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*• I
V
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j! ^P?
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HISTOIRE
D'ALLEMAGNE.
II:
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IMPRIMERIE D'HIPPOLYTE T1LLIARD,
RUE SArNT-HYÀCINTHE-SAIM-MICHEL , 30.
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HISTOIRE
D'ALLEMAGNE
DEPUIS
LES TEMPS LES PLUS RECULÉS JUSQU'A L'ANNÉE 1838 ,
PAR KOHLRAUSCH,
ANCIEN PROFESSEUR ,
INSPECTEUR - GÉNÉRAL DE TOUTES LES ÉCOLES SUPÉRIEURES DU ROYAUME DE
HANOVRE ;
Traduite de l'allemand sur la onzième édition ,
PAB. a. oumxrouuB.
nmwTKMàiiÊEm émbmtmon.
€om* second.
LAVIGNE, LIBRAIRE-ÉDITEUR,
1 , RUE DU PAON SAINT-ANDRÉ.
1840.
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HISTOIRE
L'ANCIENNE ALLEMAGNE,
SIXIÈME ÉPOQUE.
DEPUIS CHARLES Y JUSQU'A LA PAIX DE WE8TPHALIE.
1520-1G48.
L'invention de l'imprimerie encourage la composition et la propagation des
ouvrages historiques ; leur nombre s'accrott depuis lors chaque siècle. Es
même temps on voit percer partout l'amour des recherches scientifiques et le
goût pour les anciens auteurs qu'on avait négligés.
Écrivains qui ont traité Vhistoire générale de cette époque, . r
1 Paul Jovius, né à Corne, 1482, et mort en 1552, évéque de Nucérie.
Hisloria sui temporis, de 1494 jusqu'à 1526.
2. Jacq. Aug. de Thou , né à Paris, 1553, mort, 1617, président du par*
lement et bibliothécaire de Henri IV; homme érudit et estimé. Également
Historia sui temporis, 1543 à 1607.
3- Jean Genesius de Sepulvéda, Espagnol, historien de Charles Y, né
en 1491, mort 1572. De rébus gcstis Caroli V. Colon. 1657.
4. On peut encore nommer parmi les historiens espagnols : Pierre Salazar,
T. II, 1
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Prudent de Sandoval, Alphonse de UUoa et Antoine de Vera Zunnigaet.
5. Parmi les Italiens : Louis Dolce, Jean-Baptiste Adriani et Grégoire Leti.
6. Quelques écrits particuliers, généfalepe* portants pour le temps
de Charles V, ont été recueillis au nombre de «2, en deux volumes, par Simon
Schard ;
7. Et en trois volumes, par Fréber.
Pour l'histoire de la réforme, il y a :
8. D'abord les écrits des réformateurs eux-mêmes et de leurs partisans.
9. les œuvres d'Erasme 4e Rotterdam, n* eq I407t inpi^eq 115% qui
Sont en partie daas le sens de la reforme et en parttetîontre elle.
10. Ulrich de Hutten, qui soutient les nouvelles idées avec non moins
d'esprit que de chaleur (né en 1480, mort en 1525).
11. Jean Sleidanus,né à SIeida en i5Q6, mort en 1556, professeur de
droit à Strasbourg et historien de la ligue de Schmalkade. Comment arius de
statu religionis et reipublicœ, Carolo y cœsare.
12. George Spalatin, né en 1482, mort, 1545, aumônier et secrétaire de
l'électeur Frédéric-le-Seje, qui prit une grande n**à ja diète d'Augsbourg,
1550, les annales delà réforme, en outre, la vie de plusieurs papes de son
temps et d'autres petits écrits qui se trouvent dans les collections de Menken ;
Scriptore* germ,
15. Veit Louis de Seckendorf, né 1626, mort 1692, quoique non contem-
porain, il n'en est pas moins sûr; parce que, étant ministre de Saxe à Gotha, il a
puisé dans les originaux des archives de la ville. Comment, hist. et apologeti-
cusde lutherianismo, en réponse à Hist. Lutherianismi du jésuite Louis
Maimbourg (né à Nancy 1610 et mort en 1686), qui mérite cependant d'être
remarquée.
14. Des écrivains encore postérieurs, au commencement du dix-huitième
siècle, entre autres Jean-Joachim tyuller, Valentin Loscber, Qf J^ejuBanfi/etc.,
«tonnent une nouvelle clarté aux pièces relatives à Ja réforma et s'appuient
fur des manuscrits conservés dans les archives.
Pour Vhistoire de la Confession d'Augsbourg particulièrement,
15. David Chitrœus, né 1550, mort 1600, professeur à Wittemberg , à
Hostock,àHeImstœdt, qui fut chargé par Maxirailien II défaire un plan de
discipline pour l'église protestante d'Autriche et collaborateur de l'acte Fof-
mula Concordiœ. Hist. Confess. Augustanœ. Il parle aussi 4e Charles V,
<Je Ferdinand Ier et de Maximillien II.
16. George Cœlestin , aumônier de l'électeur de Brandebourg , «art
4P 1576. Hist. Comitiorum Augustes , 1550, celebratorum.
Pour la guerre de Schmalkade :
17» Louis 4'AyUa, Espagnol, générai 4e Çbajrl* y, CmmmMm 4$ ta
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SOURCtS iJISl'OftlQUBS. ff
guerre de Ckmrles Ven Germanie, 2 vol; ouvrage écrit en espagnol , traduit
m lali* a Anvers, 1550. Il est tout-à-fait pour Charles et par conséquent
ennemi des protestants.
48. Frédéric Hortleder, né 1579, mort 1640, conseiller du prince de
Weiraar. Traité et Développement des Votifs de la Guerre contre la Ligue d*
Schmalkalde; il a puisé dans les archives de Weimar.
Pour le concile de Trente :
19. Paul Sarpi, né à Venise, 1552, mort en 1625, mofneet conseiller de la
ville. Histoire du Concile de Trente ; ouvrage écrit en ilal'en, édité à Londres,
en 1619, sous le nom de Petrus Suavis ; en Allemagne, en 1761, sous celui de
Rambecb; à Halle, 1761.
20. Pour répondre à Sarpi, qui a écrit trop librement, il y a l'Histoire dn
Concile de Trente, par le Jésuite Sfortia Palavicini , né à Rome en 1607, mort
«11667.
Biographies de quelques hommes célèbres de ce temps.
21. Adami Reisneri comm. de vitâ et reb. gest. Georgii et Cusp*
Frundsbergiorum; Francfort, 1568.
22. Joachim Camerarius, né en 1500 , mort 1547, ami de Melanchthon ,
profess.àTubingenetà Leipsig, Vit a Melanchthonis, et aussi Vita Mauritii
electoris.
25. Gœtz de Berlichingen, mort en 1562; sa vie, par lui-même.
24. Sébast.Schsrtting de Burtenbacb, général des villes dans la guerre de
Schmalkade; sa vie, par lui-même^
25. La troisième et quatrième partie du Recueil de Schard, Script, rer.
germ. sont à consulter pour le temps de Ferdinand rr et de Maïunilien II.
Pour tout te temps jusqu'à Ferdinand II et même au-delà, et itio
tout pour la guerre de trente ans :
26. Prantois Christ, comte de Rhévenbuller, conseiller impérial et gran<T-
mattre, mort en 1650. Annales Ferdinandei, de 1578 à 1657,
27. Nicolas Bellus ; Affaires d'Allemagne pendant la paii comme pendant la.
guerre, sousMathias et Ferdinand II, de 1617 à 1640.
28. Guillaume Lamorroian, jésuite, confesseur de Ferdidand II, mort
en 1648 ; Virtutes Ferdinandei, à Vienne, 1637.
29. Pierre-Bapt. Burgus, génois et témoin oculaire des actions de Gustave
Adolphe, par conséquent en sa faveur. Comm.de Bello Suecico, del6l8 à 1632.
50. Bberh. Wassenberg d'Emmerich, historien de Wladislas, roi de
Pologne. Florus Germanicus de BeUo inter Ferd* II et III, et eorum
hottes ab anno 1618-40 gesto; très zélé contre les protestants.
31. De même que les bis oriens italiens de la guerre de trente ans : Jos.
Ricci, Jac* Damiaoi, Galeazzo Gualdo, etc.
i.
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«4 sixième époque. 1520 — 4648.
32. Phil. de Schcmnitz, historien et conseiller en Suède, mort en 1678. La
guerre des Suédois en Allemagne en 9 parties, dont deux seulement ont été
imprimées ; les autres sont conservées dans les archives de Stockholm.
53. Le célèbre Samuel Puffendorf, conseiller et historien à Stockholm, en
dernier lieu conseillera Berlin, mort en 1694* Son ouvrage, De rébus suecicit
sub Gust. Adolpho usquè ad abdicationem Christine?.
34. TobiasPfanner, conseiller de Saxe, né 1640. Bist* pacis Westph*
35. Avec l'année 1617 commence l'ouvrage Theatrum Europœum;
19 vol . composés par plusieurs écrivains, souvent de peu de mérite.
Pour quelques hommes remarquables :
36. Actions du Duc de Saxe-Weimar, par Ernest Sal.Cyprian Go-
tha, 1729.
37. La vie de Wallenstein, par Galeozzo Gualdo. A Lyon, 1643.
38. Lettres originales de Wallens'ein, de l'année 1627 à 1634, qui donnent
une nouvelle lumière sur sa vie et son caractère, mises au jour par Fred.
Fœrster, à Berlin, 1828.
Élection de l'empereur Charles V.
Le trône impérial, vacant par la mort de Maximi-
lien , demandait un successeur. L'état de ten-
sion dans lequel e'tait l'Europe et la confusion qui
régnait en Allemagne, où le droit de la force sem-
blait vouloir se relever après la mort du vieil empe-
reur, exigeaient un souverain d'une main puissante,
pour maintenir l'équilibre à lintérieur comme à
l'extérieur. La guerre continuait toujours entre l'Es-
pagne et la France , au sujet de l'Italie ; or ni Tune
ni l'autre des deux puissances n'avait de droit. Il ne
convenait qu'à l'empereur de de'cider quelque chose
sur ce pays incapable de se gouverner par lui-même.
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ÉLECTION DE CHARLES V. 6
À Test, les Turcs menaçaient; la Hongrie, affaiblie
par une mauvaise administration aussi bien que par
la mollesse et le luxe du peuple , ne pouvait plus
servir de boulevard contre eux, et par conséquent
l'empereur avait encore à se porter le protecteur de
l'Europe de ce côté. Deux grandes guerres s'étaient
élevées dans le sein de l'Allemagne. Leduc Ulric de
Wurtemberg ayant une injure à venger, était tombé
tout d'un coup, dansl'hiverdel519,surla ville libre
de Reutlingen , Favait emportée de vive force et se
Tétait appropriée; et comme il ne fit aucune attention
aux avertissements de la ligue de Souabe que l'empe-
reur avait chargée de conserver la tranquillité inté-
rieure, celle-ci lui ayantfait la guerre l'avait chassé de
son duché. — Dans la Basse-Saxe, il s'était élevé une
guerre encore plus sanglante. Deux gentilshommes,
seigneurs de Saldern , mais vassaux de l'évéque de
Hildesheim, lui avaient déclaré la guerre; ils étaient
soutenus par les ducs de Wolfenbutten et de Kalem-
berg ; tandis que , de son côté , l'évéque trouvait un
appui dans le duc de Lunebourg et les comtes de
Lippe, de Hoya et de Diephollz. Le 28 janvier 1519,
les deux partis en étaient venus à une bataille dans les
plaines de Soltau, dans le Lunebourg; l'armée de l'é-
véque avait remporté la victoire ; un grand nombre
des adversaires étaient prisonniers, et û,000 étaient
restés sur le champ de bataille. — De pareils exemples
étaient dangereux. La landefriede (paix du pays) avait
à la vérité mis finaux brigandages des simples cheva-
liers ; mais si l'on voulait que les princes ne prissent
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6 SIXIÈME ÉPOQUE* 1S20 — 1648.
pas leur place et qu'ils ne continuassent pas la
guerre, afin d'agrandir leursdomaines, bien qu'enréar
lité il n'y eût pas encore d'exemple d'un prince entiè-
rement ruiné par une guerre particulière, il fallait un
empereur puissant qui pût soutenir l'autorité des lois*
Maximilien avait dans le cours de son règne ga-
gné plusieurs voix à son petit-fils, Charles, déjà roi
d'Espagne; mais beaucoup de princes pensaient qu'il
fallait y réfléchir mûrement avant de donner la puis-
sance impériale à un souverain qui régnerait sur la
moitié de l'Europe; car Charles, comme héritier des
maisons d'Espagne et d'Autriche , possédait , outre
l'Espagne et le royaume de Naples et de Sicile, les
belles provinces autrichiennes, et tout l'héritage de
Bourgogne dans les Pays-Bas. Si à une pareille gran-
deur on ajoutait encore l'éclat de l'ancienne couronne
impériale , il était à craindre, ainsi le pensaient-ils,
que sa maison ne devînt trop puissante et ne conçût
l'orgueilleuse pensée d'en imposer à la liberté des
princes allemands et de rendre l'empire héréditaire
et indépendant en Allemagne.
D'un autre côté, il avait pour compétiteur à la cou-
ronne impériale le roi de France, François Ier. Le
pape favorisait son élection, du moins il en prit l'ap-
parence ; d'ailleurs le jeune roi s'était fait une? grande
réputation par sa première expédition chevaleresque
en Italie , et son peuple élevait son mérite jusqu'aux
nues. Les envoyés français remirent aux princes élec-
teurs, assemblés à Francfort, un écrit panégyrique
de leur maître, dans lequel, à propos du grand
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ÉLfcCTIOff DE CHARLES V. T
danger qui menaçait de la part des Turcs , on con-
cluait ainsi : « Celui-là, en effet, serait bien fou qui*
datis un temps où l'orage menace d'éclater, balaie
cerait encore à confier au plus habile le gouvernail
du vaisseau. »
Mais, hialgré l'assurance de ces discours, les princes
sentirent le danger de nommer un roi de France
empereur d'Allemagne; et après avoir offert kt
couronna à l'électeur de Saxe, Frédéric-le-Sage,
qui la refusa i mu par les plus généreux sentiments,
parce que sa maison n'avait pas assez de puissance
peur opposer une digue aux difficultés du tempe, efi
recfrmhanda le jeune roi d Espagne; alotsles élec-
teurs considérant qu'il était du moins un prince
allemand , le petit- fils de l'empereur M aximilien, qui
avait emporté au tombeau leur vénération, l'élurent
le 28 jet» 1519. Ces représentants toutefois furent
obligés de souscrire avant 1 élection un compromis
qui portait : « que l'empereur ne ferait ni alliance
ni guerre avec un étranger, sans l'approbation des
prince*) et qu'il n'amènerait non plus dans l'intérieur
de l'empire, aucun soldat étranger. Que les emplois
de l'empire et de là cour seraient donnés à des Allé*
manda d& naissance; qu'il ne tiendrait aucune diète
hors de l'Allemagne; que, dans les affaires de Fe***
pire t soit pat* écrit , soit de vive voix , on n'emploie*
rait€fuel le larigage allemand ou latin; que plus tard r
aidé des états % il ferait entièrement disparaître ces
ligues commerciales qui avaient jusqu'alors tout
conduit par fatur atgeat et disposé de tout J à
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8 sixième époque. 4520 — 1648.
gré (*); qu'il ne mettrait aucun pays au ban de l'em-
pire, sans des raisons bien authentiques et sans
un jugement en forme; qu'enfin il passerait en Alle-
magne le plus tôt possible et qu'il y ferait son prin-
cipal séjour. *
Les envoyés jurèrent tous ces points et bien d'au-
tres, au nom de leur maître, et promirent qu'il
paraîtrait prochainement dans l'empire.
Le jeûne roi gouvernait, il est vrai, déjà depuis
deux ans; mais le monde ne le connaissait pas encore.
Un grand nombre de personne n'avaient conçu de
lui que peu d'espérance. La mort prématurée de son
noble et chevalier père, Philippe-le-Beau , la folie
de Jeanne, sa mère, sa séparation d'avec son frère
Ferdinand qui avait été élevé en Espagne , sa propre
jeunesse passée parmi des étrangers dans les Pays-
Bas, tout cela l'avait forcé de tout concentrer pro-
fondément au-dedans de lui-même et de prendre de
bonne heure cette discrétion qui lui faisait cacher à
tout le monde ce qu'il pensait intérieurement. De
plus il n'arriva que lentement à cette clarté et cette
indépendance d'esprit qui plus tard Font rendu si
grand ; il semblait alors qu'il se laisserait gouverner
par ses conseillers. Il n'y avait que les gens les plus
versés dans la connaissance des hommes qui eussent
remarqué les lumières concentrées au fond de son
âme. Dans un grand tournois à Valladolid, le jeune
(*) Cette clause est principalement contre la Hanse qui existait encore et
montre la triste jalousie des princes pour la liberté et la prospérité des villes,
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ÉLECTION DE CHARLES V. 9
roi, qui depuis son enfance aimait les exercices des
chevaliers , parut armé de pied en cap et fit quelques
courses avec son premier écuyer. Il rompit trois
lances avec lui et chaque fois les airs retentirent des
cris de joie du peuple ; car le jeune prince, qui n'avait
pas encore dix-huit ans et passait pour être faibleet fa-
cile à influencer, parut dans le plus noble maintien et
avec toute la vigueur d'un chevalier; sur son bouclier
on ne lisait que ce mot : Nonduni ! pas encore. Ceux
qui en comprenaient tout le sens attendaient avec
impatience le moment où il pourrait paraître agis-
sant par lui-méme-
Ce moment arriva. Il était empereur d'Allemagne,
et il fallait décider promptement s'il abandonnerait
désormais l'Espagne pour aller prendre les rênes de
son nouvel empire. Cette grande nouvelle n'apporta
aucun changement dans ce jeune prince de vingt ans.
« Notre roi, qui maintenant est empereur, dit un té-
moin oculaire , semble ne considérer comme rien
la plus grande fortune qui puisse arriver à un mortel;
sa force de caractère et son phlegme sont si ex-
traordinaires, que l'on dirait qu'il a la boule du monde
sous les pieds. » La résolution qu'il avait à prendre
aurait été pour un homme ordinaire une décision
très difficile. L'Espagne était en grande fermentation,
et même presque tout en feu ; de puissants partis
étaient en présence les uns contre les autres: l'auto-
rite royale, une noblesse puissante et des villes riches
et orgueilleuses. En Allemagne, il allait trouver un
empire agité, en désordre, et surtout la grande lutte
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40 sixième époque. 1520—1648.
de religion qui déjà avait commence' et sur laquelle
tous les yeux étaient fixés. Les Espagnols étaient
même mécontents de voir leur roi revêtu de la di-
gnité impériale ; ils craignaient de ne former qu'un
royaume secondaire sous un puissant dominateur.
La plupart des membres du conseil de Charles
lui conseillaient de ne pas abandonner le royaume
qu'il tenait de ses pères, pour une possession incer-
taine ou du moins difficile à conserver j mais son gé-
nie voyait dans la circonstance le moment d'une
détermination audacieuse et indépendante : il se trou-
vait jetë sur une carrière de gloire, il s'y lança sens
crainte et sans hésitation. Ce fut encore danslenréme
temps, lorsqu'il était en route pour aller prendre
possession de la couronne d'Allemagne , qu'arriva
la nouvelle qui annonçait l'acquisition faite en son
nom d'un deuxième empire dans le nouveau monde
qu'on venait de découvrir, l'immense empire du
Mexique. Un esprit plus commun aurait été accablé
sous le poids de pareils événements ; mais pour notre
jeune héros de vingt ans, ils ne firent que hâter sa ma-
turité et en former un homme. La moitié du globe
avait besoin de sa sollicitude, et depuis ce moment
il se montra toujours un souverain qui agit pa? lui-
même et embrasse tout de son œil clairvoyant.
Charles débarqua d'Espagne dans les Pays-Bas et
passade là en Allemagne. Le 22 octobre 1520, il
fut couronné à Aix avec une grande magnificence et
fixa dès lors la première diète qu'il voulait tenir à
Worutô, le saint jour des Bois de l'année suivante*
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SCU1SMR DANS l/ÉGLISE- 4^k
Cette diète fut une des plus brillantes qui aient jamais
été tenues. On y vit six princes électeurs et une
grande quantité de princes ecclésiastiques et laïques*
La plus importante affaire qui fut traitée dans cette
assemblée fut l'interrogatoire de Martin Luther*
Schisme dans l'Église ; motifs qui l'ont amené*
L'Eglise, depuis déjà plusieurs siècles, était en
proie à toute espèce d'agitations ; l'abandon de l'an-
cienne discipline avait même ébranlé la foi de bien
du monde et corrompu la moralité des peuples; ses
institutions semblaient tout-à-fait déchues. De tous
côtés s'élevaient des plaintes^et l'on demandait une
réforme générale*
II n*est personne , à quelque religion qu'il ap-
partienne, sHl connaît l'histoire, qui ne sache qu'en
efiet ces plaintes étaient fondées y et qu'elles étaient
élevées par toutes les nations, p$r les fidèles partisans
de l'ancienne Eglise, par de vénérables évéques, par
des savants et des hommes de poids dans l'Eglise et
dans l'état (*).
(*> Tout le monde confient ea effet qu'une réforme était nécessaire; mail tt
fallait une réforme légale faite par l'Église même, et non par de simples par-
ticuliers. H fallait réprimer les abus, empêcher la simonie et le trafic des in-
dulgences, exiger plus de science et de vertu dans le clergé; mais non pas atta-
quer l'aiftorte de l'Église et reiverser de» imtitufcioas de qaiaie sièeto.
H. T.
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f2 sixième époque. 4520—4648.
Au temps du grand schisme, de 1378 à 14H, quand
plusieurs papes se disputaient la chaire de saint
Pierre, chaque prétendant à son tour excommuniait
son rival et ses adhérents ; de sorte que toute la chré-
tienté se trouvait soumise au ban de l'Eglise , soit
par un pape, soit par un autre, et que les esprits
religieux et pacifiques ne savaient pas véritablement
où trouver la paix du Christ ; dans une pareille épo-
que, et sous l'influence de tant de fureur dans les
passions, cette antique vénération , fondée sur la foi
et attachée au nom du pape, devait nécessairement
s'affaiblir sensiblement ; et les liens invisibles et sa-
crés qui maintenaient les peuples se relâchaient tous
les jours.
Joignez à cela une ignorance universelle daus tout
l'état ecclésiastique, du moins parmi le plus grand
nombre de ses membres ; car ce n'était pas quelques
individus sages et érudits parmi eux qui pouvaient
dissiper les ténèbres de la masse; et comme toujours
les ténèbres de l'esprit entraînent après eux des
vices qui ne peuvent être extirpés que par la lu-
mière, un grand nombre d'ecclésiastiques étaient
couverts de crimes, étaient un objet d'horreur pour
les bons et de scandale pour le peuple. Dans l'an-
née 1503 , par conséquent avant que Luther ne pa-
rût sur la scène, un des premiers théologiens d'Alle-
magne peignait ainsi la décadence de l'état ecclé-
siastique avec les traits les plus forts: « L'élude de la
théologie est méprisée parmi nous, disait-il, l'Evan-
gile du Christ, de même que les écrits des SS. Pères,
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SCHISME DANS L ÉGLISE. iZ
sont négligés; nous n'entendons jamais dans nos
chaires un seul mot sur nos dogmes de foi , sur la
piété , la modération et toutes les autres vertus dont
les païens eux-mêmes faisaient tant de cas, sur le
prodige de bonté de Dieu envers nous et sur les
mérites de Jésus; des gens qui n'entendent rien à la
philosophie non plus qu'à la théologie, sont éle\és
aux plus hautes dignités de l'Eglise, et deviennent
les pasteurs de nos âmes ! De là, la douloureuse déca-
dence de F église chrétienne, le mépris dans lequel
est tombé le clergé, et la disette complète où Ton est
de bonnes instructions ! La vie désordonnée des ec-
clésiastiques effraie les honnêtes parents, et les em-
pêche de consacrer leurs enfants à cet état. Ils laissent
de côté le travail de l'Écriture sainte , ils corrom-
pent tellement leur goût qu'ils ne sentent plus sa
beauté et sa force; ils deviennent paresseux et tièdes
dans leurs fonctions, et ils ne sont contents que quand
tout est termine, quand le chant, la prédication sont
finis; en un mot, quand l'office n'a pas duré long-
temps.
Avec un débiteur ils parlent avec plus d'atten-
tion , plus de sagesse qu'avec leur Créateur. Dans
l'ennui que leur cause leur emploi, au lieu de s'oc-
cuper avec leurs livres, ils consacrent leur vie au
jeu, à la débauche, à la licence, sans aucune considé-
ration pour le mépris général qui en retombe sur
eux. Comment est-il possible, dans cet état de choses,
queleslaïquesaient du respect pour eux et la religion ?
L'Évangile nous dit que le chemin pour arriyer au
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ii SIXIÈME ÉPOQUE. 4520—1648.
ciel est étroit; mais eux, ils en font une voie large et
facile. »
Cent autres témoignages irrécusables prouveraient
que les traits de ce tableau ne sont pas trop forts, et
quoique les moines aient accusé devant le pape,
Jules II, ce savant professeur qui les avait si dure-
ment réprimandés, cependant les commissaires de la
cour de Rome le renvoyèrent absous, tant la vérité
était visiblement de son côté. Le pieux évéque
d'Àugsbourg, Christophe de Stadion, élève absolu-
ment les mêmes plaintes dans une lettre synodale &
son clergé, et lui reproche les vices les plus grossiers,
qui ne peuvent manquer de corrompre leur trou-
peau. De même, Hugon, évoque de Constance, en-
nemi d'ailleurs des doctrinesde Luther, se plaint aussi
delà même manière, avec beaucoup d'antres princî*
paux membres de l'Église catholique de ce temps-là.
Comment en aurait-il été autrement, quand l'investi-
ture des fonctions ecclésiastiquess'achetait au poids de
lor, stfns égard à la capacité et à la réputation de
l'acquéreur; quand le plus petit nombre d'entre
eux seulement, comme le prouvent les plaintes dont
nous avons parlé plus haut, avaient quelque con-
naissance de la parole de Dieu. C'était à un tel
point, que les témoignages les plus véridiques assu*
rent que, dans toute la confédération suisse, il n'y
avait pas, au commencement du seizième siècle, par-
mi tous les principaux personnages de l'Eglise, trois
membres qui eussent lu la Bible. Et les habitants du
Valais ayant reçu, dans ce même temps, une lettre
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SCIÏISME DANS l'église. 45
dé Zurich, dans laquelle on faisait une citation de la
sainte Ecriture, il ne se trouva qu'an seul homme
qui eonnût tie livre, encore n'était-ce que par ouï*
dire! Quelle devait donc être l'ignorance de cette
époque, pour que les hommes aient tellement né-
gligé de puiser à la source de toute pieté, de toute
vertu chrétienne, qu'ils en aient même complètement
oublié le nom.
En Italie, et particulièrement à Rome, l'incrédu-
lité et l'ignorance des choses de Dieu étalent mont»
tée» au plu» haut degré. Il est vrai que sous le ponti-
ficat de Léon X, de 1513 à 1521, les arts fleurirent
d'une manière remarquable ; mais comme c'étaient
des plants jetés dans un terrain trop gras, ils étouf-
fèrent les germes de la véritable crainte de Dieu. La
jouissance des sens était mise au-dessus de tout j la
croyance à un monde invisible rie pouvait donc
se maintenir avec un pareil principe, et la piété
muette du cœur était 1 objet du mépridu monde.
On sembla ne plus conserver les usages du culte di-
vin, que comme un frein pour la masse du peuple,
et par conséquent ils devinrent bientôt descérénùv
nies purement extérieures.
Ecoutons le témoignage du pieux Adrien VI, qui
écrit à son nonce à la diète de Nuremberg, en 1522.
« Nous savons, dit-il, que sur le Saint-Siège que
nous occupons a régné une grande corruption pen-
dant plusieurs années, de grands abus pour toutep
les affaires ecclésiastiques et pour tout ce qui éma-
nait de notre chaire; en un mot, la dépravation
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46 sixième époque. 1520 — 1648.
dans tout. Ainsi, il n'est pas étonnant que la mala-
die soit passée de la tête aux membres, du pape aux
prêtres ; c'est pourquoi , efforçons-nous donc, au-
tant qu'il est en nous, de mettre tous nos soins à
réformer d abord notre siège, d'où peut-être est sorti
tout le mal; afin que, puisque la ruine est partie
de là pour descendre aux degrés inférieurs, le salut
et la vie y prennent aussi leur source. »
Le sentiment d'une réforme dans l'Eglise était si
positivement répandu dans tous les rangs de la
société , que le peuple , dès le milieu du quatorzième
siècle, jetait les yeux sur l'empereur Frédéric II,
mort depuis plus de cent ans, et l'attendait pour
revenir réformer l'Eglise. Nous avons déjà vu com-
bien pressantes avaient été les instances des Allemands,
des Anglais et des Français aux conciles de Cons-
tance et de Bâle. L'an 1510, la diète d'Àugsbourg
éleva encore des griefs contre les prétentions ambi-
tieuses des papes; c'était le commencement du
schisme qui a divisé l'Eglise : « car si on ne remédie
pas à l'objet de ces plaintes , disait la diète , il
pourrait facilement survenir une persécution contre
tous les' prêtres, ou bien, conformément à l'exemple
donné en Bohême, un abandon général de l'Eglise
romaine. »
Ainsi. voyons-nous dans ces temps-là le vieil et
grand échafaudage de la hiérarchie, indispensable
pour l'unité des peuples chrétiens, qui subsistait
depuis nombre de siècles, se miner et chanceler
ébranlé jusque dans ses fondem?»*tsj [arçe qu'il
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SCtïISMC DANS L^GLTSE. 4Î
avait perdu sa considération ; parce que les princi-
paux membres, vivant dans une orgueilleuse sé-
curité', n'avaient aucun égard pour l'esprit de l'é-
poque.
Quelque évident que soit à tous les yeux ce que
nous venons de dire, cependant jetons un regard plus
approfondi, afin de suivre jusque dans ses premières
racines ce grand changement opéré dans le monde.
Un peu 4e bonne volonté et une amélioration suc-
cessive auraient pu satisfaire à toutes ces plaintes,
qui ne reposaient , en grande partie, que sur des
formes extérieures et des objets de pure administra-
tion dans l'Eglise ; si seulement il s'était trouvé à la
tête de la religion un génie qui pût donner la vie et
la clarté aux idées, les entraîner à sa suite et les
maîtriser. Mais, tout au contraire, ce n'était plus
seulement cette ignorance dont nous avons parlé
plus haut, c'était une science tout au rebours du
bon sens dans presque tous les théologiens j ils fai-
saient le plus grand cas d'une espèce de science ap-
pelée la scolastique, qui avait été formée ancienne-
ment d'un mélange de principes philosophiques avec
les enseignements du christianisme. Les vérités des
saiutes Écritures les plus simples, claires et intelli-
gibles pour l'enfant le plus ignorant, étaient enve-
loppées de mots obscurs et savants, et ces mots étaient
j regardés comme le principal; bientôt même on dis-
1 cuta sur leur sens, et celui-là passait pour le plus sa-
vant qui savait parler avec le plus de finesse dans
cette discussion. De sorte que la vérité se perdit
T, h, 2
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48 sixième époque. i52Ô — 4648.
inondée dans un flux de parolçs, et la douce, la
pure et bienfaisante lumière de la foi chrétienne
s'évanouit étouffée dans ce fatras de science qu'ils ap-
pelaient leur théologie. Mais, dès le quinzième siè-
cle> une nouvelle époque commença à poindre pour
les sciences, et un soleil plus brillant sembla éclairer
les esprits : la scolastique avec ce vain éclat sans
goût, avec cette importance qu'elle attachait aux
mots, avec tout son vide, ne put soutenir l'éclat de
cette lumière ; les meilleures têtes du temps l'atta-
quèrent par la raison et les railleries, et en dévoilèrent
toute la nudité; leurs adversaires, les défenseurs de
l'ancienne école, ne se contentèrent pas de se retran-
cher derrière le seul boulevard qu'ils eussent, et de
dire que la lumière ne pouvait être que dans leur doc-
trine ; mais ils voulurent même, par un zèle aveugle
et menaçant, éclipser ces rayons lumineux qui com-
mençaient à former un nouveau jour (*). Il "y avait
en Allemagne un savant, le plus instruit qu'ait ja-
mais produit notre patrie, qui étendait partout les
nouvelles lumières de lascîencfe, Reuchlin, dontl'es-
prit était si vaste qu'on a dit de lui: qu'il réunissait
en sa personne tous les arts , toutes les sciences ,
toutes les connaissances qui ont été trouvées dans le
monde chrétien ; et tout cela n'avait pas rapport à
{*) Il nt tout pas confondre les scholastiques avec les catholiques. L'auteur
semble n'en pat faire assez la distinction : la scbolaitiqu* était alors un reste
f «ne ancienne école dégénérée ; les scholastiques étaient des catholiques
outrés (Voyeile Dict.de Trévoux). N. T. .
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LA RÉFORME. 49
des connaissances fastueuses et frivoles, maïs & la
plus profonde connaissance des hommes, delà nature
et de Dieu. Cependant une foule de théologiens dé-
chaînèrent leurs passions contre lui, quoiqu*ii vécût
avant le temps de la réforme et qu'il n'y prît au-
cune part. Tous les premiers pasteurs de l'Église, il
faut l'avouer, n'étaient pas également plongés dans
les ténèbres; car l'évéque d'Augshourg que noua
avons déjà cité, Christophe de Stadion, ne crut pas
indigne de lui de faire un voyage de sept jours pour
aller à Fribourg apprendre à connaître le célèbre
Erasme de Rotterdam ; Jean de Dalberg, évéque de
Wprms,créa une bibliothèque qu'il remplit des meil-
leurs écrits, et il aima les sciences jusqu'au point de
se faire admettre dans la Société des Savants du Rhin^
fondée par le poète Conrad Celtes. Mais ce nombre
de gens raisonnables était trop petit pour résister att
zèle aveugle et insensé de ceux qui, en haine de la
lumière, confondaient ensemble le bien et le mal et
détruisaient ainsi leur propre empire.
La réforme. 1517.
Nous avons développé dans le chapitre précédent
les raisons qui depuis plusieurs siècles avaient pré-
paré le schisme de l'Église ; mais les abus dans la
prédication et la distribution des indulgences furent
le motif le plus prochain et firent éclater Forage.
Les envoyés de la cour de Rome allaient offrir dans
2,
DigitizedJ?y VjOOQI
âO sixième époque. 4520—1648.
tu les pays qui reconnaissaient le pape des lettres
d'indulgence , par lesquelles les fidèles recevaient
la re'mission de toutes les peines de l'Église, méri-
téespar leurs péchés. Cen'était point une innovation;
car déjà , dans les anciens temps de l'Eglise , quand
elle punissait les fautes publiques par de sévères
et publiques pénitences , par l'exclusion du service
divin, souvent pour plusieurs années, etc., il y avait
des pénitents, ceux qui se faisaient remarquer par leur
zèle à subir la peine , pour lesquels la durée était
abrégée par Févêque , ou la peine changée en des
œuvres de piété. Au temps des croisades, les papes
accordèrent à tous ceux qui s'engageaient à courir
les dangers et les fatigues de ces expéditions, la ré-
mission de toutes les peines de l'Église qu'ils au-
raient pu encourir. Plus tard, cette même faveur fut
accordée à ceux qui, sans prendre part à ces saintes
expéditions, avancèrent pour elles des sommes d'ar-
gent. Après le temps des croisades, on étendit le
but de ces amendes expiatoires à. d'autres œuvres
pieuses, à l'édification d'églises, d'écoles, etc. Et
quand l'Europe fut menacée de plus près par les
Turcs , les guerres contre ces infidèles fournirent en-
core aux papes une foule d'occasions de répandre des
lettres d'indulgence. Mais bientôt la croyance que
les lettres d'indulgence effaçaient le péché même,
erreur tout-à-fait conforme aux idées grossières et
dépravées de cette époque, se glissa parmi le peuple
et y fut entretenue par certains prédicateurs des
indigences; tandis que d'un autre coté se ré-
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LA RÉFORME. 21
pandait le doute sur l'emploi des sommes exclusive-
ment à des œuvres depiété. Alors lès princes et les peu-
ples élevèrent des plaintes sur l'abus qu'on en faisait,
et plus tard le concile de Trente lança un décret
contre les criminels prédicateurs des indulgences,
« qui se servent de la parole de Dieu pour leur propre
lucre. »
Pour tirer des indulgences le plus de gain pos-
sible , on imagina de les affermer pour toute une
province au plus offrant ; l'acquéreur avait lui-
même des sous-fermiers. Tous ces grossiers abus
étaient. commis par amour du lucre. Pour la vente
de ces lettres d'indulgence on choisissait des hommes
qui, par leur habileté à se servir de la parole, pussent
exciter le peuple à acheter en fonle; et l'impu-
dence de certains prédicateurs alla au-delà de toute
croyance. Ils vendaient des indulgences pour lès
plus giands crimes: vols dans les églises, parjures,
meurtres ; bien plus on pouvait même obtenir d'a-
vance, pour les péchés à venir, la promesse de l'in-
dulgence (*).
11 est tout-à-fait inutile de dire quelle influence
un pareil abus de la religion devait avoir sur la mo-
ralité des hommes.
Le mécontentement long-temps comprimé éclata
enfin , quand le pape Léon X, en l'année 1516, an-
(*) Voyez les plaintes que les princes allemands portèrent devant le pape
Adrien à la diète de Nuremberg en i&22. Histoire d Allemagne, par
Sçbmidt, tome xi, p. 58»
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92 sixième époque. 4520—1648.
non ça de nouvelles indulgences , afin de pouvoir
achever Péglise de Saipt-Pierre à Rome , commen-
cée par son prédécesseur Jules II. La croyance 3e
répandit généralement qu'une partie des sommes,
notamment la collecte de la Saxe et des autres pays
jusqu'à la mer Baltique , n'étaient point destinées à
bâtir l'église de Saint-Pierre, mais bien à la sœur
du pape. De plus , les prédicateurs qu'on employa
4ans cette occasion, surtout un certain Bernard Sqm-
son et Jean Tézel , qui parcouraient l'un la Suisse et
l'autre la Saxe, soulevèrent par leur conduite la
plus grande indignation.
Alors parut Martin Luther, né en 1483 ; àEisle-
ten en Thuringe , moine de Tordre des Augustins
et professeur de théologie à l'université de Witen-
berg r qui s'éleva publiquement contre les indul-
gences et lança la veille de la Toussaint c'est-à-dire
le 31 octobre 1517, dans l'église du château 4e
\Vittenberg, quatre-vingt-quinze proposition? par
lesquelles il attaquait aYeç chaleur le trafic des in-
dulgences, et il défiait en même temps tous les sa-
y&Uts de les contester dans une dissertation publique.
Pe pareilles provocations en matière de croyance n'é-
taient pas rares ; mais il régnait dans celles de Luther
W kp$3gç pi hardi çt un esprit si libre qu'elles ob-
tinrent apssîtôt unç grande vogue et furpnt lues avec
passion par toute l'Allemagne, « II prétendait que
le pape n'avait par lui-même aucune puissance
trtrôr remettre tes pédrés , qu'il pouvait seulement
déclarer qu'ils étaient retnis par Dieu ; que tout ce
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LA RÉFORME. 95
que le pape pyait de puissance à ce siget les
évéques et les curés l'avaient aussi j que quiconque
se repentait vraiment de ses fautes , obtenait la ré-
mission de la peine sans les indulgences ; que les
trésors du Sauveur et de l'Eglise appartenaient si
bien à tous les fidèles que le pape n'avait aucun
droit de leur en f^ire une nouvelle distribution, etc. »
Du reste il iTavait alors aucunement l'intention
d'attaquer l'autorité du pape ni celle de J'anciennç
Eglise. Mai§ déjà sa doctrine sur les indulgences
avait soulevé une violentç contradiction de la part
dé Tézel et de ses amis, particulièrement les Domi-
nicains , qui depuis long-temps étaient ennemis de
l'ordre des Augustins ; ils le proclamèrent comme
un hérétique et ils parlaient déjà de glaive et de
bûcher.
Dans Rome on gardait le silence , bien que les
contestations durassent depuis près (Je neuf mois. Ce
n'est pas que l'affaire nry fût connue j mais le pape
Léon ne la regardait probablement que comme une
tracassçrie de mpine, et surtout, on ne connaissait
point l'Allemagne à Rome. On la regardait toujours
comme un pays demi-sauvage , dont la population
était patiente, accoutumée à l'obéissance et lente à
prendre une résolution : cette ignorance sur notre
peuple et ce mépris pour lui furent mortels pour
la chaire pontificale et causèrent chez nous des dé-
sordres inexprimables.
Enfin, au mois d'août 1518, Luther fut appelé à
Rome pour avoir à répondre devant le tribunal du
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£4 f sixième époque. 1520—4648.
pape. Mais, l'électeur de Saxe aussi bien que l'uni-
versité de Wittenberg, qui fondée tout nouvelle-
ment devait à Luther son rapide accroissement, ne
voulurent pas lui laisser faire ce voyage trop dan-
gereux.
Il obtint par leur entremise la permission dérégler
son affaire en Allemagne et enfin de se présenter, au
mois d'octobre 1518, à la diète d'Augsbourg, devant
le nonce du pape, Thomas de Vio, de Gaëte, connu
ordinairement sous le nom de Cajetan .Celui-ci exigea
de lui une rétractation. Luther déclara qu'il y était
tout disposé, pourvu qu'on pût le convaincre d'erreur
par l'Ecriture sainte. Mais le cardinal qui regardait
comme contraire à sa dignité de disputer avec un
moine , finit promptement la contestation en ces
termes: « Va-t-en et ne reviens que pour faire ta
rétractation. » Alors Luther lui fit remettre un écrit
justificatif, où il avouait s'être trop laissé emporter
et n*a voir pas parlé du pape avec tout le respect qu'il
lui devait; et il promettait de garder désormais le
silence, si de leur coté ses adversaires voulaient en
faire autant sur son compte. Mais n'ayant reçu aucune
réponse à cet écrit, il crut devoir se tourner vers
le pape et rédigea en latin avec un notaire et dés té-
moins un appel d'un mauvais jugement à un meilleur
devant le pape. Il le fit afficher publiquement sur la
porte de la cathédrale d'Augsbourg ; ensuite il quitta
la ville. Cet écrit prouve que Luther n'avait pas en-
core alors pris la résolution de se séparer de l'Eglise
romaine. Mais la force des circonstances et la chaleur
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LA RÉFORME. 25
de la dispute avec ses adversaires l'y amenèrent peu
à peu.
Un professeur de théologie à Ingolstadt en Ba-
vière, le docteur Jean Eck ou Eckius, le plus habile
athlète catholique, provoqua dans l'année 4519,
Luther et un professeur de Wittenberg, André Carls-
tadt, à une dissertation publique sur les matières
de la foi, dans la ville de Leipzig, qui faisait partie
du territoire de George, duc de Saxe. Ils y parurent
tous les deux, accompagnés de Philippe Melanchton
qui devint plus tard si célèbre et était alors à Wit-
tenberg comme professeur de grec. Les conférences
durèrent depuis le 27 juin jusqu'au 13 juillet 1519;
on discuta beaucoup sur les principaux articles de
foi et sur le respect dû au pape; mais, comme il ar-
rive presque toujours dans les contestations, où on se
laisse aller à tout le feu de son esprit , on échangea
de part et d'autre des paroles dures et piquantes j
Eck partit delà pour Rome, et réclama contre les
hérétiques tous les foudres de la puissance pontifi-
cale. En effet il reparut bientôt en Allemagne avec
une bulle du pape qui signalait quarante-et-une pro-
positions de Luther comme hérétiques et le mettait lui-
même au ban de l'Eglise, pour le cas où il ne se serait
pas publiquement rétracté au bout de seize jours ; et il
s'empressa de la répandre dans toutes les villes d'Alle-
magne. Mais elle ne fut reçue que dans quelques en-
droits : le magistrat en défendait les affiches et le
peuple les déchirait, tant la nouvelle doctrine avait
déjà de prosélytes. Alors Lutter en vint à une action
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26 SIXIEME ÉPOQUE. 1520 — 1648.
qui brisa pour toujours le lieji qui aurait pu l'attacher
encore à l'ancienne Église. Il convoqua toute Puni*
versité de Wittenbcrg par une affichepublique pour
le 10 octobre 1520, devant la porte de l'Eslterj
les étudiants y élevèrent un bûcher, un maître
de l'université y mit le feu et Luther au milieu de$
cris d'applaudissements de rassemblée y jeta dans les
flammes la bulle du pape, le droit cajion et les écrits
dTSck.
Progrès rapides 4e la nouvelle doctrine.
Il n'est pas possible de dire avec quelle rapidité
ces dogmes se répandirent d'un bout de PAJlemagnq
jusqu'à l'autre et même au-delà de ses frontières (*),
On ne peut rien comparer de matériel pourl,a célérité*
ce fut un incendie qui se communiqua aussi vite que
la pensée, parce que partout étflit une matière inflam-
mable qui ne demandait qu'une étincelle. Quand uq
T1 TT-TT"
(*) ttt 4uatoe*viiigt-qi»tiKp propositions de gainer eoptre les indulgences
f ment, répandues p*r toute L'AU*m9gneepqi»Jn^j*«r»;dana lestât* de<
quatre à six semaines elles furent connues par tente l'Europe, et l'on, com-
prend facilement quel mouvement elles causèrent partout. En 1520, les écrits
de Luther étaient traduits en espagnol dan* les Pays-Bas, et en 1531 un
voyageur les acteU à Jérusalem. Quand le sieur de MUtiU, gentilhomme
saxon, passa en 1519 d'Italie en Allemagne, chargé par le pape de chercher
à engager Luther à faire des concessions et à promettre de garder le silence,
il avoua que pendant son voyage , à travers l'Allemagne, il avait toujours
trouvé au mo'ns trois personnes favorables à Luther contre une qui se portail
pour le pape : et il y avait à peine deux ans que Luther paraissait sur la scène.
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PKOGKES DE LÀ NOUVELLE DOCTBINE. 27
siècle est mûr pour (Je grands, changements, il ne
faut qu'un signal et tou{ le monde se lèvecommepar
enchantement; alqrs celui qui proclame tout haut ce
besoin, passe pour un grand inventeur, quoiqu'il ne
soit que la vpix qui exprime ce qui existe déjà dans
le sein de la socie'té et dans l'âme même de son ad-
mirateur. PVUeqrs les chapitres précédents nous
ont fjait vpir comment la science qui alors s'agran-
dissait consi4erablemrent ; comment les grandes in-
ventions du siècle précédent et surtout l'art de l'im-
primerie qui a rendu pçssible de communiquer à des
milliers d'hompies à la fois ce qui auparavant n'aurait
Jyu être conny que cle quelques savants , après de
ongues années, çt serait peut-être resté enfermé dans
lff murs d'un couvent; comment, dis-je, tout avait
préparé Je mQrçde à de grande mouvements. D'un
autre pôle, la rapidité delà propagation des nouvelles
doctrines est une prepve irréfragable de la grande
décadence de l'esprit religieux et moral de cette
époque. Car l'homme est attaché aux mœurs de ses
pères par de profondes ej, fprles racines j mais il tient
plus fortement encore à leur croyance. Si donc il
la dépose^ cettq croyance, c'est que le sentiment qui
devait être en lui le plus vivace et le plus intime
a péri et qu'il n'y a plus qu'un peu d'extérieur; puis-
que s'il vivait eacore , il ne pounaUVen défaire sans
aller contre les lois de la nature.
Outre lç$ raisons doqÇ nous venons de parler,
quantité d*autr«0 circonstances contribuaient à cet
essor rapide parmi le peuple et les bourgeois d' Aile-
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28 sixième époque. 1520—1648.
magne. Signalons d'abord la plus grande. Jusqu'à ce
moment, le peuple, la foule des gens simples et
libres, avait été négligé et méprisé; on n'avait rien
fait pour son développement et ainsi toute son éner-
gie sommeillait engourdie. Luther se présenta comme
devant instruire le peuple ; il se tourna vers lui, lui
promit de l'instruction et même il le fit juge de ses
querelles. Et il le fit avec une parole si énergique,
si pressante, que jamais rien de semblable n'avait
encore retenti à ses oreilles.
La condition du peuple demandait même cette
tentative de Luther (*). Le paysan, à la vérité, avait
peu à peu obtenu plus de liberté que dans les temps
antérieurs ; cependant , les servitudes auxquelles il
était condamné étaient toujours très oppressives. Il
était soumis à toutes les autres conditions de la na-
tion 3 non seulement à son seigneur, mais au cheva-
lier, au comte , au prince; même ses droits en qua,-
lité d'homme n'étaient pas encore généralement re-
connus, et souvent les maîtres accablaient leurs
sujets des plus criantes injustices. C'est alors que
retentit le mot de liberté chrétienne , qui résonna
jusque sous le chaume des paysans. Ce motenchan-
(*) tl faut convenir alors que les protestants ont été bien durement trompés; *
car on ne voit pas que les pays qui ont admis la réforme aient obtenu de plus
grandes libertés civiles; il semble au contraire que c'est chez eux que le peuple est
le plus humilié. H suffit, pour s'en convaincre, de jeter un regard sur les états
protestants et en général les états scnismatiques d'Europe; c'est même une
conséquence naturelle de toute institution où les deux puissances temporelle
et ecclésiastique se trouvent réunies sous le même sceptre. N, T.
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PROGRÈS DE Là NOUVELLE DOCTRINE. 29
teur qu'ils n'interprétèrent pas dans un sens moral,
mais dans le sens le plus extérieur, fit naître en eux
de nouvelles et grandes espérances et produisit,
nous le verrons bientôt, les plus déplorables désor-
dres au commencement. Car, dans un mouvement si
général de toute une génération , il est difficile, comme
le démontre l'histoire de tous les peuples, que les
justes bornes de la modération soient bien con-
servées.
De même que le peuple, la noblesse d'Allemagne
fut elle-même promptement entraînée dans ce nou-
veau mouvement. Elle était encore tout animée d'en-
thousiasme pour la liberté et l'honneur de la patrie ;
et comme l'Allemagne était publiquement méprisée
dans Rome , c'était pour elle une raison suffisante
de se porter du côté de celui qui attaquait la puis-
sance de la chaire romaine. D'un autre côté l'amour
de la science qui revivait en Europe , avait aussi
gagné la plus grande partie de la noblesse ; et depuis
que l'invention de la poudre à canon avait frappé
la chevalerie d'une blessure mortelle, les armes
n'avaient plus été l'unique occupation du jeune gen-
tilhomme. Son esprit déjà plus développé était donc
plus susceptible de recevoir des pensées neuves et
hardies. Et enfin Luther, dans un écrit fort remarqua-
ble dont le titre était , A la noblesse cF Allemagne,
s'était particulièrement adressé à elle et l'avait ap-
pelée au secours pour son entreprise.
Parmi ses plus zélés prosélytes était Ulric de Hut-
ten. C'était un chef de parti tel qu'en produisent
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50 sixième époque. 4520— 4é48.
toujours les temps de révolution, hardi et plein de
pénétration pour manier la plume aussi bien que
l'épée ; à la fois guerrier et savant, avec une éloquence
mordante et déchirante et toujours prêt aux entre-
prises les plus hasardeuses. Un jour que quatre
Français avaient tenu des propos peu honorables
pour l'empereur, il les provoqua en duel pour sou-
tenir l'honneur des chevaliers allemands et les vain-
quit tous quatre ; 3a plume était aussi tranchante
que son épée, quand il remployait contre les moines,
contre les abus de (a religion , ûoptre les adversaires
des langues anciennes et delà civilisation, au même
Contre les Turcs et les Français. Hutten fit une satire
en latin qui fut bientôt répandue par toutes les villes
de l'Europe.
Cette âme de feu entra aussitôt du côté de Lu-
ther, moins peut-être par zèle de religion que parce
que son entreprise était téméraire et dangereuse ; il
écrivait et parlait pour lui et aurait volontiers tiré
Tépée pour lui.
Un homme encore plus important parmi la no-
blesse et aussi ami de Luther, était François de Sic-
kingen, vaillantet noblechèvalier franconien, doué de
si grandes qualités que quelques princes le trouvèrent
autrefois digne de la couronné impériale. Il offrit
à Luther un asile dans son château et toute la pro-
tection de ses armes et de celles de ses amis , s'il
était poursuivi. Luther remercia; et quand Sickin-
gen, qui ne pouvait rester tranquille cl peut-être
nourrissait dans son esprit de grands projets d'am-
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PROGRÈS DE LÀ NOUVELLE DOCTRINE. ZÏ
bition , prit querelle en 1522 , aVec Richard, arche-
vêque de Trêves, et lui déclara la guerre, Luther
s'y opposa formellement. Son entreprise fut une des
dernières démonstrations du droit du poignet en Al-
lemagne; un seul chevalier, avec ses amis, se forma
une armée de douze cents hommes , osa combattre
malgré la défense de la diète de Pempire et d'un de
ses puissants princes, tomba sur son territoire 9 le
désola de long en large et ne rentra dans ses châteaux
que quand deux autres princes s'unirent à l'arche-'
vêque, Louis, électeur palatin, et Philippe, land-
grave de Hesse.
Il fut lui-même, l'année suivante , assiégé par eux
dans son château de Landshut, vivement pressé et
même fait prisonnier après avoir été grièvement
blessé. Il mourut quelques jours après et ses ennemis
mêmes ne pouvaient taire leur admiration pour lui
et la douleur qu'ils ressentaient de voir une puis-
sance comme la sienne succomber de la sorte , sans
avoir pu se développer sur un plus grand théâtre.
La chute de Sickingen n'eut aucune influence sur les
affaires de Luther ; car il avait eu soin de les tenir à
l'abri de toutes dé monstrations extérieures et politi-
ques, dans lesquelles ces chevaliers voulaient les eor
traîner. Et ce fut la cause principale de la durée de
ce qu'il avait fondé* S'il s'était laissé aller à une
lutte extérieure, toute la force d'activité de la na-
tion se serait consommée et tout le mouvement
de l'époque aurait passé comme un spasme d'up
instant.
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32 sixième époque. 1520—4648.
Frédéric-le-Sage, électeur de Saxe, fut celui des
princes allemands qui prit plus activement parti pour
Luther. Au commencement il ne voulut point entrer
de son côté; il ne le défendit point et se contenta
d'empêcher qu'il ne fût livré à ses ennemis avant
qu'il ne se fût acquis une conviction. Ce ne fut
qu'après la diète de Worms qu'il se prononça tout-
à-fait pour lui. a Les affaires d'Allemagne, disait-il,
en 1523 , à Nuremberg, sont si avancées qu'il n'est
plus au pouvoir des hommes de leur donner une
bonne direction. Dieu seul en est capable ; il faut
donc lui recommander cette importante affaire qui
est au-dessus de nos forces. »
Peu à peu plusieurs princes se déclarèrent pour la
nouvelle doctrine , quelques-uns certainement par
une intime conviction ; mais d'autres se rendirent
coupables des accusations de leurs adversaires : de
s'être laissé entraîner par l'appât du butin qu'offraient
les biens ecclésiastiques.
Diète de Worms. 15S1.
A la grande diète de Worms, on voulait terminer
toutes ces querelles de religion qui déjà occupaient
beaucoup les esprits en Allemagne. Le pape y avait
envoyé un légat , le cardinal Aléa nder, pour engager
l'empereur et les princes à recourir à l'autorité de la
puissance temporelle contre Luther. Ce légat, à son
grand étonnement, trouva que déjà toutes les classes du
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DIÈTE DE WDRMS. 35
peuple étaient déclarées contre le pape. Il vit partout
répandus des écrits, des chansons, des tableaux qui
tournaient le pape en ridicule ; et le légat lui-même,
quoiqu'il voyageât parmi la suite de l'empereur , se
vit exposé à des traitements fort molestants et souvent
même en danger pour sa vie. A la diète cependant ,
sans entrer au fond de la question, il se contenta de re-
quérir les mesures les plus violentes contre un homme
déjà condamné comme héritique, et présenta en même
temps aux princes un grand nombre de propositions
tirées des écrits de Luther, qui prouvaient qu'il s'é-
cartait des enseignements de l'Eglise, même dans les
principaux articles de foi et particulièrement dans ceux
admis par le concile de Constance. Mais l'électeur de
Saxe se leva alors contre lui et demanda qu'on en-
tendît Luther pour savoir de lui, si ces propositions
étaient bien extraites de ses écrits et s'il les recon-
naissait. L'empereur et les princes furent de cette
opinion ; le cardinal s'y opposa en disant que ce qui
avait déjà été décidé parle pape, ne pouvait pas être
examiné par une diète composée de laïques et d'ec-
clésiastiques. On répondit qu'on ne voulait pas exa-
miner la croyance de Luther ; mais seulement en-
tendre de sa propre bouche s'il a réellement écrit
et enseigné ce pourquoi il a été condamné ; et que
pour cela il fallait qu'il fût appelé. Ce fut là un des
pas les plus importants dans l'histoire de la réforme;
et c'est ainsi que l'afFaire de Luther fut publique-
ment traitée dans une assemblée nationale.
Ses amis , et particulièrement l'électeur de Saxe ,
T. II. 3
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34 sixième époqub. 4590 — 1648.
demandèrent pour lui un sauf-conduit impérial et
inviolable ; on le lui promit et il se mit en route de
Wittenberg pour venir à Worms. Dans ce voyage,
il apprit à connaître la force de son parti ; car le peu-
ple affluait par milliers de tous côtés au-devant de
lui pour le voir et le saluer ; et quand , le lende-
main de son arrivée, il fat conduit à la diète, le 17
avril , le grand maréchal de l'empire fut obligé de
le faire passer par les jardins et les maisons^de der-
rière , tant était grande la foule. Sa vue ne produi-
sit pas la même impression sur tous les assistants ;
car l'empereur Charles se tournant vers son voisin ,
lui dit, raconte-t-on : « Jamais cet homme ne fera
que je devienne un hérétique. » En effet, Luther était
pâle et accablé par une fièvre minante et continue;
et la vue-de cette grande assemblée, la pensée qu'il
y comparaissait tout seul, devant l'empereur et l'em-
pire, semblaient avoir absorbé toutes ses facultés. Un
vicaire de Parchevéque de Trêves, lui demanda, au
nom de l'empereur et de l'assemblée, s'il reconnais-
sait pour siens ces livres qu'on lui présentait et s'il
soutenait lès propositions qui y étaient contenues.
Pour ia prtmièfe partie, il répondit : oui; et, quant
à là deuxième, il demanda un peu de temps de ré-
flexion. On lui accorda jusqu'au lendemain. Le len-
demain il répondit publiquement au milieu de l'as-
semblée : « Que ses écrits étaient de trois espèces; que
les uns, qui traitaient des articles de foi et des bonnes
œuvres, n'étaient pas même blâmés dans toutes leurs
parties par ses adversaires, et que par conséquent
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mfcre de WofcMs. 85
il ne pouvait pas les rétracter sans blesser sa cons^
cience ; que d'autres attaquaient la puissance du pape
et ses décrets, et que s'il les rétractait, il confirme-
rait par cela même la tyrannie du pape en face de
toute la terre; que la troisième espèce enfin était di-
rigée contre ceux qui défendaient la papauté et avaient
écrit contre lui-même; qu'il avouait avoir écrit avec
ttn peu de violence et d'amertume , maïs qu'il fallait
faire attention à la manière dont il avait été lui*
même traité par ses adversaires. » Enfin il conclut :
« que si on pouvait le convaincre d'erreur par les
Saintes-Ecritures, il était tout prêt h jeter de sa pro-
pre main ses écrits au feu. »
Le chancelier répondit à cela qu'ils n'étaient pa»
assemblés ici pour disputer, mais seulement pour en-
tendre de sa bouche s'il voulait faire une rétractation.
Alors il déclara, avec la plus généreuse fermeté, que
sa conscience le lui défendait; et il fot Congédié.
On disposa encore pour le jour suivant une con-
férence particulière avec Luther, à laquelle Péïec-
teur même de Trêves prit une part ti*ès activé;
mais toutes les tentatives pour le ramener à une ré-
tractation furent inutiles; et quand l'électeur enfin lui
demanda s'il ne connaissait point lui-même un moyen
de remettre tout dans l'ordre, son dernier mot fut:
« si cet œuvre, est un œuvre humain, il disparaîtra
de lui-même 5 mais s'il vient de Dieu , rien ne pour-
rait arrêter son progrès. »
L'empereur au confire déclara anx princes alle-
mands du ton le plus positif : « quttl était résolu de
3.
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36 sixième époque. 1520—1648.
consacrer tout ce qu'il avait, ses empires , ses états,
ses amis, son cops, son sang et sa vie tout entière
pour arrêter de suite la marche de cette entreprise
impie, qui san s cela le couvrirait dunehonteéternelle,
lui et toute la nation allemande; que ses aïeux, les
empereurs d'Allemagne, les rois catholiques d'Es-
pagne et les ducs d'Autriche et de Bourgogne avaient
, tous été, jusqu'au dernier moment, fidèles à l'Église
romaine ; qu'il avait reçu d'eux en héritage les dog-
mes catholiques et la discipline de l'Église et qu'il
youlait vivre et mourir dans cette foi ; qu'il ne vou-
lait plus par conséquent en aucune manière entendre
Luther ; mais qu'il le congédiait et qu'il allait aussi*
tôt le poursuivre comme un hérétique. »
Cette déclaration de l'empereur était grave. S'il
n'eut été question que d'une limitation dans la puis-
sance pontificale, peut-être n'eût-il pas vu sans plaisir
ce mouvement devenir général; mais quand il vit qu'il
s'agissait d'une apostasie de l'antique et éternelle
croyance à laquelle il était attaché et que l'unité
de l'Église était menacée j alors il sentit qu'il était
en droit d'y mettre une opposition bien prononcée.
Son immense regard qui pouvait embrasser les
grands rapports des peuples entre eux découvrait
à l'avance les graves conséquences que cette affaire
pourrait avoir : il voyait la division et l'irritation des
esprits, la lutte des opinions, qui conduit si facile-
ment à lutter avec les armes, et le terrible fléau d'une
guerre de religion, Charles croyait pouvoir étouffer
ce danger dès son prirçcipe et pouvoir s'opposer au
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DIÈTE DE WOMIS. 3Î
torrent du siècle comme un rempart immuable : sa
qualité d'empereur et de procteur de l'Eglise sein*
blait d'ailleurs lui en imposer le devoir. Et s'il avait
conservé partout cette invariable et fidèle volonté, si
une foule d'arrière-pensées non pures et mondaines ne
s'y étaient mêlées, et si l'équitable Adrien VI qui
gouverna en 1522 et 1523 et qui sérieusement vou-
lait une réforme dans l'Eglise eût vécu plus long-
temps, peut-être que de grands malheurs auraient
été épargnés à notre patrie. Il est vrai que Charles
s'efforça, avec une dure sévérité, d'extirper les nou-
velles doctrines de ses pays héréditaires, où il était
seul maître ; mais il croyait en avoir le droit et
même que c'était un devoir ; d'autant plus que son
conseil, le plus grand nombre de ses sujets, particu-
lièrement les Espagnols et les Napolitains, exigeaient
de lui une pareille rigueur. En Allemagne, au con-
traire , où il y avait un grand nombre de princes
indépendants et des peuples en fermentation , ou il
se trouvait enchaîné par une stipulation pour son élec-
tion ,ou chaque acte un peu violent était regardé comme
une tentative pour étendre l'indépendance de la
puissance impériale ; pendant long-temps il ne mar-
cha qu'avec la plus grande modération. La conser-
vation de la paix était pour lui le point capital, et
il pressait avec instance les deux partis de faire
des concessions. Aussi les Espagnols le surveillèrent-
ils avec attention toute sa vie, dans la crainte que ses
principes ne se fussent imprégnés de quelque taches
d'hérésie par son commerce avec les Allemands.
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3S sixième éMQftt. 453<W1648.
Quelques ennemis de Luther, ses plus inexora*
blés, voulurent entraîner l'empereur à employer de
fuite la violence, s'a ppuyant sur tes mêmes prin-
cipes qui avaient fait traîner Hos au bûcher; mais
il répondit que sa parole impériale était inviolable,
et il assura à Luther un sauf-conduit pendant vingt-
un jours pour son retour. Cependant beaucoup de
gens tremblaient pour 6a vie, craignant une trahison
secrète, et son protecteur, l'électeur de Saxe, Je fit
enlever comme par violence 4e sa voiture, dans la
Thuringe, par des chevaliers masqués, et transpor-
ter, pendant la nuit, à travers un bois, dans le châ-
teau de Wartbomig , près d'Eisenach. Là , il resta
caché à tous les regards» jusqu'à ce que la fureur de
ses adversaires ce fût un peu calmée.
Pendant oe temps-là, à Worms, on le mettait au
ban de l'empire avec tous ceu* qui s'attacheraient
à Kû ou le protégeraient; ses livres étaient con-
damnés à être brûlés partout , et lui-même devait
étas fait prisonnier et livré à 1 empereur; tel fut
Yéàit tie Worms du 8 (2$) mai 1521, A Rome on eu
eut une grande joie, et es Allemagne même beau-
coup de monde crut que tout -était terminé. Mais
mi Espagnol, Valdez, écrivait à un de ses amis de
là diète même t « Loin de voir la fin de cette tra-
gédte, je ne vois que le commencement; car je
trouve que les esprits dos Allemands sont fort exal-
tés o**4rè la chaire pontificale. * En effet 9 on vit
colporter avec impudence dans Worms , pen-
dant *jue l'empereur était -encore dans la wiUe ,
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PREMIÈHB» JHJBRRES OB IBtUHOa. 39
les écrits de Luther, qu'on venait de brûler publique-
ment.
Pf êBliufel gwr qi de rdigtan.
Luther restait seul à Wartbourg, où il employait
les loisirs de son séjour à la traduction du Nouveau-
Testament en Allemand, afin qu'il devînt à la por-
tée de tout le monde ; quand lui arriva la nouvelle
que par un zèle mal entendu des troubles avaient
éclaté à Wittenberg, que Ton attaquait les églises,
qu on jetait par terre les images des saints , qu'on
brisait les autels et les confessionnaux , et que son
ami Garktadt, homme plein de violence, était à la
tête de ce désordre. Luther alors déposant toute
crainte, abandonna aussitôt son lieu d'asile et pa-
rut dans Wittenberg, au mois de mars 1522, sans en
avoir obtenu la permission de l'électeur, parla avec
force contre ces désordres et réussit bientôt à réta-
blir Tordre. Mais peu après suivirent de grands évé-
nements qui menaçaient de bouleverser tout l'état
civil en Allemagne. Nous avons déjà montré plus
haut sous quel dur joug soupiraient les paysans $ long-
temps ils avaient nourri en silence dans leurs cœurs
les sentiments les plus acerbes ; alors que leurs
esprits étaient déjà excités d'un autre côté et provo-
qués à la liberté, ils éclatèrent. Ces hommes corvéables
et taillaMes auparavant se crurent appelés à une
égalité de droits avec leurs anciens maîtres. La
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40 sixième époque. 1530 — 1648.
révolte éclata d'abord dans le sud de l'Allemagne,
où la vue de leurs voisins et du bien-être dont
jouissaient les Suisses dans leur liberté avait encore
excité leurs désirs. Les premiers qui se révoltèrent fu-
rent les paysans de l'abbé de Kempten et ceux de
l'évêque d'Augsbourg. Douze articles qui contenaient
tous les droits et prétentions des paysans furent pu-
bliés dans la Souabe et se répandirent par toute
l'Allemagne avec une rapidité incroyable ; ils di-
saient : <( qu'on devait permettre aux paysans de
choisir eux-mêmes des prêtres qui pussent leur an-
noncer la parole de Dieu , pure et sans mélange
d'institutions humaines; qu'ils ne devaient payer à
l'avenir aucune dîme, si ce n'est celle en grains ;
qu'on les avait jusque alors traités comme esclaves,
quoique par le sang du Christ tous les hommes
fussent devenus libres ; mais que , sans avoir la
prétention de vivre indépendants de toute autorité
supérieure, ils ne voulaient plus vivre dans l'escla-
vage où ils étaient, et qu'on devait leur montrer,
par la Sainte-Écriture, qu'ils avaient tort d'en agir
ainsi ; qu'ils auraient bien des plaintes à élever ,
mais qu'ils se tairaient si les seigneurs voulaient se
conduire d'après l'équité et les préceptes de l'Evan-
gile, ne plus les opprimer et non leur imposer cha-
que jour quelque chose de plus qu'ils n'avaient
déjà eu à supporter dans l'ancien temps. »
On trouve sans doute cette proclamation juste et
modérée j mais quand arriva l'exécution de ce qui
qUit énoncé par une troupe grossière , alors les pas?
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PREMIÈRES GUERRES DE RELIGION. 41
sions eurent bientôt renversé une parole sans force,
et brisant toutes les barrières, elles ne connurent
plus de mesures. Quand le plaignant veut être juge
dans sa propre cause, il ne manque jamais d'em-
ployer la même injustice dont il a été victime. Les
paysans, rassemblés par bandes, commencèrent par
piller et brûler les châteaux des nobles et les riches
habitations des ecclésiastiques, souvent même ils
massacrèrent leurs possesseurs. Bientôt ces bandes de-
vinrent des armées, et la Souabe à elle seule en four-
nit trois. Luther, à qui ils avaient envoyé les douze
articles pour avoir son approbation, avoua que leurs
demandes étaient justes ; mais il leur reprocha leur
conduite violente, et leur représenta que la liberté
chrétienne était la liberté de l'esprit. Et pour écar-
ter la culpabilité de ces désordres de sa doctrine, qui
n'en était qu'une occasion fort médiate, il engagea
lui-même les princes à tirer Fépée contre les ré-
voltés. Or il en était temps; car déjà les maisons des
nobles et des couvents étaient toutes en feu , en
Souabe, en Franconie, en Thuringe , sur les bords
du Rhin et jusqu'en Lorraine.
La confédération de Souabe qui s'était reconsti-
tuée eut bientôt rassemblé une armée, qui, conduite
par le capitaine George Truchsess de Waldbourg ,
dissipa promptement ces troupes de paysans en
Souabe et en Franconie. D'autres princes vinrent
en aide ; mais les vainqueurs eux mêmes exercèrent
aussi de leur côté les plus révoltantes cruautés.
En Thuringe, l'égarement de l'esprit exalté du
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43 sixième &04*e. 4620—4648.
siècle se montra sous une autre forme, quoique
semblable au fond ; ils s'appuyèrent sur des visions
divines. Un prêtre séculier, Thomas Munzer,
qui avait été le premier disciple de Luther , se fit
passer pour avoir des visions particulières de Dieu,
d'après lesquelles il pouvait faire connaître l'essence
de la liberté chrétienne, bien mieux que Luther ne
la connaissait et ne l'enseignait « Dieu a créé la terre
pour être l'héritage des croyants, disait-il, et tout
gouvernement ne doit être conduit que parla Bible
et des révélations divines. Il n'est aucunement be-
soin des princes, des supérieurs, de la noblesse, des
prêtres, et toute différence entre riches et pauvres
n'est pas chrétienne ; car dans le royaume de Dieu tous
les homme? doivent être égaux. » De pareils enseigne-
ments firent chasser Munzer de Saxe, et il se retira
à Mulhausen en Thuringe, où il engagea le peuple
à secouer toute, autorité et à le prendre pour prê-
tre et pour maître de la ville. Ses principes d'égalité
pour tous les hommes et de communauté de biens ,
qu'il introduisit après avoir chassé les riches de la
ville, augmentèrent le nombre de ses partisans et
répandirent bientôt son autorité dans les environs.
Toute laThuringe, la Hesse et la Basse-Saxe étaient
en danger ; car dans ce même temps, la guerre des
paysans exerçait toute sa fureur dans le sud de
l'Allemagne, et il était à craindre que les fanatiques
de tous les pays n'affluassent comme un flot épou-
vantable. Mais à la persuasion de Luther, l'électeur
et le duc George de Saxe, le landgrave de Hesse et
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le duc de Brunswick se réunirent contre les révoltés,
et surprirent une partie de leur armée auprès de
Frankenhausen en Thuringe, le 15 mai 1525.
Les princes , pour ménager tant de malheureux
égarés, leur firent promettre le pardon , «'ils vou<-
laient rentrer dans l'ordre et livrer leur chef. Mais
Munzer qui voulait écarter le danger de lui, profita
de l'apparition d'un arc-en-ciel pour enthousiasmer
de nouveau ses partisans, en le leur donnant comme
une marque qu'il était envoyé par le ciel j alors ceux-
ci dans leur fureur poignardèrent les envoyés de
l'électeur, et se préparèrent dans leurs retranche-
ments à la plus vigoureuse défense. Mais bientôt
cette fureur aveugle s'évanouit j les troupes d'anges
que Munzer avait promises ne parurent pas j il fut
lui-même un des premiers à prendre la fuite et la
moitié de son armée fut passée au fil de l'épée. Il
s'était caché dans un grenier à Frankenhausen } on
l'en x'etira pour lui trancher la tête. Il mourut sans
courage.
Ainsi furent promptement étouffés ces terribles
mouvements qui auraient pu bouleverser toute l'Al-
lemagne, 5Î toutes ces forces mises en jeu avaient
été conduites par des hommes capables. Us ont coûté
Beaucoup de sang. On a calculé que plus de 100,000
paysans avaient perdu la vie dans ces troubles.
Ensuite vint un moment de calme pour la patrie.
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44 sixième époque. 1520—4648.
Affaires de Charles-Quint hors l'empire.
Pendant tout ce temps, l'empereur Charles-Quint
n'avait pas été sans occupation au dehors. Après la
diète de Worms, il avait passé dans les Pajs-Bas, et
de là était repassé en Espagne, où il resta environ
huit ans. Son œil devait embrasser toute l'Europe ;
mais son attention était particulièrement fixée sur le
roi de France, François l#r, rival et voisin dangereux,
qui cherchait toutes les occasions de lui faire du tort.
Il serait inutile de chercher bien loin les raisons par-
ticulières qui ont soufflé cette rivalité entre ces deux
monarques ; leur caractère et leurs relations poli-
tiques nous l'expliquent assez clairement. François
était vaniteux et plein d'orgueil , et Charles n'était
guère moins soumis à ces passions humaines; seule-
ment lui, il les avait ennoblies (*). Tous les deux
avaient déjà concouru pour la couronne impériale,
et François Ier qui avait cru l'emporter sur son adver-
saire par son âge, sa réputation comme chevalier et
par ses qualités personnelles , fut très mortifié de la
préférence que celui-ci obtint; d'ailleurs le duché de
Milan que François Ier avait conquis , était pour
Charles, à qui il appartenait comme fief de l'empire,
une occasion inévitable de rompre avec la France
(*) Qui ne sait, au contraire, que si les passions pouvaient être enno-
blies , ce serait dans notre roi-chevalier ; tandis que Charles V est le vraj
type du machiavélisme. Voyez le portrait qu'en fait l'auteur lui-même
plus bas. N. T.
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AFFAIRES DE CHlRLEg-QUIKT HORS DE i/ EMPIRE. 45
et devait être soustrait à sa puissance par la force des
armes; tandis que, d'un autre côté, la prépondérance
de Charles étant devenue menaçante pour l'Europe,
tous les autres souverains en étaient inquiets. Fran-
çois I,r, qui possédait le plus puissant royaume après
lui, se crut donc appelé plus que tout autre à entrer en
licecontrelui. Il avait jeté sesyeux principalement sur
l'Italie, où déjà une de ses expéditions avait été cou-
ronnée de succès. C'est là qu'il voulait briser la puis-
sance de Charles; et il s'efforça de faire revivre tous
les droits qu'il tenait de ses ancêtres sur le royaume
deNaples, pour aller y tenter la fortune. Charles de
son côté avait encore augmenté ses forces par une
alliance avec le roi d'Angleterre , dont la vanité de
François avait fait fi; de sorte que cette guerre, com-
mencée dès l'an 1521, fut alors poursuivie par les
Anglais et les Flamands sur toute la côte jusqu'en
Espagne; mais cependant avec plus d'opiniâtreté et
de violence en Italie que nulle part ailleurs. Charles
avait le désavantage d une possession très disséminée,
qui exigeait aussi la division de ses forces ; tandis que
François Ier pouvait du point central où il avait
rallié ses troupes, partir tout d'un coup à son gré
pour le côté où il voulait diriger son attaque. Mais
ce qui caractérisait surtout la grande supériorité de
Charles, ce qui faisait réellement sa puissance et je-
tait en même temps sur lui le lustre le plus brillant;
c'est qu'il avait su rassembler autour de lui une
troupe de gens les plus distingués , c'est que son œil
pénétrant savait aussi bien découvrir le général qu'il
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40 sixième l*dQt«. 4S40— 4648.
fallait opposer à on ennemi que l'ambassadeur qui
devait débrouiller les noeuds les plus compliqués de
la politique, ou que le conseiller qui pourrait donner
son avis même sur des spécialités et toujours avec
sagesse. C'est par la puissance intellectuelle que le
monde doit être gouverné, et Charles possédait l'art
de se gagner les hommes de génie.
Un vaillant général français, le duo Charles de
Bourbon , ayant été vivement molesté par le roi ,
passa du coté de Charles. Celui-ci le reçut à buts
ouverts, et lui fit partager avec le vioe^roi de Naples,
Lannoy, et le marquis de Pescahre (Percer»), le pre-
mier guerrier de son tempst le commandement des
armées impériales en Italie*
Françoise perdit au contraire, dans Tannée 15QU,
son plus valeureux, guerrier, le chevalier Bayard,
qui pendant qu'on ramenait les troupes de l'Italie,
sauva l'armée au pont de la Sesia par son dévoue-
ment héroïque, et fut lui-même frappé mortellement.
Les avantages de la guerre parurent tout à l'avantage
de l'empereur; Milan fut reconquis et les Français
repoussés d'Italie. Mais Charles ayant voulu attaquer
la France même et faire passer son armée en Provence
pour assiéger Marseille, pensa y perdre sa supé-
riorité* La France est difficile à entamer de ce côté)
la ville ne put être forcée et le pays environnant ayant
été dévasté par les ennemis eux-mêmes, Pescaire fut
obligé de faire retraite. Il fallut toute l'habileté de
ce général pour sauver l'armée à travers des chemins
si difficiles j cependant, le roi François Ier, qui le
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t
AFFAIRES DE CHÂRLCS-QItàtt HORS IW l'BMFIRE. 47
poursuivait deprès, conquit Milan et attaqua Pavie.
Les généraux impériaux se trouvèrent alors dans un
grand embarras : devant eux un ennemi beaucoup
plus fort qui menaçait la capitale* derrière eux le
territoire du pape, qui venait de faire une alliance
avec François î9t j enfin une armée qui manquait de
tout et était dans le découragement par suite d'une
longue retraite. Mais leur courage, leur sagacité,
leur bonne fortune, changèrent toutes les chances en
leur faveur.
Bataille de Pavie, 1525. — Le commandant qui
défendait Pavie, don Antonio de Ley va, ne se laissa
pas ébranler et soutint le siège avec opiniâtreté, jus-
qu'en février 1525. Pendant ce temps-là i Parmée
impériale reçut un renfort d'Allemagne de 15,0(30
lansquenets, sous les ordres du vaillant George de
Freundsberg ou Frundsberg j et le 28 février ils
attaquèrent le roi à Pavie. L'œil expérimenté de
Pescaire avait précisément saisi l'endroit par lequel
la roi ne s'attendait à aucune hostilité. Il croyait
ses derrières à couvert par un parc entouré de toutes
parts d'un grand mur j mais Pescaire avait eu le
soin d'y faire frayer une route là nuit précédente et
vint tomber tout d'un coup sur le dos de l'armée*
En même temps Leyva fit une sortie de la citadelle,
et Lannoy et Bourbon arrivèrent par un autre côté.
Bientôt le désordre se mit dans toute l'armée; les
Suisses, contre leur habitude, lâchèrent pied tout de
suite et prirent la fuite ; les troupes de Freundsberg
combattirent avee le plus grand courage , et c'est
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48 sixiemb époque. 4520 — 4648.
surtout à elles qu'on fut redevable de la victoire.
François Ier eut son cheval tué sous lui, et il se dé-
fendit à pied contre une foule d'espagnols qui l'en-
tourèrent sans le connaître. Par bonheur pour lui
que survint un gentilhomme français , nommé
Pomperant , qui servait sous les ordres du duc de
Bourbon ; il reconnut le roi et le somma de se rendre
au duc, mais le roi lui ordonna avec aigreur d'appe-
ler Lannoy. Il combattit encore jusqu'à ce qu'il arri-
vât, et alors le roi lui rendit son épée. Lannoy la
reçut à genoux et lui tendit la sienne en même temps:
« Il ne convient pas , dit-il , qu'un aussi grand roi
soit sans armes devant un sujet de l'empereur. »
Quinze jours après cette bataille, il n'y avait plus
d'ennemis dans l'Italie.
Charles était presque mécontent de son trop grand
bonheur qui ne lui laissait rien à faire. « Puisque tu
m'as pris le roi de France, disait-il à Lannoy dans
une lettre; je vois bien que je n'aurai plus rien à
faire, si je ne vas combattre les infidèles. J'ai eu
cette volonté toute ma vie et aujourdhui encore
plus* Arrange donc les affaires de manière que je
puisse encore, avant de devenir trop vieux, faire des
actions pour le service de Dieu , qui ne soient point
sans gloire pour moi. »
Le roi François Ier fut conduit à Madrid , et sé-
vèrement gardé. Cependant le conseil de l'empe-
reur était très partagé sur la manière dont il fallait
le traiter et les moyens de profiter de ce présent de
la fortune. Les uns, Lannoy avec eux, conseillaient
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AFFAIRES DE CHARLES-QUINT HOftS DB l'eMPIRE. 49
de traiter le roi généreusement, et d'extirper ainsi,
peut-être pour toujours, tout germe d'inimitié
entre les deux princes ; les autres, avec le chancelier
Mercurinus Galtinara à leur tête , voulaient qu'on
tirât de cette occasion tout l'avantage possible. L'em-
pereur prit un milieu entre ces deux opinions , et .
perdit tout le fruit de sa bonne fortune. Il goûta fort
l'idée du chancelier de recouvrer dans cette occa-
sion le duché de Bourgogne que la France avait in-
justement enlevé à sa grand'mère , et dont il faisait
un très grand cas; il l'exigea donc comme prix de sa
rançon. Mais il trouva trop dur et indigne de l'em-
pereur de garder le roi prisonnier jusqu'à la com-
plète exécution de la condition , comme le conseillait
le chancelier. Il se confia à la parole du roi; mais
oette parole , quelque affectation chevaleresque que
celui-ci mît à la donner, n'était rien moins que
sincère. Avant de signer le traité, ayant fait venir se-
crètement quelques hommes de confiance de Madrid,
il fit devant eux, en présence du nonce du pape , la
déclaration authentique qu'il ne serait pas tenu de
remplir ce qu'il promettrait à l'empereur, parce
qu'il était prisonnier; et le pape même Pavait
délié à l'avance de toute promesse qu'il pourrait
faire. Ainsi garanti contre sa conscience , il s'avança
vers l'autel , et jura sur les saints Évangiles de rem-
plir les conditions qu'il avait consenties. En même
temps il donna sa parole royale de rentrer en prison
au bout de six mois , s'il ne pouvait pas tenir ses en-
gagements. Mais tel est le beau fruit de cette science
r. n. U
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60 sixième époque, 1520—1648.
qu'on appelle la politique ; elle se croit le droit
de blesser les lois éternelles de la vérité et de la
morale.
François Ier fut mis en liberté eo 4526, après un
an de captivité , et il ne tint pas sa parole. Il pré-
texta que ses états ne voulaient pas consentir à
l'abandon de la Bourgogne, et offrit une grosse
somme d'argent pour la rançon de se» deux enfants
aînés qu'il avait envoyés comme otages en Espagne.
Mais Charles lui répondit « qu'il avait manqué à la
fidélité et à la bonne foi qu'il avait jurée en public
comme en particulier, et qu'il ne se conduisait pas
comme devait faire un homme de bonne naissance
et un roi ; que s'il voulait le nier, il lui déclarait
devoir le soutenir par les armes dans un combat
singulier, » François accepta le cartel , mais seule*
ment des lèvres (*)j car plus tard il sut décliner le
combat sous différents prétextes , et les penples fo-
rent obligés de vider avec leur sang ce combat que sa
passion et son ambition avaient soulevé. La guerre
éclata donc de nouveau entre Charles et François i*r.
Les impériaux à Rx)mel5St7. — Mais^ avant que cette
guerre ne commençât, il s'était passé vat feit inouï en
Italie. Leduc de Bourbon avait pris le commandement
en chef de l'armée impériale qui éUit d*fc&leJHiknaisr
(*) Est-il possible que François 1er ait cherché à évitée nu psfce&comfastt.
IlWffit de penser au caractère des deux princes pour savoir quel estcelui qui
ap« leaovirfc des prétextes poor r éviter. Voy. Gaillard, flirt . de Franc. Ier,
tonu II k pour ks détails <te<e fait» nvr.
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AFFAIRES DE CHlMJÊS-QUIKT HORS DE L EMPIRE. 51
après la mort du vaillant Pescaire. Or, le pays étant
dévasté , led généraux sans argent, les troupes mur-
murèrent et demandèrent leur solde. Tous les
moyens employés pour les apaiser furent inutiles,
et tout-à-coup l'armée, au mois de janvier 1527,
s'avança vers Rome sans aucun ordre de l'empereur ;
on ne peut décider non plus si ce fut sur un ordre
du due de Bourbon, qui avait peut-être de grands
plans d'ambition , ou si ce fut par une décision su-
bite de l'armée, qui espérait trouver dans Rome de
quoi fournir en abondance à tous ses besoins et faire
un riche butin. Du moins le duc de Bourbon céda et
arriva devantla ville, après une marche très difficile.
Le 6 mai fut donné l'ordre pour un assaut général à
l'ancienne capitale du monde. Bourbon fut un des
premiers sur le mur, et son exemple enflamma les
assaillants ; mais à peine y fut-il monté qu'il fut tué
d'un coup de feu. Cependant ses soldats entrèrert
dans la ville 1 et pendant plusieurs jours elle fut
livrée à la dévastation et au pillage, comme au
temps des Vandales. Le pape Clément VU, qui $'é*
tait sauvé avec ses gens dans le château Saint-Àngêf
y fut assiégé pendant plusieurs mois; jusqu'à ce
que, fproé par la nécessité; il promit une somme de
400,000 ducats , afin que l'armée pût recevoir tout
l'arriéré de sa solde.
Cependant l'empereur Gharles envoya à tous
les princes de la chrétienté , avec le plus grand
empressement, des lettres où il se justifiait de
ces événements qui arrivaient sans sa volonté
U.
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52 stxtfeME époque. 4620—4648.
et contre sa volonté ; et pendant que ses géné-
raux tenaient le pape assiégé dans le château Saint-
Ange, presque prisonnier, il faisait faire dans toute
l'Espagne des prières publiques pour sa délivrance.
Ou a accusé sa conduite d'hypocrisie ; cependant
il est bien vrai que son armée rebelle n'écoutait plus
ses ordres , et voulait avant tout toucher l'arriéré
de sa solde. Ce ne fut qu'au bout de dix mois qu'elle
obéit à son ordre et marcha vers Naples. Mais ses
excès dans Rome l'avaient tellement affaiblie que ,
quand le roi de France fit, cette même année 1527,
une nouvelle invasion en Italie , il pénétra sans ré-
sistance jusqu'à Naples et en fit le siège. Il fallut la
défection du célèbre marin génois, André Doria, qui
conduisait le siège de Naples du côté de la mer et
passa du côté de l'empereur, et en même temps
qu'une maladie contagieuse désolât l'armée française,
pour ramener la fortune du côté de Charles et
amener les deux partis, également fatigués de la
guerre, à la paix de Cambrai, en 1529. François
paya 2,000,000 d'écus (kronen) pour la déli-
vrance de ses enfants , et renonça à toutes ses pré-
tentions sur Milan, Gènes, Naples et les autres pays
de l'autre côté des Alpes ( il épousa Eléonore, sœur
de Charles-Quint); tandis qu'au contraire Charles,
sans exgier de suite l'abandon du royaume de Bour-
gogne, conservait cependant ses anciens droits.
Le temps était arrivé où Charles pouvait se mon-
trer avec dignité dans ses états d'Italie; il n'y était
encore jamais entré. Il aborda à Gènes en 1529, et
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AFFAIRES DE CHARLES-QUINT HORS LE L'EMPIRE. 53
s'avança de là vers Bologne dans une pompe digne
d'un empereur. Là, il avait concerté une entrevue
avec le pape, et elle eut lieu avec une grande so-
lennité. L'ancienne inimitié fut tout-à-fait oubliée.
Charles, suivant l'usage de ses aïeux , baisa à genoux
les pieds, du saint-père, et celui-ci le couronna solen-
nellement et avec un grande pompe comme empe-
reur et roi de Lombardie.
C'était le sacre du plus grand monarque qui ait
porté cette couronne après Charlemagne , et ce fut
le dernier empereur qui passât en Italie. Charles pa-
rut aux Italiens, qui ne l'avaient connu jusqu'alors
que comme un prince terrible, un maître doux et gé-
néreux, et leurs craintes se changèrent en une véné-
ration enthousiaste. Il ne retint pas même le Mila-
nais pour lui ; mais il le rendit généreusement au
duc François Sforce , qui le reçut à titre de fief de
l'empire ; ensuite il se hâta de passer en Allema-
gne et de se rendre à la grande diète qui se tenait
à Augsbourg.
Premières ligues des princes protestants.
Cependant en Allemagne grand nombre de princes
avaient déjà introduit dans leur pays les nouvelles
doctrines. Un des plus zélés était le jeune landgrave
de Hesse, Philippe-le-Généreux ; ce fut lui qui insista
auprès des autres princes qui partageaient sa
croyance et les décida à former une alliance pour une
jttUtMeUf défense cfcns le cas qù les a4yersm^
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m sixième époque. 1630— 464&
essaieraient d'employer la violence pour l'exécution
çle l'édit de Worras. Ses inquiétudes n'étaient pas
sans fondement. Déjà plusieurs princes catholique*
s'étaient rassemblés à Leipzig , et avaient délibéré
ensemble sur la nécessité de défendre en commun
leur pays contre l'introduction des idées nouvelles ;
ils avaient pour cela demandé l'assistance de l'em-*
pereur, et celui-ci leur avait promis dans sa ré-
ponse l'extirpation de toutes les erreurs de la secte
de Luther. Ainsi donc, en l'année 1526, à Torgau,
se forma une ligue entre le prince électeur de Saxe,
Jean-1'Opiniâtre ( son frère FrécJéric-le-Sage était
mort en i625), Philippe de Hesse, le duc de Bruns-
wick-Lunebourg , le duc Henri de Mecklenbourg ,
les princes Wolfgang d'Anhalt, les comtes Geb-
hard et Albert de Mansfeld et la ville libre de Mag-
debourg. Albert, margrave de Brandebourg, avant
grand-maître de l'ordre teutonique et alors duc de
Prusse, qui avait aussi introduit les nouvelles
doctrines dans ses états, conclut une alliance parti-
culière avec l'électeur de Saxe.
L'empereur, qui était encore alors en Espagne, fort
occupé avec son prisonnier, le roi François Ier, et eut
à soutenir contre celui ci une nouvelle guerre aussitôt
après sa délivrance, fit prendre patience aux princes
allemands qui désiraient voir la fin de leurs querel-
les., en leur faisant espérer une nouvelle diète aus-
sitôt qu'il aurait le loisir de venir chez eux. Il en
fit même convoquer une provisoire à Spire, en 1529.
Ce fut elle q^i tr^ncjia le pûeux lçs deu* partis, en
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PREMIÈRE* LTGUB8 DES PRINCES PROTESTANTS. 65
donnant un nom aux partisans des idées nouvelles.
Car la majorité des états, qui était catholique, décréta
ce qui suit : qu'il fallait conserveries édits essentiels
de la diète de Worms: que la messe devait être
conservée ; que ceux chez qui les nouvelles doctrines
avaient trouvé aoeèa devaient êe garder d'étendre
leurs innovations , et qu'aucun des sujets de l'em-
pire ne devait à cause de sa croyance prendre la dé-
fense d'un coreligionnaire contre ses supérieurs.
Ces arrêts de la diète furent loin de satisfaire les
partisans dje Luther, qui rédigèrent au contraire un
acte d'opposition et une protestation de laquelle ils
prirent le nom de protestants. C'étaient la plus grande
partie des princes que nous avons nommés plus haut,
comme ayant pris part à la ligue de Torgau. Mais
il y avait de plus George , margrave de Brande-
bourg, de la maison salique , et les villes de Stras-
bourg , Nuremberg 9 Ulm , Constance , Reutlingen,
Windsheim, Memmingen , Ltndau , Kempten, Heil-
bronn, \smy , Weisaeftbourg , NonUingen et Saint-
Confessi» d'Àugsbourg. 1530. — L'année sui-
vante se tint doue à Àngsbourg une grande diète
à laquelle l'empereur se rendit lui-même d'Italie,
^BWseiU' avait annoncé. Les députés des deux côtés
vinrent iu^6¥»at de lui pour tâcher de le gagner
à leur parti pendant k route. Hais il sut renfermer
ses pensées en lui-même et renvoya tout à fa diète.
Le 22 juin au soir, il fit son entrée dans la ville *
Ce tt'éftaît plus un jeune prince sans expérience,
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66 sixième époque. 1520—4648.
comme quand il vint la première fois en Allemagne,
il y avait dix ans ; c'e'tait un empereur au-dessus dé
tous les autres par sa puissance. Le monde entier ad*
mirait ses belles qualités. Le plus puissant monarque
était humilié devant lui , et Rome même n'avait pu
résister à une parcelle de sa puissance entraînée dans
l'insubordination . Son extérieur avait gagné en pre-
nant plus de dignité et plus d'énergie; il imposaitméme
à ses adversaires. Melancbton , qui était venu à Augs-
bourg avec l'électeur de Saxe, s'exprime ainsi à son
sujet dans une lettre de confiance : a Ce qu'il y avait
de plus remarquable dans cette assemblée , c'était
sans contredit l'empereur lui-même. Son bonheur,
qiui ne s'est pas une seule fois démenti, a dû exciter
l'admiration aussi dans vos contrées. Mais bien plus
digne encore d'admiration est sa grande retenue 7
après de si grands succès, quand tout lui réussit à
souhait ; car on ne remarque pas une seule parole
et pas même une seule action qui sorte des bornes
de la modération. Quel roi, quel empereur poorrais-
tu me nommer dans l'histoire que la bonne fortune
n'ait fait changer ? Chez lui , au contraire , elle n'a
jamais pu enivrer son âme. Chez lui, pas une seule
trace de passion, d'orgueil ou de cruauté ; car pour
taire les autres exemples , bien que nos adversaires
aient employé jusque là tous les moyens pour l'en-
traîner contre nous dans les affaires de religion,
cependant il a toujours reçu les hommes de notre
opinion avec affabilité'. Sa vie domestique est rem-
plie des plus beaux temples de retombe , de mode*
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PREMIÈRES LHM)fcS DES PlllfOtS PROTESTANTS. &7
ration et de tempérance. Celte discipline intérieure
autrefois si sévère parmi les princes allemands, ne
se retrouve plus que dans la maison de l'empereur.
Aucun homme vicieux ne peut se glisser auprès de
lui ; et pour ami il n'a que les plus grands hommes,
qu'il a su distinguer par leurs vertus. Toutes les fois
que je le vois , il me semble voir un des héros ou des
demi-dieux qui , dans les anciens temps, apparais*
saient parmi les hommes. Qui ne se féliciterait pas
de voir tant de belles qualités réunies dans un seul
homme et surtout dans un si grand prince. »
Malgré toute cette vénération attachée à la personne
de l'empereur, malgré la supériorité de sa puissance
etcelledes princes catholiques, tes princes protestants
qui étaient tous présents, présentèrent une résistance
si ferme» que même pour des pratiques purement
extérieures ils arrêtèrent l'empereur par leurs oppo-
sitions ; et le forcèrent souvent de révoquer des or
dres qu'il avait donnés. Ainsi , quand il ordonna que
tous les princes prendraient part à la cérémonie de
la Fête-Dieu, quiavait lieu le lendemain mémede son
arrivée , tous les princes protestants montèrent à
cheval dès le matin du jour, vinrent le trouver en
grande solennité, lui déclarèrent leur refus avec
fermeté, et il fut obligé de céder. Ils protestèrent
encore avec la même fermeté contre l'ordonnance
qui défendait à leurs prédicateurs de parler dans
Augsbourg; et ils le forcèrent daccorder que des deux
partis il n'y aurait point de sermons, etqu'onsecon-
tenterait & lire l'évangile et Yépîtve du dimnachç*
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W «mains i**Q*E. 4690—4644.
Ce fut surtout l'électeur Jean de Saxe qui donna
l'exemple de cette opiniâtreté qui lui valut le sur-
nom que la postérité lui donna. La menace même
4e l'empereur de lui refuser l'investiture du duché
de Saxe , ne put faire changer sa façon d'agir. Quand
donc il fut question dans les séances des affaires dç
religion , les princes protestants exposèrent à la diète
réunie leur profession de foi, et renfermèrent dans
quelques propositions courtes et claires tous legs points
ditns lesquels la nouvelle église différait de l'an-
cienne, Melanchtonen était l'auteur; 11 en avait com-
pose un seul tout dans le plus bel ordre, comme tous
f$$ ouvrpges, et les avait extraites des dix-sept ar-
ticle* de Ï4*ther et de plusieurs autres écrits que les
princes protestants avaient apporté* avec eux ; telle
ftit laqonfession d'Augsbourg, qui encore aujourd'hui
g$t la base de l'église protestante. Le chancelier de
$a*e, Bayer» en fit la lecture publique le 25 juin, et
gjie dura plusieurs heures. L'empereur leur fit ré-
pondre pqr Frédéric , comte palatin : « qu'il pren-
drait m eansidéfation cet important et remarquable
fécrit, et qu'il leur ferait enauttq connaître sa déter-
mination. »
Dans le conseil de Charles aussi bien que dans
«elui des princes catholiques, les avis étaient fort
partagés. Le légat du pape avee George àvc de
Saxe , Guillaume duo de Bavière et la plus grande
partie des évéques, demandaient que Charles exigeât
des protestants l'abjuration complète de leur doc-
trine V d Wresr et parmi çux le cardinal ççchevê-
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PREMIERE* LietTSS BES MtlffCIS WlOTBtTÀNTS. 69
que de Mayence, étaient plus modérés. Ils firent re?
marquer qu'un tel projet ne pourrait s'accomplir
sans beaucoup de sang répandu et des guerres intest
tines; ils rappelèrent les dangers de la part des Turcs,
qui récemment encore , en 1529, avaient osé pén
nétrer jusqu'à Vienne et attaquer la ville , heureur
sèment s$ns succès ; pt Us conseillèrent de réunir lea
protestants au sein de l' église , soit par 1m conviction,
soit par d'autres ipoyen? àfi flQuceur , ou du moins
défaire en sorte que la ra& intérieure de l'empire
ne fût pas troublée. ;
Ainsi , cppformémëRt à cette dernière opinion ,
la çonfre-p&rtip de Ip ppnfèsgipq d'^ugabourg &* *&*
digée par plusieurs théologiens catholiques. Eoktra*
vailla avec eux, Bile ftit l))e pux protestants avec
demande d'y acquiescer ; et cqmme ils affirmèrent
qu'ils ne le pouvaient pas , pn essaya plusieurs au-
tres moyens de réconciliation et d'accommodement ;
car les plus pacifiques et les plus ipodérés defr deux
côtés croyaient que ce n'était pas impossible. Met
lanchton écrivit même au légat du pape j < Il n'y a
plus qu'une petite différence dans les usages de l'E-
glise qui semble maintenant faire obstacle à 1a réur
flion , et les canons ecclésiastiques disent que l\i-i
nité de FEglise n'est pas rompue par une diversité
dans les usages, $ ftl^is lps zélés des deux côtés vin-*
rent mettre des obstacles ; et ce que Ton céda de
part et d'autre ne touchait pas aux points princi-
paux. En outre , plusieurs princes protestants et des
yiljes libres sç JgiçsèrçnJ i^fl^ençer p?F des considé*
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60 sixième époque. 1520—1648.
rations toutes humaines, quand ils virent qu'il était
question de rétablir la puissance épiscopale dans leurs
pays ; et du côté des catholiques , on tint précisément
alors avec opiniâtreté à des articles sur lesquels on
avait déjà uséd'indulgence, par exemple, pourl'Eglise
grecque et les hussites ; c'est-à-dire qu'on refusa
formellement alors le mariage des prêtres et la com-
munion sous les deux espèces aux laïques. Ainsi
furent renversées les tentatives de réunion , et les
deux partis , au lieu de s'approcher, ne firent que se
séparer de plus en pluà. Enfin , l'empereur fit signi-
fier aux protestants cette déclaration : « Qu'ils eus-
sent à réfléchir jusqu'au 15 avril prochain pour sa-
voir s'ils voulaient ou non se réunir pour les articles
en discussion avec l'Église chrétienne , avec le pape,
l'empereur et les autres princes, jusqu'à plus ample
explication dans un concile qui serait tenu pro-
chainement; que pendant ce temps de paix, ils ne
devaient rien faire imprimer de nouveau dans leur
pays et n'attirer dans leur secte ni leurs sujets, ni
des étrangers; que *# d'ailleurs, comme il s'était
introduit dans la^htnétienté des abus et des dé-
sordres de toute espèce , l'empereur ferait tous ses
efforts auprès du pape et des autres princes de
l'Europe pour faire convoquer un concile général
dans Pintervalle de six mois , ou au plus tard dans
un an.
Les protestants repondirent alors comme toujours,
que leurs dogmes n'avaient point encore été réfutés
parrïtoûtwre, et <jue leur conscience Wç leur per«
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MAIHTIKH DE LA PAIX M HÏLIOIOH. 64
mettait pas de consentir cette conclusion de la diète^
qui leur défendait la propagation de leur croyance;
et aussitôt ceux qui étaient encore à Augsbourg se
hâtèrent de partir. C'était une rupture formelle entre-
les deux partis. Dans les conclusions de là diète qui
furent ensuite rendues publiques , la doctrine de Lu-
ther fut traitée d'hérétique avec de très dures ex-
pressions; la restitution de tous les couvents et
établissements religieux confisqués fut sévèrement
exigée ; une censure pour tout imprimé en matière
religieuse fut établie, et Ton menaça les récalci-
trants de l'empereur et de l'empire.
Ligue deSmaikade. 1530. — Les princes protestants
se rassemblèrent encore à la fin de cette année à
Smalkade et rendirent leur alliance plus solide et
plus intime. Quelques-uns d'entre enx auraient volon-
tiers dès lors éclaté et décidé de suite la querelle par
les armes; mais , parmi le plus grand nombre, il y
avait encore cette ancienne et religieuse hol'reur
pour une guerre entre frères et cette vénération pour
la personne sacrée de l'empereur, ce sont leurs ex-
pressions; de sorte que ce fut ce sentiment vraiment ,
allemand qui sauva leur ligue du reproche de â'étre
marquée d'une tache de sang en soulevant sans néces-
sité une guerre de religion,
Ferdinand, roi de Rome. 1951. — Maintien de la paix de religion.
L'empereur, en partant d'Àugsbourg, s'était mis
en route pour Cologne , où il avait dopoe rendez-.
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03 stxifem éroQtm. 1520^- 1$M,
vous au* ^rincés électeurs. Là , il leur fit la proposi-
tion de choisir pour roi des Romains son frère Fer-
dinand, à qui il avait déjà cédé ses pays héréditaires
d'Aulridhe, et qui , depuis l'extinction de la maison
rojate de Bohême et de Hongrie dans la personne de
Louis U) mort dans la bataille de Mohacz, 1526,
contre le sultan Soliman II y avait obtenu les cou*
ronnes de Bohême et de Hongrie par de» droits fon-
d^ssor unancien traité d'héritage , afin qu'il pûtmain-
tenir l'empire dans le bon ordre pendantses fréquentes
absents. Les électeurs y consentirent/ et Ferdinand
fut couronné à Aix j il n'y eut d'opposition que de la
part de l'électeur de Saxe qui fit présenter fine protes-
tation à la diète par son fils et des etocà de Bavière j de-»
puis loûg-temps jaloux de là puissance de la maison
d'Autriche, qui firent même à oette ek)cdsion alliance
avec leurs ennemis eri nta&ière dé religion f les
princes de Talliaoee de Smalkadei
Lie niveau roi des Romains tenait beaucoup à la
conservation de 1* paix en Allemagne j parce que
squ nouveau royaume de Hongrie était vivement
pressé p*y les Turc» et qu'il comptait particulière-
méat sur les secours de» princes allemands. Mais les
princes proteata/its refusèrent leur coopération jus-
qu'à ce qu'on eût établi la paix Aura l'empire et pro-
mis de la maintenir. Alors l'empereur concerta une
nouvelle tentative de réunion, et elle amena enfin ,
conformément aux pressantes exhortations de Luther,
la paix provisoire de Nuremberg, en 1582. L'empe-
reur deekra qu'en yerta de sa toute puissance impé-<
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MAMTIftH M là PAU fift IOM010K. 6t
riale, « il voulait établir une paix générale, d'après
laquelle personne ne pourrait être incriminé et con-
damné pour sa croyance ou toute antre matière re-
ligieuse, jusqu'à la tenue prochaine du concile ou de*
étals de l'empire. »
Alors les secours contre les Turcs arrivèrent prompt
tement et il eut bientôt rassemblé une armée telle
qu'on n'en avait pas vu depuis long-temps. Le dan-
ger semblait pressant *, car le sultan S»lint*a était
parti avec trois cent mille hommes pour attaquer letf
pays autrichiens sur deux point* à k ibfej tt l'em**
pereur n'avait que soixante-seize mille hommes à lui
opposer. Mais dès les premières tentatives f les Turc»
purent voir à quels hommes ils avaient afbhfe» Ibra-*
him-Bassa , qui conduisait l'a vaut-garde y crut que ta
petite ville de Gunz , en Hongrie t qui \m aratt fermé
ses portes , lui avait fait affront y quelle allait foté
emportée du premier assaut et qu'elle avait mérité
pour cela une sévère punition ) mai» son vaillant
commandant Jurischtisch vepoilssa avec avantage
toutes ses attaques pendant quinze fo&rs cynll resta
devant ses murs. Alors Soliman réfiéthit à ce q*é
pourrait donc lui coûter Vienne* lorsque surtout
l'empereur était en marche pontf veair fcsôBaecoutôf,
et voyant que les primje^d'Alle«BagnetqtclI avait erto
en dissension, étaient toue réunis* il fil «ttaifldt tfte*
traite j ainsi tout le monde fut dans l'étonnetaefcf êe
voir le grand Soliman rctoonder ai prdaapiement à
une expédition qui lui avah oo4té trois ans de j*é-
pdTatifs.
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04 fixiEME éîw)Q«e. 4520—1648.
L'empereur Charles put alors s'occuper d'autres
affaires, et avant tout il se rendit en Italie pour se
concerter avec le pape au sujet de la convocation
d'un concile œcuménique.
Mais le pape Cle'ment VII ne s'en occupait pas sé-
rieusement et 4a cour de Rome ne le désirait pas ; de
sorte que Charles repassa en Espagne sans avoir rien
fait.
Tandis que. l'empereur était absent et que le roi
Ferdinand employait tous ses moyens pour établir
sa domination en Hongrie, la doctrine des protes-
tants se.répandait de plus eh plus en Allemagne, et
la division des esprits s'envenimait tous les jours.
Les protestants allèrent même, l'an 1534, jusqu'à
déclarer à la chambreimpériale qu'ils ne lui obéiraient"
plus; parce que, contrairement au traité de paix de
Nuremberg, elle avait écouté des plaintes et pro-
noncé une sentence contre eux lorsqu'il s'agissait
d'une restitution de biens confisqués à l'Église. Ainsi
était foulée aux pieds la paix du pays de l'empereur
Maximilien. -•— -Un autre sujet de querelle vint en-
core s'y joindre, c'était pour le Wurtemberg. Nous
avons déjà eu occasion de remarquer antérieurement
que le duc Ulric de Wurtemberg, vers le temps de '
h mort de Maximilien et avant l'élection de Charles, '
ava|t été chassé de son pays par la ligue de Souabé,
à cause d'une querdie qui lui était survenue avec la
villç de Heutlingtn. La ligue fit cession du pays,
d'ailleurs grevé de lourdes charges, à l'empereur
Charles, et celui-ci le donna , en 1530, à son frère
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MÀïSflEN t>E U *Àïfc t)È RELIGION. 65
Ferdinand avec les étals autrichiens, fl semblait
alors devoir appartenir pour toujours à la maison
d'Autriche j mais le duc dépossédé qui parcourait tout
l'empire comme un fugitif et cherchait à gagner des
amis , trouva protection près de son parent le duc
Philippe de Hesse; Ulric avait déjà reçu la doctrine
de Luther, et Philippe conçut dès lors la pensée de
le rétablir dans ses états , même par la force des
armes. Il leva donc une armée de vingt mille hom-
mes , se jeta à Timproviste dans le Wurtemberg , bat-
tit le gouverneur autrichien , près de Lauffen,1534>
et rendit aussitôt le duchéà Ulric. On crut que cette
invasion allait être le commencement d'une guerre
sanglante ; mais encore pour cette fois l'orage passa
sans éclater. Charles et Ferdinand étaient trop occu-
pés, et sans doute aussi qu'ils sentirent qu'il ne serait
pas généreux d'augmenter leur puissance, déjà si
grande avec le bien d'autrui, quoiqu'ils eussent
l'apparence du droit. D'un autre côté, les fédérés de
la ligue de Schmalkalde, qui n'avaient pas pris part à
la première expédition du landgrave, mettaient
beaucoup d'empressement à terminer cette affaire
par un accommodement.
De là la paix de Cadan en Bohême , par laquelle
' le duc Ulric recouvra ses états à titre de vavasseur
d'Autriche ; la paix de religion de Nuremberg fut
confirmée, et l'électeur de Saxe, avec toute sa famille,
reconnut formellement Ferdinand pour rot des Ro-
mains; et, afin de sauver au moins la dignité de la
suzeraineté impériale , il fut décidé que lé landgrave
t. u. 5
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66 sixième é?oq«^. ,1520-- 4648*
et lç duc Ulric feraient à genoux amende honorable
pour avoir rompu la pat* du pays, à l'empereur par
eux-mêmes eu personne, et au roi Ferdinand par un
délégué,
U^e autre circonstance se présente, qui semblait
çytrêuiementgr^ve et cependant ne put rompre défi-
nitivement la paix; c'était la guerre des anabaptistes
dans Munster, de 1533 à 1535. tes principes deThp-
mas Munzer, sur la liberté et l'égalité chrétienne et
sur la communauté des biens , aussi bien que sur la
révélation immédiate à chaque individu, n'avaient
pas encore disparu et s'étaient conservés surtout en
Hollande dans la secte des anabaptistes. Ils com-
mandaient à leurs sectateurs de faire pénitence et de
se faire baptiser de n ou veau , afin que la colère de
Dieil n'éclatât pas sur eux. Deux de leurs orateurs en-
thousiastes, Matthiessen, boulanger de Harlem, et le
tailleur Jean Bockhold ou Bockelsohn de Leyde, vin-
renten 1533 à Munster -9 précisément dans le même mo-
ment qu'un prédicateur, nommé Rothmapn, y intro-
duisait la doctrine de Luther ; ils le gagnèrent aussi Jlpi
au nombre des anabaptistes, chassèrent de Jta ville If s
citoyens riches, avec l'aide de la populace et d'autres
anabaptistes qui virent des pays VQ&ns, établirent
de nouveaux magistral et pairepj jtpus Jterç biens ,pn
commun. Chacun devait venir déposer dans un tréspr
, public tout ce qu'il possédait en pr, en argent au
en objets de prix; en même temps les églises furent
dépouillées de toutes leurs richesses, les tableaux bri-
sés et tous les livres, excepté la Bible, furent brûlés
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M^ifiY fES .m tk ni* »E JU5MGIOH. 67
en public, kçe verlige? comme presque toujours chez
des gens grossiers, se joignit une licence effre'née dans
les mœnrs et toutes les passions. Il fut reconnu que
la liberté chrétienne autorisait chaque homme à
prendre pjusieure femmes, et Jean de Leyde en
donna l'exemple en en prenant trois h la fois. Enfin,
un de ses partisans, qui se vantait d'avoir eu une
communication divine toute particulière, Jean Dus-
sentschur de Warendorf , le salua comme le roi de
toute la terre, qui devait restaurer le trône de David,
et vingt-huit apôtres furent envoyés prêcher cette
doctrine partout le monde pour le soumettre au nou-
veau roi j piais partout où ils vinrent, ils furent ar*-
rêtés comme séditieux et presque tous exécutés.
L'évéque de Munster et Philippe, landgrave de
Hçsse, marchèrent contre la ville et l'assiégèrent. La
Risette qui s'y fit sentir de jour çn jour plus forte ,
refroidiç bientôt le zèle du peuple^ Le nouveau roi
YOulut s'affermir par la terreuv et décapita même de
sa propre main une de ses femmes sur la place du
rçiajrçb^; parce qu'elle avait dit qu'elle ne pouvait
croire que Dieu eût condamné une si grande fou^e
$e Peuple à inourir de faim, tandis que le roi était
dan3 l'abondance;, Mais à la fin, quand déjà en effejt
_UUgraivJ nombre des habitants étaient morts de faim?
«feu? bourgeois introduisirent dç nuit l'armée de
l'archevêque dans la ville, le 25 juin 1535. Après un
çQjnkat sauglant, Jean de Leyde, avec Knipperdol-
ling, son exécuteur, et son chancelier Krechting,
furent, faits prisonniers et conduits en spectacle dans
5.
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C8 sixième époque. 1520—1648.
plusieurs villes d'Allemagne ; ensuite on les déchira
avec des tenailles rouges, et on les tua en les perçant
au cœur avec un poignard ardent. Leurs corps fu-
rent mis dans une cage de fer et suspendus au haut
de la tour de l'église de Saint-Lambert, sur la place;
le culte catholique fut ensuite rétabli dans la ville.
Guerres contre les corsaires d'Afrique. — Charles et François Ie'.
L'empereur avait entrepris sur ces entrefaites une
guerre qui lui fit le plus grand honneur. Un corsaire,
Haradin Barberousse, un des hommes les plus au-
dacieux et les plus extraordinaires de son temps, né
de parents obscurs dans l'île de Lesbos , s'était soli-
dement établi sur la côtenord d'Afrique. Iiavait attiré
à lui une foule de Maures chassés d'Espagne par le
roi Ferdinand-le-Gatholique, qui brûlaient du désir
de la vengeance, et troublait avec eux toutes les mers
de l'Europe. Sa cruauté et son audace en firent
l'effroi de tous les habitants des côtes j Alger et
Tunis étaient en sa puissance, et même le sultan turc
Soliman, avait confié à cet entreprenant matelot
toute sa puissance maritime , pour qu'il s'en servît
contre les Chrétiens. Des milliers de prisonniers lan-
guissaient déjà dans l'esclavage à Alger et à Tunis.
L'empereur Charles crut qu'en sa qualité de protec-
teur de toute la chrétienté, il ne pouvait pas souffrir
de pareilles cruautés ; d'autant plus que l'ancien roi
de Tunis, Hascen, chassé de ses états, était venu de-
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CHARLES EN AFRIQUE. 69
ipander sa protection. Il partit donc avec une armée
de trente mille hommes, plus huit cents Allemands
sou s les ordres du comte Max d'Eberstin et cinq cents
vaisseaux. Doria commandait la flotte, et l'empereur
lui-même avec le marquis de Vaston, commandait
l'armée de terre. Ce fut dans l'été 1535 qu'on vint
débarquer à Tunis; la citadelle de Golète, qui dé-
fendait le port, fut emportée d'assaut; toute l'artille-
rie fut prise et deux mille Turcs massacrés. Bientôt
l'armée de Haradin Barberousse , qui était dans la
plaine sous les murs de Tunis, fut elle-même battue
et mise en fuite , et la ville conquise ; les esclaves
chrétiens qu'on avait trouvés renfermés dans la cita-
delle j contribuèrent de toutes leurs forces, et Charles
eut enfin la joie inexprimable de sauver vingt-deux
mille de ces malheureux pris sur tous les peuples de
l'Europe, de recevoir les témoignages de leur re-
connaissance et de les rendre à la liberté et à leur
parents qui les avaient si long-temps pleures comme
morts. 11 avoua lui-même que ce fut un des plus beaux
jours de sa vie. Sa réputation se répandit partout, et
en effet il la méritait par la constance et le courage
dont il avait donné la preuve dans cette expédition
périlleuse ; c'est ainsji qu'il prouva par son exemple,
que ces barbares corsaires des côtes africaines pou-
vaient être enchaînés quand on le voulait sérieuse-
ment et énergiquement. Il rétablit à Tunisie roi Has-
cen , lui défendit d'acheter des esclaves chrétiens,
et retint la citadelle de Golète en son pouvoir,
comme garantie de son obéissance. Haradin s'était
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iQ SIXIEME ÉPOQUE. 15$0 — 4648.
enfui à Alger, et Charles résolût d'aller Vy pour-
suivre l'année suivante.
Une nouvelle guerre avec le roi de France em-
pêcha l'exécution de son dessein. Ce prince renou-
vela ses prétentions sur le Milanais à la mort de
son duc, François Sforce ; et pour s'assurer un che-
min libre en Italie, il s'empara tout d uit coup par
là force des armes du duché de Savoie, dont le duc
Savait mécontenté. Charles vitlat nécessité de là guerre
et résolut d'en transporter le théStrë darts le sud de
la France. Ne tirant donc stucun profit de l'instruc-
tion que lui avait donnée sa première? expédition si
malheureuse, sous le duc de Bfourbon, il osa la re-
riduveler en 1536, pénétra jusque devant Marseille
et assiégea la ville. Mais elle était trop bien fortifiée,
et tout le pays ayant été ravagé par lés Français
eux-mêmes, la disette et les maladies forcèrent le
roi, art bout de deux mois, à faire retraite avec rirte
perte d'une partie de l'artillerie et des bagages.
En suite de cette expédition eut lieu à Nice une
suspension tfarmes pour dix ans, par Feutrerhise du
pape, en 4*538; et bientôt après les deux rivaux
eurent une entrevue à Aiguës-Mortes, à l'embouchure'
4iï Rhrn ; ce fut le roi de Ftàùcé qui en fit la pro-
position. Le conseil de l'empereur crtit qu'il n'était
pas sans danger de se rendre sur le sol de France;
niais Tè projet plut d'autant niîerïx à Charles qu'il
était extraordinaire. Quand il arriva dans le port, lé
rôi s'avança lui-même à son vaisseau pour le re-
cevoir, et le conduisit à terfe. Un festin royal y avait
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CHÀRLFS EN AFRIQUE. 74
été prépaie, ainsi qu'une grande fête qui se prolon-»
gea fort avant dans la nuit. Le lendemain matin, ce
fut le Dauphin lui-même qui présenta à l'empereur
l'eau pour se laver et la serviette; des deux côtés on.
rivalisait Je civilité et de témoignages d'amitié. Ce
n'était £oirithypoerisiè> tousles deux désiraient une*
paix durable; et l'année suivante, 158*9 , François
donna une nouvelle preuve dé ses bonnes intentions»
La ville dé Gond, en Flandre, s'était soulevée contre
Charles à l'occasion de nouvelles impositions et
àVait offert au roi de France de se mettre éous sa
protection; mais le roi en fit aussitôt instruire l'em-
pereur et lui proposa en même temps de traverser
k France, depuis l'Èspagnfe, pour abréger sa route
et arriver plus vite en Flandre. Gharles accepta sans
méfiance ; partout il fut reçu avec de grandes fêtes;
entrait-il dans une ville, on venait au-devant de lui
apporter les clefs de la ville; à Fontainebleau où
était le roi , il fut retenu par des fêtes magnifiques
pendant quinze jours, et pendant six jours à Paris.
La révolté de Gand fut bientôt apaisée , et peu-'
datotque rempèrdur y était encore, vinrent des nou-
velles fort pressantes qui l'engagèrent à venir èri*
Allemagne, où sa pf éfeénce était nécessaire pour ré->
prîttDfr le dékordt-e qui augmentait tottè les jours. *
H tfccérfà à letors désirs et se rendit -en iS2i k là
cfiète de Ratisbontoe. Nous raconterons plus bas ei
saris interruption comment alors et plusieurs années
âpres encore, pour réunir les partis, il eut constam-
ment recours à des voies de douceur et d'accommodé-
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72 sixième ÉroQUEé 1520—1648.
ment, à des éclaircissements réciproquesentre les deux
partis ; comment il employa les écrits, les discussions
publiques et toute son éloquence ; comment enfin
le maintien de l'union dans l'Allemagne fut la
pensée fondamentale de son gouvernement, et d'ail*
leurs une nécessité de son règne, dans la crainte des
Turcs qui menaçaient d'un côté et des Français
d'un autre, avec qui sans cesse de nouvelles guerres
éclataient. Ici nous allons encore jeter un coup d'œil
sur quelques événements du dehors, qui nous con-
duiront jusqu'au temps où Charles fut obligé de se
consacrer tout entier à l'Allemagne.
Expédition de Charles-Quint contre Alger, 1541.
—De la diète de Ratisbon ne, Charles passa en Italie,
et de là partit pour l'expédition qu'il avait déjà ré-,
solue à l'avance. Son grand génie , qui visait toujours
à quelque chose d'extraordinaire , crut que rabais-
sement des corsaires d'Afrique était un but digne
de lui; d'autant plus que Barberousse l'avait excité
à la vengeance par de nouvelles dévastations sur les
côtes d'Espagne. Cette expédition ne commença pas
sous d'heureux auspices ; la saison pour la navigation
sur la Méditerranée était déjà trop orageuse, et
l' habile marin, André Doria, ne pronostiquait rien de
bon. Mais Charles n'aimait pas reculer et l'expédia
tion eut lieu* Le 20 octobre 1541 la flotte atteignit
la hauteur d'Alger et l'armée opéra le débarquement.
Mais dès le soir, avant que Partillerie, les bagages et
les provisions fussent débarqués , une terrible tem-
pête s'éleva , arracha les vaissçgux de leurs ancres ,
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CHARLES EN AFRIQUE. 73
les jeta sur la cote ou les poussa en pleine mer; et
une pluie effroyable tomba avec une telle abondance
que les guerriers débarqués sur le continent passèrent
toute la nuit dans l'eau jusqu'à la cheville du pied,
et que, pour n'être pas entraînés parla tempête, ils
furent obligés d'enfoncer leurs lances en terre et de
s'y cramponner. Alors il n'y avait plus à songer à la
conquête d'Alger, sans artillerie et sans provisions
pour Farinée, mais seulement à sa propre conserva-
tion ; car le jour suivant la cavalerie légère des Turcs
se mit à la poursuite de l'armée déjà accablée de
fatigues.
Dans ce danger, Charles prouva qu'il était grand
à la guerre comme partout. Pendant trois jours d'un
voyage le plus pénible au milieu de l'eau et de la
boue , il conduisit son année, sans cesse harcelée par
l'ennemi , tout le long de la côte , jusqu'à la baie de
Metafuz, où s'était rassemblés une partie des débris
de sa flotte. Il ne se distinguait pas d'an simple sol-
dat et partageait avec eux les plus dures privations
et les plus grandes fatigues; mais aussi il réussit à
soutenir le courage de ses soldats et à ramener heu-*
reusement les débris de son armée. Il mit à la voile
pour l'Italie et passa même de là en Espagne.
Quatrième guerrecontreFrançois Fr. 1542-1544.—
Le roi de France avait profité de l'absence de Charles,
pendant qu'il était à Alger, pour 3e mettre de nou-
veau en état de faire la guerre.Toutes ses tentatives
d'alliance avec l'empereur n'avaient pu lui faire ou-
blie}- le duchç 4e Milan j il crut donc que le teropç
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74 sixième &»oqoe. 4520^1648.
était venu d'en faire encore une Fois la conquête, et
il renouvela son alliance avec les Turcs. Ainsi tandis
que Charles e'tait à se reposer de ses fatigues, tout
épuisé par les pertes de Pexpédition d'Alger , Fran-
çois entra en campagne; mais l'incapacité de ses
généraux* opposée à toute l'expértertcé des gêné1
rabx espagnol, aussi bien que la disette et lès riialâ-1
diës, firent que éinq armées ne purent rien faire
darislâ première éatalpagne et ftireht obligées de i^éti-*
trefr dans lé plus triste état.
L'année suivante, 1543, Cliarles sei^hdit éh Italie-,
et de là de l'autre côté des Alpes, dans le bas Rhin*
éù lé dtic dé Clèves avait fait alliance avec Fran-
çois Ie* 5 et ce prince^ qui depuis peu commençait à
fovôrisei* les doctrines dé Luther , devait étïe le pre-
ihïer k sentir l'autorité impériale. L'apparition de
Charles dans ces contrées fut tottt-à^fait inattendue.
On diiait parmi le peuple, qu'à Son retour d'Alger
il avait essuyé un naufrage dans lequel il avait péri:;
et dans éëtte croyahce ils i*egardaient la taonvelte de
ion arrivée ctonimeiinéfeble* La petite ville déticn
roi '] sur une stonlitmtièii qu'il M fil dé se i*éttdre,
rëjpfrndit : * qu'elle ne? le craignit gerètà, paWë
qu'il était depuis long-tèmpfckpâtnrç des poiisofcav*;
Mfeiè feà Êspîlgndls ayant emporté la ville d*as$aht
riiaïgrétous lés obstacles, et l'ayant livrée aux flam-
mes,' alors l'épouvante et lseffroi se répandirent
J>attout le pays. On disait que le roi amenait aveé
lui une espèce d'hommes noirs et sauvages, qui
avaieht'dé grands ongles aux doigts avec lesquels ils
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AFFAIRES DE RELIGION EN ALLEMAGNE. 75
escaladaient les murailles les plus inexpugnables , et
de grandes dents avec lesquelles ils déchiraient tout.
Ce que Ton racontait des prodiges du nouveau monde
et de ses habitants, était très propre, danscètte époque
si féconde en merveilles , à donner croyance à ces
récits. D'ailleurs les troupes de Charles étaient ëri
grande partie de vieux guerriers qui avaient noirci
aïi Soleil et au grand aîr, qu'aucun danger n'effrayait,*
et qui, quand ils montaient à 1 dsàâùt, enfonçaient
leurs glaives ou leurs lances dans les fentes des murs
pour s'élever et escalader ainsi le rempart. L'épou-
vante qui marchait devant lui eut bientôt soumis
tout le pays et toutes léfc Villes 5 le duc de Clèves fut
obligé de venir demander grâce à genoux et il ne l'ob-
tint que sous la condition qu'il n'abàndonbérait pasl&
loi catholique ; que ce qu'il avait change il le re-
mettrait sur l'ancien pied , et qu'il ne se laisse-
rait entraîner dans aucune alliance contre l'em-
pereur.
Il n'y eut dané cette année rien de remarquable
contre la France ; mais l'année suivante , Charles
ayant rassemblé de plus grandes forces, après avoir
tenit une diète à Spire , datte l'hiver de tèh& à 15A/i,
et s*étre assuré de lai côdpétâtitm de lotis îëi £rihcë&
allemands , entra dès le commencement du printçmp?
dans le pays mente de «0» enneiai^ à la téée d'onç
très belle i*méé. II ëontjiiit d'âbotd Sâmt-DMér;
ensuite il marcha droit sur Paris ; Epernay , Châ-
teau-Thterryy étaient déjà prtsj l'&tmée n'était pins
qu'à deux jours de marche de la capitale , etéësfiâ-
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76 SIXIÈME ÉPOQUE, 1520—1648.
bitants s'enfuyaient effrayés, lorsque le roi Fran-
çois ICr fit des propositions de paix. L'empereur les
accepta de suite , parce que les affaires se compli-
quaient de plus en plus en Allemagne ; et le 22 sep-
tembre 1544, la paix fut signée à Crépi. C'est la
dernière que fit Charles avec le roi de France. Il
n'y eut aucun changement dans le fond de la que-
relle ; la Bourgogne resta au roi de France et le Mi-
lanais à l'empereur (*).
Affaire» de religion en Allemagne Jusqu'à la guerre de Schmalkalde.
1534—1546.
En Saxe, dès Tannée 1532, l'électeur Jean-le-
Constantavaitété remplacé par son fils Jean-Frédéric,
prince rempli d'équité et de loyauté ; mais aussi trop
réservé et bien différent de l'actif et téméraire Phi-
lippe de Hesse , qui marchait toujours à la tête des
princes protestants et était le plus entreprenant
d'entre eux.
(*) L'auteur a négligé dans ces détails tout ce qui est du succès de nés
armes pendant ces guerres; mais il omet surtout de parler des reproches
que les historiens français font à l'empereur : ils disent, par exemple, que
Charles- Quint avait promis l'investiture du duché de Milan à François Ie*,
pour obtenir le passage par la France en se rendant à Gand ; ils lui reprochent
d'avoir ensuite refusé, à peine hors às& frontières, d'avoir cherché à débau-
cher ses alliés, et surtout d'avoir fait assassiner deux de ses ambassadeurs,
justifiant ainsi le bon mot de Triboulet qui faisait comprendre au roi qu'il
aérait plus fou que lui s'il le laissait passer .Voy. Gaillard, Bist.de Franc. I**9
tpm.m. N. T,
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AFFAIRES DE RELIGION EN ALLEMAGNE. 77
Non seulement ces deux princes étaient en con-
tradiction par caractère , mais de plus grandes raisons
encore de division étaient survenues parmi les protes-
tants. Dès la dixième année de la réforme il s'était
élevé entre eux une dissension au sujet du dogme
de la communion ; Luther entra dans la lice contre
Karlstadt d'abord , pu is contre le réformateur des
Suisses , UlricZwingle , avec lequel il eut, en 1529,
à Marsbourg, une conférence religieuse qui n'amena
aucun résultat. Les deux partis s'accusèrent récipro-
quement d'être dans Terreur. La lutte fut acharnée
parce que la passion y prit part; la différence d'opi-
nions fut même un obstacle à l'unité et elle aurait
pu facilement entraîner la perte complète de la nou-
velle église, si les catholiques avaient su profiter de
celte division.
Mais la dissension était aussi grande parmi eux ,
puisque, comme nous venons de le voir, les ducs de
Bavière s'étaient mis dans la ligue de Schmalkalde ; et
plus tard , quand il s'en séparèrent , lorsque le dan-
ger semblait plus grand pour la nouvelle église, lès
sévères partisans de Luther , sur le conseil de leur
chef même, se réconcilièrent pour quelque temps
avec les Suisses y par une espèce de concordat, à
Wittenberg ; alors les Suisses et plusieurs autres
villes de la haute Allemagne entrèrent dans la
ligue.
La propagation de la nouvelle doctrine était de
jour en jour plus rapide. Des évéques mêmes > ceux
de Lubeck , Gamin et Schwérin , entrèrent dans k
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iffi .. pfiïm t*°m- ikn— J&I& .
„fvwvp\U é$w, et k? vieil j%ctenr & Çplpfjne,
JJçrnifinn, fur leqpei npus donnerons plus bas dçs
jfyéfoils, prenait sériensçjxient se? dispositions pour
ïÇ^iiyye le#r p^eniple,
, Pgpc^pt qe teipps-là? un des plus importante chan-
gements f'el^it fait dans les pays savons La moitié
de ces prpvincçs, ^veq les vjllqp de Dresde et de
Leipzjg9 appartenait au duc Çepi^e, un des plus
jjélés défenseurs de rppcienne ^gljse^ qui employait
tpute $a puissance à empêcher rintrp.ductiqn de la
.nouvelle dpctriue dans ses états, $tyis ses deux en-
fants moururent avant h|i} pt sor frère Henri de
-Alle.nbourg, pçpe du duc Mayrjçç » qui devint plijs
jtard électeur, qui se trPUYaiJs désormais son héritier,
.$ait an contraire attache' de tonte ^opâme aux doc-
trines de Luther. Quand donc le duc George mou-
rat j ^U nxois d'aypl 1*$9? le premier acte du gou-
r yerneipent de Heari fnt d'introduire la réforme dans
•tQUfl sçp états. Le plus grand nombre de ses sujets
c'y soumit de ton cqenr ; l'université même de Leip-
jsjg fnt tpnte changée % sans une trop grande résis-
.^flfjcç^ }#$ pjns zé|p§ tl^eolpgiepp furent chassés du
pp3y$, p^ :priv^.dç Jfirçrs fpnptians, et leurs plages
j&fgfty.Açnqéçs à 4es parons de la nouvelle doc-
; Un penjblaWe changement eut lieu dans le Brande-
bourg, presque dans le même temps. Le prince
,Jp3chim p% zélé catholique, eut pour successeur,
en 153i, $pn fils Jpachim JI, qui avait été élevé
par sa iftère , princpase du Danemarck , dans les prin-
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dpes hîthp'riens, Cp prince, Tm;i i£3Qi jçppour-age'
p^r l'expinple de Vpvéque de Brandebourg, Akjthiqs
Jagpw, se soumit à 1$ coufe^ion 4'AHg$bpurg Çt
introduisît 4a#s rçea ét^s imp in$titutip£ pcpl&ias-
tique qui se rpppo^ait epcore beaucoup £ Vhr-
cienne djspipliçe, mai* dont lias points £apjta,wx
étaient cependapt tput-à-faitçpnfQrm^aijx prirçpipfs
dp la réformp*
La supériorité qu'avait acquise la nouvelle doc-
trine dans le nord de l'Allemagne décida lç yieu£
cardinal Albert, archevêque de Afayence et prippe
de la maison de Brandebourg , à cesser toute résis-
tance pour Jes évités d« Magdebqurg et4q9ftlh£*f-
tadtet à pç ^étirer £ Mayence, laissant Ips. profast§nts
{établir 4p$ églises conwrçe ils rentendpientdanstoutps
les can?p*}gnes et les villes dp ce pays, wçyewq&nt 4e
grosses spmmes d'argot qu'on lui fit toiipbgr»
PIms l^s affaire étaient ?0 mauyajs itat f plys
l'empereur pt spfl frpre Ferdinand prepaiwt à cœ^r
. la réurçiqn ^ partip, et ii^proyoqflajpijt dp terpfs
à autrp 4e ftOHvellep (conférences religipnsç* ^ h $?-
guenap, pu XfikQ, p*u apj^àWprpi^, gp 1541 j.QÙ
Melapphtoq pt JjSçk $p trouvent en pr^pjpcp^ et- |a
çaêmp apnép qnppffi à RatfshpTOeà l^q^pUe jTejppç-
.reqr J^i-^me siss»^ s* prit JWrt ?ypp bça^çpnjip 4e
Tout fut imitée : lg nouvelle 4PÇ.tH»Çf #afà trqp
profondément séparée 4e rançienneetw même temps
trop d'intérêts s'y rattachaient ; de tous cot^s, partipij-
. Hq'ementducpté d$s princes , une foule de consîdo-
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80 smisMfi ÉpoQtJÉ. 4520—4648.
rations mondaines venaient à la traverse; et au milieu
des mœurs barbares de cette époque , il était impos-
sible d'obtenir un examen calme, sans passion et
approfondi des questions. Comme donc ces tentatives
de réunion n'apportaient aucun résultat , ou de très
minimes, l'empereur eut recours à son moyen ha-
bituel de remettre la décision à un concile général et
de confirmer pendant ce temps-là, pour les protes-
tants, la paix de Nuremberg. Ainsi en agit-il à la
diète de Ratisbonne, 1541, avant de partir pour
Alger ; à Spire, en 1542, par l'entremise de Ferdi-
nand et du prince Joachim de Brandebourg, quand
il voulut réunir toutes les forces de l'empire contre
les Turcs; et en 1544, dans la même ville et dans
une deuxième diète très brillante à laquelle assistèrent
les sept princes électeurs en personne , présidée par
lWpereurCharles,lorsqu'ilpréparaitcontrelaFrance
sa dernière expédition que nous avons déjà racontée.
Et cependant déjà les protestants avaient cherché
l'appui des armes. Le duc Henri de Brunswick, prince
aussi zélé catholique qu'inquiet et passionné , était
en inimitié avec l'électeur de Saxe et le landgrave de
Hesse, particulièrement à cause de la religion; des
deux côtés on publiait les pamphlets les plus acerbes ;
car dans ce temps on combattait son ennemi avec
toutes les armes que peut fournir la passion. De plus
les villes de Brunswick et de Goslar qui faisaient par-
tie de la ligue de Schmalkalde, avaient demandé pro-
tection aux princes protestants contre leur duc qui
les opprimait et les pressurait de toute façon ; Pcm-
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A FF A-IRES Dfi RELIGION EN ALLEMAGNE. 81
perêur même et le roi Ferdinand lui avaient déjà
reproche sa violence contre elles, mais toujours en
vain. A la fin la ligue de Sclimalkalde leva en toute
hâte une armée, en 1542, tomba sur son duché, en
chassa le duc et retint le pays dans sa possession. Le
duc Henri courut demander du secours à l'empe-
reur; mais celui-ci renvoya l'affaire à une diète.
Il fut arrête' à la diète de Worms , 1545, que l'em-
pereur gouvernerait en attendant les états de Bruns-
wick jusqu'à la décision de l'affaire par la voie de la
justice. Ce moyen parut trop lent à ce duc exalté,
qui volontiers se serait mis à la tête du parti catho-
lique. Il avait coutume de dire : « Menacer au nom
de l'empereur, c'est chasser avec un faucon mort. »
Son ardeur lui fit commettre une déloyauté à l'égard
du roi de France, François lel. Ce prince ;luLavait
donné de l'argent pour enrôler ep Allemagne des-
troupes à son service , et sitôt qu'elles furent rassem*.
blées, le duc entra à leur tête dans son duché, en
l'automne 1545 , pour l'arracher à ses. ennemis; mais
le landgrave de Hesse fut bientôt sur pied avec son
armée, et l'électeur de Saxe et le duc Maurice se met-
tant en même, temps en campagne, ils resserrèrent si
étroitement le duc dans son camp de Galéfdd, près
de Nordheim , qu'il fut contraint de se rendre pri-
sonnier avec son fils. Alors le margrave le conduisit
dans sa forteresse de Zigenhain,etrempereUrsecon-
tenla de l'avertir de traiter son prisonnier avec
bienveillance et avec les égards dus à un prince.
Cependant la diète de Worms, quoiqu'elle eût
il. 6
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8* *nrèME ÉPeçtj», 1630—16+8.
aja<â servi à conserver h paix de religion, n'en
avait pas moins laissé voir que la scission allait tou-
jours croissante; les plaintes des deux partis deve-
naient de plus en plus fortes. Les catholiques ne
manquaient pas de mettre en avant dans leurs wfettî-
initiations la confiscation des biens ecclésiastiques
dans les pays protestants ; et les protestants, de leur
côté, refusaient de reconnaître les arrêts de la
chambre impériale en pareilles matières et même en
d'autres, parce que les catholiques n'y voulaient
souffrir que des juges de l'ancienne croyance. La
défiance était déjà montée à un si haut degré , qu'il
n'y eut qu'un très petit nombre de princes protes-
tants qui parurent à la diète. Le grand moyen , pour
arriver à une réconciliation , sur lequel Charles avait
auparavant beaucoup compté, c'est-à-dire un
concile général, fut même inutilement employé
alors; parce qu'on y eut recours trop tard et qu'il
ne fut pas tenu dans des formes équitables. La cour
de Rome avait enfin donné sou consentement;
elle cenvoqùa te concile pour le 15 mars 1545, à
Trente, en Tyrol , et il fol solennellement ouvert
le là décembre de cette même aimée. Mais les pro-
testants refusèrent de hii reconnaître l'autorité pour
décider sur leurs affaires; leurs raisons étaient :
que le concile était convoqué sur les frontières de
Fftalie , dans un pays tout-à-feit étranger aux moeurs
àe& Allemands, ce qui, par conséquent , ne pouvait
manqtier d'avoir une funeste influence. Ensuite, que
Je pape, qui les avait déjà condamnés comme héré-
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AFFAIRES DE RBUGIOU EN ALLEMAGNE. 83
tiques ou du moins ne les traitait que comme des
accusés, prenait la présidence au concile comme
leur juge. Que pour que le concile pût être regardé
comme indépendant, il fallait qu'ils y jouissent des
mêmes droits que les autres (*). »
Long-temps auparavant l'électeur palatin Fré-
déric, qui venait de passer à la nouvelle Eglise,
avait fait une proposition qui aurait pu avoir un
résultat avantageux, si tout le monde avait été
animé de bonne foi et d'intentions pures; c'était :
« de convoquer un concile général d'Allemagne, et
d'envoyer ensuite au concile de Trente, comme
étant la voix de tout le peuple allemand, l'accom-
modement qui aurait été arrêté entre tous les partis. *
Cet expédient, libre de toute influence étrangère,
par lequel la nation aurait été représentée pou*
exprimer elle-même ses besoins, semblait le seul
qui pût être de quelque utilité et conduire à une
conclusion en matière religieuse. Mais cette propo-
(*) 11 était facile de répondre que le lieu n'empêchait point le contile d'élfe"
œcuménique et d'avoir toute son autorité ; que si l'on né connaissait point les
mœurs des Allemands, leurs évoques pouvaient les faire connaître; que, àd
teste, cette raison ne pouvait être alléguée que pour les détails dans Usé règles
de discipline, pour lesquelles l'Église s'en rapporte assez volontierêà l'autorité
ecclésiastique du pays, puisque même l'Église gallicane n'a point admis les rè-
glements de discipline du concile de Trente; qu'enfin le concile ne pouvait avoir
tin autre président que le pape, parce qu'il est ridicule de demander qu'une
autorité établie soit mise en question par cela seul qu'elle est attaquée, et
qu'elle aille se soumettre à un jugement. En un mot, tous ces prétextes ne
pouvaient point autoriser à rejeter des institutions de quinze siècles et des
dogmes essentiels. N. T.
6.
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A4 sixième époqcê. 4520—4648.
sition ne trouva point d'écho , et la division s'accrut
entre les partis.
L'inquiétude de l'empereur et des catholiques,
qui craignaient de voir les protestants avoir la supé-
riorité dans l'empire, n'était pas sans fondement.
