  la  peinture  est 
en  partie  jaune  et  en  partie  blanc.  Le  fond  de  l'ajuste- 
ment du  milieu  est  rouge  ;  celui  de  la  draperie ,  qui  imite 
une  ijela ,  est  jaune  ;  la  bordure  qui  entoure  les  deux  fi- 
gures du  milieu  est  blanche.  Le  groupe  de  la  bacchante 
et  du  faune  se  trouve  en  grand  dans  le  présent  ouvrage, 
au  Musée  secret. 

PLANCHES  6  ET  7. 

On  ne  doit  voir  dans  cette  peinture  architectonique,  et 
dans  toutes  celles  du  même  genre  appelées  par  Vitruve 
du  nom  générique  à' expolitiones  (i) ,  autre  chose  que  des 
sujets  d'imagination  dont  les  peintres  et  les  ornemanis- 
tes décoraient  les  appartements.  Dans  les  compositions  de 
ce  genre ,  comme  on  peut  le  voir  par  cette  planche ,  la 
vérité  était  toujours  sacrifiée  à  la  grâce  de  l'ajustement. 
On  s'inquiétait  peu  de  composer  des  plans  d'édifices 
vrais  ou  même  vraisemblables  ;  de  dessiner  une  perspec- 
tive juste  ;  d'observer  dans  le  courant  de  toute  la  com- 
position le  même  horizon ,  le  même  point  de  vue  et  la 
même  distance  :  le  caprice  du  peintre  était  sa  seule  loi. 
Il  faut  reconnaître  cependant  que  malgré  le  peu  de  res- 
pect des  ornemanistes  anciens  pour  les  règles  de  l'art, 
leurs  décorations  avaient  souvent  beaucoup  de  mérite, 
et  n'en  étaient  jamais  absolument  dépourvues.  Les  con- 
naisseurs leur  accoi'dent  une  certaine  vivacité  de  com- 

(i)  Livre  VII,  ch.  5. 


a  PEINTURES. 

position,  un  faire  soigneux,  de  la  hardiesse  dans  le  pin- 
ceau, et  une  intelligence  parfaite  des  touches.  Ladiiis, 
peintre  du  siècle  d'Auguste ,  paraît  avoir  été  le  premier 
qui  ait  décoré  l'intérieur  des  appartements  de  pein- 
tures architectoniques.  Instituit  amœnissimam  parie- 
tum  picturam  y  villas  et  porticus  ac  topiaria  opéra  (i). 
Il  résulterait  de  ce  fait  que  l'usage  des  peintures  archi- 
tecturales serait  postérieur  à  celui  des  décorations  de 
tableaux  qui  remontait  à  une  antiquité  bien  plus  recu- 
lée. Mais  Vitruve ,  dans  les  détails  oii  il  entre  sur  les  ex- 
politiones,  ne  rapporte  pas  le  nom  de  leur  inventeur,  ni 
l'époque  d'oii  elles  datent.  Il  aime  mieux  penser  qu'elles 
ont  été  adoptées  progressivement ,  et  qu'après  avoir  d'a- 
bord essayé  d'imiter  sur  les  enduits  les  veines  du  marbre, 
les  ornemanistes  ont  été  conduits  à  peindre  sur  les  murs, 
des  colonnes ,  des  coupoles ,  des  édifices ,  des  paysa- 
ges ,  etc. ,  etc. 

La  décoration  d'architecture  reproduite  par  notre 
planche  serait  attribuée,  peut-être  avec  plus  de  raison, 
à  un  peintre  qu'à  un  architecte.  Elle  est  incomplète;  la 
colonnade  circulaire  parait  en  être  le  milieu,  et  alors  il 
est  certain  qu'il  manque  à  la  partie  gauche  tout  ce 
que  l'on  voit  de  plus  dans  la  partie  droite.  On  ne  doit  y 
chercher  autre  chose  qu'un  assemblage  de  diverses  co- 
lonnades, oîi,  malgré  bien  des  erreurs  et  bien  des  dé- 
fauts. Ton  reconnaît  partout  l'ordre  ionique.  Cette  com- 
position ,  toute  de  fantaisie  et  dans  le  goût  arabesque , 

(i)  Pline ,  XXXV,  ;i. 


PREMIÈRE  SÉRIE.  9 

peut  servir  de  commentaire  à  un  passage  de  Vitruve,  où, 
dans  une  noble  indignation  d'artiste,  il  blâme  les  peintres 
de  son  temps  de  ne  plus  se  contenter,  comme  les  an- 
ciens, du  vrai  ni  du  vraisemblable,  et  par  exemple , 
de  faire  des  roseaux  ou  des  candélabres  au  lieu  de  co- 
lonnes ,  et  des  harpaginetuli  (  enroulements  entrelacés  ) 
en  guise  de  faîtes.  Il  est  certain  que  les  proportions  des 
colonnes  sont  exagérées,  et  motivent  en  quelque  sorte 
la  critique  de  Vitruve.  Le  tholus  qui  est  supporté  par  la 
colonnade  circulaire  du  milieu  est  sans  doute  aussi  un 
de  ces  faîtes  que  Vitruve  appelle  harpaginetuli,  et  dont 
il  condamne  la  bizarrerie.  Si  nous  en  croyons  Perrault, 
Vitruve  aurait  tout  à  fait  manqué  son  but  en  donnant 
une  description  des  arabesques,  et  en  la  faisant  suivre 
d'une  critique  sévère;  non-seulement  il  ne  serait  pas 
parvenu  à  détruire  l'usage  de  ce  genre  chez  les  anciens, 
mais  encore  ce  serait  lui  qui  en  aurait  donné  l'idée,  et 
fourni  le  modèle  aux  artistes  modernes.  Cette  observa- 
tion ne  semble  pas  fondée;  et  il  paraît  certain,  au  con- 
traire, que  les  arabesques  n'ont  jamais  été  abandonnées. 
Saint  Bernard  reproche  aux  moines  de  Cluny  le  scandale 
qu'ils  occasionnaient  en  faisant  orner  d'arabesques  les 
murs  de  leurs  cloîtres.  On  doit  remarquer  enfin  dans  les 
deux  cloisons  que  contient  notre  peinture  la  division  de 
leurs  compartiments,  et  les  guirlandes  qui  lient  entre 
elles  les  différentes  parties  de  l'édifice. 

I  '*  Série.  -  Peintures .  „ 


10  PFJNTUKES. 


PIANCHE  8. 


Cette  peinture  est   dans  le  goût  de  la  précédente. 
Comme  elle  aussi ,  elle  est  incomplète  et  tronquée.  La 
large  bande  qui  la  termine  formait  sans  doute  l'entable- 
ment d'une  décoration  inférieure,  el  se  divise  en  trois 
parties.  La  première ,  qui  tenait  lieu  d'architrave ,  a  pour 
ornement  des  ailes  et  des  drageons  de  vigne ,  disposés 
alternativement.  La  partie  de  dessus  ressemble  à  une 
corniche ,  ou  plutôt  à  un  simple  larmier  décoré.  Celle  du 
milieu  ne  peut  être  qu'une  frise,  ou  un  zoophore  (de  ^Gov, 
animal,  et  (pepto,  je  porte) ,  nom  que  les  anciens  donnaient 
aux  frises  dont  la  décoration  était  formée  par  des  ani- 
maux (i).  Elle  est  ornée  d'oiseaux  diposés  deux  à  deux, 
soutenant  des  couronnes,  et  portés  alternativement,  les 
uns  par  des  pavillons ,  les  autres  par  des  conques.  Cha- 
que couple  est  séparé  par  une  tête  entourée  d'ornements. 
A  gauche  du  cadre  on  voit  trois  espèces  de  pavillons. 
Celui  du  milieu  est  quadrangulaire ,  et  ne  laisse  aperce- 
voir que  cinq  colonnes.  Les  deux  de  côté  sont  moins 
grands  et  moins  élevés,  et  ont  une  forme  triangulaire. 
Leurs  colonnes,  quoique  sans   base,    appartiennent   à 
l'odre  ionique.  Elles  posent  sur  un  soubassement  percé 

(i)  Philandre,  ch.  3,  liv.  III  de  Vitruve. 


S3 


PEINTURES 


1""*  Série 


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PREMIERE  SERIE.  H 

de  petites  baies  et  couronné  d'un  entablement,  dont  la 
frise  est  ornée  de  modillons. 

La  symétrie  qui  règne  entre  les  deux  pavillons  trian- 
gulaires et  les  guirlandes  fait  présumer  que  le  portique 
ou  pavillon  quadrilatéral  formait  le  milieu  de  toute  la 
décoration. 

A  droite  est  un  commencement  de  portique  de  même 
ordre  que  les  pavillons,  dont  le  soubassement  est  décoré 
de  trois  ouvertures  ressemblant  à  des  fenêtres. 

L'intervalle  entre  ce  portique  et  les  trois  autres  est 
rempli  par  une  espèce  de  pavillon  ou  de  dais ,  surmonté 
d'un  cadre  qui  contient  un  animal  marin.  Dans  le 
milieu  est  suspendue  une  corbeille.  On  a  cru  voir  dans 
cette  peinture  une  décoration  en  l'honneur  de  Vénus 
ou  d'Isis. 

PLANCHE  9. 


Cette  peinture  formait  la  décoration  entière  d'une 
muraille.  Le  fond  du  socle  est  noir  ;  les  filets  qui  l'ornent 
dans  toute  sa  longueur  sont  blancs ,  les  petites  guirlandes 
vertes;  les  cygnes  et  la  tête  de  bœuf  (i),  d'un  jaune 
clair.  La  partie  supérieure  de  la  décoration  est  sur  fond 
jaune  ;  les  petites  colonnes,  et  tout  le  reste  de  l'architec- 

(i)  Pline,  VIII,  45. 


12  PEINTURES. 

ture,  ont  une  teinte  jaunâtre;  les  deux  autres  côtés  de  la 
peinture ,  qui  ont  été  faits  à  l'imitation  d'une  construction 
en  travertin ,  ont  une  couleur  jaune  foncé.  Les  deux  fi- 
gures symétriquement  posées  au-dessus,  sont  vêtues  de 
draperies  de  couleur  changeante  entre  le  vert  et  le 
pourpre.  L'une  d'elles  est  représentée  lisant  un  pa- 
pyrus. Les  deux  génies ,  dans  les  panneaux  latéraux,  sont 
peints  au  naturel  :  ils  ont  des  ailes  vertes  et  une  petite 
draperie  rouge.  L'un  d'eux  tient  d'une  main  une  patère, 
et  de  l'autre  un  vase  dont  on  ne  peut  déterminer  la 
forme.  Le  tableau  du  milieu,  qui  représente  une  bac- 
chante et  un  faune,  sera  donné  en  grand,  et  développé 
dans  la  série  à  laquelle  il  appartient.  Les  deux  mas- 
ques sont  de  couleur  de  chair,  et  les  longues  cornes 
dont  ils  sont  surmontés  permettent  d'affirmer  qu'ils  ont 
été  faits  à  l'intention  de  Bacchus. 

La  figure  couchée  sur  la  corniche  est  peinte  au  naturel. 
Elle  est  à  demi  voilée  par  une  draperie  rouge.  Les  cygnes 
posés  sur  le  pavillon  au-dessus  de  sa  tête,  et  le  dard 
(  dont  une  de  ses  mains  est  armée)  (i),  font  reconnaître 
Vénus.  On  a  donné  une  couleur  rouge  aux  ailes  du  génie 
que  Ton  aperçoit  tout  nu  et  debout  sur  un  des  côtés  de 
la  peinture ,  ainsi  qu'aux  griffons  qui  surmontent  l'espèce 
de  niche  oii  il  se  trouve  placé. 

Les  personnes  qui  tiennent  à  donner  à  ce  genre  de 
peinture  une  intention  autre  que  l'ajustement  et  la  grâce 

(i)   Thes.Brand.  t.  I,p.  17. 


PKIX'l'L'KKS 


PREMIÈRE  SÉRIE.  13 

de  la  décoration,  pourront  rapporter  cette  planche  à 
Bacchus. 

La  Bacchante ,  les  masques  surmontés  de  cornes  ;  Vé- 
nus ,  les  Amours  ;  car  on  ne  saurait  voir  autre  chose  dans 
les  trois  génies  de  cette  peinture , 

Nuda  Venus  picta  est,  nudi  pinguntur  Amores  (i)  ; 
Et  puer  est ,  et  nudus  Amor  :  sine  sordibus  annos , 

Et  nullas  vestes,  ut  sit  apertus,  habet. 
Quid  puerum  Veneris  pretio  prostare  jubetis  ? 

Quo  pretium  condat,  non  habet  ille  sinum  (2)  ; 

peuvent  donner  quelque  vraisemblance  à  cette  interpré- 
tation. 

PLANCHE  10. 

On  ne  saurait  assez  admirer  la  disposition  heureuse  et 
la  grâce  de  la  décoration  d'architecture  qui  fait  le  sujet 
de  cette  planche.  Toute  cette  composition  repose  sur  un 
socle  dont  le  fond  noir  est  traversé  par  des  guirlandes 
vertes  attachées  avec  des  rubans  d'un  rouge  clair  qui 
supportent  une  corbeille  jaune.  Les  deux  panneaux  laté- 
raux dans  le  socle  sont  rouges  et  entourés  de  cadres 
blancs.  Tout  le  reste  de  la  peinture  est  sur  fond  jaune  ; 
l'architecture  est  jaune  aussi ,  mais  bien  plus  foncée.  Une 
bandelette  blanche  est  suspendue  à  l'ornement  supérieur, 

(2)  Pithseus ,  lib.  I.  (i)  Ovide,  Amor.  I,  10,  i5. 


14  PEINTURES. 

et  elle  vient  s'unir  à  l'ornement  inférieur  en  retombant 
des  deux  côtés.  Le  paon,  les  griffons,  les  deux  petites 
boîtes  ouvertes  et  posées  sur  les  deux  pilastres  latéraux , 
imitant  la  construction  travertine,  et  la  tête  bachique 
suspendue  à  l'architrave,  sont  d'un  jaune  clair.  Le  mé- 
daillon du  milieu  qui  représente  Vénus  rustique  et 
l'Amour,  sera  donné  en  grand  dans  une  planche  de  la 
deuxième  série. 

PLANCHE  n. 

L'irrégularité  et  l'originalité  capricieuse  de  la  décora- 
tion d'architecture  qui  fait  le  sujet  de  cette  planche, 
sont  pleines  de  goût  et  de  grâce.  Toute  la  construction 
extérieure ,  les  divers  ornements ,  les  griffons ,  les  petites 
figures  se  dessinent  sur  un  fond  noir,  et  sont  peints  à 
l'imitation  d'un  marbre  jaune.  Le  char  de  la  Victoire ,  et 
la  figure  ailée  qui  est  suspendue  au  milieu  de  l'arc,  et 
supporte  une  espèce  de  lampe  à  plusieurs  becs ,  sont  de 
la  même  teinte.  Les  entablements ,  les  vases ,  et  le  livre 
que  l'on  aperçoit  dans  F  architecture  intérieure,  sont  aussi 
peints  en  jaune,  mais  d'une  teinte  plus  claire.  La  guir- 
lande attachée  à  la  lampe  est  verte.  Dans  le  bas ,  et  der- 
rière un  balustre  orné  de  trois  petites  sphères  surmon- 
tées d'une  fleur  ou  d'une  croix ,  on  voit  une  figure  peinte 
au  naturel.  Son  manteau  est  bleu  et  recouvre  une  tuni- 
que verte  à  manches  longues.  Son  front  est  orné  d'une 


PEINTURES 


\ffA/?wx^ xin^^A ?tA K<=i««s-  A-dH-V."^.   P.  2  8  5  . 


2â)2E(e©m.^'^Iή29"  ..«^^©SiS'ÔÎ'IE.S'^'^m^SL^E 


PREMIÈRE  SÉRIE.  15 

couronne  d'or;  l'espèce  d'autel  qui  porte  sur  lebalustre, 
et  l'autre  vase  que  la  figure  tient  dans  une  de  ses  mains, 
sont  du  même  métal. 

Si  l'on  veut  assigner  à  l'édifice  de  cette  peinture  une 
destination  quelconque ,  on  pourra  peut-être  y  voir  un 
arc  de  triomphe.  Les  anciens  en  construisaient  de  plu- 
sieurs sortes  ;  de  simples ,  qu'ils  appelaient  du  nom  d'^r- 
cus  ;  et  de  composés  avec  quatre  portes  ,  et  même  quel- 
quefois plus,  qu'ils  nommaient  Jani  (i).  Ils  leur  donnaient 
une  hauteur  prodigieuse,  qui  surpassait  quelquefois  celle 
des  temples  eux-mêmes  (2).  Enfin  ils  posaient  sur  le  faîte 
de  petits  temples  avec  des  statues  et  d'autres  orne- 
ments (3).  Ceci  donnera  une  explication  de  l'originalité 
de  notre  peinture,  et  de  ses  acrotères  (  c'est  le  nom  que 
l'on  donnait  aux  ornements  qui  décoraient  le  sommet  des 
édifices  (4)  )• 

Le  quadrige,  qui  était  toujours  employé  dans  les  pom- 
pes et  dans  les  cérémonies  triomphales ,  aurait  eu  plus  de 
rapport  avec  l'arc  de  triomphe  que  le  bige  conduit  par  la 
Victoire  (5).  Cette  observation  pourrait  faire  élever  des 
doutes  sur  la  destination  de  l'édifice  représenté  dans  notre 


(1)  Suétone,  Domit.  XIII;  Octav.  (3)  Pline,  XXXVI,  5. 
XXXI;Tite-Live,XLI,  27;  Cicéron,  (4)  Vitruve,  III,  12,  et  ses  corn- 
ue iV.  Z).  II ,  27  ;  Pline ,  XXXIV ,  6  ;  mentateurs. 

Marlian.    Topogr.    Urb.   Ro.  Il,  14  ;  (5)  Florus,  I,  5;  Buonarotti,  Etr. 

Fabrizio,  Descript.  Urb.  Ro.  cap.  i4;  Reg.  PI.  48  et  49;  Dempster,  III,  36; 

Boulenger,  ^<?  7V/«//?/>/i.  cap.  2.  Suétone ,    Domit.    XIII;    Prudence, 

(2)  Pline,  Paneg.  LIV,  4.  Symm.  II,  v.  555. 


16  PEINTURES. 

peinture,  et  on  s'est  demandé  à  cet  égard  si  le  bige  (i) 
qui  disputait  au  quadrige  l'honneur  de  soulever  la  pous- 
sière du  cirque,  ne  serait  pas  une  indication  suffisante 
pour  autoriser  à  voir  dans  ce  tableau  un  fragment  d'un 
lieu  construit  pour  les  spectacles  ;  ou  bien  encore  d'un 
gymnase ,  ou  de  thermes ,  qui  avaient  aussi  leur  hippo- 
drome (2). 

On  a  voulu  aller  plus  loin ,  et  l'on  n'a  pas  craint  de  sup- 
poser que  l'arc  de  triomphe  qui  fait  le  sujet  de  cette 
décoration  pouvait  très-bien  être  celui  que  l'on  éleva 
pour  le  cinquième  et  le  dernier  triomphe  de  César.  Alors, 
malgré  la  ressemblance  de  la  figure  principale  avec  une 
figure  de  femme ,  tant  pour  les  traits  du  visage  que  pour 
la  chevelure  et  la  forme  du  vêtement ,  on  s'est  décidé  à 
y  voir  un  portrait  du  vainqueur  des  Gaules,  de  la  Grande- 
Bretagne,  et  de  l'Espagne,  et  pour  cela  l'on  a  tiré  parti 
de  quelques  lignes  de  Suétone  (3)  qui  justifieraient  jusqu'à 
un  certain  point  cette  hypothèse.  On  a  rappelé  aussi  que 
le  sénat  lui  avait  décerné  une  couronne  d'or  ornée  de 
pierres  précieuses  (4).  Enfin,  les  trois  petites  sphères  pla- 
cées dans  le  balustre  indiqueraient  les  trois  parties  du 
monde  subjuguées  par  César ,  et  le  livre  suspendu  dans 
l'intérieur  de  l'édifice  serait  le  livre  des  ordres ,  liber 


(1)  Pline,  XXXIV,  5;  VII,  56;  (2)  Vitruve,  VII,  5. 

Pausanias,  V,  8;  Schaeffer,   de  Me  (3)  J« /«/.  XLV. 

vehic.  II,  11;    Begers,    Th.  Br.  p.  (4)  Dion,  XLIV,  §  6,  p.  243;  et 

îQ/i-  XLV,  §6,p.  273. 


PEINTURES 


tfM^c^,  a*»v^^ 


A.  d  H  .  V.    4.    P  ,    289 


PREMIÈRE  SÉRIE.  il 

mandatorum  que  les  consuls  et  les  généraux  romains  re- 
cevaient du  sénat.  -  '  ^.  ' 
•  On  a  pensé  aussi  au  culte  de  la  Grande  Mère  qui  avait 
un  temple  à  Herculanum.  Dans  cette  explication,  la  fi- 
gure principale  serait  une  de  ses  prêtresses. 

PLANCHE  12.  '■'■  ''™'S  '<" 

Cette  figure  a  été  trouvée  avec  la  précédente  aux  fouil- 
les de  Portici.  Elle  est,  comme  on  peut  le  voir,  absolu- 
ment du  même  genre  ;  et  elle  lui  ressemble  par  la  couleur 
du  fond,  l'architecture,  les  ornements  des  corniches  tels 
que  les  griffons  et  les  petites  figures,  les  entablements, 
et  toute  la  perspective  intérieure.  Enfin  la  figure  équestre 
correspond  au  bige  de  la  Victoire,  et  une  figure  de 
femme  placée  derrière  un  balustre  tout  à  fait  pareil  à 
celui  de  la  planche  précédente ,  orné  comme  lui  de  trois 
petites  sphères,  fait  pendant  à  la  figure  que  l'on  a  dit 
être  César  triomphant ,  ou  une  prêtresse  de  la  Grande 
Mère.  Comme  elle,  on  l'a  peinte  au  naturel.  Ses  boucles 
d'oreilles ,  son  collier  et  ses  bracelets  sont  couleur  d'or. 
Elle  tient  une  lyre,  et  porte  un  petit  coffre  La  drape- 
rie qui  lui  couvre  la  tête  et  retombe  sur  son  épaule  gau- 
che ,  est  blanche  ;  et  la  partie  inférieure  de  son  corps  est 
voilée  par  un  vêtement  jaune  qu'elle  retient  de  sa  main 
gauche.  .i  ;n7 

I"  Série.— Peintures.  Q 


18  PEINTURES. 

Il  est  difficile  de  trouver  dans  les  détails  de  cette  pein- 
ture des  indications  assez  plausibles  pour  faire  soupçon- 
ner l'intention  du  peintre,  au  pinceau  duquel  nous  la 
devons.  La  figure  équestre  pourrait  amener  l'idée  d'une 
ovation  qui  se  faisait  toujours  à  cheval  (i) ,  ou  bien  encore 
celle  d'un  monument  élevé  pour  célébrer  quelque  succès 
éclatant  dans  une  guerre  (2) ,  ou  dans  des  jeux  (3) ,  ou 
un  grand  service  rendu  à  la  patrie  (4). 

La  nudité  de  la  figure  principale  a  fait  penser  aussi 
aux  jeux  Floraux  et  aux  fêtes  Eleusines  où  les  courtisa- 
nes paraissaient  toutes  nues  (5).  Enfin  l'on  sait  encore 
que  les  femmes  de  Sparte  se  dépouillaient  de  leurs  vête- 
ments pour  exercer  leurs  corps  dans  le  Gymnase,  et  que  les 
joueuses  de  lyre  et  de  flûte  s'habillaient  toujours  d'une 
manière  très-peu  modeste.  La  petite  boîte  aura  tou- 
jours sa  place  dans  chacune  de  ces  suppositions  ;  car  nous 
en  avons  déjà  trouvé ,  et  nous  aurons  occasion  d'en  trou- 
ver encore  de  pareilles  dans  le  cours  de  cet  ouvrage 
entre  les  mains  de  femmes  qui  s'en  servent  pour  serrer 
leur  toilette,  ou  des  objets  appartenant  aux  sacrifices. 

La  lance,  et  surtout  la  cuirasse  dont  la  figure  équestre 
a  été  armée ,  sont  des  motifs  suffisants  d'affirmer  que 
cette  peinture  est  d'origine  romaine.  Grœca  res  est  nihil 
Délave  :  at  contra  romana  ac  militaris  thoracas  addere  : 


(i)  Tibulle ,l,El.  I;  Aulu-Gelle ,  (4)  Pline ,  XXXIV ,  6, 

V ,  6.  (5) Ovide,  Fasf.,  V.  279  ;  Lactance 

(2)  Justin ,  XI ,  6.  1,1»;  Valerius  Maximus ,  XI ,  1  o,  8. 

(3)  Pline ,  XXXIV,  5. 


PKtNTUKES 
i^-  /C'a  /r/^y/-' . 


M  o  H  *  V .  3  .  P .  H  . 


PREMIÈRE  SÉRIE.  19 

Cœsdr  quidem  dlctator  loricatani  sihi  dicari  inforo  suo 
pas  sus  est  (\), 

PLANCHE  13. 

Cette  peinture  et  la  suivante  ont  été  trouvées  à  Pompéi, 
et  faisaient  partie  de  l'édifice  appelé  le  Panthéon. 

Au  milieu  d'une  architecture  peinte  dans  le  goût  ara- 
besque ,  on  aperçoit  une  belle  cithariste  qui  descend  le 
gradin  d'une  porte  et  semble  marier  l'harmonie  de  sa 
voix  à  celle  de  son  instrument.  Sur  le  chambranle  de  la 
porte  une  Victoire ,  peinte  avec  un  art  merveilleux ,  fait 
tous  ses  efforts  pour  modérer  la  fougue  de  deux  cour- 
siers qui  paraissent  plus  rapides  que  le  vent.  La  citha- 
riste est  d'un  goût  exquis.  Elle  laisse  négligemment 
tomber  ses  vêtements  qui  découvrent  une  partie  de  sa 
gorge  et  descendent  sur  son  bras.  Elle  est  toute  à  l'en- 
thousiasme qui  la  transporte ,  et  s'élève  à  ce  que  la  poé- 
sie a  de  plus  sublime.  Ses  regards  enflammés  semblent 
parcourir  comme  un  éclair  les  espaces  de  l'imagination. 
Lorsqu'on  la  regarde  avec  attention ,  on  croit  entendre  à 
la  fois  l'harmonie  de  sa  voix  et  celle  de  son  instrument. 

Elle  est  un  tiers  de  nature.  Son  habillement  se  compose 
d'une  tunique  blanche ,  d'une  autre  tunique  violette  par- 


(i)  Pline,  XXXW,  5;  Servius , /Ew.  VIII,  435;Nicolaï,  de  Triumph^ 

C.  7,  §  2.  ^  M-»?. 


20  PEINTURES. 

dessus,  qui  des  épaules  descend  jusqu'à  ses  pieds  chaus- 
sés de  jaune,  et  d'un  timico-pallium  de  couleur  verte, 
dont  les  plis  laissent  à  son  bras  l'agilité  dont  il  a  besoin 
pour  parcourir  les  cordes  de  la  cithare ,  et  se  rattachent 
d'une  manière  assez  élégante  sur  le  flanc  droit.  Son  front 
est  orné  par  une  bandelette  d'or ,  ses  oreilles  et  ses  bras 
par  deux  anneaux  du  même  métal.  On  remarquera  que 
notre  belle  citliariste  emploie  ses  deux  mains  au  jeu  de 
son  instrument  suspendu  à  son  épaule  gauche  par  un  ru- 
ban rouge.  Nous  ne  saurions  trop  admirer  l'expression 
de  cette  fîgilre  qui  est  drapée  avec  ampleur  et  avec  grâce, 
et  admirablement  bien  posée. 


PLANCHE  14. 

Cette  décoration  et  la  précédente  formaient  les  deux 
pendants.  Elles  sont  tout  à  fait  semblables ,  et  ne  diffèrent 
que  par  les  sujets  qui ,  encore ,  sont  du  même  genre  et 
de  la  même  beauté.  Dans  celle-ci ,  c'est  une  prêtresse 
vêtue  d'un  timico-pallium  blanc,  avec  des  franges  d'or, 
qui  descend  devant  et  derrière  jusqu'au-dessous  du  ge- 
nou. Ce  vêtement  ressemble  beaucoup  à  celui  de  la 
Flore  du  Capitole.  Il  recouvre  une  tunique  bleue  qui 
tombe  jusqu'aux  pieds  chaussés  de  jaune.  La  tête  de 
la  prêtresse  est  ceinte  d'un  bandeau  d'or;  ses  oreilles 
sont  ornées  de  pendants  d'une  forme  peu  ordinaire,  et 
ses  bras  de  deux  cercles  d'or.  Un  ^uttum  dans  la  main 


'7^'- 


PEINTURES 


if'  Série 


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H.  ïijua: .  £rift^' . 


M  ?  B  '  V .  3  .  P  ..  6 


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PEINTURES. 


A.d-H.  v:i.-p.  2  21 


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H   IPieJ. 


S)2Ë(3®S!iJ?^=2'2©3¥  ^35â(S2E2T2E©T'®rmiS^5L.S 


PREMIÈRE  SÉRIE.  21 

droite,  des  épis  et  des  pavots  dans  la  main  gauche ,  elle 
sort  d'une  porte  et  s'achemine  sans  doute  vers  le  lieu  où 
elle  doit  s'acquitter  de  son  ministère.  Son  attitude  est 
très-animée ,  son  visage  respire  la  vie ,  et  les  draperies 
dont  elle  est  vêtue  ont  été  peintes  par  une  main  savante. 
Sur  le  chambranle  de  la  porte ,  une  Victoire  couleur  d'or 
excite  avec  un  fouet  les  deux  coursiers  de  son  bige.  Les 
anciens  avaient  créé  ce  symbole  pour  figurer  la  marche 
impétueuse  de  la  fortune  des  armes  ;  et  les  peuples  dé 
cette  époque  avaient  sous  les  yeux  un  exemple  frappant 
de  la  rapidité  de  la  Victoire ,  eux  qui  avaient  vu  les  Ro- 
mains, leurs  maîtres,  subjuguer  le  monde  en  si  peu  de 
temps. 

u'  Dans  cette  peinture  et  dans  la  précédente ,  la  figure  est 
peinte  sur  fond  blanc,  et  produit  un  effet  merveilleux. 
Il  est  bon  d'observer  à  ce  sujet  que  dans  presque  tous  les 
tableaux  antiques ,  les  figures  sont  détachées  sur  des  fonds 
clairs  et  lumineux ,  et  que  ce  procédé  leur  donne  un  re- 
lief et  une  apparence  de  vérité  dont  on  ne  saurait  se 
faire  idée.  Du  reste,  ce  procédé  est  basé  sur  la  nature. 

PLANCHE  15. 

On  voit  dans  cette  peinture  une  composition  bizarre 
qui  offre  au  premier  aspect  l'apparence  d'un  édifice  bien 
ordonné;  mais  lorsqu'on  la  regarde  attentivement,  l'œil 
se  perd  dans  ses  diverses  parties ,  et  y  cherche  en  vain 


22  PEINTURES. 

quelque  symétrie.  Sur  le  devant  est  un  portique  formé 
de  quatre  colonnes  d'ordre  composite  pour  les  chapiteaux 
et  les  proportions.  Leurs  bases  sont  attiques ,  et  reposent 
sur  un  socle  ou  soubassement  construit  à  l'imitation  d'un 
piédestal ,  et  percé  dans  le  milieu  d'une  grande  ouverture 
horizontale.  Le  portique  est  fermé  par  un  pluteus ,  ou 
une  barrière  de  bois  de  moyenne  hauteur.  Derrière  est 
un  autre  portique  d'ordre  ionique  ,  moins  bien  conservé 
que  le  premier  :  la  corniche  est  dans  le  goût  arabesque , 
mais  les  métopes  dont  elle  est  ornée  la  rapprochent  as- 
sez du  dorique.  Comme  à  l'ordinaire  toutes  les  parties 
de  l'édifice  sont  liées  entre  elles  par  deux  guirlandes  atta- 
chées à  la  voûte  du  portique  postérieur  d'où  elles  par- 
tent pour  aller  l'une  à  droite,  l'autre  à  gauche,  après 
avoir  entouré  un  petit  écusson.  Si  l'on  ne  tient  aucun 
compte  des  défauts  qui  dénotent  une  ignorance  complète 
de  l'art,  tels  que  le  désaccord  qui  existe  entre  les  hau- 
teurs des  colonnes,  les  architraves  et  les  corniches,  on 
pourra  dire  que  l'auteur  de  cette  peinture  a  voulu  figurer 
im  pronaos ,  c'est-à-dire  le  vestibule  d'un  temple ,  fermé, 
comme  c'était  l'usage,  par  une  barrière  de  bois  ;  et  la  vue 
d'une  partie  de  Forum,  qui  se  trouvait  ordinairement 
à  l'entrée  des  temples  (i). 

PLANCHE  16. 

L'originalité  de  cette  peinture  trouvée  aux  fouilles  de 

(i}Pallad.,lib.  IVjCap.  Setg. 


PEINTURES. 


j\  .  av. .  V.  2 .  y .  2  6  ' 


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PREMIÈRE  SÉRIE.  23 

Portici ,  doit  la  rendre  digne  de  quelque  attention.  Sur 
un  panneau  imitant  une  fenêtre,  on  aperçoit  deux  habi- 
tations rustiques  avec  des  personnages.  Auprès  de  la 
première  est  une  femme  qui  tient  une  longue  perche  des- 
tinée sans  doute  à  abattre  des  fruits,  et  appelée  paxrpia 
par  les  Grecs  (i).  Près  d'elle  sont  deux  jeunes  filles,  dont 
l'une  porte  sur  la  tête  une  espèce  de  corbeille,  qui  servait 
à  serrer  et  à  transporter  les  fruits ,  et  que  les  Latins 
nommaient  corhis ,  quia  curvatis  virgis  contexuntur  (2). 
Un  homme  précédé  par  un  chien  ,  marche  en  s'appuyant 
sur  un  bâton  ;  il  est  coiffé  d'un  petasus ,  et  porte  une  be- 
sace sur  son  dos  (3).  Il  a  sur  l'épaule  une  longue  barre, 
aux  extrémités  de  laquelle  sont  suspendues  deux  espèces 
de  sacs.  Sur  le  devant  on  aperçoit  une  chèvre.  Auprès  de 
l'édifice  supérieur,  est  une  femme  entourée  de  deux  petits 
enfants.  Trois  autres  enfants ,  plus  grands ,  et  tout  nus  , 
sont  dans  des  attitudes  variées,  et  paraissent  vouloir 
s'exercer  à  la  course. 

