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Full text of "Des talismans, ou figures faites sous certaines constellations, pour faire aymer et respecter les hommes, les enrichir, guerir leurs maladies, etc. ... Avec des observations contre le livre des Curiositez inouyes de M.I. Gaffarel. Et un traicté de l'unguent des armes, ou unguent sympathetique et constellé ... Le tout tiré de la seconde partie de la science des choses corporelles / Par le sieur De l'Isle [i.e. C. Sorel] [pseud]"

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H, / 



/ 




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DES 

ALISMAN& 

O V 

riGVRES FAITES SOVS 
^.ffJ^^NES Constellations, 

pour faxre aymcr rdpc&crks homm es, 1« 

cnrKhirgucnrlcuismaladics^cliairerlesbc- 
Acs nvmc, , deftourn« les orages. & «. 
comphr d autres efiets œerueiHeux. 

AMec<Us trbfemations contre U liundes Cyk ioîitéï 
iNovvisDH M.l Gaffaril 

£T VN TR A I C T€' DE.rv N G V E NT DEf 

du blcffi. ^ ' if pourpoint &. larhemils 



Chofcs ctrpn elles. 




I A paris; 
Chez Anthoikh db SoMMAvzLti,au Paîak: 
danslapeac efalkarpr^^, France 



-^VBC PRlvxtBGs. X>V ROT, 



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avertissement: 

AVX CVRIEVX. 

Eaux ffpritSyqjii chershcT^dè h fath^ 
fa&ian dans U Ic^îurt , fvoins dmç-^ 
fçAuoir élue ce tràiBé des Talifmdm 
& celuy de r<vnguent fympatheHqtÊe^ 
font des Cbaptres tire^de U fmteie 
laSaenee humaine 'vniuerfeiîe^ dont la^fntper^ 
part te a dcfiafyaru fous k titre^ de la Scia^éti 
chofescwporelles ^efue tonjjourrott app^elierje^ 
Ion le T/ulgxin la ^vraye Pkyfique Fran-çoifif. 
i eux qui H ont froint Xfsu encore çe premier ti/trt^ 
dotucnt prendre U peine de le 'Voir y afnde tmn^ 
prendre mieux les dejjcins de celuy cy qm en ûh- 
férue t ont es les mxximes CÎT en fuit les apimotts & 
le/hle. C elture des chafes. corppreUcs emtifjst atff- 
fidi'orxnh fecrets en ce qui eji delà ptuatimdu 
^/Ires y de leur grandeur^ de leur figure^ delatr 
couleur, <r de leur mouuement . CcU'Vttfâ faei^ 
hter a la comoijfince de leurs qualiteT^ , poftr ejtre 
apurer; s ils ant les figures que les Sffir^hlw^s 
leur attribuent , çr s'tls ictsent des rayons fur ics 
images fait es a leur imùatton', 'Vom y apprené'es^ 
<i»fi quelles font les qualité:^ des earpi ciemesta»^ 
restpour iugerdclà fi -v ne teSe matière ayant- re^ 
(eu ^nenouuclle figure peutefirt capahk degutt^ 
nr les maladies , prcfcruer les Ikon^rBCsdet&ut 
tendent fafcheux, Cefi u qut fait pattr le fuitt 
pefent) mats danantage -Vamy truunere'^ hsphtit 



Ulescunofite7, dn U Vhyfique traitées ^uec cTAff^ 
fres méthodes à" d'autres obtmon's dans Uj 
ffcolles <T d4n* les Iwres fjitlgaires ; ^om -vfr-; 
yf^ejt qt»dk pHAtUnef U fene,l'e4Uùr l'^F, 
ducc 'Vn tratHé du r uide , qm monftre lUhtfs dcf 
fYci*i*es p4r UPjtiHl's en prétend de cmi^crtiufl 
ne s'en fç 4^*^ ou troif^tcr dans le mmde. Tatttce 
am ùeut-efiye dit pottr lamohtlttéde U terre tT 
four fon immobilité y -fi encore , toutes les 
fiionfijue tort petit auoir touchant le flux & re^ 
flux de (a mer ^ auec U rcftttation de celles qu* 
fie font point vray-fanhUhles. Vonytrmueaufi 
truelles font lesquditc\ des Cêv^s principaux con- 
nues par taftauchcment i comme U dureté ou U 
milefjh Uftchercjjeoul'humtdtréy tapefanteuf 
m U kgcrctiy la chaleur ou la froideur, *Apres 
ils agit dî la m.ntere de ces c»rps principaux 
de îa difiinFiton& du nombre des Ele?nenes ,o(f 
ron apprend ^ fe garantir des erreurs commurtcs, 
enfin ton y tr(^uuc fa confldcratian du 'Vray 
fia du monde qui efi Le SoU'i'f^ & r^n -void quelle 
efi la matière dctms îes corps cclefies. Toutes lesf 
(hofcs qui font la dedans font fondées fur les pre^ 
(Cptes de la uraye raijon CîT ete F expérience. T<mt 
homme qui aura le tugemcnt fain ^ qui lira cela, 
'Verra que cela efi fatt exprès pourfe rapsrtcrat* 
fupreme degré du Sens commun far^ que l'on y 
putffcefire trompé y & que iufqu^ cette-heure les 
infir uchms que l'on noué à /ornées fur fembid- 
lies fifeis n'ont efiéeftablies que fur des fubtili- 
tei^ de Unga«^e ou plufieursje font amufc^pour 
hafiir de nouuelles fefles. Qui plus eft,l'm cmmoi- 
fira que la plu [part de nos hures dem»rale» de 
f^hjf juc > de dfcourj mcfe\ 9 ^ PC/'^^. ^ 



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l"^ """"Mot encre en detneccfi lLrJ,e U 



am-es , J, ' "'•;'â'»">ir remue lei 

lj>« -uc..d-u^ccfi,ce double JertrdnreaJd^ 

Métaux 'w ^^'T''''' Pi«^^«»>I>es 

du Mon \F J ^"'""^^rf • Création 
r« ■ efi des ^mjices Curieux 

^'y iPr^r-cr plufia,„ , enue UfyJ efl ccZy 



Advertissement. 

)fumtfmelieude i'Vnguent de fymfathie^ ion^ 
routeur apure qutl cherchera^ U <ventéy 
duec ceU il promet de traiter de U rrafm'Atatio 
ideNugmentaiv des métaux C de la pierre Vhi- 
loftphalle, du moyen de rendre les terres firtilles, 
C decmfcruer la fat^é d?s amm^ux ou de lare- 
eomrer <]uand elle efi furdwe , Or diplufi-'urs at^ 
ires chofes remarijifahles que Von peut mfcrerde 
la fmte de [on dtfcours^ comme de l\4ftrolooie 
Judiciaire, des autres mameres de duitnation^ 
<T despuipmces de la magte. La ^raye Logique, 
ia Grammaire , lal{hetortq»e, les retgles de U 
9oélfe<jr de l'BiJl»ire y font aufii promtfes auec 
^m' morale parfaite . qm eji laccom'pliffement de 
Vosuure. "Mais en attendant toutes ces chofes , il 
faut s'occuper jt 'Votr ce que n<f us auons des main- 
tenant, cvme ce traiBé des Talifmans lequel l'on a 
donné plufi:>ft que phficurs autres qui font au- 
tant achcucT^, dautaîit qu'il delture les efpnts des 
erreurs ou U iiure , Des Cariodtez Inoûy es , les 
pouuott mettre. Bc peur que ces faufps opinions 
gagTtapnt quelque crédit , il a falu donner ce qui 
cjioit tout prefi c$ntre ce futet. Ce traité des Talif- 
mans c fi pris du texte du liurede la fiencehi*- 
mainc] a* les ehfcru.itions en font le Commentât" 
ve^ dedans lequel peuvent entrer celles qui fora 
faites part icuberemct contre les Cunofite7,inouye^ 
JUtf'ant au traicié de l'rvnguentfympathetiqueyif 
y a eftéiomt ajjl'T, a propos , puifquc cvfi aujii 
éjfet de magie naturelle où l'on emprunte encore le- 
fouuoir d vnc conficllation. 

yousqui tcne\ maintenant ce lii^e dans ^os 
maifis, ie croy que ler/ay que faire de -Vous ex^- 
haTî$v ^ 'Von des chofcs_ rares CT cuneufes ^puij- 



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ADVERTrssEMENT, 

emore ''•« ''/'«rf delà Science d«cJ,oie« 
corporelles . jm rfi U^cmierc fM,e Cr le fon 

'V>»snj ufcker, de lm<,niien ufi. cr.„eh& 
aje^ de-vo»! dUuotr tndtQué. Il dcL ,uel 

opt'^ler de ce l<»re ,mms qu'Us ne rç4uent 
U rencantrer. Sel.n l'acceilLe JJs Z' t 

*<Uuspa,,„, krsquc^ous c,njLri" ne 
fint que chmeres mnencées ipUJir, lesTjlZ 
»'-''P'<^>''nt guère cUenttdill^f^^^^^^^ 

'^o^r ae ma) tares de n^tHl^l..^ r 

takJ.r^i ihtjes dit mande fuite 

»l>Jffh,quement,n-4poim tLs cesdeâUux Z 




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ADVERTlSSEMENTr 

Jt(firt exÂniînées pour en c^ntjotflrc U *verit( , 
4>utYc ^ae U recherche en efi trfS'4*reÂhU , die ejt 
tres-ut^le poarnoui deltunr des tenehres deTi' 
ignorance ^ àr nous éprendre ce quenoi*s fommesCT 
ce que ccjl que le fe jour où nous habitons , nous 
■fane Accomplir des a^uns dtgne-s de mus ^ au Iten 
queU pjufpdrt des hommes qMt ignorent ces cho- 
ses mènent rv ne fvie qui neîlgueres différente de 
^elUdeshf utcs, HcAntmamstene méprifepAs les 
Autres IcBures'.ijîAu te ne ftttfpAS d'Auis Aujii que 
1*0 quitte entimntent celle -cy pour les Autres. IAu 
moins Dons ponuc^fcAum ce que ifaut ladipiité 
du juict^'Ù' en 'Voykt les on-ura^es dot urvous par « 
le lUotis fcaurt^ Ia forme Y(jj end ^ l a mat ter e. 
îefcay bnnqitf Ia piufpArt jont deHomne% de la 
[■sciure des hures de Vlnlofophie ^fource-quib les 
trouuet d'^n Ung'ge ^ArbarcCT maîpoljijnAisJf 
'Vcusn4£fie£Arr<Bt \ que la dcffus^aJleuret;^ ^of^s 
qj4<? tes htoei-cyn^nt pointées termes qui- 'Vous 
hltffnit rcretlle dans les autres, cr que 'Vous les 
pourreç!^ lire aue< piAÏjir. Il eîi a fouhatter quf 
l'^meurnousdomie^vn tour ktout ^Afin des'in- 
Brmre AgreAhlemcnt ijr fans peine de toutes les 
^bvfcsqHife ^(iiucîit imaginer. Les costrsde Thi^ 
bfophte ne-^^nt point ji loin que cela , û' ne ttous 
Apyemient point tant de diucyf ?s curivfite\ : */iufif 
Uutes Its.dtfteyfespkces^ffe nous 'V errons ^e t en- 
dent qttk hABir "Vne Samce VmuerfelU^ quîfcrji 
dAns^n ardre tiM4i pArtuuher. 

sAye\ donc fom de njoir ces chofesâ mtfure quf 
tcn'Vcus ks ct^mmumquci A^ ^ netts ne nueus dem 
mAndens f<>tni d'autrerec^mpenfe ponrA^icjr ffi f' 
fcsé t^iitcur irv oas les donner ^ 



m 



DES 

TALISMANS 



O V 



FIGVRES FAITES SOVS 
certaines conftellations , pour 
chafo les beftcs nuifiblcs. dc- 



raa- 



tournerlcs orages, guérir JcsL.- 

iaciies,& accomplir daucreseffccs 
mcrueillcux. 



^ccomplijfent quelque chofe au ils 
rotent pa4 dans leur rei ^le ordim. 



nefe- 
^•^^.dinaîrt, 

S-fiCTION PREMIERE. 




A diucrfc nature des Aftres 
<^''des autres Corps Princi- 
paux ell affcz recherchée 
^as la Première Partie de la Sckn- 

A 



I 



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•£ Des TalisUaks- 

ce des chofcs corporelles. Le pre- 
mier Chapitre dufccond Volume^ 
& quelques autres fuiuans doiucnC 
confiderGr aufll quelle eaiaftion 
duSouuerainFeu duMode lur les 
autres matières, & l'on y doit ap- 
prendre fi ce feu fouucram fc trcuuc 
entous les Aftrcs,^ quels changc- 
i-nens ils l'ont capables d'apporter 
aux corps qui leur font fujets. 

L'on void en cela ce qu'ils ope- 
lent Hiiuans les loix naturelles. Il 
rcfte à Içauoir s'il y a quelque artifi- 
ce quilcspuiffe contraindre a taire 
ce qu'ils ne feroient pas,{i l'on les 
lâilïoit agir à l'ordinaire. Il cft bien 
difficile de s'imaginer que l'on puil- 
fechangerlcdcflcindc ces corps li 
puiffans^ fieflcucz.Ccnefontpas 

des Dieux comme quelques An- 
tiens ont pcnfciNeantmoins leur 
ordrencfçauroitcftreviolc, pour- 
ce qu il a e'ilc prcfcrit de Dieu,dorït 



I 



r .1 
f7 ' 



'1 



I ; 



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Des Talismans: , 
les arrcfts font immuables , & de 
qui la fouucrainetc qu'ils on t fur les 
autres corps eft dép«adante, corn- 
nic cftant le Créateur & le Maiftrc 
âblolu déroutes chofes. Il eft vray 
qu'il y a de certains moyens de s'ac- 
commoder aux chofes les plus con- 
Itantes.&achcucrou ayderparart 
ccque la nature a commence, telle- 
ment que filon ne châge les effets 
des Aftres,ron les peut bien accroi- 
Itre. Il taut auoiief que cela fe peut 

taire mais c'eft en trauaillanr vers 
les choies qui louffrcn t l'aélion des 
Corps Principaux, & qui font en 
holtre pouuoirpour leur petiteiTe 
L on peut augmenter l'ardeur que 
l onrcçoit du Soleileny oppoiant 
<îuelque miroir ou quelque autre 
eorps où elle foitramaffée. Lcmef- 
mc peut eftre fait encore delà tiedô 
chaleur de la Lune. Mais il n'y a 
que les qualitcz qui font commu- 

A ij 



1 1 



4 Des Talismans. 
niquécs iufqucs en terre que I on 
accroiffc de cette manière; ce nelt 
auffi qucleur réception qui clt aug- 
mentée en vn certain lieu .y failant 
venir ccqui sépadroit enpluficurs. 
La fourcene participe point a cela. 
Ilncs'yfait aucun changement,de 
forte que pour ce regard l'on peut 
dire que les Corps Principaux de- 
mcurét toufiours inuiolablcs.Tou- 
tcfois puis que Ion peut dmv.nuet 
ou augmenter la chaleur qui vient 
des Atires en quelque endroit, il elt 
ccrtamque c'cft auoirla puifTance 
de faire qu'il arriuc quelque elio c 
qu'ilsneferoicntpasdanskur règle 

naturelle. _ 

La lumière pcuteftrcauai aug- 
mentée par cette tnuention de mcl- 

me que la chaleur, & dauantagc û 
fc peut faire vn tranfport de l vnc 
& delautrc. Les rayonsdu Soleil 
frapcnt droit dans vne place dcl- 



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Des Talismans. 5 
couucrtc , mais les receuant dans 
<}uclquc miroir Ion Ics pcut faire 
aller dans vnc chambre obfcurc 
qui eft auprès. L on peut aufliaucc 
cîc certains miroirs concaues,ren- 
uoycr la chaleur fur d'autres corps. 
C eft auoir encore en cela quelque 
pouuoir fur les qualitezquifortent 
des Aftres.l 1 en faut demeurer d ac- 
cord , mais Ton veut bien pafler 
plus auant. 

Aiij 



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Éfil|| 



VA 



Des Talismans- 




11 



pu pomoir que l'on a de transporter les 
Influences ou ïon veut , par le 
moyen des figures faîtes fous 
certaines conftellations, 

Sect. II. 

Nu'c ceux qui tiennent que 
.les Aftrcs regiflent 1 vniuers, 
il y en a qui croycnt que les fccret- 
tes influences, par lefqucllcs ils ran- 
gent les chofcs fous leur empire, 
pcuucnt cftre tournées oui on veut 
par vn artifice exprés. Cet ouuragc 
çft cftimc fort grand , carilfemblc 
que ce n eft pas feulement faire vn 
tranfport des effets quifortentdcs 
Aftrcs , mais que c eft violenter les 
Aftrcs mefmcs. Si les influences ont 
lieu, elles agiflcnt par des voyes in- 




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Des Talisman s, 7 
U'ifiblcs , & Ton n a pas la mefmc 
facilite à les reccuoir que la chaleur 
& la lumière. Toutefois quoy que 
loti fafTe pour les difpofer fclon fes 
fouhaits Ton n opcre que fur dc$ 
chofes quife laifTent manier , telle- 
ment que les corps Supérieurs ne 
changent point. 11 eft vray que les 
puilTanccs fecrettes dont Ton dit 
qu'ils agifTcnt , eftans leur force 
principale , c'eft faire ce qu'ils ne 
vouloient pas delesdeftourner, & 
pour la difficulté qu'il y aàlcxecu- 
tion , s'il eft vray que cela fe puiffc 
faire, celamonftre encore dauan- 
taçe le pouuoir de l'homme ; mais 
il but fçauoir fi ce que Ton en prq- 
pofc eft alTcurc. 

Ceux qui fe vantent de cela, cf- 
perent d'y paruenir en faifant des 
figures de certain metail ou de quel- 
que pierre , & autres matières 
auec des carradteres exprés fous 

A ity 



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3 



8 Des Talismans. 
tonte forte de conftcllations. Hs 
dilcntqueccs choies eftansaccom- 
niodecs en vn temps propre , les 
Allresy impriment des qualitczfi 
puiirintes,qnclles opèrent après de 
mefme que la conftcllation (ous la- 
quelle Ton les a faites. Pour croire 
cecy , il faut premièrement demeu- 
rer d'accord que félonie rangquç 
tiennent les Aftres tout ce qui elt icy 
h^s eftgouucrné. L'on n'y contre- 
dit pas auec beaucoup d'opiniaftre- 
té , touchant Icflcuation de quel- 
ques Météores, la perte ouTanan- 
cernent de quelques fruiâ:s,lapro- 
dudlion des mfedcs , Se le change- 
iTîent de l'air inférieur pour caufet 
diuerfcs maladies aux hommes: 
Mais en ce qui efl desdiuers acci- 
dents de la vie humaine & mefmc 
de quantité demerueilles cxtraor- 
dmaires, il n'y faut pas confentir. 
Toutefois il f^ut pofer qire celafoii; 



Des Talismans* ^ 
afin de fçauoirfimefmecn ce cas là 
leurs operatiqns auront dclcfEca- 
ce. 

Ilsdifentque fi lors que Saturne 
cft heureufcment placé dâs le Ciel, 
Ton faitaucc de la pierre daymanc 
la figure dVn homme quiayt vnc , 
fcftedecerf^&foitafTisiurvn dra- 
gon, tenant en main vne faux, cela 
leruira à la longueur de la v ie ; Que 
fi Tous la mefme Planettc iointe à 
Mercure , Ion fait vne figure d ai^ 
rain ayant la forme d Vn vieillard 
vénérable, elleferuira à prédire la- 
penir,&quemcfmc quelques An- 
ciens ont afTeurc quelle parlera 
pour inftruire les hommes de ce 
qu ils auront à faire, ôc que c eftoit 
de telles Idoles fabriquées fousdes 
conftellations conuenables , qui 
rendoicnt autrefois des Oracles. 

^ Sous lupiter il faut faire la figure 
dVn homme couronné.ce qui krt ^ 



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Des Talismans. 
augmenter les honneurs & les ri- 
chcffes. Sous Mars celle d'vn hom- 
me armé, monté fur vn Lyon, te- 
nant d vnc main vn couftelas & de 
l autre la teftc d vn homme , pour 
emporter la viûoire fur fes enne- 
mis i Scus le Soleil Ion fait encore 
la figure dVn homme couroné qui 
fert à s agrandir & fc faire aymer de 
jcoutle monde , Sous Venus vne 
femme nue, pour eflcrehcureux en 
des amours impudiquesrSous Mer- 
cure vn icunc homme portant U 
caducée pour fc confemer la paix, 
acquérir la facilité du difcours, & 
la profperité du commerce S & fous 
la Lune , vne femme ayantle croif- 
fantfurlateftc^quifertàrendreles 

yoyacrcs heureux. 

L^on peut faire encore diucrfcs 
figures , non feulement à chaque 
Signe du Zodiaque, maisà chaque 
d^rrc , comme aufli à chacun des 



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Des Talismans. it 
vingt huid iours de la Lune , 6c 
pareillement à l'intention de cha- 
que iour de la fepmainc , obferuant 
les heures & les moments , félon 
qu'ils font dcdicz à chaque Planè- 
te. 

Pourcc que des iniages ou fta- 
tuës taillées couftcnt plus de peine 
à faire que des figures grauécs fim- 
plemcntjonlcseftimcdauantagc, 
mais c cft aufli parce qu il s y fait 
vne reprefcntation plus naïfue de 
ce que Ion dcfire. Toutefois les fi- 
gures grauées ont toufiours efteen 
règne , d autant que lors qu'il cft: 
befoin de trauailler auec de certai- 
nes pierres precicufes^lon n'en peut 
pas tailler des ftatués à caufedelcur 
pctitcflTe (Se de leur dureté , & l'on 
craint de les gafter , & puis Ton a 
plutoft fait d'y graucr ce que Ton 
yeut.Ileft vray que les cérémonies 
que Ton y obfcrue font croire que 



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IX Des T alism ans^ 
cela n*cft pas moins puifTant. Au rç- 
ftc cela fcmble fort com mode pouc 
les porter toufiours , les faifant en- 
chafler en des anneaux. Les autres 
peuucnt eftre portées au bras ou au^ 
colou quelque autre part fur foy,& 
quant aux ftatucs qui font fort gra- 
des ,foit de pierre ou de métal, elles 
font mifcs en des lieux choifis félon 
lefFct que Ton en defire , & Ton ap- 
pelle tout cela du nom àcTalifmdn, 
mot Arabe que Ton dit eftre deriué 
dVn autre mot Chaldeen alTcz ap- 
prochanî , l cquel fignifie Imd^e , fur 
quoy ie ne feray point d*autrc re- 
cherche, n*ayantpas entrepris de 
di(puter icy des mots , mais de la 
vérité des chofes. 

L'on peut bien efpercr quelque 
effet des figures grauées furvnc 
pierre platte,oufurvn métal, puis 
que mefme on fait de fimpleslames 
furlcfquellçs 11 y a feulement qucU 



kl 



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Des Talismans^ 



I 



hqucs caraftcr 
croit eftrc propres à ce que 



& Ton les 



16 défi 



o aeii- 

re , pourucu qu elles foient faites 
cxadcment fous la conftellatioa 
nccclTairc. L'on fait aufli des an- 
neaux fur Icfqucls on graue des ca- 
radercs qui répondent aux Aftres 
^^donton implore le fecours, ôc par 
ce moyen Ion prétend encore d cf- 
fcducrfes defirs.LesfculpturcsTa- 
Jifmaniques font ncantmoins efti- 
mccsplus certaines, & Ton en parle 
dauantagc. 

Il y a des liures qui déclarent ca 
particulier comment elles doiucnt 
élire faites Tous chaque conftella- 
tion , mais Ton en peut encore ia- 
ucntcr quantité d'autres, les apro- 
priant à reffc(St que l'on defire, co- 
rne fi Ton fait 1 1 ngure de deux pcr- 
fonnes qui le touchent dâs la main. 
pourprouoqucrrafFedion &la fi- 
dc»*lite , <Sc fi au contraire Ton faic 



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14 Dh» Talismans: 
quils s'cntrcbattct pour les cxdtct 
à s'cntrecucr , ou tout au moins à 
s'cntrchayr& fc quereller» cari on 
en fait pour le mal de mefmc que 
pour le bien , & pour Tvn &pour 
Vautre l'on choifit aufli vn temps 
quifoitproprc^&vne matière coh- 
ucnablc^ôc l on croit opérer encore 
dauâtage, ficonnoiflantfousqucl- 
IchorofcopevnhommeeftnCjlon 
prêd garde que les figures quelon 
fabrique pour luy , loicrit faites à 
vne heure que les autres Aftres s'ac- 
cordent auxfienS;, & tout demef- 
mefitrauaillantpôur quelque pais 
Ton confiderc à quelle Planète ou 
quels figncs il cft lujet. 



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Des Talismans.' 



É'Sp 'i* 4k* 'îV* 

I)^/ fropojitions que Ton fait touchant 
lesTaltfmans eu Figures Coriftellées 
que l'on dit pouuoir exciter a l amour 
eu à la haine y a la ioye ou a la triftef ^ 
Je , empejcher les Voleurs d'entrer 
dans Vne maijon , rendre vw com^ 
hattant Viélorieux^auecles reparties 
que ïon donne a cela. 

SECt. IlL 

CEux qui efcriucnt de ccsTâ- 
lifmans en promettent des 
mcrucilles. Leurs raiionsfont quïl 
ne faut point douter que tout ce 
qui cft icy bas ne dépende des corps 
cclcftes , & que quand quelque 
ehofeeft produite c cft àlarefTem- 
blancc de la conftellation qui fc 
treuuc alors laplustfbrtcjQucprc- 



Ï6 Des T ALrsMANs^ 
micrcmcnt lair inférieur luic la na- 
ture des Aftres, eftat pluuicuxfous 
lesAftres humides, & fortfecfous 
ceux qui font fccsj Que les plan tes 
qui naiffent participent à leur hu- 
midité ou à leur feichercfTc , ou à 
leurs degrcz de chaleur , & de mcf- 
me les animaux -, qu aucc ces pre- 
mières qualitez qu'ils influent ils 
d ilpofcnt à lamour & àl a haine,& 
donnent des inclinations vcrtueu- 
fcs ou vitieufcsiQue fi l'on prend 
aufli vn mctal ou vne picrre,ou 
quelque autre matière quileur c6- 
uicnne, & quel'ony grauc vnefi- 
gurcproprcjilsy verlcrontles mef- 
mes influences , Se qu après cette 
picQ'c ou mecal pourront commu- 
niquer cela à d'autres corps, & que 
ceux qui les porteront d'ordinaire 
feront fujcts aux mcCmesaccidens 
que s'ils cftoient nez ious vne pa- 
îciUe conftcUation > ôc que leurs 

dcfTeins 



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dcfTcins auront toufio^^rn mcC- 
ine cfFcd, que s'ils eftoicnt encore 
à cette mefmc heure fauorablc. 

H y a beaucoup de chofcs à rcf- 
pondre contre ces propofitions. 
Premièrement en ce qui eft desfta-. 
tues que 1 o^s*imaginepouuoir par- 
ler, & d autres encore que Ton pré- 
tend de voir remuer , fans qu il y 
ayt autre artifice que h fculpture, 
c^eft vne refucrîe des Anciens Ido- 
lâtres ^ & ceux qui lonrmifcena- 
liant, ontpeut-eihefouhaittcpout 
l'accomplir , vne certaine rencon- 
tre d'Eftoilles qui ne fçauroit arri- 
Uer en dix mille ans, afin que les ef- 
' pritsfoibles les croyêtfansen voit 
les efFcûs. Quant aux Images ou 
aux figures grauecs que Ion pretéd 
rendre cap abl es de mettre de lafFc- 
clion ou delahayne entre les pcr- 
fonnes, de faire rire & chanter, ou 
pleurer tous ceux qui entreront adl 

B 



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Il Des Talismans! 
lieu où elles feront mifes , d'cmpcC- 
cher que les voleurs n entrent ia- 
mais dans vnc mailbri , & de ren- 
dre vn homme vidoricux à la guer- 
re, quelques vns les ont dcfia con- 
damnées pourfercfferrer dans vne 
Philofophie plus feuerc. Usdifent 
que les Aftres mefmes'ne forcent 
point les volontez , &.par confc- 
quent que ces figures fabriquées a 
Icarrcflemblancene lefçauroicnt 
faire>Q3r6ne fçauroit faire aimer 
ny hayr quelques hommes , s'ils 
u ont en eux les vrays principes d a 
mour ou de hayne- Que filon ef 
ioycux lors que l'on entre dans vnc 
niais6,il ncft paspolTiblequelon 
y deuienne trifte lans caufe,ny que 
loy.deuiennefoudain iqyeux,lors 
que Ton cft triftc.-Qucpour empcf- 
cherles larrons d'exécuter leur lar- 
cin, cela nd\ pas poffiblc, d'autant 
qu vnepctitc tigutc mife delTusyôù 



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Des Talismans, 



cvncporte.ncft 



[j dcflbus^ou dcrrier 
pas vnc forte barrière 
pcfche d encrer i ôc pour ce qui cft 
de rendre vi^oricux à la guerre, 
quiln y a pasdaparéce auflîquV- 
ne figure donne à vn hômc couard 
ôc folble qui la porte vnc generofi- 
té & vne force extraordinaire, & 
qu elle ofte aux plus braucs des 'en- 
nemis leur valeur accouftumcc 
pour fe laiffcr terraffcr hontcufc^ 
met, &c que mcfme toute vnc mul- 
titude ne puifTe rien faire con tre vn 
feul homme. 

Encequieft des figures d amour 
oudc hayne, ceux qui les fouftiénéc 
refpondcnt quils ne prétendent 
pas que les Aftres ay ent vn pouuoir 
abfolu ^ur l'ame de Thomme^qui 
cftant fpirituellc & immortcllccft 
libre dans fesfonûions, mais que 
ylsncla contraignent pas, ils luy 
donnent aù moins des inclina- 

Bij 



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to 



Des Talismans. 
foibl( 



tionsquiDicnquc roiolcs au com- 
mencement, fc fortifient par rha- 
bitudc , & que la volonté fe laiflc 
emporter après -, Qu'il y a des occa- 
fionsou Vcfleaion ncfefaitpomt, 
6c la volonté ncft point confultéc, 
de force quclon ay me ou Ion hayt 
fans fçauoirpourquoy, ôcmefmcs 
il fcmble que l on voudroit bien 
quelquefois aymer ceux que 1 on 
hay t,mais Von ncle pcut,quoy qus 
Ion fçachc que Von y cft obli- 
gé par le droit dcparcntc, par quel- 
que mcrire de la pcrfonne, 6v par 
quelque bienfait receu , & que le 
fujet de cette palTion n cft que poor 
la contrariété de Vlnfluencedcs A- 
ftres; Que Von peut eftre encore cx- 
ciréà la ioy c ou à la trifteffe en en- 
trant dans vn logis fans fçauoir 
pourquoy , qu'il nous arriuc 
ainfi tous les iours quâcitc de mou- 
uemens contraires , fans en fçauok 



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D ES T ALISMANS. 

la caufc, tellement quclavolontç 
n'y cft point forcée, puis que cela 
fc fait mefme fans que nousy fôn- 
gionsiQuj:n ce qui eft des voleurs 
ils ne trouuent aucune refiftan- 
cc fenlible en la maifon , mais ils 
ont en leur cfpritvn certain mou- 
uement qui leur fait diffcrer d y en- 
trer y ou qui les meine ailleurs -, Que 
la figure qu vn homme de guerre 
porte , luy peut auffi efchauifcr le 
fang & le courage , iufqu a tcrraf- 
fer fes ennemis, ou fe tirer de leurs 
mains , s'ils font vn trop grand 
nombre. 

I c réplique à tout cela que fi l'in- 
clinatio encraifne la volonté ic*e(l 
toufiours la violenter, de contre- 
Ucnir au libre arbitre de riiommc. 
Or nous fçauons que le priuilegc 
du choix n e nous fçauroit cftre olté 
par les Aftresî Qu'ils nenous for- 
cent point à aymer ou à hayr par 

R in 



12. Des Talismans. 
de fccrettcs Influences , & qucfi 
lonchcrchoic bien l'on trouucroit 
qu'il ny a inclination fi précipitée 
qui ne tire fon origine de fon vray 
obj et î Qu'en cequieftdesmouue- 
mens qui portent à la ioyc ouàla 
trifteflc entrant dans vne maifon, 
ceftpourceque lo latrcwue agréa- 
ble ou defplaifante , & que bien 
fouuent telle qu elle ioit , elle 
nous lairra en Thumcur que nous 
y auons apportée ; Qoc les Aftres 
n ayans aulTi autre faculté que de 
rendre plus humide ou pluslec,& 
changer les dcgrcz de chaleur , il 
n eft point à propos de leur attri- 
buer la puifsace d^exciter les vns aux 
larcins ôc d'en retirer les autres i 
QuVn certain tempérament peut 
bien rendre les hommes lafches, ôc 
faire qu ils fcplaifent àviurc du la- 
beur des autres , ce qui les porrc 
quelquefois aux rapines 6c auxlar-- 



Des Talismans. 13 
cins fignalez i Mais bien que les A- 
flres coopèrent à leur donner cette 
humeur à l'heure de leur naiiTancc, 
(left-cc quil y a beaucoup d'acci- 
dents qui deftourncnt cela, leur 
font fuiurc vn autre chemin que ce- 
luy que leur promettoit leur horof- 
copc ; mais quand ils s y accorde- 
roient & que leur tempérament 
porteroit leur amcà lalafchcté, il 
faudroit quils en prifTentvne ha- 
bitude pour delà s accouftumer à vi- 
ure de larcins , ce qui nuit de toutes 
parts à TefFcd des figures grauces 
que Ton pretéd imiter les Aftrcsrcar 
files Aftrcs ne forcent point la vo- 
Ip te des hommes, & s'il leur faut du 
temps pour porter leur inclinatiori , 
au bien pu au mal, comment tlt- 
ce que la figure arreftcra tout d vn 
coup la volonté du larron , qui ^ 
déj a planté Icrchelle pour aller pil-^ 



m 



14 Des Talismans^ 
1er vft logis ? Daillcursfi lafcendat 
de ce larron Ta porcé de touttêpsà 
fuiure ce train de vie , la puifsâce du 
Talifman fera- t*cllc plus forte con- 
tre luy que fa propre conftellation? 
Ccllc-cy s'eft fortifiée par vne ha- 
bitude reïterée,&: Tautrcopereroic 
en vn moment.Cela n a aucune ap- 
parence. Dedireqnelc volcftem- 
pefché par d^autres pcrfonncs qui 
furuiennent , quelle puiflance au- 
roient les figures iîir des gens fort 
cfloignez pour les faire venir là à 
point nommé ? Pour ce qui eft de 
furmonter fesennemys,ilsy trcu- 
uc encore la mefme difficulté i car 
il faudroitquc les figures que Ton 
porteroit euffent vn foudam effet 
malgré la collellatio des perfonncs 
contre qui l'on combattroit. Aie- 
xcmplc de cecy l'on peut remar- 
quer labus de plufieurs figures fai- 
tes pour diiierfesoccafions, com- 



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Des Talisma 



NS, 



me pour fc rendre fauory des Rois, 
fc faire rcfpeacr du peuple , faire 
tourner l'cntrcprife d vue affaire 
ou de quelque commerce de telle 
forte quel on y puiffc gagner , ôc 
pour d'autres profperitez que l'on 
fouhaitte. Pour ccqui eft de fe faire 
aymer&refpc<aer,iln'y apasd'a- 
parence que les figures le puiffent 
faire , fi les Aftres mcimcs ne le 
tont point. Daillcurs fi vnc perfon- 
ne eft difforme & defagrcablc , il 
leroit befoin qu'il fc trouuaft du 
changement en fon vifage ou en 
Ion humeur afin de fe faire cftimcrj 
ou bré il faudroit efblouyr les yeux 
& tromper les cfpnts des autres 
pcrfonnes,maisiln'yapoint de 
Talilman qui faffe cecy encore. 
Qasnt a la facilite des cntreprifes 
& a 1 acquifition des richeffcs , il 
ne Icroit pas feulement nccclfairc 
de s y rendre propre , mais aufll 



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%6 Des Talismans. 
de dcftourncr tous les cmpcfchc- 
mcns qui y furuicndroient , & de 
commander aux chofcs fortuites 
& à celles qui arriuent félon Tor- 
drcdu Monde. Comment fcpour- 
roit-il faire que ces figures euffcnt 
tant d adions diucrfcs, ôc furmon- 
taflcnt les Influences particuliercs. 
dcs hommes , celles des nations, 
des villes , & des maifons , &; de la 
chofemefme dot ils fevoudroient 
feruir à quelque effet , foit arme, 
monnoye , marchandifc , pierre, 
met al, plante ou bcfte. Il nyapas 
moyen de fouftenir de telles opéra- 
tions, filon ne monftre qu a toute 
heure les chofes d^cy bas peuuent 
reccuoir de nouucllcs Influences, 
foit des Aftrcs ou des figures qui 
participent à leur pouuoir, mais ce- 
la dcftruiroit la doftrine de Tho- 
rofcope qui fait croire queles hom- 
mes font principalement alferuisa 



Des Talismans. %y 
ce qui leur a cftéordonnc des leur 
première heure , & que les beftcs 
& les plantes font dans vnefujct- 
tion pareille dés Imftant de leur 

produdion, & les Royaumes & les 
I/illes, des Imftant de leur fonda- 
tion. Si Ton tient que cela puiflc 
cftre changé, c'eft rcnuerfcr toute 
'Aftrologic, & cependant Imuen- 
ion des figures en tire tous fcs fon- 
demens. Lafillevoudroit-elledôc 
ruiner la Mere. Elles ne peuuent 
liibfifter toutes deux dans ces con- 
■ trarictez. 



I II 

m 



lit 



tS D es T al 1 s ma k 




38»' 





Ves raifonsles flm fortes qui comhdt-^ 
tent les Talifmdns , & de leurs plus 
fuhtiks defenfes -, é^ue eeux que. 
ton fait pourfoy font inutiles , en- 
core qutls ne contraignent pas la 
Volonté y Que ceux que ton prétend 
ejlr êtres- naturels, comme de chaf- 
fer les heftes Jejlourner les orages^ 
& guérir les maladies ne fçaurotent 
dujsiéuoir aucune puiffance. 

Sect. IV- 

CE ne font pa^ les feules raj- 
fons dont l'on abat le crédit 
de CCS Figures Conftcllées ou Scul- 
ptures Talifmaniques,mais il ne- 
ftoitpasbcfoin d*en"dircdauanta- 
ge contre celles que l pn prétend 
auoir du pouuoir fur la volonté. 



Des TalismansT 
C'cftoit aiTcz de les condamner par 
là. le rcfcruc les plus forts arguracs 
contre celles qui n*ayans pas de (i 
hautes promelTcs , en ont acquis 
plus d authorité cnucrs les cfprits 
crédules. 

le ne fçay fi l'on mettra de ce no- 
brc celles que Ion fait feulement 
pour fe procurer quelque bien à 
foy mcfme. L on les peut deifendrc 
fubtilcmcnt , pource que tant s'en 
faut que Ton entreprenne par elles 
dcforcer la volonté, qu'au contrai- 
re c'cft à deflcin quelles la fuiuent, 
& qu'elles produifent des effets cô- 
formcs à nos intentions. l'anouc 
bien cela , mais pour defircr vnc 
chofelo ne l'obtient pas toujours, 
& fi la volonté n'y répugne point, 
les habitudes de lamc^: du corps 
y peuuent contrarier. Vous faites 
des ligures à deffcin de vous rendre 
fçauât ôc eloquent,Ôc devons faire 



■ 



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3° 



Des Talismans^ 



I 



vmrclongucmcnti Voftrc volonté 
y confcnt , mais la ftupiditc de vo- 
ftrc efprit la foiblcffe de vos prin- 
cipaux.' membres rcfiftcnt à cela. 
Quel pouuoir ont les Talifmans, 
pour vous faire autre que vous 
n eftes ? Il vous faudroit rcpaiftrir 
& vous faire rcnaiftre. Les figures 
ne peuuent faire ce que les Aftres 
mcfmcs ne fcroientpas. Sidés vo- 
ftre naifTance ils vous ont porté à 
Tignorance & aux infirmitez, de- 
rtruiront-ilscc qu'ils ont ordonné? 
Cela n*a aucune aparcnce, & cette 
côtrarietcie trouue autant au bien 
que nous dcfirons pour nous, qu'au 
mal que nous voudrions procurer 
aux autres. Il ne faut point fc flat- 
ter fur ce que noftre volonté s ac- 
corde au bien que nous dcmadons, 
aulicuqucla volôté des autres fuit 
le mal que nous tafchons de leur 
faire j Ce n cft pas delà feulement 



Des Talismans." 3^ 
que dépend rdFcâ:. C cft de la ver- 
tu d vne Inflencc nouucllc que Ton 
veucoppofcrà lapremierei Orcet- 
te dernière ne peut pas eftrc plus 
puiffantequerautrc qui s*eftforci- 
ficcparlctcmps,& puis filon ad- 
met les Influences , il faut croire 
qu elles ne pcuuent ceffer de regar- 
der leur objet, autrement elles ne 
fcroicnt pas înfluences. Les figures 
que l'on fait volontairement pour 
foy ont donc en cela le mefme in- 
conucnient que celles que Ton fait 
pour Forcer la voloré d autruy ,mais 
il cft vray que celles quelo fait cô- 
trcles autres ont encore cela déplus 
cmpcfch ant. Si Ton veut Ion n cm- 
ployera contre elles que cequciay 
defia dit. Les autres raifons que 
lay à dm fontneantmoins contre 
toute loi ce de figures, mais pourcc 
qu elles fontprifcs fpeciaieraentde 
lanatur« de la chofcdont il s'agit. 



I 



Des Talismans.' 
elles font refcruécs contre celks 
dont Von iugc TefFcd plus natu- 
rel. 

Lonnefaitpas beaucoup dedif- 
ficulté d*auoùcr que les Aftrcs ont 
du pouuok fur toutes les chofes 
corporelles , ôc de là Ion prétend 
queleurslmagescn doiucnt auotr 
aufll ; (pelles pcuucnt empefcher 
que la pluy e ^la greflc, ou Icfoudrc 
ne tombent en quelque lieu j qu el- 
les ferucnt à la confcruation des 
fruidsi qu'elles pcuucnt garder les 
troupeaux de beltail de tout péril, 
chafler les animaux nuifiblcs de 
quelque endroit, 6^ remédier à 
quantité de maladies qui arriucnt 
au corps humain. 

L oh pcnfc auoir trcuué en cela 
vn fccrcc naturel de failable. L'on 
ne s'imagine pas que Icspriuilegcs 
de quelque haute faculté y foicnt 
;nrf:',rreflG7. comme ceux de la vo- 
lonté 



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p£s Talismans. 
lontc de Thommc. Bien que loa 
promette de commander par là à 
des animaux irraifonnablcs, les fai- 
fantallcroulon voudra,& lesgar- 
dant d approcher de quelque lieu, 
il n cft bcfoin que d'agir en cela fur 
leur appétit qui cft entierementat- 
tacheàla matière, & peur reccuoir 
de l'altération par elle. Quelques 
yns tiennent donc que l'on peut 
croire fans ofFencc, que les Aftrcs 
crtans les SouuerainsCorps du Mo- 
de, gouucrnét tous les autres Corps 
Inférieurs, que 1 amedesbeftcs 
qui dépend de la matière corpo- 
relle, en peut receuoir les impref- 
fions eomme tous les autres Corps, 
^que fil onfçayt Tart de faire des 
Tmages qui reçoiucnt l'Influence 
des Aftrcs , elles auront les mcf- 
mcs eftcts.Mais quand nous Accor- 
derons que les Aftrcs peuucnt di~ 
uerfificr les Mctcorcs, nuire ou pré- 

C 



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34 Des Talismans. 

fiter aux fruits , retarder ou auan - 
cer la gucrisb des maladies , àc gou- 
ucrner Vappcnt des Bcftcs, Icmcf- 
mc pouuoir doit - il eftrc attribué 
aux figures que Ion fait fous leur 
afcendant ? Ccneft pas la matière 
dont on les fait qui agit> Si cela 
cftoit , il ne faudroïc que s en fcr- 
uirfans autre obferuation. De dire 
aufliqueccfoit lafigurequcl on y 
taille ou que Von y grauc , quelle 
îiouuelle puiflance apporte-t'cllc à 
la matière qui demeure toufiours 
icmblable ? Ceux quiloufticnnent 
cette opinion , allèguent que la di- 
uerfe figure rend les corps plus pro- 
pres pour agir en de certaines a- 
(ftions ; Qu vn morceau de fer ré- 
duit en boule va au fonds de IVau, 
mais que s'il eft large 6c fort dcflié 
il n'enfoncera pas. C cil: vnc erreur 
-<le croire que le fer ou autre métal 
réduit cnfueillc,nageàcaufc de U 




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Des TALiSNtANsr 
figure ;quc Ton en fafTc vnc maflc 
ronde, triangulaire, quarrée , ou 
cornue par diucrfcs irrcgularitcz, il 
enfoncera également , 6c que fcs 
fucillesfoient coupées en triangle, 
en quarré, en pentagone en he- 
xagone, elles nageront toufiours. 
Cela vient auffi de la quantité, & 
non pas de la figure , & cette quan- 
tité ne doit pas cftrecôfidercc en la 
largeur de la fucillc j car la quantité 
de la fucille eftcndue cft parcilleà 
celle de la maffc. L o lapréd deTef- 
paifleur qui cil fi petite que Icaa 
qui eftdcllbusfctrouuâtplus lour- 
de eft capable de la fouftenir. 
Quelque largeur quayt la fucillc 
cela n cmpefchepas quelle ne foie 
fupportée, car chaque partie n'cft 
quafi qu^n atome , & ces parties 
n eftans point Tvne fur l*autrc,mais 
cftenduifs dans leur liaifon , elles 
trouuent toufiouts leurfoufticn,& 



3^ Des Talismans? 
foie qtfcllcs finirtcnt en rode ur ou 
en pointe, ce font toufiours de très- 
petites portions de métal, qui en- 
core quelles foicnt capables de 
fairevne malTe alTez lourde eftans 
raffemblées en globe, ne font pas 
fipefantes eftans vnies en largeur, 
àcaufc que chaque partie cft toute 
fculcà prcffcr Teau; Et en ce cas là 
quand il y auroit vne fucille de mé- 
tal aufli large que la Mer, elle s'y 
pourroit fouftenir quelque figure 
quelle cuft en fcs bornes, puis que 
ce font feulement des parties ad- 
iouftécs ou retranchées j ôc fi Ton 
auoit coupe cette feuille en autant 
de pièces quelle a d'atomes, elle ne 
fcroit pas plus aifée à fupportcr , a 
caufe que les atomes n eftans col- 
lez qu en largGur,n enfojnt pasplus 
lourds. ïe penfe que cela cft affez 
clair pour faire connoiftre larauffe 
ilibtilitc de ceux qui deffendcnt le 



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Des Talismans. 
pouuoir des figures. Mais ie leur dH 
ray ,cncorc que s*ils mcfprifcnt les 
limites delà fiieille, comme Ion les 
doit mefprifer , ils croyent donc 
quec cft la figure plattc quilafait 
nager, mais fi cela eftoit elle pour- 
roit encore nager lors qu elle feroit 
fort efpaiffe, çc quelle ne fait pas, 
d autant que la quâtité y répugne. 
Vne planche de bois qui feroit en- 
coreplus efpaiffe, nagcroit facile- 
ment, pource que leboisneft pas 
fimafTîf^&non pointàèaufedefa 
figure platte: car iettcz vne boule 
de bois dedans leau , elle nagera 
de mefme que la planche , telle- 
ment que l'pn connoift que ce n*eft 
pas la figure qui opère en pluficurs 
adions corporelles. 

Lon rapporte l'exemple d vn 
clou qui entre dans le bois fort fa- 
cilement à caufc de fa pointe. En 
cccy il faut aupûer que fa figure 

C uj 



ig Des Talismans. 
iRrt^mais c cft parce qu clic cft loin- 
^[c à Ca maffiueté & dureté , autre- 
ment fi la feule figure pointue eftoic 
capable de fe faire ouucrturc, il fau- 
droit quWn petit morceau de 
cire allongéen pointe, euft le mcf- 
me cffed. l cy les aducrfaires croy as 
aupir gagne, difent que leur figure 
opère aulTi aucc fa matière comme 
cllans fort propres chacun de leur 
part à l'effet cjue f on en rechercha 
Ils adioultent vnc autre compa- 
raifon de la pierre ou du bois, qui 
cftans maflifs ne fçauroient tenir 
l eau ôc y font rendus propres en les 
crcufant. L on cbnoitt à cela qu'ils 
s'imaginent que leurs, figures rc- 
çoiuent l'Influence des Aftres de- 
dans leurs graueures , cequ ils con- 
firment par Tcxcmplc de ces mi- 
roirs bous quireçoiucnt mieux la 
chaleur du Soleil quelesplains,iuf- 
ques à bruller ce qui leur cil expofé, 



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Ô023/A/1 



Des Talismans. 39 
Et des diucrfes parties delà terre qui 
font plus ou moins efchauftécs,le- 
lon qu elles font plattcs ou monta- 
gneufcs, en quoy il faut remarquer 
encore qu'ils croycntquefi lo pre- 
tendoit Faire dcsTalifmans par des 
figures qui fuffent feulement pein- 
tcs^lon trauailleroit vainement. Si 
cela cft, dautant plus que leurs fcul- 
ptures feront grandes ^ leurs gra- 
UGures feront profondes , daucanc 
plus auront elles de forcc.Mais ils 
ne font point mention de cette 
particularité , & témoignent que 
s4l n'y a que la figure qui foit requi- 
fc, il n importe de quelle grandeur 
elle foie. Ils dcftendront cclacn ce 
cjuHls croyent que leslnfluencesc- 
ftans cres-fubtiles n agiffent pas à la 
manière des chofes groflicrcs , ôc 
qu'il ne leur eft pas befoin de beau- 
coup d*efpacc pour eftrc receiies, 
comme s'il y en demcuroit plus 

C iiij 



■4. 



'4 



grande quantité, d*autant plus que 
le lieu fcroit capable de les conte- 
nir ; Que leur cfFcd cft cfgal 
fur vn corps grand ou petit ,pour- 
ueu qu'il foit bien difpofe. Mais 
quel auantagc tirent-ils delagra- 
ucure? Ils dil'ent que comme la fi- 
gure dVn lyon eft autre que celle 
dVn homme, auffirinfluencequi 
cftrcceu'c dans chacune eft diflcm- 
blable. Ils appliquent icy lafimili- 
tudedcs miroirs & desboflesde la 
terre qui rcçoiucnt la chaleur du 
Soleil diuerfcment; mais quelle di- 
uerfité de chaleur y aura t'il en vnç 
pctitcfigure delagradcur d vn te- 
uon? Que s ils difcnt queladiuer- 
fitén*e(1: que dans l'lnflucnce,poui:- 
quoy vfcnt-ilsdoncdcccsfimilitu- 
des ? Dailleurs la chaleur du Soleil 
cft toujours chaleur, ôc cefont les 
lieux qu elle touchequi lareçoiuet 
auec différence; Vculcnt-ils dire 



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Des Talismans.' 41 
auc les Influences foicnt auffi tou- 
jours fcmblablcs , ôc qu'il n y ayt 
fluc les figures qui les diuerfifient? 
ïls le peuuent peler ainfi.puis qu'ils 
raportent Icxcmple du cachet qUi 
félon la figure que Ton y a graucc, 
marque diucrfement la cire. Mais 
iquelqucs vns arrâgeront cclaaucc 
lus d ordre y difant que le cachet 
qui imprime la cire fclon fa figure, 
doit cftre comparé au Talilman 
iqui agit diuerfement fur les chofcs 
fqui luy font fujcttes, félon Tlmagc 
, ^^cl'Rï^y^grauéc.Quaurcftecct. 
T 'te Image n'eft point ce qui chan- 
ge rinfluence des Aftres , mais qu il 
Paloit qu elle fût tellepour s'y acô- 
moder. 11 eft bien difficile à croire 
pourtat que cin q ou fix petits coups 
de burin qui changeront la figure 
dvnchat en celle d Vnlyon,&: la 
figure dVn homme en celle dVnc 
||îemme, foient caufc que le métal 



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Il 



où cela cft gtauc, foitproprçàrc-, 
ccuoir quelques Influences plutolt 
que d'aùttcs. Où font les prcuucs 
quimôftrcntque cclafc domc tai- 
reîSil'on n'en apporte point . ie ne 
fuis pas obligea fournir dcdeffcn- 
fcs. Mais ce n'eft pas icy que ie veui 
examiner particulièrement la puil- 
fance que l'ori attribue aux Mires; • 
nia faut concéder en quelque for- 
te, & monftrer que quand elle fc- 
(oitcc que Von dit, elle ne fcpour- 

roit pas communique aux métaux 

& aux pierres par vnc fimplc gra- 
ucure. 