Déjà dans le conseil des princes trois des quatre
électeurs laïques avaient adopté les nouvelles doc-
trines (quoique l'électeur palatin et celui de Bran-
debourg n'aient pris aucune part à la ligue de
Schmalkalde ) , et maintenaient même un des trois
ecclésiastiques , Hermann , le vieil électeur de Colo-
gne , qui se montrait de plus en plus porté pour
elles. Il voulait , avec le consentement d'une partie
de son chapitre, introduire dans son archevêché
une réforme importante ; il avait déjà fiiit travailler
ce projet et même fait venir Mélanchton deWitten-
berg, dans ce dessein. Mais l'université et le maire
de Cologne et une partie du chapitre , s'étant pro-
noncés contre ces nouveautés, se tournèrent vers
l'empereur et le pape. Cette université avait déjà
antérieurement à la réforme, du temps de Jacob
Hoogstraten, pris une part très active dans la lutte
contre les humanistes , c'est-à-dire les professeurs
et répétiteurs des langues anciennes , nommément
contre Reuchlin, et elle avait été plus tard une des
premières à condamner les principes de Luther.
Dans cette confusion toujours croissante, comme
aucun jour ne se montrait pour la réconciliation,
l'empereur Charles crut qu'il fallait avoir recours à
Vin dernier moyen, de l'emploi duquel une voix
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AFFAIRES DE RELIGION £9 ALLEMAGNE. 8$
intérieure l'avait toujours détourné, à la force des
armes, et lui faire décider la question. Son chance-
lier Granvella parla donc en secret avec le légat du
pape , le cardinal Farnèse , de la possibilité d'une
guerre contre les protestants ; il lui fit voir qu'une
coopération active du pape serait nécessaire, parce
que l'empereur était épuisé et que les princes catho-
liques étaient sans énergie; et le cardinal, dans la
joie où il était de voir l'empereur sérieusement
résolu , fit les plus belles promesses.
C'est ici un faux pas dans la vie de Charles V ;
car en prenant la résolution de décider maintenant
avec la pointe de son épée ce qu'il avait tenté si
long- temps d'obtenir par des paroles de douceur,
de paix et de réconciliation, il tomba dans une
grosse erreur; comme si la force d'un mouvement
intellectuel pouvait être enchaînée par une force
extérieure ! Depuis ce moment, il fut vaincu par
cette affreuse époque qu'il avait jusqu'alors semblé
maîtriser ; il ne put la contenir. Son génie vieilli
devenait de plus en plus sombre £t ennemi de ce
qui avait la vie de la jeunesse ; et dans sa mauvaise
humeur il voulait rompre avec son épée les nœuds
qu'il ne pouvait dénouer. Cet égarement de l'empe-
reur Charles dans les dernières années de sa vie res-
semble à une tragédie dans laquelle on voit un cœur
généreux succomber sous le poids des charges aux-
quelles le sort l'a soumis. Cependant ces dernières
années sont les plus brillantes de sa vie par ses ra-
pides succès au dehors; mais, précisément dans ces
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86 sixième époque. 1520—1648.
succès il perdit le point précis de modération qu'il
avait conservé jusque là. Aussi eut-il la douleur de
voir les plans ^ju'il avait disposés avec tant de peine
détruits sans ressource; de sorte qu'il ne lui resta
plus que de réunir toutes ses forces pour se tirer du
tourbillon , et sauver l'indépendance de son esprit
en se dépouillant de tout l'éclat de la grandeur ter-
restre. Par cette dernière résolution , sur laquelle
nous reviendrons plus tard, l'empereur Charles a
mis à couvert sa dignité d'homme et adouci la voix
de la postérité.
Mortde Luther, 18 février 1546. — Avant le com-
. mencement de cette triste lutte mourut Luther,
l'auteur de tout ce grand mouvement. Il avait dis-
suadé de tout son pouvoir de mêler la force exté-
rieure avec ce qui ne doit avoir son siège que dans
l'intérieur de l'âme ; et tant qu'avait vécu cet homme
énergique il avait conservé la paix (*). Bien des fois
(*) Luther n'était rien moins qu'un homme modéré ; il suffit d'ouvrir un
de ses liyres pour s'en convaincre et pour connaître la fureur de ses décla-
mations contre ses adversaires, surtout contre le pape, duquel il dit un jour :
« Il est plein de tant de diables qu'il en mouche, qu'il en crache, qu'il en... »
( Adver$. Papat., tom. VII ). Mais il faut convenir aussi que ses adversaires
lui répondaient presque dans le même langage : les épithètes, démon, gueule de
l'enfer, etc., ne lui étaient pas épargnées. — Il était aussi très dur et exigeant
avec ses partisans, comme on peut le voir dans les lettres de Calvin à Mé-
fegothon et dans les écrits mêmes du pacifique Mélancthon, quelque soin qu'il
prenne d'excuser son maître. Cependant on ne peut lui refuser d'avoir eu plus
de modération dans ses principes que dans ses paroles ; il ne voulait aucun
emploi delà force pour soutenir sa doctrine, et il eut certainement un beau
moment quand il voulut arrêter les anabaptistes et la fureur de guerre des
princes réformés. Voy. Gaillard, Hist. Franc. Ier, tom. III, luthéranisme.
N. T.
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PRÉLIMINAIRES BB LA GUERRE. 67
il avait dit aux princes que sa doctrine était étran-
gère à leurs armes , et par conséquent il vit avec
peine, dans les dernières années de sa vie, qu'on
multipliait les précautions , que la division se tran-
chait , et il n'en augurait rien de bon ; le sort ce*
pendant lui évita de voir éclater ces funestes discor-^
des. Il était malade depuis plusieurs années , et étant"
parti pour TEisleben au commencement de Pannéè
1546, afin d'y vider un différend du comte de Mans-
feld , il y mourut le 15 février à l'âge de 63 ans, eh
protestant encore, dans ses dernières prières, qu'il
avait vécu et mourait dans la ferme croyance
du Christ, le Sauveur du monde. Son corps fut con-
duit en grande pompe à Wittenberg et placé dans
le caveau de la chapelle du château.
frrélrmiuaires delà guerre*
Au moment de la diète de Ratisbonne, 1546, où'
les protestants sollicitèrent pour la dernière fois
a une paix durable , des droits égaux pour les évan-
gélistes comme pour les catholiques et un concile
équitable de la nation allemande, » l'empereur avait
déjà enrôlé des troupes et conclu son alliance avec
le pape. Il avait décidé, de concert avec lui , de pren-
dre contre Hermann, archevêque de Cologne, les'
mesures les plus extrêmes , et en effet ce vieillard
fut déposé de son électorat en toutes formes. Cette '
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88 sixième époque. 4520—1648.
conduite effraya les confédérés de Schmalkalde. Ils
firent donc demander à l'empereur quels desseins il
avait pour de tels préparatifs. Celui-ci répondit en
peu de mots : « que tous ceux qui se soumettraient
à l'obéissance trouveraient toujours en lui , comme
auparavant , des intentions bienveillantes, bonnes
et paternelles ; mais que tous ceux qui voudraient
lui faire opposition pouvaient s'attendre à être traités
par lui avec toute la sévérité nécessaire. » Et, peu
après, quand le message qui annonçait la conclusion
de l'alliance avec le pape fut arrivé, il déclara pu-
bliquement, le 25 juin • «que puisque tant de diètes
n'avaient pu produire aucun résultat , ils pouvaient
bien attendre avec patience la résolution qu'il pren-
drait au sujet delà religion , de la paix et du droit.»
Cette déclaration montrait manifestement l'inten-
tion de l'empereur d'avoir recours à la force , et les
membres de la ligue de Schmalkalde se préparèrent en
toute hâte à la défense. Mais le trop grand contraste
qui existait entre les deux principaux membres ne
faisait point espérer des suites bien éclatantes
pour eux.
L'électeur de Saxe, qui était attaché à sa croyance
de toute son âme et que rien d'extérieur à elle ne
pçuvait ébranler, ne voulait admettre aucun calcul
politique pour son alliance , et s'appuyait unique-
ment sur la conviction « que Dieu n'abandonnerait;
pas son Evangile. » 11 avait déjà antérieurement
refusé l'alliance des rois d'Angleterre et de France;
pgree qu'il les. regardait tous deux CQJume iudign^
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l'KEUMlfcÀlIUS DU L\ GUERRE. 80
de défendre des doctrines qui lui semblaient pures.
Il crut même qu'il ne pouvait s'allier avec les Suisses,
parce qu'ils s'éloignaient de sa croyance dans leur
doctrine sur l'Eucharistie; car des contestations sur
l'Eucharistie avaient éclaté avec une nouvelle
énergie pendant même la vie de Luther. L'électeur,
dont les idées étaient fort restreintes, ne pres-
sentait point les plans de Charles-Quint , depuis
long-temps médités contre lui ; et même il conser-
vait toujours au fond de son âme, pour l'ancien et
beau nom de l'empereur, cette vénération si digne
d'éloge qu'on ne trouve qu'en Allemagne. Et si son
chancelier, l'habile Bruck, à qui il confiait tout, n'a-
vait su mieux que son maître lui-même concilier,
les maximes de la politique avec la sévérité de ses
principes religieux , la ligue aurait eu encore beau-
coup plus à en souffrir.
Philippe de Hesse ne manquait non plus ni d'at-
tachement ni de zèle pour sa croyance; mais bien
d'autres motifs agissaient sur son âme et le diri-
geaient entièrement. Il fut poussé dès le principe
par une brûlante ambition, et si la combinaison
des événements ne l'avait durement et constam-
ment écarté du trône, il aurait pris une place re-
marquable parmi les amis et les généraux de l'empe-
reur. Maïs se trouvant alors placé par le sort à la
tête du parti contraire , son génie audacieux recher-
chait tous les expédients 1rs plus hostiles à Fempe-
reurs ; et il avait pour cela un regard infiniment plus
clairvoyant qvie celui de Pçiccteur de§3xc. Voloij-
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90 sixième époque. 1520—1648.
tiers il eût pris les armes dans maintes circonstances
antérieures et favorables , afin d'obtenir pour lui et
ses coreligionnaires certains droits qu'ils ne purent
obtenir de l'empereur que pour un temps limite.
Nous savons aussi comment déjà deux fois il avait
témérairement ose des coups de main hasardeux
pour Ulric de Wurtemberg et contre le duc de
Bnurswick ; mais alors toutes les fois qu'il s'agissait
de grandes entreprises, il se trouvait arrêté par
Télecteur, qui craignait toujours de manquer à la
légalité ; de sorte qu'il fallait un danger commun
pour contenir dans l'union deux esprits si différents
et hiémé si opposés. Cependant cette divergence
d*opinîoh devait nécessairement produire du trouble
an moment décisif.
C'était là le côté faible de la ligue de Schmalkalde ;
autrement 7 sous une bonne et sage direction con-
certée j elle était assez puissante pour obtenir un
succès complet dans une légitime défense contre
l'empereur. Et dans ce cas les moyens et les idées
de l'électeur de Saxe auraient été bien plus hono-
rables; car ainsi le parti protestant aurait pu dé-
fendre sa liberté de croyance avec avantage et lé-
gitimement, les armes à la main, sans aucun appel
aux étrangers , eux qui furent toujours si funestes
à l'Allemagne ; en conservant à la majesté impériale
tout le respect qui lui est dû , aussi long-temps du
moins qu'elle n'aurait pas franchi les barrières du
droit ; sans avoir recours aux déshonnétes artifices
de cette politique qui n'honore la vérité qu'autant
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PRÉLIMINAIRES DE LÀ GUERRE. 91
qu'elle est d'accord avec Pintérêt. Mais la lîgue de
Schmalkalde n'avait point d'unité dans sa direction
non plus que dans son but. Un grand nombre de
princes importants ne s'e'taient point rattachés à
1 alliance et allèrent même renforcer l'empereur.
Le jeune duc Maurice de Saxe, quoique protestant
aussi lui-même , cousin de l'électeur et gendre du
landgrave Philippe , était secrètement en intelligence
avec l'empereur. Le margrave de Brandebourg,
Jean de Gustrin , se sépara de la ligue, et celui de
Baireuth, Albert, prit même publiquement du ser-
vice contre elle. Cependant le duc Maurice était un
des hommes les plus remarquables de son temps.
Jeune , actif et téméraire , il possédait déjà ce regard
perçant de l'âge mûr qui pénètre les rapports des
événements entre eux, et assied d'après eux des planrf
pour ses desseins. Son extérieur même annonçait un
homme accompli : un œil de feu et pénétrant , et
dans sa figure brune , on voyait les traits du héros.
L'empereur Charles lui-même qui faisait peu de cas
des Allemands, surtout de ceux du sud , et n'en es-
timait aucun particulièrement, apprit bientôt à
connaître le jeune ducet tout ce qu'il yavaitdegrand
dans sa nature , et il sut le préférer à tous ses autre*
courtisans. Maiscequi manqua au duc Mauricecomme
à F empereur lui-même , ce fut de n'avoir pas eu
autant de profondeur dans les principes que de pé-
nétration et de clarté dans la vue pour saisir tous
les rapports des événements temporels. Car cette
piété intérieure et calme , cet amour des beaux serir
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9S sixième époque. 4520 — 1648.
timents, ce respect sacré pour la vérité et pour la
justice qui fout que l'homme sacrifie tout ce qui est
terrestre pour les idées éternelles et ne cherche qu'à
maîtriser son humanité pour développer son être
moral; ces sentiments de l'aine les plus grands,
les plus nobles, ne se rencontraient ni dans Charles,
ni dans Maurice. Chez eux, l'intelligence dominait
le cœur, et la sagesse était la loi vitale. Aussi peu
d'hommes peuvent-ils se vanter d'avoir possédé
leur confiance; et leur silence a fait de leurs actions
autant d'énigmes pour l'histoire.
Maurice voyait dans l'avenir bien plus loin que
l'électeur son cousin ; il découvrit de bonne heure qu'il
ne pourrait résister dans la lutte contre la prudence
et l'adresse de Charles; et c'est de là qu'il conçutla
pensée de se faire lui-même le chef de la maison de
Saxe. Il pourrait peut-être avancer pour sa justifi-
cation , qu'il ne restait pas d'autre moyen de la sauver ;
mais pour obtenir ce but, sa loyauté et sa véracité
durent être mises à de dures épreuves. Il ne se réu-
nit pas à la ligue de Schmalkalde, parce qu'il voulait
s'attachera l'empereur jusqu'à ce qu'il eût obtenu
son but et qu'il fût temps de marcher indépendant.
Quand la ligue se forma, il s'efforça de l'arrêter ; et
quand on lui demanda d y prendre part, il refusa et
déclara qu'il ne voulait prendre les armes que pour
la défense de son pays. Mais déjà il était en secret
d'intelligence avec l'empereur ; combien étroitement
était-il lié, et sous quelles stipulations? c'est ce qu'on
ne peut savoir authenliquement ; malheureusement
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PRÉLIMINAIRES DE LA GUEHRË. 95
il est vraisemblable que déjà on lui avait donné
comme récompense des espérances sur l'électorat.
Quel combat dut-il par conséquent sentir au fond
de son âme, quand l'électeur, au moment de son ex-
pédition contre l'empereur, lui confia son pa}rs pour
le protéger et le lui rendre fidèlement ensuite! Ce-
pendant aucune marque extérieure ne découvrit ce
combat intérieur, et la sagesse l'emporta sur la vérité;
pour ne pas se trahir , il accepta la protection de
l'électorat.
L'empereur fit tous ses efforts pour présenter cette
guerre comme n'étant pas purement guerre de reli-
gion. Dans une proclamation aux principales villes
protestantes, Strasbourg, Nuremberg, Augsbourg et
Ulm , imprimée à Ratisbonne, il assurait positive-
ment: «Que les préparatifs de sa majesté impériale
n'avaient aucunement pour but d'opprimer la reli-
gion et la liberté ; mais uniquement de forcer à
l'obéissance quelques princes récalcitrants, qui sous
le manteau de la religion pensaient entraîner dans
leur parti d'autres membres du saint empire , et
qui avaient perdu toute considération pour la jus-
tice et l'ordre, et pour la dignité impériale. » Mais
les bourgeois allemands, avec leur bon sens, senti-
rent bien qu'une partie de cette proclamation n'était
que des mots et de quels dangers lisseraient menacés
par la ruine des princes ; ils demeurèrent donc forte-
ment attachés à la ligue des évangélistes. D'ailleurs un
événement auquel il ne s'attendait point vint rendre
inutile tous ses efforts. A peine avait-il conclu avec
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9* sixième époque, 1520—1648.
le pape son alliance, dont le contenu e'tait précisé-
ment en opposition avec sa déclaration aux villes de
la haute Allemagne, que celui-ci la rendit publique
et fît paraître dans tout le pays une bulle dans la-
quelle il représentait l'entreprise de l'empereur
comme une sainte entreprise pour la religion. « La
vigne du Seigneur, y disait-il, doit êtte purgée par
le fer et le feu des mauvaises plantes que l'hérésie
a semées en Allemagne. » Par cette alliance le pape
promit un secours de douze mille fantassins italiens
et mille cinq cents hommes de cavalerie légère qu'il
devait entretenir pendant six mois à ses frais. Eu
outre, il donnait deux cent mille couronnes pour
la guerre, permettait à l'empereur de jouir pendant
le. courant de l'année de la moitié des revenus des
biens ecclésiastiques en Espagne, et d y vendre pour
cinq cent mille scudi de biens de couvents. De son
côté Charles promit de forcer par ses armes tous les re-
belles d'Allemagne àl'obéissauce à la chaire de Rome,
de faire revivre parmi eux l'ancienne religion et de ne
faire sans la permission du saint-père aucune conven*
tion qui pût être désavantageuse pour l'Eglise ro-
maine avec ceux qui appartiendraient à la nou-
velle hérésie*
Par ce manifeste, la guerre dut prendre , contre
l'intention de Charles, un air de guerre de religion,
et c'est «e que désirait le pape. Mais alors les pays
protestants furent animés d'une inexprimable exas-
pération , et si les chefs avaient su profiter de ce
moment pour entraîner le peuple en masse $ s'ils
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avaient su le coaduire , jamais l'empereur n'aurait
pu résister avec ses Espagnols et ses Italiens. Car les-
aptres princes allemands, même les princes cathor-
liques, se tenaient tranquilles; iU craignaient de
voir l'empereur exeçcer la touie-piUssancç eu AUe-*
magpe apr^s avoiç accablé le& protestants.
«uenre cte SefattHald* 4M6— 1547*
Variée des villes de la haute Allemagne parut
la première ea caçapagne; c'était une armée d'élite,
squs un capitaine distingué, le chevalier Sébastien,
Sçbaerllin d# Burteabacbt, dans la dépendance
d'Augsbourg , homme habile et expérimenté dan*
tout cq quri a rapport à, la guerre et dont la vuo
tendait toujours, droit au vrai, but, qui ne voulait
point de demi-mesure et visait à F anéantissement
de son: ennemi. Il avait lait les campagnes contre
les Turcs et les Français et» avait assisté à la bataille
de Pavie et à la prise de Rome, sous les ordres dq
Bourbon. Latroijpe du duc Ulric de Wurtemberg,
commandée par le vaillant Jean de Heydeck, yint
aussi se réunir à luûSchœrtlin prit aussitôt pour plai*
de guerre de détruire dès le principe la puissance
militaire de l'empereur qui se formait; car Charles
qui se tenait toujours à Àugsbourg* avait tout au
plus huit, à dix mille hommes avec lui et y attendait
lçs troupes qu'il avait enrôlées en Allemagne et celles
q 'uil tirait de$ Pay$-&t* et de l'Italie.
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96 sixième époque. 1520—1648.
Schaertlin se dérigea d'abord sur une des princi-
pales villes d'enrôlement de l'empereur, celle de
Fuessen, sur le Lech, en Souabe. Mais les bandes à
son approche se retirèrent en Bavière, et lorsqu'il
était occupe' à les poursuivre arriva un messager de
de la ville d'Àugsbourg, au service de laquelle il
était particulièrement, avec Tordre de ne pas entrer
sur les terres du duc de Bavière, qui était neutre. La
maison de Bavière avait menacé .de se joindre à
l'empereur s'il ne quittait son territoire; mais si elle
eût voulu rester complètement neutre, elle n'aurait
pas non plus permis le passage aux troupes de l'em-
pereur. Ce fut donc avec le plus grand dépit que
Schaertlin s'arrêta sur le Lech, sans le passer;
car il avait dans l'esprit un projet plus grand encore.
S'il avait pu chasser promptement les bandes im-
périales devant lui, il aurait poussé jusqu'à Ratis-
bonne. Les troupes qui s'y trouvaient étaient encore
trop peu nombreuses; l'empereur aurait été vrai-
semblablement contraint de prendre la fuite, et la
haute Allemagne était perdue pour lui. Schaertlin
écrivit à ce sujet « que certainement Annibal
n'avait pas eu plus de douleur à quitter l'Italie, que
lui la Bavière dans un pareil moment.
Arrêté de ce côté, il forma aussitôt le projet d'em-
pêcher les troupes du pape d'arriver en Allemagne.
Jamais on avaitlevé en Italie une armée si bien équi-
pée ; des soldats courageux avec des chefs distingués et
tous remplis de zèle contre les protestants. Leur
chemin était de traverser le Tyrol ; Schœrtlin voulut
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GUERRE DE SCU.MiLKAL.1jK. M
leur couper la route. Il s'avança à marches forcées
sur Ehrenberg et s'empara par surprise de ce pas-
sage important, le 10 juin. De là il marcha contre
Inspruck , et il aurait certainement obtenu son but
d'occuper tous les passages, si un nouvel ordre ne
lui était survenu de la part des chefs de la ligue ,
d'évacuer le Tyrol; parce que le roi Ferdinand, à
qui ce pays appartenait, n'avait pas encore déclaré
la guerre à la ligue de Sihmnlkalde. Ainsi dès le
commencement, il parut assez d'incertitude et de
peur parmi les ligués, pour qu'un œil pénétrant pût
d'avance présager que leurs affaires ne seraient pas
heureuses. C'était en effet la plus folle pusillanimité,
quand une fois la guerre est inévitable, d'épargner
celui qui ne s'est peut-être pas encore déclaré comme
ennemi, mais en a du moins pris toutes les apparences.
Toutefois, il fallut que le général obéît et laissât
ainsi perdre le plus beau moment d'agir.
Pendant ce temps-là, les armées saxonnes et hes-
soisses s'étaient aussi mises sur pied et marchaient
vers la haute Allemagne. Les deux chefs écrivirent
le U juillet une lettre à Charles , pour lui dire:
«Qu'ils n'étaient point coupables de désobéissance,
comme l'empereur voulait les en charger. Mais
auraient-ils quelque chose à se reprocher, encore
serait-il équitable de les entendre auparavant ; et dans
ce cas qu'ils rendraient patent à tous les yeux que
l'empereur n'entreprend la guerre que sur les insti-
gations du pape pour étouffer les dogmes des évan-
gélistes et les libertés germaniques. » Cette dernière
T. II. 7
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98 sixième époquk. 4520—4648.
accusation est la plus grave qui ait été faite à l'em-
pereur par ses adversaires, et c'était alors pour la
première foisj mais elle fut reçue avidement et ré-
pandue par tout le monde. Cette seule parole, si elle
eût été crue vraie , aurait renversé tout le zèle de
religion des catholiques , qui n'auraient plus osé sou-
haiter la victoire à l'empereur sur ses adversaires.
D'autant plus que sa conduite dans le moment même
qu on lui faisait ce reproche , semblait confirmer l'ac-
cusation. Quand la lettre des chefs de la ligue lui
fut apportée , il ne voulut pas même la recevoir ;
mais il y répondit aussitôt par une déclaration du
ban contre les princes de Saxe et de Hesse. Il leur
reprochait leur désobéissance à sa parole impériale
et le dessein « de lui enlever la couronne, le 6ceptre
et toute autorité pour s'en revêtir eux-mêmes, et à la
fin forcer tout le monde de subir le joug de leur
tyrannie. 11 les appelle « rebelles , parjures et traîtres
à la patrie, » délie tous leurs sujets des devoirs d'hom-
mage et d'obéissance. Si cette réponse de Charles à
leur missive était dure , elle est conforme à la vio-
lence dé cette époque. Souvent dans l'exaspération
de là lutte chaque parti cherchait à l'emporter sur
son adversaire par la causticité des paroles j car l'o-
pinion publique n'était comptée pour rien. L'em-
pereur avait par ce dernier pas violé les lois du pays,
d'après lesquelles il ne pouvait pas seul , sans le ju-
gement des princes j mettre un état au ban de l'em-
pire.
Cependant, cette accusation si souvent portée
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4WJEHHE DE SGMf ALKÂLDB. 99
Contre lui d'avoir eu dans l'esprit de renverser toute
Ja constitution d'Allemagne pour se rendre seul
maflre indépendant , était trop forte. Mais on peut
bien le ranger, et Phistoire n'a point de doutes à ce
sujet, parmi les esprits qui tendent de tous leurs ef-
forts au plus haut degré de gloire et de puissance et
qui souvent forcent les anciennes institutions à plier
devant eux, quand elles se trouvent en opposition
avec celles qu'ils veulent établir. On ne peut fixer
en aucune façon jusqu'à quel point il en serait venu
avec l'Allemagne , si les circonstances avaient con-
tinué de lui être favorables comme elles le furent
pendant long- temps; car pour un coeur comme le
sien où les désirs n'ont de bornes que celles quHm-
pote la sagesse, sans aucune limite naturelle, les cir-
constances seules en sont la mesure. Ces grands gé-
nies entreprennent tout ce qui leur paraît avanta-
geux , et rien autre chose ; et l'empereur Charles
se gardait bien de tenter ce qu'il ne pouvait achever»
U gouvernait un si grand nombre d'états et avait de
si puissants adversaires en Europe, qu'il ne pouvait
espérer de pouvoir appliquer des soins aussi cow-
tante et aussi exclusifs que l'eût exigrf l'exécution
d'un plan de souveraineté absolue m Allemagne; et
certainement il était trop adroit pour F entreprendra
kwittleiBeat. Cependant il faisait encore smttr l'or-
gueilleux empereur et le dominateur de la moitié du
globe , en se dégageant des formes du droit dans des
circonstances particulières qui demandaient une
prompte exécution y de sorte que l'on peut dire que
7.
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400 sixième époque. 4520—1648.
la violation des droits de l'empire était plutôt dans
son esprit que dans ses plans.
Du reste il montra dès le commencement de cette
guerre de Schmalkalde toute la supériorité de son
génie et une grandeur véritablement héroïque. Quoi-
qu'il ne fût défendu que par quelques guerriers
seulement et qu'il fut entouré d'une armée de 70 à
80,000 hommes, la plus belle qui ait été vue depuis
long-temps en Europe, il ne réponditau manifeste des
princes que par une déclaration qui les mettait au
ban de l'empire ; ensuite il partit de Ralisbonne
avec sa petite armée pour Landshut , afin de se trou-
ver plus à portée des troupes qui arrivaient d'Italie.
Mais de peur que ses partisans n'en fussent effrayés,
il déclara en même temps qu'il n'abandonnait pas le
sol de F Allemagne et qu'il y resterait toujours vif ou
mort. Sa plus sûre garantie était la dissension qui
régnait dans le camp des alliés. Schaertlin était venu
rejoindre avec son armée les deux princes , déjà si peu
d'accord entre eux. Déjà le landgrave Philippe ne
partageait qu'à contre-cœur le commandement su-
prême avec l'électeur par lequel il avait souvent été
arrêté dans des entreprises qui demandaient de la cé-
lérité; et alors paraissait un troisième guerrier qui
possédait plus d'expérience qu'eux deux, sur qui
tout le monde portait des yeux d'admiration , et qui
devait emporter la plus grande gloire de cette guerre,
du moins pouvait-on le craindre. Il semblait presque
aussi que l'ancienne rivalité entre les princes et les
villes était venue troubler la parfaite intelligence»
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GUERRE DE SCHMÀLKALDE. 101
Du moins est-il certain que ce défaut d'intelligence
fut la principale raison du mauvais résultat. Quand
l'armée fut réunie, Schœrtlin conseilla encore alors
de tomber sur l'empereur à Landshut et de le cerner ;
mais on ne peut s'accorder et on perdit ainsi le temps
le plus précieux. L'empereur au contraire en tira le
plus grand parti, il réunit auprès de lui toutes ses
troupes auxiliaires d'Espagne et d'Italie et celles le-
vées en Allemagne; et quand il se sentit assez fort,
il remonta le Danube jusqu'à Ingolstadt. Là , il se
renferma dans un camp bien* retranché; car il n'osait
pas encore combattre en rase campagne , jusqu'à ce
qu'il ait fait sa jonction avec le comte de Buren qui
lui amenait un corps de troupes considérable des
Pays-Bas. Les ligués, qui l'avaient suivi à Ingolstadt,
se résolurent enfin à tirer le canon sur son camp
avant qu'il fût entièrement achevé, pour voirsi on ne
pourrait pas l'attirer à une bataille. C'était à la fin
d'août au point du jour. Ils serangèrent donc en demi-
lune etoccupèrent toutes les hauteurs de derrière avec
de l'artillerie. Les troupes brûlaient d'en venir aux
mains, et un assaut hardi, rapidement conduit au
moment favorable, aurait facilement donné aux
alliés une complète victoire. Car l'empereur était de
beaucoup inférieur en force et son camp n était en-
touré que d'un simple fossé. L'idée d'un pareil as-
saut n'échappa pas aux alliés ; le landgrave Philippe,
suivant quelques récits , Schaertlin suivant d'autres,
l'exprima au moment où le feu des douze grosses
bouches d'artillerie forçait les arquebusiers espagnols
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4Û& fiixiÈuB époque. 1520—1648.
de rentrer dans le camp d'où ils avaient voulu sortir.
Mais F irrésolution et le désaccord des généraux sus-*
pendirent encore cette fois cette décision qui devait
être subite. L'empereur qui excitait le courage des
siens avec le plus grand sang-froid et n'était effrayé
d'aucun danger, profita du temps pour achever sa
fortification ; et alors il pat considérer en toute sé-
curité les ennemis s'épuiser à tirer sur son camp.
Depuis ce temps Schiertlin i comme il le dit lui-
même, ne put avoir de cœur à cette entreprise; car
il ne voyait point qu'on s'appliquât à faire sérieuse-
ment la guerre.
Pendant cinq jours les princes canonnèrent le
camp impérial sans obtenir de résultat; et quand ils
apprirent que le général Buren arrivait des Pays-
Bas et avait passé le Rhin 9 il* levèrent tout d'un coup
le siège pour marcher à sa rencontre. L'empereur
pouvait à peine en croire ses yeux \ quand il vit une
si nombreuse armée se retirer a i nsi sans avoir rien fait j
alors il sortit lui-même à cheval hors de son camp
avec le duc d'Âlbe pour observer leur marche*
Cependant les fédérés ne purent empêcher la réu-
nion du comte de Buren avec l'empereur, qui de-
puis ce nouveau renfort commença à marcher en
avant , s'empara successivement de tontes les villes
du Danube et se vendit enfin maître de tout le cours
du fleuve. Quand ensuite il vient menacer Àugsbourg,
les citoyen* se hâtèrent de rappeler de l'armée de la
ligue leur général Scbaertlin pour venir k leur
secours,
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GUERR* DB SCHMALKALDB. 103
L'hiver arrivait, on manquait de provisions et
d'argent j dans l'armécde la ligue se montraient le dé-
couragement et la pusillanimité , parce que les gé-
néraux ne savaient inspirer aucune confiance. Les
Souabes, plus que les autres encore , étaient ennuyés
de la guerre, parce que c'étaient eux qui en portaient
tout le poids, et que depuis six semaines les armées
étaient en présence. Alors les princes envoyèrent une
dépêche à l'empereur, demandant la paix ou du
moins une suspension d'armes, afin de pouvoir en
traiter. C'était avouer tout haut sa faiblesse, la ren-
dre publique et s'avouer vaincu sans combattre. L'em-
pereur^ plein de joie, fit lire cet écrit devant toute
l'armée rangée en bataille ; et pour toute réponse le
margrave de Bandebourg fit savoir aux princes : a qu'il
ne connaissait d'autres chemins pour conduire à la
paix que de se soumettre à la discrétion de l'empe-
reur, l'électeur et le landgrave eux-mêmes avec tous
leurs partisans, leur armée f leur territoire et leurs
sujets. »
Sur une pareille réponse, les princes ligués se sé-
parèrent à Giengen , le dernier jour de novembre ,
et rentrèrent dans leur pays.
Leduc Maurice et l'électeur. — Un message pressant
appelait l'électeur de Saxe dans son pays, en lui an-
nonçant que le duc Maurice s'en était emparé jus-
qu'aux plus petits villages^ Car l'empereur avait
chargé son frère Ferdinand, comme roi de Bohême,
d'exécuter* d'accord avec le duc Maurice, la sentence
du to» 9 ontfe l'électeur ) et telle était deyemie h *\*
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104- sixième époque. 1520—1648.
tuation des affaires qu'il semblait que l'électnrat
était perdu pour toujours, si Maurice n'eu avait
pas pris lui-même possession. Telle au moins la pré-
senta Maurice , quand il convoqua les états du pays
pour obtenir leur consentement ; car il n'aurait pu
entreprendre une si importante opération sans leur
participation. Remploya tous les artifices de la rhéto-
rique pour donner à sa conduite et à ses désirs une
apparence de droit. Mais l'arrivée subite de Ferdi-
nand avec ses cavaliers hongrois qu'il avait amenés
de Bohême, eut encore plus de puissance. L'épou-
vante marchait partout devant ces hordes sauvages
et on regardait comme un bonheur de pouvoir se
rendre aux guerriers saxons de Maurice. Bientôt
tout Félectorat, excepté Witlenberg, Eisenach et
Gol ha furent entre les mains du duc. Cependant la
voix du peuple condamnait son entreprise. On le re-
gardait comme un traître à la croyance évangélique,
'et dans les chaires et dans les écrits des protestants,
il était l'objet de reproches très amers.
Alors l'électeur revint plein de dépit : c'était au
mois de décembre 15^6. Il n'eut pas de peine à
reconquérir son territoire et même à enlever une
partie de celui du duc, après avoir surpris à Roch-
litz et fait prisonnier le margrave Albert, envoyé
par l'empereur au secours de son ami. Maurice ne
pouvait non plus recevoir aucun secours de Bohême ,
parce que les états refusèrent d'entrer en campagne
contre leurs coreligionnaires saxons, et d'ailleurs le
roi Ferdinand avait qtielqpes inquiétudes pour spn
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GUEftllE DE 8CHMAUULDB. 405
propre pays. On y était même presque venu à une
re'volte ouverte , à tel point que le duc Maurice ne
conservait presque plus de son territoire que les
villes de Dresde, Pirna, Zwiclau et Leipzig, et
n'avait plus d'espérance que dans l'empereur
Charles.
L'empereur punit les villes de la haute Alle-
magne. — Charles , pendant ce temps-là , était
occupé à souniettre les villes protestantes du sud de
l'Allemagne. Ce n'était pas une entreprise facile ;
car ces villes étaient très fortes , comme générale-
ment dans ce temps-là. Chacune d'elles aurait pu
résister long-temps, et pendant ce temps-là les
princes du nord faire des préparatifs pour une
nouvelle campagne. Cependant on eût dit que la
peur leur avait enlevé à toutes leur sagesse ordi-
naire ; partout où l'empereur se présentait , les villes
se soumettaient : Bopfingen , Nordlingen , Dunkels-
buhl et Rothenbourg, lui ouvrirent leurs portes
sans tirer l'épée. La puissante Ulm envoya des dé-
putés qui , à genoux en plein champ , demandèrent
grâce en langue espagnole (ce qui fut, avec raison,
très mal vu de la part des confédérés), et paya
100,000 florins d'or comme amende. Francfort en
paya 80,000, Memmingen 50,000; les villes plus
petites payèrent proportionnellement , et enfin
arriva le tour d'Augsbourg. Cette ville avait les
plus belles murailles, 200 pièces d'artillerie et une
bourgeoisie nombreuse et guerrière; elle pouvait,
çn tenant ferme, réveiller le courage <Je toute la
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40* sixikm Ê9oqp& **20-»4#48.
ligue ; mais les gens riches de la ville rie tôttlaiefrt
pas voir le danger de si près. Un d'eux,» Àntoîftè
Fogger, se glissa dans le camp de l'empereur et eh
rapporta £our conditions que la villef paierait
150,000 florins d'or> qu'elle recevrait nne garnison
espagnole et chasserait le brave Schaertlin. Geltii^
employa dé nouveau tonte la force de *0tt éloquence
pour réveiller leur ckrarage ; il étt appela iflétoe à
leur traité avec lui , d'après leqtlêl ils fie poutaîétft
pa» k congédier. Alors i fef le supplièrent* avec lartnèa,
dé se retirer j il partit donc le cœur plein d'amer-
tume et se rendit en Suisse 5 et lêa Espagriofe prirent
possession de la ville.
Deux princes dans la haute Allefriaghe, outre
le» villes, avaient pria part h la guerre : UWc,
comte de Witlenberg, et Frédéric, éleetétir palatiri.
Ce dernier ^ cependant, n'était patf rtfembrë de la ligue
de Sctehalhaldejet il s'était Ctftfteèté, ëotafôrftréïtiëtft
k tro traité testamentaire, d'eatéye* Ifàk èènrts dàYa-
liers et shc «tente fantâSsiné antiHâires* iïct due de
Wnttemberg. D'ailleurs il était ntf ateidenfstricé de
l'empereur; ils avaient été élevés ënSèftible à
Bruxelles,* et par conséquent- il n'eiré patf âèpehië à
obtenir son pardon. Le duc Ulric, au contraire, fut
obligé de faire amende honorable, à gefctfùx avec son
ckmseil* de livrer ses plus fortes places avec toute
sèn artillerie et de payer 800,000 florins, après avoir
promis à l'empereur obéissance en tout.
Ainsi la ligue de Schmalkalde étaitprésqné anéantie
fian^lahaWe Allemagne, et l'empereur prft tfttésitâft
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&VSIUUE Ut SG»MAUUV*Br IOT
la résolution de ne dobnet aucun repos à son
armée qu'il n'eût aussi terminé cette affaire dans le
Nord. Le roi Ferdinand et le duc Maurice l'atten-
daient sur lEger, presque comme chassés de leurs
domaines. Il se joignit à eux, le 15 avril* et ils
célébrèrent ensemble la fête de Pâques; ensuite ils
repartirent en toute hâte, et dès le 22 avril Guniet
était sur l'Elbe * dafcs les environs de Meiseen*
Bataille de Hublberg. 24 avril 1647*
Long-temps l'électeur n'avait pu croire <]ué
Charles lui-même s'avançait centre lui ; mais c|ummI
il le vit , il se hâta de couper le pont près de Mets*
son y et de faire descendre son armée sur la rive
droite pour élre à portée de Wittenbergf sa capi-
tale. Il pouvait y trouver tous les mojeus d'ube
longue et vigoureuse résistance. L'eftipérenrj au con-
traire, ne cherchait qu'à attaquer l'ennemi, afin
de terminer proifipternent là guerre. Il s'avança
donc aussitôt jusqu'à la rire gauche de l'Elbe,
presque en face de l'électeur, cherchant un gué pour
passer le fleuve* L'électeur avait fait halte auprès
de la petite ville de Muhlberg- De* le aoir même de
son arrivée f l'empereur lui-même était allé fort
tardf avec son frère et le duc Maurice f sur le bord
du fleuve , sans pouvoir trouver un lieu favorable
pour passer^ car l'Elbe avait 1& trw ceftt jm cfo
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408 stxifcitft époque. 4620—1648.
large et la rive opposée était plus haute que celle
où il était. Mais le duc d'Albe amena un jeune
paysan à qui les Saxons avaient enlevé deux che-
vaux, et qui, pour se venger, voulait ainsi servir
leurs ennemis ; il assurait donc pouvoir leur mon-
trer un gué dans ce fleuve, Maurice lui promit 100
couronnes et deux autres chevaux. Le surlendemain,
à la faveur d'un épais brouillard, quelques milliers
d'arquebusiers espagnols cherchèrent à gagner l'au-
tre rive, à travers le gué ; puis un certain nombre
d'entre eux, après s'être déchargés de leurs équi-
pages, se mettent à la nage, le sabre entre les
dents, conquèrent quelques bateaux et les amènent
à l'empereur . On les chargea aussitôt d'arquebusiers
qui faisaient feu sur les Saxons de l'autre rive,
tandis que la cavalerie passait par le gué; chaque
cavalier avait un fantassin en croupe. Ensuite passa
l'empereur lui-même dont le paysan conduisait le
cheval par la bride ; puis le roi Ferdinand, le duc
Maurice et le duc d'Albe, général de l'empereur,
traversèrent aussi eux-mêmes.
C'était un dimanche matin , l'électeur était au
service divin, à Muhlberg, quand on lui apporta la
nouvelle que l'ennemi passait le fleuve, et, peu après,
qu'il était tout proche ; il ne voulut pas encore le
croire ni interrompre le service de Dieu, Enfin ,
quand il fut terminé, il n'avait plus que le temps
de suivre son armée qui se retirait en toute hâte ; il
donna ordre à l'infanterie de forcer sa marche pour
gagner Wittenberg, et & la cavalerie de retarder
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fctJERRË DE SCHMALKALDt* 409
l'ennemi par des escarmouches; rartillerie était
déjà partie devant pour Wittenberg. Les impériaux
poursuivirent les Saxons avec tant de célérité qu'ils
les atteignirent dans les landes de Loch au ; et bien
qu'ils n'eussent pas leur artillerie et qu'une partie
de l'infanterie fût restée en arrière , l'empereur n'en
donna pas moins Tordre de l'attaque, d'après le
conseil du duc d'Albe. Les cavaliers espagnols et
napolitains attaquèrent avec violence : Maurice
combattait lui-même parmi les premiers rangs. La
cavalerie saxonne fut mise en désordre et rejetée
sur l'infanterie qui s'était rangée en bataille en toute
hâte sur la lisière d'un bois. L'électeur donnait ses
ordres de sa voiture, parce qu'il ne pouvait pas
monter à cheval; l'empereur, au contraire, ne
laissa pas voir ce jour-là qu'il était malade; mais il
montait un cheval andaloux , tenant une lance à la
main droite, revêtu d'un casque et d'une cuirasse
dorés du plus grand éclat et l'œil brillant du feu de
la guerre. La cavalerie impériale , avec ce cri terri-
ble Hispania! Hispania! enfonça l'infanterie saxonne;
la fuite fut générale ; le désordre et l'effroi étaient
partout ; les fuyards furent massacrés sur toute la
plaine et couvraient de leurs corps une longue
étendue de terrain , depuis Kossdorf jusqu'à Fal-
kembourg et Baiersdorf. Un des fils de l'électeur fut
atteint par l'ennemi ; il se défendit avec courage et
tua encore un ennemi au moment où il tombait de son
cheval, frappé de deux grands coups de sabre. Il fut
heureusement sauvé par un cavalier saxon qui sauta
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410 sixifeifB M»#q<j«. 451©— 4«48.
aussitôt par terre; mais son père n'échappa pas. Il
avait quitte sa voiture pour fuir e^ montait un grps che-
val frison; mais il fut rejoint parla cavalerie légère, et
tandis qu'il faisait face tout autour de lui, il fut frappé
parup Hongrois d1un coup de sabre dans la joue gau-
che; le sang lui couvrit tout le visage, et cependant il
ne voulait pas 96 rendre. Dans ce moment uq cavalier
du prince Maurice, Thiion de Trodt, passe à traverses
Hongrois et lui crie en allemand dq sauver sa vie ; il
se rendit à lui, parce qu'il ét^it allemand , et comme
témoignage de sa reddition il tira deux anneaux de
son doigt, qu'il lui donna. Le cavalier le conduisit
au duc d'Albe , et celui-ei, sur la demande réitérée
du prince, à l'empereur quf était à cheval au milieu
de {a plaine. Jean-Frédéric, racqiite^t- on , sanglotait
profondément et disait, les yeux tourné* vers le
oiel i « Mon Dieu , aie pitié de moi , me voilà pi»i*-
sennter ! » Sa vue devait toucher tous ceux qui l'en-
touraient; le sang coulait de sa figure et couvrait
toute sa cuirasse. Il descendit de cheval avec laide
du duo d'Albe, et i\ voulait se mettre à genoux
devant l'empereur et en même temps tirer son ga»-
tclet pour lui prendre la main droite, suivant icp
roceurs des Allemands ; mais l'empereur ne te souffrit
pas et se détourna d'un air sévère. « Généreux et
clément empereur l * s'écria l'électeur. —* • Je suis
donc maintenant votre empereur très cléqnent; ce
n'est pas ainsi que vous me nommiez depuis long-
temps. » — « Je suis le prisonnier de votre majesté
impériale, continua l'électeur, et je demande qu'on
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frUgBRB »B SCBftfAUULM. 444
respecte eu moi la dignité de prince. » — • Bien, on
]a respectera comme vous le méritez, » dit l'entpe*
reur eu finissant Alors l'électeur fut conduit danç
le camp par le duc d'Albe , avee le duc Ernest de
Brunswick-Lunéville qui ayait aus$i été fait pri-
sonnier.
Ainsi se termina cette journée ai heureuse pour
l'empereur, et il écrivit à ce sujet dans le style dp
iGésar : a Je suis venu, j'ai vu et Dieu a vaincu. »
Après deux jours de repos , il marcha sur Torgau ,
qui se rendit aussitôt, et de là sur Wittenberg, la
capitale du pajrç. Elle était défendue par une forte
ej; bonne garnison, ; sps citoyens étaient pleins de
courage , et si elle l'avait retenu long-temps ,
Charles se serait peut être vu obligé d'abandonner
la Saxe sans avoir achevé son œuvre; car il n'avait
pas de préparatifs pour une longue campagne.
Alorjs il eut recoiyrs, dans son impatience, à un
expédient qui dépassait encore les bornes de son
droit et était contraire aux constitutions de em-
pire : il lit dire par un hérault à la princesse,
femme de l'électeur, et à ses enfants , que si la ville
ne se rendait pas, il allait leur envoyer la tête de
rélecteur. Et ayant reçu un refus , il fit condamner
le malheureux prince à mort par un tribunal de
guerre } ce qui ne pouvait se foire légalement que
dans une assemblée de princes. Probablement il ne
songeait pas sérieusement à l'exécution et ne voulait
qu'effrayer ceux qui étaient dans la ville. Mais comme
la violation du droit était dans la forme du juge-
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119 Sixième évoque. 4520—4648.
ment et qu'elle ne l'avait pas arrêté, il était à crain-
dre de la sévérité de l'empereur, qui ne faisait
jamais un pas pour reculer, qu'il n'en vînt à l'exé-
cution, s'il ne réussissait pas comme moyen d'effroi.
L'électeur, qui avait paru faible dans la prospérité,
montra alors tout le courage héroïque d'une âme
énergique. Sa condamnation à mort lui fut annoncée
pendant qu'il, était à faire une partie d'échecs avec le
duc Ernest de Lunebourg.il répondit avec calme:
« Je ne puis croire que l'empereur veuille en agir
de la sorte avec moi ; mais si sa majesté impériale la
définitivement résolu , je désire qu'on me le fasse
connaître positivement, afin que je puisse fixer ce qui
revient à ma femme et à mes enfants.
L'histoire ne dit pas que le duc Maurice eût pris
la parole auprès de l'empereur dans cette occasion;
tandis que l'électeur de Brandebourg arriva aussitôt
dans le camp impérial et s'efforça avec le plus grand
zèle de prévenir ce malheur par un accommodement.
11 y réussit à la vérité, mais sous les plus dures con-
ditions pour le prince Jean-Frédéric. Il lui fallut
renoncer pour lui et ses descendants à la dignité
électorale et à la propriété du territoire, qui passèrent
au duc Maurice. Ses places fortes de Wittenberg et
de Gotha furent livrées à l'empereur et l'ancien
électeur lui-même dut rester son prisonnier aussi
long-temps qu'il lui plairait de le garder ; Charles
aurait même pu, s'il l'eût jugé à propos, l'envoyer
en Espagne sous la garde de l'infant don Philippe.
Maurice devait fournir à l'entretien nécessaire pour
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GUERRE DE SCHMÀLKlLDB. 115
lui et sa maison, et on fixa pour cela les revenus des
villes d'Eisnach, Gotha, Weimar et Iéna. On vou-
lait aussi que l'électeur déchu s'engageât par avance
à accepter tout ce que le concilede Trente et la toute-
puissance impériale pourraient régler sur la religion ;
mais sous ce rapport il était immuable ; l'empereur
fut obligé de céder, et les Espagnols eux-mêmes
trouvèrent honorable une pareille fermeté de l'é-
lecteur.
Quand on connut dans Wittenberg que la ville
allait être livrée à l'empereur, quoiqu'on lui eût ga-
ranti le libre usage de la confession d'Àugsbourg, il
y eut de grands mouvements. Les bourgeois voulaient
se défendre jusqu'au dernier homme» ne pouvant
croire à la promesse d'une liberté de religion de la
part des Espagnols, qui avaient montré trop de
cruauté dans le pays. Mais l'électeur leur défendit
de tenter toute résistance, les assurant que l'empereur
tiendrait fidèlement sa parole. Ensuite la garnison
saxonne sortit de la ville, et on y vit flotter quatre
étendards impériaux. H y eut bientôt entre la ville,
et le camp des relations très fréquentes, et la défiance
disparut de plus en plus. Les Saxons furent témoins,
à leur grande admiration, des égards qu'on avait pour
leur ancien maître, qu'ils voyaient dans la tente du
duc d'Albe, servi par les premiers d'Espagne. La
femme de l'électeur parut elle-même en habit de
deuil avec ses enfants devant l'empereur, conduite
par les enfants du roi des Romains, et se prosterna
devant lui ; l'empereur la releva avec amitié, la con«r
t. it. 8
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414 sixifeifti **£$«*« 46*0-~f948.
sola dans son malheur et lui accorda que l'électeur
pasfât huit jours dans sa famille, au château de
WUtenbergé Bien plus, il alla lui-même dans la tille
et rendit à la princesse sa visite. L'impression que
fit sa grandeur d'âme, sa force et sa douceur, extir-
pèrent en partie cette antipathie que le pays avait
conçue contre lui ; et de son côté, il prit des idées plus
favorables sur le nord de l'Allemagne que celles que
lui avaient inspirées les ennemis des nouvelles doc-
trines* « Il en est donc tout autrement des pays
évangélistes et des gens évangélistes, que je ne l'avais
pensé, n disait-il alors. Et quand il apprit qu'à son
arrivée le culte divin de Luther avait cessé: «t tVoit
vient cela , dit-il j si c'est en notre nom qu'on a
cessé le service de Dieu, nous n'en sommes pas con*
tent! Nous n'avons pas changé la religion dans la
haute Allemagne* comment le ferions-nous ici? » Il
visita aussi la chapelle du château, et il y vit le
tombeau de Luther. Quelques-uns des assistants, on
dit le duc d'Albe, lui conseillèrent « de déterrer cet
hérétique et de foire brûler ses os , » mais Charles
répondit! «Laisse^le en repos; il a déjà trouvé son
juge; je fais la guerre aux vivants et non pas aux
morts*>)
L'empereur avait fc&efc de liberté d'esprit pour
aMlever au-dessus des mouvements des passions du
temps. Pourquoi fatit*il quechefclui, des considéra-
tions politiquéâ aient souvent obsôurci les lumières
de lit simple Vérité ! Car comment concilier cette
indulgence pour le parti protestant avec l'alliance
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GUERRE ÛÉ rtHMiLKALDB. 415
qu*ll avait conclue avec le pape. Maurice, le nouvel
électeur, se montra aussi lui très porte pour les
Wittenbergeois: « Vous avez été si fidèles à votre
prince, mon cousin, que je veux vous en savoir bon
gré toute ma vie, » disait-il , en prenant congé des
principaux citoyens de la ville.
L'empereur et Philippe de Hisse.
Le même jour que Charles entrait dans Witten-
berg, son ancien rival, François I**, roi de France,
était porté au tombeau; comme si la fortune avait
voulu aplanir à la fois tous les obstacles à ses projets.
De Wittenberg il marcha sur Halle, pour attaquer
le deuxième chef de la Hgue de Schmalkalde,le land-
grave de Hesse, et celui-ci ne vit d'espérance de
salut que dansPindulgence de l'empereur, alors tout*
puissant; il employa donc tous les moyens pou*
î'obteùir paf l'entremise de son gendre le prince
Maurice et du margrave de Brandebourg.
Tous les deux s'employèrent le plus activement
possible pour lui, et Charles dit enfin par k bouche
de son chancelier Granvella: a Que si le landgrave
venait lui-même se rendre à discrétion et s'il signait
toutes les conditions qu'il lui proposerait, il ne lui
enlèverait pas son territoire , qu'il lut laisserait la
-vie sauve et la liberté. » Ainsi du moins le comprirent
ses médiateurs, et ils s'engagèrent avec le landgrave
8..
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446 sixième époque. 1520—1648.
sur leur parole d'honneur, d'aller se remettre pri-
sonniers entre les mains de ses enfants, si Charles
ne le renvoyait pas en liberté. Sur leur parole, Phi-
lippe vint à Halle, le 18 juin, et le jour suivant il
fut conduit devant l'empereur. Ce prince était assis sur
un trône; autour de lui étaient rangés une foule de
grands, Allemands, Italiens, Espagnols, et parmi eux
le duc Henri de Brunswick, le prisonnier du land-
grave, qu'il avait été contraint démettre alors en li-
berté et qui venaitse repaître de son humiliation. Le
landgrave se mit à genoux au pied du trône, les yeux
fixés par terre, et son chancelierGuntherode à genoux
derrière lui, lut à haute voix l'amende hono-
rable à l'empereur. Elle était faite en termes très
humbles, et un témoin oculaire raconte que, dans
le trouble où l'excès de la honte jeta le landgrave,
qui se trouvait dans une si dure position, au milieu
d'une pareille assemblée , un petit rire se montra
sur son visage, comme si la nature manquait de res-
sources contre un sentiment si poignant. Mais ce rire
n'échappa pas à l'empereur, et le menaçant avec son
doigt, il lui dit dans son langage flamand, car il
parlait mal l'allemand : Wol, ick soll di lachen
lehren (Bon, je t'apprendrai à rire). Alors le
chancelier de l'empereur lut la réponse: «Bien que
le landgrave ait, comme il le reconnaît lui-même,
mérité la plus sévère punition, cependant l'empereur
veut bien, dans sa bonté et en considération de Tin-
ter cession qui a eu lieu en sa faveur, lui faire grâcef
lever le ban prononcé contre lui et lui laisser la vie
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GUERRE DE SCBMÀLKÀLDE. 417
qu'il avait mérité Je perdre. » Après la lecture de
cette réponse, le landgrave voulait se tenir debout
en qualité de prince libre ; mais l'empereur ne lui en
ayant point donné le signal et lui ayant même refusé
une promesse claire et solennelle du pardon, il se
leva de lui-même et se retira.
Il dîna le soir avec l'électeur Maurice et le mar-
grave de Brandebourg chez le duc d'Albe. Après le
repas, il voulut se retirer ; mais le duc lui déclara
qu'il était son prisonnier; il en fut tout surpris et ses
deux médiateurs, qui s'étaient engagés pour sa liberté
ne Pétaient pas moins. Us s'adressèrent à l'empereur
même, lui représentèrentqu'ils avaient donnéleurpa-
role de prince comme caution de sa liberté; mais l'em-
pereur nia avoir dit qu'il le renverrait libre de toute
captivité, en avouant toutefois l'intention de ne pas
lui imposer une prison perpétuelle. On comprend en
effet que ses conseillers purent promettre plus qu'il n'a-
vait dans l'esprit d'accorder ; ou même encore qu'une
méprise pût se glisser dans la correspondance du chan-
celier Granvella qu'on traduisait en allemand, et
celle des deux électeurs qu'on traduisait en espagnol
et en français. Cependant il aurait été plus hono-
rable de remplir auprès du landgrave la parole
des deux médiateurs. Mais d'un autre côté l'em-
pereur tenait beaucoup à garder prisonniers les
chefs de la ligue de Schmalkalde, jusqu'à ce qu'il eût
achevé en Allemagne tous les règlements qu'il vou-
lait y faire pour la religion ; car il croyait toujours
& la possibilité 4 u»e réunion des partisf et ces dw*
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118 sixième époque. 1620 — 1648.
princes -en étaient devenus les deux plus violents
adversaires. Et Charles, ne savait pas que la loyauté
et la générosité conviennent mieux à un roi et con-
duisent mieux au but que les calculs déloyaux ; car
si une fois on les admet pour règle, souvent l'homme
rusé se trouve lui-même pris au piège par un plus
rusé que lui. Le duc Maurice, qui ne pouvait pas
remplir son engagement et qui passait pour un par-
jure à l'égard du landgrave, se crut sans doute alors
dégagé des devoirs de la reconnaissance et de la sin-
cérité par rapport à l'empereur, qui interprétait si
arbitrairement sa parole et celle de son conseil; et
il pensa dès lors peut-être, qu'il ne devait y avoir
dans leurs relations que de la sagesse. Or, sous ce
rapport, il ne le cédait en rien à l'empereut.
L'électeur déposé et le landgrave Furent donc obligés
de suivre la cour et le camp de l'empereur partout
où il se rendait* Toutes les places fortes hessoises
furent rasées, même Cassel et Ziegenhain, toute
l'artillerie fut emmenée et les états fureht condamnés
à payer 150,000 florins d'or pour amende, t/empe-
reur Charles suivait dans ses traités avec ses adver-
saires, les principes des Romains dans le temps
qu'ils visaient à la souveraineté du monde entier.
Car de même que ceux-ci avec les Carthaginois et
lçs rois de Macédoine et de Syrie, avaient exigé de
grosses sommes d'argeht, l'extradition de leurs vais-
seaux de guêtre, de leurs machines de guerre, de
leurs éléphants ; ainsi, Charles en usa avec ses ad-
versaires, qu'il désarma en les forçant à raser leurs
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places fortes, à livrer leur grosse artillerie, qui
dans ce temps était rare et ne pouvait que difficile-
ment se remplacer, et enfin en se faisant compter
de grosses sommes pour ses nouvelles entreprises.
Par tous ses traites avec les villes de la haute Alle-
magne , avec le duc de Wurtemberg , l'électeur et
le landgrave , il tira peut-être plus de cinq cents pièces
d'artillerie qu'il fit conduire en Italie , en Espagne
et dans les Pays-Bas. Les garnisons espagnoles , qu'il
laissa partout où il était possible d'en établir, surtout
dans les villes de la haute Allemagne 1 excitèrent le
plus grand mécontentement. L'orgueil de ces fiers
étrangers, qui d'ailleurs étaient encore animés par
la haine de religion , était insoutenable. Et l'on n'a-
vait pas oublié que l'empereur, dans la stipulation
qu'il avait consentie lors de son élection, trait promis
de n'amener aucune troupe étrangère dans l'empire*
L'Intérim.
Il devenait de plus en plus visible que la paix en
matière de religioti ne sortirait point encore du con-
cile de Trente/ Les protestants refusaient après
comme avant de reconnaître ses droits, et insis-
taient au contraire pour un concile « dans lequel le
pape n'aurait pas la préaidenoe , où les théologiens
protestants donneraient leiir voix avec les évéques
et à coté d'eux , et ou l'on soumettrait à un nouvel
examen Iç* décrets qu'on venait de porter. »
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4*0 sixième époque. 4520—4648.
Le parti du pape au contraire ne voulut jamais
condescendre à ces prétentions , bien que les prin-
ces d'Allemagne, même catholiques, demandassent
avec beaucoup d'instance que les états qui avaient
assisté à la confession d'Âugsbourg fussent admis
dans le concile. Les cardinaux voyaient même d'un
mauvais œil que le concile se tînt à Trente , et ils
s'efforçaient de tout leur pouvoir de le faire trans-
porter dans l'intérieur de l'Italie ; car ils craignaient
que leconcile, dans le cas où le pape Paul III qui était
déjà fort âgé viendrait à mourir pendant qu'il était as-
semblé, ne voulût se charger de l'élection du nouveau
pape contrairement aux droits du collège des cardi-
naux 9 et qu'il ne fût protégé par Pempereur Charles.
Enfin, une maladie vint seconder leurs désirs; on la
crut dangereuse ; on répandit que c'était ia peste, ce-
pendant il n'y eut qu'un évéque qui mourût du pour-
pre ; et sous ce prétexte, le 9 mars 1547, le concile fut
transporté de Trente à Bologne. L'empereur, à cette
nouvelle , s'emporta de la plus grande colère; mais
le pape approuva la démarche de ses légats, et la di-
vision qui existait déjà entre lui et l'empereur, parce
que ce prince n'avait pas tout de suite profité de sa
victoire pour extirper le protestantisme d'Allemagne,
devint d'autant plus prononcée. L'empereur dit au
nonce du pape en propres termes : « Qu'on ne pou-
vait pas exiger des protestants qui étaient prêts à se
soumettre au concile de se rendre à Bologne ou de
fixer leur attention sur ce qui allait s'y conclure ,
çt cjue les #utrçs pavaient pas besoin de ce i^ouye^u
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LHVTÉMM. 121
motif pour refuser leur adhésion ; que si on ne
voulait pas à Rome lui donner un concile , qu'il
saurait bien en trouver un qui satisferait tout le
monde et qui réformerait tout ce qu'il y avait à
réformer ; que le pape était un vieillard incapable qui
voulait ruiner l'Église de fond en comble. » Telle
fut la manière acerbe dont s'exprima Charles contre
sa coutume, et nous pouvons y voir une nou-
velle preuve du zèle qu'il apportait à la paix de
l'Eglise. Les évéques, de leur côté, prièrent aussi le
pape avec instance de renvoyer le concile à Trente ;
maisleur voix fut aussi elle-même long-temps sans fruit.
En conséquence , Charles s'efforça de rétablir par
lui-même l'ordre dans les affaires de la religion
dans une diète d'Àugsbourg de 1548 ; et, dans ce but,
il provoqua de nouvelles conférences pour lesquelles
on choisit du côté des catholiques deux hommes
modérés, l'évêque de Nauembourg, Jules Sflug, et
le grand-vicairedeMayence, Michel Helding; et, du
côté des protestants , le prédicateur de la cour de
' Brandebourg, Jean Àgricola de Berlin. Ils s'y li-
vrèrent avec la plus grande activité et rédigèrent un
plan de réunion qu'ils proposèrent à l'empereur ;
mais Agricola, par le désir du rétablissement de la
paix, était sorti , dans quelques points essentiels, des
premiers principes de sa croyance. Il avait à la vé-
rité maintenu pour son parti le mariage des ecclé-
siastiques et la communion sous les deux espèces ;
mais seulement jusqu'à ce que le concile eût donné
»fle décision à çp suj§t, Pour le reste , il avait w
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142 sixième époquk. 4520—1648.
connu la puissance du pape , la tuasse et surtout
l'Église et le symbole de foi catholiques. On di-
rait donc s'attendre à de grandes contradictions»
Cependant^ comme l'électeur de Brandebourg et le
palatin promirent de l'accepter , albrs Charles crut
pouvoir en faire un écrit dô conciliation qui fut
appelé l'Intérim'* Il convoqua les états pour le
15 mai 9 et leur fit donner lecture de cet écrit dont
le titre était : a Déclaration de sa majesté royale et
impériale qui détermine quelle doit être la religion
dans le saint empire romain jusqu'à la tenue d'un
concile général.» Aussitôt après la lecture, avant
que personne n ait eu le temps d'exprimer une Opi-
nion 9 l'électeur de Mayence se leva et remercia
l'empereur au nom des états , de sa peine , de son
travail , de son application et de son amour pour le
bien de la patrie j et comme personne n'osa contre-
dire, l'empereur crut que le consentement était
donné* Mais il vit bientôt combien il s'était abusé.
Les théologiens protestants s'élevèrent presque una-
nimement contre VIntérim\ et ce qui est plus frap^
pant, les catholiques s'élevèrent aussi eux-mêmes
. contre lui* Car si l'empereur avait pu réussi* à faire
admettre V Intérim, la réunion parfaite des partis
devenait une conséquence presque nécessaire. Ainsi
la résistance des catholiques était dono purement
une déclaration qu'ils ne pouvaient accepter eomme
bon uu règlement en matière de religion, qui Venait
de lui comme laïque* * Quand Charles annoncerait
l'Evangita , dit à ce siyet un prélat distingué f ou ne
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*Wiaȕ. 4*3
pourrait approuver cette action venant de lui comme
laïque. »
Ainsi , Perapereur, qui alla passer deux ans dans
les Pays-Bas au sortir de la diète d'Augabourç f
eut toujours comme avant à entendre parler de nou-
velles plaintes qui lui venaient d'Allemagne; son
Intérim n'avait été reçu que pour l'apparence en
quelques lieux , et des deux côtés on en parlait avec
beaucoup d'aigreur ; l'électeur Maurice lui-même ne
le reçut pas dans sas étals* Los villes de Constance,
Brème et Magdebourg se déclarèrent particuliè-
rement avec force contre lui et refusèrent formel-
lement de se soumettre à Tordre de l'empereur. Il
prononça contre elles le ban de l'empire et les
deux premières alors rentrèrent dans l'obéissance.
Mais Magdebourg s'opimâtra et l'électeur Maurioe
reçut à une nouvelle diète d'Augabourg, en 1550,
Tordre de mettre à exécution le ban prononcé contre
la ville. Use mit en marche avec son armée au com-
mencement de l'automne de cette même année , et
commença le siège.
Dans cette même diète , Charles sonda les esprits
pour voir s'il ne pourrait pas faire donner à son fils
Philippe 9 qu'il avait fait venir d'Espagne, le titre
de roi des Romains, Mats , ni son frère Ferdinand
et son fils Maximilien , ni les électeurs ne voulu-
rent y consentir; et ce n était pas l'orgueil de Phi'
lippe | son air sombre et rebutant qui pouvaient Ici
gagner les cœurs des Allemands, Son père fut dorçc
obligé de le renvoyer en Espagne f et Philippe j
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W4 iixiÈME époque. 4520—1648.
retourna d autant plus volontiers qu'il aimait les
Espagnols par-dessus tous les autres peuples.
Quant à l'empereur, la diète terminée, il se ren-
dit d'Augsbourg à Inspruck. Le nouveau pape
Jules III avait renvoyé le concile de Bologne à Trente,
et Charles voulait se trouver dans le voisinage.
Charles V et Maurice de Saxe.
Le nouvel électeur de Saxe avait mûri dans son âme
un grand plan contre l'empereur à la vérité il nous
est impossible d'exposer les raisons intimes qui l'y
portaient , car la pensée de ce grand homme est res-
tée, dans beaucoup de circonstances, une énigme pour
l'histoire ; cependant on en peut donner deux qui
semblent avoir dû agir sur lui avec beaucoup de
force : 1° la dure captivité de son beau-père le land-
grave de Hesse , envers lequel il se croyait toujours
obligé d'acquitter sa parole et la garantie qu'il avait
donnée pour sa liberté , tandis qu'aucunes prières ,
aucunes représentations n'étaient reçues par l'empe-
reur; et 2° la fâcheuse position des protestants en
Allemagne. Car on croyait que l'empereur avait pris
d'avance une décision; qu'il n'attendait que les
conclusions du concile de Trente pour les donner
comme lois de l'empire ; et que, comme il faisait atta-
quer Magdebourg par les armes à cause de Vin*
tmm , dp même , <juan<J i\ wwft &ssewJ>lé ww ar»
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CHABLBS V ET MAURICE DI SAXE. 125
mée, il forcerait tous les états à se soumettre à tous
les décrets de l'Eglise. Les protestants étaient extrê-
mement tourmentés de cette expectative. Ceux qui
voyaient l'avenir le plus en noir regardaient le
prince Maurice comme le plus grand coupable : il
avait trahi la ligue de Schmalkalde , et par lui Jean
Frédéric et le landgrave Philippe languissaient en-
core aujourd'hui dans la captivité. Ceux au contraire
qui conservaient encore l'espoir du salut, tournaient
leurs regards sur lui comme sur celui qui pouvait
seul sauver la nouvelle croyance. — Le moment était
venu d'effacer le souvenir du passé et de reconquérir
l'opinion en frappant un grand coup. Maurice s'y
décida et se servit de l'occasion de la guerre contre
Magdebourg pour lever une armée considérable sans
exciter de soupçons. Le siège fut à dessein conduit
avec lenteur. Enfin , au mois de septembre de Tan-
née suivante 1551 , il conclut de lui-même une sus-
pension d'armes, et au mois de novembre , un traité
fort peu onéreux pour la ville; mais sans licencier
pour cela ses troupes. Il envoya secrètement son
jeune ami Albert, margrave de Brandebourg-Cultn-
bach , à la cour du roi de France , Henri II , fils de
François Ier, pour le gagner dans son parti ; et il
prit à son service le chef des Wurtcmbergeois, Jean
de Heydeck, qui avait été mis au ban de l'empire en
même temps que Schaertlin. Ces procédés étaient
bien remarqués; souvent on en avertissait l'empe-
reur; mais Charles avait la plus grande confiance
dans cet homme qu'il croyait avoir fortement
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iûê Sîxiferffi àPù&?Ê. *550— *fl*S.
éprouva et îl répondait: « que, comme il n'avait
donne à Maurice non plus qu'au margrave aucun
sujet supposable de mécontentement contre lui,
mais bien plutôt les plus grandes preuve^ dé
bienveillance et de feveur, îl ne pouvait croire à
une pareille ingratitude; qull comptait bien que
chez eux le fait serait d'accord avec la parole et
qu'il ne dégénéreraient pas de Pancienne réputation
de loyauté et de fidélité de la nation allemande. *
Si l'empereur comptai! sur la fidélité allemande ,
son jeune ministre Granvella comptait sur lent* sim-
plicité. Il disait a qu'il n'était pas possible qurun
gros allemand conçAt un plan et le préparât en secret
sans qu'il fût aussitôt découvert et connu dans tous
seâ détails. *
Aussi furent-ils tous deux comme frappés cPttri
coup de foudre, quand Maurice, au mois de mars
1552, envahit tout-à-coup la Franconie avec son
armée, entraînant avec lui les Hessois et toutes les
forces du margrave Albert. En même temps, ces
deux princes publièrent un manifeste contre Tem*
pereut, par lequel ils cherchaient à justifier là
guerre qu'ils entreprenaient. Us s'appuyaient sur la
captivité du landgrave prolongée indéfiniment, aussi
bien que sur les atteintes aux libertés dé l'Allemagne
commises par l'empereur. Ils lui reprochaient d'avoir
Cônfléle sceau dèFempire à un étranger qui ne connais-
sait ni là langue ni les droite de l'Allemagne ; de
sorte que les Allemands étaient obligés d'apprendre
feux-mêmes une langue étrangère pour lui adresser
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leurs demandes. Ils disaient qu'il avait, contre sa pro*
messe, introduit dans le pays des troupes étrangères
qui pillaient et ruinaient les malheureux habitants et
les maltraitaient de toute façon ; qu'il n'avait même
d'autre pensée que d'imposer à tous et à chacun en
particulier une honteuse servitude; que ses menées
étaient si visibles que la postérité, si l'on n'arr&alt
pas ce torretit envahisseur, aurait de Justes motifs
de maudire la torpeur et l'indolence de cette époque,
dans laquelle on aurait laissé perdre la liberté de
la patrie, son plus précieux trésor.
Bien qu'il y eût de l'exagération dans plusieurs
de ces reproches , cependant on en trouve un ex-
primé sous les traits les plus vifs qui semble être
une des plus grandes fautes de Charles dans le gou-
vernement de l1 Allemagne; c'est le mépris qu'il
laissait paraître pour la nation et ses prédilections
pour les Espagnols et pour les Flamands. Charles
n'a jamais pu trouver de l'amour en Allemagne ,
parce qu'il n'aimait pas lui-même ; son orgueil ne
put jamais descendre plus loin qu^ la complai-
sance 5 or, la complaisance est plus insupportable â
un peuple noble que l'arrogance et la dureté; d'ail-
leurs le mécontentement des princes de voir un In-
solent étranger comme Granvella conduire l'empire,
était fondé* Ainsi, c'est moins la conduite de l'em-
pereur que ses dispositions contre les Allemande
qui ont attiré sur lui cette guerre humllîahte dé
Maurice. Le margrave Albert porte dans son manî-
ferte une accusation qui paraît extraordinaire, mata
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128 sixifattt époqu*. <520— <648.
qui cependant fut la cause intime de l'arrogance des
étrangers vis-à-vis de notre peuple. Il se plaint de
l'historien de la ligue de Schmalkalde, Louis d?Avila;
il l'appelle un menteur et un fourbe pour avoir
parlé des Allemands comme d'un peuple sauvage
et dont on ne connaissait ni le commencement ni
l'origine.
L'empereur, dont les actions étaient meilleures
cjue né les représentait ce manifeste, se contenta de ré-
pondre avec dignité : « Que les accusations des deux
princes étaient si puériles et si absurdes qu'elles
n'avaient par elles-mêmes aucun fondement, et met-
taient assez au jour le trouble de ceux qui les avaient
imaginées. »
L'entreprise des princes perdit beaucoup dans
l'opinion publique par la conduite du margrave
Albert, qui commettait des dévastations dans tout
le pays plat avec ses troupes comme avec une
bande d'incendiaires et de voleurs. Maurice et le
jeune Guillaume de Hesse , qui avaient de meilleurs
desseins, furent obligés de se séparer d'avec lui et de
Je laisser agir particulièrement. — L'empereur était
dans un grand embarras; il manquait de troupes et
d'argent et fut réduit à faire commencer des confé-
rences entre Maurice et le roi Ferdinand. Cependant,
comme elles n'amenaient aucun résultat , Maurice,
qui vit bien le dessein de Charles de gagner du
temps, sortit tout d'un coup de Souabe avec son
armée et tomba sur le Tjrol qui ne s'attendait à
rien moins. Il marcha si rapidement qu'il devança
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CHARLES Y JET MAURICE DX SAXE, 429
même sa renommée ; il s'empara du pas d'Ehren-
berg , et si la révolte d'une de ses compa-
gnies ne l'eût arrêté un jour entier, il aurait peut-
être trouvé l'empereur dans Inspruck. Ce prince
s'était sauvé à Trente la nuit précédente, par un
orage effroyable, porté sur unelitière parce qu'il était
malade. Son frère, l'électeur prisonnier Jean-Fré-
déric, et le reste de la cour étaient à cheval et quel-
ques-uns même à pied. Des domestiques avec des flam-
beaux furent obligés d'éclairer au passage des mon-
tagnes du Ty roi. Trente même n'était pas sûre; aussi,
après quelques heures de repos il se remit en route
à travers des montagnes difficiles pour gagner le
village de Villach en Carinthie,et le concile assemblé
à Trente effrayé aussi lui-même s'enfuit de tous côtés.
Mais Maurice ayant trouvé Inspruck évacué, revint
sur ses pas , après avoir distribué à ses troupes le
butin fait sur les bagages de l'empereur, et se rendit
à Passau , oii avait été convoquée une assemblée
de princes. Qui peut savoir ce qui se passait au fond
de l'âme de Charles ?. . . Mais sans doute que ce renver-
sement de fortune, qui humiliait son cœur orgueil-
leux dans ces jours de honte, lui était envoyé par la
Providence pour sa justification. Ce fut peut-être
dans ces jours si durs qu'il mûrit la résolution de
déposer de lui-même la couronne, s'il pouvait une
fois apaiser le désordre , et de renoncer à Péclat du
monde pour se retirer dans une profonde solitude,
seul avec l'Eternel, le Dieu immuable. Il rendit
alors la liberté à l'électeur de Saxe, son prisonnier.
T. h. 9
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430 assis** étoee* 1*00-* 648,
S * vue même devait désormais lui élre pénible ) car
cet électeur qui, tait prisonnier dans la lande de
Lockau , était venu couvert Je sang se jeter à ses
pieds pour lui demander grâce, le voyait aujour-
d'hui lui-même fugitif à travers des montagnes im-
praticables, malade, sans secours, et poursuivi par
un autre électeur de Saxe que , dans le temps de
son orgueil, il avait lui-même rendu puissant. Mais
ce qui devait plus que tout le retfte affliger Cbarles-
Quint, c'était de voir qu'aucun des élals de l'empire ,
pas môme parmi les catholiques, ne se remuait pour
lui , et qu'ils aimaient mieux se laisser piller par le
margrave Albert que de se réunir pour porter se-
cours à leur empereur. C'est alors aussi qu'il dut
trouver au fond de sou cœur l'intime conviction ,
que ce n'est que dans l'amour de son peuple qu'un
souverain peut avoir une sûre protection au jour
dp danger*
Tiftité de Passau, 1552, jusqu'à la paix de religion d'Augsbourg. 1555.
Charles laissa son frère Ferdinand traiter avec
Maurice à Passau« 11 avait fort à cœur de faire la paix
avec lui , afin de tourner ses armes contre l'ennemi
qu'il haïssait le plus, les Français, qui pendant ce
temps- là étaient, entrés en Lorraine et s'emparaient
des villes les unes après les autres» Ces circonstances
déterminèrent le traité de Passau pour le 31 juillet
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TftAITÉ DE >Af*AV. 131
455(2. On y convint : « que la liberté serait rendue
au landgrave Philippe de H esse, et que le ban de
l'empire serait levé en faveur de tous ceux qui y
étaient soumis en raison de la ligue de Se hmalkalde;
que, pour les autres difficultés de religion , on con-
voquerait une nouvelle diète et que jusque là la
chambre impériale agirait avec une égale impartia-
lité pour les deux partis, mais que le conseil impé-
rial serait composé d'Allemands. »
Après la conclusion de cette paix, Maurice, pour
preuve de la justice de ses intentions , licencia les
troupes étrangères qu'il avait et marcha avec ses
propres soldats en Hongrie au secours du roi Fer*-
dinand.
Philippe de Hesse fut rendu à la liberté et revmt
trouver ses enfants et ses sujets» Sa longue et dure
captivité avait un peu apaisé son esprit et lait dis-
paraître ce goût des grandes entreprises. Il employa
les dernières années de sa vie au noble but de guérir
autant que possible les plaies dont avait souffert son
pays pendant ces années de malheur* Cependant
l'empereur, qui avait rassemblé une armée en Italie
et en Hongrie, la conduisit contre Henri II , roi de
France. Car tout affaibli et malade qu'il était, il la
suivit dans une litière et commanda même au siège
de Metz. Mais il semblait que la fortune l'eut en-
tièrement abandonné ; la ville se défendit avec une
grande opiniâtreté, et quelle que fûteelle de l'empe-
reur et celle de son armée, elle fut obligée de céder
à la rigueur de l'hiver. Charles rentra fort mécontent
9.
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452 sixième époque. 1520—1648.
dans les Pays-Bas et fit des préparatifs pour la pro-
chaine campagne, 1553. Celle-ci non plus que les
deux suivantes, 1554 et 1555, ne décida rien pour les
deux peuples; les Frauçais se renfermèrent dans
leurs places fortes, quand Charles aurait voulu les
attirer en pleine campagne, et la guerre se passa
tout entière à ravager les provinces de la frontière.
Charles légua cette guerre inachevée à son fils
Philippe II.
Le traité de Passau avait rendu à l'Allemagne une
heureuse tranquillité ; il n'y avait qu'un homme qui
ne voulût pas en jouir, c'était le turbulent Albert,
margrave de Brandebourg. Il continua celte guerre
de brigandages contre les évéchés et plusieurs villes
avec une impudence inouïe; etcomme tous les avertis-
sements étaient inutiles, l'électeur Maurice, qui dé-
sormais avait à cœur la tranquillité de l'Allemagne,
s'unit avec le duc Henri de Brunswick contre son
ancien ami; les deux princes réunis attaquèrent le
margrave près de Sivershausen, dans la lande de
Lunebourg; car c'étaitalors la basse Saxe qui était en
proie à ses déprédations. Le combat fut sanglant;
le margrave fut battu ; mais deux fils du duc de
Brunswick, un prince de Lunebourg, quatorze comtes
et environ trois cents gentilshommes restèrent sur le
champ de bataille, et Maurice de Saxe y fut lui-même
blessé à mort. Il mourut deux jours après. Quoique
âgé seulement de trente-deux ans, il pouvait déjà
disposer de l'Allemagne avec plus d'autorité qu'aucun
de ses contemporains. Ainsi, il n'y a pas besoin
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PAIX DAUGSBOURG. 455
d'une autre témoignage pour croire à la supériorité
de son génie. Seslégitimes et derniers efforts pour la
tranquillité générale et son amour pour la paix et
Tordre , scellés de son sang, ont en quelque sorte
fait oublier ses premiers pas, et épargné les rigueurs
du jugement de l'opinion publique. L'inquiet mar-
grave Albert, chez qui la loi du plus fort revivait
dans tout ce qu'elle avait de destructeur, n'en con-
tinua pas moins à tourmenter l'Allemagne. Après la
perte de cette bataille, réduit à l'extrémité à la
fin, il se tourna vers la cour du roi de France, et
soutenu par son argent il rentra dans le pays en
1556 pour y faire de nouveaux enrôlements. Heu-
reusement que la mort qui le surprit Tannée sui-
vante arrêta le cours de ses dévastations. C'était un
homme extraordinaire et puissant; mais la dureté
de son caractère et les désordres de cette époque
qui ébranlaient tous les principes , avaient donné à
son énergie la direction la plus funeste.
Paix de religion à Augsbourg. 1555.
Dans le traité de Passau une diète avait été de-
mandée pour y régler les affaires de religion et les
accusations de l'électeur Maurice contre l'empereur.
Charles même y poussa avec le plus grand empres-
sement , afin de ne pas paraître avoir peur de l'exa-
men ; mais comme toutes les affaires d'Allemagne lui
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184 sixième ifOQui. 4520—4648.
étaient devenues indifférentes et même odieuses (et
qui pourrait l'en blâmer?) il en chargea son frère
Ferdinand, et celui-ci s'y livra avec le plus noble et
le plus glorieux zèle. Malgré la tiédeur et la lenteur
des princes allemands, et non découragé par plu-
sieurs tentatives infructueuses, il réussit enfin , en
1554 , à réunir une diète à Augsbourg. On établit un
comité pour examiner et apaiser les querelles de
religion composé des députés de l'Autriche, de
Bavière, d'Eichstadt, de Brandebourg, de Stras-
bourg, de Juliers, d' Augsbourg, de Wurtemberg et
de Weingarten , et ils travaillèrent à ce grand œuvre
avec un zèle digne des plus grands éloges. Le roi des
Romains leur fut d'un grand secours ; il écarta tous
les embarras extérieurs pour leur travail ; et quand
il apprit par exemple, suivant le récit de son chan-
celier Zasius , « que quantité de princes ecclésias-
tiques se livraient à des disputes inutiles, qu'ils
étaient occupés à semer sur la route toute espèce de
raffinements et de difficultés plus propres à tout dé-
truire qu'à reconstruire quelque chose , qu'un parti
cherchait uniquement à prouver à l'autre plus d'es-
prit, il leur en voja Zasius avec son vice-chancelier
Jonas et les fit avertir avec dureté d'avoir à quitter
cet esprit qu'ils apportaient dans la discussion; et il
eut plein succès. »
De même, dans une autre circonstance, il fut si
ferme et si pressant pour les protestants, qu'ils lui
cédèrent sur un point important. Car ils deman-
daient qu'il fut libre aux ecclésiastiques d'Allemagne
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PAIX D AUG5BGURG. 15S
d'adhérer à la confession d'Augsbourg et de con-
server cependant leur place ; et le parti catholique
s'élevait contre eux de la manière la plus prononcée :
« Si cette demande est concédée , disaient-ils, avant
peu tous les biens ecclésiastiques seront entre les
mains des protestants. Loin de là , il faut au con-
traire que sitôt qu'un prince ecclésiastique passe
personnellement aux nouvelles doctrines, il soit
remplacé par un catholique. » Enfin les protestants
furent obligés de céder pour le moment; mais se
proposant bien de remettre plus tard cette proposi-
tion en discussion dans une autre occasion. Telle
fut l'importante dispute sur la réserve ecclésias-
tique.
Enfin, le 26 septembre 1555, fut conclue à Augs-
bourg la paix do religion qui mit lin pour quelque
temps à cette longue lutte. Le libre exercice de re-
ligion fut établi légalement par toute l'Allemagne
pour les protestants, et ils furent maintenus dans la
possession de tous les revenus ecclésiastiques qu'ils
s'étaient déjà attribués. Ni les protestants, ni les ca-
tholiques ne devaient cherther à se faire des prosé-
lytes aux dépens des autres; mais laisser chacun
suivre en liberté sa propre croyance. A la vérité,
chaque souverain devait déterminer la religion do-
minante de son pays , mais non pas forcer qui que
ce soit de ses sujets à suivre une église plutôt qu'une
autre ; chaque citoyen, du reste, était libre de passer
dans un autre pays par motif de religion. Ainsi de
ce côté on n'en était pas encore arrivé à ce degré
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436- sixième époque. 1520—4048.
de tolérance qui accorde à un citoyen d'une autre
religion que la religion dominante , égalité de droits
avec tous ses compatriotes.
Après la conclusion de la paix de religion , on dis-
cuta aussi dans le collège des princes-électeurs sur
les accusations du prince Maurice contre l'empe-
reur; mais, à la satisfaction de Charles, aucun des
autres états de l'empire ne voulut prendre part à cet
examen, et il n'eut pas d'autres suites.
Charles abdique. 1556.
La division de l'Allemagne en deux partis reli-
gieux fut établie pour toujours par cette paix.
Charles, qui avait employé une partie de sa vie et
de ses forces à leur réunion , ne pouvait par consé-
quent être bien satisfait de cet état de choses; et
l'Allemagne lui devint d'autant plus indifférente. La
guerre avec la France ne prenait point non plus
une marche avantageuse. Charles venait d'éprouver
par lui-même combien ce peuple étranger aimait à
se mêler des affaires d'Allemagne , et son génie voyait
à l'avance quelle influence cette puissance qu'il haïs-
sait tant allait prendre sur l'Europe, quand une
fois la puissance de la maison d'Autriche serait di-
visée; puisqu'alors même qu'elle était tout entière
dans sa personne, il ne pouvait qu'avec peine retenir
ce peuple ambitieux dans ses limites. Ainsi voyait-il
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CHARLES ABDIQUE. i37
d'avance tous les plans de son audacieux génie ou
incomplets ou entièrement détruits; et plus il avait
eu à cœur leur exécution , plus il devait sentir son
âme déchirée; d autant que son corps était conti-
nuellement en proie à une douloureuse maladie.
D'un autre côté, le pays sur lequel il aimait le plus à
reposer ses regards, sur lequel sa vie n'avait laissé
que des traces de bienfaisance , l'Espagne avait déjà
trouvé dans son fils Philippe, un roi qui possédait
généralement sa confiance. Tous ces motifs contri-
buèrent à changer la pensée qu'il avait eue et qui le
préoccupait beaucoup de suivre l'exemple de Dio-
ctétien , ' de déposer sa couronne et de vivre dans
Tisolement de la vie de couvent , en une résolution
bien arrêtée. Déjà depuis long-temps il avait mani-
festé cette intention.
Dans l'automne de 1555 , il 6t venir à Bruxelles
son fils Philippe qu'il avait marié peu auparavant
avec la fille du roi d'Angleterre , et il lui fit solen-
nellement l'abandon des Pays-Bas, le 25 octobre. A.
peine l'empereur accablé par la maladie put-il se
lever de son siège , appuyé sur les épaules du prince
d'Orange; mais il tint un discours si touchant que
toute cette nombreuse assemblée en fut émue jus-
qu'aux larmes. 11 déclara « que depuis Page dedix-sept
ans, il avait toujours occupé toutes ses pensées à cher-
cher la gloire dans le gouvernement de son empire ;
que partout il avait voulu voir de ses propres yeux,
et qu'à cause décela tout son règne n'avait été qu'un
temps de voyage ; qu'il avait été neuf fois eu Aile-
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158 sixième époque. 4530—1648.
magne , six fois en Espagne , quatre fois en France,
sept fois en Italie, dix fois dans les Pays-Bas, deux
fois en Angleterre, deux fois en Afrique , et enfin
qu'il avait fait onze voyages par mer. Qu'aujourd'hui
son corps, qui défaillait, l'avertissait de s'éloigner
du tracas des affaires de la terre et de remettre son
fardeau sur des épaules plus jeunes que les siennes.
Que, si au milieu de tant d'efforts, il avait négligé
ou mal fait quelque chose d'important, qu'il en de-
mandait pardon de tout son cœur à tous ceux qui
auraient pu en souffrir; qu'il penserait jusqu'à la fin
de sa vie avec amour à ses fidèles Néerlandais , et
prierait Dieu pour leur prospérité. » Ensuite il s1a-
dressa à son fils qui était à genoux à ses pieds et lui
baisait les mains, et l'exhorta par les plus pressantes
paroles à rechercher de tous ses efforts un r^gnequi
le couvrît de gloire; et ensuite il retomba sur son
siège accablé de fatigue.
Ce fut au mois de janvier qu'il fit solennellement
abdication à Bruxelles des royaumesd'Espagne et de
Naples, en faveur de eon fils; et, au mois d'août,
de l'empire d'Allemagne, en faveur de son frère Fer-
dinand*
Le 47 septembre , Charles s'embarqua pour l'Es-
pagne avec ses deux sœurs, et il les retint près de
lui jusqu'à ce qu'il fût arrivé à Valladolid ; là , il les
quitta aussi elles-mêmes et se rendit tout seul dans
une petite demeure qu'il avait fait bâtir exprès pour
lui dans une contrée délicieuse de l'Est ramadure,
près du couvent de Saint-Just, de Tordre de Saint*
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CHAULES ABDIQUÉ. 159
Jérôme. Il y vécut deux ans sanp voir personne ,
pas même 6es sœurs. Ses moments étaient partagés
entre la méditation et le travail des mains qu'il ai-
mait beaucoup. Il cultivait son jardin et confection-
nait des montres et d'autres ouvrages. Une fois,
dit-on , ayant placé à côté l'une de Vautre deux mon-
tres qu'il avait faites avec le plus grand art et le plus
grand soin , il chercha à les foire marcher tout-à-fait
ensemble. Souvent il croyait avoir obtenu son but;
mais toujours Tune allait plus vite et Vautre plus len-
tement. Enfin, il s'écria : a quoi, je ne peux pas
mettre parfaitement d'accord deux montres qui sont
l'ouvrage de mes mains, et fou que j'étais, je pen-
sais pouvoir régler comme une horloge tant de peu-
ples vivant sous différents ciels et parlant différents
langages! »
Enfin , peu de temps avant sa mort , pour célébrer
par le plus terrible tableau le renoncement à la vie et la
mort de tout ce qui tient aux sens , il fit faire ses
propres funérailles. Les moines du couvent le por-
tèrent processionnellement dans un cercueil ouvert
à VÉglise et firent pour lui un service funèbre.
11 mourut en effet peu après peut-être trop profon-
dément ému par ce terrible spectacle , le 21 septem.
bre 1558, à Vâge de 56 ans.
Charles était, dans sa jeunesse, avant que la mala-
die ne vînt courber son corps , bien fait et môme
remarquable, avec beaucoup de dignité et de ma-
jesté dans les traits de son visage. Il parlait peu, et
rarement on vit le teint pftle de son visage égayé par
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140 sixième époque. 1520—1648.
les ris. Sa chevelure était blonde , ses yeux bleus et
la taille de son corps un peu voûtée par la force de
ses membres : on retrouvait dans toute sa constitu-
tion un mélange de flamand avec l'espagnol.
Ferdinand 1". 1556 — 1564.
Ferdinand , qui pendant le règne de Charles avait
déjà montré un esprit plein de droiture et penché
pour la paix et la justice , le conserva encore pen-
dant qu'il régna lui-même en Allemagne. Toutes ses
actions et tout son être portaient une empreinte de
bonté particulière et de la douce disposition de ses
inclinations. De nombreuses expériences étaient en-
core venues perfectionner son caractère calme et ré-
fléchi ; il avait une fidélité immuable pour sa parole ;
et le travail et l'activité lui étaient devenus si né-
cessaires que son vice-chancelier Waldersdorft écri-
vait de lui : « On arracherait plutôt à Hercule la
massue de ses mains que les affaires à notre empe-
reur. » 11 avait lu avec zèle dans sa jeunesse l'écrit du
célèbre Erasme sur l'éducation des princes, et il
savait presque par cœur le traité de Gicéron sur les
devoirs.
Cet excellent prince , qui était catholique de toute
son âme, qui dans son testament donna les plus pres-
santes exhortations à son fils de se maintenir forte-
ment, constamment et avec persévérance dans la
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FERDlWAlfD I. 441
vraie et l'ancienne religion chrétienne, comme ra-
yaient fait ses ancêtres , les rois et empereurs ro-
mains, et les glorieux princes d'Autriche et les rois
d'Espagne, afin d'attirer sur lui la bénédiction du
Tout-puissant; ce prince, dis-je, portait profondé-
ment dans son âme cette bienveillance qui convient
à tous les cœurs bien nés, même à l'égard de ceux
d'une autre croyance que la sienne, et donna ainsi
un exemple qui montre comment on peut unir la to-
lérance et l'indulgence avec le plus fidèle attache-
ment à sa propre Eglise. L'amour des nouvelles doc-
trines se répandait dans ses états héréditaires de plus
en plus; parce que principalement quantité de gens
qui voulaient faire donner à leurs enfants une
bonne éducation, et surtout parmi la noblesse,
manquant de moyens convenables, les envoyaient
hors du pays et choisissaient la plupart l'université
de Wittenberg qui jouissait de la plus belle réputa-
tion de science. Cependant il ne vint jamais à la pen-
sée de l'empereur que ce fût un devoir d'empêcher
cet usage par la force et d'en chercher les moyens ;
mais il songea bien plus aux moyens de conciliation
et chercha particulièrement à tirer parti de la réou-
verture du concile de Trente.
La paix de religion avait à la vérité rétabli la
tranquillité extérieure en Allemagne ; mais le calme
intérieur ne suivait que lentement et difficilement
après de si grandes tempêtes. Les partis s'obser-
vaient toujours avec crainte et jalousie; les bruits
les plus absurdes sur les intentions hostiles dus ad-
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442 sixième tPOQM* 4520—1648.
versaires trouvaient facilement croyance parmi ces
esprits toujours inquiets. « Si un prince prend un gê-
nerai , un capitaine de cavalerie dont il a besoin ,
on en conçoit de la défiance, ditZasius, chancelier
<le l'empereur; une feuille qui fait du bruit donne
lieu aux soupçons* »
La division des partis protestants vint encore
augmenter celle qui existait déjà en Allemagne.
Les calvinistes, qui de la Suisse et de la France s'é-
taient répandus dans l'empire, y trouvaient toujours
de plus nombreux adhérents et étaient qn objet de
haine pour lesluthériens , de même que ceux-ci pour
les calvinistes. L'électeur palatin fut le premier
parmi les princes qui se déclara pour eux. Mais les
luthériens se divisèrent eux-mêmes en deux partis,
celui des modérés et celui des puritains. Les pre-
miers suivaient l'esprit de Mélanchton et ses prin-
cipes 7 les autres s'attachaient h la lettre même lie
Luther et ils furent vivement combattus; parce
qu'ils «'honoraient que la lettre pure et croyaient
que le principal se trouvait dans les mots et dans les
formes. Tant de voix diverses qui s'élevaient si haut
dons l'Église protestante donnèrent une nouvelle
preuve delà difficulté quily a pour l'esprit humain de
se tenir dans de justes bornes et deredevenir calme,
quand Une fois il a été mi» en mouvement. Au lieu
de pacifiques recherches pour éclairer l'intelligence,
au liai de discussions chrétiennes dans lesquelles il
faut avant tout rendre hommage à la vérité, ou
rendait le christianisme passionné afin de défendre
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retDtsuvD t. 446
une proposition, souvent mime un seul mot. Les
passions montèrent au plus haut degré; au lieu de
raisons on employa les injures les plus odieuses et
le résultat habituel était que chaque parti maudis-
sait ceux de l'opinion contraire. L'empereur Ferdi*
naod avait donc bien raison de dire à son fils, dans
son testament dont nous avons déjà parlé, au sujet
de beaucoup de protestants de son temps : « Quand
au lieu d'être d'accord entre eux, ils sont si désunis,
si pointilleux , si obscurs, comment ce qu'ils croient
pourrait-il être juste et bon? Il ne peut pas y avoir
plusieurs croyances bonnes , niais une seule* Puis-
qu'ils ne peuvent pas nier eux-mêmes qu'il n'y ait
parmi eux plusieurs croyances, le Dieu de vérité ne
peut pas être avec eux* *
Souvent on s'est étonné que les doctrines pro*»
testantes ne ae soient pas rapidement répandues sur
toute l'Allemagne, eu égard aux dispositions fevor
râbles du peuple en sa faveur et de la puissance
que les nouvelles institutions ont coutume d'exercer
sur tout un siècle ; l'énigme s explique en grande
partie par la prompte dégénération intrinsèque du
protestantisme. Comment en effet une doctrine qui
se perd bientôt dans une frivole dispute de mot*,
et dont les sectateurs se couvrent les uns les autres
de malédictions, aurait-elle pu gagner des cœurs?
Dans beaucoup d endroits même on vit des gens qui
s'étaient déjà rendus à elle , revenir de nouveau à
l'ancienne Eglise»
Un autre obstacle plus fort encore qui s'opposa
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444 smfcME époque. 15*20—1643.
au torrent, à partir de ce moment, fut l'institution
de l'ordre des jésuites, fondé en 1540 par Ignace de
Loyola, Espagnol plein de zèle et du génie le plus
profond. Cet ordre établi proprement pour être le
soutien de la chaire pontificale se répandit bientôt
par toute la terre. Il était basé sur l'unité et les puis-
sants effets d'une coopération nombreuse, aussi
l'obéissance la plus sévère en était la loi. Le chef
de l'ordre était à Rome; à lui arrivaient avec les
plus scrupuleux détails tous les rapports des chefs
établis dans les provinces (les provinciaux). Ceux-
ci avaient eux-mêmes d'autres degrés au-dessous
d'eux et ainsi jusqu'au dernier membre. C'est ainsi
que toute la communauté pouvait être régie par un
seul génie. Lessupérieurs éprouvaient chaque membre
de la société assez long-temps et assez bien sur sa
capacité, pour lui donner ensuite la place dans la*
quelle il pouvait le mieux remplir les desseins de
l'ordre.
Ce fut une vaste trame, tissue de finesse et d'a-
dresse , qui s'étendit bientôt sur tous les pays de
l'Europe. Quand Loyola reçut l'approbation du
pape, en 1540, il avait dix disciples; en l'an 1608
on comptait plus de dix mille jésuites, et en 1700
plus de vingt mille. D'ailleurs, comme les membres
de l'ordre étaient exempts de toutes les fonctions
ecclésiastiques, de toutes les charges, ils pouvaient
consacrer tout leur temps à la science. De sorte que
l'ordre compta bientôt un nombre considérable
d'excellents professeurs et d'écrivains, de prédica-
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*çrdinjlNd i. 445
teurs distingues, de missionnaires enthousiastes et
de savants dans toutes les sciences» Ce furent eux
qui purent entrer dans la lice contre les protestants»
soutenir le système catholique et rivaliser avec
eux dans 1 éloquence de la chaire. Tous leurs efforts
se dirigèrent contre les nouvelles doctrines; ils agis-
saient contre elles, soit comme confesseurs des princes,
soit comme instituteurs de leurs enfants; et la
grande habileté de cet ordre rendait leurs efforts
très efficaces. En outre il a été une des causes prin-
cipales du développement des derniers siècles. Il
ne faut pas oublier que cet ordre a rendu d'essen-
tiels services dans son temps pour l'éducation de
la jeunesse ; et si la civilisation du monde catho-
lique Ta emporté dans les siècles modernes sur
celle de la fin du moyen âge , c'est surtout à la so-
ciété de Jésus qu'il en est redevable. Si donc la di-
rection de cette société se fût moins étendue aux
choses extérieures ; si elle se fût tenue renfermée dans
le domaine de l'esprit ; si sa morale eût été aussi
simple et aussi droite que son savoir était yaste ;
si elle n'eût pas voulu saisir la direction des états
et gouverner par son bras invisible r tout le monde
catholique devrait unanimement bénir s«f mémoire.
Nous aurons plus d'une fois occasion de les voir
entrer dans l'histoire comme principaux acteurs
dans les plus grandes circonstances.
L'empereur Ferdinand apprit à connaître leur
influence d'une manière bien positive au concile de
Trente, après son retour de Bologne, Mais ce ne fut
t. il. 10
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i46 sixième ÉfrdÇôtr: *890— 1648.
pb* à son fevâhtage. Afin de aritttèr les esprits dan&
*es étàtà et diinàf l'espoir peilt-^tfé d'empêcher tout
<feM, Il y fit discuté* un ctttieîte aVW beimeotïp de
force pûîteiënlôyfo ttèrtâïitàpdÎHtepour' lesquels il
se promettait le résultat le plus hetirëîu* : tfétaft là
communion sous les deux espèces et le mariage des
prétivi qui, comme H le disait, dépendaient de là
biehVeifïaîïce de l'Égttéè éH faveur de** partis. Les
eatojré* de ftarrère et de Fhmfce parièrent dans le
métiië send, et Voici tournent *V*pf ttitètent ' ces
derniers : * Nous potivdhs Stésttrei* àvèci Une pleine
fcdïiflahee et mettre tatVtàt hos cOttvietiottfr, cjtre
rîett fre pèùl être plus utile datis ce tetbptf, pôtir
récOïicifièr les esprits des ùhrAierfs ehtrè etiK, faille
taire les quelles de religion , maintenir nos fidèles
dans leur foi et relever eéu* tjtit $Ont prêts de
tombei', que cT&tcorder les dénfiahdéS légitimés et
Chrétiennes des envoyas dé Feïnperéur.* Mais un
jugement équitable et prétoyitht dârts hotre situation
était peu â attendre d'une assemblée composée, pour
là plus gfttàde partie, d'étrange^ et d'hommes tout-
à-fait ignorante de te qui fcôtoVttàait à PÀHerhagne
cfâttS fcéS cnteônstâttdes; c'est bëqhé prouvaient auséi
les fcijjpôrts Âës envoya de Fetapteteur, parmi les-
quels tétaient tjuàtre éVêqtttt*, à lëitf souverain (*).
(*) FauG-tf s'&ORficr qtftl y ait le» des ftptàtes des réclamations; la
France et tous les autres pays avaient aussi les leurs. Tant il est difficile
que différents peuples, assemblés de toute la terré, avec tant de différents
fodtife de rff alité, d mWrêt, de passion, absent s'accorder pour w réformer
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ftfiftbiSASo i. 447
«Noos le voyons bien clairement maintenant, écri-
vaient-ils y nous le touchons même au doigt, quoique
nous ne puiserons le dire sans douleur, qu'ici on ne
peut rien obtenir sans de grandes intrigues. Les
Espagnols ne veulent pas s'écarter d'une ligne de la
prescription royale. Les Italiens ont toujours les
yeux fixés sur le moindre signe du pape et des
cardinaux; les évéques des autres pays, qui peut-
être connaissent le mieux la position de l'époque
actuelle, sont en minorité et ne peuvent par consé-
quent rien faire; parce que la pluralité des voix
décide pour tout. De l'Allemagne, il n'y a que
l'évéque de Louvain qui soit présent au nom dé
l'archevêque de Salzbourg, et depuis quelques jours
lfe grand* vicaire d'Eichstadt est aussi arrivé. Au
contraire, les archevêques et évoques italiens vien-
nent par troupe, surtout eau* qui sont sortis de
familles riches et distinguées. Mais tous sont dé*
pendants du moindre signe du légat Simonetta, et
l'on sait généralement que quelque* bons et pieu*
évêques, qui avaient librement exprimé leur opinion
pour une réforme dans l'Église , sont mal notés à
Rome. Cependant ces machinations secrètes et ces
passions humaines ne devraient pas trouver place
ici ; aussi voyons-nous bien clairement ce que nous
avons de bon à attendre. »
tous t&utisktf autres! Mate il n'en est pas aHnsi pour les dogmes essentiel*,
.quisoBt immuables et les mêmes pDi*r tous les peuples. L'assemblée était
compétente, nombreuse, respectable, savante ; c'était l'Église, c était la
seule autorité qui p<U prononcer. N. T.
10,
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148 sixième époque. 4530—4648.
Du reste le concile de Trente, outre un grand
nombre de dccisionsdogmatiques, a donné d'excel-
lents principes sur la morale du christianisme qui
servent encore aujourd'hui de règles de doctrine
dans l'Eglise catholique. Ce champ du service de
Dieu par les œuvres est celui où se confondent tous
les partis; il est le même pour tous et montre à
chacun également le moyen de prouver qu'il est
véritablement chrétien en esprit, en parole et en
action.
Le 9 décembre 1563 le concile fut clos, et peu de
temps après l'empereur Ferdinand mourut, le 15
juillet 1564, à l'âge de soixante-deux ans. Le témoi-
gnage qui parle le plus haut en sa faveur dans l'his-
toire , c'est que , dans des temps si difficiles où la
haine et les passions portaient souvent le jugement
sur un souverain, il a pu emporter au tombeau la
gloire d'être vanté comme un excellent monarque
par tous les partis, parles catholiques aussi bien que
par les protestants.
MaximUien IL 1664— 1576.
Ferdinand avait proposé son fils Maximilien pour
son successeur à l'assemblée des électeurs , et ceux-
ci l'avaient reconnu, dès Tannée 1560. La recom-
mandation que le père fit de son fils est un témoi-
gnage qui mérite vraiment d'être conservé. « Il est
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MÀXIM1L1ER II. 149
doué à un haut degré d'intelligence , d'adresse , de
douceur -, de bonté , de toutes les autres vertus d'un
prince ; il a de bonnes mœurs , une âme honnête,
équitable et pacifique, un grand amour, une grande
inclination pour le saint empire de la nation alle-
mande et est extrêmement désireux de sa gloire et
de son bien-être. Enfin , il possède les six premières
et les plus usuelles langues de la chrétienté; de sorte
que f dans tout ce qu'il aura à traiter aujourd'hui ou
dans l'avenir avec les puissances étrangères , il pourra
comprendre par lui-même et se faire comprendre , et
par conséquent régler ses affaires par lui-même. » Un
autre témoignage très honorable en sa faveur est celui
qu'ont rendu ses sujets de Bohême , lorsqu'ils le
recommandèrent aux Polonais qui avaient jeté les
yeux sur lui pour en faire leur roi. « Notre Bohême ,
disaient-ils, se trouve mieux sous son gouverne-
ment que si elle était commandée par son propre
père ; nos droits, nos lois, nos libertés sont proté-
gés par lui ; il laisse tout suivre son cours sans
rien changer ; et ce qu'on pourrait presque appeler
prodigieux, c'est la prudence, l'impartialité qu'il offre
à chacun des différents religionnaires et par laquelle
il les porte à l'accord entre eux , à la tolérance et à
un amour réciproque. » Les Polonais eux-mêmes
auraient pu ajouter plus tard que, pour rétablir
chez eux le christianisme ébranlé par les révoltes
et les divisions , il avait eu beaucoup plus de succès
par ses moyens pacifiques qu'un autre n'en aurait
pu obtenir par la guerre.
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460 sixième épo*bb. 46^0—1648.
Or, c'était à une époque où le mot àt tolérance
était à peiné connu qu'il exerçait cet esprit de
paix, cette manière d'agir; il professait même pu-
bliquement « que Dieu seul avait pouvoir sur les
consciences. » C'est là la gloire de cet empereur ;
aussi l'Allemagne lui dut-elle à lui et à son père de
jouir d'une parfaite tranquillité , comme elle n'en
avait pas eu depuis les divisions religieuses; tandis
que dans les Pays-Bas et en France le sang coulait
par torrents à cause de la religion.
La chambre impériale qui n'avait été établie pri-
mitivement que pour faire entièrement disparaître
la loi du plus fort, prit alors tout-à-fait le dessus sur
ce penchant à la violence en Allemagne. On peut
regarder comme le dernier effort de la force brute
les troubles de Guillaume de Grumbacb, cheva-
lier franconien qui répandit dams ce temps la dévas-
tation en Franconie avec les restes des sauvages
bataillons du margrave Albert. Ce fut surtout le
territoire de 1 evéque d'Augsbourg qu'il dévasta ; il
finit même par le faire fusiller datts sa propre ville.
La chambre impériale mit le meurtrier au baft de
l'empire, et il se sauva à Gotha vers le Sis du mal-
heureux électeur, Jean Frédéric. II avait su étourdir
ce jeune prince, d'ailleurs très faible d'esprit , par
Fespérance qu'il lui donna de reconquérir son duché
pour lui ; et il l'entraîna ainsi dans un sort encore
plus malheureux que celui de son père. L'électeur
Auguste, frère de Maurice, se mit à la tête de l'ar-
mée qui devait exécuter l'arrêt , assiégea le duc avec
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Grumbaqh df«s jGttfln» paodaat tout qn biv<fr et le
réduisit fc lu wc^ssité de aç rendre. La jeu»e prince
iirt conduit prisonnier à Vienne ; et le t pkcésur un
char de'couvert , avec un chapeau de pille sur fa>
tête, il fut conduit par les rues de la ville, exposé
aux 4érisions de la populaoe, ensuite il pw& vingts
lrtit ans prûwppier d*na Steyer en Autriche r e$
mourut êfri pri#a«j quprçtà Gwmbacl? , il fut tiré kr
quajtre $hwfkMf aftr& avpir. ffMEept <Jfl «Wtflef
toitures,
A la place du droit du pnigtMrt ^ui était 1# dc%é* ,
nëratioiï d« l'état de guerre aon* Ifi féodalité ,' d'**-
très nmvx «eeasionéa pair «fe* honwft* q*i r#g*r«.
daiant la gtiarm comme ua état laxatif ppur $u# i
vinrent affliger 1' AM&roagn* ; cowmp pPW to *w-
tir f»i* panpta toa inQtyvfaifxti* de to»?t? ifi^itu-r
tion miÛ*»ir«daajlaqujeÛfli?bo»iiW Wiw ^firt-pw»
néceswœefoaht .^vra-rier et w*tf pQ»rb> p#t*»e, Ues
troupe de soldat? raeF4te»atrea qui ravflg^tept par^
tout, une fofc ^iia 3'étaietft vwdns à un drapeau»,
ces lieux d'ewôfciœnt ** d# ré vi$i<mn cçaalter et ve*
»ir, les oampemeni^ l*a|>a$$agea debarçde* tf'hqpn-
mes hahiijttk à aucun Swift et rassemblas tonf d'un
etmp, étaient pimr le pays «ai tant de plai&s iowppP^
tafetau Les *t&ft$a plaintes que #*w Ma*iroUicn Ier
se renouvelèrent. L'empereur Maxii#iliea H dit
dana les griefs qu'il -présente -à laxliète : « Les guer-
rier» allemands autrefois les première d'entre l#s ^ija-
tions par leur piété, leur discipline et leur loyauté ,
prennent fiiyourd'imi des qW"is presque barbares j
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152 sixième époque. 1520 — 1648.
et à la longue cette dissolution qui règne parmi eux
fera qu'aucun honnête homme ne pourra rester dans
sa maison et dans sa cour, et pas un seul propriétaire
ou fermier dans sa campagne. »
Sur ces plaintes, on fit de nouvelles lois mili-
taires plus sévères, appelées Reiterbestallungen.
Mais le moyen le plus essentiel que l'empereur avait
proposé , celui de défendre en Allemagne l'enrôle-
ment des princes étrangers , ne fut pas accepté. Les
princes prétendirent : « que de tout temps c'avait
été pour les Allemands un usage honorable de leur
liberté, de servir pour la gloire et l'honneur par des
action^ chevaleresques des princes étrangers; pourvu
que la patrie n'en souffrît aucun dommage. Que si
cet usage était enlevé, l'état militaire serait bientôt
anéanti en Allemagne, et -qu'au moment du danger
on manquerait de guerriers, » Nous devons recon-
naître dans ce langage celui du temps de Tacite, où
Ton voit les jeunes Allemands, emportés par le désir
de combattre, passer dans la peuplade qui avait
la guerre, lorsque la leur était en paix.
En 1575, l'empereur Maximilien réussit à faire
choisir son fils Rodolphe pour roi des Romains (*),
et il mourut un an plus tard à Ratisbonne, le même
jour et à la même heure que la clôture de la diète
y fut publiée.
■ ■ .ni ii i ■ i ■ ■ i - n ii i i ■ 1 1 ■ i ■
(*) On appelle roi des Romains, généralement parlant, le prince élu
empereur dan? l'iatervaUe de son. élection au couronnement, mais plus
particulièrement celui qui est élu du vivant de l'empereur pour lui succéder,
tourtalon, Ab. du droit pub. de VEmp. N. T,
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RODOLPHE 1U 153
Rodolphe 11. 1576 — 1615.
Le long règne de cet empereur qui a accumulé
surl'Âllemangne de nouvelles tempêtes de violence
et de désordre, est une triste preuve que, dans les
temps difficiles, l'irrésolution et rindolenee peuvent
avoir un effet plus funeste que la mauvaise volonté.
Car on ne pouvait pas reprocher à Rodolphe une
mauvaise intention, pas plus que de l'ignorance,
ou un défaut d'intelligence ; mais il était beaucoup
plus occupé d'autres devoirs que de ceux qu'il aurait
dû remplir comme empereur , et par conséquent
tous les événements qui survinrent, arrivèrent à
son insu et sans sa volonté, souvent même contre
sa volonté. Il était d'ailleurs soumis à l'influence
de mauvais conseillers.
Les esprits qui s'étaient un peu calmés au sujet
de la différence de religion , prirent une nouvelle
excitation quand les princes catholiques, sur le con-
seil des jésuites, commencèrent à réformer leurs
pays, c'est-à-dire à forcer les protestants de revenir,
à l'ancienne croyance ou de quitter le pays s'ils ne
voulaient pas y consentir. D'après le traité de reli-
gion d'Augsbourg, les autres princes ne pouvaient
à la vérité leur faire aucun reproche à ce sujet; ce-
pendant ils ne pouvaient non plus s'empêcher de
voir dans ces procédés une violente attaque à la li-
berté de conscience et comme une marque de leurs
intentions hostiles contre tout leur parti, Lu France
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154 sixième époque. 4630—4648.
et les Pays-Bas donnèrent, à cette époque, un bien
triste exemple du résultat auquel pouvaient conduire
ces inimités. La lutle que ce dernier pays eut à
soutenir pour la liberté de religion contre Philippe
et l'impitoyable duc d*Àlbe (*), non seulement
excita vivement ies esprits en Allemagne, oà l'on
était t&fioin des Hostilités commises sur sa fron-
tière ^ mais elle vint encore de temps pu temps jefow
la guerre et l'effroi sur ïiotre territoire, lorsque
l'armée espagnole», forcée par la disette et la méwa*
site, sortait des Pays-Bas, entrait en Westpkalîe
et dévastait tout le pays.
En ontre, <fe graves érénemeitts se passaient «dans
les montrées allemandes de la frontière» A Afo,, des
émigrés des Pays-Bas, ayant avec eox un ministre
p£©lesta«fcj avaient tellement augmente le nombre
de leurs adhérents, qu'ils se crurent bientôt asfcea
ntfrtforeux pour prétendre partager les <lroks des
catholiques. Dès Paimée 1581, Ik proposèrent àeità
bourgmestres pris parmi eux ; et ooimne les ad w-
salres sfy refusèrent, ils prirent les arme», s%mph-
rêvent de l'anfeenal et obtinrent par k fioi^éc tse qu'ils
demandaient,— ttaislç pays voisin, à Cologne, il y
avait encore <le plu$ grands «troubles, l)él&&tw
(i^blwrd aimait la beiljeeoftttêsse Agn^s 4e Mâuôfckt,
(*) Le duc tf Albe se vantait, fc son roiour en Espagne, d* avoir fait mourir
par l'4iét* dans tes t ay*tBsi > plus *k dix-UoH nriète fiotames * «tt il w«t
rait que, quelque vieux qu'il f«H. i\ voulait perdre un dç ses membres si
son roi, qui pourtant n'état pas très indulgent, éjtait encore plus avide
que lui de guerre etdeiviôféncr.
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chanoinesse de Gerresheim f ^et afia 4e réponse^ il
passa dans la nouvelle église, comme l'exigeait le
frère de la jeune comtesse. Mais aussitôt le chapitre
et le conseil de Cologne s'adressèrent à Rome et à
l'empereur, et obtinrent contre l'archevêque l'ex-
communication de l'Église et le ban de l'empire. Le
chapitre choisit le prince Ernest de Bavière pour
son successeur , et il le mit ^u possession du pays,
avec Je secours de troupes bavaroises et espagnoles,
Gebhard s'enfuit d'abord dans les Pays-Basf et plus
tard il se rendit à Stx*asbourgf où il était do/en xhj
chapitre. Il y mourut en 4601, Qr, les prineps pr©^
testants souffrirent p% déposition et son expulsion
sans remuer, et cependant unp npnvelk ypix ipos
le conseil électoral aurait é\é pour eu* de la plus,
grande importance. Peutrëtre que le respect po#r la
paix de religion fut epuse de leur neutralité, et ce
principe était noble ejt honorable; njais la voix pu*
bli<j*jeles accusa d'avoir refusé leijr secours i Geb+.
hard, parce que étant lnthrfriens eux-u^nes, i'éieo
teur avait pris les doctrines de Calvin, et qu'ils:
haïssaient presque autant les calvinistes que 1$$,
catholiques. Toujours est-il certain qu'il n'y put que,
le comte palatin, prince calviniste, Jeaq Casimir r
qui fit une tenjtative pour Gebhard; il s'avança
avec quelques troupes devant Cologne et bloqua la
ville un moment; mais le retour des Bavarois et le
manque de solde ramenèrent son armée.
Ce prinPÊj Jean Casimir, palatin, était un «élé
partisan pour £on égjise. Jl no ypubjit pa$ çnUfld«3
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166 sixifeMB époque. 1520—1648.
parler de la croyance de Luther, et chassa de son
pays tous ceux qui enseignaient sa doctrine. Aussi
aucun pays en Allemagne n'a ressenti les tristes effets
de la haine des partis protestants, comme le Palatinat.
L'électeur Frédéric III était entré dans l'église des
calvinistes; or, de ses deux fils, le plus jeune qui fut
appelé le comte palatin Jean Casimir, fut aussi cal-
viniste; mais l'aîné, l'électeur Louis, fut si attaché
à la confession d'Augsbourg, qu'il ne voulut pas
même permettre que Faumônier calviniste de son
père, prononçât son oraison funèbie. Alors de tout
côté on enleva aux calvinistes leurs églises, et les
prédicants aussi bien que les professeurs furent chas-
sés du pays; il y en eut plus de deux cents. Mais à
la mort de Louis, qui fut prématurée, Jean Casimir
eut la tutelle de son fils, Frédéric IV, et changea
tout; les luthériens furent à leur tour traités comme
l'avaient été les calvinistes, et le jeune Frédéric, âgé
de neuf ans , fut éloigné soigneusement du luthé-
ranisme et instruit avec la plus grande sévérité dans
le catéchisme de Calvin. C'est ce qu'on appelait
un zélé chrétien pour la foi ! et grâce à ce zèle, le
Palatinat changea trois fois d'église dans le laps de
soixante ans; de sorte qu'il fut d'abord luthérien,
puis calviniste , redevint luthérien , et enfin cal-
viniste*
Peut-on s'étonner de voir que l'ancienne Eglise
crût avoir le droit d'en agir de la sorte avec la nou-
velle, quand celle-ci était si exaltée contre ses propres
enfants. En effet, celte dissension à Cologne fut
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RODOLPHE II. 457
bientôt après l'occasion d'une semblable dans Stras-
bourg, où G ebliard s'était retiré avec trois chanoines
de son chapitre, protestants comme lui ; et la ville
de Donawerth, qui jusque alors était demeurée ville
libre et impériale et dont le plus grand nombre des
habitants s'étaient faits protestants, fut mise aussi
elle-même au ban de l'empire par suite de divi-
sion en matière de religion, et tomba ainsi au pou-
voir du duc de Bavière , qui fut chargé d'exéculer
la sentence contre elle (1607).
L'Autriche elle-même fut, au temps de l'empereur
Rodolphe, le pays d'Allemagne le plus agité et le
plus déchiré. Maximilien II avait accordé la liberté
de religion aux protestants, et même il leur avait
fait disposer une liturgie par un théologien de
Rostock , David Chytraeus. Cependant , comme il
voulait écarter leurs offices de la capitale, il leur
avait donné quelques églises dans la campagne aux
environs de la ville. Bientôt leur nombre s'accrut
extraordinairement; plusieurs de leurs docteurs,
particulièrement un certain Opicius , s'attachèrent
injustement et avec le plus grand zèle à gagner tous
ceux d'une autre croyance ; les plaintes devinrent de
plus en plus fortes, et Rodolphe, qui suivit en cela
les conseils des gens de parti , alla jusqu'à fermer
les églises qu'il leur avait auparavant données et à
leur enlever le droit de citoyen dans toutes les villes
d'Autriche. Mais ces mesures excitèrent bientôt de si
grands troubles, tandis que d'un autre côté la guerre
des Turcs et les troubles de Hongrie lui rendaient
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458 sixième époque. 4 520— 4648.
l'assistapce de ses états nécessaire , qu'il fut obligé
dç revenir à des procédés plus pacifiques.
. En Hongrie, on était généralement mécontent de
son gouvernement; parce qu'il ne s'occupait pas des
pays, et surtout parce que, non seulement il n'assis-
tait à aucune des assemblées de la province, m^is
il n'avait pas parii une seule fois dans le pays et y
laissait ses. soldats allemands se livrer à des actes
aussi licencieux qu'impudents^ Aussi y eut-il, ay.
commencement de ce nouveau siècle , le dix-sep-
tième, une dangereuse révolteen Hongrie, à la fête de
laquelle était uh gentilhomme, ËtiénileBotschkai, qui
s'unit avec les Turcs et s*empara d'une grande par-
tie du pays. Par-dessus tout, l'çmpereur devenait de
plus en plus indolent dans son gouvernement. Les
sciences du ciel et de la nature l'occupaient bien
plus que son royaume, et cette inclination, le mît
bientôt entre les mains d'hommçs. trompeurs qui se
vantaieat de lui apprendre 1 avenir d'après les astres
et l'art de faire de l'or ; car de même que de pareils
fourbes se trouvaient k ïa cour, mêlés avec des sa-
vants tels que Tiçno-Brahé et Keppler, ainsi se con-
fondaient dans l*àme de Rodolphe, d'une manière
étonnante, les plus nobles sentiments avec de folles
inclinations. Les anlique$,les statues, les pierres ci-
selées, aussi bien, que les tableaux, lui faisaient le
.plus grand plaisir, et illeur consacrait de grosses
sommes d'argent. Les ateliers d'alchimie, où Ton
devait faire de Torr n'avaient pas pour lui moins
d'attrait; et ceux qui voulaient causer avec lui des
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!K)DOLFrt* H* #8#
«flaires importantes de l'enipf i^e, allaktot le tfouVe*
dans te» tfettries , &k il oyait coutume de pà$sér une
partie delà journée. Cette indolence et èette ih*ôti+
ciance, la révolte de la Hdftgine et les de'aordtfe* dès
autres provinces miirichienAe&he fjoirfttiéttl pàfsétre
rrôd'atl œil iiïdifféi^rtlpf les frèfëtf et tatosina de
empereur, d'autant plos qu'il n'avait poitil d'enfoui.
Ils déKh^èluftt dbft© erisemhle s(i^ ce que deman-
dait le? bien de ta maison et ib tofcfclwwit eftfift un
trokeT eh i6Ô6y d'après leqiiely MathtHs* frère de
rempërpot, fat charge èe r&abtër l'vtàt* en Horigrte
et coi Autrtehè* Rodolphe en ftii d*na le prineîjfe
fort; ritMOfrtént ; éepembm ty r)ueh]ue& anhéès plirt ta*d,
il oon&Ufeit de bo» gré à iiv*e* à Màtllta* la pftftte
afctrtèhiedae au-delà et èn^deçÉ* de T£ns et fc
royaume de Hongrie; «afin que cëpdys, qui avait tatrt
souffert dans l'absence de l'empereur pendant èei«e
aps de guette* pût recouvrer là traftquillitéet le bien-
être sous le gouvernement de Mathias. » Et en effift
ce prince réussit à tranquilliser la Hongrie et à k
soumettre entièrement à séft obéissance, à la moVt
deBotschkai qui arriva kient^t ftprès.
Il ms restait donc à Pempereur Rodolphe, outfe
sa dignité impérial que eetlé de hoî de ItàliArt*.
L*s iétata prbfcestants de çé paya voulant tir* parti
du monaqnt favorable^ oi* leur maître était sâttspttisî-
âatibe et fnéme en division avec sa famille, l'aceafblè-
rentdeleuri instances jusque oe qu'ils5 nient obtenu
le libre exercice de leur religion, un consistoire, le
renvoi de l'académie de Prague, etu^uieledi^yrtde
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400 sixième époque. 4520—1648.
bâtir en Bohême de nouvelles églises et écoles outre
celles qu'ils avaient déjà. Cet écrit important s'ap-
pela la lettre de majesté, et ce fut la première occa-
sion de la guerre de trente ans.
L'union protestante. 1608. — La défiance se réveil-
lait en Allemagne entre les partis religieux. En même
temps, la division delà maison d'Autriche qui avait été
le soutien des catholiques, ralliait les états protestants
plus intimement les uns aux autres et leur inspirait
la pensée d'une nouvelle ligue offensive et défensive.
C'était la maison palatine qui y poussait le plus acti-
vement; elle y prit un grand rôle, et ce fut pour le
malheur de l'alliance; car comme le palatin était un
zélé calviniste, les luthériens en conçurent des idées
toutes défavorables, et le plus grand nombre d'entre
eux refusa d y entrer. Quand donc l'électeur Fré-
déric palatin parvint, dans l'année 1608, à constituer
après les plus grands efforts une nouvelle ligue qui
prit le nom d'C/h/bn, il n'y eut que le margrave de
Brandebourg , le comte palatin, Philippe-Louis de
Neubourg, le duc de Wurtemberg, et le margrave
de Bade, avec les importantes villes de Strasbourg,
Nuremberg et Ulm , qui voulurent en faire partie
avec lui. «On devait s'aider mutuellement de con-
seils et d actions, surtout protéger la religion; le pa-
latin devait avoir la direction pendant .la paix, et la
ligue devait durer dix ans. » On s'efforça d'attirer
plusieurs autres membres ; l'électeur de Brandebourg
ne s'en montrait pas trop éloigné, mais la Saxe était
prononcée daus son refus et répondit; « Si on ré-
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RODOLPHE II. 101
fléchit sérieusement, on verra d'un côté que la ligue
n'est pas nécessaire et de l'autre que c'est en réalité
une séparation, une scission avec l'empire entier
qui sûrement s'ensuivra. » Si la maison palatine ne
fut poussée à cette entreprise que par des vues d'am-
bition et non pures , elle les a bien durement expiées.
Guerre pour l'héritage de Juliers. — Dès l'année
suivante, 1609, survînt dans l'empire un événement
auquel ta ligue qui venait de se constituer put pren-
dre Une part active. Le duc Jean Guillaume de Juliers
qui possédait les beaux pays du bas Rhin, Juliers,
Clèves, Berg et Marck, mourut le 25 mars de cette
même année, sans enfants. Il avait quatre sœurs qui
avaient épousé des princes allemands, et toutes quatre
avec plusieurs autres parents éloignés faisaient va-
loir des droits à l'héritage. Mais deux des préten-
dants, l'électeur de Brandebourg et le comte palatin
de Neubourg, s'en mirent en possession et convinrent
ensemble, à Dusseldorf, dé gouverner le pays en
commun jusqu'à ce que l'affaire fût réglée. L'empe-
reur cependant, mécontent de la conduite arbitraire
de ces deux princes, envoya l'archiduc Léôpold,
évéque de Passau, pour prendre possession du pays
comme d'un fief vacant. Il vint avec quelques trou-
pes; mais il ne put occuper dans le pays, autre place
que la ville de Juliers et la citadelle, où le bailli le
reçut. Pendant ce temp-Ià, il fit lever de nouvelles
troupes en Alsace, et songeait à soutenir par la force
les droits de l'empereur. — - L'union voyant lamaison
d'Autriche se mêler de cette affaire, se montra, pro-
T. II. 11
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J62 sixifeME époque, ^20—1648.
mit son assistance aux depîç pripces aieuac& ej, fit
des préparatifs. Peplus» le roi deFfancp^HeprUY,
entra avec eux dans la ligue, et fortifia TopposUiOfl
contre Tempereur, On connaît }es grands projets fa
ce roi qui s'occupait de tout uphonJevprsetpentd^p?
l'Europe j il voulait affaiblir la rp^ou d'Àutrichef
former ensuite de l'Europe une république fédéra-
tive, qui mettrait sur pied une armée commune pour
chasser les Turcs. Son alliançç $vec l'union se ratyar
chait à ces projets} il avait fixp Vpnnée 1§10 pour
commencer ses entreprises çppjrp la maison d'A,p-
triche, Et en effet, l'armée de l'wniçn entya en Al^a^P
au printemps de celte n^éme appéefdisp^ft quelques
milliers d'hommes que Varçb jduc Léopoid y faisait
enrôler \ et, pour justifier cet açtie de violence, elle
accusa l'epapereur cl' une çopduitç jUegale dans l'af-
faire de Juliers. «L'empereur, dwait:e]lc,ne devait p^a,
dans ce cas* conformément \ l'^nqeq droit de l'em-
pire, décider lui seul j naai* ^'a^jjjiadf e pour celg un
certain nombre 4'^ect0UW £t 4$ pyippes, »
La lijjue çathpliquç. 4610, — 1$ spbite. pyrite
dVmes ; çtpla* gncpre 1? sppdyjtf; ^tjlpdç l'ijpiqp
daps tojjg ïgs pays des prinp£s epçlpqia^tiques pu
Varpiée arrivait ? aigrirent le$ çafhQl jqpps ; car elle
avait çp effpt parcpqru Isa tyfrhp* du Rhin,
Mrçyepce , TrèY09 j Cologpe4 l^pf «qs. Spire et autres
et les ayait traitas comme des pays cqpqujs, levant
4e3 contributions et exerçant Joute eapèce de vio-
lences, Alors le$ catholiques s'unirent aussi entre
eux et conclurent à Wprtzbqurg, en 1610 ,unç <J-
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BPDOLPHE H. 163
tîanoe ppur neuf ans contre l'union , et l'appelèrent
la Jigue. C'étaient surtont des princes ecclésiastiques
avec la maison de Bavière. On donna le comman-
dement en chef au duc Maximilien de Bavière,
afin que l'unité régnât dans l'alliance. Ainsi la ligue
eut bien plps de solidité que l'union, qui n'ayant
point de chef déterminé pour la guerre , était obligée
d'élire un général j et , comme elle n'était composée
quede princes laïques, chacun d'euxbriguait pour lui-
même cet honneur. Du reste, laligue était basée à perç
près sur les mêmes principes que l'union protestante.
Laligupprit donc les armes aussi elle; mais Henri IV
étant mort sur ces entrefaites , l'union se montra
biep plus disposée à terminer à l'amiable ; et les deux
partis déposèrent les armes.
Déposition de l'empereur Rodolphe en Bohême
et sa mort. 161$5. — De nouvelles querelles avec sa
faille yiorent encore jeter de l'amertume sur les
dernières années du vieil empereur. Il était fort
mécontent de son frère Mathias et il n'aimait aucun
des autres membres , si ce n'est Léopold, évêque
de Passau , dont nous avons déjà parlé. Il désirait
dpnclui donner la Bohême; et, dans l'année 1611,
d'après qn plan n^al calculé pour ce projet, il le fit
entrer dans ce royaume à la tête d'une armée. Les
é^ats dp Bohême, qui crurent voir dans cette dé-
marche des intentions Jiostrles , prirent les armes,
reqfprmèrçnt l'empereur dans le château de Prague
et appelèrent Mathias qui déjà depuis longtemps
comptait sur la couronne de Bohême. Il entra dans
11,
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164 sixième époque. 452Ô— 4648.
la ville au milieu des acclamations , et Rodolphe
fut encore obligé de céder la couronne à son frère,
après d amères et mortifiantes négociations. On dit
que pendant ces jours de troubles et dans un mo-
ment d'irritation , ii ouvrit la croisée de sa chambré
et s'écria , avec ces paroles qui peuvent être regar-
dées comme un malheureux oracle: « Prague, in-
grate Prague, tu as été élevée par moi, et aujour-
d'hui tu repousses ton bienfaiteur ! Que la vengeance
divine te poursuive , et que sa malédiction tombe
sur toi et sur toute la Bohême ! »
De toutes ses couronnes, il ne lui restait plus que
la couronne impériale; mais la mort qui vint bien-
tôt l'enlever, dans sa soixantième année , le 20 jan-
vier 1612 , prévint la douleur de cette nouvelle
perte que sans cela il aurait vraisemblablement
éprouvée ; il vit la mort venir avec calme et même
avec joie , parce qu'elle le délivrait de mille soucis.
Matbias. 1612—1619.
Le choix du nouvel empereur tomba sur le plus
âgé de la maison d'Autriche ; il fut élu le 13 juin
à Francfort, et couronné le 24 , avec une pompe
comme on n'en avait presque jamais vue. Tous les
électeurs , excepté celui de Brandebourg , et une
quantité de princes y étaient présents. « Il semblait,
dit un historien, que les princes voulaient prendre
congéjcarils ne sesontplus ainsi ressemblés depuis.»
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MATHIAS. 16S
Le roi Math i as seul avait dans sa suite trois mille
hommes, quatre mille chevaux et cent voitures à
six chevaux; et les autres princes paraissaient, sui-
vant leur fortune, avec un luxe presque semblable.
Les fêtes se succédaient, et un étranger, témoin -de
ce grand et brillant rassemblement, où régnait la
joie , aurait pu prendre l'Allemagne pour le pre-
mier pays du monde, y trouvant un si beau cortège
de princes qu'il voyait réunis dans une telle fami-
liarité. Mais derrière ce rideau si brillant, veillait
l'esprit de dissension; l'observateur profond aurait
découvert dans la joie des catholiques l'espérance
de grands avantages pour leur parti , basée sur l'ac-
tivité et la fermeté de l'empereur ; et dans celle des
protestants des espérances fondées sur l'apparence
de sa mauvaise santé. Le prince Christian d'Anhalt,
un des plus entreprenants parmi ces derniers , fit
sentir avec finesse le double sens de cette fête : « Si
l'on en vient à danser, dit-il , Mathias désormais
ne peut plus faire de grands sauts. »
Le nouvel empereur , en effet, ne montra pas toute
l'activité qu'on avait eu lieu d'espérer; il sembla
qu'il n'avait forcé son frère de lui céder le trône
que pour continuer dans son indolence et son irré-
solution : mais les passions n'en travaillaient que
plus activement les esprits, et préparèrent ce fâ-
cheux éclat qui arriva dès le règne de Mathias. Dans
les provinces autrichiennes l'esprit de parti , excité
par les prêtres dans les chaires, reparut avec une
nouvelle force; les hommes de différentes religions
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466 sixiemb époque, 4&20— 4648.
perdirent pour [ainsi dire entre eux les rapports
d'hommes; car la haine qui tient à ce que l'homme
a de plus sacré est la plus implacable.
Il se passait aussi dans le reste dé l'Allemagne
quelques événements importants : des différends
avaient éclate dans Àix ; d'autres dans Cologne
avec les deux possesseurs de Juliers , parce qu'au
détriment des habitante de Cologne ils avaient
donné le titre de ville à Mulheim sur le Rhin.
Dans ces deux différends, l'empereur décida en fa-
veur du parti catholique et souleva ainsi chez les
protestants de nouvelles inquiétudes. Sa lenteur au
sujet de Mulheim aurait eu peu d'effet si les deux
maisons princières qui avaient pris possession de
l'héritage dé Juliers ne s'étaient divisées entre elles;
mais le prince palatin Wolfgang Guillaume , qui
devait épouser une fille de la niaison de Brande-
bourg, étant venu pour cette affaire même & Berlin,
se prit de querelle avec l'électeur pendant le 1-epas}
tous les deux étaient excités par le vin , ils s'ou-
blièrent, et celui-ci donna au prince palatin un
soufflet. Jamais , peut-être, Unfe circonstance aussi
insignifiante, n'eut de suites Si graves dans l'his-
toire: le système tout entier de l'empire en fut
ébranlé, et ces secousses se firent long-temps sentir.
Le prince en colère partit aussitôt de Berlin ; et,
en haine de la maison de Brandebourg , il s'unit in-
timeu.ent avec celle de Bavière, y prit une femme
et même la religion catholique. L'électeur de Bran-
cK'bourgi au contraire, qui craignit pour ses éWs
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MATHIAS. 16Î
de Juliers, si Wolfgang Guillaume les attaquait
seconde' par la ligue et par les Espagnols , demanda
l'assistance des ftollandais qui étaient toujours en
guerre aVec les Espagnols ; et , afin de leur être plus
agréable , il quitta l'église luthérienne pour passer
dans celle des calvinistes. Les états de Juliers furent
donc envahis par des étrangers de deux côtés: les
Hollandais occupèrent Juliers , les Espagnols, com-
mandés par Spinola, occupèrent Wésel ; et ces deux
armées firent exécuter la sentence de l'empereur con-
tre Mulheirh. Ainsi déjà dans l'empire les troubles
devenaient des hostilités, et les états allemands
commençaient à faire des alliances avec l'étranger.
L'itiquiétude des protestants fut enfcore excitée da-
vantage par le choix de l'héritier de l'empereur. CÎar,
comme Màtliias lui-même ainsi que ses frères Maxi-
milien et Albert n avaient point d'enfants, et que les
affaires de l'état n'avaient pas un grand attrait pour
ces deux derniers princes , ceux-ci renoncèrent à la
succession des états autrichiens à laquelle ils avaient
droit et proposèrent pour successeur leur cousin, le
jeune archiduc Ferdinand, déjà possesseur de la
Styrie, de la Carinthie et de la Carniole, Toute
cette affaire fut fort désagréable à l'empereur : il dut
sentir la main de la Providence qui lui faisait expier
l'injustice commise à l'égard de son frère Rodolphe;
mais ses frères y mirent tant d'instance qu'il fut
enfin obligé de céder. Ferdinand fut reconnu pour
Hitur roi de Bohême dans une diète, en 1617, et trois
semaines plus tard il fut couronné avec pompe dan»
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168 sixième époque. 1520 — 1648.
Vienne. Les états n'exigèrent rien autre chose que la
confirmation des droifs dont ils avaient joui jus-
qu'alors , et l'absence du nouveau roi dans les
affaires du gouvernement tant que l'ancien roi vivrait.
Ce Ferdinand a été la principale cause de ce vio-
lent ébranlement de son époque , et mérite d'au-
tant plus d'être sévèrement et équitablement appré-
cié que , dans tous les temps , il a été plutôt injurié
ou traité avec passion que soumis à un jugement
calme. Il fut élevé dans l'université de Ingolstadt,
en Bavière, particulièrement par des jésuites et
sous les yeux du duc Guillaume de Bavière , catho-
lique zélé , et nourri depuis son enfance dans les
principes les plus sévères en matière de religion. Il
croyait fermement à une seule Eglise , et il regar-
dait comme son premier devoir d'y maintenir tous
les hommes ou de les y faire entrer par tous les
moyens qui sont en la puissance humaine : par la
bonté et la sévérité , par la force de la parole
et par celle de l'épée; « car le salut de l'âme,
lui avait-on dit, va devant toute considération hu-
maine. » Aussi a-t-ii suivi ces principes toute sa vie
avec la plus grande fidélité; il se croyait destiné
par Dieu à être le champion de l'Eglise catholique
et le restaurateur de l'ancienne croyance. Mais de
cette croyance, il n'en a point fait un mystère; il
est entré franchement et loyalement dans l'arène,
et c'est là son côté glorieux dans l'histoire : car tout
homme qui suit avec opiniâtreté et sans arrière-pen-
séc de toutes les forces de son être ce qu'il a une
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maihus. 169
lois reconnu comme juste et sacré est certainement
un homme honorable.
Le jeune prince, à peine devenu maître dans ses
états , se mit à réformer , c'est-à-dire qu'il ramena
l'ancien usage dans le service divin ; il mit en avant
le principe qu'un souverain ne doit souffrir qu'une
seule religion dans ses états , afin qu'il y ait une
parfaite uni lé d'esprit et de volonté ; et comme la
paix de religion d' A ugsbourg ne donnait dans ce cas
aux non croyants que le droit de s'expatrier, il força
ceux qui ne voulaient pas se rallier à l'ancienne
Eglise de sortir du pays. Ces mesures étaient dures,
car il n'est rien de plus dur pour un homme qui
s'attache et qui sent vivement que d'être obligé de
quitter pour toujours les lieux ou ont demeura ses
ancêtres, et où il a lui-même passé les premières
années de son enfance. Il devait donc nécessaire-
ment s'élever de grands mouvements dans les états
de Ferdinand.
