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Full text of "Histoire économique générale des mines de la Loire"

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L.-J.     GRAS 

Secrétaire  général  de  la  Chambre  de  Commerce  de  Saint- Etienne, 

Professeur  d^Economie  industrielle  d  l'Ecole  des  Mines, 

Ancien  Président  de  la   Société  d'Etudes  économiques  de  la  Loire, 

Lauréat  de  l'Ecole  libre  des  Sciences  politiques. 

Diplômé  de  PHcole  des  Hautes  Etudes  Commerciales. 


Histoire 
Economique  Générale 


des 


Mines  de  la  Loire 


TOME     II 


SAINT-ÉTIENNK 

BOGI6TR    ANONYMK    DB     l/lMPUIMBHIB    THÉOLIER 
la,  Kue    Gérenlet,  la 


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CHAPITRE  VIII 


Le  Régime  des  Mines  de  1855  à  1914 


§  I.  —   LE    RÉGIME    DE    L'EXPLOITATION 


'année  1854  vit  la  dissolution  de  la  grande 
Compagnie  des  Mines  de  la  Loire.  La  première 
loi  modifiant  la  loi  de  1810  qui  intervint  depuis 
oette  époque,  fut  promulguée  le  9  mai  1866. 
Cette  loi  concernait  plutôt  la  métallurgie  que 
les  mines.  Elle  affranchissait  les  usines  minéralurgiques  de  la 
tutelle  établie  en  1810  (i).  Eli©  supprimait  également  la  servitude 
créée  au  profit  de  ces  usines  sur  les  minières  et  même  sur  les 
mines  du  voisinage 

La  seconde  loi,  beaucoup  plus  importante,  porte  la  date  du 
27  juillet  1880.  Elle  suivit  l'enquête  parlementaire  de  1874-1875 
sur  rind-ustrie  houillère. 

Le  Comité  des  houillères  de  la  Loire  publia,  à  l'occasion  de 
cette  enquête,  un  long  mémoire  sur  les  modifications  à  apporter 
à  divers  articles  de  la  loi  de  1810  et  à  l'article  10  de  la  loi  de 


(1)  V.  mon  Histoire  de  la  Mélallvrgle  de  la  Loire,  p. 


—  474  — 

1838  (1).  Le  Comité  déclarait  que  «  la  loi  de  1810  était  un  des 
monuments  les  plus  remarquables  que  nous  ait  légués  H 
législation  d'une  grande  époque  et  qu'il  était  seulement  néces- 
saire de  mettre  quelques-uneô  de  ses  dispositions  en  harmonie 
avec  les  progrès  de  l'exploitation  ». 

L'article  7  de  1810  donne  au  concessionnaire  la  propriété 
perpétuelle  de  la  mine,  mais  exige  l'autorisation  préalable  en 
cas  de  partage.  La  Commission  parlementaire  d'enquête,  dont 
le  rapporteur  était  M.  de  Marcère,  proposa  d'exiger  l'autori- 
sation pour  tous  les  modes  de  transmission,  sauf  pour  la 
transmission  par  héritage.  Le  Comité  fit  remarquer  que  le  droit 
de  libre  transmission  découlait  du  droit  de  propriété  et  qu'il 
participait  à  la  même  inviolabilité.  Voter  la  modification  pro- 
posée eût  été  donner  à  la  loi  un  effet  rétroactif. 

Aux  termes  de  rarticle  11,  le  concessionnaire  ne  pouvait, 
sans  'le  consentement  formel  du  propriétaire  de  la  surface, 
faire  des  sondes,  ouvrir  des  puits,  des  galeries,  établir  des 
machines  et  des  magasins,  à  moins  de  100  mètres  des  habi- 
tations, cours,  jardins  ou  clôtures  murés,  ceux-ci  fussent-ils 
d'une  date  postérieure  à  l'acte  de  concession.  Par  suite  du 
resserrement  du  champ  ouvert  à  l'exploitation  et  de  la  mul- 
tiplication de  la  population  établie  sur  le  sol  des  bassins 
houillers,  les  bâtiments  et  les  clôtures  avaient  surg"i  en  grand 
nombre.  En  outre,  l'esprit  de  spéculation  avait  aggravé  cette 
servitude.  L'article  11  était  donc  un  obstacle  aai'  développement 
de  rindustrie  houillère.  Le  Comité  proposait  de  restreindre  la 
zone  d'interdiction  à  dix  mètres  des  maisons  et  de  supprimer 
cette  servitude  à  l'extérieur  des  clôtures,  ou  encore  de  res- 
treindre la  portée  de  l'article  11  aux  habitations  antérieures  à 
la  concession. 

Il  demandait  aussi  de  rapporter  le  décret  de  1852  interdisant 
la  réunion  des  conoessions  sans  l'aoïtorisation  du  Gouvernement. 
Au  sujet  des  articles  43  et  44  de  la  loi  de  1810,  il  demandait 
que  la  loi  autorisât  le  Gouvernement  et  même  les  préfets  à 
déclarer  l'utilité  publique  des  vo^l'es  de  communication  néces- 


(1)  Observations  du  Comiité  des  Houillères  de  la  Loire  relatives  aux 
modifications  à  la  loi  du  Î1  avril'  1810  (et  non  2/  avril  1870,  oomme 
l'indique  par  errenr  le  titre  de  cette  brochure),  imp.  Théolier,  Saint- 
Etienne,  1875, 


—  475  — 

saires  pour  les  approvisionnements  de  la  mine  et  pour  le 
transport  de  ses  produits  La  jurisprudenoo  avait  restreint 
l'application  do  ces  articles  au  périmètre  de  la  concession. 

Enfin,  le  Comité  demandait  l'abrogation  do  l'article  10  de 
la  loi  de  1838,  relatif  au  retrait  de  la  concession  et  à  l'adju- 
dication de  la  'mine  dans  les  cas  prévus  par  l'articlo  49  do  la 
loi  de  1810,  c'est-à-dire  dans  le  cas  où  l'exploitation  est  res- 
treinte ou  suspendue  de  manière  à  inquiéter  les  consommateurs. 
Cet  article  était  une  atteinte  au  droit  de  prop^riété  et  l'article  49 
laissait  toute  latitude  à  l'Administration  et  aux  Tribunaux  pour 
provoquer  ou  prendre  le®  mesures  do  droit  commun  que  com- 
portait la  situation,  voire  même  la  résiliation  du  contrat  de 
concession. 

Un  Comité  de  propriétaires,  composé  do  MM.  E.  Buhot, 
Grubis,  G.  Neyron  do  Saint-Julien,  Palluat  do  Bosset,  Camille 
Thiollièro,  publia  un  mémoiroi  en  sens  contraire  do  celui  du 
Comité  des  houillères  de  la  Loire,  visant  les  modifications  aux 
articles  11,  43  et  44.  Les  concessions,  disaient-ils,  ont  été  ac- 
cordées sous  l'empire  de  la  loi  de  1810.  Modifier  la  loi,  c'est 
modifier  le  contrat  do  concession.  Elle  doit  rester  intangible. 
Ces  articles  n'ont  d'ailleurs  pas  empêché  loa  Sociétés  exploi- 
tantes de  se  développer  dans  une  magnifique  proportion.  Les 
propriétaires  du  sol,  toujours  désireux  de  jouir  en  paix  do  leur 
propriété,  sont  assez  soucieux  de  leurs  intérêts  comme  tré- 
fonciers  pour  no  pas  chercher  à  entraver  ce  développement.  Les 
difficultés  qui  ont  pu  naître  du  fait  de  l'application  de  ces 
articles  ont  été  vidéos  amiabloment  d'après  la  loi  de  l'offre  et 
do  la  demande.  Si  les  embranchoments  demandés  par  les 
Compagnies  sont  réellement  d'intérêt  public,  ces  Sociétés  se 
pourvoiront  pour  obtenir  la  déclaration  d'utilité  publique, 
conformément  à  la  loi  de  1841.  Mais  il  serait  inadmissible  qu'un 
préfet  accordât,  sans  enquête  et  sans  débat,  une  autorisation 
qui  équivaudrait  à  cette  déclaration. 

Entre  les  deux  opinions,  la  Chambro  de  Commerce  de  Saint- 
Etienne  avait  adopté  un  moyen  terme  (i).  Elle  proposait  de 
limiter  à  20  mètres  la  zone  d'interdiction  prévue  par  l'article 
11  pour  les  clôtures  murées,  et  de  permettre  à  l'exploitant 
d'établir,  entre  20  et  100  mètres,   dos  paiits,  des  galeries  ou 


(1)  V.  llisioire  de  la  ChdmUrc  de  Commerce,  p   204. 


—  476  - 

magasins,  en  payant  des  dommages-intérêts  au  propriétaire  du 
sol.  Pour  les  habitations,  l'article  11  de  1810  serait  resté  sans 
changement. 

Au  sujet  de®  articles  43  et  44,  la  Chambre  de  Commerce 
proposait  de  déclarer  d'utilité  publique  toute  voie  de  communi- 
cation destinée  à  relier  un  siège  d'exploitation  aux  routes, 
canaux  ou  chemins  de  fer  déjà  existants. 

La  loi  fut  promulguée  le  27  juillet  1880.  Elle  eut  pour  rap- 
porteur M.  Brossard,  député  de  la  Loire.  Un  projet  de  loi 
général,  déposé  en  1877,  avait  été  retiré  parle  Gouvernement. 

La  loi  de  1880  n'a  pas  modifié  l'article  7  (l'autorisation  préa- 
lable pour  les  mutations  ou  amodiations  n'est  exigée  que  depuis 
la  loi  du  13  juillet  1911,  art.  138).  Egalement,  l'article  10  de  la 
loi  de  1838  est  resté  sans  changement.  Mais  les  artJioles  11,  43 
et  44  et  d'autres  articles  (23,  26,  42,  50,  70,  81,  82)  de  1810  ont 
été  plus  ou  moins  remaniés. 

Au  sujet  de  l'article  11,  la  loi  de  1880  a  réduit  la  zone  de 
protection  de  100  à  50  mètres  à  p-artir  des  habitations  et  des 
terrains  compris  dans  les  clôtures  murées  y  attenantes,  mais 
l'interdiction  ne  s'applique  plus  qu'aux  puits  ou  galeries.  Pour 
les  magasins,  machines  et  ateliers  et  pour  les  sondages,  il  n'y  a 
pas  de  zone  d'interdiction  au  delà  des  clôtures  murées,  cours 
et  jardins.  Le  consentement  des  propriétaires  peut  d'ailleurs 
leveir  les  défenses  dans  un  cas  comme  dans  l'autre. 

Le  décret  de  1852  sur  les  réunions  de  concessions  n'a  pas  été 
rapporté. 

Les  articles  43  et  44  de  1810  ont  été  profondément  modifiés. 
Sur  oe  point,  les  demandes  des  représentants  des  houillères 
ont  reçu  satisfaction,  car  le  législateur  a  créé,  au  nom  de 
l'intérêt  publia,  une  véritable  servitude  sur  la  propriété  du  sol 
au  profitl  de  la  propriété  minière,  servitude  qui  avait  été  seu- 
lement indiquée  imipilicitement  dans  l'ancienne  rédaction.  Dans 
le  périmètre  de  la  concession,  un  simple  arrêté  préfectoral, 
pris  après  que  les  propriétaires  ont  été  inviltés  à  présenter  leurs 
observations,  peut  autoriser  le  concessionnaire  à  occuper  les 
terrains  pour  l'exploitation  de  la  mine,  le  lavage  des  com- 
bustibles, l'établissement  des  routes  ou  celui  des  chemins  de 
fer  ne  modifiant  pas  le  relief  du  sol.  Si  le  relief  du  sol  se  trouve 
modifié  ou  si  les  voies  de  communication  doivent  être  exécutées 
en  dehors  du  périmètre  de  la  concession,  l'utilité  publique  doit 


-  477  - 

être  déclarée  par  décret  en  Conseil  d'Etat  et,  dans  co  cas,  ces 
voies  de  communication  peuvent  être  affectées  à  Fusage  public. 
Les  canaux  sont  explicitement  compris  dans  les  voies,  dont  il 
s'agit.  Leur  établissement,  en  effet,  modifie  toujours  le  relief 
du  sol.  La  même  procédure  est  prévue  pour  la  déclaration 
d'utilité  publique  des  travaux  de  secours  (puits  ou  galeries 
d'aérage  et  d'écoulement  des  eaux)  à  exécuter  en  .dehors  du 
périmètre  de  la  concession.  La  loi  de  1841  sur  les  expro- 
priations trouve  ici  son  application  pour  la  dépossession  des 
terrains  et  pour  les  indemnités.  Il  faut  d'ailleurs  se  reporter 
au  texte  des  nouveaux  articles  et  aux  commentaires  de  la 
doctrine  et  de  la  jurisprudence  pour  apprécier  la  portée  exacte 
de  la  loi  de  1880  et  la  procédure  qu'elle  a  établie. 

Depuis  la  loi  de  1880,  la  loi  du  23  juillet  1907  a  modifié 
l'article  50,  déjà  modifié  en  1880.  Cet  article  est  spécial  au 
pouvoir  de  surveillance  du  préfet  quant  aux  travaux  d'exploi- 
tation proprement  dits  (texte  de  1810),  quant  aux  travaux  de 
recherche  et  d'exploitation  (texte  de  1880)  et  dans  le  but  d'as- 
surer la  sûreté  des  exploitations,  aussi  bien  que  celle  des 
ouvriers,  aiinsi  que  la  sécurité  du  sol  et  des  habitants,  et 
(addition  de  1880)  la  conservation  des  voies  de  communication, 
des  eaux  minérales,  et  celle  des  sources  qui  alimentent  les 
agglomérations.  La  loi  de  1907  a  ajouté  «  l'hygiène  »  à  la 
«  sûreté  »  des  ouvriers  mineurs.  Je  cite  plus  loin  les  arrêtés 
pris  depuis  1854  par  le  Préfet  de  la  Loire. 

Enfin,  la  loi  de  finances  du  13  juillet  1911,  art.  138,  a  subor- 
donné les  mutations  de  propriétés  et  les  amodiations  de 
concessions  minières,  par  actes  entre  vifs,  à  l'autorisation  par 
décret  rendu  sur  avis  conforme  du  Conseil  d'Etat.  L'avis 
conforme  de  cette  haute  Assemblée,  préalablement  à  la  signa- 
ture d'un  décret,  constitue  une  exception  très  rare  dans  le  Droit 
administratif.  Les  avis  du  Conseil  d'P]tat,  en  effet,  sont  consul- 
tatifs et  non  impératifs^  la  décision  appartenant  au  Pouvoir 
qui  a  la  responsabilité,  c'est-à-dire  au  Gouvernement. 

Sans  parler  des  propositions  émanant  de  l'initiative  parle 
mentaire,    souvent    incohérentes,    des   ^irojcts   de    loi    ont   été 
déposés  par  le  Couverncment  en   188G  (projet  Haïliaut)  et  en 


-  478  — 

1894  (projet  Jonnart),  tendant  à  codifier  et  à  refondre  la  légis- 
lation des  mimes.  Un  autre  projet  a  été  déposé  en  1901  pour 
modifier  quelques  points  particuliers.  Enfin,  un  nooiiveau  projet 
général  a  été  présenté  en  1908  (projet  Barthou)  et  repris  en  1910 
(projet  Mille rand),  au  début  de  la  législature.  Aucun  de  ces 
projets  n'a  pu  aboutir,  jusqu'à  la  loi  du  9  septembre  1919. 

Des  décrets  sont  intervenus  depuis  1854  pour  l'application 
des  dispositions  législatives,  notamment  le  décret  du  25  sep- 
tembre 1882,  modifiant  l'ordonnance  de  1843  pour  l'exécution 
de  l'article  50  de  la  loi  de  1810.  Les  circulaires  ministérielles 
sont  innombrables  (i).  Beaucoup  plus  importants  sont  les  deux 
textes  suivants  :  1°  le  règlement  d'administration  publique 
du  14  janvier  1909  sur  l'exploitation  des  mines,  qui  renferme 
dix-neuf  articles  et  qui  a  abrogé  les  ordonnances  de  1842  et 
1843,  ainsi  que  le  décret  de  1882  ;  2°  le  règlement  d'adminis- 
tration publique  du  13  août  1911,  en  deux  cent  trente-trois 
articles  (un  véritable  code)  sur  l'exploitation  des  mines  de 
combustibles  (2).  Le  premier  règlement  est  contresigné  par 
M.  Barthou,  le  second  par  M.  A.ugagneur.  Le  règlement  de  1911 
n'a  pas  abrogé  celui  de  1909.  Il  ne  peut  entrer  dans  le  cadre 
de  cet  ouvrage  d'analyser  ou  de  reproduire  ces  règlements. 

Les  arrêtés  ou  règlements  locaux  pris  par  le  Préfet  de  la 
Loire  depuis  1854  peuvent  être  consultés  dans  le  Recueil  des 
Actes  admiri^'stratifs  de  la  Préfecture.  En  voici  l'énuimération  : 

1°  Arrêté  du  14  juillet  1858,  en  trois  articles,  ordonnant  que, 
dans  tous  les  puits  ou  l'emploi  du  guidage  et  des  cages  porte- 
wagons  est  adopté,  la  recette  supérieure  sera  disposée  de  façon 
à  ce  que  le  rond  du  puits  ne  soit  accessible  aux  receveurs  que 
du  côté  et  au  moment  oii  la  cage  se  trouve  au  niveau  de  la 
recette   ; 

2°  Arrêté  du  31  mars  1863,  en  treize  articles,  modifiant  les 
dimensions  des  bennes  employées  à  la  descente  et  à  la  sortie 
des  ouvriers.  Ces  bennes,  de  forme  cylindrique  ou  un  peu 
bombée,  devaient  avoir  de  0  m.  85  à  0  m.  95  de  hauteur  et 


(1)  Voir  leur  nomenclature  dans  le  Recueil  annoté  de  Législation 
minérale,  de  M.  Michel. 

(2j  Un  règlement  général  pour  l'exploitation  des  mines  autres  que 
les  mines  de  combustibles  a  été  promulgué  le  20  janvier  1914  [Journal 
Officiel,  30  janvier). 


-  479  — 

0  m.  80  à  0  m.  90  de  diamètre.  Elles  devaient  recevoir  deux 
hommes  au  moins  et  quatre  hO'mm.es  au  plus,  avoir  une  vitesse 
maximum  de  1  m.  20  à  1  m.  50  par  seconde,  être  miunies  d'un 
chapeau  en  tôle  placé  à  1  m.  20  ou  i  m.  50  du  bord  supérieur 
pour  protéger  les  ouvriers  contre  la  chute  des  matériaux,  enfin 
être  suspendues  par  quatre  chaînes  en  fer  de  premier  choix 
se  réunissant  à  un  même  anneau.  Ces  dispositions  ne  s'appli- 
quaient qu'aux  puits  non  guidés  ; 

3°  Arrêté  du  26  février  1880,  en  quatre  articles,  sur  les 
mesures  de  sûreté  concernant  les  écuries  souterraines,  inter- 
disant notamment  réclairage  à  feu  ; 

4*^  L'arrêté  du  28  janvier  1895  sur  l'emploi  des  explosifs  dans 
les  mines  et  les  carrières  à  remblais  ;  cet  arrêté  ne  figure  pas 
au  Recueil  des  Actes  administratifs  ; 

5°  L'arrêté  du  1"  septembre  1895,  en  cinquante  et  un  articles, 
portant  règlement  sur  les  mines  à  grisou  , 

6°  L'arrêté  du  15  mars  1899,  en  soixante-deux  articles,  portant 
règlement  sur  la  police  des  mines  ; 

7°  L'arrêté  du  15  janvier  J909,  modifiant  les  articles  3,  43, 
46,  51  et  58  du  règlement  précédent  et  les  articles  2,  3,  6,  7, 
11  et  20  du  règlement  du  28  janvier  1895  sur  l'emploi  des 
explosifs  dans  les  mines  et  les  carrières  à  remblais,  les  articles 
35  à  42  du  règlement  sur  les  mines  à  grisou  ; 

8°  L'arrêté  du  23  mars  1912  portant  délégation  à  l'ingénieur 
en  chef  des  mines  pour  accorder  les  dérogations  ou  prendre  les 
décisions  prévues  par  les  articles  8,  9,  21,  23,  42,  54,  58,  67, 
182,  193,  216  du  règlement  général  du  13  août  1911  (en  vertu 
de  l'article  230  de  ce  règlement). 

TouiS  ces  arrêtés  (à  l'exception  du  dernier)  ont  été  abrogés 
par  le  règlement  général  du  13  août  1911. 


Nous  venons  d'esquisser  les  modifications  au  régime  des 
mines  intervenues  depuis  1854,  date  de  la  dissolution  de  la 
grande  Compagnie  de  la  Loire.  Comment  ce  régime  fut-il 
appliqué  depuis  cette  date  ? 

Une  concession  —  la  dernière  du  bassin  houiller  de  la 
Loire  —  fut  accordée  en  1856  :  la  concession  de  Comberigol,  à 


-  480  — 

l'est  cb  la  concession  de  Saint-Chamond,  à  l'ouest  de  celle  de 
la  Faverge,  au  nord  des  concessions  du  Plat-dc-Gier  et  de  la 
Péronnière.  C'était  la  dernière  parcelle  libre  du  terrain  houiller 
à  la  suite  de  la  limitation  de  l'ancienne  concession  de  Saint- 
Chamond  et  de  la  délivrance  des  trois  concessions  susnommées. 

Le  décret  du  30  avril  1856  accorda  la  concession  de  Gombe- 
rigol  au  sieur  Terret,  représentant  de  la  Compagnie  des 
Fonderies  et  Forges  de  la  Loire  et  de  l'Isère,  aux  sieurs 
Dumont,  Magdinier,  Albert,  Fonthieure  (P.-C),  Lafay, 
Bouircier,  Jaboulay,  et  à  M"'^  Pochin,  veuve  de  F.  Fonthieure. 
Le  tarif  des  redevances,  très  inférieur  pour  les  mêmes  pro- 
fondeurs au  tarif  des  concessions  de  la  Faverge  et  du  Plat-de- 
Giier  (1),  est  dégressif  jusqu'à  1.000  mètres.  Au-delà  de  1.000 
mètres,  il  varie  de  1/15. OOœ'  pour  les  couches  de  moins  de 
0  m..  50,  à  l/2.50œ«  pour  les  couches  de  2  mètres  et  au-dessus. 
Ge  tarif  est  applicable  nonobstant  les  stipulations  contraires 
résultant  de  conventions  antérieures. 

Pour  exposer  l'application  du  régime  minier,  il  faudrait 
passer  en  revue  toute  la  jurisprudence  minérale,  travail  for- 
midable qui  a  été  tenté  et  a  donné  lieu  à  de  savantes  publi- 
cations, notamment  au  livre  de  MM.  Bréchignac  et  Michel, 
qui  remonte  à  1887.  Nous  ne  citerons  que  quelques  cas  isolés, 
plutôt  historiques  que  juridiques  et  se  rapportant  à  l'existence 
civile  des  concessions. 

Une  concession,  comme  toute  propriété,  mais  sous  réserve 
de  l'application  des  règles  spéciales  du  droit  minier,  peut  être 
transmise,  louée  ou  amodiée,  expropriée,  licitée,  hypothéquée, 
partagée,  réunie  à  d'autres  concessions.  Elle  est  susceptible 
d'usufruit.  Son  périmètre  peut  être  réduit  oui  augmenté.  La 
concession  enfin  peut  être  révoquée. 

La  transmission  d'une  concession  par  aliénation  entre  vifs, 
par  testament  ou  succession,  n'était  soumise  à  aucune  règle 
spéciale  en  dehors  des  prescriptions  du  droit  civil,  jusqu'à  la 


(1)  Exemple  :  A  ciel  ouvert,  pour  les  couches  de  2  mètres,  le  tarif 
de  Comberigol  prévoit  une  redevance  de  1/12«  ;  de  300  à  350  m.,  une 
redevance  de  1/60®  ;  pour  les  concessions  de  la  Faverge  et  du  Plat-de- 
G'ier,  la  redevance  respective  est  die  1/4  et  de  1/20®,  c'est-à-dire  trois  fois 
supérieure  à  la  précédente.  Toutefois,  cette  proportion  n'est  pas  absolue 
pour  toutes  les  profondeurs  et  suivant  la  puissance  des  couches. 


—  481  — 

loi  du  13  juillet  1911,  art.  138,  qui  a  subordonné  les  mutations 
entre  vifs  à  l'autorisation  du  Gouvernement.  Les  acquisitions 
des  propriétés  par  succession  ou  par  donation  testamentaire  ne 
donnent  pas  lieu  à  l'application  de  cette  disposition  (i). 

Les  transmissions  de  concessions  ou  de  droits  de  propriété 
sur  les  concessions  ont  été  infiniment  nombreuses.  Je  n'ai  eu 
ni  les  moyens,  ni  la  prétention  d'en  dresser  un  tableau, 
indiquant  les  propriétaires  successifs  des  soixante-quatre  con- 
cessions de  la  Loire,  propriétaires  qui  avaient  changé 
fréquemment  lors  de  la  consb^tution  de  la  grande  Compagnie. 
Si,  ^n  général,  les  Sociétés  par  actions  qui  existaient  au 
moment  ou  par  suite  de  la  dissolution  de  cette  Compagnie  ont 
conservé  les  concessions  qu'elles  exploitaient,  des  modifications 
les  concernant  sont  intervenues.  D'autres  Sociétés  ou  d'autres 
concessionnaires  ont  disparu  et  ont  été  remplaxiés.  On  trou- 
vera quelques  renseignements  historiques  à  ce  sujet  aux 
chapitres  de  la  SUimtion  générale  des  Mines  depuis  1854,  les 
modifications  importantes  se  rattachant  très  souvent  à  la 
marche  générale  de  l'industrie  houillère.  Mais  là  encore  nous 
n'aurons  pas  la  prétention  de  faire  œuvre  complète,  faute 
d'éléments  suffisants  et  aussi  parce  que  nous  écrivons  une 
histoire  générale  des  mines  de  la  Loire,  et  non  une  histoire 
spéciale  de  chacune  des  mines  du  bassin. 

Depuis  la  loi  de  1911,  je  citerai,  comme  application  de  cette 
loi,  le  décret  du  14  septembre  1913  autorisant  la  mutation  de 
propriété  de  la  concession  de  la  Montagne^du-Feu,  dans  le 
territoire  de  Rive-de-Gier,  cédée  par  M.  Viliemagne  à 
M.  Graûé  p).  Un  décret  du  4  février  1914  a  autorisé  l'acqui- 
sition, par  la  Société  des  Mines  de  la  Haute-Cappe,  des 
oonoesôions  du  Ban-Lafaverge,  de  la  Cappe  et  de  Corbeyre  (^). 
Un  décret  du  14  juillet  1920  a  autorisé  la  cession  de  la  con- 
cession de  la  F^omme  à  la  Société  des  charbonnages  de  Saint- 
Jean,  et  un  autre  décret  la  cession  de  la  concession  de  la 
Porchère  aux  Verreries  Mesmer,  à  Andrézieux  (J.  0.  19  et  20 
janvier  1921). 


(1)  Circulaire  min.istérielle,  21  février  1912  {Annales  des  Mines). 

(2)  Journal  Officiel,  20  septembre  1913. 

(3)  lhi<l.,   11  février  1914. 


—  482  - 

La  location  ou  amodiation  d'une  conoession  offre  ce  carac- 
tère partiouilier  que  le  charbon  extrait  par  l'amodiataire  est 
un  produit  non  renouvelable  de  la  propriété.  Dès  lors,  il  n'y 
a  pas  en  réalité  contrat  de  louage,  mais  contrat  de  vente 
mobilière.  En  amodiant,  le  concessionnaire  ne  peut  altérer 
l'indivisibilité  de  la  conoession.  Sauf  son  recours  contre  l'amo- 
diataire, le  concessionnaire  reste  personnellement  obligé,  vis- 
à-vis  des  tiers,  des  charges  de  la  concession  et  par  conséquent 
doii  paiement  des  redevances  tréfoncières,  des  dégradations 
commises  à  la  surface  du  sol,  des  indemnités  d'occupation,  de 
l'épuisement  des  eaux. 

Les  amodiations  ont  été  très  nombreuses.  En  1913,  dans  le 
bassin  de  la  Loire,  on  ne  comptait  pas  moins  de  dix  con- 
cessions exploitées  par  des  Compagnies  ou  personnes  autres 
que  les  concessionnaires.  A  titre  d'exemple,  la  loi  de  1911  a 
reçu  son  application  par  les  autorisations  concernant  les  mines 
de  Couloux  (amodiation  par  M.  Antoine  Paret  à  MM.  Hercelm 
et  Graùé,  décret  du.  14  septembre  1913),  et  la  concession  de  la 
Montagne-du-Feu  (amodiation  à  MM.  François  Fournat  et 
Dumortier,  décret  du  15  mars  1920). 

Une  mine  peut  être  expropriée  sur  saisie  des  créanciers.  Le 
cas  s'est  présenté,  notamment  le  13  mai  1911,  où  la  concession 
de  la  Montagne-du-Feu,  saisie  au  préjudice  des  consorts  Pater, 
a  été  vendue  par  expropriation  forcée  (i). 

Pour  rexpropriation  pour  cause  d'utilité  publique,  il  faut 
également  sc'  reporter  au  droit  commun. 

Une  mine  peut  être  licitée,  c'est-à-dire  vendue  en  justice  ou 
à  l'amiable  pour  faire  cesser  l'indivision  entre  propriétaires. 
Mais  l'indivisibilité  de  la  mine  exige  que  la  lioitation  se  fasse 
en  un  seul  lot.  On  a  cité  des  cas  de  licitation  en  justice  (^).  Le 
plus  célèbre  est  sans  contredit  celui  de  la  licitation  de  la  con- 
cession de  Beaubrun,  en  1893.  Par  suite  des  traités  sous  seing 
privé  conclus  en  1824  entre  les  premiers  concessionnaires  (et  ce 
cas  fut  plutôt  général  qu'isolé  pour  l'ensemble  des  concessions), 
trois  champs  d'exploitation  distincts  s'étaient  formés  dans  cette 
concession.  En  1845,  deux  de  ces  exploitations  furent  acquises 


(1)  Mémorial  de  la  Loire,  16  avril  1911. 

(2)  Bréchignac  et  Michel,  p.  101. 


—  483  — 

par  la  Compagnie  des  mines  de  la  Loire.  En  1847,  MM.  D...  et 
consorts,  qui  n'avaient  pas  sans  doiuite  estimé  suffisantes  les  pro- 
positions faites  pour  entrer  dans  la  fusion,  trouvèrent  à  propos 
de  modifier  l'attitude  qu'ils  avaient  gardée  jusque-là.  Ils  re- 
nièrent les  conventions  d&  1824  et  en  demandèrent  la  résolution 
en  justice,  en  invoquant  la  loi  de  1810,  qiuii  interdit  la  division  des 
concessions.  Finalement,  un  arrêt  de  la  Cour  de  Besançon 
(14  juillet  1853)  prononça  l'illégalité  et  la  nullité  des  actes  sous 
seing  privé  de  1824.  Les  droits  de  MM.  D...  et  consorts  furent 
déclarés  proportionnels  à  l'étendaie  que  leur  réserve  occupait 
dans  le  périmètre  de  la  concession,  soit  38  %. 

En  1889,  la  Compagnie  de  la  Loire,  successeur  de  la  grande 
Compagnie  du  même  nom,  demanda  la  licitation  de  la  mine 
de  Beaubrun  pour  faire  cesser  l'état  d'indivision.  La  Cour 
d'appel  de  Lyon  lui  donna  gain  de  cause.  Le  l*""  juin  1893,  cette 
Compagnie  fut  déclarée  adjud'icataire  de  la  concession  au  prix 
total  de  10.100.000  francs.  La  Compagnie  n'avait  à  tenir  compte 
aux  dissidents  que  des  38  centièmes  de  oettei  somme  (i). 

La  mine,  propriété  distincte  de  celle  de  la  surface  du  sol, 
peut  être  hypothéquée  comme  une  propriété  ordinaire.  Elle 
est  susceptible  d'usufruit.  La  loi  de  1810  (art.  7)  interdit  le 
partage  de  la  concession  sans  auitorisation  du  Gouvernement. 
On  a  cité  des  cas  de  partage  et  les  décisions  intervenues  à  ce 
sujet.  Quelques-uns  se  rapportent  à  des  amodiations  par- 
tielles (2).  Enfin,  depuis  le  décret  de  1852,  la  jiéunion  .des 
concessions  est  interdite  sans  autorisation.  A  titre  d'exemple, 
un  décret  du  17  juin  1873  a  autorisé  la  Société  des  Houillères 
de  Saint-Etienne  à  réunir  la  concession  du  Grand-Ronzy  à  ses 
autres  concessions.  Le  décret  de  septembre  1913,  autorisant 
l'amodiation  de  la  mine  de  Couloux  et  la  cession  de  la  mine 
de  la  Montagne-du-Feu,  a  autorisé  également  la  réunion  entre 
les  mains  de  MM.  Hercelin  et  Oraiié  des  concessions  ci-dessus. 

En  1898,  la  Société  des  Houillères  de  Saint-Etienne  a  présenté 
une  demande  tendant  à  fusionner  les  diverses  concessions  lui 


(1)  Leseure,  p.  144  et  230  ;  v.  le  Mémorial  de  la  Loire  des  2G  et  20  mal, 
19  juin  1«91  ;  7  mal  et  11  Juin  1893.  La  sentence  d'adjudication  (impri- 
merie Théolier,  18931^  forme  une  brochure  de  180  pages. 

(2)  V.  niirnnfiNAc  o\  Miciiki.,  p.  10Î)  ol  suivantes. 


-  484  - 

appartenant.  Le  groupement  conserve  à  chacune  d'elles  sa  per- 
sonnalité juridique  et  ses  charges  spéciales.  La  fusion,  au  con- 
traire, aurait  permis  de  rendre  l'exploitation  plus  complète  et 
plus  économique  (i).  La  fusion  n'a  pas  été-  autorisée. 

Le  périmètre  de  la  concession  peut  être  réduit.  Cette  question 
se  lie  à  celle  de  la  renonciation  à  la  concession,  car  la  réduction 
du  périmètre  est  une  renonciation  à  une  parcelle  de  la  con- 
cession. Dans  un  cas  comme  dans  l'autre,  il  faut  qu'il  y  ait 
accord  entre  le  Gouvememetnt  et  le  concessionnaire,  qui,  lorsque 
la  renonciation  est  acceptée,  est  libéré)  die  ses  charges  et  privé 
de  ses  droits  sur  la  parcelle  supprimée.  Les  créanciers  peuvent 
intervenir  pour  empêcher  cette  renonciation.  A  titre  d'exemple, 
un  décret  du  24  juillet  1913  a  réduit  le  périmètre  de  la  con- 
cession de  Rocherla-Molière  à  4.641  hectares,  au  lieu  de  5.856  (2). 

L'extension  du  périmètre  ne  peut  se  faire  sans  la  délivrance 
d'une  nouvelle  concession  ou  sans  une  réunion  autorisée  de 
plusieurs  conoessiions.  Tout  autre  est  la  question  de  l'extension 
du  périmètre  exploitable.  Les  cahiers  des  charges  ont  imposé, 
dans  de  nombreux  cas,  l'interdiction  d'exploiter  sous  les  agglo- 
mérations d'habitants,  sous  les  canaux,  voies  ferrées,  etc..., 
sauf  autorisation  spéciale.  Un  exemple  récent  est  dans  toutes 
les  mémoires.  Malgré  les  protestations  des  propriétaires  du  sol, 
la  Compagnie  des  mines  de  Villebœuf  a  été  autorisée  par  arrêté 
préfectoral  (2  février  1911)  à  étendre  son  exploitation  sous  la 
ville  de  Saint-Etienne,  dans  la  région  de  Chavanelle  et  de 
Villebœuf,  à  la  condition  d'employer  le  remblayage  hydrau- 
lique et  de  créer  une  caisse  spéciale  destinée  à  payer  les  indem- 
nités pour  les  dommages.  Cette  Compagnie  était  en  instance, 
en  1914,  pour  obtenir  une  nouvelle  extension  de  son  périmètre 
d'exploitation  (3). 

Au  sujet  des  dommages  et  principalement  des  dégâts  à  la 
surface,  qui  donnent  lieu  à  tant  de  procès  et  qui  constituent  une 
si  lourde  charge  pour  les  exploitants  des  mines  de  la  Loire, 


(1)  V.  Leseure,  p.  271. 

(2)  Journal  Officiel,  31  juillet  1913. 

(3)  V.  le  texte  de  l'arrêté  de  1911  dans  le  Mémorial  de  la  Loire  du 
12  février  1911.  V.  le  Bulletin  municipal  de  la  Ville  de  Saint-Etienne, 
29  août  1913. 


—  485  — 

il  est  bon  de  rappeler  que  le  Comité  des  Houillères  de  ce 
bassin  a  pris  l'initiative  de  suivre  dans  toutes  les  juridictions 
un  procès  célèbre  (procès  Prat)  pour  arriver  à  faire  décider 
par  la  Cour  de  Cassation  que  les  concessionnaires  n'étaient 
tenus  de  payer  qu'à  leur  valeur  simple  les  terrains  dégradés 
par  les  travaux  des  mines  et  que  seuls  les  terraans  occupés  pour 
les  besoins  de  l'exploitation  devaient  être  payés  au  double  de 
leur  valeur  (i). 

Il  est  arrivé  que  les  travaux  d'un  concessionnaire  empiétaient 
sur  la  concession  voisine.  Il  y  a  là  Violation  de  propriété,  com- 
mise de  bonne  ou  de  mauvaise  foi  et  donnant  lieu  à  une 
réparation  (et  en  outre  à  une  sanction  pénale  en  cas  de  mauvaise 
foi).  Comme  exemple  historique,  on  peut  citer  l'empiétement 
de  l'ancienne  Société  des  Mines  de  Montaud  sur  le  périmètre 
de  la  Compagnie  des  Houillères  de  SaintrEtienne.  Le  compte 
rendu  des  procès  a  défrayé  la  chronique  locale  (2). 

Enfin,  une  concession  j>eut  être  retirée  ou  révoquée,  ou,  si 
l'on  préfère,  le  concessionnaire  peut  être  déchu  de  ses  droits. 
La  mine  est  'une  propriété  d'un  genre  spécial,  dont  le  conces- 
sionnaire ne  reçoit  la  propriété  que  sous  certames  conditions  : 
celles  de  se  conformer  à  la  loi  et  au  cahier  des  charges  de  la 
concession.  La  iloi  de  1810  (art.  49  et  50)  laissait  vaguement  en- 
trevoir la  sanction  de  la  déchéance  dans  les  cas  où  l'exploi- 
tation était  restreinte-  ou  suspendue  de  manière  à  inquiéter  la 
sûreté  publique  ou  les  besoins  de  la  consommation,  ou  encore 
si  les  travaux  de  recherche  et  d'exploitation  compromettaient 
la  sûreté  publique,  la  conservation  des  puits,  la  solidité  des 
travaux,  la  sûreté  des  ouvriers  mineurs  oui  celle  des  habitations. 
La  loi  de  1838,  relative  à  l'assèchement  et  à  l'exploitation  des 
mines  (art  6,  9,  10  ;  ce  dernier  article  renvo*ie  à  l'article  49  de 
1810),  a  formellement  édicté  la  déchéance  contre  les  conces- 
sionnaires récalcitrants.  Le  retrait  de  la  concession  entraîne 
une  nouvelle  adjudication. 


(1)  Notice  du  Comité  des  Houillères  de  la  Loire  à  l*occasion  de  VExpo- 
sition  de  Saint -Louis,  1f}04  (rôle,  travaux  et  exposition  du  Comité), 
p.  56. 

(2)  V.  le  Mémorial  de  la  Loire  des  14  février  18H4.  28  mai  et  11  juin 
1893. 


—  486  - 
§  2.  —  LE   RÉGIME  TRÉFONCIER 


Les  redevances  iréfoncières,  qui  pèsent  si  lourdement  sur 
l'exploitation  des  mines  de  la  Loire  et  dont  l'élaboration  du 
tarif  légal  a  été  si  laborieuse  (v.  p.  235),  ont  fourni  matière  à 
d'innombrables  contestatiions.  Par  suite  des  transmissions  par 
successions  ou  autres,  elles  se  sont  émieitées  sur  un  très 
grand  nombre  de  personnes,  voire  même  sur  des  personnes 
morales  (villes,  hospices)  ou  encore  sur  des  ouvriers  mineurs 
blessés  (legs  Sajuzéa).  Certains  concessionnaires  ont  cédé  leurs 
droits  aux  Compagnies,  moyennant  des  redevances  spéciales, 
souvent  plus  lourdes  que  les  autres  redevances. 

Aucune  disposition  législative  n'est  venue  modifier  cette  partie 
dui  régime  minier.  Aucun  texte  précis  n'autorise  le  concession- 
naire à  racheter  les  redevances  contre  la  volonté  du  redevancier, 
ni  ne  fixe  les  bases  de  ce  rachat.  Mais  le  projet  Baïhaut  de 
1886,  comme  le  projet  Jonnart  de  1894,  prévoyaient  le  rachat 
des  redevances  au  gré  dut  concessionnaire,  pour  débarrasser 
celui-ci  «  d'une  intervention  éventuelle  gênante^  des  pi*oprié- 
taires  superficiaires  ».  A  défaut  d'entente  amiable  sur  le  capital 
représentatif  du  droit  aux  redevances  proportionnelles,  l'éva- 
luation devait  être  fixée  par  le  Conseil  de  Préfecture  (projet 
Baïhaut)  ou  par  le  Tribunal  (projet  Jonnart).  Cette  disposition 
fut  combattue  par  les  consedils  ou  repirésentants  des  tréfonciers. 
Ils  firent  valoir,  notamment,  que  la  faculté  du  rachat  consti- 
tuerait pour  rexploitant  un  privilège  exorbitant,  préjudiciable 
au  droit  du  redevancier.  L  article  17  de  la  Déclaration  des 
Droits  deil'Homme  :  «  La  propriété  est  inviolable  et  sacrée...  », 
servit  à  démontrer  que  ces  deux  projets  admettaient  l'expro- 
priation des  redevances,  non  pour  nécessité  publique,  mais 
pour  raison  d'intéirêt  privé,  les  Compagnies  restant  libres  de 
racheter  ou  de  ne  pas  racheter.  La  loi,  ajoutaient-iils,  ne  peut 
avoir  une  effet  rétroactif,  les  redevances  sont  des  indemnités 
d'expropriation  et  plus  que  tous  autres  les  règlements  d'expro- 
priation  sont  irrévocables,  etc.,  etc..  (l). 


(1)  V.  dans  ce  sens  un  mémoire  imprimé  (Urbain  Balay,  St-Etienne, 
1895)  de  M«  Mazodier,  avocat  à  Saint-Etienne,  et  l'adhésion  à  ce  mémoire 
de  M««  MORNARD  et  Roger-Marvaise,  avocat  et  ancien  avocat  au  Conseil 
d'Etat  et  à  la  Cour  de  Cassation. 


—  487  — 

J'ignore  si  le  Comité  dies  Houillères  de  France  et  le  Comité 
des  Houillères  de  la  Loire  prirent  position,  à  œtte  époque,  sur 
ce  point  spécial  des  deux  projets  de  loi  précités.  Mais  la 
question  soulevée  par  l'initiative  gouvernementale  remettait  en 
discussion  toute  la  théorie  juridique  et  historique  de  la  pro- 
priété des  mines  et  'le  caractère  d'utJité  publique  de  la 
législation  minérale.  On  comprendra  que  nous  ne>  pouvons,  ni 
ne  voulons  réinstituer  le  débat. 

Toutefois  il  n'était  pas  juste  d'écrire,  comme  on  la  fait,  que, 
par  suite  de  la  profondeur  chaque  jour  croissante  de  l'extraction, 
la  charge  de  ia  redevance  est  devenue  mànime  et  presque  in- 
sensible, car  dans  le  plus  grand  nombrei  des  actes  de  concession 
le  taux  de  la  redevance  est  invariable  pour  l'extraction  à  des 
profondeurs  supérieures  à  300  mètres.  L'exploitation  coûteuse 
à  de  grandes  profondeurs  est  taxée  comme  l 'exploitation  à 
300  mètres.  Une  charge  moyenne  de  0  fr.  50  à  0  fr.  70  par 
tonne,  du  fait  des  redevances,  grevait  le  prix  de  revient  en 
1863  (1).  En  1914,  il  fallait  compter  1  franc  par  tonne  (2).  Cette 
charge  est  très  lourde. 

Les  projets  de  loi  de  1908  et  de  1910  n'ont  pas  reiproduit  la 
disposition  proposée  en  1886  et  1894.  Un  de  leurs  articles  sti- 
pulait que  les  redevances  tréfonoières  dues  en  vertu,  des  actes 
de  concession  étaient  maintenues  dans  leurs  règles  et  teneur. 

Un  fait  historique  à  signaler  est  la  constitution  de  la  Société 
civile  des  Tréfonds,  étudiée  dès  1875  par  M.  Alexandre  Saignol, 
ancien  élève  de  l'Ecole  polytechnique.  J'emprunte  à  une  notice 
sur  la  Société,  publiée  en  1906,  les  renseignements  qui  suivent  : 

La  formation  de  la  Société  exigeait,  avant  tout,  une  évaluation 
comparative  des  tréfonds  à  mettre  en  Société,  afin  de  distribuer,  au 
prorata  des  valeurs  apportées,  les  actions  ou  parts  de  la  nouvelle 
Société  à  créer.  Pressé  par  ses  clients,  M.  Saignol  se  mit  à  l'œuvre, 
et,  après  de  nombreuses  réunions  des  intéressés,  réunions  qui  se 
succédèrent  pendant  plus  d'une  année,  en  1881  et  1882,  chaque 
question  étant  étudiée  à  son  tour  dans  des  mémoires  imprimés  et 
5oumi.se  ainsi  aux  réflexions  des  intéressés,  une  méthode  d'évalua- 
tion comparée  approximative  fut  proposée  et  adoptée,  avec  l'appro- 
bation  d'ingénieurs   faisant  partie  de   l'Assemblée.    Bien   entendu, 


(1)  BullHin  (Le  L'Industrie  Minérale,  !«  série,  t.  IX,  p.  386. 

(2)  Pour  la  Société  dos  Mines  de  la  Loire  {Uapp.  sur  les  Mines  et  la 
MéMllurgie  à  VExpusitian  de  Lyon  en  1914,  p.  91). 


—  488  — 

cette  méthode  ne  tenait  compte  que  de  ce  qui  restait  à  exploiter 
dans  chaque  tréfonds,  et  de  l'époque  probahle  d'exploitation,  et 
non  de  ce  qui  avait  déjà  été  extrait  et  payé. 

Dans  le  courant  du  mois  de  juin  1883,  aidés  des  conseils  de 
M«  Testenoire-Lafayette,  notaire  honoraire,  le  plus  grand  nombre 
des  principaux  intéressés  appelés  tombèrent  d'accord,  malgré  les 
incertitudes  forcées  de  l'évaluation  comparative,  qui  n'avait  que 
la  valeur  d'un  renseignement,  et  constituèrent  la  Société  de  Tré- 
fonds par  acte  reçu  M^«  Grubis  et  Testenoire-Lafayette,  notaires,  les 
26  et  30  juin  1883. 

Le  noyau  était  formé,  et  formé  dans  des  conditions  telles  que  la 
Société  se  suffisait  sans  avoir  besoin  de  compter  sur  de  nouvelles 
adjonctions  ;  car  elle  possédait,  pour  16.418  parts  ou  actions  créées, 
des  produits  annuels  de  plus  de  300.000  francs. 

Mais  les  adjonctions  étaient  à  prévoir,  et,  en  effet,  il  s'en  pro- 
duisit. Depuis  qu'elle  fonctionne,  la  Société  a  créé  4.135  actions  de 
plus,  ce  qui  fait  qu'elle  en  compte  aujourd'hui  (en  1906)  20.553,  avec 
un  produit  ayant  permis  une  distribution  de  21  fr.  50  par  action  en 
1905.  De  plus,  avec  ses  réserves,  elle  a  déjà  acheté  de  nombreux 
tréfonds. 

La  Société  a  pris  la  forme  d'une  Sociélé  civile. 

Elle  ne  comporte  aucun  appel  de  fonds,  ni  à  l'origine,  ni  à  aucun 
moment.  Son  objet  est  simplement  de  percevoir  des  redevances  et 
de  les  répartir  entre  les  associés.  D'après  les  statuts,  si  l'on  acquiert 
des  tréfonds  contre  argent  comptant,  on  les  paie  avec  les  réserves, 
et  on  ne  peut  faire  des  dettes. 

Si  l'on  s'annexe  de  nouveaux  tréfonds  contre  création  d'actions 
nouvelles,  les  produits  annuels,  augmentés  du  produit  des  tréfonds 
annexés,  se  distribuent  entre  un  plus  grand  nombre  de  parts  ou 
actions...,  et  si  les  tréfonds  acquis  ou  adjoints,  aussi  bien  que  les 
tréfonds  primitifs,  donnent  moins,  les  membres  de  la  Société  ne 
peuvent  être  exposés  qu'à  recevoir  moins  annuellement. 

Le  Conseil  d'administration  a  le  droit  et  le  devoir  d'acheter,  au 
moyen  de  réservas  dont  le  minimum  est  fixé  à  5  %  par  an,  les 
tréfonds  qui  peuvent  être  à  vendre  contre  argent  comptant. 

L'Assemblée  générale,  sur  proposition  dû  Conseil,  a  le  droit  et 
le  devoir  de  créer  des  parts  nouvelles  à  remettre  à  de  grands  pro- 
priétaires tréfonciers  qui  désirent  faire  partie  de  la  Société,  en 
échange  de  l'apport  de  leurs  droits  de  tréfonds. 

L'administration,  par  un  Conseil  et  par  les  Assemblées  générales, 
y  est  réglée  comme  dans  toutes  les  autres  Sociétés  :  chaque  membre 
présent  aux  assemidées  a  autant  de  voix  qu'il  possède  d'actions  ; 
toutefois,  nul  ns  peut  réunir  plus  de  trois  cents  voix. 

Le  nombre  des  parts  de  la  Société  est  actueillement  de  22.000. 


—  489  — 

Les  dividendes  se  paient  trimestriellement,  h' Annuaire  des 
Agents  de  change  de  Lyon  indique  le  dividende  distribué 
depuis  1883  (24  fr.  par  an  de  1910  à  1913,  30  fr.  en  1918).  Cours 
moyen  en  1919  :  490  fr. 

On  a  dit  qu'il  y  avait  ià  une  mobilisation  de  la  propriété 
tréfoncière,  qui,  par  elle-même,  n'a  pas  une  valeur  marchande 
ou  courante,  puisque  le  produit  de  chaque  tréfonds  est  irré- 
gulier et  incertain,  sa  quotité  et  l'époque  de  sa  prestation 
dépendant  de  l'exploatation  (i). 

La  hausse  fantastique  des  prix  des  charbons,  depuis  la  guerre, 
a  amené  une  hausse  correspondante  des  redevances,  sorte  de 
rente  de  la  terre  pour  employer  l'expression  des  économistes  qui 
ont  discuté  la  théorie  de  Ricardo. 


§  IH.  -  LE    RÉGIME    COMMERCIAL 


Jusqu'à  la  loi  du  9  septembre  1919,  l'exploitation  des  mines 
n'était  pas  considérée  comme  un  commerce  (art.  32  de  la  loi 
de  1810).  II  en  était  tout  autrement  pour  les  actes  de  trans- 
formation des  produits  de  la  mine,  c'est-à-dire  pour  la  fabri- 
cation du  coke  et  des  agglomérés. 

Par  voie  de  conséquence,  toutes  les  Sociétés  exploitantes 
étaient  dos  Sociétés  civiles  avant  la  loi  de  1893.  La  doctrine, 
aussi  bien  que  la  jurisprudence,  ont  longuement  commenté  ces 
points  importants  du  droit  mimer. 

Ces  Sociétés  ne  pouvaient  être  déclarées  en  faillite.  Elles 
pouvaient  seulement  tomber  en  état  de  déconfiture  (2). 

L'exploitation  des  mines  échappant  à  la  compétence  des 
Tribunaux  de  Commerce,  on  ne  s'esl  jamais  préoccupé,  à  Saint- 
Etienne,  de  faire  figurer  un  exploitant  an  tableau  des  membres 


(1)  V.  laj  notice fîitée  (p.  482),  \k  brochure  de  M.  Leblanc  (p.W)  et  le  Mémo- 
rial de  la  Loire  <^u  25  mai  1888.  —  M.  Alexandre  Saipnol,  administrateur- 
directeur,  né  h  Saint-Etienne,  le  26  février  1834,  est  mort  dans  cette  ville 
le  3  janvier  1906.  Il  a  été  remplacé  par  son  gendre.  M.  Rey-Herme, 
itif^énieur  des  Arts  et  Manufactures. 

(2)  Le  Mémorial  de  la  Loire  du  3  novembre  1856  annonçait  que  le 
Tribunal  de  Commerce  de  Paris,  par  jugement  du  17  octobre,  avait 
relervé  de  sa  faillite  la  .Société  des  Mines  de  VUlebœuf.  II  y  avait  une 
erreur  juridique  dans   l'expression  employée. 


—  490  — 

de  ce  Tribunal,  bien  que,  comme  demandeur,  un  exploitant 
polisse  actionner  un  commerçant  devant  cette  juridiction  et  être 
actionné  lui-même  devant  elle  pour  des  actes  étrangers  à  l'ex- 
ploitation. Ici  se  posait  une  question  d'électorat  et  d'éligibilité, 
qui  fut  résolue  surtouft  à  propos  des  élections  à  la  Chambre  de 
Commerce  de  Saint-Etienne. 

Une  Chambre  consultative  des  Arts  et  Manufactures  avait 
été  créée  à  Saint-Etienne  en  18Q4.  Nuil  ne  pouvait  en  faire  partie 
s'il  n'était  ou  n'avait  été  au  moins  pendant  cinq  ans  manufac- 
turier, fabricant,  directeur  de  fabrique. 

Une  ordonnance  diui  16  juin  1832,  applicable  aux  Chambres 
de  Commerce  et  Consultatives,  décida  que  nul  ne  serait  nommé 
s'id  n'avait  exercé  le  commerce  ou  une  industrie  manufacturière 
pendant  cinq  ans  au  moins.  Auouin  exploitant  ne  figura  à  la 
Chambre  Consultative  de  SaintrEtienne,  supprimée  en  1 832  'et 
remplacée  par  la  Chambre  de  Commerce.  Mais  à  cette  dernière 
Compagnie  on  nomma,  en  1840,  M.Wéry,  directeur  des  mines  de 
la  Chazotte,  en  1843  M.  Vachier,  exploitant  de  Côte^Thiollière, 
en  1846  M.  de  Rochetaillée,  propriétaire  et  exploitant  du  Cros. 
Les  procès-verbaux  d'élection  mentionnent  que  ces  deux 
derniers  membres  réunlissaient  les  qualités  requises  pouir  être 
élus  ;  les  élections  ayant  paru  régulières,  le  Ministre  les 
approuva  (l). 

L'arrêté  du  19  juin  1848  ilimitait  aux  commerçants  patentés 
depuis  un  an  le  droit  à  l'électorat  et  à  l'éligibilité,  à  l'exclusion 
des  faillis  non  réhabilités  et  des  commerçants  ayant  subi  une 
condamnation  à  la  probité  et  aux  moeurs.  M.  de  Rochetaillée 
fut  réélu  sous  cette  législation. 

Le  décret  du  30  août  1852  limita  l'éligibilité  à  ceux  qui 
exerçaient  ou  qui  avaient  exercé  un  commercei  ou  une  industrie 
manufacturière.  M.  de  Rochetaillée  fut  encore  réélu  et  ses 
collègues  le  nommèrent  président  de  la  Chambre  de  Commerce, 
parce  qu'il  était  un  des  rares  exploitants  non  inféodés  à  la 
grande  Compagnie.  Il  fut  le  présiident  de  protestation  contre 
le  trust  des  houillères.  Cette  fois,  le  Ministre'  annula  l'élection 


(1)  M,  de  Rochetaillée  est  porté  comme  propriétaire  et  exploitant  de 
mines  sur  le  procès-verbal  d'élection.  L'indication  de  la  profession 
n'existe  pas  pour  les  deux  autres  membres,  ni  pour  ceux  qui  furent 
réélus  en  même  temps  qu'eux. 


—  491  — 

(18  mars  1853).  L'exploitation  des  mines,  disait-il,  n'est  pas 
considérée  par  la  loi  comme  un  commerce.  En  vain,  M.  de 
Rochetaililée  prétend  que  la  redevance  proportionnelle  lui  tient 
lieu  de  patente  : 

Ce  raisonnement  est  réfuté  par  l'article  32  de  la  loi  de  1810 
ci-dessus  énondé,  qui  ne  laisse  aucune  place  à  l'interprétation,  et 
par  Tarticle  34  de  la  même  loi,  qui  assigne  un  tout  autre  caractère 
et  une  formelle  destination  au  produit  annuel  de  la  redevance 
proportionnelle  ;  le  premier  moyen  n'a  donc  aucun  fondement. 

Le  second  est  plus  spécieux  :  le  candidat  élu  affirme  avoir  payé 
une  patente,  comme  fabricant  de  co'ke,  en  1846,  et,  de  ce  fait,  il 
tire  la  conclusion  qu'il  doit  être  rangé  dans  la  catégorie  des  anciens 
négociants,  qui  peuvent  concourir  jusqu'à  concurrence  d'un  tiers 
à  la  formation  des  Chambres  de  Commerce,  en  vertu  du  para- 
graphe 2  de  l'article  4  du  décret  du  30  août  1852. 

En  admettant  comme  certain  ce  qu'affirme  M.  de  Rochetaillée  et 
dont  la  preuve  n'est  point  établie  au  dossier,  il  n'en  n'aurait  pas 
davantage  la  qualité  d'ancien  négociant,  nécessaire  pour  valider 
son  élection.  La  patente,  en  effet,  est  un  impôt  prélevé  sur  le  revenu 
de  certaines  professions  ;  elle  est  impuissante  à  donner  par  elle 
seule  le  caractère  de  commercialité  à  certains  actes  et  la  qualité  de 
commerçants  à  certains  individus.  Ce  qui  constitue  lé  commerçant, 
c'est  l'habitude  des  actes  de  commerce  et,  sans  vouloir  examiner  ici 
la  question  de  savoir  si  la  carbonisation  de  la  houille  ou  la  fabri- 
cation du  coke  de  la  part  d'un  exploitant  de  mines  ne  doit  pas  être 
considérée  comme  un  simple  accessoire  de  l'exploitation  houillère, 
toujours  paraît-il  évident  que  M.  de  Rochetaillée  ne  peut  être  pris 
pour  ancien  négociant,  par  cela  seul  qu'il  aurait  payé  un  droit  de 
patente  en  1846.  Cette  circonstance  accidentelle,  passagère,  dont 
les  causes  ne  sont  point  rapportées  et  dont  la  durée  a  été  si  courte, 
exclut  précisément  l'habitude  des  actes  de  commerce  qui,  seule, 
rat'onnellement  et  logiquement  peut  constituer  le  commerçant. 

M.  dei  Rochetaillée  s'adressa  au  Conseil  d'Etat  et  la  décision 
ministérielle  fut  annulée  pour  les  motifs  suivants  : 

Considérant  que,  si  aux  termes  de  l'article  32  de  la  loi  du  21  avril 
1810,  la  qualité  de  concessionnaire  de  mines  ne  donne  pas  par  elle 
la  qualité  de  commerçant,  il  est  établi  par  l'instruction,  et  non 
dénié  par  notre  Ministre  de  l'Intérieur,  de  l'Agriculture  et  du 
Commerce,  que  le  sieur  de  Rochetaillée,  déjà  plusieurs  fois  élu 
membre  et  président  de  la  Chambre  de  Commerce  de  Saint-Etienne, 
se  livre,  à  raison  de  l'exploitation  de  ses  mines,  à  de  nombreuses 
opérations  de  banque  et  de  change  ; 

Qu'il  comparaît,  soit  comme  défendeur,  soit  comme  demandeur, 
devant  le  Tribunal  de  Commerce  : 


—  492  — 

Que  sa  signature  est  admise  avec  celle  des  autres  négociants 
au  Comptoir  d'Escompte  de  Saint-Etienne  et  à  la  succursale  de  la 
Banque  de  France  dans  la  dite  ville,  et  qu'en  raison  de  ces  circons- 
tances il  remplit  les  conditions  d'aptitude  exigées  par  l'article  4  du 
décret  du  30  août  1852... 

La  décision  du  Conseil  d'Etat  fut  enregistrée,  suivant  'la  lé- 
gislation en  viguieur,  dans  un  décret  de  l'Empereur  du  22 
août  1853. 

M.  doRochetaillée  mourut  le  19  janvier  1857.  Depuis  cette  date 
jusqu'en  1872,  les  mines  ne  furent  pas  représentées  à  la  Chambre 
de  Commerce.  En  1863  (25  novembre),  cette  Compagnie,  recon- 
naissant l'opportunité  qu'il  y  aurait  d'admettre  les  Directeurs 
de  mines  dans  son  sein,  nomma  une  Commission  pour  de- 
mander de  modifier  la  législation  de  1810  dans  ses  conséquences 
électorales.  Cependant,  on  vivait  toujours  souis  le  régime  légis- 
latif où  M.  de  Rochetaillée  avait  été  élu.  Je  ne  vois  pas  le 
rapport  qui  fut  déposé. 

Aux  élections  de  1869,  une  réclamation  fut  formuilée  tendant 
à  faire  écarter  de  la  Chambre  un  directeur  de  Société  métal- 
lurgique anonyme  (M.  Verdie,  à  Firminy).  Le  Ministre  appro>uva 
néanmoins  cette  nomination,  <(  parce  que  les  directeiurs  des 
Sociétés  dont  s'agit  sont  pour  la  plupart  d'anciens  négociants 
ayant  transformé  leur  maison  en  Société  anonyme  et  possédant 
à  un  très  fort  degré  les  qualités  des  négociants  ». 

Enfin,  le  décret  du  22  janvier  1872  résolut  la  question  en 
déclarant  que  les  «  directeiMs  de  Sociétés  anonymes  de  com- 
merce, de  finance  ou  d'industrie  »  pouvaient  être  inscrits  sur 
la  liste  électorale  et  étaient  éligibles.  Depuis  ce  moment,  les 
mines  ont  toujours  été  représentées  à  la  Chambre  de  Commerce. 
La  loi  du  19  février  1908,  qui  a  remplacé  le  décret  de  1872, 
déclare,  par  application  de  ila  loi  du  8  décembre  1883,  ces 
directeurs  électeurs  et  éligibles.  Il  est  à  remarquer  que  la  loi 
de  1883  constitue  la  charte  électorade  des  Tribunaux  de  Com- 
merce et  que  le  décret  de  1872  ne  faisait  qu'appliquer  aux 
Chambres  de  Commerce  les  dispositions  du  Code  de  Commerce 
alors  en  vignieur  pour  ces  Tribunaux  (l). 


(1)  L'exploitation  des  mines  étant  réputée   aujourd'hui  acte  de  com- 
merce, ces  questions  n'ont  plus  qu'un  intérêt  historique. 


—  493  — 

Ce  qui  s'e.st  produit  pour  la  Chambre  de  Commerce  s'est 
produit  également  pour  les  Conseils  de  Prud'hommes.  Un 
décret  du  12  octobre  1854,  en  augmentant  le  nombre  des 
membres  du  Conseiil  de  Saint-Chamond,  comprit  l'exploitation 
des  mines  parmi  les  industries  relevant  de  cette  juridiction. 
Or  il  fut  juge  qu'un  Conseil  de  Prud'hommes  était  incom- 
pétent pour  statuer  sur  la  demande  d'un  ouvrier  mineur  contre 
un  concessionnaire  de  miines,  bien  que  le  décret  d'institution 
ait  compris  l'exploitation  des  mines  parmi  les  industries 
appelées  à  concourir  à  l'élection.  Le  droit  du  Gouvernement  de 
désigner  ces  industries  ne  pouvait  modifier  les  attributions 
légales  des  Conseils  de  Prud'hommes  (i). 

L'imposition  à  la  patente  était  la  condition  nécessaire  pour 
être  électeur  et  éligible  dans  la  section  patronale  de  la  Prud'- 
homiie.  En  outre,  les  Tribunaux  de  Commerce  étaient  juges 
d'appel  des  Prud'hommes  jusqu'en  1905. 

Un  auteur,  qui  fit  autorité  dans  la  juridiction  prud'homale, 
estimait  que  la  décision  susvisée  du  Tribunal  de  Douai  cessait 
d'être  applicable  s'il  s'agissait  d'une  exploitation  de  mines 
ayant  acquis  le  caractère  commercial,  soit  en  se  livrant  à  des 
opérations  commerciales,  soit  en  revêtant  la  forme  commer- 
ciale P). 

En  fait,  des  exploitants  de  mines  fiurent  élus  au  Conseil  de 
Saint-Chamond.  M.  Boudiinhon,  directeur  de  la  Compagnie  des 
mines  de  ce  nom,  y  siégea  de  1868  à  1875,  M.  Ract-Madoux  en 
1862-1868.  Un  ouvrier  mineur,  M.  Furminieux,  y  siégeait  en 
1858  (•'^),  ainsi  qu'un  gouverneur  de  mines,  M.  Grangicr 
Antoine,  en  1865-1872,  et  un  autre  ouvrier  minetuir,  M.  Joanny 
François,  en  1858-1865.  Des  renseignements  qui  m'ont  été  com- 
muniqués par  M.  Héthenod,  ancien  président  de  ce  Conseil,  il 
résulte  qu'à  deux  ou  trois  reprises,  dans  la  période  de  1880-1900, 
des  ouvriers  mineurs  vinrent  en  conciliation  avec  leur  ingénieur- 
directeuir  devant  oe  Tribunal. 


(1)  Tribunal  de  Douai,  8  Janvier  1869. 

(2)  Sahrazin  :  Code  pratique  des  Prud'hoînmes,  1885. 

(3)  Procès-verbaux  des  élections  (Archives  départementales).  Dans 
VAnnuaire  de  la  Loire  de  1858,  M.  Furminieux  est  indiqué  ouvrier 
forgeur. 


—  494  — 

Depuis  la  loi  du  15  juillet  1905,  les  Tribunaux  civils  ont 
remplacé  îles  Tribunaux  de  Commerce  comme  juridiction 
d'appel  de  la  Prud'homie.  La  loi  du  27  mars  1907  a  décidé  que 
la  compétence  des  Gonseiils  de  Prud'hommes  pouvait  être 
étendue  à  toutes  les  professions  commerciales  ou  industrielles. 
Des  décrets  de  réorganisation  ont  étéi  pris  en  conséquence.  Les 
représentants  des  mines,  comme  ceux  des  ouvriers  mineaiirs, 
siègent  aujourd'hui  dans  les  assemblées  prud'homales,  tandis 
qu'auparavant  ils  n'y  isiégeaient  qu'exceptionnellement  et,  à 
notre  avis,  illégalement. 


En  1867,  après  le  vote  de  la  loi  sur  les  Sociétés  anonymes, 
le  Gouvernement  ouvrit  une  enquête  sur  les  Sociétés  de  mines. 
J'ai  publié  le  rapport  qui  fut  adopté  par  la  Chambre  de  Com- 
merce de  Saint-Etienne  (i).  Les  mines  n'étaient  pas  alors 
représentées  à  la  Chambre.  Celle-ci  demandait  que  la  liberté 
la  plus  grande  fût  laissée  aux  Sociétés  dont  il  s'agit  pour  se 
constituer  en  Sociétés  civiles  ou  commerciales. 

Six  Sociétés  de  la  Loire  avaient  revêtu  la  forme  anonyme  : 
Houillères  de  Saint-Etienne,  Mines  de  la  Loire,  Houillères  de 
Montrambert  et  de  la  Béraudière,  Mines  de  la  Chazotte,  Mines 
de  Saint-Chamond,  Houillères  de  Rive-de^Gier.  Elles  n'en 
étaient  pas  moins  des  Sociétés  civiles. 

La  loi  du  1*'  août  1893,  qui  modifia  l'article  68  de  la  loi  de 
1867,  décida,  trente  ans  après  l'enquête  précitée,  que,  «  quel  qiuie 
soit  leur  objet,  les  Sociétés  en  commandite  ou  anonymes  qui 
seront  constituées  dans  les  formes  du  Code  de  Commerce  ou 
de  la  présente  loi,  seront  commerciales  et  soumises  aux  lois 
et  usages  du  commerce  ». 

Ces  Sociétés  sont  donc  soumises  aux  lois  commerciales,  elles 
peuvent  être  mises  en  faillite  ou  en  /liquidation  judiciaire  ; 
elles  doivent  tenir  les  livres  prescrits  pour  les  commerçants,  et 
les  contestations  entre  associés  sont  àa  ressort  des  Tribunaux 
de  Commerce. 


(1)  V.  Histoire  de  la  Chambre  de  Commerce  de  Saint-Etienne,  p.  287. 


—  495  — 

Mais  le  législateur  ne  s'était  pas  occupé  du  caractère  des  actes 
de  ces  Sociétés.  Les  actes  d'exploitation  conservaient  donc, 
jusqu'à  la  loi  du  9  septembre  1919,  le  caractère  civil,  et  en 
semblable  matière  les  faits  avaient  une  influence  majeure  pour 
formuler  une  appréciation  (i). 

D'ailleurs,  la  loi  de  1893  n'avait  statué  que  pour  l'avenir.  Elle 
avait  établi  des  dispositions  transitoires  p>our  permettre  aux 
Sociétés  civiles  constituées  à  ce  moment,  soûls  la  forme  com- 
merciale ou  sous  une  autre  forme,  de  se  transformer  en  Sociétés 
commerciales  (art.  7). 

Cette  transformation  fut  opérée  dans  plusieurs  Sociétés  de 
la  Loire.  VAnrmmi.re  des  Agents  de  chcmge  de  Lyon  pour  1914- 
1920  fournit  les  renseignements  ci-après  sur  les  Sociétés  dont 
les  actions  sont  cotées  à  la  Bourse  de  Lyon  : 

Houillères  de  Monttamhert  et  de  la  Béraiidière.  —  Aucune  modi- 
fication, jusqu'en  1920,  à  l'acte  de  1854  résultant  du  fractionnement 
de  l'ancienne  grande  Compagnie  de  la  Loire  ;  le  capital  social  est 
divisé  en  80.000  actions,  représentant  chacune  l/80.000«  de  l'actif 
social.  Cette  Société,  par  conséquent,  était  restée  une  Société  civiie. 
Un  décret  du  25  décembre  1920  l'a  autorisée  à  se  transformer  en 
Société  libre.  Siège  social  à  Lyon. 

Houillères  de  Bive-de-Gier.  —  Cette  Société,  qui  résulte  également 
du  fractionnement  de  1854,  a  été  transformée  en  1898  en  Société 
anonyme,  dans  les  termes  des  lois  des  24  juillet  1867  et  l*»"  août  1893 
(décret  du  31  juillet  1902).  Elle  est  devenue  par  conséquent  une 
Société  commerciale.  Capital  social  2.665.000  francs,  représenté  par 
26.650  actions.  Siège  social  à  Lyon.  (Le  Tribunal  de  Commerce  de 
Lyon  a  déclaré,  le  6  septembre  1911,  la  liquidation  judiciaire  de 
cette  Compagnie.) 

Houillères  de  Saint-Etienne.  —  Résulte  également  du  fractionne- 
ment de  1854.  Transformée  en  Société  anonyme  libre  (commerciaje^ 
en  1896  (décret  du  10  mars).  Capital  social  8  millions,  divisé  en 
80000  actions.  Siège  social  à  Lyon. 

Mines  de  la  Haute-Cajyp^e.  —  Constituée  en  1905,  capital  social 
1.250.000  francs,  divisé  en  2.500  actions.  Siège  social  à  Paris. 
Société  commerciale. 

Mines  de  la  Loire.  —  Société  qui  résulte  du  fractionnement  de 
1854.  Transformée  en  Société  anonyme  libre  (commerciale),  en  1894 
(décret  du  24  août).  Capital  8  millions,  divisé  en  80.000  actions  (2). 
Siège  social  à  Paris. 


(1)  nevue  (le  Législation  des  Minea,  1897.  p.  193  (De  la  commerciali- 
sation des  Sociétés  par  actions  ayant  un  objet  civil,  par  Ch.  Lyon-Caen). 

(2)  Le  capital  a  (>.\6  pryri6  h  ir»  millions  en  1920. 


-  496  — 

Mines  de  la  Péronnière.  —  Ancienne  Société  civile,  constituée  en 
1822,  transformée  en  Société  anonyme  en  1887,  statuts  plusieurs  fois 
modifiés  (1889  à  1910).  Capital  social  ramené  en  1898  à  1.560.000  fr., 
divisé  en  15.600  actions.  En  1910,  le  capital  a  été  remboursé  et  les 
actions  sont  devenues  des  actions  de  jouissance.  Sièg'e  social  à 
Lyon.  Société  civile  (je  ne  vois  pas  le  décret  de  transformation). 

Mines  de  Ro)che-la-MoUère  et  Firminy.  —  Constituée  en  1895,  par 
la  transformation  de  l'ancienne  Société  civile  constituée  en  1869, 
qui  faisait  suite  à  la  première  Société  de  1820.  Capital  social 
3.600.000  francs,  divisé  en  36.000  actions.  Une  modification  iflti'por- 
tante  a  été  opérée,  en  1920,  dans  la  constitution  financière  de  la 
Société  (1).  Siège  social  à  Lyon.  Société  commerciale. 

Mines  de  Villebœuf.  —  Transformée  de  Société  en  commandite 
par  actions  en  Société  anonyme,  en  1840.  Statuts  modifiés  de  1904 
à  1913.  Capital  composé  de  4.000  actions  ordinaires,  de  500  francs, 
et  de  1.900  actions  de  priorité  de  500  francs,  libérées  d'un  quart,  et 
productives  d'un  intérêt  cumulatif  de  5  %.  Siège  social  à  Saint- 
Etienne.  Société  civile. 

Les  Sociétés  œmmerciales  faisant  principalement  des  actes 
civils  (c'était  le  cas  des  Sociétés  créée®  ou  transformée®  depuis 
1893)  ressemblaient  à  des  commerçants  qpui  ne  feraient  pas  ou 
ne  feraient  qu*accessoi rement  des  actes  de  commerce.  A  pre- 
mière vue,  il  y  avait  là  une  anomalie  ou,  si  l'on  préfère,  une 
chinoiserie.  Qu'on  sei  rappelle  cependant  les  difficultés  d'ordre 
pratique  et  juridique  soulevées  par  la  liquidation  de  certaines 
Sociétés  civiles,  comme  en  fait  foi  le  rapport  précité  de  la 
Chambre  de  Commerce.  Qu'on  oppose  ces  difficultés  à  la  lé- 
gislation claire  et  précise  des  Sociétés  commerciales.  Qu'on 
se  rappelle  surtout  qu'avant  la  loi  de  1893  les  Sociétés  pour 
la  construction  des  canaux  étaient  considérées  comme  des 
Sociétés  civiles  et  que  cei  fut  pour  ce  motif  que  la  Hqui dation 
fut  prononcée.  C'est  d'ailleurs  ce  cas  particulier  qui  fit  com- 
pléter la  législation. 

Il  va  sans  dire  que  les  Tribiunaux  de  Commerce  ont,  à 
plusieurs  reprises,  fait  application  de  la  loi  de  1893  aux  Sociétés 
de  mines.  J'ai  cité  la  liquidation  judiciaire  de  la  Compagnie 
des  Houillères  de  Rive-de-Gier,  déclarée  en  1911,  compagnie 
qui  connut  jadis  tant  de  jours  heureux.  La  liquidation  a  été 
amenée  par  l'épuisement  du  bassin  de  Rive-de-Gier.  Le  fait 
déterminant  fut  le  salivant  : 


(1)  Le  capital  a  été  porté  à  18  millions. 


—  497  — 

Un  procès  intenté  par  la  Compagnie  de  la  Péronnière  avait 
été  perdu  par  la  Compagnie  de  Rive-de-Gier,  qud  avait  interjeté 
appel.  La  Cour  de  Lyon  ayant  confirmé  le  jugement  de  pre- 
mière instance,  il  en  résultait  pour  Rive-de-Gier  l'obligation 
immédiate  de  verser  une  somme  de  50.000  francs  environ,  et, 
pour  l'avenir,  une  charge  annuelle  d'exploitation  de  21.000  fr. 
C'est  à  la  suite  de  cette  décision  que  le  Conseil  décida  de 
demander  la  mise  en  liquidation  j^uidiciaire.  Cette  mesure  fut 
vivement  attaquée  à  l'Assemblée  par  un  groupe  d'actionnaires, 
qui  prétendaient  qu'une  solution  meilleure  aurait  pu  être 
adoptée.  Mais  naalgré  cette  opposition  les  décisions  du  Conseil 
furent  ratifiées  (i). 

Le  Tribunal  de  Commerce  de  Paris  a  déclaré  en  1913  la  fail- 
lite de  la  Société  anonyme  des  Mines  d'anthracite  de  Communay 
(Isère),  ancienne  Société  civiile  constituée  en  1884  et  transformée, 
en  1898,  au  capital  de  1.800.000  francs. 

L'article  5  de  la  loi  du  9  septembre  1919,  qui  déclare  que 
l'exploitation  des  mines  est  considérée  comme  un  acte  de 
commerce,  ajoute  que  cette  disposition  s'applique  aux  Sociétés 
oiviles  existantes,  sans  qu'il  y  ait  lieu  pour  cela  de  modifier  leurs 
statuts  (2). 

Le  Tribunal  de  Commerce  de  SaintrEtienne  avait  déclaré 
qu'un  amodiataire  est  uin  commerçant  (3)  parce  que  l'acte  qui 
investit  le  oessionnaire,  moyennant  une  somme  payable  pé- 
riodiquement, du  droit  d'extraire  les  produits  d'une  mine,  est  un 
bail  et  non  une  vente,  la  nature  des  redevances  payées  propor- 
tionnellement à  la  quantité  du  charbon  extrait  n'étant  pas  autre 
chose  que  le  prix  d'achat  de  ce  charbon,  devenu  chose  mobi- 
lière piar  son  extraction.  Or,  l'article  632  du  Code  de  Commerce 
répute  acte  de  œmmeroe  tout  achat  de  choses  mobilières  pour 
les  revendre. 

Déjà,  en  1905  (24  février),  Mme  veuve  Payen,  amodiataire  de 
la  concession  de  Terrenoire,  avait  été  déclarée  en  faillite  par 


(1)  Extrait  de  la  circulaire  d'une  banque  locale.  5  octobre  1911. 

(2)  V.  une  disposition  importante  concernant  les  Sociétés  civiles  dans 
la  loi  de  finances  du  31  Juillet  1920,  art   18. 

(3)  28  Juillet  1905,   syndic   Vve  Payen  contre  Vve   Payen    {Revue  de 
LégislaHon  des  Mines,  1907,  p   246). 


—  498  — 

le  même  Tribunal.  A  d'appui  de  ce  jugement  étaient  cités  de 
nombreux  arrêts  de  Cassation,  rendus  en  matière  d'enreg-is- 
trement  et  dans  lesquels  l'acte  d'amodiation  était  considéré 
comme  une  vente  de  choses  mobilières  (i). 

On  ne  contestera  pas  cependant  que  l'amodiataire  est  Vex- 
ploitant  de  la  mine  amodiée.  Dès  lors,  que  devenait  l'article  32 
de  la  loi  de  1810  :  L'exploitation  des  mines  n'est  pas  considérée 

comme  un  commerce ?  Nous  retombons  dans  la  situation 

anormale  du  commerçant  qui  nei  fait  pas  des  actes  de  commerce 
O'ui  qui  n'en  fait  pas  l'objet  habituel  de  son  industrie.  La  juris- 
prudence a  des  raisons  que  la  raison  ne  connaît  point.  Par 
raison,  il  faut  entendre  ici  le  bon  sens  public. 

Un  point  juridique  important  est  à  signaler  en  matière  de 
commerce  des  charbons.  J'ai  reproduit  l'arrêté  préfectoral 
de  1853,  rendu  dans  la  période  du  Monopole,  réglementant 
la  vente,  du  combustible,  ordonnant  notamment  qu'elle  ne 
pouivait  se  faire  qu'en  un  lieu  déterminé  et  à  certaines  con- 
ditions de  prix,  sans  préférencei  entre  les  acheteurs.  Cet  arrêté, 
a  déclaré  la  Cour  d'Appel  de  Lyon  en  1873,  n'a  aucune  valeur, 
la  législation  ayant  donné  à  l'Administration  un  pouvoir  de 
surveiLlance  sur  l'exploitation,  et  non  sur  le  commerce  de  la 
houille  extraite.  La  Cour  de  Cassation  rejeta,  en  1874,  le  pourvoi 
formé  contre  cet  arrêt  (2). 

Pendant  l'hiver  de  1900-1901,  où  la  crise  des  charbons  s'est  fait 
vivement  sentir  dans  la  région,  on  a  évoqué  inutilement  l'arrêté 
de  1853  et  même  l'arrêt  de  1728  créant  une  Réserve  autour  de 
Saint-Etienne.  L'Administraijion  s'est  gardée  de  renouveler  ces 
vieillie?  prescriptions  qui,  en  temps  de  crise,  avaient  leur  utilité. 

En  1900,  le  Gonsedl  municipal  nomma  une  Commission  extra- 
municipale  qui  entra  en  relations  avec  les  Compagnies  et  qui 
négocia  avec  elles  une  réglementation  de  la  vente  au 
comptant  (3). 


(1)  Ces  arrêts  sont  cités  également  dans  l'ouvrage  de  MM.  Bréchignac 
et  Michel,  p.  100. 

(21)  V.  Bréchignac  et  Michel,  p.  526. 

(3)  V.  Les  journaux  locaux  des  19  décembre  1900,  6,  10  et  11  janvier  1901. 


—  499  — 

Ajoutons  qu'un  arrêté  du  Maire,  rendu  à  la  même  époque, 
a  enjoint  aux  marchands  vendant  dui  combustibde  dans  leurs 
magasins  ou  sur  la  voie  publique,  d'avoir  constamment  avec 
eux  des  instruments  de  pesage  et  de  meisurage  pour  les  mettre 
à  la  disposition  des  acheteurs.  Il  est  d'usage  que  les  sacs  de 
combojistible  vendus  sur  la  voie  publique  par  les  marchands 
ambulants  pèsent  50  kg.  (i). 

Pour  terminer  cette  partie  du  régime  commercial,  je  renvoie 
au  véritable  traite  de  comptabilité  des  mines  publié  par 
M.  Grand'Eury,  dans  le  Bidletin  de  Vlndiistne  minérale  (1869- 
1870)  sous  le  titre  suivant  :  Sur  Vécononâe  et  la  comptabilité 
des  mines  de  houille.  Cette  étude,  déjà  ancienne,  mérite  une 
mention  historique,  qui  s'ajoute  aux  nombreux  titres  de 
M.  Grand'Eury,  l'homme  de  France  et  peut-être  de  i'éftranger 
qui  connaissait  le  mieux  la  flore  houillère.  J'ajoute  que  l'étude 
de  M.  Grand'Eury  est  le  seul  exposé  français  de  la  Comptabilité 
des  houillères.  Mais  peutrêtre  aurait-elle  gagné  à  être  plus  clai- 
rement rédigée  pour  les  profanes. 

Le  régime  commercial  des  mines  a  été  bouleversé  totalement 
depuis  1914.  J'y  reviendrai  dans  un  autre  chapitre. 


§    IV.    —    LE    REGIME    FISCAL    ET    DOUANIER 


Commie  sous  l'ancien  régime,  les  Mines  paient  à  l'Etat  uoie 
redevance  qui  n'a  aucun  rapport  avec  la  redevance  tréfoncière. 
Le  mot  «  redevance  »,  inscrit  dans  la  loi  de  1810,  évoque,  à  la 
différence  des  mots  «  impôt  »  oiu  «  contribution  »,  l'idée  féodale 
du  servis  payé  au  proprîétaire  éminent^  c'est-à-dire  au  seigneur 
qui  délivrait  des  concessions  de  terre.  La  même  loi  stipule  que 
la  redevance  proportionnelle  sera  une  contribution  annuelle. 
Les  travaux  préparatoires  de  la  loi  indiquent  que  le  Conseil 
d'Etat  résolut  par  l'affirmative  la  question  posée  par  Napoléon, 
qui  assistait  à  la  séance  :  «  Les  mines  seront-elles  sujettes  à 
Vimpôt  ?  »  Redevance,  impôt  ou  contribution  sont  en  fait  syno- 
nymes, mais  si  Ton  n'a  pas  dénommé  «  redevances  »  les  impôts 


(1)  V.  l^fS  jouimaux  locaux  du  4  avril  l'MH. 


-  500  — 

en  général  ou  l'ensemble  des  contri'butions,  si  l'on  n'a  pas 
dénommé  «  impôt  sur  les  mines  »  la  redevance  payée  à  l'Etat, 
il  faut  reconnaître  que  la  tradition  hdstorique  a  fait  maintenir 
ce  terme  de  notre  ancien  droit.  C'était  un  point  à  signaler  dans 
un  ouvrage  historique. 

Cette  redevance,  on  le  sait,  se  compose  d'une  taxe  fixe  par 
kilomètre  carré  ou  par  hectare  de  concession,  et  d'une  taxe 
proportionnelle  sur  le  produit  net  de  l'exploitation.  La  rede- 
vance fixe  surtout  se  rattache  aux  anciennes  redevances  féodales, 
servies  au  seigneur  par  ses  tenanciers  pour  reconnaître  sa 
qualité  de  propriétaire  éminent.  Mais  ces  redevances  féodales 
elles-mêmes  ne  tardèrent  pas  à  se  compliquer  d'une  redevance 
proportionnelle  dont  la  dîme  fut  la  forme  la  pl(us  impopulaire. 
Pour  les  mines,  il  semble  que  la  redevance  proportionnelle  fut 
la  seule  appliquée.  Qu'on  se.  rappelle,  en  effet,  l'impôt  du 
dixième  sur  les  produits  de  Textraction  des  minerais  (v.  p.  102). 

Les  textes  qui  ont  complété  ou  modifié  sur  œ^  point  la  loi 
de  1810  sont  assez  nombreux.  On  leis  retrouve  aisément  dans 
les  recueils  de  législation  et  de  jurisprudence  minérales,  qui 
malheureusement  ne  peuvent  être  tenus  à  jour  par  des  éditions 
annuelles.  Avant  1899,  ces  textes  étaient  plutôt  rares.  Depuis 
cette  épK>que,  iils  tendent  à  se  multiplier.  Le  principal  et  les 
accessoires  (centimes  additionnels)  du  taux  de  la  redevance 
ont  été  augmentés. 

A  la  suite  de  la  loi  de  1810  intervinrent  :  le  décret  organique 
du  6  mai  1811,  qui  posa  les  règles  d'application  de  la  loi  ;  ]a 
loi  de  finances  du  23  septembre  1814  (art.  20),  qui  supprima  la 
spécialisation  de  cet  impôt,  que  la  loi  de  1810  affectait  aux 
dépenses  de  l'Administration  des  mines,  aux  recherches,  ouver- 
ture et  mise  en  activité  des  mines  nouvelles  ou  rétablissemeint 
de  mines  anciennes  ;  les  décrets  des  30  juiin  1860,  27  juin  1866 
et  11  février  1874,  modifiant  le  régime  de^  l'abonnement  à  la 
redevance  proportionnelle  ;  ce  dernier  décret.,  qui  n  est  pas 
spécial  à  l'abonnement,  concerne  également  l'établissement  de 
cette  redevance. 

Abstraction  faite  des  circulaires  ministérielles,  qui  ne  lient 
que  il' Administration  et  ne  s'imposent  pas  aux  concessionnaires, 
les  textes  précédents  formaient  rensemble  de  la  législation  sur 
la  matière.  Depuis  1899,  au  contraire,  on  a  beaucoup  légiféré 


—  501  — 

et  réglementé,  sans  parler  de  l'élaboration  des  lois  spéciales 
oomma  oeille  duj  9  avril  1898  sur  les  accidenta  du  travail,  qui 
imposa  sur  îles  mines  (art.  25)  une  taxe  spéciale  de  5  centimes 
par  hectare  concédé,  à  titre  de  participation  au  fonds  de  ga- 
rantie de  ces  accidents.  C'était  une  augmentation  de  50  %  de  la 
redevance  fixe;  qui  était  alors  de  10  centimes  par  hectare. 

Le  décret  du  8  septembre  1899  supprima  les  Gomités  de  pro- 
position qui  donnaient  leur  avis  sur  la  déclaration  du  conces- 
sionnaire et  qui,  à  défaut,  procédait  à  une  première  propo- 
sition du  revenu  net.  La  pratique  avait  démontré  que  ces 
comités  avaient  cessé  ou  presquei  cessé  de  fonctionner  effecti- 
vement. Le  décret  de  1899  décida  que  l'évaluation  serait  faiLe 
par  l'ingénieur  de  l'Etat. 

La  loi  de  finances,  du  31  mars  1903  fixa  le  nombre  des 
centimes  pour  frais  de  perception  à  3  centimes  par  franc  de 
la  redevance.  C'était  la  régularisation  d'un  état  de  fait  (i). 

La  loi  de  finances  du  16  juillet  1903  fixa  le  nombre  des  cen- 
times représentant  la  part  des  exploitants  dans  les  allocations 
prévues  par  la  loi  du  31  mars  1903  pour  l'amélioration  des 
retraites  des  ouvriers  mineurs.  Les  lois  de  finances  postérieures 
ont  modifié  les  dispositions  de  1903  (15  juillet  1907,  16  juillet 
1908, 12  juillet  1909, 8  avril  1910, 18  juillet  1911  et  12  juillet  1912). 
Cette  dernière  loi  fixe  le  nombre  de  ces  centimes  à  7  c.  5  sur 
la  i-edevance  fixe  et  sur  la  redevance  proportionnelle.  Nous  y 
reviendrons. 

La  loi  de  finances  du  8  avril  1910,  art.  4,  a  modifié  complè- 
tement la  redevance  des  mines  en  élevant  le  taux  de  la 
redevance  fixe  à  50  centimes  par  hectare,  au  lieu:  de  10  cen- 
times, et  le  taux  de  la  redevance  proportionnelle  à  6  %  au  lieu 
de  5  %  du  produit  net.  La  redevance  fixe  fut  réduite  à  15  cen- 
times pour  lies  mines  de  combustibles  dont  le  périmètre  n'est 
pas  supérieur  à  300  hectares,  et  le  revenu  net  inférieur  a 
1.500  francs,  à  la  condition  que  le  combustible  soit  habituel- 
lement employé  au  chauffage  domestique  dans  un  rayon  de 
30  kilomètres.  La  redevance  proportionnelle  appartient  à 
l'Etat  (5  %)  et  aux  communes  (1  %).  La  part  des  comm<unes  est 


(1)  Le  décret  de  1811  avait  laiss(^  au  Ministre  des  Finances  le  soin 
de  fixer  le  nombre  de  ces  centimes.  V.n  outre,,  la  loi  de  1810  (art.  36j 
imposa  un  décime  par  franc  pau-r  le  fonds  de  non-valeurs. 

;i3 


—  502  — 

divisé©  en  deux  fractions  :  la  première  est  attribuée  aux  com- 
munes sous  ilesquelles  est  située  la  concession  ;  elle  est  répartie 
d'après  le  principal  de  la  contribution  foncière  des  propriétés 
bâties  ;  la  seconde  fraction  forme  un  fonds  commun  réparti 
chaque  année  entre  les  communes  où  se  trouvent  domiciliés 
des  ouvriers  et  employés  mineurs  ou  appartenant  aux  industries 
annexes  et  au  prorata  de  leur  nombre.  En  outre,  la  redevance 
proportionnelle  n'est  plus  cailculée  suivant  la  méthode  com- 
pliquée qui  était  auparavant  en  vigueur  pour  déterminer  le 
produit  net  de  l'exploitation  ©t  qui  soulevait  tant  de  contes- 
tations. Lorsque  le  concessionnaire  est  une  Société  par  actions, 
le  produit  net  est  forfaitairement  évalué  au  dividende  distribué 
l'année  précédente.  En  réalité,  il  y  a  là  une  majoration,  car  le 
dividende  comprend,  indépendamment  du  produit  net  distribué, 
le  revenu  des  réserves  accumulées  par  la  Société.  A  défaut  du 
paiement  de  la  redevance  pendant  deux  années,  la  déchéance 
peut  être  prononcée.  Cette  même  loi  a  maintenu  à  1  décime  les 
centimes  par  franc  en  sus  pour  non-valeurs,  et  à  3  centimes  par 
franc  les  frais  de  perception. 

Le  décret  du  24  décembre  1910  a  été  rendu  pour  l'application 
de  la  loi  précédente. 

Le  décret  du  3  août  1911  est  relatif  à  l'abonnement  à  la  rede^ 
vance  proportionnelle  pour  les  mines  dont  le  produit  doit  être 
évalué  administrativement. 

La  loi  du  30  décembre  1916,  art.  7,  a  porté  à  1  franc  par 
hectare  le  taux  de  la  redevance  fixei  et  à  20  %  la  redevance  pro- 
portionnelle sur  le  produit  net  de  rexploitation  pendant  l'année 
précédente'.  Elle  a  porté  à  5  francs  par  hectare  le  taux  de  la 
redevance  fixe  sur  les  concessions  inexploitées. 


Voyons  maintenant  les  observations  qu'ont  motivées  la  re- 
devance payée  à  l'Etat  et  les  modifications  au  taux  de  cette 
redevance. 

La  loi  de  1810  (art.  35)  indiquait  que  la  redevance  propor- 
tionnelle serait  réglée  chaque  année,  mais  qu'elle  ne  pourrait 
jamais  s'élever  au-dessus  de  5  %  du  produit  net.  Ce  maximum 
devint  la  règle  générale.  En  outre,  la  redevance  devait  former 


—  503  — 

un  fonds  commun  spécial  appliqué  aux  dépenses  de  l'Admi- 
nistration des  mines,  aux  recherches,  ouvertuire  et  mise  en 
activité  de  mine®  nouveliles  oiu;  rétablisôement  de  mines  an- 
ciennes. Cette  spécialisation  fut  supprimée,  nous  l'avons  dit, 
en  1874.  Aussi  le  Comité  des  Houillères  françaises,  dans  une 
brochure  signée  par  son  secrétaire,  M.  Burat,  publiait  on  1864 
la  déclaration  suivante  : 

Le  chiffre  total  de  l'impôt  devait  servir  simplement  à  solder  les 
dépenses  de  l'Administration  des  mines,  et  à  fournir  des  subven- 
tions et  des  encouragements  aux  entreprises  minières.  Aujourd'hui, 
on  perçoit  sur  les  mines  le  double  de  ce  que  coûte  l'Administration 
spéciale,  bien  que  cette  administration  ait  été  étendue  à  d'autres 
services.  Quant  aux  subventions  et  aux  encouragements  qui  devaient 
être  donnés  aux  exploitants,  il  serait,  nous  le  croyons  du  moins, 
assez  difficile  d'en  trouver  les  traces. 

Ce  n'est  pas  tout  :  un  mode  de  calcul  tout  à  fait  en  dehors  de 
ceux  qui  servent  aux  entreprises  à  déterminer  leurs  produits  nets 
ou  bénéfices  a  été  imaginé,  de  manière  à  porter  l'impôt,  non  plus 
à  5  %,  mais  à  8  et  quelquefois  à  10  %  des  bénéfices  réels  et  dispo- 
nibles de  la  mine. 

Cela  vient  de  ce  que  l'Administration  s'est  attribué  le  droit  de  ne 
pas  admettre  certaines  dépenses,  non  pas  qu'elle  en  conteste  la 
réalité,  mais  parce  qu'elle  ne  les  considère  pas  comme  dépenses 
nécessaires  à  l'extraction.  L'Administration,  nous  devons  le  recon- 
naître, a,  sous  ce  rapport,  modifié,  dans  ces  derniers  temps,  les 
exigences  qui  donnaient  lieu  aux  réclamations  que  les  exploitants 
ont  portées  devant  elles  ;  elle  est  ainsi  entrée  dans  une  voie  dont 
ils  doivent  lui  savoir  gré,  et  qui  leur  permet  d'espérer  des  réformes 
nouvelles. 

Aujourd'hui  que,  pour  la  plupart,  les  grandes  exploitations  sont 
des  Sociétés  anonymes  qui  publient  leurs  comptes,  on  peut  constater 
l'anomalie  qui  existe  entre  la  pratique  et  la  loi. 

Le  bénéfice  n'est-il  pas  la  somme  disponible  et  distribuée  aux 
actionnaires,  qui  sont  ici  les  véritables  propriétaires  imposés  ?!  Cela 
nous  paraît  démontré,  mais  n'est  point  admis  par  l'Administration, 
dont  les  calculs  arrivent  à  un  produit  net  toujours  plus  fort  que  ce 
que  nous  appelons  le  bénéfice. 

Ce  système  d'impôt  donne  lieu  chaque  année  à  des  réclamations 
multipliées,  de  telle  sorte  que,  pour  un  produit  qui  ne  dépasse  pas 
1.500000  francs,  il  s'est  établi  un  état  de  lutte  permanent  entre  les 
exploitants  et  l'Administration.  Le  Gouvernement  a  voulu  mettre 
fin  à  ces  discussions  en  établissant  largement  l'abonnoinent,  et  déjà 
le  décret  qui  a  établi  les  bases  de  cet  abonnement  donne  li€u  à  de 
nouvelles  difficultés. 


-  504  — 

Nous  avons  dit  que  les  mines,  en  Angleterre,  n'étaient  soumises 
à  aucun  impôt,  et  l'on  nous  a  objecté  que  les  houillères  anglaises 
payaient  le  royalty,  équivalant  à  nos  redevances  proportionnelles. 
Il  y  a  ici  confusion,  et  nous  le  démontrerons  en  peu  de  mots  :  les 
nobles  lords  qui  possèdent  de  puissantes  houillères  payent-ils  des 
droits  de  royalty  ?  Non  !  Pas  plus  que  tout  propriétaire  de  mine 
qui  exploite  lui-même. 

Le  royaltij,  c'est  le  droit  d'amodiation,  parce  que  le  plus  grand 
nombre  des  houillères  est,  en  effet,  exploité  par  des  fermiers.  Ce 
droit  existe  également  en  France,  lorsque,  ce  qui  est  rare,  une 
houillère  est  amodiée  à  des  entrepreneurs. 

Ainsi,  en  Angleterre,  lorsqu'un  propriétaire  de  houillère  ne  veut 
pas  exploiter  lui-miême,  il  livre  sa  mine,  avec  ses  puits,  ses  travaux 
souterrains,  ses  chemins,  et  souvent  même  avec  un  matériel  plus 
ou  moins  complet,  à  des  entrepreneurs  qui  lui  paient  une  redevance 
dite  royalty  par  tonne  de  houille  extraite.  Cette  redevance,  qui  est 
en  général  de  0  fr.  60  à  0  fr.  75  par  tonne,  représente  chez  nous 
l'intérêt  du  capital  engagé  dans  les  concessions,  et  ne  peut  être 
assimilée  à  nos  redevances  proportionnelles  payées  à  l'Etat. 

La  loi,  en  Angleterre,  a  toujours  évité  d'entraver  par  des  impôts 
la  production  des  matières  premières  ;  nous  voudrions  quil  en  fût 
de  même  en  France  et  que  l'on  se  décidjât  à  abandonner  le  système 
des  redevances  proportionnelles,  qui  produit  évidemment  de 
mauvais   résultats. 

En  1909,  dans  le  pirajet  de  loi  de  finances  pour  1910,  le 
Ministre  des  Finances,  M.  Cochory,  proposa  des  réformes  im- 
portantes qui,  modifiées,  fuirent  adoptées  par  le  Parlement 
(v.  p.  496).  La  redevance'  fixe  do  10  centimes  par  hectare  eût 
été  portée  à  1  franc.  La  Chambre  de  Commerce  de  Saintr Etienne, 
adoptant  un  rapport  qui  lui  fut  présenté  par  le  Comité  des 
Houillères  de  la  Loire,  s'éleva  contre  œ  projet  de  majoration  (i). 

Le  Parlement  éleva  la  redevance  fixe  à  50  centimes  par 
hectare. 

Le  Gouvernement  proposait  de  porter  de  5  %  à  6  J  %  la 
redevance  proportionnelle,  dont  6  %  au  profit  de  l'Etat  et  1/2  % 
au  profit  des  communes.  La  Commission  du  Budget  réduisit 
le  taux  à  6  %,  dont  5J  %  pouH  l'Etat  et  1/2  %  pour  les  com- 
munes. Je  renvoie  au  rapport  du  Comité  des  Houillères  adopté 
par  la  Chambre  de  Commerce. 


(1)  Compte  rendu  des  Travaux  de  la  Chambre  de  Commerce  de  Saint- 
Etienne  pour  1909,  p.  113. 


—  505- 

Le  Parlement,  fixa  le  taux  de  la  redevance  proportionnelle 
à  6  %,  dont  1  %  pour  les  commiumes.  Pour  des  mines  exploitées 
par  des  Soaiétés  p^ur  actions,  il  évalua  forfaitairement  le  produit 
net  au  dividende  distribué. 

Le  rapport  du  Comité  des  Houillères  suffit  à  réfuter  cette 
idée,  exprimée  trop  souvent  dans  certains  milieux  commerciaux 
mal  informés  :  les  mines  ne  payent  pas  la  patente.  On  demandait 
qu'elle  fussent  assujetties  à  cet  impôt.  EiUes  n'eussent  pas 
demandé  mieux.  Ces  milieux  — •  composés  de  commerçants  et 
de  fabricants  notableis  —  ignoraient  la  redevance  payée-  à  l'Etat, 
ou  du  moins  ils  en  avaient  entendu  parler  si  vaguement  qu''ils 
la  confondaient  avec  les  droits  de  tréfonds,  c'est-à-dire  avec  la 
redevance  tréfoncière.  Ils  ignoraient  surtout  que  la  redevance 
payée  à  l'Etat  était  plus  lourde  quie  la  patente.  La  question  du 
régime  fiscal  des  usines  d'agglomération,  sur  laquelle  délibéra 
également  la  Chambre  de  Commerce  en  1911  (Compte  rendu, 
p.  130),  était  non  moins  ignorée  que  la  précédente^. 

En  1816,  première  année-  où  fut  perçue  la  redevance  des 
mines,  cet  impôt  produisit,  dans  le  département  de  la  Loire, 
une  somme  de  32.616  francs. 

En  1913,  son  produit  fut  de  620.133  francs.  Le  produit  de  la 
redevance  n'est  pas  indiqué  dans  le  dernier  rapport  du  directeur 
des  Contributions  directes  au  Préfet  (2®  session  ordinaire  du 
Conseil  général  1920). 

A 

Les  Ministres  des  Finances  proposèrent  plusieurs  fois,  de 
1900  à  1914,  sans  succès,  d'établir  un  impôt  sur  le  charbon.  La 
Chambre  des  députés  adopta  cependant  un  projet  de  taxe,  le 
4  mars  1913. 

Le  Comité  des  Houillères  de  la  Loire  protesta  et  sa  protes- 
tation fut  insérée  dans  une  délibération  de  la  Chambre  de 
Commerce  [Compte  rendu  1913,  p.  187). 

Le  projet  de  taxe  de  50  centimes  par  tonne  fut  réduit  à 
25  centimes.  La  Chambre  de  Commerce  protesta  une  seconde 
fois  (17  juillet  1913)  et  la  malencontreuse  taxe  disparut  du 
budget. 


—  506  — 

Une  nouvelle  proposition  fut  insérée  au  budget  de  1914.  Elle 
tendait  à  frapper  d'un  impôt  de  20  %  le  bénéfice  net  de  l'exploi- 
tation, déduction  faite  de  2  francs  par  tonne  sur  oe  bénéfice, 
afin  de  laisser  une  marge  aux  exploitants.  Ce  nouvel  impôt 
devaiit  doubler  le  prodmt  de  la  redevance  des  mines,  qui,  pour 
l'ensemble  de  la  France,  s'élevait  à  7.583.934  francs.  La  Chambre 
de  Commerce  de  Saint-Etienne  protesta,  dans  sa  séance  du 
11  décembre  1913^  et  le  projet  de  taxe  disparut  avec  son  auteur, 
M.  Charles  Dumont,  ministre  des  Finances. 

D'un  travail  publié  à  cette  époque  (1)  il  résulte  que  cette 
taxe  de  20  %  sur  le  superdividende  excédant  2  francs  par 
tonne  eût  coûté  aux  seules  Compagnies  de  Roche-la-Molière, 
Montrambert,  SaintrEtienne  et  la  Péronnière,  qui  dépassent 
oe  quœntuïïYi,  la  somme  de  607.200  francs,  sensiblement  égale 
par  conséquent  au  produit  global  de  la  redevance  payée  par 
l'ensemble  des  mines  du  départemient.  La  taxe,  ramenée  à  la 
production  de  chacune  de  ces  Compagnies,  eût  été  de  0  fr.  20 
par  tonne  pour  Roche-la-MoIière,  0  fr.  36  pour  Montrambart, 
0  fr.  144  pour  Saint-Etienne,  0  fr.  42  pour  la  Péronnière.  Son 
inégalité  était  évidente. 

La  guerre  nous  a  valu  la  taxe  de  péréquation  des  charbons, 
dont  je  parlerai  en  son  temps.  Elle  nous  a  valiui  aussi  V impôt 
sur  le  chiffre  d'affaires.  Les  mines  sont  dispensées  de  l'impôt 
sur  les  bénéfices  industriels  et  commerciaux  (loi  du  31  juillet 
1917,  art.  53). 


La  question  des  droits  d'octroi  sur  les  matériaux  employés 
par  les  mines  a  donné  lieu  à  un  long  procès  entre  la  ville  de 
Saint-Etienne  et  des  exploitants,  procès  qui  a  duré  de  1875  à 
1886.  La  Ville  avait  modifié  son  tarif  en  1873,  et  elle  exigeait 
l'application  de  la  taxe  sur  les  buttes  et  écoins  destinés  au 
boisage  des  mines.  Les  exploitants  prétendirent  d'abord  que 
ces  bois  n'étaient  point  destinés  aux  constructions  et  par  con- 
séquent soumis  à  l'octroi.  Ils  furent  battus.  Ils  soutinrent 
ensuite  que  ces  bois  étaient  des  matières  premières  employées  à 
la  préparation  de  produits  non  frappés  par  l'octroi.  Ils  furent 


(1)  Mémorial  de  la  Loire,  4  décembre  1913. 


—  507  — 

encore  battus.  En  1886,  le  Conseil  d'Etat  finit  par  leur  donner 
raison,  en  décidant  que  la  Ville  ne  pouvait  plus  réclamer  des 
taxes  sur  les  bois  dont  il  s'agit,  mais  qu'elle  n'aurait  pas  à 
rembourser  les  sommes  perçues  jusque-là  (l). 


J'ai  consacré,  dans  mon  Histoire  de  la  Chambre  de  Commerce 
de  Saint-Etienne,  p.  182  et  suivantes,  un  chapitre  au  régime 
douanier  de  la  houille  depuis  la  Révolution.  Je  renvoie  par 
conséquent  à  cet  ouvrage.  Depuis  1863,  le  droit  d©  douane  sur 
le  charbon  à  l'entrée  en  France  est  resté  fixé  à  1  fr.  20  par 
tonne.  Les  revisions  douanières  de  1881,  1892  et  1910  ne  l'ont 
pas  modifié.  Dans  il'enquête  de  1908,  qui  précéda  la  revision  de 
1910,  le  représentant  des  Houillères  de  la  Loire  déclarait  P)  : 

Nous  n'avons  pas  à  nous  plaindre  de  la  concurrence  étrangère, 
parce  que  nous  sommes  assez  éloignés  de  la  frontière.  Nous  ne 
nous  trouvons  pas  dans  la  même  situation  que  les  houillères  du 
Nord  et  du  Pas-de-Calais,  ou  les  houillères  du  littoral  de  la  Médi- 
terranée, que  des  modifications  au  tarif  des  douanes  peuvent 
intéresser  plus  directement.  Ce.  qui  paralyse  le  plus  lourdement 
notre  industrie  minière,  c'est  l'application  des  nouvelles  lois  sur  le 
repos  hebdomadaire,  sur  la  durée  du  travail  dans  les  mines,  sur  la 
journée  de  huit  heures,  etc.. 

Le  charbon,  sur  le  carreau  de  la  mine,  valait,  dans  notre 
région,  12  francs  la  tonne  en  1863.  Il  valait,  en  1913,  27  francs. 
La  protection  du  droit  de  douane  avait  dimimié  de  plus  de 
moitié. 


* 


(1)  V.  Bréchignac  et  MicHEi.,  p.  427,  Mémorial  de  lOr  Loire,  15  novembre 
1883  et  24  mai  1886. 

(2)  Chambre  <\e  Commerce  de  Saint-Etienne  :  Enquête  sur  les  tarifs 
fie  douane,  cu/mpLe  rendu  de  Ventrevue  de  M.  Klotz,  président  de  la 
Commission  des  Douanes,  avec  les  délégations  de  la   Jjdre,  p.  93. 


CHAPITRE  IX 


Le    Régime   des    Ouvriers    mineurs 
de    1800  à  1914 


1.  —   PÉRIODE    DE    LA    RÉVOLUTION    A    1845 


N  1808  et  en  1810,  à  la  suite  d'accidents  survenus 
au  puits  Charrin,  à  Grand'Croix,  l'ingénieur  de 
l'Etat,  Guényveau,  avait  constaté  qu'il  n'existait 
ni  médecin,  ni  Caisse  de  secours  dans  le  bassin 
de  Rive-de-Gier.  L'Administration  insista  pour 
que  la  Compagnie  de  Grand'Croix  créât  une  Caisse.  La 
Compagnie  s'inclina.  Sa  Caisse  fonctionnait  en  1812,  admi- 
nistrée  par  la   Compagnie  et  alimentée  par   une   retenue   de 

0  fr.  50  par  quinzaine  et  par  ouvrier.  Les  blessés  recevaient 

1  franc  par  jour  et  les  veuves  6  à  9  francs  par  mois,  selon  le 
nombre  de®  enfants  (i). 


(1)  Widmer,  Les  Caisses  de  secours  et  de  retraites  des  ouvriers 
mineurs  (thèse  de  doctorat,  Paris,  imp.  Guy  et  Cie,  à  Aleiiçon),  p.  9. 
On  a  imprimé  par  erreur  Charri  pour  Charrin,  Grand'Cran  au  lieu  de 
Grand'Croix,  1809  au  lieu  de  1810,  date  de  l'accident  au  puits  Charrin 
(5  novembre)  ;  Brcssard,  p.  220  et  221,  indique  que  l'Administration, 
après  cet  accident,  tenta  sans  succès  de  créer  une  Caisse  de  secours 
à  Rive-de-Gier  ;  voir  les  noms  des  associés  de  Grand'Croix,  ibid, 
p.   392-393. 


—  509  — 

L'un  des  exploitants  de  Grand'Oroix,  Fournas,  membre  du 
Conseil  général  de  la  Loire,  prit  part,  en  1812,  au  concours 
ouvert  par  la  Société  d'encouragement  à  l'industrie  de  Jem- 
mapes,  en  envoyant  un  mémoire  sur  les  moyens  de  prévenir 
les  effets  du  grisou  (l). 

Au  Code  des  Mines  de  1810  vint  s'ajouter  le  Code  des  Mineurs 
de  1813.  Je  donne  ce  nom  au  décret  impérial  du  3  janvier  1813, 
qui,  par  seis  dispositions  sur  la  prévention  des  accidents,  sur 
les  mesures  à  prendre  en  cas  d'accidents  et  sur  la  police  des 
ouvriers,  constitue,  en  effet,  la  première  législation  moderne 
sur  la  matière.  Ce  décret  est  em  vigueur.  Il  figure  dans  tous  les 
codes  miniers.  Il  est  analysé  dans  tous  les  traités  de  législation 
minérale.  Il  ne  servirait  à  rien  d'indiquer  ses  dispositions, 
même  à  titre  sommaire,  dans  cet  ouvrage  d'histoire.  Deux  de 
ses  articles  (4  et  26)  ont  été  modifiés,  notamment  l'article  sur 
les  livrets  d'ouvriers  (modifié  par  la  loi  du  22  j'uin  1854  et  le 
décret  diui  30  avril  1855,  abrogé  par  la  loi  du  2  juillet  1890)  (2). 
L'autre  modification  résulte  de-  l'institution  des  délégués 
mineurs  en  1890.  Une  légère  modification  était  intervenue  par 
la  loi  de  1880. 

Si  la  grande  industrie  n'était  pas  encore  née  pour  motiver 
notre  formidable  législation  contemporaine  du  Travail,  la 
sollicitude  éclairée  de  Napoléon  se  manifestait  en  faveur  de  la 
catégorie  d'ouvriers  la  plus  exposée^  aux  accidents.  La  respon- 
sabilité pénale  des  exploitants  et  même  leur  responsabilité 
civile  étaient  prévues  et  indiquées  dans  le  décret  (art.  22).  Sans 
doute,  ce  décret  ne  fut  que  le  point  de  départ  du  colossal 
appareil  législatif  actuel  concernant  les  ouvriers  mineurs.  Mais 
les  exploitations  patriarcales  d'alors  n'étaient  en  rien  compa- 
rables aux  grandes  exploitations  de  nos  jours.  Le  fait  même 
que  le  décret  de  18i3  n'a  été  retouché  légèrement  —  sauf  sur 
la  question  du  livret  —  qu*en  deux  ou  trois  articles  sur  trente, 
prooive  à  lui  seul  la  solidité  de  la  législation  de  cette»  époque. 


(1)  Journal  du  Département  fie  la  Loire,  28  mars  1812. 

{2}}  Ce  décret  (art.  20)  interdit  l'emploi,  dans  les  mines,  des  enfants 
au-dessous  de  <\  x  ans,  tandis  que  la  première  loi  sur  le  travail  des 
enfants  dans  les  usines  n'intervint  que  le  22  mars  1841.  Pour  prévenir 
les  accidents,  la  loi  de  1810  (art.  50  modifié  en  1880  et  1907)  donnait 
simplement  au  Préfet  le  droit  de  prendre  les  mesures  nécessaires. 


—  510  — 

L'attention  de  l'Empereur  ne  se  manifestait  pas  seulement 
par  des  lois  et  des  décrets,  qui  reflétaient  si  fortement  'a 
volonté  du  chef  de  l'Etat.  La  décoration  de  la  Légion  d'honneur, 
que  les  grognards  n'obtenaient  pas  toujours  après  vingt 
combats,  fut  accordée  à  un  mineur  ayant  sauvé  soixante  de 
ses  camarades  dans  une  explosion  survenue  aux  mines  du 
département  de  l'Ourthe  (10  janvier  1812)  (i).  C'est  même  à  la 
suite  de  cette  explosion  qu'intervinrent  le  concours  de  Jem- 
mapes,  le  décret  du  3  janvier  1813,  et  le  décret  du  26  mai 
suivant  autorisant  la  Société  de  prévoyance  des  bouilleurs  de 
l'Ourthe  (pays  de  Liège),  qui  ne  survécut  pas  à  la  réunion,  en 
1814,  de  la  Belgique  à  la  Hollande. 

Le  sous-bassin  de  Rive-de-Gier,  alors  plus  important  que 
celui  de  Saint-Etienne,  ne  fut  désigné  que  par  une  ordonnance 
royale  du  25  juin  1817  pour  l'organisation  d'une  Caisse  de 
prévoyance.  Les  bases  suiivantes  furent  assignées  à  cet  établis- 
sement (2)  : 

Les  fonds  dont  il  disposera  se  composent  : 

1°  De  ceux  que  la  munificence  royale  s'est  réservée  d'accorder  ; 

2°  Du  versement  fait  par  les  extracteurs  de  i  centime  par  hecto- 
litre de  houille  extraite  dans  leur  exploitation,  déduction  faite  du 
nombre  d'hectolitres  livrés  à  titre  de  redevance  aux  propriétaires 
de  la  surface  ; 

3«  Du  versement  fait  par  les  propriétaires  du  sol  de  2  cen- 
times sur  chaque  hectolitre  de  houille  qu'ils  reçoivent  comme 
redevance  ; 

4°  Des  dons  volontaires  inférieurs  à  cette  quotité  qui  pourront 
être  offerts  par  toute  personne,  sans  néanmoins  donner  le  droit  de 
faire  partie  de  la  Société. 

L'administration  de  la  Caisse  est  gratuite.  Elle  est  confiée  à  un 
Comité  général  et  à  une  Commission  permanente. 

Les  ouvriers  prennent  part  à  F  administration,  en  ce  sens  que 
lorsqu'il  y  a  lieu  à  distribution  de  secours,  le  gouverneur,  un 
piqueur  et  un  traîneur  de  l'exploitation  où  l'accident  est  arrivé 
sont  appelés  à  la  séance  de  la  Commission,  mais  sans  voix  délibé- 
rative. 

Le  recouvrement  des  fonds  est  confié  à  un  caissier,  qui  réunit  les 
fonctions  de  secrétaire  et  dont  le  traitement  est  de  l.OOO  francs. 


(i;  Ce  mineur  -^  le  premier  décoré  —  s'appelait  Goffin  (Widmer,  p.  8). 

(2)  Les  dispositions  de  cette  ordonnance  et  du  règlement  qui  intervint 
le  8  novembrei  suivant  sont  reproduites  dans  Duplessy  :  Essai  statis- 
tique sur  le  Département  de  la  Loire  (1818),  p.  84. 


—  511  — 

Les  secours  sont  exclusivement  réservés  aux  ouvriers,  veuves  ou 
enfants  d'ouvriers  appartenant  à  des  exploitations  soumissionnaires 
pour  le  versement  des  fonds  nécessaires  pour  faire  partie  de  la 
Société. 

L'ouvrier  blessé  ou  malade,  par  suite  de  travaux,  recevra  par 
jour  50  centimes  jusqu'à  parfaite  guérison.  Il  pourra  lui  être 
accordé  25  centimes  par  jour  pour  sa  femme,  et  pareille  somme  à 
chacun  de  ses  enfants  incapables  de  travailler. 

Tout  ouvrier  de  60  ans  et  au-dessus,  incapable  de  travailler  et 
qui  justifiera  de  trente  ans  de  travaux  dans  les  mines,  aura  une 
retraite  de  75  centimes  par  jour. 

Les  veuves  Et  les  enfants  des  ouvriers  tués  dans  les  travaux,  ou 
morts  à  la  suite,  une  pension  de  : 

50  centimes  par  jour  pour  les  veuves   ; 

25  centimes  par  jour  pour  chaque  enfant  au-dessous  de  dix  ans  ; 

50  centimes  par  jour  pour  chaque  orphelin  au-dessous  de  dix  ans. 

Les  veuves  des  ouvriers  morts  dans  l'indigence  et  sans  accidents 
extraordinaires  pourront  aussi  recevoir  des  secours,  que  la  Com- 
mission déterminera. 

La  Caisse  fournira  aussi  une  portion  des  frais  de  traitement  des 
ouvriers  blessés. 

L'ouvrier  qui  perdra  un  bras  ou  une  jambe  aura  une  pension  de 
75  centimes  par  jour,  et  ses  enfants  au-dessous  de  dix  ans  jouiront 
de  25  centimes  également  par  jour. 

Les  comptes  de  la  Caisse  sont  rendus  chaque  année  au  Comité 
général. 

Il  y  ai  loin  de  la  coupe  aux  lèvres.  La  Restauration  ne  mit 
aucun  empressement,  aucune  énergie  à  poursuivre  l'exécution 
de  ses  propres  ordonnances  sur  la  matière.  Les  temps  étaient 
changés  !  Le.  Souverain  était  incapable  de  s'abaisser  aux 
détails  de  l'administration.  Il  n'était  plus,  dans  cet  ordre  d'idées 
et  dans  tant  d'autres,  qu'un  simple  signataire. 

En  effet,  la  caisse  de  Rive-de-Gier  resta  longtemps  à  l'état 
de  lettre  morte.  Elle  n'était  pas  organisée  au  moment  do 
l'élaboration  des  clansis  cL  conditions  générailes  des  concessions, 
puisqu'on  songea  à  insérer  dans  ces  clauses  l'obligation  de  créer 
une  Caisse  de  secouirs  et  de  retraites.  L'article  final  se  bornera 
à  rappeler  les  articles  du  décret  de  1813  (15,  16,  22,  25)  visant 
l'organisation  des  secours,  la  responsîibilité  pénale  et  la  res- 
ponsabilité civile  (1). 


(1)  V    r.iiossMM),  p   ?.;,:•,  :u:{,  347. 


—  512  — 

En  1824,  date  de  la  délivrance  des  concessions,  aucune  Caisse 
n'était  organisée  dans  le  territoire  de  Rive*-de-Gier  (l).  En  1827, 
PeyretrLallier  disait  que  la  création  prévue  en  1817  n'avait 
rencontré  d'autre  obstacle  que  la  difficulté  de  réunir  les  inté- 
ressés pour  arrêter  son  organisation.  Il  critiquait  d'ailleurs  les 
bases  de  1817  et  demandait  que  l'ouvrier,  comme  le  conces- 
sionnaire, contribuât  aux  versements  par  une  retenue  de  2  % 
sur  son  salaire.  Le  versement  patronal  de  1  centime  par  hec- 
tolitre de  houille  ne  lui  paraissait  pas  équitable,  car  la  vente 
des  menuis  donnait  peu  ou  point  de  bénéfices  (on  n'avait  pas 
inventé  encore  l'agglomération).  Il  proposait  :  1  centime  par 
hectolitre  (80  kg.)  de  gros  charbon,  3/4  de  centime  pour  'e 
moyen  ou  chapelé,  1/2  pour  le  menu  grêleux,  1/4  pour  le 
menu  (2). 

Peyret-Lallier  indiquait  cependant  que  quelques  exploitants 
avaient  établi  à  cette  époquie  des  Caisses  de  secours.  Un  autre 
auteur  a  cité,  en  effet,  parmi  les  plus  anciennes  caisses,  celles 
des  puits  Saint- Vincent  (situé  dans  le  périmètre  des  Houillères 
de  Saint-Etiennei),  de  Firminy,  Combes,  Egarande,  le  Treuil,  etc., 
qui  dataient  de  1820  (?).  En  1833,  vingt  concessions  étaieilt 
pourvues  de  ces  institutions  (3). 

Ces  Caisses  étaient  alimentée®  par  des  versements  patronaux 
et  ouvriers,  et  par  le  produit  des  amendes.  Mais,  écrivait  Peyret- 
LatUiier  en  1838,  cette  institution  n'est  pas  générale.  Il  demandait 
l'organisation  d'une  Caisse  centrale  du  bassin  de  Rive^de-Gier, 
au  lieu  des  Caisses  isolées.  Deux  pour  cent  du  personnel  des 
minies  avait  été  atteint  chaque  anniée  par  les  accidents  pendant 
la  période  1817-1831  (358  ouvriers  tués  et  340  blessés).  Le  lundi 
était  le  jouir  oià  les  accidents  étaient  les  plus  nombreux. 

Les  prescriptions  du  décret  de  1813  étaient  mal  observées, 
notamment  quant  à  l'obligation  de  tenir  un  journal  de  l'ex- 
ploitation (art.  6)  et  d'entretenir,  dans  chaque  exploitation, 
les  médicaments  et  les  moyens  de  secours  indiqués  par  l'Ad- 
ministration (art.  15).  Le  Ministre  pouvait  obliger  les  grands 


(1)  Ihid.,  p.  229. 

(2)  Bulletin  de  la  Société  agricole  et  manufacturière  de  Saint-Etienne, 
1827,  p.  218. 

(3)  WiDMER,  op.  cit.f  p.  11.  —  Bréchignac,  Les  Caisses  de  secours  des 
mineurs,  1869,  p.  11. 


—  513  — 

exploitants  à  entretenir  à  leurs  frais  un  chirurgien  spécialement 
attaché  à  leur  établissement.  Jusque-là,  au  contraire,  Us 
envoyaient  les  blessés  dans  les  hospice®  voisins  et  ils  ne 
payaient  même  pas  les  frais  du  traitement,  bien  que  ces  frais 
fussent  à  leur  charge  (art.  20)  (i). 

En  1839,  sur  4. 706  ouvriers,  119  furent  victiimes  d'accidents, 
dont  63  accidents  mortels.  Proportion  des  accidentés  :  2  1/2  %. 
En  1840,  pour  4.824  ouvriers,  on  comptait  58  victimes  d'ac- 
cidents, dont  43  accidents  mortels.  Comme  avant  1830,  le  lundi 
était  le  jour  où  les  accidents  étaient  les  plus  nombreux  p). 

L'Administration  et  les  Tribunaux,  depuis  la  Révolution  de 
Juillet,  prirent  cependant  quelques  sanctions  contre  les  ex- 
ploitants, leaiirs  préposés  ou  les  employés  coupables.  Emu 
par  le  nombre  des  accidents,  le  Tribunal  correctionnel  de  Saint- 
Etienne  jugea,  en  1832,  deux  délits  de  morts  d'ouvrieirs  mineurs 
causées  par  l'imprudence  d'un  gouvemeiur  et  d'un  machiniste. 
Il  poursuivit  plusieurs  concessionnaires  pour  inexécution  des 
règlements  (3). 

«  Dans  les  entreprises  industrielles  en  général  et  principa- 
«  lement  dans  celles-ci,  on  fait  beaucoup  trop  abstraction  des 
«  classes  ouvrières,  disait  en  1840  Alphonse  Peyret,  le  fils  de 
«  Peyret-Lallier.  Le  moyen  le  plais  sûr  de  moraliser  et  de 
«  pacifier  les  masses,  c'est  d'améliorer  leur  sort  et  de  s'intéresser 
«  à  leur  avenir.  »  A.  Peyret  réclamait  une  Caisse  centrale  de 
secours  pour  le  bassin  de  la  Loire,  pour  laquelle,  disait-il,  il 
faut  500.000  francs  par  an.  Il  demandait  d'augmenter  les 
salaires  pour  alimenter  ila  Caisse  (^). 

L'idée  d'une  Caisse  centrale  fut  reprise  par  le  journal  l'Ami 
des  Ouvriers^  en  1841  (18  avril)  (5). 

Le  19  novembre  1842,  le  Tribunal  correctionnel  de  Saint- 
Etienne  condamna  Morillot,  directeur  des  mines  de  Firminy,  à 
500   francs  d'amende   et  aux  dépens  pour  l'explosiion   du    18 


(1)  Ibid.,   1838.    p.  109. 

(2)  Ibid.,  1842.  p.  257. 

(3)  Ibid.,  1833,  p.  371.  —  Mercure  Ségusien,  4  août  1832. 

(41)  Bulletin  de  la  Société  d'Agriculture,  1840.  p.  291. 

(5)  Offl<;e  du  Travail,  Les  Associations  professionnelles  ouvrières,  t.  I, 
p.  331. 


—  514  -^ 

octobre,  au  puits  de  la  Tour,  ou  quinze^  ouvriers  furent  tués  et 
treize  blessés.  L'explosion  avait  été  causée  par  Finsuffisance 
de  l'aérage  et  par  l'emploi  des  lampes  ordinaires,  qui  cependant 
avait  été  interdit.  Le  Tribunal  admit  plusieiurs  circonstances 
atténuantes  :  Mon  Ilot  avait  interdit  d'emploi  des  lampes  ordi- 
naires dans  les  chantiers  supérieurs,  mais  cet  ordre  n'avait 
pas  été  respecté.  En  outre,  il  était  absent  depuis  un  mois,  pour 
cause  légitime,  j'uisqu'à  la  veille  de  l'explosion  ;  enfin,  il  s'était 
porté,  aux  risques  de  sa  vie,  au  secours  des  victimes.  Mais  le 
substitut  Lenormand  n'en  avait  pas  moins  prononcé  ies  paroles 
suivantes.  On  vivait  sous  le  régime  de  Louis-Philippe  (l).  A 
entendre  le  substitut,  on  se  croirait  à  cinquante  ans  plus  tard  : 

Messieurs,  nous  réclamons  contre  M.  Morillot  une  condamnation 
sévère.  Cette  condamnation  l'atteindra  justement,  car  il  y  a  eu  de 
sa  part  persistance  dans  les  imprudences  qu'on  lui  reproche.  La 
décision  que  vous  allez  rendre  aura,  en  outre,  un  effet  salutaire.  Les 
directeurs  de  mines  comprendront  que  les  arrêtés  ne  sont  pas  lettre 
morte,  et  qu'ils  n'ont  jamais  le  droit  de  mettre  leur  arbitraire  à  la 
place  de  décisions  qui  font  leur  loi.  Et  peut-être  qu'à  laide  des 
secours  de  la  science,  de  la  surveillance  de  TAdministraiion,  on 
parviendra  à  conjurer  le  retour  de  ces  catastrophes  que  nous 
déplorons  tous.  Il  ne  faut  pas  qu'on  s'habitue  à  les  considérer 
comme  des  nécessités  qu'on  doit  subir,  que  l'on  se  dise  que  1  exploi- 
tation des  mines  coûte  des  hommes  comme  elle  coûte  de  l'argent. 
Le  devoir  du  maître  est  de  veiller  sur  la  vie  de  l'ouvrier,  malgré 
l'ouvrier  lui-même  ;  et  il  peut  être  sûr,  toutes  les  fois  que  des 
désobéissances  seront  signalées,  que  l'appui  du  ministère  public  ne 
lui  manquera  pas  pour  les  réprimer. 

Le  Gouvernement,  en  1843,  par  une  ordonnance  royale  du 
26  mars,  promulguée  le  15  avril,  édicta  de  nouvelles  mesures 
concernant  la  sécurité  des  ouvriers  mineurs  et  la  sûreté  pii- 
blique  (2).  Le  10  mars  de  la  même  année,  par  une  circulaire, 
il  avait  préconisé  la  création  de  Caisses  de  secours,  qui 
n'exisitaient  en  France  qu'en  biiem  petit  nombre  Ç-^). 

De  1845  date  la  constitution  définitive  de  la  Grande  Com- 
pagnie des  Mines  de  la  Loire,  dont  nous  examinerons  les 
institutions  ouvrières  au  sous-chapitre  suivant.  En  cette  même 


(1)  Mercure  Ségusien,  20  novembre  1842. 

(2)  V.  Michel,  Eecveil  de  jurisprudence  minérale,  p.  189. 

(3)  WlDMER.   p.  14. 


—  515  — 

année,  la  Compagnie  de  Firminy  créa  l'hôpital  Lachaux,  au 
centre  d©  la  ville,  le  plus  ancien  établissement  particulier  des 
exploitations  houdl  1ères  de  la  Loire  (i). 

Il  ne  faudrait  pas  s'illusionner  sur  la  valeur  philanthropique 
des  institutions  ouvrières  antérieures  à  celles  de  la  Grande 
Compagnie.  Meugy,  ingénieur  de  l'Etat,  écrivait  à  œ  sujet  (2)  : 

Voici  comment  le  service  de  santé  est  organisé  à  Rive-de-Gier. 
Chaque  Compagnie  a  une  Caisse  particulière,  où  elle  verse  chaque 
jour  une  retenue  de  5  centimes,  faite  sur  le  salaire  de  chaque 
ouvrier.  Cette  Caisse  devrait  être  uniquement  destinée  à  secourir 
les  malades,  blessés,  invalides  et  infirmes,  ainsi  que  les  veuves  et 
orphelins  en  bas  'âge  ;  mais  il  n'en  est  pas  ainsi,  et  sous  ce  rapport 
le  service  de  santé  pourrait  recevoir  de  grandes  améliorations.  En 
effet,  les  appointements  du  médecin  sont  pris  sur  les  fonds  de  la 
Caisse,  et  c'est  là  une  contravention  évidente  à  l'article  20  du  décret 
de  1813,  qui  veut  que  les  secours  donnés  aux  blessés  soient  à  la 
charge  des  exploitants.  Il  existe  même  certaines  Compagnies  qui 
ne  suppléent  pas  à  la  Caisse,  lorsque  celle-ci  vient  à  faire  défaut. 
Ce  n'est  pas  tout.  Les  intérêts  des  sommes  versées  dans  chaque 
Caisse  devraient  être  acquis  à  l'ouvrier,  puisque  ces  sommes  pro- 
viennent d'une  retenue  faite  sur  son  salaire.  Or,  il  n'en  est  rien. 
Les  Caisses  de  secours,  telles  qu'elles  sont  instituéas  à  Rive-de-Gier, 
donnent  donc  lieu  à  de  graves  abus,  qu'ir  serait  urgent  de  réformer. 
Pour  y  parvenir,  on  pourrait  réunir  toutes  les  Caisses  particulières 
en  une  seule,  dont  l'administration  serait  confiée  à  un  Comité 
spécial,  tel  que  celui  dont  il  est  fait  mention  dans  le  règlement 
annexé  à  l'ordonnance  royale  du  27  juin  1817,  laquelle  n'a  jamais 
reçu  son  exécution  à  Rive-de-Gier.  Les  ressources  que  présenterait 
cette  Caisse  générale  seraient  de  plus  une  garantie  de  son  efficacité. 

Avant  l'existence  de  la  Compagnie  (c'est-à-dire  avant  le  Trust), 
disait  en  1853  la  Compagnie  des  Mines  de  la  Loire,  il  y  avait 
autant  de  Caisses  de  secoojirs  que  d'exploitations.  Leur  unique 
revenu  consistait  dans  une  retenue  de  1/2  à  3  %  sur  les  salaires. 
Il  variait  par  conséquent  avec  le  mouvement  des  travaux  et  il 
était  tari  quand  l'exploitation  était  abandonnée.  Les  secours, 
très  insuffisants,  ne  représentaient  pas  même  la  dépense  du 
pain.  Parfois,  ils  cessaient  brusquement  et  définftivement. 
Sans  pouvoir  l'affirmer,  la  Compagnie  indiquait  que  l'hôpital 


(1)  Notice  sur  c^tte  Compa^ni^  à  l'Kxposition  de  1889,  p.  35. 

(2)  MniGY,  Historique  des  Mines  de  Rive-dle-Cier,  1848  (Cet  oiivmRo  a 
été  préparé  quelques  années  auparavant  comme  l'Indiquent  les  statis- 
tiques, qui  s'arrtHent  à  1844). 


—  516  — 

de  Firminy  était  entretenu  égailement  au  moyen  d'un  prélè- 
vement sur  les  salaires  0). 

Ajoutons  cependant,  d'après  M.  Brèchignac,  que  le  pro- 
priétaire de  la  mine  s'imposa  lui-même  et  promit  de  suppléer 
au  déficit.  Les  secours  étaient  alloués  sur  les  délibérations  d'un 
Conseil  dont  le  propriétaire  de  la  mine  était  l'âme.  Pour 
quelques  Caisses,  l'actif  était  augmenté  par  des  amendes. 

Ce  genre  d'association  ne  prit  point  naissance  à  la  suite  d'un 
contrat  écrit.  C'était  un  usage  qui  se  créait.  Si  plus  tard  on 
fit  uin  règlement,  ce  fut  pour  constater  cet  usage,  qui  d'ailleurs 
n'existait  pas  dans  toutes  les  exploitations  p). 

Le  règlement  primitif  deis  Mines  de  la  Chazotte  (1^  novembre 
1845)  imposait  une  retenue  de  10  centimes  par  journée  de 
travail  et  ne  prévoyait  comme  risque  à  secourir  que  la  perte 
complète  d'un  bras  ou  d'une  jambe.  La  victime  recevait  alors 
50  centimes  par  jour  (3). 

J'indique  au  chapitre  concernant  l'Ecole  des  mines  les  cours 
créés  à  cette  école  pour  les  ouvriers  mineurs  pendant  cette 
période. 


§  2.  —  PERIODE    1845-1854 


Cette  période  est  celle  du  trust  des  houillères  de  la  Loire. 

Le  décret-loi  du  2  mars  1848,  limitant  à  douze  heures  la 
durée  effective  dfu  travail,  fut  abrogé  par  le  décret  du  9  sep- 
tembre suivant,  restreignant  cette  limitation  aux  usines  et  aux 
manufactures.  A  cette  époque,  la  journée  de  douze  heures  était 
la  règle  générale. 

J'ai  raconté,  dans  un  autre  chapitre,  la  participation  des 
mineoiirs  au  mouvement  ouvrier  de  1848  (v.  p.  346).  Ils  consti- 
tuèrent alors  teur  première  A^sociaition  professionnelle  :  l0 Société 


(1)  Mémoire  cité  au  paragraphe  suivant. 

(2)  Brèchignac,  Les  Caisses  de  secours  des  ouvriers  mineurs,  1869, 
p.  11-12. 

(3)  Antoine  Gerest,  La  liquidation  de  Vancienne  Caisse  de  secours  de 
la  Chazotte  {Gazette  de  Saint-Etienne,  juijlet  1910)  La  concession  de  la 
Chazotte,  accordée  en  1825  (v.  p.  249),  devint  en  1876  la  propriété  de  la 
Compagnie  P.-L.-M. 


—  517  — 

des  ouvriers  mineurs  et  charbonniers  de  la  Loire ^  dont  le  Comité 
central  joua  un  certain  rôle.  J'ai  lieu  de  croire  que  cette  Société 
eut  pour  filiale  la  Société  de  secours  mutuels  des  mineurs  de 
Rive-de-Gier,  fondée  le  l^''  janvier  1849  et  qui  comptait  363 
adhérents  eni  1^51.  Cette  Société  fut  dissoute  par  le  Préfet  au 
lendemain  du  Deux-Décembre,  le  3  janvier  1852.  Elle  ne 
comptait  plus  que  neuf  membres,  qui  s©  partagèrent  les 
228  francs  en  caisse  (l). 

On  venait  de  voter  la  première  loi  sur  les  Sociétés  de  Secours 
mutuels  (15  juillet  1850).  Mais  sous  le  couvert  de  la  mutualité 
le  Gouvernement  ne  tolérait  pas  l'organisation  révolutionnaire. 

La  Compagnie  de  la  Loire,  qui  monopolisa  presque  totalement 
l'exploitation  de  1845  à  1854,  a  tracé  l'historique  et  l'organi- 
sation de  ses  institutions  ouvrières  dans  la  note  ci-après,  jointe 
à  une  lettre  du  26  novembre  1853  adressée  à  l'Ingénieur  en  chef 
du  Département  (2)  : 


NOTE  SUR  LE   SERVICE  D'ASSISTANCE 

DE    LA    COMPAGNIE    DES    MINES    DE    LA    LOIRE 

en  1853 

Le  service  d'assistance,  organisé  par  la  Compagnie  des  mines  de 
la  Loire  en  faveur  de  ses  ouvriers  de  Saint-Etienne  et  de  Rive-de- 
Gier,  comporte  : 

1°  Trois  établissements  spéciaux,  comprenant  :  des  infirmeries 
pour  les  ouvriers  blessés,  des  pharmacies  et  un  service  médical 
gratuit  pour  les  ouvriers  malades  et  pour  tous  les  membres  de  leurs 
familles,  des  écoles,  des  ouvroirs  et  des  salles  d'asile  pour  leurs 
enfants,  des  chapelles  régulièrement  desservies  ; 

2°  Une  Caisse  générale  de  secours  pour  les  ouvriers  frappés 
temporairement  d'incapacité  de  travail,  et  de  pensions  viagères  pour 
les  invalides  et  pour  les  veuves  des  ouvriers  morts  par  suite 
d'accidents  : 


(1)  Office  du  travail,  Les  Associations  professionnelles,  I,  p.  333. 
Toutes  les  mutuelles  furent  dissoutes,  pendant  l'état  de  siège,  par  le 
général  de  Castellane,  qui  commandait  ù,  Lyon  et  qui  avait  le  dépar- 
tement de  la  Loire  diris  son  commandement.  Quelques-unes  furent 
rétablies. 

(2)  Archives  de  la  Société  actuelle  des  Mines  de  la  Loire. 

34 


—  518  — 

3°  Des  secours  dits  extraordinaires  pour  les  familles  d'ouvriers 
qui,  n'ayant  pas  de  droits  à  la  Caisse  de  secours,  se  trouvent  dans 
le  besoin,  par  suite  de  circonstances  dignes  d'intérêt  ; 

4°  Des  subvevltions  aux  hospices  des  aliénés  et  des  sourds^muets, 
aux  écoles  de  diverses  communes,  à  une  boucherie  dans  laquelle 
les  ouvriers  obtiennent  la  viande  à  prix  réduit,  etc...  ;^ 

5"  Des  dons  en  argent  ou  en  charbon,  pour  les  familles  indigentes 
qui  sont  complètement  étrangères  à  la  Compagnie. 

Infirmeries  et  Ecoles 

Trois  établissements  ont  été  fondés,  en  1846,  1847  et  1848,  au  Soleil, 
pour  le  bassin  de  Saint-Etienne  ;  au  Montcel,  pour  le  bassin  de  La 
Ricamarie  ;  à  Lorette,  pour  le  bassin  de  Rive-de-Gier. 

Ils  ont  coûté,  en  prix  d'achat  (construction  et  mobilier)  : 
297.804  fr.  34. 

Ils  sont  desservis  par  trente-quatre  sœurs,  appartenant  à  l'ordre 
de  Saint-Vincent  de  Paul,  comme  la  plupart  des  établissements 
hospitaliers  créés  et  entretenus  par  le  Gouvernement,  les  départe- 
ments et  les  grandes  villes. 

Ces  sœurs  sont  chargées  de  soigner  les  blessés  dans  les  infirme- 
ries, les  malades  à  domicile,  et  d'élever  les  enfants  dans  les  écoles. 
Il  y  a,  en  outre,  une  sous-maîtresse  pour  chaque  classe,  un  infirmier 
pour  chaque  infirmerie,  un  jardinier  pour  chacun  des  vastes  jardins 
annexés  aux  trois  établissements. 

La  Compagnie  n'a  rien  négligé,  en  restant  dans  les  conditions  de 
simplicité  essentielles  à  de  pareils  établissements,  pour  l'installation 
des  divers  services,  et  plus  spécialement  pour  celle  des  infirmeries. 
Elle  a  voulu,  en  mettant  ainsi  sous  les  yeux  de  ses  ouvriers  et  de 
leurs  enfants  l'exemple  du  confortable  et  de  la  propreté,  leur  en 
inspireK  le  goût  dans  l'intérieur  des  familles,  qui,  sous  ce  rapport, 
offrent  un  spectacle  des  plus  affligeants  dans  le  bassin  de  la  Loire. 
Nous  pouvons  ajouter  que  cette  influence  a  déjà  eu  des  résultats 
très  appréciables. 

Huit  médecins  sont  attachés  au  servie©  de  la  Compagnie,  dont 
cinq  à  Saint-Etienne  et  trois  à  Rive-de-Gier. 

Trois  de  ces  médecins  se  rendent  chaque  jour,  à  des  heures  fixes, 
aux  infirmeries,  pour  visiter  les  blessés  et  donner  des  consultations 
aux  malades  qui  se  présentent. 

Un  règlement  spécial  prescrit  £.ux  médecins  de  se  rendre  au  domi- 
cile de&  malades  dans  les  délais  déterminés,  sur  des  avis  délivrés 
par  les  ingénieurs  ou  contrôleurs,  et  de  renouveler  leurs  visites 
aussi  souvent  que  l'état  des  malades  peut  l'exiger. 

Les  médicaments  nécessaires  à  tous  les  malades  sont  délivrés 
gratuitement  et  des  sœurs  sont  spécialement  chargées  d'en  surveiller 
l'emploi. 


—  519  — 

V 

Les  supérieures  des   établissements  sont,   en  outre,  autorisées 
distribuer  des  secours  en  viande,  pain,  linge,  etc. 
En  1852,  il  a  été  reçu  dans  les  infirmeries  249  blessés,  savoir  : 

Au   Soleil 113 

Au   Montcel 75 

A   Lorette 61 

249 


Le  nombre  des  blessés  reçu,»  à  Lorette  est  comparativement  peu 
considérable,  surtout  si  l'on  tient  compte  du  nombre  des  ouvriers 
au  centre  desquels  il  se  trouve.  Cela  tient  à  ce  que  cet  établissement 
a  été  créé  le  dernier  et  qu'il  a  fallu  là,  comme  au  Soleil  et  au 
Montcel,  assez  longtemps  pour  vaincre  la  répugnance  qu'éprouvent 
les  ouvriers  à  se  laisser  transporter  dians  des  hospices.  Mais  cette 
répugnance  a  complètement  cessé  et  les  lits  de  Lorette  sont  main- 
tenant toujours  occupés.  Voici,  d'ailleurs,  quelle  a  été  la  progres- 
sion des  blessés  reçus  : 

1*^  semestre  (1852) 22 

2«         —  —     : 39 

3«         —         (1853) 44 

Le  séjour  des  blessés  dans  les  trois  infirmeries  est  représenté, 
dans  son  ensemble,  par  10.387  journées,  d'où  résulte  une  moyenne 
de  42  journées  par  homme. 

Pendant  l'année  1852,  il  a  été  fait,  par  les  médecins  de  la 
Compagnie,  10.259  ordonnances,  pour  lesquelles  des  médicaments 
ont  été  fournis  gratuitement  par  les  pharmacies  des  trois  établis- 
sements. Ces  ordonnances  se  répartissent  comme  suit  : 

Ouvriers 4.623 

Femmes.   .  .    3.004 

Enfants.  .  •  •. 2.632 

ToTAi ho.259 

Pendant  la  même  année,  il  a  été  fait,  soit  par  les  médecins,  soit 
par  les  sœurs,  6.564  visites  à  domicile. 

M  faudrait  faire  de  très  longues  recheirches  pour  établir  avec 
précision  le  nombre  des  individus  (jui  ont  reçu  les  soins  des  méde- 
cins et  des  sœurs,  comme  aussi  pour  fixer  la  durée  moyenne  des 
maladies.  Les  médecins,  consultés  à  ce  sujet,  évaluent  à  deux  par 
personne  en  moyenne  le  nombre  des  ordonnances  et  des  visites, 
et  à  quinze  jours  la  durée  des  maladies. 

Sur  ces  bases,  plus  de  5.000  personnes  environ,  soit  une  par 
famille  en  moyenne,  auraient  participé  au  service  médical  organisé 


—  520  — 

par  la  Compagnie,  3.300  auraient  été  visitées  à  domicile,  et  l'en- 
semible  des  journées  de  maladie  serait  de  75.000. 

Il  est  impossibl,e  de  distinguer,  dans  les  dépenses  du  service 
médical,  la  part  afférente  aux  infirmeries  de  celle  qui  s'applique 
aux  malades  so'^gnés  à  domicile.  Les  médecins,  les  sœurs,  les 
pharmacies  sont  communs  aux  deux  parties  du  service- 

Voici,  d'ailleurs,  pour  chacuii  des  trois  établissements,  le  détail 
des  dépenses  pendant  l'année  1852  : 


Aliments 

Médicaments . . 

Blanchissage 

Chauffage 

Mobilier 

Jardins 

Réparations  et  entre- 
tien   

Secours  à  domicile,  en 
pain,  viande,  linge, 
etc 

Pensions  des  soeurs.. 

Honoraires  des  mé- 
decins  

Impôts 

Ecoles  et  salles  d'asile 

Totaux 


Soleil 


franc* 

.371  46 
.031  29 
587  24 
563  56 
281  43 
515  76 

431  48 


1.227  45 
5.000    » 

5.000     « 
516  91 

547  30 

29.073  88 


Montcel 

francs 

3.324  41 

2.241  55 

590  20 

440  60 

42  05 

210  50 

3.053  40 

985  60 

4.000    ). 

1.600    » 

200    » 

874  20 

17.562  51 

Lorette 

francs 

2.849  85 

5.449  05 

499    » 

434  80 

484  60 

93  90 

4.426  95 

1.720  65 

4.500    » 

3.015     ))- 

»     » 

504  45 

23.978  25 

Total 


francs 

11.545  72 

11.721  89 

1  676  44 

1.438  96 
808  08 
820  16 

12.911  83 


3.933  70 
13.500    » 

9.615    » 

716  91 

1.925  95 

70.614  64 


A  ces  dépenses,  dont  l'ensemble  s'élève  à  70.614  fr.  64,  ii  est  juste 
d'ajouter  l'intérêt  des  298.000  francs  immobilisés  par  la  Compagnie 
pour  l'achat  et  raménagement  des  trois  établissements,  soit  15.000  fr. 
La  dépense  totale  de  l'année  1852  se  trouve  ainsi  portée'  à 
85.614  fr.  64. 

Il  est  à  remarquer  que  leis  édoles  et  salles  d'asile  ne  sont  com- 
prises que  pour  1.925  fr.  95  dans  les  dépenses  ;  mais  il  convient  de 
faire  porter  sur  cette  partie  du  service  : 

1°  La  moitié  des  pensions  payées  aux  siœurs  ; 

2°  La  moitié  des  intérêts  du  capital  ; 

3°  La  moitié   du   chauffage  ; 

4°  Une  partis  de  la  dépense  pour  aliments  ;  car,  chaque  jour, 
on  donne  la  soupe  aux  enfants,  pour  qu'ils  n'aient  pas  à  rentrer 
dans  leurs  familles  avant  la  fin  de  la  journée. 


—  521  — 
Voici  quel  a  été  le  personnel  des  écoles  pendant  Tannée  1852  : 


I"  classe 

2»  classe 

3*  cla"fese 

Ouvroir 

Asile 

Total 

Soleil 

54 

65 

73 

62 

156 

410 

Montcel 

63 

73 

)) 

94 

204 

434 

Lorette 

TOTAT,    .. 

36 

62 

76 

33 

152 

359 

153 

200 

149 

189 

512 

1.203 

Le  nombre  des  élèves  va  toujours  progressant,  notamment  dans 
rétablissement  de  Lorette,  qui  a  été  fondé  le  dernier.  On  y  compte 
maintenant  près  de  500  enfants. 

A  la  fin  de  chaque  année,  il  est  fait  des  distributions  de  prix,  qui 
ont  été  souvent  présidées  par  les  autorités  supérieures  en  résidence 
dans  r arrondissement. 

Caisse  de  secours.  —  Avant  l'existence  de  la  Compagnie,  il  y 
avait  autant  de  caisses  de  secours  que  d'exploitations.  Ces  caisses 
avaient  pour  unique  revenu  une  retenue  faite  sur  les  salaires  et 
variant  de  1  ^  à  3  %  Cette  ressource  n'était  pas  seulement  insuf- 
fisante, elle  était  subordonnée  à  toutes  les  vicissitudes  des  exploi- 
tations. Elle  était  plus  ou  moins  considérable,  suivant  que  les 
travaux  étaient  plus  ou  moins  actifs  ;  elle  était  complètement 
anéantie  pour  les  caisses  des  exploitations  qui  étaient  abandonnées. 

Dans  de  pareilles  conditions,  les  secours  attribués  aux  invalides, 
aux  veuves,  aux  ouvriers  temporairement  frappés  d'incapacité  de 
travail,  étaient  toujours  insuffisants,  souvent  Us  ne  représentaient 
pas  même  la  dépense  du  pcùin,  et  parfois  ils  cessaient  d'une  manière 
absolue,  définitive. 

Dès  1846,  la  Compagnie,  sans  rien  changer  à  l'organisation  des 
caisses,  leur  a  alloué  les  subventions  nécessaires  pour  augmenter 
les  secours  et  en  assurer  le  service  régulier.  Lorsque  T exploitation 
a  laquelle  appartenait  une  caisse  était  interrompue,  la  Compagnie 
prenait  à  sa  charge  la  totalité  des  pensions  dont  elle  était  grevée. 
La  Compagnie  a  même  rendu  à  un  assez  grand  nombre  de  veuves 
et  d'invaJides  des  pensions  qui  avaient  cessé,  pour  cette  causie, 
d'être  payées  depuis  longtemps  par  les  exploitants  auxquels  elle 
s'est  substituée. 

En  1850,  après  une  enquête  à  laquelle  concoururent  des  délégués 
nommés  par  les  ouvriers,  la  Compagnie  centralisa  toutes  les  caisses 
de  secours  pour  n'en  former  qu'une  seule,  commune  aux  exploita- 
t  ons  de  Saint-Etienne  et  de  Rive-de  Gier.  Les  secours  furent  unifor- 
mément élevés  au  taux  de  1  franc  par  jour  pour  les  ouvriers^  de 
50  cen.tim<ïs  pour  les  veuves  ;  les  (mvriers  et  les  veuves  reçoivent, 


—  522  — 

en  outre,  25  centime®  pour  chacun  de  leurs  enfants  âgés  de  moins 
de  12  ans. 

La  retenue  sur  les  salaires  a  été  uniformément  fixée  à  2  %,  et 
la  Compagnie  s'est  engagée  à  faire  une  subvention  égale  à  la  rete- 
nue. On  verra  que  la  subvention  a  été  beaucoup  plus  considérable. 
La  Compagnie  fait  seule,  en  outre,  les  frais  du  service  médical 
annexé  à  la  Caisse  de  Secours. 

L'Administration  de  la  Caisse  a  été  confiée  à  un  Conseil,  composé 
de  18  membres,  dont  12  sont  nommés  par  les  ouvriers  et  6  par  le 
Conseil  d'administration  de  la  Compagnie. 

Voici  quelles  ont  été,  sur  cesi  bases,  les  opérations  de  la  Caisse 
de  Secours  pendant  Tannée  1852  : 

Des  secours  ont  été  alloués  à  trois  mille  cinq  cent  quatre-vingt- 
dix-huit  personnes,  comme  suit  : 

Ouvriers.  .  •   1 .393 

Enfants  de  ces  ouvriers  (âgés  de  moins  de  12  ans) 1 .529 

Veuves 340 

Enfants  de  ces  veuves  (âgés  de  moins  de  12  ans) 318 

Orphelins - 18 

Total 3.598 


L'ensemble  des,  secours  alloués  à  ces  3.598  personnes,  pendant 
l'année  1852,  s'est  élevé  à  133.975  francs. 

Le  produit  de  la  retenue  faite  sur  les  salaires  a  contribué  à  cette 
dépense  pour  50708  fr.  01. 

Pour  comibler  le  déficit,  la  Compagnie  a  dû  porter  sa  subvention 
à  83.266  fr.  99. 

Ainsi  la  Compagnie,  qui,  sans  y  être  tenue  par  aucune  loi  et 
contraArement  à  Vusage  étahU  de  tout  temps,  existant  encore  en 
dehors  d'elle,  dans  le  bassin  de  la  Loire,  s'était  engagée  à  verser 
une  subvention  égale  au  produit  de  la  retenue,  n'a  pas  mis  à  cette 
subvention  d'autres  limites  que  celle  des  besoins  de  la  Caisse  de 
Secours,  et,  au  lieu  de  verser  SO.OOO  francs,  elle  en  a  donné 
83.000,  soit  près  du  double  de  ce  qu'elle  avait  volontairement  promis. 

Si  l'on  répartit  la  totalité  de  la  dépense  entre  les  chefs  de  famille 
(ouvriers  et  veuves)  qui  ont  été  secourus,  la  moyenne  des  alloca- 
tions faites  sera  de  77  fr.  30  par  individu. 

Si,  comme  sur  les  exploitations  étrangères  à  la  Compagnie,  la 
Caisse  n'avait  pas  eu  d'autre  ressource  que  le  produit  de  la  retenue, 
cette  moyenne  eût  été  réduite  à  29  fr.  20. 

Sous  une  autre  forme,  le  produit  de  la  retenue  n'aurait  pas  même 
suffi  à  payer  les  pensions  des  veuves,  qui  sont  comprises  dans  la 
dépense  pour  74.850  francs. 

Ceci  nous  conduit  à  faire  remarquer  que  la  Caisse  de  Secours, 
teiHe  que  l'a  constituée  la  Compagnie,  est,  sous  certains  rapports 
et  dans  des  proportions   considérables,   une     véritable     caisse   de 


—  523  — 

retraites.  En  effet,  on  vient  de  voir  qu'elle  servait  à  340  veuves  des 
pensions  permanente.»  viagères,  dont  l'ensemble  s'est  élevé  à  près 
de  75.000  francs  en  1852. 

Nous  ajouterons  que  des  pensions,  également  permanentes  et 
viagères,  sont  servies  à  plus  d.e  cent  ouvriers  invalides.  Le  nombre 
de  ces  invalides  ne  peut,  pas  être  fixé  avec  précision,  parce  que, 
pour  quelques-uns,  l'incapacité  de  travail  p«ut  cesser,  mais  nous 
pouvons  évaluer  à  plus  de  cent  ceux  dont  les  pensions  datent  de 
deux  ans  au  moins. 

Aussi  re^ste-t-il  peu  de  chose  à  faire  à  la  Compagnie  pour  cons- 
tituer, à  côté  de  sa  caisse  de  secours,  une  caisse  de  retraites  propre- 
ment dite^  qui  s'appliquerait  aux  ouvriers  remplissant  certaines 
conditions  de  séjour  dans  les  mines  et  d'âge.  Depuis  longtemps  elle 
a  décidé  que  ce  complément  indispensable  serait  donné  à  son 
système  d'assistance,  eUe  en  a  préparé  la  réalisation,  qui  serait 
déjà  accomplie  si  on  avait  laissé  à  la  Compagnie  sa  liberté  d'action, 
au  lieu  de  la  contraindre  à  défendre  ses  droits,  son  existence,  contre 
des  attaques  injustes,  contre  des  menaces  passionnées.     % 

Quoi  qu'il  en  soit,  même  dans  son  organisation  actuelle,  la 
Caisse  de  Secours  de  la  Compagnie  comporte  le  service  de  près  de 
500  pensions  viagères,  dont  elle  a  librement,  spontanément,  pris  la 
charge,  qui  seraient  anéanties  le  jour  où  la  Compagnie  cesserait 
d'exister,  ou  qui,  du  moins,  seraient  réduites  à  leur  prélèvement 
proportionnel  sur  la  retenue  imposée  aux  salaires,  c'est-à-dire  à 
un  chiffre  qui,  ainsi  que  nous  le  disions,  suffirait  à  peine  aux 
pensiomitaires  pour  acheter  du  pain. 

Secours  extraordinaires 
{Subventions  à  des  Hospices  et  Ecoles,  etc.) 

Nous  n'entrerons  pas  dans  les  détails  des  autres  parties  du  service 
d'assistance  organisé  par  la  Compagnie.  Nous  nous  bornerons  à 
constater  sommairement  que,  en  1862,  il  a  été  dépensé  34.463  fr.  43 
en  dehors  des  infirmeries,  des  écoles  et  de  la  Caisse  de  Secours. 

Ces  dépenses  ont  eu  pour  objet  : 

1°  Des  secours  à  des  familles  d'ouvriers  qui  se  trouvaient  dans 
des  conditions  de  misère  exceptionnelles  (distributions  de  pain, 
viande,  linge,  paiements  de  loyers,  etc..)  ; 

2°  I>es  abonnements  aux  hospices  des  sourds  et  muets  et  des 
aveugles,  des  subventions  aux  écoles  des  communes  qui  sont  situées 
à  de  trop  grandes  distances  de  nos  établissements  pour  que  les 
enfants  des  ouvriers  puissent  suivre  nos  écoles  spéciales  ; 

3°  Une  subvention  à  un  bovicher  qui  s'est  engagé  à  livrer  la 
viande  à  prix  réduit  aux  ouvriers  de  la  Compagnie. 

Il  n'a  encore  été  fait,  sous  ce  rapport,  qu'un  essai  partiel,  pour 
les  ouvriers  situés  dans  la  ville   et   la  banlieue   de   Saint'Etienve  ; 


—  524  — 

mais  le  service  de  cette  boucherie  doit  être  généralisé  aussitôt  que 
l'expérience  aura  fourni  les  éléments  nécessaires  à  son  organisation  ; 

4°  Le  paiement  d'une  demi-journée  de  salaire  et  les  frais  du 
service  religieux,  dans  toutes  les  communes,  à  l'occasion  de  la  fête 
de  Sainte-Barbe,  patronne  des  ouvriers  mineurs  ; 

5°  Enfin,  une  distribution  d'au  moins  20.000  quintaux  métriques 
de  charbon,  par  l'entremise  des  maires  ou  des  bureaux  de  bienfai- 
sance d'un  grand  nombre  de  communes.  La  Ville  de  Saint-Etienne 
est  comprise,  tous  les  ans,  dans  cette  distribution  pour  plus  de 
IjO.OOO  quintaux  métriques. 

Résvmié  des  dépenses  du  service  d'assistance  en  1852 

En  résumé,  pendant  l'année  1852,  les  dépenses  du  service  d'assis- 
tance de  la  Compagnie  se  sont  élevées  à  203.345  fr.  06,  comme  suit  : 

Entretien   de   trois   établissements 70.614  64 

Subvention  à  la  Caisse  de  secours 83.266  99 

Secours   extraordinaires 34 .463  43 

Intérêts  du    capital  consacré   à  l'acquisition   des   trois 

établissements.  .  15.000    » 

Total , 203.345  06 


Résumé  général  des  dépenses  du  service  d'assistance 
du  /^  janvier  18^6  au  30  juin  1853 

Achat,  construction  et  mobilier  des  trois  établissements  297.804  34 

Entretien    des   établissements 344.488  78 

Honoraires  des  médecins 57.950    » 

Subvention  à  la  Caisse  de  secours 407.952  98 

Secours   extraordinaires 344 .984  76 

Intérêts    des    capitaux    consacrés    à    l'acquisition    des 

trois   établissements 105.000    » 

Total 1.558.180  86 


Lettre  de  la  Compagnie  à  Vîngénieur  en  chef  des  mines 

Saint-Etienne,  le  26  novembre  i8.^3. 

Nous  avons  l'honneur  de  vous  transmettre,  en  réponse  à  vos 
lettres  des  23  et  24  courant,  une  note  sur  le  service  d'assistance 
de  la  Compagnie  des  mines  de  la  Loire. 

Vous  remarquerez  que  cette  note  va  au  delà  de  vos  questions,  en 
ce  qu'elle  contient  des  détails,  non  seulement  sur  le  service  médical 
et  les  écoles  fondés  par  la  Compagnie  dans    trois    établissements 


—  525  — 

spéciaux,  mais  aussi  sur  la  Caisse  de  secours  organisée,  subven- 
tionnée par  elle,  et  enfin  sur  tous  les  autres  secours,  de  diverse 
nature,  alloués  par  la  Compagnie  en  dehors  de  ses  établissements  et 
de  sa  Caisse  de  secours,  soit  aux  familles  de  ses  ouvriers,  soit  en 
général  aux  indigents. 

Conformément  à  vos  indications,  nous  avons  pris  pour  base  de  la 
note  ci-jointe  les  faits  et  les  chiffres  de  l'année  1852  ;  mais,  pour 
que  vous  puissiez,  ainsi  que  M.  le  Ministre  des  Travaux  publics, 
apprécier  toute  l'importance,  toute  l'étendue  du  service  d'assistance 
de  la  Compagnie,  nous  avons  établi  le  résumé  général  des  dépenses 
du  l^r  janvier  1846  au  30  juin  1853. 

(Su'it  le  résumé  général  précédent  dont  le  total  s'élève  à 
1.558.180  fr.  86.) 

Nous  regrettons.  Monsieur  l'Ingénieur  en  chef,  que  vos  occupa- 
tions ne  vous  aient  pas  permis  de  visiter,  ainsi  que  nous  vous  en 
avons  exprimé  le  désir,  au  moins  un  de  nos  trois  établissements, 
dans  tous  ses  détails.  Nous  sommes  convaincus,  en  effet,  qu^  cette 
visite  vous  aurait  mis  en  mesure,  beaucoup  mieux  que  ne  peuvent 
le  fa/ire  des  chiffres,  d'apprécier  et  de  faire  connaître  à  M.  le  Minis- 
tre des  Travaux  publics  la  nature  et  les  résultats  des  institutions 
spéciales  que  la  Compagnie  a  fondées  pour  améliorer,  autant  qu'il 
dépend  d'elle,  la  situation  physique  et  morale  des  nombreuses 
familles  ouvrières  attachées  à  ses  exploitations. 

Nous  devons  croire,  Monsieur  l'Ingénieur  en  chef,  que  vous  aurez 
pris,  sur  le  service  d'assistance  des  autres  exploitants  du  bassin 
de  la  Loire,  des  renseignements  qui  vous  permettront  d'établir  une 
comparaison  entre  ce  qu'ils  ont  fait  sous  ce  rapport  et  ce  qri'a  fait 
notre  Compagnie.  En  effet,  les  résultats  que  nous  constatons  dans 
la  note  ci-jointe  perdraient  en  grande  partie  leur  signification,  si 
on  ne  les  comparaît  aux  résultats  qui  ont  été  obtenus  en  dehors  de 
la  Compagnie.  Or,  nous  n'hésitons  pas  à  affirmer  que  là  où  nous 
avons  déjà  toute  une  grande  organisation,  les  autres  exploitants 
n'ont  rien  ou  presque  rien.  Une  seule  Compagnie,  celle  de  Roche-la- 
Molière  et  Firminy  a,  pour  la  moitié  de  ses  ouvriers,  une  infirmerie 
et  une  école,  qui,  du  reste,  si  nous  sommes  bien  renseignés,  sont 
entretenues  au  moyen  d'un  prélèvement  fait  sur  les  salaires.  Sur 
toutes  les  exploitations  étrangères  à  la  Compagnie,  les  Caisses  de 
secours  n'ont  pas  d'autre  revenu  que  ce  prélèvement,  et  il  en 
résulte,  pour  la  plupart,  une  insuffisance  qili  condamne  à  la  misère 
les  ouvriers  frappés  d'incapacité  de  travail  et  les  veuves.  Ainsi, 
lorsque  nous  avons  repris,  au  1'*'  jan^^er,  par  cessation  d'amodia- 
tion, les  mines  de  la  Tardiverie,  les  secours  étaient  réduits  à 
35  centimes  par  jour  pour  les  ouvriers,  et  à  20  centimes  pour  les 
veuves. 

Nous  n'avons  pas  besoin  d'ajouter  qu'en  établissant  ce  parnllMe, 
il  n'entre  pas  dans  notre  pensée  d'en  faire  sortir  un  bliîme  pour  les 
autres  exploitants.  S'ils  n'ont  pas  fait  comme  nous,     autant  que 


—  526  — 

nous,  il  ne  faut  s'en  prendre  qu'à  l'impuissance  du  morcellement. 
Des  établissements  pareils  à  ceux  que  nous  avons  fondés  ne  sont 
possibles  que  par  la  ceriitralisation  des  exploitations  et  par  le 
groupement  d'un  grand  nombre  d'ouvriers  ;  des  dépenses  aussi 
considérables  que  celles  que  nous  nous  sommes  imposées,  non  seule- 
ment dans  le  passé,  mais  aussi  dans  l'avenir,  ne  seraient  pas 
acceptables  pour  l'industrie  houillère,  si  elle  n'était  pas  transformée 
par  la  centralisation  de  l'association  en  une  propriété  collective,  de 
manière  à  répartir  ces  dépenses  sur  plusieurs  milliers  de  personnes. 
Veuillez  agréer,  etc.. 


Les  institutions  ouvrières  de  la  Compagnie  furent  très 
attaquées  dans  les  brochuires  et  dans  les  journaux  hostiles  au 
Monopole.  On  confondait  ces  institutions  avec  le  Monopole  lui- 
même.  Camille  Jacqueniont,  ancien  magistrat,  écrivait  en  1846  : 

Les  délégués  de  la  Compagnie  annoncent  l'établissement  prochain 
de  plusieurs  hospices.  Ce  sera  fort  beau,  mais  fort  cher,  et  l'on  se 
demande  qui  en  paiera  les  frais.  Les  anciens  exploitants  de  mines 
gagnaient  peu  ;  les  Compagnies  qui  leur  ont  succédé  perdaient 
beaucoup,  la  Compagnie  générale,  qui  a  acquis  à  des  conditions 
plus  onéreuses  encore,  puisqu'elle  a  surpayé  de  plusieurs  millions 
certaines  adjonctions,  voudrait^elle  donc  se  ruiner  en  ajoutant  à  la 
générosité  de  ses  marchés,  aux  amples  rétributions  de  certains 
employés,  aux  négociations  larges  de  quelques  habiles,  le  luxe  de 
la  philanthropie  ?  J'ai  peur  de  sa  charité,  et  dans  son  intérêt  comme 
dans  le  nôtre,  je  lui  conseille  de  confier  encore  pour  quelque  temps 
ses  ouvriers  blessés  aux  Hospices  de  Saint-Etienne,  dans  lesquels 
le  service  médical  et  les  soins  das  aux  malades  ne  laissent  rien  à 
désirer.  Seulement,  que  la  Compagnie  veuille  bien  acquitter  avec 
plus  d'exactitude  que  par  le  passé  le  modique  prix  d'un  franc  par 
chaque  journée  d'ouvrier  traité  dans  les  hospices.  Puis,  qu'elle 
daigne  prendre  souci  des  droits  de  redevances  qui  leur  reviennent  ! 
La  justice  avant  la  charité...  et  avec  celle-ci  la  prudence  et  la 
modestie  ! 

Le  même  auteur  écrivait  encore  : 

Les  ouvriers  demandaient  l'établissement  d'une  Caisse  de  secours 
dans  laquelle  ils  consentaient  volontiers  à  verser  les  retenues 
journalières  faites  sur  leur  salaire,  mais  sous  la  condition  que  la 
gestion  de  cette  caisse  serait  surveillée  par  des  syndics  nommés 
par  eux,  par  les  redevanciers  et  autres  personnes  qui  concourraient 
à  sa  dotation.  Ils  se  plaignaient  en  même  temps  de  l'ignorance  où 
on  les  avait  laissés  jusqu'à  ce  jour  de  l'emploi  des  sonunes  qui  y 


—  527  — 

avaient  été  versées,  et  ils  signalaient  des  abus  que  je  m'abstiens 
de  rapporter. 

On  a  vu  que  la  Caisse  centrale  fut  créée  en  1850  et  que  les 
ouvriers  furent  appelés  à  nommer  des  délégués  au  Conseil 
d'administration. 

D'autre  part;  la  Ville  de  Saint-Etienne,  dans  une  brochure 
reproduisant  un  rapport  du  20  novembre  1849  publié  en  1850 
et  adressé  «  aux  Grands  Pouvoirs  de  l'Etat  »,  déclarait  par 
l'organe  de  son  rapporteur  : 

La  Compagnie  a  relevé  avec  emphase  les  institutions  qu'elle  a 
fondées  en  faveur  de  ses  ouvriers.  Les  principales  sont  :  une  maison 
pour  le  traitement  des  ouvriers  blessés  ou  malades,  une  caisse  de 
secours.  La  première  n'est  que  l'exécution  du  décret  du  3  janvier 
1813,  article  15,  qui  oblige  les  concessionnaires  de  mines  à  entretenir 
sur  leurs  établis  s  enient\s,  dans  la  proportion  du  nombre  des  ouvriers, 
les  médicaments  et  les  moyens  de  secours. 

Quant  à  la  seconde,  voici  ce  qu'en  dit  M.  Anselme  Petetin  {Hevne 
indépendante  du  25  décembre  1846)  : 

«  Une  ordonnance  royale  du  25  juin  1817  avait  institué  une  caisse 
«  de  prévoyance,  de  retraite  et  de  secours  pour  les  ouvriers  mineurs. 
((  Elle  prescrivait  le  versement  :  l''  par  l'ouvrier,  de  5  centimes  par 
«  journée  de  travail  ;  2°  par  le  propriétaire  du  tréfonds,  de  2  cen- 
«  times  par  chaque  hectolitre  de  sa  redevance  ;  S°  par  l'exploitant, 
«  de  1  centime  par  hectolitre  extrait. 

«  D'après  les  statuts  de  la  caisse  de  secours  et  de  prévoyance 
«  organisée  par  la  Compagnie,  que  j'ai  sous  les  yeux,  la  proportion 
(f  des  versements  qu'elle  institue  est  celle-ci  : 

((  1«  De  la  part  de  l'ouvrier,  non  plus  5  centimes,  mais  2  %  du 
((  salaire.  L'ouvrier  gagne  en  moyenne  3  francs  à  3  fr.  50,  c'est  donc 
«  6  à  7  centimes  par  jour.  Augmentation  aux  dépens  de  l'ouvrier  : 
"  1  ou  2  centimes  ; 

«  2**  De  la  part  du  propriétaire  du  tréfonds,  1  centime  par  hecto- 
«  litre  au  lieu  de  2  centimes  ; 

«  30  De  la  part  de  l'exploitant  (c'est-à-dire  la  Compagnie  bienfni- 
((  trice),  1/2  centime  au  lieu  de  1  centime  par  hectolitre. 

«  Ainsi,  la  philanthropie  de  la  Compagnie  commence  par 
«  augmenter  la  contribution  de  l'ouvrier,  et  puis  ells  réduit  sur  le 
«  reste  la  moitié  de  ce  qui  est  dû  rigoureusement  à  la  caisse  en  vertu 
«  de  l'ordonnance. 

«  N'est-il  pas  humiliant  d'avoir  h  divulguer  les  secrets  de  ces 
«  gasconnade^  d'humanité  ?  » 

Nous  ajouterons  que,  si  la  Compagnie  paraît  avoir  maintenu  Je 
taux  des  «salaires,  elle  l'a  réellement  réduit  en  exige^int  un  plus 
p^rand  travail  des  ouvriers. 


—  528  — 

Les  mêmes  accusations  étaient  renouvelées  dans  une  autre 
délibération  du  10  août  1850  (v.  p.  386)  et,  en  général,  par  tous 
les  adversaires  de  la  Compagnie.  Celle-ci  répondait  parfois 
à  ces  allégations,  comme  elle  le  fit  dans  V  Avenir  républicain 
des  V'  et  6  août  1850  (v.  p.  3T3). 

Dans  tous  les  cas,  les  conclusions  de  sa  lettre  du  26  novembre 
1853  (p.  520)  nous  paraissent  très  fondées.  La  Compagnie  pouvait 
à  juste  titre,  comparer  avantageusement  ses  créations  philan- 
thropiques à  celles  des  autres  exploitants  et  en  tirer  argument 
en  faveur  de  la  centralisation  contre  le  morcellemeTit,  l'agglo- 
mération des  capitaux  permettant  seule  d'engager  des  dépenses 
considérables.  Qu'étaient-ce  que  les  ridicules  ou  affligeantes 
institutions  ouvrières  qui  existaient  dans  les  mines  de  la  Loire 
avant  1845  ?  Combien  tous  ces  propriétaires  exploitants  et  tré- 
fonoiers  étaient  qualifiés  pour  reprocher  à  la  Compagnie  le  bien 
qu'elle  avait  pu  faire,  à  côté  du  mal  et  de  l'inquiétude  qu'elle 
avait  réellement  causés  à  la  consommation  !  Il  suffisait  que  la 
Compagnie  exerçât  un  monopole  dangereux  pour  que  toutes 
ses  créations  fussent  blâmées  par  ses  adversaires. 


III.    —    PÉRIODE     DE    1854    A    1880 


Cette  période  fait  suite  à  la  répart" tion,  entre  quatre  Com- 
pagnies, des  concessions  réunies  par  la  grande  Compagnie  de 
la  Loire.  Elle  précède  l'orientation  parlementaire  vers  la  prépa- 
ration de  nombreuses  lois  sor  le  travail.  Elle  verra  renaître  et 
s'accuser  le  mouvement  ouvrier.  Ce  chapitre  n'ayant  pour  objet 
que  l'historique  de  la  législation  des  ouvriers  mineurs  et  des 
institutions  ouvrières,  l'historique  du  mouvement  ouvrier  sera 
repris,  avec  p'ius  de  'développement,  aux  chapitres  sur  la 
situation  générale. 

Législation  et  réglementation  ouvrières.  —  Peu  de  textes  sont 
à  signaler  pendant  cette  période.  Le  plus  important  est  la  loi 
du  25  mai  1864  sur  la  liberté  des  coalitions,  dont  les  ouvriers, 
qui  avaient  perdu  l'habitude  des  grèves,  ne  tardèrent  pas  à 
user,  comme  le  prouva  la  grève  des  mineurs  de  1869,  marquée 
par  les  événements  sanglants  de  La  Ricamar^ie. 


—  5^  — 

Contrairement  à  ce  qu'on  suppose,  la  loi  de  1864  punit 
quiconque,  à  l'aide  de  violences,  voies  de  fait,  menaces  ou 
manœuvres  frauduleuses,  aura  amené  ou  maintenu,  tenté 
d'amener  ou  de  maintenir  une  cessation  concertée  de  travail. 
Les  peines  sont  aggravées  quand  les  faits  précités  résultent  d'un 
plan  concerté."  Sont  punis  également  ceux  qui,  à  l'aide 
d'amendes,  défenses,  proscriptions,  interdictions  prononcées  par 
sudte  d'un  plan  concerté,  portent  atteinte  au  libre  exercice  de 
l'industrie  ou  du  travail  (i).  En  résuméi,  depuis  cette  loi,  les 
coalitions  ne  furent  permises  que  dans  les  limites  sus-indiquées. 
Auparavant,  toute  coalition  était  un  délit.  La  loi  de  1864  modifia 
les  articles  414,  415  et  416  du  Gode  pénal. 

La  loi  du  19  mai  1874  réglem'enta  le  travail  des  enfants  et 
des  femmes.  Elle  fut  complétée  par  plusieurs  décrets,  no- 
tamment par  celui  du  12  mai  1875  sur  le  travail  dans  les  mines. 
Les  enfants  ne  purent  être  employés  (au  jour  ou  à  l'intérieur) 
avant  12  ans  révolus,  au  lieu  de  10  ans  (décret  de  1813).  Les 
filles  et  les  femmes  ne  purent  être  occupées  aux  travaux  sou- 
terrains. Les  enfants  masculins  de  12  à  16  ans  ne  purent  être 
employés  à  l'intérieur  plus  de  huit  heures  par  jour,  coupées 
par  un  repos  d'une  heure  au  moins.  Certains  travaux  leur 
furent  interdits.  La  loi  fixait  des  conditions  de  durée  du  travail, 
applicables  dans  toutes  les  industries,  aux  femmes  et  aux  filles. 
Le  travail  de  nuit  était,  en  principe,  interdit  (2). 

La  loi  du  26  mars  1877  institua  une  Commission  pour  l'étude 
des  moyens  propres  à  prévenir  les  explosions  de  grisou. 

Un  arrêté  du  Préfet  de  la  Loire  de  1863  modifia  les  dimensions 
des  bennes  employées  à  la  descente  et  à  la  remonte  des 
ouvriers  (3). 


Cf/Lssr.,   d(>  Secours  el  de  Retraites.  —  Après  la  dissolution 
de  la  grande  Compagnie  de  la  Loire,  la  Caisse  de  secours  créée 


(Ij  Cette  (If  rrii.re  disposition  fut  abrogée  par  la  loi  du  21  mars  1884 

sur    les    SVM'I  .i;i!  ;. 

!  m     riKiri  Histoire  de  la  Chambre  de  Commerce  de  St-Etienne, 
1  I         tservations   présentées   au   sujet   de    la  réglementation 

-■lA.irif    .  t    ;iiirv:.    !;l   loi   de  1874. 

(3)  Mémorial  de  hi  i,"ir>\  i  .;.viii  1863 


—  530  — 

par  cette  Compagnie  (v.  p.  524)  disparut.  Les  quatre  Compagnies 
qui  lui  succédèrent  organisèrent  chacune  une  nouvelle  Caisse. 
L'organisation  des  principales  Caisses  et  la  jurisprudence 
qu'elles  motivèrent  ont  fait  l'objet  d'une  brochuîre  publiée  en 
1869  par  M.  Victor  Bréchignac.  On  y  trouve  les  statuts  des 
Caisse  des  diverses  Sociétés  (i). 

A  partir  de  1854  commencèrent  les  premières  contestations 
entre  ouvriers  et  exploitants  au  sujet  de  ces  Caisses.  De  nom- 
breux procès  furent  intentés,  chaque  année,  par  des  ouvriers 
aux  administrateurs.  La  difficudté,  pour  le  tr'ibunal,  n'était  pas 
de  déterminer  la  quotité  du  secours  dû,  car  les  prestations 
étaient  fixées  par  l'usage  ;  elle  était  dans  la  question  de  savoir 
si  le  demandeur  avait  droit  aux  secours  de  la  Caisse. 

Dès  l'origine,  la  jurisprudence  admettait  que  l'accident  créait 
le  droit  au  secours,  aussi  bien  qu'à  l'indemnité  à  payer  par 
l'exploitant.  Mais  quand  on  reconnut  que  les  Caisses  ne  sub- 
sistaient que  par  la  participation  des  exploitants,  un©  juris- 
prudence contraire,  déjà  vieille  en  1869,  décida  que  le  droit  au 
secours  n'était  ouvert  que  lorsque^  l'accident  dérivait  de  la  force 
majeure,  du  cas  fortuit  ou  de  la  propre  fautes  de  l'ouvrier.  Quand 
rexploitant  était  irespon&able  de  l'accident,  il  avait  charge  d'in- 
demniser lui-même  l'ouvrier  (2).  On  voit  d'ici  à  quelles 
contestations  pouvaient  donner  lieu  :  la  détermination  de  la 
responsabilité  de  l'accident,  détermination  qui  ne  pouvait  se 
faire  immédiatement  et  pendant  laquelle  l'ouvrier  recevait  des 
secours  de  la  Caisse  ;  le  caractère  mixte  que  pouvait  prendre 
cette  responsabilitéi  ;  la  fixation  de  la  durée  de  l'incapacité  du 
travail  ;  le  renouvellement  de  l'anciienne  incapacité  de  travail 
par  le  fait  d'un  nouvel  accident,  etc.,  etc.,  toutes  questions  que 
lo  Tribunal  avait  à  trancher  en  l'absence  de  textes  précis  sur 
les  accidents  du  travail. 


(1)  Bréchignac,  Les  caisses  de  secours  des  ouv^ners  mineurs  dans  le  bas- 
sin de  la  Loire  (Chevalier  et  Bénevent,  éditeurs,  Saint-Etienne,  1869). 
V.  dans  le  Bulletin  de  Vlndustrie  minérale,  1860-61,  p.  655,  le  règlement 
de  la  caisse  des  ouvriers  mineurs  de  la  Compagnie  des  Fonderies  et 
Forges  de  la  Loire  et  de  l'Ardèche  (Terrenoire,  Lavoulte  et  Bessèges). 

(2)  Bréchignac,  p,  28-29. 


—  531  — 

La  subvention  des  Compagnies  à  ces  Caisses  était  volontaire. 
A  l'origine,  les  retenues  sur  les  salaires  constituaient  le  seul 
actif. 

Les  Compagnies  géraient  ces  Caisses.  Leur  contribution  était 
variable.  En  1S69,  on  restimait  à  50  %  de  la  dépense,  quoique 
pour  quelques  Compagnies  elle  fût  très  inférieure  à  cette 
proportion  (i).  Cette  contribution  volontaire  remplaçait,  dit 
M.  Bréchignac,  les  obligations  du  décret  de  1813  (art.  15,  16,  20)  ; 
elle  attirait  les  ouvriers,  augmentait  l'autorité  des  exploitants, 
évitait  parfois  des  procès.  Quelques  Compagnies  mettaient  en 
réserve  des  capitaux  pour  constituer  des  pensions  de  retraites. 
Mais  ce  but  était  loin  d'être  atteint  (2). 

Avec  le  temps,  les  ouvriers  ou  ceux  qui  prétendaient  parler 
en  leur  nom  avaient  relevé  les  nombreux  défauts,  souvent 
réels,  de  ces  instHutions  :  comptabilité  ignorée  des  ouvriers, 
statuts  changeants,  sans  valeur  juridique,  état  de  sujétion  de 
la  Caisse  par  rapport  à  l'exploitant,  fortune  et  durée  de  la 
Caisse  liées  à  l'exploitation,  absence  de  contrôle,  rupture  du 
contrat  de  louage  par  le  patron  faisant  perdre  à  l'ouvrier  le 
bénéfice  de  ses  retenues,  etc.,  etc.  Le  mal  était  en  germe  dans 
l'institution  elle-même.  Depuis  trente  ans,  ces  Caisses  n'avaient 
pas  prospéré.  «  Elles  ne  secourent  ni  les  malades,  ni  les 
vieillards,  elles  n'ont  pu  créer  aucun  fonds  de  réserve,  elles 
dépensent  presque  autant  en  frais  de  procès  qu'en  distributions 
de  secours.  Elles  se  sont  traînées  jusqu'à  nous  par  la  force  de 
l'usage,  mécontentant  à  la  fois  les  ouvriers  et  tes  patrons  (3).  » 

De  là,  l'idée  de  la  centralisation  des  Caisses,  poursuivie  à 
partir  de  1864. 

Les  premières  négociations  dans  ce  sens  échouèrent.  Puis  un 
procès  célèbre  fut  intenté  par  les  ouvriers  de  deux  exploitations 
importantes,  en  vue  de  la  reddition  des  comptes  et  de  la  liqui- 
dation des  Caisses  de  secours.  Plaidées  par  Jules  Favre,  ces 
demandes  furent  repoussées  par  le  Tribunal  de  Saint-Etienne  (4). 


(1)  Bréchignac,  p.  16. 

(2)  Ibid.,  p.  41. 

(3)  Ibid.,  p    85. 

(4)  V.  Mémorial  de  la  Loire,  26-31  mal,  l»'-!  Juin  1866. 


—  532  — 

C'est  alors  que  fut  fondée,  en  juin  1836,  la  Caisse  fraternelle 
des  ouvriers  mineurs. 

Les  Compagnies  modifièrent  ensuite  les  statuts  de  leurs 
Caisses  et  le  Comité  des  Houillères  de  la  Loire  créa  en  1869  une 
Caisse  centrale. 

Les  statuts  de  la  Fraternelle  figuTent  dans  la  brochure  de 
M.  Bréchignac  (p.  120).  Sous  le  couvert  de  la  mutualité,  cette 
Association  était  un  véritable  syndicat.  En  1868,  sur  10.000 
mineurs  du  bassin,  elle  comptait  5.000  adhérents.  Ses  pro- 
moteurs, membres  pour  la  plupart  de  V Internationale^  lan- 
cèrent la  Société  dans  les  luttes  politiques  lors  des  élections 
de  1869.  Ce  fut  la  cause  d'une  division,  les  sociétaires  n'ayant 
pu  se  mettre  d'accord  sur  le  candidat  à  soutenir.  La  même 
année,  le  Bureau  de  la  Fraternelle  organisa  la  grève  su/r  les 
réclamations  suivantes  :  centralisation  des  Caisses  de  secours, 
augmentation  des  salaires,  journée  de  huit  heures,  ou  tout  au 
moins  diminution  des  heures  de  travail.  Cette  grève  aboutit  à 
Féchauffourée  de  La  Ricamarie.  La  Fraternelle^  ayant  épuisé 
ses  ressources,  disparut  après  la  déclaration  de  guerre  de  1870. 

L'un  des  pirincipaux  fondateurs  de  la  Fraternelle  était 
Michel  Rondet,  qui  pendant  pLus  de  vingt  ans  joua  un  rôle 
important  dans  le  monde  des  mineurs.  Très  jeune  encore  (il 
était  né  en  1841,  à  la  Ricamarie)  il  avait  pris  part  à  la  campagne 
de  Dorian,  élu  au  Corps  législatif  en  1863  comme  député  de 
l'opposition.  Il  avait  obtenu  que  Jules  Favre  vînt  plaider  à 
Saint-Etienne  pour  les  ouvriers  en  1866.  Condamné  après  'a 
grève  de  1869,  condamné  une  seconde  fois  pour  sa  participation 
à  la  Commune  de  1871  à  Saint-Etienne,  libéré  en  1877,  Rondet 
ne  cessa  de  prendrei  part  au  mouvement  politique,  ouvrier  et 
syndical.  Secrétaire  de  la  Fédération  des  Mineurs  en  .1884,  il 
fut  victime  de  l'ostracisme  et  mourut  oublié  en  1908  à  Saint- 
Etienne.  Les  mineurs  lui  élevèrent,  par  souscription,  une 
statue,  oeuvre  de  Lamberton,  qui  fut  inaugurée  le  12  janvier 
1913  à  la  Ricamarie,  sur  un  terrain  offert  par  les  Hospices  de 
Saint-Etienne  (l). 


(1)  Voir  les  discours  d'inauguration  dans  la  Tribune,  journal  de 
Saint-Etienne  (13  janvier  1913).  Ils  sont  remplis  de  déclamations  contre 
les  puissances  capitalistes,  mais  Us  font  le  silence  sur  les  accusations 
et  les  injures  dont  Rondet  fut  accablé  par  ses  anciens  amis. 


—  533  — 

La  réorganisation  des  Caisses  patronales,  à  la  suite  des  dé- 
cisions judiciaires  de  1866,  aboutit  à  un  léger  relèvement  du 
taux  des  secours.  Les  ouvriers  furent  acceptés  dans  les  Conseils 
d'administration.  Ces  Conseils  furent  chargés  de  vérifier  les 
opérations  effectuées  depuis  le  l^""  octobre  1854  jusqu'au  31  dé- 
cembre 1865.  Â  titre  d'exemple,  je  cite  les  chiffres  enregistrés 
dans  le  procès-verbal  de  vérification  de  la  Caisse  de  la  Société 
des  Mines  de  la  Loire,  que  j'ai  sous  les  yeux  : 

Les  secours  payés  s'élevaient  à  363.093  fr.  25,  le  produit  de 
la  retenue  sur  les  salaires  à  247.168  fr.  88,  la  subveintion  de  la 
Compagnie,  représentée  par  la  différence,  était  de  115.924  fr.  37. 
En  outre,  la  Compagnie  avait  payé  78.712  fr.  72  pour  secours 
extraordinaires,  frais  d'hospitalisation,  médicaments,  frais  fu- 
néraires, etc.  Elle  avait  servi  pour  36.405  fr.  80  de  pensions 
judiciaires.  Total  des  dépenses  à  la  charge  de  la  Compagnie  : 
231.042  fr.  89,  égal  sensiblement  au  montant  des  retenues. 

Les  statuts,  refondus  en  1867,  de  la  Caisse  de  cette  Com- 
pagnie figurent  dans  la  brochure  de  M.  Bréchignac.  Comme 
dans  les  statuts  des  autres  Caisses,  lies  secours  ne  s'appliquaient 
qu'aux  ouvriers  blessés  dans  l'exécution  de  leurs  travaux. 
Cette  disposition  était  générale.  Tout  ouvrier  cessant  pour  une 
cause  quelconque  de  travailler  pour  la  Société  perdait  ses 
droits  à  la  Caisse.  Les  retenues  sur  les  salaires  étaient  fixées 
par  la  Commission  administrative,  d'après  les  dépenses  de 
l'année  précédente.  Les  versements  de  la  Compagnie  étaient 
fixés  par  la  Com,pa^nie  elle-même.  Le  tautx  des  secours  était  de 
1  franc  par  jour  ouvrable,  avec  25  centimes  en  sus  par  enfant  de 
moins  de  12  ans  ;  60  centimes  pour  les  veuves  avec  le  même 
supplément.  Des  secours  extraordinaires  pouvaient  être  accordés 
dans  des  cas  spéciaux.  L'organisation  des  retraites  était 
prévue  (1).  Le  Conseil  d'administration  de  la  Caisse  était  com- 
posé de  six  délégués  de  la  Compagnie  et  de  neuf  délégués 
oiuivriers.  Ces  derniers  délégués  devaient  avoir  au  moins  30  ans 
d'âge  et  10  ans  de  services  à  la  Compagnie. 


(1  A  55  aiis  d'âge  et  30  ans  de  services  à  la  Société  ou  dans  les 
Sociétés  qui  se  seraient  concertées  pour  la  création  d'une  Caisse  des 
retraites,  pour  les  ouvriers  qui  ne  pourraient  plus,  par  leur  travail, 
subvenir  à  leur  existence. 

35 


-  534- 

Le&  statuts  dos  autres  Caisses,  publiés  par  M.  Bréchignac, 
sont  d'une  origine  antérieure  aux  précédents.  Ceux  de  la 
Caisse  des  Houillères  de  Rive-de-Gier,  datés  de  1859,  pré- 
voyaient une  retenue  de  2  %  sur  les  salaires  et  un  versement 
de  1  %  par  la  Compagnie.  Les  ouvriers  étaient  représentés  au 
Conseil  d'administration,  mais  le  mode  de  nomination  de  leurs 
délégués  n'était  pas  indiqué.  Le  taux  des  secours  était  de  1  franc 
par  jour  de  travail  pour  les  hommes  mariés,  75  centimes  pour 
les  veufs,  célibataires  et  veuves,  25  centimes  poutr  les  enfants 
au-dessous  de  12  ans,  jusqu'à  concurrence  de  trois  enfants  (ij. 
Les  veuves  qui  se  remariaient  perdaient  tout  droit  à  la  Caisse, 
mais  recevaient  un  capital  de  deux  aimées  de  pension,  soit 
450  francs. 

La  Caisse  de  secours  des  mines  d'Unieux  et  Fraisses,  réor- 
ganisée en  1865  par  MM.  Petin  et  Gaudet,  concessionnaires, 
gérants  des  Aciéries  de  la  Marine,  prévoyait  une  retenue  de 
3  %  sur  les  salaires  et  des  subventions  discrétionnaires  de  la 
Compagnie,  des  secours  de  1  franc  par  jour,  plus  un  sup- 
plément de  25  centimes  par  enfant  de  moins  de  10  ans,  jusqu'à 
-concurrence  de  quatre  enfants  ;  50  centimes  pour  les  veuves, 
avec  lie  même  supplément.  La  pension  cessait  pour  la  veuve 
qui  se  remariait  ou  qui  vivait  en  concubinage,  mais  les  enfants 
continuaient  à  toucher  leur  pension.  Les  statuts  prévoyaient 
des  pensions  de  50  centimes  par  jour  ouvrable,  pour  infirmités 
à  la  suite  de  blessures  contractées  dans  le  service,  et  une 
retraite  d'égale  importance  pour  les  ouvriers  ayant  60  ans 
d'âge  et  25  ans  de  services.  Les  ouvriers  avaient  des  délégués 
au  Conseil]  d'administration. 

La  Compagnie  de  Montrambert  et  celle  des  Houillères  de 
Saint-Etienne  étaient  à  la  veille  de  modifier  l'organisation  de 
leur  Caisse  de  secours.  A  Montrambert,  la  retenue,  qui  était 
de  2  %,  avait  été  portée  à  3  %  en  1861  p).  La  subvention  de 
la  Compagnie  était  discrétionnaire.  En  1878,  les  subventions  de 
la  Compagnie  à  la  Caisse  de  secours  et  ses  autres  subventions 
aux  ouvriers,  depuis  1854,  représentaient  72  %  des  secours  distri- 
bués. Le  taux  des.  secours  était  identique  à  celui  de  la  Compagnie 


(1)  Ce  n'était  pas  fait  pour  encourager  les  familles  nombreuses.  Mais 
on  ne  connaissait  pas  encore  dans  le  peuple  de  province  le  néo-malthu- 
sianisme. 

(2)  Notice  sur  la  Compagnie   (Exposition  de  1878). 


—  536  — 

de  la  Loire.  A  partir  du  i*''  janvier  1866,  une  retraite  de  1  franc 
par  jour  ouvrable  était  accordée  à  tout  ouvrier  âgé  de  60  ans, 
travaillant  dans  les  mines  de  la  Société  ou  dans  celles  des 
autres  Sociétés  ayant  adopté  la  même  mesure,  et  qui  serait 
reconnu  incapable  de  continuer  son  travail.  Le  Conseil  d'admi- 
nistration était  composé  de  six  délégués  de  La  Compagnie  et 
de  neuf  délégués  ouvriers  élus  par  les  ouvriers  ayant  plus  de 
21  ans,  mais  choisis  parmi  ceux  ayant  au  moins  30  ans  d'âge 
et  10  ans  de  services. 