Toutefois ceux qui fouftienncnc 
IcsTalifmans ne manquent poinc 
d'afTcurance. Si l'on leur objcftc 
que l'ouuricrqui grauc la figure eft 
quel qucfois enfermé dans vn e cha^ 
brc,& que mcfmes quand il fcroit 
defcouuert,lc Ciel eft fouucnt cou 
uert de nuages, & les Afttes dont 





Des Talismans»' 45 
l'on implore lafaucur,fontfiéIoi- 



'il n'cft 



ils 




I 




is a croire c] 
icttcnc leurs rayons iufques fur iuy 
ôc fur fon ouurage \ ils repondront 
^iquc de vérité la chaleur la lumiè- 
re ne viendront pas alors iufques là, 
mais que rinfluence eft vnc facul- 
té qui le communique plus loin , Sa 
qui franchit tous obft acles , pour fc 
ioindre aux chofcs qui ont de la 
correfpondance auec clleiQujly 
^ beaucoup de chofcs quiagiflent 
ainfi par fimpathie T vn c cnucrs Vau 
tre malgré la diftance; Qucfilon 
applique vn certain vnguentfym- 
pathique fur vn couftcau qui a fait 
vnc playe au corps dvn homme>ou 
fur fa chemife enfanglantce , il s en 
trouueguery ^ Que les vins fetrou-^ 
blent dans les caucs , lors que les vi- 
gnes font en fleur, Que deux aiguil- 
les eftans touchées d'vn mefmc Ay- 
mant, l' yne fe remue à l'cgal de Tau- 



44 Des Talismans. 
trc, & que la pierre d'aymant atti- 
re le fer & le fait remuer au traucrç 
dVne cable. îsiais la gucrifon des 
playes parlynguent fyiiipathiquc 
ncft pas fortauerec,ragitationdu 
vin fe fait à caufe du changement 
de temps, le mouuement des deux 
aiguilles cft fort foupçonncux, & 
quant à la pierre d Aymant , bien 

3 u elle ayt cette faculté naturelle 
attirer le fer ciî ncft que dans vnc 
fort petite diftancclls repartiront, 
que IcsAftrcs ont bic aufli vnc autr ç 
Vertu , èc que quand l'on auroit ré- 
futé tous les exemples quilsen au- 
roicc cherché icy bas , cela ne feroiç 
rien contre eux, de forte que leur 
ppiniaftreténepcut cftre conuain- 
cuefur ccpoinà. 

Il ne faut plus s*eftonner après 
comment ils croyent que la pierre 
pu le métal, ay ans reccu vne certai» 
ne figure fous desAftres conucna- 



i 



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Dès Talismakî: 4j 
blcs ont des opérations extraordi- 
naires , quoy qu auparauant ils ne 
fiffent rien de pareil. Icy lescom- 
paraifons leur font bien plus auan- 
cageufes. Ils difent que l'on trouuc 
ainfi plufieurs chofes qui n agiflTent 
vpointfi elles ne font excitées iQac 

pour faire que certain es herbes ren- 
dent de lodcur, il les faut efcrafer 
entre les doigtS)Que f Ambre n at- 
tire point les feftus s'iln cft frotte^ 
Que la chaux ne monftre point fa 
chaleur fi elle neft mouillée, & le 
caillou ne produit point de feu s'il 

ûcftbattu; &quauant quelcshô- 
me« cufTent apris IVfage de toutes 
ces chofes,ils en pouuoient ignorer 
1 . Icffea:, ne le deuinans point à les 
K I confiderer feulement. 11 leur faut 
àuoiier cela, mais Ion leurpeutdi- 
' rc aufli , que ces chofes ont en elles 
; le principe naturel de ce quelles 
font , lequel demande feulement 



4é Des Talismans? | 
d'cftrc vn peu aydcpar TcxtericuMii 
& que Ton ne croit pas qu il en foicf 
de nicfmc delà pierre oudumettl. 
Us répliqueront que pour guérir de 
certaines maladies Ton prend des 
pierres quiy font dcfia propres d'el- 
les mcfmes , & que la figure que 
Tony grauefouscertaine conftel- 
lation^les y rend encore meilleures,] 
6c que le Bczohar qui alaforccdej 
chalTer les venins eft rendu fouue-^ 
rain cotre ccluy du Scorpion , fi on: 
y grauela figure de cette befte,fous| 
1 alcendant du Scorpion celefte. llsl 
nous veulent pcrfuader cela, maisP 
fi cette Pierre guérit, ce n'eft quei 
par fa propre vertu; Dailleurs loni 
fe fcrt de quantité d autres pierres,] 
ôc métaux qui n ont aucun pouuo in 
en eux touchant ce que Ton defire: 
car od en trcuue-t on qui puiffcnr 
efchcr la pluyc & lagreflc,&: 
garder les moutons dulouprMaiSj 



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Des T alismans- 47 
ccdifcnt^ils,lagraucurc leur don- 
ne cela: Comment ctla fe fait-il fi 
la matiereny lafigurc.n ont point 
»vn telpouuoir? E(t-cc qu'elles ont 
chacun quelque chofc de manque 
•qui cft reparc par leur aflemblagc, 
donc il fc fait vue harmonie tres- 
puiflantc ? C eft icy leur pcnfcc que 
âious n'approuuospas neantmoins, 
car il eft malaile qu-^dc deux cho- 
-1 fes imparfaites accouplées , il forte 
tantdepcrfeéliô: mais ils nauouG- 
m\ ronc pas aufli que ce foicnc des cho- 
ftflf fcs imparfaites qu'ils cmploycnt, 
ij^. furquoy il les faut examiner. 



Que U mdticrc dont Ion fait lesTalift 
u 'mansy ejl inutile , 0* que chaque 
métal & chaque pierre ne font f oint 
fuiets particulièrement k quelque 
Planette. 



Sect. V. 

J^^Euxqui Ibufticnnét la puif- 
\^fancc des Talifmans nous 
diront qu ils n cri font aucun donc 
la maticrc& la figure ne foiét fort 
propres à ce qu ils cfpcrcnt j Que s'il 
y a des pierres & des rùetaux que 
Ton connoift défia eftre vtiles à la; 
vuerifon de quelques maladies, il 
y en a d*autrcs dont la vertu n eft 
pas moindre poUr eftre fecrettc. Si 
Ton leur demande comment ils la 
connoiffcnt , ils rcfpondront qu ils 



mm 




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Des Tàlisma 



N S. 



49 



He fçauroient cftre trompez à cela, 
que Ton fçayt quels font les mé- 
taux, les piecrcs, les plantes & les 
animaux qui font fufcts à chaque 
Aftrc, ^qucdelalbn infère qu'ils 
doiucnt auoir telles & telles pro- 
prietcz j Qiic pour les figures Ton 
fçayt pareillement celles auec qui 
les Alîrcs ont quelque cor rcfpon- 
dance , qui expriment l'elFea 
que Ion dcfire. O foibles Efprits 
qui adiôuftez foy à ces chofes pcn- 
fez- vous qu'il fdit vray que telle &c 
telle matière foit afTuicttic à vnc 
telle Eftoillc > félon que dcshom- 
Pmes fuperfticieuxlont arrefté?Nc 
voyez vous pas qu'ils ont rangé 
chaque pierre & chaque métal fous 
quelque degré, pour accommoder 
leurs harmonies imaginaires?ll n y 
a que le Soleil qui ayt vnc vrayc 
aitioçifurlescorps, & mefmcsily 
en a qui font cachczfiauantdan» 



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'jo ' Des Talismaî^s: 
leurs mines, que leur cuifTon vient 
delà chaleur intérieure de la terre 
plutoft que de luy. Cherchons U 
vérité de cecy.Pourquoy dit-on 
que l'argent dépend de la Lune, 
largcnt vif de Mercure , le cuiurc 
de VGnus,le fer de Mars , Teftain de 
lupicer , le plomb de Saturne, ôc 
lor fculemêt du Soleil .^L'onauouc 
bien que le Soleil Tcrt à faire meurir 
tous ces métaux, mais que c*eft fé- 
lon qu il fcioint aux autres Planet- 
tcs.faifant vne autre Influence par 
leur côiondion. Us ne croiftroienc 
donc que das Tmftantqu'vne telle 
cbOellatio fc fcroit, ce quipâfferoit 
bref, au lieu que tous les corps du 
monde qui prennent quelque ac- 
croilTcmcnt , ne le font point par 
reprifcs , mais s y portent par vn 
mouucment continuel & infenfi- 
blc. D'autres diront que c'eft que 
les Pianettcs prcûdcnc iaceifam- 



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Des TalÏsma 



NS, 



51 

mais 




iticnt chacune 
comment 
.ji^.nc communiquent leurs facuiccz 
» quaux corps qu'ils regardent i 11 
en faudroit cftablir quelques vns 
au Ciel qui fuflcnt eflcuez fur les 
; lieux oii le trouuc le métal qui leur 
" cft attribue, & qui n en parrifTent 
ïamais , de par ce moyen il y auroic 
plus grande apparence de croire 
qu ils fcroicnt caufe de telles pro- 
ductions y mais les Planettes qui 
font des Eftoilles errantes n ont 
point delieuaffcdé. De vrayilya 
des endroits deftinez pour chaque 
metal,mais cela procède des diucr- 
fesqualicezdela terre, & en quel- 
ques lieux cela vient aufli du fejour 
que le Soleil fait plus ou moins fur 
chaciuc contrée i mais quand la va- 
riété de Ilnfluenceprocedcroit de 
quelque afped qu'il auroit auec les 
autres Planettes , pourquoy attri- 



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Des Talismans^ 
buera t on plutoft vn mctal aui 
vnes qu aux autrcsa es Aftronomcs 
fe règlent fur leur couleur. Ilsdon- 
ncnt lor au Soleil, parce, difent-ils^ 
quclorcft iaunccbmcluy.Groyéc- 
ils que le Soleil foit iaune ? Il cft ex- 
tremcmét blac.S'il eftoic iaune tout 
cequ il cfclaireroit paroiftroic iau- 
hallrc, 5c fa lumière ne feroit pas 
comme elle eft , vn cfclat fans cou- 
leur , qui fait voir toutes les autres 
couleurs. Il eft vrày que Ton diraè 
qu en efchauftant de certains corp^ 
il les faitiaunir, & quel or qui cfl^ 
iaune monftre fa parfaite cuiflbn^ 
N ous auouons cela, car il eft certain 
que ce métal tient fa pcf fedkio de cti j 
grand Aftre ou de quelque feu qui 
en dcpend.Mais pourl argent biert 
qu'il Ibit blanc, pourquoy depen-* 
dra-t*il de la Lune?Tous les corps 
quircçoiuent legrad éclat de lalu* 
tniucôclc reflefcbiffent^paroiffent 



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Des Talismans. 5j 
blancs, quoy qu*ilslbient dVncaii 
trc couleur, ce qui fe voit aux mu- 
railles & aux tuillcs des maifonsj 
Aufli la Lune neft pas blanche, 
Iprsqu elle n'cft point éclairée elle 
paroift noire , èc quand ce Teroic 
pour fa blancheur vrayc ou appa- 
rente, que l'argent dépédroit d'el- 
le , il deuroit aufli bien dépendre de 
l'Eftoille de Mercure & de celle de 
ycnus,& decelledclupiter,dautac 
qu'elles ont toutes de la blancheur, 
ôcmémes il eftcroyablequ cllcsem- 
pruntcnt auflilcur clartédu Soleil. 
O r fi leur vrayc couleur cft sôbre^&r 
leur couleur aparéte eft lablâchcur, 
pourquoy attribuera- ton lecuiurc 
à Venus ?Pour ce qui eft de lupitcr, 
lertain paroift blanc comme luy, 
mais ne merite-t il pas de prefidcr 
àTargcnt auffi bien que la Lune^, Se 
pourquoy n'cft ce pas clic qui prc-- 
lidcalcftainf La Lune eft vn Aftrc 



54 Des Talismans" 
qui domine fur la molcflc & Thu- 
miditéi lupitcr, à cequcl*on dir^ 
a quelque cliofe de plus fort&: de 
plus fec j L'argent qui cft plus par- 
fait que Icftain luy côuicnt mieux, 
& Teftain qui cft plus mol &plu$ 
humide doit cftredonnéàlaLunc. 
L on luy dcuroit aufli attribuer le 
vif argent plutoft qu aMcrcureiLc 
vif argent a vne agitation prom- 
pte ; Aufll n'y a-t'il point d'Aftrc 
qui ay t plutoft fait fon cours que la 
Lune, te vif argent fediuifc ôc fc 
rafTembleayfémçt tirant toufiours 
fur la rondeur; Cette inpôftanccfc 
rapporteà celle de laLunc quiprcd 
diuerfes faces , &: eft tantoft grand 
târoft petitCjgardât toufiours neat- 
moins quelques portions de fon 
cercle. En ce qui eft de Saturne qui 
cft d'vn blanc obfcur, ce n eft qu'à 
caafedefon cloignement; Et pour- 
ce qu il aa pas moins de blanchcuj 



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Dss Talismans! 



que quelques 



55 



autres 
artni 



il pourroic 







jparticipcr à leurs attributions. La 
Luncayantauffiprefque aurantdc 
taches obfcurcs quelle a déplaces 
blanches , pourroit encore eftrc 
prifcpourprefider au plomb autât 
iqua îargcnt. Lbn croit que Mars 
prcfidcaufcràcaufcdcfa rougeur, 
mais pourquoy ne luy a- ton pas 
plutoll attribué le cuiurc ? Le fer 
'cft rouge que quand il eft chaud, 
ira-t'on que fortant de la mine, 
c eft comme vnc terre roueeaftre, 
(Se que tous les autres métaux ont 
ainfi diuerfes couleurs, auant que 
d'crtre purifiez de leurs meflanges. 
C'cft vncfoiblc conieûuredcs'ar- 
refter là defllis pour leur attribuer 
à chacun leur Aftre. Outre leurs 
couleurs l*on peut encore chercher 
leurs odeurs ôc leurs faneurs , 6c 
quelques autres qualitez^mais elles 
font for; cachées, & quand elles Ce- 

Duij 



I 



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5^ Des Talis mansJ 
roicnt cuidcntcs il nyapasplusdc 
raifon de les attribuera vn Aftrc 
qu a l'autre. DailUars pour accor- 
der le nombre des métaux à celuy 
des Plancttes , Ion a mis en leur 
rang le vif argent , que pluficurs 
ne tiennent pas pour vn métal 
diftinft, mais pour vne matière ca- 
pable d'cftrc transformée aux au- 
tres metaux.Qoand i on trouucroic 
mcfmcs qu il ell métal & qu il y en 
a dcfept fortes, faut- il croire qu'ils 
ont du rapport aux fept Planettes 
que Ton nomme ? Il y a encore 
d'autres Aftres Errants j Ton en rç- 
marque autour du Soleil , autour de 
lupiter, ôcdeSaturnejllsdcuroiêt 
auffi auoir part à la domination. 
De dire que leur petitçflc en em- 
pefche i cela n'y fait rien. Les Af- 
tronomes donnent autant de pou- 
uoir à Mercure qu'au Soleil, en c« 
|[ui dépend de fa charge , encore 



Des Talismans. 57 
qu'il foit beaucoup plus petit à c6- 
paraifon de luy,quc ces petits Aftrcs 
ne le font au prix de Saturne ou de 
lupiter.Ilcftvray que Ton peut di-. 
r c en corc , que tous les pays du mo- 
de ne font pas defcouucrtsny tous 
les cachots de la terre, ôc qu'il y a 
1 peut eftre bien plus de fept fortes de 
^ metaux,ainfiquily a pl^de fept pla- 
nettes, 6c que ces métaux inconnus 
font fu] êtes aux Planettes connues 
Cela n'eft paspourtant affeuré, car 
Ton ne fçayt fi le nombre de ces 
métaux eft égal à celui desPlanetes, 
& fi Tautre n'excède point. Quoy 
qu-il en foit, il n'y a rien qui nous 
puifTcmonftrerque tous ces ordres 
ay ent vne règle certaine , de qu'en- 
core qu il n'y ay t que (cpt Planettes 
& fept métaux, les métaux do iuent 
dépendre des Planettes ôc çn tenir 
leurTpuodudion. Poféquc celafoit 
c'eftYiicrcacotrc dclaNaturcda- 



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I 



jS Des TAti£MANs7 
uoir fait ccschofcs en pareil nom-^ 
brc. S'il fc crouuoit douze métaux 
lonlcsactribueroit auxdouzcs Si- 
gnes , & Ton fcgefneroit Tima- 
gination pour y trouuer du 
rapport. Que fera- ton de plu- 
fieurs autres corps mixtes quilonc 
en moindre (Juâtité. L'on en attri- 
buera vn à deux PU trois Plançtte% 
&; de ceux qui font dauâtage corn- 
lïiQ des plantes des animaux dot 
le nombre eft fort grand,il y en aur 
yaplufieurs pour chacune. Gela ne 
saccorderappintjcaràpeinetrou- 
uc-t*ô vn corps qui participe luifeul 
de la nature de deux Planettcs dif- 
férentes , & plufieurs autres qui en- 
corequc fortdiffcmblables doiucc 
cftrc affuj ettis à vne feule, outre que 
les raifons deleurfubje£tion nonc 
^ucun fondement. 
Les pierres precieufes sotattribuecs 
aux Planettes auec aufTipcudc fur 



ce 

Ml 




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Des Talismans? 59 
jet qar les m et aux. La Luncprcfidc 
au criftaU Mercure à lagathc, Vc- 
1^us à rEfmcraude^ leSolcilà TEf- 
carboucle,Mars au Diamant, lu- 
piter au Saphir^ôc Saturne à la Cor- 
naline. Pcur-cftrey a-t*il encore en 
quelques vnes quelque rencon- 
tre de couleur ainfi qu aux me- 
jaux , ipais cette confidcration 
n eft pas moins vaine. L on attri- 
ueauffi aux pierres diucrfcsfacuU 
ez, lefquell es Ion croit dépendre 
ellnfluencc des PlaHcttcs,com- 
e aux vnes de prcfcrucr des ve- 
^nîns, déporter bon- heur partout, 
d'cftrc vn indice de la maladie de 
► ceux qui les portent par vn teint 
gay ou blaffard , mais lefprcuuc 
ii*en fait rien connoiftre,& quant 
auxPlanettes,ce ne font point el- 
les qui leur donnent leurs diucrfcs 
proprietez , foit qu elles ibient 
fîioindrcs^oufortdiffcrcmcs de ce 




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"60 Des Talismans 
quclon dit. Ceft letcrppcramcnt 
oc leur matière fclonqu elle fctrcu- j 
ue,&la diucrfc adion du Soleils: ! 
lie la chaleur interne. La vancté 
du cours des Plancttes &lesdmcrs 
lieux où s'engendrent les pierres ne 
s'accordans point aùfli cnfcmble, 
monftrent que fi ces corps mixtes 
font redcuablcs à quelqu vn , c cft 
au fuprcme agent corporel. Il en cfl: 
de mcfmc de tous, ainfi que nous 
auons reconnu en traittantdeleuç 
cflcncc , de forte que c'^ft en vain 
que Ton penfe faire quelque gran- 
de opération , choiliflant plutoft 
lesvnsquclcs autres poury grauer 
des figures fous Tafcendat de quel- 
ques Plancttes. Siron en veut ran- 
ger aufTi fous chaque Si^ne du Zo- 
diaque, ce font encore des rapport^ 
<jui n on t pas plus de certitude* 



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Des Talismans* 



4 ê> -i> 4 




t'dt 



Da la^anité des figures ^ue ton attr^ 
bne a»x PUnettes 0* dtous 
Us Signes, 

Sect. VI. 

OR commclc choix des iTia-î 
ticrcs eft inutile pour fabri- 
quer les Talifirians ^celuydes figu- 
tcs que Ton y taille l'eft encore a a- 
Uéncage. Quelle puifTance peut 
auou pourla Lune là figure dVnc 
femme ay ant vn eroiflant fur la te- 
fte j Pour Mercure vn homme 
ayant deux aiûcsaux talôs & deux: 
autres fur fonchappeau, ayant en 
main vne baguette entortillée de 
lerpcns ; Four Venus vne temmc 
nue accompagnée dVn enfant aif- 
lé portant l'arc ôc le carquoisiPour 



ii" Des Talismans^ 
le Soleil vn ieune homme tenant 
vne lyre, pour Mars vnfoldat,&: 
pour lupiter vn homme couronné 
tenant le foudre, pour Saturne vn 
vicUard tenant vnefaulx?Cc font 
des rcfucries qui ont cftc fondées 
fur la rcligiô des Payésjéfquels ont 
donné lenom de leurs Dieux prin- 
cipaux à chacun des Planettes. Co- 
rne ils Ids ont fait de tel fcxe & de tel 
âge cju lisent voulu, leur donnant 
aufsi des armes a leur fantaifie, la 
figure que Ion en fait ncfçauroit 
auoir aucune force. Ces reprefcn- 
tations font bonnes dans des ta- 
bleaux pour rcfiouyr la Veuë , ou 
pour desftatuës qui feruent d'orne- 
ment aux édifices; ôc pour leur plus 
grande ytilité Ton les employera 
auxdeuifcs ôc aux emblèmes, auec 
quelque fcntcnce efcriteaudeffous 
ou quelques vers; Et fi Ion les veut 
laiflcr muettes & fans aucunes Ict- 



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DesTalismanu^ 
trcs , elles pourront encore fîgni- 
fier myftiqucment les chofcs que 
^l'on leur attribue , parce que Ton cft 
^demeure d'accord de cela ducon- 
fcntcmcnt des Nations, ainfi que 
de la valeur de certains caractères 
àquilefculvlage donne de la for- 
ce : mais quelles ayent du pouuoir 
^fur les chofcs qu'elles lignifient, 
c'efl: vne erreur aufTi grofsiereque 
ronenpuiffeauoir. 

Quant aux figures que Ton fait 
fous chaque Signe , il ny a pas 
plus dapparence de leur atttri- 
buer quelque faculté. Elles ont 
pourtant cccy de plus que ce font 
les mefmes figures que l'on attri- 
bue aux Signes dedans le Giel.Mais 
quelque conuenance que Ion treu- 
ue dans Tordre des Eftoilles , ces 
I mages n y fçauroient cftreplutoft 
reprcfcntécs que d'autres fort dif- 
fcrcntes , & h celles qui font dans 



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64 Des Talismans! 
IcZodiâquc portent ces noms, c'cft 
pourfignificr quelque chofc qui ar- 
riuclors que le Soleil pafTc pat cha- 
cune des douzes Maifons fous lef- 
quelles fe font les douze mois deî 
l'année. Le Signe du Bélier fut au- 
trefois appelle ainfi (à ce que difont 
lesAftrologues) pourcequilheur- 
toit de fes cornes, les bornes de Tart 
nouueau. Vnc clef eufl: efte plus à 
propos pour eh ouurir les portes,* 
D'ailleurs piiis que Tannée ne com- 
mence plus par le mois de Mars qut 
dépend du Bélier , mais par le mois 
de lauicr, fur lequel pfcfidelc Ver- 
feur d'eau , Tfmage de ceheurteuf 
de born es n*eft plus necelTaire dans 
kraoisdeMars. LeTaureaueftlc 
Signe d'Auril, pourceque la terre 
crtpropre alors à cftrc culciuée, ôc 
qu'il ell téps d*accoupler les boeufs 
à la charrue pour labourer. Cette 
figure eft bonne poux reprefcnter 

cela. 






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Des Talisî^ans: 
mais jpcut-cftrc que la charrue y 
cuft auffi bien conucnu & fe fuft 
autant accommodée à la difpofi- 
tion dcsEftoillcs. 

Le Signe des Gémeaux prefide 
au mois deMay,àcaufc.qucIe So- 
.cil commençant deictter fespîus 
forts rayons fur la terre, fcioint à 
lie pour luy feruir demary, com- 
me elle luyfcrt de femme, & pour 
faire produire quantité de frui(fts. 
Celâ monftrc auiîi en particulier 
uetous les corps qui luy font fu- 
. j ets , tendent alorsà fe ioindre donc 
i il arriue plufieurs générations. La 
lïiodeftieafait reprefenterdanç ce 
Signe deux ehfans qui fe tiennent, 
aulicuquelesAftrologuesse ima- 
ginoientpoflible autre chofe. 
^ LeSigncdeluin eft appelle l'Ef- 
crcuice à caufc que le Soleil com- 
^ mence datis ce moisà retourner en 
^ arrière , ce que Ton a voulu figurer 

E 



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66 



Dhs Talisman 



1 



par cet animal qui Vaà rcculon£ 
Le Signe de luillct cft le Lion, 
pource que le Soleil eft alors roux 
& ardent comme vn Lyon , ce qui 
efl: encore rcprefenté aiîcz médio- 
crement bien: Mais pour laVicr- 
<r€ qui règne en Aouft ,à caufe ( dit- 
on ) que la terre cftant bruflée de 
1 ardeur du Soleil i commence à 
deuenir fterile , de neplusproduirc, 
bela eft crcs-mal à propos.Ccllc qui 
aproduit ôcqui ccffe de produire, 
îic doit pas eftre appcUée Vierge,- 
niais Yieillcfcmme,ouveafueficl- 
îc a perdu fon mary. Au refteccla 
cft hors de raifon de dire que la 
terre cefle de produire au mois 
d*Aouft i Elle ne conçoit plus à la 
verité^mais c cft alors cycles fruids Mi 
qu elle a nourris eftans en leur per- 
fcd-ion font prefts à eftre cueillis, 
tellement que Ion pourroit encore 

mieux reprcfcnter cette failbn pa- 



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M 



IllK. 



Des Talismans. 67 
vnc femme groffe, ou mcfmepar 
vnc femme qui accouche. 

La Balance cft le Signe de Scp^ 
tcmbrc,pource que IcSoteil tient 
alors en concrepoids ies iours & les 
nui£i:s,&lcs rend égaux. 

Le Scorpion cft celuy d'Odo- 
bre , pource que l air commence 
alors à le refroidir 6c à piquer ain- 
liquelesScorpiôs qnimortondans 
de leur traifnce vcnimeufe là rcrre 
^où ils xBarchcnc , la font deuenir 
toute feichc comme vnc pcrfonnc 
cmpoifonnec. 

Le Sagitaire ou Archer qui rè- 
gne en Nouembre veut dire qu^a- 
lors la belle faifon, cft entièrement 
abatuë à coups de flefches que le 

Çieldécochc,quifont les vents ôc 
lespluyeS. 

. Le Capricorne 011 Cheurcuil cft 
le Signe de Décembre , dautanc 
quainfiquvn chcurcùil faute & fç 

El) 



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D ES Talismans^ 



dreffc , ainfi le Soleil commencé 
alors à fc hauffer de l'hemifphere 
inférieur au fupericur. 

Le Vcrfcur d^Eau qui eft pour | 
lanuicr, c cft à caufe qu en ce temps j 
là il tombe beaucoup d*eau du Ciel, 
foit en pluyc , en ncge ou en fri- I 
mats. 

EtpourlesPoiffons quircgnenc 
en Feuricr ,1 on veut encore mon-- 
ftrer par eux la mcfmc chofc , &c 
que l'air cft fi couuert & fi chargé 
d'eau en cette faifon , quemefmes 
les animaux terrcftrcfi femblent e- 
ftrc aulli aquatiques que Us poif- 

V oi 1 a pour quel fuj et les Eftoil- 
les qui Lont en chacune des douzcs 
parties du Zodiaque , ont eu tels 
noms ôc telles figures, afin de re- 
prefcnterce quiarriue fous chaque 
mailon du Soleil. Noùs approuuôs 
cela pour les diftuiguer ryne d a- 




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Des T alism ans, 69 
uec lautrc , mais nous ne deuons 
point croire que de telles Images 
ayent quelque pouuoir en les gra- 
uant fur la pierre pu fur le métal. 
Nous voyosquc quelques vnes me- 
irics font mal apropriees, comme 
leBelier & la Vierge, & les autres 
n c font pas fi bien 5 que Ton ne puft 
inuétcr quelque chofc de meilleur. 
Pourquoy ces Images auront-elles 
de la puifTancc, puis que Ton les a 
inucntées à plaifir^ 6e que Ton en 
pouuoit trouvicr quantité d* autres 
plus conformes à Tordre des Eftoil- 
ks? Daillcurs , combien les faifeurs 
dcTalifmans fonttrompezà cela, 
fi pour agir par la refTcmblaRCe 
lors qu'ils veulent opérer fur quel- 
que animaldclaterrc,ilsfont la fi- 
gure de ccluy qui efl: au Ciel fous U 
conllcUation que 1 o luy actribu'ci 
Pour cncrraiffer les bœufs & les 
vaches . ils feront la figure du Tau- 

E ii j 



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i 




70 Des Talismans. 
reau en. Aurll ; Pour fc garentir des 
Lyons en pafTanc par les défères de 
Lybic, ils feront la figure du Lyon 
au mois de luillcti Pour fe guérir 
dclamorfuredufcorpiôjils feront 
la figure de cet animal fous laco- 
ftcllati6d'Oâ:obre,&pQurpcfcher 
quaticé de poiflon,ils graueront les 
Poiffons au mois de Feurier. Ce 
font là des erreurs qui nous font 
maintenant aflez faciles à connoi- 
ftic. Ces Signes du Ciel ne portent 
pa^ tes noms pour auoir la figure 
cie tels animaux, ny parce qu ils y 
prefident , c*cll pour reprcfenter 
myftiqucmenr les cfFedsdu Soleih 
Auifi n eft-cc qu a luy fcul que Ton 
doit rapporter tout ce qui arriue 
aux choies corporelles. Il les cf- 
chauffe ou refroidit , les viui- 
fie ou amortit , les rend fécondes 
oufteriles, félon qu il s en éloigne.. 
Que s'il opère uiucrfcmcnta cca eft 



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Des Talismans. 71 
. point à caufe qu'il fc ioinc aux Si- 
gnes du Zodiaque ; Us ne ferucnc 

Suc de marques pour cftablir fes 
iuerfcs demeures. C'cft pour ce fu~ 
jet que l o leur a attribué des noms 
ôc des figures i nuis bien que cela 
• nefcrucquede diftindion, le vul- 
gaire a crû que cela pouuoitauoir 
cielcfficacc. 

Il faut perfifter à n'en rien croi-- 
rc. Toutefois ceux quienfouftien-- 
ncnt le party difcnt que la figure 
de CCS animaux nefl: point indifFc- 
rente , Se qu'en efïeâ: ils iettenc 
leurs Influences fur ceux de la ter- 
re, lors que le Soleil renforce Icun 
puiflancc , ioignantfe^ rayons aux 
leurs; Que leBelier efl: fort alaigrc 
6c fe porte bien fous fon ^igne^ôc le 
Taureau fous le fié; mais ilyadau- 
rcs tempsod ils n ont pas moins de 
fan té , & ne faut pas croire que TEC- 
rcuice, le Scorpion, leCKcureuil 

E iiij 



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Des Talismans? I 
les Poiflbns , foicnc mis fous des 
mois qui leur foicntplus falucaircs 
que les autres. Pour ce qui eft du 
Lyon il ne le peut pas miicux porter 
en luillec qu'en vn autre mois > Au 
contraire rcxccffiue ardeur qui au- 
gmente fa chaleur nauxrclle , le fait 
alors entrer dans vne fièvre exccf- 
fiuc. Si Ton n auoit donnélcs noms 
aux mois que pour monftrer ceux 
qui font propres à chaque animal, 
il euft fallu les choifir Autrement. 1| 
D'ailleurs fi Ion n euft fongé quà 
la fan té des b eft es , il n y euft rien 
eu autre chofe dans le Zodiaque; 
mais voilalss Gémeaux, la Vierge, 
la B^ilance , le Verfeur d eau , qui 
n en font point , & le Centaure Sa- 
gitaire, quieft aufsi à moitié hom- p 
jfTic.Ceuxcy en rccôpcnfe^dira t'on |{îtj4 
font bien apropriez ; mais nous 
voyons bien le contraire. Deux en- |^| 
fans Gémeaux monftrent -ils clai- 



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i 

Si' 



Des Talismans. 7j 
rcmcnt la produdion des choies? 
Ne commence - t elle pas aufsi 
dés auparauant leur mois? Au rcftc 
fi nous fuiuions icy la règle des au- 
tres figures , ce figne ne fcruiroit 
que pour faire prolperer les perfon- 
ncs qui fcroientnéeseemelles , ce 
qui n clt pas 1 intention de ceux qui 
fabriquent les Images. Le Signe de 
la Vierge ne dcuroit auflicftre boa 
que pour les puccllcs , le Verfeur 
d eau pour les echafons,la Balance, 
pour les marchads qui vendent au 
poids, & pofliblepour Içs Balances 
mefmcsjconfcruât leurprofperité, 
& les gardant d cftre rompues. 
Mais qu'auoit afFaire vn corps ar- 
tificiel ôc fans amc,parmy les corps 
viuats. Toutefois quelques vns ont 
creu que tout cela eftoit bien 
adapté,& que Ton s en pouuoit fer- 
uir. C'crt qu'il ne prcnoiét pas gar- 
de que ces figures fc dcuoicnt en.- 



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7 



Des Talisamans^ 

lyfti 



Lquemenr. Les autres 
les ont bien tenues pour myfte- 
rieufcs , & ncantmoins ils ont pcn- 
fé s'en feruir à ce qu elles dcfignoict 
ouàchofcsremblableSjneconfidc- 
ranspasque laplufparcnefonrpas 
appropriées fort iudicicufemét 
ne font fouffertcs que pour auoir 
cftc auchoriféespar rvfage. Il y en 
a qui ne fe coten tcnt pas de leur at- 
tribuer ce qu elles peuuent figni- 
fier vulgairement , mais qui leui; 
cherchent encore vn autrefens par 
vn rapport Analogique , cnquoy 
les Sçauans fe monftrent les pKis 
foigneuxjâcles ignorans s en éloi- 
gnent fi fort, que mefmefclon les 
règles deleur Aftronomic curieufc, 
les Aftres dont ils cherchent du fc* 
cours ne prcfident point auxcho- 
fçs qu'ils veulent effeduer. 

Quant aux figures que Ton fait 
fous chaque iour delà Lune, ou 



Des Talismans. 77 



rns quclauc lour 



fous quelque degré 
font A 



ene, ce 



nt des imagination^ qui ont 
iTioins de fondement que toutes 
les autres : car ce que l'on tcprc- 
: fente à chacun de ces iours , cft 
marque à fant^iific fans que cela 
'î: reprefcnte aucune chofc qui foie 
au Ciel ; èz pour ce qui eft des ef- 
fets que Ton promet, ils font ar- 
rangez fore bigcaremcnt ôc fans 
^ aucune raifon vray femblable. 
Apres toutc'eft vnceflrangcref- 
ueric de croire que les Signes du 
Ciel faffent arriuei toutes Icscho- 

Efesqucrondefired'cux^pourccquc 
! Ton aura fait dçs figures fous leur 
conftellation. Il faut donc qu'iU 
ayent du iugement pour connoi- 
fftre quand vne figure cftfaitepour 
eux ou pour les autres , ôc qu'ils y 
regardent de bien prés pour difcer- 
n;:ï ce que Ion grauc, de difting^cr 



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/jS Des Talismans: 
le BcUcr d^aucc le Taureau , ou le j 
Lyon ? Outre qu'il y a encore des 1 
Images qui fe peuuent bien mieux 1 
reiTcmblcr que celles-là. D ailleurs ! 
puis qu vnç feule Image fcrt mefmd 
a quantité d'cfFcts,luy mettat qucl| 
que caradcre auprès , fuyuant cç 
que l'on croid y eftre conucnablc,^ 
ceux qui font cela veulent doc que 
les Eftoilles comprennent leur in- 
tention ôc deuinent leurs penfées, 
de telle forte que foit qu elles foiét 
implorées pour les effets ou elles 
prcfidcnt naturellement, foit pour 
dautrcs extraordinaires , elles 
exécutent leur dcffcin. Ils f<iiit ido- 
lâtres s'ils ont cette croyance. Ils 
prennent les Aftres pour des Dieux 
pourucus de raifon , iuftice & dç 
prouidence , au lieu que ce ne font 
qucdesmades corporelles qui ont 
vnc qualité qui les rend mobiles. 
Ceux qui sot bié inftruits dis la na- 



m 



Des Talismans.' 77, 
iurc des chofes n ot garde dctom- 
[ber dans ces erreurs^ Us fçaucnt que 
Von ne doit rien attendre desAftres 
I que ce qu'ils peuuétmanifeftemêt, 
&c entre ce qu ils peuucnt , ils ne 
croyent pas qu'il faille enrooUer 
rinfluccequelon dit quilsicttenc 
fut les pierres & les métaux oii Ton 
graue les figures que Ion leurattri- 
bue. La matière que Ion leur aflîx- 
îettitne reçoit pointtant de facul- 
tcz, &c les Images que l'on en fait 
ne l'y rendent pas plus propre. 




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^% Des Talismans, 



62 






a: 




I 



Dejfences four les figures artificielles m 
des Talijmam^prijes des figures \à 
naturelles des Gamahez ou M 
CamajeuXy & de celle s 
des fiantes. 

Shct. vil 

CFuxqui afieurent que les fi- 
giit€S des coftclbtions fotit 
fore vcil es , difcn t encore pour lou- 
ftcnir leur opinion , que 1 on a re- 
marqué cccy en quelques pierreè 
oulon trouuc des Images grauées 
naturelleméc 5 qu'ils appellent des 
Gamahez, $c le vulgaire des Ca- 
majeux. Qu'il s'en cA trouué qui pSj 
auoicnc la figure d vn Scorpion, lu,;-, 
Icfquelles eftans portées gardoiéc ' 
/ de la piqueurc de cet animai ou en 



I 



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Des Talismans^ 
gueriflbiêriQuc celles qui ont d au- 
; très figures loit qu'elles foient plat- 
: tes &c comme peintes de diuerfcs 
: couleurs, ou qu'elles foient rcleuces 
[ comme des Statues, elles ont quel- 
i quepouuoirfccret, quiproccdedc 
ce que laNatureles a formées fous 
rinfluencedc quelqueAftrc duquel 
elles ont receu la forme quelles 
ont, 6c quec'eft à l'exemple de cc- 
^ laque Ton a entrepris de faire des 
TrTaîifmanSiafinque l'artifice imi-^ 
taft la Nature. 

Il cft bien vray qu'il fc treuuc 
des pierres où il y a des figures natu- 
relles quifont en boirc,& d'autres 
qui font comme peintes dedans, ce 
jue Ion void filon les fend ^ mais 
la plufpart ne reprçfcntcnt qu im- 
parEaidemcnt les chofcs que Ton 
simaginei & l'on y remarque tou- 
fiours quelques deftauxj Que fi Ion 
en trouue en de ccrtams lieux qui 



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jo Des TalismansT 
ont vnc figarc parfaite, ccft vni 



trcs-grana hafard, ôc bien fouucnt| 
quelques ouur iers fubtils ont rctra-l 
cbéouadioufté, ce qu'il y audit de j 
fupcrflu ou de manque à la natu-J 
re,afiri que cela fuft cftimedauan- j 
tagc-, mais quoy qu il en Toit, qiicU l 
le puiffancc ont ces plus parfaites 
figuresfSivnc picrrcouvn cailloii j 
rcprcfente vnc maifon , vn nauirc^ 
vn arbrejà quoy fcruira ccla?L o ne 
définit point cette vtilité^ mais Ion 
dit feulement que quand quelque 
partie du corps y cft reprefentéc,ce- 
lafertàla conferucr faine, ôc àluy 
rendre fa fanté fi elle la perdue. le 
voudrois dire au{li que les cailloux 
qui auroient la figure d Vne mai- 
fon, feruiroiéc à garder les maifons 
d'cllrcabbatucs parles vents ôc les 
orages, ôc deftre confomméespar 
le feu > Que ceux qui auroient la fi- 
gure d vn nauire garderoieiit les 

vaiffcaujc 



D ES TàLI SM A 



N S: 



Si 



1M 









yaiflcaux de naufrage, & ceux qui 
fcprefenteroiét des arbres rédroiéc 
fertiles les arbres où ils Icroient 
attachez. L'on ns propofe point 
cccy,pource que c'elt vnc abfurdite' 
(irop manifefte. Outre qoc l'on dit 
que les cailloux qui reprcrcntcnt 
jpuclque membre humain fontfa^ 
Jorables à ces mcfm es parties , ton 
fc contente d adioufter qu'ils nous 
prcferuêt des maux quinous pcuuét 
cftre faits par quelque animal donc 
ilsportent larcircmblancc. Maisil 
y a icy de la contrariété. Les pierres 
gui ont la refTemblance de quel- 
ques m em bres gueriffen t d es m em- 

•jrespareilsjôc celles qui ont la figu- 
c de quelques animaux preferuér, 
lit-on,des maux que ces animaux 
pcuuentfaircSi l'on cftablit lague- 
rifondes membres par conforjaii- 
rc & par fympathie , les animaux 
pourront pas eftrc chafTcz par 

F 





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\ 



$t Des Talismans? 
vnc pierre qui leur rc{G:mblera,nf^j 
le mal qu ils auront fait n'en pourri 
ra pas cftre guery , puis que cette 
pierre doit par'<iciper à leurs pro- 
prictcz. Il cil difficile d accommo- 
der cela au fujct fort cxadement. 
Ayat 'cherché les premières aparen* 
ceSjl on les a apropriécsfclo lanecc- 
fiité quel o en auoit,ôc voulat trou- 
tier des remèdes à quelques acci-| 
dents , Ton a ordonne pour cela 
tout ce qui s'cft prcfencé,fanston-l 
<rer aux confequences que Ton cn\ 
pouuoit tirer. Chaque receptc peut 
auoiT fa contradiélion *, mais parj 
exemple de croire qu encore quY- 
ne pierre ayt la vraye figure d vn: 
Scorpion , cela feruift contre cet 
inimal ,foit pour guérir Ics bleffcu- 
res qu il fait , foit pour le chalTcr dd 
quelque Ucu^ceftvneimaginationl 

qui iVcft pas mcfme dans lordrcl 
que ces chercheurs de curiofitésond 
prclcnt : car fi la figure du BelieEj 



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Des Tali 



. SMANS. oi 

profite au Bdicr, & celle du Tau- 
reau aux aaimaux de cette efpccc 
félon la puifTance des Signes Celc' 
ftcs , la figure du Scorpion ne 
doit pas nuire au Scorp-on. Au rc- 
fte puis que toutes ces figures que 
I on treuue dans les Gamahcz, font 
la plufpart imparfaites , ou ne sot 
point rcconnoifTablcs, & ne reprc- 
icntcnt que des grotcfquesfur Icf- 
quellcs l'vn trouuera vne chofe & 
rautrc vn autre, commet cll-il pof- 
liible de iuger quels cfFcds l'on 
en doit attendre , tout ce que Ion 
|,. P="^= "'eftant fonde que fur 
t i imagination. Les porphyres, les 
W Jmarbres & ks caillouxqui ont de 
I telles figures ne les ont rcccUë auffi 
-i, que félon la diucrfité de leur ma- 
^ tierc , & Tadion de la chaleur 
t,IIlny a point daparcnce que 
'' .' cent mille pierres qui font dans 
' vne mcfmc plaine aycnt chacun 



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^4 Des lALiSMANs. 
obtenu vne Influence parciculicri^ 
de quelque Aftre. Leur diftancç eft 
troppeticepourauoirétéregardécs 

detantde diuers rayôs-,Quc filon 
raporce qu il s en cft trouué quel- 
ques vncs quigueriflbiét desmauxi 
oulonlesappTiquoit, ccftquileft: 
arriué par bon-heur que Ton s'eft 
trcuucgucry àcette heure là , mais 
' fi l'on veut faire expérience des au- 
tres pierres pour quelque operano 
fuiuant la reffcmblance , Ton s'y 
treuucr a trompe. 

Toutefois pourcofirmer encore 
cecy,ron rcmonftrequcla Nature 
ne fait rien en vain, & qu ellen a 
donné ces Images aux pierres que 
pour nous aducrtir des chofes à 
quoy elles font propres ; Que la 
plufpart des plantes en ont de cette 
forte , 6: que par la les Médecins 
ont connu. ce qu elles eftoient ca- 
pables d'opérer ; Que la racine de 



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I Des Talismans. gj 
Squille guérit les maux de telle, 
pourcc ^u elle en a la figure ; Que la 
fleur de Potentilla qui reprcfentc 
Tœil eft fingulierc pour la vcuë; 
Que la Mente aquatique qui re- 
pretcntelcncz faitreuenirlodorac 
perdu y Que la Dcntaria apaife le 
mal des dents; Que le poulmon eft 
rcrtauré par Thcrbe qui porte fou 
nom & fa figure, ôc le foy e par l'hc- 
pathique Se quil n y a partie au 
corps de l'homme qui ne treuuc 
quelque fleur, herbe ou racine qui 
luy rclTcmblc, ^- qui foit propre à 
guenr fes maux. Ceux qui en onc 
fait la recherche ont trauaillé afTez 
vamement- car toutes ces rcfTcm- 
blances font tres-mal formées, ôc 
Von rencontrera quantité de plan- 
tes qui ont les melmes figures, ôc 
ne font pas bonnes aux mcfmcs 
maux. Pluficurs herbes font den- 
telées comme la Dcntaria , & ne 

F iij 



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$6 Des Talismans. 
valent rien contre le mal des dents, 
Prcfquc toutes les fucillcsqui font 
larges en bas & aboutilfent en 
pointe, do iucnt rclTcmbler au nez 
autant que la Menthe aquatique, 
Ôc Ion n*en doit pourcât tirer aucu- 
ne conlequcce. Ce n cft point aufli 
fur fcs marques , appellées par de 
cçrcains Authcurs , les Signatures 
des chofes, que les bons Médecins 
(z font arreltez. Us ont confiderc 
la qualité chaude ou froide, feichc 
ou humide des plantes, ôc fçachans 
auifi la nature des maladies , ont 
connu ce qui eftoit propre à cha- 
cune. Si Ton demande pour quel 
fujct laNa turc a donc donne de tel- 
les figures aux Plantes ^ Ce n'cft pas 
i nuilcmcnt , puifque cela fcrt à 
les diftinaucr « vnç d*auec Vautre & 
qu elles <ioiucnt aufli auoir leur fi- 
gure paic-culierc fuiuant leurcem- 
pciuaicac. Il en cil de mefnic dç$ 



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Des T alism ans. 8j 
pierres dont les figures proccdcnr^ 
deladiucrfitc de leur mixtion. La 
Nature ne la pas fait en vain puis 
que cela doit élire ainfi.L on auroit 
autant de fujetdc demander pour- 
quoy il y a du marbre noir 6c blâc, 
pourquo y il y a des cailloux iaunes, 
rouges & gris , de de quantité d au- 
très couleurs : Leur compofition 
ic veut ; cela ne fc fait pas en vain 
puis que cclafert à lafaircconnoi- 
ftre.Lafigurc naturelle dcsplantcs^ 
n cftpas vainc non plus j Elles doi- 
uent eftre différentes félon leur va- 
riêté.Mais que par le rapport qu*cU 
les ont aucc la figure de certains 
corps ou membres Ton connoiffc 
à quoy elles font propres, cela n a 
aucune certitude , puis qu'on a de 
la peine à remarquer ces reffem- 
biances , qui font le plus fouuenc 



imagmaires. 



O rpourcc que Ton peut demaa^ 

• • • • 

F inj 



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Des Talismans]" 
der quelle puiiTance pofTcde vnç 
pierre qui a lafigurcdu Scorpion, 
pour guérir la playe qu vn ScorpiÔ 
viuant aura font: Ceux quiparlenç 
de cecy, font la plus eftragerefpo- 
ce du monde.Us difent que les pier- 
res qui reprcfentent des animaux 
foie qu ils foiét en bofle oufimple- 
ment tracez , en ont eu en efîect 
quelque qualité, & quefi cela n*c- 
ftoit , cette figure ne fe feroit pas 
faite-,tellcment que cherchant tou- 
jours de fc perfeâ:ionncr,par tout 
où elle trouuc les autres qualitez 
qui iuy font propres, elles les tire, 
ôc les prend ; Que fi elle eft donc 
appliquée fur laplaye faite par vn 
anitnal decetteerpccc,elley trou- 
uc fcs qualitez imprimées, lefquel- 
les luy cftans conuenables, elles les 
attire à foy , ôc par ce moy é la playc 
demeure déchargée du venim & fc 
^ucrit. Que par ce principe vn vray 
icorpion eftant cfcrafé 6c appliqué 



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Des Talismans. 
fur fa morfurc la guctit , comme 
fait aufli fon huyle \ Que la morfu- 
xc dVn ferpcnt cft pareillement 
guérie par fa tcftc cfcarboùillé.e> 
u bien par le fcrpenc réduit en 
poudre, celle d Vn Crocodile par 
fa graiffe, celle d^ Vn ratpar fa chair 
mifc en poudre , celle d vn chien 
par fon poil ou fa peau , le venin 
d vn crapauc par vne pierre qui fc 
trouue à fa tefte, & que fi nous ef- 
prouuions la propriété des autres 
animaux , nous trouuerions fans 
doute en tous quelque chofe qui 
f\:ruiroit de remède au mal qu'ils 
peuucnt faire, laccorde que cela fe 
peut trouueren quelques animaux, 
nonpasen tous, ôcmefmccelanc 
fe fait paspar vne fîmple aplicatiô 
de leur corps, ou de quclqu vn de 
leurs membres , puis que lo dit que 
l'huylequelon en a tirée y fcrt de 
beaucoup. Ceft que cette huyic 



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^0 Des Talismans. 
adoucit le mal ; & pour les parties 
cncicrcs que Ton y applique, elles 
ont la mcfrac faculté de corriger 
cette mauuaife qualité par d autres 
contraires , tellement que cen'cft 
pas qu elles attirent le venin à elles, 
comme en efFcd cela nefe remar- 
que point. Qu elles gueriffcntaufli 
par ce moyen ou autrement , les 
pierres qui reprefcntent ces belles, 
ne leur doiuent point cftre compa- 
rées pour auoir le mefme efFed. En- 
core qu vn caillou foit tortille en 
rond , il n a point la nature d Vn 
fcrpcnt -, Il a toufiours celle d vn 
caillou , laquelle il garde en touteç 
les autres figures. 

1 e treuuc encore icy vn e nouucl- 
Ic obiedion ; c eft que ces pierres 
qui ont laforme de quelques ani- 
maux , font pcut-eftrc ces mefmes 
animaux qui ont cftc changez en 
pierre par la propriété des lieux ou 



m 



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Des Talismans. 91 
ils fe font trouucz , ce qui en efFcd 
peut arriucr , & en ce cas là Ton ne 
deuroit pas dire qiic ces pierres euf- 
fcnt cfté figurées de cette forte par 
vne Influence celefte. Cecy n eft 
bon à dire principalement que 
pour les figures en boflc , & non 
pas pour celles qui font peintes aux 
Camajeux :Et dauantage Ton me 
peut répondre que mefme ces pier- 
res n cllans que des animaux pé- 
trifiez , ils doiuentauoir beaucoup 
de puiflancc pour la gucrifon 
,;;jyr, d vne playe qui aura eftc faite pat 
vn animal de leur cfpccc, d'autant 
qu ils attireront le vcnim qui s y eft 
gliffé comme vne qualité qui leur 
eft propre, & dont ils ont iouy au- 
trefois. Cecy n a pourtant aucune 
aparence. Les animaux eftans pé- 
trifiez ne retiennent plus rien de 
leur première Nature, quoy que la 
mcGncfigurcIcur demeure, & Us 




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'^t Des Talismans. 
autres pierres qui par hazard fe 
trouuent eftre figurées de fembla- 
ble forte , ne participent point auffi 
aux qualitezderanimal quelles re- 
prefentent. La figure des animaux 
procède à la vérité du pouuoir na- 
turel de la femence dont ils ont 
cfté engendrez, lequel fc mani- 
fcfte ainfi au dehors, Se Ton ne fe 
trompera point de croire que tous 
les corps qui ont vne figurcçareil- 
le ou aprochante par le moyen dV- 
neforce interne, font dVnenaturc 
à peu prés fcmblablc, comme en 
cfte£t les hommes dont les vifagcs 
rcfTcmblcnt aux Lyons ont quel- 
ques furie naturelle , ôc ceux qui 
rclTcmblcnt aux lièvres font foi- 
bles ôc timides : Mais pour la figu- 
re des pierres clic ne vient point 
d'vne caufe interne ; Elle fefaic fé- 
lon la difpofition de leur matière, 
& fcloa les agcns extérieurs ^com- 



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Des Talismans? 95 
ïne pcut-cftrc la chaleur ou bien 
Veau qui les rogé en de certains en- 
•droits.Beaucoup dautres chofesont 
la figure de quelque animal à qui 
l'on en dcuroic aulli attribuer la 
Nature , mais ion ne le fait pas, 
pourcequelon fçaytbicn qu'il ne 
s y en trouue aucuns principes, ôc 
que cela ne dcpédquedeleurmcC- 
knge ôc de quelques autres acci- 
dents. 

Qiant aux plantes il cftvtayquc 
leurs figures ne dépendent point 
duha{ard,& quelles fuiucnt tou- 
jours lanature de leur efpcce, mais 
Tondit qu elles pcuuent guérir les 
membres humains aufqucls elles 
rcfTcmblent^ily auroitplusdapa- 
rcnce de croire que les membrcis 
des autres animaux le pourroicnt 
faire: car leurs yeux ou leurs dents 
refTcmblent mieux à ceux dvn ho- 
me que ne fçauroit faire aucune 



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94 Des T alismans? 
herbe ou racine, ôc pourtant Yen 
nés en fcrt point pour laguerifoo, 
tellement qu'il ne faut pas croire 
que la reflemblance des plantes y 
doiuc feruir. 

