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HERGULANUM
OPERA
Représenté pour ta première fois, à Paris, sur le Umàtre impérial «ko l'Opéra,
le 4 mars 48S9.
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Les divertissements sont de M. Mazilier.
Les décors des premier et quatrième actes sont de MM. Gam
bon et Thierry; ceux des deuxième et troisième actes, de
M. Despléchin. !
AVIS. — S'adresser, pour la mise en scène, h M. Colbuilli,
régisseur de la scène du théâtre impérial de l'Opéra, rue Drouot.
MM. les directeurs y trouveront les indications les pins exactes et
les plus détaillées, et tous les renseignements désirables sur la plan-
tation des décors, les «ontumes et accessoires de l'ouvrage.
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Pour les maquettes des décors et les dessins des costumes et acces-
soires, s'adresser a l'agence David fils, 3, rne Cadet.
POISSY.— TYP. BO0RBT.
HERCULANUM
OPÉRA EN QUATRE ACTES
PAROLES DE
MERY ET HADOT
i
MUSIQUE DE
FELICIEN DAVID
NOUVELLE EDITION
PARIS
MICHEL LÉVY FRÈRES, LIBRAIRES ÉDITEURS
RUE VIVIENNE 3 BIS, ET BOULEVARD DES ITALIENS, 15
A LA LIBRAIRIE NOUVELLE
4868
Droits de reproduction, de traduction et de représentation réservés
L'action se passe en 19, sous le règne de Titus,
un an après la prise et la dévastation de Jéru-
salem.
Les légendes citées par des écrivains du troi-
sième et du quatrième siècle, Diogène Laërce, De-
nis d'Alexandrie et Ammien-Marcellin, attribuent
l'éruption du Vésuve et la destruction d'Hercu-
lanum, de Pompeïa et de Stabia aux impiétés
païennes commises dans Jérusalem, et aux per-
sécutions recommencées contre les chrétiens en
Orient, dans la presqu'île de Corinthe et dans la
grande Grèce, surtout à Naples et en Sicile. Do-
mitien, successeur et frère de Titus, déjà sur les
marches du trône, après les règnes si courts de
Vespasien et de son fils, continuait les mauvais
jours de Caligula, de Claude, de Néron et de
Galba. Il n'en fallut pas davantage pour exciter
l'imagination des légendaires. Le Vésuve fut re-
gardé comme un vengeur; il incendiait des villes
maudites, où les contempteurs de l'arche sainte
et les persécuteurs des chrétiens s'établissaient
dans de voluptueuses résidences, en publiant les
— 6 —
fétides exhalaisons du carnage, au milieu des
roses de Pœstum et des parfums de l'Arabie
heureuse, selon les conseils de leur voisine
Sybaris.
Parthénope, ou Naples, était à cette époque la
ville la plus fréquentée par les étrangers de toutes
les nations. Chaque peuple retrouvait à Hercula-
num et à Pompeïa ses habitudes, ses temples et
l'image de ses dieux: Vitruvey étalait tous ses or-
dres d'architecture; l'atrium corinthien y mêlait
ses élégances à la simplicité grave du style de
Pœstum, et les nautonniers d'Egypte, recohnais-
sables à la voile privilégiée dite supparum, sa-
luaient, en traversant le golfe de Baïa, les sphynx
du Nil, alignés devant les temples napolitains
d'Isis et de SéApis. L'élément chrétien et civili-
sateur descendait de Corinthe à Naples et luttait
contre le paganisme et la barbarie, représentés
par tous les peuples du monde connu.
Après la conquête de la Judée, Rome songea
bientôt à secourir ses prêtres et ses dieux mena-
cés, à Damas, en Syrie et sur les bords de l'Eu-
phrate, par le christianisme naissant. Selon les
traditions de cet Orient qui a donné le suprême
pouvoir à tant de reines, entre autres Sémiramis,
Cléopâtre, Zénobie, une reine dévouée à la reli-
gion de l'Olympe, vint recevoir l'investiture et 1*
pourpre à Naples : elle devait ensuite repartir
pour l'Euphrate, avec la mission d'arrêter les pro-
grès du christianisme, en faisant des martyrs par
— 7 —
la violence, ou des apostats par la séduction.
C'est l'Olympia de cet ouvrage légendaire. Son
frère Nicanor, prince d'Orient, transfuge rallié
aux Romains, et ayant trouvé le prix de sa défec-
tion dans le proconsulat de lagrande Grèce, secon-
dait toutes les vengeances exereées par Olympia
contre les novateurs. Si un néophyte chrétien de
haute naissance et d'un rang élevé tombait alors
des mains d'un délateur aux mains d'un procon-
sul ou d'un préfet du prétoire, on employait tous
les moyens possibles pour le ramener à la reli-
gion charnelle du plaisir; car la chute éclatante
d'un chrétien illustre devait entraîner beaucoup
d'apostasies subalternes et donner des loisirs aux
bourreaux, qui se lassaient enfin de leur métier,
après un demi-siècle de persécution.
L'œuvre lyrique (VHerculanum a donc été com-
posée avec ces légendes, ces traditions, ces faits
historiques, ces documents, qui, par leur date,
s'associent à la plus grande catastrophe de l'ère
chrétienr *, à la destruction de trois villes en-
glouties sous un déluge de feu, dans le plus beau
pays du monde.
1
PERSONNAGES
HÉLIOS MM. ROGER.
N1CANOR I
J OBIN.
SATAN, sous les traits de Nicanor. ]
MAGNUS MARIÉ.
SATAN COULON.
OLYMPIA Mmes BORGHI-MAMO.
LILIA GUEYMARD-LAUTERS.
Cour d'Olympia. — Rois. — Princes. — Satrapes. — Peuple. —
Chrétiens. — Esclaves. — Sénateurs. — Licteurs. — Gardes, etc., etc.
PERSONNAGES DU BALLET
DAPHNIS M. MÉRANTE.
ERIGONE Mme» EMMA LIVRY.
Rousseau.
Les trois grâces, } Troisvatets.
Simon.
I
LeB Muses. — Les Grâces. — Bacchantes. — Sylvain». — Prêtres
de Bacchus, etc., etc.
HERCULANUM
*&»<>■
ACTE PREMIER
A droite du spectateur, le péristyle étrusque du palais d'Olympia, à
Hercnlanom.
Les velaria suspendus aux frises et aux cimes des mâts abritent les
jardins de la reine contre les ardeurs du soleil.
A gauche, on reconnaît, aux lignes des sphinx, le quartier égyptien,
voisin dn port où abordent les vaisseaux d'Alexandrie chargés de l'an-
none dn Delta.
Au fond , les villas , les temples , les palais , les maisons consulaires
s'étagent en amphithéâtre. C'est Herculannm avant 79 i.
SCÈNE PREMIÈRE.
OLYMPIA, NICANOR, cour d'Olympia^ etc.
LE CHŒUR.
Gloire, gloire à toi, grande reine,
Reine des peuples et des rois !
L'Orient à sa souveraine
Parle aujourd'hui par notre voix.
Le monde est conquis à tes charmes :
Ta puissance, c'est ta beauté :
* Piranèse a reconstruit cette ville avec son puissant crayon, comme
il a fait à Rome pour la voie turaulaire , depuis la pyramide de Sextins
jusqu'à la rotonde de Cecilia Metella. Le génie de Thierry et C ara bon
a donné les proportions réelles et l'éclat de la vie à l'esquisse du des-
sinateur italien.
1
iO HERCULANUM.
Les amours sont tes seules armes;
Ta déesse est la Volupté.
nicanor.
Olympia, ma sœur! Parthénope est en fête,
Et l'Italie entière applaudit ta beauté.
Du myrte et du laurier ceins ton auguste tête,
Toi, reine par la grâce et par la majesté !
Rome à tes douces lois soumet un vaste empire.
Pour asservir l'Euphrate elle a su te choisir.
Des insensés disaient que ce vieux monde expire :
Toi, tu le fais renaître à la voix du plaisir!
LE CHŒUB.
Gloire, gloire à toi, grande reine!
NICANOR.
En vain de vils chrétiens appellent sur tes fêtes
Le feu qui dévora les antiques cités :
La foudre, jusqu'ici, n'a frappé que leurs têtes;
Ton bras anéantit leurs autels détestés.