Le  petit  motif  placé  au  bas  de  cette  planche  est  peint 
sur  fond  jaune.  Les  guirlandes  sont  vertes  ;  les  chèvres 
peintes  au  naturel ,  le  masque  du  milieu ,  couleur  de  chair 
sur  un  fond  cendré  ;  et  les  deux  petits  cadres  latéraux , 
noirs  sur  fond  jaune.  ink?^ 


(t  )  Pollux ,  VII ,  1 46  ;  X ,  1 3o ,  et  (2)  Isidore,  XX ,  9  ;  PoUux,  X,  1 29. 

ses  scoliastes.  Voyez  aussi  Hesychius.  (3)  Pollux  ,  X ,  4^-  ffrit 


A  »iM\Ti^i  fionîiiî  (i) 


24  PEINTURES. 


PLANCHE  17. 


Cette  décoration  semble  se  rapporter  au  vestibule 
d'un  temple.  Le  tholus  et  toute  rarchitecture  sont  peints 
au  naturel  ;  les  deux  sphinx  ailés ,  les  ornements  posés 
sur  les  acrotères ,  les  hippogriffes ,  les  fleurs  de  la  frise , 
les  deux  têtes  d'Hermès  ou  cariatides  ,  sont  couleur  d'or. 
Les  ornements  en  forme  de  pointes ,  ou  les  feuillages  que 
l'on  aperçoit  sur  l'entablement ,  sont  dignes  par  leur  bi- 
zarrerie de  quelque  attention.  On  a  voulu  y  voir  des  jou- 
barbes connues  par  les  anciens  sous  le  nom  de  barba 
Jovis ;  mais  on  ferait  peut-être  mieux,  dans  le  cas  où 
l'on  voudrait  prêter  à  l'auteur  de  cette  peinture  une  au- 
tre intention  que  son  caprice  ,  d'y  voir  des  persea ,  qui 
étaient  très-connues  en  Egypte,  et  que  l'on  rencontre 
souvent  sur  la  tête  des  animaux  sacrés  et  des  divinités 
égyptiennes  (i);  et  cela-  avec  d'autant  plus  de  raison 
qu'une  plante  égyptienne  figurerait  avec  à-propos  à  côté 
de  la  fleur  du  lotus  placée  ici  sur  la  tête  des  sphinx,  et 
aussi  à  côté  des  cariatides,  dont  l'ajustement  est  tout  à  fait 
conforme  à  celui  que  l'on  donne  le  plus  volontiers  à  la 
tête  d'Isis.  La  bande  obscure  que  l'on  aperçoit  sous  l'en- 
tablement ,  et  qui  descend  derrière  les  deux  colonnes  en 
traversant  tout  le  tableau ,  est  de  couleur  verte.  La  bande 

(i)  Pignor.,  Mensa  Is. ,  p.  35.  Cuperus,  Harpocr.,  p.  ai. 


PEINTURES 


H,  R.ou^ ,  iz^jz^^. 


A   d  H    V  3    P     317 


®ïl(g®mA'îrïï@M    AIEQïEElt^IKg'îîWMivail 


PEINTURES. 


//  Roua^    atJt^ 


A    d  H  ,V.  4.  P.  3'u'9. 


I 1 1 1- 


^ (6  1^0  ucc.  . 


1  ■):iâS(o)iii^'î?E@iRr  yàm(§3sissïis^wïiiAas  o 


PREMIÈRE  SÉRIE.  25 

extérieure  est  rouge ,  les  petits  ornements  sont  couleur 
d'or  ;  les  colonnes  imitent  un  marbre  blanc  ;  le  pluteus 
placé  au-devant  est  jaune.  La  bande  inférieure  est  verte  ; 
les  oves  et  la  bande  de  teinte  claire  sur  laquelle  ils  sont 
peints,  sont  d'une  couleur  jaunâtre.  La  guirlande  sus- 
pendue au  soffite  est  verte  ;  la  teinte  du  bouclier  ou  du 
disque  est  incertaine.  Les  objets  que  nous  avons  passés 
sous  silence  sont  peints  en  rouge. 

PLANCHE  18. 

n  Au  milieu  de  plusieurs  morceaux  d'architecture,  s'é- 
lève un  tliolus  supporté  par  huit  colonnes  d'ordre  io- 
nique, et  orné  de  pointes.  Le  tholus  était,  à  proprement 
parler,  la  construction  à  laquelle  nous  donnons  le  nom 
de  coupole  :  ©oXoç,  xupiwç  xajxapa  (i). 

Par  faciès  templi  :  nullus  procurrit  in  illo 

Ângulus  ;  a  pluvio  vindicat  imbre  tholus  (2). 
( 

Le  mot  tholus  fut  employé  ensuite  par  extension  pour 
désigner  la  totalité  et  l'ensemble  d'un  édifice  construit 
en  rotonde  :  6oXoç,  cTpoyyuXoei^viç  ouoç  (3) ,  Tholus  qui  est 
intra  rotundus,  columnatus  (4).  Cette  architecture  fut 
adoptée  d'abord  d'une  manière  exclusive  pour  les  tem- 


(i)  Hesychius.  (3)  Hesychius. 

(2)  Ovide ,  Fast.,  VI ,  281 .  (4)  Varron.,  R.  R.,  III ,  5 ,  i  a. 

I  "  Série.— Peintures.  A 


26  PEINTURES. 

pies  érigés  en  l'honneur  de  Vesta  (i)  ;  mais  on  l'employa 
plus  tard ,  pour  les  autres  divinités  ;  et  nous  lisons  dans 
Athénée  (2)  que  le  grand  vaisseau  de  Ptolémée  Philopa- 
tor  contenait  un  temple  de  Venus  en  forme  de  tholus.  Il 
paraît  aussi  que  Bacchus  en  avait  un  pareil. 

Les  antefixes  qui  ornent  la  partie  supérieure  de  la 
coupole  se  retrouvent  encore  dans  les  corniches  des  cons- 
tructions latérales  ;  sur  l'une  d'elles  est  posé  un  oiseau 
qui  ressemble  à  un  cygne  et  se  termine  en  arabesque. 
Derrière  est  un  appui  qui  joint  deux  grands  pilastres. 
L'intervalle  qui  les  sépare  est  occupé  par  trois  autres  pi- 
lastres moins  élevés,  de  forme  quadrangulaire,  et  qui  peu- 
vent passer  pour  des  autels  ;  chacun  des  deux  grands 
pilastres  porte  un  vase  orné  de  feuillage.  a 

Le  cygne  aurait  assez  de  rapport  au  Soleil  ou  à  Apol-i 
Ion;  les  vases  donnent  à  cette  décoration  une  couleur 
égyptienne  et  peuvent  encore  porter  à  croire  qu'elle  re- 
présente un  monument  funèbre. 

PLANCHE  19. 

> 
Un  pronaos  ou  un  magnifique  vestibule  de  temple  té- 

trastyle  forme  le  sujet  de  cette  peinture  sur  fond  rouge. 
Nous  retrouvons  autour  du  faîte,  ou  frontispice  triangu- 
laire, les  pointes  ou  antefixes  qui  étaient  peut-être  les 

(1)  Meursius,  Ceram.  Gem:,cap.  7.  (2)  Athénée,  V,  9,  p.  ao5. 


PEINTURES 


PREMIÈRE  SÉRIE.  27 

harpagirietuli,  dont  parle  Vitruve.  L'entablement  est  sou- 
tenu par  quatre  colonnes  ioniques.  I/autre  morceau  de 
corniche,  sur  l'extrémité  de  laquelle  est  posé  un  dau- 
phin ,  s'appuie  sur  un  fragment  de  colonne  entouré  de 
feuillages.  Cette  colonne  est  portée  à  son  tour  par  une 
figure  qui,  par  ses  formes  sveltes,  et  ses  cheveux  courts 
ressemble  beaucoup  à  une  figure  égyptienne.  La  patèreet 
le  bâton  pastoral  se  trouvent  dans  les  mains  d'Isis  et  d'O- 
siris.  Enfin,  le  fragment  de  colonne  à  feuillage,  qui  repose 
sur  la  tête  de  la  figure,  se  rapproche  aussi  beaucoup  du 
genre  égyptien.  Tout  ceci  cependant  ne  serait  pas  une 
raison  suffisante  de  croire  que  l'architecture,  représentée 
ici,  appartient  à  l'Egypte.  Le  caractère  grec  y  est  em- 
preint avec  trop  de  sévérité  pour  qu'on  puisse  le  mécon- 
naître. 

De  la  corniche,  surmontée  du  dauphin,  part  une  guir- 
lande, qui  va  joindre  un  ornement  en  forme  d'éventail, 
dans  le  milieu  duquel  est  un  miroir.  Il  sort  de  la  tête  d'un 
sphinx  aile ,  assis  sur  un  trépied  très-élevé,  dont  on  dis- 
tingue toutes  les  parties.  Le  sphinx  et  le  trépied  étaient 
les  deux  symboles  consacrés  à  exprimer  les  mystères 
et  les  choses  obscures  et  douteuses.  Le  dernier  de  ces 
attributs  est  peint  avec  tant  d'exactitude ,  que  nous  al- 
lons énumérer  brièvement  toutes  ses  parties.  Les  trois 
petits  cercles  servent  à  réunir  et  à  attacher  solidement 
entre  elles  les  trois  branches  qui  composentle  trépied.  Le 
bassin,  qui  porte  sur  le  premier  de  ces  trois  cercles,  est  le 
crater  ou  le  bassin  ;  les  trois  petits  rouleaux  perpendicu- 


28  PEINTURES. 

laires  sont  les  manches  du  crater.  Enfin ,  l'autre  hémis- 
phère, qui  est  posé  sur  les  trois  manches  du  crater,  et  sur 
lequel  le  sphinx  se  tient  assis,  est  la  fameuse  cortina^  le 
couvercle  du  trépied  que  les  Grecs  appelaient  oXjxoç.  Dans 
le  fragment,  qui  occupe  la  partie  inférieure  de  cette  plan- 
che, on  voit  un  masque,  peint  au  naturel,  avec  une  barbe 
épaisse ,  une  couronne  radiée ,  garnie  de  petits  rameaux , 
peut-être  de  branches  de  corail ,  et  attachée  avec  un  ru- 
ban dont  on  aperçoit  les  deux  bouts.  Des  deux  côtés  sont 
des  dauphins  ou  des  chevaux  marins.  Le  fond  de  la  pein- 
ture est  noir,  les  arabesques  sont  jaunes  ainsi  que  le  ca- 
dre du  petit  tableau  qui  représente  un  paysage.  La  cor- 
niche et  tous  ses  ornements  sont  jaunes  aussi.  Enfin  la 
draperie  attachée  à  la  corniche  est  verte  et  a  une  frange 
d'or.  .rijiKi? 

'.Vf 

PLANCHE  20. 

Cette  peinture  est  sur  fond  blanc  et  bordée  d'i^n  cadre 
dont  la  bande  intérieure  est  noire  et  la  bande  extérieure 
rouge  foncé.  On  y  voit  sur  un  entablement ,  supporté 
par  des  colonnes  ou  des  poteaux,  un  édifice  composé  de 
deux  ailes.  Le  toit  et  le  fronton  de  l'aile  extérieure  repo- 
sent sur  deux  colonnes ,  semblables  à  celles  de  l'entable- 
ment inférieur  ;  ils  sont  jaunes,  à  l'exception  des  frises 
auxquelles  on  a  donné  une  couleur  rouge,  et  du  tympan 
qui  est  vert.  L'aile  intérieure,  qui  est  tout  à  fait  pareille 


PEINTURES 


mm©®ïïu\,wmm  ^iH'Sii^ïfîKgspmAîf.s  o 


t 


PEINTURES 


A    d'il    V.  3   P    127 


5oja(S@IiU\,'3iK®5SnS    iv.5lil(S)fŒ'E'îl5(gS' Wîli^ïLIl i 


PREMIÈRE  SÉRIE.  2) 

à  la  première ,  est  couleur  de  fleur  de  pêcher.  C'est  aussi 

la  teinte  de  la  partie  du  milieu  qui  unit  les  deux  ailes  et 

qui  repose  sur  un  arc  de  couleur  verte.  La  porte  est  jaune 

et  moins  foncée.  Sur  les  toits  des  deux  ailes  on  a  placé 

deux  panthères  cendrées  avec  la  langue  rouge.  Un  paon, 

peint  au  naturel ,  se  tient  sur  le  premier  entablement.  A 

quelque  distance  est  un  vase  d'argent  avec  une  anse  et 

un  goulot  étroit ,  qui   soutient  une  branche  de  palmier. 

Les  panthères  étaient  consacrées  à  Bacchus,  et  le  paon 

à  Junon;  mais  de  ces  deux  faits  on  ne  saurait   induire 

rien  de  positif  pour  arriver  à  comprendre  la  destination 

de  l'édifice  dont  on  voit  ici  un  fragment,    .«uoii  bnoi  ^iie 

à  iiini'H\  'ii'i  iiio 

r^ib  'irn  K)l  lii' 

PLANCHE  21. 

Cette  planche  comprend  plusieurs  sujets  :  le  premier 
représente  un  tholus  ou  un  vestibule.  Dans  le  comparti- 
ment du  milieu,  on  pourra  voir  l'entrée  principale  et 
deux  petites  portes  de  côté.  La  corniche  parait  apparte- 
nir, par  ses  triglypheset  ses  modillons,  à  l'ordre  dorique  ; 
elle  est  soutenue  par  des  colonnes  ioniques  et  sans  base  , 
dans  le  goût  ordinaire.  La  lionne ,  la  guirlande  tressée 
avec  des  rubans  rouges ,  que  l'on  retrouve  ici  comme 
dans  toutes  les  décorations  architecturales ,  et  le  disque 
à  couleur  d'argent,  semblent  placés  ici  pour  remplir  le 
vide ,  pour  animer  et  lier  ensemble  les  parties  diverses 
de  la  peinture.  Le  petit  cadre  placé  au-dessus  de  cette 


30  PEINTURES. 

décoration  doit  être  considéré  comme  un  ornement  ajouté 
à  la  grâce  du  tableau.  Les  anciens  avaient  donné  à  ces 
jDetits  motifs,  indépendants  du  sujet  principal,  le  nom  de 
parerga  ;  adjecerit  parvulas  naves  longas  in  Us,  quœ 
pictores  parerga  appellant  (i). 

La  vignette,  qui  complète  cette  planche,  représente, 
sur  le  plancher  d'un  édifice ,  dont  on  aperçoit  un  frag- 
ment de  colonne  de  couleur  rouge ,  une  lyre  de  même 
couleur ,  un  carquois  fermé  et  attaché  avec  un  ruban  de 
la  même  teinte  que  la  colonne ,  et  un  rameau  de  laurier 
vert;  la  colonne  extérieure  est  d'un  rouge  plus  foncé, 
sur  fond  noir.  La  lyre,  le  carquois  et  le  laurier,  réunis 
ici,  ne  permettent  pas  de  douter  qu'ils  ont  été  peints  à 
l'intention  d'Apollon.  On  devra  observer  la  forme  de 
la  lyre,  qui  est  «ans  doute  la  curva  fyra,  dont  il  est 
souvent  question  dans  les  poètes  anciens  (2).  La  forme 
recourbée  lui  avait  été  conservée  sans  doute  de  la  tes- 
tudo  dont  elle  se  composa  d'abord ,  et  dont  elle  garda 
le  nom.  •-'    ^u.-u.i   :,.;  ;.. 

Qui  persaepç  cai>a  testudine  flevit  amurem  ('i).  •   1 1 1  f 

Au  reste  on  sait  que  la  cithare  différait  de  la  lyre  en 
ce  que  celle-ci  avait  toujours  une  cavité  pour  recevoir  le 
son,  et  que  celle-là  se  composait  de  cordes ,  de  traverses 


(i)  Pline,  XXXV,  20;   Vitruve,      race,  I,  10,  6,  et  III,  28,  11. 
IX ,  cap.  uit.  (3)  Horace ,  Épod.,  XIV  ,14. 

(a)  Ovide,  ^■«J^,  V,  5/|  et  4i5;  Ho- 


PEINTURES. 


^ya^Ydfays^Y^^asj^^if^^ 


V.t...   ....  u.-l'.'     >. 


A     d-H.V.  1-P228n  V.  -ip.  123. 


I  lP«i. 
1  1  P..i 


S)2S(S@m^TE©3Sf   ^5F^(SMST31(aTWm.>Ê^.liiS  . 


PREMIÈRE  SÉRIE.  31 

supérieures  où  elles  étaient  attachées ,  et  de  deux  man- 
ches latéraux. 


PLANCHE  22. 

Sur  un  portique  d'ordre  ionique,  dont  on  aperçoit 
seulement  les  chapiteaux,  la  corniche  et  la  frise  ornée  de 
dauphins,  de  tritons  et  d'autres  monstres  marins,  est  une 
construction  en  bois,  à  demi  ouverte,  à  demi  fermée.  Le 
chapiteau  qu'elle  surmonte  se  rapproche  du  corinthien. 
La  corniche ,  le  fronton  et  le  toit  sont  gracieux  et  ne 
manquent  pas  d'originalité.  Sur  un  des  côtés  se  détache 
un  morceau  de  construction  dans  le  même  goût  qui  con- 
siste en  deux  pilastres  de  bois.  Ils  descendent  plus  bas 
que  le  portique  et  portent  une  amphore.  Sur  l'autre  côté 
on  aperçoit  un  autre  édifice  et  une  colonne  très-longue 
surmontée  d'un  vase.  Les  arbres  qui  étendent  leur  bran- 
ches dans  l'édifice  supérieur  peuvent  faire  soupçonner 
que  la  construction  représentée  ici  appartient  à  une 
villa. 

La  vignette  est  une  frise  sur  fond  noir  fermée  par  des 
bandes  et  des  ornements  de  diverses  couleurs.  La  colonne 
et  le  pilastre  sont  ornés  d'arabesques.  Le  premier  oi- 
seau a  un  plumage  de  couleur  changeante  du  jaune  au 
vert  ;  l'autre  ressemble  à  un  merle.  Le  papillon ,  les  fi- 
gues et  les  arbouses  sont  peints  au  naturel;  les  plantes 
sont  vertes  et  les  petites  fleurs,  blanches. 


32  PEINTURES. 

PLANCHE  23. 

Nous  le  disons  ici ,  sans  crainte  d'être  taxés  d'exagé- 
ration ,  la  peinture  qui  fait  le  sujet  de  cette  planche  ne 
serait  pas  indigne,  par  son  goîit,  son  fini  et  sa  délicatesse, 
de  figurer  à  côté  des  arabesques  de  Raphaël. 

Au  milieu ,  et  sur  un  fond  blanc ,   est  une  espèce  de 
candélabre  dont  la  partie  inférieure  est  rouge  et  cannelée, 
et  supporte  un  vase  jaune  orné  tout  autour  de  feuillages. 
Sur  les  bords  du  vase  sont  posés  deux  perroquets,  peints 
au  naturel ,  et  du  milieu  s'élève  une  guirlande  de  feuil- 
lages verts ,  de  fleurs  blanches  et  rouges ,  et  de  fruits , 
qui  se  termine  par  un  pavillon  de  couleur  jaune.  Ce  pa- 
villon porte   deux  figures  :  l'une  d'elles  représente  un 
jeune  homme  avec  une  draperie  rouge  sur  le  bras,  et 
une  verge  à  ia  main  droite  ;  l'autre  représente  une  jeune 
femme,  vêtue  d'une  draperie  jaune  bordée  de  rouge  ;  elle 
tient  un  rameau  dans  sa  main  gauche.  Ces  deux  figures, 
qui  peuvent  être  Mercure  et  la  Paix,  ou  Bacchus  et  Cé- 
rès,  ou,  plus  généralement  encore,  deux  Bacchantes,  ont 
un  pied  en  l'air  et  se  retiennent,  par  une  de  leurs  mains, 
à  deux  branches  qui  sortent  des  deux  côtés  du  pavillon 
et  se  croisent  dans  le  milieu  d'un  autre  fût  de  candé- 
labre, rouge  comme  celui  de  la  partie  inférieure,  pour  aller 
se  réunir  encore  sous  une  fleur  d'un  rouge  moins  foncé. 
l)e  là  ,  ils  sortent  chacun  de  leur  côté ,  se  recourbent  ici 


PEINTURES 


l''.'  Se 


N.Miu^'.ai^^i-  A  d'H.V.  3.  P.   293.     eu     M"   B»  V.  8.  P .  3S  . 


PREMIÈRE  SÉRIE.  33 

en  dehors,  et  se  terminent  par  deux  fleurs  jaunes.  Sur  leurs 
coiu'bures  sont  deux  petits  oiseaux.  Du  milieu  de  la 
fleur  s'élève  une  autre  guirlande,  semblable  à  la  première, 
qui  se  termine  aussi  par  un  petit  pavillon  jaune;  après 
le  pavillon  ,  le  fust  du  candélabre  continue  encore  et  se 
termine  en  une  fleur  rouge  toujours  moins  foncée  qilé 
le  candélabre.  Il  est  encore  traversé  dans  le  milieu  par 
deux  branches  semblables  à  celles  de  dessous,    -'^"^'^i*" 

De  dessous  le  premier  paviUon  sortent  deux  guirlan- 
des vertes  qui  joignent  deux  constructions  tout  à  fait 
semblables.  Elles  se  composent  de  deux  colonnes  rouges, 
ceintes  en  trois  endroits  par  des  anneaux  ou  des  nœuds 
jaunes.  Elles  supportent  un  soffite  rouge  qui  s'appuie  par 
derrière  sur  un  pilastre  vert  orné  de  deux  bandes,  l'une' 
blanche  et  l'autre  rouge.  Sur  la  corniche  rouge ,  aussi  en 
dedans ,  est  posé  un  sphinx.  Le  fragment  de  la  colonne 
supérieure  est  rouge  encore  et  orné  de  trois  nœuds  ou 
anneaux  jaunes.  La  partie  extérieure  de  la  corniche  est 
décorée  de  feuillages  rouges  et  d'un  petit  sphinx.  Sur  le 
derrière,  entre  la  colonne  intérieure  et  le  pilastre,  est 
une  petite  construction  avec  des  pilastres  et  une  corni- 
che qui  supporte  un  vase  de  couleur  noire. 

A  droite  est  une  guirlande  de  feuilles  entourée  par  un 
lierre  sur  les  branches  duquel  sont  peints  de  petits  oi- 
seaux et  des  insectes,    j  n  '>  .>«()MJun  ■>{  '5lioib  iii«ii 

.;v.v.  ,ia.q.n:/.Tfo 

.•«iiu'>t«t#i'»rnfrnv> 

K 
T"' Série. -Peintures,  '-' 


3^  PEINTURES. 

'•'  .      PLANCHE  24. 

«-'i'ui;;  :'iHiJi,i  lioHiv.f.tj  Jil'Kj  nii  'it;(j  isKifr,  ouinroJ  riH  luj» 
Cette  peinture  est  une  vue  intérieure  d'un  temple.  Sur 
un  fond  noir ,  et  au  milieu  d'une  architecture  de  couleur 
naturelle,  est  une  jeune  femme  coiffée  d'une  draperie 
blanche.  Son  cou  est  orné  d'un  collier  de  perles;  on  ne 
distingue  pas  bien  la  couleur  des  draperies  dont  elle 
est  revêtue  ;  cependant  il  semble  qu'elles  tirent  sur  le 
jaune.  La  coupe  qu'elle  tient  dans  sa  main  gauche ,  et  le 
vase  posé  sur  la  galerie  sont  peints  de  couleur  d'or. 

La  manière  dont  est  disposée  la  draperie  qui  enveloppe 
la  tête  de  cette  jeune  femme  se  rapporte  beaucoup  à  l'ar- 
rangement de  la  coiffure  des. prêtresses  de  Cérès(i),  qui 
se  voilaient  de  blanc  ifi  .>J    xnifkp.  un  i>èoq  Jr^o  ,^.in.bii> 

Albenti  velatae  tempora  vitta  (2). 

Mais  Cérès  exigeait  dans  ses  suivantes  plus  de  décence 
et  de  chasteté  que  n'en  montre  notre  figure.  Les  femmes 
qui  composaient  son  cortège  étaient  citées  par  opposition 
aux  courtisanes  (3).  h  *)^j;7  nn  'j1'i(M((jna  Un^  'ȕi'> 

Il  est  plus  prudent  de  croire  que  la  jeune  femme  peinte 
dans  cette  décoration  architecturale,  et  qui  semble  tenir 
de  sa  main  droite  le  manche  d'un  petit  vase  plongé  dans 

(1)  T.  VII,  p.  61 ,  ^.  G.  (3)   Lucien  ,  t.  III,  p.  298  ;   Diai. 

(2)  Ovide,  Mélam.^  V,  1 10;  et  les      MrCjVII. 
commentateurs. 


PEINTURES  . 


24. 


S.  li^ua'^'.  a£-n<y. 


A.d'H  .V.  4..  P.  299. 


A  a  ri    V  ,  4t .  P.  3'6^  ■ 


5ïï)îi(g®3m^sa@aT§   .<^m(§.îiiiisii(gswm='f\jtiîs  ! 


PEINTURES 


J©)!riS®)S,A']i:'3£®W   A\.m(S)SGl?i?3^S'î'ei6ni£A.ÏÏ-,K  o 


PREMIÈRE  SÉRIE.  3*» 

le  grand ,  est  une  simpuviatrix.  Le  simpuvium  ou  simpu" 
lum  était  un  petit  vase  qui  servait  à  puiser,  par  petites 
quantités,  le  vin  des  libations  ;  quo  sumebant  niinutatim , 
a  sumendo  simpulum  nominavere  (i).  Cet  usage  existait 
déjà  du  temps  d'Homère: -  >  - .     .   ,  , 

jjlÉÔu  S'  IxxpYjxrjpoç  àcpuaffwv 

Ohojôoi;   cpoperjffi  xal  sYX^'lfl  ^S'^asdaiv  (2). 

On  appelait  simpuviatrix  la  femme  chargée  de  cette 

fonction  (3). 

lir;1'H|q);'I  isO  .^li  ij  îîT  u/w'I  JiciiaJiioo  inp 

.     ,  PLANCHE  25.,,,       '        ,       ,    ' 

v.'A  \v\':>'^'vv\\?,v>  ?,\\  :  io-inlo')  J^/3  f^fio»'.  *>!  Jnoli  la  ,iiifid  ;^.i*[q 

On  doit  voir  ici  l'entrée  d'un  temple ,  auquel  on  monte 
par  trois  gradins.  La  porte  et  ses  ornements  sont  coii- 
leur  d'or.  C'est  aussi  la  couleur  de  la  grande  base  sur  la- 
quelle est  posée  la  colonne  entortillée,  dont  le  fond 
est  vert  et  dont  le  feuillage  est  doré ,  de  la  corniche ,  de 
la  frise  et  des  autres  ornements  de  cette  peinture,  et 
enfin  de  la  corbeille  qui  contient  des  vases  et  d'autres 
objets  sacrés.  Les  guirlandes  sont  rouges.  ^ , 

Deux  piédestaux  semblables ,  et  de  couleur  d'or ,  sup- 
portent deux  vases  pour  les  lustrations ,  deux  périrran- 
tères,  wepippavTYipta,  qui  imitent  le  cuivre.  Les  Latins  avaient 

(M  .(in  ,  /i  ;    'i  .A\',w,fA  ,'iniitlqoJirnA  <^^ 

(1)  Varron,  lY ,  de  L.L.^  p.  3i.  (3)  Juvériali  «SSaif.TI,  "S^i  et  le  àco- 

(»)  Odyss.,  I,  Y.  9.  liaste;  Musée  de  Rome,  t.  II,  pi.  IL 


36  PEINTURES. 

donné  à  ces  vases ,  que  l'on  plaçait  à  l'entrée  des  temples , 
le  nom  de  aquiminaria ,  ou  aquimanaria(^i).  L'eau  lus- 
trale qu'ils  contenaient ,  que  les  prêtres  consacraient  en 
éteignant  dedans  un  tison  pris  à  l'autel,  et  dont  les  fidèles 
présents  au  sacrifice  se  servaient  pour  se  laver  et  purifier , 
avait  été  appelée  par  les  Grecs  x,£'pvnj;  (2)  ; 

ot  {/.iS;  T£  yspvtéoç 

B(<)[xoù(;  irepip^aivovTSÇ,  b&OTTEp  \\j-^v*t\<i  (3). 

Par  extension ,  le  nom  de  yepvnj;  fut  donné  aussi  au  vase 
qui  contenait  l'eau  lustrale.  On  l'appelait  cependant  de 
préférence  j^epvîSiov  et  jç^spviêov  (4). 

Les  deux  vers  d'Aristophane  que  nous  venons  de  citer 
plus  haut,  et  dont  le  sens  est  celui-ci  :  Us  aspergent  les 
autels  avec  la  même  eau  lustrale,  comme  s'ils  étaient  de 
la  même  race,  nous  amènent  à  dire  que  l'usage  en  com- 
mun des  mêmes  objets  sacrés  était  le  signe  d'une  liaison 
intime  (5).  Les  lustrations  étaient  une  coutume  religieuse 
fort  répandue  non-seulement  chez  les  Egyptiens,  les 
Grecs  et  les  Étrusques  (6),  mais  encore  chez  les  Hé- 
breux \J}',   -^'Yf-i-r  :ifp  mII! xl'iu»  r.l   •)!)  «iijn» 

(i )  L.  2 1  de  ^.eVA.  Leg.  ;  Vossius,  (5)  Le  scoliaste  d'Aristophane,  Ly- 

£tjm.injqua.       '.       )-ji    ]■-,      ,^..  sùtr.   ^x^^l.     ,Ar'A'iWu\   /ir>r; 

(a)  Athénée,  IX,  18  ;  Aristophane,,  (6)  Lomeier,  de  Lustrât. y  cap.  18; 

y^p.  85i  ;  Pac.  955 ;  Lys.  ii!îf  ;  Eu-  Broukhusins  ad  Tibvdl.,  II,  El.  i/»; 

ripide,  Hcrc.fur.y  929  ;  Iphig.  in  Aid.,  Ryc(iiiiiis,  de  Capit.y  cap.  57  ;  Loreu/, 

1569.  Far.  sac.  gent.,  cap.  i4  »  t-  VII,  A.  G.; 

(3)  Aristophane,  Lysistr.  ii3i.  T.  Liv.,  lib.  LV. 

(4)  Homère,  //.  H,  3o4 ;  Odyss.  A,  (7)  Josèphe,  III,  5.^ ti.»i  1»;  /  1 . 
i3G;  r,  440.  V    t  ,.,^jV»  I  ,  V 


♦       '      '  l!  5 


PEINTURES 


J/  UtJi*^  .  tu*Lr 


"1^- 
M 


PEINTURES 


ivvvvvyvvvvvvvvvvvvvyvvyvvvvvvvvv 


A.d'n    V     3^  p.  19 


_-(6  Pouces 


PREMIÈRE  SÉRIE.  37 

;  Jnî>  3«oi  i^.^  i      PLANCHE  26. 

Nous  donnerons  à  la  peinturé  architectonique  qui  fait 
le  sujet  de  cette  planche,  le  nom  de  Tholus.  Ce  nom  s'ap- 
pliquait à  la  fois  à  un  toit  sans  murailles ,  porté  par  des 
colonnes ,  tectum  sine  parietihus  suhnixum  coliimnis  ;  et 
à  la  partie  du  soffite  où  étaient  suspendus  les  ex-voto  ; 
Tïiolus  proprie  est  veliiti  scutum  brève  y  quod  in  medio 
tecto  est ,  ad  quod  dona  suspendi  consueverunt  (i). 

Le  tholus  que  l'on  voit  ici  est  rouge  clair  sur  un  fond 
blanc.  Il  s'appuie  par  devant  sur  une  construction  dont 
la  partie  extérieure  est  jaune ,  et  la  petite  bande  intérieure 
rouge  foncé  ;  et  par  derrière  sur  deux  colonnes  qui ,  avec 
l'architrave,  sont  peintes  à  l'imitation  du  stuc.  Un  sphinx 
ailé ,  à  tête  et  à  poitrine  de  femme,  est  placé  sur  le  milieu 
de  la  corniche.  Il  est  d'une  teinte  marbrée ,  mais  ses 
cheveux  sont  jaunes;  il  porte  sur  sa  tête  une  vasque 
couleur  de  marbre.  Au  soffite  est  suspendu  une  corne 
couleur  d'or ,  attachée  avec  un  ruban  rouge.  Dans  le  bas 
de  la  peinture  est  un  petit  tableau  entouré  d'une  bande 
noire  ,  où  l'on  voit  la  mer  avec  des  rochers  et  des 
pOISSOnSit'U-Liii.Crj  y/'.  'jn^»/;'<i]HM'i  Jii  i> 
Hi.ni  rrjiîiffi'fxnio';  '  ^  ^  .--...  ;-> 
J,  .,i^i-..r,.in,  V..  PLANCHE  27. „,, 

A  l'exception  du  paysage  dont  les  bateaux  sont  rouges , 

(i)Servius,  /i.'//.  IX,  4o^- 


38  PEINTURES. 

et  les  figures,  les  édifices,  les  arbres  et  la  mer,  peints  de 
couleurs  naturelles ,  cette  composition  est  tout  entière 
d'une  teinte  jaunâtre.  Dans  le  milieu  est  un  satyre  qui 
tient  d'une  main  un  objet  qu'il  est  difficile  de  détermi- 
ner, et  de  l'autre  une  corbeille  remplie  de  fruits.  Ce  n'est 
pas  chose  nouvelle  que  de  voir  ici  un  satyre  portant  les 
produits  de  la  terre.  Dans  plusieurs  recueils  d'antiqui- 
tés (i),  ces  divinités  secondaires  sont  ainsi  représentées. 
On  leur  attribuait  la  fertilité  des  vignes ,  des  champs  et 
des  arbres  : 

"inîo '•"TîiKn  t?')  h'i -iînr  no'!  *)::  ! 

,       f     ^.       Dant  fauni  quod  quisque  valet,  de  vite  racemos,  r 

De  campo  culmos,  omnique  ex  arbore  fruges  (2). 

D'ailleurs  les  satyres  faisaient  partie  du  cortège  de 
Bacchus ,  qui  comptait  parmi  ses  attributs  les  fruits  de 
la  terre  ;  et  le  satyre  de  cette  planche  a  le  droit ,  en  sa 
qualité  de  suivant  de  Bacchus,  de  porter  une  corbeille 

de  fruits. 

Vi.  ur)  'Wif  ni'  .'nd'î  rio  > 

PLANCHE  28.     ^  ,    , 

;  ,(i  ^JiUJ  h  'Jiiiuhv)  »ii;'ii(fj;/  jij'uj  nu  jiiî*  •i'cijjni*»(|  iil 'jI) 
f.A>    î'i    «ifid'j!  lil  }i{  ûo   ,  3'iion 

Au  caprice  et  à  la  bizarrerie  de  la  composition  que 
nous  retrouvons  ici ,  comme  dans  beaucoup  d'autres  plan- 
ches de  la  même  série ,  se  joignent  une  grâce  parfaite  et 
un  goût  exquis.  Il  y  a  dans  l'irrégularité  de  cette  déco- 

(1)  Mus.Kirch.;  Thesaur.  Brandeb.         (2)  Nemesiau,  EcL  I,  66. 