Ce nVft point aufli la figure 
qui guérie ; Ce font d'autres qua- 
litezqui font la chaleur ou la froi- 
deur , ou quelque autre plus cachée. 
L'on n'a iamais vcu que la figure 
fcruift à cela. Soit que Ion cf- 
crafe les plantes pour les appli- 
quer 5 & que l'on en tire l'eau ou 
rhuile Jon connoift bien que l'on 
néglige leur forme extérieure, en 
ce qui eft des rcmcdes, & quelle 
fert feulement à monftrerla diuer- 
fité de chaque nature. L'on n a ia* 
mais ouy direquc pour guérir quel- 
que mal il faille neccflairemcnt y 
appliquer vne fucille entière fans 
aucune defcduofite. Les plus fub- 
tils difent que foit que fou efcra- 



1 



-M. 



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I 

::,fii 



Des Talismans; 
fc les herbes ou que l'on les difti- 
le, la forme extérieure n'cft point 
anéantie , & qu'il y a des fecrets 
pour la faire paroiftrc ; Que quel- 
ques vnsayanstirc le fel dccertai- 
hcs plantes, &c laifli geler leur Icf- 
tiue , la figure s'y cft trouué par- 
faitement reprefcntée , ôc que les 
autres promettent mefme que Ton 
en peut garder les cendres dans vnc 
phyole, & en faire paroiftrelefpc- 
ce toutes les fois qu'on voudra: 
Mais quand ces choies fe feroicnt, 
cela ne conclud rien pour noftro 
întcntion , car il cft certain qu il 
faut vn foin tres-exaét pour faire 
paroiftre ces formes extérieures, 
tellement qu il faut croire qu elles 
seuanouyfTent fi Icfpcce nen eft 
diligemment arrcftee comme dans 
laglaicc oucllefc rend fixe, oudâs 
vn vaifleau bien clos. Or quand 
ion applique fur vneplayclesher- 



f6 Des Talismans: 
bcs pilecs ou ramaflecs en vngucntj | 
cet cfprit qui cofcr ue la forme s cft } 
donc cuaporé,dautant que Tonna 
point apporté ce foin à rarrcfter,& 
il ne fe faut point imaginer que 
ceft luy qui apporte la gueri- 
fon, ôc que l'on ne la tienne que de 
la figure foit vifiblc^ou inuifi- 
ble : le dy encore que les plantes 
n'ont reccu leurs figures que félon 
leur tempérament , & qu elles 
fcruçnt teulemét à monftrer les di- 
uerfitcz qui s y nrouuent. 

Pour ce qui cft de prelcruer 
chacune aflcz manifeftemêt quel- 
que membre où elles foient pro- 
pres, & dont elles foient capables i 
de conferuer&; de faire recouurer 
la fanté, il nefaut point croireque 
cela arriuc de mefme que Ion le 
rapporte. Ceft vouloir que les fe- 
crets de la fabrique du mode foient 
bien aifcz àdeuiner. Pour les ren- 
dre 



Des Talismans. j», 
drc plus clairs il faudroit que cha- 
que plâtecuft en efcrit iarlh fueil 
les ou fur fa tige à quelles maladies 
clic Icroit propre. Cela feroit plus 
commode que la rcffemblâce que 
{on s'imagine, laquelle cft fouuent 
lobfcure quelon a delà peine à la 
rouucr. D'ailleurs vne plante qui 
ne rcffcmble qu'à vnfeul membre 
éft quelquefois capable d'en guc- 
1 ir plufieurs autres , & mefmes tou t 
ic corps. C'eft pourquoy cette re- 
prcfcntation feroit imparfaitc,& la' 
Nature qui eft fi prouidcntc n'au- 
roit rien fait en cela de bien reo-lc 
pourcc que l'on s'imagincroit que 
cette plante ne fcruift qu'à guérir 
les mauxd'vnefeùlcpartie.Croyôs 
que les loue naturelles font plus cer- 
taines que cela. La diuerfe figure 
des plantes , fans cftrc comparée 
aux membres des animaux, mon- 
tre la diuerfité de leur cfpece de 
' G 



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98 DES Talismans. ^ MÉ 
pcar qu'on ne s'y trompe, & com- g 
mcl'onfçayt leur diuers tempera- If 
ment, que l'on connoift aufli par 
d aiurcs marques , l'on n'ignore 
point que fuiuant cela elles font 
proprcsà diuerfes maladies, & qxic 
celles qui font chaudes font bon- 
nes contre les douleurs froides, & 
les froides contre les chaudes. Cet- 
tcmarque cft plus générale que la 
fi<Turc d'vn feul membre. De vente 
cela cft plus difficile à connoiftre, I 
mais pour la reucrence de la Natu- 
re, il a falu que fes Myfteres don- 
naffent quelque peine à dcfcou- 
uiir. 

Si les Gamahez ny les hgnatu- 
tes des plit Ci, n'ont aucun pouuoit 
de <Tuetir les maladies, que l'on les 
trouue de telle forme que l'on vou- 
dra, cela ne conclud tien pourlcs 
Talifmans -, Mais quand les figures 
naturelles Soient bonnes pouti 



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[3i 



Des Talismans. 99 
quelques maux , où trouuc-ton 
qu'elles foicnt proprés a faire ccflTcr 
la pluye ou la dcftourncr d vn lieu 
& a eiripcfchcr que quelques ani- 
maux puifTcnc viure dans vne coia- 
tree ? 1 amais perfonne n'a efté fi té- 
méraire que den promcctre cecy 
& ncantmoins l'on cfpereccs cho- 
ies des Images que l'on a grauées. 
C clt donc à tort que l'on allcffuc 
four exemple la force de celles qui 
iortcnt des mains de laNaturc,puis 
qu'elles n'actcignét point lufque là. 
Lodira queceiafert toujours pour 
la preuue delà guerifon des mala- 
dies ;mais cela n'cft pas fort auere 
Quant au rcftc fi les figures artifil 
ciellcs ont des cfFcds plus grands, 
1 on loufticntquc la figure donne 
aux pierres des proprietcz qu'elle 
n auoit pas , cftant faite fous vnc 
hcurcufe conftcUation , & que ces 
£^of" agirent enfcmblc , la 

G iî 



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îoo Des T ALisAMANs^ 
Pierre , la Figure Ôc les Aftrcs? 
Pluficurs demeurent dans cette 
opinion pour des croyances par- 
ticulières quils ont cmbraflees; 
Mais il faut achcuer de voir s ils 
le font aucc quelque iugement. 



Des Tàlisma 



NS, 



toi 



De quelle forte la Nature lai fe accom- 
plir a f artifice ce quelle a commen- 
cé ^ue les chojcs dont ton fait les 
Talifmans norit point çn elles les 
principes des opérations quetonlenr 
attribue , & pur confequent qu'ils 
font inutiles, 

Sect. VIII. 

L'On dit qu ayant bien choifi 
la matière dont Ion veut fai- 
re le Tâlifman , ôc y grauant vnc 
figure conucnablc fousla conftel- 
latiô neceffaireà noftrc intention, 
I 1 on en doit cfperer des opérations 
K merueillcufes que les fimplespier- 
' rcsnepeuuent accomplir auec tou- 
tes leurs figures naturelles; Qujl y a 
quantité de chofcs que la Naturo 

G iij 




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ÎOÎ D&5 T ALISMANS!!' 

ne fait pas & qu elle laiffe pourtant 
faire à iartificG. Elle n*a pas fait Iç 
pain tout preft à eftre mangé-.Ellc 
aa fait que le bled dont les homes 
ayans fait delà farine , la paiftrif- 
ient aueclcau, & la font cuire au 
four ; Elle n'a pas fait les médeci- 
nes : Elle n a fait que les racines & 
les herbes , que Ton fait cuire 
pLirmy d'autres drogues, ou quel o 
diftile pour en faire diuers remèdes; 
Ainfi dit on qu'elle a laiffcle pou- 
uoir de faire des Talifmans auec les 
métaux & les pierres. Ce font icy 
des fiaions .-La Nature laifle faire 
quelque chofe à Tartificc , mais el- 
îca commence ce qu il nefait qua- 
cheuer , & Ton fe pourroit feruir de 
ce qu elle a fait fans autre façon. 
Le bled en lellat qu'il eft peutfer- 
mr à noftrc nourriture , mais l'on 
a trouué plus commode de plus 
^^n'eablc de le moudre de I9 



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Des Talismans. lOj 
paiftrir. Pluficurs herbes 6c raci- 
nes guerifTentauffi quelques maux 
fansTbufFrir altération ny mixtion, 
& fi Ton les diftile ou les meflc auçc 
/d*autres ingrcdiens , c efl: pour les 
fendre plusfubtiles ou plus fortes. 
Il faut confiderer encore que tous 
les artifices que Ton faift^ ne font 
ç que fuiuant les premières règles de 
la nature , dont il n eft pas pofliblc 
de paffcr les bornes. Si vne plante 
çft froide,quelquc chofe que loa 
y faflcjellenequirtepas ccttequa- 
lité, & files drogues chaudes font 
mcflecs auecles froides, ils*en fera 
vn tempcramcût qui viendra des 
vnes & des autres , &c pour ce qui 
eft de toutes les autres qualitez que 
^ ion remarque en quelque corps 
que ce fait , elles doiuent toutes 
procéder de quelque principe. 
I Tous les artifices mcchaniques fc 
? font dans cet ordre. Les vafes de 

G iiii 



104 Des Talismans. 
cuiurc, deftain ou de terre retien- 
nent l'eau pourcc qu elle ne peut 
pénétrer leur Iblidité ; Si l'on la 
met dans vn cornet de papier, elle 
pafTera au traucrs , d'autant que les 
porcsy font plus grands. La pluf- 
part des machines que Ton com- 
pofe,agiflent de mclme , à caufc 
quelles sot alTczfoUdes pour pouf- 
fer d'autres corps ^ & quelles font 
auflî affezpefantcs pour cet cffcO:, 
Or cette folidité & cette pefanteur 
viennent de leur première nature. 
Ce n a pas efté par artifice qu elles 
ont efté acquifcs. L'artifice rend 
feulement leurs machines propres 
à ce que Ton defirc félon la puif- 
lance de leur matière. Ce qui eft fo- 
lide eftant creufé eft propre à rete- 
nir la liqueur comme fait la pierre, 
le métal , ôclc verre, eft ce qui eft 
ferme & lourd eft propre à abattre 
les édifices, eftant iulpcndadc telle 



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i Des Talismans. ioj 

force qu'on l e puifTe eltranler ayfe- 
f ment, ainfi que les anciens faifoiêt 
' d'vnepourre fufpcnduë, qui cftoic 
vne machine qu'ils appelloicnt vn 
JBclier. Ainfi nous voudrions que 
lies figures faites fous certaines con- 
ftcllarions à qui Ton attribue tant 
^ depouuoiren eufsét quelque prin- 
1^^ : cipejmais Ton ne peut lerencon- 
"^^r^Xta:. La matière dont elles font 
faites.n a rien qui foi t propre à guc- 
fir les maladies, tellement que ce 
IquG Ton y graue ne les y rend pas 
n m cilleures. V oy ôs vn e autre fimili- 
tude. Le fer eft defiapropreàs en- 
foncer dans le bois, parce qu il eft 
plus maffif queluy , mais fi le for- 
geron l'accommode en pointe , il 
y fera plus propre, & s il le tourne 
enviz comme vn foret, il percera 
encore plus aifcment. Rien de pa- 
reil ne fc creuue aux pierres Ôc aux 
métaux pour remédier à plufieurs 



. » Si 



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106 Des TAtisMANs. 
maladies 6c encore moins ferucnt^ 
ils contre les orages ou les bcûcs 
dangctcufes. L'on peut obieftcr 
qucVesGhymiftes fe vantent de ti- 
rer de l'huy le , du fel & des efpri ts, 
de tous les métaux &dc toutcsles 
pierres 6c promettent d'en guérir 
pluficurs maux. Si cela cft toutc^ 
ces matières ont les principes de U 
eucrifon.mais ils ne fc lîianifcftcnt^ 

pas par vne fimple graueurc , & i! 
s'en faut feruir autrement que de .u 
les porter fimplemét fur foy . D'ailr ii; 
leurs pour ce qui cft de chaflcr les ai 
orales 6c les bcftes fafchcufes.où a- 1: v 
t'on apris quelcmctallepuft tairC,:.>. 
pour eftre feulement placé en (JueV • 
quelieu?Il cft vray quclcs cloches • 
- peuuentdeftournerquelqucsnuecs - 
parleurfon, & qu'àcoups depicrj ^ 
re 6c d'efpieu l'onchaffc les bttta f 
dommageables, mais ce feroitvm 
moquerie de fc vouloir fcruir de 

I 



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Des Talismans." ^107 
f!;cla pour raifon en ce licu.Lcsclo- 
^•:iics pouffent lair par leur folidité, 
k&c les armes cliafiét les bcftes par la 

^aiefmc qualité, & tout cela eftcon- 
•fluit parla force des homes. Ce font 
là nos principes de folidité & de 
Ipefanteur qui font tous naturels: 
;:^Mâis l*on entend qu vn morceau 
i|de métal ou vne pierre placée en 
]quelque lieu fans auoir de mouue- 
ment, chaffe les orages ôc les beftes. 
|Cela fc doit faire parcç que la dif- 
bofition de tout ce qui eft autour 
en eft tellement changée, qu'il n y 
Ifçauroit tomber dcpluye,degref- 
lle, ny de tonnerre, & que les be- 
ftes y reçoiuent dés lentréc vne ap- 
brchenfion fccrctcc qui les en fait 
ploigncr. Il n*cll pas poflible que 
mes pierres, pour cllregrauécs fous 
quelqiie conftcUation que ce foit, 
payent cette puxfTance. 1^ en veux 
donner vnc raifon dont il faut que 




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Dfis Talismans, 

foici 



les aducrfaires loicnc contents _ 
elle tranche court , toutes leurs I 
propofitions j C'efl: que les Aftrcs 
mcfmesnont pas le pouuoir qu'ils ; 
attribuent aux figures qui font fai- 
tes pour leur reflcmblcr & pour 
opérer par leurs Influcnces.lcfouf^ 
tiens que les Aftres n*empefchent 
point les orages de tomber en quel- 
que lieu. Si cela eftoit , lors quç 
ceux que Ion croit capables deles 
deftournef , feroientfur quelques 
autres cÔtreeSjiln y tobcroit iamais 
vne feule goutte d'eau>& ce pédant ! 
ils ne les en garentiflen t pas de telU 
forte qu il n y plcuue quelquefois, 
au lieu que l'on prétend faire desl"^' 
Talifmans quiempefchét cela con- h ' > 
tinuellement. Il en eft de mefmcr ' 




y y. 



delagrefle,dufoudre,ôc des autres^^^ 
Metcores. Quant aux animaux 
nuifibles , les Signes du Ciell^:.^ 
nempcfchcnt point qu" 



ils nail-{:: 



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i' l 



Des Talismans' io^ 
mt par tout où ils veulent. S'ils 
|cn font retenus , c cft par la 
trop grande chaleur ou froideur, 
ils cherchent les régions qui font 
commodcsàlcur ternperamét&y 
demeurent. L'on ne void point 
que lors quvn certain Signe cft fur 
l^^ne contrée, tous les animaux au- 
quel l'on le iuge contraire, s en re- 
tirent , & fi cela ne f« fait point, 
pourquoy la figure grauec fous cet- 
te conftellation , auroit-t clic le 
pouuoirdc leschaffer ? Quant aux 
maladies que Ton prétend pouuoit 
cftre guéries alTuremcnt par de tel- 
les figures , comment le fcroienc 
elles fi leurs Aftresny pcuùent ricm 
car il faut auoùer que fi vnc cer- 
taine conftellation donc à la pier- 
te où Ion grauc fa figure , la puif- 
fance de guérir quelque maladie, 
elle dcuroit auoir premièrement 
cette faculté en clic , &z fi elle IV 



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iïo D ES T ALÏSMANSr 

uoît , il f audroit qu auffi-toft qu cï j 
le fe troùueroit fur vnc Prouincc>-i™ 
tous ceux qui feroicnt touchez dci * 
cette maladie fùfTent guéris. 

Icnc mcpiiis imaginer aucunci- 
réplique là defTus. lecroy qu'apresr 
cela il faat quitter Terreur pluftoftl 1 
qucdetafcherdeledefFendfej Auf-1 
fi n'y a-t'il rien de fi manifcftementii 
faux que le poùuoir que l'on attri-| ~ 
bue aux Talifman's. Nous auonif ' 
trouué que ny la matière, ny la fi-l' 
gurc , ny lïnfluencc, nefontpointij^ 
capables dts efteds que Ton en pu^ | • - 
blie. Quand mcfmcs les Aftres au- 1^-- 
roient quelque pouuoir là defliis 
voudroit-on qu vhefimple pierre 
grauée les égalaft , & que ce fuft fi? 
comme vn Aftrecn terre. Lon dit 
quedemefmequ vn fer touché de |:; 
TAymant peut attirer vn autre ferj hjà 
Ainfi la pierre toucheede la con- 
ftcUatiô a le inefme pouuoir qu'd- 




'm 



Des Talismans. m 
le. Mais comment preuue ton que 
ÈlaconftcUationtouchelapierrc, & 
quândellcla tôucherdit, quel ra- 
bote y a tiUd'vnfipcticcorpsà de 
\i grandes^Aftres f Les Aftres ont 
leurs rayons par lefquels ils agifTcnt 
fur les autres corps , mais où font 
:cux de la pierre ? Neantmoins û 
:Ue pouuoit chaffer les orages de 
[uelquc endroitjil faudroitqu elle 
yettaiî: quelques traits au dehors; 
Lear fi les côrps font rcpoujflTcz de 
^quelque lieu il faut que ce foit 
piar d'autres corps.Si quelques ani- 
maux font empefchezauffi d'entrer 
quelque part > il faut que ce foit par 
quelque vapeur, ou quelque odeur 
qui ne leur plaife pas , ainfi que 
nous remarquons en tous les Se- 
crets naturels dont Ton fefcrt pour 
les chaffer , mais la pierre ou le mé- 
tal ne changent point dodeur 
pour auoir rcceu vnc nouuclle fi~ 



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lit Des Talismans, 
gurc en vn certain iourdc raniicci 
& il ne s en exhale aucune vapeur 
c|ui offcnce les animaux, de force 
qu il n en faut point attendre les cf- 
fe^squelon en propofe. 

Quand les pierres âuroicnt aulli 
quelque foufflc ou exhalaifon , ce 
ne pourroit cftrc qua proportion 
de leur corps , ceft pourquoy elles 
n'agiroîent point dans vn fore 
grand efpacé. La crainte qu*elles 
donneroicnt auxBcftesne s'eften- 
droit guéres loin. 11 eft vray que les 
animaux font auffi intimidez par 
la vcuë .11 y a des couleurs qu'ils ab- 
horrent & des figurés qui les efpou- 
ùantct mais les images dont nous 
parlons eftans fouuent fort petites, 
n aUroient pas grand effet pour 
cftreveues de loin, outre que Ton 
amefiticaccoufturaéde les cacher 
fous terre , ce qui fait connoiftrc 
que Ton n entend pas qu elles agif - 



Des Talisma 



NS, 



fent par la vcuc & puis ce fcrôit 
donner fort peu de pouuoir aux 
Talilmans , de n'en point parler 
d autre forte que d'vn cfpouuan- 
t2i\- qui eft eflcué au milieu d'vn 
* champ pour empcfchcr que lesoy- 
^ \ Içaux n c viennent m angcr le grain. 
■ De quelque autre forte que l'on 
Croyequeles talifmans agirent, 
l^|uisque l'on les enterre ou les en- 
ferme, celay doit pourtant beau- 
coup nuire , vcu que les Aftrcs mef- 
îlci imcsn'agifTcntque furies corps qui 
font en leur prefcnce. D'auoir re- 
cours à des Sympathies imaginai- 
ftiy ce font des chofcs fans exemple 
& fanspreuue y Et quand l'on dira 
qu'il y a des Talifmans que l'on 
porte furfoy, & qui doiucntguerir 
les maux en les touchant , il n'y a 
aucune raifon qui nous monftrc 

<5|u'ilsdoiucnt auoircettepuilTancc 
ircaufc des figures que l'on y a gra- 

H 



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X14 Des Talismans^ 
uees, ainfi que i'ay fait voir a{ïc:èr.i 
clairement. 

^ ^ ^. # ^. * ^.4/ ' ' 
%■ '4' -t' > ^ ^ 

Ves Exemples que ton donne de Ufuif-i 
Jance des Talifmans. 

5ect. IX. 



LE s vrayes raifons cftans poi 
nous , il ne le faut pas foucii 
des expériences que l on allcgu? 
Si Ion dit qu'il ell arriuc plufieuri 
fois que quelque chofc s'etl fail 
fumant le^dcffcin de ceux qui onF 
grauc les Talifmans , ic refpor 
qu il y a pcut-eltre du mcnfongc^ 
en la relation , oubien que ceux quu 
ont voulu remarquer cela , s y ^^^ ^ 
trompez eux mcfmes n y prenanl.| 
pas 



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Des Talismans. nj 
véritablement arriuci.qu il en faut 
chercher la caufe ailleurs. 

Les pierres naturelles ont leurs 
fables auffi bien que lesfio-ures ar- 
Ifctificiellcs. Il y en a mefmc que les 
I Autheurs difent eftre capables de 
■ rendre les hommes inuifibles , de 
I leif faire auoir le don de Prophc- 
I tic,ôc autres mcrueilles cftranges. 
1 C ert pourquoy ceux qui ont pro- 
1 pofcde donner dcnouuelles quali- 
I rez aux pierres & aux métaux , ont 
I crû que Ton leur adiouileroit foy 
I ayfemcnt , ôz que fi Ton auoitofc 
vanter de cette forte les chofes na- 
turelles danslçur fimpUcité^lon en 
pouuoit dire autant, voire dauan- 
ge des chofes quioutrela puiffan- 
cedeleurnature,auoicnt celle que 
leur'donnoit lartifice, corne pou- 
uoient eftrc les figures grauées fur 
vne certaine matière , tandis quV- 
ne côftellation conucnabte prefi- 
doitauCiel. H ij 



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ii^' Des Tliasmans^ 

L'on trcuuc cfcrit qu il nt plccr- 
uoic iamais dans le parais du r 




Temple de Venus à Cyprc , &c 
quelques vas ont dit que cela fc 
dcuoic faire par la puiflancc dVn 
Talifman. Toutefois les Anciens 
ne difcnt point qu'il y en euft , mais 
quand il y en auroit , ie ne croy 
point qu'il fuft capable de cela. Il 
ne plcuuoit peut cftre gucrc en tou- 
te la région, ôc ccuxquiy auoient 
cfté n'y auoient point veu pleuuoirj 
voila pourquoy ils auoient publie 
qu'il n y plcuuoit iamais. L'on ra- 
porte qu il y a eu en diuers lieux des 
filTurcs pour chaffer les moufchcs, 
les chenilles , les fauterelles & au- 
tres infcdes , èc mefmcs quel- 
ques autres animaux plus grands 
& plus dangereux , ôc que ce- 
la auoit de l opcration. l'aflcure 
encore que cela n a pu eftre fait 
par ce moyen , puis que la raifon 



un 





Des Talismans.' 1^7 
ijaturcllc me le fait connoiftrc. Ai^ 
casqu il foit vray que Ton ayt fait 
fuyr ces animaux de quelquelicu, 
ilfàlpit que Tony euft cache quel • 
quechofequils auoicnteR hayne^ 
& qin frapaft leur Icntimcnt , ce 
qu vne fimple figure ne peut fai- 
re. 

L on raconte de pi us que fous le 
rcgne deChilpcricRoy dcFrance^, 
cncreufant quelque folfé delavil- 
Ic de Paris Ton trouua quelques fi- 
gures d'airain , qui rcprcfentoicnç 
vn feu , vn fcrpcnr^ & vn rat d^eau» 
ôc que les ayant oftécs de leur place, 
il fc fit vne nuid vn embrafcment 
qui bruflaprefque tous lescdifircs, 
ôc depuis les habitans furent in- 
içommodez de quantité de ferpens 
ôc de rats d eau. Mais fîcettc ville 
fut bruflecj Thiftoire rçmarque que 
ce fut par la négligence d Vn ven- 
deur d'huyle qui laiita du feu pré$ 

Hiij 



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n% Des Talismans^ 
defes vaiffcaux.Croit-on que files 
figures cufTcnt cftc encore en leur 
lieu>ccla ne faft pas arriué? Par quel 
fccrct euffcnt elles pù empefcher 
que les chofcs n^opcraffent félon 
leur nature, & que Iç feu ne bruf- 
laftles matières cobuftibles ? Pour 
les ferpensôclcs rats d'eau, il y en 
dcuoic auoir eu auparauant , mais 
peut- eftre n y en eue- il guère long- 
temps, ôcfi tout ce mal vint d'auoir 
ofté ces figurqs il dcuroit encore 
durer i mais Ion ne fçayt que c*cft à 
Paris de ces ferpcns & de ces rats 
d'eau,& pour ce qui eft des embra- 
femens, cette ville ny eft pas plus 
fujctte qu vne autre > pourueu que 
ceux qui y demeurent y prennent 
garde? Aufli lesHiftoriensnepar-l^i^t 
lentpoint dccesfigures comme de 
chofcs certaines ; Ils difent feule-- ' 
ment l*opinion quen auoitle peu-l 3 
pie. 



1 



Des Talismans^ 119 
Les Annales deTurquie rappor- 
jtcntqu'ily auoitàConftantinopIc 
plufieiirs Statues fatales dés le téps 
jque les Empereurs Chreftiens fe Jo- 
ercnt en cette ville, IcCquellesayas 
cfté abatuës par ceux qui n ea 
fçauoient paslapuifTance^ilenar- 
pua du malheur. Que depuis la vil- 
le ayant cfté prife par les Turcs leur 
Prince ayant rompu dVn coup de 
maffuë la mâchoire dVn ferpent,il 
y eut après quantité de fcrpens dans 
Conftantinople , &c qu'ayant fait 
abattre la ftatu'e dVn Chcualier qui 
eftoit/vn prcferuatif contre la pefte, 
les habitans en furent depuis infc- 
dez. 11 faut rcfpondrcà cccy pre- 
mièrement , qu il peut bien arriuer 
en tout temps des pertes d'hom- 
mes Se de pays, 6c autres malheurs^ 
Que s*il 5*eft vcu des fcrpens à Con- 
ftâtinople,Vengcaccn en a pas cftc 
^ produite par ce fcrpent rompu, ôc 

H iiij 




uo Des TalismansT 
que s*il y a eu de la p»ftc après aupir 
abatuvneftatiië, c'eft quç celas cft 
rencontré âinfi, & déçauparauant 
û Von y préd garde cette ville eftpit 
fujettcà cette maladie, corne font 
çoute5 cçlles où il y a quantité dç 
peuple. 

Outre ces ale^ations Ton a rç- 
coursavnc plus grande antiquité: 
Lon tient quil y a eu dans plu- 
fieurs villes de certaines chofcsqui 
çmpcfchoien^ quelles ne fuflcnç 
prifcs des ennemi^ i Que tel cftoic 
le Palladium de Troye , les Bou^? 
cliers de Rome , 6c quantité de 
P ieux tutelaires; mais quoy que les 
Anciens gardafTent cclafoignedfc- 
ment comme des chofes Fatales, 
Ion ne trouue point que cçla fuft 
fait fous certaines conftellations. 
Se Ton fçayt bien au(fi,que quand 
cela euft cfié, quelque refpeft qu ils 
Içur portaffent , cg iV eftoit quVa 



Des Talismans. j^i 

^fFcd de leur erreur ôc dç leur fu- 
perftition que Ton ne doit point 
prendre pour exemple. 

Nonobftant cela quelques vns 
. ne laifTcntpas de fouftcnir qu'il y 
a eu autrefois desfigurcsquîont eu 
yn mcrueilleux çffcù. Si cela eft 
yray il faut 1 eur déclarer enfin le fe- 
:( cret de raftaire;Ccft qu'il y auoic 
1 là autre chofc quelapuifTancedV- 
m ncconftcllation :Ou cela eft faux, 
pu cela fc dcuoit faire par le pou- 
voir des démons. Quelques Magi- 
ciens voulanspafTer autrcfois^pour 
grands Philofophcs & Naturali- 
ftcs , ont attribué au pouuoir des 
Aftrcs , ce qu'ils f;^ifoient par for- 
çclleric. 

I Nous n approuuons doncpoint 
1 ces ftatucs ou figures que Ton place 
"|Cn Quelque lieu de la ville ou dans 
^ quelque coin d Vue maifon , pour 
j! opérer quelque eftcd c:$traorcii- 




"lit Des Talismans^ 
naitfe -, 6c Von doit penfer la mef- |i 
me chofc de celles que Ton porte, ^ 
(bit qu elles foicnt grauées furvnç 
table ou lame de m etal , ou bien fur 

le cercle d:vn anneau. Il eft aufliin- 
difFerend que ce foicnt de vrayes 
fio-ures dliommes ou de beftcs,oi; 
que cefoient des lettres & desca- 
radercs. LVn n'a pas plus de pou- 
uoir qucTautre. Les figures d ani- 
maux ne reprefentét néquifoitau 
Ciel, ôclesparolesjDarbares oulcs 
caradcrcs inconnus quelon grauc 
cous fculs , ou bien auec quelque 
lmacrc,n expriment rien aufli quij 
app.Trcienne aux.Aftrcs. Auec celai 
tout le changement que cela ap-T 
porte à la pierre ou au métal , c eft F 
que ce font de petites concauitc:^[^ 
capables de marquer l argile ouê 
la cire, ou de retenir en elles quel- 
que liqueur. le ne leur attri-| 
bue point autre puiffance. LesAf-*^ 




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Des Talismans. iij 
çres ne font point desD.iuinités plei- 
nes de prouidence & de iufticc qui 
xaucent ceux qui les inuoqucnt, 
i qui prennent garde aux figures que 
on fait en leur honneur , & qui 
ayent du iugcment pour difcerncr 
quels font les caradcrcs qui implo- 
rent leur afliftance. Tout cecy a dé- 
ja cftérefolu , 6c Us mefmcs chofes 
[que i*ay alléguées contre le pouuoir 
ides I mages Faites fous certaine con- 
I ftellation , peuuent fcruir contre 
les lames ôc les anneaux où lonfe 
contente de grauer quelques cara- 
d:cres,pourcc que Ton fçayt bien 
aufli que ces petits traits de burin 
^ n'aquierent aucune puifTance à la 
' matière. 

Il cft vray que fans fe fier aux li- 
ures, plufieurs perfonnes qui viuent 
encorc,nous diront peut cftre qu ils 
portent depuis long temps de cer- 
taines pierres figurées , Icfqucllcs ils 




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114 Des Ialismans.V 
cfoyent cftre fore bonnes con^rel^ 
colique, & qu'ils ne s*en font point 
icnti^ depuis qu'ils les porter, quoy 
qu lis en fulTcut fort affligez aupa- 
r^i/anr. Il fc peut faire aufli que le 
iî)al eftoit délia ceffé pour quelque 
LUtre caufe , ou que depuis il s cft 
irrefté de luy mcfme. Les autres 
portent d'autres pierres contre les 
vâiins ou contre le tonnerre, & fc 
vantent que iamais aucun ppifon 
n'a eu pritc fur eux^ que les ferpens, 
les lézards & les autrçs aniniaux ve- 
nimeux ne les ont point infectez^ 
& qu'ils n'ont ppint gagné la p<:- 
fte , le pourpre , la rougeollç , 6f les 
autres maladies contagieufcs , & 
que le tonnerre neft ia^nais feule- 
ment tobé prés d'eux. Il faut qu'ils 
fe rcjoùiffent en cela de leur boq- 
heur 6: de la faueur dcDicu qui les a 
pceferuezilUn'cuiïcnt paslaifféde 
i'eftrequâd ils n'eufsét point porté 



Dés T alismanî.' tzj 
leur pierre, & Ton en voidpluCeurs 
àutres quifcgarantiflentdecesac- 
1 cidcns, fans auoir iamais porté ces 
prcfctuatift. 

Uon peut rcduircà cela tous les 
exemples du pouuoir des figures 
tonftcUces ; Q le fi ce font des ef* 
fcds miraculeux, ils font inucntez 
àplaifir, ou ils ont cftéaccomplis 
_ arlafliftancedcs démons jQucfi 
ce ft>nt des chofes plus modérées 
omme la gucrifon des maladies, 
cela s cft fait par d'autres moyens 
fecrcts 5 Qucfi c eft vnc prcferuatio 
cquclqucperil,c eft que Ton ny 
deuoitpascftre fujet. Nous auons 
Veuquiln'y a aucunes raifons qui 
îiutorïfe«nt les Talifiiiians j Auffi 
n ont-ils pour eux aucune expérien- 
ce légitime, tellement que les mcr- 
|r ' ucillcs que l'on en racontcnedoi* 
■à ucnt point cftre creiics 

1 



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LE crcditque Ton donncàccsl 
figures faites fous certaines 
conftellations eftant fort dcfrai-i 
fonnablcjily a fujet de s'eftonneri 
comment plufieurs s y font attâ- 
chez,&: Ton doit eftre curieux dt 
fçauoir de quelle forte cela eft ve- 
nu en vfage. 

S'il eft ainfi que l'idolâtrie ayt 
commence par les ftatues de ceux 
que Vonaymoit de rcfpedboit durât 
leur vie afin den confcruerlc fou- 
tienir ôc que de cet honneur i on 
foit venu iufqua Tadoration , les 
Talifmantpeuuent bien auoireu 



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DesT ALlSMANS^ ItJ 



fc 



es 



curio- 




mblabl ^ 
figures ayans cfté faites 
ficé, ôc pour mémoire de cequ el- 
les reprefentoient , par fuçceffion 
de temps ceux qui les ont eues,ayât 
veu que leurs predcccfTeurs auoient 
cftc heureux en de certaines chofes 
en ont attribué la caufe à ces ancié- 
, lies pièces dont ilslestrouuoicnt fi 
^ foigneux , tellement qu'ils en ont 
|cu encore plus de foin afin d'auoir 
vn pareil bon-heur. Cela s cft fait 
pour les grandes figures que Ton 
plaçoit en quelque lieu d'vnemai- 
fon, ôc furtoutpourlespetitcsquc 
l on pouuoit pendre au col ou qui 
eftoicnt grauées fur la pierre de 
quelque anneau que Ton portoit 
au doigt. Les premiers qui s ca 
eftoient fcruisne lesportoicntquc 
pour ornement ., mais les autres 
y adiouftoientlafuperftition. Peut 
cftreauoit-on eu quelque fiance ca 



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12,8 D E s T A L ISAM ANS? 

lamaticrc, comme dctouttemps 
Ton a attribue pluficurs qualitcz 
mcrucilleufcs aux pierres. Se ce que 
les Lapidaires y aruoient graué n*c- 
ftoit (jut pour monftrèr leur artifi- 
ce i maisl on s cft imagine que la fi- 
gure y eftoit fort neccffaire pout 
obtenir reffedt que 1 o enefpcroit; 
Il s'cft rencontré aufsi que quel- 
ques vncs reprefcntoicnt les diuint- 
cczqué l onlogcoit au Ciel , & Icsf 
animaux que l'onmetcoit au rang 
des Aftrcs. Comme c cftoicnt les' 
plusgrarids myftercsdela religion: 
des Paycns, cela leur v cnoit en TcC- 
prit plutoft qu*autre cliofc , & ils 
grauoicnt cela par vnc deuotion à 
leur mode» 

Les Aftrologucs péurent faire 
Icurprofit de cela afiadelemcttï'e 
d'auantage en crédit. Us publièrent 
que fi l'on vouloit que telles ftatues 
ou tels anneaux fufsét vtilcsà quel- 
que 



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pis Talismans: 
iMc j:hofc , il ne fuffifo dcn 

,i choifn: la marier c,&:Ufigurc,mais 
^ quil les falloit faire auffi 4 

||.iïh^ Plancttc pu le Si- 

i resplusfQrt$ cîaris IgCicI, & pour- 
)^^^!^^^^^^PPOïiok à eux de 
^^ette çnc(àion ils fabri^uctcnt plu. 
^jc^ts images ^[ulis vçricïdicnt co- 
|ncî'r«s-proprcsà ce que Ion dcfî- 
roit. lis trbuucrchc en cela y- 

inucntion pour 



0 



ne très- 
,{ ^P§mentcr leur crédit , ou bien 
rif?^ |c rcftablir parmy les efprits 
f ^^/^ alloit ruincVarfipluhcurs 
^ftpifnÇ dcgouftcz de les i:onfultçr 

fS'^^ %^Wnf5 que leur promet- 
toit rheure de leur naiflancc^ à eau- 
;fc gu*ils Jeur predifoient ouelque- 
fois des malheurs qui les taifoicnt 
; viurc eh des inquiétudes continuel- 
fcs^ ils n aùoient plus fujct de Us 
^preKcndçr is'ils vpuloieht , dai- 

ï 



1} o De ;T ax i $ m à ksI ^ 
tant cpe ccux'qui les mcn'aCQiè|S | 
dumal, kur promett^ltnt 3^<^ 
en donner le rçmcctcr& qucdôit^l 
me ils f^aaoiérit ce qui deuoic ar^^^^^ 
uer aux hommes paries Àftiré^ , 
pouuoicnt faire des figures fous! 
^d autres conftcllatïohs quilcs pf e- 
feruerbieé <ie toutes fortes de'p^ 
A inCi ces iinîaiftrés trornpeurs afTcu- 
f ôknt de conoiftre non feulement 
les chôfcs'aufquclîes les Influences 
deftinoient les hommes , mais d'c 
changer "aiifli ces m'cfiinics Inffiïén- 
ccs; , Comme le' vùVgaire croit faci- 
temcriê^^c qù*il d'èrirc^il y auôit .aC- 
fcz de'^cris qui leur sadipùftcMc^^^ 
foy, ôc^k^uilcs emplpyoicntifait'c 
" des ficfUréspoUr di^^^^^^^^ .ï)f .^^ 
c6nâcrôiencpas lacontrafrctéidc 
leur propofition , & que fi les A 
tresôtdonnoienc quelque chofe jrit 
ïalloitf ^ijue cela ^rriuaft maigre 
toutes les figures , ou que fi cela 

^^^^ — — - *^ 



Des Talisma n 



ils 



loicnt 



>3ï 




arnuoitpas 
[pas ordonne, eu Ja penléequils 
Idcuoicnc auoir félon leur temps, 
ais nous qui n'attribuons pas 

mcfmcsauxAftrestoutelapuiiTan'. 
ce que 1 on leur a attribuée fur les 
chofcs particulières , nous fortons 
Iplus facilement de ces erreurs , & 
inous ne croyonspointaufE quelles 
figures aycnt aucun pouuoir fur les 
tuenemens dumonde. 



Fiti d» Trait te det Talifmans. 




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'àa dit que les Chaldccnslgg 

ontcfté les prcmiors qui ont 
lté r Aftrologic/oit qu'ils ftîf- 



înuentél Altroiogie,ioitqu 
fent portez de leur naturel à la coA- 
fidctatiô des ehofcs hautes & diffi- 
cilesà connoiftrcjou que la eom- 
modité des carhpagnes ou ils le 
tenoient d ordinaire les y mcitaft. 
Si cela cft l'on peut bien dire auffi 
quclcs figures qucl'on fait fous dcj. 
certaines conftellations , ont priH 
origine dans leur pays. Quoy qu'it| 
enioitl'on tient qu'ils ont eu foin| 
d'en Faire, cômmc auflilcs Arabe^ 
«c les f gy pticns qui cûoicnt adon-j' 



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Des Talismans. 
pcz aux plus grades fupcrftions du 
Paganifmc. 

Lon donne à ces figures le nom 
AcTaltfmdn qui cftvn mot Arabe, 
venu du Chaldcen, Tfelmenaija qui 
fîgnifie Image, &c vient de rHe- 
bteu , TfcUm, qui fignifie la îhcf- 
rne chotc. Quclqu vn a dit que le 
fnot dcTalilnnan vrnor avnmot 
6rcc qui fignifie, Pfr/ïr(^/o«^ pour- 
ce que les Talifmans font les plus 
parfaites cliofes qui puilTent eftrc 
fiaitesicy bas, ayans vne puiffance 
pareille aux Aftres. Mais cela n 4 
aucune aparence , veu quelcs Grecs 
ont emprunté des Arabes , de^ 
Chaldecns, & des Egyptiens tout 
ce qu*ils ont fceu de plus curieux, 
tellement que leurs mots viennent 
plutoft de r Arabe, queTArabc ne 
vient d'eux. Le nom Arabe qui a 
cfte garde vfité en plufieurs au- 
trç$ nations mpnftre donc encore 



m 



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I' 



ÏJ4 D ES T ALISMÀNS.' 

Toriginc de ces figures Aftrologi- 
gucs. 

Plu{îcurs hiftoircs témoignent 
qu elles ont cftc en crédit en O riét, 
èc qu'il y en auoit dans les places 
publiques & dans les maifons par- 
ticulières , & que quelques petfoa- 
nes en ont porté fur foy. Nous n a- 
uons pas les liùres de ceux qui en 
ont efcrit dans l'antiquité , mais 
quelque Auteurs qui font venus 
depuis & qui les ont pii voir, ont 
rccucilly ce quils y ont trouué, 
6c y ont mefme adioufté. Arnaud, 
de Villeneufuc Médecin du Pape 
Innocent fécond en a efcrit, mais 
c eft auec tant de fupcrftition , que 
ceux mefmes qui veulent defFendre 
lesTalifmas le condamnent , d'au- 
tant qu il ne fe c6 tente pas de met- 
tre quelles figures il faut graucr fous 
chaque conttellation, &àquoy el- 
les Ierucnt,mais il prefcrit eî\çotc 




P\%^ A L I s M A N s. i; j 

-j,cs prières que Von dpit faire, lefc 
'ip^cs font prifcs des Pfeai^mes de 
âuid des autres liurcs du vieil & 
^unouueauTcftament, cequelori 
Ue.nc cftrc vne prophanation & 
rne cfpece de forcellerie. le nefçay 
comment i on fouffroit alorsà Ro- 
I^Qc.qu il efcriijift de telles chofcs, 
mais pcut-cftrccclana-til eftcpu- 
l^liéqu après fa mort. 

Paracelfe a fait vn traidc de la 
Mcd ecir^e Cclefte où il prétend de 
guérir toute forte de maladies, non 
point par des ftatues ou figures, 
p^ais par des caraderes grauez fur 
dcç lames ou cachets, faits fous vne 
cohftcllation cpnuenable. Il cn- 
fherit furUr^ethodcordin^ 
il n'ordonne pas de prendre dVn 
métal pour chacune ^ 11 en or- 
donne pluheurs meflez enfcmblç 
aucc vne certaine dofe , ainfi que 
1 on feroit pour les drogues d vno 



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1^6 Des Talismans^ 
mcdccinc , & c eft là dcflus qu'il 
vc4c que Von grauc les caraâref ^ 
qu'il a reprefentez dans fon lîurc/ 
11 y en a quelques vns qui font (:eu;ç 
que Ton a apropric:? a quelque Si- 
gne ou Planettc , mais outre cela 
il y en a qui font inconnus & font 
accompagnez de mots barbares 
qui a ont aucune intelligence rai- 
fpnnablç, & il faut crbké que celi 
dcpcnd de quelque paftion faite 
aueclcsDemonSjOuquecc nefonc 
qacdcsfoctifcsfaites àplaifîr pour 
tromper le monde. 

Agrippa dans fa Philofophic oc- 
culte a traiârc des Images faites 
fous rafcendant de quelque Aftrft 
& k fimpl emct rapporté dans quel- 
ques chapitres celles qui cftoient 
pjToprcs à chaque conftellàtion; 
mais pource qaaillciirs il dit qu it 
faut vfer dlnuocat ions ôc d*encen- 
fcncas pour toutes les. opcratibiié 




IDes Talismani! ïjjfT 

ijticPon fait , & qu il tient mcrmcs 
les Aftrcs pour des Dminitcz quî 
exaucent lés vœux des homes, 1 on 
cônoift dis quelles erreurs ileftoic 
plongé. 1 1 prcfcrit aufli les moyens 
de faire des lames ou tables de cer- 
tain mctal pour chaque Planettc 
afin d obtenir les biés oii elles prc- 
Cdenc , mais il entend que Ton y 
g;rauc de certaines lettres Hcbraï- 
qiles qui reprefcntent plufieurs nô- 
brcs myfterieux,aucc quelques ci- 
raâreres dédiez à TAftrc que Ton 
implore ou à Tlnteiligence quile 
goîiuernc. 

Si cela n'eftoir point accompa- 
gne de la confiance qu il fautauoir 
aux Démons , 1 on pourroit dire 
qu'il n'y auroit pas plus de mal à 
grauer CCS cara£tcres que des Ima- 
ges extràuagahtcs. En cfFciSUbck 
pourroit aufli bÎQp croire que les 
Aftres iettcroient leurs Influences 



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llir dcs.caraca::crcs. choifiç qpi ne le? 
rcprefcntcnt pas moi^s que 
très figures. Mais foit ^uç, Vq^ le 
contente de figures & dccaradc- 
rcs^ou quc Ton y adiôufte des pa- 
roles des cérémonies bien que 
l'vn foit plus mauuais que lautre^» 
ny l' vn ny lautce ne valent rien. 
\.,<^lqucs Authcursontcodam- 
nç les TalifmansjDÙ l'onfy Amoit 
dç caradercs inconnusôf deparo- 
les magiques. Ils ont î:e|ï\i que 
Ton en vouloit faire de legituncs .6c 
de naturels , il fe faloit conten- 
ter d*y faire les figurer appro- 
priées à chaque conftellation. 
Les vns Tont déclaré ouuertement, 
& l-çs autres ayans prppofé feulcr 
ment qucllpTïiatiere quelle &-r 
gure cftoiènt propres fous chaquç 
Aftrc , fans y prefcrire autre cerer 
monic que la graueure, ont fait 
çoaoiftre qu'ils acntcndoicnt pas 



Des Talismans. 
-fc fauir de paroles ny d'cncenf^ 
menspour honorer les Aftres coiti- 
mc des Diuinitcz. Marfillc Ficin 
dans fon liure De Vtu Cϔitus corn- 
amonftrc comment Ion 

ouuoit faire quelques figures fous 
ertamcs conltcllation pourobtc- 
ir diuerfcs chofes, fans y rien méf- 
ier qui foie pris delà MagiedefFcn- 
due.Toutcfoisil declarcquelesMa- 
giacns naturels fe laiffcnt fouuent 
abufcrpar des Démons , ce qu'il te- 
I moigncdcnepas approuuer.Goc- 
lenius & Quelques autres modernes 
ontaufli cond;?mné cette manière 
de taire les figures , ou I on fe fert de 
paroles & d'autres cérémonies 
. qu'ils cftiinc^it vaincs. Depuis 
quclqnc temps l'on a imprime vn 
liurcqui fuit cette opinion, appci- 

^T'^^'f? , cooipofcpar 

Maiftrclacqucs Gaffarcl, Dodeuc 
en Théologie & en drpidl Canor^ 



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14© Bes Talismans. 
de la faculté de P^i^iis , à: Prieur dç j 
Sainte Gatlicrinc, ton nV trou- i 
ucpas feulement de quelle manie- j 
le Ton peut faire quelques Talif-| 
mansquiayentvneoperatibafleu-j 
rée, mais ils y font deffcndus pari 
toutes les raifqns qui fe pcuuenç 
imaginer, & rAutheuryadiouftel 
quantité de i^marquçs anciennes! 
qu'il fait v en ir fur ce fu j et. 

Nous n auious point encore vcu' 
vnfi grand difcours,ny de liure en- 
tier fut cette matière. Galcottus 
Martius en auoit feulement fait 
vn Chapitre exprés qui eft le 14. de 
ÇonVmtcDeDdéirina fromijcua, ôC3 
quelques autres enauoient parlé en 
pafsât,mais ce Uurc-cy en traidc 
de propos délibéré , & parce qu'il 
comprend ce qui auoit dcfia efté 
dit ailleurs pour cette dcffence, 
ce qui peut cftre inuenté de nou- • 
ueau , e eft à luy qu ilfcfeut addref* 



Des T auskcansï 
fer. Les oblcruacions qu'il cft te^ 
y{om dcn faire en particulier, (ont 
j.; caufc que celles quci ay commen- 
cées fur leTraidcdcsTalifmansnc 
font pas fi longues ; dautant 
^uc les mefmes fubiets qui fe trou- 
uent propres à celles cy , doiuenc 

filre traiôlez aux autres plus am- 
Icmcnt. 





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BSERVATIONS 

CONTRE LE LIVRE 

VRIOSITEZ 

INOVYES 

E M. I. G AF FAREÎL,S7H 
la Sculpture Talifmanique. 



H5 



^ f 4h ■ -t^ |. 4 4- ^ , 

bBSERVATlONS 

[ CONTRE LE LIVRE 

pVRIOSITEZ 

INOVYES 

tDE M. I. GAFFAREL, 
> fur la Sculpture Taliûnaniquc. 

PREFACE. 



E ne fcroic pas faire tout 
ce qui fcroit requis dans 
l'occafion prelcnte , Ci 
ayant parle des Talif-. 
Inans , Ion ne parloit en particu- 
lier du liure qui en a cfté fait depuis 
ïluelques années. Puis quil les 
ffeufticntouucrtemêt, l*onnefçau- 
^ abatte leur crédit qu en com* 

K ^ 




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ÏAi DES CVB-IOSITEZ^ 

battant les taifons dont il Icstorti- 
fic Quiconque met vn hurcenlu- 
ihicrc l'cxpolc à l'auis de tous. Si vn 
Autheut d\ dvne opinion ccluy 
qui cfcrira aprcs en peut fuiurc i 
vncautreA monftrcr le contraire j 
de cequc le premier adit. Cette li- 
berté a toufiours cftépatifiy les let- 
tres . afin dit-on , que comme du i 
choc de deux cailloux , les eftin-" 
cclie^dcfcuvienncntà fortir, l'on 

voyt aunî que du combat de deux 
difputaBi,les cftincellcs delaveri- 
té v.niientà paroiftrc. Cette hmi- 

liiudc cft propre en ce lieu où il eft 
fi rouucnc quertion de pierres & doî... 
Cil' oux. Ccluy qui parle donc tancr 
de Jamajeux oc deTalifmas .fout-? 
frira, ^'il luy plaift , queie faffc cho-^ 
qucr mes cailloux contrclcsliens,,?. 
aHnque lè feu eu forte. Cesfaçonsu, 
d'efcrire ne font pas nouuellcS.I:. 
Nousauousquâtité de RemarqueSjZ. 



1 



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Il 



pfl ce. 



I N O V Yïs 



dcRcmonftranccs,dExamcn$, dw 

lugcmcns.de Ccnfures,d'£xercita- 
Hons,(Jc Rcfpontcs, & d'aurrcs ou- 
uragcs qui contrarient à quelques 
autres lelquels font faits entre pcr- 
' ton h es de mefme nation , & de 
niefme langage , & foùuent dfc 
mefme profellion. le dy bien plus 
qu il s en peut faire entre perfonnes 
de melme parenté , & il n'en faut 
point d'exemple meilleUf , que ce 
qui s cft paffé cette année entre 
deux frères, Veu que c'cft aufli fur 
Iclujetdes pierres; non pas furlcut 
vertu naturelle ou artificielle , à 
n'en point mentir, mais fur leur <Tc- 

Weration. Le fleur de Claues ayant 
^ait imprimer fcs Paradoxes , ou 
rraittez Philofophiques des pier- 
res ôc pierreries , vn ficnfrercqui 
tait protcffion de la Médecine ca 
Italie a efcrit contre fon opinion, 
«c ànomméfonliurc, Claum An-. 