Sous un pouvoir plus grand leur puissance funeste-
Tombe. Nul en tes mains ne viendra le saisir..
Ce sceptre glorieux, le seul sceptre qui reste,
Reine de la beauté, déesse du plaisir!
LE CHŒUR.
Gloire, gloire à toi, grande reine!
OLYMPIA.
Oui, j'ai passé les mers pour venir, ô mon frèxe,
M'investir d'un pouvoir que je dois aux Romains.
Illustre proconsul, elle m'est deux fois chère,
Cette pourpre royale, en passant par tes mains.
C'est toi, toi que l'Euphrate ainsi que moi vit naître.
ACTE I, SCÈNE IL il
Et que Rome adopta pour un de ses enfants,
C'est toi, cher Nicanor, toi qui fais reparaître
Au ciel oriental nos astres triomphants.
(Entrée des satrapes, des princes et des rois tributaires d'Olympia,
qui viennent se prosterner devant elle.)
NICANOR.
Pour célébrer le jour où ma noble sœur fonde
Cet empire nouveau promis par le destin,
Satrapes, princes, rois, représentants du monde,
La reine vous invite aux honneurs du festin.
SCÈNE II.
Les mêmes, HÉLIOS, LILIA, peuple.
CHŒUR DE PEUPLE.
Du sang ! du sang !
Faites justice !
Leur crime est grand.
Vite, au supplice I
Du sang ! du sang l
OLYMPIA.
Qu'ont-ils fait?
LE CHŒUR.
Ce sont des sectaires,
Des contempteurs de votre loi,
Célébrant d'odieux mystères.
OLYMPIA.
Laissez-les venir jusqu'à moi.
\
12 HERCULANUM.
NIC AN OR, montrant Hélios.
Sous ses humbles habits j'ai su le reconnaître.
Fils d'un prince vassal des Romains et le tien,
Né pour porter la pourpre et pour parler en maître,
Il préfère être esclave en se faisant chrétien.
OLYMPIA.
Répondez-moi, parlez, est-ce là votre crime?
Avez-vous méprisé ma loi?
Se peut-il que l'orgueil à ce point vous anime?
Je suis juste : répondez-moi.
HÉLIOS.
Dans une retraite profonde
Je vis, par un serment lié,
Et ne demande rien au monde
Que le bonheur d'être oublié.
Sans autre espoir qui me soutienne,
De l'aurore au déclin du jour
J'adore une vierge chrétienne :
Mon seul crime, c'est mon amour.
LILIA.
Dans une retraite profonde
Par la foi mon cœur est lié,
Et j'adore, loin de ce monde,
Le vrai Dieu, partout oublié.
Sans autre espoir qui me soutienne,
Au fond de mon humble séjour,
Je veux être à la foi chrétienne
Fidèle jusqu'au dernier jour.
NICANOR.
Votre Dieu, votre foi, sont des erreurs éteintes,
Et malheur à qui veut ici les rallumer!
ACTE I, SCÈNE IL 13
Toutes les voluptés, voilà les choses saintes !
Confessez les seuls dieux qu'ici Ton doit nommer,
Ou songez à mourir...
OLYMPIA.
Non... assez de terreur...
Je suis lasse de sang. D'ailleurs que leur importe
La mort? Ils ont la foi, ce mensonge du cœur.
Le chrétien croit toujours du ciel s'ouvrir la porte,
Et que de ses bourreaux la mort le rend vainqueur.
Ils vivront.
NICANOR.
Ils vivront?...
OLYMPIA.
Il faut dompter leur âme.
(Montrant Lilia.)
Frapper le corps n'est rien. Elle succombera.
(Regardant Hélios.)
Quant à lui, je veux être, en dépit de sa flamme,
Le dieu qu'avant ce soir son cœur adorera...
Va, sors avec ma cour.
NICANOR.
Ma noble sœur l'ordonne,
Prenons place au festin qu'elle nous offre ici.
OLYMPIA, à Hélios et Lilia.
Vous, demeurez, ■;
H HERCULANUM
SCÈNE III.
OLYMPIA, HÉLIOS, LILIA.
OLYMPIA.
Quels sont les noms que Ton vous donne?
HÉLIOS,
Hélios.
LILIA.
Lilia.
OLYMPIA.
La reine vous pardonne.
HÉLIOS , i part.
Quelle est belle!
OLYMPIA.
Pour vous mon cœur s'est adouci :
Ne craignez rien; je veux oublier un outrage,
Et je sais ce qu'on doit d'indulgence à votre âge*
LILIA.
Son pardon m'épouvante, et je ne sais pourquoi...
OLYMPIA.
Hélios, mon regard est descendu sur toi.
Je veux changer ton sort.. Pour un instant demeuie.*.
(A Lilia.)
Et toi, sors librement du palais.
HÉLIOS, & Lilia, à demi-voix.
A la nuit,
Va, je te rejoindrait
ACTE I, SGÉNE IV. iS
LILIA, de môme*
Viens à la première heure.
HÉLIOS.
Près des tombeaux sacrés, sous le phare qui luit
Et ne luit que pour nous, enfants de la prière,
Je te retrouverai.
LILIA.
Je t'attends à genoux
Au pied de la croix sainte, à genoux sur la pierre.
HÉLIOS.
Adieu pour un instant.
LILIA.
Mon Dieu, veillez sur nous !
SCÈNE IV.
OLYMPIA, HÉLIOS.
OLYMPIA.
Noble Hélios, en ton absence
En vain j'ai cherché dans ma cour
Un roi digne de ma puissance,
Un roi digne de mon amour.
J'ai trouvé des tendresses feintes ;
La vérité n'a plus d'autels :
Les nobles flammes sont éteintes
Dans le cœur de tous les mortels.
ENSEMBLE.
Toi, resté pur chez les infâmes,
De nos.ditiux reconnais les lois!
\
16 HERCULÀNUM,
Ce palais n'aura que deux âmes;
Le monde n'aura que deux voix.
HÉLIOS.
Quelle brûlante flamme,
Aux accents de sa voix,
S'allume dans mon âme
Pour la première fois l
L'enfer est dans mon cœur!
OLYMPIA.
Réponds !
HÉLIOS.
Je me retire...
OLYMPIA.
Je comprends : trop d'éclat doit éblouir tes yeux.
Ose me regarder... Espère!
HÉLIOS.
Que lui dire?...
Je cherche le secours qui ne vient que des cieux
OLYMPIA.
Tout est soumis à ma puissance;
L'univers est à mes genoux.
Toi qui dois tout à ma clémence,
Crains de la changer en courroux !
Un pouvoir rempli de mystère
Rend partout mes charmes vainqueurs :
Je suis l'idole de la terre
Et la reine de tous les cœurs.
C'est ce pouvoir qui me fit belle
Pour tout séduire et tout charmer.
ACTE I, SCÈNE V. 17
Un seul me serait-il rebelle,
Et le seul que je peux aimer!
De ton Dieu brave l'anathème,
Hélios, déserte ses lois 1
Tu peux monter au rang suprême
Et t'asseoir au trône des rois.
HÉLIOS.
Déesse des plaisirs, terrible enchanteresse,
D'où te vient ton funeste et magique pouvoir?
D'où te vient ce regard qui torture et caresse?...
J'étais fort avant de te voir î
OLYMPIA.
Viens t'asseoir au festin ! ta place est préparée.
Ne perdons rien des jours que nous donne le temps
Viens ! Dans cette demeure au bonheur consacrée
Suis la voix qui t'appelle!... Hélios, je t'attends!...
HÉLIOS, s'éloignant brusquement d'Olympia.
ciel!... qu'allais-je faire!... Ah! ma force assoupie
Se réveille... Jamais dans ce profane lieu,
Je ne suivrai les pas de cette reine impie !
Jamais je n'aimerai les ennemis de Dieu !
(Pendant ces derniers mots, Olympia donne un ordre à l'esclave LocusU.)
SCÈNE V.
Les mêmes, la cour.
LE CHŒUR.
Honneur à notre reine,
A notre souveraine !
18 HERCULANUM..
OLYMPIA.
Les convives joyeux boivent à coupe pleine;
Les liqueurs d'Orient s'épuisent au festin
En mon honneur... Approche! il faut boire à la reine
Boire à son glorieux destin.