PEIXTURE  S 


HlP'.ed 


ïn)S©@m^'x"E®ïî  =^m(gsrs'2f^©'2p'isrm.>s^2L2i 


PREMIÈRE  SÉRIE.  39 

ration  une  espèce  d'ordre  et  d'harmonie.  Nous  arrêterons 
notre  attention  sur  l'éléphant  qui  entoure  et  soulève  avec 
sa  trompe  un  autre  éléphant  beaucoup  plus  petit.  Ces  ani- 
maux introduits  en  Italie  par  Pyrrhus ,  furent  d'abord  un 
sujet  de  terreur  pour  les  armées  de  la  république ,  et  plus 
tard  un  objet  de  curiosité  pour  les  citoyens  paisibles  à  qui 
on  les  montrait  dans  les  spectacles.  On  les  faisait  combattre 
avec  des  hommes  et  des  bêtes  féroces  (i),  et  on  les  dressait 
aussi  à  des  jeux  qui  amusaient  les  spectateurs.  Ils  dan- 
saient sur  la  corde  ou  jouaient  avec  de  petits  animaux 
inoffensifs ,  et  recevaient  avec  le  bout  de  leur  trompe  les 
pièces  de  monnaie  destinées  à  récompenser  et  à  encou- 
rager leur  intelligence  (2).  On  pourrait  supposer  alors 
que  l'architecture  de  cette  planche  est  une  partie  d'un 
théâtre.  Si  l'on  aime  mieux  penser  qu'on  a  figuré  ici  une 
vue  d'un  temple ,  on  devra  dire  que  l'éléphant  apparte- 
nait à  Bacchus,  et  que  dans  la  pompe  bachique  on  voyait 
la  statue  de  ce  dieu  sur  un  de  ces  animaux  (3).  Une  par- 
ticularité que  nous  ne  devons  pas  passer  sous  silence, 
c'est  la  couverture  à  carreaux,  ou  l'espèce  de  filet  dont 
est  revêtu  le  plus  grand  des  deux  animaux.  Plusieurs  mé- 
dailles antiques  représentent  des  éléphants  ainsi  habillés, 
et  Spanheim  (/|.)  suppose  que  cette  espèce  de  vêtement 
leur  était  donnée  en  guise  de  cuirasse  pour  les  préserver 
des  coups  et  des  blessures  qu'ils  auraient  pu  recevoir  à 

(i)  Pline,   VIII,  6  et  7;Sénèque,      de  TAeat.,1,  35. 
fie  Brev.  vitœ,  cap.  XIII.  (3)  Athénée,  V.  7. 

(2)  Cupcr,  Ea:.  II,   7;  Boulanger,  (/i)  De  V.  et  P.  N.,  diss.  III. 


m  I  PEINTURES. 

la  guerre.  Cetteinterprétation,  qui  semble  très-hasardee,? 
est  appuyée  sur  l'autorité  de  plusieurs  auteurs  anciens 
qui  représentent  ces  animaux  couverts  de  fer  pour  leur 
défense ,  et  quelquefois  de  cuirasses  d'or  qui  leur  étaient 
données  comme  vêtement  de  luxe.  Enfin  ces  carreaux 
tracés  sur  la  peau  des  éléphants  dans  les  médailles  anti- 
ques et  dans  la  planche  qui  fait  le  sujet  de  cette  disser- 
tation peuvent  figurer  les  rides  qui  sillonnent  leurs, 
peaux  (i).  j  .  '  li  'udiin 

r  )1  '^jfnou  ji;>i  -A)    pL^]>^Qfjg  29      '^'"^'^  3')  ,r:ii«tfinoiir 

r.uAi;  ■if',  jl/niiioq  iiO   .d,")  «vio  i   'iii'>[  'i*n?i;i 

«!  On  voit  ici  une  espèce  de  vestibule  (2)  avec  une  grande 
et  belle  corniche  soutenue  par  quatre  colonnes.  A  la  cor- 
niche est  suspendu  un  petit  écusson  dans  lequel  on  dis- 
tingue une  tête  à  peine  ébauchée.  Cet  ornement  se  rap- 
porte à  l'usage  où  étaient  les  anciens,  d'orner  leurs  palais 
de  petits  boucliers  représentant  les  images  de  leurs  an- 
cêtres (3).  L'invention  de  ce  genre  de  décoration  est  at-* 
tribuée  par  Pline  à  Appius  Claudius,  qui  orna  des  portraits 
de  ses  ancêtres  le  temple  de  Bellone  ;  Suorum  vero  cly*> 
peos  in  sacro  vel puhlico ,  vel privatim  dicare  primiis  ins- 
titua, ut  reperio,  Ap.  Claudius  y  qui  consul  fuit  cum 
Servilio,  anno  CCLIX.  Posuit  enim  in  Bellonœ  œde  majo- 

(i)  Pliiu- VIII,  10;  Rodigino,  V,      XLIl,  n.  a  et  4. 
14,  et  C  u  pcr,  ii-rerciW/o,  II,  9.  (3)  Antichità   di   Ercolano  ,  t.  II  ^ 

(a)  Antichità  di  Ercolano,  t.  I,  tav.       lav,  XXXVI,  n.  '3. 


PEINTURES 


l""?  Série . 


A  dH   V    2    P      259 


-^iPied 


PREMIÈRE  SÉRIE.  41 

res  suos ,  placuitque  in  excelso  spectari,  ac  titulos  ho- 
norum  legi(i).  Plus  tard  ces  portraits  furent  posés  dans 
les  atrium  avec  des  inscriptions  et  les  dépouilles  des 
ennemis.  Apud  majores  hœ  (imagines)  in  atriis  erant. 
Exprès  si  cera  vultus  singulis  disponebantur  armariis... 
Stemmata  Dero  lineis  discurrehant  ad  imagines  pictas... 
yéliœforis,  et  circa  limina  animarum  ingentium  imagines 
erant  ;  affixis  hostium  spoliis  quœ  nec  emptori  rejingere 
liceret  (2). 

Dans  le  vide  qui  a  été  ménagé  au-dessous  du  bouclier, 
et  qui  figure  sans  doute  l'ouverture  d'une  porte,  on  aper- 
çoit un  arbre.  Les  anciens  faisaient  planter  des  arbres 
devant  leurs  portiques  : 

Nempe  inter  varias  nutritur  silva  columnas, 
Laudaturquc  domus,  longos  quae  prospicit  agros  (3). 


PLANCHE  30. 


On  ne  se  douterait  guère  que  cette  décoration  archi- 
tecturale ait  pu  fournir  matière  à  de  longues  et  pénibles 
recherches  et  à  un  immense  travail  d'érudition.  Cepen- 
dant le  bouclier  et  la  lyre  que  l'on  aperçoit  suspendus  au 
soffite  de  cet  édifice ,  ont  donné  bien  de  la  peine  aux  an- 
tiquaires qui  ont  essayé  d'expliquer  pourquoi  on  avait 

(i)  XXXV  ,  3.  (3)  Horace  I,  Epist.  X ,  aa. 

(a)  XXXV,  a. 

H"  Série.— Peintures.  (i 


42  PEINTURES. 

ainsi  réuni  ces  deux  objets  d'origine  et  d'usage  si  diffé- 
rents. Il  n'y  a  pas  d'explication  si  extraordinaire ,  si 
inattendue,  si  recherchée,  qui  n'ait  été  avancée  (i). 
La  lyre  est  l'attribut  d'Apollon;  le  bouclier  que  l'on 
aperçoit  dans  cette  planche  convient  à  Mars.  Donc 
Apollon  ou  le  Soleil  ne  forme  avec  Mars  qu'une  seule 
et  même  divinité  (2).  Alors  on  a  compris,  il  est  vrai, 
pourquoi  les  Mégariens  dédièrent  à  Apollon  une  sta- 
tue tenant  une  lance,  Xoyx'/iv  êpvra  (3);  mais  on  s'est 
trouvé  au  milieu  d'une  foule  d'invraisemblances  qui 
ont  dépouillé  cette  opinion  de  toute  apparence  de 
vérité.  On  a  nommé  ensuite  Mercure  inventeur  de  la 
lyre  (4),  et  Bacchus  que  l'on  voit  quelquefois  aussi 
avec  cet  instrument  (5).  La  lyre  unie  aux  armes  pourra 
indiquer  que  ce  noble  instrument  enfantait  l'immor- 
talité des  héros  (6).  La  lyre  appartiendra  encore  à 
Vénus,  et  les  armes  au  dieu  Mars (7).  On  sait  que  des 
amours  de  ces  deux  divinités  naquit  l'Harmonie  (8),  qui 
règne  dans  l'ordre  d'une  bataille,  comme  elle  doit  se 


(i)  Antichità   di  Eicolano,  t.   V,  ^«.,  IX,  777;  Horace,  y^r/.  P.  55. 
tav.  LXXIII.  (7)  Homère,  Odys.,  0,  266;  Ovide, 

(2)  Julien,   Orat.,  IV;  Macrobe  ,  Met,  IV,  189,  ei  Art.  Il,  56 1. 

Sat.   I,   17   et     19;    Cuper,  Hnrp.,  (8)  Hésiode, 0,97 5;  Hyginus,  Faè. 

p.  1 3.  65  Pausanias ,  IX ,  5  ;  Nonnus ,  Dion., 

(3)  Plutarque,  de  Pyth,  orne,  p.  III,  370;   Lactance,!,  17;  Le  sco- 
402.  liaste   d'Hésiode  ,   loc.  cit.  ;    Plutar- 

(4)  Ératosthène,  Catast.,  24  ;  Ho-  que,  de  Is.  et  Os.,  pag.  370;  de  An. 
race,I,  Od.,^^.,^.  Procr.  et  Tint.,  p.  1026  ;  Artémidore, 

(5)  Callistrate,  Sot.  VHI.  I,  58. 

(6)  Homère,  11,,  I,  199;  Virgile, 


PEINTURE  S 


PREMIÈRE  SÉRIE.  43 

trouver  aussi  dans  les  sentiments  des  sujets  de  Vénus  ; 
enfin  la  réunion  de  deux  attributs  si  distincts  et  si 
opposés  indiquera  le  secours  que  la  lyre  prêtait  aux 
armes ,  et  l'harmonie  au  courage  des  guerriers , 

et  on  se  rappellera  que  les  Cretois  combattaient  au 
son  de  la  cithare  (2)  ;  ou  plutôt ,  lorsqu'on  aura  exa- 
miné ,  avec  quelque  attention ,  chacune  de  ces  expli- 
cations, on  trouvera  qu'elles  sont  aussi  peu  vraisem- 
blables les  unes  que  les  autres,  et  l'on  ne  verra  avec 
nous ,  dans  cette  peinture ,  que  ce  que  nous  sommes 
forcés  d'y  voir,  c'est-à-dire  un  fond  blanc,  des  colonnes, 
des  corniches,  et  des  ornements  rouges.  Le  fond  sur 
lequel  se  dessine  la  colonne  à  feuillages ,  la  bande  du 
côté  opposé  et  tous  les  autres  fonds  des  ornements 
sont  verts.  C'est  aussi  la  couleur  des  guirlandes  de 
myrte  attachées  au  soffîte  avec  la  lyre  et  le  bouclier. 
J^a  porte  est  couleur  de  bois  ,  les  quatre  rosaces 
jaunes,  les  deux  vases  et  le  bassin  couleur  de  bronze. 
Un  des  deux  vases  et  le  bassin  contiennent  des  fruits. 
Ils  sont  portés  par  un  vieillard  couronné  de  myrte , 
vêtu  d'un  habit  de  dessous  rouge  et  d'un  manteau  vert 
qui  lui  couvre  la  tête. 

(1)  Plutarque ,  </e  Alex. fort.,  Orat.  (2)  Plutarque  ,  de  Mus.,  p.  1 14'»  ; 

II,  p.  335.  Martiamis  Capella,  lib.  IX. 


44  PEINTURES. 

PLANCHE  31. 

La  composition  d'architecture  de  cette  planche  est  la 
même  que  celle  de  la  planche  précédente  pour  le  dessin 
et  pour  les  couleurs  ;  seulement  dans  celle-ci  nous  avons 
de  plus  un  masque  rouge  sur  la  colonne  (i)  et  un 
paysage  avec  des  figures ,  des  constructions ,  des  pins , 
des  cyprès  et  de  l'eau  ,  peints  au  naturel.  Ces  deux 
objets  se  trouvaient  sans  doute  dans  la  peinture  de  la 
planche  3o,  à  l'endroit  où  l'enduit  a  été  enlevé.  Au 
soffite  sont  attachés  un  écusson ,  une  épée  avec  un 
ceinturon  rouge  et  un  bouclier  ou  un  miroir.  La  jeune 
femme  est  vêtue  d'une  draperie  verte  et  couronnée  de 
myrte.  C'est  aussi  un  rameau  de  myrte  qu'elle  tient  de 
la  main  gauche. 

PLANCHE  32. 

Le  fond  de  cette  peinture  est  rouge.  Les  ornements 
sont  jaunes  dans  les  parties  claires,  et  rouges  dans  les 
parties  ombrées.  Les  bandes  de  l'architecture  sont 
vertes ,  avec  des  filets  blancs.  Le  fût  de  la  colonne 
entourée   de  feuillages ,  et  la  corbeille  avec  les  vases 

(i)  Mus.  Rlr.  t.  III,  p.  2IO. 


PEINTURES, 


l'-.'  S 


tS'hvAi^-c^nofcÂ^    f^-€X€firM/i 


PEINTURES   . 


H.Roujc- .  aine 


d'H  V.  5.  P,   3?: 


-I 1_ li  P,cd 


PREMIÈRE  SÉRIE.  45 

qu'elle  contient  sont  verts  aussi.  Les  bandelettes  qui 
sortent  de  la  corbeille ,  et  celles  qui  attachent  les  deux 
patères  au  sofïite  supérieur  sont  blanches.  La  guirlande 
attachée  au  tholus  est  jaune.  Le  griffon  et  le  géant 
aux  pieds  de  serpent  sont  rouges ,  la  colombe  est 
blanche. 

L'idée  du  géant  combattant  un  griffon  est  assez  bi- 
zarre. Les  griffons  étaient  préposés  à  la  garde  des 
temples ,  et  devaient  veiller  sur  l'or  et  les  richesses  des 
dieux  ;  les  géants  étaient  les  ennemis  déclarés  des 
habitants  de  l'Olympe  et  la  personnification  sans  doute 
des  impies  du  paganisme.  L'artiste  a  donc  représenté 
ici  la  lutte  de  la  croyance  et  de  l'incrédulité.  Ovide 
avait  donné  aux  géants  des  pieds  en  forme  de  ser- 
pent (i)  ou  des  serpents  en  place  de  pieds;  et  quoi- 
qu'on les  conçût  assiégeant  l'Olympe  avec  des  montagnes, 
Virgile  les  avait  imaginés  se  servant  de  l'épée  et  du 
bouclier  : 

Tôt  paribus  streperet  clypeis,  tôt  stringefet  enses  (a). 

A  Briarée,  l'un  d'eux,  Ovide  donne  une  hache  de  dia- 
mant : 

Immolât  hanc  Briareus  facta  ex  adamante  securi  (3). 

Notre  géant  se  défend  avec  un  bouclier  en  forme  de 
croissant,  qu'on  appelait  pelta. 

(i)  Ovide,  Trùi.  IV;  El.  VII,  17  ;  (2)  ^neid.,  X,  571. 

Apollodore,  I,  p.  9;  Macrobe,  I,  Sut.  (3)  Fast.'lW,  8o5. 

20  ;  Pausanias,  VIII,  29. 


46  PEINTURES. 

PLANCHE  33. 

L'architecture  de  cette  planche  semble  appartenir  à 
im  temple.  Tout  le  fond  de  la  partie  qui  est  en  pre- 
mier plan  est  rouge  ;  le  long  pilastre  qui  traverse  toute 
la  peinture  et  porte  un  chapiteau  et  un  cadre  barlong 
au-dessus  est  tout  blanc ,  ainsi  que  la  bande  ou  la  cor- 
niche qui  s'appuie  sur  ce  pilastre  et  traverse  en  largeur 
toute  la  partie  supérieure;  l'autre  pilastre,  tenant  au 
premier  par  une  guirlande  verte ,  est  de  couleur  jaune. 
La  corniche  intérieure  et  la  frise  sont  rouges.  L'hippo- 
griffe posé  sur  la  corniche  est  vert.  Tout  le  reste  de 
l'architecture ,  les  corniches ,  les  frises ,  les  soffites ,  les 
colonnes ,  et  les  murs  intérieurs ,  comme  aussi  les  orne- 
ments du  vase,  l'écusson,  la  draperie  qui  y  est  attachée, 
l'amulette  ou  petite  divinité  ailée ,  avec  une  fleur  de 
lotus  sur  la  tête ,  et  la  colonne  ornée  d'anneaux ,  sont 
jaiuies.  La  balustrade  ou  la  corniche  au  bas  de  la  figure 
est  blanche ,  le  fond  au-dessous  est  vert ,  le  vide ,  bordé 
par  un  filet  blanc,  est  rouge.  La  jeune  femme  dont  les 
yeux  sont  fixés  sur  un  volume  ouvert ,  a  des  cheveux 
blonds  foncés ,  noués  sur  la  tête ,  sans  aucun  ornement  ; 
sa  tunique  est  verte,  et  son  manteau  d'un  rose  pâle. 
Cette  jeune  femme  est  sans  doute  une  Mditua  ou  une 
autre  fonctionnaire  du  temple ,  occupée  à  lire  les  hynnies 
sacrés ,  ou  les  prières.   Les   prières   publiques  avaient 


PEINTURES 


l.Sér-, 


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•  • 


PEINTURES 


l"  Série 


f  tty 


PREMIÈRE  SÉRIE.  47 

ordinairement  trois  objets  :  le  salut  de  l'âme,  la  santé 
du  corps ,  et  les  événements  étrangers  à  ceux  qui 
priaient  :  TrpwTioTai  ÛTcèp  t^ç  ^uyriç  (JWTTipiaç  ,  ^eurépat  ûxèp  tviç  twv 
<7(0{/.aT(«)v  8tj)cpa(7iaç ,  Tpixai  ^è  ÛTrep  twv  sjtTÔç  è7ri{/.e^ou{/.evat  (l).  Les 
Stoïciens  renfermaient  leurs  vœux  dans  des  bornes  plus 
étroites ,  et  ne  priaient  jamais  que  pour  eux  :  Boga 
honam  mentem,  honam  valetudinem  animiy  deinde  cor- 
poris.  Quidni  tu  ista  Dota  sœpe  fadas  ?  Audacter  Do- 
minum  roga ,  nil  illum  de  alieno  rogaturus  (2).  Enfin 
Horace  était  encore  moins  exigeant ,  il  ne  priait  que 
pour  son  corps,  et  s'inquiétait  peu  de  son  esprit. 

Sed  salis  est  orare  Jovem  qui  donat  et  aufert  ; 

Det  vitam  ;  det  opes  ;  aequum  mi  animum  ipse  parabo  (3). 

PLANCHE  34. 

Cette  peinture  est  sur  fond  rouge,  et  semblable  pour 
la  disposition  des  couleurs  à.  la  planche  32.  La  guirlande 
est  verte;  les  bandelettes  qui  la  terminent  sont  blan- 
ches ;  les  instruments  posés  à  l'extrémité  du  balustre  du 
milieu  sont  verts  et  couverts  en  partie  par  une  draperie 
rouge.  Le  griffon  est  rouge  et  le  corbeau  noir  ;  les 
ornements  de  l'architecture  sont  jaunes  dans  les  clairs 
et  rouges  dans  les  ombres;  les  bandes  sont  vertes,   et 


(i)  Proclus,  lib.  II,  in  Tint.,  p.  64.  (3)  Horace,  Epist.  18. 

(2)  Sénèqiie,  Epist.  10. 


48  PEINTURES. 

leurs  filets  blancs.  Les  fûts  des  colonnes  sont  verts  aussi , 
et  les  patères  ont  une  couleur  de  métal. 

PLANCHE  35. 

Cette  planche  comprend  deux  fragments.  Dans  celui 
de  droite,  la  bande  inférieure  est  verte;  celle  qui  suit 
est   d'un  blanc   sale  ;   celle  qui   vient    immédiatement 
après,  et  qui  est  ornée  de  petits  boucliers,  est  jaune. 
Le  piédestal,  les   feuillages  et  le  vase  sont  rouges.  La 
colonne  qui  sort  du  vase  est  d'une  teinte  entre  le  bleu 
et  le  vert  ;  la  branche  qui  s'entortille  autour  est  rouge. 
Le  rouge  est  aussi  la  couleur  du  chapiteau,  de  la  cor- 
niche ,  à  l'exception  du  fond  et  de  l'ornement  qui  sont 
de  la  couleur  même  de  la  colonne,  mais  les  triglyphes  et 
les  métopes  sont  rouges.  La  grande  bande  perpendicu- 
laire ou  le  pilastre  est  vert.  L'autre  colonne  qui  s'élève 
sur  la  corniche  est  jaune,  ainsi  que  tous  ses  ornements, 
les  feuilles  et  les  anneaux.  Le  cadre  du  petit  tableau  est 
rouge.  La  marine ,  avec  les  constructions ,  les  galères ,  et 
les  figures,  est  peinte  de  couleurs  naturelles.  Sur  ce  petit 
cadre ,  est  posé  un  bâton  ou  une  oolonnette  qui  soutient 
un  van  ou  un  vase  d'argent ,  dans  lequel  est  posée  l'ex- 
trémité d'une  guirlande  verte  tressée  avec  des  bande- 
lettes rouges.   Sur  le  second  plan   est  une  espèce   de 
parapet  avec  ime  ouverture  au  milieu  et  une  corniche 
jaune.  L'oiseau  qui  s'y  repose  est  d'un  blanc  tirant  sur  le 


PEINTURES 


M*Mlil»lVl^W!i,'VJMi!W«M,lM*l!yWiW!lï»lVi 


J7o\/o7c 


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PREMIÈRE  SÉRIE.  .  49 

bleu  et  ressemble  à  une  colombe.  La  grande  construc- 
tion qu'on  aperçoit  dans  le  fond  est  formée  de  deux 
colonnes  à  chapiteaux  ioniques  et  à  bases  attiques.  L'en- 
tablement se  compose  d'une  frise ,  avec  des  triglyphes 
et  des  métopes,  et  d'une  corniche  ornée  tout  autour  de 
petits  crochets  ,  à' harpaginetuli ,  comme  dit  Vitruve  , 
et ,  à  l'extrémité ,  d'un  dauphin  blanc  sale.  Le  pilastre 
intérieur  est  vert.  Le  pluteus  est  vert  aussi ,  mais  d'une 
teinte  moins  foncée.  ■ 

Le  petit  ornement  latéral  se  compose  d'un  hippogriffe 
jaune,  posé  sur  un  piédestal  de  la  même  couleur,  et 
soutenant  avec  les  ailes  une  rosace  dont  le  fond  est  vert, 
le  tour  et  la  fleur  rouges.  Les  deux  bandes  extérieures 
qui  partent  du  bord  de  la  rosace  sont  rouges  aussi.  La 
guirlande  du  milieu  est  verte  ;  c'est  aussi  la  couleur 
de  la  fleur  qui  orne  le  petit  tableau ,  dont  le  cadre  est 


rouge. 


Nous  n'avons  à  observer  dans  le  premier  fragment 
de  notre  planche  que  la  grâce  de  toute  l'architecture 
et  de  ses  détails ,  et  surtout  l'idée  ingénieuse  de  la  co- 
lonne sortant  du  vase.  On  croit  voir  une  tige  frêle  qui 
grimpe  petit  à  petit  et  s'appuie  en  montant  sur  un 
bâton  qu'on  lui  a  donné  pour  soutien.  Nous  aurons 
occasion  de  dire  ailleurs,  dans  le  courant  de  cet  ouvrage, 
que  certains  rapprochements  entre  les  peintures  égyp- 
tiennes et  chinoises  ont  corroboré  un  système  qui  tend 
à  prouver  que  la  Chine  a  été  peuplée  par  des  colonies 
égyptiennes.  En  suivant  cette  opinion ,  et  en  observant 

r'  Série.— Peintures.  '"       J 


50  PEINTURES. 

que  les  Chinois  ont  un  goût  très-prononcé  pour  les  ara- 
besques ,  on  a  supposé  que  ce  genre  de  peinture  avait 
pris  son  origine  en  Egypte ,  d'où  il  aurait  été  apporté 
aussi  en  Grèce  et  en  Italie.  Mais  nous  avons  déjà  cité 
un  texte  de  Vitruve  qui  attribue  la  création  de  ce  genre 
à  la  corruption  du  goût  chez  les  artistes  de  son  temps. 
Nous  admettrons  l'autorité  de  Vitruve  ;  et  nous  attri- 
buerons aux  jjeintres  de  l'Italie  et  de  la  Grèce  la  créa- 
tion des  arabesques.  Seulement  nous  n'aurons  pas  la 
force  de  nous  récrier  avec  lui  contre  une  invention  qui 
a  produit  chez  les  anciens  des  décorations  aussi  gra- 
cieuses que  celle  qui  fait  le  sujet  de  cette  planche  et  de 
plusieurs  autres  de  cet  ouvrage  ;  et  chez  les  modernes , 
de  nombreux  chefs-d'œuvre. 

Notre  second  fragment  nous  offre,  sur  un  fond  noir, 
une  architecture  jaunâtre,  à  l'exception  des  deux  en- 
roulements posés  sur  les  deux  corniches.  Ils  sont  rou- 
ges,  les  guirlandes  vertes,  l'aigle  rougeâtre,  le  disque 
sur  lequel  il  est  posé ,  jaune ,  le  candélabre  rouge ,  le 
petit  tableau ,  oii  l'on  voit  un  cheval  marin ,  vert ,  et 
les  deux  cadres  latéraux  ,  jaunes.  L'aigle  et  le  disque 
ou  la  patère  font  penser  que  cette  décoration  a  quelque 
rapport  avec  Jupiter. 

Le  premier  fragment  conviendrait  à  Vénus  par  la 
colombe  ;  mais  nous  ne  voulons  voir  ici  que  des  ar- 
rangements dépourvus  de  toute  autre  intention  que 
celle  de  la  grâce  et  de  l'harmonie. 


PEINTURES 


l«  Série 


n^UiT'   az/ve^. 


K-  dH. V.   4 , F    33/ 


^,1  Pied. 


PREMIERE  SERIE.  51 


PLANCHE  36. 


Trois  décorations  diverses  composent  cette  planche. 
La  première  est  un  candélabre  jaune  ,  surmonté  d'un 
aigle  jaune  aussi.  Il  a  pour  appui  un  soffite  de  la  même 
couleur ,  orné  de  deux  arabesques  blanches  qui  se  ter- 
minent par  deux  fleurs  jaunes.  Le  reste  de  la  peinture 
est  noir,  à  l'exception  d'un  autre  morceau  de  candé- 
labre en  spirale  qui  porte,  dans  sa  partie  supérieure, 
des  arabesques  avec  des  fleurs  et  une  patère  au-dessus. 
Tous  ces  objets  sont  jaunes. 

De  l'autre  côté,  est  un  ornement  du  même  genre 
que  le  précédent.  On  y  voit  un  candélabre  jaune  qui 
porte  un  sphinx  ailé,  jaune  aussi,  avec  une  fleur  sur 
la  tête  et  une  draperie  blanche  posée  sur  ses  ailes.  Le 
soffite  supérieur  est  jaune;  la  bande  qui  le  surmonte 
est  blanchâtre  ;  celle  qui  vient  après ,  est  rouge.  La 
figure  ailée  qui  finit  en  arabesque  est  blanche.  La  troi- 
sième bande  est  blanche  aussi,  et  au-dessus  s'élève  un 
candélabre  blanc  avec  une  patère  ou  un  disque  de  cou- 
leur jaune. 

Le  fragment  du  milieu  est  sur  fond  blanc.  C'est 
d'abord  ,  et  en  commençant  par  le  bas  ,  un  morceau 
d'obélisque  ,  dont  les  parties  claires  sont  jaunes ,  les 
parties  ombrées  rouges  et  vertes.  La  figure  rouge  posée 
sur  le  triangle  a  des  ailes  jaunes  et  une  petite  draperie 


52  PEINTURES. 

blanche  qui  descend  de  ses  épaules  et  se  croise  sur  sa 
poitrine.  Elle  porte  sur  sa  tête  un  fragment  d'obélisque 
semblable  au  premier.  Sur  ce  second  fragment  est  posée 
une  autre  figure  égyptienne  dont  la  carnation  est  rouge. 
Sa  coiffure,  qui  descend  jusque  sur  ses  épaules,  est  bleue. 
Son  petit  panache  est  rouge  ;  la  bande  qui  lui  couvre 
la  poitrine  et  les  épaules  est  bleue,  jaune,  et  rouge.  Son 
tablier  est  bleu ,  et  la  draperie  dont  elle  est  vêtue ,  de- 
puis la  ceinture  jusqu'à  mi-cuisse,  est  rouge  et  rayée 
de  jaune.  De  la  main  droite  elle  tient  un  serpent  de 
couleur  blanche,  et  de  la  main  gauche,  un  petit  seau  de 
couleur  jaune.  Les  deux  figures  de  ce  fragment  de- 
mandent une  courte  explication.  On  voit  dans  la  Table 
Isiaque  un  monstre  semblable  à  celui  représenté  dans 
cette  planche  ;  et ,  quoiqu'on  l'ait  pris  pour  une  sirène , 
nous  pourrons  donner  au  nôtre  le  nom  d'Ibis  à  face 
humaine.  Cette  explication  est  confirmée  jusqu'à  un  cer- 
tain point  par  l'usage  oii  étaient  les  Egyptiens  de  donner 
des  visages  d'homme  à  certains  animaux. 

L'autre  figure  est  une  Isis,  autant  qu'on  peut  en  juger 
aux  traits  féminins  du  visage,  à  la  coiffure  et  au  serpent. 
Cependant  le  tablier  relevé  en  cône  convient  plutôt  à 
Osiris  (i). 

(i)  Antichità  di  Ercolano,  Pitture,  1. 1,  tav.  L. 


PEU 


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37  et,  58  . 


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''-^iA^cerum^ 


PREMIÈRE  SÉRIE.  53 

PLANCHES  37  ET  38. 

La  bande  perpendiculaire  qui  partage  en  deux  cette 
décoration ,  a ,  dans  sa  partie  supérieure ,  un  rectangle 
dont  le  fond  intérieur  est  vert.  Il  est  entouré  par  un 
filet  blanc  autour  duquel  est  une  petite  bande  verte  ; 
après  vient  un  autre  filet  blanc ,  puis  une  bande  rouge , 
et  enfin  une  ligne  extérieure  noire.  Cette  ligne  noire  se 
prolonge  dans  toute  la  partie  inférieure  de  la  bande  per- 
pendiculaire. Elle  entoure  une  petite  bande  verte  qui 
est  terminée  en  dedans  par  un  filet  blanc ,  séparé  d'un 
autre  filet  blanc  par  un  filet  noir  intermédiaire  ;  et  ainsi 
de  suite,  les  filets  et  les  bandes  sont  noirs  et  blancs.  Des 
petits  cadres  enfermés  par  ces  filets  qui,  superposés  l'un 
sur  l'autre ,  forment  la  base  perpendiculaire  dont  nous 
avons  parlé ,  le  premier  a  un  fond  couleur  de  laque  et 
une  fleur  jaune;  le  second,  les  quatre  angles  rouges,  et 
le  petit  écusson  intérieur  avec  une  fleur  jaune  sur  un 
fond  vert.  Le  troisième  correspond  au  premier,  le  qua- 
trième au  second  et  ainsi  de  suite.  :•' 

Les  deux  champs  à  gauche  sont  bleus.  La  bande  qui 
les  sépare  est  sur  fond  noir,  et  les  deux  lignes  latérales 
blanches  et  entremêlées  de  petites  marques  rouges.  Cette 
bande  intermédiaire  est  ornée  d'un  grand  thyrse,  dont  la 
pointe  de  fer  sort  d'entre  des  feuilles  de  lierre  de  couleur 
verte.  Le  fût  du  thyrse  est  verdâtre  ;  les  petits  rameaux 


54  PEINTURES. 

sont  verts  et  imitent  le  lierre  ;  les  oiseaux  sont  peints  de 
couleurs  naturelles  ;  les  petites  fleurs  sont  blanches.  Le 
premier  de  ces  fonds  bleus ,  sur  la  gauche ,  est  terminé 
par  un  pilastre  svelte,  cannelé,  et  orné  d'un  chapiteau. 
Les  deux  fonds  bleus ,  celui  de  gauche  et  celui  de  droite, 
se  terminent  par  des  lignes  noires.  La  large  bande  hori- 
zontale qui  vient  immédiatement  après ,  est  bordée  par 
des  lignes  grisâtres  ;  le  fond  de  la  bande  est  blanc  et  les 
ornements  couleur  de  laque.  Les  figures  de  la  frise  seront 
décrites  dans  cet  ouvrage ,  au  Musée  secret.  Elles  sont 
sur  fond  noir.  La  bande  blanchâtre  au-dessus  de  la  frise 
a  des  ornements  couleur  de  laque  plus  ou  moins  foncée. 
Après  cette  bande,  en  vient  une  autre  d'un  rouge  foncé.  La 
partie  de  l'édifice ,  oii  l'on  voit  sept  ouvertures  dont  le 
fond  rouge  est  entouré  de  filets  blancs ,  est  toute  verte  ; 
la  corniche  est  blanche.  La  balustrade  est  jaune  sur 
fond  vert.  Tout  le  reste  de  cette  construction ,  tant  sur 
le  derrière  que  sur  le  côté  de  la  terrasse ,  est  jaune.  La 
colonne  posée  sur  la  corniche  a  une  base  rouge.  La  bande 
perpendiculaire  qui  termine  sur  la  gauche  cette  partie 
de  la  peinture  est  bleue;  tout  le  reste  de  l'architecture, 
jusqu'à  la  longue  bande  du  milieu ,  est  blanchâtre ,  à 
l'exception  de  la  colonne  et  du  socle,  qui  sont  couleur  de 
laque. 