148 Des CvRiosiTEZ 
ti C/^mN5,furquoy lefieurdcCU- 
ues témoignant la facilité de ion 
cfprita dcfiafait vne réplique qu il 
nous fera voir bié toft. Si deux pcr- 
fonnes fi proches pcuucnt entrer ] 
endifputcpourlcfait des fciences^ : 
cela doit bien cftre permis à ceux ; 
qui ne fe connoiffent que de nom; 
U n eft pas bcfoin dt en chercher 
tant d exemples. Monficur Gaffa- 
rel en peut Içauoir ^ffcz.à: ne trou- 
uera pas noftre procédure funouye 
que les Curiofitez, puis qu ilnou^ 
monllrc le chemin de lacontradi- 
ftion, ôc qu'il tafche de réfuter les 
opinions non feulement des An- 
cien. , mais aufli de quelques per- 
sonnes qui viucnt encore , & qui 
fontdclaconoilTance. le puisbicri 
parler de fon ouuragc de mclinç 
qu il parle de ceux des autres. Que 
fi i ay des opinions contraires aux 
iienncs , cela eft permis dans des 



il 



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:0\ 



Inovyes 149 
fujctsifidiffcrens, & bien plus dans 
ccux-cy , vcu que la Sorbonne a 
donné vn Arrcft contre (on Hure, 
le ne fay que mon deuoir de ne 
pas future ce que cette faindc So- 
ciété napprouue pasi ôc pource que 
le liure des Curiofitez Inouyes , fe 
treuue encore dans les Cabinets des 
hommesdcttude, dans les bou- 
tiques des Libraires , & que plu^ 
fieurs perfonnes qui n auroient pas 
lefprit aflcz fort pour refiftcr à fcs 
perfuafions , y pourroient adiou- 
fterfoy & y prendre des opinions 
preiudiciablcs à la vérité , il n cft 
point hors deproposde le réfuter. 
Il faut bien que rAuphcur fuppor- 
te cela doucement, puisque nous 
le faifons fans aigreur. Nous auoni 
bien fouffert qu il ait dit beaucoup 
dcchofcs contre la vérité fans luy 
témoigner aucune colerenotablc: 
Pourquoy ne foujfFrira-il pas main- 

' \ ' K iij 



ijo Des Cvrtositez 
tenant que nous parlions pour la 
mcrmc vcrirc qu'il a pris plaifir de 
clcfguifcr ? Nous le deliurons en ce- 
la de peine , car il eftoic obligé en 
fainc confcicncc de taire vn autre 
liurc contraire au fien pour defabu- 
ferle peuple , daucant que cen eft 
pas allez de i»*cftrc rctradlé en Sor- 
bonne, Se d'auoir auoùé comme il 
a fait qu'il auoit efcrit des chofcs rc- 



J 



cctab 



es condamnables, filon 
ne n^et ordre que Touurage dont il 
s'agit ne fc vpy c pl|is,QU (i l on n en 
fait vn autre qui ledeftruifc.L on 
Verra icy ce que l'ay tafchéde faire 
fur ce fuiet. 5'il y a encore quelque 
autre fubtilité à trouuer pour réfu- 
ter quel que3 opinions, TAutcur les 
pourra elaire luy mefme, comme 
çftanc maiiliredc fononuragc ôc eu 
connoifI.iïit mieux les refforts. le 
ae douce point qu il n'ayt fait ce 
DOBr nionllrer ilibt^jsAï 



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G- 



M- 

fou 

l'on 
;fe 

rii- 



Je 

.ii: 



ÎNOVYES. 151 

ilcffendrcvnemauuaife caurc,ain-; 
il qu il fait connoiftre en plufieurs 
endroits, ôc comme il a mefmc fait 
entendre par fa rctradatiô deuant 
la Sorbonnc, où il déclare que ce 
qu'il a efcrit n cftquVnenarratiaa 
de ce qu'il a trouué dans les litres 
des Arabes & des Hébreux, fans le 
vouloir donner pour chofe alFeu- 
rée. NOUS luy auoûoqs qu'il a nion*- 
ftré la puifTance de fon cfprit , 
grande lefturej fa profonde érudi- 
tion. Se U connoiflanccqu iladcs 
Ungucs Orientales -, mais il e(^bieî:i 
certain qu'il pouaoit entreprendre 
Hes ouurages qiji çufTcnt eu plus d'à- 
probatio que ccluy-çy j Ccil pour-* 
quqy U ne doit point trouuer mau- 
uais que l on efcriue cpntrc , & ic 
ne defire point auff; de le fafcher, 
n ayant autre deflcin que dcferuir 
Iç public fans ofFenccr perfonne , ôc 
honorant fur tout les hommes do« 

K iiij 



I 



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512. Des Cvriositez 

£tes comme luy qui ayans faitpar 
exercice d'efprit desouuragesoùil 
y a quelque chofecliofcà redire, le 
reconnoiirét les premiers, & le mo- 
ftrenc capables d'en faire à laucnir 
déplus excellens. 

,1 4 .f, é- 4 

i|9 ' -a->' -p oi-ô- 'îAp vtk)' 

; . 'i' -Hf' "1^ 



II 



t Auertiffcment 

I E veux parler icy d* abord du tiU 
creduliure dcMonfieur GaftV 
tel , qui eft de cette forte, Curiojttez 
Imuyes ^Jhr la Sculpture Talijmani^juc 
des Pérfansy horofcope des Patriarche 
& leéîure des Ejloilles, Il veut ref- 
pondrcdaiis fon aduerti{remGrvt,^à 
ceux qui s eftoiineront de céqtfil a 
appelle ces Curioficez Imuyes , veu 
qu'il V a des Authcurs nui cri ont 



I 



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Inovyes.' i$i 
parlé. II dit quclaplufpart cftoicnc 
inouyes aux Chrcfticns , n ayans 
cfté traiârées que par les Hébreux. 
M ais pour les figures faites fous cer- 
taines côftellations qui font le prin- 
cipal fuiet de fon liure, les peut-il 
faire paffcr pour inconnues , veu 
uilyatantd'Authcurs modernes 
ui en ont parléfil fe fonde fur ce 
que le nom de Talifman n cftoic 
as connu. Ils:abufe en cGlajllny 
point deperfonne curicufc qui ne 
aytfceU;Scaligcr & Saulmaife en 
ont parlé fuiuant fes allégations^ 
Er ie monftreray. des liures Fran- 
çois quioncprecedé le fien,& mef- 
fcnes quelques Romans qui en par- 
Icnr^^tefraorn celuy des Priticç$ for- 
tunes fait par Beroaldc de Veruillc 
oîiil eft fait mention du Talifman 
de la Canicule , de forte que ce n'eft 
pas vne chofe inouy c. Quand Ton 
ignoreroit mefmc le vray nom que 




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Des Cv^îc^sIte^ 
les Arabes donnoicnt à ces figures^ 
elles ne paffcroiét point pour nou^ 
«elles , puis que l'on fçayt ce que 
c cft que la chofc. Il y a quantité de 
çompofitions de rnedicamcns,ôc 
à'2mtYc% artifices dont les Anciens 
Xcfcruoient aufli bien que nous, 
qui auoient des noms que nous ne 
fçauons pas , & pourtant celuy qui 
cft fcroit la dcfcription fcroit-il 
bien reccuà les appellcr des cholc^ 
Inouy cs?Gén'eft pas de v erité pouc 
ce fujct qu'il faut appelleras figu^ 
res Aftrologiques , des Curiofitez 
Inouy es^mais pource que nous n a- 
uions pas ouy encore quel onvou^ 
luft faire paffcr ces Curiofitez pout 
des chofes très- certaines , & qu en-s 
corcccfuft vnChreftien& vnDoi 

(Stcur qui r<:ntr eprlft. 

Aumcfnie AuertifTcmcntrAu^ 
teur dit que fi 1 on treuuc eftrange 
qu vn Ecclefiaftiquc comme luy ' 




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ayt traide vnfujetfihardy& li- 
bre , il faut confidcrcr que pluficurs 
de fa profcffiôontauancédcscho- 
" s plus libres & plus dangercufes. 
-- nomme Guillaume Euefque de 
- j Paris, & vn autre Eucfaue Albert 
le grand , Roger Bacon , loanncs 
de Rupefci/Ta tous deux Cordelicrs, 
londin , Àugurel & Marfille Fir- 
cm Preftres.lelquelsonc efcritqua- 
3lti|itite de chofcs fuperlHtiei^cs & in- 
^ croyables touchant l' Aftrologie, 
i: I les dminations, & la vertu des picr- 
i I rcsMes métaux ■ Il dit auffi que 
1. 1 AbbéTrithemea misauiourdas 
It- inuocations d'Efprics; Quaupara- 
l i uant tous ceux-cy Syncdus Euef- 
R que Chrefticn a efcrit vn liurc de 
1 interprétation des Songes, cotiv 
mente après par Nicepliorevnau« 

o.ff^'î"^ cle Conrtantinopie; 
I ^^li laifleàpartles Vifiôseftran- 
i a. rAbc loacfaim & de Sauana- 



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35^ Des CvRiGsiTEZ 
rollc Moync Dominicain , les 
Azolains du Cardinal Bcmbo, la 
LucrefTe d'Encas Siluius depuis 
fait Pape Pic, Icliurc rennply de 
vilennics de Poggius Florentin, 
Secrétaire Apoftoiique, ôc Thiftoi- 
rç,Macarronic[ac fous le nom de 
Merlin Cocca) , faite par Thca- 
philc Fukngius Moync Bcnedi- 
€t'm , ôc vnc infinité d^autres auec 
lefquclsfi on confère fon liurel on 
trpuueira qne Ion ne le fçauroit 
blafmçi qu a tort. 

ic toudrois l'interroger là def- 
{iisVil n alfeure pas dans fon liure 
que les Sculptures Talifmaniqucs 
ont des efFcds tres-certains : il Ta 
prefque tout employé à leproiiuer, 
ôc cela eftant , pourquoy tire-ul 
fa coiBparaifon de ceux qui ont ef- 
crit des chofes plaines de fuperftj- 
tion ôc d erreur ? Il femble o^i'il 
aiio 'ie que fon liurc eft pleii dr. 




4 

1.1 



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Inoyyes* 
îhofcs mutiles, mais qu elles tic le 
Çont pas encore tant , ny fi dom- 
magcahles que celles qui font trai- 
tées pat les autres Ecclcfiaftiques 
quil allègue. S'il pouuoit tenir ab- 
folumcn t le contraire, il ne deuroit 
point s'excufer de cela , car slleft 
ainfi que Ion puilTc faire des Talil- 
manc par vnc voye toute naturelle 
& fans fuperfticion, pour fe garder 
defttc pique des fcorpions ôc des 
autres bcftcs , pour chaffer les infc-* 
<a:es , ôc fe garentir auffi de quel- 
ques maladies , tant s en faut que 
Ton mette en balance fi Ion les 
doit reccuoir, qu aucohtraîreihy 
fautapliquer de toute sô induftric, 
comme àvnechofeçres-vtile. Mais 
puis que l*Autheur ne laiflcpas de 
chercher descxcules fur lacompa- 
raifondes liures pncoreplus vains, 
il faut cro ire qu'il s' eft doute de U 
vanitc du ficuiEt ilaccsfortes de 




158 ^^Des Cvriosit%z 
compara ifons fi en mnin , qu'en vii 
autre endroit du liure , il excufe cri 
corc les Rabbins de leurs rcfueriè^, 
fur ce que plufieurs Autheurs re- 
nommez ontefcricdes chofcs ridi- 
cules fans eftre repris , comme Ho 
mere qui s*cft amufe à defcrîre la 
guerre des grenouilles , comme 
Ifocrate qui a fait les loiianges de 
Bufiris : Cardati celles de Nc- 
ron,Lucian celles d'vne mouche & 
delà vicParafitiquejErafmcs cel- 
les de la follie , & quelques autres 
qui ont fait des Epitstphes 6c dif- 
cours funèbres pour des chiens, des 
chats,&: desôyfcatfx , comme Rorv- i 
fard , du Bellay , & plufieurs de nos t " ^ 
Poètes, tvlais fiOus dcuons confide- • 
rer quefi ces hommes fameux ont ) 
âcquis de la Réputation , ce n cft i 
point par ces feulfes pièces, lln'eft i 
pas dcficndu aux'Autheurs Icsplusz 
îcrieux de taire des ouuragcs Co- - 



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Inovyês^ 1^5^ 
miqucspour fc rccrccr, fedlony 
trouuc des chofcs qui choquent le 
Scas ôc la raifon , Ton ne s en offen- 
ccpas , pourcc que tels difcours ne 
^font faits que par plaifir. Il ny a 
point decomparailon dccclaauec 
les liurcs des Rabbins quitraidcnt 
de la Religion & des chofes qui ap^ 
parcicnncnt aux mœurs. S'il s'y 
trouue des abfurditcz, elles nepeu- 
nent cftrc fdufferces. Quant au li- 
urcquenous cxaminôs , s'ilne con- 
tient que des curiofitcz vaincs & 
nonfaifablcs, au lieu que l'on nous 
les veuc faire paflcr pour très cer- 
taines , ie ne croy pas qu on le puit 
féexcufcr. 



jiô Des Cvriositez; 









Du preminr Chapitre des Curiojtte:^ 
Jnouyes.fii fert a monflrer quon <t 
fauffement impofe plufieurs ehofes 
aux Hehreux CT au refie des 
Orientaux , qui ne furent iamais. 

AVant que ce liure parle des 
fculpturcs Talifmaniqucs, 
cequicft fon propre fuj et, puis que 
fon tiltre le porte , il y a deux grâds 
Chapitres qui ne parler que des er- 
reurs & des fuperftitions quelon a 
attribuées auxOrieutaux, ôcjrin- 
cipalcmentaux Hebreu:x , afin de 
Icscndelfendrc.llmonftrequeles | 
Juifs ont cfté injuftcment accufcz * 
d auolr adoré des Aftres , des ceps 
de vigne ôc des nuées. Pour ce qui 
cft de cela , il eft certain que c cft 
vne fauflfe calomnie inuenccc par 




I 

n 



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I NOVYEsr j^j 

h méchanceté ou Tignorâncc de 
leurs ennemis. Quant aujc Syriens 
<}ui ont efté accufcz d auoir adoré 
iesPoifTons; ic ne fçay pas corn- 
ent! on les en peut iuftifEcr,puis 
uc Ton demeure d accord <ju ils 
doroient vne Idole, qui depuis la 
tefte jufqu a la ceinture auoit la 

forme humaine, & le reftefiniflbic 
en poiflon. 

Delà il pafTc aux Hébreux, qu'il 
veut excuicr d'idolâtrie. Il trouuc 
mauuais que les Samaritains en 
ayent efté accufez pour auoir fa- 
briqué des veaux d or ; Il prétend 
qu ayans fait vn eftat feparc fous 
leroboham, ce Prince ne leur de- 
uoit point dôner d'autres marques 
de religion que celles de lanacn 
Temple , leur pouwoit permet- 
tre de fabriquer des veaux demef. 
nicquil y en auoit deuxà l'Arche 
d AlUancc&que ccftpitla figure 



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i6ï Des CvRiosiTEi 
des Chérubins ;QîAaron cnauaic 
fait faire vn par le peuple fuiuant 
Texemplairc qui luy auoit efté mô-. 
ftré à la montaigne de mcfrae qu'à 
Moyfe & aux icptante vieillards, 
îl croie qut la première intention 
de leroboham 6c d'Aaron cftoit 
boncj&qucfi le peuple irrita Dieu, 
ce fut pour auoir adoréces figures, 
&non pas pour les auoir faites i 
Quclorsqu Ezechiel& S. lean vi- 
rent par après la gloire de Dieu qui 
cftoit Dieu mefmc aflkdans fon 
throfne entre quatre Chérubins, 
) vn auoit la figure d vn homme, 
l'autre d'vn lyon,le troifiefme dvn 
veau, & le qyatricfmed vnayglc, 
qu Aaron ^voulant contenter le 
peuple en Pablcnce de Moyfcluy 
auoit permis de fabriquer vn veau, 
pour rcprcfcn ter vn Chérubin , Ôc 
que s il auoit pluftoft choifi cette 
figure , c cltoit afin qu'cllant plus 




Vi t 



4 



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' ■ Inovy ES. j^j 

-bfurdc que les autres les cnfans 
^^^^^^^ ne fuiTcnt pas fi enclins à 
'WadorcrjQucIcrobohara voulant 
^ Taire vn règne nouueau euft efté 
Mîauuais politique , s'il euft donne 
i ceux qui lauGicnc fuiuy d autres 
îrcprcfentatiôs dcDiuinitc aucc va 

autre cultc,dont ils n'cuflTcuriamais 
ouy parler. 

^ Ces curiofitcz ne font pas tôuc 
aitin'oujes. lin y apàslàvn fcul 
mot qui ne (bit tiré de Moncœius, 
bui en a fait Vn liure entier intitule, 
f^aronpurgatus.JîHe de Vitulo Aureoy 
^imul Cheruhorum Mojis^ vitulorum 
-:^merohoami, Theraphoru iMich^. Mais 
Ij; yn Théologien a fait vn autre li~ 
l^iArc contre cduy-là appelle, Mromr 
^mrgati, feu Pfeudo Cheruk ex Aurc& 
xt^mlo recens contait deftruêho, ou il 
efforce de monftrcr que IcsChc- 
IpTubins de fArchc auoient forme 
1 {iumaine,& que Moyfe auoit choi- 

Lij 





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Î64 DESCVKIOSITEZ 

fi cette figure comme plus proprï 
àrcprefentcrlaDiuinité. Mbcceius 
nell pas fondé comme cettuy c| 
fur lantiquité de l opinion , 6c furi 
k croy ancc commune dcsThcolo- 
giésxcliuredesCuriofitczlnouycsi 

ne rapporte point les raifons du 
Théologien qui arcfponduàMon- 
ca?)us, & ne le cite pas feulement 
en quoy il y a du dcffaut j & celr 
monftrequcrAutheurn afoin qu 
dcfaireapprouuerce qu'il alleguC; 
& qu'il craindroit de n eftrc pas fui- 
uy, si\ npportoit les raifons de fcs 
aducrfaires. Pour moy il me fenx- 
b c que quand mcfmcles Chéru- 
bins duTabernacle auroient eu lî 
forme de veaux, Aaron & lerobo- 
ham n aaroicnt pas bien fait de fa 
briquer de tels animaux, pcnfanï 
rcprcî^eicr ainfilaMajcftédeDicui 
^ carilsnauu it pas f Arche qui ac 
'compagnou iss Chérubins , ac fer 



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Inovyes. 
boit à cegrand Myfterc. 

Les Hcbrcuxfontaprcs deffcn- 
lus d auoir brufld leurs cnfansdc^ 
lant l'idole de Moloc. L'Aurhcur 
Kpretend que ceux qui ont adoré 
rcecrc idole , palFoiec Iculemct leurs 
Icnfans pardeffus le feu , ce qui peut 
cllre vray, mais fi d autres nations 
voyfiaes les ont bruflcz, quelques 
vns desluifs pourroient bien cltrc 
tombez aufli dans c^ttc mechan- 
çetc. " " " 




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l66 



Des CvRiosîTEz 



4 4 it- * :| 

Du fécond Chdpitre , /?o«r rrian-l 
flrer ^uon a eftimè plu/ieurs cho.^ 
fesridtcuUs & dangereufcs dans les 
liureî des Hébreux qui font foujlè-. 
nues fdns blafne par desDothurs 
Chreftiens 

L'Aythcur rccônoift icy quciv 
corc que U-s lu ifs fuient e- 
xempcs des cruu.s d'iin^iccc, d'i* 
dolaliric ik, de Tyrcellcric^ Ton leur 
peucobie6tcr au ils aduaccnt dani. 
leurs Ikres jplulicurs rcrucncs & ab- 
furdicez. Toutefois il prétend que 
cela peut eftrc admis âufli bien que 
les liures des Poiftes où les hom- 
mes font metamorphofcz en des 
fochcrs,desFlcuues,ôc des Plantes, 
ou les picrr^a dcuifent, les fleurs rai- 



lîîOVYES. J£y 

fonnent 6c les arbres fe plaignent. 
!, Mais quel auantagccn tire-fil.vcu 
que tout cela cft repuré pour fable. 
Veuc-t'ilque Ion donne le mcfme 
nom à tout ce qu ont ellrit les Ra- 
bins. Voicy ce qail adioufte.Pour- 
quoy,ccdit-il5^t t on receu les fables 
d Efope qui donnent de U raifon à tout ce 
qui efi en U Nature iupjuaux chofes les 
plus mfenftbles ? Quesd faut tout dire: 
Pourqmy admet on aupt laBihlequi fait 
parler les foreftSy la a^'igne, & les huif- 
fons ? Les t'Ois s'en allèrent y dit- elle, 
pour faire efleSlion d\n R^oy&direm 
a l O limer ^commande fur nous, &c, 
D'auoirallcgué, l'exemple des fa- 
bles d*Efopc qui contiennent bcaur 
coup de moralité, cclaeftaffcz lù- 
portable,mais démettre après ce- 
luy de la Sainâre Efcriture , comme 
fi les liurcs des Rabins deuoiét cftr« 
fort aprouuez , puis qu elle eftrc- 
ceuc aucc refpeft , il n y a poini; 

— • • • • 

Ulj 



léS Des Cvrtositez 
de conformité de IVn à Tautrc^ 
C^cfl en parler aulli fort indigne- 
ment d'auoir dit cecy i Que s il faut 
tout dire 3 pourquoy admet on la Biblel 
Veut-il pofcr en qucftion s*il la 
faut admettre ?Eft ce là ce grand 
fccrer d'cfpric curieux , qui fait ad- 
iouftcr , ^e s il faut tout dire ?lc ne 
croy pas neantmoins que l'inten- 
tion de TAuthcur folc mauuaife, 
mais il la faloit déclarer autre- 
ment. 

C'cft en fuite de cecy , quildit 
que fi les Hébreux s'ettoientama- 
fez à décrire 1 a guerre des grenouil- 
les comme Homère, le Paranym- 

f>he d vn Tyran comme Ifocrate, 
es loiianges de VI niufticç comme 
Fauorinus, celles de Neion com- 
me Cardan, celles dVn afne com- 
me Apulée & Agrippa, celles dV- 
ncmouche ôcdela vie parafiriquç 
comme Lucian , celles de la folie 





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m- 



Inovyes. î^5^ 
comme îrafmc, 1 on crieroir,aux 
foux ôc aux mfenfcz iou bienslls 
auoient drelTc dcsEpitaphcs & Fait 
des oraifons funcbrcs fur !a mort 
dVn chac, dVn fmgcdvn chien, 
d Vn afnc , dVnc pi^e &c u Vn pou, 
commçon fait des cfprits capri- 
cieux d'Italie , l'on les chargcroit 
de la plus fine Idolâtrie qui futia- 
mais , & toutefois on ne dit mot de 
ccux-cy. Tout cela cft fans aucun 
propos. H cft certain quclfi lesHc- 
brcux auoient fait ces mefmcs ou- 
uragcs dans des Traidcz fcparezî 
ils n en fcroient pas blafmcz non 
plus , pource que tout cela n'cft fait 
que par plaifir. Mais s'ils auoient 
traidc ces chofcs parmy des ma- 
tières de pieté , il eft vray quVils me- 
ritcroient d en eflrc repris, & qu a- 
^yant cfcrit d'autres abfurditez, cl- 
aies ne Ibnt pas à fouflfrir. Leurs li- 
Uresfont faits à dcfrcin déparier 



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ï ; O D ES C V R I O S ï T E Z 

ferieafemcnt de la Religion & des 
bonnes moeurs: C'cft pourquoyla 
comparaifon des liures propliancs 
qui ne font faits que pour fe don- 
ner du paiTe-temps, cft cntieremét 
inutile en cet endroit. 

De dire qu'ils fcroient encore 
fort blafmczsils auoient cfcritdes 
liarcs deDiuination & d^autresfc- 
crets comme ccluy dt Cochlcnius, 
qui dit qu'après qu on cft cfueillé 
ilfautouurirvnPfeaumc,& que la 
première lettre qui fera au com- 
mencement dclapage,monn;rcrâ 
ce qui doit arriuçr, comme ficefl: 
A, que l'on fera de bonne volonté, 
B^quel'onaura puiffanccen guer- 
re, C , D, triftefie ôc mort, ainfi 
des autres ; ou bien s ils auoient fait 
ces liures qui cnfcignent par les 
lettres du nom fi Ion doit viurc 
long temps , Qin doit furuiuredu 
mary oudclafcmmCjQu elles dW 




iNOVYES. 171 

gnitezon doit poflTedcr, de quelle 
more on doit mourir. Qji doute 
que s'ils auoicnt fan: cela , lonnc 
les tinft pour des hommes vains 
impertinents ^ maisoii eft-ce aufli 
^e Ton ellime ceux qui<)nt fait de 
tels ouurages?Ic ne penfe pas que 
noftre Authcur croyc qu ils foienc 
en grade réputation, mais il ne laif- 
fe pas de rapporter leurs vjaines m- 
uentions , plutoft pour monftrer 
qu'il fçay t toutes ccsCariofitez que 
pour autre chofe. 

Il dit dauantagequslesSS. Pè- 
res ont tenu qu'on pouuoit lire 
les liurcs des Philofophes Payens, 
qui la plufpart enfcignent néant- 
moins la pluralité des Dieux , ôc 
quelques vns Tidolaflrie , mais 
que ceux des Hébreux n'ont iamais 
cftéaccufcz de ces crimes, ôc n'ont 
autre do6tnne . que celle du vray 
Dieu^ dcibrrc que les icauans les 



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iyi Des GvRiOsiTEz J 
peuucnt bien lirc,vca quelonad- ■ 
met les autres à la nàiactédes cnfâs 
capables de toute çroyancç. Mais 
il me fcmble que toutes ces compa^^ 
raitbns font encore it>cfgales , & 
que Tidolatrie dcsPhilofophes^n c- 
ftant fondée que fur les fableç Poe- 
tiques , n'a point d abfurditez qui 
ne foicnt routes euidentes,& dont 
il n y a plus pcrfonnc qui foit abufé 
tellement qu elles ne font pas fi 
dangercufcs que les rcfueries dcç 
Rabais qu ils font couler Tous vn 
prétexte deReligion. A n en point 
mentir il y a du libertinage dans 
quelques Autheurs raycns y mais 
ce n'eft pas das tous , ôc les impietez 
des luifs sot biéplusodieufcs, aucc 
touteslcs actions abfurdes indi- 
gnes quils attribuent à Dieu.C eft 
peu de chofe delà grande Balcync 
qu'ils difent que Dieu a tuée & fal- 
lée pour en faire vn feftin àfes cf- 
Icns au iour dulugcmenc, & de la 



on. 



^,1 



;|Ji- 

m 



InOVYES? 17^ 

création particulicrc qu'ils aflcu- 
rcntquil fit delà Mannc,de la ver- 
ge dcMoyrc,& dcrafneflcdcBa- 
raam , du vermilTeau donc Salo- 
mon fc dcuoit fcruir pour fcndrelcs 
pierres du Temple, & autres cho- 
ies miraculeufcs dont il fc referua 
1 ouurage fur le V efpre du S abbathj 
ilsontbicninucntc d'autres abfor- 
ditcz. 

Quand à la durcc du mode qu'ils 
ont aflignec iufqu a Cx mille ans 
dcmcfme que Dieu a crée le mon- 
de en fix iours , T Autheur des Cu- 
riofitez a trouué vn plaifantmoycn 
de faire valoir cette opinion. Sur co 
que Ion peut obietter que c'eft vnc 
erreur de vouloir chercher quand 
viendra la fin dumodeôc d enprcf- 
crire Tannée puis que TEfcriturc 
fainc3:editque nous ne Içauonsny 
le iour ny Thcure, il répond, Quece^ 
fç4uas hommes nom pas dcfiny le s iours. 



I74 Des CvnîosiTEZ 
maisles ans.Ew ce cas là Ton en pour- 
roicfçauoir dauâtage quil séblc que 
rEfcriturcnc nous en veille apren- 
dre;mais ie ne fçay pourquoy il a 
fait cette propofition,veuqu il l*a 
mine au(Ti toft, monftrant que Ton 
ne peut fçauoirquad finira lemôde 
veuquelo ne pcutfçauôir auvray 
le nombre des années qu'il a dcfia 
dure, tous IcsChronologifteseftâs; 
en difcord fur ce poinâ:, dont il 
allègue les diuerfcs fupputations. 

Pour ce qui efl: du mcfptis que 
les Uufs font du Sauueur du monde 
cciaeftafTcz manifefte, corne font 
aufli toutes les explications fauffes 
6c dommageables qu ils donnent 
atout ccquicftdanslaBible. le ne 
fçay pourquôy cet Autheur a en- 
trepris de les dcfifendre. Il dit au 
commencement de fon liure. 
Que menant en auann quelque doctrine 
mmelle & inouye , four tauthorifer 
détuantage il faut monfl er première-' 




ÎNOVYESr îyj 

ment la prohhédeceuxqui lotit trou^ 
i ueâi afin ^ue la home opinion ^uon 
a deux ofte lé foupçon quonfour^ 
i roit duoir de tout ce quils enfeignent; 
' Que pour garentir fes Curiofircz In- 
euyes de foupçon , il faut quil prenne 
le party des Orientaux y ^ principa- 
Jement des Hébreux , qui en font Us 
Auéeurs. Hé quoy donc , ce font 
KlcsHcbreux quionc inuentclcsTa- 
lifmans? llfaut bien qu'il le croyc 
jpuis que pour venir à ccpoina, il 
^traide des figures qu'ils ont faites 
& de toure leur dodrine. Mais le 
veau d br d'Aaron ny ccluy de Ic- 
"•oboam n cftoient pointdes figu- 
es Aftrologiques. Quoy que les 
ï^ebrcux aycnt eu d autres iiiper- 
^licions, ie ne pcnfe pas qu'ils ayem: 
lîiuen té celle ^cy:C'c{l chez leurs 
{Voifins qu'il en faut chercher Ibri- 
gine. Auffi le troificfme Chapitre 
^de ce iiure attribue cette Sculpture 



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jj6 Des CvRiésiTEz 
auxPcrfans, tellement qu il fem-in 
blc que tout ce qui a donccftédic*^' 
auparauant des Hébreux n*eftoit 
aucunement à propos , comme e 
cffcét Ton s*cn fuft fort bien pafle 
dans cette matière desTalifmans,j 
mais Ton n cuft pas fceu querAu-j 
theurauoiclcuMoncGCiUS, De V^i 
tulo ÀHteo , <Scle Ta! mud, auec quî- 
titc deliurcs curieux quUfait venir 
aafujcr. 



Inovyes. 



77 



lu 




■ qu'à tort on bUfmey Perfans , 
les CHriofite:^ de leur Mine, Sml- 
fture & JJlroîogie. 

L'Authcur veut iuftificr les Pcr~ 
fans , & les dcffcndrc de la 
orccl crie dont on les a accufez, 
laquelle on a dit qu'.ls auoicnc 
apnfc de Zoroaftrc , qu, edoit 
Chamrcputcpour trcs. mcfchant. 
11 rcmonftrc que Zoroallre cftoit 
autrcqueCham,&quel£sPerfes 

BadoroietpointlcsEHoil!es,mais 
le leruoient de leur confideration 

pourparueniràlacognoiiranccdc 

Dicu.llnyagucred'Authcursqui 
loientdc cetadiiK k 1 

trois Mages qui fuiuirent l Elïoillc 
pour venir adorer Icfus- Chinl ne 

M 



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602 3 /A/ 1 




178 Des Cyriositéz 
fulTcnt pas ceux qui cftoicnc adon- 
nez à la lupeifticion/ccla n'cxcufc i 
point les autres. Pourcc qui cftdes 
Chcrubins dcLaban dcMicha^, 
qui font pris pour des Statues, où 
Dicu.pcnncttoit queronfccuftl'-'- 
ucnir comme dans TEphod , to 
les Tlicologknsn approuuent pa 
cccy. D ailleurs cela ne fait rici 
pour authorifcr IcsTalifmans, car 
nyl'Ephod ny lesThcraphinsae- 
pruntoient pas leur vertu d'vne cô- 
ftcUanon , ôz Ton ne trouuc pas, 
quilfâloitquils cuffent cfté fabri- 
quez à vnc heure choifie. 

Afin de faire connoiftrc après 
que Dicufefcrt dechofes fenfiblcs 
pour nous auertir de ce qui doit ar- 
riucr,lcrefte de ce Chapitre eft em-[ 
ployéà defcrire quelques prodiges:: 
qui ont précédé les ruines ôc lest 
grands changemens d*Eftat,& laï 
mort despcrfonnnes illuftresj maisi 



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ÎNOVYES. 

parmy ces exemples ily en a beau- 
coup qui n ont efté fondez quefur 
ia crainte ScFimaginationdesper- 
fonnes troublées, 6c quoy qu'il en 
foit cela ne prouuc point la vertu 
dcsTalifmans ny mefme celle des 
Theraphims, car ces aucrtiflemens 
ccleftcs font extraordinaires , ôc 
ceux desThcraphins deuoient eftrc 
réglez. L'Authtur prétend quetou- 
teslesfoisquc l onvouloit fçauoir 
lauenir, il nefaloit que confultcr 
IcsThcraphinsjdcmefmel on tient 
que les Talifmans agilfent incef- 
famment depuis qu ils font faits; 
mais quant aux prodiges qui ap- 
paroifîent ce n eft que pour va 
certain temps. I Is dépendent aufli 
de la volonté de Dieu , de forte 
que quand Ton les diroit encore 
plus cftrangcs , Ton les pourroiç 
croirc,puis que toutcft poffible au 
Mailtre fouucrain. Lbn rcmon- 

M ij 



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xlo Des Cvriositez 
ftrcra qac les Thcraphims dcpcn- 
doicnt auffidcfapuifrancejccquc 
Ion pourra accorder ; mais quant 
auxTalifmans dont il cft qucftion 
Ton veut que leurs effets foient na- 
turels , ôc qu'ils dépendent des eau- 
fesfecodçs. Encore que Ton mon- 
ftrc donc qu il fe fait pluficurs cho- 
fcs furnaturclles , & que chacun y 
confcntc, Ton ne prouuepas qu'il 
s en puifle faire d aufli merucilleu- 
fes par de fimples agents natu- 
rels. 



li^O VYES. 



l$t 



♦ # 4 -^^ # ^ ±- 4 Jt A 

T t' ¥ w W f T fwf tW 

Du quatridjme Chapitre , four faire. 
njeirqudfaHted entendre Arijlote, 
qna condané la fuiffance des figures^ 
tUrconclud beaucoHp de chofes Co- 
tre ce Philo fophe , ^ contre tome, 
hnne PhiloJôfhK. 

CE quatricfmc Chapitre doit 
cftre employé à donner quel- 
ques exemples des pafTagçs raal en- 
tendus dans les bons liurçs , mais; 
ils ne font pas fort importans , &z 
oc font point caufe de tant d'er- 
reurs que rAuthcyr s'imaginç. 
D ailleurs c'çft à fçauoir fi chacun 
demeurera d'accord de fon inter- 
prétation, ôc fi les autres ne don- 
neront pas d^aufli bonnes raifons 
de leur opinion c^ue les fiennes, 

M iij 



igL Des CvRiosiTFz 
Trout ce qui eft en ce lieu, n cil pas 
de noftrc fait, le ne veux parler que 
du paffagc^. des Politiques d'Ari^ 
fto te, où il Fait ment ion de ces an- 
ciens guerriers à qui l'on donnoit 
autant debaguesqu ils auoient ob- 
tenu dcvidoires. Il ny a rierî qui 
ne Toit vray fcmblable en cecy, 
cependant il prétend qu'il faut di- 
re que Ton leur donnoit des lys, & 
qu'w l'on aeC iit , K/ikcôv, qui fi- 
gniiic des bagues , au lieu de K^- 
vcov des lys. Mais iurquoy fe fon- 
-de-t'il ?Y a t*il rien de plus fragile 
qiiedcs fleurs? Les marques devi- 
ûoire queufTent eu ces guerriers 
B'eulTv..i - aere duré. Il y a bien 
plus d'appai cncc que l on leur don- 
noit des bagues qui le pouuoient 
garder. Répliquera t'il que ces lys 
edoient faits de métal ? Cette an- 
tiquité n'a iamais efté publiée. Da- 
uahcaec à auov bon cela?N'eft-il 



lîjlOVYES. 185 

pas plus croyable que Ton leur don- 
noic des bagues pour les porter aux 
doigts, a&ii de fcruir d'ornemcût à 
leurs mains qui auoient cfté Tin^ 
ftrumGUt de leur valeur. Toutes les 
glofes ôc les traduâ:ions font d'ac- 
cord dececy , ôç fi quelque cxem- 
plairegrccporcclemotquirignifie 
des lys, c'eft la faute des Efcriuains, 
Il ne fc fâfchc que de ce que Ton 
a corrigé cela au dcfauantage de 
rantienneté des armes de France. 
C'eft ce qui le fait dilputcr feule- 
ment. 11 veut auoir f honneur d*a- 
uoir trouué vnc antiquité fort eu- 
rieufc touchant les fleurs de lys. 
Mais que peut-on inférer delà. ^ Si 
CCS fleurs cftoict les vraycs marques 
quelesvaillanshommesportoicnt, 
ie ne penlcpas neantmoins que cel- 
les des François foicnt pareilles,car 
elles ne font prefque fleurs de lys 
que de nom , ôc il ne feroit point 



l84 CVR lOS ITEZ 

à propuA ae chercher l'origine de 
ccv *irmcs chez les anciens Grecs. 

t 4 

LesCroniqucs les font vcnirdVn 
plus digne lieu. Elles racontent 
qu'elles ont cfté apportées du Ciel, 
bien que la rain(àc Ampoullc , ôc 
veulent que fi nous n en pouuons 
comprendre la figure , c cil que les 
chofcs ccleftcs ne font pas faciles 
à entendre , & font faites par vn or- 
dre tout diifcrcnd de celuy des 
liomnies. 

Venons à noflrc propre fujct. 
Voyons comment rAutheur des 
Curioficez Inouyes , monftre enfin 
qu'à faute d'entendre Ariftotc, 
lès Philofophcs modernes ont con- 
damné les figures Altrologiques 
ne tenant point leur pouuoirpour 
naturti. Il dit, que premièrement 
on auancc cette maxime, Quantius 
perje non agit. Que la quantité dél- 
ie mcfmc cft morte ^ ôc ne peut 



f 



InOVYES iSj 

ngir i Ainfi vncpicrrcn*a garde de 
fc remuer fi on ne la remue jQu il 
confeflc qu e la quan t itc d*cll c m cf ^ 
me ne peut rien , mais de vouloir 
par aprcs conclurre en ces termes: 
Oreji iljueUfigurceJlQHantité.cçfï 
ce que la Phiiofophie ne peut fouf^ 
frir , quil faut auouer que la fi- 
gure ell: Qualité. Que le texte d*A- 
riftoteportequela Qualité eft vnc 
faculté ou facilité de faire quelque 
chofc^Qu y ayant quatre genres de 
qualitezà fçauoir .Habitus ^îf- 
f olîtio^patibil'u qualitas & p^J^io ^po- 
tetianaturulis ^ impotetia^ forma & 
figurdy \\ cfl- très- certain qu'elles sot 
propres toutes à faire que-que cho- 
fê , ou bien commet on parle, ad 
agrndnm conducunt^commc Thabitu- 
dcà chantcr,la dirpofitioh à fauter, 
& ai«^:fi des autres que Ion entend 
aiffcz dans les Catégories, oii la fi~ 
gurc ne doit pas cftrepriucedecct- 



J(86 D ES CVRIOSITE Z 

" tcpropriccé,ncftâr pasmôinsquc 
les autres , Qu il eft affeure qu va 
bois carré ncroulepasfitoft qu vn 
rond,ny vn fer cmouffé ne péné- 
trera pas fi facilement qu vn aigu, 
& que c'eft h figure qui fait que 
IVn roule ôcl'autre pénètre. 

S'il n y a point d'autres preuues 
pour noft rc fuj et, ce li'eft pas grand 
chofc. lauouë que la figure peut 
fcruir dâslcTalifman,maisàquoy 
fera- t*il proprc?S'il eft rond 6: qu il 
fcprefcntevn troudefonqualibrc, 
ie croy qu'il le pourra boucher; 
Qu'il fera auffi capable de rouler 6c 
rien dauantage ; car de dire qu il 
chalTc les animaux venimeux & 
gucriffc les maladies , comment 
preuuera-ton quil ayt cette pro- 
priété à caufe de fa figure? Ce de- 
uroit eftre à caufe dVne autre qua- 
lité que Ton appelle Puijfance nam- 
rellcycomvù'z celle de quelqucsplan- 



I N O V YES. 



l87 

font 






\t€% Se de quelques drogues qui 
ifuyr de certains animaux. Il nefaut 
m confondre ainfi ce qui cft pro- 
pre à chaque qualité ; Au lieu que 
e chapitre fembloit deuoirrcftau- 
rer laPhilofophie, il la veut ruiner 
& la confondre. Il faut prendre 
garde à ne s y point laiffcr abufer^ 
car c'cft làquenoftre ouurier met- 
toit le fondement de fon cdificc. 
MaisfiTon peut comprendre cecy, 
"on en reconnoillra dés mamtenât 
es deffaux , ôc quand Ion fccon- 
entcroit de le fapper par là, toute 
fa machine feroit abbatue. Ncant- 
[noins il faut auoir le plaifir de la 
dciîaire pièce à pièce, afin que Ion 
ne croye point qu aucune chofe 
de ce qu'il aeftablypuifTe fubfiftcr, 
êc pour eftrc aufli mftruit fur toutes 
les occurrences. 




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Du cinejuiejme Chapitre oh font les} 
premes de U puifjfance des Images ^ 
artificielles , par les naturelles em- 
pramtes aux pierres^ & aux plante^ 
appellées Vulgairement y GAMA- 
ME\oH CAMAIEl^, &. 
SIGNATURE. 

Anslccinqaicfms,l*Authcur 
penfe prouucr la puiffance 
des Images artificielles par les natu- 
relles empraintcs aux pierres , aux 
plantes, ôc aux membres des ani- 
maux , appcllecs Gamahcz ou Ca- 
niajcux. il cherche premièrement 
loriginc de ces mots, & veut que 
Gamahé vienne de Camd)eu , mai$ 
puis qu'Albert le grand vfc dmnot 
dcGamahé, icpenfcquil eftbien 
plus ancien que CamajcujDcdirc 






InovyEs. 
fil origine de IVri & lautrettiot, ic 
.Jypcnfc quelle cft fort in certain c; 
Arreftons- nous à \x chofc. 11 cft 
vray que Ton trcuuc de ces pierres 
I figurées en beaucoupdc lieux, foie 
qu'elles foient percées à iour , ou 
releuécs en boffc , ou tracées en 
Wj manière de peinturcimais bien fou- 
uent il y adudcffaut en ccqu elles 
reprefentcnt, tellement que les ou- 
^ uriersy adiouftent quelque chofc, 
I on en a pu faire ^mlTi par artifice, 
quoy que TAutheur fe moque de 
Cardan , qui ne peut croire que TA- 
gathe de Pyrrhus fuft naturelle, les 
.neuf Mules y cftans reprefentécs 
qui dançoient, richcméc habillées, 
auec Apollon au milieu , qui ioûoit 
de b harpe i &c qui ditquil faloic 

ti [ qu vn Peintre long. tc0ipsaupara- 
Jiant euft dépeint celafurvn mar- 

ttidiÉ^Drc,&qucparhazardouparduina 
latrie céte pierre euft cfté eufouy cu- 



'."•IlOCl 

h 
I 




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I90 Des CvRiosiTEz 
lieu où les pierres Agachcs font ea- 
gendrécs , ec *.|ai tut caufe que Iç 
ïnarbrc le conucrcit en agache , rc-^ 
tenant tous les mefmesUneamcns 
quiy cftoicnc tracez. PUifmtc in^ 
nentwn , dit nollre Auiiieur , mau 
^ueuji-il ditsileuft \€H ce que lsAoJt<n4i 
de B renés aobjertié dvnCriidfix repr^ 
Jemé kvn marbre kS. Georges de r 
tije ou l'or: reconoiftles cloudsJespUjes 
^ les goutter dejang^he meJmeSei 
gnevir ri duoitfdSj^ris garde encoryouaudi 
oublié de raporter cet autre Gamahé o 
figure purement naturelle , quon ^Joi 
d vne tejle de mort contre v« Autel de\ 
marbre iafpé , jui efi dans la mefm6\ 
Eglife, Qu'eutl dit Cardan de cela?! 
Il deuoit repondre, à mon auis,quor 
voila vnmauuais argument, ami-x 
noriadma]HS,àc qu il y a bien loia^ 
dedix figures comme celles dcrar./ 
<TathedePyrrhu|ivncfculc,conà-p 
me celle d vn Crucifix , ou vnc fim-i-^ 



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I NOVYFS. 



lliplcteftcdemort. Vnfîgrad nom- 
( brcdcpcrsônagcs diftinds cft bien 
ijf plus difficile à crouuer. L opinion 
à de Cardan ncft pas tant digne de 
^Vrifée j A tout le moins il monftrc 
'que les Gamahcz peuucnt eftrc 
contrefaits. Puis que Ton contre- 
fait bien les marbres,les porphircs., 
^cs turquoifcs, les opales, Ôc les aga- 
thes , pourquoy n y fera-t on pas 
aufli telles figures que Ion voudra, 
afin de les rendre plus eftimables? 
Que fçayt-on fi lagathc de Pyr- 
I rhus n clloit point quelque cfmail 
t. dont larcifice n eftoit pas connu 
de chacun. Toutefois ieveux bien 
' que les figures qu elle portoit fuf- 

■ fcnt naturelles comme font celles 

■ de ces marbres que lonvoidà Ve- 
^ nife, & de beaucoup d autres pier-^ 
' res que T Autheur des Curiofitez al- 
lègue, mais ic ne fçay ce qu'il pre-. 
tend de nous prouuer par ce long 



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191 Des CvRTostTEz 
rccit. De dite que ces figures fon 
ordônnécs exprés par les Aftres, 
ç*cft trop de lapcrftition. Il en cft 
donc de mcfme de toutes les figu 
rcs qui ar riucnc a toute forte de ma 
ticrcs. Vn planché qui s'vfc& q\4i 
fc blanchit ou ic noircit iiicgale- 
mcnt , vne muraille diuerfcmcnt 
tachée , 6c mille autres chofcs rç-^ 
prefcntcnt qaclqjcs figures : CcU 
vient-il de la puiffance des Aftrcsf 
Quand cela feioit , nous nous y 
tromperions bien, caries Aftres y 
vcuUenc peut - eftre dépeindre cles| 
chofcs que nous ne remarqués pas, 
ôc celles que nous penlons y eftrc 
rcprefentccs, ne dépendent que de 
noftrc fan t aide. Il n y a donc point 
d*aparencc que ce qui arriue aux 
pierres de cette forte, loit fait pour 
auoir quelque pouuoir. 

Quant aux plantes elles n*ontF 
pas aufli toutes les figures que Ion 

leur 




Inovyes. j^j 
leur attribue, & ne gucrifTcnc pas 
quelques parties du corps , parce 
qu elles leur rcfTcmblenr.Quclques 
vns fe font cftudicz à trouuer ces 
.eflemblances cômc Baptiftc Por- 
ta ôc Grollius , mais ils en rappor- 
tentde fort difséblables. Peut- cftrc 
"e trouue-t^il quelque hcrbc,flcur, 
u fruid qui ont du rapport auec 
quelque partie du corps qu^ilserue- 
riffent, mais cen'cit quVnercncô- 
re, & il ne faut pas croirçpourtanc 
qu'ils'cntrcuuedemcrmcparr'i . 
C cil vnabus de vouloir quel 

1- femblancc foit gencralle, & uf la 
rcduircmelme par ordre d Alpha- 
bet comme vnDiclionn;irc,ain{î 
u on void en quelques liurcs j Ec 
uclqucs figures qu il y ;iyt aux 
îerres,ilny a aucune 'raiion de 
ire que cecte figm, ,oit capable 
c giicnr quelque mal. Il cil vray 
uelafigurefcrtà quelques ep^ra- 

N 




194- Des CvRiOsiTEZ 
tions,eftantiomccàlania{Iiucté6c i 
dureté > comme lors qu'il eft que- ^ 
ftion de pcrçcr quelque chofe , ce î 
queleferferafacilcmcutà caulede: 

fa pointe , mais il n eft pas bcfoin \ 
d^- la figure de la plante dontlonai 
tue vn remède i 11 n eft bcfoin que i 
de fes qualitez,chalcur ou froideur, j 
leçhercllcou humidité. Quanta la 
pierre faite en Scorpion quigucric 
les morfures de cette befte , parce 
qu elle en attire les quai itez, c' eft 
vne pure refueric, comme auffi de 
dcuUquc fi cette pierre euft trouués^ 
qUcjf^ue nourriture ou quelque hu- 
meur conucnable à celle d'vn Scor- ■ - 
pion envie, elle euft cfté vn Scor- 
pion viuant. . 

Les formes extérieures que ron| 
peut tir !r de la cendre des plantes 
par vnelcfciucjcomme fc vantent 
plufieurs Chy miftes, ne témoignée 
pas no plus que leur puiffance pro- 



î NO 



V YES. 



195 





. fÛf 



ccde de leur figure,ny cellesquc 1 on 
promet de faire paroiftrc dans vnc 
phyolc.Noftrc texte duTraiilédes 
Talifmans monftrc facilement le 
contraire de tout cecy. D'ailleurs il 
faut remarquer que toutes ces in- 
ùcntionsChymiquesnefont pas fi 
jpertaines que l'on n'en puiffc dou-^ 
tcr.Du Chefnc ficur de la Violette z 
Lcftéle premier qui a efcrit cecy dans 
fon liure Hermetica Medecina. 
rapportant qu'il auoit connu vh 
^Médecin de Cracouic qui gardoic 
la cendre depluficurs plantes dan.9 
des phyoles auec des cfcriteaux dcf^ 
fus, pource que l'on ne les rccon- 
■noiflbit point eftans en cet eftatî 
Idie quand il vouloit, il prcnoit cel- 
flc du rofier,& la mettant fiir vne 
chandelle, l'on voyoit petit à petit 
des branches 6c desfpcillcs^ vne 
rofe , de que quand le vafe cftoit r 
tire du feu cette figure fe pcrdoit in - 

N ij 



96 Dhs CvRIOSlTEZ i 

fcnfiblcmcnt. Il faut fc rapporter I 
dccccy à la bonne foy du ficur de I 
la Violette. Ncatmoins entre ceux | 
qui s'entendent aumeftier,lcsvns' 
difent que cela ncft pasfaifable, & 
les autres que ficela l'cft > c cftpar 
vne autrcvoye que celle quil pré- 
tend de monftrer dans fon liurc. Il 
cfl: vray qu il y en a eu qui fa font vâ- 
tezdcpouuoir faire lamcfmecho- 
fc , corne de vérité , ay ans tire Thuy- 
le dVne plante , il en parut vne fois 
' quelque figure, mais Ion tient que: 
celafe fit par hafard ,ôc que iamais| 
celane seft pùfaire depuis. Siquel-^ 
qu vn fc vante de fçauoir ce fccrct, 
que n*cn monftrc-t il des efpreuues? 
11 dcuroit auoir gardé des phyoles 
pleines de cendres, commeleMe-| 
decin Polonois. Lalongucur & lai 
difSculré de lopcration lont les cx4 
cufcs ordin aires , mais tant que lonf 
cn-fcîa là dtfTus , nous ncfomme 




(#1 

lllp(j 



a. Il 



m 



m 



m 



m 

m 

0f 



Inovyes. 197 
pas obligez d'y adioufter foy. Quac 
aux figures qui p^roilTcnt dans la 
Icfciuc glacée qui a eftc faite du ici 
ides pUnccs,fi l'Auchcur dcsCui:io- 
ficcz auoit biçn leu les ocuurcs da 
ficurdu Chcfne, il auroic vcu que 
ce ne fut pas luy qui trouua ce ic- 
crée ,'maisle fieur deFormenticrcs^ 
aulieuqu il dit tçut le contraire. Il 
n'importe pour ce melcpntc , cela 
n*empefche point que cela ne Toit 
faifablcimais quelque vcritc que l'ô 
y trouue , & quand Ton pourrcic 
auffi confcruerdans vne phyolcja 
figure, & la couleur des herbe: ^: 
des fleurs , cela ne monftr : 
que la figure ferucà laguci îfoa, . ^ 
fiTcau ouThuyle d Vne plante l'or't 
appliquées fur vn mal , la i 
extérieure s cft dcfia perdue 
faifant, puis que l'on n a ua- 
feruél'efprit qui lagardoit. C _ 
Ton veut conferucr cela, il faut vicr 

Nnj 



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19Î Des CvRiosiTEZ 
d'autres moyens; tenir les phyo- 
les bié bouchées/ans en né tirer. AU 
contraire fi l'on veut faire quelque 
remède, il faut lofter du vaiffeau 
après qu'il cft fait, ôc le mettre à Taie 
neccfTaircmcnt pour en faire Tap- 
plication , tellement que cet 
cfprit qui confcruc la figure ex- 
térieure doit fedifliper, &c ccft ea 
vain que Monfieur Gaffarel penfç 
monftrcrpar là que la forme ôc la 
figure demeurent toufiours aux 
plantes^ôc qu çllçs fçruçnt à laguc- 
rifon. 