La nombreuse population des montagnes se leva la
première; parce que ces hommes qui ne quittent ja-
mais leurs montagnes, vivent éloignés du tracas de
toutes les relations sociales, et qui sonthabitués à consi-
dérer les grands et éternellement immuables tableaux
delà nature sanss'occuper de l'inconstance des affaires
humaines, tiennent plus fortement que tous les
autres à leurs opinions et au soi de la patrie. Ce-
pendant il y avait dans les mesures du jeune prince
tant de fermeté et de calme, il se montrait si réso-
lument sévère 1 qu'il avait prévenu les éclals du mé-
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470 sixième époque. 1520—1648.
contentement avant qu'ils eussent paru, et que malgré
toute les maisons de justice qu'il avait érigées de tous
côtés, pas une goutte de sang ne coula. Aussi, ce fut
comme un prodige exposé aux yeux de tout le
monde , que dans l'espace de quelques années, on ne
vit plus aucune église protestante dans le pays où
la plus grande par lie des habitants s'étaient attachés h
la nouvelle doctrine , et qu'on ii*y entendit plus uh
seul prédicateur protestant. Une pareille énergie
dans un jeune prince devait soulever de grandes
espérances pour un des deux partis et de grandes
craintes pour l'autre. Les états de l'union en Alle-
magne, et surtout l'électeur palatin, voyaient donc,
dans l'élévation de Ferdinand connue chef de la
maison d'Autriche, de nouveaux motîft pour affer-
mir leur alliance. Ils travaillaient toujours à gagner
l'électeur de Saxe; mais en vain. Son indisposition
contre l'église calviniste faisait sans doute au fond de
son cœur une opposition forte ; mais aussi le désir de
conserver là paix dans l'empire avait une grande in-
fluence sur sa résolution, et ce désir était bien marqué
parmi la plupart des princes luthériens, surtout
depuis la mort de Maurice. Une lettre de l'électeur
de Saxe à l'arcniduc Ferdinand prouve que du
moins chez lui ce sentiment était réel ; il lui disait :
« puisqu'on en est venu à un tel point, qu'on ne peut
qu'à peine trouver quelques traces de bonne intelli-
gence et de confiance parmi les états d'Allemagne,
il faut au moins s'efforcer de ranimer en quelque
*0:te !e peu qui s'y trouve, Car, si cet ét&t actuel et
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(iUÈRBÈ DE tîlENiî A$S. iïi
dangereux doit durer, si Ton doit recoiitfr plutôt
à la plus extrême sévérité pour guérir, (ju'âlix mrîyenfc
plus simples, il est évident que cette tentative dé
guérison ou entraînera la ruine totale de l'un ou
l'autre des deux partis, ou conduira, après beaucoup
de sang répandu, après avoir cause la ruine du pa3S
et de sefi habitants, à des moyens mitoyens que
l'on peut dès à présent employer saris vlolenbe ni
danger. » Ces paroles étaient comme une annoncé
de l'avenir et auraient pu Frapper Ferdinand de
quelques rayons de lumière , s'il n'avait tenu seà
jeux fortement fixés sur un seul point. Un autre
témoignage plus expressif encore se manifesta peu
de temps après et lui présagea la proximité du dan-
ger qui menaçait sa riiàifcorl.
Jkfouveraent* en Èoftéme. €ointrt«icemeirt de ta guerre 4e trente ans/
Depuis la nomination de Ferdinand pour fbttîr
roi de Bohême , les protestants crurent remarquer
dans le pays plus d'activilé et plus d'assurance
parmi les catholiques. La renommée, qui dans les
temps extraordinaires est toujours plus? agitée et
plus effrayante que jamais, portait avec fclle mille
détails qui leur annonçaient de grands dangers.
« La lettre de majesté qui garantissait leur sécurité et
leur liberté était sans force, parce qu'elle avait été
pxtorrjuéç m roi Wodolphej » ainsi parlaient les <ty-
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172 sixième époque. 1520—1648.
tholiques, disait-on : « A l'arrivée du roi Ferdinand,
il y aura un nouveau roi et une nouvelle loi ; il y
aura plus d'une tête qui tombera. » « Les biens passe-
ront en d'autres mains, et plus d'un pauvre se
trouvera riche du bien de ses parents. » De plus,
quand Ferdinand prêta hommage, on fit colporter par
toute la Moravie des tableaux, où le lion de Bohême
et l'aigle de Moravie étaient représentés enchaînés et
près deux un lièvre endormi les yeax ouverts, pour
signifier que les états avaient beau ouvrir les yeux>
ils ne comprenaient pas quel t^ort leur était réservé.
Ces démonstrations hostiles et bien d'autres, grossies
encore en passant de bouche en bouche, jetaient
l'effroi dans tous les esprits.
Enfin on ne manquait pas non plus de raisons
bien plausibles pour susciter des querelles. Ainsi, la
lettre de irajesté assurait aux protestants de Bohême
la liberté de construire de nouvelles églises, mais
le gouvernement restreignait le sens de cet article
aux provinces protestantes du royaume et refusait
.son application dans les provinces catholiques. En
1617, les protestants qui se trouvaient dans la juri-
diction de l'archevêché de Prague, bâtirent une
église dans la petite ville de Glostergrab , et ceux de
la juridiction de l'abbé deBraunau en bâtirent aussi
une dans leur village. L'archevêque et l'abbé ne vou-
lurent pas les tolérer, et ils en portèrent leur plainte
à l'empereur. Puis , quand les églises furent termi-
nées , l'archevêque fit valoir un ordre impérial ;
l'église de Glostergrab fut démolie jusqu'aux fonde-
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GUERRE DE TRENTE ANS. *?5
ments, et celle de Braunau fut fermée; ensuite,
comme il s'éleva une révolte à ce sujet, les citoyens
les plus mutins furent jetés en prison.
Alors les protestants crièrent à ta violation de la
lettre de majesté, et ils trouvèrent un chef résolu
dans le comte Mathias de Thurn. Ce comte , né à
Gratz sur les frontières de l'Italie, mais alors de-
venu citoyen de Bohême , soutenait avec toute la
chaleur du sang italien Ses croyances et ses libertés ;
et il fut choisi pour défenseur des évangélistes en
Bohême. Ce fut sous ce titre qu'il convoqua les
états protestants à Prague. On fit parvenir à l'em-
pereur plusieurs suppliques , pour le prier de faire
cesser les motifs de leurs plaintes et de rendre à la
liberté les citoyens de Braunau, toujours retenus
prisonniers.
La réponse de l'empereur fut très dure. La résis-
tance des habitants de Braunau et de Clostergrab y
est appelée une révolte; les états y sont fort blâmés
de s'être occupés de citoyens étrangers pour eux,
d'avoir tenu des assemblées illicites et d'avoir cher-
ché par dé faux bruits sur les dangers de la lettre de
majesté, d'arracher à l'empereur l'amour et la fidé-
lité de ses sujets, etc. La menace qui venait ensuite :
« On examinera l'affaire et on rendra à chacun sui-
vant ses mérites, » acheva de donner aux esprits déjà
excités les plus grandes craintes sur l'avenir. De
plus, le bruit se répandit que cet écrit n'avait pas
été fait à Vienne, mais bien à Prague même , dans
la maison du gouverneur, et même particulièrement
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m sixife&p Épopuç. 4^2P— ^48
par deux conseillers catholiques, Martinez et Slavata.
La colère qui éclata se porta donc sur eux, comme
sur l'objet le plus immédiat. Déjà depuis long-
temps ih étaient haïs> parce qu'Hs n'avaient pas
youluj prendra part ^ I3 confection cje h lettre de
ça^jpsté > i\ y % neuf ans 5 or* racontai); epçorjp n*ainte$
circonstances, très irritent^ de lçijr zèfe pour l'Églisç
çathoUquet O9 fbt&U que BlaFUp^z: $yajt fait chasser
p$r dgs chiens k l'ÉgHsç çatljpii<jqe les protestants
gui étajeat 501^ sa juj:i<|ictjpp > çt qqe Sl^v?t» ^vait
forcé cej^ 4? k sJÇfl A£ * w faire çatl^liques en leur
refusant le baptême et l'enterreçaent en terre sainte.
Les députés (Je$ f tqts^ exaspérés par ces bruits, se
présentèrent le 23 ni^i 16182 ^rnjés et accompagnés
de Ipurs gens,* au château, roj$l de Prague devant les
gouverneurs , et leur demandèrent s'ils avaient fait
pftj$JQ cju cq^seil ? qpanji pn y aurait délibéré l'écrit
jiifpprial, $j dm; et si JjpstUe pojjr ?uxj enfin ^il^
j&Y3i?Rt qpiqé ppuy Juif et^r lçur réponse qu'il
f^ikit 3#pan*yant ftppejep }f,S mepabres du conseil
jbspplfl * pour ?yi$er mv u^e affaire si importante ,
^jpelquf s.hwimes dp 1^ foule s'^ncêropt et dirent :
» JSEoiis savons qu'^cjanj de Sternpbçrg ^ }e premier
hurgr^ve ,t et Rippld de. Lobkowitz , ont en effet
assisté à lfi délibération §ur l'écrit \ mais qu'ils n'ont
|#6 #onlu çppse.ntir à $a confection. » Alors on les
pon^Ujisit fo*u$ deuç dcms une autre chambre ; mais
d'aif^ç? s'éj^qt jetés sur Martiqez, le traînèrent à la
fep^trç et \p jetçrept en bas. Ils restèrent tous en-
suite dqifls wç espèce de stupeur, jusqu'à ce que le
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OUERR£ DE TRENTE À\S. ^Ify
comte de Thurn s'écriât en leur montrant Sjuvata:
«Nobles amis, voici le deuxième, » et aussitôt on
le saisit et on le pre'cjpita en bas. Restait encore le
secrétaire Fahricius, qui subit le même traiterçieq^
cpmme complice des deux aulres. La hauteur étyi\
de cincinantç-six pied^ ^ cependant pas iia dgs \yç>\y
ne perdit Ja yje, parce qu'ils tombèrent sjjp VW t^
de débris de papiers ej; d'autres objets (le rgbuj; j ijp
échappèrent même à qne décharge qui fut faite siu*
eux , et ils furent sauvés comme par miracle.
LesBobémiensvoului
par plusieurs exemple
tfiqt des Romains qui
roche tarpéienne, qu
voit qup la reine Jpzal
fenêtre en bas , poi^r
Dieu. Cependant ils si
excuses ne les garantir
s'ils rie faisaient eq mi
tifs poor l'écarter. El
aussitôt occupé par le
en charge prétèretjt s<
tous les jésuite?* que Ton regardait comme les art|-
sarçs des projets hostiles aux protestants, furent chas-
sés du pays, et enfin on établit un corqité de trente
gentilshommes pour gouverner. Tout ^nRonçait firç-
tention où Ton éLait de se défendre parla forcç , et lp
comte de Thurn étsfit l'âme de toutes ces menées.
I/empereur Mathifis fut fort déconcerté quand il
reçut cette nouvelle. Car oi\ trouver des secqurs
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176 SIXIEME ÉPOQUE. 1S20— 1648.
pour ramener à Tordre ces révoltés de Bphême ? Le
mécontentement n'était pas moins grand dans les
pays autrichiens qu'en Bohême; en Hongrie, c'étaient
les mêmes dispositions. L'indulgence lui parut donc
Tunique moyen de conserver cet important pays à la
maison d'Autriche ; et le confesseur même de l'em-
pereur, le cardinal Clesel , son conseiller habituel et
le plus grand ennemi des protestants, était de même
avis. Mais le jeune Ferdinand s'opposa de toutes ses
forces à de pareilles pensées. «Avant tout, écri-
Vait-il à l'empereur, il faut que vous sachiez que
Dieu même a soufflé les troubles de ce pays; car il
est visible qu'il a frappé d'aveuglement les Bohé-
miens , afin que par cette effroyable action qui doit
paraître à tout homme raisonnable de quelque re-
ligion qu'il soit , horrible, indigne d'un chrétien et
digne de punition , il arrachât aux rebelles et fît
tomber dans Teau leur plus spécieux prétexte, celui
de travailler pour leur religion. Car sous ce prétexte
ils avaient pu jusqu'à présent enlever à leurs sei-
gneurs leurs droits , leurs revenus et leurs sujets.
Mais autant l'autorité vient de Dieu , autant une pa-
reille conduite vient du démon ; et Dieu ne peut pas
approuver l'indulgence de Tautorité, telle qu'elle a
été jusqu'à ce moment ; peut-être même nelesa-t-il
laissés venir jusqu'à cet excès qu'afin que les maîtres
se délivrassent de la servitude où les tenaient leurs
sujets. Qu'enfin il pensait qu'il n'y avait pas autre
cliose à faire que de prendre les armes. »
Celte lettre de Ferdinand nous fait connaître toute
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. GUERRE DB TRBNTJB ANS. 177
la sévérité de ses principes. Aux paroles il joignit
en même temps les actions ; il leva des troupes de
tous côtés et se montra si bien résolu qu'il était visi-
ble que toutes les incertitudes de l'empereur ne pour-
raient pas l'arrêter.
Les Bohémiens firent aussi leurs préparatifs de
leur côté et ils s'emparèrent de toutes les villes du •
pays , excepté de Budweis et Pilsen , qui restèrent
fidèles à l'empereur. Ils trouvèrent un secours d'au-
tant plus grand qu'il était inattendu dans un guer-
rier qu'on peut regarder comme un des plus grands
héros de son siècle, et qui montra le premier, par .
son exemple , comment un homme seul , sans pro-
priété , sans aucune dépendance , peut rassembler
autour de lui des troupes de vaillants soldats par le
seul bruit de son nom et , comme faisaient autre-
fois les princes germains du temps des Romains ,
marcher avec toute sa suite partout où Ton a besoin
de son bras , moyennant une rétribution et pour le
butin. De pareils hommes ne se rencontrent que de
temps à autre et annoncent une époque extraordi-
naire où tout est sorti des voies habituelles. Leurs
troupes se forment et se grossissent par la guerre}
il faut même de la guerre pour les entretenir et c'est
ce qui explique comment elle a pu exercer ses fu-
reurs sur le sol allemand pendant trente ans sans
discontinuer. Cet homme , c'était le comte Ernest de
Mansfeld, guerrier depuis son enfance, génie témé-
raire et entreprenant , qui déjà avait maintes fois
bravé les dangers et venait d'enrôler des troupes
t. h. 12
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4W sixiejM ÊMQtJB. 4520—1648*
pe«r le du© de Savoie et faire la guerre* contre
FEspague* Le due, qui n'en avait pas encdre besoin,
ltii permit de servir en Allemagne le parti de l'union;
etee fut eUe qui l'envoya en Bohème avec trois mille
hommes, comme si les appointements qu'il avait
touchés étaient venus de ce paya. Il parut tout d un
coup S8M éfoe atfspdn r et prit, chemin faisant > Tiâi-*
portante pkce de Pil^ert sur le* impériaux,
Dans l'intervalle l'empereur Mathias mourut, le
40 mai» 1019* et ktf Bohémiens qui l'avaient re-
connu pour leur roi tant qu'il vécut ) résolurent
alors de marier son Jucocsseur, Ferdinand, qui mon-
trait des intentions si hostiles.
Ferdinand H. 1619 à 1637.
iCefak jmi milieu de ces circonstances si difficiles
cpfe FerdtattHl prit les rêne» du gouvernement î la
ffctbAaat ta armes et menaçant Vienne même d'uUe
mtaâaai*!» Silésie et la Moravie fraternisant de
caonr avecksrénake» r FÀatriche très portée h s'nmr
avec *mr la Hongrie retenue par un faible fil „ les
T**e* qui affirmaient au dehors ^ écrirai cfe tous cotés
lataiftedmentestents âteitéaeontre la» parée qu'il
aftrfiftit se» seadiniert» contre eu». « Malgré tousoaa
dato$m*f dU de k» ï&hf#Venkulkr y ce glorieux- se*-
vêmfia «fa jamais perdit courage et est cûrtatamc-
n*eat realé fort, dans sa religion, dans sa eenfceee
eaÛieu qièil'a pris seœsaprotectio»et Va conduite
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UVEJtRè M T**NTC Ai». 479
cette mer orageuse malgré-tous les efforts des hommes. »
Le comte de Thurn s'avança sur Vienne à la téta
êtes Bohémiens, et quand on lui demandait le but de
son expédition , il répondait : « Là où se trouve le
rassemblement, c'est là que je vais pour le dis-
perser. Entre catholiques et protestants il j aura
désormais une parfaite égalité, et l'on ne verra plus,
comme avant , les catholiques s'élever au-dessus des
autres, comme l'huile au-dessus de l'eau. »
' Il vint jusque devant Vienne et ses soldats tirèrent
même sur le château impérial où Ferdinand se tenait
renfermé, entouré d'ennemis déclarés et secrète*
Àfais l'abandon de sa capitale aurait entraîné la perte
de 4' Autriche et même celle de l'empire* Déjà ses
adversaires le regardaient comme perdu,; déjà iU
parlaient de renfermer dans un couvent et d'élever,
$e$ enfants dans les doctrines protestantes. Aii mo-
ment du plus grand danger, seize membres des Aats
autrichiens parurent devant Ferdinand et exigèrent
avec violence son consentement à leur armement et à
une alliance qu'ils voulaient faire avec la Bohême.
Un d'eux alla même jusqu'à tirer le roi par le bouton
de &H habit , exigeant de la manière la fflttè HKJfcéie
Jjti'il signât tout ôequ^on lui demandait. Màisèif»«ê
ifaêmè foiomehtj par tihe concordance iheH«îHèuaë
èMvéhementfe , cinq cents cavallërt de Dattfpîfcfre*
arrivant de Krems ,eritrèrentdansViënhe £ôtrt» f&à
tendre d'autres ordres ; et sans savoir ce qui se passait
âansïe château, pénétrèrent jusque dans là tTôtif\ au
son de la trompette* Les députés se hâtèrent oie se
12.
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480 sixième époque. 4520—4648.
sauver dans le plus grand désordre, pensant que
l'arrivée de ces cavaliers était commandée, et Ferdi-
nand fut ainsi délivré de la fâcheuse position où il
se trouvait (*).
* ' Bientôt le comte de Thurn fut obligé de rentrer
en Bohême, parce que Prague était menacée par les
troupes autrichiennes; et Ferdinand profita de ce
moment pour l'exécution d'un autre et audacieux
projet. Bien que la cérémonie de l'hommage n'eût
pas encore eu lieu dans les pays autrichiens et qu'il
pût s'y passer pendant son absence des événements
fort contraires , il résolut de partir pour Francfort ,
assister à l'élection de l'empereur. Les électeurs
ecclésiastiques étaient pour lui, la Saxe tenait à la
maison d'Autriche , le Brandebourg n'en était pas
éloigné, et ainsi l'opposition du palatinat seule ne
fut pas assez puissante. — Ferdinand fut élu empe-
reur le 28 août 4619 et couronné le 9 septembre.
Frédéric V électeur palatin, élu roi de Bohème. 1619 a 1650.
Cependant les Bohémiens dans une assemblée
générale des états avaient déposé Ferdinand de
la royauté; « parce que, contradictoirement au
pacte fondamental convenu entre eux , il s'était
mêlé de l'administration avant la mort de l'empe-
(*) Depuis cette époque, en mémoire de cet événement, ce régiment de
cavalerie a la permission , quand il passe dans Vienne , d'entrer dans la
cour du château ; ce qu'aucun autre régiment ne peut faire.
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GtfERRE DE TRENTE AH 8. 484
reur; parce qu'il avait apporté laguerre en Bohème et
qu'il avait fait une alliance avec l'Espagne contre
k liberté du pays. » Ils procédèrent donc à uû
nouveau choix. On mit en avant le duc de Savoie
et le duc de Bavière pour le parli catholique ,. et
l'électeur de Saxe avec celui du palatinat, Frédéric V,
pour le parti protestant. Ce fut ce dernier qm pbtiat
les suffrages , parce que, comme il était beau-fils du
rbi Jacques Ier d'Angleterre, on espérait dés secoure
de la partdu beau-père; d'ailleurs, il était lui-même
regardé comme un homme de résolution , avec iuae
grande âme et un cœur généreux» Les électeurs <Je
Saxe et de Bavière et Jacques If*méme tentèrent 4e
dissuader Frédéric d'accepter une couronna $i
dangereuse; mais son aumônier Scultetus et. 4a
femme, qui étant fille d'un roi désirait beaucoup
porter aussi elle une couronne royale , mirent d'au-
tant plus de zèle pour l'y décider, Frédéric l^ur
obéit, accepta la dignité royale en Bohêqae et fut
couronné le 25 octobre 1519. Il se fit un; devoir,
comme il le dit lui-même , de ne pas abandonner
ses frères dans la foi qui avaient recours à lui.
S'il avait eu assez de génie pour achever heureu-
sement son oeuvre, il aurait été rangé dan$ l'histoire
au nombre de ces hommes audacieux qui, par le
sentiment de la force qu'ils sentent en evix-mâo&es ,
osent s'engager dans les grande* entreprises; mais le
sort lui, a été contraire r et lui-même n'a pas mon-
tré dans les revers celte force et cette présehee
d'esprit qui conviennent à celui qui w décida àm>
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«Se sixième époque. 45atWa648.
eep*er une couronne environnée de taat de dppge&i.
Ferdinand, au reloua de Francfort, se rendjk
£ Munich près du duo de Bavière et conclut avec
foi eette importante alliance «fui lui a valu te recou-
vrement de la Bohême. Us étaient tous les deux
atols de jeunesse , et Fanion avait irrité le due par
un grand nombre d'imprévoyante» pvwçeattonq.
MaximiMen accepta le commandement en ekef'dû
parti catholique et stipula avec la maison d'jàufticbe
quSl serait dédommage de toost le» frais et perte*,
itoéme par abandon des pays autrichiens s'il le fal-
lait, t/empereur réussit égalementà ftûreua alliance
' avec P Espagne , et le gênerai espagnel Spinela reçut
Tordre de ftiire une iqvaskm, des Pays-Ba* dans le
Palatinat.
: Plus tard , IMlecteuï de Mayenoe syantaœené f4-
keteur Jean-Georges de Saxe à une e&nfërenee^à
;Muhlhausen,le décida, <]e méiqc quelf&éleélfîuvsde
GoFogneet de Trêves, à prêter secours atifxnfc qufc pos-
sible à l'empereur pour reconquérir son ioywstneet
sa dignité impériale. 11 ne restait dono plusd'aulve
ressource au nouveau rei de Bok&bfr e«vtK> seflppe-
pree sujets que l'union j elle fit ses. préparatifs, tan-
dis que la ligue les At aussi de son oèté. Toute
l'Âllemagpe ressemblait à une grande place de i«-
tOratement. Tous les yeux étaient fixés surla Souabe
oàles deux armées devaient se rencontrer. Maifctowt-
è-eoup, lorsque personne n'y songeait,* eut lieu à
Uhn, le 8 juillet i€20, un traité par lequel les
unistes s'engageaient à déposer les ornées; et les
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deu* partis se promirant 1? pat* <$ 1* tfauquilttt&
Les unistes se soutirent trop faible* lorsque mmacél
déjà du côté des Pays-Bas par Spinqla, ils durent
encore avoir à combattre les Saxons* Mais un gwud
avantage pour l'empereur, o'est quelaBohém#ne fut
PAS comprise dans ce traité et qu'il put ainsi *e atèndr
4a l'armée des ligués contre son adversaire. Maxir
Hiilien de Bavière sç mit en effet aussitôt m route ,
força , chemin fiaient , le* états de la b#Ute Autrieh*
à l'Qbéisaancequ'iïs devaient à l'empereur, se réuefc
avec l'armée impériale et euvahit aussitôt U Bohême*
D'un autre côté, rélecteur de Sexe s'empara 4* 1»
kusace au nom de l'empereur,
Frédéric se trouva 4pj*c vivement pressé. Optlr
dapt il aurait pu encore rester victorieux; avec le
4c cours d'un peuple fidèle et valeureux, qui 4$fc
deux cents ans auparavant avait défendu son tar*
ritoirç 4ans la guerre des hussites contre toutes lep
fprcea de l'Allemagne. Mai* U m sut point gagner
Iputp U confiance 4e la nation. Sa vie &ait aew
soucis et 4tfpeP9ée k des affaires futiles» il ne ^va^b
point gairdar.qefcte graviW , eet aur 4* réflwtw» qui
«0nHennent4dAi4Q»temps aos** di©o*le# fue eeu*-
&; il pva»t m&u* d#» 4i*tinoUonfl qwi plaçait
toujours les ^naeill#r» allemand» et m féttés»*
au-dessous d#s BoWmiereu et ecfcta feibtasâ fut*$
qui précipita s* ruiue»
Bataille de la montagne Manobe, p*ès de Prague,
$ novembre 1620. ~^ A l'approche de l'ânnen*).,
les troupes bohémiennes »e rcûment sur Prague***
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484 sixAme époque. 4520—4648.
se retranchèrent sur la montagne blanche auprès de
la ville. Mais avant que les retranchements ne fus-
sent terminés, les Autrichiens et les Bavarois Tesca2-
ladèrent et la bataille s'engagea ; car Maximilien , dans
son impatience ne voulut pas souffrir que la décision
fût différée d'un seul instant, et en moins d'une heure
le sort de la Bohême était décidé. L'armée de Fré-
déric avait été taillée en pièces, et toute l'artillerie
avec cent drapeaux était au pouvoir de l'ennemi.
Frédéric lui-même qui n'avait vu la bataille que de
loin, des remparts de la ville, perdit en même
temps toute sa fermeté; il s'enfuit de Prague la nuit
suivante avec le comte de Thurn et plusieurs autres
ée ses généraux, contre l'avis des plus audacieux de
ses amis; et se rendit en Silésie. Bientôt, craignant
même de s'y laisser renfermer et de rallier ses parti-
sans autour de lui , il s'enfuit plus loin , jusqu'en
Hollande , où il vécut sans domination et sans cou-
rage aux frais de son beau-père le roi d'Angleterre.
L'empereur fit prononcer contre lui le ban de l'em-
pire, et toutes ses propriétés furent confisquées.
Prague se rendit aussitôt et toute la Bohême sui-
vit son exemple , excepté Pilsen qu'Ernest de M ans-
feld défendit audacieusement. Les pays palatins
furent occupés par les Espagnols commandés par
Spinola, et l'union rompit ses engagements par peur
à son approche, en 1622. Ainsi , sa fin fut aussi peu
glorieuse que celle de la ligue de Schmalkalde , et
toutes les deux furent dissipées par les Flamands ;
car cç fut encore aVtec eux , commandés par le comte
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GUBFRE DE TRENTE À5S. 488
de Van Buren , que Charles V fut vainqueur de cette
première ligue.
La punition que l'empereur tira de la Bohême lui
fut extrêmement sensible. Pendant trois mois on
n'entendit parler de rien ; puis tout-à-coup, quand les
fugitifs furent rentrés , le même jour et à la même
heure, quarante-huit chefs du parti protestant furent
arrêtes; et, après l'interrogatoire, vingt-sept furent
condamnés à mort , dont trois seigneurs , sept cheva-
liers et les autres des bourgeois. Les biens des con-
damnés furent confisqués aussi bien que ceux des
absents déclarés coupables, entre autres ceux du comte
de Thurn ; en outre , il chassa tous leaministres pro-
testants du pays, gardant encore quelques mesures
par crainte des Bohémiens, des Allemands et de
l'électeur de Saxe; mais plus tard, en 1627, oh
signifia aux seigneurs , aux chevaliers et aux bour-
geois qu'on ne souffrirait plus en Bohême un seul
homme qui ne reconnut pas l'Église catholique. On
estime à trente mille le nombre des familles qui sor-
tirent du pays en cette occasion ; elles se rendirent
en grande partie en Saxe et dans le Brandebourg.
Différentes guerres en Allemagne. 1631 — 1694.
Suivant les calculs humains , la guerre semblait
désormais terminée : la Bohême était soumise, l'u-
nion détruite, la maison palatine renversée, et son
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116 sixième ïroqvp. ^5^0--^48.
ribaf frgitif j d#QÙ paraît vepueia r^isfcapce? ^ Ce-
pendant elle vint , et même très prpcbainçpiept ,
aèscitée par pet infatigable et actif Ernest Mansfeld,
qui m voulut pas abandonner la victoire à si bop
litarahe f eÇ qui connaissait trop biep sop époque
p#ur m pas compter sur des mpjreos inattendus qj^p
k fortttflS PS PMpquettd| pas Renvoyer m suqqmf}
4§ iVlftege «I & l'qpiûiâtAetpi il s^&jt qpe}'$jy^t
de J4 prçpphtfjpg 4tajt Jw*)0]^ irrU4 ?V qu'eUe fl'tf*
tipdait q^e des pjiefs pour WWW W*»Ger cettë U»Wp
Spi§i$ire pa feypurde ses croyappefi,^ qyç çelfli
qui pçfôédaft sa pQpfi^pce ppayait tpijf, oser,.
Aipsjtoutd'w coup, lorsqu'on p'y songeait flufp
après avpir jGpfip ab^pdonné Pilsen , Jl rassembla 4p
appelles Irççpqs, et declarft qu'il voulait Qpcpre sp^-
tenjr Jçs ipts'rêts fiç Fr^JériqpalM» ÇOiftrq Vemp^t-
*œp\ Il S0 iritl^nÇp^la \faefa YiflgH»i}k toftimo,
f* fo*ça l'wm^ de 1** \)gm>f#mWW&é(* PW te g^
n$nd barrera»* fiomtç de ïilly, à qwttprla çamw
gue devant lvii. Q*p§ lftflP§0 i$34, tt déçoppçrtf*
;*&! ôdwi^air«par4eawi^Eçb^3r#i»^ «t;: adroit et
.jwœigfca aiwi lés évéchés ç^tholiqu^ (te Pr^pçeni^,
deWurzbourg, de Bamberg et d'Eichstadt; puis
ceux de Spire , de Worms et de Mayence sur le
Rhin , et enfin les belles provinces de l'Alsace.
Son exemple suscita des imitateurs. Lemargrnve
George Frédéric de Bade-Durlarch parut le premier
fcur letihftrop de bataille pour 1* maispn palatine ; il
r&s$embla une superbe armée et $e réunit à Man$r
fekL Cependant ne valant pas combattis comme
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pliage» 4q fowpWs 4a»* la erainte quf* a©* pays ne
dûfcppyw /Sftmalt0>iaaia seulement eomaie ojteva-
Uei>, m qwlité^ecbampiott de la cause qni lai senrç-
Ipi&t juste > il abandonna à sûr fils radmiaûifeation
«b mu pays, avant d'entrer en campagne. Tant qu'il
ftrt réuni k Atansfekt , Tilly ne put tenir devant en»;
m$ï& à peine furenfeils sépares qup Tilly battit le
mangcaveprès de Wimpfen, k 8 mai lôSfâ,
Alor ^ Manafeld trouva un nouvel appui dans» Je
dut> Christian de Brunswick, frère du due régjKtttt
set eoftore dans lefeu de la jeunesse, qui se poçta peur
défenseur de l'électeur banni. Après quelques aipaii-
-tagos, il se joignit h Manafeld avec un corps aissez
concéder aida 5 et taoa les deux réunis, ils passàreat
<de»x fois en i^bace; puis oourant tantôt à droite,
taatot à gauche ? ils tombèrent sur la Lorraine, firent
wame uu Bfteoaent trembler Paris, menacée par les
Huguenots, qui parlaient de les appeler à leurseœuw,
Bt preme ocrent par tous les pays voisins, le fléau de
la guerre;* Enfin, ils se rendirent en Hollande, au
secoure des habitants contre les Espagnols.
Cependant, Tilly tenait toulle Palatinat entre ses
mains; et os fut dqrçsce même temps qq'il s'empara
data magniûcpie bibliothèque d'Heic^elberg, dont le
duc de Bavière fit cadeau au pape Grégoire XV.
Elle fut transportée à Rome et réunie à celle du
Vatican (*).
O Cette bibliothèque fut rendue et rapportée à Heidelberg, en 1815, par
V entremise do l'empereur d'Autriche et du roi de Prusse.
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488 sixième époque. 1520—1648.
H semble que nous sommes ramenés à une époque
à laquelle il eût été possible un moment d'avoir la
paix, s'il y avait eu un peu de modération parmi les
vainqueurs . Mais Ferdinand ne songeait pas à s'arrêter
au milieu de tous ces bouleversements. Il se regar-
dait , ainsi l'écrivit-il de sa propre main en Espagne ,
comme étant appelé par la Providence « à extirper
les factions séditieuses, qui étaient particulièrement
entretenues par l'hérésie du calvinisme; » et il
voyait, dans les circonstances actuelles, le doigt de
Dieu qui l'avertissait de continuer dans la voie où
il était entré.
a Un grand pas pour ses desseins, aurait été d'iri-
vestir son ami le duc de Bavière en récompense
de ses fidèles services de l'électorat palatin; et ils en
étaient déjà convenus tous les deux en secret. Daris
cette même lettre envoyée en Espagne, dont nous
avons parlé plus haut, Ferdinand disait: « Si nous
avions une voix de plus dans le collège électoral,
, nous serions assurés pour toujours de voir l'empire
entre les mains des catholiques et se perpétuer dans
- la maison d'Autriche. »
Mais le pas était dangereux ; parce que c'était sou-
lever tous les protestants à une révolte ouverte et sur-
tout parce qu'on allait se faire un ennemi de la
maison électorale de Saxe, jusqu'alors restée fidèle.
Cependant Ferdinand accomplit sa volonté} il se
hâta d'assembler les électeurs à Ralisbonne, en 1623,
de faire donner l'investiture du duchéàMaximilicn,
et emporta l'acquiescement de la Swe par la cou
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GUBRtt DE TREHTfc ANS. 180
cession de la Lusace , après quelques négociations.
Dans cette même année, Tilly tailla en pièce le
duc Christian de Brunswick, près de Stadtloo, dans
le Munster, au moment où il voulait recommencer
ses campagnes; et ainsi la confiance de l'empereur
semblait devoir être toujours couronnée du succès.
Mais bien d'autres événements devaient encore
venir s'ajouter à la chaîne du passé , et varier les
chances.
Guerre avec le Danemarck. 1624—1629.
Les protestartts pensaient qu'ils ne pouvaient plus
désormais attendre tranquillement le sort qu'on leur
destinait , pour peu qu'il y eût encore en eux quelque
énergie et quelque peu de bon sens. Les premiers
mouvements eurent lieu dans les états du cercle de
Basse-Saxe, sur les frontières duquel se tenait le ter-
rible Tilly. Après avoir fait de vaines réclamations
pour obtenir son rappel, ils prirent les armes et
choisirent le roi de Danemarck, Christian IV,
pour général en chef du cercle. Il promit des secours
importants, et de son côté l'Angleterre avait aussi
fait de semblables promesses. Christian de Brunswick
et Mansfeld reparurent et firent des enrôlements
avec l'argent anglais. Jusque alors la guerre avait été
faite en Allemagne presque, uniquement par l'armée
de la ligue, du côté des catholiques ; mais les prépa-
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$90 sixwrttfc MoqtM. «H9**W48.
Viatîfs lié ï'èrinemi devenant plus ^considérables ,
l'empereur avait besoin d'Une £lus graûdé tfofce.
©*aï Heurs, l'empereur désirait mettre lui-hiéme à
èôn èotti^pVe en campagne , une àtmée imposante ,
âfiii que tout ne fât pas fait uniquement pat là
rimison de Bavière^ mais il manquait dfcs moyeité
fes ]#rïs nécéfcsaiVes pour lever des troupes. Daristtéà
bfrconstatoôës s'ôffirît un homttie qui imagina de fâAïé
la guerre comme simple particulier, à Pithitâtâdil
de Mansfeld, et de tirer l'empereur de son embar-
ras, par ses propres forces.
Albert de Wallenstein, proprement Waldstein,
sorti d'une famille noble de Bohême, naquit en 1583,
à Prague, d'une famille luthérienne ; mais ajant
|*érthi ses parents de bonne heure*, il tbt place' par son
Ànc&e dâtis un établissement des jésuites pour là
ttôblesse, à'Olmutz, et par Conséquent éïevé dans là
tèftigiôn Catholique. Plus tard il sortit de la MoraVïe
kVëc \iû gentilhomme extrêmement riche, p'afr-
cbûi'ut SVec lui tfne grande partie de l'Europe ,
î*&llëriîâgne, la ïfolîande, l*Àtigleterre, la France
W rïtalië. Dn Savant mathématicien et astrologue
tjili lés accompagnait, Pierre Veirdungus, qui ftrt
£>lus tard l'ami de Keppler , encouragea les in'tfi*
ïtiàîùù de Waïlenstein potfr Pastrologie. À Padôue ,
ft 'fut itritié par te professeur Àrgoîi à la càbbala
*<k autres orientes Secrètes des étoiles. Un entraînê-
ItoerA secret de sa nature ïe Conduisit à l'étude de
fcette 'sfcfewcê. dangereuse, qtai alors occupait tout lô
ïh^tidfc^tmèàie lus grtfiidts hommes, tels que Keppler }
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GtTÊjmK DE TREHTÉ k*$. 194
il aimait à se perdre dans ses obscurs sentiers. Cepen-
dant, i! put lire avec d'autant plus de certitude dans
lés astres, qu'il avait au fond de son cœur le témoi-
gnage qu'il était destiné à quelque chose d'extraor-
dinaire. Son âme était eh proie à une ambition sans
bornes, et il se sentait la force d'entraîner av€tè lui
tout un siècle. Aussi rien ne lui paraissait impossible.
Ce fut li l'archiduc Ferdinand qtul Rattacha,
pteirce qu'il reconnut en lui un caractère ferme et
résolu; et il Tint à son secours dans une guerre
contre Venise, en 1617, avec deux cents cavaliers
qff'iï avait enrôlés à ses propres frais. En récom-*
pense, Ferdinand lui donna le commandement
cPtine province mfiUtaire en Moravie. Pendant les
troubles dé Bohême , il aida à couvrir Vienne contre'
les révoltés, combattit Bethlen-Gabor de Sieben-
burgen (les Sept villes) , qui élevait des prétentions
sur la couronne de Hongrie; et il commandait un
corps particulier à la bataille que Maxirnilien dé Ba^
vièYe gagna à Weissenberg, près P#ague. Après cette
vîcftofre, il alla combattre Bethleny devant qui tes
vaillante généraux de l'empite , Dampierte et
Boucquôi, avaient Succombé ; il le força de se replie^
et puis de faire la pai*,» en rerionçant à la couronné
dé Hongrie. Pour de si grands s^rvfcès et en mente ,
téïrips comtne dédommageaient potar le ravage de :
ség Mens pentlartt fa grièWe; Wallensteiri reçrifr te
seîgneurie de Friedland etr Bohême, avec le titre
de prirtce et plus tard celui <fc duc. En outre il
employa une somme d'argent considérable à aclie-
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492 sixième époque. 1520—1648*
ter jusqu'à soixante propriétés de gentilshommes
bohémiens, confisquées après la bataille de Prague;
de sorte qu'il se fit un domaine beaucoup plus vaste
qne celui d'un prince ordinaire. Le seul duché de
Friedland contenait neuf villes et cinquante-sept
châteaux ou villages. Tant que Tilly eut le comman-
dement de l'armée des ligués au nom de l'empire,
il se tint tranquille sur ses terres, mécontent d'être
témoin d'une guerre qu'il ne faisait pas; mais quand
l'empereur voulut avoir une armée à lui , il offrit
d'en lever une presque sans frais. Il stipula seule-
ment qu'il aurait une autorité illimitée avec le
plein pouvoir de nommer tous les généraux et de
lever non pas une armée de vingt mille hommes,
mais de cinquante mille ; une pareille armée, disait-
il, saurait bien s'entretenir elle-même.
Il reçut plein pouvoir ; et au bout de quelques
mois il eut rassemblé une armée considérable , tant
la réputation de son nom avait de puissance. Wal-
lenstein était né pour le commandement; son œil
pénétrant distinguait du premier regard l'homme ca-
pable au milieu de la foule et savait assigner à chacun
la place qu'il méritait. Quand il louait, comme
c'était, rare , il excitait aux plus grands efforts ; il
parlait peu , mais par son ton toujours grave il ob-
tenait la plus exacte obéissance. Sa vue seule com-
mandait le respect; il avait une figure longue et
tière, des cheveux noirs et courts, des yeux étin-
celants et renfoncés avec un regard sombre et mys-
térieux.
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GUERRE DE TRENTE ANS. 195
11 se mit en marche avec sa nouvelle armée pour
les Pays-Bas à travers la Souabe et la Franconie,
dans l'automne del625.Tilly eut garde de se joindre
à un rival qui voulait être au-dessus de lui , et ils
firent la guerre chacun de son côté. Wallenstcin ,
après avoir culbuté une troupe de paysans armés
qui voulurent s'opposer à lui près de Gœttingue ,
entra dans les provinces de Halberstadt et de
Magdebourg ; parce qu'elles n'avaient point encore
été épuisées par la guerre. La campagne de 1626
fut plus importante; le comte de Mansfeld, qui s'a-
vança sur l'Elbe contre Wallenslein , ayant été re-
foulé au pont de Dessau, prit tout d'un coup une
audacieuse résolution; il se porta sur la Silésiepour
aller se réunir au comte de Bethlen-Gabor et porter
la guerre au milieu des pays autrichiens. Wallen-
stein fut alors forcé de le suivre avec son armée, à
son grand regret. Mansfeld arriva en Hongrie après
une marche difficile; mais ne fut pas bien accueilli,
parce qu'il n'apportait pas les grosses sommes sur
lesquelles le prince avait compté. Poursuivi par
Walienstein qui lui coupait le retour, sans moyens
de se soutenir dans un pays éloigné, il vendit son
artillerie et ses provisions , licencia ses soldats et
prit la route de Venise avec une petite suite, à tra-
vers la Bosnie et la Dalmatie. Il voulait de là passer
en Angleterre pour en rapporter d'autre argent.
Mais pendant la route , la nature déjà accablée par des
efforts surhumains, succomba enfin ; il tomba malade
à Urakowitz ,près de Zara. Quand il sentit l'approche
T. II. 13
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4ft4 sixiEOT époque. 1520—1648.
fjglftftçtrtj \\ revêtit sorç habit de guerre, ceignitson
ëpeeet attendit ainsi sa fin, debout, appuyé sur deux
du ses compagnons de guerre. Il mourut le 20 no-
vembre 1633, à l'âge de quarante six ans, et fut en-
tend à Spaiptro.
Dans celte mime année mourut aussi son ami, le
duc Christian de Brunswick, qui n'était âgé que
de vingt- pei}f aiw; de sorte que les protestants per-
dent leur? deux meilleurs généraux. Le roi de Dane-
marck, Christian, ne pouvait les remplacer, il man-
quait pour cela de cet esprit de guerre et de résolu-
tion nécessaire. De plus, il ny avait point d'accord
parmi les princes du cercle de la Basse- Saxe ; si bien
fgrême que l'un deux, le duc George de Celles, qui
pûrpmm4ait Farinée saxonne, passa du côté del'em-
pq^ir. Ainçi, bien que la Basse -Saxe se trouvât fort
débarrassée n$r le départ de Wallcnstein, il ne
pjtp} cependant la défendre contre Tillj ; il fut com-
plètement battu et taillé en pièces, le 27 août , à
J4iltçr, près de Berenberg dans le Hanovre, et il
p/erdit toute son artillerie et soixante drapeaux.
Jïn 1627, Wallenstein revint dans le nord de
)'4Uçpi3gne par la Silésie, d'où il chassa tous ses
enueinis, traversa le Brandebourg et le Mecklen-
l^urg p| entra avec Tillj dans le Holstein pour
{q$ççx Je roi de Dfcinemarck à quitter tout-à-fait
} '^UçinagtlÊ» X^ut Ç$ pays fut bientôt conquis jus-
ip'^ la dernière place forte; ensuite il envahit le
$f}d£S\yig et le Julland, qu'il dévasta d'une manière
f$yQy$$p.Le mi futoLJigé çle fuir hors de sf3 0$$,
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GUEIUMS PE TRENTE ANS. 495
çt même des Jeitres du Wallenstein prouvant qi^
Ferdinand songeait, à se faire nommer roi de Danq-
iparct; parce que sorç gépéral l'avertissait .que Igs
états du royaume étaient mécqntents de leur souvq-
jrain. Cette rnêmq année, Wallenstein ajouta eaçpyp
à ses irçimen§es possessions le duché de Sagan çt la
principauté' de Priçhus en Silésie, qu'il ayait achetés
de l'empereur pour cent cinquante mille florins.
YPallensleiq % cfoc de Mecklenbourg* 1628» —
Cependant l'armée de Wallenstein était montre
jusqu'à cent mille hommes : et cet homme incom-
préhensible poussait ses enrôlements avec d'autftQt
plus de zèle que les ennemis disparaissaient. Qq sje
gavait pas si c'était à lui-même ou à soq maître
qu'il voulait aplanir la voie pour une domination
sans bornes. Les princes cathoiiqqe? en*-niçmçs
étaient mécontents contre lui , parce qu'il çfcût vi-
Slhlç qu'il ne visait qu'à annuler U pnissance d£ la
jUgu^i et Tilly particulièrement devait maudicçi^a
pni$$&ipçe, parce qu'il s'attribuait à lui seul fous Jçs
fruits de la victoire. Les princes de Mecklçnhpurg,
^e Pomér^nie et de Çrandebourg piipplièreat Fer$-
panri d'écarter de leur pays le fard Ap de UlgJlfirfÇt
<$ujl l'accablait (*}; mais la volonté ott générai $^t
Impuissante que celle de l'empereur* tout IôuqjkI
de l'Allemagne obéissait à son moindre sig^ pt
|reinblait devant sa colère. Il vivait ait milieu d'u#e
(*) On a calculé que dans la marche électorale seule, les imposions
pou^ l'arec impériale montaient à 20 raillions de florins (41,803,000f.)»
13.
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496 sixième epoqoe. 1520—1648.
magnificence plus grande que celle de l'empereur,
et ses officiers l'imitaient dans une proportion gra-
duée; tandis qu'autour de lui des milliers d'hommes
languissaient dans une misère inexprimable et, sans
exagération , mouraient de faim. Cependant le général
fit à l'empereur un gros compte des sommes prises
sur ses biens pour les frais de la guerre, qui montaient
à plus de trois millions de florins. Ferdinand, qui ne
pouvait acquitter une somme si considérable, ima-
gina de dépouiller les ducs de Mecklenbourg ,
Adolphe-Frédéric et Jean-Albert, de leur duché
pour en gratifier son général. Ainsi Wailenstein de-
venait prince de l'empire et il s'empressa aussitôt,
pendant son séjour au château de Brandeis en Bo-
hême, d'exercer son droit de paraître la tête cou-
verte devant l'empereur.
En vain les habitants supplièrent-ils pour leurs
anciens ducs dont la famille régnait sur eux depuis
près de mille ans , disant qu'ils ne s'étaient pas ren-
dus plus coupables que les autres provinces du cercle
de la Basse-Saxe. Ferdinand oublia encore cette
fois les lois <k la modération dans sa victoire , en
chassantlesnHces de Mecklenbourg de leur pays, et
viola en outre la constitution de l'empire en les
bannissant sans les faire comparaître devant rassem-
blée des électeurs , sans les entendre et sans aucun
jugement. Mais il lui parut très utile d'avoir sur les
côtes de la mer Baltique un prince catholique de
l'empire qui pût tenir en bride le nord de l'Alle-
magne, et être là comme un poste avancé poursur-
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GUERRE DE TRENTE \NS. 197
veiller les princes protestants de Daneinarck et de
Suède. Il espérait , d'ailleurs , de ce point, répandre
la religion catholique dans tout le nord. 11 semble
aussi qu'il ait eu la pensée de s'emparer de tout le
commerce maritime de cette côte , car Wallens-
tein prit en même temps le titre d'amiral des mers
du nord et de Test (la mer Baltique) , et l'on voit
même par les lettres qu'il écrivait à d'Àrnheim ,
généra] en chef de l'armée du nord pendant son
absence , qu'il n'avait aucune pensée plus à cœur
que celle de brûler autant que possible tous les vais-
seaux danois et suédois, et de créer en même
temps une flotte lui-même.
Du Mecklenbourg Wailensleiu tourna ses yeux
sur la Poméranie, qui le touchait. Le vieux duc Bo-
gislas n'avait pas d'enfants , el après sa mort son
duché pouvait fort convenablement être réuni au
Mecklenbourg ; il lui élait donc extrêmement im-
portant d'occuper Stralsund, qui relevait à la vérité
de la seigneurie des ducs de Poimfrauic, mais qui,
comme membre de la Hanse, jouissait de beaucoup de
privilèges et d'une espèce d'indépendance dans son
administration intérieure. Celle ville avait, comme
tout le pays , fourni de grosses sommes pour l'en-
tretien des armées impériales; et alors on voulait lui
donner une garnison. Elle s y refusa, et Wallens-
tein la fit assiéger par le iVkl-maréchal d'Àrnheim.
Mais les bourgeois défendirent admirablement leurs
murailles , et les rois de Danemarck et de Suède
leur envoyèreul quelques secours d'hommes et des
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198 SIXIEME ÉPOQUE. 1520 — 1648.
provisions de guerre eh abondance. Leur opiniâtreté
enflamma de colère l'orgueilleux général. «. Quand
Stralsund serait altaclié au ciel par des chaînée ,
s'écrià-t-il, il faudra qu'elle tombe, fc Mots il marcha
lui-même contre la ville et fit donner l'assaut; mais
il apprit à connaître ce que peut le edufagfc lléi'oï-
Ijiië des citoyens, quand ils sont conduits avec
prudence ; car après avoir passé plusieurs semaines
devant ses murs , et avoir perdu au moins 12,0(30
guerriers dans les sanglants assauts qu'il fit donner ,
il fût obligé de se retirer.
Cependant le roi de Danëmarck avait demandé
la paix, et Wallenstein lui-même, contre toute at-
tfciife , conseilla à l'empereur de la conclure ; car
depuis qu'il était devenu ptince de l'empire il ne
voyait plus d'utilité à l'anéantissement de la puis-
sance des princes allemands. Ferdinand fit donc
par son entremise une paix très avantageuse à Lu-
heck, le 12 mai 1629; il recouvra toutes ses pro-
vinces sans payer aucuns frais de guerre ; iruiis cette
paix ne fut pas glorieuse , parce que le roi y sacrifia ,
pour son propre ? alut , deux fidèles alliés dans les
ducs de Mecklenbourg. Il pfomit, à la vérité, de ttfc
pas se mêler des afFaires d'Allemagne autrement
qbe comme membre de l'empire, et donna ainsi
Secrètement le droit de proléger les ducs déchus. Mais
il délivra en même temps à Wallenstein , en bonne
fbrme, sa lettre d'investiture pour le Mecklenbourg,
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CttJERRE bi TàÈ^T* àtrê. i9$
L12cm det^ttlfrtion. 1639.
Combien les pacifiques habitants de r&llenrogm)
si durement persécutés, durent tressaillir de joie &
celte nouvelle de la paix ! Celte fâcheuse lutte ttë
pouvait en effet durer plus long-temps; puisqttë
l'empereur n'avait plus aucun ennemi qui lui tfrifc
tête ; puisque le duc de Bavière jouissait saris trOttîilè
de la dignité' électorale et de cette partie des #ttfta
palatins qui lut avait été promise cohimè in&fcmttftré
pour ses frais ; puisque les protestants paraissait;
tellement accablés que certainement on ire poutfcft
craindre de leur part aucune hostilité tt0ut*lîë. là
guerre avait déjà duré douze ans et chaque affilée
avait été marquée par nombre de cruatitës. Facile-
ment elle eût trouvé ici un terme , si le parti vietb-
rieux avait su se tenir dans de justes bornes ; si Vetù*
pereur, après avoir purgé entièrement ses états dete
nouvelles doctrines et y avoir rétabli son aûloKWS
dans toute sa force , avait assuré la paix de religion
tlàns toute sa plénitude pour les autres états indé-
pendants dé lui, licenciéson armée, et aiiïsi iffiéré
"de ce lourd fardeau son pays épuisé et mâlfeeurèui:
Mais rien n'fcst plus difficile pour l'esprit huihtnH que
de pouvoir s'arrêter au milieu de la prdsj>êHi&
Le parti catholique crut qiie c'était le moinënt W-
vorable de tirer des circonstances de plus ghiiltre
avantages encore ; il exigea fcjue les protestants lûî
rendissent tous les biens ecelésiasticjttes dotft iîfe
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300 sixième époque. 1520—1648.
étaient en possession depuis le traite' de Passau ,
en 1552 j c'est-à-dire rien moins que deux arche-
vêchés , Brème et Magdebourg , douze évêchés et
une foule de petits bénéfices et de couvenls. Ja-
mais ayant ce temps-là on avait pensé à exiger une
restitution d'un bien depuis si long-temps aliéné;
mais alors, sur les pressantes instances des catholiques,
l'empereur lança un édit solennel, connu sous le nom
d'Édit de restitution du 6 mars 1629. Ce fut, dit
l'historien allemand Schmidt, un coup de foudre
pour les protestants, et pour leurs adversaires les
moins réfléchis la cause d'une allégresse extraordi-
naire 9 allégresse qui devait coûter à l'Allemagne
des maux inouis.
On ne pouvait donc plus songer au licenciement
des deux grandes armées qui accablaient l'Allema-
gne; elles furent destinées à l'exécution de lVditde
restitution, et elles reçurent ordre de prêter main
forte aux dclégue's impériaux envoyés par JLout l'em-
pire à la première réquisition. On procéda aussitôt
à l'exécution , et Ton commença par le sud de l'Al-
lemagne. La ville d'Augsbourg, enlre autres, où
la paix de religion avait été signée, fut donc obligée
de reconnaître la juridiction ecclésiastique de l'é-
véque et de renoncer au culte protestant; et le duc
de Wurtemberg se vit forcé de rendre ses couvents.
En outre, la ligue, dans une assemblée tenue à
Heidelberg, prit la résolution « de ne rendre aucun
des pays conquis par ses armes, soit ecclésiasti-
ques, soit laïques, à moins qu'elle n'obtînt la cerli-
y
Igitizedby GoOgk
GUBRRB DE TRENTE ANS. 301
tude d'être indemnisée de ses frais. » De façon que
les protestants semblaient menaces d'un plus grand
danger encore par la ligue que par l'empereur.
Disgrâce de Wallenstein. 1630.
Cependant Pinsoutenable tyrannie de l'armée de
Wallenstein avait excité au plus haut degré les-plain-
tes des deux partis, et elles parvinrent enfin aux
oreilles de Ferdinand avec tant de force qu'il était
impossible d'y résister. Aucun pays n'était épargné ,
soit ami, soit ennemi , soit protestant, soit catholique.
Le propre frère de l'empereur, Léopold, lui fit dans
une lettre le plus affreux tableau des exactions de son
général , des incendies, des meurtres et de toutes les
actions honteuses que ses troupes exerçaient contre
les pacifiques sujets de l'empire. De pareils témoi-
gnages l'emportèrent enfin sur les moyens de dé-
fense que les amis de Wallenstein avaient jusque là
fait valoir avec succès ; d'autant plus qu'à l'assem-
blée des électeurs à Ratisbonne, en février 1630,
l'empereur se vit en butte à une quantité de plaintes
encore plus graves qui lui venaient de tous côtés.
Les soldats impériaux, disaient les envoyés poméra-
mens , sont entrés en Poméranie comme amis, et ce-
pendant la principauté de Stettin à elle seule a été
imposée à dix millions, sept villes ont été réduites
en cendres pour leur avoir déplu, et tout le pays
est dévasté.
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202 sixième époque. 1520—4848.
il n'y a pas dé capitaine dans l'armée qui ne fasse
plus d'étalage que le duc Bogislas lui-même. En outre,
les hôtes qui reçoivent ces soldats sont maltraités
tous les jours; les hommes sont massacrés, leurs
corps jetés aux chiens ; et il n'est pas de cruauté
qu'ils n'aient exercée. Quantité de bourgeois réduits
h l'excès de la misère se sont suicidés pour échap-
per au malheur et à la nécessité de Se voir mourir
de faim.
Ces tableaux nous font connaîtra le genre de
guerre de ces troupes enrôlées à prix d'argent et les
maux inouis de celle époque ; et cependant ils n'é-
taient point exagérés. Erriest de Rfansfdd, celui qui
inventa cette tactique pour la guerre, nous en four-
nit lui-même un témoignage ; obligé de se défendre
au sujet de semblables accusations sur la licence dfe
son armée , « Quanrl les soldats n'ont pas reçu leut*
solde, dit-il, il est impossible d'observer aucune
discipline. Ils ne peuvent pas, non plus rjue leurs
fchevaux , vivre de l'air du temps , et ils ne peu-
vent non plus porter des armes et des habits déchi-
rés ou brisés. Ils prennent donc où ils trouvent , et
cela, à la vérité, sans aucune proportion avec ce qui
leur est dû ; parce que ne payant rien ils ne pèsent
rien. Si on leur ouvre une fois une porte, ils s'y
jettent aVec fureur, et alors plus de frein , plus
de barrière pour les arrêter. Us s'emparent de tout,
escaladent tout, brisent et écrasent tout ce qui
leur fait résistance. En un mot, il est impossible
d'imaginer un plus grand désordre, une plus grande
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GUERRE Dfe TRENTE ANS. Sfeo
confusion ; car \h sfe livrent à toutes ïes actions lfes
plus hideuses qui soient connues parnri toutes béé
hâtions qui composent l'armée. L'Allemand, le Fla-
mand, le Français, l'Italien, le Hongrois, chacuti
apporte quelque chose de son pays; aussi h'y a-t-Il
aucune ruse, aucune fourberie qui leur soit in-
connue. Je connais tout cela , j'ai même, puisqu'il
faut l'avouer, été témoin de toutes ces infamies et
mon cœur eh a été déchiré dans de nombreuses
circonstances ; mais que faire ? Il ne suffit pas de les
Connaître et de les déplorer. Si Ton vent éviter tes
malheurs , il faut prendre de justes mesures , et il
n'y a pas de meilleur moyen qu'une bonne disci-
pline militaire. Mais, quand la paie et la solde man-
quent , il n*y a plus de discipline possible. i>
Ferdinand ne put résilier à cette unanimité dé
plaintes , et comme les princes insistaient pour qufe
Wallenstein, qu'ils haïssaient tous d'une haine sans
borne , fut éloigné du commandement, et comme
surtout Maximiliende Bavière s'exprimait avec beau-
coup de fermeté, l'empereur, après quelques hésita-
tions, donna enfin son consentement. Il restait ce-
pendant à savoir si cet homme puissant et fier obéi-
rait de lui-même ; mais contre toute attente il se
résigna aussitôt. Ses calculs d'astrologie semblaient
l'adoucir. « Il ne reprochait rien à l'empereur* di-
sait-il, car les étoiles lui avaient montré que l'es-
prit de 1 électeur de Bavière dominait le sien ; que
du reste il rejetait la plus belle pierre de sa cou-
ronne en renvoyant ses troupes. » Il se retira dans
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SOi SIXIÈME ÉPOQUE. 1520—1648.
son duché deFriedland, dont il avait pris pour ca-
pitale Gitschin qu'il agrandit et embellit considé-
rablement.— Les troupes impériales qui ne furent pas
licenciées furent réunies à celles de la ligue et le
commandement de cette armée fut donné à Tilly.
Gustave-Adolphe en Allemagne. 1650—1655.
La puissance des princes protestants était brisée et
Tédit de restitution avait reçu en quantité d'endroits
une exécution presque complète. Pour qui connais-
sait le caractère de l'empereur , il était facile de
deviner ce qu'il préparait à la nouvelle église; mais
surtout il n'était rien moins que certain que plus
tard il y aurait une Eglise protestante en Allemagne.
Dans ce danger, le secours nous vint d'un peuple
jusque là presque inconnu, qui n'avait pas quitté
ses demeures du nord; des Suédois , peuple vaillant
et craignant Dieu, sorti de la race des Goths, une
des plus nobles de celles qui se vantent d'une ori-
gine de Germanie. Jusqu'alors ils avaient vécu d'a-
près |les anciennes mœurs de nos ancêtres dans leur
pays, qui n'était pas sans beauté , mais pourtant sau-
vage et composé de mers et de côtes , de collines et
de forêts ; et depuis les temps où ils prirent part aux
entreprises maritimes des Normands, ils ne s'étaient
pas encore engagés dans des expéditions extérieures.
Malheureusement ils avaient dépensé dans une foule
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GUERRE DE TRENTE ANS. 205
deguerres intestines leurs forces qu'ils auraient pueni-
ployeràdeplus grandes choses — Dans l'année 1611,
Gustave-Adolphe monta sur le trône de son père
Charles IX, et c'était lui qui était destiné à conduire
son peuple sur le grand théâtre de l'histoire du
monde. C'est dans le pressentiment d'une pareille
destination que Gustave-Adolphe entreprit cette
lutte prodigieuse contre la puissance de la maison
d'Autriche.
Des jugements tout-à-fait contradictoires ont été
portés sur ce grand roi , parce qu'il a vécu à une
époque à laquelle l'esprit de parti était trop violent
pour permettre de jeter un regard impartial su ries cir-
constances et sur les hommes. Les uns ne Font con-
sidéré que comme un conquérant que les agitations
d'un esprit dévoré d'une brûlante ambition ont
poussé sur la mer pour aller soumettre des paysétran-
gers , et auquel la religion a servi de manteau pour
cacher sa passion de guerres ; d'autres n'ont vu en lui
qu'un guerrier enthousiasmé pour sa croyance et
ont refusé de reconnaître dans son âme aucune des
impulsions ambitieuses que ses adversaires lui ont
attribuées. Il y a des deux côtés un mélange de vrai
et de faux. Gustave ne fut point entraîné par un
sentiment d'ambition , comme on l'entend ordinai-
rement, c'est-à-dire par une vaine passion de
gloire pour lui seul, quoique certainement l'amour
d'un réputation qui donne une vie immortelle parmi
les peuples ait bien occupé une place dans son cœur;
ce ne fut point non plus uniquement pour sauver
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$06 sixième £poqub. 1520—4648.
ses frères de religion en Allemagne qu'il prit les
armes , bien que la foi et la piété' régnassent assez
fcfltenient dans son âme pour exercer toujours leur
influence. Mais ces deux grands motifs agirent en-
semble sur lui, unis par une autre lpi de sa nature, celle
giie lui imposait le sentiment de sa destination à faire
partie de l'histoire du monde. Il sentait qu'il était
appelé à produire au dehors et à placer à son rang
parmi les autres nations de l'Europe son noble
peuple ; petit en nombre , mais inférieur à nul autre
par son courage et par ses vertus. Jusqu'alors la
Suède avait été aux états importants de l'Europe
cp qu'état la Macédoine à l'ancien monde avarçt
Philippe et Alexandre, et dernièrement encore ce
gâtait ]sl Russie avant Pierre-le-Grand ; et de même
que 1é\ vie de ces grauds hommes que nous venons
(le nommer ne peut être bien comprise que quand
prç a ]}ien s^isi ce point historique que nous venons
de signaler, ainsi en est-il de la vie de Gustave -
Adolphe de Suède ; car si ce roi a laissé derrière lui
jjioig? de résultats que les autres souverains avec les-
quels nous Layons comparé, il faut aussi penser
g^il fut eplevé tout d'un coup par la mort à l'âge
$e trente-huit ans, au moment où il commençait à
ibudef son œuvre.
Son grand plan se montra dès son premier pas sur
J# scène. Déjà avant la guerre d'Allemagne il avait
çpnquis, en quelques campagnes, sur les Russes et
les Polopais , les provinces de la côte, l'Ingrie, la
Ç#véjie et la Ljvonie, et une partie de la Prusse.
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GUERRE DE TBENTE AXS. 207
Car pour que son peuple pût obtenir quelque im-
portance en Europe, il fallait en effet qu'il lui
donnât plein pied sur la côte de la mer Baltique, en
face dp la Suède, Plusieurs motifs graves l'appelaient
alors à prendre part aux affaires d'Allemagne. U
avait été provoqué et blessé par l'empereur Ferdi-
nand; ses paroles en faveur des protestants d'Alle-
magne et de ses cousins les ducs de Mecklenbourg ,
aussi bien que sa médiation pour la paix avec le
Banetaarck, avaient été flédaigneusement rejetées, et
Wallenstein avait même envoyé dix mille impé-
riaux au secours des Polonais contre lui. Mais bien
plus encore que par tous ces griefs qui pouvaient
facilement s'arranger avec des paroles , il était ap-
pelé par le grand danger de l'église protestante et
par la crainte qu'il ne s'élevât sur la côte de la mer
Baltique, dans la personne de Wallenstein, une nou-
velle puissance qui favorisât la maison d'Autriche
et le parti catholique.
Déjà le siège de Slralsund l'avait ameué à prendre
part à la lutte , comme nous l'avons déjà vu. La ville
lui ayant demandé du secours , il lui en promit, fit
avec elle une alliance par laquelle il la recevait soqs
sa protection , et ce fut particulièrement par son aide
qu'elle fut sauvée du danger que lui fit courir Wal-
lenstein. Mais alors, quand il vit que le protestan-
tisme était menacé de l'oppression, il fit un plus
giand pas ; il déclara formellement la guerre à l'eni-
pereur Ferdinand et vint aborder, le 4 juillet 1530,
4an&ril<* 4e Rugen, avec quinze caille Suédois, Aussi-
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208 sixième époque. 4520— i 648.
tôt qu'il fut descendu sur le rivage , il se jeta à ge-
noux devant tout le inonde pour prier Dieu, et toute
l'armée se mit à prier avec lui; il venait avec un
petit nombre de soldats pour une grande entre-
prise!
Quand l'empereur apprit son débarquement, il
fit peu de cas de son nouvel ennemi, dans la con-
fiance que lui avaient inspirée ses succès antérieurs;
ou se riait dans l'empire du petit roi du nord; on
l'appelait le roi de neige qui venait se fondre en
face du soleil impérial Mais ses quinze mille hommes
étaient une armée de héros et des guerriers qui sem-
blaient venus d'un autre monde.
11 y avait parmi eux une sévère discipline et de
la piété; tandis que leurs adversaires ne connais-
saient de la guerre que sa barbarie et cette licence
qui lâche la bride à toutes les passions, à tous les
désirs. C'était un mélange de différents peuples avec
une même religion , qu'aucune pensée élevée n'unis-
sait ensemble , mais seulement le plaisir des armes
et le désir de faire du butin. Les autres au contraire
avaient la confiance que Dieu combattait avec eux ;
deux fois le jour ils lui adressaient de pieuses prières,
et chaque compagnie avait ses ministres. En outre ,
le grand génie du roi avait créé une nouvelle tactique
de guerre; c'est même par là qu'il est comparable aux
grands hommes de l'antiquité; parce qu'il surprenait
ses ennemis par la nouveauté et l'audace de ses posi-
tions, de son ordre de bataille,desesattaques, et jetait
le désordre au milieu de leurs rangs toujours établis
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GVEX11E DE TBEWTfi AVI. SQff
d'après l'ancien mode. Jusqu'alors on avait miriimc
grande profondeur dans les rangs accumulés les une
cferrière les antres , Gustave n'en plaça que six pour
Forfanterie et quatre pour la cavalerie. Aussi m pe*
tite armée prenait-elle plus de développement et
éfeit bien plus facile & mouvoir pendant la bataill»;
thnêh que d'un autre côté les boulets de la grosse
artillerie ne faisaient plus les mêmes ravages que
dans les rangs serrés des troupes ennemies.
Cependant il n'eut pas besoin de recourir à ces grands
moyens; dès Pensée de 1^ campagne, les impériaux qufc
notaient point en forcesur les côtes de la mer Bahiqoe,
furent promptement chassés de Rugén et des autre»
petites îles, à l'embouchure de FOder, et Gustave
^avança en liberté jusqu'à Stettin , capitale du due
de Poméranîe. Ce vieillard timide n'osait pas se dé-
cider h faire alliance avec lui, et cependant il no
pouvait lui résister. Après un long délai, tandis qnef
Gustave employait auprès de lui des voies de dota*
ceur et cherchait à le consoler tout en parlant avec1
fermeté, la ville se rendit; et ce fut pour la guérite
une place d'armes importante.
De même que le duc de Poméranie, les prince*
protestants de l'empire étaient fort embarrassés pour
savoir comment recevoir le nouvel allié. Le roi les
avait tou9 appelés à une grande alliance , mata as
étaient la plupart découragée et craignaient la ven-
geance do l'empereur ; les autres redoutaient une
domination étrangère en cas de succès, et ceux qui
avaient les meilleurs sentiments voulaient rôâter
r. 11. 14
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340 sixième époque. 1620—1648.
constamment fidèles à l'empereur et à l'empire.
Gustave n'était pas content de cette disposition des
princes. « Nous, évangélistes , disait-il dans une
allocution aux habitants d'Erfurt, nous sommes dans
une position semblable à celle d'un vaisseau au mo-
ment d'une grande tempête. Alors il ne convient
pas que quelques-uns travaillent avec le plus grand
zèle/ tandis que les autres sont à considérer l'orage
les bras croisés; tout le monde doit mettre la
main à l'œuvre, et chacun doit aider de son mieux
dans l'endroit où il est placé. » Mais les protestants
n'avaient point un pareil esprit de communauté ,
ni le sentiment aussi clair du but où ils tendaient.
Us étaient divisés entre eux par jalousie et par pré-
jugés. L'électeur palatin avait été renversé. Celui de
Saxe avait fait scission tout le temps que le palatin
eut le commandement , souvent même avait été au-
trichien ; et aujourd'hui il était encore chancelant,
craignant également et l'Autriche et un prince étran-
ger. L'électeur de Brandebourg était un prince faible
et se laissait conduire par son ministre Schwarzen-
berg , qui était contraire à l'alliance suédoise. Parmi
les petits princes , dont un grand nombre à la vérité
étaient plus prononcés mais dépendants de la puis-
sance de l'Autriche f il n'y en avait que deux qui eus-
sent fait une étroite alliance avec le roi ; c'était le land-
grave de H esse-Casse 1 et la maison de Saxe-Weimar.
Les autres tinrent une assemblée à Leipzig avec les
électeurs de Saxe et de Brandebourg, et résolurent de
mettre une armée sur pied pour se défendre aussi
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GUEBRE DE TRENTE ANS. 211
bien contre les attaques des Suédois que contre celles
de l'Autriche. L'empereur cependant, qui vit que
c'était par les armes qu'il fallait décider cette grande
querelle et qui n'était point d'avis de soumettre sa
volonté à une diète, demanda la dissolution de l'al-
liance de Leipzig, et commença par désarmer de vive
force les princes du sud de l'Allemagne qui en
faisaient partie.
Le roi de Suède , renforcé d'un assez grand nom-
bre de nouvelles recrues , marcha droit en Pomé-
ranie et chassa devant lui ou battit les garnisons im-
périales. Mais avant de se retirer elles dévastèrent
le pays, pillèrent les villes, en incendièrent plu-
sieurs, maltraitèrent et massacrèrent les habitants.
Cette terrible guerre reprit avec toutes ses horreurs.
Les Suédois, si scrupuleux, si exacts dans leur disci-
pl ine, semblaient des anges protecteurs, et la croyance
se répandit dans le pays que le roi était envoyé du
ciel comme un libérateur.
Il voulait ne marcher que pas à pas, avec certi-
tude et ne laisser derrière lui aucun lieu fortifié. En
conséquence, après avoir emporté d'assaut Francfort-
sur-1'Oder , qui avait une garnison de huit mille im-
périaux, il demanda à l'électeur de Brandebourg de
lui remettre les citadelles de Gustrin et de Spandau.
L'électeur hésitait, mais le roi marcha sur Berlin,
et vint tenirrune conférence avec lui dans la plaine,
entre Berlin et Cœpenik, le 13 mai 1631; ensuite
ils partirent ensemble pour Berlin. Cependant l'élec-
teur hésitait toujours. Alors le roi s'écria en colère :
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949 sixiferfi é?oq*e. 4520—4648.
« Je veux aller délivrer Magdebourg ( elle était for-
tement pressée par Tilty); ce n'est cependant pas
mon avantage, mais uniquement celui des évangé-
listes. Si personne ne veut m 'aider, je me mets à
Fabri de tout reproche et je rentre à Stockolm; mais
a» jugemett dénier vous serez accuses de n'avoir
rien voaln foire £our la cause de l'Evangile , et pro*
bablement Dieu vous le vaudra dès cette vie. Car si
Magdebourg estprise, et si je me retire, imaginezce qui
vtftw arrivera ! » Ces paroles eurent leur effet et l'é-
leeteur lui remit Spandau le même jour. Le chemin
de là à Magdebourg n'était pas long; la ville vive-
ment pressée demandait de prompts secours ; cepen-
dant le roi trouvait qu'il n'était pas possible <F aller
passer l'Elbe en face de l'ennemi et par le droit
cfcemin. H demanda donc à l'électeur de Saxe d'en-
Wèr sur son territoire, car il voulait aller passer à
^tttoberg; mais l'électeur refusa sa demande. On
fit des négociations, on parla beaucoup, et déjà le
jour terrible de la conquête était arrivé, la malheu-
reuse ville était perdue .
Haine de M agctafaourg. S0 mai 1651 .
. La ville do Magdebourg, qui depuis longtemps
allait fait remarquer par son zèle pour le» doctrines
protestantes, fut aussi alors lu première qui m jet*
dMdi&btiag du sauveur cW la liberté religieuse* Elle
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l'invita avec instance de venir mv l'Elbe, promît de
lui ouvrir ses portes, fit -même des enrôlement
pour lui, et Gustave qui sentait toute l'importance
d'une pareille place d'armes, se félicitait beaucoup
de ses offres. Mais Tiily, qui reconnut également
combien cette occupation serait avantageuse à sop
adversaire , se hâta d'aller la conquérir avant la ve#ue
du roi. Il en commença le siège au mois de mars dç
celte année , secondé par le vaillant général Pappep»
lieim. Il n'y avait dans la ville que deux cents Sué-
dois sous les ordres de Melcher de Falkenberg , que
omme commandant delà ville;
urent à la défense avee audace
;nt même construit des postée
ville, dont ils appelèrent Tuij
! Truta Pappenheim (nargue
appeaheim).
Le devenait de plus en plus
:ar le vieux général employait
a réduire. L'unique espérance
lesecoursduroi, qu'ils savaient
mai, quand le bruit de l'artil-
que même les terribles pièces
rancbemept, ils crurent qu«
ivé. Mais c'était le signal dç
atifs 4 un assaut prochain que
ivait résolu (*). Dans la iiiiit
(*) c'était un coup * désapoir ; Tity ? «niait m wtfow a'H ne rtoefaifty
pas. Schiller, Guerre de trente ans. NT.
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214 sixième époque. 1520—1648.
du 19 au 20 on jeta les échelles en grand silence et
à cinq heures du matin commença l'attaque. Les
sentinelles avaient veillé avec soin jusqu'au milieu de
la nuit; mais comme tout était en silence, elles
rentrèrent alors dans leurs demeures pour se reposer
quelques instants.
Cependant l'heure fatale sonna. Le signal de l'as-
saut est donné et les guerriers à la suite de Pappen-
heim escaladent la muraille du côté de la nouvelle
ville ; le bruit de Partillerie retentit de nouveau et
la muraille est battue par le canon en plusieurs en-
droits. Déjà l'ennemi est sur le rempart de plusieurs
côtés ; Falkenberg accourt à l'endroit le plus péril-
leux , un boulet le renverse mort ; les bourgeois
effrayés et privés de leur général , étourdis par le
bruit épouvantable de l'artillerie, abandonnent bien-
tôt la muraille et se retirent dans leurs maisons. La
plupart croient pouvoir s'y défendre mieux et tirent
des fenêtres sur les ennemis qui se pressent dans la
rue , les femmes mêmes lancent des pierres du haut
des toits. Mais cette défense ne sert qu'à augmenter
la fureur des impériaux , il n'y eut plus de grâce ni
de pitié ; hommes , femmes, enfants , vieillards, tout
fut massacré , les enfants mêmes étaient frappés sur
le sein de leurs mères et jetés dans les flammes.
Depuis dix heures du matin la ville était la proie
des flammes.
Il n'est pas de cruauté , pas de tourments humains,
qui n'aient été exercés dans ce jour effroyable. Quel-
ques hommes, poussés par l'humanité, se hâtèrent
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GUERRE DE TR EDITE ANS. 215
d'aller trouver Tilly dans son camp et lui deman-
dèrent s'il ne voulait pas mettre une fin au pillage;
mais il répondit froidement : « Laissez-les faire en-
core une heure, puis revenez me trouver. Il faut
bien que le soldat ait une récompense de sa peine et
de ses dangers. »
Le soir, à dix heures , cette grande et magnifique
ville n'était plus qu'un monceau de cendres; quelques
cabanes de pécheurs sur l'Elbe , la cathédrale et un
couvent de femmes avaientseuls échappé; plus de vingt
mille hommes avaient péri d'une mort plus ou moins
lente, par le fer ou le feu ou par l'effroi ; et quand deux
jours après on ouvrit la cathédrale , on y trouva
environ mille malheureux qui en furent retirés pres-
que sans vie , épuisés de faim et de soif. Tilly leur
fit donner ce dont ils avaient besoin. Sa colère était
apaisée, mais sa gloire était souillée; et même la
fortune, qui lui avait toujours jusqu'alors été fidèle ,
l'abandonna depuis ce moment. Aussi , bien qu'après
avoir fait déblayer les rues avec un grand travail, il
ait fait une entrée solennelle, le 25 mai ; bien qu'il ait
été à travers les immenses monceaux de ruines faire
chanter le Te Deum dans la cathédrale et ensuite
tirer le canon ; bien que dans son rapport, à Vienne
il ait dit avec orgueil que depuis la ruine de Troie
et de Jérusalem on n'avait pas vu une semblable
victoire; il n'a pu cependant en imposer à l'opinion
de la postérité, et son nom, àcause de ce crime, n'est
prononcé qu'avec malédiction.
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JM6 SIXIEME ÉPOQUE. 1520—^648.
(HMtere-Adolphe ei THIy. Bataille 4* Lttypig ou ée prcilenWd. 17 ftfc-
lembre Jfël.
Aprèp la conquête de Magdebourg, Tilly aurai):
désiré en venir aux mains avec le roi ; car il eut
bientôt à souffrir de la disette dang ce pays ravagé.
.JUpis Gustave ne se trouvait pas encore assez fort et
jl$e tint retranché dans son camp de Werben, dans
JVnciepne Marche. Il avait aussi fort à cœur de
établir les princes de Meckleubourg dans leur heri-
£gge. 11 leur donna donc des troupes avec lesquelles
f\p reconquirent en effet leur pays, et entrèrent
iplfcp nullement dans leur résidence de Gustrow, dans
laquelle Wallenstein avait lui-mAne établi sa cour,
JLe roi rehaussa encore la fête par sa présence , et
fi ordonna que toutes les mères qui avaient de& en-
fants à la mamelle les apportassent sur la place pur
Jblique pour leur faire boire du vin qu'on y dïstiîr
fbuait à tout le peuple ; afin que les eafaqts.de leurs
^cpfeqjts ne pussent oublier le jour de la rentrée de
^eurs anciens princes. Pendant ce temps-là Tilly
tourna ses yeux sur le riche pays de Saxe qui
gavait point encore été exposé aux dévastations de
J|a gnrerre, et qui se trouvait tout près de luû C'était
«certainement une injustice «t une ingratitude d'aï-
ler imposer tout le fardeau d'une guerre, à Péleeto-
fAt^eSaxe^ dont le duc s'était montré si fidèle à la
maison d'Autriche ; mais Tilly sut bientôt trouver
une raison. Il s'appuya sur Tordre donné par l'eni*
Digitized by LjOOQIC
6«MAB M5 TRUTI àM. 9ftJ
pereur de désarmer tôt* les princes qui faisais**
partie de la ligue de Leipzig; et comafce Téleq-
ieur étadt toujours en armes , il enfra en Sax$
sans déclaration de guerre , lit pilkr tes villes dp
jMfarseboiarg , Zéi*, Nautnbourg et Weiasenfel* <#
Jttacchà sur Leipzig» Une telle violônoe eut plufc
d'effet que n avaient pu en obtenir tous les dîsoow?
de Gustave ; l'électeur se jeta alors sans réserve datt?
le* bras du roi de Suède , fit avec lui une solidt
alliance offensive et défensive > et vint le rejoindra
avec son armée ,à Duben > le 13 septembre.
Le même jour le général inpérial fit tirer le canot!
sur la ville de Leipzig qui lui avait fermé ses porte!
et il la prit le jour suivant; mais le roi s'approcha
de la ville avec les armées réunies, et un seul jouf
allait décider entre le vieux général encore jamais
vaincu et le jeune héros , roi de Suède. Ce prtnqe*
reoçnrtaissant qu'il fallait , par une .grands action ;
conquérir la confiance de l'Allemagne en «on gébie
Et en. sa bonne fortune, sentait toute l'importance
démette journée r et il tremblait. 11 lui semhlaft
taagdurs Irop temécatre d'abandonner à ttçe àmh
bfctaiHeJe oort de toute Ja guerre; car U y avait
tout lieu de croire que la perte de cette bataille
Entraînerait la perte de tout ce qu'il possédait sur
cette tôt» , et celle des électorals de Saxe, et d£
Bcandebourg , ainsi que la ruine totale de tout
Je protestantisme en Allemagne. Mais l'électeur, cfe
Saxe? qui ne pouvait souffrir jle voir plus long-temps
son pays foulé par un enuemi impitoyable , deipati*-
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318 BtxvtMM époque. 1520—1648.
daît avec instance le combat. Alors le roi, ne pou-
vant résister , marcha sur Leipzig. Les deux armées
se rencontrèrent sur le territoire du village de
Breitenfeld, où se livra la bataille décisive , le 17
septembre. Gustave-Adolphe plaça les Saxons à part,
à l'aile gauche , parce qu'il se défiait des troupes
saxonnes qui étaient nouvellement enrôlées. Le feu
commença sur le midi et fut terrible , mais plus
funeste sur les bataillons épais des troupesimpériales
que sur les rangs étendus des Suédois ; pour mettre
fin à ce fâcheux début , l'aile droite impériale se
jeta sur les Saxons avec une telle violence qu'ils
furent bientôt mis en désordre et en une déroute
si complète qu'ils ne purent se rassembler que fort
loin du champ de bataille.
Au même moment, Pappenbeim s'était précipité
sur l'aile droite des Suédois avec l'élite de sa cava-
lerie , afin de rompre leurs rangs. C'était le plus
vaillant capitaine de cavalerie de son siècle. Mais il
vint se heurter contre un mur impénétrable; sept
fois ses assauts furent repoussés par le valeureux
Banier (Banner). Alors Tilly qui avait abandonné
la poursuite des Saxons arriva et se porta sur le
flanc dégarni des Suédois; mais le jeune roi fut assez
prompt pour se tournera temps contre l'ennemi dont
le courage vint encore se briser contre l'invincible fer*
ineté de ses guerriers. Tilly ne sut pas se reconnaître
dans cet ordre de bataille où tout était nouveau et
changé ; et contre son attente la confiance dans ses
plans l'ab|indonna pour la première fois; il recon-
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GUERRE DE TRENTE ANS. 319
nut qu'il avait affaire à uq grand génie , mais le roi
profitant de ce moment d'hésitation fit tout d'un coup
attaquer l'artillerie, qui se trouvait placée sur une
colline, s'en empara et la tourna contre les rangs de
TilJy. Ce moment fut décisif; la confusion se mit
parmi les impériaux et ils prirent la fuite; sept mille
morts restèrent sur le champ de bataille, les autres
s'enfuirent dans le plus grand désordre; Tilly lui-
même fut en danger pour sa vie. Un capitaine de
cavalerie suédois du régiment de Rheingraf, appelé
le grand Frison , le pousuivit, et plusieurs fois même
le frappa sur la tête avec la crosse de son pistolet ;
mais il fut lui-même tué par un cavalier qui accourut
au secours. Ainsi le vieux général sexagénaire revint
couvert de blessures, sombre et soucieux de se voir
trahi par la fortune ; il se vantait encore le jour de
la bataille, de n'avoir pas perdu un seul combat. Il
ne se réunit qu'à Halle avec Pappenheim, qui était
resté le dernier sur le champ de bataille , et qui,
comme le dit Tilly dans son rapport, tua quarante
hommes de sa propre main. Il ne restait plus qu'une
petite troupe de ces escadrons, auparavant si re-
doutables.
Cette victoire fut pour Gustave-Adolphe, le grand
fondement sur lequel s'appuya sa réputation par toute
l'Allemagne et cette vénération pour sa personne , qui
était presque une adoration. Car cette époque, comme
tous les moments extraordinaires dans l'histoire,
était proprement un de ces moments où l'opinion des
peuples est toute puissante; alors la croyance ,
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886 suri** &QW*- 4*a0— «48.
la confiance en un bomme, en un principe» le
pect et l'enthousiasme qu'ils inspiraient, donnaient
une force irrésistible j et celui, qui savait s'erapa**
rer de cette puissance morale était sûr du succès
Tout le monde se tourna donc vers cette nouvelle
étoile sortie du nord; les croyances religieuses et la
superstition le servirent. Les prophéties, les appari*-
ticxns, lep rêves se rapportèrent à, lui; partout où U
passa les protestante le reçurent avec des traraponU
de joie inexpritnabief, coince leur libérateur; ej
xlepuisque le mondq existe il ^jrsaT pap eu da p*>r*
trait de roi aussi honoré, aussi colporté* aussi iwulf
iiplié que le sien sous toutes les former
Gustave- Adolphe avait l'œil trop connaisseur pour
ne pas comprendre toute la force qui maintenant
combattait avec lai* iVypa^V811*** précautionneux
presque jusqu'à la timidité, il ne marchait que |>a$
ft pas et ne laissait derrière lui ftpcùiie place fertej
depuis il parcourut l'^Ueifiagae jivec ^oute r#ud*c**
Joute la célérité possible et jy^qûÊ contre toute*
les règles de la guerre; sa nureJUe ressemblait à u«li
triomphe II traversa la Thuriuge et la forêt Clwfc-
ringienne pour arriver en Franconie et de Jà
p'avanç* sur le Rbinj après s'être reposé quelque
temps pendant l'hiver, il revint en Franconie pour
jaller droit en Bavière. Les villes les plus iinporr
Jtantes tombèrent en son pouvoir après une courts
résistance ou se soumirent d'elles-mêmes, Halle^
iîrfurt, Wwrtzbourg, Francfort, Majence, Nurem-
berg et bien d'autres. Tillj même, après avoir si
■
aima** p« T*a*rt ia*. ttf
bien repavé ses forces qu'il se trouvait à la tête
d'une armée plus forte que qelle du roi* n'osait ce*-
pendant pas sérieusement se mettre sur son passage;
et depuis la bataille de Leipzig, il ne pouvait plu»
recouvrer cette confiance qu'il avait autrefois e&
lui-même.
L'électeur Maximilien l'avait rappelé en Bavière
pour qu'il défendît ses propres étals héréditaires. Il
&Hait empêcher le roi de passer le Lech, et Maxi-
milien se rendit lui-même dans le camp de Tilly,
près de Rain. Mais Gustave ne trouvait rien d'im-
possible et il sut lien surmonter cet obstacle» L'ar-
mée des ligués fut obligée de quitter le rivage devant
un vigoureux feu d'artillerie* Le roi passa le fleuve
et se mit à sa poursuite; mais déjà, au commencement
de l'action , Tilly, qui s'était témérairement avancé
pour reconnaître l'ennemi, avait été blessé par un
boulet de trois livres qui lui tomba sur le genou
droit et le renversa de cheval. Il fut transporté k
Ingolstadt dangereusement blessé; l'électeur s'y
retira aussi lui-même , et Gustave après avoir pris
possession d'Àugsbourg , marcha contre eux. Il fit
aussitôt livrer quelques assauts à la ville , mais la
garnison chaque fois* les repoussa courageusement;
et le roi y courut même un grand danger , oàr vm
boulet tua son cheval sous lui et le jeta parterre*
Tilly mourant était dans ta ville, et encore au mo-
ment de la mort il excitait ses gens à la défense, H
mourut de sa blessure vipgt-cinq jours plus tard,
le 30 avril. C'était un homme de fer qui se vantait
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222 sixième époque. 1520—1648.
même de n'avoir pas aimé une seule fois; du reste
d'un caractère ferme et incorruptible , et un excel-
lent général, si Ton ne considère que ses grands
moyens militaires. Son corps donnait l'expression
de son âme; il ressemblait auducd'Albe; il était
d'une moyenne grandeur et maigre; ses yeux étaient
grands, mais brillaient avec quelque chose de fa-
rouche sous des sourcils gris; et son visage, à angle
saillant, avec un gro» nez, exprimait toute la rigidité
de son âme.
Un contemporain nous le représente comme 3
la vu lui-même ; il était sur un petit cheval gris ,
avec un habit de satin vert à la façon espagnole; il
avait sur son chapeau magnifiquement orné un pa-
nache rouge qui lui tombait sur le dos; et c'est
d'après cette description qu'il a été le plus souvent
représenté. Le roi de Suède leva le siège dlngols-
tadt et marcha sur Munich, la capitale. La ville
tremblait devant son arrivée. Le peuple bavarois
avait, en haine des Suédois, traité plusieurs d'entre
eux avec la plus grande cruauté; il les avait massacrés,
avait mutilé leurs corps et avait excité la colère du
roi au plus haut degré. Cependant celui-ci reçut avec
bienveillance les députés de la ville qui lui en ap-
portèrent les clefs. « Vous avez bien fait, leur dit-il,
et votre soumission me désarme. J'avais le droit de
venger sur votre ville le malheur de Magdebourg;
mais ne craignez rien , allez en paix et soyez sans
inquiétude pour vos bienset votre religion. Ma parole
vaut mieux que toutes les capitulations du monde. »
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GUERRB DE T1BNTB ANS. 333
La plus grande partie de la Bavière était entre les
mains du roi, et l'électeur avait été obligé de s'en-
fuir vers Ratisbonne.
Gwtave-Adolphe et Wallemtein. Mort de Gustave. 16 Novembre 1652.
Cependant les Saxons, conformément au plan de
guerre de Gustave, étaient entrés en Bohême sous
les ordres du feld-maréchal d' Arnim, qui avait quitté
le service de l'empereur pour passer à celui de l'é-
lecteur de Saxe , et s'étaient facilement empares de
Prague, mal gardée; le 11 novembre 1631, l'élec-
teur y fît son entrée solennelle. Ainsi la seule ba-
taille de Leipzig avait arraché à l'empereur les fruits
de douze ans de guerre; il se voyait menacé dans ses
propres états; le danger s'était montré tout d'un
coup et contre toute attente. Dans une pareille
extrémité, il ne vit plus qu'un seul moyen de salut
et son conseil avec lui; c'était de rappeler Wallenstein,
qui avait été déposé , humilié, et vivait fièrement
dans sa retraite. Aucun autre adversaire ne pouvait
plus entrer en lice avec le grand roi ; aucun autre
ne pouvait donner une armée à l'empereur. Mais le
gagner semblait une tâche difficile; il vivait sur ses
biens en Bohême avec un luxe presque royal et
semblait narguer l'empereur et les rois. Il dépensait
ainsi les millions qu'il avait acquis dans la guerre.
Son palais à Prague était bâti avec la plus grande
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sixifeiifc éWQUR. i83û— i€48.
magnificence, eomma Qfc peut encore, e& juger dfa-
près lea restes. Tandis que aes ennemis se félici-
taient de l'avoir réduit à l'état; de simple partis^
lier, il se faisait représenter dans la salle de son
château comme un triomphateur par les artistes les
plus habiles venus d'Italie et de toute l'Allemagne ,
porté sur un char tiré par quatre chevaux blancs, et*
une étoile était placée au-dessus de sa télé cou-
ronnée de lauriers. Il était servi par soixante pages
sortis des premières maisons, en habit de velours
feleunciel, brodé d'or. Plusieurs de ses maîtres d'hôtel
avaient déjà servi avec le même titre dans la maison)
ée l'empereur. Trois cents chevaux de choix étaient
dans ses écuries et mangeaient dans des crèches de
marbre. Sa demeure ressemblait à une cour, car les1
hommes les plus distingués se pressaient autour de1
fer. Extérieurement il paraissait tranquille, mai*
s&n ambition le dévorait ai* fond de son cœur. Gène
ftit pas sans une joie intérieure qu'il vit les progrès
dt* roi de Suède j parce qu'ils le vengeaient de l'em-
pereur et de son ennemi, l'électeur de Bavière, et
cfue tous les yeux se tournaient sot lui dans le dan~
ger comme sur Tunique sauveur. En effet, Perape*
ï*Hr né tarda pas à commencer les négociations qui
lui rendirent le commandement en chef.
Wallenstem les reçut avec froideur et n'accorda
qb'à de nombreuses prières de la part de l'empereur
la promesse de lever en trois mois une armée de
W mille hommes; mais sans s'engagera lesconduire.
Alors il envoya par toutes les provinces ses agents
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GUBAft* DE T&MtE A H S. 3t5
planter sa bannière d'enrôlement. Des milliers ac
coururent k lui; parce qu'il les avait toujours con-
duits à la victoire et au butin, et que, dans ces temps
orageux, il était plus facile de trouver du bien-être
à la guerre que dans les arts ou à la queue de la
chaiYue. Un soldat de Wallenstein recevait dans la
grosse cavalerie neuf florins par mois , s\% dan» la
cavalerie légère , le fantassin quatre , et Cela outre
le prix pour la viande , le pain et le vin. Dès le mois
de mars 1652 ces 30 mille4iommes étaient réuni»;
mais aussi celui-là seul qui les avait enrôlés pouvait les
conduire. L'empereur le sentit bien ; aussi eut-il
l'étonnant courage de s'humilier jusqu'au point de
se laisser imposer par Wallenstein la stipulation
suivante : «Le duc dfcJFriedland, généralissime de
l'empereur, de toute l'auguste maison d'Autriche et
de la couronne d'Espagne, reçoit le commande*
ment suprême sans aucune limitation* L'empereur
ne paraîtra lui-même jamais à l'armée. Pour assurer
la récompense que méritent ses services, le duc reçoit
en garantie une portion des pays héréditaires autri-
chiens ; de plus , le droit de disposer à son gré des
conquêtes qu'il fera dans l'empire , et de donner seul
les grâces qu'il lui plairait d'accorder. Le Mecklen-
bourg , ou tout autre dédommagementéquivalentjlui
est assuré à la paix, et pendant la guerre *us les
états héréditaires d'Autriche lui seront ouverts en
cas de besoin* »
O Le florin Yaut*fr.2*c. *.T.
T. II. 15
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SS6 sixième é&oqvs. 46»~*#48.
Walleustdii réparut donfc dé nouveau sur I*
scène, révéla de celte puissance presque impériale j
il porta son armée jusqu'à quarante mille hommes >
reprît Prague dès le mois d'avril de cette m«*me an*
nëe^ 1632, et chassa sans peine les Saxons de la
Bohême. C
.- Le camp de Nuremberg — L'électeur de Bavière
vivement pressé dans son pays, demanda du se-
cours à Wallenstein avec d'instantes prières, et
celui-ci, qui semblait île repaître de sa misère, de
«on humiliation, différait toujours jusqu'à ce que
l'électeur lui promît de lui abandonner le corn*
mendement de toute ià guerre ; alors WaMensteiii
<t'invitaà venir se joindre à lui sur l'Eger pour mar-
cher énsembfc de là sur Nuremberg, une des places
d'armes du roi, les plus importantes. Mais Gustave,
-quidevina son dessein, s'avança lui-méine au-devant,
parut à l'ifnprtviste avec toute son armée aux portes
de la ville , ta fortifia avec le secours que lui donnèrent
îes habitants «dans Imç enthousiasme pour lui tandis
que les jeunes gens Tinrent grossir son armée, et H
y attendit l'-erinemi. Celui-ci arriva bieatdt et -vint se
retrancher sur les hauteurs de Zîrndorf et d'Alten-
"bèrg, en vue du camp suédois. Les deux adversaires
iavedent fait entrer dans leurs plans réciproquement
<de chasser l'ennemi de sa position retranchée par
4a disette ^t ht nécessité. Ils restèrent onze semaines
en présence, sans qu'aucun d'eux ne TÔulôt eéder.
Biais la tiisctve oans xout * xe pciys xtrt extrême, tout
avait été détruit dans un graù4*tayop j c'était pres-
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4 GCEftÂtt DE tQIft A*** Jfî
qtteun désert. Dans lé camp de Waliienstem, il y
*vait> oufere une grosse armée, quinze mille goujats
•fc -servi teure> presque autant do femmes (il permets
tait qu'elles suivissent leur» maris), et trente mille
clievaux employés en grande partie à transporter
les Innombrables bagages, Cette multitude devenait
chaque jour 4e plus en plus barbare. I1b ne vivaient
plus, que de pillage et de rapines. Dans le camp
metne de Gustave, Tordre n'était plus aussi bien
tenu qu'au commencement; parce que son armée
était désormais eu grande partie composée de recrues
et de trompes allemandes auxiliaires.
, Malgré toute sa sévérité , il ne pouvait pas les
tenir en bride copine il le voulait ; car leurs chefs
nlexjgeaient pas seï'igtfseinent la stiyrte discipline»
Aussi le bon roi fut-il emporté de colère quand il
apprit les bmtalitc% exercées par s^s soldats sur les
malhçuyetuc habitants. Il assembla tous ses officiers,
leur lit de sévères reproches et finit en disant: «Qu'il
trouvait leur conduite si indigne qu'il était fâché d'à-»
voir des rapports avec un peupléjsi pervers. » Malheu-
reusement U ne pouvait pas avoir l'œl partout , et
ie mal avait déjà poussé de profondes racines. Alors
il.t^olut de mettre une. fin à cçtte position indé-
fliseet. ruineuse, par un/coup d'audace. Le 4 sep-
jbemfere il donna l'assaut aux montagi^es^pù était
JValidnstein; mais l'entreprise éfeait trop forte, le
pourage le plus résolu, ne pouvait rien contre ces
iretoanchèmehts garnis d'énorweà bouches à feu, et
le roi fut obligé sur le soir de se désista de l'attaque
15.
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M8 sixième **oqus. 4500—4648,
après avoir beaucoup souffert. Il attendit encore
quinze jours dans son camp, et comme Wtrllenstera
ne remuait pas, le 18 septembre il se retira au son
de la trompette , en face de l'ennemi qui n'osa le
poursuivre, et il revint en Bavière.
Alors Wallenstein abandonna lui-même son camp,
y mit le feu et prit ensuite une résolution à laquelle
on ne s'attendait pas, celle de transporter le théâtre
de la guerre dans les pays protestants du nord de
l'Allemagne } il tourna tout d'un coup vers la Saxe,
et marqua partout son passage par le sang et la
flamme. Le roi se hâta d'arriver au secours, et entra
le 11 novembre dans Naumbourg, sur la Saale.
Le peuple le reçut comme son ange gardien, la foule
se pressait auteur de lui à son- entrée et lui baisait
les pieds. Un triste pressentiment pénétra son âme
à ces démonstrations excessives de vénération: «Nos
Saxons sont dans les meilleures dispositions, dit-il à
Fabricius, son prédicateur ordinaire; mais je crains
que Dieu ne me punisse à cause de la folie de ce
peuple. Ne dirait-on pas qu'il veut faire de moi soa
idole? Ne se pourrait-il pas que Dieu, qui humilie les
superbes , ne leur fasse sentir à eux comme à met
que je ne suis qu'une faible et mortelle créature* »
Bataille de Lutzen , 16 novembre 1632.— -Il
faisait £brs un froid extrême, et Wallenstein qui
crut que le roi s'était retranché près de Naumbourg,
pensant qu'il n'entreprendrait rien avant l'hiver,
renvoya le comte de Pappenheim vers le Rhin, avec
Tordre toutefois de chasser sur sa route les Suédois
Digitized by,VjOOQl€
1 GUBMIS DE TJLUOT ANS. 399
de Halle et de Moritzbourg. Mais tout d'un coup
Gustave se met en marche, s'avanpe sur Weissen-
fels et arrive, le 15 novembre au soir, en présence de
l'armée de Wallenstein, près de Lutzen. Tous les
deux se préparèrent à une bataille, et le général im-
périal rappela en toute hâte Pappenheim qui n'était
pas encore éloigné étant arrêté au siège de MorifcS
bourg ; il pouvait arriver dans le courant du jour
suivant. — Le roi passa cette froide nuit d'automne
dans sa voiture et concerta la bataille avec ses gé*
néraux. Déjà le jour était arrivé j un épais brouillard
couvrait la plaine; les deux armées en pré-
sence étaient dans l'attente , et les Suédois chan-
taient au son des cimballes et des trompettes , le
cantique de Luther : « Notre Dieu vaut bien un châ-*
teau fort, » ainsi qu'un autre composé par le roi lui"
même , qui commençait par ces mots : « Ne crains
rien, petite troupe.» Vers onze heures, quand le
soleil commençait à percer, le roi monta à cheval
après une courte prière , et alla se placer à la tête
de l'aile droite; Bernard de Weimar conduisait
l'aile gauche , et il s'écria : a En avant , à la garde de
Dieu ! Jésus aide-moi , je combats pour la gloire
de ton nom. Il refusa sa cuirasse en disant : « Dieu
est ma cuirasse. » Il conduisit ses troupes contre le
front des impériaux qui se tenaient bien retranchés
dans le chemin de pierre qui conduit de Lutzen à
Leipzig , et cachés dans de profonds fossés des deux
côtés de la route. Les Suédois furent reçus par un feu
meurtrier qui jeta un grand nombre d'entre eux par
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*S0 sixième éw^tœ. 4520-^*648.
terre. Cependant ceux qui suivaient gâgnërehT du
terrain , vinrent s'établir sixr le fossé et repoussèrent
les impériaux. Pendant ce temps-là Pappenheim était
arrivé de Halle avec sa cavalerie et la bataille re-
commença avec une nouvelle fureur. L'aile droite
des Suédois chancela, le roi se hâta de courir dp
ce côté avec une troupe de cavalerie et s'avança
trop loin pour examiner le point faible de Tetineftii ;
il n'était accompagné que de quelques cavaliers et
du duc François de Saxe Lauenbcurg. Cortraie il avait
la vue courte il s'approcha trop d'un escadron impé-
rial ; il reçut un coup de feu au bras qui pensa le ren-
verser sans connaissance, et au moment où il se tour-
nait pour se ret>°r du tumulte , il reçut un deuxième
•coup dans le clos et il tomba de cheval en disant:
mon Dieu! mon Dieu! (*) Les chevaux lancés au
galop passèrent sur lui, le foulèrent aux pieds 5 on
le retrouva tout défiguré. Son cheval qui revint tout
en sang, apporta ainsi liu-mëme îe triste message
à ses soldats. Ceux-ci emportés par la colère et par
la soif delà vengeance , conduits par le duc Bernard
de Wéimar qui rétablit l'ordre par sa fermeté hé-
roïque, se jetèrent de nouveau sur les fossés et
forcèrent les ennemis de reculer. Ils ne purent pas
résister plus long- temps; déjà le lieutenant-général
(*) Schiller, dans son Histoire de la Guerre de trente ans, semble
aeciser te duc é» Saxe Lmenfeourg de ce martre. H parait epae cMue,
qui avait, reçu une toaujte de Gustave , f* le ejuitta pas pendant toute la
fcntajlle, et que, dès Je lendemain do sa mort, U passa du côté desimpé-
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GtfEKRfc DE IfREKTE Aî?5. 881
Piccolomini était blessé, et avait perdu quatre cher-
vaux ; déjà Pappenheim était tombe mort , frdppé
par un boulet de canon en combattant vaillam-
ment. La fuite et le désordre se mirent dans les rangs.
(« La bataille est perdue, Pappenbeim est mort , les
Suédois arrivent sur notis » , cria-t-on de tons côtés.
Wallensteïn fit sonner la retraite. Un brouillards
et la nuit qui survint, aussi bien que la fatigue, empê-
chèrent lés Suédois de poursuivre ; ils passèrent la
nuit sur le abamp de bataille, et l'artillerie impériale
tombe en leur pouvoir. Wallenstein seretira en Bo-
hême avec les restes de l'armée, quoiqu'il eût anté-
rieurement résolu de prendre se* quartiers d'hiver en
Saxe. Ainsi le résultat montra bien que la victoire
était certainement restée aux Suédois , quoique*
Wallenstein la dit indécise , et que remjpereur la
célébrât comme appartenant à son parti. Le jour
suivant, les Suédois cherchèrent le corps de leur
roi parmi des milliers de morts qui couvraient le
champ de bataille. Ils le trouvèrent nu , sous une
foule dantred, couvert de sang et des meurtrissures
des pieds des chevaux et presque méconnaissable :
il avait orne blessures. Il fut porté à Weissenfeîs ,
et de là transporté par la reine Marie -Ëîëonore ,
qui avait suivi son mari es Allemagne , à Stocfckolm,
ou il fut entente et pleuré par tout le monde.
Le coHet que le roi portait fut envoyé -tout
sanglant h "Vienne à l'empereur Ferdinand qui ,
dit*on ,' versa des larmes fr eette vue , et ^e fit ainsi
honriew à -lui- même autant qu'à son adversaire
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353 sixième époqub. 4590—4648.
Ferdinand avait l'âme assez grande pour admirer la
vertu d'un héros même dans un ennemi.
Si Gustave-Adolphe n'avait pas été arraché à la
vie à l'âge de trente-huit ans , au moment le plus
glorieux de sa carrière , peut-être que son grand
génie aurait changé toute la constitution de F Aile-
«magne et hâté la nigrche de son développement*
Déjà même il avait conçu la pensée de se faire
nommer roi de Rome ; et son œil , dont personne
n'a pu scruter la profondeur , avait peut-être d'a-
vance embrassé toute l'Europe. Il témoignait souvent
son étonnement de ce que les temps d'alors ne pro-
duisaient plus de généraux comme ceux de l'anti-
quité; et quand on lui répondait que le change-
0 ment apporté dans les armes, dans la tactique
militaire, et le système des places fortes ne le
permettaient plus , il répondait : «La différence
n'est pas tant dans les armes que dans lés esprits; si
on retrouvait le cœur d'Alexandre, , la volonté
d'Annibal, et l'esprit «entreprenant de César, on
reverrait encore les actions d'Alexandre , les vic-
toires d'Annibal eftes conquêtes de César .» Tel était
le point de vue sous lequel il considérait l'histoire
du monde et ses forces actives ; et qui oserait fixer le
point où s'arrêtait un pareil génie? Un de ses con-
temporains , dont le jugement ne peut être suspect,
, le comte Galéazzo Gualdo , un Vénitien et un ca-
tholique, qui avait passé plusieurs années dans les
armées impériales et suédoises , nous fait ainsi le
tableau de ses grandes qualités. «Gustave était
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GUfcRRE DE TAE*TI *B8. 988
grand, fort et d'un extérieur vraiment royal, et sa
vue seule remplissait les cœurs de respect , d'admi-
ration , d'amour et de crainte. Il avait les cheveux
et la barbe blonds ; il avait de grands yeux quoi-
qu'il ne pût voir que de près. La gueiTe avait eu
pour lui beaucoup d'attraits depuis son enfance, et
la gloire et là réputation étauNt sa passion. Sa parole
était éloquente, et sa conversation pleine d'agré-
ment et de gaîté. Aucun général n'a été servi plus
volontiers et avec plus de dévoûment. Il était af-
fable, aimait à donner des éloges et n'oubliait ja-
mais les actions de courage ; mais il baissait les
manières de cour et la flatterie, et celui qui prenait
ces façons auprès de lui était sûr de ne jamais
gagner sa confiance. Il était très sévère pour répri-
mer la licence des soldats, et très soigneux pour la
sécurité des bourgeois et du paysan. Une fois qu'a-
près la conquête d'une ville catholique ou lui
conseillait de traiter les citoyens avec rigueur et de
leur donner de nouvelles lois, il répondit : ce Cette
ville est maintenant à moi et n'appartient plus à
l'ennemi ; je suis venu briser les chaînes de la liberté
et non pas en imposer de nouvelles. Laissons-les
vivre comme ils ont vécu jusqu'à présent. Je n'ai
point de lois à donner à ceux qui savent vivre
comme leur enseigne leur religion. »
« Il ne faisait aucune différence entre catholiques
et protestants. Son principe était que quiconque se
conformait aux lois, était un bon croyant, et que la
vocation des princes n'était pas de garantir les
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834 sixife** Êfoqtz. -4520— J648.
hommes de l'enfer; que c'était 'celle des ecclésïas-
tiquer. »
Il eut plus d'une fois l'occasion de consacrer ses
principes par ses actions: par exemple, pendant son
séjour h Munich, le jour de l'Ascension, i6S2, il se
rendit à l'église de Notre-Dame, penr assister aune
messe célébrée densipéte la solennité dn culte ca-
tholique ; ensuite il alla visiter le collée des jésuites,
répondit à nue allocution latine du Père recteur
dans là m&në langue, et s'entretint presque une
heure avec lui snr le dogme de l'Eucharistie. Ainsi
Tt)yait-on s* refléter dans toutes ses actions, Pécïat
de soi: géîMe nnivcrseF, qui Félevaft sti-dessus de
son siède, tant parce qu'il savait respecter, malgré
un cœur lirôlant de piété, la foi qui se trouvait dans
son prochain, quelle qu'elle fût, que paître qu'il put
souflrir autour ds lut l'éclat du mérite et de la vé-
rité, *ans en être offusqué, et qu'il fôt véritablement
un afnidela liberté.
Le monument de Gustâve-Adotpheen Allemagne,
• fat pehdant long-tempô une pierre placée sur le
fchamp'de bataille de Lutzew, à l'endroit tfi&ne où
il était 'tonnbé; de no» jours, un de ses admira-
teurs à fait élever un autre monument, niais très
simple.
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Gontroutfion de la gaerré. 4G32— t63>*
On pouvait se demander si les Suédois continue*
raient la guerre après la mort de leur roi» S'ils se
désistaient, leurs alliés, les protestants étaient mël
nc.cés d'une sévère punition d# la part de Wallons*
tein. Mais le conseil- d'état suédois gouvernant pen-
dant la-minorité de Christine, fille de Gustave, ré-
solut de continuer cette guerre, parce qu'elle pou*-
v^t donner à îa Suède des droits sifr le territoire
aflremtmd; et pour remplacer leror, il choisit son
ami, soi] grand chancelier ,'ÀxelOr£iîstiern5 homme
bnLiie et capable, qui sut réunir les forces dé son
part*'. Cependant il ne possédait point îa douce et
afrabîe dignité de son maître;- les princes de PemJ-
pire et surtout les S&:;ons. supportaient tvec pefirtë
d'être obligés de suivre un simple délégnéd'lin geritil-
bomme suédois; et quoiqu'il ait réussi à rassemblée
à Beilbronne au printemps, 16S3 , les états protêt
tants des<|ua!re grands cercles , de Souabe, de Frai>-
coirie, du haut et bas Rhin, cependant il était facile
de reconnaître à Tirrésolption des uns, à Foppttèition
des* antreé, et à la division entfe lès généraux qtifc
le génie du roi n'était plus là pojir commander. •
'-* Waltenstein , dont le génie était supérieur à ceîtii
d# tous les autres, aurait pu' '-profiter de'cêr moment
d'hésitatiôri pou* mettre en h la guerre £t dtfnnerta
victoire à l'empereur ) «nais il était occupé dartres
mm et H deuw\m dans urië - iàco^rtHteirëibta
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256 «ixièiii époque. 4530— 1648.
inaction. Après la bataille de Lutzen, il établit un tri-
bunal de guerre pour juger son armée , afln d'écarter
de lui la responsabililéde cette défaite ; puis comme il
avait droit de vie et de mort, il fit décapiter publique-
ment, à Prague, plusieurs généraux et officiers supé-
rieurs et pendre un certain nombre desimpies soldats ;
enfin il fit attacher à la potence les noms de plus de
cinquante officiers absents comme ceux d'autant de
traîtres. Ensuite il fit de nouveaux enrôlements, rem-
plaça son artillerie avec des cloches qu'il fit fondre et
bientôt il se trouva aussi redoutable qu'auparavant.
Mais au lieu de s'avancer dans l'empire attaqueras
Suédois conduits par Gustave Horn et le duc Bernard
de Weimar, qui étaient maîtres des frontières de
l'Allemagne, il marcha sur la Silésie, où il n'y avait
pas besoin d'une si grande armée, et négocia long-
temps avec les Saxons pour l'évacuation du pays.
En même temps, telles furent du moins les accusa-
tions postérieures portées contré lui, il cherchait à
sonder quels dédommagements lui donneraient les
ennemis s'il passait de leur côté; car il croyait depuis
longtemps avoir lu dans les astres, qu'un royaume
lui était préparé. Pendant Ce temps-là, de peur
qu'une trop grande oisiveté ne donnât des soupçons à
l'empereur, il chassa de la Silésie tous les Saxons
et les Suédois qui s'y trouvaient, et fit prisonnier le
comte de Thurn , le premier auteur de la guerre.
Déjà Vienne était dans l'attente de voir traîner par
set rues cet homme odieux le plus coupable des ré-
voltés, quand Wallenstein lui rendit la liberté. Et
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GTTERBI m TKEHTI à*S. 487
il répondit aux reproches que lui fit faire l'empereur:
«Que pou vais-je faire d'un pareil fou ? Je souhaiterais
que les Suédois n'eussent pas de meilleurs généraux
que lui. Thurn,àlatéte des troupes suédoises, ren-
dra plus de services à l'empereur que dans sa prison*»
Mort de Wallenstein, 25 février 1634. — Ce-
pendant la Bavière était vivement pressée par Horn
et Bernard de Weimar; et, sur les instantes prières
de rélecteur, l'empereur avait déjà plusieurs fois
demandé à son général qu'il se hâtât d'aller au se-
cours de ce pays. Wallenstein traîna en longueur;
puis enfin il se mit en route sans se presser,
à travers la Bohême, arriva dans le haut Palati-
nat et rentra aussitôt en Bohême où il prit ses quar-
tiers d'hiver. Il défendit à ses généraux qui comman-
mandaient des corps particuliers, sous les peines les
plus sévères, d'obéir aux ordres de l'empereur; et
quand ce prince fit entrer d'Italie en Allemagne une
armée espagnole qui ne devait pas être sous son com-
mandement, et fit détacher un corps de l'armée qu'il
commandait pour le réunir aux Espagnols, Wallens-
tein se plaignit tout haut de la violation du traité
qu'ils avaient fait ensemble.
Gomme il était accablé par les maladies et telle*
ment tourmenté par la goutte que ses pieds étaient
ouverts et qu'on était obligé de couper des mor-
ceaux de chair vive, il prit la résolution de dépo*
ser le commandement; mais il voulait se mettre en
position d'exiger l'accomplissement des promesses
qu'on lui avait faites. U s'efforça donc de s'attacher
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«S six:h*% ÉnMpnr. 4620^4648.
eauroro plus étroîtemerit le&gèâérauic de sôii armée*
et les réunit «n grand oombrfc dans ce hut k Pilsén,
«r eamoieneeuraii de Ipitafe 16ôi. Q notait pas
difficile à lui de les gagner •; car ils o'avaienl d espoir
qu'«& sa parole et m recommandation pour recevoir
les indeauniték qui leur étaient dues; dautaM plus
qu'ils avaient enrôlé leurs régiments à leurs propres
frai», et la plupart y avaient même engage tout leur
avoir* Si Wallenstein avait une disgtâce, ils étaient
eux-mêmes en danger de perdre leurs droite» E» con-
séquence quarante officiels supérieurs ayant, à leur
tête le feld-mare'chal Ilio et leeomte de Terfcka rse
rassemblerait daaauh dîner, aiwjud Jûeme Walkns*
teiu ne pat alisier à eaUfife de sa oialadie , et rengagé*
rent easemble par serment à la vie à là mort de rester
fidèlement attaches au duc «tant qu'il resterait
tuaervice de l'empereur, ou tant que celui-ci lui de-
manderait de ses services pour la guerre ; » en-
suite ils forcèrent Wallenstein de leur promettre
» de rester encore quelque temps avec eux et de ne pas
sedémettre de son commandement àleur insu et sans
leur consentement. » Le feld-ru*echal Piccolomiai
qui plus tard trahit Wallenstein; signa cet écrit avec
lai autres/
•< Les crineqiis de Wallenstein profitèrent de cette
circonstance, d'ailleurs fort grave , pour le rendre
suspecta l'empereur, et parvinrent enfin à décider
œ prince à dépouiller son général du commande*
coent en chef, pour le donner à Gallas. II est incon-
teatabis <|u?il y^vatt à la cour de 1 empereur un mr\i
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i&HwM espagnol monté eoiilre lut, Mt le ém é*
Ba?i*re qui m- cessait de *ë plaindre de Walieti*
tem *e joignit à lui, JU principal inetrumeot d# <Hri
oa&a&s ocrâtes était le «jouimandôot iLalk* C*w*ta;
xwarqyis la (irana.
C^iotiiga^sccmtreWnlkiuteiii furent c<md ut to*
#vec ton* de setret, qu'il n'en fut iwtruk qui
fpandlesgoa&^xGa^ etÀldwnge»*
paWièr««t \w ordre du jour par lequel ite difen*
4*ient, a** mb» de l'empereur > à tous le* générant
4e l'armée, d'obâr dâbrniaig aux ordres de Wai*.
lenstain > Ub et Terzka ( Ferdinand aWt signé l'acte
4e déposition de Walleoafcetny le 24 janvier, et il
«e*ti&ua decoirespondre-av^clui^ïieore Tmgt}^^
,apr&)<> Ceiuï*ci fit aussitôt a(Ed*er à Piiaen , foi f*.
.wtevla d^larationsoknaelle, signée par hii-wénfe
^t 29 généraux ou colonels , que la uéoaion du 42 jimî-
vkr a?<w*it riend'i^fitiie de la part des offieiere pour
l'empereur «t la religion. En même temp^ il fit
partir, le 21 et K22 février, deux officiera d'prdonh
«anp£ yers Feidinand pour lui déclarer de sa part,
«pi'il /** d&àstait 4$ son commandement et qull #»rt
prêt à se justifier devant tel tribunal qu'il -'plairait
à lWpweur4elui$3rfgn«r* Mais ces officiers furent
.arrêtée, çn mte par Pioeolomtni: et leur ménage
©'arriva à l'^perèqr qu'après la mort de WfcW
Jenstei^
Picc^lottiirH nœrehaM-mâme sur Pifeen arec ses
lippes 9 et WaUensWin fut oblige . pour sa propre
sfe#4 dfc #e «N&w yt*e la tiladdi* d'jEg**, dont lé
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940 sultan évoque. 4699—4648.
commandant Gordon lui était attache par des motifs
particuliers de reconnaissance. Cependant il est his-
toriquement prouvé que le beau-frère de Wàllens-
tein , le comte Kinsky, chassé de la Bohême à cause
de sa religion , traita avec l'envoyé de France , Feu-
qnières, des moyens de faire entrer Wallenâtein dans
le parti ennemi de l'empereur , et que le cardinal de
Richelieu fit voir à ce général la couronne de Bo-
hême comme sa récompense ; il eut encore de pareilles
négociations avec les Suédois , si Ton en croit quel-
ques-uns de leurs écrivains. Mais aucun écrit , aucune
action de Wallenstein ne prouve qu'il eût chargé
le comte Kinski d'une semblable négociation ; et les
Français et les Suédois restèrent jusqu'au dernier
moment dans le doute, si Wallenstein n'avait point
Voulu les jouer pour leur donner plus de confiance.
Il est aussi à remarquer que cet homme incompré-
hensible et extraordinaire , songeant à la perte pos-
sible de la faveur de l'empereur , ne voulut peut-^tre
pas repousser trop loin les propositions de l'ennemi j
mais se ménager une ressource pour les cas où ses
ennemis réussiraient à le renverser, comme ils avaient
déjà fait à la diète de Ratisbonne.
Wallenstein quitta Pilsen le 22 février au matin,
porté sur une litière à cause de sa goutte , accompa-
gné seulement de dix compagnies, et au bout
de deux jours il arriva à Eger. U avait avec lui le
colonel Buttler qui fut un des meurtriers. Il entra
dans Eger, le 24, à quatre heures du soir, et des-
cendit dans la maison du bourgmestre Pechhelbel ,
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GUERRE DE TRENTE A US. 241
sur la place du marché. Le lendemain , mardi gras ,
Terzka, IUo et Kinsky allèrent dîner à la citadelle
avec Gordon. Tandis qu'ils étaient à table, tout-à-
coup trente dragons, commandés par les capitaines
Deveroux: et Geraldin, sortirent d'une chambre
voisine et se précipitèrent sur leurs victimes qu'ils
massacrèrent. Terzka ne périt qu'après une vigou-
reuse défense dans laquelle il tua deux dragons.
Aussitôt après cette exécution le capitaine Deveroux
se chargea d'aller tuer Wallenstein. Il était minuit
et déjà le duc était couché. Mais ayant entendu dans
le derrière de la maison les cris des comtesses Terzka
et Kinsky, qui venaient d'apprendre la mort de leurs
maris, il se leva et ouvrit la croisée pour demander
à la sentinelle ce qu'il y avait. Au même moment
Deveroux enfonça sa porte , et se jeta sur lui en
criant : Mort à Wallenstein ! — Celui-ci se décou-
vrit aussitôt la poitrine sans dire, un seul mot et
reçut le coup mortel.
Gomme il quitta le monde sans rien découvrir et
que pendant sa vie les pensées de son âme étaient pro-
fondément cachées au fond de son cœur, dans le
plus grand secret, un voile obscur se trouve jeté
sur sa vie et ses grands projets* C'était un de ces
hommes qu'on ne peut approfondir, sur lesquels on
ne peut rien dire ; parce qu'ils n'ont ouvert leur
cœur à personne et que ce n'est que secrètement, au
fond de leur âme, qu'ils ont pesé le sort de milliers
d'individus. Dans ces hommes qui sentent qu'ils ont
en eux-mêmes une force à laquelle on ne peut ré-
T. II. 16
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942 sixibhe époque. 4630—4648.
sktéer, les arrêts de ieufr volonté semblables a ceux
<la sort ne suivent aucune règle qu'on puisse pré-*
voir et partent de profondeurs impénétrables
Après sa mort, ses biens furent confisques et ser-
virent à récompenser ses ennemis et ses assassins
mêmes. Gallas eut le duché dèFriedland, Piccolo-
mini la principauté de Nachod, et Buttler après lui;
cependant la plus grande partie resta à l'empereur.
Il y avait d'immenses valeurs en argenterie et objets
précieux, efl chevaux et toitures, etc. On estime
que les biens de Wallenstein montaient à une va-
leur de cinquante millions. Sa veuve reçut comme
douaire la principauté de Neuschloss j Marie-Elisa^
betb, sa fille unique, fut mariée plus tard à un comte
de Caunitz. L'empereur, pour justifier cette exécu-
tion , fit rédiger un écrit fort long qui contenait
toutes les accusations portées contre Wallenstein et
qui pendant long-temps donna de fausses idées sur
l'histoire de ce grand général, par se» suppositions et
ses faussetés.
Bataille de Nordlingue et paix de Prague. 1654— 1C35.
Après la mort de Wallenstein i ce fut le roi de
Home, Ferdinand, fils de l'empereur 1 qui obtint le
commandement en chef; et la fortune lui ouvrit la
carrière par un brillant succès. Après avoir poussé
les Suédois hors de la Bavière, il les atteignit à
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GUERRE PE TRE5TE ANS. M8
Nordlingue en Franconie. Son armée était compo-
sée de troupes d'élite et augmentée de quinze mille
Espagnols; dans l'armée suédoise et allemande, au
contraire , il n'y avait point unité pour le commande-
ment. Leprudentfeld-maréchal Gustave Horns'oppo-
sait à la bataille , prévoyant sa déplorable issue. Ber-
nard de Weimar, jeune et fougueux, la demandait :
elle fut livrée le 7 septembre 1634; mais le petit nom-
bre , la mauvaise position , les fautes des généraux, le
peu d'accord entre eux , tout concourait contre
les Suédois qui furent en effet complètement taillés
en pièces , malgré leur courage, après huit heures de
combat. Vingt mille environ furent tués bu faits
prisonniers , et parmi ces derniers le feld-maréchal
Horn ; le duc Bernard se retira sur le Rhin avec le
reste de l'armée.
Cette bataille pouvait devenir aussi décisive en
faveur des Catholiques que l'avait* été celle de
Leipzig en faveur des protestants. La puissance
suédoise parut anéantie en Allemagne, et un résultat
' important fut la défection dé la Saxe. L'électeur
Jean- George voyait déjà depuis long- temps avec
douleur la Lusace entre les mains des impériaux ; il
craignait de ne la "recouvrer jamais j et peut-être
même de perdre plus encore ; c'est pourquoi il con-
clut, au commencement du printemps, 1635, la paix
de Prague avec l'empereur. 11 reprit la Lusace,
reçut même une partie delà province de Magdebourg
et une liberté de religion entière pour quarante ans.
L'Allemagne évangéliste s'emporta beaucoup contre
16.
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244 sixième éi»oqtte. 4520—4648.
Félecteur, mais bientôt plusieurs autres étatssui virent
son exemple et s'accommodèrent avec l'empereur: le
Brandebourg, le Mecklembourg, leduchédeWeimar,
a principauté de Lunebourg et autres ; de sorte
qu'il semblait que cette sanglante guerre allait ainsi
se terminer par le découragement des partis. En
effet, les malheureux pays de l'Allemagne , sur les-
quels s'étaient précipités les guerriers de presque
toutes les parties d'Europe étaient effroyablement
dévastés; il n'y avait presque plus d'hommes, les
terres cultivées avaient été foulées aux pieds , une
grande partie était restée sans labour; les villes
désertes, des ruines et des décombres en mille en-
droits où auparavant étaient des lieux florissants ;
partout incertitude de vivre et de jouir de son tra-
vail, de sorte que le désespoir donnait aux mœurs
de l'époque un caractère de barbarie. Ce qui n'avait
pas été emporté par le glaive, avait été détruit par
la famine, la misère , et la maladie , et le principe de
vie était tué dans le sein qui le nourrisait; telle était
même la fureur impitoyable de cette guerre, que là
où une langue de terre avait été pendant quelque
temps épargnée, l'œil avide de la nécessité et de la
rapine l'avait bientôt découverte et venait y porter
le ravage. Car nombre de provinces étaient déjà si
dévastées qu'une armée n'osait plus la traverser,
comme le raconte lui-même le général Bannier des
provinces situées entre FOder et l'Elbe.
Dans cette détresse générale, avec les inclinations
des étals allemands à la paix, avec, la disposition de
*r?
GUERRE DE TRENTE A»S. 245
l'empereur de révoquer au moi os en partie redit
de restitution, comme il l'avait montré par son traité
de paix avec la Saxe, lorsque l'armée suédoise était
presque anéantie , la patrie opprimée pouvait espérer
qu'elle touchait au terme de ses souffrances.
Influence de la France. Mort de Ferdiuand II. 15 février 1657.
Alors s'appesantit sur nous cette main fatale qui
déjà antérieurement nous avait été si funeste , et
qui plus tard surtout accumula sur nos têtes tant et
de si noirs orages. Le ministre de France, Richelieu ,
contemplait avec une grande satisfaction depuis long-
temps les malheurs de la maison d'Autriche et de
toute l'Allemagne. Le gouvernement français regar-
dait comme une pensée de la plus haute et de la
plus adroite politique de faire tourmenter les protes-
tants en France et conduire au supplice; mais de les
protéger en Allemagne et de se servir ainsi de la foi
pour cacher sa supercherie et son avidité. Le mo-
ment était venu ou le cardinal crut pouvoir vendre
bien cher les services de la France. Il les offrit au
chancelier Oxenstiern, stipulant pour récompense
l'occupation de la forteresse de Philipsbourg sur le
Rhin, et laissant aussi apercevoir des desseins plus
sérieux encore sur l'Alsace. C'était la première fois
que les étrangers marchandaient les 'frontières de
notre patrie. A ce traité entre Richelieu et Oxensticrn
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246 smfeMfe tvoqm. 4820—1648.
la guerre prend un caractère ignoble; car depuis
lors le ministre suédois ne combattait plus que pour
apporter à son peuple un portion de l'Allemagne.
Ils trouvèrent dans le duc Bernard de Weimar , prince
du reste plein devaleur et de noblesse, le bras qu'ils
pouvaient désirer: celui-ci d'ailleurs voulait conqué-
rir pour lui-même une province sur le Rhin. Bien-
tôt jpne magnifique armée enrôlée avec l'argent fran-
çais fut sous ses ordres 1 et ce fut un redoutable ennemi
pourles impériaux et les Bavarois 3 mais depuis ce mo-
ment les provinces rhénanes en devenantle théâtre de
la guerre furent.fôulées, pressurées , comme l'avaient
été auparavant celles del'Oder , de l'Elbe et duWéser.
Les Suédois avaient encore daps le feld-maréchaï
Uannier un vaillant et actif général. Renforcé de
nouveaux bataillons arrivés de Suède, il partit en
diligence de la Poméranie y où s'étaient enfuis les
restes de l'armée battue à Nordlingue, et s'avança
contre les Saxons devenus les alliés de Penipereur,
les mît en déroute et se répandit dans là Saxe.
Cependant cette guerre n'offre plus désormais
qu'un tableau toujours plus triste , manquant d'un
grand génie et d'un grand but pour le relever. Le
héros dont l'élévation de son âme jetait un lustre
brillant sur tout ce qui l'environnait, qui fut en-
traîné par enthousiasme pour la religion , pour la
gloire et pour la grandeur de son peuple, a disparu ;
l'impénétrable , le mystérieux ettout-puissant géné-
ral qui seul pût oser marcher contre \e roi de Suède
a été également arraché à ses projets ; et les hommes
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GUERRE DE TRENTE ÀHS. 247
qui paraissent maintenant à la tête des armées, quoique
braves et non communs, ne sont cependant que
des génies du deuxième rangy qui ne peuvent attein-
dre la hauteur des idées de leurs prédécesseurs. L'é-
goïsme pépètre dans cette guerre , et c'est lui seu-
lement que servent toutes les forces qui agissent ; par
conséquent quelque belles que soient les opérations ,
elles rentrent toujours dans le cercle des actions
communes.
JL empereur Ferdinand II lui-même, que l'on pem
mettre au rang des meilleurs esprits de l'époque 9
disparaît aussi de cette grande lutte sans en avoir vu
la fin ; il mourut le lj5 février 1637 à l'âge de cin-
quante-neuf ans , après avoir eu la satisfaction de
voir son fil$ Ferdinand unanimement reconnu à la
diète de Ratisbonne.
Ferdinand III. 1637 — 1657.
Suite de la guerre. Bernard de Weimar, Bannier,
Torstenson , Wrangel. — Dans les années 1637 et
1£38 , le due Bernard de Weimar poursuivit le
cours de&ès v&ctauv&sflur le Rbin ; il surprit l'armée
des ligués à Reinfeld, les battit et fit quatre géné-
raux prisonniers, eijtrç autres le vaillant Jean de
Werih $ Uhéafdd , Batela «t FrilxHU'g &e rendirent.
Mais l'objet de ses efforts était l'importante place
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248 5IMÈME ÉPOQUE. 4520—1648.
de Brissac , dont il voulait faire le point principal de
sa domination sur le Rhin. Il l'assiégea, battit encore
une fois l'armée catholique qui venait poui* prendre
sa vengeance , et emporta la ville par la famine et
la disette ; ensuite il se fit reconnaître solennelle-
ment par ses habitants. Mais tandis qu'il se prépa-
rait à de nouvelles expéditions, il tomba malade
tout d'un coup et mourut, le 18 juillet 1639, dans
la trente-sixième année de sa vie. Il crut lui-même
qu'il avait été empoisonné , et son aumônier en
exprima le soupçon dans son oraison funèbre (*).
Mais si ce soupçon était fondé , il ne peut être attri-
bué qu'à la France ; car aussitôt après la mort du
duc, on vit dans Farinée des négociateurs français qui
voulaient Tacheter à prix d'argent , elle et les places
fortes qu'elle occupait. Il n'y eut que trois régiments
suédois qui ne voulurent pas se vendre et qui par-
tirent tambour battant ; ainsi Brissac fut conquis,
pour les Français, par la valeur des Allemands.
Déjà, dans Tannée 1636, la voix de tant de mal-
heureux qui soupiraient après la paix avait fait es-
sayer quelques tentatives de réconciliation. Mais Ri-
chelieu, le ministre de France, ne voulait pas de
paix , soit parce que la guerre le rendait nécessaire,
(*) L'historien allemand de la Guerre de trente ans, Schiller, détruit
cette inculpation hostile, en prouvant que le prince n'a pas été empoi-
sonné, et qu'il est mort d'une maladie contagieuse qui, en deux jours,
avait enlevé quatre cents soldats. Son corps était couvert de taches livides
et pestilentielles , de sorte que le chirurgien qui en fit l'ouverture, s'étant
blessé avec son scalpel, mourut lui-même peu après. N. T.
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GUFBRE DE TREWTE ANS. 240
soit parce qu'il entrait dans la politique hostile de la
France de voir l'Allemagne déchirée par ses propres
enfants et par les étrangers. Cependant on fit de nou-
velles et sérieuses tentatives dans Tannée 16 M) , et
les envoyés des différents partis se rassemblèrent
à Munster et Osnabruck, en 1643. Mais ces négo-
ciations durèrent près de cinq ans , et pendant ce
temps-là , la guerre sévissait avec toute sa cruauté.
Le redoutable Bannier était mort > dans Tannée
1641, à Halberstadt, après avoir dévasté la Bohême
et plusieurs autres provinces. Il avait envoyé à
Stockholm six cents drapeaux et étendards conquis
dans toutes ses expéditions; mais s'il était habile,
son cœur était impitoyable et les campagnes qu'il fit
furent marquées de plus de cruautés que toutes les
autres decette guerre. A son entrée en Bohême , plus
de cent villages, bourgs et châteaux furent incen-
diés dans quelques nuits; et un de ses principaux
officiera, Adam Pfhul, se vantait d'avoir lui seul
mis le feu en plus de huit cents endroits de la Bo-
hême. Le pays était tellement désert que ce même
Pfuhl , dans son expédition à travers la Thuringe ,
sentant sa fin approcher et demandant les secours
d'un prêtre , ne put en trouver un seul dans un
rayon de plusieurs milles.
Après Bannier ce fut Léonard Torstenson qui eut
le commandement en chef des Suédois. Ce général,
quoique si faible de santé qu'il était obligé de se
faire porter dans une litière, remporta néanmoins
sur tous lès autres qui parurent dans cette guerre
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250 sixième époque. 4520 — 1648.
par la rapidité de ses mouvements. Il commença
par envahir la Silésie , en 1042, battit le duc Fran-
çois Albert de Saxe Lauenbourg (celui-là même qui
était auprès de Gustave-Adolphe à Lutzen et était
depuis passé au service de l'empereur) et conquit
Schweidnitz. De là, il s'avança eii Moravie , prit
Olmutz et fit trembler Vienne, lu capitale. Les ma-
ladies qui se mirent dans son armée le forcèrent à
la retraite. Mais, dans l'automne de cette même an-
née, le 2 novembre, il tailla en pièces , près de Leip-
zig, le général Piccolomini qui le poursuivait. Ce fut
la plus grande bataille de cette dernière partie de
la guerre; Piccolomini perdit vingt mille hommes ,
quarante-six canons, environ deux cents drapeaux,
et ne put rassembler les fuyards qu'eu Bohême.
Dès le commencement de l'année suivante, Tors-
tenson se remit en route pour là Moravie , s'avança
de nouveau jusqu'à Olmutz et au-delà ; de sorte que
ses troupes légères allaient escarmoucher jusque dans
les environs de Vienne. Puis, quand on le croyait fort
occupé dans les environs de la capitale , il parut tout
d'un coup, comme par enchantement , à cent milles
de là, sur les côtes de la mer Baltique, dans le pays
du roi de Danemarck, le Holstein et le Schleswig.
Ces pays qui avaient été long-temps à l'abri de la
guerre offraient aux Suédois de riches quartiers d'hi-
ver; et il était facile de trouver un prétexte de
guerre avec le Danemarck dans la jalousie avec la-
quelle ce royauhie avait toujours regardé les victoi-
res des Suédois. Dès le printemps suivant, 1544 , les
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Suédois qui avaient reçu des renforts se mitent de
nouveau. en marche pour l'Allemagne,, anéantirent
l'armée impériale commandée par Gallas, et un an
plus tard, 1645, Torstenson fit essuyer aux généraux
impériaux Gqete et IJatzfeld une défaite complète il
Jankau en Silésie ; leur armée fut détruite , Gotz iui*
même fut tué,Jïalzfeld fut fait prisonnier et toutes les
provisions de l'armée torchèrent «ntre les mains de
Suédois. Ensuite l'expédition s'a vaoça encore une fois
yers Vienne à travers la Moravie , et si la ville dp
Brunn n'avait retardé le général suédois par une résis-
tance héroïque , peut-être que la capitale serait elle-
même tombée entre ses mains. Mais son armée se
fondit tellement par les maladies devant Brunn
qu'il fut obligé de faire retraite; et comme son corps
était épuisé deJfeibfôsse# il4épos# le commandement
en chef.
Gustave Wnuigel le remplaça et Gputiwa la
guerre avec succès. Les angéee françaises cousuqaji"
dées par les célèbres généraux Tureane etr£on$6
combattaient contre les Impériaux et les Bavarojw
dans les provinces rhénanes , et Wrangël uni avec
(eux soumit toute la Bavière dam les dernières années
d« la guerre. Ainsi l'électeur se vit obligé de re-
noncer à continuer la guerre et de signer une sus-
pension d armes, JiC )&a»debourgeu avait fait autant,
déjà depuis piusieuj£3#péesf M te tfenemarcket la
Saxe, ayaient suivi son exemple; de sorte qu'il ne
restait plusxjue l'empereur seul pow lutter contre
la ho&W &rtuue -4p && emuwik* le #œihe**r de
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252 sixième époque. 1530—1648.
ses armes dans ces derniers temps venait surtout du
défaut de généraux capables. Les meilleurs , Jean de
Wcrtli et Merci, avaient succombé, et l'empereur
se vit forcé de confier sa dernière armée à un protes-
tant qui avait quitté le parti de la Hesse, au général
Mélander de Holzapfel.
Les ennemis attaquèrent de nouveau les états
héréditaires de l'empire ; le général suédois Kœnigs-
mark assiégea Prague. Déjà il s'était emparé de ce
qu'on appelait le petit côté, et Wrangel se disposait
à venir le renforcer de toute son armée , quand
retentit dans la Westphalie le mot de paix.
Mi de Westphalie. 24 octobre 1648. *
Les conférences de paix devaient s'ouvrir au mi-
lieu de Tété 1643 ,à Osnabruck avec les Suédois et à
Munsler avec les Français. Les envoyés impériaux s'y
trouvèrent même avant le temps fixé , mais ceux de
la Suède n'arrivèrent qu'à la fin de J'automne et
ceux delà France seulement au mois d'avril de Tan-
née suivante, 164&; mauvais présage pour le progrès
de cette pacification sur laquelle les peuples oppri-
més tenaient les yeux fixés avec inquiétude. Et en
effet, ces conférences commencèrent par un si
grand nombre de minuties, qu'il n'y avait pas à
compter sur une prompte décision. Plusieurs mois
s'écoulèrent en de misérables disputes de préséance,
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PAIX DE W£STPHÀUE..a 253
parce que les envoyés français prétendaient avec un
orgueil insoutenable avoir le premier rang, et affec-
taient de paraître avec un luxe de cour. Plus tard ,
on perdit encore beaucoup de temps pour décider
si Von convoquerait les députés de tous les petits
états de l'Allemagne; car les Français le deman-
daient afin de trouver plus facilement l'occasion de
jeter la division entre nous. Anciennement l'empe-
reur faisait la paix par lui-même au nom de l'empire.
Le sujet principal des négociations aurait du être
de rétablir solidement Tordre dans l'intérieur des
provinces d'Allemagne et surtout parmi les diffé-
rents partis de religion , car c'était par là qu'avait
commencé ,1a guerre ; mais les deux puissances
étrangères voulaient ayant tout être indemnisées des
frais de la guerre et de leurs pertes ; et dans la hon-
teuse nécessité ou Ton était réduit, on les leur ac-
corda d'après Fa vis et l'intervention du duc de Ba-
vière.
L? France, qui avait si peu fait avec ses propres
* forces , qui ne s'était mêlée dans la guerre que pour
son propre avantage et lé plaisir de faire du mal ,
un pays catholique qui s'intéressait pour les pro-
testants , la France exigeait d'énormes sacrifices , et
ses envoyés d'Avaux et Servien, deux hommes éga-
lement exercés dans Fart de manier la parole , la
ruse et même la perfidie, s'avançant avec des airs de
maîtres qui ordonnent, présentèrent leurs préten-
tions. Les Suédois, un peu plus modestes, arrachè-
rent cependant aussi eux un morceau de l'empire;
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264 sixiàttfe é*0QtfÉ. i 820— i 648.
et lés amis dé la patrie étirent lé cô&uf déchiré en
voyant les honteux traitements qu*on lui faisait
éprouver* « Dans Ces mêmes contrées où nos ^ïeux
défirent lln^olënt Varus , dit tin écrirôin contem-
porain, dés étrangers sans armes osent insultera
tûdte la nation et triomphent deÊ Germains. Ils
ôppelent, nous accourons} ils parlent, nous.obéis*-
sons comme 6 un oracle j ils promettent , et nous
broyons en eut comme eo Dieu j ili menacent, et
nous tremblons comme des ésclatés. Une feruiïlé de
papier que remplit une femme, soit â Paris, soit à
Stockholm (*) fait tressaillir ou trembler l'Allemagne.
C'est au sein de l'Allemagne que fan délibère sur
l'Allemagne, pour satfoir quelle plume arracher à
l'aigle romain qui puisse parer le coq gaulois. Et
nous* toujours en dissensions jusqu'au dernier sou-
pirf nous abandonnons, notre divinité tutélaire pour
les idoles des peuples étrangers auxqueb nous sa-
crifions nôtre vie , nptre liberté et notre hon-
neur. » '
Les envoyés de Pempirê se conduisirent avec di-
gnité} le comte de Trautmansdorf et le docteur
Vplmar cherchèrent à combattre par toute la force
de la raison les, prétentions des étrangers, et par ïa
douceur et la patience, la mésintelligence des peuples
allemands. Mais ils ne trouvèrent pas une assistance
suffisante dans les autres membres de l'empire, sur-
<!»!»■ i ■' " '■"" i li i ■ ni i i i i i i
(*) C'était la ffife dé Gustave-Adolphe qui régnait à Stockholm ; (addis
qu'oo France la reipe àm» avait te totaUade m fib Loubxiv.
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t»*i* 0» vftvrmàLtïr* SAS
Wfttt «tons k& dernières années que la Bavière était
chancelante ; et plus tard t chaque message qui vendit
aftnoneer les succès do l'ennemi, renversait lcfe avan-
tages qu'ils avaient pu conquérir dans les conférences*
Ainsij ils furent donc obligés d'accorder les condi-
tions suivantes.
1 ) La France reçut pour la paix, les éréchés de
Metz, Toul" et Verdun f toute l'Alsace telle qu'elle
avait appartenu à la maison d'Autriche, le Sûûd-
gau , et les importantes places de Brissac et de
Philipsbourg; et en outre l'Allemagne fat forcée de
détruire un grand nombre de forteresses dans le haut
Rhin* afin que les année* française» trouvassent un
passage libre pour une invasion. Ainsi* dans le and de
l'Allemagne* toutes les places qui lui servaient de
boulevard, tombèrent par cette paix entre les mains
de son ennemi né. Les envoyés français, dans l'ex-
cès de la joif, disaient tout haut que janïali la
France n'avait fait une paix aussi avantageuse.