Le  champ  à  droite  est  rouge  ;  les  guirlandes  sont 
vertes.  I^es  angles  qu'elles  forment  sont  blancs  et  entre- 
mêlés par  intervalles  égaux  de  petits  filets  rouges  et 
verts.  Le  premier  pilastre  est  blanc  ;  il  est  orné  d'un 


PREMIÈRE  SÉRIE.  55 

chapiteau  qu'on  peut  appeler  corinthien.  Les  deux  filets 
sont  verts  ;  les  ornements ,  jaunes.  La  corniche  en  pers- 
pective est  blanchâtre  ;  elle  est  soutenue  par  le  pilastre 
et  une  colonne  blanche.  Le  soffite  et  l'autre  pilastre  inté- 
rieur tirent  sur  le  jaune.  Les  deux  autres  colonnes  sont 
blanches  et  ne  diffèrent  que  par  leurs  chapiteaux.  Le 
pilastre,  tout  à  fait  dans  le  fond,  est  blanc  aussi  ;  mais  les 
parties  ombrées  sont  noires.  La  dernière  bande  à  droite 
est  noire  aussi.  Les  deux  colonnes  portent  une  grande 
frise  avec  sa  corniche;  les  trois  bandes  horizontales  sont 
blanches  et  leurs  ornements  rouges.  Le  fond  de  l'archi- 
trave et  celui  de  la  corniche  sont  verts  et  les  ornements 
blancs.  La  bande  qui  sépare  le  fond  rouge  du  fond  noir 
oii  sont  les  figures  ,  a  des  ornements  rouges  sur  fond 
jaune.  Au-dessus  de  la  frise ,  qui ,  comme  la  précédente , 
sera  décrite  au  Musée  secret ,  est  une  bande  dont  le  fond 
est  blanc  et  dont  les  ornements  sont  jaunes.  Par-dessus 
est  une  bande ,  bien  plus  étroite ,  de  couleur  rouge.  Vers 
la  droite ,  cette  bande  est  surmontée  d'une  autre  bande 
verte,  coupée  par  de  petits  filets  blancs,  et  ornée  de 
petits  tableaux  à  fond  rouge  avec  une  fleur  blanche  au 
milieu  ;  les  cadres  de  ces  tableaux  sont  blancs  aussi. 
Après,  est  une  autre  bande  jaune,  divisée  par  des  lignes 
perpendiculaires  blanches.  Elle  est  surmontée  de  deux 
autres  bandes  :  l'une  blanche  et  l'autre  rouge.  Au-dessus 
d'elles  s'élève  une  construction  jaune  avec  plusieurs  ou- 
vertures dont  le  fond  rouge  est  entouré  de  filets  blancs. 
La  petite  corniche  est  blanche  ;  la  frise  qui  est  au-dessus 


56  PEINTURES. 

est  un  fond  rouge  divisé  par  de  petites  lignés  perpendi- 
culaires et  blanches.  Les  constructions,  à  gauche,  sont 
blanchâtres  ;  la  colonne  est  blanche ,  mais  sa  base  est 
rouge.  Sur  la  droite ,  on  voit  la  partie  inférieure  d'une 
figure  qui  paraîtra  tout  entière  dans  la  planche  suivante. 
On  a  remarqué  que  dans  les  peintures  ou  les  bas-reliefs 
antiques  qui  représentent  des  salles  tricliniaires ,  on  voit 
souvent  sur  les  corniches  de  petits  garçons  tenant  en 
main  des  corbeilles  de  fleurs  qu'ils  répandent,  ou  des 
rameaux,  ou  des  draperies  destinées  à  décorer  les  mu- 
railles (  I  ).  On  pourra  prêter  à  cette  figure  la  même 
intention ,  à  moins  qu'on  ne  veuille  qu'elle  ait  un  rap- 
port plus  ou  moins  direct  avec  les  Bacchanales  repré- 
sentées dans  les  frises.  .  '  '    : 

Le  sujet  qui  se  trouve  au  bas  est  divisé  en  deux 
parties.  .  *.  w^ ,  .  v  v.'.' ;.  r 

La  partie  inférieure  est  une  frise  de  Y apodyterium  des 
Thermes  de  Pompéi.  On  y  voit ,  sur  un  fond  rouge , 
des  chimères,  des  dauphins  et  de^yres. 

La  partie  supérieure  appartient  au  frigidarium  du 
même  édifice.  C'est  encore  une  frise  oii  l'on  a  incrusté 
en  stuc  blanc ,  sur  un  fond  rouge ,  des  Amours  con- 
duisant des  biges  ,  et  précédés  par  d'autres  Amours 
à  cheval. 

(i)  Orsin.,  Appendix  à  Ciaccon.,  de  Triclin.,  p.  ^/j3;  Pignor.,  de  Serv.,  p.  16';. 


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PREMIÈRE  SÉRIE.  67 

PLANCHE  39. 

La  partie  inférieure  de  cette  décoration  a  été  décrite 
dans  la  planche  précédente,  où  l'on  n'aperçoit  qu'une 
partie  de  la  figure  que  nous  voyons  tout  entière  ici 
sur  la  corniche.  La  carnation  de  cette  figure  est  déli- 
cate ;  ses  cheveux  blonds  sont  couronnés  de  feuilles. 
Elle  a  des  ailes  bleues.  Un  ruban  jaune  descend  de  son 
cou  et  se  croise  sur  sa  poitrine  ;  ses  bras  et  ses  jambes 
sont  ornés  de  petits  anneaux  ;  elle  tient  de  la  main  gauche 
un  sceptre  de  couleur  jaune ,  et  de  la  droite  une  verge, 
jaune  aussi.  Les  couleurs  de  l'édifice  sont  les  mêmes 
que  dans  la  planche  précédente  ;  mais  ici  elles  sont  plus 
vives  et  mieux  conservées.  Nous  voyons  encore  ici  de 
plus  que  dans  la  planche  précédente ,  un  soffite  soutenu 
par  quatre  colonnes  vertes  avec  des  corniches  blanches 
et  jaunes  ;  l'autre  soffite  oii  sont  attachés  une  guirlande 
verte  et  un  ruban  blanc,  est  jaune  aussi.  La  corniche 
de  droite,  appuyée  sur  deux  colonnes  vertes  coupées 
par  deux  traverses  jaunes ,  a  des  ornements  blancs  sur 
fond  rouge.  L'appui  qui  porte  les  colonnes  et  oii  l'on 
distingue  plusieurs  ouvertures  en  perspective,  est  noir 
tirant  sur  le  rougeâtre. 

PLANCHE  40. 

Le  fragment  de  décoration  que  nous  voyons  ici  semble 

1"  Série.— Peintures.  g 


58  PEINTURES. 

représenter  la  partie  supérieure  du  vestibule  d'un  palais. 
ISohilibus  facienda  sunt  vestibula  regalia,  alta  atria , 
peristylia  amplissima  (  i  ).  On  voit,  à  gauche,  trois  co- 
lonnes ,  y  compris  la  plus  avancée,  qui  ressemble  à  un 
terme  ou  à  une  caryatide.  Il  faut  en  supposer  autant 
sur  la  gauche,  sans  tenir  compte  de  celle  qui  s'avance, 
isolée  et  sur  le  premier  plan ,  avec  des  ornements  bi- 
zarres et  entre  autres  un  monstre  marin.  Ces  six  colonnes, 
avec  un  chapiteau  d'ordre  composite,  supportent  un 
dais ,  où  l'on  doit  remarquer  une  frise  d'une  grande 
richesse.  Par  le  vide  de  la  porte ,  on  entrevoit  une  co- 
lonnade ionique  qui  réveille  l'idée  d'un  atrium  ou  d'un 
cavedium.  On  a  beaucoup  controversé  sur  le  vestibule 
et  l'atrium.  Les  anciens  eux-mêmes,  et  les  jurisconsultes 
surtout,  ont  beaucoup  écrit  pour  établir  la  différence 
qui  existait  entre  l'un  et  l'autre  (2).  Il  paraît  cependant 
bien  établi  que  le  vestibule  était  sur  la  rue ,  et  entouré 
quelquefois  de  portiques.  L'atrium  était  dans  l'intérieur, 
et  la  première  pièce  de  l'appartement  (3). 

PLANCHE  41. 

Cette  peinture  semble  se  composer  de  trois  parties 


(i)  Vitruve,  VI,  8.  la  loi  i57,  t.  VIII,  p.  599  et   544, 

(2)  Aulu-Gelle,  N.  A.,  XVI,  5,  et  et  Obs.  XIV,  i ,  t.  III,  p.  SgojPaul., 

Gronovius,  Budce  sur  la  L.   245  de  L.  19,  §  1 ,  Comin.  div. 

V.  S.  ;  Ciijas  sur  la  même  loi  245,  sur  (3)  Vitruve ,  VI ,  3 ,  8. 


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PKINTURES 


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PREMIÈRE  SÉRIE.  59 

distinctes,  qui  n'ont  entre  elles  d'autre  rapport  que  celui 
de  l'ajustement.  En  effet  les  trois  colonnes  supportées 
par  des  piédestaux  ne  se  lient  en  aucune  façon  à  l'édi- 
fice. Elles  ont  été  empruntées  sans  doute  à  quelque 
construction  dont  elles  faisaient  partie,  et  placées  ici 
pour  la  grâce  et  l'effet  de  cette  composition.  On  sait 
que  les  temples  avaient  toujours  un  nombre  impair 
de  gradins,  pour  que  le  pied  droit  qui  devait  monter 
le  premier  gradin ,  fût  aussi  posé  le  premier  dans  le 
temple  :  Gradus  in  fronte  ita  constituendi ,  uti  sint 
semper  impares  ;  namque  quum  dextro  pede  primus 
gradus  ascendatur ,  item  in  summo  templo  primus  erit 
ponendus  (i). 

PLANCHE  42. 

Le  fond  de  cette  peinture  est  d'un  rouge  foncé.  L'aigle , 
la  guirlande  et  toute  l'architecture  sont  jaunes.  Le 
paysage  avec  une  vue  de  la  mer,  de  petites  barques  et  des 
pêcheurs,  est  peint  de  couleurs  naturelles.  L'aigle,  àppç 
Kai  paaiXeùç  oïwvwv,  le  roi  et  le  prince  des  oiseaux  (2),  avait 
été  choisi  par  Jupiter,  comme  le  symbole  le  plus  expres- 
sif de  sa  puissance  et  de  son  empire  universel.  Les  rois 
de  la  terre  imitèrent  le  roi  de  l'Olympe,  et  virent  dans 
l'oiseau  de  Jupiter,  l'expression  du  pouvoir  et  de  la  vic- 

(i)  Vitruve. 

(2)  Pindare,  I ,   i ,  7!^,  P.  1 ,  10,  OL,  XIII,  3o. 


60  PEINTURES. 

toire  (i).  Plus  tard  les  Romains  placèrent  son  image  en 
tête  de  leurs  légions ,  et  désignèrent  par  une  aigle  à  deux 
têtes  la  réunion  de  deux  légions  différentes.  Enfin  ce 
signe  fut  adopté  pour  indiquer  les  deux  empires  d'Orient 
et  d'Occident  (2);  et  comme  les  empereurs  avaient  em- 
prunté son  aigle  à  Jupiter,  les  impératrices  prirent  le 
paon  à  Junon. 

Deux  oiseaux  occupent  les  deux  cadres  latéraux  de  la 
vignette.  Dans  le  milieu  est  une  espèce  de  volière ,  avec 
un  bassin  oii  nage  un  canard.  Sur  les  côtés  sont  deux 
barrières  en  treillis,  dont  la  couleur  semble  indiquer  des 
roseaux.  Les  anciens  mettaient  beaucoup  de  luxe  à  cette 
partie  de  leur  ménagerie.  Ils  en  attribuaient  l'invention 
à  M.  Lélius  Strabon  de  Brundusium  (3). 

PLANCHE  43. 

Cette  décoration  est  dans  le  même  goût  que  la  précé- 
dente. Le  fond  est  rouge.  L'architecture  au-dessus  des 
guirlandes  et  les  ornements  sont  jaunes,  les  enroulements 
et  le  paon  sont  de  couleur  blanche.  Les  couleurs  du 
paysage  sont  naturelles.  L'oiseau  de  la  partie  inférieure 
est  jaunâtre. 

Le  paon,  en  grec  Tawç,  fut  ainsi  nommé,  parce  qu'il 

(i)  Servius,  .£.'/î.,I,  398;  11,691;      de  Nobitit.,  IV,  17,  p.  loaSetsuiv. 
IX,  564  ;  Begcr,  Th.  Br.,  1. 1,  p.  148.  (3)  Varron ,  de  Re  rustic. ,  III ,  5. 

(a)  Vossius,  IdoL,  III,  76;  Mattei, 


'EINTURES 


A   d'H    V    S     P     349 


peinture; 


J^?  -Série. 


1^iiX^^à^^^\^\4Ài^A^4UUàAÀ^i4,^^AS^k^XÀX^:i^^.A^.^^ 


A,dH.V.4  P  12  3. 


PREMIÈRE  SÉRIE.  61 

étend  ses  ailes,  cctco  ttî?  Ta^stoç  tGv  TCTepGv  (i).  Il  était,  chez 
les  anciens  comme  chez  nous ,  le  symbole  de  la  vanité  (2). 
Attribut  de  Junon ,  il  indiquait  la  grandeur,  les  richesses 
et  l'orgueil  de  la  reine  de  l'Olympe  (3).  Il  dut  son  origine 
à  la  métamorphose  que  subit  Argus,  dont  les  cent  yeux  (4) 
furent  transportés  dans  la  queue  de  ce  bel  oiseau  (5). 

L'autre  oiseau  de  cette  planche  est  un  second  paon 
ou  une  huppe ,  confondue  par  Aristote  et  par  Escu- 
lape  avec  le  coucou  (6) ,  aussi  consacré  à  Junon  (7). 


PLANCHE  44. 

Le  fond  de  cette  peinture  est  noir.  La  corniche  du  ca- 
dre barlong  supérieur  est  blanche,  la  bande  tracée  au- 
dessous  est  jaune.  D'un  petit  écusson  vert  sortent  deux 
rameaux  verts  aussi.  Ils  ont  des  fleurs  blanches,  et  portent 
des  oiseaux  rouges.  Au-dessous  est  une  petite  bande  rouge 
entre  deux  filets  blancs.  La  partie  extérieure  de  la  niche, 
les  dauphins  et  les  autres  ornements  qui  en  décorent  le 
sommet  sont  jaunes;  l'intérieur  du  tholus  ou  de  la  pe- 
tite coupole  est  vert.  Les  petites  guirlandes  sont  vertes 


(1)  Athénée  ,  IX ,  p.  367.  (4)  Martial,  XIV ,  Ép.  85 ;  Servius, 

(2)  Ovide,  Met.,  XIII,  802;  Art.  I,  JEn..,  VII ,  790. 

627;  Philostrate,  Her.,  cap.  i5  ;  hn.  (5)  Ovide,  Met.,  I,  721. 

Il,  32  ;  Aristophane,  Ach.,  63;  Ln-  (6)  Saumaise,  Ex.  Plîn:,-\^.  168  et 

cien ,  Nig.,  1 3  ;  Pline  ,  X  ,  20.  i6g. 

(3)  Fulgence,  Myth.,  II,  3.  (7)  Pausanias,  II,  17. 


6Î  PEINTURES. 

aussi.  Des  rameaux  verts  avec  de  petites  fleurs  blanclies, 
entourent  deux  baguettes  jaunes.  Le  socle  de  la  niche  est 
rouge.  Le  petit  Amour  a  des  ailes  vertes  et  des  cheveux 
blonds.  Son  bras  porte  une  draperie  rouge,  une  de  ses 
mains  un  bâton  pastoral,  et  l'autre  une  flûte  de  Pan.  Sa 
couronne  semble  faite  de  feuilles  de  pin.  Tous  les  attri- 
buts de  cette  petite  figure  appartiennent  au  dieu  Pan  (i), 
ce  qui  pourrait  faire  croire  qu'on  a  voulu  représenter  ici 
le  Génie  de  Pan;  mais  il  est  peut-être  plus  naturel  de 
voir  ici  une  représentation  de  l'amour  pastoral ,  ou  du 
goût  de  l'âme  pour  la  vie  champêtre.  La  flûte  de  Pan 
exprimait  l'harmonie  et  la  concorde ,  et  le  pin  était  un 
symbole  de  la  chasteté  et  de  l'amour  pudique , 

Pronuba  nec  castes  accendet/>wKj  odores  (2). 

Les  vierges  s'en  faisaient  des  couronnes  (3) ,  et  les  tor- 
ches qu'on  portait  à  la  cérémonie  des  noces  étaient  tou- 
jours faites  de  bois  de  pin. 

PLANCHE  45. 

Cette  composition  est  traversée  dans  toute  sa  largeur 
par  une  grande  corniche  jaune.  Sur  la  droite  cette  cor- 
niche porte  un  masque  de  satyre  (les  cornes  et  les  oreilles 

(i)  Ovide,  Met.,  I  et  XIV;  Fornu-  (3)  Callimaque,  H.  in  Dian.,  21  ; 

tus ,  in  Paul.  ;  Servius ,  Ed.,  U,  3 1 .        Longus ,  Pastor,  liv.  I;  Pascalius,  VI, 
(2)  Virgile,  Ciris  ,  v.  439.  uS. 


1^ 


PREMIÈRE  SÉRIE.  63 

de  bouc  ne  permettent  aucun  doute  à  ce  sujet) ,  dont  la 
face  et  les  cornes  sont  couleur  de  bronze.  Les  yeux  ont 
la  prunelle  noire,  et  le  tour  de  la  paupière  vert.  Les 
oreilles  sont  rouges  et  les  cheveux  châtains.  Le  fond 
de  la  niche  ou  de  l'armoire  dont  ce  masque  occupe  le 
devant  est  pourpre ,  et  traversé  par  de  petits  filets  blancs. 
Le  pilastre  tout  à  fait  à  droite  est  bleu.  C'est  aussi  la  cou- 
leur des  deux  anneaux  qui  terminent  les  deux  côtés  de 
l'autre  partie  de  la  peinture.  Les  deux  filets  qui  les  traver- 
sent en  long  sont  blancs.  La  bande  supérieure  et  la  petite 
bande  latérale  plus  étroite,  qui  encadrent  le  paysage, 
ont  une  teinte  jaune  foncé.  Le  fond  est  bleu  de  ciel  ;  les 
arbres  et  les  rochers  sont  peints  au  naturel  ;  la  tente , 
dont  un  bout  est  attaché  à  un  arbre,  est  blanche.  C'est 
encore  la  couleur  de  la  colonne  posée  sur  le  rocher  et 
surmontée  de  son  abaque ,  et  des  deux  autres  colonnes 
superposées ,  qui  figurent  au  premier  plan.  A  la  colon  nette 
de  dessus  est  un  instrument  angulaire,  dont  il  ne  nous 
reste  qu'une  partie  ,  et  que  nous  ne  pouvons  déterminer 
à  cause  de  la  dégradation  de  la  peinture.  La  draperie 
qui  décore  la  colonne  inférieure  est  bleue,  celle  qui 
part  du  pied  de  la  petite  colonne  est  rouge.  Auprès  de  ces 
colonnes  est  un  jeune  homme  agenouillé  :  il  est  couronné 
de  rameaux  verts  ;  une  draperie  brune  couvre  ses  cuisses , 
qui  sont  cachées  aussi  par  une  peau  de  bête  de  couleur 
jaune  dont  on  aperçoit  la  tête.  Ce  jeune  homme  est 
d'une  carnation  bronzée  ;  il  tient  de  la  main  gauche  un 
bâton  pastoral ,  et  tend  sa  main  droite  vers  une  jeune 


64  PEINTURES. 

femme  assise  sur  une  grande  pierre.  Elle  est  nue  jusqu'aux 
cuisses,  qu'elle  enveloppe  ainsi  que  ses  jambes  dans  une 
draperie  jaune  et  doublée  de  pourpre.  On  ne  peut  guère 
distinguer  ce  qu'elle  tient  de  la  main  droite.  C'est  une 
feuille  comme  on  en  voit  souvent  entre  les  mains  des 
nymphes,  ou  un  objet  de  toilette  qui  lui  sera  utile  dans 
le  bain ,  en  supposant  qu'elle  va  se  baigner. 

L'idole  placée  au-dessous  de  l'arbre  est  rouge.  Elle  a 
sur  la  tête  un  ornement,  qui  peut  être  une  fleur  de  lotus 
ou  un  boisseau,  attribut  de  Sérapis,  donné  quelquefois  à 
Isis  frugifère  (i).  Le  vase  ou  la  corbeille  qu'elle  tient  de 
la  main  droite  convient  aussi  à  Isis,  à  qui  l'on  attribuait 
l'invention  du  froment  et  de  l'orge,  dont  on  lui  offrait  les 
prémices  (2).  Dans  sa  main  gauche  est  un  bâton  pasto- 
ral (3),  ou  une  faux.  Tous  les  attributs  de  cette  idole  ont 
rapport  aussi  à  la  déesse  Paies,  dont  le  culte  remontait  à 
l'antiquité  la  plus  reculée  (4)  ^t  l'ornement  de  la  tête 
ressemble  au  tutulus  des  divinités  étrusques  (5).  La  table 
ou  base  qui  porte  cette  idole  est  rouge  aussi;  elle  re- 
tient un  long  thyrse  orné,  ainsi  que  l'arbre,  de  baur 
delettes  de  couleur  incertaine.  Sous  le  rocher  et  dans 
une  espèce  d'antre,  orné  de  guirlandes  et  de  dra- 
peries, on  voit  sur  une  base   blanchâtre  trois   petites 


(1)  Cuper,  Harp.,  p.    35  et    46;  33i,n.  65.          •    .           ,            . 

Macrobe,  Sat.,  I,  20,  et  Cuper,  loc.  (4)  Ovide,  Fasi.,  IV,  72-0  et  suiv.; 

c//.,  p.  II.  Vossius,  /c/o/.,  IX,  34;  Tibulie,  11^ 

(2}  Diodore,  I,  24  ;  ibi  Wesseling.  EL  23  et  suiv.;  Pliitaniue ,  in  Rom., 

(3)  V.  la  Table  isiaquc;  et  le  Anti-  p.  24. 

chità  di  Ercolano,  Osserv. ,  t.  II,  p.  (5)  Musée  étrusque,  1. 1 ,  p.  32. 


PREMIÈRE  SÉRIE.  65 

idoles  peintes  en  vert.  Celle  du  milieu  est  plus  grande. 
Elle  tient  de  la  main  droite  une  patère,  de  la  main 
gauche  un  thyrse,  ou  un  autre  attribut.  Les  deux  au- 
tres ont  sur  la  tête  un  ornement,  qui  est  peut-être  une 
fleur  de  lotus.  On  a  vu  dans  d'autres  monuments  anti- 
ques (i)  les  trois  statues  réunies  d'Isis,  d'Osiris  et  d'Har- 
pocrate  encore  enfant  ;  et  nous  pouvons  donner  les  mêmes 
noms  à  nos  trois  idoles.  Cependant,  et  pour  expliquer 
l'inégalité  de  leurs  tailles ,  il  vaudra  peut-être  mieux  voir 
Isis  dans  la  statue  du  milieu ,  et ,  dans  les  deux  petites 
statues  latérales  ses  deux  enfants  (2);  Diane,  que  les  Égyp- 
tiens appelaient  Bubasté,  et  Apollon,  qu'ils  adoraient 
sous  les  noms  d'Orus  et  d'Harpocrate  (3). 

Le  jeune  homme  agenouillé  est  certainement  un  faune  ; 
ses  oreilles  de  bouc,  son  bâton  pastoral,  la  peau  dont  il 
est  à  demi  vêtu,  en  sont  des  preuves  assez  plausibles.  Il 
faut  croire  alors  qu'on  a  représenté  ici  les  amours  d'un 
faune  et  d'une  nymphe.  Le  paysage,  avec  ses  arbres,  ses 
rochers  et  son  antre  décoré  de  guirlandes,  est  en  rapport 
parfait  avec  une  scène  de  ce  genre  :  satiricœ  vero  ornantur 
arboribus,  speluncis,  montibus,  reliquisque  agrestihus 
rébus  (4).  Quant  au  mélange  que  l'on  a  fait  de  la  mytho- 
logie grecque  et  des  fables  égyptiennes,  et  au  disparate 
que  forment  entre  eux  le  faune,  par  exemple,  et  Isis,  il 
faut  dire  que  l'Egypte  et  la  Grèce  avaient  fait  un  échange 

(1)  Cuper,  Harp.^  p.  35  et    46  ;  (3)  Cuper,  Harp. ,  p.  /|.  * 
Pignorio,  in  Auctar.                                        (4)  Vitruve,  V,  8. 

(2)  Hérodote,  II,  i56. 

I"  Série. -Peintures  0 


66  PEINTURES. 

mutuel  de  divinités  et  de  superstitions  (i).  Cette  peinture  a 
reçu  aussi  une  explication  historique,  et,  quelque  peu  fon- 
dée qu'elle  soit,  nous  devons  la  rapporter.  Le  faune  a 
paru  être  M.  Antoine,  et  la  jeune  nymphe  Cléopâtre,  dont 
les  amours  auraient  été  représentés  dans  cette  scène, 
sous  une  forme  allégorique.  Une  pareille  explication  est 
fondée  sans  doute  sur  des  textes  de  Plutarque  et  de  Ser- 
vius ,  desquels  il  résulte  que  M.  Antoine  aimait  à  pren- 
dre le  nom  et  les  attributs  de  Bacchus  (2) ,  et  que  Cléo- 
pâtre voulait  passer  pour  Isis  (3) ,  qui ,  selon  les  Égyp- 
tiens, était  femme  et  fille  d'Osiris,  le  Bacchus  des  Grecs. 
'  Nous  avons  dit  qu'une  des  idoles  avait  une  couleur 
rouge.  Il  ne  sera  pas  inutile  de  rappeler  à  ce  sujet  que  les 
anciens  teignaient  de  rouge  les  statues  de  Bacchus  et  de 
Priape  (4)  et  que,  certains  jours  de  fête ,  on  barbouillait  de 
minium  la  face  de  Jupiter.  On  prétend  que  cette  teinte 
était  donnée  aux  idoles  pour  exprimer  la  couleur  du  So- 
leil ,  avec  qui  toutes  les  divinités  avaient  un  rapport  plus 
ou  moins  direct  (5).  Les  triomphateurs  se  peignaient  le 
corps  de  couleur  rouge ,  sans  doute  pour  s'assimiler  aux 
divinités  (6). 

L'ornement  inférieur  est  formé  par  des  têtes  de  Méduse 
ailées  (7),  avec  des  arabesques,  et  par  trois  Génies  qui 


(1)  Pline,  XXXIIT,  3.  (5)  Rycquius,  de  Capitol.,  cap.  i8. 

(2)  Plutarque, ««  Antonio;  Buona-  (6)  Pline,  loc.  cit. 

rotti,  Medagl.,  p,  446.  (7)  Beger,  Th.  Bran.,  p.  553  ;  Apol- 

(3)  Servius,  ^//.,  VIII,  696.  lodore,  lib.  II. 


(4)  Pline,  XXXIII,  7. 


PEINTURES 


7  u.az^   ttifVfy 


A.d'H  .  V,    3.  F.  66 


PREMIÈRE  SÉRIE.  67 

portent  des  bassins  remplis  de  fruits;  celui  du  milieu 
porte  en  outre  une  espèce  de  couronne. 

<         PLAJNCHES  46  ET  47. 

Dans  la  décoration  de  ces  deux  sujets  on  reconnaît  la 
partie  extérieure  d'un  temple  dont  l'architecture  est 
rouge,  à  l'exception  du  mur  où  se  trouve  la  porte;  il  est 
de  couleur  verte.  Les  piédestaux  sont  verts  aussi ,  à  l'ex- 
ception des  abaques,  qui  sont  jaunes.  Les  amazones  sont 
vêtues  d'une  draperie  pourpre  tachetée  de  rouge.  Elles 
ont  une  chaussure  verte  et  un  bonnet  rouge  en  forme  de 
casque.  Leur  bouclier,  que  nous  appelons pelta  est  blanc, 
avec  une  bordure  rouge.  Les  haches  sont  jaunes.  Dans 
des  vases  couleur  de  métal  on  a  placé  d'un  côté  deux  pe- 
tites branches  de  laurier,  de  l'autre,  un  rameau  attaché 
au  vase  par  une  chaîne.  .^  ^^,„/ 

Les  amazones  posées  ainsi  à  l'entrée  d'un  temple  ont 
fait  penser  que  cette  décoration  pouvait  avoir  quelque 
rapport  avec  le  temple  de  Diane ,  à  Ephèse,  que  l'on  disait 
avoir  été  bâti  par  les  amazones,  et  dans  lequel  ces  fem- 
mes guerrières  se  réfugièrent  lorsqu'elles  furent  pour- 
suivies d'abord  par  Bacchus,  ensuite  par  Hercule  (i).  On 
aura  remarqué  que  les  deux  haches  ne  sont  pas  pareilles. 
L'une  est  à  deux  tranchants  et  portait  le  nom  de  bipennis, 

(»)  Pausauias ,  IV,  Hi  ;  VII,  a. 


68  PEINTURES. 

et  l'autre  n'en  a  qu'un  seul;  c'est  une  securis.  Le  mot 
bipennis  fut  employé  d'abord  adjectivement,  et  servit  à 
qualifier  une  certaine  forme  de  haches  ;  plus  tard  l'usage 
le  fit  considérer  comme  substantif  (i).  Nous  avons  déjà 
trouvé  l'occasion  de  parler  des  vases  pour  les  lustrations 
auxquels  on  donnait  le  nom  de  perirrantère  TrepippavTfl'piov. 
Nous  ajouterons  ici  que  ces  vases  formaient  la  ligne  de 
démarcation  entre  la  partie  profane  et  la  partie  sacrée 
du  temple.  Celle-ci  n'était  ouverte  qu'à  ceux  qui  avaient 
purifié  leurs  mains  (2)  ;  elle  était  fermée  pour  ceux  à  qui 
l'on  avait  interdit  l'usage  des  choses  saintes ,  et  que  l'on 
avait ,  s'il  est  permis  de  s'exprimer  ainsi ,  retranchés  de  la 
communion  des  fidèles  (3).  L'autre,  la  partie  extérieure, 
était  d'un  libre  accès  pour  tout  le  monde  sans  distinction. 
C'était  avec  un  rameau ,  le  plus  souvent  de  laurier,  que  les 
prêtres  aspergeaient  ceux  qui  entraient  dans  le  temple  (4); 
cependant  l'aspersoir  que  nous  voyons  ici  attaché  au 
vase  par  une  chaîne ,  ferait  soupçonner  que  l'instrument 
avec  lequel  se  faisaient  les  aspersions,  était  quelquefois 
de  métal.  L'usage  des  aspersions  et  des  lustrations  était 
si  répandu,  qu'il  y  avait  des  périrrantères  jusque  dans  le 
forum  (5);  ce  qui  prouverait  que  la  purification  des  mains 
était  considérée  comme  une  préparation  très-utile  aux 


(i)  Yarron  dans  Nonius,  II,  81  ;  (3)  Lucien,  Eun.,  6. 

Isidore, XIX,  19  ;  J.  J.  Chifflet,  Anast.  (4)  Sozomène,  VI,  5. 

Chipeld.  Jieg.,  c.  i4;  Plutarque,  de  (5)  Eschine,  in  Timarch.  et  in  Cte- 


Pyth.  orac,  p.  399.  siph. 

(2)  Pollux,  I,  6  cl  7. 


PEINTURES 


A  .d'  H  V.  5    P3U. 


<  <  <  a  <-^^<  <  <  <  i  i  <  JA  l  i  l  <  l  l  ^kA  <  <  C  <.  i. i.UC«i  ç 


(Q)  H  m  ?  ?  n  '?  ?  e  M  n  n  H  r;  ?  (j)  y  y  TT 


^.  JtciCCC^  VU^ï^' 


A  d:H.V.3  .  P.»5 


PREMIÈRE  SÉRIE.  69 

actions  importantes  de  la  vie ,  dans  lesquelles  on  ne  de- 
vait pas  s'engager,  illotis  manibus.  Quant  aux  griffons, 
qui  jouent  un  si  grand  rôle  dans  la  plupart  des  décora- 
tions de  cet  ouvrage,  nous  croyons  avoir  déjà  dit  que 
les  anciens  n'ont  jamais  ajouté  foi  à  leur  existence  (i). 
Ils  furent  inventés ,  si  l'on  en  croit  Hérodote  (2)  et 
Pausanias  (3) ,  par  le  poëte  Aristée.  Il  est  vrai  ,  ob- 
serve un  érudit  (4),  que  Moïse  défendit  aux  Hébreux 
de  se  nourrir  de  la  chair  du  griffon  ;  mais  le  législateur 
du  peuple  de  Dieu  voulait  parler  sans  doute  d'une  espèce 
d'aigle  appelée  yp^TuaisToç ,  (5) ,  griffaquila ,  qui  par  le  bec 
et  les  ongles,  ressemblait  beaucoup  aux  images  des  grif- 
fons ,  et  qui  aura  peut-être  servi  de  type  à  la  création  de 
cet  animal  fabuleux  (6).  Il  y  avait  cela  de  commun  entre  les 
aigles  et  les  griffons ,  qu'ils  étaient  également  employés 
pour  la  décoration  des  faîtes  des  temples.  Cela  est  si  vrai 
pour  les  griffons  que  cet  ouvrage  en  offre  de  nombreux 
exemples;  et  pour  les  aigles  que,  sans  tenir  compte  de 
toutes  les  preuves  que  les  monuments  antiques  fournis- 
sent à  l'appui  de  cette  observation ,  chez  les  Grecs  le  mot 
âeTo;  désignait  à  la  fois  un  aigle  et  le  toit  d'un  temple  (7). 
Les  griffons  ne  peuvent  indiquer  ici  en  aucune  manière 
la  divinité,  en  l'honneur  de  laquelle  ce  temple  a  été  élevé  ; 

(i)  Hérodote ,  III ,  1 16  ;  Pausanias,  (6)  Spanheim,  Diss.  III ,  p.  284. 

VIII,  2;  Pline,  X,  49.  (7)  Aristophane,  ^p<?j,  iiio,ibid. 

(2)  IV,  i3.  le  scoliaste;  Pausanias,  II,  7  ;  V,  10; 

(3)  I,  24.  Hesychiusin  Aieto;;  Harpocration  in 

(4)  Bochart ,  Hieroz.,  VI ,  2.  'Astoç  ;  Pollux ,  VII  ,119. 
(.5)  Aristophane,  Ran,  960. 


70  PEINTURES. 

les  anciens  les  donnaient  pour  attribut  au  Soleil  (i)  à 
Isis  et  à  Sérapis  (2) ,  à  l'Amour  (3) ,  à  Minerve  (4) ,  à  Né- 
mésis  et  à  Bacchus  (5)  et  à  Diane  d'Ephèse ,  dont  le  man- 
teau était  orné  de  griffons  et  d'autres  animaux. 

Au-dessous  de  la  planche  46  est  un  morceau  de  frise 
compris  entre  des  bandes  bleues  avec  des  filets  blancs. 
Dans  le  milieu  et  sur  un  fond  blanc,  on  voit  un  cheval 
marin  et  deux  dauphins,  d'une  teinte  verdâtre. 

La  vignette  qui  termine  la  planche  47  est  un  petit 
cadre  sur  fond  blanc,  entouré  d'une  guirlande  verte. 
On  y  voit  trois  vases  dont  la  couleur  imite  la  terre  cuite, 
un  oiseau  peint  avec  des  couleurs  naturelles ,  et  un  cercle 
appuyé  sur  une  espèce  de  piédestal. 

PLANCHE  48. 