La  Caisse  de  secoure  de  Roche-la-Molière  et  Firminy  n'avait 
pas  de  règlement  écrit.  Les  usages  en  vigueur  dataient  de  plus 
de  trente  ans.  A  Roche,  la  retenue  était  de  1  %,  le  taux  des 
secours  de  1  fr.  50  par  journée  de  travail  pour  les  ouvriers 
blessés  à  l'intérieur  (1  fr.  25  pour  les  jeunes  gens),  de  1  franc 
pour  les  blessés  à  l'extérieur  (0  fr.  50  pour  les  trieurs).  A  Fir- 
miny, lia  retenue  était  de  3  %,  le  taux  des  secours  de  1  franc 
sans  distinction,  sauf  pour  les  trieurs  (0  fr.  50).  Le  taux  de  la 
retenue  et  celui  des  secours  avaient  été  calculés  d'après  les 
dangers  de  l'exploitation.  Les  veuves  recevaient,  soit  à  Fir- 
miny, soit  à  Roche,  15  francs  par  mois,  5  francs  en  sus  si  elles 
avaient  plus  d'un  enfant.  La  moitié  de  la  pension  de  la  veuve 
était  réversible  aux  enfants,  jusqu'au  mariage  ou  à  la  majorité.i 
La  Compagnie  contribuait  pour  une  «  forte  part  »  aux  frais 
de  la  Caisse.  Elle  délivrait  des  bons  de  chauffage,  payait  les 
soins  médicaux  et  pharmaceutiques,,  les  frais  d'hospitalisation, 
ceux  d'instruction  primaire,  etc.  (i). 

Les  statuts  ou  usages  des  Caisses  des  autres  exploitations  qui 
existaient  à.  cette  éfpoque  ne  me  sont  pas  connus.  L'auteur  de 
la  brochure  faisait  une  exception  en  faveur  des  Compagnies 
précitées,  dans  ses  critiques  sur  l'organisation  générale  des 
Caisses. 

Je  citerai  encore  la  Caisise  de  la  Chazotte,  fondée  en  1845. 
Le  nouveau  règlement,  adopté  en  1859,  prévoyait  une  retenue  de 
3  %,  un  taux  de  secours  de  1  franc,  plus  25  centimes  par  enfant  ; 


(1)  Les  usages  des  autres  Compagnies  ne  sonA  pas  Indiqués  à  la  suite 
des  statuts  de  leurs  caisses  de  secours,  dans  Jn  brochure  précitée.  Le 
taux  différentiel  des  secours  pour  les  trieurs  était  prévu  dans  quelques 
statuts. 


—  536  — 

pour  la  veuve,  1  franc  et  25  centimes  par  enfant  ;  pour  les 
orphelins  de  père  et  de  mère,  50  centimes.  L'ouivrier  qui  perdait 
l'usage  d'un  bras  ou  d'une  jambe  reçut  1  franc  par  jour,  au  lieu 
de  50  centimes  auparavani.  Ses  enfants  furent  traités  comme 
les  veuves.  A  30  ans  de  services  et  60  ans  d'âge,  l'ouvrier 
recevait  une  retraite  de  50  centimes  par  jour  (i). 

Nous  avons  dit  que  le  Comité  des  Houillères  de  la  Loire 
étudia:  et  fit  aboutir  l'organisation  d'une  Caisse  centrale.  A  la 
suite  du  procès  de  1866,  le  Préfet  soumit  lun  projet  aux 
exploitants,  qui  fut  adopté  et  mis  à  exécution  en  1867  par  quatre 
Compagnies  seulement  (La  Loire,  Montrambert,  Saint-Etienne, 
La  Péronnière)  lesquelles  refusaient,  comme  les  autres  Com- 
pagnies, toute  participation  à  la  Fraternelle.  Ce  projet  fut  repris 
en  1869,  après  la  grève  et  avec  l'acceptation  de  deux  autres 
Compagnies  (Beaubrun  et  Villebœuf).  D'après  les  statuts,  le 
mineur  âgé  de  55  ans,  ayant  30  ans  de  services  dans  les  Com- 
pagnies adhérentes,  bénéficiait  d'une  retraite  de  300  francs, 
augmentée  de  25  francs  par  année  supplémentaire  de  services. 
La  pension  était  réversible  sur  la  tête  de^  la  veuve  ayant  55  ans 
d'âge  et  5  ans  de  mariage  à  la  mort  de  son  mari.  La  Caisse 
était  alimentée  par  des  retenues  sur  les  salaires  et  par  une 
subvention  égale  des  Compagnies.  Elle  distribuait  également 
des  secours  aux  ouvriers  blessés,  à  leurs  veuves  et  à  leurs 
orphelins. 

Les  Caisses  particulières  continuaient  à  fonctionner.  Elles 
n'avaient  plus  à  leur  charge  que  les  secours  aux  ouvriers  dont 
les  blessures  étaient  moins  graves,  et  les  soins  et  les  secours  à 
donner  en  cas  de  maladie  aux  ouvriers  et  à  leur  famille. 

Pendant  les  deux  premiers  exercices,  la  Caisse  centrale 
servit,  en  pensions  ou  secours,  une  somme  totale  de  236.000  fr. 
en  1870,  241.000  fr.  en  1871.  Mille  à  onze  cents  personnes 
(blessés,  veuves,  enfants,  retraités)  étaient  inscrits  sur  ses  con- 
trôles. 

Pour  alimenter  les  Caisses,  dit  M.  Widmer  (2),  il  "était  fait 
sur  les  salaires  une  retenue  qui  variait,  suivant  les  mines,  entre 


(1)  Ant.  Gerest,  Gazette  de  Saint-Etienne,  juillet  1910. 

(2)  Op.  cit.,  p.  20. 


—  537  — 

2  et  3  %.  Sur  le  produit  de  cette  retenue,  versé  dans  la  Caisse 
particulière,  celle-ci  prélevait  la  moitié  de  la  somme  des  dé- 
penses mises  de  son  fait  à  la  charge  de  la  Caisse  centrale.  Les 
Compagnies  associées  s'étaient  engagéets  à  contribuer,  de  leurs 
propres  deniers,  à  ces  dépenses,  pour  la  seconde  moitié,  pendant 
toute  la  durée  doii  contrat.  En  1895,  le  total  des  pensions  servies 
aux  blessés,  aux  veuves  et  aux  orphelins  s'élevait  à  209.961  fr. 
et  celui  des  pensions  de  retraite  à  137.317  fr.  En  1904.  le  Comité 
des  Houillères  indiquait  que  le  montant  des  pensions  servies 
annuellement  par  la  Caisse  centrale  était  de  390.000  fr.  (i). 

En  1869,  la  Compagnie  de  Montrambert  avait  décidé  que  les 
anciennes  subventions  aiux  blessés  seraient  calculées  pour  tous 
les  jours  de  l'année,  et  non  pour  les  jours  ouvrables  seulement. 
La  pension  des  veuves  avait  été  élevée  de  50  à  60  centimes. 
A  partir  de  1869  également,  cette  Compagnie  donnait  à  tous  ses 
ouvriers  1  franc  par  jour  de  chômage  pour  cauise  de  maladie. 
Elle  leur  procurait,  ainsi  qu'à  leurs  familles,  les  secours  mé- 
dicaux gratuits.  En  1873,  elle  supprimait  la  retenue  de  3  %  sur 
les  salaires  et  prenait  a  sa  charge  tous  les  frais  de  secours  et 
de  retraites  lui  incombant  d'après  les  statuts  (2). 

La  Compagnie  de  Roche-la-Molière  et  Firminy  ne  faisait  point 
partie  du  groupe  de  la  Caisse  centrale  des  retraites.  Mais  dès 
le  1®""  avril  1873  elle  prenait  à  sa  charge  toutes  les  dépenses  des 
pensions  aux  veuves  et  aux  orphelins  et  des  secours  aux  blessés  : 
1  franc  par  jour  et,  en  siuis,  25  centimes  par  enfant  de 
moins  de  12  ans  ;  75  centimes  aux  veuves  (1  fr.  si  elles  avaient 
moins  die  50  ans)  et,  en  sus,  25  centimes  par  enfant.  La  Caisse 
de  retraites,  alimentée,  comme  la  Caisse  de  secours,  par  les 
seuls  deniers  de  la  Compagnie,  assurait  à  l'ouvrier  âgé  de 
55  ans  et  comptant  30  ans  de  services  une  pension  de  300  francs 
réversible  par  moitié  sur  la  tète  de  la  veuve.  Enfin,  la  Com- 
pagnie créait  une  Caisse  de  prévoyance  en  faveur  de  ses 
employés  pour  leur  assurer  un  capital  pendant  leur  vieillesse. 
Cette  Caisse  était  alimentée  par  un  prélèvement  annuel  du 
dixième  sur  les  bénéfices  de  la  Compagnie  (3). 


(1)  Notice  du  Comité  (Exposition  de  Saint-Louis),  p    5 

(2)  Notice  sur  la  Compagnie  (Exposition  de  1878),  p.  31. 

^3)  Notice  de  la  Compagnie  (Exposition  de  1878),  p.  28  et  suiv. 


—  538  — 

Une  Caisse  de  prévoyance  pour  les  employés  était  créée  par 
la  Compagnie  de  Montrambert  en  1881  et  alimentée  exclusi- 
vement par  la  Compagnie  (1). 

A  ces  améliorations,  qui  étaient  loin  d'atteindre  tous  les 
ouvriers  du  bassin,  Michel  Rondet,  délégué  du  Syndicat  d-es 
mineurs  de  la  Loire  au  Congrès  ouvrier  socialiste  de  Saint- 
Etienne  en  1881,  répondait  par  les  déclarations  suivantes  (2)  : 

Aujourd'hui,  les  diverses  Compagnies  de  la  Loire  ont  créé  des 
Caisses  de  secours  avec  une  retenue  faite  sur  le  maigre  salaire  de 
l'ouvrier,  Caisses  qu'elles  administrent  sans  son  concours.  Par  ce 
moyen,  elles  sonit  complètement  maîtresses  de  la  Caisse,  et  l'ouvrier 
très  souvent  est  obligé  d'avoir  recours  aux  tribunaux  ;  de  plus,  ces 
secours  sont  insuffisants,  car  le  rude  métier  du  mineur  l'expose 
souvent  aux  accidents  et  à  la  maladie.  Ces  secours  sont  ainsi 
répartis  :  1  franc  par  jour  à  l'ouvrier  blessé,  plus  25  centimes  à 
chacun  de  ses  enfants  au-dessous  de  12  ans  ;  0  fr.  60  par  jour  à  la 
veuve  du  mineur  tué  à  la  mine,  plus  0  fr.  25  aux  orphelins  au- 
dessous  de  12  ans. 

Depuis  une  dizaine  d'années,  six  Compagnies  seulement  se  sont 
'entendues  pour  faire  une  pension  de  300  francs  par  an  à  leurs 
ouvriers  ayant  55  ans  d'âge  et  30  ans  de  service  à  lune  ou  à  l'autre 
des  six  Compagnies,  ce  qui  fait  pour  chacun  0  fr.  82  par  jour.  Les 
autres  Compagnies  font  la  même  retenue  et  ne  donnent  point  de 
pension.  Il  y  a,  dans  ces  exploitations,  des  mineurs  qui,  malgré 
leurs  40  années  et  plus  de  travail,  ne  peuvent  obtenir  une  pension. 
Avec  un  pareil  procédé,  les  neuf  dixièmes  des  mineurs  ne  reçoivent 
pas  de  pension. 

Pour  remédier  à  ces  souffrances  et  permettre  aux  mineurs  de 
s'organiser  pour  la  grande  lutte,  la  révolution  sociale,  la  Chambre 
syndicale  propose  d'organiser  une  Caisse  de  secours  et  de  retraites, 
centralisée  et  solidaire,  pour  les  mineurs  de  la  Loire.  Cette  Caisse 
serait  alimentée  par  :  une  retenue  proportionnelle  prélevée  sur  le 
salaire  de  chaque  ouvrier  ;  un  versement  par  les  Compagnies  égal 
à  la  retenue  faite  aux  ouvriers  ;  une  retenue  double  de  celle  de 
l'ouvrier,  prélevée  sur  les  sommes  payées  aux  redevanciers  ;  une 
subvention  accordée  par  l'Etat  ;  les  dons  qui  pourraient  être  faits 
par  les  particuliers.  La  Caisse  serait  administrée  par  un  Conseil 
composé  d'un  tiers  de  délégués  des  Compagnies  et  des  deux  tiers 
de  délégués  des  ouvriers. 


(1)  Nous  regrettons  de  ne  pas  posséder  sur  toutes  les  Compagnies  des 
renseignements  sur  les  œuvres  philanthropiques  d'après  un  plan  uni- 
forme. Notre  enquête  n'a  donné  que  des  résultats  incomplets. 

(2;  Office  du  Travail,  op.  cit.,  p.  343. 


—  539  — 

Autres  institutions  ouvrières  des  Compagnies.  —  Je  cite  les 
créations  philanthropiques  de  trois  Compagnies  pendant  la 
période  1854-1880,  d'après  les  renseignements  contenus  dans 
leurs  notices  à  propos  des  I^xpositions.  Les  notices  des  autres 
Compagnies  n'indiquent  pas  d'une  manière  précise  les  dates  de 
ces  fondations. 

La  Compagnie  de  Roche-la-Molière  créa  en  1874  une  première 
cité  ouvrière  à  Roche,  cité  comprenant  dix-huit  maisons  réunies 
en  un  seul  groupe!,  avec  façade  d'une  part  sur  un  chemin  et 
de  l'autre  sur  de  très  petits  jardins.  En  i880,  la  Compagnie 
acheta  un  vaste  terrain,  mieiutx  situé,  pour  y  édifier  une  cité  de 
trente-deux  maisons  accouplées  par  deux  et  entourées  de 
jardins.  Ces  logements  furfent  beaucoup  plus  recherchés  que  les 
précédents,  car  ils  étaient  mieux  situés  et  mieux  disposés.  La 
première  cité  avait  coûté  98.600  francs.  Les  locations  y  étaient 
de  80  ou  100  francs.  Chaque  maison  de  la  seconde  cité  avait 
coûté  3.500  francs,  terrain  non  compris.  Le  prix  de  location  était 
de  120  francs  par  an. 

Cette  Compagnie  possédait  deux  hôpitaux  :  l'hôpital  Lachaux, 
fondé  en  1845,  et  celui  du  Crêt,  près  de  Roche  (8  lits).  L'assis- 
tance médicale  continuait  à  être  accordée  à  tous  les  ouvriers 
et  à  leurs  familles.  En  1873-74  des  gratifications  mensuelles, 
s'élevant  au  total  à  10.000  francs,  environ,  furent  allouées  aux 
ouvriers  à  cause  de  la  cherté  de  la  vie. 

Le  personnel  recevait  du  charbon  pour  son  chauffage,  la 
plupart  des  ménages  gratuitement,  à  raison  de  6  hectolitres  par 
mois.  Les  ouvriers  étrangers  à  la  localité  recevaient  en  général 
1.500  kg.  tous  les  trois  mois,  au  prix  de  /  fr.  50  la  tonne. 

La  Compagnie  entretenait  aussi  des  écoles.  Toutes  ces 
charges  :  service  médical,  hôpitaux,  médicaments,  secours 
gratuits,  chauffage,  écoles,  fête  de  Sainte-Barbe,  de  1873  à  1879, 
représentaient  une  dépense  annuelle  de  50  à  60.000  francs,  poptée 
à  80.000  francs  en  1873  et  à  plus  de  100.000  francs  en  1874,  à 
cause  des  distributioniS  de  secours  gratuits.  Indépendamment  de 
ces  charges,  la  Caisse  de  secours  avait  coûté  à  la  Compagnie, 
ï)endant  la  même  période,  de  88.0(X)  à  122.000  francs  par  an. 
La  Caisse  des  retraites,  qui  commençait  à  jouer,  coûtait 
13.000  francs  à  la  Compagnie  en  i879.  I^a  Caisse  de  prévoyance 
des    employés,    indépendamment    d'une    mise    de    fonds    de 


—  540  — 

56.000  francs  en  1873,  recevait  une  subvention  annuelle  de  6  à 
7.000  francs.  Enfin,  la  Compagnie  allouait  en  1879  pour  23  à 
24.000  francs,  de  dons  en  argent  et  du  charbon  à  divers  éta- 
blissements (1). 

La  Compagnie  de  Montrambert  possédait  l'hospice  du  Montcel 
(50  lits),  des  salles  d'asile,  un  ouvroir  pour  les  jeunes  filles.  Elle 
subventionnait  également  les  éooles  communales,  l'établis- 
sement des  sourds-muets  à  Saint-Etienne,  le  Cercle  musical  des 
mineurs  de  La  Ricamarie  (fondé  en  1865).  Elle  avait  créé,  en 
1876  un  lieu  de  réunion  sous  le  nom  de  «  Cercle  des  Amis  de 
l'Instruction  »,  avec  bibliothèque,  salles  de  jeu,  etc.  Tous  les 
quinze  jours,  le  dimanche,  les  ingénieurs  et  les  médecins  de 
la  Compagnie  y  faisaient  des  conférences  aux  ouvriers. 

La  Compagnie  évaluait  à  1.630.000  francs  l'ensemble  de  ses 
dépenses  philanthropiques  depuis  sa  fondation,  en  1854, 
jusqu'en  1877  inclusivement,  et  à  170.000  francs  la  moyenne  de 
ses  dépenses  annuelles  de  même  nature  depuis  quelques 
années  (2). 

Les  conférences  aux  ouvriers  sur  les  sciences  et  sur  l'exploi- 
tation des  mines  avaient  été  organisées  en  1877  par  M.  Pinel, 
ingénieur  divisionnaire   (3). 

La  Société  des  Houillères  de  Saint-Etienne,  ayant  ses  exploi- 
tations situiées  en  grande  partie  dans  la  ville,  s'était  moins 
préoccupée  des  créations  de  maisons,  d'écoles,  de  magasins  de 
denrées,  etc.  Elle  subventionnait  cependant  diverses  écoles. 
Qtuiant  aux  secours,  la  Société  suivit  d'abord  les  errements  de 
l'ancienne  grande  Compagnie  de  la  Loire.  De  1854  à  1865,  les 
dépenses  de  la  Caisse  de  secours  s' ét-aient  élevées  à  795.000  fr., 
dont  475.000  francs  étaient  représentés  par  des  retenues  sur  les 


(1)  Notices  sur  la  CompagïLi>e  (Exposit.  de  1878  et  1889). 

(2)  Notice  sur  la  Compagnie  (Exposit.  de  1878).  En  1879,  ces  dépenses 
s'élevaient  à  155.000  francs,  c'est-à-dire  à  68  francs  par  ouvrier,  non 
compris  70.000  francs  de  chauffage  gratuit  (Notice  sur  l'Exposit.  de  1889). 
Pour  la  Compagnie  de  Roche-la-Molière,  la  même  année,  la  dépense 
totale  s'élevait  à  198.000  francs,  c'est-à-dire  à  81  francs  par  ouvrier 
(6,70  %  des  salaires)  ;  avec  la  Caisse  de  prévoyance  des  employés  et  les 
subventions  aux  établissements  publics,  à  288.000  francs  (0  fr.  46  par 
tonne). 

(3)  Mémorial  de  la  Loire,  6  mars  1889 


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salaires.  La  différence  représentait  la  contribution  de  la  Com- 
pagnie, à  laquelle  il  fallait  ajouter  403.000  francs  de  subventions 
eit  secours  divers. 

A  partir  de  1865  la  Caisse  de  secours  fut  administrée,  non  plus 
par  la  Compagnie,  mais  par  un  Conseil  composé  du  directeur 
et  de  sept  ingénieurs  ou  employés  et  d'un  nombre  égal  d'ou- 
vriers élus  par  leuirs  pairs. 

De  1865  à  1869,  la  différence  vergée  par  la  Compagnie  à  la 
Caisse  fut,  comme  pendant  la  période  précédente,  d'environ 
60  %  des  dépenses.  De  1869  à  1880,  la  Société,  adhérente  à  la 
Caisse  centrale,  versa  tant  à  cette  Caisse^  qu'à  la  Caisse  parti- 
culière, ou  en  secours  obligatoires  et  indemnités  pour  accidents, 
des  sommes  variant  entre  114.000  francs  et  158.000  francs  par 
an,  pour  des  dépenses  concernant  ses  ouvriers  (Caisse  de 
secours,  secours  gratuits, -indemnités  pour  accidents),  non  com- 
prises les  dépenses  extraordinaires  payées  par  la  Compagnie 
à  l'occasion  des  catastrophes  du  puits  Jabin  en  1871  et  1876  (i). 

La  gratuité  scolaire  date  de  la  loi  de  1882.  Mais  un  décret 
de  1860  stipulait,  pour  les  enfants  des  mineurs,  la  déduction  des 
frais  d'école  du  produit  brut  de  l'exploitation  pour  connaître 
le  produit  net  servant  à  calculer  la  redevance  proportionnelle. 

En  somme,  progrès  très  sensibles  dans  la  situation  du  mineur 
pendant  cette  période. 

En  1861,  un  médecin  de  l'Hôtel-Dieu  de  Saint-Etienne,  le 
docteur  Riembault,  avait  publié  un  ouvrage  important  sur 
VHygiène  des  ouvriers  mineurs (^). 


Créations  émanant  de  V initiative  ouvrière.  —  La  Fraternelle 
de  1866  (v.  p.  527)  avait  sombré  dans  les  luttes  politiques.  Les 
autres  créations  furent  sans  conséquence  à  cause  du  personnel 
très  limité  auquel  elles  s'appliquaient.  Mais  la  fin  de  cette  pé- 
riode vit  la  naissance  des  Syndicats,  que  la  Fraternelle  avait 
devancés. 


(1)  Notice  de  la  Compagnie  (Exposition  d'économie  sociale,  1889).  Les 
indemnités  payées  k  la  stiite  de  ju^'oments  sont  comprises  dans  ces 
sommes. 

(2)  Paris,  Baillère  et  fils    édlt. 


—  542  — 

Une  Société  de  Secours  mutuels  des  mineurs  de  Sorbiers  fut 
créée  en  1859.  Elle  comptait  au  début  20  membres  actifs,  3  ho- 
noraires. Quarante  ans  plus  tard,  elle  avait  178  membres  actifs 
et  2  honoraires  et  possédait  un  avoir  de  24.000  francs  (l). 

Une  modeste  coopérative  de  production,  la  première  Mine 
aux  Mineurs^  fut  constituée  en  1868  sous  le  nom  de  Compagnie 
nouvelle  du  Ban.  Son  histoire  est  exposée  dans  plusieurs  ou- 
vrages p).  L'exploitation  Meunier,  à  Gellieu,  près  de  Rive-de- 
Gier,  ayant  été  arrêtée  parce  que  la  mine  était  considénôe  comme 
épuiisée,  8  mineurs  de  cette  ecxploitation  s'associèrent,  achetèrent 
la  mine  et  l'exploitèrent  pour  leur  compte  avec  le  concours 
d'auxiliaires  en  nombre  variable.  Suivant  les  années,  le  nombre 
des  travailleurs  oscilla  entre  15  et  40,  associés  compris.  De  1868 
à  1885,  l'extraction  fut  de  62.000  tonnes.  Le  salaire  des  associés 
ressortit  en  moyenne  à  6  fr.  50  par  jour.  lia  mine,  complètement 
épuisée,  fut  vendiue  en  1888  à  la  Compagnie  des  mines  de  ^-a 
Haute-Gappe. 

Le  premier  Syndicat  ouvrier  (abstraction  faite  diu  Conùté 
central  de  1848  et  de  la  Fraternelle  de  1869,  qui  étaient  des 
syndicats  déguisés)  fut  créée  en  1876  sous  le  nom  de  Chambre 
syndicale  des  Mineurs  de  la  Loire.  L'Office  du  Travail  a  publié 
un  extrait  de  ses  statuts  {op.  cit.,  p.  341].  Elle  compta  au  début 
1.800  membres  et  tomba  à  50  en  1880.  A  pa;rtir  de  cette  date 
elle  prit  une  nou^velle  activité,  sous  rimpailsion  dei  Michel 
Rondet,  condamné  pour  sa  participation  à  la  Gommune  à  Saint- 
Etienne  en  1871  et  revenu  à  Saint-Etienne  en  1877. 

Une  Chœmbre  syndicale  des  Mineurs  du  bassin  du  Gier,  créée 
en  1878,  groupa  au  début  120  ouvriers  de  la  Compagnie  de  Rive- 
de-Gier. 

En  août  1878,  quatre  ceints  mineurs  réunis  à  Rive-de-Gier, 
après  avoir  entendu  MM.  Arbel,  sénateur,  Richarme  et 
Bertholon,  députés,  demandèrent  le  vote  d'une  loi  sur  les  Syn- 
dicats et  la  création  de  Prud'hommes  mineurs  (3). 


(1)  Office  du  Travail,  op.  cit.,  p.  334. 

(2)  Laur,  La  Mine  -aux  Mineurs  (Paris,  Dentu,  1887).  —  Leseure,  Histo- 
rique des  Mines  de  houille  de  la  Loire,  p.  3^1.  — Office  du  Travail,  op.  ait,. 
p   337,  _  Joseph  Bréchignac,  La  Mine  aux  Mineurs  de  Monthieux,  ch.  III. 

(3)  V.  Mémorial  de  la  Loire,  26  août  1878. 


—  543  — 
,^    IV.    —    PÉRIODE    1880-1900 


LÉGISLATION   ET    RÉGLEMENTATION   OUVRIÈRES.    —    A    la    Suite   dU 

déplacement  de  l'axe  de  la  politique  intérieiure,  les  lois  ins- 
pirées par  le  souci  des  intérêts  des  travailleurs  et  aussi  par  le 
souci  électoral  devinrent  très  nombreuses.  Des  catastrophes 
minières  émurent  justement  l'opinion  et  décidèrent  le  vote  de 
quelques-unes  d'entre  elles. 

Toutes  les  lois  ouvrières  ne  sont  pas  spéciales  aux  mineurs. 
Mais,  comme  les  mineiuiris  sont  à  «  ravant^garde  du  monde  du 
travail  »,  les  lois  ouvrières  générales  les  intére?sent  à  un  degré 
éminent. 

J'ai  cité  d'autre  part  les  règlements  locaux  sur  la  police  des 
mines  et  notamment  l'arrêté  préfectoral  du  l*'"  septembre  1895 
sur  les  mines  à  grisou  (l).  Par  décret  du  12  février  1887,  le 
Gouvernement  institua  une  Commission  pour  l'étude  de  l'emploi 
des  explosifs  dans  les  mines  dont  il  s'agit. 


La  loi  sur  les  délégués  mineurs  (8  juillet  1890),  réclamée  si 
souvent  par  les  Syndicats,  fut  votée  pendant  la  période  des 
grandes  catastrophes  minières  de  la  Loire  (1887-1891).  Ces  dé- 
légués visitent  les  travaux  souterrains  dans  le  but  exclusif 
d'en  examiner  les  conditions  de  sécurité  pour  le  personnel.  En 
cas  d'accidents,  ils  examinent  les  causes  qui  les  ont  produits  et 
et  les  circonstances  qui  les  ont  accompagnés.  Je  laisse  aux 
hommes  de  l'art  le  soin  d'apprécier  le  fonctionnement  de  l'ins- 
titution. Depuis  quelques  années,  un  journal  de  Saint-Etienne 
publie  les  rapports  de  ces  délégués.  Ce  sont  le  plus  souvent  des 
réquisitoires  contre  les  Compagnies,  auxquels  d'ailleurs,  en 
principe,  il  n'est  jamais  répondu. 

La  loi  du  2  novembre  1892  sur  le  travail  des  enfants  et  des 
femmes  a  maintenu  l'interdiction  d'employer  les  femmes  dans 
les  travaux  souterrains.  îjes  enfants  du  sexe  masculin  peoivent 
y  être  admis  dans  les  conditions  d'âge  indiquées  pour  les  autres 


(1)  Bncueil  des   actes  administratifs    de  la  Préfedurt,     18%,   p.    193. 
Bulletin  de  Vlndustric  minérale,   IW[>,  p.  717. 


—  544  — 

industries  :  13  ans  au  minimum,  12  ans  pour  ceux  ayant  leur 
certificat  médical  et  le  certificat  d'études.  La  durée  du  travail 
pour  le  personnel  protégé  est  plus  limitée  que  dans  la  loi  de 
1874.  Il  me  paraît  inutile  d'insister  sur  les  dispositions  de  cette 
loi  et  des  décrets  rendus  pour  son  exécution  (i). 

La  loi  du  12  juin  1893  sur  l'hygiène  et  la  sécurité  des  tra- 
vailleurs n'est  pas  applicable  aux  mines.  Mais  elle  est  appli- 
cable aux  établissements  industriels  qui  leur  sont  annexés  en 
fait,  sans  en  être  la  dépendance  légale  P). 

Nous  reviendons  sur  la  loi  de  1894  relative  aux  Caisses  de 
secours. 

La  loi  du  9  avril  1898  sur  les  accidents  du  travail  a  posé  le 
principe  du  risiquie  professionnel  et  du  règlement  à  forfait  des 
indemnités,  laissés  jusque-là  à  l'appréciation  des  tribunaux  (3). 

Les  journaux  de  l'époque,  en  rendant  compte  des  procès  in- 
tentés à  des  ingénieurs  à  la  suite  des  catastrophes  minières, 
indiquent  comment  la  responsabilité  minière  patronale  ou  sous- 
patronale  fut  appréciée  au  point  de  vue  pénal  par  les  tribunaux. 
J'indique  au  chapitre  de  la  situation  générale  quelles  furent  ces 
catastrophes  (puits  Ghâtelus,  Verpilleux,  Villebœuf,  de  la  Ma- 
nufacture, etc...)  (4). 

Il  résulte  d'une  statistique  pour  l'ensemble  des  houillères 
françaises  que  la  proportion  du  nombre  des  ouvriers  tués  par 
accident,  par  rapport  à  rensemble  des  ouvriers  des  houillères, 
n'a  cessé  de  décroître  de  1850  à  1902.  De  34  pour  10.000  en 
1850-57,  elle  est  tombée  à  11  (exactement  10,92)  en  1902.  Si  on 
ne  considère  que  les  ouvriers  du  fond,  cette  proportion  est 
tombée  de  47  à  12  pour  10.000  ouvriers,  pendant  la  même 
période  (5). 


(1)  V.  le  Cours  de  Législation  des  Mines  de  M.  Etienne,  p.  296  et  suiv. 

(2)  Circul.  27  mars,  5  juillet  1894. 

(3)  V.  dans  VHistoire  de  la  Chambre  de  Commerce  de  Saint-Etienne, 
p.  310,  une  demande  de  la  Chambre  et  du  Comité  des  Houillères  pour 
mettre  à  la  charge  des  Caisses  de  secours  les  soins  aux  blessés  et  le 
paiement  de  l'indemnité  pour  incapacité  temporaire. 

(4)  V.  notamment  Mémorial  d\e  la  Loire,  4  et  8  sept.  1890,  7  et  25  janv. 
1891,  17  déc.  1892 

(5)  V.  cette  statistique  dans  Etienne,  Cours  de  Législation  minérale, 
p.  315. 


-545- 

Dans  l'enquête  parlementaire  de  1884  sur  la  situation  des 
ouvriers  de  Lyon  et  de  Saint-Etienne  (enquête  des  44),  le  rap- 
porteur, M.  de  Lanessan,  indiquait,  d'après  M.  Laur,  les  incon- 
vénients de  la  législation  antérieure  à  l'adoption  du  principe 
du  risque  professionnel  (i)  : 

Prenons  un  exemple  :  Voici  un  ouvrier  mineur,  il  descend  dans  le 
puits,  arrive  dans  son  chantier.  Tout  y  est  en  ordre,  les  boiseurs 
sont  venus  et  ont  mis  les  étais  nécessaires,  le  gouverneur  ou  porion 
a  sondé  à  l'aide  du  pic  le  toit  du  chantier.  Auciui  son  fêlé  caracté- 
ristique, aucun  danger  apparent.  Néanmoins,  au  bout  d'une  heure, 
par  suite  d'une  cassure  inaperçue,  d'une  surface  de  glissement 
imprévue  et  fréquente,  d'un  miroir  enfin,  un  bloc  se  détache  de  la 
voûte,  l'homme  est  atteint,  il  meurt  écrasé. 

Voyons  ce  qui  va  se  passer  au  point  de  vue  de  la  responsabilité 
de  l'accident. 

Au  bout  d'un  jour  ou  deux,'  le  garde-mines  descend,  prend  un 
petit  croquis  du  chantier,  le  nom  du  mort,  quelques  notes  sous  la 
dictée  de  l'ingénieur  de  la  mine  qui  dépose.  On  appelle  le  gouver- 
neur qui  a  sondé  le  toit  ;  quelques  ouvriers,  compagnons  du  mort, 
sont  entendus  aussi,  séance  tenante.  Enfin,  huit  jours  après,  les 
ingénieurs  des  mines  mettent  au  bas  du  rapport  du  garde-mines 
que  l'accident  est  dû  à  lui  cas  fortuit,  et  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de 
poursuivre  correctiofmellement  l'ingénieur  de  la  mine.  C'est  la 
formule- 

Souvent  les  choses  en  restent  là,  parce  que  la  veuve  et  les  parents 
du  mort  savent  bien  qu'il  n'y  a  rien  à  faire.  Quelquefois  cependant, 
ils  s'entêtent,  forts  de  leur  bon  droit,  forts  des  circonstances  drama- 
tiques de  cette  mort.  Ils  ne  peuvent  concevoir,  malgré  tous  les 
raisorinements  des  avoués,  que  cet  homme,  employé  de  la  mine,  tué 
dans  la  mine  sans  avoir  rien  fait  pour  causer  sa  mort,  victime  de 
son  devoir  professionnel,  ayant  versé  à  la  Caisse  de  secours  enfin, 
ne  doive  pas  être  indemnisé  dans  la  personne  de  ses  ayants  droit, 
par  la  Compagnie  des  mines. 

Alors,  il  y  a  procès,  et  six  ou  huit  mois  après  l'accident  la  veuve 
intente  une  action  judiciaire,  où  elle  a  contre  elle  :  le  point  de  droit 
(cas  fortuit),  le  rapport  du  garde-mines,  seule  pièce  authentique  sur 
laquelle  nous,  experts,  nous  puissions  statuer,  l'ingénieur,  le  gou- 
verneur et  les  ouvriers  encore  dans  la  mine.  Aucun  document 
contradictoire.  Nous,  experts,  nous  entendons  généralement  quel- 
ques témoins,  et  nous  concluons  fatalement  à  l'irresponsabilité  de 
la  Compagnie. 

Tout  compte  fait,  la  veuve  et  les  enfants  ont  encore  un  millier 
de  francs  de  moins  à  leur  avoir. 


(1)  Chambre  des  Déput-és,  documftnts  parlenventalres,  1884,  p.  2306. 


—  546  — 

D'autres  fois,  l'ouvrier  a  commis  une  imprudence,  le  gouverneur 
lui  a  dit,  en  passant,  de  buter  telle  paroi  menaçante  de  son  chantier. 
Il  a  répondu  :  oui,  et,  insouciant  du  danger  (comme  on  le  devient 
dans  toutes  les  mines),  il  renvoie  à  la  minute  suivante  ce  qui  ne 
doit  pas  être  différé.  La  paroi  s'éboule,  il  meurt. 

La  seule  parole  du  gouverneur,  souvent  dite  vaguement,  d'une 
manière  générale,  comme  acquit  de  conscience,  suffit  pour  dégager 
la  responsabilité  de  la  Compagnie.  Le  rapport  du  garde-mines 
consigne  cette  parole,  elle  suit  dans  toutes  les  enquêtes,  et  la  veuve 
n'a  aucun  espoir  de  voir  sa  cause  triompher  :  «  Il  y  a  eu  imprudence 
de  la  part  de  l'ouvrier  tué  I  » 

Ce  que  je  dis  des  morts  a  lieu  pour  les  blessés,  et  j'ajouterai 
comme  fait  caractéristique  que  je  n'ai  statué  dans  aucune  affaire 
d'accidents  où  la  Compagnie  pour  sa  défense  n'ait  soulevé  la  ques- 
tion d'imprudence,  de  cas  fortuit  ou  de  force  majeure.  Il  est,  en 
effet,  toujours  possible  de  trouver  quelque  raison  dans  les  nom- 
breux règlements,  dans  les  prescriptions  faites  de  vive  voix,  dans  les 
ordres  donnés  aux  gouverneurs,  etc.,  etc.  Je  ne  blâme  pas  la  mine 
qui  se  défend  avec  des  armes  légales,  je  constate. 

Et  puis,  le  vice  originel  est  toujours  dans  le  rapport  du  garde- 
mines,  rapport  incontrôlé,  non  contradictoire.  C'est  ce  point  qui  a 
fait  aboutir  à  la  nomination  des  délégués  mineurs  dans  la  nouvelle 
loi  proposée.  L'ouvrier  blessé  serait  dans  ce  cas  représenté  avant  le 
changement  de  l'état  de  lieux,  au  moment  voulu,  et  les  constatations 
contradictoires  suivraient  l'enquête  judiciaire  ultérieure. 

M.  Laur  demande  que  «  la  mine  soit  responsable  dans  les  cas 
d'accidents  intérieurs,  même  fortuits  ». 

La  Commission  parlementaire  avait  conclu  également  au 
principe  de  la  limitation  des  heures  de  travail  dans  les  mines, 
réclamée  au  Congrès  socialiste  de  1881  et  au  Parlement  en  1882. 

Les  mineurs  prirent  une  part  importante  à  la  manifestation 
ouvrière  du  1^""  mai  1890  —  la  première  en  date  —  pour  réclamer 
les  «  Trois-Huit  ». 


Le  legs  Sauzéa.  —  Avant  d'aborder  la  question  des  Caisses  de 
secours  et  de  retraites  pendant  cette  période  de  1880-1900,  il 
faut  signaler  le  legs  généreux  de  M.  Hippolyte  Sauzéa  en  faveur 
des  ouvriers  mineurs  blessés. 

Quand,  partant  de  Saint-Etienne,  vous  suive^z  rancienne  route 
royale  de  Lyon,  par  la  Montât,  vous  apercevez  à  gauche,  après 
avoir  dépassé  la  Montât,,  les   ruines  à  peine   distinctes  d'un 


—  547  — 

ancien  château  dominant  une  prairie  et  un  verger.  C'était  là 
le  château  de  Monteil,  dont  M.  Broutin  a  écrit  l'histoire. 

Ce  château,  construit  au  xvii*  siècle  par  un  d'Allard,  en  avait 
remplacé  un  autre  très  ancien.  L'écrivain  stéphanois  du  xvr- 
xvir  siècle,  Marcellin  Allard,  était  de  cettei  famille.  Au  xviii' 
le  château  devint  la  propriété  de  la  famille  Sauzéa,  qui  se  disait 
originaire  d'Espagne  et  venue  en  France  à  la  suite  des  routiers 
du  XV*  siècle  (i). 

Il  y  a  quarante  ans,  ce  château,  très  dégradé,  était  habité  par 
un  octogénaire,  Hippolyte  de  Sauizéa,  qui  mourut  en  laissant 
une  fortune  que  l'imagination  populaire  affirmait  colossale. 
C'était  un  des  plus  grands  propriétaires  fonciers  et  tréfonciers 
de  l'arrondissement.  On  lui  connaissait  plus  de  cent  fermiers. 
Malgré  sa  fortune,  il  vivait  parcimonieusement,  sordidement 
même.  Il  avait  été  inscrit  au  barreau  et  avait  plaidé  souvent 
contre  les  Compagnies  de  mines  aoii  sujet  des  redevances  de  ses 
tréfonds.  Il  avait  écrit  contre  les  Compagnies  et  en  faveur  des 
Caisses  de  secours.  Il  faisait  beaucoup  de  bien,  mais  le  plus 
discrètement  possible,  comme  le  jour,  par  exemple,  où  il  fit 
un  don  anonyme  de  50.000  francs  au  Bureaui  de  bienfaisance. 
Il  allait  jusqu'à  économiser  sur  la  journée  des  ouvriers  pour  en- 
richir un  jour  les  malheureux  p). 

Il  mourut  le  15  juin  1883.  Ses  immeubles  furent  estimés  à 
2.469.986  francs,  ses  redevances  tréfoncières  à  104.574  francs 
en  moyenne  par  an.  Par  ses  testaments  (il  y  en  avait  une  série) 
Sauzéa  manifestait  la  volonté  de  laisser  la  majeure  partie  de 
sa  fortune  aux  hospices,  à  la  condition  de  délivrer  de  nombreux 
legs  particuliers,  et  surtout  :  1"  de  fonder  et  d'entretenir  une 
institution  d'arbitrage  pouir  éviter  les  procès  et  indemniser  les 
victimes  d'erreurs  judiciaires  ;  2**  d'organiser  des  secours  pour 
les  ouvriers  mineurs  blessés  et  leurs  familles. 

H.  Sauzéa  n'avait  comme  héritiers  naturels  que  des  neveux, 
à  Saint-Etienne  et  à  Saint-Chamond,  en  général  fort  riches.  H 


(1)  V.  Broutin,  Les  châteaux  historiques  du  Forez,  I,  p.  289.  Cette 
origine  est  purement  Imaginaire.  Sauzéa  a  la  niême  origine  que  SaiKet, 
Duzauzey,  Saussaye,  Sauze,  etc.,  noms  fort  répandus  (v.  Gai-LEY,  VElec- 
lion  de  Saint-Etienne,  ji.  271). 

(2)  V.  Tony  Joannon  :  Hippojytr  de  Sauzéa,  su  rir,  sr.s  œuvres  et  son 
testament  fl^aris.  Aiif,^oi   (''dit.,  lHSr>).  p.  223. 


-548- 

ne  les  fréquentait  guère.  Il  leur  laissa  quelques  avantages  no- 
tables, mais  il  y  avait  loin  de  ces  avantages  à  l'importance  du 
legs  fait  aux  Hospices. 

Les  Hospices  acceptèrent.  Les  héritiers  attaquèrent  le  tes- 
tament prétendant  que  c'était  «  une  œuvre  inconsciente  et  sans 
valeur  ».  Ils  contestèrent  surtout  la  validité  des  conditions. 
Très  jeune  à  cette  époque,  je  me  rappelle  combien  l'opinion 
publique  bénissait  la  mémoire  du  vieil  original  et  appréciait 
sévèrement  l'attitude  des  héritiers.  Le  jugement  du  Tribunal 
civil  (6  avril  1885),  repoussant  les  prétentions  des  héritiers,  fut 
commenté  favorablement  dans  toutes  les  familles  (i). 

Les  héritiers  en  appelèrent  à  la  Cour  de  Lyon,  «  en  deimandant 
l'annulation  du  testament  à  raison  de  l'état  d'esprit  du  tes- 
tateur ».  Mais  bientôt  ils  vinrent  à  comiposition  et  consentirent 
notamment  à  l'affectation  du  tiers  des  redevances  tréfoncières 
auK  ouvriers  mineurs  blessés.  Cette  destination  du  tiers  des 
redevances  était  prévue  dans  le  testament  du  16  juillet  1882, 

La  Cour  d'appel  de  Lyon  (28  juillet  1886)  reconnut  que  Sauzéa 
était  en  état  de  disposer  de  sa  fortune.  Elle  déclara  non  valable 
la  libéralité  relative  à  la  création  de  la  Société  des  arbitrages. 

Après  bien  des  formalités,  après  qu'une  Société  des  ouvriers 
mineurs  blessés  se  fuit  constituée  pour  la  répartition  des  secours, 
combinaison  qui  fut  écartée  par  l'Administration  supérieure, 
un  décret  en  Conseil  d'Etat  du  26  juillet  1889  autorisa  les  Hos- 
pices à  accepter  le  legs  universel  Sauzéa,  et  créa,  comme  annexe 
des  Hospices,  sous  le  nom  de  Fondation  Sauzéa^  une  Caisse  de 
secours  aux  ouvriers  mineurs  blessés  du  département  de  la 
Loire  et  à  leurs  familles.  Le  même  décret  approuva  la  déli- 
bération de  la  Commission  des  Hospices  allouant  à  cette  Caisse 
une  somme  de  100.000  francs  pour  accroître  l'émolument  du 
legs  Sauzéa  en  faveur  des  mineurs.  Les  statuts  de  la  nouvelle 
institution,  qui  reçut  la  personnalité  civile,  étaient  annexés  au 
décret.  Un  règlement  intérieur,  voté  par  le  Comité  de  répartition 
des  secours,  fut  approuvé  par  le  Préfet,  le  14  septembrei  1892  P). 


(1)  V.  p.  le  testament  le  Mémorial  de  la  Loire,  16  juin  1883  et  jours 
suivants. 

(3)  Ce  décret,  ces  statuts  et  ce  règlement  ont  été  publiés  par  M.  Lefort, 
avocat  au  Conseil  d'Etat,  dans  l'historique  de  la  Fondation  Sauzéa 
{Revue  de  Législation  des  Mines  et  Statistique  des  Houillères  en  France 
et  en  Belgique,  1890,  p  .74  et  1894,  p   65). 


—  549  — 

En  résumé,  oette  Caisse  reçut  le  tiers  du  produit  des  tréfonds 
Sauzéa.  Les  Hospices  eurent  tous  les  domaines,  non  compris 
les  tréfonds. 

La  Fondation  Sauzéa  a  réparti,  depuis  l'origine  jusqu'en  19i::l 
inclusivement,  une  somme  totale  de  682.416  fr.  25,  dont  : 

Blessés  Veuves     Orphelins     Ascendants 

20.233  fr.   10  en  1909  entre 1.136  482  15  42 

27.207  fr.  45  en  1^10  entre  ....  1.207  489  H  41 

21.725  fr.  10  en  1911  entre 1.212  443  13  34 

12.416  (p.  70  en  1912  entre 1,257  447  7  36 

18.728  fr.  00  en  1913  entre 1.257  438  8  32 

Les  18.728  francs  répartis  en,  1913,  entre  1.735  personnes,  ne 
représentent  en  moyenne  que  10  francs  par  assisté. 

Les  Caisses  de  secours  et  de  retraites  (i).  —  La  Commission 
parlementaire  des  Quarante-quatre,  dans  son  enquête  de  1884, 
aborda  la  question  des  Caisses  de  secours  et  de  retraites.  Elle 
estima  :  que  les  retenues  sur  les  salaires  devaient  être  rem- 
boursées à  l'ouvrier  qui  quittait  la  Compagnie  pour  une  cause 
quelconque  ;  que  les  ouvriers  devaient  participer  d'une  façon 
effective  à  l'administration  des  Caisses  ;  que  les  conditions 
d'admission  à  la  retraite  devaient  être  abaissées  à  50  ans  d'âge 
et  25  ans  de  services  ;  que  l'Etat  ne  devait  pasi  subventionner 
ces  institutions,  afin  de  n'être  pas  appelé  à  subventionner 
d'autres  institutions  analogues,  mais  qu'il  pouvait  imposer  la 
création  de  ces  Caisses  aux  Compagnies.  Enfin,  la  Commission 
proposait  d'abaisser  les  redevances  tréfoncières  pour  augmenter 
les  versements  des  Compagnies  aux  Caisses  de  secours.  «  Les 
propriétaires  tréfonciers  seraient  mal  venus  à  se  plaindre,  disait 
la  Commission,  car  ils  jouissent  d'ume  situation  absolument 
privilégiée,  inconnue  à  ceux  de  toutes  les  autres  régions  houil- 
lères, et  les  redevances  considérables  qu'ils  ont  perçues  ont 
déjà  payé  plusieurs  fois  leurs  propriétés  (2).  » 


(1)  Voir  pour  les  périodes  antérieures,  p.  505,  516,  524. 

(2)  La  Chambre  syndicale  des  Mjneurs  de  la  Loire,  dans  ses  revendi- 
cations au  Parlement,  en  1882,  demandait  la  retraite  A  2  francs  par  jour 
après  25  ans  de  travail,  sans  corKlitlon  d'â^e.  et  un  pr<^lèvement  de  10  % 
sur  les  redevances  trôfoncières  au  profit  des  cai.sses  de  secours  (Office 
(lu  Travail,  op.  ril.^  p.  345). 


—  550  — 

L'Exposition  de  1889  mit  en  lumière,  un©  fois  de  pkiiS,  les 
institutions  ouvrières  des  Compagnies.  Quatre  Sociétés  de  la 
Loire  obtinrent  des  médailles  d'argent  dans  le  Groupe  de 
l'Economio  sociale  et  publièrent  des  notices  que  je  ne  possède 
qu'en  partie.  Le  rapport  de  M.  Gheyason  sur  les  institutions 
patronales  est  une  étude  d'ensemble  qui  ne  peut  servir  pour  des 
études  monographiques  (l). 

En  1891,  la  ville  de  Saint-Etienne  organisa  une  exposition 
sur  laquelle  M.  Marins  Vachon  a  écrit  un  livre  intéressant. 
Bien  que  la  section  des  mines  n'ait  pas  fait  figurer  à  cette  expo- 
sition des  renseignements  sur  les  instituitions  ouvrières, 
M.  Vachon  fît  un  exposé  rapide  de  ces  institutions  : 

Les  Compagnies  des  mines  de  la  Loire,  de  M  ont  r  ami)  est,  de  Saint- 
Etienne,  de  la  Péronnière,  de  Villebœuf  et  de  Beaubrun  ont 
constitué  une  caisse  centrale  de  pensions,  qui  reçoit  annuellement 
de  chacune  d'elles  une  somme  proportionnelle  pour  ses  dépenses, 
et  qui  s" est  constitué,  au  moyen  d'un  versement  supplémentaire  de 
25  %,  un  fonds  de  réserve  assurant  dès  la  première  heure  le  service 
des  pensions  acquises.  Cette  caisse  donne  300  francs  de  retraite  à 
l'ouvrier  ayant  55  ans  d'âge  et  30  années  de  service  dans  les  usines 
de  l'une  ou  l'autre  Société  adhérente.  Cette  pension  est  augmentée 
de  25  francs  pour  chaque  année  de  travail  accomplie  depuis  le  titre 
acquis  à  la  retraite,  La  veuve  de  l'ouvrier  décédé  en  possession  de 
la  retraite,  ou  ayant  acquis  le  droit  d'en  obtenir  la  liquidation, 
reçoit  la  moitié  de  la  pension,  pourvu  qu'elle  ait  55  ans  et  qu'elle 
ait  été  mariée  depuis  cinq  ans.  L'administration  de  la  caisse  centrale 
est  confiée  à  un  Conseil  de  vingt-deux  membres,  dont  onze  sont 
délégués  par  les  Compagnies,  et  onze  par  les  ouvriers. 

Chaque  Compagnie  a,  en  outre  de  cette  caisse  centrale,  une  caisse 
particuhère  fonctionnant  par  des  retenues  de  salaires,  ou*  à  l'aide 
de  versements  des  Conseils  d'administration. 

Dans  le  dernier  bilan  de  la  Société  de  Montrambert,  présenté  à 
l'Assamblée  générale  du  28  mars  1891,  les  frais  de  secours  et 
indemnités  aux  blessés,  aux  malades,  pour  les  écoles,  l'hospice  et 
les  pensions  de  retraite,  s'élèvent  à  231.217  francs,  soit  environ  5  % 
des  bénéfices  de  l'année.  Le  Conseil  d'administration  a  proposé 
d'élever  en  1891,  de  40.000  francs  pour  la  première  année,  et  progres- 
sivement dans  des  proportions  plus  fortes  encore  pendant  quinze  ans, 
le  fonds  des  retraites  et  des  secours  aux  veuves  et  aux  blessés  perma- 
nents. La  Compagnie  a  fondé  en  1876  un  hôpital  de  cinquante  lits. 


(1)  Groupe  de  l'Economie  sociaie,  2®  partie,  p.  351-517  (Rapp.  du  jury). 
Ce  rapport  ne  renferme  des  renseignements  analytiques  que  pour  les 
exposants  ayant  obtenu  un  grand  prix. 


—  551  — 

avec  pharmacie,  bains.  La  Société  possède  au  village  du  Montcel- 
Ricamarie  des  salles  d'asile  et  deux  écoles,  une  pour  les  garçons, 
l'autre  pour  les  filles,  qui  reçoivent  tous  les  enfants  que  les  ouvriers 
veulent  y  envoyer.  Les  salles  d'asile  gardent  les  enfants  des  deux 
sexes,  jusqu'à  l'âge  de  7  ans  ;  leur  nombre  varie  entre  230  et  250. 
L'école  des  garçons  renferme  six  classes,  contenant  ensemble  de  300 
à  320  élèves.  La  classe  supérieure  prépare  les  enfants  pour  l'obten- 
tion du  certificat  d'études  primaires.  L'école  des  filles,  qui  contient 
cinq  classes,  est  suivie  par  220  élèves.  Celles  des  classes  supérieures 
peuvent  aussi  se  présenter  pour  obtenir  le  même  certificat.  Elles 
apprennent  les  travaux  d'aiguille  dans  un  ouvroir  annexé  à  l'école. 

Le  compte  de  l'exercice  1890,  dans  la  Société  des  mines  de  la 
Loire,  fait  figurer  au  chapitre  des  secours  et  subventions  aux  écoles 
une  somme  de  85.432  francs,  soit  environ  9  %  des  bénéfices  de 
l'année.  Depuis  1870,  la  caisse  de  retraite  et  de  secours  de  la  Société 
a  été  réorganisée.  Sans  augmenter  la  retenue  de  3  %  sur  les 
salaires,  elle  fournit,  en  outre,  des  secours  exclusivement  accordés 
par  la  première  aux  blessés,  aux  veuves  et  orphelins  des  ouvriers 
morts  des  suites  de  leurs  blessures,  tous  les  soins  médicaux,  les 
secours  en  argent  aux  malades,  et  assure  des  pensions  de  retraite. 
Par  suite  du  fonctionnement  parallèle  de  la  caisse  de  retraites  et 
de  la  caisse  centrale,  la  Compagnie  des  mines  de  la  Loire  assure  : 
1**  un  franc  par  jour  à  l'ouvrier  blessé,  avec  un  supplément  de 
0  fr.  25  pour  chaque  enfant  au-dessous  de  12  ans  ;  2°  un  franc  par 
jour  à  l'ouvrier  malade,  après  le  cinquième  jour  de  sa  maladie  ; 
cette  allocation  cesse  au  bout  de  six  mois  ;  3°  des  secours  extraordi- 
naires aux  ouviiers  et  à  leur  famiUe  dans  une  situation  particulière- 
ment intéressante,  après  décision  du  Conseil  d'administration  ; 
4°  0  fr.  60  par  jour  à  la  veuve,  et  0  ir.  25  à  chacun  des  entants  de 
l'ouvrier  mort  des  suites  de  ses  blessures  ;  la  pension  de  la  veuve 
est  supprimée  si  elle  se  remarie  ;  5°  300  francs  de  retraite  à  l'ouvrier 
ayant  55  ans  d'âge  et  30  années  de  services  dans  les  mines  qui  ont 
adhéré  à  la  caisse  centrale.  Les  ouvriers  de  la  Société,  habitant  à 
Saint-Etienne  ou  aux  environs,  sont  mêlés  au  reste  de  la  population. 
Dans  ces  conditions,  des  écoles  spéciales  paraissaient  inutiles. 

Avant  la  nouvelle  loi  sur  l'instruction  primaire,  la  Société  assu- 
rait la  gratuité  aux  enfants  de  ses  ouvriers  par  des  subventions 
convenables.  Aujourd'hui,  elle  paye  encore  des  cours  d'adultes, 
donne  gratuitement  les  fournitures  scolaires  et  accorde  des  livrets 
de  caisse  d'épargne  aux  enfants  (jui  obtiennent  le  certificat 
d'études. 

Aux  Houillères  de  Saint-Etienne,  le  chiffre  des  secours  divers 
accordés  en  l^JO  s'est  élevé  à  232.904  francs,  soit  plus  de  11  %  des 
bénéfices  de  l'année.  La  Compagnie  possède,  au  Soleil,  un  hospice 
dont  l'entretien  a  coûté,  pendant  la  même  période,  17.850  francs  ; 
à  Firminy  et  Roche-la-Molière,  le  compte  «  ét4il)li.ss<Mnent  hospitalier, 
caisse  de  secours,  subventions  au.x  veuves,  dons  et  pensions»,  atteint 


—  552  — 

presque  250.000  francs,  soit  plus  de  8  %  des  bénéfices  nets  de  l'exer- 
cice. La  Compagnie  a  fondé  deux  hospices,  contenant  vingt-huit  lits, 
dont  la  dépense,  avec  les  secours  à  domicile,  s'élève  à  70.000  francs 
environ.  Une  caisse  de  retraites  pour  les  vieux  ouvriers  fonctionne 
depuis  1873,  alimentée  exclusivement  par  le  Conseil  d'administra- 
tion. La  pension,  assurée  à  partir  de  55  ans,  est  variable  suivant 
l'emploi  de  l'ouvrier,  elle  n'est  jamais  moindre  de  300  frariics  et 
représente  souvent  le  double.  La  Compagnie,  de  ce  chef,  a  dépensé, 
en  1890,  plus  de  60-000  francs.  Elle  alloue  annuellement  de  6  à 
8.000  francs  de  subventions  à  une  caisse  de  prévoyance  pour  les 
employés,  qui  a  reçu,  lors  de  sa  fondation,  un  don  exceptionnel  de 
55.000  francs.  Deux  cités  ouvrières,  comprenant  50  maisons  avec  jar- 
dinets, qui  se  louent  120  et  180  francs  par  an,  ont  été  bâties  à  Roche. 
La  Compagnie  entretient,  à  Roche  et  à  Firminy,  deux  asiles,  qui 
reçoivent  annuellement  350  enfants,  une  école  professionnelle  de 
filles  et  diverses  écoles  féminines  de  hameaux,  dont  la  population 
est  de  205  élèves  en  moyenne. 

Ajoutons  qu'on  1890  la  Compagnie  de  Montrambert  avait 
majoré  les  retraites  de  façon  à  porter  le  taux  de  la  pension  à 
i  fr.  50  par  jour  (547  fr.  50  par  an)  pour  les  ouvriers  de  l'in- 
térieur, et  à  1  fr.  25  pour  oeiux  de  l'extérieur.  On  sait  que  cette 
Compagnie  avait  oessé,  depuis  1873,  de  faire  subir  une  retenue 
sur  les  salaires.  En  outre,  la  pension  des  blessés  permanents 
était  élevée  de  i  fr.  à  1  fr.  50,  celle  des  veuves  de  0  fr.  60  A 
0  f r.  75,  non  compris  0  fr.  25  pour  chaque  enfant. 

La  Compagnie  de  la  Péronnière  avait  réalisé  des  améliorations 
analogues  à  oelles  de  Montrambert. 

La  Compagnie  de  Roche-la-Molière  construisit  en  1882  sa 
cité  ouvrière  de  Lanlyre,  composée  de  seize  maisons  doubles 
avec  jardins,  et  en  1890  sa  cité  des  Vialles,  comprenant  douze 
logements  loués  de  90  à  100  francs.  Le  taux  de  la  pension  de 
secours  fut  porté  à  1  fr.  50  pour  les  hommes,  à  0  fr.  75  pour 
les  femmes.  Le  taux  des  pensions  de  retraite  fut  modifié  en 
1892  :  520  francs  pour  les  o-uivriers  de  l'intérieur,  440  francs 
pour  ceux  de  l'extérieur,  à  55  ans  d'âge  et  30  ans  de  services. 

La  Société  des  Houillères  de  Sàint-Etienne  avait  versé,  de 
1869  à  1888,  à  la  Caisse  centrale  de  secours  ou  à  la  Caisse  par- 
ticulière, ou  encore  en  secours  obligatoires  et  indemnités  pour 
accidents,  une  somme  de  2.667.000  francs. 

Je  regrette  de  ne  pas  posséder  des  renseignements  sur  les 
autres  Sociétés.  A  la  Chazotte,  en  1889,  on  assimila  les  malades 


553  — 


aux  bliesaéts  et  on  porta-  la  retenu©  sur  les  salaires  de  3  à  5  % 
pour  parer  aux  nouvelles  dépenses  (i). 


En  1883,  le  Gouvernement  avait  ordonné  une  enquête  sur  les 
institutions  de  prévoyance  dans  les  houillères.  Les  résultats 
furent  consignés  dans  le  rapport  de  M.  Keller,  ingénieur  en 
chef  (25  janvier  1884).  En  1892,  une  nouvelle  enquête,  spéciale 
aux  Caisses  de  secours  et  de  retraites,  fut  ouverte. 

Une  série  de  propositions  de  loi  sur  ces  Caisses  avaient  été 
déposées  de  1880  à  1883  p).  Elles  firent  l'objet  d'un  rapport  de 
M.  Mazeron  (1885)  dont  le  dispositif  fut  repris,  à  titre  de  pro- 
position de  loi,  par  M.  Audiffred,  député  de  la  Loire,  dans  la 
législature  suivante.  M.  Audiffred  fut  également  rapporteur 
de  sa  proposition  et  de  celle  de>  M.  Brousse  (1887).  Discutée  à 
la  Chambre  en  1888,  ballottée  entre  la  Chambre  et  le  Sénat, 
rapportée  de  nouveau  par  M.  Audiffred,  la  proposition  ne 
devint  loi  que  le  9  juin  1894  (3).  Elle  a  été  complétée  par  des 
décrets  (25  juillet  et  14  août  1894)  et  modifiée,  avant  1900,  par 
les  lois  des  19  décembre  1894  et  16  juillet  1896. 

La  loi  de  1894  distingue  les  pemsions  de  retraites  des  Sociétés 
de  secours.  Pour  les  pensions,  le  prélèvement  minimvm  sur 
les  salaires  et  le  versement  de  l'exploitant  sont  de  2  %  respec- 
tivement (total  4  %),  susceptibles  d'augmentation  si  les  deux 
parties  sont  d'accord.  L'entrée  en  jouissance  est  fixée  à  55  ans 


(1)  V.  sur  cette  caisse,  ♦p.  530.  Cette  concession,  depuis  1876,  était  la 
propriété  de  la  Compagnie  P.-ÎL..-M.,  qui  suivit  les  errements  de  la 
Compagnie  de  la  Chazotte.  Les  lil>éralit'és  des  Compagnies  devraient 
être  comparées  aux  redevances  tréfoncières  et  aux  dividendes.  Mais  je 
n'ai  pas  en  mains  tous  les  éléments  du  problème. 

(2)  V.  l'énumération  dans  Widmer,  op.  cit.,  p.  178-179.  MM.  Brossard, 
Marins  Ghavanne,  Girodet,  députés  de  la  Loire,  étaient  au  nombre  des 
auteur  die  ces  propositions.  Sur  la  proposition  Brossard,  v.  le  Mémorial 
de  la  Loire,  1«'  janvier  1883.  V.  également  le  Correspondant  du  26  dé- 
cembre 1882. 

(3)  V.  dans  mon  Histoire  de  la  Chambre  de  Commerce  de  Sl-Etienne, 
p.  312,  les  observations  au  sujet  de  oert-te  loi.  V.  au  sujet  de  l'application 
le  rapport  de  l'Ingénieur  en  chef  des  Mines  au  Préfet  (Conseil  général 
de  la  Loire,  session  d'aotit  1895,  p.  737). 


—  554  — 

et  peut  être  différée.  Les  versements  s'effectuent,  soit  à  la  Caisse 
nationale  des  retraites  pour  la  vieillesse,  soit  à  une  Caisse  patro- 
nale ou  syndicale  spécialement  autorisée,  dont  las  fonds  doivent 
êtrei  employés  en  valeurs  nominatives  déterminées,  caisse 
contrôlée  par  l'Administration  des  Finances  et  administrée  dans 
les  conditions  des  décrets  d'autorisation.  Les  sommes  inscrites 
au  nom  de  chaque  ouvrier  sont  transférées,  le  cas  échéant,  à 
une  autre  Caisse  ou  à  la  Caisse  des  retraites  pour  la  vieillesse. 

Les  Caisses  des  Sociétés  de  secours  sont  alimentées  par  une 
retenue  maxima  de  2  %  du  salaire,  par  un  versement  patronal 
égal  à  la  moitié  de  celui  des  ouvriers,  par  des  amendes, 
par  des  subventions  de  l'Etat  et,  le  cas  échéant,  par  des  dons 
et  legs.  L'Administration  de  ces  Sociétés  appartient,  pour  un 
tiers,  aux  représentants  des  exploitants,  pouir  les  deux  tiers 
à  ceux  des  ouvriers.  Le  mode  d'élection  est  fixé  par  la  loi.  Le 
premier  Conseil  d'administration  dresse  les  statuts  et  les 
soumet  à  l'approbation  de  l'autorité  supérieure. 

Dans  la  Loire,  pour  les  retraites,  la  loi  de  1894  fut  appliquée 
aux  ouvriers  embauchés  posté riieurement  à  sa  promulgation. 
Pour  les  anciens  ouvriers,  les  droits  à  la  retraite  étaient  en 
cours  d'acquisition.  Conformément  à  la  loi,  ils  furent  appelés 
à  opter  entre  la  retraite  légale  et  celle  de  la  Caisse  centrale  des 
Compagnies.  La  majorité  des  ouvriers  opta  pour  la  Caisse 
centrale. 

Pour  la  Compagnie  de  Villebœuf,  la  liquidation  de  la  Caisse 
fut  faite  par  la  Commission  arbitrale  instituée  par  le  légis- 
lateur (1).  Les  autres  Sociétés  adhérentes  au  Comité  des 
Houillères  de  la  Loire  avaient  proposé  de  recourir  également  à 
cette  Commission.  La  majorité  des  votants  opta  pour  ce  procédé, 
mais  le  quantum  par  rapport  aux  électeuirs  inscrits  ne  fut  pas 
atteint.  Conformément  à  la  loi,  il  fallut  s'adresser  au  Tribunal, 
qui  homologua  le  mode  de  liquidation  que  la  Commission 
arbitrale  avait  institué. 

La  Caisse  centrale  du  Comité  des  Houillères  de  la  Loire,  en 
1894,  avait  distribué  127.000  francs  de  pensions  de  retraites  et 
272.000  francs  de  pensions  de  secours. 


(1)  La  sentence  de  cette  Commi'ssion  figure  dans  les  réponses  du 
Comité  des  Houillères  de  la  Loire  à  l'enquête  parlementaire  sur  le? 
Mines   (1902). 


—  555  — 

Pour  les  secours  de  maladie,  il  n'y  avait  pas  de  droits  en 
cours  d'acquisition  à  sauvegarder,  sinon  pour  les  ouvriers  en 
traitement  au  moment  de  la  transformation.  Le  service  des 
secours  fut  donc  transféré  de  l'ancienne  institution  à  la  nou- 
velle, sans  grandes  diffiouiltés. 

La  loi  de  1^94  laissait  en  dehors  de .  ses  prescriptions  la 
question  des  accidents  du  travail.  Les  pensions  acquises  ne 
changeaient  rien  à  la  situation  des  bénéficiaires.  On  pourvut, 
par  des  moyens  provisoires  et  variables  suivant  les  Compagnies, 
aux  mesures  pour  la  garantie  des  ouvriers  dans  l'avenir, 
mesures  remplacées  par  la  loi  de  1898  sur  les  accidents  du 
travail.  En  général,  le  service  des  pensions  acquises  fut  à 
la  charge  exclusive  des  exploitants  et,  dans  quelques  cas  rares, 
à  la  charge  d'une  Caisse  de  liquidation  (i). 

Avant  la  loi  de  1898,  les  Compagnies  de  la  Loire  assuraient 
aux  infirmes,  aux  veuves  des  ouvriers  morts  des  suites  d'ac- 
cidents et  aux  orphelins,  des  pensions  de  365  francs  pour  les 
premiers,  220  francs  pour  les  secondes,  0  fr.  25  par  jour  pour 
les  orphelins  jusqu'à  12  ans.  L'ensemble  de  ces  pensions  repré- 
sentait plus  de  270.000  francs  par  an  p). 

A  titre  de  renseignements,  la  Compagnie  de  Roche-la-Molière 
et  Firminy  assurait  gratuitement,  avant  la  loi  de  1894,  les 
soins  médicaux  et  les  médicaments  aux  ouvriers  malades,  à 
leurs  femmes  et  à  leurs  enfants  de  moins  de  12  ans.  Elle  leur 
distribuait  en  outre  des  secours  en  argent.  Depuis  cette  loi, 
on  a  institué  une  Société  de  secours  pour  Firminy  et  une  pour 
Roche-la-Molière  et  la  Varenne.  Le  prélèvement  sur  les  salaires 
est  de  2  %  à  Firminy,  de  1  franc  par  mois  pour  les  hommes  et 
de  50  centimes  pour  les  femmes  et  les  enfants  à  Roche  et  à 
la  Varenne.  Le  versement  de  la  Compagnie  est  égal  à  la  moitié 
du  prélèvement.  L'indemnité  journalière  est  de  1  fr.  50  pour 
les  hommes  et  de  0  fr.  "75  pour  les  enfants  de  moins  de  16  ans, 
à  partir  du  quatrième  jour  si  la  maladie  ne  duTO  pas  plus  de 
onze  jours,   à  partir  du   premier  jour  dans  le  cas  contraire 


(1)  WiDMER,  op.  cit.,  p.  306.  Ces  renseignements  ne  sont  pas  spéciaux 
au  bassin  de  la  Loire. 

(2)  Notice  du  Comité  des  Houillères  de  la  Loire  (Exposlt.  ée  St-Louis, 
1904,  p.  36). 


—  556  — 

(Firminy).  A  Roche  et  à  la  Varenne,  les  trois  premiers  jours 
ne  sont  jamais  payés.  Ces  indemnités  cessent  au  bout  de  neuf 
mois  à  Firminy  et  de  six  mois  à  Roche.  En  outre  des  indem- 
nités réglementaires,  les  Sociétés  distribuent  deis  secours.  Le 
sociétaire  a  droit  aux  soins  médicaux  et  pharmaceutiques 
gratuits  pour  lui,  sa  femme  et  ses  enfants  de  moins  de  13  ans. 

Antérieurement  à  la  loi  de  1898  sur  lies  accidents,  la  même 
Compagnie  allouiait  à  son  personnel  en  cas  de  blessure  :  1  franc 
par  journée  du  mois,  plus  25  centimes  par  enfant  de  moins 
de  12  ans.  Cette  indemnité  était  réduite  à  50  centimes  pour 
lesi  femmes  et  pour  les  enfants  de  moins  de  16  ans.  La 
veuve  d'un  ouvrier  mort  d'un  accident  recevait  75  centimes  par 
jour  (1  fr.  si  eWe  avait  plus  de  50  ans)  et  25  centimes  pour 
chaque  enfant  de  moins  de  12  ans.  Les  orphelins  de  père  et  de 
mère  recevaient  50  centimes  par  jour  jusqu'à  16  ans.  Souvent 
la  Compagnie  accordait  une  indemnité  supplémentaire. 

La  notice  que  cette  Société  a  publiée  à  l'occasion  de  l'Expo- 
sition de  1900,  à  laquelle  j'emprunte  ces  renseignements, 
énumère  les  institutions  qu'elle  a  créées.  Aux  cités  ouvrières 
déjà  construites,  la  Compagnie  avait  ajouté  en  1899  la  cité  du 
Pontin  (18  miaisons  doubles,  prix  du  logement  :  120  fr.)  pour  la 
section  de  la  Varenne.  Elle  avait  créé  en  189^,  à  Roche,  un 
hotel-pension  pour  les  ouvriers  célibataires.  Ses  dépenses,  en 
1899,  comprenant  service  médical,  hôpitaux,  médicaments, 
secours  gratuits,  chauffage,  écoles,  caisse  d'e®  malades,  fête  de 
Sainte-Barbe,  s'élevaient  à  146.000  francs.  La  Caisse  de  retraites, 
alimentée  exclusivement  par  la  Compagnie,  avait  entraîné  une 
dépense  de  145.000  francs  (l).  Les  déoenses  oour  accidents  repré- 
sentaient une  somme  sensiblement  égale.  La  première  du 
bassin  de  la  Loire,  cette  Compagnie  installa,  au  puits  Combes, 
des  lavabosrvestiaires  (1898-1899).  Ln  Société  des  Fonillères  de 
Saint-Etienne  a  établi  des  lavabos- vestiaires  en  1900  (2). 

Il  est  regrettable  que  toutes  les  Compagnies  n'aient  pas  publié 
des  notices  aussi  complètes  que  celles  de  Ha  Compagnie  de 
Roche-la-Molière  et  Firminy. 


(1)  Pres<7ue  tons  les  ouvriers  avaient  opté  pour  la  caisse  de  la  Com- 
pagnie. Celle-ci,  en  1899,  créa  des  primes  à  l'ancienneté  et  à  l'aspidnité 
qui  servirent  pour  augmenter  les  retraites  ou  furent  placées  à  la  Caisse 
d'épargne. 

(2)  V.  Mémorial  de  la  Loire,  6  mai  1913. 


-  557  — 

A  la  Compagnie  de  Montrambert  et  de  la  Béraudière,  la  re- 
tenue isur  l'es  salaires,  pour  la  Société  de  secours  instituée  en 
1894,  est  de  1  %,  la  contribution  légale  de  la  Compagnie  de  1/2  % 
et  sa  cotisation  volontaire  de  1/2  %  également.  Une  Caisse  de 
prévoyance  reçoit  les  dépôts  des  employés  et  des  ouvriers 
jusqu'à  5.000  francs  de  capital  et  'eur  sert  un  intérêt  de  4  %. 
Les  charges  de  la  Compagnie  (secours,  retraites,  libéralités 
diverses)  s'élevaient  en  1899  à  361.000  francs,  non  compris  le 
chauffage  gratuit  (25.000  tonnes  par  an).  Dans  ce  chiffre  sont 
compris  les  versements  patronaux  pour  les  retraites,  constituées 
conformément  à  la  loi  de  1894,  aussi  bien  que  les  charges  des 
retraites  antérieures  à  cette  loi. 

Il  convient  de  dire  un  mot  de  la  liquidation  de  l'ancienne 
Caisse  de  la  Chazotte.  Après  des  expertises  longues'  et  minu- 
tieuses, la  Compagnie  P.-L.-M.  fut  condamnée  à  verser  à  la 
Caisse  des  dépôts  et  consignations  la  somme  de  1.029.305  fr.  22, 
représentant  l'actif  net  de  la  Caisse  de  secours.  La  comptabilité 
de  cette  Caisse  était  devenue  très  obscure  dès  les  premiers  jours 
de  la  déconfiture  de  la  Compagnie  de  la  Chazotte-.  Le  premier 
expert,  nommé  en  1897,  ne  parvint  pas  à  discerner  les  dépenses. 
Ce  fut  M.  Saint-Etienne,  ingénieur,  qui  établit  le  compte  défi- 
nitif homologué  par  le  Tribunal  (l). 

La  liquidation  du  fameux  million  de  la  Chazotte  n'était  pas 
encore  terminée  en  1910,  époque  où  M.  Antoine  Gerest  écrivait 
l'historique  de  cette  difficile  question,  dams  une  revue  stépha- 
noise  dont  il  n'a  été  publié  que  quelques  numéros  (2).  Il  fut 
décidé  que  cette  liquidation  se  ferait  par  une  distribution  entre 
les  ayants  droit.  Un  partage  provisionnel  de  la  moitié  des 
sommes  à  distribuer  a  eu  lieu  en  avril  1910.  Le  reliquat  restait 
à  partacrer.  Pour  cela,  il  fallait  additionner  les  journées  de 
travail  de  tous  les  ouvriers,  diviser  le  chiffre  obte;nu  par  la 
masse  à  distribuer,  multiplier  par  le  nombre  de  journées  de 
chaque  ouvrier  le  quotient  correspondant  à  une  journée  de 
travail  et  répéter  cette  opération  pour  les  1.600  ouvriers  admis 
au  règlement  provisoire. 


(1)  M.  Saint-Ktfonnc.  qui  était  du  Gard  et  non  de  Saint-Etienne,  s'était 
fait  une  réputation  dans  œtte  ville  comme  expert  auprès  des  Tribunamx. 

(2)  Gazette  de  Saint-EHnnne  (juiîjet  1910).  Le  magistrat  qui  a  dirigé  la 
procédure  est  M.  SSrol. 


-  558  — 

Aux  termes  d-es  statuts,  rouvrier  ayant  quitté  prématurément 
la  mine  avait  aliéné  au  profit  de  la  masse  le  montant  d©  ses 
cotisations.  Sur  la  réclamation  des  anciens  cotisants,  le  Tri- 
bunal et  k  Cour  ont  confirmé  cette  disposiition. 


L'Ecole  des  apprentis  gouverneurs.  —  C'est  pendant  cette 
période,  en  1892;,  que  le  Comité  des  Houillères  de  la  Loire  créa 
l'Ecole  des  apprentis-gouverneurs  établie  à  Saint-Etienne,  rue 
du  Chambon,  6.  J'extrais  d'une  notice  publiée  par  le  Comité  des 
Houillères  de  la  Loire,  en  1904,  à  l'occasion  de  l'exposition  de 
Saint-Louis,  les  renseignements  qui  suivent  (i)  : 

Pendant  longtemps,  dans  les  mines  de  lia  Loire,  les  gou- 
verneurs (surveillants  des  travaux  du  fond)  avaient  été  choisis 
exclusivement  parmi  leisi  ouvriers  les  plus  intelligents,  très  au 
courant  des  détails  pratiques  du  métier,  mais  dépourvus  de 
connaisisarices  théoriques!. 

Ce  personnel  avait  rendu  de  grands  services,  mais,  depuis 
quelques  années,  lesi  ingénieurs  s'apercevaient  qu'il  tendait  à 
devenir  insuffisant  à  mesure  qu'augmentaient  les  difficultés 
d'exploitation  (profondeur  pins  grande  des  travaux,  déhouil- 
lement  plus  intensif,  nouveMos  méthodes  d'exploitation  plus 
perfectionnées  et  plus  délicates,  emploi  des  machines  à  l'in- 
térieur, règlements  administratifs  de  plus  en  plus  compliqués 
dont  les  gouverneurs  devaient  surveiller  l'exécution). 

Les  exploitants  cherchaient  donc  un  nouveau  mode  de  rporn- 
tement  des  gouverneurs,  lorsqu'en  1892  ringénieiuï*  en  chef  des 
mines,  M.  de  Castelnau,  proposa  au  Comité  desi  Houillères  de 
créer  une  école  des  aspirants-gouverneurs.  Il  ne  s'agissait  pas 
de  fonder  une  école  semblable  à  celles  d'Alais  et  de  Douai,  qui 
forment  plutôt  des  géomètres  et  des  sous-ingénieurs  que  des 
maîtres-mineurs.  L'enseignement  devait  être  plus  élémentaire. 

On  limita  l'examen  d'entrée  à  une  dictée  et  à  des  opérations 
et  problèmes  d'arithmétique.  On  admit  à  subir  cet  examen  les 
ouvriers  ayant  au  moins  deux  ans  de  séjour  dans  la  mine  et 
ayant  fait  leur  service  militaire. 


(1)  Dans  le  chapitre  relatif  à  l'Ecole  des  mines,  J 'indiquerai  les  essais 
de  création  d'un  enseignement  à  l'usage  des  ouvriers. 


—  559  — 

Les  cours  eurent  lieu  de  3  heures  à  6  heures  chaque  jour.  Les 
élèves  continuaient  à  travailler  dans  la  mine  le  matin,  de 
6  heures  à  1  heure  de  l'après-midi.  Cette  journée  de  travail, 
un  peu  abrégée,  était  payée  5  francs.  La  durée  des  cours  était 
de  10  mois. 

L'enseignement  fut  confié  à  deux  professeurs.  L'un,  licencié 
es  sciences,  faisait  des  cours  d'arithmétique,  de  géométrie,  de 
lever  des  plans,  de  mécanique,  physique  et  chimie,  en  se 
bornant  à  donner  des  notions  pratiques.  L'autre,  ingénieur 
de  l'Ecole  des  mines  de  SaintrEtienne,  enseignait  l'exploitation 
des  mines,  expliquait  les  règlements,  donnait  quelques  indi- 
cations sur  la  comptabilité  et  l'hygiène.  A  lia  suite  de  l'exarfien 
général  de  sortie,  les  élèves  reçurent  un  certificat. 

Le  Comité  de  direction  fut  composé  de  l'ingénieur  en  chef 
des  mines,  du  président  et  de  deux  membres  du  Comité  des 
Houillères.  L'école  coûtait  annuellement  7.000  francs  à  ce 
dernier  Comité. 

De  1892  à  1902,  l'école  reçut  134  élèves,  sur  lesquels  102  furent 
brevetés  et  100  placés,  bien  que  l'école  ne  garantisse  pas  un 
poste  de  surveillant  à  la  sortie.  L'âge  moyen  des  élèves  variait 
de  26  à  29  ans,  le  plus  jeune  avait  22  ans,  le  pl^s  âgé  42. 

Chaque  exploitant  faisant  partie  du  Comité  des  Houillères 
peut  envoyer  à  l'école  un  ouvrier  pour  200.000  tonnes  d'ex- 
traction annuelle  ou  fraction  de  200.000.  Les  exploitants  n'en 
faisant  point  partie  peuvent  demander  l'admission  de  leurs 
ouvriers,  le  Comité  restant  libre  de  raccorder  ou  de  la  refuser. 


Les  «  Mines  aux  Mineurs  »  (i).  —  C'est  pendant  cette  période 
que  naquit  et  que  mourut  la  Mine  aux  Mineurs  du  Gicr.  L'his- 
toire de  cette  coopérative  de  production,  amplement  racontée 
ailleurs,  nous  dispen?^^  d'un  exposé  (2).  Tout  le  monde  en  connaît 


(1)  .Sur  la  Mine  aux  Mineurs  du  lian,  voir  pape  537. 

(2)  V.  l'étmle  do  M.  m:  Rilly  {Annales  des  Mines,  18î>7^  F  Laum,  La 
Mine  aux  Mineurs  (Paris.  Dentu,  édit..  1887)  Statistique  des  HmiilUres 
d€  France  et  de  Belgique,  1891,  p.  207.  Office  du  Trava'l  :  J.es  Associa- 
tions professionnelles  ouvrières,  t.  I,  p.  350  et  suivantes.  Leskimu-  :  Histo 
rique  des  Mines  de  houille  de  la  Loire,  p  323.  J-osoph  nnteniCNAC  : 
Préface  de  La  Mine  aux  Mineurs  de  Monthieux.  Mémorial  de  la  Loire^ 
13  août,  15  &ep^.,  29  déc.  1886  ;  21  mal  1889  ;  12  sept.,  14  déc.  18dt  ; 
13  sept.  1892,  etc. 


-  560  — 

les  grandes  lignes  :  la  Société  des  Houillères  de  Rive-de-Gier, 
jadis  si  prospère,  arrêtant  en  1886  l'exploitation  de  plusieurs  de 
ses  concessions,  mise  en  demeure  par  le  Préfet  de  reprendre 
ses  travaux  sous  peine  de  déchéance  ;  la  Chambre  syndicale 
des  mineurs  de  Rive-de-Gier  demandant  la  rétrocession  de  ces 
concessions  par  Tintermédiaire  de  M.  Laur,  député  de  la  Ivoire  ; 
cette  rétrocession  consentie  par  la  Compagnie .  ;  douze  con- 
cessions aux  -noms  historiques  deMontagne-du-Feu,  Crozagaque, 
Gravenand,  Verchères-Féloin,  Verchères-Fleurdelix,  etc.,  de- 
venues la  propriété  des  ouvriers  ;  le  Syndicat  se  transformant 
en  Société  de  fait  par  la  signature  d'un  pacte  social  ;  les  dons 
envoyés  aux  prolétaires,  notamment  par  M™*  Arnaud,  de 
l'Ariège,  «  une  femme  comme  la  République  sait  en  produire  » 
disaient  les  journaux  républicains  ;  la  découverte  d'un  gisement 
ignoré  ;  les  regrets  de  la  Compagnie  d'avoir  cédé  ses  con- 
cessions ;  les  procès  maladroits  —  pour  ne  pas  dire  plus  — 
qu'elle  intenta  aux  ouvriers  pour  les  dépossiéder  et  qu'elle 
perdit  ;  le  retour  offensif  des  ouvriers  contre  la  Compagnie  et 
le  procès  en  restitution  des  loyers  d'amodiation  renouvelées  en 
fraude  de  leurs  droits,  procès  qui  se  termina  à  l'avantage  des 
ouvriers  et  leur  procura  des  sommes  importantes  ;  le  lyrisme 
de  la  Presse  opportuniste,  radicale  et  socialiste,  célébrant  avec 
enthousiasme  cette  reconstitution  de  la  propriété  collective  et 
primitive  ;  la  discorde  enfin  pénétrant  au  sein  de  cette  orga- 
nisation ouvrière,  les  luttes  intestines,  les  procès,  et  pour  finir, 
la  vente  des  concessions  vers  1898  ! 

Le  «  Paradis  charbonnier  »  (VEden,  devrais- je  dire)  n'existait 
que  dans  l'imagination  des  reporters,  car  l'exploitation  ne  fut 
rien  moins  que  fructueuse.  Chaque  exercice  financier  laissa  des 
pertes.  Le  peu  de  valeur  des  concessions,  les  procès,  le  manque 
de  direction  et  de  discipline  furent  les  causes  principales  de 
l'insuccès. 

De  1886  à  1895  la  Société  civile  de  la  Mine  aux  Mineurs  du 
Gier  occupa  de  48  à  110  ouvriers,  auxiliaires  compris.  L'ex- 
traction atteignit  son  point  culminant  en  1892  :  12.710  tonnes.  En 
dix  ans  elle  atteignit  à  peine  84.000  tonnes,  non  compris 
10.500  tonnes  extraites  de  1891  à  1895  par  des  dissidents. 

La  Chambre  syndicale  avait  donné  naissance  à  la  Société 
des  Mineurs  du  Gier  (1889).  Les  disputes  entre  la  mère  et  la 


—  561  — 

fille  aboutirent  à  deux  exploitations  différentes  :  celle  du  Syn- 
dicat et  celle  de  la  Société.  La  Société  intenta  un  procès  en 
déguerpissement  au  Syndicat.  Les  exploitants  du  Syndicat 
formèrent  une  seconde  Société  civile.  Il  y  eut  dès  lors,  à  partir 
de  1896,  la  Société  civile  anonyme  des  Mineurs  du  Gier  et  la 
Société  civile  anonyme  du  Syndicat  des  Mineurs  du  Gier.  Celle- 
ci  était  sans  droits  au  point  de  vue  juridique.  La  première 
Société  n'osa  pas  la  contraindre  au  déguerpissement,  même 
après  la  vente  des  concessions.  En  1900,  sept  mineurs  tra- 
vaillaient j>éniblement  à  extraire  par  jour  une  tonne  de  mauvais 
charbon  aux  Combes,  à  Egarande  et  au  Gourd-Marin  (i). 


L'histoire  d'une  autre  coopérative  de  production,  la  Mine  aux 
Mineurs  de  Monthieux,  a  fait  l'objet  d'une  brochure  très  impar- 
tiale et  très  documentée  p).  La  concession  de  Monthieux, 
délivrée  en  1825  à  M.  Charles  Dugas  des  Varennes,  échut  en 
héritage  à  M.  Camille  de  Rochetaillée.  Elle  avait  été  amodiée 
en  1835  et  depuis  1870  l'amodiataire  était  une  Société  anonyme. 
En  1891,  cette  Société  avait  dépensé  tout  son  capital.  La  ferme- 
ture des  chantiers  fut  annoncée  ;  500  ouvriers  allaient  se  trouver 
sans  travail. 

La  Chambre  syndicale  des  Mineurs  de  la  Loire  se  porta 
acquéreur  de  l'amodiation.  p]lle  obtint  des  subventions  impor- 
tantes :  50.000  francs  de  M.  Marinoni,  directeur  du  Petit 
Journal  ;  50.000  francs  du  Parlement  ;  10.000  francs  du  Conseil 
municipal  de  Paris  ;  iO.OOO  francs  diu  Conseil  municipal  de 
Saint-Etienne,  etc.,  etc..  La  Société  stéphanotse  de  la  Mine  aux 
Mineurs  fut  constituée  et  l'acte  de  vente  signé  avec  les  liqui- 
dateurs de  la  Société  amodiataire.  L'inauguration  fui  célébrée 
solennellement  le  5  décembre  1891. 


(1;  Leseure,  p.  329. 

(2)  Joseph  Bhiîchicnac  :  La  Minr  aii.r  ^finr1lrs  de  Monthieux  (Loire) 
(Lyon.  Paul  Phlly.  écJW..  1011). 


—  562  — 

Comme  à  la  Mine  aux  Mineurs  du  Gier,  des  discussions  vio- 
lentes ne  tardèrent  pas  à  éclater  entre  le  Syndicat  et  la  Société. 
Les  récriminations  du  Syndicat  eurent  d'abord  pour  effet  de 
frustrer  la  Société  dos  subventions  du  Parlement  et  de  la  ville 
de  Paris,  qui  furent  attribuées  par  le  Préfet  aux  mineurs  sans 
travail  de  la  Compagnie  de  Monthieux  et  au  Bureau  de  bien- 
faisance. Il  y  eut  procès.  Le  Conseil  d'administration  fut 
débarqué  par  une  Assemblée  générale  que  le  Tribunal  déclara 
illégale,  mais  il  se  démit  peu  de  temps  après  de  ses  fonctions. 
Une  réorganisation  partielle  de  la  Société  fut  faite  en  faveur 
du  Syndicat,  qui  exerçait  uine  sorte  de  tutelle.  Néanmoins,  le 
caractère  coopératif  se  développa  au  détriment  du  caractère 
syndical.  Mais  il  évolua  dans  le  sens  capitaliste.  Les  auxiliaires 
embauchés  pour  augmenter  le  personnel  ne  purent  obtenir  le 
titre  de  sociétaires.  Le  20  mai  1894,  ils  envahirent  la  salle  des 
réunions  et  furent  congédiés  le  lendemain  par  le  Conseil  d'ad- 
ministration. 

Le  Tribunal  de  Saint-Etienne  admit  en  principe  la  demande 
des  auxiliairesi  au  titre  de  Sociétaires  (1895).  A  ce  moment,  la 
situation  de  la  mine  devint  précaire.  Beaucoup  de  sociétaires 
abandonnèrent  rentreprise.  Pour  ne  pas  laisser  tomber  le 
produit  net  de  rextraction  au-dessous  des  charges  annuelles, 
on  embaucha  néanmoins  de  nouveaux  auxiliaires,  avec,  dans 
l'engagement,  une  clause  restrictive  les  plaçant  dans  la  simple 
situation  de  salariés.  Pendant  ce  temps,  les  sociétaires  tra- 
vaillaient à  perte,  avec  la  foi  en  des  jours  meilleurs,  et  sous  la 
direction  d'ingénieurs  expérimentés.  Une  diminution  nouvelle 
du  nombre  des  sociétaires,  urne  augmentation  du  nombre  des 
auxiliaires  s'ensuivirent  :  200  auxiliaires  contre  65  sociétaires. 

Avec  la  crise  des  charbons  de  1898-1900,  la  situation  financière 
se  releva  notablement.  De  29.000  tonnes  en  1894  la  production 
s'éleva  à  42.000.  Les  sociétaires  de  la  mine,  par  des  modifications 
aux  statuts,  restreignirent  de  plus  en  plus  l'accès  du  sociétariat, 
imitant  les  anciennes  corporations  qui  restreignaient  l'accès  à 
la  maîtrise.  C'est  alors  qu'en  1901  les  auxiliaires,  formés  on 
Société,  assignèrent  la  Société  de  la  Mine  aux  Mineurs  devant  le 
Tribunal,  qui,  s'appuyant  sur  la  convention  d'embauchage, 
reipoussa  leurs  demandes  (10  juin  1901).  Nous  reprendrons  la 
question  au  sous-chapitre  suivant  (Période  1900-1914). 


563 


Les  Syndicats  (i).  —  Il  nous  reste  à  parler  du  mouvement 
syndical  et  mutualiste  pendant  la  période  1880-1900,  qui  vit 
promulguer  la  loi  du  21  mars  1884,  charte  des  syndicats,  qui 
auparavant  vivaient  sous  utn  régime  de  pure  tolérance. 

La  Chambre  syndicale  des  Mineurs  de  la  Loire  avait  présenté 
son  programme  de'  revendications  au  deuxième  Congrès  socia- 
liste de  la  région  de  l'Est  à  Saint-Etienne  (6  juin  1881)  :  journée 
de  huit  heures,  abolition  du  travail  à  la  tâche,  création  d'^uine 
Caisse  centrale  de  secours  et  de  retraites  pour  les  mineuirs  de 
la  Loire,  institution  des  délégués  mineurs. 

Le  Secrétaire  général  du  Syndicat,  Rondet,  fit  une  active 
propagande  en  faveur  de  l'idée  syndicale.  Les  revendications 
furent  soumises  au  Parlement  en  1882. 

Le  premier  Congrès  des  mineurs  eut  lieu  à  SainirEtienne  du 
24  au  31  octobre  1883.  Ce  fut  dans  ses  assises  que  fut  fondée 
la  Fédération  nationale.  Un  autre  Congrès  fut  tenu  en  janvier 
1886,  un  autre  en  février  1887  (2). 

Des  mineurs  de  Lorette  avaient  fondé  en  1883  la  Solidarité 
humanitaire,  société  de  secours  mutuels,  qui  comptait  en  1897 
306  membres  actifs  et  10  honorai res  (^).  La  Chambre  syndicale 
créa  en  1885  la  Société  générale  de  Secours  mutuels  des  mineurs 
de  la  Loire,  qui  ne  compta  au  début  que  60  membres.  Elle  en 
eut  jusqu'à  900  et  n'en  comptait  plus  que  70  en  1897.  L'unité 
syndicale,  déjà  compromise  par  la  création  de  la  Chambre 
syndicale  des  ouvriers  mineurs  du  bassin  du  Gier  (1876),  fut 
encore  compromise  en  1888  par  la  création  de  la  Chambre  syn- 
dicale des  ouvriers  mineurs  de  Villars.  A  cette  date,  le  Syndicat 
de  la  Loire  déchaîna  une  grève  parmi  les  ouvriers  de  la  Com- 
pagnie des  Mines  de  la  Loire. 

J'ai  mentionné  la  participation  du  Syndicat  du  Gier  à  la 
création    de  la    Mine    aux   Mineurs   du    Gier   (v.    p.   556).    En 


(1;  Pour  les  périodies  précédentes,  voir  page  537. 

(2)  V.  les  Journaux  locaux  de  l'époque. 

(3)  Deux  autres  Sociétés  avalent  été  créé.-    •    i  ,  nicamari.e.  en  18H(> 
ef.  Ift84. 


—  564  — 

1897,  oe  Syndicat  ne  comptait  plus  que  30  membres.  Quant  au 
Syndicat  de  la  Loire,  il  s'était  émietté  après  la  grève  de  1888. 

Une  oentainei  de  mécontents  créèrent  la  Chambre  syndicale  de 
Côte-Chaude  (1888).  L'année  suivante,  les  mineurs  de-  Saint- 
Chamond  fonderont  aussi  un  Syndicat.  Le  personnel  do  la  Com- 
pagnie de  Roche-la-Molière  créa  une  Société  de  Secouirs 
mutuels  (1889). 

L'émiettement  amena  la  formation  d'une  Fédération  déjmr- 
tenientale  (1889),  qui  publia  de  1890  à  1892  le  Réveil  des  Mineur  s . 

Alors  commencèrent  les  tiraillements  avec  la  Fédération 
nationale,  qui  avait  aussi  son  siège  à  Saint-Etienne  et  dont  le 
secrétaire  était  Rondet.  La  départementale  fit  décideir  qu'un 
Congrès  national  se  réunirait  à  Commentry  en  1891. 

On  créait  des  Syndicats  locaux  :  à  la  Talaudière,  à  la  Rica- 
marie,  à  Grand'Croix  en  1890.  Celui  de  Grand'Croix,  appelé 
Chambre  syndicale  des  mineurs  de  la  vallée  du  Gier,  fut  fondé 
après  la  grève  de.  la  Péronnière.  Il  grou<pa  de  7  à  800  membres 
et  soutint  une  grève  au  puits  Saint-Louis  à  Rive-de-Gier,  en 
1891,  grève  qui  échoua  et  réduisit  le  Syndicat  à  une  centaine 
de  membres.  Le  Syndicat  de  la  Loire,  qui  comptait  un  millier 
de  membres,  perdit  une  grande  partie  de  son  effectif. 

A  Firminy,  une  Chambre  syndicale,  formiée^  en  1890,  décréta 
la  grève,  qui  dura  du  8  octobre  au  11  novembre.  Ce  Syndicat 
périclita  à  la  suite  de  sa  participation  aux  élections  municipales 
de  1892,  où  ses  membres  se  divisèrent.  Une  seconde  Société 
de  Secours  mutuels  fut  formée  à  Roche-la-Molière  en  1891  et 
de  petites  Sociétés  dui  même  genre  à  Saint-Chamond  et  à  la 
Talaudière  en  1892,  un  Syndicat  à  Saint- Jean-Bonnefonds  (1891). 

Ainsi  le  Syndicat  de  la  Loire  avait  vu  éclore  huit  ou  neuf 
Syndicats  indépendants.  Très  affaibli,  il  se'  retira  momenta- 
nément de  la  Fédération  nationale,  à  la  suite  de  rivalités 
personnelles,  et  y  adhéra  de  nouveau  lorsque  cette  Fédération 
fut  réorganisée  au  Congrès  de  la  Ricamarie  en  1892  (i).  Depuis 
1891,  son  activité  avait  été  absorbée  par  l'organisation  de  la 
Société  de  la  Mine  aux  Mineurs  de  Monthieux,  avec  laquelle 


(Il  V.  sur  ce  Congrès  les  journaux  locaux  des  29  septembre  1892  et 
jours  suivants.  Le  premier  Congrès  international  des  Mineurs  avait  eu 
lieu  à  Jolimont  (Belgique)  du  20  au  23  mai  1890. 


—  565  — 

il  ne  tarda  pas  à  entrer  en  conflit.  Quelques  mineurs  de 
Monthieux  formèrent  en  1893  V Association  des  mineurs  de  la 
Loire  pour  la  défense  de  leu\rs  droits^  qui  fusionna  en  1894 
avec  le  Syndicat  de  la  Loire. 

La  même  année,  les  mineurs  du  puits  Verpilleux,  à  Saint- 
Etienne,  créaient  une  petite  Société  de  Secours  mutuels. 

Dissoute  en  1893,  après  la  réorganisation  de  la  Fédération 
nationale,  la  Fédération  départementale  fut  reconstituée  en  1897, 
quand  le  siège  de  la  Nationale  fut  transféré  de  Saint-Etienne 
à  Lens  (1896),  puis  à  Garmaux  (1897).  Elle  eut  pour  secrétaire 
M.  Cotte.  Vers  la  fin  de  1898,  les  rapports  avec  les  Compagnies 
étaient  très  tendus.  Un  Congrès  national  s'ouvrit  à  Saint-Etienne 
le  21  décembre,  sous  la  présidence  de  Calvignac,  ancien  maire 
de  Garmaux,  que'  la  grève  de  1892  avait  rendu  célèbre.  Dans  la 
Loire,  la  grève  générale  éclata  le  26  décembre  1899,  en  pleine 
crise  d;u  charbon.  Elle  était  terminée  le  6  janvier  1900. 

A  celte  date,  la  Fédération  des  Mineurs  de  la  Loire  comptait 
3.770  membres,  répartis  entre  les  Chambres  syndicales  de  Côte- 
Chaude,  La  Ricamarie,  Sain-Bel,  Saint-Etienne  et  Villars.  La 
Chambre  syndicale  des  Mineurs  de  la  Loire  accusait  3.000 
membres  (i).  Venaient  ensuite,  par  ordre  d'importance  :  les 
Syndicats  de  Grand'Croix  (984  membres),  Firminy  (905),  La 
Talaudière  (610),  Côte-Chaude  et  Quartier- Gaillard  (450),  La 
Ricamarie  (200),  Roche -la-Molière  (130),  Villars  (120),  Saint- 
Ghamond  (115),  Rive-de-Gier  (22),  Saint-Jean-Bonnefonds  (16). 

Tout  cela  représentait  6.552  membres,  nombre  peut-être  exa- 
géré, enregistré  sans  contrôle.  Au  31  décembre  1897,  l'Office  du 
Travail  n'en  comptait  que  3.497,  répartis  entre  dix  Chambres 
syndicales  (au  lieu  de  onze),  pour  17.663  ouvriers  mineurs  du 
bassin  (2).  \S Annuaire  des  Syndicats  pour  1898-99  indiquait  le 
chiffre  de  3.422  pour  onze  Chambres.  En  un  an,  ce  chiffre  avait 
presque  doublé.  La  grève  de  1900  avait-elle  eu  ce  résultat  ? 


(1)  Annuaire  des   Syndicats   professionnels,  1900.    Sur   l'Annuaire  de 
1898-99,  ce  syndicat  nV^talt  porté  que  pour  H49  membres. 

(2)  Office  du  Travail    :     /.r.s   Associddons   professionnelles   ouvrières, 
t.  I.  p.  .172. 

37 


566 


§    V.    PÉRIODE     1900-1914 


La  législation  ouvrière  a  été  tellement  abondante  —  on  peut 
dire  tellement  touffue  —  pendant  cette  période  qu'il  n'est  pas 
possible  d'en  donner  un  aperçu  sans  sortir  du  cadre  étroit  que 
nous  sommes  obligés  de  lui  assigner  dans  cet  ouvrage. 


Durée  de  la  journée  de  travail.  —  En  1901,  une  proposition 
de  loi  fut  déposée!  par  M.  Basly  pour  limiter  à  huit  heures  la 
présence  des  ouvriers  du  fond  de  la  mine.  Le  Comité  des  Houil- 
lères de  la  Loire  (i)  estimait  que  cette  réduction  diminuerait 
le  rendement  de  20  %  pour  l'ouvrier  diui  fond  et  de'  16  %  au 
moins  pour  l'ouvrier  du  jour.  Aucun  des  moyens  proposés  ne 
lui  paraissait  praticable  pour  parer  à  la  diminution  de  ce  ren- 
dement, qui  devait  avoir  pour  conséquenoe  une  augmentation 
énorme  du  prix  de  revient.  La  réduction  'de  la  journée  devait 
aboutir  logiquement  à  la  diminution  du  salaire.  Mais,  pour  s'y 
opposeir,  les  Syndicats  ouvriers  disposaient  de  la  grève  générale 
et  d'ores  et  déjà  ils  réclamaient  du  Gouvernement  l'établis- 
sement d'un  salaire  minimum. 

L'élévation  du  prix  de  revient  de  la  houille  devant  avoir  une 
répercussion  considérable  sur  les  industries  consommatrices,  la 
Chambre  de  Commerce  de  Saint-Etienne  appuya  les  concluisions 
du  Comité  des  Houillères  P). 

La  loi  qui  fut  promulguée  le  29  juillet  1905  fixa  pour  les 
ouvriers  occupés  à  Vabatage  une  limite  à  atteindre  par  étapes  : 
9  heures  à  partir  du  5  janvier  1906  ;  8  heuires  1/2  au  5  janvier 
1908  ;  8  heures  deux  ans  après. 

L'application  de  ces  paliers  en  1906  et  en  1908  faillit  amener 
des  grèves,  qui  furent  heureusement  évitées. 


(1)  Délibération  imprimée. 

(2)  Résumé  des  Travaux  de  la  Chambre  de  Commerce,  1902,  p.  43. 


—  567  -- 

Une  nouvelle  proposition  de  loi,  déposée  en  1906  par  M.  Basly, 
étendait  l'application  des  huit  heures  à  tous  les  autres  ouivriers 
de  l'intérieur  de  la  mine.  Cette  application  eût  entraîné  de 
graves  inconvénients  au  point  de  vue  des  dérogations  tempo- 
raires, du  reicrutement  d'un  personnel  nouveau  et  de  l'aug- 
mentation du  prix  du  charbon,  déjà  si  élevé  (i). 

La  proposition  de  loi  flotta  entre  la  Chambre  des  Députés  et 
le  Sénat,  qui  furent  sept  ans  sans  se  mettre  d'accord.  Le  texte 
de  1905  ne  limitait  point  la  durée  des  dérogations.  Le  Sénat, 
en  1910,  les  fixa  à  90  heup:^es,  la  Chambre,  en  1912,  les  réduisit 
à  30,  le  Sénat,  en  1913,  les  porta  à  150,  la  Chambre  les  réduisit 
à  60. 

La,  Chambre  avait  étendu  le  bénéfice  de  la  réglementation  à 
tous  les  ouvriers  du  fond.  Le  Sénat  en  écarta  les  spécialistes 
(mécaniciens,  chauffeurs,  etc.)  et  reporta  à  trois  ans  après  la 
promiulgation  de  la  loi  son  application  aux  rouleurs  et 
chargeurs.  Par  transaction,  la  Chambre  décida  qu'une  consigne 
visée  par  l'ingénieur  en  chef  réglerait  le  sort  des  spécialistes  et 
que  les  rouleurs  bénéficieraient  de  la  loi  deux  ans  après  la  pro- 
mulgation. 

Celle-ci  intervint  le  31  décembre  1913.  Dans  la  Loire,  elle 
occasionna  une  grève  du  2  au  10  juillet  1914,  à  la  veille  de  la 
guerre.  Les  mineurs  voulaient  comprendre  le  temps  du  repos 
dans  la  durée  de  la  journée  de  huit  heures.  Les  Compagnies 
résistèrent.  I^  loi  ne  laissant  place  à  aucune  transaction,  la 
Fédération  des  Mineurs  reporUi  ie  débat  sur  les  consignes  fixant 
les  heures  d'entrée  et  de  sortie.  Sur  ce  nouveau  terrain,  une 
transaction  mit  fin  à  la  grève  (~). 

Un  député  de  la  Loire,  M.  Durafour,  élu  en  1910,  prit  une 
part  considérable  aux  travaux  préparatoires  de  la  loi  de  1913, 
et  se  ci^  une  popularité  chez  les  ouvriers. 

Les  pronostics  de  1901,  quant  au  rendement  et  au  prix  de 
revient,  se  sont-ils  réalisés  ? 

En  1905,  dans  le  bassin  de  la  Loire,  le  nombre  total  des  ou- 
vriers était  do  18.739  et  la  production  de  3.664.000  tonnes.  Le 
rendement  moyen  ressortait  h  215  tonnes. 


(1)  nésumé  des  Trai-aux  de  la  Chambre  de  Commerce,  1906,  p   55. 

(2)  V.  le  chapitre  Situation  générale,  1900-1914. 


-  568  — 

En  1912,  It  nombre  total  des  ouvriers  était  de  20.199  et  celui 
de  la  production  de  3.778.000  tonnes.  Le  rendement  moyen  était 
d-e  188  tonnes. 

La  diminution  du  rendement  a  été  de  12,55  %.  En  1901,  on 
l'avait  évalué  à  20  %  pour  l'ouvrier  du  fond  et  à  16  %  au  moins 
pour  l'ouvrier  du  jour. 

Une  Compagnie  a  publié  des  chiffres  détaillés  (l).  Nous 
trouvons  la  diminution  suivante  par  journée  d'ouvrier  : 


de  de  ,    ,,.  ^,  . 

,,.    . ,  .  1,     »^  .  de  l'intérieur 

l'intérieur  l'extérieur      et  de  l'extérieur 

Production  par  journée  en  1905..      1,302  2,698  0,878 

—  —  1912..      1,189  2,367  0,791 

Différences. 0,113'  0,331  0,087 

Pour  cent 9  o/^  12  o/^  lO  o/^ 

Ajoutons  que.  ni  en  1905,  ni  en  1912,  aucune  grève  n'a  in- 
fluencé la  production. 

Quant  aux  prix,  tout  le  monde  sait  qu'ils  ont  augmenté.  Le 
prix  moyen  sur  le  carreau  pour  le  bassin  de  la  Loire,  d'après 
la  Statistique  de  Vlndustrie  minérale,  était  de  15  fr.  15  la  tonne 
en  1905  et  de  18  fr.  15  en  1912.  Différence  :  3  francs  ou  19,80  %. 
Il  est  vrai  que  les  Compagnies  ont  subi  des  aggravations  de 
charges  autres  que  celles  résultant  de  la  réduction  de  la  journée 
de  travail. 


Participation  aux  bénéfices.  —  Un.  projet  de  loi  sur  le  régime 
général  des  mines,  dépoisé  en  1908,  fut  repris  en  1910,  avec 
quelques  modifications  dont  l'une  tendait  à  rendre  obligatoire 
la  participation  des  ouvriers  aux  bénéfices.  De  la  délibération 
prise  par  la  Chambre  de  Commerce  de  Saint-Etienne  sur  le 
rapport  du  Comité  des  Houillères,  je  détache  les  passages 
suivants  p)  : 


(1)  Société  des  Houillères  de  Saint-Etienne  (Notice  publiée  à  roocaslon 
de  l'Expositloïi  de  Lyon  en  1914,  p.  7-8). 

(2)  Compte  rendu  des  Travaux,  1911. 


—  569  — 

L'ouvrier  n'est  intéressé  que  par  le  salaire  global  effectivement 
touché,  sous  une  forme  ou  sous  une  autre  ;  or,  dans  les  entreprises 
privées  qui  ont  déjà  institué  la  participation  aux  bénéfices,  ce 
salaire  global,  participation  comprise,  n'est  en  général  pas  plus 
élevé  qu'ailleurs... 

Avec  la  participation  aux  bénéfices,  l'immixtion  des  ouvriers  dans 
l'administration  et  dans  la  fixation  du  bénéfice  à  distribuer  sera 
inévitable  ;  fascinés  par  le  désir  d'accroître  leur  gain  immédiat,  ils 
s'opposeront  aux  amortissements  et  à  la  constitution  des  réserves, 
et  la  bonne  gestion  des  entreprises  sera  ainsi  compromise. 

Dans  chaque  industrie,  les  diverses  entreprises  sont  inégalement 
prospères  ;  l'importance  de  la  participation  variera  donc  d'une 
entreprise  à  l'autre  ;  de  là  des  différences  dont  les  ouvriers  s'accom- 
moderont difficilement  (1). 


Accidents  du  travail  (2).  —  Pour  les  accidents  du  travail,  je 
me  borne  à  citer  des  chiffres  comparatifs  extraits  des  rapports 
des  ingénieurs  de  l'Etat.  On  trouvera  dans  les  procès-verbaux  de 
l'enquête  de  la  Commission  parlementaire  des  Mines  en  1903 
les  observations  des  Compagnies  et  celles  des  Syndicats  ou- 
vriers au  sujet  de  la  loi  de  1898,  modifiée  en  1902  et  1905. 

1900  1912 

Nombre  d'ouvriers 19.798  20.197 

Nombre  d'accidents 5.212  8.941  (3) 

Accidents  mortels 27  18 

Nombre    de   tués  par    1.000   ouvriers 

occupés 1,36  (^)  0,9  (») 

Nombre  de  tués   pour   100.000  tonnes 

extrAites 0,68  0,47 


(1)  La  participation  a  été  inscrite  dans  la  loi  du  9  septembre  1919, 
qui  ne  s'applique  qu'aux  corcess-ons  futures. 

(2)  Pour  les  périodes  antérieures,  voir  pages  504,  507,  514,  539. 

(3)  Pour  la  ville  de  Saint-Etienne,  4.498  a:ciden)ts  enregistrés  dans 
l'extraction  de  la  houille  sur  9.913  dans  toutes  les  professions. 

(4;  1,67  par  1.000  ouvriers  au  fond.  En  1899  :  2,00  par  1.000  ouvriers  au 
fond  et  au  Jour,  et  2,80  par  1.000  ouvriers  au  fond  à  cause  de  la  catas- 
trophe du  puits  Couchoud. 

(5)  En  1911  :  2,34  par  suite  de  la  caitastrophe  du  puits  des  Flaches. 
Le  rapport  n'indique  plus  la  proportion  par  ouvrier  au  fond. 


—  570  — 

Le  nombre  des  accidents  a  prodigieusement  augmenté,  si  on 
compare  les  statistiques  postérieures  à  1898  à  celles  antériejures 
à  la  loi  promulguée  à  cette  date,  et  oepenïlant  jamais  les  me- 
sures d'hygiène  et  de  sécurité  n'ont  été  plus  multipliées.  S'il 
y  a  beaucoup  d'accidents,  c'est  que  tous,  sans  exception,  sont 
déclarés,  ce  que  la  loi  n'imposait  pas  autrefois. 

Déjà  dans  l'enquête  de  1903,  les  ingénieurs  de  l'Etat  faisaient 
resssortir  le  très  grand  accroissement  du  nombre  des  journées 
d'incapacité  de  travail  à  la  suite  de  l'application  de  la  loi  de 
1898,  l'augmentation  considérable  du  nombre  des  procès,  celle 
très  notable  des  charges  pour  les  Compagnies,  correspondant  à 
une  amélioration  du  sort  des  ouvriers  blessés,  «  mais  aussi  peut- 
être,  pour  une  part,  à  quelques  abus  »  (i). 

Les  causes  générales  des  accidents  étaient,  pour  les  ouvriers 
du  jour,  les  chutes  ou  le  choc  d'un  outil  ;  pour  les  ouvriers  du 
fond,  ces  deux  causes  et  les  éboulements,  chutes  de  pierres  ou 
de  pièces  de  boisage,  heurts  de  bennes  ou  de  convois  p). 

Les  Syndicats  des  ouvriers  ou  les  délégués  mineurs  donnaient 
à  ces  causes  une  origine  commune,  le  «  mauvais  entretien  de 
la  mine  »,  ce  qui  équivaut  à  dire  que  les  Compagnies  avaient 
intérêt  à  avoir  des  accidents  ! 

Le  Comité  des  Houillères  disait  :  «  Toutes  les  mesures  propres 
à  assurer  la  sécuritél  des  travaux  sont  prises  ;  il  en  est  de  même 
de  celles  concernant  l'hygiène.  » 

Les  Syndicats  ouvriers  répondaient  :  («  Les  prescriptions 
d'hygiène  et  de  sécurité  sont  très  insiuiffisantes.  Il  convient  de 
les  compléter.  »  Des  délégués  mineurs  ajoutaient  :  «  Nos 
rapports  sont  souvent  restés  lettre  morte.  » 

Les  ingénieurs  de  l'Etat  affirmaient  qu'il  n'était  pas  douteux 
que,  dans  l'ensemble,  lesdites  prescriptions  (relatives  à  l'hy- 
giène et  à  la  sécurité)  fussent  observées  d'une  façon  satisfai- 
sante :  «  Toutes  les  fois  que  l'utilité  d'une  mesure  nouvelle  se 
fait  sentir  ou  qu'il  paraît  opportun  de  modifier  un  règlement 
en  vigueur,  nous  en  faisons  la  proposition  à  M.  le  Préfet  ; 
nous  n'avons,  pour  le  moment,  à  faire  aucune  proposition  de 
ce  genre.  » 


(1)  Procès-verbaux  de  la  Commission  des  Mmcs.   t.  III,  p.  93. 
(3)  Comité   des  Houiillères    (Réponse  à  l'enquête  de  1903). 


—  571  — 

Au  Congrès  de  l'Industrie  minérale  à  Saint-Etienne  en  1908, 
M.  Siegler,  ingénieur  au  Corps  des  Mines,  disait  :  «  Dans  le 
développement  général  des  méthodes  d'exploitation  et  d'outil- 
lage, oe  ne  sont  pas  seulement  les  patrons  qui  ont  profité  du 
progrès.  L'ouvrier  qui  aurait  à  choisir  entre  les  petits  chantiers 
mal  aérés  d'autrefois,  le  travail  prolongé  dans  une  atmosphère 
viciée,  et  la  journée  réduite  actuelle,  dans  de  grandes  tailles 
bien  assainies,  n'hésiterait  pas.  L'hygiène  du  mineur  a  été 
transformée  ;  les  lavabos-douches,  quie  les  exploitants  de  la 
Loire  ont  été  des  premiers  à  installer,  se  généralisent  de  plus 
en  plus  et  viennent  compléter  de  la  manière  la  plus  heureuse 
pour  l'ouvrier  l'amélioration  de  ses  conditions  d'existence  »  (i). 


Hygiène.  —  L'installation  des  lavabos-vestiaires  fut  com- 
mencée vers  1898.  Elle  ne>  fut  pas  appréciée  dès  son  début  par 
les  ouvriers.  Le  même  fait  s'est  répété  lors  de  l'installation  des 
lavabos  dans  les  usines.  On  ne  s'en  servait  pas.  Ce  n'est  que 
peu  à  petui  que  ces  soins  élémentaires  de  propreté  hors  de  chez 
soi  —  comme  chez  soi  —  sont  entrés  dans  les  habitudes. 
Quoi  qu'il  en  soit,  on  ne  rencontre  plus  aujourd'hui,  comme  M 
y  a  vingt  ans,  en  plein  midi,  dans  les  rues  de  Saint-Etienne,  des 
mineurs  ^sortant  de  la  mine  les  jambes  et  les  pieds  nus,  noirs 
comme  des  charbonniers,  en  costume  du  fond  et  le  crisieu  h 
la  main.  Le  pittoresque  y  a  perdu.  Il  ne  faut  pas  le  regretter. 

Une  maladie  spéciale  aux  mineurs,  Vankylostomiase,  a  fait 
l'objet  de  plusieurs  études  médicales,  notamment,  en  1904,  d'une 
thèse  de  M.  le  docteur  Briançon,  ex-interne  des  hôpitaux,  qui 
s'est  attaché  surtout  à  la  réfgion  de  la  Loire.  M.  le  docteur 
Roussel,  en  1906,  a  adressé  un  rapport  au  Ministre  des  Travaux 
publics  sur  cette  maladie  dans  le  bassin  houdller  de  la  Loire. 
Une  proposition  de  loi  fut  déposée  par  M.  Basly  dans  les 
derniers  iours  de  1904.  L'ankylostomiase  se  révèle  par  la  pré- 
sence dans  l'intestin  d'un  ver  de  10  à  18  millimètres  de 
longueur,  dont  l'éclosion  est  favorisée  par  la  température  à  la 
fois  chaude  et  humide  des  galeries  de  mines.  La  présence  de 


(1)  Bulletin  de  Vlndnstric  minérale,  4»  série,  t.  X,  1909,  p.  28. 


—  572  — 

oe  parasitei  entraîne  une  déchéance  physique,  une  incapacité 
partielle  ou  total©  de  travail.  Mais  cette  maladie  ne  se  ren- 
contre pas  que  cheiz  les  mineurs.  Elle  a  été  constatée  il  y  a 
longtemps  (l). 

La  loi  de  finances  du  13  juillet  1911,  art.  139,  en  mettant  les 
dépenses  à  la  charge  des  exploitants,  a  décidé  que  pendant  le 
temps  du  traitement  les  mineurs  receivraient  rindemnité  jour- 
nalière^  prévue  par  la  loi  sur  les  accidents  du  travail. 

J'aurais  voulu  donner  un  tableau  comparatif  de  la  mortalité 
chez  leS'  mineursi  de  Saint-Etienne.  Mais  les  comptes  rendus 
du  Bureau  d'Hygiène  de  Saint-Etienne  n'ont  publié  les  chiffres 
quie  pour  les  années  1888-91  et  1892-95. 

On  ne  peut  déterminer  d'ailleurs  dans  ces  publications  si  le 
nombre  des  décès  en  1888-91  (796,  y  compris  les  victimes  des 
grandes  explosions)  s'appliquait  aux  6.861  mineurs  travaillant 
dans  la  commune  en  1891  ou  aux  mineurs  domiciliés  dans  la 
commune  (4.453  en  1891),  à  leurs  femmes  et  à  leoirs  enfants 
réunis.  En  1892-95,  le  nombre  des  décès  est  tombé  à  449  (3.605 
mineurs  domiciliés  d'après  le  dénombrement  de  1896),  en  y 
comprenant  leurs  femmes  et  leurs  enfants,  parce  qu'il  n'y  avait 
pas  eu  de  grandes  catastrophes  comme  pendant  la  période 
précédente.  Est-il  besoin  d'ajouter  que  les  données  du  dénom- 
brement laissent  à  désirer,  certaines  indications  de  professions 
étant  trop  vagues  (manœuvres,  journaliers,  etc..)  ?  «  La  déter- 
mination du  taux  de  la  mortalité  professionnelle  des  mineurs 
est  impossible,  disait  M.  le  docteur  Fleury,  chef  du  Bureau 
d'Hygiène,  en  l'absence  du  chiffre  précis  de  cette  catégorie  de 

la  population Que  l'on  réduise  les  accidents  et  surtout  les 

grandes  catastrophes,  et  là  mortalité  professionnelle  des  mineurs 
sera  ramenée  à  un  taux  satisfaisant.  Telle  qu'elle  est  à  Saint- 
Etienne,  leur  vie  moyenne  est  équivalente  à  celle  des  ouvriers 
des  charbonnages  anglais  (2).  » 


(1)  V.  le  compte  rendu  du  Bureau  d'hygiène  de  Saint-EtJenne  pour 
les  années  1888-91,  p.  233.  Il  constaite  que  l'aérage  a  cons'jdérablement 
modifié  l'hygiëne  des  mines,  mais  qu'on  lui  reproche  les  explosions 
répandant  la  mort.  La  conflagration  se  transmet  de  proche  en  proche 
comme  un  ouragan.  Les  années  1887-91  ont  été  marquées  par  les  grands 
accidents  des  puits  Châtelus  (77  victimes),  Verpilleux  (207),  Pélissier 
(116),  et  du  puits  de  la  Manufacture  (62;. 

(2)  Ibid.,  p.  234-248. 


—  573  — 

L'âge  moyen  aiuquel  arrivaient  les  mineurs  était  de  43  ans 
11  mois.  Il  était  de  49  ans  2  mois  pour  les  armuriers  et  de  57  ans 
4  mois  pour  les  piassemen tiers.  Si  l'on  faisait  abstraction  des 
morts  violentes  —  car  nous  parlons  toujours  de  la  période 
1888-91,  marquée  par  des  catastrophes  — -  l'âge  moyen  des 
mineurs  se  relevait  à  52  ans  6  mois.  Pendant  cette  période,  la 
durée  moyenne  de  la  vie  pour  la  population  stéphanoise  était 
de  37  ans.  Trente  ans  auparavant,  elle  n'était  que  de  26  ans. 
Les  conditions  sanitaires  de  la  popuilation  n'avaient  pas  encore 
subi  des  améliorations  incontestables. 

On  chercherait  en  vain  dans  les  comptes  rendus  du  Bureau 
municipal  d'Hygiène,  à  partir  de  1895,  d^s  essais  de  statistique 
sur  la  mortalité  professionnelle.  Dès  lors,  les  opinions  particu- 
lières peuvent  se  donner  libre  cours  et  chacun,  méthode 
déplorable,  peut  prendre  ses  observations  ou  ses  impressions 
comme  étant  l'expression  de  la  vérité. 


Le  rapport  de  M.  Siégler  au  Congrès  de  l'Industrie  minérale 
en  1908  a  constaté  l'augmentation  de  l'insttabilité  du  personnel 
ouvrier  des  mines,  conséquence  de  la  crise  de  rapprentissage. 
«  On  ne  naît  pas  mineur,  on  le  devient  et  il  faut  le  devenir 

jeune Les  jeunes  gens  ne  descendent  plais  dans  la  mine 

qu'en  petit  nombre.  Peut-être  cette  crise  ne  prendra-t-elle  fin 
définitivement  que  quand  la  demande  de  personnel  aura  été 
diminuée  par  le  développement  des  procédés  mécaniques  au 
fond  »  (1). 

Depuis  1900,  plusieurs  arbitrages  oai'  conventions  collectives 
entre  les  exploitants  et  les  ouvriers  ont  réglé  la  question  des 
salaires  et  d'autres  questions  relatives  à  l'organisation  '  du 
travail.  Ces  actes  ont  terminé  et  quelquefois  prévenais  des  grèves. 
Nous  les  indiquons  aux  chapitres  reîatifs  à  la  situation  générale. 


Caisses  de  retraiter  ou  de  secours  P).  -  Dans  les  insti- 
tutions de  prévoyance,  il  faut  distinguer  essentiellement  les 
Caisses  de  retraites  des  Caisses  de  secours. 


(1)  Bulletin  de  l'Industrie  minérale,  190Î).  t.  X.  p.  28-29. 

(2)  Pour  les  périodes  antérieures,   voir  pages  503,  505,  51C,  624,  544. 


—  574  — 

L'enquête  de  1903  a  motivé  —  naturellement  —  des  réponses 
divergentes  des  Compagnies  et  des  ouvriers.  Par  contre,  les 
rapports  des  ingénieiuirs  de  l'Etat  ne  sauraient  être  sérieusement 
contestés. 

Je  rappelle  que,  pour  les  ouvriers  embauchés  diepuis  la  loi 
de  1894,  les  retraites  ont  été  constituées  conformément  à  cette 
loi.  Par  suite  d'un  accord  tacite,  dans  les  très  petites  exploi- 
tations, les  versements  n'étaient  pas  effectués.  Dans  les  grandes 
exploitations,  la  mobilité  du  personnel  rendait  rétablissement 
des  livrets  fort  difficile  ;  8.600  ouvriers  sur  12.200  en  pos- 
sédaient. 

Quant  ajuix  ouviriers  embauchés  avant  1894,  ils  bénéficiaient 
des  avantages  fixés  lors  de  la  liquidation  des  anciennes  Caisses, 
à  titre  gratuit  à  Firminy,  Montrambert,  HouillèTes  de  Saint- 
Etienne,  la  Péronnière,  moyennant  une  retenue  de  1  %  à  la 
Loire  et  à  Villebœuf.  Le  Cros  avait  porté  à  3  %  son  versement 
légal  à  la  Caisse  des  retraites.  La  Chazotte,  indépendamment  de 
la  retraite  légale,  accordait  à  60  ans  d'âge  eit  30  ans  de  services 
une  peinsion  de  1  %  diu  salaire  par  année  de  travail. 

Ces  retraites  étaient  accordées  à  55  ans  d'âge  et  30  ans  de 
services  à  la  Compagnie  de  Firminy  ou  dans  l'une  des  Com- 
pagnies affiliées  à  T ancienne  Caisse  générale,  et  elles  étaient 
réversibles  par  moitié  sur  la  veuve.  Leur  minimum  était  de 
300  francs  par  an,  plus  25  francs  par  année  de  services,  après 
55  ans  d'âge  et  30  ans  de  seTvices.  Montrambert  accordait  une 
majoration  spéciale  pour  les  années  passées  à  la  Compagnie. 
A  Firminy,  le  taux  des  retraites  variait  suivant  la  catégorie  de 
l'ouvrier.  A  la  Péronnière,  il  y  avait  une  autre  modalité.  Ces 
six  Compagnies  comptaient,  en  1901,  1.030  pensionnés  touchant 
420.000  francs. 

Quant  aux  observations,  disaient  les  ingénieurs  de  l'Etat,  ce 
sont  surtout  les  représentants  des  ouvriers  qui  sont  à  même  de 
les  fournir.  Ils  constataient  que  les  retraites  de  la  loi  de  1894 
étaient  en  général  beaucoup  plus  faibles. 

Les  Caisses  de  secours  étaient  au  nombre  de  vingtrtrois  en 
1901,  comptant  21.400  membres  (ouvriers  et  employés).  Elles 
avaient  délivré  des  secours  pour  281.000  journées  de  maladie, 
touché  779.000  francs  dont  476.000  sur  les  salaires,   distribué 


—  575  — 

478.000  francs  en  secours,  payé  284.000  francs  en  frais  médicaux 
et  pharmaceutiques.  Leur  avoir  s'élevait  à  356.000  francs. 

La  distinction  entre  blesséis  et  malades  a  souvent  donné  lieu 
à  des  contestations.  Le  blessé  est  à  la  charge  de  la  Compagnie. 
La  loi  sur  les  accidents  du  travail  lui  est  applicable.  Le  malade 
est  à  la  charge  de  la  Société  de  secours.  Le  médecin  de  la 
Compagnie  peut  reconnaître  malade  un  ouvrier  que  le  médecin 
de  la  Société  reconnaît  blessé.  Il  faut  alors  l'arbitrage  d'un 
troisième  médecin.  Presque  partout,  les  Sociétés  ont  renoncé 
à  avoir  le  même  médecin  que  la  Compagnie,  malgré  l'augmen- 
tation de  charge  qui  en  résulte. 

Egalement,  des  Sociétés  d©  secours  ont  changé  de  médecins 
ei  «  le  nombre  des  journées  de^  maladie  a  augmenté  parfois 
dans  des  proportions  extrêmement  frappantes  ».  Nouvelle 
charge  pour  la  Société. 

Telles  étaient,  en  substance,  les  réponses  des  ingénieurs  de 
l'Etat  (1).  Les  Syndicats  ouvriers  demandaient  une  retraite  de 
2  francs  par  jour  ou  de  700  francs  par  an  à  50  ans  d'âge  ou 
25  ans  de  services  P).  Ils  faisaient  remarquer  qu'à  Firminy  la 
Compagnie,  qui  n'était  pas  affiliée  à  la  Caisse  centrale,  se 
réservait  de  congédier  l'ouvrier  sans  que  celui-ci  puisse  se 
prévaloir  d'un  droit  à  acquérir  la  retraite  (dont  la  Compagnie 
faisait  tous  les  frais).  Au  sujet  des  Caisses  de  secours,  ils 
signalaient  qu'on  voulait  très  souvent  charger  ces  Caisses  des 
indemnités  pour  accidents. 

Les  réponses  patronales  exposaient  très  complètement  l'orga- 
nisation des  Caisses  de  retraites.  Elles  déclaraient  que  les 
Caisses  de  secouirs  fonctionnaient  d'une  manière  satisfaisante. 


Depuis  cette  époque,  de  nombreuses  dispositions  législatives 
vinrent  améliorer  la  retraite  des  mineurs. 

La  loi  de  finances  du  31  mars  1903,  art.  84  à  9S,  affecta 
1.500.000  francs  chaque  année  :  pour  un  tiers  à  bonifier  les 
pension-  -icquises  ou  on  instance  de  liquidation  au  i*""  janvier 


(Ij  Proc^s-vprbavx  de  la  Commission  d*enquMc,  t.  ITT,  p.  02 -9i. 

(2)  700  francs  était  le  maximum  do   li    r.tiaUc  i",nr   l"s   ouvriers   de 
l'extérieur  à  Firminy  («00  franrs  pour  ceux  de   ruihiit'ur). 


—  576  — 

de  chaque  année,  et  pouir  deux  tiers  à  donner  des  allocations 
de  faveur  aux  autres  ouvriers  ayant  au  l*""  janvier  do  chaque 
année  55  ans  d'âge  et  30  ans  de  services.  La  niajoration  ou  boni- 
fication nie  pouvait  élever  la  pension  à  plus  de  360  francs. 
L'allocation  ne  pouvait  dépasser  240  francs,  y  compris  (comme 
pour  la  majoration)  tous  aiuires  revenus  de  l'intéressé  ou  de  son 
conjoint,  mais  indépendamment  de  bout  salaire  et  (pour  les 
bénéficiaires  de  l'allocation)  de  toute  pension  acquise  confor- 
mément à  la  loi  de  1894,  ou  d'une  pension  de  50  francs  au  plus 
accordée'  par  une  des  anciennes  Caisses.  Ce  texte  embrouillé 
se  comprend  néanmoins.  La  loi  de  1903  a  été  faite  en  faveur  des 
vieux  mineurs  les  moins  avantagés.  Ses  dispositions  ont  été 
complétées  ou  modifiées  par  une  série  de  lois  de  1905  à  1912  : 
lois  de  finances  de  1905  (art.  65)  et  1906  (art.  66),  loi  de  finances 
du  31  décembre  1907  (art.  48  à  50),  loi  du  14  avril  1908  et  loi 
du  27  février  1912  (art.  63).  Dans  les  1.500.000  francs  inscrits 
annuellement  au  budget,  l'Etat  intervenait  pour  un  million,  ce 
qui  fit  dénommer  la  loi  le  million  des  mineurs.  Les  autres 
500.000  francs  devaient  être  produits  par  des  centimes  addi- 
tionnels à  la  redevance  des  mines. 

Nous  arrivons  de  la  sorte  à  la  fameuse  loi  de  1914  qui  a  créé 
la  Caisse  autonome  des  Mineurs  de  France.  Je  voudrais  dire 
auparavant  quelle  était  la  situation  au  moment  du  vote  de  cette 
loi.  Elle  est  exposée  dans  le  rapport  annuel  au  Préfet,  en  1913, 
de  l'ingénieur  en  chef  de  l'arrondissement  minéralogique.  Les 
chiffres  se  rapportent  à  l'année  1912  : 


Montant  des  retraites 
Nombre  servies  par  les  anciennes 

de  pensionnés  caisses 


Roche-la-Molière. 
Montrambert.  •  . 

Loire 

Saint-Etienne.  .  . 
Villebœuf.  .  .  ... 

Péronnière.  .  .  . 


602 

285.178  fr. 

G03 

284.738  » 

333 

105.174  » 

155 

54.027  » 

20 

5.610  » 

104 

41.707  » 

1.817 

776.434  fr. 

—  577  — 

La  Compagnie  de  Roche-la-Molièr©  avait  consacré,  en  1912, 
156.053  francs  au  service  des  primes  mstituées  en  faveur  de  son 
personnel. 

Près  de  huit  cent  mille  francs  par  an,  c'est  un  denier,  quand 
on  songe  que  non  seulement  l'Etat  n'est  pas  intervenu  finan- 
cièrement, mais  que  ces  Caisses  ont  été  créées  par  l'initiativi; 
privée,  quand  on  songe  qu'avant  la  liquidation  de  1894,  aucun 
versement  n'était  demandé  aux  ouvriers,  sauf  dans  deux  Com- 
pagnies où  la  participation  ouvrière  était  de  1  %  seulement  du 
salaire.  Sans  doute,  il  n'y  a  pas  là  de  quoi  crier  au  miracle  ;  le 
miracle,  d'ailleurs,  n'est  pas  le  fait  de  l'homme,  mais  il  y  a 
lieu>  de  constater  impartialement  les  résultats  de  l'initiative 
privée,  assurant  quelques  centaines  de  francs  à  de  vieux  tra- 
vailleurs jusqu'à  leur  mort. 

Ces  renseignements  peuvent  être  complétés  par  les  notices 
publiées  par  les  Compagnies  à  l'occasion  de  l'Exposition  de 
Lyon  en  1914,  notices  qui  ont  été  résumées  dans  le  rapport  du 
Juiry.  Malheureusement,  les  notices  d'expositions  n'étant  pas 
rédigées  sur  un  plan  uniforme,  les  comparaisons  sont  diffi- 
ciles et  même  impossibles.  On,  est  obligé  de  prendre  ce  qu'on 
vous  donne. 

Roche-la-Molière  et  Firminy.  —  L'ancienne  Caisse  de  re- 
traites, alimeTîtée  exclusivement  par  la  Compagnie,  pensionnait, 
au  31  décembre  1913,  437  ouvriers  et  166  veuves  ;  total  des 
pensions  de  l'année,  290.149  francs  ;  pension  normale  à  55  ans 
d'âge  et  30  ans  de  services  :  ouvriers  de  l'intérieur,  520  francs  ; 
de  l'extérieur,  440  francs  (A)  ;  majoration  par  année  supplémen- 
taire, 40  ou  32  francs  ;  diminution  par  année  manquante  après 
50  ans  d'âge  et  30  ans  de  services,  20  francs  ou  16  francs  ;  pension 
maxima,  800  francs  ou  700  francs.  —  Périmes  d'assiduité  (moins 
de  dix  journées  d'absence)  :  160.000  francs  distribués  annuel- 
lement. 

IjQe,  deux  Caisses  de  secours  comptaient  2.200  participants 
à  Firminy,  2.491  •  à  Roche  ;  elles  avaient  reçu,  en  1913, 
121.765  francs  à  Firminy,  116.383  francs  à  Roche,  et  dépensé 
respectivement  16.9i8  francs  et  3.331  franc/v.  Ce6  Caisses  étaient 


(1)  Je  néglige  les  autres  catégories  :  gouverneurs,  etc. 


—  578  — 

alimentées  par  un  prélèvement  de  2  %  sur  les  salaires,  un  ver- 
sement de  moitié  de  ce  prélèvement  par  la  Compagnie,  enfin 
par  le  produit  des  amendes.  Indépendamment  des  soms  mé- 
dicaux et  pharmaceutiques,  l'allocation  journalière  aux  malades 
était  :  à  Firminy,  de  1  fr.  50  pour  les  hommes,  0  fr.  75  pour  les 
femmes  et  enfants  de  moins  de  18  ans  à  partir  du  deuxième 
jour  ;  à  Roche,  de  2  francs  et  i  franc  à  partir  du  quatrième  jour. 
Les  femmes  et  les  enfants  des  sociétaires  recevaient  gratuitement 
les  soins  médicaux  ;  ils  payaient  la  moitié  des  frais  pharma- 
coutiques  à  Firminy,  le  quart  à  Roche. 

Montrambert.  —  L'ancienne  Caisse  de  retraites  en  liqui- 
dation assurait,  sans  retenue  sur  les  salaires,  à  55  ans  d'âge  et 
30  ans  de  services,  1  fir.  50  par  jour  (ouvriers  de  l'intérieur), 
1  fr.  25  (extérieur),  réversibles  par  moitié  sur  la  veuve  ;  aug- 
mentation de  25  francs  par  année  de  services  supplémentaire  ; 
retraite  proportionnelle  à  partir  de  50  ans  d'âge  et  25  ans  de 
services  aux  ouvriers  invalides.  Ces  pensions  du  régime  an- 
térieur à  1894  entraînaient,  en  1913,  une  dépense  de  308.000  fr. 
pour  la  Compagnie  ;  celles  de  la  loi  de  1894,  une  dépense  de 
74.000  franc®. 

La  Société'  de  secou/rs  comptait  3.821  participants.  Retenue 
sur  les  salaires  1  %,  contribution 'légale  de  la  Compagnie  1/2  %, 
contribution  volontaire  1/2  %,  charge  de  la  Compagnie  en  1913 
59.000  francs. 

Loire.  —  La  Notice  ne  donne  que  le  total  des  charges  sociales, 
y  compris  celles  qui  résultent  des  accidents  du  travail,  du 
chauffage  gratîuit,  des  gratifications,  etc.  (i)  et  non  le  détail 
pour  les  Caisses  de  retraites  et  de  secours. 

Saint-Etienne.  —  De  1869  à  1895  la  Société  a  versé  4.089.000  fr. 
à  ses  institutions  philanthropiques.  En  1899,  elle  a  supprimé 
la  retenue  de  1,50  %  sur  les  salaires,  alimentant  pour  partie 
la  liquidation  de  la  Caisse  centrale,  reteniuie!  qui  s'appliquait  à 
90  %  du  nombre  des  ouvriers.  Ce  sacrifice,  de  1899  à  1912 
inclusivement,  se  chiffra  par  la  somme  de  450.000  francs  (2). 


(1)  853.000  fr.  en  1913  (1  fr.  03  par  tonne)  au  lieu  de  89.000  en  1863 
(0,27  par  tonne).  A  Montrambert,  en  1913,  chauffage  gratuit  non  compris, 
805.000  fr.  (1  fr.  14  par  tonne). 

(2)  Voir  l'étude  publiée  par  la  Société  en  1914  sur  un  statut  de 
retraites  en  faveur  de  ses  agents  :  ingénieurs,  employés,  chefs  ouvriers. 


579  — 


La  loi  dei  1894  ne  pouvait  donner  son  plein  effet  qu©  très 
longtemps  après  sa  promulgation  et  les  lois  de  1903-1907  avaient 
pour  but  d'améliorer,  pendant  la  période  transitoire,  le  sort 
des  vieux  mineurs  les  moins  favorisés.  En  1911,  la  Fédération 
nationale  des  mineurs  élabora  une  refonte  complète  de  la  Légis- 
lation des  retraites  dans  le  sens  d'une  très  forte;  amélioration. 
Son  projet,  amendé,  fut  déposé  sur  le  bureau  de  la  Chambre 
le  16  janvier  1912,  par  M.  Albert  Thomas.  Adopté  le  12  juillet 
de  la  même  année  par  la  Chambre,  adopté  le  20  février  1913 
avec  modifications  par  le  Sénat,  renvoyé  de  nouveau  à  la 
Chambre,  il  fut  adopté  par  celle-ci  le  25  février  1914  et  pro- 
mulgué le  même  jour,  non  sans  beaucoup  de  péripéties  et  après 
une  grève. 

Cette  loi  du  25  février  1914  institue  une  Caisse  autonome  des 
retraites  des  ouvriers  mineurs.  Caisse  jouissant  de  la  person- 
nalité civile,  tandis  que  la  loi  de  1894  confiait  à  la  Caisse 
nationale  des  retraites  pour  la  vieillesse  le  soin  de  centraliser 
les  versements.  Cette  Caisse  est  administrée  par  six  repré- 
sentants ouvriers,  six  représentants  des  exploitants,  six 
représentants  de  l'Etat  et  neuf  suppléants  choisis  de  la  même 
manière.  La  Caisse  des  retraites  pour  la  vieillesse  est  débitrice 
des  rentes  correspondant  aux  versements  reçus  en  exécution  de 
la  loi  de  1894.  Les  versements  obligatoires  à  la  nouvelle  Caisse 
restent  fixés  à  4  %,  par  moitié  entre  l'exploitant  et  l'ouvrier. 
Tous  les  ouvriers  et  employés  (comme  en  1894)  s'y  trouvent 
inféodés  jusqu'à  3.000  francs  d'appointements  (au  lieu  de 
2.400  fr.).  A  55  ans  d'âge  et  30  ans  de  travail,  chaque  mineur 
reçoit  une  allocation  annuelle  d.e  1(X)  francs  de  la  part  de  l'Etat. 
Bien  que  la  gestion  de  la  Caisse  autonome  appartienne  à  la 
Caisse  des  dépôts  et  consignations,  gérante  de  toutes  les  Caisses 
organisées  par  VKUd  (celle  des  retraites  pour  la  vieillesse  comme 
les  autres),  l'autonomie  apparaît  dans  le  pouvoir  donné  au 
Conseil  d'administration  de  la  Caisse  autonome  de  désigner  ses 
placements.  Elle  apparaît  encore  beaucoup  plus  dans  la  création 
d'un  fonds  spécial  ou  fonds  de  répartition  destiné  à  majorer 
joisqu'à  730  francs  la  retraite  des  hommes,  jusqu'à  365  francs 
celle  des  veuves  des  pensionnés,  destiné  aussi  à  donner  des 


—  580  — 

allocations  aux  anciens  mineurs  non  pensionnés  ni  allocataires 
ayant  quitté  le  travail  avant  l'application  de  cette  loi.  Ce  fonds 
est  constitué  par  un  prélèvement  sur  le  salaire  que  fixe  le 
Conseil  (V administration  jusqu'au  taux  de  1  %,  par  un  ver- 
sement patronal  égal,  par  une  subvention  annuelle  minima 
de  2  millions  servie  par  l'Etat,  par  des  offres  de  concessionnaires 
en  vue  d'obtenir  les  actes  de  concession  signés  après  le  1" 
février  1912,  par  des  dons  et  legs.  Ce  fonds  est  appelé  «  de  répar- 
tition »  parce  qu'il  n'est  pas  capitalisé,  à  la  différence  des 
versements  de  4  %  imposés  par  la  loi. 

Je  ne  puis  citer  toutes  les  dispositions  de  la  loi.  On  demandait 
d'abaisser  l'âge  de  la  retraite  à  50  ans.  Le  Parlement  recula 
devant  l'énormité  de  la  dépense.  «  Le  nombre  des  retraites 
serait  doublé,  la  moyenne  de  survie  passerait  de  12  à  17  ans  ; 
inversement,  l'opération  ferait  perdre  cinq  années  de  versement 
et  cinq  années  de  capitalisation  »,  disait  la,  Commission  de  la 
Chambre  des  Députés.  «  Nous  sommes  convaincus  qu'une 
annuité  de  25  millions  serait  insuffisante.  »  Au  sujet  du  ver- 
sement supplémentaire  de  1  %,  la  Commission  espérait  que  la 
majeure  partie  des  ouvriers  en  serait  exemptée,  certains 
exploitants  majorant  eux-mêmes  les  pensions  de  leurs  ouvriers. 

Un  article  jeta  la  division  dans  le  monde  des  mineurs  et 
détermina  la  grève.  C'était  rarticle  12  du  projet  de  la  Com- 
mission devenu'  l'article  11  de  la  loi,  qui  attira  sur  le  député 
Basly,  son  inspirateur,  les  foudres  de  la  Fédération  de  la 
Loire  (i).  Cet  article  affranchit  l'exploitant  et  ses  ouvriers 
de  tout  versement  au  fonds  de  majoration,  si  le  premier  assure 
des  retraites  de  730  francs  aux  ouvriers  et  employés,  et  de 
365  francs  aux  veuves,  à  la  condition  que  la  charge  assumée 
ne  soit  pas  inférieure  à  la  cotisation  de^  1  %.  Des  tractations 
dans  ce  sens  entre  patrons  et  oufvriers  avaient  eu  lieu  dans  le 
Nord  et  le  Pas-de-Calais  et  les  adversaires  de  l'article  11  ac- 
cusaient les  partisans  du  projet  d'être  la  cause  d'une  scission, 
d'une  atteinte  à  l'unité  minière,  à  la  «  force  morale  de  la  corpo- 
ration (force  de  combat  contre  les  Compagnies,  cela  va  sans 
dire)  ». 


(1)  V.,  à  titre  de  ren&eignementis,  La  Tribune,  journal  de  St-Etienne, 
des  20,  21  janvier,  5  et  17  février  1913. 


—  581  — 

Malgré  la  création  du  fonds  de  répartition  pour  relever  très 
fortement  la  retraite  produite  par  la  capitalisation  des  ver- 
sements de  4  %,  on  ne  savait  pas  quel  serait  le  chiffre  de  la 
retraite.  Les  ouvriers  demandaient  2  francs  par  jour.  On  ré- 
pondait par  un  chiffre  hypothétique.  En  outre,  les  ardoisiers 
n'étaient  pas 'appelés  à  bénéficier  de  la  loi.  Pressé  de  toutes 
parts,  le  Ministre  du  Travail,  M.  Métin,  promit  que  les  mineurs 
obtiendraient  une  retraite  qui  ne  serait  pas  sensiblement  infé- 
rieure à  730  francs.  Le  budget,  chaque  année,  était  là  pour 
pourvoir  à  tous  les  besoins. 

Contrairement  à  ce  que  l'on  pourrait  supposer,  la  loi  de  1914 
ne  fut  pas  l'œuvre  exclusive  d'un  parti.  Des  libéraux  et  même 
des' conservateurs  intervinrent  à  plusieurs  reprise^  pour  amé- 
liorer les  conditions  proposées  par  le  Gouvernement,  qui  avait 
la  charge  de  défendre  les  finances  publiques,  souci  médiocre 
chez  certains  parlementaires.  Mais,  comme  les  conservateurs  et 
les  libéraux  ne  pouvaient  compter  sur  les  voix  des  mineurs, 
leur  intervention  désintéressée  mérite  d'être  signalée  (i). 

C'est  l'article  11,  ancien  article  12,  ai- je  dit,  qui  déclencha 
la  grève.  Dès  le  mois  de  janvier,  le  Comité  fédéral  de  la  Loire 
déclarait  que,  si  le  Sénat  persistait  à  refuser  la  retraite  à  2  francs 
par  jour  et  la  suppression  de  l'article  12,  il  engagerait  la 
bataille,  au  besoin  malgré  le  Congrès  national.  La  grève  fut 
virtuellement  déclarée  le  23  février. 

La  Fédération  de  la  Loire  reprochait  au  Sénat  :  le  minimum 
d'âge  de  55  ans  au  lieu  de  50  ans,  le  maintien  de  l'article  12,  la 
non-assimilation  dies  ardoisiers,  contrairement  aux  résolutions 
du  Congrès  d'Angers  en  1912. 

Des  mesures  d'ordre  sérieiuôes  furent  prises  par  le  Préfet. 
Mais  on  était  à  une  époque  de  crise  du  charbon,  coïncidant 
avec  une  reprise  métallurgique.  Sur  la  demande  de  la  Chambre 
de  Commerce  et  du  Comité  des  Forges  de  la  Ivoire,  le  Gouver- 
nement autorisa  un  tarif  de  pénétration  pour  faire  venir  des 
charbons  de  la  Sarre.  Néanmoins,  au  début,  il  y  ont  des 
chômages  dans  les  usines. 


(1)  V.  rii  publié  dans  le  Mérnorial  de  la  l.nirr  du  25  février 

1914.  sons  \r  i.iir      .'  Ln  prr'vp  dos  niiiipurs  » 

38 


—  582  — 

La  grève  éclata  aussi  dans  les  autres  bassins.  Elle  fut  très 
partielle  dans  le  Nord,  où  les  vieux  Syndicats  dirigés  par  Basly 
résistèrent  aux  jeunes  Syndicats  adhérents  à  la  G.  G.  T.,  les 
premiers  acceptant  la  loi  «  comme  pis  aller  ». 

Enfin,  sur  la  promesse  que,  si  le  chiffre  de  la  retraite 
s'éloignait  trop  de  730  francs,  on  pourvoirait  au  manquant  en 
recourant  à  de  nouvelles  subventions  budgétaires,  une  détente 
se  produisit.  Le  Gonseil  national  décida  la  reprise  pour  le  3 
mars.  Le  délégué  de  la  Loire,  M.  Duranton,  qui  était  allé  à 
Paris  pour  faire  voter  la  continuation  de  la  grève,  n'eut  aucun 
succès.  La  Fédération  de  la  Loire  ratifia  la  décision  du  Gonseil 
national. 

Je  signale  pour  ordre  les  décrets  des  31  mars  et  13  juillet  1914, 
rendus  pour  l'exécution  de  la  loi,  et  les  élections  du  3  mai  au 
Gonseil  d'administration  de  la  Gaisse  autonome. 

Indépendamment  (jusqu'à  un  maximum  d'appointements 
déterminés)  de  leur  affiliation  à  la  Gaisse  nationale  des  retraites 
— •  prévu©  en  1894  comme  en  1914  —  les  employés  bénéficient 
dans  les  Gompagnies  importantes  d'un  statut  spécial  de  pré- 
voyance. Mais,  comme  les  notices  piubliées  à  l'occasion  des 
Expositions  sont  établies  sur  des  modèles  très  différents,  j©  n'y 
trouve  pas  des  renseignements  qui  puissent  être  comparés  entre 
eux.  Une  enquête  personnelle  conduirait  trop  loin  (i). 


Habitations  ouvrières.  —  La  retraite  esi^  une  institution  de 
prévoyance.  Le  secours^  tel  qu'il  est  organisé  par  des  Gaisses 
mixtes,  tient  à  la  fois  de  la  prévoyance  et  de  l'assistance.  Les 
autres  institutions,  soit  de  prévoyance,  soit  d'assistance,  se  sont 
développées  pendant  cette  période  1900-1914.  Là  encore,  on 
manque  de  renseignements  comparatifs,  c'est-à-dire  établis 
d'après  un  modèle  'uniforme  et  concernant  les  hôpitaux,  le 
chauffage  gratuit,  les  écoles,  enfin  et  surtout  les  habitations 
ouvrières,  chose  dont  on  ne  se  préoccupait  guère  dans  le  passé. 

Voici  quelques  renseignements  isolés  : 


(Ij  Pour  ce  qui  concerne  les  caisses  de  retraites  et  de  secours  depuis 
1914  voir  le  dernier  chapitre. 


—  583  — 

Aux  doux  cités  ouvrières  créées  en  1874  et  1890  (cité  du  Buisson 
et  cité  des  Vialles)  qui  étaient  du  type  à  logements  contigus, 
la  Compagnie  de  Roche-la-Molière  a  ajouté  cinq  autres  cités  de 
1900  à  1914,  toutes  du  type  à  maisons  isolées  et  jardin  parti- 
culier. Chaque  maison  comprend  deux  logements,  composés 
chacun  d'une  cave,  de  deux  pièces  au  rez-de-chaussée,  d'une 
grande  chambre  et  de  deux  chambrettes  à  l'étage.  Chaque  lo- 
gement oomprent  en  outre  des  W.-C.  et  un  cabinet  de  débarras. 
Un  jardin  de  300  mètres  y  est  attenant.  Le  prix  de  location  était 
de  120  à  144  francs  par  an.  Ces  cités  sont  :  la  nouvelle  cité  des 
Vialles,  les  cités  de  Lanlyre,  du  Barrage,  du  Pontin  et  de 
Beaulieu.  En  y  comprenant  les  anciennes  cités,  la  Compagnie 
disposait  en  1914  de  340  logements  occupés  par  482  ouvriers  et 
au  total  par  1.259  habitants.  Malgré  l'effort  considérable 
accompli,  il  faïuit  constater  que  ces  482  ouvriers  ne  représentent 
que  le  dixième  du  personnel  de^  la  Compagnie. 

La  Société  des  Mines  de  la  Loire  a  formé  en  1910,  avec  l'aide 
des  Hospices  civils  et  de  la  Caisse  d'épargne  de  SaintrEtienne, 
une  Société  anonyme  d'habitations  à  bon  marché,  la  Ruche 
immobilière^  qui  a  construit  23  logements  individuels  de  3 
ou  4  pièces  avec  caves  et  W.-C,  eau,  gaz  et  jardin,  à  Cha- 
vassieux  (aux  portes  de  Saint-Etienne,  sur  la  route  de  Saint- 
GenestrLerpt)  loués  de  18  à  20  francs  par  mois.  La  Société  de 
la  Loire  a  souscrit  une  large  part  des  actions  de  la  Société  de 
Crédit  immobilier  L'Aide  au  foyer  stéphanois^  qui  a  consenti 
des  prêts  pour  une  quarantaine  d'habitations.  Enfin,  elle  est 
entrée  dans  la  voie  de  la  construction  directe  à  la  Doa,  région 
de  la  Chana  (l). 


En  1905,  dans  les  locajux  de  l'hôpital  de  la  Compagnie  de 
Montramlxîrt,  fut  installée^  la  première  «  Goutte  de  Lait  »,  dont 
l'initiative  revenait  à  M"*  Murgue  et  à  M.  le  docteur  Mounier, 
femme  et  gendre  du  Directeur  de  la  Compagnie.  En  1911,  cette 
œuvre  avait  assisté  47  enfants  et  distribué  39  layettes  du  premier 
âge  et  32  du  second.   Une  consultation  do  nourrissons  et  une 


(1)  J'Indique    sommairement    au    dernier    chapitre    de    rc    livre    les 
constructions  effectuées  depuis  1W4. 


—  584  - 

pesée  ont  lieu  une  fois  par  semaine.  On  no  saurait  trop 
insister  sur  l'importance  des  oeuvres  de  ce  genre  dans  la  lutte 
contre  la  mortalité  infantile  et  regretter  que  la  Loire  se  soit 
laissée  distancer  par  d'autres  bassins,  puisqu'en  1905,  époque 
de  la  création  de  la  Goutte  de  Montrambert,  le  Pas-de-Calais 
comptait  déjà  127  Gouttes  de  lait. 

Je  résume  ici  les  autres  institutions  ouivrières  des  Com- 
pagnies. 

Roche-la-Molière  possède  deux  hôpitaux,  dont  j'ai  déjà  parlé 
dans  un  autre  paragraphe.  La  dépense  de  la  Compagnie  pour 
le  chauffage  gratuit  des  ouvriers  et  employés  représentait,  en 
1913,  146.000  francs,  en  appliquant  des  prix  d'oirdre  notablement 
inférieurs  aux  prix  de  vente.  La  Compagnie  entretient  un  asile 
pour  enfants  et  deux  ouvroirs  pour  jeunes  filles.  Elle  sub- 
ventionne des  écoles.  Elle  distribue  des  primes  pour  assiduité 
au  travail  (moins  de  dix  journées  d'absence  par  an)  pour  un 
total  de  160.000  francs. 

Montrambert  possède  un  hospice-hôpital  et  une  école  enfan- 
tine et  de  jeunes  filles,  complétée  par  un  patronage,  une  école 
de  garçons.  La  Compagnie  distribue  des  subventions  au  culte 
(qui  assure  la  nourriture  de  l'âme),  au  Bureau  de  bienfaisance, 
aux  Sociétés  de  secours  mutuel.  Elle  distribue  25.000  tonnes 
pour  le  chauffage  gratuit  (usage  général  dans  le  bassin).  Elle 
a  installé,  comme  les  autres  Comipagnies,  des  lavabos-vestiaires. 
Ses  charges  ouvrières,  en  dehors  des  salaires  et  du  chauffage 
gratuit  (secours  aux  blessés,  retraites,  contribution  à  la  Caisse 
de  secours  en  cas  de  maladies,  libéralités  diverses)  repré- 
sentaient 412.000  francs  en  1900  et  805.000  francs  en  1913,  soit 
respectivement  0  fr.  55  et  1  fr.  14  par  tonne. 

La  Société  de  la  Loire  a  décrit  dans  sa  Notice  de  1914  ses 
installations  de  vestiaires-douches  avec  monte-habits  mus  par 
des  chaînes  mouflées  et  cadenassées.  Ils  lui  ont  valu  la  plus 
haute  récompense  à  l'Exposition  d'hygiène  de  Dresde  en  1913. 
La  Compagnie  a  compté  que  ses  charges  fiscales  et  sociales,  qui 
étaient  de  89.000  francs  en  1863  (0  fr.  27  par  tonne)  s'élevaient 
à  197.000  francs  en  1893  (0  fr.  41  par  tonne),  à  562.000  francs 
en  1903  (0  fr.  91),  à  853.000  francs  en  1913  (1  fr.  03).  Ces  charges 
croissent  plus  vite  que  les  redevances  tréfoncières  et  dépassent 
de  beaucoup  la  moyenne  des  dividendes  des  vingt  dernières 
années. 


-  585  — 

La  Notice  de  la  Société  des  Houillères  de  Saint-Etienne  sur  le 
statut  des  retraites  des  employés,  que  j'ai  citée,  renferme  un 
historique  de  la  question  deis  retraites  et  in  fine  un  tableau  des 
charges  ouvrières  de  la  Société,  tableau  qui  commence  en  1869, 
mais  s'arrête  en  1895  (230.000  francs  à  cette  dernière  date,  contre 
48.000  francs  en  1869).  J'ai  indiqué  les  chiffres  récapitulatifs 
(v.  p.  573).  La  Société  ayant  ses  exploitations  sous  la  ville  de 
Saint-Etienne,  la  question  des  constructions  ouvrières  ne  se 
posait  pas  comme  pour  les  autres  Sociétés. 

Dans  ces  conditions,"  et  si  l'on  veut  y  réfléchir,  si  l'on  veut 
surtout  être  impartial,  on  ne  peuit  méconnaître  l'effort  accompli 
par  les  Compagnies.  Mais  alors  que  les  charges  augmentaient 
le  oouirs  des  actions  baissait,  et  tel  petit  actionnaire  —  il  y  en  a 
beaucoup  —  ayant  placé  ses  économies  dans  l'achat  de  quelques 
actions  houillères  il  y  a  quinze  ou  vingt  ans,  n'a  pas  été  en- 
chanté d'en  voir  baisser  le  cours.  Où  donc  est  le  «  somptueux 
festin  »  des  actionnaires,  dont  les  orateurs  des  grèves  nous  ont 
rebattu  les  oreilles  ?  Le  mot  faisait  bien,  jeté  dans  les  masses 
ouvrières  (i). 


La  Mine  aux  Mineurs.  —  Je  passe  aux  Sociétés  ouvrières  et 
d'abord  aux  Coopératives  de  production.  J'ai  exposé  dans  Je 
paragraphe  précédent  la  première  phase  de  la  Mine  aux 
Mineurs  de  Monthieux  (2).  Il  me  reste  à  raconter  sa  fin.  En  butte 
aux  attaques  du  Syndicat  parce  qu'elle  n'était  plus  que  la  pro- 
priété des  sociétaires,  à  l'exclusion  des  auxiliaires  simplement 
salariés,  la  Mine  connut  de  nouveau  les  déficits  budgétaires  à 
partir  de  1903. 

L'indiscipline  aggrava  le  mal. 

Les  créanciers  réclamèrent.  Un  eéque^re,  M.  liailly,  fut 
nommé  en  1908.  Le  Tribunal  de  Commerce,  en  1909,  refusa 
la  faillite  demandée  par  les  créanciers.  Il  prononça  la  liqui- 
dation judiciaire  à  la  suite  du  dépôt  de  son  bilan  par  la  Société. 
L*actif  fut  vendu  aux  enchères. 


(1)  On  a  rîK'me  dit  :  Tf11<î  Société  ne  rtistribnnit  pas  do  dividendes,  ce 
qui  ne  lui  a  pas  fait  faire  faillite  !  {Tribune,  5  novembre  1920.) 

(2)  V.  p.  :>:if^. 


—  586  — 

Dans  rétude  qu'il  lui  a  consacrée,  M.  Joseph  Bréchignac 
(mort  au  champ  d'honneur)  a  attribué  la  chute  de  la  Société 
à  diverses  causes  ei  d'abord  à  des  causes  techniques  :  insuf- 
fisance de  capitaux,  difficultés  d'exploitation,  pauvreté  du 
gîte  ;  ensuite  à  son  caractère  de  coopérative  de  production. 
«  La  coopération  n'est  pas  un  progrès  et,  tentée  plus  spécia- 
lement dans  la  grande  industrie,  elle  est  destinée  à  périr  ou 
alors  à  reconstituer,  suivant  l'expression  do  M.  Gide,  les  formes 
mêmes  qu'elle  sc'  proposait  d'éliminer.  »  La  théorie  n'est  souvent 
que  de  la  chimère.  Les  ouvriers  n'acceptèrent  une  direction 
technique  qu'à  regret.  Ils  la  rendirent  intenable  à  force  d'ob- 
struction. Quand  ils  ne  s'en  prenaient  pas  aux  ingénieuirs,  ils 
attaquaient  leurs  pairs  du  Conseil  d'administration.  La  Mine 
prospéra  quand  elle  devint-  une  société  formée  de  petits  capi- 
talistes. Mais  la  crise  économique,  provoquant  de  nouveau  la 
lassitude  et  le  découragement,  amena  la  révolte  et  l'anarchie. 
Le  capital,  si  modeste  soit^il,  doit  savoir  et  doit  pouvoir  pa- 
tienter, tandis  que  le  travail  demande  sa  rémunération 
immédiate.  Ici,  le  capital  et  le  travail  ne  faisaient  qu»'un,  mais 
le  travail  ne  pouvait  pas  attendre.  «  Supprimer  le  vieil  anta- 
gonisme du  capital  ei  du  travail  par  la  réunion  dans  les 
mêmes  mains  de  l'un  et  de  l'autre,  c'est  évidemment  l'idéal. 
Mais  l'idéal  n'est  pas  de  ce  monde.  »  Quand  on  pense  que  le 
jour  de  l'inauguration,  Basly  avait  félicité  les  organisateurs  de 
préparer  l'avènement  de  l'ère  socialiste  !  Il  est  vrai  que  les 
paroles  ne  comptent  guère,  quand  on.  parle  beaucoup.  Mais  elles 
slincrustent  quand  même  dans  certains  cerveaux. 


Syndicats  ouvriers  (i).  —  J'emprunte  les  renseignements  sta- 
tistiques aux  Annuaires  des  Syndicats  professionnels  publiés  de 
1900  à  1914  et  je  ne  cite  que  les  Syndicats  qui  ont  fonctionné 
pendant  cette  période  : 

Saint-Ettenne.  —  La  vieille  Chambre  syndicale  des  ouvriers 
mineurs  de  la  Loire,  fondée  en  1876,  la  Chambre-mère,  comptait 
3.000  membres  en  1900  et  3.999  en  1914  (siège  social,  Bourse  du 
Travail). 


(1)  V.  pour  les  périodes  précédentes,  p.  537,  558. 


—  587  — 

La  Chambre  syndicale  du  Quartier-Gaillard,  fondée  en  1888, 
comptait  25  membres  en  1910-1911. 

Un  Syndicat  professionnel  de  défense  des  ouvriers  mineurs 
victimes  d'accidents  du  travail,  3,  rue  Brossard,  à-  Saint-Etienn«,  a 
existé  en  1902-1903  (18  menLbres). 

L'Union  fraternelle  des  mineurs  (section  de  Beaubrtin),  9,  rue 
Buisson,  a  fonctionné  en  1903-1905  (42  membres). 

L'Union  fraternelle  des  mineurs  du  bassin  de  la  Loire,  créée  en 
1903,  44,  rue  Neyron,  comptait  58  membres  en  1904-1908. 

Un  Syndicat  des  mineurs  et  ouvriers  similaires  des  mines  de 
Beaubrun  a  existé  en  1904-1905  :  250  membres. 

Un  Syndicat  des  mineurs  et  ouvriers  similaires  des  mines  de 
Saint-Etienne,  40,  rue  de  Tardy,  fondé  en  1904,  comptait  278  mem- 
bres en  1908-1909. 

Uû  Syndicat  des  chauffeurs  et  mécaniciens  des  mines  de  la 
Loire,  14,  place  du  Peuple,  créé  en  1906,  comptait  215  membres  en 
1914. 

Un  Syndicat  libre  des  ouvriers  mineurs  de  Côte-Ghatide,  fondé  en 
1909,  comptait  25  membres  en  1912. 

Seuls  sont  inscrits  sur  V  «  Annuaire  »  de  194â  la  Chambre 
syndicale  des  mineurs  de  la  Loire  et  le  Syndicat  des  chauffeurs  et 
mécaniciens.  Voilà  pou/r  la  Ville  de  Saint-Etienne. 

FrRMiNY,  —  Chambre  syndicale  des  ouvriers  mineurs  de  Firminy 
et  environs,  fondée  en  1891,  905  membres  en  1900,  1.350  en  1914. 

RocHE-LA-MoLiÈRE.  —  Chambre  syndicale  des  mineurs,  créée  en 
1898,  130  membres  en  1900,  1.010  membres  en  1914. 

Saint-Genest-Lerpt.  —  Chambre  syndicale  des  mineurs,  créée  en 
1898  (section  du  Syndicat  précédent),  160  membres  en  1902.  Ne  figure 
plus  sur  les  Annuaires  suivants. 

Union  syndicale  des  ouvriers  mineurs,  créée  en  1903,  70  membres 
en  1904,  68  en  1914. 

ViLLARs.  —  Syndicat  des  ouvriers  mineurs,  créé  en  1888,  120  mem- 
l)res  en  1900,  ^5  membres  en  1914. 

La  Ricamarie.  —  Syndicat  créé  en  1890,  200  membres  en  1900, 
900  en  1912  ...  ?  en  1914. 

Saint-Jean-Bonnefonds.  —  Syndicat  créé  en  1891,  16  membres  en 
1900,  32  membres  en  1905,  ne  figure  plus  sur  les  Annuaires  suivants. 

Sorbiers.  —  Syndicat  indépendant  des  ouvriers  de  la  Chazotte, 
créé  en  1903,  130  meîhbres  en  1904,  25  en  1914. 

La  Tai.audière.  —  Syndicat  créé  en  1890,  610  membres  en  1900, 
573  en  1914. 

Terrenoire.  —  Syndicat  créé  en  1903,  27  membres  en  1905,  uc 
fîgure  plus  sur  les  Annuaires  suivants. 

Saint-Chamond.  —  Syndicat  créé  en  1889.  115  moinbros  on  1900, 
42  membres  en  1914. 


—  588  — 

Grand'Groix.  —  Syndicat  créé  en  18U0,  D84  membres  en  1900, 
325  en  1914. 

RrvE-DE-GiER.  —  Syndicat  créé  en  1878,  22  membres  en ,  1900, 
2  membres  en  1903,  ne  figure  plus  sur  les  Annuaires  suivants. 

UNIONS  DE  SYNDICATS 

FÉDÉRATION  DES  MINEURS  DE  LA  LoiRE^  reconstituée  en  1897,  elle 
groupait  5  syndicats  et  3.770  membres  en  1900,  11  syndicats  et 
7.897  membres  en  1914. 

FÉT)ÉRATiON  NATIONALE  DES  MINEURS  DE  FRANCE,  créée  en  1894,  cut  son 
siège  à  Saint-Etienne,  en  1895-96,  1898-99  et  de  1901  à  1903,  époque 
où  il  a  été  transféré  à  Paris.  A  cette  époque,  elle  groupait  deux 
Uniions  de  Syndicats,  ayant  leurs  sièges  sociaux  à  Doyet  (Fédéra- 
tion du  centre)  et  à  Saint-Etienne  (Fédération  de  la  Loire),  repré- 
sentant 11.529  membres  et  14  Syndicats,  ayant  leur  siège  à  Alais, 
Bessèges,  Cognac,  Carmaux,  Chamborigaud,  Denain,  Epinac, 
Fuveau,  Gardanne,  Lens,  Montchanin,  La  Motte-dAveillans,  Sin-le- 
Noble,  Trets,  représentant  45.163  membres.  Total  :  56.692  membres. 

L'effectif  syndical  des  mineurs  de  la  Loire  en  1914  repré- 
sentait 8.822  membres,  chiffre  déclaré  à  l'Office  du  Travail 
mais  non  contrôlé,  pour  une  popiulaticn  active  de  20.000  âmes, 
dans  laquelle  sont  compris  les  femmes,  les  enfants  et  les 
ouvriers  de  la  campagne  qui,  l'été,  retournent  travailler 
chez  eux. 

C'est  aux  chapitres  de  la  Situation  générale  que  j'exposerai 
l'action  des  Syndicats  dans  les  événements  économiques,  action 
considérable  de  1900  à  1914  et  liée  intimement  à  la  marche  de 
l'industrie.  Qu'il  me  suffise  de  rappeler  les  nombreuses  con- 
ventions avec  Le  Comité  des  Houillères  qui  quelquefois  ont 
terminé  des  grèves  et  quelquefois  les  ont  prévenues,  ce  qui  est 
mieux  :  arbitrage  Gruner-Jaurès  en  1900,  arbitrage  Ballot- 
Beaupré  en  1902  ;  conventions  d©  1906,  "1908,  1910,  1913,  con- 
ventions pour  l'application  de  la  jo'Uirnée  de  8  heures  en  1908  et 
1914.  Qu'il  me  suffise  de  rappeter  également  les  noms  de 
quelques-uns  des  secrétaires  de  la  Fédération  régionale  do  la 
Loire,  grands  gréviculteuirs,  très  forts  déclamateurs,  qui  ont 
fini  par  trouver  de  plus  forts  qu'eux-mêmes  et  qui  se  sont  fait 
traiter  de  traîtres  et  de  vendus,  comme  ils  avaient  traité  leurs 
prédécesseurs.  Rondet,  le  fondateur  du  mouvement  syndica- 
liste, mouTut  isolé  et  oublié.  Plus  tard,  il  est  vrai,  on  lui  éleva 
une  statue.  Cotte,  qui  succéda  à  Rondet,  plus  farouche  encore 
que  Rondet,  connut  aussi  la  roche  tarpéienne.  Il  cumulait  le 


—  589  — 

secrétariat  do  la  Fédération  régionale  avec  celui  de  la  Fédération 
nationalo.  Il  diut  démissionner  de  la  Fédération  régionale.  Vers 
la  fin  de'  la  grève  de  1902,  il  fut  violemment  malmené  par  les 
exaltés  de  la  corporation.  J'ignore  ce  que  devint  Beauregard, 
le  successeur  de  Gotte^.  Duranton,  le  secrétaire  actuel,  a  traité 
dans  les  journaux  Basly  de  traître  et  de  vendu'  à  propos  de 
l'article  12  de  la  loi  des  retraites,  Basly,  le  roi  des  mineurs  du 
Noird  et  dui  Pas-de-Calais,  oabaretier  de  profession,  Basly,  le 
député-maire  de  Lens,  que  les  Allemands  ont  emmené  en  capti- 
vité où  il  a  dû  réfléchir  à  nos  querelles  intérieures  pendant 
que  l'ennemi  fourbissait  ses  armeis  contre  la  France  ! 

Pour  terminer  au  sujet  des  Syndicats  ouvriers,  citons  un 
extrait  d'un  article  de  VEcho  des  Mines  et  de  la  Métallurgie  du 
22  janvier  1914  : 

Qu'est-ce  donc  au  juste  que  ces  Fédérations  qui  parlent,  semble- 
t-il,  au  nom  des  mineurs  de  France  ?  Elles  représentent  bien  peu  de 
chose  à  la  vérité,  si  Von  ne  veut  tenir  cormne  adhérents  que  les  coti- 
sants effectifs.  Le  Syndicat  Basly  lui-même  —  et  c'est  le  plus  impor- 
tant —  compte-t-il  plus  de  4  ou  5-000  cotisants  ?  Nous  en  doutons. 
Quant  à  cette  Fédération  de  la  Loire  qui  lance  un  défi  au  Sénat, 
c'est  moins  que  rien,  une  ombre.  Mais  elle  possède  un  bureau,  un 
président,  un  secrétaire,  et  ces  gens-là  veulent  qne  Ton  parle  d'eux 
de  temps  à  autre.  C'est,  du  reste,  la  plaie  des  syndicats  ouvriers 
que  leur  bureau.  Il  se  trouve  là  un  secrétaire  appointé  qui  veut  de 
toute  nécessité  justifier  ses  appointements  par  quelque  chose.  En 
temps  normal  il  n'est  rien,  mais  en  temps  de  g-rève,  son  nom  est 
sur  les  affiches,  dans  les  journaux,  et  voilà  pourquoi  le  secrétaire 
syndical  pousse  toujours  à  la  grève  dans  toutes  les  corporations. 
C'est  sa  raison  d'être  pour  ainsi  dire,  et  en  plus  il  n'a  jamais  rien 
à  y  perdre  personnellement... 

Les  Syndicats  de  mineurs  et  les  Fédérations  constituent  un  bhiff... 
ils  ne  représentent  pas  10  %  des  mineurs. 

Les  Compagni^^s...  (en  signant  des  conventions  de  travail)  les  consi- 
dèrent comme  représentant  véritablement  les  ouvriers,  parce  qu'elles 
n'ont  pas  d'autres  délégués  devant  elles... 

Les  mineurs  véritables  acquiescent  de  coeur  et  ne  refusent  jamais 
aucune  des  conquêtes  faites  en  leur  nom,  même  sans  leur  consente 
mont.  Mais,  comme  finalement  c'est  le  pu])lic  qui  paye  ces  conces- 
sions incessantes,  celui-ci  finira  bien  par  se  lasser... 

Jo  trouve  dans  le  même  journal  (l*""  novembre  11)20)  une  com- 
paraison entre  les  Syndicats  des  mineurs  en  France  et  les  trade- 
unions  anglaises,  très  fortement  organisées.  Kn  France,  les 
cotisations  sont  très  difficiles  à  faire  rentrer. 


—  590  — 

On  sourit  quand  certains  syndicats  annonicent  des  milliers  d'adhé- 
rents,  ils  le  sont  de  oœur  peut-être,  mais  de  bourse,  c'est  autre 
chose.  Aussi,  chez  nous,  les  syndicats  sont-il  relativement  pauvres, 
et  en  cas  de  grève,  les  secours  sont  distribués  très  parcimonieu- 
sement. 

Les  mineurs  anglais,  au  contraire,  versent  rigoureusement 
une  cotisation  prélevée  sur  leurs  salaires  et  ne  perdent  jamais 
de  vue  la  totalisation  de  ces  prélèvements. 

Ils  considèrent  que  ce  n'est  pas  un  versement  à  fonds  perdu,  mais 
une  sorte  de  placement  qu'ils  doivent  retrouver  un  jour.  Comme 
ces  sommes  s'accumulent  et  ne  sont  jamais  affectées  qu'à  soutenir 
des  grèves,  les  mineurs  finissent  par  s'impatienter  quand  ces  grèves 
ne  se  produisent  pas.  Ils  veulent  rentrer  dans  leur  argent  et  manger 
la  cagnotte...  Les  mineurs  ne  souffrent  donc  pas  de  la  grève  d'une 
façon  générale,  et  l'égoïsme  qui  est  au  fond  du  caractère  anglais 
leur  rend  indifférent  le  sort  des  autres  catégories  de  travailleurs 
qui  sont  réduits  au  chômage. 

«  Le  métier  (de  mineur)  ne  possède  dans  le  Syndicat  qu'un 
rudiTYient  (T organisation,  dont  l'activité  épisodique  ne  peut  rien 
instituer  de  durable.  Ne  préparant  que  la  grève,  le  Syndicat 
apparaît  comme  un  corps  de  partisans  destiné  à  tenter  quelque 
coup  de  miain  heureux  (i).  »  Il  faut  opposer  ces  paroles  aux 
étatistes,  qui  voient  dans  le  Syndicat  la  forme  supérieure  de 
l'association  (2). 

Sans  doute,  les  Syndicats  ont  obtenu  de  grosses  augmentations 
de  salaires  pour  leursi  membres.  Mais,  si  le  salaire  nominal  a 
beaucoup  augmenté  du  fait  des  grèves,  le  salaire  réel  est  loin 
d'avoir  suivi  la  même  progression,  puisque  les  augmentations 
du  prix  de  la  main-d'œuvre  ont  fait  renchérir  —  ce  n'est  pas 
la  seule  cause  —  le  prix  de  la  vie  (•^). 


(1)  Jacques  Valdour  :  Les  mineurs,  observations  vécues  (Rousseau, 
éditeur,  1919).  —  L'auteur  a  vécu  de  la  vie  des  mineurs,  en  1910  ei  1912, 
Aussi  son  livre  est  d'une  lecture  attrayante  et  impressionnani»:;  Il  doit 
être  recommandé  à  ceux  qui  supposent  que  la  mentalité  du  mineur 
peiTnet  à  ceilui-ci  de  raisonner  comme  une  personne  ayant  reçu  une 
édiucation  soignée,  vivant  dans  l'aisance  ou  la  fortune,  pouvant  s'offrir 
des  distractions  variées,  Intellectuelles  ou  autres. 

(2)  M.  Paul  Pic,  notamment,  professeur  à  la  Faculté  de  droit  de  Lyon, 
auteur  d'un  Traité  de  Législation  industrielle,  très  étatiste  mais  très 
apprécié. 

(3)  Le  mouvement  syndicaliste  depuis  1914  est  exposé  dans  le  dernier 
chapitre. 


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CHAPITRE  X 


Le  Transport  des  Charbons 
depuis    la    Révolution   jusqu  en    1914 


usqu'a  rétablissement  du  chemin  de  fer,  le 
transport  des  charbons  s'opéra  par  les  mêmes 
voies  qu'à  la  fin  de  l'ancien  régime  :  chemins 
terribles  de  cette  époque,  canal  de  Rive-de-Gier 
à  Givors,  Loire  depuis  le  port  de  Saint-Rambert 
et  ensuite  depuis  le  port  de  la  Npirie.  Mais  le  régime  de  ces 
transports  subit  des  changements  considérables.  Nous  les  indi- 
querons successivement  pour  la  Révolution,  le  Consulat  et 
TKmpire,  la  Restauration,  en  distinguant  le  territoire  de  Rive- 
de-Gier  de  celui  de  SaintrEtienne. 


§  I. 


PENDANT    LA    RÉVOLUTION 


L'entretien  ixjur  ainsi  dire  nul  des  routes  pendant  cette 
période  d(îvait  amener  des  plaintes  qui  retentirent  jusque  sous 
la  Ilt>st<iu ration  et  au  delà.  Très  vives  déjà  sous  l'Kmpire,  qui 
entreprit  dos  trava-ux  considérables,  ces  plaintes  étaient  muettes 

sous  la  Révolution.  Personne  n'osait  élevi  i   Ii  v«ii,\. 


—  592  — 

Le  territoire  do  Rive-de-Gier  approvisionnait  Lyon.  Pendant 
l'hiver  1794-1795,  on  réquisitionna,  à  Rivo-de-Gier  et  dans  les 
environs,  de  quatre-vingts  à  cent  voitures  pour  transporter  du 
charbon  à  Lyon.  Mais  les  autorités  résistèrent  malgré  les 
menaces  d'arrestation,  impuissantes  contre  les  éléments.  Les 
chevaux  étaient  chers,  l'avoine  ei  les  fourrages  manquaient.  On 
demandait  des  chevaux  de  réforme.  De  Paris,  l'Agence  des 
Mines  répondait  qu'elle  avait  demandé  au  Gouvernement  des 
chevaux,  contre  paiement,  et  l'ouverture  de  chemins. 

En  1797,  lors  de  la  suppression  du  monopole  des  messageries 
donné  à  ferme,  on  avait  établi  la  taxe  des  barrières  pour  l'en- 
tretien des  routes,  qui  subsista  jusqu'en  1806  et  qui  fut 
remplacée  par  l'impôt  du  sel  rétabli.  On  a  dit  souvent  les  in- 
convénients de  cette  taxe.  Les  extracteurs  de  Rive-de-Gier 
bénéficièrent,  en  1799,  d'une  modération,  ayant  fait  réparer  à 
leurs  frais  tout  le  pavé  de  la  commune,  seul  espace  de  la  route 
qu'empruntaient  leurs  voitures  pour  aller  de  la  mine  au  canal. 
Le  Directoire  prit  un  arrêté  dans  ce  sens,  en  décidiaint  que  cet 
arrêté  ne  serait  point  imprimé  (l). 

Le  canal  ne  pouvait  servir  pendant  l'hiver  terrible  de  1794- 
1795.  D'où  la  nécessité  de  voiturer  la  houille  par  terre.  D'ailleurs, 
le  canal  avait  subi  des  vicissitudes.  Erigé  en  fief  par  lettres 
patentes  de  1789  au  profit  de  la  Compagnie  (2),  il  attira  sur 
celle-ci  toute  l'impopularité  qui  atteignait  les  institutions 
féodales.  Les  nouvelles  autorités  lui  furent  violemment  hostiles, 
et,  par  suite  d'opposition  d'intérêts.  Le  nombre  de  ses  ennemis 
s'accrut  encore.  La  Compagnie  du  Canal  eut  touit  le  monde 
contre  elle.  Sans  doute,  elle  avait  contribué  à  ce  dénouement  en 
exagérant  son  monopole  et  en  s'enorguei Hissant  de  sa  sei- 
gneurie, qui  lui  donnait  le  droit  de  commandement  et  de  justice 
sur  la  voie  navigable,  c'est-à-dire  les  pouvoirs  de  l'Adminis- 
tration réunis  à  ceux  d'un  tribunal  et  à  ceux  d'un  concession- 


Ci}  brossard,  p.  216,  219. 

(2)  Le  texte  de  ces   lettres  figure  dans  l'ouvrage    de    M.   Chomienne, 
MiQiûire  de  Rive-de-Gier. 


—  593  — 

naire.  C'était  vraiment  trop  au  moment  où  éclatait  la  grande 
Révolution. 

Avec  le  fief,  la  juridiction  s'évanouit.  On  ameuta  les 
habitants.  Parmi  les  excitateurs  se  trouvaient  de  purs  réac- 
tionnaires comm^  Fleurdelix,  futur  défenseur  de  Lyon,  ennemi 
juré  par  intérêt  de  la  Compagnie,  qu'il  avait  voulu  faire  com- 
poser pour  la  cession  de  ses  terrains.  Le  barrage  fut  disloqué 
en  mai  1790  par  un  débordement  du  Féloin  et  du  Gier  qu'il 
eût  été  facile  d'empêcher.  On  s'opposa  à  son  rétablissement, 
que  le  Directoire  du  département  de  Rhône-etr Loire  finit  par 
autoriser  en  1791.  Une  loi  intervint  pour  la  ratification,  ordonna 
l'acquisition  par  la  Compagnie  des  terrains  ravagés  et  des 
terrains  nécessaires  pour  le  réservoir  et  pour  la  création  des 
francs-bords.  Elle  confirma  le  règlement  de  1782  sur  les  porte- 
faix. Les  canaux  furent  assujettis  à  l'impôt  foncier. 

Vint  la  Terreur.  La  Compagnie  ne  put  empêcher  les  re- 
cherches de  houille  sous  le  canal  et  le  port  de  Rive-dei-Gier.  Tout 
droit  de  péage  fut  supprimé  après  la  reddition  de  Lyon.  Les 
actionnaires  furent  séquestrés.  Quatre  syndics  sur  six  de  la 
Compagnie  subirent  le  deirnier  supplice.  Les  Représentants  du 
Peuple  chargèrent  la  Ville  d'administrer  le  canal  au  pr-ofit  de 
la  Nation.  L'indemnité!  pour  la  privation  de®  droits  de  navi- 
gation fut  réglée  après  thermidor,  mais  ne  fut  pas  payée  (i). 

Le  canal  rendit  cependant  d'immenses  services.  Dès  la 
réaction  thermidorienne  on  vit  renaître  les  demandes  des  auto- 
rités pour  obtenir  son  prolongement  jusqu'à  la  Loire,  non 
seulement  jusqu'à  Houthéon,  mais  jusqu'à  Roanne.  Gontard, 
Riivel,  Jovin  aîné,  Praire^,  correspondants  à  SaintrEtienne  du 
Bureau  du  Commerce  établi  près  le  Comité  du  Salut  public, 
exposaient  la  question  dans  letur  mémoire  sur  le  commerce 
passé,  présent  et  futur  de  Saint-Etienne  (15  messidor  an  111). 
I^s  représentants  en  mission,  Ronet,  Misson,  Patrin,  appuyaient 
ces  vues  par  des  arguments  et  des  chiffres  qui  décidèrent 
l'Agence  des  Mines,  à  Paris,  à  charger  un  inspecteur  des  mines 
do  l'examen  de  la  question.  I/avis  de  cet  hornuK^  de  scienrv, 


(1)  Cailhava,  Histoire  du  Canal  de  (iivora  {op.  cit.).  Bnos.SARD,  p.  211 
Gaixky,  Saivt-Klhmne  cl  non  dUlrlcl,  II,  p.  SWi.  AnEiui:,  HUi.  de  Uiiuirs, 
p.  229  ;  Bulletin  de  la  Diana,  1<J20  (p.  397). 


—  594  — 

nommé  Duhamel,  fut  très  favorable.  L'Agence  adopta  son 
opinion.  On  était  en  1796.  Les  choses  en  restèrent  là  (i). 

Le  territoire  de  Saint- Etienne  alimentait  Paris,  et  Paris  était 
privé  deisi  charbons  anglais.  L'inspecteur  des  mines,  Monnet, 
commissaire  du  Comité  du  Salut  public,  avait  l'ordre  de  faire 
expédier  chaque  mois  1.500  voies  à  Paris,  750  pour  les  armées. 
La  voie  de  Paris  étant  de  1.275  kg.,  c'étaient  respectivement 
1.912  tonnes  et  956  tonnes  environ  (car  on  employait  les  mesures 
de  capacité)  que  Saint-Etienne  devait  envoyer  mensuellement 
dans  la  capitale  et  aux  armées.  Total  2.868  tonnes  par  mois, 
35.000  par  an  si  on  avait  dû  en  expédier  autant  en  hiver  qu'en 
été.  On  était  en  janvier  1794,  pendant  le  terrible  hiver.  On  com- 
mença par  réquisitionner  1.000  voies.  Mais  les  bateaux  n'étaient 
pas  assez  nombreux  et  la  houille...  se  peirdait  en  route,  car  les 
mariniers  la  vendaient  en  cours  de  trajet.  Le  Comité  du  Salut 
public  rendit  les  municipalités  riveraines  responsables  des 
retards,  et  les  marchands,  mariniers  et  acheteurs,  passibles  de 
peines  sévères  pour  les  détournements.  Il  encouragea  par  des 
primes  ceux  qui  transporteraient  des  charges  en  excédent. 

D'autre  part,  le  Comité  révolutionnaire  de  Rambert-Loire 
(Saint-Rambert)  exerça  une  surveillance  sur  l'enlèvement  des 
bateaux  et  siuir  leur  construction.  Le  Directoire  de  district  ou 
arrondissement,  qui  siégeait  à  Boën  (Montbrison  étant  décapi- 
talisé), avait  appliqué  la  loi  du  maximum  à  cette  construction, 
créé  une  Commission  chargée  de  réquisitionner  les  bois  et  les 
ouvriers,  et  fixé  le  prix  de  chaque  bateau  à  574  livres  16  sols. 

On  construisit  de  la  sorte  deux  bateaux  par  jour  à  Saint- 
Rambert.  C'était  insuffisant.  Les  constructeurs  n'étaient  ni  très 
zélés,  ni  très  scrupuleux,  ne  se  trouvant  sans  doute  pas  assez 
payés.  Les  bateaux  manquaient  de  solidité  et  des  dimensions 
nécessaires.  En  plein  thermidor,  un  arrêté  du  représentant 
Reverchon  décida  que  la  terrible  loi  des  suspects  serait  ap- 
pliquée aux  propriétaires  des  bois  refusant  de  vendre  au  tarif 
du    maximum,    et  aux  maîtres  et  ouvriers   constructeurs    de 


(1)  Le  rapport  des  correspondants  du  Bureau  du  Commerce  (fabri- 
cants de  rubans,  de  quincaillerie  ou  d'armes)  est  déposé  aux  Archives 
■najtionajtels  (F»'  10S36).  M.  BrosS'ard  en  a  donné  un  extrait  dans  sa 
Notice  historique  sur  le  CanoJl  de  jonction  de  Icu  Loire  au  Rhône  (An- 
nuaire de  la  Loire,  1885). 


—  595  — 

bateaux  qui,  les  jours  de  travail,  s'absenteraient  ou  seraient 
trouvés  dans  les  cabarets.  Les  marchands  de  charbon  de  Saint- 
Just  devaient  conduire  les  bateaux.  Les  propriétaires,  culti- 
vateurs, fermiers  ou  grangers  de  Roche-la-Molière,  Saint- 
Genest-Lerpt  et  Saint- Victor  étaient  réquisitionnés  pour  con- 
duire les  charbons  à  Saint-Just.  Pour  se  rattraper,  les  mariniers 
se  dispensèrent  de  payer  le  péage  à  la  Compagnie  La  Gardette 
ou  à  ses  représentants,  de  1793  à  1802. 

Après  la  Terreuir,  on  préconisa  des  mesures  moins  révolu- 
tionnaires —  qui  avaient  produit  néanmoins  un  effet  (  il  faut, 
en  des  temps  exceptionnels,  des  mesures  exceptionnelles)  —  et 
qui  eussent  certainement  amélioré  très  notablement  la  situation 
si  on  les  avait  réalisées.  Il  s'agissait  de  la  réfection  des  chemins 
et  de  l'ouverture  d'une  voie  navigable  de  Saint-Etienne  à  la 
Loire.  L'économie  des  transports  eût  été  formidable.  L'écou- 
lement des  charbons  se  serait  fait  natuirellement.  Une  voie  de 
charbon  de  SaintrRambert  (1.800  kg:.)  coûtait  8  livres  à  la  mine, 
à  Roche-la-Molière,  et  15  livres  de  transport  juisqu'à  Saint- 
Rambert.  «  Les  chemins  sont  dans  le  plus  mauvais  état,  disait 
le  représentant  Patrin  —  le  seul  des  représentants  peut-être  qui 
ait  vu  clair  —  et  les  voitures  si  prodigieusement  rares  et  chères 
que  le  transport  par  terre  est  à  peu  près  impraticable.  »  Patrin 
préconisait  l'achèvement  du'  canal  de  Givors,  de  Rive-de-Gier 
à  la  Loire  par  Saint-Etienne,  à  traveirs  «  la  contrée  la  plus  riche 
en  mines  de  houille  ». 

Neuf  cents  bateaux,  portant  près  de  14.000  tonnes,  avait  des- 
cendu la  Loire  à  partir  de  Saint-Rambert  en  1792.  De  1793  à 
1801,  il  on  descendit  10.800  portant  165.000  tonnes,  soit  une 
nioycniif  de  \:^in\  hateaux  et  de  18.000  tonnes  par  an  (1). 


M)   M.  nitf)S-\Tm,  fini)  ,  Vir'isfuiir  ,lr  la  l{rr(>h!;inn  iltuis  /r  Dr inirlcnirut 

'/'■    '"    /."//''      II.   '■',:>'  W--     u    iinlhiiir    ;iiissi    la.    itMiiiisilKiii    (it".  iiiariiiuMs   ,'t 

(les    l);it<'riiix    .i    HoaiuM      l.a    nir  me    ctaii    i^aaiiTa  le    |iniir    |,|  l.on,.    v\   ses 

affluents.    l-os    mailn       'ir   l,at(Mii\    (■•taiciit    ma  i  iitrnii-;    à     !a  -. 'îkI  ii ,  te    di» 

J eu rs  bateaux    priidaii!    W.nt     le    temps    de    Lan     arli\:l,.    Mr  h;,tis 

VInVcfUairr  ilrs    Vo/rs   ,lr    M      ninss,,nl      |>     Jâ  ;    ,    ..n    I \r    lii  .        ,         M    drs 

prix   (In    "   iiiaxiiiiiim        ,,    l'.ni-,   | ■    I.    .  lui  |..ai 


—  596  — 
5^  2.   —    SOUS    LE    CONSULAT     ET     L'EMPIRE 


Je  parlerai  d'abord  des  transports  par  voie  de  terre  et  ensiuite 
des  transports  par  eau. 

Les  rouîtes  étaient  dans  l'état  épouvantable  où  les  avait  laissées 
le  manque  d'entretien  sous  la  Révolution,  état  particulièrement 
grave  sur  les  routes  fatiguées  par  les  charrois  de  charbon.  En 
1803,  sur  la  route  de  Lyon,  à  cause  des  ornières,  il  fallait 
doubler  les  attelages.  Le  transport  de  100  kg.  de  marchandises 
sur  40  kilomètres,  payé  jadis  2  francs,  coûtait  5  francs.  En 
1805,  on  évaluait  à  600.000  francs  la  perte  qui  en  résultait  pour 
le  commerce. 

Vers  la  fin  de  la  Révolution,  lors  de  la  suppression  du 
monopole  des  messageries  qui  était  donné  à  ferme,  on  avait 
établi  une  taxe  des  barrières  pour  l'entretien  des  routes.  Pour 
une  voiture  de  charbon  de  500  kg.,  d'une  valeur  de  3  francs, 
on  payait  0  fr.  20  de  droit  de  passe.  Cette  taxe  était  affermée 
pour  80.000  francs  dans  le  départemeint,  dont  40.000  francs 
entre  Saint-Etienne  et  la  Madeleine  (extrémité^  de  Kive-de-Gior) 
et  27.000  francs  seulement  entre^  Roanne  et  la  Pacaudière,  c'est- 
à-dire  suir  la  grande  route  de  Paris  à  Rome  par  le  Bourbonnais, 
Roanne,  Tarare  et  Lyon.  Ginquantei  mille  francs  sur  le  produit 
de  cette  taxe^  furent  affectés  à  l'entretien  de  la  route  de  Saint- 
Etienne  à  Lyon  en  1803.  Le  Conseil  général  de  la  Loire  déclarait 
ce  crédit  insuffisant. 

Le  GO'Uvernement  écoiuita  les  doléances.  Aussi  le  Conseil 
général  put  déclarer,  en  1808-1811,  que  la  route  de  Lyon  était 
assez  bien  entretenue  dans  le  département  de  la  Loire.  Par 
contre,  elle  exigeait  beaucoup  de  réparations  dans  le  dépar- 
tement du  Rhône.  Le  Conseil  demandait  la  reconstruction  du 
pont  de  Rive-de-Gier  ou  pont  de  la  Ville,  sur  lequel  passait  la 
route  nationale,  qui  empruntait  la  rue  Richarme  (alors  Grande- 
Rue),  pour  éviter  le  passage  à  g\i(é  à  Egarande,  impossible  par 
les  temps  de  pluie  (1808).  Ce  pont,  après  bien  des  discussions 
au  sujet  de  son  déplacement,  fut  reconstruit  sous  la  Restau- 
ration. 