(Locusta remplit une coupej.)
Bois ce vin, que l'amour donne
En automne.
Chaque goutte, au teint vermeil,
Est un feu qui nous embrase,
Une extase,
Un sourire du soleil.
Bois ce vin ! La vigne féconde
Le mûrit au berceau du jour,
Pour Vénus, la fille de Tonde,
La blonde mère de l'Amour.
Oui, ce vin, conseiller céleste,
Nous dit à tous de la saisir,
La seule vérité qui reste,
La douce ivresse du plaisir!
En buvant ce vin, on oublie
Les tristes instants du passé.
De toute chaîne qui nous lie
Le souvenir est effacé.
La mémoire nous est ravie ;
Nous renaissons, la coupe en main ;
A chaque jour de notre vie
Succède un plus beau lendemain.
(Olympia présente la eeupe à Hélios, qui hésite.)
Hélios! obéis, lorsque la reine ordonne.
HÉLIOS.
Tu le veux?... eh ! bien, donne)
ACTE 1, SCÈNE V. 19
Je bois à la vertu céleste
Qui d'en haut vient à mon secours I
Oui, fort de la foi qui me reste,
Je bois à de chastes amours 1
(Héhos boit. Dès qu'il a ridé la coupe, il est saisi d'un
ravissement extatique.)
Dieu! quel monde nouveau! quel domaine splendide!
Quel soleil éblouit mes yeux !
Quelle est la douce voix ou la main qui me guide
Vers l'azur sublime des cieux?
Sur des genoux divins ma tête est reposée;
Pour moi les cieux se sont ouverts 1.,.
Plus de vaines terreurs ! La céleste rosée
Éteint la flamme des enfers !
LE CHŒUR.
Ce breuvage enchanteur
Lui donne le bonheur.
HÉLIOS.
A toi, reine ou déesse!
Je cède à mon ivresse.
Adieu, folle sagesse !
Adieu, mensonges vains!
Ma raison m'est ravie,
Et tout ce que j'envie,
C'est de passer ma vie
A tes genoux divins.
A tes lois je me livre :
Dans cet air qui m'enivre
Avec toi je veux vivre
D'ambroisie et de miel.
Sous la main qui me lie,
A jamais je t'oublie,
\
20 HERCULANUM.
Vertu, sombre folie !
Cette terre est le ciel î
Je veux aimer toujours dans l'air que tu respires,
Déesse de la volupté !
Mes astres sont tes yeux, mes rayons tes sourires,
Mon soleil sera ta beauté.
Dans ces jardins de fleurs l'extase est embaumée,
L'ombre est tiède, le gazon doux...
En te voyant ainsi par un mortel aimée,
Les anges du ciel sont jaloux !
(n tombe aux genoux d'Olympia.)
OLYMPIA, pendant la reprise du dernier couplet.
Parle encor, Hélios ! mon oreille est charmée.
Reste toujours à mes genoux !
Oui, parle, parle encor ! Sur une lèvre aimée
Le nom de l'amour est si doux !
LE CHŒUR.
Ce breuvage enchanteur
Lui donne le bonheur.
(Olympia entraîne Hélios vers la salle du festin. Entrée de Hagnus.
Olympia revient seule sur le devant de la scène.)
SCÈNE VI.
OLYMPIA, NICANOR, MAGNUS, la cour.
OLYMPIA.
Que veut cet étranger?
,; MAGNUS.
11 vient troubler ta fête :
Et nul ne peut être assez fort
Pour lui faire courber la tête
Sous la menace de la mort.
ACTE I, SCENE VI. »
Sa voix, écho de Dieu, fera taire la vôtre...
Dieu veut qu'on vous explique, à vos derniers moments,
Le divin livre écrit à Pathmos par l'Apôtre,
Livre des épouvantements !
(Le ciel s'obscurcit tout à coup.)
MAGNUS.
Écoutez
Et tremblez !
LE CHŒUR.
Ecoutons
Et tremblons.
Olympia et nicanor.
Écoutons
Et rions!
MAGNUS.
« Un ange m'apparut et me dit : « Je te montrerai
la condamnation de la courtisane de Babylone, avec
qui les rois de la terre se sont abreuvés du vin de la
débauche.
« Et cette femme était vêtue de pourpre et d'écar»
late, parée d'or et de pierres précieuses, et je lavis
enivrée du sang des saints et des martyrs.
« Et je vis un ange qui descendait du ciel, tenant
dans sa main la clef de l'abîme; et, l'ayant ouvert, il
délia le démon que le fils de Dieu avait enchaîné *• »
OLYMPIA, NICANOR, LE CHŒUR.
Écoutons, etc.
MAGNUS.
Cette femme acharnée à la perte du monde,
Olympia, c'est toi 1 toi du sang des chrétiens
1 Apocalypse.
f
22 HERCULANUM.
Toute souillée, et qui dans un sentier immonde
Tentes d'entraîner ceux que Dieu prit pour soutiens.
Reine, et toi, proconsul, complice de ses crimes,
■ Il est temps ! il est temps ! Songez au repentir !
Ou, pour yous châtier, du fond des noirs abîmes
L'esprit du mal aujourd'hui va sortir!
OLYMPIA.
Ouvre l'abîme !
Je veux le voir,
Le dieu du crime,
L'archange noir !
(On entend un bruit souterrain pareil i celui du tonnerre. Des vapeurs
roogeatres s'élèvent à l'horizon.)
LE CHŒUR.
Écoutons,
Et tremblons!
MAGffUS.
Entends-tu?... sous tes pieds déjà gronde la terre;
«L«t mer mugit au loin ; on voit trembler les monts.
Le Vésuve se change en un ardent cratère,
Prêt à tout engloutir sous le feu des démons!
OLYMPIA ET NICANOR.
Rions de ce prophète
Qui vient charmer la fête,
Et ne le troublons pas !
Dans nos jours de folie
Ce bouffon d'Italie
Manquait à nos repas.
Oublions
Et rions !
ACTE I, SCÈNE VI. 23
LE CHŒUR.
Écoutons le prophète
Qui vient troubler la fÔ,tQ,
Et ne l'irritons pas,
Pour que le ciel oublie
Un jour notre folie
Et ne punisse pas.
Écoutons
Et tremblons 1
MÀGNUS.
Riez de ce prophète
Qui charme votrç fête,
Et ne Pécoutez pas !
Et que, dans sa folie,
Chacun de vous oublie
La mort qui suit ses pas!
Oubliez
Et riez I
ENSEMBLE.
OLTMPIA, NICANOR, MAGNUS.
LE CHŒUR, entraîné par Olympia.
Oublions ! Écoutez
Et rions Et tremblez !
Du prophète ! Sur vos tètes
Oui, sans lui, L'éclair luit
Aujourd'hui, Dans la nuit
Notre fête De vos fêtes.
S'éteignait L'air glacé
Et cessait A passé
Incomplète. Sur vos têtes.
Oublions Écoutez
Et rions ! Et tremblez !
(Magnuâ montre le ciel, d'un geste menaçant. La Unie Unc!><- )
FIN DU PREMIER ACTE.
\
ACTE DEUXIÈME
Un site désert et sauvage dans le vallon d'Ottayano ; à droite , ira
tumulus couvert de tronçons de colonnes , de raines , de pierres in-
formes, et surmonté d'une petite croix. C'est là que les premiers chré-
tiens se rassemblent pour honorer les tombes des martyrs , faire leurs
prières en commun et adorer le signe de la Rédemption.
L'horizon est borné par des roches volcaniques à pic. On aperçoit à
gauche, dans nne éclaircie de terrain, le ciel du couchant, qui garde
encore les teintes du crépuscule du soir *.
SCÈNE PREMIÈRE.
Chœur de chrétiens, puis LILIA.
LE CHŒUR.
Seuls, dans la nuit,
Et sans bruit,
Avançons,
Évitons
Avec soin
Tout témoin,
Nous chrétiens,
Sans soutiens :
Oui, marchons
Et cherchons,
Fils de Dieu,
Le saint lieu ;
* La configuration géologique de ces rochers , qui semble rippartenir
an caprice du peintre, a son modèle exact à Sorrente, dans le voisinage
de Naples.