2) La Suède/ qui avait eu aussi de grandes pré-
tentions * n'ayant pas rencontré de bons représen-
tants dans l'orgueilleux, mais peu expérimenté Jean
Oxenstiern, fils du grand chancelier T et dans le con-
seiller Adler Salvius, qui fut trop facile à corrompre,
se contenta de la Poméranie occidentale avec Steliitt,
l'île de Rugen, la ville de Wismaren Mccklenbo»rg)
et les évéchés de Brème et de Verden sur le
Wéser, pays en grande partie pauvres et ravagés.
D'un autre côté, la Suède n'a jamais abusé de ses
possessions dans notre pays, Elle reçut pour indem-
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256 sixième époque. 4520—4648.
nilé des frais delà guerre, 5,000,000 d'écus, que fut
obligé de payer l'empire épuise.
3) L'électeur de Brandebourg, qui avait des droits
réels sur toute la Poméranie, n'obtint que la Pomé-
ranie orientale; et comme dédommagement pour
l'occidentale, il reçut l'archevêché de Magdebourg,
les évéchés de Halberstadt , Minden et Kamin, à
titre de principautés laïques.
û)Le Mecklenbourg reçut, au lieu de Wismar, les
évéchés de Schwérin et de Ratzebourg.
5) La Hesse-Cassel, qui depuis le commencement
de la guerre avait constamment été entre les mains
des Suédois, mais dont l'adroite et belle landgravesse
Amélie avait su gagner tous les cœurs, obtint, par
l'entremise de la Suède et de la France, quoiqu'elle
n'eût rien perdu, l'abbaye de Hersfeld, le comté de
Schaumbourg et 600,000 risdals (rheichsthaler).
6) LeBrunswick-Lunebourg qui élef^it des préten-
tions sur Magdebourg et Minden , et plus tard sur
l'évéché d'Osnabruck, reçut le droit , sur ce dernier
pays, de le faire occuper alternativement par un de
ses fila et un évéque catholique.
7) Le fils aîné du malheureux Frédéric V pala-
tin, reprit ses pays héréditaires , excepté le haut
Palatinat que l'électeur de Bavière conserva; et
cotffcne il ne voulait pas non plus se dessaisir de la
dignité électoral qui appartenait à la maison palatine,
on fut obligé d'en créer une huitième pour elle.
8) Les négociations pour les affaires de religion,
en Allemagne, furent très longues et très difficiles.
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GUERRE DE TRENTE ANS. 257
Les protestants demandaient la liberté de religion
non seulement pour eux, mais aussi pour les sujets
protestants de l'empereur, et de ce côté ce prince
était inflexible. On fut donc obligé de se restreindre
à ceux de l'empire, qui enfin, après une lutte d'un
demi-siècle, put jouir de la paix de religion de Passau;
elle fut de nouveau admise comme l>ase fondamen-
tale, et il fut réglé que les protestants conserveraient
tous les biens et toutes les églises qu'ils possédaient
en 1624. On appelle cette année, l'année normale;
et désormais il ne fut plus question de Védit de res-
titution. 11 fut en outre réglé et approuvé qu'aucun
souverain appartenant à une autre église que ses su-
jets nepourrait les opprimer pour leur religion ; et il
fut arrêté que la chambre impériale, conformément
à son but, serait composée d'un nombre ^al de con-
seillers et d'assistants des deux partis religieux.
. Ces règlements firent que la paix de Westphalie
fut reconnue conmte une loi fondamentale dans l'em-
pire; et bien que toutes les contestations et les agi-
tations n'aient pas entièrement disparu après elle,
cependant les esprits furent plus tranquilles. Les
sentiments haineux ne se firent plus sentir , la tolé-
rance s'insinua de plus en plus dans les cœurs. Par
sa douce influence, on s'accoutuma peu à peu à ne
plus voir dans l'homme d'une autre croyance, quVn
Allemand , un frère et même un chrétien.
La différence de religion ne fut plus entre Alle-
mands un mur de séparation insurmontable ; et sous
ce rapport la paix de Westphalie, en posant des
t. n. 17
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^&ft, sixième époque. 1520—1648.
lf>i$ 6xe3 pour les affaires intérieures de l'Église ,
mériterait les plus grands éloges.
9) Sur les droits seigneuriaux des princes et les*
rapports, des états de l'empire avec l'empereur, la
pa& de Westphalie eut des arrêts qui durent avec
le temps relâcher encore les liens déjà affaiblis qui
laissaient V empire en un seul corps. Ce n'est pas qu an-
térieurement il n'y eut de nombreux défauts dans la
constitution de l'empire ; le désordre, l'abus de 1$
puissance en face de la loi , un siècle, entier soumis
à la Ipi du plus fort, le témoignent assez haut. Car
il faut avouer que l'absence de lois fortes et écrites
semble avoir dû être, une cause majeure de ces dé^
qçrdres; aussi depuis la proclamation de la bulle
4'or > s'est-on efforcé de plus en plus de donner à
l'Allemagne uije forme de constitution plus déter-
minée ; et de là les lois impériales. Mais aussi il y
q^ait daua ces premiers temps un lieu qui mieux que
1% parole écrite pouvait rallier au milieu du désordre:,
c'étaient les anciennes moeurs allemandes, la fidélité,
l'antipathie contre les étrangers, une vénération
sainte pour la majesté, impériale , vénération ap-
pyyée sur la croyance que la dignité de l'empereur,
venait dç Pieu comme un bienfait céleste, qui impo-
sait aux esprits. C'est ce que les princes eux-mêmes
expriment dans plusieurs pièces authentiques. Plus,
tard ce fut le système féodal , sorti de la condition esr
sentielle du peuple et appuyé sur les anciennes moeurs
et les anciens usages , qui dans les grandes occasions,
servit; de lien pour retenir toutes les parties de l'em-
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^GUERRE DE TRKUTB k$S. Vie
pire. Quand dans les temps anciens* le prince, les
grands et le peuple se rassemblaient \ quand posté-
rieurement du moins l'empereur se rendait à la diète
avec les princes de l'empire, alors il pourvoyait aux
J>esoins du moment par de promptes décisions, par
$es paroles , ses regards vivifiants.,; et quand il s9 était
élevé des différends, sa présence quotidienne, l'at^
tentiou qu'il prêtait de ses jeux et de $e^ oreilles, la
confiance qu'il établissait entre les particuliers et lui,
le mettaient à même de réconcilier les esprits. En
même temps cette vue, celte proximité de la dignité
impériale , le respect que les gens sensés lui témoi-
gnaient, si propre à conserver ce sentiment dans tous
les coeurs , faisaient que l'empire, quoique divisé en
plusieurs portions, ne formait qu'un seul tout par
son empereur. Il le représentait et en soutenait l'hon-
neur par la considération dont il jouissait lui-même
dans toute la chrétienté.
Mais delà depuis long-temps les princes n'assis-
taient que bien rarement eux-mêmes' aux assemblées;
ils se contentaient d'envoyer des représentants à la
diète ou seulement leur avis par écrit, lies négocia-
tions traînaient en longueur souvent &ur des minu-
ties; il fallait des nécessités pour arracher des déci-
sions énergiques. Les particuliers marchaient chacun
de leur côté. Cependant, cet état n avait été approuvé
par aucune loi de l'empire j mais à la paix de Wcsfc-
phalie, l'indépendance des princes fut établie par
une loi ; ils reçurent la pleine autorité sur leur pays
et le droit de faire la p^x ou la guerre, ou même de
17.
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260 six Ame époque 1520—4648.
faire des alliances entre eux et à l'étranger, poorvu
toutefois que l'empire n'eût rien à en souffrir. Or,
quel faible obstacle que ce mot! Car désormais qu'un
membre de l'empire , ayant fait alliance avec un
étranger, devienne ennemi de l'empereur, aussitôt il
prétexte que c'est pour le bien de l'empire, pour
soutenir son droit et la liberté allemande. Et afin
qu'un tel prétexte pût être à chaque occasion mis en
avant avec quelque apparence de droit , les étran-
gers s'établirent eux - mêmes pour les tuteurs de
l'empire ; la Ffrance et la Suède se portèrent pour
garants de la constitution allemande et de tout ce
qui avait été arrêté pour la paix à Munster et à
Osnabruck.
Du reste , on établit alors bien positivement pour
les villes impériales, dont les droits n'avaient pointété
bien arrêtés jusqu'à présent, qu'ellesr^uraient voix
décisive dans les diètes; et désormais il y eut trois
collèges ayec chacun un nombre de voix égal^
celui des électeurs, celui des princes et celui des
villes.
10) L'astuce de la France, par un article, de la paix
de Westphalie , sépara la confédération suisse de
l'empire^et la reconnut pour un état indépendant. A
la vérité depuis long-temps elle ne rendait aucun
hommage à l'empire; mais la séparation n'avait point
encore été sanctionnée par une loi, et par conséquent
le retour était plus facile pour le cas où se réveillerait,
parmi ces fédérés, le sentiment qui les appelle natu-
rellement à faire partiel de notre alliance.
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GUERRE DE TRENTE ANS* 26 i
11) £n même temps que l'empire perdait au sud un
des plus sûrs boulevards de sa frontière, la perte
des Pays-Bas lui enlevait aussi celui du nord-
ouest; car l'Espagne était obligée de reconnaître
à celte paix leur indépendance, et l'empire de les
délier de leurs obligations. Ils appartenaient origi-
nairement à la même race que nous, et depuis
Charles V ils faisaient partie de notre confédéra-
tion; de plus ils étaient maîtres de l'embouchure du
fleuve de la patrie (le Rhin). Ainsi l'Allemagne se
trouvait ouverte à ses ennemis au nord par les Pays-
Bas et au sud par la Suisse.
Encore ne fut-ce qu'après bien des soins et de
grands efforts que l'on put arriver à la parfaite exé-
cution de cette malheureuse œuvre de pacification,
et il fallut de nouveaux sacrifices. Les Français ne
voulaient pas se rçtirer des places qu'ils avaient con-
quises, jusqu'à l'accomplissement de la plus petite
condition ; et les Suédois restèrent encore deux ans
en Allemagne, distribués dans sept cercles de l'em-
pire, jusqu'à ce qu'ils aient reçu pour les frais
de la guerre cinq millions d'écus, qui furent à
grande peine tirés de notre pays déjà si misérable.
On a calculé que, pendant ces deux années, l'entre-
tien des soldats étrangers coûtait à l'empire cent
soixante-dix mille écus par jour. Six ans après la
paix, quelques régiments suédois levèrent encore des
contributions dans l'évêchéde Munster; et le duc
Charles de Lorraine , que les Français avaient
chassé de son pays, continua encore long-temps
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262 sixième époque. -1520—1648*
d'occuper plusieurs places fortes allemandes sur
te Rhin.
Cette grande et pe'nible lutte ne pouvait se termi-
ner que par de lentes convulsions.
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SEPTIÈME ÉPOQUE.
Depuis la paix de Westpfcalie jusqu'à 1858.
Bans la première portion de ce laps de temps, de 1648 à 1*740, l'art d'écr Ire
l'histoire est fort peu avancé en Allemagne ; ce sont simplement des compi-
lations d'actes publics qui sont entassés d'une manière effrayante} ou la vie
de l'empereur dont on a cherché à enfler la gloire le plus haut possible. Mai
Une faut point y chercher des idées critiques, ni le travail d'un homme qn.
a considéré les faits d'un point élevé. Du moins, en France, il est facile de
remarquer, dans les nombreux Mémoires des temps de Louis XIV, l'art qu
s'attache à suivre les tissus de la politique et à dévoiler le fond de la pensée
des individus.
Comme recueils qui s'occupent des affaires publiques et politiques ê
nous avons :
1. Deutsche Reichskanzlei von, 1657 bis 1714.
2. Diarium Europœum, 1659—1681 ; 45 vol.
3. Sylloge publicorum negotiorum, de 1674 à 1697; par Lunig, mort
en 1740.
4. Europœische staatskanzlei (Chancellerie européenne), commencée
par Leucht, continuée par Ant. Faber et J. G. Kœnig, de 1697 à 1760 ;
115 vol. Continuée encore par Faber, sous le titre de Nouvelle Chancellerie
de 1760 à 1783; 17 vol.
h. Europœische Fama (Renommée européenne) de 1703 à 1734
360 feuilles en 30 vol. et Neue Europ. JFoma de 1735 à 1756, 192 feuilles
en 17 vol.
6. Mercure hist. et politique, tom. I ; commencé par Gotien Sandras,
à Parme , 1686, et de 1688 à 1782 , à La Haye. Plus de 200 vol.
7. Les Historiens de V empereur Léopold /. Parmi les Italiens : Gai-
leazzo Gualdi, Bapt. Comazziet Jos. Maria Reina.
Parmi les Allemands, J.-J. Schmauss, Ch.-B. Mcnken, Euch. Gotll.
Rink et surtout Franc, Wagner, mais il ne va que jusqu'en 1689 : il à
écrit en latin.
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264 septième jêpoque. 1648—1838.
8. Res ge$tœ Frid. Guil. Magni , elec. Brand* / par Samuel de Piiffen-
dorf. C'est un ouvrage important.
0. Histoire de la guerre des Turcs de 1685 ; par Camille ConUrinus;
ouvrage italien , imprimé à Venise , 1710*
Pour les temps de Louis XIV gui ont tant de rapports avec l'Alle-
magne.
10. H y a un ouvrage classique : OEuvres de Louis D. de St-Simon. 15 vol.
il. Wagner, Zshackwitz, Nink et Herchenhahn, ont écrit la Vie de
t empereur Joseph I.
12. Zschackwitz, Schwarz, gcbmeuss et Schiracbont fait là Vie de
Charles VI.
Pour l'histoire de la guerre de la succession d'Espagne, les princi-
paux ouvrages sont :
13. De Lamherty. mémoire pour servir à l'histoire du XVIIIe siècle ,
de 1700— 1718. 14 vol.
14. Histoire de la guerre de la succès. ctEsp. ; par dçui anonymes. Une
en français imp. à Cologne, 1708 ; l'autre anglaise , impr. à Londres, 1707.
15. Mémoires du prince Eugène de Savoie, écrits par lui-même.
Weimar, 1810.
16. Mémoire ofJ. duke of Marlborough ; byW. Coxe,1820. 6 vol.
Les grands événements qui arrivent alors, de 1740 à 1789 , particulière-
ment la guerre de sept ans et Je grand.enthouslasmo que Frédéric-le-Grand
excite parmi ses contemporains donnent l'essor au génie de l'histoire , et si
ses historiens ne prennent pas le premier rang , ils obtiennent du moins
le deuxième. Le grand roi lui-même consacre sa plume à écrire l'histoire de
son temps et de ses propres actions*
17. Histoire de mon temps et histoire de la guerre de sept ans, par
Frédéric II , de même que tous les autres écrits du prince qui traitent de
ses actions et de ses vues politiques ; enûn sa correspondance avec des
personnages marquants , fournissant d'importants documents pour l'histoire*
18. L'histoire des états de l'Europe, de 1740—1748 , par Adelung ,
traite particulièrement de l'histoire de la succession d'Autriche. 8 vol.
Pour la guerre de sept ans :
19. Deutsche Kriegskanzlei {Chancellerie de la guerre), de 1757 à
1765.18 vol.
20. Beitrœge zur Neueren StaaU ; und Kriegé-Geschichte , 1756—
1762. 15 vol.
21. Histoire delà dernière guerre en Allemagne; par Lloyd , traduit
de l'anglais par Tempclhof. 5 vol.
22. Archcnholz. Histoire de la guerre de sept ans. 2 vol.
Digitized by VjOOQlC
SOURCES HISTORIQUES. 965
23. Critique des événements importants de la guerre de sept ans;
par deRetzow.
24. De Mauvillon. Histoire du due Ferdinand de Brunswick'
25. Campagne de l'armée des aUiés, de 1757 à 1762 ; extrait du Jour-
nal du général d' état-major de Rhedsen.
26. Histoire détaillée île la bataille de Kunersdorf ;-|>ar griele,
prédic. de Kunersdorf. Berlin, ^ftOl.
27. Nombre d'écrivains ont donné la vie de Frédéric II, entre antres
Kosster, Seiffart , Zimmermann , Funke , Garve , Stein , Thibault, Fœwter,
Preuss , etc. Nicolaï a fait un recueil des anecdotes de la vie de Fré-
déric.
28. Recueil des déductions, manifestes , déclarations, traités» ete., pu-
bliés par la cour de Prusse , depuis l'année 1756—90, 3 vol. ; le comte de
Herzbejrg.
Pour le temps qui suivit la guerre de sept ans.
29. Manso geschiehtedes Pruss. staates ; vimMubertusburger Frieden
biszur Zweitten pariserabkunf. 3 vol.
50. DenkwilrdigkeitenmeinerZfit, 1778-1806, par Chr.-Guil., 5 voL ;
ouvrage d'une grande importance pour les derniers temps de Frédéric-le-
Grand et pour l'époque de la révolution française ; mais surtout remarquable
par l'impartialité de l'auteur. ;
Nous remarquerons encore pour la dernière partie du dix-huitième siècle
un grand nombre d'ouvrages politiques , qui en racontant la marche des évé-
nements et les critiquant nous ramènent presque jusqu'à nos jours. Par
exemple :
51. Magasin fiir Geschichte und Géographie, par A.-F. Buscbing , de
1767-1781, 15 vol. ; à Hambourg; et de 1781-95, 23 vol. ;à Halle. .
* 52. Schlœzers. HistoricherBriefvoechsel, de 1775-82, 10 vol. , cl Staatr-
anzeigen, de 1782-95, 18 vol.
53. Schirachs. Polit. Journal, depuis 1781 jusqu'à 1804; continué par
son Gis jusqu'à aujourd'hui.
54. Archenholz. Minervd von, 1792 1809, continué jusqu'à aujourd'hui
par Alex. Bran.
55. Girtanners. Polit. Annalen, 179>1794. -
56. Posselt. Europ. AmaUn, 1795-1804, continuées par l'auteur jus»
qu'à aujourd'hui.
57. JahrbUçher der preuss. Monarchie unter Fried. WUhelm ///,
1798-1801. -
Au commencement du dix-neuvième siècle il y a -
58. Die Zeiien von Chr, Van. Vvss, 1805-20,
Digitized byVJ OOQ IC
266 SEPTIEME ÉPOQUE, 16+8—1838.
88. Chronik des neunzehnten Jahrhunderts , 1801 -&, continuée par
Yenturini, comme histoire de notre temps depuis 1809 jusqu'à nos jours.
Pour l'histoire dé la révolution française , outre les écrivains français ,
-Bertrand de Molleyille, Necker, Desodoards, Bouille» Pages, Toulongeon
Bailly, Papoh, Mignet , Prudhomme , Thiërs , etc., nous avons:
« 40* Gtrtanners. Hist. Nackrichten titrer die franz. révol, continuée
par BuchholZj 17 vol.
• 41* Von Eggers. Denkwurd. der franz» révol. , 6 vol.
• 42* I» 6. Ffehhorri. Die franz. révol in einer Vebersicht, 2 vol.
• 45. Rehberg. Vnters. tlber die franz . révol. nebst kritichen Nack-
richten tiber derenMerkw., Schriften.
Pour les guerres de la révolution française U y a un grand nombre
Ùécrtoains, entre autres: ,
44. Scharnhorst. Militairische Merkwiirdigkeilen unserer Zeit, 6 vol.
45. L'archiduc Charles d'Autriche. Gesch. des Fcldzuges ,von^ 1709 in
Meûtscnland unâ in der Schweiz, 2 vol.
Pour les négociations de la paix à Rastadt: J
46. C. L. V. Haller. Geh. Geschichte der RâstœdterFriedens-Unterh.
^h Verbindung mit StaaUtiœndeln dieser Zcit, 6 vol.
• 47. Mflneh y. Bcllinghausen. Protokoll der Reichsfriedens-Deputa-
tion zu Rastadt mit den originalen genau verglichen, avecannot.» 6 vol.
Potir les guerres du dix-neuvième siècle :
48. H.'deBulow. Campagne de 1805, sous le rapport militaire et po-
litique.
49. Bataille d Austerlitz, par un officier, témoin oculaire.
50. K. dePlotho. Journal des opérations militaires de 1806 et 1807.
51. De Valentlni. Recherches sur la campagne de 1809.
55. De Horjnay. Das Eeer von Inner-Oestreich im Kriege von 1809
in Italien, Tyrol und Ungarn, d'après des pièces officielles.
55. Bertholdy. DerKrieg der Tyroler Landïeute, im Jahr 1809.
54. Gesch. Ândr. Hofers, aus Originalquéllen* Leipzig und Âlten-
burg. 1817.
55. L. Luders. Frankreichund Russland im Kampfe von 1812. Cette
guerre a encore été écrite par de Liebenstein , Rœder de Bomsdorf et de
Odelében ; en France par Lahaume , Chambray, Ségur et d'autres.
56. V. Plotho. Der Krieg in Deutschland und Frankrcich 1813-15.
L. v. W. (général Muffling) et le général de Gneisenau ont fait cette guerre
d'Allemagne jusqu'à l'armistice du 13 juin 1815.
57. Odelében. Napoléons Feldzug in Sachscn im JahrciSlo (témoin
oculaire au quartier-général de Napoléon)
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SOURCES HISTORIQUES. 267
58. F. Aster. Die Schlacht bei Leipzig t avec les plans et beaucoup
d'autres écrits.
59- Die Centralverwaliwg der Verbundeten unterdem Freiherrnyon
Stein. 1814.
60. L. y. w. (général Muffliog) Gesch. des Feidzugts derameen unter
Wellington und Bliieher, 1815.
61. F. Fœrster.— Der feldmarschcd Bliieher und seine Vmgebungen,
1821.
62. F. Saalfeld. Geschichte Napoléon Bonaparte deui parties. ChtrtZ;
Aretin, et parjni les Français, Gourgaud, Monthoton, Las Cases , Fain ,
Fleary, de Chaboulon, etc., ont aussi écrit la vie de Napoléon.
65. Kluber.— ïfebersicht der diphmatichen Verhandluhgendes Wiener
Kongretsès, 1816.
64. Prototolle der deutschen Bundesversammlung, 1816 ff.
65. m. v. Meyer, Repertorium zu den Verhandlungen der deutsçjien
Bunéesversammlung, 1822.
Dans les derniers temps l'amour des recherches historiques s'est éveillé,
et Ton s'est occupé des auteurs du moyen âge avec le plus grand zèle, plu-
sieurs ont été édités à part. Hais la plus belle entreprise qu'on ait faite
pour notre histoire et dont l'exécution nous donnera un travail parfait sur
le moyen êge, est le recueil, monumenta historiœ germantoœj publié
par la Société de Francfort , fondée par le prince de Stein pour les re-
cherches historiques du moyen âge ; éd. 6. II. Pertz.
Comme histoires générales de V Allemagne , nous avons :
1. Celle de Ig. Schmidt , continuée par Milbiller et Dresch , 24 vol.
2. Celle de Heinrich, 5 vol. : ces deux histoires sont plus anciennes ;
deux autres plus modernes sont :
3. Celle d'Adolphe Wenzel en huit vol. jusqu'à la réforme, et continuée
depuis lors jusqu'à nos jours en huit autres vol.
4. Celle de Luders en 10 vol. C'est la plus rqmarquablc.
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268 septième époque, 4648—4838.
Ob83rvations générales.
Il ne nous sera pas difficile de faire comprendre
quelles étaient les plaies delà patrie, après uneguerre
si dévastatrice qui avait duré la moitié d'une vie
d'homme. Les deux tiers de la population avaient
succombé, moins encore par le fer que victimes de
ces fléaux que la guerre entraîne avec elle et qui
n'arrachent à la vie que peu à peu, et par des suf-
frances inouies : la contagion , la peste , la famine,
la terreur et le désespoir. Car la mort sur le champ
de bataille n'est point le mal de là guerre. Cette
mort au contraire est souvent la plus belle; parce
que l*homme est emporté dans un moment d'en-
thousiasme , quand il sent encore en lui toute sa force
vitale; parce qu'il n'est point obligé de considérer de
sang-froid les approches successives du dernier mo-
ment.. Mais le vrai fléau de la guerre , c'est que ses
horreurs , les misères qu'elle apporte aussi bien que
les inquiétudes qu'elle inspire accablent l'âme, de
ceux qui ne combattent point, des vieillards, des
femmes et des enfents, et leur enlèvent toutes tes
jouissances, toutes les espérances de la vie ; alors le
germede la nouvelle génération se trouve empoi-
sonné des son principe et ne se développe qu'avec
peine , sans force et sans courage.
Cependant en Allemagne l'énergie de la popu-
lation se releva promptementj et Ton vit, sous le
rapport moral, une vie sérieuse et appliquée suc-
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OBSERVATIONS GÉMÉRÀLBS. 369
céder a une vie pleine de désordre : c'est ainsi que'sou-
vent les extrêmes se touchent. La démoralisation qui
régnait partout, parce que d'un côté, les guerriersl'a-
vaietot apportée des camps dans leurs foyers, tandis que
d'un autre côté la jeunesse avait grandi sans Culture,
força les princes d'employer tous leurssoinsàrétablir
lesexercicesreligieux et les écoles ; et de pareilles solli-
citudes ne manquent jamais de produire des fruits au
centuple* Mais ce fut surtout l'agriculture qui prit le
plus prompt essor > avec une activité dont on n'avait
pasd'exemple. Comme un grand nombre de proprié-
taires avaient péri , les fonds de terre étaient à bon
marché ; la population tourna donc toute son acti-
vité vers l'agriculture , et bientôt on vit les champâ
se couvrir de fruits et les villages sortir de leurs'
cendres. Bientôt aussi arriva le moment où l'on re-
connut aux paysans les droits de l'humanité; leurs
chaînes se relâchèrent peu à peu , jusqu'à ce qu'il*
devinssent des êtres libres. Ainsi l'Allemagne aurait
dû devenir plus florissante que jamais par les bien-
faits de l'agriculture, car c'est de la terre mater-
nelle qu'un peuple tire sa force de 'vie , quand il s'y
consacre tout entier; mais alors des raisons essen-
tielles et générales vinrent empêcher ce résultât.
D'abord la décadence des villes dut nécessaire»
ment faire obstacle aux bienfaits de Pagriculture.
La prospérité des villes avait été attaquée dans son
principe vital , comme nous l'avons déjà dit, parle
déplacement du commerce ; cependant sa décadence
ne s'opéra que lentement jusqu'à la guerre de trente
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27Q SEPTIEME ÉPOQUE. 1648—1838.
aus. Peu de temps avant cette guerre, un écrivain
étranger mettait encore l'Allemagne au-dessus de
tous les pays pour la grandeur et la quantité des,
villes , pour l'activité et l'adresse de leurs artistes et
de leurs artisans. On les faisait venir de tous les
pointa de l'Europe. A Venise par exemple les plus
habiles orfèvres, horlogers, menuisiers et même -les
plus habiles peintres, sculpteurs et graveurs, étaient,
çncore, à la fin du seizième siècle, allemands ou,
néerlandais. Il suffit d'ailleurs de nommer Albert
Durer, Jean Holbejn et Lucas Kranaoh , ces peintres.
 célèbres, pour donner une idée de la prospérité
des arts dans les villes, au commencement de ce.
seizième siècle. Mais cette terrible guerre leur porta
le coup mortel. Nombre de villes libres , auparavant
prospères , furent mises en cendres, les autres furent,
presque entièrement dépeuplées, et ces. grandes ma-
nufactures qui donnaient la supériorité à l'Aile-,
njtagne furent alors sans action , faute d'ouvriers. ,
Aussi, dans une assemblée des villes anséatiques à
Luheck, en 1630, toutes celles qui subsistaient en-
cpre déclarèrent en même temps qu'elles ne pou-{
voient plus fournir aux frais de l'alliance. L'écono-
mie çt le travail ont bien pu les tirer djms les temps*
modernes de leur état misérable ; mais cet ancien
éclat, cette ancienne prospérité étaient perdus pour
toujours j et pour m'exprimer comme un de, nos
écrivains , on lit sur les fronts des citoyens qu'ils
sont des hommes de peine et de fatigue. Une foule,
de villes se virent réduites, les unes de bon gré>
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OBSERVATIONS GÉNÉRALES. i74
les autres forcées par la nécessité de l'époque à se
soumettre, aux princes. C'est ainsi que l'évéque
Christophe de Gahlen devint maître de Munster, e»
1661 ; l'électeur de Mayence, de la ville d'Erfurt,
qn 1664 ; l'électeur de Brandebourg, de Magdebourg,
en 1666 ; et le duc de Brunswick , de Brunswick» en
4^71 j et celles qui conservèrent encore leur nvmr
de villes libres, dans quelle misère et quelle indi-
gence n'ont-elles, pas langui pour arriver jusqu'à
ççs jours, où elles ont perdu ce privilège ! -.
La noblesse avait aussi perdu tout son lustre»
Pepuis qu'elle ne formait plus spécialement l'état
militaire et que oe n'étaient plus uniquement aes
chevaliers qui donnaient à la nation toute sa gloire;
depuis qu'elle avait quitté son indépendance pour
s'attacher à la cour, oq qu'elle consommait toutes,
ses forces dans une vie oisive et sans but; depuis
que le désir d'imiter les mœurs et le langage des,
étrangers avait .substitué la mollesse et les belles
manières à son ancienne énergie; depuislws lat no-
blesse perdit toute son importance. Ainsi étaient
éclipsés deux des plus importants corps de la na-
tion , qui avaient surtout contribué à douner aiv
moyeu âge, malgré ses grands défauts, un caractère
de vigueur, de grandeur et de merveilleux.
De même dans les autres contrées de l'Europe,
de semblables changements pendant les derniers
siècles avaient effacé topt ce qui caractérisait te;
moyen âge pour y substituer un nouvel ordre de
choses. Mais au moins partout ailleurs op. trouvait
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973 septième époque. 4648 — 4838.
une compensation dans la richesse et la prospérité
du commerce ; parce qu'il porte toujoursaveehii le
sentiment et la jouissance du bien-être et favorise
le développement de toutes les forces; tandis que
l'Allemagne ëtait privée de cette ressource. La part
que quelques-unes de ces villes prenaient ail com-
merce du monde ne pouvait établir une balance ; et
d'un autre côté au lieu de s'en tenir à cette simpli-
cité de vie, surtout nécessaire à un peuple d'agri-
culteurs, et de s'opposer ainsi à l'appauvrissement
successif, on se laissa aller de plus en plus au luxe
et l'on fit passer aux nations étrangères, pour les
marchandises exotiques , tous les fruits de l'agricul-
ture et de l'industrie qui avaient coûté ttfïit. de
sueurs. Quelque riche que fut le sol de notre patrie
et quel le que fût la diversité de ses produits , il ne pou-
vait rivaliser contre tant d'objets précieuxqui étaient
importés de toutes les parties de monde. Mais quand
une fois l'amour du luxe et des plaisirs des sens a
pris le dessus, il ne connaît plus ni mesuré ni frein.
Cependant ce mal ne vint pas de notre nature
même, il nous fut inspiré par les étrangers que
, nous voulûmes imiter, même dans leur dégénéra*
tion. Les voyages hors de l'Allemagne çt surtout en
France et à Paris; l'imitation des modes et des
moeurs des Français et même de leur immoralité ;
l'introduction dans le sein des premières familles de
Français et de Françaises pour l'éducation des en-
fants , le mépris de sa propre langue , l'enthousiasme
pour cette philosophie étrangère, si superficielle et
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OBSfcftVÀTIOMS GÉNÉRALES. . 278
d'ailleurs si propre à détourner l'homme de ses de-
voirs i de sa religion * des arts et des sciences* toutes
ces raisons * dis-je , répandirent le mal d'abord parmi
les premiers membres de la société et plus tard dans
tous ses rangs* et eurent sur la période que nous
allons parcourir la plus fâcheuse influence.
Cependant nous ne pouvons nier que nos rapports
avec les peuples étrangers n'aient beaucoup con-
tribué à répandre la civilisation dans notre pays $ et
il est surtout impossible de méconnaître dans l'his-
toire moderne la tendance* entre les différents peu*
pies chrétiens, à des relations de plus en plus in-
times , qui aident encore leurs progrès. Tous les
peuples aujourd'hui se font remarquer par cet
esprit avide de connaissances* qui est à la recher-
che de tout ce qu'il y a de mieux dans le cercle des
acquisitions intellectuelles pour se l'approprier en-
suite. Mais le progrès universel est devenu par-
ticulièrement le but de tous les efforts de notre
nation, et la forme même de notre gouvernement
les favorise encore. Car * chez les autres peuples,
oqui composent chacun un royaume homogène,
souvent ce que la capitale a trouvé beau et boa
a été imposé à l'admiration des provinces; de
sorte que le progrès se trouva lié peu à peu à cer-
taines formes et ne put être exempt de partialité.
En Allemagne au contraire les sciences et les arts
ont marché indépendants ; les grands états comme
les petits ont rivalisé d'encouragements ; aucune
ville , aucun individu n'a pu imposer une loi ; il n'y
T. II. 18
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974 septième *?qqu*. 4648^*4038 .
a eu aucune acception des personnes, et tout ce qui
porte en soi une valeur réelle, peut être sûr d'être tôt
bu tard reconnu. Aussi notre peuple est- il arrive plu*
loin que tous les autre» dans les sciences. Cepen4ant
€teat précisément le point où Terreur est le plus à
craindre. Rien n'est plus difficile à l 'homme que de
marcher droit sans dévier d'un coté ou d'unr autre;
rien ne lui est plus difficile que d'unir la civilisation
avec la sévérité morale et religieuse j un esprit avide
detout oe qui a une va1eur,quelquep*rt qu'il se trouve,
avec la constance et la fidélité dans ses principes ;
enfin l'indépendance de l'esprit avec le renoncement
il 60ï-méme et la soumission. Le véritable terme
moyen doit dpfce être le but de tous les efforts dqs
individus comme des peuples. La période que nous
allons suivre nous montrera comment notre peuple .
a approché de oe but ou $'en est écarté , et nous
rtfeftra surtout sous les yeux , par de grands tableaux,
toutes les vicissitudes auxquelles l'humanité est sou-
mise.
Qettq vicissitude se montre particulièrement, dans
410s relations a vee les étrangers : près des jours de
^prospérité et de paix , sont des jours do détresse, et
métne jusque présent ces derniers ont é*é les plus
nombreux. A au eu ne époque notre histoire n'a of-
itet autant de malheurs que pendant le long règne
de Louis XIV; et jamais aussi notre politique nVi
montré tant de faiblesse que contre ses efforts am-
hitieux. Les arts de la paix commençaient uq peu
^«2 îç railler paodftntle moment de calme qui suivit
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OBUZ&VATIOAS QàMÉUlXS* iW6
sa mort jusqu'à la guerre de la succession d'Autriche;
mais le germe fut arrêté dans son développement
par les bouleversements de cette lutte et surtout
par ceux de la guerre de sept ans* L'eap^oe de vj'pgt-
ciaq ans , depuis cette guerre jusqu'à la révolution
française, est le plus long calme que nous ayons eu;
et pendant ce temps les arts prirent une telle via et
un tel mouvement , que le même intervalle de vingt-
cinq ans que durèrent les nouvelles tempêtes qui
suivirent la révolution française a bien pu arrêter
leur marche , mais non les étouffer, Puisée l'état de
paix dont nous jouissons aujourd'hui durer long*
temps , guérir toutes le* blessures de la patrie et per-
mettre le parfait développement dm peuples alle-
mands J , y
L'empereur Ferdinand III vécut qucon? *wuf AMP
après la paix de WestpUaiie et gouverna aveq dou-
i*ur et sagesse; et jusqu'à sa mort la paix de l'AUe*-
magne ne fut plus troublée* Il avait décidé lesprin-
x» allemands à choisir son fils Ferdinand pow M*
«ucceseeur à l'empire, quand malheuresement oç
jeune homme qui donnait les plus belles wpémww
«t sur qui tous les yeux s» reposaient avec aécurifc^
mourut en i65û de la petite- vérole. Alors le pire&fc
ehligé de recommencer ses brigues err faveur de «dp
deuxième fils, Léopold , qui était loin de son frère
pour la capacité ; nais il mourut le 3 avril 1657,
avant que le résultat désiré ne fût complètement ob-
18.
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276 sBPTifeuE époque. 1648—4838.
Léopold I. 1Ô5Ô— 1705.
Le choix du nouvel empereur souffrit des diffi-
cultés, parce que la France voulait profiter du mo-
ment pour s'emparer de l'empire auquel elle aspi-
rait depuis long-temps. Elle réussit çp effet à
gagner les princes électeurs des bords du Rhin;
mais tout le reste de l'Allemagne sentit quel déshon-
neur et quel malheur ce serait pour elle , et arrêta
définitivement son choix sur Léopold , archiduc
d'Autriche, qui accepta, le 18 juin 1658, à Francfort,
Cependant le cardinal Mazarin, ministre de France,
avait déjà formé une ligue qui, sous le nom d'union
du Rhin , tendait positivement à la destruction de
la maison d'Autriche, quoiqu'elle n'eût pour but ap-
parent que la conservation de la paix de Westphalie,
Les partisans de l'union étaient Ja France, la Suède,
Mayence, Cologne, le palatinat de Neubourg, Hesae-
Cassel, et les trois ducs de Brunswick- Lu nebourg ;
étrange alliance de princes catholiques avec des pro-
testants et les Suédois, qui venaient de se faire la
guerre les uns aux autres* Du reste, un écrivain du
temps , plein d'idées et très profond, nous découvre
quelle était l'intention de la France dans cette
# alliance et dans toute sa conduite avec l'Allemagne,
a Au lieu d'employer la force ouverte, comme dans
la guerre de trente ans , il parut plus expédient k
la France de tenir dans ses liens quelques princes
allemands, et surtout ceux du bord du Rhin , par une
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LÉOPOLD 1 ET LOOIS XIV. 277
union ou, si l'on veut, par un subside annuel, et
surtout de paraître porter grand intérêt aux affaires
d'Allemagne ; afin que les princes pussent croire que
l'amitié' de la France leur serait une protection plus
sûre que celle de l'empereur et que les lois de
l'empire. Cette voie pour arriver à détruire la li-
berté allemande était directe et toute frayée, et
comme chacun peut en juger, n'était pas mal ima-
ginée. »
La France prouva bientôt qu'elle n'attendait que
l'occasion d'étendre, pour saisir sa proie, cette même
main qu'elle avait offerte comme amie. Le long
règne de Léopold est presque tout entier rempli par
des guerres avec la France et son prince orgueilleux,
Louis XIV ; et presque tout le temps le sang a coulé
d'une manière effrayante dans notre malheureuse
patrie. Léopold, prince débonnaire et religieux,
mais inaclif et peu clairvoyant, n'était pas un adver-
saire à opposer à Louis XIV qui réunissait la finesse
à une ambition sans bornes et à une insolente fierté.
La France poursuivait dès lors avec constance et
fermeté son but de reculer ses frontières jusqu'au
Rhin et de réunir ainsi à sa puissance les Pays-Bas
espagnols qui, sous le nom de cercle de Bourgogne,
appartenaient à l'empire d'Allemagne , la Lorraine,
la partie de l'Alsace qu'elle n'occupait pas et, autant
que possible, tous les pays situés sur la rive gauche
du fleuve. Le roi aussi bien que tout le peuple
nourrissaient ces idées d'agrandissement, et ce se»
rait une grande erreur de croire que cette idée n'»
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278 septième époque. 1648—1858.
été mise au jour que de notre temps, par l'esprit ré-
volutionnaire et emporté de quelques têtes. Dès le
temps de Louis XIV, les écrivains exprimaient touf
haut le mot de conquête ; et un d'eux , un certain
d'Àubry , écrivait cette pensée, nouvelle alors , mais
qui fut répétée dépuis et même presque portée à son
exéeution i que l'empire de Germanie , l'ancien em-
pire romain y tel que le posséda Charlemagtte, ap-
partenait à son roi et à ses descendants. Et l'abbé
Colbert, dans un discours au roi au nom du clergé
français , disait entre autres choses : « O roi ! toi qui
donnes des lois à la mer aussi bien qu'au continent,
qui lances, quand il te plaît, la foudre sur les rives
africaines , toi qui abaisses l'orgueil des peuples, et
quand tu le veux, forces leurs souverains de recon-
naître à genoux la puissance de ton sceptre et d'im-
plorer ta miséricorde, etc. » Tel était le langage que
tenait, en 1668, à la face de toute l'Europe, un état
qui devait cependant plus tard l'emporter sur tous les
autres par sa modération et ses lumières.
Louis XIV donc, mettant en avant d'anciens
droits, commença ses conquêtes dans les Pays-Bas.
Les Espagnols réclamèrent pour leur cercle de Bour-
gogne le secours des autres cercles ; mais personne
ne remua: les uns par indifférence, les autres par
peur, d'autres enfin, ô honte! corrompus par l'ar-
gent de France. Ce fut un des fruits de l'union du
fibin. Les Pays-Bas ainsi abandonnés tombèrent bien-
tôt entre les mains du roi et, par la paix d'Àix-Ia-
CJhapelle (1668), les Espagnols se virent obligés d'à*
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00<3
aéoroiD t e» icuœ xiv. 3T9
bandonner toute une liaère de places sur là frétiller*
pout èonserver une partie du pays.
De plus, dans l'année 1672, la France fit en Hd*
lande l'invasion la plus injuste, et si elle eût réussi,
elle aurait pu imposer des lois aux deux mers de
l'Europe. Ce danger n'émut pas plus les princes
d'ÀHemagùe que le premier 5 ils le contemplaient
d'un œil tranquille, et même l'électeur de Cologne
et le vaillant évêque de Munster, Bernard de Gahlen ,
un des premiers hommes de ce temps , firent alliance
avec la France. Il n'y eut que l'électeur de Brande-
bourg, Frédéric-Guillaume, tfonnu aussi sous le nom
du grand électeur, qui comprit bien les relations qui
existaient entre les peuples et qui sentit la nécessité
de ne pas laisser rompre l'équilibre européen, H fli
donc des préparatifs pour mettre en bon état de dé-
fense ses états de Westphalie, limitrophesdu théâtt-tf
de la guerre; car, par lairrangement définitif do
l'héritage de Juliers* en 1656, il avait reçu le dttdb^
de Glèves et les comtés dé Marck et de Raveniberg ,
et le prince palatin de Nenboûrg, les duchés de Jti-
liers et de Berg.— Frédéric-Guillaume décida même
l'empereur Léopold à prendre des mesures pour ar-
rêter les tentatives de conquêtes des Français; et
tous les deux levèrent, en 1672, une armée qu'ils mi-
rent en campagne , sous les ordres du commandant
en chef impérial, Montecuculli ; mais la coopération
des Autrichiens fut presque nulle 5 parce que lé con-
seiller intime de l'empereur, le prince de Lobkdwîta,
gagné parla France, arrêtait touteë le* ehtri$tfsès i>«~
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S80 SEPTIEME ÉPOQUE. 4648— 1%58.
portantes des généraux. Le prince électeur vit donc
sa belle armée poursuivie çà et là , décimée par la
Jaim et par la maladie 5 et pour éviter la ruine totale
de ses états de Westphalie , il fit la paix avec les
Français , en 1673, dans son camp de Vossen auprès
de Louvain. Ce n'est qu'ainsi qu'il put les arrêter,
encore fut-il obligé de leur abandonner comme li-
mites , les châteaux de Wésel et de Rees qu'ils vou-
lurent occuper jusqu'à la pacification générale.
Alors enfin l'empereur commença à mettre un peu
plus d'importance à la guerre , parce que le prince
LobkoWitz avait été éloigné j mais il avait perdu ses
meilleurs alliés. Montécuculii eut quelques avantages
dans le bas Rhin, et entre autres il prit Bonn ; mais
dans le haut Rhin et dans la Franconie, les Français
redoublèrentleurs ravages etsurtout dans le Palatinat
qui dès lors était le théâtre le plus sanglant de la
guerre, comme il Ta encore été depuis et en a conservé
des monuments éternels. Alors, comme ils avaient
attaqué l'empire même , les princes se levèrent en-
fin contre eux, et l'électeur de Brandebourg renou-
vela son alliance avecLéopold. L'Autriche se fit dis-
tinguer par son activité et par sa fermeté dans cette
occasion , à la diète de Ratisbonne. On discutait lon-
guement sur la guerre sans rien conclure; l'Autriche
ayant découvert que l'envoyé français à la diète in-
triguait tantôt auprès de Vundesprinces^tantôtauprèa
de l'autre pour les trompei:, elle lui fit donner ordre •
saute autres formalités, de quitter Ratisbonne dans
trpfejtfa vingt-quatre heures, et son départ fut suivi
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LéOfOLD I ET LOUIS Xiy. SH
au bout de quelques jours d'une déclaration de
guerre de la part de F empire.
La guerre eut des chances variées, mais cependant
au total à l'avantage des Français; parce que leurs
généraux avaient le talent de se porter sur le terri*
toire allemand, tandis que ceux de la confédération
manquaient d'activité et d'unité. Afin d'occuper
dans son propre pays le plus puissant défenseur de
la confédération, le prince électeur de Brandebourg»
Louis XIV avait fait alliance avec les Suédois, en
1674, en leur faisant voir quels grands avantages ils
pourraient retirer d'une invasion dans la Marche,
ils s'y jetèrent donc et le pays fut fort maltraité ; mats
l'électeur ne voulut pas abandonna: le Rhin, tant
que sa présence fut nécessaire, et ce ne fut qu'en
juin 1675 qu'il partit à marches forcées pour venir
au secours de ses états.
Bataille de Ferbellin. 28 juin 1675. — • Ni .émis,
ni ennemis ne l'attendaient, quand il arriva sur
l'Elbe, à Magdebourg; il traversa la ville de «uit et
continua sa route , sans s'arrêter, jusqu'à l'armée des
Suédois qui lé croyaient encore en France. Ceux-ci
aussitôt se replièrent pour chercher à se réunir ; mais
il les poursuivit et les atteignit le 28 juin à Ferbel-
ljn. lin avait que sa cavalerie avec lui, car l'infan-
terie n'avait pu le cuivre; cependant il résolut d at-
taquer l'ennemi dans sa position , malgré ses géné-
raux qui voulaient qu'on attendît l'infanterie. Fr<!>
dério, qui regardait comme perdue chaque heure do
retard y fit donner l'attaque et eut le plus heu-
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98£ sEPTifeME «»oqui, 164^^-4858.
rtnx mooèd. Les Suédois, qui depuie la gilerrô de
trente ans passaient pour invincibles, furent com^
platement battus et s'en foirent dans le plus grand
désordre vers leur Ppméranie* Frddéric-GnillâiHn©
k» y sni vit, et fit la conquête d'une partie de la pro-
vince»
: Cet électeur peut être considéré comme la fonda-
teur de la grandeur prussienne , et se? successeur*
ne firent que bâtir sur les fondements qu'il avait
posés* Il agissait toujours d'après lui-même, et nouer
le retrouverons plus d'une fois faisant refepeeter la
puissance desoji petit état, non plus comme les au«
très princes d' AJlemagne, mais avec F autorité d'un
des autres souverains de l'Europe. C'était la preuve
qu'il jetait les fondements d'un nouveau royaume,;
qu'il voulait que son peuple ne fàt inférieur à aucun
des autres et même qu'il jouît parmi eux d'une cer*
tainô -considération.
DansTanttée 1675,1e vieil et habile général Mon*
•écocnlli reçut une deuxième fois l'ordre de se ren-
dre sur le Rhin , et la fortune des armes lut devint
plus favorable. Il eut pour adversaire le célèbre gé-
néral français vicomte de Turejine. un des plus grands
hommes de son temps. Ils s'approchèrent tons les
deux avec précaution , car ils se connaissaient déjà.
Tu renne avait choisi un lieu très convenable pour li-
vrer bataille, où tout lui semblait avantageux , c'était
près du village de Salsbachj non loin d'Oppenheim,
quand ert s'avançant au-devant de l'ennemi pour re-
connaître les lieux et disposer sorç année, un boulet.
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LÉ&POLD t ET UmtM UV.
de canon l'emporta de dessus son cheval» Sa mort
effraya son armée, elle prit aussitôt la fuite et fit
même de grandes pertes dans cette déroute*
Cependant on n'avait pas beaucoup gagne* Los
Français, pour chasser les impériaux xle leur pays
eurent recours" au plus extrême moyen. Comme
ils ne pouvaient garder toutes les provinces dé
la frontière par leurs armes , ils voulurefet les d&*
fendre par la dévastation. L'année suivante donc,
il* se mirent h ravager tous les pays voisÎM de laSaar
avec tantale fureur, que dans l'espace de plus de
quatorze milles on ne voyait que des incendies et de*
champs déserts. Alors; les armées allemandes, ne pou-
vant restar dans un pays affamé, furent obligées de
rentrer , et les malheureux habitants de se retirer
dans les forêts, où le plus grand nombre mourut de
faim et de misère.
Paix de Nimègue. 1678 et 1679. '— Tous les
yeux se portaient avec la plus grande inquiétude ssr
les conférences de paix qui se tenaient à Nimègues.
Les Français se hâtaient, à ce qu'il semblait , de
conclure cette paix , dût-elle leur être désavanta-
geuse; parce qu'ils avaient trop d'ennemis sunles
bras. Mais ils ont toujours été très habiles à diviser
leurs adversaires. Us réussirent.en effet à écarter,
par des offres avantageuses , les Hollandais pour qui
principalement la guerre avait été entreprise et qui
étaient redevables de leur salut à l'empire. Ils firent
leur pai& en particulier et reçurent la citadelle de
Maèstrich. Les Espagnols, qui firent ensuite leur
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984 sixième époque. 4648—4838.
paix, furent obligésde payer, comme en bien d'au 1res
circonstances , ce qu'on avait abandonné aux Hol-
landais. Ils durent par conséquent céder une grande
étendue de territoire dans les Pays-Bas avec toute la
Franchfe-Comté. Enfin l'empereur, qui ne roulait
pas faire la guerre seul, fut obligé d'abandonner
l'importante citadelle de Fribourg dans le Brisgau.
Ainsi, l'électeur de Brandebourg qui avait conquis
presque toute la Poméranie sur les Suédois et espé-
rait une paix avantageuse; abandonné de tout le
monde, même par les Pays-Bas pour qui il avait com-
battu et qui lui refusèrent leur secours, fut contraint
de restituer presque toutes ses conquêtes. A cette con-
férence de Nimègue on put facilement remarquer la
prépondérance de la France sur l'Europe, mêmepar
son langage; car, lorsque, trente ans avant, dans les
conférences de Munster et d'Osnabruck, quelques
envoyés seulement connaissaient la langue fran-
çaise , dors à Nimègue , tout le monde parlait fran-
çais. Cependant les articles furent rédigés en latin.
Réunions * la France.
Les provinces opprimées commencèrent enfin à
respirer en liberté et à jouir des douceurs de la paix,
quand l'insatiable ambition des Français se fut satis-
faite. Mais notre ennemi était, au sein même dç la
pa|x9 toujours très habile à poursuivre sa proie. Un
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RÉUJUOKS A LA FRÀWC1.
membre du parlement de Metz, Rolland de Revaulx,
exposa au roi un plan d'après lequel il pouvait
étendre sa domination bien plus loin dans le haut
Rhin, tout en respectant les articles de la paix de
Westphalie, par un simple commentaire des mots
employés : L'Alsace et tes autres terrains lui Seront
cédés avec toutes leurs dépendances. Il . n'y avait
donc plus qu'à rechercher les terrains et* les lieux
qui avaient fait partie de cette dépendance dans les
temps recules, et il n'était pas difficile d'en trouver
qu'on pouvait occuper sous ce prétexté. La proposa
tion d'abord n'eut pas de suites, jnais on y revint plue
tard ; et pour se donner une apparence de justice , on
forma , en 1680 , quatre conseils , sou» le nom de
chambres de réunions à AfetzyDornick, Brissac, et
Besançon; elles devaient rechercher quels terrain!
et quels peuples pouvaient encore appartenir au roi
d'après les expressions que nous avons citées piui
haut. Il est facile de penser que les juges ne man^
quèrent pas aux découverts $ on fouilla partout pour
trouver de quoi se satisfaire. Le couvent de Weisseo*-
bourg, par exemple, quoique situé hors de l'Alsace»
fut attribué au roicomme lui appartenant d'après les
droits du roi Dagobert qui l'avait fondé plus de
mille ans auparavant. Et l'acquisition de Weissen-
bourg lui servit encore de prétexte pour réclamer
Germesheim , qui avait autrefois appartenu à Wefo-
senbourg.
De cette manière ces quatre chambres eurent bien-
tôt conquis h leur maître Deux-Ponts, Sarrebruck
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MB sEPTièHft époque. 1Ô48— 1858.
(SamsLoiiis), Yeldenz, Sponhfaeim, Mumppel-
garde, Lauterbourg et beaucoup d'autres lieux iso-
lés, et particulièrement plusieurs villes libres en
Alsace , entre autres surtout Strasbourg. Cependant
elle» n'avaient pas été désignées dans le traité de
Westphalie ; car, l'Autriche n'avait pu foire cession
que de ion héritage en Alsace.
JJes princes et les seigneurs, dont les propriétés
devaient tout d'un coup changer d'état civil et
d'allemandes devenir françaises , élevèrent tout haut
dès plaintes. L'empereur fit des représentations; et
Louis > pouk* sauver au moins les apparences , oar
n'était là son grand talent , et en même tefops pour
ffensoer la bouche à ses adversaires, promit d'exa«-
jttiner leurs prétentions et convoqua un congrès à
Francfort D'abord, chacun voulut occuper la*ci£a«-
dftUe de Strasbourg; parce que c'était le point le
{riïis important et qu'elle était regardée comme la
<jfef du haut Rhin. -Charles V la considérait comme
duçe telle importance qu'il disait : « Que si Vienne
et Strasbourg étaient également menacés , il eorat-
jpeoOetait par Mfuver Strasbourg. * Mais au mois 4e
Septembre 468i , quelques régiments français se ré-
«mirent en secret sous les muré de la ville et l'enve-
loppèrent tout -d'un coup , lorsqu'elle Vy attendait
le moins. Le lendemain, le ministre de la guerre, Lou-
ais , le confident du roi r parut avec une armée et
une artillerie de siège et somma les citoyens de se
Wttdre arec les plus fortes menaces. N'étant pas
préparés k une attaque, ils se rendirent et ouvrirent
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laurf portes. Aussitôt le» Fraoçats s'eœpapèroit 4?
l'hotel-de~ville, désarmèrent les bourgeois et pe*
«pris Louis XIV fit son entrée an grande pompe »
comme en triomphe , avec toute «a suite.
Le* confidence* de Francfort n'apportèrent 4m
veste aucun changement dans les plans du roi; *tf
envoyés esquivaient avec adresse toute discu&km
sérieuse sur les recherches faites, et maintinrent
toujours leurs principes j ce fut même à ces confé-
rences qu'ils firent pour la première fois usage de
leur langue dans les affaires de diplomatie. Jusqu'a-
lors, comme aux autres peuples , leurs pièces, leurs
titres, éf tous leurs écrits étaient en latin; mais à
ÏVancfort ils furent faits en français , et toute* les
représentations de la part de l'empereur firent in*-
utiles; on ne reçtit jamais que cette réponse brév«4t
sévère: «C'est l'ordre de notre roi.* Il fallut o^der;
et c'est ainsi que s'est établi pour tous les autres peu>-
ples l'usage de parler français , quand ils traitent
wec la France. Les hommes à grande» vtias pré-
virent dès lors les dangers qui pouvaient déeeuier
de cet usage, et jugèrent que limitation du langage
et des mœurs du peuple voisin préparaient pqa k
peu et de loin s» domination. * . •
Les disputes des différents envoyas entrç eux suffi»
raient pour foire comprendre combien letyrs réekma~
tions contrôles usurpations de Louisde vaient être fatr»
Mes et peu dignes ; car à Francfort s'élevèrent encore
«es vieilles et pitoyables disputes de prééminence ,
dont la folie surisse toute croyance, qui dépensèrent
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988 sEPTifem ifOQVt. 1648~-4838.
un temps précieux pendant lequel les Français se
fortifièrent de plus en plus dans leur usurpation. Ce-
pendant l'Autriche réussît à faire une alliance avec
plusieurs princes pour repousser la force par la force ;
mais des séditions en Hongrie et une nouvelle guerre
de la part des Turcs attirés par Louis pour protéger ses
projets 9 arrêtèrent les résultats de cette alliance*.
U» Tnresdevaal Vkaae. 1685.
Depuis Tan 1670 la Hongrie était agitée; elle était
mécontentede voir ses institutions méprisées et ses pla-
ces occupées par des soldats allemands, qu'elle haïssait
par-dessus tout. Déplus, les protestants se plaignaient
de plusieurs persécution? dont les jésuites avaient
été les instigateurs. Ces peuples mécontents ayant ren-
contré, en 1 678, dans le comte Emmeric de Tœckety,
un commandant plein de résolution , se soulevèrent
en masse et firent aussitôt alliance avec les Turcs. Le
guerrier et ambitieux grand-visir, Kara-Mustapha, se
disposa donc à entrer en campagne à la tête d'une ar-
mée plus forte que toutes celles que les Turcs avaient
mises sur pied depuis la prise de Gonstan linople. Heu-
reusement pour l'empereur qu'il avait sur les frontiè-
res delà Pologne un allié plein de courage, le roi Jean
Sobieski, et qu'il trouva les princes allemands fidèles
et prompts dans cette occasion, contre leur coutume,
à lui envoyer dés secours. Il rencontra en outre dans
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tas rates devàh* vianz* S09
le duc Charles de Lorraine un générai habile pour
conduire son armée.
Cependant arriva le printemps de l'année 1688,
avant que les préparatifs ne fussent achevés ; tandis
<jue les Turcs qui n'avaient pas coutume dese mettre
ett campagne avant l'été, étaient partis cette aimée
avant la fin de l'hiver; et le 12 juin ils traversaient
le pont d'Esseck, On se hâta de passer en revue à
Preshourg l'armée allemande et impériale, que Ton
trouva de vingt-deux mille hommes de pied et onze
mille chevaux; mais les Turcs comptaient plus
de deux cent mille hommes , qui sans s'arrêter à
assiéger des villes en Hongrie, comme on avait espéré,
marchèrent droit sur Vienne. La consternation et la
confusion régnaient dans la ville ; l'empereur avec sa
cour s'était enfui h Linz. Beaucoup d'habitants
l'avaient suivi ; mais les autres , quand le premier mo-
ment de terreur fut passé , s'armèrent pour la défense,
et la lenteur des Turcs, qui s'amusèrent à piller les
lieux et les châteaux environnants , permit au duc de
Lorraine de jeter douze mille hommes de garnison
dans la ville; alors, comme il ne pouvait avec sa
petite troupe se porter à la rencontre de l'armée
turque pour lui barrer le passage, il se tint à l'écart
et attendit le roi de Pologne.
Le comte Rudiger de Stehrenberg fut nommé com-
mandant de la place par le conseil de guerre^ et il m
montra aussi hardi qu'actif à faire tout ce qu'il crut
possible pour sa défense. Tout. homme qui pouvait
travailler ou porter les armes , prêta son secours*
t. h. 19
r?
MO SEFl*» 'il**?*. iS4ft 4S88.
le Ifcijam, le yisir parut avee son innombrable a*-
jsée devant les murailles : elle couvrait le p*ya toat
jartdir à six lieues de distance. Deux jour* après il
*uetk:k tranchée; bientôt 1 artillerie fimppa les
mÈàrBrpaur hin btèche; on s'efforçait surtout de
des mises , pour foire sauter en l'air de* tss*-
e ou dôs quartiers de ntarailtes r afin de pcwvoir
•e précipiter ensuite dans cette ville, où lés Turds
espéraient trouver ton sr grand butin. Mais les dé-
fcmeftvs tinrent ferae, et réparaient dans la nuk
«e qui avait été renversé. Chaque pas de terrain
à'éCak ebtenu qu'après une longue latte, où l'eu
voyait une égale opiniâtreté pour la défense et pour
lattaquè. Le lieu le plus cfaaud diï combat était au
basfcies Label autour duquel il n'y avait pas de motte
de téore qui n'ait été arrosée de sang âmi ou eut*
uenri.Cepeudantka Turcs gagnèrent peu à pen quel*
ques pas j à la fin, d'août , ils étaient logés clans \m
iesséi de la Ville ; ett le 4 septembre* as firent sauter
une mine sous le bastion le Bourg y la ncétié île h
ville es fol ébranlée et le bastion fttt fendu dans
«se largeur de plus de cmq toiaesf lai brèche Afrit
afcsea large pour livrer un assaut, tnatsFewieai) ft*
tfapeussé. Le lendemain, il revint av*é un nouveau
courage; la valeur des assiégés l'arrêt* caoera
Le M* septembre, mie dernière mi» ganta «et» le
aie** bastion, et la brèche ft*t si groide qu'un \m*
Gailtott pwttait y entrer de front. Le dauger élaéi
«U*éti*r ta garttrson était tout épuisée pa* ks
eeutbote, les maladies et le» travaux de toue la*
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iA* tvm& Divà*r Wwar. ffH
jonra; le duc <fe Stahrenberg avait envoyé courrier
sur courrier au duc de Lorraine. EhRn lé il, quand
tente k ville était dans la stupeur et dans l'attente
cftftri assaut, elle s'aperçut au mouvement qui se fit
remarquer dans le camp enetm que le secoure était
proche. A cinq heures du soir l'armée ebréfcienne
Tétait sur la montagne de Kalen , et ellefit connaître sa
présence par une salve d'artillerie. Le prince Jean
Sobieaki était arrivé à la t&ed'*t«e vaillante armée:
les électeurs 4e Saie et de Bavière, le prîno* de
Waldeck avec les trouves du cercle de. Franeome^
te due de Saxe-Laoeabo*tr| , le «Mrçrav* de $nde
et de Jkiréutk, le lanc^rave «teifeese, les princes
d'Ajdialt et quantité d'autres princes et seigneurs
nlièttands avaient mmtoé «véc «eux ides taenpcs
tiwlchesfr Alors Charles de Lamine put taser inatw
<nhtr contre Vetmemij quoique il «leàt encore <pe
xyarMrtcsix mille hotemés*
te 12 septembre ta matàu, F a***ée «âinéttenne
descendit de la montagne de Kalen éngnànfedej»-
iaille. Le village de Nausadcaf, Âtaé<anr te Daattbe,
étt attaqué par les troupes ïmpfaklm*etlm Sa»rt8
^pd ooûupaient l&legauélte, et eœiperté .apnèsiane
*piaM&re résistance, Cependant sw\lemàdi, feue*
4e Pologne étant descendu dans la plaie* *vet l'aile
droite 9 attaque les iunooibrabW l*tailbna de cava-
lerieturque à la tête<de sa cavakrie pakteaiae} ilae
jette au milieu de l'ennemi av££ toute la fureur dW
«ùragaB, et îrépand la ooufueiou «Uns les4&ngs,#Bt-
«enii* ; mais son oauuage l'emporte, trop imn t ii«>at
19.
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S9S SEPTIÈME ÉPOQUE. 1648—1888.
entouré avec les siens , et va peut-être être accablé
par le nombre. Alors il crie au secours , les cavaliers
allemands qui lavaient suivi arrivent au galop
sur l'ennemi, délivrent le. roi et bientôt les Turcs
sont mis en fuite de tous côtes.
Mais tous ces combats ne devaient être que des
avant-scènes de la grande bataille qui devait décider
du sort de la guerre. Car on voyait toujours le camp
des Turcs, qui Retendait à perte de vue, couvert de
milliers de tentes , et leur artillerie tirait toujours
sur la ville» Le général en chef tenait un conseil de
guerre pour savoir s'il devait livrer la bataille le jour
même ou attendre au lendemain pour laisser à ses
troupes le temps de se reposer, quand on vint lui
annoncer que l'ennemi semblait être en pleine fuite;
et c'était la réalité. Une terreur panique les avait
pris; ils fuyaient en désordre abandonnant leur
camp et leurs bagages : bientôt même ceux qui atta-
quaient la ville furent entraînés dans la fuite avec
toute l'armée.
Le butin trouvé dans le camp fut immense. On
l'élève à quinze millions et la seule tente du visîr
à quatre cent mille écus. Ori trouva aussi dans la cas-
sette de la guerre deux millions. Le roi de Pologne
reçut pour sa part quatre millions de florins ; et dans
une lettre à sa femme où il lui parle de cela et du
bonheur d'avoir délivré Vienne , il s'exprime ainsi :
« Tout le camp ennemi avec tôute*on artillerie et
toutes ses énormes richesses est tombé dans nos
mains. Nous chassons devant nous une armée de
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LES TURCS DEVANT VIEME. 393
chameaux, de mulets et de Turcs prisonniers; je
suis devenu l'héritier du grand-visir. L'étendard
qu'il avait coutume de faire porter devant lui , et la
bannière de Mahomet dont le sultan avait honoré
cette campagne , les tentes , les chariots , les bagages,
dans tout j'ai une part ; on a pris des cuisiniers dont
quelques-uns raient à eux seuls des millions d'écus.
Quant à ce qui appartient aux divers objets de
luxe et d'agrément trouvés dans sa tente, comme
sont, entre autres choses extraordinaires : ses
bains', ses jardins, ses fontaines d'eau jaillissante, et
toute espèce d animaux rares, il serait trop long d'en
donner la description. — J'étais ce matin dans la
ville et j'ai trouvé qu'elle n'aurait pu tenir cinq jours
de plus. — Jamais il n'a été possible à des yeux
d'homme de voir un si grand bouleversement fait
en si peu de temps , que celui des tas de pierres et dt
rochers lancés dans l'air en éclats par la mine.— J'ai
eu long-temps à combattre avec le visir jusqu'à ce
que Faite gauche vienne à mon secours. .Mais après
la bataille je me suis vu entouré de l'électeur de
Bavière, du prince de Waldeck et de beaucoup
d'autres princes qui m'embrassaient et me baisaient*
Les généraux me portaient par les mains et par les
pieds, et les colonels à la tété de leurs régiments, à
pied comme à cheval , me saluaient en criant : Vive
notre brave roi !...
v «Aujourd'hui l'électeur de Saxe, le dup de Lor-
raine, enfin le commandant de Vienne, comte de
Stahrenberg , et quantité de peuple de toute classe
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3M sEPTiàKi épo^ur. 4648—1888.
dont venus au-devant de moi; chacun me serrait sur
son coeur, me baisait, m'appelait son sauveur, et au
milieu de la rue s'est élevé un houra de Vive le roi!
Après dîner, lorsque je rentrais à cheval au camp,
je fb& aocompsgné jusqu'aux portes par tout le peu*
pie qui levait les mains au ciel . Gloire , honneur et
reconnaissance éternelle au Très-Haut qui nous a
envoyé une si belle victoire ! »
Les Autrichiens avaient tout lieu d'être reconnais-
sauts; car si oe redoutable ennemi ne violait pas et
*e massacrait pas tout, comme dans ses autres guerres,
du moins il entraînait tout le monde comme es-
clave. On a calculé qu'il avait enlevé à l'Autriche
quatre-vingt-sept mille personnes, dont cinquante
mille enfants et vingt-six mille femmes et filles, et
jciarmi cesdernières, seulement deux cent quatre com-
tesses ou autres femmes nobles.
Toute l'Europe prit grand intérêt àla délivrance de
Vienne, excepté Louis XIV qui en fut très consterné,
et à qui aucun de ses ministres nrosait annoncer cette
nouvelle. Des écrivains très dignes de foi prétendent
que l'on trouva dans la tente du grand-visir une
lettre du roi où il donnait le plan du siège tout
entier.
* La guerre avec les Turcs dura quinze ans, avec
quelques interruptions, et finit heureusement pour
les armes impériales j ils perdirent depuis lors celte
auréole tl'épouvante et Je gloire militaire qui les
précédait partout. Dans Tannée 4687, le duc de
Lorraine et le prince Eugène de Savoie , plus lard
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floirraut cot»re iv*c Là mai
ai fameux , leur firent essuyer une défaite complète à
M^hacs.
La victoire eut pour résultat de.raraener la Hon*
grie sous la puissance de la' maison impériale $ ellf
rendit même oette dignité héréditaire au lieu qu'elfe
n'était auparavant qu'élective. Un armistice fin
/signé avec le# Turcs pour vingt-cinq ans à Cadowit^
Après la grande victoire du prince Eugène k Kent
.tha,i697, ■ v.
Le temps que l'Autriche mettait h repousser ce
redoutable adversaire au *ud-est , Louis XIV !'«*-
.ployait à rassembler de nouvelles forces pour la
guerre j car ses usurpations ne levaient pas encote
rassasié. Et quand il en jugea le moment opportun »
il eut recours à d'insignifiantes chicanes au sujet
•de Wu&itage du prince électeur Charles palatin et
de la succession à.l'électorat de Cologne après la
mort deMaximilien-Heori, sous prétexte qu'il était
-garantie la constitution d'Allemagne, pour atgofe-
■fier à l'empereur une nouvelle déclaration de guerre»
.1688. Avant même qu'elle ne fât connue , ses années
entrèrent dans lés Pays-Bas et recommencèrent de
nouvelles dévastations. Au bruit du danger, tout le
■nord de l'Allemagne, Saxons, Hanovriens, Bessoia,
jse hâtèrent d'envoyer sur le Rhin de nombreuses
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396: «rrikiCE époque. 1648— 1888.
armées pour le défendre ; et ce zèle était d'autant
plus louage que la diète était. encore à délibérer à
Ratisbonne , s'il y aurait guerre. Pourtant elle se
prononça plus énergiquement qu'auparavant ; elle
décida la guerre déclarée pour l'Allemagne; le ban
de l'empire fut proclamé , et personne ne pouvait
plus rester neutre ; l'empereur ajouta même à la
publication « que le royaume de France n'était pas
considéré simplement comme l'ennemi de l'empire,
mais comme celui de là chrétienté, et était mis sur
le même rang que les Turcs. »
La prépondérance de la France et son mépris
pour la paix de Nimègue indisposa contre elle le
reste de l'Europe ; bientôt l'Angleterre, la Hollande,
l'Espagne et plus tard la Savoie, prirent part à la
guerre ; et le nouveau roi d'Angleterre, Guillaume III,
aussi Stathouder des Pays-Bas , dans sa déclaration
de guerre , appelait Louis XIV « le perturbateur de
la paix et un ennemi commun pour la chrétienté. »
L'Allemagne fut encore alors la triste victime du
barbare moyen inventé par Louvois pour conserver
à là France l'avantage de la guerre contre tant d'en-
nemis; les bords fleuris du Rhin furent changés en
de vastes déserts, et l'imagination recule devant une
pareille dévastation. Dès le mois de janvier 1689, la
cavalerie du général Mélac , nommément, parcourut
tous les environs de Heidelberg, incendia les villes
de Rohrbach, Russlock, Wisloch , Kircheim, Ep-
penheim, Nekachausen et beaucoup d'autres; en
vain les malheureux habitants se jetaient-ils aux
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XKràVBUJB GtSftftB ÀVBC |A VaAJfeCB. ttf
pieds des vainqueurs en demandant grâce, il» n'en
étaient pas moins dépouilles et chassés dans les cam-
pagnes couyertes de neige, où un grand nombre mour
lurent de froid. On mit le feu aux quatre coins de
Beidelberg.
Le même sort attendait Manheim, Offenbourg,
Kreuznach, Oppenheim, Bruchsal, Frankenthal,
Baden , Rastadt et beaucoup d'autres villes plus pe-
tites et villages; et les habitants pillés et maltraités
ne pouvaient obtenir là permission de se retirer en
Allemagne où ils espéraient trouver quelque proteo
tion; mais ils étaient obligés de rentrer sur le terri-
toire français.
Deux villes impériales, Spire et Worras, qui
avaient appartenu à l'ancienne Allemagne , furent
tourmentées pendant plusieurs mois et de propos dé-
libéré. Après des exactions sans nombre , les citoyens
ayant tout souffert r tout sacrifié pendantsept mois , et
croyant leurs villes du moins sauvée, reçurent la
notification que les intérêts du roi exigeaient que les
villes de Worms et de Spire disparussent de la terre;
et leurs pauvres habitants , dépouillés de tout , se
virent contraints de quitter leurs villes pour aller
comme des mendiants demander un asile dans les
villes françaises les plus. proches. Worms et Spire
furent livrés aux flammes et réduits en un monceau
de cendres et de décombres. L'amour de l'argent
porta même en cette occasion à violer les tombeaux
des anciens empereurs saliens dans la cathédrale de
Spire ; on. prit quelques bières en argent qui s'y trou-
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•M mita feOQt». 4«46~48W.
▼aient et l'on dispéisa fur la terr« ces cendres sacrées,
Comme on demandait au jeune duc de Gréqut , qui
commandait cette, expédition, pourquoi il usait
d'une telle rigueur envers Spire, il répondit :* C'est
la volonté du roi ; » et il 'montra un plan sur
lequel plus de deux cents villes et villages étaient
condamnas au feu. Or, de pareille? cruautés Paient
exercées par un peuple «Jut te donnaitpour le phis
civilise du monde ,' justement à l^pçqùe qu'il ap-
pelle son Aged'oryct étaient ordonnées par un roi
qui avait fa prétention de prtHéger les arts et les
sciences quelque part que ce fût. Car avant de dé-
ployer cette avidité de conquêtes, il avait envoyé
dm cadeaux à soixante savants étrangers , aècompa-
gné^de cette lettre de son ministre Golbert : « Quoi-
que le roi ne soit pas votre maître , il .veut être votre
bienfaiteur et vous envoie cette lettre comme une
preuve de son estime. » Quelque efficace qu'eât été
cette conduite pour lui foire des partisans parmi les
hommes lés plus distingués des autres nations, alors
[personne n'osa plus ajouter foi à la droiture de ses
' intentions 5 et les vœux qu'on avait faits au commen-
cemeht pour le succès dé ses armes, se changèrent
en malédictions et imprécations contre le peuple
et contre le roi. . .
Cette mauvaise disposition des esprits et les talents
remarquables du vieux due de Lorraine, rendirent
les comnfiencements^de cette guerre assez heureux
aux armes allemandes; et plusieurs villeé fortes sur
le Khjn furent reprises aux Français. Mais- après la
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mort, du duc, quand le ssele du premier momtnt
$e fut refroidi) les avantages revinrent à cet ennemi
toujours actif ; depuis surtout que le grand général
français, le maréchal de Luxembourg^ eut remporté
sur l'année allemande une victoire complète à Flou»
rus, 1690. Cependant, en 169â, un nouveau gdwfci
rai allemand, formé à l'école du duc de Lortaine,
le prince Louis de Bâde , sembla ramier efa <g«al»
que sprte l'équilibre par sa sage défense des ri ves du
Néker ;, il prit à Heiîbronnt aveg sa petite armée,
une position si avantageuse que lenneuiin'oeaitpluf
rentrer en Souabç.
Paix de Hiswick. 1697- — Toutes les nattons bel-,
ligérantes, enfin fatiguées, se rassemblèrent en cou*
grès à JtiswicV, petit village avec un ch&tj&aa, près
deLaQaye, en Hollande, pour y traiter de la paix.
Cette fois Louis XI V désirait visiblement la paix
pour se préparer à une nouvelle guerre qu'il voyak
très.prochaine. On s'attendait à la riiort de Charles II,
roi d'Espagne; et comme il n'avait pas d'epfanto
Louis voulait obtenir cette cou ronne pour son pro-
pre fils. Il fit beaucoup d'offres de cessions et entre
autres celle de l'importante citadelle de Strasbourg.
Mais à peine les conférences furent-elles entamées1,
qu'avec son. ancienne adresse il sut séparer les na-
tions unies en concédant de grands avantages à r An*-
.gleterre , à la Hollande r^ TJEspagne , qui firent bien-
tôt la paix pour elles-mêmes et laissèrent l'empereur
et l'empire seuls. Alors ses envoyés reprirent leur tan
de maître.
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MO «mine froçra. ittft— f8S8.
Quand il fut question des compensations ponr les
épouvantables malheurs de la guerre dont les Fran-
çais avaient été cause , et quand on demanda pour
les pertes faites à Wonns et Spire neuf millions de
florins; pour le duché de Bade, huit millions; et,
ponr le Wurtemberg, dix millions, ils répondirent
d'un ton railleur : que la guerre entraîne nécessaire-
ment des pertes avec elle; que si Ton voulait abso-
lument une indemnité , il fallait conduire une armée
en France pour piller* et faire du butin. Du reste, ils
promirent de rendre les places conquises : Fribourg,
Drissac et Phiiisbourg, et toutes les réunions faites
par les quatre chambres , excepté celles qui sont en
Alsace*
Quand, on croyafy tout arrangé , la veille de la si-
gnature de la paix , les envoyés français apportèrent
une condition dont ils exigeaient l'acceptation , sa-
voir : que, dans les lieux avant réunis à la France et
que Ton venait de rendre, la religion catholique
restât sur le pied où elle se trouvait; c'est-à-dîre qu'il
fallait conserver le culte catholique dans 4922
villes ou villages allemands qui étaient protestants
avant Inoccupation et dans lesquels le culte catho-
lique avait été introduit par la violence. Les envoyés
protestants de l'Allemagne s'opposèrent de toules leurs
forces à cette clause, mais leurs représentations ne
furent point écoutées et la paix fut signée. Le pire
de tout cela, et c'était le principal but de Louis, c'est
que les protestants crurent Pemperenr le promoteur
secret de cette clause de Riswick, cl de là prirent un
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MAISONS lGTiLEI KM âXLMCiOWI. SOI
nouveau sujet de mécontentement contre l'empire.
Et dans le fait les envoyés impériaux n'avaient pas
fait ce qu'il était possible de faire contradictoirement
au projet de la France.
Formation des niaisoas royales en Allemagne.
Une autre cause de division en Allemagne dans
ce temps, fut l'érection d'une nouvelle dignité éleor
tonde pour la maison de Hanovre ou 4e Brunswick-
Luoebourg. Cette maison avait rendu d'importants
services à 1 empereur dans ses guerres contre los
Turcs et contre la France ; Léôpold voulant donc
l'en récompenser, n'était pas éloigné de lui donner
la dignité électorale, et la plupart des autres électeurs
même catholiques, quoiqu'il dut ejUrer par là unt
voix protestante de plus dans le collège électoral,
se rapprochèrent peu à. peu de cet avis , qui parai*»
sait d'ailleurs d'autant plus juste que par le chan*
gement de religion survenu dans la maison palatine
les protestants y avaient perdu une voix. Mais les
princes,, surtout celui de Brunswick- Worfenbuttel
s'opposèrent avec vigueur à l'élévation d'un de leurs
membres, parce qu'elle leur enlevait une voix im-
portante; aussi lorsque l'empereur voulut donner
l'investiture au nouveau prince électeur, Ernest*
Auguste de Hanovre, il y eut une telle oppositioa
dans le conseil des princes qu il parut prudent de ne
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lamer prendre pour le moment bu Hanovre aucune
pièce du» le conseil Rectoral. Le nouvel <éleetorat
itatt assez considérable , cor George-Guillaume de
Lûnebburg avait cédé à son frère cadet , Eriteî*-
Auguste, son duché, si bien qu'alors Luoebôurgr
HalenbergetGrubenhagen, avec les comtés deHoya
et de Diepholz, lui faisaient un ensemble qui com-
posait une des plus grandes seigneuries d'Allemagne.
Le nouvel électeur fut aussi nommé grand- gonfa-
hmàe* à* l'empire ; mais il fut oblige de promettre
m voix dans toutes les élections à la maison d*A«-
trkfae* «t de plu la liberté du culte Catholique dams
mm <ét»t*. Qaawà il mowrut, en 1698, <5euX des éieé-
tmn qui n avaient pas encore donné lein-tsobsetotè-
à aon Section Raccordèrent à son fils George-
i) mii» le collège dts princes protesta de non*-
^ 4* t» ne fi* <p& phistarrd, en 1705, que l'on
fn| ofctenir aa reconnaissance.
OiM l'a* 1896, une maison priticiére d'AVéntet-
ygfajt «opsi élevée «ur im trône; le prince **eeteer
Fi^rk-Aaguste 4e Saxe , après la mort du brave
fUbitéd , <yt élu *ot de Pologne et reçut le nom
é'Âagtote L Seulement .il lui fallut changer 9à
broymmxi et entrer -dans i "Église catholique, *ati*
qu'A y eût d'ailleurs aucun changement dans ia
9*xe relativement îrses mstitutkws religieuses.
C'était tu* temps d effervescence parmi tes prin*
<te»> et ces «exemples en entraînèrent plusieurs à de
■MVitteu tentatives; un prince d'Orange était deveim
m d'Angleterre , IVflectmir deSaxe ,toï detafogne ,
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*i*Ml mtaij» a*UM*imm* SOS
Félecteur de Brandebourg , qui avait un duché en
Prusse, voulut aussi bai preiMlra le titre de roi.
Son domaine était petit ; mais Frédéric aimait par-*
dttôos tout l'éclat al une grande représentation. Il
se fit publiquement proclamer toi k Kœnigsberg ,
tel? janvier 1701 > prit le jour suivant la oourotmfe
en toute liberté 7~la donna à sa femme, et «e fit ap-
peler roi sons le nom de Frédéric Ier- .
Le moment était fevoratye pour une élévation
«surpée, cer en tout autre temps de nombreuses oppo-
sitions se seraient élevées; mais la guerre de la suoi
cession d'Espagne venait de se déclarer y et léa pmV
matées engagées s'empressaient de se faire des slHés*
L'empereur Léopo^ reconnut le nouveau roi de
Prusse et reçut en retour, d'abord de* secours d*as
la guerre et de plus la promesse de pèrjtétoer kl
dignité impériale dans k maison d'Àutritibè: Bien-
tôt kfoède, l'Angle terre, la HeUaade f la Pologne ^
le Denfimarck et 1a Rassie en firent autant* Mais ld
France et l'Eepegae f panée que leurs adreriakee
1 Maicat reeonau pour roi f ainsi ^ué le pape, tardé»
rent à donner leur reconnaissance jusqu'à la pat&
drifcf***.
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304 nrnfaa *poqwi, «48— 1W8.
Gum de te mccmmob »***«*. HOIr-1714. *
. C'est comme une malédiction que dans notre h»-
toire, depuis la guerre de trente ans, il faille* voir
toujours nôtre pays entrer dans toutes W dissen-
sions des autres peuples de l'Europe, y fussions-nous
d'ailleurs étrangers, et qu'il ait été le plus souvent
le théâtre où les autres peuples vinrent exercer leurs
foreurs de guerre. C'est pour cela que les plaines de
la Saxe, de la Souabe, de la Bavière f sont marquées
d'un si grand nombre de batailles; e'est pour cela
que les bords de l'Elbe, de la Saale , de FEkter,
comme du Danube , du Lech , de l'Inn et du Nédcer,
ont eu tant à souffrir des oppressions et des dévas-
tations de la guerre. '
Il fallut encore que l'ébranlement donné à k
moitié sud de l'Europe , au commencement du dix-
huitième siècle, se communiquât à notre pays, et
que la querelle se vidât dans les champs de l'Alle-
magne ; ce fut la mort de Charles II qui en donna
l'occasion.
Deux maisons royales se partageaient alors la plus
grande partie de l'Europe : la maison d'Autriche et
celle de Bourbon. La première se subdivisait en deux
branches , celle d'Autriche proprement dite et Ja
branche d'Espagne, et le moment était venu où les
deux branches allaient de nouveau se confondre sur
un seul trône. Cependant Louis XIV avait épousé lu
fille aînée du défunt roi d'Espagne \ mais la jeune
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GUERRE D8 LA SUCCESSION D ESPAGNE. 305
princesse en contractant celte alliance, avait publique-
ment renoncé à ses droits sur l'Espagne. La deuxième
fille était mariée h l'empereur Léopold , et celle-ci
nfavait fait aucune renonciation ; par conséquent ses
enfants e'taient les héritiers les plus proches; car
leur sœur, qui avait épousé l'électeur de Bavière,
Maximilien Emmanuel, avait dû, avant le mariage,
renoncer à la succession d'Espagne, quel que fût le
cas qui se présentât. Mais la France et la Bavière
soutenaient que les renonciations étaient sans valeur j
parce que si les princesses pouvaient renoncer pour
elles-mêmes, elles ne le pouvaient pas faire pour
leurs descendants. Toutes ces puissances s'efforçaient
donc d'engager le roi à faire son testament chacune
en sa faveur ; mais Charles, voulant conserver à l'Es*
pagne son indépendance , nomma pour son héritier
le prince électeur de Bavière, Joseph-Ferdinand.
Malheureusement ce jeune homme mourut avant le
roi, en 1699. Les contestations s'élevèrent donc de
nouveau entre les deux maisons d'Autriche et de
Bourbon.
Léopold l'eût facilement emporté s'il avait eu à
Madrid un envoyé plus adroit ou s'il avait eu lui-même
plus de fermeté ; caria reine et l'homme le plusinfluent
de la cour, le cardinal Portocarero , archevêque de
Tolède , penchaient pour l'Autriche. Mais l'envoyé de
Léopold, le comte de Harrach, homme plein d'or-
gueil et dé causticité et peu courtisan, ne pouvait
tenir devant l'habileté de l'ambassadeur de France,
le marquis de Harcourt. Celui-ci parvint à gagner
t. n. 20
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306 gEPTifeME époque, 4648-^4888.
les grands d'Espagne les uns après les autres , et même
le cardinal ; puis par le cardinal, le roi. Il fit un testa-
ment secret; de sorte qu'à sa mort, le 1er novembre
à700, on trouva qu'il avait nommé le petit-fils de
Louis XIV > le duc Philippe d'Anjou, comme héritier
de la couronne d'Espagne.
L'empereur fut irrité de ce coup inattendu au-
delà de toute expression , d'autant plus qu'il avait
* une grosse faute à se reprocher ; car longtemps avaut
il avait été pressé avec instance par la cour d*Ea-
pagne d'y envoyer son fils l'archiduc Charles avec
une petite armée ; et comme la guerre avec la France
durait encore, il avait différé par irrésolution.
Louis XIV savait bien que malgré le testament
de Charles II , son petit-fils ne prendrait point pos-
session de l'Espagne sans qu'il y eût des guerres ; car
l'Autriche était trop durement blessée et les autres
Aâts d'Europe voyaient avec trop de peinfc la pré-
pondérance delà maison de Bourbon. Guillaume III,
roi d'Angleterre et stathouder dés Pays-Bas , qtïi
s'arrogeait le droit d'être le conservateur de l'équi-
libre européen , et à cause de cela était depuis iong-
temps l'ennemi de Louis XIV, prince d'ailleurs plein
de prudence et d'activité , fit alliance avec l'Autriche
au nom de se» deux états 5 et cette alliance étrit d'au-
tant plus terrible que l'Angleterre et la Hollande
étaient les deux plus riches états et les deux plus
puissants sur mer. C'est pourquoi Lduis hésita quel-
que temps à recevoir le festamenl du roi d'Espagtte.
il rassembla sorç cotiseiWétat, etcfe he fut qu'après
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GUERRE DE Là SUCCESSION d'eSPÀG.XE. SÛ7
avofrrèçu son approbation qu'il prit enfin son parti;
Il fit proclamer son petit-fils roi d'Espagne et dé*
deux Indes , au milieu d'une brillante assemblée de
sa cour. Quand il sortit de son cabinet, amenant àoti
petit-fils parla main, il dit, suivant l'expressîbii
d'un écrivain français , avec l'autorité d\m roi dé
l'univers : « Messieurs ^ voilà lé fël d'Eàpagttfe; L*
nature Ta créé pour l'étte; le défunt rôl l'a hdrrthiéj
le pteuplé lfe désire et moi j'y consens. I
Ce fut en Europe le signal d'une nouvelle et san-
glante lutte*
Malheureusement l'Allemagne était divisée; la
Prusse, le Hanovre, le Palatinat et bien d'autres
Se déclarèrent dès le principe pour l'empereur;
tandis que l'électeur de Bavière , Maximilien Em-
manuel , en méiîie temps gouverneur des Pays-Bas
espagnols ^ était ponr la France; Louis, en considéra-
tion de fies prétentions à la succession d'Espagne* lui
avait promis en secret les Pays-Bas j s'il voulait se
déclarer bien positivement pouf lui. Son frète j l'é-
lecteur de Cologne, suivit son exemple et reçut les
troupes françaises dans son paya , * pour le bien et
la conservation de la tranquillité de l'empire d'Alle-
magne, » comme il le publiait dans Sei proclamations.
Commencement de la guerre. 1701. Le prince
Eugène. — L'empereur Léopoldse hâta d'envoyer en
Italie une armée pour prendre possession des lieux
appartenant à l'Espagne, le Milanais et leroyatfme
de Naples, et il en donna le commandement cm
prince français Eugène de Savoie , un dea premiers
20.
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308 septième époque. 1648—1858.
généraux et des premiers hommes d'état de son temps
et même de toute l'histoire. Il tenait à la maison
de Savoie par une ligne collatérale et fut d'abord
destiné à l'était ecclésiastique. Mais son génie qui le
portait à l'étude de l'histoire et de ses grandes leçons,
le lança dans les affaires, dans un genre de vie où
l'homme peut éprouver ses forces et , s'il est avide de
gloire, apercevoir les lauriers qui l'attendent. À peine
âgé de vingt ans, il offrit ses services à Louis XIV;
mais ce monarque, qui n'en fit pas grand cas à cause
de sa petite taille, le renvoya, en lui conseillant de
rester dans l'état ecclésiastique. Eugène alors se
tourna vers l'Autriche ou la guerre des Turcs lui
offrait une voie toute frayée; et il s'y distingua si
bien que l'empereur, après la délivrance de Vienne,
1683, où il avait vaillamment combattu , lui donna
un régiment de cavalerie à commander* Le duc
Charles de Lorraine reconnut dès lors en lui un
héros et annonça à l'avance ce qu'il serait un jour
pour la maison d'Autriche. Léopold le nomma feld-
maréchal, en 1693. Le roi de France alors aurait bien
voulu l'attirer à son service. Il lui fit proposer le
gouvernement de la Champagne et le bâton de
maréchal de France. Eugène répondit aux en-
voyés : « Dites h votre roi que je suis feld-maréchal
de l'empire et que j'estime autant cette dignité que le
bâtonde maréchal de France. » — Eugène était grand
comme général; puisque son esprit embrassait à la
fois les plus grandes affaires avec tous leurs détails,
s'occupait d'un plan de bataille et des plus minu-
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GUERRE DE Là SUCCESSION d'eSPÀGHE. 809
tieux besoins de son armée , et que son œil d'aigle
savait avec la plus grande promptitude saisir le mo-
ment favorable ou les fautes de son adversaire. Mais
il n'était pas moins grand comme citoyen, puisqu'il
préférait de beaucoup les arts de la paix à une bril-
lante réputation que la guerre seule peut donner, et
qu'il était si modeste qu'il se faisait l'égal de tout le
monde ; volontiers même il se mettait au-dessous s'il
le fallait. — Eugène était petit, et si vous l'eussiez ren-
contre' enveloppé dans son manteau, se promenant
dans les rues du camp , vous auriez eu bien de la
peine à reconnaître en lui le héros qu'admirait le
monde; à moins que son œil de feu n'eût brillé à
travers l'obscurité.
Au mois de mars 1701, Eugène passa en Italie
avec une année impériale et dix mille hommes auxi-
liaires , tant Prussiens que Hanovriens. Les troupes se
réunirent à Rovérédo pour gravir les montagnes.
Mais de l'autre côté tous les passages étaient occupés
par les Français , et il semblait impossible de des-
cendre. Cependant le général sut entraîner ses sol-
dats enthousiasmés pour lui , leur fit parcourir la dis-
tance de six milles (environ dix lieues) à travers
les rochers et les précipices; et avant que l'ennemi
l'eût pressenti il avait fait passer son armée par-
dessus des montagnes effroyables et se trouvait le
long de l'Adige, dans la plaine de Vérone. Par deux
victoires, à Carpi et à Chiari, Eugène chassa les
Français d'une partie de la haute Italie , et il y prit
ses quartiers d'hiver.
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ÎM0 swifanB époque, 1 648— 1858.
L'Aiglelerp , U| HoUapde et l'qnpka d'All«magDe prennent p*rU la guerre.
1702. » Hajlborough.
I)è$ l'automne de 17Q1 fut signée VaUiance e^tre
l'Angleterre, les états-généraux et l'empereur. Le$
puissqpççs mariâmes stipulèrent que leurs conquêtes
fjaas }ps, Inde?! espagup^es deviendraient leur pro-
Pf i^té ^ ef; prpiuir^nt à Fpmpereur, par compeqsar
|iqflj $ç Vaider à conquérir les Pays-B^ espagnols ^
JYfilan , Ngples et |a Sicile. Le peuple anglais n'aurait
pps pris wio part si active à la guerre , si Louis rç'a-
ya\\ eji lqfplle impudence de le molester. L'Angle-?
terre venait de chasser du trône la maison des StuarlSj
% causp de spp zèle pour la religion catholique, et
l'oyait donué à Guillaume d'Orange. Louis reçut le$
§^arts exilés, lps protégea etj en 1701, h la mort
dç Jacqweç II (qui mourut à Saint-Germain), il
VfGQnnpt serç Gis Jacques III comme roi de la
Çif anjie-fy elagne ; le bruit se répandit même que le;
prjncç çleyqif effectuer un débarquement ep Angle-
terre ^ \§ tête 4\>ne armée française. Une pareille
prçtçnlipq de la part d'un ennemi , de vouloir dis-
po&ër çU $9$ trône, irrita tellement l'Angleterre quq
\c parleipent accorda qu roi Guillaume quarante
paille hoipmes $u lieu de dix mille qu'il avait de-
Guillaume mit à la tête de son armée lç comte qui
^evirçtplus lard Je duc cleMarlbprough. Une s'était
point trompé dans son choix ; Marlboi pugh qui s'était
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instruit à l'école deTureoue , pe le cédait à aucun
général de 3on temps, La nature l'avait ftit pour cem-
mander ; grand, beau, vigoureux. Il avait une ©on*
tenance si imposante et un esprit si supérieur, que
les plus superbes s'humiliaient malgré eux devant
lui. Quant aux qualités personnelles il était bien
au*dçssous d'Eugène ; il n'avait pas sa bonne foi, son
4wç noble qui prisait plus les grandes pensées et les
grands projets que son propre intérêt} auaû q-t-il
été qcçu*é d'avoir trçp cherché k k\r* du lucre.
Marlborougb paç#i dap&le$P^ys-ïtos> en 470â,
pour prépare le commandement de Farinée holkn*
daise et anglaise , dont le but immédiat était de forcée
les Français dév ^cuer le duché de Cologne* Ga fut
dansée lu&ueiuois que mourut le roi Guillaume? mm
çôsmft te reine 4nne qui \\jâ ?UW&la suivit fidèUhr
meut \e$ mèf/o^ pbw*, b* gw^ ^ poutii^ua sara auem
L'empire gerniABÛque crut ffll'il W pe**v*it difift
Feç à pff^ïidrapai?t & cette gutfrçe de vengeanee Quatre
açtq fl&neiwi ^cbwmé, quand nn étranger était se pw^
rçuucé. S^ 4éol*ratioi% de guerre suivit doue, k'$
Qctabre 1702 , ç| à la ftn de cette déclaration <**
lisait : « La France n'a rien négligé de ttitts les
flao^eh^ propres ^ hpmilfejr et accabler entièrement
}a nation aileiupnçle, afin d'obtenir d'étant plus faci*
lenpeût la souveraineté universelle qu eUe poursuit
d^pui^ lon^-temps avec tant de zèle* * La conduit*
$e rçteçl^uç de Bavière exigeait d'ailleurs une dé*
terminfttiqn de la p$rt des autres inetnbres de l'em-
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S12 SEPTIÈME ÉPOQUE. 1648—1858.
pire ; car, comme il tenait fortement pour laFrance,
il avait réuni une force militaire imposante, et le
3 septembre il était tombé tout d'un coup sur Ulm ,
ville libre de l'empire, et en avait pris possession.
Cet acte dut mécontenter les autres états.
Les ducs dé Brunswick eux-mêmes , toujours en
mauvaises dispositions pour l'électeur de Hanovre ,
étaient allés jusqu'à faire des levées d'hommes pour
la France ; et n'ayant pas voulu profiter des avertis-
sements de toute espèce qui leur furent donnés , ils
furent désarmés par force, en 1702, par l'électeur de
Hanovre, et contraints de se soumettre à la volonté
de Pempire et de l'empereur.
Du reste, il n'y eut cette année aucune entreprise
remarquable, soit sur le Rhin par le général de l'em-
pire, Louis de Bade , soit en Italie par Eugène : il
était trop faible pour entreprendre quoi que ce fût,
et des deux côtés on ne chercha qu'à s'éprouver les
uns les autres par des escarmouches.
Les Bavarois dans le Tyrol. 1703. — L'année sui-
vante fut riche en faitsmilitaires ; Marlborough l'em-
ploya à conquérir les places fortes des frontières des
Pays-Bas et prit Bonn, Tongern, Huy, Limbourg et
Gueldres.
La fortune ne fut pas aussi favorable dans le sud
de l'Allemagne ; là , les Français , commandés par
Vilkrs, avaient réussi à passer le Rhin et à faire leur
jonction avec le ducde Bavière. ÀIots ceprinceforma
le plan d'entrer en Tyrol et de faire la conquête de
ce pays si bien situé pour lui. Il s'y porta donc avec
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GUERRE DE LÀ SUCCBSSIÔJf b'eSPAGXIE. M3
seize mille de ses meilleures troupes ; tandis que Wil-
lars gardait son propre royaume. A la faveur d'un
incendie qui eut lieu dans Kufstein, l'électeur
s'empara de cette importante forteresse et de plu-
sieurs autres places, entre autres Inspruck , profitant
du premier moment d'épouvante. Ensuite les Bava-
rois voulurent escalader le Brenner pour s'ouvrir un
chemin en Italie; mais là les attendaient les braves
Tyroliens de tout temps si dévoués, corps et biens,
pour leui> patrie; ils étaient alors renforcés d'un
bon nombre de soldats autrichiens , commandés par
le vaillant Martin Sterzing. Postés sur les rochers
escarpés qui èordent les deux côtés du passage , ils
lançaient des arbres et des rochers sur les ennemis
qui défilaient en bas. Les Bavarois ne purent donc
continuer, il fallut reculer'. C'est alors qu'un arque-
busier tyrolien se mit en embuscade dans une fon-
drière et attendit l'électeur ; mais il tua à sa place le
comte d'Arco, trompé par son riche habillement.
Dans sa retraite l'armée bavaroise eut beaucoup à
souffrir, et ce ne fut qu'avec la moitié de ceux qui
s'y étaient engagés que l'électeur put après deux
mois rentrer dans ses états.
En compensation, il prit pendant l'hiver de cette
même année les riches villes d'Augsbourg et de
Passau , la principale forteresse d'Autriche , et les
Français de leur côté avaient pris sur le Khin les
importantes places de Brissac et de Landau.
Bataille de Hochstet. 1704. — Pour réparer de
pareilles pertes , les puissances coalisées voulurent
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114 wvitiu *k«ul lUa^lMi.
remporter des sueeès plus grandi encore , Tanné*
mirante, avec toutes leurs forées réunies, et déci-
dèrent que les trois généraux Marlberough , Eugène
et Louis de Bade feraient ensemble la guerre dans le
md de l'Allemagne. Le général Stahrçnberg devait
rester en Italie pour la continuer sur le pied de dér
fentlve. Les trop généraux se réunirent à Hèilhronu,
sur le Nécker } Marlhoreugb et le margrave de Bade
se replièrent vers le Danube, tandis que Eugène
poussait vers le Rhin. Les Bavarois avaient postç
une partie de leur armée dans les montagnes de
Sehellen, près deDonawerth, dans une position awn~
tageuje dVi ils gênaient beaucoup le passage sur le
Danube j mais ils y furent attaqués et malgré une
vigoureuse résistance mis en fuite : leur camp tomba
an pouvoir de l'ennemi.
Après ce combat, les puissances alliées firent faire
des propositions de paix à. l'électeur, lui offrant
de grands avantage», s'il voulait abandonner l'*l-r
liance des Français. Il chanoelait déjà et était sur le
point designer le traité de réconciliation quand un
courrier lui annonça que le maréchal de Tallard
était en route avec une nouvelle armée pour venir
à son secours. Le maréchal arriva , maiq à sa suite
le prince Eugène qui se réunit à Marlborough. Ces
deux grands généraux se débarrassèrent du vieux et
intraitable priuce de Bade, en l'occupant au siège
dlngolstadt , pour qu'il ne dérangeât point leurs
projets ppur )q bataille y e| le général anglais Rac-
corda iactfefnçnt avec le modeste Eugèue qui n'bé-
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gueaes.de X.A sucqpjwji nm\Qfz. %\k
sita pa§ à sacrifier sa propre gloire au suceèa de
l'entreprise.
Le 12 apûtj le? deqx généraux , françaU et bf v$bi
rois^ se trouvèrent en face du vilipge de ïfaçbitet,
et le 13 eut lieu la bataille. Les eqnemis avstîfpt
l'avantage du nombre et de la position, car il^ét^çfc
très biep coq verts par un marais. ^arlboratyghj ^ la
tête de l'aile droite composée d'Aaglais et de ÇJes-s;
sois? fut opposé aux Français, çt Eugène ayep Failft
gaucjie aux Bavarois. La bataille fut des plusaçhfir-.
nées , çl plusieurs fois les assaillants, furent repoussé^
par le terrible feu de l'artillerie. Enfin lç duc pyo^
fita d'un moment de désordre pour se jeter $uy
les Français e\ les mettre en fuite. Alors l'électeur
fut obligé de se retirer s^ussi lui avec ses troupe
Vingt-huit bataillons et douze escadrons français, eg-;
sayèrent cependant de se défendre dan? le village <fa
Blenheim ; mais ils furent enfermés et forcésde s$
ren4re prisonniers. C'était une grande victoire ^ vingt
mille hommes, Français et Bavarois, étaient restéspui*
]ç cl^mp de bataille , quinze piille prisonniers parmi
lesquels le maréchal lui-même avec ses fils et huit çenÇ
dix-huit de ses officiers. Le butin du vainqueur était
aussi immense : la cassette de guerre toute pleine ,
cent dix-sept canon , vingt-qualre obus et trois cents
drapeaux, cinq mille voitures, trpis mille six cents
tentes et deux ponts de bûteaux. Depuis ce temps
le nopa de Marlborough fut célébré dans toptçs les
charbons d'Allemagne , et l'empereur le npminu
prince de l'e;npire.
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846 septième époque. 4648—1838.
L'électeur de Bavière se vit forcé de passer le
Rhin avec les Français ; ses états furent occupes par
les troupes impériales et sa femme n'eut pour son
entretien que la ville de Munich et son revenu.
Telle fut pour ce prince la triste fin de la campagne
de 1704.
L'année suivante, 1705 , l'empereur Léopold
mourut d'une h ydrôpisie de poitrine , peu regretté
par ses sujets, parce qu'il n'avait point cette affabilité
par laquelle les princes gagnent si facilement les
cœurs de ceux qui les entourent. Mais ce qui le ren-
dait surtout insupportable , c'était sa religion étroite,
à tel point qu'elle le plaçait tout-à-fait sous la dé-
pendance de la volonté des ecclésiastiques, et
qu'elle dégénérait en intolérance envers ceux qui ne
pensaient pas comme lui. Du reste il était très cons-
ciencieux et très compatissant pour les pauvres ; il
poussa même jusqu'à la faiblesse cette dernière qua-
lité et tomba souvent dans de grossiers abus. Léo-
pold n'aurait pas dû naître dans des temps aussi
difficiles et surtout antagoniste d'un Louis XIV. Il
eut pour successeur son fils Joseph.
Joseph Ie'. 1705-1711.
On douta un moment si Joseph poursuivrait avec
autant de zèle cette guerre en faveur de son frère
( il était passé eh Espagne dès l'an 1704 et avait
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GUERRE DE Là SUCCESSION d'eSPÀGNK. 317
été reconnu pour roi en Aragon , Catalogne et dans
le royaume de Valence). Cependant le nouvel em-
pereur ne tarda pas à déclarer sa résolution de con-
tinuer la guerre avec zèle et il tint parole.
Du reste, pendant cette année 1705, il n'y eut
rien de bien important dans toute la campagne.
Eugène fut envoyé en Italie pour réorganiser Far-
mée qui était dans le plus grand désordre , et il ne
put rien faire de plus celte année. Marlborough était
aussi retourné dans les Pays-Bas, et il fut lui-
même occupé tout le temps à rassembler des troupes
fraîches. Cependant l'oppression qu'imposaient en
Bavière les employés autrichiens et l'occupation du
pays y excitèrent une terrible révolte. On voulait
forcer la jeunesse, à prendre service pour Y Autriche
et une pareille violence souleva ce peuple fort et
indépendant. Il courut aux armes, délivra cette
jeunesse enrôlée, Surprit les troupes autrichiennes
isolées , et bientôt plus de vingt mille hommes en-
thousiasmés par les premiers succès se trouvèrent
sous les ordres d'un jeune étudiant Mainl. Alors ils
purent entreprendre le siège de Braunau et de
Schasrding et forcer tous les petits châteaux à se
rendre. Les Autrichiens furent donc obligés de traiter
avec eux et de signer une suspension d'armes, non
comme avec des révoltés , mais comme avec un en*
nemi qui défend son indépendance. Du reste ils pro-
fitèrent de cette trêve pour faire venir des cercles
voisins une petite armée impériale , avec l'aide de
laquelle ils parvinrent à mettre en fuite cette foule
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518 sfepTiàHE époque. 1618— 18S8.
de paysans , reprirent leurs villes les unes après les
autres , et rétablirent Tordre. Suivirent de nom-
breuses actions dé sévérité qui excitèrent encore
davantage l'animosiié des deux peuples voisins.
L'électeur lui-même , qui était considéré comme un
ennemi de l'empire et comme le moteur de cette ré1-
tolte, fut déclaré proscrit en toute forme et son éwt
hn fief dévolu à l'empire. L'empereur rendit à l'é—
lecteur palatih , sur ses instantes demandes , le haui
ratatinât que sa maison avait perdu dans la guerre
fle trente ans, fet qui était passé à la Bavière* et
feu outre Son ancienne place au conseil de$ élec-
teurs
Les princes qui avaient toujours réfusé leur con-
Sèntétiient à l'érection de Mectorat de Hahovt-e, y
fcfccëdèrént alors enfin; il fut généralement reconnu
*l Pélécteiïr palatin résigna fcà fonction de grand
tWfebrier au nouvel électeur.
Batailles près de Ramillies et de Turin. 1706.
fc^La France avait résolu, pour la campagne sui-
vante > de tourner ses forces principales (contre les
ftijs^Bàs; afin de trouver, s'il était possible, dans la
*4 die Hollande les moyens de continuer la guefré.
fe armée qu'elle mit en campagne fut dohfc la plus
ferfle tftt'ellé eût encore mise sur pied dans cette
gtte*¥e; mais son général, le maréchal dé Villeroî ,
n^ftait pas un homme à opposer à Paudacieux Maïi-
feorough. Poussé par une aveugle confiance $ il quitta
*fcs positions près de Louyain pour aller attaquer
VmneMli d*ôs la plaine de Ramillies , le Î2 maï>
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GUEfcBB M Là SUCCESSION &'fiS**MB. S10
C'était ce que désirait Marlborough. Il s'était mis à
couvert derrière un marais et des fossés pleins d'eau ç
de sorte que, quand Fennemi voulait approcher ea
nombre , il ne pouvait conserver son ordre de ba-
taille, resserré qu'il était par des fosses; tandis que
Marlborough, protégé par la nature du terraih, pou-
vait porter toutes ses forces sur un seul peint et
Fenfoncer» Avant la bataille Un officier français avait
dit : « Si l'armée qui est devant nous est asset vail-
lante pour nous résister > nous n'avons plus à pa*
raître devant l'ennemi. * Cependant ils fureét bat-
tus; car aucune valeur ne peut réparer lés fautes
d'un général. Ils perdirent vingt mille hommes»
quatre-vingts drapeaux , les timbaUes et les éten-
dards de la garde royale, et l'armée fut plus de
deux mois avant de pouvoir se reformer* Le vain-
queur parcourut le Brabant et la Flandre, prit
toutes les villes du pays et leur fit prêter serment
à Charles III , comme à leur maître légitime 5 à
Bruxelles on tint un conseil-d'état au nom du
nouveau roi.
Le prince Eugène i en Italie, ne voulut pas non
plus laisser passer cette année sans action d'éclat.
Il osa une expédition des plus audacieuses que l'o*
trouve dans les annales de la guerre. A la tête de
vingt-quatre mille Allemands au plus, il se mit en
marche , gravissant les montagnes , traversant le?
fleuves, au milieu d'un cercle de villes occupées par
l'ennemi, pour arriver au secours du duc de Savoie,
qui se trouvait très vivement pressé et dont la capi-
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310 septième époque. 1648—1858.
taie était assiégée. L'expédition réussit au grand éton-
nement de tout le monde ; Eugène se joignit au duc
et se hâta avec lui de venir délivrer Turin. Quoique
son année fût bien plus faible et composée de diffé-
rentes espèces de troupes , il osa , le 7 septembre à
. quatre heures du matin, attaquer les lignes françaises*
Ils furent reçus par une effroyable décharge d'artil-
lerie, qui pourtant n'empêcha pas ses troupes de
marcher en avant. Le prince de Dessau, connu plus
tard sous le nom du vieux Dessau , conduisit ses
Prussiens sur l'ai le gauche, droit aux retranchements ;
alors il fut imité par les Wurtembergeois et les Pa-
latins qui attaquèrent le centre , et ceux de Gotha
à l'aile droite, en même temps que le comte de
Daun faisait une sortie avec les troupes de la cita-
delle. Le combat fut acharné ; deux attaques des
Allemands furent repoussées. Enfin après deux heures
de tentatives les Prussiens les premiers arrivèrent
sur le rempart et furent bientôt suivis de tous les
autres; la confusion fut d'autant plus grande parmi
les ennemis qu'ils furent pris à dos par la garni-
son sortie de Turin et que leurs deux généraux , le
duc d'Orléans et le comte Marsin, furent emporta
blessés du champ de bataille. Marsin fut pris et mou-
rut le jour suivant h Turin. Cinq mille morts et un
plus grand nombre de blessés couvrirent le champ
de bataille. Le reste s'enfuit vers la France par des-
sus les montagnes , dans un tel désordre que de cette
armée de quatre-vingt mille hommes il ne resta pas
de corps qui eût avec lui seize mille hommes ; les
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GtftftRB DE LA SUCCUSIOW dWAGM* 891
grandes provisions rassemblées pour le Àiége, cent
treize pièces d'artillerie , quatre-vingts barils de
poudre et une quantité de boulets , tout tomba entre
les mains du vainqueur. Les suites de la bataille
offrirent encore plus d'avantages que toute cette cap-
ture. Les Français perdirent bientôt leurs places en
Italie les unes après les autres , et furent réduits à
conclure une capitulation générale d'après laquelle
ils évacuaient l'Italie et promettaient de n'y envoyer
aucune armée de toute la guerre. La conduite d'Eu-
gène fut si glorieuse dan? cette campagne que son
nom en brilla d'un nouvel éclat par toute l'Europe.
L'empereur lui fit présent d'une épée précieuse et
le nomma gouverneur général du Milanais.
Dans l'année 1707, la France perdit encore une
troisième portion de la succession d'Espagne, le
royaume de Naples, qui tomba au pouvoir de l'em-
pereur. Les deux grandes batailles de l'année pré-
cédente lui avaient déjà conquis la Lombardie et
les Pays-Bas. Naples, où il n'y avait que quelques
troupes, fut bientôt prise, et la France perdit ainsi
son dernier pied-à-terre en Italie ; et, dans les Pays-
Bas, il ne restait plus à Marlbçrough une seule place
à prendre. La seule compensation qu'eut Louis XIV,
fut dans le haut Rhin, où il profita de l'engourdisse-
ment de l'armée impériale. Le vieux feld-maréchal,
Louis de Bade, qui mourut en 1707, fut remplacé
par le margrave deBaireuth, qui n'était guère plus
actif et qui, par son irrésolution , laissa les Français
passer le Rhin auprès de Strasbourg et exercer tes
T. II. 21
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S&3 SEPTIEME ÉPOQUE. 1648--48W.
plu» cruelles dévastations dans k Franeonie et la
Souabe* On à calculé que dans l'espace de deux
mois , ils avaient par leurs incendies causé des ptertes
pour plus dé 9 millions de florins. Le margrave de
Raireuth ne tarda pas ensuite à donner sa démis-
sion du commandement eu chef, à la grande satis-
faction de tous 9 et il fut remplacé par un homme
yfes actif, 1 électeur Georges- Louis de Hanovre;
mais le mauvais état de l'armée impériale l'empêcha
encore de rien entreprendre de remarquable; il lui
fallut se contenter de forcer les Français à repasser
le llhin par le manque de ressources pour leur en-
tretien T et de les empêcher de passer sur la rive
droite Tannée suivante. _
Une expédition que le prince Eugène, dans la
même année 1707, à la demande des puissances ma*
r&imes, eut à conduire d'Italie sur le sud de la
France pour prendre Toulon , ne réussit pas mieux
que les tentatives qu'avait faites Charles-Quint quel*
quesanoées avant ; et dans le même temps aussi , le
roi Louis eut la joie de voir son petit -fils, Phi-
lippe V, de nouveau maître de presque toute l'Espa-
gtofe. L'archiduc Charles avait eu l'année précédente
un heureux âaoment en Espagne : son armée, compo-
sée principalement de Portugais auxiliaires , avait
réussi à prendre la capitale > Madrid, et l'y avait pro-
clamé roi de toute l'Espagne ; mais sa propre indo-
lence, la division de ses généraux, la haine des Cas-
tillans contre lui et les Aragonais , de même que
oontre te$ Anglais et les Portugais et bien d'autre*
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GUBUKI DE Là SUCCJ&SSIÛj* dWà^Ê, ggg
raisons lui firent perdre peu à peu ses conquêtes ; d*
sorte que dans Tannée 1707 il ne lui restait plus que
la Catalogne»
Cependant Louis XIV avait déjà fait de si grandes
pertes dans cette guerre, et son pays était si épuisé
qu'il était visible qu'il désirait la paix et qu'il faisait
taire son vieil orgueil pour essayer de l'acheter méma
au prix de grands sacrifices; mais ses adversaires son-
gèrent cette fois à le punir de ses anciennes fiertés.
C'étaient surtout Eugène et Marlborourgh qui en dé-
tournaient l'Angleterre et l'Autriche ; ils ne son-,
geaientqu a préparer de plus grandes humiliations au
roi Louis XIV qu'ils baissaient du fond du cœur, et
Us y réussirent.
Bataille d'Oudenarde et de Malplaquet. £70$-
1709* — Ces deux généraux se réunirent encore une
fois dans les P^ys-Bas pour livrer bataille, après
qu'Eugène eût tout réglé en Italie; et ainsi réunis
ils firent essuyer, près d'Oudenarde, une grande dé-
faite aux ducs de Bourgogne et de Vendôme, 11 juin
1708. Liai division des deux chefs fut la cause de leur
malheur. Après cette victoire Eugène attaqua audar-
cieusement la citadelle de Lille, qui passait pour
imprenable, et s'en empara.
Les malheurs de cette campagne furent d'autant
plus durs pour la France qu elle fut suivie d'un hf ~
ver extraordinairement froid, de 1708 à 1709, et de
bien d'autres maux causés par la rigueur de cet hit-
ver, dont on ne trouve pas d'autres exemples dans
l'histoire. Le froid fut si grand que les hêtes m*~
21.
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82+ SEPTIÈME ÉPOQUE. 1648—1858.
vages gelaient au milieu des foréls et les oiseau*
dans l'air } les arbres fruitiers, les ceps de vigne, tout
fut gelé} et le peuple, déjà accablé par la guerre,
fut jeté dans un profond désespoir par ce fléau de
la nature : les cris des malheureux déchiraient les
coeurs, et Von ne voyait aucune ressource pour la
prochaine campagne. Alors le roi \ découragé fut
obligé de se résigner à faire de nouvelles propositions
de paix : il déclara donc qu'il renonçait à l'Espagne,
àPInde; au Milanais et aux Pays-Bas, si seulement
on voulait laisser à Philippe V Naples et la Sicile.
Mais les deux généraux qui parurent dans ces con-
férences de paix à La Haye, répondirentjbrt briève-
ment que la maison d'Autriche ne devait pas perdre
un seul village de toute la succession d'Espagne ; et
quand cette dure exigence fut accordée, on demanda
encore des concessions d'une partie du territoire
français : « que l'Alsace fût rendue et qu'une ligne
de places fortes sur les Pays-Bas et la Savoie fût
abandonnée pour la sécurité de ces pays contre les
artifices de la France. » Les envoyés français accor-
dèrent tout successivement ; ils ne refusèrent qu'une
seule des prétentions de l'ennemi , et qui , dans le
fait , était déshonorante : c'était que Louis , au cas
où son petit-fils ne voudrait pas évacuer de bon gré
l'Espagne , aidât lui-même à Yen chasser par la force
des armes. Il ne voulut jamais se couvrir d'une telle
honte et la guerre recommença.
Déjà une partie de l'été s'était passée dans les
conférence. Eugène et Marlborough se hâtèrent de
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GUERRE DE LA SUCCESSION D ESPAGNE. " SUS
profiter du resté du temps ; ils prirent Tournay et
marchèrent sur Mons. Le maréchal de Villars vou-
lait couvrir cette ville, et avait pris une bonne posi-
tion en avant de Mons, à Malplaquet. Mais les deux
généraux victorieux l'y attaquèrent sans balancer ,
le 11 septembre, et le classèrent après un sanglant
combat, le plus sanglant de toute la guerre. Eugène
lui-même, au commencement de l'action, fut effleuré
à la tête d'un coup de feu, mais il se contenta d'at-
tacher son mouchoir autour de sa tête, et conduisit
son aile en avant. Après cette bataille , Mons fut
emporté.
Une nouvelle campagne était perdue, et Louis XIV
fut obligé de demander de nouveau la paix. Il accor-
dait tout ce -qu'on demandait; seulement, afin de
ne pas être obligé d'envoyer une armée qui aidât à
chasser d'Espagne Philippe, son petit- fils, il
promettait de l'argent aux puissances alliées pour
qu'elles pussent arriver à ce but. Mais alors Louis put
apprendre par lui-même ce qu'il avait ai bien fait
sentir aux autres , combien il est dur, quand on est
dans le malheur , d'être traité avec insolence par
son vainqueur. Il put voir encore, combien sa dupli-
cité dans les traités antérieurs avait aliéné la con-
fiance des autres peuples de l'Europe: on lui répon-
dit que tant que Philippe V sera en Espagne , on
ne pourra croire aux promesses de son cabinet ; et
que s'il voulait penser sérieusement à un traité
de paix, il fallait commencer par satisfaire à toutes
les exigences des puissances alliées, et remplir
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•É6 wrnfeME émqui. 1&I8~*185&,
toutes les conditions dans l'intervalle de deux mois.
Âpres une réponse si dure, la guerre recommença
et Eugène et Marlborough prirent encore plusieurs
placés sur la frontière de France. On reçut ans» de
l'Espagne la nouvelle que le comte de Stahrenberg,
général de Charles, avait, battu complètement l'ar-
mée de Philippe , et que, le 28 septembre 17iO,
Charles avait fait son entrée en grande pompe dans
Madrid.
Louis XIV, déjà vieux et malade, était réduit à
la dernière extrémité et semblait n'avoir plus au-
cune ressource. Il lui fallait donc après tant de
guerres ^ tan t de sacrifices d'hommes et d'argent, voir
tomber tout d'un coup tout cet échafaudage élevé
pour la grandeur de son nom et. de son empire, et
même retrancher sur le territoire qu'il avait reçu.
La mauvaise fortune nef paraît à personne plus. dure
qu'à celui qui croyait avOtt saisi le faîte cle la gran-
deur. — Mais les adversaires avaient eux-mêmes
perdu cette modération qui seule peut arrêter juste
à temps ; leur bonne fortuné les rendit insolents, et
leur fit perdre une bonne partie des fruits de leurs
victoires. Trois événements favorables tirèrent tout
d'un coup la France de cette grande extrémité et
lui procurèrent une paix plus supportable. Le dis-
crédit du duc de Marlborough, les victoires des par-
tisans français en Espagne> et la mort de l'empereur
Joseph (*).
(*) On pourrait ajouter les victoires des Français , dont l'auteur ne parle
pas, entre autre» celle remportée à Dcnain par ViHars, en 1712. N T.
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GUERRE DE LA SUCCtWKttf d'ïSPAGIIE. OT7
En Angleterre, où les amis de Marlborough avaient
jusque là gouverné le pays,' il se forma secrètement
pendant son absence un parti contraire qui , pour
donner une plus grande force à son opposition, prit
le nom de torys ou partisans du roi , tandis que
Wautre s'appelait whigs ou partisans du peuple.
Anne se montra peu reconnaissante pour Marlbo-
rough et pour ses grandes actions, et sa femme, qui
jusque là avait régné sur Pesprit de la reine, fut dé-
possédée par lady Masham, qui eut l'adresse de se
substituer à sa place. En 1714, on créa un nouveau
parlement de torys, et de là cette tendance à la paix
de la part de l'Angleterre j tandis qu'elle avait tant
d'ardeur pour la guerre avec Marlborough. Il con-
serva encore quelque temps le commandement en
chef, mais avec de grandes restrictions ; encore lui
fut-il bientôt tout-à-fait arraehé.
I* mort de l'empereur Joseph, arrivée en 4711,
47 avril, ne contribua pas peu à faire pencher vers
la paix. H mourut de la petite- vérole à l'âge de 33 ara ;
il a été vanté par l'histoire comme ua prinoe actif
. et prompt? et de beaucoup supérieur à son père et
à son frère. Son esprit était capable des plus grandes
pensées ; et c'est son regard pénétrant qui lui- fit
trouver Eugène, à qui il donna toute sa confiance.
Gomme l'empereur était mort sans héritiera, aa suc-
cession échut à son frère Charles. Ici te présentait
encore cette question sur l'équilibre des puissances
de l'Europe , cownfc du temps de Cbariçs-Quint*
£sl*il prudent, que cet empereur Charles, $'H est
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888 septième époque. 464B— 1838.
élu par le» Allemands sous le nom de Charles VI,
règne sur la moitié de l'Europe, comme Charles V,
et que la maison d'Autriche soit si puissante? Car
Charles VI eût possédé la même domination que
Charles V, s'il eût réuni toute l'Autriche à la mo-
narchie espagnole. Une telle puissance parut re-
doutable aux autres états , surtout aux états mari-
times, et ils crurent devoir, en demandant l'élection
de Charles comme empereur, lui contester ensuite
une partie de la succession d'Espagne. Il fut donc
couronné à Francfort, le 22 décembre 1711.
Charles ?I. 1711—1740.
Charles n'avait plus rien en Espagne. Battu plu-
sieurs fois par l'habile Vendôme> général français,
il avait été dépouillé peu à peu de tout le terrain
qu'il occupait De sorte que Philippe Y avait recon-
quis tout son royaume.
Paix d'Utrecht. 1713. — Pendant ce temps-là,
l'Angleterre avait entamé des conférences particu-
lières avec la France, et déjà les conditions cou-
rantes de la paix étaient signées ; de sorte que les
alliés, furent obligés de s'accommoder de conditions
fort peu avantageuses , tant la conduite de l'An-
gleterre à leur égard fut peu honorable. Utrecht lut
choisi pour le lieu des assemblées.
Sur le point capital, la succession d'Espagne, on
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PàlX D UTRECHT lï Dt mASTi»» W9
fut bientôt d'accord malgré les protestations de Vemr
pereur. Philippe V devait avoir l'Espagne et les
Indes, et Charles le reste ; en mène temps Philippe
devait renoncer à tous ses droits à la couronne
de France j afin que jamais les deux couronnes de
France et d'Espagne ne pussent être réunies sur la
même tête»
La France abandonnaàrAngleterrelabaied'Hud-
son et la Nouvelle-Ecosse, et fit en outre démolir
les fortifications de Dunkerque. Elle céda au Portugal
des possessions au sud de Y Amérique ; à la Prusse,
la Gueldre espagnole et les principautés de Neu-
chàtél et de Vaiengin. La France reconnut aussi son
prince comme roi. La Savoie obtint d'importantes
forteresses sur la frontière de France , et comme elle
pouvait aussi faire valoir deà droits à la couronne
d'Espagne , elle reçut en compensation le royaume
de Sicile. La Hollande , qui avait été la plus fidèle
dans l'alliance, et qui , antérieurement, avait refusé
les propositions les plus avantageuses de faire sa
paix particulière avec la France , ne reçut alors que
très peu de chose, fut obligée dé rendre les plus
fortes places conquises, et ne garda qu'une ligne de
places faibles qui lui furent de peu d'utilité.
L'Espagne abandonna aussi à l'Angleterre la placé
forte de Gibraltar et l'île de Minorqué; de sorte
que ce fut F Angleterre qui tira le plus grand profitde
cette guerre.
Paix de Radstadt et de Bade. 1714. — L'empe-
reur et l'empire , abandonnés de leurs alliés , furent
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obligés de traiter seule m de continuer sei*fe la
guerre. Les propositions que leur faisait la France
étaient des plus honteuses. Louis demandait , sanp
doote pour ae montrer généreux envers son alliée
l'électeur de Ba vière^ son entière réintégration dans
ces étate et de plus la cession de* comté* de Bw-
gau et de Nollenbourg, et de l'île de Sardaigne à
titre de royaume : récompense d'un royaume pfour
otluâ qui avait été le fidèle aWié d'un ennemi de
T empire. Souscrira à de pareilles conditions e$t
éké se déshonores* , et k gueiTe recommença , mais
-arec quelles chances ? Eugène, tombé de si haut,
n'ayant plus avec lui qu'une poignée de soldats im-
périaux , fut plus d'une fols hors d'état de défendre
les frontières du Rhin contre toute la puissance de
la France dont les armées étaient commandées par
Villars. Les cercles limitrophes furent de nouveau
pillés , et les importantes place* de Landau et de
Fribourg furent conquises.
Enfin, Eugène et Villars se réunirent, en no-
vembre 1713, dans le château dé Radstadt, et com-
mencèrent des conférences de paix. Ces deux grands
généraux » qui plus d'une fois s'étaient mesurés sur
le champ de bataille > voulurent tous les deux avoir
l'honneur d'être des pacificateurs. Après de grandes
«difficultés vaincues et plu$ d'une, rupture eaustfe
par l'orgueil de Louiç, ils signèrent enfin la paix,
le 7 mars 171à. L'empereur reçut les Pays-Bas e§-
pagoolt, le Afilanajs, 1a Sardaigne, Mantoue et les
: ports de Toscane* kaFrwce rendit, .rowtepjea coa-
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faix d'utrecht SX DE UJTàm. VU
quêtes quelle avait faites sur le Rhin jusqu'à Landau*
JjaBavière et Cologne furent rayées du ban l'empire,
et toutes leurs dépendances et dignités leur furent
restituées.
C'étaient là les conditions principales de la paix}
mais il y eut encore beaucoup d'autres points rel&r
tifs à l'empire germanique spécialement > qui fureot
signés le 7 septembre 1714, à Baden, dans l'Argovifi,
par les commissaires de la paix.
Ainsi , un grand ouragan venait de paaaer sur ace
têtes. Cependant la grande guerre du nord, qui ébran-
lait l'autre partie de l'Europe, le nord «t l'eat^
durait encore. A la vérité, elle ne fut que très pw
âençible à l'Allemagne ; mais le nord de l'Europe fitt
toujours inquiet, jusqu'à la mort du roi de Suède;,
Charles XII, en décembre- 171& Alors elle eub/ua
moment de calme pour se reposer. Louis XIV était
mort auparavant, en< 1715 (*)., ■'
< Suite du règne de Charles VL — Nous avons r*-
(*) U est facile de remarquer que l'auteur ne pardonne pus à tyui» $ty
d'avoir humilié l'empire d'Allemagne; tandis qu'un Français. lui sera toujours
reconnaissant du grand éclat qu'il a-jeté sur notre nation. Sans doute on
peut lui Kprodur de l'orgueil et de l'ambitiea, mais il eut te gntodes
vertus, un grand génie el une grande voloniA Si à Ja; fia de goa jtàgaqil
eut des revers dans la guerre, s'il commit des fautes en politique par présomp-
tion et par zèle pour la cause catholique, H eut l'habileté de les réparer dais
fe traité oVUtraht (ll.de la Hode, JKrt. d« U*tt mv). SI la gttettro
apporta de grands maux sur la. France et sur l'Europe, l'essor qu'A deqpa
au commerce, aux arts, aux sciences, à la civilisation, en fut une belle
- compensation et fit que le siècle de Louis XIV, quoi qu'on en dise, a été 1a
t4«t Wte époque 44 l'hùtoire modem* . 1&T» *»
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SSI septième étoQUB, 4648—1856.
conté avec détail cette dernière et importante guerre ;
parce que la France y perdit sa supériorité , et que
l'Autriche et l'Allemagne y trouvèrent le moment
favorable de reprendre leur ancienne place dans
l'histoire du monde* Comme il était à craindre , de-
puis que Louis XIV avait manifesté des vues de con-
quêtes, qu'un état livré à lui seul- ne pût résister à
toute la puissance de la France, le roi Guillaume
d'Angleterre s'attacha uniquement à mettre une bar-
rière à cette ambition qui se faisait voir , en opposant
les alliances de plusieurs contre un seul; afin que,
dans l'avenir, les seules lois de la justice et de l'équité
pussent gouverner les peuples cotre eux, H fut donc
le fondateur de ce nouveau système politique de
l'équilibre européen, et fut un grand homme, puis-
que avec de petits moyens il a fait de grandes choses ;
car dans la réalité, il a été le bouclier de l'Europe.
Il fondait surtout son espérance pour le maintien
de la paix et de la sécurité sur son alliance avec
l'Autriche; alliance, pour mç servir de l'expression
de l'époque, du plus indépendant protestantisme
avec lé plus légitime catholicisme. Cette alliance a
en effet donné une nouvelle forme à toutes les rela-
tions des différents états européens entre eux. Mais
un des effets les plus apparents a été de faire régner
parmi les peuples des principes de tolérance , de
oonsidéiation réciproque et d'eslime mutuelle ; et c'est
aussi par là que la première moitié du dix-huitième
siècle se fait remarquer, malgré bien des faiblesses.
L'Autriche retrouvait donc ainsi sa place vis-à-vis de
Digitized by
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OURLES VI.
l'Europe : elle était comme la puissance destinée à
établir des, relations entre tous les peuples, et main-
tenir entre eux Tordre et l'union j tandis que vis*
à*vis de l'Allemagne elle était d'autant plus puis-
sante pour relever l'ancienne dignité et l'ancienne
constitution de l'empire allemand/ La gloire et
les acquisitions que lui avait apportées xœtte guerre
qui vient de finir, semblent tout-à-fait une faveur
de la Providence pour confirmer à l'Autriche celte
destination* Elle devint en effet plus puissante
qu'elle n'eût été avec la couronne d'Espagne; car
un tel développement dans la domination, n'est
rien moins qu'une-augmentation de force, comme
nous l'a appris le règne de Charles V* L'Autriche
fut redevable de ce glorieux élan, particulièrement
a\i grand génie d'Eugène et à ce prince qu'elle per*
dit trop tôt , à l'empereur Joseph I, qui se livra
tout entier à cette profonde et grande pensée.
Si l'empereur Charles VI avait eu assez de génie
pour reconnaître la place qu'il était appelé à (ton-»
ner à l'Autriche et à l'Allemagne dans l'histoire
parmi les puissances européennes, place dont il au-
rait pu prendre possession aussitôt , il aurait pu jeter
les fondements d'une paix glorieuse et de longue du-
rée, non seulement pour l'Autriche, mais pour toute
l'Allemagne et pour l'Europe. Le vénérable, l'ancien
empire d'Allemagne, qu\ avait traversé les siècles,
aurait pu alors prendre une nouvelle vie avec une
nouvelle forme; si la pensée d'une alliance euro-*
péenne, qui baserait son système d'équilibre sur les
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septième étoçoK. 4648— 1838.
lois éterneliés de la religion et de la morale, et qui
s'appuierait ainsi sur une protection intérieure et in-
visible, ayait été embrassée par toutes les puissances ;
etsi Y Autricheetl'Allemagneavaientété établies pour
veillera sa conservation. Ces deux puissances, qui ne
peuvent avoir aucunes pensées ambitieuses , n'au-
raient en de force que par une protection équitable
pour la conservation pacifique de ce grand tout; et
alofs on aurait vu ce système d'équilibre , comme
mm puissance invisible , prendre , dans «es temps
modernes , la place qu'avait occupée l'empire et la
souveraineté des papes au moyen âge* •
ibis le génie de Charles, aussi bien que celui de
son siècle, n'était pas capable d'embrasser une aussi
grande pensée et moins, encore de l'exécuter. La
pensée d'équilibre pour les états devint de plus en
jkts matérielle; une estimation exacte des forces
physiques, un uesurage des produits des empires et
mmé supputation du nombre des sujets et des soldats.
Ainsi elle devint un des plus grands maux, qui , «or*
tobde la France et particulièrement de Louis XIV*
sa répaadèrefit dans l'Europe , et fit que les souve*
; ne cherchèrent plus la sécurité de leur inde-
xe et de leur souveraineté là ou elle gît réel*
tament, c'est-à-dire dans l'amour de leurs peuples,
ipais dans le grand nombre de leurs soldais sous les
armes» Toutes les fois qu'un peuple s'arma, son voi*
au» prit aussi les armes, et ce fut presque L'unique
cmkhi dea relations entre peuples ; tandis que les
l^c^ intellectuelles et morales ne furent comptées
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CHARLW VI, SU
pour rien* parce .qu'on ne pouvait les juesyxer.
Une pareille erreur devait entraîner avec aile une
lourde punition. L'intelligence délaissée abondonna
tout cet échafaudage 9 qui avait coûté tant de peines
etq*i ne pouvait subsister que par elle ; et ce système
d'équilibre» après avoir jeté un moment d'éclat sous
Eugène et Guillaume , long-temps chancelant et me-
•açant, n'échappant qu'avec peine tantôt aune ruine,
tantôt à une antre, finit avant la fin du siècle dans
lequel il s'était élevé ; par s'écrouler sur lui-même.
Par suite de ce système et de cette position de la
maison d'Autriche , l'Allemagne se trouva mêlée à
toutes les guerres de la maison d'Autriche ; en outre
elle eut à souffrir de tous les mouvements qui eurent
lieu en Europe , sans aucun bénéfice pour elle» jusqu'à
ce que ce vieil et chancelant édifice de l'empire*
ébranlé par de continuelles secousse^ fut enfin com-
plètement renversé; car dans la yie des peuple*
comme dans celle des individus , il n'y* a point de
temps d'arrêt; il faut toujours marcher en avant si
l'on ne veut reculer, et l'Allemagne venait de refuser
de sang-froid l'occasion de s'élever.
Du reste, les vingt dernières années du règne de
Charles VI, sauf quelques petites^xceptioos, furent
un temps de repos, L'empereur se consacra surtout
à l'administration intérieure de ses grandes et belles
provinces, et ce fut pour elle un bienfait après unp
époque si orageuse. — Comme il n'avait point d'hér
ritier, il avait fait un testament ou une pragmatique-
sanction d'après laquelle toutes ses vastes paittS*
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556 septième époque. 1048—1888.
sions devaient échoir à sa fille , Marie-Thérèse ; son
grand désir était de la voir solennellement reconnue
de tous les états importants de l'Europe, afin d'être
lui-même rassuré contre la division de sa grande
monarchie. Ce fut le grand souci de sa vie, et s'il
parvint, après nombre de tentatives repoussées, à
établir son projet, s'il fit confirmer sa pragmatique*
sanction, ce ne fut rien d'important; puisque cette
pragmatique ne servit qu'à faire connaître l'abus qu'on
ferait du nouveau système politique , et d'ailleurs ne
garantit point sa succession à sa fille contre les atta-
ques de ceux qui prétendaient faire valoir leurs droits
les armes à la main.
L'empereur soutint une guerre de 1733 à 1735 ,
en faveur d'Auguste III de Saxe, qui avait été élu
roi de Pologne, contre la France qui voulait élever
à sa place , sur ce trône, Stanislas Lekzinski, beau-
père de Louis XV. Cette guerre ne fut pas heureuse
pour l'Autriche et l'Allemagne. Par le traité de paix
qui suivit, Auguste III resta bien à la vérité roi de
Pologne , mais pour cela l'Allemagne fut obligée de*
sacrifiera l'avidité de son voisin une nouvelle pro-
vince : la Lorraine fut cédée à Stanislas, et par lui
revint à la France ; et François-Etienne , alors duc
de Lorraine, fut fait grand-duc de Toscane. L'armée
autrichienne n'eut guère plus de succès contre les
Turcs, et, lors de la paix, en 1739, il fallut rendre
l'importante place de Belgrade que le prince Eugène
avait conquise et qui servait de boulevard de ce
côté-là.
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BUmiB-THÉIVÈSE BT FftfoéRIG II. 587
Marie-Thérèse et Frédéric II de Prusse.
L'empereur Charles VI mourut le 26 octobre
1740, et sa fille, Marie-Thérèse, se saisit du gouver-
nement dans tous ses états, en conséquence de la
pragmatique-sanction. Mais aussitôt après arriva à
Vienne un envoyé de l'électeur deBavière , apportant
une déclaration de son maître > par laquelle il disait :
« que l'électeur ne pouvait reconnaître la jeune
reine comme héritière et successeur de son père;
parce que la maison de Bavière avait des droits légiti-
mes à l'héritage de l'Autriche. » 11 fondait ses préten-
tions sur sa descendance de la fille aînée de Ferdi-
nand I, dont là postérité devait rentrer dans ses droits
aujourd'hui qu'il n'y avait plus d'enfants mates dans
la maison d'Autriche. Ce droit évidemment ne pou-
vait être valable qu'au cas où l'empereur n'aurait
pas laissé même de filles ; mais puisqu'il en avait une,
ses droits devaient passer avant tous autres qui ne
viendraient que par les femmes.
Cependant les jurisconsultes de Bavière préten-
dirent justifier les prétentions de leur maître par
plus d'une bonne raison ; mais ce qui porta surtout
l'électeur à cette démarche, ce fut que la France lui
promit en secret son assistance pour le démembre-
ment de l'héritage d'Autriche.
Avant que ce différend n'en vînt à être vidé les
armes à la main 7 il s'éleva contre Marie-Thérèse
un autre ennemi encore bien plus inattendu ; c'était
t. ii, 22
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5*8 sE?TifeMi ÉPOOT*. 4048— 48?fl.
le jeune roi de Prusse, Frédéric II, qui, monté sur le
trône dans la même année 1740, de Jeta tout d'un
coup avec son armée en Silésie et s'en empara.
Qfutett déclaration, qu'il fit publier en même temps,
il finançait de& prétentions sur plusieurs principau-
té de Silésie, «avoir i sur celles de Jcagerndorf >
Uef vafo9 Btieg et Wohlaû j quant au premier pays , ;
U faisait remanier ces droite à un fait antérieur à la
guerre de trente aps, au temps où le margrave d«
Bra^debouig-Jgçgerndorf fut mis au ban de l'empire
çt dépossédé de sa principauté par l'empereur Fer*-,
diuand II> pour avoir fait alliance avec tes Bohé-
miens révoltés. Le roi 4$ Privée prétendait, que.
quand bi*n même la mise du prince au bande Terni-
pifë #ût été légitime, encore #' aurait-il pu que s&*
quedtrerJa prinOipâUté, sans l'arracher à $es parente,
qui u ayai^ot pris aucune part au cri^e, Pour Jes
principautés de lâegnitz, Brieget Wohlau, Frédéric
(aidait r$*£pntër ses droits encore bien plus haut;
savoir à un testament du duc Frédéric de I4eg^
nitz en faveur de Jpaçhim U de Brandebourg, eft
l'apnée 1507. •*— Mais quel travail s'opérait dans
l'âme de ce jeune roi ? quelle pensée le poussait ?
qu'est-ce qui lui mit les armes à la main la pre-
mière année de son règne et lui fit saisir l'occasion
de renouveler d'anciens droits qui, s'il n'avait;
paru lui-même dans le monde, seraient. restés éter-
nellement dans l'oubli ? Il nous le découvre lui-
même en peu de mots. Après avoitf raconté dans
Vhiatohe de la maison de Brandebourg l'élévation
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MlBIE-THinksjE ET PRÉDÊBIÇ II-
de la Prusse en royaume par Frédéric If il s'ex-
prime ainsi à ce sujet ; « C'est un véritable app&
que le roi Frédéric a jeté h tous ses successei^s;
car il semble leur dire X Je vous ai acquis u$
titre , c'est à vous de vous en rendre digne? j j^
jeté les bases de votre grandeur , c'estjà vous d'acte-
ver l'ouvrage. » Cea seuls mots sont pour nous ]§
clef qui nous ouvre les secrets de toute la conduit^,
de Frédéric. Toutes les idées qu'on remarqua. dang
Charlemagne etenfireotun conquérant, toutes çelief
qui entraînèrent Gustave-Adolphe dans des couh
bats où il trouva la mort, vivaient dans lame de
Frédéric. Ainsi donc cette pensée^ qui poussait lç
grand électeur de Prussç à faire de ses états urçfl
puissance indépendante .et qui prît rang parmi Je»
plus grandes de l'Europe, était chez Frédéric JI u^
passion qui le dévorait. Il sç regardait comme i$?
vihciblement destiné à élever son peuple au i#gg
que la force de son esprit lui faisait voir camuse
possible,, à changer, en un mot^ le titre de roi en $#9
puissance royale. Frédéric avait reçu de 1? uatWS
une âme hardie et entreprenante, qui se trouvait gér
née dans une petite enceinte et qui ayaû besoin d'i^
plus vaste champ ; aussi sous le rapport :de L^ctlvit^
Frédéric ne le céderait en rien aux plus gjwds g&
nies de l'histoire; il n'est persqnng qui plup q»p h»
ait dominé sap siècle , personne qui* qçjnu^Jiiij £*
ait été le type. Du reste c'est le caractère ,4» è*w4
homme d'être l'expressioç de §pii çpqgpe., $m ïifêj
fléter, comme un brillant miroir, $#$& biggh JUp
22.