De  Saint-Etienne  à  Saint- Just-sur-Loire,  où  on  embarquait 
les  charbons,  la  route  ne  se  trouvait  pas  dans  des  conditions 


—  597  — 

moins  défectueuses.  Aux  demandes  de  réparations,  le  Conseil 
général,  en  1806,  ajouta  la  suggestion  de  distribuer  des  primes 
aux  voituriers  de  charbons  allant  à  Saint-Rambert,  pour  les  . 
encourager  à  remonter  des  chargements  de  cailloux.  L'idée  fut 
adoptée  en  1810. 

La  lioire  n'étant  navigable  que  pendant  quatre  à  six  mois 
de  Saint-Rambert  à  Roanne  et  les  bateaux  ne  pouvant  porter 
que  10  voies  (18.000  kg.),  le  Conseil  général  réitérait  la  demande 
si  souvent  présentée  pour  la  construction  d'une  rouie  de  Roanne 
au  Rhône  par  Saint-Etienne,  vieux  projet  qui  datait  de  l'ancien 
régime.  La  Révolution  en  avait  amorcé  l'exéoution,  en  ouvrant 
la  première   section   de   la  grande  artère  qui  traverse  Saint- 
Etienne,  entre  la  place  de  la  Liberté  (place  du  Peuple)  et  la 
place  Chalier,   appelée  depuis  «   Les  Travaux   »  et,   en  1801, 
place  Marengo.  La  construction  de  cette  route  fut  autorisée  par 
une  loi  de  1806  et  les  ingénieurs  dressèrent  immédiatement  les 
projets.  L'approvisionnement  de  Paris  en  charbons  de  Saint- 
Etienne,  disait  le  rapporteur,  ne  dépendra  plus  des  caprices 
de  la  navigation.  Jusqu'à  son  achèvement,  en  1832,  cette  route 
motiva  des  délibérations  du  Conseil  général.  Son  achèvement 
détermina  des  concours  financiers  importa,nts.  Reliant  Roanne 
à  Feurs,  à  Saint-Etienne,  à  Annonay  et  à  Tournon,  route  mé- 
diane du  département,  ouvrant  à  Saint-Etienne  le  Nord  et  le 
Midi,  remplaçant  d'affreux  chemins  raccordés  qui  remontaient 
au  moyen    âge,    voire   même  à   l'époque  gallo-romaine,    cette 
route,  qui  porte  aujourd'hui  le  n*'  82,  sera  réclamée  comme  une 
nécessité  par  tous  les  Corps  élus  (i). 

En  1811,  parut  un  décret  important  en  matière  dei  voirie  — 
le  plus  important  depuis  Turgot  —  qui  classa  les  routes  en 
nationales  et  départementales  [nationales,  et  non  impériales 
comme  sous  le  second  Empire)  et  publia  la  nomenclature  des 


(1)  (:<es  affreux  chemins  se  voient  encore,  en  partie,  sur  le  terrain. 
Ils  »ont  Indiqués  sur  les  cartes  comme  chemins  ruraux  en  amont  diu 
Treyve  (commune  do  Bouth<^on)  jusqu'à  Pinay.  De  la  Fouijiouse  à 
Saint-Etienne,  leur  tracé  a,  croyons-nous,  disparu.  Go  tra»ré  est  In- 
termédiaire entre  la  Ivoire  et  la  route  nationale  actuelle,  snuf  dans 
la  commune  de  Cuzieu  où  il  pQjsse  au  levant  d.e  1a  rout«  et  se  trouve 
d'ailleurs  interrompu.  On  l'appelle  chemin  de  Lètra  A  Salnt-l^iirent 
la-Conche,  Marclopt,  Montron<l.  ancien  chemin  de  lloannc  à  Salut- 
Eticnne,  à  Cuzieu  et  à  Veauche,  etc. 

S9 


—  598  — 

routes  de  la  première  catégorie.  La  roiite  projetée  de  Roanne  au 
Rhône,  la  route  de  Lyon  à  Toulouse  par  Saint-Etienne  et  le  Puy, 
.ancienne  route  royale  empruntant  l'affreux  tracé  du  Devey  entre 
SaintrEtiemne  et  Firminy,  étaient  classées  comme  routes  natio- 
nales et  mises  à  la  charge  de  F  Etat,  au  moins  comme  entretien. 
Les  Conseils  généraux  devaient  établir  le  classement  des  routes 
départementales.  Il  s'ensuivit  le  classement  de  certains  chemins 
vicinauK  en  routes  départementales  et  vice-veirsa.  En  prévision 
de  l'ouverture  de  la  route  de  Roanne  au  Rhône,  le  Conseil 
général  de  la  Loire  classa  parmi  les  routes  départementales 
une  route  de  Saint-Etienne  à  Montbrison  par  la  Fouillouse  et 
Andrézieux.  La  route  de  Saint-Etienne  à  Montbrison  par  Sainte 
Just  devint  chemin  vicinal,  mais  elle  devait  servir  encore  pour 
l'embarquement  des  charbons  de  Samt-Etienne  jusqu'à  l'achè- 
vement de  la  route  de  Roanne  au  Rhône,  qui,  entre  la  Fouillouse 
et  Andrézieux,  était  encore  en  construction  en  1818.  A  ce  titre, 
elle  devait  être  entretenue  comme  route  départementale.  En 
outre,  elle  devait  servir  encore  pour  embarquer  les  charbons 
de  Roche-la- Molière. 

Un  décret  du  29  juillet  1811  établit  une  imposition  addition- 
nelle de  21.400  francs  sur  le  départeme/nt,  avec  participation  du 
Trésor  pour  la  création  des  routes  départementales  de  la  Loire, 
au  nombre  de  quatre  ou  cinq,  création  qui  était,  en  général, 
une  rectification.  On  demanda  encore,  en  1815,  la  réparation 
de  la  route  de  Saint- Just,  dégradée  par  les  charrois  de  charbons. 

Vers  la  fin  de  l'Empire  également,  on  construira  un  chemin 
vicinal  de  Saint-Etienne  à  Firminy  par  le  vallon  de  la  Ricamarie 
et  du  Chambon,  chemin  qui  sera  préféré  à  l'affreusei  route  du 
Devey  et  de  la  Maison-Blanche  (chez  Goyard)  et  qui,  rectifié 
et  élargi,  deviendra  vers  1830  la  route  nationale  actuelle  de 
Saint-Etienne  à  Firminy,  section  de  la  route  de  Lyon  à 
Toulouse  (1). 

La  voie  de  charbon  (1.800  kg.)  coûtait  8  livres  à  la  mine  de 


(1)  Cet  ancien  chemin  vicinal  reliait  Valbenoît©  (Grange-de^l'Œuvre) 
à  la  Béraudière  {Le  Forez  il  y  a  cent  ans,  1813,  p.  40  et  37),  traversait 
La  Ricamarie.  se  détachait  de  la  route  actuelle  à  Montrambert,  passait 
au  hameau  de  Pontcharra,  reprenait  le  tracé  actuel  de  la  route,  passait 
à  Trablalne,  empruntait  la  Grande-Rue  du  Chambon  et  aboutissait  au 
Mas,  puis  aux  Trois-Ponts,  à  Firminy,  où  il  rejoignait  la  route  du 
Devey. 


-  Ô9Ô  — 

Roche-la-Molière  et  i5  livres  de-  transport  de  la  mine  à  Saint- 
Rambert,  en  1801  (i). 

Quand  le  calme  succéda  à  l'agitation  révolutionnaire,  la 
Compagnie  du  Canal  de  Givors  se  réorganisa.  Elle  poursuivit 
les  exploitants  qui  tiraient  du  charbon  sous  le  canal.  Un  des 
délinquants  sapa  les  piliers  des  voûtes,  qui  s'écroulèrent.  Un 
tassement,  des  fuites  se  produisirent  dans  le  lit  du  Gier.  La 
mine  fut  inondée.  Les  Tribunaux  ne  sévirent  pas.  Ils  étaient 
hostiles  à  toutes  les  Compagnies,  à  toutes  les  concessions. 
Empêcher  un  propriétaire  foncier  d'exploiter  librement  ses 
tréfonds  leur  paraissait  contraire  au  droit  de  propriété. 

La  Compagnie  créa  une  gare  d'eau'  à  Givors.  Le  projet  en  fut 
établi  en  1811.  Le  réservoir  de  Couzon  pour  l'alimentation  du 
canal,  commencé  en  1789,  repris  en  1799,  ne  fut  achevé  qu'en 
1812.  La  gare  coûta  224.000  fr.,  le  réservoir  plus  de  i.200.000  fr. 
Ce  réservoir  sert  aujourd'hui  à  l'alimentation  de  la  ville. 

La  Compagnie  eut  à  lutter  contre  l'animosité  des  ingénieurs 
des  Ponts  et  Chaussées,  contre  les  municipalités  de  Givors  et 
de  Rive-de-Gier  à  propos  de  la  police  des  portefaix,  détenteurs 
d'un  véritable  monopole.  En  1808,  Joannès  Fleurdelix,  fils  de 
l'ancien  greffier  de  la  Sénéchaussée  de  Lyon,  était  nommé  maire 
de  Rive-de-Gier.  Il  avait  hérité  de  l'inimitié  paternelle  pour 
la  Compagnie,  motivée  par  des  questions  d'intérêt  privé.  Sauf 
pendant  les  Cent-Jour"s,  il  régna  à  la  mairie  jusqu'en  1823,  date 
de  sa  mort,  où  il  fut  remplacé  jusqu'en  1830  par  son  frère  Jean- 
Mario.  Les  deux  frères  manifestèrent  une  haine  profonde  contre 
les  conoossionnaires  du  canal. 

Mais,  d'autre  part,  la  Compagnie  connut  des  jours  pros- 
pères (2).  La  navigation  avait  repris  avec  intensité,  les  recettes 
allaient  en  augmentant.  Trois  mille  bateaux  descendaient  par 
an.  Ils  portaient  chacun  de  700  à  900  hectolitres,  soit  70  tonnes 
environ.  Le  trafic  dépassa  140.(X)0  tonnes  en  1807  et  en  1812.  Le 
droit  de  navigation  était  de  0  fr.  27  par  hectolitre,  mesure  de 
vente,  le  droit  de  remontage  jusqu'à  Lyon  de  0  fr.  20  ;  il  s'était 
élevé  jusqu'à  0  fr.  40  et  même  0  fr.  50.  Le  prix  de  la  hoiville 


(1)  Brossahd  p.  187. 

(2)  Dè^  1799,   les  actions  de  15.000  fr.  en   vajaient  35.000.   En   1810.  le 
Conspil  K'^n^^ml  d-e  la  Loire  les  disait  décuplées   (V.  Dull.  Diana.  1920. 

V.  :i97). 


—  600  — 

rendue  chez  le  consommateur  lyonnais  était  à  pieu  près  le  double 
du  prix  à  la  mine  (i  fr.  95  contre  1  fr.  le  quintal  de  grêle). 
Zacharie  n'avait  pas  prévu  l'accroissement  de  la  consom- 
mation (1). 

Les  demandes  pour  continuer  le  canal  jusqu'à  la  Loire  seront 
renouvelées  fréquemment  sous  l'Empire  :  en  1800,  1809,  1812, 
par  le  Conseil  général  de  liai  Loire  ;  en  1802,  par  le  Conseil  de 
Commerce  de  Saint-Etienne,  etc. 

En  1807,  on  fit  des  expériences  pour  le  remontage  de  Givors 
à  Lyon  d'après  un  système  de  Thilorier,  qui  estimait  pouvoir 
réduire  le  prix  de  ce  transport  à  1  sol,  au  lieu  dei  4  ou  10  sols  par 
hectolitre,  et  ramener  la  durée  du  trajet  à  10  heures  au  lieu 
de  deux  jours.  L'expériencei  fut  annoncée  par  le  Journal  du 
Département  de  la  Loire  (14  octobre).  Thilorier  se  proposait  de 
former  une  Compagnie  au  capital  de  200.000  francs.  J'ignore 
la  suite  de  ce  projet.  11  est  à  remarquer  que,  sur  le  Rhône, 
les  charbons  représentaient  le  tiers  de  la  navigation  à  la 
remonte  P). 

Siur  la  Loire,  un  arrêté  deis  Consuls  du  29  frimaire  an  X 
autorisa  les  représentants  de  la  Compagnie  Lagardette  à  per- 
cevoir des  péages  entre  Roanne  et  Saint-Rambert,  confor- 
mément au  tarif  de  leur  concession  en  1702.  Mais,  sur  un 
rapport  du  Préfet  que,  pour  2.200  bateaux  il  serait  perçu 
319.000  francs  d'après  le  tarif  de  1702  et  96.000  francs  seu- 
lement d'après  le  tarif  de  1746,  tandis  que  les  frais  de  balisage 
n'étaient  que  de  6.000  francs,  un  nouvel  arrêté   (9  fructidor 


(1)  Mém.  de  Cailhava,  op.  cit.  Brossard,  p.  227.  Journal  du  Départe- 
ment de  la  Loire,  14  octobre  1807.  Le  dro-t  de  0  fr.  27  par  hectolitre 
(80  kg.)  est  cité  par  M.  Brossard.  Il  correspond  à  3  fr  33  par  tonne. 
Le  même  auteur  dit  :  1  fr.  de  houille  à  Rive-de-Gier  se  payait  à  Lyon 
1  fr.  95  rendu  chez  le  consommateur.  Le  charbon  grêle  valait  1  fr. 
le  quintal,  10  fr.  la  tonne  à  la  mine,  19  fr.  50  à  Lyon,  dont  3  fr.  33 
de  droits  sur  le  canal  et  2  fr.  50  sur  le  Rhône.  (M.  Abeille  dit  que  de 
1793  à  1807  la  navigation  fut  exempte  de  tous  droits.) 

(2)  Thilorier  (1750-1818),  avocat  au  Parlement  de  Paris,  défenseur  de 
Cagliostro  dans  l'affaire  du  Collier,  devint,  sous  le  Consulat,  avocat 
au  Conseil  d'Etat  et  à  la  Cour  de  Cassation.  Auteur  d'ouvrages  philo- 
sophiques, inventeur  d'un  radeau-pûongeur  pour  remonter  les  fleuves 
et  d'une  voiture  passe-partout  ou  à  croix  (Larousse). 


—  601  — 

an  X)  décida  que  le  tarif  de  1746  serait  appliqué  provisoirement 
et  qu'il  serait  statué  ultérieurement  sur  um  tarif  définitif. 

La  question  fut  tranchée  dans  un  autre  sens.  Le  l*^"  floréal 
an  XIII,  le  droit  de  péage  Lagardette  fut  supprimé  et  remplacé 
par  un  droit  de  navigation  au  profit  de  l'Etat,  sauf  aux  repré- 
sentants Lagardette  à  faire  liquider  leurs  prétentions. 

Le  nombre  des  bateaux  qui  descendit  la  Loire  fut  en  moyenne 
de  1.600  par  an  sous  l'Empire,  contre  1.200  sous  la  Révolution. 
Il  atteignit,  en  1810,  point  culminant  de  la  période,  2.200 
bateaux,  portant  34.000  tonnes  (15  tonnes  par  bateau)  et  rap- 
portant 33.000  francs  à  l'Etat  (l).  Le  droit  perçu  ressortait  donc 
à  0  fr.  97  par  tonne  pour  la  totalité  du  parcours  jusqu'à 
Roanne. 

Sur  le  canal  de  Givors  on  payait  plus  de  trois  fois  plus,  mais 
toute  cette  voie  navigable  était  l'œuvre  de  l'art  e-t  non  de  la 
nature.  Au  tarif  Lagardette  de  1746,  2.200  bateaux  (34.000  tonnes) 
auraient  payé  96.000  francs.  Le  droit  eût  été  à  peu  près  le 
même  que  sur  le  canal  de  Givors  (3  fr.  environ),  mais  pour  une 
distance  sept  fois  plus  grande.  Le  droit  eût  donc  étéi  sept  fois 
moins  élevé  (2). 

En  1812,  le  Conseil  général  de  la  Loire  demanda  que  l'Etat, 
qui  s'était  substitué  à  la  Compagnie  Lagardette  et  percevait  uin 
droit  de  péage,  débarrassât  la  Loire  des  roches  qui  encombraient 
la  navigation. 

Il  demanda  aussi  d'ouvrir  la  Loire  à  la  navigation  en  amont 
de  Saint-Rambert.  Une  Compagnie,  disait-il,  avait  offert,  en 
1809,  de  commencer  ces  travaux  moyennant  un  péage.  Elle  les 
avait  commencés,  puis  abandonnés. 

Cette  Compagnie  ne  pouvait  être  (contrairement  à  ce  qu'a- 
vance Alphonse  Peyret)  celle  des  propriétaires  de  la  concession 
houillère  de  Firminy  et  de  Roche-la-Molière,  car  le  concession- 
naire d'Osmond  ne  fut  remis  en  possession  qu'en  1810,  où  ses 
agents  furent  d'ailleurs  chasséô  par  les  exploitants.  D'Osmond 
dut  attendre  la  Restauration  pour  rentrer  dans  ses  droits. 

Les  premiers  essais  de  navigation  descendante  de  la  Noirie 
à  Saint-Rambert  datent  de  1817.   En  1821,  la  Compagnie  des 


(1)  Bhossahi),  p.   189  ,  A.   Peyhet,  p.   108. 

(2)  Il  y  a  12  km,  de  Rive-de-Gler  à  Givors  et  85  de  Saint-Rambert  a 
Roanne  par  la  Loire. 


—  602  - 

Mines,  dirigée  par  J.-.J.  Baude,  ot  à  qui  d'Osmond  avait  rétro- 
cédé sa  concession,  offrit  de  donner  à  la  Loire,  aux  époques  de 
crues,  un  tirant  d'eau  de  35  ce-ntimètres  de  Retou.rnac  à  la 
Noirie  et  de  54  centimètres  entre  la  Noirie  et  Saint-Rambert. 
On  ne  naviguait  qu'aux  époques  de  crues,  c'est-à-dire  cinq  ou 
six  fois  par  an  et  huit  à  dix  jours  chaque  fois.  En  1822,  quatre 
cents  bateaux,  chargés  de  50  à  70.000  hectolitres  de  houille, 
partirent  de  la  Noirie  (i). 

J'anticipe  sur  l'un  des  paragraphes  suivants.  Mais  je  n'ai  pas 
voulu  séparer  le  commencement  et  la  fin  de  l'histoire  de  la  Noirie 
qui  furent  très  rapprochés,  car,  en  1833,  il  descendit  moins  de  70 
bateaux,  dont  30  étaient  chargés.  Les  premiers  chemins  de  fer, 
auxquels  les  mines  de  Roche-la-Molière  et  Firminy  furent 
reliés,  par  route  d'abord,  ensuite  par  embranchement,  bien 
avant  la  construction  du  chemin  de  fer  de  Saint-Etienne  à 
Firminy,  première  section  de  la  ligne  du  Puy  (une  route  fut 
construite  de  Roche  à  Saint- Just  en  1828),  éteignirent  totalement 
l'activité  du  petit  port.  Celui-ci,  complètement  abandonné,  ne 
présente  plus  aujourd'hui  que  des  ruines  qui,  à  première  vue, 
paraissent  séculaires,  bien  qu'il  y  a  moins  de  quatre-vingts 
ans  les  embarquements  s'y  effectuassent  encore.  Délaissée 
pouir  la  plage  voisine  du,  Pertui:set,  la  Noirie  n'est  même  plus 
un  but  de  promenade.  C'est  une  crique  isolée  et  détournée  du 
chemin  que  suivent  les  foules.  Et  cependant,  c'est  de  la  mise 
en  activité  de  ce  port  que  datci  le  développemeTit  des  mines  de 
Firminy,  privées  jusque-là  de  moyens  de  communication  (2). 


(1)  Dès  1820,  la  maison  Vve  Monterrad  et  flls,  marchands  de  charbon 
à  Lyon,  actionnaires  de  la  Compagnie  des  Mines  de  Firminy,  avait  fait 
apport  à  cette  Société  des  magasins  qu'elle  possédait  à  la  Noirie  et 
à  Saint-Just-sur-Loire.  J.-J.  Baude  agrandit  considérablement  le  premier 
de  ces  magasins,  dont  les  expéditions  de  charbon  dépassèrent,  en  1825 
et  1826,  4.000  tonnes  II  fit  baliser  le  lit  du  fleuve  entre  la  Noirie  et 
Saint-Just  et  le  fit  purger  des  roches  les  plus  dangereuses,  notamment 
à  la  levée  du  moulin  de  Joannade.  Pendant  tout  le  temps  que  durèrent 
les  expéditions  par  le  po'rt  de  la  Noiirie,  la  Compagnie  eut  des  ouvriers 
occupés  à  l'entretieTi  du  lit  de  la  Loire,  qui  était  entièrement  à  sa  charge 
(Note  de  M.  Voisin). 

(2)  M.  Prajoux,  dans  un©  notice  sur  Cornillon,  dit  que  ce  port  fut 
créé  à  la  fin  du  xviiie  siècle,  qu'il  eut  une  certaine  animation  sous 
l'Empire,  qu'établi  en  avE^l  du  confluent  de  l'Ondaine,  il  fut  transféré 
en  amont  à  cause  de  l'ensablement,  que  de  1815  à  1830,  150  bateaux 
chargés  descendirent  chaque  année,  que  ce  port  fut  reconstruit  en  1836, 
car  il  avait  été  endommagé  par  les  eaux.  Il  y  a  plusieurs  contradic- 
tions entre  M.  Prajoux  et  Alph.  Peyret. 


Alphonse  Peyret  a  donné  sur  les  bateaux  qui  descendaient  la 
Loire  à  partir  de  SaintrRambert  des  détails  à  retenir.  Chaque 
bateau  avait  26  mètres  de  longueur,  3  m.  50  de  largeur, 
iOO  mètres  carrés  de  surface,  8  à  10  centimètres  de  tirant  d'eau 
à  vide.  Il  coûtait  350  francs.  On  construisait  oes  bateaoïK  à 
Saint-Rambert  (aux  Barques)  et  à  Retournac.  Ceux  de  Retournac 
étaient  à  demi-chargés  à  la  Noirie,  mais  le  tiers  ou  la  moitié 
étaient  conduits  directement  à  Saint-Just,  plus  tard  à  An- 
drézieux.  De  trois  bateaux  partis  d'Andrézieux,  on  garnissait 
avec  leuir  chargement  deux  bateaux  à  Roanne.  Le  troisième 
bateau  était  vendu  avec  un  rabais  de  100  francs  pour  les 
transports  de  vins  et  de  houille  du  Creuisot  ou  de  Decize. 

Feurs  était  la  station  principale  pour  les  mariniers,  entre 
Saint-Rambert  ou  Andrézieux  et  Roanne.  Dès  que  la  Loire  gros- 
sissait, les  bateaux  arrivaient  par  flottes  et  s'amarraient  sous 
les  ombrages  de  Bigny  ou  les  berges  de  Randan  oii,  avant  la 
Révolution,  les  moines  allumaient  la  nuit  un  fanal  pour  guider 
la  navigation.  Les  mariniers  étaient  reçus  à  bras  ouverts  par 
les  hôteliers  de  Feurs.  Leur  arrivée  était  jour  de  fête.  Ils 
recrutaient  dans  la  ville  un  aide  pour  la  navigation,  fort  diffi- 
cile dans  les  gorges  de  Pinay.  A  Roanne,  les  mariniers  confiaient 
leurs  bateaux  et  leurs  chargements  aux  mariniers  de  Roanne.  Ils 
regagnaient  Samt-Rambert  ou  Andrézieux  à  pied,  non  sans 
faire  beaucoup  d3  stations  dans  les  cabarets  (i). 

UAlmanach  du  Commerce  en  1811  (le  Bottin  de  nos  jours) 
cite  un  négociant  notable  en  charbons  à  Saint-Just-sur-Loire  : 
Mandard. 


^3.—  LES   TRANSPORTS  PAR  TERRE   DEPUIS   1815 


Ivos  réclamations  au  sujet  des  routes  continuèrent  longtemps 
après  les  débuts  des  chemins  de  for,  mais  allèrent  on  s'affai- 
blissant.  C'est  d'ailleurs  à  partir  de  183Ô  que,  à  l'exemple  de 
l'Angleterre,  on  améliora  notablement  le  mode  de  construction 
das  routes. 


(1)  Broutin,  îli<^f    (le  Feurs,  p.  202. 


—  604  — 

Les  4  février  1820,  14  mars  1821,  l'^'"  et  4  mars  1822,  la 
Chambre  consultative  des  Arts  et  Manufacture©  deSaint-Ktienne 
signalait  l'état  déplorable  des  routes  de  l'arrondissement.  Le 
17  janvier  1823,  elle  revient  à  la  charge  pour  la  route»  de  Lyon 
à  Toulouse  et  elle  critique  les  mesiures  proposées  :  On  va  recons- 
truire les  ponts  d'Oullins  et  de  Brignais  et  rectifier  la  traversée 
de  Briguais.  Un  emprunt  de  250.000  francs  est  prévu  pour  ces 
deux  ponts.  Pour  l'amortir,  un  péage  sera  établi  sur  le  pont 
de  Brignais.  Or,  on  évite  souvent  Brignais  et  la  plaine  qui 
Tavoisine,  où  la  route  est  mauvaise,  pour  prendre  le  chemin 
de  Vourles.  De  plus,  le  péage  sera  acquitté  en  majeure  partie 
par  les  voitures  de  Rive-de-Gier,  Saint-Ghamond,  SaintrEtienne, 
allant  à  Lyon  ou  en  revenant.  Il  vaudrait  mieux  établir  un 
péage  sur  le  pont  d'Oullins,  qui  intéresse  davantage  les 
Lyonnais. 

La  délibération  du  l*'"  mai  1823,  absolument  mémorable,  qui 
fut  imprimée  et  que  j'ai  analysée  (i),  donne  une  idée  des  diffi- 
cultés auxquelles  se  heurtaient  les  transports.  Non  seulement 
la  route  106  (aujourd'hui  88),  de  Lyon  à  Toulouse,  était  dans 
un  état  indescriptible,  mais  la  route  100  (de  Roanne  au  Rhône), 
aujourd'hui  82,  et  inachevée  jusqu'à  Bourg- Argental,  mais 
terminée  en  1816  aux  abords  de  Saint-Etienne,  avait  été  ruinée 
en  1822.  J'ai  dit  ce  que  l'Administration  fit  ou  répondit  pour 
ces  deux  routes.  En  1826,  en  1829,  en  1836,  les  réclamations 
pi  eu  valent  encore  (2). 

L'ouverture  de  la  rouite  n"  100,  de  Roanne  à  Saint-Etienne,  avait 
fait  décider  la  construction  de  la  section  de  route  de  la  Gouyon- 
nière  (où  était  le  relais  de  poste)  à  Andrézieux,  devenu,  par 
suite,  le  port  d'embarquement  des  charbons  de  Saint-Etienne, 
aux  lieu  et  place  de  Saint- Just-sur-Loire.  Il  existait  déjà  un 
vieux  chemin  houiller,  de  la  Fouillouse  à  Andrézieux,  partant 


(1)  Voir  Histoire  de  la  Chambre  consultative  des  Arts  et  Manufactures 
de  Saint-Etienne,  p.  86 

(2)  V.  Histoire  de  la  Chambre  consultative  des  Arts  et  Manufactures 
de  Saint-Etienne,  p.  87  ;  Histoire  de  la  Chambre  de  Commerce,  p.  129  : 
Mercure  ségusien,  11  novembre  1829.  La  route  de  Lyon  à  Toulouse  ne 
fut  rectifiée,  entre  Saint-Etienne  et  Saint-Chamond,  que  longtemps 
après.  Elle  passait  alors  par  Côte-Thiollière  et  le  Grand-Cimetière  de 
Saint-Jean-Bonnefonds. 


—  605  — 

des  Perrotins  et  aboutissant  au  hamoau  de  la  Renardière  (i). 
L'embarquement  à  Andrézieux  et  le  déclassement  de  Saint-Just 
étaient  déjà  choses  faites  en  1824,  sauf  pour  les  charbons  de 
Roche-la-Molière,  à  cause  de  la  route  de  Roche  à  Saint-Just, 
que  fit  construire  la  Compagnie  des  Mines  en  1828.  Ce  chemin, 
partant  du  puits  de  Rhins,  passe  au  Marais,  à  la  Combette,  au 
Treyve,  à  la  Croix-des-Sagnes,  où  il  rencontre  le  chemin  vicinal 
d'intérêt  commun  n°  25,  à  Pierre-Etroite,  à  Etrat,  où  il  s'écarte 
de  ce  chemin  vicinal  ou  route  nouvelle.  Il  va  aboutir  ensuite 
directement  au  ruisseau  de  Chazelon  p).  Le  mot  Etrat  indique 
le  passage  d'une  voie  antique  [strata). 

Mais  la  route  de  Lyon  était  l'une  des  plus  fréquentées  de 
France.  Descreux  indique  qu'en  un  mois  (septembre  1828) 
10.285  voitures,  attelées  de  20.757  chevaux,  passèrent  à  la 
Montât,  allant  sur  Lyon  ;  11.775  voitures,  attelées  de  19.183 
chevaux,  revinrent  de  Lyon.  En  supposant  la  charge  moyenne 
de  700  kg.  par  cheval  (3),  ce  transport  représentait  27.000  tonnes 
ou,  pour  un  an,  324.000  tonnes. 

Le  prix  du  transport  par  terre  est  de  5  centimes  par  quintal 
et  par  lieiue,  disait  la  Chambre  consultative  (l*""  mars  1822),  à 
propos  du  tarif  du  canal  de  Givors.  La  tonne  kilométrique 
entre  Saint-Etienne  et  Lyon  coûte  34  centimes,  disait  le  Mercure 
Ségusien  (11  novembre  1829).  Elle  n'en  coûterait  que  27,  si  la 
route  n'était  pas  si  mal  entretenue  ;  200.000  tonnes  circulent 
entre  Saint-Etienne  et  Lyon.  Il  y  a  concordance  entre  ces 
chiffres,  car  la  Chambre  consultative  parlait  du  quintal  de 
100  livres  ou  50  kg.  A  0  fr.  34  la  tonne  kilométrique,  le  prix 
du  transport  par  quintal  de  50  kg.  et  par  lieue  de  4  kilomètres 
ressortiiit  à  0  fr.  068.  En  1830,  le  prix  moyen  du  trans[X)rt  de 


(1)  Sur  ce  chemin  se  trouve  un  hameau,  ou  plutôt  une  maison 
(lôsipnéc,  sur  le  cadastre,  sous  le  jol'  nom  énigmatique  de  Péché  de 
la  Cane  !  ' 

(2)  D'après  un  plan  <luo  m'a  envoyé  M.  \ Oisin.  ancien  (hrcctcur  ilos 
mines  de  Roche-la-Moli^re. 

(3)  La  charge  était  moins  lonid»  <i"'  'I^î  nos  Jours,  les  routes  ayant 
un  profil  plus  accentué. 


—  606  -^ 

Saint-Etienne  à  Lyon  par  terre  ressortait  à  18  francs  la  tonne 
(0  fr.  339  la  tonne  kilométrique)  (l). 

Le  voiturier  achetait  le  charbon,  le  transportait  et  le  vendait 
lui-même. 

Le  décompte  suivant,  emiprunté  au  Bulletin  de  la  Société 
(T Agriculture  (1830,  p.  98)  indique  le  bénéfice  résultant  de  ces 
opérations  : 

Nous  avons  établi  nos  calculs  sur  le  voiturage  entre  Saint- 
Etienne  et  Lyon,  parce  que  c'est  celui  auquel  se  livre  le  plus  grand 
nombre,  et  qu'il  procure,  dit-on,  de  plus  grands  bénéficeis. 

Un  voiturier  conduit  deux  voitures,  chacune  attelée  d'un  cheval 
ou  de  deux  boeufs.  Pour  ne  pas  multiplier  les  supputations,  nous 
nous  bomeronis  à  établir  nos  données  sur  l'emploi  exclusif  des 
chevaux. 

Chaque  voiture  contient  en  été  10  hectolitres,  ©t  8  au  plus  en 
hiver,  soit  une  moyenne  de  9  hectolitres  (2).  On  estime  le  poids 
d'un  hectolitre  à  96  kg.  en  chaplé  ;  nous  le  porterons  à  la.  somme 
ronde  de  100  kg. 

Ainsi,  à  chaque  voyage,  un  voiturier  conduit  à  Lyon,  sur  ses  deux 
voitures,  18  hectolitres,  ce  qui  forme  plus  que  la  charge  ordinaire. 

Il  vend  ces  18  hectolitres  à  raison  de  2  fr.  90 52  20 

Au  retour,  il  prend  des  fers,  des  farines,  ou  autres  mar- 
chandises, d'un  poids  de  1.800  kg.  qui,  au  prix  moyen  de 
1  fr.  60  les  100  l^g.,  donne 28  80 

Sa  recette  brute  est  donc  de ■ 81    » 

Mais  le  retour  n'est  pas  toujours  favorable,  et  l'on  a  calculé 
qu'il  se  faisait  à  vide  une  fois  sur  trois.  Nous  le  supputerons  à 
une  fois  sur  quatre.  C'est  donc  un  quart,  à  déduire  sur  28  fr.  80, 
c'est-à-dire  7  fr.  20,  ci 7  20 

Ce  qui  ramène  le  produit  brut  à 73  80 

Mais  de  cette  somme,  il  convient  de  soustraire  le  montant  des  frais 
d'achat,  de  voyage,  nourriture  du  voiturier  et  de  ses  chevaux,  etc.. 
Le  voiturier  a  payé  : 


(1)  Chambre  consultative,  25  novembre  1830. 

(2)  'Cette  supputation  est  évidemment  au  delà  de  la  vérité,  car  un 
cheval  ne  peut  pas,  pendant  toute  l'année  et  par  des  chemins  en  aussi 
mauvais  état,  traîner  une  charge  moyenne  de  900  kilogrammes  ;  mais 
nous  avons  préféré  mettre  les  recettes  au  pdus  haut,  et  les  dépenses 
au  plus  bas. 


—  607  — 
1°  Prix  d'achat  de  18  he<ytolitres,  chaplé  à  1  franc 18    » 

2°  Il  a  employé  pour  aller  charger  à  la  mine,  faire  le  trajet 
et  le  retour,  y  compris  le  séjour  à  Lyon,  cinq  journées,  qui 
coûtent  :  pour  nourriture  de  l'homme,  à  1  fr.  50  par  jour 7  50 

Pour  nourriture  de  deux  chevaux,  foin,  avoine  et  son,  à 
1  fr.  75  par  cheval,  3  fr.  50  pour  les  deux  par  jour 17  50 

Pour  salaire  du  conducteur,  à  1  fr.  50  par  jour 7  50 

50  50 

On  nous  opposera  peut-être  que  le  voiturier  a  employé  à  la  nour- 
riture de  ses  chevaux  les  foins  de  sa  récolte  ;  mais  ce  foin,  n'étant  pas 
employé  aux  besoins  de  la  ferme,  devient  une  dépense  réelle  qu'il 
convient  de  porter  en  déduction  de  la  recette,  puisqu'elle  forme  en 
partie  le  débit  d'un  compte  dont  le  produit  brut  est  le  crédit. 

On  pourra  encore  dire  que,  le  fermier  conduisant  lui-même  ses 
voitures,  nous  ne  devions  pas  lui  appliquer  un  salaire,  puisque  ce 
salaire  n'est  pas  déboursé.  Nous  répondrons  que  le  fermier,  s'il  fût 
resté  chez  lui,  aurait  employé  son  temps  à  des  travaux  de  culture  ; 
que  ces  travaux  n'ayant  pas  eu  lieu,  ou  ayant  été  faits  par  des 
domestiques,  il  y  a  nécesisairement  pour  le  maître  une  perte  que 
noue  avons  dû  évaluer,  et  que  certes  nous  avons  portée  au  plus  bas. 

Ainsi,  la  recette  brute  étant  de 73  80 

Et  la  dépense  de 50  50 

Il  reste  net  par  voyage. 23  30 

Et  pour  l'année,  en  supposant  quarante-cinq  voyag-es,  ce  q*ui  est 
beaucoup,  si  l'on  déduit  les  semaines  fériées  et  les  temps  où  les 
routes  sont  absolument  impraticables,  on  aura  un  total  de 
1.048  fr.  50. 

Mais,  en  outre  des  frais  que  nous  venons  de  porter  en  compte, 
il  existe  encore  ceux  d'entretien  des  voitures  et  harnais,  ceux  du 
ferrage,  et  de  plus  la  moins-valufi  des  chevaux.  On  ne  peut  guère 
estimer  l'entretien  de  deux  voitures  *à  moins,  de 100    » 

Le  ferrage  des  deux  chevaux  à 96    » 

L'entretien  dos  hai-nnis  ù 50    » 

La  moins- value  des  chevaux,  par  tête,  y  compris  l'intérêt 
du  capital,  à  80,  et  pour  deux 160    » 

'1'6tai 406    » 

Partant,  le  produit  net  ne  sera  donc  en  ;*éalito  «pu»  de  M2  fr.  :à). 

Et  comme  le  voiturier,  pour  arriver  à  ce  résultat,  îiura  passi' 
deux  cent  vingt-cinq  journées  sur  le^s  routes,  le  produit  de  chaque 
jouniée,  pour  lui  et  ses  deux  l>êtes,  se  réduira  à  2  fr.  86. 


—  608  — 

Mais  ce  bénéfice,  tout  exigu  qu'il  soit,  existe-t-il  bien  réellement  ? 
Non,  certainement  non,  et  nous  allons  le  prouver. 

D'abord,  comme  vous  l'aurez  sans  doute  remarqué,  nous  n'avons 
porté  les  frais  de  nourriture  des  deux  chevaux  et  de  l'homme,  et  les 
salaires  de  ce  dernier,  que  pour  les  deux  cent  vingt-cinq  journées 
de  voyage  ;  nous  aurions  dû  ajouter  aux  dépenses,  et  par  conséquent 
réduire  d'autant  le  produit  net,  les  mêmes  frais  pour  le  reste  de 
l'année,  c'est-à-dire  pour  le  temps  consacré  au  repos  ou  pendant 
lequel  les  intempéries  des  saisons  rendent  les  charrois  impossibles. 
Cependant,  bien  que  cet  article  soit  encore  d'une  assez  grande 
importance^  nous  éviterons,  en  le  passant  sous  silence,  le  reproche 
de  nous  arrêter  à  des  minuties,  et  nous  admettrons  que  ce  surcroît 
de  frais  est  compensé  par  les  travaux  de  culture  auxquels  l'homme 
et  ses  deux  chevaux  peuvent  être  employés. 

Mais  il  reste  à  examiner  si,  pour  le  plus  grand  nombre,  et  nous 
pourrions  dire  pour  la  presque  totalité  des  voituriers,  les  dépenses 
se  réduisent  bien  réellement  au  taux  auquel  nous  les  avons  établies, 
et  si  nous  ne  sommes  pas,  au  contraire,  restés  bien  en-dessous  de 
la  réalité. 

Quiconque  a  eu  de  fréquentes  occasions  de  parcourir  la  route  de 
Saint-Etienne  à  Lyon,  a  pu  connaître  le  genre  de  vie  habituel  des 
voituriers  pendant  le  trajet,  et  surtout  durant  leur  séjour  dans  cette 
dernière  ville.  C'est  un  fait  avéré,  et  l'un  de  nous  l'a  déjà  fait 
remarquer,  que  le  vin,  la  bonne  chère,  le  jeu,  les  dédommagent  des 
ennuis  de  la  route  et  des  privations  que  s'impose  ordinairement  le 
cultivateur  sédentaire  ;  de  là  ces  habitudes  que  le  temps  enracine 
chaque  jour  davantage,  et  qui  expliquent  ce  penchant  à  l'ivrognerie, 
cette  humeur  querelleuse  trop  justement  reprochée  aux  habitants 
de  nos  campagnes  ;  s'il  était  possible  d'obtenir  que  chaque  volturier 
tînt  un  compte  exact  de  toutes  les  dépenses  qu'il  fait  au  delà  du 
strict  nécessaire,  si  l'on  ajoutait  au  résultat  de  ce  compte  celles 
auxquelles  il  ne  craint  pas  de  se  livrer  dans  son  pays,  par  suite  de 
ce  goût  de  dissipation  qu'il  n'a  plus  la  force  de  surmonter,  on  verrait 
que  la  moyenne  de  toutes  ces  dépenses  réunies  excéderait,  et  de 
beaucoup  peut-être,  le  minime  bénéfice  dont  nous  venons  de  pré- 
senter l'aperçu. 

Et  si,  à  cet  égard,  il  pouvait  exister  encore  des  doutes,  nous 
demanderions  aux  incrédules  de  vouloir  bien  interroger  MM.  les 
Maires  et  MM.  les  Curés  :  de  leur  demander  si  partout  le  cultivateur 
sédentaire,  exclusivement  occupé  des  travaux  agricoles,  n'est  pas, 
toutes  circonstanices  égales,  plus  aisé  que  celui  qui  passe  une  bonne 
partie  de  l'année  sur  les  grands  chemins.  Tous  répandront  ce  qui 
nous  a  été  répondu,  quand  nous  sommes  allés  puiser  aux  meilleures 
sources  les  renseignements  dont  nous  avon^  dû  nous  étayer,  tous 
diront,  comme  le  maire  de  l'une  des  communes  de  l'arrondissement 
où  se  trouvent  le  plus  grand  nombre  de  voituriers,  et  dont  nous  allons 
textuellement  citer  les  expressions  :  «  Il  est  constant,  nous  écrivait 


—  609  — 

«  cet  estimable  fonctionnaire,  que  le  fermier  qui  fait  des  voitures 

((  et  s'absente  souvent  du  domaine,  ne  gagne  presque  rien,  parce 

((  que,  outre  les  dépenses  qu'il  s'accoutume  à  faire,  il  cultive  mal 

({  ses  fonds,  et  que  les  fumiers  sont  perdus  pour  la  ferme.  Il  est 

((  avéré,  au  contraire,  que  le  fermier  sédentaire  a  un  bétail  beaucoup 

«  plus  beau,  des  récoltes  bien  supérieures  ;  le  premier  est  presque 

((  toujours  gêné,' paie  mal  ses  contributions  et  ses  fermages,  tandis 

«  que    le    second   est,    en    général,    dans   l'aisanice,    a    des   mœurs 

«  infiniment  plus  douces,  élève  mieux  ses  enfants,  etc.,  etc.  » 

De  tels  faits  résolvent  la  question  bien  mieux  que  nous  ne  saurions 
le  faire,  et  nous  pourrions  terminer  ici  la  discussion  ;  mais  notre 
tâche  n'est  pas  entièrement  accomplie,  et,  après  vous  avoir  fait 
connaître  les  bénéfices  au  moins  apparents  que  retire  le  voiturier, 
il  nous  reste  à  établir  quels  seront  ses  profits  réels,  quand  la 
suppression  des  charrois  l'aura  enfin  rendu  aux  travaux  des 
champs.  Toutefois,  pour  ôter  tout  prétexte  à  des  objections  qu'il 
nous  serait  facile  de  repousser,  nous  admettrons  comme  certain  ce 
prétendu  produit  net  dont  nous  avons  parlé.  Nous  supposerons 
donc  pour  cela  que  tous  les  voituriers,  sans  en  excepter  un  seul,  ne 
dépensent  rien  au  delà  de  ce  qui  est  indispensable,  que  tous  sont 
animés  du  seul  désir  de  pourvoir  aux  besoins  de  leurs  familles,  et 
d'accroître  leur  bien-être  ;  qu'enfin  tous  rapportent  chez  eux  la 
totalité  du  produit  sous  la  seule  déduction  des  dépenses  rigoureuse- 
ment nécessaires  ;  certes,  nous  aurons  fait  là  une  concession  assez 
large,  puisque  nous  aurons  admis  dans  son  intégralité  le  bénéfice 
net  par  année  de  642  fr.  50. 

La  Chambre  consultative  des  Arts  et  Manufactures  était  d'un 
avis  différent  de  oedui  de  l'auteur  de  l'article  précédent.  Dans 
une  délibération  du  17  avril  1822,  elle  prenait  la  défense  des 
fermiers- voituriers  contre  le  chemin  de  fer  projeté  de  Sainlr 
Etienne  à  Andrézieux,  qui  ne  manquerait  pas  de  les  ruiner  : 

Actuellement,  le  transport  des  houilles  des  puits  d'extraction  au 
port  rembarquement  sur  la  Loire  s'opère  par  des  voitures  traînées 
par  (Ils  boeufs  ou  par  des  chevaux.  Tous  les  fermiers,  à  une  assez 
grande  distance,  s'occupent  exclusivcnit  nt  de  ce  transport.  C'est  la 
pi  iii(i|);il(',  et  prfS({uo  la  seule  indu.uric  des  fermiers  de  la  banlieue, 
1.1  -I Mlle  (lu  liions  (lui  leur  donne  les  moyens  d'acquitter  les  prix 
(le  Iciiis  frinic-  Les  ciilculs  Ics  plus  modérés  portent  à  ^}00.(MM)  fi-ancs 
les  prix  niiiris  (II)  tr.insport  (h's  liouilics  (ju'on  cmbaiMpii'  sur  la 
Loue  ;  itri  peut  lia  l'diiiiciit  siippu-f  r  ipic  le-  tnim  r-,  tir  la  liaiiliruo 
re^nivcnl  1-'^  deux  uns  de  rrtlc  ^iiliiliic.  lies  I  lii>I;ilil  (Ml  un  clicMlill 
de  l'cr  (i[)('r('r;i  !<■  1  i;iiis|)(iil  drs  tiMinllrs  ii  iiicllcin-  iii;ii-i'|ic,  :1  est 
bien  éviilint  >\i\f  \r  ti;iii-piil|  p.ir  des  \niliiii'v  ;ilt-  liT-  de  ImimiI's  nii 
de  chev;iux    (("--^i  r;i    ;   dis   Idis,    uih'   industrir    luiporlauto  pour   tout 


-éiô- 

le  canton  sera  totalement  déplacée,  anéantie  même  ;  les  boeufs,  les 
chevaux,  seront  sans  emploi  ;  tout  le  mobilier  acquis  par  les 
fermiers  pour  exercer  cette  industrie  leur  deviendra  inutile  et 
restera  sans  valeur  ;  bientôt,  le  prix  des  fermes  éprouvera  une  dimi- 
nution énorme,  résultat  nécessaire  de  l'impossibilité  où  les  fermiers 
vont  se  trouver  de  tirer  aucun  parti  des  fourrages  qui  composent  la 
presque  totalité  de  leurs  récoltes,  car  inutilement  supposerait-on 
que  les  fermiers  pourront  faire  des  élèves,  engraisser  du  bétail,  etc.  : 
leurs  habitudes  s'y  opposent  ;  jamais  ils  ne  se  sont  livrés  à  ce  genre 
d'industrie  ;  de  temps  immémorial  ils  n'en  connaissent  pas  d'autre 
que  celle  des  transports. 

Le  prix  de  transport  d'un  char  de  10  hectolitres  avait  varié. 
Il  s'était  élevé  à  5  francs  pour  une  distance  de  16  kilomètres 
(Saint-Etienne  à  Andrézieux).  La  conourrence  l'avait  fait 
tomber  à  3  fr.  50  et  même  a  3  francs.  En  1822,  on  l'estimait 
à  4  francs,  c'est-à-dire  à  0  fr.  25  par  kilomètre  pour  10  hecto- 
litres (1).  A  900  kg-,  les  10  hectolitres,  ce  prix  représenterait 
0  fr.  277  par  tonne  et  par  kilomètre.  A  800  kg.,  car  tout  le 
charbon  n'était  pas  du  cha-plé,  cela  représenterait  0  fr.  312,  chiffre 
exorbitant  par  rapport  aux  tarifs  des  transports  par  fer  (avant 
1914),  qui  ne  peuvent  être  comparés  aux  transports  terrestres, 
lesquels  s'effectuent  de  porte  à  porte  et  ne  nécessitent  point  de 
transbordements,  causes  de  frais  supplénientaires  et  de  déchets. 

La  Société  d'Agriculture  et  la  Chambre  consultative  avaient 
raison  toutes  les  deux.  Il  eût  mieux  valu  que  le  paysan  cultivât 
sa  terre  plutôt  que  de  transporter  du  charbon.  Mais  les  terres 
qui  recouvrent  le  bassin  houiller  sont  d'un  rendement  faible, 
et  c'est  pourquoi  les  paysans  travaillaient  à  la  passementerie 
ou  à  la  «  clincaille  »,  ou  bien  transportaient  du  charbon,  quand 
ils  n'allaient  pas  se  louer  eux-mêmes  pour  travailler  dans  les 
mines. 

Pour  les  routesi,  depuis  1833,  je  renvoie  à  V Histoire  de  la 
Chambre  de  Com/merce  de  Saint-Etienne^  p.  129,  en  attendant 
que  je  paiblie  V Histoire  des  Transports  dans  cette  région. 


(1)  Chambre  Consultative.  2  août  1822. 


—  611  — 

^   4.   —    LES     TRANSPORTS     EN     LOIRE 
DEPUIS    1815 


J'ai  parlé  des  essais  de  navigation  descendante  au  port  de 
la  Noirie,  sur  la  Loire  (v.  p.  601).  Les  expéditions  allèrent  en 
augmentant  jusqu'en  1826.  La  prospérité  des  mines  do  Firminy 
date  de  cette  époque.  Ge,s  mines  expédiaient  annuellement  de 
2.000  à  4.600  tonnes  de  houille.  Chaque  bateau  portait  de  14 
à  16  tonnes.  Toutefois  les  expéditions  se  ralentiront  et,  à  partir 
de  1845,  ce  port  fut  abandonné  (i). 

En  1821,  la  Compagnie  des  mines  de  Firminy  offrit  do  baliser 
la  Loire  entre  Retournac  et  la  Noirie,  moyennant  la  concession 
d'un  péage  perpétuel.  Alphonse^  Peyret  a  donné  le  détail  du 
devis  dressé  à  cet  effet  (p.  200). 

La  même  Compagnie  fit  construire,  en  1828,  une  route  de 
Roche  à  Saint-Just  pour  l'embarquement  de  ses  charbons 
(v.  p.  605j.  Cette  construction  fit  abandonner  le  projet  d'un  port 
à  Chamousset,  où  aboutit  la  gorge  de  la  Pomaraize.  Elle  fut 
la  cause  première  du  délaissement  do  la  Noirie,  où  les  bateaux 
ne  tiraient  pas  plus  de  0  m.  45  et  no  partaient  qu'aux  époques 
des  crues,  cinq  ou  six  fois  par  an,  crues  qui  duraient  huit  à  dix 
jours  chaque  fois.  En  effet,  le  prix  de  transport  do  la  Noirie  a 
Saint-.lust  était  de  4  fr.  55  par  tonne.  Or,  on  payait  le  même 
prix  de  Rocho-la-Molière  à  Saint-Just. 

ï^  port  de  Saint-Just  fut  dévasté  en  1846,  à  la  suite  d'une 
crue  terrible,  qui  emporta  le  magasin  de  la  Compagnie.  En 
1835,  on  y  chargeait  88.000  tonnes  et,  en  1837,  115.000  tonnes. 

Les  prix  de  transport  étaient  jalonnés  de  la  manière  sui- 
vante (1828)  : 

De  Roche-la-Molière  à  St-Just,  jî^ar  chars.      4  fr.  55  la  tonne. 
De  St-Etienne  à  Andrézieux,  —  5  fr.  40        — 

—  —  par   for   (i).      3  fr.  80        — 

D'Andrézioux  à  Roanne,  environ 10  fr.     »        — 

De  Rojinne  à  Paris  (port  S^iint-Panl) 28  fr.  80        — 

Vv\x  total  de  la  mine  à  Paris,  de  42  fr.  60  à  44  fr.  20. 


(1)  A.  Pfytu T.   |i.  "^01  :   I.KSEunn:,   p.  186. 


—  612  — 

Gomme  le  oharbon  (menu  de  forge)  coûtait  5  fr.  à  la  mine, 
le  prix  de  revient  à  Paris  était  de  47  à  49  francs.  Il  fallait 
compter  1  ou  2  francs  par  tonne  de  bénéfice,  non  compris  le 
i3énéfice  du  mélange  avec  les  charbons  inférieurs. 

Les  droits  de  navigation  étaient  fort  élevés.  Il  faut  les  sup- 
primer, disait  la  Chambre  consultative  de  Saint-Etienne 
(4  février  1820),  si  on  ne  peut  augmenter  les  droits  de  douane 
sur  les  charbons.  Un  bateau  de  500  hectolitres  payait  168  fr.  70 
de  droits  de  Saint-Just  à  Nantes  (4  fr.  38  par  tonne  en  comptant 
une  tonne  pour  13  hectolitres). 

M.  Leseure  (p.  187)  a  décrit  les  bateaux  employés,  chargés 
à  25  tonnes,  qui  coûtaient  300  francs  pièce  et  qu'on  revendait 
de  80  à  100  francs  pour  le  dépeçage.  A  Roanne,  le  bateau  était 
chargé  à  36  tonnes,  aiui  delà  de  Briare  à  42  et  55  tonnes. 

Mais  la  description  écourtée  de  M.  Leseurei  doit  être  complétée 
par  l'article,  beaucoup  plus  explicite,  de  M.  Paul  Bonnaud, 
La  dernière  marine  de  Loire  en  Pays  haut  (Revue  Rodumnaj 
juillet  1914).  Je  ne  saurais  trop  conseiller  de  s'y  reporter,  ainsi 
qu'aux  articles  de  M.  Portallier  :  L'Industrie  de  la  batellerie  et 
le  Commerce  de  la  houille  à  Saint-Jiist-Saint-Rambert  aux  xvm^ 
et  xix^  siècles,  articles  qui  n'ont  été  publiés  qu'après  la  mise  a 
rimpression  de  ce  livre  (i). 

L'ouverture  du  canal  de  Saint-Quentin  (1820),  l'amélioration 
des  cours  de  l'Escaut  et  de  l'Oise  permirent  aux  charbons  du 
Nord  et  aux  charbons  belges  de  refouler  de  Paris  les  charbons 
du  Centre  (2). 

La  «  Marine  de  Loire  »  connut  des  jours  prospères  jusqu'en 
1858.  Le  chemin  de  fer  reliant  Saint-Etienne  à  Paris  lui  donna 
le  coup  de  grâce  (3).  De  1850  à  1870,  les  bateaux  contsruits  à 
Saint-Rambert  descendaient  videis  à  Roanne.  Le  ralentissement 
se  produisit  peu  à  peu  et  le  dernier  bateau  partit  de  Saint-Just 
en  octobre  1885  (4). 


(1)  Mémorial  de  la  Loire,  16  mai  et  20  juin  1921. 

C2)  M.  Leseure  a  donné  dies  renseignements  sur  ces  différentes  ques- 
tions (p.  185  à  189).  L'emploi  du  chemin  de  fer  obligeait  à  charger  sur 
char  à  la  mine  et  à  supporter  les  déchets. 

(3)  Paul   BONNAMD,   Rodumna,   1914,  p.   223. 

(4)  PoRTAiLLER,  article  cité. 


613 


,^  5.  —  LE  CANAL  DE  GIVORS   ET   LES   PROJETS 

DE    CANAL    DE    LA    LOIRE    AU    RHONE 

DE  1815  A  1835 


La  Compagnie  du  canal  de  Givora  connut  une  grande  pros- 
périté. L©  transport  des  charbons  y  atteignit  le  chiffre  de 
240.000  tonnes  en  1825.  Ce  fut  le  point  culminant. 

Les  actions,  dit  M.  Leseure  (p.  166),  qui  valaient  30  à  35.000  fr. 
avant  1800,  atteignirent,  vers  1820,  200.000  francs,  les  intérêts 
étant  toujours  servis  à  7  %.  Ces  actions  étaient,  à  l'origine,  de 
15.000  francs. 

Le  tarif  autorisé  dans  1  acte  de  concession  de  1761  était  d'un 
sou  par  quintal  (de  100  livres)  et  par  lieiue  de  4  km.  44,  c'est- 
à-dire  de  0  fr.  206  par  tonne  kilométrique  (v.  p.  134).  En  1779, 
la  durée  de  la  concession  fut  portée  à  99  ans  et  le  péage  fut 
doublé,  par  conséquent  porté  à  41  centimes.  Mais,  dès  1784, 
la  Compagnie  n'appliqua  que  l'ancien  tarif,  celui  de  1779  étant 
excessif.  Or,  en  1822  (l'''"  et  4  mars),  la  Chambre  consultative  des 
Arts  et  Manufactures  de  Saint-Etienne  demanda  la  revision  de 
ce  tarif  de  5  centimes  par  quintal  et  par  lieue,  «  qui  était  le 
prix  ordinaire  du  transport  par  terre  ».  La  route  était  dans  un 
état  épouvantcihlo  et  le  public  supposait  que  la  Compagnie  du 
Canal  voulait  en  empêcher  la  réfection.  En  al>aissant  son  tarif, 
elle  eût  complètement  supprimé  les  transports  par  route. 

Le  transport  total  était  tarifé  à  12  c-entimes  par  quintal  de 
50  kg.,  soit  à  2  fr.  40  par  tonne.  Jamais  les  quittances  n'avaient 
fait  allusion  au  tarif  double  de  1779  0). 

Loin  d'abaisser  le  tarif  de  1761,  la  Compagnie  appliqua  le 
tarif  de  1779  :  deux  sous  par  quintal  et  xmv  lieue.  En  vain  la 
Chambre  consultative  de  Saint-Etienne  et  celle  de  Saint- 
Chamond  protestèrent.  En  vain  les  protestations  du  Commerce 
furent  portées  devant  le  Conseil  d'EUit.  La  requête»  fut  déclarée 


(1)  liislitirr  de  la  ChitmUrc  de  Commerce,  p.  4.'U.  M.  Lkskuhe  (p.  Iftfi), 
dont  (iLic^lciUfs  .fi(li<'Mti()ii-s  sont  à  roitifler    dh  2  fr.  00. 


—  614  — 

non  recevable  en  1824,  l'acte  de  1779  n'ayant  jamais  été 
rapporté,  et  la  Compagnie  devint  maîtresse  absolue  des  trans- 
ports (1). 

La  Compagnie  du  Canal  allait  recevoir  le  châtiment  de  sa 
cupidité.  Le  développement  de  la  verrerie  et  de  la  métallurgie, 
à  Rive'-de-Gier,  éleva  la  consommation  locale  au  détriment  des 
expéditions  par  le  canal. 

Un  ennemi  plus  sérieux,  qui  devint  son  allié  pour  l'anéantir 
complètement,  surgit  dès  1826.  C'était  le  chemin  de  fer  de  Sainl- 
Etienne  à  Lyon.  En  vain,  la  Compagnie  du  Canal  voulut  s'op- 
poser à  sa  construction.  La  Chambre  consultative  de  Saint- 
Etienne  cribla  la  Compagnie  de  traits  acérés.  Ecoutons  le  maire 
de  Saint-Etienne,  Hippolytei  Roy  et,  à  la  séance  du  11  mars  1826  : 

Aujourd'hui  je  viens  vous  communiquer  avec  quelque  peine  les 
démarches  d'une  Compagnie  qui,  non  contente  des  droits  abusifs 
qu'elle  a  exercés  sur  le  commerce,  voudrait  s'arroger  le  monopole  des 
transports^  et  prétend  trouver  dans  les  actes  constitutifs  qu'elle  a 
surpris  aux  Gouvernements  de  diverses  époques  des  titres  d'opposi- 
tion à  la  bienfaisance  du  Gouvernement  actuel. 

Vous  avez  tous  reconnu,  Messieurs,  à  ce  simple  exposé,  la 
Compagnie  anonyme  du  canal  de  Givors,  qui,  partout  présente  et 
toujours  cachée,  paraît  être  le  génie  malfaisant  qui  s'attache  à  notre 
prospérité  commerciale.  A  la  simple  lecture  des  lettres  patentes 
dont  elle  prétend  exciper,  rien  n'autorise  ses  prétentions,  rien  ne 
doit  faire  naître  la  plus  légère  crainte.  Mais  l'esprit  d'envahissement 
et  de  monopole  est  l'apanage  de  toutes  les  grandes  Compagnies,  elles 
ont  dans  leurs  membre®  des  protecteurs  puissants,  et  leurs  manda- 
taires, en  dépassant  les  borneis  du  juste,  pour  atteindre  les  plus 
grands  avantages  de  leur  Société,  croient  ne  remplir  que  scrupuleu- 
sement les  obligations  de  leur  mandat 

C'est  ainsi  que  la  Compagnie  du  canal  de  Givors  a  cru  devoir 
protester  contre  l'établissemient  du  chemin  de  fer  de  Saint-Etienne 
à  Lyon. 

Il  est  aussi  de  notre  devoir.  Messieurs,  de  protester  contre  des 
prétentions  aussi  contraires  aux  intérêts  sociaux  et  industriels,  et 
d'éclairer  la  religion  de  son  Excellence  sur  le  danger  d'admettre 
ces  prétentions  comme  fondées. 

La  Chambre  suivit  le  Maire,  en  demandant  au  Gouvernement 
de  passer  outre  aux  oppositions  de  la  Compagnie. 


(1)  Histoire  de  la  Chambre  consultative  de  Saint-Etienne,  p.  92. 


—  615  — 

Le  16  mai  suivant,  une  délibération  analogue  confirma  celle 
du  11  mars  : 

Ce  n'est  pas  sans  quelque  surprise  que  la  Chambre  consultative 
a  pu  voir  les  nouvelles  démarches  de  la  Compagnie  du  canal  de 
Givors  pour  a^rréter  l'exécution  de  lentreprise  la  plus  utile  qui 
puisse  être  formée  pour  l'arrondissement  de  Saint-Etienne,  et  sur- 
tout que  la  Compagnie  appuie  ses  prétentions  sur  les  services  qu'elle 
prétend  avoir  rendus  au  comîiierce  de  l'arrondissement. 

La  pétition  mise  en  cet  instant  sous  les  yeux  de  la  Chambre 
consultative  démontre  d'tme  manière  si  évidente  l'inexactitude, 
pour  ne  pas  dire  la  fausseté,  des  assertions  contenues  dans  la 
pétition  de  la  Compagnie  du  canal  ;  elle  établit  d'une  manière  si 
palpable  que  cette  Compdgnie  a  constamment  abusé  de  son  privilège 
au  détriment  du  commerce,  qu'elle  n'a  jamais  rempli  toutes  les 
obligatiions  qui  lui  étaient  imposées,  qu'elle  a  ^scandaleusement 
favorisé  certaines  industries  au  préjudice  de  plusieurs  autres,  enfin 
que,  loin  de  procurer  une  économie  dans  les  transportSf  elle  lutte 
avec  désavantage  contre  ^eux  qui  s'opèreni  par  la  voie  de  terre,  que 
la  Chambre  consultative  doit  s'empresser  d'y  adhérer  et  de  l'appuyer 
de  tout  son  pouvoir. 

Le  chemin  de  fer  fut  autorisé  en  1828.  La  Compagnie  demanda 
Tautorisation  de  prolonger  le  canal  jusqu'à  Grand'Groix.  La 
Chambre  consultative  de  Saint-Etienne,  dans  une  délibération 
importante  (9  mars  1830),  que  je  .reproduis  tout  entière,  voulait 
le  prolongement  jusqu'à  Saint-Etienne  et  môme  jusqu'à  la 
'Loire.  Elle  protestait  contre  le  tarif  de  deux  sous  péir  quintal 
et  par  lieue,  y  compris  le  halage  (50  centimes  par  tonne  kilo- 
métrique) qui,  semble-t-il,  n'était  pas  appliqué  en  1830,  ainsi 
(|ue  la  délibération  paraît  l'indiquer  : 

La  Chambre  consultative  des  Arts  et  Manufactures  de  Saint- 
Etienne  (Loire),  appelée  à  donner  un  avis  sur  la  demande  de  la 
Compagnie  du  canal  de  Givors  en  prolongement  de  ce  canal  de 
Rive-de-Gler  à  la  Grand' Croix,  et  sur  le  tarif  qu'elle  propose,  a 
adopté  à  l'unanimité  les  observations  et  l'avis  suivants  : 

Si  la  demande  de  la  Compagnie  du  canal  était  formée  par  un  motif 
d'utilité  publique,  elle  ne  se  bornerait  pas  au  prolongement  du  canal 
de  Rive-de-Gier  à  la  Grand'Groix,  elle  devrait  comprendre  tout  ce 
qui  reste  à  exécuter  du  canal  pour  mettre  en  communi cation  le 
Rhône  avec  la  Loire,  ainsi  que  l'avait  proposé  François  Zacharie, 
en  17f)0,  ou  du  moins  faire  remonter  le  canal  jusqu'à  Saint-Etienne. 

La  (^ompjignie  reconnaît  l'utilité  du  prolongement  du  canal 
jus(nrà   Saint-Ktienne    ;    elle   voit,    dit-elle,     dttns  un   avenir  assez 


—  616  — 

rapproché,  le  rnoinent  où  son  intér&t  et  les  besoins  publics  Venguye- 
ront  à  sollicUer  Vautorisation  de  prolonger  le  canal  jusqu'à  Saint- 
Etienne,  et  cependant  elle  ne  propose  que  l'exécution  de  la  partie  du 
cajial  de  Rive-de-Gier  à  la  Grand' Croix. 

Le  premier  fondateur  de  la  Compagnie  avait  aussi  manifesté 
l'intention  d'exécuter  entièrement  le  canal  de  jonction  des  deux 
fleuves.  La  première  partie,  de  Givors  à  Rive-de-Gier,  est  construite 
depuis  1780  ;  si  un  demi-siècle  s'est  écoulé  avant  que  l'on  ait  songé 
à  le  continuer,  si  on  se  borne  à  n'autoriser  la  continuation  du  canal 
que  dans  une  étendue  de  5.000  mètres,  il  faudra  un  siècle  et  plus, 
avant  de  voir  terminer  le  canal  de  jonction. 

Au  lieu  d  être  conçue  dans  un  but  d'utilité  publique,  la  demande 
de  la  Compagnie  n'a  été  présentée  que  dans  son  intérêt  et  pour 
éviter  la  concurrence  du  chemin  de  fer  qu'elle  redoute  ;  elle  ne 
satisfait  ni  les  besoins  du  commerce,  ni  les  vœux  de  la  contrée. 
Dans  l'état,  l'autorisation  sollicitée  par  la  Compagnie  ne  saurait 
être  accordée.  Deux  raisons  puissantes  s'y  opposent  : 

1°  Tout  ouvrage  d'utilité  publique  doit  être  adjugé  publiquement 
et  avec  concurrenice.  C'est  une  règle  suivie  par  le  Gouvernement, 
dont  il  a  reconnu  les  effets  salutaires  et  dont  il  ne  sécartera  pas 
dans  cette  circonstance.  Sans  la  concurrenice,  le  péage  du  chemin 
de  fer  de  Saint-Etienne  à  Lyon  n'a\irait  pas  été  réduit  à  9  c.  80  cen- 
tièmes par  tonneau  et  kilomètre,  tandis  que  celui  du  chemin  de  fer 
de  Saint-Etienne  à  Andrézieux,  fixé  sans  publicité  ni  concurrence, 
est  porté  à  37  c.  20  centièmes  ;  c'est  la  concurrence  qui  protège  les 
intérêts  du  public. 

2»  Le  canal  qui  doit  être  lobjet  d'une  adjudication  publique  doit 
comprendre  tout  l'espace  qui  sépare  Rive-de-Gier  de  Saint-Etienne  ; 
l'utilité  de  cette  voie  artificielle  est  sentie  depuis  soixante-dix  ans, 
puisque  François  Zacharie  en  avait  fait  le  projet.  La  Compagnie  le 
reconnaît  elle-même  ;  les  commerçants  et  les  exploitants  de  mines 
en  ont  exprimé  fréquemment  la  demande,  il  est  donc  essentiel  de  ne 
pas  ajourner  plus  longtemps  l'exécution  dun  canal  reconnu  néces- 
saire pour  satisfaire  aux  besoins  publics.  On  doit  d'autant  moins 
syncoper  l'adjudication  de  toute  cette  partie  de  canal  que  l'étude, 
les  plans  et  nivellements  du  terrain  ont  été  faits  jusqu'à  Saint- 
Etienne,  ainsi  que  l'a  expliqué  M.  l'ingénieur  Michal  dans  son 
rapport,  et  qu'il  se  présentera  des  entrepreneurs  pour  la  totalité. 

L'autorité  supérieure  reconnaîtra  que,  si  l'on  autorisait  les 
5.000  mètres  de  canal  que  la  Compagnie  demande  à  exécuter,  il 
serait  impossible  de  voir  exécuter  le  surplus  jusqu'à  Saint-Etienne. 
La  Compagnie  actuelle  ne  le  demanderait  jamais,  et  une  Compagnie 
nouvelle  ne  prendrait  pas  l'engagement  de  construire  la  partie  du 
canal  qui  serait  la  plus  dispendieuse  et  la  moins  productive.  Il  vaut^ 
mieux  pour  la  contrée  que  la  continuation  du  canal  n'ait  pas  lieu 
que  de  la  voir  bornée  à  la  petite  étendue  proposée. 


—  617  — 

La  Compagnie  dit  bien  que  son  intérêt  et  les  besoins  publics  la 
détermineront  à  l'exécuter  dans  un  avenir  assez  rapproché,  mais 
cette  perspective,  mise  en  avant  pour  faire  accueillir  sa  réclamation, 
aurait  le  même  sort  que  le  projet  de  Zacharie,  projet  que  ses  succes- 
seurs, après  soixante-dix  ans,  ne  paraissent  pas  empressés  d'exé'cuter  . 
malgré  les  énormes  bénéfices  que  leur  a  procurés  le  canal  de  Givors. 

Si  la  continuation  du  canal  doit  avoir  lieu  comme  le  commande 
l'intérêt  général,  elle  doit  s'étendre  au  moins  jusqu'à  Saint-Etienne, 
pour  que  les  fabriques,  les  exploitations  de  mines  et  les  hauts  four- 
neaux qui  existent  dans  son  territoire,  puissent  profiter  de  ce 
nouveau  moyen  de  transport. 

Le  péage  demandé  par  la  Compagnie  est  exorbitant.  Ce  n'est  pas 
la  première  fois  que  le  commierce  de  Saint-Etienne  a  élevé  ses 
plaintes.  A  ce  sujet,  il  a  réclamé  surtout  lorsqu'en  1822  la  Compagnie 
du  canal  de  Givors  s'est,  pour  la  première  fois  après  quarante-deux 
ans,  prévalue  des  lettres  patentes  du  12  août  1779,  qui.  sans  aucune 
instruction  préalable  propre  à  garantir  les  intérêts  du  commerce, 
doublèrent  le  droit  de  péage  autorisé  par  celles  du  6  septembre  1761. 

Le  droit  primitif  était  d'im  sou  par  quintal  et  par  Jieue,  y  compris 
les  frajs  de  voiture  ou  de  halage. 

Le  droit  actuel  que  Von  demande  est  d'un  sou  six  deniers,  ou  de 
deux  sous  y  compris  le  halage^  c'est-à-dire  50  centimes  par  tonne  de 
1.000  kg.  et  par  ^dlomètre. 

Ce  péage  est  si  excessif  qu'il  excède  de  beaucoup  les  frais  de 
voiture  par  terre,  il  est  cinq  fois  plus  élevé  que  les  droits  perçus  au 
canal  du  Languedoc,  au  canal  d'Orléans,  au  canal  du  Centre,  et  que 
celui  du  chemin  de  fer. 

Le  tarif  proposé  n'est  donc  point  en  harmonie  avec  celui  des  autres 
canaux  et  avec  celui  adopté  par  la  loi  du  14  août  1822. 

Inutilement  la  Compagnie  dit-elle^que  la  concurrence  du  chemin 
de  fer,  en  offrant  au  commerce  un  nouveau  moyen  de  transport,  lui 
laisse  toute  liberté  de  choisir  entre  le  service  du  chemin  de  fer  ou 
l'usage  du  canal,  qui  n'est  point  obligé. 

TJn  canal,  pour  être  autorisé,  ne  doit  pas  seulement  offrir  un 
avantage  égal  aux  routes  de  fer  ou  de  terre,  il  doit  en  offrir  un  plus 
considérable  ;  s'il  ne  devait  pas  en  résulter  un  avantage  pour  le 
commerce  et  l'industrie,  il  n'y  aurait  pas  un  motif  d'utilité  publique, 
le  seul  qui  puis.se  autoriser  l'expropriation  dos  propriétaires  dont 
If's  fonds  et  usines  seront  occupés  ou  asservis. 

Plus  inutilement  encore  dit-on  que  la  partie  (hi  canal  dont  il 
s'agit  coûtera  1.600.000  franco. 

D'autres  Compagpiies  pourront  se  charger  de  l'oiitreprise  entière 
et  se  contenter  d'un  péage  plus  modéré,  la  concurrence  abaissera 
les  prétentions  et  stipulera  en  faveur  du  public. 

On  ne  répondra  rien  à  ra-s.sertion  de  la  Compagnie  d'avoir  rendu 
de  grands  semces  au  commerce  et  d'avoir  fait  de  longs  sncriflces, 


—  618  — 

il  suffira  de  faire  observer  que  chaque  actionnaire  a  reçu  annuelle- 
ment 22.000  francs  pour  le  versement  d'un  capital  primitif  de 
36.000  francs  (1),  c'est-à-dire  plus  de  60  %  des  fonds  employés.  Si 
elle  a  servi  le  commerce,  elle  en  a  reçu  un  ample  salaire- 

Par  ces  motifs,  la  Chambre  est  d'avis  :  1°  que  la  continuation  du 
canal  de  Rive-de-Gier  à  Saint-Etienne  est  une  entreprise  très  utile 
au  commerce,  aux  fabriques  et  aux  exploitations  de  mines,  et  qu<2 
l'adjudication  doit  en  être  donnée,  avec  concurrence  et  publicité,  à 
celui  qui  se  contentera  du  péage  le  plus  modéré  ; 

2*^  Que  ce  serait  entraver  l'exécution  de  cette  entreprise  que 
d'accueillir  la  demande  de  la  Compagnie  du  canal  de  Givors,  et  de 
borner  la  continuation  du  canal  à  l'étendue  de  5.000  mètres  de  Rive- 
de-Gier  à  la  Grand'Croix  ; 

3«  Que  le  péage  demandé  par  cette  Compagnie  est  exorbitant,  sans 
proportion  avec  le  tarif  des  autres  canaux  ;  que,  bien  loin  d'être 
concédé,  il  doit  être  fixé  au  maximum  du  tarif  annexé  à  la  loi  du 
14  août  1822,  et  susceptible  d'être  réduit  par  la  concurrence  des 
soumissions. 

Ont  signé  :  le  Maire,  président  :  H.  Royet,  A.  Colcombet,  Joseph 
Manaud,  J.-B.  Faure,  Foujols-Benevend,  Aimé  Royet. 

La  continuation  du  canal  de  Givors  jusqu'à  Grand'Croix  fut 
autorisée  par  ordonnance  royale  du  5  décembre  1831,  qui  peirmit 
à  la  Compagnie  d'élever  son  tarif.  Alphonse  Peyret  (p.  202-205) 
a  donné  dans  sa  Statistique  Industnelle  une  description  des 
plans  et  devis.  Il  regrettait  que  le  canal  ne  fût  pas  continué 
jusqu'à  la  Loire  ou,  du  moins,  jusqu'à  Saint-Etienne.  Il  ne 
croyait  pas  que  les  irésultats  financiers  de  rentpeprise,  ainsi 
limitée,  fussent  avantageux  pour  la  Compagnie.  Le  tonnage  des 
houilles  transportées  ne  serait  augmenté  que  de  100.000  tonnes 
qui,  au  tarif  autorisé  et  pour  une  distance  de  3  kilomètres,  ne 
rapporteraient  que  30.000  francs  (10  centimes  par  tonne  et  par 
kilomètre)  et  23.000  francs  au  tarif  qui  était  alors  peirçu  (0  fr.077 
par  tonne  et  par  kilomètre)  (2).  En  outre,  le  trafic  à  la  remonte 
eût  été  presque  nul. 


(1)  Le  Mémoire  de  Cailhava  indique  15.0(X)  livres  (v.  p.  134). 

(2)  La  délibération  précédente  (1830;  dit  que  le  tarif  demandé  estait 
de  1  sou  6  deniers  (0  fr.  075)  par  quintal  et  par  lieue,  y  compris  ]e 
halage,  «  c'est-à-dàre  50  centimes  par  tonne  de  1.000  kilos  et  par  kilo- 
mètre »,  soit  le  double  du  tarif  appliqué  en  1830  (25  centimes). 
Or,  Alph.  Peyret  écrivait  en  1835,  et,  d'après  M  Leseure  (p.  166),  peu 
de  temps  après  1831  la  Compagnie  abaissa  le  tarif  de  25  centimes  à 
12  centimes.  Vers  1831-1832,  le  péage  du  canal  de  Givors  éta't,  par 
tonne,  de  3  fr.  90.  Abaissé  en  1833,  il  était,  en  1835,  de  2  fr.  10  (Lesetjre. 
167168). 


—  619  - 

Alphonse  Peyret  prévoyait  qu'un  des  principaux  obstacles 
viendrait  des  inondations,  par  suite  de  la  filtration  des  eaux 
dans  un  sol  tourmenté  par  des  tassiements  et  des  fissures,  et 
du  dérangement  des  maçonneries  et  des  portes  d'écluses  occa- 
sionné par  les  mouvements  de  terrains. 

Ce  fut  la  cause,  en  effet,  de  l'abandon,  en  1841,  de  la  section 
Grand'Croix-Lorette  et,  en  1851,  de  l'abandon  de  la  ser^-tuin 
Lorette-Rive-de-Gieir.  Les  deux  sections  avaient  (Mé  acliovées 
en  1839. 

En  1830,  on  achevait  le  canal  de  Roanne  à  Digoin,  décrété 
en  1822.  Cette  décision  motiva  une  pétition  des  exploitants  des 
mines  pour  prolonger  ce  canal  jusqu'à  Saint-Etienne.  Les 
motifs  invoqiués  et  les  projets  de  canal  de  la  Loiire  au  Rhône 
dressés  sous  la  Restauration  ont  été  exposés  dans  une  notice 
de  M.  Brossard,  publiée  dans  VAnnnmre  de  la  Loire  en  1885 
et  tirée  à  part  (i). 

On  s'occupait  aussi  du  canal  latéral  au  Rhône,  encore  au- 
jourd'hui à  l'état  de  projet.  La  Chambre  consultative  de  Saint- 
Etienne  (22  octobre  1821)  demandait  qu'il  n'y  eût  pasi  de  trans- 
bordement à  Givors.  F^lle  espérait  que  l'établissement  du  canal 
latéral  diminuerait  les  droits  de  navigation  sur  le  Rhône. 

J'ai  signalé  deux  délibérations  relatives  au  monopole  des 
crocheteurs  ou  débardeurs  du  canal  de  Givors.  La  première, 
en  1830,  se  rapportait  à  une  demande  de  la  Compagnie  du  Canal 
tendant  à  la  suppression  de  ce  monopole  légal,  établi  en  1782, 
OUI  du  moins  une  modification  considérable  dans  les  tarifs, 
dont  l'élévation  gênait  le  trafic,  ce  que  la  Compagnie  ne  voulait 
pas  comprendre  quand  il  s'agissait  de  ses  propres  tarifs.  La 
Chambre  consultative  était  hostile,  en  principe,  aux  monopoles. 
Mais  il  y  avait  une  longue  yx)ssession  de  fait  et  elle  déclara 
surseoir  jusqu'à  ce  que  le  Préfet  ait  entendu  la  corporation. 

\j<i   deuxième   délibération  ast  de   1832  P).    Les  crocheteurs 


(1)  Sur  ho  canal   de  Roanne  à  Digoin,  voir   :  A.    Pkyhkt,   Statistique 
industrirljr  du  Départ  nue  ut  de  la  Loire,  p.  2^. 

(2)  Et  non  1K22,    connue    on    l'a    imprima   inexactement     dans     mon 
Histoire  de  la  Chambre  consultative  (p.  93). 


—  620  — 

revendiquaient  le  monopole  des  manutentions,  non  seulement 
sur  le  canal,  mais  pour  le  chemin  de  fer.  Ils  étaient  de  150  à 
200.  La  Chambre  consultative  donna  un  avis  défavorable  à  cette 
prétention  excessive. 

A  la  remonte  du  Rhône,  des  équipages  de  80  chevaux  hâtaient 
quatre  bateaux,  chargés  à  60  tonnes.  Les  remorqueurs  de 
Seguin  et  Montgolfier  pour  le  halage  à  vapeur,  sur  le  Rhône, 
datent  de  1828.  Un  remorqueur  remontait  trois  bateaux  entre 
Givors  et  Lyon,  portant  210  tonnes.  Le  coût,  par  tonne,  était 
descendu  de  1  fr.  50  à  1  fr.  (1). 

M.  Leseure  a  donné  le  détail  des  prix  de  transport,  de  Rive- 
de-Gier  à  Lyon  et  à  Mulhouse,  vers  1831  et  1835  (p.  167-168). 
Pour  Lyon,  ce  prix  ressortait  à  4  fr.  par  tonne  par  le  canal  et  le 
Rhône,  3  fr.  90  par  le  chemin  de  fer  et  le  Rhône,  4  fr.  80  par 
le  chemin  de  fer  ;  pour  Mulhouse,  à  31  ou  32  francs.  La  tonne 
de  malbroug'h  (toutr- venant),  valant  à  Rive-de-Gier,  sur  le  port, 
14  fr.  50,  revenait  ainsi,  à  Lyon,  à  18  ou  19  francs  ;  à  Mulhouse, 
à  47  ou  48  francs. 

Les  bateaux  du  canal  pouvaient  descendre  le  Rhône.  A  cause 
de  cela  et  de  routillage  encore  défectueux  du  chemin  de  fer 
primitif,  la  déchéance  de  la  voie  navigable  construite  par 
Zacharie  se  trouva  retardée. 


6  —   LE    CHEMIN    DE    FER    DE    SAINT-ÉTIENNE 
A  ANDRÉZIEUX    DE    1823    A    1833. 


Je  réserve  l'histoire  des  premiers  chemins  de  fer  pour  un 
ouvrage  spécial.  Comme  ces  chemins  furent  créés  uniquement 
pour  le  transport  des  charbons,  il  convient  de  citer  l'opinion 
des  Corps  représentatifs  de  l'industrie  sur  les  demandes  en 
concession,  et  de  considérer  les  tarifs  et  l'importance  des 
transports. 

On  a  dit  que  le  département  de  la  Loire  préféra  les  chemins 
de    fer   aux   canaux   et   que    c'était   pour  ce    motif    que  nous 


(1)  Leseure,  p.  167. 


---  fi21  — 

attendions  encore  le  canal  de  la  Loire  au  Rhône.  Si,  au  con- 
traire, on  avait  demandé  un  canal  plutôt  qu'un  chemin  de  fer, 
6n  aurait  obtenu  la  voie  fluviale  et,  plus  tard,  la  voie  ferrée. 
Cette  opinion  est  inexacte.  Je  n'en  veux  pouir  preuve  que 
l'avis  exprimé,  le  18  octobre  1821,  par  la  Chambre  consul- 
tative des  Arts' et  Manufactures  de  Saint-Etienne,  sur  la  pétition 
présentée  au  Ministre  de  rintérieur  par  MM.  de  Lur-Saluces, 
Milleret  et  consorts,  demandeurs  en  concession  du  chemin  de 
fer  de  Saint-Etienne  à  Andrézieux  (l)  : 

La  Chambre  consultative  des  Arts  et  Manufactures  de  la  ville  de 
Saint-Etienne  s'est  réunie  souis  la  présidence  de  M.  Royet,  maire. 

La  Chambre  consultative,  qui  s'était  occupée  dans  plusieurs 
séances  de  la  discussion  de  l'avis  qu'elle  a  à  émettre  sur  la  pétition 
présentée  à  S.  Ex.  Mgr  le  Ministre  de  rintérieur,  par  MM.  de  Lur- 
Saluces,  Milleret  et  consorts,  pour  l'établissement  d'un  chemin  de  fer 
de  Saint-Etienne  à  là  Loire,  a  continué  cette  discussion  dans  sa 
séance  actuelle.  Elle  a  adopté  la  rédaction  de  son  avis  ainsi  qu'il 
suit   : 

La  Chambre  ne  contestera  point  la  grande  utilité  d'un  chemin  de 
fer  pour  les  exploitations  qtii  avoisinent  la  ville  de  Saint-Etienne. 
Mais  elle  pense  qu'on  ne  saurait  nier  que  l'établissement  d'un  canal 
ne  présentât  des  avantag'es  beaucoup  plus  étendus.  Sans  doute,  un 
canal  coiitera  plus  qu'un  chemin  de  fer  ;  mais,  à  ce  sujet,  la  Chambre 
croit  devoir  faire  remarquer  que  l'on  s'exagère  les  dépenses  qu'un 
canal  peut  entraîner,  ainsi  que  les  difficultés  que  présente  sa 
construction.  Les  travaux  que  viennent  de  commencer  MM.  les  Ingé- 
nieurs des  Pontes  et  Chaussées  fournissent  déjà  des  données 
susceptibles  de  redresser  les  faux  calculs  auxquels  on  s'est  livré. 
Aussi  la  Chambre  croit-elle  devoir  demander,  dans  l'intérêt  de  la 
contrée,  et  particulièrement  dans  celui  de  la  ville  de  Saint-Etienne, 
quii  a  besoin  que  les  transports  jusqu  à  la  Loire,  et  réciproquement, 
soient  rendus  aussi  faciles  et  aussi  économiques  que  possible, 
qu'aucune  décision  définitive  ne  soit  prise  à  l'égard  de  l'établisse- 
ment du  chemin  de  fer.  avant  qu'on  ait  réuni  les  données  relatives 
au  canal  que  MM.  les  Ingénieurs  des  Ponts  et  Cljiaussées  s'occupent 
à  rassembler,  et  qu'on  ait  balancé  les  deux  projets. 

La  Chambre  aurait  désiré  trouver  dans  la  pétition  de  MM.  de  Lur- 
Saluces,  Milleret  et  consorts  des  explications  sur  le  poiiit  de  départ 
du  chemin  de  fei-.  afin  de  pouvoir  juger  s'il  remplira  éminemment 
le  but  dans  lequel  on  propose  son  établissement.  Le  défaut  de  ce 
renseignement  entrage  la  Chambre  è  demander  que  les' pétitionnaires 
soient  tenus  de  le   fournir,   et  que   leurs   propositions  ;\   cet   égard 


(1)  Cettp  f>>rrii)agnie  avait  ét-é  formr-e  par  Beannier.  iii^rénienr  en  rhof 
des  miiie-s  à  Sa'nt-Ktifrnio  et   (lirpctciii-  de  l'Ecole  des  Mineurs 


—  622  — 

puissent  être  débattues,  tant  par  elle  que  par  les  ox[)loitants  qui  y 
sont  intéressés. 

Les  pétitionnaires  s'engagent  à  opérer  le  transport  des  houilles 
à  trente  pour  cent  au-dessous  du  prix  actuel.  Il  est  difficile  de  faire 
une  offre  plus  vague.  D'abord,  les  prix  varient  sans  cesse,  puisqu'ils 
sont  subordonnés  et  à  la  valeur  des  denrées,  et  au  plus  ou  moins 
d'occupations  des  nombreux  fermiers  répandus  dans  le  voisinage 
de  Saint-Etienne.  Adopter  une  base  pareille  serait  mettre  les  exploi- 
tants à  la  merci  des  pétitionnaires,  ou  créer  entre  eux  miatière 
à  mille  difficultés.  D'ailleurs,  il  est  possible  et  même  probable  que 
d'autres  objets  que  des  houilles  seront  transportés  sur  les  bords  de 
la  Loire,  au  moyen  d'un  chemin  de  fer,  et  rien,  dans  l'état  des 
choses,  n'indiquerait  à  quel  prix  le  transport  doit  sopérer.  La 
Chambre  pense  donc  que  le  prix  de  toute  espèce  de  transports  à 
exécuter  au  moyen  du  chemin  de  fer  doit  être  établi  à  raison  de 
l'espace  à  parcourir  et  du  poids  à  transporter. 

La  Chambre  fera  observer  à  ce  sujet  que,  dans  la  pétition,  on 
exagère  les  résultats  des  prix  de  transport  actuels  sur  la  valeur  de 
la  houille  rendue  sur  les  bords  de  la  Loire.  Car  on  expose  que  le 
prix  du  transport  triple  le  prix  de  la  houille.  Cette  assertion  n'est 
pas  exacte  à  l'égard  de  la  houille  menue  ;  à  plus  forte  raison  ne 
l'est-elle  pas  à  l'égard  des  autres  qualités.  La  houille  menue  vaut 
à  la  mine  45  c.  la  benne  ;  elle  coûte  communément  de  transport 
65  c.  Ainsi,  elle  vaut,  rendue  au  port,  1  fr.  10,  ou  environ  deux 
fois  et  demie  son  prix  à  la  mine.  Mais  cette  proportion  est  bien 
inférieure  lorsqu'il  s'agit  des  autres  qualités.  En  relevant  ainsi 
l'assertion  des  pétitionnaires,  la  Chambre  n'entend  nullement 
contester  Futilité  du  projet  ;  mais  elle  le  fait  parce  qu'elle  croit 
nécessaire  que  le  Gouvernement  ne  reçoive  que  des  renseignements 
exacts. 

Maintenant,  si  on  examine  que  le  transport  des  houilles  de 
diverses  qualités  de  Saint-Etienne  à  la  Loire  n'est  pas  en  dessous 
de  400.000  bennes,  on  trouve  que  le  prix  de  leur  transport  s'élève  à 
260.000  francs.  Déduisant  de  cette  somme  30  %,  il  resterait  pour  les 
frais  de  transport  par  le  chemin  de  fer  182.000  francs,  somme  bien 
au-dessus  de  celle  que  doit  produire  un  établissement  qui,  selon 
toute  apparence,  n'exigera  pas  une  mise  de  fonds  de  plus  de 
POO.OOO  francs. 

Les  pétitionnaires  proposent  de  considérer  les  chemins  de  fer 
comme  une  sorte  de  caiiaux  aecs.  La  Chambre  adopte  volontiers 
cette  dénomination,  mais  elle  ne  voudrait  pas  que  le  canal  sec 
projeté  de  Saint-Etienne  à  la  Loire  (1),  ne  fût  exploité  et  parcouru 


(1)  Cette  dénomination  de  canal  sec,  donnée  au  chemin  de  fer,  a  en- 
traîné celle  du  port  sec  donnée  aux  premières  gares.  Par  contre,  on  dilt 
aujourd'hui  gare  d'eau  pour  .les  ports  fluviaux  desservis  par  des  voies 
ferrées. 


qu'au  bénéfice  exclusif  d'une  Compagnie,  parce  qu'encore  une  fois 
elle  pense  que  ce  moyen  de  transport  peut  et  doit  s'appliquer  à 
plusieurs  espèces  de  marchandises.  Dès  lors,  elle  demande  qu'il  en 
soit  usé  ici  comme  dans  les  canaux  ordinaires  ;  c'est-à-dire  que 
chaque  particulier  soit  autorisé  à  se  servir  du  chemin  de  fer  pour 
tel  transport  qu'il  voudra  y  opérer,  pourvu  toutes  fois  quil 
n'emploie  que  des  chariots  des  formes  et  dimensioniS  requises,  qu'il 
se  soumette  aux  règlements  adoptés  pour  les  heures  de  départ  et 
de  retour,  et  enfin  qu'il  acquitte  les  droits  fixés  par  le  tarif.  Au 
moyen  de  dispositions  semblables,  le  chemin  de  fer  méritera  réelle- 
nïent  le  nom  de  canal  sec  ;  son  utilité  s'approchera  autant  que 
possible  de  celle  des  canaux  ordinaires,  et,  s'il  est  démontré  que  des 
obstacles  invincibles  s'opposent  à  la  construction  d'un  canal  de 
Saint-Etienne  à  la  Loire,  du  moins  on  sera  parvenu  à  obtenir  dans 
les  moyens  de  transport  et  dans  la  modération  de  leurs  prix  toutes 
les  améliorations  que  le  commerce  réclame  depuis  longtemps. 

La  Chambre  ne  terminera  pas  son  avis  sans  présenter  une  obser- 
vation qu'elle  croit  de  la  plus  grande  importance,  et  qu'à  ce  titre 
elle  ose  recommander  à  la  sagesse  du  Gouvernement. 

Dans  toutes  les  circonstances  semblables  à  "^lle  qui  se  présente, 
les  tarifs  sont  calculés  sur  l'échelle  de  consommation  la  plus  basse 
et  de  manière  à  assurer  à  chaque  Compagnie  le  juste  dédommage- 
ment qu'elle  a  droit  d'attendre  de  sa  mise  dehors  ;  mais  presque 
toujours  les  résultats  dépassent  les  espérances  ;  le  commerce  s'étend 
à  mesure  qu'on  facilite  ses  débouchés  ;  les  bénéfices  des  Compagnies 
s'accroissent  en  proportion  et  finissent  par  dépasser  les  bornes 
qu'on  aurait  dû  leur  assigner.  La  Chambre  demande  que,  pour 
donner  au  chemin  de  fer  toute  l'utilité  que  le  commerce  a  droit 
d'en  attendre,  le  tarif  des  droits  soit  susceptible  d'être  revisé  tous 
les  dix  ans,  soit  sur  la  demande  du  commerce,  soit  sur  celle  des 
actionnaires.  La  justice  de  cette  mesure,  en  garantissant  tous  les 
intérêts,   doit  lui  mériter  l'assentiment   général. 

Signé  :  Antoine  Thiollière-Npyron,  Hippolyte  Royet,  maire  ; 
H.   Peyret-Plotton. 

1x3  17  avril  1S22,  la  Chambre  consultative  reconnaissait  qiue 
«  réftablissemeait  d'un  chemin  de  fer  de  Saint-Etienne  à  la 
F>oire  était  une  entreprise  capable  d'influer  d'une  manière 
sensible  sur  la  prospérité  de  la  ville  de  Saint-F.tienne  et  de  ses 
environs  ».  Mai?  h  cet  avis,  favorable  en  principe,  se  mêlaient 
des  restrictions. 

L'établissement  du  chemin  de  for  doit  être  utile  sous  rertaiîis 
rapports,  mais  la  plus  grande  utilité  sera  pour  la  Compagnie,  qu'il 
enricliira,     et  pour  les  provinces  auxfiuellcs  il   fera   parvenir  nos 


-  624  — 

houilles  à  meilleur  marché  qu'elles  ne  sont  actuellement.  Ces  avan- 
tages seront-ils  partagés  par  la  ville  de  Saint-Etienne  ?  On  peut  dire 
hardiment  :  non,  en  exceptant  toutefois  le  petit  nombre  d'entrepre- 
neurs d'exploitations  qui  ont  intérêt  à  ce  que  leurs  entreprises 
prennent  le  plus  de  développement  possible. 

Il  est  difficile,  dans  l'état  actuel  des  choses,  de  raisonner  sur  ce 
que  pourraient  être  les  intérêts  de  la  masse  des  propriétaires,  si  on 
avait  fixé  les  bases  d'un  bon  système  d'exploitation  ;  mais  tout  est 
encore  dans  le  vague  à  cet  égard  ;  et  même  plus  il  va,  plus  il 
semble  que  tout  s'embrouille.  En  attendant,  quel((ues  propriétaires, 
qui  avaient  pris  les  devants  antérieurement  à  la  loi  du  21  avril  1810, 
continuent  seuls  à  exploiter  ;  d'autres  propriétaires,  jouissant  de 
fortunes  considérables,  ayant  de  vastes  propriétés  riches  en  tré- 
fonds, ne  peuvent  obtenir  la  permission  d'ouvrir  aucune  exploitation, 
et  ne  savent  quand  et  comment  il  sera  fait  droit  à  leurs  demandes. 
Ce  n'est  donc  qu'un  petit  nombre  d'exploitants  qui  peut  avoir  intérêt 
à  l'établissement  du  chemin  de  fer. 

Tous  les  autres  propriétaires  ont  un  intérêt  contraire,  et,  parmi 
ces  propriétaires,  il  faut  mettre  en  première  ligne  les  hospices  de 
Saint-Etienne,  qui  possèdent  des  biens  considérables  dans  l'étendue 
du  territoire  houiller,  et  particulièrement  dans  la  banjlieue  de  Saint- 
Etienne. 

La  Chambre  faisait  allusion  au  retard  apporté  à  la  déli- 
vrance des  concessions  de  mines.  Elle  prenait  ensuite  la 
défense  des  fermiers  ou  paysans  qui  voituraient  du  charbon 
et  dont  le  chemin  de  fer  allait  supprimer  l'industrie.  J'ai  cité 
l'extrait  de  la  délibération  en  parlant  des  transports  par  terre 
(v.  p.  609). 

Maintenant,  les  inconvénients  que  Von  vient  de  signaler  seront-ils 
coînjjensés  par  quelques  avantages  offerts,  soit  à  la  ville  de  Saint- 
Etienne,  soit  aux  propriétaires  du  territoire  houiller,  soit  aux  fer- 
miers ?  Le  projet  proposé  n'en  présente  aucun. 

S'il  en  résultait  une  diminution  dans  le  prix  des  houilles  que 
consomment  les  manufactures  de  Saint-Etienne,  ce  serait  sans  doute 
un  objet  à  prendre  en  considération  ;  miais  rien,  jusqu'à  présent, 
ne  doit  faire  présumer  un  pareil  résultat.  Car,  si  le  prix  des  houilles 
a  augmenté  dans  des  circonstances  où  l'exportation  en  a  été  res- 
treinte par  diverses  causes,  alors  qu'elle  se  trouvera  facilitée  par  la 
l'éduction  du  prix  du  transport,  il  est  plutôt  à  croire  qu'il  subira  une 
nouvelle  augmentation.  11  est  également  raisonnable  de  supposer 
qu'une  grande  exportation  obligera  bientôt  les  exploitants  à  attaquer 
les  couches  inférieures  des  houillères,  ce  qui,  en  augmentant  les 
frais  d'exploitation,  contribuera  encore  à  élever  le  prix  des  houilles. 
Ainsi,    sous   aucun    rapport,    les   facilités   données    à    l'exportation 


-^  —  625  — 

n'offrent  les  moindres  avantages  au  commerce  de  Saint-Etienn,€.  Le 
contraire  est  seul  présumable. 

Lors  même  qu'il  serait  vrai  de  dire  que  le  prix  de  la  houille 
n'augmentera  pas  et  que  les  manufactures  sont  désintéressées  dans 
la  question,  on  ne  saurait  affirmer  la  même  -chose  des  nombreux 
artisans,  tels  que  selliev^s,  bowreiiers,  inarécliauxt  charrons  et 
autres,  auxquels  un  commerce  de  transport  considérable  donne 
nécessairement  de  V occupation  et  des  moyens  d'existence.  Leur 
ruine  est  la  suite  indispensable  de  rétablissement  du  chemin  de  fer. 

Déjà  on  a  établi  que  les  propriétaires  verraient  les  prix  de  leurs 
fermes  subir  dénormes  réductions,  et  que  les  fermiers  perdraient 
leur  seule  industrie.  Or,  on  ne  saurait  apercevoir  aucune  compensa- 
tion à  d'aussi  funestes  résultats.  Si  on  avait  seulement  l'espoir  de 
voir  les  contributions  énonnes  qui  pèsent  sur  le  canton  recevoir  un 
allégement  proportionné  aux  pertes  qu'on  essuiera,  on  trouverait  là 
un  adoucissement  aux  maux  qu'on  redoute  ;  mais  il  n'en  sera  rien. 
Les  contributions  de  toute  espèce  continueront  à  accabler  les  pro- 
priétaires et  les  fermiers,  et  tous  les  bénéfices  de  l'industrie  qui  les 
soutenait  passeront  aux  mains  d'une  Compagnie  qui  ne  supportera 
aucune  des  charges  publiques. 

Il  ne  saurait  entrer  dans  les  intentions  de  la  Chambre  de  s'opposer 
aux  mesures  qui  tendent  à  faciliter  le  transport  d'un  objet  de  pre- 
mière nécessité,  tel  que  le  combustible  tiré  des  houillères,  et  à  le 
rendre  nloins  dispendieux  pour  les  provinces  qui  en  ont  besoin.  Sans 
doute,  la  nature  a  fait  beaucoup  pour  les  habitants  de  Saint-Etienne, 
en  les  plaçant  sur  l'un  des  territoires  les  plus  riches  en  houille  qui 
existent,  et  ce  serait  de  leur  part  le  comble  de  la  déraison  et  de 
l'injustice  que  de  vouloir  se  réserver  à  eux  seuls  la  jouissance  de 
pareilles  richesses.  Mais  ce  serait  aussi  une  mesure  trop  violente  de 
faire  tourner  contre  eux  les  dons  que  la  nature  leur  a  faits^  et  tel 
serait  à  peu  près  le  résultat  de  rétablissement  du  chemin  de  fer  dans 
l'état  actuel  des  exploitations  et  dans  le  vague  absolu  des  proposi- 
tions et  des  prétentions  de  la  Compagnie  qui  se  présente  pour 
l'exécuter. 

La  Chambre  consultative,  instruite  que  le  Conseil  général  du 
département  a  pi-oposé  d'ouviir  la  concurrence  des  soumissions 
pour  l'entreprise  du  chemân  de  fer,  ne  balancerait  pas  à  appuyer 
cette  proposition  s'il  s'agissait  d'un  canal  de  navigation,  parce 
qu*wn  canal,  facilitant  les  transports  dans  tptis  les  sens»  donne 
miLssunce  à  une  multitude  d'industries  (jui  peuvent  remplacer  celles 
qu'il  a  d'abord  supprimées.  Mais  le  chemin  de  fer,  ne  pouvant  servir 
qu'à  l'exportation  des  houilles,  anéantit  une  industrie  considérable 
sans  offrir  amiino  couipeusation  quelconque. 

Ainsi,  dans  l'intérêt  des  nombreuse.s  manufactures  de  cette  ville, 
dans  celui  des  propriétaires  du  territoire  houilier.  et  spécinlomeiit 
des  hospices  de  Saint-Ktienne.  dans  relui  tU'^^  fermiers  qui  s'occupent 


-  626  — 

au  transport  des  liouilles  et  des  artisans  dont  lindustrie  est  liée 
à  celle  des  fermiers,  la  Chambre  consultative  croit  devoir  demander  : 

1°  Quavant  de  statuer  sur  rétablissement  du  chemin  de  fer,  il 
soit  enfin  statué  sur  les  nombreuses  demandes  en  concession  de 
mines  qui  ont  été  formées  par  les  divers  propriétaires,  depuis  dix 
ans  et  plus,  et  que  l'on  fixe  la  quantité  de  puits  qui  devront  être 
rigoureusement  tenus  en  état  d'exploitation  ; 

2°  Que  les  bases  d'après  lesquelles  la  Compagnie  du  chemin  de 
fer  sera  formée  et  le  tarif  d'après  lequel  elle  sera  autorisée  à  perce- 
voir, soient  rendus  publics,  afin  d'être  soumis  à  la  discuission,  tant 
des  autorités  locales  que  de  tous  les  intéressés  ; 

3«  Qu'au  nombre  des  conditions  de  la  concession,  il  soit  imposé 
celle  d'acquitter  la  contribution  foncière  de  l'entier  chemin,  à  la 
décharge  du  canton  de  Saint-Etienne,  et  celle  que  le  directeur  de 
la  Compagnie  devra  avoir  un  domicile  à  Saint-Etienne,  pour  y 
acquitter,  au  nom  de  la  Compagnie,  sa  part  des  contributions 
publiques  assignées  à  ladite  ville  ; 

4«  Que  le  tiers  des  actions  de  la  Compagnie  soit  affecté,  par 
préférence  à  tous  autres,  aux  propriétaires  et  fermiers  du  canton 
houiller  de  Saint-Etienne  payant  au  moins  cent  francs  d'impôt  ;  et 
que  l'Administration  des  hosipices  soit  spécialement  autorisée  à 
prendre  de  ces  actions  dans  la  proportion  de  la  contribution  foncière 
des  biens  qu'elle  possède  dans  ledit  canton,  à  moins  que  l'on  ne 
préfère  lui  céder  gratuitement  le  nombre  d'actions  qui  sera  jugé 
convenable  pour  l'indemniser  de  la  réduction  de  ses  fermages  ; 

5*^  Enfin,  qu'attendu  que  les  fonds  que  le  chemin  de  fer  est  dans 
le  cas  de  parcourir  sont  des  prairies  de  première  qualité  du  pays, 
et  que  des  experts  munis  de  connaissances  locales  sont  seuls  à 
même  d'apprécier,  il  soit  expressément  statué,  sans  égard  à  la 
demande  de  la  Compagnie,  que  les  estimations  des  indemnités  de 
dépossession  seront  faites  conformément  à  la  loi  du  8  mars  1810.     - 

Signé  :  Hippolyte  Royet,  maire  ;  Eustache  Thiollière-Neyron, 
A. -P.  Praire,  Gerin,  H.  Peyret-Plotton. 

Les  passages  en  italiques  me  dispensent  d'insister  sur  les 
motifs  qui  inspiraient  les  membres  de  la  Chambre  consultative, 
dont  trois  appartenaient  à  l'industrie  des  rubans,  deux  à  celle  de 
la  quincaillerie  :  le  souci  de  voir  de  nombreux  artisans  ruinés 
parce  que  leur  clientèle  était  celle  des  voituriers,  le  souci  de 
ne  pas  favoriser  l'exportation  d'un  objet  de  première  nécessité 
comme  le  charbon,  souci  qui  avait  inspiré  la  création  de  la 
Réserve  de  1702  autour  de  la  ville,  le  regret  de  ne  pas  voir 
préférer  un  canal  au  chemin  de  fer. 


—  627  — 

Le  regret  de  ne  pas  voir  entreprendre  un  canal  fut  exprimé 
encore  le  2  août  1822.  : 

Dans  sa  délibération  du  16  octobre  1821,  la  Chambre  a  appelé 
l'attention  du  Gouvernement  sur  les  avantages  d'un  canal,  bien 
supérieurs  à  ceux  du  chemin  de  fer.  Elle  ne  doit  pas  laisser 
échapper  la  circonstance  présente  pour  faire  remarquer  que  l'utilité 
de  ce  chemin  sera  bien  circonscrite,  tant  qu'on  n'aura  pas  exécuté 
un  canal  latéral  à  la  Loire  de  Ddgoin  à  Andrézieux.  Ce  canal  est  le 
complément  nécessaire  de  celui  qui  va  être  entrepris  de  Briare  à 
Dtigoin. 

La  Chambre  regrettait  aussi  qu'on  n'ait  pas  accordé  encore 
les  concessions  de  mines. 

Elle  était  satisfaite  du  choix  du  point  de  départ  et  du  pomt 
d'arrivée  du  chemin  de  fer  projeté. 

La  Compagnie  du  chemin  de  fer  n'avait  point  expliqué  quel  en 
serait  le  point  de  départ.  Dans  sa  délibération  du  16  octobre  1821, 
la  Chambre  a  demandé  une  explication  à  ce  sujet.  On  a  désigné  le 
lieu  appelé  le  Pont-de-rAne,  sur  la  route  de  Saint-Etienne  à  Lyon, 
pour  point  de  départ,  et  pour  point  d'arrivée  le  sommet  des 
magasins  établis  au  port  d'Andrézieux,  de  manière  à  ce  que  des 
embranchements  particuliers  donnent  les  moyens  de  vuider  la 
houille  dans  chaque  magasin  particulier.  Cette  explication  a  paru 
à  la  Chambre  satisfaisante  pour  l'intérêt  des  principales 
exploitations. 

La  Chambre  consultative  discuta  le  tarif  pi-oposé,  repoussa 
la  comparaison  avec  le  tarif  exagéré  du  canal  de  Givors  et  basa 
se6  propres  propositions  sur  le  coût  du  transport  par  terre,  qu'il 
fallait,  réduire  de  30  %.  Le  taïux  auquel  elle  s'arrêta  était  de 
0  fr.  017  par  hectolitre  de  houille  et  par  kilomètre.  Mais  comme 
ce  taux  ne  comprenait  ni  le  chargement,  ni  le  déchargement, 
qu'opérait  le  voiturier,  la  Chambre  posa  le  principe  du  droit 
d'embranchement.  Cette  délibération  était  mêlée  de  regrets  sur 
la  perte  que  le  chemin  de  fer  allait  causer  à  la  ville  de  Saint- 
Etienne  1 

I/e  chemin  de  fer,  construit  pour  expédier  de  la  houille, 
devait  ramener  des  matériaux  de  construction  au  tarif,  proposé 
par  la>  Chambre,  de  0  fr.  01  par  hectolitre  et  par  1.000  mètres. 

Le  tarif  devait  être  revisé  tous  les  dix  ans. 

La  Compagnie  avait  d'abord  offert  d'exérut<er  le  transport  de  la 
houille  avec  un  rabais  de  trente  pour  cent  sur  les  pnix    actuels. 


—  628  - 

Mais  elle  ne  s'était  point  expliquée  sur  ce  qu'elle  entendait  par  ces 
mots  prix  actuels.  La  Chambre  consultative  s'est  plainte  du  vague 
de  ces  expressions  ;  depuis,  la  Compagnie  a  ojfert  d'opérer  le  trans- 
port moyennant  deux  ceiUimes  par  hectolitre  et  par  mille  mètres,  et 
en  taisant  cette  offre,  elle  l'a  accompagnée  de  l'observation  que  ce 
prix  est  inférieur  d'un  tiers  aux  frais  supportés  jusqu'à  ces 
dernières  années  par  la  navigation  du  canal  de  Givors. 

Avant  de  discuter  l'offre  de  la  Compagnie,  la  Chambre  consultative 
croit  devoir  faire  remarquer,  au  sujet  de  l'observation  qui  raccom- 
pagne, que  les  frais  de  navigation  du  canal  de  Givors  sont  exagérés 
et  hors  de  toute  proportion  avec  ceux  de  tous  les  autres  canaux  du 
royaume  ;  que  cette  assertion  est  prouvée,  et  par  les  mémoires  qui 
ont  paru  depuis  quelques  mois,  et  surtout  par  la  conduite  du 
commerce,  qui  n' emprunte  la  voie  onéreuse  de  ce  canal  que  lorsqu'il 
ne  peut  pas  mieux  faire  ;  qu'ainsi  la  Compagnie  du  chemin  de  fer, 
en  prenant  les  frais  de  navigation  du  canal  de  Givors  pour  point  de 
comparaison,  part  d'une  base  que  les  intérêts  du  commerce  ne 
permettront  jamais  d'admettre. 

Maintenant,  quel  serait  le  résultat  de  l'admission  de  loffre  de  la 
Compagnie  ?  Un  char  attelé  d'un  cheval  transporte  dix  hectolitres 
de  houille.  Ce  serait  donc  vingt  centimes  par  1.000  mètres.  La 
distance  à  parcourir  du  Pont-de-l'Ane  à  Andrézieux  est  évaluée  à 
17.000  mètres.  Ainsi  le  transport  d'iin  char  de  houille  partant  de  ce 
point  reviendrait  à  3  fr.  40.  Les  principales  mines  actuellement  en 
exploitation  se  trouvant  d'au  moins  1.000  mètres  plus  rapprochées 
d' Andrézieux,  le  transport  des  10  hectolitres  reviendrait  pour  elles 
à  3  fr.  20. 

Ces  prix  offrent-Us  un  rabais  de  30  %  sur  les  prix  actuels  ?  La 
Chambre  consultaUve  dit  affirmativement  .-  non.  En  effet,  s'il  est 
vrai  de  dire  que  les  pnix  du  transport  dun  char  de  10  hectolitres 
ont  varié,  et  qu'ils  se  sont  élevés  jusqu'à  5  francs  pour  une  distance 
moyenne  (comme  de  16.000  mètres),  il  ne  l'est  pas  moins  que  ces 
prix  ont  duré  peu  de  temps  ;  que  la  concurrence  en  a  bien  vite 
opéré  la  réduction  ;  que,  depuis  deux  à  trois  ans,  ces  prix  ne  se  sont 
guère  élevés  au-dessus  de  3  fr.  50,  et  que,  depuis  assez  longtemps,  ils 
sont  tombés  à  3  francs.  Après  avoir  consulté  les  principaux  extrac- 
teurs de  la  banlieue,  la  Chambre  consultative  s'est  assurée  que  le 
prix  du  transport  d'un  char  de  iO  hectolitires  devait  être  fixé  au  taux 
moyen  de  i  francs,  et  cela  tant  dans  l'intérêt  du  voiturier  que  du 
propriétaire  extracteur.  Elle  prendra  ce  prix  pour  base  de  ses 
calculs. 

Un  rabais  de  30  %  sur  ce  prix  porte  les  frais  de  transport  de 
10  hectolitres-  à  2  fr.  80  ;  un  rabais  du  tiers  les  réduit  à 
2  fr.  66  c.  7/10.  En  comparant  ces  rétsultats  avec  ceux  qu'on  obtient 
en  portant  le  prix  du  transport  à  2  centimes  par  hectolitre  et  par 
1.000  mètres,  on  voit  que  la  moindre  différence  est  de  40  centimes.  Elle 
est  trop  considérable  pour  pouvoir  être  négligée.   Il  ne  serait,   ni 


dans  lintérêt  de  la  Compagnie,  ni  dans  celui  des  propriétaires, 
qu'on  acquiesçât  à  une  pareille  demande  ;  d'abord,  quant  à  la 
Compagnie,  parce  qu'elle  ne  saurait  espérer  de  retirer  quelque 
profit  de  son  entreprise  qu'autant  qu'elle  offrira  un  certain  avantage 
et  que,  par  là,  elle  anéantira  la  concurrence  du  transport  par  la 
voie  ordinaire  *  et,  quant  aux  propriétaires  dont  les  fonds  seront 
traversés  par  le  chemin  de  fer,  parce  qu'il  serait  on  ne  peut  plus 
désagréable  pour  eux  de  faire  la  cession  d'une  portion  de  leurs 
inmieubles  pour  un  chemin  qui  ne  présenterait  qu'une  utilité  très 
circonscrite  et  presque  problématique. 

En  partant  de  ces  données,  la  Chambre  consultative  pense  que  le 
prix  du  transport  d'un  he'(^tolitre  de  houille  ne  saurait  sans  incon<vé- 
nient  être  fixé  au-dessus  d'un  centime  et  sept  dixièmes  par  mille 
mètres.  Et,  en  proposant  cette  fixation,  non  seulement  elle  est 
persuadée  que  la  Compagnie  fera  un  bénéfice  considérable,  mais 
elle  pense  que  ce  prix  ne  doit  être  accordé  que  sous  certaines  condi- 
tions, dont  elle  expliquera  tout  à  l'heure  les  motifs. 

Au  moyen  du  prix  qui  vient  d'être  indiqué,  on  voit  que  le  prix  du 
transport  de  10  hectolitres  reviendra,  pour  un  espace  moyen  de 
16.000  mètres,  à  2  fr.  72.  Cette  somme  surpasse  de  5  c.  3/10  le  prix 
de  4  francs,  réduit  d'un  tiers.  Elle  est  inférieure  de  8  c.  à  ce  même 
prix  réduit  de  30  %.  Il  est  difficile  de  se  rapprocher  davantage  des 
offres  faites  par  la  Compagnie. 

Maintenant,  il  est  indispensable  d'expliquer  que  le  voiturier  qui 
opère  le  transport  de  iO  hectolitres  de  houille  pour  3  francs  en  fait 
lui-même  le  chargement  à  la  bouche  du  puits  et  le  déchargement 
aux  magasins  du  propriétaire  ;  de  sorte  que  celui-ci  n'a  aucuns 
frais  accessoires  à  payer.  Si  donc  la  Compagnie  n'en  agissait  pas 
de  la  même  mamère,  si  elle  n'allait  pas  prendre  la  houille  à  la 
bouche  des  puits,  si  elle  n'en  faisait  pas  opérer  le  déchargement 
dans  les  magasins  à  Andrézieux,  ou  si  elle  exigeait  pour  tout  cela 
un  surcroît  de  frais,  alors  ce  ne  serait  plus  1  c.  7/10  qu'il  convien- 
drait de  lui  allouer,  mais  un  prix  bien  .inférieur. 

Pour  pouvoir  opérer  le  chargement  à  la  bouche  des  puits^  il  faut 
que  des  embranchf^ments  y  soient  dirigés.  Sans  doute,  on  ne  peut 
raisonnablement  exiger  que  la  Compagnie  fasse  cette  dépense  à  la 
volonté  de  chaque  propriétaire  extracteur  ;  mais  lorsque  celui-ci 
se  soumettra  à  fournir  une  exportation  de  300  hectolitres  par  four, 
la  Compagnie  ne  doit  pas  pouvoir  se  refuser  à  sa  demande. 

Dans  sa  délibération  du  17  avril  dernier,  la  Chambre  consultative 
a  consigné  ce  fait  important  que  l'établissement  du  chemin  de  fer 
déplacera  et  anéantira  même  une  industrie  considérable  ;  que  le 
pnix  des  fermes,  dans  toute  la  banlie^ie,  ne  peut  manquer  d'éprouver 
une  réduction  proportionnée  aux  pertes  que  les  fermiers  vont 
essuyer  Elle  a  fait  remarquer  que  les  avantages  résultant  de  la 
modéralion  du.  prix  du  transport  de  la  Iiouille  de  Saint-FAienne  au 
port    d'embarquement    ne    pouvaient    être    partagés    que    pctr    les 

41 


—  630  — 

comommatieurs  et  par  les  exploitants,  qui  sont  actuellement  en 
petit  nombre.  Quant  aux  bénéfices  résultant  de  Ventreprise  du 
chemin  de  fer,  personne  ou  presque  personne  dans  la  ville  de  Saint- 
Etienne  ou  sa  banlieue  n'y  participera^  ou  n'est  appelé  à  y  parti- 
ciper, puisque  rien  n'annonce  que  l'entreprise  doive  être  adjugée  à 
la  Compagnie  qui  fera  les  offres  les  medlleures.  Ainsi,  la  ville  de 
Saint-Etienne  et  sa  banlieue  vont  perdre  annuellement  des  sommes 
considérables,  et  aucun  dédommagemeni  ne  leur  est  offert. 

Depuis  qu'il  existe  une  communication  facile  avec  Andrézieux,  il 
se  rend  journellement  à  Saint-Etienne  une  quantité  considérable  de 
chaïuc  de  Sury.  Le  sable  nécessaire  pour  les  constructions  est  rare  à 
Saint-Etienne,  cher  et  de  mauvaise  qualité.  Les  voituriers  ont  eu 
quelque  peine  à  se  mettre  en  usage  de  faire  des  retours  d' Andrézieux 
en  sable  de  la  Loire.  Aujourd'hui,  il  arrive  journellement  une 
grande  quantité  de  voitures  chargées  de  sable,  et  déjà  la 
concurrence  en  a  fait  baisser  le  prix.  Si  aucune  obligation  n'est 
imposée  à  la  Compagnie  du  chemin  de  fer  pour  le  transport  de  ces 
objets  et  autres  analogues,  il  est  évident  que  la  ville  n'aura  plus 
aucun  moyen  de  se  les  procurer  à  bas  prix,  dès  le  moment  où  il 
n'existera  plus  aucune  voiture  qui  ait  des  retours  à  faire  en  ces 
objets.  Mais,  comme  ils  sont  en  eux-mêmes  de  peu  de  valeur,  ce 
ne  serait  accorder  à  la  ville  aucun  avantage  que  de  les  taxer  à 
l'égal  de  la  houille.  En  demandant,  ainsi  que  la  Chambre  le  fait 
ici  d'ime  manière  expresse,  que  la  Compagnie  contracte  l'obligation 
de  former  ses  retours  en  \chaux,  pierre  à  chaux,  sable,  cailloux:  et 
autres  objets  analogues  au  prix  d'un  centime  par  hec'tolitre  et  par 
i.OOO  mètres,  et  avec  la  condition  de  ne  pouvoir  refuser  le  charge- 
ment de  ces  objets  toutes  les  fois  que  leur  poids  n'excédera  pas  le 
quart  du  poids  du  chargement  à  la  descente  de  Saint-Etienne  à 
Andrézieux,  elle  croit  ne  solliciter  qu'un  bien  faible  dédommagement 
des  pertes  que  la  ville  va  essuyer  par  suite  de  l'établissement  projeté. 
D'ailleurs,  il  est  d'usage  que  le  transport  de  ces  objets  par  les 
canaux  ne  soit  assujetti  qu'à  un  droit  extrêmement  modique  ;  ainsi 
la  Chambre  ne  réclame  rien  que  de  bien  juste,  et  l'intérêt  de  la 
Compagnie  s'y  trouvera,  puisqu'elle  est  assurée  d'avoir  des  retours 
constants,  dès  le  moment  où  elle  versera  les  divers  matériaux  sur 
le  marché  de  Saint-Etienne  à  un  prix  qui  permettra  d'en  faire 
emploi. 

Mais  on  ne  peui  imposer  une  pareille  obligation  à  la  Compagnie 
sans  l'astreindre  à  former  un  embranchement  qui  se  dirige  sur  la 
ville  de  Saint-Etienne.  Cette  seconde  obligation  est  une  conséquence 
de  la  première,  elle  ne  doit  point  être  à  charge  à  la  Compagnie, 
parce  qu'il  est  bien  constant  que  de  Saint-Etienne  même  il  pourra 
partir  tous  les  jours  des  chargements,  non  pas  seulement  en  houille, 
mais  encore  en  pierres  de  taille,  en  briques,  tuiles,  carreaux,  etc., 
destinés  pour  la  plaine  du  Forez.  A  quel  lieu  aboutira  un  pareil 
embranchement  ?  La  Chambre  consultative  n'entreprendra  pas  de  le 


—  631  — 

décider.  Elle  pense  que  la  Compagnie  devra  s'entendre  à  cet  égard 
avec  l'Administration  municipale. 

Indépendamment  de  ces  diverses  conditions  particulières  à  l'éta- 
blissement dont  il  est  ici  question,  il  en  est  une  multitude  d" autres 
que  l'on  est  dans  le  cas  d'imposer  à  toute  Compagnie  qui  entreprend 
d'exécuter  à  ses  frais  une  communication  quelconque.  Le  cahier 
des  charges  qui  les  contiendra  sera-t41  rendu  public  ou  soumis  au 
moins  à  la  discussion  des  a;utorité,s  locales  ?  Rien  ne  le  fait  encore 
pressentir,  mais,  s'il  en  est  autrement,  comment  seront  garantis 
des  intérêts  de  localités  dont  à  Paris  on  ne  peut  avoir  la  moindre 
notion  ? 

Ce  qui  se  passe  actuellement  au  sujet  du  canal  de  Givors 
démontre  la  sagesse  de  la  loi  qui  fixe  à  des  époques  rapprochées  la 
revision  des  tarifs  des  canaux.  La  Chambre  consultative  a  déjà 
demandé  qu'il  soit  procédé^  après  un  intervalle  de  dix  ans,  à  la 
revision  du  tarif  du  chemin  de  fer.  Elle  persiste  dans  cette  demande 
et  elle  pense  que  l'intérêt  puhlic  exige  que  ce  délai  ne  soit  pas 
davantage  prolongé. 

En  se  résimiant,  la  Chambre  consultative  est  d'avis  :  1°  que  le 
prix  du  transport  d'un  hectolitre  de  houille  soit  fixé  à  un  centime 
sept  dixièmes  par  mille  mètres,  sous  les  conditions  expresses 
d'opérer  pour  ce  prix  le  chargement  de  la  houille  à  la  bouche  des 
puits  et  son  déchargement  dans  les  magasins,  de  faire,  en  consé- 
quence, tous  les  embranchements  nécessaires  et  particulièrement 
ceux  (]ui  seront  réclamés  par  des  extracteurs  qui  garantiront  une 
exportation  de  300  hectolitres  par  jour  ; 

2°  Que  le  prix  du  transport  des  matériaux,  tels  que  chaux,  pierre 
à  chaux,  sable  et  cailloux,  et  autres  analogues,  dans  le  cas  d'être 
chargés  à  Andrézieux  pour  Saint-Etienne,  soit  fixé  à  un  centime  par 
hectolitre  et  par  mille  mètres,  avec  l'obligation  d'effectuer  ce  trans- 
port dans  la  proportion  du  quart  des  chargements  ordinaires,  et 
de  former  un  embranchement  qui  aboutira  dans  la  ville  de  Saint- 
Etîenne  ; 

.3«  Que  le  cahier  des  charges  soit,  avant  toute  adjudication  défini- 
tive, soumis  à  la  discussion  des  autorités  locales  ; 

4«  Qu'il  soit  expressément  statué  que  le  tarif  du  chemin  de  fer 
sera  revisé  après  un  intervalle  de  dix  ans,  conformément  aux  dispo- 
sitions de  la  loi  du  30  floréal  an  10. 

Si^é  :  Hippolyte  Royet,  maire  ;  II.  Peyret-Plotton,  Oerin. 
Eustache  Thiollière-Neyron,  J.-B.  Lamotte  aîné  . 

Tel  fut  l'avis  exprimé,  au  nom  du  commerce  et  de  l'in- 
dustrie de  Saint- Etienne,  sur  la  construction  du  premier 
chemin  de  fer  de  France.  La  Chambre  consultative  des  Arts  et 
Mamifactures  ne  comptait,  parmi  ses  membres,  aucun  repré- 
sentant des  mines,  qui,  alors,  n'étaient  pas  considérées  comme 


une  industrie,  mais  comme  une  exploitation  se  rattachant  à 
celle  du  sol,  le  propriétaire  de  la  surface  étant  propriétaire  du 
tréfonds.  Elle  avait  comme  président  le  maire  Hippolyte  Royet, 
un  des  magistrats  municipaux  les  plus  remarqiuable-s  qu'ait 
possédés  notre  ville.  Toutes  ces  délibérations,  dont  l'importance 
historique  est  considérable  à  cause  du  sujet  et  que  je  reproduis 
pour  ce  motif,  étaient  marquées  au  coin  du  bon  sens  stéphanois, 
sens  laborieux,  un  peu  timoré,  incliné  vers  les  transformations 
justifiées  par  l'expérience,  mais  non  vers  les  innovations 
hardies. 

La  concession  du  chemin  de  fer  de  Saint-Etienne  à  An- 
drézieuK  fut  délivrée  par  ordonnance  royale  du  26  février  1823 
à  MM.  de  Lur-Saluces  et  consorts,  sous  le  titre  de  «  Compagnie 
du  chemin  de  fer  ».  La  concession  était  perpétuelle.  Une  or- 
donnance du  30  juin  1824  approuva  le  tracé.  Une  a/utre  ordon- 
nance du  21  juillet  1824  autorisa  la  constitution  et  approuva 
les  statuts  de  la  Société. 

Le  tarif  kilométrique  légal  ou  maximum  fut  fixé  à  0  fr.  0186 
par  quintal  de  50  kg.  de  marchandises  ou  par  hectolitre  de 
houille  (75  à  80  kg.).  Il  oscillait  donc  entre  0,2325  ou  0,248  par 
tonne  kilométrique  pour  les  charbons,  et  0  fr.  372  pour  les 
autres  marchandises.  Mais  la  Compagnie  appliquait,  en  1834, 
un  tarif  uniforme  de  0  fr.  19  (i). 

Ce  chemin  de  far  partait  du  Pont-de-l'Ane  et  son  parcours 
représentait  17.695  mètres.  On  voit  encore  la  gare  d'Andrézieux 
(maison  Riboulon)  près  du  pont,  et  une  partie  de  l'ancienne 
ligne,  qu'on  appelle  les  «  voies  basses  >>  et  qui  sert  au  transport 
des  sables. 

Un  embranchement  de  2.249  mètres  partait  du  Marais  et  des- 
servait les  mines  du  Treuil,  du  Soleil,  de  Bérard  et  du  Gagne- 
Petit. 

La  construction  de  cette  première  voie  ferrée  coûta  2.087.000  fr. 
Le  produit  net  de  l'exploitation  correspondit  à  4  %  du  capital. 


(1)  Elle  abaissa  le  tarif  d'abord  à  23  centimes  à  la  descente,  puis  à 
19  et  finalement  à  15  (descente  et  remonte).  Le  tonnage  transporté  fut 
de  20.000  tonnes  en  1830,  45.000  en  1832,  60.000  en  1833,  76.000  en  1835, 
110.000  en  1837  (voir  Alph.  Peyret,  Statistique,  p.  206  et  227  ;  Delestrac, 
Les  premiers  chemins  de  fer  de  la  Loire,  \.  F.  A.  S.,  1897,  2®  volume, 
p.  499  ;  Leseure,  Historique,  p.  190). 


—  633  — 

La  ligne  fut  ouverte  le  i"""  octobre  1828.  Les  transports  s'effec- 
tuèrent au  moyen  de  chevaux,  divisés  en  quatre  ou  cinq  relais. 
On  mettait  deux  heures  pour  descendre,  quatre  pour  remonter. 
Ce  mode  de  transport  coûtait  0  fr.  04  par  tonne  kilométrique  à 
la  Compagnie.  Celle-ci  possédait,  en  1835,  270  wagons  cubant 
chacun  3  mètres  et  contenant  2.400  kg.  de  charbon. 

A  partir  de  1832,  la  Compagnie  transporta  des  voyageurs.  Les 
locomotives  ne  furent  employées  qu'en  1844. 

Le  l*""  juin  1833,  cette  ligne  fut  reliée  au  chemin  de  fer  de 
Saint-Etienne  à  Lyon,  et  le  15  novembre  suivant,  au  chemin  de 
fer  d'Andrézieux  à  Roanne. 


§   7    -  LE  CHEMIN    DE    FER  DE  St-ÉTIENNE    A  LYON 
de  1823    à    1833 


L'ordonnance  royale  instituant  la  concession  du  chemin  de 
fer  de  SaintrEtienne  à  la  Loire  était  à  peine  rendue,  que  la 
Compagnie  demanda  à  être  autorisiée  à  construire  la  seconde 
partie  de  ce  chemin,  sur  le  versant  du  Rhône,  à  partir  du  Pont- 
de-l'Ane  et  par  Saint-Chamond  et  Rive-de-Gier. 

La  Chambre  consultative  des  Arts  et  Manufactures  de  Saint- 
Etienne,  le  28  octobre  1823,  déclara  qu'elle  n'avait  pas  à  déli- 
bérer sfur  l'utilité  de  cette  ligne  : 

Les  mêmes  motifs  qui  ont  déterminé  la  concession  dti  chemin  de 
fer  de  Saint-Etienne  à  la  Loire  doivent  faire  adopter  le  projet  de 
la  prolongation  de  ce  chemin  au  Rhône.  L'utilHé  de  ce  chemin  est 
parfaitement  démontrée.  L'ordonnance  royale  qui  a  autorisé  la 
concession  de  la  première  partie  de  ce  chemin  ne  laisse  aucun 
doute  à  cet  égard,  parce  qu'il  est  de  principe  que  des  entreprises 
de  ce  genre  ne  peuvent  être  autorisées  que  pour  cause  d'utilité 
publique.  Ce  serait  donc  remettre  en  problème  une  question  déjà 
jugée. 

La  partie  du  chemin  de  fer  sur  le  versant  du  Rhône  n'offrirait 
pas  moins  d'avantages  pour  le  transport  de  la  houille  et  des  mar- 
chandises de  toute  espèce.  Aux  mêmjes  avantages  se  joindrait  celui 
d'établir  une  concurrence  désirable  avec  les  droits  de  navigation  sur 
le  canal  do  divors,  (pii   sont  à  un  taux  r-xnriiitnnt. 


—  634  - 

Mais  la  Chambre  consultative  insistait  surtouit  pour  que  les 
prix  de  transport  soient  inférie^urs  à  ceux  de  la  voie  ordinaire  : 

Il  paraît  donc  superflu  d'agiter  la  question  de  Tutilité  d'un 
chemin  de  fer  qui  ne  peut,  être  contestée  et  qui  est  généralement 
reconnue.  Mais,  dans  l'état,  il  faut  que  l'intérêt  public  ne  soit  pas 
compromis.  S'il  est  de  toute  justice  de  faciliter  et  d'encourager 
des  entreprises  de  ce  genre,  il  est  nécessaire  que  les  bénéfices  des 
entrepreneurs  n'excèdent  pas  leur  juste  proportion  avec  les  frais 
de  construction  et  d'entretien  du  chemin  proposé  ;  il  faut  surtout 
que  les  prix  de  transport  par  cette  voie  soient  inférieurs  à  ceux 
établis  par  la  voie  ordinaire.  Ce  doit  être  la  première  condition 
pour  l'admission  de  l'entreprise.  Cette  vérité  est  si  bien  reconnue 
et  si  palpable  qu'il  n'est  pas  besoin  de  chercher  à  l'établir,  et 
MM.  les  actionnaires  l'ont  si  bien  senti  qu'ils  ont  offert  un  rabais 
de  trente  pour  cent  sur  les  prix  actuels. 

^  La  Chambre  n'examinera  point  si  les  actionnaires  auraient  pu 
faire  une  offre  plus  avantageuse,  elle  consentirait  volontiers  à  un 
tarif  fait  dans  cette  proportion.  Mais  il  serait  facile  de  démontrer 
qu'elle  n'a  pas  été  observée  dans  l'allocation  d'un  centime  86  cen- 
tièmes de  centime,  par  mille  mètres  de  distance  et  par  hectolitre 
de  houille.  On  peut  même  aller  plus  loin  et  soutenir  que  ce  tarif 
dépasserait  de  beaucoup  les  prix  actuels,  lors  même  que  les  lignes 
à  parcourir  ne  se  prolongeraient  pas,  pour  la  première  partie  du 
chemin  de  fer,  au  delà  de  18000  mètres,  et,  pour  la  seconde,  au 
delà  de  40.000  mètres  ;  comme  encore,  dans  le  prix  actuel  du  trans- 
port, les  voituriers  sont  tenus  des  frais  du  chargement  et  décharge- 
ment des  voitures,  et  l'ordonnance  garde  le  silence  à  cet  égard, 
cependant  il  convient  que  les  actionnaires  s'expliquent  sur  cet 
objet,  parce  qu'il  importe  de  ne  rien  laisser  pour  l'avenir  à 
l'arbitraire,  ni  matière  à  la  moindre  contestation. 

La  Chambre  a  donc  Phonneur  de  représenter  que,  si  la  seconde 
partie  du  c^hemin  était  concédée  aux  mêmes  clauses  et  conditions 
que  la  première,  cette  concession  deviendrait  plus  onéreuse  que 
profitable,  et  ne  pourrait  obtenir  son  assentiment. 

Les  propriétaires  verraient  avec  peine  d'être  dépouillés  9e  leurs 
propriétés,  sans  aucun  but  réel  d'utilité  publique. 

Dans  l'état,  elle  croit  devoir  se  reporter  aux  avis  par  elle  émis 
dans  ses  délibérations  précédentes,  et  notamment  à  celle  du  2  août 
1822,  en  persistant  dans  les  amendements  qu'elle  a  proposés,  et  qui 
sont  la  garantie  des  droits  réciproques  des  propriétaires  extracteurs 
et  de  la  Compagnie. 

Le  il  mars  1826  —  près  de  deux  ans  après  la  délibération 
précédente  —  la  Chambre  consultative  prit  connaissance  du 
cahier  des  charges  de  la  ligne  à  construire.  Elle  considéra  réta- 
blissement de  ce  chemin  comme  la  mesure  la  plus  utile  qui 


—  635  — 

pouvait  être  prise  dans  l'intérêt  du  commerce  de  l'arrondis- 
sement. Elle  protesta  contre  toutes  les  démarches  de  la  Com- 
pagnie du  canal  de  Givors  pour  empêcher  ou  retarder  la  oon- 
straction  de  cette  ligne  (v.  p.  614).  Une  délibération  analogue  fut 
prise  le  16  mai  de  la  même  année  (v.  p.  615).  Cette  délibération 
était  une  approbation  de  la  pétition  d'un  grand  nombre  de  pro- 
priétaires, fabricants  et  manufacturiers,  adressée  aux  députés 
de  la  Loire. 

L'adjudication  de  la  ligne  avait  été  passée  le  27  mars  1826  à 
la  Compagnie  Seguin  frères,  Biot  &  C'^  (i).  Elle  fut  homologuée 
par  ordonnance  royale  du  7  juin  1826.  Les  statuts  de  la  Société 
furent  approuvés  le  7  mars  1827. 

Le  20  novembre  1828,  la  Chambre  consultative  avait  à  se 
prononcer  sur  le  choix  des  ports  secs^  ou  points  de  chargement 
et  de  déchargement.  L'exposé  du  Mairei  explique  l'origine  du 
fameux  port  seo  de  Bérard,  qui  existe  encore  et  qui  n'est  pas 
près  de  disparaître,  car  sur  ce  port  se  trouvent  les  principaux 
magasins  d'alimentation,  les  Magasins  Généraux,  TEntrepôt  des 
Douanes.  Cet  exposé  est  aussi  la  justification  renouvelée  du 
droit  d'embranchement,  avec  la  conception  simpliste  de  la  fa- 
culté pour  l'industriel  expéditeur  d'atteler  ses  chariots  (ou 
wagons)  à  l'un  des  convois  de  la  Compagnie,  en  la  prévenant 
un  peu  à  l'avance,  et  de  les  en  retirer  au.  point  qu'il  choisira 
lui-même. 

Le  chemin  de  fer  de  Lyon,  comme  celui  de  la  Loire,  devait 
partir  du  Pont-de-l'Ane,  à  2.400  mètres  de  la  ville.  Mais  la 
ligne  de  Lyon  pénétrait  ensuite  joisquà  Bérard  (2).  La  ligne 
d'Andrézieux  traversait  la  plaine  du  Treuil.  Joindre  Bérard 
au  Treuil,  c'est-à-direétablir  une  jonction  en  un  point  rapproché 
de  la  ville  et  très  accessible,  c'était  faciliter  le  oomimercc  -  on 
n'envisageait  pas  encore  le  transport  des  voyageurs  —  et  éviter 
une  grande  partie  du  voiturage  par  terre. 

J'ai  entendu  souvent  critiquer  l'établissement  de  la  gare  à 
Chflteaucreux,  entre  Pont-de-l'Ane  et  Bérard  {où  elle  fut  d'abord 


(1)  Les  cinq  frères  Seguin  faisaient  partie  dp  la  Société.  Blot  était 
le  fils  du  savant  physicien   (Chomienne,  Histoire  de  nive-de-Gier). 

(2  f.a  prare  était  au  n°  27  de  la  rue  <lc  la  Montât,  où  on  a  plarîé 
récemment  une  plaque  commémorative,  qui  attend  encore  son  inau- 
guration. 


—  636  — 

établie).  On  aurait  voulu  voir  cette  gare  dans  la  plaine  du  Treuil, 
qui  fut  couverte  en  grande  partie,  depuis  cette  époque,  par  la 
construction  de  la  Manufacture  nationale  d'Armes  et  par  les 
Abattoirs.  C'était  là  son  emplacement  naturel,  emplacement 
proposé  par  la  Chambre  consultative  des  Arts  et  Manufactures 
et  pair  le  Maire  de  Saint-Etienne  le  20  novembre  1828. 

Voici  cette  délibération  : 

La  Chambre  consultative  des  arts  et  manufactures  de  la  ville  de 
Saint-Etienne  s'est  réunie  dans  le  lieu  ordinaire  de  ses  séances, 
ensuite  d6  l'autorisation  contenue  dans  la  lettre  de  M.  le  Préfet 
de  la  Loire  du  9  juin  dernier.  Etaient  présents  :  MM.  Lamotte, 
Monaud,  Royet  aîné,  Faure  et  Salichon. 

M.' le  Maire,  président,  a  dit  :  Messieurs,  la  Compagnie  du 
Chemin  de  fer  de  Saint-Etienne  à  Lyon  a  soumis  à  l'approbation 
de  M.  le  directeur  général  des  ponts  et  chausséesi  les  plans  du  lieu 
de  chargemient  et  de  déchargement  de  ce  chemin  pour  le  service 
de  la  ville  de  Saint-Etienne.  Mais  avant  de  prendre  une  décision  à 
cet  égard,  M.  le  directeur  général  a  demandé,  par  sa  lettre  du 
6  juin  dernier,  l'avis  de  la  Chambre  consultative,  afin  de  savoir  si 
le  lieu  désigné  par  la  Compagnie  est  favorablement  situé  pour  le 
commerce. 

Pour  que  la  Chambre  puisse  émettre  son  opinion  sur  cette  affaire, 
j'ai  fait  dresser  un  plan  des  lieux  présentant  les  changements  qu'il 
m'a  paru  nécessaire  d'apporter,  dans  l'intérêt  public,  au  projet 
conçu  par  la  Compagnie.  Je  vais  vous  faire  connaître  les  motifs 
qui  m'ont  déterminé  à  proposer  ces  modifications. 

Le  port  sec  ou  le  point  de  chargement  et  de  décliargennent  parti- 
rait, d'après  ce  projet,  du  boulevard  de  la  Montât  jusqu'à  la 
rencontre  de  la  branche  du  chemin  de  fer  de  la  Loire  au  lieu  de 
Bérard  ;  il  aurait  dans  toute  son  étendue  une  largeur  de  20  mètres, 
y  compris  deux  rues  latérales,  destinées  à  en  faciliter  les  abords. 

Mais  il  est  possible  que,  par  la  suite,  le  port  sec  doivent  être  pro- 
longé jusqu'à  la  rencontre  du  chemin  de  Monteil  ;  dans  ce  cas,  il 
est  nécessaire  que  la  Compagnie  Seguin  soit  autorisée  et  assujettie 
à  couvrir  le  chemin  de  fer  de  la  I^ire,  non  pas  seulement  dans  la 
largeur  du  nourveau  chemin,  mais  dans  une  étendue  de  20  mètres, 
pour  pouvoir  étendre  plus  loin  le  lieu  de  chargement,  si  ce  prolon- 
gement est  reconnu  ultérieurement  nécessaire. 

Le  quartier  de  la  Montât  et  ses  environs  prennent  depuis  peu  de 
temps  un  accroissement  extraordinaire  de  population  et  de  cons- 
tructions. Les  boulevards  projetés,  l'établissement  des  magasins  de 
la  Compagnie  et  du  port  sec  vont  augmenter  la  tendance  qu'a  ce 
faubourg  à  s'agrandir  et  se  développer.  Déjà  la  nécessité  d'ouvrir 
de  nouvelles  communications  se  fait  sentir  ;  le  plan  que  j'ai  fait 


—  637  — 

dresser  indique  les  rues  que  l'on  ne  peut  tarder  de  livrer  aux 
besoins  de  la  circulation.  La  Compagnie  Seguin  doit  consentir, 
sans  indemnité,  à  ce  que  les  rues  transversales  que  l'administra- 
tion pourrait  faire  ouvrir,  quelle  que  soit  leur  largeur,  traversent  le 
port  sec.  Ces  rues,  loin  de  porter  préjudice  à  la  Compagnie,  servi- 
raient au  contraire  à  rendre  l'accès  du  port  plus  commode,  et  à  le 
dégager  dans  tes  cas  d' encombrement. 

Il  est  une  autre  obligation  à  laquelle  la  Compagnie  devrait  être 
soumise,  ce  serait  de  donner  aux  propriétaires  bordant  le  port  sec 
dans  toute  son  étendue  le  droit  de  charger  au  devant  de  leur  pro- 
priété sans  pouvoir  être  tenus  de  transporter  leurs  marchandises 
dans  les  magasins. 

Il  est  indispensable  dapporter  une  légère  modification  dans  la 
construction  des  magasins  de  chargement  et  de  déchargement 
projetés  ;  si  ce  changement  n'avait  pas  lieu,  il  en  résulterait  que 
le  boulevard  serait  jeté  sur  la  montagne  voisine  où  le  tracé  serait 
difficile  et  coûteux.  Il  conviendrait,  dès  lors,  de  rectifier  l'angle 
foraié  par  l'axe  de  ces  magasins,  de  manière  qu'il  coupe  à  angle 
droit  celui  du  chemin  de  fer. 

Afin  de  faciliter  aux  grands  établissements  qui  se  trouvent  dans 
les  points  intermédiaires,  entre  deux  lieux  de  chargement,  le 
mouvement  de  leurs  produits  et  matières  premières,  il  est  juste 
que  la  Compagnie  soit  assujettie  à  laisser  pratiquer  par  ces  établis- 
sements des  embranchements  qui  conduiront  dans  leurs  mines  et 
magasins,  et  à  se  charger  des  matières  et  marchandises  dont  ils 
voudront  lui  confier  le  transport,  sous  les  seules  conditions  de 
fournir  un  tonnage  de  7.500  tonnes  par  an  au  plus,  et  de  payer  le 
prix  du  transport  comme  si  la  distance  entre  les  deux  lieux  de 
chargement   était  entièrement   parcourue. 

Inutilement  la  Compagnie  Seguin  dirait-elle  qu'elle  n'est  pas 
tenue  d'établir  des  bureaux  et  entrepôts  sur  chacun  des  points  où 
les  manufacturiers  ou  exploitants  voudront  établir  des  embranche- 
ments. Il  ne  s'agit  pas  ici  d'obliger  la  Compagnie  d'avoir  des 
entrepôts  et  des  bureaux.  Le  service  des  embranchements  peut  ?e 
faire  sans  commis  ni  entrepôt.  L'expéditeur  qui  veut  réunir  à  l'un 
des  convois  de  la  Compagnie  un  ou  plusieui's  chariots,  en  prévient 
I<'s  employés  de  l'entrepôt  le  plus  voisin.  Le  convoi  part  avec 
autant  moins  de  chariots  qu'il  en  doit  prendre  sur  la  route.  Dans 
ce  cas,  il  est  juste  que  la  Compagnie  reçoive  le  prix  du  transport 
tout  comme  si  le  chariot  était  parti  de  rentre])ôl 

La  Compagnie  se  plaindrait-elle  de  ce  (jue  la  réunion  au  convoi 
des  chariots  amenés  par  les  embranchements  entraînera  quelque 
retard  dans  la  marche  du  convoi  ?  Mais  pour  éviter  un  léger 
inconvénient  faut-il  priver  les  exploitants  de  ruines  et  les  manufac- 
turiers qui  se  trouvent  à  la  proximité  du  chemin  de  fer  des 
avanUiges  (jue  leur  offre  ce  nouveau  moyen  de  transport  ?  C'est 
dans  l'intérêt  public  que  le  Gouvernement  autorise  re.xpnypriation 


—  638  - 

des  terrains  nécessaires  à  la  construction  d'une  route  de  fer.  Il 
faut  que  le  public  et  les  propriétaires  expropriés  retirent  de  cette 
voie  nouvelle  toute  l'utilité  qu'elle  peut  présenter. 

Les  précédents  ne  sont  pas  nombreux  en  France,  mais  ils  le  sont 
beaucoup  en  Angleterre.  Tous  sont  favorables  à  la  faculté 
d'établir  des  branche®  de  chemins  de  fer  qui  se  rattachent  au  tronc 
principal.  La  Compagnie  Beaunier  (1)  les  permet  à  tous  les 
propriétaires  riverains  qui  peuvent  en  retirer  un  avantage.  Elle  se 
charge  des  transports  sur  quel  point  du  chemin  que  les  chariots 
soient  chargés  {sic).  En  Angleterre,  ainsi  que  l'atteste  Tredgold 
(page  30),  les  principaux  chemins  de  fer  sont  joints  à  quantité  de 
chemins  particuliers  qui  communiquent  aux  forges  et  aux  mines 
de  houille  ou  de  fer. 

De  même  que  les  chariots  chargés  doivent  être  admis  sur  le 
chemin  de  fer  sur  quel  point  que  ce  soit,  il  doit  être  permis  aux 
expéditeursi  de  les  en  faire  sortir  au  point  qu'ils  voudront,  autre- 
ment ragriculture  ne  pourrait  retirer  aucun  avantage  du  nouveau 
moyen  de  transport.  Comment  pourrait-on  faire  voiturer  sur  le 
chemin  de  fer  les  fumiers,  la  marne,  la  chaux  et  les  autres  engrais, 
si  on  ne  pouvait  les  faire  décharger  sur  les  points  où  on  veut  les 
employer  ? 

Une  autre  question  importante  pour  le  commerce,  c'est  de  savoir 
si  la  ionction  du  chemin  de  fer  de  Saint-Etienne  à  Lyon  avec  celui 
de  la  Loire  doit  s'opérer  au  lieu  du  Pont-de-l'Ane,  à  2.400  mètres 
environ  de  distance  de  la  ville  de  Saint-Etienne,  ou  s'il  ne  serait 
pas  plus  convenable  de  faire  opérer  cette  jonction  par  un  embran- 
chement partant  de  l'entrepôt  de  la  Montât  jusqu'à  la  rencontre  du 
chemin  de  la  Loire,  au  lieu  du  Treuil,  distant  d'environ  8  à 
900  mètres. 

Ce  dernier  mode  de  jonction  ne  serait  pas  moins  avantageux  à 
la  Compagnie  Seguin  qu'à  la  ville  de  Saint-Etienne  et  au  commerce 
en  général.  La  Compagnie  serait  dispemsée  d'établir  des  entrepôts 
et  des  bureaux  au  lieu  du  Pont-de-l'Ane,  pour  la  réexpédition  des 
marchandises  ou  matières  destinées  pour  le  bassin  de  la  Loire.  Les 
chargements  de  convois  étant  adressés  en  partie  au  commerce  de 
Saint-Etienne,  et  en  partie  pour  les  villes  du  Nord,  il  est  presque 
indispensable  que  ces  chargements  arrivent  en  entier  à  l'entrepôt 
général  de  la  Montât,  pour  classer  les  marchandises  suivant  leurs 
destinations  ;  la  surveillance  y  serait  plus  facile,  et  le  service  des 
réexpéditions  plus  commode. 

La  ville  de  Saint-Etienne  y  trouverait  un  double  avantage.  Située 
entre  les  deux  fleuves  du  ÏRhône  et  de  la  Loire,  elle  est  placée 
convenablement  pour  devenir  l'entrepôt  des  marchandises  expé- 
diées du  midi  au  nord.  Ce  transit  de  marchandises  deviendra  par 


(ï)  Chemin  de  fer  de  Saint-Etienne  à  la  Loire. 


—  639  — 

la  suite  fort  important.  Pour  le  faciliter,  il  est  indispensable  que  la 
jonction  des  deux  chemins  de  fer  ait  lieu  au  point  le  plu»  rapproché 
de  la  ville. 

Il  remonte  de  la  Loire  par  le  chemin  de  fer  des  sables,  cailloux, 
pierres  calcaires,  bois,  etc.,  mais  les  points  de  déchargement  ou 
entrepôts  sont  à  la  distance  d'environ  1.500  mètres  du  centre  de  la 
ville,  ce  qui  la  prive  de  l'économie  du  transport,  car,  en  réunissant 
le  prix  de  la  voiture  par  les  routes  de  communication  avec  celui  du 
chemin  de  fer,  il  s'ensuit  qu'il  n'y  a  aucune  différence  pour  le 
consommateur,  et  que  le  transport  lui  coûte  autant  que  s'il  avait 
eu  lieu  entièrement  par  la  route  de  terre.  L'embranchement  de  la 
Montât  au  Treuil  est  si  bien  senti  (sic)  à  Saint-Etienne  que,  si 
aucune  des  deux  Compagnies  Seguin  ou  Beaunier  ne  se  déterminait 
à  l'exécuter,  une  troisième  Compagnie  demandera  à  l'entreprendre. 

Enfin,  le  commerce  a  un  intérêt  direct  à  ce  que  la  jonction  des 
deux  chemins  ait  lieu  de  cette  manière. 

En  voici  la  démonstration  : 

Du  Pont-de-l'Ane  au  Marais,  en  passant  par  le  chemin  de  la 
Compagnie  Beaunier,  la  distance  est  de  2.670  mètres,  laquelle 
coûtera,  savoir  :  (A). 

Pour  la  houille 

2.670   mètres,    à    raison    de    24    cent.    80'100«    les 
LOOO  kg.    et  par  1.000  mètres   parcourus 66  cent.  21/mr 

Pour  le.s  marchandises 

La  même  distance,   à  raison  de  37  cent.   20/100® 
les  1.000  'kg.   et  par  1.000  mètres 99  cent.  32/100" 

Tandis  que,  si  le  transit  a  lieu  par  l'entrepôt  de  la  Montât,  il  y 
aurait  une  réduction  dans  les  frais  de  transport  dont  voici  le 
résultat  : 


(A)  Le  djx)it  que  ces  deux  Compagnies  sont  autorisées  à  percevoir 
s'établit  par  la  distance  de  1.000  mètres,  sans  égard  aux  fractions  ;  do 
sorte  que  1.000  mètres  entamés  sont  payés  comme  s'ils  ava'ent  été 
parcourus. 

Dans  le  calcul  que  l'on  fait,  on  a  compris  les  fractions  par  la  raison 
que  le  Marais. n'est  f>as  un  point  où  doivent  s'arrêter  les  marcliandises  ; 
c'est  l'endroit  où  se  réunissent  les  deux  chemins  et  que  l'on  a  pris 
pour  terme  de  comparaison  dans  les  <leux  projets. 

On  fait  aus.si  remarquer  que  les  droits  sur  île  chemn  de  la  Loire  sont 
de  1  cent.  S6/100"  par  rhaciue  hectolitre  de  houille  ou  de  coke  et  d'une 
semblable  sonuue  par  50  kil.  de  marchandises,  tandis  que  ceux  du 
chemin  du  Rhône  ne  sont  (pie  de  9  cent.  K/10"  les  1.000  kll..  sans  distinc- 
tion de  matières  et  de  marc- han dises. 

Pour  rendre  plus  sensible  la  différence  des  droits  des  deux  tarifs,  on 
a  tra/lU'it  l'hectolitre  en  kll.  et  on  a  ramené  le  tarif  du  chemin  Beaunier 
sur  la  même  échelle  que  celui  du  chemin  du  Rhône,  c'est-à-dTe  à.  un 
poids  de  1.000  kil.,  qui  est  la  valeur  de  la  tonne. 


640  — 


Pour  la  houille 


2.400  mètres  du  Pont-de-FAne  à  la 
Montât,  à  raison  de  9  cent.  8/10« 
par  1.000  kg.  et  par  1.000  mètres..     23  cent.  52/100'^ 

900  mètres  de  la  Montât  au 
Marais,  à  raison  de  24  cent.  80/100^  ( 

par  1.000  kg.  et  par  1.000  mètres. .     22  cent.  32/10O«  ) 

Pour  les  marchandises 

Les  2.400  mètres  à  9  cent.  8/10«..     23  cent.  52/100' ) 
Les  900  mètres  à  37  cent.  20/100*^. .     33  cent  48/100« 


'45  cent.  84/100« 


57  cent. 


RÉSULTAT  DE  LA   COMPARAISON    DES   DEUX   TARIFS   HOUILLE 

Ainsi  1.000  kg.  de  houille  transportés  au  Marais 
par  le  chemin  Beaunier  donnent 66  cent.  21/100* 

Tandis  que  par  l'entrepôt   de  la  Montât,   ils  ne 
coûteront   que 45  cent.  84/100^ 

Avantage  en  faveur  du  commerce  de 20  cent.  37/100*' 

Marchandises 

Le  même  poids  de  marchandises  par  le  chemin 

Beaunier  donne 99  cent.  32/100^ 

Par  l'entrepôt  de  la  Montât 57  cent. 

Différence 42  cent.  32/100^ 

Mais  cet  avantage  serait  bien  plus  considérable,  si  le  transit 
n'avait  pas  lieu  par  la  Montât,  et  que  de  ce  point  on  voulût  expédier 
des  marchandises  sur  la  Loire,  ce  qui  arrivera  assez  fréquemment. 
Dans  cette  supposition,  on  aura  à  parcourir  d'abord  la  distance  de 
la  Montât  au  Pont-de-FAne,  qui  est  de 2.400  mètres 

Ensuite,   celle   de  ce   dernier  point  au   Marais,    qui 
est   de 2.670      — 

Je  ne  m'attacherai  pas  à  réfuter  une  prétention  attribuée  sans 
doute  par  erreur  à  MM.  Seguin,  qui  aurait  pour  but  de  faire  payer 
les  prix  de  transport  pour  toute  la  distance  d'un  entrepôt  à  l'autre, 
quoique  l'objet  transporté  n'ait  parcouru  qu'une  partie  de  cette 
distance.  Cette  prétention  est  trop  contraire  à  l'article  6  du  cahier 
des  charges  de  leur  adjudication,  pour  qu'ils  aient  pu  la  mettre 
en  avant.  Le  droit  doit  se  calculer  par  distance  de  mille  mètres, 
sans  égard  aux  fractions.  Voilà  leur  règle  et  celle  du  public. 


—  641  — 

Ils  ont,  dit-on,  proposé  de  diminuer  le  prix  de  transport  à  la 
descente,  et  de  laugmenter  à  la  remonte,  mais  ce  changement  du 
tarif  qui  serait  préjudiciable  au  commerce  de  Saint-Etienne  est 
inadmissible.  Le  contrat  formé  par  ladjudicatiori  entre  MM.  Seguin 
et  le  public  est  irrévocable,  il  ne  peut  recevoir  aucune  atteinte. 

Après  c«t  exposé,  la  matière  a  été  mise  en  délibération. 

La  Chambre  consultative, 

Adoptant  les  motifs  développés  dans  le  rapport  que  vient  de  lui 
faire  son  président, 

Est  d'avis  : 

1°  Que,  dans  le  cas  où  par  la  suite  le  prolongement  du  port  sec 
fût  jugé  nécessaire,  la  Compagnie  du  chemin  de  Saint-Etienne  a 
Lyon  soit  autorisée  à  couvrir  la  branche  du  chemin  de  fer  de  la 
Loire  partant  de  la  Verrerie  (1),  dans  une  longueur  de  20  mètres  ; 

2°  Que  toutes  les  rues  transversales  qui  pourront  être  ouvertes 
par  la  suite  passeront  au  travers  du  port  sec,  sans  indemnité  ; 

S"*  Que  les  propriétaires  bordant  ce  port  sec  dans  toute  sa 
longueur  auront  la  faculté  de  charger  leurs  marchandises  sans  être 
tenus  de  les  transporter  dans  les  magasins  de  la  Compagnie  ; 

4«  Que  langle  formé  par  l'axe  des  magasins  de  chargement  de  la 
Montât  sera  rectitié  de  manière  qu'il  coupe  à  angle  droit  celui  du 
chemin  de  fer  (sic)  ; 

5°  Qu'il  soit  permis  aux  divers  établissements  et  exploitations  de 
mines  situés  entre  deux  lieux  de  chargement,  de  former  des  embran- 
chements au  chemin  de  fer,  sous  la  condition  de  payer  la  distance 
entre  les  lieux  d'entrepôt  comme  si  elle  était  entièremient  parcourue, 
et  de  fournir,  par  an,  un  poids  de  cinq  mille  au  moins  ou  de  sept 
mille  cinq  cents  tonnes  au  plus  , 

6°  Enfin,  que  pour  la  facilité  du  transport  des  marchandises 
en  transit,  la  Gompa^ie  soit  tenue  détablir  un  rail  qui,  partant 
de  l'entrepôt  de  la  Montât,  ira  joindre  l'embranchement  du  chemin 
de  fer  de  la  Loire  au  Treuil. 

Et  ont  tous  les  membres  présents  signé  :  Le  Maire,  président  : 
Hippolyte  Royet,  J.-B.  Lamotte  aîné,  Joseph  Manaud,  Aimé  Royet, 
Salichon  aîné,  J.-B.  Faure. 

Suir  le  chemin  de  fer  de  Lyon,  le  maximum  de  la  taxe  kilo- 
métrique avait  été  fixé  k  0  fr.  15  par  tonne.  Il  fut  ramené  à 
0  fr.  008  par  le  rabais  de  Tadjudiciitiori.  F.n  raison  du  surcroît  de 


(1)  Fn  bas  (hi  (juartior  Salnt-Fraiiçols. 


—  642  — 

dépenses  imprévues  occasionnées  par  les  travaux,  les  conces- 
sionnaires demandèrent  de  porter  le  tarif,  à  la  remonte 
seulement  de  Givors  à  Rive-de~Gier,  à  0  fr.  13,  ei  entre  Rive- 
de-Gier  et  SaintrEtienne  à  0  fr.  i7.  J'ai  indiqué  l'avis  émis  par 
les  Chambres  consultatives  de  SaintrChamond  et  de  Saint- 
Etienne.  Une  ordonnance  royale  de  1831  permit  de  percevoir 
à  la  remonte  0  fr.  12  de  Givors  à  Rive-de-Gier,  et  0  fr.  17  de 
Rive-de-Gier  à  Saint-Etienne.  Cette  faveur  pour  la  Compagnie 
ne  fut  pas  obtenue  sans  de  hautes  interventions  (i). 

Le  droit  d'embranchement  fut  reconnu  par  un  arrêté  du  Préfet 
du  11  novembre  1829,  mais  cet  arrêté  devmt  une  source  de  con- 
testations (2).  Il  fut  annulé,  dans  ses  dispositions  essentielles, 
par  un  avis  —  vraiment  extraordinaire  —  du  Conseil  général 
des  Ponts  et  Chaussées,  en  1837,  avis  suj'  lequeil  je  reviendrai. 

La  Compagnie  émit  2.0(X)  actions  de  5.000  francs  chacune,  non 
compris  400  actions  d'apport,  qui  ne  devaient  être  remises  aujî 
fondateurs  qu'après  l'achèvement  du  chemin  et  lorsque  les 
actions  de  capital  produiraient  7  %. 

On  adopta  les  rails  en  fer,  pliuis  durables  que  les  rails  en  fonte 
du  chemin  de  fer  d'Andrézieux.  On  pensa  que  des  locomotives 
pourraient  faire  le  service.  On  ne  songeait  pas  au  transport  des 
voyageurs,  mais  on  le  réalisa  dès  l'ouverture  de  cette  ligne. 

Commencés  en  1827  et  poussés  avec  activité,  les  travaux,  très 
considérables  à  cause  des  tunnels,  ponts,  ponceaux,  terras- 
sements, nécessitèrent,  vers  1829,  un  emprunt  de  2  millions,  qui 
fut  couvert  par  les  actionnaires  à  4  %. 

La  section  de  Rive-de-Gier  à  Givors  fut  mise  en  service  le 
28  juin  1830,  pour  les  marchandiseis  seulement.  Celle  de  Lyon 
à  Givors  fut  ouverte  le  3  avril  1832  (marchandises  et  voyageurs). 
Celle  de  Rive-de-Gier  à  Saint-Etienne  fut  ouverte  le  l*'"  octobre 
1832  au  service  des  voyageurs,  et  le  25  février  1833  aoi.  service 
des  marchandises. 

Alphonse  Peyret  a  donné  le  détail  des  dépenses  générales.  La 
Compagnie  possédait,  en  1833,  1.210  wagons  et  12  locomotives. 


(1)  Histoire  de  la  Chambre  consultative  des  Arts  et  Manufactures  de 
Saint-Etienne,  p.  90  ;  Histoire  de  la  Chambre  de  Commerce  de  Saint- 
Etienne,  p.  438  ;  Histoire  de  la  Métallurgie  de  la  Loire,  p.  166,  note  2. 

(2)  Voir  Histoire  de  la  Métallurgie  de  l'a  Loire,  p.  177,  note  1. 


—  643  — 

d'une  force  de  12  chevaux,  marchant  à  la  vitesse  moyenne  de 
4  m.  050  par  seconde  (14  km.  58  à  l'heure),  fonctionnant  entre 
Lyon  et  Rive-de-Gier,  mais  principalement  entre  Lyon  et  Givors. 
MM.  Seguin  proposèrent  à  cette  date  de  substituer  les  locomo- 
tives aux  chevaux  à  la  remonte  entre  Rive-de-Gier  et  Saint- 
Etienne.  Ils  ne  purent  convaincre  leurs  actionnaires.  Aussi,  bien 
que  la  première  locomotive  ait  été  mise  en  service  en  1832,  la 
traction  mécanique  ne  fut  généralisée  qu'en  1844. 

Le  tonnage  annuel  transporté  était  de  315.000  tonnes  à  la  des- 
cente', de  36.000  seulement  à  la  remonte. 

Le  bénéfice  d'exploitation  s'élevait  à  472.000  francs,  c'est-à- 
dire  à  moins  de  4  %,  mais  le  revenu  augmenta  rapidement.  Le 
transport  des  voyageurs  devint  une  source  abondante  de  profits. 
Le  second  exercice  accusa  719.000  francs  de  recettes  d'exploi- 
tation et  432.000  tonnes  transportées,  dont  63.000  à  la  remonte  (i). 

M.  Coste,  ingénieur  des  mines,  succéda,  en  1835,  à  Marc 
Segiuiin,  comme  directeur  de  la  Compagnie.  Mort  en  1840,  il  fut 
remplacé  par  M.  Gervoy,  également  ingénieur  des  mines  et 
professeur  à  l'Ecole  de  Saint-Etienne,  qui  resta  directeur  jusqu'à 
la  fusion  avec  le  Grand-Central  p). 

La  Compagnie  du  chemin  de  fer  de  Saint-Etienne  à  Lyon, 
l>eaucoup  plus  importante  que  celles  d'Andrézieux  à  Saint- 
Etienne  et  d'Andrézieux  à  Roanne,  devait  soulever  jusqu'à  Ja 
fin  de  ses  jours  d'innombrables  réclamations.  Je  ne  crois  pas 
m'avancer  beaucoup  en  disant  que  l'esprit  général  qui  inspira 
son  administration  a  persisté  pendant  longtemps  dans  les 
burea^uK  de  la  Compagnie  P.-L.-M.,  tempéré  par  les  sentiments 
de  bienveillance  et  de  courtoisie  des  Directeurs  et  du  haut 
personnel.  Ku  matière  de  Lîirifs  et  en  matière  de  concurrence 
à  la  navigation  par  exemple,  la  Compagnie  P.-L.-M.  a  suivi  les 
traditions  de  son  ancêtm  de  1828. 


(1)  Voir  A.  Peyret,  Statistique  industrielle  du  département  de  la  Loire, 
p.  208  ii  212.  Con.sulter  également  V Appendice,  p.  228  à  231,  et  surtout 
DH.ESTRAC,  Les  premiers  chemins  de  fer  dans  le  département  de  la  Loin» 
(A.  F.  A.  S.  St-Rtlenne,  1897). 

(2)  A.  Peyret,  op.  cit.  Bull  clin  de  la  Société  agricole  de  Saint'Ktienne, 
1840,  p.  319,  THIOF.MER,  Notices  Industrielles,  p.  44 


—  644 


,^8  -  LE  CHEMIN   DE   FER  D'ANDREZIEUX  A  ROANNE 
de  1828  à  1833 


Enfin,  la  Chambre  consultative  fut  saisie,  le  26  avril  1828,  ae 
l'examen  dai  cahier  des  charges  pour  l'établissement  du  chemin 
de  fer  d'Andrézieux  à  Roanne. 

Je  rappelle  que  ce.  chemin  fut  concédé,  le  27  août  1828,  à  la 
Société  formée  par  les  sieurs  Mellet  et  Henry  ;  que  le  tracé  par 
la  rive  droite  de  la  Loire  fut  adopté  ;  qu'au  lieu  des  tranchées 
et  des  tunnels  on  préféra  employer  les  plans  inclinés,  où  des 
machines  fixes  placées  aiui  sommet  de  ces  plans,  à  Neulise  et 
près  de  Balbigny,  remorquaient  les  wagons.  A  la  Quérillère 
(ou  Renardière),  la  remonte  du  plan  incliné,  vu  sa  faible  pente, 
se  faisait  à  l'aide  de  chevaux. 

Ce  chemin  de  fer  ne  supprima  point  le  transport  des  charbons 
par  la  Loire,  d'Andrézieux  à  Roanne.  On  ne  transporta  par  fer 
que  le  charbon  destiné  à  compléter  à  Roanne  le  chargement  des 
bateaux  (i). 

Le  trafic  annuel  était  de  50  à  60.000  tonnes  ei  le  tarif  de  0  fr.  15 
par  tonne  kilométrique  à  la  descemte,  de  0  fr.  18  à  la  remonte. 
Ces  chiffres  furent  ramenés  à  0  fr.  145  et  0  fr.  175  par  le  rabais 
de  radj^udication.  On  transportait  également  des  voyageurs. 

La  ligne  avait  été  livrée  à  la  circulation  à  la  fin  de  1833.  En 
1836,  la  Compagnie  était  en  faillite.  L'Etat  ne  vint  à  son  secours 
qu'en  1840. 

En  1834,  une  loi  autorisa  la  concession  de  l' embranchement 
de  Montbrison  à  Montrond,  ouvert  en  1839,  abandonné  en  1848. 

Voici  la  délibération  prise  par  la  Chambre  consultative  de 
Saint-Etienne  le  26  avril  1828  : 

La  Chambre  consultative  des  arts  et  manufactures  de  la  ville  de 
Saint-Etienne  s'est  réunie  sous  la  présidence  de  M.  Royet,  maire, 
dans  l'une  des  salles  de  la  mairie. 


(1)  Voir  Alph.  Peyret,  op,  cU.  j  Delestrac,  op.  cit.  ;  Histoire  de  la 
Chambre  consultative  de  Saint-Etierine,  p.  90.  Même  pour  Andrézieux, 
le  transport  de  la  bouille,  en  1829,  continuait  à  se  faire  par  voie  de 
terre  et  non  par  voie  ferrée  {ibid.,  p.  91). 


—  645  — 

Un  des  membres  a  pris  la  parole  et  a  dit  : 
Messieurs, 

Par  les  soins  de  M.  le  Préfet  de  la  Loire,  nous  avons  eu  connais- 
sance du  cahier  des  charges  pour  l'établissement  d'un  chemin  de 
fer  d'Andrézieux' à  Roanne.  Ce  projet,  qui  parait  toucher  de  près  à 
.son  exécution,  est  dune  importance  assez  grande,  et  dans  l'intérêt 
industriel  de  Saint-Etienne  et  dans  celui  de  toutes  les  propriétés 
foncières  de  la  plaine  du  Forez,  pour  motiver  une  sérieuse  attention 
de  notre  part  et  l'expreasion  bien  franche  de  nos  réflexions.  C'est 
encore  un  devoir  pour  nous,  à  qui  l'expérience  a  donné  quelques 
leçons,  de  les  rendre  utiles  à  nos  concitoyens  du  département  de 
la  Loire. 

On  ne  saurait  contester  l'avantage  immense  que  peut  produire 
dans  un  Etat  l'organisation  en  compagnie  d'actionnaires  d'un 
certain  nombre  de  riches  capitalistes,  pour  exécuter  des  entreprises 
quaucune  fortune  particulière  n'oserait  aborder,  et  qui,  par  leurs 
combinaisons  industrielles,  ne  rentrent  pourtant  pas  dans  le 
domaine  des  travaux  du  Gouvernement. 

L'Angleterre  est  là  pour  répondre  aux  objections  qu'on  élèverait 
contre  ;  mais  une  vérité  tout  aussi  constante,  et  qui  est  devenue 
vulgaire  à  force  d'être  redite^  c'est  que  ces  Compagnies,  qui  souvent 
n'existent  qu'en  vertu  de  privilèges^  sont  envahissantes,  exigeantes, 
quelquefois  même  despotes,  com^me  tous  les  corps  privilégiés,  et 
toujours  très  difficiles  dans  leurs  transactions.  Il  est  donc  prudent 
de  prévenir  les  difficultés.  Le  canal  de  Givors  et  peut-être  bientôt 
la  Compagnie  Seguin  peuvent  être  appelés  -en  témoignage,  au 
besoin  de  preuves. 

On  connaît  les  prétentions  exorbitantes  du  canal  de  Givors. 
Quant  à  la  Compagnie  Seguin,  il  est  bon  de  rappeler  ici  son 
exigence  vis-à-vLs  de  l'entreprise  des  hauts  fourneaux  de  Janon,  à 
qui  elle  prétend  de  faire  payer  trois  fois  la  distance  du  parcours 
nécessaire  pour  arriver  au  premier  lieu  de  chargement,  usant  à  cet 
égard  de  l'heureuse  idée  de  faire  rétrograder  d'une  lieue  à  l'ouest 
ce  qui  devra  ensuite  parcourir  deux  lieues  à  l'orient. 

Puisque  l'Angleterre  a  été  notre  devancière  dans  ce  mode  de 
grande  exploitation  d'industrie,  puisque  nous  l'avons  importé  de 
chez  elle,  pourquoi  n'admettrait-on  pas  aussi  en  France  les  précau- 
tions conservatrices  des  intérêts  de  tous  ceux  qui  peuvent  être 
froissés  nu  protégés  par  ces  grands  établissements,  ainsi  qu'on  ie 
fait  en  Angleterre  ?  Pourquoi  une  enquête  préalable  et  un  appel 
à  tous  les  intérêts  pour  donner  leur  avis  n'auraient-ils  pas  lieu  ? 
En  attendant  que  cette  sage  précaution  soit  Ji'Ioptée  par  le  Gouver- 
nement, il  est  du  devoir  des  Chambres  consultatives  d'y  suppléer, 
et  j'ai  l'honneur  de  vous  proposer  d'adresser  lee  réflexions  sui- 
vantes sur  le  cahier  des  charges  dont  il  s'agit  an  Ministre  de 
l'Intérieur,   au  Ministre  du  Commerce,   au  Directeur  général  des 

4i 


—  646  — 

Ponts  et  Cliaussées  et  à  M.  le  Préfet  de  la  Loire,  en  suppliant  le 
Ministre  compétent  d'introduire  les  modifioations  que  l'intérêt 
général  et  la  justice  me  semjjlent  réclamer. 

Réflexions  sur  le  caMer  des  charges  pour  Vétahlissement  d'un 
chemin  de  fer  d' Andrézieux  à  Roanne. 

Il  conviendrait  d'ajouter  à  l'article  2  : 

<(  Les  plans  seront  déposés  pendant  un  mois,  au  chef-lieu  de 
chaque  aiTondissemient,  et  les  propriétaires  intéressés,  dûment 
avertis,  pourront  en  prendre  connaissance  et  présenter  leurs 
observations   sur  le   tracé.    » 

Cette  condition  a  pour  motif  de  soustraire  les  propriétaires  inté- 
ressés à  l'influence  d'un  tracé  exclusif,  qui  porterait  une  atteinte 
grave  à  leur  propriété,  bien  qu'il  puisse  souvent  être  remplacé  par 
des  modifications  convenables  ;  ou  bien  d'échapper  à  un  tracé 
fictif  qui  n'a  lieu  sur  un  point  important  que  pour  laisser  aux 
entrepreneurs  les  moyens  d'obtenir  quelquefois  gratuitement  le 
passage  sur  un  autre  point,  ou  bien  encore,  pour  ne  pas  leur  aban- 
donner le  monopole  des  acquisitions  de  terrains  sur  des  points 
connus  d'eux  seuls,  et  s'appliquer  exclusivement  des  avantages  qui 
doivent  naturellement  appartenir  aux  propriétaires:. 

Art.  3.  —  Cet  article  ne  conserve  aux  propriétaires  ou  aux  com- 
munes que  le  droit  des  choses  existantes.  Mais  il  convient, 
puisqu'on  change  les  intérêts  locaux,  de  prévoir  d'autres  besoins 
dans  lavenir  pour  le  public,  et  d'autres  ^intérêts  pour  les  par- 
ticuliers. C'est  ainsi  qu'un  propriétaire  ayant  maintenant  la 
faculté  d'établir  dans  son,  héritage  des  chemins  sur  tel  point  qu'il 
lui  convient,  des  cours  d'eau,  partout  où  elle  peut  lui  être  avanta- 
geuse, pourquoi  le  ohemin  de  fer  coupant  en  deux  sa  propriété  le 
priverait-il  de  ces  avantages  s'ils  sont  réels  ?  Pourquoi  ne  les 
conserverait-il  pas  toutes  les  fois  qu'il  ne  portera  aucun  dommage 
au  chemin  de  fer  ?  On  propose  donc  d'ajouter  après  le  premier 
paragraphe  : 

«  Elle  (la  Compagnie)  contracte  aussi  l'obligation  de  laisser  dans 
l'avenir  établir  aux  frais  des  intéressés  tous  chemins  ou  cours 
d'eau  qui  seraient  jugés  nécessaires,  soit  pour  un  propriétaire  sur 
ses  fonds,  soit  pour  le  public,  dans  l'intérêt  du  commerce  et  de 
l'agriculture,  en  sie  conformant  aux  conditons  de  l'article  11   » 

Art.  4.  —  Le  vague  de  la  fixation  à  venir  des  lieux  de  chargement 
et  déchargement  peut  faire  naître  des  discussions  graves  entre  la 
Compagnie  et  les  intéressés.  Le  chemin  Seguin  en  offre  encore 
l'exemple.  Il  conviendrait  donc  de  multiplier  les  lieux  de  charge- 
ment et  déchargement,  et  de  proposer  la  rédaction  de  cet  article 
ainsi  qu'il  suit  : 

<(  Tous  les  terrains  destinés  à  servir  d'emplacement  au  chemin 
de  fer  et  à  ses  dépendances,  aux  lieux  de  chargement  et  de  déchar- 


—  647  — 

gement,  dont  le  nombre  et  la  surface  seront  ultérieurement 
déterminés,  mais  à  des  distances  qui  n'excéderont  pas  un  vfiyifa- 
mètre.  »  Le  reste  comme  au  cahier  des  charges,  et  à  la  fin  da 
même  article,  ajouter  : 

«  Dans  tous  les  cas,  il  doit  être  permis  aux  propriétaires  rive- 
rains et  manufatcturiers  d'établir  à  leurs  frais  des  embranchements 
qui  s'unissent  au  chemin  de  fer  pour  le  transport  de  leurs 
produits.  » 

Art.  8.  —  Il  serait  bien  d'expliquer  si  les  prix  de  chargement  et 
déchargement  sont  compris  dans  le  prix  du  transport. 

Art.  9.  —  C^t  article  serait  une  véritable  proscription  de  toutes 
les  marchandises  sortant  de  nos  fabriques,  La  moitié  des  objets 
de  quincaillerie  et  d'armurerie,  et  tous  les  objets  de  soierie  se 
trouveraient  ainsi  hors  du  tarif  ;  les  grains,  les  légumes,  les  pommes 
de  terre,  les  bois  de  chauffage,  toutes  ces  productions  si  imipor- 
tantes  pour  la  plaine  du  Forez  seraient  à  la  merci  de  l'exigence 
d'une  Compagnie.  Il  en  serait  de  même  des  engrais,  dont  la  plaine 
a  un  si  grand  besoin,  et  le  Gouvernement  ne  peut  vouloir  user 
d'une  exception  au  droit  de  propriété  que  dans  l'intérêt  général, 
et  non  pour  favoriser  les  prétentions  arbitraires  d'une  Compagnie. 
Il  serait  donc  également  juste,  prudent  et  sage,  de  proposer  la 
fixation  de  la  qualité  de  marchandises  encombrantes  seulement  à 
celles  dont  le  poids  ne  s'élèverait  pas  à  100  kg.  le  mètre  cube,  au 
lieu  de  500  kg.  Encore  convient-il  de  leur  assigner  un  tarif  connu. 

Le  droit  de  passage  sur  le  chemin  devrait  être  reconnu  pour  les 
piétons. 

Art.  11.  —  Dans  l'intérêt  des  propriétaires  dépossédés,  il  convient 
d'ajouter  à  cet  article  le  paragraphe  suivant  : 

«  Les  propriétaires  riverains  doivent  être  autorisés  à  hàtir  et 
pren,dre  des  jours  sur  le  chemin  de  fer,  en  suivant  l'alignement 
prescrit  par  l'administration  départementale,  attendu  qu'an 
chemin  de  fer  est  une  voie  publique.  » 

Voilà,  Messieurs,  les  points  les  plus  importants  sur  lesquels  j'ai 
cru  devoir  appeler  votre  attention.  Sans  doute,  une  enquêta  eût 
jeté  une  lumière  plus  vive  sur  la  discussion  de  tous  ces  intérêts 
et  d'autres  qui  peut-être  me  sont  restés  inaperçus,  mais  en  son 
absence  j'ni  pensé  que  ce  serait  aggraver  le  mal  que  de  garder 
le  silence.  Je  livre  donc  mes  avis  à  vos  sages  réflexions- 

La  matière  mise  en  délibération,  et  après  avoir  recueilli  l'opinion 
dos  divers  membres, 

La  Chambre  consultative  arrête  à  l'iman imité  :  1"  que  le  Gouver- 
nement de  sa  Majesté  est  prié  de  modifier  les  articles  2,  3,  4,  8,  9 
et  11  du  caliier  des  charges  dont  il  s'agit  ;  2"  qu'il  sera  encore 
supplié,  pour  l'avenir,  de  vouloir  en  pareil  cas  provoquer  une 
enquête  locale,  où  les  intéressés  fussent  entendus  dans  leurs  obser- 
vations  ;     3"   qu'il  sera  incontinent  adressé  copie  de  la   présente 


—  648  — 

délibération  au  Ministre  de  l'Intérieur,  au  Ministre  du  Commerce, 
au  Directeur  général  des  Ponts  et  Qiaussées,  et  à  M.  le  Préfet  de 
la  Loire. 

Signé  :  Le  Maire,  H.  Royet  ;  J.-B.  Lamotte  aîné,  Mathieu  Flotard, 
Joseph  Basson,  Girerd  Tonin,  Eustache  ThioUière-Neyron,  Jean- 
Baptiste  Peyret-Dubois. 


§  9  -  SUITE    ET    FIN    DU    CANAL    DE    GIVORS 
LES  PROJETS  DE  CANAL   DE  LA  LOIRE  AU  RHONE 


Très  menacée  par  la  ooncurrence  du  chemin  de  fer  de  Lyon, 
la  Compagnie  du  canal  de  Givors  recherchait  le  moyen  d'éviter 
la  déchéance  de  son  monopole  de  fait. 

Elle  proposa  de  construire  un  chemin  de  fer  de  Grand'Groix 
à  SainihEtienne  faisant  concurrence  au  chemin  de  fer  de  Lyon 
(1837).  Mais  le  Gouvernement  préféra  recommencer  une  fois  de 
plus  les  études  pour  rachèvement  du  canal  de  jonction  (i). 
Quelque  temps  après,  en  1841,  la  Compagnie  du  canal  signa  un 
engagement  avec  les  frères  Richard,  de  Saint-Chamond,  qui 
voulaient  demander  la  concession  dan  prolongement  du  canal 
jusqu'à  Pont-Nantin,  près  de  la  Varizelle  (2).  Il  advint  de  ce 
projet  ce  qu'il  advint  des  autres. 

D'ailleurs,  pour  les  raisons  que  j'ai  indiquées,  la  section  du 
canal  entre  Lorette  et  Grand'Groix  était  abandonnée  en  1841. 
Le  prolongement  de  la  voie  navigable  paraissait  impossible.  La 
section  de  Lorette  à  Rive^de-Gier  resta  en  activité  jusqu'en  1851. 
Les  deux  sections,  achevées  en  1839,  jouaient  de  malheur. 

La  Compagnie  du  canal  abaissa  son  tarif  à  8  centimes  par 
tonne  kilométrique.  La  Compagnie  du  chemin  de  fer,  très  in- 
quiète, lui  proposa  alors  une  entente,  qui  fut  signée  en  1841, 
pour  vingt  ans.  Les  deux  Compagnies  mettaient  en  commun 


(1)  Histoire  de  la  Chambre  de  Commerce  de  Saint-Etienne,  p.  143. 

(2)  Ibid. 


—  649  — 

leurs  recettes  bmite,  à  répartir  savoir  :  70  %  au  chemin  de 
fer,  30  %  au  canal  (i). 

La  concurrence  aboutissait  au  monopole. 

La  Compagnie  des  mines  réunies  de  Saint-Etienne,  en  1845, 
prit  le  canal  à  bail  pour  82  ans,  du  1*''^  janvier  1846  au  14  août 
1928.  Le  prix  de  bail  était  fixé  à  150.000  francs  pour  les  trois 
premières  années,  180.000  francs  pour  les  trois  suivantes, 
210.000  francs  pour  les  septième,  huitième  et  neuvième  années, 
240.000  francs  pour  la  dixième  année^  et  les  années  suivantes. 
La  Compagnie  des  Mines  prenait  à  sa  charge  le  solde  de 
l'emprunt  contracté  par  la  Compagnie  du  canal,  s'élevant  au 
31  décembre  1845  à  3.350.000  francs  P). 

Quelques  jours  après,  la  Compagnie  des  Mines  réunies  de 
Saint-Etienne  fusionnait  avec  la  Compagnie  des  Mines  de  la 
Loire,  qaii  donnait  son  nom  au  Trust.  Maître  du  canal,  maître 
de  la  production,  le  Trust  avait  tenté  de  louer  également  le 
chemin  de  fer.  Le  Gouvernement  s'y  opposa,  mais  la  location 
officielle  fut  remplacée  par  une  revision  du  traité'  de  1841. 
L'entente  fut  complète.  Canal,  chemin  de  fer,  extraction,  tout 
était  dans  les  mains  de»  la  Grande  Compagnie.  Ce  nouveau  traité 
fut  gardé  secret,  mais  l'opinion  publique,  très  montée  contre 
le  Trust,  devina  le  traité.  Elle  ne  le  connut  complètement  que 
lors  de  sa  dénonciation. 

Par  ce  traité,  la  Compagnie  des  Mines  s'engageait  à  n'as- 
surer au  canal  qu'un  trafic  de  286.000  tonnes  par  an.  Par  contre, 
le  chemin  de  fer  assurait  une  ristourne  de  0  fr.  80  par  tonne, 
au  delà  de  750.000  tonnes,  à  la  Compagnie  des  mines.  C'est  à 
caïuse  d'un  traité  particulier  de  ce  genre,  interdit  par  les 
règlements  sur  les  voies  ferrées,  qui  constituent  un  service 
public,  que  fut  condamné  la  Standard  OU  ou  Trust  du  Pétrole, 
il  y  a  quelques  années,  en  Amérique. 


(1)  Avant  l'ouvert  nie  du  chemin  de  fer,  la  Compapnie  du  canal  per- 
cevait, \Hn\v  de  transport  entre  Riv€-de-Gier  et  Givors,  0  fr.  27  par  hec- 
tolitre de  houille,  dont  0  fr.  23  de  droit  de  navigation  et  0  fr.  04  de 
prime.  Ce  t^irif  fut  .ihaissô  par  l'ordonnance  royale  du  5  décenil)ie  1831, 
de  mani^re  à  offiir  un  avantage  réel  sur  le  transport  par  fer  (Meugy, 
op.  cit.,  p.  69). 

(2)  Voir  BuosSARD,  Eluda  historlqvxis  sur  les  Mines  de  la  Loire,  p.  477- 
479. 


—  650  — 

A  son  touir,  la  propriété  du  chemin  de  fer  changea  de  mains. 
En  1853,  elle  fut  cédéi©  à  la  Compagnie  de  Rhône -et- Loire-,  la 
môme  année  à  la  Compagnie  du  Grand-Central,  en  1857  à  la 
Compagnie  P.-L.-M. 

D'autre  part,  en  1854,  La  Grande  Compagnie  des  Mines  de  la 
Loire  fut  fractionnée  en  quatre  Compagnies  et  le  canal  fut 
attribué  à  la  Société  des  Houillères  de  Rive-de^Gier. 

Or,  le  trafic  des  houilles  augmentait  sans  cesse.  La  ristourne 
à  payer  par  le  chemin  de  fer  à  la  Compagnie  des  Mines 
atteignait  337.000  francs  en  1857.  Cette  ristourne  menaçait  de 
s'élever  de  plius  en  plus. 

La  Compagnie  P.-L.-M.  dénonça  le  traité  de  1851,  qui  avait 
été  conclu  pour  vingt  ans.  Déboutée  devant  tes  tribunaux,  elle 
accepta  les  transactions  imposées  par  le  Ministre  des  Travaux 
publics  en  1862.  En  plus  des  ristournes  à  verser  jusqu'à  cette 
date  inclusivement,  la  Compagnie  paya  2.500.000  f/ranos  à  la 
Société  desi  Houillères,  qui,  dès  lors,  s'inquiéta  moins  que 
jamais  de  l'entretien  du  canal. 

La  navigation  sur  le  canal,  qui  avait  donné  tant  d'espérances 
et  tant  de^  revenus,  et  qui  transportait,  en  1840,  123.000  tonnes 
et,  en  1850,  185.000  tonnes,  ne  transportait  plus,  en  1865,  que 
31.000  tonnes  et,  en  1875,  3.500  tonnes.  A  partir  de  1878,  elle 
disparut  complètement  (i). 

M.  Letseure,  dans  uine  étude  publiée  en  1859  sur  l'industrie 
minérale  de  Rive-de-Gier,  ignorait  à  ce  moment  la  teneur  exacte 
du  traité  de  1841  et  celle  du  traité  de  1851  (2)  : 

La  Compagnie  du  chemin  de  fer,  disait-il,  pour  arrêter  une  lutte 
d'abaissement  des  tarifs,  fit  intervenir  une  transaction  qui  prépa- 
rait, dans  un  avenir  prochain,  la  ruine  de  la  navigation.  A  qui 
aura  profité  un  tel  marché  ?  On  ne  le  sait  pas  encore.  Cette  transac- 
tion date  de  1841,  et  les  deux  tableaux  suivants  en  font  bien  voir 
les  conséquences  : 


(1)  Voir  Leseure,  Historique,  p.  233  à  237. 

(2)  Bulletin  de  l'Industrie  minérale,  ld>^9-&}. 


651 


ANNÉES 

QUANTITÉS     EXPORTÉES      (quintaux  métriques)             1 

par  terre 

par   le    canal 

par  le  chemin  de  fer 

181-2 

31.000 

1.43^1.000 

)) 

1825 

'    172.000 

2.508.000 

» 

1835 

150.000 

1   130.000 

1.860.000 

1845 

150.000 

1.300. 000 

2.876.000 

1858 

1 50 . 000 

577.500 

3.571.900 

Frais  de  transport  par  le  canal  et  le  Rhône 

par  le  chemin  de  fer 

ANNÉES 

deRive-de-Gier 

de  Rive-de-Gier 

de  Rive-de-Gier 

de  Rive-de-Gier 

à   Givors 

à  Lyon 

à   Givors 

à  Lyon         ! 

le  quintal 

le  quintal 

le  quintal 

le  qu  ntal 

1812 

0,38 

0,78 

» 

» 

1825 

0,38 

0,78 

» 

M 

1835    ■ 

0,20 

0,45 

0,225 

0,54          1 

1845 

0,21 

0,36 

0,15 

0,36         ! 

1858 

0,175 

0,375 

0,15 

0,36 

Il  faut  ajouter  qu'un  nouveau  traité,  plus  décisif,  a  été  conclu 
postérieurement  à  1845,  et  que,  griâce  à  ce  traité,  le  chemin  de  fer 
a  pu  aisément  maintenir  son  tarif  de  0  fr.   10. 

Il  faut  ajouter  aussi  que  le  canal  est  trop  étroit,  et  qu'on  n'a  pas 
disposé,  sur  les  bords  du  Rhône,  des  quais  convenables  pour  Je 
déchargement  et  le  dépôt  des  charbons. 

Le  canal  de  Givors,  après  bien  des  discussions,  fut  racheté 
par  l'Etat  en  vertu  d'une  loi  du  16  août  i886,  et  pour  le  prix 
de  deux  millions  en  principal.  La  Compagnie  du  canal  existait 
encore,  mais  la  Société  des  Houillères  de  Rive-de-Gier,  l'une 
des  héritières  de  l'ancienne  Compagnie  de  la  L#oire,  possédait 
5.900  actions  sur  6.000.  La  question  du  rachat  du  canal  fut  liée 
à  celle  de  l'alimentation  en  eau  de  Rive-de-Gier,  cette  ville 
pouvant  puiser  dans  le  réservoir  de  Gouzon  3.000  mètres  cubes 
d*eau  par  jour,  moyennant  le  paiement  à  l'Etat  d'une  rede- 
vance de  30  à  40.(XX)  francs  (1). 


(1)  Voir  Jlhltdrp  de  la  Chambre  de  Commerce  de  SainhEttcnne, 
p.  148-149.  G.  Hkîiss  :  Alimentation  en  eau  de  Saint'FJlenne  et  de  ses 
environs  (A.  F.  A.  S.  .Saint-Etienne,  1897).  On  trouvera  dans  les  docu- 
ments parlemfrit.iirps  relatifs  à  cette  loi  lont  l'historique  dn  rachat. 


—  652  — 

Un  jour,  en  écrivant  l' Histoire  des  Transports,  je  raconterai 
l'odyssée  de  la  gare  d'-eau  de  Givors. 

Quant  aux  innombrables  projets,  rapports  ou  délibérations 
pour  l'exécution  du  canal  de  la  Loire  au  Rhône,  on  en  trouvera 
l'indication  dans  la  notice  historique  de  M.  Brossard  (Annuaire 
de  la  Loire,  1885),  dans  V Histoire  de  la  Chambre  de  Commerce 
de  Saint-Etienne  (p.  141  et  suivantes),  dans  les  Résumés  et 
Comptes  rendue  des  travaux  de  ceite  Compagnie,  publiés  à 
partir  do  1898,  enfin  dans  les  rapports  du  Conseil  général  et 
les  comptes  rendus  de  cette  Assemblée. 

Tous  les  exploitants  de  mines  n'ont  pas  été  unanimes —  loin 
de  là  —  à  réclamer  ce  canal  de  jonction.  Ils  craignaient  de 
favoriser  l'importation,  dans  le  bassin  industriel  de  Saint- 
Etienne,  des  charbons  des  autres  bassins.  S'il  y  eut  des  parti- 
sans très  déterminés  du  caniali,  comme  M.  Verny  et  surtout 
comme  M.  Voisin,  directeur  des  mines,  de  Firminy,  auteur  de 
rapports  très  étudiés  et  très  remarquables,  il  y  emt,  sinon  des 
opposants,  du  moins  des  indifférents  notoires  et  notables.  Le 
Corps  des  Mines  fut  plus  que  réservé.  Le  service  des  Ponts  et 
Chaussées  manqua  d'enthousiasme.  Le  Conseil  général  des 
Ponts  et  Chaïuissées,  à  deux  reprises  différentesi,  en  1909  et  1919, 
s'est  montré  franchement  hostile  (i).  Tout  cela  est  très  regret- 
table. La  région  devrait  être  mieux  défendue,  car  elle  est  un 
joyau  industriel  de  la  France. 


^  10  -  LES    TRANSPORTS    PAR     FER 
de    1833   à   1857 


La  première  délibération  de  la  Chambre  de  Commerce  de 
Saint-Etienne,  créée  le  10  mars  1833,  constituée  le  2  mai  suivant 
et  installée  le  18  juin,  fut  de  demander  un  règlement  de  ser- 
vice pour  lie  chemin  de  fer  de  Lyon.  Le  Conseil  eénéral,  !e 
Conseil  d'arrondissement,  la  Chambre  consultative  des  Arts 
et  Manufactures  émirent  le  même  vœu. 


(1)  L'avis  émis   en   1919  émanait  du   Conseil   supérieur  des   Travaux 
publics,  élar^issemeint  du  Conseil  général  des  ponts  leit  chaussées. 