Le  champ  de  cette  peinture  est  noir.  Tout  le  nu  de 
la  première  figure  à  gauche  est  bleu.  Sa  coiffure  et  ses 
habits  sont  rouges  dans  les  ombres  et  jaunes  dans  les 
clairs.  Les  objets  qui  sont  dans  ses  mains  sont  jaunes,  et 
il  est  impossible  de  les  distinguer.  Un  petit  ornement 
jaune  aussi  sépare  la  première  figure  delà  seconde,  dont 
le  nu  est  jaune,  ainsi  que  le  tablier  qui  descend  au-des- 


(i)   Servius,   V,  Ed.  65  et  VIII,  XXXVIIL 
£cl.  27.  (4)  Pausanias,  I,  24» 

(a)  Apulée,  Met.  XI.  (5)  Buonarotti,  ilfe^ag/.,  p.  243  et 

(3)  Antichità  di  Erculano ,  1. 1,  tav;  42g. 


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PREMIÈRE  SÉRIE.  71 

SOUS  de  la  ceinture.  La  draperie  qui  couvre  ses  cuisses 
et  l'ornement  de  sa  poitrine  sont  d'une  couleur  azurée.  Sa 
coiffure  tombant  sur  les  épaules ,  et  le  restant  de  sa  toi- 
lette sont  rouges  avec  des  raies  blanches.  Dans  sa  main 
droite  est  un  sistre  jaune,  et  dans  sa  main  gauche  un  ser- 
pent verdâtre.  Ses  deux  pieds  sont  posés  sur  des  sphères 
jaunes.  Entre  cette  figure  et  la  suivante  sont  deux  autres 
petits  cercles  tenant  l'un  à  l'autre  comme  deux  chaînons; 
ils  sont  aussi  de  couleur  jaune.  La  troisième  figure  est  très- 
endommagée.  Sa  taille  est  serrée  par  une  draperie  jaune 
qui  descend  jusqu'au  genou.  Le  vêtement  au-dessous  de 
la  ceinture  est  rouge,  et  celui  dont  ses  cuisses  et  une 
partie  des  jambes  sont  couvertes  est  vert  avec  des  orne- 
ments blancs.  La  jambe  droite  est  blanche ,  l'autre  bleue. 
Entre  la  troisième  et  la  quatrième  figure  et  sur  une  pe- 
tite table  rouge  bordée  de  jaune  est  un  chat  d'une  teinte 
jaune  mouchetée,  avec  un  collier  plus  foncé  et  un  or- 
nement sur  la  tête.  La  quatrième  figure  a  le  visage ,  le 
cou ,  la  jambe  et  le  bras  gauche  blancs.  Son  espèce  de  cha- 
peau est  rouge  avec  un  tour  et  d'autres  ornements  jaunes; 
une  draperie  verte  à  bandes  jaunes  tombe  de  la  tête  sur 
les  épaules.  L'ornement  de  la  poitrine  a  quatre  bandes  : 
la  première  est  rouge,  la  seconde  jaune,  la  troisième 
rouge  foncé ,  et  la  quatrième  verte.  La  petite  bandelette 
qui  de  la  ceinture  descend  jusqu'au  genou  est  jaune ,  avec 
des  broderies  rouges.  Le  vêtement  au-dessous  de  la  taille 
est  rouge ,  tout  le  reste  est  vert  avec  des  raies  jaunes ,  et 
bordé  de  blanc.  La  jambe  et  le  bras  droits  sont  bleus, 


72  PEINTURES.    : 

le  sistre  et  le  petit  seau  sont  jaunes.  Deux  petits  pilastres 
blancs  avec  des  taches  rouges ,  enferment  un  cadre  bar- 
long  sur  fond  rouge ,  dont  le  filet  et  les  ornements  des  an- 
gles sont  blancs.  Le  champ  intérieur  est  vert.  Le  tour  du 
rond  est  blanc,  le  fond  rouge,  et  l'ornement  du  milieu 
blanc  avec  des  points  noirs.  La  première  des  figures  qui 
viennent  après ,  a  sur  la  tête  un  bonnet  vert  avec  des  or- 
nements jaunes.  Une  petite  bande  verte  tombe  sur  l'épaule 
droite,  une  autre  blanchâtre  descend  par  derrière.  Les 
manches  sont  d'une  étoffe  blanche  à  raies  rouges.  Tout 
l'habillement  jusqu'à  la  ceinture  est  bleu  ;  le  tablier,  jaune , 
le  vêtement  des  cuisses  vert,  avec  des  raies  jaunes.  Le  nu 
de  la  cuisse  et  de  la  jambe ,  celui  du  bras  et  de  la  main 
gauche  sont  rouges;  le  visage  et  le  bras  droit,  blancs. 
La  main  gauche  porte  un  disque  jaune  qui  contient  des 
objets  qu'on  ne  peut  distinguer.  Le  siège  est  vert  et  bor- 
dé de  filets  jaunes.  La  petite  table  qui  sépare  cette  figure 
de  la  suivante  est  rouge,  bordée  de  jaune  et  porte  un 
sphinx  blanc,  dont  les  cheveux  blonds  sont  ornés  d'un 
ruban  jaune.  Il  ne  reste  qu'un  fragment  de  la  dernière 
figure,  dont  les  couleurs  sont  imparfaitement  conservées. 
Les  jambes,  le  bras  droit,  et  la  main  qui  tient  un  objet 
difficile  à  distinguer  sont  jaunes.  La  ceinture  et  le  tablier 
sont  blancs;  tout  le  reste  de  l'habillement  est  bleu;  le 
bras  et  la  main  gauches  sont  blancs;  les  serpents  ou  les 
bandelettes  serrés  par  la  main  gauche  sont  verts. 

liCS  ornements  de  la  bande  supérieure  sont  verts  et 
blancs,  sur  fond  rouge.  Au-dessous  de  la  frise  la  petite 


PRElVnÈRE  SÉRIE.  73 

bande  étroite  qui  traverse  en  longueur  toute  la  décoration 
est  rouge.  Les  ornements  placés  au-dessous  sont  verts  et 
blancs.  Enfin  la  large  bande  qui  termine  la  peinture  vers 
le  bas,  est  rouge  dans  le  champ  du  milieu,  et  jaune  dans 
les  deux  champs  latéraux.  La  petite  bande  festonnée  au- 
dessus  est  d'un  rouge  clair.  La  première  colonne  à  gauche 
imite  le  marbre  blanc.  Elle  porte  des  lignes  d'ornements 
verts  et  rouges  alternativement.  Le  thyrse  qui  suit  est 
blanc;  la  bande  entre  la  colonne  et  le  thyrse  est  rouge. 
Dans  l'autre  fragment  de  colonne  le  feuillage  est  vert; 
la  partie  entre  les  feuilles  et  les  enroulements  est  rouge , 
le  reste  blanc  et  le  morceau  de  pilastre  au-dessus 
bleu. 

Il  n'est  pas  facile  d'assigner  un  nom  à  chacune  des  figu- 
res de  cette  décoration.  La  première  paraît  être  un  Osiris, 
et  la  couleur  bleue  de  sa  carnation  pourra  être  expliquée 
par  les  lignes  suivantes  de  Macrobe  :  Quihus  color  apud 
illos  non  unus  est;  alteriim  enim  cœrulea  specie,  alterum 
clarâ  Jingunt  :  ex  his  claruni  superum  et  caeruleum  infe- 
rum  vocant.  Inferi  autem  nornen  Soli  datur,  quum  in 
inferiore  hemisphœrio,  id  est ,  hiemalibus  signis  cursum 
suum  peragit  :  superi  quum  partent  zodiaci  amhit  œsti- 
vam(i).  De  là  nous  pouvons  conclure  que  les  Egyptiens 
représentaient  le  soleil  inferus ,  c'est-à-dire  le  soleil  pen- 
dant le  zodiaque  d'hiver  sous  la  forme  d'un  Osiris,  à  la 
carnation  azurée. 

(i)  Macrobe,  Sat.^  I,  19. 

I"  Série— Peintures.  *" 


74  PEINTURES. 

Le  soleil  ou  Osiris  règle  les  jours  et  les  nuits, 

'Houç  xat  vuxToç  iroXuaffxépoç  y)via  vo[i.(J5v  (i), 

pourquoi  la  couleur  bleue  de  sa  carnation  n'indiquerait- 
elle  pas  le  jour,  et  son  vêtement  jaiuie  et  rouge,  àfXTrepvv) 
fflXoyoei^Yiç  (2) ,  la  nuit  étoilée  ?  Ou  bien  encore  l'azur  est  la 
couleur  de  l'eau,  le  jaune  ou  le  rouge  celle  du  feu;  et  ces 
deux  éléments ,  vénérés  par  les  Egyptiens  comme  les  prin- 
cipes de  toutes  choses ,  étaient  personnifiés  dans  Osiris  (3). 

Nous  sommes,  du  reste ,  les  premiers  à  reconnaître  que 
toutes  ces  interprétations  manquent  de  naturel  et  de  fon- 
dement. Il  en  est  de  même  de  toutes  celles  qui  seront 
avancées  pour  l'intelligence  des  autres  figures. 

La  seconde  a  semblé  une  Isis ,  à  qui  le  sistre ,  le  serpent 
et  l'arrangement  de  la  coiffure  conviendraient  assez.  Les 
petites  sphères  qui  portent  ses  pieds  indiquent  peut-être 
les  deux  globes  du  soleil  et  de  la  lune  ou  les  testicules 
d'Osiris  si  célèbres  dans  la  mythologie  égyptienne ,  et  qui 
figurent  dans  la  table  Isiaque  (4).  Quant  aux  autres  fi- 
gures, on  les  appellera  encore  des  Isis  ou  des  Osiris  ; 
et ,  si  l'on  s'en  rapporte  à  Plutarque  (5)  et  à  Apulée  (6) , 
qui  prétendent  qu'Osiris  était  représenté  tout  lumineux , 
sans  aucune  ombre,  et  avec  un  vêtement  d'une  même 
couleur,  oùx  îjzv*  ociàv,  ou^e  TCOHCtXpLov,  oKk  tv  àirXouv  to  «pwxoei^èç  , 


(i)  Eusèbe,  Pr.  Ev.,  III,   i5;  Or-  (3)  Cuper,  Harp.,  p.  5i 

phée  dans  le  scoliaste  d'Hésiode.  (4)  Pignor.,  p.  16. 

(2)  Plutarque,  de  Is.  et  Os.,  t.  II,  (.'»)  Loc.  cit. 

p.  371.  («)  Apulée,  lib.  XI. 


PREMIÈRE  SÉRIE.  75 

tandis  qu'Isis  était  multicolore,  blanche,  jaune,  rouge  et 
noire ,  on  verra  autant  d'Tsis  dans  tous  les  personnages 
de  cette  décoration.  Il  n'y  a  que  le  thyrse,  attribut  de 
Bacchus,  ou  d'Osiris,  qui  réclame  jusqu'à  un  certain  point 
la  présence  de  cette  divinité.  La  forme  en  T  des  deux 
petites  tables  était  chez  les  Egyptiens  un  symbole  pro- 
pice (i).  Enfin  le  chat  était  rangé  au  nombre  des  animaux 
sacrés  (a).  Quant  au  sphinx ,  il  en  est  question  ailleurs. 

La  vignette  se  compose  de  deux  fragments.  Dans  le  pre- 
mier à  gauche  est  une  Isis  à  tête  de  vache,  qui  tient  de  la 
main  droite  un  sistre  d'une  forme  extraordinaire,  et  de  la 
main  gauche  un  bassin  avec  des  fruits.  Dans  une  des 
planches  précédentes  nous  avons  dit  que  les  Egyptiens 
adoraient  Isis  frugifère  (3).  A  ses  pieds  est  un  instrument 
bifurqué ,  qui  pourrait  bien  appartenir  à  l'arpentage.  Des 
instruments  pareils  ont  été  observés  dans  la  table  Isia- 
que  ,  et  comme  les  inondations  du  Nil  avaient  forcé  les 
Egyptiens  à  inventer  l'art  de  mesurer  leurs  champs , 
la  destination  que  nous  donnons  à  de  pareils  instru- 
ments est  assez  fondée.  Entre  autres  hiéroglyphes  et 
mesures  mystérieuses ,  Clément  d'Alexandrie  nomme  ttiç 
^ixaio(rJvyiç  TT^pv (4).  Une  oie,  attribut  d'Tsis,  est  occupée  à 
béqueter  une  fleur.  Enfin  aux  deux  extrémités  sont  deux 
pilastres  sur  l'un  desquels  est  un  vase  couvert  d'une  dra- 
perie. C'est  ici  le  lieu  de  dire  qu'il  est  assez  probable  que 


(i)  Pignor.,  Kircher.  (3)  Cuper,  Harpoc ,  p.  ii. 

{%)  Plutanjucy  loc.  cit.  (4)  Sir.,  V,  p.  633. 


76  PEINTURES. 

rio  des  Grecs  ne  fut  autre  que  l'Isiâ  des  Egyptiens  :  to 

yàp  TTC  ïffioç  ayaXfAa  lov  yuvaixviTov  ^ouxepwv  zari ,  /caOaTuep  ÊXXv)Vêç 
tJ|v  loùv  ypa<pou<ït  (l). 

Dans  le  second  fragment  de  la  vignette  on  voit  un  loup 
ou  un  chien ,  entre  deux  pilastres ,  sur  l'un  desquels  est 
appuyé  un  carquois  fermé.  L'autre  soutient  un  arc,  et 
par  terre  est  un  dard  ou  une  lance.  Le  loup  était  consa- 
cré à  Apollon  (2)  ;  et  le  chien  à  Isis  et  Osiris  avec  lesquels 
il  partageait  les  adorations  des  peuples  d'Egypte.  C'est 
ce  qui  a  fait  dire  à  Juvénal  :  '  " 

I     'VU'    OPP**^^  *®**  canem  venerantur ,  nemo  Dianam  (3). 

PLANCHE  49. 

Deux  fragments  semblables  et  symétriques  sont  réunis 
dans  cette  planche.  Dans  le  premier  à  gauche  est  une 
figure  sur  un  siège  jaune.  Elle  est  coiffée  d'un  bonnet 
dont  le  fond  est  rouge  et  les  ornements  jaunes.  La  che- 
velure ou  la  draperie  qui  lui  tombe  sur  le  dos  est  jaune 
aussi.  La  bandelette,  qui  du  front  lui  descend  sur  l'épaule, 
est  blanche.  Son  bras  est  couvert  d'une  manche  bleue. 
Le  vêtement  au-dessous  de  sa  taille  est  couleur  d'azur. 
Le  reste  de  l'habillement  est  rouge ,  à  l'exception  du  ta- 


(i)  Hérodote  II,  4i  ;  Cuper,  Harp.,      Th.  Br.,  p.  438. 
p.  10g.  (3)  XV,  8;  Cuper,  Harp.^  p. 67. 

(a)  Sophocle,  EL,  v.   6;   Begcr, 


^ 


i 


PREMIÈRE  SÉRIE.  77 

blier,  qui  est  jaune.  Le  nu  du  bras,  de  la  main,  de  la 
jambe  et  du  pied  droits  est  blanc  ;  celui  du  bras ,  de  la 
main ,  de  la  jambe  et  du  pied  gauches  est  bleu.  Le  long 
bâton  sur  lequel  s'appuie  cette  figure  est  jaune.  Après ,  est 
un  sphinx  de  couleur  fauve,  coiffé  d'une  étoffe  rouge  avec 
des  ornements  jaunes.  L'animal,  posé  dans  l'autre  fragment 
sur  une  table  semblable  à  celles  delà  planche  précédente, 
est  fauve  aussi,  mais  il  a  sur  son  dos  une  peau  tache- 
tée ,  rouge  et  grise.  La  figure ,  assise  sur  un  siège  vert 
bordé  de  jaune,  a  tout  le  nu  de  la  partie  gauche  et  le 
visage  blancs.  Elle  est  coiffée  d'un  bonnet  vert  avec  des 
ornements  jaunes.  Ses  cheveux  sont  jaunes  aussi.  Son 
bras  gauche  est  vêtu  d'une  étoffe  verte  avec  des  orne- 
ments jaunes.  La  partie  de  l'habillement  au-dessus  des 
cuisses  est  jaune,  le  tablier  blanc,  et  le  reste  de  fhabil- 
lement  rouge.  Le  bras,  la  main ,  la  jambe  et  le  pied  droits 
sont  bleus.  Elle  a  sous  ses  pieds  les  deux  petites  sphères 
que  nous  avons  déjà  vues  et  expliquées  dans  la  planche 
précédente.  Elle  tient  à  deux  mains  un  serpent ,  dont  la 
couleur  est  jaune.  Les  deux  champs  inférieurs,  l'orne- 
ment qui  les  termine  dans  le  haut  et  les  deux  autres  petits 
champs  latéraux,  sont  semblables  à  ceux  que  nous  avons 
décrits  dans  la  planche  précédente.  Le  thyrse ,  le  cordon 
et  l'ornement  qui  y  est  attaché  sont  verts.  Les  fûts  des 
colonnes  ornées  de  feuillage  sont  verts  aussi.  Entre  la 
corniche  et  les  enroulements  sont  des  fonds  noirs.  Tout 
le  reste  est  blanc.  Les  deux  fonds  noirs  latéraux  sont  tra- 
versés par  des  tiges  qui  portent  des  feuilles  blanches  et 


78  PEINTURES. 

vertes,  et  des  graines  blanches.  Les  ornements  qui  les  en- 
cadrent et  ceux  des  fragments  supérieurs  sont  blancs ,  à 
l'exception  des  parties  ombrées  qui  sont  vertes  et  rouges. 
Les  colombes  sont  blanches  ;  les  vases  ont  la  même  cou- 
leur, mais  leurs  ornements  sont  verts.  Les  masques  sont 
blancs;  ils  ont  cependant  une  légère  teinte  d'incarnat. 
Dans  le  fragment  supérieur  de  droite,  le  fond  de  la 
couronne  est  bleu  ;  les  ornements  du  cylindre  ,  d'oii  sor- 
tent deux  fleurs  blanches ,  sont  rouge  foncé  ;  les  petites 
bandes  sont  vertes,  et  tout  le  reste  blanchâtre. 

Les  figures  et  les  ornements  de  cette  peinture  se  raj)- 
prochent  tellement  par  leur  genre  de  la  planche  précé- 
dente, que  nous  croyons  pouvoir  renvoyer  aux  explica- 
tions qui  accompagnent  notre  planche  48. 

PLANCHES  50  ET  5L 

Cette  peinture  et  les  trois  suivantes  décoraient  les  mu- 
railles d'une  salle  découverte  aux  fouilles  de  Gragnano , 
le  9  février  1 769.  Elles  sont  sur  fond  blanc.  Les  jietites 
bandes  festonnées  extérieure  et  intérieure  qui  encadrent 
tous  les  sujets  sont  rouges  et  les  ornements  du  milieu , 
verts.  Les  fleurs  et  l'intersection  des  tiges  sont  bleues.  La 
première  rosace  à  gauche,  oii  viennent  aboutir  les  quatre 
tiges,  a  la  bande  extérieure  et  le  fond  rouges,  la  bande 
intermédiaire  blanche  et  la  fleur  du  milieu  jaune,  [-.a  se- 
conde rosace,  toujours  à  gauche,  a  la  bande  circulaire 


^_  4 


JRES 


1.  P.  2  63. 


^ 


PREMIÈRE  SÉRIE.  79 

extérieure  ronge ,  l'autre  blanche ,  le  fond  jaune ,  et  la 
fleur  du  milieu  jaune  et  blanche.  La  troisième  est  sembla- 
ble à  la  première ,  la  quatrième  à  la  seconde  et  ainsi  de 
suite.  Les  fleurs  qui  ornent  les  angles  des  petits  cadres 
sont  rouges  et  soutenues  par  des  tiges  vertes,  ornées  de 
deux  feuilles  vertes  aussi. 

Au  milieu  du  premier  cadre  à  gauche  est  une  fleur  verte 
avec  une  arabesque  bleue  ;  dans  le  second ,  on  voit  un  oi- 
seau qui  tient  avec  ses  pattes  un  petit  rameau  vert  ;  dans 
le  troisième ,  une  fleur  dont  la  corolle  est  rouge ,  et  l'in- 
térieur blanc  et  jaune;  dans  le  quatrième  une  nymphe, 
dont  les  cheveux  blonds  forment  un  nœud  sur  le  milieu 
de  la  tête.  Son  manteau  est  vert;  de  la  main  droite  elle 
tient  une  bande  jaune  ;  et  de  la  gauche  un  carquois  de 
la  même  couleur.  Le  cinquième  cadre  est  occupé  par  une 
fleur  et  une  arabesque ,  semblables  à  l'ornement  du  pre- 
mier des  cadres  que  nous  venons  d'expliquer  ;  le  sixième 
a  pour  sujet  un  oiseau  qui  déploie  ses  ailes. 

En  passant  au  second  rang,  et  en  commençant  toujours 
par  la  gauche,  nous  voyons  dans  le  premier  cadre  un 
médaillon  dont  le  tour  extérieur  est  rouge  ,  et  le  second 
blanc.  Sur  le  fond,  qui  est  rouge,  est  une  figure  qu'on  dis- 
tingue à  peine.  Le  Génie  du  second  cadre  a  une  draperie 
verte;  il  tient  d'une  main  un  bâton  pastoral,  et  de  l'autre 
une  corne  d'abondance  de  couleur  jaune.  Le  médaillon 
du  troisième  cadre  est  entouré  d'une  bande  circulaire 
extérieure  rouge ,  et  d'une  autre  bande  blanche  ;  et,  sur 
un  fond  rouge  ,  est  une  figure  qu'on  ne  distingue  pas. 


80  PEINTURES. 

Dans  le  quatrième  cadre  est  un  perroquet  auquel  on  a 
conservé  ses  couleurs;  il  tient  dans  ses  pattes  une  petite 
branche  verte.  Le  sujet  du  cinquième  cadre  est  un  mé- 
daillon semblable  aux  autres  pour  les  couleurs.  Les  figures 
ne  sont  pas  bien  conservées.  Enfin  le  sixième  est  encore 
un  petit  Génie  avec  une  draperie  verte  ;  dans  une  de 
ses  mains  est  un  sceptre  couleur  d'or,  et  dans  l'autre 
une  torche. 

Au  troisième  rang,  et  dans  le  premier  des  petits  cadres 
est  un  aigle  peint  au  naturel;  dans  le  second,  une  fleur 
que  nous  avons  déjà  décrite  ;  dans  le  troisième ,  une  nym- 
phe drapée  de  jaune ,  qui  tient  un  instrument  jaune  aussi, 
un  cadélabre ,  ou  une  torche ,  ou  un  javelot  avec  un  orne- 
ment ÈGipaipcofAÊva  àxdvTta  xal  ^opaxa  (l),  ^opu  cçatpcoTÔv  (2); 
dans  le  quatrième,  une  fleur  déjà  décrite;  dans  le  cin- 
quième un  oiseau  avec  un  petit  rameau  vert;  dans  le 
sixième,  une  fleur  que  nous  avons  déjà  vue.  , 

Au  quatrième  rang,  et  dans  le  premier  cadre,  nous  voyons 
un  Génie  qui  tient  un  petit  seau  de  couleur  jaune  ;  sa  dra- 
perie est  verte.  Dans  le  second  cadre,  est  un  médaillon 
avec  une  colombe;  dans  le  troisième,  un  aigle  qui  vole. 
Dans  le  médaillon  qui  vient  après  est  un  animal  qui  res- 
semble à  un  chien.  Le  cinquième  cadre  est  occupé  par 
un  Génie  qui  porte  une  corne  d'abondance  ;  sa  draperie 
est  verte.  Le  dernier  cadre  du  quatrième  rang  contient 
un  médaillon  où  l'on  voit  un  oiseau. 

(i)  Xénoplion,  irep'.  'Iinr.  (a)  Pollux,  I,  112. 


PREMIÈRE  SÉRIE.  8l 

Le  second  cadre  du  cinquième  rang  est  occupé  par 
une  nymphe,  qui  tient  un  objet  de  couleur  jaune.  Elle 
est  à  demi  vêtue  d'une  draperie  rouge,  et  coiffée  d'un 
bandeau  blanc;  ses  épaules  sont  traversées  par  une  cein- 
ture verte  qui  serre  et  retient  sa  gorge.  On  doit  voir  ici 
le  strophium,  cxpoçiov,  qui  différait  du  sapparum  en  ce 
que  ce  dernier  couvrait  le  cou  et  les  épaules,  et  s'attachait 
au-dessus  du  sein  : 

Non  contecta  levi  velatum  pectus  amîctu, 
Nec  tereti  strophio  lactantes  vincta  papillas  (i). 

Pollux  appelle  cette  partie  du  vêtement,  la  ceinture  de  la 

gorge  ^  TÔv  (xaffTôv  yuvaixsuov  i^ôcfxa  (2J,  Anacréon,  Tatvia  (3)  , 
bandelette;  Virgile  la  donne  à  Penthésilée; 

Aurea  subnectens  exertae  cingula  mamma;  (4). 

Les  ornements  du  troisième  et  du  cinquième  cadre  figu- 
rent ailleurs;  dans  le  quatrième  et  le  sixième  on  voit 
deux  oiseaux  peints  de  couleurs  naturelles. 

Dans  le  sixième  rang  nous  avons  trois  médaillons  pa- 
reils aux  autres  pour  les  couleurs.  Ils  semblent  représen- 
ter des  figures  de  femmes.  Le  paon  du  second  cadre  est 
peint  de  couleurs  naturelles.  Le  Génie  du  quatrième  a 
une  draperie  verte  ;  il  porte  une  boîte  jaune.  La  nymphe 

(1)  Catulle  Carm.,  63 ,  v.  65  ;  No-  (2)  VII ,  65. 

nius,  XIV,  9  ;  Derapster  ,  V.  35  ;  les  (3)  O.  20. 

commentateurs  deTérence,  Eunuch.,  (4)  Mn.,  I,  49*. 

A.,  II,  5,  m,  22. 

l"  Série.— Peintures.  »  . 


aa  ...PEINTURES. 

du  sixième  cadre  est  à  demi  vêtue  d'une  draperie  verte. 
Dans  sa  main  droite  elle  tient  un  cancre  qui  indique 
peut-être  la  constellation  du  Cancer  et  l'été  dont  elle  est 
le  symbole  (i).  On  a  pensé  aussi  que  cette  nymphe  pouvait 
appartenir  au  fleuve  Sarnus,  qui  baignait  les  murs  de 
Pompéi  (2),  et  était  renonmié  comme  il  l'est  encore  au- 
jourd'hui pour  la  bonté  de  ses  écrevisses.  Les  anciens 
faisaient  grand  cas  des  cancres,  xapxtvi'a,  qui  se  ven- 
daient tout  cuits  avec  d'autres  poissons  qu'on  désignait 
par  le  nom  générique  d'èt^viTûv ,  epsètes  (3). 

Les  fleurs  et  les  oiseaux  du  septième  et  dernier  rang 
sont  peints  de  couleurs  naturelles.  La  nymphe  du  pre- 
mier cadre  est  vêtue  aussi  d'une  draperie  verte,  dont  le 
revers  est  rouge.  Elle  tient  dans  sa  main  droite  une  sphère 
bleue,  et  de  la  main  gauche  une  feuille  jaune.  N'eût  été 
la  couleur  de  la  pomme  que  porte  notre  jeune  nymphe, 
nous  aurions  pu  voir  ici  Vénus  ou  une  des  Grâces.  Mais 
la  teinte  bleue  de  cette  petite  sphère  a  fait  croire  que  le 
peintre  avait  voulu  figurer  une  balle  à  jouer.  Les  anciens 
remplissaient  de  plumes  ou  de  vent  une  peau  coloriée  (4), 
et  se  la  renvoyaient  de  plusieurs  manières  qui  formaient 
autant  de  jeux  différents  (5).  On  voyait,  dit  Plutarque, 


(1)  Nonnus    Dionys.,  XXWlîl,  trône,  cap.  27. 

295.  (5)  Pollux,  IX,  io3  et  106;  Eus- 

(2)  Pline   III,   5;  Strabon,V,   p.  tathe   Od.,  0,   p.    1601;    Meursius 
347,  de  Lud.  Grœc;  les  commentateurs  de 

(3)  Athénée,  III,  11;  VII,   i/j,  p.  Martial,  IV,   19;  ceux  de  Suétone, 
3oo;  Casaubon,  ad  Athenaeum,  V,  3.  Octav.,  ch.  83;    Mercurialis   A.   G., 


(/,)  Homère,  Od.,  «,  v.  373;  Pé-       II,  /,  et  5 ,  V,  4- 


PREMIÈRE  SÉRIE.  83 

un  bronze  qui  représentait  une  figure  lançant  un  ballon 
avec  un  bracelet  de  corne  ;  âvaxeixai  yàp  Iv  àxooTroXsi  joîkMîiv  év 

T-fl  <7(paipi(7Tpa  Tûv  Àppviipopwv  xspyiTi^tov  (l).  Le  mot  xepviTi'Cwv  a  été 

traduit  ainsi  par  Fabri ,  qui  veut  que  les  anciens  aient  em- 
ployé pour  le  jeu  du  ballon  des  bracelets  semblables  à  ceux 
dont  se  servent  encore  aujourd'hui  les  Italiens,  les  Basques 
et  les  habitants  de  la  France  méridionale.  Mais  le  mot  xeprr 
Tt'^eiv  signifie ,  selon  Hesychius,  coniscare,  arietare,  jouer 
avec  les  cornes,  comme  font  entre  eux  les  jeunes  béliers  et 
les  chevreaux  ,  et  par  extension ,  le  prélude,  les  essais  qui 
précèdent  un  jeu  ou  une  action  quelconque.  Il  faut  re- 
connaître cependant  que  la  traduction  de  Fabri ,  et  l'u- 
sage des  bracelets  ou  des  palettes  pour  le  jeu  du  ballon, 
expliqueraient  deux  vers  d'Ovide  non  compris  jusqu'à  ce 
jour  (2): 

Reticuloque  pilae  lèves  fundantur  aperto, 

■  *3 
Nec ,  nisi  quam  toiles,  ulla  movenda  pila  est  (3). 

Le  mot  reticulum  signifierait  une  raquette  dans  le  genre 
de  celles  qui  servent  au  jeu  du  volant  ;  et  un  exercice  à 
peu  près  pareil  aurait  été  en  faveur  chez  les  femmes  de 
l'antiquité.  Il  est  vrai  que  les  deux  autres  vers  d'Ovide  : 

Hos  ignai'a  jocos  tribuit  natura  puellis  : 
Materia  ludunt  uberiore  viri  (4), 

(i)  Plutarqiie,  Isocr.,  p.  SBg,  t.  II.  (3)  Â.  A.,  III,  36i. 

(a)  Broukhusius,  sur  Properce,  III,  (4)  J.  .4.,  III,  383. 

£/.,  XII,5. 


81  PEINTURES. 

et  l'ironie  de  Martial  lancée  contre  Philénis,  dont  les 
goûts  et  les  habitudes  sont  étrangers  à  son  sexe  , 

Harpasto  quoque  subligata  ludit(i), 

tendraient  à  faire  croire  que  le  jeu  de  balle  n'était  pas 
un  divertissement  adopté  par  les  femmes.  Cependant, 
comme  il  existait  plusieurs  espèces  de  jeux  de  balle ,  il  est 
assez  probable  que  les  moins  fatigants  avaient  été  choisis 
par  les  femmes.  Les  Lacédémoniennes  se  livraient  avec 
ardeur  à  ce  genre  de  divertissement  (2),  et  Virgile  ne  l'a 
pas  jugé  indigne  de  figurer  dans  un  de  ses  poëmes  (3). 

Il  nous  reste  à  présent  à  faire  sur  la  décoration  de 
cette  planche  quelques  observations  générales  qui  se 
rapporteront  aux  planches  suivantes.  On  s'accordera 
d'abord  à  trouver  avec  nous  qu'il  y  a  dans  la  disposition 
et  dans  tous  les  ornements  de  cette  peinture  une  grâce 
et  un  goût  parfaits;  et  l'on  verra  sans  doute  ici 
une  imitation  et  peut-être  une  copie  d'une  mosaïque. 
Les  anciens  ornaient  de  mosaïques  non-seulement  les 
planchers  (  4  ) ,  mais  quelquefois  encore  les  murailles  de 
leurs  appartements  (5)  ;  nec  tantum  ut parietes  toti{auro) 
operiantur ;  verumet  interciso  marmore^  vermicidatisque 
ad  effigies  reriim  et  animantlwn  crustis.  Ces  mosaïques 
étaient  copiées  par  les  peintres ,  lorsqu'elles  leur  sem- 

(i)  Martial ,  VII ,  Ep.  66.  (4)  Pline  ,  XXXVI ,  26  ;  Vitruve , 

(2)  Properce,  III,  El.  XII ,  5  ;  Lu-  VII,  1  ;  Boulenger ,  de  Pict.  ,1,8; 
cien,  de  Gymn  ,  §  38;  Athénée,  I,  12.  Spon,  Mise,  Jntic,  sect.  II,  diss.  8. 

(3)  Ciris.  (5)  Pline ,  XXXV ,  i . 


PEINTURES  . 


\"  Série 


ll..,<tmTwrMtnTiflTritlmitmi«kilfai^^ 


:  /'Zi/'/tf/d. 


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PREMIÈRE  SÉRIE.  85 

Liaient  dignes  d'exercer  leurs  pinceaux.  Il  n'est  plus 
permis  de  douter  de  ce  fait ,  car  on  a  trouvé  une  mosaïque, 
d'une  délicatesse  exquise,  qui  portait  le  nom  de  son  au- 
teur, et  l'on  a  découvert  aussi  une  peinture  qui  n'était 
autre  chose  que  la  copie  de  cet  excellent  original. 

PI  ANCHE  52. 

Les  ornements  de  cette  peinture  sont  pareils,  pour  le 
dessin  et  les  couleurs,  à  ceux  de  la  décoration  qui  fait  le 
sujet  de  la  planche  précédente.  Ils  complétaient  avec 
ceux  des  trois  planches  suivantes  la  décoration  d'une 
muraille,  dégradée  aujourd'hui  en  plusieurs  endroits, 
et  l'on  a  réuni  en  quatre  planches  les  cadres  qui  se  sont 
trouvés  le  mieux  conservés. 

Dans  le  premier  cadre  est  une  nymphe  à  demi  vêtue 
d'une  draperie  rouge.  Elle  tient  à  deux  mains  une  es- 
pèce de  corbeille.  La  nymphe  du  deuxième  rang  tient  de 
la  main  gauche  une  large  feuille ,  et  de  la  main  droite  une 
corne  d'abondance  d'où  sortent  de  petites  feuilles.  Les 
trois  petits  Génies  ont  des  draperies  vertes  ;  l'un  d'eux 
porte  une  espèce  de  massue ,  un  autre  un  disque ,  et  le 
dernier  enfin ,  une  lyre  sous  son  bras  gauche.  La  nymphe 
du  troisième  rang  est  vêtue  de  rouge  comme  les  deux  au- 
tres ;  elle  élève  avec  une  de  ses  mains  au-dessus  de  son 
épaule  droite  le  manteau  qui  la  couvre  à  demi;  sur  les 
doigts  de  sa  main  gauche  est  posé  un  oiseau ,  qui  peut 


86  PEIINTURES. 

être  une  colombe.  La  colombe  était  l'oiseau  de  Vénus , 
et  un  attribut  assez  caractéristique  de  cette  divinité, 
pour  qu'Aspasie  lui  fît  ériger  une  statue  d'or  sans  autre 
distinction  qu'une  colombe  (i).  Il  ne  serait  donc  pas  im- 
possible que  cette  figure  soit  une  Vénus ,  ou  bien  encore 
une  déesse  Suada,  à  qui  l'on  donnait  pour  attribut  l'oiseau 
connu  chez  les  Grecs  sous  le  nom  d'iuy^ ,  et  chez  nous 
sous  celui  de  torcol  (2). 