Les ombreslcmblablcsaux corps 
quiparoifTent quelquefois dans les 
cimetières ôc aux lieux ou il s cft dô- 
né vne grade bataillc^nc fot rien en- 
corçàcefujet.Leur cxemplenemo- 
ftre autre chofc ^finon que l'Auteur 
desCuriofitez Inouyçs , fçait biea 
toutes les mcrueillcsnaturclles,que 
certains Auiheurs rapportent pour 



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In 0 V YEs. 



fefa 



199 



it 



i 



)v<> 



croire qu u r 
mrnaturel -, Et fur ce propos 11 parle 
encore des effets de la muuiicjà qui 
Paracelfe attribue vnc force ma- 
gnétique , & dit que c eft par elle 
fcquil fefait des miracles auprès des 
tombeaux de ceux qu'on appelle 
Sain6l:s. Ces rcfuerics contraires à 
la croyance des bons Chrefticns ôc 
Catholiques, doiuent cftre cllouf- 
fees. Il n eftoit pas grand bcfoia 
d*en parler pour authorifer la for- 
ce des Gamahcz- 

Quant aux figures bigearrcs qui 
fe trouuét au ppil des cheuaux , des 
chiens ôc des chats , cela peut ve- 
nir quelquefois de la fantaifie des 
autresanimaux qui les ont produits, 
lefquels fefont repreferité quelques 
mellangesde couleur, ou bien cela 
' vient de là nature de la femencej 
mais quant aux taches que les créa- 
tures humaines apportent du ven- 

N iiij 



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100 D ES CvRIOSITEZ 

trc de leur tncrc, il eft certain qu'el- 
les procèdent de l'imagination que 
lamcrea eue. Toutefois ie ne voy 
pointàquoy cela peut fcruirdera- 
portcr tout cela^pour monftrcr que 
les Gamahez ont quelque pouuoir, 
fi ce n*efl: pour fignificr que les A- 
ftr^s font animez , & que tout ce 
quilsfc rcprefentcnt dans leur en- 
tendementjils le forment aux pier- 
res qui font alors produites , de 
mefmcs que les femmes font fur 
leur fruidt , mais fi nous croyons 
cela, nous feront &c trop & facile à 
pcrfuader. 

Ppurcequi eft des poif^ôs mon- 
ftrueux quiportéccara£l:cres,chifres 
&îefpeccs d*armes, telles qu'on les 
figuroit il y a quelques ans fur vn 
poiffon de la mer Adriatique, donc 
Ion vcndoit le portraiâ: à Paris, 
l'Auteur des Guriofitez fait bien de 
reconnoiftreque cetçc figure eftoic 














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InovyejJ iot 
ffort coriôpuc, maisi! feroir mieux 
de croire qu clic cltoir enciercrncnc 
|imagina;re. Il y ^mnz des canons 
lôc des halcbardes (lir (on dos, ôc 
paucres vdcnciles^qui monftroicnc 
que cela auoir cftc fait à plaifir. 
L on inuente tous les iours quel- 
que cliofe de pareil dâs cette gran- 
de ville pour attraper de laracnt, 
ôc pour amufcrlcpcuple.Ceuxqui 
lifent les petits liurcs du Pont neuf 
I fçauent bien qu en dire. Au rcftc 
j quoy quil fctrcuue dcvraysmon- 
ftrcs , (bit dans la mer, foitfur la 
terre , tout ce que Ton en pourroic 
infcr er, fcroit que cela aduiendroic 
par permiffion diuine , & que 
cela figniiiGroit quelque chofc pat 
refTcmblancej maiscelapreuue-t'il 
pourtant que des pierres que Ion a 
cfté chercher au fonds de la terrc^ 
gurifTent quelque mal à caufcc de 
quelque figure quelles ont ? le di« 



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tôt Des CvRiosiTEz 
ray plutoft que cela ncfignificra 
que du mal^ainfi qu il faut croircdcs 
monftrcs ; mais il n en faut point 
auoir d'aprehcnfion : Ca^aquiat- 
. tribueroit-on ce m^l ? Scroit ceà 
celuy qui auroit trouué la pierre, 
de qui lauroic couple , ou à celuy 
qui la garder oit ? Ce n cft ny pour 
rvn,ny pour Vautre. Ces Hgures 
viennent des diuers mcflanges de 
la matière , & de la diuerfité d a- 
(kïo de la chaleur ou delà froideur. 
Dedcmandcr pourquoy la Nature 
a fait cela de cettefortc,& le vou- 
loir rechercher , c cft vne vaine cu- 
riofitc. Si cela cftoit d'autre forte, 
1 on fcroit la mefme demande. Il 
faut bien que cela foit ou d vne fa- 
çon ou d vne autre. En quelques 
endroits les matières fe mellent rè- 
glement y En d'autres il y a de la bi- 
gearrcrie, &Vadion extérieure cft 
cgaleou inégale. L'on ne doit donc 



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InOvYES 40} 

, tirer aucune coniedture de la rcf. 
^ femblance que cela peut auoir à 
quelque corps ou à quelque mem- 
bre, & fi ces Gamahezn ont aucun 
pouuoir, il n'en faut pas donner da- 
uantagc aux Talifmans qui font les 
figures artificielles j Ncantmoins 
voyons ce qui en eft dit auChapi^ 
trefuiuant. 



to4 Des CVRiosiTEr 



4h ^ 



Vu fixiefme Chapitre \ Pour faire 
VoirquS peutdreffer félon les Orie- 
taux des figures & des images fous 
certaines conflelUtions .qui pourront 
naturellement & fans l*ayde des 
Démons , chaffer les kfies domma- 
geables y defi:ournerles vents /cudres, 
tempefles , ^T^uarir j^lufteurs 
maladies, 

Vtrcccslongs tiltrcs,lcliurc 
' des Curiofitcz Inouyes a en- 
core des Sommaires au deffous de 
chaqucChapitrc par petits articles, 
left^uclsftmblét eftre fort fpecieux, 
ôc promettent dcfi grandes chofes 
qu a les voir fimplement pluficurs 
croiroicnt que TAuthcur atrouuc 
les plus grâds & les plus fubtils fe- 
crets qui foicnt au monde > & que 



.U A, 



I 



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i 



InOVYES» xôj 

chacun fe doit addonncr déformais 
à faire dcsTalifmans pour obtenir 
toutes les comraoditcz de la vie. 
Mais fi Ton examine de prés ce qui 
cft contenu dans chaque Chapitre, 
Ion verra que ce np font que des 
opinions mal fondées , & que le 
plus fouucnt ce qui a cfté piomis 
dans leTiltre,n'clt pas exécuté, 

Pourcequi cft de ce lieu *, Icprc- 
micr tilcrc du Sommaire parle de 
la vanité intolérable de quelques 
dcmy lçauans,furquoy Ton attend 
de grandes chofcsi mais ilsncfonc 
pomt nommez ny defigncz , ny 
cette vanité bien expliquée, il rap- 
porte feulement que Galcottus a 
cfté trai6>é en faquin , Camille ea 
Athée ; Qajl a autrefois ouy dVa 
homme queMarfilleFicin n arien 
compris^ iadodrincdePlaton,ny 
Auicenne à celle d'Ariftote^ôc que 
les cfpricsdc ce temps font bien au- 



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YÔé Dfis (JVRIOS1TE2 
trcmcnt cfueillcz que tous ceux du] 
palTé. 

Peut- cftrc que celuy qui mcfpri- 
Ibit ainfi TAntiquité ne fçauoit cë 
qu'il vouloit dirc^ôc n cftoit ny fça- 
uant ny deitiy fçauant?' Peut-eftn 
auffi eftoit-il capable de rendre de] 
bonnes raifons de ce qu il difoit. 
S'ileftoit ignorant > il n en faut pas 
tenir copte, mais s'il eftoit fçauant 
il ne fe faut pas plaindre de ce qu il 
propofoit. Toutefois ne nous ar- 
jnos point pour la deffenfe de Mar- 
filleFicin nyd'Auicennc: L'Auteur 
jnc les allègue que pour accompa- 
gner Galeoctus ôcCamille^quiont 
parle des Sculptures Aftrologiques, 
mais ic luy déclare que fi Tbn a blaf- 
tné ceux- cy , ce n ell point fans fù- 
jet , puis qu'ils fe font adonnez à 
de telles luperftitions. le croy 
aulTiqu'Auiccnncâc MarfiUe picin 
ont bien pû expliquer , l'vn Ariftp- 



/4k 



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INOVYES. 107 

te & l'autre Platô, mais cclancm- 
pcfche pas qu on n y trouuc enco- 
ure quelque fin cfTe dot ilsnefedou-^ 
toicnt pas. D autre parc fi Ton les 
smefcftime pour quelques erreurs 
iquils ont eues , Ton a raifon 
de le faire , comme il rc- 
monftre luy-mefme ailleurs, tel- 
lement que ie nefçay pourquoy 
il trouuc qu ily ayt vne vanité infu- 
porcablcà iuger ainfi de toutes ces 
Fortes de perlbnnes. 

La recherche de lorigine du 
mot de Talifman cfi: incontinent 
propofée auec la cenfurc de Saul- 
maife qui a tanfé en paflantScali^ 
ger de n auoir pas pris garde que, 
Talifman vcnoit du mot Grec tç-. 
AfeVrt ^ hocefl, dit- il, Ti-nMo'fjimy 7/. 
Vt Junt Tinxiaixim annuli. De vérité 
com m ent pourra- 1 on prouuer que 
Talijman vient de teA^Va, & non 
pas ceftuy-cy de lautre. lapproauc 




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io8 Des CvRiosiTEZ i 
ce qu'il en dit, mais il dcuoit cnco-| 
re adioufter que fi ces mors ne fi-^ 
gnificnt (yicperfeéhony ou, chop par^] 
/i/<fï^, cette pcrt^dibncdoitpoind 
cftreattribuéeplutoftàdesanncauxy 
quaautre chofc, tellement qu'en- j 
corequ vn mot lignifie perfcdion, | 
Ton n cft pas obligé de croire que | 
ccluy quirignihcvnchgure en vnc 
autre langue c^ fait ddf cïidu. le 
içay bien que l'on veut dacqueics% 
figures conllcUccs ie failoicni d'or- 
dinaire fur des vi.uicaùx , A ^ 
faudroit donc que • a.iiman vint 
dVn mot' Grec q'Jitigniliaitabfo- 
lument4»?w*/<;, ^^^ruct ne le 
gnifiepoinc lectoyqje i'onaurcit 
pour le moins vuaac i.i " r^^^oîu^c 
dire q'ic , T^tl'j.'nan , ViUiv4iUi-. .^d 
rtioc Lacm, T. .'i , oouccc que Ton 



prétend 



Aitrolu'^i- 



qucs lonr Tedesy que ics AlVi es mcC 
ïacs,cout leurpouuoii citant fon- 
dé fur 



dcfiir la rcllcmblancc. Cette Ethi- 
tx\o\ogïc fcmblc cttre meilleure 
qu aucune autre & plusfignificati- 
uc, mais puis que Talifman eft vn 
not Arabe, elle n eft point rece- 
ablc, daucant que l'Arabe ne vient 
pas du Latin. L on ne la doit allé- 
guer aufli , que pour monftrer le 
rapport que pcutauoirccmotauec 
les autres langues^ ôcceft en cette 
■manière que i'cn parle. 

Apres que TAutheur desCurio- 
itez Talifman iques a recherche 
Torigine de leur nom , il remon- 
rtrcque lors qu'il parlera des figu- 
es, ce ne fera pas de celles qui ionc 
'Mignifiécs par Maguen en Hébreu, 
qui n clt qu vn papier ou autre ma- 
: ' Uiere où Ton a tracé des caraéteres, 
' . à peu prés comme les tables ou cl- 
. vcuflbns quifont dans Agrippa, 6: 
u'il fe mocque de ces rcfucnes in- 
cntces par quelque ignorant Ca- 



Des Cvriosi tez 
balifte.lcincftoae de cequilblaf- 
mcces cables, car puis qu elles font 
faitcsib'os certaines conftcUations, 
elles pcauenc palTcr pour TaUfmas 
aufli bien que les figures. Elles . ont -, 
cfte confondues cntcmble dans no- , 
ttretraide. Il cft vrayqu Agrippa ^ 
y ioint des caraderes magiques^ ; 

entend que Ton obferuc quel- 
ques ccremonics ce que nous auons 
dcfia remarqué , mais noftrc Au- 
teur ne fpecifie point cecy. 

Ildic encore qu*il ne parlera pas 
dcslmaj^cs de cire que les forcicrs 
baptil^:nt au nom de Bclzebut , 
quclaplusgrâdepartie de ccqu en 
ont cictit ies.Demonographcs ne 
Ibnt que pures fables, lene fçay s*il 
veut dire qu il ne croid point que 
les Sorciers opérée quelque chofc 
par là , mais li ces 1 mages n o t point 
d'cffcd mefme auec Tayde des De 
mons , comment celles qui font 



INOVYES. Zii 

feulement faites fous certaine coa- 
ftellation pourront-elles opérer? 

II veut prouucr en fuite la puif- 
fance de CCS images par trois voyes, 
• par rinflucnce des Aftrcs , par la 
vertu de la rcfTcmblance , ëc par 
Tcxperiencc. Il commence par cel- 
Ic-cy.ll dit qu'on ncfçauroitnycr 
que de nos iours 6c de ceux de nos 
peresjon aveu des Talifmans gué- 
rir des morfurcs de fcrpcns de 
chiens enragez. Nous attendons 
après celadegrâds exemples: mais 
il n'en cite aucun j Aufli n'en auons 
nous iamais ouy parler. 11 met im- 
médiatement aprés,que les Antiens 
Arabes comme Almanfor, Mcffa- 
hallahjZaher,Albohazenj&: autres 
en apportent des exemples trcs-ve- 
ritables.Celane nous iatisfait guè- 
re : Les noms $c les efcrits, la piobi- 
téôc le fçauoir de ces gens-là nous 
font inconnus. 11 ditcpHaly pro- 

O ij 



tiz Des CvRiosiTEz 
mec qucfi on fait rimagc d'vnScor- 
pion lors que la Lune cft dans ce 
Signe, cela Icra de grande efficace, 
Ôc que cet Arabe alTcure qu cftanc 
en Egypte il toucha vn de ces ima- 
ges de Scorpion qui gucnfîoic ceux 
qui eftoicnt mordus par cette bcftc. 
Cen cft pas en auoir vcu les efFcds 
que de Tauon- fimplemcnt touché, 
& de croire lurvn ouy-dirc. 

Pour nous donner des exemples 
plus proches y il cite Grégoire de 
Tours , qui rapporte à ce qu il dit; 
Que comme on creufoit les ponts de Pa- 
ris on trouua vne pièce dt cuiure en la- 
quelle on moyon U figure dvn rat, d\n 
ferpent & à\n feu, mais quefiantne- 
gli(rce & parauenture rcmpu'é oh gajlee^ 
on vid peu de temps après njn grand no- 
bre de ferpens & de rats ^ ^ on en 
rvoid encere quantité, noM regret- 
tons tous les tours les dommages que le 
feua du depuis fi fi)uuent fait dans cette 



INOVYES. 21? 

ydlf, çir 4upéiraudm U dcjcomerture de 
cette Umc mcrucillcufe , toUs ces maU 
heurs y ejloient inconnus. C'cft en ces 
termes que le liure dss Curioficcz 
Inouycs parle de cette remarque. 
L'on aveu dans noftrcTraidc que 
ce n'cftoic que Icpcuplc quis ima- 
ginok que ce fuft là vn enchante- 
ment pourîaville , commctcmot- 
gncntjFauchct, Du Pleix&: les au- 
tres Hiftonens , ie l'ay mis aufli 
de la mefmc façon dans mon Hi- 
ftoirc y De U Mondrchie Françoip, 
Qu^au reftc cette lame ne pouuoit 
garder du feu, & qu*onnefçayt ce 
que c*eft à Paris , de ces rats ôc de 
ces ferpens. Or il fjiut prendre 
garde icy à l'artifice de Tcfcrinain 
k qui n'ayant autre prcuue domefti- 
^ quequcceile-cy , Ta voulu faire va- 
loir extrêmement. Tous nos Hifto- 
riens tiennent que cette Umepor- 
toit la figure d'vn rat d'eau^mais cet 

O lij 




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zï4 



D ES CvR losi T E z 



hommccy ne l'a pas voulu mettre. 
Il a mis vn rat funplcment, iScdic 
qu aprcsquG la lame fut gaftcc^l'on 
€11 vki grand nobrc qu'on en voie 
encore quantité ; C'cft afin de fai-^ 
recroirc que fi Ton en trouucà Pa- 
ris y c cftpourcc que Ton a néglige^ 
cettelame. Il cft vray qu'il y abeau- 
coup de rats & de fouris dans cette 
grand' ville, rnais il n'y a point de 
ville où il n'y en ay t , puis que ce'sot 
des animaux qui s'engendrent des 
ordures des maifons, ôc quipuUul- 
lent extrêmement. Quand lorifal- 
fifie vn texte pour rendre fa caufc 
plus forte, c cft fignc que Ton s'en 
dcffic tout à fait. Au lieu de parler 
funplcment dVn rat, il faloitdire 
vnLoir ou rat dVau. le pcnfe qu'il 
n'a iamais Itu Grégoire de Tours, 
encore qu'il le cite. S*il lauoit leu, 
il fçaiiroic qu*il parle de Glis , 
ceft à dire, vil gUron,loir,oa rat 



I 




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I N O V Y E s. : M 

d'eau. Que s'il Talca , & s'il içay t 
^ bien cela, il croid donc que nous 
nclelironsiamais, ou que perfon- 
ne n'entend, le Latin que luy , mais 
toutes les traductions s'accordent 
àcecy 6c nous n'y ferons point tro- 
pcz. S'il cft ainfi que 1 oncrouua- 
la figure d'vn loir, ioit qucUcfuft 
2:raucc fdr vnc lame, ou taillée en 
baffc,ccla ne deuoit pas pourtat Icr- 
uirà grand chofciEcfiaprcsquc la 
figure fut ollcc Ion vid à Paris de 
tels animaux , c'cft qu'il y en auoit 
defia eu auparxuant, àcaufequelc 
lieu eftoit en ce xcps-là fcrrt aquati- 
que ) mais il arnua qu'il y en eut a- 
lors dauantagc pour quelque dif- 
pofition du temps qui s y accordai. 
Or félon les règles de noftrc Au- 
theur , Ion dcuroit encore voir à 
Paris de ces rats-d'eau /mais l'on 
dira quelcs grads marais qui cftoict 
aux enuirons ayans cfté comblez, 

O iii) 



1X6 Des Cvriositez' 
l'on n*a eu garde d'en voir depuis, 
bien que Ion nscc foitpasferuy de 
Talifman pour les chaflcr. Toute- 
fois fi c'eftoic vnc cfpcce de fatalité 
qu il y en euft toufiours l'on en de- 
uroit encore voir maintenanr gra- 
de quantité dans la riuiere de Seine. 
Pour ce qui efl: de la figure du feu J es 
Hiftoricns ne déclarent pas quelle 
fuftaueclcs autres ^ Ils ncparlét que^ 
de celle d vn loir & d Vn fcrpent, ôc 
difent feulement que l'on croyoic 
que la ville fuft enchantée contre 
ces animaux & contre le feu, mais 
i'ay defia monftré dans mon liure, 
que cetâ ne fepeiit faire par le moyé 
des Talifmans. Il n y a donc aucune 
certittsdc en cet exemple que les Hi- 
ftoriésneraportét point aufficômc 
Véritable , mais comme fondé fur 
lopinion du vulgaire. Dailleurs 
ayant cfl:é falfific , il en doit cftrc 
plutoft rcjerré. 



i KO VY £S. 



If 



Pourcc quicftdcx exemples des 
NGrccs qui font cotccz après, pcuc- 
Icftrc prouucront-ils quMs fc fonc 
^cruis de Talifmans , non pas que 
fcc foie aucccffcd. Tous CCS anciens 
peuples fc font abufez , attribuanc 
à vncchofccequidcuoiccrtrc attri- 
bue à 1 autre: Ils ne prcnoicnt pas 
gardeàja conftitution du temps ôc 
à toutes les cirqpnftanccs. 

L'Autheur déclare encore qu'il 
pcnfequelcs Dieux des Latins quo 
appelloit Auerruncjy ou , Tutdares 
ncftoicnc autres que ces images 
Talifmaniqucs , 3c que quelques 
Hiftoriens affcurét qu elles eftoicnc 
,faitesfous certaines conftellations. 
Qui font ces Hiftoriçns? S'il en fça- 
uoit quelquVn , il ne manqueroit 
pas à le nommer. Il dit que les fi- 
gures qui eftoiét à la proue des Na- 
uircs cltoient des Talifmans, Ces 
gures eftoicnc faites pour diftiu- 



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tit Des CvRios iTEz 
ruer les vaiflcaux ou pour les cm- 
JelUr. le veux mefinc que ce fuiTent' 
des idoles que les Payens honoraf- 
fent , mais elles ivcftoknt point fai- 
tesparvn choix dctemps,& cjuaiidj 
ceUfcroit que pretcndroir inférer 
<lelà noftre Efcriuain , finon que 
pluficurs ont voulu auoir dcsTali-- 
mans? Ce n cft pas la ce qu il auoiti 
promis : Il nouis deuoit dortftcr A( 
«xperienc«cs.LcsrcfuericsdclapicL- 
re Bradcn que les Tur^s croyentj 
auoir fcruy de lift à Abraham lors 
qu'il eut connoiffanec dcfa^cham- 
bricre,font indignes d'obtenir au-i 
cune créance patmy nous. Quant 
ce qu'il veut môftrer quele ferpent 
d airain drefle par Moyle, n'eftoiti 
point vnTalifmanquigueriffoitla: 
morfure dtsfcrpens , ny le voau d'or 
vn autre pour dcftourner lès influé- 
ces de Mais 6c du Scorpion qui e- 
ftoient contraires aux luifs , il a rai- 



.1 



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\4 



InOVYES. 119 

fon de vouloir combattre ces er« 
reurs qucMarfillcFicinacutortde 
fuiurc : Maisqu cft-ce que cela fait 
^pour monftrcr que l'on s'cft fcruy 
deTalifmans? Cela monftrc Icco- 
traire/pccialcmcnt en ce qui cft: des 
luifs. li ne confidcrc pas qu il allè- 
gue des chofcs inutiles pour fon fu- 
} ce 5 que tout cela n cft c|a yn lieu 
commun de diucrfcs remarques, au 
licudcspreuuesqu il auoitpromifcs. 

Il fait bien dauoiicr que quelques 
vns de ces Talifmans que Ton trou- 
tae encore n ont kucun cftcd; Il 
croid que leur puilfance ua qu vnc 
certaine durée, ôc parce moyen fi 
Ion luy objettcque ceux que les. 
fieurs du Val &: de Pcrefc luy ont 
monftrédansleur cabinet^ 5c ceux 
que gardent plufieurs autres per- 
fonnes curieufcs li ont aucune for- 
ce, il a fon cxcufcprefte fur leur an- 
tiquité. Mais ic croy qu ils n ont ia- 




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ilO D ES CVRIOSIT j 

mais eu plus de pouuoir, & qucn-^' 
trc ceux qui ne font pas fi vieux,. 
Ton n*en treuue pas qui aycnt de] 
Tcfficacc Toutefois il prend à tcf- 
mom ccluy que rapporte le Cof- 
iTiographc cite par Scaligcr le fils. 
Le Talifman fe void aux contrée^ 
de Hcîinpts dans U viHedemcfinc 
.nom > ôç n'cft autrç chofc que la fi- 
gure d'vn Scorpion grauéc fur rvnaj 
des pierres d vncTour,qui a cette 
puiflance de ne laiflçr entrer dans 
la ville aucun ferpenr ou fcorpion, 
5cfipar plaifir on y en apporte quel- 
qu vn des champs , ils rie font pas 
plutoft à la porte qu'ils meurent 
foudainement. Cette figure a en- 
core cette vertu que lors que Ion 
cft pique de quelque fcorpion ou 
mordu de quelque fcrpcnt , il ne 
faut qu imprimer Timagc de la 
pierre auec de largillc ^ l'appli- 
quer fur le mal qui cil gucry en mef- 



< I 



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IKOVYES.' zzi 

rftctemps. le dy là delfui qu'encore 
que Scaligcr raporce cela, 6c que 
Ton defcre beaucoup à cet homme 
que Ton mec au rang des plus Iça- 
uants, nous ne fommcs pas obligez 
de croire ce qui cfl: fondé furie rap- 
port d vn Arabe, qui veut faire elli- 
mer fes cfcnts par cette iticrueille. 

Monficur Gaflarcldic queli ou 
ne veut croire ce Cofmographc 
qu on croyc Monfieur de Brcucs 
comme témoin oculaire , quidit en 
la relation de fes voyages , au en 
Tripoly de Syrie, dans le mur qui 
iomt la porte de la marine il y a 
vnepierre taillée en figure dcfcor- 
pion qui chalfe les belles vcnimeu- 
fcs de ce lieu. Pour moy , ie diray 
que le lieu n y doit point dire fuj ce, 
pour quelque caufecachcc, encore 
quilyenaytà tous les cuuirons, ôc 
que quand cette pierre n y feroic 
omt, il nelaifleroitpas Jcn dhc 



^lo Dis CyRi©sîtez 
exempt, pofequclclicudoiuccflrc 
fujctauxbcftes vcnimcufcs, Mon-4.(i: 
ficur de Brcues dit auili que c'cft vn^ M 
Magicien quia mis là cette pierre, m 
de que c cft vnc pierre cnchantéc,^^ 
mais noftre Auteur ditquilnepar^P| 
le que félon le fentimcnt deshabi-, 
tans qui n'en fçaucnt pas la raifon 
naturelle. Il nous veut faire croire 
cela, mais nous monftrons en tous 
ces difcours cy qu il n y a point de 
raifon naturelle pour cet effed» 
C*eft en vain qu il rapporte encore 
qu il y a eu force T alifmans à Coiv 
ftantinople, & mefme qu il yen a 
eu en France du temps des Druy des j 

Que ceux de Paracclfe de quel- 
ques autres ont du pouuoir pourfc 
prcferuer de pludeurs maladies*, 
Tout cela n'a aucune certitude. ( 
Ladeuxicfmcvoyequ il scft pro- 
pofedefuiure pour mbftrer lapuif- 
iance de ces figures , eft lepouuoiK 



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InovyisJ ztt 
la vertu dclarcffcmblanccquil 
a entre le (corpion ôc fon imagc^ 
Ik la coiiftcllation de cet animal , ce 
il veut prouucr par induftion de 
Hapuiflance que la feule rcfTcmbla- 
"ce produit das tous les arts ôc fcicn- 
ces. Ce procède cfl fi cftrange ca 
beaucoup d'endroits , que ie n'en» 
ay point voulu parler entre les def- 
Ifcnfcs que i'ay rapportées pour le» 
rTalifmans dans mon Traidcpar-* 
ticulier, de mcfme que ic me fuis tcu 
de Targumcn t pris des quarrcs gen- 
res de qualité, qmaddgcndHcodHCunty 
pour prouucr que les figures agit» 
fcnt , oii il n y a que de f au fies fubti- 
litez 5 & de l'exemple des Ombres 
des morts, & dequantirédcprodi- 
gcs qui ne font rien aufujct. le ne 
mets guère dans cete manière d ou- 
urage que les opinions les plui vray- 
femblablcs & les plus naturelles. 
Les chofcs bigcarrcs qu ont inuea- 




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XtJ^ DrS CVRlOSlTEZ 

té quelques Auteurs, font rcfcruces ; 
pour des obferuations fcmblables a i 
ccllcs-cy. Continuons donc de voir : 
ce qui eft allégué das lesCuriofitcz 
Inouycs , touchant lopcration de 
larefl'cmblanccdanslcsfcienccs 6c 
les arts. 

L'auteur dit qu en ce qui cffc de 
la T heologie , l'on treuuc que ceux ï 
qui ont mis des images auxTcples ' 
séblables à celles aueclefquellcs les 
Anges auoicnt apparu en terre, ce 
ne tut qu a deflein d'attirer plus fa- 
cilement par la force de la reffem- 
blance ces bioi-heureux efprits. He 
quoy donc il s'unagine que les fi-, 
gurcs que 1 on fait pour les Talit- 
mans font les vrays portraits des 
Artrcs , ou bien ceux qu'ils pren- 
nent plaifir c]ue l'on leur donne. Il 
croit doc que les Aftres ont de l'en- 
tendement pour connoiftre ce qui 
eft fait en leur honneur, en quoy il 



I N 0 



V YES. 



5 



c ces 




fuyt l'opinion fupcrrtiticufc d 
Philofophes qui les croyoïent ani- 
mez. Outre que ce qui cftdanscc 
licun'cftgucrcbicn rcigîé, le crain 
que cela nefoit pas fort pieux. C6- 
parahtles images des Anges & des 
Saintes •àVclles des TaliUnans, & 
difant que lori les attircpar la for- 
ce de la reflemblancc , c'cft crbfrc 
que l'on peut obtenir, leur fecoufs 
parvne puiflance magique, au lieu 
d auoir recours aux prières & aux 
bonnes œuures. IeneJçaypoimAi-i\, 
en fuite , fîpar cette ^mefme \>ertu de ref 
fimMance quife trome entrt Dieu & 
tes hommes, Faciamus hominem ad imd- 
ginem , &- Jtmilitudinem mfiram. 
piques Theolo^ns auroterit dtt-\>ray 
^ueleFtlsdeDieu n'euflfai Uipé de fe 
J^tre homme fdm fatir toutefois , kién 
yu Adam ri etfft point offéccl ' la p ro- 
•pofM en eft forc.haWie.maiscc 
qut cft de blalkablc^sc digne de cô- 
1 p 



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Dus CVRIOSITEZ 



damnation , c eft de tirer dcfi hauts 
myftetesen comparailondcrcftcd 
d'vn petit morceau de plomb fuper- , . îI 

ftitieulemcntgraucll adioufte,s^«e 
' parlant des chcjh comme elles font à prer | 

Cent nous fiauons que lejus Chnfije ^ 
tromeaiimiHeu de ceux quij>4rUntauec 
foydefonnom , parce que parlât de quel- 
M'rvnauec apftton musnous l imagi- 
nons tel qù.il eft ^ filous tmagtnans donc 
lefuS'Chxift quand non f parlons deltty, 
il Ce tpuue parniy nous ^ fi rendant amft 
prêtent a nos cœurs lors que nous y grauos 
fonmageparnoftrepefie,fantil eftvraj . 
que la reffemhlance peut des merucilUs : 
fur celuy mefme qui ne dépend d aucune j 
chofe , Cr qui neft contraint en aucune! 
loy. Mats que cecy foit çonceu & /"'"n 
fement & auechuoidité, 3iàioniïc-t'\\, 
Cir auace auecla fain^efé qu'il faut pour 
parler d vn Jujet fi adorable. N cane- 
moins quoy, qu'il die . ce neft pas 
parler auec rci>eâ: de nolUe Sau-l^ 



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I Inovyes 

rucurIcrus.Chnft,delctircrcncô- 
paraitoh auec des chofes fi viles cô 

inccesTalifmans,quicncorcnont 
aucun cftcd véritable. 

.11 die que la Philofophie W 

taitvoirenlimaginatiôlcpouuoir 
qualarcfrembance,pourcequefi 
la temmc vient à fe reprefenter puif- 

l^mmet quelque obie<a durant l'a- 
<aedela génération, lefruia en re- 
tiendra l'image. Il eftvrayquîlya 

beaucoup d'exemples de cecy, mais 
fait cela pour les Talifmans? 
QiLoy, dautant que 1 ouuricr s'ima 
g'ne que la figure qu'il grauc fur 
ET^«^l'^"«propreàgucri^ 
}cmaldcrhems,faut-ildene?effite' 

qu_elleayt cette pui/Tancc, ou bien- 
clt- ccque le défit incitel' Aftreà fai- 

;^celafQucllclia.lonya-t'.lentr 

no reclpnt &lcsp.crres^oubien 

"""^"°'^^^^^P"c&vnc certaine 
conftellatioit , & entre cette con- 

Pi; 



1^8 Des CvRiosiTEz 




ftcUatio & les figures graucGsrTou- ^ 
tes les parties de la femme ont quel- . 
que corrcfpondance:Cc qui ell au j j: 
ventre participe à ce quieft au cœur, J . ^ 
à caufequvnc mcl'me amc agit là|?ti> 
dedans. De tirer cecy en comparai- . a] 
ion pour fçauoir s il le fait quelque 
choie de lemblablc^cntre ce qui cft ^ 
manifellement {cparé,ccla citfort J^ f i 
propre pour monltrer qu-il ne s en 
peut du tout faire. ' 

L* Autheur auoit deTia allègue ce- 
cy par cy deuant , ôc touchant la 
Médecine, il vie encore de répéti- 
tion, parlant des Simples qui foula- 

gcnt les parties de noitre co rps donc 
ils portent Timage^cequi a aulhcfté 

examiné. 

Pour rAftrologic il dit que l*<3i^fl| 

iuge des qualitez de 1 efant par cel- ^ 
les des Eftoillcs j quc Mars eilançac 
vnc lumière éclatcante 6c rougc, 
fait rougçaftre ccluy qui naift fous 




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NOVYES. 



■:0 



fon Influence i Saturne quieft paflb 
& languide le fait blefiîie & dcfco^ 
loré ; ôc lupircr Venus qui dar- 
dent des rayons clairs, doux a- 
ereables , le rendent beau & plai- 
lanti&quelemefmeen cil des au- 
tresqualitcz , comme fi les Signes 
Jôthauts & en leur Apogée,! étant, 
difcnt les Arabes, fera iiaut & de 
grande ftatute, s*ils font bas il fera 
bas & petit ; Que pour le mouuc- 
nîent,Saturnequi la tardif 6c lent, 
rend aufli 1 enfant pareffcux & pe- 
fant î LaLune qui laviftc le rend 
Icgerôc eftourdy. 

Bien que toutes ces chofes foient 
déduites dans Cardan ôc dans Por- 
ta , nous ne fommespas obligez d y 
adioufterfoy;mais d ailleurs quand 
CCS chofes arriucroicnt ainfi, il nç 
doit pas inférer delà > quVne figu- 
re grauée fous de telles côftcllatiôs, 
obticnnç les mefmcs qualitez, Vn 




Des CvRiosiTEZ 



torps qui a fang ôc vie peut re- 
ccuoir quelque impreffion du tem- 
peramêc de l'air à fa naiflTancc ; mais 
quant à la pierre , leschangemens 
n y peuucnt point eftre pareils j la 
figure que loa y graue ne la rend 
point viuanceôc ne la fait point ca- 
pable d auoir les humeurs ôc les paf* 
fions qui n appartiennent qu'aux 
hommes , ny d'obtenir quelque 
pouuoir extraordinaire* 

Il dit après que la phyfionomic 
fait encore voir dès ctfeds prodi- 
gieux de la reflemblancç & des figu- 
res j Se que fi on vient à contrefaire 
la mine dequelquVn, & fions* i- 
magine d'auoir les chcueux , les 
yeux , le nez , la bouche , ^ toutes 
les autres parties comme luy, & en 
vnmot 11 Ion s imagine eftre fcm- 
blableàluycn phyfionomie , Ton 
pourra connoiftre fon naturel xôc les 
pcnfecs qui luy font propres ^ par 



■1 



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I NO 



VYES. 



11^ 



HUM 



m 



if- 



m- 



celles qu on fc formera durant cet^ 
te grimafTe. Que cdl l'opinion de 
Campanclla qui l'exprime en ces 
f termes. Cum quishominem Videtyjla- 
tim imaginari oponet fc nafum habere Vf 
altcrhabet , &pilf4my.& •\>Hltum,&' 
fronterfiy & locmonem \ Et tune qui af- 
feftuçy Cîr cogitationes inhac cogitatio- 
neilli obrepunt, ludicat homini illo effe 
proprios quem ita imaginando comuetur, 
Hocnonahjque ratione & experientia. 
Sfiritus enim format corpHs , ^ tuxta 
fffeittts innatos ipjhm fingtt exfmmt- 
fAc.Czcy eft du liure, Senfuretu, 
du R. P. Campanella, Religieux 
Dommiquain. Lbn peut dire qu il 
a parlé fclon le fentim cnt desPhilo- 
fophcs , ôc non pas félon 1 e fien j car 
eneftccconnoidant ictcmperamcc 
d Vn homme, ôcfcs habitudes, l'on 
peut bien s'imaginer quelles peu- 
ucnteftrefespéieesen quelques oc- 
cafions, ôc y rencontrer hcurcufe- 

P iiij 




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iji Des GvmosiTEz 
ment; mais de dire que pour ic fi- 
gurer que Vb a fon teint ôcfcs traits 
de vifagc, &: que Ton cft cntiereméc 
nietamorphoféen luy,y coopérant 
principalement en failant les mef- 
mes gruiiafles qu'il fait , c cft ce que 
ie nccroy pas cftre fort vtile.Neât- 
moins M. Gaffarel prétend que le 
R.P.Campanella, non feulement 
cft de cette opinion, mais quil en- 
tend aufli que lamine refponde au- 
tant qu il fepourra à Vimagination, 
ce qu il preuue par l'expérience qu'il 
dît luy en auoir veu faire , dont voi- 
cy la narration telle qu clic eft en 
fonliure,pagei68. & 2.69. lauois 
toujtours pensé ^ dit Monficur GalFa- 
r el , que t opinion de cet homme fut de si- 
maginerJeuIementUmeJhie mine y com - 
me portent fe s paroles : Mais comme i e- 
fiots à Rome ayant JceHqiionlyauoita- 
mené appris le refle par lacuriofitéque 
i ei4:^ de le vijitcr à ïlnquiftion y non fans 



1 N O 



V YES. 



3î 



beducoHj? de peine. M'eftdntdocmis aU 

copagmcde^HelcjuesAbe:!^,onnoHsmena 
à U chambre ou ilefioit,^ aujsi tojlqnil 
nousa^erceuttl vint a noHs, ^ nous jfria 
î d^duoirvn peu de patience qti il çujl ache- 
\ ué vn billet quil efcriuoit au Cardinal 
\ ; Magaloti, Nous eftans ajïts nous apper- 
\ \ ceujmesqu ilfaifoit Jouuet certaines gri- 
ïUnajJès qui nous faijoient iuger quelles 
partoiet ou de folie ou de quelque douleur 
que la violence des tourmens dont on fa 
affligé lujy eujlcausé, ayant les gras des 
^arn bes toutes meutries ^ les feffes pref- 
y e fans chair, ta luy ayant arrachée par 
morceaux, afin de tirer de luy lacofefion 
des crimes dont on l'accufoit. Mais Vn 
panant Allemand fera njoir en peu de 
temps thiftoire de fes malheurs c!^ de fa 
Vie, Pour reuenir donc anoflre propos^ 
f Vndes noftres luy ayant demandé dans U 
\ fuite de t entretien , /// ne fentoit point de 
douleur Jl répondit en riant que non y 
iugeantbien que nous eflions en peine des 



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iji Des CvRIositez 
grimaces qu'iUmit fdit^ ilmusditqH'àujL^ 
nofire armée, tlfe figurait le Cardmal^J 
Mdgaloti.comme on le iHyauoit dépeint, 
nous demanda s il eftoit fort chargé 
de poil. Pour lors , moy qui auoit leu au- 
trefois dans [on Hure ce fue de {fus , ie con- 
çeus incontinent que ce s grimace s ejioient 
neceffairespour bien iuger du naturel de 
quelquvn. le ne dy point ce qui j r paffa en 
cesentreueues ^parce quilejihors de mon 
Jùjet, 

Voila ce que M. GafFarelrapor- 
tcduR.P.Campanella, maispcut-^ 
cft re cela n cft- il pas arriué de la for- 
te, le ne veux pas dire qu'il ayt in^ 
tention de dcguifer TafFaire ou d y 
rien adioufter, mais qu'il ne prit pas 
garde à tout, ou qu'il ne s'en fouuict 
paspon£tuellement. Dailleurscela 
neprouue point que les mines qu il 
auoit faites en cfcriuant Ion billet, 
fufTcnt les mcfmesque tenoitd^or- 
dinaire le Cardinal Magaloti , & 



t 

1 

\ ■ y. ê 




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I NO 



VYES. 



^3^ 



^u'il les fift à dcflcin de comprendre 
[quel cftoit le naturel de ce Prelar, 
lifuiuant le précepte du'liure De Sen- 
ifuremm. Monfieur Gaftarcl dit feu- 
lement, que pour luy il conccut in- 
continêt que ces grimaflcs cftoienc 
neccflairesàcela^Ôcque ce que leur 
dit le R. Pcrc, eftoit parce qu il iu- 
geoit qu'ils en cftoient en peine.Cc- 
cy n eft fondé que fur l'imagination 
jdcnoftrc Authcur, puis quelautrc 
n'en parla point affez clairement. 
Pofliblcn euft-il pas efcrit cecy auec 
tant de hardicirc fi Campanella euft 
cftcalorsà Paris comme ilcft à cet-^ 
te heure , cftant facile aux Curieux 
<lcsmformer deluy s'il aiamaiseu 
de telles penfées. Toutefois iecon- 
noy bien que Mr. GafFarcl neluy 
croit point faire de tort d'alléguer 
cecy , d'autant que cela eft fuiuanc 
la dodriac qu'il a publiée dans fes 
iurcs , laquelle Monfieur GafFarcl 



4 



Dis CvriosîTEz 
Veut cmbraffcr aufli comme trcs^i 
certaine. 1 1 y a pourtât cecy de plus, 
qu il veut qu outre rmiagination, 
Campanella ayt tafché de fc con- 
former par fcs mines à celuy auquel 
il auoit affaire pour connoiftre fo 
humeur, ôcfçauoir comment il re- 
ceuroit le billet qu il luy efcriuoit; 
Mais nous ne fommcs pas oblige^; 
de croire cela de ce Religieux , sil^ 
n en parle precifétnent. Il le faut atr • 
tribucr au dernier qui Icpublie.C eft 1 1 
luy qui eft Autheur de ces grimafleSj j-v 
& il deuoit mettre en tefte de ce 
Ch^ipitTCyDesgrimaffesefludieesy ou 
V Art de faire des grimaffes. Aureftc 
nous laifTons ces ridicules cérémo- 
nies aux baftelcursjfans croire qu el- 
les ayent autre pouuoir que de faire 
rire ceux qui les voy ent:D auantagç 
quand ce feroit quelque chofe qui 
auroit de rcfficacc,cclaneprouue- 
roitricnpourlefujet des fculpturcs 



Inovyes. 



t57 



. Talifmaniques, car croira-t on que 
^ tout ce que l o fc rcprcfcnte, foit par 
I iiT^agination,foit pargcftc, foit par 
bfpcinture ôc fculpture.arriuc dcmcf- 

nic?Oua toniamais vcudesmar- 
iquesdccccy? 

Quant aux reigles de phifiono- 
I mie elles font cncores fort vaines 
I pour prouuer la puiflance dcsfigu- 
I tes naturelles ou artificielles. Si tous 
Jcshômes qui ontlcsmefmes traits 
l^e vifage, font d Vn mcfmenaturel, 
vne pierre qui n'a point de vie ne 
|||;J leur fera pas fembUblepour auoir 
^ efté taillée à leur imitation. 

L*Art de dcuincr les fonges eft 
fon dé encore fuir la reflem btancc , 
comme on peut voir dans rhirtôirc 
facrée, où lofcph prcdità rEfchan- 
fon qu après trois iours il fêroit re- 
mis à fon office , parce qu if auoic 
fongc qu'il prcifoit trois grappes 
dans la coupe de Pharaon , ^l^cainfi 



I 
1^ 



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Des Cvriositez 
des autres. Mais à quoy fert-il^^^t 
alléguer des exemples, foie des Uurcs 
facrez, foit des prophanes ? 
theur des Curiofîtcz ne dit point a j 
quoy cela about i t pour la praiue du r 
pouuoirdesTaUrmans. 1 
Quant à la peinture & à la fculp- f 
ture,il cftvray que les figures triftcs 
peuuét rédrc trirte,& Icsgayes peu-*- ^ 
uét r:cfiouyr,mais ccquérongrauç ' 
auxTalifmâsett fpuuétfi petitoufi 
peu commun quQ Von n*y cpnnoift 
ncn y teUemeaf /cjue celan'agarde ' 
démouuoijr Jcs pallions. Ce o*cil pai 
aufli en les voyant feulement que ^ 
Von croit quMs agijTenc , & i-on leur 
attribue bien.4,autres facubez que 
de rendre triftesougays ceux qui les 
portent. L on pret^^^iid que tout ce 
que rpri y rcprcfcntê doit aj:uuer,cc 
qui elYv,nepla^ifanjç erreur. Y çrita- 
bUmcnt^ccU fetoic fort cfç^çntnodc 
auxpeintres;S*ilsreprcfentoi€fntdâs 




Inovyes, 



l 



59 



vn tableau quelque riche Seignc;it 
qui leur dônaft beaucoup d'argent, 
p\x vnEmpereur qui leur mift la cou- 
ronne fur la teftc, il faudroit que ce- 
la arriuaft ainfi. Mais ny les pcrfoa- 
esruftiques ny les enfansnccroi- 
ont pas cela. 
La force delà Mufique eft aulli 
^ confideréc inutilement \ le fon eft 
vn cftcd proportionne au fcns de 
rouye ^tcUcmcnc qu'il peut agir fur 
nos elprits , mais il ne fort rien du 
.Talifmâ qui aytde 1 adio fur nous, 
Ncancmoins T Auçhcy.r ne laiATc pas 
de^conclure âinû. SidoncU reffèm- 
hlaçe autant depûuuoir en tout ce que nous 
Venons de ^^>oir^(^nçkSs, quelle nejl.pas 
moindre en celle des' figures Tultfmani- 
.que s doutant plus^ajpurement que 
ï experi^nfe nous le faipyoir. M ais il n'a 
pas monrt ré cette expcrincc>^ dail- 
jçjars quand la rcffcmblance a^,roic 
dupouuoir en quelques autres cho- 



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zj^o Des CvRiosTTEz 
fcs , elle ne Ta pas en ce qui cft dcS 
Talifmans. Aufliquoy qu vne pier- 
re porte la figure de quelque animal 
ou de quelque membre derhomcJ 
la reflcmblancc en cft bienfoible: 
Pour relFembler cntieremétàquel-| 
qucchofe, ilenfautauoirauec celai 
les qualicez intérieures. 

Satroificfmc voycdelavertudes 
Aftres , c*eft qu il monftre que pour 
guérir vnc maladie humide, il faut 
prendre vne matière fcchc &ygra- 
uer la figure fous vnfignefec,& que 
l'Influences imprime par la reffem- 
blancc. Celont dcbellesimagina- 
tions, m ais pour 1 es faire croire cer- 
taines, il condamne toutes les figu- 
res oui on fcfert dcfuperftitions , & 
oul*on prétend de forcer la volon- 
té deVhôme. G cft vn artifice pour 
gagner les efprits, afin qucceux qui 
condamnent les fortileges ôc lesâiN 
tres fecrcts fuperftiticux , n aycnt 

point 



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Inovyes. 

pomt les ficns en horreur, croyant' 

quilsfcfontnaturclleinenr.S 
narp.repoinràdeschofes,.p2^;'^ 

bcsalho,nme.ma.uousco.S 
ions afTcz que tout ccaniïdhncfr 

nonpastcllequ-,ilafaic,&„'^^^^^ 
kaportcdclaforcedcsS-^lsJdi^ 

llcurpouuoirfurlesmcnbCcftceî 
-oue luy .„,nne que Je If 

onsquelonendonneLtrouue'ï 
.^ftcr^_^uaccquelc.per.encee„ 

resartifiaellesqucfurlc 
f'^O^oW..W..x«..,^cedit-,uJ 

'"^^>neiont/ceumcr. Ceux 

CL, 



...î. D ES CVRIOSITEZ 
qmn'ont umais Icu les œuures de S, 
Thomas, croitonr icy qu'il apprca.f 
uc les TalilniaBS , & leur attribue 
du Douuoit ■■, mais l'on ne nous en 
faicVas accroire ainfi. Ufaut von ^ 
ce qu'il en dit au fécond liurc delà? 
féconde partie defa SommeThco-j- 

lo^^ique, Qucftion 95- ^-^'^^^ 
naaoutfacouftumcdepropofer,cd 

qui cftdit des choies par les Payenf 
ou sens mal inlttuids, Se fil'on sar-f 
reitelà.il n'y a pas de doute que l'on! 
ne pourra dccouurirla vente: lltaut 
paflcr à la conclufion qui eftle fe^ 
cond membre de l'article ou tou 
les poiads fout refolus. llpropol 
en ce lieu cy , (i-ùl femble que com 
„me les corps naturelsfontfujetsau 
„ Aftres,auai sot les artificielsiQasl= 
„coros naturels aquicrent quelque 
„vei tus cachées , l'uiuant leur afpe 
„par l'imprelsion des corps celeftc_ 
«Donc qu ilfauc qucles eorps artiti 




J N O 



VYES. 



45 




[ ciels* & parcxemplclcsimagcsob-.c 
tiennent quelque vertu Iccrctce des.. 
, corps cddtcs, pour caufcr de cer-<c 
■ ï tains cfteds. Y eat-iliamais rien qui ' 
yonmnrt mieux au dcffeinderAu- 
^ theur que nous examinons ? Il pcn- 
taire Ion profit de cepafTagc, & 
Jcitc ce grand Oracle delaTl^olo- 
Jâ gici Mais le croy qu'il a cftc- fi aifc de 

1^4. trouuercecy,quit ne s'eft pas donné 
patience de voir ce qui fuyt; car 

~|<le l auoir lcu & le vouloir difsimu- 
Icr le ne fçay fi ibferay luv ropro- 
, cher cela ; Tant y a qu'à la féconde 

jlcaiondclacôclufion, S.Thomas 
^arleainfi. 

Itcs vertus naturellcsdes corps natu-« 
.illcls luiuètleurs formes fubltatiellcs" 
i qu'elles tiret de l'imprefsiô dcicorps" 
^ cclertes, & acquierét delà quelques 
' •î jpui/Tances aaïues; Mais les formes" 
:i| des corps artificiels.procedent delà" 
■jlpcnfec del'ouurier, & n'cltans autre*' 
' . Qij 



ce 



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144 Des CvRios itez 
>,chofcqvicla cbporition,rordreôc la ï 
„figarc,nepcuuent aiioir vnpouuoir ; 
',,naturcl pour agir, Et delà viéc qu'ils i \ 
„nobticnucnc aucune faculté dcsr. ^ 
,,corpsceleftcs, eu tant qu ils font ar- ^ 

,,cificicls, mais l^ulement en tant qm: 
,,lcur maticrc ctl naturelle. L opinio H 
„dcPorphirecrtoit donc fauiTe, auv r 
',iliqac remarque famâ: Auguftin au; 
'„daicfme liurc de la Cité de Dieu; 
„Qucles homes puffcnt taire diucr 
",fes chofes propres à certaines adios i 
,,par le moyen des herbes, despicr-j' 
„rcs,dcsanmiaux,ôc de certains Ions ^ 
„ôc voix de quelques images ou 
„caraa:cres,commc cltans dcsctfeûs 
,,dvnc magie naturelle quiprocc- 
„doit de la vertu des corps ccleftesrr 
„Mais comme S. Auguftin adiouftc^ 
„tout cela dépend des Demos qui fcj 
„ioiient dcsamcs qui leur font fuj et-' 
„tes. C cft pourquoy il faut croir 
^.que ces Images que Ton appelle. A- 



InOVYES. 14J 

ronomi^ues^ , tirent auffi leur eftcd^' 
.mdc lopcratioti du diable. La mar-*"^ 
'.- que en eft qu'il y faut efcnrc certains^' 
-;:cara6tcrcs quinacurellcincntnelcr-^*^ 
tucnc à rien, car la figure neftpoinf^ 
^Jlcprincipe d'aucune adlion naturel" 
J le. Toutefois les images Aftrono- 
Xi miqucs diiferçnt des Nccromanti- « 
> quesjcn ce que pour lesNccroma-u 
tiques il fe fait cxpreflement des in-u 
uocations, 6c autres vaincs ccremo- cc 
mes, cequifaitquçiles dépcndenccc 
du pad exprès fait aucc les Dcni6si<c 
Mais aux autres images il y a pour- ce 
catquclqucpacttacKepariGmoyencc 
des figures ou des caraAcrcs que'<c 
1 ongraue, qui cn font les figncs. ce 

Voila ce queditfainci Thomas 
en quoy il condamne les Talifmâs 
1 par des raifons très- fortes. Si TAu- 
1 theur des Curiofitez Inouycs veut 
I auoir recoursà quelqucpaflaged va 
i autre liure du mefmc lainâ: , où il 




ij^6 Des CvRiosiTEZ f 
dit qac les corps ccleftcsont du pou- 5 
uoir fur les chofes artificielles com- |, 
mefurlcsnaturcllcs, ncs*cxpliquat 
pas autrement, line faut pas pren- 
dre cela pour luy ; Ceft à dire qu ils |. 
opèrent fur leur matière en tant que 
naturcUc.Neantmoins c'eft ce qui a | 
'trompé noftre Elcriuain qui seft i 
rapporté principalement au Hure ' 
Defato. ôcl celuy qui cft fait , Con- 
tra Genres, où faind Thomas ne dit j 
pasponduellcmcnt lopinion qu il 
a de ces chofes,& ou il met plufieurs 
penfces lelon le (entiment des an- i 
çicnsPhilofophes.Poureftreaffcu- j 

té de noftre croyance, il fautauoir | 
recours! fa Somme Theologiquc, | 
où il s'cfl dcclar^ ouuertement \ ôc | 
qu and il auroit mcfme tenu tout le I 
contraire en vn autre traidé à part;, î 
iVhe faudroit croire qu aceftuy-cy> | 
qui eil y n Reaieil de la vray c Philo- 
fophiedà'Chreftiens. Toutefois fi 
Ton explique hifnfcs oeuures. Ton. 