—  653  — 

Beaucoup  de  questions,  ©n  effet,  minutieusement  réglées 
aujourd'hui,  étaient  alors  abandonnées  à  l'arbitraire  de  !a 
Compagnie,  dont  le  cahier  des  charges  était  l'a  seule  loi.  De  là, 
une  source  d'innombrables  contestations.  «  La  Compagnie  du 
chemin  de  fer  de  Lyon  a  toujours  suscité  les  plaintes  du  public, 
disait  la  Chambre  de  Commerce  en  1837.  Jrmais  son  admi- 
nistration n'a  voulu  satisfaire  à  tous  les  besoins  de  transports 
qu'exigeaient  le  commerce  et  l'industrie.  » 

La  Compagnie  d'Andrézieux  et  la  Compagnie  du  chemin  de 
fer  de  Roanne  à  Andrézieux  échappaient  aux  critiques.  C'était 
d'ailleurs  sur  la  ligne  de  Lyon  que  s'effectuait  de  beaucoup  le 
plus  gros  trafic. 

En  1835.  une  Commission  d'enquête  ?v«if  été  constituée  par 
l'Administration  supérieure  et  cette  Commission  avait  étendu 
ses  investigations  à  toutes  les  réclamations.  J'ai  analysé  dans 
V Histoire  de  la  Métallurgie  (p.  166  et  suivantes)  le  gros  volume 
de  cette  enquête.  J'indiquerai  sommaiirement  les  réclamations  et 
décisions,  en  poursuivant  les  indications  jusqu'à  la  constitution 
des  grandes  Compagnies  en  1857,  et  en  tenant  compte  de  docu- 
ments non  signalés  dans  VHistoire  de  la  Métallurgie. 

Entre  temps,  intervint  l'ordonnance  royale  du  15  novembre 
1846,  portant  règlement  sur  l'exploitation  des  chemins  de  fer 

Intervinrent  également  : 

A°  ha,  fusion,  en  1853,  des  tt^ois  lisrnes  de  la  Loire  en  une 
seule  Compagnie,  dite  des  chemins  de  fer  de  Rhône-et- Loire  ; 

2°  En  1853.  l'absorption  de  cette  Compagnie  par  la  Compa- 
gnie du  Grand-Central. 

Je  renvoie  aux  pagesi  suivantes  de  VHistoire  éconormque  de 
la  Métallurgie  de  la  Loire  pour  les  questions  se  rapportant  : 

1°  Au  chargement  et  au  déchargement  (p.  169)  ; 

2"  Au  maximum  et  au  minimoim  de  poids  (p.  169)  ; 

3°  Aux  frais  accessoires  (p.  170)  ; 

4"  A  l'exonération  de  responsabilité  (p.  171,  176)  (1). 


(1)  L'exonération  de  responsabilité  <*tait  en  contradiction  avec  les 
dispositions  du  Code  de  Commerce  ponr  les  retards  et  avaries,  avec  les 
dispositions  <ln  Code  civil  pour  les  accidents.  T,es  rftples  de'  respon- 
sabilité furent  nppliqu<^es  à  la  Compagnie,  notamment  par  lo  Tribunal 
de  Commerce  de  T.yon,  le  20  janvier  1R35  (PF-vnRT-T>AU,iER.  Traité  de 
T.éfjisfation  des  Mines,  lft/i2,  p.  i73). 


—  654  — 

Au  sujet  du  déclia.rgemcnt,  je  relève  dans  le  Mercure  Segu\sien 
du  17  octobre  1841  l'article  suivant  : 

L'administration  du  chemin  de  1er  de  Saint-Etienne  à  Lyon  fait 
exécuter  en  ce  moment  une  machine  au  moyen  de  laquelle  les 
wagons  se  déchargeront  d'eux-mêmes.  Elle  consiste  principalement 
en  une  grande  cage,  dans  laquelle  le  wagon  est  introduit  et 
s'emprisonne  lui-même  ;  la  cage  tourne  alors  autour  de  deux  forts 
tourillons,  disposés  de  telle  sorte  que  le  wagon,  en  se  renversant 
avec  elle  par  son  propre  poids,  se  vide  et  revient  ensuite  de  lui- 
même  et  presque  instantanément  à  sa  première  position.  Cette 
ingénieuse  machine,  dont  la  première  application  a  été  faite  aux 
mines  de  Boston,  en  Angleterre,  pour  les  petits  chars  à  benne,  va 
recevoir  ainsi  une  extension  nouvelle,  en  effectuant  les  décharge- 
ments des  grands  wagons  des  chemins  de  fer.  Outre  l'économie 
considérable  de  temps  et  de  main-d'œuvre  qui  en  résultera,  on 
arrivera  ainsi  à  ne  plus  battre  les  wagons  à  coup  de  maillet  pour 
les  vider  par  la  trappe  et  la  dépense  d'entreti<en.  de  ce  matériel 
éprouvera  par  suite  une  très  notable  diminution. 

Distribution  des  wagons.  —  La  Gompavernie  du  chemin  de  fer 
de  Lyon  distribuait  les  wagons  à  sa  convenance  en  les  adjugeant 
sous  le  titre  d'abonnement  à  un  petit  nombre  de  maisons  puis- 
santes et  en  en  privant  totalement  les  petites  exploitations  et 
le  petit  commerce'  du  port  sec.  Plusieurs  marchands  de  houille 
du  port  sec  de  Bérard  faisaient  constater,  en  1836,  qu'ils  ne 
pouvaient  obtenir  le  matériel  demandé.  Alors,  la  Compagnie  fit 
annoncer  qu'à  partir  du  l'""  janvier  1837  elle  distribuerait  indis- 
tinctement les  wagons  aux  consommateurs,  marchands  et  ex- 
ploitants de  charbon.  Un  Syndicat  d'exploitants  fut  même 
constitué  pour  fixer  à  l'avance  la  distribution.  Néanmoins,  en 
1838,  dix-sept  exploitants  protes^taient  contre  la  distribution. 
Ces  plaintes  étaiemt  péiriodiques  (l). 

Raccordement  du  chemin  de  fer  de  Lyon  et  du  chemin  de  fer 
d'Andrézieux.  —  Le  raccord  dans  la  plaine  dui  Treuil,  à  Saint- 
Etienne,  entre  le  chemin  de  fer  de  Lyon  et  celui  d'Andrézieux 
n'avait  point  été  exécuté,  malgré  les  demandes  de  la  Chambre 
consultative  de  Saint-Etienne  (v.  p.  641),  malgré  l'ordonnance 
royale  du  4  juillet  1827  et  l'arrêté  du  Préfet  du  11  septembre 


^1)  Histoire  de    la   MétaUlurgie,   p.    172  ;    Mercure    Ségusîen,    9  mars, 
9  novembre  1836,  28  janvier  1837,  10  novembre  1838. 


—  655  — 

1829.  La  Compagnie  de  Lyon  n'acceptait  les  houilles  venant  de 
la  ligne  d'Andrézieux  qu'en  imposant  des  taxes  arbitraires  aux 
exploitants.  Les  deux  chemms  étaient  soudés  à  Pont-de-l'Ane. 
La  Commission  d'enquête  de  1835  se  prononça  en  faveur  de  la 
«  libre  et  respective  »  circulation,  résultant  du  raccordement 
et  de  l'écartement  uniforme  des  voies  (1  m.  44  entre  les  rails). 
Le  Conseil  général  des  Ponts  et  Chaussées,  s'en  tenant  à  la  lettre 
du  cahier  des  charges,  estima  que  la  Compagnie  était  tenue 
exclusivement  de  mettre  son  chemin  en  communication  avec 
celui  de  la  Loire.   «  Cette  communication   existe  au   Pontrde- 

l'Ane.  On  ne  peut  rien   exiger  de   plus A  l'époque  où   la 

concession  a  été  faitei,  on  ne  supposait  pas  la  possibilité  d'une 

libre   circulation Lcis   wagons  qui  n'appartiennent  pas    à 

la  Compagnie  ne  peuvent  circuler  sur  le  chemin  dont  elle  est 
concessionnaire.  »  Mais  le  Conseil  ne  s'opposait  pas  à  des  con- 
ventions particulières  ne  lésant  point  les  intérêts  généraux  C^). 

Ports  secs  et  gares  de  stationnement.  —  I^  port  sec  était 
le  lieu  de  chargement  et  de  déchargement,  la  gare  de  station- 
nement en  était  le  diminutif,  la  halte  de  nos  jours.  Il  n'y  avait 
que  trois  ports  secs  entra  Saint-Etienne  et  Lyon  (Saint-Chamond, 
Rive-de-Gier  et  Givors).  La  Commission  d'enquête  demandait 
qu'ils  fussent  situés  au  centre  des  villes  (place  Bellecour  à  Lyon, 
place  Marengo  à  Saint-Etienne).  Il  n'y  avait  aucune  gare  de 
stationnement,  mais  la  Compagnie  débarquait,  sans  y  être 
obligée,  les  voyageurs  à  Terrenoire.  Grand'Croix,  Châteaucreu.x, 
Irigny-Vernaison,  le  Pont  d'Oullins,  etc..  La  Commission  de- 
manda une  gare  à  Terrenoire  et  une  à  Grand'Croix. 

Trois  nouveaux  ports  secs  furent  autorisés  par  ordonnance 
royale  diu.  8  octobre  1846. 

Exécution    des    transports.  li'article   6   du   cahier    dos 

charges  obligeait  la  Compagnie  à  exécuter  constamment,  avec 
soin,  exactitude  et  célérité,  h  ses  frais  et  par  ses  pTOpres  moyens, 
tous  les  transp^-irts  qui  hii  seraient  confiés,  svz/rs  pomurir  en 
aucun  cas  les  refuser. 

Or,  la  Ciompagnie  ne  doiiii.nl  piis  -;ili>f;icti(iii  au  connutTcc, 
par  suite   de   muiuivais  moyens  de  trtiction,  d'insuffisance   de 


(1)  Merntre  Séffiisim,  ;is  juin  1837. 


—  656  — 

matériel,  soit  pour  le  transport,  soit  pour  le  chargement  ou  le 
déchargement.  ^ 

L'appréciation  de  cette  clause,  disait  la  Commission,  relève 
des  tribunaux  et  il  n'appartient  pas  à  l'Administration  d'en 
limiter  l'application  par  un  règlement. 

La  Compagnie  avait  été  condamnée  par  le  Tribunal  de  Com- 
merce de  Saint-Etienne,  le  18  novembre  1834.  Elle  interjeta 
appel.  La  Cour  de  Lyon  renvoya  les  parties  à  sei  pourvoir  devant 
l'administration  pour  obtenir  l'interprétation  de  l'article  6.  Il 
s'agissait  d'un  acte  administratif. 

Le  Ministre  des  Travaux  publics,  le  24  février  1838,  prit 
l'arrêté  interprétatif  suivant  (i)  : 

Considérant  que,  pour  interpréter  sainement  le  contrat  passé 
entre  l'Etat  et  la  Compagnie,  il  faut  se  reporter  à  l'époque  à  laquelle 
ce  contrat  a  été  passé,  et  tenir  compte  à  la  Compagnie  des  tâtonne- 
ments inévitables  auxquels  elle  était  assujettie,  en  raison  du  peiu 
d'expérience  acquise  à  l'époque  de  sa  concession,  relativement  au 
nouveau  mode  de  transport  qu'elle  avait  à  organiser  ; 

Considérant  que,  s'il  n'a  point  été  question  du  transport  des 
voyageurs  dans  le  cahier  des  charges,  c'est  qu'en  1826,  on  ne 
croyait  pas  que  ce  service  pût  être  organisé  par  le  chemin  de  fer 
de  Saint-Etienne  à  Lyon  ;  mais  que,  plus  tard,  cette  possibilité 
ayant  été  reconnue,  on  a  dû  en  profiter  dans  l'intérêt  général, 
aussi  bien  que  dans  celui  de  la  Compagnie  ; 

Considérant  que  la  combinaison  du  transport  des  voyageurs  avec 
celui  des  marchandises  exige  évidemment  l'intervention  d'un  règle- 
ment, mais  que  ce  règlement  ne  pourra  disposer  que  pour  l'avenir, 
sans  qu'on  puisse  l'invoquer  pour  les  faits  antérieurs  à  sa 
promulgation, 

Arrête  ce  qui  suit  : 
Article  premier.  —  Le  dernier  paragraphe  de  l'article  6  du  cahier 
de  charges  du  chemin   de  fer  de  Saint-Etienne  à  Lyon   doit  être 
interprété  de  la  manière  suivante  : 

Le  mot  :  constamment  doit  s'entendre  d'un  transport  régulier, 
continu,  et  qui  n'est  suspendu  que  dans  le  cas  d'interruption 
légale,  de  réparation  du  chemin  ou  de  force  majeure. 

Les  mots  :  avec  célérité  n'ont  pu  s'entendre  seulement  dans  le 
sens  restreint  de  célérité  dans  la  marche  des  convois,  mais  dans 
le  sens  plus  général  et  plus  étendu  de  célérité  dans  le  service. 

La  célérité,  considérée  sous  le  dernier  rapport,  et  en  supposant 
d'ailleurs  que  la  Compagnie  fût  pourvue  d'un  nombre  suffisant  de 


(1)  Mercure  Ségusien,  23  mai  1838. 


-657  — 

wagons,  résulte  de  divers  éléments,  et  principalement  de  la  marche 
des  convois  et  du  temps  employé  au  chargement  et  au  décharge- 
ment des  wagons. 

Le  temps  employé  à  la  marche  des  convois  a  dépendu  de  la 
gestion  de  la  Compagnie:  et  le  temps  employé  aux  chargements  et 
aux  déchargeipents  des  wagons  a  pu  dépendre  des  expéditeurs  et 
de  leurs  commissionnaires. 

Par  conséquent,  et  en  admettant  qu'il  y  ait  eu  défaut  de  célérité 
dans  le  service,  la  cour  royale  aurait  à  juger  si  ce  défaut  est  du 
fait  de  la  Gompagnie  ou  du  fait  des  personnes  étrangères  à  ladite 
Compagnie. 

Il  faut  ajouter  qu'on  prendrait,  relativement  au  chemin  de  fer 
de  Saint-Etienne  à  Lyon,  une  fausse  idée  du  mot  célérité,  si  on  y 
attachait  le  sens  qu'on  y  applique  aujourd'hui,  pour  les  voies  en 
fer  créées  depuis  quelques  années,  ou  seulement  en  projet.  On  ne 
doit  pas,  en  effet,  perdre  de  vue  :  1«  que  ce  chemin,  concédé  en 
1826,  nétait  d'abord  destiné  qu'au  transport  des  marchandises  ; 
2°  qu'il  nétait  nullement  dans  l'intention  d'y  employer  des 
machines  locomotives  ;  3°  qu'il  comprend,  sur  le  tiers  de  son  par- 
cours, des  pentes  de  0  m,014  .par  mètre,  qu'on  évite  soigneusement 
sur  les  voies  nouvelles,  où  l'on  ne  tolère,  au  maximum,  que  des 
pentes  de  0  m, 005. 

Les  mots  :  sans  pouvoir,  en  aucun  cas,  les  refuser  doivent 
s'entendre  en  sens  que  la  Compagnie  est  tenue,  non  seulement  à  un 
service  continu  qui  ne  doit  pas  s'interrompre  hors  les  cas  ci-dessus 
spécifiés,  mais  qu'elle  ne  doit  aussi  se  permettre  aucun  tour  de 
faveur  ;  toutefois,  il  ne  faudrait  pas  en  conclure  que  la  Gompagnie 
fût  tenue  de  transporter  Immédiatement  et  à  la  fois  tout  ce  qu'il 
plaira  aux  expéditeurs  de  lui  apporter.  La  Compagnie  doit  être 
pourvue  d'un  matériel  en  rapport  avec  la  masse  qui  se  transporte 
dans  le  cours  d'une  année.  Le  service  doit  être  régulier,  continu, 
égal  pour  tous. 

Par  ces  mots  :  marcimndises  qui  lui  sont  confiées,  on  ne  doit  pas 
entendre  que  la  Compagnie  ait  l'obligation  de  recevoir  les  mar- 
chandises sur  tous  les  points  du  chemin  de  fer  ;  une  telle  condition 
serait  incompatible  avec  la  nature  même  de  la  communication.  Il 
est  nécessaire  que  les  marchandises  soient  apportées  aux  lieux  de 
chargement  et  de  déchargement,  autrement  dits  ports  secs.  Si  le 
nombre  de  ces  ports  secs  n'est  pas  suffisant,  c'est  aux  intéressés  ô 
faire  connaître  leurs  besoins  à  l'administration,  qui  instruira  leurs 
demandes  et  qui  déterminera,  après  une  enquêta,  s'il  y  a  lieu 
d'établir  de  nouveaux  ports  secs  et  dans  (juels  emplacements. 

Mais  les  questions  qui  soulevèrent  le  plus  de  réclamations 
furent  :  1°  la  question  des  embranchements  particuliers  :  2°  la 
question  des  Uirifs  de  transport.  Je  leur  consacre  deux  paru- 
graphes. 


-  658  — 
^U  -  La  FUSION   des    CHEMINS    DE  FER   de  la  LOIRE 


La  fusion  des  trois  Compagnies  concessionnaires  à  perpétuité 
des  chemins  de  fer  de  la  Loire  fut  réalisée  en  1853. 

Le  chemin  de  fer  de  Saint-Etienne  à  Lyon,  par  des  amélio- 
rations successives,  avait  plus  que  doublé  ses  frais  de  premier 
établissement.  La  recette  atteignait  plus  de  100.000  francs  par 
kilomètref.  Elle  dépassait  les  plus  fortes  recettes  kilométriques 
connues.  Pour  relier  cette  ligne  aux  réseaux  qui  allaient  aboutir 
à  Lyon,  à  Givors  et  à  Saint-Etienne,  on  devait  doubler  la  voie 
et  les  souterrains,  afin  d'ailleurs  de  répondre  au  développement 
toujours  croissant  du  trafic. 

Le  chemin  de  fer  de  Saint-Etienne  à  Andrézieux  présentait 
encore  des  courbes  de  100  mètres  de  rayon  et  des  rampas  inad- 
missibles dans  une  grande  exploitation. 

Le  chemin  de  fer  d' Andrézieux  à  Roanne  avait  des  plans 
inclinés  à  50  millimètres  par  mètre  et  des  machines  fixes.  A 
ne  présentait  pas  les  conditions  de  vitesse,  de  sécurité  et  d'éco- 
nomie nécessaires. 

Le  Gouvernement  était  lié  par  la  perpétuité  des  concessions. 
11  ne  pouvait  imposer  ni  améiliorations  matérielles,  ni  réduc- 
tions de  tarifs. 

Une  Compagnie,  sous  le  titre  de  Société  des  Chemins  de  fer 
de  jonction  du  Rhône  à  la  Loire,  se  forma  le  30  décembre  1852 
et  se  fit  céder,  sous  réserve  de  ratification,  les  lignes  du  dépar- 
tement de  la  Loire.  Elle  signa  avec  le  Gouvernement  une 
convention  où  il  fut  stipulé,  notamment,  les  conditions 
suivantes  : 

1*"  Des  rectifications  et  améliorations  seraient  exécutées  sur 
les  trois  lignes,  pour  une  dépense  totale  de  35  millions. 

2°  Le  remboursement  du  prêt  de  4  millions  fait  par  l'Etat 
à  la  Compagnie  d' Andrézieux  à  Roanne,  et  dont  cette  Compa- 
gnie n'avait  jamais  pu  payer  les  intérêts,  devait  être  intégral  ; 

3°  Les  tarifs  étaient  remaniés,  le  tarif  de  la  houille  unifor- 
misé à  10  centimes  par  tonne  et  par  kilomètre  ; 

4°  Les  lettres  étaient  transportées  gratuitement,  les  troupes 
et  les  services  de  l'Etat  bénéficiaient  de  réductions  ; 


5"  Le  droit  d'embranchement  était  .reconnu  (art.  55,  57, 
58,  etc.)  ; 

6**  La  concession  était  ramenée  à  99  ans  à  partir  de  la 
convention  ; 

7°  L'Etat  g-arantissait  pendant  cinquante  ans,  aux  trois 
Compagnies  propriétaires,  et  avant  tout  prélèvement  sur  le 
produit  net  de  Tentreprise,  une  annuité  de  3.628.000  francs, 
dont  3.073.000  francs  pour  le  Chemin  de  fer  de  Lyon,  220.000 
francs  pour  celui  d'Andrézieux,  334.000  pour  celui  d'André- 
zieux  k  Roanne  (art.  69)  ; 

8''  La  nouvelle  Compagnie  était  autorisée  à  émettre  des 
actions  pour  30  millions  et  des  obligations  pour  le  surplus  du 
capital  nécessaire  à  ses  travaux  et  à  son  fonctionnement  (l). 

La  loi  fut  promulguée  le  10  juin  1853. 

Les  administrateurs  de  la  Compagnie  étaient  :  le  duc  le 
Mouchy,  Charles  Seguin,  Désarts  et  Gustave  Delahante,  l'admi- 
nistrateur-directeur  de  la  grande  Compagnie  des  Mines  de  .a 
liOire. 


Le  chemin  de  fer  d'Andrézieux  avait  coûté  1.700.000  francs. 
Son  produit  avait  toujours  été  très  satisfaisiant.  Les  action- 
naires recevaient  régulièrement  un  intérêt  à  5  %  et  des  divi- 
dendes importants.  Les  recettes  brutes  totales  étaient  de 
420.000  francs. 

Le  chemin  de  fer  de  Lyon  s'était  constitué  au  capital  de 
11  millions.  Il  avait  coûté  plus  du  double  et  la  Compagnie  avait 
contracté,  de  1831  à  1852,  cinq  emprunts  représentant  plus  de 
15  millions.  I^a  recette  bnite  totale  s'élevait  à  5  millions,  et  les 
actions  étaient  montées  de  5.000  à  12.750  francs. 

Le  chemin  de  fer  de  Roanne,  constitué  aiu  capital  de  5 
millions,  avait  dû  suspendre  ses  travaux.  L'Etat  lui  avança 
4  millions.  Sur  poursuites  des  autres  créanciers,  la  Société  fut 
expropriée  et  le  chemin  de  fer  adjugé,  le  27  février  1851,  à  une 


(1)  Rapport  de  la  Commission  au  Corps  légialntlf  {Llndvfitrip,  jonma» 
dp  Saint-Etlenne,  10  Juin  l^fB  ;  la  rnnvpaition  a  M^'^  pnMi<^»»  dans  les 
mjiTn'^ros  <les  11  Juin  et  jours  suivants). 


nouvelle  Compagnie   aui  capital  de   6   millions.    Les   produits 
étaient  si  faibles  qu'ils  pouvaient  à  peine  couvrir  les  dépenses. 

La  Compagnie  de  Rhône-et-Loire  racheta  ces  trois  lignes   : 

l''  Le  chemin  de  fer  d'Andrézieux  pour  4.525.000  francs  ; 

2°  Le  chemin  de  fer  de  Lyon  pour  59.378.650  francs  ; 

3°  Le  chemin  de  fer  de  Roanne  pour  5.800.000  francs. 

Ces  prix  étaient  représentés  par  des  obligations  de  625  francs 
(500  fr.  pour  le  dernier  chemin)  à  4  %,  remboursables  en  99  ans. 

La  Compagnie  prenait  à  forfait  l'actif  et  le  passif  des  trois 
anciennes  Compagnies.  Le  passif  s'élevait  : 

1"  Pour  la  Compagnie  d'Andrézieaaix  à  700.000  francs  ; 

2*^  Pour  la  Compagnie  de  Lyon  à  15.640.000  francs  ; 

3**  Pour  la  Compagnie  de  Roanne  à  7.140.000  francs,  dont 
4  millions  prêtés  par  l'Etat  (loi  du  15  juillet  1840)  ;  cette  der- 
nière créance  devait  être  remboursée  à  partir  de  1859,  en  30 
annuités. 

L'ensemble  de  ce  passif  devait  être  acquitté  par  des  obli- 
gations rembouirsables,  comme  le  prix  principal. 

C'était  une  somme  de  plus  de  93  millions  que  la  nouvelle 
Compagnie  prenait  à  sa  charge,  en  ajoutant  le  passif  au  prix 
de  cession  (l). 


La  loi  ordonnant  la  fusion  des  trois  lignes  de  la  Loire  était 
de  juin  1853.  En  septembre  de  lia  même  année,  la  fusion  de 
la  nouvelle  Compagnie  des  chemins  de  fer  du  Rhône  à  la 
Loire  avec  la  Compagnie  du  Chemin  de  Fer  Grand-Central 
était  chose  décidée,  et  la  question  soumise  aux  actionnaires 
des  deux  Compagnies  le  15  octobre. 

Le  Grand-Central  n'était  régulièrement  constitué  que 
depuis  le  30  juillet  1853.  La  loi  du  11  juin  1842  avait  déterminé 
les  grandes  lignes  à  construire  de  Paris  aux  extrémités  du 
territoire.  Mais,  pour  celles  de  ces  lignes  dirigées  sur  le 
centre  de  la  France,  les  concessions  antérieures  à  1853  s'arrê- 
taient à  Glerment  d'une  part,  à  Limoges  de  l'autre. 


(1)  Journal  VIndustrie,  17  septembre  1853. 


—  661  — 

Le  Ciiand-Uentral  était  destiné  à  continuer  Les  lignes  inter- 
rompues et  à  desservir  la  région  entre  Lyon,  Bordeauix, 
Glermont,  Montauban,  Limoges  et  Agen. 

Une  des  premières  préoccupations  de  œtte  Compagnie  fut  de 
s'assurer  une  arrivée  directe  à  Lyon.  Son  tracé  empruntait  la 
ligne  de  Lyon'  à  Saint-Etienne.  En  fusionnant  la  Compagnie 
du  Rhône-et- Loire  avec  le  Grand-Central,  celui-ci  se  substituait 
au  Rhône-et-Loire  pK)ur  effectuer  les  rectifications  et  amélio- 
rations nécessaires. 

Les  traités  de  la  Compagnie  de  Rhône-et-Loire  avec  les  trois 
lignes  primitives  lui  assuraient  la  jouissance  de  leurs  produit-^ 
à  dater  de  1853.  «  L'accroissement  des  recettes  était  déjà  tel 
qu'il' donnait  à  la  nouvelle  Compagnie  un  bénéfice  certain.  » 
Le  Grand-Central  lui  en  tint  compte  en  lui  accordant  une  plus- 
value  de  six  millions,  «  en  compensation  de  laxjuelle  la  Com- 
pagnie de  Rhône-et-Loire  apportait  des  ressources  immédia- 
tement réalisables  consistant  en  une  créanoe,  une  mine  de 
houille  et  divers  terrains  situés  à  Lyon  et  sur  la  ligne  du  chemin 
de  fer  (i)  ». 

Au  lieu  de  convertir  les  actions  de  Rhône-et-Loire  en  actions 
du  Grand-Central,  comme  on  l'avait  d'abord  décidé,  la  Com- 
pagnie de  Rhône-et-Loire  se  contenta  d'un  revenu  de  375.000  fr., 
en  obligations  à  3  %,  amortissables  en  99  ans,  en  échange  de 
l'abandon  de  tx>us  ses  avantages. 

I..es  produits  bruts  de  l'exploitation  des  chemins  de  fer  de  la 
Loire  pour  1853  étaient  présumés  devoir  s'élever  à  8.500.000  fr., 
et  les  produits  nets  à  4  millions.  Les  charges  d'amortissement 
et  autres,  à  prélever  sur  le  bénéfice  net,  devaient  s'élever  à 
3.200.000  francs.  En  y  ajoutant  396.000  francs  pour  l'intérêt  et 
l'amortissement  des  ol)ligati()ns  délivrées  à  la  Compagnie  de 
Rhône-et-I/oire,  il  restait  encore  une  large  part  de  bénéfices  pour 
le  Grand-Central. 

Sans  doute,  les  charges  devaient  progresser  pendant  quelques 
années,  mais  U»*»  rtvcettes  devaient  }>rogresser  en  même  temps. 
En  1853,  elles  s'ét<iient  accrues  de  20  %,  grâce  h  la  reprise  des 
affaires,    la    ropris(»    exceptionnellement   brillante    du    Second 


(1)  Rapport  fhi  Conspil  (rnclmlnistration  du  Grand-Central  h  l'Assem- 
hlée  (lu  ir>  œtolire  IKOS  {L'Iitduslrie,  Journal  de  Saint  Etienne,  27  octobre 
1853). 

48 


—  662  — 

Empire.  Dans  cinq  ans,  elles  étaient  présumées  devoir  s'élever 
à  12  millions,  grâce  à  rachèvement  des  travaux  de  rectification 
et  à  la  jonction  de  ces  lignes  avec  d'autres  lignes  en  construction 
ou  projetées,  et  à  l'accroissement  général  des  recettes  sur.  tous 
les  réseaux.  En  estimant  les  frais  d'exploitation  à  35  %,  le 
revenu  net  serait  de  7.800.000  francs. 

A  ce  moment,  les  charges  de  toute  espèce  poyir  le  rachat  des 
chemins  de  jonction  se  présentaient  de  la  manière  suivante   : 

1*"  Annuité  aux  anciennes  Compagnies  conces- 
sionnaires des  trois   lignes 3.628.000     » 

2"*  Annuité  pour  le  remboursement  à  l'Etat  du 
prêt  de  4  millions  à  la  Compagnie  de  Roanne 204.077     » 

3**  Intérêt  à  5  %  du  capital-obligations  de  30 
millions,  dépensé  en  travaux 1 .500.000     » 

4*"  Intérêt  et  amortissement  des  obligations  ^ 
délivrer  à  la  Compagnie  de  Rhône-etrLoire 396.000    » 

Total,  non  compris  l'amortissemeint  du  capital 
de  30  millions  (pour  les  travaux) 5.728.077     » 


En  déduisant  cette  charge  totale  du  revenu  net  d'exploitation 
de  7.800.000  francs,  il  resterait  un  bénéfice  de  plus  de  2  millions, 
soit  pour  chacune  des  180.000  ac-tions  du  Grand-Central,  et 
seulement  de  ce  fait,  un  revenu  de  11  à  12  francs. 

Le  Grand-Central  devait  réaliser  le  capital  de  30- millions  de 
la  Compagnie  de  R,hône-et-Loire,  non  plus  en  actions,  mais  en 
obligations  spécialement  affectées  aux  travaux  d'amélioration 
et  de  rectification  des  chemins  de  fer  de  la  Loire. 

Le  Président  du  Conseil  d'administration  diui  Grand-Central 
était  M.  de  Mbrny,  une  des  plus  hautes  personnalités  dui  Second 
Empire,  frère  naturel  de  l'Empereur,  et  qui,  d'après  Persigny 
et  tant  d'autres,  ne  négligeait  jamais  ses  intérêts  personnels. 

Parmi  les  administrateurs,  je  trouve  :  Gustave  Delahante,  le 
grand  administrateur-délégué  du  trust  des  houillères  de  la 
Loire  ;  le  vicomte  de  Rainneville,  qui  avait  été  député  de 
Roanne  sous  la  Restauration  ;  M..  Chatelus,  «  ex-chef  de  la 
division  des  chemins  de  fer  au  Ministèire  des  Travaux  publics  »  ; 
le  marquis  de  La  Tour-Mauibourg,  etc... 

L'adjonction  de  la  concession  des  chemins  de  fer  de  jonction 
du)  Rhône  à  la  Loire  à  celle  du  Grand-Central  fut  approuvée 


-  663  - 

par  décret  du  26  décembre  1853.  Le  Grand-Central  s'obligeait 
à  exécuter  tous  les  engaê'ements  contractés  par  la  Compagnie 
du  Rhône  à  la  Loire.  Le:  cahier  des  charges  stipula  que  le 
capital  de  30  millions,  que  cette  Compagnie  devait  réaliser  en 
actions,  serait  réalisé  en  obligations.  Le  tarif  annexé  à  la  loi 
du  10  juin  l'853  pour  la  Compagnie  de  Rhône-et-Loire  fut 
déclaré  applicable  à  Vcnscmble  des  lignes  comprises  dans  les 
concessions  du  Grand-Central.  Le  droit  d'embranchement  fut 
maintenu  tel  qu'il  avait  été  reconnu  dans  le  cahier  des  charges 
de  la  Compagnie  de  Rhône-et-LQirei  ;  le  tarif  pour  la  fourniture 
et  l'envoi  du'  matériel  de  la  Compagnie  sur  les  embranchements, 
fixé  à  12  centimes  par  tonne  pour  le  premier  kilomètre  et,  en 
outre,  à  4  centimes  par  tonne  et  j>ar  kilomètre  en  sus  du 
premier  (l). 

M.  de  Morny,  président  du;  Conseil  d'administration  du 
Grand-Central,  vint  à  Saint-Etienne  le  15  janvier  1854  pour 
prendre  possession  des  chemins  de  fer  de  la  Loire  et  recueillir 
d^  renseignements  pour  la  construction  de  la  ligne  de  Saint- 
Etienne  à  Clermont  par  le  Puy.  M.  de  Morny  descendit  à  l'hôtel 
du  Nord,  où  il  offrit  un  grand  dîner.  Il  fut  reçu  au  Cercle  des 
Arts  et  du  Commerce,  le  Grand  Cercle  actuel. 

La  Compagnie  du  Grand-Central  nomma  directeur  des 
chemins  de  fer  de  la  Loire,  avec  résidence  à  Lyon,  M.  Bousson, 
ingénieur. 

M.  Eyssautier,  délégué  du  Ministre  des  Travaux  publics, 
arriva  à  Saint-Etienne  le  17  janvier  pour  faire  un  rapport  au 
Ministre  sur  la  section  de  Saint-Etienne  à  Clermont.  Après  les 
renseignements  fournis  au  délégué  par  la  Chambre  de  Com- 
merce et  la  Société  industrielle  et  agricole  (Société  d'Agricul- 
ture), M.  Eyssautier  laissa  pressentir  que  le  tracé  par  la  vallée 
de  la  Ijoire,  le  Puy  et  Ijempde^»  était  préférable. 

Les  travajuK  de  rectification  de  la  section  entre  Saint-Etienne 
et  Lyon  commencèrent  à  Rérard,  vers  le  20  septembre  1854  (2). 


(1)  Voir  VIndustric,  31  décembre  1853.  v 

(2)  Volrilp  Mémorial  de  la  TMre  (nouveau  titre  du  Journal  Vîndustrie), 
15  et  30  Janvier  1854.  —  Notes  de  De.scheux.  —  J'ai  oonsacrt^  dans  l'Ilis 
laite  de  la  Chambre  de  Onrimerre  de  Saint-KMenne  un  chapitre  ùl'iMa- 
blis.m'rnent  <I('h  diverses  lifcTii'es  de  clvemins  d*"»  fer  d'inUHOt  général. 


m 


Le  chemin  de  fer  de  Saint-Ktienne  à  Lyon,  su,r  lequel  passaient 
à  ce-ttfe  époque  1  million  de  voyageurs  et  plus  de  1.500.000  tonnes 
de  marchandises.,  n'avait  que  des  rails  pesant  13  kg.  le  mètre. 
La  distance  entre  les  deux  voies  n'était  que  de  1  mètre  (au  lieu 
de  2  mètres  sur  les  chemins  de  fer  à  grande  section),  et  il  y 
avait  2.500  mètres  de  tunnels  (on  disait  alors  «  souterrains  ") 
à  une  seule  voie.  Les  wagons  portaient  au  maximum  3  t.  1/2. 

Entre  Saint-Etienne  et  Roanne,  il  n'y  avait  qu'une  seule  voie, 
et  le  tracé  comportait  deux  plans  inclmés  à  machines  fixes. 

On  adopta  les  rails  du  poids  de  37  kg.  1/2.  La  capacité  des 
wagons  à  houille  fut  portée  à  7  et  8  tonnes.  On  dut  élargir  les 
tunnels  de  Terrenoire  et  de  la  Mulatière.  Celui  de  Rive-de-Gier 
fut  reimplacé  par  un  autre  tunnel  passant  plus  près  de  la  ville. 
La  gare  d©  Rive-de-Gier,  quii  s'était  affaissée,  fut  reconstruite 
et ,  ses  matériaux  employés  à  la  construction  de  la  gare  de 
Lorette,  en  1860.  La  ga;re  de  Gouzon  fut  reportée  en  aval  du 
souterrain.  La  gare  de  Grand'Groix,  qui  était  au  centre  du 
bourg  (37,  rue  de  Lyon),  fut  reportée  à  la  Bâchasse,  et  la  routt' 
nationale  déviée  sur  500  mètres,  avec  pont,  siur  le  chemin  de 
fer,  en  remplacement  du  passage  à  niveau.  La  gare  de  Saint 
Ghamond,  qui  était  rue  de  Plaisance,  fut  reportée  en  aval  du 
souterrain,  à  Grange-Pourrat.  On  construisit  à  Saint-Etienne 
la  gare  de  Ghâteaucneiux,  qui  n'était  pas  exactement  sur  l'em- 
placement de  la  gare  actuedle,  mais  plus  rapprochée  du  port 
sec  de  Bérard.  Elle  remplaça,  pour  les  voyageurs,  les  gares  de 
Bérard  et  de  la  Terrasse. 

L'exécution  des  travaux  de  rectification  fut  confiée  ti 
MM.  Parent  et  Schaken,  chargés  en  même  temps  de  la  traction 
et  du  mouvement  de  l'exploitation. 

Jusque-là,  le  service  de  la  traction  était  fait  par  des  entre- 
preneurs qui  étaient  en  même  ternps  constructeurs  de  machines 
et  qui  travaillaient  dans  leurs  propres  usines. 

Les  machines  Seguin,  de  14  tonnes,  n'étant  pas  assez  puis- 
santes pour  remorquer  les  trains  à  la  remonte,  cette  traction 
avait  été  effectuée  par  des  chevaux  ou  des  bêtes  à  cornes 
jusqu'en  1844.  A  partir  de  cette  date,  on  leur  avait  substitué 
les    machines    Verpilleux,   avec    tender  à    roues    couplées,    dé 


—  665  — 

23  tonnes.  Verpilleux  lui-même  avait  pris  Tentreprise  de  la 
remonte  pour  "dix  années,  de  Rive-de-Gier  à  Saint-Etienne. 
Clément  Désormes  se  chargeait  de  la  traction  entre  Lyon  el 
Rive-de-Gier,  et  sur  toute  la  ligne  pour  les  voyageurs  et  les 
messageries  de  nuit  (i). 

Désormes  avait  son  atelier  de  construction  à  OuUins,  très 
important  et  admirablement  disposé  pour  les  travaux  de  cons- 
truction et  de  réparation  du  matériel  des  chem.ins  de  fer.  La 
Compagnie  du  Grand-Central  acheta  ces  ateliers  et  les  loua 
à  MM.  Parent  et  Shaken  (2).  Telle  fut  l'origine  des  ateliers 
d'OuUins  (3). 

Les  nouvelles  locomotives  pesaient  35  à  37  tonnes  (^0- 

L'exploitation  ne  fut  pas  interrompue  pendant  la  durée  des 
travaux.  Mais  les  voyageurs  furent  transbordés  par  omnibus 
de  Terrenoire  à  Saint-Etienne,  pendant  la  reconstruction  du 
tunnel  (5). 

La  ligne  d'Andrézieux  à  Saint-Etienne  disparut.  La  rectifi- 
cation de  la  ligne  d'Andrézieux  à  Roanne  motiva  des  dis- 
cussions passionnées,  car  Montbrison  insistait  pour  que  la  nou- 
velle ligne  empruntât  la  rive  gauche  de  la  Loire  (6).  Un  décret 
du  26  décembre  1855  trancha  la  question  en  faveur  de  la  rive 
droite.  La  Compagnie  devait  exécuter  à  ses  frais  un  embran- 
chement de  Montbrison  à  Montrond.  Elle  était  autorisée  à  em- 
prunter une  partie  de  la  route  départementale,  en  l'exhaussant 
aux  abords  du  pont  de  Montrond,  et  le  pont  lui-même.  On  se 
souvient    qu'un    premier    embranchement   de    Montbrison    à 


(1)  Voir  Dklesthac,  Les  premiers  Chemins  de  fer  du  Département  de 
la  Loire  (A.  F.  A.  8.  Saint-Etienne,  1S97).  Chomienne,  Histoire  de  Rive- 
de-Gier,  p.  203,  'etc. 

(2;  La  société  Parent,  Shaken,  GoWsmitli  ei  C'«,  qui  possédait  de  nom- 
hreuses  forges  dans  l'Indre,  le  Cher,  etc.,  fusionna  en  novembie  1R54 
avec  la  Conipaj4iiif  «i(  s  Ai  iriios  de  la  Marine  (Voir  Histoire  de  In 
\îé:allurgie,  p.  20], 

(3)  Voir  le  Mémorial  de  la  Loire  du  17  février  1855,  qui  donne  le  texte 
du  contrat  entre  la  Compagnie  du  Grand-Central  et  MM.  Parent  et 
Shaken. 

(4)  Leskijhk,  p.  .rA'* 

{5)  Ihid.  —  Méniuitiii  ,/r  lu  L>>iit\  M)  août  1856.  Ce  trnnsbordonient  cessa 
le  V"  septembre  1856 

(6)  Voir  Histoire  de  la  Chambre    de  Commerce,  p.  72. 


Montrond,  concédé  au  ôieur  Gherblanc,  avait  été  abandonné 
en  1848. 

Ce  décret  approuvait  une  convention  entre  le  Gouvernement 
et  la  Compagnie  diui  ctiemin  de  fer  d©  Paris  à  Lyon  par  le 
Bourbonnais. 

Cette  Société  était  ime  Société  en  participation  formée  entre 
les  trois  Compagnies  de  Paris  à  Lyon,  Paris  à  Orléans,  et  du 
Grand-Central.  Il  s'agissait  de  créer  une  ligne  du -Bourbonnais, 
partant  de  Corbeil  et  de  Moret,  se  dirigeant  sur  Nevers  et  de 
là  sur  Roanne  en  empruntant  la  ligne  de  Moulins  concédée 
à  la  Compagnie  d'Orléans  (i).  Cette  ligne  devait  arriver  à  Lyon 
de  deux  côtés  différents,  par  Tarare  et  par  Saint-Etienne. 

En  conséquence,  le  Grand-Central  faisait  l'apport  du  chemin 
de  fer  de  jonction  du  Rhône  à  la  Loire,  aux  charges  et  con- 
ditions où  il  le  possédait  lui-même,  ainsi  que  de  tous  traités 
relatifs  à  la  construction  ou  à  l'exploitation  de  ce  chemin  et 
postérieuirs  à  la  fusion. 

Cette  convention,  sanctionnée  par  un  décret,  fut  modifiée  par 
la  grande  fusion  de  1857,  date  de  la  Naissance  de  la  Compagnie 
P.-L.-M.  (2)^  Cette  fusion,  ratifiée  par  un  décret  et  une  loi  du 
19  juin  1857  (les  statuts  furent  sanctionnés  par  décret  dui  3 
juillet)  groupa  en  une  concession  unique  les  réseaux  en  cons- 
truction ou  concédés  des  Compagnies  de  Paris  à  Lyon,  de  Lyon 
à  la  Méditerranée,  de  Lyon  à  Genève,  les  sections  rétrocéd^ées 
par  le  Grand-Central,  la  ligne  du  Bourbonnais  (non  encore 
construite),   divers  chemins  et  embranchements  nouveaux. 

A  l'embranchement  de  Montbrison  à  Montrond,  prévu  en 
1855,  on  substitua  un  embranchement  de  Montbrison  à  An- 
drézieux.  Le  cahier  des  charges  stipulait  que  cet  embran- 
chement se  détacherait  à  ou  près  de  la  Fouillouse  et  passerait 
à  on  près  d'Andrézieux  (3). 

En    1856,  la   Compagnie   de  Lyon  à   la  Méditerranée   avait 


(1)  La  Compagnie  d'Orléans  devait  achever  cette  ligne  jusqu'à  Roanne 
bien  qu'elle  ne  fît  pluis  partie  ûe»  son  réseau  {Mémorial,  8  avril  1856). 
Elile  fut  ouverte  en  1858. 

(2)  Voir  Meinadier  :  La  Compagnie  des  Chemins  de  fer  P.-L.-M.  (Ha- 
chette 1908,  p.  77.  80  et  suivantes). 

(3)  Bulletin  des  Lois  1857,  2^  semestre,  p.  279-285. 


—  667  — 

ouvert  rembranohemieiit  de  Givors  reliant  le  bassin  de  Saint- 
Etienne  à  la  rive  gauche  du  Rhône  (l). 


Lgs  trois  rachats  successifs  des  premières  lignes  de  la  Loire 
ont  eu  une  conséquence  généralement  ignorée.  Rachetées 
chaque  fois  à  un  prix  correspondant  à  leur  revenu  sans  parler 
des  majorations,  l'ensemble'  de  ces  lignes  revient  à  la  Com- 
pagnie P.-L.-M.  à  1.800.000  francs  le  kilomètre,  dépense  bien 
supérieure  à  celle  prévue  pouir  le  canal  do  la  Loire  au  Rhône 
avant  la  guerre,  et  qui  était  considérée  pourtant  comme  exces- 
sive. Ce  coût  kilométrique  est  hors  de  proportion  avec  la  valeur 
des  travaux.  Néanmoins,  il  impose  à  la  ligne  totale  Roanne- 
Saint-Etienne-Lyon  une  charge  annuelle  (T amortissement  de 
plus  de  14  millions.  Gomme  le  bénéfice  net  annuel  de  V exploitation 
est  de  9  millions^  le  déficit  annuel  est  de  5  inillions  (chiffres 
d'avant  guerre).  Ge  déficit,  qui  figure  dans  le  compte  rendu 
aux  actionnaires  du  P.-L.-M.  a  été  souvent  invoqué  pour  écarter 
toute  concurrence,  soit  d'un  canal,  soit  d'une  deuxième  ligne, 
voire  même  des  abaissements  de  tarifs. 

En  1913,  les  gares  de  l'arrondissement  de  Saint-Etienne  expé- 
diaient 2.807.000  tonnes  de  houille.  Il  y  a  loin  de  là  aux  350.000 
tonnes  de  1835. 


§  12  -    LES  EMBRANCHEMENTS    PARTICULIERS 


«  Le  droit  de  pratiquer  des  embranchements  a  été,  dans 
l'origine,  considéré  comme  une  conséquence  de  l'autorisation 
de  la  ligne  pnncipale  ;  on  a  pensé  qu'un  chemin  de  fer  peut 
être  comparé  à  un  arbre  qui  fructifie  d'autant  plus  que  se« 
branches  sont  plus  nombreuses,  à  une  rivière  dont  le  volume 
d'eau  augmente  par  les  affluents  (2)  ». 

Lolil  d'apporter  des  obstacle©  au  drx>it  d'embranchement, 
la  Compagnie  du  chemin  de  fer  de  Saint-Etienne  à  la  Loire 


(1)  MénUJTidl   lie    1(1    Lnirc,    K   .ivril    \KA\ 

(2Î,  Peyret-Laixieh,  Traité  sur  la  législation  drs  yfinrs,  1S42.  p.  160. 


—  fi68  — 

(Andrézimix)  permit  à  tous  les  ppopnéiaires  ou  exploitants  de 
mines  de  créer  des  embranchemenis.  Elle  fournissait  à  ses 
frais  «  l'entrée  du  rameau  ». 

Pour  le  chemin  de  fer  de  Lyon,  sur  la  demande  des  adj»!- 
dicataires  eux-mêmes,  les  préfets  du  Rhône  et  de  la  Loire 
prirent  deux  arrêtés  (11  septembre  1829  et  15  mars  1830)  re- 
connaissant le  droit  d'embranchement. 

T/'arrêté  du  préfet  de  Ha  Loire  (art..  8)  reconnaissait  le  droit 
de  s'embrancher  sur  un  point  quelconque  des  lieux  de  char- 
gement ou  de  déchargement,  quelle  que  soit  la  quotité  des 
transporté  fournie  par  l'embranché  au  chemin  de  fer. 

Le  même  arrêté  (art.  12)  reconnaissait  le  droit  d'embran- 
chement entre  deux  points  de  chargement  et  de  décharge- 
ment, à  la  condition  :  1*^  de  fournir  annuellement  au  chemin 
de  fer  5.000  tonnes  au  moins  à  transporter  ;  2**  de  payer  la 
distance  entière  entre  les  deux  points  de  chargement  et  de 
déchargement  entre  lesquels  l'embranchement  se  trouvait 
placé.  -^ 

Divers  embranchements  furent  établis  dans  ces  conditions, 
puis  M  Compagnie  se  refusa  à  exécuter  l'arrêté  (l). 

La  Commission  d'enquête  nommée  en  1835  se  prononça  en 
faveur  des  exploitants  (2). 

Ne  considérant  que  la  lettre  du  cahier  des  charges,  le  Con- 
seil général  dé®  Ponts  et  Chau-sséesv  en  1837,  émit  l'avis 
suivant  —  vraiment  extraordinaire  —  qui  était  la  négation 
formelle  du  droit  d'embranchement.  Je  reproduis  cet  avis, 
qui  fut  adopte  pair  le  Ministre  le  10  avril  1837  et  notifié  le  10 
mai  par  les  soins)  même  du  Préfet,  dont  l'arrêté  était  annulé 
dans  ses  dispositions  essentielles  (3)  : 

Le  Conseil  général  des  norfs  et  chaussées,  considérant  d'abord 
que  les  arrêtés  préfectoraux  des  11  septembre  1R29  et  15  mars  1830 
n'arrêté  du  15  mars  1830  est  émané  de  M.  le  Préfet  dn  Rhône) 
n'ont  pas  encore  reçu  la  sanction  ministérielle...   ; 


(1)  Sur  les  motifs  invoqués,  voir  Peyret-Lallter,   Traité  sur  la  Légis- 
lation des  Mines,  p.  162. 

(2)  Voir  Histoire  de  la  Métallurgie,  p.  169. 

(3)  Mercure  Ségusi£n,  28  juin  1837.  Peyret-Lallier  ne  fait  pas  mention 
de  cet  avis,  mais  d'un  arrêt-é  interprétatif  du  24  avril  1838. 


A  l'égard  des  articles  8  et  12,  le  Conseil,  avant  d'exprimer  son 
opinion  sur  ces  articles,  croit  nécessaire  d'établir  d'abord  quelle 
est  la  véritable  position  de  la  Compagnie  du  chemin  de  fer  de 
Saint-Etienne  à  Lyon  ;  cette  position  diffère  essentiellement  de  celle 
qui  dérive  des  cahiers  des  charges  récemment  adoptés  par  l'admi- 
nistration pour  la  concession  des  chemins  de  fer.  Dans  les  cahiers 
des  charges,  il' est  stipulé  que  la  Compagnie  ne  peut  faire  obstacle 
aux  embrancliemens  régur*èr«ment  autorisés,  et  que  les  wagons 
qui  circuleront  sur  ces  embranchemens  pourront  continuer  leur 
route  sur  la  ligne  principale. 

A  cet  effet,  le  péage  est  divisé  en  deux  parties,  représentant,  l'une 
le  loyer  du  chemin,  l'autre  les  frais  de  traction  ;  de  semblables 
dispositions  n'existent  pas  dans  le  cahier  des  charges  du  chemin 
de  fer  de  Saint-Etienne  à  Lyon  ;  à  l'époque  où  la  concession  en  a 
été  faite,  on  ne  supposait  pas  (en  France  du  moins)  la  possibilité 
d'yne  libre  circulation  sur  les  chemins  de  fer,  et  la  Compagnie 
Seguin  a  été  investie  dn  monopole  des  transports  sur  son  chemin. 
Cef[te  condition  peut  être  fâcheuse,  mais  elle  existe,  elle  doit  régir 
la  question.  Or,  il  suit  de  là  qu'à  moins  de  conventions  parti- 
culières auxnuelleis  l'administration  ne  pourrait  s'opposer  qu'autant 
que  les  intérêts  généraux  placés  sous  sa  protection  auraient  à  en 
souffrir,  il  suit  de  là  que  les  rails  des  chemins  d'embranchement 
dirigés  soit  sur  les  ports  secs,  soit  sur  les  po^mts  intermédiaires,  ne 
peuvenif  se  sonder  avec  les  rails  de  la  Compagnie  : 

Que  les  wagons  gui  n'appartiennent  pas  à  la  Compagnie  ue  peU" 
nent  circider  sur  le  chemin  dont  elle  est  concessionnaire  ; 

Qn* enfin,  la  Compagnie  n^est  pas  obligée  d'envoyer  ses  wagons 
sur  les  chemins  d'embranchement. 

Ceci    posé,    le    Conseil    examine    et    discute    successivement    les 
-articles  8  et  12. 

T.' art' cl p  S  est  ainsi  conçu  : 

Tous  les  propriétaires  ou  directeurs  d'établissemens  industrielf» 
ou  agricoles,  et  les  exploitans  des  mines  qui  voudront  s'embran- 
cher sur  un  point  guelcong^ie  des  lieur  de  chargement  et  dr 
déchargement,  auront  droit  de  le  faire  quelle  (fue  soit  la  quotité  des 
transports  qu'ils  pourront  fournir  anmiellement  an  chemin  de  fer, 
et  en  jouissant  d'ailleurs  des  mêmes  avantacres  dont  jouiront  ceux 
qui  chargeront  et  déchargeront  immédiatement  sur  lesdits  lieux  de 
chargement  et  de  déchargement. 

r,es  exploitans  demandent  le  maintien  do  co\  article  et 
prétendent  nu'il  entraîne  pour  la  Comparmie  l'oblioration  d'envoyer 
ses  wagons  sur  les  embranchemens  f>our  ill»  r  chercher  le  charbon 
jus()u'aux  puits  d'où  il  est  extrait. 

La  Compagnie  réclame  l'annulation  de  ce  même  article  :  elle 
expo.so  'l'i    ri   ne  peut  s'embrancher    inNii   passant  sur  un  terrain, 


—  670  — 

et  que  consacrer  cette  disposition  ce  serait  prononcer  contre  elle 
une  véritable  expropriation. 

Le  Conseil  pense  que  ni  l'une  ni  l'autre  de  ces  prétentions  n'est 
fondée. 

Il  est  impossible  que  la  Compagnie  du  chemin  de  fer  méconnaisse 
le  droit  d'aller  sur  les  lieux  de  chargement  et  de  déchargement, 
autrement  dits  ports  secs.  Un  port  sec  est  un  lieu  public  déterminé 
par  l'administration.  Il  a  été  établi  au  profit  du  public.  Le  public 
doit  donc  pouvoir  y  accéder  avec  toute  la  facilité  possible  ;  les 
voitures  qui  arrivent  par  les  cjiemins  ordinaires  doivent  pouvoir 
charger  et  décharger  immédiatement  sur  le  port  sec.  Il  est  évident 
qu'à  raison  de  leur  composition  toute  spéciale,  les  chemins  de  fer 
d'embranchement  ne  jouiraient  pas  du  même  avantage,  si  les  rails 
de  ces  chemins  ne  pouvaient  pas  être  prolongés  et  disposés  sur  le 
port  sec  de  manière  que  les  wagons  qui  les  ont  parcouiiis  puissent 
accoster  les  wagons  de  la  Compagnie.  C'est  là  le  sens  qu'il  convient 
de  donner  à  l'article  8  ;  mais,  ainsi  qu'il  a  été  dit  ci-dessus,  de  cette 
faculté  d'accès  et,  si  Ton  veut,  de  prolongement  des  rails  d«s 
chemins  d'embranchement  sur  le  port  sec,  il  n'en  résulte  pas, 
d'une  part,  pour  les  propriétaires  de  ces  embranchements  le  droit 
de  souder  leurs  rails  avec  ceux  de  la  Compagnie  et,  d'autre  part, 
pour  la  Compagnie,  l'obligation  d'envoyer  des  wagons  sur  les 
chemins  d'embranchement. 

De  telles  dispositions  peuvent  bien  exister  en  vertu  de  conven- 
tions privées,  mais  elles  ne  dérivent  pas  du  cahier  des  charges 
accepté  par  la  Com^pagnie  du  chemin  d)e  fer,  elles  ne  sauraient  lui 
être  obligatoirement  imposées  ;  au  surplus,  et  ainsi  qu'on  l'a 
exposé,  les  term,es  de  l'article  8  n'ont  pas  cette  portée,  cet  article 
d'ailleurs  doit  être  annulé  par  les  motifs  suivans  : 

Il  semble  vouloir  créer  un  droit  nouveau,  le  droit  d'accès  sur  les 
ports  secs,  et  ce  droit  est  incontestable  ;  la  Compagnie  ne  peut  y 
faire  obstacle  tant  qu'il  sera  exercé  ainsi  que  nous  l'avons  expliqué 
plus  haut. 

Il  procède  par  voie  de  disposition  générale,  tandis  que  l'autorité 
préfectorale  doit  intervenir  dans  chaque  cas  particulier.  Le  droit 
d'accès  sur  un  port  sec  est  incontestable,  mais  il  n'est  pas  indéfini  ; 
ce  port  est  limité,  et  le  nombre  des  chemins  de  fer  d'embranchement 
qui  peuvent  y  accéder  doit  l'être  également  ;  il  est  permis  à  tout  le 
monde  de  bâtir  sur  le  bord  des  grandes  routes,  cependant  un 
particulier  ne  peut  user  de  ce  droit  qu'en  vertu  d'une  permission 
spéciale.  Il  y  a  ici  assimilation  parfaite,  le  droit  d'accès  est 
général,  mais  il  ne  doit  être  exercé  qu'en  vertu  d'arrêtés  spéciaux. 
Dans  chaque  cas  particulier,  le  préfet  doit  intervenir  ;  il  doit  faire 
examiner  les  lieux,  entendre  la  Compagnie  et  régler  les  conditions. 

Par  tous  ces  motifs,  le  Conseil  est  d'avis  que  Varticle  8  doit  être 
annulé. 


—  671  — 

VaHicle  12  aurait  pour  but  de  consacrer  des  dispositions  encore 
plus   graves. 

Voici  la  teneur  de  cet  article  : 

Il  sera  permis  à  tout  propriétaire^  aux  directeurs  d'établissemens 
industriels  ou  agricoles,  ou  exploitans,  situés  entre  deux  points  de 
chargement  et  de  déchargement,  d'établir  des  embranchemens  suV 
le  chemin  de  fer,  et  d'y  faire  charger  et  décharger  leur  produits  et 
marchandises  à  l'exportation  et  à  l'importation,  sous  la  condition  : 
1°  de  fournir  annuellement  au  chemin  de  fer  une  quantité  de  trans- 
ports équivalant  au  mioins  à  5.000  tonnes,  ou  à  50.000  quintaux 
métriques  ;  2*^  de  payer  la  distance  entière  existant  entre  les  deux 
points  de  chargement  et  de  déchargement  entre  lesquels  l'embran- 
chement se  trouvera  placé,  comme  si  cette  distance  était  réellement 
parcourue. 

Cet  article  déroge  à  la  fois  aux  règles  de  l'administration,  aux 
droits  du  public  et  aux  obligations  de  la  Compagnie  ;  il  permet  à 
un  particulier  de  se  créer  à  lui-même  un  port  sec,  en  un  point 
quelconque  du  chemin  de  fer,  tandis  qu'un  port  sec  ne  peut  exister 
qu'au  point  déterminé  par  l'administration,  et  qu'en  vertu  d'une 
ordonnance  royale  rendue  après  une  enquête  préalable.  Ce  même 
article  oblige  le  particulier  à  payer  sur  le  chemin  de  fer  une 
distance  plus  grande  que  celle  que  ses  denrées  ou  marchandises 
y  parcourent  effectivement,  tandis  qu'il  ne  doit  acquitter  que  la 
distance  réellement  parcourue,  et  que  la  Compagnie  n'a  droit  de 
rien  exiger  au  delà.  L'article  12  de  l'arrêté  du  Préfet  de  la  Loire 
est  donc  essentiellement  contraire  aux  principes  de  la  matière,  et 
déroge  d'ailleurs  aux  conditions  du  cahier  des  charges  qui  déter- 
mine les  droits  et  les  devoirs  de  la  Compagnie  ;  le  Conseil  propose 
en  conséquence  de  l'annuler. 

Quant  à  l'interprétation  donnée  par  les  exploitais  à  cet  article 
comme  à  l'article  8,  d'après  laquelle  la  Compagnie  serait  tenue 
d'envoyer  ses  wagons  jusqu'à  l'origine  de»  chemins  d'embranche- 
ment qui  viennent  se  rattacher  à  la  ligne  principale,  entre  les 
lieux  de  chargement  et  de  déchargement,  le  Conseil  croit  devoir 
exposer  que  l'obligation  dont  il  s'agit  ne  résulte  pas  des  termes 
mêmes  de  l'article  12  ;  qu'elle  est  positivement  contraire  à  Vesprit 
du  cahier  des  charges  qui  n'admet  pas  que  les  chemins  d'embran- 
chement puissent  se  souder  directemenit  av^c  la  Ihg-ue  principale, 
à  moins  du  consentement  de  la  Compagnie,  et  tiu'ainsi  elle  ne 
pourrait  exister  que  par  suite  de  conventions  privées. 

Le  Conseil  pense  que  la  décision  mini.stériello  à  intervenir  dans 
cette  affaire,  en  statuant  pour  l'avenir  conformément  à  ce  (jui 
précède  et  en  s'oxpliquant  sur  le  véritable  .sens  (juc  doivent  recevoir 
les  articles  8  et  12,  doit  déclarer  en  même  temps  qu'elle  n'entend 
pas  intervenir  dans  les  mêmes  conventions  privées  qui  peuvent 
exister  entre  les  exploitants  <•(  la  Com|);ignio   ;     tju»»  les  trilninatur 


-  672  — 

auront  à  jiKjer  si  la  imwxière  donl  1rs  articles  S  et  12  de  l*arrété 
préfectoral  du  11  septetritrre  1HW  (ml  été  interprétés  et  e.récutés  par 
les  parités,  peut  constituer  des  conventions  de  eette  nature,  et 
quelles  peuvent  être  la  validité  et  la  durée  de  ces  cowvenHons. 

Enfin,  à  l'égard  des  chargemens,  qui  ne  sont  pas  encore  légale- 
ment autorisés,  comme  aucun  motif  d'ordre  public  n'en  réclame 
la  suppression,  le  Conseil  est  d'avis  qu'il  y  a  lieu  d'en  tolérer 
l'existence  sous  toute  réserve  des  droits  publics,  et  en  ce  qui  ne 
poi-te  pas  atteinte  aux  droits  de  la  Compagnie,  tels  qu'ils  ont  été 
définis  plus  liaut  ;  à  l'égard,  en  effet,  soit  des  pQints  de  contact  de 
ces  cmbrancliemens  avec  les  rails  du  chemin  de  fer,  soit  de  leur 
mode  de  service,  on  ne  peut  que  se  référer  aux  explications  données 
au  sujet  des  articles  8  et  12  de  l'arrêté  préfectoral  du  11  septembre 
1829,  sur  les  droits  qui  dérivent  pour  la  Compagnie  de  la  teneur 
de  son  cahier  des  charges,  sans  rien  préjuger  toutefois  sur  les 
conventions  privées  qui  seront  reconnues  exister  entre  ladite  Com- 
pagnie et  les  exploitans,  conventions  dont  lappréciation  et  le 
jugement  appartiennent  ainsi  qu'on  la  dit,  aux  tribunaux 
ordinaires. 

Ainsi  la  décision  minisiériellJe  «>umettait  la  création  des 
embranchements  au  bon  plaisir  de  la  Compagnie.  Or,  des 
embranchements  existaient.  Le  public  en  était  depuis  long- 
temps en  possession.  La  Compagnie  avait  même  sollicité  leur 
établissement. 

La  Chambre  de  Commerce  de  Saint-Etienne  prolesta  vive- 
ment, dans  une  note  du  18  juin  1837  : 

Le  Gouvernement  crut  encore  qu'en  concédant  un  chemin  de  fer 
(de  Saint-Etienne  à  Lyon)  à  notre  riche  contrée,  les  transports  se 
feraient  à  meilleur  marché  et  en  telle  abondance  que  tout  le  monde 
serait  satisfait.  Les  intentions  du  gouvernement  d'alors  n'étaient 
pas  douteuses  ;  elles  ressortent  du  cahier  des  charges  imposées  au 
chemin  de  fer  de  Samt-Etienne  à  Lyon,  mais  nous  avons  à  nous 
plaindre  de  la  manière  dont  ce  cahier  des  charges  a  toujours  été 
et  continue  encore  d'être  exécuté  ;  nos  doléances  à  cet  égard  ont 
souvent  frappé  l'oreille  des  ministres  et  surtout  du  directeur 
général  des  mines  d'aujourd'hui  ;  non  seulement  nous  n'avons 
obtenu  aucune  amélioration  dans  les  transports  toujours  incertains 
par  le  fleuve,  toujours  difficiles  et  comme  impossibles  par  le 
chemin  de  fer,  mais  encore  tout  nouvellement  un  arrêté  du  Conseil 
général  des  ponts  et  chaussées  et  des  mines,  approuvé  par 
M.  le  Ministie  du  Commerce,  vient  d'annuler  le  tarif  et  nous 
soumettre  entièrement  à  l'arbitraire  de  radministration  de  ce 
chemin. 


—  673  — 

L'arrêté  lui  accorde  le  droit  de  refuser  des  embranchements 
qu'elle  avait  cependant  sollicités  et  dont  le  public  était  depuis 
longtemps  en  possession,  il  lui  permet  de  ne  recevoir  des  charbons 
à  transporter  qu'à  un  point  de  chargement  qui  n'existe  pas  ;  on 
est  donc  forcé  de  ne  plus  compter  sur  un  tarif,  et  de  subir  les 
conditions  qu'il  plaît  au  chemin  de  fer  dimposer. 

Autrefois,  ce  chemin  ne  transportait  pas  également  pour  tout 
le  monde,  il  avait  ses  expéditeurs  privilégiés,  il  ne  transportait 
pas  la  moitié  des  marchandises  qu'on  avait  voulu  lui  confier.  Les 
procès  avec  tous  les  expéditeurs  et  extracteui"s  du  pays  en  font  foi, 
mais  au  moins  il  recevait  le  peu  dont  il  consentait  à  se  charger 
partout  où  l'on  pouvait  le  lui  livrer.  11  n'en  est  pas  de  même 
aujourd'hui.  L'arrêté  du  Conseil  général  des  ponts  et  chaussées  et 
des  mines  (dûment  signifié)  a  bien  voulu  cependant,  pour  ne  pas 
tarir  toutes  les  expéditions,  autoriser  à  se  servir  encore  des  anciens 
embranchements,  mais  moyennant  seulement  des  traités  parti- 
culiers dont  l'administration  du  chemin  de  fer  demeure  l'arbitre. 
Il  en  résulte  qu'elle  est  maîtresse  absolue  de  son  prix  ;  que  l'on  ne 
peut  compter  sur  aucune  expédition  (car  qui  peut  en  élever  les 
conditions  selon  son  caprice,  peut  par  cela  même  la  refuser).  11 
en  résulte  que  les  livraisons  promises  n'ont  pu  s'exécuter,  que  les 
consommateurs  s'adressent  ailleurs  ;  que  les  ouvriers  de  la  contrée 
sont  sans  travail  ;  que  le  plus  riche  dépanement  est  devenu  un  des 
plus  à  plaindre,  et  que  le  chemin  de  fer  lui-même,  à  force  d'hosti- 
lités  et  de  mauvaise  volonté  contre  le  pays,  se  nuit  à  lui-même,  car 
ses  wagons  ont  corrunencé  à  séjourner  inactifs  sur  les  rails  en 
septembre  dernier  (v.  les  journaux  de  septembre). 

11  est  fiâcheux  d'avoir  à  accuser  ce  -chemin  de  fer  toutes  les  fois 
qu'il  est  question  de  l'industrie  de  notre  département,  mais  c'est 
(fiL'U  en  est  vérUablenierit  la  plaie  par  la  manière  dont  il  est 
exploité,  et  en  frappant  notre  industrie,  il  frappe  également  toutes 
les  autres  qui  en  dépendent  ;  et  les  grandes  usines,  les  ports 
maritimes  repoussés  de  nos  bassins  houillers  poilent,  malgré  eux, 
leur  argent  comme  un  tribut  à  l'étranger. 

Toutes  ces  considérations  font  sentir  combien  il  est  urgent  que 
la  Compagnie  du  canal  de  Givors  obtienne  la  permission  de  pro- 
longer son  oanal  jusqu'à  nous  par  un  chemin  de  fer,  ainsi  qu'elle 
le  denjande  ;  alors  seulement  qu'il  y  aura  une  véritable  concurrence 
pour  le  transport  des  houilles  hors  de  nos  bassins  houillers,  nous 
pourrons  donner  à  l'extraction  de  ce  combustible  toute  l'aptivité  et 
Téconornie  qu'elle  réalame,  ajors  nous  pourrons  alimenter  les 
départements  voisins,  et  la  France  cessera  de  fou  ru  h  dt-^  cnpitjinx 
à  l'étranger. 

î^  CompapTiie  persistai  dans  son  système  d'opy^osilion.  Kn 
vain  iino  Commission  rninist/iriclh'  nornîTiiV»  on  lî^MO  so  montra 


-  674  — 

favorable  à  robligation  du  droit  d'embranchement.  I^a  Com- 
pagnie, qui  voulait  une  augmentation  de  son  tarif  de  transport, 
se  récria.  Finalement,  par  arrêté  du  8  décembre  1840,  le 
Ministre  éleva  ce  tarif.  Sans  astreindre  la  Compagnie  à  desseirvir 
les  embranchements,  il  lui  alloua  une  prime  fixe  de  0  fr.  50 
par  wagon  pour  l'envoi  de  son  matériel  sur  les  embranchements, 
outre  0  fr.  04  par  tonne  et  kilomètre  parcouru. 

Cet  arrêté  du  8  décembre  1840  motiva  de  vives  réclamations 
de  la  part  de  la  Chambre  de  Commerce  et  de  la  part  des 
exploitants  des  mines  contre  la  prorogation  de  l'augmentation 
du  tarif  perçu  sur  la  ligne  de  Lyon.  Le  Ministre  provoqua  des 
conférences  et  consigna  les  plaintes  du  public  relatives  aux 
tarifs,  aux  embranchements  et  à  diverses  parties  de  l'exploi- 
tation, dans  un  arrêté  du  17  juillet  1841,  qui  faisait  ressortir 
la  nécessité  de  plusieurs  résolutions  longuement  énumérées, 
notamment  au  sujet  des  embranchements.  Ces  résolutions 
reconnaissaient  formellement  le  droit  d'embranchement,  sous 
certaines  conditions  à  remplir,  parmi  lesquelles  celle  de  payer 
ume  prime  de  0  fr.  50  par  wagon  et,  en  outre,  de  0  fr.  04  par 
tonne  et  par  kilomètre  parcouru.  Sur  ce  point,  l'arrêté  de 
juillet  1841  répétait  donc  l'arrêté  de  1840.  La  Compagnie  était 
tenue  de  dire  si  elle  acceptait  les  dispositions  du  nouvel  arrêté, 
faute  de  quoi  celui  de  1840  serait  rapporté  et  le  statu  quo  ante 
rétabli. 

Je  reproduis  l'arrêté  de  juillet  1841  (publié  par  le  Mercure 
Ségusien  les  28-30  juillet)  dans  le  paragraphe  relatif  aux  tarifs 
perçus  sur  le  parcours  du  chemin  de  fer  (et  non  sur  les  em- 
branchements) afin  de  ne  pas  en  diviser  le  texte. 

La  Compagnie  jugea  onéreuses  les  conditions  de  l'arrêté  de 
juillet  1841.  Aussi,  le  15  août  1841,  un  autre  arrêté  rétablit  le 
statu  quo  ante.  Mais,  le  25  octobre,  un  quatrième  arrêté  conso- 
lida provisoirement  les  tarifs  perçus  sur  la  ligne  sans  statuer 
sur  les  embranchements  (i). 

En  1847,  la  Chambre  de  Commerce  constatait  encore  que 
la  Compagnie  refusait  de  recevoir  sur  ses  lignes  les  wagons 


(1)  Voir  Histoire  de  la  Métallurgie,  p.  175.  Le  ministre  était  M.  Teste, 
bien  connu  à  Saint-Etienne  depuis  les  Cent  Jours,  et  qui  fut  condamné 
pour  concussion  en  1847. 


—  675  — 

des   particuliers.    Elle   demandait   d'imposer    cette    obligation 
moyennant  un  péage  modéré  (i). 

En  1853,  la  Cour  de  Cassation  invoquait  la  fameuse  déci- 
sion ministérieille  de  1837,  que  j'ai  reproduite,  pour  décider  h 
son  tour  que  le  droit  de  s'embrancher  ne  pouvait  résulter  que 
de  conventions  particulières.  Je  cite  V Industrie,  journal  de 
Saint-Etienne,  du  19  novembre  1853  (2)  : 

Dans  son  audience  du  15  novembre,  la  Chambre  des  requêtes  de 
la  cour  de  cassation  a  décidé  que  le  droit  de  s'embrancher  sur  le 
chemin  de  fer  de  Saint-Etienne,  avec  soudure  des  rails,  ne  peut 
résulter^  aux  termes  de  la  décision  ministérielle  du  10  avril  1837, 
que  de  conventions  spéciales  ;  quant  au  droit  d'embranchement 
sans  soudure,  il  n'est  pas  autre  chose  que  le  droit  de  chargement 
et  de  déchargement  consacré  par  la  même  décision,  au  profit  des 
propriétés  cantiguës  aux  ports  secs  ;  mais  l'exercice  en  est  subor- 
donné au  contrôle  de  l'autorité  administrative. 

En  conséquence,  la  cour  a  rejeté  le  pouvoir  du  sieur  Sauzet 
contre  un  arrêt  de  la  cour  impériale  de  Lyon,  du  4  août  1852. 

Le  droit  d'embranchement  fut  reconnu  formellement  dans 
l'article  55  du  cahier  des  charges  annexé  à  la  convention 
réunissant  en  une  seule  concession  les  lignes  du  Département 
de  la  Loire  (Société  des  Chemins  de  fer  du  Rhône  à  la  Lo^'re) 
en  cette  même  année  1853  (•^).  L'article  57  de  cette  convention 
maintenait  les  embranchements  existants,  à  charge  par  les 
propriétaires  de  se  pourvoir  d'une  autorisation  régulière. 

Le  droit  d'embranchement  figure  dans  les  cahiers  des  char- 
ges des  grandes  Compagnies  actuelles  (art.  62).  Les  embran- 
chements dont  la  situation  est  réglée  par  cet  article  sont  ceux 
qui  ne  font  pas  l'objet  d'une  concession  spéciale  (Picard, 
Traité  des  Chemins  de  fer,  IV,  p.  952),  c'est-à-dire  qui  ne  béné- 
ficient pas  de  la  déclaration  d'utilité  publique.  11  suffit  qu'il 
y  ait  entente  entre  la  Compagnie,  l'embranché,  et  naturelle- 
ment les  propriétaires  des  fonds  traversés. 

Comme  l'indiquait  l'avis  du  Conseil  de©  Ponts,  et  (Chaussées 
de  1837  (p.  669),  dans  les  cahiers  des  charges  des  concessions 
délivrées  à  cette  époque  il  était  stipulé  que  les  Compagnies 


.     (1)  Voir  Hisloirc  de  In  M/'Idllurnic,  p.   170. 

(2)  Ce  joiimal  prit  le  nom  de  Mhiuiriai  do  la  Loire  en  1R54. 

(3)  Publié   <lans    le   jomnal    de  .Sainf-KticiiMe.    f.'Indusfrir,    Il    juiji   et 
Jours  suivants. 


ne  pouvaient  pas  faire  obstacle  aux  embranchements  réguliè- 
rement autorisés,  mais  tel  n'était  pas  le  cas  pour  la  Compagnie 
Seguin.  Samt-Etienne  payait  la  gloire  de •  possédeir  le  premier 
chemin  de  fer. 

J'ai  dit  .  qu'un  certain  nombre  d'embranchements  furent 
établis  dès  la  construction  des  premières  lignes  et  avec  le 
consentement  des  Compagnies.  La  Chambre  de  Commerce 
l'indiquait  dans  une  délibération  du  18  novembre  1847  : 

Il  est  de  notoriété  publique  que  les  premiers  embranchements 
ont  été  établis  non  seulement  sans  rétribution,,  mais  encore  qu'ils 
ont  été  provoqués  et  facilités  par  la  Compagnie,  afin  d'augmenter 
ses  transports  ;  ce  n'est  que  plus  tard  qu'elle  commença  à  percevoir 
une  prime  de  0  fr.  50  par  wagon,  laquelle  fut  portée,  en  1841, 
jusqu'à  2  fr.  12  (1). 

Le  premier  embranchement  fut  construit  en  même  temps 
que  la  ligne  d'Andrézieux.  Il  se  soudait  au  Marais  et  desser- 
vait les  mines  du  Treuil,  du  Soleil,  de  Bérard  et  du  Gagne- 
Petit  (2).  La  grande  Compagnie  des  Mines  de  la  Loire  relia  la 
plupart  de  ses  puits  aux  chemins  de  fer  par  un  vaste  réseau 
d'embranchements  (v.  p.  436  et  466). 

Voici  les  embranchements  anciens  dont  je  retrouve  la  trace 
dans  les  délibérations  ou  dans  les  journaux.  Mais  l'exposé 
précédent  indique  qu'il  fut  établi  antérieurement  d'autres 
lignes. 

En  1840,  une  enquête  fut  ouverte  sur  la  création  d'un  embran- 
chement entre  les  mines  de  Chaney  et  les  chemins  de  fer  de 
Lyon  et  de  la  Loire  (3). 

En  1840,  enquête  pour  un  embranchement  de  la  Terrasse 
à  Montmmbert,  avec  soudure  aux  deux  chemins  de  fer  ae 
Lyon  et  de  la  Loire.  Une  Société  civile  s'était  formée,  en 
1839,  pour  l'exploitation  des  deux  mines  de  Montrambert  et 
du  Quartier-Gaillard,  achetées  en  1838  à  M.  Deville  pour 
4  millions.  En  1843,  une  ordonnance  du  2  avril  autorisa  cette 
Compagnie  à  construire  un  chemin  de  fer  de  la  gare  du  Treuil 


(1)  La  prime  avait  varié  comme  importance  {Histoire  de  la  Métallur- 
gie, p.  174.  note  1,  et  p.  176,  note  2). 

(2}  Leseure,  p.  190. 

(3)  Voir  Histoire  de  la  Chambre  de  Commerce,  p.  9gt 


-  677  - 

à  ces  deux  mines.  La  Compagnie  des  Minea  réunies  de  Saint- 
Etienne,  qui  absorba,  en  1844,  la  Société  précédente,  fit 
aboutir  le  tracé  au  Gagne-Petit,  sur  la  ligne  de  Lyon  (ordon- 
nance 4  juillet  1844).  La  grande  Compagnie  des  Mines  de  la 
Loire,  héritière  de  la  Compagnie  des  Mines  réunies,  vendit 
à  la  Compagnie  du  chemin  de  fer  la  ligne  de  Montrambert  en 
1850  (1). 

En  1852,  enquête  pour  un  embranchement  entre  les  mines 
de  Sorbiers  et  lesi  deux  chemins  de  fer  de  Lyon  et  d'André- 
zieux  (2).  Il  fuit  autorisé  par  décret  du  28  juillet  1853.  La  ligne 
du  Pont-de-l'Ane    à  Sorbiers  fut    livrée  à    la    circulation    en 

1856  (3). 

En  1854,  un  décret  du  24  novembre  autorisa  un  embranche- 
ment des  mines  de  Monthieux  à  la  ligne  de  Roanne  à  Lyon 
par  Saint-Etienne. 

La   ligne   de   Roche-la-Molière  au    Cluzel   était  ouverte  en 

1857  {^).  Ce  chemin  de  fer  de  Roche-la-Molière,  avait  été  con- 
cédé par  le  décret  du  15  décembre  1855.  Il  fut  raccordé  avec 
celui  du  Cluzel,  qui  appartenait  à  la  Société  des  Mines  de  la 
Loire  et  qui  fui  acquis  en  1873,  par  la  Compagnie  de  Roche- 
la-Molière  (^).' 

Vers  1857  également,  les  puits  de  Montrambert  furent  reliés 
à  la  gare  de  la  Ricamarie.  La  première  section  de  la  ligne 
de  Saint-Etienne  au  Puy  fut  ouvertie  au  trafic  en  1859  (Saint- 
Etienne  à  Firminy).  On  supprima  le  plan  incliné  avec  ma- 
chine   motrice    de    la  Béraudière    à     Montrambert.  L'ancien 


(1)  Histoire  de  la  Chambre  de  Commerce,  p.  98.  Mercure  Ségiti^ien, 
17  mai  1843,  31  juillet  1844.  Leskure,  p.  ^^3.  Mémorial  judiciaire  de  la 
Loire,  5  janvier  1848  (Voir,  dans  le  numéro  du  29  janvier  1848,  le  Juge- 
ment au  sujet  du  curieux  procès  entre  la  première  Société  et  la 
Compagnie  des  Mines  réunies). 

(2)  Histoire  de  la  Chambre  de  Commerce,  p.  98 

(3)  LesÉure,   p.  245. 

(4)  Voir  dans  la  notice  de  îa  Compagnie  à  propos  de  l'Exposition  de 
1889,  p.  30,  l'historiq-ue  dos  embranchements  de  cette  Compagnie  de 
1856  à  1887.  En  1893,  on  a  mis  en  service  le  chemin  de  fer  de  Roche- 
la-Molière  à  la  Malafolie.  Il  complète  une  ligne  de  15  kilomètres,  soudée 
à  ses  deux  extrémités  au  réseau  P.-L.-M.  et  qui,  traversant  la  conces- 
sion du  nord  au  sud,  dessert  tous  les  puits.  Ce  chemin  de  fer  a  nécessité 
trois  tunnels  (Notice  sur  l'Exposition  de  Lyon,  1P94). 

44 


—  678  — 

cliemin    de    fer    de    Montrarnbert   ne   desservit   plus  que   les 
puits  de  la  Béria-udière  et  de  Montrarnbert  (i). 

J'arrête  là,  c'esit-à-dire  à  la  formation  des  grandes  Compa- 
gnies actiuelles,  celte  énumération.  Même  aujourd'hui  les 
embranchements  concédés,  c'est-à-dire  ayant  fait  l'objet  d'une 
déclaration  d'utilité  publique,  sont,  dans  notre  bassin,  extrê- 
mement rares. 


.^  13  -  LES    TARIFS    DE    CHEMINS    DE    FER 


Ce  fut  la  question  capitale,  discutée  avec  passion,  s'éterni- 
sant  dans  les  délibérations,  donnant  lieu  à  la  constitution  de 
formidables  dossiers,  ayant  aujourd'hui  la  même  importance 
qu'elle  eut  à  l'origine  des  chemins  de  fer. 

J'ai  indiqué  le  tarif  initial  de  la  Compagnie  de  Lyon,  tarif 
augmenté  en  1831  pour  une  période  de  10  ans  jusqu'au  1*' 
janvier  1842  (v.  p.  641).  Il  était  de  0  fr.  098  d'après  l'adju- 
dication. L'ordonnance  de  1831  l'avait  porté,  à  la  remonte,  à 
0  fr.  12  de  Givors  à  Rive-dei-Gier,  à  0  fr.  13  de  Rive^de-Gier 
à  Saint-Etienne,  par  tonne  kilométrique. 

Non  seulement  lia  Compagnie  voulait  conserver  ce  dernier 
tarif,  mais  elle  voulait  encore  le  faire  augmenter.  J'ai  indi- 
qué sa  demande  de  1839,  l'opposition  de  la  Chambre  de 
Commerce,  le  refus  du  Ministre  C^).  Un  arrêté  ministériel 
du  8  décembre  1840,  imposant  à  la  Compagnie  la  reconstruc- 
tion du  pont  de  la  Mulatière,  accorda  cependant  un 
relèvement  :  0  fr.  12  de  Saint-Etienne  à  Lyon  à  la  descente 
e:t  de  Lyon  à  Givors  à  la  remonte  ;  0  fr.  14  de  Givors  à  Rive- 
de-Gier  et  0  fr.  15  de  Rive-de-Gier  à  S t-E tienne  à  la  remonte. 

Cet  arrêté  souleva  beaucoup  de  réclamations.  C'est  alors 
qu'après  bien  des  négociations  intervint  l'arrêté  du  17  juillet 
1841  mettant  la  Compagnie  en  demeure  d'accepter  d'impor- 
tantes conditions  énoncées  dans  l'arrêté,  faute  de  quoi 
l'arrêté   de    1840    serait    rapporté,    c'est-à-dire    l'augmentation 


Leseure,  p.  246. 

(3)   Histoire  de  la  Métallurgie,  p.   172-173, 


—  6t9  — 

supprimée,  voire  même  le  tarif  ramené  au  taux  de  Fadjudi- 
cation  de  i826,  puisque  Farrété  de  1831  cessait  de  produire 
son  effet  le  31  décembre  1841.  Ces  conditions  étaient  relatives 
aux  embranchements,  aux  tarifs  des  voyageurs,  aux  droits 
acceissoires,  aux  traités  particuliers,  à  l'accès  des  ports  secs, 
au  prolonge^ment  de  la  ligne  à  l'intérieur  de  Lyon. 

En  résumé,  œt  arrêté  consacrait  une  transaction  pour  mettre 
fin  à  des  «  difficulftés  sans  cesse  renaissantes  ».  L'augmenta- 
tion de  184Q  était  accordée  en  échange  de  l'acceptation  des 
conditions  de  l'arrêté  de  1841. 

Pour  ce  motif,  à  cause  de  l'importance  de  ses  considérants, 
nous  croyons  reproduire  in  extenso  cet  arrêté  du  17  juillet  1841, 
publié  au  Mercure  Ségusien  des  28-30  juillet. 

Nous,  ministre,  secrétaire  d'Etat  des  Travaux  puiblics, 

Vu  notre  arrêté  du  8  décembre  1840  qui,  par  les  motifs  et  sous 
certaines  conditions  y  exprimés,  a  réglé  provisoirement  le  tarif 
pour  le  transport  des  marchandises  sur  le  chemin  de  fer  de  Lyon 
à  Saint-Etienne,  par  tonne  et  par  kilomètre,  ainsi  qu'il  suit,  savoir  : 

A  la  descente  de  Saint-Etienne  à  Lyon  et  à  la  remonte  de  Lyon 
à  Givors,  à  douze  centimes  ; 

A  la  remonte  de  Givors  à  Rive-de-G{ier^  à  quatorze  centimes  ; 

Et  à  la  remonte  de  Rwe-de-Gier  à  S aint'E tienne,  à  quinze 
centimes  ; 

Vu  les  réclamations  à  nous  adressées  les  17  décembre  1840  et 
18  février  1841,  par  les  Chanubres  de  Conomerce  de  Saint-Etienne 
et  de  Lyon,  et,  à  diverses  dates,  par  les  exploitants  de  mines, 
négociants  et  industriels  de  Saint-Etienne,  de  Saint-Chamond,  Rive- 
de-Gier  et  Givors,  contre  l'augmentation  de  tarif  accordée  à  la 
Compagnie  du  chemin  de  fer  ; 

Vu  la  lettre  par  nous  écrite,  le  14  mai  1841,  tant  à  la  Compagnie 
([uanx  Chambres  de  Commerce  de  Lyon  et  de  Saint-Etienne,  «pour 
leur  faire  connaître  les  résolutions  auxquelles  nous  subordonnions 
la  décision  à  prendre  sur  les  réclamatiojis  sus  énoncées  ; 

Vu  les  observations  produites,  aoit  par  les  exploitants  de  mines 
de  houille  du  bassin  de  la  Loire  et  par  les  délég'ués  do  la  Chambre 
de  Commerce  de  Sajat-Etienne,  soit  par  les  membres  du  Conseil 
d'administration  de  la  Compagnie  du  chemin  de  fer,  dans  diverses 
(jonférences  auxquelles  nous  les  avons  appelés,  lesquelles  confé- 
rences ont  porté  ; 

1«  Sur  la  situation  financière  de  la  Compagnie,  rappréciation  de« 
chances  probables  de  l'exploitation  ; 


2**  Sur  l'influence  que  pourrait  exercer  Taugmentation  du  tarif 
à  l'égard  non  seulement  des  exploitations  houillères  du  bassin  de 
la  Loire,  mais  en,core  des  établissements  industriels  qui,  par  les 
chemins  de  fer,  reçoivent  leurs  approvisionniements  et  exportent 
leurs  produits  ; 

3°  Sur  les  divers  motifs  de  plainte  allégués  contre  la  Compagnie 
par  les  personnes  qui  usent  de  son  chemin,  lesquels  motifs  peuvent 
se  résumer  ainsi  qu'il  suit  : 

La  Compagme  se  refuse  à  recevoir,  au  moins  à  des  conditlilons 
équitables,  les  embranchements  qui  doivent  amener  au  chemin  de 
fer  les  produits  des  exploitations  houillères  ; 

La  Compagnie  refuse  d'envoyer  sur  les  embranchements  établis 
les  wagons  qui  lui  appartiennent,  à  moins  que  les  exploitants  ne 
consentent  à  des  abonnements  onéreux,  et  entre  autres  au  payement 
de  distances  qu'ils  nie  parcourent  pas  effectivement  sur  la  ligne 
principale  ; 

La  Compagnie  perçoit  arbitrairement  les  divers  droits  accessoires, 
et  entre  autres  le  droit  de  trappe  qui  ne  représente  même  pas  un 
service  rendu  ; 

La  Compagnie  fixe  à  son  gré  les  tarifs  pour  le  transport  des 
voyageurs  ; 

Les  ports  secs  que  la  Compagnie  devait  établir  n'existent  pas, 
ou  du  moins  ils  n'existent  pas  tels  qu'ils  avaient  été  déterminés 
par  l'administration  supérieure,  et  ils  sont,  dans  tous  les  cas,  tout 
à  fait  insuffisants  ; 

Le  chemin  ne  se  prolonge  pas  dans  Lyon,  ainsi  que  l'avait  stipulé 
l'ordonnance  royale  du  27  avril  1834  ; 

Vu  les  notes  et  les  observations  qui  nous  été  adressées  par  les 
parties  dans  le  cours  et  à  la  suite  des  conférences  ouvertes  devant 
nous  ; 

Vu  l'ordonnance  royale  du  7  juin  1836  et  le  cahier  des  charges 
y  annexé  ; 

Vu  les  ordonnances  des  7  juillet  1827,  3  décembre  1829,  27  avril 
et  16  septembre  1831  ; 

Vu  les  décisions  ministérielles  des  10  avril  1837  et  28  avril  1838  ; 

Vu  la  loi  du  9  août  1839  .; 

Considérant  qu'en  statuant  provisoirement  sur  l'augmentation  du 
tarif,  en  vertu  du  droit  qui  nous  a  été  conféré  par  la  loi  du  9  août 
1839,  nous  n'avons  pas  entendu  ni  pu  entendre  que  toute  voie  de 
réclamations  contre  cette  mesure  serait  fermée  aux  intérêts  qui  se 
prétendraient  lésés,  et  encore  moins  nous  interdire  d'apprécier 
ultérieurement  le  mérite  de  ces  réclamations  ; 

Que  l'abrogation,  et  à  plus  forte  raison  la  modification  de  notre 
arrêté  du  8  décembre  est  non  seulement  un  droit,  mais  même  un 
devoir,  si  de  nouveaux  renseignements  et  une  discussion  contra- 
dictoire concourent  à  en  démontrer  la  justice  ; 


—  681  — 

Que  c'est  dans  cet  esprit  et  dans  ce  but  que  les  intéressés  ont  été 
amenés  à  des  explications  auxquelles  la  Compagnie  du  chemin  de 
fer  n'a  pas  hésité  à  prendre  part  ; 

Considérant  d'ailleurs  que  le  but  principal  de  la  faculté  donnée 
au  Gouvernement  par  la  loi  du  9  août  1839  a  été  précisément  de  lui 
permettre  de  faire  des  expériences  sur  les  tarifs,  de  manière  à 
concilier  autant  que  possible  l'intérêt  puiblic  avec  celui  des  Compa- 
gnies, sans  qu'aticun  terme  ait  été  assigné  à  ces  expériences  ; 

Considérant  qu'il  résulte  clairement  de  la  discusision  contradic- 
toire qui  a  eu  lieu  devant  nous,  et  de  nouveaux  documents  produits 
par  les  intéressés  : 

D'une  part,  que  pendant  l'année  1840  le  mouvement  des  trans- 
ports sur  le  chemin  de  fer  de  Lyon  à  Saint-Etienne  a  reçu  un  très 
notable  accroissement  ;  que  le  tonnage  en  marchandises  s'est  élevé, 
dans  le  cours  de  cet  exercice,  de  579.000  tonnes  à  600.000,  -et  le 
nombre  des  voyageurs  de  389.000  à  431.000  ;  que  cet  accroissement, 
qui  n'est  d'ailleurs  que  la  confirmation  d'une  progression  constante, 
n'était  pas  entré  dans  les  considérations  qui  ont  déterminé  notre 
arrêté  du  8  décembre  dernier,  bien  qu'il  soit  de  nature  à  procurer 
à  la  Compagnie  une  augmentation  successive  de  recettes,  et  par 
conséquent  de  bénéfices  ; 

D'autre  part,  que  le  chiffre  auquel  la  Compagnie  avait  élevé  le 
montant  probable  des  réparations  à  faire  sur  le  chemin  de  fer,  par 
suite  des  inondations  des  mois  d'octobre  et  novembre  derniers,  a 
été  reconnu  susceptible  d'une  notable  réduction,  ce  qui  atténue  le 
motif  principal  de  raugmentation  accordée  par  l'arrêté  du 
8  décembre  ; 

Considérant  qu'il  est  d'autant  plus  impossible  de  ne  pas  tenir 
compte  des  faits  nouveaux  qui  se  sont  manifestés  depuis  ledit 
arrêté,  que  les  exploitations  houillères  du  bassin  de  la  Loire 
subissent  elles-miêmes  l'influence  des  circonstances  qui  pourraient 
compromettre  cette  branche  importante  de  l'industrie  française,  si 
les  transports  étaient  assujettis  à  des  conditions  onéreuses  ; 

Considérant  toutefois  que  l'augmentation  de  tarif,  si  elle  est 
maintenue  en  tout  ou  en  partie,  peut  trouver  une  juste  compen- 
sation dans  la  régularisation  du  service  du  chemin  de  fer  et  dans 
la  .solution  é^juitable  des  questions  que  font  naître  les  réclamations 
des  exploitants  sur  le  mode  d'exploitation  ; 

Que,  dans  le  but  de  concilier  ainsi  les  intérêts  divei's  et  de 
ramener  la  Compagnie  au  droit  commim  de»  chemins  de  fer,  tel 
qu'il  a  été  consacré  par  les  lois  de  concessions  récemm^ent  votées 
par  les  Chambres,  des  explications  contradictoires  ont  eu  lieu 
devant  nous,  afin  de  modifier  et  compléter  le  cahier  des  charges  de 
la  GompiLgnie,  de  manièio  n  tarir  hi  source  des  contestations,  et  de 
balancer  par  des  règl(  s  |n(M  ises  l'avantage  résultant  pour  elle  du 
tarif  augmenté  ; 


—  682  — 

Que  ces  crpUccition^  ont  eu  pour  résultai  de  faire  ressortir  la 
nécessité  des  résolutions  suivantes  : 

1»  La  Compagnie  sera  tenue  d'envoyer  ses  wagons  sur  les 
embranchements  établis  sur  son  chemin,  et  sur  tous  ceux  que  le 
Gouvernement  jugerait  utile  d'autoriser  après  enquête  et  la  Compa- 
gnie entendue,  à  la  charge  par  les  exploitants  de  mines  ou  antres 
permissionnaires  qui  se  serviraient  de  ces  embranchements,  de 
satisfaire  aujc  conditions  suivantes  : 

A.  L'exploitant  ou  le  permissionnaire  ne  pourra  se  servir  des 
wagons  de  la  Compagnie  sur  les  embranchements  que  pour  le 
transport  des  produits  de  son  exploitation. 

B.  L'exploitant  ou  la  réunion  d'exploitants  qui  voudra  obtenir 
un  embranchement,  devra  fournir  annuellement  un  tonnage 
minimum  de  5.000  tonneaux  de   100  kg. 

C.  Dans  aucun  cas,  les  marchandises  qui  auront  été  amenées 
par  les  embranchements  dans  les  wagons  de  la  compagnie,  sur 
un  po^nt  quelconque  de  la  ligne  principale,  ne  pourront  emprunter 
une  voie  autre  que  cette  ligne  que  pour  se  rendre  à  leur  destination 
ultérieure. 

Si  des  embranchements  établis  ou  à  établir  venaient  à  être 
conduits  ultérieurement  jusqu'au  canal  de  Givors,  ou  jusqu'à  toute 
autre  voie  rivale,  la  Compagnie  ne  serait  pas  tenue  de  les  desservir. 

D.  Les  wagons  de  la  Compagnie  qui  circuleront  sur  les  embran- 
chements, ne  pourront  être  chargés  que  de  marchandises  destinées 
à  parcourir  en  partie  ou  en  totalité  la  voie  du  chemin  de  fer. 

E.  Le  chemin  de  fer  de  Saint-Etienne  à  Andrézieux  ne  sera  consi- 
déré comme  embranchement  que  sur  une  distance  de  dix  kilomètres 
à  partir  du  Pont-de-rAne,  et  la  Compagnie  ne  sera  tenue  d'envoyer 
ses  wagons  sur  les  rameaux  qui  dans  cette  limite  viendraient 
se  souder  audit  chemin  qu'autant  qu'ils  n'auraient  pas  pïus  de 
six  kilomètres  de  longueur. 

Pour  le  service  des  embranchements ,  la  Compagnie  percevra  une 
prime  fixe  de  0  fr.  50  par  wagon,  et  en  outre  0  fr.  04  par  tonne  et 
par  làlomètre  parcouru  sur  l'embranchement,  lorsque  la  longueur 
totale  parcourue  excédera  un  kilomètre.  Tout  kilomètre  entamé  sera 
payé  comme  s'il  avait  été  parcouru  en  entier,  mais  il  ne  sera  payé 
que  le  nombre  de  kilomètres  effectivement  parcourus  sur  la  ligne 
principale  ;  toutefois,  pour  toute  distance  parcourue  moindre  de 
six  kilomètres,  le  droit  sera  perçu  comme  pour  six  kilomètres 
entiers. 

La  Compagnie  devra  amener  ses  wagons  à  l'origine  de  l'embran- 
chement ;  les  exploitants  ou  tous  autres  permissionnaires  les 
feront  conduire  à  leurs  frais  et  par  leurs  propres  moyens  dans  leurs 
établissements,  pour  y  être  chargés  ou  déchargés,  et  les  ramèneront 
ensuite  à  la  ligne  principale. 


—  683  — 

Les  wagons  ne  pourront  rester  sur  les  embranchements  parti- 
culiers au  delà  de  six  heures,  lorsque  l'embranchement  n'aura 
pas  plus  d'un  kilomètre  ;  ce  temps  sera  augmenté  d'une  demi-heure 
par  ikilomètre  en  sus  du  premier,  non  compris  les  heures  de  la  nuit 
depuis  le  coucher  jusqu'au  lever  du  soleil. 

Les  embranchements  devront  être  établis  et  entretenus  de 
manière  à  ce  qu'il  n'en  résulta  aucune  entrave  à  la  circulation,  ni 
aucuns  frais  particuliers  pour  la  Compagnie.  Les  gardes  d'aiguilles 
et  les  barrières  seront  à  la  charge  des  exploitants  ou  autres  permis- 
sionnaires. 

Ne  seront  pas  considérées  comme  embranchements  les  voies  de 
dégagement  établies  pour  le  service  des  ports  secs  :  sur  celles  de 
ces  voies  qui  n'appartiennent  pas  à  la  Compagnie,  il  ne  sera  perçu 
aucun  droit  d'accès  à  la  ligne  principale,  mais  la  Compagnie  est 
dès  à  présent  dégagée  de  l'obligation  d'établir  les  quatre  branches 
de  245  mètres  de  longueur  perpendiculaire®  à  la  voie  principale 
auxquelles  elle  est  tenue  d'après  ses  plans  approuvés  le  8  septembre 
1839  ; 

S*'  Le  nombre  de  wagons  que  la  Compagnie  devra  mettre  annuel- 
lememt  à  la  disposition  des  exploitants  pour  le  service  de»  embran- 
chements, se  réglera  d'après  l'interprétation  donnée  à  l'article  6 
du  cahier  des  charges  par  la  décision  ministérielle  du  24  avril  1838  ; 

S*'  Les  prix  actuellement  perçus  par  la  Compagnie  pour  le  trans- 
port des  voyageurs  seront  conservés,  mais  ils  deviendront  des 
maxivia  que  la  Compagnie  ne  pourra  dépasser. 

La  Compagnie  pourra  avoir,  dans  chaque  convoi,  des  voitures 
spéciales,  pour  lesquelles  les  prix  seront  réglés  par  l'administra- 
tion, sur  la  proposition  de  la  Compagnie,  mais  il  est  expressément 
stipulé  que  le  nombre  des  places  à  donner  dans  ces  voitures 
nexcédera  pas  le  dixième  du  nombre  total  des  places  du  convoi  ; 

4*»  Les  droits  de  toute  nature  accessoires  au  tarif  proprement  dit, 
tels  que  ceux  de  chargement,  de  déchargement,  de  gare,  d'entrepôt, 
de  maga.sinage  et  autres,  seront  déterminés  par  des  tarifs  spéciaux 
que  l'administration  arrêtera  après  avoir  entendu  la  Compagnie. 

Le  droit  dit  droit  de  trappe  sera  supprimé  ; 

5°  La  perception  des  taxes  devra  se  faire  par  la  Compagnie 
indistinctement  et  sans  aucune  faveur,  les  réductions  accordées  à 
un  ou  à  plusieurs  exploitants  seront  déclarées  immédiatement 
applicables  à  tous  les  autres,  et  ces  prix  ne  pourront  être  relevés 
qu'après  un  délai  de  trois  mois. 

Cette  clause  ne  fera  pas  toutefois  obstacle  à  ce  (lue  la  Compagnie 
établisse  des  prix  différents  dans  le«  limitées  du  tarif  sur  différentes 
parties  du  chemin,  mais  les  mêmes  prix  devront  toujours  être 
perçus  entre  les  mêmes  points,  sur  tous  les  transports,  sur  ceux 
mêmes  qui  auraieîit  déjà  circulé  sur  d'iiutres  parties  du  chemin 
et  avec  des  prix  différents. 


—  684  — 

Tous  changements  apportés  dans  les  tarifs  devront  être   homo 
logués  par  des  décisions  administratives,  rendues  sur  la  proposition 
de  la  Compagnie  et  annoncées  au  moins  un  mois  d'avance  par  des 
affiches. 

Les  diverses  dispositions  du  présent  article  seront  applicables 
aux  prix  pour  le  transport  de®  voyageurs  ; 

6°  L'entrée  des  ports  secs  des  chemins  de  fer  sera  ouverte  à  tout 
le  monde,  sans  aucun  privilège  pour  personne  ainsi  que  cela  est 
d'ailleurs  de  droit  commun,  sous  l'observation  bien  entendu  des 
règlements  de  police  établis  ou  à  établir  ; 

7°  La  Compagnie  sera  tenue  de  présenter,  sous  un  court  délai, 
l'état  des  travaux  damélioration  qu'elle  entend  exécuter.  Parmi 
ces  travaux  doit  figurer  en  première  ligne  le  prolongement  cLu 
chemin  de  fer  dans  V intérieur  de  la  ville  de  Lyon,  tel  qu'il  a  été 
déterminé  par  l'ordonnance  royale  du  27  avril  1831  ; 

8°  Le  pont  de  la  Mulatière  sera  reconstruit  en  totalité,  selon  les 
conditions  qu'exige  l'intérêt  de  la  navigation,  et  d'après  les  projets 
qui  seront  arrêtés  par  l'administration  supérieure  ; 

9°  Pendant  une  année,  à  dater  des  présentes,  la  Compagnie 
aura  la  faculté  de  renoncer  à  l'augmentation  de  tarif  qui  lui  serait 
accordée,  et  de  revenir  purement  et  simplement  aux  conditions  de 
son  cahier  des  charges  primitif  et  à  son  ancien  tarif  ; 

10<*  L'augmentation  de  tarif  qui  serait  accordée  à  la  Compagnie 
sera  maintenue,  sauf  l'approbation  des  Chambres  législatives,  pen- 
dant trente  années,  à  dater  de  ce  jour  ;  mais  les  autres  modifica- 
tions apportées  au  cahier  des  charges  seront  considérées  comme 
irrévocables. 

Considérant  enfin,  qu'il  est  désormais  indispensable  de  donner  ime 
issue  définitive  à  des  difficuUés  sans  cesse  renaissantes,  soit  en 
attachant  à  une  augmentation  de  tarif  sagement  arbitrée  les  amé- 
liorations que  réclament  le  service  et  les  intérêts  de  Findustrie,  soit 
en  ramenant  la  Compagnie  au  tarif  et  aux  conditions  antérieures 
à  l'arrêté  du  8  décembre  dernier, 

Nous  avons  arrêté  et  arrêtons  ce  qui  suit  : 

Article  premier 

La  Compagnie  du  chemin  de  fer  de  Saint'Etienne  à  Lyon  sera 
mise  en  demeure  d'accepter,  comme  éléments  d'un  nouveau  cahier 
des  charges  de  son  exploitation,  les  conditions  énoncées  dans  les 
motifs  du  présent  arrêté  (des  n"»  1  à  10  inclusivement),  sauf  les 
modifications  de  détail  qu'elle  pourrait  signaler  et  qui  seraient 
jugées  admissibles  avant  l'expiration  du  délai  ci-après  indiqué. 


Article  2 

A  défaut  par  elle  cVavoir  fait  connaître  son  acceptation  avam^t  le 
15  août  yrochain,  notre  arrêté  du  8  décembre  18W  sera  rapporté  et 
cessera  d'avoir  son  effet  à  dater  dudit  jour. 

En  conséquence,  les  choses  seront  remises  en  l'état  où  elles 
étaient  auparavant. 

Paris,  le  17  juillet  1841. 

Signé  :  Teste. 

Ces  conditions  parurent  onéreoases  à  la  Compagnie,  qui 
refusa  do  s'y  soumettre.  En  conséquence,  l'augmentation  de 
tarif  accordée  par  l'arrêté  du  8  décembre  1840  ne  fut  pas 
appliquée.  Mais,  comme  le  tarif  de  1831  expirait  le  31  dé- 
cembre 1841,  un  nouvel  arrêté  du  25  octobre  1841  prorogea 
provisoirement  le  tarif  de  1831  :  de  Givors  à  Rive-de-Gier 
0  fr.  12  ;  de  Rive-de-Gier  à  Saint-Etienne  0  fr.  13,  à  la  remonte 
seoilement  (l).  A  la  descente,  le  tarif  restait  de  0  fr.  098. 

En  1847  et  en  1851,  la  Chambre  de  Commerce  protestait  en- 
core contre  le  maintien  du  tarif  de  1831.  Cette  prorogation, 
disait-elle,  sera-t-elle  éternelle  Z  Les  bénéfices  de  la  Compagnie 
dépassent  2  millions  par  an.  Dans  le  Nord,  on  transporte  les 
marchandises  à  0  fr.  05  (2),  etc.,  etc. 

On  payait  0  fr.  098  à  la  descente,  mais  il  fallait  y  ajouter 
2  fr.  12  par  wagon  de  37  hectolitres  de  houille  (0  fr.  057  par 
hectolitre)  de  droit  d'embranchement. 

Le  canal  de  Givors  qui,  poitr  toute  la  distance  entre  Rive- 
de-Gier  et  Givors,  percevait  0  fr.  27  par  hectolitre  (0  fr.  23  de 
droit  de  navigation  et  0  fr.  04  de  prime)  avait,  par  application 
(le  l'ordonnance  d'u  5  décembre  1831,  abaissé  son  tarif  à  0  fr.  08 
par  tonne  kilométrique,  ce  qui  lui  avail  valu  la  préférence  sur 
le  chemin  de  fer  (à  partir  de  Rive-de-Gicr  seulement). 

Mais,  en  1841,  la  Compagnie  du  Canal  et  la  Compagnie  du 
chemin  de  fer  signèrent  un  traité  pour  vingt  ans  et  se  répar 
tirent  les  bénéfices  (v.  p.  649).  Toute  concurrence  était  anéiintie. 
\jCS  prix  furent  les- mêmes  sur  les  deux  voies  de  transport  ('i). 


(1)  Voir  mon    Histoire  de  la   Métalhirfiie,   p.    175    Mercure  Ségusieu, 
7  novembre  ISil. 

(2)  Voir  mon  HUUiirc  de  la  Métallurgie,  p.  176-177. 

(3)  Meugy,  Historique  des  Mines  de  Hit^-dc-Gier  (1848).  p   C9 


—  686  — 

En  1853,  lors  de  la  fusiui;  dos  trois  Compagnios  de  chemins 
de  fer  de  la  Loire  en  une  seule  Compagnie,  dite  Compagnie  du 
chemin  de  fer  de  jonction  du  Rhône  à  la  Ivoire,  le  tarif  des 
houilles  et  cokes  fut  unifié  à  10  centimes  par  tonne  kilomé- 
trique, dont  6  oeiutimes  pour  le  péage  et  4  centimes  pour  le 
transport.  Avant  cette  fusion,  sur  les  lignes  autres  que  celle 
de  Lyon,  il  était  encore  de  16  centimes  (i). 

Ce  tarif  de  iO  centimes  par  tonne  et  par  kilomètre,  inauguré 
en  1826,  ne  disparut  qu'en  1863,  à* la  suite  des  conventions  de 
1859  avec  les  grandes  Compagnies.  Il  avait  été  appliqué,  dès 
leur  origine,  par  la  Compagnie  Segiuim,  par  la  Compagnie  des 
chemins  de  fer  de  Rhône-et-Loire,  par  la  Compagnie  du  Grand- 
Central,  enfin  par  la  Compagnie  P.-L.-M.  Voici  comment  cette 
dernière  Compagnie  motiva  sa  réduction  à  8  centimes  dans  une 
lettre  du  12  septembre  1863,  répondant  à  une  réclamation  du 
Conseil  général  de  la  Loire.  La  réclamation  et  la  réponse  furent 
publiées  P)  : 

Quant  au  maintien  des  anciens  tarifs  d,e  Rhône  et  Loire,  l'Admi- 
nistration, qui  a  homologué  successivement  toutes  les  réductions 
(lue  la  Compagnie  a  apportées  à  ces  tarifs,  sait  à  quoi  s'en  tenir 
à  cet  égard.  Lorsque  la  Coniipagnie  a  pris  possession  des  chemins 
de  la  Loire,  un  tarif  uniforme  de  iO  centim)es  par  tonne  et  Idlomètre 
était  appliqué  aux  transports  de  houille^  entre  Saint-Etienne  et 
Lyon,  quelle  que  fût  la  destination  définiiive  de  ces  transports. 
Entre  Saint-Etienne  et  Roanne,  les  tarifs  s'élevaient,  sur  certains 
points,  à  ià  et  iS  centimes.  Or,  il  suffit  de  jeter  les  yeux  sur  nos 
tarifs  actuels  pour  reconnaître  que,  pour  tous  grands  parcours,  les 
prix  sont  aujourd'hui  de  3  à  à  centimes,  c'est-à-dire  qu'ils  atteignent 
le  taux  le  plus  bas  qui  ait  été  appliqué  jusqu'ici  sur  aucune  ligne. 
Grtâce  à  ces  tarifs,  qu'on  représente  comme  entravant  l'industrie 
du  bassin  de  Saint-Etienne,  les  transports  de  houille  ont  doublé  sur 
les  lignes  de  Rhône  et  Loire,  dans  le  cours  des  quatre  années  qui 
ont  suivi  la  prise  de  possession  de  la  Compagnie  die  Lyon  à  ia 
Méditerranée.  Nous  ne  pensons  pas  qu'il  soit  possible  de  citer  beau- 
coup d'exemples  d'un  développement  aussi  rapide  pour  les  bassins 
houillers  d'une  importance  analogue  à  celui  de  Saint-Etienne. 
Pour  notre  part,  nous  n'en  connaissons  pas. 

Restent  les  transports  à  faible  parcours,  qui  sont  restés  jusqu'ici 
taxés  à  10  centimes.  La.  Compagnie  a  déjà  bien  des    fois,  trouvé 


(1)  Rapport  au  Corps  législatif  (journal  L'Industrie,  10-11  juin  1853}. 

(2)  Mémorial  de  la  Loire,  30  août  et  16  septembre  lées. 


_-  687  —  ) 

l'ocoasion  de  démontrer  :  1°  que  ce  tarif  est  inférieur  à  celui  perçu, 
dans  des  conditions  analogues,  par  les  chemins  anglais  ;  2°  que, 
dans  les  limites  où  il  s'exerce,  il  n'apporte  aucune  entrave  réelle 
au  développement  des  industries  locales  ;  3°  qu'il  est  largement 
justifié  d'ailleurs  2^ar  les  dépenses  excessives  qu'ont  entraînées  le 
rachat  et  la  réfection  des  lignes  de  Rhône  et  Loire,  et  par  les  condi- 
tions d'exploitation  de  ces  ligrnes.  Mais  cette  démionstration  perdrait 
aujourd'hui  tout  intérêt  et  tout  à-propos  en  présence  d'un  fait 
capital,  dont  on  s'étonine  de  ne  trouver  aucune  trace  dans  la  pétition. 
Nous  voulons  parler  de  la  réduction  que  la  convention  du  1^^  mai 
1863,  entre  VEtat  et  la  Compagnie  de  Paris  à  la  Méditerranée, 
stipule  pour  le  tarif  des  houilles,  et  qui  recevra  son  application  à 
partir  du  1^  jan^^er  prochain.  Aux  termes  de  l'article  6  de  cette 
convention,  le  tarif  spécial  réduit,  qui  n'était  applicable  jusqu'ici 
qu'à  la  section  de  Lyon  à  la  Méditerranée,  s'étendra  désormais  à 
tout  notre  réseau,  y  compris  les  lignes  du  Rhône  et  Loire.  Ce  tarif 
e^t  de  8  centimes  pour  les  transports  de  moins  de  100  kilomètres, 
avec  maximum  de  5  francs  ;  —  de  5  centimes  pour  les  transports  de 
101  à  300  kilomètres,  avec  maximum  de  13  fr.  iiO  ;  —  enfin  de  5  cen- 
Unies  seulement  pour  les  distances  au  delà  de  300  kilomètres.  Ainsi 
disparaît  «  l'exception  »,  d'ailleurs  si  bien  justifiée,  qui  a  servi  de 
thème  aux  réclamations  du  département  de  la  Loire.  Cet  abaisse- 
ment de  tarif,  (^ui  témoigne  à  un  si  haut  degré  de  la  sollicitude  du 
Gouvernement  pour  le  bassin  de  Saint-Etienne,  constitue  pour  la 
Compagnie  un  sacrifice  des  plus  importants  ;  il  est  donc  permis  «le 
s'étonner  que  le  Conseil  général  de  la  Loire  n'ait  pas  jugé  «^e 
sacrifice  digne  d'une  mention,  et  qu'il  ait  choisi  le  lendemain,  pour 
ainsi  dire,  de  la  signature  de  la  nouvelle  convention  pour  se 
plaindre  de  la  «  ro'deur  inconnue  nulle  part  ailleurs  »  avec  laquelle 
la  Compagnie  applicpie  ses  anciens  tarifs. 

Ainsi,  tarif  de  10  centimes  en  1826,  tarif  de  8  centimes  en 
1863.  Tels  furent  les  tarifs  de  base  pour  le  transport  des  houilles 
fie  la  Loire. 

Nombre  de  fois,  depuis  cettj  éix)qu<\  rabaissement  do  oe 
tarif  de  8  centimes  fut  demandé  pour  les  distances  inférieures 
à  KM)  kilomètres.  Aux  delil>érations  que  j'ai  citées (l),  j'ajouterai 
les  vœux  du  Comité  des  Houillères  de  la  Loire  présentés  aux 
(iOmmissions  d'enqu(^to  parlrmentniro  de  1874  et  de  1884  (2). 


(1)  Histoire  dr  la  Mridilurgie  de  la  Loire  (Les  Transports),  Histoire 
de  la  Chambre  de  Connnerce  de  Saint-Elicnnc  (Les  tarifs  de  chem  ns 
le  fer). 

(2)  Enquête  parlementaire  de  1874  (Voir  le  Mémorial  de  la  Loire  <ies 
7  avril  et  jours  suivants),  FriqiiAte  itarlemeiitaire  de  1884  dite  dos  4'» 
(Journal  officiel^  docnmcnls  purlcriKMiia  ros.  Chainhic  dos  !)('>put(''s.  1884. 
p.  2209). 


—  688  — 
Le  Comité  disait  en  1874  : 

Lyon,  Roanne,  Le  Puy,  subissent  le  tarif  de  0  fi*.  0^  pour  les 
houilles  et  de  0  fr.  10  pour  les  cokes...  Cett-e  taxe  excessive  affecte 
vivement  toutes  nos  industries,  dont  les  établissements  s'échelon- 
nent dans  les  vallées  que  le  chemin  de  fer  parcourt...  Situées  à 
1.6  kilomètres  d'Andrézieux  et  de  la  Loire,  à  78  ikilomètres  de  Roanne, 
à  37  kilomètres  de  Givors,  nos  houilles  paient  sur  le  chemin  de  fer 
jusqu'au  port  d'embarquement  le  tarif  si  onéreux  de  0  fr.  08-..  Il 
est  une  des  causes  qui  restreignent  dans  des  limites  étroites  les 
expéditions  de  nos  houilles  par  les  voies  navigables,  etc.,  etc. 

La  Commission  d'enquête  déclarait  en  1884  : 

La  Compagnie  P.-L.-M.  ne  maintient  ses  tarifs  du  bassin  de  la 
Loire  à  un  taux  exceptionnellement  élevé  que  parce  qu'elle  est  dans 
cette  région  à  l'abri  de  toute  concurrence...  Saint-Etienne  est  le  seul 
point  sur  lequel  la  houille  paye,  à  l'heure  actuelle,  8  centimes  par 
tonne  et  par  ikilomètre...  La  Compagnie  fait  preuve  d'une  impré- 
voyance singulière,  car  elle  ne  manquerait  pas,  si  l'état  actuel  des 
choses  se  prolongeait,  de  tuer  la  poule  aux  œufs  d'or. 

La  Commission  demandait  d'homologuer,  dans  le  plus  bref 
délai,  les  tarifs  à  l'étude  «  donnant  une  satisfaction  complète 
à  l'industrie  houillère  ». 

Ces  nouveaux  tarifs  furent  homologués  en  -1885.  époque  de  la 
réforme  générale  des  tarifs,  préparée  depuis  1881. 

Avant  1885,  les  houilles  étaient  transportées  au  tarif  général 
sous  le  régime  de  la  série  spéciale  et  suivant  les  tarifs  spéciaux 
23,  90,  95  (1). 

A  cette  série  spéciale,  le  projet  substituait  la  6"''  série,  dont 
le  tarif  de  base  était  de  0  fr.  08  jusque  à  25  kilomètres,  0  fr.  04 
de  26  à  100,  0  fr.  03  au  delà  de  100. 

Auparavant,  la  taxe  était  de  0  fr.  08  de  0  à  100  kilomètres  ; 
0  fr.  05  de  101  à  300  ;  0  fr.  04  au  delà  de  300. 

Ces  nouveaux  tarifs  ne  furent  homologués  qu'après  bien  des 
négociations.  La  réforme  s'appliquait  à  tous  les  tarifs  généraux 
et  spéciaux.  Il  serait  inexact  de  dire  qu'elle  donna  satisfaction 
complète  à  l'industrie  houillère,  pas  plus  qu'aux  autres  in- 
dustries. 

J'ai  signalé,  en  effet,  les  réclamations  qu'elle  souleva,  comme 
j'ai  signalé  les  principales  délibérations  relatives  aux  tarifs  de 


(1)  Depuis  1885,  les  tarifs  spéciaux  de  la  houille  portent     les     n»»  7, 
107,  307.  Ils  comportèrent  jusqu'en  191!)  de  nombreux  prix  fermes. 


—  689  — 

transport  des  houilles  avant  comme  après  1885,  dans  VHisioire 
économique  de  la  Métallurgie  de  la  Loire ^  dans  V Histoire  de 
la  Chambre  de  Com^nierce  de  Saint-Etienne  et  dans  les  Résumées 
des  Travaux  et  Comptes  rendt&s  des  Travaux  de  la  Chambre  de 
Commerce  (i).  Il  serait  fastidieux  de  reproduire  ou  de  résumer 
cette  langue  analyse.  Ici  j'ai  voulu  marquer  simplement  les 
trois  étapes  dçs  tarifs  de  base  pour  le  transport  des  charbons 
de  la  Loire  : 

En  1826  :    0  fr.  10,  quelle  que  soit  la  destination   ; 
En  1863  :    0  fr.  08,  de    0  à  100  km.  ; 

,.     .oo.  \    0  fr.  04,  de  26  à  100  km.  ; 
I     0  fr.  08,  de    0  à    25  km. 

Je  fais  abstraction  des  nombreux  prix  fermes. 

La  réforme  de  1863  avait  avantagé  les  charbons  de  Saint- 
Etienne  par  rapport  à  ceux  de  Rive-de-Gier.  Le  Mémorial  de 
la  Loire  (13  avril  1864)  précisait  cet  avantage  : 

Rive-de-Gier  vendait  ses  charbons  sur  place  2  fr.  40  par  tonne 
de  plus  que  Saint-Etienne,  parce  que  le  chemin  de  fer  transportant 
a  10  centimes  par  tonne  et  par  kilomètre  et  la  distance  entre  Je 
bassin  de  Rive-de-Gier  et  celui  de  Saint-Etienne  étant  de  24  kilo- 
mètres, il  y  avait  un  bénéfice  net  de  2  fr.  40  à  vendre  les  charbons 
de  Rive-de-Gier  aux  mêmes  prix  que  ceux  de  Saint-Etienne.  Mainte- 
nant que  le  chemin  de  fer  transporte  à  raison  de  0  fr.  08  par  tonne 
et  par  kilomètre,  la  différence  ne  sera  plus  que  de  1  fr.  92,  et  Rive- 
de-Gier  perd  ainsi  48  centimes  par  tonne.  Première  cause  de 
dépréciation. 

La  réforme  de  1885  eut  un  effet  analogue  souligné  par  l'in- 
génieur en  chef  des  mines  (^)  : 

La  «  réduction  (du  prix  de  vente)  a  été  très  sensible  pour  les 
houilles  du  bassin  de  Rive-de-Gier  par  suite  de  l'application 
des  nou-veaux  tarifs  de  transport  des  charbons  à  destination  de 


(1)  On  trouvera  dans  i' Histoire  de  la  Chambre  de  Commerce  (p.  80; 
un  résumé  historique,  depuis  1869.  de  la  question  d'une  deuxième  Uone 
d€  Saint-Etienne  h  Lyon  pour  concurrencer  la  ligne  P.-L.-M.  En  réalité, 
l'origine  de  cette  question  ost  l>eaucoup  plus  anoienn^  et  remonte  A 
1^37.  —  Le  Comité  <les  Houillères  de  la  Loire  crut  devoir  s'aKstenir  on 
1?75  dans  la  quiestlon  de  la  deuxième  Ugn*  (V.  Lkskurk,  p.  &.%). 

(2)  Rajjport  du  Pr<^fct  au  Conseil  g(^n(^r:il,   l^sn,  jt.  Mf». 


—  690  — 

Lyon.  D'après  ces  tarifs,  les  transports  de  SaintrEtienno  sur  Lyon 
ont  vu  leurs  prix  s'abaisser  de  1  fr.  80  par  tonne,  tandis  que 
ceux  de  Rive-de-Gier  à  Lyon  n'ont  été  abaissés  que  de  1  franc. 
Comme  l'acheteur  a  été  seul  à  bénéficier  de  cet  abaissement 
des  tarifs,  les  mines  de  Rive^de-Gier  ont  dû  consentir  une  ré- 
duction de  0  fr.  80  sur  les  prix  de  vente,  dans  lei  seul  but  de 
combler  la  différence'  résultant  de  ces  transports,  afin  de  con- 
server ainsi  le  marché  de  Lyon  (l)  ». 

M.  Leseure  (p.  261)  a  indiqué  les  réductions  obtenues  en  1885 
pour  d'autres  destinations  (Paris,  le  Greusot,  Marseille,  Mo- 
dane,  etc.)  et  portant  sur  des  prix  fermes  ou  prix  fixes  de  gare 
à  gare,  c'est-à-dire  indépendants  du  barème  kilométrique  à  base 
décroissante  de  8  centimes,  4  centimes,  etc.. 

Les  tarifs  communs  à  plusieurs  Compagnies  ne  furent  pas 
changés. 

En  somme,  malgré  des  améliorations  assez  notables,  l'iné- 
galité des  prix  kilométriques  au  détriment  de  Saint-Etienne 
fut  maintenue.  Le  bassin  de  la  Loii^  continua  à  subir  un  régime 
exceptionnellement  défavorable.  Dans  une  brochure  publiée  en 
1896,  Note  sur  les  tarifs  successifs  du  transport  des  combustibles 
du  bassin  houiller  de  la  Loire  depuis  1840,  le  Comité  des  houil- 
lères n'hésita  pas  à  attribuer  à  raction  des  tarifs  la  décadence 
du»  bassin  de  Saint-Etienne  (2). 

Une  nouvelle  réforme  générale  des  tarifs^  comportant  l'uni- 
fication pour  toutes  les  Compagnies,  à  l'étude  depuis  1018,  a 
motivé  pour  les  combustibles  minéraux  une  proposition  insérée 
au  Journal  Officiel  du  16  septembre  1918  et  une  décision  portant 
homologation,  insérée  au  Journal  Officiel  du  24  novembre  1919 
(application  du  1*^''  décembre).  En  outre,  la  loi  du  31  mars  1918 
a  majoré  tous  les  tarifs  de  25  %,  la  loi  de  finances  du  29  juin 
1918  (art.  32  et  34)  a  établi  de  nouveaux  impôts  sur  les  transports 
en  P.  V.  et  enfin  la  loi  du  14  février  1920  a  relevé  encore  les 
tarifs  de  115  %,  majoration  qui  s'ajoute  à  celle  de  25  %,  sans 


(1)  La  réduction  opérée  par  le  tarif  n'était  gue  de  1  fr.  32,  mais  à 
cause  de  la  réduction  des  frais  de  gare  à  0  fr.  25,  elle  arrivait  à  1  fr.  80. 

(âj  Dans  son  Historique  des  Mines  de  houille  de  la  Loire  (p.  194,  195, 
242,  244,  255,  259,  268),  M.  Leseure  a  fourni  des  précisions  intéressantes 
sur  la  répercussion  et  la  modification  des  tarifs  de  chemins  de  fer. 


—  691  — 

porter  sur  cette  dernière  majoration.  Le  produit  du  relèvement 
de  115  %  n'est  pas  passible  des  impôts  établis  en  1918. 

Les  ooefficients  de  relèvement  (en  tenant  compte  des  majo- 
rations d€  140  %  et  de  T impôt),  par  lesquels  il  convient  de 
multiplier  les  taxes  anciennes  pour  retrouver  les  nouvelles, 
atteignent  2,89  à  100  km.  ;  2,83  à  300  km.  ;  3,08  à  500  km.  ; 
3,35  à  800  km.  En  outre,  de  nombreux  prix  fermes  ont  été 
supprimés. 

Mais  la  crise  des  charbons  a  atteint,  de  1917  à  1920,  un  tel 
degré  d'acuité  que,  malgré  les  prix  à  la  mine  (tarifés  par  le 
Gouvernement),  malgré  la  taxe  de  péréquation,  malgré  le  coût 
du  transport,  on  assiégeait  les  bureaux  de  répartition  et  les 
détenteurs  de  combustible  pour  avoir  le  pain  noir  du  chauffage 
domestique,  le  pain  de  l'industrie.  A  l'heure  où  j'écris,  la  crise 
de  chômage  a  succédé  à  la  crise  des  charbons  et  ces  tarifs,  ainsi 
que  les  prix,  pèsent  lourdement  sur  les  industries  consom- 
matrices. 


)5   14   -    LE    TRANSPORT    DE    LA     HOUILLE 
A   L'INTÉRIEUR  DE  St-ÉTIENNE 


J'en  aurai  fini  avec  la  question  du  transport  des  houilles  en 
signalant  trois  arrêtés  du  Maire  de  Saint-Etienne  (l*"*  octobre 
1851,  l*"^  avril  1853,  5  mars  1859)  relatifs  ao  transport  des 
houilles  à  l'intérieur  de  la  ville. 

L'arrêté  de  1851  ordonnait  que  les  houilles  de  l'ouest  et  diu 
nord-ouest,  destinées  à  être  chargées  soit  sur  le  chemin  de  fer 
de  Lyon,  soit  sur  le  chemin  dei  fer  d'Andrézieux,  seraient  em- 
Ikirquées  sur  l'embranchement  de  Montrambert,  à  la  gare  des 
Troù-Cains. 

Cette  prescription  resta  Scins  effet,  faute  d'emplacement 
pour  les  déchargements.  I.#es  rue^s  «issigné^^s  à  la  circulation  des 
houilles  étiiient  trop  étroites,  la  circulation  générale  y  était  en 
danger. 

L'arrêté  de  1853  décida  qaie  les  houilles  venant  de  l'ouest  ne 
yionrniient  rejoindre  la  route  de  liyon  qii'on  suivant  hs  rn<*s  du 


-  692- 

Puy,  des  Pénitents,  Beaubrun,  le  cours  SaintrPaul,  la  rue  de 
la  Pareille  et  la  rue  de  la  Paix. 

L'arrêté  de  1859  ordonna  que  les  houilles  amenées  de  l'ouest 
et  destinées  aux  gares  de  Chàteaucreiux  et  de  Bérard  ou  aux 
fours  à  coke  et  usines  en  dehors  de  1  octroi  urbain  n'emprun- 
teraient pas  les  voies  urbaines.  Elles  devaient  être  transportées 
par  la  gare  du  Clapier,  récemment  construite,  à  moins  d'em- 
prunter les  voies  non  pavées  hors  de  la  limite  de  l'octroi.  L'ar- 
rêté défendait  de  décharger  le  charbon  bur  le  sol  des  rues.  Il 
fallait  retirer  la  houille  des  tombereaux  dans  des  sacs  ou  des 
paniers. 

Cet  arrêté,  inspiré  par  le  souci  de  la  propreté  des  rues  et 
celui  de  la  conservation  des  pavés,  est  toujours  en  vigueur  (i). 


(1)  Recueil  des  Règlements  de  police  de  La  ville  de  Saint-Etienne  (1859). 


^^  ^L  ^L  JjA^  ^^  ^^  ^^  ^^  ^^  ^^  ^^    «    ^^ 


CHAPITRE  XI 


Les  Institutions  Scientifiques 


M-L'ÉCOLE  NATIONALE  des  MINES  de  St-ÉTIENNE 


'histoire  de  cette  éoole  a  été  écrite  par  M.  Bahn, 
ingénieur  au  Corps  des  Mines  et  directeur- 
adjoint  do  l'Ecole  (1).  Il  ne  saurait  être  question 
d'en  donner  ici  ume  analyse.  Je  me  permettrai 
de  rappeler  certains    points   et  d'en  compléter 

quelques  autres. 
L'ancienne  monarchie,  en  1766,  avait  songé  à  créer  une  Ecole 

des  Mines.  Elle  avait  choisi  Roche-la-Molière  pour  l'y  installer. 

Il  est  fâcheux  que  ce  projet  n'ait  pas  reçu  son  exécution,  le 

Gouvernement  n'ayant  pu  obtenir  de  ceux  qui  les  devaient  les 


(1)  Extrait  du  nuW'tin  de  l'Industrie  minérale,  1900  ;  voir  la  notice 
complémentaire  publif^e  par  M.  Friedkl,  directeur,  dans  le  même  BtillO' 
tin,  en  1910.  De^)uis  que  ce  sous-chapitre  a  été  rédigé,  l'Ecole  a  célébré 
son  centenaire.  A  cette  occasion,  de  nombreux  faits  historiques  ont 
été  rappelés  et  sont  consi^és  dans  la  brochure  Le  Centenaire  de  l'Ecole 
des  Mines  de  Saint-Etienne  (1921),  h  laquelle  U  convient  <le  se  reporter. 
M.  Petit  y  a  évoqué  la  mémoire  des  célébrités  sorties  de  l'Ecole. 
M,  Perrin-Pelletier,  directeoir-ad joint,  a  retracé  magistralement  l'histo- 
rique de  l'Ecole,  et  un  élève,  M.  de  Ceccaty,  le  rôle  de  l'Ecole  i>endant 
la  guerre. 

45 


-  694  — 

subventions  nécessaires  (i).  L'Ecole  des  Mines  de  Paris  fut 
créée  par  arrêt  du  19  mars  1783,  à  l'instar  de  l'Ecole  royale 
des  Ponts  et  Chaussées  (2). 

Cette  école  fut  supprimée  en  fait,  puis  rétablie  sous  la  Ré- 
volution. Dans  le  bassin  de  Saint-Etienne,  les  agents  de  l'Etat, 
le  Comité  d'instiiiction  publique  réclamaient  la  création  de 
l'institution  différée  en  1766.  La  commune  do  Saint-Etienne 
autorisa  <(  le  citoyen  Duihamel,  inspecteur  des  mines  de  la  Répu- 
blique »,  à  professer  un  cours  gratuit  de  minéralogie  (1795)  (•^). 

Vint  le  Consulat,  qui  ferma  de  nouveau  l'Ecole  de  Paris,  et 
qui  créa  les  écoles  pratiques  de  Geislautern  (Sarre)  et  de  Pesey 
(Savoie),  l'une  pour  les  houillères  et  les  mines  de  fer,  l'autre 
pour  les  mines  métalliques,  de  plomb  et  de  cuivre  principa- 
lement. L'B^cole  de  Pesey,  reprise  par  le  Gouvernement  sarde, 
subsista  officiellement  jusqu'en  1846  (4). 

Par  suite  des  traités  de  1815,  Geislautern  et  Pesey  cessèrent 
de  faire  partie  de  la  France.  Beaunier,  directeur  de-  l'Ecole  de 
Geislautern,  fut  nommé  ingénieur  em  chef  à  Saint-Etienne. 
Tous  ses  efforts  tendirent  à  créer  dans  cette'  ville  une  Ecole 
«  tant  pour  l'instruction  pratique  des  élèves  sortis  de  l'Ecole 
des  mines  de  Paris  que  pour  l'instruction  des  directeurs  et 
maîtres-ouvriers  des  mines  et  usines  de  France  ».  Le  besoin  de 
directeurs  locaux  des  mines  se  faisait  d'autant  plus  sentir  qu'il 
n'y  avait  peut-être  pas  un  seul  maître  mineur  sachant  lever  un 
plan  souterrain. 


(1)  Voir  suprà,  p.  83,  87,  et  Brossard  :  Etudes  historiques  sur  les  Mines 
de  houille  de  la  Loire,  p.  98,  99,  101,  103  et  109. 

(2)  La  notice  historique  die  M.  Aguillon  sur  l'Ecole  des  Mines  de  Pari-s 
{Annales  des  Mines,  1889)  rens-eigîie  sur  les  tentatives  pour  la  création 
d'un  enseig-nement  à  Paris  avant  1783,  et  sur  les  écoles  de  PeSey  et  de 
Geislautern. 

(3)  Brossard,  p.  186  ;  Galley,  Saint-Etienne  sous  la  Révolution,  IIT, 
p.  59. 

(4)  La  Savoie  et  la  Haute-Savoie  formaient  alors  le  département  du 
Mont-Blaii(C.  L'Ecole  de  Pesey  fut  transférée  à  Moûtiers,  en  1803,  dans  les 
bâtiments  occupés  aujourd'iiui  par  l'hôpital,  sur  la  route  de  Bourg- 
Saint-Maurice.  La  belle  fonderie  de  cuivre  et  de  plomb  de  Conflans,  à 
Albertville,  dont  les  bâtiments  sont  occupés  aujourd'hui  par  une 
fabrique  de  pâtes  alimentaires,  servit  aux  études  pratiques  des  élèves 
et  fut  créée  dans  ce  but  {Annales  des  Mines,  1889,  p.  525,  527,  540). 


—  695  — 

Mais  le  Con&eil  général  des  Mines  dénatura  le  projet  de 
Beaunier,  p»rétendant  ne  pas  vouloir  effrayer  les  mineurs  par 
l'aspect  de  tout  un  appareil  de  science  qui  pourrait  les  écarter 
de  l'Ecole. 

L'Ecole  des  Mineurs  de  S aint-È tienne  fut  créée  par  ordon- 
nance royale  du  2  août  1816  (1-).  Une  autre  ordonnance,  du  5 
décembre  suivant,  rétablit  l'Ecole  loyale  des  Mines  de  Paris  où, 
indépendamment  des  élèves  ingénieurs  de  l'Etat,  se  présen- 
tèrent librement  d'anciens  élèves  de  l'Ecole  polytechnique, 
admis  sans  concours,  et  où  se  présentèrent  aussi  en  grand 
nombre  les  candidats  ayant  échoué  à  rEcole  polytechnique.  Ce 
mouvement  fut  à  peine  ralenti  en  1829,  lors  de  la  création  de 
l'Ecole  centraJe  des  Arts  et  Manufactures  (2). 

Les  clauses  et  conditions  générales  des  cahiers  des  charges 
des  concessions  de  la.  Loire  stipulèrent  (art.  34)  que  les  conces^ 
sionnaires  procureraient  un  libre  accès  dans  leurs  mines  aux 
élèves  des  Ecoles  de  Paris  et  de  Saint-Etienne  (3). 

L'Ecole  de  Saint-Etienne  fut  installée  «  rue  d'Artois,  au  delà 
de  la  place  Marengo  »,  dans  la  maison  portant  aujourd'hui  le 
numéro  3  de  la  rue  de  la  Préfecture.  Dans  le  partage  des  col- 
lections des  écoles  de  Pesey  et  de  Geislautern,  Saint-Etienne 
fut  sacrifié.  Il  ne  reçut  qu'une^  partie  de  >ce.  que  les  décisions 
officielles  lui  attribuaient. 

De  cette  époque  datent  les  tiraillements  entre  les  Ecoles  de 
Paris  et  de  Saint-Etienne. 

Le  caractère  officiel  modeste  de  l'institution  à  ses  débuts  se 
transforma  immédiatement,  grâce  à  la  valeur  des  candidats 
admis  à  l'Ecole.  I>e  Conseil  général  des  Mines  et  l'Ecole  de 
Paris  supposèrent,  au  contraire,  pendant  longtemps,  que  les 
élèves  de  Saint-P]tienne  ne  possédaient  que  les  connaissances 
très  élémentaires  exigées  par  l'ordonnance  de  1816.  Ils  ne  vii*ent 
en  eux  que  de  futurs  maîtres  mineurs. 

Dans  toutes  les  ciroonstancee  où  le  Conseil  central  des  Ecoles  d€s 
mines  eut  à  s'occuper  de  propositions  relatives  à  l'Ecole  de  Saint- 


(1)  Sur  le  projet  de  Beaunier,  comparer  BROSSAno,  p.  330-332,  et  Babu, 
p,  17-26.  Sur  le  rôle^  de  Beaunier  dans  la  Sarre,  v(.:r  la  Bévue  des  Deux» 
Mondes  (15  juin  1918). 

(2)  AGUiLLON,  Armalrs  des  Mines,  18ft0,  p.  566. 

(3)  V..ii    l'.nnssAUi).   i>.   347-348. 


—  696  - 

Etiemie,  il  s'efforça  de  lutter  contre  l'extension  de  plus  en  plus 
grandie  que  les  directeurs  de  cette  école  tendaient  continuellement 
à  lui  donner.  La  Commission  spéciale  de  1848  avait  déjà  développé 
cette  idée  ;  elle  avait  fait  remarquer  que  l'Ecole  de  Saint-Etienne 
avait  été  détournée  de  sa  destination  primitive,  qu'on  prétendait 
y  préparer  des  directeurs,  alors  qu'elle  avait  été  créée  pour  y 
former  des  ch^fs  d'ateliers  et  des  contremaîtres  ;  elle  avait  reconnu 
qu'il  était  trop  tard  pour  revenir  sur  l'état  actuel  des  choses,  mais 
elle  avait  pensé  qu'il  fallait  résister  à  toute  nouvelle  extension  (1). 

Or,  les  élèves  de  Saint-Etienno  avaient  reçu  une  éducation 
et  une  instruction  soignées  sur  les  mathématiques  et  sur  les 
sciences  physiques,  voire  même  sur  le  droit.  De  1816  à  1830, 
sur  deoiix  cents  élèvets  admis  depuis  l'origine,  cinq  ou  six  seu- 
lement étaient  fils  d©  mineurs  ou  de  chefs  ouvriers  et  ne  pos- 
sédaient qu'une  instruction  primaire.  Aussi,  pour  permettre  à 
ces  derniers  élèves  de  suivre  les  cours,  il  avait  fallu  créer  deux 
sections.  Les  élèves  sortis  de  l'Ecole  dirigeaient  effectivement 
de  grandes  exploitations  et  des  établissements  métallurgiques 
importants  (2).  Dès  ses  débuts,  l'Ecole  formait  donc  des  ingé- 
nieurs civils^  le  mot  civils  étant  réquivalent  de  libres  (sans 
attache  avec  l'Etat),  signification  qu'on  lui  donne  en  Angleterre, 
pays  d'origine  du  Génie  civil. 


Parmi  ces  ingénieurs,  il  y  avait  de  futures  célébrités  : 
Fourneyron,  inventeur  des  turbines  hydrauliques,  qui  appartmt 
à  la  première  promotion  (1819),  et  Boussingault,  qui  appartint 
à  la  promotion  suivante.  La  Société  amicale  des  anciens  élèves" 
possède  les  bustes  de  ces  «  ancêtres  »,  et  aux  cérémonies  d'inau- 
guration, le  président  de  la  Société,  M.  Murgue,  a  exposé 
longuement  leur  vie  et  leurs  œuvres.  Grâce  aux  Mémoires  de 
Boussingault  —  qui  n'ont  pas  été  mis  en  vente,  mais  dont 
l'Ecole  possède  un  exemplaire  —  M.  Murgue  a  évoqué  devant 
l'auditoire  les  souvenirs  des  premières  années  de  l'Ecole.  Dans 


(1)  Aguillon,  Notice  historique  sur  l'Ecole  des  Mines  de  Paris  {Annales 
des  Mines,  1889,  p.  614).  Le  Conseil  de  cette  Ecole  avait  été  transformé, 
en  1848,  en  Conseil  central  des  Ecotes  des  Mines. 

(2;  Babu,   p.  80. 


—  697  — 

son  livre,  M.  Babu  a  cité  aussi  des  extraits  de  ces  Mémoires. 
Je  tiens  à  leur  faire  de  nouveaux  emprunts,  car,  grâce,  à  eux, 
on  peut  reconstituer  le  souvenir  des  hommes  et  des  choses  de 
ce  temps-là. 

Boussingault,  né  à  Paris,  voulait  apprendre  le  «  métier  de 
mineur  »,  où  il  utiliserait  ses  connaissances  scientifiques.  Elevé 
dans  un  lycée  de  Paris,  il  avait  suivi  les  cours  publics  du 
Collège  de  France.  Le  programme  d'admission  à  l'Ecole  de 
Saint-Etienne  n'avait  pas  prévu  oo  genre  de  candidat.  A 
l'examen  d'entrée  de  l'Ecole  —  examen  qu'on  ne  passait  pas 
obligatoirement  à  Saint-Etienne  —  on  demandait  peu  de 
choses  :  la  géométrie,  l'algèbre  jusqu'aux  équations  du  second 
degré  et  mnie  composition  française.  L'examinateur  Trémery, 
ingénieur  des  mines,  ne  comprenait  pas  ce  que  des  Parisiens 
allaient  faire  à  l'Ecole  des  Mineurs  ! 

On  mit  dans  le  trousseau  du  jeune  homme  un  habit  bleu 
d'officier,  destiné  à  devenir  l'uniforme  de  l'Ecole,  habit  d'un 
oncle  qui  avait  fait  les  campagnes  de  l'Empire.  C'était  en  1818. 

Boussingaai'lt  fit  à  pied  la  route  de  Paris  à  Saint-Etienne,  avec 
50  francs  dans  sa  poche  pour  ses  frais  de  voyage.  Chaque  mois, 
il  recevait  60  francs  pour  sa  pension,  dont  10  francs  donnés  par 
sa  mère  en  cachette.  Très  fatigué  à  l'arrivée,  il  entra  dans  la 
ville  dans  un  char  à  charbon  vide,  où  le  voiturier  voulut  bien 
le  laisser  monter  (l). 

Saint-Etienne  lui  parut  triste,  noir  et  malpropre.  L'Ecole  était 
à  la  sortie  de  la  ville,  sur  la  route  de  Montbrlson  P).  Son  labo- 
ratoire de  chimie,  établi  sur  des  plans  rapportés  d'Angleterre 
par  de  Gallois,  était  autrement  élégant  qiue  celui  du  Collège 
de  France.  I^a  bibliothèque  était  assez  complète. 

Il  y  avait  neuf  élèves  dans  chacune  des  deux  divisions. 
Fourneyron,  le  plus  malin  des  élèves,  «  très  avocat  »,  très 
amusant,  fut,  ses  éludes  terminées,  employé  au.  tracé  du  premier 


(1)  Oïl  cnti.Lit  par  la  route  rlo  CAto-Thiolliôre  et  de  la  Montât,  la 
route  actuelle  de  Saint-ChamoiDdl  n'étant  pas  encore  construite. 

(2)  Léffftrn  nrrpiir.  I /Ecole  était  sur  la  route  de  Roanne,  qui,  d'aijleura, 
devait  ôtre  i-m m  i  colle  de  Monii.ri  i,  par  la  Gouyonnic'^re  et  André- 
zieux),  laquelle  II!  ai)aridonncT  la  n.iiic  pai-  r.Atc  r.ii.nide  et  Saint-Just. 


chemin  do  fer  (1).  La  plupart  dt^s  élèves  et  Fourneyron  lui- 
même  sortaient  du  collège  communal  de  Saint-Etienne.  Ils 
étaient  laborieux,  très  gais,  bienveillants.  Parmi  eux  se 
trouvaient  quelques  gouverneurs  de  mines,  passablement  in- 
cultes, et  des  ouvrier®  qui  ne  pouvaient  suivre  tous  les  cours, 
mais  qui  furent  très  utiles  pour  l'enseignement  pratique. 

Dyèvre  faisait  partie  de  ces  élèves  ainsi  que  Baude,  élève 
libre. 

Le  directeur  de  l'Ecole,  Beaunior,  enseignait  très  bien  la 
géologie.  D'après  Boussingault,  son  talent  de  chanteur  aurait 
contribué  à  son  avancement.  Boussingault  a  manifesté  ici  le 
caractère  frondeur  de  tout  élève  contre  ses  professeurs.  Ecrivant 
ses  Mémoires  longtemps  après  sa  sortie  de  l'Ecole,  il  aurait 
pu  rappeler  cependant  la  personnalité  très  éminente  de 
Beaunier  et  les  services  immenses  rendus  par  celui-ci  à  la 
région  de/  la  Loire. 

De  Gallois,  professeur  de  métallurgie,  était  suppléé  par 
Thibaud,  aspirant  des  mines,  très  laborieux,  brouillon  et 
pédant  (2). 

Burdin,  Savoyard  d'origine,  professeur  de  mathématiques, 
esprit  original,  peu  clair,  peu  pratique,  eut  l'idée  des  turbines. 
Il  s'associa  à  Fourneyron  pour  entreprendre  leur  construction. 
Mais  ils  ne  purent  s'entendre.  L'association  dura  deux  ans. 
Fourneyron  amena  la  turbine  à  un  étonnant  degré  de  perfection. 
Burdin,  qui  était  un  rêveur,  essaya  de  tout  et  ne  fit  rien  de  bon. 
Il  n'eut  pas  la  loyauté  de  déclarer  que  la  turbine  qu'on  avait 
réussi  à  faire  fonctionner  n'était  pas  la  sienne. 

Desroches  ou  Moisson-Desroches,  professeur  d'exploitation 
des  mines,  était  un  nain  avec  une  figure  de  singe  (son  portrait, 
en  uniforme  d'ingénieur  des  mines,  est  au  Musée  de  Saint 
Etienne).  D'un  caractère  excellent,  il  possédait  un  talent  d'ex- 
position et  un  talent  de  dessinateur  remarquables.  Il  adressait 
au  Roi  des  mémoires  suir  le  gouvernement  de  la  France,  il 
bâtissait  des  théoriies  impossibles  sur  tous  les  sujets.  Il  engagea 


(1)  Boussingault  parle  de  l'année  1820.  Le  chemin  de  fer  ne  fut  con- 
cédé qu'en  1823.  On  en  parlait  depuis  le  retour  d'Angleterre  de  De 
Gallois,  en  juin  1818. 

(2)  Sur  Beaunier  et  de  Gallois,  voir  mon  Histoire  de  la  Métallurgie, 
p.  27  et  32. 


—  699  — 

une  discussion  dans  les  journaux  sur  une  question» thérapeu- 
tique avec  un  médecin  de  Saint-Etienne,  Lanyor.  Cette  polé- 
mique amena  un  duel  entre  Lanyer  et  l'élève  de  l'Ecole  des 
mines  Laulanier,  en  1826,  duel  que  M.  Murgue  a  raconté  dans 
une  circulaire  de  la  Société  des  Anciens  Elèves.  Moisson- 
Desroches  est  mort  en  1865.  Sa  tombe,  au  cimetière  de  Mont- 
brison,  porte'  l'inscription  :  Promoteur  des  chemins  de  fer. 

Guényveau,  professeur  de  chimie  et  de  métallurgie,  qui  avait 
un  bras  plus  court  que  l'autre,  était  un  excellent  homme,  spi- 
rituel, très  timide,  récitant  à  midi- la  leçon  apprise  à  dix  heures. 
Sperowitz,  maître  de  géométrie  souterraine,  autrichien  venu 
à  Saint-Etienne  avec  les  armées,  ennemies,  conduisait  les  élèves 
dans  les  mines  pour  lever  des  plans.  Il  était  très  ignorant. 

Le  Boulanger,  ingénieur  des  mines,  attaché  au  laboratoire, 
avait  une  infirmité  g-rave  de  l'estomac.  Son  état  physique  et 
moral  empira.  Il  finit  balayeur  de  rues  à  Lyon,  où  i'un  de  ses 
camarades  l'arracha  à  ces  fonctions.  Boussingault  dit  qu'il 
devait  à  Le  Boulanger  beaucoup  de  ce  qu'il  avait  appris  et  que 
Le  Boulanger  l'avait  en  grande  affection  (i). 

Boussingault,  de  concert  avec  un  camarade,  loua  une 
chambre  garnie  à  Saint-Etienne,  au  prix  de  15  francs  par 
mois.  Les  deux  amis  préparaient  eucx-mêmes  leurs  repas  ;  on 
se  procurait  aisément  du  vin  du  Rivage  à  10  centimes  la  bou- 
teille. Il  loua  ensuite  une  autre  chambre  pour  20  francs  par 
mois,  ei  il  prit  ses  repas  dans  un  cabaret  voisin  de  l'école,  où 
les  élèves  mangeaient  à  table  d'hôte  pour  35  francs  par  mois. 
Le  menu  se  composait  :  d'une  soupe,  d'un  rôti  (du  chevreau 
généralement),  de  légumes  et  de  fromage.  Le  vin  et  le  pain 
étaient  à  discrétion. 

Les  élèves  fréquentaient  beaucoup  le  théâtre  où,  au  parterre, 
ils  payaient  60  centimes.  Le  théâtre  de  Saint-Etienne  était  alors 
rue  de  la  Comédie. 

L'uniforme   de    l'F^cole   était  bleu   de   ciel,    avec    deux    pics 


(1)  \J Annuaire  des  Anciens  Elèves  indique,  comme  cadre  de  l'Ecole 

en  1819-1820  :  HeaunJer,  directeur  ;  Desroches,  Burdin,   De  Gallois,  pro* 

fesseurs  ;  Thibaud,   suppléant.   Le  Boulanger  figure  dans  le  cadre  de 
1824.  Il  n'était  pas  titulaire  en  1820. 


—  700  — 

croisés  en  "or  ;  dansi  les  grands  jours,  on  portait  le  chapeau  à 
cornes  et  l'épée  (i). 

Tous  les  élèves  étaient  libéraux  et  lanticléricaux.  Baude, 
élève  libre,  organisait  les  manifestations  contre  les  plantations 
de  croix  do  mission,  manifestations  qui  consistaient  à  chanter 
des  chansons  de  Béranger  (2). 

On  distribuait  des  prix  aux  élèves.  Les  dames  assistaient  à 
la  distribution.  Boussingault  obtint  un  beau  niveau  d'eau, 
comme  premier  prix  dans  la  deuxième  division. 


Il  est  regrettable  que  d'autres  anciens  élèves  de  l'Ecole  n'aient 
pas  publié  des  mémoires. 

Très  peu  de  temps  après  Boussingault,  Combes  était  pro- 
fesseur à  l'Ecole.  Il  devait  succéder  à  Baude  comme  directeur 
des  Mines  de  Firminy,  être  «  l'artisan  de  la  transition  de  la 
mine  ancienne  à  la  mine  moderne  »,  publier  le  premier  traité 
français  d'exploitation  des  mines  ei  entrar  à  l'Académie  des 
sciences.  Nommé  en  1823,  Combes  ne  professa  qu'à  partir  de 
1826  (3). 

La  même  année,  Jabin  (Pierre-Félix)  était  nommé  professeur 
de  dooimiasie  et  de  minéralurgie.  C'était  le  fils  d'un  ancien  colonel 
de  la  garde  d'Eugène  de  Beaiuihamais,  vice-roi  d'Italie.  Jabin 
dirigea  une  verrerie,  et  ensuitei  la  mine  de  Bérard  qui  porte 
son  nom,  et  où,  âgé  de  31  ans,  il  mourut  d'un  accident  de 
machine  le  31  mars  1833  (^). 


(1)  «  Les  élèves  sont  aunonsés  à  porter  un  frac  bleu  de  roi^  croisé 
sur  la  poitrine,  avec  des  boutons  de  métal  jaune  ayant  pour  légende 
Ecole  des  Mineurs  de  Saint-Etienne,  et,  au  centre,  une  fleur  de  lis.  Les 
élèveis  brevetés  ont  seuls  le  droit,  après  leur  sortiei,  de  porter  l'uniforme 
de  l'EcoJe  »  (Duplessy,  Essai  statistique  sur  le  Département  de  la  Loire, 
1818,  p.  88).  L'uniforme  fut  modifié  en  1830,  consacré  officiellement  dans 
le  règlement  de  1831  et  modifié  encore  en  1853  (Voir  Babu,  p.  75,  76,  126). 

(2)  Baude,  qui  devait  fonder  en  1820  la  Compagnie  des  Mines  de  Boche- 
la-Molière  et  Firminy,  et  être  son  premier  diirecteur,  avait  28  ans.  Il 
avait  déjà  été  sous-préfet  die  Saint-Etienne  et  de  Boanne  (Voir  p.  232). 

(3)  Bulletin  de  VIndustrie  minérale  1900.  p.  453.  Dans  ce  bulletin  et 
à  la  Suite  de  l'historique  de  M.  Babu,  M.  Jouguet,  professeur  à  l'Ecole, 
a  publié  la  liste  de  tous  les  directeurs  et  professeurs  de  l'Ecole,  avec 
des  notices  sur  les  principaux  d'entre  eux.  Sur  Combes,  v.  p.  276. 

(4)  Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  V  arrondis  sèment  de  St-Etienne, 
1833,  p.  243.  Lei  même  Bulletin  a  publié  (p.  117)  le  discours  que  Jabin 
prononça  à  la  distribution  des  prix  de  l'Ecole  le  15  août  1832. 


»  —  701  — 

Un  an  après  Jabin,  en  1827,  Fénéon  était  nommé  professeur 
de  minéralogie  et  de  géologie.  Il  resta  à  l'Ecole  jusqu'en  i850 
où,  victime  momentanée  des  polémiques  que  souleva  le  trust 
des  houillères' de  la  Loire,  il  fut  révoqué.  C'était  un  professeur 
très  distingué  et  ses  élèves  lui  adressèrent  une  belle  lettre  de 
regrets.  Mais  sa  disgrâce  dura  peu,  car,  en  1851,  il  était  nommé, 
avec  avancement,  ingénieur  en  chef  de  première  classe  à 
Avignon  (l). 

A  cette  pléiade  des  premiers  professeurs  appartenait  Blavier, 
qui  créa  en  1826  le  premieir  cours  public  de  mécanique  indus- 
trielle professé  à  Saint-Etienne  p).  Gruner,  professeur  de  chimie 
et  de  métallurgie,  ne  fut  nommé  qu'en  1835. 


En  1831,  une  ordonnance  royale  et  un  règlement  relevèrent 
les  conditions  d'admission  et  le  niveau  des  études.  Ils  substi- 
tuèrent cà  l'ancien  brevet  de  sortie  des  brevets  de  1"^,  2°^^  et  3'"' 
classes  ;  ceux  de  1"^  et  de  2*"^  classes  conféraient,  en  fait^  les 
fonctions  d'ingénieur,  bien  que  le  mot  ne  fût  pas  prononcé. 

En  même  temps,  on  créait  des  cours  pour  les  ouvriers,  cours 
du  soir  et  du  dimanche,  qui  n'eurent  pas  grand  succès.  Annoncés 
par  la  Presse  locale,  ils  durèrent  une  vingtaine  d'années  (3). 
UEcole  des  Maîtres  mineurs  dWlais^  créée  par  ordonnance 
du  22  septembre  1843,  rendit  ces  cours  moins  utiles.  Plus 
tard,  en  1893,  le  Comité  des  Houillères  de  la  Loire  crée.ra  V Ecole 
des  Aspirants  Gouverneurs. 

Relevés  en  1841,  en  1867,  en  1882,  en  1887,  les  programmes 
d'admission  et  les  cours  firent  porter  la  durée  des  études  en  1879 
à  trois  ans,  au  lieu  de  deux  (4).  Les  établissements  préparatoires 
devancyiient  d'ailleurs  les  aiuieménlations  officielles  de  pro- 
grammes et  anticipaient  sur  les  cours.  Dès  l'origine,  l'ensei- 
gnement effectif  avait  dépassé  celui  prévu  par  les  règlements. 


(1)  Avenir  Râptiblicain,   joiiinnl    *\o   Saint  l.tiiniio,   2^   novomlnp    1850, 
18  mars  1851. 

(20  Mercure  Sénusien,  21   janvier   182&. 

(3)  Rabiî,  p.   83  ;  Mercure  Ségusien,  9  novembre  1834  ;   Le   Coninirrcc 
sféphanois,  21  (K'cembre  1845. 

(4)  A  l'Ecole  flos  Mines  do  Paris,    la.  srolarit(\   pour  los  cours  profes- 

si'Tinc!   ,    fut   )>(.r-1i'c   ;i    fims   ans  en    1H4S,    missi      hicii     j)()iir     les  élèves- 


--  702  - 

Aussi,  en  '  1846,  un  magistrat  stéphanois  appelait  l'Ecole  du 
Saint- Ktienne  :  r Ecole  puly technique  de  la  Province,  bien  que 
la  grande  Compagnie  des  Mines  de  la  Loire,  celle  du  monopole, 
dirigée  par  des  ingénieurs  d€  Pans,  l'appelât  encore,  en  1853  : 
V Ecole  secondctlre  de  Saint-Etienne  (l). 

Kn  1882,  un  décret  substitua  le  titre  d'Ecole  des  Mines  à  celui 
d'Ecole  des  Mineurs,  qui  créait  une  confusion  avec  les  écoles 
de  maîtres  mineurs  d'Alais  et  de  Douai.  Mais,  en  1883,  l'Ecole 
de  Paris  reçut  le  titre  d'Ecole  nationale  supérieure  des  Mines. 
Ce  ne  fut  qu'en  1887  —  tant  les  résistances  éprouvées  à  Paris 
étaient  grandes  —  qu'une  décision  stipula  que  les  brevets  de 
l'Ecole  de  Saint-Etienne  porteraient  la  mention  :  «  Brevet 
d'ancien  élève  apte  à  exercer  les  fonctions  d'ingénieur  ».  Or, 
déjà  en  1865,  sur  546  élèves,  474  avaient  rempli  ou  remplissaient 
les  fonctions  d'ingénieur. 


J'interromps  ce  bref  exposé  pour  parler  du  «  château  de  Ghan- 
tegrillet  »,  où  fut  logée  et  où  est  encore  logée  l'Ecole.  Sans  la 
guerre  de  1914-1918,  un  nouveau  transfert  aurait  eu  lieu,  et  le 
château  serait  tombé  sous  le  pic  des  démolisseurs. 

Ce  château  fut  construit  vers  la  fin  du  xviir  siècle  par  Jean 
Claude  Chovet  de  la  Chance  p),  desoeindant  d'un  sieur  Guillaume 
Chovet,  enrichi  dans  le  commerce  et  l'industrie  de  la  soie  ou 
des  rubans,  et  qui  s'offrit  le  luxe  de  faire  enregistrer  ses 
armoiries  par  d'Hozier.  Ses  successeurs  achetèrent  des  terres 
nobles,  c'est-à-dire  grevées  de  servitudes  féodales,  de  telle  sorte 
que  J.-C.   Chovet,  en  1789,  était  seigneur  de  la  Chance  (aux 


ingénieurs  (du  Corps  des  Mines)  que  pour  les  élèves  externe?  (lîbresl. 
La  communauté  des  études  entre  les  élèves  de  Polytechnique  et  les 
autres  élèves  détermina  la  création  pour  ces  derniers,  en  1844,  de  cours 
préparatoires  à  l'Ecole  même'  {Annales  des  Mines,  1889,  p.  72  et  605\  Les 
décrets  de  1919  décident  que  l'enseignement  est  de  deux  années  pour 
les  élèves  sortis  de  Polytechnique,  et  de  trois  années  pour  les  autres 
élèves.  Pour  l'Ecole  de  Saint-Etienne,  iJls  décident  que  la  durée  des 
études  est  de  trois  années,  mais  qu'elle  peut  être  réduite  temporaire- 
ment à  deux,  qui  est  la  durée  fixée  pour  les  anciens  élèves  de  l'Ecole 
Polytechnique. 

(1)  V.  p.  322.  et  429. 

(2)  Broutin   :   Familles   nobles  du   Forez,   p.   17  ;  notes  de   Descreux, 
23  juillet  1847. 


—  703  — 

Hayes,  près  de  Gondirieii),  de  Chagnon,  de  la  Faye,  de  Ghe- 
vrières,  de  Saint-Médard,  d'Aveizieux,  etc.,  etc..  Un  véritable 
accapareur  de  seigneuries  ! 

Rallié  aux  idées  libérales,  il  avait  découronné  le  château  de 
Chovrières  de  ses  créneaux,  château  que  ses  enfants  cédèrent 
à  la  famille  Neyrand,  en  1825.  Cet  acte  de  vandalisme  prouvait 
peiui  en  sa  faveur.  J.-G.  Ghovet  était  aussi  lieutenant  de  maire 
(principal  adjoint)  à  St-Etienne,  aide-major  du  rx>yal  Jeu  d'Ar- 
quebuse, membre  du  bureau  de  Saint-Etienne  de.  la  Société 
royale  d'Agriculture  de  Lyon,  et  riche,  disait-on,  à  '2  millions. 

Ayant  séjourné  à  Lyon  pendant  l'insurrection  contre  la  Gori- 
vention,  il  fut  porté  sur  la  liste  des  ôonspirateurs,  mais  il 
échappa  aux  poursuites.  On  lui  délivra  même  un  certificat  de 
civisme,  parce  qu'il  offrit  au  Gomité  stéphanois  des  subsistances 
les  blés  de  ses  domaines  de  Rochetaillée  ei  de  Val  benoîte. 

Après  la  Terreur,  il  fut  nommé  maire  de  Saint-Etienne  et,  en 
1797,  administra tetuir  du  département.  Le  Gonsulat  l'envoya 
siéger  au  Gon&eil  général  de  la  Loire,  au  Gonseil  d'Agriculture, 
Gommerce  et  Arts  de  Sain tr Etienne.  En  1803,  il  fut  nommé 
(]éputé  au  Gorps  législatif,  et  renommé  en  1807.  Enfin,  en  1810, 
l'Empereur  le  créa  baron.  Il  mourut  en  1812,  ayant  traversé  avec 
bonheur  des  régimes  très  différents  ei  figuré,  sous  chacun  d'eux, 
sauf  pendant  la  Terreur,  au  premier  plan  de  sa  province. 
Gomme  son  nom  l'indique,  il  avait  eu  de  la  chance  ! 

Quand  le  Préfet  de  la  Loire  venait  de  Montbrison  à  Saint- 
p]tienne,  il  descendait  à  Ghantegrillet,  chez.  Ghovet  de  la 
Ghance. 

Après  la  mort  de^  J.-G.  Ghovet,  le  château  devint  la  propriété 
et  la  résidence  du  fils  aîné,  J.-B.  Ghovet  de  la  Ghance,  qui  était 
déjà  sous  l'Empire  maire  d'Outre-Furens,  le  château  étant  situé 
dans  cette  commune.  Ce  castel  reçut  des  visites  princières  qui 
marquent  la  période  la  plus  brillante,  mais  non  la  plus  féconde 
de  son  histoire. 

La  première  de  ces  visiU'8  fut  celle  du  comte  d'Artois,  qui 
logea  au  château  le  22  septembre  1814.  Taiiile  la  bourgeoisie,  In 
veille  encore  napoléonienne,  se  prosterna  devant  celui  qui 
n'avait  rien  appris,  ni  rien  oublié.  Le  préfet  Rambuteau  avait 
pourvu  à  toutes  les  habitudes  et  à  tous  les  agréments  du  prince. 


—  704  — 

Alt  bal  offert  par  le  Commerœ,  les  dames  de  la  ville  exécu- 
tèrent une  cantate.  Le  château  fui  illumirié.  Une  immense  fleur 
(le  liis  en  charbon  enflammé  se  dessinait  suir  une  pente  escarpée 
de  la  montagne.  Rambuteau,  qui  exagère  peut-être,  dit  qu'on 
y  avait  employé  deux  oeiits  voitures  de  charbon.  Pour  quatre 
francs  on  pouvait  avoir,  à  cette  époque,  une  tonne  de  bon  menu 
de  forge. 

En  1816,  le  3  août,  le  duc  d'Angoulême  descendit  au  château 
de  Ghantegrillet.  On  fit  monter  dans  les  appartements  les  métiers 
à  lacets  de  M.  Bonnand  (ces  métiers  étaient  alors  une  nou- 
veauté) et  le  métier  à  ruban  de  M.  Boutarel,  qui  avait  servi  a 
fabriquer  les  garnitu;res  de  l'une  des  deux  robes  offertes  à  la 
duchesse  de  Berry. 

Le  29  juin  1826,  troisième  visite  princière  :  celle  de  la  Dau- 
phine,  duchesse  d'Angoulême,  qui  logea  aussi  au  château  de 
Ghantegrillet.  Mais  ce  château  n'appartenait  plus  à  Ghovet  de 
la  Ghance,  qui  l'avait  cédé  au  recevefur  des  finances  de  Saint- 
Etienne,  Pierre  Julliard.  La  princesse  offrit  un  grand  dîner. 
Dans  la  prairie  du  château,  en  présence  de  dix  mille  personnes, 
on  tira  un  faui  d'artifice^. 

La  fortune  de  Julliard,  qui  hébergea  «  l'Antigone  française  », 
devait  sombrer  avec  la  monarchie  légitime.  Sa  faillite  —  car 
certains  receveurs  des  finances  faisaient  de  la  banque  —  fut  dé- 
clarée en  1830.  A  la  requête  des  syndics,  on  mit  en  vente,  en  1834, 
le  domaine  de  Ghantegrillet,  d'une  surface  de  118.000  m.  carrés. 
Gette  propriété  fut  achetée  par  les  Frères  des  Ecoles  chrétiennes, 
qui  firent  constronire,  plus  tard,  le  collège  Saint-Michel,  situé 
alors  dans  la  commune  de  Montaud.  Ils  esipéiraient  vendre  ces 
bâtiments  à  l'Etat  pour  servir  de  caserne,  mais  l'Etat  préféra 
faire  construire  la  caseirne  de  la  Badouillère.  Les  Frères  son- 
gèrent alors  à  se  défaire  de  Ghantegrillet.  Les  Stéphanois 
auraient  voulu  que  la  Ville  achetât  château  et  domaine  pour 
y  loge-r  le  miuisée  et  pour  servir  de  promenade  publique.  Mais 
le  directeur  de  l'Ecole  des  Mines,  Roussel-Galle,  avait,  depuis 
plusieurs  années,  proposé  l'acquisition  de  Ghantegrillet  pour  y 
loger  l'Ecole.  Il  obtint  l'autorisation  du  Gouvernement  et  l'ac- 
quisition fut  chose  faite  en  1848  (i).  Je  renvoie,  stur  ce  point,  au 


(1)  Mercure  Ségysien  du  4  décembre  1830,  2()  octobre  1834,  16  avril 
1847.  Le  .Tardin  des  Plantes,  acheté  en  1845  à  la  famille  Pélissier,  ne 
vit  commencer  ses  plantations  qu'en  1849. 


—  705  — 

livre  (le  M.  Babu.  Un  plan  du  château  et  de  ses  dépendances, 
annexé  à  l'ouvrage,  indique  l'état  des  lieux  en  1850  (i).  Une 
partie  de  la  prairie,  sur  la  rue  de  Fontainebleau,  fut  vendue 
à  la  Ville  en  1856. 

L'Ecole  des  Mines  fut  installée  à  Ghantegrillet  en  1850.  Elle 
abandonna  son  local  primitif  de  la  route  de  Roanne,  qui  était 
beaucoup  trop  exigu.  Les  Jésuites  y  ouvrirent,  la  même  année, 
le  collège  Saint-Michel.  En  1851,  ils  s'installèreint  dans  les  bâ- 
timents des  Frères,  rue  du  Vieux-Montaud  (^),  qui,  en  1848, 
avaient  servi  d'entrepôt  national  des  marchandises.  Le^  collège 
devait  rester  dans  ces  bâtiments  jusqu'en  ces  dernières  années. 

Le  château  de  Ghantegrillet  logea  les  directeurs  de  l'Ecole 
des  Mines.  Des  bâtiments  furent  construits  pour  les  cours,  les 
salles  d'études,  les  collections,  les  laboratoires,  la  bibliothèque. 
Le  château  reçut  cependant  la  visite  de  l'un  des  «  successeurs  » 
du  comte  d'Artois,  devenu  roi  de  France  sous  le  nom  de 
Charles  X.  Ce  successeur  était  M.  P'élix  Faure,  président  de  la 
République,  qui  visita  l'Ecole  le  30  mai  1898.  Le  groupe  des 
élèves,  en  grand  uniforme,  fut  photographié  par  le  corres- 
pondant de  V Illustration.  L'Harmonie  des  Houillères  de  Saint- 
Etienne  joua  la  Marseillaise. 

Quant  à  la  famille  Ghovet  de  la  Ghance,  elle  s'est  éteinte  à 
Lyon,  en  1901.  Déjà  en  1841,  J.-B.  Ghovet  avait,été  ruiné  dans 
la  banqueroute  d'un  notaire  de  Paris,  où  il  perdit  1.300.000  fr. 
\\  mourut  en  1853.  G'est  lui  qui,  à  la  fin  du  premier  Empire, 
avait  ouvert  sur  ses  terrains  la  partie  orientale  de  la  rue  ac- 
tuelle de  la  rue  de  la  République,  qu'on  appela  rue  Impériale, 
puis  rue  Royale.  La  petite  rue  de  la  Ghance,  dans  le  quartier 
Saint-François,  ne  reçut  oe  nom  qu'en  1857.  Elle  est  dans  le 
prolongement  de- la  rue  de  la  République 

Une  loi  autorisant  la  reconstruction  de  l'Ecole  des  Mines  f\ 
été  promulguée  le  4  août  1913.  La  dépense  prévue  était  de 
1.093.000  francs,  dont  605.000  francs  fournis  par  le  dép^irtement 


(1)  La  surface  indiquée  dans  le  livre  de  M.  Rahii  6U\'n  de  123.987  mètres 
carrés. 

(2)  Avenir  mpubllcMn,  10  octobre  1851.  Ces  hAtiinoiits  furent  achetés 
par  une  Sociét/6  civile  formée  par  des  notables  st(''plianois  :  MM.  Ralny, 
Palluat,  Geriii,  Diiplay,  Colcombet,  etc. 


•    -  706- 

(je  kl  Loire,  la  Ville  et  la  Chambre  de  Commerce  de  Saint- 
Etienne,  les  Sociétés  houillères  et  métallurgiques,  la  Compagnie 
P.-L.-M.  On  devait  édifier  les  nouveaux  bâtiments  près  de  la 
rue  Fontainebleau,  et  l'on  espérait  que  le  Président  de  la  Répu- 
blique poserait,  en  1914,  la  première  pierre.  La  gojerre  a  retardé 
l'exécution  du  projet.  En  1919,  on  lui  a  substitué  un  autre 
projet  sur  un  emplacement  plus  éloigné,  cours  Faairiel,  près  du 
Rond-Point.  Mais  là  encore  on  a  rencontré  des  résistances  de 
la  part  des  Administrations.  Je  regretterai,  pour  ma  part,  le 
«  vieux  décor  »  de  Chantegrillet. 


Je  reviens  à  l'Ecole.  Légalement,  en  1889,  elle  était  sous  le 
régime  de  l'ordonnance  royale  de  1831,  bien  que  le  programme 
d'admission  établi  par  rarrêté  ministériel  de  1887  fût  analogue 
aux  programmes  de  l'Ecole  des  Mines'  de  Paris  et  de  l'Eoole 
centrale.  Mais  l'acte  organique  de  1831  n'en  faisait  qu'une  école 
technique  secondaire.  En  conséqueince,  pour  l'application  de  la 
loi  militaire  du  15  juillet  1889,  le  Conseil  d'Etat  classa  l'Ecole 
de  Saint-Etienne  avec  les  Ecoles  de  Douai  et  d'Alais.  Tandis 
que  les  élèves  diplômés  de  l'Ecole  de  Paris  ne  faisaient  qu'une 
année  de  service,  cet  avantage  n'était  réservé  qu'aux  quatre 
premiers  cinquièmes  des  élèves  de  Saint-Etienne  ayant  obtenu 
65  %  du  total  des  points. 

Tous  les  Corps  constitués  de  la  région  prirent  délibération 
sur  délibération  pour  faire  décréter  l'assimilation  avec  l'Ecole 
de  Paris.  Ce  fut  en  vain. 

Plus  favorisés  encore  que  les  élèves  de  l'Ecole  de  Paris,  les 
Centraux  recevaient  l'instruction  militaire  à  l'Ecole  même.  Ils 
accomplissaient,  en  qualité  d'officiers  de  réserve,  une  année  de 
service'  au  régiment. 

La  situation  faitei  à  Saint-Etienne  motiva  cependant  le  décret 
du  18  juillet  1890,  qui  abrogea  l'ordonnance  de  1831.  Ce  décret 
décide  (article  l*''")  que  «  l'Ecole  des  Mines  de  Saint-Etienne  a 
pour  but  de  former  des  ingénieurs  et  des  directeurs  d'exploi- 
tation de  mines  et  d'usines  métallurgiques  ».  L'ordonnance  de 
1831,  quant  au  but  de  l'Ecole,  renvoyait  à  l'ordonnance  de  1816. 
Elle  indique  que  l'Ecole  était  établie  «  pour  l'enseignement  des 
jeunes  gens  qui  se^  destinaient  à  l'exploitation  et  aux  travaux 
des  mines  ». 


—  707  — 

Les  brevets  de  l*""  et  de  2°'*'  classes  furent  remiplacés  en  1890 
par  le  ce  diplôme  d'ancien  élève  apte  à  exerceir  les  fonctions 
d'ingénieur  »,  délivré  aux  élèves  ayant  obtenu  65  %  du  total 
des  points.  Le  programme  d'admission  de  1887  fut  maintenu. 

La  loi  militaire  du  21  mars  1905  égalisa  le  service  militaire 
des  élèves  de  toutes  les  écoles  du  Génie  civil  :  une  année  dans 
un  corps  de  troupe  aux  conditions  ordinaires,  instruction  mili- 
taire à  l'école,  une  année  dans  un  corps  de  troupe  comme  officier 
de  réserve.  L'Ecole  de  Saint-Etienne  fut  placée  sous  ce  régime. 
Saint-Etienne  n'ayant  qu'une  garnison  d'infanterie  et  de  cava- 
lerie, les  élèves  reçurent  l'instruction  du  fantassin.  Il  eût  été 
facile,  au  contraire,  de  faire  venir,  sinon  un  cadre  d'artillerie, 
avec  ses  chevaux,  ses  pièces  et  ses  caissons,  du  moins  un  cadre 
du  génie.  Dans  cette  arme,  les  élèves  auraient  rendu  des  ser- 
vices appréciés  (i). 

La  loi  militaire  de  1913,  rétablissant  le  service  de  trois  ans, 
que  la  loi  de  1905  avait  réduit,  supprima  toutes  les  déro- 
gations, sauf  pour  l'Ecole  polytechnique  et  l'Ecole  forestière. 


L'Ecole  de  Saint-Etienne  reçut  la  personnalité  civile  en  1905 
et  l'autonomie  financière  en  1907  (^j.  En  1909,  un  décret  de  réor- 
ganisation, du  21  janvier,  lui  donna  le  titre  d'Ecole  naiionale 
des  Mines  de  Saint -Etienne,  ayant  pour  but  «  de  former  des 
ingénieurs  aptes  à  diriger  les  exploitations  de  mines  et  d'usines 
métal loiirgiques  ».  Le  diplôme  fut  désormais  un  «  diplôme  d'in- 
génieur civil  »  (art.  30),  alors  que  les  brevets  et  diplômes 
précédents  éludaient  le  titre  en  consacrant  la  chose.  On  trouvera 
dans  la  notice  de  M.  Eriedel  {Bulletin  de  r Industrie  miner aU\ 
1910)  tous  les  renseignements  qui  complètent  l'historique  de 
M.  Babu  sur  les  admissions,  les  cours,  les  exercices  pratiques, 
les  Conseils  de  l'Ecole,  le  budget,  etc... 

Je  signale  que  les  programmes  d'admission  ont  été  encore 
modifiés  en  1906  et  que,  depuis  cette  date,   la  préparation   j\ 


(1)  Aujourd'hui    rinsti-urtion    militaire   est   ^Miiihc    |mi'   nu    capitalTie 
«lu  pénle. 

(2)  I,ois  (le  flnances  du  22  avr-iil   1905,   art.   f>:i,  cl    du  :U)  janvier  1907. 
art.   76. 


-  708  — 

rKoole  po'ut  etiiie  donnétî  dans  tous  ies  lycées  pourvus  do  clcuàsots 
de  mathématiques  spéciales,  tandis  qu'auparavant  le  pro- 
gramme comiportait  certaines  matières,  en  chimie  notamment, 
qui  ne  figuraient  pas  au  programme  d'admission  à  l'Ecole  po- 
lytechnique. Aussi  la  préparation  à  l'Ecole  des  Mines  se  faisait- 
elle  uniquement  dans  trois  établissements  secondaires  de  Saint- 
Etienne  :  le  Lycée,  la  rue  Désirée  (Frères  des  Ecoles  chrétiennes) 
et  Valbenoîte  (Frères  Maristes)  (i). 

Pour  35  à  37  élèves  admis  chaque  année,  de  1907  à  1913,  il 
y  eut  de  154  à  212  candidats.  Le  concours  donne  aux  études 
préparatoires  une  supériorité  très  remarquable,  et  aux  études 
de  l'Ecole  un  maximum  de  rendement  utile. 

Deux  déeirets  du  19  septembre  1919  ont  réorganisé  les  Ecoles 
de  Paris  et  de  Sainir Etienne.  L'article  l*'**  de  ces  décrets  définit 
le  but  identique  de  ce©  Ecoles,  avec  la  seule  différence  que 
l'Ecole  de  Paris  forme,  non  seulement,  comme  celle  de  Saint- 
Etienne,  des  «  ingénieurs  civils  aptes  à  diriger  des  exploitations 
de  mines  et  des  usines  métal lurgicfues  »,  mais  encore  des  ingé- 
nieiuirs  du  Corps  national  des  Mmes,  c'est-à-dire  des  ingénieurs 
de  l'Etat  (2).  Les  diplômes  portent  le  titre  de  «  diplôme  d'ingé- 
nieur civil  des  mines  de  l'Ecole  de  Paris  »  et  de  «  diplôme 
d'ingénieur  civil  de  l'Ecole  de  Saint-Etienne  ».  Ces  décrets 
donnent  une  plus  grande  autonomie  à  ces  Ecoles,  comme  l'ont 
demandé  les  représentants  de  l'industrie  houillère. 

Avec  un  budget  des  plus  modestes,  une  installation  très  dif- 
férente de  celle  de  l'hôtel  Vendôme,  où  siège  l'Ecole  de  Paris, 
et  «  dont  on  ne  voudrait  pas  dans  un  chef-lieu  d'arrondissement 
pour  une  école  primaire  supérieure  (3)  »,  l'Ecole  de  Saint- 
Etienne  a  fait  de  grandes  choses.  Sa  «  pauvreté  féconde  »  lui 


(1)  En  toute  justice,  il  faut  rappeler  les  succès  éclatants  remportés 
par  Le  Pensionnat  des  Frères  des  Ecoles  chrétiennes,  rue  Désirée,  pour 
l'entrée  à  l'Ecole,  jusqu'à  la  laïcisaiion  de  1904,  qui  a  fait  créer  un 
étabdissement  similaire  à  Lyon. 

(2)  Le  décret  du  25  février  1914  sur  l'Ecole  des  Mines  de  Paris  défi- 
nissait ainsi  je  but  de  l'Ecole  :  «  Former  les  ingénieurs  du  Corps 
national  des  Mines  et  donner  l'enseignement  aux  élèves  externes  fran- 
çais et  étrangers  qui  veulent  obtenir  le  diplôme  d'ingénieur  civil  des 
mines  conféré  par  cette  Ecole  ». 

(3)  Rapport  de  M  Audiffred  au  Sénat  (Voir  Méianrial  de  la  Loire, 
6  janvier  1908). 


—  709  — 

fait  honneur.  On  a*  signalé,  en  1904,  que  chaque  élève  revenait 
seulement  à  538  francs  par  an  à  l'Etat  !  (^). 

Je  ne  rappellerai  pas  avec  quelle  facilité  s'opère  le  placement 
des  élèves  à  leai;r  sortie  de  l'Ecole,  facilité  qu'enviaient  jadis 
et  qu'envient  peut-être  encore  d'autres  grandes  Ecoles  de  Paris, 
l'Ecole  Centrale  notamment  (^)  ;  ni  les  chiffres  tant  de  fois  cités 
et  qui  attestent  la  place  prépondérante  que  les  ingénieurs  de 
l'Ecole  de  Samt-Etienne  occupent  dans  les  mines  françaises  (3)  ; 
ni  les  noms  des  morts  à  la  mine,  victimes,  du  devoir,  inscrits 
au  martyrologe  de  l'Ecole  ;  ni  le  long  martyroîbge  de  la  guerre 
de  1914-1918  où,  sur  468  niobilisés,  141  anciens  élèves  ou  élecr^ 
sont  tombés  au  Champ  d'honneur  (ces  mobilisés  ont  obtenfiu  5 
rosettes  de  la  Légion  d'honneur^  125  croix  de  chevalier,  14  mé- 
dailles militaires,  313  croix  de  guerre,  au  total  63S  citations)  ;  ni 
enfin  le  rôle  remarquable,  éminent  même,  joué  par  tant 
d'anciens  élèves  dans  la  science  ou  dans  T industrie,  sur  les 
1.900  ingénieurs  sortis  de  l'Ecole  de  1816  à  1914. 

L'Ecole  de  Saint-Etienne,  malgré  les  règlements  et  l'hostilité 
qu'on  lui  manifesta  à  Paris,  «  a  toujours  été,  dès  l'année  de 
sa  fondation  et  par  la  force  môme  des  choses,  un  établissement 
d'enseignement  technique  supérieur  ».  Le  vieux  brevet  de  l'Ecole 
des  Mineurs  était  un  titre  modeste.  Ses  possesseurs  lui  ont 
donné  une  haute  valeur,  et  on  a  dû  reconnaître  ce  qu'il  était  : 
l'équivalent  des  diplômes  des  prandes  écoles  techniques  de  la 
capitale  (^). 

Les  titulaires  du  professorat  ont  généralement  appartenu  au 
Corps  des  Mines,  comme  l'indiquent  les  actes  organiques  de 
l'Ecole  (5).  J'ai  cité  ceux  qui  firent  partie  du  cadre  des  premières 
années.  A  la  suite  du  livre  de  M.  Babu,  on  trouvera  le  tableau 


(1)  Rapport  fie  M    Gervais,   député    {IMd.,  30  mai  1904). 

(2)  Voir  dans  le  Mémorial  de  la  Loire  du  17  décembre  1903  un  article 
sur  la  situation  des  grandes   écoles  d'ingénieurs. 

(a)  Fn  1896  :  182  de  Saint-Etienne  contre  35  de  Paris  et  22  de  Centrale  : 
on  1905  :  280  de  Saint -Etienne  contre  72  de  Paris  et  32  de  Centrale,  etc. 

(4)  Bulletin  de  Vlndustrle  Minérale,  1910,  vol.  12,  p.  482.         *^ 

(5)  Cette  (jualité  n'est  plus  strictement  obligatoire  depuis  le  décret 
de  1919.  C'est  le  Conseil  de  l'Ecole  qui  propose  au  M-inlstre  la  nomi- 
nation des  professeurs  titulaires,  adjoints,  suppléants,  maîtres  de 
conférences,  répétiteurs,  chefs  des  travaux  pratiques  et  chargés  de  cours 
temporaires. 

4(i 


—  710  — 

historiquia  des  professeurs  et  des  notices  sur  Beaunier,  Burdin, 
Combes,  Glapeyron,  Gruner,  Gallon,  Phillips,  Bour,  Lan,  du 
Souich,  Massieu,  Mallard,  Dupont  (l).  En  dehors  des  professeurs 
titulaires,  il  y  a  eu  et  il  y  a  encore  des  chargés  de  cours  désignés 
par  leurs  spécialités,  ou.  pour  suppléer  à  l'insuffisance -numé- 
rique du  cadre  réglementaire  des  professeurs. 

Je   reproduis  ci-après   la   liste   des   directeurs    successifs   de 
l'Ecole  : 


MM. 

Beauni^ir,    1817-1835. 
R.ouss€l-Gall-e,   1835-1852. 
(iruner,    1852-im 
Du  Souich,    1858-1860. 
Dupont,    1860-1868. 
Cacarrié,  1868-1873. 
De  Cizancourt,   1873-1879. 
Castel,   1879-1880. 
Liénard.    1880-1881. 


MM. 

Meurgey,   1881-1882. 
Gonthier,  1882-1887. 
Oliy,  1887-1888. 
Leseure,    1888-1893. 
De  Castoinau,  1893-1896. 
Tiauzin,  1896-1908. 
G.  Fr.iedel,   1908-1919. 
Chippart,  1919. 


La  Société  des  Anciens  Elèves  a  inauguré  en  1908,  lors  du 
Congrès  de  l'Industrie  minérale,  «  l'hôtel  des  Ingénieurs  »,  ou 
plutôt  «  l'hôtel  des  Sociétés  d'ingénieurs  »,  où  elle  a  installé 
son  siège  social.  Les  bureaux  de  la  Société  de  l'Industrie  miné- 
rale, le  oeircle  des  Elèves  de  l'Ecole  des  Mines,  les  Comités  des 
Houillères  et  des  Forges  de  la  Loire  et  les  Syndicats  métallur- 
giques patronaux  siègent  dans  cet  hôtel.  Tout  le  monde  connaît 
cet  élégant  immeuble,  à  l'angle  de  la  rue  du  Grand-Moulin  et 
de  l'avenue  Président-Faune,  dont  les  architectes,  nommés  au 
concours  en  1904,  furent  MM.  Teissère  et  Clermont,  et  le 
statuaire  M.  Paul  Graff.  Pendant  la  guerre,  un  hôpital  de  la 
Croix-Rouge,  entretenu  par  de  larges  subventions  des  industries 
houillères  et  métallurgiques,  a  été  installé  dans  cet  immeuble. 


(1)  La  brochure  sur  le  Centenaire  de  VEcole  (1921)  renferme  également 
des  notes  importantes  sur  les  célébrités  de  l'Ecole  :  directeurs,  profes- 
seurs, 'anciens  élèves. 


711  — 


!^  2  -   LA  SOCIÉTÉ    DE  L'INDUSTRIE    MINÉRALE 
et  les  REVUES  TECHNIQUES    de    la    RÉGION 


La  Société'  des  Anciens  Elèves  de  l'Ecole  des  Mines  de  Saint- 
Etienne  est  une  Société  amicale.  La  Société  de  l'Industrie  mi- 
nérale est  une  Société  savante  ouverte  à  tous  les  ingénieurs, 
voire  même  à  toutes  les  personnes  qu'intéresse  le  but  de  la 
Société  et  qui  sont  présentées  par  deux  membres  aui  Conseil 
d'administration.  Ce  but  consiste  à  «  concourir  au  progrès  de 
l'airt  des  Mines  et  de  la  Métallurgie  et  des  industries  qui  s'y 
rattachent  ».  En  fait,  la  Société  est  le  prolongement  de  l'Ecole 
ou  piliutôt  des  Ecoles  des  Mines. 

Ce  but  avait  été  poursuivi,  à  l'origine  de  l'Ecole  de  -Saint- 
Etienne,  par  les  élèves  brevetés.  Ils  créèrent,  en  effet,  en  1826, 
une  publication  périodique  :  Correspondance  des  élèves  bre- 
vetés de  V Ecole  des  Min.eMrs  de  Saint-Etienne.  Un  numéro  parut 
en  1827,  six  numéros  seulement  dix  ans  après,  en  1836-37.  Cette 
Société  scientifique  de  correspondance,  à  peu  près  dissoute,  fut 
reconstituée  en  1842  (i).  Elle  continua  ses  publications  jusqu'en 
1847. 

Des  ingénieurs  de  la  région  collaboraient  aussi  à  la  rédaction 
du  Bulletin  de  la  Société  agricole  et  manufacturière  de  Saint- 
Etienne,  rccoiistitu('e  en  1820.  (je  périodique  renfermait  alors  de 
nombreux  articles  dont  on  ne  retrouve  plus  depuis  longtemps 
l'équivalent. 

En  1848  fut  constituée  à  Paris  la  Société  des  Ingénieurs  civils 
de  France^  société  savante,  composée  en  grande  partie  d'anciens 
élèves  de  l'Ecole  centrale,  mais  ouverte  néanmoins  à  tous  les 
ingénieurs.  Je  rappelle  à  ce  sujet  que  le  président- fondateur  de 
la  Société,  Eugène  Flachat,  était  d'un<'  f.iniille  originaire  de 
Saint-Chamond  et  que,  par  souscription  entre  les  ingénieurs,  on 


(1)  ItnUi'lin   (ir   la   Sori/'U;  industrielle  de  Vnrrondiasemcnl  de  Saint- 
h:tlrnnr,  1«;ts,  p    ^>f};\  ■  Mrrnirr  S/'«i,is}rn,  7  décembre  1842. 


—  ?12  — 

lui  éleva  un  buste  en  1898,  à  Paris,  boulevard  Péreiro.  Le 
piédestal  porte  sur  l'une  des  faces  l'inscription  :  A  Eugène 
Flachat,  ingénieur^  et  sur  l'autre  face  :  Initiateur  du  génie  civil 
en  France. 

"  Eugène  Flachat  (1802-1873),  qui  ne  sortait  d'aucune  école 
technique,  fut  surtout  un  ingénieur  des  chemins  de  fer  et  un 
ingénieur  métallurgiste.  Peu  connu  dans  noire  région  stépha- 
noise,  ignoré  même  à  Saint-Chamond,  j'aî  essayé  de  rappeler 
ses  mérites  et  de  reconstituer  la  vie  de  son  grand-père,  Jean- 
Claude  Plachat  (1718-1775),  qui,  après  un  séjour  de  quinze 
années  en  Orient,  créa  à  Saint-Chamond  une  Manufacture  royale 
de  teinture  et  fut  l'un  des  initiateurs  de^  l'industrie  cotonnière 
du  Beaujolais  et  du  Roannais. 

En  1855,  la  Société  des  Ingénieurs  civils  était  surtout  com- 
posée d'ingénieurs-constructeurs  des  chemins  de  fer  (i).  Gruner, 
qui  était  alors  directeur  de  l'Ecole  des  Mines  de  Saint-Etienne, 
déplorait  que  les  personnes  qui  s'occupaient  de  l'art  desi  mines 
et  de  la  métallurgie  fussent  sans  lien  commun.  Il  groupa 
quelques  ingénieurs  qui  jetèrent  les  bases  de  la  Société  de  l'In- 
dustrie minérale  et  qui  invitèrent  à  sa  participation  toute  per- 
sonne prenant  quelque  intérêt  aux  travaux  des  mines  et  des 
usines   métallurgiques. 

Cet  appel  fut  entendu.  Dès  la  première  année  256  ingénieurs 
donnèrent  leur  adhésion.  Saint-Etienne  fut  choisi  pour  siège 
social,  parce  que  c'était  le  lieu  de  résidence  des  fondateurs  et  le 
centre  du  plus  important  district  de  forges  et  de  mines  que 
possédait  alors  la  France.  On  ne  prétendait  pas  y  river  à  jamais 
l'entreprise  (^). 

Depuis  cette  époque,  le  Nord  et  l'Est  ont  dépassé  la  Loire, 
comme  importance  métallurgique  et  minière.  Mais  le  siège 
de  la  Société  est  resté  fixé  au  lieu  de  sa  fondation.  Les  trans- 
plantations sont  nuisibles  aux  arbres  profondément  enracinés, 
et  d'ailleurs,  à  deux  repriseis  depuis  1855,  le  Nord  et  l'Est  ont 
été  occupés  et  dévastés  par  l'ennemi,  tandis  que  la  Loire  restait 
l'arsenal  suprême  de  la  France. 


(1)  Buhletin    de  l'Industrie  minérale,   1855,   p.  I  (Rapport   de  Gruner). 
(21)  Ibid.,  p.  2. 


—  713  — 

La  Société  ne  devait,  pas  s<3  borner  à  publier  des  mémoires 
sur  l'industrie  minérale  ou  l'industrie  sidérurgiq'ue.  Elle  devait 
être  vraiment  une  association  où,  dans  des  réunions  périodiques, 
il  y  aurait  échange  de  communications  et  d'observations,  où 
les  Sociétaires  seraient  invités  à  recueillir  des  renseignements 
précis  et  à  diriger  leurs  observations  sur  des  points,  des  mé- 
thodes, des  appareils  spéciaux,  observations  que  l'on  classerait, 
que  l'on  comparerait  et  que  tous  pourraient  consulter.  En  un 
mot,  on  devait  stimuler  l'esprit  de  recherches  et  d'activité  «  là 
où  auparavant  régnaient  la  routine  et  l'apathie  ». 

Dans  son  rapport  prélimmaire  aiui  fonctionnement  de  la  So- 
ciété, Gruner  reproduisit,  dans  un  questionnaire  de  huit  pages, 
les  programmes  arrêtés  par  les  trois  Commissions  des  mines, 
de  la  métallurgie  et  des  constructions  qui  venaient  d'être  cons- 
tituées. 