PLANCHE  52  bis. 

La  première  nymphe  porte  une  boîte  entrouverte  que 
les  Grecs  appelaient  xtêwTtov  ou  >.apva3tvi ,  et  les  I^atins  cap- 
sula, capsetla.  Nous  ne  saurions  guère  déterminer  l'usage 
de  la  petite  cassette  que  porte  notre  figure.  Il  est  assez 
vraisemblable  cependant  qu'elle  contient  des  vases  sacrés 
ou  des  objets  de  toilette  à  l'usage  des  femmes  (3).  liCS  La- 
tins avaient  donné  le  nom  de  Capsarii  aux  exclaves  char- 
gés du  soin  des  habits  pour  le  bain ,  et  à  ceux  qui  por- 
taient les  livres  des  enfants  lorsqu'ils  se  rendaient  à 
l'école  (4). 

Les  trois  petits  Génies  de  cette  planche  ont  des  dra- 
peries vertes.  Le  premier  porte  un  sceptre  ou  un  objet  de 
ce  genre  qui  ressemble  aussi  à  une  torche  et  à  un  candé- 

(i)  iElian,  V.  H.  XII,  i.  p.  Kg;  Olearius  sur  Philostrate,  Jp. 

(a)  Pindarc,  N.  Od.  IV,  56  et  son  Tyan.,  I,  25. 
scoliaste;  le  scoliaste  de  Théocrite,  (3)  ^lian,  loc.  cit. 

Id.  II,  17;  ïzetzcs  sur  Lycophron,  [l^'^T\%%ovi\\X'i,(leV.S.vnC(tpsavius. 


PEINTURES 


l'^.*  Série 


-#■ 


PEINTURES 


1  Pied 


PREMIÈRE  SÉRIE.  87 

labre.  Le  second  tient  une  patère ,  et  le  troisième  et  der- 
nier, un  ornement  semblable  à  celui  qui  distingue  le  Gé- 
nie du  premier  rang.  La  seconde  nymphe  porte  à  deux 
mains  une  lance  ou  un  sceptre  de  couleur  rouge.  Sa  dra- 
perie est  jaune  avec  une  bordure  rouge.  La  troisième  et 
dernière  est  vêtue  de  la  même  manière ,  elle  tient  d'une 
main  une  boîte  et  de  l'autre  un  petit  vase. 

PLANCHE  53. 

Les  deux  nymphes  des  deux  rangs  supérieurs  sont  vêtues 
de  draperies  vertes.  L'une  d'elles  tient  une  cymbale  dans 
ses  deux  mains  ;  ses  cheveux  sont  noués  sur  sa  tête  de  ma- 
nière à  imiter  le  tutulus  des  Toscans  (i).  Les  jeunes  filles 
grecques,  appelées  par  Homère  eÙTrXoîtà(/.ot,  bien  coiffées  (2), 
avaient  peut-être  adopté  ce  genre  de  coiffure  ;  ce  qui  fai- 
sait dire  qu'elles  nouaient  leurs  tresses  sur  leurs  têtes , 
âvaTC>.é5C£c6at  xccç  èv  rip  y.ecpaX^  Tpij^aç  (3).  L'autre  tient  de  la  main 
gauche  un  objet  dont  on  ne  distingue  pas  bien  la  forme , 
et  de  la  main  droite  le  bord  de  sa  draperie.  La  troisième 
et  dernière  est  drapée  de  jaune  clair  ;  elle  porte  un  petit 
seau  et  un  bâton  pastoral.  Des  trois  Génies,  le  premier 
porte  une  boîte  ou  un  plat  carré  (4)  et  un  bâton  pastoral; 

(i)  Pignorius,  f/e  ^cvc, p.  394.  Prudence,   Psychomach;  les    com- 

(2)  Od.  M,  V.  i32.  mentateiirs  de  Pétrone,  cap.  1 10. 

(3)  Pausanias,  X,  aS;  Ovide,  Art.  (4)  Les  commentateurs  d'Horace, 
III,  i35  et  suiv.;  Manilius,  lib.  V;  I,  Ep.  17,  v.  49;  PoUux,  X,  82, 
Tertullien,  de  Cultu  fem.,  cap.  7,  1  ;  IV,  io3. 


88  PEINTURES. 

le  second ,  un  vase  ou  une  corbeille  ;  le  troisième  et  der- 
nier, une  boîte  entr' ouverte. 

PLANCHE  53  èw. 

La  première  nymphe  est  coiffée  d'une  manière  si  ex- 
traordinaire et  si  peu  naturelle ,  qu'il  faut  supposer  peut- 
être  que  sa  coiffure  est  un  galerum  (i),  et  se  compose 
d'une  chevelure  empruntée.  Le  galerum  aurait  été  ainsi 
nommé  à  cause  de  la  ressemblance  de  sa  forme  avec  le 
casque,  galea.  Du  reste ,  le  mot  galea  lui-même  était  em- 
ployé pour  désigner  un  certain  arrangement  des  che- 
veux (2) ,  connu  aussi  chez  les  Grecs ,  et  qui  portait  un 
nom  différent ,  suivant  qu'il  était  adopté  par  les  hommes, 
les  femmes  et  les  enfants  ;  liki-^^a.  Tpiyôv  eiç  6$ù  âiroX^pv ,  6 

iiiX  i^^^iù^  Xf  wêuXoç ,  èirl  yuvaixwv  jfopu{i,€oç  ,  iizi  iratàtùv  cxopTrioç  exa- 

>€iTo  (3).  Il  y  avait  une  certaine  chevelure  postiche  à  l'u- 
sage des  hommes  et  des  femmes ,  que  l'on  appelait  xpw- 
^Ktloç ,  crobflus  (4).  Une  explication,  qui  ne  manquerait 
pas  d'originalité,  consiste  à  dire  que  cette  nymphe  doit 
être  considérée  tant  pour  son  attitude  que  pour  ses  attri- 
buts ,  comme  une  charge  gracieuse  de  Pallas.  En  effet  sa 
coiffure  imite  le  cimier,  le  mouvement  de  son  bras  qui 
tient  le  bout  d'une  draperie  verte,  est  le  même  que  celui 


(1)  Pignorius,  r/e5cn'.,p.  392;sco-  (3)  Eustathe. 

liaste  de  Juvénal,  VI ,  1 20.  (4)  Gonzales  sur  Pétrone,  cap,  1 10; 

(a)  Pignorio,  loc.  cit.  Pollux,  II,  3o. 


PEINTURES 


!'■'  Série 


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PREMIÈRE  SÉRIE.  89 

de  Minerve  supportant  la  fameuse  égide  ;  enfin ,  son  bras 
droit  est  armé,  en  guise  de  lance,  d'un  sceptre  ou  d'un  thyrse. 
Les  deux  autres  nymphes  sont  vêtues  de  draperies  pour- 
pres avec  des  bordures  bleues.  La  première  tient  de  la 
main  gauche  des  plantes  dont  l'espèce  est  difficile  à  re- 
connaître et  cet  instrument  qui  distingue  la  plupart  de 
nos  figures,  et  que  nous  avons  appelé  un  thyrse,  un 
candélabre  ou  un  sceptre.  La  dernière  appuie  sur  son 
épaule  un  objet  de  même  forme  et  de  couleur  jaune.  Des 
trois  Génies  le  premier  porte  un  objet  carré,  assez  sem- 
blable à  une  cassette  ;  il  est  vêtu  d'une  draperie  jaune 
clair.  Des  deux  autres,  l'un  porte  un  objet  qu'on  ne  dis- 
tingue pas,  et  il  est  vêtu  d'une  draperie  rose;  l'autre, 
vêtu  de  vert ,  a  sous  son  bras  gauche  une  corne  d'abon- 
dance. 


PLANCHE  54. 


La  décoration  de  cette  planche  est  sur  fond  rouge.  A 
gauche  on  voit  une  colonne  jaune  avec  une  base  carrée 
de  la  même  couleur  ;  la  partie  du  piédestal ,  ornée  d'ara- 
besques ,  est  verte.  Les  griffons ,  les  masques ,  et  les  ara- 
besques sont  jaunes  ;  le  pégase ,  d'un  blanc  adouci ,  et  le 
tout  sur  un  fond  noir.  Le  champ  de  la  frise  inférieure  est 
noir  aussi.  On  y  voit  une  Vénus  dont  le  front  est  orné 
d'une  couronne  de  perles.  Cet  ornement  fabriqué  par 

I"  Série.— Peintures.  12 


90  PEmTURES. 

Vulcain  (i),  était  donné  aussi  à  Thétis  et  à  Amphitrite  (2); 
mais  la  présence  des  deux  Amours  tenant  en  bride  deux 
dauphins  qu'ils  excitent  avec  un  fouet,  nous  décide  en 
faveur  de  Vénus.  Elle  est  portée  par  un  monstre  marin 
que  conduit  un  triton. 

PLANCHE  55. 

Le  fragment  supérieur  de  cette  planche  est  sur  champ 
violet.  Les  piédestaux  latéraux  sont  rouges.  D'un  vase 
transparent  de  couleur  verte,  orné  d'arabesques  vertes 
aussi ,  sortent  des  tiges  de  la  même  couleur  qui  portent 
des  fleurs  blanches.  Sur  une  tige  verticale  est  posé  un 
sphinx  de  couleur  jaune.  Au-dessous  du  vase  est  une  cor- 
niche blanche  qui  termine  un  fond  noir.  Entre  ce  fond 
et  la  corniche  est  une  petite  bande  jaune.  Sur  le  fond 
noir  et  sur  une  arabesque  est  posée  une  fleur  verte ,  d'où 
sortent  deux  rameaux  verts  qui  portent  des  fleurs  blan- 
ches, et  deux  petits  oiseaux  rouges.  Ce  compartiment 
est  séparé  du  fragment  inférieur  par  une  bande  rouge 
bordée  de  filets  blancs.  Une  niche  jaune  dont  le  soffite  est 
vert ,  a  pour  ornements  deux  dauphins  et  des  arabesques 
jaunes,  à  l'exception  des  feuilles  et  des  guirlandes,  qui 
sont  vertes ,  et  des  petites  fleurs,  qui  sont  blanches.  Dans 


(i)  Ératosthènc,  Catasl.,  5. 

(a)  Hyginus,  Àstr.  poet.,  II,  5;  et  Paus.inias,  1,17. 


I 


PEINTURES 


55. 


HJlfiz-ui:^   a^^.f^A.BffK^^A^ 


M»    B°   V.  7.  P.  54. 


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PREMIÈRE  SÉRIE.  91 

la  niche  on  voit  une  Flore,  dont  les  cheveux  blonds  sont 
couronnés  de  fleurs.  Sa  tunique  rose  est  agrafée  sur  l'é- 
paule gauche ,  de  manière  à  laisser  à  découvert  le  sein 
droit  et  ses  deux  bras ,  dont  l'un  porte  une  corbeille  de 
fleurs  et  les  plis  de  son  manteau  bleu ,  tandis  que  l'au- 
tre élève  une  guirlande  au-dessus  de  la  tête.  Son  dos 
est  orné  de  quatre  ailes  rouges  qui,  par  leur  forme  et 
leurs  petits  yeux,  ressemblent  à  celles  des  papillons. 
Les  ailes  de  papillons  étaient  l'attribut  qui  distinguait 
Psyché ,  Wu-^-ri ,  l'âme ,  et  cette  fiction  a  peut-être  inspiré 
ces  vers  si  connus  de  Dante  Alighieri  : 

Non  v'accorgete  voi  che  noi  siam  vermi 
Nati  a  formar  l'angelica  farfalla, 
Che  vola  alla  giustizia  senza  schermi? 

«  Ne  vous  apercevez-vous  pas  que  nous  sommes  des  vers  nés  pour  for- 
«  mer  le  papillon  angélique  qui  vole  sans  défense  vers  la  justice  ?  » 

Cependant  il  ne  faut  pas  croire  que  Psyché  et  les  âmes 
ne  pussent  être  représentées  sans  ailes  de  papillon.  Ainsi, 
par  exemple,  l'âme  de  Protésilas  (i),  les  ombres  trans- 
portées dans  la  barque  de  Caron  (2) ,  sont  tout  à  fait  dé- 
pourvues d'un  attribut  de  ce  genre ,  et,  dans  le  Cabinet 
de  Stosch  (3)  nous  voyons  une  âme  avec  des  ailes.,  il  est 
vrai ,  mais  avec  des  ailes  d'oiseau.  Comme  aussi  les  ailes 


{i)Winckelmann,^o/i, i«e<i.,n.  123,  p.  164. 
(2)  Visconti,  M.  P.  C,  t.  IV,  tav.  XXX. 

(i)  N.  868. 


92  PEINTURES. 

de  papillon  n'étaient  pas  données  à  Psyché  exclusive- 
ment. Les  Saisons  qui  traînent  le  char  d'Ariane  et  de  Bac- 
chus  (i),  celles  qui  sont  gravées  sur  un  camée  de  Zan- 
netti  (2) ,  celles  qui  ornent  le  bas-relief  de  Townley ,  pu- 
blié par  Millin  (3),  plusieurs  figures  de  femme  trouvées 
à  Herculanum ,  et  qui  seront  publiées  dans  cet  ouvrage , 
enfin  Morphée  et  le  Sommeil  (4)  ont  reçu  ce  gracieux  at- 
tribut. On  voit  donc  qu'il  peut  orner,  sans  aucun  incon- 
vénient ,  la  figure  de  Flore.  L'emploi  fréquent  des  ailes 
de  papillon  dans  les  sujets  antiques  est  expliqué  par  l'in- 
tention des  artistes  qui  éprouvaient  le  besoin  de  donner 
une  couleur  légère,  vaporeuse,  éthérée,  s'il  est  permis 
de  s'exprimer  ainsi,  à  certains  êtres  mythologiques  d'une 
nature  que  la  réalité  pouvait  difficilement  atteindre,  et 
qui  volaient  au  milieu  des  nuages  de  l'imagination.  On 
donnera  encore  une  explication  plus  positive  et  moins 
poétique  de  cette  forme  consacrée  par  l'art  classique  ,  en 
disant  que  des  ailes  d'oiseau  auraient  eu  certainement 
moins  d'éclat  et  moins  de  grâce  que  les  ailes  de  papillon 
si  richement  nuancées ,  simples  ou  doubles ,  selon  le  ca- 
price de  l'artiste.  On  comprend  encore  que  les  divinités 
et  les  Génies  du  paganisme  qui  cheminaient,  ou  plutôt 
qui  volaient  en  silence  pour  arriver  inattendus  et  à  l'im- 


^1)  Musée  de  Florence,  t.  I,  tav.  (3)  Galerie  mythoL,  t.  I,  pi.  XLV, 

43 ,  1 1  ;  Bracci ,  Memorie  degli  anti-  n.  199. 
chi  incisori^  1. 1,  tav.  XXII ,  n.  3.  (4)  Winckelmann,  Mon.  ined.,  100; 

(2)  Dactyl.  Zancttiana,  tav.  LXI,  Visconti ,  M.  P.  C/.,IV,  i5o. 

p.    123. 


PREMIÈRE  SÉRIE.  93 

proviste,  ne  pouvaient  guère  avoir  recours  aux   ailes 
bruyantes  des  oiseaux  ; 


.Volât  nulles  strepitus  facientibus  alis  (i). 


Revenons  à  notre  peinture  et  à  Flore  qui  prête  tous 
ses  charmes  à  cette  décoration  d'un  goût  si  exquis.  La 
belle  éjjouse  de  Zéphyr  commença  à  recevoir  les  honneurs 
divins ,  lorsque  Titus  Tatius  eut  fait  voir  aux  Romains 
combien  était  grande  la  puissance  de  cette  déesse  ;  mais 
les  jeux  Floraux  ne  furent  institués  que  l'an  5x3  de  Rome, 
sous  les  consulats  de  Caius  Glaudius  Cento  et  de  Marcus 
Sempronius  Tuditanus,  qui  consacrèrent  aux  fêtes  de 
Flore  les  amendes  imposées  à  ceux  qui  avaient  occupé 
le  territoire  du  peuple  romain.  Cet  argent  ayant  reçu 
dans  la  suite  une  autre  destination,  les  fêtes  furent  in- 
terrompues ,  et  les  campagnes  se  ressentirent  bientôt  du 
courroux  de  la  déesse.  Les  vignes  et  les  moissons  furent 
brûlées ,  et  les  oliviers  stériles.  Enfin ,  cent  soixante  ans 
après ,  on  prit  le  parti  d'instituer  des  jeux  annuels  en 
l'honneur  de  Flore.  Alors ,  depuis  le  28  avril  jusqu'aux 
calendes  de  mai ,  le  peuple  se  couronnait  de  fleurs ,  il 
jonchait  les  chemins  de  roses, chantait  des  hymnes  de  joie, 
et  se  livrait  aux  plaisirs  de  la  bonne  chère.  Lorsque  la 
nuit  était  venue ,  on  allumait  des  torches ,  et  on  se  por- 
tait en  foule  dans  le  cirque  de  Flore,  où  des  courtisa- 
nes charmaient  par  leurs  chants  et  par  leur  danse  las- 

(1)  Ovide,  Mét.y  XI,  65o. 


»4  PEINTURES. 

cive  la  multitude  des  spectateurs.  On  les  voyait  ensuite 
donner  la  chasse  à  des  lièvres  ou  à  des  biches ,  et  déployer 
dans  ce  jeu  la  licence  la  plus  effrénée.  Les  deux  lances 
qui  font  partie  des  ornements  de  cette  peinture,  se  rap- 
portent peut-être  à  la  chasse  des  jeux  Floraux. 


PLANCHE  56. 


Le  fragment  qui  occupe  la  partie  supérieure  formait 
la  décoration  d'une  muraille.  Il  est  peint  sur  ce  stuc  extrê- 
mement poli  que  l'on  retrouve  sous  toutes  les  peintures 
de  Pompéi,  et  qui  a  conservé  d'une  manière  vraiment 
merveilleuse  la  vivacité  et  la  lucidité  des  couleurs.  Le 
fond  est  rouge,  l'architecture  jaune.  La  chèvre  et  les 
raisins  ont  leurs  couleurs  naturelles. 

Ce  fragment  retrouvé  dans  une  maison  qui  ne  peut 
avoir  été  habitée  que  par  un  Pompéien  d'une  fortune 
moins  que  médiocre ,  nous  amène  à  établir  une  compa- 
raison désolante  entre  les  classes  pauvres  de  l'antiquité  et 
celles  des  temps  modernes ,  sous  le  rapport  du  bien-être 
matériel.  Un  misérable  bourgeois,  un  ouvrier  d'une  petite 
ville  de  province  avait  la  faculté  de  faire  orner  de  pareil- 
les arabesques  les  murailles  de  son  habitation;  aujour- 
d'hui combien  y  en  a-t-il  qui  puissent  faire  badigeonner 
les  réduits  oii  ils  passent  leur  vie! 

Le  fragment  inférieur  de  cette  planche  est  sur  fond 


PEINTURES 


l"  Sine 


M?    8°     V.   6  .F.  31 


PREMIÈBE  SÉRIE.  95 

rouge.  Dans  le  compartiment  du  milieu  on  a  peint  l'en- 
lèvement d'Europe.  La  frise  sur  fond  blanc  représente 
le  combat  dçs  amazones.  Cette  peinture  décorait  une 
salle  de  la  Maison  d'Homère.  C'est  le  nom  qu'on  a  donné 
à  un  palais  de  Pompéi ,  dont  les  décorations  ont  été  ins- 
pirées par  plusieurs  faits  de  l'Iliade. 

PLANCHE  57. 

Cette  décoration  appartient  au  même  édifice  que  le 
fragment  inférieur  de  la  planche  précédente.  Elle  est  sur 
fond  jaune.  Dans  le  compartiment  du  milieu  on  voit 
Hellé  et  Phryxus;  dans  les  deux  compartiments  latéraux 
"^de  petits  Génies.  La  frise  sur  fond  blanc  représente, 
comme  celle  de  la  planche  56,  des  scènes  de  la  guerre 
des  amazones.  On  voit  ces  femmes  belliqueuses ,  sur  des 
chars,  à  cheval,  à  pied,  combattant  avec  des  armes  di- 
verses leurs  redoutables  adversaires. 

Les  compartiments  de  cette  peinture  sont  rouges  et 
jaunes. 

PLANCHE  58. 

Un  cadre  blanc  avec  une  bande  intérieure  noire,  en- 
ferme le  sujet  sur  fond  bleu  de  ciel  que  nous  donnons 
dans  cette  planche.  Près  d'un  arbre,  qui  paraît  être  un 


90  PEINTURES. 

chêne ,  on  voit  un  petit  temple  tirant  sur  le  cendré.  Il 
est  formé  par  un  arc  auquel  on  a  attaché  avec  des  dra- 
peries jaunes  une  cymbale  de  couleur  rouge.  Deux  au- 
tres cymbales  de  la  couleur  de  l'édifice,  autour  desquelles 
on  a  disposé  des  grelots,  sont  posées  aux  deux  extrémités 
de  l'arc ,  l'une  sur  une  petite  colonne ,  l'autre  sur  le  mur 
qui  forme  le  derrière  du  temple.  Sur  le  devant  est  un 
grand  socle.  Au-dessus  du  socle  est  une  base  sur  laquelle 
est  posée  une  figure  de  femme  de  couleur  jaune,  qui  de- 
vait être  voilée.  Elle  tient  une  lance  de  la  main  gauche 
et  s'appuie  sur  une  cymbale  ornée  de  grelots,  et  de  la 
même  couleur  que  toute  l'architecture  de  cette  planche. 
La  base  ou  le  piédestal  qui  porte  cette  cymbale  retient 
un  objet  barlong  de  couleur  noire  avec  deux  anneaux. 
Au  milieu ,  et  sur  une  colonnette  portée  par  un  pilastre 
décoré  de  bandelettes  jaunes,  on  voit  une  autre  figure  de 
femme  toute  blanche ,  à  l'exception  de  ses  cheveux ,  qui 
sont  châtains.  La  couleur  blanche  a  été  donnée  aussi  au 
sphinx  ailé  à  tête  d'homme  barbu,  qui  est  posé  sur 
une  grande  base  ornée  d'une  draperie  jaune  dont  l'un 
des  bouts  tient  au  tronc  de  l'arbre.  Le  sphinx  a  le  dos 
couvert  d'une  étoffe  blanche  et  la  tête  surmontée  d'un 
boisseau  blanc  aussi.  De  l'arbre  on  voit  partir  encore  une 
draperie  qui  entoure  le  bras  et  couvre  en  travers  le  sein 
de  la  jeune  femme  posée  debout  sur  la  colonnette.  Sur 
le  premier  plan  on  voit  un  homme  à  barbe  blanche,  et  à 
la  carnation  bronzée.  Il  est  à  demi  vêtu  d'une  étoffe 
blanche ,  porte  en  main  une  cymbale  avec  des  grelots,  et 


PEINTURES, 


i''.'  S  en 


A   d'  H.  V.5  .  p  29: 


PREMIERE  SERIE.  97 

tient  sur  sa  tête,  couronnée  de  pampre,  une  corbeille  de 
couleur  verdâtre. 

L'explication  de  ce  tableau,  que  nous  venons  de  dé- 
crire avec  la  plus  minutieuse  exactitude,  demandera  quel- 
ques développements.  Il  règne  en  effet,  dans  sa  composi- 
tion et  dans  tous  ses  détails,  je  ne  sais  quelle  couleur 
religieuse  ;  tout  y  respire  un  profond  mysticisme  ;  et 
lorsqu'on  le  regarde  avec  attention ,  on  se  plaît  à  s'é- 
garer par  le  souvenir  dans  les  labyrinthes  les  plus  obs- 
curs de  la  religion  grecque  et  des  croyances  égyptiennes. 

Divinités ,  prêtres ,  emblèmes ,  offrent  ici  ce  double  ca- 
ractère qui  se  montra  dans  le  culte  des  villes  grecques 
de  l'Italie ,  à  l'époque  oii  elles  essayèrent  de  rajeunir  le 
polythéisme  romano-hellénique  en  le  retrempant  dans 
sa  source  native.  Alors ,  les  mystères  isiaques  vinrent  se 
confondre  avec  les  rites  éleusiniens  ;  et  dans  trois  divi- 
nités auparavant  distinctes ,  on  apprit  à  voir  le  même 
personnage ,  adoré  sous  trois  noms  divers ,  aux  bords  du 
Nil ,  du  Tibre  et  de  l'Jlissus. 

Selon  l'usage  grec(i),  d'après  lequel  les  temples  eux- 
mêmes  furent  appelés  Téw.evïi  et  otkan ,  champs  et  bois  (2) , 
ce  petit  édifice  est  entouré  d'un  bois  sacré;  peut-être 
même  ne  se  tromperait-on  pas  en  affirmant  que,  dans  l'in- 
tention du  peintre,  il  est  construit,  non  pas  au  sein 
d'une  ville,  mais  en  pleine  campagne.  Telle  était,  en  effet. 


(i)  Strab.,   IX,  p.  6^7.   et  /,i2  ;       dare,0/.  III,  3i. 
Eustath.,  //.  p,  23  ;  scoliaste  de  Pin-  (2)  Pollux  ,1,6,  10. 

I"  Série.— Peintures.  j  3 


98  PEINTLiftKS'. 

la  coutume  des  temps  primitifs  (i) ,  coutume  que  les  Ta- 
nagréens  conservèrent  toujours ,  «  estimant ,  dit  Pausa- 
nias  (2),  qu'il  n'était  point  convenable  de  confondre  les 
habitations  des  dieux  parmi  celles  des  hommes.»  C'est  au 
milieu  des  scènes  de  la  nature  que  l'on  célébrait  la  plu-^ 
part  des  fêtes  religieuses  (3)  ;  c'est  là  qu'on  élevait  l'autel 
des  dieux  champêtres  (4)  dont  les  édicules  étaient  om- 
bragés par  un  bouquet  d'arbres  (5).  Parmi  ces  arbres 
même,  on  choisissait  les  plus  grands  et  les  plus  beaux 
pour  les  dédier  spécialement  à  la  divinité  du  lieu  (6).  Un 
reflet  de  sainteté  se  répandait  sur  les  arbres  sacrés ,  et 
leur  attirait  une  espèce  de  culte  :  c'est  pourquoi  on  les 
ornait  de  bandelettes  (7).  On  ne  s'étonnera  point  de  trou- 
ver ,  dans  une  composition  empreinte  du  génie  oriental , 
des  traces  de  cette  sorte  d'idolâtrie  ou  de  fétichisme  à 
l'égard  de  la  nature  végétale ,  si  l'on  se  rappelle  que  les 
Chaldéens  y  étaient  particulièrement  adonnés  (8)  et  qu'il 
a  fallu  l'interdire  aux  Hébreux  (9).  Cette  coutume  était 
si  profondément  enracinée  dans  les  mœurs,  qu'elle  dura 
longtemps  après  l'établissement  du  christianisme ,  quoi- 


(i)  Servius,  JEncid.,  VII,  82,  et  ph.liie,  Pltttus,  9^4  ;  Callim.,  Hymn. 

"VIII,  271  ;  Libiin.,  Orat.  de  Templ.  ad  Dian.,  3tf  et  23<;. 

(a)  IX ,  11.  (6)  Plin.,  XII ,  i  ;  Théocr.,  XVIII> 

(3)  Servius,  /T.ni'.id.^  XI,  vAo"-  A8  ;  Callim.,  Hymn.  ad  Cercr.,  41. 

(4)  Philostrat ,  //;;.,  I,  28;  Liban.,  (7)  Apiil.,  Flor.,  I;  Arnob.,  I,  41. 
Orat.  de  Templ.                                              (8)  Heinsius,  Arist.  Sacr.,  p.  710. 

(5)  Apollon.,  IV,  1714;  Dionys. ,  (9)  Deiiter.,  XVI,  21. 
Prrirget.,  v.  H-nj  ;  scoliaste  d'Aristo- 


PREMIÈRE  SÉRIE.  95 

que  sévèrement  condamnée  par  les  Pères ,  les  conciles  et 
les  législateurs  du  moyen  âge  (i). 

La  construction  de  l'édicule  lui-même  révèle  encore 
une  recherche,  soit  d'archaïsme,  soit  de  rusticité  ;  il  n'est 
couronné  que  par  un  demi-fronton,  et  le  toit,  s'il  y  en  a 
un ,  n'a  de  pente  que  d'un  seul  côté  :  il  lui  manque  ce  que 
les  anciens  appelaient  \efastigium,  le  fronton,  disposition 
architecturale  qui,  selon  eux,  donnait  tant  de  dignité 
aux  temples  des  dieux  ,  que ,  fussent-ils  placés  dans  le 
ciel  même ,  on  ne  pourrait  s'empêcher  de  se  les  représen- 
ter avec  un  pareil  ornement  (2).  Le  peintre  a  donc  voulu 
figurer  un  édifice  antérieur  à  l'invention  du  fastigium, 
ou  une  construction  rustique,  qui  n'avait  pu  se  soumettre 
aux  lois  d'une  architecture  élégante  et  sévère. 

Le  cymbalum  et  peut-être  le  tympanum^  qui  se  retrou- 
vent cinq  fois  dans  cette  composition,  étaient  des  attri- 
buts de  Gybèle,  appelée  dans  les  vers  orphiques  (3),  tuul- 
îravoTepTcvi'ç.  Néanmoins,  l'invention  et  l'usage  du  tympanunv 
étaient  également  assignés  à  Bacchus ,  comme  ce  dieu  le 
dit  lui-même  dans  Euripide  (4).  Mais  on  sait  que  les  mys- 
tères étaient  à  la  fois  consacrés  à  Cybèle  et  à  Bacchus  (5)  ; 
on  sait  enfin  qu'Isis  elle-même  se  confond  avec  la  Grande- 
Mère  des  dieux,  et  qu'on  la  voit  souvent  représentée  avec 


(i)  D.  Greg.,  VII,  20;  Can.  8.'|,  '        (3)  Hymne  h  la  mère  des  dieux  y. 

Cod.    ofr.\    Capitulaircs  des  rois  de  v.  11. 

France  ,  l ,  ûl.  64,  et  VII,  lit.  a'ifi;  (4)  Baccli.,  58  et  1-24. 

Lois  des  Lombards,  I,  tit.  H8.  (5)  Euripid.,  Bacclu,  i  56  et  5i3^ 

(2)  Cic,  Oral..,  3,  46.  Strab. ,  X,  46îJ  et  -ic). 


100  PEINTURES. 

le  cymbalum  (i).  Or ,  c'est  précisément  cette  confusion  de 
plusieurs  divinités  en  une  seule  qui  nous  paraît  l'idée 
dominante  de  l'artiste. 

Nous  en  trouvons  un  nouvel  indice  dans  le  sceptre ,  la 
lance,  le  thyrse,  qui  appartiennent  à  Cybèle,  à  Cérès,  à 
Isis ,  à  Bacchus.    :  ' 

C'est  à  tort  évidemment  que  quelques  antiquaires  ont 
voulu  voir  un  livTC  dans  l'objet  qui  se  trouve  appuyé 
contre  le  siège;  on  y  reconnaît  bien  distinctement  un 
de  ces  instruments  de  percussion  dont  parle  le  scoliaste 
de  Théocrite  (2),  quand  il  rapporte,  sur  la  foi  d'Apol- 
lodore,  qu'à  Athènes,  dans  les  fêtes  de  la  déesse  Kopvi 
(Proserpine,  fille  de  Cérès),  l'hiérophante  faisait  re- 
tentir un  instrument  de  bronze  appelé  iitio^.  L'échéion 
était  employé  dans  les  fêtes  de  Cybèle ,  de  Bacchus ,  de  la 
déesse  syrienne  ou  Vénus  Uranie ,  et  généralement  dans 
toutes  les  orgies  sacrées.  Cet  instrument  est  une  tablette 
de  bois  ou  de  bronze,  à  laquelle  sont  attachés  des  anneaux 
de  fer  :  on  peut  l'assimiler  à  celui  que  les  Toscans  appel- 
lent tabella  (3)  ou  scrandola{l\)  ^  à  la  crécelle,  crécerelle 
ou  tartarelle  des  Français  (5),  et  enfin  au  sémantérion  des 
Grecs  (6).  L'usage  du  sémantérion  est  très-ancien  dans 
l'Eglise  orientale,  qui  n'a  point  adopté  les  cloches  avant 

(i)  Doni,  Inscript.,  I,  3o;  Mura-  romain, 

tori ,  LXXII ,  I .  (5)  De  Vert ,  Cérém.  de  l'Égl.,  tom. 

(2)7a[r//.,II,  36.  I,p.  440. 

(3)  La  Crusca,  sub  verbo  Tabella.  (6)  Du  Cange,  Glossar.  graec,  s.  v. 

(4)  Bianchini ,  de  Instr.  mus.,  tab.  ^T^ixavTpov. 
VII,  n"  lo,  <lans  le  tome  H  A\.\  Musée 


PREMIERE  SERIE.  101 

le  septième  siècle  :  il  est  encore  désigné ,  sous  le  nom  de 
bois  sacrés ,  lepà  l^'Ax ,  dans  les  canons  du  concile  de  Ni- 
cée  (i),  et  l'on  peut,  non  sans  quelque  probabilité,  en 
rapporter  l'origine  à  \ échelon  dont  il  s'agit. 

Le  sphinx  à  tête  d'homme  ou  Androsphinx  (2)  se 
rencontre  sur  la  table  isiaque.  On  en  voyait  plusieurs  à 
l'entrée  du  temple  de  la  Minerve  Saitide ,  où,  comme  de- 
vant les  autres  temples  égyptiens ,  ils  semblaient  com- 
mander le  silence.  Celui-ci  unit  les  attributs  du  sphinx 
égyptien,  qui  portait  une  espèce  de  voile ,  mais  qui  n'a- 
vait pas  d'ailes  (3) ,  à  ceux  du  sphinx  grec,  qui  était  ailé, 
mais  entièrement  nu.  Quant  au  boisseau  qu'il  porte  sur  la 
tête ,  cet  emblème  de  l'abondance  (4)  appartient  encore 
à  Sérapis  et  à  Jsis  ,  aussi  bien  qu'à  Cérès. 