Inovyes. 247 
n y trouuera point de contrariété, & 
Ton verra que tout fc rapporte à ce 
que i ay allégué , tellcmént que fi 
TAutheur des Curiofitczlnouyesfe 
penfe fcruirdcfonauthoritc,ilfauc 
que ce foit parmy des gens qui ne 
fçachent pas lire, ou qui n'enten- 
dent pas le Latin. 

Pour ce qui cft du grand Albert 
ks liures que Ton luy attribue font 
plains de pluficurs meruciUes , donc 
la faufTeté cft fi aiféc à cônoiftrc^que 
c*eft inutilement que Ton Icprcnd à 
témoin de cecy . Touccfoi.^ noftre 
Autheur croyant cftre bien fortifié; 
continue de parler de cette forte. 
Vexpçrience nous afrendquc le Soleil ef 
chauffe aujli bien ïimdge mificielle d'vn 
homme, que l homme me fme ; Or fi cet 
jiflre agit indifféremment ^pou rquoj non 
les autres} &c L'on luy auoûe que le 
Soleil cfchaulFe les Statues, mais y 
opcre-t*il de mefmc qu'aux corps 

ii 





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14^ Des Cvriositez 
humains? Lecorps dcriiomme e- 
ftant efchaLîfFé l'on fangs alluiT^c , 6c 
le réd en clin à la colère &c à Tamour^ 
en fera-t'il de mefme auxftatuës, 
quin ont point de viejcjefcntimenc 
nydepaflion? Sioutrela chaleur les 
Aftres iettent encore quelque jn- 
fiuence elle ne doit eftrereceué que 
félon la matière des corps. Pçur fai- 
re la figure a vn lypn , l'on n aura 
pas fait vn corps qui ayt après les 
mcfmesfentimentsque lelyon vi- 
uanc. Ccn'eft toufiours quvnc pie- 
ce de cuiure confideree comme mé- 
tal. Po^r^/^o;;, dit T Au theur des Cu- 
riofitez , h EJipilles nagiroient-elks 
du^i hien aux chofes artiJIaellesŒxclud' 
çnde la nature l'or, quand onen fait Vne 
hgue y & rend on moins naturelles les 
perres (juadon en faitvne maijon} Nous 
iuy auoùbs cela Gns qu'il encôtcfte, 
mais ne voit-il pas que cela ne fait 
nen pour luy ? Les Aftres agiffcnç 



1 



InovYES, 

toufiours fur l'or /comme cftantor. 
loicqueloncnfafrcvnebagueou 
vnc couronne, mais n'y cherchons 
. oinc d autre adion que celle qui 
clt naturelle. Pourcc qui eft des fi- 
gures qui rendent les métaux plus 
propresa de certaines avions, c'efi: 
pour celles qui dépendent de leur 
nialsmeté, & de leurs autres quali- 
teznaanifcftes. En vain l'Autlieura 
recours a cecy, & pourcc qui eft de 
la vente des influences celeftes fur 
les chofes artificielles, iin'eft point 
apropos de rapporter que plufieurs 
cottons & laines du Leuant durent 
"lus ou moins , fi on les trauaillc en 
diuers Royaumes & fous certaines 
conftellations , aufsi bien que les 
nauircs , & que Vitrcuue prouuc 
lemefmedesbaftimcns. Les caufes 
de ces choies font toutes certaines 
& euidentes: Ily adcs matières qui 
ont befoin de fechereife & les au- 





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ijô Des CvRiosiTEz 
très d^umiditei Elles font durables 
fclon qu elles reçoiuct ce qui leur eft 
neceffaire. Voila qui eft apparent, 
mais où connoift-t on que les pier- 
res que Ion grauedoiuentreccuoir 
ainfi des Aftr es ce qui eft propre à de 
certaines avions? Cela ne fe peut 
monftrer ny par cffed ny par ratio- 
cinatiojôc au contraire lontreuuç 
des r aifons qui en font voir fimpot 
fibilité , ainfi que témoignent ces 
©bferuations. 



Inovyes, 



151 







■ 



• Du feptiefme Chapitre , ou font rappor^ 
téesquelcjues ohieéhons que l on faiéi 
contre les figures Talifmaniques y & 
où tAuteur tafche de monftrer que 
cela n ofterien de leur puijptnce. 

A Y fcptiefme Chapitre des 
Curiofitcz Inouycs , TAu- 
thcur die qu'il condamne toutes ces 
figures quel on accompagne dcfu- 
perftitions, ôc que pour les figures 
telles qu'il les dcicritJ'Eglifen a la- 
I mais rejette leur vraye 6c légitime 
I puiflance, ainfi qu'on peut vou dâs, 
' lesœuures de S. Thomas. Un a pas 
pris garde que ce Saind entend que 
lesTalifmans nepeuuent auoir au- 
cun pouuôir naturel, ques'ils en on c 
c crt le diable qui le donc , ôc qu'en- 
core que la figure foit grauée fans 



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25l 



Des Cvrïositez 



inuocation , cette figure feule peut 
çftrctefigncd vn pa6l: tacite. Tou- 
tefois il adiouftequeulcs Pères les 
ont autrefois condamnccs , ce n*a 
efte qu aprcs qu'ils ont penfé n*cn 
pouuoirdcflourncrles homes quen 
condamnant le tout comme Moy- 
fe ific en dcffendant abfolqmct d*en- 
ter vn aibre de diftcrentc cfpcce, 
pour deftourncr le péché quo cdm- 
mcttoit en cçtte aftion. Il en tire là 
raifon de RabiMofes, laquelle cft 
fi falle & fi deshonneftcqu il Talaif- 
fcc en Latin, poL^r couurir en quel- 
que façon le récit de ces vilainics, 
mais ic les veux couurir encor daua- 
tagcenlcstaifant. 

11 pourfuit àmonftrerquefilon 
là, rc)ctté tçs Talifmans , c eft pourcc 
que les igqorans y ojit vfé de cer- 
taines paroles. 11 condamne ceux de 
Villanouenfis & 4ç Mizauld, qui 
dit que pour chaffet le§ ferpés il faut 



I N Ô V Y Ê s* 

dreflcr vnc ublc dccuiure,&eri y 
grauant deux Icrpcns cni alccndat 
-de la féconde Face d' m ries dire. L/- 
go fer fente s per hanc imaginem njt ne- 
minïmcemt inec cjuemc^u^m impediant 
nec diHtius vbt fepulta fuerit permanear, 
11 en rapporte de lemblables pour 
chafTcr les rats , pour prendre les 
poiflbns,&: pour chairtr les loups^Ôc 
dit qu*il n c 1 es rapporte que pour les 
faire fuyrjQje leur fabrique edri- 
dicule^ôc qu elle elt autant éloignée 
des véritables obieiuatioii:» , que 
l'Enfer Tell du Paradis • C eit p our*- 
quoy il ne s'eltonna pas lors quVn 
de fcs am is luy dit que de plus de cet 
qu'il auoic drcflcz fuiuant ces rè- 
gles, il nauoir vmm vcu Terfcd 

d vn feul , mais que l'ay a iK prié d en 
drcffer vn fuiuant les obfciuacions 
qu il luy prcfa ijoit , il en vi: icxpe- 
rience. Mais que veut il dircf'QucU 
le diftaenceya-t'ildc cesTaiilmâs 



t54 Des Cvriositez 
aux autres ? Mizauld les ordonné 
fous les mcfmcscoftellacionsqu vu 
autre les pourroit ordonncr-,pour- 
quoy n auront-ils pas de refFcâ:? A 
caufe qu il a cette opinion qu'il faut 
dire en les faifant pourquoy Ton les 
fait,ceux qui feront faits ainfi n'au- 
ront aucune puiffance: le croy que 
ceft que ny les vnsny les autres ne 
font bons à rien. 

le ne voudrois point croire fans 
bonne caurion que quelqu vn s*en 
fuft fcruy vrilemcnt, quoy que M. 
GafFarel die de Ion amy. Pour ce 
qui clt de M.Sancl arus qu'il dit c(u o 
peut confultcr là delfas,eftânt en- 
core viuant fçauant ProfclTcur du 
Roy , i'ay ouy dire à ceux quicon- 
noifToienrrvn ôcl autre , que San- 
clarus elloit dcfia mort lors que M. 
GalFare: -(criuoit cccy , ou tout au 
moins quand il le failbit imprimer; 
ôc en ce qu il dit que ceProfcfleur 



' auoit cfté gucry par vn dcccsvcri- 
tablcsTalifmanSjdVnc douleur in- 
LL fuport ablc de rheins , Ton m*a aflii- 
^^^rc tout au contraire que ce mal Ta- 
.loic conduit à la mort. Voicy vnc 
cftrange affaire cjuenousncpuiffios 
ttouuer aucune expérience pour cô- 
iîriTier la vertu des Talifmans, ny 
aucune raifon folide , encore que 
nous en ayons alTcz de defir. 

llfaut remarquer encelieuquea 
vn autre difcours fuiuant, T Auteur 
I vfe du terme de figure Talijmanijue, 
^ ce qu il fait en beaucoup d'autres cn- 
ï dfoits^ienc fçay fil'ontrouueracc- 
f labienditjVcu qu'il déclare ailleurs 
qucTalifman ne fignifie autre clio- 
e 5 que figure ou image, de forte 
qu il y a de la fuperfluité en la Phra- 

fe, ôc c*eft comme filon diloit, vnc 

MM figure figurée. Neantmoins cela fc 
dit prenant le mot dcTalifman, 
pourvu nom barbare, qui dans Ty- 





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VRiOSITEZ 

fagcfignificlcs proprietez des figu- 
res côftellees. Si les Critiques Icluy 
pardonnent , ie le veux bieii faire 
auffi. 

Poiir reiienir à la chofc dont il 
s*agit 5 Ton côdamne encoreles Ta- 
iifmans furrimpuiiTance de la ma- 
tière grauce, 6c fur ce qu'vnc ima- 
ge morte ôc immobile ne peut don- 
ner de mouuemcnt j à quoy f Au- 
tlieurrefpondque la matière eftant 
dcfia propre à quelque cftcd y eft 
mieux difpofee par vnc fcmblable 
figure ôc fcs qualitez lont excitées 
par les Aftres. Les exemples qu il 
rapporte ne preuuerit rien , car ce 
font des chofes qui en eftedont le 
principe de CCS qualitez, mais la fi- 
gure ne Ta pas. Le traiiSlc queGer- 
Ibn en a compofé fe peut voir auec 
le Malleus Maleficarum dedans le- 
cjuel Ton l'a imprime. Les douze ar- 
ticles qu'il a faits fur cefu)er,ue doi- 

uenc 



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«icntpoinc eftrc rcproiiucz.Si noftre 
Auteur les rcçirou,l'on verroit qu'ils 
Ion t côformesà la Théologie Chrc- 
fticnnc, & à la meilleure Philofo- 
hic. 1 1 y a plus dcgloircà fuiurc l'o- 
pinion d'vn fi grand perfonnagc 
qu'à lâ vouloir combatrc. 1 1 tient 
uc les caradcrcs ny les images ne 
çauroict auoir aucun pouuoir pour 
1m cfFcdls que l'on en dcfirc, cequ» 
cft auffi irrcfte'parlcs plus doâres & 
^ lesplus fagcs qui en ont parle. Ceux 
l que les chercheurs de Curiofitez 
croiroient mefmc cftrc de leur par- 
ty, les abandonnent furcepoind, 
comme lean Vuier , difdple d" A- 
grippa , qui dans fan liure De Prx- 
fi'gijs D^monum , déclare qae Icsca- 
raôlcres & les imagis luuéc qu'i 
cltrc le-, /igues di!, . [uAa.tc ncrc- 
çoment aucune inlliicncc des Altre? 
luiquoy iKctcrt ti...jrc dupaflagc 
c nvaik. Thomas quci'ay allegui? 

V, 



1^8 Des CvRi'ositez 
cy deffus. Cardan ne leur attribué 
aucun pouuoir, ôc MarfilleFicinà 
bien delà peine à y confcndr,quoy 
qu'il ayt fait vn Uurc fur ccfujet. 

Sur ce que l*on peut dire que les 
rayôs ccl cites ne font pas aflcz forts 
pour pénétrer la pierre & le métal, 
M. Gaftarcl , refpond que quand les 
témoignages font fondez fur Icx- 
pericnce on ne les peut nier iQujl 
clt certain que les Aftres 2g\Scnt 
bien auant dans terre , mais l'exem- 
ple qu il liredesQucftionsdeSene- 
que, de ces hommes qui virent des 
flcuues ôc de grands aby fmcs en vnc 
antienne mine dor,nefertde rien 
à ccfujet. S'il cft vray qucLsfleuues 
viennent de la mcr,il faut bien qu'ils 
trouuét palfagc fous terre fans qu il 
y foit bcfom de l'opération des A- 
ftresi Et quàc aux mines profondes, 
ce n'ert pas l opiniô de tous les Phi- 
lofophes, que le métal y foit engcn- 




I NO 



VYES. 



^59 




ré par ladion du Soleil. Qijant à 
la dilpofuion que la figure donne 
àla macicrc il en parle encore vaine- 
I ment félon ce qui en addiaeftédic 
en pluficurs lieux. Il répète fifouuéc 
ceschofes^quefi àchaque fois Ton 
luy vouloir refpondrc , il faudroic 

commcrtrevncfemblablefautc, & 
samufcràdcnnuycufcsrcperitions. 

Au reftc i on a eu raifon dobje- 
der que fi lare de drefTer dcsima- 
Igeselloit certain les Egyptiens, A- 
rabes & Perfans qui l'ont inuen- 
té , fe fuflent rendus Seigneurs de 
tout lemonde,cn vainquant leurs 
ennemis , mais qu'ils ont cftéfou- 
uent vaincus. II rcfpond qu'il n'y a 
point de Talifman capable de cet 
cftcd , mais s'ils peuucnr guérir les 
maladies ôc rendre les corps alegres, 
ne les rendront- ils pas plus propres 
aux combats ? S'ils excitent aufli à la 

triftcfTcouàramour^nepeuucnt-ils 

Rij 




t6o Des Cvricsitbz 
pas cxciccràlaconuoitife des gran- 
deurs, & rendrcles homes magna- J 
nimcs? Par ce moy en cela les dcuoit 
difpofcrauxvidoires^ciuoyquilen I 

die. ^ 

Sur ce que Ton obiedc qu*il taut 
quelcschofesnaturellcsk entre tou- 
chent pour agir , ic ne fçay ce qu il 
veut rcfpodrc delà brique cfchaut- 
fée , qui a reccu la chaleur fans auoir 
touche le braficrny la flamme, 6c 
qu amfi Timage a receu rmflucncc 
des Aftres.Silefeun'a touché la bri- 
que, il faut quvn air fort efchauftc 
layt touchée, ou quel que autre bri- 
que qui eft voifine du feu. 

11 dit qu'il pafTe l'opération mcr- 

ueilleufe de l onguent qui guérit le 
bleffefuft ilàcentUeuifs loin,pour- 
ucuqu il fou applique fur rcfpcc qui 
a fait la playc,& qu onlapenfecb^ 
inc on feroit le malade. Il fcroitbié 
de vérité de paffcr cela fous filcnce, 



InOvYES téi 

comme vnc chofc trcs-abfurdc, 
maisils*enappuyçncantmoins, ôc 
veut faire croire qu*il s en eft vcu des 
opérations certaines. Il fe tient 
fort du tcfmoignage de Monficur 
Loifcl qu'il appelle Medccm du 
Roydcffuna:, lequel a ce qu'il dit, 
aflcure dans fes O b (cru a t ions, que 
cette opération eft naturelle , de 
quil s'en eft fcruy heureufemcnç 
& en homme de bien. ï^y cher- 
ché ce liurc : mais ie ny ay point 
trouuc que Loifcl fc fuft fcruy dç 
ces vnguent ; il dit feulement que 
le fieurdc la Riuicre vn autre Mé- 
decin l'auoit expérimenté? Yoicy 
encore vn témoignage falfific. 
Qjand Ton void ces apparences 
àc langage de dire qu'il s'en eft fcr- 
uy heurcufement & en homme de 
bien, Ion croid que cela foit véri- 
table, ôc cela ne l'eft point. Loifcl 
ne fçauoit rien de la vertu de cet vn- 

R iij 



t6t Des CvRiosiTEZ 
gaent que par ouy dire. D ailleurs 
Monrieui Giffarcl rappelle Méde- 
cin du Roy dcffund : mais pla-| 
fleurs difcnt qu il n'eftoit pas feu- 
lement Médecin. Toutefois par- 
ce que dans fon liure il prend qua- 
lité de Médecin ôc de Chirurgien 
du Roy, noftrc Auteur là appelle 
abfolumcnt Médecin du Roydef- 
funâ:,pour plus grande authoritc. 
Quand au fieur de la Riuierc,l'on 
peut douter s'il a dit cela à LoifeU 
ou bien s*il là dit , c cil à fçauoir s'il à 
dit la vérité > & aucc cela quand il 
auroit vcuvnefois voire deux, vnc 
playe guérir tandis que Ion appli- 
quoit Vvngucnt fur vne cfpee ou lur 
vn baftoncnfanglantc, cela pour- 
roits'eftrc fait pour d'autres caiifes.^ 
La vraye expérience ne dépend pas 
feulement d'vne où de deux obfer- 
uations; il en faut vne grande qua- 
tiréj ôc que cela ait elle fait aulTi en 



m 




1 



là 



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Inovyhs. 



165 



■m 

M 
m 
lOiiliii 



iiif' 



diacrs lieux & par diuers hommes, 
pour faire que Tonne rcuoqueplus 
rien en doute. 

La fixiefme obiedion que Ton 
i fait, c clt que fi deux pcrfonnes fc 
relTembléc l'vne fc dcuroitnoyerfi 
laùtre fe noye, de mefmcque Ton 
fait agirles figures par relfemblan- 
cc. L* Auteur n'y veut pas confentir, 
pour ce que la volonté s exempte de 
cette loy, mais en ce qui eft des arcci- 
dens corporels , il dit que lonlesa 
vcus femblables auffi en deux gc- 
meauxToutefois il ne faut pas croi- 
re que s'il arriuoitàlVn de tomber, 
Tautredeuft tomber auffi. 

Ses ce que Ion obieûe que quel- 
ques Talifmans qui gucrifTcnt de 
certaines maladies , ne tirent cette 
propriété que de leur matière, il per- 
fifteàfoùftenir quelle ne vient que 
des Aftrcs^ôc pour ce que l'on luy 
peut dire que la vertu des Aftresdc- 

R iiij 





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D K & C V R I O S I T E Z 

uroitplutoftion^bcrfurlefcorpion 
viuant que fur fon isiiagc , il rap- 

[)orte cjuc le fcorpion applique fur 
a iTiorluregucrit auffiijicn que cet- 
te figure, 6c qu'en louc Icrcftedcs 
animauxon pcuttrouucrlc mcfmc 
effet. Mais pour gucnr les maladies 
de latcfteoude la iambe,il faudra 
donc y appliquer des tcftcs & des 
iainbcs naturelles, oubien en auoir 
la quintcflencc. Il fouftient après 
que les figures pcuuent beaucoup 
pour atril ter & rcfiouir? Qicfivnc 
Vierge ôc des gémeaux envie font 
beaux ou laids, pourquoy non leur 
peinture ou figure ? Mais l*on feroit 
bien trompe h l'on croyoit que ces 
images fullcnt véritablement au 
Ciel. 

Il rapporte que la figure plattc 
cmpcfche que le fer n'enfonce dans 
l'eau : Mais la figure n'y fait rien j 
C eft le peu de m afliueté qui eft dans 



Inovyes. i^, 
les fucillcs de mctal cftcnducs,cc 
que le craide des Talifmans a mon- 
ftrc affcz euidcmment, en la qua- 
trième fcdion . 1 1 n e fert de rien d'aï- 
léguer Cajetan quiadit. Figura licet 
non fit ipfvm. frwcipmm opcratwnu 
jfi tamen comfrwcipwm. eîr mUar^ 
tificium inftrumenm efficit figura, rvt 
^ji^ftÇ^elficoferen^ 

Mtumfiupera^f^a$ferm,ciuodlîtn for^ 
mam aliarn comrahas dcmcrgetUK Dcl- 
rio a eu raifon de rcfpondreàcecy 
en cette manière. Reffonico figuram 
effi comùrincifmm in mom Ucali 0* ope^ 
ratmilHS qués per hune motum fiunt, 
ytfum rvariedtuifionci commuiperde- 
labramypcr maUcum, per afciam y per 
Jerram^ non Vrro in operationihus qu4C 
fiuntper alterattonem .MonCicur Ga- 
farel ne deur^it pas dire quil ne 
rcfpond qu en biaifant , & qu il 

s'cftonncquecelcfuiteeftancdaiU 
leurs crcs fçauancn ay t pas pris gar^ 



l64 DfS CVRIOSITEZ 

dequilpcchoit co^rc les maximes 
delaPhilofophicaduancee par luy 
mcfme. Lorsquil concède ^ ce dit-il, 
fie la figure ejico/nprinct^ an morne-' 
ment local opérations cjui fe font j 

par ce nmuement , mats non pas en celles 
qutfe font par l altérât why il conclud con- 
tre ce^utl apose .put! fie (muant le con- 
lentement de tous les Phtlofophesy la cha^ 
leur fe fait par le moHuement , Orefî-il « 
^ue la chaleur efi vne altération '^ donc- 
ques la figure par luy mef ne^efl comprin- , 
cipe aux opérations qui fefontpar l'alté- 
ration, Noilre Auteur dcuroitcon- 
fidercr que Dclrio a refpondu féloft 
le fuiet qui fc prefentoit : le mouuc- 
meat local dont il parle eft ccluy 
dvntorps inanimé qui cftant ren- 
du violent coupe le bois , s il eft acr 
cbpagnc de la figure aiguë.En cette 
forte dadion, où vn corps folidc 
agitfurvn autre, la figure eft requi- 
fe j mais en celle d'cfchaufFer, il n en 



ÎN 



OV YES, 



%67 



èft pas de melme. Vn corps qui a 
quelques principes de chaleur corn- 
^^Tie ceux qui viuent, s cchaufFe en fc 
remuant , pour ce que fa chaleur fc 
refucillc par ce moyen , & cela ne fc 
fait point pour aucune figurcparti- 
culicrc. Les corps inanimez corne 
les pierres peuuent aufli s efchaulFer 
I en fe choquant : mais c'eft d autant 
qu elles excitét encore ce qu elles a- 
luoient de chaud en elles,ouàcaufc 
qu'elles pouffent l'air violemment. 
L on dira que lonrôpt les cailloux 
pour en faire fortir dufeu'mais c eft 
_-^fînd y trouuer vnebonneveine,5c 
P js'il eft bcfoinde les toucher plutoft 
: *ar vncpointc que par vn autre en- 
.droit il eft certain que c eft vne figu- . 
le qui leur eft neccflaire: mais il faut 
^'^l auccccla confiderer la folidité qui 
laccôpagne.N y Caj etan, n y Del- 
io n ont point parle de cecv. Il fi 



cccy. 



'aut 



lire que la folidité eft vncomprin- 



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téi Des CVK.IOSÎTEZ 
cipc aucc la figure au mouucmcnt h 
pour couper ou percer quelque cho- «t 
fe, ôc cti ce qui cil de faire nager r 
le mctal fur r«au, il faut que la fi- | 
gurc plattc ait le peu de maflîuctér 
pour comprincipc, fi tant cft quç 
Ton y admcttcla figure • mais quoy 
que l Q die ccn eft point propremét 
la figure qui fait nager. La fiicillc 
d or au deltain ne n âge point par ce 
qu clic eft plattc i vne Tamc cfpaiir© 
deuroit donc nager auflii c cft par- 
ce que le mctal s'y trouuc mince , & 
la largeur qui le fait appcller plaç 
n cft point confidcrce. Ce ne font 
que petites parties iointes en lar- 
geur , Icfquelles çftans diuifccs 
feront rondes ou quarrces fi vous, 
voulez , & feront fuportccs de mef- 
mc. 

Dclnopom^mt.SedeJlofidty erit 
non rmone figHr<t Jcd rdtione quantud-r 
m. MaisMonfieur GalFarel luyrc- 



a, 



\\y.ï\ 



monftrc que , quantitas non eflaflma^ 
s attachant encore à des fubtiliter 
: 1 de Logique mal entendues. 11 vou- 
^ droit monftrer que ce qui cft, n cft 
point. Ne fçait on pas que fi vnc 
fueille deftain nage fur Teau, ce mé- 
tal ne nage plus fi Ion y adioutc 
partie fur partie, & fi Ton y en mec 
yncmafle? Devrayce font les qua- 
litcz qui agifTenr, comme fi les cho- 
fes font chaudes elles efchauffcnt, fi 
elles font lourdes , elles pénètrent 
ccquieft plus léger. Neantmoins il 
faut aduouer que tant plus il y a de 
parties chaudes , plus il y à de cha- 
leur en vn corps , & plus il y en a de 
lourdes , plus il pénètre facilement, 
^de forte qu encore que ladrion pro- 

■ cède de la qualité, la quantité ne 

■ laiflc pas de luy fcruir & de la rcn- 
J drcplus force. C cllpourquoy DeU 
J rioàforc bien die quclaquantitédu 
J mcral clloi; ^\:qui le faifoic nao-cr. 



iyo Des CvRiosiTEz 
pourcc que s'il y en auoit plus efpais m 



il iroicau fonds de Icau. Cette pc 
ticequantité eft fuffifanteàradioa 
de nager , Ôc vne plus grande lefe- 
roit enfoncer. 

En fuite de cecy les autres obie- 
dions qui font rcfutéesparGaleot^ 
tus font rapportées, qui (ont qu en 
ces l mages qu on fait contre 1 e mal 
de l a p ier r e , l or d e fa nature n c guc-| 
rit point les rheinsj Moins donc Yi^ 
mage qui cftant fans vie ne peut al- 
térer lor j ôc qu'en l*imagc encore Ln 
Une fe trouue ny adion ny pafliont ' 
dauantagc Torde foy mctme figuré 
ou non ell toufiouts dVnemcfmc 
cfpece,& parconfequcnt lerayonir, 
de l' Aftrc agit toufiours d vne mef- j| 
me façon ; que s'il agiffoit plutoftl'i 
fur lor figuré que fur le fimple,il|| 
fembleroit que cette adion proce- * 
daft pluftoft de Teledion du Ciel 
que d aiUcursi Et bref la vertu qu on 




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Inovyes. 
donne à ces figures nepeuteftreny 

naturelle ny arcificiellci non pas n a- 
turelle parce qu elle ne prouicnt pas 
du dedans; artificielle encore moins 
par ce que lartifan ne la luy à pas 
communiquée, La dcfliis noftrc> 
Auteur cite G aleottus qui dit que ce 
n eft point tout cela qui donne de 
lapuiflanceàla figure.iV^y?nW/);/«;» 
aBionis acpajswnis affert^ non Vf figu- 
ra & imago mathematicè animaduerft 
fedvt effiat altam atquealtam m re fi- 
gura^a pr^parationem qu^t celcflem 
<t£ltoncm Ime difficultatc Varijs modis ac- 
cipiut. VoylaccqueMonfieuf Gal> 
farel appelle la dode folution de 
Galcottus, en qtioytant s en fauc 
que le trouue de la doclnnc , que ic 
n y trouue pas mcfmc de la raifon. 
Il déclare en fuicc que pour mon- 
ftrer que des figures diucrfes font 
plus propres naturellement que les 
autres à recLuv.>r ImAuencc, il ra- 



tji Des Cvrîosîtez 
porte l'exemple des miroirs dot Ici 
concaucsôc ronds, rcçoiuct fi bien 
les rayons du Soleil qu'ils bruflcnt, 
& les autres non j cordme aufli delà 
diuerfitédcsmonts & vallccsquicft 
caufcdVncplus grande chaleur ou 
froidure : mais il ne confiderc pas 
du il ne parle que des diucrs degrez 
de chaleur j comment fçait-il que 
les degrez des influences fc diuerfi- 
fient pour la rencontre des corps 
boffus ou caucz ? D'ailleurs fi Ton 
fuit fon exemple , quelle diucrfitc 
de chaleur y aura t il en de fi petites 
pièces comme lesT alifmans , pour- 
ce que Tvn auroit la figure d vn lyo 
& l'autre dvn homme? Et fila cha- 
leur qu'ils receuront ne s y rend pas 
rhefme diffcréte pour fi peu de cho- 
fe,croid-onque rmfluenceypuiffc 
cftrediucrlc? 

Il cil vray que coi^ime il dit Ton 
void fouuent que ce que font les 

ixommcs 



In o 



VYES. 



hommes à plus d opération quece 
que Dieu a donné à ia Narare7mais 
les principes y doiuent cftrc, & jis 
ne font point dans les Talilmans 
pour les effets qu'il en dcfire. 

Virgile ayant eftc defcric pour 
vn Nccromanticn, le ficur Naudc 
le deffcnd en fon Apologie pour les 
grands hommes accufcz de magie. 
11 dit que les Talifmans qu'on iuv 
attribue font faux comme la mou- 
che d airain mifcrurvnedcs portes 
de la ville de Naplcs pour empcf- 
cher qu'aucune mouche y entraft, 
& le Talifman d'vnc fangfuë era- 
uecfurdcl'or, qucl'ondit qu'ilict- 
ta dans vn puits pour chaifer vnc 
prodigicufe quantité de far-rfuëa 
qui affligeoienc la mefmc villef M' 
Gaffarci ne peut fouffrirquc Nau- 
denicccla. 11 dit qucpour l'Auteur 
nommé Gcruais qui attribue à Vir- 
gile les images Talifmaniques, les 

S 



El 
















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174 Des CvRIositez 
char<^cs qu'il auoit auprès dcTEm- 
pcrcurOchonfcar il cftoicfon Châ- 
cclicr) & le Iwre qu'il luy prcfcnta 
dont le titre eltoit, Otia Im^erialta 
1 -irlrc croyable, puis 

Q., 1. ui.^o.v. a vil homme de fa 
lortc,,' de ne ncn aduancct que de 
^raue, de véritable, &c de lerieux. 
Voila des raifons bienfoibles : car 
i\fc peut trouuer des hommes dans 
les grandes charges, qui cfcriuènt 
d'auflii grandes fotcifcs que les au- 
tres, & puis l'on reccuoit celles là 
fans conicllat ion, par ce qu'encore 
quecefulTcnt des chofes tauffes el- 
les apportoient du diuertiffcment, 
ainfi que font les aduantures des 
Romans, & mefmc le titre du hure 
dont Monfieur G iffarel le targue, 
portecclaaufii.Cen'caokquepour 

entretenir l'Finpcrcur à fcs heures 
de!c^ ^ 'f-!l.ubUé{iit-i\)mf- 
qua ^ ^mera vn Empereur aes 



rem pur fou. Pourquoy ccla^ 
toi iccucr des contes fa.?s à p!a,- 

""^<^^'>ircnt pas fins refponcc. Mais 

quile(loitChancclicr?Toutesfois 

neilo,c-,lquc No taire. Quoy qu'U 

cftloMdUcrtamquenyJu?^^^^^ 

av^nyaprcslarnott/ônapoinc 
takhe de rcnucrfcr ce qu'il auoitc- 

fo.>ge&quelonaapascruquccl 
latultfortncccfl[a,re,pu,rqiierûn 

Wachaion. TouccfoisnolkeAu- 

- S ,j ' 




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DES CVRIOSITEZ . 

thcur adiouftc qu'il faut croire en- 1^,, . 
corc que V irgilc auoit tait vn admi- 
rable clocher qui fc mouuoit au 
branle de la cloche , Se que pour tai- 
re croire que Virgile à peu faire ces 
ouurages, il ne faut que conhderet 
qaacitc d'horloges qui font en plu- 
fieurs villes où il y a des figures qui 
ont des mouuemens mcrucillcux; 
Et la deffus il parle de la colombe 
d'Architas , de la ftatue de Mcm- 
non, desCicux d'Archimedc, & 
âutrcsplus grands artifices que ceux 
de Virgile , & rcmouftre que Nau- 
dé dcuoit deffendrelc Poète de Ma- 
gie par cette voye, &c non pas nier 
la puiffance des Talifmans. Il ne 
dcuoit pas quereller pour cela Ion 
bonamyNaudé. Quelque artifice 
qu'il y ait à des horloges , c eit vn 
effet naturel , mais celuy dcsTahl- 
mans ne l'cft pas: D'ailleurs nous 

nedcuons point croire que VirgUc 



lu':; 



tu 



INOVYES. 277 

en ait fait fur la relation dVn Au- 
teur qui na aucun crédit. Sicclac- 
ftoit Ics^hiftoricns Romains en au- 
roicn t parlé, ôc ?\inc ne l auroit pas 
oublié dans fon hiftoire nacurellci 
C cft à luy qu'il faudroit croire, noii 
pas à ce Maiftre Geruais, 

Toutes les raifons qui font après 
pour faire queles figures reçomenç 
les influences ne fontpoint receua- 
bles de quelque forte qu on enfci- 
gne à les grauer ou pour les Pla- 
nettes ou pour les Signesj&nousne 
fommespasaulTi en peine commet 
vne féconde figure cmpraintc fur 
de largillc gucrit ainfi que la pre- 
f«; miere : car nous n attribuons pas de 
pouuoir ny a IVne ny a lautre. La 
'jf^ pierre d^Aymant à lapuifTancedW 
' 1 . tirer vn fer qu'elle donne encore à 
' j. vn autre fer: mais comment ne la 
; luy donneroit-elle point, veuquil 
,J yà vnerclTemblancede Nature eu- 



tyS Des Cvriositez 
tre-cllc & U fer: c^.td'h pierre eft 
cnchaffée dans du fer ce que Von ap- 
pelle eftrc armée, elle en attire va 
bien plus grand poids. Lapuiffan- 
cequelic donne auiïiau fer qu'elle 
. attire , fc fair par quelque tranfpi- 
ration dont cUe clt capable , mais 
le cui'ire où les autres matières dot 
l'oa l;uc ». . Talifmans n ont point 
CCS cranlpirations, & la figure que 
Ton leur donne ne les fait pas fortir 
davantage , tellement que dédire 
que dVn Talifman , il s'en fait vn 
autre par rimprcflioa du moule,' 
c eft ce que nous ne deuoas ïamais 
croire. En vain T Auteur dccesCu- 
riofitez nousreprefcntelcs merueil- 
les que Tritemc , ôc Robert Flud 
promettent *? llcnfaudroitvoirdes 
ctfets. C eft s aduancer beaucoup de 
dire que nous pouuons fans layde 
des démons faire ce qu ils font, puis 
qu'ils jpi ont point d avantage fur 



I NO V YfiS. 

nous , opérant feulement en apli 
quant les chofes adiucs aux pafli 
ucs, ainfi que nous faifons. 

'Jh 4r ^ ^ * -i- A A. -f 

Siè^t^ê. ' ' V. .. . 

De la derniers partie du liure des Cu- 
riojttez > ^^^^ '-^ Conclujion de 
cesOhfsrudtions. 

LE Traidedc la fculptureTa- 
lifmaniquc finit icy^ôc en fui- 
te elt ccluy de l'horofcope des Pa- 
triarches ou Aftrologie des anciens 
Hebreux,qui eft vnc autre partie des 
Cufiofitez. En vn autre endroit il 
faudra traiter particulièrement de 
cette fciencc. Cellpourquoyil ne 
faut pas côtinuer en ce lieu à exami- 
ner ce qui en refte dcdâs ce liurc. le 
veux ieulement remarquer que tou- 
te la différence de l'Altrologie dçs 
Hcb.reux dauec celle des Grecs, cft 

S iuj 



i8o Des CvRiosiTEz 
que les Hébreux mettent au Ciel 
toutes les lettres de leur Alphabet, 
au lieu que les Grecs y ont mis leurs 
Dieux , ôc tous les animaux doi;it ils 
parlent dans leurs fables : Puis que 
cela cft, & que cet Autheur tient 
rAftrolomc des Hébreux pour la 
plus myltcrieufc, ie tirevn fort ar- 
gument contre les figures qu il veut 
quelon falTc fous de certaines con- 
ftelUtions. le luy foufticn qu il fau- 
droit pluftoft y grauerdcs caradc- 
rcs Hébraïques , ôc qu ils auroient 
plus de vertu , tellement qu il à tort 
de les auoir blafmez , croyant que fi 
Ton en graue mefmes au delfous des 
figures^ ccfl: vne fuperftition. 

L on luy peut obie£tcr cclaauec 
raifon; Toutefois n y les figures ny 
les caractères n ont aucune force à 
quelque heure qu ils foient grauez: 
Cela nous eft allez vérifié. Aurefte 
k diray feulement que comme M* 



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\ 

r 



4f 



Inovyes: ig, 

GaffarclncdcuoitpasappclUr fon 
liurc, des Curiofitcz inouycs, à cm- 
Ic d es Talifmans,puis qu'il y a quan- 
tité de hures qui parlent des figures 
onltel lees, il ne deuoit pas s'imaei- 
cr auffi que l'Aftrologic des Hé- 
breux fuft vnc chofe dont on n'euft 
-amats ou y parler: Alcxandcray An- 
\geUs en fon liurc, In Aflroîogosconie- 
^(lorcs. déclare qucles Hébreux ran- 
gcoiét dans IcCicllescaradercsdc 
leur Alphabet fans y mettre d'au- 
tres images , & l'on trouuera bien 
«ncorc quelque autre Auteur Latin 
*|ui le dit, tellement quccelapeut- 
:ltre commun à ceux qui entendent 
cttc langue. Neitmoins il cft vray 
juc chacun nefongcpasà ces cho- 
ies ; m ais fi cela eft demeurcTi caché, 
c e t hgn e que tout cela n"êt pas fort 
Vtile. EnefFedpourcequi cil des fi- 
gures conftcllces,iI cft certain que 
Il 1 on auoit trouué qu elles cufTcnt 



Des CvRiosiTEZ 
quelque puiflance, lonncnauroit 
pas oublié l'vfage, tellement que fi 
Monfieur GafFarel les appelle des 
Curié)ritcz Inoiiy es , il ne confidere 
pas que cela fait beaucoup vontrc 
luy. Qi^oy qu'il en (bits il nous les i j 
veut faire pa(tcr pour très certaines, 
fans tant de difcours, il dcuroitfai- li- 
re vnTalifmâ qui chaffaft les mou- v, 
chcs en vendanges, &vn autre qui ir; 
ch.^{ï^ift les rats delà villcde Paris,i;ï 
ainfi qu'il prétend quil y en nnoiti 
vn autrefois: car A» m l^^c icsre-j. 
glcs comme il dit, il en pcul£ure dc^ 
mcfme, &ieletrouucaufribien in- 
grat à fa patrie, sMne faitmcttreauj 
milieu de toutes les vill es de la P r a 
ce des figures qui gardent duteu, 
des autres qui preferuent delà Pc^ 
ftc. 11 en deuroit grauer encore^ 
contre toutes les maladies , & eni 
auoir fi grande quantité qu il y et* 
çuftpour tout le peuple, s'il 



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Inovye$. igj 
ppuuoic fournir , il auroit des ou- 
uricrs fous luy. Cela introduirpit 
vnnouueau mcRier en France, qui 
fcroit celuy d'c faire les Talifmans. 
Il y en auroit des boutiques coures 
pleines , ôc pour chaque mal adic il y 
auroit desboiftcs particulières aucc 
Tcltriteau dcfllis : Les Aporiquaircs 
nauroient plus de crédit auec leurs 
drogues fafcheufes : Ces remèdes 
cy fcroicnt plus faciles , n^eftant 
befoin que de les apliquer fur le 
mal ou auprès, où de les porter 
mcfme dans fa pochette pour en 
cftreguery ; ôc d'ailleurs ils fcroicnc 
treselhmables, veu qu ilspreuien- 
droienc le mal en cmpefchanc 
qu'il n'arriuaft , fi Ion eftoic foi- 
gneux d'en porter de bonne-heure. ■ 
1 e n c fçay pas fi noftrc Auteur pour- 
ra dire qu'il ne içauroit faire toutes 
ces chofes, puisqu'il déclare quiU 
cnfcigncà vn de fes amis comment 



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t84 Des CvRiosiTEZ 
il falloit faire des T alifmatis contre 
les maladies , & qu'il en a veu l effet. 
Ques*ilnepeut fairecela,ny enco- 
re moins garétir les contrées de ftc- 
rilitc, chaffer les orales, ôclesani- [ 
maux uuifiblcs, prctcruer les villes j 
de feu ôc autre mauuais accident^ j 
il me fcmble quilne faudroitdonç 
pas publier vn liurc, oûiltafchcde i 
faire connoiftre que tout cela eft 1 
poffiblc , & qu il en fçait bien le j 
moyen;Toutefoisil veut peut eftrc | 
bien aufG que Ton cfpere qu'il y 
trauaillcra quelque iour , & qu il en 
fera des expériences véritables. S'il 
le faifoit, ceferoit la meilleure ré- 
plique qu'il pourroit donner à no- 
ftre liure, caràquoyfert-ilde tant 
parler ôc de tant elcrire de ce qui 
çonfifte en fait? Il vaudroit mieux 
nous auoir monftré vnc feule opé- 
ration , qùç d auoir efcrit vn gros 
liure pour prouucr qu'il s'en peut 



Inovyes. iss 
faire dix mille. Pourmoy ilmcfcm- 
blequ on ne deuroic pas auoir 1 af- 
fcurancc de dire cela fans en auoir 
quelquVnc toute préparée. Pourcc 
I quieftdes Talifmans cotre les ma- 
ladies, il eftaffcz malaisé de les ex- 
périmenter: mais il y en a dont l'ef- 
fet doit cftre fcnfible , comme de 
chaffer quelques infedes, ôc Ton 
Verroit bien s'ils fiiiroienc où s'ils 
mouroient Ci toft que l on cti auroit 
aporte vn en quelque lieu. I e ne me 
puis imaginer quelles cxcufes TAu- 
teur des Curiofitcz Inouycs peut 
donner pour n auoir pasmonftré à 
chacun de femblables Talifmans, 
des que fonliure a cfté imprimé oii 
quelque temps après > fi ce n'eft qud 
la conllcllation n eft pas encore ve^ 
nue fous laquelle la plus part doiucc 
cftrcfaits; 6c quanta ceuxqu'ilapû 
dcfîa faire , qu'il les tient fccrcts 
pournclcscommuniqucrquaccux 



tS6 Des CvRiosiTEz 
qui en doiucnc faire de Teftàt. Id 
veux bien aduoûer qu'il agraué de 
telles figures fous vue heure choific; 
C*cftceque pluficurs peuucnt faire 
àuffi bien comme luy: maiscen*eft 
pas» à dire que cela ait de refter. 

Nonobftant toutes ces choies ic 
ne confeillcray iamais à qui que ce 
foic d adiouftcr foy à ce qu'il a affeu- 
re dans Ton liurc. Il prétend que les 
figures font fi puiffan tes, que celles 
qui font naturelles aux pierres, doi- 
Uent auoir autant de vertu que cel- 
les qui font artificielles, & comme 
ileftfortdagcreuxdc fe laiffertrop 
emporter à de telles opiniôSji*ay vcu 
desgensfi blcffcz au cerueau, qu'ils 
s'en alloient derrière les Chartreux 
ôc ailleurs chercher les plus beaux 
cailloux, Ôcauoicnttoufiours dans 
la pochette le petit coufteau pour 
les ratiffer ôc le marteau pour les 
calfcr, afin devoir s il ne s'y trou- 



InovYES. 2,gy 

lilcrroit point de Gàmzhçz , & bica 
'fJfouucnc ils en rcuenoicnc fi dmr- 
^'(Igez c)u ils crtoicnt dignes de picii. 
• relie les figures qu'ils difoienc 
cftre dans les cailloux, confiftoienc 
en leur imagination , & il falloit 
IJu'ils d.fTent ce quilsen penfoicnc 
auant'qu on le pcuftconnoiarc. Il 
scimouuoic aulli quclcjucsfois de 
plaifaïues querelles entre ceux qui 
cftoicnt touchez de mcfmc mala- 
die : L vn difoit ic voy^à vn dra- 
.gon ; l'autre difoit c'eft vn chien, 
.j maisfi la tefte y ciloit vn peu mieux 
figurée, ce fcroïc vn homme. Si Ton 
voyoït vne tache longue ôc vnc pe- 
tite qui refortoi t de collé, c cftoit va 
bras, ôc s'il en tcnoit vnc autre au 
bra,sl'on lugcoit ce que c ciloit par • 
la rormcqu tllcauoin Si cllccfiuic 
mince, c uloïc vn cipceou vn (cep- 
tre,6c c eftoit là vn Mars ou vn îioy. 
|_Sila marque elloit large aucc quel- 




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188 Des CvRiosiTEz 
que diuifion , c cftoit vn Tridcnr,vrt< 
Cadacée,vn gril, oûvnctour, & 
l'on difoit que la pierre r cprefentoit 
Neptune, Mercure, Taint LaurentJ 
ou bien fainte Barbe; caries faints 



Se les faintes n en eftoicnt pas cx-« 
cluds , ny toutes les hiftoires faintes 
aufli bien que les prophanes, quand 
ily auoit quelque mcflange d'ima- 
ges en vne feule pierre, & tout cela 
cftoit fi imaginaire que 16 n y pou- 
uoit prefquerien remarquer. Quand 
il fe trouue de ces Gamahcz bien 
naifsfic bien reconnoiffablcs, ienc 
blafme point la curiofité que Tort 
à de les garder: maisd^enamaircrfi 
grande quantité, voire de les aller 
chercher, &fepafiionncr pour fai- 
re croire qu ily à telle ou telle figu- 
re, ceft approcher beaucoup delà 
follie. Cependant ces panures gens 
vantent leurs cailloux , ôc contc- 
ftent cotre ceux qui ne leur auoûcc 

pa 



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Ino 



V YES, 



18^ 




■Mil 



pas qu'ils y voyenc ces rcprcfcnw- 
tions , & fi l'on crtime dauantacrc 
:s Gamahcz de quelque curieux 
senrrenten foeur & ne fçaucnc 
'"S ce qu'ils difenciufques à parler 
I- auccignorâcc,auccimpropricr^ ou 

auccirrcuercnce. L'vn qui croyoic 
auoirvndiablefbrrbienfiguréaux 

fain<aM.chelilncnfai?oitpasd'e- 
ftimej maisqu'il auoitbieti lepius 
beau diable qui fepcuft voir, & cô- 
melon prifoit le Crucifix dVn auJ 
, il luroic qu'il n'euft pas voulu 

donner fon diable pour cent Cru- 
cihx. Leursimpertinéces nous font 

rire malgré que nous en ayôs,quoy 
qutls nous veulent faire croirequc 
lcurcuiiof,tccftl'vnedesplusbelles ' 
duniondedes&plusdignesduca- 

bmetdesRoys.&quecelledeIare- 
cherche des papillons lesplqs bicrar- 
rez, des mouches cantharidcs &: au- 

T 



190 Des CvRiOsiTEr 
très infcftcs, des fèves dcsindcsdi- | 
ucrfement colorées, & mcfmesdes . 
coquilles ne font rien au prix. Paf- 
fc encore pour cccy, s'ils ne font 
point dans vn autre manie plus 
dangereufe qu'il cft de croire que 
leurs cailloux ont dmers effets félon 
leurs diuerfes figures , ôc f ay bjcn 
peur qu'ils n'y foient tombez, s*ils 
ont leu le liure des Curiofitez In- 
oiiy es , qui ne tend qu a prouuer ce- 
la. Ils croiront facilement vne telle 
chofe , afin de donner plus de prix à 
leurs pierres , & c cft là deifus qu ils 
pcuuent auoir de plus folles penfecs 
qu'ils n en eurent iamais. le n ay 
point leu le chapitre qui traidede 
cette croyance, 6c n ay point conU- 
deré rhumeur de ceux qui s y lail- 
fcnt gagner , que ie ne me fois fou- 
uenudda troifiefmenouucUcdela 
huidiefme iournee duDecamcron 
de Boccace,où lon-void de quelle 



"!,M , 



forte 1 



In 



OVYES. 



pauureCalandrinfut 
pe. Ayantouydirecom 
.àvn certain ho 



291 
trom- 



enf< 




10 




ccrcc 

menpollequcdas 
vnc plaine proche de Florence, il fc 
trouuoicvne pierre quircndoitin- 
uihblcilalla villementen aduertir 

Brun &Bulfamaquc,dcuxPcincrcs 
I ^" compagnons,& leur vouloir fai- 
re quitter leur bcfognc pour en al- 
ler chercher: maisils luy rcmonftrc- 
rent qu'il falloir attendre à vn iour 
dcFefte, pourcc qu'il nyauroitpas 
tant de monde qui les peuft defcou- 
unr en leur deffem , Se qu'a falloic 
choilir vnc heure que le Soleil ne 
hft point paroiftreblâches,lcs pier- 
resqui leroient noires: car lonluy 
auoit appris que la pierre qui ren- 
doit muifiblc eftoit.noirc, & q„c 
pour ne la point manquer , il fairoic 
ramafTer toutes celles qiii eftoicnc 
de cette couleur. Gomme ils forent 
a cette affignation , Calandnn cm- 



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z^t Des Cvriositez 

plie fes pochettes de cailloux, & ^ 

puis fort fayc dont il attacha les ^ 

bords àfa ceinture A après il en cm- ^ 

plitfon manteau. Cepcndanr Brun i 

dit àBulfamaqucqu'il croyoitcjuc 
Calandnn lcsauoitquittcz,<k qu il 
s eftoit moqué d'eux : mais qu'ils ne 
deuoicnt plus eftre fi fors que dcfc 
laiflcr attraper à fes bourdes. Alors 
Calandrin toutrefioii) , s unagma 
d eftre muifible &c d auoir trouuéla 
pierre mitraculeufe, tellement qu il 
voulut tlquiuer fans dire mot: mais 
comme il senalloit, les autres al- 
lans après fc dcfchargcrent contre 
luy de leurs pierres quilsruoient de 
toute leur force. Voila, drfbit Iva 
comme ic fraperois main tenât Ca- 
landrin par les j ambes, s il eftoit en- 
core icy. Et moy,difoit lautte, voi- 
la comme îc luy en donneroispar le 
dos ëc dans les rheirts. Cependant 
Calandnn mar choit toufiours aucc 



InOvYES. 

patience, croyant que ccftoit par 
hafard qu*ils le frapoicnt, & com> 
^ me il fut dans la ville, ilarriuaquil 
ne fut aborde n y (alué de pcrfonne, 
tellement qu'il fc confirma dans 
ropiniondcdreinuifibie: mais en- 
trant^ en fon logis fa femme le rc- 
ccut à belles iniurcs fur- ce qu'il la- 
' uoic fait trop attendre à dilner, ôc 
croyât qu*il fuft fou de s clhe char- 
gé de tant de pierres. A lors il la bat- 
tit^ outrageufement , snnaginànc 
qu clic auoit fait ccÛcr le miracle. 
La dcflus fcs compagnons arriue-r 
rent,aufquels il conta innocemr 
ment qu'il auoit bien entendu touc 
ce qu ils auoient dit de luy en s en 
retournant; mais que les temmes - 
auoient cette maledidlion de faire 
cefTcr la vertu aux chofes : ils luy re- 
partircntquepuis qu'il fçauoit cela, 
il deuoit aduertir la fcrnme qu'elle 
Ift tipfl: cachée, & que la faute en 

T 11) 



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I 




i94 15^^ CVRIOSiTEZ 

ftoicàluynonpasàcUcôc qucpeut- 
cftre le miracle cftoit ccfle auffi, 
d autant qu'il auoit voulu frurtrcr : 
fcs affocicz de cet excellent lecret; ' 
ils le lailTercnt après tout ennuyé, 
cela leur ferait long-temps de 
maticrepourleuraprcfteràrirc.Les 

cfprits crédules & groffiers font a- i_ 
bufez de la forte, ôc ceux qui 
ftent foy à la puilfance des Gama-* 
hczou dcsTalifmans ^ntdevrays 
Calandrins/auffi dignes dcftreber- 
nez qucluy.qui fut encore finemét 
attrapé plufieurs fois par ces deux 
droilcsà«qui il fcruoit de marotte, 
comme quand ils luy firent croire 
qu'il pourroit dcfcouutirvn larron 
par des pillulles cnchantees^ôc quad 
ils luy aprirent de.^charmes, pour 
ïoiiyr d vnc fille qui d'ailleurs cftoit 
daffcz bonne volonté , &c comme 
tUe le tenait prcfque à la gcfne auec 
de feintes carclfcs^ ils firent entrer 



r 



II 




bles, &c ncfc laiflenc pas moins a- 
bufcr. Combien y en a -ni qui ont 
créa autrefois , que s*ils rcceuoicnç 
les préceptes des frères dclaRofc- 
Croix ils ne feroienc pas moins in- 
uifiblcs que s'ils auoient lanncau de 
Gyges f Cependant Ton afTeuroic 
que ce que ces frères inuifibles fai- 
foicnt, ncftoit que par des chofes 
naturelles fans aucune opération du 
diable. Cobien d'autres ont il creu 
qu*ils fc pouuoient faire aimer de 
leurs maiftrefles en portât quelque 
pierre ou quelque herbe , fclon ce 
qu'ils auoient leu ou ce qu'ils auoiéc 
ouy dire? Beaucoup d'autres fe char- 
gent les bras ou le col de certaines 
pierres qu ils s'imaginent eftre pro- 
pres aies garentir de quelque, mal, 

T iiij 



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1^6 Des CvRÎosiTEz 
ou bien ils boiuenc leau ou ils les 
ont laifle tremper, 6c s'en fcrucnf 
encore de quelque autre manière, 
quoy que cela n'ayt non plus d'ap- 
parence de leur feruir à ce qu'ils ef- 
percnt, que s'ils s'imaginoicntquc 
cela les pcufl: rendre inuifibîes , ou 
les porter cn^n inftantd'vne ville a 
l'autre fans palTcr par les chemins 
qui font entre-deux. 