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840 SEPTIEME ÉPOQUE. 1648—1838.
imperfections et les petitesses que les vertus. Il ne
faut donc pas s'étonner si Frédéric , malgré ce ca-
ractère et cette grande âme dont il était doué , ne
peut, en beaucoup de circonstances, soutenir la
comparaison avec l'autre grand homme que nous
ayons rapproché de lui; si même il paraît petit,
dans certaines circonstances où , dans un temps
ordinaire, il eût passé pour très sage ; il ne faut pas
non plus s'étonner si les maux qu'a soufferts la patrie
lui arrachent des plaintes contré son grand roi.
Une intelligence petite et jalouse, ennemie de ce
qui vient de l'étranger et toute restreinte, non plus
qu'un esprit insolent, enthousiaste de l'antiquité ,
foulant aux pieds les choses sacrées, ne peuvent ni
produire ni conserver la perfection. Et cette consi-
dération nous portera bien plutôt à déplorer qu'un
génie si extraordinaire n'ait pas été produit dans
un temps plus éclairé. — Quand Frédéric-Guillaume I
mourut, le 21 mai 1740, Frédéric n'avait que vingt-
huit ans; mais son esprit essentiellement actif, ex-
cité encore par son application aux sciences et par
ses relations avec les savants , était formé aux tra-
vaux les plus sérieux de l'intelligence. L'étude de
rhistoire avait porté sa vue bien au-delà des bornes
du présent; elle lui avait inspiré de hautes idées
de la dignité d'un roi , et son début prouva qu'il
ferait des efforts pour les réaliser. On sut bientôt
qu'il était résolu h gouverner par lui-même ; son ac-
tivité dans la conduite des affaires , son attention
portée surtout sur les petites choses comme sur les
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MARIE-THÉRÈSE ET FRÉDÉRIC II. 541
grandes , ses veilles , son abstinence des plaisirs , la
se\ère division de ses heures de manière qu'il n'y
en eût pas une seule perdue dans l'oisiveté y tout en
lui était propre à frapper d'étonnement ces hommes
de cour qui n 'étaient pas habitués à voir les souve-
rains s'imposer de pareils sacrifices, celui même
de la santé, pour le gouvernement de leurs états. L'im-
pression extraordinaire qu'on en éprouvait. est très
bien peinte dans un rapport d'un ambassadeur à sa
cour. « Pour vous donner une idéeexacte du nouveau
gouvernement, y dit-il, il suffit de dire que le roi
fait absolument tout et que son premier ministrq
n'a rien à faire; si ce n'est de lui expédier directe-^
ment les ordres qui lui arrivent, sans qu'il ait aucun
compte à rendre. Malheureusement, il n'y" a per-
sonne auprès du roi qui possède toute sa confiance
et dont on puisse se servir pour faire avec succès
lés intrigues nécessaires; aussi un ambassadeur est-il
plus, embarrassé ici qu'à toute autre cour » . En effet ,
l'art apporté de France en Europe et qui empoison-
nait toutes les relations des souverains entre eux,
l'art de découvrir, avant qu'ils aient été mûris , tous
les projets des cours étrangères par des espionnages
et des corruptions, ne pouvait être mis en usage
auprès de Frédéric II ; car il pesait tout en silence
dans son âme, et le moment de l'exécution était
celui de la manifestation de son projet.
C'est ainsi qu'eut lieu son invasion dans une des
provinces autrichiennes à la mort de l'empereur
Charles I. On remarqua bien des préparatifs; mais il
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$45 StPTlfeME ÉPOQUE. 1648 — 1858.
h'en avait pas beaucoup à faire, parce que Tordre
et Féconomiedu roi Frédéric-Guillaume avaient laissé
à Son fils une très belle armée de quatre-vingt mille
hommes et plus de huit millions d'écus au trésor ; du
reste tout marcha avec si peu de bruit et si secrète-
aient que personne ne put pénétrer le vrai dessein
dli jeu né roi. Habîtuellement , avant <F entreprendre
ûîi'è guerre, on s'occupe de trouver des alliés parmi
les autres puissances ; mais ici Frédéric ne parla a
rfllcun ambassadeur et ne fit alliance avec aucun.' It
dàvaH bien que le secours le plus sûr sur lequel on
fuisse compter, c'est soi-même. Aussi comptait-il sur
la célérité de son armée comme sur cette activité qui
lie l'abandonna pas de, toute sa vie. « Le roi veut-il
voyager, raconte Pambassadeur étranger dont nous
Svohs parlé, il à coutume de n'en instruire ceux qui
doivent l'accompagner que quelques heures avant
sdn départ , et il se trouve prêt avant qu'aucune cour,
aucun' conrlïsan même puisse le savoir ; les généraux,
pririceset aides-de-camp qui l'accompagnent en sont
seuls informés. » C'est ainsi que, par sa célérité, i{
multiplier la force de ses états et suppléer au défaut
des masses.
Guerre do la succession d'Autriche. 1740—1748.
Première guerre en Silésîe. 1740-1742. — L'em-
pereur Charles Vl était mort le $0 octobre 1740;
et lé 13 décembre de la même année Frédéric îl
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GUERRE M Lk 6UCCES8Î05 0 AUTRICHE, 3*5
entrait en Silésie. En même tertips qfle son ar m*
paraissait dans ce pays, son ambassadeur présentait
à la cour deVîennë une demande d'accommodement
Frédéric offrait à la reine de Hongrie , si elle voulait
faire un abandon à l'amiable des principautés de là
Silésie , son assistance pour la soumission des autres
provinces et sa voix pour son mari, François-Etienne
de Toscane, au collège électoral; maisses propositions
fhrent re jetées à Vienne. Le peu de troupes autri^
chiennes qui se trouvaient en Silésie furent bientét
chassées; les places fortes seules firent quelque ré-
sistance et elles furent assiégées. Le printemps qui
approchait devait décider si ee pays, si facilement
conquis , serait au&si conserva en présence df ùriè àr-
tnèe autrichienne. Le fel d- maréchal de Neuperg,
général formé à l'école d'Eugène, conduirait l'expé-
dition chargée de reconquérir la Silésie} et kp
jeunes soldats prussiens , qui ne connaissaient ^nootffe
que. les exercices de la guerre sans avoir épW>ti\né
fies rigueurs , fee trouvaient en fafcè des guerriers qtii
certainement devaient être rangés parmi les meilleurs
dfe l'Europe: Mais les premiers essais des armes pruss-
iennes les couvrirent de gloire* Dans la nuit du
$ maris, le prince héritier de Dessau escalada et èih~
porta d'assaut la citadelle de Glogau ; et le 40 avril
le roi avefc son principal corps d'armée tomba, prôs
deWolwftz, sur les Àutriëhiens qui ne Pattendaiedt
pas. Toutefois ils eurent le temps de se ranger. La
bataille se donna à deux heures de raprès^midi. Elle
fut long-temps indécise , parce que la cavalerie a$-
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844 sixième époque. 1648—18*8.
frichienne combattit avec la plus grande valeur ;
*Ue força l'aile droite des Prussiens à se replier sur
le centre, poussa jusqu'aux batteries, dont elle enleva
les canonniers de dessus les pièces et les tourna con-
tre les Prussiens eux-mêmes. Le roi , qui alors pour
la première fois voyait dans la guerre ce qu'elle a de
terrible, perdait déj^ courage ; mais l'habile feid-
marécbal Schwérin , qui regardait tout avec sang-
froid et comptait toujours sur la variété des chances
de la guerre , lui persuada de se retirer sur le corps
d'armée que commandait le duc de Holstein Beck ;
afin, disait-il, de pouvoir avec lui soutenir la
retraite en cas de besoin. Après avoir long-temps
hésité le roi se décida enfin quand il vit le jour
tomber; il parlit avec toute sa suite et se dirigea
vers la petite ville d'Oppeln. Il la croyait occupée
par les Prussiens , mais ils avaient été chassés la
veille, et quand au gui vive ? ils eurent répondu
Prussiens , ils furent salués d'une déchargea travers
les barreaux ; alors le roi se hâta de gagner la petite
ville de Lœwen : il dut à l'obscurité de n'être pas
pris. 11 avait à peine quitté le champ de bataille que
déjà la fortune avait changé en faveur des Prussiens.
Lefeld-maréchal Schwérin l'avait forcée de se décla-
rer pour son roi par une attaque habile sur le flanc
de l'ennemi , soutenue d'un feu nourri comme les
Autrichiens n'étaient pas accoutumés, d'en essuyer.
Le roi reçut cette heureuse nouvelle le matin à
Lœwen et se bâta d'aller porter ses félicitations à son
général et à se$ guerriers.
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GUERRE DE LÀ SUCCESSION D* AU TRICHE. 345
Une victoire si sanglante et si chèrement achetée
attira les yeux de tous les contemporains sur le jeune
roi ; et cette entreprise fut alors approuvée , comme
par la décision du sort , à cause du succès; car les
hommes n'ont guère d'autre moyen de juger les évé-
nements. Frédéric eut-il été malheureux , mille voix
se seraient élevées pour le blâmer et le mépriser
comme un fou dont les entreprises n'étaient point *
méditées et point mesurées sur ses forces } car tel a
été le jugement porté sur le prince de Bavière, ,
Charles- Albert , qui se leva comme Frédéric et vou-
lut saisir une couronne royale ou même* impériale.
Et dans le fait, la force qui ose tenter l'extraordi-
naire sur le grand théâtre du monde n'est éprouvée
que par l'exécution. * .. -
% Coalition de la France, la Prusse, l'Espagne, la
Bavièreet la Saxe contre F Autriche. — Le peu de succès
désarmés autrichiennes en Silésie encouragea le gou-
vernement français à profiter du moment pour arriver
au démembrement des états autrichiens. Le cardinal
de Fteury qui gouvernait alors en France eUrouvait
alors dans le maréchal de Bellt-Isle un diplomate
adroit, réussit à conclure dans cette fipfine alliance
entre la France, la Prusse, l'Espagne, la Bavière et
la Saxe; car l'électeur de Saxe, bien qu'il fût'roi de
Pologne, mettait en avant des droits sur l'héritage
d'Autriche, qui vepaient jl'oin précédent mariage de
la maison de Saxe ; et l'Espagne voulait s'approprier
ses duchés de Parme et de Plaisance. Du reste le
plan de la coalition était d'élever le prince électeur
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846 septième époque. 4648— 1838.
de fiavière, Charles-Albert, à la dignité impériale ;
et bîen que le prince dans le principe n'osât pas éle-
ver ses prétentions jusqu'à une place si importante ;
il finit par se déclarer prêt à en soutenir le poids.
Le choix devait se faire à Francfort.
En conséquence, deux armées françaises passèrent
ïe Rhin en 1741 : Tune marcha contre Jes frontières
du Hanovre, et enleva ainsi à Marie-Thérèse le seul
allié qui lui restât ; carie roi d'Angleterre, Georges II,
craignant pour son électoral du Hanovre, fit un ac-
commodement par lequel il s'engageait a neprendre
aucune part dans la guerre. L'autre armée française
marcha droit sur l'Autriche et se réunit au mois de
septembre à celle de l'électeur de Bavière. Ce prince
qui,, dès le mois de juin , s'était emparé par surprime
de l'importante ville de Braunau, sur la frontière, np •
balança plus alors à se porter sur Linz et à s'y faire
prêter le serment de fidélité, comme duc héritier
d'Autriche. La capitale, Vienne, était dans l'effroi)
et ce qgt s'y trouvait de plus précieux fut trans-
porté à" Presbour^ en Hongrie; car déjà l'électeur
n'élait qu'à trois jours de marche. Mais tout d'un
coupy lorsqu'on y songeait le moins, il se détourna
et marcha en Bohême. Toule l'Europe s'en étonna j
car par la perte de Vienne Marie-Thérèse semblait
devoir tout perdre, d'autant plus qu'elle n'ayaït
aucune armée à lui opposer. Mais ce fut sa jalousie
pour les Saxons qui fit changer l'électeur de route
et l'arracha du cœur de l' Au! riche. Une armée
saxonne était entrée en Bohême ; Charles- Albert,
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GUEREE, Dm LA SUCCESSION D AUTRICHE. 84f
qui roulait posséder ce pays et craignait que lëS
Saxons ne s'en saisissent, préféra abandonner Vienne
pour le moment ,- et aller faire là conquête de là
Bohême. *Ii marcha donc sur Prague, et fut $î bîett
servi par la fortune, que cette importante ville fot
surprise et tomba en son pouvoir presque San* té^
tisiance ) le 29 novembre. Bientôt aprè$ il êe fit
déclarer rai àè Bùhêtne et prêter Serment par le*
différents élats civils et militaires. De là il s'avartçfc
mr M a nh eh», pour s'approcher dulieti des élection*
La maison de Bavière semblait alors jirehdfe tiûé
brillante marche de prospérité* l
Cktrles ttt èn^ereur d'Allemagne. 4742—1146. !
' Ohàrlës- Albert réussît dans ses projets sur la cou-
ronne impériale ; il fut élu à Francfort, le 22 jan-
vier 17&2, protégé par la France et la Prusse; mais
son règhe fut court et bien agité. Il commença sous
des auspices teut-à- fait mauvais; car le jour ttiémê
que Charles était couronné empereur à Francfort ^
le générai autrichien , Bœrenklau, prenait Munich ,
sa capitale. v
Marie-Thérèse n'était redevable de cet heureux
changement de fortune, qu'à la seule énergie dé soil
ftme. Elle connaissait parfaitement ce qui fait la force
d'un souverain, et elle en tira habilement parti".
Elle sut exciter l'amour et l'enthousiasmé du peuplé
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W8 SEPTibMB époque. 4648—4858.
qui lui était resté fidèle au plus haiit degré j et cet
enthousiasme du peuple la sauva. Elle convoqua
une grande diète des Hongrois à Presboùrg, en au-
tomne 17^2. Là, cet{e princesse, pressée* accablée
par de puissants ennemis , avec son fils encore à la
mamelle dans ses bras (ce fut depuis Joseph II), se
présenta an milieu de celte assemblée d'hommes, et
s 'adressant à tous les représentants du peuple hon-
grois avec des yeux remplis de larmes, qui donnaient
à ses charmes et à sa dignité une expression irrésis-
tible, elle s'écria : « C'est à votre valeur, à votre hé-
roïque fidélité, que nous nous abandonnons nous et
notre enfant ; nous mettons toute notre confiance
en vous seuls. » À ces mots, ces guerriers Hongrois
s'écrient avec enthousiasme, « Mourons pour notre
reine Marie-Thérèse; notre vie, notre sang sont à
elle ! » Bientôt quinze mille nobles sont à cheval et
sous les armes i et rassemblent des troupes de tous
côtés, en Croatie, en» Sclavonie, en Valachie, aussi
bien que dans l'Autriche et le Tyrol. Ce que des
ordres n'auraient pu obtenir qu'après de longs délais
fut exécuté avec joie et amour dans quelques se-
maines. En six jours l'Autriche septentrionale fut
délivrée de ses ennemis; puis l'armée victorieuse
entra en Bavière et emporta d'assaut la capitale;
le nouvel empereur fut obligé de faire sa résidence
loin de ses propres états, à Francfort.
Bataille de. Czasiau, le 17 mai 1742. — Sur un
autre point, la fortune n'était pas aussi. favorable.
Le princedbarles de Lorraine avait Vécu du conseil
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GUEltRE DE LA SUCCESSION d'aUTBICBE. 349
de guerre de Vienne , Tordre de livrer bataille à
l'armée prussienne, afin d'arrêter, par une bataille
heureuse, les succès de Frédéric II qui se maintenait
toujours en possession du beau pays de Silésie, et s'a-
vançait même en Moravie. Il le suivit en Bohême, et
ils se rencontrèrent tous Jesdeux à Czaslau. Les forces
étaient à peu près égales, la position de chacune des
deux armées avait $çs avantages et ses désavantages;
aussi des deux côtés leschances furent long-temps va-
riées ; si dans un endroit on attaquait avec violence et
fureur, dans un autre w se tenait sur la défensive et
Ton combattait avec tiédeur; la fortune pencha
tantôt d'un côté , tantôt d'un autre, jusqu'à ce que
le roi , qui déjà commençait à avoir ce coup d'oeil
d'un grand général, fît à propos et en diligence occu-
per une hauteur abandonnée et de là vint tomber
sur le flanc des Autrichiens. Cette manœuvre" jointe
au désordre qu'occasiona le pillage du camp prussien
par la cavalerie autrichienne, décida de la journée ;
Charles fit sonner la retraite. Cependant la perte
fut à peu près égale des deux côtés, et une capture
de dix-huit canons fut pour les Prussiens le seul
trophée de victoire. Les suites de cette bataille furent
plus importantes que la bataille elle-même: Elle mit
à maturité un projet bien dur pour Marie-Thérèse ,
celui d'abandonner au jeune vainqueur, favori delà
fortune, ses cçnquétes j et il ne demandait rien de
plus. On tint donc en diligence des conférences de
paix, le 11 juin , les conditions furent signées
àBreslau, et le 28 la paix définitive fut signée à
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$$ $|i>tiekb t*qqu*> 4648—4858.
I&rJm, L# poi c^tiut la haute et la basse SU&iç et I#
cçmléàe Çflaaç, excepte les villes de l>oppau, Jœ-
gftocforf, $t les montagnes de Silésie de Vautre coté
«fel'Qppa, Mais, pour cela, il eut à payer i,7QÔ,0Q9
é#us aux Anglais ^ qui avaicat kypotk&fue mt hi
detegatrte de iananrto é'Artifche. 1X4^-4744.
^ JMfcr&4'uii tel ennemi, ^sAulricèu*«$ pure**
t^fim§r toutes kurs forcée contre tes Français ^ tisai
Bavarois* #ar le* Saxons, à l'exemple des Prussisnv
sf étalent wtir^s de Aa guerre. L'ar4»e'e française était
tyujçurs m* B0fcé«ie, et tawU Prague en aa posses-
sif le priboe ds Lorauae mareh* contre elle &t;
«riffe* & yilta Bbiptôt la disette &t m plus ha*
4figté* wfe eï& pesait surtout ^r tes citoyftfesî pstc
tfMIWWf çpaneillcss ^aœo»staneeales hotau*es4W*
*$$& *ayf rijfc se pwcurer des vivrez par la forse. Quand
tpgt fut ooftÇQiiim^ quand mille victfcues eurent $uot
tombé) qu^fitdJa Ville t>e ressemblait plus qu'à un vaste
W^t^,^r§femar<lplialdeBelle4sle sedé;Ula& m
&®®$*to4m<$* Il prit ce qu'il y avait de plus vajéd»
d$$ Ja l^rpispa , eaviroa quatorze mille heœt&tts,,
^audûnpa layUJele £7<&çemhre 4742* efcpar YUvw
fe plu* nide 9 à «travers les montagnes , les oUemias
impraticables çt les fondrières cachées par la neige*,
ttarunt 91* route, sa dirigeant sur rJEger,.uù il arriva
9&k99imjwm(te mayrcJKsuMais, pendant ceaouae
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GUERBE DE LA SUCCESSION d'àUTRICHB. Z&\
jours, il avait perdu quatre mille hommes, sans
compter ceux qui restèrent et moururent dansPrague.
Ainsi finit la domination française en Bohême ; et
Fçinpereur Charles VI n'était pas plus heureux quç *
ses alliés. Pendant que les Autrichiens portaient,
toutes leurs forces sur Ici Bohême, il avait à la vé-*
rite pris possession de toute la Bavière et était entré
dans sa capitale dans l'automne; mais dès le prin-
temps suivant il fut obligé de l'abandonner comme
un fugitif et de revenir de nouveau s'établir à Franc-
fort ; tandis qu\iue a dtninistratiop autrichienne était
organisée en Bavière. l
Pâjjs cette année 1743, TÀpgleterre prit apssi unç
part active contre la France : elle détruisît sa
marine, lui enleva ses colonies^ et en même temps1,
le roi George II arriva en Allemagne à la tête d'une
armée composée d'Anglais, de Hahovriens etdelïes-
sois? battit les Français près de Dettingen, le £7 juin,/
et les chassa de Fautre côté du Rhin. Plus tard la
cour de Vienne réussit à gagner le ministre jle
Saxe j Bruhl , qui était tout puissant, sur l'esprit du
roi, et par lui*on parvint à faire une alliance entre
la Saxe et Marie-Thérèse. La fortune avait couronné,
sa fermeté et ramené la victoire de son coté, et la
seule perte dont elle eut à souffrir était celle de la
Silésie; mais elle espérait bien ou la reprendre ou
la compenser par une autre acquisition*
Deuxième guerre de Silésie. ilUk — 1745. — Ce-
pendant le roi de Prusse ne vit pas sans inquiétude
ces succès de l'Autriche et surtout son alliance avec,
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352 septième époque* 4648—1838.
le roi de Saxe ; combien en effet ne leur était-il pas fa-
cile de tourner leurs armes contre lui, s'ils Tenaient à
n'être pas trop occupés avec la France et la Bavière*
Peut-être aussi crut-il qu'il était indigne de lui de
laisser succomber un empereur de son choix. Dès
lors les pressantes sollicitations de Charles VII fu-
rent accueillies j il se prépara en toute hâte à de nou-
veaux combats, et, l'an 17Û&, il entra en campagne
avec cent mille hommes de troupes impériales auxi-
liaires, comme il les appelait, pénétra en Bohême* et
prit Prague ; mais le duc de Lorraine vint à sa ren-
contre avec une armée nombreuse» le força d'aban-
donner la Bohême et de se replier en Silésie. Gefut
pour le roi une mauvaise campagne ; car il perdit
beaucoup d'hommes, beaucoup de provisions, épuisa
son trésor, apprit è ses dépens que les Français
étaient de mauvais alliés, et perdit l'empereur Char-
les VII, qui mourut tout d'un coup , le 20 janvier
i7£5.
Le secours de Frédéric ne put que donner à l'em-
pereur la consolation de mourir dans son palais à
Munich; il venait de rentrer pour la troisième
fois dans cette ville, et sitôt après sa mort elle re-
tomba au pouvoir de l'ennemi. Sa mort enlevait aux
Français leur principal motif de prendre part à cette
guerre, et Frédéric se vit ainsi sans alliés. Cependant
Marie-Thérèse disait publiquement que la Silésie
allait revenir à la maison d'Autriche, puisque le roi
de Prusse avait rompu la paix de Berlin. La haute
Silésie était inondée de troupes autrichiennes, plu-
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GUEULE DE IA SUCC3§gO$ d'àUI^ICHE. 55ft
sieprs places forfceMttaieht tombées entre leurs mains,
~*~* et il fallait toutô^la fowifr4'Ame de Frédéric pour ne
pas se laisse? abattre*; mai* lui, plein de confiance
^ en son, artfftfe et en saiortune, il attaqua le prince de
■Lorraine, le 4 juiû,' à Hohenfriedberg. Cç prince ne
^'attendait point à une si prompte aJJtaqueet n était
point prêt ; à neuf heurgs dfe*ag£in la victoire était
décidée„po&£ le roi de Prusse. L&JSilësie fut ainsi
sauvée., et les Autrichiens se Jbâtèrent de îentreiwen
Bohême.- % . * „ .
i L'année suivante ils revinrent: le prince de Lor-
raine , à la tête d^quaraftte mille hommes , avaitprdre
-de livrer bataille ; et, en effet, il surprit Je roî, qui"
n'avait que dix-huit mille hommes^, auprès de ^or^
$mj il était campée C'était un combat dangereux pour .
ujie si petite troupe ; il duïe'binq heures et fut ce-
pendant à son avantage. Lq général autrichien fit de .
grossières fautes , tandis que déJJr les généraux que t
Frédéric avait à son service étaient- desjnaîtres. L'un
d'eux , qujHÎevirit plus tard si célèbre^ le prince Fer-
dinand de Brunswick , emporta une hauteur impor-
tante que, par un singulier hasard ,'son frère Louis'
défendait avec les Autrichiens.
Cette victoire n'avait pourtant pas écarté tous les
dangers ; on ayait formé le proje* ;dfenyoyer , en
toute célérité, uiàe armée autrichienne réunie aux*
Saxons droit à Berlin, pour forcer le roi, par la perte
de sa capitale, à rçndre la Silésie ; la Saxe espérait
même acquérir ainsi le duché de- Magflebourg. Mais
dès que Frédéric s'aperçut de ce jaou vement, il ras-
t. ù. *' 23 :
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tU StFîltME ÉPOQUE. 4648-^18tt*
sembla son année et passa en Lusaee. Le vieux dwe
de Dessau reçut ordre en même temps de rassembler
aussi lui une armée auprès de Halle , d'entrer
dan» l'électorat et de marcher droit sur Dresde. 11
rencontra les Saxons et une partie de Tannée autrn
èhienne sur des hauteurs, près du village de Kessels-
iorf, les attaqua le 15 décembre, et remporta sur eux
la victoire malgré l'avantage de leur position. Cette
bataille valut au roi la capitale, Dresde, où il fit
son entrée le 18 décembre, et déplus la paix deDresdej
qui termina la deuxième guerre de Silésie et confirma
les Prussiens dans leurs possessions.
François I*» élu empereur. 1745—1765.
y Marie-Thérèse, dès le. commencement de Pan née
HUb, avait fait avec le fils de Pemperfei» Charles VII
une paix à Ftfssen , par laquelle Maximili en- Joseph
reprenait 90n électoral; mais eh compensation re-
nonçait pour lui et pour sa postérité à la euocessibiï
d'Autriche. Il promettait de plus dé donner sa voix
mi grand*duc François de Toscane , Tépotix de
Marie-Thérèse ; et eomtfie alors il réunissait en sa
faveur les voix de tous les autres électeurs , excepté
0*1 les du prince palatift et de Frédéric 11^ Fk*an-
$ois I lut élu à Francfort j le 15 septembre 17Ô5, et
couronné le A octobre.
Paix d*Ai*4a*Ghapelle. -17&& — La guerre coeh
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NOtJVBLtKS FEJtMEK*ÀTl0*S. 5W
tèruia encore quelques mutées ave© te Feanee , mai*
£as à IVvst&tage de l'Autriche} c*r dapufe <juë le
maréchal de Saxe coftnuandatt Famée ïsswçafoe, il
•faisait tous W joure <fe nouvelles conquêtes «kas* lei
#ays-Ba«j et ,: daw Vannée 1746* ilbattitde«rfoîAi«
Awtrichfena, à Fenftentey et Raucour, et &Và>pa&
«orç seulement des Pays-Baj-art triebisra , matts attfsi
<fe te Flandte hollandaise. Geë événements f*w*
tèeent ii la paix avtc d'autant plusde forcée* ïç$
«fcvoyéfe s'assemblera** à Àix au me4e d'avril A3ft&
€>n s'^iï occupa pendant tout Tête' et dl^ fat art^Wè
te 1S octobre/ LT Autriche eéd* qaflèfues province
•&> Italie à dos Philippe, le plus jéuï*e;fîte dttïfti
tFJËsp&gwe ;la Fitiôoe-, pemi taiït de sa «g, et dfc #afe
f^otfigo^» dans cette- giterrf, ne neçut atteurf dédom-
magement , et la maison d'A«tri(?fae,(jaKe4l0V(nilail
ruine* 4e ftmd en comble, se tr&utaî* de a&weittt
itfb&oie et eu possession de 1» dignité impériale.
?> îlômèbt der^fcaae-dé 17i4^i75&^yespRt* de
ittiifî âtis qui suivit la pai* d'Aix jusqu'à de que life
nouveaux orages vinssent éclater sur WSuropey n* K
laissa pas les peuples sentir avec sée*rité et certèf
tede tout leur Men-rêtre. Lés esprits étaîerit tefcjotirfc
tokjiïtets et effrayas par l'attend cte nouwHes ôër
boubses; c&* il éfaait trop évident que ta* j^fa&étâb
fcsfligérautes fi^vaient point encore ttv&fé &ëqtà*
ifl&ey et qtrë cfe n'était q«'uu tempe tfhtràt poer *#-
*ëbtï«&ettôer biewtôt une nowelie lutte* La .fëiàtf ne
îpbttvaits- empêcher de Wîgrettar >k€KM4é^et *lteëti
fetfait cf a«âè« ptua vitetritttt ï* perte <^rètte &*&t
23.
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886 septième époque. 1648—1838.
que le roi de Prusse , par une administration bien
réglée, avait doublé les revenus de ce hem pays; et
Frédéric était trop clairvoyant pour ne pas voir une
troisième guerre comme inévitable. La plus grande
agitation régnait aussi parmi toutes les puissances
de l'Europe; elles faisaient des alliances, cher-
chaient des amis de tous côtés et faisaient dès pré-
paratifs sur terre et sur mer. L'Europe était parta-
gée en deux parties , la France , la Suède et la Prusse
d'un côté, l'Autriche, l'Angleterre et la Saxe de
l'autre : les autres puissances ne s'étaient pas encore
prononcées , mais leur alliance était recherchée ins-
tamment par les deux partis. Marie-Thérèse jeta
d'abord les yeux sur la puissance russe , dont l'im-
pératrice Elisabeth ne paraissait pas éloignée de
Tidée de ^replonger son audacieux voisin dans son
ancienne obscurité ; et toutes les deux contractèrent
une alliance par l'entremise du grand chancelier
Bestuschef, tout puissant à la cour de Russie et
ennemi personnel du roi de Prusse, parce que ce
prince n'avait pas su se plier à sa cupidité. Pour
porter la Russie encore plus activement contre la
Prusse, l'Angleterre employa son or auprès du
grand-chancelier et peu s'en fallut que la guerre ne
se déclara dèslors. Georges II d'Angleterre la désirait
d'autant plus, qu'il espérait parla voir son électorat
de Hanovre à l'abri ; car, si la Prusse s'était unie contre
lui à la France , ces deux puissances n'auraient pas
manqué de l'envahir pendant qu'il étaitoccupéà faire
desconquétes dans le nouveau monde. Quant à Marie*
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Nouvelles FisftMEimYioift. WT
Thérèse, elle voyait cet orage gronder sur le nord
avec espérance et complaisance; car elle comptait
sur une occasion de reconquérir la Silésie. C'était
le temps dune diplomatie habile et raffinés qrîo*
appelait sagesse d'état : époque de bassesses, qui éta-
blissait entre les souverains des relations fausses et
artificieuses, mais n'inspirait jamais de grandis
pensées. Sans doute Frédéric sut calculer, suivant
le génie de ses contemporains ; mais il fut bien su*
périeur aux autres, parce que, sentant ses forces et
ses ressources , il ne compta que sur lui-même et sur
son peuple : les autres cherchaient plutôt des se-
cours extérieurs et se trompaient. Le calcul de Fré-
déric était plus simple et il le conduisit plus sûre-
ment'à son but. Aussi le voit-On ici prendre la ré-
solution la plus inattendue. La France ne l'aidait
que bien tièdement, paralysée par sa politique; de
sorte que, dans les deux guerres de Silésie qu'il avait
soutenues, sa protection avait été presque nulle;
Frédéric, pesant donc la juste valeur de son amitié, se
tourna tout d'un coup vers l'Angleterre , qui était
puissante et audacieuse autant qu'entreprenante, et
il lui demanda son alliance ; et le peuple anglais,
qui aimé par-dessus tout ce qui a un air de jeunesse
et de vigueur, accepta volontiers. Jamais peut-être
en Angleterre une alliance ne fut reçue avec plus
d'enthousiasme que celle-ci. Ces deux peuples , qui
ne pouvaient devenir dangereux l'un à l'autre dans
leurs efforts essentiels , avaient besoin d'un mutuel
secours contre leurs ennemis et en même temps
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3W sEvtmbm *fo*i?e* i64y8-r-i858.
dHuie donfiôtide réciproque , ,pqur que J^AngtotaTt
n'efif ptws de craintes au sujet du Hanovre. TelW
est la base de l'alliance eatre l'Angleterre et la Prusse,
dont la^séeuri té s'appuya sur la sy ttpathie des deux
pcfepfep : saetmié naturelle , ou poivrait dire plu*
.aère que. colle qui repose sur h sKplw^ti&r XJq
ekangejnerit en apéra un autre djutf tous lgs ?*$-
|m**3 européens : 1a Prti&se tétait séparée 4p la
Firaroe* et l'Angleterre de l'Autriche i4or«^ flpijims
pur no jeu bfaarra du sort, la France et l'AutricJ^ ,
«miemws depuis trois siècles , se virent, à leur grand
étaitnemeiit, très rapprochées et presque forcées de
se tlonaatr lf> main. C'était une moquerie des règles
4e calcul Wnues jusqu'alors pour irréfragables,
Heureusement pour l' Autriche , elle avait, dam son
çreinîerhomm^d'état, le prince JK^unita^et dans
mu krçpératriee MarierThérè$e,deux esprits qui $air
tarent tout de énite leur nouvelle position et ne se
laissèrent fias arrêter par dos habitudes. Ils recfreiv
xihère»t donc l'alliance 4e la France et l'obtinrent.
iLetnailé fnt signé à Versailles f le 1er mai i75jS$ et
tœlui de l'Angleterre et de la Prusse avait été sigrçé
h Weafcmlnete? m mois de janvier de la même animée.
- L eleoteur de Saxfe, roi de Pologne, sous le nom
^Auguste III, était entièrement oonduit par son mi-
©latre^ le comte de Bruhl. A la vérité ce prince ai-
o^ait à mener une vie molle et voluptueuse;' mais
«on nrinisTre, qui de page s'était élevé à la dignité de
iminiafae dTétat* sans aucun véritable service, était
de projets cachés} il haïssait Frédéric,, qui le
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méprisait, et s'unit pu prince d^&aunitz pour la pertp
lie la Pnwe ^ et tous tes 4eux trouvèrent en Russie # (
daoa Bôôtuschef , un troisième associe. L'impératrice
elle-m&ne, Elisabeth, était personnellement en$er
raie 4e Frédéric; parce que sa satire ne l'avait pas
épargnée, et que des esprits malveillants lui avaient
rapporté les propos et les poésies du roi.
Quant à la Suède, elle était alors tellement attachée
à la France , qu'elle en suivait pas à pas toutes les
traces, et que le roi de Prusse dut s'attendre à avoir
contre lui ce peuple si honorable^ si on en vçpait
à une guerre générale.
Ainsi l'Autriche, la Russie, la France, la Suède,
la Saxe se trouvaient réunies coptre un seul roi, dont
les états ne contenaient pas cinq millions d'hommes,
privé de secours étangers, si ce n'est de l'Angleterre,
qui 2 dans une guerre continentale, n'était pas de
grande ressource. Aussi les trois ministres n'avaïent-
ils aucun doute sur le sort de la Silésie, et déjà, dans
leur pensée , l'audacieux et entreprenant monarque
était- il réduit à son seul duché de Brandebourg ; seu-
lement ils avaient oublié de faire entrer dans leurs
comptes la force du génie dont ce prince était doué, et
les prodiges que peut opérer un peuple fier et con-
fiant, enthousiasmé par son roi. Frédéric fut bien-
tôt instruit de ce$ projets par un secrétaire de Saxe
qu'il avait gagné et qui tenait tous les écrits et traités
faits entre les cours de Yienne, Saint-Pétersbourg et
I)resde , et par làjput voir quels orages s'amassaient sur
sa têle. Dans une telle position , il eut recours aux
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%6Ô septième époque. i648-*1838.
moyens extraordinaires que lui suggéra son fttoe au-
dacieuse. Loin donc de perdre le temps à se préparer
pour attendre le danger, il s'y jeta en furieux ; car,
quel que fût le malheur qui lui arrivât alors et pen-
dant son entreprise , il devait être encore moindre
que celui qu'il apercevait dans le lointain.
Guerre de sept an*. i756— 1765.
Frédéric fit ses préparatifs de campagne si secrè-
tement et si inaperçu, que personne ne put deviner
sa pensée ; et tout d'un coup, au mois d'août 1756,
avant la moisson, soixante-dix mille Prussiens entrè-
rent en Saxe, demandantun libre passage en Bohême.
Le dessein du roi n'était pas tant d^agir en ennemi
contre les Saxons que de les forcer par une entre-
prise hardie à s'unir avec lui, comme avait fait Gus-
tave-Adolphe ; car pour attaquer la Bohême avec
succès, comme il l'espérait, il fallait auparavant être
sûr de la Saxe et s'en servir comme point d'appui. H
chercha donc, par toutes espèces de moyens, par ses
ambassadeurs et par ses lettres , à entraîner Au-
guste III dans son alliance; mais quand il vit qu'il
n'y pouvait réussir et que le comte de Bruhl se con-
tentait de lui promettre la neutralité, Frédéric crut
qu'il ne pouvait laisser sur ses derrières une puis-
sance dont il n'était pas sûr , les armes à la main, et
il l'attaqua à force ouverte, tes Saxons surpris s'é-
taient retirés en toùle hâte, au nombre de dix-sept
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ttUBM* de $mn ém. an
mille hommes, sans bagage* et sans provisions, dam
une vallée de l'Elbe, entre Pirna et la citadelle de
Kœnigstein , et y avaient fortifie "Un camp impre-
nable. C'était la résolution la plus habile, et plus
désavantageuse pour^Frédéric que s'ils avaient pastfé
les montagnes pour aller se joindre à l'armée autri-
chienne; car cette armée encore en désordre et faible,
n'aurait pu, même après la réunion des Saxons, ré-
sister à la première attaque de Frédéric en Bohême ;
taudis* qu'il se voyait ainsi forcé de perdre un temps
précieux à les surveiller, les assiéger; et pendant ce
temps-là l'armée impériale se rassemblait, s'organi-
sait et pouvait, par une bataille heureuse, délivrer
la Saxe.
Bataille de Lowositz. 1er octobre 1756. — Telle
fut, en effet, la tentative du feld-maréchpl Brown,
qui commandait les troupes impériales ; le 30 sep-
tembre, il s'avança jusqu'à Budin sur l'Eger, se di-
rigeant vers les postes des Prussiens, et vint cam-
per sur les montagnes qui séparent la Saxe de la Bo-
hême. Le roi , qui depuis quatre semaines se tenait
devant le camp saxon, s'avança lui-même au-devant
de l'ennemi avec une partie de son armée ; mais ce
n'était qu'une faible portion , vingt-quatre mille hom-
mes sur soixante-dix mille; il était obligé de laisser
le reste pour surveiller fës Saxons. D'un autre côté,
les Autrichiens étaient commandés par le meilleur
général qu'ils possédassent ; mais il n'en tenta pas
moins un coup de hardiesse et réussit. Lès deux armées
se rencontrèrent piœs de la petite ville de Lôwcsitz,
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MB SEPTitai t»*«tfft. 4*48—4838,
4eler4at0lm;€ep^aét^ le
gén&Tdatrtridhten ne put dé velopper toutesqnarm^e,
annfeoit ça cavalerie, qui,paroonstfquer*t, né prit pois
une gm ode pattà la bataille Candis que le feu de Par-
4&erie et de la mousqucterie ea Aatt d'autant plus
-▼if, et les Prussiens étaient bien mîetnt serVîs qtie
iédro adversaires. Ce «liaient oépetid&tft pkfc ces
àa&riehàem que lesBnussiens «valent chasses de S4-
Jétté dans les deux premières guerres , c'était une
qrmée eKeroé* depuis dix aite, prompte, bien disc£-
^plbaeo et bien pourvue ilVrrtilleTve. Il était défit
midir et les Prussiens, malgré leurs courageux efforts,
ne pouvaient ébranler la fermeté dçs ennemis.
Après six heures d'un feu bien nourri, ils avaient
«fpufsé leurs' cartouches et commençaient à se décou-
awger, parée qu'on ne ponvaitleur en donner, w Quoi !
décria alors le duc deBewern qui les commandait,
n'av€2^vx)us pas appris à attaquer l'eftnemi à Parme
<blanabe. » A ces mots leurs rangs se sefrefat^ et ils
fendent sur le» Autrichens. Tonte résistance fut inu-
ttile; cantine un torrent sorti de ses digues, ils ren-
versent tout devant eux et emportent d'assaut la pe-
tite fille de Lowositz. Ce moment fut décisif : le
Jeld»maréchal Brown , bien qu'une faible partie de
«on armée seulement eût été engagée, fit retraite et
ramevra le reste sur Budin ,"de l'autre côté de PEger.
Frédéric connut à celle bataille quels autres guer-
rier* il avait à combattre dans les Autrichiens, et
il Sentit dès lors quelle redoutable guerre il avait à
soutenir. Mais, d'un attire côté ^e courage héroïque
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«wa» de tan k**> - . ma
de swvahnée avait excité w>n admira tioa , U il&fcH
vait à ce sujet: « Maintenant j'ai vu pe qi*a pw^ept
qies guerriers , IL* n'ont jâwaie faift^Vde pr^g^j
de valeur depuis que j'afi IHuinneur de }& <tmi
dwire. & - ~~; ** , .;• t
: Sefcmifi&iarrdfis SasD&s. 44 octobre 42fi6r«*ïF»&!
dérîe. c'avait désormais- rlfrn de plus préwé que 4a
pièttye fin à celoog retard cause par l'armée wo&imQ>
Cette a ah ée «tait à la v&ite daaa tateto&fèohciiii*
position; {Baissa femtetë héroïque foi faisait §H^«r
porter toutes les privatioaa. Depuis lar>g^t«ope dfe
«manquait des choses les plus néceasahreft, taf&pjtmr
lès hommes que pour les chevaux* GepeadftRt ai l'a*
pouvait attendre , le salut était proche , peneait-eHe*
-On savait au eafcap dé Phrna que le feld-anarad**!
Brown était en njarche, et les esprits ^taieqt ocra*
lamwent eicilé$ par l'espérance dé voir ses drapeaux
flotter sur les hauteurs à la place de ceux dA Ifetpr
^siens * quandtout-à-coup le* cris de victoire au sujet
delà bataille de Lowositz sont mille fois répétée- par
lies échos de& ^aljeos et des cavernes , et par i$i*t le
-camp prussien . Toutes les montagnes , tous lefrvilfagçs
'étin&elle&t ,de feux de joie. L'impression en fut
terrible pour ces guerriers réduits à la dernière ex*
frémité. H .n'y avait plus d'autre espoir de «lut
<pe dans fine tentative poiir gagner la Boh^me^ ik
la tentèrent; mais le vent, l'orage et une pluie ef-
froyable ou la bonne surveillance des Prussiens en
empêchèrent le succès ; et ces braves Saxons quin'a-
vaient ni dormi, ni nàangé depuis trois jours et tom-
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fc64 semis** éioQra. «48—1858.
baient de fatigue , furent obligés de déposer les armes
au nombre de quatorze mille hommes qtii restaient >
avec leur gênerai, le comte Rutowski (ik octobre).
. Leur courage à supporter leurs fatigues leur avait mé-
rité un meilleur sort. Les officiers furent abandonnés
sur leur parole d'honneur et les simples soldats for-
cés de servir la, Prusse. Frédéric calculait que ces
quatorze mille hommes, s'il les laissait en liberté,
augmenteraient considérablement la force de l'armée
efcnemie, et que s'il les enfermait comme prisonniers
de guerre, ils lui consommeraient un million par an.
Il voulut par conséquent en tirer parti pour ses
frais ; car, à cette époque, le soldat était moins consi-
déré comme, citoyen d'un état que comme un
homme qui vend son corps et sa vie à un service mi-
litaire pour un certain temps , et qui peut facilement
s'habituer à servir celui contre qui il vient de
combattre; l'honneur militaire était différent de
l'honneur civil» et le serment du soldat était plus
sacré que la parole du citoyen. Cependant Frédéric
tira peu de parti des Saxons ; ils abandonnaient ses
drapeaux par troupe à la première occasion favo-
rable , et s'en allaient rejoindre leur roi en Pologne
où ils s'était retiré après la perte de son armée, ou
bien ils se rendaient aux Autrichiens. Telle fut la
première campagne. La Saxe restait au pouvoir de
Frédéric IL
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GUtttRB DB SEPT 4*6* » 5ff
AIMÉE mf.
Les préparatifs qu'on faisait pour l'année sui-
vante présentaient à Frédéric une image qui n'é-
tait rien moins que rassurante. Les plus grandes
puissances de l'Europe étaient furieuses contré
lui , et se préparaient pour l'accabler. V Autriche
offrait toutes les forces de ses riches et beaux
états ; la Russie levait cent mille hommes ; la
France encore plus.; la Suède pouvait mettre sur
pied vingt mille hommes ; et l'empire, germanique,
considérant l'invasion de Frédéric en Saxe comme
une violation de la paix des pays, offrait à la cour
impériale soixante mille. hommes. Un demi-million
d'hommes au moins devait donc prendre lies armes
contre lui, et il ne pouvait leur opposer que deux
cent mille hommes, encore en faisant les derniers
efforts. H n'avait pour alliés que l'Angleterre, le
landgrave de H esse et les ducs de Brunswick et de
Gotha.. Il fut donc obligé d'opposer tous ses alliés à
la France seule; et pour les autres puissances, il es-
pérait suppléer au petit nombre par l'habileté de ses
grands généraux , doubler ses forces par la célérité,
et, passant avec la même armée d'un lieu dans un au-
tre, battre les ennemis les uns après les autres. En
conséquence, il résolut de porter le premier effort de
se» armes contre l'Autriche, qu'il regardait cqmme
le principal ennemi, et il chargea le feld-maréchal
Lehwald de défendre la Prusse avec douze ville
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SEPTiàNK jfroçui, 4648<*~4858.
hommes contre les Russes. IV ne lai restait ainsi que
quatre mHie hoftimes poar (Jefeodre Berlin contre les
Suédois ; <mais heureusement pour les Prussiens que
lai guerre notait pas sérieuse de leur part. l
' feataille cte Prague. 6 mai 1757. — Matle-ïWrèse',
par une extraordinaire prédilection pour son beaû-
ir£ré, ay^it nommé pour général eh chef deTaniiéé
impériale le prince dé Lorraine, quoiqufe .déjà* dfeïïi
fois battu par Frédéric ; tandis que l'habile, le grand
Brown devait servir soup ses' ordres. Krô\Vri avait
donné le conseil de devancer la célérité des Prussiënfc
i Saxe et en Sîlésle et d*£
provinc.es héréditaires dé
le Lorraine, quoique sôu-
i longueur celte fois, pféz
re et voulut rassèrçibter dé
de ftii; c'est c'e que d&si-
ême confirmer le prince
?e PruSsienpe, en présence
s, se tiendrait sur la dé-
»up, quand on étaft dans
atre corps d*armées^ seûï-
îpétueux, après avo'fr tra-
it en Bohême par quatre
cotées emparent de toutes les provisions impéHatetf,
qpi servirent à les entretenir pendant plusieurs "mois,
et se réunissent le 6' mai au lieu^ dû tendez-xôud9
#afis le yqïsînàge dé Ptaguë. ' n ' "" "•'
Ce qui sauva Frédéric et couvrit 'ion arfattéë dfe
gloire, c'est que ses plans afent pu s'ekêctttër aVeb
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Wltt* DE 5*1* À», ttf
Uwt d'ardre, avec TexaolUndelè pins ébeftftMkitej et
que dcm ^aie enfin ait eu à ion service lin cprpa <a
bien organisé et des qiembrea si puissaitsi
! Le .prince d0 Lorraine avait rassembla wp toroUpét
«H toute hâtent àvaib pris «imposition rttrawkie^
ité^rScmie-my les nabtagiletptôg de Prague , et ft s'y
armait à l'abri de toute attaque 9 mais Frédéric k qui
ohaqw hemtrqui n?a pas avaro* fa détàsrai ^mWlil
pçj*b*er yaadait livrer bataille aowtdt q«Hl9»&ré(**
virait ,e» fççè de l'eaaémi^ *et 4on favori , t^méa"
ewix, Vittviiicâtle général WiotetfeW^ lé wàblraHt
dan* peipaajek Ce gAiérkt fat ctate chargé tftdfe*
tbamimt h poakion de Tedoebik Oral crutremar^
qUecqu^ son aile dueitepatruait étils:facikwoAt^t^
tequëe^ parte qirtl wiyait devant iui undplfHi>evwt^|
«Uai$ a'ëfaiBntdmaaaaraib desséchés et tri» vaacàx^dawé
taquela on avait semé de iavome> etqai dtaprêftty
après la moiaaûn T ètae à*. noittreav ttoimrt»rdfe»k
Cette.entur lit déeklfer k bataille; an peu trop' *i te.
kefald-macëchal Scfarérin, qbi «ftaift anwëiekrfarif
aVed $m troupes bieniatiga^es et «nebourtkakpatt jtoiqt
ta champ de bataille, coâseiHart attendre gu'kftH
dâmaâB$>na^le »i, tp» partait déM**B * tftetfe
I^ftd^ià^bèEefcattiilfcy Aait enfcfrejsrf dW^etfir A
l'eft&atèon «t itejet* toete espèce d» fietatd. .. Alors
$fe. vieux fermer» qaè portait eoe«Te7 à l%e *iè
aoUanfotfcetaè a»a/toûtle fèudwla^ieooessès s'acrû^
*ta èatbitçantf son cfcapertdi<ur ses y*tt» ; (/fifcrWenI
«fi jfeb doit et «?ii ftmt étrte fe*tki p^afajeyt *w
Jfmrdbui* j imi çheràb»ilem«nâ ftfcà jeA* wi& '•
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9$8 SEPTIEME **OQUE. 4«4ft— 1838.
La bataille ne commença qu'à une heure après
paidi, parce que toute la nKrtinée avait été employée
aux préparatifs nécessaires , parce /tjfce le terrain
était coupé de marécages et de montagnes 3 et quand
ie* Prussiens arrivèrent à l'ennemi, ils étaient déjà
accablés par le travail et furent reçus par un terri-
ble feu d'artillerie ; des rangs entiers étaient jetés par
terre ; il semblait impassible que la patate humaine
eût assez de. courage pour tenir devant une puissance
si meurtrière. Toutes les attaques étaient sans suc-
cès, et Tordre tde bataille commençait à chanceler;
alors le vieux maréchal Sfchwérin saisit an drapeau,
crie à ses guerriers, de le suivre, et marche droit
où le feu est le plus meurtrier ; mais aussitôt' il tombe
percé de quatre biscaïens , et meurt de la mort des
héros* Le général Manteufel prend le drapeau d*
ses mains couvert de son sang, et conduit en avant
ses guerriers plus enflammés que jamais*
Le frère du roi, le prince Henri , met lui-même
pied à terre, et conduit sa, troupe à une batterie
quvd emporte; le duc de Brunswick presse l'aile
gauche autrichienne avec le plus grand courage, les
chasse d'une montagne à l'autre et emporte sur elle
sept retranchement^. Cependant la victoire resta
indécise tant que Je feld-maréchal Brown maintint
les rangs autrichiens par son esprit d'ordre ; mais
quand il succomba, frappé d'un boulet, avec
lui tomba la fortune de cette journée. JL»e roi Frédé-
ric, qui de »n œil pénétrant contemplait Je champ
de bataille, vk l'ennemi chanceler; et, remarquai
Di^itize
GUERRE DE SEPT ANS. 369
un intervalle au milieu de ses rangs, il s'y jeta aus-
sitôt ef rompit ainsi la communication de Tordre
de bataille. Ce coup fut décisif : les Autrichiens
plièrent sur tous les points. Le plus grand nombre
se jeta dans Prague, et une autre partie alla rejoindre
le maréchal Daun qui se trouvait à Ruttenberg avec
une armée de réserve.
La victoire était chèrement achetée : quinze mille
Prussiens morts ou blessés étaient sur le champ de
bataille, et parmi eux surtout l'inestimable feld-maré-
chai Schwérin ; mais le souvenir de sa mort héroïque
et le drapeau sanglant qu'il portait étaient pour l'armée
prussienne un legs sacré qui devait exciter pontinuel-
lement sa valeur. Les Autrichiens souffrirent aussi
eux-mêmes une perte irréparable dans celle du feld-
maréchal Brown , qui mourut de sa blessure sept
semaines après, il avait vieilli dans les camps, et
son expérience en avait fait le meilleur général de
«on temps.
Bataille de Kollin. 18 juin . — La lutte en Bohême
n'était point décidée par cette bataille, bien que
par la position actuelle des partis la campagne sem-
blât devoir se terminer très glorieusement pour Fré-
déric ; car il tenait le prince de Lorraine renfermé
dans Prague avec quarânte-six mille hommes, sans
ressources pour s'y maintenir long-temps. Leur es-
poir de salut, à la vérité, était dans le feld-maréchal
Daun , qui se trouvait tout près avec une armée con-
sidérable ; mais s'il venait h être aussi battu lui-même
par le roi , Varmée renfermée dans Pragiie était perdue,
T. h. 24
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$70 sEPTife** époque, 1648—4838.
la campagne la plus glorieuse acquise aux Prussiens^
et peut-être la paix conquise dans la deuxième année
de la guerre ; car Frédéric ne voulait pas autre chose
que ce qu'il finit par obtenir» c'est-à-dire que la Si-
lesie lui restât. Mais une solution si facile ne devait
pas avoir lieu , des succès si constants ne devaient
pas le conduire à son but, il fallait que son âme fiât
éprouvée par les plus dures calamités.
Il avait résolu de ne pas attendre l'attaque de
Paun et de marcher au devant de lui. Après être
resté cinq semaines devant Prague , il partit avec
douze mille hommes pour aller rejoindre le duc de
Bewern, qui observait l'armée de Daim, et l'attaqua
près de Rolliu, le 18 juin. L'ordre de bataille était
très bon , et s'il eût donné la victoire à Frédéric,
comme toutes les pensées de ses adversaires se cal*
quaient sur la sienne, il fût devenu à la mode. Fré-
déric voulut employer dans cette occasion le même
ordre de bataille qu'employa Epaminondas pour vain-
cre les invincibles Spartiates; c'est l'ordre de bataille
oblique. Le plus faible peut quelquefois s'en servir
avec avantage contre une puissance supérieure, pour*
Yu qu'il y ait la condition essentielle de promptitude
dans les mouvements -p car si une armée inférieure *»
nombre se présentait de frout,elle serait débordée des
deux côtés ; mais si elle se présente obliquement, die
peut diriger toute la force de son attaque mv une
seule aile* tandis que Vautre est très éloignée en ar*-
fière, la presser, l'enfoncer; et» quand une dte est
ainsi battue, l'autre doit faire retraite* pv.oe qu'elte
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OU8BKS Df SEPT ANS. g]£
jurait l'ennemi en flanc. Ainsi, quand \\xx génprçi
est assez audacieux pour exécuter une pareille n^gir
aœnvre , difficilement la victoire lui échappe 5 maip
U faut qu'il soit bien sûr de son ari&ée, pçur que 1?
promptitude et l'exactitude de ses mouvements
trompent l'ennemi et l'aient vaincu avant qu'il aijt
pu s'apercevoir du plan d'attaque. Te<lle fut la ma-
noeuvre des Prussiens à Kollin f et la première at-
taque , conduite par Ziethen et Hulsen, sur l'aile
droite des Autrichiens, mit tout en déroute. Le cen-
tre et l'autre #ile de l'armée prussienne n'avaient
jplus qu'à suivre pour prendre en flanc sucçessiye-r
ment tous les bataillons autrichiens et se dévelop-
per en même temps. Quand tout était ainsi dans 1#
plus belle direction, le roi luj-niénie, comme sj unp
spmhre nuage eût couvert toutes sçs idées , le rpi?
dis-je, ordonna au reste de l'armée de faire halte.
Il y avait ce jour- là, dans sa personne, quelque
chose de sombre et d'hostile qui le rendait incar
^ble d'entendre toutes les observations de ses ser-
viteurs ; il rejeta leurs conseils, et «on regard ijoir et
a^ parole dure les repoussèrenjt. Mais tout hommef
quelque grand qu'il çoit , qui veut s'isolejr, ^devient
faible et s'abandonne à la puissance de son mauvais
^ort, auquel il aurait pu échapper, protégé par ¥a-
mour et la sollicitude de ceux qui l'entourent.
Quand, au moment décisif , le prince Maurice de
Dessau psa faire au roi des représentations su,r les
îjnauvaises suites du changement de plan de t^ata^le,
comme il le pressait avec toujours plus xle force et
24.
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373 septième époque. 1648—1838.
d'instance, Frédéric s'avança sur lui Tépée levée, et
lui demanda d'une voix menaçante s'il voulait obéir.
Le prince se tut et obéit; mais dès ce moment la
journée fut décidée. Par cette halte laite à contre-
temps, la ligne prussienne se trouvait en face (Tune
position autrichienne bien retranchée et presque in-
surmontable; et quand ils se présentèrent à l'assaut,
ils furent repoussés par une artillerie effroyable.
Aucun effort ne put ramener la victoire, la fortune
avait changé. Déjà le feld-maréchal Daun, déses-
pérant du succès de la bataille , avait écrit sur un
billet au crayon Tordre de la retraite; mais le général
d'un régiment de cavalerie saxonne qui vit les rangs
des Prussiens s'éclaircir et s'espacer, garda le billet.
Les Autrichiens revinrent à la charge, et la cavalerie
saxonne se fit surtout remarquer par la fureur de
ses 'attaques, comme si elle eût été chargée de ven-
ger la ruine de son pays. Les Prussiens étaient acca-
blés de fatigue, et les fautes de plusieurs de leurs
généraux avaient augmenté le désordre. Pour rie
pas tout perdre, il fallut sonner la retraite, et Daun,
trop content d'une victoire , la première remportée
surFredéric-le-Grandnela troubla pas. Les Prussiens
perdirent dans cette journée quatorze mille hommes
tués, blessés ou prisonniers, et quarante-cinq pièces
d* artillerie. Cétait presque la moitié de l'armée;
car à Kollin trente-deux mille Prussiens a Valent
combattu contre soixante-six mille Autrichiens.
Quel changement de fortune ! Frédéric était sur le
point de faire prisonnière une armée dans la capitale
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GUERRE DE SEPT AWS. 373
du pays, et d'étouffer dès sa naissance, dans l'espace
de huit mois , la guerre la plus terrible ; mainte-
nant il fallait songer à lever le siège de Prague et
abandonner la Bohême. Cette malheureuse bataille
de Kollin réveilla les alliés de l'Autriche de leur
inaction. Les Russes entrèrent dans le royaume de
Prusse, les Suédois poussèrent leurs préparatifs plus
sérieusement, et deux armées françaises passèrent le
Rhin pour attaquer la Hesse , le Hanovre , et par
suite les états héréditaires prussiens. L'une d'elles
commandée par le prince de Soubise , se dirigea vers
la Thuringe pour se réunir à l'armée impériale sous
les ordres du prince Hildbourgbausen. Le maréchal
d'Estrée, qui commandait la principale armée fran-
çaise, battit à son entrée dans le Hanovre , 26 juillet ,
le duc de Cumberland à la tête de l'armée anglo-alle-
mande , près de Hastenbeck , sur le Wéser. Ce fut
l'inexpérience du général anglais qui fit perdre la
victoire; car son armée , quoique plus faible, avait
obtenu de grands avantages dus à la valeur du
prince héritier de Brunswick, et déjà le général
français avait donné l'ordre de la retraite; quand le
due, au grand étonnemerit de tout le monde, aban-
donna le champ de bataille, et ne s'arrêta dans sa
retraite que quand il eut rejoint l'Elbe auprès de
Stade. Pour comble de honte, il fut obligé de con-
clure à Closter-Séven, peu de temps après, le 9 sep-
tembre, une convention par laquelle il s'engageait à
licencier l'armée et à abandonner aux Français le
Hanovre, la Hesse, le duché de Brunswick et tout le
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374 septième époque. 4648 — 1858.
pays situé entre le Wéser et le Rhin. Le duc de Riche-
lieu , qui succéda au maréchal d'Estrée dans le com-
mandement, était un hommeJ insolent, prodigue et
sans conscience , qui tortura le pays par les exactions
les plus inouïes; et comme autour du général chacun
s'abandonnait à son désir d'argent et à ses voluptés,
cet esprit infâme se répandit bientôt dans toute
f*armée; iî n'y eut donc point d'excès qu'elle ne
ôôttimîf . Là perte des mœurs est plus à craindre dans
ùri ^at civilisé que dans un pays barbare ; parce que
Sôûs le charme de la séduction elle laisse un poison
dévorant au sein des. villes et des villages, et même
des familles. La mauvaise réputation de Farmée
française et la haine que les Allemands, si naturelle-
ment simples, portaient à ce poli , à ce fardé du crime,
n'a pas peu contribué à gagner les coeurs presque
partout pour le parti de Frédéric. Car on ne peut
Comprendre avec quelle joie le peuple apprenait une
de ses victoires; tandis que peut étrele prince, comme
membre de l'empire, était en guerre avec lui. Tant
est grande la puissance qu'un esprit supérieur exerce
sur son siècle! tant un cœui* généreux prend acti-
vement parti, comme malgré lui, pour celui qui par
sa force et son courage combat l'inflexibilité du soit !
tant aussi était entraînant le spectacle qu'offrait
Frédéric luttant seul avec des Allemands contre
les hordes barbares de Test, contre le plus grand
ennemi de la patrie à l'ouest , et dans l'intérieur
contre des armées autrichiennes composées de sol-
dats de langage, d'habitudes, de mœurs différents,
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oothrb m wn km* 5T5
avides de pillage, Croates et Pandours ! Garai Frédérie
n'avait combattu que contre rÀulricbe et des Alle-
mands ^ les vrais patriotes n'auraient eu de larmes
que pour plaindre et déplorer l'aveuglement de été
combattants, qui auraient dû plutôt se donner lé
main comme frères. C'était surtout le nord de l'Alle-
magne qui s'attachait au roi, se regardait comme à
lui et partageait ses joies et ses douleurs; parce que
là , on combattait contre les Français, et que la Cause de
Frédéric était par conséquent regardée comme celle
de l'Allemagne.
La convention de Gloater-Séven ouvrait aux Fran-
çais le chemin jusqu'aux rires de l'Elbe et jusqu'à
Magdebourg. Leur deuxième armée réunie aux trou*
pts impériales était déjà en Thuringe et se préparait
h enlever aux Prusgiens toute la Saxe , leur refuge
et leur entrepôt* •
Frédéric n'était pas pressé de ce côté seulement.
Les Suédois se répandaient dftnà la Poméranie et
rUckermarche et en tiraient de grosses contributions,
et s'ils avaient voulu faire usage de leurs forces ils
pouvaient arriver à Berlin sans obstacle. Le général
russe Apraxin était entré en Prusse avec cent mille
hommes, et le feld-maréchal Lelrôald n'avait que
vingt-quatre mille hommes à lui opposer ; cependant
il lui fallut livrer bataille, coûte que coûte, le roi
l'exigeait pour mettre un terme aux dévastations de
ees baibares, La bataille se livra à Grossjœgerdorf;
■près de Wélau; mais la valeur la plus étonnante ne
pouvait vaincre contre une si grande supériorité de
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376 septième époque. 1648<*»4838.
nombre. Lehwald fut obligé de se retirer, après use
perte de plusieurs milliers d'hommes ; et il semblait
que les Prussiens n'avaient plus rien à espérer
contre l'armée ennemie; mais au moment le plus
inattendu, Apraxin se retira sur la frontière russe
dix jours après sa victoire. Ainsi brillait de temps
en temps un yayon qui semblait vouloir rendre un
nouvel éclat à la carrière de Frédéric. Cette fois
c'était une sérieuse maladie de l'impératrice Elisa-
beth. Car le grand chancelier Bestuschef, croyant
£a fin très prochaine, et tournant déjà les yeux sur
son successeur, le grand-duc Pierre, admirateur et
ami du héros de la Prusse , avait tout d'un coup
donné au général Apraxin l'ordre de sortir du pays.
Alors Tannée de Lebwald put se tourner contre les
Suédois , et ceux-ci à son approche abandonnèrent
tout le pays jusqu'à Stralsund et l'île, de Rugen.
Bataille de Rosbach. 5 novembre 1757. — Le roi,
après avoir long-temps et inutilement cherché l'oc-
casion de livrer bataille aux Autrichiens en Lusace ,
arriva sur la Saale, au mois d'août, pour chasser les
Français de la Saxe. Aprèsavoir quelques temps erré
de côté et d'autre , il les rencontra le 5 novembre ,
avec Farinée impériale, dans le village de Rosbach,
non loin de la Saale. Frédéric n'avait que vingt-deux
mille hommes, et les ennemis soixante mille; déjà ils
se félicitaient tout hautt disant que cette, fois-ci le
roi de Prusse ne pourrait leur échapper avec sa
petite troupe. Il était campé sur une hauteur, et les
Français s'avançaient à marches forcées vers son camp,
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GMMtB dx met **§• 577
au son des trompettes, uniquement occupes de savoir
s'il les attendrait; car Us le croyaient enfermé et Us
espéraient terminer tout d'un coup la guerre par la
prise du roi. Du côte des Prussiens, on n'entendait
pas un seul coup de canon, on aurait dit qu'ils ne
remarquaient pas les préparatifs que Fon faisait contre
eux; la famée des cuisines du camp restait toujours
la même, et Frédéric prenait son repas avec ses gé-
néraux dans l'apparence du plus grand sang-froid
et même de l'indifférence. Mais quand le moment
fut arrivé, il donne ses ordres, et dans un instant
les tentes s'abattent, l'année se range en bataille, les
batteries cachées commencent leur terrible jeu, et
Seidlitz, le premier à la tête de sa belle cavalerie, se
jette sur les bataillons ennemis qui arrivent* Les
Français n'avaient point encore éprouvé cette célé-
rité des Prussiens; il leur fut impossible de former
leurs rangs sur quelque endroit que ce fût. Ils étaient
repoussés avant d'avoir pu y parvenir, et en moins
d'une demi- heure l'affaire était décidée et l'armée
française était en plein déroute. Ils furent saisis
d une telle épouvante qu'ils ne s'aitétèrent qu'au
milieu des états de l'empire; quelques-uns mêmes
ne se crurent en sûreté que quand ils furent passés
de l'autre côté du Rhin. Sept mille hommes res-
tèrent entre les mains du roi, dont neuf généraux,
trois cent vingt officiers , soixante-trois canons et
viugt-deux étendards; et cette belle victoire ne coûta
aux Prussiens que quatre-vingt-onze morts et -deux
cent soixante-quatorze Idessés. Frédéric fut rede-
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8T9 sETTifem i*9qo*4 46*S**1858.
viable dé ce .brillant snooèe à la belle discipline de
son armée* à laquelle il lui fallut demander l'exédu*
tkm d'une de se» pensées audacieuses et subites , niais
surtout à k valeur et à la célérité du général Seidf
litz et de sa cavalerie*
La Skxè êe trouvait sauvée de ee c&téj mais il nés*
tait encore à Frédéric bien d'autres faligwes à seu-
iéuir cette année, Gar, pendant son absence , ado la-»
veiiet son confident, le général Winterfeld, mvaifc
péri dans un combat près deMoys; le duc de Bewefn
s'était replié avec son armée jusque sous les murs dé
Breslau eu Silésle; et parce qu'il n'avait rien 6ijé tet*
ter en présence des armées réunies du prince de Lor-
raine et du feld-maréchal Daun , l'importante place
de Schweidnitz était tombée, le li novembre, entre
4es mains du général Nadasti. Le 22, toute l'armée
autrichienne ayant attaqué les Prussiens à Breslau^
Jcs avait vaincus après une vigoureuse défense ; ie duc
de Bewern, suivant toute apparence, dans la crainte
de la colère du roi, s'était laissé prendre par lis
Autrichiens; cl enfin la capitale, Breslau, pourvue
dû grandes provisions et d'arsenaux bien garais,
avait été livrée aux Autrichiens par la lâcheté du
général Lestwitz , avec tout ce qu'elle contenait»
La Siléaie semblait donc perdue pour Frédéric ; car si
elle restait un hiver entre les mains des Autrichiens,
ils s'y fortifieraient, et alors il pourrait bien se faire
qu'il devînt impossible de la reconquérir jamais,
D'un autre coté, il paraissait également impossible,
à lapins de miracle, de la leur arracher avec les qua-
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GUBiiaB de $tn m. VNr
ttt*£e mille hommes qu'il amenait avec lui de Sas»
u seize mille autres, les seuls restes de l'armée vaincu*
de Bewern.
Bataille de Leuthen. 5 décembre i757.>-*G«8l
clans les moments presque désespérés que le roi
Frédéric faisait paraître avec le plus d'éclat la gran»
deu* de son génie, là richesse de ses ressources et m
puissance irrésistible pour entraîner ses soldat*. Il
convoqua ses officiers et ses généraux, et leur perla
avec tant d'éloquence, qu'ils furent tous enflammai
du plus grand enthousiasme.. Il leur fit voir la posi*
tiou difficile et même presque désespérée de la patrie $
s'il ne comptait pas sur leur courage pour la sauveurs
,« Je le sais, vous sentez tous que vous êtes Pruestens*
dtt*ii en terminant; si cependant, il yen avait un
parmi vous qui craignît de courir de tels danger*
avec moi , il peut prendre congé dès aujourd'hui saw
avoir à craindre le moindre reproche de ma part.»
£t qqadd il vit à ces paroles briller dans ks yeux de
tous l'émotion et l'excitation la plus martiale > il
ajouta d'un air satisfait : « Mais je suis convaincu
d'avance que pas un de vous ne voudrait m'aban-
donner; aussi je compte sur une victoire certaine.
Et si je devais succomber sans pouvoir vojus récom-
penser, de vos .sci* vices, alors la patrie le ferait pour
moi. Adieu donc, dans quelques instants nous aurons
battu l'ennemi ou l'adieu sera étemel. »
I/enthôusiasme qu'inspira ce discours se répandit
dans toute l'armée, et elle attendit avec impatience
d'être conduite à l'ennemi. Ci(ui-çi avait une poai-
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580 SEPTIÈME ÉPOQUE. 1648 — 1838.
tion très avantageuse et très forte de l'autre côte de
la Lohe, où il était très difficile au roi de l'attaquer.
Le prudent fehl-marécbal Dâun voulait; «la conser-
ver; car il avait appris à Kollin combien une bonne
position est nécessaire pour parer à l'impétuosité du
roi. Mais le général Luchési et d'autres, qui tenaient
pour honteux à une armée victorieuse de cher-
cher à se retrancher dans ses positions devant une
troupe beaucoup inférieure en nombre, persuadèrent
au -prince Charles de marcher à la rencontre du roi,
lui disant que la parade de Berlin (c'est ainsi
qu'ils nommaient l'armée prussienne) ne pourrait
tenir contre eux". Ce conseil plut au prince, naturel-
lement plus chaleureux que réfléchi, et il quitta sa
position. Les deux armées se rencontrèrent dans une
plaine immense aux environs de Leuthen, le 5 dé-
cembre, un niois après la bataille deRosbach. L'ar-
mée impériale embrassait dans son plan de bataille
environ un mille allemand ; tandis que Frédéric fut
contraint d avoir recours aux pratiques de l'art pour
suppléer au nombre et le doubler, pour ainsi dire,
par la célérité des manœuvres. Il prit encore à
Leuthen Tordre de bataille oblique ; il fit faire une
fausse attaque sur l'aile droite, tandis que l'attaque
principale qu'il commandait était sur l'aile gauche j
de sorte que quand il Peut mise dans une complète
déroute , le désordre se communiqua dans toute
l'armée autrichienne.
Alors la résistance devint inutile , et au bout de
trois heures il avait la victoire la plus complète. Lé
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GUtEAB DB SBPT AM. 8M
champ de bataille était couvert de fnorts, et des ba-
taillons entiers forent faits prisonniers, on en comp-
tait vingt-et-un mille. De plus, il y eut cent trente
canons et trois mille chariots perdus. Ce fut une
victoire des plus extraordinaires de l'histoire, ou
trente mille hommes combattaient contre quatre-
vingt mille, et un témoignage éloquent de la supério-
rité du génie sur le grand nombre , quand ses con-
ceptions peuvent être bien et activement exécu-
tées. Frédéric et son armée j après de si grands
efforts , eurent cependant assez de courage pour ne
pas se laisser aller au repos , et ils poursuivirent sans
relâche tous les fruits de leur victoire , jusqu'à ce qu'ils
eussent chassé les Autrichiens hors de la Silésie et les
eussent forcés de repasser les montagnes de la Bohême.
Ce futl'actif et heureux Ziethen qui fut chargé de cette
poursuite ; il s'en acquitta glorieusement et fit en-
core un grand butin et grand nombre de prisonniers ;
tandis que le roi attaquait Breslau et y faisait une
nouvelle prise de dix-sept mille hommes; dans le
même mois de décembre , Liegnitz se rendit. C'est
ainsi que Frédéric , par un coup d'audace où il
jouait le tout pour le tout , conquit la Silésié de ma-
nière à y pouvoir prendre ses quartiers d'hiver en sé-
curité jusqu'à Schweidnitfc, aussi bieix qu'en Saxe;
et plus que tout cela, il s'acquit une gloire immor-
telle pour la postérité. L'armée autrichienne, si belle
auparavant, avait tellement souffert qu'elle comptait
à peine dix-sept mille hommes en bon état qui eus-
sent atteint la Bohême, de quatre-vingt mille corn-
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■M sEFTifens **©$&*. «*£— *838.
jjtttmtt. Tonales pays pmssiens josqu'en Weetphà^-
He m trouvaient ainsi débarrassas de leurs en-
AïfNÉE 1T58.
BaUfflee de Zorndorf et de BocbWreh.
Quatre grandes batailles et beaucoup de grands £t
petits combats avaient rendu l'année précédente
une des plus sanglantes dont l'histoire ait à parler.
Les deux parti? avaient suffisamment essayé ieijrs
forces l'un contre l'autre ; Frédéric fit faire k Vienne
des propositions de paix, suivant en £$a lep
principes de l'ancienne Rome, de ne demander la
paix qu'après une victoire gagnée ; mai$ Marierjhuér
r&e ét^it plus imitée que jamais contre le conquérait
de U Silésie, et Qn avait grand spiu de luj cacher
toute 1# perte ^pi'avait soufferte son ari&éeà Leuthçn
et to^te lçe souffrances de ses états. D'ailleurs, la cour
cle France jçnsistait avec force pour la œntiauatiou
4e la guerre ; parce qu'autrement elle aurait ^téçeule
|k combattra contre l'Angleterre. Jies pr-opositionsde
Frédéric forint dqjiç reponssées, et l'pn recommença
des préparatifs encore plus grands que l'année deri-
nière, ÏjÇ prince Charles, jquiavaitperdu la confiance
du peu^e ^t désarmée, se dçmit du cQ^mandeïpepi
eii chef. 11 était difficile de trouva son successeurs
Je brave feld-m&réçhal Nadaati fut écarté\par Ja
Jaloùs>e çjt Içs^ntrigues , e,t le chpix définitif s VjL'êta
Mi* le ^J^WW«chÀl JPaiip f h qui la victoire de
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KMfrwwt émA&we ptu* #w>d© répwtat*» qui
«A loagatimifaf et eoa irrésolution ne m&itaient*
Les m*^fcan&\mfmwt mwdl9*jm&&tàém
et gu «Jtwy» un autre grfa&al £ 1* $kto? 4u dut
de Bicheiieu; ce fiit lé eomte de GtermooU Aiuai
R&ielieu rentra eo Franco avac sas millions* kt
fouit 4e se* exactions , et s'en pavaoa avec un luxe
extraordinaire aux yeux du monde entier» ami
honte ni pudeur. La Russie se prononça mmi pour
uae continuation plus active de la guerre» Le ehon-r
oeliar Bestuscbef , qui l'année préeâ}e»te ava$t
rappelé l'armée de Prusse, fut disgracié, et le gé*
neral Fermer mis à la tlte de l'armée. Il euttt exl
Prusse dès le mois de janvier et conquit les état* de
Prusse sans réf&auoe ; parce que le général Lefawald
4toit en Poméranie, occupe contre les Suédois »
Pour opposer résistance à des projets si *ffray»oteé
i# roi Frédéric fut oblige de rçunir se» dertuères
gf^somrçes et de faire ses levées en homwe et en
argent ,. tant dans ses propres états que d*«s la SfcWj
Iflr^ç autant de rigueur que d'aotivité, Il m vit îfrtfcie
foroé par La fléee&ilé de frapper de fausses mmmm
$fiW payer ses tr^upœ : moyeu qui ue peirt^x*î«ser
qtfm pnfemce d'uae extrême nécessité* Mm il m*
fait fort bien qm depuis que le ban des v^as^w
«Fait ^W remplace par le aystème actuel, rajrgeitf
dlafr le principal agea* , et du plu* gi^awi psfda da*l$
Ja balance. Car, quant à de* alliés sur lesquels il
put c«cBpter, il n'avait que l'Angleterre, et ^œkpw
9*tét* orifices du .aard d* i>liemagrie 9 epsaw* se
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884 SBrrifeMt époçvi. 1648— <858.
trouvaient-ils paralysés par la malheureuse conven-
tion de Clester-Séven. Cependant la fortune le
servit très bien en Angleterre; le peuple anglais,
assez porté de lui-même à reconnaître la verte quel-
que part qu'elle brille, était enthousiasmé par la
bataiHe de Rosbach en faveur de Frédéric et très
molesté de l'infamante convention de Closter-Séven*
Lors donc que le célèbre William Pitt devint pre-
mier ministre d'Angleterre, il écouta la voix de
Thonneur et celle du peuple , rejeta la convention
qui n'était par entièrement terminée , et résolut de
continuer la guerre avec upe nouvelle vigueur.
L'armée fut augmentée et le .roi Frédéric fut lui-
même chargé de lui donner un général. Son œil
d'aigle sut bien trouver le génie parmi la foule. Il
envoya à l'armée fédérée le duc Ferdinand de Bruns-
wick; et Ferdinand s'acquitta de cette mission avec
tant de distinction, que son nom vivra plein d'éclat
à côté de celui du roi de Prusse dans l'histoire de
cette époque orageuse.
D'après un plan con venuavec Frédéric, le duc semit
en mouvement dès le mois de février, à la tété de sa
petite armée, pour chasser les Français de leurs
quartiers d'hiver, où ils vivaient dans l'abondance
et la volupté aux frais du Hanovre et de la Hesse ;
il lui fallait avec trente mille hommes en chasser
cent mille. Mais chez lui toutes les mesures étaient
bien, calculées ; tandis que chez les Français il y
avait tant de laisser-aller réuni à l'incapacité de leur
général» que dans quelques semaines ils avaient
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GUERRE DE SEPT ÀS8. S8ft
été chasses dé tout le pays situé entre PAller et le
Wéier * Peu de temps après i l leur fy lut encore quitter
celui situé entre le Wéser. «t le Rhin, et abandonner
leurs provisions , leurs garnisons et onze mille hom-
mes faits prisonniers. lis repassèrent le Rhin près de
Dusseldorf, ne se Croyant pas en sûreté tant qu'ils
n'eurent pas mis le fleuve entre eux et l'ennemi,
encore ne put-il les protéger. Le duc Ferdinand les
poursuivit de l'autre côté du Rhin, les attaqua à
Créfeld et , malgré leur grande supériorité en nombre
et la diversité des peuples qui composaient son armée,
il les mit en pleine déroute et leur fit essuyer urje
perte de sept mille hommes . Après cette bataille , la
ville de Dusseldorf se rendit à ltii, et ses troupes
légères allèrent escarmoucher dans les Pays-Bas au-
trichiens, jusqu'aux portes de Bruxelles.
Frédéric*, pendant ce temps-là, ne restait pas oisif;
il commença par enlever aux Autrichien^ l'impor-
tante -et forte place de Schweidnitz, qu*ils possé-
daient encore en Silésie ; l'assaut eut lieu le 15 avril .
Le feld-maréchal Daun se tenait en Bohême et
employait tous ses talents, à couper tous les passages
au roi "de Prusse ; car il s'attendait à une attaque
de sa part. Mais, quand il se croit bien sûrement éta-
bli , Frédéric passe les monts j et , au lieu d'aller en -
Bohême , vient en Moravie à marches forcées et met
le siège devant Olmutç. Dans cette entreprise paraît
l'originalité du génie de Frédéric qui recherche
les occasions téméraires, périlleuses, extraordinaires ,
et aime à mettre l'ennemi hors de ses plans. En efiet *
T, h. 25
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«86 sEPTtfcME *bo^b. 4G48— 4858.
sHl eût pris Olmutz, il aurait eu une place impor-
tante dans un pays autrichien jusqu'alors tranquille,
et dans un dangereux voisinage pour Vienne. Mais
cette fois la fortune ne s'unit pas à l'audace. La
place se défendit vaillamment; les habitants du pays,
fidèles et zélés pour leur reine, en rendirent le séjour
très difficile aux Prussiens et Tenaient rapporter à
l'année impériale toutes leure découvertes* G'est ainsi
que Daun réussit k coupa* au roi un convoi de trois
jnille chariots sur l'arrivée duquel reposait tout le
succès du siège; si bien qu'on fut obligé ensuite de
discontinuer. De plus le retour en SUésie était fer-
fmé; Daun avait occupé les paèsages et croyait avoir
pris l'ennemi dans ses propres filets* Mais Frédéric
se tourne tout-à-coup vers la Bohême, où le géné-
ral autrichien ne l'attendait plus, emporte les pas-
sages et arrive sans avoir perdu un seul de ses cha-
riots; et peut-être ne l'eût-on pas chassé 4e sitôt
de ce pays, si l'invasion des Russes ne laveit^appcJé
en Poméranie et dans 1^ Nouvelle-Marche* Il fran-
chit de nouveau les montagnes de "Bohême en Silé-
sie^ et laissant le maréchal Keilh pour couvrir le
pays, il vole contre les Busses avec douze mille
hommes.
, Bataille de Zornd^rf. 25 août 1758. — <3haqae
pas de ces barbares était marqué ^par la dévastation;
ils n'épargnaient; ni les femmes ? ni les enfants, ni
l'âge tendre , ni 4a vieillesse, pustrin était tout en
cendres, excepté trois maisons , et les castagnes
ressemblaient à xin désert. A cette vue le Tci tft son
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GVSRBE &E SEPT AXE. 887
armée furent enflammés de colère, et sitôt qu'ils ren-
contreront lenûemi, le 25 aout^ s'engagea là plus
. sanglante bataille de toute la guerre de sept ans. On
combattit < avec fureur depuis neuf heures du matin
jusqu'à dix heures du soir : trente-sept mille Brus-
. siens contre soixante -dix mille Russes. On se batlait
,à la manière des anciens «Germains 9 saps tiapd-ba-
b\\çté dans la manœuvre»; ils se ruaient en ftiasBeiks
îmxs sur les autres., chacun s'attachait à &m àdv^r-
. saire et le combattait à l'arme blanche: ^'esfc aii^i
qu'on se bat quand la > passion est en jeu. Le noi
avait juré de ne faire aucun quartier à ses cruels eu-
jxems et par cette menace lés eujpeûha de fftir. Au
. soir de cette sanglante journée dix-nouf mille Russes
4 étaient sur le champ de bataille,; .mais aussi iHwe
mille Prussiens avaient succombé,; car Taanertii.ne
voyant aucun refqge voulut puonoins vendre char-
ment sa vie et combattit en désespère ; et si la valçu-
: j$us£ cavalerie de Seidlitz ne se fut trouvéeipartout où
le danger é tait-le plus grand, si el le n 'eût mai ntes fois
culbuté Fcnitoemi avec des efforts sorhuxpains,. quand
déjà il avait quelques avantages sur l'infanterie prus-
sienne , la victoire serait peut-être restée Indécise.
Le roi lui-même avoua qu'il était redev.able»de cette
«victoire à Seidlitz. Telle fut la terrible bataille.de
iZorndorf. Le général russe Farmor9 qui voulait à
jpeine avoua: .sa défaite, abandonna la Pruese ipour
ae retirer en Pologne, et Frédérics (rendit en Saaçe,
où son frère .Henri se trouvait vivement prasaé,par
une grande armée autrichienne.
25.
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888 sEPnfcMi époque. 4648—4858.
Défaite de Hochkirch. 14 octobre 1768.— A rap-
proche du roi 1 Daun se retira dans une forte position
qu'il s'était choisie en Lusace. Son intention était de
couper au roi le passage en Silésie, afin que son
général Harsch eût le temps de s'emparer de Neisse.
Mais Frédéric qui pénétra ses plans , se hâta d'aller
occuper la route de Silésie au-dessus de Bautzen
et de Gœrlitz, et s'approcha tout près de l'armée
autrichienne pour venir se placer dans une grande
plaine , située entre les villages de Hochkirch et de
Gotitz. Ce projet n'était rien moins que prudent et
montrait beaucoup de mépris pour l'ennemi. Le
quartier-maître du roi, Marwifz, d'ailleurs son fa-
vori, lui -fit des représentations sur le danger' de sa
position , se refusa à tracer le camp , et s'opiniàtra
malgré Tordre du roi. Alors Frédéric le fit mettre en
prison et ordonna à un autre de le tracer. L'armée
y campa trois jours , entièrement exposée aux atta-
ques de l'ennemi qui était au-dessus d'elle, et* le roi
méprisa toutes les représentations de ses généraux.
Gomme il n'avait jamais été attaqué le premier par
les Autrichiens, il comptait que le feld-maréchal
Daun ne serait pas capable d'une entreprise hardie;
et d'ailleurs il fut trompé par un espion que les Au-
trichiens avaient acheté et renvoyé vers lui avec de
fausses nouvelles. Le matin du iû octobre, avant le
point du jour, l'armée prussienne fut réveillée tout-à-
eoup par une décharge d'artillerie. Pendant la nuit, les
Autrichiens s'étaient glissée en silence près du village
de Hochkirch , et quand l'horloge de l'église sonna
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GTOEMB DE SEPT kVU ' 860
cinq heures 1 Us se jetèrent sur lésa vaut- postes prus-
sien*, s emparèrent d'un grand retranchement à l'ea-
trée du village, retournèrent les pièces d'artillerie,
et ballayèrent par un feu effroyable tous les Prus-
siens qui voulaient se rassembler. Des flots de sang
furent répandus , parce que les soldats se réunis-
saient par milliers dans la rue principale du village
qui semblait devoir être la place du ralliement.
En vain les généraux cherchèrent à former les rangs
dans l'obscurité; le vaillant prince François de Bruns*
vrick eut la tête emportée par un boulet, au moment
où il atteignait l'ennemi sur le sommet de la .mon-
tagne , près de Hochkirch ; le brave felcf-maréchal
Keith , qui avait blanchi sous les armes , fut peroé de
deux biseaïens, et le prince Maurice de Dessau fut
gravement blessé. Les généraux Seidlitz et Ziethen
rassemblèrent enfin leurs escadrons en pleine cam-
pagne, et se jetèrent avec courage sur les Autri-
chiens; mais les petits avantages qu'ils purent obte-
nir ne compensèrent pas la perte qu'on avait faite.
Hochkirch , le camp , les bagages, une grande partie
de l'artillerie , étaient déjà au pouvoir de l'ennemi.
Le jour n'apporta aucun avantage; un brouillard
impénétrable empêcha le roi de reconnaître la posi-
tion de l'ennemi et la sienne et peut-être de ramener
la fortune de son côté par une prompte manœuvre,
Cependant ses bataillons , par une discipline vraiment
digne d'admiration , étaient parvenus à se rassembler
en bon ordre; et quand f sur les neuf heures , le soleil
commença à percer, il s'aperçut que l'armée autri-
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800 SEPTIEME EPOQUE. i04S^-4858.
chiemie t^ratOfcwwt déjà presque do ttus eéftfeet ifc
donna l'ordre de la retraite. Elle se fit avec tant*
d'ordre que le général autrichien n'osa pçs entre-
prendre de la troofaler et revint dans son ancien,
camp. Cependant le roi avait perdu, plusieurs des»
géflémiKr trais mille de ses meilleures troupes et
phis* de cent pièce» de canon* bailleurs* comme toi»
le» bagages avaient été enlevés, il ne restait phia
raen.au» survivants pour se défendre des rigueurs de
l'automne prochain.
Cependant, le roi se montrait d'une traûquillité-eV
(Fuœ fermeté inaltérables, et sa vue fit passer ce
mâme calme dans son armée. Si Frédéric se montra*
grand surtout dans le malheur, ce fut aussi prin-
cipalement après cette perte; bien- que vaincu, bien
que dépouillé de toutes Improvisions nécessaires- à*
une armée, il n'en réussît pa* moins par ses marché
et ses manœuvres habiles à remplir son premier des*:
sein, trempa l'ennemi , tourna sa position, efforça'
le- générât Harsch à lever en toute hâte le siège de
Weisse. La SHésie fût alors entièrement délivrée de
l'ennemi ; tandis que Daun , tout vainqueur qu'il
était, ne put empêe&er Frédéric d'y entrer, et ri'ob*-
tint lui-même, par son attaque sur Dresde, d'anjbre
résultat que dte forcer le général Schmettau à brûler
pour sa défense les beaux faubourgs de cette capi-
tale. Il rentra ensuite en Bohême découragé, pour y
prendre- ses quartiers d'hiver. Ainsi la supériorité du
génie avait fait obtenir au vaincu les résultats qui
rrasaierat dû appartenir att vainqueur .
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À la fin de cette année, Frédéric m trouvait en-
core en possession des métaes pays que Tannée p»é-
cédenie, malgré ses revers; de plus, il avait en-
core Schw*idnitz qui Lui manquait avant, et <&&* ^
Westphalie toutes ses provinces que la, valeur d*i*
prince Ferdinand avait arrachées aux Français Fer-
dinand n?avait pu se maintenir de l'autre coté du
Rhin,* avec sa petite armée; mais à ,1a fin de k cam-
pagne il avait forcé de nouveau les Français Vaban-
d^nner toute: la rive droite, et à prendre Leu&s-quaiH
tierâ driver entre le Rhiq, çt la Meuse .
ANNÉE 1780.
Mfnden , Kunertdorf , ifwen»
L'année suivante devait être pour le roi, qui déjà
n'avait échappé qu'avec peine ayx plus grands dan-
gers, la plus dure de toute la guerre. L'espérance de
l'accabler enfin porta ses ennemis aux plus grands
efforts. L'armée autrichienne était restaurée au grand
complet et chaque année de la guerre reparaissait
toujours plus belle ; parce que les recrues se pre-
naient dans les pays hériditaires, sur une jeunesse
vigoureuse, bien exercée, qui se formait prompte-
mentà la dureté^ de la vie des camps, se trouvant,
enrôlée parmi de nombreux bataillons de vieilles
troupes de soldats accomplis; car malgré ses sanglanr
tes batailles, l'armée autrichienne conservait un
noyau de troupes d'élite qui avaient survécu à tonles
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5fS septième époque. 1648~»1838.
les anciennes guerres. Dans la petite armée de Fré-
déric, au contraire, qui ayait à combattre tantôt les
Autrichiens , tantôt les Russes, tantôt les Français,
les Suédois ou les troupes dç l'empire, le nombre de
ceux qui av aient échappé au fer et à la maladie était
très petit; de sorte que ses rangs étaient en grande
partie remplis de nouvelles levées. D'ailleurs les jtfo-
nes Prusçiens-entraient de si bonne heure au service,
que souvent des enfants étaient chargée de soutenir
l'esprit et la gloire de l'armée; et même, eussent-
ils voulu perpétuer le mépris qu'avaient leurs pères
pour ledanger, ils étaient en trop petit nombre parmi
ces levées faites en Saxe , Anhalt , Mecklenbourg, et
parmi ces soldats enrôlés dans tous les pays et la plu-
part transfuges. Ainsi, bien que l'armée fût au grand
, complet pour le nombre, elle perdait beaucoup pour
l'organisation intérieure et pour la/orcfe. De plus, ses
propres états , ainsi que là Saxe et le Mecklenbourg-
Sclrwérin, étaient tellement épuisés d'hommes et
d'argent par les levées continuelles , qu'ils, sem-
blaient ije devoir jamais se relever. Car le prince
de Mecklenbourg avait été assez inconsidéré pour se
mettre, dans les diètes, à la tête des princes qui
criaient le plus haut contre Frédéric, et qui deman-
daient le plus instamment qu'il fût mis au ban dç
Tempirç; aussi son pays fut-il traité avec une ex-
trême sévérité, comme un pays ennemi. Cepen-
dant, on ne tint pas compte des réclamations du duc
contre le roi ; car, comme il eut fallu user de la mémo
rigueur k l'égard dç l'électeur de Hanovre, les élw*
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GOEftftE DE SEFX AMfc 5W
teins é Angéliques refusèrent de condamner deux de
leurs membres les plus distingues. De plus, ce i*ot
qui anciennement était plus tranchant que le fil
d'une épée, était malheureusement depuis long-
temps yide de, sens et sans forcç, et n'aurait eu d'au-
tre effet que, de causer un affront à la confédération
germanique, désormais impuissante*
Marie-Thérèse» par se8 instances auprès des souve-
rains de France et de Russie, cherchait bien plus
réellement à mettre Frédéric au ban de l'empire, que
ne Taturait pu faire une déclaration de la diète..
L'impératrice de Russie, pour laver la tache de la
bataille de Zerndorf, envoya une nouvelle armée
avec un chef brave et habile, le général Soltikow.
A Paris, le duc de Choiseul, jusqu'alors ministre de
France, à la cour de Vienne, le plus grand fauteur
de la guerre contre Frédéric , était devenu mi*
nistre et il mit de nouveau les forces de la France
en marche pour reconquérir la Westphaliè, le
Hanovre et la Hesse. Le sort le plus dur attendait
ces malheureux pays, si le projet avait pu s'exécu-
ter; la France voulait se venger dans le Hanovre
des perles que l'Angleterre lui avait fait éprou-
ver, sur mer et «sur ses côles. Car les glorieuses
victoires dé la marine anglaise avaient extrêmement
affaibli la force maritime de k Fiance, et lui avaient
enlevé ses vastes possessions dans les Indes orien-
tales et en Amérique, Le prince Ferdinand avec
sa petite aimée fut le seul boulevard qu'on put op*
poewr h cw cjeswmi* de- vengeance sur l'ÀUowagoa
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3£4 septième époque. i84$—4858.
Batailles deBergen etdeMïnden. ISavrileÉl^dt-
— Ferdinand ét|iit*pressé de deux côtes : du eôtédta
Main, pat* l'armée du duc de Broglie , dont le quar^
trer-général étai* à Francfort <Ju'il aVak prise par
surprise (H -ne serait de rien à cette ville d^&ire-
une vîMe libre et d'avoir fourm scrupuleusement sa-
qtiote-part de contribution en* hommes st en argent
k la Confédération pour la guerre contre Frédéric,
ett#n?èn fut! pas moins occupée par* force); >fc du
cdté du bas Rhin, c'était le maréchal deGontadfe qui-
pénétrait dans le Hanovre aVee le corps d'armée»
j*rinoipal. Ferdinand espérant, à limitation 'dirrofl
Frédéric, pouvoir par sa célérité s'opposer succès*-'
sîVement'aux deux armées, marcha centre le duc de*
Broglie, dès le commencement de la* campagne, et lé
rencontra, lé 13 avril, auprès du village de Bergen,
non loin de Francfort. Il fit aussitôt donner l'atta-
que par ses braves Hessois ; mais la position des Fran-
çais étaitirop forte, etleurnombre lèurpermettantde
remplacer continuellement par des troupes fraîches
celles qui avaient combattu, les Hessois furent re-
pousses dans trois attaques chaleureuses. Alors leur
général eut assez de prudence pour ne pas exposer à
une bataille trop hasardeuse -,** cette armée avec la*-
queite il devait ctwivrir une si grande étendue de ter-
rain ; il fit donc cesser Je combat et se retira en bon
ordre. Mais il eut besoin de tohs ses talents militaire»
pour protéger la basse Saxe co ntrè le maréchal de Con-
tade. Qe général avait passé le Rhin auprès de Dussel-
cforfet, traversant la forêt de l'ouest, était arrivé k
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Giessen,ou il avait rejoint l'armée de Brogliëjil prat*
Gasael, Paderbornr Munster^ etMiqdensùr WWiéaarii
C'était un rapide succès , Ferdinand sevoyaifeaceliié*
du côèe ée Brème 7 ver s FcmbomahOTe daWéjer, et>
c^à le général fhmçaie regardait le Hanovre oemttïe*
une proie qu'il tenait e» ses makis. On fol à ftwsi
très enthousiasmé de ces, glorieux commencement* ;t<
mais le héros allemand change» bientôt la joie et*
tristesse par une complète victoire. Ferdinand'pleïw:»
de confiance dans ses propres ressources partàépow»*
aller à* la rencontre de l'armée fVa»f aise , et-pa«ufc»
. on sa* présence très à p*t>pos1 le 1er aoAt ,■ quand
lé& deux armées réunie^ se trouvaient attpvès de*
Minden, dans une position désavantageuse. Contadfef
fut obligé de combattre ^ patce que tes pwvisié»s b*ï>
étaient coupées, -et d'ailljeuus il comptait sur te sapé*
ribrité du nombre* Il ne fil pas preuve en *;e jo«*
d'une grande expérience* quoiqu'il ne fiât pafcd'-ati^
leurs un mauvais général. H avait"mi& sa cavalerie
au centre, contre tousle^usagçsde la guerre^compian*
sans doute sur un bon emploi; mais Ferdinand pro>t
fita de cette tactique pour le perdre, îrordotuia à
PinÉiaterie anglaise et hanovrienne, dont ji eoix*
naissait la fermeté, de marcher droit sur ses èsca»
drons de cavalerie. C'était une pensée audacieuse ^
sortie du génie -supérieur de Ferdinand, qui? osa
s'écarter de la route suivifc jusqu'alors, et elle fut cou*
ronnée du succès. Cette cavalériequi était Uélite du
Far mec? français y éfeoonée de eetAe hardiesse^ se jeto
§iu' elle avec foreur ^ raai& ells se basa coaU^cej
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. sEPTifest êpoçue. 1646— 4858.
rangs solidement hérisses de fer toutes les fois qu'elle
revint à k charge, et enfin le. feu de l'artillerie et
de la mousqucteric la mit en fuite dans le plus grand
désordre. Il se trou va ainsi un grand vide au milieu
de 1 armée française. Alors lé duc Ferdinand donna
Tordre au général anglais Sackvillè, de poursuivre
avec sa cavalerie anglaise, cette cavalerie en dé-
sordre ; et s'il l'eût fait, s'il eût séparé Vannée fran*
çafee en deux, elle était détruite. Mais soit jalouse,
•oit timidité , le général anglais, trahit, n'obéit pas,
et laissa aux Français le temps de séraésembler et de
faire leur retraite en bon ordre. Ils avaient perdu huit
mille hommes et trente pièces deeanon. Cependant
les suites de la bataille ftirent encore plus importantes.
Contacte* toujours poursuivi, se retira vers Cassel,
sur le Wéser, et de là encore plus au sud vers Giessén ;
tandis que Farinée de Ferdinand prenait successi-
vement, Marbourg, Fulda et Munster, en Westpha-
lie ; de sorte qu'à la fin de l'année, nôtre célèbre gé-
néral se trouvait encore en possession des mêmes
pays qu'il occupait au commencement.
Batailles de Kay et de Kunersdorf. 23 juillet et
1% août* — Le roi Frédéric ne se pressa pas cette
année comme à l'ordinaire d'ouvrir la campagne ;
parce qu'il n'avait plus comme nu commencement in-
térêt à uue prompte décision et que ses plans ten-
daient bien plutôt à empêcher la réunion des Russes
et des Autrichiens, s'il était possible. 11 se campa<bns
un lieu fortifié près de Landshutf de là, par de ra-
pides expéditions taiitôtcontre le* Russes en Pologne ,
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GUWtnE M SEPT À9^ SOT
tantôt contre les Autrichiens en Bohême, il pillait les
plus beaux magasins et ainsi retardait de plus grandes
entreprises de la part des deux armées ; car, d'après
les règles de tactique de ce temps, quand les armées
voulaient long-temps rester dan» un pays et ne pas
dépouiller ses habitants de tout leur avoir , il leur
fallait de grandes provisions.
A la fin cependant les Russes passèrent l'Oder .avec
60,000 hommes et Laudon était prêt de leur donner
la main avec 20,000 Autrichiens. Frédéric crut
dans un. pareil danger qu'il devait, pour sortir de sa
mauvaise position , avoir recours à des mesures ex-
traordinaires. Il avait parmi ses. généraux un jeune
homme qui s'était distiqgjié" par sa témérité daûs
maintes circonstances, le général Wédel; il le re-
gardait cfomme le plus capable d'arrêter les Busses,
seulement il était à craindre que les vieux généraux
ne lui obéissent pas volontiers. Alors le roi résolut,
comme faisaient les .Romains dans un danger pres-
sant (ils remettaient toute l'autorité entre les mains
• d'un seul homme qu'ils appelaient dictateur), d'en-
voyer le général Wédel comme dictateur à l'armée
qui devait s'opposer aux Russes. Il devait attaquer,
d'après l'ordre du roi, partout où il les trouverait.
Le dictateur l'exécuta à la lettre, mais sans réfléchir
, à ce que présupposait un pareil ordre. H attaqua
lés Russes, le 23 juin, près du village de Kay , non
loin de Zullichau; mais dans une telle disposition
de terrain. que, pour arriver àr l'attaque, son armée
était obligée de passer sgr un pont et par tin chemin
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-808 «EPTlfcME ÉPOQUE. 4644-^1838.
étroit qui formait une longue file ; de serte que ses
bataillon» arrivaient les uns après les autres sur le
r ihamp debataUle, oùiljs étaient reçunpar un feu meur-
trier et étaient ainsi battus en détail par Fermeon.
,Les Prussiens perdirent 5,000 hommes^ et le&Russes
ne trouvèrent plui d'obstacle pourseréunû à tAudon.
Alors Frédéric dut lui-même accourir au secouns ;
inai§ cptfœrissant tout le danger auquel il allait
.s'esçposer,; il fit venir son frère dans spn camp de
, Schmottseifen, le chargeade surveiller i^rmée, jet de
>j?liis le constitua logent du royaume ^ppiar le £as
où il viendrait à être pris ou tué da#&ceUg c&mpp-
. .£ue. Cependant il exigea de Jhji la proiwœssç s&Ua-
nelle de n'entendre à aucune paix h ou te use poUr
,1a jp^ison dp Prusse , si un p^eil majeur devait
lui arri^r* Frédériq *avait vme et wouçir en roi ;
„# il aurait vplontiecs sacrifié. sa vie \pour i#ijber Ja
^sjptivité; car il savait trop >jen quels grands sa-
crifices, $es ennemis auraient exigés paur ^a.UbeKfee.
ï Le '£2 août, il rencontra les Eusses efciesÂufrichiens
réunis au .nombre de 60,000 hommes, retranchas
, sur les hauteurs de Kunersdorf ,Tion loin de Franc-
fort-siir-l'Oder. A l'inspection de leur position^ il
' .s'arrêta .& un plan de bataille qui devait non pas
♦seulement lui donner une victoire,- mais lia per-
mettre d'anéantir-l'ennemi. Beaucoup ont blâmé le
; rbid'un dessein sicfuel;niais, auco»traireT un pan?il
tplan est un témoignage caractéristique ,dji grand
général, qui aune, mieux finir, la guerre d'un: swl
t coup que de la trader en longueur ,par d&& *ow-
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bats insignifiants et en somme .plus meurtriers.
Comment d'ailleurs faire un ?pareil reproche k Fré-
déric,, lui qui avait tant d'ennemis à combattre à Ja
fois, lui qui avait tant de raisons d'en. finiry s'il était
^possible , avec chacun d'eux en particulier. Le plan
de «bataille de Kunersdorf ne fut .pas la cause du
«nalheur de la journée $ mais ce fut d abord i'igHP-
rance, des lieux , car quoique Frédéric eût paris des
informations des gens qui connaissaient le . pgjr? ,
il n'avait pas des notions suffeuuprei&exaptes; an-
suite son trop de confiance $ur les forces humaines.
: Il Bravait que son attaque sur l'aile.g^uçhe des Rus-
. ses, qui, à cause de^grands efforts de ses soldats, eut
réussi : spixànte-dix oanons avaient Aépris et l'aile eu-
. Jière mise eadéroute ; déjà mâne le roi avait envoyé
un epurrier annoncer la victoire à Berlin, Jpe, jour
déclinait, sesgénéraux lui çon&eillèreqt de ménager
«es troupes épuisées; parce que les Autrichiens
gavaient point encore pris part au opnabat et fjije
l'aile droite <Jes .Russes et^it restée inébranlable^ et
certainement diaaieat-ils, l'ennemi sa retirera de
lui-même dans la .nuit» Maisle roi, qui ne pouvait
soaftHr une oeuvre à demi faite, ordonna une nou-
velle attaque ,, et il fallut qu'après les |>Us grands
efforts d^jà faits 9 une armée; apcablée par le .poifls
d'une journée très chaude tantât^tMîpre 4c conquérir
à 1 escalade dtf§ hauteurs jet une position retranchée
4?o& sortaient des feux meurtriers qui; renversaient
. des xaûgs entiers. Alors le plus:gF4odi&urage devipt
inutile devwt la j»¥péri«*ri# t<1u .nombre. Chaque
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400 SEtnfenK fepoQûB. 4648-4838.
fois que les généraux et le roi hii-métne, après avoir
rétabli les rangs, arrivèrent à l'attaque, ils furent
repousses ; à la ^n , comme depuis long-tempr les
esprits étaient dans l'exaltation , ils tombèrent tout
. «Fun coup dans le plus grand abattement , l'effroi et
la confusion se mirent dans l'armée et tout s'enfuit
en désordre, ta cavalerie autrichienne qui se jeta
sur les fuyards fit un épouvantable carnage, et il n'y
eut plus à penser, à rétablir l'ordre pour la re-
traite. Le roi lui-même, au spectacle d'une défaite
comme il n'en avait jamais éprouvé , fut saisi d'un
si grand désespoir qu'il ne pensait plus à sauver sa
vie, indifférent de rester parmi les morts, les
blessés ou les fuyards j il eut deux chevaux tues
sous lui, et une balle qui pénétra jusqu'à la poche
de sa veste ne fut arrêtée que par un étui d'or. Enfin ,
pendant qu'il était ainsi tout absorbé, lorsque, déjà les
escadrons autrichiens menaçaient, 1 es-gens de sa suite
saisirent la bridé de soç cheval et le conduisirent
moitié par force hors du champ de bataille. Ge fut .
le capitaine de cavalerie de Prittwitz, qui avec ses
hussards lé mit en sûreté. Aussitôt le roi écrivit au
crayon à son ministre Finkenstein ce billet : « Tout
est perdu ,■ sauvez la famille royale ; » et quelques
heures plus tard : « Les suites de la bataille seront
encore plus terribles que la bataille même. Je ne
survivrai pas„ à la ruine de la patrie. Adieu pour
toujours. » Telles étaient les pensées sombres et déses-
pérées qui roulaient dans l'esprit du roi. Et quand
le soir , couché sur un lit de paille, dans le village
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GtfKKIE DE SEPT kît*. 401
dQEtscher , sous un toit de chaume à moitié détroit ,
où il ne pouvait goûter le sommeil j tandis que le peu
à9 hommes de sa suite dofma ient profondément autour
de lui sur la terre nue; quand tout Péblouissemeot
que la grandeur de la terre peut donner eut disparu
à ses yeux et qu'il* vit tout sans aucun, voile , alors, il
put sentir mieu&que jamais combien l'homme est peu
de chose par lui-même et combien ses calculs sont
vains; car si une main plus puissante n'était ve&ue
h .sauver lui et son peuple , ils étaient perdus. Le
chemin de Berlin était ouvert au vainqueur, il
pouvait pénétrer dans l'intérieur des états prussiens.
Le roi le lendemain matin avait apeine 5,000 hommes
de toute sa grande armée ; et ce ne fut que quelques
temps après, quand il eut rassemblé tous les fuyards et
tout attiré à lui, qu'il put monter jusqu'à 18,000
hommes; puis pour remplacer les 165 canons qu il
avait perdus à Kunersdorf, il fit venir à grand peine
♦quelques pièces d'artillerie de Berlin. Cependant la
•capitale fut sauvée, le général russe ne poursuivit pas
3a victoire., soit par une considération secrète pour
le prince héritier du trône de Prusse, soit par mécon-
tentement de l'inaction des armées autrichiennes.
rSoltikow écrivit au feld-maréchalDaun, qui lui de-
mandait d'aller en avant :« J'ai déjà remporté deux
victoires , et je n'attends pour me porter en avant
(que la nouvelle de deux des vôtres ; car je ne vois
{pas avec plaisir que les troupes de mon impératrice
fassent tout par elles-mêmes. «Cette jalousie et cette
^mésintelligence entre les deux généraux durèrent tout
t.ji. ~ 26
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4M SBPTlfcHfe *W>QUfc. 1648-»1838.
le temps de la guerre, et plus d'une fois sauvèrent le roi
Frédéric des positions les plus difficiles.
Cependant le général autrichien se vît tenu en
échec en Lusace par le prîttceHenri , frère du roi, qui
dans cette ooeasion employa toutes lés ruses de l'art
militaire > et qui par toutes ses marches et contre-
marches, «ans livrer une seule bataille, le força de
repasser les montagnes de la Bohême. Là sage
conduite du prince fut si belle dans cette circon-
stance, qu'il obtint sans verser de sang ce que
l'impétuosité de son frère voulait obtenir par une
bataille; et il semblait que le sort les eût rapprochés
tous les deux , afin que l'un réparât les fautes de
l'autre. Frédéric a lui-même jugé son frère en
disant : * il est le seul général qui dans ia guerre n'ait
pas fait desiautes. »
•Cependant le prince Henri , ne put empêcher que
le roi n'eut à souffrir 1 la fin de cette campagnedeux
grandes perles. Dresde , la plus importante place des
Prussiens datis la guerre fut évacuée et livrée aux
Autrichiens. Le rot avait envoyé l'ordre au comte
4he jfohmettaa, alors gouverneur de cette plqce,
«près la bataille de Kunersdorff, de sauver avant
tout tel «sasette pleine de sept millions d'écus, s'ilétait
vivëmewt attaqué. Trop exact à suivre cet ordre,
le général Sohnwttau rendit la ville à l'armée im-
périale Je jour arème (û septembre ) que le général
Wmwcb, envoyé trop tard par le roi po*r délivrer
la ville t arrivait dans le voisinage. La cassette était
sauvée, mais toutes les provisions et la place même
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furent perdues; et cette perte permit au général Daun
de prendre pour la pnwmèrefois ses quartiers d'hi-
ver en Saxe. Le roi tenta tout pour le chasser de
celte pD&itW, il fanm l'arma m g£jw*\ ¥w<&
.d'aller ?vec 15,000 horonœp* preodrç Vaçpaép^irt^if
diicrunepar^dqjvière, du coté ds MaJ^av^^qf^U
était sur le dauger tle V entreprise p*r le $é&ç <&
noir exécuter une idée qui lui appartenait, Lç jj/wé?
oral» qui le reconnut et qui^mttlg^é^sçfp^^s^^ti^ft^
fut forcé de poursuivre FopéraJtioj*, peidifcili|ftnd,i|
& vit attaqua h cofï&mw çn &$f forces # p§r £pnré«
cjueitf ^n.s^g.fcQid, et il se.readifc aprq» un (Wfthtf
«uglartf. ayeç #b£q mille hommes qui jfcui reçtatfftt,
JU tféteit jaow* rieu arrivé de pareil daja* . Jfamte
jXvmeQne, & pétait çgpiw la co^e~pfrç*i$ &!#
sottHM^g^ çks 14,000 SaxQus faits pmoiMMfiC* *¥
mvfm^w&m^t de la guerr? , d#us upq ëçjftbjabte
position. Dauu outra comme en triompha d«P
Pra^te, #t d&lora w ne put ls d#ow»er 4» p*ff-
jlt & p*#er Tiûv?r en Sa»S- £e *o\t qfiï m pO»Wttt
4jft«app9ftfr Fid^f voulut lie fougue- $ap «* téwsfltf,
«ItreAU» ewpre six sèitiaiosa <ta ten^ camps prêtée
WiJsdruf eu pleine çeœpagne, n^4gr§ te fcwd fe
plu» igftto^ vouk*t obliger D^ft à* m faif$afil3ftt
4p*rluUfc à *te*ffrw COmaiç lui, Bnftn la ripawde
Inerte Jcwrça d'wK&rder du re^&^deafcaftiéift,
au moi* de jtuivier 1760, GepeiHl^t U te* W
«•oint pte ab*njntentae* k partis de la Sais $*»* lui
ètetaft r «» ii éUbli* son quart itT-g^u^i* Fribewg)
2G.
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404 septième époque. 4648—1858.
ANNÉE im
LiegniU et Torgau.
Au commencement de la nouvelle année la posi-
tion du roi Frédéric était très difficile. L'enceinte
qui lui appartenait et dans laquelle il pouvait se
mouvoir en liberté n'était à la vérité guère di-
minuée ; mais les sources où il puisait la vie et la
force tarissaient de plus en plus. Son armée était
moins nombreuse et moins bien composée; tandis
que l'ennemi semblait croître en nombre, après
chaque perte. Son esprit , toujours plus audacieux ,
pour qui il semblait essentiel d'attaquer, était
enfin forcé de se réduire à une guerre défensive;
encore n'eut-elle que des fruits amers pour lui au
commencement. Il devait, dans cette campagne f
défendre la Saxe ; son frère Henri la Marche , contre
les Russes ; et le général Fouquet la Silésie, contre
lés Autrichiens commandés par La u don. Mais ce gé-
néral , qui était le meilleur qu'eussent les Autri-
chiens , avait une armée trois fois plus forte que celle
des Prussiens qu'il pouvait laisser reposer à son
gré, tandis qu'un détachement était occupé au siège
de Glaz. C'est pourquoi Fouquet abandonna les
montagnes de la Silésie , où il se tenait pour être à
portée de courir plus promptement partout où il
y aurait besoin de secours. Mais alors les villes et
villages des montagnes, garnis d'une population ac-
tive et industrieuse, furent fort maltraités par les dé-
tachements autrichiens, et leurs instants pressantes
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GUERRE DE SEPT À1IS. 406
décidèrent le roi à donner Tordre à son général de
reprendre sa position dans les montagnes , auprès de
Landshut. Fouqoet, qui était un homme sévère et
à cause de cela peu aimé en Silésie , mais un guer-
rier brave et résolu, vit le danger qu*il allait courir;
et comme ses représentations furent inutiles, il ré-
solut du moins de subir son sort en se défendant, et
non: pas comme Fink , à Maxen , en rendant les
armes; aussi quand il fut attaqué, le 33 juin, par
trente mille Autrichiens qui l'enveloppaient , il se
défendit pendant huit heures avec ses Prussiens ,
malgré l'inégalité dii combat. Pourmieuxsoutenir les
attaques de la cavalerie ennemie, il form? ses braves
guerriers en bataillons carrés et défendit avec eux son
terrain pouce à pouce , tant qu'ils eurent la force de
porter leurs armes. Enfin Foùquet fut lui-même ren-
versé de cheval , et il allait être tué par les cavaliers
autrichiens, si son palefrenier ne se fut jeté lui-même
surson maître et n'eût paré les coups avec son propre
corps. Un officier le reconnut et le sauva tout cou veit
de blessures. La cavalerie prussienne s'était ouvert
un passage; mais l'infanterie fut massacrée, excepté
quatre mille hommes qui furent faits prisonniers.
Ce fut un combat dont la perte fut très sensible à
Frédéric. Fouquet était son ami, et la Silésie se
trouvait ainsi ouverte à l'ennemi. Mais il voulut
aroir sa revanche afin d'effacer promptemeat, par
une action hardie, l'impression de malheur attachée
à ses armes; il trompa le feld-maréchal Daun par
des marches habiles , gagna sur lui des avances coq-
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466 sEPTik*B **oçub. 1646—1858.
atdlraMe* et parut tout d'un coup devant Diteèd**
dont U forma le siège. C'aurait été pour ki HQigiwd
avantage ,*>ti eût pu forcer cette villa à se reûcfae^
«ail «»«omuiwMkiit , legénénal Matfquire, était ua
|xa*e militaire qui^ iiien que, Ifcs trois tfuarte db
«U* bdle villa et beaucoup de mnçpiêqw* îédtficBS
Ikartwt Téâafcts en ctodre par le fini desPnttsietoj
tti f*aiat (pat da tant a se rendre > pwoe *m'il a*
^t?^nela fraude aratée iratrichka» œivait len»
4*e p*èfc «t qu'elle le d#ivrerak. £b effet, Dan*
fart* wàïit que k ville dst été forcée de se rendre $
<ma« **ii sût fait «in peut film de diligence, il ka
wuoft pwbaideaiQnt épargné tout œ qu'elle eut à
*ou8tii\ Le ittri ieVa le sîëge et courut «b Sitésiçg
«ir il y irfUk *rm vë un nouveau «a&tt&itr. Le gené-
«1 Latdon atafe ietaiporté en un jottr, par la trahisop
4ftfe perfidie du connnandûat Oo-, Italien *de aai*-
i, i* *tUede>Giaz<, la plus importante des étais
aptto AUgdebourg^ citait la;cle do la St-
tfete. Héttwu&eméfct, Laudon trouva darale goai«r-
*«»wde^erfatt(fe eapitale)^ datisle général Ifeuefr-
%fâta , Un adv«waire résolu. Rien ne put r-efiie^yer,
et te fttfoce «Henri ferriva bfentât.paur le .sauver..
<> î B*UttJ*€ dé Litgttit^ iBaoût^-w Le roi j^drtit aussi
ttipm&tte four la Sïléiie, suivi 4m plutôt actroiapa-
ïgWf 4es/tei*ttrffes autrichiennes ^ carfd'im ootéiéteti Je
^d*4K**fellpi Doun et de l'auto le général LascL;
40ftffiail smritai jwcpi'à iiàegidtE, toujoura katmilawliat
«poMéd'âs la» dteac&rmcoicJief jqpu aie discontinuait
pot* M ne podvait pas aller plus km; Omn, «fui
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GVBAlt DE «EP7 AVIU 49*1
avait attiré & lui l'armée da Laudou » lui fayawît k
passage vers fireslau çt Sohweidaite,0Ù4ij#fit ses m«*
gasius, avec desfoncesde beaucoup supérieures I>W
*uire côté, le prince Henri était sen?é de prè*parte»
Russes sur l'Oder. Le roi n'avait plu* de vivreaiqpw
pour quelques jours, et les Autrichiens étaient s\ pçèq
4fl lui, comme à Hochkivch, qu'il lui fallait chaque
nuit changer de camp pour n'ét*e pas attaqué, Eufiu^
les Autrichiens crurent avoir (saisi le moment favot-
rafrle pour une bataille. C'était 1$ i5 août , et dans fe
/witp^ckUnteliaudw ét«t parti 4Vv*5W»p«*^«
ifeg^rerdesbauJ^^ etpi^&l'aiv
poée prussienne en do* 1$ «w dw^4t«*#*iUi de
tjms côtés ; m yonlaU, s'il #?it pwsihte, l'swk«*hr.
Injustement, qette m#*ejwiik W yoifi^f^^pil-
; Jffipsa po#tip9 à SW armée daps laplw grafld afte^M» ,
p^ce que je Jonr précédât \e§ Autrichien* l'aya^tt*
&it observer avec un trop#$nd roi» , # il 4tôtiwftu
.ççpapiper ^ les hauteur* 4ft Pfuflfcndotf, v$rçj tas-
quelles Landw se dirigeait (*)• h& foax 4e »w& î>r&-
Jaient tyiyaurs Aws lVutfeu <w»p pr>u*$w# eflrt*»-
, toau&.par les.pajsfun^ ^t lts p^ro^Ulw de &w§wd$
p^si^ns oriaiep* tpujowrs Igg pris dteigwle 4 olwqtf e
qqajrt d'h^nr^; tandis qm^éik Je W #*H ÊWt
, ^hli daps son w>uyea« cwp, Les sqld»t# étefëft
, couchés ayee Uw* armes, ^t le?oi eoy«4Qppé *4#fs
O Àrchéhholz dit que Frédéric avait été informé des plans de l'ennemi ;
et ainsi s'eJ^tiqaft fee changement si seeret , et le sifenee des soSdats dans
leur nouveau camp. (A. Guerre de sept ans,), , , . * fui.
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408 septième époque. 1648—4838.
Éûn manteau se mit auprès d\m petit feu et s'endor-
mit; sou fidèle Ziethen était auprès de lui, et quel-
ques autres officiers s'y trouvaient aussi. Un silence
solennel régnait dans toute l'armée ; le plus petit
bruit était défendu, et chaque^ guerrier attendait le
jour; les uns dormaient, les autres causaient tout
bas. Mais, vers lesdeux heures, le commandant d'une
patrouille de hussards vint révriller le foi par cette
nouvelle inattendue : L'ennemi est là, y peine éloigné
de quatre, cents pas. Celte parole fut comme une
Commotion électrique; en un instant les généraux
f aont à cheval, les bataillons sontarmés et le bruit de
l'artillerie retentit. Laudon étonné reconnut bientôt
à la faveur de l'aube du jour qu'il avait devant lui
ia plus grande < partie de larmée prussienne; mais
loin de se décourager il redoubla d'ardeur dans
«on attaque, espérant d'ailleurs que le fel A-maré-
chal Daun entendrait ses décharges d'artillerie et vien-
drait à son secours; mais un vent contraire chassa
le bruit de côté, et Daun n'entendit rien. Après
trois heures de combat , à cinq heures du matin , la
Victoire était décidée. Laudon perdit quatre mille
hommes, six mille blessés, quatre-vingt-deux canons,
J et fut obligé de se replier en toute hâte sur la Katz-
1 bach. Daun , qui voulut de son coté marcher contre
l'armée du roi, arriva le même jour sur Paile droite des
Prussiens, commandée par le général Ziethen, et
fut reçu par un feu d'artillerie des miçux nourris ;
. mai^ quand il apprit la défaite de Laudon, il se re-
plia aussi lui-même.
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GUBBRB DE SEPT ANS. 400
Cette victoire , qui était un véritable présent de
ja fortune, améliora extrêmement la position en
roi, et il sut en tirer parti avec toute la promptitude
qu'on lui connaît; trois heures après la fin de la ba-
taille, il était en route , les prisonniers au milieu, les
blessés, amis et ennemis, étaient traînés dans des
chariots, et les canons pris rangés avec les autres dans4
le train. La tête de l'armée vint camper dans la même
journée à trois lieues du champ de bataille; la route
de Breslau était libre et il n'avait plus à craindre
que les vivres lui fussent coupés.
La Silésie était en grande partie sauvée ; mais dans
la Marche et dans la Saxe étaient survenus de tristes
événements. Les Russes s'étaient retirés de devant
Breslau, pour s'avancer sur la rive gauche de l'Oder;
et ils se décidèrent alors à envoyer à Berlin vingt
mille Russes réunis à quinze mille Autrichiens
commandés par Lasci. La ville ne pouvait résister
à une si puissante armée avec sa petite garnison ;
elle se rendit donc au général Totlében, le h octobre.
Heureusement pour elle, il ne fut pas trop sévère
et la préserva du pillage , sauf quelques maisons
royales dans les environs qui furent saccagées par
les Saxons, et quelques monuments qui furent dé-
truits. L'occupation de la ville dura huit jours, et
il lui fallut payer des sommes d'argent considérables.
Alors se répandit le bruit delà marche du roi, et
aussitôt l'ennemi revint en Saxe et sur l'Oder.
Bataille de Torgao, le & novembre. -— Frédéric
n'arrivait pas seulement à cause de sa capitale,
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4*0 siPTik** *JHWn. 4M&f~4838.
mais surtout à oau$e de la Saxe. Pendefit qu'il était
flKCHp^e* SU^sitf, Vzrmm impériale y était eptrés,
tit an trouvant aijjcune résistance s?était emparée dp
lp4t Jq pay$» Itaui? arriva aussi lui-même avçç sob
,ajrm§e et campa won lpin.de Torgm-» dans ppe pp»-
J4tioA<tff&? farta* Si le mi ne voulait pps tp#ir ce b$afc
fiaj<s p#w perdu pour lui /et renouer à fendre
^quartiers daas ses pro^s,*^,, M faltei* te.**-
^oaaqu^rir tout entier avant \%if&P;ll:n9aimtf/p
•à- fiMsir; et alprs-, ço»i^ dqâ pjtt#eur$ foi* au-
paravant , à la fin de la CÉii#f*g#et, il tîjHt dev£*r
!#pjt risquer pp»r ^Uenir uu gcaod gaiu; oettefois
aa perte semblait irrémédiable t si.pe oaupp^rilie^x
;#£ i^ii^iswt pas.Pn reste ilpamiss^it lout<res%ré
44* IflWrt PP*V ce dénier ci*a, -et y firttyès pr& de
i|>ff'd^ fc bafci^e. X-Vttaqu€ des ligues refrapcl*$esde
tïlWBWfc 4ey#fr 3 voir Ugude.ifciUE cotes, parjtjjmx
-dtâ&pJrt? cprps d'armée ; le rpi en t^dafraii; un, ^t
; fteftfip l^ntreqjû devait passer p^jnle^usilapçinte
4» ^ntagn§§> porçr vçnir pemfre les Autrichiens
,<pa4ps. {Iȍ Jfor$t ca^liait les approchas du, roi i fnapil
, ^ ^j^^fnJbaiTfts dan? sç? trains,^ qnjîjrèççssija
.Wffit^} et sitôt qu'il sortft 4^1* fpr4t* U étendit
j^nfif^^u.difcpJ^Me £tet|>TO* de swjs qa'Û Je
|(f rut fipmplè^Ç^Rj WBPg^; ^Ç;:cp(ii;^it,qu'»n
Jim 4'pvant-pastes^ ; ,et JPaun pquvaiç mç&w #igpr
7tout son uaoiide contre le roi. Aussi, quand dans son
impayé?? efr sap? attendre le reste, de; \ 'ganterie et
:Jisa cayplerie^ Uwn4ui»t ses grenadiers poutre les
.pefcrfuiphemewts a#lriphiçfls , il fui, reçu par un
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avEi«« db si** **s* • AU
feu h terrible dt deta et ots bouches d'artiHcrie*
que lés rangs de «es soldats furent abattmctwme p«r
pu coup de foudre; de >orte qfce leurs corps igar*
dftieat encore par terre le même ordre «de bataillé^
tandis que $e« canonnière né purent réussir à twùr
«a seêl coup; parce qu'ils étaient eux-jnâmfis> éo*à*
$és aum hàen que leurs chevaux, avant d'avoir fit
charger leurs pièce». Lé roi avoua Ini+piéine à.cerifc
qui étaient avec lai qu'il n'avait jamais : oulwwà*
un pareil fracas, et en effet plusieurs hommes en «kî-
Tinrent sourds sur-le-champ. Frédéric y fut fiwppÊ
À la poitriae, maïs sans -qu'il restât de tmaett. Oè
«nouveaux bataillons . prassims . arriverait et gi*
#uè*eirt du terrain , mais ils furent vivemeat rq-
poupsés pm* 1b cavalerie autrichienne) 'celte** ftft
elle^métoe chassée par oelle des Pmwiens ^ «pli; fit
-forcée aussi de revprôr, ayant fçncootfrf «* obittwèe
>^u'»èllo w pal^urmonter^ et Ton combattit ai oëi jéja-
^jtt'à la omit a*vbc différante suoois. Cepti»éattt;le<: *Ji
étiûtprofonjcWmeiii affligé et toarmenté. i/âtttdMOD
infanterie gisait sur le champ de bataille , et les re-
tranchements autrichiens "n'étaient pas emportés;
le feld-maréchal Dftuji ayjait .même fait partir d'a-
vancé pour Vienne un courrier annoncer la victoire.
La fortune en avait cependant autrement décidé.
Tàiïdis que du côf éduTDi on fcôtriBifttâlt ettcotfe'çàlet là
'dans l'obscurité, souvent ami contré ami} parce que
quantité de troupes s'élaîent égarées; taûdSs qde
d'innombrable^ feux étaient allumés d&hsles bois
de Torgau eV qu'à câu&e dti fVdîcï de cette riûït d'ato-
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4U SEPTtkm époque. 4*48—4838.
tourne, «mis et ennemis, blessés et hommes sains s'y
réunissaient avec l'intention au matin de se rendre
h celui qui aurait la victoire; pendant que le roi,
dans l'église du village d'Elsnig, étaitoccupé à écrire
des ordres, le général Ziethen arriva sur le sommet
des hauteurs, après avoir combattu jusqu'à dix heures
d* soir et se réunit enfin avec le général Saldern.
i*fcrlà, la position des Autrichiens se trouvait
tottrnée; ils ne pouvaient recommencer le combat y
te lendemain matin ; et Daun, qui avait été lui-même
Mené , se retira pendant la nuit, en grand silence, à
travers Torgau, pour passer l'Elbe et gagner Dresde.
Cette retraite fut si secrète que les Prussiens se pré-
parèrent le lendemain matin à un nouveau combat,
filais quand le roi sortit du village , à Paube du jour,
il trouva le champ de bataille vide, et fut salué
comme vainqueur par ses troupes. Par cette san-
gknte bataille il reconquit une grande partie de la
Saxe; dors il y donna àes quartiers d'hiver à son ar-
mée et se retira lui-même dans Leipzig.
ÀlSNÉBS 1761 et 1762.
rai* avec la Rassie et la Suède.
Les dernières années de la guerre offrent moins
de brillantes et grandes actions. L'épuisement des
peuples devenait déplus en plus sensible, et Frédéric,
qui d'ailleurs était si avide d'entreprises, élait obligé
de sVn Lçuîr à la défensive et de consacrer toutes ses
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- auxàns pi sept à*s. . 41 S
facultés à conserver ce qu'il possédait encore : ce ne
fut pas une tâche facile. En 1761 , il prit lui-même le
commandement en Silésie et employa tousses talents
pour empêcher la jonction de l'armée russe, comman-
dée par Butturlin, ayec celle de Laudon qui faisait
à elle seule soixante-douze mille hommes; il réussit à
gagner du temps et à laisser ainsi jpasser une partie de
Tété. Enfin les deux armées se réunirent , le 12 août ,
dans les environs de Strigau, et firent alors un total
de cent trente mille hommes ; de sorte que Frédéric
fut obligé, ayec ses cinquante mille hommes^ pour
n'être pas accablé par un si grand nombre, de se
retirer dans un lieu retranché} ce fut dajia le camp
de Bunzelwitz, dans lequel il resta vingt jours assiégé
et nécessité à une si grande vigilance, que ses soldats
se tenaient en armes et en ordre de bataille toute U
.huit et ne se reposaient que le jour. Cependant un
ennemi trois fois supérieur en nombre se jetant
avec toutes ses forces sur les points les (dus faibles
du retranchement, aurait pu conquérir la victoire;
mais il manquait un génie pour conduire cette grande
masse; d'ailleurs les deux généraux n'étaient pas
d'accord et ils craignaient de travailler l'un pour h
réputation de l'autre. Chacun croyait toujours que
le plus lourd fardeau du travail commun lui était
imposé; et de même que déjà dans tout le cours de
cette guerre jamais une armée russe unie avec une
armée autrichienne n'avait pu agir d'accoi?l>
cette fois encore elles se séparèrent sans avoir rien
fait. Les difficultés de fournir aux besoins d'une si
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gmndfeiftwWtiKÏeèwftrt U priôtipàle câitsè.PrëâéKc
*t sonarméè s#trovv£rent donc un peu piastre*; et
alors, afin d'arrêter toutes les poûtsMtes de» Russes,
atrmoiifô pour cette année, il fît piller leurs maga*-
èins en Pologne au moyen d'une expédition hàrcHé
«ctoduhte par le général Platen. Le coup réffssrt c*
fotttéë ru&è fut paralysée pour cette campagne.
> Cependant cette année ne devait pas se passer sans
Quelque malheur pour le roi. Quand il abandonna
Hbn camp deBtmzeltvitzpnur attirer les Àutrichîenfc
Ans le pays plat de la Sîlésie , tout d*un ûattp
Laudon descend des montagnes, et au lieu de suivre
fe roi, il tourne tout d'un coup sur Schv^eMnitz,
Siirprend ftr viHe qui était mal gardée et l'emporte
#«ssant datts la nuit du îir octobre. La faible gar-
mson, composée degeiis ramassés de toutes parts, Ait
fttftè prisonnière avec Zâstrow, son général. Par
f6cte»pàtion de Sclweidnitz et de Cflaz , les Aûtrî-
<*fenS se trouvaient maîtres de la moitié delà Siî&îè
é* ife purent y passer l'hiver. Les Russes, de letit
*<Hés Vêtaient enfin emparés de ^importante place db
CWlberg j le L3 décembre , après une siège de quatre
ifccfe, et voulaient au moins imefèis passer Vhhét
«i Pfcttnërftftie.
-:îEe rd <hWit jamais été si resserra: CepeAdatîft
%*4aee Heari avait , eut été, défensfci avec béautouf)
tffcabafelé contre Bârni cette portion de Ja Slàxéqm
Wf restait encore j «ai» ce n'était qtoe la moitié , et
te» Russes, le printemps suivant, en parlant de
&dtof rt'avttientqne quelques pas à faire pour awî-
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oviaâtt m mrm émj * 4ïfc
ver à Berlin, Réduit à. une papille fextr&fitai* le
peuple prussien eût pu perdre entièrement courage*
nuis il se montra digne de la fermeté de flfcmroi et
même il relaya *o* tourna par Sa confianèe que M
inspirèrent atfasi tien le^bourgeois <pae ied pnysawr,
et tonte la jeunesse q*ii renaît souà les drapéâttt
exprimait son enthousiasme par des étants les plus
exaltés. Aussi on disait tout haut dane lq ownp qttê
le roi et son armée ne pourraient perdre ctfttrttgè
tant que le peuple serait lui-même si vàUl v Àitfsi le
roi , le peuple et l'année ne faisaient qu'a*, et À
la raine cjtait inévitable, au raomsr ette devait Are
glorieuse,.
La nouvelle année apporta avec dite un nouveau
rayon 4'espérance , d'autant plus aereii» qu'il était
inattendu. La reine Elisabeth mourut) le & jfrimer
1762 et d^livr-a Frédéric d'un ennemi aahartté. Son
neveu ,: Pierre III, utoota sur le trône $ tfétatt tni
admirateur ailé du grand roi, 4pii n'écoutant que
ses sentiments commença par renvoyer eu Kbefrtë
tous les Prussiens» satia exiger de rançon, eC hoii
seuletgent il/fit avee Frédéric, le & mai, if SakûU
Pétçrsbourg» une paix dans laquelle il eticwhstlt à
peu ses intérêts qu'il i*ndk toute la Prusse dans ejtfc
gp: indemnité ; mais il conclut même une alliance
avec lui, et fit partir au secours des Prussiens en Si-
lésie^çp gétoéwl Czenutoetef a Mec vingt nrflfe Russes;
La Suède suivit œt exemple 5 lpsse chine guerre
si peu honorable , elle fit sa paix avec la Prusse , le 28
mai àHambojurg*
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446 SEPTifen« époque. 4ft48— 4858.
Alors Frédéric pouvait tourner toutes ses forces
contre l'Autriche et il comptait bien lui reprendre
bientôt la Silésie. Il voulait commencer par Schwei-
dnitz ; et comme le feld-maréchal Daun se tenait à
couvert dans une forte position auprès de Burkers-
dorf , il résolut de l'y forcer aussitôt, après sa réunion
avec les Russes. Déjà il était en marche, quand
tout-à-coup arriva la fâcheuse nouvelle que l'em-
pereur de Russie , Pierre III , ^tait mort, et que sa
ferçune Catherine avait été appelée sur le trône;
Czernitscbef fut obligé de revenir aussitôt en Po-
logne avec son armée. Le jwne empereur avait en-
trepris aveuglément beaucoup de réformes en Russie,
soulevé contre lui le clergé et la noblesse, fort
maltraité sa femme, et préféré d une manière outra-
geante les Prussiens aux indigènes; aussi perdit-il
son trône au bout de six mois. De nouveaux dangers
menaçaient Frédéric, si la nouvelle impératrice,
et les apparences l'indiquaient, se déclarait contre
lui comme Elisabeth. Cependant , il prit prompte-
ment son parti et résolut de tirer du moins quelques
profits de la présence des Russes , s'il était possible.
L'influence du génie de Frédéric sur les autres hommes
était si grande , qu'il décida le général Czernitscbef
à tenir secret pour son armée encore trois jours Tordre
de la retraite, et de s'approcher des retranchements
autrichiens le jour de l'attaque; afin de tenir par
sa présence une partie de l'armée en échec. Gzer-
nitscbef fit au roi ce sacrifice, qui pouvait facile-
ment lui coûter la vie. Frédéric livra la bataille de
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GUERRE DÉ SEPT AKS. 44T
Reichenbach , le 21 juin, et remporta la victoire. Le
jour suivant l'armée russe se sépara et se retira.
Cependant on ne demanda pas à Czèrriitschef
compte de sa conduite; parce que les sentiments
de l'impératrice avaient changé à l'égard du roi. Au
commencement , elle avait cru que Frédéric avait
excité son mari dans ses mauvais procédés à son
égard; mais quand, après la mort de Pierre, dans les
recherches parmi ses papiers, elle eut trouvé des
lettres de Frédéric qui lui adressait les plus pres-
santes exhortations à la prudence dans sa conduite
et surtout à des ménagements pour sa femme; alors
Catherine changea complètement d'intentions, et elle
confirma la paix avec la Prusse , sans toutefois pro-
mettre son secours pour la continuation de la guerre
contre l'Autriche.
Frédéric entreprit le siège de Schweidnîtz; mais
il y perdit tout Tété. Autant les Prussiens, par deux
fois dans cette guerre , avaient mal défendu cette
place importante, autant alors elle fut défendue avec
prudence et courage par les commandants autri-
chiens, le général Guasko, gouverneur de la ville, et
Gribauval, ingénieur de la place. Le siège dura neuf
semaines de temps, et le roi lui-même le conduisit
jusqu'à la fin avec le plus grand zèle. Ce ne fut que
quand ils eurent perdu tout espoir d'être délivrés ,
et qu'ils manquèrent des premières nécessités de la
vie, qu'ils se rendirent avec dix mille hommes de
garnison, 9 octobre.
Cette année, le prince Henri, avec toutes ses me-
T. n. 27
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%oi^à occuper tout le pa$5*e;«jgpté Dresde. Il 4k
^me dlwureijses, exjréditipps w Bobênfê ^ dafls*
Vwijpre* jwii:&itçmenjt çecond^ car la yalçur cfes ç£-
q&au^ s<w& ses wfres ,, Seidlit?,, K\eist et Ççllipç.
Qua$d çnfi& ^esr Autrichiens et l'armée impérial
youluf eçt, rajç la. supériorité de leurs forces, le qçij-
tjfapîdre ^, <ÇiMjter i^qç çpsitiop avantageuse qu,'il
^itàFreiberg, il attaqua les impériaux séparément
le 29 octobre, et les mit daçs une complète 4érouJt£.
Ç^; fat \çt 4erniçs combat de la,gjuerre dç sert ans. Le
ipk sjgftft), le, 24 novembre,, un armistice ayee l^U-
t^içh^ çt dispersa son arméq dans ses quartiers d'hi-^
vçr^depftis }fi Thuringe jppqii'en Silésie. Cependant
^çe^néraj. B^leist resta encore avec dix mille ljom#ies
en campagne contre les princes de Fempiçç, entra
ça Françoçie , et ]ps força YvjfL après, l'autre à &ire
Le dçc Ferdinand de Brunswick ayait , pendant
les trois, deçijjèreg apnées de la guerre^ glorieusement
soutenu sa Réputation paç la défense de lp basse Saxe
çt dç la \Vçstf>halie. La France employa tçutes ses
forces pour reconquérir ces pays et sauver l'hqnçeuç
$e sçs armçs. Elle chpngeaijt à tout moment ses gé-
néraux, et sop ajmçe , en 1761 , était fortç dis cent
cinquante tjaille hommes. Ferdinand n'avait que
auaJ.re-\ ingt mille hommes à lui opposer/ et pour-
tant tout cç développement de forces n'aboutit qu'à
l'occupation de la Hesse, qu'il était, djailleurs impos-
sible à Ferdinand de défendre; pajfce qu'il se trpu-
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$#4 Qt» 4u ç$t4 dp, Maift. |fo; i^y^Q^e, ^uçugs^r,
çjQeçyrç, aucune ro«WM?e ijl^ pweijt lui £yrçf <pi#ç£
sa pp^itW* SW Ift rive gaiipl^ 4*i Wqses çt Sjtf Jft
Çfimel, 4,'oùr U çpuyçai£ è, 1a: #?& H b^Sajçe, et; ^
WwJylIraH?* Les g<£p4rau$ sp^sjef w^s^W B^Çft
l^ri^e* de Bnwswick > Spoe$e£;, Ki^aftSfçg^ ^
IflLck&QTy se c^stipgijèrç^t daps beaucoup, de çQisahtaJs,
p^çu^içrs ; % la, % de I4 décide ç^npag^ç h ^
cpjwbajt keu$çf*ft, pr^s 4e Wil&|lw&4> ?& 1$ 4#%
ei^&at d'çsfir i^éwe, at^qu^ Çt 4e W^r k <Wp*¥-
s^yç i p^r ua «gocptfL ,, près, 4ç Jiitfftç^çg , il #ass?,
le^ Fça^ç^if dft territoire 4& ÇwV * % Pï¥?; <k-
<pe lft .gpep$» £er i#y,eff$i;ç. X^a açpqiis^ fo| <p*4
^7,6$..^ Tq^^s ^ œM^s ^ig<^nJ;ç{Ç éj^çf^,
égp$&5 çtj n# pépiaient qu'à la, pai^ t^gglçfcHçg
Wlfr %itt 4'imppiftiaftt^ çpwpi|te$ dg Vapjtçe çôfé ^
B^ 9V& j>ws^ el^ç ^v^ij *ugfffê¥*# sft £% <fô
^nj^liftnadj'éçi^; et 4epws g»e, Çwgç& £ $9&
gjpçt, <a (p*e lqr4 9^ , qui avait élçye lç ftOjrçç^
çgj, eAt pris fepîjiiçe dp pr^mieç çiinjst^ Çitt^ty £
$$% pftç.teftd^ce v&bte à k parç, et ^ Çç^ÇÇ,
$?va& a$$i, la clési^^c eU^-mêiûe. Aç çe^e, ^juw;Ç|
Frédéricet Marie-Thérèse restaient seuls surlç Ç^iP-ty
^Çtlp^Uie. Cepe^daat r^^çhe rj'^ai.t, si/WÀ glu*
dç ^&j;au£ , 4w mQijw plus 4'ajr§ç?t p£t^ ç,OQjtifuey
fgçie, çt l,e vo| Ç'réd^iç n'avait jjv^s eu dt^utre but
" I., 27.MWt
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420 sEPTifeMB époque. 4648—4858.
quede s assurer laSilésie. Quand cette province lai fat
assurée, il ne fit aucun obstacle à la paix, et elle fat
convenue avec (es plénipotentiaires autrichiens et
saxons dans le château de chasse (Je Hubertsbourg.