La  Société  de^  l'Industrie  minérale  a  répondu  au  but  de  ses 
fondateurs.  A  la  différence  de  tant  d'autres  Sociétés  —  même 
savantes  —  mal  constituées  ou  dans  lesquelles  des  germes  de 
mort  ont  été  introduits,  elle  a  vécu  en  pleine  vigueur,  elle  a 
pris  une  extension  considérable  et  elle  n'a  cessé  de  publier 
régulièrement  les  comptes  rendus  de  ses  travaux  et  son  im- 
portant Bulletin,  recueil  de  mémoires  précieux  cités  à  d'innom- 
brables reprises  dans  les  ouvrages  de  haute  science  et  dans  les 
grands  traités  cjassiques,  citations  plus  nombreuses  peut-être 
que  celles  empruntées  aux  Annales  des  Mines,  organe  du  Corps 
des  Mines,  et  aux  Annales  de  la  Société  des  Ingénieurs  civile. 
Depuis  le  1^**  janvier  1921,  ce  bulletin  est  devenru  la  Revue  de 
/Industrie  minérale,  à  la  suite  d'un  accord  avec  le  Comité 
central  des  Houillères  de  France,  dont  la  Revue  remplace  une 
importante  partie  des  ci roud aires  économiques,  statistiques  et 
techniques. 

Bien  que  ce  hvre  n'ait  aucun  caractère  technique,  j'ai  cité  à 
de  nombreuses  reprises  le  Bulletin  de  l'Industrie  minérale  parmi 
mes  sources  de  documentation.  J'en  profite  pour  rendre  à  la 
Société  l'hommage  que  tout  auteur  doit  à  ceux  qui  l'ont  ren- 
seigné. 

La  création  de  la  Société  de  l'Industrie  minérale  a  eu  pour  effet 
de  faire  cesser  à  peu  près  complèU^ment  la  collaboration  des  in- 
génieurs tm'  Bulletin  de  la  Sortrfr  Industrielle  de  Varrondis- 


—  714  — 

senienl  de  Saint-Etienne,  devenu  les  Amtales  de  la  Société 
d'Agriculture,  Industrie,  Arts,  Sciences  et  Belles-Lettres  de  la 
Loire.  Cette  Société,  la  plus  ancienne  des  Sociétés  savantes  de  la 
région,  existait  déjà  à  l'état  embryonnaire  en  175-2,  comme  bureau 
particulier  de  la  Société  royale  d'Agriculture  de  Lyon.  Recon- 
stituée à  Saint-Etienne  en  1920,  elle  fusionna  en  1850  avec  la 
Société  des  Sciences  naturelles  ot  des  Arts  de  Saint-Etienne, 
créée  en  1847.  Elle  a  vu  échapp3r  à  son  Bulletin,  non  seulement 
les  matières  traitées  par  les  ingénieoiirs,  mais  encoire  les  matières 
concernant  l'hygiène  publique,  lorsque  fut  créée,  en  1857, 
la  Société  de  médecine  de  Saint-Etienne.  La  fondation,  en  1862, 
de  la  Diana,  Société  historique  et  archéologique  du  Forez,  di- 
minua, sans  la  supprimer  complètement,  la  collaboration  des 
Historiens  locaux.  La  création  d'une  Société  d'Economie  poli- 
tique à  Sainti-Etienne  en  1880,  reconstituée  en  1891  sous  le  nom 
de  Société  d'Etudes  économiques  de  la  Loire,  la  création  en 
1898  de  la  section  stéphanoisa  da  Géographie  commerciale,  lui 
enlevèrent  encore  des  collaborateurs.  Seule,  ragriculture  reste 
son  domaine  particulier,  sinon  exclusif,  car  il  existe  des  Sociétés 
de  viticulture,  d'apiculture,  de  motocuilLure  et  d'horticulture. 

La  Société  de  l'Industrie  minérale  comptait  1.100  membres 
en  1900,  1.570  en  1913,  1.624  en  1920,  répartis  en  districts  de 
Paris,  du  Centre,  du  Sud-Est,  du  Nord,  de  l'Est,  du  Sud-Ouest 
et  du  Nord  de  l'Afrique.  Chaque  district  a  ses  réunions  et  son 
bureau  particuliers.  Douze  Congrès  de  la  Société  ont  été  réunis 
en  France  et  en  Belgique,  le  premier  à  Saint-Etienne,  en  1875, 
l'avant-dernier  à  Saint-Etienne,  en  1908,  le  dernier  en  1911,  dans 
le  Nord  et  le  Pas-de-Calais.  La  Société  fut  chargée  de  publier 
les  travaux  du  Congrès  international  des  Mines  et  de  la  Métal- 
lurgie, réuni  à  Paris  pendant  l'Exposition  de  1900. 

La  Société  a  eu  pour  présidents  successifs  des  directeurs  de 
FEcole  des  Mines  de  Saint-Etienne,  à  l'exception  de  M.  Lan,  qui 
était  professeur  à  l'Ecole.  Parfois  ces  directeurs  ont  été  chargés 
également  du  service  des  mines  de  rarrondissement  minéralo- 
gique  de  Saint-Etienne.  Parfois  aussi,  ils  ont  conservé  la  prési- 
dence de  la  Société  de  î' Indu  strie  minérale  après  avoir  été 
nommes  inspecteurs  généraux  dos  Mines  et  transféré  leur  rési- 
dence de  Saint-Etienne  à  Paris.  Ce  fut  le  cas  pour  M.  Castel  et 
pour  M.  Tauzin. 


—  715  — 

Voici  la  liste  des  présidents  : 

Gruner,  président  de  1855  à  1858,  directeur  de  l'Ecole  des  mines 
de  Saint-Etienne    de  1852  à  1858. 
Lan,  président  de  1858  à  1860,  professeur  à  l'Ecole  de  1851  à  1862. 

Dupont,  président  de  1860  à  1S68,  directeur  de  l'Ecole  de  1860 
à  1868. 

Cacarrié,  président  de  1868  à  1873,  ingénieur  en  chef  de  l' arron- 
dissement minéralogique  de  1862  à  186D,  directeur  de  l'Ecole  de 
1868  à  1873. 

De  Cizancourt,  président  de  1874  à  1880,  directeur  de  l'Ecole  de 
1873  à  1879. 

Castel,  président  de  1880  à  1898,  directeur  de  l'Ecole  de  1879  à 
1880,  ingénieur  en  chef  de  l' arrondissement  minéralogique  de  1880 
à  1884. 

Tauzin,  président  de  1898  à  1921,  directeur  de  l'Ecol-e  et  ingénieur 
en  chef  de  l'arrondissement  minéralogique    de  1896  à  1908. 

Chippart,  président  depuis  1921,  directeur  de  l'Ecole  depuis  1919. 

Pour  terminer  ce  paragraphe  sur  les  Sociétés  et  les  publica- 
tions savantes  de  l'industrie  houillère  et  métallurgique,  je  rap- 
pelle que,  depuis  le  27  septembre  1875,  le  Mémorial  de  la  Loire 
publiait  un  Bulletin  hebdomadaire  intitulé  jadis  Les  Industries 
de  la  région,  rédigé  par  un  ingénieur  et  consacré  spécialement 
aux  mines,  à  la  m.étallurgie,  aux  eaux  minérales,  à  la  méca- 
nique, l'électricité,  etc...  k\x  pseudonyme  de  «  Laferrière, 
ingénieur  civil  »  a  succédé  celui  de  «  A.  Ferrier,  ingénieur 
civil  ».  Ce  Bulletin  a  cessé  de  paraître  à  la  déclaration  de 
guerre  en  1914  et  il  n'a  eu  qu'un  Tuiméro  depuis  l'armistice. 

C'est  à  Saint-Etienne  qu'a  pris  naissance,  en  1876,  VEcho  des 
Mines  et  de  la  Métallurgie,  journal  d'informations,  fondé  par 
M.  Laur,  ingénieur  de  l'Ecole  de  Saint-Etienne,  qui  fut  député 
de  la  Ijoire,  paiis  de  la  Seine.  La  publication  de  ce  journal  fut 
interrompue  de  1877  à  1883  et  continuée  à  Paris,  où  le  journal 
paraît  toujours  sous  la  direction  de  M.  Robert  Pitaval,  ingénieur 
de  l'Ecole  de  Saint- Etienne  et  gendre  daM.  I^aur. 


--^VtS«-- 


CHAPITRE  XII 


Organes  Généraux  des  Mines   de    la   Loire 


LE    SERVICE    DES    MINES 


L  a  pour  objet  principal  d'assurer  l'exécution 
des  lois  et  règlements  sur  les  mines,  minières, 
carrières,  appareils  à  vapeur,  eaux  minérales. 
Le  personnel  se  compose  d'inspecteurs 
généraux,  ingénieurs  en  chef,  ingénieurs 
ordinaires,  élèves  ingénieurs,  formant  les  uns  et  les  autres 
le  Corps  des  Mines j  et  de  sous-ingénieurs  (anciens  contrôleurs 
et  jadis  garde-mines).  Un  décret  du  29  juin  1920  a  donné  le 
titre  d'ingénieurs  des  travaux  publics  de  VEtat  aux  sous- 
ingénieurs  des  Mines  et  des  Ponts  et  Chaussées.  Ce  titre 
d'ingénieur  créera  certainement  des  confusions 

Le  territoire  de  la  France  est  réparti  en  divisions  (anciennes 
inspections)  ayant  à  leur  tête  un  inspecteur  général  résidant 
à  Paris  ;  les  inspections  comprennent  plusieurs  arrondissements 
miner alogiqy es  ayant  à  leur  tête  un  mgénieur  en  chef  ;  les 
arrondissements  se  divisent  en  sous  arrondissements  ayant  à 
leur  tête  un  ingénieur  ordinaire  ;  les  sous-arrondissements  3" 
subdivisions  ayant  à  leur  tête  un  sous-ingénieur. 

Le  département  de  la  Loire  relève  de  la  division  du  Centre. 


—  717  — 

Saint-Etienne  a  toujours  été  le  siège  d'un  arrondissement  mi- 
néralogique,  qui,  avant  1893,  se  subdivisait  en  sous-arrondis- 
sements ayant  leur  siège  à  Saint-Etienne,  à  Rive-de-Gier  et  à 
Lyon.  La  cir<x3nscription  de  ces  sous-arrondissements  fuit  mo- 
difiée de  1875  à  1879  (l). 

Depuis  1893  Rive-de-Gier  a  cessé  d'être  un  chef-lieu  de  sous- 
arrondissement,  les  mines  de  ce  sous-bassin  étant  moins  im- 
portantes qu'autrefois.  Il  y  eut  dès  lors  un  sous-arrondissement 
do  Saint-Etienne-ouest,  un  sous-arrondissement  de  Saint- 
Etienne-est  pour  le  département  de  la  Loire,  et  un  sous- 
arrondissement  ayant  son  siège  à  Lyon  pour  le  département 
du  Rhône  (2). 

Un  arrêté  du  8  octobre  1919  (3)  vient  de  modifier  cette  orga- 
nisation. Lyon  forme  un  chef-lieu  d'arroridissement  minéralo- 
gique  très  vaste,  qui  s'étend  depuis  la  Côte-d'Or  et  le  Doubs 
jusque  et  y  compris  la  Savoie  et  la  Ha.ute-Savoie.  Les  soois- 
arrondissements  de  cette  circonscription  ont  leur  siège  à  Lyon, 
à  Chalon-sur-Saône  et  à  Grenoble,  qui,  auparavant,  était  le 
chef-lieu  d'un  arrondissement  minéralogique. 

Saint-Etienne  reste  le  siège  d'un  arrondissement  mméralc- 
gique  comprenant  le  département  de  la  Loire  et  qui  est 
subdivisé  en  sous-arrondissements  de  Saint-Etienne-ouest  et 
Saint-Etienne-eet.  Chaque  sous-arrondissement  comprend  trois 
subdivisions. 

A 

C'est  en  1784,  pour'  l;i  première  fois,  qu'un  ingénieur  du 
Corps  des  Mines,  un  ingénieur  du  Roi,  un  «  inspecte-ur  » 
comme  on  disait  alors,  fut  établi  en  permanemce  à  Saint- 
Etienne  et  chargé  du  service.  Cet  ingénieoir  était  Laverrière 
(v.  p.  109).  Ses  fonctions  furent  supprimées  en  1790  et  rétablies 
rn  1704.  En  1801,  Laverrière  était  nomnii'  in^^énicur  en  chef  ('). 


(1;    IvESEURE,    p.   341,    nOtC. 

(2)  Rapport  '(!<»  l'ing^^nionr  on  rriof  (Coiispji  f^f^iK^ral  do  la  T.oiro,  i\o\)\ 
1«94,  p.  704). 

(3)  JonmfLl  Offlc'u'l,  11  wtobre. 

(4'  Voir  HFinssAiU).  p.  130    renvoi  3  ;  G.vf.i.iiv  :  Saint-I\(icinic  prndani  la 
névoïnfhni,  J,  p.  161. 


—  718  — 

Le  Service  dos  Mines  avait  été  remplacé  par  une  Agence  des 
Mines^  créée  par  le  Comité  du  Salut  public  en  l'An  II. 

En  1807,  ringénieur  Guényveau  succéda  à  Laverrière  (i). 
Dans  V Annuaire  de  la  Loire  de  1809  il  porte  le  titre  d'Inspecteur^ 
seul  chargé  du  service.  J'ai  parlé  de  Guényveau  dans  V Histoire 
de  la  Métallu;rgie  (p.  38). 

•  Le  Corps  des  Mines  fut  réorganisé  après  la  promulgation  de 
la  loi  du  21  avril  1810,  par  un  décret  du  18  novembre  suivant. 

En  1812,  Beaunier,  ingénieur  en  chef,  fut  chargé  d'exécuter 
le  plan  et  le  nivellement  du  territoire  houillor  de  Saint-Etienne, 
avec  Guényveau  sous  ses  ordres  p).  La  personnalité  de  Beaunier, 
créateur  de  l'Ecole  des  Mines  et  du  premier  chemin  de  fer, 
l'un  des  initiateurs  en  France  de  la  fabrication  de  l'acier,  est 
trop  connue  pour  rééditer  ici  sa  biographie  (3). 

Nommé  en  1813  directeur  de  l'Ecole  pratique  des  Mines  de 
Geislautern  (Sarre),  Beaunier  revint,  en  1816,  dans  le  dépar- 
tement de  la  Loire.  A  ce  moment,  et  pendant  toute  la  d'urée 
de  la  procédure  des  concessions  de  mines,  Beaunier  et  de  Gallois 
(appelé  en  1814  dans  le  département),  l'un  et  l'autre  ingénieurs 
en  chef,  furent  placés  à  la  tête  de  la  «  Commission  temporaire 
des  Mines  de  la  Loire  »  chargée  d'instruire  les  affaires  de  con- 
cession. Ces  ingénieurs  étaient,  en  même  temps,  chargés  de 
«  l'inspection  journalière  des  exploitations  ».  Le  service  des 
Mines  avait  donc  deux  chefs  dans  le  bassin  de  la  Loire  (^). 

Les  concessions  furent  délivrées  en  1824.  De  Gallois  mourut 
en  1825.  Beaunier  quitta  Saint-Etienne  en  1830,  tout  en  restant 
directeur  de  l'Ecole  des  Mines  jusqu'à  sa  mort,  en  1835.  11 
avait  un  directeur-adjoint,  Delsériès,  qui  l'avait  remplacé 
comme  ingénieur  en  chef  de  rarrondissement  minéralogique  (5). 

En  1848,  Delsériès  fut  nommé  ingénieur  en  chef  à  Mâcon. 
en  remplacement  de  l'ingénieur  en  chef  Drouot,  nommé  à 
Saint-Etienne  (6). 


(1)  Brossard,  p.  163,  303. 

(2)  Brossard,  p.  315. 

(3)  Voir  p.  2. 

(4)  C'est  ce  qu'indique  la  Statistique  du  Département  de  la  Loire  de 
DuPLESSY  (1818).  Voir  Brossard,  p.  329. 

(5)  Babu,  VEcole  des  Mines  de  Saint-Etienne,  p.  77. 

(6)  Avenir  républicain,  4  avril  1848. 


—  719  — 
En  1851,  ringénieur  en  chef  était  Baudni. 
Puis  vinrent  successivement  : 
MM.   Dusouich,  ingénieur  en  chef  de  1852  à  1862. 

Guillebot  de  Nerville,  —  en  1862. 

Gacarrié,  —  de  1862  à  1869 

Tournaire,  —  de  1870  à  1875. 

Gastel,  —  de  1875  à  1884. 

Ghosson,  —  de  1884  à  1891. 

de  Gurières  de  Gastohiau,  —  de  1891  à  1896. 

Tauzin,  —  de  1896  à  1908. 

Primat,  -  de  1908  à  1914. 

M.  Primat,  fils  d'un  ancien  maire  de  Saint-Etienne,  est  mort 
en  fonctions  le  31  décembre  1914. 

M.  Frantzen,  ing-énieur  ordinaire,  a  exercé  Fintérim  jusqu'au 
16  décembre  1916  et  M.  Soulage,  sous-ingénieur,  du  16  dé- 
cembre 1916  à  février  1917. 

M.  Lavaste,  ingénieur  ordinaire,  nommé  à  cette  dernière 
date,  a  été  titularisé  ingénieur  en  chef  le  i^'"  juillet  1918. 

Il  a  été  remplacé,  le  l^""  février  1919,  par  M.  Grussard,  et 
celui-ci,  le  1"  octobre  de  la  même  année,  par  M.  Vaudeville, 
ingénieur  en  chef  à  Grenoble. 

Les  bureaux  de  l'ingénieuir  en  chef  et  de  l'ingénieur  ordi- 
naire, jadis  dispersés  —  l'ingénieur  en  chef  fut  quelquefois  en 
même  temps  directeur  de  l'Ecole  des  Mines,  et  ses  bureaux 
étaient  alors  à  l'Ecole  —  ont  été  réunis  de  1908  à  1921  dans  les 
anciens  locaux  du  Gomité  des  Houdllères  de  la  Loire  (rue  du 
Palais-de-Justice,  10)  qui,  lui-même,  s'est  installé  à  l'hôtel  des 
Sociétés  d'ingénieurs,  édifié  par  la  Société  des  Anciens  Elèves 
de  l'Kcole  des  Mines. 


7i30 


,^  2  -  Les  MINES  et  le  COMMERCE  des   CHARBONS 
à   la    CHAMBRE  de  COMMERCE   de   S AINT-ÉTIENNE, 

aux  CHAMBRES  CONSULTATIVES  des  ARTS 

et   MANUFACTURES,  au    TRIBUNAL    de    COMMERCE 

et  aux    CONSEILS    DE    PRUD'HOMMES 


Les  Mines  ne  furent  représentées  ni  au  Conseil  du  Gonimorce 
de  SainirEUenne  (1801-1804),  ni  à  la  Chambre  consultative  des 
Arts  et  Manufactures  de  Saint-Etienne  (1804-1833),  sinon  par 
quelquies  propriétaires  exploitant  ou  faisant  exploiter  (Jovin, 
Neyron,  etc.),  mais  exerçant  une  autre  profession.  Un  exploitant 
de  mines  n'était  pas  considéré  comme  un  industriel,  au  moins 
juridiquement. 

A  la  Chambre  de  Commerce  de  Saint-Etienne,  où  les  mines 
ouïrent  des  représentants  spéciaux  depuis  1840,  la  question  de 
l'éligibilité  des  exploitants  fut  résolue  négativement  par  dé- 
cision ministérielle  du  18  mars  1853,  décision  annulée  par  le 
Conseil  d'Ekt.  La  question  de  l'éligibilité  des  directeurs  de 
Sociétés  anonymes,  soulevée  en  1869,  fut  résolue  affirmati- 
vement par  décision  ministérielle.  Depuis  1872,  la  loi  reconnaît 
aux  directeurs  de  ces  Sociétés  rélectorat  et  l'éligibilité  (v.  p.  485 
à  487). 

Voici  les  membres  de  la  Chambre  de  Commerce  qui  ont  re- 
présenté l'mdustrie  houillère   : 

MM.  Wéry  Edouard,  directeur  des  mines  du  Treuil  et  de  la 
Ghazotte,  m.embre  de  la  Chambre  de  1840  à  1842  (1)  ; 

Vachier  Jeaji-Barthélemy,  propriétaire  de  mines  à  Saint- 
Etienne  (2),  menibre  de  1843  à  1846  ; 

De  Rochetaillée  Camille,  propriétaire  des  mines  du  Cros,  membre 
de  1846  à  1856  ; 


(1)  Il  ne  faut  pas  confondre  M.  Wéry  (Edouard),  sorti  de  l'Ecole  des 
Mines  de  Saint-Etienne  en  1824,  avec  M.  Wéry  (Jules),  sorti  en  1829  et 
ingénieur  au  Treuil  et  à  la  Cha<z.otte,  ni  avec  M.  Wéry  (Jules-Louis- 
Joseph',  sorti,  en  18613,  directeur  des  mines  de  la  Ghazotte,  mort  en  1899. 

(2)  Sorti  de  l'Ecole  des  Mines  de  Saint-Etienne  en  1822,  père  de 
M.  Douvreleur. 


-m  - 

De  Rivière,  directeur  des  mines  de  Roche-la-Molière  et  Firminy, 
inemibre  de  1872  à  1876  ; 

Hutter  Henri,  directeur  des  mines  de  Montrambert,  membre  de 
1877  à  1879  ; 

Verny  Léonce,  directeur  des  mines  de  Roc;he-la-Molière  et 
Firminy,  membre  de  1881  à  1900  ; 

Villiers  Benjamin,  directeur  des  houillères  de  Saint-Etienne, 
membre  de  1893  à  1900  ; 

Du  Rousset  Pierre,  directeur  des  mines  de  la  Loire,  membre  de 
1901  à  1906  ; 

Voisin  Honoré,  directeur  des  mines  de  Roche-la-Molière  et  Fir- 
miny, membre  de  1901  à  1919  ; 

Murgue  Daniel,  directeur  des  houillères  de  Montrambert,  membre 
de  1907  à  1918. 

Petit   Paul,    directeur   des   houillères    de   Saint-Etienne,    membre 

depuis  1919. 

Biver  Charles,  directeur  des  mines  de  la  Loire,  membre  depuis 
1919. 

M.  de  Rochetailliôe  a  été  président  de  1847  à  1856. 

M.  Petit  est  président  depuis  1920. 

M.  Vaohier  fuit  secrétaire  de  1844   à   1846. 

M.  Verny  fut  secrétaire  de  1883  à  1896. 

M.  du  Rousset  fut  sec  rétaire  de  1905  à  1906. 

La  Chambre  de  Commerce  a  compté  parmi  ses  membres  un 
marchand  de  charbons,  M.  Premier  François,  à  Roanne, 
membre  de  1853  à  1857.  L'arrondissement  de  Roanne,  jusqu'en 
1864,  faisait  partie  de  la  circonscription  de  la  Chambre  de  Com- 
merce de  Saint-Etienne. 

A  la  Chambre  consultative  des  Arts  et  M arm factures  de  Saitit- 
Chamond,  créée  en  1804,  les  mines  ont  été  représentées  par  : 

MM.  Ract-Madoux,  directeur  des  mines  de  Saint-Chamond,  de 
1856  à  1866  ; 

Brun  Louis,  président  de  la  Compagnie  des  houillères  de  Saint- 
Chamond,  nommé  en  1903. 

A  la  Chambre  consultative  des  Arts  et  Manufactures  de  Rive- 

de-Gler,  créée  en  1832,  les  mines  ont  été  représentées  par  : 

MM.   Teillard  Antoine,  extracteur  de  charbon,  de  1853  à  1861. 

Hoimard  Germdin,  extracteur  de  charbon,  nommé  en  1857,  et 

président  en  1860. 
Benoît  Fleury,  directeur  de  mines,  de  1883  à  1901. 
r.hn rousset  ,diiecteur  dos  mines  de  la  Péronnière,  do  1903  m 

1910. 


—  722  — 

Les  marchands  de  charbon  ont  été  représentés  à  la  Chambre 
consultative  de  Rive-de-Gier  par  : 

MM.    Binachon  Antoine,  de  1S39  cà  1841,  et  de  1841  à  1845. 
Delay  J-ean-Pierre,  de  1843  à  1846. 
Fulchiron  Benoît,  de  1864  à  1872. 
Prugnat  François,  de  18î64  à  1878. 

Au  Tribunal  de  Commerce  de  Salnt-Elienne,  les  exploitants 
de  mines  n'ont  pas  été  représentés,  à  cause  du  caractère  juri- 
dique civil  de  leur  profession,  auquel  la  loi  doi  9  septembre 
1919  vient  de  reconnaître  le  caractère  commercial.  Mais  les 
marchandsi  de  charbon  ont  compté  plusieurs  représentants  : 

MM.   Béthenod  Louis,  élu  en  1867. 

Blol  Joseph,  élu  en  1892. 

Goubeaud  Jules-Denis,  élu  en  1884. 

Sanial  Emile,  élu  en  1898. 

Béthenod  Joannès,  élu  en  1913. 
Aux  Conseils  de  Prud'hommes,  les  mines  ne  sont  repré- 
sentées que  depuis  la  loi  du  27  mars  1907.  Exceptionnellement, 
et  même  illégalement  à  mon  avis,  le  Conseil  de  Prud'hommes 
de  Saint-Chamond  avait  compté  auparavant,  parmi  ses 
membres,  des  représentants  de  rindustrie  houillère  (v.  p.  488). 
Les  Conseils  de  Prud'hommes  de  Saint-Etienne,  Saint- 
Chamond,  Rive-de-Gier  et  Firminy  ont  été  réorganisés,  en  con- 
formitéi  de  cette  loi,  par  des  décrets  de  1909. 

Au  Conseil  de  Prud'hoiïimes  de  Saint-Etienne ^  créé  en  1810, 
les  représentants  des  mines  sont  depuis  1909  : 

MM.    Michel,  chef  du  contentieux  des   houillères  de   Saint-Etienne 
(de  1910  à  1920). 
Rossillol,  chef  du  contentieux  des  mines  de  la  Loire  (de  1910 

à  1920). 
Beraud,   chef  du  contentieux  des  houillères  de  Montrambert 

(depuis  1920). 
Deville,  chef  du  contentieux  des  mines  de  Villebœuf  (depuis 

1921). 
Argaud,  mineur  (depuis  1910). 
Bartuel,  mineur  (de  1910  à  1911). 
Bouille,  mineur  (de  1911  à  1920). 
Dmnond,  mineur  (depuis  1921). 
Au    Conseil   de  Prud'hommes    de   Saint-Chamond,  créé    en 
1811,  les  mines  ont  été  représentées  par  : 


—  723  — 

MM.   Boudinhon,   directeur  des  mines  de   Saint-Chamond,   de   1868 
à  1875. 
Grangier  Antoine,  gouverneur  de  mines,  de  1865  à  1872. 
Joanny  François,  ouvrier-mineur,  de  1858  à  1865. 
Ract-Aladoux,  directeur  de  mines,  de  1862  (1)  à  1868. 

Au  Conseil  de  Prud'hommm  de  Rive-de-Gier,  créé  en  1896, 
il  n'y  a  eu  jusqu'ici  aucun  représentant  de  la  profession. 

Au  Conseil  de  Prud'honmies  de  Flrminy,  créé  en  1907,  les 
mines  ont  été  représentées  de  1911  à  1920  par  M.  Landrivon, 
ingénieur,  secrétaire  général  de  la  Compagnie  de  Roche-la- 
Molière  et  Firminy,  et  par  M.  Faure,  ouvrier  mineur. 
M.  Landrivon  était  président  du  Conseil  de  Prud'hommes. 
Depuis  1920,  les  représentants  sont  MM.  Baudron,  chef  du 
contentieux  de  la  Compagnie,  et  Pantel,   ouvrier  mineur. 


§3-  Le  COMITE   CENTRAL  des  HOUILLERES 

de   FRANCE  et   le    COMITÉ   des    HOUILLÈRES 

de  la  LOIRE 


La  première  tentative  pour  grouper  les  exploitants  des  mines 
de  la  Loire,  dans  le  hut  de  défendre  leurs  intérêts  communs, 
remonte  à  1822,  auitant  que  les  documents  en  ma  possession 
permettent  de  l'affirmer.  A  cette  dabo,  un  certain  nombre  d'ex- 
ploitants signèrent  un  mémoire  au  Ministre  en  faveur  du  projet 
de  canal  de  la  Loire  au  Rhône. 

Kn  1<s4(),  les  exploitants  furent  invités  à  adhérer  à  Vlrnion 
des  ilouiin-rrs  françaises,  qui  ven.iil  de  se  constituer.  Mais, 
étant  très  nombreux  et  la  pliuipart  peu  importants  —  les  grandes 
Compagnies  n'étaient  pas  encore  constituées  —  ils  ne  parvinrent 
pas  à  s'entendre  et  leur  adhésion  ne  fut  que  partielle.  Je  cite  le 
Mri(  ifir  Srf///s/('/i  dcs  15  ct  17  avril   l<S''i()  ; 

i:m()\  des  houillères  KH\\(  \ISKS 

{Tf'.rie  (h;  hi  rirculaire  adressâc  aux  iiiuirijKtiir  crploitatits 

de  Fra,ncr.) 

Ont   ^\<^i\{',  los  iik'iiiImv'^  (lu  Comité  :  MM.  Marc  Jennioigs,  repré- 


M      l'Iii    :n,;itit  1868 


-  724  - 

sentant  des  mines  d'Anzin  (Nord)  ;  Arnoiix,  représentant  des  mines 
de  Bruille  (Nord)  ;  Marcnard,  représentant  des  mines  d'Epinac 
(Saône-et-Loire)  ;  J.  Chagot,  représentant  des  mines  de  Blanzy 
(Saône-et-Loire)  ;  de  Coincy,  représentant  des  mines  de  la  Haute- 
Loire. 

Statuts  de   VUnion  des  houillères   françaises, 
arrêtés  dans  V Assemblée  du  2  mars  iS^O 

Article  premier.  —  L'Union  des  houillères  françaises  a  pour  but 
de  favoriser  les  progrès  des  exploitations  nationales,  et  de  veiller 
à  la  défense  de  leurs  intérêts  communs  ; 

Elle  s^  compose  des  exploitants  qui  auront  adhéré  aux  conditions 
ci-dessous  : 

Art.  2.  —  L'Union  est  représentée  par  un  Comité  actif  de  sept 
membres,  choisis  par  elle  parmi  les  intéressés  qui  résident  habi- 
tuellement à  Paris. 

Art.  3.  —  JLe  Comité  a  pour  mission  spéciale  de  faire  toutes  les 
démarches  et  toutes  les  publications  utiles  aux  intérêts  communs. 

Art.  4.  —  Il  est  adjoint  au  Comité  un  -secrétaire  chargé  de  la 
rédaction  des  publications,  de  la  correspondance  et  du  travail 
courant. 

Le  secrétaire  aura  droit  à  une  Indemnité  annuelle  qui  sera  fixée 
par  le  Comité. 

Art.  5.  —  Le  siège  de  l'Union  est  établi  au  domicile  du  secrétaire. 

Art.  6.  —  Pour  subvenir  aux  dépenses  de  T Union,  lesquelles  sont 
faites  sous  la  direction  du  Comité,  et  consistent  spécialement  en 
publications,  en  insertions  et  en  honoraires  du  secrétaire,  les 
membres  souscripteurs  s'engagent  à  payer  annuellement  une  coti- 
sation fixée  à  50  centimes  par  1.000  hectolitres  de  houille  extraits 
dans  les  exploitations  dont  ils  sont  les  représentants.  Toutefois, 
la  cotisation  ne  pourra  excéder  150  francs,  même  pour  les  entre- 
prises qui  ne  sont  pas  en  extraction. 

Le  montant  des  souscriptions  sera  versé  chez  MM.  Perler  frères, 
banquiers,   rue  Laffitte,   17,   à  Paris. 

Les  banquiers  ne  devront  effectuer  de  paiement  que  sur  le  visa 
de  deux  membres  du  Comité. 

Art.  7.  —  Le  Comité  arrêtera  tous  les  ans  l'état  des  recettes  et 
dépenses  ;  il  en  rendra  compte  à  l'Union,  et  il  déterminera,  à  la  fin 
de  chaque  année,  l'appel  de  fonds  à  faire  aux  souscripteurs,  pour 
l'année  suivante,  sans  que  cet  appel  puisse  jamais  excéder  pour 
chacun  d'eux  le  montant  de  la  cotisation  fixée  par  1  article 
précédent. 

Art.  8.  —  La  durée  de  l'Union  est  fixée  à  trois  ans. 


-  725- 

Umc'n   des  houillères   françaises   (1) 

Sous  ce  nom,  les  principaux  extracteurs  de  houille  de  la  France 
ont  formé  une  Société  pour  défendre  leurs  intérêts,  suivre  auprès 
du  Gouvernement  tout  ce  qui  peut  améliorer  l'industrie  et  la  pro- 
duction houillère. 

Le  2  mars  dernier,  une  première  Assemblée  a  eu  lieu,  dans 
laquelle  a  été  formé  le  Comité  : 

MM.  Marc  Jennings,  représentant  des  mines  d'Anzin  (Nord)  ; 
Amoux,  représentant  des  mines  de  Bruille  (Nord)  ;  Marcnard,  repré- 
sentant des  mines  d'Epinac  (Saône-et-Loire)  ;  Schneider,  représen- 
tant des  mines  de  Montchaiiin,  ou  en  son  absence,  M.  J.  Ghagot, 
des  mines  de  Blanzy  (Saône-et-Loire)  ;  de  Coincy,  représentant  des 
mines  de  la  Haute-Loire. 

Deux  places  de  membres  du  Comité  ont  été  réservées  pour  les 
exploitants  du  bassin  de  Saint-Etienne^  parce  qu'ils  ne  se  trou- 
vaient pas  en  nombre  suffisant  pour  faire  un  choix  définitif. 

Le  9  de  ce  mois,  les  extracteurs  du  bassin  houiller  de  Saint- 
Etienne  se  sont  réunis  à  VHôtel  de  Ville,  pour  délibérer  sur  leur 
adjonction  à  cette  Société. 

V Assemblée,  par  mallieur,  n'a  pu  parvenir  à  s'entendre,  et 
personne  n'a  voulu  consentir  à  se  soumettre  à  la  décision  de  la 
majorité. 

Quelques  membres  seulement  ont  consenti  à  acquiescer  aux  pro- 
positions de  la  Société  et  à  envoyer  quatre  représentants  à  Paris 
pour  chacun  des  deux  bassins  de  Rive-de-Gier  et  de  Saint-Etienne. 
Mais,  comme  presque  dans  toutes  choses  F  esprit  d'économie  et  de 
lésijierie,  ou  plutôt  de  jalousie,  se  glisse  partout,  on  a  souscrit  pour 
un  an  seulement  au  lieu  de  trois  ans. 

Nous  espérons  que  l'on  reviendra  plus  tard  sur  cette  question, 
quand  on  l'aura  mieux  étudiée.  D'elle  dépend  l'avenir  de  nos  exploi- 
tations. A  cette  commission  est  donnée  la  mission  de  défendre  tous 
les  intérêts  généraux  des  extracteurs  de  houille  :  protection  de  nos 
houilles  contre  la  concurrence  étrangère,  abaissement  des  droits  de 
navigation  sur  les  canaux  et  sur  les  fleuves,  question  qu'il  n'est 
donné  qu'à  l'Association  de  résoudre. 

Combien  de  temps  dura  l'Union  des  Houillères  françaises  ? 
Mes  recherches  n'ont  pu  me  permettr©  de  le  préciser.  Mais 
pendant  l'existence  du  trust  des  Mines  de  la  Loire  —  de  1845 
à  i854  -  trust  qui  avait  négocié  une  fusion  avec  le  Gard  et 
l'Aveyron  d'une  part,  et  même  avec  MM.  Chagot  et  Schneider 
d'autre  part  —  les  instigateurs  du  mouvement  avaient  appris 
à  se  connaître.  Quand  le  trust  fut  brisé,  un  ingénieur-conseil 
des  Houillères  du  Centre   fHlanzy  et  le  Crcinsot),   M.  Amédéo 


(1)  Mcrrurr  séfiusini,   i:>  ;i\iil    |s'»0. 


—  726  — 

JJurat,  professeur  à  l'Ecole  centrale,  réunit  Les  préoccu- 
pations communes.  Telle  fut  l'origine  du  Cormté  des  Houillères 
françaises  dont  on  retrouve  certaines  publications  de  1855  à 
1869,  date  de  la  mort  de  M.  Uurat,  qiu;i  en  éUiit  le  seul  élément 
connu  du  public. 

Il  faut  attendre  jusqu'en  1883  pour  voir  se  constituer,  au 
siège  de  la  Compagnie  des  Mines  de  la  Loire,  à  Paris,  une 
Commission  d'études  pour  les  questions  législatives  concernant 
les  Mines.  Dissoute  en  1886,  cettCi  Commission  était  reconstituée 
sous  le  nom  d'Association  pour  la  Défense  des  droits  et  intérêts 
des  Com^pagnies  houillères.  Un  an  après,  en  1887,  l'Association 
se  transformait  en  Convité  central  des  Houillères  de  France  (i). 

Ce  Comité  (55,  rue  de  Châteaudun,  à  Paris),  d'après  V An- 
nuaire des  Syndicats,  groupait  110  membres  en  1914.  Son  pré- 
sident depuis  1887  est  M.  Darcy,  président  de  la  Société  des 
Mines  de  Blanzy,  de  la  Compagnie  des  Forges  de  Châtillon- 
Commentry  et  de  diverses  Sociétés  industrielles.  Le  Secrétaire 
général  du  Comité  est  M.  de  Peyerimboff,  maître  des  requêtes 
honoraire  au  Conseil  d'Etat.  L'Annuaire  du  Comité  paraît 
depuis  1894. 

Le  Comité  des  Houillères  de  la  Loire,  créé  en  1859,  ne  figure 
pas  sur  l'Annuaire  des  Syndicats.  Il  a  pour  but  de  s'occuper 
des  intérêts  généraux  du  bassin  de  la  Loire,  d'en  préparer  et 
d'en  suivre  la  défense,  de  provoquer  les  réforme^  et  amélio- 
rations nécessaires,  enfin  de  réunir  les  documents  d'un  intérêt 
général  en  ce  qui  touche  l'exploitation.  Ce  Comité,  en  1869,  a 
organisé  la  Caisse!  centrale  de  secours,  et,  en  1892,  créé  l'Ecole 
des  aspirants  gouverneurs.  Son  rôle  dans  les  questions  de 
législation  et  de  jurispiiidemce  des  mines,  de  législation  ou- 
vrière, de  transports,  et,  depuis  moins  de  vingt  ans,  dans 
l'élaboration  des  contrats  collectifs  entre  exploitants  et  ouvriers, 
a  été  très  important. 

Les  dépenses  du  Comité  sont  couvertes  au  moyen  d'une  con- 
tribution proportionnelle  au  tonnage  de  la  houille  extraite  par 
chacune  des  Compagnies. 

Le  siège  du  Comité,  qui  était  établi  -à  Saint-Etienne,  rue  du 


(1)  Ces  renseignements  m'ont  été  fournis  par  M.  Gruner,  vice-prési- 
dent et  ancien  secrétaire  général  du  Comité,  fils  du  fondateur  de  la 
Société  de  l'Industrie  Minérale. 


—  727  — 

Pal ais-de- Justice,  iO,  a  été  transféré  en  1908  à  rhôtel  des  Sociétés 
d'ingénieurs,  construit  par  la  Société  amicale  des  Anciens 
Elèves  de  l'Ecole  des  Mines,  19,  rue  du  Grand-Moulin. 

Le  Comité  se  compose  actuellement  des  directeurs  des  Com- 
pagnies de  Roche-la-Molière  et  Firminy,  de  Montrambert  et 
la  Béraudièrei,  de  la  Loire,  des  Houillères  de  Saint-Etienne,  de 
Villebœuf,  de  Saint-Chamond  et  de  la  Péronnière, 

Les  Présidents  du  Comité  ont  été  : 
MM.    Hutter,  directeur  des  Houillères  de  Montrambert,  président  de 
1859  à  1879. 
Houpeurt,  directeur  des  Mines  de  la  Loire,  président  de  1879 

à  1889. 
Villiers,  directeur  des  Houillères  de  Saint-Etienne,  président 

de  1889  à  1900. 
Du  Roussel,   directeur  des  Mines   de  la  Loire,   président   de 

1900  à  1906. 
Murgue,  directeur  des  Houillères  de  Montrambert,  président 

de  1906  à  1910. 
Voisin,  directeur  des  Mines  de  Roche-la-Molière,  président  de 

1910  à  1919. 
Petit,   directeur  des  Houillères   de    Saint-Etienne^     président 
depuis  1919. 
Le    Secrétaire    général    du    Comité    fut  pendant   longtemps 
M.  Vier,  ancien  notaire.  On  nomma  dans  la  suite  M.  Leseure, 
ingénieur-conseil  du  Comité.  Depuis  1901,  le  secrétaire  général 
est  M.  AUimant,  ingénieur. 

Je  relève  dans  les  joaiirnaux  qu'en  1886,  l'ingénieur  Jules  Gar- 
nier  fut  nommé  représentant  à  Paris  du  Comité  des  Houillères 
de  la  Loire  (i). 

L'Annuaire  indique  deux  Syndicats  de  marchands  de 
charbons  dans  le  département  :  le  Syndicat  des  marchands  de 
charbon  en  gros  de  Saint-Etienne  et  de  la  région,  fondé  en  1905, 
siège  au  Grand-Cercle,  J5,  place  de  rHôtel-de-Ville,  22  membres 
en  1914,  présidents  :  M.  Sanial,  de  1905  à  1912,  et  M.  Béthenod, 
depuis  1912  ;  le  Syndicat  des  marchands  de  charbon  au  détail 
de  la  ville  de  Saint-Etienne,  fondé  en  1905,  27,  rue  de  la  Pré- 
fecture, 16   membres  en   1914,   présidents   :   M.  Oriol,    1903    ; 

M.   Digonnet,  1905   ;  M.  Saint-Cyr,    ;  M.   Meillor,    1915   ; 

M.  Merkel,  1919. 

Pour  les  Syndicats  ouvriers,  je  renvoie  au  chapitre  IX  (p.  508). 


(1)  Mémorial  de  la  Loire,  26  mars  1886. 


CHAPITRE    XIII 


Situation   Générale    de    1855    à    I870 


^  1  -  LES  SOCIÉTÉS  EXPLOITANTES 


@jj^^     approuva  les   statuts   des  ^  quatre   Compagnies 

^^^,<»      nouvelles,  identiques  dans  leur  forme,  chaque 

f^à^^'  T^'  •  ^     actionnaire  reçut  une   action   de  chacune  des 


quatre  nouvelles  Sociétés,  qui  avaient  ainsi  chacune  80.000 
actions. 

Chaque  Société  demeurait  tenue  du  passif  de  la  Société  dis- 
soute. La  part  contributive  de  chacune  d'elles  se  régla  annuel- 
lement sur  le  chiffre  de  la  production  houillère,  et  de  manière 
que  cette  contribution  dépassât  d'un  dixième  le  montant  de 
l'annuité  à  payer,  ce  dixième  devant  constituer  un  fonds  com- 
mun de  réserve. 

Dans  le  cas  où  la  somme  des  dividendes  réunis  des  quatre 
Sociétés  pour  un  exercice  dépassait  50  francs,  une  part  de 
l'excédent  était  applicable  à  l'extinction  anticipée  de  la  dette. 

Celle-ci  se  composait  d'un  emprunt  de  conversion  de  1852, 
représenté  par  18.000'  obligations  de  1.000  francs,  rembour- 
sables en  75  ans,  au  prix  de  1.250  francs,  et  de  plusieurs  em- 


—  729  — 

prurits  anciens,  en  partie  remboursés,  sur  lesquels  il  restait 
4.528  obligations  de  1.000  francs  remboursables  à  1.250  francs  ; 
enfin  de  différentes  dettes  immédiatement  exigibles. 

La  nouvelle  Société  des  Mines  de  lia  Loire  fut  chargée  du 
service  des  emprunts  et  remboursements  pour  la  dette  com- 
mune, et  une  Commission  de  huit  administrateurs,  délégués  en 
nombre  égal  p.ar  chacune  des  quatre  Sociétés,  régla  toutes  les 
questions  relatives  aux  emprunts. 

p]n  1890,  il;  ne  restait  plus  que  7.510  obligations  rembour- 
sables à  1.250  francs  (1). 

La  production  de  la  nouvelle  Compagnie  de  la  Loire,  en  1855, 
fut  de  170.000  tonnes,  et  sa  part  dans  la  concession  de  Beaubrun 
de  97.000.  Total  :  267.000  tonnes.  En  1868,  cette  production 
s'élevait  à  519.000  tonnes,  et,  en  1869,  année  de  la  grève,  à 
489.000.  La  cote  des  actions  oscilla  entre  122  francs  en  1859  et 
211  francs  en  1868  ;  le  dividende  distribué,  entre  8  francs  (1858) 
et  15  francs  (1867). 

Son  directeur  fut  M.  Houpeurt,  nommé  le  3  novembre  1854, 
et  qui  resta  en  fonctions  jusqu'au  5 miairs  1887,  oii  il  fut  remplacé 
par  M.  Billion  du  Rousset,  ingénieur  principal  depuis  le  4  sep- 
tembre 1874.  M.  Houpeurt  avait  été  ingénieur  en  chef  à  la 
grande  Compagnie. 

La  Société  des  Houillères  de  Saint-Etienne,  indépendamment 
des  concessions  qui  lui  étaient  attribuées,  avait  ramodiation 
de  Côte-Thiollière,  appartenant  à  la  Compagnie  des  Fonderies 
et  Forges  de  Terrencire.  Cette  amodiation  prit  fin  en  1880.  Par 
contre,  cette  Société  fît  l'acquisition,  en  1870,  de  la  concession 
du  Grand-Ronzy. 

La  production  de  cette  Société  fut,  en  1855  de  385.000  tonnes, 
en  1868  de  529.000  tonnes,  en  1861)  de  r,-.^7.000  tonnes. 

Les  actions  furent  cotées  entre  223  francs  en  1869  et  240  francs 
en  1870.  Le  dividende  oscilla  entre  8  francs  en  1858  et  15  frnnrf; 
de  1867  h  1870. 


(1)  Stntifitiqiip.  drs  IJmiiUf'ra^  rv  Franre  ef  en  nelrjtqvr,  1891,  p.  502. 
Cette  revue  connue  dans  le  monde  des  mines  sons  \o  nom  do  Urv-ur 
îlnuqe,  h.  raiise  rie  .sp  couverture,  a  puldi^.  on  1891  (p.  0.')  et  suivantes), 
dos  Monoqrnphies  et  atalistiqvea  détnWée<!.  du  Jiassin  de  la  Loire, 
auxquelles  nous  ferons  plusieurs  emprunts.  11  n'y  a  pns  toujours  ronoor- 
danro  entre  In  valeur  des  actions  et  le  <liv:idende  indiqu<^s  dans  ces 
miono^Taohles.  ot  les  Indications  donnf^es  par  V.intnniirr  drs  afiriifs  df 
rhnnqe  de  Lyon. 


—  730  — 

Le  directeur  fut  M.  César  Courtin,  depuis  1854  jusqu'à  avril 
1862,  puis  M.  Galixte  Bayle  de  1862  au  31  mars  1872,  ingénieur 
principal  de  1854  à  1862.  M.  Benjamin  Villiers  lui  succéda 
comme  ingénieur  pnncipal  en  1862.  Il  devait  succéder  à 
M.  Bayle  comme  directeur  en  1872  (l). 

La  Compagnie  de  Montrambert  et  de  la  Béraudière  donnait 
alors  moins  d'esj>éranoes  qu'aujourd'hui.  L'ancienne  Compagnie 
de  la  Loire  n'avait  pas  jugé  à  propos  de  forcer  le  faisceau  de 
Montrambert.  Aussi  la  nouvelle  Comipagnie  ne  reçut  qu'une  très 
faible  somme  pour  son  développement.  Elle  dut  faire  peu  à 
peu  les  travaux  nécessaires  pour  préparer  sa  production.  Le 
Conseil  d'administration  divisa  les  bénéfices  en  deux  parts  : 
Tune  pour  le  dividende,  l'autre  pour  les  travaux  d'avenir.  Quand 
les  travaux  neufs  commencèrent  à  produire,  les  bénéfices  furent 
divisés  en  trois  parts  :  la  première  pour  les  travaux  neufs,  la 
seconde  pour  les  réserves,  la  troisième  pour  les  actionnaires. 

La  production  de  cette  Compagnie  ne  fut  que  de  146.000 
tonnes  en  1855.  En  1868,  ellie  atteignit  376.000  tonnes,  et  en  1869. 
année  de  la  grève,  329.000.  La  valeur  desi  actions  de  la  Com- 
pagnie ne  suivit  pas  une  progression  constante  pendant  cette 
période.  Peut-être  la  confiance  du  public  n'était-elle  pas  encore 
affermie.  Je  Ites  vois  cotées  240  francs  en  1855,  descendre  jusqu'à 
125  francs  en  1861,  se  relever  à  225  francs  en  1869.  Le  dividende 
oscilla  entre  9  et  13  francs.  C'est  dans  la  période  suivante  que 
l'augmentation  devait  être  considérable 

Le  directeur  fut  M.  Hutter.  du  7  novembre  1854  au  14  août 
1879,  avec  M.  de  Villaine  comme  ingénieur  principal,  qui  devait 
lui  succéder. 

J'ai  parlé  de  M.  Hutteir  (v.  p.  462).  M.  Félix  de  Villaine, 
technicien  éminent,  a  laissé  un  grand  nom  dans  l'industrie 
minérale,  un  nom  justement  honoré  et  qui  vivra  lougtemps 
encore  dans  le  monde  des  ingénieurs,  autiant  q\^e  dans  Tesririt 
des  générations  de  La  Ricamarie  (^). 

La  Société  desi  Houillères  de  Rive-de-Gier  paraissait  la  plus 
favorisée   des  quatre  Compagnies  issues  de  la   ronipagnie  de 


(1^  le  parle  dans  un   autre  parao^raplie  des  mines  de  Montaud   dont 
le  directeur,  en  1863,  était  M    Voron. 

m  V    p.  463.  Je  parle  plus  loin  des  exploitations  de  PetHe-nicamarie 
et  du  Montcel-Ricamarie. 


-.  731  — 

la  Loire.  Ses  concessions  avaient  une  antique  célébrité.  Sa  pro- 
duction atteignit,  en  1855,  489.000  tonnes.  La  déchéance  cepen- 
dant devait  bientôt  commencer,  à  cause  de  Tépuisement  des 
couches  de  ses  concessions.  Nous  y  reviendrons  dans  un  para- 
graphe suivant.  La  production  diminua  à  partir  de  1857.  Ellie 
tomba  à  moins  de  300.000  tonnes  en  1866,  pour  se  relever 
faiblement  à>313.000  tonnes  en  1868,  puis  retomber  à  267.000 
en  1869,  annéei  do  la  grève. 

Les  actions,  cotées  260  francs  en  1862,  tombaient  à  79  francs 
en  1867  et  1868.  Le  dividende,  qui  atteignait  27  francs  et 
27  fr.  50  en  1855  et  1856,  tombait  à  8  francs  en  1866,  k  3  fr.  50 
en  1870  (l). 

Le  directeur  de  cette  Société  fut  M.  Imbert  (Philibert),  l'un 
des  administrateurs-délégués  de  la  grande  Compagnie  de  l'a 
Loire  et  directeur,  a^vant  la  formation  du  trust,  de  la  première 
Société  générale  des  Mines  de  Rive-de-Gier  (v.  p.  329  et  462). 
C'est  M.  Imbert  qui,  vers  1840,  jeta  les  bases  de  la  compta- 
bilité appliquée  encore  uniformément  dans  les  mines  de  notre 
bassin. 

Il  resta  en  fonctions  jusqu'en  avril  1863,  où  il  fut  remplacé 
par  M.  François  Allimand,  qui  se  retira  en  avril  1879  P). 

La  concession  de  la  Porchère  était  indépendante  à  ce  moment 
de  la  Compagnie  de  Rive-de-Gier.  Les  Annuaires  de  la  Loire 
indiquent  comme  directeur  M.  Soulenc,  puis  M.  Brun. 

La  Compagnie  de  Roche-la-Molière  et  Firminy  était  restée 
officiellement  en  dehors  du  trust.  Mais  celui-ci  était  propriétaire 
d'un  certain  nombre  de  ses  actions.  L'acte  de  sociétéi  originel  de 
1820  avait  été  modifié  en  1837  (M«  Delaroa,  notaire  à  Firminy), 
en  1855  (M«  Gonon,  notaire  à  Firminy),  et  en  1869  (M"  Messimy, 
notaire  k  Lyon).  Le  texte  de  1869  était  encore  en  vigueur  en  1891, 
où  le  fonds  social  était  divisé  en  36.000  actions  ou  parts  d'in- 
térêts nominatives. 


(1)  ,Tp  n'ai  na-s  besoin  de  rappeler  qn^  la  valeur  de  l'action  n'est  pas 
fonction  d'il  dividende  r(^parti,  ni  le  dividende  r<^part:  fonction  du  béné- 
fice ne(t.  I^  dotation  des  réserves  vafl'ie  en  effet  de  Clonipaernie  jï  Compa- 
gnie et  le  dividende  n'est  détermi^né  qu'après  cctt-e  dotation.  En  outre, 
la  valeur  de  l'action  dépend  dm  deffré  de  confiance  des  capitali.stes  dans 
l'avenir  d'une  Société.  Klle  dépend  au.ssj  de  l'état  du  niarcbé.  de  Toffre 
et  de  la  demamlie. 

(2)  Ancien  élève  <le  l'Ecole  des  M;n;es  de  Saint-Etienne  (1846),  inpén  eiir 
aux  mln€s  de  la  Péronniére,  pui.s  à  Rive-de-Gler,  mort  on  oftobre  101."». 


—  732  — 

La  production  fui  de  306.000  tonnes  en  1862,  de  499.000  en 
1868  et  de  452.000  en  1869,  année  de  la  grève.  La  valeur  des 
actions  oscilla  entre  393  francs  on  1859  et  742  francs  en  1869. 
Le  dividende  à  ces  deux  dates  fut  respectivement  de  20  francs 
et  de  34  francs. 

A  M.  Morillot  avait  succédé,  en  mai  1853,  M.  Eicher  de 
Rivière,  qui  resta  en  fonctions  jusqu'en  juin  1876  (v.  p.  444). 

Voici  quelques  renseignements  sur  les  autres  Compagnies  ou 
concessions,  sans  ordre  de  priorité  : 

En  1850,  avait  été  constituée  la  Compagnie  des  Mines 
d'Unieux  et  Fraisse.  En  1865,  elle  subit  l'expropriation  de  ses 
immeubles  et  laissa  un  passif  considérable.  MM.  Petin,  Gaudet 
et  C^  (Aciéries  de  la  Marine)  achetèrent  la  concession,  mais 
l'exploitation  fut  peu  prospère  (i).  Directeur  :  M.  Prévost. 
Production  :  40.000  tonnes  en  1855,  18.000  en  1868. 

La  Société  des  Mines  de  Beaubrun,  dont  la  production  fut 
de  124.000  tonnes  en  1855  et  de  268.000  en  1868.  ne  comptait 
que  9  parts  sociales,  de  quotités  différentes.  La  Compagnie  du 
Creusot  posisédait  19)/100^,  la  Société  des  Mines  de  la  Loire 
62/100®,  les  19/100*  restants  appartenaient  à  d'autres  associés. 
Un  jugement  du  Tribunal  de  Saint-Etienne  (28  juillet  1857) 
décida  que,  dans  le  silence  des  actes  sociaux,  les  décisions 
devaient  être  prises  à  l'unanimité  I^  directeur  devait  être 
nommé  de  cette  façon  et,  à  défaut,  désigné  par  le  Tribunal.  ' 

Ce  directeiur  était  alors  (en  1857)  M.  Ernest  Locard,  sorti  de 
l'Ecole  des  Mines  de  Saint-Etienne  en  1832,  où  il  fut  ensuite 
professeur.  Directeur  des  Mines  de  Chaney,  enfin  directeur  de 
Beaubrun  et  du  Gros,  M.  Loeard  est  mort  le  2  octobre  1884,  à 
Salvizinet,  près  de  Feurs  (2). 

Je  m'arrête  sur  la  famille  de  M.  Locard,  qui  a  joué  un  certain 
rôle.  Son  frère  aîné,  Eugène  Locard,  fut  ingénieur  principal  du 
chemin  de  fer  de  Saint-Etienne  à  Lyon.  Il  publia,  en  1854,  ses 
Recherches  sur  les  rails  et  leurs  suxfrports  (-5). 

Le   père  d'Ernest  et  d'Eugène  Locard   était   Locard-Denoël. 


(1)  Voir  Statistique  des  Houillères,  op.  cit ,  1891,  p.  105. 

(3)  Voir  le  Mémorial  de  la  Loire  des  3  et  6  octobre  1884.  M.  Ernest 
Locard,  qui  était  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  depuis  1873,  a  laissé 
un  fils,  M.  PJerre  Locard,  colonel  d'artillerie. 

(3;  Voir  Mémorial  de  la  Loire,  9  mars  1854. 


•  —  733  — 

Entré  dans  les  bureaux  du  Comité  du  Salui  public  après  le 
U  thermidor,  il  devint  chef  du  cabinet  de  Lucien  Bonaparte,  et, 
en  1810,  s'adonna  à  l'industrie.  Etabli  à  Saint-Etienne  vers  1825, 
il  fut  secrétaire,  pendant  vingt  ans,  de  la  Société  agricole  et 
manufacturière.  Il  créa,  en  1827,  le  journal  Le  Stéphanois,  et 
mourut  en  1856  (1). 

Les  Mines  du  Gros  se  composaient  . 

1"  De  La  concession  du  Gros,  accordée  en  1824  à  Camille  de 
Hochetaillée,  décédé  en  1855.  Cette  concession  était  devenue  la 
propriété  de  la  famille.  Directeur  :  M.  Locard.  Production  : 
11.000  tonne©  en  1855  et  66.000  en  1868  ; 

2°  De  l'a  concession  de  la  Sibertière,  accordée  à  divers  (voir 
p.  261).  L'extraction  y  fut  abandonnée  en  1854.  reprise  en- 1855. 
En  1866,  on  fit  quelques  recherches  sans  importance  et  de 
courte  durée  ; 

3°  De  la  concession  de  Saint-Jean-Bonnefonds,  accordée  à 
divers,  parmi  lesquels  Camille  et  Charles  de  Rochetaillée.  Les 
concessionnaires  se  constituèrent  en  Société  civile  en  1838.  Pro- 
duction :  21.000  tonnes  en  1855.  Les  travaux  furent  arrêtés  en 
1866.  De  1848  à  1866,  la  production  totale  fut  de  217.000  tonnes. 
Directeur  :  M.  Barbier,  puis  M.  Brun  P). 

Les  Mines  de  la  Ghazotte  se  composaient  : 

1°  De  la  concession  de  la  Ghazotte,  mise  en  exploitation  en 
1842,  et  de  la  concession  du  Montcel.  Production  de  la  Ghazotte 
en  1855  :  6.000  tonnes,  en  1868  :  245.000  ;  production  du  Montcel  : 
47.000  tonnes  en  1855,  91.000  en  1868  (3)  ; 

2"  De  la  concession  de  la  Calaminière,  mise  en  exploitation 
en  1845  ;  proïkiction  en  1855  :  15.000  tonnes,  en  1868  :  néant  ; 

3°  Des  c>oncessions  de  Beuclas  et  de  Sorbiers,  mises  en  exploi- 
tation en  1846,  mai©  où  leis  travaux  furent  arrêtés  en  1863  à  la 
siutite  de  l'épuisement  du  gîte  ;  production  en  1855,  de  Beuclas  : 
i2.(K)0  tonnes,  de  Sorbiers  :  16.000  tonnes. 

Beuclas,  Sorbiers  ei  la  Calaminière  furent  acquises  par  la 


(1)  Mémorial  de  la  Loire,  22  fieptembrc  ls5('». 

(2)  I/es  Aimunifcs  de  la  Ivoire  n.'  (loiniciit  les  noms  dos  dinM^toiirs  (]uo 
flf»p"is  1«67, 

(3)  Chiffres  extraits  de  r.\ii'iii;iiiv  drt-  la  I.oiic. 


—  734  — 

Compagnie  de  la  GhazoUo  et,  e,n  1875,  ces  quatre  concessions 
devinreni  la  propriété  de  la  Compagnie  P.-L.-M.  Le  Montoel 
eut,  de  1866  à  1870,  comme  directeurs,  M.  Janicot,  puis 
M.  Desbiefs.  Il  ne  faut  pas  confondre  cette  concession  de 
Montoel- Sorbiers  avec  le  Montcel-Ricamarie. 

Directeur  de  la  Chazotte  :  M.  -Maximilion  Evrard,  ingénieur 
éminent,  sur  lequel  nous  aurons  l'occasion  de  revenir. 

La  concession  de  Villebœuf,  accordée  aux  sieurs  Péliissier  et 
Molle,  fut  exploitée  par  les  concessionnaires,  puis  par  la  Société 
en  commandite  par  action  Nan  et  C*",  à  laquelle  succéda,  en 
1880,  la  Société  des  Mines  de  Villebœuf,  continuation  de  l'an- 
cienne Société  en  commandite.  Production  en  1855  :  200  tonnes, 
en  1868  :  42.000  tonnes  (1).  Directeur  :  M.  Nan. 

La  concession  de  Monthieu,  instituée  en  faveur  de  Dugas 
des  Varennes,  appartint  plus  tard  au  baron  de  Rochetaillée. 
Une  Société  civile  constituée  en  1838,  à  laquelle  succéda  en 
1869  une  Société  anonyme,  en  devint  amodiataire.  Production 
en  1855  :  81.000  tonnes,  en  1868  :  109.000  tonnes.  Directetur  : 
M.  Ponchard. 

La  concession  de  Janon  fut  accordée  à  la  Compagnie  des 
Fonderies  et  Forges  de  la  Loire  et  de  l'Isèrei,  devenue  la  Com- 
pagnie des  Fonderies  et  Forges  de  Terrenoire,  Lavoulte  et 
Bessèges.  Production  en  1855  :  37.000  tonnes,  en  1868  :  35.000 
tonnes. 

La  concession  de  la  Baraillère,  accordée  au  sieur  Roustain, 
propriétaire  de  la  surface,  appartenait  en  1870  à  MM.  Lacroix, 
Deville  et  consorts.  Production  :  5.000  tonnes  en  1855,  15.000 
en  1868. 

La  concession  de  la  Péronnière  avait  été  instituée  en  1842. 
Les  concessionnaires,  Gillier,  Jouimoud,  Mortier  et  C^  avaient 
formé,  en  1822,  une  Société  civile,  modifiée  en  1851  et  trans- 
formée en  Société  anonyme  en  1868,  au  capital  de  960.000  francs 
divisé  en  1.920  actions  de  500  francs  P).  Production  en  1855  : 
16.000  tonnes  ;  en  1868  :  112.000  tonnes.  Le  dividende  distribué. 


(1)  Chiffres  extraiis  ^e  l' Annuaire  deJa  Loàre  et  contenant  sans  doute 
parfois  des  erreurs. 

(2)  Bévue  Industrielle  du  Centre,  22  juin  1912,  p.  6.  Il  y  a  quelques 
différences  entre  les  indications  de  cette  Revue,  d'une  part,  la  Statis- 
tique des  Houillères,  V Annuaire  des  Agents  de  Change,  d'autre  part. 


—  735  — 

qui  était  de  190  francs  en  1859,  pour  chacune  des  960  parts  ou 
actions,  atteignait  700  francs  en  1868.  Directeurs  :  M.  Vial,  puis 
M.  Garnier. 

La  concession  de  Gomberigol,  accordée  en  1857,  était  exploitée 
imr  une  Société  civile  où  dominait  la  Compagnie  dos  Fonderies 
et  Forges  de  Terrenoire,  propriétaire  de  5.292  actions  sur  8.064. 
Le  directeur  était  M.  Hyvernat,  assisté  comme  ingénieur-conseil 
de  M.  Payen.  Production  en  1868  :  30.000  tonnes. 

La  concession  du  Plat-du-Gier,  qui  devait  être  acquise  en  1889  ( 
par  la  Société  concessionnaire  de  la  Péronnière,   formait  une 
Compagnie  spéciale.  Directeur  :  M.  Perrot.  Production  :  250.000 
tonnes  en  1855,  18.000  tonnes  en  1868. 

La  concession  dui  Ban  fut  instituée,  en  1824,  en  faveur  de 
deux  Sociétés  d'exploitants,  qui  se  partagèrent  le  territoire 
suivant  la  limite  de  leurs  propriétés.  L'une  d'elles  (Bonjour, 
Rey  et  G'*)  obtint,  en  1851,  la  concession  de  la  Faverge.  Di- 
recteur du  Ban  :  M.  Fara,  propriétaire  à  Cellieu  ;  directeur  de 
la  Faverge  :  M.  Pailleux,  à  Grand'Croix,  qui  dirigea  aussi  le 
Ban.  Le  Ban  produisait  20.000  tonnes  en  1855,  1.800  seulement 
m  1868.  La  Faverge  procluiisait  21.000  tonnes  en  1855,  38.000 
tonnes  en  1868. 

La  concession  de  Gravenand  avait  été  exploitée  par  une 
Société  anonyme,  depuis  1840,  au  capital  de  720.000  francs.  Cette 
Société,  en  1846,  tomba  en  déconfiture.  Elle  fut  achetée,  par 
moitié,  par  la  grande  Gompacinie  de  la  I^ire  et  par  la  Société 
des  mines  de  la  Chichonne.  Elle  figurait  en  1870  parmi  les 
concessions  de  la  Compagnie  de  Rive-de-Gier.  Production  en 
1855  :  4.000  tonnes,  en  1868  :  néant. 

r^a  concession  de  Combeplaine  passa,  vers  1848,  des  mains 
des  sieuirs  Matheron  et  consorts,  concessionnaires  de  1825,  dans 
celles  de  M.  Bonnard,  qui  devait  la  vendre  en  1871  à  la  Société 
des  mines  du  Grand-Recon.  Production  en  1855  :  6.000  tonnes, 
en  1868  :  450  seulement. 

La  concession  de  Saint-Chamond  appartenail  h  la  famille -de 
Mondragon,  qui  s'adjoignit  des  associés,  puis  céda  st\s  droits, 
vers  1839,  à  MM.  Bonnard,  de  Rive-de-Gier.  Ceux-ci  formeront 
vers  1845  une  S<x!iété  civile,  transformée  ^n  Société  anonyme 
on  1853,  et  qui  devait  durer  jusqu'en  is::,  INodiK-fion  :  'M.{)(¥) 
tonnes  en  1855,  33.000  en    1S68.   r.o  directeur  de  oetfce  Société 


—  736  — 

était,  depuis  1848,  M.  Ractmadoux  (v.  p.  326).  Son  siiccosseur 
fut  M.  Boudinhon  (t). 

La  concession  du  Mou  il  Ion  était  passée  aux  mains  d'une 
société  civile,  la  Comipagnie  des  Mines  dui  Mouillon,  qui  la 
posséda  jusqu'en  1882.  Directeur  :  M.  Richoud,  puis  M.  Drillon. 
Production  :  24.000  tonnes  en  1855,  13.000  en  1868. 

La  concession  du  Couloux,  passée  entre  les  mains  d'une 
société  civile,  fut  vendue,  en  1867,  à  une  autre  société  dite 
Compagnie  des  mines  du  Couloux.  Production  en  1855  :  18.000 
tonnes,  en  1868  :  212. 

Les  concessions  de  Frigerin,  Montbressieu,  la  Pomme,  Tré- 
molin,  les  Grandes-Flaches  et  la  Catonnière  appartenaient, 
depuis  1841,  à  une  Société  civile  dite  Compagnie  des  Grandes- 
Flaches  (Béthenod,  Dugas,  Bonnard  &  C*'')  au  capital  de  4.800 
actions.  La  Catonnière  fut  inexploitée  depuis  1868  et  les 
Grandes-Flaches  depuis  1870.  Directeur  en  1870  :  M.  Benoît.  La 
production  de  toutes  ces  concessions,  qui  était  en  1855  de 
42.000  tonnes,  tombait  à  moins  de  20.000  en  1868,  où  seules 
Montbressieu  et  les  Grandes-Flaches  étaient  encore  exploitées. 

La  concession  de  Tartaras,  accordée  en  1808  à  J.-B.  Dugas, 
revendue  deux  fois  en  1821  et  une  troisième  fois  en  1845,  fut 
cédée  en  1857,  pour  430.000  francs,  à  la  Compagnie  du  Gaz 
de  Lyon,  qui  l'exploita  de  1857  à  1869.  Le  directeur  était 
M.  Maurice.  La  Compagnie,  ayant  cessé  tous  travaux,  amodia 
la  concession,  en  1870,  à  MM.  Grange  et  Bruyas,  qui  en  de- 
vinrent propriétaires  en  1874.  Production  :  13.000  tonnes  ^n 
1855,  7.000  en  1868. 

On  voit  combien  le  bassin  de  Rive-de-Gier  avait  perdu  de 
son  importance  extractive. 


(1)  Bulletin  de  l'Industrie  Minérale,  1865-66,  p.  341,  et  Mémorial  de  Ui 
Loire,  29  mars  1866.  M.  Boiidinhon  (Adrien);  né  à  Monistrol  en  1835, 
appartenait  à  la  famille  du  général  Wald-eck  Boudinhon,  qui  fit  les 
guerres  de  l'Empire.  Sorti  de  l'Ecole  des  Mineis  dei  Saint-Etienne  en  1859, 
ingénieur  aux  forges  de  Crans  (Haute-Savoie),  aux  mines  du  Mouillon, 
à  Rive-de-Gier,  à,  Lorette,  il  fut  directeur,  de  1866  à  1877,  de  la  Compagnie 
des  Mines  de  Saint-Chamond,  dont  il  devait  êtr^  nommé  liquidateur 
en  1896.  Avec  M,  Grand'Eury.  il  découvrit  le  prolongement  du  bassin 
liouiller  de  Saint-Eloi  et  contribua  par  suite,  à  la  mise  en  exploitation 
des  mines  de  la  Bouble.  Mort  à  Saint-Cbamond,  le  7  février  1913. 


-  737  — 

Une  Compagnie  dite  Petite-Ricamarie  avait  Torigine  et  eut 
la  fin  suivantes  (i)  : 

Par  ordonnance  royale  du  4  novembre  1824,  la  concession  de  la 
Béraudière  fut  accordée  à  divei'ses  personnes  au  nombre  desquelles 
se  trouvait  M.  Delainaud  ;  ce  dernier  était  propriétaire,  dans  le 
périmètre,  de  domaines  d'une  grande  étendue. 

Antérieurement  à  cette  ordonnance  était  intervenu  un  acte 
notarié  (dit  acte  de  conciliation),  à  la  date  du  23  janvier  1824,  qui 
consacrait  l'accord  de  tous  les  demandeurs,  en  vue  d'une  demande 
collective.  Cette  entente  avait  été  réalisée  sur  l'initiative  des  ingé- 
nieurs des  mines,  MM.  Beaunier  et  Delsériès,  car  il  était  difficile  à 
TAdministration  de  donner  satisfaction  à  tous  les  droits  acquis  par 
les  exploitants  antérieurement  permissionnaires  sans  amener  un 
morcellement  du  gîte  que  la  loi  voulait  éviter. 

Cet  acte  de  conciliation  contenait  une  clause  d'après  laquelle 
chacun  des  signataires  conservait  le  droit  exclusif  d'exploiter  sous 
ses  propriétés  territoriales  ;  les  parcelles  appartenant  à  des  tiers 
devaient  être  exploitées  en  commun  par  les  associés,  mais  en 
géîiéral  un  second  acte  précisait  que  ces  parcelles  seraient  jointes 
de  telle  ou  telle  façon  au  périmètre  appartenant  à  chacun  des 
futurs  concessionnaires,  en  sorte  que  la  concession  se  trouvait 
divisée  en  autant  de  fractions  qu'il  y  avait  de  concessionnaires. 

M.  Delainaud  n'avait  encore  commencé  aucun  travail  d'exploita- 
tion lorsque,  le  12  septembre  1836,  il  subrogea  les  enfants  de 
M.  Claude  Micolon-Bérardier  pour  \\\\  tiers  à  ses  droits  de  co-titu- 
laire  de  la  concession  de  la  Béraudière  ;  l'année  suivante,  le 
19  septembre  1837,  il  céda  à  MM.  Cessieu  et  Beraud  les  droits 
dexploitation  sous  les  fonds  qu'il  possédait  à  La  Ricamarie. 

Peu  de  temps  après,  le  2  novembre  1837,  trois  des  héritiers  de 
M.  Claude  Micolon  cédèrent  à  M.  Ceissieu  leurs  droits  dexploitation  ; 
le  quatrième  héritier  conserva  ses  droits  jusqu'en  1864,  date  à 
laquelle  la  totalité  des  droits  d'exploitation  revint  à  la  Société  de 
La  Ricamarie,  à  la  suite  d'une  vente  par  licitation. 

MM.  Cessieu  et  Beraud  commencèrent  l'exploitation  de  la  mine 
en  1838,  lorsque,  par  acte  du  3  avril  1838,  M.  Cessieu  vendit  à 
M.  Gauchier,  bancpiier  à  Paris,  la  part  d'intérêt  lui  appartenant 
dans  la  Société  qu'il  avait  "fonnée  avec  M.  Beraud,  pour  l'exploita- 
tion de  la  mine  de  La  Ricamarie. 

Une  Société  civile  fut  constituée  par  acte  des  4  et  5  mai  1838 
(passé  devant  M*'  Esnée,  notaire  à  Paris),  entre  MM.  Gauchier, 
Beraud  et  diverses  autres  personnes.  Le  capital  social  fut  fîxé  à 


(1)  Note  de  la  Société  des  Houillères  de  Montramben  et  de  la  Bérau- 
dière. Voir  épalpmnnt  Revue  de  Législation  des  Mines  et  Statistique  des 
Houillères,  1  'M    i      05. 


—  738  — 

un  mi  11  ion,  duiii  iSOO.iXX)  francs  iepié.>entés  par  les  apports  de 
MM.  liaucliior  et  Beraud,  et  200.000  francs  en  espèces  par  les  autres 
societaiics. 

En  1850,  les  concession iiaiies  de  la  Béraudière  cédèrent  leur  part 
à  la  Compagnie  générale  des  mines  de  la  Loire,  dont  le  fractionne- 
ment, qui  eut  lieu  en  1854,  donna  naissance  à  diverses  Sociétés, 
parmi  lesquelles  la  Société  de  Montrambert  et  de  la  Béraudière. 
Seule,  la  Société  de  La  Ricamarie  voulut  rester  en  dehors  de  cette 
fusion  et  continua  à  vivre  d'une  vie  indépendante. 

La  constitution  de  la  Société  de  La  Ricamarie  avait  cependant 
ému  les  autorités  ;  elles  y  voyaient  une  violation  de  la  volonté  du 
législateur,  qui  avait  voulu  que  toute  mine  concédée  formât  un 
tout  indivisible,  et  qu'elle  ne  pût  être  partagée  en  nature.  Dès  le 

20  août  1838,  le  Préfet  de  la  Loire  avait  demandé  au  Procureur 
du  roi  d'examiner  s'il  n'y  avait  pas  des  charges  suffisantes  pour 
diriger   des  poursuites  conformémjent  à  l'article   7  de  la     loi     du 

21  avril  1810.  L'Administration  intervint  encore  à  diverses  reprises, 
notamment  en  1845  et  en  1867,  mais  le  principe  de  l'unité  de  conces- 
sion fut  considéré  comme  sauvegardé  par  la  nomination  d'un  seul 
directeur  et  d'un  représentant  légal  unique  pour  toute  la  concession 
de  la  Béraudière. 

L'exploitation  fut  arrêtée  en  1884.  Le  30  décembre  de  cette  année, 
un  arrêté  préfectoral,  constatant  le  déhouillement  complet  de  toutes 
les  couches  de  ce  périmètre,  autorisait  la  Société  à  abandonner 
l'exploitation.  Il  restait  bien  un  massif  relativement  important  à 
enlever  ;  mais  son  exploitation  avait  été  interdite  définitivement 
par  l'arrêté  préfectoral  du  19  décembre  1861,  dans  le  but  de  protéger 
le  tun^nel  de  Bellevue  à  La  Ricamarie,  creusé  vers  1856.  Cette  inter- 
diction donna  lieu,  contre  la  Compagnie  du  chemin  de  fer,  à  un 
long  procès  devant  le  Conseil  de  Préfecture,  procès  qui  se  termina 
en  1885  et  en  1887,  par  le  paiement  d'une  indemnité  aux  héritiers 
de  M.  Delainaud  et  à  la  Société  de  La  Ricamarie. 

Une  série  de  procès  fut  également  provoquée  par  les  conditions 
dans  lesquelles  la  Société  s'était  constituée.  Les  auteurs  des  ventes 
de  1836  et  1837  ou  leurs  héritiers  revendiquèrent  devant  toutes  les 
juridictions  civiles  une  part  de  la  concession.  Un  épisode  de  cette 
lutte  fut  la  licitation  de  1864,  qui  fit  passer  tous  les  droits  d'exploi- 
tation à  la  Société  de  La  Ricamarie. 

Enfin,  après  l'épuisement  complet  de  son  gisement,  ladite  Société 
revendiqua,  dans  la  concession  de  la  Béraudière,  la  part  indivise 
qu'elle  prétendait  tenir  en  vertu  des  actes  de  1824  ;  ces  prétentions 
furent  repoussés  par  jugement  du  Tribunal  civil  de  Saint-Etienne 
du  28  juin  1890,  confirmé  par  la  Cour  de  Lyon,  le  9  juin  1893,  et  par 
la  Cour  de  Cassation,  le  25  avril  1895  ;  le  traité  de  1824  fut  déclaré 
nul  dans  les  clauses  relatives  au  partage  en  nature  de  la  concession, 
nullité  d'ordre  public  prononcée  par  l'article  7  de  la  loi  de  1810  ; 
en  conséquence,  le  périmètre  Delainaud  fit  retour  à  la  concession 


—  739  — 

de  la  Béraudière  (1)  ;  les  couches  de  houille  qu'il  pourrait  encore 
contenir  seraient,  à  l'avenir,  exploitées  par  la  Société  de  Montram- 
bert,  qui  tiendrait  compte  à  la  Compagnie  de  La  Ricamarie  du 
bénéfice  réalisé,  sous  déduction  des  charges  d'exploitation.  Il  n'y 
avait  pas  lieu  de  modifier  dans  le  passé  la  répartition  des  produits 
de  la  concession,  le  traité  de  1824  ayant  été  reconnu  licite  dans  les 
parties  qui  réglaient  les  droits  de  chaque  concessionnaire. 

Une  autre  Compagnie,  dite  du  Montcel-Ricamarie ^  exploitait 
le  puits  du  Montcel,  également  dans  la  concession  de  la  Bé- 
raudière. Le<  droit  d'exploitation  appartenait  dans  le  principe 
à  un  sieair  Chomier,  en  vertu  de  rordonnance  de  concession 
de  1824  et  de  traités  particuliers  entre  les  demandeurs  de  cette 
concession.  Ce  droit  fut  cédé  par  le  sieur  Chomier  au  sieur 
Guerrier,  en  1837,  et  transmis,  en  1856,  par  Guerrier  aux  sieurs 
Bouchu  et  Guillemin,  qui  oonstitiuèrent  la  Société  civile  dite 
Compagnie  des  Mines  de  houille  du  Montcel-Ricamarie  (1857). 
A  cettci  Compagnie,  dite  «  propriétairei  »,  était  juxtaposée  une 
«  Société  arnodiataire  des  IVIines  du  Montcel-Ricamarie  », 
formée  en  1839.  L'histoire  de  ces  deux  Sociétés,  fort  embrouillée, 
ne  saurait  intéresser  le  public.  Une  autre  Société  fut  substituée 
au(x  précédentes  en  1874-76.  C'était  la  «  Société  anonyme  des 
Mines  du  Montcel-Ricamarie.  »  Un  extrait  des  statuts  indique 
la  composition  du  fonds  social  : 

Ajar.  7.  —  Le  fonds  social  sera  divisé  en  cinq  mille  six  cent  qua- 
rante-deux parts  (5.642),  donnant  droit  chacune  à  un  cinq  mille 
six  cent  (^u armante-deuxième  (1/5.642*^)  dans  toutes  les  valeurs  de  la 
Société,  dont  trois  mille  quatre  cent  quatre-vingts  (3.480)  sont  attri- 
hiHM  s  aux  iictioiitiaires  de  la  Compagnie  propriétaire,  dans  la  pro- 
portion pour  laquelle  chacun  d'eux  a  droit  dans  ladite  Société 
propriétaire,  et  deux  mille  cent  soixante-deux  (2.162)  aux  action- 
na ii  «s  de  la  Compagnie  amodiataire  autres  que  les  propriétaires, 
dans  la  proportion  de  quarante-sept  actions  nouvelles  pour  une 
.1  M  ri  (-n  ne. 

Kn  IH7S,  la  Société  civile  des  Mines  de  la  Porchère  amodia 
à  la  Société  anonyme  des  Mines  du  Montcel-Ricamarie  les  droiN 
d'oxploitiitiori  qui  lui  appartenaient  dans  cette  concession.  Va\ 
l'Ss:').  vu  la  situation  préc<iire  de  la  Société  et  leis  rapports  de 
\1M.  l>(!hlanc  et  Pialat,  ingénieurs,  dont  les  conckijsions,  ideii- 
liqii'-  à  c^Hles  de  M.  Sonlarv,  directeur  du  Montcel  en  IH.SO, 
iiffir  ni.iK  ni  que  (M'.-  niiih  -  clait  ni  lelloment  épuisées  qu'elles  ne 


(1,  I.»'   «iiiaiticr  a  I'ciihVm-   du   hoiiiu^  de  la  Ricamario.   m    viiani  de 
Saint  i:ti(Minu,  .s'appelle  (oujnui^  Utlainaud, 


—  740  — 


pouvaient  plus  satisfaire  à  une  exploitation  fructueuse,  une 
Assemblée  générale  approuva  le  projet  de  vente  à  la  Société  de 
Montrambert  et  de  la  Béraudière  (i). 


^'2  -  PROGRÈS   dans  L'EXPLOITATION  de  1854  à  1870 


Je  renvoie  pour  ce  paragraphe,  non  pas  au  livre  très  connu 
de  M.  Leseure  sur  V Historique  de^  Mines  de  Houille  du  Dépar- 
tement de  la  Loire,  mais  à  Tétiude  spéciale  que  M.  Leeeaire 
publia,  en  1897,  dans  le  livre  Saint- Etienne,  à  l'occasion  du 
Congrès  de  l'Association  française  pour  l'avancement  des 
Sciences.  J'en  donne  un  extrait  chronologique,  combiné  avec 
d'autres  éléments. 

Je  rapipelle  qu'à  part  des  essais  isolés  et  sans  trop  de  suite, 
c'est  la  grande  Compagnie  de  la  Loire  qui,  en  1846  et  1848,  entra 
résolument  dans  la  voie  rationnelle  de  la  bonne  exploitation 
où  Favaient  précédée,  en  1841,  les  mines  d(u  Creusot. 

C'est  M.  de  Villaine,  à  Montramberl,  qui  a  ouvert  ia  marche 
dans  ce  sens.  A  Montrambert.  et  à  la  Béraudière,  le  feu  existait 
presque  partout.  Certaines  couches  étaient  appelées  les  Brû- 
lantes, nom  qu'elles  portent  encore  aujourd'hui.  M.  de  Villaine 
s'occupa  d'abord  de  compléter  la  reprise  des  travaux.  Il  sut 
vaincre  les  difficultés  en  appliquant  de  nouvelles  méthodes 
d'exploitation  avec  remblais,  appropriées  aux  différents  cas 
qui  se  présentaient.  Ces  méthodes  servirent  de  base  à  la  pros- 
périté de  la  Compagnie  et,  rapidement  connues,  établirent  ;i 
jamais  sa  réputation  d'ingénieur. 

Le  grand  mérite  de  M.  de  Villaine  fut  de  concevoir  d'abord 
un  plan  général  d'exploitation  et  de  le  faire  exécuter  avec  intel- 
ligence, ordre  et  méthode.  De  1863  à  1871,  il  modifia  les  engins 
extérieurs,  créa  les  puits  jumeaux  et  les  puissantes  installations 
qui  permirent  de  doubler  rapidement  le  personnel  et  la  pro- 
duction p). 


(1)  Statuts  de  1876  et  procès- verbaux  des  assemblées  des  10  jan- 
vier 1878  et  21  mai  1883,  communiq'ués  par  la  Société  dte  Montrambert. 
Voir  :  Mémorial  de  la  Loire,  5  février  1888  ;  bibliothèque  de  Saint- 
Etienne  (carton  LXIV,  p.  13). 

(2)  Mémorial  de  la  Loire  du  22  juin  1895. 


-  741  -- 

Les  méthodes  d'exploitation  des  grandes  couches  n'existaient 
pas  pouir  ainsi  dira  avant  M.  de  Villaine.  Les  méthodes  avec 
remblais  par  rabattages  au  puite  Marseille,  tranches  inclinées 
au  puits  Saint-Mathieu,  et  bientôt  la  méthode  en  travers  par 
tranches  horizontales  à  la  Béraudière,  sont  devenues  classiques. 

Ces  méthodes  fixées,  il  fallait  doter  la  Compagnie  de  moyens 
puissants  d'extraction.  C'est  alors  que  furent  installés  les  puits 
jumeaux  de  Villaine  et  Dyèvre.  Les  premiers,  après  bientôt 
un  demi-siècle  d'existence,  et  sans  avoir  subi  de  remaniements 
fondamentaux,  comptent  encore  au  nombre  des  sièges  d'ex- 
traction les  plus  puissants  (i). 

Aux  mines  de  Beaubrun,  où  la  grande  couche  avait  une  mcli- 
naison  de  10  à  15^,  on  pratiqua,  depuis  1855,  la  méthode  par 
tranches  inclinées  de  2  m.  50  d'épaisseur. 

La  Péronnière  ne  tarda  pas  à  imiter  l'exemple  de  Beaubrun. 

Je  renvoie  à  l'étude  de  M.  Leseure  pour  l'exploitation  des 
grandes  couches  à  Firminy  et  sur  d  autres  points. 

L'abatage  par  tailles  montantes  fut  appliqué  pour  ^a  pre- 
mière fois,  semble-t-il,  par  M.  Villiers,  au  puits  de  l'Eparre, 
de  la  Compagnie  des  Houillères  de  Saint-Etienne. 

Aux  mines  de  la  Loire,  en  1869,  les  tailles  chassantes  avaient 
été  employées  au  puits  Gallois. 

Pour  le  tirage  par  coups  de  mine,  l'étoupille  Bickford  rem- 
plaça la  canette  depuis  1855.  La  dynamite,  fut  introduite  pour 
lo  percement  des  galeries  au  rocher,  en  1871,  à  Firminy  et  à 
Montrambert. 

Pour  les  transports  intérieurs,  la  capacité  de  la  benne  avait 
été  portée  à  4  et  5  hectolitres  (au  lieu  de  3  hectolitres)  de  1846 
H  1860.  M.  Villiers  fit  l'essai  des  traverses  métalliques  en  1868. 

L'extraction  par  étrier  suspendu  au  câble,  adoptée  de  proche 
en  proche  et  assez  vite,  fut  perfectionnée  en  1856  et  1857  à 
Montrambert  et  aux  Houillères  de  Saint-Etienne,  par  le  rem- 
placement de  rétrier  à  deux  montants  par  l'étrier  à  quatre 
montants,  dans  lequel  les  benne©  étaient  portées  sur  quatre 
points  de  leur  bord  inférieur. 

Il  semble  que  M.  Haure  installa  K  premier  la  cage  d'ex- 
traction avec  taquets  d'arrêt,  à  Comlx^rigol,  en  1857. 


(1)  Diftcoiirs  de  M.  Rcxlde,  inprénlenir  principal  <\q  la  Coinpaprnie,  aux 
funérailles  de  M.  de  Villaine  {Mémorial  de.  la  Loire,  20  décembre  1013). 

48 


-  742  — 

Roche-la-Molière  avait  reçtu  en  1856  une  machine  à  action 
directe  à  deux  cylindres  conjugués  et  à  distribution  de  vapeur 
par  soupapes.  En  1860,  M.  Bessy  faisait  poiser  un  guidage  en 
bois  au  puits  de  la  Loire.  En  1861  et  1864,  les  étriers  étaient 
remplacés  par  des  cages  d'extraction  avec  planchers  aux  Houil- 
lères de  Saint-Etienne,  et  en  1866-67  on  adoptait  les  guidages 
en  bois  et  les  cages,  à  Firminy  et  à  Roche-la-Molière. 

M.  Villiers  plaça  le  chevalement  en  fer  au  puits  Jabin  en  1863. 
Ce  chevalement,  exposé  à  Paris  en  1867,  présentait  le©  avantages 
d'une  durée  presque  indéfinie  sur  les  chevalements  en  bois  (i). 

A  Montrambert,  on  annula  l'excès  de  poids  dui  câble  des- 
cendant (pour  la  descente  des  remblais  par  des  puits  spéciaux, 
qui  sont  presque  toujours  des  puits  d'aérage)  en  faisant  usage 
du  câble  d'équilibre. 

En  1854-55,  M.  Lunyt,  mgénieur  principal  du  groupe  de  Rive- 
de-Gier,  appliqua  les  procédés  de  cuvelage  usités  dans  les  puits 
du  Nord. 

Les  premiers  ventilateurs  furent  installés  par  M.  Guibal  en 
1869-70  à  Firminy,  et  d'autres  ventilateurs  furent  installés  à 
la  même  époque  aux  Houillères  de  Saint-Etienne  et  de  Mont- 
rambeirt. 

Dès  1868,  à  la  suite  des  travaux  d'une  Commission  de  la 
Société  de  l'Industrie  minérale,  la  lampe  Mueseler,  recom- 
mandée par  M.  Mallard,  professeur  à  l'Ecole  des  Mines  de  Saint- 
Etienne  et  depuis  membre  de  l'Académie  des  Sciences,  était 
adoptée  aux  Houillères  de  Saint-Etienne,  de  Firminy  et  de  la 
Ghazotte. 

Je  parlerai  au  paragraphe  suivant  des  explosions  de  grisou 
qui  survinrent  pendant  cette  période. 

Le  Bulletin  de  l'Industrie  minérale  reflétait  les  progrès  réa- 
lisés. M.  de  Villaine,  en  1858-59,  y  décrivait  les  méthodes 
appliquées  à  la  grande  couche  de  Montrambert  ;  M.  Leseure, 
en  1859,  à  la  grande  couche  de  Rive-de-Gier  ;  M.  Villiers,  en 
1863-64,    à   une    petite    couche    du    bassin   de    Saint-Etienne  , 


(1)  Rapport  du  Jury,  exposition  1867,  t.  VIII,  p.  76.  La  Compagnie  des 
Houillères  de  Saint-Etienne  faisait  figurer  un  modèle  en  petit  de  J'instal- 
lation  du  puits  Saint-Louis. 


—  743  - 

M.  Ghansselle,  alors  ingénieur  à  Firniiny,  analysait  les  mé- 
thodes exposées  à  Paris,  en  1867,  et  appliquées  dans  les  dif- 
férentes mines  d'Europe. 

MM.  Ernest  Javal  et  Jules  Garnier  (i),  ingénieurs,  décrivaient 
la  nitro-glycérine  dans  le  même  Bulletin,  en  1868  ;  en  1869,  ils 
décrivaient  la  dynamite,  produit  alors  nouveau. 

L'étude  des 'machines  d'épuisement  employées  dans  la  Loire 
motivèrent  des  articles  nombreux  de  MM.'  Luyton  pour  Firminy 
(1855-56),  Soulary  et'  Desbief  pour  Gôte-Thiollière  (1857-58), 
Lombard  pour  Monthieux  (1858-59),  de  divers  ingénieurs  pour 
Rive-de-Gier  (1859-60),  de  Soulary,  directeur  des  Mines  de 
Sainte-Foy-l'Argentière  (1862-63),  de  Leseure,  ingénieiur  de  l'Etat 
(1863-64),  de  Renodier  pour  Beaubrun  (1863-64),  etc... 

Egalement  les  questions  de-  câbles,  de  cages  et  de  machines 
d'extraction,  manèges,  furerit  traitées  par  MM.  Mâle  et  Payen, 
ingénieurs  aux  mines  de  Monthieux,  Dange  au  Grand-Treuil, 
Boudinhon,  ingénieur  à  Lorette,  Villiers,  Leseure,  etc.. 


L'agglomération  fit  de  rapides  progrès  depuis  1858.  En  1872, 
les  briquettes  étaient  devenues  l'aliment  indispensable  de  l'ex- 
ploitation des  chemins  de  fer.  Leur  fabrication  était  spéciale 
à  la  France  et  à  la  Belgique,  où  l'extraction  fournissait  une 
forte  proportion  de  menus  fin®. 

Inventée  pair  Marsais  en  1843  (^2)^  l'agglomération  reçut  son 
premier  perfectionnement  en  1853,  de  Maximilien  Evrard,  jeune 
ingénieoir  de  l'Ecole  de  Saint- Etienne.  Ayant  débuté  aux  mines 
du  Treuiil  et  de  la  Petite-Ricamane,  sous  les  ordres  d'Edouard 
Wéry,  Evrard  avait  occuipé  ensuite  divers  postes  en  Saône-et- 
Ijoire,  à  la  grande  Compagnie  de  la  Loire,  et  en  Algérie.  Il  fut 
directeur  des  mines  de  la  Chazotte,  de  1852  à  1872  {^). 


(1)  Je  rappelle  que  Jules  Gaiiiier  (Hait  de  Saint-Etienne  et  ancien 
élève  de  son  Ecole  des  Mines. 

(2)  V.  p.  284  et  rapport  du  Jury  de  l'Exposition  de  1867  (t.  VIII,  p.  84)  : 
le  premier  brevet  iH)ur  les  ajîKi'.omérés  fut  pris  par  Marsais,  dont  l'usine 
de  Givors  appartient  aujourd'hui  à  ja  Compagnie  dies  Houillères  de 
Saint-Etienne.  Elle  a  été  développée  et  an^liorée  par  M.  Bayle,  diirec- 
teur  de  cette  Société. 

(3)  Né  à  Maroille  (Nord),  le  12  juin  1821,  mort  à  Sorbiers  (Loire),  le 
l.'i  janvier  1005  (Notice  dans  les  Anitalcs  ttc  la  SocU'l/^  d' ifiifriiltiirr  dr 
la  Luire,  en  IIXK)). 


•      —  744  — 

Le  brevet  de  1853  s'appliquait  à  un  système  de  compression 
à  moule  ouvert  à  production  continue.  Le  rapport  siur  l'Expo- 
sition de  Londres  en  1862  (t.  I,  p.  48-50)  qualifiait  ce  système 
de  «  machine  ingénieuse  »  employé<>  déjà  en  France,  en  Bel- 
gique, en  Autriche.  A  la  mon  d  I'a  tard,  Al.  Murgue,  président 
de  la  Société  des  Anciens!  élèves  de  l'Ecole  des  Mines,  rappela 
que  son  camarade  avait  trouvé  la  «  solution  élégante  »  du 
problème  de  l'agglomération. 

M.  Evrard  a  décrit  son  procédé  dans  le  Balle  tin  de  V  Industrie 
minérale^  en  1858-59  et  1863-64.  Il  montait  une  usine  à  la  Gha- 
zotte  en  1855.  Ce  fut  le  système  Evrard  qu'adopta  la  Compagnie 
P.-L.-M.,  quand  elle  créa  ses  grands  ateliers  d'agglomération 
à  Chasse,  à  Brassac  et  à  Nîmes. 

M.  Revollier,  constructeiur-mécanicien  à  Saint^Etienne,  cons- 
truisit pour  Blanzy  en  1860,  et  po'u,r  le  Plat-du-Gier,  un  appareil 
d'aggloméiration.  J'ai  parlé  de  Revollier  dans  la  notice  sur  la 
construction  mécanique  annexée  à  VHistoire  de  la  Métallurgie 
de  la  Loire  (p.  394)..  Cette  industrie  régionale  a  coopéré  lar- 
gement à  doter  les  mines  dui  matériel  puissant  d'extraction, 
d'épuisement,  d'agglomération,  etc.,  qu'elles  possèdent  au- 
jourd'hui. 

La  préparation  mécanique  des  charbons  fit  aussi  de  grands 
progrès,  les  chemins  de  fer  exigeant  pour  les  cokes  et  les 
agglomérés  une  faible  teneur  en  cendres,  et  la  concuirrence 
poussant  à  livrer  des  charbons  mieux  débarrassés  de  matières 
impures.  Le  triage  primitif  (i)  avait  été  complété,  à  partir  de 
1840,  par  l'installation  de  grilles  mclinées  et  barreaux,  et  par 
le  lavage  des  mienus  sales  dans  des  bacs  à  piston  mus  à  bras, 
inaugurés  par  M.  Dyèvre,  ingénietur  à  Bérard.  Le  procédé  éitait 
généralisé  en  1862  et,  déjà  en  1856,  fonctionnaient  les  procédés 
les  plus  variés  de  lavage  :  lavoir  Bérard,  lavoir  Gervais 
(Monthieux),  lavoir  Robert  (Quartier-Gaillard),  lavoir  Ract- 
madoux  (Saint-Ghamond),  lavoir  Baure  (Reveux).  L'appareil 
Bérard,  inventé  en  1848  et  adopté  dans  un  grand  nombre  d'ex- 
ploitations en  France  et  en  Belgique,  fut  modifié  par  M.  Evrard, 
en  1862-64,  à  la  Ghazotto.  Son  invention,  exposée  en  1867  a 
Paris,  s'appliquait  à  la  fois  au  lavage  et  au  criblage.  En  1863, 


(1)  Voir    LESEURE,    A.  F.  A.  S.,    1897. 


—  745  — 

M.  Villiers  employa  un  «  trommel  briseur  et  classeur  »  pour  le 
traitement  des  menus  sales,  aux  Houillères  de  Saint-Etienne. 
En  1864,  M.  Re vol  lier  construisit  son  lavoir  pour  les  mines  de 
la  Porchère.  Il  fut  adopté  en  1866  par  M.  Luyton,  dans  l'atelie-r 
de  préparation  mécanique  organisé  à  Firminy.  En  1868,  M.  de 
Villaine  supprimait  les  cribles  à  secousses  et  le  lavage,  rendus 
inutiles  par  la  qualité  de  ces  charbons.  Il  améliorait  le  triage 
par  une  forme  particulière  du  couloir  et  du  crible  de  triage. 
Les  premiers  essais  de  lavage  de  la  houille  remontent  à  une 
trentaine  d'années  et  ils  ont  été  faits  à  Saini^Etienne,  disait  le 
rapporteur  de  l'exposition  de  1867.  Cette  opération  est  devenue 
courante  pour  les  charbons  employés  pour  les  agglomérés  et 
les  cokes  et  même  pour  les  menus  consommés  en  nature  (i). 

Au  sujet  de  la  carbonisation,  il  convient  de  citer  la  fondation, 
en  1858,  de  la  Société  de  Carbonisation  de  la  Loire,  Carvès 
é  (7^%  qui  construisit  'une  usine  à  Saint-Etienne,  dans  le  quartier 
du  Marais.  Citée  à  l'Exposition  de  Londres  en  1862  (t.  I, 
p.  48-50),  elle  était  «  arrivée  après  de  longs  efforts  à  tirer  parti 
de  tous  les  produits  accessoires  de  la  distillation  de  la  houille, 
en  fabriquant  des  cokes  de  bonne  qualité  ».  Elle  comptait 
88  fours.  En  1867,  elle  en  comptait  188  pour  la  fabrication 
simultanée  du  coke,  propre  à  tous  les  usages  de  l'industrie,  du 
gaz  d'éclairage,  du  goudron  et  des  eaux  ammoniacales,  avec 
tous  les  appareils  accessoires  pour  l'extraction  du  gaz,  la  dis- 
tillation du  goudron  et  des  eaux  ammoniacales.  Elle  consommait 
100.(X)0  tonnes  de  houille  par  an  et  occupait  pluis  de  200  ou- 
vriers et  80  chevaux.  Cinq  machines  à  vapeur  y  étaient  utilisées 
au  lavage,  au  criblage  et  au  broyage  de  la  houille.  Elle  pro- 
duisait annuellement  :  70.000  tonne©  de  coke,  2.500  de  goudiron, 
150  d'huiles  de  goudron,  benzine,  acide  phénique,  etc.,  300 
d'ammoniaque  et  de  sels  ammoniacaux.  MM.  Carvès  montiiierit, 
à  Bessèges,  pour  le  compte  de  la  Compagnie  de  Terrenoire, 
une  batterie  de  100  fours  à  coke  et  tous  les  accessoires  néces- 
saires P). 

L*usine  Carvès  fut   transférée  dans   la   suite  à   Terrenoire. 
Atteinte  par  la  chute  de  la  Société  des  Forges  de  Terrenoire, 


(1)  Rapport  du  Jury.  t.  VIII,  p.  82.  Sur  le  lavage,  voir  pages  285  et  403. 

(2)  Archives  fie  l.i  r.h.irn])ro  de  Commerce. 


—  746  — 

en  1888,  elle  fut  exploitée  par  MM.  Chevalier  et  Oziol  jusqu'en 
1914,  et  ensuite,  pendant  deux  ou  trois  ans,  par  la  Société  des 
Mines  de  Janon. 

La  carbonisation  était  d'ailleurs  une  industrie  annexe  fort 
importante'  de  nos  mines  (Voir  au  3*"*  §  le^s  chiffres  de  pro- 
duction). En  1865-66,  M.  Baroulier  publia,  dans  le  Bulletin  de 
nndustric  minérale^  une  étude  sur  la  carbonisation,  particuliè- 
rement au  four  Appel  t. 

Je  rappelle  les  nombreuses  protestations  que  l'installation 
des  fours  à  coke  souleva  à  Saint^Etienne  de  la  part  des  fa- 
bricants de  rubans  et  des  passementiers,  protestations  dont  la 
Chambre  de  Commerce  se  fit  l'écho  jusqu'en  1860.  Depuis  c^tte 
époque,  les  perfectionnements  ap'portés  à  ces  fours  pour  en 
éluder  les  inconvénients  au  point  de  vue  des  fumées,  perfec- 
tionnements étudiés  par  M.  Janicot,  ingénieur,  dès  1852,  et 
peut-être  le  peu  de  succès  des  réclamations,  ont  éteint  ou  sta- 
bilisé le  conflit  entre  la  Fabrique  de  Rubans  et  les  usines  à 
feu  (1). 

A  l'Exposiition  de  Londres,  en  1862,  Gruner  exposa  sa  carte 
géologique  du  Département  de  la  Loire  au  1/160.000®  et  plusieurs 
cartes  spéciales  au  1/15.000^  avec  texte  expilicatif.  Des  dessins 
reproduisaient  la  coupe  générale  du  terrain  houiller,  ainsi  que 
des  dispositions  des  puits  d'extraction. 

A  l'Exposition  de  Paris,  en  1867,  Gruner  exposa  son  étude 
du  bassin  houiller  de  la  Loire  comprenant  une  carte  d'ensemble 
au  1/40.000®,  des  plans  et  des  coupes  au  i/5.000^  et  un  texte 
encore  inédit.  L'exposition  collective  des  mines  de  la  Loire 
comprenait,  notamment,  un  très  bon  modèle  en  relief  du  mode 
d'exploitation  avec  remblais,  généralement  employé  dans  le 
bassin. 


^  3  -  STATISTIQUES,    PRIX,  GRÈVES,  EXPLOSIONS, 
MARCHE  GÉNÉRALE  de  1855  à  1870 


De  1855  à  1869  inclusivement,  la  production  totale  du  bassin 
oscilla  entre  1.946.000  tonnes  (1858)  et  3.373.000  (1868).  Le  chiffre 
de  3  millions  fut  atteint  en  1864.  La  production  de  1869,  année 


(1)  Voir  mon  Histoire  de  la  Eubanerie,  p.  377. 


—  747  — 

de  la  grève,  fut  de  3.079.000  tonnes.  On  trouvera  dans  VHisto- 
rique  de  M.  Leseu,re  le  tableau  de  la  production  annuelle  soit 
de  Saint-Etienne,  soit  de  Rive-de-Gier,  le  nombre  des  ouvriers, 
'la  vaileur  de  la  production.  Olle-oi  oscilla  entre  23  millions 
de  francs  (1858)  et  38  millions  (1868),  ce  qui  indique  une  valeur 
moyenne  respective  de  11  à  12  francs  par  tonne.  Le  no^ibre  des 
auivriers  s'éleva  entre  9.000  les  premières  années  et  15.000 
en  1868. 

Cette  période  fut  marquée  pa,r  un  très  grand  développement, 
grâce  à  la  construction  du  réseau  des  chemins  de  fer,  à  Inac- 
tivité de  l'industrie  métallurgique,  aux  débouchés  nouveaux 
ouverts  par  le©  voies  ferrées,  aux  progrès  réalisés  dans  l'ex- 
ploitation. M.  Leseure  {Historique,  p.  247)  a  donné  pour  l'année 
1868  le  détail  des  expéditions  et  de  la  consommation  intérieure. 

Il  y  eut  des  ombres  au  tableau.  Au  déboit  de  la  période,  la 
rectification  ou  la  reconstruction  des  chemins  de  fer  de  la 
Loire  avaient  obligé  les  Sociétés  exploitantes  à  diminuer  leur 
production,  alors  qu'elles  étaient  en  mesure  de  la  développer, 
mais  cet  état  de  choses  dura  peu  de  temps  (1). 

Les  rapports  du  Préfet  au  Conseil  général,  en  1857-59,  si- 
gnalaient la  situation  critique  de  la  métallurgie,  alarmée  par 
des  décrets  douaniers  tendant  au  libre-échange  et,  par  voie  de 
conséquence,  de  l'exploitation  des  mines,  qui  réclamait  l'abais- 
sement du  fameux  tarif  de  transport  de  10  centimes  la  tonne 
kilométrique. 

Dans  le  Bulletin  de  Vïudustrie  minérale,  en  1859-60, 
M.  Leseure  a  publié  des  Noies  statistiquies  fort  intéressantes 
sur  l'industrie  minérale  à  Rive-de-Gier,  de  1763  à  1858.  Les 
salaires,  en  1858,  étaient  ies  suivants  : 

Gouverneurs 5    à  8   fr.        en   1858      -      5   à   8  fr.        en  1845 

Piqueurs 4    à  4  fr.  75  —  -      3  fr.  50  à  4  fr.      — 

Tralneurs  et  rouleurs .       2  fr.  50  à  3  fr.        —  -      3  fr.  50  à  3  fr.  75  — 

Rép«raiionnaires  .      3  fr.  25  à  3fr.  65    —  -      3  fr.  h  3  fr.  25       — 

Ouvriers  divers  .   .      2  fr.  à  3  fr.  .  —  -      1  fr.  50  à  3  fr.  25   — 

La  hausse  tenait  au  renchérissement  des  denrées  à  la  suite 
de  mauvaises  récoltes,  peutrêtre  au  mouvement  ouvrier  de  1848, 
enfin  aux  grands  travaux  d'utilité  publique  du  Secx:>nd  Empire, 
qui  avaient  fait  renchérir  la  main-dVt» uvre. 


(1)  Voir  M^mnrln]  dr  la  Loire,  8  mars  1856. 


—  748  — 

Cette  progression  était  très  sensible  pour  les  piqueurs  et  les 
ouvriers  divers.  Pour  les  autres  catégories  d'ouvriers,  il  fallait 
tenir  compte  de  diverses  circonstances  : 

Le  gouverneur,  qui  avait  toute  la  responsabilité  de  l'intérieur  à 
répoque  où  les  propriétaires  s'improvisaient  extracteurs,  n'est 
plus  aujourd'hui  qu'un  chef  d'ouvriers  placé  sous  la  surveillance 
de  ringénieur. 

Le  traîneur,  qui  avait  un  grand  travail  à  développer  et  jouait 
le  rôle  principal,  a  à  peu  près  disparu  depuis  l'introduction  des 
chemins  de  fer  dans  les  mines,  vers  1847,  et  a  été  remplacé  par  le 
routeur. 

Le  réparationnaire  (ou  boiseur),  qui  était  presciue  inconnu  lors- 
qu'on travaillait  à  plein  massif,  a  aujourd'hui  beaucoup  à  faire 
dans  certaines  mines,  où  le  charbon  est  tendre  et  où  la  masse  du 
toit  a  été  ébranlée  et  brisée  par  les  éboulements  et  dépilages 
antérieurs. 

Voici,  d'autre  part,  les  prix  des  fournitures,  de  1812  à  1858,  relevés 
dans  les  res^istres  de  la  Société  des  houillères  de  Rive-de-Gier  • 


ANNÉES 

-e     i 

Poudre 

ê  'S 

=2    % 

le  quint. 

.il 

a. 

•Il 

<  -2 

J  « 
1  = 

le  quint. 

Pelles 

le  quiiit. 

Tôle 

le  quint. 
au  bois 

2  -î 

1  i 

le  quint. 

le  mètre 

le  kilog 

le  quint. 

le  quint. 

le  quint. 

1812 

0f.40à0f.60 

3.20 

90  » 

» 

90M20 

B 

58» 

430» 

<)0    ). 

50  » 

4825 

id. 

2.80 

70  )) 

40  » 

100» 

)) 

» 

135). 

140» 

à  la  hou. 

45  » 

4835 

id. 

2.60 

63  » 

38  » 

400» 

170» 

53» 

125» 

90,75 

45  * 

4845 

id. 

2    » 

57  » 

28  » 

80» 

440» 

44» 

120» 

80,52 

42  » 

4851 

0f.45à0f.60 

2     » 

46  » 

24,28 

80» 

95» 

34» 

146» 

80,42 

30  » 

1858 

id. 

0       j^ 

48  » 

24  . 

78» 

80» 

38» 

143» 

80,40 

30  » 

Câbles 

Câbles 

Plâtre 

ANNEES 

en 

en 

Foin 

Son 

Avoine 

chanvre 

fil  de  fer 

gris 

Fr. 

JFt. 

le  quint.ll 
Fr. 

Fr. 

Fr. 

Fr. 

4842 

420-460 

» 

4-  10 

40-44 

15-18 

4     » 

1825 

id. 

)) 

6-10 

40     » 

14-45 

4     » 

4835 

140-450 

» 

id. 

Il     » 

45-46 

4     » 

1845 

id. 

200     » 

6-7 

10-13 

40-42 

4     » 

4851 

145-460 

88-430 

5     » 

10     » 

44,50 

3  50 

4858 

130-440 

84-430 

8     » 

12,80 

20     » 

3  60 

-  749  — 

Les  objets  fabriqués,  fers,  poudre,  aciers,  etc.,  ont  baissé  très 
notablement  ;  c'est  le  fait  du  prog-rès  des  méthodes  d'élaboration. 

Les  oâbles  en  chanvre  sont  restés  au  même  prix  en  apparence  ; 
en  réalité,  ils  sont  devenus  plus  gros  et  plus  difficiles  à  fabriquer, 
les  puits  étant,  en  général,  beaucoup  plus  profonds. 

L'emploi  des  oâbles  en  fil  de  fer  apporte,  d'ailleurs,  une  grande 
économie  sur  l'emploi  des  câbles  en  chanvre. 

Les  denrées  'Cmipruntées  à  l'agriculture  n'ont  pas  varié,  par- 
ticulièrement le  son  et  les  bois.  Les  cours  du  foin  et  de  l'avoine 
paraissent  ne  dépendre  absolument  que  de  la  succession  des  bonnes 
années  et  des  années  plus  ou  moins  stériles. 

Si  le  blé  suit  les  variations  de  l'avoine,  il  faudrait  en  conclure 
que  l'agriculture  ne  trouve  pas  aujourd'hui  de  prix  plus  rémunéra- 
teui-s  qu'au  commen-cement  du  siècle  ;  que  la  révolution  opérée  en 
1789  a  été  profonde,  universelle  et  rapide  ;  que  les  effets  en  étaient 
réalisés  dans  la  période  même  du  Consulat  et  de  l'Empire. 

Cela  concorde  parfaitement  avec  cette  circonstance  que,  depuis 
30  ou  40  ans,  le  prix  des  terres  est  toujours  resté  le  même  autour 
de  Rive-de-Gier,  au  dire  des  personnes  les  mieux  autorisées  en  cette 
m/atière,  et  d'après  les  ventes  authentiques.  Il  est  bien  entendu  qu'il 
ne  s'agit  pas  ici  des  terrains  devenus  propres  à  recevoir  des  cons- 
tructions ou  à  servir  de  magasins  ;  je  ne  parle  que  de  ce  qui  est 
resté  terre  de  culture. 

Poursuivant  son  étude,  M.  Leseure  abordait  les  variations  du 
prix  de  revient  (main-d'œuvre  et  fournitures  réunies)  dans  le 
groupe  du  Sardon  : 

De  1825  à  1851,  la  main-d'œuvre  et  les  fournitures  tendent  à 
diminuer,  quoique  les  salaires  tendent  à  augmenter,  et  que  l'on 
consomme  une  plus  grande  quantité  de  matières  pour  les  besoins 
de  l'exploitation. 

Cela  tient,  d'une  part,  à  ce  que  l'introduction  des  chemins  de  fer 
souteri-uins  réalise  une  économie  notable  dans  la  main-d'œuvre, 
et  à  ce  que  les  prix  des  matières  restent  constants  ou  sont  en 
baisse. 

En  somme,  on  peut  dire  que,  de  1825  à  1851,  le  prix  de  revient 
spécial  est  plus  avantageux  de  5  à  10  centimes,  et  cela  malgré  les 
difficultés  qu'occasionnent  naturellement  la  reprise  des  anciens  tra- 
vaux sur  plusieurs  points  et  la  recherche  des  lambeaux  laissés 
derrière  les  crains.  Un  tel  résultat  n'a  été  obtenu  que  par  le  talent 
des  ingénieurs  habiles  qui  ont  pris  là  place  des  anciens  extrac- 
teurs, et  ont  substitué  à  une  exploitation  do  hasard  dos  méthodes 
rationnelles  et  une  organisation   régulière. 

On  n'a  pas  cheixîhé,  par  exemple,  à  réaliser  une  ]>his  grande 
puissance  de  production  en  creusjint  un  grand  nombre  de  puits, 
mais  en  augmentant  la  force  des  machines  et  l'extraction  de  chaque 
puits. 


—  750  — 

Si,  de  1851  à  1858,  les  prix  remontent  à  leur  niveau  primitif,  il 
faut  en  attribuer  la  cause  à  Tappauvrissement  croissant  des  champs 
d'exploitation,  au  grand  nombre  d'avancements  en  stérile,  et  à  la 
diminution  des  quantités  de  charbon  extrait  par  suite  de  la  mévente 
de  ces  dernières  années. 

Je  termine  la  citation  par  le  iableaiui  du  prix  des  charbons,  à 
Rive-de-Gier,  prix  du  quintal  mélriquc.  Le  prix  moyen,  par 
tonne,  s'était  élevé  do  4  francs  en  1763  à  9  francs  en  1845  (avè- 
nement de  la  grande  Compagnie),  à  13  fr.  60  en  1858. 


FR^IX      DES      CH-A.R,BON"S 


{au  qh 

linial   iriéAruine) 

Nature 
des  charbons 

1763 

1812 

1825 

1S35 

1S15 

185.S 

Pérats 

Menus  de  forge.. 

Menus  de  verrerie. 

Menus  divers.   . .  . 

1    Coke 

1    Prix  moyen  général 

0,50 

» 

» 
0,30 

» 
0,40 

1,30  à  2    » 
0,80 
0,50 
0,35 

» 
0,95 

1,60  à  2     » 
0,65 
0,50 
0,45 
1  à  1,10 
0,96 

2,40  à  2,70 
0,65  à  0,75 
0,50  à  0,60 
0,40  à  0,50 
1,20  à  1,40 
0,92 

2,40  à  2,80 

0,85 

0,70 

0,60 
1,60  à  1,80 

0,90 

2,30  à  2,80 

1,40 

1,20 
0,80  ai     »  1 
2,'i5à2,55 

1,36 

L'extraction  des  houillères  dans  le  département  ne  s'est  pas 
ralentie,  disait  le  Préfet  au  Conseil  généiral  en  1860.  Jamais  elle 
n'a  été  plus  considérable,  ajoutait-il  en  1861.  En  1863,  il  cons- 
tatait un  ralentissement  impoirtant  dans  la  consommation,  à 
cause  de  l'hiver  exceptionnellement  doux  et  d'une  moins  grande 
animation  dans  les  affaires  industrielles.  En  1864,  signalant  la 
diminution  de  lexploitation  à  Rive-de-Gier,  il  l'attribuait  soit 
à  la  concurrence  du  bassin  de  Saint-Etienne,  plus  active  depuis 
l'abaissement  des  tarifs  de  chemins  de  fer,  soit  à  l'appauvris 
sèment  des  mines. 

En  novembre  1863,  le  quartier  de  Bérard  à  Saint-Etienne 
avait  été  envahi  par  des  émanations  délétères  provenant  d'in- 
cendies dans  les  anciens  travaux  entre  les  puits  Neyron  et  Gris- 
de-Lin  (i). 

Le  groupe  de  Rive-de-Gier  était,  en  effet,  en  décadence.  De 
1855  à  1870,  sa  piroduction  annuelle  oscilla  entre  514.000  (1869) 


(1)  Voir  L.-J.   Gras  :    Il  y   a   cinquante   ans  (1863),    publié   dans   le 
Mémorial  du  l«r  décembre  1913. 


—  751  - 

et  686.000  tonnes  (1861).  En  1864,  les  actions  de  la  Compagnie 
étaient  affectées  d'une  baisée  considérable  qui,  à  raison  de  sa 
persistance',  causait  de  vives  alarmes  aux  porteurs  de  ces 
actions.  Le  Salut  public  de  Lyon  et  le  Mémorial  de  la  Loire 
(13  avril)  commentaient  les  causes  de  cette  dépréciation  en 
laissant  dans  l'ombre  la  cause  principale  :  l'épuisement  du  gîte, 
exploité  jadis  d'une  manière  beaucoup  plus  intense  que  dans 
le  bassin  de  SaintrEtienne.  Ces  journaux  signalaient  l'abais- 
sement du  tarif  des  houilles,  effectué  en  1863  (0,08  par  tonne 
kilométrique  au  lieu  de  0,10j  et  la  perte  qui  en  résultait  pour 
Rive-de-Gier.  Ses  charbons  étaient"  vendus  aux  même  prix  que 
ceux  de  Saint-Etienne,  et  ceux  de  Saint-Etienne  bénéficiaient 
davantage  de  cette  économie,  à  cause  du  parcours  plus  long 
de  la  mine  au  lieu  de  vente.  En  outre  le  canal  de  Givors  était 
délaissé  au  profit  du  chemin  de  fer.  Or  la  Compagnie  d^^'s 
Houillères,  ayant  pris  la  location  du  canal,  n'en  payait  pas 
moins  un  dividende  fixe,  convenu,  aux  actionnaires. 

Il  ne  reste  donc  pour  les  actionnaires  des  mines,  ajoutait  le  Salut 
pyblic,  que  les  bénéfices  sur  rexploitation.  Malheureusement,  pour 
des  causes  diverses^  ces  bénéfices,  qui  ont  atteint  dans  le  temps 
2  millions,  sont  descendus,  en  1863,  à  600.000  francs. 

L'extraction  de  la  houille  a  été  plus  active  qu'elle  ne  l'avaii: 
jamais  été,  disait  le  Préfet  en  1865. 

Le  temps  d'arrêt  dans  l'exploitation  à  Rive-d^-Gier  développa 
autour  de  Saint-Etienne  quelques  établissements  importants. 
Parmi  ces  établissements,  la  Chambre  de  Commerce  citait,  en 
1865,  l'usine  de  carbonisation  Carvès.  Elle  ajoutait  que,  dans 
l'ensemble,  les  affaires  devenaient  difficiles.  Le  dernier  hiver 
avait  été  bénin. 

D'après  le  rapport  de  l'ingénieur  en  chef  des  mines  pour 
1866  (1),  le  temps  d'arrêt  marqué  dans  la  progression  de  la 
production,  en  1865,  fut  suivi  dune  nouvelle  période  d'accrois- 
sement, r^a  production  de  houille  carbonisée  avait  atteint 
10-4.000  tonnes  en  1864,  157.000  en  1865,  144.000  en  1866. 

Je  rapproche  du  prix  de  revient  indiqué  par  cet  ingénieur  en 
1865  (8  fr.  60)  le  prix  de  vente  donné  par  la  Chambre  de  Com- 


(l)  r^s  rapports  n'ont  HA  puMi^^s  (pio  depai.s  1872  et  anne.xés  auA' 
comptes  rendus  fie  la  session  du  c:<>n.s-«'il  }rcn«''ral  dp  la  Loire.  Celui  qno 
je  cite  <•  •  (h  I >.,<,'•  ;i)ii\  archives  ûv  la  (.li.niii.i-  ^ic  Commerce. 


—  752  — 

merce  (12  fr.  27  a  12  fr.  OU),  prix  qui  n'avait  pus  aensibloment 
changé  en  1866  (i). 

Le  nombre  des  u^uivriers  tués  avait  suivi  les   variations  ci- 
après  : 

18G0 29 

1861 59 

1862 33 

1863 44 

1864 46 

1865 55 

1866 54 

1867 75 

1868 49 

Le  chiffre  d'extraction  de  1868  (3.373.000  tonnes),  le  phis  élevé 
jusque-là,  provenait  principalement  de  la  bonne  marche  des 
aciéries.  M.  Gaoarrié,  ingénieur  en  chef  des  mines,  insistait  sur 
la  situation  dans  laquelle  &e  débattait  Rive-de-Gier,  où  la 
plupart  des  gîtes  exploitebles  étaient  en  partie  déhouillés  et 
où  les  cassuires  du  sol,  produites  par  les  anciens  travaux  et 
qui  donnaient  passage  aux  eaux  de  la  surface,  augmentaient  les 
dépenses  d'épuisement  et  grevaient  les  prix  de  revient.  Au  delà 
de  Grand'Groix  et  jusqu'à  Saint-Ghamond,  on  recherchait  sans 
succès  le  prolongement  de  la  grande  couche. 


L'année  1869  fut  marquée  par  une  grève  dont  le  souveinir 
est  encore  dans  toutes  les  mémoires,  à  cause  de  la  collision 
sanglante  de  la  Ricamarie. 

J'ai  exposé  (v.  p.  526)  les  origines  lointaines  de  la  grève,  le 
fonctionnefment  des  anciennes  Gaisses  de  secours,  le  procès  in- 
tenté, en  1866,  aux  Gompagnies  pour  la  reddition  des  comptes 
et  la  dissolution  de  ces  Gaisses,  la  création,  la  même  année,  de 
la  Caisse  fraternelle  des  Mineurs,  véritable  syndicat,  politique 
plus  encore  que  social,  créé  sous  le  couvert  de  la  mutualité, 
enfin  le  rôle  de  Michel  Rondet. 

Il  manque  quelque  chose  au  tableau.  Non  seulement  la  loi 
de  1864  avait  reconnu  la  liberté  de  coalition,  mais  de  plus  en 


(1)  On  trouvera  les  prix  courants  du  charbon,  par  trimestre,  dans  le 
Bulletin  de  Vlndustrie  Minérale,  qui  cessa  ce  genre  de  publication. 


—  753  — 

plus  l'Empire  déviait*  à  gauche  par  faiblesse  et  illusion  de 
Napoléon  III.  Les  adversaires  de  l'Empire,  loin  de  se  rallier  à 
lui,  usèrent  des  nouvelles  libertés  pour  l'attaquer  avec  plus  de 
véhémence.  La  liberté  de  réunion  et  la  liberté  de  la  presse 
(liberté  par  rapport  au  régime  antérieur),  accordée  en  1868, 
plus  encore  que  la  liberté  de  coalition,  préparèrent  le  tombeau 
de  la  monarchie  impériale,  tombeau  qui  fut  scellé  à  Sedan. 

La  Fraternelle  des  Mineurs,  qui  comptait  5.000  adhérents 
en  1868,  prit  part  aux  luttes  politiques  très  violentes  qui  carac- 
térisèrent les  élections  législatives  de  1869  et  qui,  dans  la  Loire, 
furent  accompagnées  de  troubles  graves  (i).  Les  sociétair^es  ne 
purent  se  mettre  d'accord  sur  les  candidats  à  soutenir.  Une 
scission  menaçait  de  se  produii-e  au  sein  de  la  Société.  Il  fallait 
à  tout  prix  sauver  la  mise.  Les  agitateurs  engagèrent  une  cam- 
pagne pour  obtenir  :  la  centralisation  des  Caisses  de  secours, 
l'augmentation  des  salaires,  la  journée  de  huit  heures  ou  du 
moins  une  diminution  de  la  journée  de  travail.  L'agitation 
gagna  tout  le  bassin.  La  grève  était  générale  le  11  juin. 

Une  bande  de  cent  cinquante  individus,  parmi  lesquels  les 
mineurs  n'étaient  peut-être  pas  les  plus  nombreux,  parcourut 
les  sièges  d'exploitation.  «  On  brisait  les  portes  des  plâties  et 
des  magasins,  on  levait  les  soupapes  des  chaudières,  on  coupait 
ou  l'on  menaçait  de  couper  les  câbles  d'extraction.  On  détruisait 
les  voies  ferrées.  » 

Le  16  juin  fut  la  journée  tragique  de  la  Ricamarie.  J'en 
emprufnte  le  récit  à  un  chroniqueur  de  Saint-Etienne  qui  — 
quarante  ans  après,  alors  que  les  passions  populaires  suscitées 
par  l'événement  étaient  depuis  longtemps  calmées  —  essaya  de 
reconstituer  impartialement  la  scène  (2)  : 

Ce  jour-là,  vers  onze  heures  et  demie,  les  mineurs  en  grève 
s'étaient  attroupés  là-bas  autour  du  puits  de  TOndaine,  voulant 
s'a.ssurer  qu'on  n'avait  point  enlevé  du  charbon  demandé,  le  matin 
même,  par  l'usine  Holtzer  et  Dorian,  d'Unieux.  L'officier  qui  com- 
mandait le  détachement  les  engagea  à  se  disperser,  ce  qu'ils  firent 
d'assez  bonne  grâce. 

Mais,  à  une  heure  de  l'après-midi,  ils  repaiiirent  phis  bruyantes, 
plus  menaçants  et  renforcés  de  petites  bandes  isolées,  (ju'ils  avaient 
recrutées  dans  le  voisinage. 


(1)  Voir  notamment  le  Mémorial  de  la  Lofrr,  2r>  mai  ?^  juin  1809. 

(2)  Aîi unies  Foréziennes,  16  août  lîXK). 


—  754  — 

C'était  le  moment  où  trois  compagnies  du  4^  de  ligne,  qui  depuis 
deux  jours  gardaient  le  puits  de  i'Ondaine,  allaient  être  relevées 
par  trois  compagnies  du  l?''  de  ligne,  arrivant  directement  de  Vienne. 
Les  soldats  qui  venaient  occuper  le  poste  étaient  en  vue,  ceux  qui 
allaienit  le  quitter  se  disposaient  à  partir.  Les  mineurs,  pris 
inopinément  entre  les  deux  détiachements,  se  trouvèrent  en  grande 
partie  dans  l'impossibilité  de  fuir.  Les  compagnies  du  ¥  de  ligne 
n'eurent  en  quelque  sorte  qu'à  s'ouvrir  en  éventail  pour  recevoir  la 
tête  de  colonne.  Une  quarantaine  de  grévistes  furent  faits 
prisonniers. 

La  troupe,  formée  sur  deux  rangs  serrés,  avec  les  captifs  au 
milieu,  se  mit  en  marche  pour  regagner  Saint-Etienne. 

Le  capitaine  commandant,  M.  Gausserand,  ayant  jugé  prudent 
de  ne  point  traverser  en  cet  équipage  la  grande  rue  de  La  Rica- 
marie,  prit  par  le  chemin  du  Brûlé. 

La  troupe,  forte  d'environ  180  hommes,  marchait  assez  pénible- 
ment dams  ce  chemin,  et  voyait  grossir  d'instant  en  instant  une 
foule  considérable  d'hommes  et  de  femmes  qui  la  suivaient  avec 
des  démonstrations  hostiles.  On  demandait  les  prisonniers,  on  les 
voulait,  on  les  aurait. 

Arrivé  à  la  hauteur  du  puits  du  Brûlé,  le  détachement  fit  halte. 
Le  passage  était  dangereux.  Les  grévistes,  qui  connaissaient  bien 
les  lieux,  étaient  accourus,  à  travers  champs,  prendre  position  sur 
les  hauteurs  qui  commandaient  le  chemin. 

Il  est  deux  heures  environ.  Le  capitaine  Gausserand  parlemenle 
avec  la  foule  pour  l'inviter  à  dégager  la  route.  Des  jets  de  pierre 
et  deux  coups  de  pistolet  interrompent  ses  exhortations.  Quatre 
soldats  sont  atteints  plus  ou  moins  grièvement. 

Que  se  passa-t-il  alors  en  un  instant  aussi  rapide  que  l'éclair  ? 
Nul  ne  put  le  dire,  personne  n'avait  entendu  le  commarwlement 
de  :  feu  ! 

Mais  les  fusils  partirent,  faisant  des  morts  et  des  blessés,  mettant 
en  fuite  aussi  la  foule  des  grévistes. 

Les  morts  étaient  au  nombre  de  neuf,  huit  hommes  et  une  femme  : 
Jacques  Fanget,  mineur  ;  femme  Boileau  ;  Joseph  Franchon, 
mineur  ;  Joseph  Chatagnon,  mineur  ;  Paulet,  ferblantier  ;  Claude 
Choulat,  mineur  ;  Antoine  Goudon,  mineur  ;  Claude  Clémençon, 
mineur,  et  Barthélémy  Revol,  mineur. 

Deux  des  blessés,  transportés  à  l'hospice  de  La  Ricamarie,  y 
mouraient  le  lendemain  matin  :  une  femme  Revol  et  un  garçonniet 
de  trois  ans,  enfant  d'une  veuve  Fleurine,  tué  dans  les  bras  de  sa 
mère. 

La  mère  elle-même  était  dangereusement  blessée. 

Le  4^  de  ligne,  à  cette  époque,  était  commandé  par  le  colonel 
Martinez,  d'origine  espagnole,  que  l'on  disait  protégé,  en  raison  de 
cette  considération,  par  l'Impératrice  Eugénie. 

Membre  du   Grand-Cèrcle  de  Saint-Etienne,   ainsi  que  plusieurs 


—  755  — 

autres  officiers  supérieurs,  on  lui  battit  froid  à  la  suite  de  la  jour- 
née de  La  Ricamarie.  Le  colonel  comprit  vite  et  cessa  de  fréquenter 
le  cercle. 

Un  incident  autrement  caractérisé  se  produisit,  d'ailleurs,  pres- 
que en  même  temps.  Quatorze  conseillers  municipaux  de  Saint- 
Etienne  venaient  d'écrire  au  maire,  M.  Benoît  Charvet,  l'invitant 
à  réclamer  de  l'autorité  supérieure  l'éloignement  du  ¥  de  ligne. 
M.  Charvet  fit  connaître  le  jour  même  qu'il  déclinait  cette  mission. 

Dès  le  lendemain,  le  préfet,  M.  Gastaing,  prononçait  la  dissolu- 
tion du  Conseil  municipal  et  le  remplaçait  par  une  Commission 
de  trente-sept  membres  —  M.  Benoît  Charvet  restant  maire  — 
parmi  lesquels  :  MM.  Duplay-Balay,  docteur  Bruny,  Claudius 
Courally,  Denis  Epitalon,  Auguste  Faure,  président  du  Conseil  de 
Prud'hommes  ;  Duterrail,  Cl.  Gérentet,  Guitton-Nicolas,  Marcellin 
Giron,  Hutter,  directeur  des  mines  de  Montrambert  ;  Lacroix- 
Descours,  Guinard,  pharmacien  ;  Philippe  Peuvergne,  Penel,  fabri- 
cant de  lacets  ;  J.  Tempier,  etc... 

On  sait  qu'une  légende  obstinée  a  longtemps  fait  tuer  le  capitaine 
Gausserand,  pendant  la  guerre  franco-allemande,  par  une  balle 
vengeresse  des  morts  de  La  Ricamarie. 

Le  capitaine  Gausserand  —  qu'un  décret  impérial,  soit  dit  en 
passant,  avait  fait  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  le  13  août 
1869,  soit  moins  de  deux  mois  après  la  collision  —  tomba  à  l'ennemi, 
dans  la  journée  de  Rezonville,  le  16  août  1870,  frappé  d'un  éclat 
d'obus  à  la  tête. 

Cet  événement  —  déformé  par  la  Presse  et  dans  les  discours  — 
eut  un  retentissement  énorme  dans  toute  la  France.  Ce  fuit  un 
nouveau  prétexte  pour  attaquer  rKmpire  et  pour  en  détacher 
complètement  les  masses  populaires.  Vingt  ans,  trente  ans  plus 
tard,  les  journalistes  rappelaient  encore  la  fusillade  de  la  Ri- 
camarie. Ce  fut  grâce  à  ce  douloureux  conflit  que  ce  bourg 
d'ouvriers,  mconnu  en  France,  acquit  une  réputation  tristement 
célèbre.  Zola  s'en  inspira,  en  le  corsant,  pour  son  tableau  de 
Germinal. 

De  nombreuses  arrestations  suivirent  cet  événement  :  soixante- 
douze  grévistes  furent  poursuivis  pour  atteinte  à  la  liberté  du 
travail.  Ijc  7  août,  le  Tribunal  correctionnel  de  Saint-Etienne 
prononça  cinquante-six  condamnations  de  15  jours  à  15  mois  de 
prison  ;  six  condamnations  par  défaut  de  3  k  15  nioi^  ;  dix 
prévenus  furent  acquittés. 

Quelques  jours  après,  les  condamnés  bénéficièrent  de  l'am- 
nistie générale,  accordée  à  l'occasion  du  centenaire  de  la 
naissance  d<»  Napoléon  T"*.  Ainsi  fui  iruni^uré  ce  système  d'ain- 


—  756  — 

ni&tie  pour  délits  de  grève,  si  fréquemment  pratiqué  depuis 
cette  époque,  qui  équivaut  à  l'impunité,  c'est-à-dire  qui  encou- 
rage à  recommencer.  Autre  chose  serait  la  grâce  individuelle 
accordée  pour  des  cas  particuliers,  d'autant  plus  dignes  de 
commisération  que,  dans  les  troubles  quii  accompagnent  les 
grèves,  les  agitateurs  se  tiennent  prudemment  à  l'écart  et  sa- 
crifient leurs  simples  soldats. 

Les  administrateurs  de  la  Fraternelle  firent  parvenir  leurs 
«  revendications  »  aux  Compagnies.  Celles-ci  furent  intransi- 
geantes sur  la  question  du  taux  uniforme  des  salaires,  qui  ne 
tenait  pas  compte,  dit  M.  Leseure,  de  la  différence  des  con- 
ditions de  travail  suivant  les  mines.  La  question  des  Caisses  de 
secours  devait  être  résolue  la  même  année  par  la  création  de 
la  Caisse  centrale  (v.  p.  531).  Au  sujet  des  heures  de  travail,  la 
journée,  d'après  M.  Leseure  (p.  251),  était  de  onze  heures,  dont 
dix  passées  à  l'intérieur.  Les  di.recteurs  déclaraient  qu'ils 
n'avaient  jamais  demandé  dans  V ordinaire  plus  de  huit  heures 
de  travail  effectif,  sauf  quelques  exceptions  dans  les  moments 
de  presse  ou  par  suite  d'accidents.  Ce  temps  nei  comprenait  pa,s, 
naturellement,  celui  de  la  descente  et  celui  de  la  remontée,  pas 
plus  que  celui  employé  au  cassencroûte.  Il  était  constant  que, 
faute  de  chargeurs  et  de  rouleurs,  Le  travail  se  prolongeait  en 
général  de  deux  oui  trois  heures  i}).  En  demandant  de  limiter 
à  11  heures  le  séjour  de  l'ouvrier  dans  la  mine,  les  ouvriers 
ne  montraient  pas  des  prétentions  exagérées  p).  Il  est  regret- 
table que  le  patronat  n'aille  pas  de  lui-même  au-devant  des 
réformes  les  plus  justifiées  ! 

La  grève  échoua,  car  elle  se  termina  faute  de  grévistes,  lassés 
par  le  chômage  et  par  les  privations  (15  juillet).  Des  bandes 
parcouraient  la  campagne  et  obligeaient  les  habitants  des 
fermes  à  leur  donner  des  vivres.  Quelquefois  elles  se  livraient 
sur  eux  à  de  mauvais  traitements  (3). 

Les   fonds   de   la  Fraternelle  étaient   complètement  épuisés. 


(1)  \J Opinion  Nationale,  journal  de  Paris,  6  octobre  1869.  Cette  feuille 
a  publié  à  cette  époque  une  série  de  Lettres  de  Saint-Etienne,  au  sujet 
dtes  mineurs,  sous  la  signature  de  M.  Louis  Jazierski. 

(2)  Mémorial  de  la  Loire,  16  juillet  1869. 

(3)  Mémorial  de  la  Loire  du  14  juillet  1869. 


-75t- 

La  désagrégation  de  cette  Société  fut  achevée  par  la  grève.  Le 
président  Ernest  Renoult,  car  Rondet  n'était  que  l'um  des  vice- 
présidents,  donna  sa  démission  (i). 

En  septembre,  il  y  eut  un©  nouvelle  grève,  peui  importante  et 
très  courte,  à  Rivo-de-Gier,  qui  se  termina  par  une  augmen- 
tation de  25  centimes  sur  les  salaires  et  par  une  réduction  à 
huit  heures  de  la  journée  effective  de  travail  ("2). 


La  Chambre  de  Commerce  constatait,  le  3  juillet  1869,  que 
l'accroiasement  de  la  production  (avant  la  grève)  tenait  à  une 
demande  importante  des  industries  métallurgiques,  qui  avaient 
dû  se  procuiper  du  charbon  à  tout  prix.  Mais  seule,  disait-elle, 
l'exportation  pourrait  vivifier  notrei  production.  C'est  à  peine 
si  nous  pouvons  approvisionner  quelques  points  très  rares  de 
la  Méditerranée  et  du  Levant.  L'augmentation  du  prix  de  la 
main-d'œuvre  est  donc  une  question  délicate.  Quelle  que  soit 
la  situation,  la  grève  auira  un  effet  redoutable. 

J'ai  indiqué  le  chiffre  de  la  production  de  1869  et  -le  nombre 
des.  ouvriers  (v.  p.  747).  Cette  production  représentait  le  quart 
des  extractions  totales  de  la  France  (3). 

Les  prix  indiqués  par  la  Chambre  de  Commerce  en  1869  : 
11  fr.  61  (Saint-Etienne),  13  fr.  10  (Rive-de-Gier),  sont  des 
moyennes  auxquelles  il  ne  faut  accorder  qu'un  crédit  relatif. 
Plus  intéressante  est  la  liste  des  prix  courants  publiés  alors  dans 
le  tlullrtin  de  Vlndiistrie  rainer  aie  et  qui  s'appliquent  aux  dif- 
férentes qualités  de  charbons,  cokes  et  aggloméré®.  Je  ne  puis 
reproduire  ces  documents  à  cause  de  leur  longueur  (-i). 


(1)  Ihid.,  22  août  1869.  Voir,  sur  lo  firève,  Office  du  Travail  :  Les 
Afinacialions  pr(/frssionnr,iles  ouvrières,  I,  p.  337;  Ijkseure,  Historique 
p.  2Ô0  ;  les  jouriinux  de  l'époque  fl3  ju:n-13  août)  ;  les  articles  publiés 
dans'  la  TMre  d,e.^  10-10  juiillet  1«69,  par  Erncsl  Le  Nordez,  ont  été  réunis 
en  une  brochure  :  Tm  vérité  sur  la  grève  des  Mmeurs.  Cette  brochure 
est  k  consulter,  car  l'auteur,  peu  suspect  di'antipathie  pour  les  ouvriers 
et  obligé  de  se  consiituer  prisonnier,  y  «appréci-e  très  sévèrement  Je  rAle 
des  afritateurs. 

(2)  Mémorial,  2  à  8  octobre  1860  et  jours  suivants. 

(3)  Voir  le  détail  par  bassins  et  d'autres  statistiques  rétrospectives 
dans  la  circulaire  n«  2040  du  Comité  des  Houillères  de  Frajice  ;  llndus- 
trie  houillère  en  France  de  1H11  à  1902 

(4)  Il  est  surton.t  intéressant  nie  coniparer  les  prix  du  premier  seineslre 
185.''>  {linUeyin  de  Vludustrie  minérale,  1855-50,  p.  132)  avec  ceux  du  pivniirr 

49 


-  758- 

D'après  une  étude  publiée  par  M.  Grand'Eury  en  1869,  sur 
l'économie  et  la  comptabilité  des  mines  de  houille  (l),  la  main- 
d'œuivre  intérieure  autour  de  Saint-Etienne  ressortait  à  plus 
de  4  francs  et  la  main-d'œuvre  extérieure  à  plus  de  2  fr.  50. 
M.  Leseure  (2)  précise  que,  de  1862  à  1868,  la  journée  moyenne 
de  l'intérieur  s'était  élevée  de  3  fr.  60  à  3  fr.  92  et  qu'en  1869, 
avant  la  grève,  le  salaire  du  piqueur  était  de  4  fr.  20  à  4  fr.  60 
dans  les  mines  de  la  campagne,  de  4  fr.  99  à  Saint-Etienne. 
Il  atteignait  même  5  fr.  25  à  Beaubrun. 

M.  Grand'Eury  indique  le  coût  des  soins  donnés  aux  chevaux, 
en  excluant  la  nourriture  :  pansement,  1  fr.  25  par  cheval  et 
par  mois  ;  ferrage,  3  à  4  francs  par  cheval  et  par  mois  ;  harna- 
chement, 3  fr.  30  par  mois  pour  les  gros  et  2  francs  pour  les 
petits.  L'amortissement  était  calciulé  à  0  fr.  50  par  journée  de 
travail  pour  les  gros  et  0  fr.  30  pour  les  Vendéens,  que  l'on 
substituait  aux  Corses  dans  l'intérieur  des  mines. 


Malgré  les  progrès  réalisés,  le  grisou  faisait  des  victimes. 
J'omets  les  autres  accidents  (ruptuires  de  câbles,  éboulements, 
etc.,  etc.),  qui  souvent  causèrent  la  mort  de  plusieurs  ouvriers. 
Descreux  en  a  relevé  un  grand  nombre  dans  ses  Notes  manm- 
crUes,  en  1862-64.  On  était  loin  de  prendre,  autant  de  précautions 
qu'aujourd'hui.  Les  mesuires  de  sécurité  ont  été  tardives. 

En  septembre  1855,  au  puits  Charles  à  Firminy,  une  explosion 
tua  cinq  ouvriers  et  en  blessa  cinq  autres.  En  février,  le  même 
puits  avait  été  le  théâtre  d'une  autre  explosion.  La  population 
se  rappelait  encore  l'explosion  plus  importante  de  1842  (3). 

En  1856,  nouvelle  explosion  au  puits  Charles  :  quatorze  tués, 
non  compris  les  blessés  (4). 


semeiatire  1869  {Ibid.,  1868-69,  p.  171  et  396),  bien  que  la  classification  ne 
soit  pas  semblable'.  En  1855,  la  tonne  d^e  menu  de  forge  de  première 
qualité,  à  Saint-Etienne,  se  payait  16  francs,  et  celle  de  deuxième 
qualité  12  francs  ;  en  1869,  les  prix  étaient  :  première  qualité,  14  à  16  fr.  ; 
deuxième  qualité,  12  à  13  francs. 

(1)  Bulletin  de  Vindustrie  minérale,  1869-70. 

(2)  Historique,  p.  251. 

(3)  Voir  Mémorial  de  la  Loire,  3  septembre  1855. 

(4)  IMd.,  l«r  janvier  1857. 


—  759  — 

Le  4  avril  1857,  au  puits  Saint-Mathieu  (des  Littes),  à  la? 
Ricamarie,  sept  ouvriers  furent  asphyxiés  par  le  grisou  (i). 

Le  26  mai  1861,  au  puits  do  la  Pompe,  au  Treuil  (Saint- 
Etienne)  :  vingt  et  un  ouvriers  tués  pa<r  une  explosion  (2). 

Le  18  avril  1863,  au  puits  Gharrin,  à  Grand'Groix  :  vingt- 
quatre  victimes. 

En  octobre  '1867,  explosion  à  Villars  :  trente-sept  victimes  (3). 

En  juillet  1868,  explosion  au.  puits  Sainte-Barbe,  à  Rive-de- 
Gier  :  treize  morts  et  plusieurs  blessés  (^).. 

Le  23  août  1868,  explosion  au  puits.  Montorrad,  à  Firminy  : 
cinq  morts. 

Le  21  mai  1869,  au  même  puits  :  quinze  morts  (5). 

Le  24  août  1869,  au  même  puits  :  dix-neuf  morts,  trois 
blessés  (6). 

C'est  à  la  suite  de  cet  accident  que  la  Compagnie  remplaça 
les  lampes  de  sûreté  en  usage,  du  type  «  Saint-Etienne  »,  dé- 
rivé de  la  lampe  Davy,  par  des  lampes  Mueseler. 


(1)  Voir  Mémorial  de  la  Loire,  6  avril  1R57. 

(2)  Annales  Foréziennes,  22  octobre  1911. 

(3)  Voir  Mémorial  de  la  Loire,  12  octobre  1867. 

(4)  Ibid.,  20  juillet  1868. 

(5^  Ibid.,  22  mai  1869. 

(6)  Ibid.,  24  et  25  août  1869.  A  T^ornito,  le  «'/Iblo  du  puits  .r\<^,»mv 
rompit  et  cinq  ouvriers  furent  tii<^s  {Ihid.,  2  .s(>i)t.). 


CHAPITRE  XIV 


Situation   grénérale   de    1870  à    1888 


1.  —  LES  SOCIETES  EXPLOITANTES 


Houpourt,  ingénieur  au  Corps  des  Mines, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur  depuis  1861, 
directeur  de  la  Société  des  Mines  de  la  Loire 
depuis  1854,  conserva  la  direction  de  cette 
Société    jusqu'au    5    mars    1887.    Il    avait    été 

pendant  dix   ans   président  du  Comité   des   Houillères  de  la 

Loire.  Il  mourut  en  1890  (i). 
M.  Du  Rousset  lui  succéda  comme  directeur,  après  avoir  été 

deux  ans  sous-directaur,   et  ingénieur  principal   depuis  1874. 

Ce  fut  M.  Porquet,   ingénieur  desi  Arts  et  Manufactures,  qui 

remplaça  M.  Du  Rousset  comme  mgénieur  principal  (2). 
Pendant  cetie  période,  la  production  de  la  Société  atteignit 


(1)  Voir  le  Mémorial  des  11  mars  1887,  28  et  30  janvier  1890. 

(2)  Pierre-G\istave  BiL'ion  Du  Rousset,  né  au  Mans  (Sarthe),  le 
20  décembre  1842,  ancien  élève  de  l'Ecole  Polytechnique,  officier  d'artil- 
lerie démissionnaire,  ancien  élève  die  l'Ecole  des  Mines  de  Paris,  entré 
en  1867  comme  ingénieur  à  la  Société  des  Mines  de  la  Loire,  président 
du  Comité  des  Houillères  de  la  Loire,  administrateur  de  la  Banque  de 
France,  membre  et  secrétaire  de  la  Chambre  de  Commerce  de  Saint- 
Etienne,  mort  à  Sa:nt-Etienne,  ae  27  mars  1906.  Ingénieur  des  plus 
distingués. 


—  761  - 

les  chiffres  extrêmes  de  458.000  tonnes  en  1886,  de  609.000 
tonnes  en  1883.  Ses  actions  furent  cotées  360  francs  en  1876  pour 
tomber  à  174  francs  en  1888.  Elles  devaient  descendre  encore 
dans  la  période  suivante,  la  Compagnie  étant  très  atteinte  par 
la  moindre  richesse  de  ses  gisements. 

A  la  Sociéité  des  Houillères  de  SaintrEtienne,  M.  Bayle,  di- 
recteur, fut  remplacé  le  1^*'  avril  1872  par  M.  Villiers  (Ben- 
jamin), qui  devait  rester  en  fonctions  jusqu'à  sa  mort,  en  1903. 
M.  Villiers,  qui  était  ingénieur  principal  depuis  1862,  a  joué 
un  rôle  important  dans  la  technique  de  l'exploitation  (i). 

M.  Villiers  fut  remplacé  comme  ingénieuT  en  chef  par 
M.  Chansseillo  (Jules),  qui  devait  rester  en  fonctions  jusqu'en 
1893  (2). 

Pendant  cette  période,  la  production  de  la  Compagnie  oscilla 
entre  641.000  tonnes  (1873)  et  390.000  (1878).  Le  cours  des  actions 
oscilla  entre  365  francs  (1875)  et  211  francs  (1878). 

Un  décret  du  7  juin  1873  autorisa  la  Société  des  Houillères 
de  Saint-Etienne  à  réunir  la  concession  du  Grand-Ronzy  à  ses 
autres  concessions.  Cette  concession  avait  été  acquise  le  20 
avril  1870. 

Les  droits  sur  la  concession  de  Côtei-Thiollière  n'étaient  qu'une 
amodiation.  Cette  concession  appartenait  à  la  Compagnie  des 
Forges  de  Terrenoire.  Cette  amodiation  prit  fin  en  1880.  Cette 
concession  et  celle  de  Reveux  furent  acquises  le  28  septembre 
1889  (3). 
A  la  Société  des  Houillères  de  Montrambert  et  de  la  Bérau- 


(1)  Bt.'iij;iiiiiii  \  i|licr<.  II''  ;i  l5;i.L^iit'aux  (Yoniiie),  en  1830,  major  de 
rBcole  des  Min.-  <lf  S;iiiit-i:i icniu"  o\\  1H.")0.  ingénieur  à  la  grande 
Conipngnie  M  -  Mm.  >  de  l.i  Loire,  puis  ;i  i;i  SocKHr  ;los  Houillères  de 
Saint-Etieniir  <mi  l^:>.).  i  licxnlieT  do  la  Lr^rinn  (riionnonr,  membre  de  la 
CfiambiT  <1<'  r.-iiiinci-(f  «le  Snint-l'irtMinc.  iii-(''sid(>nt  du  Comité  des 
Houilllrn'^  '!(■  1,1  l.oiic.  irioii  le  'M)  juin  I!H>;i,  à  Sa,iut-K(i('ime.  Un  des 
I)remiei-.  I  ippliqua  dans  le  li.issiu  de  la  Loire  les  procédés  scientifiques 
ii  l'expl'i  fil!  (i[i  des  mines. 

('2  M.  Chausstdlc.  (ils  <ruri  luofcsscur  du  lycée  de  Saint-Etienne,  major 
dp  rF^olc  df-.  Mine-  ,11  ]s:,<.\,  diiiu-(';i,  après  son  d-èpart  do  Saint-Etienne. 

'•■-  rli;irli<.i!i:;i:'.'-  d  I  rd,;iii\-  M  loni^  rnO.  Il  uioui'Ut  ;\  Urgolvy  (Hongrie), 
!■  :'.u  juin  pm;',,  i.  ni.iii,'  joui-  (|ii,.  M.  \  iiiiors.  Il  collaborait  à  la  rédac- 
ti'ui  du  bulhdiii    ndii  di-i<i  <iu  Mémorial,  de  la  Loire. 

'     ^  '  ■'     '    ■  '       '        llniitJli  ri's   et   nrriir  rie   J.ôrjnlnfjnn  dr^   ^fnlrK,    \^9\ 
\<  •■    i;i    |>i  iidii    I  K  m   iiidiiiiic^   dan->rtd!i'    r,'\iic   d  i  !!.■!•, miI 

''  :  ■.   i-uldirs  i|;iiis  |r>  ni^tiirs  d(\s  ('.(•ni|paL;uh's,  à  ri.(,(  asioii 


—  762  — 

dièro,  M.  Huttor,  directeur  depuis  1854,  resta  en  fonctions 
jusqu'en  1879  et  fut  remplacé  par  M.  de  Villaine,  ingénieur 
principal,  qui  devait  être  directeur  jusqu'en  1895  (l). 

La  production  de  la  Société  oscilla  entre  469.000  tonnes  en 
1877,  abstraction  faite  de  celle  des  années  1870  et  1871  (376.000 
et  381.000  tonnes),  et  600.000  tonnes  en  1888,  voire  même  624.000 
en  1889,  c'est-à-dire  trois  fois  environ  la  production  de  la  pé- 
riode de  1860.  Le  cours  des  actions,  qui  n'était  que  de  200  à 
225  francs  en  1868-70,  atteignit  963  francs  en  1881. 

Dans  la  notice  publiée  à  l'occasion  de  l'Exposition  de  1878, 
la  Compagnie  de  Montrambert  a  exposé  l'historique  de  l'exploi- 
tation depuis  la  période  qui  précéda  la  constitution  de  la  grande 
Compagnie  de  la  Loire  jusqu'en  1878.  On  ne  saurait  trop  re- 
commander de  consulter  cet  historique  —  qui  fait  généralement 
défaut  dans  les  notices  des  autres  Compagnies.  Alors  qu'avant 
1847  on  n'exploitait  qu'à  80  ou  100  mètres,  en  1863  on  était  en 
mesure  d'exploiter  au-dessous  des  anciens  travaux  jusqu'à  200 
mètres,  en  1874  jusqu'à  300  mètres.  A  cette  date^,  on  avait  com- 
mencé les  travaux  permettant  l'exploitation  jusqu'à  400 
mètres  p). 

A  la  Société  des  Houillères  de  Rive-de-Gier,  M.  Allimand.  di- 
recteur, fut  remplacé,  en  avril  1879,  par  M.  J.-B.  Girard,  et 
M.  Girard,  le  1^'' janvier  1885,  par  M.  Raveaud,  qui  devait  rester 
en  fonctions  jusqu'en  1890. 

La  production  de  cette  Société,  qui  était  de  278.000  tonnes 
en  1870,  n'était  plus  que  de  69.000  en  1887.  Le  couirs  de  ses 
actions,  qui  atteignait  162  francs  en  1873,  tomba  à  15  francs  en 
1886,  se  releva  à  145  francs  en  1888  et  tomba  à  8  francs  en  1889. 

On  ne  saurait  imaginer  une  déchéance  plus  comp>lète.  Le 
cours,  dans  la  suite,  devait  rarement  dépasser  50  francs. 

Le  compte  rendu  de  rAssemblée  des  actionnaires  du  24  mars 
1890  faisait  ressortir  que  la  différence  entre  le  bénéfice  du  pré- 
oéQent  exercice  (10.000  fr.)  et  le  béné-fice  de  l'année  anté- 
rieure (145.000  fr.)  provenait  de  la  liquidation  de  grosses  in- 


(1)  Sur  M.  Hutter,  voir  p.  462  ;  sur  M.  de  Villaine,  p.  463. 

(2)  En  1889,  M.  Vautier,  né  à  Paris  en  1818,  administrateur  des  Houil- 
lères de  Montrambert,  vint  à  décéder,  et  les  journaux  rappelèrem  le 
grand  rôle  qu'il  joua  dans  l'industrie  ou  gaz  d'éclairage.  Vautier  sortait 
de  l'Ecole  centraile  (Mém.,  5  février  18891^. 


—  763  — 

demnités.  aux  propriétaires  de  la  surface.  En  1889,  on  en  avait 
payé  pour  158.000  francs  au  lieu  de  49.000  francs  en  1888.  Doré- 
navant, d'après  le  rapport,  les  indemnités  ne  devaient  pas 
dépasser  50.000  francs  et  tomberaient  même  à  20  ou  25.000  fr. 

L'Assemblée  extraordinaire  du  24  octobre  1890  constata  que, 
par  suite  du  rachat  du  canal  de  Givors  par  l'Etat  (1886),  la 
Compagnie  se  trouvait  à  la  tête  de  sommes  importantes,  mais 
qui,  provenant  d'une  aliénation  du  capital,  ne  pouvaient  être 
distribuées  souis  forme  de  dividendes.  L'Assemblée  estima  qu'il 
fallait  consacrer  une  partie  importante  du  capital  disponible  à 
rechercher  de  nouveaux  gisements  ailleurs  que  dans  le  péri- 
mètre épuisé.  Cette  recherche  aléatoire  consistait  à  retrouver, 
sous  le  bassin  de  Saint- Chamond,  la  grande  couche  de  Rive- 
de-Gier. 

En  conséquence,  l'Assemblée  adhéra  à  la  formation  d'une 
Société  au  capital  de  1.200.000  francs,  à  laquelle  la  Compagnie 
de  Saint-Chamond  faisait  apport  de  sa  concession  et  de  son 
actif  net,  pour  400.000  francs.  La  Compagnie  de  Rive-de-Gier 
devait  fournir  de  400  à  600.000  francs,  selon  la  part  qu'y  mettrait 
la  Compagnie  des  Aciéries  de  la  Marine.  Le  reste  devait  être 
fourni  par  divers  souscripteurs  (l). 

A  la  Compagnie  des  Mines  de  Roche-la-Molière  et  Firminy, 
le  directeur,  M.  de  Rivière,  fut  remplacé,  en  janvier  1877,  par 
M.  Verny,  qui  devait  rester  en  fonctions  jusqu'en  1895  P).  Son 
collaborateur,  M.  Mire,  ingénieur  principal,  fut  remplacé  par 
M.  Voisin  en  1881,  qui  devait  succéder  à  M.  Verny  comme 
directeur. 

Pendant  cette  période,  l'extraction  de  la  Compagnie  ne  fut 
jamais  inférieure  à  508.000  tonnes  (1886),  ni  supérieure  à  643.000 
(1889).  On  ne  peut  qu'admirer  la  bonne  régularité  de  l'exploi- 
tation. Le  coojrs  des  actions,  qui  n'avait  jamais  atteint  1.000  fr. 


(1)  statistique  des  Hoiûillùres,  1891,  p.  167,  171. 

(2)  V^ny  (Léonce),  né  à  Pont-d'Aubenas  (Ardèchf),  élève  à 
1  Boole  Polytechnique,  inR'éni'eur  de  la  Marine,  membre  de  la  Chambre 
de  Commerce  de  Saint-Etienne,  chevai:er  de  la  Légion  d'honneur.  Sous 
sa  direction,  on  procéda  an  fonçage  des  puits  Gnnier,  de  Troussieux, 
Combes,  à  Roche-la-Molière  ;  dti  Soleil  et  de  la  Tardive,  ti  Fiirminy  ; 
à  la  création  d'un  atelier  d'a^prloniération  h  la  Malafolie  (1881),  à  l'ou- 
verture dm  chemin  de  fer  des  r.panpes,  au  Ban  (1892),  h  la  fondation 
des  ouvpoirs  de  Lachaud  (1882)  el  de  Roche  (1891),  fi  la  construction  des 
cités  de  Lanlyre,  des  Viallws  et  de  Roche,  etc.  (Note  de  M.  Voisin). 
M.  Vemy  est  décédé  à  Pont-d'Anhenas,  le  V  mai  1908. 


—  764  — 

avant  1873,  s'est  maintenu  constamment  très  au-dessus  depuis 
cette  époque.  Il  atteignit  2.361  francs  en  1876  ei  il  était  do 
1.070  francs  en  1887,  cours  le  plus  bas  de  1873  à  1888.  La  Com- 
pagnie venait  en  tête  de  toutes  les  Compagnies  de  la  Loire,  au 
moins  depuis  1854.  Elle  s'est  maintenue  à  ce  rang. 

Sans  parler  de  ses  travaux  d'exploitation,  rappellerai- je  que 
ce  fut  pendant  cette  période  que  la  Compagnie  dévia  la  rivière 
de  rOndaine  sur  une  longueur  de  '700  mètres  ?  Elle  canalisa  le 
ruisseau  de  l'Echapre,  sur  une  longueuir  de  1.120  mètres,  et  le 
ruisseau  du  Péchier,  sur  une  longueuir  de  900  mètres  ;  elle 
installa  l'éclairage  électrique  pour  ses  ateliers  de  triage,  de 
lavage,  de  carbonisation,  etc.. 

Voici  quelques  indications  sommaires  sur  les  autres  exploi- 
tations : 

La  concession  de  Beau  brun,  dont  j'ai  indiqué  les  ayants  droit 
avait  pour  directeur,  à  la  fin  de  cette  période,  M.  Baretta, 
successeur  de  M.  Locard  (^).  L'extraction  annuelle  représentait 
entre  257.000  tonnes  (1886)  et  370.000  (1873).  Le  bénéfice  total 
net  était,  en  1889,  de  550.000  francs. 

Les  mines  du  Cros  accusaient  de  130.000  à  173.000  tonnes. 
Le  directeur  était  M.  Desvignes,  successeur  de  M.  Locard.  Les 
recherches  entreprises  da.ns  les  concessions  d  la  Sibertière  et 
de  Saint- Jean-Bonnefonds  échouèrent  complètement. 

En  1875,  les  quatre  concessious  de  La  Chazotte,  Beuclas, 
Sorbiers,  La  Calaminière,  devinrent  la  propriété  du  P.-L.-M. 
Beuclas  avait  été  vendu  devant  le  Tribunal,  à  la  suite  de  la 
faillite  Binachon.  Il  en  était  de  même  pour  Sorbiers.  La  Cala- 
minière appartemait,  en  1865,  à  Pétin  et  Gaudet,  de  Saint- 
Chamond.  La  Compagnie  de  Montcel-Sorbiers  était  formée  par 
des  banquiers  de  Besançon  et  les  parts  étaient  peu  nombreiuses. 
En  1884,  les  propriétaires  proposèrent  de  céder  leur  concession 
à  la  Compagnie  P.-L.-M.  Les  directeurs  de  l'ensemble  de  ces 
exploitations  furent  MM.  Maximilien  Evrard,  Batut  et  Wéry. 
L'extraction. maxima  fut  celle  de  l'année  1873  :  350.000  tonnes, 


(1)  M.  Locard,  directeur  die  Beau  brun  et  du  Gros,  mourut  en  1884. 
M, Baretta,  qui  lui  succéda  à  Beaubrun,  y  était  ingémi'eur  depuis  vingt 
ans.  M.  Desvignes,  qui  lui  succéda  au  Gros,  y  était  ingénieur  depuis 
douze  ans.  (V.  Mém.  de  la  Loire,  3,  6  et  10  oct.  1884.) 


—  765  — 

la  plus  grosse  part  représentée  par  la  Chazotte.  M.  Wéry  fut 
nommé  en  i876  (l). 

La  concession  de  Villebœuf  était  exploitée,  depiuis  1880,  par 
une  Société  anonyme,  qui  continuait  la  Société  en  commandite 
par  actions  Nan  &  G'^  M.  Nan  était  le  directeur  de  la  Com- 
pagnie. Production  annuelle  :  de  23.000  à  91.000  tonnes. 

La  Société  anonyme  de  Monthieux,  constituée  en  1869,  amo- 
diataire de  M.  de  Rochetaillée,  directeur  M.  Ponchard,  puis 
M.  Simon,  avait  arrêté  l'extraction  en  1883,  époqiue  à  laquelle 
la  huitième  couche  était  épuisée.  Elle  exploitait,  en  1889,  les 
onzième  et  douzième  couches  ;  on  terminait  le  traçage  de  la 
treizième  ;  on  devait  mener  rexploilation  de  ces  trois  couches 
de  front.  Production  annuelle  :  125.000  tonnes  en  1872,  20.000 
en  1888. 

La  concession  de  Janon,  après  la  chute  de  la  Compagnie  des 
Forges  de  Terrenoire  en  1888,  fut  acquise  en  1890  par 
MM.  Rohmer  et  Nicolot,  négociants  à  Lyon.  Directeur,  M.  Payen. 
Production  :  30.000  tonnes  en  1870  et  215  tonnes  seulement 
en  1885.  Aucune  exploitation,  à  la  fin  de  cette  période,  n'était 
faite  dans  la  concession.  Celle  de  M.  Payon  s'effectuait  dans 
une  bande  longeant  le  tunnel  de  Terrenoire,  dans  la  concession 
de  Terrenoire,  et  amodiée  par  les  Houillères  de  Saint-Etienne. 

La  Compagnie  de  La  Péronnière  fut,  en  1887,  transformée 
de  Société  civile  et  particulière  en  Société  anonyme.  Le  fond? 
social  fut  représenté  par  1.92Q  actions,  entièrement  libérées,  au 
capital  nominal  de  500  francs  chacune. 

Le  19  juillet  1889,  la  Compagnie  du  Plat-du-Gier  (directeur 
M.  Perrot)  fusionna  avec  la  Péronnière.  Le  fonds  social  fut 
représenté  par  3.120  actions  de  500  francs.  La  production  du 
Plat-du-Gier  était  de  30  h  40.000  tonnes  (2). 

r.,es  directeurs  de  la  Péronnière,  de  1870  à  1888,  furent  suc- 
cessivement MM.  Garnier,  Vial  et  Gharousset.  I>a  production 
ÎTioyenne,  de  1870  à  1888,  représentait  lOOiOOO  tonnes  (limites 
extrêmes  :  83.000  et  110.000  tonnes). 

lia  Péronnière  se  rendit  acquéreur,  en  1890,  de  la  conéession 
de  Comberigol,  où  dominai I,   dans   la   Société  exploitiinte,   la 


(1)  AfHn.  (le.  la  Loirr,  1{)  aoiU  1876. 

(2)  L'acquisition  (hi   P'Iat-dfii-Glep  par  la  PcKuiiiiciv   fut   signalée  par 
le  Mf-mnrhil  de  la  iJtirr  du  20  janvW-r  1H88. 


_  766  — 

Compagnio  des  Forges  de  Terrerioire,  sa  créancière  pour  une 
somme  considérable  (2.700.000  francs).  Le  bilan  de  1878  accusait 
une  perte  s'élevaiit,  depuis  1857,  à  plus  de  3  millions.  Les  deux 
Sociétés  (Terrenoire  et  Comberigol)  sombrèrent  en  même  temps. 
Le  prix  d'adjudication,  à  la  Péronnière,  fut  de  415.000  francs  (l). 

Ijô  Compagnie  des  Mines  de  la  Haute-Cappe  exploitait  la 
concession  du  Ban  et  était  amodiataire  de  la  concession  de 
Collenon,  appartenant  à  la  Société  des  Houillères  de  Riye-de- 
Gier.  Directeur,  M.  Langlois. 

La  concession  de  Gravenand,  une  des  plus  anciennement 
exploitées,  fut  adjugée  en  1888,  moyennant  300  francs  (sic)  aux 
sieurs  Dubuit  frères  et  Raymond  fils.  La  production,  nulle  de 
1880  à  1887,  s'éleva  à  5.000  tonnes  en  1888,  à  10.000  en  1889. 

La  concession  de  Gombeplaine,  vendue  en  1871  par  le  sieur 
Bonnard  à  la  Société  civile  des  mines  du  Grand-Recon,  fut 
vendue  en  1883  aux  s^èurs  Dubuit  frères  et  Raymond 
moyennant  0  fr.  04  par  100  kg.  de  charbon  extrait.  L'exploi- 
tation, qui  accusait  10.000  tomes  en  1880,  tomba  à  0  en  1888 
et  1889. 

La  concession  de  Saint-Chamond  était  exploitée  par  une 
Société  anonyme  qui  subsista  jusqu'en  1875  où,  par  suite-  d'un 
nouvel  apport  pour  la  recherche  des  grandes  couches  faite  par 
la  Compagnie  des  mines  de  Blanzy,  elle  devint  la  Société  en 
commandite  Siraudin  &  G'*'.  Les  fonds  apportés  par  Blanzy 
ayant  été  épuisés  sans  que  l'on  soit  arrivé  à  la  découverte 
espérée,  la  Société  fut  mise  en  liquidation  amiable  en  1886. 
p]n  1890,  par  le  concours  de  plusieurs  des  liquidateurs,  l'ad- 
hésion de  la  Société  des  Houillères  de  Rive-de-Gier  était  chose 
faite  pour  constituer  une  nouvelle  Société  chargée  de  rechercher, 
sous  la  concession  de  Saint-Chamond,  la  grande  couche  de 
Rive^de^Gier.  Les  directeurs  successifs  furent  MM  Boudinhon, 
Siraudin,  de  Beauvais,  Guilhaumat  {^).  La  production  oscilla 
entre  22.000  et  40.000  tonnes. 

La  Compagnie  de  La  Faveirge,  qui  exploitait  la  partie  méri- 


(1)  statistique  dcb  Howùhlères,  1891,  p    157. 

(2)  En  1884,  la,  Compagnie  supprima  le  poste  de  directeur.  M.  de 
Beauvais,  déjà  directeur,  fut  nommé  gérant  en  remplacement  de  M. 
Siraudin  [Mémorial  de  la  Loire,  3  cet.  1884). 


—  767  — 

dionale  de  la  concession  du  Ban,  prit  la  forme  anonyme  en  1890. 
Capital  :  2.000  actions  de  100  francs  chacune.  Production  :  de 
17.000  à  55.000  tonnes.  Directeur  :  M.  Pailloux,  puis  M.  Girard 
Teillard. 

La"  Compagnie  des  Mines  du  Mouillon,  société  civile,  ex- 
ploita jusqu'en  1882  la  concession  de  ce  nom,  la  plus  ancienne 
du  bassin.  Cette  concession  fut  vendue  judiciairement,  adjugée 
au  sieur  Caniche-,  cédée  au  sieur  VillecouT,  affermée  pour  six 
ans.  aux  sieurs  Bouquet  et  Montchamp,  qui  la  vendirent  en 
1886  au  sieur  Laffay.  La  production,  de  1882  à  1888,  oscilla 
entre  1.000  et  5.000  tonnes.  L'extraction  fut  abandonnée  en  188'0 
et  reprise  en  1890,  où  elle  n'occupait  qu'une  dizaine  d'ouvriers. 

La  Compagnie  des  Mines  du  Couloux  exploita,  jusqu'en  1885, 
la  concession  du  Couloux,  vendue  judiciairement  pour  30  francs 
{sic)  au  sieiuir  Paret,  ouvrier  mineur. 

La  Compagnie  houillère  des  Grandes-FIaches  possédait  les 
concessions  de  la  Pomme,  des  Grandes-FIaches,  de  la  Caton- 
nière.  de  Montbressieu;,  concessions  à  peu  près  épuisées  en  1889. 
Les  Grandes-FIaches  et  la  Gatonnière  furent  vendues  aux  sieurs 
Cossange,  bijoutier  à  Rive-de-Gier,  et  Deschanel,  ancien  gou- 
verneur aux  mines  de  Rive-de-Gier.  La  Compagnie  possédait 
diverses  parts  dans  la  concession  de  Trémolin.  Elle  avait  aliéné 
l'intérêt  qu'elle  possédait  dans  la  concession  de  Frigerin  (Houil- 
lères de  Rive-de-Gier.).  La  production,  qui  était  de  34.000  tonnes 
en  1870,  n'était  que  de  17.000  en  1889.  Directeur  :  M.  Benoît. 

La  concession  de  Tartaras  était  exploitée  par  la  Compagnie  du 
Gaz  de  Lyon.  Ku  1870,  cette  Compagnie  amodia  la  concession 
à  MM.  Grange  et  Bruyas,  qui  en  devinrent  propriétaires  en  1874 
au  prix  de  110.000  francs.  Depuis  1885,  la  concession  appartenait 
à  MM.  Bruyas  et  Corday.  Prrxluction  :  de  7.000  à  15.000  tonne.-. 

J'ai  parlé  précé<lemment  des  Sociétés  dites  de  la  Petit e- 
Ricamarie  et  du  Montcel-Ricamarie  (p.  737)  et  de  la  Société 
des  Mineurs  du  G  ter  (v.  p.  559)  (^). 

En   1877.   M.  l/aiir  publia,  h  la   lihiairie  Chevalier,  h  Saint- 


(1)  Sur  la  oe-sslon  de  la  mine  dn  Montcel-Ricamarie  h  la  Compnpnlp 
de  Montiambert.,  voltr  le  Mhnnria]  do.  la  Loire  dçs  5  février  et  l**"  Juin 
18«3.  I,a  (:(»rn[)aj,mie  du  Montrel  avait  amodié  les  mines  de  la  Porchère 
en  1H7«  (V.  MhmtrUtl,  r)-f)  mars  1878).  Sur  M.  Soulary,  direrteur  de  la 
(.((iiipajrnie  du  Montoei,  voir  la  notice  biographique  publiée  dans  le 
Mrtfioritti  du  12  «diécembre  1881. 


—  768  — 

Etienne,  une  carie  des  concessions  houillères  d©  la  Loire,  dressé© 
et  complétée  d'après  la  carte  de  Gruner  (1847)  (1). 

En  1881,  M.  Tyrode  publia  une  carte  houillère  de  la  Loire  (2). 

C'est  en  1883  que  mourut  un  des  plus  grands  marchands  d© 
charbons  de  France,  M.  Limousin,  fondateur  à  Lyon  d'une 
importante  maison.  Il  était  né  en  1807  à  Firminy  où,  avant  de 
s'installer  à  Lyon,  il  exerçait  le  commerce  des  charbons.  Grâce 
aux  chemins  de  fer,  il  étendit  le  réseau  de  ses  succursales  et 
arriva  à  une  situation  considérable  Ç^). 


,^2.— LES  PROGRÈS  TECHNIQUES  de  1870  à  1888 


Pour  ce  paragraphe  et  les  paragrapihee  similair&s,  je  rappelle 
les  indications  et  réserves  que  j'ai  formulées  à  la  page  740. 

Les  techniciems  placés  à  la  tête  des  exploitations  étaieni  les 
mêmes  pendant  cette  période  que  psndant  la  période  précé- 
dente :  MM.  De  Villaine,  Villie-rs,  Evrard,  etc.  Je  ne  reviendrai 
pas  sur  leurs  mérites.  D^autres  techniciens  arrivaient  aussi  à  la 
renommée.  Le  Bidletiii  de  Vhidustne  m  nèrale  conserva  le  sou- 
venir de  leurs  innovations  et  de  leurs  travaux 

Les  grandes  tailles  chassantes  étaient  employées  en  1869  aux 
mines  de  la  Loire,  aux  mines  du  Treuil  depuis  1873,  à  Mont- 
rambert  depuis  1875.  A  Firminy,  elles  prévalaient  de-puis  1883. 
En  1887,  les  tailles  montantes  de  30  à  35  mètres  d©  front  étaient 
pratiquées  aux  mines  de  la  Loire. 

La  dynamite  était  introduite  pour  le  percement  des  galeries 
en  1871,  à  Firminy,  à  Montrambert,  au  puits  de  La  Ghana,  où 
l'on  fit  Le  premier  essai  de  tirage  des  coups  de  min©  par  l'élec- 
tricité. 

En  1887,  M.  Villiers  adaptait,  pour  les  transports  intérieurs, 
une  voie  ferré©  Decauvill©  avec  aiguillage  automatique.  En 
1875,  il  avait  inventé  un  régulateur  hydraulique  pour  la  deis- 
oente  des  cas:es  à  remblais. 


(1)  Mémorial  de  la  Loire,  23  mai  1877. 

(2)  Ibid.,  31  octobre  1881. 

(3j  Ibid.,  24,  28  décembre  1883. 


-  769  - 

La  transmission  de  forcé  par  l'électricité  pour  le  travail  d'ex- 
traction était  introduite,  en  188i,  aux  Houillères  de  Saint- 
Etienne  et  à  la  Péronnière  (i). 

Des  machines  à  rotation  étaient  construites  pour  le  puits 
Chêne,  en  1875,  et  le  puits  Verpilleux,  en  1890.  En  1885, 
MM.  Revollier  et  Biétrix  construiisirent  une  machine  compound 
pour  le  puits  du  Crêt,  à  Roche-la-Molière  (2). 

Les  agglomérés,  en  1872,  étaient  devenus  l'aliment  indispen- 
sable des  chemins  de  fer.  De  1878  date  le  compresseur  Couf- 
finhal,  modifié  en  1886  (3).  En  1888,  la  Péronnière  introduisait 
une  machine  donnant  de  petits  agglomérés  ovoïdes  pour  le 
chauffage  domestique. 

En  1873,  M.  Maximilien  Evrard  inventait  son  laveur-classi- 


(li  En  1881,  dans  le  Ualletin  de  Vlndustrie  minérale  (p.  853  ),  M.  Ros- 
siGNEUX,  ingénieur  dlivisionnaire  aux  Houillères  de  Saint-Etienne, 
publiait  une  note  sur  (la  transmission  du  travail  par  l'électricité.  La 
machine  Gramme  avait  été  im ventée  djouze  ans  auparavant  par  un 
simple  ouvrier,  et,  d'abord  appareil  de  laboratoire,  elle  recevait  des 
applications  de  plus  en  plus  nombreuses  (éclairage,  transmission  à 
distance,  etc.).  La  même  année,  M.  Chansselle,  ingénieur  principal  aux 
Houi'ilères  de  Saint-Efenne,  remdkait  compte  des  travaux  du  Congrès 
d'électricité  à  Paris.  Son  exposé  historique  de  l'éilectricité  est  des  plus 
intéressants  (1881,  p.  687,  et  1882,  p.  227).  En  1882  (p.  5)  et  1883  (p.  197), 
.MM.  Charousset  ei  Bagne,  ingénieurs  à  la  Péronnière,  exposaient  les 
expériences  sur  les  machines  électriques  installées  par  cette  Compagnie. 
Voir,  dans  le  Méjnorial  <le  Icù  Loire  du  17  avril  1882,  un  article  sur  la 
transmf.ssion  des  forces  motri'ces  par  l'électricité  dans  Les  min/es  du 
bassin,  et  dans  île  numéro  du  29  janvier  1883,  un  arfcle  sur  l'installation 
faite  h  la  Pér'vnnière.  Dans  le  Bti.llePin  de  (^Industrie  minérale,  en  1889 
(p.  727),  .M.  C:hansselle  i-appela  que  les  applications  pratiques  de  l'élec- 
tricité ne  commencèrent  qu'en  1878-79  ;  en  1881,  les  Houillères  de  Saint- 
Etienne  installèrent,  au  puits  Thlbaud,  un  treuil  électrique  ;  la  même 
année,  la  Compagn'e  ide  la  Péronniène  ,commanda  à  la  Compagnie  de 
L'Hormie  une  installation  pour  l'extraction  en  vallée  ;  diverses  instîtl- 
latlons  de  communications  téléphoniques  et  de  sonneries  avaient  été 
faites,  en  1880,  pour  le  fonçage  rlu  puits  .Tabin  (Honillères  de  Saint- 
Etienne),  et  ensuite  A,  la  Péronnière  ;  enfin,  diverseis  transmissions  de 
force  électriq"ue  à  l'intérieur  «les  mines  furent  installées,  en  1882,  au 
Montcel-Sorbiers  et  à  Saint-Chamond.  Les  applications  s'étaient  ralenties 
<lans  les  dernières  années. 

(Z  Voir,  dans  le  Mémorial  de  la  Loire  du  28  novembre  1884.  une 
description  des  machines  à  distributeur  rotatif  construites  aux  ateliers 
de  la  Chaléassière,  et  livrées  en  France  et  à  l'étranger. 

(3)  M.  Couftinhal,  ingénieur  primipal  <le  l'usine  RevoUier-Biétrlx, 
titulaire  d'un  grand  nondue  <le  brevets,  an<î.ien  élève  d(\s  A.rts  et 
Métiers,  est  îflort  î'i  Saint-Etienne,  le  7  mars  1911.  Né  en  1843.  j\  Du<' 
(Ave>Ton).  Ses  fils,  auxipiels  il  s'était  associé,  ont  créé  »ine  usine  do 
construction  éli'cf  i  \i\\i<\ 


-770- 

ficateuret,  en  1888,  il  imaginait  la  nouvelle  disposition  du  lavoir 
à  palettes  (l). 

En  1875,  à  Roche-la-Molière,  on  fit  la  première  application 
de  la  toile  sans  fin  pour  le  criblage.  Aux  Houillères  de  Saint- 
Etienne,  les  installations  de  criblage  de  nouveau  type  étaient 
inaugurées  en  1882. 

Aux  ventilateurs  Guibal  succédaient  le  vemtilateur  Râteau 
et  le  ventilateur  Mortier.  M.  Murgue  publiait  ses  belles  études 
sur  l'aérage  (2).  Il  n'y  avait,  en  1876,  d'autres  lampes  employées 
que  la  lampe  Mueseler.  En  1872,  M.  Villiers  imagina  un  sys- 
tème de  fermeture  de  la  lampe  déjouiant  toute  tentative  impru- 
dente. En  1883,  nouvelle  modification  de  cette  lampe  par 
M.  Baretta,  ingénieur  principal  des  mines  de  Beaubrun  (3).  La 
lampe  Marsaut,  inventée  en  1882,  fut  adoptée  à  partir  de 
1886-87. 

Les  procédés  pour  la  recherche  du  grisou  furent  très 
nombreux  à  partir  de  1877,  et  principalement  à  partir  de  1889  : 
procédés  Coquillion,  Leclerc,  Le  Ghâtelier  et  Lebreton,  Ghes- 
neau,  etc.,  pour  ne  citer  que  ceux  antérieurs  à  1896  (^). 

Chaouin  des  noms  cités,  sans  parler  d'autres  noms  très 
nombreux,  mériterait  une  biographie.  La  plupart  se  rattachent, 
de  près  ou  de  loin,  au  bassin  de  la  Loire. 

M.  Gruner  était  rapporteur  du  Jury  à  l'Exposition  de  Vienne 
en  1873.  A  Saint-Etienne,  disait-il,  à  l'époque  qui  précéda  l'ex- 
ploitation par  remblais  complets,  c'est-à-dire  entre  1840  et  1850, 
la  production  spécifique  (par  homme  et  par  an)  était  de  250  à 


(1)  Voir  dans  le  Mémorial  de  lu  Loire  :  une  notioe  sur  M.  Evrard  et 
9iir  seis  inventions  (3  janvier  1879;  ;  une  description  du  nouveau  lavoir 
Max.  Evrandi  (4  juin  1886)  ;  le  compte  rendu  d'u  procès  Evrard-Marsaut 
devant  la  cour  die  Montpellier,  au  sujet  d'appareils  pour  le  lavage,  le 
classement  et  le  triage  des  .charbons  menus  (7  septembre  1883). 

(2)  Voir  Bulletin  de  VIndustrie  minérale,  1873,  p.  445  ;  1875,  p.  747  ; 
1880,  p.  5  ;  1881,  p.  19  ;  1884,  p.  673  ;  1886,  p.  81  ;  1887,  p.  863  ;  1893,  p.  5. 

(3)  Voir  Mémorial  de  la  Loire,  19  octobre  1883. 

(4)  Voir  V Exploitation  des  Mines  dans  le  bassin  de  la  Loire,  par  A. 
Leseure  (Saint-Etienne,  A.  F.  A.  S.,  1897).  Sur  les  moyens  pour  prévenir 
les  accidents  de  grisou,  on  trouvera  l'exposé  de  l'antique  méthode  des 
pénitents  dans  un  articiie  de  M.  Soulary,  alors  directeur  de  la  mine  du 
Montcel-Ricamarie  {Bulletin  de  VIndustrie  minérale,  1875,  p.  575).  Sur 
la  carbonisation,  voir  le  BulleUn  de  VIndustrie  minérale  (1875,  p.  60.5) 
au  Sujet  des  fours  de  la  Péronnière,  et  le  même  périodique  (1876.  p.  46) 
sur  la  Société  de  carbonisation  Carvès,  qui,  à  cette  époque,  carbonisait 
80.000  tonnes  de  houille. 


-  771  - 

300  tonnes.  En  1869,  elle  n'était  plus  que  de  200  tonnes. 
«  L'emploi  plus  général  des  machines  et  des  chevaux  n'a  pas 
compensé  la  diminution  de  la  production  spécifique,  due  au 
déhouillement  plus  complet  des  couches.  » 

A  l'Exposition  de  1878,  à  Paris,  la  Compagnie  de  Roche-la- 
Molière  faisait  figurer  de  nombreuses  empreintes  de  plantes 
carbonifères.  '  La  plupart  des  mines,  en  France,  avaietnt 
d'ailleurs  exposé  des  empremtes  végétales,  «  indice  de  l'intérêt 
plus  marqué  que  les  exploitants  semblent  commencer  à  prendre 
aux  indications  paléonto logiques  dont  les  travaux  de  M.  Grand'- 
Eury,  entre  autres,  ont  mis  en  Lumière  l'importance  (i)  ». 

La  Compagnie  des  Mines  de  la  Loire  exposait  le  relief  en 
plâtre  de  la  huitième  couche,  divisée  en  plusieurs  lambeaux, 
coupée  de  failles. 

La  Compagnie  de  MontramberL  exposait  un  modèle  de  ses 
exploitations.  L'introduction  de  l'exploitation  par  remblais 
complets  datait,  à  Montrambert,  de  1849.  La  méthode  par  ra- 
battage fut  appliquée,  en  1849,  à  la  grande  couche,  puissante 
de  20  à  25  mètres,  et  inclinée  à  45".  Celle  par  tranches  inclinées 
fut  appliquée  à  la  couche  des  Littes  (10  à  12  mètres^  de  puissance, 
25"  à  45°  d'inclination).  En  1866,  les  couches  devenant  tout  à 
coup  moins  propres  et  moins  puissantes  ou  plus  tendres  et  plus 
puissantes,  on  adopta  définitivement  les  méthodes  par  tranches 
horizontales,  modifiées  suivant  les  Ccis. 

Une  mention  spéciale  était  donnée  aux  puil^  jumeaux  de  Mont- 
rambert et  de  la  Béraudière,  «  solution  heureux  du  problème 
de  l'établissement  de  puits  à  grande  production  dans  des 
terrains  rendus  instables  par  l'exploitation.  Cette  solution  con- 
sistait dans  l'établissement  de  deux  puits  jumeaux  de  faible 
diamètre,  desservis  par  une  machine  unique  placée  entre  eux  ». 

Le  rapporteur  citait  encore  les  cribles  de  Montrambert,  bien 
appropriés  à  la  nature  du  charbon,  le  laveur-classiflcateiur 
Evrard,  appliqué  au  Mon to^l- Sorbiers,  le  modèle  complet  d'une 
installation  de  lavage  exposé  par  la  Compacrnio  de  Rociio-Ia 


(1)  Rapport  de  M.  Zeiller,  Ingénieur  des  Mines  (section  I,  classe  43  : 
Substances  minérajesii.  Voir,  dani?  le  Mémorial  de  la  Loire  du  5  mars 
1886,  le  compte  rendu  de  la  découverte,  à  Môons,  d'un  arbre  foss-ilo 
dont  M.  Grand'Eury  étudia  les  caiact^res.  Sur  M.  Grand'Eury,  v.  p.  H. 


-  772  — 

Molière,  les  nuicliiiie^s  à  agglomérer  des  atoliei^s  Biétrix  et  la 
presse  Gouffinhal,  les  machines  d'épuisement  construites  éga- 
lement par  la  Maison  Revollier,  etc.,   etc. 

Les  notices  publiées  par  la  Compagnie  de  Montramhert  et  la 
Compagnie  de  Roche-la-Molière,  à  l'occasion  de  l'exposition  de 
1878,  constituent,  ainsi  que  tooiites  les  notices  publiées  à  l'oc- 
casion des  autres  expositions,  des  documents  historiques  de 
premier  ordre.  Malheureiusement,  l'Exposition  terminée,  on 
traite  ces  intéressantes  publications  avec  le  mépris  des 
ignorants  pour  les  vieux  papiers,  et  elles  deviennent  rapidement 
introuvables. 

J'aurais  voulu  donner  une  analyse  des  rapports  du  Jury 
(cl.  48)  à  l'Exposition  de  1889,  qui  résument  tous  les  progrès 
accomplis  depuis  1878.  Mais  cas  documents,  très  longs,  ne  sont 
pas  résumables.  C'est  à  cette  Exposition  que  fut  présentée  au 
public,  pour  la  pre^mière  fois,  le  plan  en  relief  du  territoire 
houiller  de  Saint-Etienne,  limité  par  La  Fouillou.se,  La  Vari- 
zelle,  La  Valette  (au  sud  de  Saint-Etienne)  et  le  Pertuiset,  plan 
dressé  par  M.  Perrin,  géomètre  des  Houillères  de  Saint-Etienne. 
Ce  plan  figura  également  à  l'Exposition  de  Saint-Etienne,  en 
1891,  et  aux  Expositions  suivantes.  M.  Perrin  a  reconstitué  l'his- 
toire cartographique  des  couches  exploitées  et  créé  le  bureau 
des  plans  de  sa  Compagnie  ;  il  fut  l'auteur  des  coupes  sur 
verre,  donnant  la  physionomie  générale  du  bassin  houiller  de 
la  Loire,  du  modèle  en  relief  de  la  huitième  couche,  etc.,  qui 
lui  valurent  de  nombreuses  récompenses  aux  Expositions  (i). 

Ce  fut  pendant  cette  période,  en  1879,  que  fut  constituée  une 
Société  pour  effectuer  des  sondages  dans  la  plaine  du  Forez,  à 
l'effet  de  rechercher  le  prolongement  du  bassin  houiller  de  la 
Loire.  M.  Fénéon,  professeur  de  minéralogie  et  de  géologie  a 
l'Ecole  de  Saint-Etienne,  vers  1832  ou  1833,  considérait  que  cette 
plaine  pouvait  avoir  reçu  un  dépôt  houiller.  En  1856, 
M.  Fournet,  professeur  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Lyon,  en 
1873,  deux  ingénieurs  de  l'Ecole  de  Saint-Etienne,  MM.  Maussier 
et  Chansselle,  attirèrent  Tatteintion  du  public  savant  sur  la 
présence  de  lambeaux  de  houille  servant  de  liaison  entre  les 
terrains  anthracifèires   du   Roannais  et  le   bassin   houiller   de 


(1)  M.  Perrin,   ingénieur,   né  dans  le  Gard,   est  mort  à  Saint-Etienne, 
en  juillet  1918. 


—  773  - 

Saint-Etienne.  M.  Laur  esquissa  le  plan  de  cette  recherche. 
Avec  le  concours  de  M*  Buhet,  notaire,  il  constitua  un  Comité 
d'études. 

Les  sondages  effectués  près  de  la  gare  de  Saint-Galmier  et 
à  Montrond  tirent  découvrir,  parmi  des  grès  durs  mêlés  de 
sables,  de  gores  et  d'argiles,  à  180  mètres,  une  source  d'eau 
thermale  dont  le  débit  et  la  minéralisation  s'augmentaient  à 
mesure  que  le  forage  se  faisait  plus  profond. 

A  280  mètres,  la  température  de  l'eau^était  de  32°  au  griffon. 
Le  Conseil  départemental  d'hygiène  (1880)  la  jugeait  supérieure 
à  l'eau  de  Vichy,  avec  laquelle  elle  présentait  une  grande  ana- 
logie (1). 

Le  23  septembre  1881,  le  sondage  atteignait  502  mètres',  quand 
l'eaui  jaillit  brusquement  en  geyser  magnifique  qu'on  alla  voir 
de  loin.  Il  fit  entrevoir  pour  Montrond  l'avenir  d'un  nquveau 
Vichy.  Si  ces.  espérances,  que  je  raconterai  un  jour  dans 
V Histoire  des  Eaux  minérales  du  Forez,  ne  se  sont  pas  complè- 
tement réalisées,  par  contre,  Montrond,  situé  au  croisement  des 
routes  et  des  voies  ferrées  de  la  plaine,  est  devenu  le  pavillon 
central  de  chasse  de  la  province  et  une  grande  station  de  pêche 
à  la  ligne. 

Dans  le  Bulletin  de  Vlndustrie  minérale^  en  1885,  l'ingénieur 
Jules  Garnier  publia  une  notice  sur  la  découverte'  des  minerais 
de  nickel  en  Nouvelle-Calédonie.  Il  était  arrivé,  en  1863,  dans 
cette!  île,  chargé  du  service  des  mines  par  le  Gouvernement.  Il 
découvrit,  lors  de  ses  premières  courses,  la  présence  de  ce 
minerai. 

Jules  Garnier  était  un  enfant  de  Saint-Etienne,  un  ancien 
élève  de  son  Ecole  des  Mines.  En  1905,  lors  du  Congrès  des 
Sociétés  de  Géographie,  ume  plaque  commémorative  fut  apposée 


(1)  Voir  Francis  Laur  :  Sonda fjr  de  la  'plaine,  du  Forez,  1879,  Géologie 
et  hydrologie  de  la  plaine  du  Forez  (Extrait  des  Annales  de  la  Société 
d*AgriculuTc  de  la  Loire,  1881).  M.  Ijaiir,  inponieur  de  TEcole  de  Saint- 
Etienne,  a  eu  nue  vie  politiqure  dns  plus  mouvementées.  Il  fut  député 
de  la  Loire  et  l'un  des  partisjins  les  plus  ardents  du  général  lîoulanger. 
Chargé  de  la  chronicpje  imlfustrielle  du  Mémorial  de  la  Loire,  fondateur 
et  directeur  d'C  VEeho  des  Mines  et  de  la  Mélalluruie,  auteur  de  nom- 
breux ouvrages,  dont  trois  gros  volumes  .sur  VAeeaparement  ;  il  efii  né 
à  Novers,  le  5  septembre  1844 

so 


-  774  — 

sur  la  maison  où  il  naquit,  rue  de  la  Préfecture,  25.  Le  buste 
de  Jules  Garnier  est  exposé  à  l'Hôtel  des  Ingénieurs,  à  Saint- 
Etienne  (1). 


,^  3  -  STATISTIQUES,  PRIX,    GRÈVES,   EXPLOSIONS, 

MARCHE    GÉNÉRALE   de   L'INDUSTRIE    HOUILLÈRE 

de  1870  à  1888 


A  partir  de  1870,  les  rapports  annuels,  de  l'ingénieur  en  chef 
des  Mines  du  détparteiment  ont  été  publiés  dans  les  comptes 
rendus  de  la  session  d'août  du  Conseil  général.  Les  chiffres  que 
ces  rapports  mdiquent  pour  la  production  ne  concordent  pas 
toujours  avec  ceux  publiés  par  M.  Leseure,  mais  les  différences 
sont  peu  importantes.  Chose  singulière,  les  chiffres  de  la  Statis- 
tique de  rinduistrie  minérale  n&  concordent  souvent  ni  avec 
ceux  de  l'Ingénieur  en  chef,  ni  avec  ceux  de  M.  Leseure.  Mais 
les  écarts  sont  peu  sensibles.  Ils  piroviennent  sans  doute  de  la 
distinction  entre  les  chiffres  provisoires  et  les  chiffres  définitifs. 

Ces  rapports  indiquent  également  les  travaux  neufs  exécutés 
chaque  année  pour  reconnaître  la  richesse  des  concessions  et 
créer  de  nouveaux  champs  d'exploitation.  Mais  cette  partie  des 
rapports  ne  peut  être  résumée  et  l'ensemble  de  ceis  nomencla- 
tures annuelles  est  trop  considérable  pour  pouvoir  être  annexé 
aux  notes  économiques  suivantes  : 

1870 

Production  :  3.274.000  tonnes,  40  millions  de  francs,  15.579 
ouvriers  (2). 

La  grève  de  1869  avait  fait  écouler  les  stocks  et  hausser  les 
prix.  Cette  circonstance  surexcita  la  production  pendant  le 
premier  semestre  1870. 


(1)  Mort  le  8  mai  1904,  à  Menton,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur 
(Voir  le  discours  die  M.  Murgue,  à  l'inauguration  de  la  plaque  comme 
morative,  le  6  août  1905). 