Quanta ceux qui croy cnt que les 
figures artificiel les faites fous cer4:ai- 
iics conftcllations ont autant de 
pouuoir que les naturelles , ils font 
aufli merucilleufement abufez. S'ils 
les veulent faire eux mefmeS;, corn- 
bien leur faut* il de foin pour efpicr 
l'heure conuenablc, & s'ils les veu- 
lent efprouucr en quel danger fc 
mettent-ils quelquefois foit pour 
leur fantéyfoit pourtour profit où 
leur honneur? Vn homme quife 
ticndroit afTeuré d'vu Talifman cô- 



ÏNO 



VYES. 



297 



wla pcfte, la pourroic gagner en 
conuerHint trop familicremetauec 
- Icspcrtifcrcz ; vn outre qui en croU 
feoit auoir vn pour gagner au icu, 
le mcttroit au hafard de perdre tout 
l^fon argent i Et ccluy quipcnferoit 
diafTer les infedcs & autres ani- 
maux nuifi(:)les par le mcfmemoyc 
ic rendroit ridicule à ceux deuanc 
lefqucls il voudroit faire cette ex- 
périence, comme ccluy qui ayant 
miscnvn certain lieu vnTalifman 
qu'il auoit fait contre les moufches, 
I il y en eutvnequi le vint auflitoft 
cftreiner de fon ordure, ce que M. 
Gafiarel raporre mefme dans fon 
liurc , l'ayant pris de Scaliger le Pè- 
re y &c cela^ me fait fouuenîr de ce 
plaifant efpouuantail dont parle 
Eutrapcl , lequel ayant fait peuf 
quelque temps aux oyfeaux, ils luy 
Vindrent enfin chier fur lenez. Que 
^ilbn porte desTalifmans pour fe 



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t^Z Des CvRiosiTEz 
prcfcrucr de pluficurs maladies , & 
que cependant Tonne foit pas foi- « 
gneux de s abftenir des cxcez, Ton | % 
ne lairra pas d*cftre fouucnt fort in- 
difpofé. De peur cju on nefoit auflîli 
trompé par des Aftrologues, y(:^\f 
voudrafairc les figures foymefmes j:: 
fous leur conftcUation , 6c ceux qui t : 
Icncrcprcndront y rcceuront beau- • 
coup d'incommodité, de forte que 
i* ay bien peur que les faifant àdcf- - 
fein de fe garennr de quelques ma- c 
ladics, ils ne fe faffent malades en i. 
cette opcration,foit pour auoir trop 
veille, foit pour s'eftre morfondus 
en la contemplation des Aftres. 
Auec cela s ils font fi fuperftitieux - 
, de croire que contre chaque mala- 
die & chaque funcfte accident, il 
faille auoir vnTalifman pour pre- 
leruatif , èc s ils en veullent porter 
autant comme ils croiront en auoir 
bcfoin : ils auront plus de beat il les 



Ingvyes. 



299 



■â 



"Il 



If 

1»: 



' autour d eux qu vn pèlerin defaiii- 
dcRcyne: Mais pour obuier à cela 
i'ay defia ouy vnc propofition fort 
agréable d'vn homme de cette hu- 
meur, c'efl: que pour le garenrir de 
porter tant de diuerfcs picrics ua 
lames de métal, pour des cff-rs dit- 
fcrents,& pour prelcruer aulîi cha- 
qu e m e m b r c d e 1 eur m a 1 ad 1 e p .u' r i- 
culicre, il ne falloit qu auou vne 
cuirafic complette fur laquelle les 
diuerfcs figures fufTcnt grauécs en 
leur lieu propre; mais à moins que 
d cllrc Chcualicr errant ce feroic 
vnc grande incommodité d'cftre 
toufiours arme, & d ailleurs l'on 
peut obiedler qu'il faut que chaque 
Talifmâ foit diltind pour opérer di- 
ftindemenc, & qu'il ait fa matière 
particulière. L'on dira auffi que Ton 
pourroit bien faire vnT al ifman gê- 
nerai pour le corps, qui par confe- 
qucnt le dcuroit couunr tout à fait. 



joo Des Cvriositez 
I*cn laifFc la difputc àccux qui s*m 
rneflent, ôcpournous, nouscnau- | 
ronslc diucrtiffement fans nous en k^' 
4onner la peine. Entre toutes les cr- i 
reurs qui pcuuent occuper les ef- \^■^ 
prits curieux, il n'y en à guère dç c:i 
plus grande que celle- là, &fiqucl- i ' 
quVn en cfl: touché , quoy que Ton p 
ne fepuiflc pas tenir d en rire, ficft- : 
ce qu'il faut en auoir compafTion, 
& tafcher de le ramener en la bon- 
ne yoyc. lay fait ce que i ay peu t' 
pour n^onftrer que lopinion que ; 
l'on auoit de tous les Talifmanse- r 
ftoit fauffe félon les raifons Philq- ; 
fophiqucs , outre que les anticns - 
Théologiens & les Modernes les 
defaprouuent , & f ay tafchc de de- 
ftruire, ce que l'Auteur des Curiofi- 
çezlnoiiyes en auoit allégué. \Jon v 
a peu voir quç fes argumens font ; 
très mauuais , ôc font fo/rmez en 
defpit des vrayes règles de la Logi- 
que, Que les confcquenccs qu'il tire 



In 



OVYEsi 



301 



OS', 
CCS 



dequelquc chofcnefont point va- 
lables de ne font point à prop 
[Que fcs authoritez font hlfih... 
<5c fcs hiftoircs deguifces , telle- 
ment qu il peut eftre condamnélà 
defTus. D ailleurs quand nous fcriôs 
pareils en force de raifons , que la 
puiiTancc des Sophifmcs égalcroic 
^la veritc,i»aurois à luy dire qu il nous 
en doit aportervn témoignage par 
rcxperience, & quand melme ic 
n*aurois aucun argumenrpouropo- 
fer aux ficns, i aurois toufiours cela 
i luy demander , & iufques à ce qu il 
nous euft contétez fur ce point, no^ 
ne ferions point obligez de luy ad- 
ioufterfoy. Ildiraquil n cftpoint 
tenu dauantagc de nous donner 
vne cxperienccdc ce qu'il dit , que 
nous à en donner de ce que nous di- 
SOS. 11 y cft obligé pourtat, puis qu'il 
nous veut amener vne nouucaurc: 
mais pour les contenter, ôc nous 
auiTi, ncfçait-on pas que nous do- 



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5 



02. 



Des CvRiosiTEZ 



nonsdcspreuucsdc la ncgàtiue, & 
nous monftrons qu'il ne te peut fai- 
reaucunc cure par IcsGamahtzny 
par lesTalifmans , & queiamaisl o 
iVaouy pdrlcr de cela? Iccroy que 
pierfonncnesôgcrapasmcfme à en 
vouloir faire relprcuuc ayant leu les 
raisos qui ont eftc dbnecs au cbtrai- 
re. Celles qui font dans ces Obfer- 
uationsne comprennent pas de vc- 
tité tout ce quis en peut dire^ôc tout 
ce que le liure qu elles examinent 
fait naiftrefur cciuiet, dautant que 
le traidtc particulier des Talifmans 
fatisfait à cela auec ordre, de telle 
forte que ce qui a elle confidercdc 
ce liuren aefté que pour faire con- 
1 oidrc en toutes façons labus 
qu il y auoit en ces chofcs , de les 
condamner parleur pnncipalcde- 
fcnfe. Sans ce dcffcin ic ne me ferois 
jamais aduife d'aller critiquer là dcf- 
fus, Ôipour monftrcr comme ienc 
Vay pas fait pour aucune intention 




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I N O V Y E s ■ 



que Tayc de contrarier àl'Autheur 
mais à caufe du fuict de louuragc, ic 
n'ay confideré que ce qui dïoit 
le cette maticrG. Si i'auois voulu 
imiter ceux qui entreprennent da- 
attre entièrement la réputation 
l'vn efcriuain, ic ne mcferois pas 
contentédcneuf ou du feuilles, i y 
en aurois employé foixantc,& i au- 
rois recherché les redites, laconfu- 
fion dudifcours jlmiproprieté des 
mots , rimpcrtinencc des façons de 
arler, & les fautes contre la Syn- 
taxe, ainfi que I on fait tous les iour» 
dans les hures qui four opofcz k 
d'autres: mais ic me fuis tenu dans 
des limites plus cftroiâ:es , pourcc 
que nous fongcons plus icy aux 
chofcs qu'aux paroles. C'eftpour- 
quoy ie me fuis porté auffi fort 

brcment àcedefreuijfçachat bien 
qu'il me fcroit obteitir tout autre 
nom queceluy d'vn Profcifeur de 
Critique , iomâ que d'ailleurs ce 



304 Des CvRios iTEz » 
que ie fouflicneft fondé fur la raifo ^l-'m 
cominunc des mieux teniez, ica 
pcnfemcfmequcMonficur Gaft.t- 
rel en fera d'accord , que de dire 
qu'il voudra continuer de deffen- 
drelesTalifmanSj &c nous en fabri- 
quer quelques vns pour mlbfiçr fon 
liure comme nous auons dit tatoft^ 
c'cftpourfcindre feulemêc lescho- 
fes qui fe pcuuenc imaginer fur ce 
fuict : car il eft certain que s'cftant 
retraite dcuant Mclfieurs de Sor- 
bonn c, ôc cftant auifi home de trop 
bon fens pour s*addonncr àdesfu- 
pcrftitions, il auoùera toufiours dé- 
formais que tout ce qu'il en a dit n*a 
été que par exercice d*éprir,tellcmét 
que ceuxquiont ajouftéfoylcgere- 
mét à CCS curiofitcz ccffcronc de les 
croire, félon les raifons que i*en ay 
alléguées , & (uiuant le confentc- 
ment deceluy quicnétoitTAuceur. 

F I N. 



I 



DE 



4 



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--'If?. - 





EaeHrs,afin que l^om fçachie:^comme 
Meneurs de Sorhonne ont entièrement 
deftfronuélelmredes CHrtofite:^lnouyes, 
que U Retraeiation de Monficur Gajfarel 
nefipointynefuppofition, l'on a trounébo^ 
de lamettreicy de la forte qu' elle a efteimm^ 
fnee autrefois kVavischel Iian Gvil- 
L E M o T, dans yn petit cahier qui fepourroit 
perdre, tellement quilefl ^proposée lacon-^ 
frue.tcy^^jin^^,l^^^ -^oyequtl ne fautp^ 

adioufierfoykfonlmre, put fqu tien confcffe 
les erreurs» ^' 

^.^^^^^ 
RETRACTATIO 

lACGAFFARELLI 
Audoris libri des Curiofi- 
tez Inoiiycs. 

EGo lâcobusGaffarelIus SacrçTheo-^ 
logiiE Facultatis Dodor in Acade- 
miâ Valantianâ , & Dodorinlure Ca- 
nonico Académie Pari/îcnfis Author Ji* 
fen inrcripti( Curiofite:K^lnouyc5 ) omncs 

V 




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/ 



quorum intercft ccrtiorcs faclo mihincc 
ceffcncc fuiffe vnquatAanimum, caqiix 
fcripfi^doccndi affercndique,fcd narradi 
tantùm referendique , v t lût varie collc- 
étas ex Arabum Hebiîcorumquc libns 
opiniones , eâque de caufâ me kaon, 
pricfatum tantùm illis me fidcm habere, 
quantum adhibédum rponfaChriftiEc- 
clefiâ Catholica Apollolica Romana 
fuadet didatque. Cùm vcroàThcolo- 
gie Parifienfis Sacra Facultateadmoni- 
uis fuerim plcrafquc ex recitatis opinio- 
nibusEcclcriaeaduerfas^reijCicdasdam- 

nandafque eïTe j Ego ex eiufdem Facul- 
latis decreto ; publico hoc ac lolcnni 
fcripto caldcm improbo, rcijcio atquc 
damno. Et quia ctiam nonnuUa depre- 
hcndit racratiffima Facultas in quibus ex 
propria animi fcntcntia loquutus fum, U 
Qux eodem modo damnanda , te repro- 
banda cenfuit , ea fimilitet damno &: rc- 
probo. Huîc rei vt fit manifcfta fidcs no- 
mcn cum Chirogr^pho appofui 4- dic 
O^obris 1^19» 



1. Gaffarellvs^ 



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D E 

L'VNGVENT 

DES ARMES O V 

vngucnt Sympathctiquc 
& ConftcUé. 

^onr fçauo^r Jî /W en peut guérir 'Vne pUye, 
j ^-^"^^ \pi^q^^f nlcmcnîfnr l'ej^ee ^uiJuf 
K coup, ou [m -Un h 4 on enf^ngUnté Un Fm le 
fourpomt&Uchèmifedublcfié. 

De la manière de comfoprcet\nguem, 
SECTION L 

A Mcdccineàdcs remè- 
des certains & ordinai- 
res pour la gucrifon des 
pIaycs,lefquclsonncIuy 
dilputc pas. L'on trcuuc feulement 
qu'en de certains pays.il y a des her- 
bes ou des fucs dont Ion compofc 
dcsvngucns,qui ont vneffedplus 
prompt que les autres -, mais tout 

Vij 




8 De L'vngveht 



la fait pourtan 
"a 



dans Tantiea 



o- 1 . c, OUI c<\ d'aplicjucrlcsrcmcdcs 
farkmal.Oùfcmble-iUullique 
l'on puiffc aller chercher vncautrc 
façon de guérir plus atteurcc ,ii l on 
ne veut ùïùt des bornes de la na- 
ture & de la raifon? Toutesfois en 
CCS derniers ficclcs il s cft tvouuè vn 
homme qui a inuentc lacompoii- 
tiond'vn vngucnclequcl il prétend 
etlre propr* à gueru les playcs citât 
feulement apUquéfurl'elpeeqmles 

a faires oufur vn bafton enfanglan- 
té. Il ordonne que l'on le faffcainli. 

Que l'on prenne dccequicroiftfur 
h CrxAC d'vn homme mort expole 
i. tovues les tniures de l'air , ccqu il 
appelle delwfnccde laquelle il faut 
auoir deux onces, de graifTc d'hom- 
me aufli deux onces,dc "^""^^'^ ^ 
fang humain de chacun vnc once & 

demic.d'huylcdclin deux drach- 
mes, dliuy le rofat &dc bol Arme- 



. À' 



DES Armes. 
nicn vnc once. Que tout cela foit 
meflc cnfcmblc , Ôc qu il s en fafle 
vn vngucnt qu'il faut enfermer a- 

uecfoini& C l'on en veut gucrir vne 
playe, il ne faut qu auoir vn petit 
balton que l*on y ait fait toucher 
iufqu a ce qu i! foit teint de fang , le- 
quel Ion foureaprcsdâs rvn"3;Mrn«-, 
ou bien 1 on applique iViiguckc aa- 
fus, de l'on le tient bicncouucrtj 
Que Ton peut guérir ainfi vnc plav c 
déplus de vingt licuasloin prefque 
aufli-roft que Ton alcbafton,fan$ 
qu'il foie befoin cependant d y faire 
autre chofe que de lalautrdelVri- 
nc du patient, & la bander après j 
Que fi Ton veut que cet vngucnt 
fcruepour Icsarmcs, & quy eftant 
appliqué il gucrifTc les playesdont 
elles aurot eu du fang, cela fc fait de 
mefmc fmon qu'il y faut adiouller 
vue once de miel d>c vnc drachme 
de graiflcde boeuf. 

V ii) 



1 



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/ 




340 De Uvngvent 

V n autre O p cratcur qui cft venu 
depuis. Se qui portcgrand refped 
au premier, n a pas laiffc de changer 
Tordonnancedc cet vnguent: mais 

il entend auffi qu il (eruepour les cf- 
pccs èc pour les baftons ôc pour au- 
tre choie fans y rien changer. Plu- 
fieurs en ont traité encore autre- 
ment, mais Us n ont point acquis 
tant de crédit que luy , de forte qu'il 
lyfaut pluftoliarrefter; voicydoc 
comme il dcfcrit fa compofition. 

Il faut prendre de la graifle de 
fanglicr & d'ours autant de fvnc 
que de l'autre, la faire bouillir de- 
mie heure dans du vin auec vn feu 
lent, après y vcrferdc Icau froide, 
& recueillit lagraifTequi nagera au 
deflas j lailTant Icrefte. Il faut enco- 
re auoir des vers de terre, les lauèr 
dans du vin les faire fechcraufeu 
dans vn pot bien couuert. llfauta-- 
ueç cela du ççruçaude fangUcr,du 



fandal rouge, Aclamumic,dcrhc- 
matitc,vnconcc de chacun; Et en- 
fin ilfauc auoir de rvfnccau poids 
de deux noifctces; mais iUft bcfoin 
quelle foit pnfc du corps d Vn ho- 
me qui ait îbuiFcrt vne mort vio- 
lente. Il fautaufli auoir raclé cette 
vfnée furleCranc lors que la Lune 
cft en fon croifTant , ôc qu clic fc 
trouue en vne bonne conftcllation, 
fpccialcment fi elle eft lointe à Ve- 
nus ^ & fort cfloigneç de Mars & de 
Saturne. Ayant amafTc toutes ces 
chofes&broyc ce qui eft fec, il y 
faut méfier les graiflcs pour corr^po- 
fçr Ivngucnt que Ton dcfirc, ôc 
cela fe doit faire lors que le Soleil eft 
aufigncdes balances. Cet vngucnt 
doitertregardé foigncufcmcntdâs 
vne boin:e,ac s'il vient à fcfccher par 
fucccflion de temps , il le faut ra- 
^ mollir aucc les mefraes graifTcs de 
mjk fanglier &: dours, ou bien auecdu 
H miel vierge. V iiij 



4t De Uvngvent 




^ ^. 



VeU manière defe fcruir de cet Vngm. 
SÊCTION II. 



I 'On tient que cette compofi- 
^tion peut guciir la playe en 
quelque partie du corps que ce (bit, 
pourueuquclesparries dont depent 
la vie entieremct ntfoict point of- 
fécccs 5 6c qu il ne fane qu auoir IcC- 
pce, le dard ou la pierre, ou quelque 
autre arme qui a Eût le coup, 6c la 
frotcrdel vnguent àVendroitquia 
frApcS^oiiTon trouucra encore du 
fang\ Mais qu'il faut prendre garde 
filaplayccit faite dvn coup de 
pointe: car en ce cas, il faut oindre 
Vcfpcc ou le dard de haut en bas,, 
autrement cela nuiroit aubicfféjia 
que fi Ton ne peut conoiftrc de j 



DES Armes 



343 



quel endroit les armes ont oftcncé, 
nyiufques oii elles font entrées r' 
le corps /Aies fant oindre par touti 

'Etquccepcndantilncftpasbcroin 
derccoLîdrclaplayc, ny d en auoir 
autre foin que de la bander , 6c la 
changer tous les iours de linge, y 
mctrant vac compreffe trempée 
danslvrineduniLilade. 

Voylacômcntl onlc ferr de cet- 
te drogue en cette occafion , ôcû. 
cela a donne Tuict à ceux qui n en 
fçauoicnt pas dauantage , de dire 
quecclacll.bon quand vnhomme 
cft blcfTéd Vne picrrc,6c quand Ton 
la trouueà fcs picds,ou d vnc flcfche 
quclbntrcuuc encore dis faplaye: 
mais s'il eft bleffé dVne efpee , ôc 
quclennemy ayant fait le coup. 
Tait retirée auffi' toft ôc emportée 
aucc foy , comme il arriuc d ordi^ 
naire, il n y aura donc aucun mo- 
yen de gucrir le blcffc 5 il n en va pas 



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344 De Uvngvent 
delà foret, puif que les maiftrcs ont 
arrefté qu il ne faloit qu auoir va 
petit bafton 3c l c fourer dans la pla- 
yc iufqu a ce qu'il foit teint de fon 
îang, ôcque l'opération fc fait dcf- 
fus de la mefme manière. Quelques 
autres ont adioullé qu'il ne faloit 
quauoir la chemifc ou le pourpoint 
delaperfonneblclTée, & appliquer 
l Vngucnt vers le trou que les armes 
entrait, & lur le fangqui eft forty 
de la playe,& que parce moyen Ton 
obtiendra vne guerifon entière, 

L on doit encore faire icy ync 
autre obiection : C'eft que fi Ion 
peut auoir les habits du blcfle, ou 
vne baguette enfanglantée, ou les 
armes qui lont frappé, 6^ fil on eft 
cft fa prefence, c eft vne fimpUcité 
de s'adrclTcr à ces chofes,plutoft que 
dcpcnfcr fon mal à bon efcient,& 
qu'ayant alors la commodité de le 
faire , ce fecrct cft inutile. L on peut 



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DES Armes 545 
tfpondrc au encore que le Méde- 
cin foie prcicnt , fi ell-cc que cela 
importunera moins le malade d*a- 
pliquer les remèdes fur autre chofe 
que furfcs playcs, & il en aura plus 
de repos , outre que IVnguent dont 
j Ion fe fert ay an t cette vertu de gue- 
^rir cftant mis fur des chofcs exté- 
rieures, il s y faut accommoder, & 
s'en feruir félon faproprietc. D ail- 
leurs il peut arriucr que ccluy , qui 
lura de cet vnguent & qui en fçau- 
ravfer,feravn homme qui ne vou- 

I dra bouger de fa maifon , ôc le ma- 
lade dem curera en quelque lieu fort 
cfloignéou ilCraarrefté dans le lit. 

II fera alors fort vtile de porter à ce 
' '^flilMcdecin le dard qui a fait le coup 

I! :rou vn bafton enfanglanté,afin qu il 
rapplique delTus le remède. Quand 
. îimefmc ilpourroit venir, ccll vn 
if voyage fauué, & puis ilfepaflTeroit 
If^rop de temps entre rauertiflement 



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546 De Lvngvent | 
& fa venue. Ce remède cA très ne- 
ceffairc en ces occafions , & dans 
quelque éloigncmét que cefoir,céc 
vnçuent doic auoir dcToperationj 
Ôctuftcc à mille lieues loin fciô quel- 
ques vns, bien que les autres ayenc 
réduit fa puifTaucc à vingt ou tren- 
te licués; D ailleurs il eft très eftima- 
blc, quand ce ne fcroit que pour 
nous Faire connoiftre les ixxcrueiU 
Icux effets qui fc trcuuent dans la 
Nature. 

Laplufpartde ceux qui oneouy 
cette propofition l'ont blafmeeou 
Vont mefprifee. Quelques vns qui 
en ont efcrit lont tenue pour fauUci 
ou bien ont déclaré que fi elle auoit 
quelque accomplilTement, cela ne 
fefaifoit quepar Toperation des dé- 
mons. Celuy qui en fait louuerturc 
n y a pas apporte tant de defenfc 
que ceux qui fc font rangez de 
fcAc après fa mort» Ceux-cyaont* " 



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DES Armes^ J47 
pas voulu foulFnr que Ton ait con- 
damne vn remède miraculeux du- 
quel ils vouloicnt faire croire qu ils 
fepouuoicnc fcruir en pcrfcdion, 
tellement qu ils on t mis la main à la 
plume pour ce fuiet, &: voicy àpeu 
près comment ils vantent leur dro- 
gue. 



Deffenfe de ceux qui fouflitment /*V«- 
gmnt des Armes. 

SECTION III. 

ILs disét qu il ne fc faut pas cfto- 
ncr fi leur vngucnt cftant apli- 
qué fur vue elpee ou furvnbaftou 
taché du fang du blcffé, ils guerif- 
fcnclaplayedans vne grande diftâ- 
ce, comme s'ils la touchoienttous 
les iours, ôc y apphquoient les meil- 
leurs remèdes de lartChirurgiqucf 
Quilspeuuçntfatisfairccnvjj^ coup 



J4S De Uvngvent 

ceux qui ont delà peine à le croire, 
& ceux qui lattribucnt à la forcel- 
Icriej Quils leur remonftrcntquc 
c eft vn effet de la cortefpondancc 
qui eft entre toutes les chofcs du 
monde , ôc fpecialement en ccUc-cy 
o\x la fy mpathie a cfté imprimée par 
lapuiflancc des Aftrcs, IVnguenc 
ayant cfté compolé en vn temps 
conuenable j Que plufieurs chofcs 
naturelles donnent vn exemple vi- 
fibleduraport quelles ont enfcm- 
ble; Que lambre attire lapaillej la 
pierre d aymant attire le ter, & en 
fe remuant l agite comme elle mef- 
meautrauersd vnetablei que cette 
pierre fe tourne aufli toufiours vers 
vn certain poinâ: du Ciel dans quel- 
que diftances que c« foit , QujI 
y à mcfmc des fleurs qui fe tour- 
nent toufiours versle Soleil. Que 
pour voir vnc adioa d vne cho- 
fe fur vnc autre qui en a cfté cxtrai- 



DES Armis* 

!ftc y il ne faut que voir comme le 
in fe trouble dans les caucs lors 
bue la vigne eft en fleur, quoy que 
[celle dont il eft venu foie fort clloi- 
ncej Qu il y a pareillement du ra- 
ort antre le fang & la playc, &c que 
a guerifon fe fait ainfi par vnc Ma- 
ie qui n eft point la démoniaque 
ôc illicite, mais la naturelle ôcper- 

mifejQ;ie pour toutes ces chofes non 
^feulement leur vnguent eft appel- 
ilé vnguent des Armes , mais aufli 
l Vnguent fympatlietique ou fym- 
^'«ipatique, cftànt fi pourueu de fympa-» 
diies, ôc IVngucnt conftcllc,dau- 
ant qu'il emprunte fcs forces de 
'influence des Aftres qui engcn- 
jdre les correfpondancc$ du mon- 
Idc. ^ ^ 




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jjo De L vncvent 

JSfouuelles refjfonfes à ceux qui dejfendet 
Ivnguent fympathetique'^ & Recher- 
ches cxaSles de la [ympdthie to^- 
chantî Jymant , IHeliotro^ 
pe y & autres chofes. 

SECTION IV. 

POnr moy ayant ouy qu ils con- 
fcflcntdc^ie rien tirer de laf- 
iillance des dci^ons, il mcfemble 
que ce qu ils proxvictcentn cil: aucu- 
nement faifable, &: que les exem- 
ples qu ils allèguent ne ferucnt dô 
rien pour eux. Ccuxquiont dcfîa 
efcrit contre leur opinion , leur onc 
auoiiéque les chofes fur lefquellcs 
ils scftoient appuyez fe faifoient 
dans Tordre qu ils difoiêt, mais que 

cela ne prouuoit pas qu'il s en fift de 

met 



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DES Armes 

' '"'''^.=^^'^"'^vngucnt.C'cftcnfoî 
-trcauoircutropdccomplairancc . 

^VcuxpafTcrpl^'outrcAlcurmôttrcr 
que même CCS chofcs qu'ils prcn„cc 
pourcxcmpic n'opercncpasaucci» 

puiflacc qu'ils difcnt.Lesveuiéc que 
leur vngucnt magnétique & Am- 

pathetiquc, gucnlTc Icsplaycsd vn 
corps tortéloigné.cftant fculemcnc 
apliquc lur^ quelque arme enfan- 
glantcc; oii voyons nous quelque 
chofc de fcmblablc dans la Nature? 
L'ambre attire la 'paille ,mais il 
faut qu'elle foit mile tout proche. 
La pierre d'aymant attire le fer, 
imefme au trauers du feu & de l'eau, 
•Se fi elle cft m ife fous vnc table, lors 

liât 

Jqucl on la remuera elle fera fauter 
csayguillesqui feront dcflus. Cela 
Il cH range de vray que ccrtepicrrc 
gifTe maigre les cmpciVhemensis^ 
itiais cen elt que dans vn ccrcaiiî 
cfpacc, quelques vns onc di 

X 




,54 I>« VVNGVENT 

deux aiguilles frotta S d vn mcrmc ^ 
aymant cftoicnt pofccs dans deux j . 
quadrans autour dcfquels l'oncuft U 
cfcrit les lettres de l'alphabet, cela i 
pourroic fcruit à deux ptrfonnes 
qui fe voudroient communiquer 1. 
fccrettcment de leurs nouucllcs,& j. 
que quand l'on metiroii l'vnc des: 
ayguiUcsfur quelque lettre .l'autre.) 
fc crcuucroit incontinci fut la mcfriL 
me. Cela n'arriuc point comm«r. 
Von ledit; cette fympathic nefci. 
trouucpas. Si Is fer change de pla-. . 
ce, ce n'cft que par l'attradion dd. 
laymant , non pas pour prendre!; 
plaifir à fc mettre en mefmc eUat|; 
q.K luy ; C'cft pourquoy l'onpcu^, 
bien en pafTantvne pierre d'aymad. 
f^ctcttement fousvn plancher, fu|j 
lequel vn tel quadran fera mis, fairl ^ 
aller tantoa l aiguille fur vne lettrd; 
&c tantott fur lautre, pour formel j 
quelques mots, ce qui tauitalcs fpc« , 



4 



CES Armes: 3.. 
ftarcurs en admiration i mais cela 
ne fc fait pas dans vn cfpace fore 
grand , & en vain l'on tafcheroitde 
faire fçauoir quelque chofc par cet, 
te mucn tion à vnhommc qui fcroic 
enferme dans vn cath^t fort creux, 
ou bien en quelque lieu fort cfleue* 
& tort éloigné, quand à cequieft 
du Kr fulpcndu en l'air à caufc de 
pluficurs pierres d'aymant atta- 
chées aux murailles , il faut croire 
auffique le lieu ou cela fcfcroitnc 
deuroit pas cftre fort grand , afin 
que la force des aymaiis allall iuf- 
^u'au milieu; mais cnoutreiepen- 
fc qu'il cft fort difficille que cclafc 
ra/Te, & quelapuill'ancedcspicrrcï 
loit tel cment tigalle, qu'il 

n'y cit 

ait quelqu vne qui attire le fcrdc- 
ucrs elle : car en ce qui eft du tom- 
beau de Mahomet que l'on diteftrc 
fu(pcndu de cette forte , c'cft vne 
itientcric; l'oD àfccu des~ 





J54 De LVngvant .^JS, 
Vont cfté voir qu il cft feulement 
fort eflcuc: Il faudroit dcftranges 
pierres pour fufpcndrc vncfigroirc ^ 
maffe.Aurcftenousrcconnoiflons ' 

quelaymant a fa mefurc lufqu ala- 
quelle il peut agir, quieft vne di- 
ftancG alTcz médiocre: C'eft pour-^ 
quoy il ne fert point d'exéplc pour 
la vertu de Tvnguent fympaiheti-. 
que', que Ion ne prétend pas feule- 
ment de faire opérer du bout d'vnc 
chambreà l autre, ou de ryneà l'au- 
tre maifon, mais iufqua plus de 
vingt lieues. Si Vaymant que Ton 
crbfd eftre le corps lepîuspourucu 
dcfympathicne le peut faire, com- 
ment le fera cet vnguent que l on 
croid feulement luy eftre fembla- 

blccnquelque chofc? 
La réplique doit eft rc que rcxem- 

plcdupouuoirqucl'aymant ifurlc ^ 
fcteft très bon pour môftrer qu'il le 
fait tmirner comme il veut fans le 
toucher : mais en ce qui cft de lopc- ^ 



Inovye-. 
ration qui fc faïc malgré ladiftan- 
ce , U s en trouuc au mcfmc aymant 
qui en quelque lieu dumondcquil 
foie, lorsqu'il cft fufpcndu fccour- 
ncvcrs lePoIcquil accircfansceflTc. 
II faut déclarer icy qu il y à beau- 
coup de monde trompe à cela , foie 
de ceux qui Icfcriuent ouquile di- 
fcnc, & de ceux qui le croyenc. Il 
nefefauc pas imaginer quelc Polc 
ait quclcjue vertu actradiucjOa bica 
quelle foie logée en quelques ro- 
chesd'aimatdtuecs vers ce licuj les 
effets n epourroiéc pas eftrecônus 

iilomilescfpritsquilsietteroientfc 
diffiperoicnt à moitié chemin fins 
cftrercceus, de forte que la pierre 
daimac demeureroic fouuent d'vn 
autre coftc.Tenôs pour certain que 
le principe qui fait toiarner la 
pierre d'aymant vers vn certain 
lieu, cft en elle mefme y Q icde fa 
Nacuiie clic doit toufiours te tour- 

X iij 



'1 . 

fi 



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j5< De LVng ve nt 
ncr vers gcc en droir , & qa clic s'ay- 
me en ccrtepodtion^&pircemo- 
yéiln^cftpasaecetrure desùmagi- r 
ncr quelque attraction cxcerieurc. 

Pource qui e'i de l hviliotropc. 
Von peut dire qu'il ne faur passV 
ftoiincrs il fuit le Soleil, v eu que fes 1 
rayons arriuent iufqu'iluy , & qu'il 
n'y à pouK d'Allrc qui eu ait dcfl 
puiffuis comuic le IjprcLîie agent 
de la N aturc. Cet a ne fait rien pour 
rvngu;:nt dont n o isîraicVons-.car 
ccfcroit vnc naoqucricde dire qa il 
icccaft des rays à vingt lieues loir^ 
fur vnc playe. Il ell vray que Toa , 
dit que rheliorropcnc lailTepasdc 
^uiurc le lieu ou c\\ le Soleil , encore 
quil foit caché de nuages, oiiqu il 
foit paffé en l'autre hemifpherc. Si 
cela clt nous connoiflons que cette 
ficur ncfc tourne pas pour cftrc at- 
tirée par le Soleil, mais parce que 
de fa Nature clic doit toufiours 
tourner aiiifi , & 4 autant quel« 



rl 

im 

■M 



DES Armez. J57 
cîiemîn quelle hic saccordc ca 
quelque forrei cclqy du Soleil , loti 
a pcme qu elle en eftoic attirée, le 
dycecy au cas qu il foit vrayqu'ily 
ait au monde vne fleur qui tourne 
de cette façon, mais nous ne fça- 
uons qui elle cft de où elle fe trouuc, 
& Ton luy a donné vn nom grec 
qui fignific la qualité que Ton luy 
attribue, afin d aporteràcecy quel- 
que aparcnce de vérité. Q^iclques 
vns prennent le Soucy^ pour 
l'héliotrope, ou d'autres groflcs 
fleurs iauncs qui en ont prefquela 
forme, mais qui font de beaucoup 
plusgrofles. llcfl: certain quequâd 
le Soleil fe leue, ces fleurs s'épa- 
noiiincntôç for quelquefois vn peu 
de chemin , mais elles ne font pas 
vn tour entier , ôc le Soleil cft fou- 
Uentd'vnctoftc lorsqu'elles font de 
l'autre. Pource qui cft de s'ouurir ôc 
dç fç tourner yupcu ^ comme fait 

X iiij 



/ 



5^4 Dps L'vngvent 
le Soucy,c cQ: que le SoJaUait fortir 
l'humidité de la fleur ôc refucillc 
1 es e fpxit^qu i l a p o iFc d en t , 1 ef qu el s 
la tournent vers l'cndtoic quiles at- 
tire, 6c parce qu citant groflîcellc 
ne fe peut plus tenir droi£tc, elle fe 
panch? aufli de ce cofté par fon pro* 
prepoids, &: ne tourne plus de l'au- 
tre. ( Vie fi clic fepachc vn peu vers 
rO'"ientàvn autre ijiir,ccn'cft pas 
q /elle ait tait vnc rcuoUui^n en- 
tière ;)ci\dant la nuit i il faut que ce 
foit qjc la Mourncurc humide qu cl- 
k a priCe l'ait vn peu rcdrefFee, pour 
flcfchir après au premier rayon du 
Soleil, Puis qu'elle n'cll donc point 
agitée en rabfencc de cet Aftrc, la 
coparailonncfcrt de rie pour rvn- 
g'ieat q.ii guérit la playedefiloin. 

L o n al l egue encore c|ue le vin (c 
trouble dans les caucs lors que les 
vignes sot en fleuri mais quellccr- 
rcurde croire que c'cll la vigne qui 
cfmcut le vin par fympathic? C« 



DES Armes. 



n e 



}57 
on 





m 



'A 



;ft rien autre cliofc que kfaid 

percfurrvnôcraucrc, àcaufc 
qu'ils font de {cmblable Nature. 
J Von aura amené du vin de cent 
i Ikuesloin^ y auroic-il quelques cf- 
pritsquiprocedcroicntdc la vigne 
4ont il auroic cfté tirc,lefqucU vicn- 
dioient iufqu a luy pour le troubler? 
11 faut bien que cclafefafrc,difcnc 
les aducrfaircs, fi vn climat cftplus 
chaud que l'autre , les vignes y doi- 
uentcftre en fleur auant que les au- 
tres bo\irgconnenr,& fuiuantccla 
le vin qui a d\é rranfporré fc doit 
côformer àccttchartiue faifon lors 
qu'il fait encore fort froid au pays 
ou il cftj cela citant Ion connoift 
quilcftagitc par fympathiequ'ila 
auec fa vigne, 6c qu il n'emprunte 
fié de la température du climat oui 
il fe trouue. Mais où at on fait ces 
obferuations fFait.çji des voyages 
pour aller remarquerfi les vignes 
font en fleur à cent licues loin. 




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De L'VNCVENT 

lors quclcur vin cft agitc>oii bic en 
cherche- l'b des nouucllcs? Il feroic 
malairé dajuftcr ces chofes; mais 
fipstancdc peine nous rcmirquôs 
au contraire que les vins (uiaencU 
loy du climat où ils fc rencontrent, 
çc qui très naturel, puis qu ilssc- 
chaut?cntou fercfroidifTcnc, félon 
les lieux oii ils font mis.QuanJ mcC- 

mcs ils ne bougeroient du pied de 
kar vigne, s ils cftoient agitez en 
m rfînctempsqu'cUe feroit cnflcùr, 
ce n c feroit pas cil e qui en feroit eau- 
fc, mais ce changement leur arriue- 
roit àtousdeux dVnemefmecaufc 
fupericure. Il n'y à donc point là 
d exemple pour la fympathie de 
rvngucntquc Ion applique ft ries 
arniesi O itrc cela i y rencontre vne 
rires notable diff rcncc, qui cft feule 
capable de tout ruiner. 

Londitquelefer fe tourne vers 
Vaymant ,f aymant vers le Pôle, & 
Vticliotropcvsri liç Soleil, pourcc 



DES Armes 



,6i 



Km 
m 

fil 



m 



qu*iîs en lont attirez, ôcquclcvia 
fc trouble quand la vigne eft ca 
fleur àcaufe quelle agit dcflTas luyî 
l'on prétend monftrcr par là que 
[chaque chofe obeytàvneautrequi 
luy eil fupericurc, & dont elle dé- 
pend \ Que le fer elt quelque corps 
dVn e nature coformc , mais moin- 
dre que celle de Taymanti Que Tay- 
mantfymboUfcaudl aaec quelques 
AflresduPole ouauec quelques ro- 
ches qui font ficuées au deffous^auf- 
qiellcsfontfcs mines ôc fes racines; 
Qic l'héliotrope fuit le Soleil d'au- 
tant que le Soleil attirant fon hu- 
midité le fait courber deuersluy, 
êç qae le vin doit eftre agité aufli de 
mcfmçqueles plantes dont il acftc 
ciré. Tout cecy eft au rebours de Icf- 
fe£t que Ion attend de l'vnguent 
magnétique, 6c foit que cela fefaf- 
fc en tierement ou en partie , cela eft 
encore bien plus naturel à s'imagi- 
ner que les effets de cette drogue 




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5^0 De LVngvent 

fympathiquc : Les corps fupc- 
rieurs agiucnc ainfi fur les infc- 
rviurs qui leur doiucnr cftrc fuicts: 
mais fi Ton dit que IVnguent qui 
cOaoHquéfur lefangd'vnc playe 
la ut guérir, c'cft vouloir que le 
fang agiffc fur le lieu dont il cil tire, 
6c qu a mefurc que la drogucy ap- 
portera du changement , il en arri- 
u- auffi à la playe dont il procède. 
Voidonde melmcquelc fcrfaflc 
mou'joir Taymant, que l'aymant 
agUTe fur le Pôle, lliciiocropc fur 
le Soleil, & le vin fur la vigne? Ny 
cclanc fefait point, nylon ne fc 
peut pas mefmc figurer que celafc 
îaffc -, Comment donc le fangqui 
cft feparé du corps, auroit-il du pou- 
uoir fur laplay c dont il eft forty, ou 
furie reftc de lamaffe du fang? Il 
fcmblc que ce dçurpitplutoft cftrc 
cette .m.aile de fan g ou cette playc:, 
qui le feroicuc changer à leur imi-; 




DES Armes.' ^^^t 
I tiô,au cas que toutes ces fymparhics 
' mfTcnt du lieu. Nous connoitrons 
laintenantque Ton s'cft fcruydc 
Jprcuucsqui n ont aucun raport puis 
|| queUcsfontcoutes contraires. Nos 
f Operateurs n'auoicnt point encore 
entendu cette réfutation qui les rui- 
ne entièrement. Ceux quiont parle 
F ) contre eux ne leur ont point dit cc- 
::llà,les lailFant paifibles dans leurs 
I| exemples j mais nous leur monllrôs 
qu outre que les chofes qu'ils alU- 
f gucnc nefc font pas comme ilsdi- 
'fcnti quand elles fcfcroienr, elles 
ne concluent rien pour eux. Toutc- 
Jfoisic leur veux encore aydcr àfc 
' 4defFcndre afin dauoir vnc plus 
grande connoiflancc de la vérité, 
ayant cherche tout ce qui fc peut 
imaginer furvn fuict. 



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5^fc DeLvncyentj 



Us 1% ^'V 



Autre recherche de U Jfymfathie tou^ 
chantier corps élémentaires^ les ffun^ 
tes y les animaux, touchant te-^^^' 
xemple de celuy qui fer dit le que ' 
¥m /y dUoitfaii croiftre par artifice^ \ 
ce qui je peut dire des marques que les \ v ' 
enfans apportent du Ventre de leur 
merCy^du Jkngqui fort des flajet 
d V« mort deuantle meurtrier. 

SECTION V- 



IE dy donc que l on fc peut figu- 
rer qu'il y a des corps qui agiffét 
rciiproquemcnt les vns enuerslcs 
autres, ôc que tous les corps ft-m- 
blables font de cette forte r Que 
deux flammes fe ioignentauecvne 
pareille villcfle de part ^ d autrcj 
Que deux gouttes d'eau s vniifcnt 

mm _ — w 




t>Ês Armes, 



5^$ 



de pareille affection, 5c que ces 
corps ont des qualitcz artradiucs 
&conionâ:iucsles vnspour les au- 



tres. Le feu ôc l 



ilTl 



m prcuucni 
vnion & toutes les liqueurs Ôc 

I les vapcursparcillementanais pour 
fc loindre dans vne certaine diltâcc 
fans que le poids y porte dans vu 
panchant comme il taie l'eau, rien 
ne le peut fi bien faire comme la 
flamme. L'onpcut dire queles va- 
peurs qui fortct du feu fe touchent 
defia, 6c attirent les flammes après 
elles pour fcioindre,en qucylon 
nionllrera quelles nagiflcntpoinc 
ryneenuerslaucre fans fe coucher. 
Cela elT: très certain , de forte que 
l'onnetrounc rien en toutcela, fi- 
iion que les chofcs fcmblables fc 
plaifcnt cnfcmble , & fc ioignenc 
quand elles fç touchent. Neâtmoins 
1 on demande encore vne fywpa- 
çliie plus fprtcdl faut monllrcr qu il 



hiU 




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J64 De t^VKGVlKT 

y a des choies qui s accordent tcV 
lemcnt quelles (c mectcctoufiours 
chacun en vn mefmc cftac .11 y a 
force plantes qui fc plaifent Ivnc 
auprès de lautrc^ & qui lors que les 
autres croiffenchcureufement, s'en 
trouuen t bien auffi. L oliuier cft bié 
auprès du Myrte les aulx, les ro- 
fiers,&leslys, le portent certaine 
aftcftion.Ôc Ton tient que pluficurs 
âutres plantes ont beaucoup deco- 
ucnance : mais l on peut dire que la 
proximité y cft nccclFaire , & que 
leurs racines qui s aymcnt&: quifc 
touchent font cau|c de les faire prof- 
pcrcr les vncs&les autrcs.D ailleurs 
il faut confidcrer qu il y a des plan- 
tes qui demandent vne parcillefi- 
tuation. Celles- là viennent bien au- 
près de celles qui font d vne ineimc 
qualité: mais iV y en a d'autres de 
quiUtiJdifFcrcnicqnincâtmoinsnc 
laiflcnt p2ts de croittre fort bien IV- 

ne au- 



DES Armes, 



î«5 




ne auprès de l'autre, pource que fi 
; IVnc aymc rhumidiré, dit lactirc 
touteà elle fait que lautrc qui ay- 
niela fechereflc, s en irouue mieux. 
Lonraportc encore qu'il y a diffc- 
rcncc de fexc entre lespalmicrs, ôc 
que le malle ôc la femelle s encrai, 
ment de telle forte, qu d les faut 
planter Tvn auprès de lautre pour 

Icsfairccroiftrcparfaitemcnti Que 
^ fi IVn rcuerdic 1 autre reucrdit en 
îii nicfmetemps^Qucs'ilyena vn qui 
^4 m curt, lautre fc m eurt auffi . Pour 
liM moy ie refpondray à cela qu'cftans; 
Hi)>jcnvn mefmc terroir, il ne fautpa^ 
j^îjIs cftôners'ds profperent egalemét^ 
J E t s'il arriue à tous deux de ne guère 
Mporterdcfruit vne certaine année, 
, j^|c eft qu cftans fi voifins, les gelées^ 
;5lou les grefles, ou les pluycs trop 
fjgrandcs n ont pasfceu endomma^ 
-{Igcrlvn fans lautre, 5<:dc là il peut 
-iriucraufli que là more furprcnnç 

Y 




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Db Cvnôvent 
toaslcs deux en vn temps aflez pro- 
che. Ccft ce quipcuc tromper ceux 
qui«yfigarétdelafympaihie.Tou. 

wfoisils difent qu'outre cela il fore 
de certaines vapeurs de l vn & de 
l'autrcquiles recréent , & que s*ils 
font vn peu éloignez , il fuffit que le 
vent en foit le porteur^ q;ic Ton con- 
noiftauflUcuraffcdion en ce qu'ils 
fcpanchcnt Ivncnucrs Vautre, ôc 
louhaitentdefelicr. Pour leurs va- 
peurs ce font chofes inuifiblesi mais 
Ton adioufte ouc pour rendre Ic^ 
palmiers fcmellesfcrtilesil les faut ... 
ftoctcrdelapoudrc du maflc. Ce |.. ' 
font de vicilleî» obferuations qui - 
n ont point de fondement -, 6c quat 
aux palmiers qui ïcmbraflent s i!$ 
font fort proches, cela pcutarriuer 
àplufieurs autres arbres fans aucu- 
ne véhémente affcdion.Toutefois 

ic veux accorder quM s y en trouuc: 
Il faudra toufioutsrccQiwifttc que ^| 



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I< 
1' 



DES Ar 



MES 



J67 



pUifir <^uVn palmier reccut d 



le fi 



M,- 



w 



autrcj 

ment, où de fcs propres membres, 

oudccequienfort,tdtem.«tquc 
.ccncftpointlavncfymparhicAui 
rende les chofes fcmWabîcs d^ns 
vnc longue d.ftancc fans aucune 

comme doit 
tauc I vngucntdontnous parlons. 

Maufinousnecrouuonspoinrdc 
tel eft.t feignôs en vn ; Dilons que 

le ter & Uymant n'ont pas feule- 
ment des atraits réciproques, mais 
quccequelVafair,,lfautquerau. 
trelc faire dans auciquc diftancc 

que ce foit.Quanâ il y auroit enco- 
re au monde d'autres fvmpath.cs 

trcsveruables,feroit-ccàd!requ-,l 
yendeuftauoircntrelefan^quieft 
lurlefpcc&lcsplayes dontilcft 
lortiPQuoy pource qu'il eftvrai qu'il 
le trouuc des conuenanccs cmre 
certaines chofes, vn nouucau Dp, 

Y ii 




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jé8 De Uvngvent 
dcurnous penfcra-il prouucr qu'il 
s'en doit rencontrer auffi entre tou- 
tes les chofcs qu il lui plaira choifir. 
L on remplit des liurcs tous entiers 
d exemples de fy mpathie qui la plus 
part font faux , mais quand ils fc- 
roient vrays, l'on n'a encore rien 
cragnéi S'il y a delà fy mpathie en- 
tre CCS chofcs,il n'y en à point entre 
celles dont nous parlons. 

Ce qu il y a rcpl iquc : c'eft que G 
Ton rencontre de la fympathic en- 
tre quelques chofes fcmblablcs, il 
y en doit auoir en toutesimaisfi Ton 
pretédquecelafoitjiediray que lors 

que Ion aura dufang d vn homme, 
Ôc quel*on luy voudra donner la 
fièvre, il n'y aura qu'à faire chaufttr 
cefang Ôc le troubler, de qua lors 
celuy qui fera demeuré dans fon 
corps , fe dcura troubler de mefmc. 

Nos aduerfaires eltans pour- 
fuiuis de fi prés fojit contraints de 



DES Armez 



déclarer la meilleure partie de leur 



Lecrccjilsdiro 

doute que cela le pourroit faire, 
mais qu il faudroit corrompre ce 
fang auec des cérémonies rcquifcs 
autrement que ce n'cft qu'vnecho' 
le morte qui cftant fcparcedu corps 
doit auoir vne nouuelle confcrua- 
tjort de vie; & que h le fang ou la 
chair Mhnt feparez du rotai font 
reammez, ils ont après vne mcfmc 
d.Ihiiec que leur première mafTe, 

& par quelques moyens lapcuucnc 
auih bire changer comme eux. 

Pource qui elt du premier poinét 
de donner à lâchait & au fang fe- 
parez vne vie femblabicà ccUedu 
corps dot ils procedét , l'on raportc 
1 exemple d'vn Gentil-homme qui 
ayant la moitié du nez coupe; loiia 
va paujre homme à prix d'argcnc 
pour permettre qu'on luy fift vne 
incifion dans le bras oùleChirur- 



J70 De L'v ng vrnt 
gicn fourra fa moitié de nez qui re- 
prit chair, & fut aprcs fore bien Çoï^ 
mec;mais À qaelqacs annéesdclà 
cebout de nez toba en pourriture, 
6cl on fçcut que c'cftoic qu'en mcf- ' 
me temps ccluy quiauoic prcftéfon 
bras dloir mort. L on penfe que ce- 
la arriua par fympathie, &c que la 
chair de ce nez ne pouuoic fubfifter 
aprcs que le corps dont elle auoic 
elle tirée ncftoic plus viuant. Pour 
moy iediray q ae ccbout dcncz n'c* 
ftant pas dvnc chair fort naturelle^ 
ncdcuoit pas toudours durer, & 
que par hafard il eftoit arriuc qu il 
cftoit tombé an mcfme temps que 
cet homme cftôittrcfpaffé.Ceft au 
cas que cela foitvray , mais ie ne 
croy pas que Ton puifle faire croi- 
ftrc ainfivn nez par artifice, & 
quand cela fcroit, s il eftoit for t bic 
Venu, ietien qu il ne pcriroit pas, 
encore que le corps qui luy auroic 
donné la naiffance 6c i alimét mou- 



DES Armes. j-71 
fi^d.Par cctrcraifon Icscnfansdc- 
uroicnt mourir lors que leur mcrc 
mourroit: Que fi les corps qui ont 
do nnc la naiffancc à d'autres, ne les 
châgcnt point parle chagcmétqui. 
n'arriue qu'en eux mcfmcs, com- 
ment fcroit il poffible que ces corps 

3ui en deriucnc ôc qui font moin- 
fcs,cu(rcntdupouuoir fur eux 
n'yidoc poind icydcpreuucpour 
noftrc fécond poind qui cft ccluy 
qui nous importe maintenanr, & 
ilnefcmble pas que le fang fcparc 
doiue agir fur celuy qui demeure 
dans le corps. 