Des deux côtes on rendit les conquêtes, on échangea
les prisonniers de guerre, et Ton n'indemnisa aucune
perte. Frédéric resta en possession de îa Silésie et
rendit au roi de Saxe ses états* Ainsi, une guerre si
coûteuse et si sanglante ne changea rien dans l'état
des choses; sans doute au moins elle valut une bonne
expérience , et Ton put dire que c'est à elle que l'Eu-
rope dut d'avoir été si long-temps tranquille après la
paix, pendant environ soixante-dix ans. Plus d'agita-
tions dans les affaires, plusdesoupçons,d'ioquiétudes,
de rupture ; tout le monde était convaincu de la durée
de l'état de choses actuel . Le sort avait prononcé pour
la Prusse : sa puissance reposait sur des bases bien
solides, tant que le même génie la gouvernerait et
conduirait ses forces, quelque petites quelles parus-
sent. Un esprit sérieux, industriel et martial qui do-
minait le roi comme son peuple , la justice et l'éco-
nomie dans l'administration, un esprit de recherche
pour tout ce que le siècle apporte de mieux avec lui-
même ; voilà ce qui donna à Frédéric la force de
combattre la moitié de l'Europe i et ce qui main-
tiendra la Prusse tant qu'elle saura se conserver ces
ressources.
L'Autriche prouva dans ce temps, comme toutes
lès fois qu'elle avait été menacée d'un changement ,
quesa puissance n'était pas facile à détruire, que ses
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GUERRE DE SEPT AM8. 4SI
belles et riches provinces, que la fidélité et la coopé-
ration de ses habitants, que leur amour pour un gou-
vernement paternel et doux, entretenaient chez elle
un germe de vie inaltérable ; de même les Hessois,
les Hanovriens et les autres bas Saxons avaient mon-
tré contre lès armées française une constance et un
courage qui semblent encore rehausser la gloire du
nom allemand; l'honneur de la guerre rejaillit par-
ticulièrement sur les Allemands. Et si l'on veut par-
ler de cette supériorité de vues dans les poursuites
d'une bataille et d'un regard rapide qui saisit le mo-
ment, tout le monde aussitôt prononce le nom du roi.
Frédéric, du dite Ferdinand. Aussi depuis cette
guerre les peuplades les plus isolées de l'Asie et del'A-
frique, celles qui n'avaient jamais entendu parler
d'histoire, connurent le roi Frédéric. Leprince Henri
fut le modèle des généraux circonspects: avec les plus
petitesforces , il savait occuper un ennemi puissant
sans cependant lui abandonner du terrain. Ziethen
et Seidlitz seront toujours distingués parmi les gêné»
raux de cavalerie, et tant d'autres formés à cette école,
qui seront rangés parmi les héros. Au contraire, ce-
lui qui voudra apprendre l'art de choisir en maître
ses positions et de saisir le moment décisif pour faire
jouer l'artillerie, il l'étudieraavec les Autrichiens;
et les noms du savant Brown, du rapide et entrepre-
nant Laudon, ceux des adroits généraux Nadasti,Las-
cy et autres, seront nommés avec orgueil à côté
des anciens et célèbres généraux de l'Autriche.
U est consolant au moins qu'une si grande gloire
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$92 sEPTifcftfe iftoçirs. 1648^1838.
•^tïfegô «âtoicïrla dotdenrde cette iatte et cdnwîr^h
'quelque ftçon te vice dtrgouv(*nenierit impérial. En
'dffet , flalis notre constitution , l'état de la potftieti
«pensante et capable de donner conseil était si împar-
-fert^ les formes établies pour la direction des afikfPés
taTrfientteltemerrt vieillies1; la marche des choses était
t*i 1 ente et & énervée «, que^i le ccèrir -et le bras n*ett-
-seiit Jpfts "si bien fait leur devoir et niassent pas
-MOritré'à i^etrarigier «pie i^esprit riiartiai de l'ancientfe
Allemagne Savait pas ;enborfc disparu , noire pwfs
eeririt tbîen plus 'tôt devenu la proie de l¥tranger.
Lh France acquitpeu d'honneur dans cette gaerre ;
tfa marche faible et sans plan arrêté manifestât
sfesez cfo'elle était conduite par des fennnes et desfc-
vdris ^ etquvellé fournissait dans un engourdissement
imc^tsel. Cependant -elle nepetfdit pas par la paix de
?Bàrisrqiiî futsiçnéeemqj ours avant celle deHubettk-
'bonng, autant qu'on aurait îpu croire d'tfprès les
^succès qu'avaient eus les armes anglaises sur mer ;
-mais ceÉle paix était Ponvrage du petit esprk ide
Baie.
Siècle du grand Frédéric.
Pendant %èctflme d?<rnviroà trttfrte ans qui suivit
là 'paix âeïïtfbefrt&onrg, les germes d'une 'feule de
Nouveaux frtfits, qui avaient &é plantés antérieure-
ment<Jan& l'Allemagne, éprirent leur essorât arri-
vèrent k-trne parfaite maturité.
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ï>ôur caracftërîsèr fèè Siècle pifr tin Min , Itfn ï'*j*-
"pela le siècle du'grand Frédéric ■; farte SOn^spWtffiït
celui de l'époque, et que le bien et Te taafl fie 'àfefe
contemporains parurent représentés date lui ^ous
Itne ^grande éctteîïô. Mais fl nous Veste VPAfr1-'
dièr dans la paix comme nous ï'avcfos Vél dans la
'gnefre , afin de connaître ce grand lidtfirite tel <|tî*fl
'ëtàk.
ïj'dbjét des Soins les 'plus empressés $è fVëdMc
fet là feétau^aftion de l^iimcfeyàfin*^
Vosât espérer des avantagea dan£ la gUéftk 'étkètàtèr
une attaque si&fkér^ouT Tendre ses notrt^éfcleVéës
aussi bonnes que ses viéîllëstroupés si tien fôrtnëeë ,
'dont H ne \i& Vestait qri'trh *ei%& 'péfit fabtrfttfe , H
^mpîbyales exercices , qù'ireitfgeâ aVêœrigùeàt^tsI-
V&ïtë. îfefe ici on vft'énfcorê'Ce qui Wtn&ticjtfe^atnlBs
^àrttîtrérdanslëà affifires hùm&iinfer, bénites féë «ftfls
\jtAl s'agît de conséiVer iin% instftùtictti qtft, 'âàinsïle
Moment fle son pfcfefceafù dëveltfppttrifenti* à *seft*Wè
'parfiifte. La forme dfevietttîè prônciptfte, étîé géùfte,
'qui ïie petft wrîHhr qù'tnfè *Èftè îùte fcèrtafihè !ft*rmè ,
'al&ndctfrtife cette-ci fet Va 'èh ^rtfocfre vttiè àtitiè 'nou-
velle qu*oh nfc connaissait pas ; tnaiîsfles ffduïitfés ho-
i&oretàt fmfcorfeltfàg-teraps ce qài n\aft £le6kfuè l^eb-
Vetôppe, conrihe si éQeptfss&ïaitla Téalrte. ïie grsfôfd
*roi M-mêmfe, rc|m Vît ttfrite 'FEufope à tson ftriitâfféfh
^étidrè;sos exercices de ^guerre /se trofàfpa siirTt'e^fi-
^nation tte leur Valette. hestyàtëtiie dHcnïffetëtiirdês
artnècssurpîefl de guerre devint alors domîtïaitft'èt
ïe ïtfen ctfpftal de *tous ïes gouvertïéfriédfc d*Eu-
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434 SEPTIEME époque. 1648—1838.
rope; le service militaire dégénéra en enfantillage ,
jusqiVà ce qu'un grand ébranlement du monde yint
prouver la nullité de ces puérilités. .
Le soin que. prit Frédéric de rendre là vie aux
pays ravagés était une occupation beaucoup plus
bienfaisante et dont les fruits étaient bien plus du-
, râbles» Ce fut aussi celui de ses lauriers dont les
feuilles peuyent le moins se faner. 11 fit distribuer
aux paysans les plus malheureux les grains qu'il
avait déjà achetés pour la prochaine campagne , et
les chevaux qu'il avait de trop. Il exempta la Stlésie
; d'impôts pour six mois, et la Poméranie et la Nouvelle-
Marche qui avaient été dévastées , pour deux ans. Le
roi employa même de grosses sommes d'argent pour
encourager l'agriculture et l'industrie > suivant . la
grandeur des besoins ; elles s'élevèrent à vingt-quatre
millions d'écus pour les vingt-quatre années de son
. gouvernement , après la paix de Hubertsbourg. Une
pareille générosité doit d autant plus mériter de
gloire au prince , qu'il ne put le faire qu'au moyen .
d'une grande économie , et que cette grande épargne
se faisait sur ce qui lui était personnel. Son grand
principe était que son trésor ne lui appartenait pas;
mais au peuple, sur qui on l'avait levé. Et tandis que
maint autre prince, sans penser aux gouttes de sueur
, qu'il a fallu pour amasser cet argent, le. dissipe dans
_ un luxe démesuré, lui, il vivait si simplement que
sur les sommes attribuées à l'entretien de sa cour
il épargnait tous les ans environ un million d'écus.
Il exprimait un jour très clairement ses principes
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SIÈCLE DU GEÀAD FRÉDÉRIC. 496
à ce sujet au directeur des contributions indirectes,
M. de Launay. a Louis XV et moi , disait-il, nous
sommes nés plus pauvres que le plus pauvre de nos
sujets ycar il en est très peu d'entre eux qui n'aient un
petit héritage ou qui ne puisse en acquérir par son
travail; tandis que lui et moi nous ne pouvons rien
posséder, rien acquérir qui n'appartienne à l'état;
nous n'avons rien que l'administration dubien com-
mun; çt si , comme administrateurs, nous dépensons
pour notre compte plus qu'il n'est raisonnablement né-
cessaire, alors c'est un excès et même un vol, une infi-
délité continuelle commise sur le bien public. »
Les soins si particuliers du roi pour l'agriculture
la relevèrent bien promptement. De grandes éten-
dues de terrains furent défrichées , on fit venir de
nouveaux laboureurs des autres pays, et ce qui était
auparavant des marécages et des marais fut bientôt
couvert de semences productives. La vue de si grands
progrès causait au roi le plus grand plaisir dans les
voyages qu'il faisait tous les ans pour visiter se$ états.
Et telle était son activité qu'il s'occupait des plus petits
détails j si bien que très peu de princes connurent leurs
domaines comme Frédéric connaissait les siens. On
peut voir d ailleurs, d'après le calcul qui a été fait
dps maisons brûlées pendant la guerre dans ses états,
. combien était nécessaire une pareille activité du mo-
narque, s'il voulait tout restaurer. Le nombre de
ces maisons mon tait à quatorze mille cinq cents, et la
plupart, d'après le témoiguagne du roi, avaient été
incendiées par les Russes. — Il bâtit dans la haute
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*Û6 strpt&ME ^d^rà. ï64fc-^&38.
4763 î 177$. Le Vôî tefoaît ^snficàfiè^ëtherit à ëe
pays, (fui avait tarit sdnûSffiràt^ aussi quand ft tè Vft Ife
"relever; ^tùmd, dans l'atonëé 4777, ïl^trbuvâ -'à/A
Sin VecéUSëifiéflt ge'nëM cent ^quatrè-Vhïgt itfffle
ttomitaes 3è {fiùs ÇùHl *rity eh Waitè'n Ï7S6, tfvàût fe
guerre'; quand ïl vît lés pertes £ê ïa guette ïùi*-
pïeniefit TëpkréëS , ët^tfetltàgrîônlttrt'e , le cdrtrhiwdè,
& 'strftdiit celui ^ês ïaïnës , Ifri&ifiè'rit, % l&fJrfrtài
clàbs une fëftre Vsdn ami ÎFord&h toute là skHfî^Fk^ôoti
dèls6hf&hie & toute ta ]ôië qu'A f éssélifôft flftri/âr
relevé ftè si bas ûrrë Jîrôvince £ ¥puïé#è.
t'atiùiftté est surtout de 'ptémièfe Irécessïtê pour
"ttnfe miiàh qui lie peut ëonqti#rfr èjàe par elle uïfe
'existence honorable; mrfs cetavârftagfc n'e&'pasle
'sèiil , ton beaucoup *plàs grand *&éèt la ïorcc vïtaflé ,
*fci Vigueur de jeunesse qu'elle donne au peuple. îié
^oi ^ëdëric êtmt ptair ses sujets tfn mtodéle^adft-
r^tè'+ï 11 ^taft ettcdre fort jeurfè lorsque écrivît
à sbn àtift ÎTordan : « Tu ks Maison de èroire que je
IravsSflfe ïteaubdup , je le fàtfs potir Vivre ; car tfài
1i\ |fttis <fe Yessemtilance wec !lâ ndôrt que î\>îSi-
Vëté.i) Et plus tard, dans Sa grstode viéîîlèssk , cetîte
icfée paraît comme fe prtncipal mdtenr'dte tbtltè'ia
vfe. «T& ëncdre ccmttrie axftrefdisfettfatftfe'dfe^e jiàs
te'eptfrgnér , disait-îl dans une autre lettre; moto êtte
demande dû travail et de l'activité, mon esprit et
Trion corps se courbent sous leur devoir. Il n'est pas
tiëcessafre que je Vive , mais il est nécessaire que je
ifrarVaflîe. »
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II ne changea pas, Métne d*nb la vieillesse, le pfaïi
de vie qu'il s'était fait de si bonne heure; et ce îiè
jfutquela veille dèsa triortqù*ilcës&a dé s'occuper du
^gouvernement. Chaque heure àvaitsa destination; 'et
cegratadprincipe qui estTàme de toute acftivitfé: TSfe
remtoyons jamais rien aêi lmd^aM,étsLÎt"pottvéltâ
raie loi inviolable, ïotlt ' le teirfps dô'mptfs tlëpuls
quatre heures du matin jusqu'à minait) parconS^-
quemt les cinq sixièmes de la journée, était donâacrê'à
quelque tt*avaâlderesprît.C&r, afin qtie le temps mênie
flés repasse fut pas perdu , le wi _ rassemblait àntôiir
*de lui/à midi et an soir, un choix d'hommes d'esprït;
jet *<Jà conversation ^fait si animée :(fe plus souvent
tféteitliftjjm l'excitait), qu'on les comparait tftix
iirepës de Socrate. Malhetrrettéemtftit , 'tonformémerlt
«ah goût de l'époque , les pointes d'esprit ^t les saffHës
: yétaierit fartioBMèremetft en faveur. La vivaicité,
ia pénétration, Pà-propos datifs la pensée , T^iripcfr-
taient startout j tandis ^fae la pensée profonde ,TOqcft-
t table et timide défiance à& soi-méïtte -n'ôbténtfieût
fi^le»mêiBredégré d'horinétfr . C'ëttflt ttnfccohsêqudnce
nécessaire de l'admission de la langue française clans
la société de Frédéric. Le ré&te de la Jourfiée ëta&t
partagé îentre 4a letfture ^lës correspondances partir
*ctflières, les rapports avec les ministres et sés*r8-
*ponsc$ d'affaires dortt souvent il -écrivait la tnïnttte
d<e ^propre main. Bios tard, lés dispositions de ses
"plans *pour les maisons' de plaisance :, puis 1k coiftpô-
>skion de ses ouvrages littéraires /dont Frédéric a
baissé fltfe riclre collection, et enfin Un -pasSe-teirfps
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438 SBPTifcMB époqus. 1648—1858.
avec sa flûte, eurent aussi une part dans la division
de ses heures.
Sa flûte» comme une fidèle amie, adoucissait les
plus violents tourments de son âme; pendant une
heure il se promenait avec elle dans sa chambre ; et
dans cet intervalle de temps il prenait de plus en
plus l'empire sur ses pensées, et son esprit deve-
nait alors capable des opérations plus tranquilles ,
, comme il Ta lui-même avoué. Du reste , il ne vou-
lut jamais qu'une affaire d'état eût à souffrir de ces
jouissances qu'il recherchait dans la musique et la
poésie. C'est là le point de vue le plus glorieux
ppur Frédéric : son devoir et sa charge lui étaient
plus sacrés que tout le reste. De là aussi a-t-on dit de
lui, avec raison , que le devoir d'un roi dans toute son
étendue et tout ce qu'il a de glorieux avait été l'idée
dominantedesavie, l'idée qui siégeai tau centre de son
âme. Ce roi cependant, quel enthousiasme n'aurait-il
pas excité , quel entraînement n'aurait-il pas obtenu
et quels obstacles n'aurait-îl pas fait franchir à son
siècle, si cette fermeté, cette loyauté naturelle avaient
été soignées dans son enfance par l'amour de ses pa-
rents et dans l'intimité de la famille ?
Malheureusement la mauvaise éducation de Fré-
déric fut cause que les plus beaux germes de sa
nature n'ont point été développés. Son père Frédé-
ric-Guillaume était un homme dur et sévère, pour
qui les muses n'avaient aucun attrait; il n'avait ja-
mais senti un cœur paternel. Son fils, qui de bonne
heure avait dirigé ses efforts vers des mœurs plus
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SIÈCLE DTT GRÀTO FRÉDÉRIC. 480
perfectionnées , et qui ne trouvait aucun goût pour
les inclinations brutales de son père, était traité
durement et même despotiquetnent. Il ne fondait
sur lui aucune espérance pour son empire, et il eut
même une fois la pensée de lui préférer son deuxième
fils, Auguste-Guillaume. C'est ainsi que Frédéric per-
dait de plus en plus tous les sentiments de l'affection
filiale; aussi voulut-il un jour tenter de s'enfuir de
la maison paternelle. Mais ayant été découvert il
fut en danger d'être envoyé à féchafaud par son
père en colère. Sa mère, qui l'aimait avec d autant
plus de tendresse , chercha à venir à son secours par
des ruses; mais elle ne put pas réveiller en lut cet
amour franc, pur et désintéressé, parce qu'elle-
même portait dans son cœur plutôt un zèle de parti
qu'un amour généreux. Ainsi Frédéric grandit sans
la bienfaisante chaleur de l'amour, qui peut seule
développer les tendres sentiments dans la jeunesse;
et ce manque d'amour s'est malheureusement fait
sentir chez lui jusqu'au tombeau. Dans le feu de la
jeunesse, il était capable, par admiration, d'une
amitié enthousiaste; mais le peu qu'il y avait en
lui de sentiments purs et francs disparut bientôt
dans le cours de sa vie à cause de l'aigreur de son
«ractère qui alla toujours croissant; si bien que
sur la fin de ses jours le grand roi restait seul ,
comme un anachorète, renfermé et concentré dans
lui-même.
La malheureuse coutume du temps voulait que
des précepteurs français et des livres français déter-
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cessent 1/ç. cercle çl^es, ujees dp 1'ep/ant $. du. jgtm}
feonune. De bonne heure; , rhomjçna, qui a, e^Ectf sud.
qon siècle une influence {àcheuse , infinie da,n& &$,
suites,, dont i'e§prit aigu et salfciqufcn/a rien QOJhm*
d^,$awe\ Yoltaiçe, fut le modèle de. Fçeçléric* D&k
son. enjàn«ç, dans le, temps que son âjn^ëtaiA tevplM&
impressionnable., tes. W»*s 4ff ce* b#njme. ocgur
pjftenl, Mffwttepffipt l«f jeune, prii*?e. S^n eipjit <&afe
t^Ieu^ntcfoou>4 que, <toj»sQn.adirôWoA,ilréle.-
v^tcet eqriyaijj an>-dessus de tous, lej iflortejs et Wr.
pjyçait à «on amitié comme au, tx&pç le pjus. pr«fcieMX,j
ïf« vain et.ég$s1« é,ti^nger sut exploite,* fc*t%vaft-/
tagçusenœnii QeJjts opinion du, B*W3e q»'^ vnifc
connue paj; ses lettres. , . .
$ rçudjt h spn ton* ses fi&terie* k 9PH ro#aJ «Hïfcii
<& 4* Wfliw r^jroqpe de régoïsnifc le jeugftpi&e^
(f^ a.YQif jel,é le fon/|emen* <fe. la pkp hflKftHSA
$$&&. ^ate 99W& l^mitténe, PW* «*isterq»&pM>
4 F^iM» «tëW* &WF lw*s ••«* teCiU^ant. àt Wk e»
%pS l'H"? # l'^lne #rig<y# ejp, vérité lenre eiwrtft
SïM^W&W^'HW» <fec§s.4§u*Ivi>»«e*,
^d^e^ujdesbjse^sinaplMte?,, nepitt,djiMjfipa9,s«Br,
tpgjçdôs f'preujçes apoçofondies.. P^us MA, quand ik
v.écjiren^ ensembU? , quand,. Xojtaàre. fuft apppfef k
\&$Qut_ d# ro.i ,. en, 175jp , b frojdeiu; , la jaloux ejt U
bassesse % f0», â*AÇ> se firenj rem&rquejç de plflfc
en plus. Le. premier bandeau ^xmba de devant lg%
yeux du roi , les sentiments d'affection «!att,iédà,-n
rent peu à peu de part ejt d|a#tcp_e$ finirent, pars se
changer en une violente aigreur. Voltaire $. tfiù
Digitized by VjOOQlC
«#$tB W GRAND TJléDtZlÇ. ^ ^
P$St f^chkeuses expériences fermèrent d$ nh# en
]^u§ le çœui: dp Frédéric , et V4 inspi^çreçt yn dé-
goût pouf les homipes. quiji n'ay^it pa$ aumrav^nt^
^t wi > <juand il domine l'âme, doit nécessairement,
assombrir la vie.
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483 sEFTifcm époqui. 4648—4858.
De pareilles vues et de pareils principes étaient
tout-à-fait inconnus dans cette époque , qui s'éloi-
gnait de la marche simple de la nature et élevait au-
dessus de tout la subtilité de l'esprit. Alors on cher-
chait la stabilité de l'état dans les formes extérieures ,
tandis qu'elle ne repose que dans une coopération
de cœur de tous les citoyens et dans l'exclusion de
tout individualisme. Ces généreuses idées gouver-
nementales auraient sans doute trouvé place dans
l'âme éclairée et forte de Frédéric, si elles eussent
paru de son temps; mais il ne les trouva pas de lui*
même, d'autant plus qu'il sentait en lui-même la
force de régner seul,etla ferme volonté de rendre seul
son peuple grand et heureux. De là aussi lui sembla-
t-il que la fores d'un état résidait dans les moyens
qui sont dans les mains d'un seul , les plus prompts
et les plus efficaces # et il la plaça dans une armée
et un trésor à sa disposition. Il s'efforça donc prin-
cipalement d'obtenir que ces deux étais de son
gouvernement se trouvassent dans le meilleur état
possible; de là aussi le vit-on souvent choisir les
moyens les plus propres d'arriver à son but sans trop
réfléchir à leur influence sur l'avenir et la moralité
du peuple. Un fermier-général français , Helvétius,
fut appelé à Berlin, en 1764, pour donner conseil
sur le moyen d'augmenter les revenus de l'état; on
eut donc recours à de nouvelles dispositions qui sou-
levèrent beaucoup de haines, et nombre de gens cher-
chèrent à tromper l'administration au lieu de coo-
pérer d'eux-mêmes à ses charges. Du reste, par ces
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SIECLE DU GRAND FRÉDÉRIC. 435
moyens et d'autres , les revenus du royaume s'aug-
mentèrent considérablement.
Il faut dire pour la justification de Frédéric, qu'il
n'avait pas recours à toutes ces mesures pour lui-
même, mais pour le grand tout dont il était chargé;
et en second lieu nous répéterons que les graves
erreurs de son temps tenaient un bandeau fixé sur
ses yeux. Avec quelle avidité cet esprit si pur aurait-
il saisi une meilleure lumière , s'il eût existé dans un
temps de vraie liberté d'esprit ; car la liberté d'esprit
lui était chère , et volontiers il laissait parler l\o-
pinion publique. Son peuple jouit sous son règne
d'une complète liberté de la presse , et lui-mênje il
laissait courir avec indifférence des censures et des
sarcasmes sur son compte. La conscience de ses efforts
siconstants et de ses œuvres , comme aussi de sa fidélité
à son devoir , l'élevait au-dessus des petites suscep-
tibilités. La principale sollicitude du roi , c'était la
recherche de la vérité, comme on l'entendait alors.
Or, cette recherche consistait à vouloir comprendre
tout, analyser, disjoindre, déchirer. Ce que l'on ne
pouvait pas bien expliquer , était rejeté ; croyance,
amour, espérance, respect pour les parents, dépen-
dance, tous ces sentiments qui avaient leur siège
dans les profondeurs impénétrables de l'âme furent
extirpés par la racine. Cette époque n'entendait rien
à la reconstruction ni à fonder quoi que ce fût ; bien
plus, cette passion de tout détruire que la révolu-
tion française a portée au plus haut degré, a jeté
tant de ruines partout que la réédification consom-
t, n. 28
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434 septième époque. 1648—1838.
mera certainement la force vitale de plusieurs géné-
rations. Ce n'était pas seulement pour les états, pour
la Vie intérieure de l'âme qu'agissait cette force de
destruction j elle se montrait aussi dans la Science,
dans les arts et même dans la religion. Les Français
étaient à la tête de ce mouvement et tout le reste du
monde les suivait; mais particulièrement les Alle-
mands. Un vain ornement fut pris pour dé la pro-
fondeur, l'esprit et le sarcasme bannirent le sérieux
de la raison ; à la place de cette diction douce et
affectueuse, on n'employa plus que des expressions
hardies et à effet. Mais ce qui démontre l'aveugle-
frient de ces temps, ce fut d'avoir coupé les racines
nécessaires à la viç des nations, et d'avoir méprisé
lesœuvres de leurs pères. Cependant, dès ce temps-là,
quelques hommes rares connurent la justice et là
vérité et élevèrent la voix ; et l'on doit signaler dans
le mondé savant Lessing, Kloppstock et Goethe,
tomme fondateurs d'une époque plus réfléchie,
beaucoup d'autres se joignirent à eux et élevèrent
un rempart intellectuel contre les progrès de cëè
fesprit d'analyse répandu dans le monde. £ous 14
Rapport de l'érudition 1 bientôt Kant , Ficlité et
Jaèobi parurent sur le champ de bataille ; et sur ceà
Commencements grandit peu à pett Cette puissante
impulsion du génie, qui a déjà fait de grandes chosei
et à en préparé dé plus grandes encore.
Le roi Frédéric ne prit point part à ce réveil au
génie allemand; il vivait dans le monde idéal de$
Français. Les flots du nouveau fléttve de vie passaient
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Joseph ir, 43&
sans l'atteindre, et se brisaient contré les digues qu'il
avait élevées autour de lui. Cependant son estime
pour les étrangers ehtraîria les premières classes de
là sùùiêiè dans ses sentiments. De ménie que son ad-'
ihiiiistration avait servi de modèle pour toutes les
autres cours, plusieurs princes voulurent, à son
exemple, gouverner par eux-mêmes; et comme As"
ri avaient point le même gériie^ ils échouèrent dans
leurs plans, malgré leur bonne volonté : par exem-1
jSÎe Pierre III, empereur de Russie j Gustave III, roï
de Suède, et l'empereur J osepïi H.
smpU lit. 1T65— 1790.
Jttèepk fcuécédâ à son père Françôfe t*? dont les àc-
fiôtrê comme empereur n'offrent rien de rèmarqùa-
Blë. Mais son fils brûlait d'un désïr Sautant plus vif
d'apporter dé grands changements , de transformer
Fâhfcien eh nouveau, et d'employer la grande puis-
sance qu'il avait reçue dé la nature à Faire faire un
gtand pas à ses états. Seulement , tarit que sataère
Marié-Tliérése vécut, c'ësl-à-dîre jusqu'à Tan iTfcOV.
11 Tut enchaîné par ses volontés; car cette princesse
habile et toujours active rie pouvait vivre sans pren-
dre part aii goiivernerrïertt, et ses devoirs dé fîlé
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456 SEPTifenflE ÉPOQtiE. 4648—4858.
qui ont eu une grande influence sur les dix dernières
années de son règne.
Premier partage delà Pologne.1773 .—Auguste III,
mort en 1765, n'avait laissé qu'un petit-fils en bas
âge ; et, à cette occasion, la maison de Saxe perdit ce
trône qu'elle possédait depuis soixante-six ans. Alors
aussi la Russie et la Prusse se mêlèrent des affaires
de Pologne ; car ce peuple auparavant % fort et
redouté, était devenu faible par ses dissensions et
incapable de se soutenir par lui-même. Les deux
puissances exigèrent que la Pologne choisît pour rol
un homme de sa nation, et dix mille Russes, qui arri-
vèrent tout d'un coup sur Varsovie, avec autant de
Prussiens qui se rassemblèrent sur la frontière, ob-
tinrent que Stanislas Poniatowsli fût placé sur l&
trône. Depuis lors, il ne se tint plus de diète sur la-
quelle les étrangers n'exerçassent leur influence.
Bientôt après cet événement eut lieu une guerre
entre la Russie et la Turquie, dans laquelle la Mol-
davie et la Walachie furent conquises par les Russes,
qui auraient fort désiré conserver ces conquêtes.
Mais l'Autriche ne voulait en aucune façon y con-
sentir, de peur que la Russie ne devînt trop puissante;
et Frédéric II se trouvait aussi dans un grand em-
barras vis-à-vis de ces deux puissances, ne sachant
comment il maintiendrait l'équilibre. Alors on trouva
que le moyen le plus propre de sortir de cette posi-
tion était de prendre sur le peuple qui était le moins
en état de se défendre contre une telle violence, sur
la Pologne, une portioa de son territoire ; afin que les
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r
joseph ii. i 437
trois autres états pussent s'en agrandir. On ne peut sa-
voir précisément d'où vint cette penséej niais il e*
facile de voir qu'elle sortait du génie de l'époque*1
Comme la sagesse d'alors ne fondait tous ses caleuls
gué sur une mesure matérielle, ne concevait la force
des états-^de par les milles carrés, le nombre des ha?-
bitant^ ofos soldats , et l'argent qu'ils possédaient, le
fond de la politique était de diriger tous ses efforts
vers l'agrandissement j rien ne semblait digne
d'envie comme une acquisition qui pût bien arron-
dir un royaume, et toute considération d'équité et de
raison devait céder de vantcet impérieux principe. Un
des grands états avait-il fait seul une pareille con-
quête , alors les autres accouraient suspendre à son
hameçon l'équilibre européen. Ici donc les trois
royaumes qui touchaient la Pologne se partagèrept
la proie proportionnellement , s'en agrandirent; et
l'on crut ensuite avoir paré à tout danger. Ce sys-
tème était devenu si superficiel, si misérable et si ab-
surbe, que l'on ne sentait pas que le juste équilibre et
la sécurité durable pour tous, ne pouvaient être fondés
que sur un respect sacré pour la conservation des
droits des peuples. Le démembrement de la, Pologne
fut l'anéantissement même de tout système d'équi-
libre, et le précurseur de ces grandes révolutions y
de ces grands déchirements, de ces transformation,
même de ces ambitions qui tendirent à un empire unir
versel et dont les secousses pendant vingt ans ont
ébranlé l'Europe dans le plug^rofbnd de ses fon-
dements. Le peuple polonais pressé de trois côtés
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458 0b*ti1sm8 ivoqv*. 4648—1858.
fut obtgéy enPautomne de Vannée 1773, de consen-
tir à ce que trois cents milles carrés ftissent démen-
bres de sa propriété pour être partagés entre la Russie.
là Finisse et l'Autriche.
'■ 2) Guerre au sujet de la succession de Bavière,
1778. <"— Le'prince électeur Maximilien-Joseph, étanï
fftôrt sans enflants, 1777, l'héritage de ses états et de
àon élëctorat appartenait à l'électeur palatin. Mais
Pempereur Joseph voulut tirer profit de cet héritage
k davantage de l'Autriche ; il fit revivre d'anciens
dr dits, se jeta tout-à-coup sur la Bavière avec son
armée et l'occupa. Alors Je pacifique palatin, Char-
les-Théodore, prévenu et mis en fuite, signa un ac-
Comtnodement par lequel il abandonnait à la maison
d'Autriche les deux tiers de la Bavière pour en con- *
Server le dernier tiers." La conduite de l'Autriche
dans cettfe occasion, et la part qu'elle avait prise au
démembrement de la Pologne étaient d autant plus
inattendues, que c'était le seul des grands états qui
8e Ait jusque là abstenu d'un pareil abus de sa forcée
Mais le vertige du siècle avait triomphé de cette
pacifique retenue de l'Autriche.
Il y eut de grands mouvements à cette occasion
dans l'empire; Frédéric II surtout crut ne pas devoir
rester oisif, fi prit parti contre i* Autriche et fit des
préparatifs, en qualité de protecteur du duc de
©eux-Ponts, héritier de^Chartes-Théodore, qui prcn
testai! contre le traité fait par ce dernier prince e^;
demandait l'assistance du roi de Prusse. Lé jeutfe
empereur Joseph était trop bouillant pour n'en pas
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joseph n, 450
faire autant ; il vint prendre position pn Bohême, et
là, il attendait le roi, si avantageusement placé qûé
les Prussiens, qui avaient déjà passé le sommet des
montagnes, craignant de tout risquer daus une at-r
laque, se retirèrent de la Bohême. Après quelques
combats, peu importants du reste, entre les troupes
légères, la paix fut signée à Teschen, le 13 mai 1779,|
par la médiation de la France et de la Russie , a vanli
même la fin de la première année de la guerre. L'im-
pératrice Marie-Thérèse ne partageait point la pas->
Sion guerrière de son fils; elle lui demandait au
contraire avec instance de se réconcilier, et de fairë
la paix. Et Frédéric, qui n'avait rien à gagner à cette
guerre, y était assez disposé. H était déjà courbé
parla vieillesse, et avait l'œil trop clairvoyantpoûi*
fre pas voir que l'ancien esprit de l'armée qui lui avait
fait faire des prodiges dans la guerre de sept ans,;
avait presque entièrement disparu, bien que la dis-*
cipline la plus sévère, et que les punitions même
outrées pour de petites fautes dans les formes, fti*i
sent maintenues dans toute leur vigueur. Souvent
tnéme les administrations de l'armée étaient en foré
mauvais état : mais c'était surtout celle des pour<-
Voyeurs ; car dès le premier mois de la guerre, elte
laissa Farinée souffrir delà disette pour les premiers
besoins. Le roi sentit bientôt ce défaut, et cependant
ne put en découvrir le principe; mais il en fut trè$
tourmenté. La paixluiétait donc de beaucoup prêW^
rableà la guerre. Parle traité qui suivit, l'Autriche
rendit à la maison palatine tous les états de Bavière,
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440 SEPTIEME ÉPOQUE. 1648—1838.
excepte le petit cercle de Burgau , et l'héritage eu
lut assuré au duc de Deux-Ponts,
L'empereur Joseph, seul. 1780 à 1790. — Après
la mort de Marie-Thérèse , l'empereur Joseph s'ef-
força, de toute l'impétuosité de son bouillant carac-
tère, de mettre ses grands projets à exécution dans
le plus court intervalle possible, et de donner aux diffé-
rente* espèces de peuples répandus sur la surface de
«es vastes états une seule et même forme de gouverne-
ment, tçlle qu'il l'avait conçue dans sa tête. On aurait
dit que sa manière d'être et de faire fussent les ayant-
coureurs de cette révolution , la plus inouïe , qui a
troublé l'Europeentière. D'ailleurs ce prince de même
que sonsiècle et le siècle suivant, purent voir par eux-
mêmes leurs créations promptement jetées dans le
néant ; parce qu'ils s'étaient abusés jusqu'au point de
croire qu'ils pourraient changer, dans le court espace
d'une vie d'homme ou même de quelques années, ce
que la race humaine n'a opéré que par un lent enfan-
tement à travers les siècles. Car cette présomption par
laquelle on prétend changer en réalité les idées qu'on
s'est faites, uniquement parce qu'elles sont possibles,
quelles que soient d'ailleurs les oppositions qu'elles
doivent rencontrer dans le cœur de l'homme, dans son
amour et son attachement pour ce qui est habitude et
pour cequi vient des aïeux; cette présomption, dis-je9
se trouvait au plushaut degré dans l'empereur Joseph,
6t c'est elle qui a entravé ses bonnes intentions. H
avait une volonté arrêtée pour la justice et le bien,
pour le bonheur de ses états , pour les progrès et la
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JOSEPH II, 441
liberté de l'intelligence; mais il négligea d'interro-
ger sans prévention la nature humaine, et de s'ins-
truire sur le caractère propre de chacun de ses peu-
ples. Ce qu'il entreprit, le plus souvent n'était point
mesuré sur leur état actuel ; et ce qui convenait à
l'un d'eux ne pouvait s'adapter à un autre. Avec le
sentiment de la générosité de ses intentions, Jo-
seph II se modela sur Frédéric pour régner par lui-
même; mais Frédéric s'occupa plutôt d'arrangements
extérieurs, de l'administration de l'état, des progrès
de l'industrie, de l'augmentation des revenus, et il
n'entra que très peu dans ce qui regarde la marche
intellectuelle, qui suivit son cours particulier, quel-
quefois même tout-à-fait inconnu de lui ; tandis que
Joseph, par ses nouvelles dispositions, attaqua sou vent
l'endroit le plus sensible pour le peuple. Il voulait
surtout la liberté de conscience et la liberté dépen-
ser ; mais il ne remarquait pas que l'admission de ce
principe dépendait d'une conviction intime qui ne
peut être imposée, et n'existe réellement que lorsque
la lumière a pénétré .peu à peu jusqu'au fond du
cçeur.
Les plus grands obstacles que Joseph trouva pour
$es innovations vinrent de la part de l'Eglise; car i\
voulut confisquer quantité de couvents et déniaisons
religieuses catholiques, et changer tfrusquemçnt toute
la constitution ecclésiastique; c'est-à-dire,, que ce quj
aurait pus* arranger de soi-même dans l'intervalle cl' u*
dei^i-siècle , il voulut l'obtenir dans la prcniièrc au;
née de son gouvernement. v
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449 lEPTibu «*0QUB« 464S— 1858.
Par cette confiscation des biens ecclésiastiques,
plus d'un prince voisin, par exemple, Vévéque de
Passau et l'archevêque dé Salèbourg, se trouvèrent
lésés dans leurs droits, et ne manquèrent pas d'élevée
de grandes plaintes ; de même aussi, dans plusieurs
âjatres circonstances , beaucoup de princes crurent
trouver dans l'empereur une espèce de mépris pouf
les" constitutions de l'empire. Les appréhensions
augmentèrent 'extrêmement quand on le vit, dans
Vannée 1785, ménager un traité d'échange avec le
prince électeur palatin de Bavière; d'après lequel ce
prince devait abandonner -son pays à l'Autriche, et
recevoir, en revanche, les Pays-Bas avec le titre de
roi d'un nouveau royaume deBoùrgoghe; de cette
façon tout le sud de l'Allemagne aurait appartenu à
fÀutricehe. Le prince n'en était pas éloigné , et la
France et la Russie y étaient consentantes, dans le
principe ; mais Frédéric II vint encore Une fois dé-
concerter ces plans, et réussit à en détourner la Russie:
Ces mouvements, occasionés pat les efforts dé
l'empereur Joseph ,* qui cherchait à donner à' sel
projets une prompte exécution, firent naître dans là
tête du vieux roi de Prusse la pensée de décideriez
princes allemands à faire entre eux une alliance ,
pour assurer le maintien de la constitution impé-
riale ; de noféme que déjà, antérieurement, on avait
Vu plusieurs membre^ dé l'empire s'unir pour leu*
tautuélle défense. Tel devait Aire Tunique but dé
falliance, du moins d'après la parole même du roi;
et elle fut arrêtée, en Tannée 1785, entre la Prtissé;
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jowph n. 445
la Saxe, le Hanovre, les ducs de Saxe, de.Bnrçwr
\vïck, déMecklènbourg, de Deux-Ponts, le landgrave
de Hesse et quelques, autres princes ; bientôt même
électeur de Mayence s'y joignit encore. Cette al-
liance fut au fond une démarche moins ennemie que
Révère; mais ce n'en était pas moins un reproche sen-
sible foît à la maison d'Autriche au sujet des nou-
velles entreprises de F çmpereur ; et c'était en même
temps unie leçon qui l'avertissait que la destination
de la maison d'Autriche, parmi les peuples de l'Eu-
rope, était dé maintenir ce qui existe, uniquement
de protéger le droit, de présenter toujours un rempart
& l'esprit de conquête et d'étrç ainsi le tuteur de la
liberté commune; maisque pour peu qu'elle s'écartât
de celte voie, elle perdait aussitôt la confiance public
ofue. Bu reste , cette alliance n'eut aucun résultat
poufr l'Allemagne , sôît parce que Frédéric ÏI mou-*
rut Fan/iée suivante , soit parce que les successeurs
de Joseph H revinrent heureusement aux anciens
principes de lëuf maison, la modération et la sa-
gesse $ soit enfin parce que , dans les dix dernières
années de ce siècle, il se passa en Europe des événe-
ments si inouïs, qu'ils firent oublier tout le reste, qui
n'était plus que de la Futilité eh comparaison .^ ' |
Mort de Frédéric H. 17 août Î786, • — Cette
alliance des princes ftit le dernier acte public <ïu
grand Frédéric , qui eèt quelque Importance ; il
mourut Tannée suivante. Il resta toujours actif et
entreprenant malgré sa vieillesse, mais il devînt de
plus en plus isolé; car tous les anciens compagnons
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4*4 SEPTIÈME ÉPOQUE. 1646—1858.
de &es premières années étaient descendus au tombeau
avant lui (Ziethen mourut au mois de janvier de
r^nnee même de sa mort, âgé de 87 ans) ; et d'un
autre côté , le grand roi n'avait pas reçu du ciel le
don de la paternité, le don par lequel l'homme
semble revenir aux premiers sentiments de l'enfance
et pour ainsi dire recommencer sa carrièçe ; il ne
pouvait se voir rajeuni et revivant dans sa postérité.
D'ailleurs il n'avait pas au fond de son âme des sen-
timents convenables pour cet état, et sa nature était
fjotrt imparfaite .sous ce rapport.
Son esprit se soutint presque intègre pendant
soixante- quatorze ans, 'quoique son corps fût extrê-
mement affaibli. Le grand usage qu'il avait fait des
fortes épices et des mets prépares, à la manière fran-
çaise , avait desséché tous les sucs de sa vie, et
une grave hydropisie aggravait de plus en plus son
état. Il de vint plus mai dans de l'été 1786, et le 17
apût il succomba. Il fut enterré à Potsdam, sous la
chaire de l'église. •
Quoique la nouvelle de cette mort, arrivée dans
. Un âge si avancé, ne pût surprendre personne, elle
causa cependant une émotion générale dans toute
l'Europe. — Frédéric laissa à son successeur un
royaume bien réglé, peuplé de six millions d'habi-
tants, une forte armée et un trésor bien repapli ; mais
le plus beau trésor qu'il laissa fut le souvenir de ses
héroïques et valeureuses actions, qui devait devenir
plus tard pour son peuple, un cri de réveil et d'en-
couragement.
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josepr n. 44&
Mort de Joseph H, le 20 février 1790. LéopoldIIF
1790 -92. — L'empereur Joseph s'était engagé,
en 1788, dans une guerre, contre les Turcs, qui ne lui
rapporta pas tous les avantages qu'il s'était promis,,
Sop armée souffrit des pertes considérables, surtout
par la maladie , et bien qu'il s'y fût rendu en per^
sonné, ses armes ne furent pas heureuses ; il man-
quait du sang-froid , du calme nécessaire à un grand
général.
Dans ce même temps la Hongrie commença
à donner tout haut des marques de mécontentement;
parce que Joseph traitait le peuple qui Pavait sauvé,
lui et sa mère , sans aucune considération pour ses
droits, ses mœurs et son langage. Mais dans les Pays,-
Bas, il y eut une révolte ouverte; le clergé, le peuple,;
la noblesse , les villes , tous voyaient, dans les ré-
formes trop précipitées de l'empereur, des- attaques
contre leurs anciens privilèges. Ils prirent les armes,
et le 22 octobre 1789 les provinces du Bratant sp
déclarèrent indépendantes, dans une assemblée à
Bréda. Presque toutes les villes prirent le parti des
révoltés, qui avaient à leur tête on avocat, Van der
Noot; et les employés autrichiens se virent forcés
deprendre lafuite. C'était un avant-coureur des grands
événements qui se préparaient en même temps en
France. L'empereur Joseph mourut au milieu de
ces agitations, dans sa quarante-neuvième année, le
%0 février 1790. Il avait été fort ébranlé par les fa-
tigues qu'il épouva dans la guerre des Turcs ; mais U
fut encore {dus accablé par la douleur de voir tant
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'-\+
Uè SEPTIEME ÉPOQUE. ^648— 1838.
de projets manques et la colère des peuples soûles
44ë contre lui.
1 Comme il n'avait point laissé d'entants, son Frère
Pïerre-Léopold, jusque alors grand-duc de Toscane*
Iùlï -succéda dans, les états héréditaires d'Autriche.
Là tâche qui lui était imposée n'était rien moins
que Facile;; car dé tous les côtés régnait le mécon-
tentement ou la révolte , partout il y avait des te-*
vées de boucliers ou des guerres. Il Fallait la pW
sage modération pour conduire heureusement le gou-,
Vérnail à travers une pareille tourmente; mais*
Leopold possédait ce calme et cette sagesse. Les plus
dangereuses innovations de son prédécesseur Furent
écartées, la Hongrie Fut pacifiée, les Pays-Bas furent
dpàisés tant par la Force des armes que par ta con-
firmation de leurs droits et de leur constitution^
enfin, Pannéè siri vante/on fit aussi la paix avec les
Turcs. Xé 30 septembre 1790, l'héritier de la maison
qÂutriche Fut choisi pdur empereur d'ÀÏlemaghef
sous le nom de Léopold II. 11 ne régna que deux
ans, juéqu*au lè mars 1792, et ce court règne
finit au moment que commençait en Europe uriç
époque pleine de difficultés et d'embarras.
La révolution française.
Cet esprit d'analyse qui pénétrait partout poti*
èfcamihèjr et décomposer; éet esprit à la Foie paie**
tilleul et Mendiant apporté dans bs fcteneeàfi
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LA RÉVOLUTION FRANÇAISE. 44T
dans les arts, dahs les rapports de la vîë? et dans lies'
idées, tant sur ia constitution* même des états quej
sur les droits des gouvernants, des gôuverhés et des
hommes en général; l'exemple du roî Frédéric et
plus solidement établi comme pouvant changer, ce
qu'il y a de plus vénérable à cause de son ancienneté
et de l'habitude comme pouvantpa«sér.Etdemêmé
que la pensée la plus merveilleuse/ comme on en
peut trouver tant d'exemples dans /l'histoire, ni
souvent d'autre raison de soh exécution que dVvoîj:
été une Fois conçue et exprimée; ainsi, à la fin dû
dix-huitième siècle , la pensée humaine ne trouva
pas dé repos, jusqu'à ce que ce qui existait lut ren-
versé, que tout le vieux Ait détruit et qu'elle se
vît entourée d'un énorme monceau de ruines, avec
lesquelles elle devait élever de nouveaux édifices1.'
Mais bâtir est plus difficile que de renverser.
Le plus grand coup donné à l'ébranlement gèapJ
rai vint de lTextérieûr , de la nouvelle partie dd
monde, connue à peine depuis trois cents* ans. liés
colonies anglaises dii nord de l'Amérique se sou-
levèrent contre la domination ae Jèiir métro-
pole et se rendirent indépendantes, en 1782, àjpres
une courte et heureuse guerre. Quand donc Benja-
min Franklin, le créateur des idées nouvelles se tut
signalé dans cette partie du monde, lui dont on à'
écrit sur son épitaphe qu'il avait dérobé au éîet âa
* •
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44$ septième époque. 1648—4838.
foudre et aux tyrans leur sceptre; quand le vraj.
modèle de l'indépendance de l'esprit , et de tout;
homme qui est mis à la tête d'un état libre ; quand
le grave et vertueux général Washington fut connu
et estimé, ces deux noms retentirent avec gloire de
l'autre côté des mers et furent admirés dans toute
l'Europe. D'un autre côté, la France, qui voulait bri-
ser la puissance anglaise, avait prêté des secours aux
états libres d'Amérique et y avait fait passer ses trou-
pes,; mais quand ces hommes revinrent dans l'ancien
monde , ils apportèrent avec eux un esprit exalté
pour la liberté, beaucoup de nouveaux principes et
des pensées hardies. Or, un pareil esprit se trouvait
dans une manifeste contradiction avec l'état actuel
de la France.
Elle était gouvernée par Louis XVI t bon , doux
et religieux monarque , qui désirait avec loyauté
le bonheur de ses sujets; mais sa volonté était
trop faible pour s'opposer aux mille abus qui s'é-
taient introduits dans le gouvernement de l'état:
plusieurs membres de sa famille , la haute noblesse
qiïi entourait son trône, les grands dignitaires qui
trouvaient leur profit dans les vexations du gou-
vernement , tous ne voiraient aucune amélioration
et faisaient un mur de séparation entre le bon roi et
son peuple. Louis ne pouvait pas même arrêter les
désordres de sa propre cour ; parce que depuis
Louis 3lIV et Louis XV, il semblait être de droit
cjue la cour d'un roi de France pût mépriser toute
décence et toute morale.
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LÀ RÉVOLUTION FRANÇAISE. 449
Le peuple haïssait cette cour et tous les grands ,
et les regardait comme des sangsues; parce qu'en
effet ils vivaient dans la dissipation la plus déme-
surée, tandis que toute la France retentissait des
cris de misère et de détresse et était presque accablée
sous le poids des impôts (*). Ces plaintes acquirent
d'autant plus de force que Ton connaissait parfaite-
ment la source du mal ; le peuple voulait désormais
jouir des droits de l'homme, de la liberté de la pensée
et de l'égalité de tous devant les lois naturelles.
Ainsi le mécontentement engendra des désirs brû-
lants, des flammes dévorantes ; car, quand la raison
et la passion combattent toutes deux pour le même
but, rien ne peut leur résister , et l'impulsion une
fois reçue , elles ne peuvent plus s'arrêter. Les
hommes les plus éloquents de France avaient sou-
vent vanté au peuple , en confondant mille erreurs
avec la vérité, les droits inaliénables de l'homme
qu'aucun roi ne peut lui ravir. Montesquieu, Rajrnal,
Diderot , Helvetius, Rousseauet Voltaire avaient jeté
dans son sein une foule de nouvelles pensées. C'était
surtout le tiers-état , la bourgeoisie , qui était pleine
de ces pensées nouvelles, de ces pensées de progrès.
Cetterdasse qui, à peine quatre cents ans avant, devait
encore plier sous le joug et paraître pour ainsi dire
muettedans les assemblées générales, quand son temps
(*) Les impôts étaient mal répartis, les pays de droit écrit étaient en effet
accablés, tandis que les pays d'état, Bretagne, Languedoc, Bourgogne, etc.,
étaient moins grevés ; mais surlout le mode de perteption était arbitraire
et abusif. N. T.
T. II. 29
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460 septième époque. 1648—1888»
fut vepiij peûversa sous ses pieds et la noblesse, et le
clergé % et le trône du roi ; parce qu'ils barraient
son passage dans cette carrière qu'elle s'était ouverte
par un effort extraordinaire.
Un embarras d'argent , qui fit que les ministres ne
pouvaient plus satisfaire aux besoins de l'État, et
plusieurs autres difficultés décidèrent le roi à con-
voquer , ppur le 1er mai 1789 , les trois ordres
de l'État à une assemblée générale. Mais, d'après les
arrangements de son ministre Necker , sur les douze
cents hommes qui devaient composer la réunion , il
y en avait la moitié qui représentaient la bourgeoisie.
C'était une disposition d'autant plus dangereuse que
la voix de la masse du peuple devait lui donner une
importance plus marquée; car rassemblée devait sç
tenir à Versailles , dans le voisinage de la capitale 9
de ses milliers d'oisifs et d'hommes entreprenants. Ce
fut une faute capitale par où débuta le parti de la cour ;
d'autant plus que Paris a toujours donné l'exemple
au reste de la France. L'assemblée n'avait été con-
voquée que pour donner conseil aux gouvernants
sur la manière d'administrer j mais le tiers-état vou-
lait plus que cela ; il voulait un nouveau et meilleur
gouvernement. Il aurait fallu surtout que les états
privilégiés r la haute noblesse et le haut clergé t se
chargeassent proportionnellement des charges de
TEtat, afin que les bourgeois et les fermiers en fussent
soulagés d'autant ; mais ils s'y refusèrent. S'ils
a-yaieut alors témoigné plus de renoncement à leurs
fntéréto et phifr d'amour pour la patrie , peut-être
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LA RÉVOLUTION FRANÇAISE, <|51
auraient-ils sauve la France des horreurs d'une ré-
volution. La noblesse des provinces et le haut clergé
se joignirent en partie à la bourgeoisie, et le tiers-
état fit un pas important en se déclarant as§emb|ée
nationale. Alors il fit demander aux deux autres états
de déclarer s'ils voulaient ou non se réunir à lui ; car,
si l'on votait par état , les deux autres pouvaient se
réunir contre celui delà bourgeoisie ; si, au contraire,
on devait recueillir les votes dans une assemblée géné-
rale par tête r alors le tiers-état devait avoir de beau-
coup la supériorité. Cependant les deux premiers étajts
. furent obligés de céder et de se réunir aux deux autres
en une seule assemblée , et dès lors la révolution
Ait décidée. Ce ne fut, dans la première pensée,
qu'une révolte de la bourgeoisie contre les droits
féodaux de la noblesse et du hautclèrgé;mais depuis
elle est devenue un boule versement pour toute
l'Europe. Dans le principe elle n'était point dirigée
contre le trône des princes, et si Louis en f^t
cependant précipité , c'est qu'il fut toujours irrésolu,
cédant avec trop de faiblesse et de facilité ? tantôt
aux bons , tantôt aux mauvais conseils ; c'est que sa
cour et ses grands étaient trop débauchés ; p'est que
le peuple de la capitale de la nation d'Europe la
plus impressionnable et la plus passionnée, prit part
au maniement des affaires.
Il serait trop long de raconter ici par quels degrés
a passé cette révolution, pour arriver de commence-
nients sâgèsà tout ce qu^ 4e 'p!1*? emporté la ^reMr
des hommes les plus pervers j combien de sang irmq-
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452 septième époque. 1648 — 1838.
cent a été versé ; comment un roi et une reine ont été
immolés ; comment des hommes effrénés <jui foulaient
aux pieds tout ce qui est sacré , ont renversé Tau-
tel de la religion , consacré un temple à leur propre
et ténébreuse raison , et ont même osé décréter
l'existence de Dieu ; comment enfin , plus tard» dans
le délire de leur insolent orgueil , ils ont substitué à
l'ancien gouvernement un nouveau qu'ils avaient
formé sur le papier ; comment ils l'ont publié avec
acclamation, comme un chef-d'œuvre d'une éternelle
durée et Vont renversé quelques mois après. Malheur
au peuple qui doit jeter les fondements d'un gou-
vernement, parmi l'effroi des grands bouleverse-
ments , parmi le sang , le meurtre et le bruit de la
cloche d'alarme ! Les fondements de la vraie liberté
ne peuvent se trouver que sous l'égide du droit , de
la morale et de la modération , lorsque le nouveau
sort de l'ancien comme un rejeton sort de sa tige.
Telle est la véritable amélioration de la condition
des peuples, dont la marche est tracée par l'histoire.
Mais si toutes les souches d'une forêt antique sont
renversées à la fois, alors toutes les jeunes pousses
n'ont plus de tuteur contre l'orage : en France , le
souvenir du passé fut extirpé , l'histoire anéantie ,
et Ton voulut tout créer ; aussi ces nouvelles créa-
tions disparurent-elles emportées comme une fumée.
Cependant, on ne peut nier que dans ce torrent
d'idées , il ne se trouvât quelques perles d'or mêlées
avec le flot qui méritent d'être conservées dans l'his-
toire de l'Europe.
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Ll RÉVOLUTION FRANÇAISE. *&5
Dans les autres pays, et surtout en Allemagne,
les succès extraordinaires des Français avaient porté
au plus haut degré l'exaltation des esprits; le levain
de pareils mouvements fermentait partout; de toutes
parts les partis se dessinaient , les uns pour la conser-
vation pure de ce qui existait, les autres pourl'étar
blissement rapide des nouveautés ; mais la Providence
nous garda des cruautés de la guerre civile, malgré
mille abus qui se trouvaient au milieu de nous et de-
vaient être réformés. Les princes étaient trop sages et
les peuples trop fidèles et trop bons pour que la pas-
sion étouffât tout autre sentiment. Cependant nous
n'avons pu, non plus que les autres nations, échap-
per entièrement aux malheurs de cette époque ora-
geuse; et toute l'Europe a expié avec usure les
erreurs du siècle précédent par des angoisses aux-
quelles elle a été si long-jtemps en proie , et par des
milliers de victimes prises parmi ses meilleures têtes;
car toutes les contrées de l'Europe s'étaient laissé
entraîner à la fois par l'exemple de la France. Mais,
comme la France avait marché en tête du mouve-
ment avec audace et arrogance, il fallait aussi qu'elle
fût corrigée la première et par le châtiment le plus
sévère.
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454 septième époque. 1648 — 1858.
OoêHUoA èé Y Autriche, la frrune, l'Bhipiré, k Hollande, l*Bsftigie «I
plusieurs autres peuples contre la France. 1792.
L'empereur Léopold resta fidèle à son système dé
paix, quoiqu'il ne vît qu'avec une grande inquiétude
ces événements qui se passaient en FVance. Beau*-
coiip de princes étaient bien plus portes. que lui a
employer la force contre ce peuple révolté, en fa-
veur des princes et des nobles émigrés. Ces émigr es
se Rassemblèrent en grand nombre sur le Rhin et en .
Italie, et décidèrent les princes à la guerre. La'
révolution avait en effet blessé plusieurs princes de
l'empire dans certains droits. qu'ils exerçaient depuis
long-temps en France; et quand ils demandèrent
indemnité , on leur répondit avec cette arrogance
que pendant vingt- cinq ans on retrouve dans le
langage des Français. Cependant l'empire eût dû
penser que pour un peuple révolté la guerre au
dehors est un avantage ; elle arrête les divisions in-
testines et lui donne, en le forçant à se réunir, une
grande force contre l'étranger.
François 11. 1792-1806. — Le nouvel empereur
fit aveole roi de Prusse, Frédéric-Guillaume II, une
alliance contre la France. Pour les prévenir, celle-
ci se hâta de déclarer la guerre à l'Autriche, en 1792.
L'attaque des Prussiens surprit la jeune république,
qui avait encore son roi à sa tête, mais sans aucune
puissance. La France n'était pas encore préparée,
et la première invasion fut heureuse. Partout on put
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GUERRES DE li RÉPUBLIQUE FRANÇAISE. 48$
marcher en avant 1 et Ton prit toutes lés villes qui
se trouvaient sur la route. Valenciennes , Longwy,
Verdun, lurent conquises ; on emporta les passages de
la forêt des Ardennes, et Ton vint occuper les plaines
de la Champagne. Déjà même on tremblait danb
Paris^ mais bientôt le peuple se réveilla , et ce Tu-
rent ses ennemis mêmes qui le réveillèrent. Sanô
doute entraîné par la présomption et les folles es-
pérances des émigrés, le duc de Brunswick, qui
commandait l'armée prussienne, fît répandre en
France un manifeste qui devait aller jusqu'au fond
du cœur des Français, et surtout de ceux qui n'a-
vaient pas voulu reconnaître les anciens droits de
la royauté. Il y avait entre autres menaces celle dfe
mettre Paris à feu et à sang, il n'y devait pas resté*
pierre sur pierre , disait-on en propres termes. Aus-
sitôt, comme si une étincelle électrique s'était côrn*
muniquée à toute la France, on vit de toules parts
les hommes et les jeunes gens, hrûlant de combattre
pour la liberté, accourir d'eux-mêmes à Tatmêe qui se
rassemblait sous les ordres de Dumouriez. Bientôt il
fut en état d'aller au-devant de l'ennemi, fl tiflfc
prendre une position très avantageuse sur là routé,
près de Sainte-Meiiehould; et comme les Prussiens*
dans ce pays ravagé , manquaient déjà des choses
nécessaires pour leur entretien, et que d'ailleurs lès
maladies survenues à cause des pluies continuelles
emportaient beaucoup de leurs soldats mal vêtus, il
leur fallut , après une canonnade insignifiante à
Valmy, songer à la retraite ; ils se trouvèrent même
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456 septième époque. 4648 — 1858.
très heureux qu'elle leur fût encore possible. Ils re-
vinrent donc jusque de l'autre côte' du Rhin.
Mais Dumouriez joignit à Jemmappes les Autri-
chiens, leur livra balaille, le 5 ou 6 novembre 1792,
(c'était la première de la république), et remporta la
victoire. II avait quatre fois plus de monde que les
Autrichiens et une épouvantable artillerie qui Taisait
trembler la terre des coups de ses grosses pièces. Les
Autrichiens sedéfendirent avec un courage vraiment
héroïque, pendant deux jours contre cette supériorité
de forces ; enfin il fallut céder le champ de bataille (*).
Par cette seule bataille la maison d'Autriche perditles
Pays-Bas ; l'armée victorieuse entraîna tout comme
un torrent , et les habitants , mécontents de la do-
mination autrichienne depuis Joseph II et déjà
séduits par la pensée de la liberté, reçurent avec
joie les Français. Ils plantèrent partout des arbres
de la liberté, établirent une convention ; de sorte
que tout le pays occupé profita des institutions de
ses conquérants.
Dans le même temps le général Gustine s'avan-
çait dans les provinces rhénanes , et recevait par
trahison l'importante place de Mayence. Le vertige
de la liberté avait aussi soufflé dans cette ville, et on
y prit toutes, les institutions de Paris. Mais Franc-
(*) H y avait quarante mille Français qui venaient de s'enrôler
volontairement sons les drapeaux, contre vingt mille Autrichiens de vieilles
troupes, et si bien retranchés que l'artillerie ne pouvait les débusquer, il
fallut que la cavalerie tournât l'aile gauche pour venir ensuite faire une
charge dans les fossés. N. T.
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GUBRRB8 DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE. 457
fort , sa voisine, se garantit contre l'influence du
voisinage; et quand la nouvelle liberté française lui
fut proposée, elle répondit que ses citoyens étaient
contents avec la liberté dont ils avaient joui jus-
qu'alors.
1793. Au commencement de cette année eut lieu
L'exécution de Louis XVI (21 janvier). La sangui-
naire faction des jacobins avait remporté la victoire,
et croyait ne pouvoir mettre assez de désordre et
de confusion tant que le roi vivrait. Us l'avaient
déjà détrôné ; mais pour braver mieux toutes les lois
divines et humaines, ils voulurent envoyer leur in-
nocent \ leur pieux roi à TéchafaucL La punition
suivit de près : il s'éleva aussitôt dans la Vendée,
entre la Loire et la Charente, une révolte qui coûta
beaucoup de sang et dura plusieurs années ; tandis
que , d'un autre côté , les autres peuples perdaient
tout leur zèle , et ne pouvaient plus soutenir la liberté
française qui s'était souillée du sang innocent. La
nouvelle république dégénéra de plus en plus dans
ses discours et dans sa conduite; la licence et l'effron-
terie prirent le nom de liberté; les citoyens les plus
modérés furent appelés des peureux, et la populace
le peuple. La révolte fut préchée chez les autres peu-
ples, et on leur promit du secours s'ils voulaient
chasser leurs rois et leurs princes. On disait tout
haut qu'il fallait renverser tous les trônes. Les en-
voyés français furent donc chassés d^Angleterre
et d'Espagne, et par représailles la république
leur déclara la guerre ainsi qu'au stathouder des
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488 sixifeMB époque, 1648—1838.
des Pays-Bas, qui était intimement uni avec 1* An-
gleterre; et enfin alors, l'empire allemand, après
une longue délibération, se déclara aussi lui-même.
Ainsi la moitié de l'Europe prit les armes contre la
France; car Naples, Je pape, la toscane et le Por-
gal suivirent le mouvement général*
Les commencements de la campagne de 1793
furent marqués par une suite d'éclatantes victoires
des alliés dans les Pays-Bas. Dumoûriez fut battu à
Àldenhove, et, le 18 mars, dans une bataille rangée
auprès de Nerwinde. Alors le général, pour ne pas
tomber entre les mains des jacobins ses ennemis,
qui tenaient le pouvoir à Paris et qui d'ailleurs ne
pardonnaient rien moins que le malheur,, passa diji
côté ded alliés. Ceux-ci se portèrent toujours plus ea
avant: c'étaient les Autrichiens, les Prussiens, les
À ngïais, lesHanovriens , les Hollandais , commandés
par le duc de Cobourg et par le générai anglais duc
d'York» Le successeur de Dumoûriez , le général
Dampierre, fut encore une fois battu par eux dans
les champs de Famars et il y, fut tué lui-même j
alofcs les places de Valenciennes et de Condé tom-
bèrent entre les mains des alliés 4 et le chemin leur
était ouvert jusqu'à Pari*.
D'un autre côté, les Prussiens et les Autrichien^
s'étaient emparés de Mayence, avaient forcé le$
lignes de Weissenbourg et commençaient le siège de
Landau , sous la direction du princeToyal de Prusse,
Une armée espagnole avait aussi passé les Alpes,
envahi le sud de la France où elle obtenait de grands
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GUERRES DE Li RÉPUBLIQUE F A ANC USE. 459
succès ; des Espagnols et des Anglais occupaient
l'important port de Toulon, qui s'était déclaré contre
la convention de Paris , et ils le défendaient contre
elle.
Plus dangereuses encore pour la France que les
attaques du dehors étaient les guerres civiles. Les
royalistes vendéens avaient battu toutes les armées
républicaines qui avaient osé entrer dans leur pays
et avaient répandu bien loin la terteUr de Jeun
armes. Du nord de la Bretagne, un corps de royalistes
sous la conduite du général Wimpfen (*) pénétra
jusqu'à vingt lieues de Paris. Dans le sud, les villes,
les plus riches et les plus importantes se déclarèrent
aussi contre la convention ; outre Toulon, Marseille
et Bordeaux, il y eut encore Lyon au milieu de là
France , et leur alliance avait de grandes ramifica-
tions par tout le midi. Ainsi la république , dans
le mois d'août de cette année , pressée de toutes
parts, était sur le bord du précipice; sa chute sem-
blait inévitable, Cependant, elle fut sauvée d^unê
manière encore sans exemple , par un gouvef ne-
ment de terreur. Dans cette grande nécessité, les
plus hardis et les plus téméraires de Ceufc qui
avaient le pouvoir à Paris , auxquels tout moyen
semblait bon pour atteindre leur but, l'ayant em-
porté sur les modérés > conçurent le dessein , de
O Wimpfen était un des généraux de la république chargé de surrelîter
Jes côte» ; appelé à Paris pour justifier sa conduite , il répondit que s'il y
tenait ce serait à la t<He<le soixante mille hommes. ' N. T.
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460 SEPTIÈME ÉPOQUE. 1648—1858.
même que Rome dans les cas difficiles avait mis
tout le pouvoir en une seule main, de -le confier
alors à deux comités : au comité de salut public et
à celui de sûreté générale. Ils devaient s'occuper
uniquement, l'un de l'intérieur , l'autre des affaires
d'extérieurs et particulièrement de la guerre* C'était
une puissance souveraine que reçurent ces quelques
hommes; ils n'avaient d'autre loi que leur volonté,
et d'autre juge que leur conscience. La vie , la li-
berté» les biens des citoyens étaient entre leurs
mains ; ils pouvaient condamner s'ils voulaient, ou
absoudre. A la tête de ces hommes revêtus de la
puissance., était Robespierre, homme effroyable,
froidement avide. de sang, l'idole de la populace;
parce que, comme elle, il poursuivait avec envie et
haine tout homme qui voulait s'élever au-dessus de
la foule.
Son plan était d'anéantir par la terreur les enne-
mis de la république et ce beau plan réussit. La ca-
pitale , comme toute la France , furent inondées de
sang. Tout citoyen qui se faisait remarquer par ses
richesses , sa science , ses qualités , sa bonne réputa-
tion pu par des principes de bienveillance et de
modération, était un objet de haine à cette bande
terrible ; et aussitôt un prétexte était trouvé pour
le faire disparaîtrer Ils regardaient les gens de lettres
comme aussi dangereux pour la liberté, que la no-
blesse et le clergé. Pour avoir une liberté stable,
disaient-ils , il faut voir régner la simplicité de Sparte
et des premiers temps de Rome. Un d'eux alla jus-
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GUERRES DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE. 461
qu'à dire, qui! fallait encore que deux millions de
têtes tombassent sous la guillotine pour que la
France fût heureuse. Le petit nombre d'hommes
honorables qui se trouvaient parmi eux, sentaient
sans doute alors à quels excès l'humanité avait été
poussée, pour avoir recherche les lumières dans le
sens de l'époque et les raffinements dans les jouis-
sances sous le nom de civilisation perfectionnée; et
c'était comme contre-poids qu'ils voulaient pour
tout le monde les formes grossières de la brute éga-
lité, sachant bien qu'il est impossible de trouver
aucune modération dans une si violente agitation ;
tandis que les plus coupables d'entre eux, ceux qui
connaissaient le mieux ce qu'ils voulaient , deman-
daient pour tout le monde égalité dans le crime:
ainsi égalité ! était le cri qui remplissait toute la
France, et à ce fatal resentissèment les meilleurs ci-
toyens étaient immolés par milliers. Leurs qualités
faisaient leurs crimes ; personne ne devait se faire
remarquer fût-ce dans le meilleur sens ; leurs juges
étaient les plus furieux de la lie du peuple, qui com-
posaient partout le tribunal révolutionnaire et n'é-
taient retenus par aucune loi, par aucunes formes de
procédure; les accusés n'obtenaient même pas tou-
jours un défenseur. Cent de ces malheureux étaient
massacrés par jour sur la place même où siégeait le
tribunal; la guillotine et l'arbre de la liberté étaient
les deux seuls ornements publics de toutes les villes
de France. On exécuta dans un même jour, la reine,
la sœur du roi, la princesse deLamballe ; et le duc
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462 septième époque. 1648— 1858.
d'Orléans , l'auteur de tant de malheurs , tomba lui-
méme comme les autres sous la hache de la guillotine,
fcette puissance de la terreur si bien ménagée , si
bien exercée, que les parents mêmes des yictimes
n'osaient pas laisser apercevoir les larmes de la
douleur, obtint son but. Les factions furent étouffées
dans le sang , tout obéissait à un gouvernement qui
faisait exécuter ses volontés par des moyens si ef-
froyables; lésuns, les plus méprisables, obéissaient,
parce que ce régime leur convenait, les autres par
peur. Cependant un maître dans Tait de la guerre,
Carnot , fut appelé au comité de salut public pour
régler en grand tou3 les plans des armées.
Alors, on fît appel à la nation entière contre les en-
nemis de la république: « toute la France, disait-on,
q'est qu'un camp et tout Français est soldat. Aussitôt
que le tocsin sonne tout le monde doit courir au£
armes , soit contre les esclaves de la tyrapnie étran-
gère, soit contre les traîtres à la liberté qui sorçt
au milieu de nous. Il faut que les hommes non
mariés et les veufs qui n'ont pas d'enfans marchent
k la frontière; que les hommes mariés forgeait des
armes et conduisent les convois , que les femmes
fabriquent les habits et les tentes , que les enfants
effilent la charpie et que les yieillards, sur les places
publiques , enflamment par leurs discours le cou-
rage des guerriers qui partent contre l'ennemi. «Et
ea effet la France donna à l'Europe un prodi-
gieux exemple qu'un ennemi même ne peut taire.
Enthousiasme, amour de la patrie, fureur, soif de
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GUERRES DB LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE. . 465
sang, crainte , obéissance, passion du pillage et
l'ambition , tous lés ressorts de l'âme agissaient à la
fois sur un même point pour arriver au même but :
« le salut de la liberté contre les ennemis du dehors
et de Pintérieur. » Et, bien que cette liberté ne se pré-
sentât pour la plus grande partie du peuple que sous
une image défigurée, souvent même sous des traits
marqués avec du sang et du feu , du moins produi-
sit-elle l'effet qu'on en demandait. Toute la France
prit l'aspect d'un vaste arsenal ; et rien que dans
Paris plusdecent mille hommes étaient occupés nuit
et jour à confectionner des piques, des fusils, des
sabres, des canons, des mortiers. Des milliers de
soldats vinrent en même temps remplir les camps
ou se formèrent derrière eux, comme troupes de ré-
serve. Dans le camp tout homme qui se faisait dis-
tinguer par la force de son génie, voyait s'ouvrir
devant lui une carrière brillante qui lui permettait
de jouer un rôle. La naissance n'apportait aucun pri-
vilège, la capacité seule était prisée} la supériorité
du nombre fut donc bientôt du côté de la France,
et cette supériorité unie avec l'audace suppléa au
défaut d'habitude des armes. Depuis ce temps les
faveurs de la fortune furent pour les républicains ;
car on ne comptait plus le nombre des morts, et
toujours.de nouveaux etplusaudacicx bataillons mar-
chaient en avant, passaient sur les cadavres de leurs
concitoyens, en chantant avec enthousiame l'hymne
de guerre, jusqu'à ce qu'il aient accablé, foulé au
pied leurs adversaires.
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464 septième époque. 4648 — 1838.
L'armée des mécontents au nord de la France ,
sous les ordres de Félix Wimpfen, fut battue, et le
général lui-même obligé de se sauver en Angleterre j
puis Marseille fut soumise , ensuite Lyon après une
vigoureuse résistance, et Toulon, dont l'assaut dura
quatre jours et quatre nuits sans interruption et fit
couler un fleuve de sang , la ville n'était plu* qu'un
monceau de ruines; enfin les Vendéens eux-mêmes
essuyèrent plusieurs défaites. Tous ces succès arri-
vèrent dans Tannée 4793, et les plus effroyables
cruautés suivirent la victoire des républicains. À
Toulon, Lyon, Marseille et d'autres viilçs on ju-
geait sans entendre , la guillotine parut enfin être un
moyen trop lent; les malheureuses victimes furent
traînées par centaines devant la bouche des canons
et mitraillées : on les jetait par troupe dans le fleuve.
Il fut décrété par la convention que Lyon et Toulon
seraient rasées , que leur nom serait extirpé de la
mémoire des hommes, et que la Vendée serait
changée en un monceau de cadavres, de ruines et de
cendres pouf servir de monument de la vengeance
nationale. Tel était le langage de ces hommes de la
liberté.
Sur la frontière, contre les ennemis du dehors , les
chances de la guerre furent d'abord variées; mais
à la fin de Tannée elles se prononcèrent tout-à-fait
en leur faveur. Dans le Haut-Rhin, à force de com-
bats sanglants et perpétuels , Landau et L'Alsace
furent délivrées et le drapeau républicain fut planté
sur les rives du Rhin ; dans les Pays-Bas , Dunker-
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GUEURES DE LA RÉPWtLlQtJB FRANÇAISE. 465
que fut sauvée et plusieurs combats trèschauds furent
gagnes; Houchard et Jourdan y commandaient, tan-
dis que Pichegru et Hoche étaient dans le Haut-
Rhin, tous noms que le torrent de la révolution
avait tirés de l'obscurité. — Le 30 septembre, on célé-
bra dans Paris une grande fête de la victoire dans
laquelle quatorze différentes armées furent repré-
sentées dans un cortège de triomphe , en l'honneur
des victoires qu'elles avaient remportées.
1794. Succès des armées françaises. — Au commen-
cement de Tannée, les alliés avaient réuni toutes
leurs forces dans les Pays-Bas , sous les otdres du duc
de Cobourg, et l'empereur d'Allemagne était lui-
même venu dans le camp pour encourager ses troupes j
le 7 avril, elles remportèrent sous ses yeux une vic-
toire auprès de Cateau-Cambresis, et le 30 elles s'em-
parèrent de la ville de Landrecies. Mais alors la for-
tune changea : Carnot, qui comprenait très bien dans
quel genre de guerre un peuple en armes doit trou-
ver la victoire, donna Tordre aux deux grandes
armées, commandées par Pichegru et Jourdan, d'at-
taquer les lignes des alliés avec vigueur et sans cesser;
de manière qu'il ne se passapas de jour sans un san-
glant combat. On ne comptait point le nombre de
ceux qui tombaient; des troupes fraîches rempla-
çaient celles qui n'étaient plus ; et les généraux en-
nemis ainsi pressés ne savaient pas où porter le point
principal de la défense. La tactique ordinaire de la
guerre leur était devenue tout- à -fait inutile; car,
quand les corps d'armée repoussés, acculés les uns
t. h. 30
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463 wtifcMf tvoqp*. 1640—1838.
gur les autres , loin de fuir , se rassemblent de nou-
veau et ^reviennent à l'attaque sans se lasser, tant
qu'il resté encore des hommes vivants j quand ni la
craint^ de la mort, ni rien ne peut les chasser <W
champ de bataille; alors nécessairement à la fin la
victoire doit rester au plus nombreux. Ainsi les
Autrichiens et leurs alliés, Anglais , Hollandais et
Jlanovriens, accables de fatigues, furent enfin battus,
le 22 mai, près de Tournay par Pichegru, et le $6
juin à Fleurus par Jourdan, dans deux sanglantes
batailles. A Fleurus, le général français rappela à lui
la victoire, qu'il avait déjà presque perdue, par un
expédient tout nouveau ; il fit monter un de ses aide*-
de-camp dans un ballon (*) pour reconnaître exacte-
ment les positions de l'ennemi , et ensuite il renou-
vela le cpmbat sur le rapport qui lui en fut fait.
Depuis cette bataille le bonheur des armes fran-
çaises fut constant; rien ne put leur faire obstacle
en Hollande et sur le Rhin. Les places conquises en
France, La*dreciea, le Quesnoy, Valenciennes et
Gopde\ furent reprises l'une après l'autre; en outre,
les Français s'emparèrent de Bruxelles, le 9 juin, et
enautoppuneils étaient sur les rives de la Meuse et du
Vahal. Ces succès semblaient devoir être enfin le
terqjç où ils pouvaient aller, d'autant plus qu'on
avait levé les écluses des chaussées pour sauver la
{lollande par une inondation générale.
(*) Le célèbre tfonge dirigeait celte expédition aérienne. N. T.
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GUE**** D& IX RÉHIJUJOP» MMfèlSE. Mf
Mais la nature même vint au «epofm de ce peun
pie favori de la victoire et lui fraya un chamo.au*
lps fleuves t sur la mer et les marais. I/bèver de 94
à 9$ fut extrêmement dur; et, dès le mois de déeemr
frre % toute l'eau était couverte d'une épaisse glas»
gpi permit à l'armée française de pé&étrer eu Hoir
lande. Elle s'engagea donc sur ces vastes et solides
ponteyetdès le commencement de ranuéesuivante; le
^7 janvier , elle parut devant Utrecht, etr le 19, devant
Amsterdam. Le statkoude? n'eut rien de n*iei*x à
faire que de se sauver avec sa famille en Angleterre,
pt k Hollande fut changée en une république ber
*»ve (*)>
De son côté aussi Jourda», <J$a& l'automne de 1794,
Avait repoussé les Autrichiens duBtabant sur k bas
Rhia, et les avait battue darç plusieurs combata; enc
ftu, le 5 octobre, il les força de repasser le Rhin à
Cologne. Liège % Aix, Juliers , Cologne, Boni**, Ce>-
bientz tombèrent fcntre les mains de» Français* il
n'y eut que Luxem)>ouFg qui, par sa ^igoureu» dé-
fense % se soutint jusqu'au mois de juin 179&.
Sur le hput Rhin, la campagne de 1794 prit à pep
près la même tournure que daps le nord. Au com-
mencement , le 22 mai, grande victoire des Prus-
siens et des Autrichiens près de Kaiserskutern *puis
renforts pour les années républicaines, 1$ peuple se
devait en masse r attaques furieuses et continuelles
(*) C'est dans cstte fameuse campagne que la flotte hollandaise, retenue
dans le Texel par les glaces, Cut prise avec de la cavalerie* M» T,
30.
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468 septième époque. 1648—4858.
des alliés; enfin , le 15 juin, deuxième bataille à
Kaiserslautern, dans laquelle huit fois les Français
sont repoussés avec grande perte et osent une neu-
vième attaque où ils ont la victoire; et point
de repos jusqu'à ce que les alliés, ayant la fin
de Tannée/ aient repassé sur la riye droite du
fleuve.
Paix de Bâle. 1795. — Le bonheur des armes fran-
çaises était si grand et si impétueux que, pour qui-
conque aurait alors considéré la position de l'Europe
et surtout celle de l'Allemagne , il eût été facile de
reconnaître qu'elle n'avait plus désormais qu'à réunir
toutes ses forces pour sa propre sûreté. Les Français
déjà ne faisaient point un mystère de leurs projets
d'occuper toute la partie de l'Allemagne située sur la
rive gauche du Rhin jusqu'au fleuve. — Il nous fallait
donc, après une mauvaise campagne, abandonner à ce
dangereux voisin ce pourquoi il avait en vain com-
battu pendant tant dessiècles? L'Allemagne n'aurait
jamais dû souffrir un pareil affro oit; mais dans ce temps
où pouvait-on trouver les grands et généreux senti-
ments pour l'honneur de la patrie ? Déjà la jalousie
et la rivalité des généraux et des premiers serviteurs
avaient affaibli les forces de l'armée et empêché ses
plus belles opérations j mais alors la confédération
se laissa diviser par son adroit ennemi. Le 5 avril,
la Prusse signa à Bâle une paix avec la république
française; et le Hanovre avec la Hesse-Cassel y
furent compris. On y traça une ligne de démarcation
pour le nord de l'Allemagne, qui séparait la France
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"GUÉlltlS DB U RÉÏTTiLlQUE FRlWÇilSB. 469
des états prussfens enWestphalie, de laHesseetde
la basse Saxe.
Bientôt aussi l'Espagne, qui manquait d'argent,
dont les armées étaient dans le désordre, et qui sur-
tout n'avait point une volonté ferme et arrêtée, se
sépara de la coalition contre la France ; l'Autriche
et l'Angleterre furent les seules grandes puissances
qui restèrent sur le champ de bataille; tel fut d'ail-
leurs le résultat réservé à l'Autriche depuis Maximi-
lien Fr,.toutesles fois qu'elle entra dans une alliance
pour faire la guerre d'accord avec plusieurs autres
puissances.
Suite de la guerre Jusqu'à la paix de Campo-Formio. 1795—1799.
Pendant les conférences de paix avec la Prusse et
même après la paix, pendant Tété de 1795, comme
l'Autriche et l'empire germanique se montraient
assez disposés à la paix, les deux partis déposèrent
les armes ; les deux armées se trouvaient sur les deux
bords du Rhin en face l'une de l'autre, séparées par
lefleuve. Cette trêve était avantageuse pour la France;
parce que, dans cette année, une disette générale
qu'on pourrait même appeler une famine ne per-
mettait plus des effortssi extraordinaires. Mais dès que
la moisson fut terminée et ramassée, Jourdan, dans
la nuit du 6 au 7 septembre , passa le Rhin entre
Duisbourg et Dusseldorf , s'empara en même temps
de cette dernière ville , et dans sa marche victorieuse
Digffiedby GoOgk
470 septième £*OQ0* 1648—1438,
chassa les Autrichiens Yépée dans le#rei»s des bore»
de la Wupper (c'était à cette rivière que commen-
çait la ligne de démarcation des Prussiens), de la
Siegf de la Lahn jusqu'au Main. Le feld-raaréohàl
Clairfait avait rassemblé ses troupes de l'autre m\é
4e cette rivière; il attaqua alors les Français pris
de Hœchst, les battit et les força de repasser ie
Rhin avec autant de jfromptïtude qu'ils eu avaient
mis euvnnémes dans la poursuite, May enoe fat dé-
Jivre'e dusiége^ etManheîf» reprise. Le repos de l'été
avait affaibli les forces et l'impétuosité des armées
républicaines, le zèle s'était attiédi ; une guerre de
Pautre côté du Rhin n'était plus une guerre pour
la liberté de la patrie, et quantité de volontaires,
ceux qui appartenaient aux meilleures familles r
étaient rentrés dans leurs foyers. Pendant ce temps-là,
en France, une faction plus modérée était parvenue
à h tête du gouvernement, Déjà, l'été précédent , te
convention mourante, toujours plus soupçonneuse et
plus cruelle , avait renversé Robespierre avec se?
hommes de terreur et l'avait même fait monter sur
cet écbafaud sanglant sur lequel il avait fait cJonidr
tant de sang innocent. Plus tard, après avoir réuspi
avec les plus grands efforts à enchaîner, pour ainsi
dire, toute la faction des Jacobins, on avait établi un
nouveau gouvernement* Le pouvoir exécutif fut
confié h cinq directeurs , et le pouvoir légi&latif à
deux conseils, celui des cinq cents et celui des an-
ciens. Déjà lp France penchait vers la domination d'un
petit nombre ou même d'un seul ; tant elle sentait
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tîen qu'un Etat aussi grand ne pouvait qu'aller à sa
mine ayec un pouvoir démocratique.
1796. Bonaparte. — Quand le nouvel ordre de
choses fut consolidé, le directoire résolut de forcer
l'Autriche et l'empire à la paix, par une invasion
générale. Dès le printemps, ses armées devaient pas-
ser le Rhin et les Alpes, et pénétrer dans le cœur
même de l'Allemagne par tous les cotés ; Moreau par
la Souabe, Jourdan par la Franconie, et une troi-
sième armée par l'Italie. En Italie, c'était le vieux gé-
néral Beàulieu qui commahdait l'armée autrichienne;
près du Haut -Rhin, Wurmser, etsurle Bas-Rhin, l'ar-
chiduc Charles.Les troupes de l'empire faisaient partie
des corps d'armée de ces deux derniers généraux.Gefat
en Italie que commença la guerre. Mais là, le Vieux gé-
néral, quoique très expérimenté, eut en tête un jeune
et audacieux guerrier rempli de projets gigantesques,
qui développa dans cette circonstance, pour k pre-
mière fois, ses terribles moyens aux yeux de l'Europe
étonnée. Bonaparte , né à Ajaccio en Corse (son père
était avocat, et devint ensuite procureur français en
Corse), élevé en France dans les écoles militaires f
et accoutumé aux entreprises les plus extraordinaires
par tous les actes révolutionnaires dont il avait été
le témoin et auxquels il avait pris part, n'était encore
que dans sa vingt-sixième année quand il reçut le
commandement de l'armée d'Italie. Un des cinq di-
recteurs , Barras , l'avait pris particulièrement dans
ses bonnes grâces, lui avait fait épouser la princesse
Joséphine de Deauhamais , devenue veuve , et l'éleva
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47S sBrnitME époque» 4648—1858.
alors jusqu'à la place de général en chef en Italie.Cétait
uneplacedangereuse;l'annéed'Italieétaitdansuntrès
grand désordre , sans provisions et sans habits, même
sans artillerie ; seulement dans la main d'un général
audacieux, un tel état pouvait servir peut-être à une
victoire d'autant plus glorieuse; parce que les guer-
riers n'avaient devant eux que le choix de la vic-
toire ou de la mort. Bonaparte sut bientôt gagner
un empire extraordinaire sur l'esprit de ses troupes
et leur communiquer son audace. C'était là Pâme
de sa tactique militaire, et le .moyen qui le mit
bientôt en état de concevoir la pensée de conquérir
le monde. Il savait par des proclamations brèves et
fortes, à la manière des anciens Romains, qu'il adap-
tait parfaitement au genre des Français , par des
distributions d'insignes d'honneur, de drapeaux,
d'aigles, faites à ceux qu'il voulait au moment même
placer dans le poste le plus dangereux ; et par d'au-
tres semblables moyens piquer l'honneur de ses
soldats , et dans le moment décisif exciter au plus
haut degré l'enthousiasme. Il avait l'audace d'an-
noncer à l'avance l'issue des batailles, et sa fortune
vérifiait ses paroles ; bientôt on crut à ce qu'il avait
prédit , et cette croyance même devenait la cause de
l'événement. Il déconcertait particulièrement ses
ennemis en ne faisant jamais ce qu'on aurait pu pré-
voir ou calculer} mais toujours ce à quoi on s'atten-
dait le moins, et ce qu'il y avait de plus téméraire. Par
conséquent, l'expérience et l'art de la guerre étaient
inutiles contre lui; une guerre défensive ne pouvait
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GUSBB2S PB Là HÉtUBtlÇUl pUSÇàlSS. 4Ï S
avoir, de succès, parce que toujours le coup était
frappé avant qu'on eût pu seulement le craindre; et
il ne laissait jamais son ennemi prendre l'offensive ,
parce que personne n'était aussi prompt que lui pour
prendre un parti.
Le commencement de sa campagne eut un écla-
tant succès ; par la promptitude de ses manœuvres
et de ses attaques , il sépara l'armée de Sardaigne
de celle des Autrichiens et força son roi à faire une
paix particulière; ensuite il revint sur les Autrichiens,
au nord du Pô. De sorte que tout le milieu de l'Italie
lui était ouvert , et que ses princes tremblaient de-
vant sa vengeance. Ils demandèrent la paix les
uns après les autres et l'obtinrent pour des millions
en argent, pour des tableaux, pour d'autres trésors
des arts et pour de précieux manuscrits. C'était
avec tout ce butin qu'il voulait décorer Paris, pour
en faire plus tard la capitale du monde* Le duc de
Parme fut le premier qui s'engagea , par un traité
du 9 mai, à payer un nombre de tableaux les plus
rares pour prix de la paix; depuis ce jour, l'exemple
de l'ancienne Rome danslaGrècefutsuivipartoutoù
parurent les armées françaises. La vanité et le désir de
ce que le monde tient pour le plus précieux firent dé-
pouiller les autres paysde tous les monuments desarts,
. pour les rassembler tous dans Paris, pour rendre ainsi
cette ville le centre commun des nations et la faire
ressembler à l'ancienne Rome. Ainsi restèrent-ils
long- temps entassés dans des lieux qui ne leur
étaient pas consacrés ; et les arts, qui aiment le si-
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4T4 **mfcks ittoçtîÉ* 4648— 1W8,
lence et la vie intérieure ne purent même en tiret
profit. Le pape acheta la neutralité pour vingt-efr-un
millions de livres, cent tableaux et deux cents fafc->
nuscrks rares. Naples obtint la paix sans sacrifice;
parce qu'elle était trop loin et que son temps né
parut pas au général français être encore arrivé.
-Cependant , de grands événements avaient eu lieu
en Allemagne pendant ce temps-là. Les armées alle-
mandes avaient à peine commencé leurs mouvez
Jiients, quand déjà le principal était décidé en Italie,
et que le vaillant Wurmser était appelé d'Aile^
magne avec trente mille hommes pour délivrer
Maàtoue. Alors les armées françaises, conformé-
ment au plan de guerre du directoire , purent en-
trer sans obstacle dans le cœur de l'empire d'Alle-
magne. Au milieu du mois d'août, Jourdan n'était
plus qu'à quelques .jours de marche de Ratisbonne,
et Moreau auprès de Munich avec les armées du
Rhin et de la Moselle. Il disait tout haut qu'il vou-
lait donner la main droite à l'armée d'Italie sous
les ordres de Bonaparte et la main gauche à celle
de Jourdan. La réunion de si effrayantes armées
allait se faire, et ce moment était un des plus péril-
leux pour l'empire d'Autriche. Cependant ce danger
lut encore une fois écarté par le jeune héros de la
maison impériale. Plus la guerre approchait des fron-
tières autrichiennes, plus le danger de la patrie en-
flammait les troupes impériales ; leur nombre même
augmenta beaucoup par les renforts qui leur vinrent
de l'intérieur du pays. Alors l'archiduc Charles se
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GUtfRfctS Df Lk RJÔPWttQU* r*à*CàlSE. 4W
releva tout d'un coup , battit Jottrdan à Neuifcark,
le 22 août, et le 24 à Àmberg , si complètement,
que tonte l'armée de Sambre-et -Meuse s'enfuit e»
désordre et ne s'arrêta que dans le bas Rhin. Jourcfani
la rassembla près de Mulkeim sur le Rhin , la ttH*-
duisit de là à Juuaseldorf et se démit du oomma» dû-
ment bientôt après. Moreau , après xe désastre de
l'autre armée, se vit forcé lui-même à faire retitafce
sur le haut Rhin ; il exécuta cette retraite par ucée
marche périlleuse de cent lieues de pays, à fravèas
la Sonabe, les passages de la Foret-Noire, sans cetae
entouré et poursuivi par les ennemis, harcelé même
par les troupes des habitants des montagnes cftti
étaient enflammés dé colère et à qui la baîreccratfee
le^ étrangers avaient mis les armes à là main , avec
tant d'habileté , qu'il arriva sur le Rhin avec un
'grand butin et quantité de prisonniers. Cette retraite
fonda sa réputation militaire* Ensuite les généraux
convinrent de part et d'autre d'une trêve ettr le
Rliin, pendant l'hiver. ♦'
L'archiduc Charles , sur qui alors tous lea ye»x
se portaient avec admiration , fut appelé en toute
bâte en Italie pour relever Tannée autrichienne qui
y était en désarroi. Wurmser, après quelques ma-
nœuvres qui lui avaient réussi , n'avait pu parvenir
qu'à se jeter avec dix mille hommes de renfort
dans Mantoue; mais Bonaparte était venu de nou-
veau les y assiéger et la famine le força de se rendre,
le 6 février 1797.
1797. Paix deCampo-Formio.l7octobre.-—L'ar-
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476 fimkit! époque. 1648—1888.
chiduc ne put avec une armée battue et découragée,
arrêter les succès de Bonaparte. Ce général, après la
prise de Mantoue , se porta aussitôt en ayant vers le
nord 9 passa les Alpes qui séparent l'Italie de la Ca-
rinthie, pénétra en Styrie , s'empara de Clagenfurth
et vint jusqu'à Judenbourg sur la Mur, d'où il me-
naçait Vienne. Mais sa marché avait été trop rapide,
et la position où il s'était placé était dangereuse.
Devant lui, il avait l'armée impériale, qui devenait
plus forte à chaque pas qu'elle faisait en arrière ,
parce que Vienne était armée etque la Hongrie se le-
vait en masse ; à gauche, le général impérial Laudon
s'avançait du Tyrol contre lui ; derrière lui,àTrieste,
était une autre armée ennemie et tout le pays vé-
nitien qui s'était révolté; pour retourner jusqu'à la
première place occupée par les Français jusqu'à
Mantoue, il y ayait une étendue de quarante milles
par des montagnes escarpées; de plus son armée n'a-
vait plus de vivres que pour dix jours. Il semble
que si l'Autriche avait voulu risquer un grand coup,
elle aurait pu anéantir tout d'un coup son plus dan-
gereux ennemi , et changer complètement les dis-
positions des dix années précédentes. Mais elle ac-
cepta la paix que l'adroit général lui offrait comme
un vainqueur, et conclut, le 18 avril, à Leoben, les
principales conditions ; et la paix définitive àCampo-
Formio, maison royale des environs d'Udine, le 17
octobre 1797. Ainsi Bonaparte en deux campagnes
avait conquis l'Italie , gagné quatorze batailles , ar-
raché les aimes des mains à tous lés états qui s'y
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GUERRES DE JLà RÉPUBLIQUE mNÇUSE, 4TT
trouvaient et enfin amené l'Autriche à la paix.
Par cette paix, l'empereur abandonnait les Pays-
Bas autrichiens à la France et renonçait à ses états
d'Italie, dont Milan était la capitale, qui devaient
désormais former , avec plusieurs autres provinces
italiennes, une république cisalpine sous la protec-
tion de la France. De son côté, l'Autriche conservait
Venise et les îles adriatiques qui avaient appartenu
aux Vénitiens, l'Istrie et la Dalmatie, s'engageait
à livrer le Brisgau au duc de Modène et à convoquer
aussitôt un congrès à Rastadt , pour y traiter de la
paix entre la république et tout l'empire d'Allemagne*
Mais ee congrès de Rastadt ne pouvait manquer de
donner une paix de concessions et de faiblesses.
L'empire était abandonné de l'empereur, comme il
l'avait été déjà antérieurement par la Prusse. L'Au-
triche, par un article secret, avait même consenti à
avoir le Rhin pour limite de l'Allemagne ; et qui au-
rait pu sauver l'empire , quand ses plus puissants
protecteurs se séparaient de lui? Cependant aucun
membre en particulier n'avait droit de se plaindre, .
parce que tous avaient des reproches à se faire. La
plupart s'étaient séparés du corps à mesure que lé
danger s'approchait d'eux, et par conséquent on ne
pouvait exiger de l'Autriche qu'elle se sacrifiât seule.
L/œil ne s'arrête qu'avec peiqe sur cette fin du dix-
huitième siècle et sur le commencement dii dix-
neuvième ; car la patrie était dans le plus pro-
fond abaissement. Cependant il est bon de ne pas
taire ces événements, afin que les esprits puis-
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3t»t voir avee eiroi jusqu'à quel excès de malbcmi
la désunion f la division , l'égoïsme des particuliers
•tTahaenee des sentiments patriotiques ont pu cm*
4mtç le peuple allemand.
instants» Nowràte gnenre jusqu'à la paix et
Luoéfilk. 1139—130*.
Le congrès de Rastadt se tint en effet , et 8m?
parte y parut comme négociateur. Mai» quel la&r
gtge insultant ou tint à l'empire allemand dans cm
négociations ! avec quelle, arrogance les envoyas
français, qui parlaient en maître», Lraitaie*rt41s 1&
jy ioççs allemands ! et cependant il leur fallut soufr
JjHr MWft; U fallut consentir à la désunie» de hm
ijôrps > à l'abandon de la rive gauche du Khi* , à 1*
l^çidarLaaU^a sur la rive droite , afin d'i^demmaer
fpW ce qpi avait été perdu sur Vautre , et promettre
de raser la citadelle d'Ehrenbreitstem et bie* d'atir
Jtnps conditions! Ces négociations avaient duré jua-
ffih la fin de Tannée 1798 , avant qun les coacliir
sious fussent en état j mais alors l'Europe avait toufe-
à-fait changé de fape.
Les membres du directoire, dans leur insolence,
avaient entrepris de bouleverser les autres paja^
çt leurs manœuvres laissaient voir à un œil clair-
voyant que la république française était plus dange-
reuse eu temps de paix iju'en temps de guerre* A*
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commencement de 1798, pour braver JnsolerDmfiPt
le pape, ils firent une république romains des Etat$
de l'Église; et bientôt après, une république heivé*
tique de la Suisse , qui avait fait quelques mouvcr
jnents; et sous prétexte d'assurer ce& nouvelles créa-
tions, ils laissèrent leurs armées dans ces contrées qu'il*
ruinaient par des exactions inouïes. L'Autriche qui,
se croyait toujours chargée de veiller à la cureté de
l'Europe, ne put souffrir uns pareille conduite; elte
trouva d'ailleurs des sympathies dans l'empereur
Paul I , qui depuis 1796 avait succédé à sa mère
Catherine. C'était un ennemi des principes profes-
sés en France; déjà sa mère avait fait des menace?
k ses régicides, à ses athées. Paul était encore partici^r
lièrement excité contre la France parce qu'il avait
été choisi pour grand- maître de l'ordre de Sainjfcr
Jean et que les Français s'étaient emparé de l'île dp
Malte. Cet aiguillon était très propre à piquer son
amour-propre. Il se forma donc contre la Frapce ux)e
coalition de puissances qui ne s'étaient encore jamais
trouvées réunies : c'étaient la Russie, l'Angleterre,
? Au triche et même la Turquie, qui jusque Là avait
toujours eu une inimitié mortelle contre deux de
ces puissances; mais la France elle-même avait forcé
la Turquie, son ancienne alliée, à la guerre, par sop
étonnante expédition en Egypte , en mai 4798.
Jamais la République française n'avait encore
conçu un plan aussi grand et aussi surprenant. Au
moment où les négociations avec l'empire germa-
nique ne faisaient que de commencer, lprsque par
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180 SEWtkMH époque. 1648—1858.
conséquent la paix européenne n'était pas encore as-
surée, lorsque l'Angleterre tenait de remporter
une grande victoire sur mer, tout -à-coup l'élite de
Tannée française avec son meilleur et son plus heu-
reux général fit voile vers un autre continent, d'où
le retour devait lui être fermé bientôt après , « pour
délivrer l'Egypte de la tyrannie des Mameloucks, »
disent les proclamations françaises , « et venger la
Porte d'un vassal insolent. • On ne pouvait rien
imaginer de plus bizarre; mais derrière ces mots qui
ne donnaient rien moins que la vérité à comprendre
aux esprits ordinaires , se cachait un plus grand des-
sein. L'Egypte est un des pays de la terre les plus fer-
tiles, et si on avait pu en tirer parti, elle aurait
grandement réparé la perte que les Français avaient
faite dans les Indes occidentales; car l'Egypte peut
donner tous les produits des pays les plus chauds.
Par l'Egypte aussi est un chemin de commerce
avec les Indes , plus court et plus prompt que de
doubler le cap de Bonne-Espérance. La domination
anglaise dans ce pays se trouvait donc menacée de
ce côté et en danger; il est même vraisemblable que
le génie aventureux et inquiet de Napoléon s'était
représenté la possibilité d'une expédition dans les
Indes. Alexandre-le-Grand avait bien déjà une fois,
avec #0,000 vieux soldats macédoniens, parcouru
l'Asie et visité les bords du Gange! Des relations
avaient été établies avec les Indes dans ce but. Au
commencement de l'année 1799, Tippo-Saheb
entreprit cette guerre acharnée qu'il fît aux Anglais,
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GUERRES DE L\ RÉPUBLIQUE FRÀKÇàlSE. 481
entraîna certainement, comme on le crut alors , par
les Français dont il attendait des secours, et d'accord
fcvec eux. Cependant il perdit la vie et son empire,
et la domination anglaise s'étendit encore beaucoup
plus loin qu'auparavant.
Bonaparte fit une heureuse traversée; et, dans^a
rQute, conduit par son étoile de bonheur, il s'em-
para de l'importante île de Malte , vint prendre
terre, le 2 juin 1798, dans la baie d'Aboukir, prit
Alexandrie, d'assaut et le 21 il était déjà devant le
Caire, là capitale du pays. Là, au pied des pyra*
mides , il trouva vingt-trois beys rangés en bataille.
«Pensez, dit-il à ses guerriers, que du haut de ces
monuments quarante siècles vous contemplent.»
Après cette courte harangue, ils culbultent l'armée
ennemie , pénétrent dans la capitale, et déjà ils pou-
vaient regardgp l'Egypte comme un pays conquis.
Là France avait supposé que les Turcs , qui étaient
en Egypte maîtres plutôt de nom que d'effet , ver-
raient avec indifférence cette conquête ; mais ils
prirent la chose au sérieux , Renoncèrent à leur ami-
tié de trois siècles avec la France et s'unirent avec
ses ennemis. L'Angleterre, qui sentait toute l'impor-
tance de cette entreprise , fit tout son possible pour
la faire échouer. Nelson, le premier homme de guerre
de son temps, chercha vainement d'abord la flotte
française , et la trouva enfin, le 1er août, dans la
baie d'Aboukir. Déjà le soleil baissait ; il n'en donna
pas moins l'attaque avec toute son impétuosité, et il
mit toute la flotte ennemie or confusion. L'bbscu-
T. II. 31
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4M imnfctfs i»**** 4048—4*».
tiltf delà nmtne pot arrêter ce oombat «mgkftt. Ar
dût heures, le vaisseau amiral français sauta en l'air
avec 4,000 hommes qui le montaient ; alors un atf— *
freux sticn&? régna trois minutes ; puis le combat re-
commença jusqu'au matin. Par cette victoire, Bo*
naparte se trouvait sépare de l'Europe et tous le» Re-
cours lui étaient coupes } tandis qu'une guerre t rèê
difficile se préparait pour la France.
Campagne de 1799.— L'alliance des grandes puis-
sances contre la France était résolue; l'empereur
d'Allemagne rappela «on envoyé du cojigrès de Rae-
tadt , an commencement de 1799, et l'assemblée fut
çompue. Dès te 6 mars, là république française, d'a-
près sa coutume de prévenir son ennemi , déclara
de nouveau la guerre à l'empereur pour avoir laissé
Vannée russe entrer dans ses états.
En Italie, la guerre avait recommencé quelques
mois plus tôt; car la reine de Naplea, violente en-
nemie des Français % ne put attendre le moment de
Vattaque générale et fit avancer les troupe* rapolir
taines jusque dans les Etats romains > en novembre *
1798 \ mais cet empressement eut un manvaia sér
•sultat. Le* Français se tournèrent de ce côté avec
leur c^éiité habituelle ; chassèrent en Sicile le roi
de Naples avec toute sa. famille, et s'emparèrent de
la basse Italie, jusqu'à la pointe de la Calabre* Le
royaume de Naples dçviut la république partbé-
nçpéenne ; et pour faire de tonte l'Italie une répur
I4iqu&* lya éU4* de G&M?s et de Toscane furent dt*
clare* états Kbresu
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GUEHRES*DE Là RÉrtTBEtQtfE FRANÇAISE. 488
Cette fois cependant -ces nouvelles création* ne
devaient avoir qu*une courte'existence ; défit de tons
cfttés les armées des alliés se mettaient en campagne
sons la conduite ePhabiles généraux. Le directoire
nfavait plus une apparence bien solide, même en
France ; la Vendée avait repris les armes; les armées
françaises étaient en partie mal conduites»; et dans
le (gouvernement de l'état domme dans l'adminis-
tration militaire régnait Pengourdissement^et le dé-
sordre. De plus , l'archiduc Charles battit à Stoé-
kach, ainsi que dans plusieurs autres rencontres, et
chassa d'Allemagne le général Jourdan qu'os l«i
avait opposé et que déjà une fois* an mois de mars,
il avait mis en Fuite et poursuivi jusqu'en Souobe,
flrraeha au général Masséna l'ouest de la Suisse jus-
qu'au-delà de Zurich, et considérait alors desbordi
dn Rhin la tournure de la gaerre en Italie.
k Le général Scbérer, homme perdu de mœurs et
adonné à la boisson , y commandait d'abord IWmée
française. Battu par le général autrichien Kray k Vé-
rone et à Magnano, quand il abandonnai oommand*
ment, il ne livra plus à Moretffci, son successeur, qu une
armée en désordre et dans la plus grande confnstot*.
Dans ce moment arriva chez les Autrichiens le maré-
chal Soirwaçow avecsesRusses , qui renouvela en Ita-
lie son héroïque campagne contre W Turcs. C'était
un vieux guerrier f mais plein d'u>ne jeune aucUce,
prompt , et que rien ne pouvait effrayer. Moreau
fqalgré sa bravoure ue pouvait pas faire résistance
à un pareil adversaire avec des soldats découpage*.
31.
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484 septième époque. 1648—4838,
Souwarowles battit, le 27 avril, auprès deGassano, et
rentra le jour Suivant dans Milan en Vainqueur. Par
cette victoire la Lombardie fut conquise, la répu-
blique cisalpine dissoute et le nord dfe l'Italie rendu
à la maison d'Autriche. De là le général russe mar-
cha contre MacdonaId(*) qui reyenait de Naplesayop
l'armée française et le battit au milieu de juin dans
plusieurs sanglants combats sur les bords de la 3Çré-
bia, presque dans le même lieu où Ànpibal vainquit
les Romains. Toute l'Italie jusqu'aux états de Géneé
fut enlevée aux Français , les places fortes furent
assiégées et prises, les républiques disparurent les
unes après les autres et les anciens duchés furent re-
constitués. Cependant le général Jôubert avait ras*
semblé une nouvelle armée ; mais il eut le même
sort que les autres généraux, il fut battu à Novi après
une lutte de. vingt heures qui coûta beaucoup de
sang et dans laquelle Joubert lui-même fut tué.
Gênes iétait la seule ville qui restait aux Français. Le
général russe, abandonnant alors le siège de la ville
aux Autrichiens, tourna du côté des Alpes afin de
pénétrer en Suisse et de conquérir cette forteresse,
ce boulevard de la France. Quand il arriva au pied
(*) Cette armée était de dix-huit mille hammes , fatigués d'une grande
conquête et d'une longue route. Us venaient du fond de l'Italie, oAila
avaient reçu rendez-vous k la Trébia. flfacdonald arriva au Jour marqué,
en passant sur le ventre aux Autrichiens qui voulurent l'arrêter, il y ren-
contra Sou warow avec trois fois plus de forces qu'il n'en avait ; mais il n'en
garda pas moins ses positions pendant trois jours. Il ne se retira que quand
il vit que personne ne venait , et fit à Souwarow plus de mal qu'il n'ai
avait reçu. H. T. *
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GUEUftES DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE. 486
clés monts géants qui cachent leur sommet dans les
.toues , ses guerriers hésitèrent un moment de gravir
par-dessus ces rochers escarpés , étonnés de cette
effroyable grandeur de la nature, jdont ils n'avaient
pas vu d'exemple dans leurs immenses contrées dé
Russie. Alors leur vieux général , qui avait l'estime
de tous les soldats, se jeta par terre en criant : « Il
vous faut ensevelir le vieux Souwarow sous ces mon-
tagnes/ afin que tout le monde sache à quel endroit
vous avez abandonné votre général. Ses soldats con-
fus et excités par ces paroles escaladent avec un
nouveau zèle les rochers duSaint-Gothard, et dispu-
tent les armes à la main tous les passages, arrivent
au Pont-du-Diable et au lac de Lucerne ou des
Quatre Gantons ; et là , dans des sentiers où le
voyageur même ne peut se tenir , et où son œil est
étourdi à la vue de l'abîme ouvert sous ses pieds,
il y eut un sanglant combat , et les plus vaillants
guerriers furent précipités dans les gouffres du fleuve
écumant qui sortait de la montagne avec fracas.
Pendant ce temps-là Masséna ayant surpris,
par une habile manœuvre , le général russe Korsa-
kow, lui fit éprouver un échec complet, et le général
Soult battit les Autrichiens au-dessous de Hotze,
dans les environs de Zurich. Souwarow voulait se
réunir avec eux ; mais après leur défaite il devenait
'impossible de sauver la Suisse, et l'o* ne pouvait
prolonger la guerre dans un pays pauvre où Ton ne
trouvait rien pour l'entretien des troupes. 'Alors
Souwarow se retira sur Feldkirch en Souabe , en
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4M sEPTifeuB époque. 1648—1858,
passant par Graubuodeta», à travers des sentiers ofr
il ne pouvait passer qu'un homme à la fois; ce mou*
veinent fut opéré anec tant : d'habileté qu'il ne fit
aucune perte. Biçntôt après il fut rappelé avec sou
année. Les Russes n'avaient fait qu'une campagne réu-
nie aux Autrichiens; mais ce fut une campagne
comme on n'en trouve pas de semblable dansl'hi*-
. faire, tant à cause des fcits qu'à cause du gain
qu'elle procura* Outre les grandes victoires , il y eut
Jwtt places ibrtes et 800 pièces d'artillerie qui
ijpefti prises.
Ijicaract^inquietetfâuKderempera^PauJ^qui
prétendait 4tre négligé et même oflfeusé par mésalliés»
Alt l'occasion de cette rupture si prompte de l'ai-
hance. On. avait tente, dans le même été, un débar-
quement en Hollande d'Anglais et de Russes; mais
des fautes commises dans l'exécution empêchèrent le
au6oès9 et ce fut le plus grand motif du méconten-
tement de l'empereur. Ainsi la France, pat ce succès
en Hollande et la reprise dé la Suisse, fut sauvée
d'un danger plus grand et plus prochain. Cependant
U n'était pas encore complètement^évitéj car les arr
mées victorieuses autrichiennes, après s'être emparées
de l'intérieur de l'Italie, se tenaient sur les bords du
fihin et se préparaient à le passer avec les troupes
de l'empire | qui enfin venait de se prononcer
pour la guerre ( de plus , le gouvernement de Frarjoe
était en désaccord , et la confiance publique avait dis-
paru. Bonaparte tira la nation de cette position dif-
♦ficile-
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0DB9MH m ta aàwrauQW wiâmçUbe. *#T
Bonaparte, 1er consul, 9 novembre 1799.--Quaii4
œ général, qui avait emporté intacte avec lui la
gloire de ses grandes, actions en Egypte et en Syrie>
apprit le danger de la France» les défaites qu'elle
avait essuyées, la perte de l'Italie ; il partit d'Egyptf
sans avoir été rappelé, avec quelques amis seulement,
passa miraculeusement au milieu de la flotte an-
glaise, aborda le 9 octobre à Fréjus, et parut tout
d'un coup dans Paris. Grand nombre de citoyens ^ui
connaissaient son ambition en furent effrayés; les
autres qui l'afaient vu donner déjà une fois la paix
par ses victoires, espéraient qu'il apporterait quel-
que changement dans les afiaires ; beaucoup dési-
raient un gouvernement moins compliqué et plus vi-
goureux que les précédents ; d'autres espéraient de
loi leur propre avantage. Aussi réussit-il à changer
le gouvernement de la France qui lui mit en main
une grande puissance. Déjà, antérieurement, on
avait passé du gouvernement de la populace à celui
des comités, de celui-ci à un directoire de cinq
hommes, et alors le nombre fut réduit à trois ; mais
pgur leur donner un nouveau nom, tiré de l'histoire
ancienne, Us furent appelés les .trois consuls. Le
premier d'entre eux, cependant, devait avoir en
main presque toute la force administrative pour lui
seul9 e$ Bonaparte s y fit nommer.
Son premier mot fut la paix ; il la désirait dans
ce moment pour affermir sa nouvelle puissance ;
mais les autres nations n'avaient pas confiance en ses
offres. « Alors, dit-il, nous conquerrons la paix* *
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48è septième époque. 16+8—1858.
Et ce mot , parce qu'il était frappant , retentit par
toute la France, et valut, en peu de temps, au géné-
ral sur qui tous les regards étaient tournés une nou-
velle et belle armée, qui se réunit à Dijon au prin-
temps (1800).
Bataille de Marengo. 14 juin 1800. — L'armée
autrichienne avait enfermé Gènes de tous côtés ; la
Ville était vigoureusement pressa et déjà courait le
|)ltos grand danger ; car quelque courage que dé-
ployât le général Massénapour sa défense , cependant
la famine, la contagion, la misère sous toutes les
formes , étaient devenues si effroyables dans cette
cité populeuse qu'une foule d'hommes en avaient
été victimes. Que de la France il pût partir une ex-
pédition qui passât les Alpes et arrivât au secours , le
conseil de guerre de la cour de Vienne était si loin
d'y songer, que le général Mêlas se préparait déjà à
passer la Nizza et à faire une invasion en France.
Mais tout-à-coup le premier consul part de Dijon
avec l'armée de réserve, fait gravir à son artillerie et
à sa cavalerie , avec des efforts et des obstacles in-
croyables, le grand et le petit Saint-Bernard, le Sim-
plon et le Saint-Gothard, et paraît dans les plaines
de la Lombardie avant même que Mêlas fut averti
de son expédition; autrement, en effet, il lui eût
été très facile d'anéantir les différents corps de trou-
pes à mesure qu'ils descendaient des montagnes. Le
2 juin , Bonaparte enti*a dans le Milanais. Le même
jour Masséna offrit aux impériaux la reddition de
Gênes, parce que la famine menaçait de détruire à
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GUBfc&ES *E U fiétUBLlQU* FRkMçklSE. 469
Ja fois la garnison et les citoyens. Les impériaux lui
accordèrent une libre retraite gvèc les trompes ^pû
étaient en état, très contents de pouvoir ainsi réunir
l'armée de siège à celle qui marchait livrer bataille
$i Bonaparte j car Mêlas avait appris qu'une nouvelle
armée, peut-être même plus forte encore». devait
venir rejoindre son adversaire. Cette bataille eut
lieu le 14 juin» auprès du village de Marengo, dans
les vastes plaines entre Alexandrie et Tortone; ba-
taille plus sanglante que toutes les autres de la guerre
de la révolution, dans laquelle toutes les forces de
destruction qui sont en la puissance humaine furent
déchaînées pendant trente heures. Les deux armées
faisaient les plus grands effbity, et déjà la victoire
inclinait pour les valeureux bataillops autrichiens :
quatre fois les Français avaient été refoulés et la
quatrième retraite était devenue générale, quand ar-
riva Desaixj un des meilleurs généraux français, et,
jramme citoyen, le plus estimable de tous ; il ame-
nait la réserve sur le champ de bataille. On recom-
mença aussitôt l'attaque, et l'armée, se ralliant à lui,
le suivit. Bientôt il tomba lui-même frappé à mort
par un boulet ; mais ses guerriers, d'autant plus en-
flammés , arrachèrent la victoire, qui , après une
si grande lutte, était devenue décisive.
EUe fit perdre en un seul jour le fruit de toutes
les victoires de la campagne «t acqftît aux Français
toute l'Italie. Mêlas, qui par cet échec perdait tout
moyen d'opération, parce que la retraite en Autri-
che lui était coupée, abandonna toutes les places
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forte* d'Italie , jusqu'à Mantoue et Ferrai*, m
stipulant qu'on' le laisserait se retirer en liberté*
Victoires de Moreau , d'avril à décembre iê<W.-**
Le g^iëral Moreau faisait dans cette même année la
guerre en Allemagne avec nne audace et un bonheur
inouïs. Le 35 avril, il passait le Rhin , et quinee
jears après il tftait déjà sur 1111 , maître du pays situé
entre cette rivière , le Rhin , le Danube et le lac de
Oonstanœ, et vainqueur en deux grandes bataille»,
à&ocjfiach et Mosàirch; delà il pénétra plusavrtit «A
Bavière et *e rendit maître de tout le paya jusqu'à
"Munich. Alors, sur la proposition du général Rrajr
<p&i lui était opposé, une atiapenaum d armes fut ré*
aolue et des conférences de paix furent cwmagaeécaj
raats comme l'Autriche ne voulut pas traiter satrt
l'Angleterre et que la France refusait d'admettre tes
«envoyés anglais , la guerre recommença le Ier dé*
oembre. Lee Autrichiens semblèrent au cotnraen*-
^cernent avoir quelques succès; mais le 3 décembre
il» essuyèrent une sanglante défaite à Hobentinden»
^Moreau après cette victoire se bâta de passer l'Jim
pour aller à Salsbourg ; de là , traversant la linz ,
il marcha sur Vienne, «et, quand il s'arrêta , u n'é-
tek qu'à vingt lieues de cette capitale. Là , eu réafr-
lut une nouvelle suspension d'armes et le* confé-
rences 4e paix furent tout de bon reprises à Luné-
vilie, Cette paix de Lunéville pourrait être attribuée
tout entière aux exploits de la campagne de Moreau ;
epreft huit mois , dont plus de quatre avaient été
perdus ea trêves» il avait passé le fthin, le Danube,
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GUBMM DS U RÉPU1LIQM I?U*ÇAI0B. 4H
te Lech , FIll, l'Içn, la Sabe, FBm, avait été yai**
queur dans six grandes batailles et avait enrichi if
trésor de la républi<|ue de 40,000,000,
Paix de Lunéville. 9 février 1801.< — Après lai
pertes de l'année 1800, l'Angleterre délia l'empereur
d'Autriche de l'obligation de ne pas faire de paix
particulière ; et alors les conférences entre l'envoya
autrichien, le comte de Gobenzl , et Joseph Bo*a*
parte , frère aîné du consul , furent pressées aveo4ant
d'activité que dès le 9 février 1801 le traite df
paix était signé : il confirma le traité de Campo-For-
mio dans tous ses points, et l'Autriche reconnu*
alors les républiques batave, helvétique, ligurieiuif
et cisalpine. Une condition Cependant qui n'était
point dans celui de Campo-Formîofut ajoutée; c'était
l'élévation du duc de Parme, proche parent au roi
d'Espagne, au titre dit *fi d'Elrurie, c'était ainsi
qu'on nommait la Toscane ; le grand-duc devait re-
cevoir, pour son duché 1 archevêché de Salsbomg
comme une principauté temporelle, quelques" autres
terrains lin^itroplies et le titre d'électeur* Le doc
de Mpdèoe recevait , comme il avait été déjà décidé
à Campo-Formio, le margraviat de Brisgau pour in-
demnité de la perte qu il sojiffyait en Italie.
Outre ces concessions de l'Allemagne aux princes
d'Italie qui avaient été refoulés chez nous, il devait
y avoir dans l'intérieur même de l'empire de grands
changements; car l'Allemagne abandonnait" à ia
France la rive gauche du Rhin , c'est-à-dire douze
cent milles carrés et quatre millions d'hommes; <et
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4M sfirrtlMB époque. 1646—4888.
lés princes qui ataient perdu de ce câté devaient
être indemnises sur les biens ecclésiastiques et snr
eeu* des villes libres impériales qui se trouvaient
sur la rive droite. Une diète. chargée de régler les
'droits de tous les intéressés fut assemblée sous la
médiation de la France et de la Russie. Elle ouvrit
ses séances lé 24 août 1802 , et les ferma le 10 mai
1603. Bans ces conférences, la France donna la loi
aVec encore plus d'autorité et plus d'arbitraire qu^m
traité de Wespbalie. Elle promit ou refusa sa faveur
suivant son caprice, et mit ainsi notre malheureuse
patrie sous sa dépendance ; car dans un temps ou
l'on tenait pour le plus grand avantage celui de
pouvoir agrandir ses frontières, d'une seule parole
eHe pouvait faire le bonheur ou le malheur d'un
pays.
La paix de Lunévifte enlevait aux ecclésias-
tiques tous leurs domaines en Allemagne, jusqu'au
«dernier; de quarante-huit villes libres il n'eft
restait que six : Lubeck , Hambourg , Brème , Franc-
fort , Àugsbourg et Nuremberg ; les ceintes et che-
valiers de l'empire ne dépendaient plus de lui que
médiatement, et de tous les princes laïcs, quatre seu-
lement aval eh t reçu le pou voir électoral, pouvoir qui
devait perdre quelques années plus tard sa vieille et
vénérable signification; car ces nouveaux princes
n'eurent pas même le temps d'exercer leur beau
droit. Gomme ils n'étaient que la création d'un
souffle passager qui sç montrait prodigue de biens
dont H ne connaissait pas la valeur , le souffle qui lui
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GU1AUS DB L4 HÉP^*.IQ0E FftàJfÇàlSe, 4M
succéda les fit disparaître aussi promptçn&edt que
celui-là les avait créés. Cette inconstance était le pro-
nostic d'un bouleversement prochain du tout; car
en comparaison de pareilles dispositions, les chan-
gements qui eurent lieu, par suite du traité de West-
pholie, par rapport aux formes administratives de
l'empire, n'étaient rien. Ce que tout le monde crai-
gnait et n'osait entreprendre que comme essai, la
paix dfliunéville l'accomplit publiquement, sans
bonté d'ébranler des fondations de dix siècle» d'exis»
tepce.— Une profonde tristesse devait donc remplir
tousles cœurs patriotes ; et qui aurait pu eansdéehire-
ment contempler les monceaux de ruines dont a
couvert notre patrie Pouragan qui la bonlevevée ?
Car bien que les colonnes de ce vieil édifice fussent
ruinées dans leurs fondements, aux murailles et aux
débris on pouvait encore reconnaître l'image de son
ancienne grandeur, et comme le disent quelques
historiens, les restes d'une nation puissante et
prospère. -
Paix d'Amiens. 27 mars 1802. — Le calme repa*
raît donc un moment sur le continent, après de Ion*
gués années de guerre ; mais ta guerre se prolongeait
encore sur mer; car le grand homme d'état qui gou-
vernait l'Angleterre et pénétrait jusqu'au fond la
pensée et la volonté dn premier consul, savait assefc
qu'il ne pouvait y avet* de paix entre lui et l'An-
gleterre. De tout temps l'on a comparé les relations
entre la France et l'Angleterre à celles entre Honie
et Carthage v et la comparaison est sensible. H
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4M sarnfaitt *ao«*E. 4648 — ism;
y avait sue haine à mort entre ces deux frais-
aance*, et c'est pour cela que Pitt, I l'exemple
itkwaàbA 9 voulait une guerre à la vie , à la mort.
Cependant beaucoup de voix, en Angleterre, demain
la paix, parce que le eom&èrcfe en souffrait,
que k défense d'exportation en Frabce ayait
ries grains une grande augmentation de prix
a* Angleterre, et parce qpe la dette nationale sétaît
ûmé% jusqu'au chiffre énorme de 55$ teiftîoro dfe
kvres. Sterling. En'couséquenee, Pitt remit son porte-
feuille pomme pas lui faire obstacle; car, dV
pris sa conviction i il ne pouvait la signer. Alors
annrrt là paix d'Amiens, le 27 mars 1809 ; PÂngle-
tcrfe vendit tout ce qtr*elje avait conquis sur la
France, l'Espagne et la Hollande, excepte la Tri-
nid ri rie et une partie de l'île de Gejbn, mémelfaltfe
que les Anglais avaient pris par famine, et l'Egypte
q»e leur général Albereromby avait enlevée aux
Français durent être abandonnées, Tune aux che-
valiers de Malte et Poutre aux Turcs. Une paix si peu
awnwitagenM , après de si grandes victoires sur mer,
devaii paa#tré précipitée et peu durable; et en
«Sef, à peine eut-elle un an de durée. L'Angleterre
**e#nnut bientôt que Bonaparte n'avait voulu la paix
que peu y élever une marine française à légal de
§a}fe d'Angleterre, s'il était possible, et spéetale-
HMUt pour s'approprier la Méditerranée. Il fil des
tUfamirff atee la Porte, avee le bey d'Egypte, avec
\f* états pirates. Plus tard, l'introduction de tous les
yrgàiitii anglais fat défendue en France et en Hok»
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fende* Ainai l'Angleterre n'avai* doue pas mois* k
craindre de la paix que de la guerre j cçur certain**-
meut elle ne voulait pa3 plus souffrir un -rival
SUT juer, que laFrance n'eu aurait sôufèrt sur le coulis
'■ tient II y eut encore plusieurs autres sujets de mécon»
tentement. H e'tai t d'ailleurs évident que Ips nouvelles
dispositions de Bonaparte en Europe n'étaient que
le commencement d'autres plana bien plus grands. I*
république cisalpine dut reconnaître le premier
consul de France comme sot président. Là Hollandf
restait toujours occupée par les armées françaises et
devait en tout suivre la volonté de sa vptsine» Quant
à la Suisse, qui ne pouvait trouver d'unité dans son -
sein pour sa nouvelle constitution» elle fut désar*
mée ; on en fit uue république fédérative, et on lui
déclara que pour les affaires d'administration inté-
rieure elle était libre, mais que pour lçs affaires
extérieures elle dépendait delà France.
L'Angleterre, d'après tout ce qui arrivait, préfet
tant une guerre ouverte à une paix peu sûre , prit
sa résolution et exigea de Bonaparte l'évacuation de
la Hollande et de la Suisse ; et sur son refus elle lui
déclara 1* guerre, en mai 1803. Bonaparte n'atten-
dait que cette occasion pour enlever aux Anglais
cette langue de terre sur le continent qui dépen-
dait de leur empire. Dés le fhois de juin, les armées
françaises entraient dans le Hanovre et occupaient
le pays, sans s'inquiéter de ce que le Hanovre faim*
partie de l'empire germanique et, comme tel, m
pottvaKét«:ecqmpvQm:adaasuw gtf rred'Angtoteyrs.
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4M sBVTifcins iroQVE. 4648—4858.
C'était une nouvelle et très favorable occasion de
nous pressurer, de surveiller les villes commerçantes
et voisines du nord de l'Allemagne, et d'empéeher
leur commercMvec l'Angleterre. — Les troupes hano~
ariennes forent désarmées ; mais des milliers de sol-
dats passerait en Angleterre, les uns après les autres,
et fermèrent le noyau d'un corps allemand qui com-
battit l'ennemi commun avec le-plus grand courage
et beaucoup de gloire, en Portugal, en Espagne, en
* Italie, en Allemagne. L'opiniâtreté avec laquelle
ces généreux serviteurs ont poursuivi leur but pen-
dant plus de dix ans, lorsque des guerres toujours
plus malheureuses les unes que les autres en Alle-
magne , auraient dû abattre leur courage et leurs
espérances, en faisant disparaître pour eux tout
espoir de récompense dans leur propre pays ; cette
constance, dis- je , doit singulièrement ajouter à la
gloire de ces héros, lin grand nombre d'eux sont
tombés dans l'action sut* un champ de bataille, et
reposent sur une terre étrangère , loin de leur patrie.
Kapoléon Bonaparte, empereur dés Français. 18 mai 1804.
Les premières années du consulat furent pour la
France un temps de repos, partout se répandaient
l'ordre, l'activité et le bien-être; les esprits les plus
Inquiets respiraient enfin encore une fois en liberté,
•t mille bouches£énissaient le nom du premier con-
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NAPOLÉON BOKÀPARTI. • . 497
sul. Hors de la France même , beaucoup de monde
mettait en lui ses espérances, comme en celui qui
pouvait seul, après ce temps de barbarie , rétablir
l'ordre sur des bases solides, et faire jouir l'huma-
nité du bien qui était sorti dé ces bouleversements,
quelque ensanglanté qu'il fût. Ce n'étaient pas les
moyens qui lui manquaient pour cela; car on est
étonné de la puissance avec laquelle il prenait toutes
les forces à sa disposition j de la sagesse avec laquelle
il forçait le volcan révolutionnaire, encore tout brû-
lant, au repos et à l'obéissance ; de la rapidité de son
administration qui, en quelques instants, se répan-
dait dans tout son vaste çmpire comme dans un
tissu dont il avait tous les fils dans les doigts; de
l'activité, enfin, .avec laquelle il entreprit de re-
cueillir en un seul livre de lois, le sage produit des
grandes expériences de la vie publique. — Tout ce
que l'antiquité avait dé plus remarquable : recon-
naissance des droits de, l'homme dans tout, égalité
des citoyens devant la lot, destruction des droits
féodaux , liberté de croyance dans le domaine des
choses invisibles, un gouvernement qui réunis-
sait la force de l'unité pour l'exécution des volon- ,
tés de l'Etat à une grande diversité de conseils
pour projeter les lois ; toutes ces institutions , et
beaucoup d'autres, semblaient alors se développer
sur le sol pacifié de la France,^ous la protection de
cet homme extraordinaire , comme pour servir de
modèle aux autres nations.
Que ne pouvais pas cet homme pour toute l'Eu*
t. if. . 32
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jvpe? Cpmbien smtte ornait 4té Yhipy&rs 4** P9»de
«'il avait rendu réel ce beau tableau cte grw*dw
dont son zèle, pur jusque lh pour la vérité et la jus-
tice, avait fait une magnifique q||uis$e h tous les y£u£?
N'aurait-il pas pu façonner, éclairçr, >ntratn£r tOttt
avec lui pour des siècles , et mériter les bénédictkw
de l'humanité tout entière ? Cependant il s'est charge
de ses malédictions ; parce que; çie si grands talent?
n'ont ét^ employés que par l'égoïsme, pour &t*VW
une insatiable ambition.
Sur la proposition des tributs, un^n#tu^consultf
fut parte r par lequel ]q gpuye? nçmerçt 4e lu FflMW*
était confié à Napoléç» Bonaparte 4 empereur, #tk
ses héritiers. Plus tard, comme si la couronne in*»
périaLe ne Pavait pas encore satisfait, U chaagpa fr
république cisalpine en un rpyaume dpjît ij futd£*
çlaré rpiT lui et sas descendait} et ppur preuv#
de modération , disait-il , ij nomma son bsau-fiJUj
Eugène de Beauliarnais } yice-roi dttçlfe- Pww* g
PJaisancç et Guastalla furententièrementr&#*i$àlâ
France, ainsi que, bientôt après, la républiqt*? ligiK
rienne, — Tout cela était contre le Pmté deUm&»
viller et l'Autriche epfut triés m&0Pt#ate,ll t»i|f»
* d'ailleurs 4e grandes sympathies dan» l'empereur <fe
BussieV que la mort 4u 4ûc d'fîpghie^ avait txtrê*
ijiement exaspéré $ d'autant plu$ qua $# prino» déjk
sentait e$ lui-même une voix qui l'appelait à pro*
téger l'ordre de l'Europe. Alors peg deux piiUwpoai
offrirent à Pitf , ministre d'Angleterre, rpcoai&ft
qu'il souhaitait déjh d'avappe, 4^ WWU V«Jer J^ur
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* «a*»*4ne a* t806. 4»9
alliance contre la Frwee. Il y eût db^c une «oaiï-
Aion entre- ces tnotè états et la Suède. IVaprès un
ttatte pjlan de guerre y ils devaient attaquer (a pfttfe-
«fence française par tous les ppînts à la fois , en Italie^
«à Suias?, en Hc^laade, eu France même. Mais
jfapelçoudétruisirceplan, cotiune il avait coutume
de faire, par sa célérité , en paraissait tout d un ooqp
mm un point où oh ne l'attendait pas* Depuii 1 808
il avait tenu toute son armée dans le nord en obser-
vation sur les càtes , poqr menacer l'Angleterre
«l'une descente ; mais alors il la met aussitôt en mer-
iîhe^ tui fait passer le Rhin en toute hâte, et force
ks princes du sud de l'Allemagne à s'unir avec la
feance; tandis que l'armée autrichienne , sous le
«NfcQraaiidement de Mact, se tenait enooye dans
l'inaction auprès d'Ulm.
Mack , habile général , mais manquant de célérité
*.et de fegpheur dans ses projets /attendit l'ennemi à
l'endroit même par ou il devaifdéfaocher en venant
par la Souabe. Sur eon flanc droit, il avaitles pays
de Franconie appartenant au roi de Prusse qui ne
prenait aucune pprt à la guerre, et il se croyait &
oouvert de ce côté; Mais un pareil re&part ^taft bien
pies sur en face d'une armée conduite par Napoléon.
Bientôt Berjiadotte , Marmont et les Bavarois sWa«-
eèreqt à travers la Franconie jusqu'au Danube, pri-
rent le général Mack en dos et le coupèrent d avec
l'Autriche. Surpris et étourdi, il se jeta dans Ulm
après un sanglant combat ; et au lieu de s'ouvrir un
passage avec son épéeau milieu des ennemis*, «
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5Ô0 septième époque* 4648-«»1838.
aurait fait un homme de cœur , et comme fit le diic
Ferdinand qui se sauva heureusement à travers la
Bohême avec quelques escadfons de cavalerie, il se
rendit prisonnier ayeq les restes de son armée , le
17 octobre 1805. Napoléon, après cette «première
partie de la campagne où il avsrtt presque .anéanti
quatre-vingt mille hommes, envoya au sénat, à
Paris, (quarante drapeaux qu'il avait pris , leur disitfrt,
dans le langage de l'empiré , q*e c'était « un cadeau
des enfants à leurs pères, » Et quand il conduisît son
armée en avant, il lui dit : qu'il voulait là conduire
maintenant contre les Russes pour leur faire subir
le même sort ; qu'ils n'avaient point à leur tête, de
généraux sur lesquels la victoire* pût lui Faire hon-
neur; aue, par conséquent, il n'aurait d'autre souci
que d'acheter la victoire avec le moins de sang pos-
sible ; que ses soldats étaient ses enfants.
Bataille d'Austerlitz. 2 décembre 1805..— L'ar-''
mée française marcha sans aucun obstacle sur la ca-
pitale de l'Autriche et s'en empara le 11 novembre.
Les Russes et les: Autrichiens s'étaient repliés en
Moravie ; et, le 2 décembre, les deux armées se trou*
vèrent en présence, résolues à une bataille décisive.
« Je me tiendrai loin du feu , dit à ses guerriers Na-
poléon, qui pour la première fois commandait
comme empereur dans une grande bataille, si vous
renversez les rangs ennemis avec votre courage ha-*
bituel; mais si la victoire balance seulement un mo-
ment, vous verrez votre empereur s'exposer aux*
premiers coups. » La bataille des trois empereurs*,
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CAMPAG9B DE 4804. SOI
comme Napoléon la nomma avec complaisance dans
ses- bulletins \ commença par un beau jour d'hiver
avec im soleil serein. Ce qtffc Napoléon avait dit
d'avance arriva, les ennemis fuient mal conduits ,,
et leurs mouvements ne se faisaient qtfavec 4é-
sordre.
On ne connaissait pas assez la forcée* la position
de l'armée française ; et bientôt Tordre de batailla
dés Russes fut coupé, rompu et enfoncé malgré
toute la valeur de leurs soldats. L'aile gauche von-
kit se sauver à travers un lac gelé, Napoléon fit pri-
ser la glace à coups de canon , et quantité de Russes
forent noyés. Il n'y eut pas de victoire plus disputée,
et elle n'eût pas été décisive si l'empereur François,
dans sa sollicitude pour ses sujets , ne se fâfc hâté de
faire la paix et de demander une conférence avec
Napoléon dans le moulin de Saroschitz; car le len-
demain de la bataille douze mille Russes vinrent
renforcer l'armée qui s'était déjà ralliée ; l'atchi-
duc Ferdinand avait réuni vingt mille hommes en
Bohême et chassé les Bavarois avec perte du pays ; %
la Hongrie armait ; l'archiduc Charles se hâtait de
quitter l'Italie avec son armée victorieuse pour venir
au secours de la patrie et il pouvait dans quelques
jours délivrer Vienne et inquiéter les derrières des
Français; des Russes et des Anglais étaient débar-
qués h Naples; des Russes , des Suédois et des An-
glais s'avançaient par le Hanovre; et ce qui était plus
important que tout le reste, l'armée prussienne se
fo/maftpoui'Venger la violation du territoire d'Ans-
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5M. «ptiem% tpix&E. W48— 1838.
p*eb# — C'est alors que l'empereur Fma^flfo «ign» .
une stfspension d'armes et se montra si expresse de
faire la paix. Le malheur de son pays l'affligeait tropr
et il pensait encore alors qu'une paix achetée par
de frauda ^orifices d'un pareil adversaire pourrai^
avoir de la consistance ; comme si un sacrifice pet**
vait faire taire son avidité ! L'envoyé prussien f le
cptttte de Haugwitz, qui était parti pour prescrire lea
condition* de paix ou déclarer la guerre, se vit par
la retraite de l'Autriche dans un grand embarras.) et
il tif t pour prudent , au lieu de faire les menace*
que le foi lui avait raise&à la bouche, de parler d'tne
manière plu» retenue et plus pacifique. La réponse
des Français fut « qu'on ne pouvait que louer la
sagesse du peuple prussien, qui du reste n'avait jar*
mais eu d'ami plus loyal et plus désintéressé que la
France ; que d'ailleurs le peuple français était indé^
pendent de qui que ce soit et que cent cinquante
miUe^bemm«s de plus dans la guerre n'auraient
fait que la prolonge* un peu plus long temps. » iW*
vpyé prussien aurait dû mieux comprendre un pen
reil tangage , et % serstattf la dignité prussienne offeu-
séft, faire sur le moment même ce que son man-
dat portait f ce que son roi fut oblige de faire six.
n^ois plus tard f pendant que l'Autriche n'avait pas
encoresignélapaix* Peut-être que l'Autriche, si elle
avait vu la Prusse série&semeut engagée, aurait pré*
fé*é une guerre un peu plus longue à- une paix hon-
teuse. Àa lieu de cela , Haugwitz, sans en avoir te?.;
pouvoirs , aigna le traité de Tienne j»v lequel la
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Frotte abandonnait k province cf Ânspadi à la Bfc-
viète, Clèves et Wettfchâtef à 1» France et recetafc
en échange le Hanovre auquel FAftgleterre n'entetn*
Arit ea aucune façon renoncer. Ainsi Napoléon je-'
toit ane semence de division entre la Pritssè et i*Att->
gleterre, sachant très tien que cfcs déa* puissance*
seraient très redoutables si elles étalent d'accord entre
#Hes. •_
Cinq jour» après ce traité, ^Autriche signa la pôi*
k Presbourg, ta 25 décembre 1805; par cette pai%
qui fut plus dure que toutes celles fiâtes jusqu'à tors*
^Autriche perdit mille milles carrés et trois millions!
de sujets, et même sur ses plus belles possessions. Le
Mêle Ty roi, qui encore dan» cette dernière guerre
a*iafl frCKtvêbht mtdsott cPAatrïeïié' lotît sert m\à*
dbement, évetf Burgau \ Erchëtadl, tine partie A4
Pass&u, Vorarfberg et d'autrespossessfons dans t'ouesf
érï'Afttriclie furent abandonna k la Bavière. Ce
q&é l-Attirtehé possédait en Souabé fttt donné ait
WmteftAérç et à Fétecteur de Bttde j te états de Ve*
nke furent réumsau royânftw d'Italie. L'Autriche ,
pour eempéh^èrtous ces abandon*, ne reçut que pea
àé ehosé, Sakboufg i et le prince^eeteni' de Sate^
l*M#g fot tftaspotfté à Wtffzïtotlrg que la Havièrt*
abandonna* Ces pdy s et létar* habitants étaient t#ait&
comme une marchandise que Pou fait passer d'une
main dans une autre, suivant les chances de la fqjre.
Tels étaient d'ailleurs les principes du Cbnunérant :
arrachi r l'amour cil 'allaclicjufbut j>uur k& anciennes
fiiniilles priucières, refroidir les cœurs jusque la
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804 septième É9OQ0E. 1648~-4838.
glace/ étouffer tout ce qui dans le cœur humain
peut rendre un état attaché au représentant d'une
famille, ne laisser dans le sujet que le sentiment
qu'il est né pour obéir et que cette loi de la nature
l'enchaîne à un maître quel qu'il soit, né dans la pa-
trie ou étranger, qu'il soit d'hier ou d'aujourd'hui.