La  corbeille ,  le  ceste  mystique ,  est  un  attribut  de  Cé- 
rès ,  de  Bacchus ,  de  Cybèle  et  même  de  Vénus  ;  mais  la 
ligure  qui  le  porte  est  toute  bachique  :  c'est ,  d'après  la 
couleur  de  sa  peau  et  d'après  la  nudité  de  son  torse, 
un  Bacchant  égyptien.  Donc ,  ce  qu'il  faut  voir  dans  le 
sphinx  à  tête  d'homme  barbu  surmontée  du  boisseau, 
c'est  un  buste  de  Bacchus  le  vieux ,  de  Bacchus  l'Indien , 
de  Bacchus-Osiris  ou  plutôt  de  Bacchus- Sérapis.  Car  les 
Romains ,  ayant  fait  une  seule  divinité  d'Osiris  et  de 
Sérapis   (5),  ces    deux   emblèmes  primitifs  du   Nil   et 


(i)   11*  Concile,  can.  4;  Cardin.  (4)  Jablonski,P«/îr//./E^.,  IV,3,  3. 

Bona ,  1 ,  22  ,  u.  2.  (5)  Tibull.,  El,  1 ,  8,29;  Rutil., 

(2)  Herodot.,  II,  i-S.  Itin.,  v.  '3:5. 

(3)  Th.  Br.,  tom.  I ,  p.  4  19. 


102  ÏEIJNTURES. 

du  Soleil ,  préférèrent  même  le  nom  de  Sérapis  et  con- 
fondirent ce  personnage  avec  Bacchus  (i).  Le  culte  de 
Bacchus  barbu,  sous  le  nom  de  Sérapis,  était  répandu 
surtout  dans  la  Campanie  (2). 

Cette  explication  du  buste  étant  établie ,  passons  à  la 
petite  statue  de  femme. 

Cette  figure  est  debout  sur  une  colonnette  dont  les 
bords  retroussés  pourraient  imiter  une  fleur  de  lotus , 
autre  emblème  isiaque  bien  connu.  L'ombre  qu'elle  porte 
sur  le  temple  indique  qu'elle  est  placée  au  milieu  de 
l'aréa,  sans  aucun  rapport  avec  la  construction  du  fond. 
La  couleur  brune  de  ses  cheveux  n'implique  pas  néces- 
sairement que  le  peintre  ait  voulu  représenter  un  person- 
nage vivant;  car  on  voit  au  musée  royal  de  INaples  une 
statue  de  marbre  blanc  dont  la  chevelure  est  blonde.  Nous 
remarquerons  seulement  que  les  cheveux  châtains  ne 
conviennent  point  à  la  flava  Ceres  des  Latins  (3) ,  mais 
plutôt  à  Proserpine,  ou  mieux  encore  à  la  déesse  du  Nil  ^ 
qui  est  une  Cérès  égyptienne. 

Rappelons-nous  l'étroite  liaison  des  cultes  de  Bacchus 
et  de  Cérès,  d'une  part ,  Liber  et  aima  Ceres  (4),  d'Osiris 
(ou  Sérapis)  et  d'Isis  de  l'autre.  Rappelons-nous  surtout 
cette  inscription  fameuse  : 

SERAPIDI .  ISIDI  .  LIBERO  .  LIBERA  (5). 

(i)  Jablonski,  II,  i  ,  6.  ibid.  ;  Cic.  N.  D.,  II,  a4- 

(a)  Macrobe ,  Sat.,  1 ,  1 8.  (5)  Doni ,  1, 80  ;  Muratori,  LXXIV, 

{'^)  Ovid,,  J/Hor.,  III,  10  ,  i.  5. 

(4)  Virg.  Crur^.,  1,7,  ri  Sci\ iu>  , 


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PKEMIÈRK  SÉRIK.  103 

Nous  en  conclurons  avec  pleine  certitude  que  cette 
statue  représente  Isis ,  qui  est  la  Cérès  égyptienne ,  ap- 
pelée Libéra,  selon  Macrobe(i).  Alors,  ces  bandelettes,  qui 
vont  du  sphinx  à  l'arbre,  de  l'arbre  à  la  statue,  sont 
un  nouvel  emblème  du  lien  qui  unit  entre  elles  les  deux 
divinités  de  la  fécondité,  de  l'abondance,  de  la  vie,  et 
([ni  les  unit  toutes  deux  à  la  nature. 

Reste  à  expliquer  la  figure  assise  :  dans  le  doute  où 
nous  laisse  la  perte  des  traits  de  son  visage ,  nous  con- 
jecturons que  c'est  une  prêtresse  d'Isis-Libera  qui  s'en- 
tretient avec  le  prêtre  de  Liber -Sérapis.  Que  si  l'on 
y  voulait  voir  encore  une  statue ,  ce  serait  Rhea ,  la 
Grande-Mère  des  dieux,  ou  Gérés  même;  et  la  petite  idole 
ne  serait  plus  alors  que  Proserpine,  appelée  aussi  Li- 
béra. La  couleur  de  la  robe  de  cette  figure  et  l'ensemble 
de  la  composition  laissent  peu  de  probabilité  à  cette 
opinion. 

PLANCHE  59. 

Cette  décoration  de  mur  et  de  lambris  n'a  de  remar- 
quable que  la  bizarrerie  des  deux  cariatides  ailées  qui 
paraissent  supporter  le  plafond.  On  peut  y  voir  deux  si- 
rènes ,  car  on  sait  que  ces  monstres ,  suivant  la  Fable  an- 
tique ,  étaient  primitivement  des  oiseaux  à  tête  de  fem- 

(  I  )  MaCrobe ,  for,  citât: 


104  PEINTURES. 

me  (i).  Ce  fut  seulement  après  leur  défaite  par  Ulysse  (u), 
que,  s'étant  précipitées  dans  la  mer,  les  Achéloides  devin- 
rent à  moitié  poissons.  Les  anciens  ne  les  représentaient 
ordinairement  que  sous  leur  première  forme  (3),  afin  qu'on 
ne  les  confondît  pas  avec  les  néréides.  On  ne  connaît 
qu'une  seule  exception  :  elle  se  trouve  dans  les  médailles 
de  Cumes,  où  Parthénope  est  figurée  avec  une  queue  de 
poisson. 

Les  deux  têtes  de  Gorgone ,  ou  les  deux  masques , 
sont  dessinés  avec  goût ,  ainsi  que  les  canards  et  le  cygne 
du  milieu  et  les  deux  paons  de  la  partie  inférieure  du 
lambris. 

PLANCHE  60. 


La  fresque  qui  forme  la  partie  supérieure  de  cette 
planche  a  été  trouvée  dans  les  fouilles  de  Civita.  Le  pre- 
mier compartiment,  en  commençant  par  le  haut,  a  le 
fond  jaune  ainsi  que  la  dernière  ligne  du  troisième.  Les 
parties  et  les  lignes  les  plus  obscures  sont  noires ,  et  les 
clairs  sont  en  blanc.  Les  sphinx  paraissent  gris,  et  la  tête  de 
XjElurus^  du  chat  sacré  des  Egyptiens,  qui  se  trouve  dans 
le  petit  carré ,  est  d'un  ton  blanchâtre.  On  a  donné  aux 


(i)  Ovide.,  Metam.,  V,  554  ;  Ser-  (2)  Homer.,  Odyss.,  XII ,  173. 

vius,  Georg.,  1,  9,  et  ^n.,  V.  864  ;  (3)  Spanlieim,  de  ï'ct.  niim.,  diss. 

Fulgent. ,  Mythol.,  Il ,  i  r.  III  ;  Montlaiicon ,  liv,  IV  ,  ch.  9. 


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P£INTUBES 


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PREMIÈRE  SÉRIE.  105 

paons  du  deuxième  compartiment  leurs  couleurs  natu- 
relles, et  au  masque  qui  est  entre  ces  deux  oiseaux,  des 
teintes  d'une  grande  vivacité.  L'autre  masque  offre,  sur 
un  fond  cendré  et  dans  un  cercle  d'or,  un  visage  pâle 
dont  le  front  et  le  menton  sont  entourés  d'ornements  du 
même  métal.  La  colonne  est  marbrée.  Peut-être  cette 
peinture  murale  et  plusieurs  autres  du  même  genre  ont- 
elles  été  faites  à  l'imitation  de  certaines  tapisseries  dont 
parle  Pline  (i). 

Le  lambris  inférieur,  trouvé  à  Civita,  le  19  avril  1768, 
offre ,  sur  un  fond  noir,  entouré  d'ornements  de  couleurs 
variées,  des  oiseaux  peints  au  naturel. 

PLANCHE  6L 

Cette  fresque  a  été  trouvée  dans  les  fouilles  de  Civita, 
en  1764.  Au  milieu  d'un  rectangle  blanc,  encadré  de 
rouge ,  surmonté  d'un  entablement  cendré  et  de  quelques 
arabesques  rouges,  se  trouve  un  hippogriffe  de  cette 
dernière  couleur ,  avec  les  ailes  grisâtres. 

Le  lambris  inférieur  représente ,  sur  un  fond  noir , 
deux  oiseaux  qui  semblent  becqueter  des  cerises. 

(i)  Hist.  Nat,   XXXVI,    i5,    et  XXXVII,  i. 


1"  Série.— Peintures. 


•  4 


106  PEINTURES. 


PLANCHE  62.  ^^'*' 


Cette  peinture  murale ,  trouvée  à  Portici ,  ne  manque 
pas  d'intérêt.  Elle  offre  de  chaque  côté  un  autel  carré , 
dont  la  base  est  ornée  de  feuillages  et  d'arabesques  ;  au 
milieu,  dans  une  niche  fermée  par  un  balustre,  est  une 
grande  vasque  de  couleur  jaune,  derrière  laquelle  se  tient 
une  figure  nue  qui  porte  ses  deux  mains  sur  les  bords:  dé 
chaque  côté  de  la  niche,  un  candélabre  orné  d'arabesques 
formées  de  rameaux  et  de  feuilles  découpées  comme  celles 
du  chêne  ;  et  sur  chaque  candélabre,  une  colombe  de  cou- 
leur noirâtre,  les  ailes  déployées,  et  regardant  le  ciel. 
On  soupçonne  que  l'artiste  a  voulu  représenter,  ou  au 
moins  rappeler  symboliquement ,  le  fameux  vase  de  Do- 
done  et  les  deux  colombes  posées  sur  les  chênes  fatidi- 
ques. A  la  vérité,  plusieurs  auteurs  ont  cru  qu'il  y  avait 
à  Dodone  un  grand  nombre  de  vases  d'airain,  qui  reten- 
tissaient tous  quand  on  en  frappait  un  seul  (i),  d'où 
était  venue  l'expression  proverbiale,  «  Airain  de  Dodone,» 
XaXxeîov  Aw^covatov,  pour  désigner.  Un  grand  parleur.  Néan- 
moins ,  Etienne  de  Byzance  (2)  a  démontré  la  fausseté  de 
cette  opinion  ;  et ,  appuyé  sur  l'autorité  de  Polémon  et 
d'Aristide,  il  a  établi  qu'il  se  trouvait  à  Dodone  deux 
piliers,  sur  l'un  desquels  était  la  statue  d'un  jeune  garçon 

(1)  Ausoii.,  Epist.,  XXV,  23   et       lirarn,  I,  19;  Servius,  yff//.,  III,  466. 
»e<l.;  Ascoii.,  Divin.;  in  Dionys.  Ha-  (a)  Fragm,  de  Dnd.^  t.VII,  p.  ii/|. 


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PREMIÈRE  SÉRIE.  107 

tenant  en  main  un  fouet  dont  les  courroies  mobiles  étaient 
agitées  par  le  vent  et  allaient  frapper  un  vase  de  bronze 
placé  sur  l'autre  pilier.  Strabon  (i)  donne  une  description 
semblable ,  sauf  qu'il  ne  parle  pas  des  piliers ,  et  qu'il 
place  la  statue  au-dessus  du  vase.  Le  fouet,  ajoute  cet 
auteur,  avait  été  donné  par  les  habitants  de  Corcyre; 
d'où  cette  autre  expression  proverbiale ,  «  Fouet  des  Cor- 
cyréens,  »  Kopxupaiwv  (xotaxi^,  qui  s'employait  comme  la  pre- 
mière. D'autres  auteurs  (2)  parlent  aussi  d'un  seul  vase  ; 
mais,  parmi  eux,  Philostrate  remplace  la  statue  de  l'en- 
fant par  celle  d'Echo. 

Quant  aux  colombes,  quelques-uns  pensent  qu'elles 
étaient  au  nombre  de  trois;  d'autres  n'en  comptent 
que  deux  ;  d'autres  enfin  prétendent  qu'il  n'y  en  avait 
qu'une  (3).  Sophocle  est  parmi  les  seconds  ;  Hérodote  dit 
que  les  colombes  étaient  noires.  Nous  n'invoquerons  pas 
d'autres  autorités  à  l'appui  d'une  explication  que  nous 
ne  donnons  pourtant  que  comme  une  ingénieuse  hy- 
pothèse. 

Le  compartiment  inférieur  de  cette  planche  représente 
un  soffite,  c'est-à-dire,  la  décoration  d'un  dessous  de 
corniche  ou  d'un  lambris,  formée  par  des  bandes  qui 
s'entrelacent  à  angles  droits,  de  manière  à  tracer  une 
sorte  de  labyrinthe.  C'est  ce  que  les  architectes  modernes 
appellent.  Une  grecque.   Les  Latins  nommaient   cette 

(i)  Lib.  VIl,p.  1254,  in  excerpt.  (3)  Scholiast.  Sophocl.,  rmc/z/w. , 

(2)  Philostrat. ,    Iniag. ,    II,    34;       174- 
Callim,,  Hymn.  in  DcL,  286. 


108  PEINTURES. 

sorte  de  dessin ,  Lacunar  ou  laculatum ,  parce  que  les 
interstices  qui  y  sont  figurés  forment  comme  de  petits 
lacs  (i).  Les  Grecs  l'appelaient  $aTV(6p.a,  de  <paTVYi ,  alvéole. 
Du  reste ,  Grecs  et  Latins  employaient  fréquemment  cet 
ornement  dans  les  pavés  de  mosaïque  :  on  voit  au  musée 
royal  de  Naples  un  lacunar  dont  le  dessin  est  presque 
semblable  à  celui-ci. 


PLANCHES  63  à  94. 

Les  décorations  d'appartement  que  comprend  cette 
série  de  planches  ont  été  publiées  à  Naples,  dans  un 
recueil  intitulé  (2)  :  Les  Ornements  des  murs  et  les  Pavés 
des  salles  de  l'antique  Pompéi.  Un  second  ouvrage,  qui 
n'est  en  partie  que  la  reproduction  du  premier  (3) ,  en 
donne  aussi  quelques-unes.  Mais  ces  deux  collections  ne 
contiennent  que  des  gravures  ;  et  les  éditeurs  de  la  pre- 
mière, en  la  livrant  au  public,  ont  déclaré  eux-mêmes, 
dans  un  court  avertissement,  qu'ils  renonçaient  à  y  join- 
dre aucun  texte  explicatif.  En  effet,  l'Académie  royale 
Herculanienne,  consultée  sur  ce  point ,  avait  déclaré  qu'il 
serait  superflu  et  même  puéril  d'appliquer  à  ces  peintures 


(1)  Vossius,  ïnLacus;  Isidor.,  XIX,  stamperia  régale.  1796. 

aa.  (3)  Atlas  de  100  planches,  publié 

(a)  GK  Ornati  dcUe  pareti  ed  i  Pa-  par  l'Académie  de  Naples  en  1H08; 

vimenti  délie  stanze  deW  antica  Pom^  mentionné  par  Mazois  dans  ses  Rtti- 

peit    incisi   in   rame.    Napoli,   délia  nés  de  Pompéi,  \i-A\iAl,  ^.Si. 


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PREMIÈRE  SÉRIE.  109 

murales  le  luxe  de  recherches  érudites  et  de  profondes 
dissertations ,  dont  elle  avait  si  heureusement  enrichi  les 
autres  monuments  des  villes  ensevelies. 

Cette  décision,  nous  osons  le  dire,  a  été  également  fatale 
aux  progrès  de  l'archéologie  et  à  ceux  de  l'esthétique  :  de 
l'archéologie,  car,  outre  les  tableaux  du  centre  de  ces 
fresques  qui  sont  publiés  et  expliqués  séparément,  quel- 
ques-uns de  leurs  détails  auraient  pu  suggérer  des  observa- 
tions que  personne  ne  fera  comme  ces  savants  les  auraient 
faites ,  c'est-à-dire ,  avec  la  même  conscience  et  les  mêmes 
lumières  ;  de  l'esthétique,  car  un  des  premiers  mérites  de 
ces  peintures  réside  dans  le  choix  des  couleurs,   dans 
l'harmonie  et  quelquefois  dans  le  contraste  des  teintes, 
et  il  aurait  fallu  que  la  gravure,  inhabile  à  rendre  ces 
effets,  même  par  le  clair  obscur,  fût  accompagnée   au 
moins  d'une  notice  qui  les  indiquât  à  l'artiste  :  en  outre, 
beaucoup  d'objets,  dessinés  en  petit,  gagnent  infiniment 
en  clarté ,  s'ils  sont  décrits ,  expliqués  ou  seulement  nom- 
més avec  précision  par  un  écrivain  qui  ait  eu  occasion 
de  les  voir  dans  toute  leur  grandeur  sur  la  peinture  ori- 
ginale. C'est  même  cette  dernière  considération  qui  a 
souvent   rendu   nos  explications  plus  longues  et  plus 
minutieuses  que  ne  l'auraient  désiré  peut-être  des  lecteurs 
habitués  à  des  jouissances  exclusivement  littéraires  :  nous 
n'avons  jamais  perdu  de  vue  que  nous  nous  devons  plus 
encore  à  l'artiste  qu'à  l'homme  du  monde ,  et  que  s'il 
est  bon  de  nous  rendre  agréables  à  celui-ci ,  il  importe 
avant  tout  d'être  utiles  au  premier. 


110  PEINTURES. 

Or,  cette  double  série  de  travaux  également  inté- 
ressants que  nous  venons  d'indiquer ,  cette  double  tâche 
qu'ont  repoussée  les  archéologues,  les  écrivains  de  l'A- 
cadémie de  Naples,  nul  aujourd'hui  ne  peut  seulement 
l'essayer  en  leur  place  :  l'heure  de  la  description  a  passé 
quand  le  sujet  a  péri.  Que  de  fois  ainsi,  des  parents,  des 
amis  ont  regretté  de  ne  point  avoir  profité  des  instants 
d'une  vie  éphémère  pour  immortaliser  les  traits  chéris 
de  l'être  qu'ils  regrettent!  A  peine  ces  fresques  magni- 
fiques étaient-elles  exposées  au  contact  de  l'air,  qu'aus- 
sitôt a  commencé  le  lent  et  incessant  travail  de  décom- 
position qui  devait  les  anéantir.  Bien  plus ,  l'incurie  de 
l'homme  s'est  jointe  aux  efforts  de  la  nature ,  et  des  par- 
ties excavées  ont  été  comblées  à  mesure  qu'on  en  déblayait 
de  nouvelles ,  et  parce  qu'on  ne  savait  oii  porter  ces  amas 
de  cendres  :  on  a  répété  à  Pompéi  ce  qui  s'était  passé  au 
palais  de  Titus  (i). 

Ainsi ,  de  la  plupart  de  ces  chefs-d'œuvre  de  goût , 
d'esprit  et  de  fantaisie,  de  ces  grandes  pages  d'archi- 
tecture et  de  dessin ,  il  n'existe  plus  en  réalité  que 
les  fragments  qui  ont  été  détachés ,  sciés  et  transportés 
au  musée,  c'est-à-dire,  les  petits  cadres  faisant  tableau 
que  nous  avons  décrits  dans  les  autres  séries  de  cet 
ouvrage.  Nul  ne  nous  dira  plus  maintenant  si  cette  ten- 
ture était  de  pourpre ,  si  cette  frise  était  peinte  avec  l'azur 
vestorien;  si  ces   ornements  et  ces  vases  étaient  d'or, 

(i)  Voy.  Peintures,  4*  série,  pi.  3i. 


PREMIÈRE  SÉRIE.  lU 

d'argent  ou  de  marbre  ;  si  cet  animal  fantastique  était 
peint  en  camaïeu  ou  des  couleurs  naturelles  ;  si  enfin,  dans 
l'original,  un  œil  exercé  ne  distinguait  pas  mieux  la  forme 
de  ce  contour  indécis,  l'espèce  de  cette  fleur,  ou  cet  oiseau 
mal  indiqué.  Les  décorations  des  appartements  de  Pompéi 
pourraient  à  peine,  et  seulement  en  partie,  être  exhumées 
de  nouveau ,  à  grands  frais  et  pour  quelques  jours ,  après 
quoi   elles    périraient    pour    jamais.    Jusque-là,    elles 
n'existent  plus  que  dans  les  recueils  que  nous  avons  dé- 
signés, et  enfin  dans  le  nôtre,  où  nous  les  reproduisons  non 
pas   peut-être  telles  qu'elles  étaient  absolument,  mais 
telles  qu'on  les  a  vues  et  comprises  dans  les  dernières 
années  du  siècle  précédent  et  les  premières  de  celui-ci. 

Les  peintres  qui  voudront  restituer  ces  fresques 
avec  leurs  couleurs ,  pourront  néanmoins  obtenir  quel- 
que succès,  en  suivant  les  indications  que  nous  donne- 
rons plus  loin  sur  les  panneaux  les  plus  sombres  et  sur 
ceux  qui  n'ont  qu'une  teinte  claire  :  ils  mettront  sur- 
tout dans  le  bas  des  lambris ,  et  dans  quelques  cadres , 
ces  grandes  masses  noires ,  qui  devaient  empêcher  le 
papillotage  des  endroits  brillants ,  et  donner  aux  appar- 
tements de  l'ombre  et  de  la  fraîcheur.  Quant  aux  cou- 
leurs elles-mêmes  ,  ils  pourront  se  guider  sur  des  proba- 
bilités et  des  analogies,  en  consultant  ce  que  nous  avons 
dit  des  fresques  qui  existent  encore  et  qui  ont  été  récem- 
ment découvertes  :  nous  leur  recommandons  surtout  les 
peintures  entièrement  inédites,  gravées  pour  la  première 
fois  dans  notre  ouvrage  d'après  des  dessins  enluminés  en 


112  PEINTURES. 

présence  des  modèles  (i).  Il  faudra  que  le  coloriste  imite 
la  distribution  des  teintes  diverses ,  non-seulement  dans 
les  différents  cadres  et  panneaux ,  mais  quelquefois  même 
dans  les  petits  compartiments  irréguliers  formés  par  les 
rinceaux  et  les  baguettes  qui  s'entre-croisent  ;  il  évitera 
les  nuances  louches  et  ambiguës,  proscrites  dans  un  pays 
aimé  du  soleil;  il  n'oubliera  pas,  enfin,  la  dégradation 
des  teintes  suivant  les  lois  de  la  perspective  aérienne , 
dégradation  que  les  anciens  respectaient,  plus  soigneuse- 
ment peut-être  que  les  règles  de  la  perspective  linéaire  : 
cette  dernière  observation  devient  de  la  plus  haute  im- 
portance ,  dans  ces  compositions  architectoniques ,  dispo- 
sées sur  plusieurs  plans,  avec  des  échappées  de  vue 
irrégulières  ,  destinées  à  donner  plus  d'espace  et  plus 
d'air  à  l'appartement. 

Quant  aux  accessoires ,  aux  attributs  qui  réclameraient 
quelque  indication  fondée  sur  l'archéologie,  la  mytho- 
logie ou  l'histoire,  nous  allons  tenter  de  suppléer  au 
silence  des  doctes  académiciens ,  en  parcourant  toute  cette 
suite  de  peintures  et  en  nous  arrêtant  sur  les  points  qui 
offrent  quelque  intérêt. 

Nous  devons  préciser  d'abord  le  sens  de  cette  déno- 
mination ,  maison  de  campagne  ou  pseudo-urbana ,  qui 
a  été  appliquée  à  toutes  les  planches  de  cette  catégorie.  Ce 
nom  indique  une  maison  située  sur  la  voie  des  Tombeaux, 
maison  dont   nous  avons  parlé  fort  au  long   dans  un 

(î)  Voy.  Peintures,  4*  série,  pi.  36,  52,  54  et  55  ;  et  i'*  série ,  les  dernières. 


PREMIÈRE  SÉRIE.  113 

autre  endroit  (i).  Cet  édifice,  que  Millin a  cru  être  la  villa 
d' Arius  Diomèdes ,  parce  que  le  tombeau  de  ce  Pompéien 
était  bâti  tout  en  face ,  est  appelé  par  Mazois  (2),  pseudo- 
urhana ,  c'est-à-dire ,  maison  de  campagne ,  ou  partie 
d'une  maison  de  campagne  ,  qui  imite  l'élégance  d'une 
maison  de  ville  (3)  ;  et  ce  savant  architecte  pense  qu'elle  a 
été  trouvée  en  1763.  Un  autre  historien  de  Pompéi  (4) 
l'appelle  suhurhana ,  ce  qui  veut  dire  simplement  maison 
du  faubourg  (5),  et  ne  fait  pas  remonter  cette  décoviverte  au 
delà  de  1775  :  il  est  vrai  que  ce  dernier  auteur  semble  con- 
fondre quelquefois  cette  première  maison  avec  une  autre 
habitation,  située  sur  le  même  côté  de  la  voie  des  Tombeaux, 
que  dans  son  plan  il  appelle  également  suhurhana  (6),  et 
qui  est  connue  sous  le  nom  de  villa  de  Cicéron.  Les  re- 
cherches ,  l'exactitude  habituelle  et  le  talent  consciencieux 
de  Mazois  nous  feraient  pencher  vers  son  opinion ,  quand 
même  elle  ne  serait  point  confirmée  par  l'Académie 
d'Herculanum.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  plupart  des  plan- 
ches que  nous  donnons  ici  paraissent  avoir  été  trouvées 
dans  cet  édifice,  construit  avec  goût,  brillamment  orné, 
et  dans  lequel  on  a  rencontré  une  foule  d'objets  d'art 
très-précieux.  Il  possédait  un  grand  nombre  de  salles 
et  de  galeries ,  comme  on  peut  le  voir  par  le  plan  et  les 


(i)  Voy.  Mosaïques,  pi.  i  à  12.  tie,  p.  95. 

(2)  Ruines  de  Pompéi,   \V  part.,  (5)  Ulpian.,  Dig.,  XLIX,  4,  i. 

pi.  /»7.  (6)  W.  Gell,  Pompçiana,  F®  par- 

(3)  Vitruv.,  VI,  8.  tie,  pi.  2. 

(4)  W.  Gell,  Pompeiann ,  T*  par- 

1""  Série.— Peintures.  '  ^ 


lit  PEINTURES. 

coiipes  de  Mazois  :  en  outre ,  comme  il  occupait  un 
terrain  inégal,  sous  l'étage  élevé  au  niveau  de  la  voie 
des  Tombes,  on  en  avait  pratiqué  un  autre  qui  formait 
d'abord  comme  les  souterrains  de  celui-ci ,  mais  qui 
ensuite  s'ouvrait  par  derrière ,  sur  la  terrasse  du  jardin, 
comme  un  rez  de  chaussée,  tandis  que  la  suite  des  appar- 
tements du  devant  formait  de  ce  côté  un  j^remier  étage. 
Le  jardin  lui-même ,  dans  lequel  on  voyait  un  bassin  et 
un  petit  temple ,  et  qui  était  entouré  d'un  portique ,  se 
trouvait  encore  plus  bas.  D'après  ces  indications,  on  ne 
s'étonnera  plus  que  toutes  les  fresques  rassemblées  ici 
aient  décoré  les  vastes  et  nombreux  appartements  de 
cette  villa  pseudo-urbana  :  si  quelques-unes  n'appartien- 
nent point  à  cet  édifice,  elles  ont  dû  être  trouvées  en 
différents  endroits  de  la  ville  qu'il  serait  impossible  de 
désigner  aujourd'hui. 

Dans  la  planche  64-65,  on  remarque  la  bizarrerie  de 
la  corniche,  dont  le  fond  est  sombre  avec  quelques  or- 
nements plus  clairs  ;  on  admire  la  multiplicité  des  sujets 
que  renferme  cet  entablement,  marqué  d'avance  au  coin 
de  l'époque  moderne  qu'on  appelle  renaissance  ;  on  est 
charmé  de  la  grâce  des  petites  bacchantes  qui  font  l'office 
de  caryatides.  Le  soubassement  est  très-obscur;  mais  la 
tenture  du  milieu  est  blanche  comme  tous  les  dessus  :  le 
centre  présente  un  poète  ou  un  pédagogue  avec  son  audi- 
toire et  sa  boîte  de  manuscrits ,  sujet  qui  a  déjà  été  donné 
dans  les  tableaux.  Une  forêt  de  petites  colonnes  forme  un 
demi-cercle  derrière  la  tenture,  et  des  animaux  pygmées, 


PREMIÈRE  SÉRIE.  115 

chèvre ,  mulet ,  lézard  et  tortue ,  que  le  caprice  du  peintre 
a  placés  sur  le  premier  plan,  font  encore  mieux  ressortir 
la  gracilité  et  l'élévation  des  colonnettes.  Et  remarquez 
bien  que  si  la  hauteur  excessive  des  colonnes  est  un  défaut 
choquant  pour  nos  yeux ,  cela  tient  uniquement  aux 
habitudes  en  vertu  desquelles  nous  apprécions  le  poids 
des  voûtes  et  des  plafonds ,  et  la  résistance  des  matériaux 
qui  forment  les  supports.  Rendez  les  plafonds  très-légers, 
comme  les  supposent  les  décorateurs  pompéiens,  et  l'on 
s'habituera  aux  colonnes  grêles  ;  employez  des  matériaux 
plus  résistants  pour  celles-ci,  et  l'on  ne  s'étonnera  plus  de 
leur  peu  d'épaisseur.  Sous  ce  rapport,  les  peintures  mu- 
rales offriront  d'excellents  modèles  pour  les  construc- 
tions de  fer  qui  tôt  ou  tard  feront  une  révolution  dans 
l'architecture.  Un  philosophe  moderne,  dont  le  système 
hardi  tend  à  renouveler  tous  les  arts  aussi  bien  que  toutes 
les  sciences  humaines,  l'illustre  Fourier,  conjecture  qu'on 
ne  tardera  guère  à  employer  ce  qu'il  appelle  l'ordre 
duodénal  et  même  des  ordres  supérieurs,  c'est-à-dire,  des 
colonnes  qui  auront  douze  diamètres  et  plus  encore  de 
hauteur  (i). 

Dans  la  soixante-dixième,  on  observe  pour  la  pre- 
mière fois  l'emploi  de  bouquets  de  plumes  ou  de  palmes 
au  sommet  d'une  colonnette  de  feuillages.  Dans  un  mon- 
tant noir,  et  sur  un  fond  très-pâle ,  le  fragment  inférieur 
offre  des  palmettes  d'un  effet  assez  neuf. 

(i)  Traité  d'associntion  domestique-agricole,  sommaire,  II,  8. 


116  PEINTURES. 

Quelques  planches,  comme  les  numéros  63,  71 ,  80- 
81,  82-83  et  87-88,  offrent  un  tracé  du  profil  de  la 
corniche,  qui  était  en  stuc  et  portait  un  léger  relief. 

Les  portes  que  l'on  voit ,  percées  dans  le  mur  et  indi- 
quées aux  planches  7 1 ,  yi-y5  et  89-90,  ainsi  que  les 
petites  fenêtres  de  la  planche  85-86 ,  indiquent ,  selon 
quelques  critiques ,  un  changement  de  distribution  fait 
dans  la  maison ,  postérieurement  à  la  peinture  murale , 
et  peut-être  après  le  premier  tremblement  de  terre  qui 
ébranla  les  édifices  de  Pompéi  ;  d'autres ,  considérant  la 
régularité  de  l'encadrement  de  ces  ouvertures,  pensent 
qu'elles  ont  été  laissées  dans  l'œuvre  lors  de  la  construc- 
tion de  l'édifice.  Les  anciens  étaient,  en  effet,  assez  ennemis 
de  tout  soin  minutieux  pour  que  le  décorateur  ne  songeât 
pas  toujours  à  mettre  son  dessin  d'accord  avec  la  disposi- 
tion des  jours  et  des  entrées  de  l'appartement.  Les  deux 
opinions  peuvent  se  concilier  :  peut-être ,  dans  certains 
édifices  y  a-t-il  eu  changement  ;  dans  d'autres,  peut-être 
voit-on  seulement  absence  de  précautions,  comme  on 
le  voit  aux  planches  77-78  et  82-83,  011  rien  n'empêche  de 
croire  que  la  porte  a  été  percée  ainsi  de  première  inten- 
tion. Mais ,  à  coup  sûr,  il  ne  faut  pas  accuser  les  direc- 
teurs des  fouilles  d'avoir  commis  ces  mutilations  :  il  est 
bien  évident  que  la  pièce  de  bois,  qui  avait  été  placée  en 
guise  d'architrave  pour  soutenir  les  voussoirs,  a  été 
carbonisée  par  la  chaleur  de  l'éruption ,  et  détruite  par 
le  temps;  et  si ,  dans  les  parties  voisines  du  chambranle  , 
le  stuc  a  été  détruit ,  il  faut  l'attribuer  à  la  même  cause  , 


PREMIÈRE  SÉRIE.  117 

c'est-à-dire ,  à  la  combustion  de  la  porte ,  et  quelquefois 
à  ce  qu'il  était  d'une  application  plus  récente  que  l'enduit 
du  reste  du  mur. 

Les  colonnettes  ioniques  et  composites  de  la  planche 
7 3  méritent  une  attention  particulière,  à  cause  de  leurs 
heureuses  proportions.  Cette  fresque  et  la  suivante,  dont 
le  fond  est  d'une  couleur  très-obscure,  proviennent  sans 
doute  du  même  appartement  :  il  y  a  beaucoup  d'analogie 
dans  les  ornements;  et  l'on  reconnaît,  dans  les  cartouches 
du  milieu  des  panneaux ,  deux  chars  de  Diane  et  d'Apol- 
lon qui  font  pendant ,  et  dont  nous  donnons  ailleurs  la 
gravure  (i). 

Les  plantes  qui  sont  peintes  de  leurs  couleurs  natu- 
relles, à  la  partie  inférieure  du  lambris  (pi.  76  ) ,  sont 
toujours  sur  fond  noir ,  bien  que  tout  le  reste  soit  très- 
clair  ;  et  il  faut  remarquer  que ,  dans  le  cavaedium  des 
maisons  pompéiennes ,  on  plaçait  ordinairement  devant 
ce  lambris  des  caisses  de  fleurs  et  d'arbustes  véritables, 
qui  s'accordaient  très-bien  avec  cette  peinture. 

Les  deux  tiges,  supportant  des  aigles  et  ornées  de  dau- 
phins et  de  murènes,  donnent  un  cachet  particulier  à  la 
décoration  suivante,  qui  est  presque  semblable ,  sauf  la 
voûte,  à  la  soixante-troisième,  et  qui  sans  doute  vient  du 
même  appartement  de  l'étage  inférieur  :  à  quelques  attri- 
buts bachiques  se  mêle  une  intention  plus  noble,  qui  se 
montre  encore  dans  les  bucranes  et  les  diadèmes  de  perles 

(i)  Voyez  la  deuxième  série  des  Peintures  ,  pi.  99. 


ff8      '  PEINTURES. 

de  la  corniche.  Le  trèfle  de  la  moulure  de  la  voûte  est 
une  feuille  aussi  rare  dans  l'ornementation  antique, 
qu'elle  est  commune  dans  celle  du  moyen  âge.  Ces  deux 
fresques  n'ont  aucune  teinte  foncée,  sauf  la  corniche  :  le 
lambris  est  noir. 