{2)  Le  tonnage  est  indiqué  d'après  l'Ingénieur  en  chef,  la  valeur 
d'après  M.  Leseure  le  nombre  d'ouvriers  d'après  l'Ingénieur  en  chef 
quand  ce  nombre  est  indiqué  dans  son  rapport,  ou,   à  défaut,   d'après 

M.    LlîSElîRE. 


-  775- 

La  guerre  fut  moins  préjudiciable  que  la  grève,  car  la  pro- 
duction de  1869  n'avait  été  que  de  2.971.000  tonnes  (l). 

Comparant  la  production  pandant  le  premier  semestre  à 
celle  pendant  le  deuxième  semestre,  la  Chambre  de  Commerce 
(7  mars  1871)  faisait  ressortir  que  la  diminution  provenait  de  la 
présence  de  l'ennemi  sur  plusieurs  marchés  d'écoulement,  de 
l'appel  de  nombreux  ouvriers  dans  la  garde  mobile  ou  la  garde 
nationale  mobilisée,  et  de  ce  qu'enfin  les  moyens  de  transport 
avaient  souvent  fait  défaut. 

La  consommation  locale,  augmentée  par  l'activité  des  in- 
dustries de  l'armement,  racheta  en  partie  le  déficit  deis  expé- 
ditions à  destination  lointaine. 

La  valeur  vénale  moyenne  de  la  tonne  était  de  12  fr.  40, 
contre  12  fr.  10  en  1869. 

Le  plus  grave  accident  fut  l'explosion  au  puits  Villebœuf, 
à  Saint-Etienne  :  neuf  tués  et  trois  blessés  (^). 

L'ingénieur  en  chef,  M.  Tournaire,  déclarait  que  la  scission 
qui  s'était  opérée  dans  les  esprits  était  un  mal  auquel 
il  serait  difficile  de  remédier.  Le  mineur,  disait-il,  débute 
entre  12  et  14  ans,  comme  conducteur  de  chevaux  ou  rou- 
leur.  Il  échappe  à  toute  instruction  S'il  a  su  quelque  chose, 
il  ne  tarde  pas  à  l'oublier.  «  Faudra-t-il  plus  tard  lui  en  vouloir 
beaucoup  s<'il  se  livre  à  la  débauche,  à  l'indiscipline  et  aux 
menées  des  ambitieux  de  bas  étage  ?  »  On  devrait  lui  donner, 
outre  le  dimanche,  deux  jours  ou  au  moins  un  jour  de  repos 
corporel  pour  les  consacrer  à  l'étude  des  connaissances  élémen- 
taires, et  plus  encore  à  l'évangélisation  spirituelle.  Sans  doute 
ce  serait  une  difficulté  dans  l'organisation  du  travail,  mais  non 
certes  insoluble.  Sans  doute  encore  les  parents  comptent  sur 
la  journée  de  leur  fils,  mais  on  pourrait  vaincre  cet  obstacle 
par  un  sacrifice  d'argent  que  les  exploitants  devraient  s'imposer. 
A  la  longue,  ce  serait  de  l'argent  bien  placé.   - 


(1)  M.  Lkskihe  a  publié  les  chiffres  comparatifs  des  années  1868  oi  1S70 
{Historique,  p.  253). 

(2)  Mémorial  dr.  In  l.>r,r<\    |k  juillet  1870. 


—  776  — 

1871 

Ce  fut  une  année  de  recueillemont,  dit  M.  Le&eure. 

Production  :  3.139.000  bonnes,  Vcaleu-r  :  39  millions  de  francs, 
15.564  ouivriers. 

C'est  en  1871,  le  8  novembres  qu'eut  lieu  la  première  des 
grandes  explosions  du  puits  Jabin  à  Saint-Etienne.  Elle  coûta 
la  vie  à  soixante-dix  ouvriers.  Les  derniers  cadavres  furent 
retirés  seulement  le  10  janvier  1872.  Une  souscription  en  faveur 
des  victimes  atteignit  24.000  francs. 

1872 

Production  :  3.568.000  tonnes,  50  millions  de  francs,  18.682 
ouvriers. 

La  production  s'éleva  à  un  chiffre  considérable,  malgré  une 
affluence  exceptionnelle  des  eaux  dans  les  travaux  souterrains. 
Les  prix  de  vente  étaient  forteanent  em  hausse.  La  grande  acti- 
vité é&  la  métallurgie,  les  demandes  considérables  du  com- 
merce, les  exportations  en  Italie,  commencées  avec  l'ouverture 
du  Mont-Genis,  en  étaient  les  principales  causes.  La  reprise 
industrielle  se  manifestait  de  toutes  parts  ;  reprise  facti^ 
d'ailleoirs,  car  il  fallait  refaire  ce  que  la  guerre  avait  détruit. 

La  Compagnie  du  Creusot  se  rendit  maîtresse  de  V amodiation 
de  Montaud  pour  1  million,  et  des  12/100*^  de  la  mine  de 
Beaubrun,  au  prix  de^  5  millions,  avec  faculté  de  prendre  en 
nature  la  même  quote-part  des  produits. 

Les  accidents  mortels  les  plus  graves  furent  l'explosion  de 
la  Porchère  (4  tués,  5  blessés)  et  l'explosion  d'Unieux 
(10  février). 

Il  y  avait  pénurie  de  main-d'œuvre,  hausse  du  prix  de  la 
vie.  La  hausse  des  salaiires  s'opéra  pacifiquement.  Une  menace 
de  grève  à  Pirminy  et  à  la  Compagnie  de  la  Loire  fui  écartée 
par  une  conciliation.  L'augmentation  accordée  en  1872  dans  tout 
le  bassin  était  de  25  centimes.  En  1873,  une  autre  augmentation 
de  25  centimes  fut  accordée  dans  la  plupart  des  mines.  Plusieurs 
Compagnies  supprimèrent  les  retenues  pour  les  Caisses  de 
secours,  tout  en  conservant  ces  Caisses. 

1873 

Production  :  3.936.000  tonnes,  71  millions  de  francs,  20.032 
ouvriers. 


—  777  —  • 

L'extraction  avait  atteint  son  chiffre  maximum.  Les  houillères 
étaient  impuissantes  à  satisfaire  aux  demandes  et  principa- 
lement à  celles  de  la  métallurgie,  emportée  dans  une  «  poussée 
vertigineuse  ».  Mais  cette'  <(  activité  fiévreuse  »  dura  peu.  Dès 
l'automne,  les  stocks  se  reformèrent  autour  des  puits. 

Les  prix  avaient  subi  un©  hausse  considérable.  Ils  fléchirent 
à  partir  d'octobre. 

Marche  satisfaisante,  disait  la  Chambre  de  Commerce.  Une 
petite  grève,  du  16  au  22  juin,  à  Firminy,  Villebceuf,  Villars, 
Dourdel,  Montsalson,  Quartier-Gaillard,  se  termina  par  une 
augmentation  de  salaire  de  25  à  40  centimes  par  jour. 

La  disette  de  charbon,  en  1872-73,  motiva  une  enquête  parle- 
mentaire en  1874.  Le  Comité  des  Houillères  de  la  Loire  déclara 
que  la  hausse  constituait  à  peine,  pour  les  houillères  moins 
favorisées  que  d'autres,  un  prix  suffisamment  rémunérateur, 
et  qu'elle  stimulait  énergiquement  la  production. 

La  crise  houillère  ayant  été  générale,  l'importation  étrangère 
n'avait  pu  combler  l'insuffisance  de  la  production  nationale. 
Le  Comité  attirait  rattention  du  Parlement  sur  l'imprudence 
de  trop  compter  sur  cette  importation.  En  cas  de  guerre  ou  de 
grande  activité  industrielle,  elle  Cuvait  faire  défaut  au  pays. 
Il  fallait  accroître  la  production,  c'est-à-dire  rechercher  des  gi- 
sements inconnus  et  développer  les  exploitations  existantes  (l). 

Une  mission  en  France  et  en  Angleterre  avait  été  confiée  par 
le  Gouvernement,  en  1866,  à  M.  de  Ruolz,  inspecteur  général 
des  mines  et  membre  du  Comité'  consultatif  des  chemins  de 
fer,  pour  étudier  la  question  des  houilles:.  Les  résultats  de  cette 
enquête,  dûment  complétée,  ne  furent  publiés  qu'en  1872-74. 
Ils  remplissent  quatre  volumes.  On  y  trouve  une  monographie- 
du  bassin  de  la  Ix)ire  en  1864-1873.  Je  signale,  entre  autres  ren- 
seignements statistiques,  le  décompte  du  prix  de  revient  moyen 
de  la  houille  dans  le  bassin  de  Samt-Etienne  en  1867  (t.  Il, 
p.  -474). 


(1)  Les  i»''|^on.ses  de  la  Chainbro  de  Commerce  de  Saint-Etienne  et  dii 
Comit-6  (liOsS  Houillères  <1p  In  lyoiro  à  l'enqutMe  parlementaire  d'C  1874  ont 
été  publiées  dans  le  Mcvwrinl  de,  la  Loire  (31  mars,  7,  8,  9  avril  1874). 
Elles  visent  Ij-es  amélloi-aLion.s  à  la  loi  de  1810  et  les  quesUoas  de  chemin.s 
de  fer. 


—  778  — 

De  toutes  parts,  Ja  crisiei  commerciale  de  la  houille  sollicitait 
l'attention  du  monde  technique  et  du  monde  économique  (i). 

1874 

Production  :  3.543.(X)0  tonnes,  63  millions  de  francs,  17.850 
ouvriers. 

La  crise  était  passée.  «  La  chute  fut  brusque  et  profonde 
pour  la  métallurgie.  Elle  fut  plus  lente  sur  le  marché  des 
charbons.  »  La  production  diminua  de  14  %  L'emploi  de  plus 
en  plus  grand  des  fours  à  gaz  (Siemens)  dans  la  métallurgie 
faisait  rechercher  les  houilles  à  la  fois  très  pures  et  très  riches 
en  gaz,  celles  de  Montrambert,  de  la  Béraudière,  de  la  Malafolie 
principalement. 

L'accumulation  des  stocks  ne  faisait  que  grandir  (120.000 
tonnes  au  31  décembre  1874).  Les  prix  baissèrent  de  2  fr.  50  à 
3  fr.  50  par  tonne  pour  les  bonnes  qualités,  et  davantage  pour 
les  qualités  inférieures.  Au  début  de  1875,  la  baisse  s'accentua  • 
on  obtenait  à  16  ou  17  francs  les  houilles  à  gaz  de  Montrambert, 
à  19  fr.  50  celles  de  la  Malafolie,  les  menus  impurs  de  Roche- 
la-Molière  à  14  ou  15  francs,  les  cokes  métallurgiques  à  26  ou 
27  francs  au  lieu  de  40  francs  (2). 

La  plupart  des  Com.pagnies  avaient  usé  avec  sagesse  des 
bénéfices  extraordinaires  de  1873  et  constitué  de  fortes  réserves 
pour  améliorer  et  développer  leur  exploitation  (3). 

1875 

Production  •  3.333.000  tonnes,  56  millions  de  francs,  18.500 
ouvriers. 

De  1875  à  1879,  les  circonscriptions  minénalogiques  furent 
modifiées.  Aussi  la  comparaison  des  chiffres  avec  ceux  des 
années  précédentes  n'est  possible  que  pour  l'ensemble  des  deux 
groupes  (Saint-Etienne  et  Rive-de-Gier)  (^). 

L'extraction  continua  à  suivre  la  marche  descendante  inau- 


(1)  Voir  :  La  crise  commerciale  de  la  houille,  1870-74  (Revue  univer- 
selle d€;s  Mines,  de  la  Métallurgie,  des  Travaux  publics,  etc.,  l'"^  série, 
volume  XXXVI,  p.  296). 

(2)  Rapport  de  l'Ingénieur  en  chef  (M.  Leseure  cite  un  marché  de 
coke  à  60  fr.). 

(3)  Ibid. 

(4)  Leseure,  p.  341 


—  779  —      ^ 

gurée  vers  la  fin  de  1873.  La  diminution  des  ventes  était 
beaucoup  moins  forte  et  les  stocks  s'abaissèrent  à  53.000  tonnes. 
L'année  1875  fut  encore  plus  mauvaise  pour  la  métallurgie. 

La  baisse  des  prix  s'accentua  et  fut  un  peu  supérieure  à 
1  franc  par  tonne  (i). 

Les  salaires  moyens  étaient  de  :  5  fr.  75  pour  les  piqueurs, 
4  fr.  65  pour' les  mineurs  (ouvriers  qui  abattaient  au  rocher)  et 
les  boiseurs,  3  fr.  80  pour  les  rouleurs,  3  fr.  85  pour  les  rem- 
blayeurs. 

Les  ouvriers  descendaient  de  5  heures  à  6  heures  du  matin 
.  et  remontaient  de  4  à  5  heures  du  soir,  après  avoir  suspendu 
le  travail  de  11  h.  1/2  à  1  heure. 

L'antique  benne  avait  disparu.  On  descendait  au  moyen  de 
cages  guidées  et  mises  en  mouvement  par  des  machines  (^). 

Une  explosion  se  produisit  le  5  avril,  au  puits  Dolomieu,  à 
Roche-la-Molière  :  7  morts,  2  blessés. 

1876 

Production  :  3.452.000  tonnes,  60  millions  de  francs,  18.204 
ouvriers. 

La  production  dépassa  notablement  celle  de  1875,  mais  les 
ventes  n'ayant  pas  suivi  la  même  marche,  les  stocks  s'accu- 
mulèrent. L'hiver  très  doux  et  la  crise  métallurgique  étaient 
les  causes  de  cette  situation. 

Les  prix  de  vente  baissèrent  de  1  fr.  40.  Le  prix  moyen  était 
de  16  francs,  se  rapprochant  de  celui  de  1872. 

Une  catastrophe  éclata  au  puits  Jabin,  à  Saint-Etienne,  le 
4  février,  dépassant  en  horreur  celle  de  1871  :  186  ouvriers 
périrent.  En  avril  1876,  on  retirait  encore  des  cadavres  et  i' 
en  restait  25  à  retrouver  (3).  Cet  accident  excita  une  émotion 
profonde  dans  le  pays  et  un  remarquable  élan  de  charité 
publique.  Le  Comte  de  Chambord  souscrivit  pour  iO.OOO  francs. 
Le  maréchal-Président  de  la  République  fit  remettre  au  Préfet 
une  somme  de  5.000  francs.  Le  général  d'Abzac,  aide  de  camp 


(1)  Rapport  (le  l'Ingénieur  en  chef,  M.  Castel,  successeur  de  M,  Toiir- 
naire  (Conseil  général,  1876). 

(2)  Mémorial  de  la   l.<>ii>\    li    septembre  1875. 

(3)  Mémorial  de  la  Lidrc,  25  avril  1876. 


_  780  — 

diui  maréchal,  assista  aux  funérailles  des  victimes.  M.  de  Meaux, 
ministre  de  l'Agriculture  et  du  Commerce,  député  de  la  Loire, 
était  présent. 

Ce  funeste  événement,  disait  l'ingénieur  en  chef,  a  mis  à 
l'ordre  du  jour  l'étude  du  grisou,  et  des  moyens  à  employer 
pour  en  prévenir  ou  du  moins  pour  en  atténuer  les  effets. 
L'Académie  des  Sciences  nomma,  en  effet,  une  Commission  du 
grisou  (^). 

Il  y  eut  une  grève  le  4  mai  à  Grand'Croix,  une  autre  grève 
au  début  du  mois  de  juin  à  Lorette.  Les  grévistes  de  Grand' 
Croix  étaient  au  nombre  de  580  et  demandaient  0  fr.  25  d'aug- 
mentation, demande  qui  fut  re jetée  par  la  Compagnie  de  Rive- 
de-Gier.  Le  13  mai,  tout  était  rentré  dans  l'ordre  P). 

1877 

Production  :  3.292.000  tonnes,  53  millions  de  francs,  18.567 
ouvriers. 

La  production  avait  encore  diminn.é.  L'industriel  et  su'rtout 
la  métallurgie  étaient  en  état  de  souffrance. 

Les  Compagnies  cherchèrent  à  maintenir  la  population, ou- 
vrière, en  réduisant  le  nombre  des  journées  et  en  augmentant 
considérablement  leurs  stocks. 

Les  prix  diminuèrent  d'environ  1  franc  par  tonne. 

Comme  les  années  précédentes,  les  travaux  neufs  étaient 
poussés  avec  activité  pour  reconnaître  la  richesse  des  con- 
cessions et  créer  de  nouveaux  champs  d'exploitation. 

Plusieurs  des  découvertes  faites  en  1877  ne  manquaient  pas 
d'importance,  notamment  celles  de  Firminy,  de  la  Béraudière, 
de  Beaubrun  et  de  Méons. 

187^ 

Production  :  3.117.000  tonnes,  49  millions  de  francs,  16.900 
ouvriers. 

Encore  en  diminution  par  rapport  à  l'année  précédente.  Par 


(1)  Mémorial  de  la  Loire,  27  mars  1876.  Je  rappelle  que  l'ingénieur 
Jabin,  professeur  à  l'Ecole  des  Mines  de  Saint-Etienne,  qui  s'était  signalé 
par  son  dévouiement  lors  die  l'inondation  de  la  mine  du  BoOs-Monzil,  en 
1831,  mourut  le  31  mars  1833,  dans  un  aocident  de  macliine  à  la  mine- 
de  Bérard. 

(2)  Rapport  de  l'Ingénieur  en  chef   (Conseil  général,   1876).  Mémorial 
de  la  Loire,  6  et  8  ma^  10  juin  1876. 


—  781  — 

suite  de  la  situation  génépale,  la  diminution  de  la  production 
eut  pour  corollaire  une  dimiDution  dans  la  population  ouvrière 
et  une  nouvelle  baisse  des  "prix. 

Une  explosion  de  grisou  se  produisit  à  Ptive-de-Gier  (i).  Elle 
n'est  même  pas  signalée  spécialement  dans  le  rapport  de 
l'Ingénieur  en  chef. 

Formés  en  'Chambre  syndicale  depuis  1876,  les  mineurs 
formulèrent  des  revendications  :  augmentation  des  salaires, 
journée  de  huit  heures,  etc..  (2). 

J'ai  signalé  la  participation  des  mines  de  la  Loire  à  l'Expo 
sition  de  1878. 

1879 

Production  :  3.048.000  tonnes,  valeur  46  millions,  /1 6.200  ou- 
vriers. 

Les  dix  premiers  mois  furent  encore  plus  défavorables  que 
l'année  1878.  Une  reprise  sérieuse  se  manifesta  en  novembre 
et  décembre,  à  cause  de  la  rigueur  de  l'hiver  (la  Seine  gela 
à  Paris)  et  de  la  reprise  momentanée  en  métallurgie. 

Parmi  les  faits  remarquables  d'exploitation  (3)  l'ingénieur  en 
chef  signalait  :  à  Beaubrun,  l'installation,  près  de  la  recette  du 
puits  de  la  Gulatte  n°  1,  de  deux  chambres  muraillées  devant 
servir  de  salle  d'attente,  en  dehors  du  courant  d'air,  aux  ouvriers 
prêts  à  remonter  au  jour  ;  à  Beaubrun,  l'installation  de  signaux 
électriques  de  sonnerie  et  de  signaux  télégraphiques  entre  les 
recettes  intérieures  du  puits  Châtelus  n"  1  et  le  jour  ;  au  Gros, 
le  remplacement  de  toutes  les  écairies  souterraines  au  charbon 
par  des  écuries  au  rocher  ;  à  Méons,  l'installation  au  puits 
Saint-Louis  d'un  ventilateur,  de  pompes  et  de  machines  inté- 
rioures  d'extraction  actionnées  par  l'air  comprimé  ;  à  Combe- 
rigol,  um  arrosage  bien  organisé  des  galeries  poussiéreuses. 

Une  c<itastrophe  au  puits  Dolomieu,  à  Roche-la-Molière,  le 
24  décembre,  fit  20  victimes.  Le  feu,  allumé  dans  une  écurie 
souterraine,  amena  l'asphyxie  de  ces  ouvriers  (^*). 


(1)  Mémorial  de  la  Loire,  14  octobre  1878. 

(2)  Ibid.,  28  novembre  1878. 

(3)  A  partir  die  oette  date,  les  rapports  de  llnjîi'^nieur  en  chef,  après 
avoir  énum«^r(^  les  travaux  neufs,  résument  les  Fails  remarquables  de 
VexplnitniUm. 

(4)  Hapijort  (le  riiig^ni«ur  en  chef  (1H8<)).  Mcmoiiai  de  la  Loire, 
il  décembre  1879. 


—  782  — 

1880 

Production  :  3.542.000  tonnes,  .52  millions  de  francs,  18.000 
ouvriers. 

L'accroissement  était  considérable  :  433.000  tonnes  par 
rapport  à  1879,  grâce  à  la  reprise  métallurgique. 

L'exploitation  fut  arrêtée  en  1880  dans  trois  concessions  : 
la  Baraillère,  Unieux,   Frigerin. 

A  Corbeyre  et  à  Grand'Groix,  on  avait  introduit,  pour  l'ex- 
tinction des  incendies  souterrains,  l'emploi  de  l'eau  rendue 
boueuse  au  moyen  des  poussières  de  charbon.  Cet  emploi  avait 
donné  de  bons  résultats.  L'usage  de  ces  poussières  est  cependant 
critiquable,  disait  l'ingénieur  en  chef  ;  il  vaudrait  mieux  se 
servir  d'un  mélarige  de  sable  et  d'argile. 

Au  puits  Gharrin,  à  Grand'Groix,  on  exploitait  les  menus 
laissés  auitrefois  comme  remhlais.  Le  produit  lavé  donnait  une 
excellente  houille. 

Un  incendie  au  puits  Adrienne,  à  la  Malafolie,  fit  11  victimes 
(27  décembre).  De  grands  éboulements  au  puits  Monterrad 
(Malafolie)  le  1^^  juin,  au  puits  Dyèvre  à  la  Béraudière  (13  avril), 
aiQ  puits  Luicy,  à  la  Ghazotte,  causèrent  la  mort  de  plusieurs 
ouvriers. 

A  la  suite  de  l'incendie  à  Roche-la-Molière,  en  1879,  le  Préfet 

(26  février  1880)  interdit  dans  les  écuries  souterraines  l'emploi 

des  lampes  à  feu  nu:  Il  défendit  l'accès  de  ces  écuries  à  d'autres 

personnes  que  les  maîtres  mineurs  et  les  palefreniers. 

Une  grève  éclata  aux  mines  de  Firmmy  au  mois  de  janvier  (i). 

1881 

Production  :  3.498.000  tonnes,  50  millions  de  francs.  Nombre 
d'ouvriers  :  17.606. 

La  situation  fut  satisfaisante,  les  prix  se  maintinrent. 

Parmi  les  faits  remarquables  d'exploitation,  on  signalait 
l'installation  au  puits  Thibaud,  à  Terrenoire,  et  aux  puits 
Saint-Antoine  et  du  Ghêne  à  la  Péronnière,  de  machines  électro- 
magnétiques pour  actionner  soit  une  pompe,  soit  un  treuil  de 
plan  incliné. 

Le  17  mai,  au  puits  Sagnat  à  Roche-la-Molière,  une  explo- 
sion coûta  la  vie  à  huit  ouvriers  et  en  blessa  trois  autres,  dont 


(1)  Voir  le  Mémorial  de  la  Loire  du  3  au  12  janvier  1880. 


—  783  — 

deux  moururent  le  lendemain.  Depoiis  cette  époque,  il  n'y  eut 
plus  d'explosion  de  grisou  à  la  Compagnie  de  Roche-la-Molière, 
sauf  cell«  du  puits  Chapelon  en  1890  (1  mort,  3  blessés). 

D'autres  accidents,  sans  conséquence  au  point  de  vue  des 
personnes,  eurent  des  suites  graves  pour  l'exploitation  :  incendie 
du  chevalement  du  puits  Mars  à  Méons,  le  24  août,  qui  amena 
un  chômage  d'uH  mois  ;  explosion  de  la  poudrière  du  Montcel, 
le  24  septembre,  qui  causa  de  nombreux  dégâts  ;  rupture  d'une 
bobine  d'extraction  au  puits  Pélissier  le  8  décembre  ;  incendie 
souterrain  au  puits  Sainte-Camille,  à  la  Péronnière,  le  18  no- 
vembre. 

Une  grève  fut  signalée  aux  mines  de  lia  Péronnière  (i). 

Le  mouvement  ouvrier  prit  un  caractère  très  accusé  à  partir 
du  Congrès  ouvrier  socialiste  de  Saint-Etienne,  le  16  juin  1881, 
où  Rondet  formula  le  programme  des  mineurs  :  journée  de 
huit  heures  y  compris  une  demi-heure  pour  la  collation,  abo- 
lition du  travail  à  la  tâche,  organisation  d'une  Caisse  de  secours 
et  de  retraites  centralisée  et  solidaire  pour  les  mineurs  du 
bassin,  création  de  délégués  mineurs,  conseil  de  prud'hommes. 

1882 

Production  :  3.567.000  tonnes,  51  millions  de  francs,  16.y68 
ouvriers. 

La  situation  continuait  à  être  satisfaisante.  Les  prix  variaient 
peu.   Toutefois,  on  pressentait  une  crise  métallurgique. 

Une  découverte  d'une  grande  importance  était  la  rencontre 
à  600  mèkres,  par  le  fonçage  du;  puits  Sainte-Marie  à  Mont- 
rambert,  de  la  grande  couche  (3'"*)  avec  une  puissance  de 
6  mètres  de  charbon  d'une  pureté  remarquable. 

L'usage  des  machines  électro-magnétiques  tendait  à  se  ré- 
pandre. On  en  installait  dans  plusieurs  puits. 

On  employait  l'eau  boueuse  à  la  Péronnière  pour  éteindre 
un  incendie  souterrain,  emploi  qui  était  devenu  d'un  usage 
courant  à  Commentry,  où  il  avait  été  introduit  par  M.  Fayol, 
et  dans  les  mines  de  Saône-et-Loire.  Ce  procédé  était  très 
efficace  (2). 


(1)  MéViniini,     !■■     ;i.,,ii     |,H81. 

(2)  Rapport  de  ringéniour  en  chef  d<«  Mines,  M.  Casteil. 


—  784  — 

Au  puits  Saint-Marcellin,  à  Comberigol  (600  mètres),  on 
employait  un  no-uveau  système  de  bennes  pour  les  hommes, 
dans  les  puits  non  guidés  et  très  profonds.  La  benne  était  en 
tôle  d'acier,  à  deux  étages  et  pouvait  contenir  douze  hommes. 

Une  grève  éclata  le  14  juin  à  Saint-Chamond,  200  ouvriers 
cessèrent  le  travail  en  demandant  le  renvoi  de  l'ingénieur,  qui 
ne  fut  pas  accordé.  La  grève  cessa  le  26  juin  (i). 

C'est  en  cette  année  1882  que  se  produisirent  les  événements 
causés    par  des  anarchistes  à  Montceau-les-Mines  P). 

La  Chambre  syndicale  des  Mineurs  de  la  Loire  soumit,  en 
1882,  ses  revendications  au  Parlement.  Elle  entra  en  rapport 
direct  avec  un  certain^  nombre  de  députés. 

1883 

Production  :  3.614.000  tonnes,  58  millions  de  francs,  17.886 
ouvriers. 

La  situation  restait  satisfaisante,  les  prix  étaient  sans 
changements  importants. 

Indépendamment  de  la  découverte  faite  à  Montrambert 
l'année  précédente  et  poursuivie  en  1883,  il  faut  signaler  les 
découvertes  aux  puits  Montmartre  n°  1  et  n"  2  de  Beaubrun,  de 
plusieurs  couches  de  bonnes  puissance  et  qualité,  les  recon- 
naissances sur  la  15^  couche  au  puits  du  Fay  (Montcel- Sorbiers), 
la  découverte  de  la  Bâtarde  avec  une  belle  puissance,  au.  puits 
Piney,  de  la  Péronnière. 

En  1883-84,  l'exploitation  de  la  Petit e-Ricamarie  (v.  p.  738), 
concession  de  la  Béraudière,  cessa  par  suite  d'épuisement  dans 
la  portion  en  dehors  de  Vinvestison  du  tunnel  de  la 
Ricamarie  (3). 

Les  propriétaires  de  l'amodiation  du  Montcel-Ricamarie 
(v.  p.  739),  dans  la  même  concession,  après  avoir  terminé  le 
dépilage  des  Brûlantes  au  niveau  de  116  mètres  du  puits  Catain, 
cédèrent  leurs  droits  à  la  Compagnie  de  Montrambert  et  de  la 
Béraudière,  qui  continua  les  travaux  jusqu'au  16  juillet  1883  et 
qui  les  abandonna  à  cause  de  la  mauvaise  qualité  du  charbon  (4). 


(1)  Ihid.  —  Voir  Mémorial  de  la  Loire,  18  ju:n-3  juillet  1882. 
(2')  Le  ju^emeat   a   été   reproduit  dans   le   Mémorial  de  la  Loire   du 
19  octobre  1882. 

(3)  Rapport  d.e  l'ingénieur  en  chef,  1884. 

(4)  lUd. 


—  785  — 

On  découvrit  d'anciens  travaux  très  voisins  du  sol  à 
Beaubrun,  sous  la  rue  Marthourey  et  les  maisons  de  cette  rue, 
travaux  que  les  concessionnaires  furent  invités  à  remblayer. 

Une  machine  à  air  comprimé  avait  été  installée  au  puits 
Rigaudin  à  Saint-Ghamond,  en  1882,  pour  le  remontage  des 
bennes  sur  un  plan  incliné  intérieur.  Son  fonctionnement 
donnait  toute  satisfaction.  Au  puits  de  la  Loire  (Quartier- 
Gaillard)  les  signaux  se  faisaient  avec  un  appareil  électrique 
double.  L'emploi  de  l'eau  boueuse  pour  l'extinction  des  in- 
cendies fut  introduit  à  Gorbeyre.  Au  puits  Grégoire  (Reveux) 
on  arrosait  d'une  façon  constante  les  chantiers,  à  cause  de  la 
nature  poussiéreuse  du  charbon.  Au  puits  du  Grand-Treuil, 
sous  la  Manufacture  d'armes,  les  galeries  de  traçage  dans  les 
travaux  de  la  8^  couche  étaient  conduites  à  grande  section  sur 
12  métrés  de  largeur,  avec  remblai  au  milieu  sur  6  à  7  mètres, 
disposition  permettant  de  mieux  aérer  le  front  de  taille  d'avan- 
cement. 

Le  premier  Congrès  national  des  Mineurs  tint  ses  assises  à 
Saint-Etienne  du  24  au  31  octobre  1883,  et  c'est  au  cours  du 
Congrès  que  la  Fédération  nationale  des  Mineurs  fut  fondée. 

1884 

Production  :  3.189.000  tonnes,  47  millions.  Nombre  d'ouvriers  : 
16.130. 

Il  y  avait  une  diminution  de  400.000  tonnes  par  rapport  à 
1883.  La  métallurgie,  déjà  en  diminution  notable  en  1883  par 
rapport  à  1882,  était  encore  en  décroissance  à  cause  de  la  con- 
currence des  usines  du  littoral  et  de  la  Lorraine.  Celles-ci, 
grâce  au  procédé  Thomas  et  Gilchrist  pour  la  déphosphoration 
des  fontes,  surgissaient  comme  par  enchantement  et  menaçaient 
d'enlever  aux  usines  du  Centre  la  fabrication  totale  des  rails  et 
des  produits  marchands.  Cette  crise  amena  la  faillite  de  la 
Compagnie  des  mines  de  la  Chazotte  et,  en  1888,  celle  de  la 
C>>mpagnie  des  Fonderies  et  Forges  de  Terrenoire,  La  Voulte  et 
Hessèges. 

Les  prix  des  menus  et  du  coke  métallurgique  baissèrent.  Les 
autres  prix  sul)irent  peu  de  changement. 

La  concession  du  Montcel-Sorbic^rs  fui  nclK'h'r  |),ir  la  Com- 
pagnie P.-Fj.-M.  (octobre  1884). 


—  786- 

Les  découvertes  ae  quelque  importance  furent  :  la  recoupe 
au  puits  Troussieux,  à  Roche-la-Molière,  de  la  couche  dite  de 
la  Varenne,  dune  puissance  de  15  m.  50,  celle  de  la  grande 
couche  de  Rive-de-Gier  dans  la  concession  de  Gomberigol,  la 
découverte  de  la  couche  Dure-Veine  au  puits  Montmartre  n''  1 
(Beaubrun). 

Les  amodiataires  de  Montaud,  à  Saint-Etienne,  abandon- 
nèrent et  remblayèrent  le  puits  des  Marronniers' et  le  puits  Neuf, 
qui  servaient  à  l'exploitation  de  cette  amodiation. 

A  la  Petite-Ricamarie ,  les  glanages  étant  terminés,  le  puits 
Delaynaud  fut  mis  en  chômage  et  désarmé. 

Enquête  de  la  Commission  parlementaire  des  44.  —  Une  Com- 
mission de  la  Chambre  des  Députés,  chargée  de  faire  une 
enquête  sur  la  situation  des  ouvriers  de  l'industrie  et  de  l'agri- 
tîulture  en  France,  Commission  présidée  par  M.  SpuUer,  nomma 
une  délégation  chargée  d'étudier  sur  place  les  causes  de  la  crise 
industrielle  à  Lyon  et  à  Saint-Etienne.  Cette  délégation,  pré- 
sidée par  M.  Floquet,  débarqua  le  7  octobre  à  Saint-Etienne  et 
entendit  les  délégations  patronales  et  ouvrières  de  toutes  les 
industries  (i). 

Le  rapport  de  cette  délégation  indique  la  moyenne  des  sa- 
laires dans  les  mines  de  la  Loire,  en  1854  et  en  1883  : 

1854  1883 

Fr.  Fr. 

Piqueurs  • ...    ...  4-55  6  33 

TraîneurSj  rouleurs,  etc ...  2  80  417 

Remblayeurs 2  82  3  83 

Boiseurs 3  60  4  60 

Mineurs  C) 3  93  4  78 

Manœuvres 3  06  3  58 

Gouverneurs 5  89  5  97 

Ouvriers  de  l'extérieur  {^) 2  19  2  63 

La  moyenne  de  l'augmentation,  d'après  la  Commission,  était 


(1)  Rapport  de  la  délégation  :  Journal  officiel,   documents  parlemen- 
taires (Chambre),  annexe  3446,  p.  2.189. 

(2)  Ouvriers  chargés  d'ouvrir  la  mine  à  travers  banc. 

(3)  Il  s'agit  d'une   moyenne.  Les  forgerons,   serruriiers,    charpentiers, 
gagnaient  en  1854  :  2  fr   59,  et  en  1883  :  4  fr.  23. 


—  787  — 

inférieure  à  celles    des   objets  de  nécessité  et   des    logements 
(valeurs  que  la  Commission  n'indiquait  pas). 

Mais,  en  1854,  la  moyenne  de  la  journée  était  de  10  heures 
et,  en  1883,  de  8  h.  1/2.  Ce  point  était  fort  controversé.  Rondet, 
secrétaire  de  la  Chambre  syndicale  des  mineurs,  déclarait  que 
la  jo-urnée  atteignait,  dans  certains  puits,  13  h.  1/2  et  même 
14  h.  1/2.  M.  Villiers,  directeur  des  Houillères  de  Saint-Etienne, 
indiquait;  pour'  sa  Compagnie,  8  h.  1/2  de  travail  réel,  non 
compris  3/4  d'heure  pour  descendre,  3/4  d'heure  pour  remonter, 

I  h.  1/4  pour  déjeuner. 

La  délégation  constatait  l'élévation  du  prix  de  revient  de  la 
houille  dans  le  bassin,  à  cause  des  redevances  tréfoncières  (et 
des  difficultés  d'extraction),  en  1880  :  12  fr.  17  dans  la  Loire, 

II  fr.  25  en  Saône-et-Loire,  10  fr.  55  dans  le  Gard,   10  fr.   16 
dans  le  Nord  et  le  Pas-de-Calais.  S 

En  1881,  le  prix  de  revient  étant  de  12  fr.  43  et  le  prix  de 
vente  moyen  de  15  fr.  61,  le  bénéfice  brut  était  de  3  fr.  28.  Mais 
les  dépenses  d'extraction  admises  par  l'Administration  ne  com- 
prenaient ni  les  impôts  (0  fr.  30),  ni  les  frais  d'administration 
et  de  justice  (0  fr.  10),  m  les  charges  financières  des  exploitants 
(0  fr.  80).  Total  1  fr.  20,  ce  qui  ramenait  à  2  francs  le  bénéfice 
réel,  résultat  modeste  eu  égard  aux  risques  et  à  l'incertitude 
de  l'exploitation. 

Partant  de  ces  chiffres,  fournis  par  le  directeur  de  la  Com- 
pagnie la  plus  prospère  du  bassin  (Hoche-la-Molière)  et  qu'elle 
considérait  comme  problématiques,  la  délégation  concluait  que, 
pour  une  production  de  3  millions  de  tonnes,  le  bénéfice  ékiit 
de  6  millions,  réserves  non  déduites,  et  que  C€  bénéfice  per- 
mettait, sinon  d'augmenter  les  salaires,  du  moins  de  constituer 
une  épargne  pour  la  vieillesse  des  ouvriers  et  pour  le  chômage. 

Le  prix  (\v  vente  iiioNon  était,  en  1880,  sur  le  carreau  de  la 
mine,  de  15  fr.  18  dans  la  Ijoire,  de  13  fr.  77  en  Saône-et-Loire, 
de  12  fr.  10  dans  le  Gard,  de  11  fr.  70  dians  le  Nord  et  le  Pas-de- 
(îalais. 

L'extraction  était  restée  stationnai re  depuis  1865,  puisqu'on 
ixs:',  rorririif  en  1865  elle  était  de  3.100.000  tonnes,  tandis  que 
'IN'  du  xNord  et  du  Pas-de-Calais  s'élevait  de  3.600. (XX)  tonnes 
:   ;   '.49.000. 

A    'M  i  <■   ilf    l.i    crise    (|iii    >(''\'iss;iil    en    ISS^    la    r('Miu('li()ii    de 


-  788  — 

travail  était  de  20  à  25  %,-et  les  renvois  forcés  d'ouvriers  de 
10  %  (2.000  à  3.000  ouvriers  d'après  le  Syndicat).  La  majeure 
partie  des  ouvriers  ne  travaillaient  que  pendant  une  partie  de 
la  semaine  (3  ou  4  jours). 

La  délég-ation  exposait  le  malaise  causé  de  tout  temps  par  la 
cherté  des  transports.  Le  bassin  de  la  Loire  était  taxé  aux  tarifs 
les  plus  élevés  pouT  la  houille.  Il  demandait  le  canal  de  la  Loire 
au  Rhône. 

Sur  les  réclamations  des  ouvriers,  la  délégation  estimait 
qu'on  pouvait  limiter  la  durée  de  la  jouirnée  à  10  heures,  en  y 
comprenant  le  temps  de  la  descente,  de  la  montée  et  des  repas, 
de  manière  à  ne  faire  que  8  heures  de  travail  effectif.  J'ai  parlé 
ailleurs  de  l'opinion  de  la  Commission  sur  les  Caisses  de  secours 
et  de  retraites  et  sur  la  législation  des  accidents  (v.  p.  549). 

1885 

Production  :  2.977.000  tonnes,  43  millions.  Nombre  d'ou- 
vriers :  14.375. 

Il  fallait  remonter  bien  en  arrière  pour  retrouver  une  pro- 
duction aussi  peu  importante.  Les  induistries  de  la  Loire  étaient 
en  pleine  crise. 

Les  prix  subirent  une  réduction  notable,  non  seulement  à 
cause  de  la  crise,  mais  par  suite  de  la  réduction  des  tarifs  de 
transport. 

La  réforme  des  tarifs  en  1885  (v.  p.  688),  en  effet,  abaissa  de 
1  fr.  80  par  tonne  le  prix  de  transport  des  charbons  entre  Saint- 
Etienne  et  Lyon.  Par  suite  d'une  distance  moindre,  cet  abais- 
sement ne  fut  que  de  1  fr.  de  Rive-de-Gier  à  Lyon.  Dès  lors, 
il  se  produisit  ce  qui  était  arrivé  en  1863  (v.  p.  751),  les  mines 
de  Rive-de-Gier  durent  consentir  une  réduction  de  0  fr.  80  sur 
les  prix  de  vente,  dans  le  seul  but  de  combler  la  différence  et 
de  conserver  le  marché  de  Lyoïn.  Au)ssi,  l'année  fut-elle  parti- 
culièrement lourde  pour  les  Compagnies  de  Rive-de-Gier. 
L'iabaissement  de  leurs  prix  n'atteignit  pas  moins  de  2  francs 
par  tonne  (i). 

Dans  la  concession  du  Quartier-Gaillard,  on  découvrit  la  8^ 
couche  en  fonçant  le  puits  de  la  Loire,  et  un  massif  important 
de  cette  couche  au  delà  de  la  faille  de  La  Chaux. 


(1)  Rapport  de  ririgéniieur  en  chef  des  Mines  (Conseil  général,  1886). 


—  789  — 

Dans  ia  concession  de  Méons,  la  Ib""  couche  fut  découverte  au 
puits  Mars. 

Dans  la  concession  de  Monthieux,  les  11'',  12*  et  13*^  couches, 
en  fonçant  le  puits  du  Noird-Ouest. 

Enfin,  dans  la  concession  de  la  Péronnière,  un  massif  de 
quelque  importance  de  la  grande  couche  de  Rive-de-Gier. 

1886 

Production  :  2.751.000  tonnes,  49  millions.  Nombre  d'ou- 
vriers :  13.354. 

Il  fallait  remonter  à  vingt  ans  en  arrière  pou.r  trouver  une 
production  aussi  faible. 

Les  prix  subirent  un  nouvel  affaissement,  principalement  sur 
les  cha.rbons  pour  usines  et  chaudières. 

Les  découvertes  de  quelque  importance  se  résumaient  ainsi  : 
au  puits  Montsalson,  un  lambeau  de  la  3*^  co'uche  ;  au  puits 
Rambaud  (Gluizel),  une  couche  de  1  m.  80  de  puissance  ;  au 
puits  de  la  Pompe  (le  Treuil),  une  couche  de  1  m.  20  de  puis- 
sance, de  médiocre  qualité  ;  au  puits  Ambroise  (Villebœuf),  la 
11*  couche  ;  au  puits  Saint-Antoine  (La  Péronnière),  un  lambeau 
de  grande  couche  ;  au  puits  des  Orès  (Collenon),  le  prolon- 
gement de  la  grande  couche. 

La  Compagnie  des  Houillères  de  Rive-de-Gier  cessa  ses 
travaux  dans  les  divisions  de  Rive-de-Gier  et  de  Lorette,  où 
depuis  longtemps  elle  était  en  pjrte.  Elle  ne  conserva  plus  en 
activité  que  la  division  de  Grand'Groix  (i).  C'est  alors  qu'in- 
tervint la  Chambre  syndicale  des  Mineurs  du  Gier,  qui  avec 
le  concours  de  M.  Laur,  député,  obtint  l'abandon  de  propriété 
des  concessions,  et  qui  créa  la  Mine  aux  Mineurs  du  Gier 
(v.  p.  559). 

T^ne  catastrophe  au  puits  Ambroise,  à  Villebœuf,  motiva  des 
IMjur.suites  correctionnelles  (2). 

C'est  en  1886  que  fut  assassiné,  pendant  la  grève  de  Decaze- 
ville  et  dans  des  circonstances  époiivan tables,  le  malheureux 
Watrin,  ingénieur  de  l'Ecole  de  Saint-Etienne,  qui  avait  été 
attaché  à  la  Compagnie  des  Fonderies  et  Forges  de  Terrenoire 


—  790  — 

(usines  de  Saint-Julien,  Vienne,  La  Voulte  et  Bessèges).  Watrin 
était  accusé  d'être  trop  sévère,  de  vouloir  réduire  le  salaire, 
d'exploiter  l'ouvrier  par  des  économats.  Cet  assassinat  fut  glo- 
rifié par  le  parti  socialiste.  Rocliefort  employa  couramment  le 
verbe  watriner  pour  désigner  l'assassinat  d'un  patron.  Depuis 
cette  époque,  VAnmiaire  de  la  Société  amicale  des  Anciens 
Elèves  rappelle  que  Watrin  fut  assassiné  pour  avoir  voulu 
rester  fidèle  à  son  devoir  (i). 

1887 

Production  :  2.951.000  tonnes,  49  millions.  Nombre  d'ou- 
vriers :  13.181. 

La  période  de  décroissance  paraissait  arrivée  à  son  terme, 
la  métaillurgie  accusant  un  léger  relèvement. 

Aucune  variation  sensible  n'affectait  les  prix  de  vente. 

Les  découvertes  de  houiille  effectuées  en  1887  furent  de  mi- 
nime importance  :  une  petite  couche  au  puits  Rambaud,  un 
banc  de  houille  au  puits  Ambroise,  la  12^  couche  au  puits 
Saint-Louis,  etc.. 

En  1887,  commença  la  série  des  terribles  explosions  de  grisou, 
qui  ne  devait  cesser  qu'avec  l'année  1891.  Le  l^'"  mars,  au  puits 
Ghâtelus  n*'  1  (BeaAiibrun),  à  9  heures  du  matin,  une  explosion 
fit  85  victimes.  Il  y  eut  79  morts  (2). 

1888 

Production  :  3.119.000  tonnes,  40  millions.  Nombre  d'ou- 
vriers :  13.709. 

L'accroissement  fut  assez  important,  grâce  à  un  surcroît 
d'activité  métallurgique  et  malgré  la  chute  retentissante  de  la 
Compagnie  des  Forges  de  Terronoire.  Les  autres  usines  étaient 
bien  outillées  pour  la  fabrication  de  certains  produits  spéciaux, 
en  faveur  desquels  elles  délaissèrent  de  plus  en  plus  les  produits 
d'usage  courant,  comme  les  rails  et  les  fers  marchands. 

Les  travaux  de  recherches,  en  1888,  n'eurent  qu'une  très  faible 
importance  et  donnèrent  peu  de  résultats.  Le  seul  fait  à  retenir 


(1)  Voir  le  dliscours  prononcé    à   la   Société    {Mémorial   de    la   Loire, 
21  mai  1886). 

(2)  Ce  grave   accident  donna  lieu  à   des  poursuites    correctionnelles 
(Voir  Mémorial  de  la  Loire,  11  mars 


se  rapportait  à  la  petite  couche  de  1  m.  30,  découverte  à 
l'étage  de  405  mètres  au  puits  Rambaud. 

Depuis  la  grève  de  1869,  les  conflits  collectifs  qui  avaient 
éclaté  dans  le  bassin  de  la  Loire  étaient  de  peu  d'importance. 
L'année  1888  et  l'année  1890  virent  naître  des  grèves  longues, 
sérieuises  et  générales. 

Les  ouvriers  de  la  Compagnie  des  Mines  de  la  Loire,  groupés 
en  Syndicat  spécial,  réclamèrent  la  journée  de  huit  heures,  la 
suppression  des  retenues  pour  alimenter  les  Caisses  de  secours 
et  de  retraites.  Sur  le  refus  de  La  Compagnie,  la  grève  éclata 
et  dura  quarante  jours.  L'accord  s'établit  &uir  la  durée  de  la 
journée  et  l'heure  de  sortie  de  la  mme.  La  durée  de  la  journée 
resta  fixée  à  10  heures.  La  Compagnie  accorda.  50  centimes 
d'augmentation  aux  piqueurs. 

Le  mouvement  gréviste  gagna  les  concessions  de  Beaubrun 
et  de  Villebœuf.  Une  grave  échauffourée  eut  pour  théâtre  le 
puits  du  Treuil,  le  25  septembre  (i). 

Cette  grève  provoqua  des  tiraillements  et  des  dissensions,  qui 
aboutirent  à  la  fondation  de  syndicats  dissidents. 


RENSEIGNEMENTS    RÉCAPITULATIFS  (1870-1888) 


De  1870  à  1888  la  production  annuelle  atteignit  son  maximum 
en  iS73  et  son  niinimuni  en  iSSO. 

Ce  sont  ces  années  1873  et  1886  que  je  prendrai  pour  types  de 
comparaison  (2). 

1873  1886' 

Tonnage  de  la  production  3.941.000  tonnes  2.788.000  tonnes 

Valeur  de  la  production.  71  millions  de  francs  38.980.000  francs 

Prix  moyen  par  tonne. . .  18  fr.  04  13  fr.  98 

Nombre    d'ouvriers 20.191  14.168 

Journées  de  travail 6.016.467  3.752.772 

Salaires 23.028.561  francs  15.364.371  francs 


(1)  Voir  Mémuriai  d..  i,i  Loire,  26  avril  et  jours  suivants  (grève  par- 
tielle au  puits  (Je  la  Loire).  2()  juillet  (grève  à  Beaubrun),  !«■•  août  (tin 
de  la  grève  de  Villars,  oa'l-e  de  Beaubnm  oontinue),  21  et  22  septembre 
(longs  artif'hîs  .sur  la  grève  des  mineurs  de  la  Ix>ire),  24  septembi-e,  26 
sept/embre  (échauffourôe  au  puiits  du  Treuil),  9  août  (grève  à  Villebœuf). 

(2)  Statistique  de  L'Industrie  minérale. 


-  792  — 

On  sait  que  le  prix  moyen  de  la  tonne  ne  signifie  pas  grand 
chose  au  point  de  vue  oommercial.  Il  faut  considérer  les  prix 
par  natuire  et  qualité.  Je  cite  quelques  prix  H)  . 


1872  (*) 
(15  novembre) 

Pérats  durs  l'""  qualité 35  à  40  fr. 

Charbon  pour  le  gaz,  l'^  qualité 20  à  21  » 

Menu  de  forge  1^«  qualité. 19  à  20  » 

Charbon  de  chauffage   l"  qualité 18  à  19  » 

—                   —         2«        —     ....  16  à  17  » 

Coke  pour  hauts  fourneaux 30  à  32  » 

Petit   coke   pour   chauffage 22  à  25  » 


188») 

1 

"■  août 

33  à  36  fr 

18 

à  20  » 

22 

à  25  » 

13  à  14  » 

11   » 

18 

à  19  » 

19 

à  20  ). 

Pour  les  salaires  moyens,  je  prends  les  indications  fournies 
par  deux  Compagnies  importantes  du  bassin  (3)  • 


A  l'intérieur 

A  1  extérieur 

Ensemble 

1873 

1886 

1873 

4886 

4873 

4886 

Fr. 

Fr. 

Fr. 

Fr. 

Fr, 

Fx. 

C'«  de  Roche-la-Molière. . . 

4  25 

4  63 

2  58 

2  98 

3   66 

3  99 

Société  Houillères  de  Saint- 
Etienne  

4  50 

4  67 

2  71 

2  82 

4    09 

3  98 

La  Société  des  Houiillères  de  Saint-Etienne,  depuis  l'Expo- 
sition de  1889,  a  publié,  dans  ses  notices  à  roccasion  des 
expositions,  des  tableaux  statistiques  récapitulatifs  remontant 
à  l'origine  de  cette  Société^  c'est-à-dire  à  1854,  et  s'appiiquant 


(1)  Prix-courants  {Bulletin  âk  Vlndustrie  minérale). 

(2)  Il  manquiB  à  nctre  coilLeiction  le  Bulletin  de  Vlndustrie  minérales 
de  1873.  En  outre,  les  prix  d'hiver  (1872)  sont  forcément  plus  élevés  que 
les  prix  d'été  (1886).  —  M.  d^e  Ruôiz,  dans  son  enquête  (t.  II,  p.  476) 
donne  une  liste  de  prix-courants  au  20  décembre  1873. 

(3)  D'après  les  notices  publiées  par  ces  Compagnies,  à  ro<Jcasion 
die  l'Exposition  de  Lyon. 


—  793  — 

à  la  production  totale  de  ses  concessions,  à  la  production  par 
homme,  à  la  production  par  journée,  au  prix  moyen  des 
journées,  à  l'agglomération  et  à  la  carbonisation.  Ces  documents 
sont  extrêmement  utiles  à  consulter.  Les  autres  Compagnies 
auraient  bien  dû  imiter  cet  exemple. 

Je  relève  les  salaires  moyens  de  1854  à  1888  aux  Houillères 
de  Saint-Etienne,  de  cinq  en  oinq  ans  : 

A  l'intérieur        A  l'extérieur  Ensemble 


1854 3,43 

1859 3,59 

1864 3,89 

1869.   .    4,09 

1874 4,59 

1879 4,59 

1884 4,75 

1888 4,62 


C'est  un  exern^ple  de  plus  de  la  hausse  continuelle  du  salaire 
nominal,  hausse  indépendante  des  fluctuations  de  Vindustrie. 
Toutefois,  il  y  a  un  correctif  sérieux  à  apporter  à  cette  con- 
clusion. Il  faudrait  conniaître  non  seulement  le  salaire  moyen 
par  jour,  mais  surtout  le  salaire  annuel.  En  temps  de  crise,  en 
effet,  les  ouvriers  subissent  des  chômages,  et,  dans  les  mines, 
le  nombre  des  journées  de  travail  par  semaine  se  trouve  réduit. 

Le  Comité  des  Houillères  de  la  Loire,  dans  lia  notice  à  l'oc- 
casion de  l'Exposition  de  Saint-Louis,  en  1904,  n'a  indiqué  le 
prix  moyen  de  la  journée  qu'à  partir  de  1882,  et  pour  l'ensemble 
des  Compagnies  adhérentes  au  Comité  : 

Intérieur  Extérieur  Knsomblc 

1HK:>.  .  4,63 

1884 4,66 

1886.  .  4.66 

1888 4.7:} 


2,19 

3,11 

2,49 

3,34 

2,38 

3,55 

2,52 

3,70 

2,73 

4,15 

2,80 

4,14 

2,89 

4,08 

2,83 

3,94 

2,96 

4.11 

3,08 

4,11 

3,08 

4,09 

3,11 

4,17 

—  794  — 

Le  Comité  indiquait  que,  de  1882  à  1888,  la  durée  du  temps 
consacré  au  travctil  était  de  6  heures  du  matin  à  4  heures  du 
soir  et  au  delà  (l). 

Les  rapports  de  l'Ingénieur  en  chef  des  Mines  n'indiquent 
qu'à  partir  de  1881  la  production  moyenne  annuelle  -par 
ouvrier  : 

Production  Production 

par  ouvrier  par  ouvrier 

de  de  l'intérieur 

rintérieur  et  de  Pextérieur  . 

Saint-Etienne 303  t.  203  t. 

En  1881    ^  Rive-de-Gier 208t.  170t. 

Bassin    entier 289  t.  197  t. 

Saint-Etienne 371t.  239t. 

En  1888  <!  Rive-de-Gier 225  t.  161t. 

/Bassin   entier 348t.  227t. 


] 


En  1881,  le  maximum  par  ouvrier  était  atteint  au  Gros  : 
402  tonnes  par  ouvrier  de  l'intérieur,  281  par  ouvrier  soit  de 
l'intérieur,  soit  de  l'extérieur. 

En  1888,  le  maximum  était  atteint  à  Montramberfc  :  424  tonnes 
et  300  tonnes  suivant  les  distinctions  précédentes. 

Je  relève,  dans  la  notice  précédente  de  la  Société  des  Houillères 
de  Saint-Etienne,  les  chiffres  de  prod2iction  par  journée  d'ou- 
vrier à  rinlérieur  : 


1855. 
1869. 
1881. 
1888. 


Il  n'est  pas  nécessaire  de  faire  remarquer  que  la  production, 
soit  totale,  soit  individuelle,  est  influencée  notamment  par  les 
variations  très  grandes  que  présentent  les  exploitations  entre 
elles. 


de  l'intérieur 

piqueur 

1    t.    38 

non  indiquée 

1  t.  55 

— 

1  t.  45 

6  t.  19 

1  t.  61 

7  t.  21 

(1)  Notice,  p.  25. 


795  — 


La  distribution  des   combustibles   extraits  du   bassin   de   la 
Loire  fut  la  suivante  en  1873  et  en  1886  : 


Loire 1.257.000  t. 

Rhôn- '...  944.000t. 

Ardèche 357.000  t. 

Isère 268.000  t. 

Saône  et  Loire..  213.000t. 


de  50.000  à 
100.000  t., 
suivant  le 

département. 

de  20.000  à 
50. 000  tonnes, 

suivant  le 
département. 


Var,     Savoie,  (     de  10.000  à 


Drôme,  Loiret, 
Seine.  Jura,  Côte- 
d'Or,  Ain. 


Bouches  -  du  - i 
Rhône,  Nièvre, 
Doubs. 


Vaucluse,     Seine-  \    20. 000 tonnes, 
suivant  le 
département. 

de  1.000  à 
10.000  tonnes, 

suivant  le 
département. 


et -Marne,   Haute- 
Loire. 


14  départements, 
divers. 


13  départements. 


moins  de 
1.000    tonnes 

par 
département. 


Italie 158.170 

Suisse 7:Mr,0  \      -.'37.780  t, 

Allemagne.  ..tj,  'iGU 


-1886 

Loire 1.198.000t. 

Rhône 781.000t. 

Isère 247.000t. 


Ardèche 
Drôme. 


Ai 


S 


[   dé 


de  50.000  à 
100.000  t. 
par 
département. 


Savoie,  Bou- 
ches-du-Rhône, 
Haute-Loire,  Saô- 
ne-et- Loire,  Côte- 
d'Or. 


de  20.000  à 
50.000  tonnes 

par 
département. 


Haute-Savoie,  [     de  10.000  à 
-  \   20.000  tonnes 


Puy-de-Dôme,  Sei 
ne,    Nièvre,    Vau- 
cluse. 


13  départements. 


7  départements. 


Italie.. 
Suisse 


28.900 
47.200 


par 
département , 


de  1.000  à 
10.000  tonnes 

par 
département. 


de  200  K 
1 .  000    t(»nn«'s 

par 
département. 


7H.10I)  t 


-  796  - 

La   consommation  du  dé  parlement  de  la   Loire,  en   1873  et 
1886,  était  alimentée  par  les  bassins  énurnérés  ci-après  : 


1873 

Loir€.  . 

Brassac.  

Saint-Eloy. 

Roanne    (anthra- 
cite).   

Sainte-Foy-l'Argen- 
tière.  •  


Ahun 

Valenciennes. 


1.257.000  t. 
7.950  t. 
6.380  t. 

5.020  t. 

3.000  t. 
140  t. 

20  t. 


ISHfi 

Saint-Etienne.   .    . 

Roannais 

Creusot^  et  Blanzy 
Ghapelle-s/-Dun.  . 
Bert 


Sainte-Foy-rArgen 
tière.   . 

Commentry.    •    . . . 


1.198.500  t. 

2.500  t. 

13.600  t. 

8.200  t. 

6.300  t. 

6.300  t. 
300  t. 


Pour  terminer,  je  cite  les  chiffres  de  Ja  consomm^atioii  et  de 
la  -production  françaises  en  1873  et  1886  (l)  : 


1 
1 

Années 

Consommation 
(tonnes) 

Production 

(tonnes)' 

PRIX 

MOYEN 

sur  les  lieux 
d'extraction 

sur  les  lieux 
de  consommation 

1873 
1886 

24.702.000 
29.519.000 

17.479 
19.910 

16  fr.  61 
11  fr.  19 

31  fr.  83 
19  fr   79 

(1)  L'Industrie    houillère    de    1811    à   1902    (circulaire  du    Comité    des 
houillères  de  France.   N"  2640,    16  mars   1904). 


CHAPITRE    XV 


SITUATION    GÉNÉRALE    de    1889    à    1899 


u  lieu  de  répartir  —  comme  dans  les  deux 
précédents  chapitres  —  les  renseignements  de 
cette  période  en  trois  paragraphes  distincts,  nous 
groupons  ces  renseignements  en  un  seul  para- 
graphe chronologique. 


1889 

Production  :  :i404.000  tonnes,  42.800.000  francs,  14.627 
ouvriers. 

I.a  prodiiciioii  chiii  en  progression  sensible  depuis  1886. 
L'élt''\ -ili'ii  (lu  |)ti\  (le  vente  (en  moyenne  0  fr.  75  par  tonne) 
se  nianifc.-^l.i  ;i  pirlii-  du  dernier  trimestre,  principalement  sur 
les  cokes  cl  rwr  N  s  menus. 

l'-ii  jiiil'cl,  (\rr  '^vi'Vi'--  |);irl  iclic-  iiuilcrt'iil  le  hassin  :  au  puits 
.\nil)r<ii,-i',  de  la  (:<Mii|»aLj nie  dt-  VilJehonrf,  et  à  iSt-Chamond  (1). 

Lc.>  >alaires  n'auLiiaiilcrent  que  d'une  manière  très  légère  : 
de  0  fr.  05  ;  à  Rive-de-Gier,  où  ils  étaient  restés  inférieurs  à 
ceux  fie-  aiih'cs  niiucs  du  hassin.  di*  0  fr.  25. 

l/in'_(  iiicur  <Mi  fi  ici'.  M.  r,li()s>()n,  préconisait  la  construction 
'lu  caual  df  la  Loire  au  lUn^iic  |M)ur-  facililci'  rccouU'ment  des 
cliatlMifc    (II'   la   Loire. 


(1)  V(»ir    Mniininil    di-    lu    l.mn-,    i.    |;.'  jiiilhV 


—  798  — 

Une  épouvantable  catastrophe  se  produisit  le  3  juillet  au 
puits  Verpilleux,  des  Houillères  de  Saint-Etienne.  Elle  fit 
213  victimes,  dont  207  morts  et  6  blessés.  Le  commandant 
Cordier,  de  la  maison  du  Président  de  la  République,  les 
Ministres  de  Tlntérieur  et  des  Travaux  publics,  MM.  Constans 
et  Yves  Guyot,  assistèrent  aux  obsèques.  Le  Parlement  vota 
un  secours  de  200.000  francs.  Des  souscriptions,  ouvertes  dans 
toute  lia  France,  produisirent  une  somme  de  606.000  francs. 

L'Exposition  de  1889  conserva,  dans  le  rapport  de  la  classe  48, 
la  documentation  abondante  éparse  dans  les  notices  des  Com- 
pagnies houillères  de  la  Loire  :  Montrambert,  Roche-la-Molière, 
la  Loire,  Saint-Etienne. 

1890 

Production  :  3.531.000  tonnes,  49.862.000  francs,  16.946  ou- 
vriers. 

La  marche  ascendante  de  la  production  continuait.  Le  ma- 
ximum, eu,  égard  amx  moyens  d'extraction  dont  disposaient  les 
Compagnies,  était  atteint.  Mais  ce  maximum  eût  été  dépassé 
sans  les  grèves  de  l'année  1890  et  sans  les  accidents. 

Les  grèves  furent  très  nombreuses.  Tout  le  bassin  fut  agité  : 

Fin  janvier,  grève  laru  puits  Desrosiers,  de  la  Compagnie  de 
la  Loire. 

Du  17  au  24  février,  grève  à  Monthieux  de  450  ouvriers,  à 
cause  du  renvoi  d'un  ouvrier  pour  insubordination.  La  punition 
fut  transformée  en  mise  à  pied  de  huit  jours. 

Le  3  mars,  grève  de  500  O'uvriers  à  la  Péronnière,  qui  ré- 
clamaient 0  fr.  50  d  augmentation,  le  chauffage  gratuit,  le  droit 
de  choisir  le  médecin,  les  médicaments  gratuits.  Cinq  jours 
après,  sur  les  instances  du  Préfet,  ils  obtinrent  0  fr.  25  d'aug- 
mentation, 2.400  kg.  de  charbon  par  an,  le  droit  de  choisir  entre 
quatre  médecins,  les  médicaments  gratuits. 

Le  12  mars,  grève  aux  mines  du  Gros. 

Le  25  mars,  grève  des  trieurs  de  charbon  à  la  Péronnière. 

Le  6  juin,  grève  des  mineurs  de  Villebœuf. 

Le  8  juin,  grève  générale  décrétée  à  la  suite  du  Congrès  de 
Jolimont    (Belgique)    et   sur    la    base    des    revendications   du 


—  799  — 

Congrès  :  journée  de  huit  heuires  à  8  fr.,  réforme  des  Caisses  de 
retraites  et  de  secours  mises  à  la  charge  des  Compagnies,  etc., 
La  grève,  qui  s'étendit  à  10.000  mineurs,  se  termina  le  20  juin 
par  un  échec. 

Le  8  octobre,  grève  à  Firminy  et  à  Roche-la-Molière  de 
1.800  ouvriers,  pour  obtenir  une  augmentation  des  salaires.  Elle 
se  termina  le  11  novembre.  La  Compagnie  répondit  que  les 
salaires  à  Firminy  étaient  aussi  élevés  qu'à  Montrambert,  et 
que,  si  on  lui  signalait  des  infériorités,  elle  les  ferait  dispa- 
raître ;  180  ouvriers  ne  furent  pas  repris,  la  plupart  quittèrent 
le  pays.  La  Compagnie  augmenta  ses  libéralités  pour  les  Caisses 
de  secours  et  de  retraites,  et  créa  une  Caisse  de  maladies  (l). 

Ces  grèves  s'étaient  étendues  à  tout  le  bassin  de  Rive-de- 
Gier  pendant  le  premier  semestre,  aux  Compagnies  de  Vil- 
lebœuf,  du  Cros,  de  iMonthieux,  de  Beaubrun  et  des  Houillères 
de  Saint-Etienne  au  mois  de  j>uin,  à  la  Compagnie  de  Roche- 
la-Molière  et  Firminy  en  octobre-novembre.  Seules  les  grèves 
de  janvier-février  à  Saint-Etienne  n'avaient  affecté  que  le  puits 
Desrosiers  (Quartier-Gaillard)  et  le  puits  Jabin  (concession  de 
Terrenoire)  (2).    ' 

A  l'occasion  de  ces  grèves,  on  vit  éclore  de  nombreux  syn- 
dicats locaux.  La  Fédération  déparlementale,  créée  en  1889, 
avait  décrété  la  grève  générale  du  mois  de  juin  (v.  p.  564). 

En  outre,  la  production  fut  affectée  par*  la  catastrophe  du 
puits  Pélissier,  à  Saint-Etienne,  le  29  juillet.  L'explosion  de 
grisou  fit  156  victimes  :  116  morts  et  40  blessés.  Le  cardinal- 
archevêque  de  Lyon,  Mgr  Foulon,  présida  la  cérémonie  funèbre, 
pli  le  Président  de  la  République  fut  représenté  par  le  capitaine 
de  vaisseau  de  Maigret.  M.  Yves  Goiyot,  ministre  des  Travaux 
publics,  assista  aux  obsèques. 

Le  ministère  public  intenta  des  poursuites  au  sujet  de  cette 
explosion  et  de  l'explosion  de  Verpilleux  en  1889.  Le  procès 
de  Verpilleux  se  déroula  du  3  au  17  septembre  devant  le  Tri- 
bunal correctionnel,  le  procès  de  Villeboeoif  commença  le  23  oc- 
tobre. Le  Tribunal  prononça  un  acquittement  pour  Verpilleux, 


(1)  Le.seurk,  p.  105.  Dans  le  livre  <le  (l'Office  du  Travail  :  Lea  asso. 
dations  proft'SffionneUes  ouvrières,  î,  p.  364,  il  ast  dit  que  la  Compa- 
pnie  promit  d^e  réviser  les  tarifs,  de  maJiière  à  les  iN^ndre  »''(]niv;ileiit»^ 
à  ceux  d«s  autres  Compagnies.  • 

(2)  Rapport  do  l'iiisi^nienr  on  rhrf. 


-  800  — 

mais  le  ministère  public  en  appela  à  la  Cour  (0  janvier  1891). 
Il  y  eut  des  condamnations  pouir  Villebœuf  et  une  interpellation 
à  la  Chambre  (24  janvier  1891).  On  trouvera  le  texte  des  ju- 
gements et  arrêts  dans  les  collections  des  journaux  locaux,  aux 
dates  correspondantes. 

La  loi  de  1890  sur  les  délégués  mineurs  fut  motivée  en  partie 
par  la  volonté  d'enm.yer  ces  accidents. 

Sans  ces  faits  accidentels  graves  et  surtout  sans  les  grèves, 
l'extraction  eût  dépassé  notablement  3.536.000  tonnes.  La  seule 
grève  de  Firminy  avait  fait  perdre  60.000  tonnes. 

Les  prix  accusèrent,  par  rapport  à  1889,  une  hausse  de  i  fr. 
à  1  fr.  25  par  tonne  portant  de  préférence  sur  les  qualités  indus- 
trielles. 

Les  recherches  n'eurent  qu'une  minime  importance  en  1890. 
On  découvrit  cependant,  à  la  profondeur  de  630  mètres,  la 
13^  couche,  par  le  puits  du  Treuil. 

C'est  en  1890  que  fut  formée  une  nouvelle  Compagnie  houil- 
lère de  Saint-Chamond  (^). 

Aux  Houillères  de  Rive-de-Gier,  M.  François  Bonnet  succéda 
à  M.  Raveaud,  directeur. 

La  Compagnie  de  la  Péronnière  se  rendit  acquéreur  de  la 
concession  de  Comberigol,  à  la  suite  de  la  liquidation  de  la 
Compagnie  des  Forges  de  Terrenoire. 

1891 

Production  :  3.751.000  tonnes,  56.892.000  francs,  18.768  ou- 
vriers. 

L'augmentation  de  la  production,  qui  atteignit  le  maximum 
connu  jusque-là,  tint  aux  demandes  très  nombreuses  et  très 
importantes  pendant  les  trois  premiers  trimestres.  Le  ralen- 
tissement fut  considérable  pendant  le  quatrième.  Mais  l'im- 
portance de  la  production  tint  aussi  à  l'absence  des  grèves. 

Les  prix  de  vente  augmentèrent  également,  l'effectif  du  per- 
sonnel subit  un  accroissement  sensible  (28  %  depuis  1889,  10  % 
depuis  1890).  Le  montant  des  salaires  s'éleva  à  25  millions  de 
francs.  La  production  individuelle  par  ouvrier  avait  encore 
baissé  (994  kg.  par  journée  en  1891,  contre  1.121  en  1890). 


(1)  Voir  Mémorial  de  la  Loire,  28  mars  1890. 


—  801  — 

Je  ne  puis  analyser  les  observations  générales  techniques  de 
l'ingénieur  en  chef.  Elles  comportent  une  longue  énumération 
quant  aux  découvertes,  plus  ou  moins  importantes,  à  Roche-la- 
Molière,  Montrambert,  Saint -Etienne,  Beaubrun,  Le  Gros.  Le 
puits  Gouchoud,  au  Plat-du-Gier,  avait  atteint  la  grande 
couche  de  Rive-de-Gier,  à  775  mètres,  couche  d'une  épaisseur  de 
charbon  de  8  m.'  95,  ce  charbon  étant  plus  maigre  que  celui  des 
autres  régions  de  la  même  couche. 

Les  travaux  furent  repris  dans  la  concession  d'Unieux  et 
Fraisses  (Aciéries  de  la  Miarine)  et  dans  celle  de  la  Baraillère. 

Des  améliorations  importantes  avaient  été  réalisées  dans 
l'aérage  et  l'éclairage  des  mines  à  grisou  et  dans  le  tirage  des 
Qoups  de  mine  (i).  Sous  l'impulsion  de  l'Administration  des 
Mines  et  en  particulier  de  l'inspecteur  général  Laur,  le  nombre 
des  mines  grisouteuses  aérées  par  simple  action  naturelle  di- 
minuait considérablement. 

Enfin,  l'année  1891  vit  disparaître  les  anciens  modes  de 
fermeture  des  lampes  de  sûreté.  Dans  les  nouveaux  systèmes 
(fermeture  magnétique  inventée  par  M.  Villiers  et  fermeture 
aui  rivet  de  plomb)  l'ouverture  laissait  des  traces  apparentes. 

La  poudre  noire,  interdite  pour  le  tirage  des  coups  de  mine 
en  1890  (l*""  août),  fut  remplacée  par  des  explosifs  de  sûreté 
(grisoutine,  grisounite  ou  explosif  Favier,  coton  octo-nitrique). 

G'est  en  1891  que  la  Société  amodiataire  des  Mines  de 
Monthieux  œssa  son  exploitation  et  que  se  constitua  la  Mine 
aux  Mineurs  de  Monthieux  (v.  p.  561). 

G'est  également  en  1891  que  le  Gomité  des  Hooiillères  de  la 
Loire  décida  de  créer  les  cours  pratiques  pour  les  aspirants- 
gouverneurs,  «  excellente  école  pour  les  sous-officiers  qui  en- 
cadrent l'armée  des  travailleurs  des  mines  »,  disait  l'ingénieur 
en  chef,  M.  de  Castelnau  (2). 

Il  n'y  eut,  en  fait  de  chômage  volontaire,  qu'une  grève  d'une 
centaine  de  mécaniciens  des  Gompagnies,  et  une  autre  grève 
dans  un  puits  de  la   Société  de  Rive-de-Gier.   Diverses  Gom- 


(1)  Voir    Ja   iiorneiKlatiiro    dans    le   rapport    <ile    l'ingénlieuir    en    ch€f 
{Conseil  général  de  la  Loire-,  août  1890.1. 

(2)  Voir  |)    55K  ot  !<•  rapport  de  rinxériiemr  en  rhef  {Conseil  général 
1802,  ses.sion  d'aoïV.  i»    r..ll,  ]m<    p.  716,  1894,  p.  69«). 


—  802  — 

pagnies,  celles  de  Montrambert  et  de  la  Péronnière  notamment, 
accordèrent  des  améliorations  de  salaires  et  augmentèrent  le 
taux  des  retraites  (^). 

Une  explosion  de  grisou  se  produisit  au  puits  de  la  Manu- 
facture, de  la  Société  des  Houillères  de  Saint-Etienne,  le 
6  décembre  189J.  Elle  fit  une  soixantaine  de  victimes.  Ce  fut 
la  dernière  de  la  série  des  grandes  explosions,  commencée  en 
1887.  Elle  eut  également  des  suites  judiciaires  (2).  M.  Yves 
Guyot,  ministre  des  Travaux  publics,  assista  aux  funérailles. 

La  i-éunion  des  concessions  de  Comberigol,  du  Plat-du-Gier 
et  de  la  Péronnière  fut  autorisée  par  décret  du  28  décembre  1891. 

C'est  en  1891  que  mourut,  à  Toulon,  M.  Leroux,  architecte 
renommé  à  Saint-Etienne,  né  à  Prunoy  (Loir-et-Cher),  ancien 
élève  des  Arts  et  Métiers  d'Angers,  organisateur  des  expositions 
houillères  de  la  Loire. 

Les  Compagnies,  après  avoir  décidé  en  principe  de  s'abstenir, 
prirent  part  tardivement  et  incomplètement  à  l'Exposition  de 
Saint-Etienne  en  1891,  organisée  place  du  Treuil,  depuis  place 
Sadi-Carnot.  Le  livre  de  M.  Marins  Vachon  a  conservé  le  sou- 
venir de  cette  exposition,  soit  pou,r  les  houillères  (p.  92  et 
suivantes),  soit  pour  les  autres  industries.  Un  arc  de  triomphe 
en  charbons  agglomérés,  éclairé  le  soir  par  des  lampes  de 
mineurs,  fut  élevé  par  les  Sociétés  de  la  Loire,  Saint-Etienne, 
Villebœuif  et  le  Gros,  et  ce  portique  improvisé  attira  beaucoup 
plus  l'attention  des  profanes  que  le  côté  scientifique  de  l'ex- 
ploitation. 

1892 

Production  :  3.492.000  tonnes,  51.598.000  francs,  17.633  ou- 
vriers. 

Un  arrêt  de  la  Cour  d'appel  de  Lyon,  du  10  août  1892,  pro- 
nonça la  liquidation  de  La  Compagnie  des  Mines  de  Beaubrun. 
La  concession  de  Beaubrun  fut  mise  en  vente  par  devant  le 
Tribunal  de  Saint-Etienne.  La  Société  des  Mines  de  la  Loire, 
qui  possédait  62  parts  sur  100  dans  la  Compagnie  de  Beaubrun, 


(1)  Voir  Mémorial  de  la  Loire,  Il  mai  1891   :   Office  du  Travail,   op. 
cit.  p.  365. 

(2)  Ibid.  17  décembre  1892. 


—  803  — 

se  rendit  acquéreur  de  la  concession  pour  10.100.000  francs 
(1*""  juin  1893),  dont  elle  n'eut  à  payer  que  les  38  centièmes  aux 
co-propriétaires  de  la  concession.  La  mise  à  prix  était  de 
5  millions.  Cette  Compagnie  avait  demiandé  la  licitation  pour 
faire  cesser  l'indivision  (i). 

La  concession  de  Chaney  (Houillères  de  Saint-Etienne)  fut 
remise  en  activité.  Il  en  fut  de  même  pour  les  concessions  de 
Trémolin  et  des  Grandes-Flaches.  L'exploitation  prit  fin  dans 
la  concession  de  la  Pomme. 

La  diminution  de  La,  production  avait  commencé  à  la  fin  de 
l'année  1891.  Elle  tenait  à  des  causes  diverses  :  un  hiver  très 
doux,  le  refoulement  des  charbons  de  la  Loire  par  la  baisse  du 
fret  de  l'Angleterre  sur  Marseille,  la  concurrence  des  prix  des 
houillères  allemandes  sur  le  marché  suisse,  etc.. 

Les  prix  de  vente  diminuèrent  en  moyenne  de  1  franc  par 
tonne. 

Le  montant  des  salaires  payés  fut  de  22  millions,  car  le 
nombre  des  ouvriers  occupés  diminua  (2). 

Des  progrès  importants  avaient  été  réalisés  dans  l'outillage 
des  mines  du  bassin  de  Rive-de-Gier  et  l'aénage  puissant  et 
rationnel  des  mines  à  grisou  faisait  des  progrès  de  plus  en  plus 
sensibles. 

1893 

Production  :  3.448.000  tonnes,  49.954.000  francs,  17.437  ou- 
vriers. 

La  réunion  de  la  concession  de  la  Porchère  à  la  Compagnie 
de  Rive-de-Gier,  qui  l'avait  achetée  en  1886,  fut  autorisée  par 
un  décret  du  21  août  1893.  Cette  concession  fut  amodiée  à 
M.  Ponsonnard. 

M.  Pinel,  sous-directeur  de  la  Compagnie  de  Montrambert, 
fut  remplacé  le  V'  juin  1893  par  M.  Murgue,  ingénieur  à  la 
Compagnie  de   Bessèges.   Les  beaux  travaux  de   M.   Murgue 


(1)  Voir  p.  482  et  le  Mémorial  de  la  Loire  des  9  mars  1889  (Hiatoriqw 
de  la  concession  de  Beaubrun),  26,  29  ma:  ejt  19  juin  1891,  7  mai  et 
11  Juin  1893. 

(2)  Le  rapport  de  l'inpénieur  en  clief,  M  de  Castelnau.  beaucoup 
plus  complet  qu<»  relui  <lo  s<>s  pr<^décesseurs,  rcnformp  un  tabWMU  de 
salaires  en  1892. 


—  804  — 

sur  l'aérage  des  mines,  publiés  dans  le  Bulletin  de  Vlnduslrie 
minérale,  avaient  été  traduits  en  anglais  dès  1881  et  publiés 
à  Londres  (i). 

M.  Murg^ue  devait,  le  T'"  juillet  1895,  succéder  à  M.  de 
Villaine,  directeur  de  la  Compagnie  de  Montrambert,  et  rester 
en  fonctions  jusqu'au  31  décembre  1914.  Je  renvoie  à  la  belle 
notice  que  M.  Paul  Petit,  directeur  des  Houillères  de  Saint- 
Etienne,  a  publiée  en  1919  dans  le  Bulletin  de  V Industrie 
vvinérale  (;2). 

Aux  Houillères  de  Saint-Etienne,  M.  Chansselle,  ingénieur 
principal,  fut  remplacé  par  M.  Paul  Petit,  qui  avait  été  chargé 
d'une  partie  du  service  de  M.  Chansselle  depuis  le  l*""  novembre 
1892.  Les  catastrophes  dues  au  grisou  ne  furent  pas  étrangères 
au  départ  de  M.  Chansselle.  M.  Petit,  ingénieur  de  l'Ecole  de 
Saint-Etienne,  venait  des  mines  du  Nord.  Il  devait  succéder  à 
M.  Villiers,  directeur,  en  1903. 

Aux  Houillères  de  Rive-de-Gier,  M.  Mathevon,  ancien  ingé- 
nieur à  Terrenoire,  remplaça  M.  Bonnet. 

Les  mines  de  Montaud,  à  Saint-Elienne,  exploitées  ancien- 
nement par  une  Société  civile,  avaient  été  achetées  vers  1874 
par  la  Compagnie  du  Creusot.  En  1884,  leur  production  était 
de  60.000  tonnes.  Le  prix  de  revient  était  supérieur  au  prix  de 
vente  à  cause  de  la  qualité  des  charbons  et  des  déchets  de 
lavage.  L'exploitation  empiétait  sur  celle  de  la  Cornpagnie  des 
Houillères  de  Saint-Etienne.  Le  territoire  de  ces  mines  était 
compris  dans  le  périmètre  des  concessions  de  la  Compagnie  de 
la  Loire  Cet  empiétement  motiva  une  instance  judiciaire  fort 
longue,  qui  débuta  par  un  jugement  du  Tribunal  civil  de  Saint- 
Etienne  en  1884.  En  1893,  après  cassation,  le  procès  revenait 
devant  la  Cour  d'appel  de  Nîmes  (3). 

En  1893  fut  constituée  la  première  Société  des  Mines  de  la 


(1)  Mémorial  de   la  Loire,   17  novembre  1881, 

(2)  M.  Murgue  (Danie|l),nié  le  7  août  1840  à  Saint-Etienne,  mort  à 
Lyon  le  9  octobre  1918,  ing-énieur  de  l'Ecole  de  Saint-Etienne,  chevaliieir 
de  la  Légion  d'bonneuir,  membrie  de  la  Chambre  de  Commerce  de 
Saint-Etienne,  Président  du  Comité  dies  houillères  de  la  Loire. 

(3)  Voir  Mémorial  de  la  Lovre,  11  janvier  et  14  février  1884,  28  mai 
et   11  juin  1893. 


—  805  — 

Haute-Gappe.   La   Société  actuelle  de  la  Haute-Cappe  exploite 
un  ensemble  de  concessions  dont  l'origine  est  diverse  : 

La  majeure  partie  des  couches  affleurant  dariiS  la  région  haute 
(le  ces.  conces"sions  était  exploitée,  antérieurement  à  1890,  par 
diverses  Sociétés  ou  particuliers,  à  l'aide  de  «  descenderies  »  ou 
petits  puits,  La  plupart  du  temps,  arrivés  à  un  petit  accident,  l'aille, 
serrée,  etc...,  Ifes  exploitants  s'arrêtaient  pour  ne  pas  engager  de 
dépenses  trop  considérables.  En  outre,  ils  disposaient  de  moyen» 
d'épuisement  primitifs,  et  l'eau  fut  pour  eux  un  très  grand 
obstacle  dès  qu'ils  allaient  «n,  profondeur.  Dans  la  partie  basse  de 
ces  concessions,  au  contraire,  des  exploitations  furent  conduites 
par  des  Sociétés  qui  ouvrirent  divers  puits  sérieux,  notamment  Je 
puits  Saùit-Denis,  mais  une  partie  de  ces  travaux  fut  perdue  par 
suite  d'une  mauvaise  connaissance  des  couches  de  cette  région. 

•Ces  couches  se  décomposent  en  :  couche  supérieure  ou  »  Décou- 
verte »,  dune  puissance  moyenne  de  0  m.  80  ;  une  grande  couche 
célèbre  par  la  qualité  de  ses  produits  et  dont  l'épaisseur  varie  de 
6  à  10  mètres,  et  un  faisceau  de  couches  inférieures  dites  «  Bâtar- 
des )),  dont  la  puissance  est  très  variable  et  ne  semble  pas  dépasser 
3  mètres  dans  la  meilleure  partie. 

Les  travaux  du  puits  Saint-Denis,  entrepris  pour  rechercher  la 
grande  couche,  tombèrent  sur  la  «  Découverte  »,  qui  fut  prise  pour 
une  déformation  de  la  grande  couche,  et  dans  laquelle  des  travaux 
furent  conduits  pour  chercher  son  élargissement  qui,  bien  entendu, 
ne  vint  jamais. 

En  1893,  M.  René  Simon  entreprit  une  étude  méthodique  de  cette 
région,  et  arriva  à  la  certitude  que  des  lambeaux  importants  de  la 
grande  couche  devaient  se  trouver  dans  la  partie  inexploitée,  et 
notamment  dans  les  concessions  de  Corbeyre,  de  Collenon  et  du 
Reclus,  décrites  dans  l'ouvrage  de  M.  Gruner  connue  devant 
renfermer  une  couche  très  irrégulière  et  très  affaiblie. 

Associé  à  MM.  Giraudet,  Langlois  et  Guillemin,  il  créa  une  petite 
Société,  constituée  en  18'93,  au  capital  de  300.000  francs,  sous  le 
nom  de  Société  anonyme  des  mines  de  la  Haute-Cappe.  Il  com- 
mença par  arrondir  son  domaine  minier  en  amodiant  les  conces- 
sions de  Corbeyre  et  de  la  Cappe,  car  la  Société  ne  possédait  en 
propre  que  la  concession  de  Collenon.  Pendant  quelques  amiées, 
cette  petite  Société  vécut  en  faisant  des  travaux  de  glanage  dans 
la  partie  haute  de  ces  concessions  et  ses  bénéfices,  joints  à  des 
ressources  nouvelles,  lui  permirent  d'entreprendre  en  1890  le 
fonçagc  du  puits  (iuilicmin,  en  même  temps  que  l'épuisement  était 
conduit  par  le  vieux  puit.s  de  Corbeyre.  En  1902,  le  puits  Guillem.in, 
après  avoir  traversé  à  210  mètres  de  profondeur  la  «  Découverte  », 
atteignait  à  300  mètres  de  profondeur  la  grande  couche  dans  un 
lambeau  très  régulier,  d'une  épaisseur  moyenne  de  9  mètres,  limité 
par  trois  failles,  lamix-au  (|ui  a  déjà  donné  onvimn,  ,'KK).0(K>  toniies, 
<'t  (lui  n'«'st   pis  (■(icoif  épuisé,   l-ji    VM)i,   M.    l^'né  Simon  était.  l)rus- 


-  806  — 

quement  emporté  par  la  maladie,  au  moment  où  il  venait  d'amodier 
une  partie  de  la  concession  du  Reclus,  dite  aujourd'hui  concession 
d'Assailly,  concession  qui  renfermait  les  vieux  puits  d'Assailly  et 
Saint-Denis. 

La  Société  des  mines  de  la  Haute-G'appe,  dont  le  capital  était 
insuffisant  pour  une  exploitation  devenue  importante,  puisqu'elle 
atteignait,  dès  1905,  50.000  tonnes,  fut  alors  dissoute  et  reconstituée 
la  même  année,  avec  siège  social  à  Paris,  au  capital  de 
1.250.000  fr.   (1). 

Je  reviens  à  la  situation  générale. 

La  production  de  1893  était  en  baisse  sur  celle  de  1892,  qui 
elle-même  était  en  diminution  par  rapport  à  celle  de  1891.  On 
signalait  cependant  une  amélioration  pendant  le  second  se- 
mestre. Dans  l'ensemble,  les  prix  subirent  une  diminution 
moyenne  de  0  fr.  39  par  tonne. 

La  production  du  coke  était  de  116.000  tonnes  et  celle  des 
agglomérés  de  209.000,  contre  106.000  et  236.000  tonnes  en  1892. 

Le  montant  des  salaires  représentait  22.428.000  francs.  Il  y 
eut  quelque  agitation  chez  les  ouvriers,  mais  une  seule  grève  — 
partielle  —  fut  signalée  au  puits  Verpilleux  (2). 

Parmi  les  faits  techniques,  un  des  plus  importants  fut  la 
mise  en  exploitation  de  la  13*^  couche  au  puits  du  Treuil,  des 
Houillères  de  Saint- Etienne,  à  620  mètres  de  profondeur.  De 
nouveaux  progrès  furent  réalisés  dans  raérage  des  mines. 

1894 

Production  :  3.284.000  tonnes,  47.500.000  francs,  16.657  ou- 
vriers. 

La  Compagnie  des  Mines  de  la  Loire,  usant  de  la  faculté 
prévue  par  la  loi  de  1893,  demanda  et  obtint  de  se  transformer 
en  société  libre.  Cette  transformation  la  dispensa  d'une  auto- 
risation pour  rémission  d'un  emprunt  de  5  millions,  destiné  à 
payer  l'achat  de  la  concession  de  Beaubrun. 

Les  concessions  de  Gravenand  et  de  Frigerin  furent  remises 
en  activité,  celle  de  Gravenand  fut  amodiée  à  une  Société  de 
quatre  ouvriers. 

C'est  en  1894  que  M.  Michalowski  devmt  ingénieur  en  chef 


(1)  Note  fournie  par  la  nouvelle  Société  des  mines  de  la  Haute-Cappe, 
(1911). 

(2)  Voir  Mémorial  de  la  Loire,  11  avril  et  10  octobre  1890. 


—  807  — 

de  la  Compagnie,  sous  la  direction  de  M.  Du  Rousset,  à  qui  il 
devait  succéder  en  1906  et  jusqu'en  1911  (i). 

La  Compagnie  des  Mines  de  Saint-Chamond  en  liquidation 
mit  en.  adjudication  la  concession,  au  prix  de  400.000  francs. 
Aucun  acquéreur  ne  se  présenta. 

La  diminution  de  la  production  était  consécutive  à  la  baisse 
des  affaires  dans  la  métallurgie,  à  la  douceur  de  l'hiver,  à  la 
réduction  des  débouchés  en  Suisse  et  en  Italie. 

La  production  de  coke  fut  de  86.000  tonnes  et  celle  des  agglo- 
mérés de  188.000. 

Les  prix  subirent  une  certaine  diminution  pour  quelques 
qualités,  mais  le  prix  moyen  ne  fut  pas  affecté  par  des  variations 
sensibles. 

Le  montant  des  salaires  distribués  s'élevait  à  21.605.000  francs. 
Le  salaire  moyen  à  l'inférieur  était  de  4  fr.  76,  à  l'extérieur  de 
3  fr.  30,  pour  l'ensemble  4  fr.  25.  A  quelques  centimes  près,  ces 
salaires  étaient  ceux  de  1893. 

C'est  en  1894  (29  juin)  que  fut  promulguée  la  loi  sur  les 
Caisses  de  retraites  et  de  secours  des  ouvriers  mineurs. 

La  nomenclature  des  observations  de  l'ingénieur  en  chef  sur 
la  technique  de  l'exploitation  remplit  près  de  douze  grandes 
pages. 

Plusieurs  Compagnies  et  le  Comité  des  Houillères  de  la  Loire 
prirent  p<irt  à  l'P.xposition  de  Lyon. 

1895 

Production  :  3.434.000  tonnes,  48.600.000  francs,  17.093  ou- 
vriers. 

La  concession  de  Combeplaine  (Dubuis  et  Raymond)  fut  re- 
mise en  activité  par  un  amodiataire,  M.  Benoit. 


(1)  M.  Michalowskl  (Paul),  ingénieur  de  l'Eoole  de  Saint-Etieiuie, 
n<é  à  Paris,  mort  à  Saint-Etienne  le  15  octobre  1914,  tHait  le  fils  du 
docteur  Miichalowski,  qui  eut  .son.  heure  de  célc^hrité  à  Saint-Ktiennie, 
où  on  le  connaissait  .sous  le  nom  du  «  Polonais  ».  Il  était  Polonais 
de  naissance  et  «!  s'était  réfugié  en  France  après  ^'insurrection  <lie  1H32. 
Reçu  (loct-eiir  en  18,%,  ;"i  Mont[>elLier,  il  se  fixa  à  Saint-Etienne  sur  U^^ 
conseils  de  .lulos  Janin.  Ant/eur  de  nombreux  articles  dans  les  Atmalcs 
fie  la  Société  (VAuriruUurc,  de  la  Ivoire  e>X  d'un  ouvrage  Quarante  ans 
de  'pratique  rnédiralc.  C'éUi/it  J'oncle  du  compositeur  Ma,«senpt.  Vers 
1876  11  .se  retira  à  Paris  comme  bibliothécaire  de  la  liibliothéque  |h>I()- 
naiise,  où  il  mourut.  (Voir  Mémorial  de  la  Loire,  18  nuil  1893).  M. 
Paul  Michailowski  était  le  père  du  notaire  mort  des  blessures  reçues 
an  rharnp  d'honneur  en  1914. 


La  Compagnie  de  Roche-la-Molière  et  Firminy,  société  civile 
constituée  en  1869  pour  faire  suite  aux  modifications  intervenues 
dans  la  Société  créée  en  1820,  se  constitua  en  Société  anonyme  le 
9  mai  1895  au  capital  de  3.600.000  francs,  représenté  par  36.000 
actions  nominatives  de  100  francs,  mais  dont  la  valeur  en 
Bourse  était  bien  supérieure. 

C'est  en  octobre  1895  que  M.  Voisin  succéda  à  M.  Verny, 
directeur  de  cette  Compagnie.  Ingénieur  en  chef  au  Corps  des 
Mines,  ingénieuir  en  chef  à  la  Compagnie,  de  Roche-la-Molière 
depuis  1881,  M.  Voisin  est  resté  directeur  jusqu'en  1919.  Sa 
direction  a  été  des  plus  fécondes  (i). 

M.  Garand  remplaça  M.  Voisin  comme  ingénieur  en  chef. 
Avant  M.  Voism,  ce  poste  avait  été  occupé  par  M.  Luyton  de 
1853  à  1874,  et  par  M.  Mire  de  1875  à  1881. 

A  Montrambert,  M.  Murgue  remplaça  à  la  direction  M.  de 
Villaine  (v.  p.  803-804).  L'ingénieur  principal  fut  M.  Buisson  de 
1891  à  1899,  et  ensuite  M.  Rodde. 

Aux  Houillères  de  Rive-de-Gier,  M.  Antonin  Couchoud  rem- 
plaça à  la  direction  M.  Mathevon  de  1895  à  1899. 

La  durée  exceptionnelle  de  l'hiver  et  la  légère  reprise  qui 


(1)  M.  Voisin  (François-Honoré)  (est  né  à  Pagny-la-B^anche-Côte  (Meuse) 
en  1848.  Miembre  de  ia  Chambre  die  Commerce  de  Saint-Et'enne,  pré- 
sident dfa  Comité  des  Houillèreis  de  la  Lyoire,  chevalier  de  la  Lég-ion 
d'honneur  depu's  1900,  officier  depuis  1920.  —  Voici  un  état  des  faits 
qui  ont  signalé   sa  direction    : 

Ponçage   du   puits  Cambefort  à  la  Malafolie,    approfondissement    du 
puits  Gruner  à  Roche.  Ponçage  de  divers  puits  d'aérage  ou  à  remblais 
(puits  de  lia  Girard; ère,     de     Poule-Noire,     de     l'Essartery  I  .et  II,     de 
Frécon    à    Roche,     puits    de   la   Cour  à  Pirminyj.    —    Installation   de 
pompes   électriques,    d'ateliers   de  criblage     mécanique,     d,e     puissants 
lavoirs   à  la   Malafolie  eit  à   Roche  (celuiKîi   P'Cut   traiter  80  tonnes   de 
charboiu    à   l'heure)    ;   des   .stations    électrogènes   à  la  Malafolie,    à    la 
Varenne,   à   Rocli.e  ;    d'une    b.atterie    de    fours    à    coke    à    récupération 
de  sous-produ;t,s,    à   Roche    (une  partie    du   gaz   de  ces   fours    à   coke, 
amenée  par  une  conduite  de  6  km.  de  longueur,  sert  à  l'éclairage  des 
villes    de    Firminy    et   d,u    Chambon'    ;   canalisation   de  l'Ondaine,    de 
l'Echapre,   etc.,   pour  empêcher  T'cau  de  descendre  dans  la  mine  par 
les  fissures  produites  par  i'eixploitati.on  souterraine.  —  En  1899,  instal- 
lation  à  la  Varen;n,e  d'un   premier  vestiaire-lavabo  avec  bainis-douches 
(c'était  ie  premier   du   bassin  houiller   de  la  I/Oire).  —   Etablissement 
des    primes    accordées  aux   ouvrliers    pour   ancienneté   et    assiduité   au 
travail.    —  Construction    des    citéis   ouvrières    du  Pontin,    die  Beaulieu 
et  du  Barrage.  —  A  rédigé,   comme  membre  de  la  Chambre   de  Com- 
merce  de  Saint-Etienne,    tro-iis   rapports   sur   le  canal    de  la   Loire   au 
Rhône    i,1910,   1918,   1919)    et  un   rapport  siur  le  canal    de   Saint-Etienne 
à   Roanne   (1911),   qui   ont   été   publiés.  —  Auteur  d'une   étude   sur  les 
sources  minérales  de  Vichy,   publiée  dans  les  Annales  des  mines. 


—  809  - 

se  manifesta,  dans  les  derniers  mois,  dans  la  métallurgie  firent 
augmenter  la  production  des  houillères.  Néanmoins,  le  prix 
moyen  sur  le  oarreau  de  la  mine  descendit  de  14  fr.  31  en  1894 
à  14  fr.  15.  La  Compagnie  de  la  Loire  arrêta  ses  fours  à  coke 
du  Cluzel  et  la  Compagnie  de  la  Péronnière  renonça  à  cette 
fabrication.  Seules,  les  Compagnies  de  Firminy  et  de  Saint- 
Etienne  restèrent  producteurs  de  coke.  Il  restait  aussi  quelques 
fours  à  Beaubrun. 

Les  salaires  moyens  étaient,  pour  l'intérieur,  de  4  fr.  78  et, 
}X>ur  l'extérieur,  de  3  fr.  29,  pour  l'ensemble  de  4  fr.  25.  Le 
salaire  annuel  avait  augmenté.  Il  y  avait  eu  moins  de  chômage 
qu'en  1894  (288,  moyenne  des  postes,  contre  280). 

1896 

Production  :  3.500.000  tonnes,  49  millions  de  francs,  17.000 
ouvriers. 

Les  concessions  de  Janon,  Frigerin,  Couzon  et  Crozagaque 
furent  mises  en  chômage.  La  concession  de  la  Pomme  fut 
achetée  par  MM.  Perret  et  Blachet. 

La  Société  des  Houillères  de  Samt-Etienne  se  transforma  en 
Société  anonyme.  Les  acquéreurs  de  la  concession  de  Saint- 
Chamond  se  constituèrent  également  en  Société  anonyme. 

La  forte  demande  des  charbons  industriels  et  particulièrement 
des  menus  à  coke  fit  augmenter  la  production,  qui  atteignit  le 
chiffre  de  1890.  Le  mouvement  de  reprise  fut  assez  accentué 
vers  la  fin  de  l'année.  L'augmentation  fut  considérable  surtout 
dians  la  concession  de  Roche-la-Molière.  La  prodiuction  de  coke 
s'éleva  de  91.000  tonnes  à  113.000.  Une  légère  baisse  se  pro- 
duisit, sur  les  agglomérés,  les  chemins  de  fer  P.-L.-M.  con- 
sommant de  plus  en  plus  des  menus  pour  le  chauffage  des  lo- 
comotives. 

Le  prix  moyen  était  de  13  fr.  91.  11  y  avait  une  baisse  de 
0  fr.  26  par  rapport  à  i895,  bien  que  la  demande  ait  été  plus 
forte,  mais  cette  demande  n'atteignait  pas  l'importance  de  la 
pr(xiuction.  En  outre,  les  houilles  de  la  \A)'ive  luttaient  de  plus 
en  plus  contre  la  concurrence  des  houillères  du  Gard  et  de 
l'Aveyron,  refoulées  par  les  houilles  anglaises  à  Marseille  et 
à  Bordeaux,  et  contre  les  charbons  de  Blanzy  amenés  p«r  eau 
il  Lyon  et  à  Roanne. 


—  810  — 

Les  charbons  d'usine  se  maintenaient  au  prix  de  15  francs  ; 
les  ookes,  s'écoulant  (liifîcilement  par  suite  du  petit  nombre  de 
hauts  fourneaux,  tombèreni  à  23  francs  et  20  francs  (l). 

Salaires  moyens  :  4  fr.  76  à  l'intérieur,  3  fr.  28  à  l'extérieur, 
4  fr.  24  dans  l'ensemble.  Le  salaire  annuel  avait  augmenté  à 
cause  du  petit  nombre  de  jours  de  chômage.  Il  était  estimé  par 
l'ingénieur  en  chef  à  1.470  francs  (intérieur),  1.004  francs  (ex- 
térieur), 1.307  francs  (ensemble). 

1897 

Production  :  3.707.000  tonnes,  50  millions  de  francs,  17.649 
ouvriers. 

La  concession  de  Couzon  fut  remise  en  exploitation. 

C'est  toujours  la  demande  des  charbons  industriels  qui  dé- 
terminiait  l'augmentation  de  la  production. 

Cependant  le  prix  moyen  était  tombé  à  13  fr.  71  ;  mais,  d'après 
l'ingénieur  en  chef,  ce  résultat  devait  être  partiellement  attri- 
bué au  mode  de  calcul  plus  exact  de  l'extraction  adopté  par  les 
ingénieurs  des  mines  ;  les  charbons  de  service,  qui  figuraient 
pour  la  première  fois  dans  la  statistique  avec  leur  poids  réel, 
étaient,  en  effet,  des  produits  de  moindre  qualité. 

La  Chambre  de  Commerce  constatait  que  les  prix  n'avaient 
pas  vairié  sensiblement,  mais  une  tendance  à  la  hausse  s'était 
manifestée  pendant  les  deux  derniers  mois  sur  une  faible  partie 
des  livraisons,  car  une  forte  proportion  consistait  en  marchés 
contractés  au  cours  de  l'année. 

Il  n'y  eut  pas  de  chômage  proprement  dit,  mais  seulement 
u^ne  petite  grève  de  cinq  jours  aux  mines  de  Villebœuf  (.t 
un  peu  d'agitation  dans  la  vallée  du  Gier.  Les  salaires  jour- 
naliers s'étaient  légèrement  relevés  :  4  fr.  80  au  fond,  3  fr.  22 
au  jour,  dans  l'ensemble  4  fr.  29.  Les  salaires  annuels  étaient 
évalués  à  1.456  francs  (fond),  971  francs  (jour),  1.285  francs 
(ensemble). 

Déjà  on  parlait  de  la  houille  blanche,  destinée  à  remplacer 
complètement  un  jour  ia  houille  noire.  L'expression  avait  été 
inventée  en  1892  par  M.  Berges,  à  Grenoble. 


(1)  Rapport  de  la  Chambre  de  Commerce. 


'  -  811  ^ 

1898 

Production  :  3.863.000  tonnes,  60  millions  de  francs,  18.194 
ouvriers. 

La  demande  des  charbons  industriels  fut  telle,  à  cause  de 
la  grande  activité  métallurgique,  que  le  Bassin  aurait  pu 
écouler  une  production  plus  grande,  mais  nombre  de  mines 
manquèrent  d'ouvriers  pour  augmenter  le  tonnage,  et  sur  phi? 
d'un  point  les  travaux  préparatoires  étaient  en  retard. 

La  carbonisation  et  ragglomération  furent  très  actives  : 
110.000  tonnes  de  coke  et  192.000  d'agglomérés. 

Le  prix  moyen  de  la  tonne  de  houille  se  releva  à  14  fr.  23. 
La  hausse  se  produisit  d'abord  sur  les  charbons  industriels. 

Salaires  journaliers  moyens  :  4  fr.  98  (fond),  3  fr.  41  (jour), 
4  fr.  45  (ensemble). 

Salaires  annuels  :  1.524  fr.  (fond),  970  fr.  (jour),  1.285  fr. 
(ensemble). 

Il  y  eut  de  l'agitation  dans  le  monde  des  mineurs  à  la  fin  de 
l'année.  Les  Gom.pagnies  accordèrent  quelques  augmentations 
ou  firent  quelques  concessions  quant  aux  institutions  de  pré- 
voyance. 

La  Société  civile  des  Mineurs  du  Gier  (Mine  aux  Mineuirs) 
vendit  les  cinq  concessions  du  Reclus,  de  la  Verrerie,  de  Ghan- 
tegraine,  de  la  Montagne-du-Feu,  du  Gourd-Marin  et  de  Groza- 
gaque. 

G'est  en  1898  que  la  Société  des  Houillères  de  Saint-Etienne 
demanda  la  fusion  de  ses  concessions  pour  éviter'  les  incon- 
vénients de  l'application  rigoureuse  de  la  loi  de  1810,  qui 
conserve  à  chaque  concession  son  individualité  propre  et  ses 
charges  particulières.  Ges  inconvénients  se  réfèrent  au  calcul 
de  la  redevance  proportionnelle  et  suiHout  aux  travaux  communs 
qui  peuvent  amener  la  cassation  de  l'exploitation  dans  l'une 
des  concessions  et  l'application  des  sanctions  de  la  loi  de  1810  (i). 

Je  ne  puis  passer  sous  silence  le  retour  en  1898,  en  qualité  de 
secrétaire  général,  à  la  Gompagnie  de  Roche-larMolière  et 
Firminy,  où  il  avait  dé])uté  ingénieur,  de  M.  F^andrivon  qui,  à 
son  départ  de-  mi'  .  -  de  Trélys  (Gard)  en  1882,  avait  été  l'objet 
d'une  manifestation  très  touchante  et  très  rare  de  la  part  des 


(1)   Voir  Leseuhe,  p.  271. 


—  812  — 

ouvriers  mineurs.  Kn  souvenir  des  regrets  que  leur  causait  son 
départ,  les  mineurs  de  Ilochessadoule  remirent  à  leur  chef 
vénéré  une  grande  médaille  d'or  avec  cette  inscription  : 
A  M.  Landrivon,  ingénieur^  ses  ouvriers  reconnaissants  (i). 

Le  poste  de  secrétaire  général  fut  créé  en  1895  à  la  Com- 
pagnie de  Roche-la-Molière  et  Firminy,  fut  occupé  parM.Imbert 
jusqu'en  1896,  par  M.  Planchard  de  1896  à  1898,  et  enfin  par 
M.  Landrivon. 

1899 

Production  :  3.809.000  tonnes,  58  millions  de  francs,  18.500 
ouvriers. 

La  Société  de  la  Haute-Cappe  fut  autorisée,  par  décret  du 
10  août,  à  réunir  les  trois  concessions  de  Corbeyre,  de  la  Gappe 
et  de  Collenon. 

Les  concessionnaires  de  la  Baraillère  furent  déchus  de  leurs 
droits  par  arrêté  du  18  avril  1900. 

La  Société  des  Mineurs  du  Gier  vendit  les  concessions  de 
Combes,  Egarande,  Verchère-Féloin,  Verchère-Fleurdelix  et 
Couzon. 

Aux  Houillères  de  Rive-de-Gier,  M.  Vital  Arnaud  remplaça 
M.  Coucho'ud,  directeur. 

Légèrement  inférieure  à  la  production  de  1898,  celle  de  1899 
fut  influencée  par  la  grève  de  la  Chazotte  au  mois  d'août,  et  par 
la  grève  générale  du  26  décembre  1899  au  8  janvier  1900.  Mais 
au  cours  de  l'année  les  mines  manquèrent  de  bras. 

La  carbonisation  et  l'agglomération  conservèrent  une  grande 
activité  :  113.000  tonnes  de  coke  et  208.000  d'agglomérés. 

La  grève  éclata  au  moment  où  la  production  ne  pouvait  suf 
fire  à  la  consommation.  Elle  coïncida  avec  la  longue  grève  des 
tisseurs  en  rubans.  Des  menaces  avaient  été  lancées  en  1898. 
En  décembre  1899,  le  Comité  fédéral  ouvrier  demanda  0  fr.  50 
d'augmentation  par  jour,  la  reconnaissance  du  Comité  par  les 
Compagnies,  la  réduction  de  la   journée  de  travail.  Les  Com 


(1)  Voir  Mémorial  de  la  Loire  du  25  septembre  1882.  M.  Landrivon 
(Antoine),  né  à  Feurs  en  1852,  appartient  à  la  promotion  1873  de 
l'Ecole  des  mines  de  Saint-Etienne. 


—  813  — 

pagnies  offrirent  5  %  d'augmentation,  puis  0  fr.  25,  puis  0  fr.  30, 
et  la  remonte  à  3  heures  quand  la  tache  était  finie,  à  moins 
de  force  majeure.  Sur  la  question  de  la  reconnaissance,  elles 
s'en  référèrent  à  l'arbitrage,  Waldeck-Rousseau  dans  la  grève 
du  Greusot. 

La  grève  avait  éclaté  le  26  décembre.  Elle  fut  générale  le  28. 
Les  4-6  janvier  intervint  l'arbitrage  Jaurès-Gruner  (i).  Les 
salaires  furent  relevés  de  9  %,  avec  minimum  de  0  fr.  30  et 
maximum  de  0  fr.  50.  Une  procédure  spéciale  régla,  par  puits, 
les  questions  relatives  à  l'heure  de  la  remonte.  La  présence  dans 
la  mine  fut  réduite  d'une  demi-heure  (de  6  heures  du  matin  à 

3  heures  au  lieu  de  3  h.  1/2,  avec  repos  de  11  heures  à  midi), 
mais  à  la  condition  que  la  quantité  de  travail  à  fooiirnir  par  les 
ouvriers  à  la  tâche  ne  serait  pas  dimmuée  du  fait  des  ouvriers. 

En  1901,  une  autre  procédure  arbitrale  devait  déterminer  si 
les  conditions  de  l'industrie  permettaient  des  augmentations. 
La  grève  fut  terminée  le  7  janvier  1900. 

Elle  fit  perdre  70.000  tonnes  à  la  production.  Des  ateliers 
furent  mis  en  chômage.  Des  usines  ne  continuèrent  à  travailler 
qu'en  faisant  venir  du  charbon  anglais.  Pour  la  première  fois 
ce  charbon  fut  importé  à  Saint-Etienne. 

En  1899,  les  salaires  avaient  continué  à  progresser  lentement  : 

4  fr.  91  (fond),  3  fr.  40  (jour),  4  fr.  40  (ensemble).  Salaire  an- 
nuel :  1.485  francs  (fond),  997  francs  (jour),  1.317  francs  (en- 
semble). 


RENSEIGNEMENTS     RÉCAPITULATIFS  (1889-1899) 


Sociétés  exploitantes.  -  J'ai  donné  au  cours  des  pages  qui 
précèdent,  année  par  année,  les  principaux  changements  inter- 
venus. Il  ne  reste  qu'à  les  compléter  : 

IjCS  actions  do  la  Gompagnie  de  Montrambort  pendant  cette 


(1)  Jaurès  pour  les  ouvriers,  Grurier  pour  les  compagnies.  M.  Gruner, 
secrétaire  ^én^Tal  du  Comité  des  liouLLlôivs  de  FrajK-^  (depuis,  vice- 
président)  est  le  fils  de  l'aniien  d'irecleiu-  <U'  i'I'X'ole  des  mines  de 
Saint-Etienne. 


—  814  —      ' 

période  oscillèrent  entre  805  francs  en  189G  et  952  francs  en  1890. 

Les  actions  de  la  Société  des  Houillères  de  Saint-Etienne, 
transformée  en  Société  anonyme  libre  en  1896,  subirent  une 
hausse  considérable.  De  252  francs  en  1889,  elles  s'élevèrent  à 
490  francs  en  1899. 

Les  actions  de  la  Société  des  Mines  de  la  Loire,  transformée 
en  Société  anonyme  libre  en  1894,  qui  éitaient  de  142  francs  en 
1889,  s'élevèrent  à  267  francs  en  1899.  La  Société  était  devenue 
seule  propriétaire  de  la  concession  de  Beaubrun. 

Les  actions  de  la  Compagnie  de  Roche-la-MoIière  et  Fir- 
miny,  cotées  1.289  francs  en  1899,  étaient  cotées  1.873  francs 
en  1899. 

Enfin,  les  actions  de  la  Société  des  Houillères  de  Rive-de-Gier 
n'avaient  qu'une  valeur  très  réduite 'à  cause  de  l'épuisement 
des  concessions  de  ce  sous-bassin.  Le  plus  haut  cours  moyen 
annuel,  celui  de  1894,  fut  de  53  francs. 

J'ai  cité  et  je  complète  les  nominations  intervenues  dans  les 
hautes  fonctions  de  ces  Compagnies  :  MM.  Murgue,  directeur 
à  Montrambert  (1895),  Voisin  à  Firminy  (1895),  plusieurs  di- 
recteurs successifs  à  Rive-de-Gier.  En  1899,  la  Porchère  aippar- 
tenait  aux  Houillères  de  Rive-de-Gier,  elle  était  exploitée  par 
M.  Ponsonnard.  A  ViUebœuf,  M.  Perrève  avait  remplacé 
M.  Nan.  Janon  et  Reveux,  appartenant  jadis  à  la  Compagnie  des 
Forges  de  Terrenoire,  appartenaient  aux  Houillères  de  Saint- 
Etienne  ;  Monthieux  appartenait  à  la  Mine  aux  Mineurs.  Les 
ooncessionnaires  de  la  Baraillère  étaient  déchus  de  leurs  droits. 
Le  groupe  de  la  Chazotte,  la  Calaminière,  Beuclas,  Sorbiers, 
Montcel,  appartenant  à  la  Compagnie  P.-L.-M.,  avaient  pour 
directeur  M.  Sangoy,  successeur  de  M.  Wéry.  La  Société  des 
Houillères  de  Rive-de-Gier  avait  vui  disperser  une  partie  de  ses 
concessions,  les  unes  cédées  à  la  Mine  aux  Mineurs  de  Rive-de- 
Gier  et  revendues  par  cette  Société  ouvrière.  Elle  ne  possédait 
plus  le  Reclus,  qui  appartenait  à  MM.  Arbel,  Cossange  et 
Deschanel  ;  Collenon,  Ccrbeyre  et  lai  Cappe,  exploitées  par  la 
Société  de  la  Haute-Cappe  (directeur,  M.  Simon)  ;  la  Montagne- 
du-Feu  et  les  Verchères-Féloin,  appartenant  à  MM.  Berne 
frères  ;  le  Gourd-Marin,  à  MM.  Monnet  et  Pironnet  ;  Croza- 
gaque,  à  MM.  Robert  frères  ;  les  Verchères-Fleurdelix,  à 
MM.  Joassard  et  Vivier  ;  Combes  et  Egarande,  à  M.  Roussel  ; 


—  815  — 

Gouzon,  à  M.  Fond  ;  Gravenand,  à  MM.  Dubuit  frères  et 
Raymond  ;  le  Sardon  et  le  Martoret,  à  M.  Dubuis  ;  la  Verrerie, 
à  M.  Gossange.  Il  restait  à  la  Gompagnie  de  Rive-de-Gier  : 
Grand'Groix,  Gorbeyre,  la  Gappe  et  Frigerin. 

La  Péronnière  avait  acheté  le  Plat-duGier  et  Gomberigol  ; 
directeur,  M.  Gharousset.  Le  Ban  et  la  Faverge  étaient  réunis 
sous  la  direction  de  M.  Girard-Teillard  ;  au  Mouillon,  M.  Balp 
avait  remplacé  M.  Laffay  ;  au  Gouloux,  M.  Paret  avait  remplacé 
MM.  Exbrayat  et  Richier  ;  à  Gombeplaine,  M.  Benoit  avait 
remplacé  M.  Debuit  ;  à  Tartaras,  M.  Gorday  avait  remplacé 
M.  Bruyias.  La  Gompagnie  des  Grandes-Flaches  (directeur, 
M.  Benoit)  qui  possédait  les  Grandes-Flaches,  Montbressieux, 
la  Gatonnière,  la  Pomme  et  Trémolin,  avait  ses  concessions 
dispersées.  Les  Grandes-Flaches,  la  Gatonnière  appartenaient  h 
M.  Gossange,  qui  possédait  aussi  Frigerin,  Verrerie  et  Ghante- 
gra.ine  ;  Montbressieux  était  à  M.  Béthenod,  la  Pomme  à 
MM.  Peyret  et  Blacheyre  ;  Trémolin  à  M.  Françon. 

Enfin,  la  nouvelle  Société  de  Saint-Ghamond  avait  pour  di- 
recteur M.  Duc. 

Sur  les  soixante-quatre  concessions  de  houille,  il  n'y  en  avait 
que  quarante -cinq  en  activité  en  1899.  Dans  le  sous-bassin  de 
Saint-Etienne,  Gôte-Thiollière,  Reveux,  la  Baraillère,  Janon, 
Sorbiers,  Ronzy,  Saint-Jean-Bonnefonds,  Beuclas,  La  Sibertière, 
et,  dans  le  sous-bassin  de  Rive-de-Gier,  la  Gappe,  Gorbeyre, 
Grozagiaque,  Gouzon,  Frigerm,  Gourd-Marin,  les  deux  con- 
cessions des  Verchères,  le  Martoret,  Gouloux  figuraient  avec  des 
guillemets  dans  la  statistique  de  1899.  Tandis  que  la  riche 
concession  de  Roche-la-Molière  et  Firminy  dépassait  905.000 
tonnes,  celle  de  la  Pomme  n'accusait  que  83  tonnes.  I^  sous- 
bassin  de  Saint-Etienne  accusait  3.442.000  tonnes,  celui  de 
Rive-de-Gier  n'en  accusait  que  367.000.  Les  principales  Gom- 
pagnies  étaient  celles  de  Roche-la-Molière  (905.000  tonnes), 
Montrambert  et  la  Béraudière  (754.000  tonnes),  les  Mines  de 
la  Loire  (651.000  tonnes),  les  Houillères  de  Saint-Etienne 
(607.000  tonnes).  Venaient  ensuite  la  Péronnière  (233.000  tonnes), 
le  groupe  P.-L.-M.  de  la  Ghazotte  (193.000  tonnes),  le  Gros  et 
VillehfBuf,  qui  dépassaient  chacun  1(K).0()0  tonnes,  la  Mine  aux 
Mineurs  de  Monthieux  (55.000  tonnes),  les  Houillères  do  Rive- 
de-Gier  (43.000  tonnes),  Saint-Ghiimond  (32.000  tonnes),  le  Ban- 


—  816  - 

la   Faverge   (27.000  tonnes).   Je  crois    inutile   de   continuer   la 
^amme  descendante. 

Observations  techniques.  —  Il  m'était  impossible  de  résumer 
les  observations  techniques,  parfois  très  longues,  de  l'Ingénieur 
en  chef  énumérant  dans  les  rapports  annuels  les  recherches, 
les  améliorations  aux  méthodes  d'exploitation  et  à  l'outillage, 
les  questions  rekitives  au  grisou  et  autres  feux,  les  statistiques 
de  l'épuisement  des  eaux,  du  remblayage,  du  lavage,  des  ac- 
cidents, ni  de  résumer  également  les  nombreux  mémoires 
publiés  par  des  ingénieurs  de  la  région  dans  le  Builelin  de 
Vlnduslrie  imnérale.  A  mesure  qu'on  pénètre  dans  la  période 
contemporaine,  les  documents,  rar issmies  à  une  épKDque  reculée, 
clairsemés  à  une  époque  pl'us  récente,  deviennent  de  plus  en 
plus  nombreux,  au  risque  de  défier  l'histoire,  qui,  d'ailleurs, 
ne  s'écrit  qu'à  distance.  A  vouloir  tout  signaler,  on  risque  des 
omissions  certaines,  essentielles  et  regrettables.  D'ailleurs, 
pendant  la  période  1889-1899,  trois  ingénieurs  en  chef  se  suc- 
cédèrent :  MM.  Chosson  jusqu'en  1891,  de  Casteln.au  de  1891 
à  1896,  Tauzin  depuis  1896.  Le  cadre  des  rapports  annuels  de  ces 
hauts  fonctionnaires  fut  changé  trois  fois,  à  chaque  nomination. 
Ces  changements  ne  permettent  pas  toujours  de  faire  des  com- 
paraisons. 

L'Exposition  de  1900,  inalgré  ses  dimensions,  ne  pouvait 
présenter  qu'un  inventaire  incomplet  de  l'industrie  houillère. 
Les  rappoirts  du  Jury  (classe  63)  décrivirent  :  le  guidage  par 
longrines  éclissées  des  mines  de  Montrambert  pour  compenser 
les  effets  de  tassement  des  puits  ;  l'installation  du  poiits  de  la 
Pompe  à  Saint-Etienne,  réalisée  dans  une  descenderie  de 
remblais  pour  l'obtention  de  l'air  comprimé  ;  l'évite-molettes 
de  M.  Villiers  destiné  à  agir  automatiquement,  avant  rarrivée 
des  cages  au  jour,  sur  un  frein  à  double  énergie  et  sur  les  tiroirs 
de  distribution  de  la  vapeur  aux  machines  ;  les  barrières  semi- 
automatiques  pour  les  recettes  des  puits  d'extraction  des  mines 
de  Montrambert  ;  la  pompe  électrique  du  puits  de  la  Loire  ; 
les  ventilateurs  Râteau  et  les  ventilateurs  Mortier  (l)   ;  l'ajus- 


(1)  M.   Râteau  était    alors   professeur  à   l'Ecole  des  mines   de   Saint- 
Etienne.  M.  Mortier  est  un  anc'én  élève  de  cette  éooSe. 


—  817  - 

tage  convergent-divergent  des  Houillères  de  Saint-Etienne, 
destiné  à  remplacer  la  porte  à  guichet  pour  accroître  l'intensité 
du  courant  d'air  d'un  circuit  dérivé  ;  l'appareil  réchauffeuT 
d'air  des  mines  de  Montrambert  ;  l'auto-capteur  de*  M.  Petit, 
destiné  à  capter  automatiquement  et  presque  sans  discontinuité 
l'air  grisouiteux  de  la  mine,  en  effectuaint  des  prises  d'une  durée 
réglable  à  vol  où  té,  qu'on  analyse  au  laboratoire  par  la  méthode 
des  limites  d'inflammabilité  (l)  ;  l'appareil  enregistreur  du 
volume  d'air  par  seconde  dans  une  galerie  de  mine,  imaginé 
par  M.  Murgue  ;  la  machine  à  agglomérer  Gouffinhal  ;  les 
presses  à  agglomérés  ovoïdes  de  l'Horme  et  de  la  Buire,  etc.... 

Renseignements  statistiqijes.  —  De  1889  à  1899,  la  production 
annuelle  atteignit  son  maximum  en  1898  et  son  minimum 
en  1894. 

Ce  sont  ces  deux  années  que  je  prends  pour  type  de  com- 
paraison : 

1894  1898 

Tonnage  de  la   production 3.284.000  t.        3.863.000  t. 

Valeur  de  la   production 47.500.000  fr.  54.989-000  fr. 

Prix  moyen  par  tonne.* 14  fr.  48  14  fr.  23 

Nombre    d'ouvriers 16.657  18-194 

I  intérieur 4  fr.  76  4  f r.  98 

Salaire   moyen     )  extérieur ' 3  fr.  30  3  fr.  41 

(  ensemble.    4  f  r.  25  4  fr.  45 

Produjction    moyenn,e    \     intérieur 318  tonnes  324  tonnes 

par  ouvrier  /     fond    et   jour  205      —  212      — 

Je  rappelle  que  la  production  individuelle,  si  elle  dépend 
de  la  personnalité  de  l'ouvrier,  dépend  aussi  des  conditions 
naturelles  du  gîte  et  de  l'organisation  des  mines,  de  leur  en- 
tretien, de  leur  <iérage,  de  l'organisation  du  travail  au  chantier, 
du  mode  d'établissement  du  salaire.  Un  ouvrier  qui  travaille 
dans  ime  atmosphère  purifiée  et  rafraîchie  par  un  bon  courant 
d'air  ï)r(Kluit   i)his   (\\ir   <\]    iTm   à   r('S[)inM'  (|irim   i\\v  chaud  et 


(1)  M.  Petiit,  lnfféni<Mir  «mi  cin'f  (l(\s  Hoiiillcros  dv  Sa^nt-Eticime,  publia 
en  1900,  dans  le  Bulletin  de  Vlndustrie  minérale,  une  étuiAe  sur  raérape 

dos    ti':iv:ii|v    |>|-(''[»;irMto!?«w    (\;\\i<<    Ic^    tllillOs   ;"l    ^tIsom. 


—  818  — 

contaminé  par  les  gaz  et  les  émaniations.  Ici  on  constate  une 
fois  de  plus  V accord  qui  existe  si  souvent  entre  V intérêt  écono- 
miqwe  de  V exploitant  et  celui  de  la  sécurité  de  V ouvrier  (i). 

L'Ingénieur  en  chef  ayant  été  changé  en  1896,  le  cadre  du 
rapport  annuel,  modifié  par  le  nouveau  titulaire,  ne  donne  pas 
les  mêmes  renseignements  que  celui  de  son  prédécesseur.  C'est 
ainsi  que  le  nombre  des  journées  de  travail,  la  moyenne  des 
salaires  par  tonne,  le  montant  des  salaires  distribués  figurent 
dans  le  rapport  pour  1894,  et  non  dans  celui  pour  1898.  Le 
montant  des  salaires  ne  résulte  pas  de  la  multiplication  du 
salaire  moyen  par  le  nombre  d'ouvriers,  car  il  faut  tenir  compte 
des  jours  de  chômage. 

Egalement,  les  rapports  des  années  1891  et  suivantes  in- 
diquaient les  prix  des  charbons  par  nature  et  qualité.  Ces 
indications  disparurent  à  partir  de  1894.  Le  Bulletin  de  V In- 
dustrie minérale,  qui  publiait  ces  prix,  a  cessé  à  partir  de  1895 
de  les  faire  paraître. 

Je  cite  quelques  prix  de  1889  et  de  1895  : 

1889  1895 

(15  avril)  (15  août) 

Pérats  durs,  1^^  qualité 27  à  28  fr.  29  à  31  fr. 

Charbons  pour  gaz,  V^  qualité 17  à  20  »  20  » 

Menus  de  forge,  l'«  quahté 21  à  25  »  22  à  25  » 

Charbon  de  chauffage,  X^"  qualité 13  à  14  »  16  à  20  » 

—                   —          2«        —     11  »  12  à  14  » 

Coke  pour  hauts  fourneaux 17  à  18  »  18  à  20  » 

Petit  coke  pour  chauffage 24  à  25  »  21  à  25  » 

Le  Comité  des  Houillères  de  la  Loire  indique  que  le  temps 
consacré  au  travail  était  :  de  1888  à  1897,  de  6  heures  du  matin 
à  3  h.  45  (au  lieu  de  4  heures  et  au  delà,  comme  auparavant)  ; 
de  1897  à  1899,  de  6  heures  à  3  h.  30  ;  en  1899  et  les  années 
suivantes,  de  6  heures  à  3  heures  p). 


(1)  Rapport  de  l'i'ngéni'eur  en  chef  pour  1894   {Conseil  général  de  la 
Loire,  août  1895,  p.  679). 

(2)  Notice  pour  l'E^cposition  de   Saimt-Louiis,   1904. 


—  819 


La  distribution  des  combustibies  minéraux  extraits  du  bassin 
de  la  Loire  fut  la  suivante  en  1894  et  1898  : 


Loire 1.270.000  t. 

Rhône.  .  .' . . .  982.000  t. 

Isère.   296.000  t. 

Saône-et-Loire     .    .  153.000  t. 

Ain.    110.000  t. 

Ardèche,  Côte-  i  de  23.000  à 

d'Or,  Savoie,  Drô-  *  55.000  tonnes, 

me,  Haute-Savoie,  j  suivant  le 

Haute-Loire.            f  département. 


Puy-de-Dôme,  I  de  10.000  à 

Jura,  Nièvre,  Yon-  )  «a  nan  *r. 

,1       ,       '             '  20.000  tonnes, 
ne,  Vaucluse,  Bou- 
ches-du -R  11  on  e,  i  suivant    le 
Allier.                        f  département. 


15  départements.. 


7  départements. . 


de    1.000  à 
10.000  tonnes, 

suivant  le 
département. 


moins  de 
1 .000  tonnes, 

par 
département. 


Sui.s.se  78.000  t. 

Italie 2^1.000  t. 


nses 

Loire.   .   1.402.000  t. 

Rhône.  975.000  t. 

Isère.   .    310.000  t. 

Saône-et-Loire.    .    .  138.000  t. 

\m. 80.500  t. 

Drôme.    •    70.900  t. 

Ardèche.   70.800  t. 


Côte-d'Or,   Haute- 
Loire,  Savoie. 


de  27.000  à 
36  000  tonnes, 

suivant  le 
département. 


Bouches-du-Rhône,  i     de  11.000  à 
Haute- Savoie.       \  19.000tonnes, 
Puy-de-Dôme,       j      suivant  le 

Allier,  Vaucluse.     [     département. 


16  départements.. 


6  départements 


i 


Compagnie  P.-L  -M . . 

Chemins    de    1er    de 
l'Etat 

Autres  lignes 

Suisse 

Italie 


de  1.000  à 

10. 000  tonnes, 

suivant  le 

département 

moins  de  l  000 
tonnes  par 
département. 

446  000  t. 

2.300  t. 

2.600  t. 
95.000  t. 
39.000  t. 


—  820  — 


La  consommation   du   département  de   la  Loire  en  1894   et 
i898  fut  alimentée  par  les  bassins  ci-après  : 


Loire  (bassin  de  St- 

Etienne) 1. "270. 000  t. 

Roannais... 200  t. 

Le  Creuset  et  Blanzy  38.500  t 

La  Chapelle-sou s- 

Dun 18.800  t. 

Commentry 6 .  500  t. 

Ste-Foy-1'Argentière  6.300  t. 

Bert 4.100  t. 

St-Eloi 2.100  t. 

Mais , 1.300  t. 

Le  Drac 1.200  t. 


^S9S 

Loire  (bassin  de  St- 

Etienne) 1.402.300  t. 

Le Creusot  et  Blanzy  55 .  800  t. 
La  Chapelle-sous- 

Dun 13.500  t. 

Commentry.. 10.400  t. 

Ste-Foy-1'Argentière  6.100  t. 

Decize 3.300  t. 

Bert 2.900  t. 

St-Eloy 2.600  t. 

Le  Drac 2.400  t. 

Bourg-Lastic  . . . .    . .  2.200  t. 

Brassac 1.400  t. 

Alais yOOt. 

Communay  .......  600  t. 

Le  Roannais 600  t. 

Langeac 100  t. 


Pour  terminer,  je  cite  les  chiffres  de  la  production  et  de  la 
cclnsomm,ation  françaises  en  1894  et  1898  [}■)  : 


Années 

Consommation 
(tonnes) 

Production 
(tonnes) 

PRIX    ] 

VIOYEN 

sur  les  lieux 
d'extraction 

sur  les  lieux 
de  consommation 

1894 
1898 

38.000.000 

43.295.000 

22.417.000 
32.356.000 

11  fr.  22 
11  fr.  22 

19  Ir.  73 
19  fr.  46 

^ 


(1/  Circulaire    2.640    du    Comité    des    houillères    de   France    (6    mars 
1904)  :  L'industrie  houillère  (le  1811  à  1902. 


om 


î^ 


CHAPITRE  XVI 


SITUATION  GÉNÉRALE":DE  1900  à  1914. 


E  me  suis  servi,  pour  la  doc^umentation  de  ce 
chapitre,  des  Rapports  annuels  des  Ingénieurs 
en  chef  des  Mines,  de  la  Situation  générale  des 
Industries  et  Commerces  publiée  chaque  année 
par  la  Chambre  de  Commerce,  des  mes  Années 


forezieimes,  enfin  de  quelques  documents  particuliers. 


1900 

Production  :  3.946.000  tonnes,  72  millions  de  francs,  19.798 
ouivriers. 

Dans  l'augmentation  de  la  production,  là  Compagnie  de 
Roche-la-Molière  ne  gagnait  pas  moins  de  37.000  tonnes.  Sans 
les  inondations  de  septembre  dans  les  puits  de  la  Malafolie, 
Taugmentatiorî  eût  été  plus  importante.  La  Chazotte  gagnait 
47.000  tonnes.  La  Mine  aux  Mineurs  de  Monthieux,  «  très  sa- 
gement cond'Uflte  »,  accusait  78.000  tormes,  soit  22.000  de  plus 
qu'en  1899. 

Production  du  coke  :  115.000  tonnes  ;  des  agglomérés  :  197.000 
tonnes. 

L'année  1900  atteignait  le  maximum  de  la  production  enre- 
gistrée jusqaie-là.  La  production  eût  été  encore  plus  grande 
sans  la  grève  générale  du  début  de  l'année  (v.  p.  813),,  sans  les 
grèves  partielles  au  puits  Châtelus  et  aux  mines  du  Gros,  et  si 
les  ouvriers  n'avaient  pas  eu  «  la  fâcheuse  tendance  de  profiter 


M 


—  822  — 

de  l'augmentation  de  9  %,  qui  leur  avait  été  accordée  par  l'ar- 
bitrage, plutôt  sous  la  forme  d'une  diminution  de  travail  que 
sous  celle  d'une  augmentation  effective  de  salaire  (^)  ». 

J'ai  indiqué,  en  1899,  comment  la  grève  se  déclara  et  comment 
elle  se  termina  en  1900. 

Le  prix  moyen  de  vente  s'accrut  de  2  fr.  78,  mais  les  hauts 
cours  de  l'année  s'abaissèrent  lors  du  renouvellement  des 
marchés  de  la  métallurgie,  en  juin.  Les  menus  sortants  de  toute 
première  qualité  se  vendaient  à  la  mine  25  et  26  francs. 

L'aiigmentation  des  salaires,  des  prix  des  fers,  fontes  et  aciers, 
des  câbles  en  aloès  et  aussi  la  demande  très  forte  des  charbons 
étaient  les  causes  de  la  hausse. 

Le  rapport  de  l'ingénieur  en  chef  renferme  des  renseignements 
intéressants  sur  l'instabilité  du  personnel  ouvrier.  Le  coeffi- 
cient d'instabilité  était  de  90  %  à  la  Loire,  82  %  à  Firminy  et 
aux  Houillères  de  Saint-Etienne,  77  %  à  la  Péronnière,  35  % 
seulement  à  Montrambert.  Par  contre,  139  %  à  Rive-de-Gier  et 
260  %  à  Villebœuf,  etc..  Ce  coefficient  était  le  rapport  de  la 
moyenne  du  nombre  des  ouvriers  embauchés  et  de  celui  des  ou- 
vriers qui  ont  quitté  la  mine,  au  nombre  moyen  des  ouvriers  (2). 

Salaire  journalier  :  5  fr.  21  au  fond  ;  3  fr.  78  au  jour  ;  4  fr.  75 
ensemble. 

Salaire  annuel  :  1.578  francs  au  fond  ;  1.093  francs  au  jour  ; 
1.415  francs  ensemble. 

La  sentence  arbitrale  permettait  de  prévoir  davantage,  mais 
il  y  avait  diminution  du  rendement. 

Je  renvoie,  pooir  les  observations  techniques  de  1902  à  1913, 
au  rapport  de  l'Ingénieur  en  chef. 

En  1900,  M.  Rodde  fut  nommé  ingénieuir  pirincipal  des  mines 
de  Montrambert  et  de  la  Béraudière,  en  remplacement  de 
M.  Buisson. 

1901 

Production  :  3.796.000  bonnes,  75  millions  1/2  de  francs,  19.744 
ouvriers. 

Le  ralentissement  très  sensible  de  la  métallurgie,  la  moindre 


(Ij  RappoTf  de  VIngénieur  en  chef  pour  1900. 

(2)  Bappon  de  VIngénieur  en  chef  pour  1901  (Conseil  général,  1902). 


-  823  — 

activité  des  demandes  amenèrent  le  ralentissement  des  houil- 
lères. Néanmoins  «  le  prix  moyen  de  vente,  grâce  aux  majo- 
rations de  prix  obtenues  par  les  Compagnies  au  commencement 
de  l'année  et  à  la  persistance  de  bon  nombre  de  marchés,  et 
malgré  l'affaissement  progressif  des  cours  qui  a  commencé  à 
se  pr-oduire  dèg  la  fin  de  l'hiver  »,  s'éleva  à  19  fr.  91,  soit 
à  1  fr.  86  au-dessus  de  celui  de  1900. 

Production  du  coke  :  95.000  tonnes  ;  des  agglomérés  :  211.000 
tonnes. 

La,  sentence  arbitrale  de  1900  pour  les  salaires,  n'ayant  pas 
été  dénoncée  à  son  expiration,  fut  maintenue  en  fait. 

Salaire  journalier  moyen  :  5  fr.  25  au  fond  ,  3  fr.  57  au  jour  ; 
4  fr.  68  ensemble.  Le  salaire  annuel  ne  figure  plus  dans  le 
rapport  de  l'ingénieur  en  chef,  car  «  il  dépend  trop  du  mode 
de  comptage  des  ouvriers  ». 

L'emploi  de  l'électricité  devenait  plus  fréquent,  soit  pour 
les  pompes,  soit  pour  les  treaiils.  Une  Compagnie,  celle  de  la 
Ix)ire,  mit  en  service  des  locomotives  pour  la  traction  des 
bennes,  et  M.  Morchoine,  ingénieur  divisionnaire,  plus  tard 
ingénieur  en  chef,  en  rendit  compte  dans  le  Bulletin  de  Vin- 
dustrie  minérale  en  1902. 

L'année  1901  fut  marquée  par  le  conflit  des  sociétaires  et  des 
auxiliaires  de  ki  Mine'aux  Mineurs  de  Monthieux  (v.  p.  562). 
Un  juge  de  Saint-Ktienne,  M.  Lesoudier,  traita  la  question  au 
fKjint  de  vue  juridique  dans  une  intéressante  brochure. 

Les  menaces  de  grève  générale  ne  cessèrent  de  régner  en  1901. 
Le  mois  de  janvier  fut  marqué  par  les  contestations  relatives 
à  l'application  de  la  sentence  arbitrale  de  1900.  Le  24  février, 
le  Comité  de  la  Fédération  des  mineurs  de  France,  dont  le 
siège  est  à  Saint-Etienne,  au  moment  où  la  grève  de  Montceau 
battait  son  plein,  décida  la  grève  générale,  mais  sans  en  fixer 
la  (iatf.  li  (Icinandaau  Gouvernement  une  réponse  ferme,  pour 
la  plein MTc  (|uinzaine  de  mai,  sur  la  retraite  de  2  francs  par 
JOUI  apivs  25  ans  de  services,  la  <lurée  de  8  heures  pour  la 
journée  de  travail,  le  minimum  de  salaires,  et  de  prendre  des 
mesures  ooercitives  vis-à-vis  de  la  Coinpîvgnie  de  Montceau. 
M.  W'aldeck-Ronsseau,  président  du  Conseil,  réîX)ndit,  lo  2 
niar-,  (jur  le  salain-  d*  \;iit  être  fixé  par  les  parties.  Il  se  mont  m 
liisiiM^*'  ;i  |ii-f''-ciit('i   lin  pinjct  SU!"  l'i  <lnf(M'  (11!  t!-a\ail  ipiotidien, 


-824  — 

un  autre  projet  pour  ramélioration  des  retraites,  et  à  favoriser 
un  arrangement  à  Montceau. 

Le  13  avril,  à  Lens,  deuxième  édition  du  vote  de  la  grève 
générale  par  le  Comité  fédéral,  vote  qui  devait  être  suivi  d'exé- 
oution  le  l*'  mai,  si,  dans  les  dix  jours,  le  Gouvernement  n'avait 
pas  obtenu  la  réintégration  des  ouvriers  montcelliens  renvoyés 
par  la  Compagnie  et  si,  par  un  référendum,  les  mineurs  se 
prononçaient  pour  la  grève.  Un  délai  de  six  mois  était  imparti 
aux  pouvoirs  publics  pour  voter  les  réformes. 

Le  référendum  eut  lieu  le  26  avril.  Dans  la  Loire,  sur  17.000 
mineurs,  5.700  votèrent  pour  et  4.500  contre  la  grève.  Dans  la 
France  entière,  sur  16O.OOO  inscrits,  il  y  euit  29.000  pour  et  20.000 
contre.  Le  Comité,  sur  la  proposition  de  Basly,  avait  décidé  que 
les  abstentionnistes  seraient  rangés  du  côté  de  la  majorité. 

Le  travail  continua,  car  la  grève  effective  ne  fut  pas  décrétée, 
à  la  grande  surprise  des  Montcelliens  et  malgré  les  virulentes 
apostrophes  adressées  au  Secrétaire  de  la  Fédération.  Le  Comité 
décida  un  nouveau  référendum  pour  le  l^""  octobre,  à  l'expiration 
du  délai  indiqué  plus  haut. 

Le  31  mai,  il  y  eut  un  Congrès  international  des  mineurs  à 
Londres.  La  question  de  la  grève  générale  internationale  n'y 
fut  pas  agitée. 

Le  Ministre  des  Travaux  publics  nomma  une  Commission 
extraparlementaire  du  travail  dans  les  mines  pour  étudier  les 
réformes.  A  partir  du  l*''"  octobre,  la  France  eut  les  yeux  fixés 
sur  Saint-Etienne.  Les  membres  du  Comité  étaient  les  rois  de 
la  chronique.  Le  nom  de  Cotte,  secrétaire  général  de  la  Fédé- 
ration et  jusque-là  de  la  Bourse  du  Travail  de  Saint-Etienne, 
s'imprimait  dans  tous  les  journaux. 

Pendant  ce  temps,  l'autorité  prenait  des  mesures.  Le  Préfet 
de  la  Loire  rappelait  au  Maire  l'arrêté  de  son  prédécesseur 
interdisant  les  manifestations.  Il  prenait  un  arrêté  pour  interdire 
la  vente  et  le  transport  des  fusils  Gras  transformés.  Les  officiers 
en  permission  étaient  rappelés. 

Le  deuxième  référendum  donna  44.000  voix  pour  la  grève 
générale  et  12.000  contre.  Cotte  adressa  un  ultimatum  au  Gou- 
vernement, qui  répondit  qu'une  Commission  était  saisie  de 
l'examen  des  réformes  et  que  celles-ci  ne  se  décrétaient  ni  à 
trente  jours,  ni  à  échéance  fixe.  Le  Comité  se  réunit  le  20  oc- 


—  825  — 

tobre,  à  Saint-Etienne.  Après  trois  jours  de  longues  délibé- 
rations, il  décida,  à  la.  surprise  générale,  de  ne  faire  aucune 
communication  à  la  Presse  au  sujet  de  la  grève  ;  mais,  d'après 
des  déclarations  individuelles,  celle-ci  était  imminente.  On  sut 
plus  tard  que  le  Comité  attendait  du  Gouvernement  une  seconde 
réponse,  «  ferme  et  catégorique  »,  et  que,  si  cette  réponse 
«  n'était  pas  ce  qu'elle  devait  être  »,  le  secrétaire,  sur  l'avis 
des  membres  du  Comité,  devait  lancer  l'ordre  de  mobilisation. 
Or,  le  Parlement  était  rentré  en  session  le  22.  Il  avait  voté 
l'urgence  sur  la  proposition  Basly  et  repoussé  la  discussion  im- 
médiate. En  appuyant  l'urgence,  écrivit  M.  Waldeck-Rousseau, 
le  Gouvernement  a  manifesté  l'intention  de  poursuivre,  sans 
retard,  la  solution  des  questions  qui  lui  ont  été  soumises.  Le 
projet  améliorant  la  loi  sur  les  retraites  devait  être  communiqué 
prochainement  à  la  Chambre. 

Le  l®""  novembre,  de  nombreuses  troupes  débarquaient  à 
Châteaucreux  pour  renforcer  la  garnison  de  Saint-Etienne.  Elles 
furent  renvoyées  le  12,  car  la  grève  n'éclata  pas  et  l'ordre  ne 
fut  nullement  troublé,  au  grand  mécontentement  de  quelques 
turbulents  qui  escomptaient  sans  doute  une  réédition  de  la  nuit 
tragique  du  4  janvier  1900. 

La  Commission  extraparlementaire  multiplia  ses  séances. 
Elle  étudia  dans  quelle  mesure  la  production  serait  atteinte 
par  la  réduction  de  la  journée  à  huit  heures.  La  Commission 
parlementaire  chargée  de  l'examen  de  la  proposition  Basly 
se  substitua  à  cette  première  Commission. 

Une  grève  partielle  éclata  dans  le  Nord.  Le  Comité  échoua 
dans  ses  pourparlers  avec  les  mineurs  étrangers.  Il  put  se  con- 
vaincre de  l'impossibilité  d'-une  grève  internationale. 

Les  polémiques  personnelles  se  substituèrent  aux  décisions 
collectives. 

En  1901,  M.  Vital  Arnaud  fut  remplacé  à  la  direction  des 
mines  de  Rive-de-Gier  par  M.  François  Verzat,  qui  devait  rester 
en  fonctions  jusqu'en  1909. 

1902 

Production  :  2.754.000  tonnes,  55  millions  do  francs,  19.401 
ouivriers. 

Production  du  coke  :  58.000  tonnes  ;  des  agglomérés  :  161.800 
tonnes. 


—  826  — 

Le  Syndicat  des  Mineurs  de  Rive-de-Gier  poursuivait  depuis 
plusieurs  années  une  petite  exploitation,  contre  le  gré  du  con- 
cessionnaire, à  Combes  et  à  Egarande.^  En  1902,  les  derniers 
membres  du  Syndicat  se  déco'uiragèrent  et  se  dispersèrent. 

Les  concessionnaires  des  Verchères-Fleurdelix  furent  mis  en 
déchéance  par  arrêté  du  18  février  1902. 

L'énorme  diminution  de  la  production  par  rapport  à  1901 
(plus  de  19  %,)  tint,  pour  les  deux  tiers,  à  la  grève  générale  de 
50  jours  de  la  fin  de  l'année  et,  pour  un  tiers,  à  la  moindre 
demande  de  combustible.  Les  Compagnies  durent  faire  chômer 
leur  personnel  un  jour  par  semaine. 

Le  prix  moyen  de  la  tonne  était  de  18  fr.  11.  La  baisse  des 
prix  de  vente  était  de  près  de  2  francs. 

Les  charbons  du  Nord,  favoirisés  par  les  voies  navigables  pour 
la    pénétration    dans    la    vallée    du    Rhône,    bénéficièrent    de 
nouveaux  tarifs  réduits  sur  le  chemin  de  fer  (tarif  107  Nord 
Est-P.-L.-M.). 

Salaires  moyens  :  au  fond  5  fr.  15  ;  au  jour  3  fr.  82  ;  ensemble 
4  fr.  69. 

On  avait  installé,  pour  exploiter  à  des  profondeurs  de  500 
mètres  et  au  delà,  de  puissantes  machines  d'extraction  à  sou- 
papes ;  ce  type  tendait  à  remplacer  les  anciennes  machines  à 
tiroirs. 

Des  Compagnies,  dans  quelques  couches  moins  ébouieuses 
que  les  autres,  avaient  fait  l'essai  de  baveuses  mécaniques. 
Firminy,  où  ces  essais  avaient  été  commencés  en  1901,  les  avait 
à  peu  près  abandonnés.  Par  contre,  la  Péronnière  appliquait 
avec  succès  la  perforation  mécanique  au  fonçage  du-  puits 
Gillier,  à  travers  des  terrains  extrêmement  durs. 

L'emploi  de  l'électricité  continuait  à  se  développer  (i). 

Le  conflit  entre  sociétaires  et  auxiliaires  de  la  Mine  aux 
Mineurs  de  Monthieux  fut  solutionné  par  un  arbitrage. 

C'est  en  1902,  à  Grenoble,  qu'eut  lieu  le  premier  Congrès  de 
la  Houille  blanche. 


(1)  Le  Mémorial  de  la  Loire  du  30  août  1902  analysa  la  communica- 
tion de  M.  Morchoine  sur  l'installation  de  "la  traction  électrique  à  la 
Compagnie  de  la  Loire,  et  le  Mém,orial  du  30  mai  décrivit  l'installation 
électrique  faite  è,  la  Mine  aux  Mineurs  de  Monthieux  par  l'ingénieur, 
M.  Laplerre. 


—  827  — 

L'année  fut  marquée  par  la  première  grève  générale  des 
mineurs  de  France  (i).  Le  citoyen  Cotte,  secrétaire  général  de 
la  Fédération  nationale,  donna,  au  mois  de  février,  sa  démission 
de  secrétaire  de  la  Fédération  régionale  de  la  Loire,  et  cette 
démission  fut  acceptée.  La  suite  prouva  que  l'harmonie  était 
loin  de  régner  entre  Cotte  et  les  délégués  régionaux,  ce  qu'on 
savait  déjà. 

Au  Congrès  d'Alais,  en  mars,  on  décréta  la  grève  générale 
sans  nouvelles  négociations  avec  le  Gouvernement,  mais,  le 
lendemain,  le  Congrès  adopta  une  motion  d'ajournement.  Il  y 
eut  de  nombreuses  polémiques.  L'assemblée  du  jour  de  Pâques, 
à  Saint-Etienne,  où  les  délégués  rendirent  compte  de  leur 
mandat,  fut  marquée  par  de  violents  incidents. 

Un  Congrès  international  se  réunit  à  Douvres,  un  second 
Congrès  à  Dusseldorf.  Dans  les  réuinions  de  la  Loire,  le  projet 
d'une  Fédération  scissionniste  fut  discuté.  La  popularité  du 
secrétaire  général  de  la  Fédération  nationale  subit  de  rudes 
assauts.  On  songea  à  former  une  interfédéra.tion  pour  organiser 
la  grève  générale  avec  l'appui  des  dockers  et  des  employés  de 
chemins  de  fer.  Le  Comité  national  se  réunit  à  Paris  et  fixa 
au  17  septembre  la  réunion  d'un  Congrès  à  Commentry. 

Quelques  jours  après,  les  Compagnies  houillères  de  la  Loire, 
en  raison  de  la  baisse  des  prix  et  du  manque  d'écoulement  des 
charbons,  réduisant  à  3  %  la  prime  de  9  %  accordée  par  l'ar- 
bitrage Gruner-Jaurès  en  1900.  La  sentence  arbitrale  avait  pris 
fin  légalement  le  30  juin  1901.  Ce  fut  le  motif  de  nombreuses 
réunions,  discussions,  entrevues,  protestations,  après  lesquelles 
on  décida,  par  un  référendum,  d'ajourner  la  grève  générale 
jusqu'au  Congrès  de  Commentry.  Une  minorité  d'ouvriers  prit 
part  au  scrutin.  A  Saint-Etienne,  les  votants  étaient  1.600  suir 
5.000.  Des  discussions  accentuèrent  encore  les  rivalités  entre  les 
chefs  d'u  mouvement,  membres  du  Comité  régional  et  du  Comité 
national.  Au  premier  plan  figuraient  Beauregard,  le  successeur 
de  Cotte,  et  Escalier.  Au  Congrès  de  Commentry,  où  ces  dis- 
cussions trouvèrent  un  écho  puissant,  la  grève  générale  fut 
décrétée  par  85  voix  contre  8  abstentions. 


(1)  Le   Comité   des    Houillères   de  France   a   publié  en   brochure   les 

f)onimrnts  rrUitifa  à  In  rjrf-ve  (les  Mineurs  fin   fnn?. 


—  828  — 

Le  secrétaire  de  la  B'édération  nationale  fut  chargé  d'en 
donner  le  signal,  après  le  temps  matériel  nécessaire  à  l'orga- 
nisation. Un  manifeste  fut  adressé  aux  mineurs,  deux  lettres 
au  Président  du  Conseil  et  au  Comité  des  Houillères  de  France. 
Au  Ministre  de  l'Intérieur  on  demandait  de  dire  ce  que  le 
Gouivernement  comptait  faire  des  «  réclamations  »  formulées 
l'année  dernière.  Au  Comité  des  Houillères  on  s'adressait  pour 
nommer  une  délégation  à  l'effet  de  discuter  les  salaires  et  l'or- 
ganisation du  travail.  Le  Président  du  Conseil  promit  de  pour- 
suivre activement  la  solution  des  questions  soumises  au  Par- 
lement. Avant  que  le  Comité  des  Houillères  eût  répondu,  la 
grève  éclata  sans  que  le  signal  du  Comité  eût  été  donné,  d'abord 
dans  le  Nord  et  le  Pas-de-Calais,  puis  dans  la  Loire,  sur  l'ordre 
du  Comité  régional,  le  8  octobre.  Le  Comité  national  était  dé- 
bordé. 

La  grève  fut  marquée  par  des  incidents  nombreux  :  entraves 
à  la  liberté  du  travail,  à  la  circulation  des  chiarbons,  coups  et 
blessures  graves,  explosions  de  cartouches  de  dynamite,  coups 
de  fusil  isolés,  collisions  sanglantes,  mort.  Les  mineurs  qui 
désiraient  continuer  le  travail  durent  céder  à  la  force.  Les 
voituriers  qui  transportaient  du  combustible  furent  attaqués, 
leurs  chars  renversés  et  le  charbon  rapidement  enlevé  par  des 
mains  expertes  à  s'approvisionner  à  bon  compte.  L'anxiété  fut 
grande  pendant  plusieurs  jours  parmi  les  consommateurs.  De 
nombreuses  troupes  étaient  venues  renforcer  la  garnison.  Elles 
gardaient  les  puits  et  se  montraient  peu  ou  pas.  Au  cours  d'une 
échauffourée,  à  Terrenoire,  dans  la  nuit  du  10  au  11  octobre, 
un  gendarme  fit  feu,  tua  un  mineur  et  en  blessa  un  autre.  Le 
gendarme  était  couvert  de  contusions.  Son  camarade,  atteint 
à  la  tête,  avait  été  renversé  à  ses  côtés.  Une  immense  manifes- 
tation se  dérouila  aux  funérailles  de  la  victime.  Les  élus  socia- 
listes, M.  Briand  notamment,  y  prononcèrent  des  discours 
extrêmement  violents. 

Le  régime  des  voitures  renversées  dura  jusqu'au  16  octobre, 
n  avait  été  décrété  par  le  Comité  fédéral.  Les  pillards  se 
moquaient  des  agents,  peu  nombreux,  qui  escortaient  les  voi- 
tures. Cette  petite  Terreur  noire  ne  prit  fin  que  lorsque  la 
Préfecture  invita  les  industriels  à  se  grouper  par  quartiers 
pour  que  l'on  pût  donner  à  chaque  convoi  une  force  suffisante. 


—  829  — 

On  vit  alors  des  files  de  chars  traverser  nos  rues  entre  une  haie 
mouvante  de  dragons,  de  gendarmes  ou  de  chasseurs.  Ordre 
fut  donné  de  rechercher  et  de  signaler  au  Parquet  les  auteurs 
du  pillage  ou  du  renversement  des  tomberaux.  Les  chars  ne 
furent  plus  renversés,  sauf  à  certains  moments,  pendant  la 
dernière  période  de  la  grève. 

Le  19  octobre,  un  arrêté  préfectoral,  rappelant  la  loi  du  7 
juin  1848,  interdit  les  attroupements.  La  direction  de  la  police, 
pour  toutes  les  mesures  relatives  à  la  grève,  fut  retirée  aux 
maires  de  l'arrondissement  et  concentrée  entre  les  mains  du 
préfet.  Le  maire  socialiste  de  Saint-Etienne,  appuyé  par  la 
majorité  de  son  Conseil,  protesta  inutilement. 

Dans  d'interminables  réunions  à  la  Bourse  du  travail,  les 
orateurs  habituels  répétèrent  tous  les  jours,  et  même  deux  fois 
par  jour,  les  mêmes  choses.  M.  Briand  interpella  à  la  Chambre 
au  sujet  des  incidents  de  Terrenoire.  Des  actes  de  pillage  furent 
signalés  dans  les  campagnes.  Une  manifestation  eut  lieu  le 
22  octobre,  malgré  l'arrêté  contre  les  attroupements.  Mais  le 
lendemain,  au  moment  où  le  cortège  s'engouffrait  dans  la  rue 
Gérentet,  la  force  publique  a.pparut  et  fit  les  sommations,  pré- 
cédées de  roulements  de  tambour.  Ce  fut  un  sauve-qui-peut 
général.  On  arrêta  une  vingtaine  d'individus.  Nouvelle  protes- 
tation du  maire  de  Saint-Etienne.  Douze  des  individus  arrêtés 
furent  déférés  au  Tribunal  correctionnel,  quii  refusa  leur  mise 
en  liberté  provisoire  et  les  condamna  à  15,  8  et  6  jours  de 
prison,  sans  applicaition  de  la  loi  Bérenger.  Le  Conseil  muni- 
cipal de  Saint-Etienne  protesta  une  troisième  fois. 

Tout  cela  n'avançait  guère  l'époque  de  la  reprise  du  travail . 
L'appel  aux  antres  corporations  n'avait  pas  été  entendu.  Des 
souscriptions  furent  ouvertes.  Mais  la  grève  générale  corpora- 
tive reru'oritîa  peu  d'adhérents  et  n'éclata  nulle  part  dans  la 
région.  La  Jtcve  des  mineurs  elle-même  ne  fut  jamais  abso- 
lument j(''iM'i;ile  en  France.  A  Montceau  notamment,  les  ou- 
vriers, abandonru's  (  n  11)01,  ne  cessèrent  pas  le  travail. 

T^H'  détente,  an  (■oriini<'n('"ment  de  novembre,  se  produisit 
I)arrfii  les  mineurs.  Ils  déclarèrent  publiquement,  le  30  oc- 
tobre, acccpf-  !  l.iihitraKe  par  région.  Déjà  le  Pas-de-Calais  it 
le  Nord  les  avaient  (Icvanc'-,.  l.c  s  novembre,  après  plnsicms 
entrevues,  on  crul  (luc  \v.  ('<)nij»i()inis  allait  être  signé  le  jour 


-  830  — 

même.  Les  pourparlers  furent  au  contraire  rompus,  parce  qu'on 
ne  put  s'entendre  sur  le  choix  du  tiers  arbitre  et  sur  l'amnistie. 
Le  13  novembre,  la  Fédération  régionale  du  Nord  et  du  Pas- 
de-Calais  décida  la  reprise  du  travail. 

Le  même  jour,  avec  le  consentement  de  l'autorité  et  sur  la 
demande  des  élus  sociialistes  qui  «  répondaient  de  l'ordre  »,  une 
colonne  de  plusieurs  milliers  de  grévistes  se  rendit  de  Saint- 
Etienne  à  Roche-la-Molière  et  à  Firminy.  Elle  revint,  par  le 
Chambon  et  la  Ricamarie,  à  son  point  de  départ.  Cette  «  marche 
militaire  »  fut  marquée  par  quelques  incidents,  peu  nombreux 
quoique  assez  graves,  qui  prouvèrent  que  la  responsabilité 
des  organisateurs  n'était  pas  absolue.  Ils  ne  furent  d'ailleurs 
nullement  inquiétés.  On  reprit  les  pourparlers.  Le  19,  on  pro- 
clamait le  référendum  sur  le  compromis.  Grâce  à  l'appoint  de 
la  Ricamarie,  la  majorité  fut  acquise  à  l'arbitrage.  Les  arbitres, 
conformément  au  procès  verbal  de  l'entrevue  du  15  novembre, 
avaient  pour  mission  exclusive  de  trancher  le  différend  relatif 
à  la  suppression,  à  la  réduction,  au  maintien  oui  à  l'augmentation 
de  la  prime  des  salaires  de  3  %.  En  cas  de  désaccord,  le  tiers 
arbitre  devait  être  désigné  par  le  premier  président  de  la  Cour 
de  cassation,  M.  Ballot-Beaupré,  proposé  par  les  Compagnies. 
Il  avait  la  faculté  dépendre  lui-même  la  sentence.  Relativement 
à  l'amnistie,  la  convention  décidait  que  tous  les  ouvriers 
seraient  réintégrés,  à  l'exception  des  condamnés  ou  de  ceux 
qui  pourraient  l'être  pour  violences  contre  les  ouvriers  et  em- 
ployés ayant  travaillé  au  cours  de  la  grève,  ou  pour  attentat 
contre  la  propriété,  à  la  condition  expresse  que,  depuis  le  jour 
de  la  convention  et  dans  l'avenir,  il  ne  serait  exercé  aucune 
r^présaille,  ni  pris  aucune  mesure  vexatoire  contre  les  ouvriers 
ayant  travaillé  pendant  la  grève.  Le  21  novembre,  le  compromis 
était  signé,  après  de  nouvelles  entrevues.  Les  délégués  des  ou- 
vriers demandaient  deux  additions  à  l'article  5  de  la  convention 
relatif  à  l'amnistie  :  i°  que  les  grévistes  fussent  réintégrés  dans 
le  même  emploi  ;  2°  qu'en  cas  de  retard  prolongé  dans  la  reprise 
du  travail  de  certains  chantiers,  par  suite  des  réparations  à 
faire,  on  établît  un  roulement  entre  tous  les  ouvriers  indis- 
tinctement, pl'utôt  que  d'ajourner  certains  d'entre  eux.  Les  di- 
recteurs déclarèrent  ne  pouvoir  accepter  ces  deux  additions, 
en  ajoutant  qu'ils  n'avaient  pas  l'intention  de  punir  des  grévistes 


—  831  — 

par  rétrogradation  ou  ajournement.  Le  24  novembre,  les  deux 
arbitres,  M.  Cholat  pour  les  Compagnies,  M.  Briand  pour  les 
ouvriers,  après  plusieurs  entrevues,  décidaient  d'en  référer  au 
tiers  arbitre.  Sur  plusieurs  points,  des  ouvriers  ayant  voulu 
reprendre  le  travail  furent  assaillis  par  des  grévistes  et  sérieu- 
sement contusionnés. 

Le  26  novembre,  le  Comité  fédéral  régional  décida  la  reprise 
du  travail  pour  le  28.  Le  27,  de  très  violents  incidents  se  pro- 
duisirent place  Marengo.  Les  orateurs  de  1h  grève  furent  hous- 
pillés. Cotte,  secrétaire  général  de  la  Fédération  nationale,  fut 
particulièrement  malmené.  La  police  dut  dégager  le  café  où  il 
s'était  réfugié  et  auquel  les  mineurs  allaient  donner  l'assaut. 
Le  matériel  de  la  Bourse  du  travail  fut  saccagé,  un  délégué 
ouvrier  dut  s'échapper  par  la  fenêtre. 

Le  lendemain,  M.  Ballot-Beaupré  rendait  la  sentence  arbi- 
trale. La  prime  de  3  %  était  portée  à  5  %  jusqu'au  30  juin  1903, 
ramenée  .à  4  %  pour  le  second  semestre  de  1903,  puis  à  3  % 
pour  le  premier  semestre  de  1904.  Le  même  jour,  la  reprise  du 
travail  était  générale  ;  la  grève  avait  duré  51  jours.  Comme 
résultat  pratique,  elle  aboutissait  à  une  augmentation  de  2  % 
pendant  six  mois,  à  une  pugmentation  de  1  %  pour  les  six  mois 
suivants,  résultats  bien  faibles  comparés  aux  journées  perdues. 

La  grève  ne  mit  pas  fin,  loin  de  là,  à  la  division  entre  quelques 
membres  du  Comité  national  et  du  Comité  fédéral.  Le  Comité 
national,  qui  devait  donner  le  signal  de  la  grève  et  celui  de 
la  reprise  du  travail,  ne  donna  ni  l'un  ni  l'autre.  Son  autorité 
fut  sérieusement  compromise.  Le  refus  opposé  par  une  Com- 
pagnie de  reprendre  quelques  ouvriers,  très  rares  mais  très 
qualifiés,  parce  que  depuis  la  signature  de  la  convention 
d'autres  ouvriers  de  cette  Compag*nie  furent  assaillis,  frappés 
et  blessés  par  des  patrouilles  de  grévistes,  fut  le  dernier  écho 
de  la  grève.  La  Sainte-Barbe,  fête  des  mineurs,  le  4  décembre, 
fut  très  triste.  Le  séjour  de  la  Commission  d'enquête  pairie- 
mentaire  à  Saint-Etienne  ne  fut  mnrqué  par  aucun  incident. 


ENQUÊTE   PARLEMENTAIRE  de  1902  -  1903 


FjCS  enquêtes  parlementaires  ont  pour  résultat  de  concrétiser 
les  renseign<Mnf'nts  h  un  moment  déterminé.  Les  procès-verbaux 


—  832  — 

de  l'enquête  commencée  en  1902  furent  déposés  en  1903  par 
M.  Dron,  président  de  la  Commission,  sur  le  bureau  de  la 
Chambre  des  Députés. 

Sur  les  19.000  ouvriers  du  bassin  de  la  Loire,  les  Sociétés 
adhérentes  au  Comité  des  Houillères  en  comptaient  17.946, 
savoir  :  Roche-la-Molière  4.718,  Montrambert  3.588,  la  Loire 
3.640,  Saint-Etienne  3.357,  la  Péronnière  1.365,  le  Cros  429, 
Villebœuf  651,  Saint-Chamond  198  ;  8  1/2  %  du  total  des  ou- 
vriers, soit  1.530  sur  18.000,  avaient  plus  de  50  ans. 

La  moyenne  des  salaires  par  catégories  était  la  suivante  : 
gouverneurs  6  fr.  76  ;  piqueurs  6  fr.  36  ;  boiseurs  5  fr.  48  ;  rou- 
leurs  4  fr.  43  ;  manœuvres  et  remblayeurs  4  fr.  39  ;  mineurs 
5  fr.  45  ;  machinistes  et  chauffeurs  4  fr.  53  ;  receveurs,  rouleurs 
de  l'extérieur  3  fr.  46  ;  cribleurs  3  fr.  60  ;  ouvriers  des  ateliers, 
réparations  4  fr.  60  ;  mianœuvres  au  remblai  et  divers  3  fr.  93  ; 
triage  2  fr.  En  outre,  géniéiralement  les  Compagnies  accordaient 
le  chauffage  gratuit.  Le  jour  de  la  Sainte-Barbe  elles  distri- 
buaient une  demi- journée  de  salaire.  La  Compagnie  de  Roche- 
la-Molière  accordait,  depuis  1899,  des  gratifications  à  l'ancien- 
neté et  à  l'assidiuiité,  s'élevant  au  maximum  à  60  francs.  Le 
paiement  du  salaire  s'effectuait  par  quinzaine. 

La  «  durée  du  trait  »  ou  temps  de  présence  dans  la  mine 
était  de  6  heures  dui  matin  à  3  heures  de  l'après-midi,  au  lieu 
de  3  h.  30  jusqu'en  1899,  3  h.  45  jusqu'en  1897,  4  heures  et 
au  delà  de  1882  à  1888.  La  réduction  opérée  à  la  suite  de  l'ar- 
bitrage de  1900  avait  diminué  le  rendement  individuel  de  5,8  %, 
bien  que  les  ouvriers  se  fussent  engagés  à  maintenir  la  même 
somme  de  travail  qu'auparavant.  Le  poste  de  nuit  avait  la 
même  durée  que  le  poste  de  jour  ;  il  était  consacré  aux  remblais, 
travaux  d'entretien,  de  réparations,  d'épuisement  des  eaux  et 
de  descente  des  bois. 

Depuis  1854  les  capitaux  employés  en  aménagements  ou  amé- 
liorations dans  les  mines  doi  bassin  étaient  évalués  par  le 
Comité  des  Houillères  à  150  millions  de  francs  au  moins. 

Les  renseignements  des  Syndicats  ouvriers  différaient,  cela 
va  sans  dire,  de  ceux  du  Comité  des  Houillères.  Pour  les  sa- 
laires moyens  par  exemple,  les  chiffres  du  Comité  étaient  faciles 
à  vérifier  d'après  les  livres  des  Compagnies.  Les  Syndicats 
réclamaient  la  journée  de  8  heures,  descente  et  montée  com- 


prises.  Ils  disaient  que  la  journée  du  trait  qui,  en  1882,  était 
de  10  heures  et  quelquefois  de  12  heures,  et  qui  en  1888  était 
de  10  heures,  commençait  depuis  1900  à  5  heures  du  matin 
pour  se  terminer  à  3  heures  du  soir.  Ils  n'étaient  pas  en  con- 
tradiction avec  le  Comité  des  Houillères,  car  lea  Syndicats 
indiquaient  les  limites  extrêmes  de  la  première  cordée  descen- 
dante et  de  la  première  cordée  remontante.  Ils  réclamaient  le 
minimum  de  salaire,  «  parce  que  ce  sont  généralement  les 
ouvriers  qui  ont  de  mauvais  chantiers  qui  travaillent  le  plus 
et  qui  gagnent  le  m.oins  ».  Lia,  «  rapacité  des  Compagnies  »  était 
la  cause  des  conflits.  Ce  vieil  argument  socialiste  fait  toujours 
bien  dans  le  tableau,  même  quand  il  n'est  pas  justifié.  Il  faut 
bien  faire  appel  aux  capitaux  pour  créer  et  développer  une 
entreprise.  Or,  comment  attirer  les  capitaux  sans  leur  promettre 
une  rémunéraition,  qui,  hélas  !  ne  repose  pas  toujours,  comme 
le  salaire,  sur  la  certitude  ? 

Les  Syndicats  demandaient  enfin  la  nationalisation  des  mines. 
Il  est  plus  facile,  en  effet,  de  faire  marcher  des  députés  qu'un 
Conseil  d'actionnaires. 

Le  Service  des  Mines  indiquait  que  la  durée  du  travail 
effectif  variait,  pour  les  ouvriers  du  fond,  de  6  heures  à  7  h.  55  ; 
pour  ceux  du  jour,  de  8  heures  à  11  heures.  Le  délai-congé  de 
huit  jours  était  observé  par  les  Compagnies,  mais  non  le  pais 
souvent  par  les  ouvriers.  Les  amendes,  en  1901,  ne  repré- 
sentaient que  7.500  francs  sur  30  millions  de  salaires.  Les 
livrets,  carnets  de  paye  ou  fiches  individuelles  n'étant  pas  en 
usage  dans  le  bassin,  les  ouvriers  avaient  demandé  l'adoption 
des  fiches  de  paye,  et,  lors  de  l'arbitrage  de  1902,  les  Com- 
pa^ies  avaient  déclaré  être  prêtes  à  en  faire  l'essai.  Ce  qui 
laissait  beaucoup  à  désirer,  c'est  que,  dans  les  réunions  pu- 
bliques, les  affiches  et  la  Presse,  les  Secrétaires  des  Syndicats 
et  les  délégués  mineurs  ne  craignaient  pas  de  recourir  aux 
injures  et  à  des  allégations  inexactes. 

Les  dividendes  distribués  représentaient  une  somme  de 
10  millions  en  iîX)l  ou  1902,  7  à  8  millions  les  années  précé« 
dentés  depuis  1897  (il  faut  proportionner  ces  chiffres  aux 
30  millions  de  salaires  et  se  rappeler  que  des  Compagnies, 
comme  celle  de  Rive-de-Gier,  ne  distribuaient  rien).  Les 
capitaux  employés  en  travaux  neufs,  qui  étaient  do  2.71  «.0(X1  fr. 


-  834- 

en  1895,  dépassaient  6.600.000  francs  en  il)01. 

L'enquête  de  1903  a  abouti  à  la  loi  de  1905  sur  la  durée  du 
travail  des  ooivriers  occupés  à  l'abatage. 

1903 

Production  :  3.302.000  tonnes  ;  61  miillions  de  francs  ;  19.444 
ouvriers. 

Plus  forte  que  celle  de  1902,  qui  avait  été  affectée  par  la 
grève  générale,  la  production  de  1903  était  moins  forte  que 
celle  de  1901,  à  cause  du  peu  d'activité  du  marché.  Le  prix 
moyen  de  vente  s'était  abaissé  à  17  fr.  03. 

Production  du  coke  :  78.000  tonnes  ;  des  agglomérés  : 
206.000  tonnes. 

Salaire  journalier  moyen  :  5  fr.  03  au  fond  ;  3  fr.  66  au  jour  ; 
4  fr.  56  ensemble. 

Salaire  annuel  moyen  :  1.523  francs  au  fond  ;  1.130  francs 
au  jour.  Ces  salaires  étaient  relativement  bas,  à  cause  des  chô- 
mages systématiques  que  les  Compagnies  durent  pratiquer.  En 
outre,  la  prime  payée  aux  ouvriers  n'avait  été  en  moyenne  que 
de  4  1/2  %,  conformément  à  la  sentence  arbitrale,  tandis  qu'en 
1902  elle  était  d'à  peu  près  8  %. 

Il  y  eut  une  grève  sans  importaince,  du  16  au  20  mai,  au 
puits  Gouchoud,  du  Plat-du-Gier. 

Les  perfectionnements  dans  l'outillage  furent  assez  nombreux 
et  caractérisés  surtout  par  le  développement  de  l'emploi  de 
l'électricité.  Le  rapport  de  l'Ingénieur  en  chef  en  donnait  l'émi- 
mération.  On  développait  aussi  les  moyens  d'épuisement. 

Grâce  aux  nouveaux  tarifs  co*mmuns  des  chemins  de  fer,  les 
charbons  du  Nord  et  du  Pas-de-Calais  étaient  venus  faire  con- 
currence à  ceux  de  la  Loire  jusqu'à  Lyon  et  au  delà.  L'appli- 
cation de  œs  tarifs  allait  être  réduite,  à  partir  d'avril  1904,  à 
la  zone  limitée  par  Nevers,  Clamecy,  Dijon  et  Besançon. 

Il  faut  signaler,  en  1903,  le  procès  en  première  instance  entre 
les  mineurs  renvoyés  après  la  grève  de  1902  et  les  Compagnies 
(7,  22  juin,  6  et  13  juillet  1903). 

J'ai  mentionné  la  mort  de  M.  Villiers,  directeur  des  Houillères 
de  Saint-Etienne,  et  la  nomination  de  son  successeur,  M.  Paul 


-  835  — 

Petit,  ingénieur  en  chef  depuis  1892.  M.  Giaudius  Faure  rem- 
plaça M.  Petit  dans  ce  dernier  poste  [^). 

Le  siège  de  la  Fédération  nationale  des  mineurs  fut  transféré 
de  Saint-Etienne  à  Paris.  Plusieurs  Syndicats  se  séparèrent  de 
la  Fédération. 

1904 

Production  :  3.199.000  tonnes  ;  56  millions  de  francs  ;  18.934 
ouvriers. 

La  concession  de  Montbressieu,  mactive  depuis  1899,  fut 
reprise  par  MM.  Robert  frères,  exploitants  du  Mouillon  et  de 
Grozagaque. 

Depuis  1900  la  production  était  en  baisse  et  celle  de  1904  était 
inférieure  à  la  production  a,nnuelle  depuis  1895.  La  difficulté 
d'écoulement  des  charbons  obligeait  à  recourir  à  des  chômages 
systématiques  une  ou  deux  fois  par  semaine.  Cette  langueur 
de  l'industrie  houillère  de  la  Loire  provoqua  d'intéressants 
échanges  de  vues  dans  les  bulletins  industriels  P). 

Production  du  coke  :  80.000  tonnes  ;  des  agglomérés  :  213.000 
tonnes. 

Prix  moyen  de  la  tonne  de  houille  au  commerce  :  17  fr.  75, 
prix  moyen  des  charbons  extraits,  y  compris  les  charbons  de 
service,  ceux  distribués  gratuitement  et  ceux  convertis  en  agglo- 
mérés ou  en  coke  :  15  fr.  89,  inférieur  de  1  fr.  14  à  celui  de 
1903  (chiffres  extraits  du  travail  des  redevances).  C'est  ce  prix, 


(1)  M.  Petit  fPauf  Jean-Jacqnes),  né  le  27  novembre  1861,  au  château 
de  Trémolin,  à  Saint-.JuM-en-Chevalet,  major  de  la  promotion  1884  de 
l'Ecode  (les  Mines  de  Sarint-Etienne,  anteur  de  nombreuses  communica- 
tions à  la  Sociét(^  de  l'Industrie  minérale  et  d'une  Etude  sur  l'Aératjc 
des  travaux  préparatoires  dans  les  mines  à  orisou,  présent<^e  au  Conjurés 
international  des  mines  et  de  la  métallurgie,  ilors  de  l'Exposition 
universedle  de  1900,  inventeur  de  V Autocapteur  pour  les  prises  d'ailr 
griisouteux,  et  fie  la  Tronçonneu^ite  électrique  débitant  les  butte.s  <le 
mines,  offlcie.r  (k*  la  Légion  d'honneur,  président  du  Comilé  d-es  Houil- 
lères de  la  Loire  •el  depuis  V.Ï20  f>résident  dK^  la  Chambre  de  Commerce, 
de  Saint-Etienne,  membn*  du  Comité  consultatif  des  Mines  et  du  Comité 
coni>ultatif  des  rharbons,  membre  de  la  Cx)mmission  permanente  des 
recherches  sJur  le  grisou,  présidient  du  Conseil  de  l'Ecole  des  Mines  et  de 
I.i  Société  des  Anciens  E'èves,  vice-président  de  la  Société  de  l'Industrie 
minérale,  président  horoi-alre  du  Syndicat  d'Initiative  du  Forez,  ancien 
présidient  de  l'Union  des  Chambres  syndicales  patronales  de  Saint-Etienne 
et  de  la  région,  etc. 

(2)  Voir  La  fin  de  la  Loire  houillère,  par  F.  Lattr  {Echo  des  ^fir^es, 
reproduit  dans  le  Mémorial  (hi  21  mars  1904  et  commenté  dans  les 
mmiéros  des  4  et  11  ;i\rll). 


-  836  - 

multiplié  par  le  tonnage  (ïextrmtion^  qui  donne  la  valeur  totale 
ci-dessus  de  56  millions. 

Salaires  moyens  :  au  fond  4  fr.  90  (piqueur  5  fr.  91)  ;  au  jour 
3  fr.  57. 

Les  salaires  furent  affectés  par  la  diminution  de  la  prime, 
ramenée  à  3  %,  du  l*''  janvier  au  30  jojiin  i904.  A  cette  date  la 
sentence  arbitrale  de  1902  arrivait  à  expiration.  Les  patrons 
réduisirent  la  prime  à  1,50  %,  avec  maximum  de  0  fr  10  et 
minimum  de  0  fr.  05  par  journée  de  travail.  Enfin,  le  salaire 
annuel  fut  affecté  par  les  chômages  :  1.459  francs  au  fond. 

L'emploi  de  réilectricité,  appliquée  surtout  aux  pompes,  se 
développait  de  plus  en  plus.  On  installaiit  de  nouveaux  appareils 
de  lavage  et  de  criblage.  Montrambert  poiursuivait  les  instal- 
lations du  nouveau  champ  d'exploitation  de  Trabliaiine.  Firminy 
fonçait  le  puiits  Cambefort  et  Saint-Etienne  le  puits  Molina. 
La  Loire  trouvait  un  nouveau  champ  en  poursuivant  les  re- 
cherches au  puits  Rambaud.  Un  incendie  au  puits  Camille,  du 
Gros,  arrêta  l'exploitation  pendant  six  mois.  Le  rémblçiyage 
hydraulique  ou  par  emhouage,  inconnu  jusqu,e-là  en  France, 
faisait  l'objet  de  discussious  dans  les  Sociétés  et  revues  tech- 
niques (1). 

Le  procès  des  ouvriers  renvoyés  en  1902  par  les  Compagnies 
eut  son  épilogue  en  Cour  d'Appel  à  Lyon  (29  mai),  qui  débouta 
les  ouvriers  de  leurs  demandes. 

Le  Comité  des  Houillères,  l'Ecole  des  Mines,  la.  Société  de 
l'Industrie  minérale  participèrent  à  l'exposition  de  Saint-Louis 
(Missouri).  Le  Comité  exposa  :  le  modèle  au  I/IO.OOO*'  en  verre, 
avec  sections  transparentes  coloriées,  du  bassin  de  la  Loire, 
dressé  par  M.  Perrin,  géomètre  des  Houillères  de  Saint-Etienne, 
modèle  déjà  très  remarqué  à  l'Exposition  de  1900  ;  la  carte  de 
Gruuer  ;  un  album  relatif  à  l'exploitation  et  aux  procédés  des 
Compagnies  adhérentes  ;  enfin,  une  notice  imprimée  et  une 
notice  sur  l'Ecole  des  aspirants  gouverneurs. 

L'Ecole  des  Mines  exposa  plusieurs  cours  imprimés  des  pro- 
fesseurs :  Mécanique  des  fluides  par  M.  Jouguet,  Electricité 
industrielle  par  M.  Liénard,  Minéralogie  par-  M.  Friedel, 
Législation  des  Mines  par  M.  Etienne,  et  le  livre  sur  UEcole 
des  Mines  de  Saint-Etienne  de  M.  Babu. 


(1)  Voir  Mémorial  de  la  Loire,  15  août  1904. 


-  6ât  - 

1905 

Production  :  3.664.000  tonnes  ;  valeur  :  55  millions  ;  18.700 
ouvriers. 

Les  travaux  de  la  mine  de  Janon,  arrêtés  en  mai  à  la  suite 
de  la  faillite  de  l'amodiataire,  Mme  Payen,  furent  repris  en 
août  par  le  propriétaire  de  la,  concession,  M.  Reymond. 

Une  nouvelle  Société  des  Mines  de  la  Haute-Cappe  se  constitua 
au  capital  de  1.250.000  francs,  siège  social  à  Paris.  M.  Lazare 
Lévi,  directeur  de  l'ancienne  Société,  où  il  avait  succédé  à  son 
beau-père,  M.  René  Simon,  fut  maintenu  en  fonctions.  Il  devait 
être  remplacé,  en  1910,  par  M.  Tony  Gallot,  ingénieur  civil 
des  mines.  M.  Sapy  fut  maintenu  dans  les  fonctions  d'ingénieur 
principal,  où  M.  Papillier  lui  succéda  en  1907. 

Sur  le  conseil  de  M.  Pierre  Termier,  ingénieur  en  chef  des 
mines,  cette  Compagnie  entreprit  des  recherches  en  profondeur, 
qui  donnèrent  d'heureux  résultats.  Partant  du  fonds  des  travaux 
du  puits  Guiilemin,  elle  descendit  à  90  mètres  environ  au- 
dessous  des  anciens  travaux  de  la  découverte  du  puits  Saint- 
Denis  et  elle  retrouva  la  grande  couche  re jetée  par  une  faille. 
De  1906  à  1910,  la  production  de  cette  Compagnie  oscilla  entre 
50.000  et  60.000  tonnes. 

Dans  presque  toutes  les  entreprises  des  mines -on  constatait 
un  accroissement  de  production.  Cependant  les  prix  baissèrent 
jusqu'à  la  fin  de  l'année,  où  se  manifesta  une  légère  hausse 
(0,50  sur  les  charbons  industriels  ;  1  fr.  sur  les  chairbons  do- 
mestiques), grâce  à  une  reprise  générale  et  surtout  à  une  reprise 
métallurgique.  Le  prix  moyen  de  l'année,  y  compris  les 
charbons  de  service,  les  charbons  livrés  à  la  carbonisation  oui 
à  l'agglomération,  les  charbons  distribués  gratuitement  aux 
ouvriers,  ressortait  à  15  fr.  64,  prix  inférieur  h  celui  de  1904. 
C'est  ce  prix,  appliqué  à  la  totalité  du  tonnage  extrait,  qui 
donne  la  valeur  de  la  production  (55.500.000  fr.). 

Production  du  coke  :  97.000  tonnes  ;  des  agglomérés  :  21.300 
tonnes. 

ï^  développement  des  forces  hydrauliques  dans  le  Rhône 
et  le  Dauphiné  restreignait  l'exportiition  des  charbons  de  la 
Ix>ire.  D'autre  part,  le  marché  de  Roanne  était  alimenté  surtout 
par  les  bassins  de  Saône-et-Loire  et  de  l'Allier.  I^a  voie  d'cni 
y  transpfvrfait  84.700  tonnes  do  ces  Imssins,  tandis  que  la  voir 

&4 


—  838  — 

de  fer  n'y  apportait  que  9.600  tonnes  du  bassin  de  Saint-Etienne. 
L'instabilité  des  mineurs,  caractérisée  chaque  année  par  des 
coefficients  dans  les  rapports  des  ingénieurs  en  chef,  s'était 
accrue  de  nouveau.  La  prime  de  1,50  %  sur  les  salaires,  con- 
servée après  l'expiration  de  la  sentence  de  1902,  fut  maintenue. 
Dès  lors,  les  salaires  moyens  furent  en  diminution  sur  ceux 
de  1904  011,  pendant  le  premier  trimestre,  cette  prime  fut  de 

3  ?/o.  Ils  étaient,  en  1905,  de  4  fr.  73  (fond),  3  fr.  52  (jouir), 

4  fr.  31  (ensemble).  Le  prix  moyen  de  la  journée  des  piqueurs 
ressortait  à  5  fr.  94.  Moyenne  des  salaires  annuels  :  1.451  francs 
(fond),  1.091  francs  (jouir).  Il  y  eut  15  à  20  jours  de  chômage 
dans  l'ensemble  de  l'année. 

L'outillage  se  perfectionnait  et  les  moteurs  électriques  étaient 
de  plus  en  plus  employés. 

C'est  en  1905  que  fut  promulguée  la  loi  de  8  heures  pour  les 
ourvriers  employés  à  l'abatage. 

Parmi  les  créations  touchant  à  l'hygiène  sociale,  il  faut  si- 
gnaler la  première  Goutte  de  lait,  établie  en  1905  à  Montrambert. 

Le  Comité  des  Houillères  de  la  Loire  prit  part  à  l'Exposition 
de  Liège. 

1906 

Production  :  3.789.000  tonnes  ;  60  millions  de  francs  ;  19.178 
ouvriers. 

La  concession  de  la  Pomme  fut  vendue  par  M.  Exbrayat  à 
MM.  Cornet  et  Vitte,  de  Lyon,  qui  constituèrent  la  Société  des 
Mines  de  Saint-Jean-Rive-de-Gier,  sous  forme  d'association 
civile  en  participation  pour  l'étude  et  la  recherche  des  couches 
de  houille,  dans  le  but  d'arriver  à  leur  mise  en  valeur  et  à  leur 
cession  ultérieure  à  des  tiers.  M.  Cornet  était  le  directeur  de 
cette  Compagnie. 

La  concession  de  Combeplaine  fut  vendue  par  M.  Malard 
à  M.  Hémain,  de  Rive-de-Gier,  et  amodiée  au  fils  de  M.  Malard. 

L'augmentation  de  la  production  en  1906  était  due  à  l'essor 
général  de  l'activité  industrielle.  Les  mines  de  la  Haute-Cappe, 
grâce  au  développement  de  leur  exploitation  du  puits  Guil- 
lemin,  accusèrent  57.000  tonnes,  au  lieu  de  23.000. 

Production  du  coke  :  124.000  tonnes  ;  des  agglomérés  :  215.000. 
La  plus  grosse  part  de  l'accroissement  du  coke  était  due  aux 


—  839  — 

Houillères  de  Saint-Etienne,  qui  avaient  développé  leurs  ins- 
tallations. 

Les  prix  de  vente  furent  en  hausse  :  2  fr.  50  à  3  francs  sur 
iBS  charbons,  4  et  5  francs  sur  certaines  catégories  et  sur  les 
cokes.  Le  prix  moyen  du  charbon  extrait,  y  compris  les 
charbons  de  service  et  ceux  distribués  aux  ouvriers,  était  de 
15  fr.  84.  La  vente  portait  sur  3.360.000  tonnes,  la  vente  et  la 
consommation  iréunies  sur  3.780.000. 

L'instabilité  du  personnel  avait  considérablement  augmenté. 
A  fin  mars,  un  mouvement  se  dessina  parmi  les  mineurs.  Les 
tentatives  de  conciliation  échouèrent,  Tarbitrage  fut  repoussé 
par  les  ouvriers,  la  grève  éclata  à  Saint-Etienne.  Elle  fuit  re- 
poussée dans  d'autres  localités  et  enterrée  à  Saint-Etienne  par 
un  référendum  au  scrutin  secret.  Les  mineurs  acceptèrent  les 
propositions  des  Compagnies  dans  une  convention  signée  le 
11  avril  1906,  ayant  effet  du  1"  avril  1906  au  30  j>uin  1908  : 
suppression'  de  la  prime  de  1  1/2  %,  augmentation  par  journée 
de  0  fr.  30  (fond),  0  fr.  20  (jour),  0  fr.  15  (femmes  et  enfants). 
Au  début,  les  mineurs  demandaient  de  0  fr.  50  à  0  fr.  60. 

Au  début  de  mai,  l'application  de  la  journée  de  8  heures 
faillit  amener  uine  nouvelle  grève.  Les  ouvriers  de  certains  puits 
se  firent  remonter  après  8  heures  de  présence  dans  la  mine. 
Après  un  avertissement,  les  Compagnies  résolurent  de  n'ouvrir 
leur  exploitation  qu'à  ceux  qui  respecteraient  l'horaire  de  la 
mine.  Dix  puits  furent  fermés.  Les  ouvriers,  liés  par  la  con- 
vention d'avril,  et  ne  trouvant  aucun  appui  auprès  du  préfet, 
M.  Mascle,  se  décidèrent  à  rentrer.  Tout  était  fini  le  10  mai  (i). 

A  part  ces  conflits,  il  y  eut  une  grève  de  19  jours  au  puits 
Trémolin  et  une  grève  d'un  jour  à  la  Haute-Cappe. 

Salaires  moyens  journaliers  :  4  fr.  92  (fond)  ;  3  fr.  62  (jour)  ; 
4  fr.  46  (ensemble).  Salaires  moyens  annuels  :  L558  fr.  (fond)  ; 
i.153  fr.  (jour). 

A  l'Exposition  de  Milan  (groupe  IX),  la  Société  des  Mines  de 
la  Fjoire  exposa,  entre  autres  documents,  les  dessins  représentant 
l'installation  d\me  traction  électrique  par  locomotives. 


(1)  Le  CoinUA  (\ft9.  HonlU^rps  do  Frarice  a  publié  en  brochure  l«s  dooa» 
monts  "III-  I       /  .    .  .      '       Mini'i/rs  m  t'uu:. 


—  840  — 
1907 

Production  :  3.696.000  toniies  ;  66  millions  de  francs  ;  19.538 
ouvriers. 

La  propriété  de  la  concession  de  Ja.non  passa  entre  les  mains 
de  la  Société  des  mines  de  houille  de  Janon-Terrenoire  au 
capital  de  1  miillion,  divisé  en  actions  de  100  francs,  constituée 
le  12  juin  1907  et  qui  amodia  également  les  mines  d'Avaize 
(concession  de  Terrenoire).  Le  fondateur  de  lia  Société  était  le 
concessionnaire  de  Janon,  M.  J.-B.  Reymond,  ingénieur  civil. 
La  concession  de  la  Montagne-du-Feu  f'uft.  vendue  par 
MM.  Berne  frères  et  Araud  à  M.  Villemagne. 

La  Compagnie  P.-L.-M.  demanda  la  fusion  de  ses  cinq  con- 
cessions. 

La  diminution  de  la  production,  par  rapport  à  celle  de  1906 
(2,45  %")  tenait  au  manque  de  main-d'œuvre  et  aux  conditions 
moins  favorables  d'exploitation.  Mais  la  demande  restait  im- 
portante, le  combustible  faisait  prime,  le  matériel  de  transport 
par  voie  ferrée  était  insuffisant.  Une  Commission  municipale  de 
Saint-Etienne  fut  chargée  de  rechercher  les  moyens  de  réserver 
à  la  ville  un  approvisionnement  suffisant.  On  évoqua  à  ce  sujet 
l'antique  privilège  de  la  Réserve,  créée  par  la  Royauté  pré- 
voyante autour  de  la  ville  et  supprimée  par  les  héritiers  de  cette 
même  Royauté,  lors  de  la  délivrance  des  concessions  (v.  p.  68). 
La  production  du  coke  aug'menta  de  8.000  tonnes  (132.000 
tonnes),  celle  des  agglomérés  de  20.000  tonnes  (235.000  tonnes). 
A  la  fin  de  l'année,  il  y  eut  une  hausse  de  1  fr.  50  sur  les 
charbons,    les   agglomérés  et   les  cokes.    Le   prix   moyen   des 
charbons  extraits  ressortait  à  17  fr.  90. 

L'instabilité  du  personnel  ouvrier,  attiré  vers  les  usines, 
amenait  une  véritable  pénurie  de  manœuvres  (remblayeurs, 
remplisseurs,  etc.). 

Moyenne  des  salaires  journaliers  :  5  fr.  01  (fond),  3  fr.  69 
(jour),  4  fr.  54  (ensemble)  ;  des  salaires  annuels  :  1.579  francs 
(fond),  1.173  francs  (jour). 

Au  débiu(t  de  l'année,  une  agitation  ouvrière  d'assez  longue 
durée,  dans  la  région  de  Grand'Croix,  aboutit  à  la  signature 
des  conventions  des  2  avril  et  17  août  1907  qui,  jusqu'au  30 
juin  1908,  accordèrent  des  augmentations  de  0  fr.  15  et  0  fr.  10 
pour  les  ouvriers  du  fond  de  la  Péronnière  et  des  Houillères  de 


—  841  - 

Rive-de-Gier,  et  augmentèrent  rallocation  annuelle  en  charbon. 
Le  l^""  janvier,  la  Haute-Cappe  avait  alloué  0  fr.  15  (1).  Deux 
grèves  partielles  éclatèrent  sur  des  questions  de  discipline  à 
la  Haïute-Cappe  et  à  Rive-de-Gier,  en  janvier  et  en  juin. 

A  signaler  en  1907  :  les  essais  heureux  de  remblayage  hydrau- 
lique, à  petite  échelle,  sans  pression,  Teau  et  les  remblais 
circulant  dans  des  rigoles  ouvertes,  essais  effectués  à  Firminy 
(3*'  couche  Latour)  ;  l'emploi  des  marteaux  pneumatiqaies  pour 
le  forage  des  coups  de  mine  au  rocher  ou  pour  l'abatage  du 
charbon  ;  les  essaiis,  à  la  Béraudière,  de  fabrication  de  gaz 
paluvres  provenant  de  schistes  charbonneux  contenant  25  à  30  % 
de  carbone.  La  Compagnie  de  Montrambert  projetait  le  déve- 
loppement de  son  installation,  en  aménageant  une  station 
centrale  électrique  destinée  à  fournir  l'énergie  à  ses  exploi- 
tations. 

Le  10  novemlire  1907,  sept  ouvriers  tombèrent  dans  le  puits 
Rambaud  (Compagnie  de  la  Loire),  par  suite  de  la  rencontre 
d'une  benne  à  eau  avec  la  cage  qui  les  portait. 

Le  Gou»vernement  nomma  une  Cx)mmission  permanente  du 
grisou.  M.  Paul  Petit,  directeur  des  Houillères  de  Saint-Etienne, 
fut  désigné  pour  en  faire  partie. 

1908 

Production  :  3.668.000  tonnes  ;  69  millions  de  francs  ;  20.239 
ouvriers  P). 

La  diminution  peu  sensible  de  la  prodiniction,  peu  élevée, 
avait  une  importance  particulière,  l'effectif  du  personnel  ayant 
été  augmenté  de  7  %.  Elle  tenait  à  la  l)aisse  du  rendement  de 
l'ouvrier  du  fond  et,  dans  quelques  mines,  à.  certaines  diffi- 
cultés d'exploitation.  La  demande  des  charbons  fut  d'ailleurs 
ralentie  pendant  le  deuxième  semestre. 

Production  du  coke  :  122.000  tonnes  ;  des  agglomérés  :  216.000. 

Les  prix  des  charbons  baissèrent,  vers  la  fin  (h^  l'année,  do 


ft)  î/nnn(^f>  prc^rMonto,  les  Compnpriios  do  la  r(^slon  do  niv<^  do  Gior 
n'aval-ont  pas  participé  anx  ronvontions  rnnromant  lia  r(^pion  dK^  Snint- 
Rflenne.  Il  y  avait  «ai  entente  amiable  et  remplacement  de  la  prime 
de  1  fr.  50  %  par  une.  niifrmenfation  die  0  fr.  25. 