Pour amener encore plus promptement la ruine
de l'empire allemand déjà si bien ébranlé, on donna
aux électeurs de Bavière et de Wurtemberg le titre
de roi, et de plus , comme à i'électeiu^de Baden , l'in-
dépendance de leur gouyernement , ou pour em-
ployer le mot de l'époque à la mode, on leur donna
la souveraineté. L'empereur renonça à toute suze-
raineté sur leurs états ; et ainsi l'empire allemand
se trouva par ce fait tout en dissolution. Le lien de
fief et les devoirs dé vassal quelque affaiblis qu'ils
aient été, avaient tenu cependant encore jusqu'alors
l'empereur et l'empire réunis. On fit taire les gens
simples en les assurant que ces maîtres souverain*
n'en seraient pas moins «mis à la confédération ger-
manique; mais celui qui avait des oreilles pour en*
tendre pouvait bien reconnaître à ces marques" le&
lointains roulements du tonnerre qui annoncent la
tempête à peu de distance. De plus grands maux
étaient donc prêts d'éclater sur l'Allemagne.
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Fi» de rempk» d Afeaape. l^Jrtn tt 44 »e* ^06-
Il en fut du nouvel empereur comme il en avait
été de la république ; l'abus qu'il fit du temps de paix
rendit ce temps aussi dangereux que la guerre. Na-
poléon, a-t-oii dit avçc justice, avait, pris eu lut
la révolution; elle s'était personnifiée en lui, et
ses terribles principes continuaient de vivre en lui.
Le premier mot qu'il dit, après la paix de Presbourg,
ce fut, comme d'habitude, , une sentence de confis-
cation. Le roi de Nap les avait reçu les troupes an-
glaises et russes dans son pays; alors il fit partir sçn
frère Joseph et M assena avec soixante mille hommçs
à travées toute l'Italie, et dans te dépêche qu'il lut
expédia de Schœnbrunn, lé 27 décembre, pn lit ;
« La famille royale de. Naples cesserade gouverner. »
Celte terrible parole dfiràya pn effet la maison de
]\7iiples, la força de quitter lïtalie et de se retirer en
Sicile, de l'autre côté du détroit* Elle s'y «aintint
avec le secours des Anglais ; mais Joseph Bopaparte
fut déclaré roi a Naples, lui et ses descendants* Ce
npuveau trône cependant &>ôta beaucoup de sang j
les habitants 4c la basse Italie se révoltaient toujours
avec un nouveau courage; de sorte que la Calabre
çt VAbruzze furent, presque changées en déserts.
Bientôt vint le tour de la Hollande; elle fut éga-
lement changée fin un royaume gt donnée à un autre
fjrère de Napoléon pour sa part, à Louis Bonaparte.
Çc ne fut pas du rc^te le plus grand rnalheur qui,
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lui arriva; car Louis sentit que c'était un devoir
pour lu! êê inté ptotft pmr son petfpi* (Joe pour
le bon plaisir de son frère.
\}h troisième patetrf dé Feàipereur, son beau-ffére
v /oacbinr Vtirât , fut place snr la rrvt droite du Rhitf.
Brtçnt 1er duchés deCté ves et de Berg r tes ftussîenr
à Tarent cédé le premiet duché, et la Bavière itf
deu*Tétu<* pour Anspadk. Enfin ÀletautfreBerthief,
qtrf éferit lé premier <feiw le âgmseff dé) Fempei'eurl
wçtrt fâr principauté de Wéatpbaiie*
En rti Ane temps qcr^îl s'occupait de ces dtsposftîoritf
5 fàtt Aient, îï laissait voir aussi pîus Carrément &
tata 1er jeux le plan de k constftirticrô intérieure dW
W grand écffffee. tes journafrx français s1effdrçafent
de tt-aîter de Jbîie fe pfeti d'équilibre que ^Europe*
évtfft admfe tmanfrnement et qûî, selon eux, n'avaif
énfirttfé qtîôr jalouste et guerre; Ils soutenaient qûé
le i*epOs ne peut être espéré que lorsqu'un homme à
leprémîer rangéibîen marqua , qtre sa parole est pleine
«frteflfcf dfcns les ctmtes£atrons détf peuples entre eu*.
C^ëtaftpr^isrfmemle langage des Roniauï^au moment
tfàils usurpaient la souveraineté du monde. Us s'appe-
laient aussi eux ïeû arbitres du monde , et leurs en-
voyé» traçaient des cercles avec leur baguette au-
tour des rois auxquels ils laissaient encore îeuf
titre y rtiais ris exigeaFent d'eux suf-fe-dtamp une
déclaration1 d'obéissance-. L'Europe lui parût à la
téf ilé trop grande Mur ne foire! qa*un seul royaume;
cependant ilcVoÉ peuvoir I embrasser tout entière
part \tne souveraineté de fnnrftlc , sotrs h nom de*
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constitution fédérativéj et les frère* f 1m cousin» *£*
les allies du. grand empereur résidait à Pari** 4**;
vaient en être les gpuvçràeûrs s0ûa le 0001 de wim
et de princes. Les conquêtes d'Alexandre m'avaient:
été si tôt dissipées y disait-oa^ que ^parce qu'il n avait*
point fondé une domination de famille; l'empâte «kf
CharLemagne çt sa famille furent divisés parce tytt*.<
Charlcmagne n'avait point établi Ua point contrai
pour sa famille , etqoeLouis-le-DéljonnaUe* etefofr*
mément è ce plan, avait partagé l'empire entra Mfr
enfants. C'est pourquoi Napoléon en .^magiu* qéi
nouveau. Tous les membre* de la graad^ fa**
mille régnante devaient cite élevé* à Paris dan# le
palais impérial , feus les yeux de l'empereur at dVr
près ses principes; tel était le cod* de fâ/uille cp'il
imposa à tous les membre ^ ils ne pouvaient &■&**
rier sans sa permission ," ni -^éloigner àt Pafift d*
plus de trente lieues. Il voulait être de toua le père
et Je, maître. . Il espérait qu'après avoir ainsi eotk-r
duit leur jçune&e tout entière il» leur tramway
trait so% esprit ? ses principes, pour des swckfcr
De même que dans le saaat romain les ginllda prio^
çipes de poliUque s'étaient conserve» pendant* d#
longs siècles d'une génération à l'autre i les prhwe*
ainsi élevés à Ppris deyaientrépandre dans letf diflCé^
rents royaumes qu ils gouvernaient les mêmes idées*
le même langage el les mêmes lois. Leur règle do>
conduite était mat à mot celle-ci : «.'Que le prenuW;
de leurs devoirs #était de servir l'empereur,. !#
deuxième la France, et alprs enfin % an tr.qi^jèma
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50S SEPTIEME* ÉPOQUE. 4648—4858.
ftag 7 le» peuple^ qu'ils gouvernaient. » Si on com-
prenait bte» tente 1» portée de l'intention de ces
iaUfrattow* extraordinaires , alors on ne trouve-
rait plus d'invraisemblance dans, ce mot que l'opi-
nion publique rae^ dans la bouche/de l'empereur
Napoléon : « Que certainement dans dix: ans sa dy-
► nantie sera la plus ancienne de l'Europe. » Et si Fhis-
tôîre aprèis des siècles veut cPun mot peindre le ter-
rible ébranlement* de toutes les institutions et le
bouleversement de Tordre qui existait depuis dix
siècles , il liuV suffira de rappeler ce mot , sorti de la
beuchp du fils d'un avocat, né en Corser
Déjà la grande confédération française compre-
. nait l'Italie, Naples, l'Espagne , la Hollande, la Ba-
vière , le Wurtemberg , Bade et Berg , c'est-à-dire
une masse de soixante-six millions d'habitants, non
compris la France. - . .
Pour donner plna d'éclat et plus de force à sa nou-
velle^ couronne 9 il lui /fallait aussi Une noblesse (fui
lui dût son élévation et qui dût tomber avec elle. Na-
poléon la fonda en instituant, d'abord ep Italie, puis
dans tous les autres pays où* il porta ses armes, un
nombre de grands et petits fiefs , avec certains re-
venus qu'il distribua à ceux qui s'étaient signalés par
leur fidélité ou piar leur zèle à son service. Ils de-
vaient être transmis au premier né, et retournée à la
couronne en cas d'éxtînction d'héritiers roàles. De
cette façon , tons ceux qui s'étaient distingués par
leurs belles actions étaient autant intéressés que
l'empereur à la conservation des pays conquis.
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l/ EMPIRE FRÀKÇÀU. 506
Çe^at au milieu de cette fumée, si riche en nou-
veautés, que fut, frappé le dernief coup à la constitu-
tion de l'empire d'Allemagne. Sa dissolution, qui
existait déjà de fait, fut alors clairement exprimée. I^e
i% juillet, on forma à Paris une alliance rhénane, par
laquelle les rois de Bavière et de Wurtemberg* Par-
cbi-chaiicelier, l'électeur de Bade , le landgrave de
Hesse-Darmstadt et le duc de Berg, ces quatre der-
niers comme grands-ducs, puis les princes <de Nassau
etdeHohenzoUern, avec quel quesafttrespetksfwittces
et comtesse séparèrent de l'allianée ik»pé*iale, et re-
connurent l'empereur de France comme le protec^
teur de leur confédération. L'empereur devait avoir
le droit dareconnaître le prince primat de l'aiti'ance,
c'est-à-dire celui qui avait la présidence dans l'as-*
semblée, de décider de la paix ou de la guerre et des
contingents de troupes ; de sorte qu'une guerre de
la France devenait une guerre de la confédération
du Rhin : elle devait aussitôt prendre les armes, fôt-oe
contre ses propres frères d'Àlldtaagne, Par de pa-
reils sacrifices les princes, obtinreht une autorité illi-^
mitée, sans dépendance d'aucune juridfetiot} à la-
quelle les sujets, en cas de nécessité, pussent porter
leurs plaintes, et sans aucun adoucissement en faveup
des gouvernés. Sur tous ces points l'alliance était
claire et précise; tandis que sur tous les autres elle
était obscure et équivoque > afin que la volonté du
protecteur pût servir éfe loi. Ce n'était point tant
une alliance de peuples allemands entre eux, qu'une
alliance avec la France, i^ans laquelle, loin de trou
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m» • sBmfc» *M*vs. f6t8~-1858.
vm du droits et desdeyoirs mutuels, <m voyait le
4rmi* du coté deS princes et les droits du «Ôté du
ppoteeteur**— Cette alliance rompit le* derniers fils
qui liaient le paaaé au pissent, en distribuant au*
Jil^biwife la confédération du Bhin les villes libres
4e l'empire, les médiatisant, c'est«à-dpreles dépofib-
laatde 1 Ara droits de seigneurie , pour les soumettra
4<*ux4?ec Jusque!? elles marchaient de firont aupa-
M9**t> àmm la ville libre de Francfort, qui devait
ékmàïàrimir h* âégç dm itéuuioas, fut dénuée au
fritte* priuaat, et perdit aussi elle soft indépcu
. U wklt potut besoin de porter un jugement sur
liett^OBofédératio©, le sert en eut bieutât décidé, et
JU poitérité cherchera peat^tre à en «flàeer le sou-
«fpiir 4«Mrtre tûttoire,
IAwpgreur d'AUr— ngne, eu déposant cette co»
JWfmdéftMBDl&de l'amen empire, 4006 aas après
§U* ÇhnrUmt&l* levait plaeée sur aa télé, se dé-
* d*ra empereur, k* efc/a postérité, de la monarchie
mtridtamoe, kôaoùt i»06.
NUi qqpll* ppoteetîo* rAlkmagne peanrait-elk
ttfcmdr* dff 40n nouveau protecteur, si en le co«*
pare à l'ancienne maison d'Autriche ; les Ails encore
véceptsaout 14 pour y répondre. Dans le temps même
çue l'envoyé français,. Bâcher, déclarait à Bâtis*
boitne de pou veau que jamais la France n'étendrait
•e* frontières au-delà du Rfcin, la placç de Wései
jut arbitrairement occupée et choisie pour chef-
lieu ^e la vi*gt«çioqirià»e jîlvision militaire.
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si*»*»* «« mu* •- ***
U* dispo^au* d« M wafédrfraiio» Al JUa»
itsWnt dirigées aum fr^n «Mtr# ift Pf Uꧣ qMMltl*
l'Autriche ; car tantes les deux TOJjmfPjr tiait Wtt»
idlies jwturçh, taadJ* que *jb§tfteît lç«f>Jf^«b«in-
#& ♦» itmetaift psét* à 99 d&Jtfgr «eatrt fiU*» mi
j*aj»w &M* «jwlft fm*»* N»^é$m>mik ju*
4jm là reJtena Lç roi Fr^^k^iU^mf^ par Vidé*
4pyfra pcHirrgU *&d>Ûr m tllwm <ki_*mi mmw «#
prote«lia»t qui &nbr*mmt twt k sord 4« l'Att** M
afflue « d'a&rès l& modèle <de la &&&d#£&tklB Ai
Jtyûç ; maàs.dfipiii*, celte 4U*wç<! «r#it #4 fqfftfq.
If flanovre roit^.WMta à l^Ogl^r^j de j4W|
Wut « <jui pouvait mortifier k Prwfe $t lui fw*H
$Rei*n psupje io4épwdart f /ut €WM martre 41e j
Aiera, ^nfia, Je wj9 ^rj-ité# aut {jj*e rfcowœw 4* #>%
f^upte nepquyaît^ou^ir plu* j^^tanf? de* affrète
delgpfrtdWiasûleotéira^^
tpptoudirort è lejftr -i9ît U wiget.de Ja Fwwce qu'elle
retirât ^trompes de l^Ulewi^JW, g» elte ^«t*
«no otatacle à vue 4Jta**iœ du aordçt gi*e W&4
«t fpt pa» occupe p$r les Ff&qçais* Oomm fcwis cm
artiete* forwt réfuta* la tVu#*ç déclara la {pierre*
C'était k poirttd'bapn^ur qui avait deuiaodé piç <j£.
«tôaq à prompte, «et il voyait pi*ayer au uw>«dfc
<ju>^uw autre impulsa ae l'avait iioanne; caf,
iptilglie U4>a vftut^u^ ûuç sait upç laite * il «* dfi,
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612 SEPTifenB époque. 1648—1838. ,
cas où Ton ne peut la refuser sa as ignominie. La Prusse
n'avait aucun alité sur le champ de bataille ; mais la
Saxe était à moitié décidée , la paix avec l'Angleterre
et k Suède n'était pas complètement arrêtée , et
Tannée russe, qui pouvait prêter des secours réels,
était sur lej frontières.
Napoléon , à cette déclaration de guerre , dit :
« que son coeur souffrait de voir le génie du mal con-
tinuellement remporter, et être sans cesse occupé à
renverser ses projets pour le repos de l'Europe et le
bonheur de ses contemporains. » Alors il rassembla
ses armées, qui étaient toutes prêtes en France et en
Souabe, et se dirigea vers les passages de la forêt de
Thuringe. Au nord de cette forêt étai tla grandearmée
prussienne soins les ordres du duc de Brunswick, vieil-
lard de soixante-douze ans , qui avait des généraux
désunis entre eux. Une très petite portion de Farinée
prussienne seulement avait pris part à la guerre de
la révolution, et avait appris à connaître la rapidité
entraînante des nouvelles guerres des Français ) la
plus grapde parti* s'était laissé engourdir par qua-
rante-trois ans de paix , et parce* que l'échafaudage
des institutions de Frédéric-le-Grand subsistait en-
core, ils se tenaient remplis d'une confiance d'autant
plus dangereuse. Ce n'est pas que le courage et la
capacité manquassent dans beaucoup d'individus;
mais il n'y avait point là un génie énergique qui
«nît ce grand toift. Aussi arrira-f-îl ce que les plus
timides n'auraient jamais pu croire possible, c'est
qye, comme dans les guerres de l'ancien monde1, un
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CAMPAGNE DE 4806. 513
seul jour de malheur décida dû sort Hé'tout un em-
pire. : : ~ *• ' —
Le 10 octobre , le prince Lckrfe-Férdinand de
Prusse s'engagea , par son trop grand désir d'en ve-
'nir aux mains, d.ifts une affaire fort inégale à Saalfeld ;
il resta, du reste, lui-même sur le champ de bataille.
Biais ce combat malheureux ouvrit aux Français le
* passage de la Saal ; alors, s'avançant avec une force
imposante, ils enveloppèrent l'aile gauche des Prus-
siens et la coupèrent de la Saxe ; dès le 13 octobre
Davoust occupait Naumbourg. Les provisions des
Prussiens furent perdues, et la plus grande disette
se fit sentir dans leur armée; de là des désordres et
des défaites inévitables. Ainsi, ils se virent forcés de
combattre, ayant en face d'eux la Saal et l'Elbe,
qu'ils devaient avoir endos. Aussi l'armée était vain-
cue avant la bataille. .
Batailles d'Iéna et d'Auerstaedtv14 octobre 1806.
—Une partie de Parméeprussienne étaità Auerstaedt,
sous le commandement du duc de Brunswick, et l'au-
tre, sous celui du prince de Hohenlohe, était à Iéna
et .Vierzehnheiligen ; mais sans aucun moyen d'union
entre elles. Aussi furent-elles attaquées et vaincues
le même joug. Le maréchal Davoust combattit à
Auerstaedt et Napoléon à Iéna. Dès le commence-
ment de la bataille , le duc de Brunswick fut renversé
mort d'un boulet de canon ; sa mort dérangea et mit
en confusion le plan de bataille. La valeur de quel-
ques régiments particuliers ne put suppléer à une
coopéstton du tout et rendre la confiance à la
t. h. 36
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W tErnkm *****. 4644— I8S8.
niable cfe lamée; eotaqrée de pliw^if cftfe, ftfte
plia et voulut se retirer sur Weimar, afin de treç-
jçr uo appui dans le corps de Hobeplphe-, nç sa-
chant pas que cette armée éprouvait le pâme ipafc-
fceur dans le même moment, Mai* hientât ellen'e?
fat que trop bien instruite; car le désordre était si
grand de tous côtés, que dans la nuit, pendant que
l'armée fuyait de Auerstaedt sur Weimar, elle jçrç-
çontrç une partie de l'autre qui voulait se sauver dp
\VeuuarsutAuersfcedt.
Dix jours après la hatyiUe d'Iéna, Napoléon «9tç*ft
dans Berlin; quarante jours aprè* le coma&enççiitfftf
de la guerre , il était sur laYistule, et toute l'étendue
d'un royaume peuplé de neuf millions distants
et s*mé d* quantité * dç villes fortes avait été te
fruit d'upe çeufe bataille, dans laquelle um armée
qui passait pour la plus belle de l'Europe $vait ét^é
anéantie. G* qui pfou¥e que les prtqripau* étais de
J*état avaient yieiUij car la çrqyanjte 4$ \'m #tait
déposséder 4^ w^utioi^ac<wttpli^ay^ ^ né-
gliger 1^ surveillance 9 ç| il £*llut un ^pouvaatal^
ipalheur pour détw&fe Qftt* crqyanca* rév^iU** fc*
tarrriti et rafraîchir l^ferces*
Çrtte ptwpt* <?<*h|u#* &ft ém» jf^ssif^ 9 Ur
^IWl'çinpçreuf ne * '«tteqdttt pa», avait wrefeé
4e so* esprit tout Wt* 4e modératioa et e«cfté
i|çAfa^^ucespow up empire wuâborMep. Il déplaira
à perlm qu'ft n>l?an4oi»é*ait pa? U ville ^on pltp
qw la Vitale ayaot qu'il eût conquis une pai* gé-
«ctalVi «^ p'*# Ws« de Perlin.qp'U ^ lç $u«$K¥
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ci***GSB »* 4897* , Mil
4fcfer<ftdii 21 novembre i806, contre te# Anglais;
c'est-à-dire son fystèthe continental, pair teqUel il dé*
idarait tous les états de la Grande-Bretagne ed état
de siège, défendait tout commerce et métfte toute
lettre de change, faisait saisir toute» tes possessions
des Anglais sut la terre- fermé et tous les Vaisseaux
que l .On pourrait arrêter qui auraient seulement une
fois touche en Angleterre. Une raeiure si énergique
devait ruiner de fond en comble le commercé ari-»
fiais ; cependant il en fésultp de grands ratait* pont
le continent. L'Angleterre , à qui tout 14 reste du
monde se trouvait ainsi ouvert , de fit Un nouveau
moyen de commerce et s'empara de toutes les colo-
nies de l'Europe» tes cultiva avec le plus grand sont
4t tira «es bois do construction pour sa marine dfc
(Canada et- de l'Irlande, au lieu de les tirer du nord
4e l'Europe. L'Europe au contraire vit ton commerce
languir et tomber, et si son industrie put lui fournir
certains objets qu'elle aurait sans cela tifës d'Anglet- «
ferre , cependant elle ne put y tfOwvef* un Aédito-
aoagepaertt pour là perte de tout son commerce far
»er (*).
.. Batailles d'Ejdau el de Fiâedknd. 8 février et
,44 î»in 4807. — Les restes de l'armée prussienne,,
sotrô les ordffs de Kalkreuth et Lestoçq, éprouvés
parles dures expériences du more derme? , délivrés
de» lâches et des faibles qui pouvaient se trouver
f) Cependant U a été prouvé et avoué depuis , que si le système eût pu
hre prolongé et eiaetement observé , f Angleterre était perdue. If. T.
33.
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546 septième époque. 4648—4838.
parmi eux *t réduits à une petite troupe, mais une
troupe de héros, se réunirent aux Russes, qui alors
paraissaient sur le champ . de bataille. Après plu»
sieurs affaires en Pologne peu décisives, quoique
sanglantes , la guerre se porta en Prusse et les deuaç
armées livrèrent à Eylau, non loin deKœnigsberg,
une*des plus sanglantes batailles, le 7 et 8 février,
par le froid le plus piquant , au milieu de la neige et
de l'hiver. Deux cent mille hommes luttaient avec
les plus furieux effortsjes uns contre les autres , tau*
dis que la nature rendait encore le désastre plus
épouvantable. L'élite de la garde française y fut sa-
crifiée sans que la victoire fût gagnée. Les Russes
combattirent avec une valeur inébranlable , et les
Prussiens , sous les ordres de LeStocq , arrivant fort
à propos au secours de l'aile droite fortéhient pres-
sée, repoussèrent les dernières attaques des Fran-
çais avec une valeur héroïque. Les deux armées res^
. tèrent sur le champ de bataille et toutes deux s'at-
tribuèrent la victoire. En réalité , l'avantage était
plutôt du côté des alliés , et Ton croyait "générale-
ment qu'une nouvelle attaque, le troisième jour, ne
manquerait pas de foirer les Français à faire retraite;
mais le commandant russe , lé général Benningsen,
crut(Ju'il nek devait pas demander à so# armée déjà si
fatiguée *les efforts surhumains, et il se retira sur
Kœnigsberg. Les Français de leur côté rentrèrent
aussi dans leurs anciennes positions mv la Passargue ,
et il y eut une espèce de repos d'environ quatre mois,
pendant lesquels les deux armées cherchèrent à féu-
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CAMPAGNE DE 4807. 517
iiîr de nouvelles forces. La malheureuse Prusse eut
effroyablement à souffrir, accablée par plus de deux
cent mille soldats étrangers.
Napoléon, pendant ce temps , poussa avec activité
le siège de Dantzig , place forte qu'il avait laissée der-
rière lui et qui était la clef de la mer Baltique. Le
général Kalkreuth y commandait et il se défendit
jusque dans le mois de mai ; mais quand il eut perdu
toute communication avec la mer et tout esppir
d'être secouru, il se rendit sous-des conditions très*
honorables, le S&mai. Les Russes et les Prussiens,
après avoir négligé le moment décisif, vinrent atta-
quer les retranchements de l'armée française à la
Passargue. Us y combattirent avec une valeur digne
d'éloges; mais l'ennemi était renforcé des trente
* mille hommes qui assiégeaient Dantzig, et protégé par
de forts retranchements , de sorte qu'il put facilement
repousser leurs attaques et même bientôt prendre
l'offensive. Des combats sangla rit#et continuels furent
livrés tous les jours, depuis le 5 juin jusqu'au. 12 , jour
de la bataille décisive de Friedland. Ce furieux com-
bat dura depuis le matin jusqu'au milieu de la nuit
suivante. Pendant la plus grande partie de la journée,
la victoire fut du côté des Russes ; ils s'en félicitaient
et négligèrent la vigilance nécessaire même au vain-
queur. Mais au milieu du jour arrivèrent sur le
champ de bataille le corps d'armée de Ney et de
Victor et la gard* de Napoléon; cette sanglante jour-
née fut alors décidée; les Russes furent refoulés de
tous ootés sur l'Aile et ils se retirèrent dans leur pays f
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•
8*8 sepohèmi époque. 4646—4858.
vers le Niémen. Le 19 juin Napoléon fifrson entrée
dansTilsit, la dernière ville de Prusse; et dftsle M
son armeV occupait Kœnigaberg.
FaixdeTilsit , les 7 et 9 juillet 1807- -«Une confé-
rence antre les deux empereurs -celui d'orient et eehd
iTbceident amena promptemtnt la paix, décida da
tbânembrement de la Prusse et fixa la marche du
l'Europe pour quelque* années. Napoléon , Hrçitrç
ttyp l'artificieux usage de la parole, sut persuader
à l'empereur Alexandre que son unique but était la
jiaix du continent et que ses efforts tendaient unit*
<piement à mettre les cotes à l'abri de Tinsolenfe
anglaise, pour obtenu* enfin la liberté de la mtf*
Il feignit dono d'avoir un grand désir de lier une
solide amitié avec la Russie ; ai* que oes dçux puife
aapèfg étaat d'accord , disait-il, elles puissent donner
le bonheur $ l'Europe , puisque aucune guerre m
pourrajt s'y élever sans elles ox* contre leur volonté*
Ainsi, dans eetto paix, Cattara , Raguse et les sept
îles (de la mpr Ionienne) furent abandonnés par la
ftnasie à la Frariœ, qui lui donna pour compensa^
tkui quatre eent mille habitants de la Prusse pok*
osaise; f% Fredario-Guilkome, que l'an ne pouvait
plus guère appeler du mon de roi, fut obligé d'ad4
hérar à ces dures c^ditions. Il perdit la moitié de
son empire et cinq millions d'habitants ; entre autres
surtout, la ville de Oantzig, qui fut déclarée ville libre,
-et là protnace polonaise, qui fut «Mgée ea grandh
duché è» Yvmiïi*> èmt te roi dé Saxe fut i*mu*4
grwtkduc Nom *¥«ns déjà vu un* (om h
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«ktt DBtitirr. 54#
èe Saxe régnerez Pologne. Ainsi, Prëdëriê-AUgdstë >
qui «'était déclaré neutre trois jours après là bataille
dléna et s'était empressé de faire ensuite alliance
avec la France , était maintenant roi et membre de
k confédération rhénane.
Plus tard la Prusse perdit tous lés pays entre l'Elbe
et le Rhin. La plus grande partie de cette distractiôh
ftit frite pour former lé ntotteautoyaumfedé West-
phaliè j qu'il donnait à son pins jeune frère , Jérôme»
Il y ajouta encore une partie du Hanovre ^ le duch^
de BfrUnftriicfc, dont le duc avait commandé l'armés
prutaieitoe, et la principauté de Hesse. Ainsi le ter-
rible bab fut prononcé contre là maison de Hesse;
« elle cessera de régner , disait-il , pour s'être toujours
moptrée ennemie de la France, et encote dans dette
guerre avec la Prusse , pour avoir pris une position
équivoque ; » et cependant la Hesse avait d'elle-même
gardé la neutralité. Le pays fut tout d'un coup as-
sailli y Télecteur chassé de 6a capitale et réduit à
fuir; et le nouveau roi , un étranger, à la honte de
tente l'ÀlUfiiiag&e * y «titra en triomphe et tint ré-
gft*fr sur de§ peuple* alttftâtnd£, lés descendante des
8*mnè et des ùMeé.
Le rdîFrttWfic-Gnfllauttïé K'avartcorfservéqu'trh
petit nombre de sujets, rrfâiàf (fêtaient des htiintuës
idèles et dévouée. Ce ne lût pas non plus sans cun-
tfolatwn qu'il apprit qtie trois de ses places fortes,
Coiberg, Grattdeftst et Pitléu , n avaient voulu con-
' tester il aocan «ecctmmodéfeieiit avec l'ennemi; que
quantité d'autres en Silésie ^étaient dé&hdùés cl'tttiè
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520 septième iPOQtw. 4648—1838.
maqière tout-à-fait honorable , et que deux d'entre
elles Gosel et Glaz n'étaient pas même encore au
pouvoir de l'ennemi. Dans Graudenfe commandait
le vieux Courbière qui, lorsque les Français le
sommèrent de se rendre et lui représentèrent que le
roi qvait perdu son royaume et passé de l'autre côté
du Niémen, répondit : a Eh bien! alors je veux
être roi dans Graudenz. » Le roi avait envoyé le
général Gneisenau prendre le commandement dans
Colbçrg , sachant bien d'avance qu'il envoyait dans
la ville un homme solide qui ne se laisserait jamais
ébranler; en outre , parson ordre, le lieutenant Scbill
et plusieurs autres chefs levèrent dans le pays des
volontaires qui tourmentaient l'ennemi fort loin au-
tour de Golberg.
Soulèvement de l'Eipagne.
Cependant Napoléon à son retour à Paris apporta ,
comme marque de son triomphe, le char de victoire
de Tune des portes de Berlin avec l'épée du grand
Frédéric ; et de même qu'il avait fait construire un
pont d'Austerlita dans sa capitale, il y eut aussi un
pont d'Iéna, Sa domination, par cette nouvelle pair,
était élevée à un si haut point de gloire et de solidité
qu'elle seniblaifrati* yeux (tes hommes être inébran-
lable; et celui qui aurait voulu prédire qu'avant*
quelques années ces Prussiens foulés aux pieds
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SQtfrèvSpSpT DE L ESPAGNE. . 8§l
iraient reprendre à P^ris ce ebar de la. Victoire* les
armes à la main, aurait été certainement jegaFdé
comme un visionnaire insensé*
Pour qui connaissait l'esprit de Napoléon et sa
manière d'agir, il était facile de deviner qu'il ne
demeurerait pas oisif et que son esprit , justement à
cause de là paix, serait occupé de nouvelles conquê-
tes ; et que , puisque dans s^rapides campagnes il avait
vaincu les puissances de Test et les avaitaffaiblies pour
long' temps, il allait désormais se tourner vers l'ouest ;
mais personne encore jusque là n'aurait pu le croire
$ussi traître et sans pudeur qu'il se montra à l'égard
de l'Espagne. La maison royale d'Espagne avait été
longtemps fidèle alliée de la France et avait même
perdu sa puissance maritime et ses îles dans la guerre
contre les Anglais ; or pour récompense d'une telle
fidélité il iqi fallut encore perdre le trône. Na-
poléon sut profiter avec adresse et perfidie des dis-
sensions qui existaient dans la famille royale, entre
le père et le fils, et il décida le vieux roi Charles IV ,
affaibli par l'âge, à déposer la couronne, au com-
mencement de 1808 , et à la transporter sur sa tête ;
puis, il attira par ruse son fils Ferdinand de l'autre
côté des frontières à Bayonne, et le força aussi lui à
renoncer au trône. On ne lui laissait du reste le
efeoix qu'entre l'abdication pu la mort, et le jenne
prince préféra la vie et la captivité m France. Mais
son peuple ne fut pas si patient. Quand Napoléon,
dans la joie des succès de sa trame, eut aussitôt
nommé mm frère Joseph roi d'Espagne (son royaume
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MM fgrtitefl Êxxgj*. MMttwf896.
êë Nipled pesa* au gKtnddticdeBerg, et plus taré ta
gttnd-dûehé de Berg au prince héritier de Hollaade)}
alors les Espagnols , dans nné juste colère , prirent
les mines en ftveur de leur roi opprimé.
' Ce peuple se montra dès le commencement de sort
fcittoire passionna pour la liberté , toujours trêsd£
Beat sur le point d^onttêar, enflamme «futt beati
fou pou* «ett tel, se pairie et sa religion) et td
witçre se montrera de nos jours. Ils n'étaient point
> 1» vérité habitué* sm* nouveau genre de guerre et fl*
Aimit écmé* de tous cAté» pur les armées ftençftfott
dans tes bntaillestangétw j mais quoique vaincus, 91
no forent Jamqis soumis, Pi^fttent des àtantages et
leur temîn, qui n'était que montagne* et Hêtt*
incultes on villes et murailles, ils Ont couvert leut
sol des oorps d'une foule innombrable d'ennèrtfc
dans «ombre de rencontres particulière*. La guette
d'Espagne a coûté la vie à cent mille Français, et
quantité d'Allemands que Napoléon y avait entrai net
y trouvèrent aussi leur tombeau; biais il faut avouer
qne k* Espagnols refnrent de très importants
soceun d'Angleterre, en hotomes et en armes* et de
plue grands encore dan* 1* personne au grand gé*-
ner si Wellington t dont la tactique habile et ssge
ai kmg-te*»ps défendu avee les pins faibles moyens
la péninsule ibérique, et Ta reconquise pas à pas;
jusqu * ce qu« les grands événements de Russie et
d'Allemagne raient appelé eo France de l'autre
côté de» montagaes.
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feàlfftAttS Bl itOft» Ml
Ctaerré d'Autriche. 1809,
' De même que la Prusse en 1806 n'avait écouté
que la voix de l'honneur, et que dominée entièrement
par ee sentiment die 'n'avait trouvé aucun offert
trop grand, aucun sacrifice trop pénible, auettflf
pa*lheur trop douloureux pdur chercher à venger
Je* affronts -de T insolence française) ainsi l'Autriche;
entraînée contre la France par une pareille impoli
«ton se crut obligée de a'eegager dans une nouv«lk|
guerre , en 1809. A la véîté elle n'avait pps eu à
n&uflHr par elle-même; mais tout autour dfetté
avait souffert opprobre ou ruine. Le vieil u'^plif
?vait disparu , un nouveau trdne avait été <fl**4
pour un étranger au cœur même de V Allemagne j
et le reste du pays était de plus eu plut étroitetaett
•saervi à son ennemi. Eilfin l'ancienne maisM
rojale d'Espagne avait été renversée du trône nom
tre toute raison, à moins que désormais il ne doive
régner aucune justice parmi les peuples. Que pou-
vait-il donc maintenant j avoir de certain et cp4
pouvait fonder sa sécurité sur son ancienneté? Dé
plus , Napoléon , dans l'été 1808, avant de passe»
en Espagne r avait eu une conférence à Effort avee
Venapereur Alexandre , et renoué plus fortement en*
eore les liena de leur alliance. Il semblait donc que
la Russie et la France voulaient s'arroger 1 elle*
seule&le droit d'arbitres, de l'Europe; et PÀufriefee*
qui pendant des siècles en fut le point eeatrvk;
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W* ssPTiÈMB époque. 4448— » 4858.
n'était plus considérée pour rien. Elle ne pouvait le
souffrir avec patience, car au-delà de certaines
Wrnes la patience devient ignominie; La déclaration
éfcgttèrrè de l'Autriche était très honorable et tout
èrfoit noble et généreuse; puisqu'elle entrait seule
9$i le champ de bataille, ne' comptant. que sur ses
propres forcer.
* Du reste , TAutriclte sentit fort bien, cette fois,
qu'elle ne pouvait compter pour son salut s\ir son
armée régulière^ elle voulait une guerre dans sa
plus grande extension, une guerre de peuple. Elle
Convoqua les . gens de bonne volonté , forma des
Lindwehr , parla avee enthousiasme au cœur de son
-peuple et de tous les Allemands; elle plaça les no-
blés princes de la maison royale la tête de l'armée $
et mit en mouvement toutes les forces de ses riches
ifcbfeUes provinces, comme elle ne l'avait encore ja-
mais <ttfc{ et si le salut et la liberté d'un peuple
pouvaient être obtenus par son unité, celui-ci aurait
dû les conquérir alors.
Mais, comme en 1806 , l'Europe en 1809 n'était
pas encore mûre pour sa délivrance; il fallait que
le feu de purification pénétrât partout et mît tout
à vif; il fallait que la misère générale grossît indé-
finiment pour que tout sentiment d'égoïsme fût dé-»
posé, ft que l'histoire du monde pût présenter le
grand et rare spectacle d'une guerre sainte dans
laquelle tous les peuples de l'est et de l'ouest, du
nord et du sud, se lèveraient comme un seul homme,
réuni* pour la liberté, l'honnenr et la vertu.
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CAMPAGNE ï* 480fc 6^5
Quel cœur allemand, à qui la patrie est plus chère
que tout autre bien , pourra jamais oublier de quels
sentiments d'espérance et de crainte il était agité
pendant cette guerre de 1809? de quelle fureur â
Vest senti animé quand l'odieux ennemi s'avança
avec son armée , dont l'élite était composée dç& fédérés
du Rhin? Qui pourra oublier comment avec le brâà
* vaillant de ces Allemands il força à ^retraite, pat
de sanglants et continuels combats, Tacmée autri-
chienne qui avait pénétré jusqu'en Bavière? Alors,
dans son orgueil, il déclara qu'avant quelque mois H
voulait être dans Vienne. Ce furent des jours bier*
déplorables que ceux de Pfaffenhofen , Tânn , Abêti*
bërg, Landshut, Eckmuhl et Ratisbonne. On combat-
tit a vee beaucoup de coujage et de gloire , du 19 au $5
avril, niais ave* de grands revers pour PÀutricliei
parce que l'armée avait pris beaueoup trop de déyfr
loppement et que Napoléon , comme toujours, avait
réuni dur un seul point l'effort terrible de son attaque.
Alors il avait soin , avécl'éltte deses troupes et surtout *
avec sa cavalerie dont la plus aguerrie était autour àè
lui, de se jeter tantôt d'un coté, tantôt d'un autre;
puis de recommencer tout d'un coup une nouvelle
attaque ; de sorte qu'avec lés mêmes troupes îlmeHpit
le désordre dans fous les rangs autrichiens. H faut
convenir aussi que dans cette occasion brillèrent
au plus haut degré ses talents militaires. On lé
voyait priver là où le danger était le plus gnmd, fei
sa présence décidait k victoire; il ne reposait nt
jour ni nuit, et difficilement dans le cours de toui
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DU SEPTifcM |ra*ri* 4418^-1838.
Atari* de ta purtd'un seul homme et de tant d'actions*
dm* l'espade de quelques jours et quelques riait*,
ffentf lâs Soldats dé la landwefar autrichienne* qui
11* oMBaUmtent pas encore la guerre, les régiments
À tuirqaBkto étaient les plus terribles adversaires;
iMHt Mo ub ouragan qui fait trembler la terre , leurs
tflfrojables qscadrens, terrée, entourés dé fer , a Fa-
lui des balles et des coup* , ainsi du moins pana*
Sâkutl-ili à noi guerriers qui rie lès avaient jamai*
tfttf* se jetaient mr eux en niugissànt ; et ctvtt-é
Afl vatncuaavant l'attaqua v ëfofarék et frapjpét par
h» jrtqx et les oreilles, laissaient enfoncer Imts
iW&gi* et dès la première attaqae celte massé pni*
•fnto Culbutait laits lignes et le» écrasait par mil-
Jiets< Mais bientôt ees boiames énergiques montré-
9ejK qjie m n'était que la noaveauté qui tes a**fe
BatàtUes ife^Gra^Aspern *t d'Essiirig; S* st «
jfcah—Ledtte Charles se i-eth* avae *** *<*&,
«Mort taujrtrs forte maigre les sanglantes famées
fT«*i»l# ter la rive gauche du Danube, vers fa Bë-
fcAftt* •* KspoiëoQ s*âvataçti *o* h rire droite ftrih
9*1 Yieauftv I/«*feidub Maxinrilièn la cMfead*
fi|£$ft&jitob; omis une ville si grande et presque
mot dtifeftse ne poevart soutenir un siège, et Yentté
pii^entm^lrlâmaf; ensile l'année française passa
)» DwwVt pqnfr marcher oontie.rarchidaa Charles
fft fmw** ltdttmar coup mir les états autrichien*
Çefaktefy #t Je 3Û mai dans les it&menscs piata*
Digitized byVJ OOQ IC
ca*pm>« pf 48QQ.
df4^#«q # d'E«|iu$ f non jojji du lie^ mi 44f% W
fois Rodolphe de Habsbourg avait vaipou QttycaFi
roi d? Bohême, que se livra une sanglante ^t»iUq>
Napoléon avait de nouveau compté sur l'effroi fp?
nausait«a cavalerie bardée de fer, et flt donner pw
f\\ç dans plusieurs endroits les plu# vigoureua** afe<
laques , pour renverser l'ordre de bataille *uM$?
chien, séparer une aile de Vautre et vaincre iap
différents corps ainsi isolés. Mais ce ne fut paa com-
me à Ratisbonncu et il éprouva qu'i} y avait daq»
farinée pins depron^)titudçt plus d' activité ptplw
4'art. L'héroïque Charles, dans le court iut*rv*Hf
depuis les malheurs d'avril, s'était partiç*Uèrenw4
appliqué k montrer à ses sqjdats k a* ranger m \v*
taillons carrés très serrés, sur lesquels tua afcMpg{9ff
' de la cavalerie devaient venir se briser corçuqç çqntf£
«ne muraille; et il avait obtenu d'autaàt plus de &$»
céç que ses troupes étaient remplies 4e brQqnt yg.
ïqnte' et de soumission. La cavaferip vint do$c qp
jeter sur ces carrés; on les laissa arriver aveg sawL-
froid jusque sur les premiers rangs f n ésofdr^
aerréç, et alors on tes reçut avee un si beau feu quf
dea rangs entiers furent culbutés y de so^te que eeç&
mémeg qui étaient restés intacts forent ren.V£?a&
de chenal au milieu de la mél^e j pui$ potre groagf
cavalerie, qui vint au secours, secondée par Vin&nr
terîe , u*eut pas de peine à forcer ce* ççcadrona ^
prendre la fuite.
Cette fermeté de rinfante,rie autrichienne ci \f
VMkur $ connue des escadron^ de Jean de Uçhtçnfr
Digitized byVJ OOQ lC
fc28 5E?TitMÇ époque. 4648—4858.
tëin, et enfin l'habile conduite du prince Charles,
qui courait partout où le danger l'appelait, arrê-
tèrent toutes les tentatives des Français ; ils furent
repousses de toutes parts . Le village d'Àspern , qu'ils
avaient pris pourpoint central 3e leur champ de
bataille, leur fut enlevé. De plus, l'archiduc profi-
tant habilement de cet avantage pour opposer un
nouvel adversaire aux ennemis, dans la violence du
courant des eaux gonflées du Danube, fit lancer des
vaisseaux et d'autres machines lourdement chargées
contre le pont de bateaux de Napoléon. Il réussit; Je
pont fut brisé en deux, et Napoléon se trouva sur la
rive gauche, coupé de Vienne et du reste de. son
armée, et il lui fallut recommencer le combat, le jour
suivant 22, dans cette position; tous ses efforts,
toute sa tactique furent cette fois inutiles; sa cava-
lerie, son infanterie, son artillerie ne purent tenir
contre la valeur autrichienne et le grand nombre.
La bataille fut perdue, et si le maréchal Masséna
n'avait pas réussi à s'emparer de la petite ville
d'Essling ? dont les murailles lui servirent de rem-
part pour assu&er et défendre la retraite, toute l'armée
française était détruite. Même elle eût été perdue,
ont prétendu beaucoup d'écrivains depuis, si le vain-
queur aussitôt après l'action, poursuivant sa victoire,
eût attaqué l'île Lobau sur laquelle Napoléon s'était
sauvé et se trouvait, dans "le plus grand embarras
jusqu'à ce que le pont fût rétabli aur l'autre bras du
Danube. On laissa le temps de rétablir ce pont, et
il revint à Vienne. Mais le champ de bataille était
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CAMPAGNE PE 1809. 259
couvert Ae ses morts , et les Autrichiens y comp-
tèrent trois mille cuirassiers.
Cette bataille fit naître de nouvelles espérances
dhns tous les cœurs» Déjà, en différents endroits , la
nation avait donné des témoignages sensibles de son
exaspération et de sa haine. Dans le nord, l'audacieux
Schill se releva, et à la tête de ses hussards et d'une
foule de jeunes gens et d'hommes libres que l'im-
patience de leur ardeur lui amenait, recommença de
nouveau la guerre contre les ennemis du nom alle-
mand. Et Dœrnberg, avec beaucoup d'autres Hessois ,
forma le plan de renverser de son trône le roi usur-
pateur qui siégeait dans Cassel, et de commencer
l'œuvre de la délivrance. De même que-Jéjà , dans
la guerre de trente ans, Mansfeld, Christian de
Brunswick, Bernard de Weimar et d'autres chefs
avaient remis en vigueur la tactique des Germains, en
faisantla guerre pour le parti qu'ils avaient embçassé,
à la tête d'une troupe qui s'était rassemblée au-
tour d'eux; ainsi y eut-il alors des hommes qui se
sentant ^au-de dans d'eux-mêmes une pareille force
tentèrent de les imiter , animés du plus beau zèle
pour la patrie. De sorte que cette époque fut, comme
celle de la guerre de trente ans, une de plus extraor-
dinaires et des plus incroyables pour les faits. Ce-
pendant iKy avait une différence essentielle j car la
première , encore toute proche du temps de la vio-
lence , avait bien plus de chances pour ce genre de
guerre que la deuxième qui venait après l'établisse-
ment des lois et surtout de la landfriede (paix du pays};;
t. ri. SU
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630 septième époque. 4648—4858.
Aussi^ l'obéissance à la loi et l'esprit d'orê?6 public
empêchèrent parmi le peuple tous les mouvements*
et l'entreprise de ces hommes échoua* Schill qui
avait perdu son temps à parcourir inutilement te
nord de l'Allemagne, finit par se jeter dans Stral-
sund. Il espérait sans doute de là se sauver en Angle-?
terre pour revenir plus tard servir plus utilement
l'Allemagne , quand cette carrière malheureuse dans
laquelle il' s'était jeté, et dans laquelle il en avait
entraîné tant d'autres lui serait devenue plus fayo?
rabie. Mais un corps de troupes danoises se. rêvait ,
aux Français et aux Hollandais pour le poursuivre}
Stralsund fut attaqué le SI mai, et le malheureux ,
Schill suoflpmbasous les coups des cavaliers danois*
La révolte de Dœrnsberg n'eut pas plus de succès,
et il fut obligé de se sauver avec ses amis de l'autre,
côté des mers, sur les côtes d'Angleterre. Quant
aux malheureux compagnons de Schill faits prison*
niers, ils furent victimes de la fureur et de la ven- .
geance des Français. Grand nombre furent exécutés ,
et les autres traînés aux galères comme des criminels*
Depuis lors, la terreur et la crainte delà mort domina
tous les Allemands et enchaîna la liberté de toutes
leurs actions et même dé leurs paroles. Napoléon)
au commencement de la guerre, fit fusiller, un
homme innocent, Palm, libraire d'Erlangen ; parce
que ayant publié un écrit sui1 l'état humiliant de
l'Allemagne , il n'avait pas voulu nommer son
auteur. Cette action de tyrannie révolta les esprits
en Allemagne plus que toutes les autres, antérieures
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» oàMpAGME i** 4809, 551
et même postérieures , et le cri du sang innocent
répandu n'est pas resté sans vengeance* <— Une ré-
volte plus grave que celle que nous avond vue dans le
nord de l'Allemagne* fyt celle des fidèles Tyroliens* %
commandeur André Ifofer, Straub et Spèckbacher,
Deux fbis déjà leurs bandes avaient chassé lesFran- «
ç?is avec grande perte de leur pays» au moyen, de
cette tactique de guerre particulière k ces robustes et
audacieux montagnards et avec laquelle autrefois les
Suisses avaient humilié l'olgveil de cette cavalerie
autrichienne , l'élite delà noblesse. Toute l'Alle-
magne se réjouirait d» Voir que > sur chaque sOranaet
de levjrs montagnes » la liberté trouvât une patrie ^
parmi des hommes qui parlaient la lafegue aile-»
mande ; et elle espérait que la victoire viendrait
enfin couronner une telle constance. D'autres espé-
rances se montraient aussi d'un autre coté f les
Anglais avaient débarqué une flotte considérable,
sur les côtes des Pays-Bas et pris Pile Walchern. 11
semblait que sur ce point un grltitl coup allait être
frappé contre la France. Mais toutes ces espérances
n'étaient encdre que des illusions.
Bataille de Wagram, 5 et 6 juin t et paix de
Vienne, 14 octobre* — Napoléon, après la bataille
d'Aspern, avait fait venir des renforts de Bavièrej
de Wurtemberg , de Saxe, d'Italie et d'Illyrie f de
sorte qu'il était en mesure de repasser le Danube,
et d'attaquer avec avantage l'arcl^duG Charles. Le
passage s'opéra pendant Une nuit noire d'orages y
pqrmi les éclats du tonnerre j et Napoléon livra , le 5
SU.
•Digitizedby VjOOQlC
552 septième Époque, 1648—4836.-
et6 juin, la gyande etdicisive bataille de Wagram.
Des tours de Vienne on pouvait voir tine portion
de Tordre de bataille , le côté où combattait l'aile
droite des Autrichiens; et les spectateurs virent
avec des cris de joie sans fin , cette vaillante ailedroite
' marcher en avant, forcer tout à plier et gagner
un .grand terrain sur Pennèmi ; car elle prit même
plusieurs canonset drapeaux* Cependant leurs belles
espérances furent trompées; l'aile gauche autri-
chienne était entouré^ tes Hongrois ne donnèrent
pas à temps , ^t de ce côté les affaires furent en si
mauvais états, que le général fut obligé de faire* re-
traite. Six jours après la bataillé, une suspension
d'armes fut contenue, et depuis lors on commença
à traiter pour la paix.
Ce fut une terrible nouvelle pour les Tyroliens,
Cependant ils réunirent encore une fois tous leurs
efforts et chassèrent , an mois d'août, le maréchal
Lefèvre de leur pays, espérant toujours que FÀlt-
triche, excitée par une pareille constance, recom-
mencerait la guerfe. Mais les malheurs du royaume
parurent à l'empereur François trop durs et trop
désastreux. De plus , l'expédition des Anglais contre
la Hollande eut une très mauvaise fin. On continua
donc les conférences et là paix fut résolue. Pendant
ce temps-là, les Français purent tourner toutes leurs
forces contre le petit pays du Tyrol , et il fut en-
touré de tous côtés comme une citadelle et pris d'as-
saut. Il fallut emporter, l'un après l'autre, chaque
passage , chaque montagne ; tous les hommes forent
igitiz-edby LjOO*
CàMPÀGNE DsP 1809. »8
mis à mort ou désarmé!. Enfin', le fidèle et pient
Hofer fut pris, traîné da l'autre. d6té des Alpes, en
Italie, etfusillé dans la citadelle de Mantoue, comme
un criminel. , .
Cependant un autre héros de la liberté, Frédéric»*
Guillaume de Brunswick, de l'ancienne famille dfl$«
Welfs, fut plus heureùk et parvint, au moyen d'une
•expédition audacietifee, à se*sauver du pays que l'o-*
dieux ennemi occupait. Il osa, des frontières de la Bo-
hême, avec douze cents cavaliers intrépides, son ba-
taillon noir,pàrcourir u n espace de soixante-dix njilles,
au milieu des troupes enneçiis , traversant le terri- *
toire de Eeipzig , de Halle , dé Halberstadt , de son
propre vîiicÊé, hor» duquel les usurpateurs l'avaient
chassé, dû Hanovre, et se frayer un chemin jusqu'à
l'embouchure du Wéser ,^à Elsfleth , d'où il s'eut-
barqua heureusement pour l'Angleterre. Notre héros
Welf y fut reçU avec autant d admiration que d'a-
mitié. . y
L'Autriche perdit, par la paix de Vienne, Sala-
bourg et plusieurs contrées voisines de la Bavière.,
la plus grande partie de ses possessions polonaises darts
1^ grand-duché de Varsovie et en Russie, le rsrte
de ses possessions en Italie avec l'Illyrie. Desorteque
de ce coté elle ne touchait plus àjattier, et de l'au-
tre elle devait rendre aussi toutes les places fortes
de la frontière et même ses montagnes» C'était encore.
pire que de perdre deux mille milles carrés et plus
de trois millions d'hommes.
Digitized byVJ OOQ lC
Mi septième **oqpe. 4ft48— 4838.
Wap&léon tu faite de la puissance, 1810— ISi 2.
»
L'empeçeur Napoléon, par la paix de Vienne, se
*tr0uva monté ji un si «haut degré, que toute espé-
* tnfê semblait alors perdue de voir jamais «a puit*»
sanee bryée. Pour l'affsrafir encore davantage et
" l'ennoblir aux ye^st 4» *nonde/£ar une aisance avec
ujoe maison princière vénérée dans ^'Europe, il de*
manda la main de la fille de l'empereur de Vienne,
l'arobiduchesse Marier-Louise, et Joséphine par con*
' séquentfctoblif^desuj^rraffront d'une séparation.
L'empereur François* consentit donc à cet immense
sacrifice. * Pour les intérêts les {Ans sacrés def la mo-
narchie et de l'humanité» comme *n boulevard
éontre un fléau dont on ne peut voir la fin , comme
un gage pour le maintien de l'ordre, estwil dit plus
tard dans la déclaration de l'Autriche, sa majesté
^andonne l'objet le plus cher à son cœur; elle fait
une' alliance qui doit consoler les opprimés et les
malheureux , faire naître chez eux le calme de
la sécurité après les souffrances d\ine longue lutte
inégale, décider les forts et les victorieux à la jrffci-
dération et à la justice , et établir ainsi une espèce
d'équilibre, sans lequel la société des empires ne
peut être* qu'une société de malheureux. L'empe-
reur Napoléon en est arrivé, dans sa carrière, à un
point où l'objet de ses désirs doit être l'affermisse-
ment de ses conquêtes plutôt que d'insatiables gflbrts
pouf de nouilles. Son alliance avec la plus an-
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ctertne maison royale de la chrétienté ra donner à
sa grandeur, aux yeux de la nation française et du
inonde entier, une telle 'solidité que de* plans
d^grandissement par des guerres perpétuelles ne
.pourraient que l'affaiblir et rébranler. Tant d'an-
nées d'inutiles efforts et de sacrifices incalculables
peuvent v bien fournir une raison assez forte pour
essayer d'opérer le bien par la confiance et l'aboiv*
don , après que des fleuves de sang répandu n'ont
réussi, jusqu'à présent, qu'à accumuler ruines sur
ruines. » ,
Comme le généreux empereur François se T*i en-
core trompé dans cette belle confiance, d'ailleurs ai
naturelle! Dans Tannée mène que cette nouvelle
alliance fut fondée (oe fut le 2 avril 1810 quW
IWt lieu les épousailles de l'archiduches*» Martes
Louise), la Hollande, après que le roi l*ouis eût dé»
posé h couronne, parce qu'il ne voulait pas être un
instrument dans la main de sou frère pour la ruiat
4e son peuple, fut tout entière réunie U* Frenee;
Car, difiait-eo» la «Hollande n'est pour aiwi dire
qu'une alluviôn du Rhin, delà Meuse et de l'Ejcaut,
le» principaux artères du royaume de France; et
enfin, pour prouver qu'il pouvait tout ce qu'il vou-
lait, et que désormais aucune considération ne pour
yait plus l'arrêter, Napoléon résolut tout d'un coup
d'ajouter à la France tout le nordouest de l'Aller
magne, c'est-à-dire les pays à l'embouchure du
Wéser, de VEuia et de l'Elbe, ainsi que les anciennes
villes libres de commerce, Brème, Hambourg, Ljiir
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556 «EPTifc*E Éroçurt 1648-465*.
beck. Le prétexte fut que la contrebande avec l'An-
gle tem se faisait sur ces côtes, et par ces villes. Ainsi
l'Allemagne se trouvait dépouillée de ses côtes et de
son commerce de mer. Le fleuve qui avait toujours été
la séparation naturelle entre la France et l'Alle-
magne se trouvait dépassé. Une ligne toute arbitraire
fut tracée à travers les pays et les fleuves , suivant
le caprice de Napoléon ; de sorte qu'il était facile de
voir que ce n'était là qu'un premier pas pour aller
plus Join, et que peu à peu toute l'Allemagne serait
absorbée dans le gouffre.
Cependant Napoléon ne sut jamais comprendre ce
qui pouvait seul donner à une puissance, nouvelle-
ment établie et primitivement fondée sur la violence ,
une durée certaine, au-delà môme de la vie du fonda-
teur ; il ignorait l'art d'intimer au peuple la croyance
à cet affermissement ; et ce qu'il fit alovs était ce qu'il
y avait de plus contraire à cette impression. Déjà,
en 1809, il .avait arraché à sa vieille capitale le pape,
le père commun de tous les catholiques, dont le siège
est inébranlable, suivant la croyance de presque
tous les peuples, et l'avait entraîné prisonnier comme
un criminel ; aujourd'hui il réunissait Rome à son
grand empire , et réglait que son fils et tout premier
né de l'empereur prendrait le titre de roi de Rome.
De pareils actes le firent maudire dans le cœur
de milliers d'hommes; mais cette âme de fer ne
s'inquiétait nides malédictions des uns , ni des béné-
dictions des autres. Son empire lui parut assez soli-
dement établi , avec cinq cent mille soldats et une
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ckMitMvn de xum*. *SÏ
armée innombrable d'espions. Ainsi le pensait le
monde, qui ne juge que d'après les apparences*
Cependant il ne se passa pas deux ans que oe co-
losse de puissance était renversé, et l'empereur était
réduit à signer son abdication dans le palais de
Fontainebleau. Napoléon reprochait à la Russie
d'entretenir des relations avec l'Angleterre, et de
fomenter les germes de révolte que l'Allemagne
nourrissait. Il lui déclara la guerre , et cette gigan-
tesque expédition fut la première cause de sa ruine,
en fournissant à l'Allemagne l'occasion de secoué*
le joug qui lui avait été imposé.
Campagne de Russie. 1S12.
Ce fut dans l'été de l'année 1812 que l'empereur
Napoléon partit pour cette grande expédition de
Russie, avec quatre cent mille fantassins , soixante
mille chevaux et douze cents pièces d'artillerie. Il
lui avait fallu deux ans pour ses préparatifs : il avait
rassemblé tout ce qu'il y avait de meilleures troupes
en Europe, et avait pourvu à tous les besoins de la
campagne. Le premier but de cette expédition était
bien, à la vérité, dirigé contre la Russie; niais ce
n'était pas le principal, et si Napoléon avait pu for-
cer les Russes à faire la paix, il aurait, sut vant toute
apparence, continué de pousser sa pointe jusqu'ep
-Asie ; afin de chasser les Anglais, ses plus grands ent-
remis, de leurs vastes et riches possessions dûs bide*.
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m sirniw iaofu. 464*~f 838,
Il aima triomphant jusqu'à Moscou; ma^s c'était là
le tarai* que la Providence avait mit à ses suceès *
car à peine e'éteit-il mis en possession du ££i*mlin,
l'ancienne résidence des csars, le 14 septembre, que
tout d'un coup le feu prit à la ville en plus de cent
endroits à la fois. Elle fut tout entière consumée,
avec toutes ses provisions , sur lesquelles Napoléon
avait ooœpté , et qui lui étaient nécessaires pour
les cinq mois de l'hiver. 11 n'avait plus de vit
que pour quelques semaines, et, oorrçme d'aiU
fcurt l'empereur Alexandre refusait de faire la paixj
41 fallut songer à la retraite; mais au lieu de prçn*
dre la route par Galuga ., comme tout portait à le
croire, parce qu'il y aurait trouvé un pays encore
tout- à-fait intact, il revint par la route de Smolensk,
sur laquelle les Russes et les Français avaient tout
rivage* tout incendié. Bientôt la famine fut extrême
dbna l'armée ; le désordre et l'insubordination se
mirent dans ks rangs, et la cavalerie légère des
Russes qui la harcelait lui faisait éprouver tous les
jours de nouvelles pertes» Mais son ^ plus terrible et*
aemi fut le froid, qui, cette année, commença plus
tôt qu'à l'ordinaire et la surprit au milieu des im»
meoses steppes de la Russie. Les malheureux soldats
n'avaient auoun moyen de se défendre contre lui:
leur$i vêtements étaient déchirés et ils marchaient
nu-pieds au milieu de ces vastes plaines de neige-
f^ea villes et les villages qui se trouvaient sur la routa
avaient été ravagés et pillés par eux ou par. les habi-
. Jamais de toits pour se mettre à l'abri, point
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Direction ni$ la prvssb. tS!89
de vêlement* pour couvrir leurs corps' transit, pas
un morceau de pain pour apaiser leur faim , et par-
tout le découragement. Tous les matins des monceaux
de morts restaient gelés autour des feux de camp;
les autres, qui peut-être n'avaient été sauvés que
par L'abri des corps de ceux qu'ils abandonnaient Y
•'ils pouvaient eneore, en rassemblant toutes leur»
forces, ae remettre en route, c'était pour aller subir,
au prochain campement, le même sort que ceux
qu'il» avaient laissés* La famine emportait eeux que
le froid avait épargna. Dès qu'un cheval tombait par
terre, ils se jetaient dessus comme des bétea fiSrocea ,
le déchiraient avec leurs doigts, avec leurs dents, et
dévoraient sa chair toute ©rue; on a même va dm
hommes, qui avaient perdu la tête, s'asseoir au mi*»
lieu de la neige et rong# leurs doigts déjà noirs de
froid, avec l'expression du plus effroyable idiotisme
Mais détournons nos regards d'un tableau si hideux,
l'imagination se refuse à de telles horreurs.
trtfecyoo de la Fnuse ♦ — Prépanlili 4e MapoMa* ♦
D'un demi -million d'hommes que cet insolent
oonquérant avait entraînés danscette guerre, à peine
en revint*il trente mille en état de porter les armes*
Alors V Allemagne pensa que c'était le moment ou
jamais de secouer le joug, et que Wteûre de sa déli-
vrance avait sonné* LaPrussesedcc'ara la première.
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MO fimàiis époque. 1648—1838.
Ses guerriers, qui n'avaient suivi qu'à regret les
Français en Russie, se trouvaient tout prêts et en
état de soutenir la liberté de leur .pays; d'autant plus
que leur corps d'armée , faisant partie de l'extrême
gauche, n'avait pas eu beaucoup à souffrir. Le gé-
néral Yorck, qui connaissait les sentiments du roi
aussi bien que ceux du peuple, à peine arrivé sur la
frontière de Prusse, abandonna les Français et se
hâta de faire demander au roi s'il devait se joindre
aux Russes victorieux. Le roi , qui se trouvait en-
core à Berlin sous la garde d'uae garnison française,
se rendit aussitôt à Breslau, éhSil&ie; et de là, le
S février 1813 , il fit un appel à toute la jeunesse du
pays pour accourir au secours dé la patrie. & voix
retentit au fond de tous les cœurs, et des milliers de
jeunes gens se rangèrent sms les drapeaux. Berlin,
à elle seule .fournit dix milleAcombattants. '
JJn même temps, il convoqua la landwehr et la
landsturm (*) ;et alors, le 17 mars 181&, le roi Fré-
déric-Guillaume déclara la guerre à la France. Cette
démarche n'était pas sans danger pour la Prusse; car
les Français possédaient encore huit places fortes en
Prusse et en Pologne, et soixante-cinq mille hom-
mes occupaient le pays. Mais bientôt toute la Prusse
fut en armes à la voix de son roi, et pour sauver la
patrie , tout le monde accourut : enfants , jeunes
gens* vieillards ; on vit même des femmes revêtir des
habillements d'hommes, afin de pouvoir offrir leurs
f) foyffc ta iiotf p*g e 45 du f retnier volume.
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WpàUTIFS DE NAPOLÉON. 841
bras ; chacun s'empressa d'apporter tout ce qu'il avait
et de sacrifie? toutes ses jouissances : les femmes
donnèrent leurs joyaux.
Cependant Napoléon , qui avait abandonne fen
Russie les débris de son armée , était parti ert toute
hâte pour la France, et, voyageant nuit et jour sans
se reposer, était arrivé à Paris, où il entra en secret
dans la nuit du 18 décembre. Il avait aussitôt or-
donné une levée de trois cent cinquante mille hom-
mes, pour réparer une perte de trente mille chevaux
accusée dans 1^ vingt-neuvième bulletin qu'il avait
.apporté avec lui; et, quand fut publiée la déclara-
tion de guerre de la Prusse , il ordonna une deuxième
levée de cent quatre-vingt mille hommes. Le peu-
ple français, habitué désormais à l'obéissance , en*
voya donc tous ses enfants sous les drapeaux; et
toute l'Europe fut dans l'étonnement de voir en si
peu de temps une nouvelle et si belle" armée, tout
équipée , passer le Rhin et s'avancer en Allemagne
pour soutenir la gloire de son empereur. En même
temps Napoléon , pour s'assurer, une garantie de la
tranquillité du pays, fit demander une garde d'hon-
neur qui devait être composée de jeunes gens volon-
taires, équipés et armés à leurs propres frais. Puis,
comme il avait perdu toute sa cavalerie, il fit rassem-
bler la gendarmerie qui était répandue par toute la
France et pouvait* faire un corps de seize mille
hommes. Pour trouver des artilleurs, il fit venir ceux-
qui servaient dans la marine. En outre, l'Italie lui en-
voyait cinquante mille hommes de troupes auxiliaires.
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sans compter que la confédération rhénane fotrtnissail
aussi un contingent* Ainsi put-il foire entrer en
Saxe, au mois d'avril, plusieurs centaines de mille
hommes ; et comme son armée grossissait toujours,
il eut encore , pour cette campagne , environ cinq
cent mille hommes. Aussi, aveuglé par cette appa-'
rence, il ne voulut consentir à aucune des proposi-
tions que lui fît faire l'Autriche, et l'Allemagne dut
à son orgueilleuse opiniâtreté sa délivrance de tout
joug français.
. Premières opérations de la campagne. 1815.
Le vice-roi de Naples, le prince Eugène, à la t&e
de quelques débris de l'armée française et quelques
fiôtiVeîlef recrues , était campé sous les murs de
Magdebourg, obligé de laisser libre tout le cours du
flètlve. Cependant les Français auraient bien désiré
Conserver au moins son embouchure, avec l'impor-.
tante place de Hambourg, et le général Morand s'y
rendit avec les quatre mille hommes qui lui avaient
Servi à occuper Jes côtes du Mecklenbourg et de la
Pôméranie ; mais trois audacieux chefs de bande, Tet-
léhborn , Etzernitscheff et Dœrnberg, s'attachèrent
& sa poursuite, et ne lui permirent pas de prendre
pied sur la riv^ droite de l'Elbe. Il fut obligé de re-
passer le fleuve et de se replier sur Brème. Dans toi£
le nord de l'Allemagne , le peuple recevait avec ac-
Digitized byVJ OOQ lC
darpation ses libérateurs. partout où ils arrivaient
Le duc de Mecklenbourg-Strelita fui h prêtai**
après le roi de Prusse à abandonner l\tlli*nce des
Français. Les citoyeftsde Lubeck dicte Hambourg s'en
réjouirent et préparent toutes leurs forces pour ai-*
der aussi eux-mAnes à la défense de ce précieux tré-
sor. Dœrnberg , à la tête de quatre mille hommes ,
vint chercher le général Morand, qui voulait de
nouveau se porter en avant, l'attaqua le 2 avril der-
rière les murs de Lunebourg, emporta la ville d'as*
tout, et tua le général lui-même* TWe sa troupe
fut tuée ou prise avec douae canons. C'est par ce beat*
fiait d'armes que le général Dotraherg ouvrit là
deuxième campagne. ■
Duos Ici tn£me moment le vice*roi de Naples et*<
eaya de se porter tout d'un coup de Magdebourg su»
Berlin avec ses trente mille hommes J pensant bien
ne trouver sur son passage qiiedes forces impuissantes j
Biais les généraux Wittgenstetn , Bulow et York,
ayant rassemblé à la hâte les troupes qu'ils avaient
sous la main» vinrent fondre sur lui % le 6 avril, pr&
de Moekern 1 avec une telle fureur qu'il fut obligé de
renoncer au projet de marcher sur Berlin et de se
repliet sur Magdebourg avec perte* Depuis km U
prince Eugène sa tint tranquille sous les murs de ]
Magdebourg, jusqu'à ce que l'empereur parût lui-
k métne en campagne.
Dès que les nouvelles levées de France furent ras-
semblées sur le Rhin , Napoléon partit de Paris, et
le 25 avril au soir il entra dans Erfurt. De là il se
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K44 «PTiÈMi ÉPOQtns, 4648—1888.
dirigea vers la Saal, et força la cavalerie des allies
de se replier derrière ce fleuve. Les deux armées
s'approchèrent, et Ton se*prépara de part et d'autre
à une bataille décisive.
Bataille de LuUen et de Grou-Gœnchen. 2 mai 1815*
Quftnd Napoléon fut arrivé sur les bords de la
Saal , il se trouva bientôt en face de l'ennemi. Alors
il monta à cheval et jusqu'à la suspension d'armes
♦qui eut lieu cinq semaines plus tard , il ne remonta
pas en voiture. C'était la marque qu'il était occupé
de grands travaux militaires; car alors il voulait ex-
plorer par lui4néme tous les environs et toutes les
positions , juger d'après la fumée des villages et dgs
coups de canon lointains les plans de bataille
de ses ennemis ou conduire lui-même des attaques.
Son âme était au plus haut degré d'excitation ; son re-
gard de feu étincelait au moment de l'attaque , quand
la terre tremblait des épouvantables décharges d'ar-
tillerie et des charges de cavalerie; on aurait dit
qUe ce tapage était celui qui flattait le plus son
oreille.
De l'autre côté, l'armée des alliés sous les ordres
du général en chef, le comte de Wittgenstein , était
déjà sur le champ de bataille, rangée dans les envi-
rons de Fégau ; les généraux Bluchër, York et Kieist
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CÀMPÀGNÏ DE 484% 546
tOfcufcandbteat les Prussiens. L'empereur Alexandre
" et le roi Frédéric-Guillaume 3e trouvaient au milieu
de leurs soldats. *
L'armée française, après quelques escarmouches
8ÊT la Saal, se porta en avant pour aller se réunir '
dans les plaines de Leipzig. C'est là qite Napoléon
voulait livrer une grande bataille, parce qu'il était
iupérieur en nombre. Le 1er mai, après s'être avancé.
4e, l'autre côté de Weissenfels , il rencontra sur des
hauteurs près du village de Poserna l'artillerie et la
Cavalerie dfes Russes qui voulaient lui disputer le
fftssagfu C'était le général Winzingerode qui y
trait été envoyé , pour tâter les forces des Français
et g assurer si l'armée entière était en route. Lema-
fébhal Bessière , générale chef des gardes de l'em-
jgreur, s'étant avancé avec les tirailleurs pour con-
4tttre l'attaque , y fut tué par un boulet de canon-
La position fut emportée, et Napoléon continua sa
mute jusqu'à Lutzen ; c'était le champ de bataille,
«ù deux cents ans auparavant Gustave - Adolphe
avait trouyé la mort en combattant contre Wallen-
steiu. H y passa lui-même la nuit; mais le matin,,
quand il voulut se mettre en route pour Leipzig,
tout-à-coup retentit un grand feu d'artillerie der-
* rière lui et sur le flanc droit.
Les Russes et les Prussiens avaient pénétré l'inten-
(ion de l'empereur qpi voulait commencer par s'em-
parer de Leipzig, pour les couper d'avec l'Elbe; et
comme ils ne voulaient pas lui laisser faire ses ma-
nœuvres accoutumées par laquelle? il se choisissait.
t. u. 35
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546 sEFTiÈi* iaoQv*. 4648^1838.
toujours son champ de bataille , ils viarétft tomber-
stir lai, le 9 mai , lorsqu'il y pensait lé moins , «ap-
posant qu'ils ne pourraient être prêts k la bataille
avant le lendemain. S*rle midi, ils se portèrent avec
toutes leurs forces sur Itë villages deGross-Gœrsch»
et Kloin-Gferschen , de Rhano et Kaja, dont le
maréchal Ney s'était emparé. L'oppereur Alexandre
et le roi de Prusse se tenaient sur un «hauteur der*
rière les rangs, d'où ils observaient les différent**
chances de la bataille, et leur présence enflammait
tous leurs guerriers du plus grand courage» Le ter*
rible Blueher commença par emporter d'haut 1*
* village de Gross-Gœrschen-, et bientôt s'engqgt*
autour des autres villages une sanglante lutte qui
fut à l'avantage des alliés; «ils s'emparèrent de- U
plupart de ces villages et forcèrent les Français de
se replier en arrière. C'est à ce moment que Napo*
léon arriva sur le champ de bataille avec sa garda,
cl les autres troupes qu'il ramenait avec lui) mv j|
était déjà fort en avant sur le chemin de Leipzig»
Aussitôt il les fit marcher sur les village* attaqué»)
hri-m&ne il parcourait les rangs et ne craignait pat
de apposer au feu) il savait que la perte de la \m
taille découragerait son armée et entrftîoerftit h»
perte de l'Allemagne. Le combat recommença (Jaim .
avec une Nouvelle fureur dans les village* conquis;
ils furent plus d'une fois pris. et repris. Souvent
même , comme les deux partis occupaient çhpcnn
une portion du village , on se battit à la baïonnette
et avec l'épée , df m les.rue* , dan» les jardins et Le*
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petite senltera, Xiq^tre fois tes J»ll& rtfi*»rait toute*
leurs forces pour emporter qç$ Vill^eaf à la fyl les
Français furent ébranlés el se retirèrent en désordre
jusqu'à WeissenfelsetNaumhffurg, A cette nouvelle*
rapporte un témoin oculaire % Napoléon *e tournant-
avec un regard dç furtur fers ceux qui l'entouraient,
c Croyez- vous, leur dfemauda-t-il t <jM mon dtoilff
va s'éclipser? p Aussitôt il se raniment prenant une
de ces résolutions subite? qui déconcertent loua lm
plans de son adversaire , il ordonne au général d'4r«
tillerie, Drouot, de rassembler sur utt seul point
qu$itr^yingts pièces d'artillerie etd'éorawr tes rangt
ennemis par un feu effroyable. Il tenait tçujottus •*
réserve et à sa disposition M pour de pareilles coupa,
. Parti llerie de la garde j en même temps U fit avancer
seifcç bataillons de la garde sur les hauteur* derrière
le village de Kaja. L'artillerie, semblable k un vtil&n
déchaîné Contre l'année, renversa tout devant eile^
des rangs entiers furent emportés, les villages firent
réduits encendre, et Ton fut obligé dçles abandonna»
Dans le même moment les Russes furent yivem^nt
pressé* sûr leur flanc droit par Je prinq$Eugèii#,
qui avivait, de Mark~Ran$l*dt aVep trente milW*
hommes de troupes fraîches* '
Napoléon, impatient de voir Ja figtoûpç W àkàdwf
poussait toujours en avant , protégé par le feu des
soixante à quatre-vingts canons qu'il atait au centre*
Alors enfin les Russes et les Prussiens furent" obligés
déplier, accablés d'ailleurs par la chaleur et la fatigue
de la journée; mais ils ne se retirèrent que pas à pas,
35.
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548* siptAbIE ék)<ue. *4648— 18S§;-
âéfen&nt toi* tes points qui pouvaient offrir quelque
résistance, jusqu'à la auit.
Une profonde obscurité enveloppait déjà le san-
glant champ de batailla ; on n'apercevait plus que
k lumière des canons qu on tirait encore par Inter-
valle , et les flapimes qui soulevaient sur trois points
«les villages incendiés. Napoléon se trouvait der-
rière le grand carré que formaient ses gardes; quand
tout-à-coup retentît le fracas d'une charge de cava-
lerie qui pénétra jusque dans l'intérieur. C'était Pin-
trépide Blucher qui avec neuf escadrons de cavale-
rie venait faire une dernière attaque pour en im-
poser à l'ennemi. Il réussit ; car les français n'o-
sèrent pas se mettre à la poursuite et passèrent toute
la nuit sous les armes, rangés en bataillons carrés.
Plus de trente mille hommes de chaque côté tués
ou blessés étaient restés sur le champ de bataille,
fendant ce temps-là les alliés, qui ne se trouvaient
plus de force contre les Français et qui espéraient
recevoir des renforts, opérèrent loar retraite sur
l'Elbe par Varna et Altenbourg pour aller prendre
une position plus forte près de Bautzen : Jes Prus-
siens passèrent l'Elbe à Meissen , les Rusans à Dresde,
et l'empereur Alexandre et le roi de Prusse quittè-
rent cette ville le 8 mai au matin.
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* " -
Braille de Bantzen ou de Wurschen. 20 et 21 mai 1815. * *•
Lfc même. Jour, 8 ?n»,"19&pt>îéon marcfia sxtt
Dresde et dépécha en même temps un envoyé a*
roi de Saxe à Prague, pturexiger de lui'cp'il rentrai
dans sa capitale q| le mepacer de traiter la Saxe
comme un pajrs, conquis , s'il s*y refusait, si Tergau
ne lui était livrée et si toutes ses troupes ne Tenaient
se joindre à «on armée. Le roi n avait d'ailleurs que
deux heures pour réfléchir. Alors la crainte des me-*
nàces deVempereur quî occupait àéjà la plus grande
partie Kàe «es £taj^, l'emporta sur toute autre
considération. Le roi n'osant* plus faire une alliance
w avec 1'AutrkJpe, comme 41 le désirait, se rendit <à
Dresde , le 12 mai. Napoléon fit ittie entrée magni-
fique, et quartd il arriva aqx portes de la ville, où
le conseil municipal l'attendait, il leur dit en mon-
trant le roi qui marchait à côté de lui : « Voilà
votre sauveur ; car si votre roi ne s'était pas montré
allié fidèle, j'aurais traité la Saxe comme une con-
quête; désormais mes anAées ne feront que là tra-
verser et la protégeront conlre tous ses jennemis. »
La veille, le 11, l'armée française avait passé
l'Elbe sur un pont qu'on avait rétabli à la hâte. Pen-
dant sept heures Napoléon s'y tint assis sur un banO
et fit défiler devant lui toute son armée, Français,
Italiens et même Allemands ; c'était pour lui le specta-
cle le plus agréable. Il voulait attaque* une deuxième
fois l'armée des alliés qui occupait un#fôrte position
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*M teFTito* ***** J64g~-1858.
à Baetzen etHocbKrch. Alors il fit partir le maréchal
Ney et le général Laurisfem de Boyer*weE£e pour
tourner l'ennemi par le flâne droit/ Celui-ci qui
4an aperçut détteha quelques bataillons «dos les
#rdre» dTorb et de Barklai de Tolly > qui s'avan*
tèrvot jWqj^k Kœnigswerthef Ils surprirent une di*
fjfikm italienne | la mire** en fujte et s'emparèrent
4* leurs canon* et de leurs provisions de guerre.
Mai*» eemme le reste de l'année arrivait, n'étant plut
«I force* Us forent obligés de se replier sur le corps
«Tannée principal.
Le jour suivant) 20 mai , Napoléon passa* la Sprée
après un sanglant combat sur Jes montagnes de^fcwrg
et pris de Bautzenoù tl perdit Jraaicoup dtfteontte,
et tes alliés se retirèrent fur leur quartier principal}
Gteine, Kieckwfez et jusqu'aux montagnes. Les
fo^es formaient les deux ailes et les Pfussiens étaient
an centre conduits par Bluoher. Bien que le monvo
W0n| de Ney leur eut fait perdre l'avantage de ta*
pétition» Us ne voulurent cependant pas se retirer
sans combattre* Les plans de Napoléon étaient de
fyire attaquer l'aile gauche des alliés par les mare*-
chaux Oudinot et M acdonald, pour attirer de ce eèùé
tonte leur attention { tandis que le maréchal Ney
exécuterait l'ordre qu'il avait d'envelopper l'aile
droite* Le 21 mai* il était à cheval de grand matin,
ayant le leyer du spkil t et il fit donner le signal
de la bataille par l'attaque de l'aile gauche des Russes
cQmtiagdas py Je prince de Wurtenribsrg et logé-*
mvil MAllora^wjlscl?» On cpmbattit aveciofaalenr!
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le feu de l'artillerie et de la mousqueterie fut très vif
auprès d'une petite montagne boueuse, d'où 1m
Ru8ses# qui étaient maîtresse hauteurs fort avanta-
geuses, ne purent être débusqués. Ce ne fut que feu?
le midi qu'eut lieu l'attaque principale ; pefrce que
Napoléon attendait que le maréchal Ney «ut pris
lb position qu'il lui avait indiquée. Celui-ci s'était an
effet porté en avant avee le plus grand courage % Mvait
refoulé le général russe Barklai de Tolly et conquis h|
hauteur du moulin de Gleinaetle village de PreitiU.Le
moment était critique, car Preititz était presque au dos
•de l'anbée des alliés ; mais Blucher se hâta d'envoyer
le général Kleist au secobrs et le village fut repris.
Alors Napoléon s'aperçut qu'il ne suffisait pas d'at-
taquer de pareils hommes par le point le plus faible ;
il fallut faire avancer au éecoursd* nouvelles enton-
nes de troupe* qu'il avait tenues juaque là eu réserve.
A leur tête il plaça son meilleur génépi, le mué*
ehal Soult, qu'il avait fait venir d'ffcpagJM» ; et teodi*
que les Prussiens avaient dégarni leur ceatirç pour
attaquer le viUag* , So»U s* précipita syc eqp &
accula leur infeetene au# lte Uautçur* de KraclwiiSj
qui étaient le point principal de leurs pppitktiis» Eu
mène témpi Napoléon, comm§6 Lut^eft, fi* arriver
un grand nombre de bouché» d'artillerie *uv un même
point, qui firent un feu terrible, Il y eut beaucoup
de sang répandu au pied de ces hauteurs; enfin les
Français les emportèrent à la baïonnette. Alors les
généraux des alliés furent obligés de songer à la re-
traite ; et elle se fit dans le plus bel ordre , à trois
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tftft sBPTikira époque, 4946*— 1 858.
heures après midi , sans perdre ni drapeaux, ni ca-
nons et très peu de prisonniers ; car les Français ne
purent même pas se mettre à leur poursuite (*). Na-
poléon était dans le moment sur une hauteur prés
de Niecferkuyna, monté sur un tambour de ses garde»
pour observer les mouvements; aussitôt il se hâta de
porter ses troupes en avant ; mais la cavalefie légère
des Russes et des Prussiens qui couvrait la retraite,
fit la plus belle contenance , et il lui fallut se con-
tenter d'être maître du champ de bataille.
Suspension d'armes, depuis le 4 juin jusqu'au 17 août. v
L'armée des alliés se retira en Silésie et Napoléon
se mit à sa poursuite avec chaleur, liais toutes les
fois que les Français s'approchaient un peu trop ; ils
avaient à soutenir un combat sanglant contre l'ar-
rière-garde. Napoléon, mécontent de ce que ses gé-
néraux ne faisaient que si peu dt capturés sur une
armée en retraite , voulut se charger lui-même de la
poursuite et attaqua Farrière-garde , le 32 mai au
soir, à Beichenbach. Mais sa cavalerie fut prompte-
ment repoussée et un boulet vint écraser à côté de
lui les généraux Kirgener, Labruyère elle maréchal
(*) Comme à Lutzen , faute de cavalerie ; il est à remarquer que dans
cette campagne et les suivantes les Français eurent beaucoup à souffrir du
défaut de cette espèce d'armes* N. T.
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* «rt&A&HK bi 1815. £68
Dùroc , spii plus intime ami. Napoléon sentit d'aBJ-
fent plus vivement c§tte perte qu'il avait eu pett
d'amis Ans sa vie; c'était peut»étre le seul: qui put
lui parler librement , parce qu'il avait été son catnft*
rade d'enfance.
Le 26 mai, Blucher donna ordre à Ziethen d'at-
tendre les Français avec sa cavalerie auprès de Hay-
nau; et au signal donné , quand le feu parut au mou-
lin de Tteudmannsdorf, il sortit de derrière ses
hauteurs à la tête de trois mille hommes, enfonça
les carrés français en poussant de grands hourras, les
dissipa et fit trois cents prisonniers. Mais Dolfe, qui
commandait cette attaque, succomba glorieusement
au milieu des ennemis. -
Napoléon vit bien que l'ennemi n'était point en-
core accablé ; il demanda une suspension d'armes ,
et comme les alliés y étaient assez disposés, elle fut
signée le 8 juin, pour six semaines. Les Français
abandonnèrent Breslau qu'ils étaient sur le point de
prendre, et ne retinrent qu'une partie de lalïilésie;
jnais ils possédaient Hambourg, qu'ils durent à de
fâcheuses circonstances.
Dés le commencement de mai, lorsque Napoléon
entra en campagne, le maréchal Davoust était parti
avee quatorze mille hommes pour faire le siège de
Hambourg, qui n'avait qu'une faible garnison com-
mandée par le général Teltenbourg. Qq^lque enthou-
siasmés que fussent les habitants pour la liberté, ill
avaient besoin cependant d'nne plus forte garnison;
ils avaient compté sur l'assistance des Danois qui se
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tenaient à Àltonar«ét même sur celle de? Suédofe,
qae leur prince héritier était rassemblés en Potn*
renie et dans le Mfecklehftourg. Mais Uè Suédois
ambitionnaient la Norwège t- et en «raient même
obtenu la possession de r Angleterre et dé la Russie
peur prit de leurs eervioee 5 alors les Danois, ne
voulant pas perdre la moitié dé leur territoire *
passèrent du côté dès Français et leur livrèrent la
▼Ule, IedO mai* le jour même qu'ils y étaient entré**
Napoléon, irrité par sa longue résistante, exige*
d'elle une très forte contribution»
; Cependant il y eut de part et d aetre quelques
démarches pour la paix, un congrès fut ntéme rea-»
semblé à Prague, et F empereur François fut agréé
oasnme médiateur par les trois puiseamw bellfgé-
ratttea; mais Napoléon ne voulait rien abandonner
de sas conquêtes. Ainsi, bien que larrowtice eut été
prolongé jusqu'au 17 août, il n'y eut au je un résultat
peur la paix ; mais des deux côtés on faisait de grande
préparatifs et Ton rassemblait de nouvelles troupes,
Napoléon attendait impatiemment) à Dr*)*de»l%
déclaration de l'Autriche; ear il espérait toujours»
yar sep menées, Tempéeher <& se prononcer contre
*iai$ mais elle était gagnée par l'envoyé secret de*
«Uié?, le général Seliarnhorst, quirsous prétexte de
faire soigner une grave blessure qu'il avait reçue à
Lutten, étaiWenu se fixer à Prague. Ce brave gueiv
tifer* ausea habile politique que général f remplit
Jteureusement sa mission et mourut avant la reprise
des hostilités, Enfin , le 15 août, lVnvoyti français
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on**»» tm 1815» VSi
au congrès, le oonite de Narbonne, arriva dé Prague}
et comme le moment était important* Napoléon
voulut l'entretenir aussitôt avec son ministre Maret*
Us se promenaient tous trois à grands pas sur h
gazon, dans le jardin du palais M arkolini où résidait
l'empereur; de temps en temps ils s'arrêtaient et
semblaient réfléchir sérieusement , puis ils repre-
naient tout d'un coup lepr marché. Napoléon rftait tm
milieu des deux autres, les mains croisé» derrière la
dos; toute sa suite les observait 4$ loin et tenait aéa
yeux fixés avec eflrof sur son souverain, dont ki
lèvres allaient prononcer sur le àeot de tant demiW
liers d'homme^. Tout d'uft coup Napoléon s'arrêta©*
fit un mouvement ayeç la main qui montrait quU
rejetait toutes les propositions de pais» La guerre î
cria-l-on de tous côtés, et c$ bruit se répandit dd
bouche en bouche. Napolépn, les yeux encore Itiii*
eelants* traversa la salje des maréchaux, moeW en
voiture et partit pour la Silésie , par Bautzea et
Gœrlitz. *• 5
Reprise des hostilités.
Les alliés avaient recruté tant de moudç pçQçUi?4
l'armistice, qu'ils étaient devenus supérieurs aux
Français; car les Autrichiens, en se réunissant à eu*,
leur avaient donné tout d'un coup deux cent piUta
hommes. Mais comme cette grande multitude se
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t*6 SEPTIÈME époqbb. 4648—1858.
trouva placée de différents côtes , ils furent obligés de
0e tenir sur un grand cercle pour marcher contre
lesFrançais^ tandis que Napoléon, qui se tenait au
centre du cercle, pouvait arriver tantôt sur un point,
tantôt sur tin autre* et frapper un grand coup avec
la même troupe» Qr, voici la position des armées :
4. Le prince royal de Suède, BeraacTbtte, gui
amenait aw lui vîngt-quatfe mille hommes, eut le
cbmmandement de toute l'armée du nord, et fut
chargé dé défendre Berlin et la marche de Brande-
boutg, avec cent vingt-ciftq initie hommes; car il
avait sons ses ordres, outre ses propres troupes,
les divisions prussiennes Bulow et Tauenzien; les
divisions rosses de Winzingerode et de Wallmoden.
Ce dernier général fut chargé, avec vingt-cinq mille
hommes, composés de Tusses, Anglais, Hanovriens,
Mecklenbourgeoîs , avec la légion russe- allemande et
les troupes de Lutzow , de foire tête au maréchal Da-
toufit et aux Danois, sur les frontières du Meck-
lenbourg.
2* JHucher avait le commandement de l'armée
deSilésie, forte de quatre-vingt-quinze mille hom-
mes j il avait avec lui le général York , à la tête de
la première division prussienne , et les divisions
russes commandées jtar les généraux Sachen , Lan-
gera» et Saint-Priest. Mais le premier général de son
corps d'armée était Gneisenau* qui mérita de pli»
en plus la grande réputation qu'il obtint dans
Farinée.
3. Le corps d'armée principal , en Bohême ,
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CAMFlGNK DB 1843. 5ST
compose en grande partie d'Autrichiens, mais ren-
forcé d'une division prussienne commandée par
Kleist, d'une division russe commandée par Witgens-
tein, et de la garde russe conduite par le grqnd
prince Constantin, était sous les ordres du feld-
maréchal Autrichien, le prince deSchwartzenberg,
qui, a uq grand courage et une grande expérience,
ajoutait encore tout le calme, toute la souplesse de
caractère nécessaire pour commandera une armée
dp différents peuples ; elle était forte de deux cent
tt ente mille hommes.
Cette position et le partage des alliés en trois ar-
mées , entraient dans un plan de campagne extrême-
ment habile ; car quelle que fût celle que Napoléon
voulût attaquer, il avait toujours les deux feutres sur
les flancs. Quand il quitta J)resde et la Lusace avec la
plus grande partie de ses troupes pour se porter en
Silésie, Blucker se retira, voulant sans doute l'at-
tirer jusqu'à l'Oder; mais pendant ce temps-là, la
grande armée des alliés s avança sur ses derrières
far le chemin de Dresde; quand il tourna à droite,
pour entrer en Bohême , Blucher alors se porta en
avant , le poursuivit dans les passages de# montagnes
de Bohême , et mit Napoléon entre dmtx feux. En*
fin quand il transporta ses forces sur la gauche
contre les Suédois , le prince royal ae replia, cemme
avait (kit l'armée de Silésie, lui abandonnant à la
vérité Berlin pour un moment; mais pendant ce
temps-là , la grande armée de Bohême prifr Dresde et
Leipeig, et toutes les provisions des Français en Saxe,
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sBPTiàMi itfoQ&ft. 4643*— 4838.
AtapoUon noyait pas imagina que les alliés pour-
i**fpt avoir un plan si beau , et surtout l^xécutttr
av#c tant de calme. Il comptait au contraire beau-
coup sur les circonstances et surtout sur tes fautes
de ses adversaires; et aes généraux partageaient ses
idfot» Pleins d'une oonfiance aveugle dans la certi-
tude-et l'activité du coup d'oeil de l'empeieur, ils
disaient à chaque instant r s L'ennemi fera «tes fautes,
mjm toifaberons sur lui et nous l'écraserons. »
Cependant les plus sages d'entre eux avaient Au»
très opinions , et ils conseillèrent avec instance à
l'empereur d'abandonner sa position sur l'Elbe, qui
était trçp fortement menacée à droite da côté de
U Jk&4roe. Le maréchal Oudinot lui écrivait eft»
teç auMrtft ffeows : « que s'il retirait toutes scb gprnisons
4fP places fortes pour les réunir à son armée , #41
su repliait ejpndte sur le Rhin et mettant fte troupes
le* pli** fatigué^ dww de bons Cantonnements, don*
DUnt «p autres 4e» positions conformes à ses plans*
afcri U pourrait toujours -dicter des conditions <fo
pote ay« alliés. * Mais ui> pareil langage, quoiqtw
cglut 4e la raison et 4* la modération , parut ihh folie
£t wt homme puissant qui se croyait tant âi>deasus
• des autjtgt; et son orgueilleuse opiniâtreté entrait
4af* les plan? 46 lft Providence pour notte détt-
YiaBC*, *
Pour pe pas perdre F offensive , il voulut tomber
avec toutes ses forces sur l'armée de Silésie et la
battre , aiftgi réparée des autres; et afin que Tarpoiée
autrichienne ne pût pondant ce temps-là venir de
. Digitizedby VjOOQlC
IfoMmfl î«qi**éter ses 4^rière*> U HV^it plafié W
m%r<folml Gouvicro-Sain^Çyr avec quaM&to hm)1§
UOTORies k Gie^hubel, à l'eatréa 4*s passages de*
montagne*^ eu n&rae tempa le maréchal QadMMt
devait marcW aur Berlin avec quatr^vi^* miOt-
hotsmes. Si son plan avait pu réns$i?» le *mèa
tftait infaillible; mai* l'habile et vieu* général qui
commandait enSilésie était w aesgardes , çtqu*n4
Us aperçut, après plusieurs eombatedu 18 au 83 août ,
qu'il avait en tête les priuoipalea force* dea Fraii*
faia (cfétait dans les environ* de Lœwmberç, anr
leBober),il refusa la bataille, et conformément M
plan tracé d'avance, il «retira sur Jauer. Napolén*
qui j pendant ce tempe-là, reçut la nouvelle que TwM
mée de Schwarzenberg s'avançait sur Dretde f ne pnl
lé poursuivre, et il reprit la route de Dresd* à mam
ebtq foncées avec la garde et le sixièAe eorpa d'artoéa,
kââaoût.
. Le même jcwt le prisée royal de &*4d« «Iteq9*&
les Français à Gross-Bœren , et les arrêtait dans leur
marche sur Berlin. Déjà ils n'étaient plus qu'à deux
'milles de la ville, déjà Napoléon avait annoncé pu-'
bliquemènt qu'Oudinot serait à Berlin le 23 août.
Le général Régnier avait reçu Tordre d'Oudinpt,le23,
de prendre la route de Gross-Beerenj la route de
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BOO] septième époque. 4648— 4838.*
Berlin étaitouverte et il espérait y entrer en triomphe
le lendemain matin. Malheureusement, la nuit devait
non seulement tromper de si belles espérances ,mais
jeter l'armée dans un grand dangbr. TouÇrà-eoup,le
sôîr, ayant qu'ils se missent en route , pendant une
grosse averse, l'ennemi vint tomber sur eux avec
foreur; les Français ne purent résister , ils s'enfuirent
en désordre du village et entraînèrent tous les autres
dans leur fuite , laissant leurs bagages dans les bois ,
dans les marais , dans les landes; la nuit les y surprit
et les protégea. D'un autre coté, 1 attaque du g&éral
Bertrandsur l'extrême aile gauche avait été repoussée.
dès le matin; alors le général français qui vit que
F»nnemi était trop fort, n'osa s'engager dans une
bataille générale et se retira sur l'Elbe en toute bâte.
Berlin, qui était dans la plus terrible attente, reten-
tit alors des cris" de joie et des milliers de eitojens
sortirent de la ville pour venir au-devant de ses li-
bérateurs et emporter les blessés. Apeu près dans le
même temps ; le 27 août, le général français Gérard
qui était sorti avec* une partie de la garnison de
Magdebourg, reçut aussi lui unécheçprèsdeLubnitz
etHagelsberg, et fut obligé de rentrer dans la place
après avoir perdu un tiers de ses soldats. . / -
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CÀMPÀGHE DE 481?. 864
*
Bataille de la Katzbach. 26 août.
Napoléon , en partant pour Dresde, avait laisse
en Sikésie le maréchal Macdonald pour faire tête
aux Prussiens -et aux Russes. Mais, dès que ceux-ci
s'aperçurent du départ de l'empereur, ils reprirent
courage et attendirent l'ennemi sur les hauteurs de
la rive gauche de la Katzbach. L'attaque eut lieu le
26 août , *ers deux heures , entre Brechtelshof et
Groitsch. La pluie tombait à plein temps , les che-
mins étaient défoncés et toutes les rivières et les
ruisseaux étaient débordés et changés en torrents qui
roulaient avec fracas dans les montagnes^ tout le
ciel était dans la plus sombre obscurité. Une partie
de l'armée française , qui s'engagea dans les passages^
des montagnes surja rive gauche de la Katzbach, ne
pouvant être soutenue , fut forcée de se retirer en
désordre ; mais dans leur retraite sur Lœwenberg
ayant trouvé la rivière gonflée , le pont emporté, ils
furent, atteinte et fort maltraités par la cavalerie. On
fit beaucoup de prisonniers j les canons , les bagages
qui n'avaient pu être emmenés furent la p*oie du
vainqueur. Bien plus, le détachemgnt de Puthod
qui avait été envoyé pouf prendre les Russes et les
Prussierçs en flanc , n'ayant pu trouver un passage à
Lœwenberg f fut tout entier taillé en pièces ou fait
prisonnier. Toute cette armée de Macdonald firt
alors dispersée et dans le plus grand désof dre , et on
la poursuivit sans relâche jusqu'à ce quelle eût éva-
eue toute la Silésie.
t. ». 36
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*6* septième îtpoQtE. 1648—4838.
Bataille de Dresde. 26 et 27 août.
Le jour même de la bataille de la K.atzbaeh et le
jdtrr suivant, les deux armées principales combat-
tirent aussi avec opiniâtreté devant Dresde; mais ce
n'était pas encore une affaire décisive. Le prince de
£chwartzenberg et les trois souverains alliés , apr&t
avoir forcé les montagnes qui séparent la Saxe de
lu Bohême avec la grande armée et classe les
Français de leur position k Giesshubel, étaiènlarrités
devant Dresde le 25 août. La ville avait été Torti-
llée et pourvue d'une bonne garnison pendant l'ar-
ntistice ; cependant elle eût peut-être été emportée,
si l'attaque avait pu se faîte un jour plus tôt. Les
chemins de traverse dans les montagnes étaient si
impraticables , qu'il fallait souvent mettre plus de
vingt chevaux pour traîner un seul canon et que
les gooreis *« pouvaient suivre pour entretenir
Cette armée de cent mille hommes, fees troupes eu-
rent donc extrêmement à souffrir de la disette. Oh
se put arriver avant le 25 au soir, et le 26 à 0
heures du matin Napoléon entrait dans Dresde) une
ptortie de son armée le suivait et passait déjà sur le
p»at de l'Elbe. Son apparition était tout-à-fait inat-
tendue v on le croyait encos* au fond de la Silésie.
il s'entretint un moment avec le roi de Saxe et ré-
gla tout pour la défense. Déjà le grand jardin était
occupé par les chasseurs prussiens qui faisaient feu
à travers les bois et blessèrent un page auprès de
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M. l/attaque principale eut lieu, sui1 lés quatre
heure* de raprès-ttndi ; lés alliés èdcupaîént tôtite»ft*
hëuteurs de la rive gauche de t'Ëlbe à une Béucf de
distancé dé la ville. Sur «h Signal donné par tfôfe*
étfïips (Je ôanott , ilâ se paftagèfi&nt en Si * point»
d'attaque aveé chactln cinquante éahùna, dë^èfîidK
tëtA des hauteurs au pas de chargé et vinrent $e rassem-
bler dans la plaine. Alors commença un fëii terrible
cd&iré leS retranchements français , lundis que Tiri^
fttùterie tentait une escalade. Quelques bataillons
autrichiens emportèrent un retranchement ^teti hnît
èàtïùnà i et pénétrèrent jusqu'aux tflUrS dé la tfflé ?
fflftîs ils étaient en trop petit nombre pour garder
fcette position > d'autant plus que Napoléon fit fiùfe»
Htèî Sortir de ht c&valerié et dé l'infanterie au se-
cours de sa batterie par plusieurs portée à la fois.
Des deux côtés on combattit àvéé le pins grand cou-
lage sous les tours de là tille* dé Sorte q«e lé*
boulets, les obus, les grenades tombaient tnêthê
afôutent dans l'intérieur, et ils y tuèrent plusieurs èi-
toyeas* Cependant l'armée de$ alliée, tyà avait ft
éotebattre de* troupes bien ref ranehéj&s, ne peut §a
venir à ses fins , et fut obligée de reprendre se* posi-
tion» sûr lé» hauteurs ; la nuit mit fin au combat.
Toute te trait , Napoléon fit arriver à Dresde de
twravelles troupes qui passaient l'Elbe , et le tende*
non matin à sept heures elles étaient placées en
«Vaât de» retranchements. Il voulait forcer la
gfcande armée des alliés à s'éloigner de sa principale
gftaeff d'arme» et à repasser les rnooèègn»» de Btf*
36.
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564 septième tfOQpé. 4648—1888.'
Wme. L'élite de ses troupes était réunie autour de
lui , et même sa garde devait prendre part à Fac-
tion , quoique habituellement il ne l'engageât que
dans le moment décisif. Son but e*tait d'occuper l'en-
nemi par un feu bien nourri de sa grosse artillerie
en faisant mine de vouloir se porter en avant; tan-
dis que le roi de Naples viendrait tomber sur l'aile
gauche des Autrichiens par la route de Freibergavec
une nombreuse infanterie et l'élite de la cavalerie.
Car comme l'armée française n'était pas serrée de
près par l'armée autrichienne et qu'il y avait entre
elles la vallée de Plauen, comme d'ailleurs la pluiç
tombait par torrent, les Français réussirent en effet
à cacher leur dessein et arrivèrent jusque sur l'armée
sans être aperçus. Alors la grosse cavalerie , comme
un torrent qui emporte tout, se jeta sur les batail-
lons autrichiens, la plupart de nouvelles recrues et
sans expérience , qui ne purent même se servir de
leurs armes parce qu'elles étaient tout humides. Ils
n'avaient donc plus qu'à. choisir entre la mort et la
captivité, et plus de douze mille hommes avec leur
général Mezko furent faits prisonniers et amenés à
Dresde.
Parmi les nombreuses victimes de cette journée
était le général Moreau , qui venait d'arriver d'Amé-
rique , où il avait été exilé par Napoléon , et avait
apporté à l'empereur Alexandre toute son expérience
dans la guerre pour l'aider à la délivrance de l'Aile*
magne et de l'Europe. 11 fut tué le lendemain 4e
son arrivée eu quartier-général, à quelques pas de
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G^MPÂGNS DE 18ltî. 565
l'empereur, par un boulet de canon qui lui emporta
les deux jambes. Il supporta les opérations des chi-
rurgiens qui lui amputèrent les deux jambes avec
tout le sang-froid d'un guerrier qui méprise la
mort ; il mourut le 2 septembre à Laun en Bohême.
C'était un homme juste et sévère, qui aimait la
liberté de toute là force de son âme et a^ait mé-
rité de devenir le' libérateur de l'Europe. Mais il
semble que la-Providence voulût nous l'enlever dès
la première campagne , afin que nous sussions bien
que sans les secours de l'art et la sagesse d'un étran-
ger nous pouvions trouver dans l'ardeur et la fer-
meté de notre confiance en Dieu le courage et les
moyens de terminer cette guerre.
La disette où était l'armée faute de convois et
Téchec qu'avait essuyé l'aile gauche , décidèrent les
alliés k se retirer en Bohême , d'autant plus qu'ayant
déjà la grande route de Freiberg coupée par l'armée du
roi de Naples, ils apprirent que le général Yandamme
arrivait en toute hâte avec une armée d'élite par
Pirna pour leur couper aussi la deuxième grande
route. Le dessein de Napoléon était d'anéantir cette
grande armée des alliés , en la forçant de s'engager
dans de mauvais chemins , des montagnes déserts
et remplies de fondrières , où elle aurait été réduite à
mourir de faim et de misère , ou à se rendre prison-
nière; et en effet elle fut en grand danger, mais
bientôt ses plans tournèrent à sa perle.
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566 «BPTikM ÉP^Qim. 1648— 1£58^
* r
Combat de Culn. 90 et 50 août.
La présomption , l'ambition et surtout l'espérance
d'obtenir le bâton de maréchal par un actiop d'éclat
poussaient le général Vandamme témérairement eii
avant ; il pensa cependant faire éprouver un grantf
échec à Tannée, Mais le 29 août, lorsqu'il atteignit la
carde russe commandée par le général Qstçrnienu
à Ventrée de la vallée de Toeplitz^ il trouva un?
résistance insurmontable; On combattît toute la
journée , et bien que les Jlusse» fussent inférieurs eu
nombre et qu'ils eussent perdu la moitié de leur
monde dans l'espace de quelques heures, bien que
leur brave commandant eût lui-même le bras em-
porté par un boulet de canon , ils ne lâchèrent le
terrain que pas h pas et sans se débander» Ce fut unp
journée glorieusepour la gardç russe. Enfin le régi-
ment de dragons autrichien» de l'archiduç Charles
M joignit è eux et après" les derniers efforts ils
réussirent à arrêter Vandamme. Cependant il avait
toujours une position fort dangereuse pour Vannée
des alliés, et il fallait l'en déloger coûte que coûte*
Le 30 , il fut donc attaqué de nouveau par les
Busses et deux divisions autrichiennes; c'était le
premier jour que le soleil paraissait après huit jours
d'une pluie continuelle. Vandamme s'était posté
lort avantageusement sur les hauteurs de Culm et
d'Àrbesau et ne voulait pas abandonner sa position.
Il avait son aile droite défendue par une montagne
à pic , celle de Geiersberg; et par la route de Nollen-
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dorf qui traversait la moqtagne , il attendait le se-
cours de Marmont, Saint- Gyr et Mortier qui étaient
aussi à la poursuite des alliés et à la distance de
quelques heures seulement. Bientôt les rochers, le*
cavçrnes et les précipices retentissent du terrible
fracas du combat qui est encore mille fois grossi
par les échos. Yandamme fut inébranlable jusqu'à
midi , quelques efforts qu'on fît. Mais tout d'un coup
il aperçoit derrière lui, dans les hauteurs et les fo-
rêts d'où il attendait le secours, les bataillons prus-
siens conduits par Kleist qui descendent sur lui; ilp
étaient parvenus par une marche oblique aussi heu-
reuse que hardie à travers les montagnes jusqu'au
village de Nollendorf et se trouvaient en dos de
l'ennemi. Leur vue fut comme un coup de foudre
pour les Français , il n'y avait plus à songer à la vio-
toire, mais seulement à leur salut, et aussitôt ils se
jettent en désespérés sur les Prussiens avant qu'ils
aient eu le temps de se ranger en bataille. C'est ainsi
qu'une partie de la cavalerie se fraya un passage et
s'échappa. Mais les Prussiens fermèrent leurs rangs
et remplirent les vides f d'ailleurs les Autrichiens et
les Russes avançaient de leur coté et resserrèrent
Yandamme entre trois feux. 11 n'échappa que ceux
qui se débandèrent et se sauvèrent à travers les mon-
tagnes. Huit à dix mille hommes avec les généraux
Yandamme et Haxo furent faits prisonniers r et
toutes les munitions, quatre-vingtTun canons, un
grand nombre de chariots, des aigles, des drapeaux
tombèrent entre lps mains des vainqueurs.
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868 SEPTIÈME ÉPOQUE. 1648—1858.
Napoléon fut fort mécontent de cet échec , et tout
en louant le courage de son général il blâma sa
témérité, en disant à #e sujet: «Quand l'ennemi
s'enfuit, il faut lui faire un pont d'or ou lui opposer
une barrière de fer; or Vandamme n'était pas assez
fort. » *
Pendant que les trois' souverains de - Test de
l'Europe assistaient, pour ainsi dire , aux succès de
leurs armées, arrivèrent des courriers qui leur an-
noncèrent les victoires de Gross-Beeren et de la
Katzbach ; de même aussi en Espagne le maréchal
Wellington avait remporté une grande victoire près
de Vittoria et plusieurs autres avantages. Alors ils
ordonnèrent une fête solennelle à Tœplitz pour le
3 septembre, afin de remercier Dieu du secours qu'il
leur avait prêté.
Bataille de Dennewitz, le 6 septembre.
Napoléon voulant compenser les pertes qu'il avait
souffertes par de plus grands avantages sur un autre
point, avait appelé son plus brave général, le maré-
chal Nej, qu'il avait fait prince de laMoskwa, pour
lui donner le commandement de l'armée qui devait
conquérir Berlin , à la place d'Oudinot. Le prince
royal de Suède sut adroitement l'attirer dans le
piège ; il fit semblant de vouloir détacher le général
Wallmoden avec vingt-cinq mille hommes pour
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OâMPÀGite ue 4813. •* 569
marcher contre Davoust7 et fit, pour cela des pré-
paratifs extrêmement secrets en apparence, sachant
bien qu&les espions ne manqueraient pas d'en aver-
tir Napoléon. En effet Ney reçut aussitôt Tordre de
quitter l'Elbe avec ses quatre-vingt mille hommes
et d'attaquer partout où il rencontrerait Pennemi;
parce qu'on croyait déjà les vingt-cinq mille hommes
en marche sur le Mecklenbourg. Lemaréchal réussit
cependant à tromper le prince royal sur ses véritables
intentions par des marches obliques; et le 6 sep-
tembre , il tomba tout à coup avec toutes ses forces sur
les Prussiens , commandés par Bulow et Tauenzien â
à Dennewitzprès Juterbogk. Ce^fut une journée ter-
rible pour les Prussiens, qui n'avaient que quarante
mille hommes et eurept à soutenir les plus vigou-
reuses attaques des ennemis pendant toute la jour-
née , jusqu'à ce que les Russes et les Suédois arri-
vassent. Les généraux français firent les plus grands
efforts pour décider la victoire en leur faveur; le
maréchal Ney s'exposa tellement au feu que la
moitié de sa suite fut tuée à ses côtés; Oudinot lui-
même attaqua le corps de Tauenzien à la tête de ses
troupes, et Régnier resta long-temps à combattre
au milieu même des bataillons ennemis, comme s'il
eût cherché la mort. Mais le courage des Prussiens fut
inébranlable , bien qu'ils eussent perdu le tiers de
leurs combattants ; et le soir, quand les cinquante
bataillons suédois et russes avec six mille hoairofeg
de cavalerie et cent vingt pièces d'artillerie se mon-
trèrent^ dès les premières charges de cavalerie et lès
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670 MPTifctfi tvotys* i648— 1858.
premières salves de l'artillerie légère, les Français
prirent aussitôt la fuite ; mais la cavalerie/ qui se mit
à leur poursuite , ne leur laissa point dç relâche.
Us perdirent un grand nombre de soldats, quatre-
vingts estions et toute espèce de trophées, depuis le
jour de k bataille jusqu'à leur arrivée sur l'Elbe.
Après des revers si multipliés dans ses généraux,
Napoléon n'avait plus de plans d'attaque à faire, et
s'il ayait pu entendre la voix de la raison, et de la
modération, il aurait aussitôt compris qu'il ne pou-
vait défendre plus long-temps la Saxe. Mais la pré-
somption , la colère , le désir de la vengeance qui
remplissaient son coeur, obscurcissaient son esprit;
et semblable à un joueur, qui dans son désespoir
met toute sa fortune sur un coup de dé, Napoléon
voulut tout perdre pu tout gagner et ne pa^ quitter
la place.
Tout le mois de septembre fut donc passé en allées
et venues de Dresde en Lusace , ou vers les mon-
tagnes de Bohême, soit pour frapper un grand coup
*ur l'armée de Silésie, soit pour contenir la grande
armée derrière les montagnes. Mais parlout les alliés
se gardaient bien de combattre dans un lieu désa-
vantageux , et ils s'arrêtaient toujours en telles po-
sitions que Napoléon n'osait les forcer j cependant
toutes ces évolutions fatiguaient? aigrissaient, acca-
blaient ses troupes.
Ainsi, quand le û septembre il se mit en marche
sur Bautzen contre Blucher, celui-ci se hâta de re-
passer la Neiss, et Napoléon fut obligé de revenir
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OMnawB pê M15« Vf t
sur Dr e*d<^ parce que déj à Wittgenstein s'était avaiw^
jusqu'à Pirna. A l'arrivée de Napoléon, les troupes
sorties de la Bohême si retirent lentement Ver» les
montagnes, et quand il les atteignit le 12 cent cin-
quante mille hommes l'attendaient dans une forte po-
sition à Culm. Alors il revint, et le 13 il était à Dresde.
Ensuite on crut qu'il allait marcher encore unefojs
contre Blueher qui menaçait l'Elbe de plus en plus*
. Mais le 15 il repartit pour la Bohême, et dans sa mau-
vaise humeur, voulant se faire un passage pour aller*
Tœplitz, il attaqua les alliés dans une étroite vallée,
près de Nollendojtf. Ainsi ces montagnes retentirent
encore une fois des fracas de l'artillerie; mais Na-
poléon ne put forcer le passage, et le général autrichien
Kolloredo lui prit même quelques canons et quel-
ques prisonniers. — • De. là il se porta sur Blucher
qui prit une forte position sur la Sprée, et le 23 Na-
poléon rentrait à Dresde.
C'était un jeu ?ans résultat qu'il faisait et fort dé-
. ^avantageux popr lui ; de plus, la disette se faisait
sentir tous les jours plus vivement. Il était presque en-
fermé de tous côtés; il ne lui restait plus qu'une Qfcroite
lisière pour ses communications par Leipzig avec la
France. Encore était-elle souvent inquiétée par des
chefs de partisans : c'était le général autrichien
Mensdorf, qui plus d'une fois tint aux portes de
Leipzig ; le général Thfelman qui avait quitté le ser-
vice de Saxe et avait consacré son brasvà la cause des
Allemands; c'était Czérniohèff, avec ses Co-
saques, qui pénétra jusqu'à Gassel , chassa la reiee
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572 septième époque. 4648—1838.
de Westphalie de sa capitale et revint chargé de
butin.
. Ainsi la route n'était pas s&re et Napoléon ne pou-
vait envoyer de courriers ni en recevoir. Voulant
cependant assurer ses communications, il donna
Tordre au gênerai Lcfebvre-Desnouettes d'àileravec
huit mille hommes d'infanterie et la cavalerie de la
garde chasser toutes ces bandes insolentes. Mais il
fat battu à Zeitz, le 28 septembre, par les généraux
Hettman, Platow et Thielman , et il n'osa plus en-
suite se montrer en face avec. eux.
Combat de Wartenbourg, le 5 octobre.
Quelque glorieux que fussent ces événements pour
.les armes allemandes , et quelques pertes qu'ils cau-
sassent insensiblement à l'armée française, ils n'é-
taient cependant pas assez décisifs ; «t lamalheureuse
Saxe avait horriblement à souffrir de la présence de
si gitndes armées.
Blucher, qui portait encore malgré son ^ge toute
la fougue de la jeunesse, ne pouvait souffrir une si
longue incertitude, et il çésolut d'aller donner la
main à l'armée du nord, qui avait déjà jeté un pont
à Dessau et fait plusieurs tentatives. Tout d'un coup
par une contte-marche rapide aussi téméraire qu'inat-
tendue , il arriva à Jesseti sur l'Elbe pendant çu'on
le croyait à Baulzen; et tandis que la musique arou-
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* campIgîie de 4813. *ra:
sait l'ennemi dans son camp , il jetait deux poyts
sur l'Elbe pendant la nuit, et le lendemain 1 armée
de Silésiese trouvait sur la riv^gauche. — L'entre-
prise «'était pasj^ans danger, d'autant plus que le
général Bertrand se trouvait dans le pays avec une
armée de vingt mille hommes et dans une forte posi-
tion, à Wartenbourg. A peine eut-il le temps dé se.
ranger en bataille, ne s attendant poiqt àufie atta~.
que^ de même que les Prussiens ne croyaient paa
rencontrer une armée française si impartante. Ce-
pendant York, sans hésiter, attaqua aussitôt les
avant-postes qui étaient fortement retranchés der*
rière les chaussées de l'Elbe j le combat fut extrême*
ment sanglant , parcje que l'intervalle entreries chaus-,
sées et l'Elbe n'était qu'un marais fangeux. Cepen-
dant les Français furent obligea de céder après avoir
, perdu envirdn mitie prisonniers et treize canons; maw
les Prussiens avaient aussi extrêmement souffert et
surtout les régiments de la landvehrdeSilésie,com«<;
mandes par le général de brigade Horn, qui se dis-
tinguèrent particulièrement. York reçut plus tard du
roi le nom de York de Wartenbourg.
Blucher marcha de là sur Duben et se réunit à
l'armée du nord qui était elle-même arrivéeà Dessau
sur l'Elbe. — Dans le même morqçnt la grande ar-
mée, quittant la Bohême, laissa Napoléon sur sa
droite dans Dresde pour traverser les passages du
Ertz et arriver dans les grandes plaines de la Saxe;
Le 5 octobre, cette armée avait établi son quartier*
général à Marienberg, #
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KTt siPTiÈMi érûQfc*. 4648—4838.
fréitaiiltires de> batalllç de Leipzig.
T '
Napoléon ne pouvait pas rester plus longtemps
dus Dresde ; les grandes aimées dès confédérés me*
na^îuut de se donner là main sur ses derrières et
de lui couper le chemin delà France. Use mit donc
ea marche le *7 octobre et le roi de Saxe Paccom-'
pftgna. Il laissa dans t)resde un cot-ps d'armée de
vingt-huit mille hommes sous les ordres du mar-
ital Qotivioii*9aint*-Cyr, et cette circonstance té-
M6igM amez qu'il n'était pai tt&core décidé à qtàt~
ter l'Elbe. Sa confiance en son ancienne fortune était
ai §rand« y il avait tm tel taépri* pour ses ennemis ,
qu'il se félicitait de le* voir se réunir tous cfcn* 1»
plaine de I*ipsig$ parce qu'il pensait pouvoir ser
promener au milieu d'eux comme ta foudre, les dé*
tiettnfr, frapper & droite et à gauche, le* écraser, les
anéantir et revenir en triomphe à Dresde;
Le premier coup qtiïl voulut frapper était m»
Vàrtaùû de Siléfcie. Si Blticher Se laissait atteindre 4
il voulait l'écraser par Une grande supériorité de
fttteee; si ce général , craignant pour lui et pour
Berlin qui restait presque sans défense , se retirait
sur l'Elbe à 60n approche , alors il se jéterait sur
la .grande armée de Bohême. Mais quel fut son éton*
ttéuient quand il arriva le 10 octobre à Duben, de
ne pas trouver le général, prussien et d'apprendre
qn'ad lieu de se retirer sur l'Elbe il s'était mis der-
rière la Saal, en position de se joindre aussitôt à
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l'armée de Bohême quand elle arriverait fon* lu
environs de Leipzig! Alors il ne lui restait néri
autre chose à faire que de se retirer lui mémtf sur
Leipzig et d'y rassembler toutes ses forées* Ma0
avant que toutes ses troupes pussent se réunir il
passa quatre jours d'ennui à Duben, petite fille éê
Saxe* C'était un vrai supplice pour Napoléon que dé
m pouvoir pas oeàduire la guerre et d'être obligé
d'attendre le parti que prendraient les alliés. De
•erteque pcndanUces quatre jours on le voyait , lui
ai actif et si occupé, assis comme un désoeuvré à une
grande table f avec ube main de papier blanc m&
kqiiéfc il peignait de gros caractères de lettres , totjt
abîmé dans tes pensées.
Déjà toutes les troupes françaises étaient à Leip^
«ig, et le maréchal Àugereaa arriva le dernier, lus 12
et là octobre f venant de Naumberg aveè qtliftlfe
mille homme** de vieilles troupes i particulièrement
delà cavalerie qu'il amenait d'Espagne, sur lesquelles
jfopolëon comptait beaucoup , et il entra lui-même
* Leiptig k 1À octobre, sut le midi, La plus gtiiidfe
jtertie dfcson année était campée près de Wacban,
à une lieue et demie sud -est de la ville, et attendrit
là 1 armée principale «les alliés que conduisait le
prince deSchwartzenberg, qui ne sefit pasloûg-tempr
f&tendre* Déjà sa cavalerie était en état de faire tête
et elle fit sentir le même jour Sa présence au*
Français j près de Lkberttfolkwitz. Le rot Murât
i'était mis à la tête de six escadrons de vieiïie cava-
lerie qui venaient d'arriver dY£spagne et voulait
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576 sEPtiÈME Epoque. 4648—4838.
rappeler aux allies le souvenir de la valeur de la ca-
valerie française ; mais ils eurent affaire à une autre
troupe aussi solide. Les escadrons russes , autrichiens,
nrussiens, se précipitèrent sur eux avec tant de fu-
reur qu'ils les mirent en désordre ^ et Murât lui-
même y courut le plus grand danger d'être fait pri-
sonnier. Car un officier qui le poursuivait lui criait
déjà : Arrête! arrête! quand cet officier fut tué par
un domestique du roi.
D'après une liste qui a été prise j l'armée française
comptait encore deux cent huit mille homiftes de
trois cent cinquante mille; les autres avaient été
moissonnés dans les combats précédents. Et si l'on
retranche de ce nombre les vingt-huit mille hommes
qui avaient été laissés à Dresde, il reste cent quatre-
vingt mille hommes qui combattirent à Leipzig. Na-
poléon rangea cette armée en cercle autour de la
ville; car la bataille était inévitable. C'était encore
alors une belle et puissante armée; les plus lâches
avaient déserté dans les mois précédents ; les plus
faibles avaient été emportés par la fatigue des mar-
ches, le froid des nuits, par la pluie, le froid, le
vent, la faim et par les maladies. Ce qui testait
était l'élite , des sol4ats robustes qui ne reculaient
- devant aucuns dangers, et qui alors attaqués de toutes
parts par des ennemis en fureur, savaient bien qu'il
n'y avait de salut pour eux que dans leur valeur.
C'étaient d'ailleurs destiommessi pleins de confiance
en leur maître, qu'ils se croyaient encore sûrs de la
victoire toutes les fois qu'ils se trouvaient réunis
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CAMPAGNE DE i%\%. 577
autour de lui. Pour celui en effet qui aurait consi-
dère ce terrible mouvement de troupes, ces Tangs
agités qui dans ce jour traversaient Leipzig, chargés
d'armes brillantes, il y avait bieu plus d'une raison
de tretnbler pour la délivrance de l'Allemagne; aussi;
malheureusement, ce ne fut. que par beaucoup de
sang répandu, après avoir sacrifié là fleur de leur
jeunesse, que les vaillantes armées allemandes et
russes purent obtenir le grand but qu'elles se pro-.
posaient. * '
Napoléon chercha tous les moyens d'enflammer
encore davantage ses guerriers. Il nomma des gé-
néraux, proposades avancements, distribua des croix,
des marques d'honneur et donna dés aigles à plu-
sieurs régiments. C'était une grande fête militaire
dans tout le camp français, comme toujours la' veille
des grandes occasions. Ces guerriers ensuite s'expo-
saient aux plus grands dangers pour se rendre dignes
des distinctions qu'ils avaient reçues.
De son côté Schwarzenberg, général en chef de
l'armée dès alliés, ne négligea pas d'encourager ses
troupes en leur montrant que c'était le moment décisif
et qu'il s'agissait pour eux de ^liberté et de la déli-
vrance de leur pays. -
Bataille de Leipzig. 16 1 18 et 19 octobre.
L'armée française n'était pas si bien assiégée dans
Leipzig qu'elle ne défendît les approches à environ
t. ii. 37
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«8 sEfTifcjp *poftps. 46*8—1858.
Hue lieue et demie de tous côtés, si ce n'est que ver#
l'ouest ? sur le point de Liodenau > paroùNapoléoa
ue ^'attendait à aucune attaque sérieuse , le général
Bertrand jetait qu'à uue deçai -Lieue de la yjlle
avec le quatrième corps d'année.
Le 1 5, dans la nuit, le prince de Schwarzenberg fit
partir trois fusées blanches, afin qu'elles rassortissent
4'autaqt mieux dans l'obscurité, pour donner |e
sigrçal conyenu à l'armée de Silésie , de l'autre côté
de Leipzig; et bientôt après on en vit briller au nçird
quatre rouges pour seïyir de réponse , et alors fous les
coeurs tressaillirent de joie à cette reconnaissance.
- La matinée du 16 était extrêmement désagréable
et nébuleuse; mais, sur les neuf heures f après que
Jp signal eût été donné par trois coups 4e canon,
quand toute l'artillerie fit retenir ses tonnerres et
t>rill^r ses éclairs, alors les nuages se dissipèrent ,1e
pie! deyint serein , et toute la journée le soleil Jbrilla
sur le sanglant chamade bataille t le, feu de l'artillerie
jfta jt sj terriblç , que. , à la lettre , Ja %errç çp trewr
Hai[ j <?f qHe 4e? plu^ vieux guerriers assuraient
jju'ils avaient encpre jamais çnteundu un $i gf-
^-pyable fracas; icar Ujpavait biensix cents bouches^
feu du côté dès Français , et huit cents pu mille ffyi
côté des alliés* Dans Leipzig , qui était le point Cen-
tral deiout ce tumulte , on entendait le bruissement
des armées les unes contre les au très, et de ses tours
on voyait le feu et la fumée dé tous côtés r cepen-
dant, le premier jour, les Ij^es de bataille éujeot
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J# baille se liyraif; sur trois points prirçqjj*!!**
mais rengagement le plus sérieux était pu sud-esj
de la ville, près de Markkleeberg , W^ch^u ç$ J4a-
teitwolkwilz où combattait la grapde aro^e 4$*
allies; ensuite à l'ouest, près deLiadenau, eptre
Bertrand et le général autrichien Giujay ; et enfin t
au nord, vers Mœckern et Liendepthal , euftp
Blpcher et le maréchal Marmont; de ce côt^ cp fut
une bataille particulière qu'on appela la bataille 4e
AJœckern.
Le prince . de Schwarzenberg avait placé sur
l'extrémité de son aile gauche, de l'antre coté de la
Pleiss , le général Meprveldt qui devait attaquer en
flanc l'aile droite des Français. Là , se trouvait le
prince Ponialpwsky avec ses Polonais , qui comme
d'habitude combattirent avec le plus grand courage;
au centre étaient les Russes et les Prussiens, Comman?
dés par Wittgenstein et Glarck ; à l'aile droite les
Autrichien commandés par Klenau. Toutes ces
prmées s'avancèrent d^s le matin pour l'attaque.
. £.e général Kleist se dirigea sur la gauche vacs
|(arkilegberg , le prince de Wurtemberg pénétra
m$gue au cputpe dans \V3chsp avep les Russes et le?
prussiens, £çs Autrichiens sous Kleaau g'efnparèreqt
gijr J9,4roife'de Kolpaberg , prèsdelie^ertwolkwite.
|ou§ les rçflgsfrapçaM reculèrent donc, et Napoléon
getrquva >i F^ d*8 ?w* enuçmisavec sa garde que
plusieurs personnes de sa suite furent tuées par de?
bpulets j mais Napoléon n'était pas homme à aban-
donner la f iptoire pour un premier assaut. Au mt-
37.
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K80 septième époque. 1648—4858.
lieu de tout le tumulte de la bataille, tout en consi-
dérant de tous côtes ce qui se passait autour de lui,
il avait préparé deux redoutables colonnes' d'at-
taque à droite et à gauche de Wachau , avec l'élite
de son infanterie , de sa cavalerie et de son artille-
rie; et quand il jugea le moment favorable, sur le
midi il lança ces terribles guerriers. Cette a'ttaque,
qu'il avait lui-même préparée, faite sous ses yeux,
*fut si impétueuse que les alliés furent obligés d'a-
bandonner les villages qu'ils occupaient et de se
retirer dans les lignes d'où ils étaient partis le matin.
Les Français s'emparèrent même de plusieurs hau-
teurs de l'autre coté du village, emportèrent la
bergerie d'Auenhain , s'avancèrent jusqu!âu village
de Gulden-Gossa et conquirent sur l'extrémité de
Faile droite des alliés les hauteurs appelées les Re-
tranchements suédois, qui dominaient au loin tout
le pays; La victoire semblait, vouloir se déclarer
pour Napoléon , déjà l'aile droite et l'aile gauche
étaient presque séparées de leur centre, et à trois
"heures Napoléon envoya à Leipzig un courrier an-
noncer sa victoire au roi de Saxe et faire sphner
toutes les cloches. Ce devait être un son bien sinistre
pour les coeurs- allemands renfermés dans l'enceinte
de la ville ! mais bientôt ils purent reprendre
courage ; ca-T la canonnade ne discontinuait pas , le
bruit ne s'éloignait pas davantage et semblait même
se rapprocher en certains endroits.
Les officiers du prince de Schwarzenberg qui
reconnurent 4u clocher de. l'église deGatrtsch, d'où
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C1MPÀGNE DE 1813. 581
ils considéraient tout le champ det bataille , le vé-
ritable danger de leur armée , le peignirent au géné-
ral qui sentit que c'était un moment décisif. Il était
important de ûe laisser aucun avantage à un ennemi
contre qui toute l'Europe s'était déclarée, quand
toutes les armées étaient en. présence. Alors , il fit
avancer la réserve autrichienne sous les ordres du
prince héritier deHesse Hombourg. Les cuirassiers
d'Albert et de Lorraine, de François, de Ferdinand et
de Sommariva s'avancèrent à travers des chemins
difficiles, traversèrent la Pleiss et se jetèrent sur les
bataillons français qui s'étaient enfoncés à droite
de Wachau et les forcèrent de reculer ; et la commu-
nication de l'aile gauche avec le centre fut réta-
blie. Ainsi le brave Kleist, qui avait si vaillamment
défendu Markkleeberg contre tous les efforts des
Français , se vit alors déliré par les Autrichiens sur
les cinq heures , et il put prendre enfin un moment
de repos , après une si sanglante mêlée. De l'autre
côté, la colonne de gauche de Napoléon, avec
l'impétueux Murât, en tête, était déjà arrivée jusqu'à
Gulden-Gossa , et faisait les derniers efforts pour
s'emparer de ce village. Si en effet ils avaient pu y
réussir, l'armée des alliés était rompue et rejetée
dans les marais de la vallée de Gosel. Déjà leur ba-
taillons sont au milieu du village ; d^jà les cuirassiers
français , dans une attaque impétueuse , ont emporté
une batterie de vingt-six canons etécrasé sa garde ; ils
ne son! plus éloignés que de quelques centaines de
pas de la colline sur laquelle les monarques de Prusse
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&8S sBFTdtits époque. «48—1858.
et de Russie observaient lècombâft^ l'éttâg . <f é
Gossa est entre eux ; alors l'empérefir Aieiaitdrë
donné l'ordre d'attaquer aux cosaques du Don de ââ
gardé , commandes par le comté Olow-Denissoifr ) lié
èë jettent Sur les escadrons ennemis la lancé eriairéfc
avecdèé erîs dé jbié. Céui-cl hé peuvent soutenir titt
wioc si impétueux* ils sont rompus, et presque
toute l'artillerie perdue est reprisé. Le général fraS-
£ais qtiî Commandait cette cavalerie * le meilleur de
lotis les commandants de cavalerie de Napoléon , le
6*âtë Làtotfr-Hàûbôûré ,| eut là • cuisse écrasée^ danà
tiifè charge.
Le danger était passé , l'ennemi avait perdu sefe
âtàiitàgfes. Cependant il était cibq Heures et le jour ff-
fififesàit; ^uafad ]tf tirât teHta une dernière attaqué cotitrè
Uùldtn-Gb^à. Al&fs là terttblë artillerie ènfcorè uriè
Mé ëbrâtîla H terré; et leâbabitkrils dèGossà, rëiiffef-
thës flâné lfeâ fcàves voûtées dti châtfeati, crùfeât, 5 cet
fiorHmë Fr$câs; (juè la terré Couvrait sous leurs pà£.
Kfâfe Fltitâquë jfut Vâièurfeiiserïiërit fcotiteniiè prir ffe
prince de Wiirtëitibérg k là tète des grenadiers rus&s,
et jpar les Prussiens conduits par Pirch et Jàgdtv; fefe
Fut de ce ëôtë lé dernier effort de bette journée. Léb
Autrichiens avaient aussi réussi à reprendre là ber-
gerie à'Âuërfhairi. Alors la miit survint et mit fin au
combat.
Ainsi, Sprès dii heures d'une lutte Sanglante; les
armées se trouvaient sur ce côté à peu près dans les
friéfries positions que lé matin ; £i ce n'eàt que les
FftnÇaft cBiiSërvâîérit eh leur jrâïssâHce iëé rètnin- .
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CÀitPiaxE Di 1815, B8S
chémenfè suédois) tandis que les Autrichiens et \ei
Prussiens, dans un autre point, occupaient la moitié
du village de Màrkkleeberg.
Le plan des alliés avait un grand but qu'ils ne
purent réaliser, puisqu'au contraire l'avantage de
cette sanglante journée resta plutôt à Napoléon : c\fc
tait de lui couper la retraite sur là SaàK Une divi-
sion autrichienne avait été envoyée d'avance à
Weissenfels, le général (ïiulày devait s'emparer dé
Lindenau, et'le général Meerveldt, avec l'aile gauche,
fc avancer sur la Plèiss et marcher contre Leipzig. Si
tout avait réussi, et si, en même temps, Blucher se
fut porté en avant $ur le nord-buest; l'armée fran-
çaise eût été coupée et perdue; radia Gkday combattit
inutilement toute la journée^ devant Lindenau, cotilte
té ge'riéral Bertrand. Le retranchement fut k là vérité
ùîï moment en son pouvoir, inais bientôt repris paf
leà Français ? et les Autrichiens furent obligés de g&
retirer. Le général Meerveldt était encore plus rfial-
heureux ; il fît de nombreux ëtfbrts {tour pénétre* de
l'autre fcôté de la Pteisà et déloger les Pdloflate de
Doëlitz \ Lœsnig et Conne^vitz ; tirais lés marais et
l'opiniâtreté de Pennemi arrêtèrent toutes àeà tenta-
tives, et quand ehfin vers cinq heures du sôîrirpar vint
&s*ëiûpdrer de Dœlitz, arriva tout d'uii fcotfp lifaé
partie de la garde que Napoléon envoyait atl secours
des Polonais. Lès Autrichiens, pressés de tous côtés,
Ibrent accablés , et leur valeureux commandant/ut
lui-même fait prisonnier , ayant perdu son cheval
tué sous lui au moment d'une charge. C'était ttne
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584 septième époque. 1648—1858.
bonne fortune pour Napoléon T et il résolut dès le
lendemain dé se servir du général Meerweldt pour
tâcher de séparer l'empereur François des autres
alliés.
Mats Napoléon perdit à Mœckern, contre Blucher,
trois fois la valeur des avantages du combat de Lin-
denau et de la prise du général Meerveldt; car au
moment même qu'il faisait annoncer sa victoire à
Leipzig, que toutes les cloches retentissaient et don-
naient un nouveau courage à ses guerriers par leurs
sons trompeurs, Blucher renversait ses espérances
trop précipitées : il ne l'attendait pas si promptement
sur le champ de bataille,. quelque rapide qu'il connût
ce vieux guerrier. Il arriva sur les midi , et fit aus-
sitôt attaquer Mœkern et le maréchal Marmont par
toutes les forces M'York , et Gross- Wiederitsch et
Klein- Wiederitsch par Langeron; puis comme les
deux points étaient trop distants l'un de l'autre,
Sacken se plaça au milieu pour seyvir de réserve et
porter du jsecours à droite et à gauche.
Un grand souvenir se rattachait à ce champ de
bataille, c'était celui où Gustave-Adolphe avait
battu Tilly, le destructeur de Magdébourg. *
Les Prussiens eurent à soutenir la plus opiniâtre
lutte dans Mœckern et aux environs ; le maréchal y
aVait réuni ses meilleures troupes et cinquante pièces
d'artillerie, qui faisaient un ravage effrayant dans
leurs rangs. Trois fois ils s'étaient emparés du village,
et trois fois ils l'avaient perdu. Une foule de braves
guerriers, et surfont paroi lep chefs , avaient suc*
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CÀMPÀGKE s* 1813. > 685
« • > .
combe et arrosé le champ de bataille de leur sang.
Ce fut le jour le plus meurtrier de la guerre pour
Parmée d'York.
Mais elle ne. chancela pas, et toujours de nou-
veaux bataillons accouraient sur le village qui était
tout en feu , sans songer à la mort que lançaient les
terribles bouches à feu de l'ennemi , qui déjà avaient
couvert le champ de bataille de^ang et l'avaient
jonché de cadavres* Cependant tous avaient été écra-
sés et il ne restait plus que la brigade de réserve du
général Horn. C'est alors que Blucher donna l'ordre
au général Sacken de marcher au secours sur
Mœckern ;mais la distance était trop grande, et York
vit bien que avec la. fureur des combattants il lui fal-
lait chercher son salut dans ses propre.s forces et
obtenir un succès avant l'arrivée des secours. Alors il
dépêcha un aide* de-camp au général Horn qui était
dans, la plaine pour Jui représenter le danger' qui le
presse. «Eh bien! repond Horn, nous allons faire un
hourra . » Alors il fait'avancer son infanterie au pa|
de course; en poussa nt.de grands cris, sur l'infanterie
ennemie et se jette sur lesbatteries à gauche duvillage;
avant qu'elles aient pu faire trois décharges elles
étaient emportées et l'ennemi était obligé de plier.
Plusieurs caissons de poudre que les Prussiens
firent sauter au milieu de- leur rangs achevèrent
de mettre le désordre; les nftrins de la garde furent
eux-mêmes vivement assaillis, et malgré toute leur
opiniâtreté, ils ne purent soutenir cette attaque}
(fautant plqsquc les hussards de Me^lenbpurç,qni
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*80 swnfcics 4to*0s. 4*48—1858.
se jetArent sur les carrés , les eafoncèrerifret les fcttP
bâtèrent : presque tous ces guerriers se firent tuer
dans leurs rangs. Rien alors ne pouvait plus les ar-
rêter, et ils poursuivirent les Français; jusque de
l'autre côté de la Partba. Langeron de son côte, à M
tiéte dés Russes, avait combattu avec non moins de
Murage et emporté les villages de Gross- et Klèiti-
Wiederitsfeh avec treize carions. Dé sorte que
Marmont se trouva lé soir sur là rivé gauche de fâ
Partba, non loin de Leipzig (*).
Alors tout le vacarme de la bataille était tôffcbë j
et les épouvantables bouches à feu Se reposaient:
h leut place, dans mille endroits à .une grande dis-
tance autour de Leipzig, on voyait de gr%hds in-
tendies et de petits feux élever leurs flammes à tra^
Vers l'obscurité de la nuit» Huit villages et petites
villes étaient en proie à l'incendie: Eutritsch;
Lindenau, M arkkteeberg, 4>œlitz > Liéberwolkwitz £
Seiffersham, Rrœbérti et Wachaû; dans Tinter-
val le brillaient une infinité de feux de camps des
grandes armées qui se trouvaient réunies sur uèl
espace de quelques lieues. Des tûilliers dé guerrier*
gisaient sansr vie sur le4 champ' de bataille; des
milliers combattaient encore avec les angoisses de là
(*) Le maréchal Hey avait mis une partie de son corps d'armée à la dispo-
sition de l'empereur contre Schwarzenberg, et n'avait que 55,000 nomme*
à opposer à Blucher qui en avait 60,000.. D'ailleurs Marmont fut blessé et
cet accident contribua encore au désordre. (Labaume, Hitt. de la ChuH
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mort, qu'ils appelaient pour finir leurs souffrances:
Citait l'œuvre d'un seul homme, de cette âme de
fer, insensible aux douleurs de l'humanité, qui
alors encore préparait de nouvelles victimes ! ■-
17 octobre,
y
t>e jour suivant Napoléon eut recours à tous lfe s
moyens de l'art pour diviser les alliés et ûbtenit
une suspension (Pannes , pendant laquelle il jpëuf*
rait sortir d^sa mauvaise position. Mais les propo-
sitions qu'il fit faire à l'empereur François} Jtà?
l'entremise du comte Meerfeldt > ne forent j>oltti
écoutées ; parce que l'on connaissait ï'upihiâtretë de
èàn caractère, qui né cherchait alors qu'à gagner
du temps* S'il n'avait eu, comme il Iè déclarait;
que l'ihtêritiori d'épargner le Sang humain, il de-
vait partir le il pour faire cette même retrait^ qu'il
ftit obligé de faire deux jours plus tard,. affres. avbiir
perdu cinquante mille hommes; dé plus. Il durait êà
d'ailleurs s'apercevoir dans les combats du 16 qn'H
île pourrait jamaià battre les vaillantes armées dés
alliés 11 n'avait plus de renforts à attendre, tout cfe
qu'il avait était réuni autour dé lui; les alliés ad
contraire avaient de très fortes réservés. Le princfe
royal de Suède arriva pendant la nuit; chassant
devant lui le général Régnier, dont le corps d'ar-
mée était composé pour la majeure partie de Saxons,
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586 SEPTIÈME ÉPOQUE. 16 4&— 1838.
qui trahirent leurs alliés. fienningsen arriva le matin
avec, une nouvelle armée russe., etKolloredo à midi
avec une division autrichienne. Cependant Na-
poléon ne pouvait se décider à quitter le champ
de bataille tant qu'il y aurait une lueur d'espé-
rance; et s'il eût donc encore montré alors cette
-ancienne activité qui lui avait si souvent donné la
victoire ! Car, puisqu'il avait toutes ses forces réunies ,
il devait aussitôt attaquer les. alliés qui allaient rece-
voir des renforts le lendemain à différentes heures.
Au lieu décela, il perdit tout le jour en de vaines
négociations, croyant encore à la puissance de sa
parole. Mais l'Europe avait changé ; ses souverains
étaient animés d'une noble et grande confiance et
les peuples étaient tous également enthousiasmés
pour l'honneur et la liberté.
Le 17, il n'y eut que du côté de Blucher qu'eut
lieu un court engagements . Pour resserrer encore
davantage les Français dans Leipzig, il fit attaquer
la cavalerie du duc de Padoue, beau-frère de Napo-
léon , qui était campée à peu de dîstatace de Leipzig,
du coté de la porte de Halle, par deux régiments russes,
les hussards et lès Cosaques. Cette cavalerie voyant la
lutte inutile , se retira aussitôt vers la ville derrière
l'infanterie; mais les Russes la poursuivirent jus-
qu'aux portes, lui tuèrent du monde et prirent cinq
canons. L'infanterie française étonnée se retourna et
fit feu sur eux ; alors ils §e retirèrent tranquillement
emmenant leurs canons et leurs prisonniers el rea-
trèrent fans leurs positions»
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CAMPAGNE DE 1813. 589
i^octobre. • * "
BenningsenetKolloredo étaientarrivésà lagrandé
armée le 17 au soir, et le prince royal de Suède
entrait au même moment à. Breitenfeld , une lièue
et demie de Leipzig. Le grand réseau qui enve-
loppait Leipzig devenait, donc "de plus en plus
rempli au nord, à l'est et au sud; il n'y avait d'issue
pour les Français que du coté de l'ouest par Lin*-
denàu, pour gagner la Saal,. et de là les bords du
Rhin.