Ce vaste paysage est l'œuvre de M. Desnléchin, un de nos grands
poètes du décor.
ACTE Iî, SCÈNE II. 25
Oui, souffrons,
Les affronts :
Que nos yeux
Soient aux deux!
Le divin port
Est dans la mort...
sainte croix,
Tant de fois
Notre espoir,
Luis ce soir 1 -
Au rendez-vous
Guide-nous
Rayon de foi,
Oui, lève-toi!...
Dans cette nuit
Rien ne luit...
Grand Dieu! prenez pitié de nous!
Nous vous implorons à genoux!
(Le chœur s'agenouille. Un rayon de ornière descend d'to taut mt
la croix.)
Roi du ciel, maître de la terre,
Tout chrétien t'adore à genoux.
Tu nous donnas l'eau salutaire :
Dans la foi, Seigneur, soutiens-nous !
SCÈNE IL
Les mêmes, NICANOR, cardes.
NICANOR.
Gardes! dispersez-la, cette troupe rebelle!...
— • Respectez Lilia... qu'on me laisse avec elle.
I
26 HERCULANtIM.
SCÈNE III.
LILIA, NICANOR.
NICANOR
C'est toi que je cherchais.
LILIA, avec un sentiment d'effrn.
Moi?... Que me voulez-vous?
NICAtiOft.
Que fais-tu parmi ceux que poursuit mon courroux?
LILIA.
Je venais, sur ces froides pierres,
Prier pour la reine et pour vous,
Et pour celui qui, chez nos frères,
Bientôt doit être mon époux.
Faible et dans l'ombre retirée,
Que pouvez-vous craindre de moi?
Ah l laissez-moi vivre ignorée, *
Avec mon amour et ma foi.
NICANOR.
Ne crains rien! Je t'aime, et j'admire
Ta beauté, ta grâce et ta foi.
Chaque rayon de ton sourire
Est un regard du ciel pour moi.
A tes pieds mon orgueil s'incline;
Ta parole trouble mes sens :
Car des anges la voix divine
N'est que l'écho de tes accents!
*
ACTE II, SCÈNE III. '27
LILIA.
Ah! grand Dieu!... je frissonne 1
Dieu des chastes amours,
Protégez-moi 1... personne
Ne vient à mon secours !
NICANOR.
Mon palais attend ta présence;
Suis-moi, viens y passer tes jours.
Le bonheur est dans la puissance.
Le bonheur habite les cours.
L'Orient, trésor de largesses,
Au signe de ma volonté,
Fera de toutes ses richesses
La parure de ta beauté 1
LILIA.
Non, je ne puis souffrir ce» paroles infâmes I
Hélios a mon cœur, et le ciel a ma foi...
Vous qui fortifiez la faiblesse des femmes,
Mon Dieu, venez ici! mon Dieu, secourez-moi 1
Du traître qui me tente
Je tromperai l'attente
Et veux rester constante
A mes amours pieux.
Pour ton amour impie
Ne crois pas que j'oublie
Le serment qui me lie;
Il est écrit aux deux 1
NICANOR.
De Dieu ne crains pas l'anathèmel
L'amour m'a donné le baptême;
Je suis chrétien, puisque je t'aime ;
Je m'incline devant la foi.
I
28 HERCULANUM.
Cède à mon amour qui t'appelle,
Lilia, ne sois point rebelle !
La main de Dieu, qui te fit belle,
A créé ta beauté pour moi.
LILIA.
Que dis-tu? toi chrétien! chrétien! Eh bien, regarde
Regarde autour de toi, Nicanor!... Dis, vois-tu
Ce qu'à ses vrais enfants le Dieu des chrétiens garde
Pour relever ici leur courage abattu?
NICANOR.
Tes veux sont abusés; non, rien ne se dévoile.
Dans la nuit je ne vois qu'une pâle clarté.
C'est le douteux rayon de la première étoile,
Qui, pour mon regard seul, éclaire ta beauté.
LILIA.
•
Ah ! tu te dis chrétien ! Et là, sur cette pierre,
Tu ne vois pas briller le signe des élus !
Les ombres de l'enfer ont voilé ta paupière,
Fourbe ! Dieu me protège, et je ne te crains plus!
NICANOR.
Oui, j'ai menti pour te plaire;
Mon amour seul était vrai.
En vain tu veux t'y soustraire;
En tout lieu je te suivrai.
Mon amour étreint les âmes;
Tu ne saurais fuir ton sort;
Car mes lèvres ont des flammes
Qui brûlent jusqu'à la mort!
LILIA.
Dieu, qui vois mon épouvante,
Je t'invoque avec ierveur.
ACTE II, SCÈNE III. M
Pour ton indigne servante
Fais un miracle, Sauveur!
Par l'orage poursuivie,
Ouvre-moi l'abri du port !
Laisse l'honneur à ma vie,
Ou sauve moi par la mortl
NICANOR, MUisaut Lilia.
Va! tu seras à moi!
LILIA, te débattit
Non!
NICANOR.
.:> A moi! «
LILIA.
Non, ta dis-jel
Je ne serai qu'à Dieu !
NICANOR.
Ton Dieu ne t'entend pas!
(Le tonnerre gronde. La terre tremble.)
LILIA.
A ton blasphème Dieu répond par un prodige!
Vois!
NICANOR.
terreur ! Le sol a tremblé sous mes pasl
(Surmontant »on trouble, et *?ec une foreur croisunU )
Oui! tu seras à moi 1
LILIA*
Non!
NICANOR.
A moi
f
30 HERCULANUM.
LILIA.
Non, te dis-jel
Je ne serai qu'à Dieu 1
NICANOB.
Ton Dieu n'existe pas!
(à peine ces derniers mots sont-ils prononcés, qu'un nouveau coup de
tonnerre éclate. Nkanor tombe foudroyé. Lifo, un instant après,
s'évanouit. — La scène est plongée du» une obscurité profonde,
— Satan parait.)
SCÈNE IV.
LILIA, d'abord évanouie, SATAN*
SATAN.
Me voilà libre enfin! Et du fond de Pablme
Moi, prisonnier de Dieu, je peux enfin sortir!...
Un siècle est expiré... C'était peu pour le crime.
L'homme n'a pas trouvé l'instant du repentir!...
A l'œuvre maintenant !... ce jour soit à mol !
Et que l'homme, écrasé sous le poids de ma haine,
Comprenne à ses douleurs que j'ai rompu ma chaîne !
LILIA.
Où suis-je?... hélas!... mon Dieu!...
SATATf.
Lilia! souviens-toi !•••
D'un criminel amour ton Dieu t'a préservée;
Mais de la jalousie il ne t'a pas sauvée...
ACTE II, SCÈNE IV. 31
LILIA.
ciel!... oui... Nicanor... horrible souvenir!...
Je vois toujours sa main prête à me ressaisir...
Sur la divine croix son bras maudit se lève !
rêve... rêve affreux!
SATAN.
Ce n'était pas un rêve!...
LILIA.
Mais non... ce n'était pas un rêve!... ,Juste Dieu !...
Hélios ne vient pas... Que fait-il?... je frissonne...
Peut-il me laisser seule, à cette heure, en ce lieu?...
Hélios!... Hélios l...
SATAN.
Hélios t'abandonne!...
LILIA.
Dieu !... quelle voix sinistre emplit mon cœur d'effroi?
Hélios... m'abandonne... Oh! non... non... loin de moi !...
C'est la voix de l'enfer!... Et pourtant, malheureuse,
Comment me laisse-t-il dans cette nuit affeuse?...
Qui peut le retenir? Effroyable soupçon!...
Ce palais... cette reine... Ah! je perds la raison!...
Ah ! si mes yeux pouvaient, perçant l'ombre et l'espace,
Dans ce palais maudit savoir ce gui se passe !
SATAN.
Tes vœux sont exaucés... Regarde, Lilia!
(Les rochers du fond B'entr'ourrent, et l'on aperçoit, dans une salle éblouis-
sante de richesse et de lumière, Hélios aux pieds de la reine.)
LILIA.
Ciel!... quevois-je?... Hélios!... aux pieds d'Olympia.
(On entend la voix d'Hélioa chantant l'air du premier acte : « Je veut
aimer toujours dans l'air que tu respires, » etc.)