(2)  Le  nombre  moyen  des  ouvriers  est  étnhll,  ebaqiio  ann(V,  on  divi- 
sant le  nombre  total  des  Journoes  d<>i  travail  jHMxlant  les  Jonrs  d'extrac- 
ton  par  le  nombre  des  jour*  d'extraction. 


-  842  — 

1  franc  pour  les  charbons  industriels,  i  franc  à  1  fr.  50  pour 
les  agglomérés,  i  fr.  50  à  3  francs  pour  les  cokes.  Le  prix  moyen 
des  charbons  extraits  ressortit  à  18  fr.  95. 

L'application  de  la  loi  sur  la  journée  de  8  heures  dans  les 
mines  faillit  entraîner  une  grève  générale.  M.  Vivian!,  ministre 
du  Travail,  qui  présida  à  Saint-Etienne,  le  8  janvier,  une 
réunion  mixte  du  Comité'  des  Houillères  et  du  Comité  fédéral 
des  mineurs,  fit  accepter  une  transaction.  Un  référendum  autour 
des  puits  donna,  en  faveur  de  la  transaction,  2.000  voix  de 
majorité  sur  10.000  votants  et  18.000  inscrits.  La  convention  fut 
signée  le  14  janvier. 

En  juin  expirait  la  convention  de  1906.  Apirès  bien  des  pour- 
parlers et  des  meniaces  de  rupture,  dans  un  référendum,  7.600 
ouvriers,  contre  4.587,  acceptèrent  les  propositions  du  Comité 
des  Houillères.  Une  convention  fut  signée  pour  deux  ans  le 
25  juillet.  Les  primes  antérieures  étaient  maintenues.  En  Outre, 
pendant  un  an,  jusqu'au  30  juin  1909,  une  nouvelle  prime  de 
10  centimes  était  accordée  à  chaque  ouvrier  du  fond,  et  de 
5  centimes  à  chaque  ouvrier  du  jour. 

Ces  majorations  de  primes  furent  appliquées  dans  la  région 
de  Rive-de-Gier  par  une  convention  du  23  septembre  1908. 

En  outre,  la  conventiom  du  25  jiuiillet  stipula  certaines  clauses 
quant  aux  fiches  de  paie,  au  repos  des  chauffeurs  et  machi- 
nistes, aux  salaires  des  ouvriers  pirovisoirement  déplacés  de  leur 
travail  habituel  et  des  nouveaux  embauchés  (l). 

Quelques  conflits  isolés,  sans  aucune  suite,  furent  signalés 
à  la  Péronnière,  à  Villars,  au  puits  Saint-Louis. 

Salaires  moyens  :  5  fr.  07  (fond)  ;  3  fr.  70  (jour)  ;  4  fr.  59 
(ensemble). 

Salaires  annuels  :  1.597  francs  (fond)  ;  1.177  francs  (jour). 

Le  sondage  pour  la  recherche  du  prolongement  du  bassin  de 
Rive-de-Gier  sous  celui  de  Saint-Etienne  commença  en  1909  à 
la  Chazotte.  Les  essais  de  remblayage  hydraulique  étaient  con- 
tinués à  Firminy  et  les  essais  de  fabrication  de  gaz  pauvre  à 
Montrambert. 


(1)  Les  conventions  intervenues  en  1908  dans  les  différentes  mines  de 
France  ont  été  publiées  par  le  Comité  central  des  Houillères  :  Conven- 
tions entre  exploitants  et  mineurs  (1908). 


-  843  — 

Neuf  mineurs  furent  asphyxiés  au  puits  Montmartre  le  22  juin. 
M.  Viviani,  ministre  du  Travail,  assista  aux  funérailles. 

La  catastrophe  du  puits  Rambaud,  en  1908,  eut  son  écho 
devant  le  Tribunal  civil  et  la  Couir  d'Appel  de  Lyon  (i). 

Un  autre  événement  fut  la  déconfiture  de  la  Mine  aux 
Mineurs  de  Monthieux,  dont  l'exploitation  fut  arrêtée. 

La  Société  des  Houillères  de  Rive-de-Gier  n'exploitait  plus 
que  les  concessions  de  Grand'Croix,  du  Martoret  et  du  Sardon. 
La  Porchère  était  amodiée  à  M.  Gharrin,  Frigerin  à  MM.  Cos- 
sange  et  Deschanel,  La  Cappe  et  Corbeyre  à  la  Compagnie  des 
Mines  de  la  Haute-Cappe.  A  cause  de  sa  trésorerie  trop  étroite, 
la  Société  de  Rive-de-Gier  se  disposait  à  amodier  le  Martoret 
et  le  Sardon  à  une  nouvelle  Société  que  devait  constituer 
M.  Antoine  Arbel,  maître  de  forges,  lequel  poursuivrait  aussi 
le  déhouillement  de  la  concession  de  Grand'Croix  (^). 

En  1908,  le  Congrès  de  l'Industrie  minérale  tint  ses  assises 
à  Saint-Etienne.  A  l'occasion  des  visites  organisées  dans  les 
mines,  quelques  Compagnies  publièrent  des  notices.  Le  Bul- 
letin de  rindustrie  minérale  publia  le  compite  rendu  du  Congrès. 
M.  Siegler,  professeur  à  l'Ecole  des  Mines,  donna  lecture  d'un 
mémoire  sur  l'exploitation  dans  le  bassin  de  la  Loire,  mémoire 
publié  dans  le  Bulletin  de  rindustrie  minérale  en  1909  et  sur 
lequel  je  reviendrai. 

1909 

Production  :  3.662.000  tonnes  ;  68  millions  de  francs  ;  20.174 
ouvriers. 

Par  un  décret  du,  16  septembre  1909,  les  cinq  concessions 
appartena/nt  à  la  Compagnie  P.-L.-M.  (Chazotte,  Montcel,  Cala- 
minière,  Sorbiers,  Beuclas)  furent  fusionnées  eni  une  seule 
concession,  sous  le  nom  de  Talaicdière-C hazotte .  Un  autre  décret 
du  16  novembre  1909  prononça  la  réuinion  à  c^tte  nouvelle  con- 
cession de  celle  de  Saint-Jecin-Bonnefonds. 

r>a  concession  du  Reclus  fut  divisée  en  deux  concessions  : 
Assiiilly  et  Ix)rette  (décret  du  13  avril  1909). 

I>aj  diminution  de  la  production,  quoique  très  faible,  marqiVHit 


(1)  Journaux  des  6  avril  et  22  JuMlet  1908. 

(2)  I-cho  des  Mines  (février  1906). 


—  844  - 

une  période  de  dépression,  due  au  ralentissement  (ie  la  métal- 
lurg-ie. 

Prix  moyen  des  charbons  extraits  :  18  fr.  62. 

Production  du  coke  :  i  12.000  tonnes  ;  des  agglomérés  :  235.000. 

Conformément  à  la  convention  de  joillet  1908,  les  primes 
des  ouvriers  du  fond  furent  réduites  de  0  fr.  10  et  celles  des 
ouvriers  du  jour  de  0  fr.  05,  à  partir  du  30  juin  1909. 

Salaires  moyens  :  5  fr.  09  (fond)  ;  3  fr.  71  (jour)  ;  4  fr.  G2 
(ensemble). 

Salaires  annuels  :  1.600  francs  (fond)  ;  1.180  francs  (jour). 

A  partir  du  mois  de  mai,  les  Compagnies  adoptèrent  le  prin- 
cipe du  chômage  un  jour  par  semaine. 

A  signaler  l'extension  du  remblayage  hydraulique  à  Firminy 
et  la  continuation  des  essais  sur  l'utilisation  des  combustibles 
pauvres  (houille  grise)  :  à  Montrambert  en  employant  des  gazo- 
gènes, aux  Houillères  de  Saint-Etienne  par  combustion  sur  des 
grilles  inclinées  à  chargement  automatique  alimentant  des 
chaudières  multitubulaires  du  type  Buttner  (i). 

La  catastrophe  du  puits  Montmartre,  en  1908,  eut  son  épi- 
logue devant  les  Tribunaux  (2). 

La  Mine  aux  Mineurs  de  Monthieux  fut  mise  en  vente  le 
23  septembre,  sur  le  pdx  'de  30.000  francs.  Elle  ne  trouvfi  point 
d'acquéreur. 

La  Compagnie  de  Villebœuf  demanda  rautorisation  d'étendre 
son  périmètre  d'exploitation  jusqu'au  cœur  de  la  ville  de  Saint- 
Etienne',  au  delà  de  la  grande  artère,  en  s'engageant  à  exécuter 
le  remblayage  hydraulique,  pour  éviter  les  mouvements  de 
terrain.  Cette  demande  souleva  de  nombreuses  protestations. 
Les  propriétaires  formèrent  un  Syndioa.t  de  Défense.  Le  Conseil 
municipal  émit  un  avis  défavorable.  L'exploitation  de  Villebœuf 
a  causé  de  tels  dégâts  aux  propriétés  et  les  règlements  de  ces 
indemnités  sont  souvent  si  laborieux  que  la  Compagnie  ne  ren- 
contrait aucune  sympathie  chez  les  propriétaires. 


(1)  M.  Blache,  ingénieur  à  Miontrambeirt,  publia,  en  1910,  dans  le 
îiuilletin  de  VIndustrie  minérale,  un  mémoire  sur  :  Uutilisalion  des 
déchets  et  mauvais  combustibles  pour  la  production  de  la  force  motrice. 
En  1911,  M.  Dessemond,  Ingénieiur  divisionnaire  aux  Houillères  de  Saint- 
Etienne,  a  rendu  compte  de  la  partie  des  travaux  du  Congrès  de  Dus- 
seidorf  sur  rutilisatlon  des  oombustibTes  de  faible  valeur. 

(3)  Voir  journaux  des  30  mars,  7  août,  22  novembre. 


—  845  — 

Le  23  décembre  1909,  M.  Biver,  ingénieur  des  Arts  et  Manu- 
factures, ancien  directeur  des  mines  d'Héraclée  (Asie-Mineure), 
fut  nommé  sous-directeur  des  Mines  de  la  Loire. 

Le  1^'*  mai  1909,  M.  Saiverot  était  nommé  directeur  de  la 
Société  des  Houillères  de  Rive-de-Gief,  en  remplacement  de 
M.  Verzat. 

1910 

Production  :  3.692.000  tonnes  ;  68.466.000  francs  ;  20.178  ou- 
vriers. 

Production  du  coke  :  127.000  tonnes  ;  des  ag-glomérés  :  235.000. 

Le  marché  fut  assez  déprimé,  en  raison  dli  peu  d'activité  de 
la  métalluirgie  au  début  de  l'année,  mais,  dans  lia,  suite,  la 
situation  s'améliora  et  aucun  puits  ne  chôma  faute  d'écoulement 
des  charbons. 

Le  rapport  de  Tingénieur  en  chef,  à  cause  du  départ  de 
M.  Tauzin,  remplacé  par  M.  Primat,  ne  donnait  plius  le  prix 
moyen  des  charbons  extraits,  y  compris  les  charbons  de  service 
et  les  charbons  distribués  gratuitement,  mais  les  prix  moyens 
des  ventes  cm  commerce  par  Compagnie.  Ces  prix  oscillaient 
entre  15  fr.  59  et  24  fr.  86.  Il  faut  remarquer  que  le  prix  de 
15  fr.  59  appartenait  à  la  Ghazotte,  c'est-à-dire  à  la  Gompagnie 
P.-L.-M.,  qui  emploie  les  charbons  de  cette  concession,  et  que 
le  prix  de  24  fr.  86  concernait  la  Péronnière,  qui  livre  surtout 
des  boulets  anthraciteux.  Le  prix  moyen  de  vente  pour  les 
quiaitre  grandes  Gompagnies  (Roche-la-Molière,  Montrambert, 
la  Loire  et  Saint-Etienne)  variait  entre  19  fr.  62  et  20  fr.  86. 
Le  prix  moyen  des  charbons  extraits  ressortait  à  18  fr.  62  (i). 

Salaires  moyens  :  5  fr.  14  (fond)  ;  3  fr.  74  (jour). 

Salaires  annuels  :  1.620  francs  (fond)  ;  1.202  francs  (jour). 

Le  rapport  de  la  Ghambre  de  Gommerce  insistait  sur  la  con- 
currence créée  par  les  moyens  de  transpori;  :  charbons  anglais 
rem^)ntant  le  Rhône  jusqu'à  Valence  ;  Lyon  de  plus  en  phis 
envahi  par  les  charbons  du  Nord  ;  Roanne  à  poui  près  fermé 
aux  charbons  de  la  Loire  ;  réductions  de  tarifs  pour  l'expor- 
tation en  Suisse  accordées  aux  houilles  belges  et  du  Nord  par 


(1)  Rapport    (lo   la    Cliambro   do.  (Uminiercc    (f;o  prix    s'ai^pllque    uu.\ 
Compagnies  adhérentes  au  Comité  des  Houillères  d-e  la  Loire). 


les  Compagnies  du  Nord,  de  l'Kst,  des  Ceintures  et  de  TEtal 
en  11)07,  11)08,  et  proposées  en  1910  (i). 

La  convention  relative  auK  salaires  fut  renouvelée  pour  trois 
ans,  à  partir  du  l*^""  janvier  1910,  après  des  pourparlers  qui 
durèrent  du  10  juin  au  23  juillet  et  qui  furent  plusieurs  fois 
rompus.  Le  Comité  fédéral  dénonça  même  le  contrat  individuel 
de  travail  qui  lie  les  ouvriers  aux  exploitants,  mais  le  Comité 
des  Houillères  refusa  de  reconnaître  ce  genre  de  dénonciation 
(21  juillet).  La  grève  paraissait  pix)bablè.  La  nouvelle  convention 
accorda  une  augmentation  de  10  centimes  par  journée  à  l'in- 
térieur, de  5  centimes  aui  jour,  enfin  une  autre  augmentation  de 
5  centimes  à  tous  les  ouvriers  pour  la  troisième  année.  Une  con- 
vention analogue  fut  signée  le  1*''  août  pour  la  région  de  Rive- 
de-Gier. 

La  Mine  aux  Mineurs  de  Monthieutx  fut  vendue  aux  enchères 
au  mois  de  janvier. 

Une  nouvelle  Société  coopérative  à  base  communiste,  «  Les 
Mineurs  du  Centre  de  la  Loire  »  à  Saint-Etienne,  9,  rue  de  la 
Sablière,  publia  ses  statuts  le  9  j'uiin. 

Le  sondage  exécuté  à  la  Chazotte  fut  arrêté  à  1.152  mètres, 
sans  avoir  rencontré  le  prolongement  des  couches  du  bassin  de 
Rive-de-Gier.  Un  deuxième  sondiage  fut  commencé  au  Gros  pour 
rechercher  ce  prolongement  p). 

En  1910,  M.  Tony  Gallot  s^uccéda  à  M.  Lazare  Lévi  comme 
directeur  des  Mines  de  la  Haute-Gappe. 

1911 

Production  :  3.680.000  tonnes  ;  645.000  francs  ;  20.836  ou- 
vriers. 

Production  du  coke  :  123.000  tonnes  ;  des  agglomérés  :  220.000. 

La  reprise  de  l'activité  métallurgique,  signalée  en  1910,  avait 
fait  augmenter  la  production.  En  septembre,  il  y  eut  pénurie 
de  wagons  pour  le  transport  des  li.ouilles. 


(li)  Voir  le  rapport  de  la  Chambre  de  Commerce  (Situation  générale 
dies  industries). 

(2)  Le  Bulletin  de  Vlndmirie  rmnérale,  en  1910,  publia  :  le  mémoire  de 
M.  Sangoy,  directeur  de  la  Chazotte,  sur  :  La  recherche  des  couches  de 
Rive-de-Gier  sous  le  bassin  de  Saint-Etienne  ;  un  mémoire  de  M.  Crus- 
SARD,  professeur  à  l'Ecole  des  Mines,  sur  :  Le  remblayage  hydraulique. 


—  847  - 

Un  nouveau  tarif  de  transport  P.  V.  107  Nord-Orléans- 
Geinture  fit  bénéficier  les  mines  du  Nord  de  prix  très  avan- 
tageux pour  transporter  leurs  cokes  sur  la  région  de  Montluçon, 
dès  lors  perdue  pour  le  bassin  de  la  Loire. 

Les  prix  moyens  de  vente  pour  les  quatre  Compagnies  les 
plus  importantes  oscillaient  entre  19  fr,  86  et  20  fr.  70.  Ces  prix 
étaient  légèrement  supérieurs  à  ceux  de  1910.  Le  prix  moyen 
de  vente  pour  l'ensemble  des  exploitations  fut  de  20  fr.  38  sur 
wagon  à  la  mine.  C'est  d'après  ce  prix  qu'est  calculée  la  valeur 
de  la  production. 

Salaires  moyens  :  5  fr.  21  (fond)  ;  3  fr.  72  (jour). 

Salaires  annuels  :  1.631  francs  (fond)  ;  1.186  francs  (jour). 

La  convention  du  22  juillet  1910  fut  appliquée  régulièrement, 
nonobstant  quelques  difficultés. 

Le  sondage  de  l'Etivalière,  entrepris  par  les  mines  du  Cros, 
fut  arrêté  le  11  juillet  sans  avoir  rencontré  le  charbon.  C'ét<iit 
un  insuccès  de  plus  au  passif  des  recherches  du  prolongement 
du  bassin  de  Rive-de-Gier. 

La  Compagnie  de  Montrambert  poursuivait  la  reconnaissance 
de  la  8*^  couche,  une  des  plus  constantes  du  bassin.  Le  premier 
coup  de  pic  datait  de  1907  et  la  découverte  de  1908.  Des  bulletins 
financiers,  en  1911,  commentèrent  longiuiement  cette  découverte, 
en  la  portant  à  la  connaissance  du  public  non  technique. 

Un  arrêté  préfectoral  du  2  février  1911  autorisa  la  Compagnie 
de  Villebœuf  à  étendre  son  exploitation  sous  les  quartiers  de 
Chavanelle  et  Villebceuf  à  Saint-Etienne,  avec  application  du 
reml)layage  hydraulique  et  création  d'une  réserve  spéciale 
destinée  à  payer  les  indemnités  pour  les  dégâts  à  la  surface  (i). 

Une  catastrophe,  due  à  un  incendie  spontané,  écMta  le  18 
octobre  au  puits  des  Flaches,  de  la  Société  des  Houillères  de 
Saint-Ktienne.  Elle  fit  27  victimes,  dont  un  ingénieur,  M.  Haup. 
Depuis  1891  on  n'avait  pas  enregistré  un  accident  aussi  grave. 
Le  Ministre  du  Travail  assista  aux  funérailles. 

Déjà,  au  mois  d'<ioût,  un  conflit  avait  surgi  entre  la  Préfec- 
ture et  les  délégués  minouirs,  à  liai  suite  d'une  lettre  jugée 
blâmable  adressée  à  l'un  d'eux.  Les  délég^ués  envoyèrent  leur 


(1)  Voir  le  texte  dans  le  Mémorial  de  la  Loire  du  12  février  1911. 


—  848  — 

démission,  mais  ils  revinrent  sur  leur  décision,  à  la  suite  de 
l'envoi  d'une  lettre  à  la  Fédération  des  mineurs  . 

Le  22  juin  1911,  M.  Biver,  sous-directeur,  fut  nommé  di- 
recteur des  Mines  de  la  Loire,  en  remplacement  de  M.  Micha- 
lowski  (1).  La  totalité  du  bénéfice  de  l'exercice  précédent 
(400.000  fr.)  fut  employée  en  travaux  neuifs,  sans  aucune  distri- 
bution aux  actionnaires  {^).  Cette  Compagnie  avait  été  fort 
éprouvée  cette  année-là  et  les  précédentes.  Des  accidents  gra- 
ves et  des  feux  de  mine  avaient  alourdi  les  dépenses  d'exploi- 
tation. Les  bénéfices  de  1911  et  1912  et  (en  partie)  de  1913  furent 
employés  également  aux  travaux  neufs. 

La  Compagnie  de  la  Péronnière  pot  en  amodiation  une  partie 
de  la  concession  de  Saint-Chamond  à  l'effet  de  continuer,  dans 
cette  concession,  le  déhouàllement  de  la  grande  couche  de  sa 
propre  concession,  totalement  déhouillée. 

La  concession  de  la  Montagne-du-Feai',  territoire  de  la  Cappe, 
à  Saint-Genis-Terrenoire,  fut  vendue  aux  enchères  par  expro- 
priation forcée,  avec  le  matédel,  le  13  mai  1911,  sur  la  mise  à 
prix  de  2.500  francs  (!),  à  la  requête  de  M.  Villemagne,  maître 
d'hôtel  à  la  Terrasse-su r-Dorlay,  contre  M.  Joannès  Pater  et  sa 
famille. 

La  Société  des  Houillères  de  Rive-de-Gier  demianda  la  liqui- 
dation judiciaire  au  Tribunal  de  Commerce  de  Lyon  (où  était 
son  siège  social),  qui  rendit  un  jugement  dans  ce  sens.  Un 
procès,  intenté  par  la  Compagnie  de  la  Péronnière,  avait  été 
perdu  pair  Rive-de-Gier,  qui  avait  interjeté  appel.  La  Cour 
confirma  le  jugement.  Rive-de-Gier  était  condamné  à  payer 
immédiatement  50.000  francs  et,  en  outre,  à  supporter  une 
charge  annuelle  d'exploitation  de  21.000  francs.  C'est  à  la  suite 
de  ce  procès  que  la  liquidation  judiciaire  fut  demandée,  non 
sans  que  cette  demande  suiscitât  une  forte  opposition  en 
assemblée  générale. 

Pour  l'édification  de  l'histoire,  voici  comment  se  présentèrent 
les  derniers  bilans  de  cette  Société,  jadis  si  brillante  puisqu'elle 
fut  la  première,  comme  importance,  du  bassin  : 

(1)  M.  Couriot,  président  du  Cooseil  d'administration,  a  rappelé,  sur 
sa  tombe,  l'œuvre  de  M.  Michalowski  à  la  Compagnie  des  Mines  de  la 
Loire  {Mém.onal  de  la  Loire,  19  octobre  1917). 

(2)  Mémorial  de  la  Loire,  16  et  30  mars  1911. 


—  fe49  — 

Les  comptes  de  l'exercice  1910  se  soldaient  par  un  bénéfice 
d'exploitation  de  15.723  fr.  60,  contre  26.983  fr.  16  pour  l'exercice 
précédent  ;  aucun  dividende  ne  fut  proposé,  le  bénéfice  étant 
absorbé  par  l'amortissement  des  pertes  sur  le  portefeuille,  s'élevant 
à  75.902  fr.  10,  et  qui  se  trouvaient  ramenées  de  ce  fait  à  60.178  fr..  50. 

'    Actif  :  1909  1910 

Immobilisations 2.621.379,39  2.718.111,18 

Approvisionnements   et  stoofes 65.127,80  21.668,30 

Espèces  en  caisse  et  en  banques 57.973.40  68.118,60 

Actionnaires  et  débiteurs  divers 278.940,95  230.944,10 

Titres  en  portefeuille 473.532,50  382r74'2,50 

Impôts  sur  actions 17.952,60  19.931,70 

Pertes  de  l'exercice  sur  portefeuille, 
déduction  faite  des  bénéfices  d'exploi- 
tation   »       „  60.178,50 

3.514.906,64        3.501.694,88 


Passif  :  1909  1910 

Capital.    . 2.420.000    »  2.420.000   » 

Obligations 501.500   »  501.500   » 

Réserves  et  provisions 25.509,25  60.804,25 

Garantie   industrielle 67.168   »  67.168    » 

Main-^d'œuvre 16.482,70  10.010    » 

Créanciers   diverâ 457.263,53  442.212,63 

Profits  et  pertes  : 

Bénéfices  de  l'exercice 26.983,16  »       » 

3.514.906,64        3.501.694,88 

Le  terrain  houiller  se  poursuit,  non  sans  aiccroc,  de  Rive-de- 
Gier  à  Gommunay,  où  il  disparaît.  Une  première  camp^igne 
de  recherches  fuit  commencée  en  1853  (premier  sondage  de 
Simandres)  pour  retrouver  la  prolongation  du  houiller  entre 
Gommunay  et  Chava^nieu,  dans  l'Isère.  Simandres  n'est  qu'à 
2  km.  1/2  du  point  de  disparition  du  houiller.  En  1879-82,  noiii- 
velles  recherches  à  Hois-Sai rit-Jean  et  Marennes,  un  peu  phis 
loin  (|iie  Simandres.  A  cette  époque,  so  forma  k  Lyon  la  Société 
des  recherches  d'Heyrieux,  à  hKiiiclle  (irunor  a]>iK>rtji  rapfnii  d(^ 
son     autorité     et     de    sa    comi)étence.    Cette    Scx-irl/»   fit   son 


-  8^  — 

premier  sondage  à  Chaponnay,  au  delà  de  Marennes,  et  en 
i892-94  elle  fit  une  autre  recherche  à  Saint-Bonnet-la-Mure, 
près  de  la  gare  de  Ghandieu-Troussieu.  Une  Société  nouvelle, 
agissant  d'aibord  en  commun  avecrancienne  Société  d'Heyrieux, 
puis  sans  elle,  fit  battre  de  nouveau  la  sonde,  en  1905,  à  Test 
de  Saint- Bonnet-la-Mure  et  ensuite  jusqu'à  Chamagnieu.  Elle 
s'écarta  de  la  ligne  de  Commiunay  à  Chamagnieu,  qui  avait 
constitué  l'axe  des  précédentes  recherches  et  porta  ses  re- 
cherches au  nord,  à  Grenay,  à  Ghavagnieu,  et  entre  Crémieu 
et  Leyrieu.  Je  reviendrai  sur  ces  recherches. 

1912 

Production  :  3.778.000  tonnes  ;  68.721.0U0  francs  ;  20.199 
ouvriers. 

Production  du  coke  :  141.000  tonnes  ;  des  agglomérés  :  208.000. 

Prix  moyen  de  vente  au)  commerce  des  quatre  grandes  Com- 
pagnies :  de  20  fr.  16  à  21  fr.  43.  Prix  moyen  des  charbons 
extraits  :  18  fr.  19.  Pour  le  coke,  le  prix  moyen  était  de  29  fr.  28 
et  pour  les  aggloméirés  de  27  fr.  39  (i). 

Les  principales  causes  de  l'augmentation  de  la  production 
furent  :  la  grève  générale  des  mineurs  anglais,  qui  dura  six 
semaines,  du  l"""  mars  au  10  avril,  réduisit  la  production 
houillère  de  plus  de  30  millions  de  tonnes,  et  entraîna  une 
disette  de  charbon  dans  le  monde  entier  ;  lai  hausse  des  frets 
maritimes,  qui  greva  l'importation  des  houilles  étrangères  ; 
la  très  grande  activité  de  l'industrie  métallurgique. 

Les  'Usines  embauchèrent  un  grand  nombre  d'ouvriers,  mais 
la  main-d'œuvre  était  rare  et  la  production  fut  inférieure  à  la 
demande.  Du  10  septembre  aiu  15  novembre,  le  matériel  de 
transport  fit  défaut  et  les  charbons  s'entassèrent  sur  les  plâtres 
des  mines. 

De  nouvelles  charges  étaient  imposées  aux  houillères  par 
le  règlement  d'administration  publique  du  13  août  1911,  pres- 
crivant la  création  de  bains-douches  à  tous  les  sièges  d'ex- 
traction et  édictant  d'autres  mesures  d'hygiène  et  de  sécurité. 

La  plupart  des  mineurs  chômèrent  le  lundi  11  mars,  sur  un 
mot  d'ordre   de  la  Fédération   nationale,  pour  appuyer  l'in- 


(1)  Rapport  (le  la  CJinmhrr  de  Commerce  (1913). 


—  851  — 

jonction  au  Piarlement  de  voter  immédiatement  la  retraite  à 
2  francs  par  jour,  50  ans  d'âge  et  25  ans  de  services,  et  l'appli- 
cation de  la  journée  de  huit  heures  à  tous  les  ouvriers  du  fond. 

Nouveau  chômage  le  16  décembre,  sur  un  mot  d'ordre  de 
la  C.  G.  T.,  pour  protester  contre  la  guerre,  c'est-à-dire  contre 
l'intervention  dans  le  conflit  des  Balkans. 

Salaires  moyens  :  5  fr.  31  (fond)  ;  3  fr.  85  (jour)  (l). 

La  Compagnie  de  Villebœuf  installa  un  atelier  de  concassage, 
actionné  par  l'électricité,  pour  le  remblayage  hydraulique. 

Dans  le  Bulletin  de  Vlndustrie  minérale^  M.  Baret,  ingénieur, 
décrivit  l'exploitation  de  la  8*  couche  aui  puits  Ghâtelus. 

1913 

Production  :  3.775.000  tonnes  ;  72.442.000  francs  ;  19.679 
ouvriers. 

Production  du  coke  :  169.000  tonnes  ;  des  agglomérés  :  233.000. 

Prix  moyen  des  ventes  au  commerce  des  quatre  grandes 
Compagnies  :  de  21  fr.  50  à  21  fr.  95.  Le  prix  moyen  des 
charbons  extraits  ressortait  à  19  fr.  19  pour  la  houille.  Pour 
le  coke,  le  prix  moyen  était  de  31  fr.  10  ;  pour  les  agglomérés, 
de  29  fr.  37. 

L'activité  industrielle  qui  s'était  manifestée  en  1912  paraissait 
atteindre  son  apogée  ;  les  charbons  s'écoulèrent  facilement,  les 
prix  augmentèrent.  Mais  les  prix  de  revient  augmentèrent 
aussi  par  suite  de  la  hausse  des  matières  premières  (8  %  sur 
les  bois)  et  de  l'augmentation  des  salaires  à  partir  du  l***  juillet. 

Des  dispositions  législatives  (loi  du  31  décembre  1913) 
fixèrent  à  huit  heures  la  duîrée  du  travail  pour  tous  les  ouvriers 
du  fond.  Elles  réduisirent  à  soixante  heures  la  durée  des  déro- 
gations. Le  vote  de  la  loi  amena  une  grève  dans  le  Nord  ot 
faillit  déclencher  aussi  une  grève  dans  la  Lioire. 

La  nouvelle  loi  miliUiire  (rétablissant  le  service  de  trois  ans 
augmenta,  à  pairtir  de  septem^bre,  la  pémiirie  de  main-d'œ'ivre, 
en  diminuant  de  5  %  le  nombre  des  ouvriers. 

On  fut  à  court  de  charbon  vers  la  fin  de  Tannée.  Les  usines 
métallurgiques  reçurent  quelques  milliers  de  tonnes  de 
(•harl)ons  allemands  ot  anglais.  r>a  crise  devait  s'aggraver  au 
début  de  1914.     • 


(l)    Vjq  rapport  dn    l'ingénieur  on   chef   n'indhiiio    pins   los   salalros 
annuels. 


La  convention  collective  de  travail  de  1910  expirait  le  30 
juin  1913.  Une  nouvelle  convention  fut  signée  le  10  juillet, 
après  des  négociations  plusieurs  fois  rompues.  La  grève  me- 
naça d'éclater.  Au  référendum,  les  dernières  propositions  des 
Compagnies  furent  acceptées  par  5.697  mineurs,  sur 
10.276  votants.  Femmes,  enfants,  employés  n'étaient  pas  admis 
au  vote.  La  majorité  contre  la  grève  fut  fournie  par  la  Rica- 
marie.  Ce  référendum  ne  s'appliquait  pas  aux  mineurs  du 
Gier.  Une  convention  spéciale  intervint  aussi  pour  la  Chazotte. 

La  convention  du  10  juillet  était  signée  pour  trois  ans.  Elle 
augmentait  le  salaire  de  base,  en  y  incorporant  10  centimes  pour 
les  adultes,  5  centimes  pour  les  femmes  et  les  enfants.  Elle  aug- 
mentait aussi  la  prime  temporaire,  en  y  ajoutant  15  centimes 
pour  les  uns,  10  centimes  pour  les  autres.  L'augmentation  totale 
était  donc  de  25  centimes  ou  de  15  centimes  pendant  deux  ans. 
Pour  la  troisième  année,  les  primes  devaient  être  maintenues 
si,  au  bout  de  deux  ans,  le  cours  des  charbons  avait  varié  de 
moins  de  1  franc  ;  elles  devaient  être  augmentées  ou  diminuées 
de  15  centimes,  dans  le  cas  d'une  hiaïusse  ou  d'une  baisse  de 
1  franc  au  moins. 

Une  petite  grève  éclata  à  Rive-de-Gier,  chez  MM.  Gossange 
et  Deschanel. 

Salaires  moyens  :  5  fr.  51  (fond)  ;  5  fr.  31  (jour).  Il  y  avait 
12.412  ouvriers  au  fond. 

Pas  plus  que  les  années  précédentes  je  ne  puis  reproduire  la 
longue  nomenclature  des  modifications  aux  méthodes  d'exploi- 
tation et  à  l'outillage.  L'ingénieur  en  chef  signalait  que  ces 
modifications  n'étaient  pas  importantes,  à  la  différence  des 
installations. 

La  Compagnie  de  la  Loire  avait  fait  un  effoirt  financier  re- 
marquable pour  ses  travaux  neufs.  Au  31  décembre  1912,  le 
montant  de  ces  travaux  s'élevait  à  1.662.000  francs  (i). 

Le  sous-bassin  de  Rive-de-Gier  s'épuisait  de  plus  en  plus  et 
sa  production  ne  représentait  plus  que  215.000  tonnes,  dont 
188.000  pour  la  Péronnière,  la  Haute-Cappe  et  Saint-Chamond. 
La  Compagnie  du  Mouillon  (Robert  &  C^^)  licencia  en  février 
ses  40  ouvriers.  Le  Ban-Lafaverge,  en  liquidation,  fut  acquis  par 


(1)  Mémorial  de  la  Loire,  24  avril  1913. 


—  853  — 

la  Haute-Cappe.  La  Compagnie  de  Rive-de-Gier,  qui  ne  pos- 
sédait plus  que  les  concessions  de  Grand'Croix,  Corbeyre,  La 
Gappe  et  La  Porchère,  fut  vendue  aux  enchères  le  13  sep- 
tembre. La  concession  de  Grand'Groix  fut  acquise  par  la  Péron- 
nière  au  prix  de  100.500  francs.  Corbeyre  et  la  Haute-Cappe 
furent  acquises  par  la  CompagTiie  de  la  Haute-Cappe  pour 
75.000  francs  (Echo  des  Mines,  2  octobre). 

La  Compagnie  de  Villebœuf  adressa  une  nouvelle  demande 
au  Préfet  pour  étendre  davantage  son  exploitation.  Le  Conseil 
municipal  de  Saint-Etienne  donna  un  avis  défavorable  à  cette 
demande  (29  août).  Le  Directeur  de  cette  Compagnie  depuis  1898, 
M.  Perrève  (Gustave-Léonard),  ingénieur  de  l'Ecole  de 
Saint-Etienne,  mourait  à  Saint-Etienne  le  23  mars  1913.  Il  était 
né  à  Sainte-Marie  (Nièvre)  en  1857.  M.  Perrève  fut  remplace 
par  M.  Jaboulay,  également  de  l'Ecole  de  Saint-Etienne. 

Un  décret  du  14  septembre  porta  mutation,  de  propriété  et 
réunion  des  concessio'ns  diu  Couloux  et  de  lia  Montagne-du-Feu, 
et  l'amodiation  du  Couloux  par  M.  Paret  à  MM.  Hercellin  et 
Graué.  M.  Graué  devenait  cessionnaire  de  la  Montagne-du- 
Feu,  cédée  par  M.  Villemagne  (i). 

La  Compagnie  des  mines  d'anthracite  de  Communay  (Isère), 
qui  occupait  350  ouvriers,  fut  déclarée  en  faillite  par  le  Tribunal 
de  Commerce  de  Paris,  où  elle  avait  son  siège  social  (2). 
•  M.  Benoit  Fleury,  ingénieur  des  Arts  et  Métiers,  ancien  di- 
recteur des  Grandes-Flaches,  mourut  le  4  novemlvre  à  Rive-de- 
Gier  (•^).  M.  de  Villaiiif,  iiii('i','ii  directeur  de  Montrambert, 
mourait  le  16,  à  Montagny  (Loire)  (v.  p.  403). 

Un  ûécvei  du  24  juillet  réduisit  le  périmètre  de  la  vaste  con- 
cession de  Roche-la-Molière  et  Firminy  à  4.(541  hectares,  au 
lieu  de  5.850.  Il  y  a  intérêt  ;t  faire  réduire  les  ixirties  stériles 
des  concessions,  h  cause  de  la  redevance  ]y.\v  hectare. 

1914 

iSkI'I'    l'Illi.MIKHS    MUISj 

Les  chiffn-s  de  la  production  pour  1914  sont  indiqués  dans  le 
chapitre  sui\ ml. 


(1)  Journal  Offlrlel,  20  septembre. 

(2)  Mémorial  de  la  Loire,  \?,  mars  1913. 

(3)  Mémorial,  5  et  7  novembre. 


55 


-854- 

La  crise  diUi  charbon,  signalée  dans  les  derniers  mois  de  1913, 
prit  un  caractère  aiigu  au  début  de  1914.  Des  menaces  de  grève, 
qui  se  réalisèrent,  faisaient  craindre  rarrèt  de  la  production.  Le 
Comité  des  Forges  de  la  Loire,  appuyé  par  la  Chambre  de 
Commerce,  demanda  et  obtint,  pour  une  durée  de  trois  mois, 
un  tarif  réduit  de  Belfort  à  Saint-Etienne  pour  faciliter 
l'importation  des  charbons  de  la  Sarre.  Ce  tarif  ne  prit  fin  que 
le  l"""  mai.  A  sa  faveur,  65.000  tonnes  furent  importées,  tant  à 
Lyon  que  dans  la  Loire.  Certaines  usines  métallurgiques  —  la 
grève  terminée  —  suspendirent  pendant  deuK  mois  leurs  enlè- 
vements dans  les  houillères  de  la  région. 

La  grève  —  la  première  de  1914  —  éclata  le  23  février  et 
dura  jusqu'au  2  mars.  Elle  visait  les  Pouvoirs  publics  —  ce 
fut  la  première  grève  de  ce  genre  dans  notre  bassin  —  pour 
protester  contre  le  vote  du  Sénat  relatif  à  la  loi  des  retraites. 
La  grève  prit  fin  su-r  la  promesse  du  Gouvernement  de  subven- 
tionner la  Caisse  autonome  des  retraites  des  ouvriers  mineurs, 
pour  i)ermettre  de  porter  les  pensions  à  730  francs  dans  cer- 
taines conditions. 

La  deuxième  grève,  qui  était  d'abord  dirigée,  com-me  la  pré- 
cédente, contre  les  Pouvoirs  publics,  ou  plus  exactement  contre 
la  loi  du  31  décembre  1913  suir  la  durée  du  travail,  commença 
le  2  juillet.  Cette  loi  fixait  la  durée  de  la  journée,  pour  tous  les 
ouvriers  du  fond,  à  huit  heures.  Les  mineurs  voulaient  com- 
prendre le  temps  du  repos  dans  les  huit  heures.  Les  Compagnies 
résistèrent.  La  loi  ne  laissant  place  à  aucune  transaction  sur 
cette  question,  la  Fédération  des  mineurs  reporta  le  débat  sur 
les  consignes  fixant  les  heures  d'entrée  et  de  sortie.  Une  tran- 
saction mit  fin  à  la  grève  le  10  juillet,  vingt  jours  avant  la 
mobilisation  ! 

Le  26  mars,  une  grève  d'un  jour  avait  éclaté  aux  mines  de 
Janon. 

Un  Congrès  des  délégués  mineuirs,  le  9  juin,  à  Roche-la- 
Molière,  protesta  contre  la  loi  fixant  à  huit  heures  la  durée  de 
la  journée,  non  compris  le  repos  (l). 


(1)  Pour  traîner  Les  bennes,  on  emploie  dans  les  mines  un  grand 
nombre  de  chevaux  (550  dans  le  bassin  die  Saint-Etienne),  qui  ne 
remontent  au  jour  que  pour  être  abattus,  sauf  quand  la  grève  est  de 
longue   durée.    Un   journal  de    Saint-Etienne,   la    Tribune  du   7   juillet 


~85ô  — 

En  juin,  le  charbon  valait  de  18  francs  (menus  fins  3*)  à 
37  francs  (gréilassons  l""^  ou  menu  spécial  de  forge)  ;  les  bri- 
quettes et  boulets,  de  31  à  34  francs  ;  le  coke,  de  33  à  38  francs. 
Temps  bénis  que  nous  ne  reverrons  plus  ! 

Un  décret  du  4  février  1914  «autorisa  l'acquisition,  par  la 
Société  des  Mines  de  la  Haute-Cappe,  des  concessions  du  Ban, 
de  la  Faverge,  de  la  Cappe  et  de  Corbeyre.  Un  autre  décret,  du 
27  mars,  autorisa  l'acquisition,  par  M.  Bailly  (Saturnin),  de  la 
concession  de  la  Porchère,  en  suite  d'adjudication.  Un  troisième 
décret,  du  30  juin,  autorisa  l'acquisition,  par  la  Compagnie  de 
la  Péronnière,  de  la  concession  de  Grand'Groix. 

On  annonça  la  retraite,  pouir  le  31  décembre,  de  M.  Murgue, 
directeur  de  Montrambert,  et  son  rempliacement  par  M.  Pigeot, 
nommé  en  1914  directeur-adjoint.  J'ai  eu  l'occasion  de  citer 
souvent  le  nom  de  M.  Murgue  (v.  notamment  p.  804).  Sa  retraite 
fut  différée,  à  cause  de  la  guerre,  jusqu'au  31  décembre  1915. 
M.  Pigeot  est  ingénieur  de  l'Ecole  de  Saint-Etienne. 

M.  Rodde,  ingénieur  principal  de  Montrambert,  précéda 
M.  Murgue  dans  la  retraite  et  quitta  la  Compagnie  le  30  j*uiin  (i). 
Il  fut  remplacé  par  M.  Bouchut,  ingénieur  divisionnaire. 

Au  mois  de  février,  M.  Faure,  ingénieur  principal  aux  Houil- 
lères de  Saint-Etienne,  nommé  sous-directeur  de  la  Société 
minière  et  métallurgique  de  Penarroya,  à  Marseille,  était  rem- 
placé par  M.  Dessemond,  également  de  l'Ecole  de  Saint-Etienne. 


lî)14,  publia  les  rapports  émouvants  des  délégués  mineurs  sur  le  sort 
malheureux  de  ces  chevaux.  Malheureusement  ces  délégués  sont  les 
ennemis  acharnés  des  Compagnies.  Ensuite  on  pourrait  faire  remarquer 
que  ce  sont  des  ouvriers,  et  non  les  ingénieurs  ou  le  direciteoir,  qui  sont 
chargés  de  la  conduite  d-es  animaux  et  des  soins  à  leur  donner.  Enfin, 
la  cava'erie  houillère  est  une  partie  du  capital  engagé  dans  (l'exploi- 
tation, et  comment  supposer  que  les  Compagnies  gaspillent  ou  laissent 
gaspiller  ce  capital  ?  Un  membre  influent  de  la  S.  P.  A.  m'a  d'ailleurs 
fait  connaître  que  cet  article  avait  été  exagéré  pour  les  besoins  de  la 
cause,  mais  que  de  nombreux  faits  étaient  mailheureusement  exacts. 
On  n»e  saurait  trop  faire  app«el  à  l'esprit  de  compassion  et,  au  besoin, 
aux  sanctions  ridlicules  de  lia  loi  Grammont  —  inspirée  à.  son  auteur, 
le  général  Grammont,  quand  11  commandait  à  Saint-Etienne,  vers 
1849  —  pour  que  les  animaux  soient  traitt'^s  aven*  bonté.  On  doit  la 
Justice  à  tout  le  mond<^,  m<^me  à  ces  ouvriers  infériciin;  qiui  n'ont  ni 
député-s,  ni  jourruaux,  ni  syndicats,  ni  délégués  ix)ur  faire  entendre 
leurs  plaintes,  ert  I>ieu  sait  si  elles  sont  nombreuses  ! 

(1)  Né 71  Saint-P(mr(.yiiri  (AUler),  le  19  juillet  IH-W.  IngénicMir  tic  Tl-cole 
de  Saint-Etienne,  il  lit  toute  «a  carrière  à  Montrambert. 


—  856  ~ 

A  partir  du  mois  de  mc'ii,  les  mots  JjH  houille  aux  portes  de 
Lyon  flamboyèrent  dans  les  journaux.  On  avait  découvert  le 
précieux  combustible  au  château  de  Mions,  dans  l'Isère,  à 
8  km.  500  au  nord  de  Gbaiponnay,  presque  à  l'angle  des  routes  de 
Saint-Symphorien-d'Onzon  et  de  Saint-Priest,  à  la  suite  de 
sondages  exécutés  par  un  consortium  à  la  tête  duquel  se  trouvait 
la  Compagnie  des  Mines  de  Blanzy.  Une  première  couche  de 
2  m.  50  fut  rencontrée  au  mois  de  mai,  à  470  mètres.  En  juin, 
le  sondage  avait  recoupé  une  seconde  couche  de  houille  grasse 
de  3  à  4  mètres  de  puiissance.  .Les  recherches  avaient  été  faites 
sur  les  indications  de  géologues  éminents  :  M.  Termier  et  le 
directeur  de  l'Ecole  des  Mines  de  Saint-Etienne,  M.  Priedel  (l^. 

Le  26  juin,  à  15  h.  30,  M.  Murgue,  président  de  la  section  des 
Mines  à  l'Exposition  internationale  de  la  vie  urbaine  de  Lyon, 
inaugurait  le  pavillon  des  Mines,  dont  la  nef  principale  était 
réservée  aux  houillères  de  la  Loire.  Le  même  jour,  à  21  h.  50, 
un  incendie  détruisait  entièrement  ce  pavillon,  où  tous  les 
pirogrès  de  rexploitation,  de  l'hygiène  et  de.  la  sécurité  du 
mineur  étaient  synthétisés.  Le  rapport  du  Jury  et  les  notices 
publiées  par  les  grandes  Compagnies  de  la  Loire  ne  donnent 
qu'une  pâle  idée  de  tant  de  richesses.  L'exemplaire  unique  du 
fameux  plan-coupe  du  bassin  hou i lier,  par  M.  Perrin,  périt 
dans  les  flaimmes. 

Les  exposants  s'efforcèrent  de  reconstituer,  sur  un  autre  em- 
placement, un  stand  rappelant  autant  que  possible  le  pavillon 
disparui.  Ce  stand  reçut,  le  20  juillet,  la  visite  dli  Jury.  Les 
journaux  de  Lyon  en  faisaient  connaître  l'installation  au  public 
le  31  jaijllet  ! 

Le  31  juillet  !  veille  du  jour  où  fut  lancé  l'ordre  de  mobili- 
sation générale,  qui  marque  la  fin  des  années  heureuses,  des 
années  où  l'on  ne  connaissait  ni  le  massacre  en  grand,  ni  la 
dévastation  systématique,  ni  la  vie  abominablement  chère,  ni 
le  bolchevisme  !  Heureux  temps  où  (ironie  des  choses  !)  on  se 
plaignait,  et  que  les  hommes  de  ma  génération  ne  reverront 
plus  ! 


(1)  Voir  VEcho  des  Mines  des  7  mai  et  23  juillet  1914  et  le  bujletin 
industriel  du  Mémorial  d\e  la  Loire  des  11  mai,  8  juin  et  3  août  1914  ; 
ce  dernier  numéro  indique  l'historigue  des  recherches  depuis  1853, 
que  j'ai  signalées  p.  849. 


--  857  — 
RENSEIGNEMENTS    RÉCAPITULATIFS   (1900-1914) 


Sociétés  exploitantes.  —  Le  cours  moyen  annuel  des  actions 
de  la  Société  des  Mines  de  la  Loire  oscilla,  de  1900  à  1913,  entre 
208  francs  en  1911  et  291  francs  en  1900.  Le  Président  du 
Conseil  d'administration  (in  1913,  M.  Gouriot,  ingénieur  des 
Arts  et  Manufactures,  avait  succédé  à  M.  Tranchant.  Le  di- 
recteur, M.  Biver,  avait  succédé  à  M.  Michalowski. 

Le  cours  des  actions  de  la  Société  de  Moiitrambert  et  de  la 
Béraudière  oscilla  entre  669  francs  (1910)  et  960  francs  (1900). 
Président  du  Conseil  d'administration  en  1913  :  M.  Coignet, 
président  de  la  Chambre  de  Commerce  de  Lyon,  successeur  de 
M.  Flotard  ;  directeur  :  M.  Murgue,  jusqu'au  31  décembre  1914. 

Le  cours  des  actions  de  la  Société  des  Houillères  de  Saint- 
Etienne  oscilla  entre  514  francs  en  1900  et  414  francs  en  1904. 
Président  du  Conseil  d'administration  en  1913  :  M.  Jean  Neyret, 
maire  de  Saint-Etienne,  successeur  de  M.  Souchon  et  de 
M.  Douvreleur  ;  directeur  :  M.  Paul  Petit,  successeur  de 
M.  Villiers. 

La  Comimgnie  des  Houillères  de  Hive-de-Gier  avait  vu  re- 
monter ses  actions  à  73  francs  en  1903.  Elles  tombaient  à  3  fr.  89 
en  1912,  année  où  fut  demandée  la  liquidation  judiciaire.  Ancien 
président  :  M.  Bouthéon. 

Tel  était  l'indice  de  la  sitiiiation  financière,  très  différente, 
des  quatre  ('(>m{)agnies  issues  de  la  grande  Compagnie  de  la 
l/oire.  On  lomiirquena.  que  les  cours  les  plus  élevés  furent  ceux 
de  1900.  Depuis  19(X),  en  effet,  les  ch.ir-jvs  légales  n'ont  pas 
cessé  d'augmcnfcr  pour  les  Comp-cigrrn'i^s  :  ;i-L;iiivati(Hi  d'inipois, 
réduction  de  l;i  journée  de  travail,  iucmiics  régIcincDiaircs 
d'hygièiK-  cl  de  ;(''('iMilé,  n-ira,iies.  I*]n  nir-inc  Icmps,  les  grèves 
et  les  conventions  collectives  de  travail  faisaient  inignuniter  le 
salaire  nominal,  sinon,  dans  la  même  pro[H>rtion,  le  salaire 
réel.  La  pari  du  travîuil  recevait  un aocroissement  dans  le  produit 
des  entreprises,  la  fmrt  du  capitid  était  en  diminution.  Or,  si 
l'on  considère  que  le  revenu  des  actions  en  ItXX)  ét<iit  environ 
du  4  ou  4  1/2  %,  taux  qui  est  loiîi'  d'être  exagéré,  on  conc^oit 
(pu'l  "  festin  -(.n)|ilueu.\  ..,  pour-  enipl«i\cr  rcxpression  syndi- 
caliste,   fui    M'i'\i    iiux   aclioiniaiies    ijui    achclcreiil    t]('^    aclions 


-  858  - 

en  1900,  actionnaires  certainement  nombreux  puisque  la  hausse 
des  actions  dépend  de  l'intensité  de  la  demande.  Des  héritiers 
des  actionnaires  primitifs  ont  pu  conserver  leurs  actions,  mais 
en  compterait-on  beaucoup  de  cette  catégorie  ?  Pour  eux, 
d'ailleurs,  la  plus-value  de  certains  titres  compense-t-elle 
toujours  les  moins- values  des  autres  valeurs  ? 

Le  cours  des  actions  de  la  Compagnie  de  Roche-la-Molière  et 
Firminy  oscilla  entre  i.562  francs  (1908)  et  1.981  francs  (1901). 
En  1901,  le  dividende  réparti  étant  de  85  francs  par  action,  le 
taux  du  placement  n'atteignait  pas  4  fr.  30  %.  Le  Président  du 
Conseil  d'administration,  M.  Platon,  successeur  de  M.  Cam- 
befort,  devait  être  remplacé  par  M.  Isaac,  ancien  président  de 
la  Chambre  de  Commerce  de  Lyon.  Directeur  :  M.  Voisin. 

Le  cours  des  actions  des  Mines  de  Villebœuf  avait  oscillé 
entre  136  francs  fl910)  et  597  francs  (1902).  Président  du  Conseil 
d'administration  :  M.  Guérin.  Directeur  :  M.  Perrève,  qui 
mourut  en  1913,  remplacé  par  M.  Jaboulay.  Cette  Compagnie 
supporte  de  lourdes  charges  pour  la  réparation  des  dégâts  à 
la  surface  dans  les  quartiers  de  Villebœuf  et  Chavanelle.  La 
nouvelle  avenue  Président-Faure,  commencée  en  1904,  lors  de 
la  percée  de  la  rue  de  Lyon,  avenue  dont  on  espiéirait  faire  une 
voie  triomphale,  a  vu  les  quelques  beaux  immeubles  construits 
sur  ces  terrains,  lézardés  par  les  mouvements  des  mines.  Une 
grande  construction  a  été  arrêtée. 

La  Compagnie  de  la  Péronnière  remboursa  son  capital  le 
l*'"  juin  1910.  Ses  actions  avaient  été  cotées  entre  595  francs 
(1902)  et  415  francs  (1905).  Toutes  les  actions  de  capital  sont 
devenues  des  actions  de  jouissance  et  leur  cours  moyen  a  atteint 
649  francs  en  1912.  Président  du  Conseil  d'administration  : 
M.  Benoit  Oriol,  député  de  la  Loire.  Directeur  :  M.  Charousset, 
à  qui  devait  succéder  M.  Camus  (i). 

Pour  les  actions  de  la  jeune  Société  de  ia  Haute-Cappe,  fondée 
en  1905,  au  capital  de  1.250.000  francs  divisé  en  actions  de 
500  francs,  V Annuaire  des  Agents  de  change  de  Lyon  n'indique 
que  les  répartitions  annuelles. 

La  Société  du  Ban-Lafaverge,  en  liquidation  en  1914,  datait, 
comme  Société  anonyme,  de  1890.  Elle  faisait  suite  à  l'ancienne 


(1)  L'un  et  l'autre  ingénieurs  de  l'Ecole  des  Mines  de  Saint-Etienne. 


—  859  - 

Société  civile  constituée  en  1826.  A  l'origine,  son  capital  de 
500.U00  francs  était  divisé  en  parts  de  1.000  francs.  Il  fut  réduit 
à  200.000  francs  et  divisé  en  parts  ou  actions  de  100  francs.  De 
1890  à  1913,  ces  actions  avaient  oscillé  entre  288  francs  (1894) 
et  49  francs  (1908).  En  1913,  elles  valaient  52  francs. 

A  titre  de  renseignement,  la  Société  des  Mines  d'anthracite 
de  Gommunay  (Isère),  en  liquidation  en  1914,  remontait  à  la 
Société  civile,  créée  en  1884  et  transformée  en  Société  anonyme 
en  1899,  au  capital  de  1.800.000  francs,  divisé  en  actions  de 
300  francs.  De  1899  à  1913,  le  cours  miaximum  avait  été  de 
339  francs  (1900)  et  le  courts  minimum  de  25  francs  (1913). 

Pour  en  finir  avec  les  charbonnages  de  la  région  dont  les 
actions  étaient  inscrites  en  1913  à  la  Bourse  de  Lyon,  je  citerai  : 

La  Société  des  Fours  à  coke  de  Bérard  (rue  de  la  Valse,  à 
Saint-Etienne),  qui  prit  la  suite,  en  1899,  de  MM.  Murgue  et 
Tronchon  ;  cette  Société  est  au  capital  de  125.000  francs,  divisé 
en  actions  de  100  francs  (Administrateurs  :  MM.  Tronchon, 
Laroudie  et  Thiollière).  \J Annuaire  des  Agents  de  change  n'in- 
dique que  le  montant  des  répartitions. 

L'importante  Société  en  nom  collectif  «  Les  Fils  Charvet,  à 
Saint-Etienne  »,  qui  occupe  une  si  grande  place  dans  le  com- 
merce des  charbons,  a  été  transformée  en  Société  anonyme 
en  1912  au  capital  de  4.700.000  francs,  mais  ses  actions  n'étaient 
pas  inscrites  à  la  Bourse  de  Lyon.  M.  Benoît  Charvet  père  fut 
maire  de  Saint-Etienne  de  1865  à  1870.  M.  Henri  Charvet,  in- 
génieur de  TEcoie  de  Saint-Etienne,  maire  de  Champdieu  près 
Montbrison,  est  mort  en  1919. 

ï^a  Société  civile  des  Tréfonds,  7,  rue  de  la  Préfecture,  à 
Saint-Etienne,  fondée  en  1883,  au  capital  divisé  en  21.000  parts 
nominatives,  société  présidée  par  M.  de  Fraix  de  Figon,  a  en 
pour  premier  administrateur-directeur  M.  Saignol,  ancien 
élève  de  l'P^cole  polytechnique  (mort  le  3  janvier  1906),  dont  le 
successeur  est  M.  Rey-Herme,  ingônieuir  des  Arts  et  Manufiic- 
tures.  Le  cours  moyen  de  ces  parts,  depuis  1888,  a  oscillé  entre 
425  francs  (1913)  et  260  francs  (1895). 

Sur  61  concessions  de  mines  de  houille  en  1913  (au  lion  de 
64,  à  cause  des  fusions  de  la.  Ghazotte),  36  étaient  en  activité  : 

\ih  concession  de  Rocho-la-Mollère  et  Firminy,  la  plus  imyior- 
tante  de  toutes,  faisant  à  elle  seule  l'objet  de  l'exploitation  de 


—  860  - 

la  Compagnie  de  ce  nom,  accusait  une  production  de  935.000 
tonnes. 

La  Société  des  Mines  de  la  Loire  (concessions  de  Dourdel  et 
Montsalson,  Beaubrun,  Villars,  la  Ghana,  Quartier-Gaillard,  le 
Gluzel),  825.000  tonnes. 

Les  concessions  réunies  de  Montrambert  et  de  lia  Béraudière, 
726.000  tonnes. 

La  Société  des  Houillères  de  Saint-Etienne  (concessions  du 
Treuil,  de  la  Roche,  de  Bérard,  de  Méons,  de  Gôte-Thiollière, 
de  Ghaney),  668.000  tonnes. 

Le  groupe  des  concessions  fusionnées  dé  la  Gompagnie 
P.-L.-M.  sous  le  nom  de  la  Talaudière-Ghazotte,  239.000  tonnes. 

La  GompagTiie  de  la  Péronnière  (Plat-du-Gier,  Gomberigol, 
La  Péronnière),  111.000  tonnes. 

La  Gorapavgnie  de  Villebœuf  (concession  de  Villebœuf), 
77.000  tonnes. 

La  Gompagnie  de  la  Hautc-Gnppc  (La  Faverge,  Le  Ban, 
Gollenon,  Gorbeyre,  La  Oappe,  Assuilly),  61.000  tonnes. 

La  concession  du  Gros,  à  MM.  de  Rochetaillée,  et  dont  le 
directeur  était  M.  Desvignes,  61.000  tonnes. 

La  Société  des  Mines  de  Janon  (concessions  de  Terrenoire  et 
de  Janon),  27.000  tonnes. 

La  Société  de  Saint-Ghamond  (concession  de  Saint-Ghamond), 
dont  le  directeur  était  M.  Duc,  16.000  tonnes. 

La  Société  des  Houillères  de  Rive-de-Gier,  en  liquidation 
depuis  1912,  figure  dans  la  statistique  de  1913  pour  9.700  tonnes 
(concessions  de  Gra.nd'Groix  et  de  Lorette)  (l). 

La  concession  des  Grandes-Flaches,  h  MM.  GossaïUge  et  Des- 
chanel,  pour  3.931  tonnes  (2). 

La  Société  du  Ban-Lafaverge,  directeur  :  M.  Gira.rd-Teillard, 
en  liquidation,  figure  (concession  de  la.  Faverge)  pour  2.958 
tonnes  ;  la.  concession  de  Graveucind,  exploitée  par  MM.  Richier 
et  Brailly  (3),  pour  2.894  tonnes  ;  la  concussion  de  Gombeplaine, 
à  M.  Louis  Jay,  pour  2.978  tonnes. 


(1)  La  ooncession  de  Lorette  était  achetée  par -MM.  Arbel,  Cossange 
et  Deschanel  {Indicateur  de  St-Etienne). 

(2)  Cette  concession,  avec  celles  de  la  Catonnière,  Frigeiin,  Verrerie 
et  Chantegraine  :   M.   Valluy,   directeur  {Indicateur  de   St-EtJenne). 

(3)  MM.  Dubuis  frères  et  Cie  {Indiratcur  <lf  s>iini-l-:ii(>iiiir).  Les  mines 
du  Ban-Lafaverge  fnrent  exploitées  i>ar  la  Cunipagiiie  de  la  Haute- 
Cappie,  à  partir  du  1^''  juillet  1013. 


—  861  — 

Venaient  enfin  :  la  concession  de  Trémolin,  exploitée  par 
MM.  Gardon  frères  :  1.002  tonnes  ;  la  concession  du  Gourd- 
Maiin,  à  MM.  Monnet  et  Terrât  (i),  928  tonnes  ;  la  concession 
(ju  Mouillon  (propriétaire  M.  Balp),  368  tonnes  ;  la  concession 
de  Grozagaque,  exploitée  par  MM.  Robert  frères  &  G**'  (2^, 
l'S)  tonnes  ;  là  concession  du  Gouloux,  exploitée  par  M.  Per- 
riiichio  c^),  408  tonnes  ;  la  concession  de  Montbressieu,  par 
MM.  IMaiiL't  et  Ro])ert  (4),  170  tonnes. 

Les  noms  précédents,  relevés  sur  le  rapport  de  l'Ingénieur 
en  chef,  indiquent  les  exploitants,  qui  peuvent  n'être  pas  des 
concessionnaires. 

Cinq  des  concessions  précédentes  avaient  été  mises  en  chô- 
mage au  cours  de  l'^année  1913  :  Grand'Groix,  Lorette,  Mouillon, 
Grozagaque  et  Montbressieu. 

Vingt  concessions  étaient  en  chômage  avant  1913  :  Unieux  et 
Fraisses  (Aciéries  de  la  Marine),  La  Porchère  (Houillères  de 
Rive-de-Gier),  Reveux  et  Ronzy  (Houillères  de  Saint-Eficnno). 
Monthieux  (Mine  aaix  Mineurs),  Baraillère  (Tardy),  Sibertièro 
(Bonnet),  Saint-Jean-Bonnefonds  (P.-L.-M.),  Montagne-du-Feu 
et  Verchères-Féloin  (Villemagne),  Verchères-Fleuirdelix  (Ro- 
l)orf  frères  et  Gagne),  Gombes-Egarande  (Rousset),  Gouzon 
fl'ond),  Sardon  et  Martoret  (Houillères  de  Rive-de-Gier), 
Tnitar,!-  .In peaux).  Pomme  (Gomet),  Gatonnière,  Frigerin, 
X'cfivfii',  Ghantegraine  (Valluv). 

('<s  concessions  étaient  en  majorité  (hi  groupe  de  Bive-de- 
^'•i<'''-  l^a  piodiiclioii  do  c^  groupe  ne  i-('prcs(Mit;iil  (pic  lMH.OOO 
♦"MiH's,  doiil  I  I  1.1)0(1  pour  |;i  P("ioiini('rv  et  61.0(K)  pour  la  Haute- 
'"appc,   r(   celle  di,   uniiipc  de  Sai]il-Kf ienne  3.500.000. 

I  *!!<»(. i;i:s   Di:  i/kxim.oitation.  Imi   JDOS,   an    Gongfès  dv  l'Tn- 

diislfie  luifK'rale  ;i  S.iinl  l'itieniie,  M.  Sie-lei',  pi-of(\^s«Mii'  à 
'  l''<"<»i''  de>  Mille-,  fil  lin  exposé  du  di-veloppcment  de  Texploi- 
♦  dieiii  d;iii-  le  });i-:siM  de  la  l>oire  depuis  |S,^.^.  d;i(<'  de  l.i  ciini  (  h  m 
de    la    SociéLô  de   riiidiislric   iiiiiiér'ale.  Si    on    laisse  de   (-((U;   (os 


(1)  MM      MmilMl     .1     0,'M.iiiirt       lin//r,,lrn,     <l,-     ^  I  .l- I  j  rn  1 1  r\ , 

f')  '.'"/.i    ;iM"''    '■!     !'■    M'HiiIImii     ;    MM     |;M|,rit     Imt,.      Imlnuurtir   ,lr    >'. 

(:?)  M.      I';iivl        hnln  ,ltrii,      ,1,        -/    ///,■///- 

{'*■  MM.     I;-Im   I!     Iirn   -       l,,il,r,,lrii,     ^Ir     W   Ilirnnr). 


—  862  — 

questions  de  ventilation  et  de  lutte  contre  le  grisou,  les  grandes 
lignes  de  la  plupart  des  méthodes  actuelles  d'exploitation  étaient 
tracées  dans  les  premières  années  de  l'existence  de  cette  Société  : 
enlèvement  méthodique  du  gîte  pair  tranches  horizontales  ou 
par  tranches  inclinées,  divers  degrés  soit  dans  l'importance 
du  traçage,  soit  dans  la  largeur  des  chantiers  depuis  le  système 
de  dépilage  par  galeries  successives  jusqu'à  l'emploi  des  graindes 
tailles  à  progression  continue. 

L'' ancienne  tradition  consistait  à  cheminer  à  l'aventure  dans 
les  parties  les  plus  riches  de  la  couche,  soit  de  niveau,  soit 
suivant  le  pendage,  ou  à  effectuer  de  grossiers  quadrillages  en 
abandonnant  des  piliers  plus  ou  moins  irréguliers,  ou  encore 
à  créer  de  vastes  chantiers  d'éboulement,  ou  à  exploiter  par 
étages  horizontaux  successifs  non  contigus  en  abandonnant  des 
piliers  dans  ces  étages  et  la  totalité  des  étages  intermédiaires. 

Bien  avant  1855,  la  nécessité'  du  remblayage  dans  les  couches 
puissantes  commença  à  se  faire  sentir.  A  Rive-de-Gier,  les 
premiers  essais  dataient  de  1815  à  Egarande  et  au  Sardon,  avec 
des  remblais  obtenus  au  moyen  de  chambres  d'éboulement 
souterraines  dans  les  quiartiers  stériles.  A  Montrambert,  o-n  des- 
cendait régulièrement  les  remblais  du  jour  depuis  1840. 

La  grande  taille  à  progression  continue  date  de  1848  à  Mont- 
rambert. Depuis  1860,  on  a  simplifié  le  réseau  de  traçage,  on 
a  généralisé  les  grandes  tailles,  oià  le  rendement  de  l'ouvrier 
est  meilleur,  on  a  réalisé  un  déhouiillement  de  plus  en  plus 
complet  et  un  remblayage  de  plus  en  plus  efficace. 

L'abatage  n'a  pas  subi  de  modification  notable.  Le  tirage 
à  la  poudre  était  courant  en  1855.  Pour  le  boisage  on  employait, 
comme  aujourd'hui,  les  cadres  dans  les  avancements  en  galerie. 
Ce  qui  est  plus  récent,  c'est  l'emploi  de  cadres  à  plusieurs 
supports  et  à  chapeaux. 

Pour  le  roulage,  Rive-de-Gier  employait,  depuis  1851,  le 
chemin  de  fer  souterrain. 

Pour  l'extraction,  on  commençait  en  1848  à  se  servir  de  gui- 
dages pour  empêcher  le  ballottement  des  charges.  Les  cages 
guidées,  avec  plancher,  datent  de  1858.  Les  câbles  firent  l'objet 
de  multiples  communications  à  l'Industrie  minérale. 

Comme  machines  d'extraction,  on  employa  longtemps  les 
machines  à  un  cylindre  et  à  engrenages.  La  machine  horizon- 


—  863  - 

tàle  ou  verticale,  à  deux  cylindres  et  à  commande  directe,  fut 
introduite  en  1856.  A  cette  époque,  les  machines  d'épuisement 
souterraines  n'étaient  pas  complètement  inconnues. 

L'aggloméiration  des  menus  avait  été  inaugurée  par  Marsais 
en  1842. 

La  carbonisation,  en  1855,  produisait  355.000  tonnes  de  coke. 

C'est  du  côté  de  la  ventilation  et  du  grisou  que  les  exploitants 
de  1855  étaient  les  moins  avancés.  Les  premiers  ventilateurs 
mécaniques  furent  introduits  à  la  Chazotte  en  1865.  Pour  l'é- 
clairage, on  ne  se  servait  que  de  la  lampe  Davy,  bien  que  la 
lampe  Mueseler  fût  connue.  En  1907,  on  employait  les  lampes 
«  cuirassées  »  Marsaut,  Fumât,  Wolf. 

La  transformation  des  procédés  d'aérage  se  produisit  après 
les  grandes  catastrophes  du  grisou  et  grâce  aux  travaux  de  la 
Commission  du  grisou,  publiés  en  1882,  aux  travaux  de 
M.  Murgue  sur  la  résistance  des  galeries  et  l'adaptation  du 
ventilateur  à  la  mine,  aux  appareils  de  ventilation  susceptibles 
de  fournir  un  grand  débit  sous  une  grande  dépression,  sans 
augmentation  exagérée  de  dimension,  appareils  dont  les  plus 
répandus  furent  créés  dans  la  Loire  ^Râteau,  Mortier),  à  l'amé- 
nagement préalable  de  galeries  d'aérage  de  grande  section  et 
souvent  de  grande  longueur  entre  les  puits  d'entrée  et  de  sortie 
d'air,  à  l'emploi  de  l'air  comprimé  actionnant  de  petits  venti- 
lateurs secondaires  au  fond,  aux  recherches  de  M.  Paul  Petit 
sur  l'exécution  des  travaux  préparatoires  des  mines  à  grisou. 

Des  mesures  de  précaution  minutieuses  et  méthodiques,  par- 
ticulièrement étudiées  à  Firminy,  ont  notablement  diminué  la 
probabilité  des  inondations  causées  par  les  coups  d'eau. 

Deux  services  paraissaient  à  la  veille  d'une  transformation 
radicale  :  l'abatage  et  le  remblayage. 

Le  havage  mécanique  avait  donné  ]>eu  de  résultats  satis- 
faisants, mais,  en  1908,  on  poursuivait  les  essais  au  moyen  de 
marteaux  perforateuirs  pour  le  creusement  des  coups  de  mine 
ou  de  marteaux  piqueurs  pour  l'i^ihatage  direct  do  la  houille, 
les  uns  et  les  autres  actionnés  par  l'air  comprimé. 

Fie  remblayage  hydraulique  ne  donnait  lieu' encore,  en  1908, 
([u'à  des  applications  très  limitées.  «  La  valeur  thwrmr  dv 
charbon    (iii'i    sithsisir   Kl, //s   Jfi   rilîr   dr   Sn'nitV.t'irtmc   serait    un 


—  864  - 

motif  suffisant  pour  chercher  radiaptation  d'une  méthode  per- 
mettant de  l'extraire  sans  danger  pour  les  constructions  de  la 
surface.  » 

La  généralisation  de  remploi  de  l'électricité  dans  les  mines 
était  un  des  plus  grands  progrès  réalisés  dans  la  période  que 
nous  étudions. 

L'hygiène  du  mineur  enfin  laivait  été  transformée. 

A  l'Exposition  de  Lyon  en  1914,  le  feu  détruisit  le  pavillon 
des  mines.  Mais  le  rapport  de  la  section  IV,  rédigé  par 
M.  Gabaud  et  publié  en  1916,  conserve  le  souvenir  des  objets 
exposés.  Deux  grands  tableaux  montraient  le  poste  central  de 
sauvetage  créé  par  le  Comité  des  Houillères  de  la  Loire,  poste 
où  l'on  dressait  à  l'emploi  des  appareils  respiratoires  deux 
équipes  de  quinze  hommes,  toujours  prêtes  à  renforcer  les 
équipes  spéciales  des  exploitations. 

Le  Comité  exposait  aussi  le  fameux  plan  avec  coupe  géolo- 
gique sur  verre  du  bassin  houiller  de  la  Loire,  de  M.  Perrin, 
géomètre  en  chef  des  Houillères  de  Saint-Etienne.  Il  faut 
déplorer  que  l'incendie  ait  détruit  cette  image  fidèle  et  frap- 
pante de  notre  bassin  houiller  et  qu'on  expose  des  exemplaires 
scientifiques  uniques  de  cette  valeur  dans  des  constructions 
aussi  légères  que  les  bairaquements  d'exposition. 

Les  Compagnies  de  la  Loire,  de  Roche-la-Molière,  de  Mont- 
rambert,  de  Saint-Etienne,  de  la  Péronnière,  de  VilleboB'Uf,  de 
la  Haute-Cappe  prenaient  part  à  l'Exposition.  Les  quatre  pre- 
mières publièrent  des  notices,  analysées  dans  le  rapport  du 
Jury  et  auxquelles  je  ne  puis  que  renvoyer,  les  descriptions 
techniques,  comme  celles  de  l'aménagement  des  puits  par 
exemple,  n'étant  pas  résuimables. 

Ces  documents  présentent  un  intérêt  plus  grand  que  ceux  des 
Expositions  précédentes,  car  il  n'y  aura  plus  de  longtemps 
des  Expositions,  comme  on  en  a  tant  vu  depuis  un  demi-siècle. 
Ensuite  l'Exposition  de  Lyon  a  fixé  l'état  de  l'industrie  au 
moment  de  la  déclaration  de, guerre. 

Statistique  générale.  —  De  1900  à  1913  inclusivement,  le 
maxiinjum  de  la  production  a  été  atteint  en  1900  (3.946.000 
tonnes)  et  le  minimum  en  1902  (3.043.000  tonnes),  année 
marquée  par  une  longue  grève  générale.  Si  l'on  fait  abs- 
traction   de    l'année    1902,    à   cause    de    la    grève,    l'année    la 


-  865- 

plus  faible  a  été  1904  (3.524.000  tonnes).  Je  mniène  les  compa- 
raisons suivantes  auix  deux  termes  extrêmes  de  la  période  : 
1900  et  1913  et  à  Tannée  1904.  L'année  1913  a  été  la  dernière 
année  industrielle  normale.  Le  cadre  des  lapports  des  Ingé- 
nieurs en  chef  changeant  avec  la  nomination  d'un  nouveau 
titulaire,  les  'mêmes  éléments  ne  se  retrouvent  pas  à  deux 
époques  différentes. 


Production     totale     de    la 
houille  (i) 

Production  du  coke 

Production  des  agglomérés. 

Valeur  totale  des  produits 
extraits 


Nombre  d'ouvriers 

Salaire    journalier    moyen 
(fond) 

Salaire    journalier    moyen 
(jour) 

Consommation  d'explosifs. 

Fraction   de   la  production 
brute  passant  au  lavage. 


3.946.000' 
119  332» 
197.555' 

71.250.000f 

19.798 

5  fr.  21 

3  fr.  78 
159.455  kg. 

24,3  «/o 


1904 


3.524.000' 

80.846 t 

213.588' 

61.714.000^ 
18.934 

4  fr.  90 

:\  fr    57 
144.101  kg. 

29,9  'V.. 


191S 


3.775.000' 
169  234'0 
233.720  t(») 

72.442.000  f 
19.679  I*) 

5  fr.  5 1 

4  fr.  07 
178.813  kg. 

350/0 


Accidents  (Nombre  total) 

lîXIO 

l'JOl 

iyi;i 

5.212 
27 

300  ' 
l'.l!»  • 
(lliili    iiiilii|iir 
i8fr.  (ir. 

4.618 
P.) 

282  ' 
isr.  ' 

15  fr.  S'.) 

j]  fr.  ::. 

1.823 

IS 

30  i' 

l'H  ' 

P.»  Ir.  19 

21  ïv.  rJ 

—         (Nombre  de  tués) 

Production  individuelle  (fond) 

Annuelle  (fond  et  jour) 

Prix  moyen  des  charbons  extraits. . . 
Prix  moyen  de  vente  au  commerce. . 

]('^    i|i;mimi(k     il  ;i  II -1 1  inni'S    cii    cnki'--   ri    en    ;i  u.l; '< 'ini' 
'  .'       Don!     :     Cl,'     i\i'     I!,  ,Im'  |;i  Mnlirrr    .'.O.'.s'^  ;     Ci, 

ll'il||||,.|,'        ,|r     St    l'.IIrlilH.     'f'.<M-4>. 


I     >■      cnliiplt'liaill 
l.l       Lnllr       C, ■>■?:.   . 


Cl     I 


!'■    'i'  '    :.       'I.'      I:i       '■'■lollllir'lM'     S0.787     :      llMiiill.Mrs      ,1,.      st    l'.llrlll 

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c-  (  M'     ■  ;. 


I)"iit      li-'  h,'  l;i  \|,.iM'i.-   ',  .,:;'      1,1    I  .  \|.-!,'i,.iii|.,  1 1  :;  ,;:o 

Siiiiii  1 ,1  i.'iiii-  .;  1.1. 1       (  Il  ,  /,  ,1 1,-   I  lu  ;   ,  I  '-  I ,    :    ,       \    ■     !"i  ,ii    .,,  ;.  - 

Oi-iii.  1.1,1  ,1  M,  \  iIi.'Ihi'iii  )  ;,  :,i    (  <         ■ 


—  866  — 

J*ai  indiqué  pour  1913  et  les  années  précédentes  les  prix  de 
vente  moyens  pour  les  principales  Compagnies,  et,  en  1914,  les 
prix  des  différentes  qualités.  Aucune  publication  ne  conserve 
les  prix  par  qualités  à  des  époques  différentes,  comme  le  faisait, 
avant  1896,  le  Bidletin  de  V Industrie  viinéTale. 

Dans  ce  Bulletin,  en  1909  (p.  19),  M.  Siegler  a  décomposé  le 
prix  de  revient  par  tonne  dans  la  même  concession  en  1855,  où 
il  était  de  7  fr.  62.,  et  en  1907,  où  il  était  de  13  fr.  81.  L'aug- 
mentation portait  sur  la  plupart  des  articles.  Elle  était  parti- 
culièrement sensible  sur  certains  d'entre  eux,  comme  les 
fournitures  de  bois. 

M.  Siegler  ajoute  que  le  prix  de  vente  en  1855  dans  le  groupe 
Saint-Etienne  était  de  11  fr.  60  pour  la  houille  vendue  au 
commerce,  et  de  10  fr.  54  si  l'on  tient  compte  des  quantités 
consommées  par  les  mines  ou  carbonisées.  En  1907,  pour  l'en- 
semble du  bassin,  le  prix  global  était  de  17  fr.  90. 

Le  salaire,  en  1862,  était  de  3  fr.  60.  En  1907,  il  était  de 
5  francs,  toutes  retenues  légales  déduites. 

J'ai  exposé  la  crise  de  l'appirentissage  (voir  le  chapitre  sur 
le  régime  des  ouvriers  mineurs)  et  cité  les  coefficients  d'insta- 
bilité en  1900  et  1913.  Il  faut  devenir  mineur  jeune.  Or,  les 
jeunes  gens  ne  descendent  plus  dans  la  mine  qu'en  petit  nombre. 

La  distribution  des  combustibles  de  la  Loire  en  1900  et  1913, 
limitée  aux  départements  et  pays  indiqués  dans  le  rapport  de 
l'Ingénieur  en  chef  pour  1913,  était  la  suivante  : 

1900  0  1913  («) 

Loire.  . 1.524.000  tonnes  1.163.000  tonnes 

Rhône 1.015.000      --  925.000      — 

Isère 366.000      —  247.000      — 

Saône-et-Loire.   . 116.000      —  129.000      — 

Suisse 87.000      —  111.000      — 

Itahe 26.000      —  40.000      — 


(1)  Statistique  de  VIndustriie  minérale, 

(2)  Rapport  de  l'Ingénieur  en  chef  (la  Statistique  de  VIndustrie  mi- 
nérale n'indique  plus,  depuis  1913,  la  distribution  des  combustibles  de 
chaque  bassin). 


-  867  -- 

La  consommation  des  combustibles  par  départements  a  été 
supprimée  de  la  Statistique  de  V Industrie  minérale,  à  partir 
de  1913  inclus,  comme  n'offrant  pas  assez  d'intérêt. 

Le  total  de  la  consommation  du  département  en  1900  repré- 
sentait 1.630.000  tonnes  et  la  valeur  31.438.000  francs  sur  le  lieu 
de  consommation  (19  fr.  28  la  tonne). 

En  1913,  les  charbons  de  Saint-Etienne  ne  représentaient  que 
25  %  des  charbons  consommés  par  Roanne,  qui  était  alimentée 
par  Saône-et-Loire  et  Allier.  Roanne  consommait  même  19.000 
tonnes  de  charbons  belges,  anglais  ou  allemands.  Les  charbons 
débarqués  par  le  canal  représentaient  127.000  tonnes,  les 
charbons  embarqués  par  le  canal  5.000  tonnes  (i). 

La  production  de  la  houille  en  France  était  de  33  millions  de 
tonnes  en  1900,  de  41  millions  en  1912. 

l^  consommation  était  de  48  millions  de  tonnes  en  1900  et 
de  no  millions  de  tonnes  en  1912. 

L'importation  était  de  16  millions  de  tonnes  en  1900  et  de 
20  millions  de  tonnes  en  1912. 


(1)  nnpi^oit   (le  rhiLTiiiciir  m  chef. 


CHAPITRE  X\  II 


RÉGIMES  DES  MINES  ET  DES  MINEURS 

ET    SITUATION    GÉNÉRALE    PENDANT   ET    DEPUIS 

LA  GUERRE  (1914-1921) 

1914 

(Cinq  derniers  mois)  (^) 


OUR  l'ensemble  de  Fannée  1914  la  production  fut 
de  3.329.000  tonnes,  dont  1.167.000  tonnes  seu- 
lement pour  le  second  semestre,  diminution 
amenée  par  les  vides  causés  par  la  mobilisation. 

Le  premier  semestre  avait  étéi  affecté  par  deux 

grèves. 

Production  du  coke  (ensemble;  de  l'année)  :  138.000  tonnes  ; 
des  agglomérés  :  169.000. 

Le  rendement  des  ouvriers  réfugiés  ou  étrangers,  embauchés 
pour  remplacer  les  mobilisés,  fut  en  général  inférieur  à  celui 
de  ces  derniers.  Seuls,  les  mineurs  appartenant  à  l'armée  terri- 
toriale, à  sa  réserve  on  aux  services  auxiliaires  avaient  bénéficié 
d'un  sursis  d'appel. 

La  presque  totalité  de  la  production  fut  réquisitionnée  pour 
les  chemins  de  fer,  pour  les  établissements  de  la  Défense  natio- 
nale et  aussi  pour  approvisionner  les  départements  voisins  (^). 
La  réquisition  totale  cependant  n'intervint  que  plus  tard. 
Jusque-là,  La  métallurgie  dut  s'approvisionner  par  entente  avec 
les  mines.  La  pénurie  de  houille  pour  les  usines  motiva  des 
inquiétudes. 


(1)  Pour  les  sept  premiers  mais,  voiir  pag«  853 

(2)  Mémorial  de  la  Loire,  25  décembre  1914. 


-  869 


1915 


Production  :  3.286.000  tonnes. 

Production  dui  coke  :  138.000  tonnes  ;  des  agglomérés  :  209.000. 

La  production  de  la  houille  était  inférieure  de  11  %  à  celle 
de  1913,  c'est-à-dire  à  la  production  normale.  On  aurait  pu 
craindre  une  diminution  plus  grande.  L'arrivée  des  mineurs  du 
Nord  (1),  d'abord  ,app)elés  sous  les  drapeaux,  puis  mis  en.  sursis, 
et  le  recrutement  de  la  main-d'oeuvre  étrangère  permirent 
d'éviter  ce  résultat. 

La  liberté  des  prix  de  vente  fuit  supprimée  le  l*'  juillet  1915. 
A  cette  date,  les  exploitants  s'engagèrent  à  ne  pas  faire  de 
hausse,  sauf  en  cas  d'a.ugmentation  notable  du  prix  de  revient 
et  avec  l'agrément  du  Ministre  des  Travaux  publics. 

A  fin  décembre  1915,  par  rapport  à  1914,  la  hausse  moyenne 
du  prix  de  vente  était  de  4  fr.  50  environ  par  tonne.  Les  prix 
des  matières  premières  avaient  augmenté  (20  %  sur  les  ma- 
tériaux de  construction,  70  %  sur  les  métaux,  30  %  sur  les 
bois). 

Les  salaires  continuaient  à  être  réglés  par  la  convention  du 
10  juillet  1913.  En  conséquence,  à  partir  du  l*""  juillet  1915, 
ils  furent  augmentés  de  0  fr.  15  par  journée,  en  raison  de  la 
hausse  des  prix  de  vente.  Par  suite  des  heaiires  supplémentaires, 
les  gains  journaliers  augmentèrent  notablement.  L'application 
(le  la  loi  de  huit  heuires  fut  suspendue. 

Par  suite  de  l'apport  de  la  main-d'œuvre  étrangère  et  de 
celle  des  prisonniers  de  guerre,  l'effectif  du  personnel  se  rap- 
prochait de  la  normale  (20  à  21.000). 

Il  y  avait  [>énurie  de  matériel  pour  l'expédition  des  charl)ons 
et  le  transport  des  matières  premières  (bois  pour  les  soutè- 
nements, etc.). 

Au  mois  de  novembre,  une  Société  anonyme  des  Houillères 
de  Dargoire,  au  capital  de  40.000  francs,  fut  constituée  pour 
la  recherche  de  la  hoiiiille  dans  la  concession  de  Tartaras  et  d(! 
Saint-Jean-dc-Toulas,  l'achat  et  l'exploitation  de  cette  con- 
cession, et  éventuclh^Tncnt,  l'obtention  et  rex[)l()itation  d'autres 


(1)  MémoTiiii  (Ir  la  I.olre,  fi  janvier  1915. 

se 


-  8?0  — 

mines.  Le  fondateur  et  l'un  des  premiers  administrateurs  étjadt 
M.   Ghappard,   constructeur-mécanicien   à   Saint-Etienne  (i). 

Vers  la  fin  de  l'année,  l'élévation  du  prix  des  combustibles 
aui  détail  dans  toute  la  Fnance  fit  proposer  la  création  d'un 
Office  central  de  répartition  au  Ministère  des  Travaux  publics. 
M.  Durafour,  député  de  la  Loire,  déposa  un  rapport  sur  ce 
projet.  A  Saint-Etienne,  les  charbons  domestiques,  vendus  de 

3  fr.  75  à  4  fr.  70  les  100  kg.  en  1913,  coûtaient,  fin  1915,  de 

4  fr.  50  à  5  fr.  70.  A  Paris,  le  prix  de  la  tonne  était  monté  de 
75  ou  80  francs  à  120  ou  130  francs.  En  Angleterre,  les  prix  du 
charbon  à  la  mine  étaient  montés  de  13  francs  à  23  et  25  francs, 
le  Gardiff  de  25  à  37  francs,  le  fret  pour  nos  côtes  de  l'Océan 
de  6  francs  à  30  et  45  francs,  et,  pour  la  Méditerranée,  de 
10  francs  à  50-55  francs.  Le  long  stationnement  sur  les  navires 
en  attendant  le  déchargement,  l'éléivation  du  change  portaient 
le  prix  de  la  tonne  anglaise  de  30  à  70  francs  et  même  davantage. 
Pour  les  livraisons  au  détail,  la  bonne  main-d'œuvre  était  in- 
trouvable. Les  chevaux  et  leur  alimentation  avaient  doublé  de 
prix.  La  hausse  de  10  francs  par  tonne  dans  la  vente  au  détail, 
à  Saint-Etienne  même,  n'avait  rien  que  de  très  naturel  P). 

Un  décret  du  20  avril  1915  prorogea  les  délais  pour  les  re- 
cherches minières.  La  loi  du  17  août  1915,  dite  loi  Dialbiez,  sur 
la  répartition  et  l'utilisation  des  mobilisés  et  des  mobilisables, 
fut  suivie  d'une  instruction  du  18  septembre  concernant  les 
houillères,  et  d'une  instruction  du  19  septembre  pour  les  usines 
de  l'armement.  Les  hommes  ayant  justifié  de  l'exercice  de  la 
profession  de  mineur  pendant  six  mois  au  moins  pouvaient 
être  laiffectés  aux  exploitations.  Geux  qui,  sans  réunir  cette  con- 
dition, y  étaient  détachés,  pouvaient  être  maintenus  sur  l'avis 
d'une  Gommission  mixte,  présidée  par  l'Ingénieuir  en  chef  ou 
son  délégué. 

L'exportation  de  la  houille  et  du  coke  fut  prohibée  à  dater 
du  7  septembre,  par  le  décret  duj  3  septembre  1915  et  sauf 
autorisation  spéciale. 


(1)  Loire  républicaine,  19  novembre  1915. 

(2j  Voir,  dans  la  Triburue,  journal  die  Saint-Etienne,  des  13,  15  et 
23  décembre  1915,  un  extrailt  du  rapport  de  M.  Durafour  et  les  polémi- 
ques auxquelles  donnèrent  lieu  les  affirmations  qui  y  sont  contenues. 


871  — 


1916 


Production  :  3.603.000  tonnes. 

Production  du  coke  :  193.000  tonnes  ;  des  agglomérés  :  237.000. 

La  production  de  la  houille  était  supérieure  de  316.000  tonnes 
à  celle  de  1915,  mais  inférieure  de  41.000  tonnes  à  celle  de  1913, 
dernière  année  normale,  toujours  à  cause  de  l'insuffisance  de  la 
main-d'œuvre.  Cependant,  aux  mobilisés  renvoyés  à  la  mine 
et  aux  prisonniers  de  guerre,  les  Compagnies  avaient  adjoint 
des  Espagnols,  Arabes,  Marocains,  etc..  Ce  personnel,  recruté 
en  abondance  et  amené  à  grands  fmis,  se  montrait  très  instable. 
Malgré  les  engagements  pris,  beaucouip  de  ces  ouvriers 
quittaient  la  mine  pour  aller  travailler  dans  les  usines  ou  pour 
émigrer  dans  d'autres  régions.  Mal  entraîné,  d'ailleurs,  à  un 
travail  régulier,  ce  personnel  ne  donnait  qu'un  rendement  très 
faible. 

Le  manque  d'éitais  pour  les  travaux  souterrains  entravait  aussi 
la  production.  Dépourvues  de  bois  de  mines,  les  exploitations 
houillères  vivaient  au|  jour  le  jour. 

La  production  fut  absorbée  par  les  réquisitions  et  les  usines 
de  l'Armement.  Le  surplus  était  très  souvent  insuffisant  pour 
pourvoir  à  la  consommation  privée. 

Une  loi  du  22  avril  1916  permit  au  Ministre  des  Travaux 
publics  de  taxer  les  charbons,  soit  sur  le  carreau  de  la  niiuc, 
soit  à  l'importation,  de  taxer  également  le  fret  d'Angleterre  en 
France  sous  pavillon  national,  d'exercer  le  droit  de  réquisition 
pour  l'approvisionnement  de  l'industrie  privée  et  de  la  popu- 
lation civile  (1). 

Un  décret  intervint,  le  27  mai,  pour  les  frets  ;  des  airrêtés,  les 
31  mai,  15  et  29  juin  pour  les  charbons  importés,  le  8  août  poui 
If's  f'li;irl)()ns  importés  et  les  charbons  français.  Le  chaihon  de 
S;iinM;f icfinc  fut  taxé  de  31  à  47  fr.  50  la  toruu»,  suivant  (iiiali- 
'•      ;  I'    (  h.iihon  de  Rive-de-Gier,  de  35  à  r)()  francs. 

l-i  II  iM.se  des  prix,  en  1916,  fut  de  4  fr*.  r.o  |>ar  tonne,  ce  (pii 
(M»rlait  a,  '.)  francs  ]>ar  wagon,  à  la  nnnc,  la  hausse  tola.Ui 
nioycrint'  pai*  i-ai)|H)it  a,  l'.)i4. 


M      l,;i     riil,n/,r    dr-    ',    |;iii\if]     l'Mf,  r|    p^iir     •ii,\:i!il.   :i    iv|  ir.  mI  ii  1 1    I,'    1. 
(liscoins    (le    M.    DiiLifiMir     a^'imtc,    dati^    |;i   d  iscii.ssioii    dr    .rit,,    hd, 


—  872  — 

Les  prix  des  matières  premières  avaient  augmenté,  pair 
rapport  à  1914,  de  70  à  80  %  pouo*  les  métaux,  de  100  %  pour 
les  bois  de  mines. 

Les  ouvriers  continuèrent  à  accepter  sans  résistance  les  heures 
de   travail   suppliéimentaires  qui    leur  étaient   demandées.    Un 
accord  fut  conclu,  le  29  avril  1916,  devant  le  Préfet  par  les  Di- 
recteurs des  Compagnies  et  la  Fédération  des  Mineurs.  A  partir 
du  1®*"  mai  1916  et  jusqu'aui  dernier  jour  du  sixième  mois  qui 
suivrait  la  cessation  des  hostilités,   les  mineurs  recevraient   : 
1"  une  allocation  de  0  fr.  50  par  journée  de  travail  pokr  tous 
les  ouvriers  (femmes  et  enfants  compris)  de  l'intérieur  et  de 
l'extérieur  ;  2"  une  gratification  de  0  fr.   10  par  journée  de 
travaiil  pour  chaque  enfant  de  moins  de  treize  ans,  à  tout  chef 
de  famille  ne  recevant  pas  pour  ses  enfants  l'allocation  mili- 
taire on  l'allocation  des  réfugiés.  La  Préfecture  espérait  que  le 
prix  de  la  vie  ne  s'aggraverait  pas  au  point  qu'il  faille  s'en 
préoccuper  aijne  nouvelle  fois  pour  la  corporation  minière  (ij. 
Le  11  juin  1916,  les  mineurs,  dans  une  réunion  à  la  Bourse  du 
Travail,  en  regrettant  que  l'augmentation  n'ait  pas  été  plus 
grande,   s'engagèrent   «  à  continuer  à  faire  touit  leur  devoir 
envers  la  Nation,  à  leur  poste  de  travail  qui,  pour  eux,  est 
leur  poste  de  combat  (2;  ». 

Le  6  décembre,  les  mineurs  présentaient  une  nouvelle  de- 
mande d'augmentaition  de  0  fr.  75  par  journée,  à  cause  de 
l'augmentation  du  prix  de  la  vie  et  de  la  majoration  des 
charbons,  survenoie  en  août  1916.  Une  première  demande,  le 
23  août,  n'avait  pas  été  admise  (3). 

Au  mois  de  janvier  1916,  un  Congrès  national  des  mineurs, 
aul  sujet  de  l'application  de  la  loi  des  retraites,  fut  convoqué 
à  Paris. 

Je  renvoie,  pour  les  observations  techniques,  au  rapport  de 
l'Ingénieur  en  chef. 

La  demande  de  concession  de  mine  de  charbon  dans  la  région 
de  Mions  (Isère),  déposée  le  22  juin  1914,  était  encore  soumise 


(1)  Communication  à  la  Presse  [Mémorial  du  30  avril  1916). 

(2)  Tribune,  12  juin  1916. 
(3}  Ibid.,  11  décembre  1916. 


—  873  — 

à  l'enquête  réglementaire.  Le  maire  de  Lyon,  M.  Herriot,  de- 
mandait que  cette  piM>cédure  fût  activée  (i).  La  houille  «  était 
aux  portes  de  Lyon  »,  mais  Lyon  manquait  de  houille  parce 
qu'en  guerre  on  appliquait  les  formules  administratives  du 
temps  de  paix. 

Un  décret  au  3  juin  1916  réduisit  les  périmiètres  des  con- 
cessions de  Ternay  et  de  Communay  (Isère). 

La  loi  de  finances  du  30  décembre  1916,  art.  7,  doubla  les 
taxes  de  lia.  redevance  des  mines. 

Une  circulaire  du  21  février  1916  modifia  la  procédure  insti- 
tuée par  la  circulaire  du  8  octobre  1915  pour  la  miise  en  sursis 
d'appel  des  ouvriers  mineurs. 

Dans  le  second  semestre,  le  Comité  des  Forges  de  la  Loire 
organisa  un  service  d'importeiition  de  charbons  anglais  dont  la 
Compagnie  des  Aciéries  de  la  Marine  centralisa  les  éléments, 
la  comptabilité  et  les  mouvements  de  caisse,  très  considérables. 
En  cours  d'année,  le  Comité  prit  en  location  des  sections  de 
camions  automobiles  prêtés  par  l'Etat,  pour  son  approvision- 
nement aux  mines  de  la  Ivoire.  En  fin  d'année,  il  se  préoccupa 
de  l'importation  des  charbons  américains,  à  oauise  de  la  diffi- 
culté de  se  procurer  des  charbons  anglais. 

1917 

Production  de  la  houille  :  4.530.000  tonnes. 

Production»  du  coke  :  253.000  tonnes  ;  des  agglomérés  :  158.000. 

On  remit  en  activité  des  concessions  inexploitées  :  en  1915, 
la  F^araillère,  exploitant  :  M.  Tardy  ;  en  1916,  Monthieux,  à 
MM.  de  Rœhetaillée  ;  le  Reclus,  exploité  par  la  Société  des 
Mines  du  Reclus  ;  en  1917,  Reveaix  par  la  Société  des  Houil- 
lères de  Saint-Etienne  ;  Crozagaque  et  le  Mouillon  [>ar  la 
Société  nouvelle  des  Charbonnages  du  Gier  ;  Coulouix  h. 
M.  Hercelin  ;  Trémolin  à.  M.  Gardon  ;  Tartanis  et  Saint-.Jean-de- 
Touhus  k  M.  Verney  ;  Combes  et  Egarande  à  MM.  Guillot  &  C'^ 

Viir  contre,  la  Favergc  (Société  de  la  Hauite-C^apîTo)  était  mise 
OUI  chômage  en  1917  ;  le  Couloux,  Trémolin,  Gourd-Marin 
l'avaient  été  en  1914. 


(1)  N(nn  rin  ir  ^Ir  I  >inït,  24  aoûl,  |!)I0. 


—  874  — 

Il  fallait  du  charbon,  on  en  glanait  dans  les  antiques  mines 
ril)andonniées.  Les  voyageurs  voyiaient  avec  surprise  o^ivrir  des 
fendues  jusqu'aui  bord  des  routes.  Des  chevalements  de  mines, 
en  lK>is,  d'une  architectuire  sommaire  et  primitive,  s'élevaient 
sur  les  coteaux.  On  était  étonné  de  voir  le  précieux  combus- 
tible extrait  d'affleurements  jusque-là  dédaignés. 

Ce  fuirent  naturellement  les  grandes  Compagnies  qui  augmen- 
tèrent de  beaucoup  la  production  :  Roche-la-Molière  i. 085.000 
tonnes,  au  lieu  de  895.000  ;  Montrambert  882.000,  am  lieu  de 
683.000  ;  la  Loire  1.007.000,  au  lieu  de  746.000  ;  les  Houillères 
de  Saint-Etienne  913.000,  au  lieu  de  742.000  ;  Monthieux,  le 
Reclus,  Grozagaque  et  le  Mouillon,  Gouloux,  Trémolin,  Tartaras 
et  Saint- Jean-de-Tou las  donnèrent  près  de  5.000  tonnes,  dont 
3.600  pour  Monthieux,  880  pour  le  Reclus,  323  pour  Grozagaque 
et  le  Mouillon.  La  Baraillère,  Gombes  et  Egarande  figurent  par 
des  guillemets  dans  la  statistique.  Reveux  est  compris  dans  la 
production  des  Houillères  de  Saint-Etienne. 

Gette  surproduction  de  927.000  tonnes,  réclamée  depuis 
longtemps  par  les  besoins  de  la  Défense  nationale  —  le  Nord 
était  envahi  ou  sous  le  feui  de  l'ennemi  et  les  navires  char- 
bonniers anglais  décimés  par  le  torpillage  —  fut  réalisée  grâce, 
à  un  afflux  suffisant  de  main-d'œuvre,  à  un  régime  régulier 
d'heures  supplémentaires,  à  l'ajournement  des  travaux  neufs 
qui  pouvaient  attendre  la  fin  des  hostilités. 

L'effectif  a^tteignait  25.842  ouvriers,  dont  16.990  à  l'intérieur, 
soit  6.163  ouvriers  de  plus  qu'en  1913. 

Le  prix  de  toutes  les  matières  premières  consommées  par  les 
mines  ayant  augmenté  considérablement  et  les  salaires  ayant 
augmenté  aussi,  l'appirovisionnement  n'ayaint  pu  se  faire  qu'avec 
de  grandes  difficultés,  les  prix  des  charbons  furent  revisés  trois 
fois  au  cours  de  1917,  par  des  arrêtés  ministériels  : 

1"  Le  20  janvier  pour  le  bassin  de  Samt-Etienne  et  le  4  mars 
pour  la  Haute-Gappe  et  la  Péronnière  :  1  franc  de  majoration 
par  tonne  ; 

2"  Le  22  novembre  1917  pour  les  livraisons  faites  depuis  le 
l*""  octobre  :  majoration  de  1  franc  à  2  fr.  50,  suivant  les  Com- 
pagnies ;  cette  majoration  était  portée  à  6  francs  pour  Vil- 
lebœuf  ;  à  4  francs,  puis  à  7  francs  pour  Janon-Terrenoire 
(31  décembre).  Ges  majorations  se  superposaient  aux  prix  des 


~  875  — 

boulets  et  briquettes,  majorés  eux-mêmes  de  4  francs  et  de 
t5  francs.  Le  Ministre,  après  s'être  renseigné  sur  les  prix  de 
revient  des  différentes  mines,  accordait  des  augmentations 
variables  de  T'ume  à  l'autre. 

3°  Le  31  décembre  1917,  majoration  nouvelle  de  1  franc  pour 
Roche-la-Molière,  de  2  francs  pour  le  Gros. 

Pour  les  exploitations  produisant  mensuellement  moins  de 
1.000  tonnes,  une  xlécision  du  10  novembre  autorisa  l'Ingénieur 
en  chef  de  l'arrondissement  minéralogiquie  à  relever  les  prix 
de  6  francs  au  maximum,  10  francs  pour  les  agglomérés.  Une 
décision  du  5  janvier  19'18  autorisa  une  nouvelle  majoration 
de  3  francs. 

Une  circulaire  ministérielle  du  29  avril  1917  organisa  un 
Comité  de  répartition  pour  régulariser  et  contrôler  les  ventes. 
Ce  Comité  était  présidé  par  l'Ingénieur  en  chef  et  se  réunissait 
à  la  fin  de  chaque  mois.  Chaque  Compagnie  continuait  à  re- 
cevoir directement  pendant  le  mois  les  commandes  de  ses 
clients.  Le  Comité  comparait  tous  les  programmes  de  livraisons 
et  les  modifiait  au  besoin.  Les  livraisons  n'étaient  effectuées 
qu'après  ce  contrôle. 

A  la  date  du  l^'"  août  1917,  le  Ministère  de  l'Armement  et  des 
Fabrications  de  guerre  org^anisa,  en  remplacement  de  ce  sys- 
tème de  répartition  régionale,  un  organisme  à  plusieurs 
échelons  ayant  à  sa  tête  le  Bureau  national  des  Charbons,  qui 
fixait,  pour  chaque  collectivité,  un  contingent  de  charbons  à 
provenir  d'un  arrondissement  ou  de  plusieurs  arrondissements 
minéralogiques  déterminés.  L'Ingénieur  en  chef,  ayant  sous  ses 
ordres  un  Bureau  régional,  désigrnait  les  mines  livnancières.  La 
collectivité  passait  les  ordres  de  livraison  aniK  mines  ix)ur 
chaque  consommateur.  Ces  collectivités  répartitrices  étaient 
les  suivantes  : 

i"  Pnéfets  (Office  départemental  des  charbons)  pour  le  chauf- 
fage domestique,  les  services  publics,  hi  petite  et  moyenne  in- 
dustrie, le  petit  et  moyen  commerce  (consommation  mensuelle 
(le  moins  de  20  tonnes)  ; 

2*^  Chambres  de  Commerce,  pour  la  grande  industritî  vi  le 
grand  commerce  (consommation  mensuelle  de  20  tonnes  et  au- 
dessus)  ; 


-  876  — 

3°  Groupe  Intendance-Santé  (fournisseurs  de  ces  deux  ser- 
vices) ; 

4"     Groupe    de    l'Armement    (usines    traviaillant    pour    la 
guerre)  (i)  ; 
5°  Intendance  (Hôpitaux  et  Corps  de  troupe)  ; 
()"  Usines  à  gaz  et  usines  productrices  d'électricité'  ; 
7"  Navigation  et  routes  ; 

8°  Chemins  de  fer  et  usines  productrices  de  coke  (alimentés 
sur  ordres  directs  du  Bureau  national). 

Les  prix  des  charbons  destinés  à  l'industrie  (sauf  la  petite 
industrie)  furent  majorés  d'une  taxe  de  péréquation  de  20  à 
35  francs  par  tonne,  suivant  le  département,  ou  profit  d'une 
Caisse  nationale  gérée  par  rAdministration  des  Chemins  de 
Fer  de  l'Etat.  Cette  taxe  avait  pour  but  de  diminuer  le  prix 
de  vente  des  charbons  anglais. 

Le  Préfet,  M.  Lallemand,  prit  le  3  à.oût  un  arrêté  pour  ré- 
glementer la  vente  au  comptant  sur  le  carreau  de  la  mine  et 
la  cirouilation  du  charbon.  A  partir  du  16  août,  la  vente  était 
soumise  à  la  formalité  préliminaire  d'une  demande  adressée 
au  Maire  et  d'une  autorisation  écrite  fixant  la  quantité  accordée. 
La  Municipalité  de  Saint-Etienne  publia  des  dispositions  en 
conséquence  pour  la  vente  des  charbons  destinés  aiutx  usages 
domestiques,  dispositions  qui  précédèrent  l'institution  de  la 
carte  de  charbon  (2). 

Le  système  des  organismes  de  répartition,  édicté  par  circulaire 
du  3  juillet  et  par  une  instruction  du  12  juillet  diu  Sous- 
Secrétariat  de  l'Armement  et  des  Fabrications  de  guerre,  fonc- 
tionna à  plein  à  partir  du  l*""  octobre  1917.  Il  fut  précédé  d'un 
recensement  de  la  consommation  industrielle.  Déjà  un  décret 
du)  22  mai  avait  ordonné  de  déclarer  les  stocks  de  plus  de 
i.OOO  kg.  existant  dans  les  magasins  ou  caves  des  particuliers. 
Un  décret  du  11  juin  avait  suspendu  la  distribution  du  gaz 
à  certaines  heures,  restreint  la  circulation  de  l'eau  chaude  dans 
les  immeubles,  chargé  les  ingénieurs  du  contrôle  de  l'énergie 


(1)  Ces   groupes  étaient  constitués   par   régions  militaires.    La  Loire 
faisait  partie  du  Groupement  XIIL 

(2J)  Voir  les  journaux  des  8  et  15  août. 


—  877  - 

électrique  de  rechercher  les  industriels  qui  pouvaient  substi- 
tuer, sans  transformation  importante,  la  force  électrique  aux 
moteurs  à  vapeur. 

Les  charbons  de  la  Loire,  par  suite  du  nouveau  système  de 
répartition,  furent  distribués  dans  une  vingtaine  de  dépar- 
tements alimentés,  en  partie,  par  des  charbons  d'aïutres  bassins 
ou  pair  des  charbons  anglais.  Les  groupements  des  industries  de 
l'Armement  qui  reçurent  des  charbons  de  la  Loire  portaient  les 
numéros  des  régions  militaires  10,  11,  13,  14,  18,  19. 

Le  recensement  fit  connaître  que  les  industriels  de  la  Loire 
du  Groupement  13  avaient  besoin  de  130.000  tonnes  ;  la  collec- 
tivité «  grande  Industrie  et  grand  Commerce  »,  desservie  par 
la  Chambre  de  Commerce  de  Saint-Etienne  (arrondissement  de 
Saint-Etienne),  de  15.000  tonnes,  dont  5.000  pour  les  verreries  ; 
le  petit  commerce  et  la  petite  industrie,  de  3.685  tonnes,  non 
compris  le  combustible  pour  le  chauffage  des  ateliers,  magasins 
et  bureaux. 

Or,  dès  le  mois  de  novembre,  les  premiers  furent  contingentés 
a  80.000  tonnes,  les  seconds  à  9.000  tonnes,  les  troisièmes  à 
2.500  tonnes.  Le  mois  suivant,  les  contingents  furent  encore 
plus  réduits  (7.000  tonnes  pour  la  grande  industrie  et  le  grand 
commerce).  Il  est  vrai  que  le  Bureau  régional  accordait  quelques 
secours  individuels  ou  allocations  supplémentaires,  surtouit  en 
charlx>ns  inférieurs.  Une  catégorie  intermédiaire  «  Moyenne 
industrie  et  moyen  commerce  »  (consommation  mensuelle  de 
in  ;i  :^o  tonnes)  fut  créée  ultérieurement  et  desservie  par  l'Office 
(irparfcmentail,  et  ensuite,  à  partir  du  milieu  de  1918,  par  les 
(ihanibres  de  Commerce. 

îvcs  marchands  de  charbons  craignaient  de  voir  leur  com- 
merce supprimé.  Ils  servirent  d'intermédiaires  pour  la  réception 
et  le  paiement  des  livraisons  attribuées  à  leurs  clients,  quand 
ceu'x-ci  y  consontfuent.  f^s  mamhands  au  détail  furent  les  dé- 
posil;iiF('<  (lu  cluubon  destiné  au  chauffage  domestique.  I^a 
(Ville  (le  eh;!  thon  délivrée  par  la  ville  de  SnJni-l^tieiiiif  iii(li(|iiaif, 
à  C4;ttu  éiHMHie,  à  (jiiel  déixM,  riiabitant  devait  prendre  son 
charbon. 

A  lilr-e  de  renseignement,  voici  la,  répartition  faite  en  dé- 
cenihrc  r.d:  par  le  Bureau  ré'jional  de  Saint  l'Jieniir,  dii'iué 
i>ar  le  capitaine  C^'ien,  délégué  de  ringénioureii  chef  {\v>  M  nies, 


—  878  — 


des  322.000  tonnes  produites  mensuellement  dans  l'arrondis- 
sement minéralogigue  de  Saint-Etienne,  qui  comprenait  alors 
la  Loire  et  le  Rhône  (l)  : 


1"  Préfets,  foyers  domes- 
tiques, besoins  municipaux 

2°  Usines  à  gaz  et  élec- 
tricité  

Total 

par 

Catégories  (') 

Dont  pour  le 

département 

de  la  Loire 

Observations 

46.100  t. 

30.545 
100.000  Ç-) 

6.720 
97.170  (») 

5. MO 

4.760 

8.590 

1.300 

200 

920 

13.070 

7.600 
350 

14.500 
4.050 

a 

» 

)) 

2.680 

990 

3.500 
800 

» 

80 

7.200  (^) 

1.900 

» 

(1)  Chacune  de    ces 
catégories  existe  dans 
les    19    départements 
qui  reçoivent  des 
charbons    de    l'arron- 
dissement minéralogi- 
que.    -  En    outre    cet 
arrondissement,  four- 
nit 300  t.  à  la  Suisse  et 
375  t.  à  Monaco. 

(2)  Ces  100.000 1.  sont 
réparties  :  50.000  P.-l.-M. 

28.(HK)  Est. 
22.1)00  P.O. 

(3)  Ces  groupements 
sont  constitues  par  les 
industriels    et  corres- 
pondent aux   régions 
militaires  10,  11,13,  14 
18,  19.  Le  groupement 
13  fl3«   région)    reçoit 
51.870  t.   non  compris 
ce    que    lui    envoient 
d'autres    arrondisse- 
ments minéralogiques 
et  ce  qu'il  est  autorisé 
à  importer  en  France. 

(4)  Dont   7.000  pour 
la  Chambre  de  Saint- 
Etienne;  la  Chanabre  de 
Roanne  est  alimentée 
en    majorité    par  l'ar- 
rondissement minéra- 
logique  de  Chalon-sur 
Saône. 

3"  Chemins  de  fer 

4°   Industries  de   l'Arme- 
ment : 

Etablissements  de  l'Etat. 

Groupements  régioiiaux.. 

Usines  électriques  (pour 
l'Armement) 

5°  Intendance  : 
Armée  (troupe)  et  Santé 
(Hôpitaux) 

Industriels    (  du    Groupe 
Intendance-Sa'nté). ....... 

Battages 

Marine  militaire     .   . 

6°  Navigation 

7°  Industrie  et  Commerce; 

Chambres  de  Commerce 
(grande  industrie  et  grand 
commerce) 

Petite    industrie  et  petit 

commerce 

Sucreries,  distilleries 

322.435  t. 

35.700  t. 

L'attribution  de  51.000  tonnes  au  Groupement  XIII  d^s  in- 
dustries de  l'Armement  ne  représentait  qu'une  partie  des 
clmrbons  consommés  par  ce  groupement,  qui  jouait  le  rôle 
d'imiportateuir  de  charbons  étrangers,  achetait  des  bateaux, 
installait  des  estacades  dans  les  ports,  centralisait  les  paie- 
ments, etc.  Le  mouvement  de  fonds  de  ce  groupement,  géré  par 
la  Compagnie  des  Aciéries  de  la  Marine,  roula  sur  plus  de 
150  millions. 


(1)  Tableau  non  ofiiciel. 


—  879  — 

La  répartition  naturelle  de  la  production  du  Bassin  de  Saint- 
Etienne  était  donc  notablement  modifiée  par  l'intervention  du 
Bureau  national  des  charbons.  Les  charbons  convenant  parti- 
culièrement à  la  métallurgie  lui  étaient  réservés  et  expédiés 
plus  loin  que  d'ordinaire.  Ils  étaient  remplacés  pour  le  chauf- 
fage domestique,  dans  la  zone  naturelle  de  vente  du  Bassin  de 
la  Loire,  sinon  dans  la  région  houillère  de  la  Loire,  par  des 
charbons  particulièrement  désignés  pour  cet  usage,  mais  venant 
de  bassins  éloignés. 

Pou'r  tenir  compte  de  l'aggravation  du  prix  de  la  vie,  une 
convention  pour  les  salaires  fut  conclue  le  23  janvier  1917,  avec 
rétroactivité  à  partir  du  T""  janvier  1917.  Les  augmentations 
suivantes  étaient  accordées  jusqu'à  la  fin  du  sixième  mois  après 
la  cessation  des  hostilités  : 

1^  Augmentation  de  0  fr.  30  de  l'allocation  de  0  fr.  50  ac- 
cordée le  29  avril  1916  pour  tout  le  personnel  ouvrier  (0  fr.  80 
au  total)  ; 

2"  Gratification  des  chefs  de  famille  doublée  et  portée  dès 
lors  à  0  fr.  20  par  journée  de  travail  pour  chaque  enfant  de 
moins  de  13  ans  à  leur  charge  ; 

3°  Le  paiement  de  la  prime  d'assiduité  accordée  en  1915 
(5  fr.  pour  l'intérieur,  3  fr.  pour  rextérieur)  devait  s'effectuer 
par  quinzaine  et  non  par  mois.  Cette  prime  était  accordée  aux 
ouvriers  maies  de  plus  de  16  ans  qui  auraient  travaillé  ion- 
les  jours  de  la  quinzaine  précédente,  sauf  les  jours  de  cliù- 
mage  indiqojés  par  la  Direction.  La  moitié  de  la  prime  devait 
être  payée  à  ceux  qui  n'auraient  manqué  qu'un  jour. 

A  partir  du  l'''"  juin  1917,  ufne  indemnité  de  cherté  de  vie  de 
1  fr.  50  pour  les  ouvriers  des  deux  sexes  (1  fr.  pour  ceux  de 
moins  de  16  ans)  fut  allouée  par  journée  de  présence,  quelle 
que  soit  la  durée  de  la  journée  (accord  du  28  juin). 

Ce  fut  —  on  se  le  rappelle  —  en  cette  année  1917  que  le  prix 
de  la  vie  subit  une  hausse  formidable,  auprès  de  laquelle  celle 
des  deux  années  précédentes  était  modeste.  Si  on  représente 
IHir  i  le  prix  de  la  vie  en  1914,  ce  prix  était  de  1,2  en  1915,  do 
1,4  en  1916,  de  1,9  en  1917.  Il  devait  atteindre  2,7  en  191S  et 
dépasser  3  en  1919  (l). 


(1)  nullctin   du.  mnUli-rc  du  Travail   {\i\\c\o\\    1hil\c(\n   de  l'Offlre  du 
rrava.il),  juin-a/Ofill  1919,  p.  291. 


—  880  — 

Il  y  eut  un  Congrès  des  Mineurs  à  Paris,  fin  mars  1917.  11 
envisagea  la  suspension  du  travail  —  en  pleine  guerre  !  — 
«  au  cas  oii  il  ne  serait  tenu  aucun  compte  de  ses  revendi- 
cations »,  qui  concernaient  surtout  le  relèvement  des  salaires. 
Le  prix  de  la  vie,  lit-on  dans  une  délibération  des  mineurs  syn- 
diqués de  Saint-Etienne,  a  augmenté  de  100  à  110  %,  tandis 
qjue  les  augmentations  obtenues,  toutes  primes  comprises,  ne 
représentent  que  23  '%  (i). 

En  novemibre,  M.  Duranton,  secrétaire  de  la  Fédération  régio- 
nale, lançait  un  appel  pour  la  formation  d'une  coopérative 
minière,  dont  le  capital  devait  être  constitué  par  des  actions 
de  40  francs  et  qui  devait  ci^r  des  suoouirsales  dans  les  localités 
ayant  un  Syndicat.  Une  autre  coopé'rative  se  montait  à  Firminy, 
avec  les  mêmes  statuts.  «  Il  est  inutile,  disait  cet  appel,  que 
nous  obtenions  des  augmentations  de  salaires,  si  nos  augmen- 
tations ne  servent  qu'à  remplir  les  coffres-forts  d'une  bande  de 
gens  qui  n'ont  pas  honte  "d'édifier  des  fortunes  sur  la  misère 
du  peuple  qui  travaille  et  produit  tout  P).  » 

«  Par  solidarité  »  avec  les  métallurgistes,  les  mineurs  firent 
grève  le  5  décembre.  La  grève  des  métalluirgistes  —  ouvriers 
de  l'Armement  —  était  motivée  par  le  renvoi  au  dépôt  de  son 
régiment  du  syndicaliste  Andrieux.  Le  Ministre  de  l'Armement 
relaxa  Andrieux. 

On  trouve,  dans  le  rapport  de  l'Ingénieur  en  chef,  un  tableau 
des  dividendes  distribués  par  les  Compagnies  de  1908  à  1916, 
et  la  proportion  de  ce  dividende  par  tonne  extraite.  L'augmen- 
tation était  sensiblement  inférieure  à  celle  dui  prix  de  toutes 
choses  et  à  l'augmentation  des  salaires.  Voici  un  relevé  de 
cette  proportion,  qui  montre  l'inégalité  des  profits  par  entre- 
prises : 

1913  1914  1915  1916 

Roche-la-Molière 3,61 

Montrambert 3,74 

Loire 0,77 

St-Etienne 2,99 

Péronnière 4,89 


3,75 

4,47 

6,06 

3,99 

4,57 

4,44 

0,87 

1,25 

1,82 

3,34 

3,26 

3,12 

4.52 

4,97 

5,37 

(1)  Voir  les  journaux  locaux,  28  mars  et  16  mai  1917. 

(2)  Tribune  du  5  novembre  1917. 


—  881  — 

Je  renvoie  au  rapport  de  l'Ingénieur  en  chef,  pour  les 
observations  techniques. 

1918 

Production  de  la  houille  :  4.918.000  i)onnes. 

Production  du  coke  :  287.000  tonnes  ;  des  agglomérés  :  213.000, 

La  concession  de  la  Sibertière  fut  remise  en  activité  à  la  fin 
de  l'année,  les  concessions  de  la  Bairaillère  et  du  Gouloux  furent 
miises  en  chômage.  Un  décret  du  8  mars  autorisa  l'amodiation 
de  la  concession  de  Combes  et  Egarande.  Un  autre  décret  du 
26  janvier  autorisa  la  mutation  de  propriété  de  la  concession 
des  mines  de  houille  de  Tartaras  et  de  Saint-Jean-de-Toulas 
par  la  Société  nouvelle  de  Trèves-Saint-Romain,  à  M.  Henri 
Verney. 

A  la  Compagnie  des  Mines  de  Saint-Chamond,  dont  les  Aciéries 
de  la  Marine  se  rendirent  acquéreurs  d'un  grand  nombre 
d'actions,  M.  Duc,  directeur,  fut  remplacé  par  M.  Gras,  ingé- 
nieur de  l'Ecole  des  Mines  de  Liège. 

La  production  dépassait  de  plus  de  1  million  de  tonnes  celle 
de  1913.  Le  nombre  des  ouvriers  était  de  26.000,  dont  17.000  à 
l'intérieur. 

I^  régime  de  répartition  et  de  contingentement^  mis  en 
viguieur  en  1917,  continua  à  être  appliqué  en  1918.  Les  prix  de 
vente  continuèrent  à  être  fixés  par  des  arrêtés  ministériels  : 
un  premier  arrêté  fixant  pour  chaque  Compagnie  une  majo- 
ration uniforme  du:  prix  de  la  tonne,  un  second  arrêté  fixant 
les  prix  définitifs  de  vente  maxima,  par  qualité,  dans  chaque 
Compagnie.  Ce  dernier  arrêté  majorait  le  taux  d'afnigmentation 
pour  les  premières  sortes  de  charbons.  Il  réduisait  ce  taux  pour 
les  sortes  inférieures,  de  manière  qu'étant  donnés  les  tonnages 
respectifs  des  diverses  Compagnies  et  l'augmentation  du  prix 
de  la  tonne  appliquée  à  chacune  d'elles,  l'accmissement  des  re- 
cettes de  la  mine  reste  celmi  découlant  du  premier  arrêté. 

Trois  arrêtés  des  22  mars,  19  septembre  et  25  novembre  aug- 
mentèrent le  i)rix  de  la  tonne  uniformément  pour  chaque  mine, 
mais  avec  tamx  variant  d'une  mine  à  l'autre.  Les  effets  suixîr- 
posés  de  ces  trois  hausses  furent  compris  pour  les  mines  de 
Saint-Etienne  entre  10  fr.  30  et  17  fr.  50  de  hausse  par  tonne. 
D'autres  arrêtés  pris,  soit  k  la  même  date  que  l'arrêté  de  ma- 
joration, soit  à  des  dates  différentes,  fixèrent  les  prix  définitifs. 


Un  décret  du  4  octobre  1918  concerniaiiit  la  vente  au  détail  des 
combustibles  :  faculté  pour  les  préfets  de  réglementer  cette 
vente,  de  fixer  les  prix  au  déUiil  et  d'instituer  des  cartes  de 
combustible  ;  obligation  pour  les  détaillants  d'afficher  les  prix, 
de  délivrer  à  touit  acheteur  une  facture  ou  bordereau  de  li- 
vraison, de  justifier  de  ses  opérations  aux  représentants  de 
l'autorité. 

A  cause  de  la  cherté  de  la  vie  et  après  bien  des  pourparlers, 
des  meetings  et  même  des  menaces,  une  convention  pour  les 
salaires  fut  signée  le  31  janvier  1918.  Elle  accordait  3  francs 
d'augmentation,  savoir  :  1  fr.  50  au  salaire  de  base  pa,r  journée 
normale  de  travaiii  et  1  fr.  50  d'indemnité  de  cherté  de  vie  par 
journée  normale,  mais  jouant  également  sur  les  journées  établies 
par  les  heures  suppléinentaires  additionnées  en  fin  de  quin- 
zaine. Pour  les  femmes,  l'augmentation  du  salaire  de  base  était 
de  1  franc,  celle  de  cherté  de  vie  de  1  fr.  50  ;  pour  les  enfants 
1  franc  et  1  franc.  La  gratification  aux  chefs  de  famille  était 
portée  à  0  fr.  30  par  journée  normale  de  travail  et  par  enfant 
de  moins  de  13  ans.  Les  avantages  antérieurs  étaient  maintenus 
et  la  convention  jouait  depuis  le  1'''*  janvier  1918  en  tenant 
compte  de  la  somme  de  1  fr.  25,  qui  avait  pu  être  touchée  sous 
forme  d'indemnité  de  vie  chère  depuis  cette  date. 

Une  circulaire  du  24  septembre  1918  des  Ministres  du  Travail 
et  de  l'Armement  prescrivit  l'établissement  de  Commissions 
mixtes  dans  l'industrie  houillère  en  vue  d'établiir  des  bor- 
dereaux de  salaires  (i).  Dans  la  Loire,  cette  Commission  ne 
put  aboutir  à  un  accord.  Elle  recourut  à  l'arbitrage  des  Mi- 
nistres de  ces  deux  départements,  MM.  Colliard  et  Loucheur. 
La  sentence,  rendue  le  30  octobre,  accorda,  à  partir  du  15  oc- 
tobre, les  augmentations  minima  de  salaires  suivantes  :  ouvriers 
du  fond  2  fr.  25  ;  du  jour,  2  francs  pour  les  spécialistes,  1  fr.  75 
pour  les  manœuvres  spécialisés  et  1  fr.  25  pour  les  autres  ; 
enfants  de  16  à  18  ans  et  femmes,  1  franc  ;  enfants  de  moins 
de  16  ans,  0  fr.  50. 

Sur  ces  bases,  la  Commission  régionale,  par  convention  du 
30  décembre  1918,  valable  dans  le  bassin  de  Saint-Etienne,  les 
mines  de  Saint-Chamond  comprises,  fixa  16  salaire  minimiu'm 


(Ij  Journal  officiel,  l^r  octobre  1918. 


-—  883  — 

de  l'ouvrier  non  qualifié  travaillajnt  à  l'extérieur,  soit  10  fr.  75 
par  journée  Légale  de  travail,  prime  de  vie  chère  comprise.  Elle 
détermina  en  outre  les  modalités  suivant  lesquelles  les  bor- 
dereaux de*  salaires  par  catégories  seraient  réalisés  par  des 
Commissions  locales  mixtes  appelées  à  fonctionner  dans  chaque 
Compagnie  dès  le  début  de  1919. 

Il  n'y  eut  pas  de  grèves  en  1918,  mais  un  chômage  de  24 
heures  le  28  mai.  Les  mineurs  se  solidarisèrent  avec  les  métal- 
lurgistes en  révolte  contre  le  Go'uvernement,  qui  renvoyait  au 
front  les  jeunes  classes  des  mobilisés  en  usines.  La  grève  était 
essentiellement  révolutionnaire,  et  non  économique.  Son  ca- 
ractère était  d'autant  plus  grave  que  l'ennemi  était  aux  portes 
de  Paris. 

Une  assemblée  de  mineurs  crut  devoir  protester,  comme  tant 
d'autres,  contre  la  condamnation,  par  la  Haute-Cour,  de  l'ex- 
ministre  de  l'intérieur  Malvy,  sous  le  règne  duquel  la  Préfecture 
de  Police  et  la  Sûreté  générale  réservaient  leurs  faveurs  à  des 
individus  tarés,  comme  Vigo  dit  Almereyda,  directeur  du 
journal  philoboche  Le  Bonnet  Rouge  (l). 

Mais  il  serait  injuste  de  confondre  les  mineurs  avec  ceux 
qui  déclarent  parler  en  leur  nom.  Il  n'y  eut  pas  de  référendum 
entouré  des  garanties  nécessaires  pour  sauvegarder  la  liberté 
du  vote. 

Ceci  dit,  on  ne  saurait  blâmer  l'ouvrier  de  vouloir  élever 
son  salaire  en  proportion  du  prix  de  la  vie.  Sans  doute  cette 
élévation  renchiôrit  le  prix  de  revient  et  se  répercute  sur  les 
prix  des  antres  produits,  de  telle  sorte  qu'on  tourne  dans  un 
cercle  vicieux.  Mais  le  bénéfice  de  l'agriculteur,  du  com- 
merçant, de  l'industriel  augmemiait  aussi  en  proportion  —  et 
même  au  delà  —  de  l'augmentation  du  prix  de  la  vie,  l'acheteur 
étant,  à  ce  moment,  à  la  discrétion  diu  vendeuir.  Or,  ni  l'agri- 
culteur, ni  le  commerçant,  ni  l'industriel  ne  songeaient  à  se 
blâmer  eux-mêmes. 

Il  y  ont  un  autre  chômage,  le  10  décembre,  à  la  Compagnie 
de  Firminy  pour  protester  contre  des  punitions  de  prison  in- 
fligées par  l'autorité  militaire  k  des  ouivriers  qui  avaient  refusé 


(1)  Voir   le    compte    rcMidu    ,|,    cette  assemWc^o    dans  la    Tribune  du 
12  aont  101R. 


-  884  — 

de  faire  des  «  langues  coupes  ».  Mais  la  situation  était  moins 
grave  qu'au  mois  de  mai.  L'armistice  était  signé  1 

L'assemblée  du  21  avril  regrettait  que  la  G.  G.  T.  n'ait  pas 
cru  devoir  ordonner  le  chômage  le  l*"'  mai,  jour  où  des  soldats 
se  faisaient  tuer  pour  sauver  la  France  !  Chômer  eût  été  tra- 
vailler pour  le  roi  de  Prusse.  Elle  demandait  la  taxation  de 
toutes  les  marchandises.  Une  autre  assemblée,  quelques  jours 
après,  protestait  contre  le  régime  des  100  gmimmes  de  viande, 
que  l'on  devait  distribuer,  pendjant  les  jours  de  restrictions, 
aux  mineurs  à  la  sortie  de  la  mine.  Elle  déclarait  préférer  l'ou- 
verture de  boucheries  administratives  dans  chaque  quartier,  et 
l'institution  d'une  carte  de  viande  spéciale  pour  les  mineurs  (i). 

Je  signale,  pour  terminer,  un.  décret  dtu  10  avril  1918  et  one 
loi  du  23  novembre  1918  modifiant  lies  taxes  en  vigueur  sur 
la  Gaisse  autonome  des  retraites  et  les  Caisses  de  secours  et  de 
retraites  des  ouvriers  mineurs,  et  je  renvoie  pouir  la  partie 
technique  aux  observations  contenues  dans  le  rapport  de  l'In- 
génieur en  chef.  Une  étude  fort  intéiressante  sur  Les  Bois  de 
mines  employés  dans  le  bassin  de  la  Loire  fut  p>ubliée  en  1918 
dians  le  Bulletin  de  VIndmtrie  minérale  par  M.  Seurre,  inspec- 
teur des  eaux  et  forêts  à  Bourg,  et  M.  Verney,  ingénieur  à 
Saint-Etienne. 

1919 

Production  :  3.421.000  tonnes  de  houille,  245.000  tonnes  de 
de  coke  et  270.000  d'aggiomérés  (2). 

Les  concessions  de  la  Montagne-du-Feu  et  du  Coulouix  furent 
remises  en  activité.  L'extraction  n'y  fut  que  de  quelques  cen- 
taines de  tonnes. 

A  signaler  la  constitution  de  la  Société  nouvelle  des  char- 
bonnages du  Gier^  à  Rive-de-Gier,  aiu)  capital  de  1.500.000  francs, 
siège  social  à  Paris,  pour  l'exploitation  des  mines  du  Mouillon, 
de  Crozagaque  et  des  Verchères-Fleurdelix  (^). 


(1)  Journaux  du  27  mai  1918. 

(2)  Le  rapporj,  du  nouvea  ingénieur  en  chef,  M.  Vaudeville,  conçu 
d'après  un  plan  nouveau  et  fort  détaillé,  ne  ressemble  en  rien  aux 
rapports-squelettes  des  années  précédentes. 

(3)  Voir  les  statuts  {Mémorial  de  la  Loire,  18  mars  1919). 


-  88&~ 

G'est  en  1919,  au  mois  de  novembre,  que  M.  Voisin,  directeur 
des  mines  de  Roche4a-Molière  et  Firminy  (v.  p.  808),  prit  sa 
retraite  et  fut  remplacé  par  M.  Mazodier,  ingénieur  de  l'Ecole 
de  Saint-Etienne,  ancien  ingénieur  à  Montrambert,  directeur 
de  la  Grand'Cômbe. 

La  producti"on  de  1919  fut  en  baisse  de  30  %  par  rapport  h 
celle  de  1918,  par  suite  du  départ,  en  mars,  des  prisonniers  de 
guerre,  au  nombre  de  5.0Ô0,  du  départ,  en  avril  et  mai,  des 
mineurs  du  Nord  et  du  Pas-de-Calais,  au  nombre  de  4.000,  de 
la  grève  du  16  juin  au  16  juillet,  de  la  suppression  des  heures 
supplémentaires  à  partir  de  l'armistice  (1  h.  20  en  moyenne  par 
jour,  en  sus  des  8  heures),  enfin  de  la  loi  du  24  juin  réduisant 
la  présence  au  chantier. 

Pour  atténuer  la  baisse  de  la  production,  on  recruta  des 
ouvriers  français  ou  étrangers  dont  le  rendement  fut  en  géné- 
ral médiocre.  De  28.000  en  janvier,  le  nombre  des  ouvriers> 
était  tombé'  à  21.000  d'avril  à  juillet.  Il  se  releva  progressive- 
ment à  25.000  en  décembre.  Des  renseignements  comparatifs 
ont  été  publiés  sur  la  baisse  diui  rendement  (i). 

La  production  du  coke  fut  réduite  également  par  la  grève. 
Elle  se  releva  en  fin  d'année,  la  Compagnie  de  la  Loire  ayant 
mis  en  marche  une  batterie  de  quarante  fours.  Des  batteries 
étaient  en  construction  à  Montrambert  et  aux  Houillères  de 
Saint-Etienne. 

Ui  hausse  des  prix  fut  fantastique  sous  le  régime  étatiste 
(réquisition,  taxation,  répartition,  péréquation,  compensation)  (-) 


(1)  Rapport  de  l'Ingénieur  en  chef,  op.  cit.  Rapport  de  M.  Paul  Pftit, 
prôsid-eut  de  la  Gliambre  de  Gonuiierce  {Extraits  des  délWératlon.^  dr 
la  Chambre,  1920,  p.  16  et  suivantes).  M.  Bartuei.,  secrétaire  générail  de 
la  Fédération  ouvrière  du  sous-sol,  a  répondu  au  rapport  de  l'Ing^'^ni'eur 
en  chef  {Tribune,  16  novembre  1920).  D'autre  part,  les  allégations  de 
M.  BAHTiiha,  ont  été  refevées  dans  le  Mémorial  du  17  novembre  1920.  Le 
rapport  d-e  l'Ingénieur  en  ch-ef  pour  1920  (publié  en  1921)  est  encore  plus 
explicite. 

(2)  Il  faudrait  y  ajouter  la  lirrUtation  des  frets  pour  le  transport  des 
rharbon.s  sous  pavilMon  français.  Une  loi  du  14  novenil>re  1919  prorogea 
la  validit/î  de  la  loi  du  22  avril  1916  relative  à  la  taxation  des  charl>ona 
et  h.  iii  limitation  <ies  frets.  La  loi  du  23  octobre  1919  avait  pix>rog/'  les 
lois  concernant  le  ravitaillement  national.  Voir  le  décret  du  2  décembr»» 
1919  réglcrnenU'int  ja  répaiilition  des  combustibles  minéraux  d'im|K>rta- 
tlon  et  ravi«  publié  au  sujK  An  règlement  de  ce»  lmi>ortat;ons  {/.  (tffi- 
riri,  V.i  avril),  enfin  l'arrêté  du  26  ikovembre  (7.  Otfivicl,  :J0  novembre) 
niodillaiit  b's  tarifs  ihi  fn-t,  el<-. 

5T 


destiné  à  empêcher  la  hausse  illicite  et  les  abus  de  la  concur- 
rence. On  peut  se  demander  si  le  libre  jeu  de  l'offre  et  de  la 
demande  aurait  amené  une  hausse  pareille. 

Il  n'y  eut  pas  moins  de  trente  arrêtés  —  j'en  oublie  peut- 
être  —  publiés  à  l'Officiel  en  1919  pour  modifier  les  prix.  Dans 
la  Loire,  à  la  ta:xation  appliquée  à  partir  du  l'^''  janvier  s'a- 
joutèrent une  laïugmentation  de  7  francs  environ  en  juin,  une 
augmentation  variant  de  24  à  39  fr.  50  après  la  grève,  une  autre 
augmentation  en  fin  d'année. 

C'est  à  ce  moment  que  fut  éftablie  la  Caisse  de  compensation 
des  mines  de  la  Loire,  pour  atténuer  la  différence  des  prix 
de  vente  de  la  même  qualité  de  charbon  pour  des  Goimpagnies 
différentes.  Les  mines  à  prix  de  revient  bas  versèrent  de  l'argent 
à  la  Oaisse.  Les  mines  à  prix  de  revient  élevé  perçurent  au 
contraire  des  ristournes. 

Pour  compenser,  d'autre  part,  la  différence  entre  le  prix  du 
charbon  anglais,  payé  jusqu'à  350  francs  la  tonne  rendue  dans 
nos  ports,  ou,  suivant  l'expression  consacrée  caf  (l),  et  le  prix 
du  charbon  français,  les  industriels  employant  ce  dernier 
charbon  furent  frappés  d'une  surtaxe  de  péréquation  (15  fr. 
par  tonne,  en  septembre  1919  ;  45  fr.  le  l^'"  janvier  1920).  Les 
charbons  pour  le  chauffage  domestique  étaient  exonérés  de 
cette  taxe. 

De  telle  sorte  qu'une  tonne  de  menu  sortant  l'*,  payée  53  fr. 
le  l*''"  janvier  1919  et  91  fr,  le  l'''*  janvier  1920,  se  facturait,  avec 
la  taxe  de  péréquation,  136  fr.,  soit  une  augmentation  de  157  %. 
On  trouvera  des  comparaisons  de  prix  en  cours  d'année  dans 
le  rapport  dfâ  l'Ingénieur  en  chef. 

Le  Bureau  relouai  des  charbons  de  Saint-Etienne,  orgiane 
de  répartition  dans  vingt-trois  départements,  fut,  à  partir  du 
1^^  juillet,  dirigé  par  un  Comité  composé  des  représentants  des 
principales  Compagnies,  sous  la  présidence  de  l'Ingénieur  en 
chef  des  Mines. 

En  même  temps,  il  intervint  des  modifications  dans  les  soius- 
organes  de  répartition.  Le  Groupement  XIII,  qui  réunissait 
les  consommateurs  des  usines  de  la  Défense  nationale  et  qui 


(1)  C.  A.  F.,  c'est-à-dire  chargement,  assurance,  fret.  Les  Anglais  disent 
C,  I.  P.  (Insurance  pouir  assurance). 


achetait  et  factunait  le  charbon,  dut  être  liquidé  et  se  trans- 
former en  simple  organe  de  répartition.  A  côté  de  lui,  pour  les 
mêmes  consommateuirs  et  pour  la  plupart  de  ceux  du  Grou- 
pement XIV  (14®  région  militaire),  se  constitua  le  Groupement 
charbonnier^  association  en  participation  pour  l'achat  des 
charbons  étrar^gers,  que  l'on  fit  venir  à  grands  frais,  à  titre 
d'appoint,  et  dont  l'arrivage  fut  très  irrégulier.  Le  nouveau 
Groupement  XIII,  réuni  aux  groupes  Chambres  de  Commerce 
(de  Saint-Etienne,  Roanne  et  Le  Puy)  et  aux  industriels  de 
l'ancien  groupe  Intendance-Santé,  formèrent,  sous  la  présidence 
de  l'Ingénieur  en  chef,  le  C.  R.  C.  I.  ou  Comité  de  répartition 
des  charbons  industriels^  qui  faisait  les  attributions  à  chaque 
groupe  .adhérent. 

Un  rapport  du  Comité  des  Forges  de  la  Loire,  adopté  et 
publié  par  la  Chambre  de  Commerce  (i),  renseigne  sur  les  dif- 
ficultés d'arrivage  des  charbons  étrangers  (prohibition  d'expor- 
tation en  Angleterre,  hausse  excessive  des  frets,  difficultés  de 
transport,  néquisitions  abusives,  etc..)  et  sur  les  conséquences 
de  cette  situation  pour  la  Métallurgie.  Un  autre  rapport,  d'une 
portée  plus  générale,  présenté  par  le  Président  de  la  Chambre 
de  Commerce  et  président  du  Comité  des  Houillères,  M.  Paul 
Petit,  aai(  début  de  l'année  1920,  renseigne  très  exactement,  avec 
chiffres  à  l'appui,  sur  la  crise  et  les  causes  de  la  crise  des 
charbons  pendant  la  guerre  et  au  cours  de  l'année  1919.  La 
lecture  de  ces  documents,  que  je  ne  puis  reproduire  à  cause 
de  leur  longueur,  est  nécessaire  pour  apprécier  l'histoire  éco- 
nomique de  cette  période  (2). 

J'ai  indiqué  l'effectif  dut  personnel  ouvrier.  Le  rapport  de 
l'Ingénieur  en  chef  précise  la  diversité  des  nationalités  du  per- 
sonnel exotique,  2.769  personnes,  parmi  lesquelles  figuraient 
en  l)on  nombre  des  Marocains  ou  Algériens,  dont  la  population, 
en  général,  n'a  pas  eu  à  se  louer.  Les  Sidi^  en  effet  ,ont  été 
mêlés  à  tant  de  rixes  et  tant  de  causes  judiciaires  sanglantes. 
Leur  caractère  nomade  en  faisait,  d'ailleurs,  des  ouvriers  très 
instables. 


(1;  Extraits  des  déHbératioms,  1910.  i».  119  ot  suivantes 
(2)  Ihifl.,  VVO.  Il    1:5  f't  .suivantes. 


L'événement  capital  fut  la  grève  générale  du  16  juin  au  16 
juillet.  Le  Parlement  avait  voté,  à  la  veille  du  l*""  mai,  La  loi 
du  23  avril  1919  sur  la  journée  de  huit  heures  dans  Tindustrie, 
loi  tant  déplorée  depuis  lors,  car  elle  a  diminué  la  productivité 
et  augmenté  le  prix  de  revient  en  pleine  crise  de  vie  chère. 
A  l'étrainger,  malgré  les  prescripitions  du  Traité  de  Versailles, 
la  journée  de  huit  heures  a  été  généralement  éludée.  Mais,  en 
votant  précipitamment,  on  voulait  briser  l'effort  révolution- 
naire annoncé  pour  le  l""*  mai. 

Les  mineurs  en  profitèrent  pour  poser  leurs  revendications, 
synthétisées  dans  la  propositiou  Dunafour.  La  Chambre  des 
Députés,  les  10  et  11  juin,  donna  sa  piréférence  au  projet  du 
Gouvernement,  qui  ne  comportait  que  6  h.  1/2  de  travail 
effectif  et  une  journée  légale  de  huit  heures,  depuis  le  moment 
où  l'ouvrier  prend  sa  lampe  au  jour  jusqu'au  moment  oii  il  la 
rend  à  la  lampisterie.  Les  huit  heures  étaient  comptées  du 
dernier  ouvrier  descendant  au  dernier  remontant.  Le  projet 
Durafour,  au  contraire,  comptait  les  huit  heures  du  premier 
mineur  descendant  au  dernier  remontant.  Le  travail  effectif, 
d'après  M.  Loucheur,  ministre  des  Travaux  publics,  se  trouvait, 
avec  le  projet  Durafour,  réduit  à  6  h.  10.  C'est  sur  ces  vingt 
minutes  de  différence  qu'en  pleine  crise  suraiguë  du  charbon 
se  déclara  la  grève.  Le  15  juin,  dans  uine  réunion  à  Saint- 
Etienne,  après  les  discours  de  Nicolas  Giraud,  secrétaire  .du 
Syndicat  des  Mineurs  de  la  Loire,  de  Duranton,  secrétaire  de 
la  Fédération  de  la  Loire,  et  des  secrétaires  des  divers  Syn- 
dicats  de  la  banlieue,  la  grève  fut  votée  par  acclamiations. 

Le  Gouvernement  capitula,  en  repoussant  natuirellement  le 
mot  de  cajntulation  et  en  mettant  sur  le  compte  d'un  malen- 
tendu ses  déclarations  précédentes.  Le  20  juin,  la  loi  Durafour 
était  votée  à  la  Chambre  et  promulgujée  le  24. 

La  grève  ne  faisait  que  comjmencer.  Elle  fut  poursuivie  sur 
la  question  des  saliaires.  Les  ouvriers  refusèrent  même  de  par- 
ticiper à  l'entretien  des  mines,  violant  ainsi  ouvertement  la 
loi.  Ceux  qui  auraient  consenti  à  travailler,  les  renards,  en 
étaient  empêchés  par  le  régime  de  terrorisation  exercé  si  fré- 
quemment de  nos  jours  et  que  l'autorité  publique  ne  réprime 
guère.  Le  Préfet  donna  l'assurance  qu'aucoine  réquisition  d'ou- 
vriers ne  serait  opérée.   Seuls  furent  réquisitionnés  les  gou- 


-  880  - 

verneurs,  sous-gouvern©urs,  employés,  ingénieurs  (i).  Ce  ne 
fut  que  lorsque  les  Syndicats  acceptèrent  l'arbitrage  du  Gou- 
vernement qu'ils  informèrent  l'ingénieur  en  chef  de  leur  dé- 
cision de  reprendre  l'entretien  des  mines,  en  ce  qui  concerne 
l'épuisement  des  eaux,  la  ventilation,  le  danger  du  feu  (6  juillet). 

La  sentence 'arbitrale  fut  rendue  le  9  juillet  par  MM.  Lou- 
clieur,  ministre  de  la  Reconstitution  industrielle,  et  Goll'iard, 
ministre  du  Travail,  et  publiée  le  10  dans  les  journaux  locaux. 
Elle  s'appliquait  à  tous  les  salaires  des  ouvriers  des  exploi- 
tations du  Centre  et  d'ul  Midi.  Les  salaires  étaient  augmentés 
de  3  fr.  50  (ouvriers  du  fond)  ou  de  2  fr.  50  (ouvriers  du  jour), 
avec  des  réductions  pour  les  jeunes  gens  de  moins  de  18  ans  et 
pour  les  femmes.  Tourf^es  les  indemnités  étaient  incorporées 
aux  salaires,  à  l'exception  des  allocations  familiales.  Pour  les 
ouvriers  travaillant  à  la  tâche,  on  devait  établir  un  salaire 
minimium,  inférieur  de  13  %  au  salaire  des  ouvriers  moyens  de 
la  même  catégorie. 

Dès  lors,  la  moyenine  des  salaires  (fond  et  jour  réunis)  s'éleva 
de  13  fr.  53  à  16  fr.  75.  Comme  une  augmentation  moyenne  de 
2  fr.  10  avait  été  accordée  en  octobre  1918,  en  moins  d'un  an 
l'augmentation  totale  était  de  5  fr.  32.  En  1913,  le  salaire 
moyen  était  de  4  fr.  99.  On  pourra  constater,  dans  le  rapport 
de  l'Ingénieur  en  chef,  que  les  bénéfices  des  Compagnies  sont 
loin  d'avoir  subi  la  même  proportion. 

Cette  hausse  des  salaires  eut  des  conséquences  importantes 
sur  le  prix  du  charbon,  sur  les  salaires  des  autres  industries, 
de  la  métallurgie  notamment,  sur  le  prix  général  de  la  vie 
pour  tous  les  consom/mateurs. 

Je  ne  puis  entrer  dans  le  détail  des  observations  techniques. 
r^s  méthodes  ne  subirent  pas  de  modifications  importantes  (2). 
Je  ne  puis  que  citer  les  études  publiées  dans  le  Bulletin  de 
rindiislrie  rminérale  :  sur  l'utilisation  des  déchets  de  mines 
et  des  mauvais  combustibles,  par  M.  Hliiche,  ingénieur  <\  Mont- 
rambert  ;  sur  la  fioiivcHu  méthode  d'exploit^ition  de  la  couche 
des    Litt(!s,    i)ar    M.    Clapier,    ingénieur    principal    adjoint    h 


(1)  Voir  journaux  du  2  juillet  1919. 

(2)  Des  arnîtos  des  1«  février  €t  3  avilTi  1919  ont  agréé  «de  nouveaux 
types  d€  l;irri|K's  de  sûreté. 


—  890  — 

Montrambert  ;  sur  rutilisation  des  vapeuirs  d'échappement  pour 
la  production  directe  de  l'air  comprimé,  par  M.  Dessemond, 
ingénieur  principal  aux  Houillères  de  Saint-Etienne.  C'est  dans 
le  Bidletin  de  1919  que  parut  l'étude  du  'Taylorisme  dans  La 
hoiâllere,  par  M.  Laligant,  ingénieur  du  district  d'Alais,  qui 
reçut  la  médaille  d'or  de  la  Société  de  l'Industrie  minérale. 
Les  conditions  spéciales  à  l'exploitiatioin  et  plus  particulièrement 
aux  travaux  d'abatage  restreignent  le  développement  du  ma- 
chinisme et  rendent  extrêmement  difficile  l'emploi  de  quelques- 
uns  des  procédés  qui  concrétisent  habituellement  le  taylorisme. 
Mais  il  est  toujours  possible  d'en  user  et  de  s'en  inspirer  très 
utilement. 

L'année  1919  marque  une  date  importante  dans  l'histoire  du 
régime  des  mines,  par  le  vote  de  la  loi  du  9  septembre  19i9. 
Depuis  1810,  on  ne  comptait  pas  moins  de  vingt-sept  tenta- 
tives impuissantes  de  revision  de  la  grande  loi  de  Napoléon. 
Depuis  1900,  l'exécutif  avait  cherché  à  lia,  détruire,  à  l'émietter, 
disons  le  mot,  à  la  saboter  par  de  petites  mesures  étatistes  : 
décrets  ou  articles  intercalés  dans  les  lois  de  finances.  Tl 
laissait  en  suspens  les  demandes  de  concessions. 

Enfin  M.  Loucheur  vint  et  fit  voter  la  loi  de  1919,  qui  décide 
que  les  concessions  à  accorder  ne  comporteront  qu'une  durée 
limitée,  avec  participation  de  l'Etat  et  dui  personnel  aux  béné- 
fices. Cette  loi  a  créé  le  Comité  consultatif  des  Mines,  composé 
de  techniciens,  d'exploitants,  d'ouvriers  désignés  par  leurs 
pairs,  de  membres  du  Parlement  et  de  hauts  fonctionnaires 
(voir  le  décret  du  14  octobre  et  l'arrêiéi  du  3  novembre).  Cette 
loi,  enfin,  a  décidé  que  l'exploitation  des  mines  serait  consi- 
dérée comme  uin  acte  de  commerce. 

Un  décret  du  23  octobre  1919  a  organisé  provisoirement 
l'exploitation  par  l'Etat  des  mines  de  la  Sarre. 

Un  arrêté  du  8  octobre  1919  (./.  0.  11  octobre)  a  modifié  les 
délimitations  des  circonscriptions  des  ingénieurs  et  des  con- 
trôleurs de  l'Etat,  notamment  pour  l'arrondissement  minéra- 
logique   de   Saint-Etienne. 

Pour  ce  qui  concerne  le  régime  des  mineurs,  j'ai  cité  la  loi 
importainte  du  24  judn  1919  relative  à  la  durée  du  travail 
(v.  p.  888). 

Le  rapport  de  l'Ingénieur  en  chef  fournit  des  renseignements 


—  891  — 

intéressants  sur  les  Caisses  de  secours.  La  loi  du  23  novembre 
1918  avait  porté  de  2.400  à  5.000  francs  la  limite  des  salaires 
sur  lesquels  s'effectuent  les  prélèvements.  En  1919,  le  montant 
des  salaires  payés  s'éleva  à  91  millions.  Le  versement  des 
ouvriers  fuit  de  1,8  %  de  ce  chiffre  et  celui  des  exploitants  de 
0,9  %.  La  mpyenne  des  jours  de  maladie  par  an  et  par  ouvrier 
fut  de  14,  le  secours  moyen  payé  de  5  francs  par  jour. 

Pouir  les  retraites,  une  modification  de  détail  fut  apportée 
par  le  décret  du  8  mars  1919  au  décret  du  13  juillet  1914.  Une 
loi  du  29  mars  aug'menta  le  taux  des  allocations  (240  fr.  ou 
120  fr.  suivant  le  cas)  et  celui  des  cotisations  oufvrières  et 
patronales  (1  %  de  relèvement  au  maximum). 

En  fait  de  logements  ouvriers,  quelques  constructions  furent 
édifiées  en  1919  (pour  485  ouvriers,  dont  200  à  Montrambert 
et  200  à  la  Compagnie  de  la  rx)ire),  malgré  la  crise  que  tra- 
verse le  bâtiment  à  cause  des  prix,  malgré  la  difficulté  de  se 
procurer  de  liai  chaux  et  des  matériaux.  Les  Compagnies 
logeaient  un  huitième  de  leur  effectif,  moyenne  du  bassin. 

Je  reviendrai  sur  les  accidents  à  propos  de  l'année  1920. 

1920 

ProductioTi  :  3.573.820  tonnes  de  houille  (353  millions  de 
francs)  ;  295.900  tonnes  de  coke,  241.915  tonnes  d'agglomérés. 
La  plus-value  des  charbons  transformés  en  coke  ou  en  agglo- 
mérés est  de  17  millions.  Total  de  la  production  :  370  millions. 
Il  faïut  y  ajouter  les  surtaxes  de  péréquation  :  218  millions  pour 
la  houille,  32  millions  pour  le  coke,  25  millions  pour  les  agglo- 
mérés, soit  275  millions,  ce  qui  porte  à  645  millions  la  somme 
déboursée  par  les  consommateurs  (l). 

Au  lieu  de  64  concessions,  le  bassin  de  la  Loire  n'en  œmpte 
plus  que  61.  On  trouvera  la  liste  des  concessions  en  activité 
(48  sur  61),  avec  le  nom  des  entreprises  qui  en  sont  les  pro- 
priétaires ou  qui  les  exploitent  à  ce  titre  ou  autrement,  dans  le 
raip|x>rt  de  l'ingénieur  en  chef  (2).  Ce  rapport  indique  aussi  les 
noms  des  amodiataires,  lesquels  se  sont  multipliés  depuis  la 


(1)  Voir  1-e  rappf)rt  fie  la  Chambre  (le  Commerre   <^tnMi  d'après  les 
rensedpiieinents  du  Sei'vice  KJles  Mines  ilinlletin  1021,  n»  7,  p.  425-42<>). 

(2)  Pour  le  t.a,Meau  pénf^nl  des  rx>ncessions,  consulter  VAnnrinirr  du 
Coirdté  central  des  Ilouillcrca  de  France. 


~  892  — 

guerre,  même  sans  autorisation  administrative.  Dans  ce  cas, 
ils  sont  censés  exploiter  pour  le  compte  et  sous  la  responsabilité 
du  concessionnaire.  Lai  marche  de  ces  exploitations,  en  ce  qui 
concerne  la  taxation  et  la  répartition  des  charbons,  les  rede- 
vances tréfoncières,  les  indemnités  pour  dégâts  à  la  surface, 
l'application  des  lois  sur  les  Caisses  de  secours  et  de  retraites, 
n'a  présenté  souvent,  dans  la  pratique,  qu'une  suite  d'irrégu- 
larités. 

Par  décret  dui  14  mai  1920  furent  autorisées  la  cession  de  la 
concession  des  Verchères-Féloin  à  M.  J.-B.  Gagne  et  la  cession 
des  concessions  du  Mouillon,  Crozagaque,  Verchères-Fleurdelix 
et  Verchères-Féloin  à  la  Société'  nouvelle  des  charbonnages  du 
Gier,  autorisée  à  réunir  ces  concessions.  Un  aiutre  décret,  du 
14  juillet  1920,  aiuitoirisa  la  cession  de  la  concession  de  la  Pomime 
à  la  même  Société.  Un  décret  du  15  mars  1920  avait  autorisé 
l'amodiation  de  la  Montagne-du-Feu  à  MM.  Fournat  et 
Dumortier. 

Les  quatre  grandes  Compagnies  représentant  \é§  80  %  de  la 
production  totale  :  Roche-la-Molière  et  Firminy  785.000  tonnes  ; 
Mines  de  la  Loire  775.000  ;  Houillères  de  Saint-Etienne  650.000  ; 
Montrambert  et  la  Béraudière  607.000.  Viennent  ensuite  :  les 
Mines  de  lai  Ghazotte  (Compagnie  P.-L.-M.)  172.000  tonnes  ;  les 
Mines  du  Gros  132.000  (1),  la  Compagnie  des  Mines  de  Villebœuf 
96.000  ;  les  Mines  de  Monthieux  p),  les  Houillères  de  Saint- 
Chamond  84.000  ;  la  Compagnie  de  la  Péronnière  67.000  (3)  ; 
la  Compagnie  de  la  Haute-Cappe  (4)  46.000  ;  la  Société  des 
Mines  de  Janon-Terrenoire  34.000  ;  les  Mines  de  lia  Porchère 
14.000  (5).  Les  autres  entreprises  sont  peu  importantes  :  moins 
de  5.000  tonnes  chacune. 


(1)  Concessionnaire  :  Famille  de  Rochetaillée  ;  trois  entreprises  : 
Société  des  Charbonnages  du  Forez,  Septier  et  Durif,  Société  de  Reclier- 
ches  minières  du  Centre. 

(2)  Concessionnaire  :  Famille  de  Rochetailléa  ;  exploitant  :  Société 
des  Charboinnag-es  du  Forez. 

(3)  Concessions  (en  activité)  du  Plat-du-Gier,  de  Comberigol,  de  Grand' 
Croix,  de  la  Péronnière. 

(4)  Concessions  (en  activité)  du  Ban,  de  Corbeyre,  de  la  Gappe. 

(5)  Propriétaire  exploitant  :  La  Société  anonyme  des  Verreries  Va- 
lentin  Mesmer. 


Des  faits  particuliers  importants  sont  intervenus  concernant 
plusieurs  grandes  entreprises. 

La  Compagnie  de  Roche-la-Molière  a  porté  son  capital  de 
3.600.000  francs  à  18  millions,  par  l'émission  d'actions  de 
100  francs  réservées  aux  porteurs  d'actions  anciennes.  Nom- 
breuses furent  les  augmentations  de  oafpital  dans  les  Sociétés 
anonymes.  En  1920,  après  un  an  d'exercice,  mourait  l'ingénieur 
principal  de  la  Compagnie,  M.  Huard  de  la  Marre. 

A  la  Société  des  Mines  de  la  Loi-re,  on  décidai  de  porter  le 
capital  de  8  à  16  millions  et,  éventuellement,  à  24  millions,  la 
Société  ayant  d'importantes  participations  dans  le  Luxembourg 
et  préparant  un  programme  de  participations  nouvelles.  La 
filiale  de  Saint-Etienne  «  Société  métallurgique  de  la  Loire  », 
créée  en  1919  (?),  dont  la  Société^mère  possède  tous  les  titres, 
fabrique  des  fontes  fines  au  four  électrique.  Elle  a  hionté  un 
atelier  de  boulonnerie  et  un  train  de  laminage.  L'ingénieur 
principal,  M.  Morchoine,  ayant  quitté  la  Compagnie  en  1919, 
a  été  remplacé  par  M.  de  Verneuil.  Enfin,  la  Société  a  inauguré, 
en  1920,  un  monument  à  ses  collaborateurs  victimes  de  la 
guerre  et  du  devoir  professionnel,  monument  exécuté  par  le 
sculpteur  Graff  et  les  architectes  MM.  Clermont  et  Bossut, 
édifié  en  face  des  installations  du  puits  Couriot,  près  de  la 
gare  du  Clapier. 

La  Société  des  Houillères  de  Montrambert  et  de  la  Béraudière 
avait  décidé,  en  1919,  de  se  transformer  en  Société  anonyme 
libre.  Un  décret  du  25  décembre  1920  a  approuvé  cette  trans- 
formation. Les  Sociétés  de  Roche- la-Molière  et  Firminy,  de  la 
Loire,  des  Houillères  de  Saint-Etienne  avaient  précédé  Mont- 
rambert, dont  les  assemblées  ne  pouvaient  ni  modifier  les 
statuts,  ni  proroger  la  durée  de  l'acte  social,  sans  une  autori- 
sation du  Gouvernement,  lequel  d'ailleurs  ne  consentait  plus 
à  délivrer  de  ces  autorisations,  afin  de  pousser  à  la  transfor- 
mation en)  Sociétés  anonymes  libres  et  de  se  dég«aiger  de  toute 
tutelle. 

Les  rapports  de  l'Ingénieur  en  chef  \k>uv  1919  et  1920  font 
ressortir  la  variation  des  dividendes  distribués  par  les  princi- 
pales Comp^ignies  de  1911  à  1920  :  «  Kn  résumé,  dit  M.  Vau- 
deville, les  exploitants  n'ont  profité  que  dans  une  très  faible 
mesure  de  la  situation  duc  à  la  raréfaction  du  charbon  et  qui, 


—  894  — 

sirr  un  marché  libre,  eût  entraîné  un  relèvement  de  prix  limité 
seulement  par  le  cours  des  charbons  importés.  »  J'ai  dit  que 
raugmentation  du  dividende  n'avait  pas  suivi  la  hausse  des 
salaires  et  celle  des  prix  de  vente  ou  des  redevances  tré fon- 
cières. Telle  Société  n'a  distribué  que  29  francs  par  action,  au 
lieu)  de  22  fr.  50  avant  la  guerre.  Encore  faut-il  déduire  les 
impôts  du  montant  du  coupon  brut.  Telle  autre  a  distribué 
40  francs,  aiu  lieu  de  34.  La  plus  importante  des  «  quatre 
grandes  »  a  doublé  le  montant  du  coupon  (152  fr.,  au  lieu 
de  78  fr.).  Une  autre  Compagnie,  très  éprouvée  jadis  par  des 
catastrophes,  qui  avait  renoncé  sagement  à  distribuer  des  divi- 
dendes en  19il  et  1912  (ce  qui  ne  lui  a  pas  fait  faire  faillite, 
disait  sentencieusement  la  Fédération  des  Travailleurs  du  sous- 
sol)  (1),  consacra  ses  bénéfices  à  améliorer  son  exploitation. 
Peut-on  soutenir  après  cela  que  les  actionnaires  ont  fait  un 
«  somiptueux  festin  »  ?  (2). 

Parmi  les  créations  d'entreprises  en  1920  figure  celle  de  la 
Société  viennoise  des  Houillères,  au  capital  d'un  million,  cons- 
tituée le  7  avril  1920  pour  l'exploitation  de  la  concession  de 
La  Baraillère  (3). 

La  Société  anonyme  Les  Fils  Charvet,  dont  le  siège  est  à 
Lyon  et  la  direction  à  Saint-Etienne  et  qui  possède  des  agences 
et  de  nombreux  entrepôts  de  charbons  depuis  Strasbourg 
jusqu'à  Tonnay-Gharente,  Swansea  et  Glascow,  a  porté  à 
7  millions  son  capital,  qui  était  de  4.700.000  francs,  en  envi- 
sageant de  nouvelles  augmentations  qui  porteraient  ce  capital 
à  10  millions  (^). 

Une  Société  immobilière  de  V Industrie  minérale,  au  capital 
de  100.000  francs,  fut  constituée  en  1920  dans  le  but  de  faciliter 


(1)  Voir  Tribune,  5  novembre  1920. 

(2j  Sanis  doute,  la  rémunération  (ou  intérêt)  du  capital  ne  doit  pas 
être  comparée  à  celle  du  travail,  ou  le  profit  de  l'entrepreneur  au 
salaire  de  l'ouvrier.  Mais  le  capital  est  indispensabile  à  l'entreprise. 
Les  risques  diu  capital  sont  les  risques  mêmes  de  l'entreprise.  Ruinée, 
l'entreprise  entraîne  la  perte  du  capital.  Il  est  juste  que,  prospère, 
l'entreprise  fass-e  profiter  le  capital  de  sa  prospérité. 

(3)  Voir  Peitites  Affiches  de  la  Loire,  15  mai  1920. 

(4)  M.  Henri  Gharvet,  ingénieur,  administrateur  délégué  de  la  Société, 
est  mort  le  20  septembre  1919. 


—  895  — 

le  transfert  de  l'Ecole  des  Mines.  Ce  transfert  ou  cette  recons- 
truction fit  Tobjet  d'une  discussion  au  Conseil  municipal,  où  le 
le  groupe  socialiste  refusa  les  crédits.  Les  élèves  de  l'Ecole 
protestèrent.  Les  conseillers  répondirent  que  l'Ecole  devait  être 
payée  par  les  emmiltionnés  de  la  guerre  et  de  l'après-guerre  (i). 

Le  procès  de  l'accident  de  la  rue  Polignais  à  Saint-Etienne, 
survenu  le  mardi  gras  (28  février)  de  l'année  1911,  où  quatre 
maisons  oscillèrent  et  s'abattirent  (il  y  eut  des  victimes),  ne  fut 
appelé  qu'en  1920  devant  le  Tribuniail  civil,  à  cause  de  la 
longueur  des  expertises  et  de  la  guerre.  Le  jugement  du  16  mars 
déclara  la  Compagnie  de  la  Loire  responsable.  Une  première 
expertise  semblait  conclure  à  des  fouilles  clandestines.  Une 
deuxième  retrouva  des  travaux  de  consolidation  du  xvir  siècle 
à  la  solidité  desquels,  d'après  certains  experts,  les  travaux 
ultérieuiTs  auraient  nui,  tandis  que  d'autres  experts  consi- 
déraient ces  travaux  comme  intacts  (2). 

La  Compagnie  de  Villebœuf,  autorisée  en  1911  à  étendre  son 
périmètre  d'exploitation  (v.  p.  847),  fut  obligée,  en  1919,  sur  la 
demande  des  Hospices,  de  constituer  une  caution  avec  a>ffectation 
spéciale  à  la  garantie  des  dégâts.  La  Cour  d'Appel  confirma  le 
jugement  (3). 

La  production  de  1920  représentait  une  légère  augmentation 
(4  i/2  %)  par  rapport  à  celle  de  1919.  Le  régime  des  charbons 
(réquisition,  taxation,  compensation,  péréquation,  etc.),  eut  son 
plein  effet  (^).  Les  prix  atteignirent  un  maximum  qu'on  aurait 
jugé  jadis  invraisemblable.  Toutefois,  le  prix  est  fonction  de 
la  monnaie,  l'avilissement  du  papier-monnaie  élevant  le  cours 
des  marchandises  (•'^).  En  1920,  les  prix  furent  relevés  deux  fois, 
notamment  à  la  suite  de  lia  grève  de  mars,  et  les  taxes  de  péré- 
quation neuf  fois.  De  88  francs,  le  prix  moyen  compensé  (houille 
et  agglomérés)  s'éleva  à  106  francs,   non  compris  la  taxe  de 


cl)  Voir  Méimmal  de  In  Ijnrr,  17  janvier,  28  mai  1920  ;  Tribune,  7  juin. 

(2)  Voir  Mémorial  dr  la  Loin',  24  février,  17  mars  1920. 

(3j  Ibid.,  4  janvier  1920. 

(^)  Un  service  défi  rJiarbons  fut  créé,  par  anrôtô  du  23  janvier  1920,  au 
Ministère  <l'('s  Travaux  PnlHics.  I>e  B.  N.  C,  ou  Bureau  national  des 
chartK>ns,  fait  partie  de  ce  service. 

(5)  .Te  n'ai  p.-us  beisoiii  de  rapiveier  que  cette  cause  n'es!  pas  seule  ù 
agir  sur  1rs  prix 


-  896  - 

péréquation.  Celle-ci,  qui  était,  en  1919,  de  15  francs  par  tonne 
et  ne  grevait  que  les  charbons  industriels,  fuit  portée  à  45  francs 
à  partir  du  1*^  janvier  1920,  puis  cà  75  francs  le  11  février. 
A  partir  du  7  mai,  elle  atteignit  les  charbons  domestiques  : 
75  francs  de  surtaxe,  puiis  100  %  à  partir  du  8  juin,  85  %  à 
partir  du  24  août,  70  %  à  partir  du  10  décembre,  28  %  à  partir 
du  28  décembre.  Pendant  ce  temps,  la  surtaxe  des  charbons 
indiustriels  était  portée  à  160  %.  (7  mai)  et  redescendait  ensuite 
à  150  %  (8  juin),  125*%  (30  juin),  110  %  (24  août),  85  %  (24  no- 
vembre), 70  %  (10  décembre),  28  %  (21  décembre).  Des  ré 
duictions  furent  accordées  pouir  les  mines  dJont  les  charbons 
n'étaient  pas  compensés,  pour  les  charbons  de  2®  et  3*  qualités 
des  autres  mines,  pour  les  agglomérés,  enfin  pour  certaines 
catégories  d'industriels.  Pour  les  cokes,  les  prix  étaient  fixés 
par  arrêtés  ministériels.  De  la  sorte,  les  prix  payés  effectivement 
par  les  consommateurs,  au  plus  fort  de  la  tourmente,  furent 
environ  de  dix  fois  les  prix  d'avant-guerre  :  245  francs  pour 
le  charbon,  prix  moyen  en  mai  i920,  au  lieu  de  27  francs  en 
i9i3  ;  368  francs  pour  les  agglomérés,  au  lieu  de  32  francs  ; 
275  francs  pour  le  coke^  au  lieu  de  3i  fr.  50.  On  trouvera  des 
renseignements  plus  complets  dans  le  rapport  de  l'Ingénieur  en 
chef,  qui  indique  les  résistances  que  rencontrèrent  le  paiement 
des  surtaxes  de  péréquation,  la  répartition  de  la  consommation, 
rorganisation  du  contrôle  des  teneurs  en  cendres  des  combus- 
tibles (avec  primes  et  pénalités),  enfini  la  création  de  rO.G.C.R. 
(Office  central  de  chauffe  rationnelle)  pour  améliorer  l'utili- 
sation des  combustibles,  création  accueillie  avec  scepticisme  et 
même  avec  résistance  par  les  intéressés  excédés  —  on  le  serait 
à  moins  —  de  l'intervention  souvent  peu  heureuse  de  l'Etat. 
J'insiste  sur  le  montant  total  des  surtaxes  de  péréquation  payées 
par  les  consomimateurs  des  comibustibles  de  la  Loire  répartis 
entre  une  vingtaine  de  départements  :  275  millions  (i). 

Les  changements  incessants  dans  les  taxes  de  péréquation 
bouleversaient  les  prix  de  revient.  «  La  péréquation  en  elle- 
même  est  justifiée,  déclarait  le  Comité  des  Forges  de  la  Loire 
dans  un  rap'port  imprimé  (23  juin  1920),  mais  les  résultats  en 
paraissent    intolérables Les    prix    de    taxation    sont,    par 


cl)  Le   rapport   indique    aussi   les  mines   affiliées   à   la    Chambirie  d,e 
compensation. 


—  sol-  — 

exemple,  plus  élevés  d'environ  20  francs  par  tonne  dans  la 
LfOire,  où  les  frais  d'extraction  sont  plus  considérables,  que  dans 
le  Pas-de-Calais  ou  Saône-et-Loire.  Une  surtaxe  de  péréquation 
de  150  %  exagère  dune  manière  injuste  l'écart  natuirel  des  prix, 
écart  qui,  d-ans  l'espèce,  se  trouve  porté  à  50  francs.  La  péré- 
quation est  d^estinée  à  procurer  à  la  métallurgie  côtière  les 
mêmes  prix  de  coke  et  de  charbon  qu'à,  l'intérieur,  mais  fait-on 

la  péréquation!  des  minerais ?  Les  aciers  de  la  Sarre  sont 

fabriqués  avec  des  charbons  non  péréqués  et  cependant  entrent 
en  franchise  en  France I  » 

Ce  simple  extrait  suffit  à  montrer  combien  la  surtaxe  de  péré- 
quation soulevait  de  plaintes  et  de  réclamations.  Un  Comité 
consultatif  des  charbons  avait  été  constitué  au  Ministère  des 
Travauix  publics  (1)  pour  étudier,  notamment,  les  questions  de 
taxation  et  de  péréquation.  Les  réductions  opérées  sur  la  taxe 
de  péréquation  furent  loin  d'être  jugées  satisfaisantes.  La  crise 
économique  qui  s'affirma  surtout  pendant  le  dernier  trimestre 
et  qui  ralentit  la  consommiation,  les  livraisons  de  charbon  ef- 
fectuées par  l'Allemagne  conformément  à  la  convention  de  Spa 
amenèrent  une  détente."  On  délaissa  les  houilles  de  qualité  mé- 
diocre ou  moyenne,  les  stocks  augmentèrent  et  la  surtaxe  de 
péréquation  devint  manifestement  inutile,  bien  avant  sa  sup- 
pression. Il  n'était  plus  nécessaire  d'encourager  l'importation 
des  charbons  anglais  oui  américains. 

J'ai  indiqué  la  production  du  coke  et  celle  des  agglomérés. 
I^e  bassin  de  la  Loire  comptait  8  batteries  (ensemble  246  fours) 
appartenant  aux  quatre  grandes  Compagnies,  principalement 
aux  Sociétés  des  Houillères  de  Saint-Etienne  et  des  Mines  de 
la  Loire.  La  moitié  de  la  consommation  totale  du  g^z  d'éclai- 
rage à  Saint-?]tienn€  fut  fournie  par  ces  deux  Sociétés.  La 
Compagnie  de  Roche-la-Molière  alimenta  la  ville  de  Firminy. 

L'effectif  Ujtal  des  ouvriers  était  de  25.900,  dont  16.800  au 
fond  et  O.l^K)  au.  jour.  Il  faut  y  ajouter  les  1.175  ouvriers  des 
ffiiirs  k  coke  et  les  325  oiivricis  des  ateliei"s  d'agglomération. 
'i'otal  L'T.'.no,  sur  lesquels  4.()().s  étrangers  (2). 


{t)  D.Mii  1  ,o,  \i,ii,H  .liii^,  s<,<  ii;ih  i'-'miiii     ,'.:  r  |.:ignols,  etc. 


-  8^8  — 

Le  rendement  individuel,  qui  s'était  relevé  à  La  fin  de  1919,. 
décrut  régulièrement  en  1920.  De  0  t.  945  par  ouvrier  du  fond 
en  1913  et  de  0  t.  811  en  1911,  il  tomiba  à  0  t.  782  en  1919. 
Une  enquête  très  serrée  de  l'Ingénieur  en  chef  aboutit  à  cette 
conclusion  que  la  baisse  était  due  principalement  à  la  limitation 
de  l'effort  individuel.  Cette  limitation  apparut  «  comme  une 
conséquence  très  nette  de  l'élévation  des  salaires  et  surtout  do 
l'existence  d'un  salaire  minim^uim  présentant  un  écart  insuf- 
fisant par  rapport  aiu  salaire  moyen  des  ouvriers  payés  à  la 
benne  ».  Les  délégués  mineurs  avaient  souvent  prétendu  que 
rétat  d'entretien  de  la  mine  influait  sur  la  production.  Le  ser- 
vice des  mines  puit  constater  que  ces  critiques  étaient  fortement 
exagérées  au  point  de  vue  de  l'appirovisionnement  en  bois  de 
soutènement,  sinon  au  point  de  vu^  de  l'approvisionnement  en 
bennes  vides,  à  cause  d'incidents  divers.  «  Le  remède  le  plus 
efficace,  disait  M.  l'Ingénieur  en  chef,  consistera  dans  un  effort 
combiné  des  ouvriers  et  des  expiloitants,  et  la  baisse  (du  ren- 
dement) aurait  été  combaitue  plus  énorgiquement  par  ces 
derniers,  si  le  régime  de  la  taxation  individuelle  n'avait  fait 
disparaître  pour  eux  le  souci  du  prix  de  revient  (i).  » 

Au  cliché  usé  qui  consiste  à  prétendre,  comme  le  font  les 
Syndicats  ouvriers,  qu'une  vague  de  routine  a  déferlé  sur  les 
exploitants,  un  rapport  du  Président  de  la  Chambre  de  Com- 
merce a  répondui  par  des  chiffres  probants  (2).  Il  eût  été  dési- 
rable que  l'on  répondît  de  la  même  manière  pour  la  vague  de 
paresse  reprochée  à  certaines  classes  du  pays. 

La  question  des  salaires  et  celle  des  retraites  en  1920  furent 
liées  à  la  question  des  grèves.  Dès  le  6  décembre  1919,  au 
Congrès  de  Marseille,  on  demandait  de  porter  la  retraite  des 
mineurs  à  1.500  francs,  avec  menace  de  grève,  en  cas  de  refus, 


(1)  Le  rapport  de  ringémeur  en  chef  lui  valut  un  blâme  de  la  majorité 
radicale  et  socialiste  du  Conseiil  général  de  la  Loire  (7  octobre  1921  j. 
Mais  les  blâmes  inspirés  par  la  politique  n'ont  de  l'importance  que 
pour  les  politiciens.  Un  conseiller  général  s'écria  même  :  «  Les  mineurs 
produisent  plus  qu'autrefois  ».  Ce  conseiller,  pour  se  convaincre  de 
son  erreur,  aurait  idû  auparavant  diviser  le  nombre  de  tonnes  extraites 
en  1913  et  en  1900  par  le  nombre  de  mineurs  à  ces  deux  époques. 

(2)  Chambre  de  Commerce  de  Saint-Etienne  :  Extraits  des  délibéra- 
tions pendant  Vannée  1920,  p.  17-18. 


-899- 

pour  le  15  février  1920.  Le  conflit  fuit  évité  (1).  Sur  le  rapport 
de  M.  Taurines,  député  de  la  Loire,  une  loi  du  9  mars  1920 
porta  La  retraite  au  minimum  exigé.  La  combinaison  financière 
pour  arriver  à  ce  résultat  consiste  dans  l'extension  provi- 
soire (?)  du  système  de  la  répartition^  au  détriment  du  système 
de  la  capitalisation,  les  deux  systèmes  étant  combinés  pour 
faire  jouer  la  retraite.  En  cas  de  besoin,  l'Etat  interviendra 
par  des  avances  sans  intérêts.  Le  contribuable  est  toujours  là 
pour  faire  les  frais  de  la  réforme  (2). 

La  grève  n'ayant  pu  être  déclenchée  sur  la  question  de  la  re- 
traite, un  autre  motif  fut  invoqué  :  la  question  des  salaires. 
Le  prix  de  la  vie  augmentait  toujours.  D'après  les  comparaisons 
grossières  des  .index-numbers  publiés  dans  le  Bulletin  de  la 
Statistique  générale  de  la  France,  le  nombre-indice  à  Saint- 
Etienne  pendant  le  premier  trimestre  1920  était  de  3.926,  alors 
que,  pendant  le  trimestre  correspondant  de  1913,  il  était  de 
1.044  p).  «  Nous  avons  fait  notre  possible  pour  arrêter  cette 
hausse,  disait  le  secrétaire  Duranton,  au  nom  du  Comité  fé- 
déral de  la  Loire.  Nous  n'avons  pu  aboutir,  éitant  trop  seuls, 
persoUiUe  ne  faisant  rien  de  sérieux  dans  cet  ordre  d'idées.  » 
Conclusion  :  demande  d'augmentation  de  4  francs  par  journée 
de  travail. 


(1)  Un  décret,  du  29  février  1920  auitorisa  les  préfets  à  prescrire  des 
restrictions  doJis  la.  consommation  des  combustibles.  Un  décret  du 
même  jour  ohfligea  les  établissements  ouverts  au  public  à  fermer  à 
22  heures  (les  théâtres  et  cinéma.s  à  23  heures).  Deux  décrets  du  15  avril 
1920  constituèrent  des  commissions  pour  étudier  :  1°  la  production  et 
l'utilisation  des  succédanés  du  charbon  ;  2»  une  meilleure  utilisation 
des  combustibles. 

(2)  Voir  liiiticj  e  4  de  la  loi  et  le  rapport  de  M.  Taurines  (publié  dans 
le  \férnorial  de  la  Loire  du  18  février  1920),  où  se  trouve  exposé  l'histo- 
rique des  retraites  depuis  1894.  Le  relèvement  de  1  %  (ramené  à  0,25  %) 
de  la  contribution  patironale  et  le  relèvement  égal  de  ila  contribution 
ouvrière,  repoussé  énergiquement  par  les  syndicats  ouviriers,  furent 
abandonrhés,  .sous  La  menace  de  la  grève  générale. 

(3;  Les  (X»mmis»ions  départementales  d'évaluation  du  coût  de  la  vie 
n'ont  fonctionné  qu'à  partir  d'octobre  1920,  où  le  nombre-indice  ihiut 
la  Loire  fut  évalué  à  414,  au  lieu  de  100  en  juUlet  1914.  Ces  indices  .sont 
calculés  avec  une  approximation  plus  exa<;te  que  les  précédents,  établis 
d'après  U^s  n'nseigiieriuMJts  des  inai.res,  iK)ur  un  certain  nombre  de 
denrées. 


-  900- 

Toute  âiugmentation  de  salaires  devait  faire  enfler  encore  le 
prix  de  la  vie,  car  le  mouvement  allait  s'étendre  aiux  autres 
corporations  et,  le  charbon  étant  à  la  base  de  touites  les  in- 
dustries, les  prix  de  revient  augmenteraient.  En  outre,  les 
nournsseurs  de  la  population  ouvrière  voyaient  avec  plaisir 
augmenter  la  capadté  d'achat  de  leur  clientèle.  La  demande 
des  marchandises  allait  prendre  de  nouvelles  proportions, 
tandis  que  l'offre  resterait  constante.  Nouvelle  cause  d'inflation 
des  prix. 

Les  exploitants  reconnurent  la  légitimité  d'un  réajustement 
des  salaires.  Ils  proposèrent  plusieurs  formules  :  une  heure 
de  travail  supplémentaire  surpayée,  des  majorations  de  salaires 
par  catégories,  des  augmentations  combinées  avec  un  relè- 
vement de  l'indemnité  familiale.  M.  Duranton,  au  nom  du 
Comité  fédéral  ouvrier,  refusa.  «  Nous  ne  nous  reconnaissons 
pas  le  droit  de  provoquer  d'un  cœur  léger  une  hausse  excessive 
du  prix  du  charbon  »,  écrivit  le  Président  du  Comité  des  Houil- 
lères. 

La  grève  éclata  le  18  mars.  Dans  une  réunion  à  la  Bourse 
du  Travail,  on  décida  de  n'accorder  aucun  ouvrier  pour  l'en- 
tretieni  des  mines. 

La  grève  du  Nord  et  du  Pas-de-Calais  et  celle  du  Gard 
finissaient  au  moment  où  commençait  celle  de  la  Loire.  Un 
arbitrage  des  Ministres  du  Travail  et  des  Travaux  publics, 
MM.  Jourdain  et  Le  Trocquer,  rendu  le  20  mars,  termina  la 
grève  de  la  Loire.  Le  travail  reprit  le  22.  Les  mineurs  obtenaient 
à  dater  dui  16  mars  une  augmentationi  de  4  francs  (personnel 
du  fond)  ou  de  3  fr.  50  (personnel  du  jour),  avec  des  réductions 
pour  le  personnel  non  spécialisé,  les  femmes  et  les  filles.  Con- 
séquence :  augmentation  de  14  francs  du  prix  moyen  compensé 
de  la  tonne. 

Quand  les  grèves  réussissent  aussi  vite  à  faire  augmenter  le 
salaire  nominal  (qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  le  salaire 
réel),  les  gréviculteurs  sont  encouragés  à  recommencer.  Aussi 
le  25  avril  —  un  mois  après  !  —  les  mineurs  se  déclaraient 
prêts  à  lâcher  l'outil  pou,r  faire  étendre  aux  ardoisiers  le  béné- 
fice des  retraites.  On  était  à  la  veille  du  1*""  mai.  Le  Sénat  apeuré 
vota  l'assimilation.  Mais  les  mineurs,  comme  les  autres  corpo- 
rations, n'en  décidèrent  pas  moins  de  chômer  le  l*»"  mai.  Ce 


—  901  — 

jour  de  «  fête  »  fut  un  jour  d'ennui.  La  ville  paraissait  en  deuil. 
Pas  de  tramways,  les  cafés  fermés,  pas  de  coiiirriers,  beaucoup 
de  trains  supprimés.  Etait-on  à  la  veille  d'une  révolution  so- 
ciale comme  celle  qui  a  couvert  la  Russie  de  ruines  et  de  sang, 
qui  l'a  soumise  au  joug  le  plus  abject,  et  qui  l'a  vouée  à  la 
famine  ?  Un  ^document  émanant  de  la  3'^''  Internationale  re- 
commandait de  saboter  la  vie  économique  par  des  grèves  et 
par  des  attentats,  de  façon  à  créer  un  état  de  malaise  et  ^ 
augmenter  la  misère  pour  pousser  la  population  au  désespoir  (i). 

La  Fédération  nationale  des  cheminots,  dirigée  par  les  extré- 
mistes (Midol,  Monmousseau,  etc.),  avait  décrété  la  grève  sur 
question  de  la  nationalisation  des  chemins  de  fer.  Après  avoir 
hésité,  la  G.  G.  T.  (Jouhaux  et  G'**)  décida  de  faire  jouer  le 
cartel  interconfédéral.  Les  cheminots  formaient  la  première 
«  vague  d'assaut  »  contre  la  <<  société  capitaliste  »,  préférable 
à  tous  points  de  vue  à  la  société  bolcheviste.  Les  mineurs  cons- 
tituèrent la  seconde  vague.  Ils  avaient  décidé  de  rentrer  le 
3  mai  dans  les  puits,  le  2  étant  un  dimanche.  La  G.  G.  T. 
intima  l'ordre  de  chômer  à  partir  du  4.  Elle  fut  obéie.  De  nom- 
breuses entraves  à  la  liberté  du  travail  furent  signalées. 
Néanmoins,  dans  les  réunions,  les  orateurs  se  plaignaient  des 
atteintes  portées  au  droit  de  grève  P)  ! 

Le  9  mai,  la  G.  G.  T.  déclencha  la  troisième  vague  d'assaut  : 
ouvriers  des  métaux,  du  bâtiment,  des  transports  par  terre  et 
par  eau,  des  docks.  A  ce  moment,  le  Gouivernement  prit  l'ini- 
tiative d'une  procédure  judiciaire  tendant  à  dissoudre  la  Gon- 
fédération.  On  sait  que  la  Gonfédération  existe  toujours,  malgré 
le  jugement  rendu  le  13  janvier  1921  par  le  Tribu nail  correc- 
tionnel de  la  Seine. 

La  grève  des  mineurs  n'était  pas  absolument  générale.  Le 
15  mai  il  y  avait  3.436  travailleurs  dans  les  mines.  Un  attentat 
h  la  dynamite  ayant  été  commis  sujr  la  voie  ferrée  entre  Villars 
et  La  Fouillouse,  la  police  arrêta  le  Secrétaire  du  Syndicat  des 
Mineurs  de  Villars,  que  l'on  dut  relâcher  faute  de  preuves.  Les 
mineurs  protestèrent  dans  des  ordres  du  jour  et  décidèrent 


(1)  LlefUtenant-colonel  Reboul  :  La  propagande  bolcheviste  {Temps  du 
14  décembre  1921). 

(2)  Journaux  du  9  mai. 

58 


—  902  — 

que  la  girève  continuerait,  même  si  la  G.  G.  T.  ordonnait  la 
reprise  du  travail. 

Les  trains  ne  marchaient  qu'avec  un  personnel  réduit  et  avec  le 
concours  des  élèves  de  l'Ecole  des  Mines.  Ges  mécaniciens  volon- 
taires —  qu'on  lie  saurait  trop  louer  —  refusèrent  un  moment  de 
transporter  un  député  radical-socialiste  et,  quelques  jours  après, 
un  avocat  et  conseiller  municipal  communiste  de  Saint-Etienne. 
Puisque  ces  personnalités  approuvaient  et  encourageaient  les 
grévistes,  pourquoi  prenaient-elles  des  trains  qui  ne  roulaient 
que  grâce  à  des  concours  volontaires  ?  Le  Gonseil  municipal 
blâma  les  élèves  de  l'Ecole,  comme  il  blâma  la  police  «  aux 
ordres  des  capitalistes  ^î  (!).  Les  élèves  protestèrent  contre  l'ex- 
pression briseurs  de  grèves  employée  par  la  municipalité  (i). 

A  la  suite  du  dépôt  du  projet  de  loi  sur  le  nouveau  régime 
des  chemins  de  fer  —  qui  ne  concluait  pas  à  la  nationalisation 
comme  la  G.  G.  T.  le  demandait  —  la  G.  G.  T.  ordonna  la 
reprise  du  travail,  sauf  toutefois  pour  les  cheminots  (22  mai). 
G'était  l'aveu  de  la  défaite,  aveu  formulé  plus  tard.  Les  mineurs 
continuèrent  la  grève  pendant  un  jour,  pour  protester  contre 
l'arrestation  dtu  Secrétaire  du  Syndicat  de  Villars.  L'Union  des 
Syndicats  ouvriers  de  la  Loire  accusa  le  Boiireau  de  la  G.  G.  T. 
de  trahison.  Le  29  mai  à  son  tour,  la  Fédération  des  cheminots 
décréta  la  fin  de  la  grève.  Mais  toutes  ses  troupes  avaient  lâché 
pied,  ses  chefs  s'étaient  enfuis  à  l'étranger  et  les  trains  avaient 
repris  leur  marche  normale  depuis  trois  jours. 

G'est  à  l'occasion  de  cette  grève  — la  première  tentative  gé- 
nérale de  révolution  sociale  —  que  se  formèrent,  à  Saint-Etienne 
notamment,  des  Unions  civiques  entre  citoyens  volontaires, 
pour  assurer  le  fonctionnement  des  services  publics. 

Au  Gongrès  national  des  mineurs  tenu  à  Saint-Etienne  le 
25  juin  1920  et  les  jours  suivants,  le  secrétaire  Bartuel,  de  la 
Fédération  du  sous-sol,  dut  défendre  la  Commission  adminis- 
trative de  la  G.  G.  T.  contre  l'accusation  de  trahison  envers 
la  classe  ouvrière.  Pourquoi  la  G.  G.  T.  avait-elle  emboîté  le 
pas  aux  cheminots,  alors  que  ceux-ci  étaient  partis  d'une  façon 
prématurée  ?  Parce  que  la  G.  G.  T.,  poussée  à  bout,  avait  été 


(1).  Journaux  des  22  et  28  mai. 


-  903  — 

accusée  de  trahison  par  les  extrémistes.  Mais,  si  les  mineurs  et 
les  inscrits  maritimes  étaient  les  seules  corporations  qui  avaient 
marché  à  fond,  50  %  des  cheminots  avaient  continué  le 
travail.  Un  autre  délégué  accusa  le  Ministre  des  Travaux 
publics,  M.  Le  Trocquer,  d'avoir  été  l'artisan  de  la  grève, 
«  parce  quelle  syndicalisme  était  dangereux  et  qu'il  fallait  le 
décapiter  ».  Bref,  un  vote  couvrit  la  C.  G.  T.  et  blâma  les  che- 
minots de  s'être  montrés  trop  pressés.  Après  la  grève,  les 
Compagnies  de  chemins  de  fer  ou  de  mines  avaient  prononcé 
des  révocations.  Le  Congrès,  faute  de  mieux,  protesta,  après 
quoi  le  secrétaire  Bartuel  annonça  la  «  revanche  prochaine  >>. 

L'entretien  des  mines  fut  assuré  pendant  La.  grève  par  les 
ingénieurs  et  employés  des  Compagnies,  qui  firent  preuve  du 
plus  grand  dévouement  pour  empêcher  des  malheurs  peojit-être 
irréparables  et  qui  auraient  atteint  les  mineurs  eux-mêmes. 
Mais  cet  entretien  était  forcément  précaire  et  la  production 
normale  ne  put  se  rétablir  le  mois  suivant. 

Une  aAitre  grève  —  celle  des  affaires  —  allait  surgir  len- 
tement, substituer  une  crise  de  surproduction  à  une  crise  de 
disette  et  enrayer  tous  les  efforts  des  gréviculteurs. 

La  Fédération  du  sous-sol,  au  mois  d'octobre,  réclamait  en- 
core le  relèvement  des  salaires  pour  les  mettre  en  rapport  avec 
le  coût  de  la  vie.  Elle  présentait  tout  un  cahier  de  revendi- 
cations. Le  Comité  central  des  Houillères  de  France  répondit, 
notamment,  que  les  salaires  depuis  1913  avaient  été  relevés 
de  368  %,  alors  que  le  rendement  individuel  baissait  de  35  5^. 
Les  exploitants  de  la  Loire  étaient  disposés  à  majorer  les  allo- 
cations familiales,  mais  une  hausse  nouvelle  du  combustible 
leur  paraissait  impossible.  L'agitation  dura  longtemps  et  la 
grève  fut  même  votée  à  Saint-Etienne  le  12  novembre,  pour 
le  15,  mais,  le  13,  la  Fédération  nationale  du  sous-sol  envoyait 
l'ordre  de  continuer  le  travail.  Sous  les  auspices  du  Gouver- 
nement, les  représentants  patronaux  et  ouvriers  décidaient  de 
réunir  des  Commissions  mixtes  régionales  ou  loctiles  en  vue  de 
.la  revision  éventuelle  des  bordereaux. 

La  Commission  de  la  Ix)ire  se  réunit  à  cet  effet  le  7  décembre. 
II  y  avait  à  la  réunion  les  délégués  d'une  Fédération  des 
Syndicats  professionnels  des  (nwriers  m^ivni.rs  dr  la  Loire 
récemment    formée.    Fédération   jaune    par    opposition    à    la 


-  904  — 

Fédération  rouge  des  Mineurs.  Les  délégués  de  cette  dernière 
Fédération  se  retirèrent  et  soumirent  leur  attitude  à  un  réfé- 
rendum qui  ne  réunit  que  5.000  votants  sur  25.000  ouvriers. 
Ils  voulaient  pour  la  Fédération  seule  le  monopole  de  la 
discussion  avec  le  Comité  des  Houillères  de  la  Loire.  Les  dis- 
sidents déclarèrent  que  les  ouvriers  étaient  victimes  des  con- 
ceptions ruineuses  de  la  Fédération  rouge,  dans  laquelle  la 
«  politicaillerie  »  avait  été  introduite.  Il  n'y  avait  pas  de  loi 
qui  rendait  le  Syndicat  de  la  G.  G.  T.  obligatoire.  «  La  France, 
disaient-ils,  n'est  pas  encore  souis  la  direction  du  Soviet...  Nous 
sommes  aussi  indépendants  des  exploitants  que  de  la  G.  G.  T.  ». 

Les  «  rouges  »  n'insistèrent  pas.  La  grève  anglaise  avait  cessé 
le  8  novembre.  Les  stocks  de  chairbon  commençaient  à  s'accu- 
muler. Les  pourparlers  avec  les  exploitants  ne  furent  pas  repris. 

Ainsi  se  termina  le  mouvement  ouvrier  de  1920,  le  plus  for- 
midable peut-être  que  l'on  ait  vu  :  une  grève  générale  pro- 
fessionnelle, une  grève  générale  révolutionnaire,  les  vagues 
d'assaut  de  la  G.  G.  T.  déferlant  sur  la  société,  une  troisième 
menace  très  sérieuse  et  non  moins  générale  arrêtée  seulement 
par  la  crise  mondiale  qui  paralysa  la  p-roduction. 

G'en  était  assez.  G'en  était  même  trop.  On  ne  résiste  pas 
indéfiniment  à  des  coups  pareils.  Le  «  coup  »  de  mai  1920  ne 
fut,  à  tout  prendre,  qu'un  coup  d'essai  qui,  heureusement,  ne 
fut  pas  un  coup  de  maître.  PLus  que  jamais  la  société  dort  sur 
un  volcan.  Tant  que  les  journaux  d'une  part,  les  révolution- 
naires de  l'autre  pourront  jeter  de  l'essence  suir  le  feu,  la 
situation  ne  fera  qu'empirer.  La  révolution,  comme  en  93, 
comme  en  Russie,  dévorera  ses  promoteurs,  mais  elle  dévorera 
aussi  le  pays. 