Le  fragment  du  bas  de  cette  même  planche  a  été 
trouvé  à  Civita,  en  1764  :  la  partie  supérieure  est  un  fond 
jaune.  La  bande  du  dessus  est  blanche  ;  le  carré  est  par- 
tagé par  deux  diagonales  en  quatre  compartiments ,  dont 
deux  blancs  et  deux  noirs  :  vient  ensuite  une  bande 
noire ,  puis  une  blanche  ;  les  deux  oiseaux  sont  peints 
au  naturel  sur  un  fond  noir  ;  puis  il  y  a  encore  une 
bande  blanche  et  une  noire.  La  tête  de  femme,  placée 
sur  un  rond  à  fond  blanc  au  milieu  d'un  carré  grisâtre, 
est  peinte  de  manière  à  imiter  un  camée  du  genre  appelé 
corneola  (i).  Les  guirlandes  sont  vertes.  A  l'extrémité 
de  gauche ,  on  voit  encore  une  tête  de  profil ,  peinte 
d'une  teinte  obscure  sur  un  fond  jaune  clair  ^  peut-être 
à  l'imitation  d'une  tapisserie  au  métier,  comme  on  l'a 
déjà  vu  ailleurs.  La  tête  du  milieu,  d'un  coloris  très-vif, 
est  peinte  sur  un  fond  d'un  jaune  plus  sombre. 

La  décoration  80-8 1 ,  qui  est  d'une  grande  élégance , 
réunit  les  attributs  de  plusieurs  divinités  et  une  foule  d'ac- 
cessoires gracieux  :  ce  sont,  des  aigles  sur  des  globes,  em- 
blèmes de  Jupiter,  le  paon  junonien  ,  les  oscilla  (2)  ou 
emblèmes  de  Bacchus  suspendus  aux  plafonds,  trois  petits 

(i)  Mus.  Odescalch.,  Praef.,  §  8  et  (a)  Virg.,  yC«.,  XII,  6o3. 

ai;  Rodig.,XVn,io. 


PREMIÈRE  SÉRIE.  119 

cadres  représentant  un  coq  avec  des  vases,  prix  d'un 
combat,  un  paysage  et  une  sitographie;  enfin,  deux  jolies 
petites  constructions  à  trois  étages  et  à  deux  rangs  super- 
posés de  colonnes  ioniques  de  teinte  moyenne  sur  un 
fond  clair.  Le  zoophore  du  premier  étage  est  orné  de 
bucranes  qui  indiquent  un  temple. 

La  planche  suivante  est  remarquable  par  une  guir- 
lande composée  de  feuilles  de  chêne  mises  bout  à  bout, 
attribut  de  Jupiter,  comme  l'aigle  qui  plane  au  milieu 
du  petit  cadre  d'en  haut  et  le  cygne  du  lambris  in- 
férieur. 

La  vignette  de  cette  même  planche  est  une  fresque 
trouvée  à  Civita  :  le  petit  génie  muni  d'un  pédum  ,  d'un 
stylet  et  de  deux  ailes  de  papillon ,  rappelle  la  fable  de 
Psyché  (i)  ;  ce  sont  de  pareilles  ailes  que  Platon  donne 
aux  âmes  (2). 

La  décoration ,  de  couleurs  assez  foncées ,  du  numéro 
84,  appartient  au  portique  du  jardin  :  elle  est  percée  d'un 
dégagement  donnant  dans  une  chambre  voisine,  à  laquelle 
on  monte  par  quatre  marches ,  et  qui  est  peinte  également 
à  fresque.  Les  dégradations  de  l'enduit  laissent  apercevoir 
Vopus  reticulatum  du  mur  et  les  voussoirs  du  dessus  de  la 
porte. 

Dans  la  planche  suivante,  il  n'y  a  de  noir  que  les  trois 
cadres,  et  seulement  la  bande  inférieure  du  lambris. 

Le  numéro  87-88  offre  une  vue  du  côté  le  plus  étroit 

(i)  Spon.,  Miscell.  erud.  Ant.,  7.         (2)  Spanh.  ad  Cœs.,  p.  14  et  81. 


120  PEINTURES. 

d'une  salle  :  toutes  les  couleurs  en  sont  foncées ,  mais  le 
lambris  n'est  pas  noir. 

Enfin ,  dans  la  planche  89-90 ,  qui  provient  du  porti- 
que environnant  le  jardin ,  on  observe  un  désordre  com- 
plet, une  absence  de  symétrie  choquante  entre  la  frise 
et  l'étage  supérieur,  entre  celui-ci  et  le  dessous,  entre 
ce  dernier  et  le  lambris  inférieur  :  une  grande  ouverture 
pratiquée  au  milieu  est  sans  rapport  aucun  avec  la 
peinture  ,  et  pourtant  l'artiste  primitif  semble  en  avoir 
ménagé  le  cadre ,  ou  bien  un  second  artiste  l'a  raccordé. 
Ce  désordre  a  pu  passer  autrefois  pour  de  la  variété  ; 
mais,  à  coup  siir,  ce  n'est  point  la  variété  dans  l'unité, 
et  par  conséquent  ce  n'est  point  le  beau.  Nous  ne  recom- 
manderions pas  aux  modernes  l'imitation  de  ce  morceau  ; 
car  les  anciens  se  sont  trompés  aussi  quelquefois  : 


Lorsque  sur  un  modèle  on  prétend  se  régler, 
C'est  par  les  beaux  côtés  qu'il  lui  faut  ressembler. 


PLANCHE  91. 

La  peinture  murale  qui  fait  l'objet  de  cette  planche 
provient  de  fouilles  beaucoup  plus  nouvelles  que  les  pré- 
cédentes ;  la  disposition  en  est  fort  bien  entendue.  Elle 
se  distingue  par  l'abondance  et  la  variété  des  feuillages , 
tous  peints  au  naturel ,  qui  suivent  les  lignes  de  la  dé- 
coration ou  qui  ornent  les  encadrements  :  ce  sont  d'é- 


PEINTURES. 


1^*'  3  éne 


51. 


Hl^€€v»g^lH 


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C!> 


B 


POMPEIANA  .  1"     PV  4  0. 


V  .        7.      T   .    57  . 


PREMIERE  SERIE.  121 

paisses  guirlandes  de  laurier  dans  le  haut,  puis  des  feuilles 
du  même  arbre  assemblées  trois  à  trois  et  ensuite  deux 
à  deux ,  et  enfin  des  festons  de  pampre  :  ces  feuillages 
divers,  le  rhyton  et  le  cymbalum  suspendu ,  ainsi  que 
la  figure  de  griffon,  semblent  indiquer  que  la  salle  était 
placée  sous  les  auspices  de  Bacchus  et  d'Apollon.  Il  faut 
observer  que,  dans  un  grand  nombre  de  ces  décorations, 
l'étage  inférieur  est  présenté  par  la  perspective  aérienne 
comme  plus  rapproché  du  spectateur  que  les  étages  ou 
l'étage  de  dessus  :  ainsi ,  l'appartement  semble  entouré 
d'une  espèce  de  paravent  qui  s'élève  à  peu  près  à  hauteur 
d'homme ,  tandis  que  l'air  d'un  appartement  plus  vaste 
ou  même  l'air  extérieur  paraît  circuler  librement  dans  le 
haut  :  tel  est  le  pouvoir  de  l'imagination  sur  les  sens, 
que  cet  artifice  du  décorateur  pouvait  tromper  les  convives 
et  leur  procurer  une  fraîcheur  illusoire.  Un  effet  analogue 
s'observe  dans  nos  salles  à  manger,  que  l'on  peint  en 
marbre  ou  que  l'on  revêt  d'un  papier  marbré  ;  ainsi 
encore  la  vue  d'un  costume,  léger  en  apparence,  cause 
un  sentiment  de  froid  pénible  en  hiver ,  de  douce  fraî- 
cheur en  été. 

La  vignette  représente  un  fragment  de  grotesques  tel 
qu'on  en  a  trouvé  aux  thermes  de  Titus ,  grotesques  dont 
nous  parlerons  plus  loin  avec  quelque  détail  (i).  Nous 
devons  rappeler  dès  à  présent  que  Morto  de  Feltri ,  le 
premier,  sut  reproduire  exactement  les  rinceaux  antiques 

(i)  Peintures,  /,*  série,  pi.  3i. 

r"  Série.— Peintures.  'O 


122  PEINTURES. 

du  genre  de  ceux-ci  (i).  Ce  fut  après  lui  seulement  que 
Raphaël  put  confier  à  Giovanni  d'Udine  la  direction  de 
ces  ornements  pour  les  loges  du  Vatican ,  d'oii  la  mode 
s'en  est  répandue  dans  tout  le  monde  civilisé  (2).  Nous 
rappelons  encore  que  c'est  aux  grottes  que  formait  le 
palais  de  Titus  qu'est  due  l'origine  du  mot  grotesque, 
grottesche ,  et  nullement,  comme  l'a  prétendu  un  auteur 
italien  (3),  à  ce  que  ces  décorations  représentaient  sou- 
vent des  espèces  d'hiéroglyphes  ou  d'énigmes  (  xpunTiJcèv, 
xpuçoç  ). 

Une  belle  figure  de  Pan  occupe  le  milieu  de  cette 
frise. 


PLANCHE  92. 

Cette  fresque  a  été  trouvée  dans  un  édifice  appelé,  on 
ne  sait  trop  pourquoi,  la  Maison  des  Vestales.  C'est  un 
monochrome  ,  d'un  dessin  correct ,  quoique  beaucoup 
plus  vague  que  la  gravure  au  trait  ne  l'a  pu  représenter. 
Quelques  critiques  ont  pensé  (4)  que  les  personnages 
qu'on  y  voit  sont  des  acteurs  tragiques,  et  que  cette 
vaste  fabrique   est  une  scène  théâtrale  :  un  seul  coup 


(i)  Vasari ,  tora.  II ,  p.  3ao.  (3)  Lomazzo,  TYatt.  delV  arte  délia 

{%)  Vasari,  t.  III,  /i5,  46  et  179;  pitt.,  48. 

Borghinî ,  Riposo  ,  p.    494;MiIizia,  (4)  'W.  Gell  ,   Pompeiana,    1817- 

Memorie  degli  architetti,  p.S^i   Or-  1819,  p.  169. 
tig.,  Fitniv.,  p.  96. 


PREMIÈRE  SÉRIE.  123 

d'œil  jeté  sur  la  décoration  scénique  des  théâtres  d'Her- 
culanum  et  de  Pompéi  (i)  suffit  pour  voir  que  cette 
décoration  consiste  dans  une  façade  plate  qui  n'a  rien 
de  commun  avec  les  ailes  et  les  galeries  avancées  que 
l'on  remarque  ici  :  le  manque  de  profondeur  du  pro- 
scenium antique  ,  c'est-à-dire ,  de  ce  que  nous  appelons 
aujourd'hui  proprement  le  théâtre  ou  la  scène ,  n'aurait 
jamais  permis  de  pareils  développements  architectoni- 
ques.  Notre  composition  est  formée  d'un  fronton  et  de 
deux  portiques,  supportés  par  des  colonnes  à  chapiteau 
composite  et  à  petite  base  ronde  ;  plus,  deux  rangs  isolés 
de  colonnes  minces  à  chapiteau  ionique ,  et  à  base  feuil- 
lée,  qui  supportent  deux  aigles,  indiquant  peut-être  un 
temple  de  Jupiter.  La  disposition  inversement  symétrique 
de  toutes  ces  parties  de  l'édifice  était-elle  quelquefois 
adoptée  dans  la  réalité?  Nous  n'oserions  l'affirmer;  et 
aucun  exemple  d'édifice  antique  n'a  montré  jusqu'ici 
un  arrangement  pareil.  Quant  à  ces  rangées  de  colonnes, 
sans  utilité  apparente,  il  est  plus  probable  qu'elles 
n'étaient  point  proscrites  des  édifices  somptueux  du  temps 
de  l'empire  ;  les  théories  sacrées  avaient  besoin  de  ces 
espèces  de  jalons  pour  enrouler  et  dérouler  leur  marche 
sinueuse.  On  peut  donc  considérer  cette  peinture  comme 
offrant  quelques  indications  précieuses  pour  la  restau- 
ration des  édifices  antiques.  Le  lointain  montre  aussi 
quel  pouvait  être  l'aspect  de  certaines  villes  de  l'Italie. 

(i)  Ruines  de  Pompéi,  tom.  IV,  par  L.  Barre. 


124  PEINTURES. 

Les  deux  caryatides-hermès,  placés  sur  les  côtés,  repré- 
sentent sans  doute  deux  poètes  célèbres,  avec  la  lyre  et  le 
plectrupi.  L'un  tient  une  cithare  à  trois  cordes  seulement, 
et  un  bâton  pastoral  est  attaché  à  la  gaîne  de  Thermes  ; 
la  figure  et  la  coiffure  ont  quelque  chose  d'égyptien  :  c'est 
sans  doute  un  poëte  pastoral  des  temps  primitifs  ;  peut- 
être  ,  le  thrace  Orphée,  qui  visita  les  bords  du  Nil.  L'ins- 
trument du  second  a  un  plus  grand  nombre  de  cordes  ; 
son  attribut  est  un  flambeau;  il  est  coiffé  à  la  phrygienne  : 
c'est  un  poëte  plus  moderne,  et  d'un  genre  plus  élevé  ;  le 
flambeau  indique  le  feu  de  l'ode  ou  de  la  poésie  épique. 
Nous  n'osons  cependant  point  songer  sérieusement  à 
Homère  le  Méonide ,  ni  au  dieu  des  vers  et  du  jour  : 
c'eût  été  un  égal  sacrilège  de  placer  l'un  ou  l'autre  dans 
cette  position,  qui  était  une  flétrissure  (i).  Peut-être 
faut-il  voir,  dans  l'un,  Théocrite,  qui  vécut  à  la  cour  des 
Ptolémées  ;  dans  l'autre,  le  chantre  d'Énée  :  l'irrévérence 
serait  moins  grave  ;  mais  ce  ne  sont  encore  que  des  con-^ 
jectures. 


PLANCHES  93  à  98. 

Cette  peinture  murale  et  ces  trois  plafonds  sont  en- 
core tirés  de  la  collection  que  nous  avons  mentionnée 
tout  à  l'heure  (2),   et  proviennent  de  la  villa  pseudo- 

(i)  Viiruv. ,   I,  1.  (2)  Voy.  ci-dt'isus,  p.  io8. 


PEINTURES. 


1*T*  Série. 


H.AouoC'  aim^ 


VILLA  PiSZUDOURBAJTA. 


3. Pli. 


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PEINTURES. 


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PREMIÈRE  SÉRIE.  125 

urbana  du  champ  des  tombeaux.  Les  fleurs,  les  oiseaux, 
les  papillons,  qui  forment,  dans  le  bas  de  la  première, 
une  espèce  de  viridarium ,  sont  dessinés  avec  beaucoup 
de  soin  :  tout  cela  était  peint  sur  fond  noir  et  colorié  avec 
beaucoup  d'éclat  ;  les  barreaux  du  treillage  étaient  verts  ; 
les  deux  pilastres,  d'une  teinte  assez  claire,  laissent  entre 
eux  une  des  ouvertures  du  portique  qui  entourait  le 
jardin  du  côté  de  l'habitation.  On  remarque  encore  un 
manque  de  symétrie  dans  la  partie  placée  au-dessus  de 
la  corniche  ;  les  trous  du  mur  d'en  haut  sont  les  ouver- 
tures ou  opes  (oTCai),  dans  lesquelles  étaient  fixées  les 
solives  du  toit. 

Les  plafonds  appartiennent  à  trois  voûtes  surbaissées 
de  l'étage  inférieur  :  le  deuxième  est  d'une  teinte  obs- 
cure ;  le  premier  et  le  troisième  sont  peints  sur  un  fond 
blanc ,  ou  au  moins  sur  un  fond  de  teinte  très-claire. 


PLANCHES   99  et    100. 

La  décoration  que  nous  donnons  ici ,  et  qui  est  une  des 
plus  compliquées  de  toute  la  collection ,  doit  être  com- 
j^létée  par  la  pensée,  en  répétant  symétriquement  à  gau- 
che toute  la  partie  de  droite  :  ainsi ,  elle  occupait  tout  un 
côté  d'un  appartement.  Elle  a  été  donnée  par  l'architecte 
Mazois  ,  qui  l'a  extraite  lui-même  du  second  recueil  dont 
nous  avons  parlé,  et  qui.  n'a  point  jugé  à  propos  de  l'ac- 
compagner d'une  description.  Il  n'y  a  donc  aucun  moyen 


126  PEINTURES. 

d'en  connaître  les  couleurs  ;  seulement  la  gravure ,  étant 
ombrée,  indique  le  degré  d'obscurité  des  teintes.  Le 
lambris  inférieur,  jusqu'à  la  moitié  de  la  hauteur  du 
piédestal  de  la  colonnette ,  est  noir ,  sauf  les  bandes  qui 
le  divisent  en  compartiments  ;  le  fond  de  la  tenture  du 
milieu  est  d'un  degré  moins  sombre ,  comme  les  deux 
segments  de  cercle  de  la  frise  du  haut,  et  comme  un  petit 
rectangle  qui  se  trouve  vers  le  bas  du  montant  décoré  de 
dauphins  ,  griffons  et  hippocampes.  Les  segments  de 
cercle  des  côtés  de  ce  montant,  et  la  plupart  de  ses  orne- 
ments, sont  d'une  teinte  moins  sombre  encore  d'un  de- 
gré, ainsi  que  le  dessus  et  le  dessous  des  trois  tentures  ^ 
le  carré  où  l'on  voit  un  satyre ,  les  compartiments  dessi- 
nés dans  le  haut  par  la  branche  de  vigne ,  et  plusieurs 
autres  petites  parties.  Il  n'y  a  d'entièrement  blanc  que 
les  deux  tentures  latérales,  qui  portent  un  G«nie  avec 
la  corne  d'abondance ,  et  tout  le  fond  de  la  frise  du 
haut. 

Cette  indication  de  teintes  nous  a  donné  l'occasion 
d'énumérer  presque  toutes  les  parties  importantes  de 
cette  composition,  un  peu  bizarre,  mais  pleine  de  charme. 
Nous  y  ferons  remarquer  un  chef-d'œuvre  de  goût,  dans 
les  deux  candélabres  de  la  frise.  Elle  offre  aussi  un  sou- 
venir classique,  dans  un  personnage  du  cadre  du  milieu, 
qui  est  détruit  en  partie  :  à  son  chapeau  d'esclave,  à  son 
attitude  pensive,  nous  croyons  reconnaître  Sosie,  sortant 
de  la  maison  d'Amphitryon  et  préparant  son  fameux  récit; 


•V2\v 


PREMIÈRE  SÉRIE.  127 

derrière  la  colonne,  se  trouvait  sans  doute  l'autre  Sosie, 
Mercure,  avec  un  bâton  derrière  le  dos  (i). 


PLANCHES  101  et  102. 

Les  observations  faites  sur  l'origine  de  la  fresque  précé- 
dente s'appliquent  également  à  celle-ci.  Il  faut  supposer 
que  la  partie  de  gauche,  dans  laquelle  est  un  Génie  por- 
tant des  fruits,  se  répète  symétriquement  à  droite.  Les 
parties  noires  sont  ici  les  lambris  inférieurs,  y  compris  le 
cadre  dans  lequel  bondit  un  jeune  taureau,  et  la  petite 
frise  où  l'on  voit  deux  taureaux  marins  et  deux  dau- 
phins. C'est  encore  dans  un  panneau  entièrement  noir 
que  se  trouve  le  petit  tableau  de  deux  personnages,  un 
homme  et  une  femme  ,  entourés  de  draperies  et  séparés 
par  un  poteau.  Il  nous  est  impossible  de  déterminer  quelle 
scène  probablement  comique ,  quelle  anecdote  ou  quel 
trait  mythologique  a  pu  fournir  le  sujet  de  cette  petite 
peinture.  Au-dessus  du  tableau  est  un  plafond  soutenu 
par  deux  colonnes  en  balustres  :  sur  ce  plafond ,  devant 
une  tenture  noire  et  sous  une  espèce  de  dais ,  se  trouve 
une  femme  assise.  Le  noir  domine  encore  dans  la  petite 
niche  ,  où  se  trouve  une  femme  jouant  du  cymbalum ,  et 
dans  le  petit  cartouche  au-dessous  du  paysage.  Les  teintes 
les  plus  sombres  après  le  noir  remplissent  quelques  cadres 

(i)  Plaut.,  y^/w/?A/Vr.,  I,  I. 


128  PEINTURES. 

et  quelques  cartouches.  Regardez  encore  la  perspective 
qui  se  trouve  des  deux  côtés  du  baldaquin ,  et  où  vous 
voyez  un  jeune  homme  qui  lit  :  toute  cette  architecture, 
fort  habilement  disposée,  est  peinte  en  clair  obscur, 
avec  des  tons  plus  ou  moins  prononcés. 

Cette  décoration,  non  moins  compliquée  que  la  précé- 
dente ,  paraît  encore  supérieure  à  celle-ci  par  la  régularité 
et  l'heureux  agencement  de  ses  différentes  parties ,  aussi 
bien  que  par  la  pureté  du  goût  qui  domine  dans  chacune 
d'elles.  Reproduite  dans  un  édifice  moderne,  son  effet 
serait  certainement  plus  agréable,  et  elle  obtiendrait  plus 
sûrement  l'approbation  générale. 

PLANCHE  103. 

Nous  avons  peu  de  chose  à  dire  de  cette  décoration 
fort  simple  et  de  bon  goût,  qui  nous  a  été  transmise 
comme  les  précédentes.  Les  deux  petites  colonnes  com- 
posites  sont  assez  jolies.  Etrange  rencontre ,  et  pur  effet 
du  hasard  !  on  trouve  des  croix  de  Malte  dans  deux  des 
compartiments.  Il  n'y  a  de  blanc  que  les  trois  bandes 
perpendiculaires  et  la  ligne  horizontale  au-dessous  de  la 
frise  ;  le  reste  est  d'une  teinte  sombre  assez  uniforme.  Si 
les  deux  peintures  que  nous  venons  de  voir  auparavant 
conviennent  aux  galeries  d'un  palais,  celle-ci  décorerait 
parfaitement  une  salle  à  manger. 


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PEINTURE.^ 


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PREMIÈRE  SÉRIE.  l^ 


PLANCHE  104. 


La  petite  décoration,  qui  occupe  la  partie  supérieure 
de  cette  planche ,  fait  partie  de  celles  du  temple  de  Vé- 
nus. On  l'a  trouvée  dans  une  chambre  du  logement  des 
prêtres,  qui  communiquait  directement  avec  l'aréa  du 
temple.  Ce  qu'elle  a  de  remarquable,  c'est  le  tableau  du 
milieu  représentant  Bacchus  ,  qui  s'appuie  d'un  côté  sur 
le  vieux  Silène,  et  qui  de  l'autre  répand  du  vin  sur  la  tête 
d'un  animal.  Ce  tableau  se  trouve  gravé  plus  loin  ,  sous 
des  dimensions  qui  permettent  d'en  apprécier  le  mérite 
et  d'en  comj)rendre  les  détails.  Ce  qu'il  y  a  de  curieux  , 
c'est  la  manière  dont  il  était  enchâssé  ici  ;  il  paraît  qu'on 
l'avait  déjà  détaché  d'une  autre  muraille,  en  sciant  celle- 
ci,  comme  le  font  les  modernes,  et  qu'on  l'avait  transporté 
dans  le  temple  de  Vénus,  où  on  l'avait  fixé  avec  des 
crampons,  au  milieu  d'une  décoration  faite  pour  cet  ob- 
jet. Ces  circonstances  nous  prouvent  que,  chez  les  anciens 
déjà ,  ce  tableau  était  considéré  comme  un  morceau 
de  prix  :  quel  cas  n'en  devons-nous  donc  pas  faire  au- 
jourd'hui ! 

Les  deux  petites  fresques  du  bas  de  la  planche  appar- 
tiennent à  la  décoration  du  puriûcatoïre, purgatorium  ou 
pastophorium,  qui  se  trouve  dans  un  angle  de  l'aréa  d'Isis. 
Le  cerf,  avec  la  palme  et  l'épée,  pourrait  bien  avoir  quel- 
que chose  d'allégorique,  comme  nous  l'avons  remarqué 

l"  Série.— Peintures.  '  '7 


130  PEINTURES. 

ailleui's  (i);  peut-être  nous  off're-t-il  un  emblème  de  la 
lâcheté  qvii  s'éloigne  à  la  fois  du  danger  et  de  la  gloire. 
L'autre  peinture  représente  un  de  ces  sujets  si  communs 
sur  les  murs  de  Pompéi,  une  offrande  aux  Génies  du 
lieu  (2). 

PLANCHE  105. 

Cette  charmante  décoration  est  le  cadre  dans  lequel  se 
trouve  enfermé  un  des  meilleurs  tableaux  de  Pompéi, 
celui  que  le  célèbre  Thorwaldsen  ne  pouvait  se  lasser 
d'admirer ,  et  qui  a  été  copié  par  un  habile  artiste  alle- 
mand, M.  Zahn,  peu  de  jours  après  qu'il  eut  été  décou- 
vert ,  et  quand  les  variations  atmosphériques  n'en  avaient 
pas  encore  altéré  les  couleurs.  Il  représente  Tyndare  et 
Léda  :  on  le  trouvera  gravé  plus  loin  (3).  On  voit  aussi 
dans  cette  composition  une  chasse  de  centaures,  qui  sera 
reproduite  ailleurs ,  sous  des  dimensions  plus  commo- 
des (4)-  L'encadrement  est  capricieux  et  compliqué,  mais 
d'une  complication  qui  disparaît  un  peu  dans  l'original , 
grâce  à  l'éclat  et  à  l'harmonie  des  teintes,  et  surtout  à  la 
grandeur  des  dimensions  de  l'ensemble;  cet  encadrement 
est  digne  du  tableau  principal.  Les  deux  ouvertures  des 
côtés  laissent  entrevoir  une  vaste  composition  architec- 


(i  )Ruines  de  Pompéi,  tom.IY,  p.ir  (3)  Peintures,  2*  série,  pi.  i4o. 

L.  Barré.  (4)  Peintures;  4*  série,  pi.  17. 

(a)  Peintures,  4*  série,  pi.  33. 


■PEINTURES 


l^e  Sene 


PÛMPîI/JNA.  2T        P«        P.    47 


PEINTURES 


\^.''   .'"érie. 


106. 


POMPEIAWA.       2.    P^«      P.     'f 


PREMIÈRE  SÉRIE.  131 

turale,  une  forêt  de  colonnettes ,  et  le  bleu  du  ciel  à 
travers  leurs  lignes  efïilées  :  ces  deux  percées  sont  d'un 
très-bel  effet.  Les  Génies  et  les  nombreux  animaux,  qui 
font  partie  de  la  décoration ,  sont  dessinés  avec  beau- 
coup de  goiit  :  cet  enfant  qui  joue  de  la  double  flûte  est 
accompagné  d'un  autre  enfant  si  petit,  que  le  premier 
paraît  un  géant  auprès  du  second.  L'intention  du  peintre 
a  sans  doute  été  d'indiquer ,  par  cette  supériorité  de 
taille,  une  divinité  :  peut-être  le  jeune  Bacchus. 

PLANCHE  106. 

Lorsque  le  fils  de  Marie-Thérèse  visita  les  ruines  de 
Pompéi ,  on  découvrit ,  en  présence  de  ce  monarque ,  un 
petit  édifice  qu'on  appela  La  maison  de  Joseph  IL  On 
lui  donna  aussi  le  nom  de  Maison  de  Fuscus ,  à  cause 
d'une  inscription  qu'on  y  trouva  ;  une  seconde  inscrip- 
tion, sans  doute  rogatoire,  existait  encore  en  partie  :  elle 
était  tracée  en  grandes  lettres  rouges  sur  l'un  des  pilas- 
tres de  la  porte,  et  elle  semble  se  rapporter  à  cette 
illustre  famille  Tullia ,  à  la  famille  de  Cicéron ,  qui  lui- 
même  vécut  longtemps  à  Pompéi  : 

M.    TVLLIV 
M.    MARCl 

n;  P.    CI 

MAR.  tIL 


132  PEINTURES. 

Une  petite  chambre  de  la  demeure  dont  il  s'agit  était 
ornée  de  cette  décoration ,  très-chargée  en  couleurs 
qui  contrastent  fortement  entre  elles.  L'irrégularité  sin- 
gulière qu'on  y  remarque,  provient  de  ce  qu'une  des  deux 
parties,  celle  de  droite ,  devait  être  cachée  en  partie  par 
un  lit  ;  l'autre  partie  paraissait  alors  isolée  et  symétrique 
en  elle-même.  Cette  chambre  était  occupée  sans  doute 
par  le  locataire  de  la  maison  des  Tullius,  par  le  client 
qui  implore  {rogat)  son  noble  patron,  Marcus  Tullius, 
fils  de  Marcus  :  et  peut-être  le  grand  Marcus  Tullius  lui- 
même  est-il  entré  dans  cet  appartement  :  peut-être  la  voix 
de  l'orateur  romain  a-t-elle  résonné  entre  ces  murailles , 
et  l'œil  d'aigle  du  consul ,  s'est  arfêté  un  moment  sur  ces 
lignes  et  ces  couleurs. 

La  palmette  largement  développée,  que  l'on  voit  au 
bas  de  la  planche  ,  est  tirée  d'une  des  excavations  voisi- 
nes les  plus  récentes  ;  elle  a  quelque  chose  d'encore 
neuf  aujourd'hui,  dans  un  genre  où  toutes  les  combinai- 
sons possibles  semblent  avoir  été  essayées. 

PLANCHE  107. 

La  première  de  ces  deux  peintures  murales  a  été  trou- 
vée dans  une  maison  voisine  du  temple  de  la  Fortune 
Tullienne.  Les  couleurs  qui  y  sont  employées ,  le  noir  et 
le  rouge ,  sont  d'un  effet  assez  tranchant ,  sans  éblouir 
l'œil  ;  à  la  partie  supérieure,  on  voit  un  fond  de  ciel.  liCs 


PEINTURES. 


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f- 1 -4 -^     / 


PREMIÈRE  SÉRIE.  13.1 

deux  colonnettes  qui  supportent  un  entablement ,  et  dont 
l'une  est  de  ce  côté  de  la  cloison,  tandis  que  l'autre  est 
censée  derrière,  dégagent  bien  la  cloison  fictive  du  fond 
de  la  muraille. 

La  seconde  est  une  décoration  de  salle  à  manger  :  lam- 
bris de  marbre,  deux  petits  tableaux  de  nature  morte 
sur  fond  noir,  bordure  noire  autour  de  tous  les  pan- 
neaux :  voilà  comme  les  anciens  entendaient  la  sim- 
plicité du  décor.  Nous  avons  vu  comme  ils  en  compre- 
naient le  luxe. 


PLANCHE  108. 

Ceci  est  peint  sur  le  mur  d'une  seconde  chambre  de  la 
maison  de  Joseph  II ,  aussi  petite  que  l'appartement 
dont  nous  avons  parlé  tout  à  l'heure  (i).  Autant  les  cou- 
leurs de  l'autre  fresque  sont  tranchantes  et  chargées ,  au- 
tant celles-ci  sont  légères  et  pour  ainsi  dire  vaporeuses. 
Ces  festons  et  ces  rinceaux  de  guirlandes  sont  d'un  effet 
très-gracieux.  C'était  une  bonbonnière,  un  véritable 
boudoir,  attenant  à  la  chambre  à  coucher  du  client  de 
Cicéron;  la  peinture,  à  la  place  de  laquelle  nous  avons 
mis  un  petit  paysage,  a  été  enlevée  et  placée  au  musée  : 
on  dit  que  le  sujet  en  était  peu  décent  ;  elle  doit  donc  se 

(i)  PI.  io6. 


134  PEINTURES.  _  PREMIÈRE  SÉRIE. 

trouver  dans  le  Musée  secret.  Visconti  la  désigne  comme 
représentant  Sophonisbe  et  Massinissa.  ..  v 


FIN   DU  PRKMIRR    VOLUMB  ET   DE   LA    I        SERIE   DES   PEINTURES. 


911 


P 


AVIS  AU  RELIEUR 

POUR   LE   PLACEMEiNT   DES   PLANCHES   DU   PEMIER  VOLUME. 


Planche  Planche 

1 — 2  vis-à-vis  la  page. ....  3    41  vis-à-vis  la  page aS 

3 3    42 59 

4—5 4    43 • 60 

6—7 7   .  44 61 

8 10    45 62 

9 11    46—47 67 

10 13    48 70 

11  r 14    49 76 

12 17    50—51 78 

13 19    52 85 

14 20    52  6w 86 

15 21    53 87 

16 22    53  6/.V 88 

17 24    54 89 

18 25    55 90 

19 26    56 94 

20 28    57—58 95 

21 29    59 103 

22 31    60 ; 104 

23 32    61 ^ 105 

24 34    62 106 

25 35    63  à  90 , 108 

26—27 37    91 120 

28 38    92 122 

29 40    93  à  98 124 

30 41    99—100 .  125 

31—32 44   101—102 127 

33 46   103 128 

34 47   104 129 

35.. 48   105..-. 130 

36 51   106 131 

37—38 53   107 132 

39—40 57   108  133 


SUPPLÉMENT 

AUX  ERRATA  DES  DIVERS  VOLUMES 

POUR  LE   PLACEMENT  DES   GRAVURES. 


1II«  VOLUME. 

La  planche  121  porte  le  N»  159;  elle  représente  Vénus  péchant. 
La  planche  122  porte  le  N°  160;  elle  représente  une  Danaé. 

V»  VOLUME.  —  4"  SÉRIE. 

La  planche  46  porte  le  N"  73  ;  elle  représente  trois  sujets  :  celui  du  bas 
est  un  perroquet  attelé  à  un  char. 

La  planche  56  porte  le  N°  60  ;  elle  représente  deux  sujets  :  celui  du  haut 
est  inédit  ;  celui  du  bas,  trois  petits  cadres  contenant  des  oiseaux  et  des  fruits. 

VI«  VOLUME. 

La  planche  24  porte  le  N°  62  ;  c'est  une  Forhine  sur  un  socle  orné  de 
guirlandes. 

VII«  VOLUME. 

La  planche  36  porte  le  N°  26;  elle  se  compose  de  6  lampes  dont  les  deux 
du  haut  posées  sur  des  lampadaires. 

La  planche  57  porte  le  N°  76;  elle  contient  9  lampes;  les  trois  du  haut 
représentent  deux  mains  croisées,  un  mouton  et  un  coq. 


1"  Série.  —  Peintures.  t8 


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