33 HERCULANUM.
Quels profanes accords ont souillé mes oreilles?...
SATAN.
Voilà' ton Hélios!
LILIA.
Mes yeux sont-ils ouverts?
Est-ce un rêve des nuits?
SATAN.
Non, Lilia! tu veilles.
LILIA.
C'est une vision qui me vient des enfers l...
Hélios t... malheureux !... Courons !,.. Ah I je succombe.
(La vision s'évanouit.)
SATAN.
Va 1 je mettrai l'enfer entre son cœur et toi l...
(il ramasse le manteau de Nicanon)
Je prends cette dépouille échappée à la tombe»
Et maintenant le proconsul c'est moi !
FIN DU DEUXIÈME ACTK.
ACTE TROISIÈME
Las jardins de la reine, avec leurs perspectives. Au fond, à droite, sur
une hauteur , le temple d'Hercnle-Parthénopéen. A gauche, dans un
lointain nébuleux, Naples en amphithéâtre devant le golfe de Baïa. An
•entre, sur la limite des jardins, la colonne triomphale élevée an divin
Titus après la prise de Jérusalem.
SCÈNE PREMIÈRE.
OLYMPIA, HÉLIOS, la Cour.
CHŒUR*
jour d'ivresse !
Jour d'allégresse!
Fuyez, tristesse,
Folle sagesse I
Chantons tour à tour
Bacchus et l'amour.
Adieu, sagesse !
Chantons sans cesse,
Sans cesse 1
HÉLIOS.
Ce palais... ce festin... ces fleurs... ces chants joyeux...
Cette beauté céleste! Ah! trop cruelle image!...
Est-ce donc vrai?... Faut-il croire mes yeux?...
Ou bien est-ce l'effet d'un funeste mirage?
OLYMPIA.
Non, non !... regarde-moi !... ce n'est pas un mensonge...
Va! tu peux croire à ton bonheur.
2.
1
34 HERCULANUM.
Ici tout est réel; le reste n'est qu'un songe
Que tu dois à jamais effacer de ton cœur.
C'est mon amour, c'est ma tendresse
Qui te donne un bonheur certain.
Plus de regrets! songe à l'ivresse
Des jours promis à. ton destin I
Ma main t'entraîne
Vers les grandeurs.
A toi la reine
Et ses splendeurs 1
A toi mon âme !
Mon cœur à toi !
Je suis la femme
Qui te fait roi.
HÉLIOS.
Roi... je serais roil...
(n ressaisit peu à peu ses souvenirs, et se rappelle le rendei-TotS
qu'il a donné à Lilia.)
Ah!... juste ciel!... honte, honte sur moi!
mortelle douleur!... remords qui me déchire!...
J'avais tout oublié dans ce fatal délire...
Je me souviens enfin!... Arrière, tentateur 1
Loin de mon cœur
Ivresse criminelle !
Lilia, Lilia m'appelle!
OLYMPIA.
Lilia!... Lilia!... C'est toi qui tiens son sort.
Choisis! Pour toi le trône, ou pour elle la mort!
i
ACTE III, SCÈNE I. 36
DIVERTISSEMENT
/pauhnt le (firerttssement.)
OLYMPIA.
Viens, ô blonde déesse,
Sourire à notre ivresse I
En vain sans cesse
Le temps nous presse
Nous rions de ses rigueurs.
Point de regret frivole,
Quand l'heure s'envole 1
Vénus môme nous console,
Et du \emps nous rend vainqueurs.
LE CHŒUR.
Aimons ! Vénus ravit les cœur^.
Aimons 1 point de vaines rigueurs!
OLYMPIA.
Aimons, libres d'envie I
Aimons, car c'est la vie !
Triste folie
Quand on l'oublie!
L'amour seul remplit hqs jours.
Du soir jusqu'à, l'aurore
La terre l'implore.
Aimons tous! anneau encore 1
Vivre, c'est aimer toujours !
I E CHŒUR.
Aimons! l'amour charme nos jours;
Aimons! sachons aimer toujours!
\
36 HERCULANUM.
CHŒUR DE BACCHANTS.
Gloire à Bacchus
Lyœus !
Gloire au conquérant de la terre!
Gloire au dieu jeune! au dieu vainqueur!
Il est le roi de la terre ;
L'Olympe est son tributaire.
Répétons en chœur,
Gloire à Bacchus I
C'est lui qui nous donne
Le vin à Pautomne.
Gloire à Bacchus
Lyœus !
CHŒUR DE BACCHANTJtfci
Io Baccbus !
Viens dans ce lieu,
Nysœus,
jeune dieu !
Dieu de Naxos,
Viens sans retard
De ton nectar
Verser les flots !
Io Bacchus!
Règne en ce lieu,
Dionysus 1 ,
jeune dieu!
Douce liqueur,
Goule à plein bord
On Dionysiuu
ACTE III, SCÈNE IL 37
Gloire au dieu fort,
Au dieu vainqueur!
IoBacchus!
Oui, de ce lieu,
Lenœus,
Sois le seul dieu!
CHŒUR DE BACCHÀNTS."
Gloire à Bacchus,
Lyœus !
Gloire au conquérant de la terre !
Gloire au dieu jeune! au dieu vainqueur!
Il est le roi de la terre;
L'Olympe est son tributaire.
Répétons en chœur,
Gloire à Bacchus !
C'est lui qui nous donne
Le vin à l'automne*
Gloire à Bacchus
Lyœus!
SCÈNE II.
OLYMPIA, HÉLIOS, LILIA, la couai
LILIA.
Hélios!... il est là....; Tout était vrai!
HÉLIOS.
Grand Dieu!
OLYMPIA.
Que vient chercher cette femme en ce lieu?
1
3S HERCULANUM.
LILIA.
Elle vient rappeler à celui qui l'oublie
Le serment solennel qui devant Dieu nous lie!...
Héliosl... ni'entends-tu?... Réponds I... Réponds !..j
HÉLIOS.
Tais-toi !...
La mort estlà!.*.
LILIA.
La mort? je la veux, je l'appelle!
HÉLIOS.
Fuis!... fuis !... te dis-je !...
LILIA.
Ainsi, tout est fini pour mci !
OLYMPIA.
Que dit cette rebelle?
LILIA.
Je dis, Olympia, que pour la foi chrétienne
Il est doux d'expirer sous la dent des lions...
Devant ta cour sans foi je confesse la mienne,
m j'offre ici ma vie au Dieu que nous prions!
HÉLIOS.
Lilia !•••
LE CHŒUR.
Plus de grâce!
OLYMPIA.
Attendez! Je veux voir jusqu'où va son audace.
ACTE III, SCÈNE II. 39
LILIA.
Je crois au Dieu que tout le ciel révère,
Au Dieu qui tient l'infini dans sa main !
Je crois au sang versé sur le Calvaire,
Où l'Homme-Dieu sauva le genre humain 1
A l'Esprit-Saint, l'inspirateur de l'âme,
Flambeau divin du passé ténébreux,
Qui fit planer douze langues de flamme
Sur le cénacle où priaient douze Hébreux!
LE CHŒUR.
Nul pardon pour elle!
Qu'elle aille à son sort!
La femme rebelle
Mérite la mort 1
LILIA.
C'est le seul dieu qui règne sur le monde !
Par lui l'impie un jour sera puni.
A son appel que tout chrétien réponde,
Et qu'à jamais son saint nom soit béni!
C'est lui qui garde à toute âme fidèle
Près de son trône un trône glorieux.
Après la mort la vie est immortelle,
Et notre tombe est la porte des cieux !
LE CHŒUR.
Nul pardon pour elle !
Qu'elle aille à son sort!
La femme rebelle
Mérite la mort !
OLYMPU,
Qu'on l'emmène I
1
40 HERCULANUM.
HÉLIOS.
Arrêtez I
SCÈNE III
LES MÊMES, SATAN sons les traits de Nicanor.
SATAN.
Méprisez sa fureur !
LIL1A.
Lui!... lui, vivant!... mais non... non... vision fatale!
C'est l'enfer... c'est Satan !
SATAN.
Eh quoi! ma noble sœur,
La fière Olympia, la beauté sans égale,
L'idole de la terre, a peur d'une rivale!...