Par  suite  de  l'augmentation  des  salaires  à  la  suite  de  la 
grève  de  mars  1920,  le  salaire  moyen  de  l'oufvrier  du  fond 
s'éleva  à  22  francs  environ.  Par  rapport  à  1913,  les  salaires 
avaient  été  multipliés  par  plus  de  4,  autant  que  le  prix  de  la 
vie  (1).  Le  montant  des  salaires  payés  en  1920  fut  de  141 
millions. 


(1)  Le  coeflicient  4  correspond  à  une  augmentation  de  300  %,  un  salaire 
(le  100  francs  étant  élevé  à  400  francs. 


—  905  — 

Un  certain  malaise  se  manifesta  dans  les  professions  intel- 
lectuelles de  la  mine  :  ingénieurs  et  employés.  N'ayant  jamais 
eu  recours  à  la  grève,  entretenant  même  les  mines  pendant  les 
grèves,  appliqués  et  soumis,  certains  de  ces  collaborateurs 
trouvaient  que,  grâce  à  la  grève,  les  salaires  des  ouvriers 
s'élevaient  vite  et  bien  haut,  et  qu'eux-mêmes  étaient  les  vic- 
times du'  renchérissement  dû  aux  augmentations  de  salaires. 
Mais,  grâce  à  l'attention  éveillée  des  directeurs,  seuls  en  contact 
avec  les  Conseils  d'administration,  on  ne  vit  point  chez  nous 
se  former  des  Syndicats  d'intellectuels  comme  ceux  qui  prirent 
naissance  à  Paris.  Il  n'y  eut,  en  fait  de  réclamations  publiques, 
que  de  rcires  articles  de  revue  (l). 

J'ai  indiqué  (v.  p.  891)  la  loi  qui  intervint  au  sujet  des 
retraites  p).  Les  versements  s'effectuèrent  sur  la  base  de  4  % 
pour  les  patrons  comme  pour  les  ourv^riers  :  5.640.000  francs  de 
part  et  d'autre,  pouir  un  ensemble  de  salaires  de  141  millions. 

Les  Caisses  de  secours  renouvelèrent  leurs  Conseils  d'admi- 
nistration, les  élections  ayant  été  différées  pendant  la  guerre. 
Elles  régularisèrent  leurs  statuts  au  regard  de  la  loi  du  23  no- 
vembre 1918.  Le  montant  total  des  versements  à  ces  Caisses 
s'éleva  à  3  millions  1/2,  dont  les  2/3  à  la  charge  des  ouvriers, 
ce  qui  correspondait  à  87  francs  environ  par  an  et  par  ouvrier, 
à  1,7  %  en  moyenne  du  salaire  et  à  0,85  %  pour  les  patrons. 
L'allocation  et  les  soins  médicaux  et  pharmaceutiques  repré- 
sentaient 7  fr.  90  par  journée  de  maladie,  et  la  moyenne  des 
jouirs  de  maladie  par  an  et  par  ouvrier  fut  de  13. 

Seules  les  Compagnies  prospères  purent,  en  1920,  construire 
de  nouveaux  logements  ouvriers,  la  construction  étant  toujours 
hors  de  prix.  La  dépense  engagée  de  ce  chef  fut  de  près  de 
2  millions  1/2,  de  3  millions  en  y  comprenant  l'achat,  la  lo- 
cation, l'aménagement  d'immeubles  ou  de  locaux.  Un  septième 
des  ouvriers  du  bassin  houiller  était  logé  par  les  Compagnies. 


(1)  iiif/mentation  des  salaires  des  ingénieurs  des  ynines,  dans  la  revue 

Siiiiii-Eiu'îuic  et  sa  région,  décembre  VM). 

(2)  Loi  (lu  'j  in;iis  1920  (loi  du  30  aviU  l'.rijo  pi.iir  les  aidoislers),  modi- 
fiant la  loi  (lu  25  f^ivrier  1914  et  qui  fut  im.diil'M  cilc-nn^me  par  la  loi 
<lu  G  août  V.m.        UC'civi^  des  28  avril  et  'Z'J  juillet  1920. 


—  906  — 

La  taxation  opérée  fini  1920  tint  compte  des  dépenses  pour  aug- 
menter la  capacité  des  logements. 

La  proportion  du  nombre  des  accidents  mortels  augmenta 
en  1920  (1,56  par  1.000  ouvriers,  au  lieu  de  0,83  à  1,33  les  années 
précédentes  à  partir  de  1913),  par  suite  de  l'embauchage  d'un 
grand  nombre  d'étrangers  ou  de  jeunes  ouvriers. 

Le  régime  des  mines  établi  par  la  loi  du  9  septembre  1919 
(p.  890)  a  été  précisé  pçir  les  décrets  des  21  avril  et  31  août  1920 
promulguant  le  cahier  des  charges  type  des  concessions  et  le 
modèle  des  demandes  de  concessions.  La  loi  de  finances  du 
31  juillet  1920,  art.  18,  a  réglé  la  transformation  des  Sociétés 
civiles  de  mines  en  Sociétés  commerciales. 

Un  décret  du  29  juin  1920  a  donné  le  titre  ^Ingénieurs  des 
Travaux  publics  de  VEtat  aux  sous-ingénieurs  (anciens  con- 
trôleurs ou  anciens  garde-mines). 

Je  ne  puis  entrer  dans  les  détails  techniques,  mais  je  signale 
dans  le  Bulletin  de  l'Industrie  minérale  les  études  sur  l'emploi 
de  marteaux  à  air  comprimé  pour  l'abatage  de  la  houille,  et 
sur  les  essais  de  traction  par  locomotives  à  benzine,  par 
M.  Dessemond,  ingénieur  principal  de  la  Société  des  Houillères 
de  Saint-Etienne. 

On  a  accordé,  par  décrets  du  29  décembre  1920  (1),  deux  con- 
cessions de  5.000  hectares  chacune  pour  l'exploitation  de  la 
houille  aux  portes  de  Lyon^  récompense  des  sondages  entrepris 
dans  l'Isère  :  l'une  dite  concession  de  Gênas  (Saint-Priest, 
Ghassieu,  Meyzieux,  etc.)  à  la  Gompagnie  des  Gharbonnages 
de  Lyon,  l'autre  dite  concession  de  Mions  (Mions-Sud,  Réduis, 
La  Pouillouse)  à  la  Gompagnie  des  Houillères  lyonnaises. 
D'autres  recherches  ont  été  et  sont  encore  poursuivies  dans 
cette  région  (2). 

Ici  s'arrêtent  les  statistiques.  Je  rappelle  que  la  production 
houillère  annuelle  de  la  France  était  de  41  millions  de  tonnes 


(1)  Journal  officiel,  1er  janvier  1921. 

(2)  Voir  Rapport  de  la  Société  des  Houillères  de  Saint-Etienne 
(assemblée  générale  du  28  avril  1921;  ;  Un  nouveau  Mssin  houiller  à 
Vest  de  Lyon,  par  Gl.  Roux  (Revue  Lyon  et  sa  région,  5  mai-5  juin  1920)  ; 
La  houille  aux  portes  de  Lyon  {Echo  des  Mines,  20  juin  1920),  etc.,  et€. 


—  907  — 

avant  la  guerre  (et  l'importation  de  23  millions  ;  consommation 
totale  :  64  millions  de  tonnes). 

La  production  fut  réduite  de  moitié  environ  jusqu'à  l'armis- 
tice (production  de  20  à  26  millions  par  an  de  1915  à  1918).  On 
importa  —  on  sait  avec  quels  frais  et  quels  risques  —  de  18  à 
21  millions  de  tonnes  chaque  année. 

En  1919,  la  production,  enrayée  par  les  grèves  et  le  retrait 
des  prisonniers  de  guerre,  ne  fut  que  de  20  millions  (22  avec 
la  Lorraine)  et  l'importation  de  18  à  19  millions  de  tonnes  (l). 
Ces  chiffres,  que  je  tiens  à  reproduire,  expliquent  mieux  que 
tous  les  raisonnements,  pour  la  compréhension  de  cette  fin 
d'histoire,  la  crise  terrible  du  charbon  pendant  et  depuis  la 
guerre,  la  course  au  combustible,  les  files  intermiîiables  qui 
stationnaient  à  la  porte  des  marchands  de  charbon  de  Paris 
pendant  le  grand  hiver  de  1917  (2).  Ils  expliquent  aussi  la  néces- 
sité de  la  réglementation,  de  la  taxation,  de  la  répartition  des 
charbons  par  les  Pouvoirs  publics.  Les  modalités  de  ce  régime 
ont  été  souvent  et  à  juste  titre  critiquées,  mais  le  principe 
s'imposait,  à  cause  de  la  rareté  de  cette  marchandise  de  pre- 
mière nécessité.  Cette  crise  de  disette  si  grave  aurait  dû  déter- 
miner, après  comme  pendant  la  guerre,  une  vague  de  travail 
plutôt  que  des  vagues  de  grèves  comme  celles  de  1919  et  1920. 
Le  contraire  arriva. 

En  1920,  la  production  totale  fut  de  24  millions  de  tonnes 
(21  millions  en  déduisant  la  consommation  des  mines)  et  l'im- 
portation de  24  millions  de  tonnes,  dont  11  millions  1/2  d'An- 
gleterre, 2  millions  1/2  des  Etats-Unis,  1  million  de  Belgique, 
4  millions  d'autres  pays,  enfin  5  millions  livrés  par  l'Alle- 
magne. Nous  n'avons  exporté  que  400.000  tonnes  (3). 


(1)  L'exportation  a  atteint  son  maximum  en  1918  avec  1.800.000  tonnes, 
diont  l.OOO.OOO  pour  ITtalie.  Les  autres  années,  depuis  1914,  elle  ne  dépasse 
point  534.000  tonnes  (1919). 

(2)  Dix  départements  étaient  envahi*,  mais  la  consommation  des 
régions  envahiies  était  compensée  au  delà  par  celle  des  industries  de 
la  défense  nationale  en  pleine  activité. 

(3)  Bulletin  de  la  Stalistique  générale  de  la  France  (janvier  11^21,  p.  103) 
et  Revue  de  tlndustrin  minérale,  1921,  3»  partie,  p.  108.  —  Production 
du  col<e  :  782.000  tonnes,  des  agigi'omérùs  :  2.06H.000.  Pei^nnel  ouvrier 
(moyenne  mensuelle)  :  203.000,  dont  129.000  au  fond.  Un  décret  du 
22  octobre  1920  a  prohibé  l'exportation  des  poteaux  de  mines. 


908 


1921 


A  l'heure  où  j'écris  (janvier  1922)  aucune  statistique  n'a 
paru,  aucun  rapport  n'a  été  publié  sur  la  situation  des  mines 
en  1921.  Les  quelques  lignes  qui  suivent  ne  sauraient  donc 
constituer  un  exposé  complet  de  la  situation  (i). 

Un  décret  du  12  janvier  a  autorisé  Tamodiation  de  la  con- 
cession de  la  Baraill^re  par  M.  Tardy  Glaudius  à  la  Société 
viennoise  des  Houillères.  Un  décret  du  25  janvier  a  autorisé  la 
cession  des  droits  d'amodiation  de  la  concession  du  Couloux 
successivement  par  M.  Hercelin  à  M.  Vey,  par  M.  Vey  à 
MM.  Rocher  et  Jampierre,  par  MM.  Rocher  et  Jampierre  à  la 
Société  Rocher  &  G*^ 

Le  17  mai  1919,  le  Conseil  municipal  de  Saint-Etienne  avait 
demandé  au  Préfet  de  faire  cesser  l'exploitation  de  la  mine 
de  Villebœuf,  en  rapportant  les  arrêtés  du  31  janvier  1911  et 
suivants  autorisant  l'extension  du  périmètre  d'extraction.  Le 
30  j^uin  1921,  le  Préfet  informait  le  Maire  que  le  Ministre  se 
refusait  à  donner  une  suite  favo^rable  à  cette  demande.  Le 
Conseil  municipal  se  pourvut  devant  le  Conseil  d'Etat  contre 
cette  décision. 

A  la  Société  des  Houillères  de  Montrambert  et  de  la  Bérau- 
dière  (directeur  :  M.  Pigeot),  M.  Léon  Bouchut,  ingénieur,  fut 
nommé  sous-directeur  ;  M.  Clapier,  ingénieur  en  chef  ; 
M.  Coing,  secrétaire  général. 

L'année  1921  n'a  pas  ressemblé  aux  précédentes.  Elle  fut 
marquée  par  la  grande  crise  industrielle  mondiale.  Au  début, 
on  entassait  partout  le  combustible.  Les  stocks  ne  pouvant  indé- 
finiment s'accroître,  l'extraction  fut  arrêtée  dans  plusieurs  puits, 
un  jour  de  chômage  fut  établi  et  de  nombreux  ouvriers  furent 
renvoyés. 

Le  régime  des  charbons  subit  d'importantes  modifications. 
Si  la  taxation  subsista,  la  répartition  et  la  péréquation  dispa- 
rurent le  1*'  mars.  La  compensation  devait  cesser  également. 

Je  ne  puis  rappeler  ici  les  dispositions  des  arrêtés  de  péré- 
quation et  de  taxation,  faciles  à  retrouver  et  à  consulter  et  que 


(1)  Production  nette  en  1921  :  3.414.C0O  tonne,s  de  houille,  254.000  tonnes 
de  coke,  260.000  tonnes  d'agglomérés. 


—  909  — 

les  rapports  officiels  résument.  Ces  arrêtés  et  notamment  la 
politique  de  cokerie  du  Ministère  motivèrent  de  nombreuses 
plaintes  de  la  part  de  la  Métallurgie  (i). 

La  différence  des  prix  taxés  par  rapport  à  ceux  d'autres 
bassins  houillers  résultait  comme  auparavant,  pour  la  Loire, 
des  conditions  du  gîte,  des  redevances  tréfoncières  aggravées 
par  la  hausse  des  prix,  de  l'exploitation  sous  des  agglomé- 
rations d'habitants  entraînant  des  dégâts  à  la  surface,  majorés 
par  le  coût  des  constructions. 

Le  Gouvernement  mettait  aitn  frein  à  la  baisse  des  prix  pour 
ne  pas  abaisser  les  salaires.  Il  ne  se  décida  à  prendre  l'arrêté 
du  29  août,  le  dernier  en  date  pour  les  combustibles  (les  cokes 
exceptes),  qu'après  la  fin  de  la  grève  anglaise  et  consécuti- 
vement à  la  réduction  des  salaires. 

La  Métallurgie  faisait  valoir  que  le  prix  des  charbons  de  la 
Loire  dépassait  100  francs  (quatre  fois  environ  le  prix  d'avant 
guerre)  (^],  alors  que  les  usines  de  l'Est,  favorisées  par  la  proxi- 
mité de  la  Sarre  et  de  la  Ruhr  ne  payaient  le  charbon  que 
85  francs  et  que  le  prix  des  aciers  était  tombé  à  deux  fois  et 
demie  le  prix  de  1914.  D'après  l'arrêté  du  21  août,  les  cokes  de 
la  Loire  expédiés  aux  aciéries  de  l'Est  parvenaient  à  100  francs 
la  tonne  rendus  à  ces  usines,  tout  en  étant  facturés  100  francs 
au  départ,  le  B.  N.  G.  (Bureau  natiomal  des  Gharbons)  prenant 
les  frais  de  transport  à  sa  charge.  Les  «  fines  à  coke  »  de  'a 
Loire,  expédiées  au  Greusot  ou  à  Montluçon,  étaient  livrées  h 
ces  usines  65  francs  franco,  bien  que  payées  90  francs  au  départ. 
G'éta.it,  en  faveur  du  Greusot,  une  é<x)nomie  de  30  francs  par 
tonne,  soit  plus  de  40  francs  par  tonne  de  coke. 

La  principale  raison  de  Télévation  des  prix  de  revient  du 
charbon,  déclarait  le  Gomité  central  des  Houillères  de  France, 
réside  dans  la  baisse  permanente  du  rendement  des  mineurs,  se 


(1)  Un  df^cret  du  30  <lécembrc  1921  {Journal  Officiel,  23  février  1922) 
a  mis  fin  .au  régime  de  la  taxation  des  charbons  el  de  la  limitation 
dos  frets. 

(2)  D'après  l'arr<^f('«  do  taxation  :  les  p^;rats,  134  francs  :  lo  nionii  sortant 
de  forge,  130  h  13r>  fr.;  1^  nicnn  sortant  paz.  107  fr.:  les  dracérs  lavéos, 
124  fr.  ;  les  braisottes  lav/'os.  110  {\  121  fr.  ;  les  menus  fins,  90  ft  100  fr.  ; 
lo  menu  sortant  2",  76  h  90  fr  ;  3«.  45  fl  55  fr.  ;  'os  briquettes  135  à  117  fr. 
{Va\v  lo   lahirnn   rnmparatff  avec   les  autres  bassins  dans  VEcho  des 

Mnir    .In  !'M1.) 


—  910  — 

superposant  à  l'ciiUigmentation  considérable  des  salaires  depuis 
quelques 'années  (i). 

La  réduction  des  salaires  fut  opérée  en  juillet  et  appliquée 
à,  partir  du  l*''"  août.  Elle  se  fit  sans  se<x)usses,  dans  une  dis- 
cussion oouirtoise.  La  crise  de  chômag'e  rendait  vaine  toute 
tentative  de  g-rève.  Le  nombre-indice  du  prix  de  la  vie,  établi 
par  la  Commission  départementale,  qui  était  de  100  en  1914  et 
de  414  en  octobre  1920,  était  tombé  à  384  en  janvier  1921,  à  352 
en  juin  1921.  Il  est  resté  stationnaire.  La  baisse  des  salaires 
acceptée  de  part  et  d'autre  fut  de  3  francs  par  jour  pour  les 
ouvriers  de  plus  de  16  ans  et  de  2  francs  pour  les  femmes  et  les 
enfants. 

A  ce  moment,  M.  Diuranton,  secrétaire  du  Comité  fédéral 
ouvrier,  démissionnaire,  fut  remplacé  par  M.  Dumond. 

Une  grève  de  vingt-quatre  heures,  générale  en  France  dans 
les  mines,  eut  lieu  le  12  décembre  pour  protester  «  contre  le 
patronat  féroce  qui  profite  des  circonstances  de  crise  de  chô- 
m,age  pour  brimer  les  ouvriers  et  leur  imposer  des  diminutions 
sensibles  de  salaires  ».  On  en  profita  pour  protester  contre 
l'impôt  sur  les  salaires,  «  contre  la  continuation  des  guerres 
criminelles  et  fratricides  qui  se  poursuivent  en  Orient  ».  On 
envoya  «  un  salut  fraternel  syndicaliste  à  toutes  les  victimes  de 
la  folie  réactionnaire  qui  sont  encore  détenues  dans  les  geôles 
de  la  République  ».  On  manifesta  même  «  pour  la  stabilisation 
du  change  dans  tous  les  pays  ».  C'est  du  moins  ce  qu'indiquait 
une  affiche  que  ni  les  lecteurs,  ni  même  les  rédacteurs  ne 
devaient  sans  doute  comprendre,  car  le  change  se  moque,  hélas  ! 
des  manifestations  !  Mais  tout  cela  manquait  d'entrain.  Il  n'y 
eut  que  très  peu  de  manifestants  P). 

Pour  atténuer  la  baisse  des  salaires,  le  Comité  des  Houillères 
de  la  Loire  éleva,  à  partir  du  1^""  août,  de  0  fr.  30  à  0  fr.  60 
les  allocations  familiales  pour  les  deux  premiers  enfants  ayant 
moins  de  13  ans,  et  de  0  fr.  30  à  1  franc  pour  le  troisième  enfant 
et  les  suivants. 


(1)  lUcho  des  Mines,  10  août  1*^1. 

(2)  L'effectif  des  syndicats  de  mineurs  a  beaucoup  diminué  en  1921  : 
dans  la  Loire  3.755  adhérents  contre  5.436  en  1920  (chiffres  cités  par  le 
Travailleur  du  sous-sol  et  reproduits  par  le  Mémorial  de  la  Loire  du 
3  octobre  1921). 


—  911  — 

Au  début  de  l'année,  la  Compagnie  de  Roche-la-Molière  dé- 
cidait d'accorder  une  prime  au  mariage,  de  500  francs,  à  tout 
ouvrier  ou  employé  comptant  trois  ans  de  service  à  la  Com- 
pagnie, et  une  allocation  de  100  francs,  dite  de  layette,  à  l'oc- 
casion de  la  naissance  de  chaque  enfant. 

Je  signale  dans  le  BuUetin  de  Vlndustrle  minérale,  devenu 
en  1921  la  Reims  de  VlndusLrie  minérale,  les  belles  études  de 
M.  Dessemond,  ingénieur  principal  à  la  Société  des  Houillères 
de  Saint-Etienne,  sur  le  traitement  des  schistes  houillers  par 
fusion  et  le  problème  de  l'utilisation  des  combustibles  pauvres  ; 
de  M.  Margand,  ingénieur  à  la  Société  de  Montrambert  et  de 
la  Béraudière,  sur  l'influence  de  l'aérage  naturel  ou  le  fonction- 
nement des  ventilateurs  ;  de  M.  Pasquet,  ancien  ingénieur  à 
la  Compagnie  des  Mines  de  Roche-larMolière  et  Firminy,  sur 
l'exploitation  des  mines  à  feu  ;  les  conférences  de  M.  Biver, 
directeur  de  la  Société  des  Mines  de  la  LfOire,  sur  la  ventilation 
des  mines  ;  de  M.  Clapier,  ingénieur  principal  à  la  Société  des 
Houillères  de  Montrambert  et  de  la  Béraudière,  sur  une  pelle 
automatique  à  air  comprimé,  etc.. 

Aux  portes  de  Lyon,  on  délivra,  par  décret  du  T'"  avril  1921, 
une  nouvelle  concession  (à  M.  de  Réneville)  sur  les  communes 
de  Saint-Symphorien-d'Ozon,  Corbas,  Mions,  Chaponnay, 
Simandres,  Communay,  Toussieu  et  Saint-Pierre-de-Chandieu, 
arrondissement  de  Vienne. 

Le  régime  général  des  mines  fut  marqué,  en  1921,  par  le 
décret  du  5  juillet  sur  le  contrôle  financier  des  concessions  mi- 
nières et  par  l'es  dispositions  de  l'article  3  de  la  loi  de  finances 
du  30  avril  qui  modifient  l'assiette  de  la  redevance  proportion- 
nelle payée  à  l'Ktat.  Le  produit  net  imposable  est  forfaitai- 
rement  égal  au  montant  total  des  sommes  dont  la  distribution 
a  été  votée  l'année  précédente.  Les  tantièmes  des  adminis- 
tra-teurs  sont  assimilés  aux  dividendes*. 

Le  régime  général  des  mineurs  n'a  été  modifié  que  par  des 
dispositions  de  détail  concernant  la  Caisse  autonome  des  re- 
traites (décret  du  28  février  et  loi  du  20  juillet  1921). 

C'est  en  1921  (7  et  8  mai)  qu'a  été  célébré  le  centenaire  do 
rFkx)le  des  Mines  de  Saint-Ktienne.  Ij'anniversaire  de  la  création 
de  l'Kcole  tombait  en  1916. 

Nous  aurions  voulu  terminer  par  un  exposé  de  la  situation 


—  912  — 

actuelle  et  des  desiderata  de  l'industrie  houillère  de  la  Loire. 
Mais  cet  exposé  vient  d'être  fait  avec  une  grande  précision  et 
en  quelques  pages,  par  M.  Paud  Petit,  président  de  la  Chambre 
de  Commerce  de  Saint-Etienne  et  président  du  Comité  des 
Houillères  de  la  Loire,  dans  une  note  remise  le  11  mars  1922 
à  M.  Fighiera,  directeur  des  Affaires  commerciales  et  indus- 
trielles au  Ministère  du  Commerce.  Cette  note  sera  imprimée 
dans  le  Bulletin  de  1922  de  la  Chambre  de  Commerce.  Nous  ne 
saurions  trop  engager  à  s'y  reporter. 


913  — 


APPENDICE 


5^    1    -    LES    MINES    MÉTALLIQUES 


On  ne  satujrait  clore  VHistoire  économique  gériérale  des  Mines 
de  la  Loire  sans  parler  des  mines  métailliques,  des  mines  d'an- 
thracite et  des  tourbières  de  ce  département,  bien  que  l'importance 
des  unes  et  des  aiuitres  —  assez  notaible  autrefois  —  soit  nulle 
aujourd'hui  par  rapport  à  celle  des  mines  de  houille. 

Je  ne  reviendrai  pas  sur  la  législation  des  mines  métalliques, 
seule  législation  minérale  des  temps  anciens  et  que  j'ai  analysée 
dans  la  première  partie  de  cet  ouvrage.  Je  rappelle  que  la  rede- 
vance du  dixième  sur  le  produit  de  la  mine,  que  s'attribuait  le 
souverain,  provenait,  soit  de  l'impôt  du  dixième  établi  sur  les 
mines  sous  les  Romains,  soit  de  la  création  de  la  dîme  dont 
cette  redevance  n'était  qu'une  variante.  Perçue  par  le  seigneur 
paT  concession  du  Roi,  comme  en  Forez,  reprise  par  la  Royauté, 
complétée  à  certains  moments  par  l'impôt  du  vingtième  ou  sans 
doute  plus  exactement  des  vingtièmes,  qui  était  un  impôt  gé- 
néral sur  les  revenus,  cette  redevance  fut  complétée  encore  par 
une  taxe  du  trentième,  établie  pour  procurer  les  secours  néces- 
saires aux  ouvriers.  Cette  redevance  fut  la  base  de  toute  l'an- 
cienne législation,  la  base  des  concessions.  Le  Roi  pouvait  en 
faire  la  remise.  En  fait,  il  dispensa  les  Blumenstein,  par 
exemple,  du  droit  de  quint. 


Les  mots  Argental,  Argentière,  etc.,  qui  acc/ompagnent 
plusieurs  noms  de  lieux  en  Forez  et  en  Lyonnais,  signifieraient, 
a-t-on  dit,  la  présence  de  l'argent  (argentum).  Là,  jadis,  on 
aurait  exploité  le  métal  précieux.  I^es  mots  Argentan,  Argentan, 

ont  la  inf^mo  siL-rnflcation. 


—  914  — 

Cette  étymologie,  indiquée  dans  la  Numismatique  forézienne 
de  M.  G. -P.  Testenoire-Lafayette  fils,  annexée  au  Forez  pitto- 
resque et  monumiental  de  Félix  Thiollier,  est  mise  en  doute  par 
Camille  JuUian  (i).  Cela  est  fort  possible,  dit-il,  mais  non 
prouvé.  Un  article  de  V Ancien  Forez  (1884-85,  p.  264)  indique 
qu'Argental  viendrait  en  gaulois  de  l'article  ar,  et  de  ganta  ou 
Kanto,  Kan  qui  signifiait  «  oie  ».  Au  lieu  de  «  pays  de  l'argent  », 
on  Bjuirait  «  pays  des  oies  )>,  animal  fort  apprécié  à  toutes  les 
époques  de  l'histoire,  moins  pour  son  intelligence  que  pour  sa 
chair  savoureuse. 

Il  n'y  a  cependant  rien  que  de  très  naturel  à  ce  que  plusieurs 
lieux  aient  reçu  une  dénomination  tirée  d'argentum.  Le  plomb, 
en  effet,  fut  extrait,  traité  et  affiné  dans  notre  province.  Or,  le 
principal  minerai  de  plomb,  la  galène  ou  sulfure  de  plomb,  est 
généralement  argentifère. 

Les  souvenirs  de  l'extraction  du  plomb  sont  nombreux  et  les 
derniers  de  ces  souvenirs  remontent  à  une  époque  récente. 

Auguste  Bernard  a  vu  au  Musée  d'Avignon,  où  il  existe  peut- 
être  encore,  un  «  saïuimon  »  de  plomb  portant  le  nom  des  Ségu- 
siaves,  le  peuple  antique  du  Forez.  Cette  matière  était  traitée 
dans  les  manufactures  impériales.  Le  Rhône  et  la  Saône 
servaient  pour  le  transport  de  cette  marchandise.  Bernard  croit 
que  c'est  à  Givors  que  ce  plomb  aurait  été  fondu. 

Mais  l'argent,  en  Gaule,  était  relativement  rare  par  rapport 
à  l'o'r.  Les  filons  des  mines  cévenoles  ou  des  mines  pyrénéennes, 
les  paillettes  des  rivières  qui  descendaient  de  ces  montagnes 
firent  à  la  Gaule  une  réputation  de  richesse  aurifère,  richesse 
qui  disparut  rapidement,  à  cause  même  de  cette  réputation  (2). 

Les  invasions  barbares  firent  disparaître  des  industries 
pendant  des  siècles,  à  tel  point  que  le  siècle  de  saint  Louis 
n'était  pas  plus  avancé  en  métallurgie  que  celui  d'Auguste. 
M.  Paul  Leroy-Beaulieu  a  signalé  cet  arrêt  de  plusieurs  cen- 
taines d'années  dans  l'exploitation  des  mines  mtétalliques  après 
les  invasions.  Le  stock  des  métaux  précieux  en  Europe  se  trouva 
très  réduit  jusqu'à  la  découverte  de  l'Amérique  (3). 


{1)  Histoire  de  la  Gaule,  I,  p.  77,  note  2. 

{2)  CamiUe  J'uUian,  I,  p.  76,  et  les  auteurs  anciens  cités. 

(3)  Traité  théorique  et  pratique  d'économie  politique,  2«  édition,  III, 
p.  191. 


—  915  — 

U Ancien  Forez  (1886-87,  p.  145  et  suivantes)  a  reproduit  un 
curieux  contrat  entre  Hugues,  duc  de  Bourgogne  et  le  prieur 
d'Anzy,  daté  de  1264,  pour  la  formation  d'une  Société  de  mine, 
société  de  recherches  et  d'extraction  d'argent,  de  plomb  ou  autre 
métal  dans  les  terrains  du  prieuré  d'Anzy,  à  Oyé  et  Amanzé 
en  Brionnais  (arrondissement  de  Charolles).  Les  travaux  étaient 
à  frais  communs  et  le  profit  partagé'  par  moitié.  Le  paiement 
des  dégâts  causés  à  la  surface  était  également  partagé  par 
moitié.  Le  contrat  semble  reconnaître  que  les  propriétaires  du 
sol  peuvent  s'opposer  aux  travaux,  sauf  indemnité,  bien  que 
ces  propriétaires  ne  pussent  être  que  des  tenanciers  ou  des  jus- 
ticiables du  prieuré  dont  le  duc  était  sans  doute  le  suzerain. 
En  1840,  des  gens  du  pays  firent  des  tentatives  d'exploitation, 
mais  l'analyse  ne  fit  que  révéler  la  pauvreté  du  minerai  :  plomb 
dans  le  lias  0,86  ;  argent  0,001. 

J'ai  cité  l'ordonnance  de  la  fin  du  xiv^  siècle  du  duc  Louis  II 
de  Bourbon,  comte  de  Forez,  «  baillant,  cédant,  octroyant  et 
délivrant  »  les  mines  de  plomb,  étain,  cuivre  et  autres  métaux 
qu'on  pourrait  découvrir  dans  la  ohâtellenie  de  Virigneux 
(canton  de  Saint-Galmier)  ;  la  concession,  par  le  même,  en  1405, 
à  un  bourgeois  de  Lyon,  des  mines  métalliques  du  Forez  ;  l'au- 
torisation, accordée  en  1477,  par  le  Juge  de  Forez,  à  quelques 
particuliers  de  rechercher  dans  le  lit  de  la  Loire  et  autres 
rivières  les  paillettes  d'or  qui  pourraient  s'y  trouver  (v.  p.  46). 

M.  Vincent  Durand  a  exposé  {Bulletin  de  la  Diana  1897-98, 
p.  407  et  suivantes)  qu'aucun  indice  d'exploitation  des  mines 
métalliques  par  les  cx)mtes  de  Forez  de  la  première  et  de  la 
deuxième  race,  n'existait  cictuellement.  Les  ducs  de  Bourbon 
n'euirent  que  des  velléités  d'entreprise.  «  Les  vastes  travaux 
anciens,  reconnus  par  les  ingénieurs,  travaux  qui  attestent  une 
exploitation  conduite  avec  de  grands  moyens  et  ayant  duré  un 
temps  considérable,  ne  doivent  pas  être  attribués  au  moyen  âge, 
mais  remontent  très  probablement  à  l'antiquité.  » 

Papire  Masson  disait  que  lo  (^^havanelet  avait  charrié  de  l'or. 
Cet  or  n'était  sans  doute  que  diii  micii  oxydé,  dit  Hodde  (•). 
L'affreux  niisseau  qui  empeste  le  cours  Fauriel  et  que  la  mu- 


(1)  Bulletin  de  la  Société  agricole  et  manufacturidrc  de  Saint'Eiienne, 
1839,  p.  261. 


—  916  -- 

nicipalité  de  Saint-Etienne  a  dû  faire  couvrir,  est  bien  déchu 
aujourd'hui  de  son  antique  splendeur  champêtre. 

Au  XV®  siècle  se  place  l'exploitation  des  mines  métalliques 
d'Ui  Forez  et  du  Lyonnais  par  Jacques  Cœur,  qui  avait  été  pré- 
cédé, d'après  M.  Steyert,  pa.r  les  d'Albon,  les  Jossard  et  les 
Baronnat.  A  Ghessy,  les  Baronnat  avaient  leur  château,  qui 
existe  encore,  près  de  la  mine  de  cuivre,  une  des  plus  consi- 
dérables de  France,  exploitée  déjà,  dit-on,  sous  les  Romains. 
Jean  Baronnet  ou  Baronnat  fut  le  commis  ou  le  correspondant 
de  Jacques  Gceuir  à  Lyon.  Celui-ci,  qui  était  venu  en  1440  avec 
Charles  Vil  faire  le  siège  de  Saint-Haon-le-Châtel  pendant  la 
guerre  de  la  Praguerie,  se  rendit  acquéreur,  en  1447,  des  sei- 
gneuries de  La  Motte,  La  Forest,  Roanne,  Saint-Haon  par 
moitié,  et  du  château  de  Boisy  à  Saint-Martin-de-Boisy,  près 
de  Roanne,  que  lui  cédèrent  Eustache  de  Lévis  et  sa  femme 
Alice  de  Co^uzan.  Jacques  Cœur  fit  prendre  possession  de  ces 
terres  par  Jean  Baronnat.  Il  habita  lui-même  et  il  transforma 
le  château  de  Boisy.  La  légende  a  conservé  le  souvenir  du 
«  Monsieur  de  Boisy,  Jacques  Joli-Cœur  »,  qui  faisait  travailler 
tant  d'ouvriers  et  qui  s'enrichit  immensément  grâce  à  la  cap- 
ture d'iume  bague  magique  portée  par  un  serpent  monstrueux 
qui  désolait  les  environs  du  grand  étang  de  Boisy,  près  de 
Saint-Haon. 

Jacques  Cœur  acheta  aussi  les  mines  de  cuivre  de  Sain-Bel 
dans  le  canton  de  L'Arbresle.  Le  nom  de  Sain-Bel  —  où  le  /  est 
absent  —  s'écrivait  dans  les  anciens  titres  Scrnihael,  Sarnbeeli, 
Saimbel,  Senbel  (de  sambella,  sorte  de  monnaie  blanche)  ;  les 
clercs  du  moyen  âge  en  firent  Sanctus  Bellus,  bien  que  le  Saint 
fût  absent.  Ces  mines  devinrent  ensuite  la  propriété  des  moines 
de  Savigny,  le  bourg  de  Sain-Bel  dépendant  de  cette  abbaye. 
De  même,  au  moyen  âge,  Notre-Dame  de  Chantois,  près  de 
Bully,  était  propriétaire  des  mines  de  Bully,  de  Saint-Martin- 
la-Sauveté  et  de  la  Prugne  (i). 

Nombreux  furent  au  xvi*  siècle  les  privilèges  accordés  par 
les  Rois  pour  rechercher  et  exploiter  des  mines  en  Lyonnais  et 


(1)  CosTE  :  Histoire  de  la  ville  de  Roanne.  —  Noëlas  :  Légendes  foré- 
riennes.  —  Bi.anchardon  :  Le  Forez  légendaire.  —  Rolland  et  Clouzet  : 
Dictionnaire  illustré  des  communes  du  Rhône.  —  Varnet  :  Géographie  du 
Rhône. 


—  917  — 

en  Forez  (v.  p.  48).  Ce  fut  l'époque  où  aurait  été  exploitée  la 
fameuse  mine  d'or  de  Saint-Martin-la-Plaine  (la  Plagne),  située 
au  hameau  de  Bissieu,  lequel  fait  partie  aujourd'hui  de  la 
commune  de  Saint-Joseph.  Mathieui  Paris,  dans  son  Histoire 
de  France  citée  par  AUéon-Dulac  (II,  p.  280)  parle  d'une  riche 
minière  d'or  qui  se  trouvait  en  1602  dans  le  Lyonnais  proche 
Saint-Martin-là-Plaine,  dans  la  vigne  d'un  paysan.  Il  raconte 
comment  l'on  présenta  à  Henri  IV  un  lingot  d'or  de  cette  mi- 
nière. Tous  les  auteurs  ont  cité  la  fameuse  coupe  offerte  à 
Marie  de  Médicis  et  portant  ces  mots  gravés  :  vase  fait  de  Vor 
de  la  mine  de  Saint-Martin-la-Plaine.  M.  Montellier,  président 
du  Tribunal  civii  de  Saint-Etienne  sous  le  premier  Empire, 
ancien  juge  châtelain  à  Saint-Martin-la-Plaine,  notaire  et  sub- 
délégué à  Rive-de-Gier  de  l'intendant  de  Lyon,  racontait  avoir 
vu,  avant  la  Révolution,  cette  fameuse  coupe  dans  le  trésor  de 
l'abbaye  de  Saint-Denis.  Avant  lui,  Alléon-Dulac  disait  qu'on 
la  voyait  encore. 

L'errdroit  où  se  trouvait  cet  Eldorado  s'a,ppelait  Grangeasse 
dans  les  anciens  titres  et  la  Mine  depuis  1602.  L'existence  de 
cette  mine  d'or  ayant  été  mise  en  doute,  l'abbé  Rimaud,  curé 
de  Saint-Martin-la-Plaine,  publia  dans  la  Revue  du  Lyonnais, 
en  1839,  un  témoignage  qui  paraît  décisif  :  des  registres  pa- 
roissiaux attestent,  en  1625,  la  présence  à  Saint-Martin  d'un 
«  maître  travailleur  en  la  mine  d'or  »,  qui  s'appelait  Antoine 
Champagnier,  et  d'un  «  travailleur  en  la  mine  d'or  »,  Georges 
Liens.  Cette  preuve  a  été  reproduite  par  La  Tour-Varan,  par 
Gruner  et  par  M.  Galley. 

Quoi  qu'il  en  soit,  à  la  fin  du  même  siècle,  la  mine  d'or  n'était 
déjà  plus  qu'un  souvenir.  En  effet,  disait  l'intendant  d'Herbigny 
en  1697,  dans  son  Mémoire  sur  le  Gouvernement  de  Lyon  :  «  Il 
y  a  des  mines  de  plomb  proche  Saint-Martin-la-Plaine.  Il  s'y  est 
même  trouvé  quelque  peu  d'or  et  il  y  a  des  gens  qui  prétendent 
en  avoir  qui  en  vient,  mais  on  demeure  d'accord  qu'il  est  à  si 
bas  titre  qu'il  serait  difficile  de  le  tirer,  qu'il  n'y  aurait  p^as 
de  quoi  payer  les  frais.  »  En  1765,  Alléon-Dulac  confirmait 
d'Herbigny.  Les  travaux  de  la  mine,  disait-il,  avaient  été 
comblés.  Depuis  la  découverte  des  «  Indes  »  (Amérique)  l'or 
et  l'argent  importés  coûtent  moins  cher  que  ceux  qu'on  tirerait 
des  mines  de  France. 

59 


—  918  — 

Les  derniers  travaux  à  cette  mine  sous  l'ancien  régime  datent 
de  1745  ou  de  1752,  mais  le  résultat  n'en  fut  pas  avantageux. 
Au  xix^  siècle,  Gruner  eut  la  curiosité  de  visiter  la  vigne  située 
sur  l'emplacement  de  la  mine  et  l'abbé  Rimaud  lui  servit  de 
guide.  Cette  vigne  est  à  400  mètres  à  l'est  de  Bissieux,  sur  le 
bord  du  plateau  qui  s'abaisse  vers  le  Bosamçon.  Il  n'y  trouva 
aucune  trace  des  travaux  anciens  ;  les  cavités,  lui  disait  le  pro- 
priétaire Ouiillermet  (i)  ont  été  comblées  sous  mon  grand-père. 
Gruner  trouva  de  nombreux  cailloux  de  quartz  blanc  jaunâtre, 
que  l'on  ne  remarque  nulle  part  ailleuirs  aux  environs  et  qui 
sont  très  probablement  des  débris  des  matériaux  extraits  (2). 

«  A  Ghessy  et  à  Saint-Bel,  continuait  d'Herbigny,  il  y  a  du 
vitriol  et  du  cuivre  ;  il  sort  à  Ghessy  un  très  petit  ruisseau,  dans 
lequel  le  fer  se  convertit  en  ouiivre.  » 

Ge  j>etit  ruisseau  est  signalé  dans  la  Géographie  du  Rhône 
de  Varnet  :  «  Sous  la  voûte  souterraine  qui  a  été  creusée  pour 
tirer  des  filons  de  cuivre,  on  remarque  une  source  d'eau  froide 
et  vitriolique  qui  changeait,  dit-on,  le  fer  en  cuivre.  En  réalité, 
les  sels  vitrioliques  rongent  la  surface  du  fer,  précipitent  les 
particules  cuivreuses  du  fer  et  lui  donnent  l'apparence  du 
cuivre. 

«  On  dit,  ajoute  d'Herbigny,  qu'anciennement  sur  la  côte  du 
Rhône,  proche  un  lieu  appelé  Givors,  il  s'est  tiré  du  plomb.  )> 
Gela  confirmerait  la  version  du  saumon  de  plomb  des  Ségu- 
siaves  donnée  par  Auguste  Bernard.  L'Administration  des 
mines,  en  1846,  indiquait  que  la  montagne  sur  la  rive  droite, 
dans  la  courbe  entre  Givors  et  Gondrieu,  fourmillait  de  petites 
veines  peu  suivies,  composées  de  galène  propre  au  vernis  des 
poteries.  Ges  gîtes,  disait  l'Administration,  ont  presque  toujours 
été  exploitées  depuis  une  époque  fort  ancienne  (3). 


G'est  au  xviir  siècle  que  l'exploitation  des  mines  métal- 
liques du  Forez  —  des  mines  de  plomb  —  prit  une  certaine 


(1)  Aujourd'hui  le  propriétaire  est,  m'a-t-on  dit,  M.  Bonnand. 

(2)  Gruner  :  Description  géologique  di 
262. 

(3)  ABEILLE  :  Histoire  de  Givors,  p.  13. 


(2)  Gruner  :  Description  géologique  du  département  de  la  Loire,  p.  260 
,^  262. 


—  919  — 

activité,  grâce  aux  concessionnaires,  François  et  Etienne- 
François  de  Biumenstein. 

Les  Allemands,  ou  plutôt  les  habitants  du  Saint-Empire 
romain  d'Allemagne,  dont  le  chef  était  le  souverain  d'Autriche, 
étaient  beaucoup  plus  avancés  que  les  Français  dans  l'exploi- 
tation des  mipes  et  dans  l'industrie  métallurgique.  Le  Gou- 
vernement français,  avant  de  créer  ,en  1783,  l'Ecole  des  Mines 
de  Paris,  s'était  proposé,  au  lieu  de  fonder  une  Ecole,  d'envoyer 
des  jeunes  gens  en  Allemagne,  afin  d'y  apprendre  à  exploiter 
et  à  traiter  nos  richesses  minérales.  Il  n'y  a  rien  d'étonnant, 
dès  lors,  à  ce  qu'un  Allemand  —  ou  plus  exactement  un  Au- 
trichien —  soit  venu  mettre  en  valeur  les  richesses  de  notre 
pays.  Les  méthodes  allemandes  en  matière  de  mines,  les  mé- 
thodes anglaises  en  matière  de  métallurgie  du  fer,  de  méca- 
nique et  de  transports,  ont  servi  de  guide  à  nos  premiers 
ingénieurs. 

On  a  souvent  citéi  les  origines  des  Biumenstein  et  leur  généa- 
logie. Il  n'est  pas  inutile  de  les  rappeler. 

Originaires  de  la  Haute-Autriche,  ils  s'appelaient  Kayr, 
furent  anoblis  par  l'empereur  Léopold  en  1676,  et  portèrent  le 
nom  de  Biumenstein,  qui  était  celui  d'un  de  leurs  domaines 
près  de  Linz.  François  de  Biumenstein,  né  le  13  avril  1678  à 
Salzbourg,  vint  en  France  à  la  suite  du  maréchal  de  Villeroy, 
qui  revenait  de  sa  captivité  d'Innsbruck.  A  Paris,  il  vit  des 
morceaux  d'alquifonx  (vernis  à  base  de  plomb)  venant  de  Saint- 
Julien-Molin-Molette  et  il  constata  qu'on  pouvait  en  tirer  60  % 
de  plomb.  M.  de  Villeroy  l'engagea  à  exploiter  ces  mines  et  il 
obtint  pour  lui,  en  1717,  la  concession  de  Saint-Julien  qui,  en 
1726,  fut  considérablement  étendue  (i). 

Mort  en  1739,  François  de  Biumenstein  eut  pour  successeur 
son  fils,  Etienne-François,  né  en  1713  et  mort  en  1799  à  Vienne 
(Isère).  Des  lettres  de  noblesse  françaises  avaient  confirmé, 
en  1738,  les  lettres  autrichiennes.  Etienne  de  Biumenstein, 
seigneur  de  La  Goutte  près  des  Salles  et  de  Cervières,  comparut 
à  l'Assemblée  de  la  noblesse  du  bailliage  du  Forez  (;n  1789 
poaw  les  élections  aux  Etats  généraux. 


(1)   Bulletin  de  VIndvstrie  minérale,  1885,   p   645.  —  De  Jouvencel 
V Assemblée  de  la  Noblesse  du  bailliage  de  Forez  en  1789, 


—  920  — 

Il  eut  plusieurs  fils,  dont  l'un  J.-B.  François,  écuyer,  dit  le 
baron  de  Blumenstein,  né  au  château  de  la  Goutte  en  1759,  mort 
au  château  de  Groptes,  à  Lezoux  en  Auvergne,  en,  1854,  fut 
successivement  ingénieur  des  Ponts  et  Ghaussées,  colonel  du 
génie,  émigré  sous  la  Révolution,  maire  de  Lezoux  sous  l'Em- 
pire et  la  Restauration.  Sa  descendance  ne  comprenait  que  des 
filles,  aujourd'hui  décédées. 

Alléon-Dulac  dit  qu'Etienne-Prançois  de  Blumenstein  était 
un  des  plus  grands  minéralogistes  de  son  siècle.  Il  cite  et  il 
analyse  deux  de  ses  mémoires  sur  la  formation,  les  propriétés 
et  le  traitement  des  métaux.  Blumenstein  estimait  que  la  repro- 
duction des  métaux  était  possible  (l'opinion  alors  admise  était 
que  les  mines  se  renouvelaient  comme  les  forêts).  Il  croyait 
très  difficile,  mais  cependant  possible  de  découvrir  la  pierre 
philosophale.  L'alchimie,  on  le  sait,  vé<iut  jusqu'au  siècle  où 
naquit  la  chimie,  au  xvni*  siècle,  le  siècle  de  Lavoisier.  «  Un 
habile  artiste,  bien  instruit  de  la  nature  des  métaux  et  de  la 
connexion  qu'il  y  a  entre  eux  peut,  quoique  difficilement, 
trouver  un  degré  de  feu  convenable,  u,n  précipitant  qui, 
ajoutant  ce  qui  manque,  détruise  ce  qu'il  y  a  de  trop  ;  qui,  en 
donnant  le  fluide  aux  principes,  procoiire  en  eux  une  union  plus 
intime.  Enfin,  on  peut  aisément  croire  qu'un  alchimiste  est  en 
état  de  s'instruire  du  principe  qui  domine  dans  un  métal  ou 
semi-métal  et  de  celui  qui  manque  dans  un  autre,  et,  en  con- 
séquence, par  la  jonction  des  deux  qui  étaient  imparfaits,  en 
produire  un  plus  parfait.  » 

«  Un  bon  alchimiste  suppose  un  physicien  profond  dont 

le  but  est  d'imiter  de  loin  le  Gréateur  dans  ses  opérations.  On 
en  connaît  peu  de  véritables  ;  encore  ceux  qui  ont  passé  pour 
tels  ont-ils  joui  d'une  réputation  qui  tient  plus  de  la  fable  que 
de  la  vérité  (i).  » 

Blumenstein  employait  quelquefois  la  baguette  pour  dé- 
couvrir un  filon.  L'usage  de  la  baguette,  disait  Alléon-Dulac, 
est  quelquefois  heureux,  mais  rarement,  et  il  est  dangereux  de 
lui  donner  une  confiance  trop  aveugle  et  trop  étendue. 

Blumenstein  employait  la  baguette  naturelle,  rejeton  fourchu 
de  bois  de  coudrier  (noisetier)  ou  de  quelque  autre  arbre  qui 


(1)  Alléon-Dulac    :   Mémoires   pour  servir   à    Vhistoire   naturelle  des 
provinces  du  Lyonnais,  Forez  et  Beaujolais,  1765,  II,  p.  256257. 


—  921  — 

a  encore  de  la  sève.  Il  ne  se  servait  pas  de  la  baguette  artifi- 
cielle, composée  de  différents  métaux,  baguette  dont  il  existait 
seize  types  différents. 

La  baguette  naturelle  s'inclinait  dans  les  mains  de  celui  qui 
la  tenait  en  marchant  sur  l'emplacement  des  métaux,  des  miné- 
raux et  des  "sources,  parce  que  «  les  vapeurs  que  la  terre 
exhale  des  lieux  où  les  métaux  et  les  minéraux  sont  renfermés 
peuvent  pénétrer  à  travers  les  pores  de  celui  qui  tient  la  ba- 
guette ou  l'agiter  »,  ou  encore  parce  que  «  le  sang  de  celui  qui 
a  la  baguette  étant  d'une  nature  à  être  agité  facilement,  échauffe 
la  sève  de  la  baguette,  et  comme  elle  est  dans  une  espèce  d'é- 
quilibre, elle  acquiert  le  mouvement  qui  indique  ce  qui  peut 
l'avoir  produit.  Les  différentes  qualités  du  sang  des  hommes 
empêchent  de  n'être  pas  étonné  de  ce  que  la  baguette  ne  tourne 
pas  entre  les  mains  de  tout  le  monde  !  » 

Et  voilà  comment  on  suppléait  au  xviii^  siècle  aux  signes  et 
aux  indices  qui  déterminent  la  fouille  ou  la  recherche  d'un 
filon,  indices  qu'Alléon-Dulac  indique  dans  ses  mémoires  : 
1"*  présence  du  minéral  à  l'extérieur  ;  2''  présence  de  la  matrice 
ou  du  filon  lui-même  ;  3*^  terre  ou  eau  temte  et  affectée  par  les 
acides  ;  4°  fentes  ;  ^^  paillettes  que  traînent  les  fleuves  et  les 
rivières. 

Il  faut  juger  les  minéralogistes  du  temps  passé  en  tenant 
compte  de  l'état  de  la  science  à  leur  époque  et  non  à  la  nôtre, 
et  se  souvenir  qu'il  faut  un  commencement  à  tout.  La  science 
d'autrefois  contenait  en  germe  la  science  moderne. 

Com^me  suite  à  son  «  Discours  sur  la  minéralogie  »  AUéon- 
Duilac  énumérait  longuement  les  mines  métalliques  du 
Lyonnais,  Forez,  Beaujolais.  Je  résume  sa  nomenclature. 

Il  y  a  du  fer  partout,  disait-il,  parce  qu'il  existe  dans  tous 
les  minéraux,  dans  la  plupart  des  métaux,  dans  les  plantes  et 
même  dans  les  animaux,  mais  nous  n'avons  point  de  mines 
dans  nos  trois  provinces.  A  Sain-Bel,  il  s'est  établi,  en  1748, 
une  Ciompagnie  qui  a  fait  construire  une  fonderie  très  consi- 
dérable pour  y  traiter  les  minerais  de  cuivre  de  la  montagne 
du  Pilon  et  des  mines  de  Ghevinay.  Ce  cuivre  était  affranchi 
des  droits  de  douane  de  Lyon  et  des  cinq  grosses  fermes  depuis 
1754.  Le  Pilon  est  de  la  baronnie  de  Saint-Pierre-la-Palud  et 
Ghevinay  dans  la  paroisse  de  co  nom.  liCs  Romains  et  Jacques 


-  922  — 

Coeur  ont,  d'après  la  tradition,  exploité  ces  mines,  qui  occupent 
plus  de  cent  ouvriers. 

A  dhessy,  où  les  Romains  auraient  aussi  exploité  les  mines, 
abandonnées  depuis  le  cardinal  de  Richelieu,  la  Compagnie 
précédente  emploie  un  grand  nombre  d'ouivriers. 

Chessy  et  Saint-Bel  produisent  300  milliers  de  cuivre  chaque 
année,  soit  300.000*  livres  (livre  poids  de  Lyon  de  411^grammes, 
c'est-à-dire  123.000  kg.).  Ce  cuivre  est  reconnu  égal  au  meilleur 
cuivre  de  Suède. 

A  Chasselay,  face  à  Trévoux,  il  y  a  ume  mine  de  plomb  dé- 
couverte récemment  et  exploitée  avec  succès. 

A  Sourcieux,  près  de  l'Arbresle,  il  y  a  des  mines  de  cuivre. 

Près  de  Tarare  et  à  Saint-Martin-la-Plaine,  les  mines  de  plomb 
sont  communes.  Les  Romains  auraient  exploité  celles  de 
Tarare. 

On  assure  quf'il  y  avait  autrefois  une  mine  d'or  à  Saint-Martin- 
la-Plaine. 

On  dit  qu'on  tirait  anciennement  du  plomb  près  de  Givors. 

A  Valfleury,  une  mine  d'antimoine  a  été  découverte  récem- 
ment par  les  prêtres  de  la  mission.  Les  frais  de  la  première 
exploitation  ont  dépassé  la  valeur  des  produits. 

A  Saint-Julien-Mo'lin-Molette,  on  trouve  d'abondantes  mines 
de  plomb  dont  l'exploitation  occupe  uine  partie  des  habitants. 
Dans  la  même  paroisse,  il  y  a  une  autre  mine  à  La  Pauze. 

Bourg- Argental,  Saint-Sauveur,  Mairlhes,  Gourtançon,  Saint- 
Ferréol  et,  en  Velay,  Auriol  (Oriol)  paroisse  d'Aurec,  con- 
tiennent des  mines  de  plomb. 

On  en  trouve  aussi  à  Saint- André,  près  de  Saint- Alban-en- 
Roannais.  Le  filon  traverse  la  Loire  et  va  finir  à  Cordelle. 

On  a  exploité  à  Saint-Maurice-en-Roannais,  puis  abandonné 
les  travaux. 

«  On  trouve  du  plomb  suir  la  montagne  nommée  La  Fayette, 
Saint-Martin-la-Sauveté,  Couzan  »,  aux  endroits  dénommés  Gri- 
solette,  Saint-Pulgent,  Champoly,  Saint-Marcel,  et  aiux  environs 
de  Saint- Just-en-Chevalet.  L'exploitation  à  Champoly  est  abon- 
dante. La  mine  d'Urfé  est  très  riche.  Les  fourneaux  sont  dans 
la  paroisse  des  Salles,  au-dessous  de  Cervières.  Le  plomb  purifié 
et  perfectionné  est  envoyé  à  Lyon. 

Enfin,  en  Beaujolais,  il  n'y  a  d'exploitées  que  les  mines  de 


—  923  — 

plomb  de  Joux,  mais  au  xv*^  siècle  le  plomb  était  extrait  à 
Propières  et  à  Odenas,  le  cuivre  à  Juilié,  à  Claveisolles,  et  les 
seigneurs  de  Beaujolais  avaient  des  officiers  particuliers  portant 
le  titre  de  «  gardes  des  mines  »  (i). 


Les  Blumenstein  furent  les  rois  du  plomb  dans  notre  région 
au  xviir  siècle.  Leurs  mmes,  groupées  en  quatre  districts,  furent 
très  prospères  de  1720  à  1770  : 

Z^'"  district  ( Saint-.] ulien-Molin-M o1  ette) .  —  Gruner  a  donné 
la  liste  des  documents  qu'il  a  trouvés,  sur  cette  exploitation  et 
sur  celle  de  Saint-Martin,  aux  Archives  des  Mines  à  Paris  et 
aux  archives  du  Rhône  P).  Bien  que  les  noms  d'Argental  et  de 
Bourg-Argental  et  celui  des  hameauix  Le  Plomb  à  Gondrieu 
et  Tarentaize  impliquent  des  travaux  anciens,  on  ne  voit  nullç 
part  des  restes  très  considérables  de  ces  travaux,  les  galènes 
étant  peu  argentifères  (30  gr.  aui  maximum  pour  100  kg.  de 
plomb).  Quand  Blumenstein  obtint  la  concession,  on  se  bornait 
à  tirer  des  fouilles  peu  profondes  du  vernis  ou  alquifoux  pour 
les  potiers. 

L'arrêt  du  Gonseil  du  Roi  accordant  privilège  à  Blumenstein 
pour  exploiter  à  Saint-Julien  est  du  9  juin  1717.  En  1719,  per- 
mission était  donnée  au  concessionnaire  de  faire  sortir,  par 
Seyssel,  1.000  quintaux  (de  100  livres)  de  plomb  éie  ses  mines 
du  Forez.  P]n  différend  avec  les  habitants,  Blumenstein  de- 
manda à  évoquer  devant  l'intendant  de  Lyon  tous  procès  et 
différends  à  raison  de  ce  privilège.  La  redevance  qu'il  payait 
aux  propriétaires  des  terrains  était  d'un  sou  par  cinq  cents 
livres  de  minerai.  Mais  le  différend  portait  s-ur  ce  que  les  ha- 
bitants prétendaient  que  l'alquifoux  n'était  pas  du  minerai  de 
plomb.  Un  arrêt  du  Gonseil  du  Roi  les  débouta  de  leur  de- 
nmnde. 

En  1727  (27  mars),  un  autre  arrêt  prorogea  le  privilège  de 
Filumenstein  pour  vingt  ans.  Ge  privilège  fut  successivement  re- 


(1)  \jè  fomls.  c:ofit(»  à  la  Bibliothèque  de  Lyon,  possède  (n»  1000)  un 
état  des  mines  d'or  et  d'argent  ouvertes  à  Loire  et  Saint-Romain-en-Gal, 
en  Lyonnais,  dressé  en  1758. 

(2)  Gruner  :  Description  géologique  du  département  de  la  Loire,  p.  213 
et  suivantes. 


—  924  — 

nouvelé  de  vingt  en  vingt  a.ns  ou  même  en  quarante  ans 
jusqu'en  1827,  et  étendu  à  dix  lieues  autour  de  Saint-Julien. 
Blumenstein.  reçut  aussi  le  privilège  de  fouiller  pendant  trente 
ans  à  Pontgibaud  en  Auvergne,  mais  il  céda  ses  droits  à  une 
Compagnie,  ce  qu'il  dut  regretter  amèrement. 

Un  Mémoire  ,sur  Saint-Julien-Molin-Molette,  puiblié  en  1852 
par  l'abbé  Chaland,  fournit  des  renseignements  : 

La  concession  qu'obtint  M.  de  Blumenstein  à  Saint-Julien  s'éten- 
dait en  grande  partie  dans  le  département  de  l'Ardèche  ;  mais  le 
chef-lieu  et  les  fonderies  au  grand  fourneau  anglais  étaient  à  Saint- 
Julien,  au  lieu  encore  appelé  les  Fonderies.  Les  iilons  de  cette 
concession  étaient  très  nombreux  et  présentaient  toutes  les  variétés 
connues  du  plomb  sulfuré,  mêlé  avec  les  substances  qui  ordinaire- 
ment l'accompagnent  ;  le  zinc  sulfuré  ou  hlende  y  était  très  com- 
mun. Le  minerai  de  Saint-Julien  donnait,  outre  le  plomb,  de  900  à 
1.000  quintaux  de  galène  ou  alquifoux,  que  les  potiers  employaient 
pour  leurs  vernis.  Dans  ces  mines,  on  parvint  à  une  cavité  tapissée 
de  cristaux  de  galène  et  de  pyrites  cuivreuses  ;  on  la  dépouilla 
pour  en  extraire  le  métal.  Le  plomb  de  ces  mines  tenait  argent  et 
recelait  des  parties  de  cuivre  en  abondance.  On  creusait  à  Brossain, 
à  Etheize,  à  Revoin,  à  Villette  ;  mais  le  principal  filon  était  dans  la 
montagne  de  la  Pauze  (à  3  fem.  au  nord  de  Saint- Julien).  Ces  mines, 
qui  alimentaient  encore  la  fonderie  du  même  seigneur  à  Vienne, 
occupèrent  plus  d'un  siècle  grand  nombre  d'ouvriers  allemands, 
outre  ceux  du  pays  ;  mais  le  bas  prix  auquel  furent  réduits  les 
plombs  indigènes,  par  suite  de  la  concurrence  des  mines  espa- 
gnoles, fit  suspendre  entièrement  ces  exploitations  vers  l'an  1820,  vu 
qu'elles  étaient  déjà  onéreuses  pour  leurs  propriétaires  depuis  plu- 
sieurs années  ;  mais  les  industriels  n'ont  point  encore  renoncé  à  les 
rouvrir,  puisqu'ils  les  Visitent  de  temps  en  temps  . 

En  1795,  répondant  au  Comité  du  Salut  public,  les  adminis- 
trateurs du  Département  de  la  Loire  déclaraient  fl)  : 

La  mine  de  plomb  de  Saint- Julien-Molin-Molette  est  concédée  h 
Etienne-François  de  Blumenstein,  qui  en  dirige  l'exploitation.  C'est 
un  homme  précieux  par  ses  grandes  connaissances  en  minéralogie. 
Son  grand  lâge  devrait  engager  le  Gouvernement  à  le  requérir  de 
former  un  élève.  Cette  mine  a  trois  attaques  :  celle  de  La  Pauze, 
celle  de  la  montagne  de  Oombenoire,  celle  de  Bevoin.  Saint-Julien 
a  des  fonderies  et  un  fourneau  à  rôtissage. 

La  fonderie  de  Saint- Julien  traita  les  minerais  des  filons  des 
environs,   jusqu'à  Condrieu,   Andance,  Serrières  et  Annonay. 


fl)    G\LLEY,    Saint-Etienne    et    son    district    pendant    la    Révolution, 


III,   p.  56 


—  925  — 

Les  fils  d'Etienne  de  Blumenstein  et  son  gendre,  M.  de  Mi- 
remont,  exploitèrent  jusqu'en  1831.  Toutefois  la  concession  ne 
fut  pas  régularisée.  Elle  est  tombée  dans  le  domaine  public  (i). 

On  trouvera  dans  Gruner  une  longue  description  des  mines  de 
Saint-Julien.  Contrairement  à  ce  qu'on  pourrait  supposer,  les 
Blumenstein  étaient  fortement  gênés  financièrement,  et  cette 
situation  ne  leur  permit  que  d'écrémer  leurs  trop  vastes  con- 
cessions. De  1717  à  1831  les  mines  de  Saint-Julien  ont  fourni 
18:000  tonnes  de  minerai  et  alquifoux,  soit  2.800  tonnes,  de 
plomb  métallique  et  1.000  tonnes  d'alquifoux,  représentant  les 
3/iœ^  de  la  production  totale  des  mines  de  Blumenstein.  La 
période  la  plus  florissante  fut  celle  de  1750  à  1755,  où  le  nombre 
des  ouvriers  était  de  100  à  120  et  la  production  annuelle  en  mi- 
nerai et  alquifoux,  de  2  à  300  tonnes  P). 

:2™«  district  (La  Goutte  et  Sœint-Martin-la-Sauvetè).  —  Des 
filons  de  plomb,  constituant  une  sorte  de  faisceau,  courent  sur 
les  deux  rives  de  l'Aix,  entre  Saint-Germain-Laval  et  Saint- 
Just-en-Chevalet  dams  le  sens  N.-O. — S.-E.  sur  une  longueur 
de  18  kilomètres  et  une  largeur  de  3  à  4  kilomètres.  D'autres 
filons  se  trou^^ent  dans  la  vallée  de  Saint-Thurin  et  d'autres 
filons  dans  la  vallée  de  la  Loire,  les  uns  et  les  autres  beaucoup 
moins  importants  que  ceux  dé  la  vallée  de  l'Aix.  Des  travaux, 
dont  l'existence  a  été  constatée,  avaient  été  entrepris  par  les 
comtes  de  Forez  avant  le  xvf  siècle  (3). 

C'est  en  1728  que  Blumenstein  fut,  par  arrêt  du  29  juillet, 
autorisé  à  exploiter  les  mines  de  plomb  qu'il  avait  découvertes 
à  Couzan  et  à  Saint-Martin-la-Sauveté.  Cette  concession  était 
limitée  par  deux  cercles  de  deux  lieues  de  rayon,  l'un  autour 
de  Saint-Martin,  l'autre  autour  de  Sail-sous-Couzan.  Renouvelée 
de  vingt  en  vingt  ans,  prorogée  pour  cinquante  ans  à  partir 
de  1777,  réduite  h  113  kilomètres  carrés  en  1805,  cette  concession 
a  été  rendue  perpétuelle  par  l'effet  de  la  loi  de  1810. 

La  fonderie  était  à  F^a  Goutte,  commune  des  Salles,  à  5  kilo- 
mètres au  nord  de  Noi rétable.  F^es  fils  d'Etienne  de  Blumenstein 


(1)  Gruner,  p.  218. 

(2)  Il  y  avait  près  (Je  Nniii',  paroi-Sw^  de  Monistrol,  à  retto  t'-poque,  dos 
mine.s  do  plomb  et  des*  «  ^ar^l^res  pour  le  vernis  de  la  faïence  »,  qui 
étaient  oertainonieut  conipriFe.s  dans  Ja  concession  {Description  du. 
VHny,  1759-60  par  l€.s  curés), 

(3)  Gruner,  p.  458. 


exploitèrent  jusqu'en  1844,  époque  où  la  concession  changea  de 
propriétaire  et  où  la  production  annuelle  était  tombée  à 
quelques  tonnes.  C'était  à  La  Goutte  qu'était  le  siège  de  la  sei- 
gneurie de  Blumenstein.  Le  château  existe  encore,  avec  ses 
grosses  tours  du  xvi*  siècle.  A  deux  pas  de  là  se  trouvait  la  fon- 
derie, aujourd'hui  remplacée  par  un  moulin  situé  sur  un  petit 
étang. 

Gruner  a  décrit  les  filons  de  ce  district,  qui  se  trouvent  dans 
les  communes  de  Juré  (i),  Grézolles,  Ghampoly,  Saint-Sixte, 
Saint-Martin-la-Sauveté,  Saint-Marcel-d'Urfé,  Saint-Romain- 
d'Urfé,  Saint-Priest-la-Prugne  (2),  etc..  De  1729  à  1844  l'ex- 
traction totale  des  mines  de  Saint-Martin  a  donné  13.000  tonnes, 
soit  45  %  de  la  production  totale  des  mines  Blumienstein.  Il  n'y 
euf  jamais  plus  d'une  centaine  d'ouvriers. 

On  a  de  nos  jours  recherché  l'étain  dans  les  déblais  des  an- 
ciennes exploitations  de  plomb  de  la  grande  concession  de 
Saint-Martin-la-Sauveté  et  on  l'a  trouvé  à  l'ancienne  mine  de 
Poyet,  hameau  du  village  de  Ghampoly  (3). 

3^^  district  (Monistrol-sur-Loire).  —  Cet  «  atelier  »  n'avait 
autour  de  lui  que  des  mines  peu  importantes.  Il  avait  été  en- 
trepris en  1743.  Au  Gournier  et  à  Laborie  près  de  Monistrol,  les 
recherches  cessèrent  douze  ou  treize  ans  avant  1789.  Près  de 
la  sinistre  tour  d'Auriol,  dans  le  ravin  de  Semène,  se  trouvait 
un  filon  de  galène  allant  dui  château  au  hameau  de  La  Fayette 
en  coupant  trois  fois  la  Semène.  Ce  hameau  était  habité  par 
les  mineurs  et  on  trouve  plusieurs  traces  des  puits  d'extraction 
du  xviir  siècle.  Les  travaux,  repris  en  1838,  furent  abandonnés 
peo  de  temps  après.  A  La  Borie  ou  Laborie  un  autre  exploitant, 
Genest  de  Pujol  de  Beau  fort,  était  en  conflit  avec  les  Blu- 
menstein en  1742.  L'affaire  était  instruite  par  le  Bureau  du 
Commerce  à  Paris  (^). 

4"^^   district   (Vienne    en   Dauphiné).   —   La   permission    fut 


(t)  Au  hameau  de  Durelle  (Prajoux  :  Le  canton  de  SainUJust-en- 
Chevalet,  p.  215). 

(2)  Près  du  hameau  de  la  Prugne  (Prajoux,  op.  cit.,  p.  299). 

(3)  Voir  rarticle  dse  M.  Burthe  :  Gisement  stannifère  dans  la  Loire 
{Bulletin  de  l'Industrie  minérale,  1916). 

(4)  Deribier  :  Description  statistique  de  la  Haute-Loire,  1824,  p.  90.  — 
Prajoux  :  Excursions  sur  les  bords  de  la  Semène,  p.  35.  —  Bonnassieux  ; 
Inventaire  de^  archives  <M  Conseil  de  Commerce  et  Bureau  du  Com- 
merce. 


—  927  — 

donnée  en  1727  à  Blumenstein  de  construire  deux  «  ateliers  ». 
Le  juige  royal  à  Vienne,  Papet,  était  associé  à  Blumenstein  pour 
l'exploitation  à  Saint- Julien.  En  1737,  les  deux  associés  étaient 
en  contestation  devant  le  Bureau  du  Commerce  à  Paris. 

La  concession  de  Vienne  (107  km.  carrés)  devint  perpétuelle 
après  1810.  Cette  fonderie  traitait  les  minerais  d'Estressin,  du 
mont  Pipet,  du  mont  Saint-Just,  de  la  Poipe,  de  Ponfile  et  de 
Tupin  près  Ampuis.  L'usine  Blumenstein  existait  encore  en 
1885  sur  la  rive  gauche  de  la  Gère,  entre  Vienne  et  Pont- 
Evêque.  Elle  traitait  des  minerais  étrangers  et  des  regrets 
d'orfèvre.  On  l'appelait  l'île  de  Blumenstein.  Une  première  usine 
fut  emportée  par  un  débordement  de  la  Gère  en  1850.  La  se- 
conde rivalisa  avec  les  usines  de  Saint-Julien  et  de  la  Goutte 
(150  tonnes  de  saumons  de  plomb  par  an). 

Au  xix^  siècle,  les  fils  et  le  gendre  d'Etienne  de  Blumenstein 
traitèrent  les  minerais  pauvres,  les  cendres  et  les  regrets 
d'orfèvre.  Les  directeurs  de  1825  à  1885  furent  :  Amédée  de 
Piellat,  Victor  de  Piellat,  de  Long  et  Mme  du  Treyves.  L'ex- 
ploitation de  la  mine  était  arrêtée  depuis  1840,  où  une  inon- 
dation avait  détruit  les  galeries  (1).  L'extraction  représentait 
25  %  de  la  totalité  des  mines  des  Blumenstein. 

Toutes  les  usines  réunies  des  Blumenstein  ont  produit,  de  1717 
à  1840,  30.000  tonnes  de  minerai  et  alquifoux,  soit  10.000  tonnes 
de  plomb  métallique  et  4.000  tonnes  d'alquifoux.  I^  période  la 
plus  prospère  fut  celle  de  1740  à  1770.  A  partir  de  1770  les 
filons  s'appauvrirent.  A  partir  de  1810  la  décadence  s'accentua. 
Le  nombre  des  mines  en  activité  était  à  l'a-pogée  vers  1750  (10), 
et  le  nombre  des  ouvriers  de  250.  Le  prix  des  100  kg.  de  minerai 
pur  ressortait  au  maximum  à  30  ou  40  francs  avant  la  Révo- 
lution, à  50  ou  60  francs  pendant  la  Révohilion.  11  iTctait  plus 
que  de  20  à  25  francs  un  demi-siècle  plus  tard.  Depuis  la  des- 
truction de  l'usine  de  Vienne,  en  1750,  Blumenstein  fut  toujours 
financièrement  gêné  (2). 

(Ininer,  en  s'étonnant  qu'on  ait  pu  accorder  des  concessions 
aussi  vîustes  pendant  un  temi>s  aussi  conit,  a  critiqué  vivement 
les  méthodes  d'exploitatiori  employées  :  vivre  au  jour  le  jour. 


(1)  nmictin  ilr  l'Iii'Iustrir  minvmir,  1885.  \>  Ml. 

(2)  fiuiMH.  !►.  i>W^2R 


—  928  — 

attaquer,  abandonner  piui s  reprendre  les  filons,  nul  traivail  d'en- 
semble, aucun  vaste  système  d'épuisement  pour  relier  les  divers 
filons  les  uns  aux  autres 

Le  baron  de  Blumenstein,  associé  à  un  fondeur  de  Lyon 
nommé  Frère jean  et  cà  un  exploitant  de  mines  de  Gôte-Thiol- 
lière,  Henri  Roux,  constitua  en  1821  la  Société  des  Fonderies 
et  P'orges  de  la  Loire  et  de  l'Isère,  qui  devint  la  Compagnie  des 
Forges  et  Fonderies  de  Terrenoire,  Lavoulte  et  Bessèges. 

A  la  même  époque  que  Blumenstein  père,  un  marchand  de 
Savigny  en  Lyonnais,  nommé  Lambert,  qui  avait  reç'ui  en  1708 
un  privilège  pour  exploiter  des  mines  de  plomb  et  de  cuivre 
du  Lyonnais,  Forez  et  Beaujolais,  obtenait  en  1727  prorogation 
de  son  privilège  pendant  vingt  ans.  Il  s'agissait  surtout  de 
mines  de  cuivre,  vitriol  et  couperose,  sans  doute  dans  la  région 
de  Sain-Bel  et  de  Chessy  (l). 

PouT  en  finir  avec  le  xvm®  siècle,  il  faut  citer  encore  Perraud- 
Labranche,  un  esprit  déséquilibré,  entrepreneur  des  mines  de 
Savoie,  qui  fit  des  recherches  à  Saint-Romain-en-Gal,  à  Loire 
et  à  Ampuis  et  qui  marqua  des  points  d'attaque  près  de  Doizieu 
et  à  La  Valla.  Le  Pilât,  d'après  lui,  décelait  des  richesses  iné- 
puisables P). 


U Annuaire  de  la  Loire  pour  1809,  premier  en  date  et  qui  ne 
devait  pas  avoir  de  successeur  pendant  longtemps,  n'apprend 
rien  de  nouveau  au  sujet  des  mines  métalliques  :  à  Saint- Ju'lien- 
Molin-Molette  commencent  les  filons  qui  se  propagent  dans  les 
collines  de  Bourg- Argental,  Saint-Sauveur,  Marlhes,  Gour- 
tançon,  Saint-Ferréol  et  Aurec.  Le  plomb  de  Saint-Julien 
contient  de  l'argent.  Les  mines  de  plomb  sudfuré  au  nord  de 
Saint-Martin-la-Plaine  sont  négligées.  De  Saint-Martin  à 
Ghagnon  et  au  delà  de  Fontanès,  tout  le  nord  laisse  soupçonner 
le  métal.  Le  coteau  de  La  Groix,  près  de  Saint-Etienne  (ancienne 
rue  de  la  Groix),  contient  des  mines  de  fer  oxydé.  Le  fer  pyrite 
ou  oxydé  se  trouve  fréquemment  dans  les  schistes  avec  la 
houille. 


(1)  BoNNASSiEUx   :   Inventaire  des  archives   du   Conseil  de  Commerce, 
24  avril  et  15  mai  1727. 

{2)  Galley  :  VElection  de  Saint-Etienne,  p.  368 


—  929  — 

Ces  derniers  mots  sont  incontestablement  de  l'ingénieur 
Guényveau',  qui,  en  1809,  signala  vaguement  Texistence  de  gi- 
sements de  fer,  notamment  à  Vadbenoîte  et  au  Grand-Cimetière, 
commune  de  St-Jean-Bonnefonds.  L'ingénieur  de  Gallois,  à  partir 
de  1814,  trouva  également  le  minerai  de  fer  aux  portes  de  Saint- 
Etienne  et  dans  plusieurs  localités.  Pendant  vingt  ans  il  y  eut 
une  sorte  d'engouement  dans  la  région  pour  rechercher  et  ex- 
ploiter les  mines  de  fer.  J'ai  exposé  dans  mon  Histoire  écono- 
nomique  de  la  Métallurgie  de  la  Loire  (p.  33  et  suivantes)  ce 
que  les  archives  départementales  et  quelques  publications  con- 
servent ou  signalent  au  sujet  de  ces  mines.  Gruner  a  consacré 
à  ces  minerais  un  chapitre  de  sa  description  de  notre  bassin 
houiller.  L'exploitation  fut  réglementée  par  ordonnance  royale 
du  21  novembre  1821  quant  au  minerai  sans  connexité  avec  la 
houille,  et  par  des  dispositions  spéciales  (art.  22  à  24)  du  cahier 
des  charges  des  clauses  et  conditions  générales  des  concessions 
de  mines  de  houille  pour  le  minerai  en  connexité  avec  le 
charbon  (l). 

La  richesse  moyenne  de  ce  minerai  carbonate  lithoïde  ne 
dépassait  pas  30  %  et  il  était  tellement  clairsemé  que  son  exploi- 
tation en  devenait  impossible.  Le  prix  de  revient  de  ce  carbo- 
nate houiller  descendait  rarement  au-dessous  de  40  à  50  francs 
la  tonne.  Pendant  vingt  ou  vingt-cinq  ans  un  peu  de  minerai 
fut  ainsi  fourni  aux  hauts  fourneaux  de  l'Horme  et  de  Terre- 
noire.  L'exploitation  cessa  quand  les  chemins  de  fer  et  la  voie 
(hi  Rhône  amenèrent  le  minerai  des  autres  contrées  (2). 

J'ai  cité  les  concessions  de  mines  de  fer  délivrées  à  partir 
de  1827  :  concessions  de  Beaubrun,  de  Montsalson  (1827)  et  du 
Soleil  (1831)  à  la  Compagnie  des  mines  de  fer  de  Saint-Etienne  ; 
de  l'Etivallière  à  M.  de  Rochetaillée  (1831)  ;  de  Saint-Ghamond 
à  Ardaillon,  Bessy  &  G^*  (1831)  ;  de  Roche-la-Molière  et  Saint- 
Genest-Lerpt  à  la  Compagnie  des  mines  de  houille  de  Roche-la- 
Molière  (1829). 

\a'  minerai  de  Ui  Tour-en-Jarez,  situé  en  terrain  ancien, 
t't  non  en  terrain  houiDler,  mentionné  depuis  1785,  fut  exploité 
régulièrement  à  partir  de  1826,  à  ciel  ouvert,  aoi»  compte  des 
propriétaires  du  sol  ou  directement  par  les  Compagnies  de 


(1)  Voir  Histoire  de  la  Métallurgie,  p.  37  ;  RnossARD,  p.  340. 

(2)  (Vruner  :  T.c  liassin  hmiitlrr  (fr  la  Lnirr,  I,  p.  139. 


—  930  — 

Terrenoire  et  THorme,  et  fondu  à  Janon  et  à  l'Horme  concur- 
remment avec  d'autres  minerais.  Le  mètre  cube  se  vendait 
10  à  12  francs  extrait,  et  son  poids  était  de  15  à  1.600  kg.  La 
teneur  moyenne  de  ce  minerai  était  de  25  %,  il  était  de  qualité 
médiocre,  à  cause  du  quartz  et  de  sa  contenance  en  soufre  et 
en  phosphore.  Dans  les  bonnes  années  on  en  livrait  de  4  à 
5.000  tonnes.  De  l'origine  à  1855  la  production  totale  fut  de 
56.000  tonnes.  A  cette  date,  le  gîte  de  La  Tour  touchait  à  sa  fin. 

Un  amas  sup€i"ficiel'  de  fer  hydroxydé  à  La  Soulagette,  près  de 
Saint-Thurin.,  fut  exploité  pendant  quelque  temps  pour  les 
hauts  fo'urneaiux  de  Terrenoire  (i). 

Les  périmètres  des  concessions  de  mines  de  fer  n'étaient 
pas  les  mêmes  que  ceux  des  concessions  de  houille  qui  portent 
le  même  nom.  La  concession  du  Soleil  s'étendait  sur  les  quatre 
concessions  houillères  du  Treuil,  de  La  Roche,  de  Bérard,  de 
Méons  et  sur  une  partie  de  la  concession  du  Gros.  L'exploitation 
se  fit  au  Treuil,  dans  la  coilline  du  Cimetière  ;  à  Montsalson, 
à  la  Brunandière  ;  à  Saint-Ghamond,  au  nord  de  la  ville,  au 
Parterre  ;  à  Ghaney,  à  l'endroit  dénommé  Le  Brûlé  ;  à  Firminy, 
au  Breuiil  P).  Il  n'y  avait  pas  lieu  à  concession  quand  on  pouvait 
exploiter  à  ciel  ouvert  (3). 

Duplessy,  dans  son  Essai  statistique  sur  le  Département  de 
la  Loire  (1818),  indique  que  les  mines  métalliques  du  déipar- 
tement  ne  formaient  qu'une  concession  avant  la  loi  de  1791  et 
que  depuis  cette  loi  elles  formaient  deux  concessions  :  Saint- 
Julien-Molin-Molette  et  Saint-Martin-la-Sauveté.  Le  minerai 
donnait,  en  outre  du  plomb,  900  à  1.000  quintaux  de  galène 
ou  alquifoux  que  les  potiers  employaient  pour  leurs  vernis. 

L'introduction  presque  libre  du  plomb  étranger  et  les  rede- 
vances imposées  aux  concessionnaires  de  ces  mines  les  avaient 
forcés  à  borner  leur  exploitaftion  à  la  conservation  des  travaux. 
Duplessy  signale  encore  du  plomb  à  Ghérier,  à  Saint-Polgues, 
à  Neaux,  à  Vendranges,  du  fer  arsenical  à  Saint-Thurin  et 
Saint-Germain-Laval,  où  l'on  croyait  à  une  mine  d'argent.  Les 
dépenses  engagées  furent  toutes  perdues. 


(1)  Gruner  :  Description  géologique  du  département  de  la  Loire,  p.  209 
et  451. 

(2)  Gruner  :  Le  bassin  houHler,  p.  139. 

(3)  Ordonnance  du  21  novembre  1821. 


—  931  — 

Presque  à  la  même  époquie  que  Duplessy,  Fortin,  dans  le 
Voyage  pittoresque  et  historique  à  Lyon  (1821),  racontait  qu'à 
l'embouchure  du  Gier  on  voyait  encore,  sur  des  bancs  de  sable, 
des  orpailleurs  cherchant  des  paillettes  d'or  (i). 

La  Tour- Varan,  dans  sa  Statistique  industrielle  de  Varron^ 
dis  sèment  de  Saint-Etienne  (1851),  résumant  ce  que  d'autres 
aufteurs  avaient  déjà  dit,  signale  en  outre  qu'à  Saint-Héand, 
à  la  Terrasse-en-Doizieu,  dans  le  quartz  exploité  pour  les 
verreries  de  Rive-de-Gier,  et  à  Feugerolles,  sur  le  versant  méri- 
dional de  la  montagne,  apparaissait  le  cuivre  pyriteux. 

Gruner  enfin,  dans  sa  Description  géologique  du  Département 
de  la  Loire  (1857),  fixa  l'état  des  connaissances  scientifiques  (2). 

Parmi  les  filons  non  mentionnés  précédemment  et  qui  ont 
donné  lieu  à  de  très  modestes  tentatives  d'exploitation,  je 
citerai  :  les  filons  de  galène  de  La  Valla,  au  lieu  de  Flurieux  ; 
de  Corbière  à  Rochetaillée  ;  de  la  Thivalière  à  Saint-Galmier  ; 
le  filon  de  cuivre  de  Gumières  et  celui  de  Bellegarde  ;  le  filon 
d'antimoine  de  Valfleury  dans  le  bois  du  presbytère  ;  il  fut 
exploité  effectivement  au  xviif  siècle  par  les  prêtres  de  la  Con- 
grégation de  la  Mission  ;  le  filon  arsénio-sulfuré  du  Mas,  à 
Saint-Thurin  ;  le  filon  d'arsenic  de  Corent,  à  Saint-Martin-la- 
Sau-veté,  etc.. 


Les  rapports  annuels  des  ingénieurs  en  chef  des  mines  de 
l'arrondissement  minéralogique  de  Saint-Etienne  depuis  1870 
permettent  de  compléter  cette  notice.  J'ajouterai  un  mot  sur 
les  mines  avoisinantes  —  du  Rhône  et  du  Velay  —  dont  il  a 
été  question  à  pLusieurs  reprises. 

A  Sain-Bel,  l'exploitation  à  partir  de  1811  a  été  très  active, 
à  cause  des  progrès  de  l'industrie  des  produits  chimiques.  Vers 


(1)  Cité  par  Abeillk  :  Histoire  de  Givors,  p.  303 

(2)  Cet  ouvrage  fut  précédé  pai-  un  travail  sur  le  bassin  anthracifère 
du  Roannais  et  d'un  travail  sur  les  anciennes  mines  de  plomb  du  Forez, 
publiés  dans  les  Annales  de  la  Société  d'Agriculture  de  Lyon,  en  1856 
et  1R57,  (Voir  avant-propois  de  la  Description  géologique,  p.  III.)  Ce 
travail  sur  les  nrines  de  plomb  a  été  tiré  à  part  (Lyon,  Bairet,  1?57.  voir 
bibliothèque  Chnleyer,  n^  1569). 


—  932  — 

1900,  C€S  mines  occupaient  700  ouvriers  et  produisaient  annuel- 
lement de  250  à  300.000  tonnes. 

A  Ghessy,  au  contraire,  les  travaux  actuels  ne  sont  que  des 
travaux  de  recherches  (i). 

Dans  le  Vt^lay,  quelques  tentatives  de  reprises  de  ces  filons 
ont  eu  lieu  à  la  lin  du  xix*  siècle  et  à  l'aurore  du  xx'  : 
celles  de  Sainte-Sigolène,  de  Monistrol,  de  La  Valla,  par 
M.  Louis  Durand  ;  de  Montouroux,  commune  de  Saint-Ferréol, 
par  M.  Baron. 

A  la  Roche,  près  de  Pont-Salomon,  des  recherches  faites  en 
1846  par  M.  Preynat  avaient  abouti  à  un  filon  de  galène  non 
argentifère.  Une  galerie  fuit  coupée  par  le  tunnel  de  Saint- 
Ferréol  et  l'entrepreneur  en  tira  quelques  tonnes  de  minerai. 

A  Bois-d'Etat,  commune  de  Saint-Just-Malmont,  on  reconnut 
un  filon  contenant  des  cristaux  de  blende. 

Il  s'exécutait  des  fouilles  sur  un  filon  de  stibine,  ou  antimoine 
sulfuré,  à  Ghazeaux,  où  existent  des  traces  d'anciennes  galeries. 
Ce  filon  fut  retrouvé  par  M.  Brenier,  de  Firminy.  On  chercha, 
sans  succès,  à  oirganiser  une  Société. 

En  1902  on  publia  les  statuts  de  la  Société  anonyme  des 
Mines  de  Saint-Pal,  au  capital  de  130.000  francs,  qui  prit  la 
suite  de  la  participation  des  recherches  minières  de  Fruges.  Il 
est  probable  que  Blumenstein  avait  exploité  par  là.  On  dé- 
couvrit un  beau  filon  de  galène  par  la  rencontre  des  haldes 
anciennes,  dans  lesquelles  on  reconnut  des  débris  de  blende 
jetés  par  les  anciens,  qui  ne  connaissaient  pas  le  zinc.  On 
trouvait  aussi  un  peu  de  pyrite  de  cuirvre.  Dans  les  anciens 
travaux  on  reconnut  un  filon  de  galène  massive  de  25  à  60 
centimètres  d  épaisseur  qui,  en  descendant,  était  argentifère. 
Cette  mine  est  à  500  mètres  du  chemin  de  fer,  et  la  route  de 
Saint-Pal  à  Dunières  passe  à  côté  (2).  Mais  cette  affaire  a  été 
abandonnée  après  avoir  éveillé  de  grandes  espérances. 

Un  décret  du  9  août  1870  concéda  à  M.  Manhès  la  mine  de 
cuivre,  plomb  et  argent  du   Grozet,   près  de  La  Pacaudière. 


(1)  Dictionnaire  illustré  des  communes  du  Rhône  (Roland  et  Clouzet), 
Géographie  du  Rhône  (Varnet). 

(2)  Voir  le  bu]j;«itm  indusMel  du  Mémorial  de  la  Loire  du  6  juillet  1902. 


—  933  — 

Le  concessionnaire  exploitait  une  colonne  assez  belle,  mais  pe-u 
étendue  en  direction.  Il  vendit,  en  1872,  un  millier  de  quintaux 
de  ce  minerai  trié  et  lavé,  dont  la  plus  grande  partie  fut  ex- 
pédiée au^  fonderies  de  Pontgibaud.  La  production  tomba,  car 
la  masse  minérale  s'épuisait  et  on  ne  faisait  pas  d'autre  recon- 
naissance. Des'  recherches  furent  faites  dans  la  concession  de 
Saint-Martin-la-Sauveté,  au  Poyet,  à  Urfé,  à  Gorent  par 
M.  Lavigne,  ingiénieur.  Un  peu  de  galène  était  extrait  à  Gorent, 
une  galerie  d'écoulement  restaurée  au  Poyet.  Des  recherches 
effectuées  à  Saint-Paul-de-Vézelin,  en  terram  inconcédé,  sui- 
virent, en  1874,  une  veine  de  galène  très  argentifère  renfermée 
dans  un  grès  fort  dur. 

A  cette  date,  la  mine  du  Grozet  était  abandonnée.  En  1875, 
les  travaux  pour  l'exploitation  du  filon  de  Gorent  étaient 
poussés  avec  activité  ei  déjà  la  production  annuelle  était  de 
4  à  500  tonnes  de  minerai,  chiffre  qui  fut  maintenu  les  années 
suivantes.  Mais,  par  suite  d'embarras  financiers  de  la  Gom- 
pagnie  exploitante,  les  travaux  furent  suspenduis  en  1878.  A 
partir  de  cette  date,  toutes  les  mines  métalliques  de  la  Loire 
furent  en  chômage.  Des  recherches  en  .1879  et  les  années  sui- 
vantes, à  Saint-Paul-de-Vézelin,  ne  donnèrent  aucun  résultat 
important. 

Un  décret  du  8  juin  1888  retira  à  la  Gompagnie  des  Fonderies 
et  Forges  de  l'Horme,  sur  sa  dema.nde,  la  concession  des  mines 
de  fer  de  Saint-Ghamond.  Kn  i889,  de  nouvelles  recherclies  de 
galène  argentifère  furent  poursuivies  à  Saint-Pauil-de-Vézelin. 
Fn  1890,  des  recherches  à  Saint-Joseph,  le  pays  de  la  mine  d'or, 
amenèrent  la  découverte  d'un  amas  de  sulfure  d'antimoine.  Le 
demandeur,  en  1892,  sollicita  une  concession  d'antimoine,  de 
pyrite  de  fer,  d'or  et  d'argent.  La  même  année,  la  concession 
d'antimoine  de  Violay  était  définitivement  acquise  à  M.  Gourtial, 
ingénieur  à  r>yon,  qui  l'amodiait  pour  deux  ans  à  M.  Oiraud, 
fondeur  d'antimoine  à  IJrioude.  Kile  était  abandonnée  en  1891^. 

Trois  décrets  du  12  mars  1893  autorisèrent  MM.  Rohmer  et 
Micolon  à  renoncer  aux  cx)ncessions  de  mines  de  fer  de  Dourdel 
et  Beaubrun,  du  Soleil  et  de  Terrenoire,  qu'ils  avaient  acquises 
de  la  Gompagnie  des  Fonderies  et  Forges  de  Terrenoire. 

r^s  recherches  d'antimoine,  entreprises  par  MM.  Simon  et 
Langlois,  à  Saint-Joseph,  n'ayant  pas  abouti,  les  prospecteurs 

60 


—  934  — 

explorèrent  un   filon   de   quartz  dit   filon   Saint-Martin,    «  ex- 
ploité pour  or  au  xvi*  siècle  »  (i). 

Le  2  juillet  1895,  un  décret  acceptait  la  renonciation  de 
MM.  Badel  çt  consorts  à  lia  concession  de  plomb  de  Saint- 
Martin. 

En  1901,  des  travaux  peu  importants  furent  repris  à  la  mine 
d'antimoine  de  Violay,  après  une  mise  en  demeure  adressée  au 
concessionnaire.  A  cette  époque,  cinq  concessions  métalliques 
de  La  Loire  n'existaient  pius  par  suite  de  renonciation  :  les 
concessions  de  caaiivre  de  Saint-Martin-la-Sauveté  ;  de  plomb  de 
Saint-Julien-Molin-Molette  ;  de  fer  de  Terrenoire,  Le  Soleil, 
Beaubrun  et  Montsalson.  Des  autres  concessions,  celle  d'anti- 
moine de  Viollaiy  venait  d'être  remise  en  activité,  celle  de 
cuivre  du  Grozet,  celles  de  fer  de  Villebœuf  et  de  l'Elivallière 
étaient  inexploitées  (^).  En  1903,  Violay  était  de  nouveau  inex- 
ploitée. En  1906,  de  nouvelles  recherches  furent  exécutées  à 
Violay  par  la  Société  lyonnaise  d'études  industrielles  dui  Centre. 

La  Compagnie  générale  des  Mines  d'anthracite  du  Roannais, 
ayant  découvert  un  gisement  d'antimoine  dans  sa  concession 
d'anthracite,  demanda  une  concession  en  1907.  Cette  demande 
fut  re jetée  par  un  décret  du  4  février  1909.  Les  résultats  de 
l'exploration  étaient  peu  brilUants. 

J'ai  dit  que  la  Gaule  était  le  pays  de  l'or  (v.  p.  914).  Quel- 
ques ingénieurs  soutinrent  qu'il  y  aivait  des  gisements  auri- 
fères sur  certains  points.  Ces  gisements  furent  reconnus  en 
Mayenne,  dans  la  Loire-Inférieure  et  dans  la  Creuse,  où,  à 
partir  de  1905  pour  les  premiers,  de  1907  et  1908  pour  les 
autres,  l'exploitation  donna  des  résultaits,  puisque,  en  1909,  on 
retira  de  France  pouir  environ  7  millions  de  francs  d'or.  Il  n'en 
fallut  pas  davantage  pour  déterminer  une  fièvre  de  Vor  ou  plus 
simplement  des  recherches  quelque  peu  exagérées.  Les  Gallo- 
Romains  s'étaient  limités  par  force  à  une  expiloitation  superfi- 
cielle, cet  or  étant  dilué  dans  une  masse  énorme  de  quartz  et 
mélangé  de  substances  complexes.  Jusqu'en  1890  cet  or  était  à 
peu  près  complètement  irrécupérable.  A  ce  moment,  au  traite- 
ment au  mercure  la  technique  ajouta  la  cyanuration  par  le 


(1)  Rapport  de  l'Ingénieur  en  ohef  {Conseil  Général,  août  1894,  p.  706). 

(2)  Commission  parlementaire  d'enquête  sur  les  mines,   190g-1903,   IIL 
p  95. 


—  935  — 

cyanure  de  potassium.  De  la  sorte,  on  put  retirer  du  minerai 
jusqu'à  90  %  dui  métal  précieux  (i). 

Il  eût  été  étonnant  que,  au  cours  de  cotte  fièvre  de  l'or,  on  ne 
songeât  point  à  l'antique  mine  d'or  de  Saint- Joseph,  ancien- 
nement de  Saint-Martin-la-Plaine.  Des  travaux,  commencés  en 
1910  et  1911  ku  hameau  de  Bissieux,  dans  l'antique  gisement 
d'antimoine,  aboutirent  à  la  découverte  d'un  nouveau  filon 
d'antimoine  sulfuré  à  Gombe-Noire.  Les  galeries  s'avancèrent 
très  loin  sous  la  montagne.  Le  1"  décembre  1912,  M.  Fonteilles, 
ingénieur,  présenta  au  nom  de  la  Compagnie  Lyonnaise,  6,  rue 
Mercière,  à  Lyon,  une  demande  en  concession  de  mines  d'an- 
timoine, pyrite  de  fer,  or,  argent  et  métaux  connexes  à  Saint- 
Joseph  et  Saint-Didier-sous-Riverie,  en  offrant  une  redevance 
tréfoncière  de  0  fr.  10  par  hectare  aux  propriétaires  de  la 
surface. 

Les  recherches  de  filon  d'antimoine  et  quiairtz  aurifère  dans 
le  ravin  de  La  Combe  furent  poursuivies  en  1913  à  Saint- Joseph 
et  suspendues  à  Saint-Didier.  Elles  furent  suspendues  à  Saint- 
Joseph  en  1914,  à  la  mobilisation  (2). 

Je  n'ai  plus  qu'à  signaler  de  nouvelles  recherches  d'antimoine 
à  Régny  en  1912  et  d'antimoine  à  Violay,  de  1916  à  1918. 

Le  nombre  des  concessions  métalliques  en  1920,  dans  le  dé- 
partement de  la  Loire,  se  réduisait  à  trois  :  une  de  fer,  une  de 
cuivre,  une  d'antimoine.  Aucune  extraction,  même  de  quelques 
tonnes,  ne  figure  dans  la  statistique  (^). 

Tel  est  l'historique,  très  abrégé,  de  nos  mines  métalliquies 
foréziennes,  qui  eurent  leur  moment  de  célébrité,  mais  dont 
l'exploitation  n'existe  qu'à  l'état  de  pâle  souivenir. 

Pour  terminer  j'ajouterai  que,  si  les  Blumenstein  furent  au 
xviur'  siècle  les  «  rois  du  plomb  »,  nous  avons  vu  s'éteindre  de 


(1)  Voir  sur  ces  reclierches  et  ces  exploitatioiiis  un  article  du  Génie 
civil,  reprodiuiit  dans  le  Mémorial  de  la  Loire  des  22-20  juin  1911,  un 
QiriicU'  (le  VEcho  des  Minas  et  de  la  Métallurgie,  du  11  déceniLiie  1913,  et 
le  compt-e  rendu  de  la  Socif'ité  d'Economie  politique  de  Paris,  du  5  novem- 
bre 1910. 

(2)  Mémorial  de  la  Loire,  16  décenibre  1911,  12  juillet  1913,  et  rapports 
des  ingénieurs  en  chef,  1910-1914. 

(3)  Cas  concessions  sont  les  suivantes  : 

1°  Rtivallièro  (fer),  513  hecttarcs   ;  propriétaire,  M.  <\e  RochotaiUée  ; 
20  rirozet  (cuivre),  231  hectares  ;  pnopultHalre,  M.  M!uindel,  ù  Paris  ; 
3o   Violay  (antirnoiniî),  709  hectares   :  propriétaire,  Société  lyonnaise 
d'études  industriell-es   et  foncières. 


—  936  — 

nos  jours  un  «  roi  de  l'antimoine  »,  M.  Gussac-Ghatillon,  né  à 
Saint-Etienne,  rue  Valbenoîte,  le  6  juillet  1843,  et  qui,  à  partir 
de  1866,  se  fit  appeler  Emmanuel  Ghatillon.  D'abord  notaire, 
puiis  acquére-ur  de  plusieurs  mine?  d'antimoine,  il  fit  construire 
deux  usines  à  Brioude  et  à  Blesle,  oii  on  lui  appliqua  le  siuirnom 
de  «  roi  de  l'antimoine  ».  Mêlé  à  des  affaires  retentissantes,  il 
avait  présidé  le  Tribunal  de  Commerce  de  Brioude,  représenté 
l'arrondissement  de  cette  ville  à  la  Chambre  de  Commerce  du 
Puly,  rempli  le  mandat  de  conseiller  général  de  Lavoûte- 
Chilhaïc  et  celui  de  maire  de  Mercceur.  Ce  «  roi  »  n'était  qu'of- 
ficier d'académie  (l). 


^  2  —  Les  MINES  d'ANTHRACITE  du  ROANNAIS 


Ces  mines  étaient  vaguement  connues  et  même  exploitées  au 
xviii*  siècle.  Les  Blumenstein  se  servirent  sans  succès  de  l'an- 
thracite de  La  Bruyère,  près  d'Amions,  pour  leur  fonderie  de 
plomb  de  La  Gouitte  (1785).  Les  frères  Jars,  propriétaires  de 
Chessy  et  de  Sain-Bel,  ouvrirent  en  1763  des  travaux  à  Lay, 
qu'ils  abandonnèrent  l'année  suivante.  A  Bully,  dont  le  marquis 
de  Poudras  obtint  la  concession  en  1770,  l'exploitation  ne  fut 
pas  plius  heuireuse.  Comme  à  Lay,  ce  charbon  ne  fut  trouvé 
propre  qu'à  la  cuisson  de  la  chaux.  Un  sieur  Grumet-Montgal- 
land  obtint,  en  1788,  la  conœssion  des  mines  de  Saint-Sym- 
phorien-de-Lay  et  les  fit  exploiter  pendant  dix  ans  par  um 
Allemand  nommé  Lenk.  En  1805,  la  concession  fut  annulée 
pour  interruption  pendant  plus  d'un  an  (^). 

De  toutes  manières,  l'exploitation  de  ces  mines  languit  ou^  fut 
abandonnée,  ou  reprise  par  intermittences.  Duplessy,  en  1818, 
signalait  qu'on  avait  trouvé  à  Leigneux,  Régny,  Saint-Sym- 
phorien-de-Lay,  Pradines,  Amions  et  Bully,  des  «  couches  de 
houille  d'une  espèce  parti ouilière,  sorte  d'anthracite  qui  s'en- 
flamme et  brûle  lentement,  donne  peu  de  fumée,  peu  d'odeuir, 
mais  qui,  mêlée  avec  du  charbon  de  Saint-Etienne,  serait  d'um 


(1)  Mémorial  de  la  Loire,  26  décembre  1919. 

(2)  Voir  Gruner  :  Description  géologique  et  minéralogiqiie  du  départe- 
ment  de  la  Loire,  p.  497  et  suivantes. 


—  937  — 

bon  usage  pour  les  forgerons...  L'exploitation,  disait-il,  est  d'une 
si  faible  importance  qjue  nous  ne  nous  y  airrêterons  pas  davan- 
tage (1).  » 

En  1840,  se  constituèrent  diverses  Sociétés  auxquelles  on 
concéda  les  districts  anthracifères  ci-après  : 

Le  district  de  Lay  est  divisé  en  trois  concessions,  délivrées  !e 
26  mars  1843  : 

1"  Concession  de  Clutrhonnières,  au  nord-ouest  de  Saint- 
Symphorien-de-Lay,  suir  Je  territoire  de  cette  commune  ;  elle 
a  été  accordée  à  Durozier,  de  Lay,  et  Adam,  de  Paris  (420  hec- 
tares). C'est  celle  qu'exploitait  l'Allemand  Lenk  au  xviir  siècle. 

2*^  Concession  de  Lay  (460  hectares)  à  Augustin  Desvernay, 
de  la  famille  Desvemay-Desarbres,  bien  connue  à  Saint-Sym- 
phorien  et  dans  la.  région,  anciens  seigneurs  du  pays,  magistrats 
cantonaux  et  municipaux  sous  TF^mpire,  fabricants  de  coton,- 
nades,  enfin  fabricants  de  crayons  Conté  à  Régny  ;  cette  conces- 
sion porte  de  nombreuses  traces  des  anciens  travaux  des  frères 
Jars,  de  Lenk,  etc. 

3"  Concession  du  Désert,  sur  les  communes  de  Lay,  de 
Fourneaux  et  de  Saint-Symphorien-de-Lay  (767  hectares), 
depuis  la  limite  de  celle  de  Lay,  qui  finit  au  nord-est,  au 
hameau  de  Buthery.  jusqu'à  la  limite  des  départements  de  la 
Loire  et  du  Rhône  ;  le  Désert  est  un  hameau  près  dm  hameau 
de  Viremoulin  et  près  de  la  route  de  Saint-Symphorien  à  Saint- 
Victor-sur-Rhins.  A  proximité  se  trouve  le  hameau  de  Lay, 
qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  le  chef-lieu  de  la  commune 
de  ce  nom.  L'endroit  paraît  bien  nommé  car  c'est  un  désert  ; 
cette  concession  fut  donnée  à  Jules  de  Berchoux  et  consorts  ; 
tout  le  monde  connaît  Joseph  de  Berchoux.  l'auteur  de  la 
Gastronomie.  I^es  Berchoux  sont  de  petite  noblesse  de  robe  de 
Saint-Symphorien-de-Lay. 

De  ces  trois  concessions,  le  Désert  est  la  plus  importante.  De 
1843  à  1855,  époque  oii  écrivait  Gruner,  elle  n'a  pas  cessé  d'être 
(exploitée,  en  donnant  chaque  année  de  1.0(K)  h  10.000  tonnes 
d'anthracite,  au  total  48.000  tonnes  en  13  ans,  vendues  de 
r>  fr.  7r)  k  10  fr-nncs  la   tonne.  Les  concessions  de  Lay  et  de 


(1)  DUPLESSY  :  Essai  siatislique  sur  le  déparlement  de  la  Loire,  p.  88. 


Charbonnières  ne  furent,  au  contraire,  exploitées  que  par  inter- 
mittence (1). 

Le  district  de  Buiiy  et  Jcxjuvres  est  divisé  en  deux  conces- 
sions, accordées  le  11  juillet  1843  : 

4°  Concession  de  Biilly  et  Vra(jny  (909  hectares)  aux  sieuire 
de  la  Pagerie,  Bellanger,  Adam  et  consorts.  Cette  concession 
comprend  la  partie  orientale  de  la  commune  de  Bully,  qtui 
longe  la  Loire.  Le  filon  de  Fragny  est  compris  entre  Bully  et 
Fragny.  J'ai  dit  qu'il  fut  exploité  au  xviir  siècle  et  qu'une  con- 
cession fut  accordée  en  1770,  puis  abandonnée.  A  Fragny,  on 
voyait  naguère  et  l'on  voit  peut-être  encore,  épars  sur  le  sol,  les 
débris  de  machines  et  d'outils  pour  l'exploitaition,  quelqtues 
bâtiments  en  ruines  et  les  restes  des  masures  des  mineoiirs  P). 
Des  travaux  importants  furent  entrepris  avant  la  délivrante  de 
la  seconde  concession  et  des  espérances  folles  naquirent  chez 
les  demandeurs.  L'affaire  fit  beaucoup  de  bruit  (3).  L'extraction 
annuelle,  quii  était  de  moins  ide  1.000  tonnes  jusqu'en  1849, 
s'éleva  à  3.000,  puis,  à  partir  de  1853,  à  5.000  tonnes,  au  prix 
moyen  de  8  à  9  francs  la  tonne,  prix  qui  pouvait  atteindre 
17  francs  pour  le  gros  et  descendre  à  6  francs  pour  le  menu. 
On  espérait  atteindre  10.000  tonnes  en  1856.  Roanne  consom- 
mait la  majeure  partie  de  ce  charbon.  Les  chaufourniers  ^e 
mêlaient  à  la  houille  de  Saint-Etienne  et  il  servait  aussi  à  la 
cuisson  des  briques.  Le  nombre  d'ouvriers  s'était  élevé  de  15  ou 
20  à  40  ou  50  à  partir  de  1849.  Au  temps  oià  écrivait  Gruner,  un 
manège  à  chevaux  desservait  les  deux  puits. 

5"  La  concession  ^Odenet  et  ,1  œuvres  (969  hectares),  sur  les 
communes  de  Siaint-Maurice-sur-Loire,  Villerêt  et  Commelle, 
aux  sieurs  Angles  et  consorts.  Cette  concession  est  coupée  en 
deux  par  la  Loire  :  Odenet  à  l'ouest,  Jœuvres  à  l'est.  Jœuvres 
fut  le  siège  d'un  célèbre  oppidum  gaulois.  Vers  1825,  on  a 
exploité  un  affleurement  dans  une  vigne,  au-dessous  du  chemin 
de  Jœuvres  à  Cordelle.  Une  seconde  fendue  fut  ouverte  près 
de   là,    en   1839.    La  médiocrité  de   l'anthracite   et   le   peu   de 


(1)  Voir  le  tableau  de  Gruner,  op.  cit.,  p.  536-537,  et  la  description  de  ces 
concesisions  dans  le  même. 

(2)  Prajoux  :  Notes  et  documents  sur  Bully,  1896,  p.  8  et  72. 

(3)  Gruner,  p.  527. 


—  939  — 

résultats   des  travaux  de   recherches   firent  abandonner  cette 
exploitation  en  1845. 

6"  Le  district  d'Amiuns  ne  forme  qu'une  seule  concession, 
accordée  le  11  juillet  1843  :  la  concession  de  la  Briière  ou  la 
Bruyère  (1.219  hectares;,  sut  les  communes  de  Souternon, 
Amions  et  Djiincé,  à  M"*'  Perrin,  comte  de  Vougy  et  consorts. 
L'extraction  tota^le,  de  1839  à  1848,  fut  de  moins  de  5.000  ton- 
nes et  l'extraction  annuelle  ne  dépassa  pas  1.100  tonnes  vendues 
de  6  francs*  (le  menu)  à  16  francs  (le  gros).  La  mine  occupait 
15  ouvriers  et  2  chevaux.  Un  chemin  de  charroi  fut  ouvert 
jiiisqu'à  la  Loire,  où  on  embarquait  pour  Roanne.  Mais  les 
houilles  de  Saint-Etienne  et  ranthracite  de  Bully  faisaient 
concurrence  à  celle  de  la  Bruère  La  mine  fut  abandonnée  en 
1848,  à  la  suite  du  dépilage  des  massifs  découverts. 

Le  massif  de  Gombres  et  Régny  se  compose  de  deux  con- 
cessions, accordées  à  deux  dates  différentes  : 

7*^  La  concession  de  Comhres  (751  hectares),  sur  les  com- 
munes de  Gombres  et  de  Montagny,  accordée  le  20  octobre  1848 
aux  sieurs  Augustin  Desvernay,  François  Chirat  et  Emile  de 
l'Espine.  Gombres  est  à  la  limite  du  département,  sur  la  route 
de  Roanne  à  Thizy.  L'exploitation  y  fut  reprise  et  abandonnée 
plusieurs  fois.  Vers  1838,  la  production,  n'était  que  de  3  à  400 
tonnes.  De  1848  à  1855,  l'extraction  totale  n'a  pas  dépassé  12  à 
13.000  tonnes,  et  de  1825  à  1855,  15.000  tonnes,  à  un  prix  variant 
de  7  fr.  50  à  12  fr.  50.  Le  nombre  d'ouvriers  ne  dépassait  pas 
20.  Les  chaufôurniiers  de  Thizy,  Montagny  et  Gombres,  étaient 
les  principaux  consommateurs  de  ces  charbons. 

8"  La  concession  de  Régny,  sur  les  communes  de  Kegny  et 
Montagny,  accordée  le  19  septembre  1859,  est  postérieure 
à  la  description  de-  Gruner,  qui  signala  les  affleurements  au 
sud  du  hameau  de  Rue  et  sur  le  revers  du  coteau  de  Verpierre. 
Quelques  travaux  y  avaient  été  exécutés  en  1820.  M.  Richarme 
entreprit  d'autres  travaux  en  1855. 

De  1800  à  1855,  Gruner  évalue  la  production  totale  des  mines 
du  Roannais  à  120.000  tonnes,  sur  lesquelles  98.000  furent 
produites  depuis  1843,  savoir  :  ï^  Désert,  48.000  ;  Hully  et 
P'ragny,  33.000  ;  Gombres,  12.0(K)  ;  La  Bruyère,  3.500  ;  Gharbon- 
nières,  1.900  ;  Lay,  1.500. 

En    1S70,    trois     concessions    d'anthracite    sur    huit    étiiient 


—  940  — 

exploitées  :  Le  Désert,  Ch.aiii)annières  et  Hiilly.  I^es  rhaimiers 
(les  environs  de  Roanne  et  de  l'Arbresle  étaient  les  principaux 
employeurs  de  ce  combustible.  L'extraction,  plus  faible  que 
préaédemment,  représentait  7.000  tonnes.  En  1872  et  les  années 
suivantes,  elle  descendit  à  4  ou  5.000  tonnes.  Des  recherches 
étaient  poursuivies  dans  la  concession  de  Régny. 

Les  plaintes  quWait  motivées  l'inexploitation  de  la  plupart 
des  mines  d'anthracite,  diminurreiil  (jii.ind  Tabondance  de  la 
houille  fut  revenue  (1874). 

En  1875,  seules  les  concessions  du  Désert  et  de  Charbonnières 
étaient  exploitées  avec  une  certaine  activité.  On  exécutait  des 
recherches  au  Désert.  I^a  production  totale  représentait 
43.600  hectolitres  (sic).  L'année  suivante,  cette  activité  subit  un 
temps  d'arrêt.  Le  fonçaige  d'un  puits  au  sud  des  concessions  de 
r^ay  et  de  Charbonnières  fut  suspendu,  de  nouvelles  dépenses 
importantes  étant  à  engager  avant  de  continuer  ce  fonçage. 

En  1877,  la  Compagnie  des  charbonnages  de  Roanne  tomba 
en  déconfiture.  Il  était  difficile  de  prévoir  quand  les  travaux 
seraient  repris.  La  production  annuelle  se  maintint  à  4  ou 
5.000  tonnes  par  an.  Elle  descendit  entre  3  et  4.000  tonnes  à 
partir  de  1880. 

En  1879,  nouvelles  recherches  à  Régny  et  au  Désert.  En  1882, 
la  mine  de  l'Aluminaire,  à  Charbonnières,  ayant  été  inondée 
à  la  suite  de  pluies  torrentielles,  fut  abandonnée.  Seuls  le 
Désert  et  Régny  restaient  en  exploitaition.  En  1883,  le  Désert 
donna  seul  des  produits  (2.290  tonnes).  A  Régny,  le  travail 
consistait  dans  le  percement  au  rocher. 

Grâce  à  l'exploitation  dans  la  concession  de  Combres,  en  1884, 
la  production  se  releva  à  3.400  tonnes  pour  retomber  à  2.700  en 
1885,  à  2.400  en  1886  et  en  1887,  oii  le  Désert  était  l'unique 
concession  exploitée  régulièrement.  A  Combres,  Régny,  Bully, 
Fragny,  on  faisait  des  explorations,  abandonnées  Tannée  sui- 
vante à  Combres  et  à  Régny.  On  projetait  de  relier  Bully  à 
Roanne  par  une  voie  ferrée. 

En  1888  et  1889,  le  Désert  donna  moins  de  2.000  tonnes. 
Ailleurs,  on  se  bornait  à  des  glanages.  En  1890,  seule  la  mine 
de  Bully  et  Fragny  était  en  exploitation,  mais  la  production  fut 
insignifiante.  Les  années  suivantes,  l'extraction  de  Tanthracite 
était  nulle  dans  tout  le  département. 


—  Ml  — 

En  1896,  la  Société  industrielle  et  coloniale,  rii«  Taitbout,  37, 
à  Paris,  acquit  les  concessions  du  Désert  et  de  Charbonnières  et 
y  effectua  quelques  travaux. 

L'ouveirture  du  chemin  de  fer  départemental  de  Boën  à 
Roanne  par  Saint-Germain-Laval,  en  1901,  assura  la  liaison  de 
Bully,  Fragny.et  Amions  avec  Roanne. 

Voici  quels  étaient  les  concessionnaires  d'anthracite  de  la 
Loire  en  1902,  abstraction  faite  des  concessions  abandonnées  : 

Bully  et  Frta/gny  :  Société  d'exploitation  des  mines  de  Bnlly 
et  Fragny. 

r^e  Désert  :  Société  des  Charbonnages  de  la  ïx)ire. 

Gombres  :  Société  anonyme  des  charbonnages  de  Combres. 

Régny  :  M.  Ponchon  à  Roanne. 

[jay  :  Syndicat  des  mines  d'anthracite  de  Lay. 

En  1904-05,  le  concessionnaire  du  Désert  était  M.  Nithard, 
l'exploitant,  M.  Barillon  ;  celui  de  Régny,  M.  Fustier.  Un 
nouveau  concessionnaire  s'était  présenté  pouir  Bully  en  1903, 
mais,  en  1904,  sa  demande  paraissait  abandonnée.  Un  conces- 
sionnaire nouveau  apparaît  en  1906  :  la  Compagnie  générale  des 
mines  d'anthracite  du  Roannais. 

Recherches  et  travaux  continuèrent.  On  fit  des  explorations 
à  Charbonnières.  T^a  production  ne  reprit  quelque  importance 
qu'en  1903  :  5.893  tonnes.  En  1904,  7.270  tonnes,  dont  3  à  4.000 
pour  Bully  et  Fragny,  2  à  3.000  pour  le  Désert,  le  reste  pour 
Combres,  Régny  et  Lay.  Mêmes  chiffres  l'année  euîvante. 

Le  puits  entrepris  à  Régny  par  la  Compaanie  srénérale  du 
Roannais  atteignit,  en  1905,  65  mètres  :  en  1906,  102  mètres.  Jjh 
prodaiction,  cette  année-là,  s'éleva  à  13.988  tonnes,  dont  10.890 
fx>ur  Bully  et  Fra^nv  et  2.286  pour  le  Désert.  C'ét.ait  une  vérita- 
ble résurrection  '  A  partir  de  ce  moment,  voici  les  chiffres  de 
l'extraction  : 


(Voir  tableau  et-aprèit.) 


942  — 


Ann«*es 

Total 
(Roannais) 

Buily 

Lay 

l.c  Désert 

Divers 

1907 

14.773 

11.052 

>> 

2.342 

((iombres, 
1.379       Kégny,  Lay) 

1908 

23.50? 

19.065 

n 

2.305 

2.132                Ho 

1909 

19  193 

16.292 

» 

1.455 

1.446           .1" 

1910 

10.990 

15.566 

1.194 

230 

230           .h 

1911 

11.800 

10.499 

1.361 

.' 

.) 

1912 

1.422 

158 

1.264 

.. 

» 

1913 

1.010 

50 

960 

;. 

- 

1914 

1.012 

178 

834 

» 

•' 

1915 

553 

97 

456 

» 

" 

1916 

1.070 

111 

959 

" 

>^ 

1917 

7.204 

6.147 

1.057 

» 

1918 

8.780 

8.305 

475 

). 

1919 

5.371 

i.341 

1.030 

'. 

'      1920 

7.734 

6.122 

1.592 

20         (<:ombies) 

L'exploitation  est  faite,  à  Lay,  par  les  corxsorts  Desvernay 
depuis  1911  ;  à  Bully,  depuis  1913,  par  la  Compagnie  des 
anthracites  de  Bully.  En  1919-1920,  des  recherches  ont  été  faites 
au  Désert,  à  Gharbonnières,  à  Combres  et  à  Régny  (i).  Il  y  a 
toujours  huit  concessions.  Une  demande  a  été  présentée  en 
1920,  pour  renoncer  à  la  concession  de  La  Bruyère  (M.  Girodon, 
concessionnaire). 

Le  prix  moyen  de  ranthracite,  en  1912,  sur  le  carreau  de  La 
mine,  était  de  14  fir.  11  la  tonne  et,  en  1913,  de  13  francs. 

Le  personnel  des  mines  d'anthnacite  du  Roannais,  en  1911, 
était  de  87  personnes  et,  en  1912,  de  71. 

Un  décret  du  15  janvier  1916  rejeta  la  demande  de  la  Société 
des  anthracites  de  la  Loire,  a  l^ffet  d'être  autorisée  à  amodier 
la  concession  de  Gombres  (2), 

En  1917,  les  onze  ouvriers  travaillant  à  la  mine  de  Lay, 
mobilisés  pour  la  plupart,  convoquèrent  le  secrétaire  de  la 
Fédération  des  Mineurs  de  la  Loire,  M.  Duranton,  pour  lui 
faire  leurs  doléances.  Le  rendement  de  la  mine  n'était  que  de 


(1)  Combres  appartient  à  la  Société  des  charbonnages  de  Combres,  le 
Désert  et  Charbonnières  à  M.  Nithard. 

(2)  Journal  officiel,  20  janvier  1916. 


—  943  — 

3  à  4  tonnes  par  jour.  Les  mineurs  estimaient  qiui'on  pouvait  ^e 
porter  à  30  tonnes,  en  triplant  'le  personnel  et  en  changeant  les 
conditions  de  travail  et  d'exploitation.  Avant  l'augmentation  de 
salaire  dite  de  vie  chère,  ces  ouvriers  n'étaient  payés  que  de 

4  fr.  50  à  6  francs.  Encore  devaient-ils  payer  eux-mêmes  l'huile 
nécessaire  à  leur  travail,  soit  0  fr.  75  par  jour,  et  fournir  les 
sacs  pour  transporter  le  combustible,  sur  près  ôe  100  mètres, 
jusqu'au  wagonnet  amenant  l'anthracite  de  la  fendue  au'  jour. 
Ces  renseignements  furent  communiqués  à  la  Presse  locale  par 
M.  Duranton,  avec  une  lettre  de  l'administrateuir-délégué  de  la 
Compagnie  des  miines  d'anthracite  de  Bully,  acceptant  l'accord 
du  28  juin  1917  entre  la  Eédération  de  la  Loire  et  les  exploitants 
du  bassin  houiller  (1). 

Pour  terminer  ce  court  historique  de  cette  modeste  exploita- 
tion d'anthracite  du  Roanniaiis,  je  citerai  un  décret  du  3  février 
i919,  autorisant  la  mutation  de  la  concession  de  Régny,  et  uîi 
décret  du  2  août  1919,  ratifiant  'l'acquisition  aux  enchères,  par 
la  Société  d'études  et  de  recherches  du  Centre,  le  30  juillet  1917, 
des  concessions  d'anthracite  de  Communay  et  Ternay  (Isère)  et 
la  réunion  de  ces  deux  concessions. 


S  3  —  LES    TOURBIÈRES 


Combien  de  personnes  savent  qu'il  existe  des  tourbières  dians 
le  département  de  la  Loire  et  combien  d'aïuteurs  en  ont  parlé  ? 
.  Ces  personnes  sont  rares  et  ces  auteurs  plus  rares  encxyre  : 
deux  ou  trois. 

Au  commencement  du  xix*  siècle,  vivait  un  riche  propriétaire 
d'une  ancienne  famille  de  Saint-Saaiveur  et  Marlhes,  sur  le 
plateau  de  Saint-Genest-Malifaux.  Il  s'appelait  Colomb  de 
Caste,  seigneur  de  Caste  et  d'Hauteville,  ancien  seigneur  de 
Lupé   et   de    Saint-Julien-Molin-Molette    (2).    Elu    député    h    la 


(1)  Loire  Bépublicaine,  11  juillet  1^7. 

(2)  M.  Gallcy  a  lwl,iqu<^  1r«  oripliies  de  chMIo  famille  dans  son  <^ln<l(' 
«nr  Marfivprilp.  dr  r.upfi  (foiillicton  do  ia,  Lirirr  nfipiibliraine,  8  déroinlin' 
m\  et  suivants). 


-  944  — 

Constituante,  il  fut  simple  conseiller  général  et  juge  de  paix 
à  Saint-Chamond  sous  le  Premier  Kmpire.  ha  fonction  de  juge 
de  paix  à  cette  époque  était  remplie,  comme  de  nos  jouirs  en 
Angleterre,  par  les  représentants  des  meilleures  familles  du 
pays  ou  des  environs. 

Cette  famille  portait  des  colombes  dans  ses  armoiries.  La 
l)elle  M"^  de  Caste,  qui  tenta,  il  y  a  quelques  années,  la  tra- 
versée de  la  Méditerranée  en  canot  automobile,  appaii-tient  h 
cette  vieille  maison  forézienne. 

Vers  1835,  le  fils  de  Colomb  d^  Caste  du  premier  Empire, 
mort  luii-même  en  1831,  était  préoccupé  de  l'inutilisation  des 
terrains  incultes  et  marécageux  qui  se  trouvent  sur  le  plateau 
de  Saint-Genest,  a,u  milieu  des  forêts  de  sapin,  terrains  que  'les 
habitants  appelllent  chavrmMsses  ou  sagnes,  qui  sont  couverts 
d'eau  stagnante  ou  imprégnés  fortement  d'humidité,  et  ne 
présentent  à  l'extérieur  qu'une  couche  de  mousse  ou  quelqtues 
herbes  courtes  et  dures.  Ls  bêtes  à  cornes  y  étaient  condiuites 
quand  la  sécheresse  avait  brûlé  les  autres  pâturages.  En  peu 
d'heures  elles  ramassaient  le  peu  d'herbes  mamgeaMes.  Mais 
ces  terrains  étaient  dangereux.  Les  bêtes  s'y  enfonçaient,  s'y 
faisaient  des  foulures,  s'estropiaient.  La  chronique  rapportait 
que  des  bestiaux  et  même  des  hommes  y  avaient  été  engloutis. 

M.  de  Caste  entreprit  des  fouilles  aux  endroits  les  plus  maré- 
cageux. Après  avoir  fait  ouvrir  des  fossés  pour  Técoulement 
des  eaux,  il  fit  creuser  jusqu'au  terrain  solide,  puis  laissa  le 
sol  se  dessécher.  Ce  sol  était  recooivert  d'une  couche  de  tourbe 
de  deux  pieds  à  deux  pieds  et  demi  d'épaisseur.  Elle  pouvait 
servir  de  combustible  aux  pauvres  gens  de  la  montagne  et  ses 
cendres  pouvaient  servir  d'amendement  à  ces  terres  pour  leur 
donner  un  peu  de  fertilité  Des  échantillons  furent  adressés  au 
laboratoire  de  l'Ecole  des  Mines  de  Saint-Etienne.  On  reconnut 
qu'ils  renfermaient  40  %  de  chairbon  et  60  %  d'eau  et  de  matiè- 
res volatiles.  Ce  charbon  contenait  44  %  de  cendres,  ces  cendres 
3,80  %  de  sulfate  de  chaux  et  d'hydrochlorate  de  chaux.  D'une 
part,  on  pouvait  convertir  la  tourbe  en  coke  pour  lui  enlever 
son  odeur  désasrréable  et,  d'autre  part,  mêler  cette  tourbe  à  la 
chaux  pour  en  faire  un  excellent  engrais  pour  les  terres  froides 
et  humides.  En  y  mêlant  de  la  suie,  le  succès  devait  être  encore 
plus  complet. 


—  946  — 

Colomb  de  Gaste  fit  deux  communications  au  sujet  de  sa 
découverte  à  la  Société  industrielle  et  agricole  de  Saint-Etienne, 
qui  inséra  avec  éloge  ces  cx>mmunications  dans  son  bulletin  (l). 
Plus  tard,  Giruner  recommanda  vivement  aux  cultivateurs 
l'exemple  de  Colomb  de  Gaste.  11  signala  que  des  tourbières 
existaient  aussi  dans  les  hautes-combes  de  Noirétable  et  des 
Salles  et  a:ui-dessus  de  Saint-Just-en-Chevalet  et  des  Noës, 
c'est-à-dire,  non  seulement  au  sommet  de  la  chaîne  du  Pilât, 
mais  à  l'extrémité  des  monts  ôiv  Forez  et  sur  les  monts  de  la 
Madeleine  p).  Après  lui,  l'ingénieur  en  chef  M.  de  Castelnau  fit 
remarquer  que  dans  les  massifs  graniteux  de  Saint-Bonnet- le- 
Château,  comme  dans  ceux  de  Saint-Genest,  presque  tous  les 
bas-fonds  des  prairies  naturelles  au  milieu  desquelles  serpen- 
tent de  petits  ruisseaux,  sont  constitués  par  des  tourbières  plus 
ou  moins  importantes.  La  couleur  noirâtre  du  terrain,  la  nature 
des  eaux  et  surtout  l'élasticité  du  sol,  permettent  de  reconnaître 
ces  gisements.  Il  existe  des  tourbières  dans  toute  la  vallée 
supérieure  de  la  Semène  et  ill  en  existe  aussi  probablement  dans 
la  haute  vallée  diui  Ftiran,  au-dessous  du  Bessat. 

Ces  tourbières  n'ont  jamais  été  réellement  exploitées,  car 
l'abondance  de  la  houille  et  du  bois  a  rendu  leur  exploitation 
inutile.  Il  en  est  autrement  pour  les  tourbières  au  pied  du 
Mézenc,  dans  la  Haïute-Loire,  où  la  houille  et  le  lx>is  font 
défaut  (3). 

Colomb  de  Gaste  difîait,  à  la  fin  de  sa  communication  do 
1835  :  «  Je  continuerai  h  faire  quelques  ess?iis  et,  s'ils  peuvent 
m'être  favoraMes,  je  les  ferai,  avec  empressement,  connaître  à 
mes  voisins,  et  je  '.eur  dirai  encore,  ce  que  je  leur  répète  sou- 
vent, que,  lorsque,  même  en  remuant  la  terre,  nous  ne  retrou- 
verions au  bout  de  l'année  que  l'argent  que  nous  aurions 
(léfM^nsé,   notre  temps  n'aurait  point  erirore   été   perdu,    parr»^ 


(1)  lft.T),  p.  1G7  of  1«37.   p.   139. 

(2)  Description  géologique,  p.  720. 

(3)  Rapport  de  M.  de  Cafitelnau,  in^énieiur  en  chof  dos  mines  (Conseil 
p<^néral  de  la  Ix>ire.  session  d'août  1893,  p.  7^8).  L'e.xploitation  de  la 
tourbe  sur  le  plateau  de  Saint  Gen est  a  cependant  étf^  i)ratiquée  et 
continue  k  être  pratiqui<^e  par  la  famille  Conrbon-Lafayo.  Mais  c«itte 
tourbe  est  employée  comm^  litiùro  pour  les  aulniaux  do  forme  et  non 
comme  combustible 


-  946  - 

que  nous  aurions  fourni  du  travail  à  la  classe  indigente  et  fait 
ainsi  la  plus  profitable  de  toutes  les  aumônes.  » 

Je  termine  par  un  hommage  à  la  mémoire  de  ce  gentleman 
former,  qui  remplissait  si  bien  la  fonction  dévolue  à  la  noblesse 
terrienne,  fonction  que  la  noblesse  déserta  trop  souvent  et  trop 
longtemps,  à  son  préjudice  et  au  préjudice  des  autres  classes. 
De  nos  jours,  l'aristocratie  de  l'argent,  la  noblesse  de  la  banque, 
du  commerce  et  de  l'industrie,  a  souvent  fait  regretter  l'autre. 


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TABLE  DES  MATlÈHi:S 


TOME  1 


Avant-Propos. 


Pages 
•VII 


Introduction  :  Le  bassin  houiller  de  la  Loire 

Auteurs  des  descriptions  géologiques  :  Beaunier  (p.  2), 
Meugy  (p.  3),  Grûner  (p.  3),  Geste  (p.  3).  —  Etapes  et 
sous-étages  de  l'écorce  terrestre  (p.  4).  —  Le  système 
houiller^  le  bassin  de  la  Loire  (p.  5).  —  Formation  de 
la  houille,  M.  Grand'Eury  (p.  7).  —  Couches  et 
massifs  de  roches  (p.  9).  —  Etages  et  couches  du  bassin 
de  la  Loire  (p.  10).  -  Sortes  de  houilles  (p.  14).  — 
Fendues    rarrici  .;>,   riiines,  puits  (p.   15). 


Première  partie 
LES  MINES  AVANT  LA  RÉVOLUTION 


Chapithk  premier.         Les  origines 17 

Origines  de  l'exploitation  dans  le  monde  (p.  17).  —  En 
France  (p.  19).  —  Dans  le  bassin  de  la  Loire  (p.  21).  — 
Gagatès  et  Gagas  ;  époques  gauloise  et  romaine  (p.  22). 
—  Moyen  âge  (p.  26)  ;  légendes  (p.  28)  ;  cult^  de  Sainte- 
Biirbe  (p.  29)  ;  éciits  et  anciens  travaux  (p.  30)  ;  les 
mjontagnes    hrftlautcs    (p.    31).  Hésumé    sur    les 

origines  (p   36). 


—  948  - 

l'ages 

Chapitre  IL  —  Régime  des  mines  avant  la  Révolution 37 

§  1.  —  Le  droit  des  seigneurs 37 

Les  seig^neuis  propriétaires  <(  éminents  »  (p.  36).  —  Lyon- 
nais et  Forez  (p.  38).  —  Le  droit  du  seigneur  à  Roche- 
la-Molière  (p.  39).  —  Le  droit  des  comtes  de  Forez 
(p.  45).  —  Le  premier  ©dit  royal,  les  édits  des  xv«  et 
xvp  siècles,  les  grands  privilèges  (p.  47)  ;  encore  le 
droit  du  seigneur  à  Roche  (p.  49).  —  Edits  royaux  et 
droits  du  seigneur  au  xviP  siècle  (p.  50).  —  Edits  du 
xviiP  siècle,  souveraineté  complète  du  Roi,  fin  du 
droit  des  seigneurs  (p.  52).  —  Le  marquisat  et  la 
concession  de  Saint-Chamond  (p.  55). 

§  2,  —  Les  propriétaires  et  le  régime  de  V earploitation 58 

Le  droit  des  propriétaires  dans  les  édits  de  1413  et  sui- 
vants (p.  58).  —  Situ  action  des  propriétaires  à  la  fin  du 
xviie  siècle  (p.  61).  —  Les  propriétaires  et  les  édits  ou 
arrêts  du  xviiP  siècle  (p.  61).  —  Relations  entre  pro- 
priétaires et  extracteurs  (p.  63).  —  Rapports  entre 
concessionnaires  et  propriétaires  (p.  65).  —  Sociétés 
d'extracteurs  (p.  65). 

§  3.  —  La  Réserve  de  Sairit-Etienne 68 

Privilège  Manessier-La  Gardette  1701-1702  (p.  68).  — 
Arrêt  de  1724  (p.  70).  —  Privilège  de  Vaux  (p.  72).  — 
Autorisations  diverses,  arrêt  de  1763  (p.  73). 

§  4.  —  Concessions   et   autorisations 75 

Origine  des  concessions,  privilèges  généraux  (p.  75).  — 
Permissions  d'exploiter  (p.  76).  —  Concessions  de 
Gravenand  et  du  Miouillon  (p.  77).  —  Concession  de 
Saint-Chamond  (p.  81).  —  Concession  de  Roche-la- 
Molière  (p.  83).  —  Concessions  et  autorisations  diver- 
ses (p.  90). 

§  5,  —  Le  régime  des  mineurs 92 

Régimes  du  travail,  (p.  92).  —  Le  métier  «  privilégié  >»  de 
mineur  (p.  93).  —  Ce  métier  à  Liège  (p.  94).  —  Le 
mineur  et  les  édits  de  1413  et  suivants  (p.  95).  —  Le 
mineur,  les  arrêts  de  concessions  dans  le  bassin  de 
la  Loire  (p.  98). 

§  6.  —  La  redevance  au  Roi 102 

Redevance  et  impôt  (p.  102).  —  Le  droit  du  dixième 
(p.  102).  —  Le  droit  du  vingtième,  les  concessionnaires 
du  bassin  de  la  Loire  (p.  105).  —  Le  droit  du  trentième 
(p.    106). 


—  949  — 

Pages 

§  7.  —  Les  agents  et  la  juridictioji  du  Roi 106 

Les  agents  royaux  dans  les  édits  de  1471  et  suivants 
(p.  106).  —  L'Injtendant  de  la  province  (p.  107).  —  Les 
ingénieurs  du  Roi  (p.  108).  —  Laverrière  et  les 
origines  du  service  des  mines  dans  le  bassin  de  la 
Loire  (p.  109).  —  La  juridiction  dans  les  édits  de  UVS 
et  suivants  (p.  110).  —  La  juridiction  de  llntendant  de 
la  province  et  celle  des  tribunaux  ordinaires  (p.  111). 

Conclusion  sur  le  régime  des  mines  avant  la  Révolution 112 

Chapitre  IIL  —  Le    régime    économique    des    charbons    avant    la 

Révolution 114 

§  1.  —  Les  mesures  du  charbon 114 

Origine  de  la  benne  (p.  114).  —  Les  mesures  du  charbon 
en  Lyonnais  (p.  115).  —  Les  mesures  du  charbon  en 
Forez  (p.  119).  —  Les  mesures  du  charbon  dans  les 
autres  bassins  (p.  122). 

§  2.  —  Le  régime  douanier  et  les  droits  intérieurs  avant  1789..     124 

Les  douanes  intérieures  (p.  124).  —  Les  taiifs  successifs 
de  1664  à  1789  (p.  125).  —  La  traite  foraine,  les  péages 
(p.   128).  —  Les  droits  d'entrée  à  Paris  (p.  129). 

à  3.    -  J^f's  transports  et  te  commerce  du  charbon 130 

Le  transport  des  charbons  du  sous-bassin  de  JRive-de- 
(iier  :  par  routes  (p.  131)  ;  le  canal  de  Givors  (p.  133)  ; 
les  péages  sur  le  Rhône  et  la  Saône  (p.  130)  ;  le  com- 
merce des  charbons  à  Rive-de-Gier  (p.  137)  ;  tarifs  des 
prix  de  vente  (p.  139)  ;  le  décompte  des  frais  de  trans- 
port e*t  accessoires  (p.  139)  ;  le  commerce  des  charbons 
à  Lyon  et  le  tarif  des  porteurs  de  charbon  (p.  141)  ;  le 
charbon  a  épuré  »  ou  coke  (p.  142). 

Le  transpoi-t  des  ctiarbons  du  sous-bassin  de  Saint- 
Etienne  :  par  routes  (p.  142)  ;  par  eau  en  aval  de 
Roanne  (p.  144)  ;  l'amélioration  de  la  Loire  en  amont 
de  Roanne  er,  les  transports  de  Saint-Rambert  à 
Roanne  (p.  14.'))  ;  de  Roanne  à  Paris  ert.  au  delà 
(p.  150)  ;  les  p^^afi^cs  sur  la  L/oire  (p.  151)  ;  les  droits 
à  l'entrée  d*^  Paris  et  le  commerce  des  charbons  à 
Paris  (p.    151). 

61 


—  960  — 

Pages 

Chapitre  IV.  —  Situation  économique  générale  comparée  avant  la 

Révolution.    154 

Avani  le  xvir*  siècle  (p.  154).  —  Au  xviP  siècle  (p.   155). 

Au  XVIII®  siècle  :  rextraction  à  Rive-de-Gier  et  en  Lyon- 
nais (p.  159)  ;  à  Saint-Etienne  et  dans  le  Forez 
(p.  160).  —  Descriptions  de  Buffon  (p.  160),  d'Alléon- 
Dulac  (p-  161).  —  Modes  d'exploitation  (p.  163).  — 
Salaires  (p.  166).  —  Prix  (p.  169).  —  Production  : 
1«  Mines  du  Forez  de  1705  à  1763  (p.  175)  ;  2°  Mines  du 
Lyonnais  de  1756  à  1780  (p.  176)  ;  3»  Mines  du  Forez 
de  1764  à  1780  (p.  177)  ;  4°  Mines  du  Lyonnais  de  1780 
à  1790  (p.  178)  ;  5«  Mines  du  Forez  de  1780  à  1790 
(p.  179)  ;  6'°  Quelques  chiffres  récapitulatifs  (p.  181).  — 
Nombre  d'ouvriers  (p.  182).  —  Récapitulation  des  évé- 
nements économiques  du  xviiP  siècle  (p.  183).  —  Sta- 
tisti^que  générale  des  houillères  françaises  (p.  184). 


Deuxième  partie 
DEPUIS  LA  RÉVOLUTION 

Chapitre  V.  —  La  Révolution 186 

Les  cahiers  du  Forez  (p.  186).  —  Emeutes  contre  les 
concessionnaires  (p.  187).  —  Loi  de  1791  (p.  187).  —  Le 
sort  des  concessions  de  l'ancien  régime  (p.  188).  — 
Agents  du  Pouvoir  central  (p.  190).  —  Réquisitions 
(p.  193).  —  Prix  (p.  194).  -^Salaires  (p.  196).  -  Exploi- 
tation (p.   197).  —  Régime  douanier  (p.   198). 

Chapitre  VI.  —  Régime   et    situation    générale    des    mines,    de    la 

Révolution  à  1845 201 

%  l.  —  De  la  Uénolution  à  la  loi  de  iSiO 201 

Concessions  délivrées  de  1802  à  1810  :  Verchères,  Gran- 
des-Flaches,  Tartaras,  Gourd-Marin,  S,ardon,  Caton- 
nière  (p.  201).  —  Autorisations  (p.  203).  —  Situation  des 
exploitations  (p.  204).  —  Concessions  :  de  Roche-la- 
Molière  (p.  205),  de  Saint-Chamond  (p.  206).  —  Exploi- 
tation dans  le  sous-bassin  de  Saint-Etienne  (p.  207)  ; 
salaires  et  prix  (p.  210).  —  Exploitation  dans  le  sous- 
bassin  de  Rive-de-Gier  (p.  211)  ;  mouvements  ouvriers, 
ententes  patronales  (p.  213)  ;  prix  (p.  214)  ;  salaires 
(p.  215)  ;  prix  des  fournitures  (p.  216)  ;  production 
(p.  216).  —  Etudes  diverses  (p.  217). 


—  951  — 

Pages 

§  2.  —  De   la   loi  de   1840  à   la   délivrance   des   concessions  en 

1824-26.  218 

Loi  de  1810  (p.  218).  —  La  doctrine  locale  et  la  propriété 
des  mines  (p.  220).  —  L'application  de  la  loi,  les  résis- 
tances, le  sort  des  concessions  existantes  (p.  224).  — 
Concession  de  Roche-la-Molière,  réintégration  des 
dOsmond  (p.  227)  ;  Baude  et  la  fondation  de  la  Com- 
pagnie (p.  232).  —  Concession  de  Saint-Chattiond,  réin- 
tégration des  Mondragon  (p.  234).  —  Fixation  des 
redevances  tréfoncières  (p.  235).  —  Suppression  de  la 
Réserve  de  Saint-Etienne  (p.  241).  —  Projets  de  divi- 
sion du  territoire  houiller,  les  résistances  (p.  242).  — 
Cahier  des  charges  type  des  concessions  (p.  245).  — 
Les  quarante-sept  concessions  délivrées  en  1824-26 
(p.  247)  ;  concessions  hors  du  département  (p.  252).  — 
L'exploitaition  (p.  252)  ;  les  accidents  (p.  257)  ;  la  pro- 
duction (p.  258)  ;  nombre  d'ouvriers,  salaires,  prix 
(p.   259). 

§  3.  —  T)e  la  délivrance  des  concessions  en  1824-26  au  monopole 

de  la  grande  Compagnie  de  la  Loire  (1845) 260 

Délimitation  de  la  concession  de  Saint-Ghamond  (p.  260). 

—  Concessions  de  la  Sibertière,  de  Beuclas,  de  Saint- 
Jean-Bonnefonds,  de  la  Péronnière  (p.  261-262)  ;  exten- 
sion de  la  concession  de  GrandCroix  (p.  263).  —  La 
spéculation  sur  les  concessions  (p.  263).  —  Questions 
de  jurisprudence  (p.  268).  —  La  loi  de  1838,  projets 
de  fusion  de  concessions  (p.  270).  —  Premières  réunions 
de  concessionnaires,  l'origine  de  la  grande  Com- 
pagnie (p.  273).  —  Quelques  directeurs  (p.  275).  — 
Les  accidents  (p.  277)  ;  l'exploitation  (p.  280).  -  Car- 
bonisation, agglomération,  criblage  et  lavage  (p.  284). 

—  Production  (p.  285).  —  Redevances  tréfoncières 
(p.  287).  —  Produit  net  (p.  288).  —  Les  autres  bassins 
(p.  289).  —  Consommation  locale,  expéditions  (p.  28î)). 

—  Prix  (p.  289).  —  Salaires  (p.  291).  —  Grèves  (p.  292). 

Chapitre  VIL  —  Le  monopole  de  la  grande  Compagnie  des  mines 

de  la  Loire  (trust  des  houillères  1845-1854) 296 

§1.        1845 296 

Protestation  du  Conseil  municipal  de  Saint-Etienne 
(p.  296).  —  Ré[Kjnse  de  la  Cx)mpagnie  (p.  300).  — 
Demande  (hi  (Conseil  général  de  la  Loire  (p.  301).  — 
La  fusion  définitive  (p.  301).  L'enquête  de  l'inspec- 
teur génénd  Migneron  (p.  302).  —  Rapport  et  délibé- 
ration du  Conseil  municipal  de  Lyon  (p.  :)02).  — 
Statistique  de  1845  (p.  305). 


—  i>52  — 

Pages 

§  2.  —  1846 305 

Protestation  de  la  Chambre  de  Commerce  de  Saint- 
Etienne  (p.  305).  —  La  Compagnie  et  le  chemin  de  fer 
de  Lyon  (p.  307).  —  Le  Comité  d'administration  de  la 
Compagnie  (p.  307).  —  Réclamations  des  industriels 
du  Haut-Rhin  (p.  308).  —  Protestation  du  Conseil 
municipal  de  Saint-Etienne  (p.  308).  —  Interpellation 
Lanyer  à  la  Chambre  des  députés  (p.  310).  — 
Opinions  :  de  Lamartine  (p.  312),  de  Proud'hon,  de 
Michel  Qievalier  (p.  313j.  —  Proposition  de  loi  Deles- 
sert  (p.  314).  —  Grève  et  répression  sanglante  à  Outre- 
Furan  (p.  314).  —  Rapport  de  linspecteur  général 
Migneron  (p.  318).  —  Délégation  municipale  à  Paris 
(p.  319).  —  Coalition  des  marchands  de  charbon  de 
Lyon  (p.  319).  —  Brochure  de  Camille  Jacquemont 
(p.  319).  —  Les  avocats  de  la  Compagnie,  mémoire  de 
M®  Jauffret  contre  leurs  conclusions  (p.  323).  —  Elec- 
tions municipales  (p.  328).  —  Accident  au  Gagne- 
Petit  (p.  329).  —  Imbert  et  Châtelus  (p.  329).  —  Avis 
du  Conseil  général  des  mines,  la  Compagnie  demande 
a  se  constituer  en  Société  anonyme  (p.  330).  —  Statis- 
tique (p.  330). 

§  3.  —  i8â7.    .    330 

La  Compagnie  est  déclarée  Société  de  commerce  par  le 
Tribunal  de  Lyon  (p.  330).  —  Accidents  de  grisou 
(p.  382).  —  Attaques  contre  les  défenseurs  de  la  Com- 
pagnie (p.  332).  —  Rapport  de  la  Commission  des 
mines  de  la  Loire  (p.  332).  —  L'autorisation  refusée  à 
la  Compagnie  de  se  constituer  en  Société  anonyme 
(p.  333).  —  Le  Conseil  municipal  de  Saint-Etienne  et 
la  Compagnie  (p.  333).  —  Nomination  de  Delahante, 
fondation  du  journal  Rhône-et-Loire  (p.  335).  — 
Extraits  des  articles  de  ce  journal  (p.  336).  —  Procès 
en  diffamation  (p.  340).  —  Polémique  de  Presse 
(p.  341).  —  La  Sainte-Barbe  (p.  342).  —  Délibérations 
de  divers  Conseils  municipaux  (p.  342).  —  Statistique 
(p.  343).  —  Gustave  Delahante  (p.  343). 

§  4.  —  1848 344 

Avant  la  Révolution  du  24  février  (p.  344).  —  Polémiques 
de  Presse  (p.  345).  —  Révolution  de  1848  (p.  346)  ; 
attitude  de  la  Compagnie  (p.  347)  ;  manifestations  et 
émeutes  (p.  348).  —  La  députation  à  la  fête  de  la 
Concorde  à  Paris  (p.  349).  —  Agitation  (p.  350).  —  La 
révolution  à  Rive-de-Gier  (p.  351).  —  Statistique 
(p.  353). 


—  953  — 

Pages 

%b.  —  18â9 354 

Grève  à  Rive-de-Gier,  attentat  au  Ghamboii  (p.  354).  — 
Proposition  des  députés  de  la  Loire  (p.  355).  —  Agita- 
tion à  Rive-de-Gier,  l'état  de  siège  (p.  357).  —  Mémoire 
de  la  ville  de  Saint-Etienne  (p.  358).  —  Goncession  de 
la  Calaminière  (p.  367).  —  Marsais  et  les  agglomérés 
(p.  367).  —  Statistique  (p.  368). 

§  0.  -    1850.   360 

Délibération  de  la  Ghambre  de  Gommerce  de  Lyon 
(p.  360).  —  Polémiques  de  Presse  (p.  370).  —  La 
Ghambre  de  Gommerce  de  Saint-Etienne  ([).  371).  — 
Nouvelles  polémiques  (p.  372).  —  Le  Gonseil  muni- 
cipal de  Saint-Etienne,  situation  faite  aux  principales 
industries  par  la  Gompagnie  (p.  374).  —  Récapitula- 
tion des  délibérations  prises  contre  la  Gompagnie 
(p.  390).  —  Au  Ministère  des  Travaux  publics  (p.  390). 

—  Statistique  (p.  391).  —  Administration  de  la  Gompa- 
gnie (p.   392).  —  Goncession  du  Plat-du-Gier  (p.  392). 

§  7.  —  1851 393 

Délibérations  des  Ghambres  de  Gommerce  de  Saint- 
Etienne,  Glermont,  Lyon  (p.  393).  —  La  Gommission 
du  Gonseil  municipal,  créations  philanthropiques  de 
la  Gompagnie,  les  marchés  de  charbon  avec  les 
Givordins  (p.  394).  —  Les  arguments  pour  et  contre^ 
d'après  Bonnefous  (p.  397).  —  La  Tour-Varan  (p.  401). 

—  Le  Deux-Décembre  (p.  401).  —  Statistique,  accidents, 
concession  de  La  Faverge  (p.  402).  —  Le  lavage  des 
houilles  (p.   403).   —  Les  caramentrans   (p.   403). 

§  S.  —  1852.    .    404 

Dispositions  du  Gouvernement  (p.  404).  —  Grève  à  Rive- 
de-Gier  (p.  405).  —  Délibération  de  la  Chambre  de 
Commerce  de  Saint-Etienne  (p.  405).  —  Visita  du 
Prince-Président  à  Saint-Etienne  (p.  406).  —  Le  projet 
de  fusion  avec  la  Grand'Gombe,  le  décret  de  1852 
(p.  409).  —  Encore  la  fusion  ;ivec  la  Grand'Conibe 
(p.  411).  —  Administration  de  la  Cx)mpagnic  (p.  413). 

—  Délibérajtions  de  la  Chambre  de  Gommerce  d'Avi- 
gnon, du  Conseil  municipel  do  Givors  (p.  414).  — 
Statistique  (p.  416). 

§  9.  —  1853 416 

Elections  à  la  Chambre  de  Commerce  de  Saint-Etienne 
(p.  417).  —  L'enquête  au  sujet  de  l'adjonction  de  la 
Grand'Gxjmbe  {p.  417).  —  Pétition  des  fabricants 
de  quincaillerie,  des  fabricants  d'armes  (p.   418).    — 


—  954  — 

Pages 

Délibération  du  (Conseil  municipal  de  Saint-ElTênne 
sur  les  prix  (p.  410).  —  Lettre  du  Ministre  des  Tra- 
vaux publics  (p.  423).  —  Arrêtés  du  Préfet  sur  la  vente 
et  la  livraison  (p.  425).  —  Importantes  réponses  de  la 
Compagnie  (p.  426).  —  Le  fractiorniement  de  lia  Com- 
pagnie est  décidé  (p.  438).  —  Objections  de  la  Compa- 
gnie (p.  438).  —  Résultats  financiers  de  1853  (p.  443). 

—  Statistique  (p.  444).  —  M.  de  Rivière,  directeur  de 
la  Compagnie  de  Roche-la-Molière  (p.  444). 

§  10.  —  iSiiâ.   .   445 

La  Compagnie  et  le  projet  de  fractionnement  (p.  445).  — 
La  vente  au  comptant  (p.  449).  —  Les  quatre  groupes 
(p.  449).  —  Le  projet  dim  cinquième  groupe,  dit  de 
la  DeUe  (p.  460).  —  Observations  au  sujet  des  statuts, 
de  l'actif  social,  etc..  (p.  451).  —  Le  capital  et  la  dette 
de  la  Compagnie  (p.  454).  —  L'Assemblée  des  action- 
naires ratifie  le  fractionnement  (p.  455).  —  Les 
Conseils  d'administration  des  quatre  groupes  (p.  459). 

—  La  nouvelle  Société  des  mines  de  la  Loire  et  la 
liquidation  de  La  dette  (p.  460).  —  Ce  que  devinrent  les 
principaux  administrateurs  (p.  461).  —  Directeurs  et 
ingénieurs  principaux  des  quatre  groupes  (p.  462).  — 
Les  mines  à  l'Exposition  de  1855  (p.  464).  —  Statis- 
tique (p.  465)  ;  création  d'embranchements  (p.  466).  — 
Conclusion  sur  le  trust  des  mines  de  la  Loire  (p.  467). 


TOME'  II 

Chaphre  VIII.  —  Le  régime  des  min.es  de  1855  à  1914 473 

§  1.  —  Le  régmne  de  V exploitation 473 

Lois  de  1866  et  de  1880  (p.  473).  —  Lois  de  1907  et  de  1911 
(p.  477).  —  Projets  de  modifications  (p.  477).  —  Décrets 
et  arrêtés  préfectoraux  (p.  478).  —  Délivrance  de  la 
concession  de  Comberigol  (p.  479).  —  Mutations  de 
concessions  (p.  480).  —  Amodiations,  expropriations, 
licitations,  etc.  (p.  482).  —  Partages,  réunions,  fusions 
de  concessions  (p.  483).  —  Extension,  réduction  du 
périmètre  (p.  484).  —  Dommages  à  la  surface  (p.  484). 
—  Empiétements  de  travaux,  retraits  de  concessions, 
déchéance  (p.  485). 

§  2.  —  Le  régime  tfréfoncier 486 

Projets  relatifs  au  rachat  des  redevances  (p.  486).  —  La 
Société  des  Tréfonds  (p    487). 


—  955  — 

Pages 

§  3.  —  Le    régime   commercial 489 

Le  caractère  civil  des  Sociétés  et  de  Texiploitation  et  la 
iiominaltion  des  exploitants  aux  corps  consulaires 
(p.  489)  ;  à  la  Prud'homie  (p.  493).  —  La  loi  de  1893  et 
la  transformation  des  Sociétés  (p.  494).  —  Liquida- 
tion judiciaire  et  faillite  (p.  496).  —  Amodiataires 
(p.  497).  —  L'Administration  et  la  vente  des  charbons 
(p.  498).  —  Comptabilité  des  mines  (p.  499). 

§  4.  —  Le  régime  fiscal  et  douanier 4!J9 

La  redevance  à  FEtat  :  loi  de  1810  et  suivantes  (p.  499).  — 
Observations  au  sujet  de  la  redevance  (p.  502).  —  Les 
projets  d'impôt  sur  le  charbon  (p.  505),  sur  le  super- 
dividende (p.  506).  —  Les  droits  d'octroi  sur  les  maté- 
riaux (p.  506).  —  Le  régime  douanier  (p.  507). 

Chapitoe  IX.  —  Le  régime  des  ouvriers  mineurs  de  1800  à  1914 508 

§  1.  —  Période  de  la  Révolution  à  18â5 508 

Caisse  de  secours  à  Grand' Croix  en  1812  (p.  508 j.  —  Le 
décret  de  1813  (p.  509).  —  Le  projet  de  Caisse  de  pré- 
voyance de  Rive-de-Gier  en  1817  (p.  510).  —  Les  pre- 
mières caisses  (p.  512).  —  Les  moyens  de  secours 
(p.  512).  —  Les  accidents  en  1839-40  (p.  513).  —  L'idée 
d'une  caisse  centrale  (p.  513).  —  Un  directeur 
condamné  à  la  suite  d'un  accident  (p.  513).  —  L'ordon- 
nance de  1843  (p.  514).  —  Le  premier  hôpital  des 
houillères  (p.  515).  —  Organisation  du  service  de  santé 
et  des  caisses  de  secours  en  1845  (p.  515). 

§  2.  —  Période    18â()'185â 510 

Le  décret  de  1848  (p.  516).  —  Les  premières  associations 
professionnelles  (p.  516).  —  Service  d'assistance  de  la 
grande  Compagnie  (p.  517)  ;  infirmerie  et  écoles 
(p.  518).  —  Caisse  de  secours  (p.  521).  —  Secours 
extraordinaires  (p.  523).  —  Institutions  des  autres 
exploitations  (p.  525).  —  Les  criticjues  contre  les  insti- 
tutions de  la  grande  Compagnie  (p.  526). 

§  3.  —  Période    18^-1880 52S 

Léiglslation  et  réglementation  ouvrières  (p.  528).  —  Cuis- 
ses de  secours  et  de  retraites  (p.  529)  ;  la  centralisa- 
tion des  caisses,  la  Fraternelle  (p.  531).  —  Autres 
institutions  ouvrières  des  Compagnies  (p.  539).  — 
Créations  émanant  de  l'initiaitivo  ouvrière  :  Syndi- 
cats, Mine  aux  Mineurs  du  Ban  (p.  541). 


—  956  — 

Pages 

§  4.  —  Période    4880-1900 543 

Législation  et  réglementation  ouvrières  (p.  543).  —  Les 
accidents  du  travail  (p.  544).  —  Legs  Sauzéa  (p.  546). 

—  Caisses  de  secours  et  de  retraites  (p.  549).  —  Ecole 
des  apprentis-goiivemeurs  (p.  558).  —  Mines  aux 
Mineurs  (p.  559).  —  Syndicats  (p.  563). 

§  5.  —  Période    1900-i91/t 566 

Durée  de  la  journée  de  travail  (p.  566).  --  Parti cipajtion 
aux  bénéfices  (p.  568).  —  Accidents  du  travail  (p.  569). 

—  Hygiène  (p.  571).  —  Caisses  de  retraites  et  de 
secours  (p.  573).  —  Habitations  ouvrières  (p.  582).  — 
Autres  institutions  patronales  (p.  583).  —  La  Mine  aux 
Mineurs  de  Monthieux  (p.  585).  —  Syndicats  ouvriers 
(p.  586). 

Chapitre  X.  —  Le  transport  des  charbons  depuis  la  Révolution 

jusqu'en   1914 591 

§  1.  —  Pendant  la  Révolution 591 

Les  routes  (p.  591).  —  Le  canal  de  Givors  (p.  592).  —  Les 
transports  en  Loire  (p.  594) 

§  2.  ^  Sous  le  Consulat  et  VEmpire 596 

Les  routes  (p.  596).  —  Le  canal  de  Givors  (p.  599).  —  Les 
transports  en  Loire  (p.  600). 

§  3.  —  Les  transports  par  terre  depuis  18i5 603 

L'état  des  routes  (p.  603).  —  Le  prix  du  transport  (p.  605). 

—  Le  profilt  réel  du  voiturier  (p.  606),  —  Encore  les 
prix  (p.   610). 

§  4.  —  Les  transports  en  Loire  depuis  i815 611 

Les  travaux  (p.  611).  —  Les  prix  (p.  611).  —  La  «  marine 
de  Loire  »  (p.  612). 

§  5.  -—  Le  canal  de  Givors  et  les  projets  de  canal  de  la  Loire  au 

Rhône  de  1815  à  1835 613 

Prospérité  de  la  Compagnie  (p.  613).  —  Le  retour  au  tarif 
de  1779  (p.  613).  —  La  Compagnie  s'oppose  à  la  cons- 
truction du  chemin  de  fer,  critiques  adressées,  à  la 
Compagnie  (p.  614)  ;  protestations  contre  le  tarif 
(p.  615).  —  Le  canal  est  continué  jusqu'à  Grand' Croix 
(p.  618).  —  Les  crooheteurs  du  canal  (p.  619).  —  Les 
transports  sur  le  Rhône  (p.  620). 


957 


'âges 


tj  6.  —  Le  chemin  de  fer  de  Saint-Etienne  à  Andrézieuœ  de  1823 

à    1833 620 

L'avis  de  la  Chambre  consultative  de  Saint-Etienne  en 
1821  (p.  621).  —  L'avis  émis  en  1822  (p.  623).  —  Dis- 
cussion du  tarif  proposé  (p.  627).  —  Concession  du 
chemin  et  tarif  adopté  (p.   632). 

§7.  —  Le  chemin   de  fer  de   SainUEtienne  à   Lyon   de   1823  à 

1833 633 

L'avis  de  la  Chambre  consultative  de  Saint-Etienne  en 
1823  (p.  633).  —  Les  ports  secs,  le  port  sec  de  Bérard 
(p.  635).  —  Le  tarif  adopté  (p.  641).  —  La  construction 
et  l'exploitation  (p.  642). 

§  8.  —  Le  chemin  de  fer  d'Andrézieux  à  Roanne  de  1828  à  1833.    644 
La  construction  et  l'exploitation  (p.  644).  —  Avis  de  la 
Chambre  consultative  en  1828  (p.  645). 

§  !J.  —  Suite  et  fin  du  canal  de  Givors.  —  Les  projets  de  canal 

de  la  Loire  au  llhône 648 

L'entente  entre  la  Compagnie  du  canal  et  la  Compagnie 
du  chemin  de  fer  (p.  648).  —  Le  trafic  (p.  651).  —  Le 
rachai  du  canal  (p.  651).  —  Les  projets  de  canal  de  la 
Loire  au  Rhône  (p.  652). 

§  10.    -  Les  transports  par  fer  de  1833  à  1857 652 

Absence  de  règlements  (p.  653).  —  LeJi(j[uète  de  1835 
(p.  653).  —  Questions  déjà  traitées  (p.  653).  —  Distri- 
bution des  wagons  (p.  654).  —  Raccordement  des 
lignes  d  Andrézieux  et  de  Lyon  (p.  654).  -  Ports  secs 
et  gares  (p.  655).  —  Exécution  des  transixtrts  (p.  65.5). 

§  11.-    La  fusion  des- chemins  de  fer  de  la  Loire 6r>S 

Fusion  de  1853  :  la  Société  de  Rhône  ait  Loire  (p.  658).  - 
Le  rachat  des  trois  lignes  (p.  659).  —  La  fusion  de  la 
nouvelle  Compagnie  avec  le  Grand-Cential  (p.  660).  — 
La  rectification  des  trois  lignes  (p.  663).        i.a  création 
du  P.-L.-M.  (p.  666). 

§  12.       Les  einh ranch eiàeni^  particuliers ()67 

Le  (hoit  d'embranciiement  (p.  667).  —  L'arrêté  du  l'réltM 
en  1830  (p.  (iOH).  —  L'avis  du  (jonseil  géiiéial  dos  Ponts 
et  Chaussées  en  1837,  négation  du  droit  d'ciubranche- 
nieni  (p.  668).  -  -  Protestation  de  la  Chanii)ro  de  Com- 
merce (p.  672).  —  Les  arrêtés  ministériels  de  1840  et 
1841  (p.  674).  —  J^  droit  d'embraiicheruent  n'est 
reconnu  qu'en  1853  (p.  075).  —  Nomoiiclaliin'  d'cm- 
brariclM'm"rit<  ,i(i«'irn^  (p.  G70). 


—  958  -- 

FaKes 

§  13.  —  Les  tarifs  de  chemins  de  fer 678 

Le  tarif  initial  augmenté  en  1831  (p.  678).  —  L'arrêté 
ministériel  de  1841  (p.  679).  —  Il  n'est  pas  accepté  par 
la  Compagnie  (p.  685).  —  L'unification  de  1853  (p.  686). 
—  L'abaissement  de  1863  (p.  686). —  Enquêtes  de  1874  et 
1884,  réforme  de  1885  (p.  688).  —  Effets  des  réformes  de 
1863  et  1885  (p.  689).  —  Réforme  de  1918-1919  (p.  690). 

§  14.  —  Le  transport  de  la  houille  à  Vintérieur  de  Saint-Etienne .    691 
Arrêtés  municipaux  de  1851,  1853  (p.  691).  —  Arrêté  de 
1859  (p.  692). 

Chapitre  XL  —  Les  institutions  scientifiques 693 

§  1.  —  L'Ecole  nationale  des  mines  de  Saint-Etienne 693 

Avant  la  création  de  l'Ecole  (p.  693).  —  Création  de 
li'Ecole  (p.  695).  —  L'Ecole  à  ses  débuts,  d'après  les 
mémoires  de  Boussingault  (p.  696). —  Modifications 
aux  programmes  et  brevet  (p.  701).  —  Le  chiâteau  de 
Chantegrillet  et  la  famille  Chovet  de  la  Chance 
(p.  702).  —  L'Ecole  et  le  service  militaire  (p.  706).  — 
Réorganisations  de  1909  et  1919  (p.  707).  —  Les  élèves 
et  anciens  élèves  (p.  709).  —  Les  directeurs  (p.  710).  — 
L'hôtel  des  Ingénieurs  (p.  710). 

§  2.  —  La  Société  de  VIndustrie  minérale  et  les  revues  techni- 
ques de  la  région 711 

La  ((  Correspondance  »  des  élèves  brevetés  (p.  711).  — 
Société  des  ingénieurs  civils  (p.  711).  —  Fondation  de 
la  Société  de  l'Industrie  minérale  (p.  712).  —  Son 
bulletin  (p.  713).  —  Diminution  de  la  Société  d'agri- 
culture et  industrie  (p.  714).  —  Personnel  et  présidents 
de  la  Société  de  l'Industrie  minérale  (p.  714).  — 
Revues  diverses  (p.  715). 

Chapitre  XII.  —  Organes  généraux  des  mines  de  la  Loire 716 

§  1.  —  Le  service  des  mines 716 

Personnel  et  circonscriptions  (p.  716).  —  Le  premier 
inspecteur  permanent  dans  la  région  ;  Laverrière 
(p.  717).  —  Les  ingénieurs  en  chef  :  Beaunier  et  ses 
successeurs  (p.  718). 

§  2.  ^-  Les  mines  et  le  commerce  des  charbons  à  la  Chambre  de 
Commerce,    aux     Chambres     consultatives     et    à    la 

PTud'homie 720 

A  la  Chambre  de  Commerce  (p.  720).  —  Aux  Chambres 
consultatives  (p.  721).  —  Au  Tribunal  de  Commerce 
(p.  722).  —  Aux  Conseils  de  Prud'hommes  (p.  722). 


—  959  — 

Pages 

§  3.  —  Le  Comité  central  des  houillères  de  France  et  le  Comité 

des  houillèTes  de  la  Loire 723 

L'Union  des  houillères  françaises  en  1840  (p.  723).  —  Le 
Comité  central  (p.  726).  —  Le  Comité  des  houillères  de 
la  Loire  (p.  726).  —  Les  Syndicats  des  marchands  de 
charbons  (p.  727). 

Chapitre  XIIL  —  Situation  générale  de  1855  à  1870 728 

§  1.  —  Les   Sociétés   exploitantes 728 

La  liquidation  de  la  grande  Compagnie  (p.  728).  —  La 
Loire ^  Saint-Etienne  (p.  729)  ;  Montrambeit,  Rive-de- 
Gier  (p.  730)  ;  Roohe-la-Molière  (p.  731).  —  Autres 
Sociétés  ou  exploitations  (p.  732).  —  La  Petite-Rica- 
marie  (p.  737).  —  Le  Montcel-Ricamarie  (p.  739). 

§  2.  —  Progrès   dans    V exploitation 740 

Analyse  sommaire  des  progrès  réalisés  (p.  740).  — 
L'aggloméraltion  (p.  743).  —  La  préparation  mécani- 
que des  charbons  (p.  744).  —  La  carbonisation  (p.  745). 

—  La  carte  et  Tétude  de  Gruner  (p.  746). 

§  3.  —  Statistiques,  prix,  grèves,  explosions,  marche  générale  d^ 

1855  d  1870 746 

La  production  (p.  746).  —  Les  salaires  et  les  prix  (p.  747). 

—  Situation  annuelle,  décadence  de  Rive-de-Gier 
(p.  750).  —  Les  accidents  (p.  752).  —  La  grève  de  1869 
(p.  752).  —  La  production,  les  prix,  les  salaires  en 
1869  (p.  757).  —  Les  explosions  (p.  758). 

Chapitre  XIV.  —  Situation  générale  de  1870  à  1888 760 

§  1.  —  Les  Sociétés  exploitantes 760 

La  Loire  (p.  760)  ;  Saint-Etienne,  Montrambert  (p.  761)  ; 
Rive-de-Gier  (p.  762)  ;  Roche-la-Molière  (p.  763)  ;  Beau- 
brun,  le  Cros,  mines  de  la  Chazotte  (p.  764)  ; 
Villebœuf,  Monthieux,  la  Péronnière  (p.  765)  ;  Exploi- 
tations diverses  (p.  766).  —  Cartes  houillères  (p.  767). 

§  2.  —  Les  progrès  techniques  de  1870  à  1888 76N 

Analyse  sommaire  des  progrès  dans  l'exploitation 
(p.  768)  ;  l'agglomération  (p.  769)  ;  la  transmission  de 
la  force  électrique  (p.  769)  ;  suite  des  progrès,  prépara- 
tion mécanique,  etc..  (p.  770).  —  Expositions  de 
Vienne  on  1H73  et  de  Paris  en  1878  (p.  770).  —  Exposi- 
tion de  Paris,  1889  (p.  772).  —  Les  sondages  dans  la 
plaine  du  Forez,  le  geyser  de  Montrond  (p.  772).  — 
Jules  Garnier  (p.  773). 


—  960  — 

Papns 

§  3.  —  SlaUstiques,  jrtix,  (frèves,  explosions,  marche  générale  de 

V industrie  houillère  de  1870  à  i888 774 

1870  (p.  774).  —  1871,  1872,  1873  (p.  776)  ;  enquête  de  1874, 
mission  Ruolz  (p.  777).  —  1874,  1875  (p.  778).  —  1876 
(p.  779).  —  1877,  1878  (p.  780).  —  1879  (p.  781).  —  1880, 
1881  (p.  782).  —  1882  (p.  783).  —  1883  (p.  784).  —  1884 
(p.  785)  ;  enquête  des  44  (p.  786).  —  1885  (p.  788).  — 
1886  (p.  789).  —  1887  (p.  790).  —  1888  (p.  790). 

Renseignements  récapitulatifs  :  comparaison  des  années 
1873  et  1886  ;  prix,  salaires  (p.  792).  —  Production 
individuelle  (p,  794).  —  Zone  de  vente  des  combus- 
tibles (p.  795).  —  Consiommation  du  département  de  la 
Loire  (p.  796).  —  Consommation  et  production  fran- 
çaises (p.  796). 

CiiAiTiiiE  XV.  —  Situation  générale  de  1889  à  1899 797 

1889  (p.  797).  —  1890,  grèves  diverses  (p.  798).  —  1891 
(p.  800).  —  1892  (p.  802).  —  1893  (p.  803)  ;  la  Société  de 
la  Haute-Gappe  (p.  805).  —  1894  (p.  806).  —  1895  (p.  807). 

—  1896  (p.  809).  —  1897  (p.  810).  —  1898  (p.  811).  —  1899 
(p.   812). 

Renseignements  récapitulatifs  :  Sociétés  exploitanltes 
(p.  813).  —  Observations  techniques  (p.  816).  —  Ren- 
seignements statistiques  :  comparaison  des  années 
1894  et  1898  (p.  817).  —  Prix  (p.  818).  —  Zone  de  vente 
des  combustibles  (p.  819).  —  Consommation  de  la 
Loire,  consommation  et  production  françaises  (p.  820). 

CHApriRE  XVI.  —  Situation  générale  de  1900  à  1914 821 

1900  (p.  821).  —  1901  (p.  822),  menaces  de  grèves  (p.  823). 

—  1902  (p.  825),  grève  générale  fp.  827).  —  Enquête 
parlementaire  de  1902-1903  (p.  831).  —  1903  (p.  834).  — 
1904  (p.  835).  —  1905  (p.  837).  —  1906  (p.  838').  —  1907 
(p.  840).  —  1908  (p.  841).  —  1909  (p.  843).  — 1910  (p.  845). 
1911  (p.  846),  fin  de  la  Société  des  houillères  de 
Rive-de-Gier  (p.  848).  —  1912  (p.  850).  —  1913  (p.  851). 
1914,  sept  premiers  mois  (p.  853),  ((  la  houille  aux 
portes  de  Lyon  »  (p.  856). 

Renseignements  récapitulatifs  1900-1914  :  Sociétés  exploi- 
tantes (p.  857).  —  Progrès  de  l'exploitation  (p.  861)  — 
Statistique  générale  (p.  864). 

Chapitre  XVII.  —  Régimes  des  mines  et  des  mineurs,  et  situation 

générale  pendant  et  depuis  la  guerre  (1914-1921) 868 

1914,  cinq  derniers  mois  (p.  868).  ~  1915  (p.  869).  —  1916, 
taxation,   réquisition  des  charbons   (p.   871).   —  1917 


—  961  — 

Pages 

(p.  873),  répai-titîon  des  charbons  (p.  875).  —  1918, 
application  du  régime  des  charbons  (p.  881).  —  1919 
(p.  884),  le  régime  des  charbons,  ses  conséquences 
(p.  885),  g-rève  générale  (p.  888),  régime  des  mines 
(p.  890).  —  1920  (p.  891),  encore  le  régime  des  charbons 
(p.  895),  grèves  générales  (p.  898),  «  la  houille  aux 
portes  de  Lyon  »  (p.  906).  —  1921  (p.  907),  modification 
au  régime  des  charbons  (p.  908),  concession  près  de 
Lyon  (p.  911). 


APPENDICE 

§  1.  —  Les   mines   métalliques 913 

Législation  ancienne  (p.  913).  —  Mines  d'argent,  de  plomb 
et  d'or  en  Gaule  (p.  913).  —  Moyen  âge  (p.  915).  — 
Jacques  Qœur  (p.  916).  —  xvF  et  xvii«  siècles,  la  mine 
d'or  de  Saint-Martin-la-Plaine  (p.  916).  —  xviii«  siècle, 
les  Blaimenstein  (p.  918).  —  xix®  siècle  (p.  928).  — 
Situation  depuis  1870  (p.  931). 

§  2.  —  Les  mines  d'anthracite  du  Roannais 936 

x^iir  siècle  et  commencement  du  xix«  (p.  936).  —  Conces- 
sions délivrées  à  partir  de  1840  (p.  937).  —  Production 
de  1800  à  1855,  situation  depuis  1870  (p.  939). 

§  3.  —  Le.s    tourbières 943 

Les  Colomb  de  Gaste  (p.  943).  —  Découvertes  de  1835  sur 
le  plateau  de  Saint-Genest-Malifaux  (p.  944).  —  Autres 
tourbières  (p.  945). 

Taille  des  matières 947 

Liste  des  souscripteurs 963 

Errata  et  addenda 969 


LISTE  DES  SOUSCKIPTEUKS 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  SAIM  ETIENNE 

(150  exemplaires) 

COMITE  CENTRAL  DES  HOUILLERES  DE  FRANCE 

(iOO  exemplaires) 

COMITE  DES  HOUILLERES  DE  LA  LOIRE 

(150  exemplaires) 

Chambre  de  Commerce  de  Lyon 

(16  exemplaires) 

Compagnie  des  Cliemins  de   ïei*  P.-L.-M. 

(li  exemplaires) 

Ville  de  Saiiit-Etieime 

(H  exemplaires) 

MM. 

Nombre 

Librairie   Chbvalihr   (Dubouchet  frères,   siîccesseurs),   à   Saint- 
Etienne.   6 

Chatin  (Louis),  industriel,  à  Izieux 4 

Rey-herme,  directeur  de  la  Société  civile  des  tréfonds :{ 

FURET  (Jacques)^  directeur  des  mines  de  Gagnières,  à  CastillDU- 

de-Gagnières   (Gard) 2 

Bertholon  (François-César),   industriel,   (u,   hoiilovard   Haspail. 

Paris 2 

Bibliothèque  publique  de   la  Ville   de   Saint-Etienne    (dont    //// 

exemplaire  de  Ivxe) 2 

Etablissements  Arbei.,  24,   lue  dii   HiK'ficr,   l»;iiis J 

Jacob  llui/rzER  et   Cie.  ariéries  (ri'riieux 2 


-^  96i  — 

MM.  >;„„,,,, 

Jacquemond,  agent  de  change^  6,  rue  du  Bât-dArgent,  Lyon 2 

Neyret  (Jean),  ancien  maire  de  Saint-Etienne,  16,  rue  J.-l^. 
Revollier 2 

Rocher  (Joseph),  directeur  particulier  des  Compagnies  d'assu- 
rances rUnion,  rue  Général-Foy,  3 2 

Taillandier  et  Cie,  banquiers  à  Lyon,  agence  de  Saint- Etienne,  6, 
rue  de  la  Paix 2 

Société  des  anciens  Elèves  de  l'Ecole  des  mines  de  Saint- 
Etienne,  19,  rue  du  Grand-Moulin 2 

Société  anonyme  les  Fils  Gliarvet,  place  Marengo,  5,  Saint- 
Etienne    , ^, 2 


SOUSORIPTEURS  A  UN  EXEMPLAIRE 

Charpin-Feugerolles  (Comte  Jean  de),  Le  Ghambon-Feugerolles  7e"iïe" 

Claudinon  et  Cie,  maîtres  de  forges.  Le  Ghambon-Feugerolles id. 

Oriol  (Benoît),  ancien  député  de  la  Loire,  Saint-Chamond id. 

Martouret  (G.),  fabricant  de  quinoaillerie,  18,  rue  Elisée-Reclus, 

Saint-Etienne id. 

ViLLARD   (Gabriel),    fabricant    de    tissus    élastiques,    boulevard 

Pasteur,    21,    Saint-Etienne id. 

Aguillon    (Louis-Gharles-Marie),     inspecteur    général    des    mines    en 

retraite,  71,  faubourg  Saint-Honoré,  Paris  (8'^). 
Arbel  (Lucien),  ingénieur,  4,  avenue  d'Eylau,  Paris  (16^). 
Aulagnon  (Léon)j  directeur-gérant  de  la  Minoterie  stéplmnoise,  13,  rue 

de  la  Préfectuie,  Saint-Etienne. 
Balloffbi  (Joseph),  négociant,,  43,  me  de  Thizy,  Villefranche  (Rhône). 
Beaufils  (Honoré),  directeur  de  TEcole  pratique  d'industrie  de  Saint- 
Etienne. 
Bedel  et  Cie,  maîtres  de  forges  à  la  Bérardière,  Sain't-Etienne. 
Bellicaud  (Claude),  administrateur  délégué  de  la  Banque  industrielle 

stéphanoise,  9,  place  de  l'Hôtel-de-Ville^  Saint-Etienne. 
Bernard  (J.-B.),  fabricant  de  rubans,  9,  place  Marengo,  Saint-Etienne. 
Bernard  (Pierre),  publiciste,  25,  rue  Michelet,  Saint-Etienne. 
Beîrthéas  (Jean),  employé,  48,  rue  Nationale,  Firminy. 
Berthaud  (J.-Th.-M.),  Pouilly-les-Feurs  (Loire). 
Bibliothèque  de  l'Ecole  nationale  supérieure  des  mines,  60,  boulevard 

Saint-Michel,  Paris  (6®). 
Blanc  (François),  ingénieur  9,  place  Marengo,  Saint-Etienne. 
BoissiER  (Albert),  bibliothécaire  des  aciéries  Hoitzer  et  Cie,  Unieux. 


—  965  — 

MM. 

De  Boissieu   (Maurice),  président   de  la  Diana,   Société  historique  et 

archéologique  du  Forez,   Saint-Galmier. 
Briban  (J-B.),  ingénieur,  10,  rue  de  Flsérable,  Saint-Etienne. 
Broglie  (Du-c  de),  29,  rue  de  Ghjâteaubriand,  Paris  (8«). 
Brun  (Louis),  fabricant  de  lacets,  villa  de  l'Ollagnière,  Izieux  (Loire). 
BuHECKER  (Jehan),  négiociant  en  tissus  et  confections,,  à  Sury-le-Comtal 

(Loire). 
Buisson  (Clément),  employé  aux  mines  de  Firminy. 
Garrbt  (Jean),  ingénieur,  21,  cours  Victor-Hugo,  Saint-Etienne. 
Chambre  de  Commerce  d«  Marseille. 
Chambre  de  Commerce  de  Mulhouse. 
Chambre  de  Commerce  de  Nancy. 
Chambre  de  Commerce  de  Roanne. 
Chambre  de  Commerce  de  Vienne. 
Cholat  (Auguste),  château  de  Chalain-d'Uzore  (Loire). 
CoGNET  (Lucien),  commissionnaire  en  rubans,  7,  place  Paul-Bert,  Saint- 
Etienne. 
COLCOMBET  (Alexandre),    fabricant  de  rubans,    19,  rue   de  la  Bourse, 

Saint-Etienne. 
Compagnie  des  forges  et  aciéries  de  la  Marine  et  d'Homécourt  (service 

du  capitaine  Delporte),  12,  rue  de  la  Rochefoucauld,  Paris  (9'). 
Compagnie  des  forges  et  aciéries  de  la  Marine  et  d- Homécourt,  à  Saint- 

Chamond. 
Compagnie  des  hauts  fourneaux  de  Chasse  (Isère). 
Comptoir  national  d'Escompte  de  Paris,  Agence  de  Saint-Etienne. 
«  Cote-Desfosses  »,  42,  rue  Notre-Dame-des-Victoires,  Paris  (2«). 
Deflassiehjx   (Barthélémy),   maître  de   forges,   rue  Victor-Hugo,   Rive- 

de-Gier. 
DELOMrER  (Julien),  Feurs  (Loire). 
Desjoyeaux  (Claude-Noël),  108,  rue  du  Bac,  Paris  (7«). 
DoHON  (Claude),  fabricant  de  tissus  élastiques,  rue  Nicolas-Chaize,  17, 

Saint-Etienne. 
DucLos     (Gaston),     marchand     de     charbons,     avenue     Marc-Seguin, 

Annonay. 
De  Dumas,  ingénieur  directeur  de  l'Office  des  TranspoHs  des  Chambres 

de  Commerce  du  SudrEst,  31,  rue  Ferrandière,  Lyon. 
Dupin  (Pierre),  notaire,  2,  me  Général-Foy,  Saint-Etienne. 
Dupraz  (Joseph),  place  Viotor-Hugo,  7,  Saint-Priest-en-Jarez  (Loire). 
Faugier  (Etienne),   vicaire  général  du   diocèse  de  Lyon,   8,   cloître   de 

de  Fourvière,  Lyon. 


—  966  — 
MM. 

FoRissiER    (Henri),    Chalain-le-Comtal,    par  Montrond    (Loire). 

FouGEROLLE  (Maiius),  notaire,  place  du  Peuple,  26,  Saint-Etienne. 

F'ournier-Lefort  (Jules),  Saint-Germain-Lespinasse  (Loire)  (de  novem- 
bre à  mai,  à  Saint-Etienne,  5,  place  Mi-Garême). 

Garand  (Léon),,  fabricant  de  rubans,  16,  rue  de  la  Paix,  Saint-Etienne. 

Garand  (Louis),    administrateur-directeur    de    la    Société    des    anciens 
établissements  Ghavanne-Brun,   à  Montbrison. 

Ancienne  librairie  Georg  (J.  Desvig"nes  et  Cie,  successeurs),  36,  passage 
de  l'Hôtel-Dieui,  Lyon. 

Germain  de  Montauzan    (Stéphane),   avocat,    rue  Mi-Garême,   5,   Saint- 
Etienne. 

Giron  Frères,  fabricants  de  rubans.  4,  rue  de  la  Richelandière,  Saint- 
Etienne. 

Gros  (Gabriel),  12,  rue  de  la  République,  Lyon. 

Guichaird-Perrachon  et  Gie,    établissements  du  Casino,  24,   rue  de   l»u 
Montât,  Saint-Etienne. 

GuiTTON  (Adrien),  ing'énieur,  24,  rue  de  la  Bourse,  Saint-Etienne. 

Imbert  (Louis),  constructeur-mécanicien,  93,  rue  de  Lyon,  Rive-de-Gier. 

Inspection  principale  des  chemins  de  fer  P-L.-M.,  2,  avenue  Denfert- 
Rochereau,   Saint-Etienne. 

Jackson  (Daniel),  villa  Daisy.  Maisons-Laffitte  (Seine-et-Oise).  ' 

Jury  (Louis),  26,  rue  Réclusière,  Saint-Chamond. 

Leflaive  et  Cie,  constructeurs,  la  Ghaléassière,  Saint-Etienne. 

Le  Griel  (Jacques),  avocat,  54,  rue  Balay,  Saint-Etienne. 

Loiret  (Joseph),  ingénieur  en  chef,   directeur  de   l'Ecole   des  maîtres 
mineurs  d'Alais. 

Martin  (Geraiain),  professeur  à  la  Faculté  de  droit  de  Paris,  1,  rue 
du  Bac  (7«). 

Maure  (Jean-Marie),  négociant  en  charbons,  20,  rue  de  la  Préfecture, 
Saint-Etienne. 

Mazodihr    (Jean),   avocat,    ancien  bâtonnier.   7,    rue   de   la  Préfecture, 
Saint-Etienne. 

Mulsant   (Sébastien),   avocat,   ancien  bâtonnier,  2,   rue   Balay,    Saint 
Etienne. 

NiGAY  (Joseph),  industriel,  Feurs  (Loire). 

Naffrechoux  (Fernand),  notaire,  2,  rue  Gérentet,  Saint-Etienne. 

Neyret  (Germain),  négociant,  2,  rue  de  la  Comédie,  Saint-Etienne. 

Palle-Bertrand  et  Cie,  fabricants  de  boulons,  le  Chambon-Feugerolles. 

Palluat  de  Bbsset  (Comte  Roger),  10,  avenue  Georges-V,  Paris  (8^). 

Poncetton    (Paul),,    avocat,    ancien    bâtonnier,    1,    me    Antoine-Roule, 
Saint-Etienne. 


—  967  — 
MM. 

PoTARD  (Michel),  libraire-imprimeur,  rue  Martin-Bernard,  Montbrison. 
Etablissements  Prénat,  Givors  (Rhône). 

PUPAT  (Lucien),  administrateur-directeur  de  la  Société  des  établisse- 
ments Lanet,  Saint-Julien-en-Jarez  (Loire). 

Radisson  (Louis),  ingénieur,  36,  me  Debelleyme,  Paris  (3^). 

RivoiRE  et  Fils,  entrepreneurs  de  transports.  25,  rue  de  la  Bourse, 
Saint-Etienne. 

Robert  (Jean),  constructeur,  15,  avenue  Denfert-Rochereau,  Saint- 
Etienne. 

Robert  (Léon),  négociant  en  charbons,  2,  rue  Thiers,  à  Grenoble. 

Robin  (Amédée),  ingénieur  des  arts  et  manufactures,  244.  boulevard 
Raspail,  Paris  (14«). 

RocHETAn.LÉE  (Baron  de),  à  Nantas,  Saint- Jean-Bonnefonds  (Loire). 

Sanial  (Jean),  négociant  en  charbons,  40,  rue  de  la  République,  Saint- 
Etienne. 

Schneider  et  Cie,  maîtres  de  forges,  42,  rue  d'Anjou,  Paris  (8^). 

Secrétariat  des  mines  de  Pechelbronn,  poste  Soultz-sous-Forêts  (Bas- 
Rhin). 

Société  anonyme  des  houillères  de  Montramitert  et  de  la  Béraudière,  13, 

rue  de  la  République,  Lyon 
Société  anonyme  de  Commentry-Fourchambault  et  Deoazeville,  84,  rue 

de  Lille,  Paris  (7«). 
Société    anonyme    des    mines    de    Blanzy,    55,    rue    de    Chiâteaudun, 

Paris  (9«). 
Société  générale,  6,  rue  de  la  République,  Lyon. 
Société  générale,  6,  place  de  THôtel-de-Ville,  Saint-Etienne 
Société  des  ingénieurs  civils  de  France,  19,  rue  Blanche,  Paris  (9*). 
Tardy  (Pierre),  commissionnaire  en  rubans,  12,  place  Paul-Bert^  Saint- 
Etienne. 
I  AVERNiER     (Pascal),    président    honoraire    de    la    Chambre    de    Com- 

meice,  12,  rue  de  la  Paix,  Saint-Etienne. 
1  KZENAs  DU  MoNTCEL  (Léon),  Saint-Priest,  par  Issoire  (Puy-de-Dôme). 
IKZENAS  DU  MoNTCEL,  avocat,  23,  rue  de  la  République.  Saint-Etienne. 
Tinu'LLiER  (Noël),  notaire,  10,  rue  Général-Foy,  Saint-Etienne. 
IHIOLLIÈRE   (François)     commissaire-priseur,    4,    rue    Gérentet,    Saint 

Etienne. 
Vaudeville,  ingénieur  en  chef  des  mines,   10,  luo  du  l'alais-de-Justice, 

Saint-Etienne. 
X'oisiN  (Honoré),  ingénieur  en  chef  des  mines  en  retraite,  Saint-Genis- 

î.avnl  (Rhône). 
Verney  fH<'mi).  in^éiiionr    19,  rue  du  Giand-Mouliii,  Saint  Etimne. 


(I) 


ERRATA  ET  ADDENDA  ' 


TOME  I 


P.  X,  note  1,  ligne  7,  au  lieu  de  :  1894,  lire  :  1896. 

P.     24,  n.  2,  1.  3,  au  lieu  de  :  Alph.  Gallet,  lire  :  Aug.  Callet. 

P.    27,  1.     7  et  8,  au  lieu  de  :  hêtres,  lire  :  frênes. 

P.     74,  I.     7,  au  lieu  de  :  anciens,  lire   :  futurs. 

P.    84,  1.  26,  au  lieu  de  :  Rimagne,   lire   :  Rimogne. 

P.     90,  1.    5,  au  lieu  de  :  oppositions,  lire  :  exceptions. 

P.    95,  I.  20,  au  lieu  de  :  dix,  lire  :  vingt. 

I*.  101,  1.  33,  au  lieu  de  :  parfois  autre  profession,   lire  :   parfoii  une 

autre  profession. 
I*.  121,  1.  25,  au  lieu  de  :  prix,   lire   :  poids. 
I'.  138,  1.  28,  au  lieu  de  :  Tresmes  (?),lire   :  Trêves. 
P.  141),  1.  3  et  6,  au  lieu  de  :  (2)  (3),  lire  :  (1)  (2). 
P.  144,  1.  13,  au  lieu  de  :  payait,   lire  :  coûtait. 
p.  11>7,  I.  13,  au  lieu  de  :  abaissements,    lire   :  affaissements. 
P.  219,  1.  16,  au  lieu  de  :  Comme  pour  le  Code  civil,  lire  .  Comme  le 

Gode  civil. 
P.  z:\,  I.     9,  au  lieu  de  :  1883,  lire  :  1833 
P.  271,  ri.  1,  1.  8,  au  lieu  de  :  par,  lire  :  pas, 
I'.  2W),  I.    9,  au  lieu  de  :  représente     aujourd'hui,     lire     représentait 

avant  1914. 
P.  :.^9I,  I.  20,  au  liru  de  :  1845,   lire   :  1835. 
P.  .'KI8,  I.  15,  au  lieu  de  :  échant,  lire   :  échéant. 
P.  334,  1.  11,  au  lieu  de  :  10  septembre,  lire   :  JO  septcMiihre. 
P.  :i48,  I.  15,  au  lieu  de  :  p.  348,  lire  :  p.  :333. 
P.  373,  1.    2,  au  lieu  de  :  erreur,  lire   :  faveur. 


(i)  Le  lecteur  corrigera  lui  mùme,  sans  qu'il  soit   lu-soin    (!«•  les  sijcnulrr    U-s  hmtes 
ty pographlque»  qui  ne  chaugeut  pa»  le  sen»   de  la    phrast- 


—  970  — 

P.  384,  1.  27,  au  lieu  de  :  La  Compagnie,  lire  :  1"  La  Compagnie. 
P.  401,  n.  2,  au  lieu  de  :  Saint-Bonnet-le-Chiâteau,    lire   :    Saint-Jean 

Soleymieux. 
P.  416,  titre,  au  lieu  de  :  §  8,  lire  :  §  9. 
P.  417,  1.  24,  au  lieu  de  :  de  négliger,  lire  :  de  ne  négliger. 
p.  448,  1.  41,  au  lieu  de  :  se    lire    :  de 


TOME  II 

P.  496,  1.  31,  lire    :  «  Ce  fut  pour  ce  motif  que  la  liquidation  de  la 

Compagnie     du     canal     de    Panama     fut 

prononcée  ». 
P.  550,  1.  20,  au  lieu  de  :  usines,   lire  :  mines. 
P.  675,  1.  17,  au  lieu  de  :  pouvoir,   lire   :   pourvoi. 
P.  679,  1.  12,  lire  «  nous  croyons  devoir  reproduire  »• 
P.  682,  1.  18,  lire  «  autre  que  cette  ligne  pour  se  rendre...  ». 
P.  714,  1.  17,  lire  «  section  stéphanoise  de  la   Société   de   Géographie 

commerciale  )>. 
P.  716,  1.  14,  au  lieu  de  :  inspection,  lire  :  division. 
P.  751,  1.  2,  au  Meu  de  :  à  raison,   lire    :  en  raison. 
P.  764,  1.  22,  lire  «  de  la  Sibertière  ». 
P.  769,  note  3,  1.  3,  au  lieu  de  :  Duc,  Lire  :  Luc. 
P.  780,  1.  17,  au  lieu  de  :  l'industriel^  lire  :  l'industrie. 
P.  782,  1.    3,  au  lieu  de  :  433.000  tonnes,  lire  :  494.000  tonnes. 
P.  787,  1.  17,  au  lieu  de  :  3  fr.  28,  lire   :  3  fr.   18. 
P.  802,  1.  13,  au  lieu  de  :  Prunoy,   lire    :   Prunay. 
P.  843,  1.    3,  au  lieu  de  :  1908,  lire  :  1907. 

p.  857,  1.  11,  au  lieu  de  :  31  décembre  1914,  lire  :  31  décembre  1915. 
P.  882,  1.    6,  au  lieu  de  :  ses  opérations,  lire  :  leurs  opérations. 
P.  901,  1.     1  :  le  !«'•  mai  n'est  pas  un  jour  de  fête,  c'est  une  «  journée  de 

revendications  »  ont  déclaré  les  Syndicats 

ouvriers  (1922). 


Société  Anonyme  de  rimprimerie  Thkoiibb,   li,   rue  (iéreiitot. 


ù 


/ 

HD  Gras,  Louis  Joseph 
9552        Histoire  économique 

.7  générale  des  mines  de  la 

L6a7  Loire 
t. 2 


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