Mais ce n*cft pas tout d animer le 
fang feparc (difent ces ouuricrs mer- 
ueiUcuxj 11 faut trpuucr des raoycs- 
qui luy donnent vne continuité a- 
uec fa malTc complette, ôc c cft là 
que doiucnt ccffer toutes les obic- 
âiom que Ion leur afaitiufqu'i 
cette heure delà diftance qui nuic 



?7t V'^^Gvt^r 
àTadion. Que cour ce faag cftant 
en fa continuité cil agité par la for- 
ce de riinagination Se de la paflioii 
donc nous voyons d*cfl:ranges ef- 
fets ; Q^c les femmes groiTes s c- 
ftans imaginé quelque obiecl leur 
fang en prend l'impreflion 5c la 
porte à Tenfant qui eft dans leur 
ventre, quelefangdVnhommc 
qui a eftctue vient à bouillonner 5c 
à forrir de la playc en prcfencc du 
mcurcrier,à caufe de 1 a co' ère qui s'y 
clt imprimée contre Tennemy, la- 
quelle vient à fe rcfuciller lorsque 
de ccrrains efprits qui forcent des 
corps, luy font fentir fa venue. 

le rcfponds à cccy premièrement 
quclacomparaifon que Ion prend 
de la femme groffc n ett point à pro- 
pos, d'autant qu'i! n y fçauroir a- 
uoir vnc continuité pareille entre 
Je fang qui cftant fcparc de fa playc 
cft fcché fur vne efpéc à vingt licueS 




'0' 



t pcnfc opérer encore par i.na|îna . 
• tion: L'efprit de rhommena point 
depouuoir fur des cliofes cxtcricu- 
jPrcs & éloignées. 

(;>uand au corps naurc' donc le 

fangrcjallitvm rhomicidcicfçav 
^icn qucccft en cela que les aduerl 

riaircsiepromettcnt de triompher; 
' <^royent que c cft vu cfFed qui 
monftrc parfaitement que les 
chofes corporelles ont du fcntimct 
j les vncs pour les autres & que cela 
le fait malgré la dillance. Chacun 
admire vncasficftrange,& les cu- 
rieux font de grands difcourspour 
en fçauoirprecifcmct la raifonsMais 
n clt-ce pas eftrc bien de Icifir & 
perdre la peine à credit.fi prcmicrc- 
iîicnt l'on ne fçait fi cela cft vray> 





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J74 De L'vngvent 
A l'on vcu toufiours le corps d'va 
hommctuéfaigncrdcuantlcmcut- 

tricr? s'avM point xAXi faignc qucl- 
qucfviis deuant d'aucrcs? Ne coa- 
fi jcrct'on p jsqa'il n'y a aucune 
raif.m qui mjnitrcqucccla fcdoi- 
uc Uirc , à: q'4- ccll vnc folUcdo j 
dire que de l. . Iccorpsd'vnmorc « 
il demeure vn crprit de colcrc&de 
vengeance, puis quclespilliansnc 
le logent que dans l'amc fcnlitiue-, 
quinyeft plus? L'on du que cette 
amc adonné fon imprcnion avi 
fangi II cltvray quelle l'a elchaut- 
fédc courroux: mais quand cllcclt j 
partie, ellclalai{rétoutfroid;& puis . 

quand il demeurcroic chaud , pour- 
quoy feicttcroit ilvcrs fonennc- 
my , plulloft que vers vn autre ? Il ^ 
faudroitqu'i! euftdu iugcmétpour | 
ccla,5£ qu'il dtfccrnaft Icshommcs» 
te qui n'aparticnt qu'al'amerai- 
{•oaaablc, qui ny fait pluiU de» 




DES ArMïS 

Que fi quel 



^7S 

difenc 



if 

J!'i 



meure, _ 

^ucccbfc tait par permiffiondiui- 
! nc^ afiii qac le mcurcrier foie dx:f- 
couucrt & foie puny,ic leur accorde 
que cela fc peut faire de cette fortc^ 
parce que Dieu ell tout puiiTant: 
mais en ce cas là ils n'ont pas enco- 
re gain de caufc, pour ce qu'il no 
leur fcrt de rien d'amener eu exem- 
ple vnc chofc furnaturclic, cftant 
Dcfoind va erfcc naturel. 

A fçauoir ft ïvnguent fympxthetique 
feutguerirnéitHrelUmentj s il reçoit 
quelque force des jéjlres &Jtfa V^r- 
tu peutejlretranjportee ^4r tEf^rit 
Vniuerfel du monde. 

SECTION VI. 

*ApeIlc naturel ce que Ion pré- 
tend faireparlVngucm fympa-'' 



I 



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57^ De Uvngvant 



thct 



Ccuxqi 



it inucntcy 
confcntcnt, mais pourtant ce font 1 
des choies bien cftrangcs défaire |" 
quelc fang fcparc delà playedti' 
plus de vingt lieues, agiflc furcllc,^^ 
qu il fcfafTc vnc continuité pour 
cette fympathie. Afindenc plus 
cacherlcurfccrct, ils difent que ce- 
la fc fait par lemoyendelaconftcl- 
lationfouslaqucllclVnguent acfte 
fait, & qucftant applique fur ce f 
fangil agitpuifsâmentfur laplayce 
Qjand il fcroit vray que les Aftres 
aui oient icttc leurs rayons fur cette 
drogue, y en demeureroit-il quel- 
que impreflion après ? Lors qu'ils 
ne luifent plus la chaleur qu'ils ont 
donnée s anéantit; mais Ton dira 
qu ils ont aue c cela ietté quel que in- 
flucnccqui s imprime dans vn fuieC [i^f 
bien préparé, Ôc y demeure éternel- > 
Icmenr. Tay dcfia reflué cette opi' 
nion touchant les Talifmans: 11 



t.::.:j 





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DES Armes. 377 
n cft point croyable qu vnc pierre 
ou vn mccaU ou vue compofinon 
dediuers ingrcdicns^rccoiucnc vnc 
force pareille aux Allrcs fous Icf- 
quels l'on les aprcparcz ,pour eftrc 
d'ancres Aftres en Terre , ôc faire 
mefmcplusquelcs Allrcs. Encffcc 
il ne fe trouuc point d'Eftoille qui 
pour eftre mefme placée au deflus 
delà maifon dVn homme, guerifTc 
fcs blefTures fans autre appareil 
I Neantmoins Ton fe fonde fur cecto^ 
vertu celefteiC cft pourquoy IVn- 
gucntquifert à cette cure porte en- 
core le nom de conftellé. Si l'on de- 
mande donc comment vnc çlayo 
peut eftre guérie en frottant iculc- 
m en c de cette drogue le dard cnfan- 
glantcM'on dit qu'il fort de là vue 
puiffancc fccrettc qui va iufqu'aa 
corps du malade malgré Tefloignc- 
ment , ainfi que les Eftoilies ictcenc 
leurs inHucnces du Ciel en terreau 



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578 Dl LvKGVENT 

traucrs des nuages le des autres 
cmpcf.hcmens. 

Si Ton veut encore s'informer 
plusauantôcdire que ion confent 
que i Vngucnt ait rcceu quelque 
puifH'ncc: mais que lionne peut 
comprendre comment le tranfport 
s'en fait iufquàlaplayeéloignccdc 
vingclicuesoudauantage, ceux qui 
dcftcndcnt CCI te curc,declarent en- 
fin que cela fc fait par TEfpric vni- 
ucrfcl du monde , quicftant cfpan- 
du par tout, lie les chofcs cclcftcs 
auicc les terreftres, les fuperieures 
auec les inférieures, ôc conioindt 
celles la qui s*entraymcnt ôc qui 
sot diuifecsferuant de véhicule ou 
de chariot pour iranfporter leurs 
atfcûions,ôc qu'outre que les ma- 
tières bien préparées le difpofentà 
<:cla, le dcfir ardant auec Timagi- 
nation forte de celuy qui fait l'ope- 
ration , Ty incitent, ôc font qu'il s'y 



Ino 



VYES. 



579 



■Ai 



Jirtaclic pour y fcruir de fccours. 

I Voila vncpuiflancctrcsgrandc: 
I mais clic cft fcincc & n cft tbndcc 
que fur des erreurs. Les Aftrcs ne dô- 
nent point vn pouuoir cxcraordi- 
nairc à des m^cicres qui fonc figu- 
xecs ou mcflangecs fous leur con- 
ftcllation, 6c il n'y a point d'cfpric 
vniucriel qui adhère à cet ouuragc, 
ôc obcyfic à l'imagination de Tho- 
me. Quelques Philofophes quine 
rcconnoiffcnt point la toute puiC- 
fancc de Dieu, ont crû que le mon-» 
de eftoit vn grand animai quiauoic 
du fcntiment ôc de la raifon , & que 
fon ame cfpanduë par tout, don-. 
Doit Vigueur à toutes chofes; Maifi 
nous fçauons que la mafTc descle- 
mcns, na pointd autres qualitcz, 
que celles qui font propres à fa ma* 
licrcj Qùclefentimenteftfeulemcc 
pouf les animaux, &c la raifon parti- 
«Mlicrcmcntpour Thomnic; & que 



SI 



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580 



De Lvngvent 



Dieu conduit toutes ces chofcs fé- 
lon la Nature qu il leur a donnée, 
cftant par tout ôc au dcflus de tout, 
&s y mcflanr fans y cftre contraint: 
C ctt doc vne impiété de croire qu il 
safferuilTc aux volontcz des hom- 
mes, à leurs vauics operations^ô: 
quand le monde ne fcroit mefme 
gouuerncquepar vncame particu- 
lière , ce fcroit vn abus de penfer en 
tirer des feruices pour accomplir 
toutes les opérations que Timagi- 
nationfe voudroit former. Au lieu 
deluylâifTcr fa puiffancc fouuerai- 
ne,ce fcroit le vouloir captiuer fous 
nosloix. Quelque puiiTan ce Ipiri- 
tucUe que Ton fc figure au monde 
pour guider les fympathies , il n'y 
en a aucune que l'on fc peuft obli- 
ger pat les moyens dont l'on feferc 
a vouloir penfer les play es de loin. 



^1 



^ 




Deschofesjui fcment à la compcftion 
de l\ngHcm Jympathetiqhc , ^ fi 
cUcs font capables de guérir les player 
fans les toucher, ^ue cette cure a dn 
raportaueccelledes forciers , &cjue 
fi elle fefatfoit , ilfaudroit que cefufi 
par rvn an diabolique. 

SECTION VII, 

J' 'On dit qu'il faut prendre de« 
■ .jchampignonsoudc la mouf- 
le qui foit crcùc liir des os de mort; 
Ton n en void guerre ou il en croiffç 
pourtant à caufe de leur fcchereffc, 
aufli ceux qui en ont pariédepuis 
le premier inuentcur, ont dit quil 
faloitqucccfuft fur le Cranc d Vn 
nomme qui auroit euvne mort vio- 
lente; Et parce que tout les corps de 

Z 




De L'vngvent 



ceux quiontfiny par vncccUcmorc 
ncfontpas lailTcz fans fcpul turc, ce 
qui cmpcfchc qu on ne puifTe trou- 
Ucr cela , d autres ont commente la 
dcflus, & alTcurc qu il ra'oit que ce 
full fur le Cranc d vn pcndu,pourcc 
qu il cft cxpoféàrair,ôc que la chair 
c]ui y demeure fc pournlfant eft ca- 
pable de produire quelque cliofc, 
outre que le corps ayant elle fufto- 
qué , les cfprits qui s'elloient trouué 
prefTez dansUtcfte auoienc porte 
vne vertu extraordinaire au Cranfc. 
1 c n G crov pas pourtant qu'il y vien- 
ne ny champignons ny potirons, 
ny mourte, mais quoy que ce foie 
la pourriture qui s y ttouuc peut 
eftrc raclcCj & l'on TapcUera de 
rVfncc, h Ion veut: Comme cette 
chofccft incertaine, aufliluy at'on 
donné vn nom inconnu. Quand à 
la force des efprits relTerrez ictien 
qu'elle eft vainc, & que l'homme 




m:. 



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, Ï5KS Armes. 

tis,&ncfcfontpointportezà cet- 
te partie extérieure. Quand ils y a- 

uroientcfté&qucl-vfneefcroitcn 
abondance , quelle qualité' auroic 

cUepoursaccorderaucclesAftres 
nyl ««ngc,lamumie&lefanghu! 
. mam? Qucpeuucntencoreàcflalc 
bol Armcnicn,rhuiledelin & l'hui- 
le rofar.> Que fi l'on fait IWuenc 
comme les modernes l'ont pFopo- 

fc&qu'aucclcfandal rouge. iL 
ni«itc,lvfncc&la Mumie, loa 
nicflc de la graifli de fanglier & 

dours,&du„rueaudefa„glicr. 
cela fcmble encore moins raifon- 
nablc;carqu'cft-ce que leshom, 
mes ont de commun aucc ces ani- 
niaux, s'il eft ainfi que l'onvueillc 
agir par reflimblancc ? Mais Ion 

dira que la conucnancc eft en cequc 
. 1 on a duproprc fang du blelTé fut 

zij - 



î«4 

lequel r^n à appliqué ccrcmcdc, 
qu'ilfuffitquc ccfoit v^c compo- 
ficion propre à gucrir, comme ca 
effet on fcfert delà graiffedc toute 
forte d animaux pour faire des vn- 
gucnts: Toutefois ie refpondray 
que Von a voulu attendre vneftect 
extraordinaire de cette drogue, & 
que ceft pour cela que 1 onaordô- 
nédc prendre de la graiife d'hom- 
me,6c que ces changement me ren- 
dent rafFaire fufpcftc, ôc font voir 
que ce n eft que fourbe quand on 
n en auroit point d autre connoif- 
fincc. Toutes les obferuations des 
temps ne fcrucnt encore de rien a 
cecy. A quelque iour que Ton puiffc 
faire cette compoiition , c'ett vnc 
follie de croire quelle puifTe gué- 
rir la playc a vn homme éloigne, 
eftant apliqucc fur quelque chofe 
quifoic cache de fonlang. 
ic conclus que cela ne peut eftrc 



DES Armes. 
parles raifonsque i'ay dcduitcs, de 
pour ce que nous nci\ voyons iau^ 
i cunc^expcricnce. Auffi fcmbic- t'il 
que Ton feroit fort imprudent de 
Il s amufcrà ce rémedc lors qu vnhô- 
I rae cdrblefle & de laiffcrfcs playcs 

I ^^fl^;^^^^" W-^^^i^ il^^iudroic fai- 

II ré éettc cfpreuiic pour quelque per- 
fonnedont on ncfe foudroie guc- 
raQ Joy qu il en foie Ton tient pour- 
tant qu il y a des gens qui gueriffcnc 
}cs playes fans voir le blefre6c fans 
appliquer le remède autre part que 
furquclquebaftonou quelque lia- 
bit cnfang.lantc. Si cela cft iefou- 
fticn encore que cela ne fe peut faire 
naturellement , & que ceux qui ont 
dic,qucficeUfc faifoic, ilydeuoit 
auoir de l opération du diable , ont 
beaucoup daparcncc de raifon. 
AulTi la compofition de rvnguent 
magncciquc à beaucoup de confor- 
micc auec les drogues des forcicrs. 

Z iij 



i^é De LVngvnt 

Les mauuais cfprics qui les cofcilicr» 
les tiennent fam cc(fe attachez fur 
les charognes, leur font emprunter 
leurs drogues des gibets, & les in ci- ] 
tcnc meuncs à tuer les enfans pour 
en auoir le fan g & la graiffc. V oyla 
vne partie de ce qui fert àlvnguent 
defympathic: carie rcftc n'ell que 
pour la liaifon. Il cft vray que Ton 
ditquelestoldatsqui en font dans 
Jcs armées, n ont pas toufiours la 
commodité de trouuer ces chofes^ 
&qu ils ne prennent que de certai- 
nes herbes aucc delà graiflc de porc 
furquoy Ion peur coniedurcr que 
tout cela ne fcrt aufii à rien , ôc que 
cenefl qu vne vaine cérémonie, 
qui fc fait pour marque de lachofc, 
& qu^il y a quelques paroles fecret- 
tesà proférer, lelquellcs implorent 
le fccours du diable fuiuant la pa- 
ûion qui en a cftc faidtc par quel- 
que Magicien. Il en eft de mefmc 



t>Es Armes. 387 
en ccquicft de Icfpcc cnfanglâtcc: 
car il a importe que ce foie celle qui 
a fait le coup , & a faute de cela 1 on 
peut auffi auoir vn baftou qui ait 
cftcfourédans la playe , ou bien la 
chemifcjou Icpourpoint teintes de 
fang, & peut eftrc vaudroic-il au- 
tant n'iuoir rien du tout: car tout 
cela cft inutil c cçalemcn t, fi çc n eft 
d'autan t que ce Ion t des témoigna- 
ges du dcfTcin que Ion adegucrir 
quclqu vn, & que le Démon trouuc 
des marques de la fiance que Ton a 
en luy. Pour vnc autre prcuue que 
cette gucrifon que l'on prctéd ertrc 
fyippathique , rcflêmble fort à cel- 
le des forcicrs , nous fçauons que 
dctouttcmps lon acrcu qu'ilsfai- 
foi(çnt des images par Icfqiîcllcs ils 
poiiuoient faire fouffrir du mal à 
ceux au nom de qui cl|çs cftoicnt 
laitcs^^ OI4 bic^ les rendre amoureux 
4c aiFcdionnez cnucrs quclqu vn. 

Z iiij 



jSS De L'vngvemt 
N cft-cc pas là vric fympathic qui 
âgitdansrabfcncc? Pourccquieft 
de la gucrifori de quelques maux, 
Y on dic au il y à Jcs gens qui en guc- 
ri(rcntpluficurs en iipliquant les re- 
mèdes fur d'autres ch ^fes. Si Ion 
scll rompu le brai (Se la iambe>ils 
metcenc remplaftre furie brasdV- 
nediairc , ou fur vu pilier d'efca- 
bellc, &par ce moyen la laiilbe 6c 
le pied fc trouucrôht rcdrelTe^ & 
confolidez. Qieiqucfôisfirôn s*cft 
feulement dcfmis le pied,du fi qiiel- 
qu autre membre éfl difloqiié'; ils 
prendrônt vne branche d ozicr, la 
ployeront, & ayant dic quelques 

fiarolcs 6c fait quelques fimagrees, 
a branche fc trouucra aufli faine 
qu auparauanr, ôc demcfmeleiné- 
brc fera remis en fa place. Quelques 
vas prennent pour cela vne bran- 
che de faul e ,& IVn de ceux qùi ont 
parlé pôur Fvnguent fympathcti- 



' DES Armes: 
qucsaccocde à cela 5 car il ordonne 
que fi au lieu de rcfpec qui a fait la 
playc, Ton veuc cnfanglanccr va 
bafton, que ce foit dubois de iaulc. 
L on donne pour raifonquecécar- 
b^c eft aime des den^ôs , ôc que couc 
cc^y fe fait par vby e de forcellcric, 
de mefipc que toutes les autres cu- 
res' mcruéilIeufe.S^il eft certain que 
les autres fc falTcnt, celle cv fe peut 
bien faire auffi ; mais plufieurs rc- 
uoqueht en doute le pouuoir que 
Ton attribue aux forcicrs , & difent 
que leschofes que Von en raconte 
font inuentées à plaifir. Si Ion eft 
de leur opinion loii ne croira point 
que IVngucnt fyiiipathctique aie 
aucun çfrct,ny d vne façon nydau- 
trc, puis que nous luy auonsdefia 
oftcla puillancc Naturelle que Ton 
luy attribue, èc qu'ils ne luy veuîenc 
pas donner non plus la furnaturcllc. 
Pourcc qui cft de cette dernière, ic 



390 De L*vngvbnt 
n*enpuis pas rcfoudrc icy : Cela dé- 
pend du traidé particulier qui doit 
cftrc fait fur les forces de la Magic 
Nous arrcftons feulement en ce lieu 
que les playcs ne font point guéries 
naturellement,en apliquant vn cet- 
tain vngucnt fur les armes, & quefî 
cela fc faifoit ce deuroit eftre par 
quelque moyen furnaturcl i mais 
que ce n cil point vnechofe certai- 
ne que cclafc faffe mefme de quel- 
que façon que cefoit. Que nous ne 
trouuonsperfonne qui aifeure qu'il 
en ait vcu l'expérience: mais quand 
il fc trouueroit quelqu vn qui au- 
roit fuictdclc dire, il pourroits c- 
ftrc trompé ; car fi vne play e s cftoit 
gucric, tandis que rvngucnt eftoit 
apliqué fur des armes tachées dç 
fonfang,c*eft qu elle n eftoit pas 
fort dangcreufe, & que la Nature 
fetrouuoîtfi paifTantcau corps du 
bleffi, q k petit à petit il rccoauroit 




0\ 



Inovyhs. 

agUenfondcIuymcfmcVoylacc 
que on doit pcnfcr de cette cfpreu- 

uejans s'imaginer que IVngucnc 
lympathetique ou conftellc, ait le 
pouuoir deguerirlesplaycsfanslcs 
toucher, dtant apliqué fur des ar- 
mes cnfanglantccs, & fiquclqù vn 
pcrlirtc a croire que cela fc peut fai- 
re, il prend plaifir à fclaiflTcr trom- 
per. 



Ohfirumons fur le tmti Mn;muent 
lympathetique, & f„ Au- 

T Eopliraftc Paracelfe cft ce- 
luyqui a parlé le premier de 



«fllvnguentdefympathie, fousleti- 
«»J|trc,d'vngucnt admirable pour les 
<i«fplay«. ildonnclamanicredclc 
^taire en fon liurc, de la Mcdccmc 



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j9t De L'vkgvent 
cclcftc, & dicqu il peut feruir auffi ï 
à d'autres mauxi comme pour apai- - 
ferla douleur de dents , ayant frot- - 
te va ballon contre les genciues & : 
rayant teint de fang,ilnefautqua^ r 
pliqucr l cmçlaftrc fur ce baltoni iMj 
Oauantagefi Vn marcfchalàbleffé \\M 
vncheualau pied çn le ferrant, ilnç i ; : 
faut aufli que reccuoirfon fangfut ii: . 
vn bafton ôc Icntourer d*vne cm- | : 
plaftrcdec€tv'ig.ient,ou le fourer Ir:- 
dans laboiilc m'cfinc. C eft i :y que ji ; 
cet Operateur fait connoiltre qail i 
ne prend pis bcd'icoup garde àcCf j - 
qu'il dit. 1 1 auoit dctliné sô vnguét^ic,'. 
pour les playes , & il veut qu il guc- lo , 
rilTeaufli le mal de dents. L'on dira I 
qu'en fc frottant lagenciuc ton fc jj. 
fait vfic petite playc, puisqu'il cnliJ| 
fortdufàng; Ccla^clt vray , mais Ci i l 
IVnguent guérit cette playc, le mal j.^ 

de dents ne fera pas guery néant- ^Ij 
moins. 




DES ArmfS 



m 



cmdtonnecncorc quccctvn- 
gucjjc puifle gucrir les playcs des 
chcuaux. Par;îcclfc vcutqiul y en- 
tre de la graifTcdliommejdc la mu- 
mie 6c du fang humain iCcft pour 
faire paroiftrc que ces chofesagif- 
(cnt par fympathie fur Iccorpsdes 
hommes à caufe delà reffcmblaii- 
ce: Qucsllen veut guérir auffilcs 
chcuaux,il me fcmble qu'il faudroic 
qu il ordonnaft, que Ion priftdo 
Icurfang, dcUurgrai(rc,&aelcuc 
chair, ôc que Ton chcrchall ce qui 
pourroic croilhe fur leur teft expo- 
ft-'alair, ainfi qu'il ordonne de fai- 
re pour les hommes, 

qui plus eft , il fait vn autre Cha^' 
picrc fous ce titre Jrmorum Vngucn- 
tum.onil ditquelon peut faircaut 
fi vn vngucnc auec lequel fi les ar- 
mes qui font teintes du fang du 
blefic Ibnt frottées . Ton peut guc^ 
rirlaplayc fans douleur, qu'il fc 



LVNCVÎENT 

fait prcCquc comme le premier, cï- | 
ccptcquc 1 on y adiouftc vnc once ^ 
de miel Ôc vne drachme de graiflç 
de bauf. N'cft-cc pas vne grande 
folie de croire que pour auoir ad- 
ioufté ces deux chofcs à cet vnguêt, 
cela luy ait donné toute vne autre 
vertu f (^icl raport y a t il du miel 
ôcdelagraifTc de bœufauecle fer, 
pour faire qu cftans meflcz en vn 
vnguent, Vaplication qui s en fait 
fur vnc efpcc gueriffe la play e qu el- 
le a faite? Quelle accointancc ont 
auflî les autres drogues auccleba- 
fton ^ 6c d ailleurs comment tout 
cela opcre- t*il fur des chofcs qui 
n ont point de vie ny de lentimcnt? 
Paracelfc croid-il quil foit plus- 
malaifc de guérir la playe en apU- 
quan^ Ivngucnt fur les armes qui 
ont fait le coup, que fur vn bafton 
enfanglanté ? N y Tvn ny l'autre ne 
feruent de rien:mais pourtant quel-; 



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i>Es Armes. 
q»cs ynsont crcuquc cela auoic 
plus daparcncciur les armes. Pour 
l«y il ne fiutpointparoiftrcfon opi- 
nion.- C cil pourquoy ceux de fa 
ont ,ugc cela clgal. Ofwal- 
dusCroll,us quieftlc plus cftimc 
dcntrcuxamisceU dans l 'indiffc- 
rcncc, & n a prcfcrit qu'vn feul vn- 
gucntpourlVn & pourlaucrc. 11 fc 
hut de cette féconde manière qui 

cftdansnoftrctraicc,&parccquil 
n eft pas tout à fait icmblableà ceux 
de fon maiftre, xl pcurdirepourfa 
dcftcnfe. tju ,1 a commente fur fes 
inucntions, & que faifant vncdro- 

guequigueritdvne&dautre ma- 
il icrc , il faut y adiouftcr necefTairc- 

ment quelque choie; mais que le 
prin cipal y demeure roufiours, cô- 

mc la mumie^ le fang humain & 
1 vlnec. Toutefois nous luy deman- 
derons pourquoy ilyaadiouftcdes 
vers de terre , 6c de lagraiife dcfan- 



,o6 Dï L'VNGVENT 

glkr&: d'ours î Puis que ccft pour 
^ucrir les hommes par chofo fein- 
^lablcs, ncftoit-cc pas affcz dy 
mettre de la mumic & du fang hu- 
main; Mais quelle raifon aurons- 
nousdc gcntsqui ne font pasrai- 
fonnablcs?llsnefçauentpour<juoy 

ils ont ordonne cela, & ce naïa- 
mais cfté que par bigearreric. L'on 
ditauflique quelques foldats AUe- 
mansquilemcacnc de faire Ivn- 
<rucnt des armes fe contentent de 
prcndrcadagraiffc dcporcàfautc 
d'autre, & n'y mettent ny mumic 
ny vfnée , ce qui fait connoiftrc qu' 
toutcs CCS chofcs font vaincs. 

Pource quicft d'apliquer l'vn- 
aucnt furl'cfpée quia fait le coup ^ 
oufurvnbafton enfanglantc, Ion 
ne îeft pas encore arrcfté là, l'on a;, 
dit que cela fcpouuoit faire futlaï 
thcmifc ou fur le pourpoint du, 
bklfé, ou fur fcs chauffcsiic eftoit 



DES Armes 

parlaquelcspIaycscufTcntefté fai- 
tes, & qu'il y en cuft du (ang. En cf 

fct cela crtauul propos qu;,. l'autre 
iprtcL on connoUl bien .ju il n'y a 

autre myftcre en cetce curc^ )f d'a- 

uoirdufangdub!clK-.&cc!a.1ant 
lonncdeuoit point faire dcdiilm- 
âion d'encre vn vneucnt ou l'autre 
pour fcruir aux baftons, aux efpccs 
ou aux chcmifcs. Il faloitdircqué 
cet vngucntpouuoitgucrir les pla- 
ycscftant apliqué furquoy que ce 
loit ou il y cufl- du fang du blclH:. 

Pour ce qui cft de guérir les pla- 
ycscftantapliquc furie pourpoint, 
qu'il me toit pennisde citer icylc 
Roman de Lyfandre & Califtc; ie 
le f-ay parce qu'clcrluanc en Fran- 
çois, il n'y en aguere de ceux qui 
^yment cette langue & qui fc plai, 
lent aux gcntilIelFcs du monde qui 
ayent connoiflance dz ce liure; 
ailleurs le ficur d'Audiguicr qui ^ 



compofô, nous a affcuré autrefois 
qu'encore qu'il ne faft pas vray que 
tout ce qu'il attribuoit à fon Ly lan- 
drc fuft artiuc à vn fcul homme , ii 
eft-cc que tous les accidcns qu il 
defcrmoïc cftoicnt véritablement 
arriuez à quclqu'vn. Il peut bien 
poutrant auoircfcnt des choies lut 
lefimplcraport d'autruy. Tant y a 
qu'au tvoificfmc ou quatriclme li- 
urc de fon hiftoire de Lyfandre il 
dit que ce Caualicr ayant eftetort 
bleffé par des ^cns qui l'auoient 
voulu alTafmcr^futgucry en peudc 
iom-spar vn homme qui ne vit la- 
maisquc fon pourpoint -, Se cela 
dcuoic dire fait par l'vngucnt de 
fyrapathie quoy que d'Audigmct 
nele difc pas.iVayant pas peut-cfttc 
connoiffancc des fecrcts des Allc- 
mans,5: n ayantpasleuleursliuresi 

car comme dit l' Ami - Roman , ce 
[mit htcn 4eK,fi ceitx fit com^ojm 



De L'vngvent 



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DES Armes: jj,^ 
les Romms fçauoicm la ckofisnecef. 
Jatresfcns les obliger à:çauotr les cho~ 
jescHrieufei. 

Puis que nous femmes fur le fuict 
dcsRomans, l'ai veux encore allc- 
gucr vn autre d.'s plus conni:s.. le 
puis bien raportcr des fables ilirvn 
iujct tout fabuleux. le veux parler 
des Bergeries d'Artrec, cûCclidcc 
qui s eftoit dcffigurc le vifage auec 
vnc pointe de diamant pourn'cftrc 
plus agréable aux yeux d'vn icunc 
homme paffionnc , eftant après 
mariée à ccluy pour qui elle fc rc- 
Icruoir, fut confeilice de recouurcr 
fa beauté ; & de louurir fcs playcs 
pour cnlanglanrcr vn bafton, & 
l'cnuoyer à vn Mcdtcin cftrangcc 
qui apliquant vn certain vngucnc 
dcfTus, deuoit non feule ment guc- 
rirlcsplayes , mais en effacer Icsci- 
catnccs , à quoy elle confcntit, & 
cela arriua coinmc l'en luy auoiç 

Aa ij 



400 DeLvngvent 
propofc. Voylavnc opération qui 
fe fait par le bafton : mais ellecft 
encore plus grande que les Auteurs 
Allcmans ne promettent, llsaffcu- 
rent de guérir les playes, non pas 
doft cries cicatrices: mais quand ils 
Icdiroicnt, Ion les croiroit autant 
dclyn que de Tautrc. 

Ces chofcs font fjportables pour 
des liurcsfaitsàplaifir, dedans lef- 
quelslon fçayt bien qu'ily amillc 
ancres impoflibilitcz', maisd affeu- 
rcr cela pour vray dans des liures 
quel o fait poucl'vcilité publique, 
ôcDOur cnfcigner des remèdes a 
toute forte daccidens, c eft trom- 
per le monde. Nous connoiffons 
affczquc cette cure n cft pointna- 
turclle,ôcqueccqueronenditncft 

pasventablc,ou bien que celas cft 
fait par forcellcrie. L'hiftoirc du 
fleur d'Audiguicr s accorde encore 
à cecy , car il dit que quelque temps 



DES ArmJES. 4(51 

aprcsque Lyfandrc fut gucry cftâc 
allé en voyage, il tomba malade, 
a I extrémité , ôc vomit des miroirs, 
des images de cire, des gamfs, des 
cfcritoircs, & autres chorcsprodi-- 
gieufes, cequieftoitvn témoigna., 
gc quil auoit efté gucry par forccl- 
r^^^^î ^ que comme le diable ne 
fait rien pour rien &enuoye vn mal 
pourvn autre, cette fafcheufe ma- 
ladie ertoitlVfure du bien fait qu il 
auoit rcccu pour auoir cfté fi toll 
guerydefesplayes. Il y adesobfer- 
^MI nations à faire fur ce vomifTemenc 

cftrange,dôtlesRemarquesdudi- 
xicfmeliurederiiiftoirc du Berger 
Extrauagant font quelque men- 
tion, le rcnuoye librement les le- 
(^teursà cet Anti-Roman, carilra- 
porte en beaucoup d endroits des 
chofesqui peuucnt fcruir d'efclair- 
cilfement à tout ce qui eft icy. Par 
exemple , les Remarques du 7^ 

Aa iij 



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40t De Uv-^cvbnt 
Uure parlent de ces deux quadrans 
oii TAlphabct cftoic marque autour 
&c quand Ton mcttoit Tviic des ay- 
guillcsfur vnclçttre lautrcs y mct- 
toit aufli, ce que ceux qui dcfFen- 
dcnt rvngucnc des armes ontra- 
porté pour exemple de rympathie> 
aiiid quclon void dans noftre tcx- 
te.Qiaiitàla puiflaiiccdcs planct- 
tes & des fiiracsda Ciel, le mefmc 
Anti-Romaafaïc voir en beaucoup 
d'endroits les erreurs que Ton a eues 
fur ce fu jet, ce q'.li peut fcruir de C6- 
mcntairepour Tvnguent conftellc 
&: aufli pour les Talifmas. Ceux qui 
ne fçaucnt ce que c'eft de do6trinç 
& d'érudition , prennent Thiftoire 
du Berger Lyfis pourvnc fimplc 
raillerie: mais ceux qui pénètrent 
plus auanc & côfidercnt IcsRemar- 
quentquifont àlafinde chaque li* 
urc, voyent bien que cela cil fait 
pour contenir quantité de fccrcts 



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DES ÂRMEzi 



405 



Philofophiqucs fous dcsjfidions ia~ 
grcablcs. 

Qae l'hiftoircdc la maladie de 
Lyfandrcfoic vraycoufaulTe, cela 
monftrc pourtant l'opinion que 
Ton doit auoir dVnc telle guerifon, 
commcccllequifefait en apUqvut 
de Tvnguent fur vne efpec ou fur 
vn pourpoint. Toutefois plufieurs 
refillcnt à cela, foultcnans qucl'vn- 
guentdcs armes àde véritables ef- 
fets ôc très naturels , furquoy l'on 
allègue Baptifte Porta, qui dit que 
Paracelfe auoit donné de cet vn- 
guent à TEmpercur Maximilian: 
mais comment le fçait-il, & puis 
quand celaferoit, cft*cc à dire que 
cet vngucnt peuft feruir à ce qu'il 
V dit ? Qlu douce qu on ne puiflTe faire 
vnccompofitiondc toutcslcsdro- 
gucs que Paracelfe ordonne ? Tcn 
. excepte rvfncequi eft fort difficile 
.à^rpuùer y mais quand il ri y enau- 

Aa iiij 



404 De Uvngvent 
roic poiac > 1*0 pcraccar peut faire à 
croire qa il y en a. Le principal c'cft 
d'en voir Icxpcricncc, dont l on ne 
reçoit pas de bons tcmoignages. 
Quelques elcrmalns ont voulu 
pourtant montrer que ccb fede- 
uoirvairepar force vl: râlions, 6c il 
s cil efmcu là d -iVr . vue ^.''^offe que- 
relle. 

Goclcnius Auteur AUeman a- 
uoit parlé cccv dans quclquVn 
de fcs liures , 3c Robercus icluiftc 
ne le pouuant foulfi'ir , l'en auoic 
repas dansvn ficn ouungc qu'il 
appcUoit TAnatomie» Gv^clcnius 
otFcncedcGGcy fit pour rerponccvn 
liurc intitule j Syvàrthrojis mâgnm^ 
cUy où il donne des exemples de 
fyîîipathiG 6c de proprictcz dcpicr- 
res qui n ont aucune preuuc pour- 
ce qu il pretcxid , ôc il raportc enco- 
re ce qiie Arnaulddc VUlencuuc 
a die dci-i manière de faire dcsfigu- 



mil 



0\ 

^ 

S' 



DES ArMES.^ 405 

rcs conftcllécs , ce qui n'cfl: aucune- 
ment à propos , quoy que cela tien- 
ne la plus grande partie de fon li- 
ure. Robertus luy a réplique par vn 
liurc qu'il appelle Goclenm , heauto^ 
timorumenos , idefi fetp umexcrucians'y 
ce qu il fait auec les raifons qui pou- 
uoient tomber dans le fuiet. Il rc- 
monftrelà que ParaccUc qui ain- 
uenté IVnguent fympathctique, 
cftôit vn impoftcur qui a mis en 
auant quantité d autres chofes im- 
pertinentes , & que la compagnie 
des frères delà Rofc-croix qui fe di- 
set inuifibles,n cft autre chofe qu v- 

ne congrégation dcfesdifciplcs. Ali 
rcftc il reprend la manière de guérir 
par cet vnguent , & témoigne que 
cela ne fe peut fàirô autrement que 
par forccUenei il dit quefi la forcie- 
' te Canidia eft portée par lair au fab- 
bat s eftant frottée d vn certain vn- 
guerit-,cclan eftpas fi cftrange que 



•il 



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6023/A/l 



4oé De L*vngvent 

lagucrifon que l'on prétend faircj 
dautant que les corps peuucnt 
cftrc portez ea Tait en quelque fa- 
çon-, que les pierres 6c les dards c- 
ftaas icttcz de force s y fouftiennenc 
quelque temps , que les vapeurs s y 
cflcuenc toutes feules , & que les oy- 
feaux y volent aueclcurs aiflcs,mai$ 
dctranfporter les qualirez d'vn va- 
guent à vingt lieues loin iufqu k vue 
playe , c cfl: ce qui n*a aucune appa- 
rence d^eftrc naturel, q' le Ton pour- 
roit dire aufli toft que Goclenius 
ayant allumédufeu dans la ville de 
Marpurg où il demeure peut faire 
bruflcrlapoudrcàcanonde rArfe- 
nac du grand Turc , ou bien qu'a- 
yant faim fans fortir de fa maifon il 
fcpeut raffalTier dts viandes quelo 
porte lur la table du grand Cha de 
Tartarie , & qu ayant vn amy en 
Suéde ou ailleurs qui boit à fa faute 
Sclmuitc àluy faire raifon , tandis 



DES Arme si 407 
qu'il fouffle des fourneaux d'Alchi- 
miftc ou qu'il faic bouillir fon pot 
dVngucnc, il en pourra cftrc cny- 
uré. Il finie par ces railleries que Go- 
clenius n a peu fupporter , tcUc^ 
ment qu'il a fait ladcfTus vn autre 
liure qu'il appelle , Morofoùhia Ro^ 
berti: mais ceneft qu vnerepetitio 
dc cequicftdansle5y;î^rr/pro//. Ce 
qu il y a de particulier, c clt qu'il 
veut prendre Robert pour duppe, 
de ce qu il le tient pour Paracclfifte, 
& s efl: employcà dcfcrier Paracclfc 
penfant luy faire tort. Il déclare 
qu'a ne rccognoid point Paracclfc 
pour Précepteur, que ceftoitvn 
trompeur & vn charlatan,quiauoit 
rendu perclus de tous fcs membres, 
vn Seigneur qui auoit feulement 
mal aupied,& qu il faifoit bien toft 
mourir ceux qui eftoicnt entre fes 
mains. Cette contrepointe eft foi^ 
blejcar à quel fuict mefprifcra cU 



4o6 De LVngvent 
Paracclfc, & pourqiioy n'auoiiera 
ni pas qu il cft de fcs fedateurs , s'il 
detfenci rvngucnt de fympathic 
quçcéthomme àinucnté? Quand 
aux images quArnauld de ViUc- 
neufue enfcienc de faire fous ccrcai- 
nés conftcllations qu cftoit-il be- 
foin de raporrcr parriculicrcmctic 
toùc ce qu'il en dir, puis q>ui les de- 
faprouuc, 6c ics tient pour fuperfti- 
ticufes? llauoit dcfia raporté cela 
dans le Synarthrofis, ce quin*eftoit 
aucuncmcntà propos, àcaufcdcla 
longueur ennuyeufejcarnotcz que 
cela contient trente ou quarante 
fuèillets;ôcneantmoinsillcrapor- 
tc encore tout du long & delà nncf- 
mc forte , n ayant fait que le copier, 
& c cil pour monftrcr a ce qu ildit 
de quelle façon il a dcfia raportc ce- 
la, afin que perfonnc n*y foit trom- 
pé. Cela n'cftoit-il pas fort neccf- 
iairc?Ncpoaaoit-on pasallcrvoir 



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DKs Armes 



407 



m 



4\ 



celadanslepremlcrliurc^Ilfcmblc 
que cesgcns là prennent à tafchc de 

fc faire moquer d'eux. Voyla vnc 
agréable façon de faire dcsliures& 
très ayféa de raporrer nnoc pour 
mot ce qui eft dans les autres : Vn 
Imprirncur peut faire cela fans a- 
uoirbcfoin dVn autheun Au reftc 
que prétend Goclcnius après auoir 
monftiéque la manière de faire des 
images d'Arnauld de Villeneufue 
eft pleine de fupcrftitions ? cft>cc 
pour monftrer que fa guerifon ma- 
gnétique n'cft pas fuperllitieufcM- 
Icrcftneanrmoins, puis quel'on a 
de la fiance en des chofcs qui n ont 
aucun pouuoir, 6c que d'ailleurs il y 
a quelques Auteurs qui tiennent 
que lors que 1 on fait 1 Vnguent 
il faut faire abftinence du ieu de Ve- 
nus. 

le laifle là cet Autheur auquel 
à fuccedé Helinontius qui aprisU 



4IO De L'vngvent 
party contre Robcrrus dam vn li- 
urc qu il appelle, Difpuuuio de ma- 
gne tica vulnemm curattone. C ettuy- cy 
veut parler comme vn homme il- 
lumine, lladreflc vne cpiftreàfon 
Génie duquel il efpere d apprendre 
toutes chofcs, & quand à fon ou- 
uragc il déclare qu'il la entrepris 
fur<e qu il a vcu que Gocleniusa- 
uoit malrcufll à deffcndrevnccaufe 
fi bonne comme ccUedc lynguent 
fympathctique. Il dit la vérité en 
beaucoup de chofcs touchant les 
dcftauxdeGoclcnius: mais encore 
quilfoirplus fubtil& plus métho- 
dique, il n a pas de meilleures rai- 
Ibns. Il raportc les exemples de la 
pierre d aimant , de Theliotrope, du 
vin qui fe trouble quand les vignes 
font en fleur , ôc autres chofes natu- 
relles qu il croid eftrepropres à for- 
tifier fon opinion. Nousauons défia 
vcu que cela nyfert pas de beau- 




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DES Armes 



4ti 



coup; Mais ce qu'il a de particulier 
c'cft qu'il fclaillc emportera des cx- 
trauagancesquc Ton n'auoic point 
encore vcues ailleurs fur cefuiet, II 
raporte qu il fe fait d'autres cures 
magnétiques auffi eftrangcs que 
celle de l'vnguentdcs armes; quc 
(ilon veut guérir l'hydropifieja 
goutte, 6c autres maladies defcfpc- 
récs , il faut prendre du fang du ma- 
lade, & layant enferme dans la co- 
quilled Vn œuf le tenir chaud quel- 
que temps , & l'ayant après meflé 
auec de la chair le donner à m anger 
à vn chien ou à vn pourceau , & que 
la maladie palTcra dans le corps de 
la belle , le malade fe trouuant guc-* 
ry. Ce font des inuentionsdePara- 
celfcjlefqucUcSjilcfl: inutile denous 
raporterpourpreuuc. Ceft vouloir 
prouucr vnechofe incônuc parvne 
autre auffi peu' connue. U n'y apas 
moins d'impoflibilitc à cette cure 



4O9 De Uvngvent 

de rœufqui celle de rvnguent des 

armes. 

Hclmontius raportc après vnc 
chofe fort falle pour exemple du 
magnetifme laquelle il neftpas 
)Ourtant defFcndu de dire icy pour 
rairc voir rimpertinencc de cette 
forte de gcs, & rcfiouyr les ledeurs, 
cette inuention cftant affcz plai- 
fan te d clic mcmc. 1 1 dit que fi quel- 
qu vn a accouftumc de venir chier 
lur vncporce ôc queTonscnvueil- 
le vangcr 5 il ne faut qu'allumer du 
feu fur fcs Gxcremcns lors qu ils font 
encore tous recens, ôc que cepen- 
dant il luy viendra de la galle aux 
fcffcs par vne force magnétique. 
Dites maintenant que cela fc fait 
parlapuilfancedu diable, adiouftc- 
t'il ; il a y a point là de paroles ou 
d'autres cérémonies qui tiennent 
du forcier, non plus qua lagueri- 
fon qui fc fait par 1 vngucut fy mpa- 
thetique. ^ 



»E s Armes; ^j, 
II fait mention encore de quel- 
ques autres chofcs qui à fon dire ont 
de grands effets qui font purement 
naturels, de forte que la cure ma* 
gnctique de IVngucnt des armes 

curpourroitbienre/remblerimais 
1 onn a umais ouy parler que tou- 

tes CCS chofes fc fifTcnt, tellement 
qu elles ne peuucn t fcruir de prcuue. 
cars »l vouloir racfmc nous fes faire 
croire, il faudroit qu'il cherchaft 
d autres preuues & d'autres exem- 
ples pour les fouftenir. Au refte 

quoyqu'ilfoufticnnc que cette cu- 
re ne loit point fuperftitieufe, & 
quelle ne demande ny U foy ny 

1 imagination, fi eft-cc que ny lui 

nyIesautresquienontparl<f,n-onc 
fceu rendre autre raifon du tranf, 

port des vertus magnétiques, que 
U fecours de l'Efprit vniucrfefdu 
Monde, auquc! celuy qui opère fc 

'omdparlcdefir&rimflgin'atjon. 

6b 



414 De Lvngven.t 
D'ailleurs ils vcullcnt quclvrigucnc 
aie eftc com:>ri^éà de certains iours, 
aucc des oofcrtiations qui cftans 
inutiles , la faperfticion en cft cui- 
dence.C*cll en srain qu Hclmontius 
croid encore dcfFcn ire fon vngucc 
parlesloLiangcsquM donne au pre- 
mier mucnceur. L*on fçait quel ho- 
niecftoiccc perfonnage. ' 

Surcequele IcfuifteRobcrcusa- 
uolc die qu'il ne fcroit pas à croire 
qu V n e t cil c puifTance n acurellc que 
celle de IVaguent fympathctiquc 
cull eftéfi long-temps cachée au 
monde , 6c qu cUccuft attendu à fc 
monftrcr à la venue de Paracclfci 
Hclmontius luy demande pour- 
qucy le bien heureux Ignace n cft 
point venu auffi pluftoftau monde 
pour fonder vn ordre fi profitable à 
toutelaChreftienté-, 6c luy dit que 
Dieu qui fait fes prcfcns fans aucune 
contrainte, lesdonnc quandilluy 



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m 



DES Armes 

plaift Toutes les autres fubrilitcz^ 

quilcherchenefernentpourtan 
ncn,pu«qu',ln-eftpjinteuide„c 

qucccttccurcfefalTef&nuWorc 
quilyeurtaurnondedauLXs 
fympathet.ques.ccneftpasàdke 

uc le 1 imaginer. 

des ri ^'""S^ de lVn\uenc 

désarmes, lUn en ont pas tant dit 
de forte que cpIt ^ • 

^Hs^^obrertutJntaer^^^ 

&MofieurGafFarcl après luydan; 
foCur.oficezInoûyesaufeptl4e 

n«^>&defemtlabIestemoigna2es 
«cnousesbranlentpasbeaufouf. 

Poi^rcequieftdeceuxquio^nt 
;a le contre la puiffahce ^reten- 

"fdecetvngucncilyaSenncrtus 

Bbij - 




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De Lvngvent 
dans fon Uurc deChirurgic,& Mat- 
tcus dansvaliurc qui traite de plu- 
fieurs cures diuerfcs. Ils ont parle 
chacun félon leur ftilc 6c leur cf- 
pric,ôc le traite que nous auonsicy 
cft aufli d vnc façon particulière 
aucc des raifonneniens qui ne fe 
trouuentpasdanslesautrcsquifont 
faits fur ce fuict, ôc lay bien voulu 
les nommer tout exprés, afin que 
Ton Icspuft voir & en rem arquer U 
différence. 

O r ce traite dcl' vnguent fympa- 
thccique aeftéiomt àceluy desTa- 
lifmans, parce qu'en eifet cet vn- 
guentdoiteftrevn veritablcTalif- 
ban , puis qu il cft fait fous vnc cer- 
tainc conftcllation^Ôc quelon veut 
quil opère par fympathic fur des 
chofcsdontil cftefloigné,ainfiquc 
ion prétend quelesTalifmansay et 
dupouuoir fur beaucoup de chofcs: 
<^u ils ne touchent poim. D'ailleurs 



t)Es Armes. 41^ 
puis qucMonficurGafFarcl appuyc 
Tes Talifmans de Icxcmplc de la 
cure magnétique de cet vnguent, 
il a eftc à propos d*cn faire des re- 
cherches pour ioindrc aux obferua- 
tiôs qui ont eftc faites fut fon liurc. 

Si l'on veut en fuite cftre cfcl aircy 
déroutes chofcs, il fautconfidcrec 
la puiffanccdcs Aftres dans vn trai- 
<ac particulier, Jf/V7?ro/o^/>, & yoic 
parmcfmc moyen la croyance que 
1 on doit moiï, de la luàiciaire, 6c ca 
fuite il faut chercher qu'elles^ font 
les puiifances^Dr la magie des for-- 
nleges'f Cômeauffi la première par- 
t kje la Science des chofesCcrporelles^ 
donnera beaucoup de connoiiTan^ 
ce en ce qui efl: des principes delà 
nature ; èc la féconde faifant re- 
marquer quelle eft ladion du SoJ 
Icil fur les autres corps, fortifiera 
d autant plus le iugement de ceux 
q^ii fc voudront adonner à la re« 
cherche de lavericc. 



'f- ê- 



Le Lihraire aux Lecteurs, 



Es traidez d'JjlroIogte & de 

\Magie qui font promis icy, 

font auffi prcfts qu cftoient ceux 
que nous auonsdans ce prefcntli- 
urejlorsquc nous auons commence 
de rimprimcr , comme auflifont 
ceux De taflion du Soleil furies autres 
corps .Vie la vraje nature de la lumière^ & 
DesMeteçres^ôc le Hure àcs Exercices 
de vertu y ou des. Exercices Moraux 
(ir mefle:^^ , dont on vous a parlé ail- 
leurs.Ncantmoins Ton ne vous les 
donne point encore , peut-cftrc 
pourcc que ces diucrfitez vouso- 
ileroientrcnuie& le moyen de les 
voir toutes aucc loifiijOU pour d'au- 
tres meilleures raifos, mais nous ne 
pcrdonspas rcfpcranccdclcs auoir 
quelque iour pour en faire part au 



! 



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pubhcrToutcfoisicncfçayfinous 
trauaillcrons déformais par p.cccs 
dcftachecs , & fi 1 on ne trouucra 

pomtplusàproposdcdonncrtoii- 
tclafeconde partie de Ufdcncés cho- 
J" 'oT^'^lesAia^ vne vraye fuite. 



efté 



D:, Tr^iBé dus TxUfm^m. 

t, «c 1.1,. miiou s bol us.p.to I ,7 c„ hr.f „ j 
, " font (uiet„„x incoanais 7,; .■'•'• 

. J 10 r ncl. j ^ 8 cjuandil y cnautoit eu p in 

]$tc^l^ rc/ondRoyd.F/anc;' 

I^cs olfa-uanonsfur les Cunofuc^ In.uyes. 

"^^'"'î ^^^^^^^ Ampoulle pf^g,, 

:-C!i JPigP.j i4. 1.T9. en n prcfcncc 2c r J < tî i 





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Extrait d4 Priuilege (U Roy. 

P \r lettres Patentes da Roy données à Pi- 
ris le 5.ioar d'Ao-iil iS^^Sig^^i^^ Rcnoiurd • 1 
& feellces d i grand fccaii de cire jaaue , il ett 
permis à CS.S. Dsl'in^, de faire imprimer 
par tel Libraire o i Imprimeur qie bon luy 
femblera, VraiBé d(s Tdtfm^ny ft^-c 
0bfcru4tions fur Us Ci*riofitf\ Inouycs 'Vtt 
autre de l'onguent des M^es.&c tous les autres 
TraiajzqiUepend-nt ds la fcienccdes cho- 
fes Corporelles , & detfenfes font faites à tou- 



tes autres psrfonnes de quelque q ^'-^lite 
loient de les 
buer fur les peines 



faire imprimer vendre « 
uuci lui ic> peines y conteniiis pendant le 
temps de diï ans, à compter duiourque cdic 
liurc fera acheié d'im^rim^r, coume il elt 
plus amplement porté par leCditcs lettres de 
Priuilege. 



Etleditfieui'de Hfle a confenty & confent 
que Anchoine de So nmauille , marcnand Li- 
braire , iouy (T. duiit Priuilege pour l imprei- 
fio'n defdits Ttaidcz des Talifmans , Ubicr- 
aatioBs fut les Cariofitcz Inouycs , & rnguwc 
des Armes. 



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