Tu veux avoir sa vie?... Eh! pour elle, « qu'importe
« La mort?... Elle a la foi, ce mensonge du cœur...
« Le chrétien croit toujours du ciel s'ouvrir la porte,
« Et que de ses bourreaux la mort le rend vainqueur ! »
Non, non!... Il est pour elle un plus sûr châtiment.
Non... Il faut qu'elle vive! Il y va de ta gloire !
Qu'elle vive!... pour voir, jusqu'au dernier moment!
Pour voir son Hélios sur ton char de victoire.
Pour maudire son Dieu, pour pleurer son amant
OLYMPIA.
Suis-la, suis-la donc, si tu l'aimes/
Cours au désert, pauvre et joyeur,
Goûter les délices suprêmes
ACTE III, SCENE III. 41
Des amants chrétiens, ses ayeux 1
Va, va donc pétrir sur la pierre
Le pain dur des âges premiers,
Et vivre d'air et de prière
Sous le dôme vert des palmiers!
NICANOR.
Suis-la, suis-la donc ! abandonne
Des plaisirs à peine goûtés !
Fuis le bonheur que l'orgueil donne,
L'orgueil, ce roi des voluptés !
Fuis cette Olympia qui t'aime,
Ce trône, à Péclat sans pareil!
Brise à ton front ce diadème
Plus radieux que le soleil !
OLYMPIA*
Parle, réponds, décide 1
LIUA.
terribles instants!
SATAN.
Parle ! L'heure est rapide.
OLYMPIA.
Dis un nom... Je l'attends!
SATAN.
Vois ici là puissance !
LILIA.
Chrétien , songe à ta foi !
OLYMPIA.
Romps enfin le silence!
\
4fc HERCULANUM.
H EL 109.
Ociell inspire-moi l
SATAN.
Choisis ta destinée...
L1LIA.
Écrite dans les deux...
OLYMPIA.
Horrible, ou fortunée l...
LILIA.
Aveugle, ouvre les yeux
SATAN.
Cesse d'être rebelle...
OLYMPIA.
Rebelle à mon amour l
LILIA.
Mon dernier cri t'appelle.
HÉLIOS.
Oh ! fuyons cette cour 1
OLYMPIA!
Toujours ton cœur hésite?
LILIA.
Ta sœur s'enchaîne à toiî.
SATAN.
La reine encor t'invite...
HÉLIOS.
Par pitié! Laissez-moi l
...
..
ACTE IU, SCENE III. 43
Àh î le délire est là, dans mon front, dans mon âme.
Quelle infernale main y versa ce poison?
Quel souffle de démon me brûle de sa flamme?...
Il éteint ma pensée et brise ma raison.
LILIA.
Hélios! je t'appelle
Une dernière fois !
Quand tu m'étais fidèle,
Tu connaissais ma voix.-
Sans toi, tous les empiré»
Ne seraient rien poifr moi.
Ce cœur que tu déchires
N'est rempli que de toi!
HÉLIOS.
Lilial. •• Lilial...
OLYMPIA, K Satan.
Perdu pour nous!
SATAN.
Espère I
Il va Pabandonner, sa Lilia si chère...
(à Hélioa.)
Va donc! va! déshonore
Sa pureté l
Impur, va vivre encore
A son côté I
D'une autre loi
Méprise la puissance,
Et de son innocence
Enivre-toi !
Va, deux fois infidèle
Dans un seul jour,
44 HERCULANUM.
(Montrant Olympia)
Époux indigne d'elle
De son amour,
Parjure amant,
Porte à l'autre maîtresse
Un front souillé d'ivresse,
Un cœur qui ment !
HÉLIOS.
Vérité de l'enfer î oui, j'ai souillé mon âme!
Rien ne pourra m'absoudre aux yeux de Lilia...
Sauvons du moins ses jours, si je dois vivre infâme!...
Reine! je suis à toi!... Je 'aime, Olympia!
(lilia pousse un cri déchirant. Elle reste quelques instants anéantie
par la douleur.)
OLYMPIA.
Enfin tu croîs à" ma tendresse !
Enfin l'amour parle à ion cœur!
Et dans mes yeux, brillants d'ivresse,
Ton regard cherche le bonheur !
Viens ! donne*moi toute ton âmel
Viens ! tu seras l'égal des dieux !
Oui ! mon amour, divine flamme,
Mon amour ^a t'ouvrirles cieuïl
HÉLIOS, à part.
Coupable amour, lâche tendresse,
Je vous ai donc livré mon cœur!
Et le réveil, après l'ivresse,
Vient de ma nuit doubler l'horreur!
En te sauvant je perds mon âme...
Lilia ! reçois mes adieux !
Un autre amour, impure flamme,
M'a pour jamais fermé les deux 1
ï
j
ACTE III, SCÈNE III. «
LILIA.
désespoir! ô jour affreux l
L'indigne flamme
Qui souille son âinç
A jamais lui ferme les cieux !
SATAN.
11 est vaincu ! J'ai dans son âme
Ressuscité tous les faux dieux.
Des voluptés la sombre flamme
Va seule enfin luire à ses yeux.
A la vertu son âme est morte ;
Le plaisir seul vit dans son cœur.
Gloire aux faux dieux! L'enfer l'emporte!
Et Satan, Satan est vainqueur!
LE CHŒUR.
Gloire à Vénus, l'enchanteresse!
Gloire à la reine, à la déesse
Dont le pouvoir trouble son cœur!
Gloire à Vénus, l'enchanteresse!
Gloire à toi, reine, à toi, déesse !•
Gloire à l'amour par toi vainqueur!
FIN DU TROISIBMF ACTE,
i
ACTE QUATRIÈME
PREMIER DÉCOR.
L'Atrium du palais d'Olympia, orné de tontes les richesses de la
fantaisie étrusque. C'est le vestibule des opulentes maisons des Ro-
mains, à Heroulanum.
DEUXIÈME DÉCOR.
La terraaae du palais dOlympia. Elle est supportée par la colonnade
d'an Impluvium, d'ordre Pœstum, et dominée par des façades de caria-
tides tétrastyles, et de gracieuses colonnes appartenant à l'architecture
de l'Atrium corinthien. A gauche, l'avenue du temple d'Isis et Sérapis,
qu'on reconnaît à la rangée des sphinx thébains. Au tond, l'aqueduc a
deux rangs d'arches, qui lie les hauteurs d'Herculanum anx rochers
arides où commencent les pentes du Vésuve.
Au lever du rideau, rien n'annonce encore dans cette région d'Her-
culanum les ravages des commotions souterraines et des torrents de lave.
La catastrophe n'a éclaté qu'aux environs. Elle a commencé son travail
de ruines dans le voisinage, et l'on se réfugie de toutes parts vers les
hauteurs de ce palais, qui n'est pas envahi par la lave et qui reste
debout au milieu des ruines.
PREMIER TABLEAU.
«
SCÈNE PREMIÈRE.
SATAN, seul.
SATAN.
Oui, Satan est vainqueur ! Les volontés divines
M'abandonnent ce peuple : il périt sans secours.
Mon pouvoir va couvrir ce pays de ruines;
EtF éternelle nuit va remplacer leurs jours...
i
ACTE IV, SCÈNE IL 47
Instrument insensé du destin qui l'accable,
L'homme s'unit à Dieu pour servir ma fureur.
D'esclaves déchaînés une meute implacable
Dans ces murs chancelants promène la terreur...
Secondez-moi ! venez ! venez, race proscrite,
Victimes que l'orgueil immola tant de fois !
Vautours, abattez-vous sur la cité maudite l
Enfants de Spartacus, accourez à ma voix 1
SCÈNE IL
SATAN, ESCLAVES.
(Les esclaves reculent en apercevant le proconsul.)
SATAN.
Que craignez-vous, amis? sachez mieux me connaître.
Eh quoi ! Ne suis-je pas un proscrit comme vous ?
Si j'ai pu m'abaisser jusqu'à flatter un maître,
C'était pour lui porter de plus funestes coups...
Voici l'heure ' Frappez ! Les dieux sont avec nous l
Amis, marchons !
Frappons! dévastons!
Le ciel nous seconde.
Amis, marchons !
CHŒUR D'ESCLAVES»
Marchons !
Et que le ciel nous seconde!
Marchons !
Le tonnerre gronde.
Marchons!
48 HERCULANUM
Frappons !
Dans la nuit profonde
Marchons I...
Marchons !
Frappons I
Dévastons!
Vengeons tous nos affronts!
Tremblez, maîtres du monde l
Cette terre féconde
Nous paiera nos travaux
Et nos maux.
Rome, la forte,
Oui, Rome est morte !
Plus de souci !
Son règne est bien fini !
Son vain courroux
Meurt sous nos coups.
Tout est à*nous!
L'univers est à nous !
Écoutons la foudre qui gronde.
D'en haut Jupiter nous seconde.
De Rome c'est le dernier jour.
Régnons, régnons à notre tourl
La foudre gronde.
Reine du monde,
Voici ton dernier jour !
SATAN.
Allez, dans la nuit profonde
Allez ! et brisez vos fers !
Et dans les larmes du monde
Vengez tous les maux soufferts!
A vous les biens de la vie!
A vos maîtres votre sort !
ACTE IV, SCÈNE III. 49
Ce peuple est à l'agonie,
Et demain il sera mort !
L'esclave est roi de la terre ;
L'esclave est maître à son tour*
L'orgueil enfin va se taire;
L'orgueil voit son dernier jour.
À vous les biens de la vie I
A vos maîtres votre sort 1
Ce peuple est à l'agonie,
Et demain il sera mort i
LE CHŒUR.
Que son sommeil
Soit sans réveil I
A nous ces lieux
Aimés des dieux !
Nous jouirons,
Nous qui vivrons.
C'est, notre tour;
Chacun son jour.
A nous le sort!
L'esclave est le plus fort!
(Pendant la dernière partie, de cette scène, le grondement du tonnerre
et des commotions souterraines se mêle aux éclairs qui sillonnent
la nue. Os entend, à la An, un grand bruit d'écroulements.)
DEUXIÈME TABLEAU.
SCÈNE Ht.
HÊLIOS, entrant, avec agitation.
Dieu ne m'a pas frappé!... Cette plaine est couverte
De débris et de morts... un peuple est expirant...
4
i
I
80 HERCULANUM.
Et la terre sous moi ne s'est pas entr'ouvertel
Quoi I mon crime, ô mon Dieu, n'est-il pas assez grand ?...
Et toi, toi, Lilia I sous le courroux céleste
As-tu donc succombé, quand Dieu m'épargne encor?
Lilia!... Lilia!... vain espoir qui me reste!.
Oui ! le ciel à la terre a ravi ce trésor !•••
Lilia!...
SCÈNE IV.
HÉLIOS, LILIA.
LILIA.
voici !•••
HÉLIOS.
Dieu soit béni! C'est elle!
LILIA, avec mépris.
Hélios bénissant le ciel!... Retire-toi 1
HÉLIOS, suppliant.
Lilia!...
LILIA.
Que veux-tu? Cette voix qui m'appelle,
Elle a brisé mon cœur et renié la foi !
HÉLIOS.
Au supplice éternel, que mon crime mérite,
Avant que Dieu me livre, écoute, écoute-moi!
LILIA.
Du bonheur éternel si Dieu te déshérite,
Qu'espères-tu?
ACTE IV, SCÈNE IV. 51
HÉLIOS*
J'espère en toi!...
Oui, j'ai mérité l'anathème
Que tombe sur les fronts maudits.
Donne-moi le second baptême,
Rends-moi tout ce que je perdis I
Que sous mes pieds, et pour mon crime,
La terre s'ouvre ! et, dans ce jour,
Montera du fond de l'abîme
Vers toi mon dernier cri d'amour!
LILIA.
Quel peut être l'espoir de ton impure flamme?
HÉLIOS.
Ce n'est plus ton amour que mon amour réclame.
Couvert d'opprobre, indigne à jamais de tes vœux,
J'implore ton pardon... C'est tout ce que je veux.
LILIA.
Te pardonner !..
HÉLIOS.
Les pleurs inondent ma paupière.
Ah ! ne repousse pas mon ardente prière !
Ces mots sont les derniers échangés entre nous...
Le temps presse... pitié!... je t'implore à genoux!
LILIA.
Ah ! malgré moi, j'oublie
Et sa honte et mes pleurs.
A sa voix qui supplie
S'effacent mes douleurs.
Dans cette nuit profonde
Lorsque tout va finir,
Sfc HERCULANUM.
Sur le tombeau du monde
Nos mains doivent s'unir.
HÉLIOS.
Ange du ciel ! oublie
Ce que la terre a fait I
Hélios te supplie :
C'est ton dernier bienfait.
Dans cette nuit profonde
Lorsque tout va finir,
Sur le tombeau du monde
Nos mains doivent s'unir !
LILIA.
Mon Dieu ! Ce pardon qu'il demande,
Avec moi daigne le donner !
Du haut du ciel sur lui que la grâce descende I
Mon Dieu, dis-moi de pardonner!...
(Étendant ses mains sur Hélios, à genoux devant elle.)
Devant Dieu, vers qui monte, en ce jour de colère,
D'un cœur brisé par toi la fervente prière,
Comblé de mon amour, toi qui l'as protoé,
Puisque tu te repens à ton heure dernière,
Hélios ! sois pardonné I
hélios.
Ah! la grâce d'en haut me touche 1
Extase du prédestiné!
Ah ! je le sens, oui, par ta bouche,
C'est Dieu, Dieu qui m'a pardonné^
LILIA.
Hélios! tes amours impies.
Te fermaient le ciel irrité.
Par tes remords tu les expies...
Viens m'aimer dans l'éternité 1
i
f>t
ACTE IV/6GENE IV. 53
Viens 1 La mort, qui nous purifie,
Pour jamais te rend mon amour.
Sans regret laisse cette vie,
Ce faux bonheur qui dure un jour!
Viens ! viens ! Suis-moi, plein d'espérance !
Allons au-devant du trépas !
C'est l'éternité qui commence,
C'est l'amour qui ne finit pas !
Allons au ciel aimer encore,
Au ciel où luit une autre aurore 1
Divin séjour
Du pur amour,
Dieu fait éclore
Ton saint jour !
HBLIOS.
Oui, la mort,\qui nous purifie,
Pour jamais me rend ton amour!
Sans regret je laisse la vie,
Ce faux bonheur qui dure un jour.
Oui, je te suis, plein d'espérance,
Je cours au-devant du trépas,
Vers l'éternité qui comnïeiiee,
Vers l'amour qui ne finit pas !
Allons au ciel aimer encore,
Au ciel où luit une autre aurore !
Divin séjour
Du pur amour,
Dieu fait éclore
Ton saint jour!
(Nouveaux écroulements hors du théâtre. Tout le chœur se précipite
sur la scène avec des cris d'effroi. Pendant que la reine, dans
une agitation extrême, descend, à droite, les degrés de la terrasse
du palais, Magnus parait dans le fond àgucu.)
I
y }
<S4 HERCULANUM.
HÉLIOS, LILIA, OLYMPIA, MAGNUS, le chœur.
LE CHŒUR*
Nuit (Thorreur l
terreur !
Malheur!
Malheurt
Malheur!
MAGNUS, à Olympia.
Le ciel s'est, à la fin, lassé de tes fureurs.
Tremble ! Voici l'instant des suprêmes terreurs!
Ton règne est achevé... Celui de Dieu commence!
SCÈNE V.
HÉLIOS, LILIA, OLYMPIA, MAGNUS,
SATAN, LE CHŒUR.
SATAN, bon de la scène.
Olympia!
MAGNUS.
Voilà l'éternelle vengeance
Qui s'approche... regarde t
SATAN.
Olympia!
OLYMPIA.
Mon frère!.
*e destin soit loué !... mon frère !
ACTE ÏV, SCÈNE V. 65
SATAN.
Ouvre les yeux !
Ton frère a succombé sous les coups du tonnerre,
Et ce n'est pas sa voix qui t'appelle.
OLYMPIA.
Grands dieux !...
Qui donc... qui donc es-tu?
SATAN.
Je suis ce dieu du crime
Que ce matin tu voulais voir,
Le roi du sombre abîme,
L'archange noir...
Je suis Satan !
OLYMPE.
Satan !... ô ciel !... tout m'abandonne I
Tout m'échappe à la fois 1
SATAN.
Oui !... Tu cherches en vain.
Nul secours 1 nul refuge ! une implacable main
Brise de ton orgueil la dernière colonne...
ENSEMBLE.
OLYMPIA.
Moment d'angoisse ! ô trouble extrême t
N'est-il donc plus aucun espoir?
A-t-il sonné l'instant suprême.
Est-ce la fin de mon pouvoir?...
SATAN.
Dans ton cœur, plein d'un trouble extrême,
Ne cherche pas un vain espoir l
Elle a sonné l'heure suprême :
Voici la fin 4e ton pouvoir !
\
86 HERCULANUM.
HELIOS ET LILIA.
Dieu ! qui permets son trouble extrême,
Arme nos cœurs d'un ferme espoir I
Qu'ils voient venir l'instant suprême
En bénissant ton saint pouvoir t
MAGNUS.
Grand Dieu qui vois son trouble extrême,
Remplis leurs cœurs d'un ferme espoir l
Et que, jusqu'au moment suprême,
Ils bénissent ton saint pouvoir 1
OLYMPIA.
S'il faut que dans ce jour Olympia succombe,
Ciel! lance donc ta foudre !... terre, entr'ouvre-toi!...
Et creusez-moi, du moins, une royale tombe
Où tout Herculanum s'engloutisse avec moi !
(Tremblement de terre. Éruption du Vésuve.)
S AT AN, montrant à Olympia la lave qui s'approche.
Voilà le châtiment 1
OLYMPIA.
Eh bien t je le défie
MAGNUS.
Chrétiens! voici la mort !
HÉLIOS ET LILIA.
C'est le ciel ! c'est la viel
Le palais et les autres édifices voisins s'écroulent : la lave descendue
du cratère lointain ensevelit sous des couches de feu ce dernier asile de
la reine et du peuple, et renouvelle complètement ce décor avec le
tableau désolé que le Vésuve nous peint encore aujourd'hui en traits
de flamme, aux jours de ses grandes éruptions.
FIN
l 260048
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HERCULANUM
OPÉRA EN QUATRE ACTES
PAR
MM. MÉRY ET HA|D;OT
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MUSIQUE DE
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Jeunesse, comédie 2 a
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is Vacances de Pandolpbe, c 2 a
EUGÈNE SCRIBE.
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ivesd'amour, comédie........ 1
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MER Y.
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j Sage et le Fou, comédie.... 1
s Chariot d'Enfant, drame.... 2
imons notre prochain, com... 1
erculanum, opéra 1
LATOUR DE StTBARS.
>semonde, tragédie..... 1
LÉON GOZLAN.
s Gâteau desReines, comédie. 2
a Famille Lambert, comédie. 1
n petit bout d'Oreille, com.. i
ERNEST LBGOUVÉ.
ar droit de Conquête, coméd. 1
e Pamphlet, comédie i
VICTOR SEJOUR.
ichard III, drame 2
es Noces vénitien nés, drame.. 2
ndré Gérard, drame 2
e Martyre du Cœur, drame... 2
e Paletot brun, comédie i
,es Grands Vassaux, drame... 2
■a Tireuse de cartes, drame.. 2
OCTAVE FEUILLET.
,e Pour et le Contie, comédie. 1
,a Crise, comédie 1 50
éril en la demeure, comédie. 1 50
,e Village, comédie 1 »
.a Fée, comédie 1 a
hilila, drame m * 50
je Roman d'un jeune homme
Pauvre, comédie....» ••••••»•• * *
|Une remine qi
Mari, comédie *
L'Ecole des Journalistes, com. 1
P.-J. BARBIER.
Un Poète, drame 2
Indre Chénier, drame 1
L'Ombre de Molière', à-propos, a
u e Berceau, comédie.. *
MARIO UCHARD.
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50
60
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a
50
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FELICIEN MALLEFILLB.
Les Mères repenties, comédie. 2 a
LOUIS RATISBONNR.
Héro et Léandre, drame... 1 a
ROGER DE BEAUVOIR.
La Rai'in, comédie 1 50
P FOUCHERRTRKGNIER
La Joconde, comrdie 2 a
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La Revanche de Lauxun, com. 1 50
• l^hristlne, roide Suède, coméd. 1 50
50 1 CHARLES EDMOND.
s
La Florentine, drame 1 50
ADOLPHE DUMAS.
50
a
a
a
a
a
a
50
L'École des Familles, comédie.
ERNEST SERRET
Les Familles, comédie
Que dira le Monde? comédie.
Un mauvais Riche,'comédie...
L'Anneau de Fer, comédie ...
60
a
50
EDOUARD FOlSSIER.
50
60
60
Une Journée d'Agrippa, com.. 1
Le Temps perdu, comédie.... 1
Les Lionnes pauvres, comédie. 2
Un beau Mariage, comédie 2
HENRY MURGER.
La Vie de Rohôme, comédie... 1
Le Bonhomme Jadis, comédie. 1
LÉON LAVA
Les Jeunes Gens, comédie..... 1 60
Les Pauvres d'esprit, vomedie. 1 60
Le Duc Job, comédie 2 a
LE MARQUIS DE BELLOV.
Pytbias et Damon, comédie..,. 1 a
Karel Dujardin, comédie 1 a
J. AUTRAN.
La Fille d'Eschyle, tragédie... 1
ARMAND B4RTHET.
Le Moineau de Lesbie, com.. 1
Le Chemin de Corinthe, com.^1
VIARDet DE LAMADELENB
Frontin malade, comédi"- 1 a
JULES LACROIX
Œdipe roi, de Sophocle, trag.. 2 a
50
50
CHARLES POTRON.
Un Feu de Paille, comédie....
AUGUSTINE BROHAN.
Les Métamorphoses Jel'Amour,
comédie *
J. DE PREMARAY.
Les Droits de l'ilomme, com.. 1
La Boulangère a des écus, dr... 1
RAOUL BRAVARD.
Louise Miller, drame 2
TH. DE BANVILLE.
Le beau Léandre, comédie. ... 1
Le Cousin du Roi, comédie.... 1
DUMANOIR.
L'É-ole des Anneaux, comédie. 1
Le C smp des Bourgeoises, c... 1
LesFemmesterribles, comédie. 1
LE COMTE D'ASSAS.
La Vénus de Mïlo, comédie.... 1
LÉON HALÉVY.
Ce que Fille veut, coméd : e 1 •
PAGÉSISt DE CHAMBRAIT
Comment la Trouves-tu ? com. 1 »
EDOUARD MEYRB.
Stiucnsée, drame 1 •
Il LUCAS.
Médée, tragédie 1 50
DUHOMME ET SAUVAGE.
La Servante du Roi, drame.... 2 ■
FERDINAND DUtfUÉ.
France S'miiers, drame 2 »
William Shakspeare, drame. ..2 a
CAMILLE OOUCET.
Les Ennemis de ta Maison, c... 1
Le Fruit défendu, comédie 1
DECOURCELLE,THIl¥OUST
Je dîne cbex ma Mère, cou.... 1 a
VICTORIEN SARDOU.
La Taverne, comédie 1 50
EDOUARD PLOUV1ER.
Le Sang mêlé, drame 1 50
Trop Beau pour rieu faire, c. .. 1 a
Le Pays desamours, comédie.. 1 50
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Le Marchand malgré lui, com. 2 a
TH. MURET.
Michel Cervantes, drame t 60
CHARLES LAFONT.
Le dernier Crispin, comédie... 1 a
EDMOND COTTINET.
L'Avoué par amour, comédie, 2 a
SlRAUDINetL THIBOUST
Les Femmes qui pleurent, c... 1 a
L1AD1ÈRES.
Les Bâtons flottants, comédie.. 2 a
F. BBCHARD.
Les Déclassés, comédie.. . .«., *
CHARLES DE COURGY
Le Chemin le plus long, com.. 1
RENÉ CLÉMENT.
L'Oncle de Syoone, comédie. 1
LOUIS BOUILIIET.
Madame de Montarcy, drame.
60
50
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50
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Paris. —Imprimerie A. Wittbrsheim, », tu© ttcmlmoYsiv^