Enfin se leva légrahdjour danslequel la couronne
du grand conquérant devait être brisée. L'Europe
entière se tenait en armes pour combattre une par-
tie contre l'autre. Depuis ses extrémités Içs plus
reculées, par où elle touche l'Asie, jusqu'au -mers,
de l'Atlantique, de la Méditerranée et de la mer
Glaciale, de touscôtés elle avait envoyé des guerriers
à, Leipzig.
L'arc de cercle que Napoléon avait tracé autour
de teipzig devait donc être attaqué de trois côtés :
au nord par lé prince royal de Suède et Parmée de
Silésie; à -l'est par Benniugsen qui avait sous son
commandement, avec les Rùsses> lés Autrichiens dé
Klenau et une division prussienne conduite par
Ziethen; au sud, du devait être l'attaque principale 1
paveeque c'était là aussi le point le plus fort de Na-
poléon. Le général en chef divisa son armée en
deux giands corps, dont le premier composé des
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g$ •ipnfcifE teoQu*. 1648—1838.
Russes et des Prussiens , conduits par WUtgensteîn
et Kleiaty devait, attaquer le. point central des Fran-
çais, et le deuxième composé de l'élite de l'armée
autrichienne, pous la conduite du prince royaj. de
Jlesse-Hombourg, devait déloger le prince Ponia-
pçmskj de la Pleiss où il s'était maintenu avec tant
d'opimâtreté, et le forcer de se replier sur.Lpipzjg,
Napoléon de son côte' avait rétréci son cercle, afin
devoir plus de solidité. Il avait abandonné les vil-
lages de Wachau et LiebçrwolkwiU , autour desquels
{an t dp sang avait coulé le 16^ et pris Probsthejd^
pour point central; il se tenait lui-même avec sa
garde entre ce village et l'aile droite sur Ja jBleiss.
Jl ayait pris pour sa position une petite élévation
fui* laquelle était un moulin percé de tous cotés ^
Jjipoifié en ruines. (Test là qu'il <:oirçmença la journée
# jlj était encore quand elle finit.
^ fruit heures sonnant , le combat s'engagea; Jç
j^nce héritier de Hesse:Hombourg s'avança sur 1§
Pleiss, vis-à-vis Dœlitz, et attaqua ce village. |ue$ Eo?
Jgg$4§ et les Français, sous le prince Poniatowstj,
te (Refendirent comme des gens, réduits au désespoir,
j$ la lutte fut opiniâtre et sanglante. Plusieurs fois
Jjgs Autrichiens furent repoussés ^ leur vaillant com-
g^ndaqt fqt lui-même atteint de dèu$ blessures rtf
ftçllorç^opriUe commandement en chef à sa plac^
Eflûu,^eçondé par Bianti, il réussit à s'emparer de
Bfcjplitz , deDoesen et deshauteurs de la rive droite
$ à s'y maintenir tout le". jour* malgré Oudinot et
J» garde qui arrivèrent au secours des Polonais,
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CiMPAGNl DE 48i3. £04
A leur droite, les Russe? ej^es Prussiens avaient aussi
obtenu des succès et poussa les français toujours
combattant jusqu'auprès de Probstheyda , où ils se
trouvaient à midi , en face de Napoléon. Là eut lieu
la lutte la plus acharnée , parce qu'à sa conservation
#fyi\ attaché }e salut de l'armée. Napoléon y %vait
^uni de nombreux bataillons de toutes armes , y
avait élevé de nombreux retranchements, et lui-
jftéifte §e tenait là avec sa garde pour porter du se-
jppurt au premier moment. Presque tous les jardin*
du village étaieut entourés de murs en terre grasse,
♦ Jes Français s'en servaient comme de rempart, et
^r^uifeut deà: meurtrières, ils se portaient derrière;
rde sorte que chaque maison était presque devenue
4ine citadelle. Cependant les divisions prussiennes
gpns le. prince Auguste etPirch, pénétrèrent un mo-
ment dans le yillage/apr è^ une attaque héroïque j mais.
«Ile? ne purent s'y. maintenir. Ayant nue deuxième
4pw refçrm£ leurç? rangs devant le village pour feire
nue nouvelle atteque, ils n'eurent pas. plus de suc-
cès. De nouveaux bataillons russes essayèrent encore
de recommencer cette sanglante entreprise, et ne
guxent jamais s'emparer du village. Le carnage avait
Ai gi çffroyabie, que lpjs morts obstruaient le pas-
jpgç> Çojçhien de jeunes gens y onM^rifitf à notre
iiber^lespi^uiiers moments de leur vie-, et combien
^égnitable tf heHe la pensée de ceu* qui, en m#r
jftpire de cette grande lutteront élevé une croj*d#us
<$$ çn4r<çU £ Prpbstheyda! Les trew fl»n^rqnep
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502 septième époqui. 4648—1838.
témoin» des efforts surhumains de leurs troupes.
A cinq heures, ils donnèrent l'ordre dé céder et
d'épargner leurs guerriers ; car déjà la victoire s'é-
tait assez, prononcée sur d'autres points /et à dix
heures du matin Napoléon avait déjà donné l'ordre
au général Bertrand de se retirer sur la Saal avec
ses troupes ; c'était une preuve certaine qu'il voulait
opérer sa retraite. . .
Tels étaient les événements au sud de l'ordre de
bataille ; à Test le général Benningsen attaqua tè ma-
réchal Macdonald chargé de défendre les lignes fran-
çaises .sur ce point. Le maréchal se cle fendit avec le*
plus grand courage , particulièrement dans HoTzhau-
sen qui fut plusieurs fois, pris et repris. Cependant,
sur les deux heures de l'après-midi les Autrichiens se-
condés par les Russes, réussirent à s'emparer de ce
village, et les Prussiens de celui de Zuçkelhausen;
alors Macdonald se retira sur Stœtteritz, à, peu de dis-
tance de Probstheyda ; de sorte que toutes les trou-
pes qui formaient le centre se trouvaient concentrées
sur ces deux villages, et elles #y maintinrent jusqu'à
la nuit.
Mais à l'aile gauche le maréchal Ney essuya un
échec complet j il était chargé de défendre toute la
ligne, depuis le corps de Macdonald jusqu'à la
Partha, il ne put faire face aux deux armées qui l'a-'
taquaient , l'armée du nord et celle de Silésie, et il
fut forcé de se replier jusque sous les murs de Leipfeig.
Lesdetftfarmées passèrent la Partie en deux endroitsj
Blach«r près de Môckau avec les Russes, quoiqu'il
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CVMPÀGWE DE 4813. 593
eût de l'eau jusqu'à la ceinture; parce qu'il trouvait
trop long d'aller passer près de Taucha. Du reste
les Français n'opposèrent aucune résistance, et Mar-
mont se retira sur Schœnfeld en toute hâte. Les ré-
giments de cavalerie hussards et hulans et quelques
bataillons saxons et wurtembergeois qui se trou-
vaient de ce côté tendirent les bras aux assaillants
et passèreot de leur côté.
Sur le midi , l'armée du Nord qui avait passé à
Taucha 1 vint remplir l'intervalle laissé entre Blu-
cher à droite et Benningsen à gauche; de sorte que
de ce côté la ligne fut toute remplie, et elle s'effor-
çait de resserrer de plus en plus les Français. Lan-
geron à la tête dés Russes s'empara de Schœnfeld ,
sur la Partha , qui fut défendu par M armont avec la
plus grande opiniâtreté. Le combat dura quatre
heures, et toujours de nouvelles troupes de part et
d'autre se succédaient sur le champ de bataille ; enfin
entre cinq et six heures du soir, lorsque le village
^t Péglise étaient déjà tout en feu , les Français l'a-
bandonnèrent et se retirèrent sur Reudnitz et Volk-
mansdorf, aux portes de Leipsig. Ney et Régnier
qui devaient défendre le terrain au-delà de Pauns-
dorf , attaqués dans l'après-midi car l'armée du Nord
et par les Prussiens conduits par Bulow, furent chas-
sés de Paunsdorf ; et comme ils voulaient se défendre
dans la plaine , la cavalerie russe et prussienne qui
n'avait encore eu rien à faire , parce que tout s'était
passé dans les villages , se jeta sur eux et fut secondée
par les fusées à la Congrève qui furent laneées au mi-
T?ft. 38
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694 septième époqve. 1648— 1838.
lipu des bataillons cartes , où elles venaient éclater
avec fracas , lançaient le feu et la mort de tous cqteç
et effrayaient les homqaes et les chevaux. Alors il
n'j eut plus de résistance , les rangs se débandèrent,
les villages voisins furent emportés, et on ne s'ar-
rêta que dans Volkmansdorf.
*|Çe fut alors que les Saxons, qui n'avaient com-
battu qu'à contre-cœur pour Napoléon, accoururepf;
4e notre pôté . avec leurs drapeaux , leurs çappiis ,
arrnes et bagages ( * ) .
Napoléon % déconcerté à cette nouvelle, se bâta
d'çnyqyei* la cavalerie de la garde commandée par
Nansputy afin de remplir le vide. Celiji-ci a^iva erç
tqutq hâte avec une bonne artillerie; ^ et voulut se
Jeter sur le flaac dé Bulow j mais les Autrichiens
commandés par Çudnaf qui se trouvaient tout pro-
ches, vinrent eux-mêmes à sa rencontre,, et UUtèreqf
avec audace contre lui; dun autre çqté le§ S^'dpis
diri^renf contre lès rangp des Français J'artiller^
saxpnue que leur fit demander le prince ro^al cj{|
Sijpdç. Alors cette viei|le garde fut obligée de pjiçjf
et fl'abgndonncyp encore le terrain aux allié?.
EnÇp cette journée de spng était à sa fin ; déjà }fâ
^errçjerç racorni du sgjeil ne brillaient plji§ que §pr
; (*) Çgif ç tycta ^fcçLjqn , confire k toutes les lois <fe l'bppwjr milita**,
ej qui sera pour les Saxons une tache ineffaçable , fut cause 4e tqui les <ty-
«avantages éprouvés de ce côté et par suite de la perte de la journée ; car
Jusque U les FrançaiiVétaiflr^ maintenus sur tous les autres point* et
Hlfc&vç f^^PWP* ftW ¥9 • #9 ***** *wPk *m leurs. (4#tim^
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■ - cAMt»iaNE n? 1813. M 59$
tes hauteurs tout autour dans 14 plaine. Napplmm
attendait avec impatience la nuit qui devait arracher
à la fureur de ses ennemis les reste? de ses troupes»
Il avait perdu beaucoup de terrain et réduit Quasi*
durablement son gra*d arc de cercle en un triau-t
gle dont la pointe se trouvait alqp* à i robstheyda,
dV)ù la ligne qui joignait Connewit&sur la Pleiss en
frisait un des côtés, celle qui joignait Stœtteritz et
Yolkmansdorf formait l'autre. Si cette armée n'avait
pas combattu avec le plus grand courage et n avait
opéré sa retraite dans le plus bel ordre malgré tous
les dangers d'une lutte inégale , il en faut convenir
à là gloire de nos adversaires , un des cotés de ce
triangle eût été infailliblement enfonce qvant le soir,
Leipsig enlevé et toute l'armée perdue. Déjà Napot
léon ne combattait plus que pour ^retraite ;ear de*
puis dix heures du matin une immegse quantité de
trains , de bagages, de voitures , de chevaux étaient
*ur la route > protégés par 1«& troupes du gépérçl
Bertrand. Qui pourrait comprendre tout ce qui avait
passe^ie France en Allemagne depuis le mois d'à wïj!
Hommes , femmes , pnfans , provisions de houche,
munitions de guerre , bagages , artillerie, tout àraifc
été accumulé dans Leipzig. Enfin allait donc fiojf
|euf terrible domination de sept ans; ew il jr aréaff
sept ans jour pour jour que Davoust était eotrf dans
Leipzig.
La nuit couvrait déjà tout le champ de bataille,
et Napoléon se trouvait encore sur la petite colline
auprès du moulin à vent où il avait fait allumer un
38.
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696 jftPTifeMB £poqto< 4648 — 1*58,
feu. 11 avait chargé du soin de la retraite son pre-
mier maréchal, Bertbier, qui en dictait la marche à
ses aides-de- camp, près d'un autre feu à côté; tout
autour régnait un profond silence. Napoléon épuisé
par les incroyables efforts dm jours précédents et
par les agitations (Je son esprit , assis alors sur un
escabeau de bois, s'assoupit. L'espérance et la crainte,
la joie de la victoire , la colère et la contrariété
avaient tour-à-tour accabléson âme,ety avaient laissé
des impressions d'autant plus profondes qu'il avait
été obligé de dissimuler ses sentiments. Il était , dit
un témoin oculaire , endormi , la tête appuyé dans
ses mains et assis sur son escabeau au milieu de ce
vaste champ couvert de morts , en plein air et au
milieu des incendies semés de tous côtés qui avec les
feux de nuit jetaient leurs lumière au milieu des
ténèbres. Ses généraux se tenaient autour des feux,
mornes et taciturnes, et le silence»n'était interrompu
que par le bruit des treupes qui ose retiraient au pied
de la montagne et au loin dans la plaine. Au bout
d'un quart d'heure Napoléon se réveilla etjeta«utour
de lui avec inquiétude un regard d'etonnement.
Peut-être avait-il pris un moment la. réalité de sa
position comme un rêve survenu dans l'éclat de sa
grandeur.— Alors il se leva , et rentra dans Leipzig
à 9 heures.
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C1K*AGW£ DE 1815. 697
19 octobre.
La retraite de toute l'armée à travers Leipzig
commença dès que parurent les . premiers rayons d©
la lune; mais comme les bataillons arrivaient de
tous les points du champ de bataille, et qu'il n'y*
avait pour tous qu'un seul chemin qui conduisît à
Lindenau, la chaussée étroite de Ranstaedter, il y
avait à chaque instant des retards et des encombre-
ments; les chariots, les canons, allaient ensemble,
et les gens de pied ne pouvaient trouver place.
L'arrière-garde devait défendre Leipzig aussi long-
temps que possible. Ce n'était pas une place forte ;
mais on en avait barricadé les portes, on y avait
élevé des retranchements, et tpusles fossés et les murs
des jardins avaient été consacrés à la défense.
Cependant l'armée des allies n'était rien moins
que décidée à laisser les Français se retirer tran-
quillement, emmenant aVec eux tout le butin qu'ils
avaient fait en Allemagne et toutes leurs provisions de
guerre. A huit heures du matin ils se précipitèrent
à l'attaque et enfoncèrent les portes; Cette attaque
augmenta encore le désordre et le tumulte qui
se trouvait à la sortie de la ville ; de sorte que
Napoléon lui-même fut obligé pour y arriver de
prendre un chemin détourné en sortant de Leipzig.
Là se pressaient, l'infanterie, la cavalerie, l'artillerie^
les caissous, les blessés, les mourants, les chariots,
les femmes, les enfants» les marchands , des trou-
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K9è sEFTikitt Étante. 1648—4858.
peaux entiers, tous péle-méle et dans le plus grand
désordre.
Les allié^auraient peut-être pu augmenter encore
té tliihblte dfe la fuite et forcer plbs ptomptehifent
fefcbfr qui dépendaient l'entrée de la ville, s'ils avaïérit
fait jouer l^ùr artillerie contre ses murs. Mais uû
pareil ihbjren, ^tii aurait confondu des milliers d'ifc
hocëntè avec lès ennemi* dans une ruine commune;
Jfeàit tW^ cruel pbùr eux, ils préférèrent escalàdefr
ll!i portés. Le pribëe de Hesse-Hombdtirg attaqua là
porte de derrière; Berinirigsen, celle de GrimméJ
Ifetifeêrfâj belle dfe Hâllfe. Ott s'efitoçà àu&i d'entré*
pSàt les éÔtjfa dans les jardins, mais les Français et leà
Pblotaais défendaient chaque pied de terrain ; il ïal*
faitt feollqttérir feWque jardin , chaque haie, et souveiifc
àféb beaucoup dé &hg*. Cependant la victoire faepôu^
vait pài bslàhcer lbhg-temps, il était ôhzéheuréà et
'dfeiflie quand les premières troupes alliées entrèrent
tfcfai là fallè. Àïôtfs lés habitahtà ouvKtent lettré
portés, et tandis qû*on èé battait etocbre dfctis îéà
rues ils stispëftditant des Itttfûchoii's blaiïcs h leurs
feintes éh èigtaé dé jôié.
Ce fût aussi "dabs ce niéifaê frionient que lé porit
qui se trouvait de l'aùfre côté de la ville, le serti
dont lés français pussentlse servir, celui sîir t'Elstet-
Muhlèngraben , sauta en l'air satts qùon puisse dé-
tîidër si ce fût pat ordre de rfapoïéon pour sauvsr
r&oh. arbiée, bù Seulement par une cfaihte trop pri-
cipitéfe du chelF.cômtois à sa gardé. Àlote tous ceûk
qiiî s*eïfotfçafort d'y arriver pcfàssètënt ttn cri de di-
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clifeiaift b* 1815. B&9
sespoir. H ri y avait pas d'autre chemin. Un grand
nombre se jeta dans TElster pour tâcher de le passer
à la nage, mais presque tous furent noyés ou restè-
rent enfoncés dans la vase; plusieurs généraux -qui
se trouvaient encore sur l'autre rive s'y précipitè-
rent aussi avec leurs chevaux pour échapper à la
captivité. Le prince Poniatowsky, que Napoléon
avait fait maréchal de France trois jours auparavant,
y perdit la vie; Macdonald eut le bonheur d'échap-
per; Régnier, Bertrand et Lauriston furent faits
prisonniers.
Napoléon fît encore plus de pertes ee jour-là que
le jour de k bataille. Plus de quinze mille soldats
bien armés furent faits prisonniers après que le pont
eut sauté, et plus de vingt-cinq mille hommes blessés
ou malades Furent abandonnés à la discrétion du
vainqueur. Il y avait dans la ville et dans la route
une quantité incroyable de canons et de chariots; on
prit ce jour-là plus de trois cents canons et mille
chariots. C'était un désastre comme l'histoire n'en
offre que très peu.
À une heure l'empereur Alexandre et le roi Fré-
déric-Guillaume entrèrent dans la ville accompa-
gnés de tous leurs généraux, aux cris d'acclamations de
leurs vaillants soldats, mêlés des cris de joie des ha-
bitants, qui saluaient leurs libérateurs. L'empereur
François n'y arriva que quelques heures plus tard.
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600 «EPTikMi époqce. 1648—4888.
Retour sur le Rhin. — Fin de l'année 1815.
La Bavière, par le traité de Ried, était déjà entrée
dans la grande alliance ayant la bataille de Leipzig;
elle envoya son général Wrède sur le Main , avec
une forte armée à laquelle se joignirent encore des
Autrichiens , des Wurtembergeois , pour essayer de
barrer le chemin aux Français qui revenaient sur le-
Rhin, afin d'achever leur ruine complète .Wrède se
dirigea sur Hanau et Francfort. De son côté, la
grande armée des alliés était aussi à la poursuite des
fuyards , et YorV leur fit éprouver une perte consi-
dérable à Fribourg , sur l'Unstrut (*). En avant d'eux
et sur leurs côtés , ils étaient escortés par Czernis-
cheff et d'autres troupes légères qui tombaient sur
tous ceux qui s'écartaient du gros de l'armée. C'est
ainsi qu'ils parcoururent la route de Leipzig à Er-
furt , et de là jusqu'au Rhin , abandonnant à chaque
instant sur la route tout ce qui ne pouvait pas sui-
vre , l'artillerie, les bagages et les hommes trop fa-
tigués. Car la marche était si rapide et si continue
qu'au bout de onze jours l'armée était déjà arrivée à
Francfort ; mais toute la grande route dans la lar-
geur de deux lieues des deux côtés était couverte
de Hébris de chariots, de bagages de cadavres,
d'hommes mourants ou de bétes de charge.
(*) Mais non sans aroir lui-même beaucoup souffert. Les Français s'en*
tarirent des positions don* ils avalent besoin. 19. T.
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GAtffMKft w 1845. 9H
Napoléon arriva avec soixante-dix à quatre-vingt
mâle hommes devant Hanau, où il rencontra
Wrède qui voulut leur fermer le passage quoique in-
férieur en nombre; et s'il eût pu les retenir Jusqu'à
l'arrivée de la grande armée des alliés, c'en était
fait de celle des Français. Napoléon le savait et il se
servit de sa garde qui était encore en bon état pour
se frayer un chemin. Pendant trois jours, les 29, 30
et 31 octobre, on combattit avec le plus, grand achar-
nement devant Hanau et dans la ville; Wrède fut
lui-même blessé au ventre par une balle. Enfin les
Français s'ouvrirent un passage qui leur coûta encore
beaucoup de sang.
Le 2 novembre Napoléon arriva sur le Rhin, qu'il
vit alors pour la dernière ibis. Son armée se hâta
de gagner le pont de Majrence; seulement le général
Bertrand se retrancha sur les hauteurs de flocheira.
Hais on ne pouvait pas laisser aux Français un re-
tranchement sur la rive droite du Rhin. Schwarzen-
berg qui avait établi son quartier-général à Francfort,
les fit attaquer par le généralGiulay , le 9 novembre,
et ils furent forcés de se replier sur Mayence. Les
trois souverains se trouvèrent encore réunis à Francs
fort, où ils délibérèrent ensemble sut la continuation
delà guerre.
Les deux derniers mois de c§Jte année furent un
temps de repos pour l'armée des alliés ; cependant le
canon retentissait encore de plusieurs côtés dans
Fiptérieur; les Français occupaient encore douze
places fortes garnies! de bonneà garni*** cUns le
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en matai &ôq*ë. WW*~1858.
*»i* dé l'Allemagne et de là Pologùé} ta*fs les
Allemands les «ssiëgérëbt avec tàfct dé courage et rJB
persévérance qu'à la fitt de cette même atinée fk
ttitiiti&étaient arrachées aux ennemis. Le 11 novem^
heé lé Maréchal dte Gouvioh Sâint-Cyr, renfehii^
dans Dresde ? mit bas les armes avec frettte-cinq milhé
htatomes , y cbtopris les blessés et les malades {*);
Le 21 Stettin se retodit avec sept mille hommes; le
26, Dantfcig, avec quinze mille (**); presque dans Ite
même temps Modlin fet Zamosk ; et le 26 décembre ,
Torgau avec dix mille. Il ne restait plus aui BVaii-
£àfe, Sur l'Oder, qûfe Ciistrfrï et Glogau , tjikî tté hé
rendirent qu'aux mois de mars et d'avril de l^innéë
èuiVànte; et sur l'Elbe , Wittenberg , Magdèbottrg
et ttambourg ; en Thuringe , là citadelle (FErfiitfe.
(3ès ttôis dernières places ne furent rendues t|uà lk
jteik de Paris; niais Wittenberg fat prise par Tâùeii-
rffcn datas la nuit du 12 'au 15 janvier.
Là JVliis gratide perte que souffrirent les Français
cfefls cette ârinéë 181â fut celle de la Hollande et
(*) Le maréehal avait stipulé qu'il serait conduit en France avec m
troupes, en promettant, de ne pas servir contre les alliés d'ici à un an. Le
traité était signé par Klénau, général autrichien, et Tolstoï , général rus&.
Cependant Schwarzenberg les fit conduire prisonniers en Autriche. (La-
baume- ) N. T.
("*) Le brave général Rapp, qui s'était défendu avec le plus grand cou-
rage contre les armées qui l'investissaient , promit de se rendre ïe lw jan«*
vtar 1814 s'il n'était «ecouru, avec les méâfti conditions que ffomrioaSifa*
Cyr. lUvait perdu vingt mille hommes par les maladies» Les Russes voyant
leur petit nombre refusèrent de remplir les conditions et les firent prison*
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ciriPiaNE-M 1813.
de la Suisse , les 4^ux boulevards de la France.* Ce
fut donc bien habile de la part des alliés d'aller 'aus-
sitôt leur arracher ces vastes pays. Le général Bulow
qui passa en toute hâte de Leipzig en Hollande, la
trouva presque sans défense; et sans s'amuser à faire
des sièges ^ il s'émpâra de plusieurs villes d'asfeîaut
d'autant plus facilement que partout où il se présenta
les Hollandais, déjà fatigués de la domination fraii1
çaïse j se soulevèrent en sa faveur et faidèrent &
chasser les ennemis. Avant la fin de Tannée lia ÏIol*
lande était délivrée.
Dans lfe rtiême moment là Suisse, qui était déjà ttfc
cufrèe par l'aile gauche de Sçhwarzehberg , frit Ètitë
misé jusqu'aux montagnes du Jura, et Genève fut
prise. C'était ttn'e conquête fort avantageuse ;cai*dii
haut dé ces montagnes <pii s'éîevaieht comme titiè
citadelle ihexpugnable entre la France, l'Allemàghè
et l'Italie, l'àntiée deà alliés pouvait également torti*-
ber sur le vlce-roï d'Italie , ou pénétrer àû cœbfr de
là Fiance; à gauche elle menaçait la popûîeuàè Vïliê
de Lyon , et à droite elle avait Une gràhdé tàixïe
toute miverte à travers uii pays fertile , sur J*Âube et
la Seine jusqu'à Paris. i
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#04 sttriÊjfft ttoqo*. 1648—1838.
ANNEE 1814.
L'invasion.
Dès le commencement de la nouvelle année, on
voit Je glaive de la vengeance nu et prêt à frapper
ceux qui jusque là avaient menacé les autres peuples
et r^avaierft pas senti depuis long-temps les fureurs
fur leurs propres frontières. Si le peuple français
n'avait pas été abusé par toute espèce d'artifices, si
Napoléon ne l'avait tenu fortement enchaîné, il
aurait connu quels dangers étaient accumulés sur lui
et il aurait forcé son tyran à la paix pendant qu'il
en était encore temps. II ignorait que trois cent mille
de ses guerriers avaient été tués ou faits prisonniers
dans la campagne précédente , et que dans ce moment
l'Europe entière s'avançait contre lui avec un mil-
lion d'hommes armés. Mais alors encore il se laissa
étourdir par son empereur et par sa propre vanité.
«L'Europe entière , lui disait-il dans son orgueil ,
s'avance contre nous ; mais toutes ses force^ue pour-
ront vaincre les miennes et celles du peuple fran-
çais; et le sort ne me trouvera jamais faible. » Quand
quelques hommes de cœur et de sens dans l'assem-
blée législative, osèrent lui donner des conseils de
paix, s'appuyant sur les principes de la modération,
il eu fut souverainement molesté , cassa l'assemblée,
et du haut de son trône, au premier jour de janvier,
f I lui tint im discours darfis lequel on trouve ces mois
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CAMtAGlffi DE 18 U. 085
pleins d'amertume : « Je ne Suis à là tÀe de la na-
tion que parce que sa constitution me convient. Si
les Français en voulaient une autre qui ne me con-
tint pas,je leur dirais de chercher un autre souverain.
Ce trône n'est que du bois recouvert de velours..^
Moi, moi seul , je liens la place du peuple... Sachez
que la France a plus besoin de moi que je n'ai besoin
de la France. .. Oui , je suis fier, parce que j'ai fait
de grandes choses.,. Dans trois mois ou l'ennemi
sera chasse du territoire , ou vous aurez la paix, ou
je serai mort. • . Au reste , dit-il en finissant , je vous
permets de défiler durant moi. *
Ainsi parlait cet homme orgueilleux , qui se
croyait au-dessus de tous et -que rien ne pouvait
abattre, au 1er janvier 1814. C'était précisément ce
même jour que Blucher passa le Rhin avec l'armée
du centre ; et le dernier jour des trois mois de dé-
lai que Napoléon avait donné, le 31 mars, les alliés
entraient dans Paris , et son empire avait passé. Ils
lui avaient encore une fois offert la paix; ils vou-
laient le reconnaître cOmme roi des Français et lui
laisser un empire encore plus grand que celui de la
France autrefois; mais il ne pouvait oublier les
beaux moments où il avait en main le sceptre du
inonde et où l'éclat de ses armes brillait dans toutt
l'Europe. Et la seule pensée d'être limité, de rester
désormais dans la paix, lui était odieuse.
Les souverains de l'Europe et leurs peuples' vi-
rent donc bien que l'épée pouvait seule décider
entre eux et lui, et ils redoublèrent d'ardeur, pletni
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IDfi sEPTifem *joque. 16+8—1858.
dft cppûimoe dan? leuf grand nombre , comme data
)li justice de leur cause. Les Russes avaient au moins
4eux cent mille hommes en campagne ; les Prussiens
Cffpt soixante mille, et l'Autriche deux cent trente
ifljllga t?nt *ur le Rhin qu'en Italie et dans l'intérieur
$% {Allemagne. Wellington était déjà sur le terri-
toire français aveq quatre- vingt mille hommes an*
gtftiç, espagnols et portugais. Enfin l'empire d'Aile-
Jftfgnç mit sur pied peut cinquante à cent soixante
jpillç hoipntes , partages en huit divisions.
£içp qug toute cette masse de troupes ne put en-
trer à Ja fois en fampagne , t bien qu'il y eûfc une
grande éleqdue de pays à occuper et plusieurs, places
fpftfs & inveçti? , parce qu'on ne voulait pas pétdre
fô ffilftps à faire des sièges en règle , il n'en est pas
919)99 çerUJp qu'qn demi-million d'hommes aumoins
^ya^çaiept çn France et resserraient de plus en plus
ftlTffiée frfcftÇajs£ ; elle ne comptait pas la moitié aur
(fpt qi^p sçs adversaires. En même temps on prépa-
ie ay^c sl$1ç derrière l'armée tout ce q\y peut être
g4c?ssai?e à uije expédition fet pour qu'il y eut plus
f$'offlf£ et plus d'ensemble dans les opérations, on
forrrça un qposeii de guerre qui conduisait tout, dont
]§ pré§idept était un héros que l'Allemagne compte
$$$mi sçs libérateurs ^ quoiqu'il n'ait point marché
(fyj-fpeftie è la tête des armées, c'était le îpinistre
de Stein. Il fut un de ceux qui, tandis que l'AUfe-
p^gqe spupirait sous le joug des français, ne vou-
{tyfççt pas courber la tête ; il travailla avec $$le pour
jg j£$ti$e fit la liberté et soutint la confiance du*
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gyaiid gc*mb}re de ses çpnfc^pjreps pw ($u g&W «ftrr
péfiçuy. Quand la guerre Gclatr* en 1813 çaptrç If
Russie v il voulut faire uue guerre eurctpéeunç 4?
pptte expédition dirigée contre un peuple doflt il
ppnnaissait l'énergie , et il passa en Russie à fô (£tp
de quelques audacieux quil^eqtraîn^. L'empej-ei^
Alexandre trpuya en lui toute l'audace quj ca^yç?
pait à ses projets, et«si nous sommes arrivés fc ^oç
délivrance complète t c'est à lui que ppus lç
devons.
L'armée des alliés entra en France pleine de ré-
solution et bien pourvue de tout. Schwarzenberg
entra par là Suisse et le haut Rhin avec les Autri-
pkjens , les Bavarois r }e$ Wuçtembçrgppis et \e# ré-
gimgptq des gardes prussienne? et russes; Qluçhff
çntra par la province rhénane ayec les djv^ipnf
Yprk et &leist et les Russes ^ conduits par Stos&ept!
ï^ogçrpn pt Saint-Pfie^t ; et ces deqx gyan^ Wfr
pées deyaiept se réunir eutrq la Seine, lOisç.
|'Aube et )a Marnç, pour ep pprtgf çusujtç ayqç
tyityçs leurs forces ppntre la capitale.
Pès que je feld-n^aréchal lljuçhpr fut ^ff iy^ £Hf
h W* Souche, il fit publier des proq|ami$pp$ |
|prç? ioj Ffapçais, p#ur les détache*: dp N^ql&a t
fW f|e:ql^ant que 1<# puisswjçfss de ftSnrpp*'!)? «JWFr
paient que contre reonpmi 4e la pai* pf pftuç «gf
jgpHec spq joug, {Jq gra»^4 PWbfe de gens iflpdérép
£taie$; §q effet assez disposés à «çrifiea: uqg ?ainjç
^fîplp ^ la pai* du p^j lwi3 ^ px^e du pei|p^
tenait encore pour son grand conquérant, tai|| gra
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609 surifeini **oqot/ 4648-^4858,
son étoile darda quelque* étincelles. D'ailleurs les
Français étaient accoutumés à se regarder comme
inattaquables derrière le triple rempart de places
fortes qu'ils ont à la frontière ( on en compte
soixante-treize depuis Dunkerque jusqu'aux Alpes) ;
ih étaient loin de penser que l'armée des alliés tra-
verserait si rapidement leurs frontières , .laissant
derrière elles toutes les places*fortes, pour marcher
droit au cœur de la France
Bataille de Brienne et de la Bothière. Ier février*
Dans les vingt premiers jours de janvier, les alliés
avaient traversé la Suisse, la Franche-Comté,
l'Alsace, la Lorraine, la Bourgogne, sans trouver
d'obstacles; franchi les montagnes du Jura , de*
Vosges, du Hùndsruck, la forêt des Àrdennes,
passé un grand nombre de fleuves , forcé le triple
rempart des places fortes de la frontière , et déjà
Tannée de Schwarzenberg et celle de Blucher se
trouvaient à peu de distance l'une de l'autre , sur
les bords de la Seine et de l'Aube, à vingt-cinq
milles de Paris. Alors enfin Napoléon parut sur le
champ de bataille à la tête de son armée. Il voulait
pénétrer entre ses ennemis, empêcher leur réunion,
Jes rejeter l'un après l'autre vers les montagnes
qu'ils avaient passées, et où l'hiver et les habitants
n'auraient pas manqué de leur faire payer cher le
retour.
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CÀMPÀGXE DE 1814.
Blucherétaità Brienne, petite ville près de l'Aube,
avec un château qui servit pendant quelque temps
d'école militaire pour les jeunes Français, et où
Napoléon avait appris cette science qui l'a rendu si'
célèbre j il y avait même son quarlier-général.
Tout-à-coup paraissent les Français, qui attaquent
la ville. L'attaque est repoussée ; mais le général
Château, qui connaissait parfaitement ce lieu , pé-
nètre avec ses grenadiers, à la brune, sans être
aperçu , par les jardins , jusqu'au haut des terrasses.
Blucher se trouva en grand danger ; il n'eut que là
temps de sauter à cheval avec sa suite et de descen-
dre la colline par des sentiers inconnus. Plusieurs
officiers, entre autresje neveu du chancelier-d'état,
le prince de Hardenberg , furent faits prisonniers à
côté de lui. Le feld-maréchal arriva heureusement
au milieu de ses troupes, et les enflamma à une vi-
goureuse résistance , craignant qu'une retraite précis
pitée, à la première rencontre en Frande, ne fût d'un
mauvais pronostic et ne nuisît à l'éclat de ses armes.
Il prolongea donc la lutte jusqu'au milieu de la nuit)
fit même reculer l'aile gauche des Français par une
violente charge de cavalerie, et n'abandonna Brienne
que quand il fut en feu; afin que, comme il le di-
sait ensuite , Napoléon brûlât son propre berceau*
Cependant il n'avait pas réus* dans son projet de le
conper d'avec l'armée de Sehwarzenberg.
Napoléon courut lui-même un grand danger dans
Oftte quit de désordre. Jl revenait après la bataille
sur la grande route de Brienne à Mézières et marchait
t. il. 39
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64P «EPTitwi iPQQUK*, 1648-^-1858.
quelques pas en avant de sa suite , occupé à causer
avec le général Gourgaud ; c'était par une profonde
obscurité. Dans ce moment une troupe des Cosaques,
qui cherchait à faire du bulin, s'étant glissée sans
être aperçue jusqu'à la grande route, attaqua l'escorte
qui passait. Le général Dejean se sentant tout d'un
coup suivi de prës, se détourne et s'écrie : les Ço-
mque$ ! Aussitôt un d'eux attaque le cavalier qu'il
voyait en avant , revêtu d'un habit d'officier supé-
rieur, l'empereur lui-même. Mais Corbineau et Gour-
gaud se jettent entre , et Gourgaud renverse le Co-
saque mort aux pteds de Napoléon. L'escorte accourt
£U#itôt, entoure l'empereur et tue quelques Co-
aaqiies; mais le reste de la troupe m voyant décou-
vert sauta les fossés et disparut. L'empereur arriva
à Mézières à dix heures du soir.
Cette bataille de Brienne eut lieu le 29 janvier
et, le ier février, l'intrépide Blucher était rangé en
ordre de bataille au même endroit. H n'avait pas
encore rassemblé toutes ses troupes ; car Langeron
était encore à Mayence , et York et Kleist étaient
en route ; jnais Schwarzenberg lui avait envoyé I4
plus grande partie de sop armée, 4 es divisions dp
Giulay et du prinee de Wurtemberg avec les res-
serves russes; de sorte /ju'il était assez fort pour
iparcher au-devant de Napoléon, Celui-ci avait prif
une forte position dans les environs de Brienne ej
retranché so» centre à la Rothière, village distant
d'une (ieue et demie. L'empereur n avait pas llfitçfi-
tion de combattre , puisqu'il avait déjà commandé
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ClPfPÀGNE DE 4814. ^ GW
la retraite sur Lesinont; niais le fçkUnflgLrécbal ne
Jut en laissa pas le temps. A midi l'attaque était
engagée sur tous les points.- C'était une dure jour-
née d'hiver, la neige qui tombait à plein temps
couvrait le ciel à ^certains moments d'une telle
obscurité, que souvent les combattants furent obli-
gés de cesser le feu pour attendre <jue le voile sp
fondît et leur permît de voir leurs adversaires."
A droite, le prince de Wurtemberg s'étant frayé im
chemin à travers la forêt d'Eclance, à travers
des marais et des chemins creux, emporta les villages
de Lagibrie et Petit-Mesnil qu'occupaient les lignes
françaises; mais il les paya bien cher. A côté de$
Wurtembergeois le général Wrède 9 à la tête des
Bavarois et des Autrichiens, se porta aussi en avant, ^
conquit les villages de Morvilliers et de Chauménil,
et mit ainsi Taile gauche de Napoléon tout-à-fait à
découvert. L'empereur y arriva lui-même avec Par-
tillerie de sa gar4g et fit c^nonner Morvilliers; lçs
flammes etr la fumée chassèrent les Bavarois qui n'a-
vaient pu être débusqués par les boulets ni par les
baïonnettes. Alors Wrède détacha ses meilleures
troupes de cavalerie avec le brave commandant
Diez; celui- ci partagea ses troupe^ en petites es-
couades , qui parcouraient Je champ de bataille,
menaçant tantôt d'un côté tantôt d'un autre ; pi^
quand le moment favorable est arrivé; à un signal
donné, ils se jçttent tous ensemble sur les ennemis ,
écrasent l'infanterie qui protégeait l'artillerie,
dispersent la cavalerie, massacrent les canonniers
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642 septième époque, 4644—4 888.
et s'emparent des pièces. Cet avantage à l'aile
gauche eut la plus grande Influence sur toute la ba-
taille et fit honneur au général Wrède.
Cependant on combattait toujours avec fureur
dans le village de la Rothièr#, qui était le point
principal de la position des Français. Napoléon y
commandait en personne et opposait toujours de
nouvelles forces aux attaques des Russes. D'un autre
côté l'empereur Alexandre et le roi de Prusse encoura-
geaient aussi leurs troupes par leur présence , de
sorte qu'on y faisait des prodiges de valeur. Enfin
sur le soir le maréchal Bluclier se mit à la tête de
ses troupes et se jela dans le village en criant : En
avant ! il fut emporté et sa prise fut décisive. En vain
-lesennemis cherchèrent-ils à le reconquérir àla faveur
de l'obscurité de Ja nuit. Leur aile droite, qui avait
défendu le village de Dienville contre Giulay, fut
aussi elle-même obligée de se retirer à minuit, et la
victoire fut ainsi déclarée sur tctas les points.
Dangers du mois de février.
Napoléon était donc déchu de ses grandes espé-
rances. Le premier essai de ses armes sur son propre
terrain avait entièremeift échoué et avait même
tourné contre lui. Il se rejthra sur Troyes, la
plus grande ville <yii fût sur la route des alliés, et
il semblait vouloir s'y défendre jusqu'à la dernière
extrémité. Si alors l'armée des alliés eût réuni toutes
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CAMPAGNE DE 1814. •!*
ses forces et 1 eût poursuivi , il aurait été contraint
délivrer une nouvelle bataille , encore plus impor-
tante que la précédente, ou de se retiiwr sur Paris,
pour défendre sa couronne sous les murs de sa ea-
pitale; à moins qu'il ne se fut décidé, avant que
tout espoir ne fûf*pei du , à accepter c^fte paix que
les alliés lui offraient. Un congrès pour la paix s'as-
sembla en effet à Châtillo» dans les premiers jours
de février*
Cependant le conseil de guerre des alliés, voyant
que Napoléon avait déployé si peu de forces dans la
bataille, et supposant qu'il était encore affaibli par
elle , pensa que désormais il n'était p&s nécessaire de
réunir toutes leurs armées pour lui résister ; d'autant
plus que la neige et la pluie avaient tellement gâté
1ms chemins et que les vivres étaient si difficiles à
faire venir , qu'il y aurait eu. de très grandes diffi-
cultés à surmonter. Il décida donc que les deux ar-
mées seraient partagées , et que Blucher irait vwftfe
Marne, tandis que Schwarzenberg descendrait la
Seine. — C'était tout ce que désirait Napoléon. C%
plan lui donnait l'occasion d'exercer ses ancienne?
manœuvres de stratégie ; il se tenait entre les deux
armées bien à couvert, les surveillait avec soin, et
quand l'occasion se prétentait de surprendre une de
leurs divisions, alors il se précipitait dessus ,
comme sur sa proie, et l'écrasait par la supériorité
ée ses forces. C'est ainsi qu'il réussit à obtenir do§
succès momentanés sur les alliés et£ arrêter pendant
tfuelques mois leur mtfrdie sur Paris,
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*14 SEPTIÈME ÉPOQUE. 4646"* 1858.
L'armée de Silësie se mit donc en marche ftUr la
Capitale par la Champagne , sans garder d'ordre }
Sadten marchait en avant, ensuite York, ehfid
Ôlûcher ^ géttéral en chef, avec la division Kleîôtt
I/avabt*garde russe n'était déjà plus qu'à quinaq
Jieues de P*ris; les choses préèieùses , les objetl
d'art , les papiers de l'État furent emballés } graôd
Nombre d habitants prehaient la faite, régardaa*
le sceptre de Napoléo^.déjà comme brisé. Quand
fout- à -coup ëelui-ci, renforcé de vingt mille
hommes de Vieilles troupes qu'il avait fait venir
d'Espagne en voitures , traversé obliquement leê
immenses plaines qui se trouvent «ntre la Seine et
k Marne , malgré ses généraux qui trouvaient 1*
projet ftnpossible , arrive^ après avoir laissé la pi in
grande partie de son artillerie dans la boue , en fâoè
de l'ennemi qui se portait en avant à marches forcées *
et tomba le iO février, près de Champaubert , sur
l'arrière -garde de Sacken , commandée par le
général Àtsufiew; elle est aussitôt enveloppée par
la cavalerie de la garde , attaquée avec fureur de
têti* les eôtés à la fois, et la moitié fut massacrée ott
faite prisonnière: c'était une première étincelledel' an-
cien bonheur deNapçléon, et elle réveilla toute son
assurance. Il fit écrire au â«c dç Vïcence, son plé-
nipotentiaire au congrès de Gh&tillon 9 que ses armes
avaient eu «n brillant changement , et que la puis-*-
•ance française pouvait reprendre son ton de maître
Napoléon, sans perdre un moment, courut à de pi»
grands succès , et voulut artéanttr tonte la divisie»
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CAfePA&HB DB 48*1. 6W
de Satiken qu'il «Hait prendre en dos. Eh ëflfet, il
l'atteignit le lendemain 11 à Montmirail, lui fit
éprouver une perte considérable* et le rejeta sur là
Marne ; heureusement qu'York se hâta d'arriver I
son secours ; alors il réussit à passer le fleuve et i
détruire le pont.
Cependant le feld-maréchal Blucher, à la nouvelle
du danger , s'était mis en toute diligence en route
pour Ghampaubert avec la division de Kleist et left
Russes du général Kapczewitsch, en tout environ
vingt mille hommes. Mais déjà les généraux
avec lesquels il voulait se réunir avaient repassé là
"Marne , et le 14 il se vit attaqué par les Français ^
avec des forces beaucoup supérieures. Ledangcfr
^tait grand y et Napoléon mit tout en œuvre peu*
profiter de la faveur de la fortune. S'il avait pu m*
; velopper ce corps ^ le foire prisonnier avec ses cheft>
l'armée de Silésie était anéantie $ telle était l'intèa*
lion de Napoléon , car Blucher , Gueisenau , Kleièt»
ftethen, Mufflitig, le prince Auguste et bëatië®^
d'autres personnages importai té s'y tmuvaiedtréUttl^
La cavalerie française se jeta aussitôt sur les ailes t
tandis que l'infanterie et l'artillerie attaquaient lé
centre avec une telle fureur que dès Ist première
attaque plusieurs bataillons prussiens furent entière-
ment détruits (*)» Bientôt même on aperçut ^n dos >
(*) Douze pièces d'arttUerie qui devaient suivre Grouchy lorsqu'il ail*
couper le chemin aux ennemis, ne purent arriver à. cause des maurafe
ckemins ; ce fut ce qui saura Jès Prussiens; cependant Bs n'éehappeWl
qu'an perdent un tien de leur armée. (Lafcaume.> *. t.
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$*6 sEPTiÈkfc époque. 4648—1838.
sur la grande route de Chaapaubert à Eloges , 4e
nombreux escadrons français qui fermaient le pas-
sage. Il ne restait donc plus d'espoir de salut que
dans leur valeur et la résolution de a# frayer un
passage. Us se formenten bataillons carres très serrés,
s'avancent à la baïonnette sur cette cavalerie qui est
obligée de s'ouvrir. Cependant ils n'étaient pas en-
core échappés à tous les dangers ; celte cavalerie se
presse sur les flancs , les attaque de tous côté», et
^efforce , par tous les moyens , de jeter du désordre
tlpns leurs rangs ; mais autant ils mettaient de fu-
^eur dans l'attaque , autant Gnèisenau mettait d'ordre,
fie prudence et d'habileté dans la retraite ; c'est lut
qui contribua le plus au salut de l'armée. L'artillerie
fut aussi d'un grand secours ; car si , à cause au dé-
faut de cavalerie, on ne put s'en servir pour pro-
téger l'arrière-garde , du moins renfermée dans les
bataillons carrés, elle faisait un feu terrible sur l'in-
fanterie toutes les fois qu'elle se présentait en masse
pour les attaquer.- Arrivés dans le bois d'Etoges, ils
furent tout d'un coup assaillis par des cavaliers qui
s'y étaient embusqués : l'escorte même de Blucher
fut attaquée» et tous les généraux furent obligés de
mettre Tépée à la main pour se défendre.
Par bonheur que la nuit qui venait peu à peu pro-
mettait <aux Prussiens le repos après lequel ils soupi-
raient. Cependant il fallut encore combattre dans Éta-
ges avec l'infanterie même des Français, qui était
venue par un détour occuper ce village. De toutes ]g$
rues, de toutes les maisons elle faisait un feu terrible }
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CAMPAGNE DE 18ll. 4HT
mais Kleist s'ouvrit tyi chemin à là baïonnette et lé
'reste de l'armée le suivit; elle put ensuite gagner
heureusement son ancienne position àj^ergères. Çe-
yendant cette journée du 14 février fut saugfente
pour les Prussiens. — Les restes de l'armée de Silène
se réunirent derrière la Marne et bientôt marchè-
rent vers l'Aube , afin de se réunir à la grande armée.
Napoléon était ravi de pouvoir encore parler de
-victoire dans ses bulletins et ses gazettes, et de pou-
voir faire conduire à travers les rues de sa capitale
des prisonniers et des canons conques sur l'ennemi.
•Cependant les chants de victoire durent bientôt ces*
aerj quand on sut que les avant-gardes de Schwar-
-senberg n'étaient qu'à dix lieues de la capitale, pen-
dant que l'armée était à combattre sur la Marne. Na-
potéon cessa aussitôt ses poursuites sur l'armée de
$Héste, pour se tourner sur celle-là. Schwarzenberg
avait détaché Wrède et Wiltgenstein sur les derriè-
res des Français pour soulager l'armée de Siléme;
mais comme tous les événements avaient été d'une
"extrême rapidité, ils arrivèrent trop tard, et ils se
trouvèrent alors seuls en £»ce de Napoléon avec de§
forces supérieures, qui les força de se replier sttr la
Seine, après avoir soutenu un chaleureux combat.
Le vaillant prince de \Yurtem'E>erg> q*** conduisait
Savant-garde de la grande armée, avait pris position
avec ses Wurtembergeoîs et quelques Àutrichiefts
dans la ville de Monter eau. Napoléon , après avoir
chassé Witt gens tein jusqu'à Nangis, le 17ievrier*
tomba , lç 1 8, su r le rtri noe de Wprtefiibergavèfc toute
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*■• SBFTffeftE ÉPÔÇU1. <AiB~-48S&
là fiiftbr que lui inspirait la.victoire. Cependant U
tint ferme pendant toute la journée , retranché sur
1<£ hauteur^ ni lés boulets, ni les baïonnettes cUfe
itneilluntfi ne purent débusquer ces braves Wurtew»
■ bergtirii. Trois fois îb repoussèrent Tassant et clefa»-
ctirgntleûr position j enfin i, après avoir épuisé toutes
leurs munitions, et se voyant pris eh flanc par las
Français, ils furent obligés de céder et de passer de
l'autre côté du fleuve ; mais comme l'ennemi se pré*
ftipita en même temps que les fuyards sur ee pon&j il
y eut dans la ville un grand carnage.
Ces dix jours de prospérité rendirent à Napolétyi
toutes* présomption ; car dans le même temps lui
arrivait aussi de Lyon le message du maréchal Auï-
-gereau , qui avait vivement poussé le général antrlr
Alitifftjusqu'à Genève , et menaçait la Suisse avec u*
puita&nt corps d'armée. Or, cette conquête aurait
4&eppé la retraite à la grande armée dés alliés,1 et Nar
poiçoû, déjà Certain du succès, voyait la Suisse con-
siste, V Alsace et la Lorraine qui se levaient en masse
-eonfre les .alliés j et toutes les nombreuses gamisom *
*i$ la frontière, réunies *ux gardes nationales, con-*-
courir avec lui à l'anéantissement de ses ennemis (
aussi , bieft que les conférences de Châtillon conti-
nuassent toujours, il ne voulait plus entendre parler
4e paix ; et quand, dans les conditions qu'on lui fai-
sait* on parla de l'abandon de là Hollande et de
l'Italie, il s'écria : a A quoi, pensent dbdc les.enne**
jpt*? 9e suis maintenant plu* près de Vieme qu'ils
ne sont de Paris *.#. . * ' •
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ciMPÀ<W£ »i 4814. Mi
Paris en était dans la joie et toute la population
partageait les espérance de l'empereur. Cependant H
n'était pas difficile à un œil attentif de voir que «<
n'était qu'un moment d'illusion ; car si la grande w* ^
mée était en retraite, ce n'était «pas après une &H
faite, ni à cause du découragement des soldats, qui
demandaient au contraire avec tant de fureur de
marcher sur Paris , qu'on fut obligé , dans un ordre
du jour, de leur donner les motifs de ce mouvement.
Mais ta Suisse était menacée par Augereau, et il fal-
lait renforcer le général Bubna de deux division*,
peur reprendre qpsuite l'offensive. D'un autre tâté>
le prince de Hesse-Hombourg , avec six divistafll
allemandes, et l'armée de Bulow, qui avait laissé le
duc de Weîraar devant Anvers, arrivaient du nord)
après avoir conquis la Hollande et la Belgique;
Winzingerode et Woronzow passaient le Rhin avw
les Russes , comme avant-garde de l'armée du roi
de Suède, qui, après avoir forcé le Danemark à la
paix, était déjà sur la Meuse pour «olrer en FraMQ~
Cependant, au quartier- général, on parlait sériftf-
aement de la pt»x et de se retirer peu h peu sur le
Rhin pour attendre le résultat des conférences
tenues à Chatrllon» Mais Bluçber s'opposa à cette
opinion de. toutes ses forces , et demandant qu eh
lui dmnât'les divisions de Bulow. et de Wimim-
gerode, il promit de marcher droit jusqu'à Paris.
Sa demande fut accordée? et, dans la nuit dnâimi
2& février **il se porta en avant à la tête {le cetot
nrille honmes. Ce mouvement r te *plua. tqtikl-
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Hft SEPTlÈJIfl ÉFOQ0R. 1648—1838.
rtife de cette guerre , dit un écrivain français ,
déconcerta, extrêmement Njtpoléon. Il venait de
proposer une suspension d'armes, et déjà il se voyait
sur les bords du Rhin. Alors il fallut se décider à
quitter la grande armée pour se m^lre à la pour-
tuile de l'insolent adversaire qu'il croyait avoir
abattu.
Le mois de mars.
r Le dessein de Napoléon était dVteindre le feld-
MMtféchal Blucher avant sa réunion avec l'autre
corps d'armée dont il était séparé par l'Aisne. Mais
déjà Bulow et Winzingerode aVbient assiégé Soissons,
située sur cette rivière, avec un beau pont qui offrait
un point très convenable pour la réunion des deux
armées. Cette ville, pourvue de murailles et de fossés,
étmt défendue par une nombreuse garnison fran-
• çaise; mais aussitôt Bulow fit faire les préparatifs
pour l'assaut. Déjà les assaillants, au point dn jour,
s'avançaient en bon ordre avec le&échellés, quand
le commandant de la place, qui ne connaissait pas
l'importance du moment, et ne savait pas Napo-
léon dans le voisinage, livra la ville gt se retira
«vec sa garnison. Le feld-maréchal y passa lamvière
et s'avança toujours au nord jusqu'à Laon, où il
réunit toutes ses forces %t prit Une très forte posi-
tion. Napoléon , pour en finir avec cet* adversaire ,
feipôiftsùjnt de l'autre coté de la rivière, bien
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r CÀMPÀGNK DE ^844. * fcSf*
qu'ainsi il s'éloignât toujours de la grande armée et
de Paris, dont il était distant de trente-trois lieues.
^Bataille de Laon. 0 et 10 mars»
Le 7 mars, il attaqua Winzipgerode, retranché
dans de fortes positions à Craone, et ne le força à
se replier sur Laon qu'après avoir lui-même éprouvé
de grandes pertes. Blucher l'attendait à Laon, ville
située sur une montagne inexpugnable, de trois ou
quatre mille pieds de haut, qui faisait Je point cen-
tral de sa position. Cependant les Français, à la
pointe du jour, le 9 mars; se précipitèrent sur ïe
village de Semilljr, au pied de la montagne, et s'en
rendirent maîtres pour quelque temps; mais lès
troupes de Bulow les en chassèrent, et Napoléon
n'osa plus tenter d'escalader la montagne.
Le comb# continua toute la journée sur les deux
ailes, et Napoléon s'efforçait particulièrement de
chasser les Prussiens de la grande route de Belgique.
A midi, il avait en effet obtenu des avantages, et
l'avant-gardeMes Prussiens avait été obligée d'aban-
donner le village d'Athi&j mais sur le soir, .Kleist m
et York résolurent de l'arrêter dans son dessein par
un coup de main. JU>rsque l'obscurité couvrait déjà
te champ de bataiUe et que l'ennemi, croyant cette
journée sanglante à sa fin, avait déjà allume des feux
dans son camp, les Prussiens revinrent à l'attaque.
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899 SEPTife** époqpk, 4648— 1&».
4-e prince Guillaume s'empara à gauche du viifege
d'Athis et d une colline boiseuse que les Français
occupaient ; d'autres troupe* pénétrèrent jusque dans
le village même, et déjà Ziethen avait enveloppé
avec sa cavalerie tout le flanc droit des ennemis ,
pour tomber sur eux quand l'infanterie les aura
forces de se retirer. Ttut réassit, les Prussiens arri-
vent à la baïonnette, sans tirer un seul coup, jusque
mr l'ennemi , et ne font feu que quand Us ta voient
couçir aux. armes. Dans quelques instants ils soat
, mU en désordre, leur artillerie est prise et la déroute
. est complète. I*a cavalerie achève leur défaite et leur
çnlève toute l'tfrtillerie , à l'exception de quatre
pièces, c'est-à-dire qua^nte-six canons. Ce fut une
victoire complète qui n'avait coûté que quelques ,
paorts; tandis que le corps de Ma r mont, qui avait
spuffert cet échec, |rv:ait fait des pertes considérables.
Le lendemain, 10 mars, soit pour faciliter la re-
traite de son aile battue la veille, soit pour chercher
* à obtenir quelques avantages sur le centç e, il fit atta-
cjuer la hauteur de Laon et fut repoussé Comme le
jour précédent. Sur le soir, il fit encore une tenta-
tive aussi infructueuse sur le village de Semilly, efe
voyant alors toute attaque impossible, il opéra sp
retraite la nuit suivante j mais il avait fait d'énormes
* perteé.
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Ifftpoftfoa oontre f chwanenbgng .
Napoléon était vivement affecté de cet échec en-
rayé contre l'armée dejSilésie, À quoi avaient servi
las poursuites et les fatiguas* de ses guerrière? C$
même adversaire contre lequel il s'était acharné,
qu'il se vantait, au commencement de février, d'à*
roir anéanti, il le voyait maintenant inattaquable
«ir ses derrières, et bientôt s'avancer pour resserrer
4e plus en plus le cercle de ces opérations. Il ne lu>
restait donc plus que de se tourner cdhtre Sdhwv*
senberg, de tâcher de surprendre la grandie qrmée,
pour l'attaquer et la battre en détail.
Le général Schwarzenberg se trouvait de nouveau
«ur l'Aube, où il s'était porté aussitôt après 1$ dé*-
part de Napoléon contre, l'armée de Silésie. Il avaij;
battu, le 2? février, à Bar-sur- Aul>e, le maréchoj
Oudinpt, chargé de le contenir; ^vaitrepris Troyet^
et attendait, dans le/plaines situées entre la Seine etfp
Marne, ce qui arriverait entre Jilucher et Napoléon
Bientôt il le vit lui-même en présence, arrivant dç
Laon. Il tomba tout d'un coup, le i3 mars, «m;
Reims, où était Saint-Priest à la téta des Ru&çç,
s'empara de la* ville, tua le général, et le 20, il
était avec toutes ses troupes en face dfe Ja grande
armée, occupant Arcis-sur-Aube. Il espérait , par
une attaque soudaine , rompra les liens qui unis-
saient l'armée de Sclwarzenberg, et jeter Je désordre
.parmi les différents corps; mais il trouva les ligne?
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034 septième éfoqve. 4648—1858.
bien formées et le bon orére partout, de sorte que
son projet fut encore une fois sans succès. L'empe-
reur Alexandre et le roi Frédéric-Guillaume, bien
résolus à ne pas différer plus long-temps une ba-
taille décisive, s'étaient hâtés de rejoindre l'armée
i marches forcées, éfr il y eut , ce même jour
20 mars, un engagement très sérieux auprès d'Arcis.
Les escadrons de la garde furent repoussés avec une
telle violence que Napoléon, pour ne pas perdre cç
point important, fut obligé de mettre lui-même
Fépée à la main, de rassembler ies fuyards, de se
illettré aussitôt à leur tête: et de les ramener au
combat, il s'e&posa tellement dans cette charge, que
pour se défendre contre un Cosaque qui venait sur
lui la lance en arrêt;, il fut obligé de faire feu lui-
mérae avec ses pistolets. Un grand nombre des offi-
ciers qui raccompagnaient furent tués à ses côtés ,
et son cheval fut atteint et tué par un boulet.
Mais, bien loin de fuir le danger, il ne mit que plus
d'audace à le braver. Un obus vint tomber à ses
a pieds, il attendit le coup de sang-froid, bientôt il
éclata, un épais nuage de fumée l'enveloppa ; 09 le
crut perdu. Il se releva, sauta sur un autre cheval et
vint se placer de nouveau sous le feu des batteries.
Àrcis fut sauvé; mais il fallut les plus grands efforts
et l'arrivée de Pinfanterie française.
L'armée des alliés s'était préparée» à une grande
action pour lelendeftiain ; Napoléon s'était lui-même *
rangé en bataille en avant d'Àrcis , et les deux ar-
mées se tinrent en présence, attendant réciproque*
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CAMPAGNE DE 1844. 625
ment l'attaque l'une de l'autre. C'était un moment
solennel qui allait décider de la guerre et qui dura
plusieurs heures. En effet ces quelques heures fu-
rent décisives pour le sort du monde; mais d'une
autre façon qû'oii aurait pu le comprendre. Car
ce fut pendant cet intervalle de temps que Napo-
léon mit à terme un projet qttil portait depuis long-
temps dans son cœur, sur lequel il mettait toutes
ses espérances, et qui pourtant fut cause de sa rui-
ne. Aussitôt il en commença l'etécutibn. Lors don%
que les alliés tenaient les yeux fixés sur lui et dans la
plus grande attente , ils aperçurent avec le plus
grand étonriement les rangs français sç débande^
l'armée passer l'Aube et déjà traversant par-dessus
les montagnes de l'autre rive. Il entrait dans ses
nouveaux plans de guerre, après avoir assez long-
temps cherché une décision dans une bataille rao- •
gée,* de changer de tactique, d'aller se jeter sur lés
derrières de Schwarzenberg par df s marches forcées ;
parce que celui-ci, se disait- il, ne manquerait pas
de se replier en, arrière pour s'assurer un chemip , et
qu'alors il pourrait le faire tomber dans des embus-
cades, secondé par les garnisons qui étaient dans les
places fortes et par la population. Il avait préparé ses
plans depuis long-temps ; ses commandants de place
* en avaient été informés par des messagers secrets (des
espions qui cachaient leurs nouvelles dans leurs can-
nes, dans leurs habits , dans ies colliers de leurs
chiens.) Ilsent'raient d'ailleurs tout-à-fait dtnsl'esprit
des habitants qui déjà étaient presque patfout en
T. II. 40
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636 septième époque. 1648—4838.
pleine révolte ; ils se tenaient cachés dans lesbois , daps
les chemins creux, attaquaient les détachements, les
courriers et empêchaient les communications des
allies. Les convois ne pouvaient pas arriver ; déjà la
poudre et le plomb commençaient à manquer jet si
maintenant des troupes exercées se joignaient aux
paysans , une retraite %'aurait pas manqué d'entraîner
la ruine de Tannée des alliés.
Napoléon était si convaincu de la bonté de ses ■
plans et tellement aveuglé par son orgueil , qu'au
moment même où il arrivait sur le bord du pré-
cipice , il croyait ses ennemis perdus et lâchait ces
paroles incompréhensibles : « Oh a parlé de paix ;
mais je ne négocie point avec des prisonniers. » En
même temps, il fit rompre les confidences qjii se te-
naient à Chàtiilon , détruisant^insi les dernières es-
pérances d'une paix à l'amiable et tous les motifs
qui a vaientf jusqu'alors apporté de la lenteur* dans
les opérations de la guerre. Ainsi la décision de son ■
sort marchait à gfands pas.
Marche sur Paris.
L'étonncment était d'autant plus grand dans l'ar-
mée des alliés après ce mouvement %subit de Napo-
léon, que lés Cosaques qu'on avait envoyés à la dé-
couverte rapportaient à leur façon : « que Tenue mi
M retirait tion sur Paris, mais sur Moscou » Cependant
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CAMPAGNE DE 4814* &%1
on reçut promptçment des instructions par Èm lettre
de l'empereur même à l'impératrice qui fut prise fart
à propos, dans^ laquelle il lui découvrait tout sop
plan, tel que nous l'avons donné plus haut. — C'é-
tait donc un moment bien important pour l'armée
des alliés. Les uns conseillaient d'assurer les der-
rières et de se rapprocher du Rhin, les autres "au
contraire plus confiants disaient qu'il fallait marcher
sur Paris qui ne pouvait résister ; et ce dernier avis
l'emporta, H fut résolu qu'on laisserait Napoléon
çn arrière et qu'on se porterait en avant pour se
réunir sur la Marne à l'arnij$e de Blucher.
Le lendemain, 2&mars, on apprit ^ue FarméetleSi-
lësie était déjà dans le voisinage, et le conseil de^uerre **
itôsenablé à Vîtry décida aussitôt que les deux at-
hées réunies marcheraient sur Paris et que le gén<-
xal Winzingerode marcherait seul contre Napoléon
% avec dix uiilltfhommes de cavalerie ^d'artjjleçielég^-
re,pqur lui faire croire que le gros de 1 armée suivait.
de cri, sur Paris! réveilla ^enthousiasme de» sol-
dats 9 ^'autant qu'ils avaient eu beaucoup à souffrir,
depuis trois mois qu'ils étaient en France ,1e froid ,
la neige, la pluie*, la disette de tout;, ruais alors Jout
fut oublié. Des nouvelles favorables vinrent d'^i-
leurs encore confirmer les chefs dans leur résolution .
C'étaient des courriers partis de Paris , arrêtés j#r
la cavalerie légère , porteurs 4e dédies qui annon-
çaient que dix mille Anglais étaient débarqués à
Livourne en Italie; que Lyon, la deuxième ville
du royaume, avait été prise par les Autrichiens^ et
40-
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628 lEPTlfcMB époque. 1642—1838.
que l'armée d'Augerea* était dansante mauvaise po-
sition ; que Wellington était entré dans Bordeaux
et s'avançait dans le cœur de k France ; enfin il y
avait un rapport du ministre de la police qui décla-
rait que les esprits étaient mal disposés dans la ca-
pitale et gue la plupart des citoyens étaient extrê-
mement fatigués de la longueur de la guerre.
Ils marchèrent donc sur Paris en toute h|te. Blu-
cher était sur la rive droite de la Marne , Schwar-
zenberg sur la rive gauche ; ils voulaient se réunir à
moitié route. Ils rencontrèrent, dans les taémcs
lieux ou six semaines avant ils avaient été surpris
par Napoléon , les maréchaux Mortier et Marmput
en route pomr aller rejoindre l'empereur; car il
rassemblait toutes ses forces sur les derrières. Quelle
fat leur frayeur quand ils se virent coupés de Jui
par deux cent mille hommes. Ils voulurent faire quel-
que résistance fie 25 mars , £ la Fère-Champenoise,
dans une forte position ; mais ils furent emportes
comme par un torrent et ne durent qu'à la nuit d'é-
chapper à une destruction complète. Cependant le
général Pactod , qui se trouvait sur leur route avec
six mille hommes et une quantité de bagages et de
provisions de toute espèce, fut entouré par la cava-
lerie des deux armées , et après s'être long-temps
défendu ayec le plus grand courage , il fut fait pri-
sonnier avec tous ceux qui survivaient. Ensuite les
deux armées firent leur réunion.
Pendant ce temps-là, l'Allemagne était dans la
jitts grande inquiétude pour ses guerriers, elle ne
I
CAMPAGNE DB 1814. 629
savait rien de Ipurf succès , ni de leur nouvelle déci-
sion. Les nouvelles étaient interceptées et les" craintes
augmentaient chaque Jour. Mais bientôt arriva la
nouvelle favorable et elle n'en causa que plus
de joie. '
Capitulation de Paris. 50 et SI mars.
L'armée des alliés fit la plus grande diligence
possible et arriva enfin , le 29 mars au soir, devant les
portes de cette fière capitale , qui si long-temps avait
commandé au monde et était encore chargée de ses
dépouilles. Joseph , frère deH apoléon et l'ancien .
roi d'Espagne, s'y trouvait avec une foule de parti-
sans , et il maintint le peuple en lui faisant croire
que ce n'était qu'un détachement de l'armée qui
voulait essayer de jeter l'effroi dans la çajjjale. Les •
maréchaux Marmont et Mortier ayant rassemblé
tout ce qu'ils avaient de troupes, les avaient postées
sur- les hauteurs hors de Paris avec toute leur artil* '
leriej de sorte qu'ils se trouvaient à Montmartre et
sur Tes autres collines à l'est de la ville avec vingt-
cinq mille hommes et cept cinquante canons. Ils
cherchèrent à arrêter l'ennemi jpsqu'à ce qu'enfin
Napoléon arrivât pour les délivrer.
Napoléon était bien à la vérité en marche pour y
venir , mais il était trop éloigné pour arriver à temps. *
Il avait été victime de sqn aveuele confiance et avait
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680 SEPTIEME ÉrOQTTB. 4648—1858.
laisse prendre une avance de quatre jours à Varméé
qui marchait surParis. Les généraux Winzingerode
et Gzernittschef l'avaient complètement trompé en
lni.fâisant croire qu'ils étaient l'avant-garde de l'ar-
mée , qui s'était mise en hâte à sa poursuite , et déjà
même il se félicitait des succès de sa ruse. Cepen-
dant ne voyant jamais que de la cavalerie et pas
un seul fantassin , il conçut enfin quelque» soupçons;
il voulut donc s'en convaincre , et attaqua lui-
même le général Winzingerode qui fut à la vérité
bbîigé de se replier devant lui ; mais il ne put en-
core rien obtenir de certain jusqu'au 29 mars. AltiH
arriva une estafette de Paris , qui le rencontra sW
PÀube à Efbulancourt. Napoléon se hâta de de*»
cendre dWe petite hauteur sur le fleuve pour ou-
vrir ees lettres mystérieuses; il fut comme frappé
de la foudre , quand il sut que la guerre allait se
décider h Paris et qu'il en était à plus de quarante
iieties. È abandonna donc aussitôt sod armée, et
j>artit avec quelques hommes seulement pour tâcher
d'arriver à temps ; mais il pressa" vainement sespostil-
Ions, il ne put entendre que de loin le canon" du
combat qui se livrait devant Paris , et le 30, à Si*
heures du soir , il apprit à Fromenteau 7 encore à
cinq Jieues de la vflle , qu'il éfail arrivé quelques
heures trop tard; #aris s'était rendu. Napoléon n'é-
tait séparé que par la Seine des avant-postes de
l'ennemi. Les feux de leurs bivouacs brillaient sur
tonte la- rive gatfche-? tandis qu'une profonde obscu-
rité le cachait, ihi , quelque^ serviteurs ef deux yoi*
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ClMTÀGWE DE 1814. 63t
tares de poste. Le lendemain à deux heures da
matin , quand il sut positivement que la capitulation
était signée 7 il revint sur ses pas et se fendit à Fon-
tainebleau. Or voici les événements qui avaient
amené la capitulation.
Le 30 mars au matfn , le général B&rclai de Tolly,
qui commandait les Russes et les Prussiens sous les
ordres du* général en chef Schwarzénberg , attaqua
les hauteurs de Belleville , où était le point central
du système de défense» La lutte fut opiniâtre et
d'abord indécise; parce que Jes jardins -, les vignes
et les bosquets qui se trouvaient de tous côtés facili-
taient beaucoup la défense; mais surtout, parce
qu6 les troupes du prince de Wurtemberg et de Blu-
cher qui devaient aider* à droite et à gauche ne
purent arriver à l'attaque avant midi. L'artillerie
française, avantageusement postée, écrasait des rangs
entiers de nos valeureux. assaillants; à la fin cepen-
dant les hauteurs de Bellevilfe furent emportées
et l'artillerie fut prise. Alors les Parisiens comprirent
bien que c'était fort sérieux pour èmtt et que ce
s'était point seulement un détachement. Déjà ses
rues , autrefois si brillantes de magnifiques équipages»
pétaient alors remplies 'de gens de la campagne qm
y cherchaient un asile avec leurs charriâtes, leurs
troupeaux et leurs bagages.
À, midi , l'armée de Silésie attaqua les hauteurs
- de Montmartre. York, Kleist et Langeron chassèrent
(l les Français de tous les villages, et la cavalerie
" ra&he put -prendre part au combat; k village dé la
t
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652 septième époque. 1648—4858.
Yillette fut emporté par elle, et les Français furent
repousses jusqu'aux faubourgs. Montmartre fut pris
avec Partillerie qui le défendait.
A l'extrême aile gauche, leprincede Wurtemberg
avait aussi lui , malgré une vigoureuse défense des
approches de Vincennes prolongée jusqu'après midi ,
forcé ]es ennemis de reculer jusqu'aux portes.
Alors les deux maréchaux les principaux de la ville
demandèrent à capituler; il fut convenu que la
ville serait livrée le lendepiain matin 31 mars, et
que les maréchaux Marmont et Mortier se retire-
raient avec les restes de leurs troupes.
Abdication de Napoléon. —Paix de Paris.
Le 1er avril, l'empereur Alexandre fit publier,
tant en son nom qi* en celui des alliés : « qu'il ne
voulait, en aucune façon, traiter avec Napoléon 9
ni avec ajicun membre de sa famille ; que du reste
il laissait aux Français la liberté de se choisir un
autre gouvernement. » Par suite de cette déclaration,
le conseil municipal fut le premier à se déclarer dé»
lié du serment de fidélité envers Napoléon; il
témoigna le désir de revoir l'ancienne maison
royale , et le lendemain , 2 avril , le sénat lui-même
déclara , au nom de toute la France , la déposition
de Napoléon.
. Cet événement fut un coup de foudqS pour Ka-
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C1MPAGWE deW14. 633
poléon, lui qui s'était constamment flatté de pouvoir
réunir ses forces et tenter encore une fois le sort des
armes. Il était toujours à Fontainebleau, à donz*
lieues de Paris; la colère et l'abattement bouieveiv
saient tour-à-tour son Ame : enfin il se décida à
marcher sur Paris, plein de confiance encore dats
son armée. Le 5 avril fut fixé, et déjà une foule.de
guerriers s'apprêtaient à le suivre) mais, danpce mo-
ment, ses maréchaux refusèrent de coopéer avec lui
dans une telle entreprise. Ney et Lefèvre le suivirent '
jusque dans sa chambre, lui firent connaître l'acte
de sa déchéance, et lui déclarèrent qu'ils ne pou-
Taient compter sur l'obéissance de l'armée. Alors,
il voulut au mointtentetde conserver la couronne
de France à son fils, qu'il avait fait appeler roi de
Rome. Il offrit donc' son abdication à cette condi-
tion; mais ni ïçs alliés, ni le gouvernement provi-
soire, qui siégeait dans Paris ,. ne voulurent y accé-
der. Le 6 avril, le sénat rappela l'ancienne famille
qt recounut Louis XVIII comme roi de France ; et
Ton offrit à Napoléon une retraite libre dans l'île
d'Elbe, sur les côtes d'tyriie.<Conlre toute attente, il
signa f?ec calme cette abdication qu'on lui imposait,
le 11 avril. Sans doute qu'il avait déjà au fond dç
son âme le projet de profile» d'un moment favorable ,
quand l'EuH)j*e aurait déposé les armes, pour recon-
quérir son empire. Il gartU pour l'île d'Elbe, le 20*
avril, et il y fixa sa demeure. Louis XVI II fît
son eptrée à Paris le 3 mai, et monta sur le trône de
son frère vingl-et-uaans aprç&son exécution.
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•M SEpnfeXB hoQv*. 4048—1838.
Le 80 mai fut signée la première paix de Paris,
«tftrela France et l'Europe. La France conserva le*
4n4mes limites qu'elle avait eues sous ses rois, et
par conséquent l'Alsace et la Lorraine, quî avaient
anciennement appartenu à l'Allemagne; elle garda
Même de plus une certaine étendue de terrain qui
n'avait été conquis que sous la république. Elle n'eut
point à.payer les frais de la guerre ; la ville de Paris
conserva les chefs-d'œuvre qui ataient été dérobé*
de ps toute l'Europe ; et des milliers de Français, re-
tenu* prisonniers en Russie, en Autriche* en Prusse,
en Angleterre , furent rendus à (a liberté sans ran-
çon. — On devait donc croire que cette paix allait
jrepoeer simdes baaes solides ; miis à peine quelques
mois s'étaient éooplés, h peine les peuples av*ietft-&
commencé & goûter les bienfaits de la paix, qu'elle
Dit de nouveau rompue.
CAMfAGNE DE 1815.
Retour de ffle d'Elbe.
Napoléon entretenait de son .île des émissaires
ipecrets dans toute l'Europe, Ayant donc appris -qu'il
y avait de la division dans le congrès de Vienne,
*|Uf*, d'un autre côté, toute la France était en fer-
me ntation, excitée d'ailtaurapar ses partisans qai se-
maient tout espèce d'accusafions parmi Ift peuple, u
s*assurà de la sympathie qu'il trouverait ancore
p^rmi ses anciennes trotipes; et, le 26 février* u
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CAMPÀGHE DB 4815. <W
quitta son fie, à la tête de onze cents soldats de S*
vieille garde, et vint prendre terre près de Cannes,
an même endroit qu'à son retour d'Egypte. Tous se* *
anciens soldats furent aussitôt-enflammés pour lui
_ du plus grand enthousiasme , tjui fut aussi partagé
par une partie de la population. Il avait dit en de*
barqiiant : « Bientôt vous allez voir mon aîgfc?
prendre son essor sui» tous les clochers de Franoe^
jftsqu'à ce qu'il vienne +e reposer sur les tours éë
Notre-Dame. » Et, en effet , les villes et les vilf>f
le reçurent partout avec acclamations, Les trovpéal
qu'on envoya contre lui, au lieu de se servir de leurs
armes , le saluèrent de cris dé joie ; et , après vingt
jours de marche, il fit son entrée à Paris , à la tété
de toutes les armées de France, le 20 mars, sanrf
qu'il lui en ait coûté une seule goutte de sang*
. Louis XVIII fut obligé d'abandonner son royaume*
et il se retira sur la frontière.
Alors Napoléon eut Vecours à tous les moyens
pour se concilier les esprits ; à ses anciens' soldats .
il parlait de leurs anciens lauriers , aux libéraux il
promettait la liberté, #ux gens pacifiques il affirmait
ses iptentions de paix , disant que ses malheurs ga-
vaient instruit et qu'il ne voulait plus que le bon-
heur de son peuple; il tenait le même langage au*
puissance» étrangères. Mais le congrès de Vienne se
déclara fortement* contre lui, et décida que toute
l'Europe s'armerait comme contre le perturbateur
de la pahçpublique.
Cependant Napoléon voyant que toutes ses pro*
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68$, septièmi éwrçui;. 1648—1838:
testations étaient inutiles, se prépara à une lutte
désespérée. Alors, pour.gagner }e peuple Français ,
* comme il avait toujours fait jusqu'à présent, par
un nouveau coup de théâtre, il couvoqua à Paris
une grande réunion de tous ses adhérents, pour faire
décider dans une grande assemblée du champ de
mai, suivant les mœurs des anciens Francs, disait-
il, 4'il devait réellement se faire de nouveau apper
lar empereur des. FrançaisvChacun avait reçu d'a-
vance la réponse qu'il avait à faire, il fut donc
proclamé et on lui jura serment de fidélité. *
An bout de quelques mois, il se vi^i la tête d'one
belle armée. Tant de milliers de prisonniers rendus
à la paix , les restes de la vieille armée et de nou-
velles levées furent enrôlés èbus ses drapeaux.
JSn outre Jes gardes nationales furent armées , et
* les journaux français parlaient déjà de millions %
d'hommes prêts à combattre peur leur empereur.
Murât commence la guerre.
De tous les membres de 3a famille que Napoléon
avait placés sur des trônes , il ne restait plus que son
beau-frère, le roi de Naples , qui avait sauvé s% cou-
ronne, en 1814, en abandonnant Napoléon, tandis
qu'il combattait encore coatre les alliés , pour faire
une alliance avec* eux. Ce n'avait point é^ par haine
pou* l'ambition française, ni par inclination pour
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"* CAMPAOKB DB 4845. 657
les principes de l'alliance, mais uniquement pour
> ménager ses propres intérêts qu'il avait abandonné
Napoléon. Quand donc il vit la fortuné changer
de côté , Napoléon remonter sur son trône aux cris
des acclamations du peuple et recouvrer son an-
cienne puissance , alors Murât crut qu'il serait plus
avantageux de s'unir avec lui.
D'ailleurs sa préemption fui mettait sous les yeux
les plus belles espérances. L'Italie était tout en*
tière en fermentation , une foule d'habitants de ce
beau pays , toujours morcelé depuis plus de douze
cents ans et souvent opprimé jpar les étrangers, sou*
pilaient après une-réunion de tmites les provinces
de la patrie pour former un empire puissant , in-
dépendant , qui pût occuper une place honorable
parmi les autres. ^Joachim Murât voulut donc alors
se présenter s eux pour obtenir ce but 5 et en s'a-
vançant dans Je nord de l'Italie , il affecta d'imitefr>
le langage et les grands mots de Napoléon; Mais il
eut, bientôt à payes la témérité d'avoir visé à un but
trop élevé pour lui. Les généraux autrichiens qui
furent envoyés contre lui, Ffimont , Bianchi , Niéjk-
perg et Nugent, le chassèrent devant eux de place •
en place, dans tottte la longueur de la presqu'île,
jusque dans ses propres étais; le battirent toute* les
fois qu'U voulut faire résistance , détruisirent son
armée et le forcèrent enfin à quitter lionteusenpent-
sa capitale et toute 4'ltalie, pour aller chercher un
tsile en France, comme fugitif.
'Digitizedby Vj(
638 lEPTifcME époque. 1648—1838. '
Guerre dans les Pays-Bas contre Napoléon.
Celte première guerre d'Italie nVvait duré que
le mois de maif. et une plus grande encore devait se
terminer dans le courant de juin. SchwarzenJ>erg
avec les Autrichiens, les Bavarois, les Wurtem-
J>ergepis et les Badois .occupait toute la frontière,
depuis la Suisse jusqu a moitié du Rhin ; le feld-
maréchal Blucher était avec les Prussiens dans les
Pays-Bas sur la Meuse, et tout près de lui lord Wel-
lington couvrait tout le pays jusqu'à la mer du Nord
avec les Anglais ^ les Néerlandais, les Hanovriçps et
lesBrunswickois. Les Russestlevaient remplir l'inter-
valle entre Blucher et Scbvrarzenberg ; mais ils n'é-
taient pas encore arrivés sus le champ de bataille.
Alors Napoléon , regardant tout autour de lui , con-
^sidérait sur quel point il porterait lesjpremiers coups
du glaive terrible qu'if brandissait dans sa main. Ce
fut sur son ennemi le plus près et le pi u£ dangereux,
. sur Blucher et Wellington , c(U'iI frappa. S'il avait
' pu réussir à les tailler en pièce, chasser l'un de l'autre
côté du Rhin et forcer l'autre de remonter dans ses
vaisseaux , alors îl devenait maître de la Belgique,
'de sa capitale, de son argent et de ses homme* ;
ensuite f il pouvait avec sa garde courir sur le haut
Rhih et battre encore Schwarzenberg avant ^arrivée
des Russes. ,
Telles étaient ses espérances quand il partit
de Paris, dans la nuit du 11 juin. Toutes ses
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' CAMPAGNE PE J615., *€8t#
troupes suaient déjà rassemblées, suivant se$ ordres
sur la Sambre et la Meuse ; et le 14 juin au moment
de commencer cette sanglante lutte , il paria ^ixui
à son armée : « Soldats! c'est aujourd'hui l'aûnir
versâire des batailles de Marerigo et de Friedlandj
qui deux fois ont décidé du sort dt l'Europe*
Alors, comme souvent, -nous fûmes trop généreux, m
nous laissâmes sur leurs trônes ces princes qu'au-
jourd'hui menacent l'indépendance de la France.
N'êtes-vous pas et ne sommes-nous pas encore les
mêmes? S'ils entrent en France, ils y trouveront leur
tombesui. » »
Telle était sa confiance , quand il se vit à kt tête
de son armée; c'était en effet une dçft plu& belles
que la Fraqpe ait mises sur pied , cent cinquante mille
hommes bien équipés avec quatre cents pièces d'ar-
tillerie» Mais ce quftendait cette armée plus redou-
table ? c'était sa*résoiption de vaincre ou de mourir.
La garde, foi te de quarante mille homme*, avait en-
veloppé ses aigles d'un .flrépe noir, jusqu'à ce qu'une
grande victoire permît 4e le* montrer dans tout l^pr
éclat. •
+ Napaléon porta sa première attaque sur le point
.par lequel les deux armées de Wellington -et de*1
Blucher se touchaient} c'était précisément l'endroit
le plus faible des deux aidées, parce que làditcqn
des deux généraux cessait son commandement* A
gauche, il avait devait lui Wellington avec quatre-
vingt mile hommes, savoir : trente mille AiigUjs,
yingt mille Hanavriens, dix njiMe Brunswickoia ^t
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640' septième IfùQVE. 1648—4838.
vingt mille Néerlandais etHessois* Adreite, c'était
Blttcher avec quatre corps d'armée qui faisaient
plus de cent mille hommes* et étaient commandés
|»r quatre généraux : Ziethen , Thielmann , Pirch
et Bulow. Mais ces corps d'armée , prussiens et an-
glais, avaient leurs campements fort éloignés les uns
. des autres, afin d'occuper une plus grande étendae
de terrain. Napoléon, le 15 juin, à deux heures du
matin, déboucha près de Thuin , à travers leà con-
trées couvertes de la Sambre, et se jeta avec tant de
rapidité sur Charleroi r qu'à peine les postes avancés
* de Zietften eurent le temps de faire leur Retraite ;
les Cuirassiers français se répandirent avec tant de
. furent sur toutes les routes et dans lus campagnes que
les pertes de la journée furent considérables. Ce-
pendant Ziethen se maintint en bon ordre près de
Fleurus, et donna le temps au feld-marécbal de ras-
sembler en toute hâte les deuxième et troisième
corps. ;
Bataille de Lîgny et combat des Quatre-Bras* 16 jgia.
Bliidker résolut de livrer bataille aux cent mille
hommes de Napoléon avec sqp trois corps d armé*
tjéi faisaient environ qtfltre-yingt mille homme»;
parce qu'il comptait que Bulqw arriverait sur lé
champ de bataille avant la in de là journée , et que
Wellington lui-méiHe enverrait des secours de son
côté. L'armée prussienne occupait les hauteurs 4pii
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CAMPAGNE DE 1816. 641
bordaientla rivière de Ligny , avec trois villages clans
ses lignes: Saint-Amand où était l'aile droite , Ligny
où était le centre de la bataille, et Sombref qui avait
l'aile gauche. Pfapoléon avait l'intention de portertou-
tes ses forces sur l'aile droite , afin de la rompre et de
la couper entièrement d'avec les Anglais , et il fit
attaquer le village de Saint-Amgpd à trois heures
après midi. C'était Ziethen quî s'y trouvait avec ces
mêmes troupes qui s'étaient trouvées engagées la
veille f cependant elles tinrent ferme contre l'atta-
que, quelque opiniâtre qu'elle fût, jusqu'à ce que
les ennemis ayant trouvé un chemin détourné "h
travers une cour arrivèrent de tous côtés dans le vil-
lage. Alors les combattants qui comptaient parmi eux
un grand nombrede nouvelles levées, abandonnèrent
cette partie du village appelée grand Saint-Amand et
se retirèrent derrière la rivière dé Ligny. L'autre
partie, le petit Saint-Amand, fut perdu» à une
deuxième attaque des Français.
Aussitôt Napoléon dirigea ses coups sur le centre
de bataille et fit attaquer le village de Ligny avec la
plus grande opiniâtreté. Ce fut un des combats lef
plus acharnés dont parle l'histoire , dit le rapport
même du général prussien. Ligny est considérable ,
bâti en pierres et s'étend tout le long de la rivière.
Chaque maison, chaque jardin , chaque rue devint le
théâtre d'une lutte acharnée. Cependant le village
fut p#is et repris plusieurs fois ; on y combattit cinq
heures, tour-à-tour avançant et reculant; et toujours
de nouvelles troupes se succédaient des deux côtés
T. II. fti
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443 SEPTifeu* époque. 1648 — 1838.
sur le ebamp dé bataille. En outre, plus dedfeux cent»
bouches d'artillerie écrasaient le village de leur*
boulets de dessus les hauteurs; de sorte qu'il fut
hieafcôt en feu sur plusieurs points; et tes toits, les
salives elles murailles s'affaissaient, s'écroulaient avec
im fracas horrible.
Tandisque la bataille sévissaitavec le plus de fureur
etquç Napoléon avait^légarai son aile gauche pour
attaquer Ligny avec d'autant plus de vigueur, lefeld-
maréchal se mit lui-même à la tête de ses troupes et
vint conduire l'attaque du village de Saint-Arnaud
qtfil avait déjà perdu. Une portion du village fut
emportée, et si Wellington ou Bulow avait été
en état de l'aider dans ce moment, le feld-marechal
frisant une vive attaque sur l'aile gauche des Fran-
pus , aurait pu décider la victoire. Mais la division
anglaise qui devait arriver avait été si vigoureuse-
ment rqfue par le maréchal Ney aux Quatge-Bras ,
qu'à peine même put-elle se maintenir en présence/
et Bulow avait été retardé dans sa marche par plu -
sipurs accidents. De sorte que Blucher n'avait plut
^sojapter que sur son propre courage.
Dé)> le jour tombait, et la bataille durait encore
autour de Ligny, toujours aussi sanglante et tou-
jours indécise * Tous* les différents corps d'armée
&ai«nt aux prises, ou avaient déjà combattu; il n'y
avait plus de réserve.. Tçut-à-coup un grand corps,
4*inf*iiterie, la garde elle-même, qui avait tourne le
village à la faveur de l'obscurité , vint tomber sur
les Prns&ieusf Uadis-que, d'un autre côté, les cuira*
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^jlmbâgîw de 4*15. Vl 645
sicrs et Les grenadiers de la garde attaquaient em
même temps sur on autre point. C'était un moment
critique. Alors le vieux général , sans songer à sa-
propre conservation , se mit à la tête des e$cadro£s .
qui se trouvaient auprès de lui, et les conduisit lui-
même à la rencontre desFrançaisjmai^aa cavalerie,
t^op faible et trop légère pour percer à travers les
escadrons français tout bardés de fer,.fut culbutée, et- :
le feld-maréchallui-meme eut son cheval percé d'une
halle; le coup, loin d'arrêter sa course, le jeta date
des mouvements convulsifsret l'emporta avec d'aifr-
tant plus de fureur, jusqu'à ce qu'il tomba tQUt d'un
coup i aide mort Blucher se trouva lui-même étourdi .
par sa chuta» et engagé sous son chevftLLea cuirasçiftra „
français étaieflt acharnés à la poursuite , et déjà les
' derniers cavaliers prussiens étaient loin derrière le
feld-maréchfd ; il n'avait auprès de lui que son fidèle
aide-de-camp* le comt£ Nostitzqdt, fidAe aux prin-
cipes des anciens Germains, ne voulait pas survivre à
s?» gérerai. Il mit pied à terre, et chassa bien loi» son
cheval d'un grand cmp, de crainte qu'il ne les fît
découvrir. En effet, les ennemis^ animés par la fareart
passèrent au galop etnele&aperçurent pas ; et quand,
après cette charge, ils revinrent chassés à leur tour
par les Prussiens, leurs escadrons vinrent encore carat*
celer autour d'eux; mais, alors- enfi» on retira à
grqtad'peine kfelcWuarëchal de dawuBson cfîe^l.
U monta aussitôt sur un cheval de: dragon r et
revint en toute hâte avec les siens; L'infanterie prus*
sferafie fliguala se» courage : quoique entourés de ,
kl.
Digitiz,edby LjOOQI
644 s^ti^us époque. 1648—4838.
tous côtés, malgré l'obscurité qui toujours grossit
le danger aux yeux des hommes, elle repoussa avec
sang-froid toutes les attaques de la cavalerie toutes les
fois qu'elle vint se jeter sur ses carres, se retira len-
tement et les rangs serrés sur Tilly. L'armée s'arrêta
à une demi-Keue du champ de bataille , et ne perdit
que quinze pièces ^artillerie engagées dans les
mauvais pas à cause de l'obscurité^*
La bataille était perdue , mais elle n'était pas
moins honorable; car ce n'était pas l'armée entière
qui avait combattu contre Napoléon , et la victoire
fut si vivement disputée que le vainqueur se crut
oty'gé de rappeler dix miHeJiommes de reserve
qu'il avait d'abord voulu opposer à Wellington.
fr C(ftibat des QttKtreJru.
Napoléon avait envoyé le maréchal Ney etioo
frère Jérôme vers Quatre-Bras, pour chasser l'ennemi
de ce côté et couper tout-à-fait les deux orqaées Tune
de l'autre. Wellington, dont toutes les troupes
étaient dispersées, ne pouvait faire arriver ses batail-
lons que les uns après les autres sur les points me»
nacés; mais elles n'en combattaient pas moins avec
courage : c'était le -prince d'Orang* «vec ses Néer-
landais, 1» prince Bernard de Weimar avec les Nas-
sois , le généraUPicton avec les Anglais „ et le gêné,
rai Allen avec les Hanovriensu Ils retardaient , à la
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CÀMPÀGHE DE 1815. 646
vérité, la fuigur des Français qui sg précipitant
comme un torrent;' mais ils ne pouvaient cependant
les comprimer entièrement. Enfin arriva aussi le
vaillant duc de Brunswick en présence de cet en-
nemi, qui déjà une fois lui avait ravi son héritage
et comptait. peut-être l'en dépouiller encore dans
cette compagne. Le duc , à la tête de ses hussards
noirs , se précipita sur les assaillants pour arrêter leurs
progrès; et comme il ne voulait pas céder, il fit
aussi avancer son infanterie contre eux. Mais c'est
alors qu'il reçut une balle qui lui traversa la poitrine
et le renversa de dessus son cheval. C'était un prince
animé du plus pur amour de la patrie , qui ne tira
jamais Tépée pour la France. L'honneur est attaché
à son nom.
Le combat continuait toujours avec la même fu-
reur ; lés Brunswickois cherchaient à venger le sang
de leur duc dans celui des Français. Le prince d'O-
range, qui se jeta témérairement à la tête d'un esca-
àx&n néerlandais au milieu des rangs ennemis , fut
emporté trop loin et entouré ; mais le septième ba-
taillon marcha vers lui et l'arracha du milieu des
ennemis. Le prince, enthousiasmé, arracha la croix
qu'il portait sur sa poitrine, et la jetant au milieu
de ses fidèles guerriers : « Enfants , cria-t-il , vous
l'avez tous méritée ! » Ils ramassèrent cette croix et
rattachèrent à leur drapeau.*
Tant de courage et un si grand mépris pour la
mort ne devaient pas rester sans fruit : les Français se
trouverait eux-mêmes pressés à leur tour, et alors
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646 SEFrifcxB époque. 4648~-1858.
Sfajr voulut ff ire avancer sa résen* de dix mille
hommes. Mats ils n'étaient plus à sa disposition : Na~
- poïéea les avait fait venir sur Ligny , et le maréchal
« vit force d'abandonner ses avantages et de se re-
plier «r Frasne. Trois ou quatre mille hommes à
peu près avaient été tués de chaque côté ; et du côte
x>h combattit Napoléon , il y en avait bien* douée à
quinze mille. Et cependant tant de sang n'avait
«ore rien décidé !
Batailb de Wattrloo ou de Urtt-Aliience. jtt juin.
Wellington et Biucher firent replier leurs deux:
«usées quelques pas en 'arrière, le 17 juin, afin
d'être plus rapprochés l'un de l' autre. Mais Napo-
léon croyait les Prussiens tellement affaiblis et rf-
&ayés, qu'ils ne pourraient pas manquer de *e reti-
rer yars Maastricht, sur l'autre rive du Rhin ; par qpb-
«séqttaot , il «rvojra le maréchal {ïrouchy avec ma
&rt détachement centre eux, avec ordre de les chât-
ier w l'autre rive. Par rapport aux Anglais, son
«unique crainte était qu'ils ne se retirassent et qu il
am pût en venir à une bataille rangée tivee eux.
C'est pourquoi il dépêcha Yandamme qui devait
* quelque temps faire ron te avec Grouchy pour venir
tomber anr leurs derrières de l'autre côte de Wavre
^t4eiîruxelles. Mais leiles n'étaient point les inteo+
tikins de #e* deux adweref ires. Wellington s'ëtaàt
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e*wicuni ta 4«1S. 947
choisi une position avantageuse h quatre lieues sud
de Bruxelles, sur la petite h anteur du mont Saint-
Jean; il avait en dos la grande forêt de Soignies et
en avant des fermes très favorables pour la défense.
« Si mon compagno^d'armes peut m'envoyer deu*
divisions pour me soutenir, fit-il dire à Blucher,
j'attendrai Napoléon dans la position que j'ai avec
quatre-vingt mille hommes. » Celui-ci répondit qu'il
y viendrait non pas seulement avec deux divisions ,
mais avec toute son armée , pour attaquer les Fran-
çais s'ils n'attaquaient pas eux-mêmes. Avant que le
jour ne commençât à poindre il était en route avec
son armée, afin d'arriver par des chemins de tra-
verse et tomber sur les Français au moment où ils
seraient le plus virement engagés avec Wellingt^m.
Quand Napoléon aperçut les Anglais, le 48 juin ,
qui l'attendaient sur la hauteur de Soignies, il en
fut ravi de joie et Récria : « Ah ! enfin je les tiens^ès
Anglais! b Et dès que la pluie eut cessé, il fit «3s
préparatifs pour la bataille. Wellington avait on
avant de son centre de bataille deux postes avancés
à droite et à gauche, Hougeumont et la Haye-Sainte;
«'étaient deux espèces de forts qu'il fallait que Nape*-
léen prit avant d'attaquer tés lignes anglaises. Na-
poléon fit d'abord attaquer le fort Hovgoumont , sur
le midi.
Son frère Jérôme , qui auparavant n'était pien
moins qu'un héros, conduisit lui-même l'attaque et
combattit avec fureur pour; son royaume perdiu Q
se mît à U tête du deuxième corps d'armée française; ,
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648 sEPTifcM* évoqv£. 1648—1858.
mais il éprouv? «ne si vigoureuse résistance -qu'il
ne put obtenir aucun avantage, même après que la
ferme fût tout eu feu. Elle resta toute la journée
au pouvoir des Anglais. La Haye-Sainte était occupe
par un bataillon d'Anglo-Allgmands qui plus tard
reçut encore quelques compagnies de secours. Trois
fois ils repoussèrent l'attaque avec le courage leplns
inébranlable, jusqu'à ce qu'ils eussent épuisé leurs
cartouches; alors ils furent obligés de se faire un
chemin pour aller rejoindre leur armée. Aussi le
soir, des quatre cents hommes de ce bataillon il
ne restait que quarante-deux hommes.
Cependant Napoléon avait préparé une nouvelle
attaque contre les hauteurs du mont Saint-Jean.
Quatre-vingts canons furent dirigés contre elles; la
cavalerie et l'infanterie s avancèrent aussi en même
temps» à côté et derrière, droit sur les Anglais et
les Allemands. La . cavalerie française espérait em-
porter l'artillerie par une charge subite; mais avant
qu'elle fût arrivée assez près, il lui fallut* essujer
un feu. meurtrier de l'artillerie et de l'infanterie; et
la cavalerie anglaise qui était cachée dans des val-
lées , arriva tout d un coup sur eux à travers les in-
tervalles de leurs bataillons carrés. Alors il y eut
entre ces deux peuples qui se haïssaient depuis
long-temps, une lutte d'une animosité sans exemple.
Sur la route deGenappe à Bruxelles, au point cen-
tral que Napoléon voulait absolument forcer, était
le général hanovrien Alten avec ses légions alleman*
(les et hanovrtennes , qui soutint glorieusement la
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CAMPiGKE #£ 4816. *•©
réputation des àrtnag allemandes et surtout du Ha-
novre. Ses huit mille hommes se vantaient d'avoir
toujours combattu contre les Français, depuis douze
ans que ceux-ci avaient occupe le Hanovre, partout
Ou ils avaient trouvé un champ de bataille, en Portu-
gal, en Espagne , en Sicile, dans le sud de la France;
et partout ils s'étaient couverts de gloire. Ils &
trouvaient donc encore à cette dernière bataille qui
fut décisive et ne contribuèrent pa» peu à son
heureux résultat.
Cependant Napoléon sur sa colline près de Belle-
Alliance , d'où il considérait tout le champ de ba-
taille dans la plus grande inquiétude, quoique
aucun geste extérieur ne trahît sa pensée , brûlait
de colère de trouver une si grande résistance sur
laquelle il n'avait- pas compté. Quand on Tenait lui
parler des difficultés qu'on trouvait sur tel et tel
point, il ne répondait que par ces mots : « En avant!
en avant! + Il comptait accabler le§ Anglais t. et à
trois heures il fît partir .un courrier annoncer la
victoire à Paris. En effet ,';'si le secours ne fût pas
arrivé, le génie du mal était encore une fois cou*
roittié par le succès. Déjà Wellington avait appelé
toute sa réserve, et avait été obligé de laisser son
aile gauche presqu'à jm pour soutenir le eentre.
Plus de dix mille hommes de son côté avaient
perdu la vie et ceux qui survivaient étaient épuisés
par huit heures d'une luCte continuelle. A cinq
heures 'du soir, les Français avaient conquis' une
potion avantageuse sur les hauteurs et occupaient
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«fO «ratait iFovy» 46*»— 4888.
k forêt im Heugomnatt et le iaft la Haye-Sainte.
Déjà le général anglais disait arec crainte ; je vou-
drait bien qu'il fût nuit ou que les Prussiens arri-
vassent. Mais bientôt aprèsretentit sur les derrières de
l'ennemi le bruit de l'artillerie) il comprit aussitôt
que c'&ait le momeat qui allait décider du sort de
l'Europe ; il en fut ému jusqu'aux larmes et il s'4-
reria avec enthousiasme : « Cest le vieux Blucher. »
L'armée jlrussienne avait été retardée par les dii£~
cultes des chemi ns que les pluies a vaientdéfone& ,sti#~
•tcrat dans les chemins creux de Saint-Lambert} et à
-oinq heures du soir, il n'y avait encore que deux bri-r
gadesde Bulbw arrivées dans, le boisde Frischmont^
nù elles devaient se cacher et attendre les autres pour
tomber ensuite tout d'un coup sur les derrières de
l'tmemi* Mai* le moment décisif ftaifc arrivd, l'ar*-
paée anglaise était réduite k l'extrémité et pouvait à
peine soutenir la lutte. Les Prussiens furent donc
obligés de commencer fattaque avec ce qu'ils avaient
dçr troupes ; Bulpw aussitôt sortit de la forêt et vint
m jeter sur les derrière^ de l'aile droite de Napo^-
Jaonj et sans cesse de nouvelles troupes arri-*-
yaient renfprcer celles qui combattaient. Cepen*-
dant l'ennemi ne se déconcerta pas; il fit aussi-r
\pt volte-face et commença, sous les ordres duge«-
ttéral Mouton , un combat sanglant et' long- temps
indécis , • tandis que la lutte. se prolongeait toujours
avec les Anglais. Dans cette position, à 7 heures du
soir, Napoléon voulut, par une attaque victorieuse,
déloger les ennemis de toutes les collines et les jeter
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' CAftfPMtfE Dl 18». *M
dan» lu Ibrét deSoignies, pour tourner ensuite tentas
ses forces contre les Prussiens. Il disposa donc une
attaqpe plus terrible que toutes les autres avec lfc
plus grande partie de ses gardes, et les conduisît
lui-m&ne contre le centre anglais , contrelles coU-
lines.ies plus importantes qu'il occupait déjà en
partie depuis cinq iieuces. Le maréchal Ney mat^
chait en avant, à pied, à la tête de quatre bataillons *
d^s gardes. Ces bataillons s'avançaient serres et en
silence ; et comme on voit de loin s'approcher une
noire tempête, ainsi ces vieux guerriers à qui aucun
danger n'était nouveau ni trop grand, gravissaient
la colline. Wellington les vit arriver et reconnut qute
Vêtait le dernier assaut de l'ennemi, leur coup de
désespoir et par conséquent le plus dangereux. II fft
placer son» artillerie sur le flanc droit , y fît venir en
outre huit mille hommes d'élite de l'aile gauche qui
désormais se trouvait assez forte par Parrivée de
ïaethen, et laissa prendre un moment de reposa
ceux qui avaient eu à soutenir les fatigues de toute
la journée , attendit que les Français fussent bien
à portée pour faire tirer à mitraille sur leurs masses
épaisses qui furent horriblement moissonnées. Mafe
ils ne cédèrent pas pour cela , ils reformèrent lcure
rangs et s'avanpèreut toujours plus près ; jusqu'à ee
«pie après avdfr encore essuyé le feu de l'infanterie
ih -arrivassent à la baïonnette. En même temps
la cavalerie anglaise tombait sur leurs flancs. Cepen-
dant Napoléon eût obtenu son but , si le principal
coup qu'il avait prépaie avec huit bataillons ^fe
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4*a sej»tiè*b époque. 4648-^1838.
troupes fraîches, de ha garde avait pu ébte frappé.
Biais cette troupe d'élite, en arrivant au point qu'on
lui avait assigne fut tout d'un coup obligéeide se
tourner contre Blucher, qui réuni; à Ziethen se por-
tait en ayant avec toute l'aile gauche de Wellington.
L'aile droite de Napoléon se vit donc assaillie <ie trois
côtés à la fois et fut obligée^de plier.
L&S tambours battaient la charge, et Ton avançait
toujours sur lui. De son côté, Wellington se portait
aussi en avant avec tflut son corps de bataille, des
flots de sang coûtaient. Alors fut tué Friant, un des
principaux commandants de la garde ; de tous côtés la
cavalerie anglaise lçur criait de se rendre : a La garde
meurt et ne se rend pas,» cria Cambronne qui tomba
au même moment, grièvement blessé. Il avait été le
compagnon de Napoléon dans File d'Elbe. Du côte
des alliés , un grand nombre «d* braves guerriers
avaient aussi eux versé leur sang ; mais sur ce point la
victoire était décidée. Ce qui restait de la garde et
les autres troupes se précipitèrent pour descendre des
collines, et rien ne put les arrêter.
Cependant Ja retraite de l'ennemi s'exécuta en
bon ordre tant que 1? village de Planchepoit fut
défendu. C'étaient quelques bataillons dé la jeune
garde qui y combattaient; mais ils se virent obligésde
l'abandonner dès le même soir. Àlors>la retraite de-
vint une véritable féroute, et de tous côtés retenti fc4e
cri de sauye gui peut ! on n'écouta plus aucun ordre ,
chacun chercha son salut, et les généraux eux-mêmes
lurent obligés de suivre le torrent. *:
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CAMPAGNE DE 4845. 6&8'
Gneisenau qui avait couru tant He dangers dans
cette bataille ou il perdit deux chevaux Uiës sous
lui et la garde de sou épée qtfi fut emportée par une
balle, se mit encore à la poursuite des ennemis tout
fatigné qu'il était, à la tête de tout ce qu'il trouva
de cavalerie sous sa main «t de quelques pièces d'ar-*'
tiiierie légère. Il les harcela partout , ne le laissa
reposer nulle part; et la route était couverte de toute ■
espèce de débris, d'artilletie, décaissons, de chariots
et d'armes. *
* Enfin les Prussiens arrivèrent devant la petite1
ville de Genappe. Les Français avaient barricadé les *
rues avec des chariots, des caissons, jetés les uns sur
les autres, et semblaient vouloir y faire résistance. '■
L'empereur s'y trouvait. Mais comme ils cédèrent à là
première attaque et se sauvèrent en désordre, Napo- '
léon fut si pressé de slenfuir qu'il laissa son épée et
perdit son chapeau en sautant fle sa voiture; lui qui/
quelques heures auparavant, n'avait qu'une crainte,
c'était que l'en^ipi pût lui échapper. C'était une
victoire comme on en voit peu dans l'histoire. II
n'échappa que des débris de Tariftée française. Trois
cents pièces d'artillerie et cinq cents caissons tombè-
rent entre les* mains des alliés, et le chemin de la
France leur était ouvert sans aucun autre obstacle.
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41* SEPTIÈME É*OQUE. 1648—1838.
Jfopriéon prftonnier et emrdyé a Safoto-Hélèiw.
La marche des deux années sûr Paris ne fut
désormais qu'une course victorieuse; à droite l'ar-
mée anglaise, à gauche Fardée prussienne. A la vé-
rité, Us reçurent bientôt des envoyas pour les en».
gqger à s'arrêter, où même à retourner, sons prétexte
que tous les motifs de guerre avaient disparu;
Napoléon avait déposé sa couenne quatre jow
après la bataille. Mais les allies ne se laissèrent pas
prepdre à ces artifices, ils n'en marchèrent que plus
vite sur la capitale, et onze jours après ils étaient
devant ses portes. Cependant Davoust, Grouchy,
Vandanune et d'autres généraux avaient rassemblé
environ soixante mille hommes et se tenaient avan-
tageusement postés à Montmartre. Une grande agi-
tation régnait dansla»ville ; les uns voulaient se rendre,
lesaùtres se défendre juscfti'à la mort; les uns vou-
laient rappeler Louis X VIII , les autres demandaient
lf fils de Napoléon qui était à Vienne.— Pendant ce
temps là les deux gégéraux prenaient toutes leurs dis-
positions pour attaquer la ville. Les Anglais se présen-
tent en face des buttes de Montmartre , qf les Prussiens
ajant réussi, par un ]$ng d&our, à passer la Seîne,
arrivèrent teut d'un coup du côté du eouchant qui
n'était point défendu , battirent Vandamme qui vou-
lut marcher contre eux, à Issy, le 2 juin, le forcerez
de se retirer avec grande perte, et se préparèrent à
livrer l'assaut. Mais, le 7 juiQMa ville se rendit,
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LA GQItr&tftâXIOlf G*KHk%lQVE. 81*
après que Davoust se fût retiré su* la Loire beee
le reste de l'année.
La capitale cette fois fut traitée avec plds de se-
Vérité que la première; il lui fallut restituer tooàsetf
chefs-d'œuvre de l'art dont on lui avait fait U**
fois le cadeau. D'ailleurs les armées autrichiennes,
allemandes et rospes, étaient aussi arrivées du s^d
et de Test; de sorte que toute la France se trouvait
oouyerte d'étrangers , qui long-temps l'accablèrent*.
Napoléon, l'auteur de tous ses maux, voyant aW
coup manqué, chercha £ mettre sa vie en sûreté*
Mais n'ayant pu réussir à se sauver en Amérique ,%« .
cherchant à, prendre l'incognito sur un vaisseau.
Use rendit, le 10 juillet, aux Anglais qui gardaient
le port de Rochefort. Alose , pour l'empêcher d*
trpubler désormais l'Europe, ils le transportèrent a«
milieu de l'Océan à plus de huit oents milles de dis-
tance, dans Une île isolée et inhabitée, à Sainte*
Hélène, où il fut soigneusement gardé. '
Napoléon vécut encore six ans, dans l'île de Saint;* .
Hélènç, et il y mourut le 5 mai 1821. •
*
La confédération germanique. ^
Conformément aux conclusions du premier traité
de paix fait à Paris , le 20 mai 1814 , et du deuxième ^
ïfe 20 novembre 1815 , on rendit à l'Allemagne toutes
les provinces <jui lui jvaient appartenu avant la révo-
lution ? et qui en avaient été séparées par les guerres
qui la suivirent. Alors elles fuegnt partagées entre les
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OM SBPTtkm évoqux. 4648—4858.
membres de la nouvelle confédération germanique,
dans un grand congrès de toutes les puissances eu-»
ropéennes, ouvert à Vienne le f* novembre 4844;
de façon que généralement chacun reprit ce qu'il
avait eu dès l'origine , ou ce que la paix de Luné-
ville ou la confédération du Rhin lui avait accordé.
•Les états de la confédération étaient , au com-
mencement , au nombre de trente-Huit, L'Autriche,
la Prusse, la Bavière, la Saxe, le Hanovre, le
Wurtemberg , Bade , la Hesse électorale , le grand
duché de Hesse , le Holstain qui appartient au roi
de Danemarck , le duché de Luxembourg qui appar-
tient au roi de Hollande comme duc «le Luxembourg,
le Brunswick / Mecklenbourg-Schwérin , Nassau,
Saxe-Weimar, Saxe-Gotha, Saxe-Cobourg /Saxe-
Meinningen , Saxe-Hildbourghapsen , Mecklen-
bourg - Strélhz , Oldenbourg , Ànhalt - Dessau ,
Ànhalt-Dernbourg, Ànhalt-Gœthen, Schwarzbourg-
Sondershausen , Schwarzbourg-Rudolstadt, H oh en-
zollern-Héchingen , Liechtenstein , Hohenzoliern-
Sigmfiringen , Waldeck , Réuss (branche aînée),
Reuss (branche cadette), Sctiauenbourg-Lippe ; les
vtfles libres de Lubeck, Brème, Hambourg ; plus
tard", il y eftt encore la Hesse-Hombourg.
La maison d'Autriche a repris le fidèle Ty roi ,
Salzbourg , et le quart de PInn ; celle de bavière
règne sur tout son cercle de Bavière et en Franco-
nie , elle a aussi reçu des indemnités dans le Palati-
nat du Rhiu et compte plus de trois millions de
sujets ; la maison de Wurtemberg règne en Souabe,
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LA ÇOUfÉOÉKÀTIOW GÊRMiMIQVE. 0fi?
sur environ un million et demi de sujets, et ^t sé-
parée par la Forét-ftoire du duché de Bade qui
s'étend tout le long du Rhin , depuis Bàle jusqu'au*
delà de Manheim , dans un pays très fertile et ma-
gnifique. La principauté de Hesse-Darmstadt a beau-
coup agrandi ses anciennes limites pendant ces temps
de confusion, et compte parmi ses villes la plus
forte de la confédération , Mayébce ; qui fut si sau-
vent prise et reprise. Le roi de Prusse est <?eiui qui
éompte parmi ses sujets le plus d'Allemands ,
environ onze millions, plus qu'on en vit jamais
réunis sous un même sceptre. Ils lui ont été recon-
nus par les rois du grand congrèd européen ? parce
qu'il abandonnait à la Russie la plus grande partie de
ses provinces polonaises ; de sorte que la Prusse est
aujourd'hui propreœont un état allemand , presque,
sans mélange. Ses provinces s'étendent des fron-
tières de Fest jusqu'à celles de l'ouest ; et dans ce
développement, elle est comme en sentinelle et tou-
jours prête pour défendre la patrie commune et son
honneur.
Quant au gouvernement de l'Allemagne il devint
une confédération d'états libres et indépendants ,
dont voici les articles principaux ; « Le but de l'al-
* liance est le maintien de la * sûreté extérieure et
« intérieure de l'Allemagne ' avec l'indépendance
a et l'inviolabilité des états confédérés.
« Tous les membres de l'empire ont des droits
à égaux et semblables.
« Les intérêts généraux sont traités dand uue
t. h. h% *
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OM stmfciu i**w. 4648—4858.
* dtye qui siège i Francfort- sUr-le Main, et dans
« laquelle l'Autriche a k présîétencej cette diète est
« petpétuelle et ne peut s'ajourner que pour quatre
« mois mi plus, si les affaires le permettent.
€ Elle doit s'occuper principalement de la oompo -
« akten d*ê lois fondamentales de la confédération ,
* *t de sas dispositions organiques par rapport à ses
«, relations intérieures , extérieures et militaires.
« Tous les membres de la confédération promet*
« lent dé s'unir ensemble contre toute attaque , et
m s'il y a une guerre de n'entendre à aucun pour-
« jparler avec l'ennemi, de ne conclure aucune trêve ,
m aucune paix en particulier; ils se réservent cepen-
m dànt le droit des alliances de toute espèce ; maie
« c'est un devoir pour eux de n'en conclure aucune
m * contraire à la sûreté de la patrie et aux intérêt!
« d'un seul des membres. Daunéme 1 ses membres ne
« peuvent se faire 1a guerre ,.sous aucun prétexte ;
« mais ib doivent porter leurs différends k k diète ~
€ celle-ci alors s'occupe de la contestation , Var~
« range , et les parties doivent obéir à sa sentence*
€ Dans tous les états de la confédération ce sera
* une administration par le pays.
• Les différences de sectes chrétiennes n'en ap—
« porteront aucunes dans la jouissance des droits ci-
« vils et politiques dans tous les pays de la confédé-
« ration ; mais comme il y a besoin d'une améliora-
« tion dans l'état civil de ceux qui professent le
« judaïsme , la diète de la confédération devra en
4 délibérer.
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L'uLLUHkaxi de .4846 a 4858. 699
«* Les sujets îles princes Allemands ont le droit de
« passer d'un pays dans un autre, et d'y prendre un
« état civil, ou un service militaire, sî aucun en-
« gageaient militaire ne les attache à lear patrie.
« Ifi diète s'occupera de la confection de loi**
« pour la liberté de la presse «t sur la contrefaçon ,
« aussi bien que pour le commerce et le négoce des
« états de la confédération.
L'Al'emag* de 1816 à 1S58.
La diète de la confédération germanique, dont les
séances commencèrent le 5 novembre 1816 à Franc-
fort, a dès le principe rendu à la patrie la consi-
dération qu'elle méritait , en déclarant que la «Nin
fédération formait une puissance européenne , indé-*
pendante, avec le droit de faire la guerre , la paix et
des alliance , et surtout §p rachetant notre langUô
maternelle de cette tache honteuse qu'elle portait
depuis un siècle ; elle décréta que la langue alle-
mande serait seule employée dans ses traités, soit
par écrit), soit de vive voix. Suivent les disposi-
tions relèves à la défense générale.
On a régie' à quel nombre sera portée l'armée de fa
confédération en paix et en guerre , en quoi elle,
consiste, le contingent de chacun des membres, à
qui et comment est donné le commandement; cpm-
bien de places -fortes, elle doit avoir. L'armée
de la confédération ' est composée de -trois cent
mille hommes , l'Autriche en fournit quatre-yingt-
42.
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660 septième époque. 1048—4838.
quatorze mille , Ja Prusse soixante-dix-neuf mille,
la Bavière trente-cinq mille , le Wurtemberg treize
mille six cents , le Hanovre treize mille , le royaume
de Saxe douze mille, Bade dix mille, le grand duché
4e Hesse six mille, la Hesse électorale cinq mille
quatre cents et les autres proportionnellement. Elle
est commandée par un général en chef choisi par la
diète. Il a des obligations envers elle et lu^ prête
serment; il reçoit d'elle son autorité et les ordres,
et lui fait des rapports, et pour le représenter ou le
remplacer dans le commandement en chef, la diète
nomme en même temps un lieutenant-général.
L'armée est partagée en dix corps dont les généraux
nexeçoivent d'ordres quedugéaéral en chef. De ces
dix corps, l'Autriche en représente trois, la Prusse
trois, la Bavière un , et les trois autres sotit formés
eh commun sur les aiftres contingents fournis. Les
places fortes de la confédération sont ' Majence ,
Luxembourg et Landau.
Si ces règlements étaientjiécessaires pour laguerre,
ceux relatifs à l'administration générale de la diète
en temps de paix n'en étaient pas moins de la
plus grande importance. Il fallait solidement établir
comment les délibérations de l'alliance seraient
sanctionnées ; comment, dans les contestations des
membres entre eux, tout acte de violence serait
écarté , la justice serait rendue , et ses arrêts exé-
cutés. Le moyen d'administrer la justice fut bientôt
trouvé. Arf lieu d'un tribunal commun , spécial et
qui aurait remplacé la chambre impériale et le coa-
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l'ajllemàgne de 1816 a 1838. .r661
seil aulique, comme quelques voix le désiraient ', la
diète fut elle-même chargée de vider les contesta*
tions; et s'il fallait en venir à des voies sévères de
justice, alors la.décision serait renvoyée devant des
haute cours de justice, prononçant comme juges
souverains pour les états particuliers.
Bf ais comment celui qui mettrait de la résistance,
qui ne voudrait pas se soumettre à l'arrêt de lui-
même, pourrait-il y être contraint par la force?
Ce point resta long-temps une question indécise, jus-
qu'à ce qu'enfin les besoins pressants de l'époque
aient porté la diète à donner un arrêt provisoire
pour régler l'exécution des jugements, le 29 septembre
#i810, La diète doit, pour l'exécution de ses arrêts,
avoir à sa disposition la force armée de la confédéra-
tion; elle doit fixer aussi bien le nombre des troupes
à placer comme garnisaires , que le lfea où elles
doivent être placées , et le retour de ces troupes ne se
fait <fu*après l'exécution parfaite et dans les formes
de l'arrêté de la diète. Quant à ce qui a rapport aux
autres articles principaux de l'acte de la confédéra-
tion , le développement successif des événements a
donne cours, à la vérité , dans certains états, à des
institutions telles qu'on avait droit de les attendre de
ladiète, dès le principe. Mais aussi, malheureusement
beaucoup d'autres, quoique très importantes, ont été
éludées , soit à cause du désordre des temps qui
ont suivi , soit à cause d'abus ou par défiance /soit
par tropHë lenteur d'un côté et trop d'impatience
d'un autre, soit par une mortelle influence de
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663 wnfcxB «toque. 164$— 48S8.
l'exempleétrauger ou même d'une actiqn étrangère!
^oit enfin , je le dirai avec une profonde tristesse»
par une dégénération criminelle du caractère alle-
mand. Mais tirons ici le voile sur certains faits dont
}es détails ne procureraient aucun avantage et ne ser-
raient d'aucune instruction à la jeunesse.^ Puisse*
t-elle ne jamais apprendre combien loinpeutconduire
la haine de parti ! et surtout puisse l'histoire l'on**
Hier, puisque alors» ces malheurs auraient passé
sape laisasr de traces! flïous Wallons donc noua
Occuper que de ce qui est vérifeddeeptent un pro*
grçs et porte avec so\ des conditions de durée»
LVtiçIe 13| qui portait que. dans tous les éW*
de la confédération il devait y avoir nne constitu-
tion des états provinciaux, causa de grands mouve-
ments dans tous les esprits, Beaucoup de citoyen»
attendaient^ là un tout autre et nouvel ordre de
choses , qui tout d'un epup ferait disparaître tous le*
besoirçs 4» peijplc, toutes les fautésr des gouver-
nants; sans penser qu'il faut, avant que le peuple
prenne part aux affaires publique , qu'il se formel
par des expériences, qu'il soit mis dans la bonne voie
par l'usage avant de produire de véritables fruits}
sans considérer quelle différence il y a entre da
grands et riches états , comme la Fraqce et l'An-
gleterre t dont les chefs-dieux pourraient prearçue
fyffîier u« empire, e$ ces petits ét&te allemands com-
post;» 4'wç owpk àe millions au plus , pu seule-
meut de quelques milliers dq citQyçns, Cependant t
presque tous les divers gouvernements do l'AUe-
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l'ALiaicÀonB de 4846 k 18S& W*
magne, les uns plus tôt les autres plus tard, étaient
parvenus à remplir cette clause delà confédéral
tion; et déjà les provinces commençaient à recueilli*
les fruits delà paix, quand cette nouvelle temp&e, qui
en 1880 éclata en France, se répandit pair toute l'Eu-
rope et menaça de jeter le trouble dans notrepatrie*
Le roi de Prusse , en mai 1815 , le premier 4*9
princes allemands, avant même que l'acte de 1»
oonfâdéaratton l'eut exigé , donna à son peuple la
promesse d'unecoastitutionprovinciale* Cependant»
comme il s'agissait d'un état composé de tant de
parties différentes et hétérogènes» l'exécution e*
devint trèi difficile , et les travaux préparatoire eç
prolongèrent jusqu'à Tannée 1823. Le roi avait &U,
travailler cette constitution provinciale par WW
commission particulière, aous la présidence d*J
prince royal, d'apràs les conseil* d'hcMMï»* habiles,
pboisis dana toutes les provinces du royaume, et lq
5 juin 1833 il lui donna force de loi. M?je le ro\
remit à plus tard pour décider, quand une diètft
générale du royaume aérait convoquée et comment
*Ue aérait composée des é*at$ provinciaux. Ces étals
provinciaux sont en activité aujourd'hui sur tou$
fea pointe de la monarchie, Ge sont eux qui dpnnpnt
k^r conseil pour toutes les affaires importantes d$
la province; ils présentent au roi leurs idées t leur*
4é$ir*> «t les. soumettent à son examen et à sa déci*
qio#, £ cette constitution provinciale se raltycfaf
celle des subdivision* de cliaque province f <J«
cercles , des viUeq, des communes.
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664 septième époque. 1648— 1858#
Le travail était plus facile dans les petits états
d'Allemagne et surtout dans ceux homogènes; de
sorte qu'ils purent de bonne heure mettre à exécu-
tion l'article 18 de l'acte de l'alliance.
* Le grand-duc de Saxe-Weimar fut le premier qui,*
dès] l'année 1816, donna à son pays les états pro-
vinciaux, %et en 1817 ils reçurent approbation de
ki confédération.
r Le 27 mai 1828, le jour de sa naissance, le roi
Mnximilien-Joseph de Bavière donna à son peuple
une charte qui contient les dispositions essentielles
ffun gouvernement de notre époque. Les états du
royaume se composent de deux chambres, la chambre
des conseillers-d'état et la chambre des députés,
élus par lé peuple qu'ils représentent et dont le
nombre monte à cent huit.
' Depuis 1816, les yeux des amis de la patrie étaient
tournés sur le Wurtemberg , qui le premier des
pays d'Allemagne avait été constitué avec une heu-
reuse représentation du peuple. Ils espéraient voir
fleurir un gouvernement habile au milieu de celte
portion privilégiée de la nation allemande, et en effet
cette espérance ne fut pas trompeuse ; malgré une lutte
acharnée des opinions qui souvent même paraissait
insoluble, cette oeuvre reprise avec une zèle tou-
jours nouveau a pu parvenir enfin à une perfection.
Après plusieurs entreprises malheureuses sons le roi
tVédériô et son successeur Guillaume I, ce dernier
prince enfin ; saisissant un moment favorable , en
1819, convoqua ahe nouvelle assemblée des états f
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LALLEMàGHB DE 1816 A 1838. 608
qui ne devait s'occuper exclusivement que des titrée
de l'ancienne administration , les examiner point
par point avec ses plénipotentaires et les lui pré**
senter ensuite pour y mettre le dernier sceau. Deux
mois après , l'ouvrage fiit présenté achevé au roi. Il
signa le titre, le 25 septembre, le renvoya atut
plénipotentiaires des états et reçut aussi lui de ta
part de l'assemblée des états un second^xempltnnl
signé de tous les membres. De cette façon r admi-
nistration du Wurtemberg devint le résultat d'un
traité heureusement conclu entre le roi et le peu-
ple ; ainsi en était-il dans les premiers temps de là
nation.
Ee grand-duché de Bade reçut aussi sa constitu-
tion provinciale , le 22 août 1818 , et celle de Hesse,
le 17 décembre 1820 ; de même qae le grand-duché
de Nassau , de Saxé^Gobourg-Hildbourghatisen et
Mèiningen, »lës principautés de Sehwarzbourg-
Rndolstadt , Lippedetmold et Schaumbourg , Liclv
tenstein et Waldeci.
Dans les élats (FAutriche, du royaume de Saxe,
dans le Mecklenbourg et quelques autres pays encore
pîtrs petits, les états provinciaux furent mis en ac-
tivité d'après la même foftrïe qu'ils avaient ancien-
nement; rfcais dans le Hanovre *et dans le Brunswici,
tï y eut quelques changements. .- *
Les grands ébranlements que l'année 1850 apporta
dans lés rapports sociaux, comme dans les plans des
Souverains dé l'époque*' n'ont pas été non plus sansf
d'importantes influences sur les fôrûïes administra*
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tives des états d'Allemagne. Dans plusieurs d'entre
eux, elle donna lieu à des changements essentiels dans
la représentation des états et même dans les principes
constitutif tout nouveaux ; de même qu'elle apport*
fine vie nouvelle daps le? négociations de cesdiètftf
qui étaient en activité depuis longtemps, Mais aussi*
ef c'est le malheur de notre époque , elle souleva
presque partout les passions qui jetèrent des en-
travas da^ns le développement pacifique 4u droit et
du \roi.
Le gouvernement et les états du Hanovre mou#
Ont donné un exemple h imiter* Ge pays était aussi
lui tombé dans une extrême agitation , et si L'on nq
voulait pa^vqir les liens de l'ordre lmsà$ et laâfrrce
Imposer ses sentences sur lqs queffiouç lç&plus diflfcj
cita?» i) fallait qu? le gouvernement, d'accoixl aveu
fes représeqtapts du pays » réunis avec sincérité
et pleins d'une confiance mutuelle , «entreprît de
donner à l'administration une nouvelle forme. JUf
noble roi Guillaume IV, fidèle mi caractère dç toute
sa v je , tendit la main à toute amélioration qui pro-
mettait d'avancer le bien de son peuple ; ses con-
seillers abondèrent dans son sens et ses états rassem-
blés pour ces importantes questions, travaillèrent les
années 1831, 32, 33, Avec celle ténacité, cet apprtH
Ibndissement particulier aux Allemands , jusqu'à ce
qu'enfin, après avoir surmonté les plus grandes diffi-
cultés , une nouvelle et complète constitution et des
projets de lois en grand nombre pour l'organisation
intérieure % aient été rédigés et mis en état jTétue
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LÀu-EJUaifB dr 1816 * 1858, M9
présentés à l'approbation des deux chambres; ils
reçurent en 1833 la sanction royale. Ce qu'il y a de
plus glorieux pour ces états , c'est que bien que d»
idées et un système complètement opposes se soient
alors manifestés et aient cherché à se faire valoir par
toutes les suggestions de la passion , cependant il ulj
eut pas un point qui put passer et être fixé par \m%
opération purement gouvernementale,; maisfcucwrç
traire la majorité des députés accepta chaque ftria*
discuta toutes les significations et exprima avec lu
berté les convictions qu'elle s'était faites , qu'elle^
fussent d'accord ave# les propositions du gouverne-
ment ou contraires. Telle est la vraie marche de toute
a^mblée proy ipciale d'Allemagne qui ne voudra pa*
accomplir une. œuvre de parti en passant les yens
fermés sur tout ce qui n'entre pas dans sonsystène*
mais qui voudra fonder quelque chose qui ait dflri
ba^es de vie. Ainsi tout membre de cette assembla
qui n'aurai^ pas vu accomplir dqps tous ses ppinUl
le tableau qu'il s'était fait du meilleur gçuvçrqen
ment, pouvait encore avec sûreté de conçejçppft
accepter le «tout, pensant à ce sage a^iftane,, ,qHQ:
le meilleur est sçuuent ennemi du bien ; cç, qui
veut dire que le bien qu'on peut obtenir ne diftt[
pas être sacrifié pour chercher à pbtepir un» roieu&
qit^Jon ne peut pas atteindre* " , ,• i
1. 11 y eut aiftsi c|ps changements, rewu-qi**Wteft..
depuis A 830 dans Je duché de Brunswick ,,tout pj?è§î
du Hanovre, L'a colère publique qui éclata ççqt?e ]§I
ruineuse direction que le prince Charles Soumit § .
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6*S SEPTIÈME ÉPOQUE. 1648—1838.
l'administration du pa ys eut pour résultat de le faire
écarter, et son frère Guillaume fut appelé pour Je
remplacer. Le roi d'Angleterre , comme chef de la
tnaison des Welfs, approuva le changement, en
reconnut la nécessité ,' et alors il fut également ap-
prouve par la diète d\Alleinï|gne. Le nouveau cftic
regarda donc comme son premier et son plus im-
portant devoir d'établir, d'accord avec les représen-
tants dq pays, une nouvelle constitution qui ejn effet
a iété arrêtée depuis peu de temps , après un examen
pacifique et approfondi.
Dan* Pétecterat de Hesse, oifTon n'avait pu, mal-
gré plusieurs tentatives, établir la représentation
dasétatr provinciaux, il y eut aussi, enî8S0, un grand
mmiyetneM pour obtenir des améliorations dans la
forme gouvernementale. Le prince électeur Guil-
laume, qui avait refusé à son pays de nouveaux prin-
cipe* Constitutifs, se vit obligé par la nécessité de
Pépoque et par plusieurs autres raisons d'abandon-
ner le timon des affaires , en l'année 1851 , et de le
remettre entre les mains de son fils , le prince hé-
ritier, qui régna avec lui.
Urt semblable changement avait déjà eu lieu , en
Pan 1880, dans le royaume de Saxe , où le roi An-
toine, successeur du prince Frédéric-Auguste, d'heu-
reuse mémoire, qurétait mort en 1827, après otn-
quâfcte-rrieufans de règne, avaifenommé son neveu,
le prince héritier Frédéric , pour régner avec lui sous
le titre de epadjuteur et pour l'aide A résoudre les
cas difficiles. J)e sorte que on entréprit alors de
.
l/ÀHiEMAâNE DE 1816 K 1&38.
jeter les fondements d'une nouvelle constitution
qui fiit heureusement exécutée et mise en vigtietuv
Quelques autres états d'Allemagne plus petits suivi-4
rent cet exemple, et Ion vtt s'élever de nouvelles
constitutions dans notre pairie; mais ce sera an
siècle suivant à décider si cet esprit de créations
nouvelles excité pendant la paix, a réellement tra-
vaillé pour le bonheur du pays.
2.L'égalitédescroyanceschrétiennesseuslerappoit
civil et politique qui était proclamée comme principe,
dans racted'alliance, est aujourd'hui en vigueur dans :
tous les états delà confédération germanique. Tous les '
chrétiens ont, outre le libre exercice de leur religion,
qui déjà depuis long- temps n'était plus contesté, toute*
capacité pour tous les droits civils et pour toutes les;
fonctions de l'état. De plus, les seigneurs catholiques
ont établi pour leurs sujets évangélistes des tribu V
naux ecclésiastiques supérieurs dans des provinces1
oà il n'y en avait jamais eu ; et de même les seigneurs*
protestants ont relevé dans leurs états le misérable'
état de l'église cathodique si bouleversé pendant long-;
temps, rétabli les chaires épiscopaies, ou fondé de
nouvelles, et les ont pourvues *de revenus néces-'
saires. Pour toutes ces dispositions, ily eut destraités
a vecle pape ; e* ce fut encore la Prusse qui eut la gloîf e
et la générosité de donner l'exempt* en 1823 (*).
(*) Cependant le vieux roi est aujourd'hui en désaccord a* ec la cour de
Rome au sujet des archevêques de Cologne et de Posen , qu'il a arrachés
à leur* fonctions* h* opinion publique lui reproche des idées fotteicu$tvef
en matière de religion , et une conduite pleine de partialité en ItoripbftUt
et dans ses proVtoccs rhénanes.
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0TO ■ septièIie époque. I648^4gaa.
Les affaires intérieures de 1 église réformée ne
furetit pas non plus négligées. Car d'après l'exemple
du roi de Puisse 7 qui trois cents ans après la ré;
f^rtne, en 1617, fit un* appel aux deux confessions
éyanféliques pour ne plus former qu'une seule
église , la même chose eut lieu aussi dans les autres
étala allemands, et dans beaucoup d'endroits sa réu-
nion fut accomplie, avec l'approbation des ecclésias-
tiques et deataimples fidèles ; et l'esprit de désordre
qui trop long-temps avait divisé l'église évangélique
fut enfin expulsé, et peu à peu l'unité. fraternelle
s'affermit dans cette église. *
3. Les lois générales et uniformes sur la liberté
de la presse que promettait l'acte d'alliance n'ont
pu jusqu'à aujourd'hui être accordées , tant à cause
des violentes agitations de l'esprit de parti qui,
quand la guerre n'exerça plus ses fureurs sur les
okanjps de bataille, vint se fixer dan^ le domaine
des opinion*, qu'à cgose de plusieurs autres cur-
constances malheureuses et de dangereux errements.
Biw plus, un arrêt de la diète, du JO septembre 1819,
soumit toutes les gazettes d'au-dessous de vingt feuil-
le* à la censure, eUplaça aussi les ouvrages de lon-
gue haleine , dans presque tous les états, sous la
surveillance du gouvernement. Cependant celui qui
considère la maçphe de la littérature allemande en
général dans les vingt dernières années, doit remar-
quer qu'il y règne une liberté et une diversité
d'ofûoioûs aussi grande que des esprit» raisonnables
fftoteitt la désirer pour le libre développement de
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L'iLLttt+tt* de 1816 a 1*118. fltl
l'intelligence ; et je ne doute pas qu'une paix so*
lide et durable ne donne sous ce rapport un pco
d'extension à notre liberté*
• Si maintenant nous potions nos fegahis der
champs agités de la politique sur le terrain pacifique
eti n dépendant de la croyance, des arts et de la teknoe,
qui peut douter que, dan» les vingt-deux années de;
paix dont vient de jouir F Allemagne, elle n'ait ao*;
quis beaucoup de gloire et ne s'en ménage encore une
bien plus grande pour Fa venir? Qui ne reconnaît
pas l'impulsion de l'esprit vers toute idée d?ordreî
Certainement le temps des luttes et des oppressions
n'est pas encore tout entier passé, \$t discorde n'a
pas encore abandonné le champ des croyances re-
ligieuses; elle s'est même montrée de temps en
temps pleine d'une nouvelle vigueur* Mais qui ne
préférerait encore ces contestations à une mortelle
indifférence? £rt qui ne reconnaîtrait, malgré les di~
visions qui paraissent devenir plus grandes j u*
retour dans les partis vers des idées de réunion r
4e respect pour ce qui est aaferé, et même de
eénsidération pour un adversaire de bonae fin ?
Cette reconnaissance de oe qui *st humain, quelque:
paît qu'elle se montre, et cette liberté d'e£prtfc
qui fait excuser dans les autres tout oe qui tient à
l'humanité et n'est souillé d'aucune tache impure*
cette tolérance* dis-^e , découle d'une légitime civi*'
lisation -, et elle grandira et s'affermira parmi nota*
tant que les gouvernements reconnaîtront pour kttr*
plus ]>eUe tfcehe de favoriser .le» prognte dan* ietft*
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67* septième froçra. 1648~-1838.
kt genres , depuis les dernières écoles du peuple
jusqu'aux plus beaux règlements académiques* C'est
cet espritquis'estmontréconstamment actif dans notre
patrie ;c*est lui qui, en Prusse, à amené la fondation
de l'université du Rhin, le 18 octobre 1818, le
goût des arts dans la capitale, l'établissement et
Paméfigration de tant d1institutions par tout l'em-
pire , et enfin les lois d'organisation jpôur l'éducation
dans toutes ses parties ; c'est lui qui a amené en
Bavière l'institution de l'université et les belles as-
semblées d'artistes dans Munich, aussi bien que les
dispositions prisés pour la haute instruction. Il a
aussi manifesté ses effets dans les autres états de la
confédération, grands et petits, plus ou moins visi-
blement et partout sous d'heureux rapports ; et
cent villes , des • bourgs et des ^villages se sont
kissé entraîner par son impulsion , ont mis tout
leur zèle et ont fait de grands sacrifices, pour
parvenir à former heureusement la génération
qui suit.
h. Les droits des écrivains , des éditeurs , aussi
bien que la sûwté de la librairie, en exécution de
Farticle 18 de l'acte d'alliance sont ainsi réglés
pjir un arrêté delà diète, du 6 septembre 1832:
« Les libraires, éditeurs et écrivains de tous les états
de la confédération jouiront, dans chaque endroit de
fa confédération, de la protection accorda* contre 1*
réimpression. » Ainsi désormais l'injuste gain de la
réimpression est arrêté et ne pourra plus a r radier la
récompense due à l'aetif travail du savant; ou à
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l'Allemagne de Î81G à 1858. 673
l'inspiration du poète , ni au libraire sa légitime
propriété.
5. Puisse aussi la liberté du commerce et du tra-
fic trouver un jour favorable pour s'établir dans ce
mouvement général de l'Allemagne ! Il est vrai que
d'un côté, il y a déjà un grand pas de fait, par la
réunion consentie ou qui sera consentie par la plus
grande partie des états de l' Allemagne au nouveau
sjtème prussien pour les douanes et le com-
merce. Cependant il manque encore l'Autriche et
les états du nord , qui possèdent les côtes de la
mer du Nord et une partie de celles de la mer
Baltique; ils voudraient voir une œuvre de réunion
parfaite, qui ne vînt pas seulement d'une conven-
tion entre divers états particuliers, mais d'une con-
vention entre tous , dans une diète, comme article de
la confédération. Puisse seulement cette voie, qui
certainement sera prise, | nous conduire bientôt au
but j c'est-à-dire que nous qui, par notre origine,
nqtre langage , notre alliance , ne faisons qu'un seul
peuple, nous puissions exister et nous mouvoir
comme un seul peuple par la liberté du commerce
intérieur et par l'égalité de poids, de mesures et de
monnaies ; et que jamais dans l'intérieur des fron-
tières d'Allemagne une funeste guerre d'intérêt et
de supercherie ne vienne contre la loi, saper la mo-
ralité du peuple !
Il devenait vraiment nécessaire que l'industrie du
peuple allemand, qui avaat se trouvait arriérée dans
plusieurs branches par rapport à celle des autres peu*
T. if. ft3
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674 septième époque. 4648—1858.
pies, fût excitée non pas seufement dans quelques
états, mais par toute l'Allemagne. Dans certaines
localités, elle a fait certainement de visibles progrès,
et même les découvertes dans les sciences naturelles,
qui sont travaillées avec prédilection , lui ont donné
encore plus de vie et dé succès. Du reste si l'Alle-
magne n'est pas une des contrées favorisées de la
pâture, si elle ne peut se procurer les biens de
la vie que par une constante activité de ses habitante
H les conserver qu'à force de modération et d'é-
conomie, die a aussi l'avantage de tenir toujours
ses forces en bon état par un constant exercice*
L'artisan d'Allemagne se contente d'un prix modéré;
et de cette façon nos fabriques peuvent soutenir la
rivalité de celles des autres pays , pourvu qu'on leur
donne à l'intérieur un débit* libre. Mais comme les
pays étrangers, pour l'avantage de leurs habitants,
imposent de gros droits d'introduction sur les pro-
duit» de notre travail, alors il devient nécessaire
d'adopter de semblables mesures de notre coté pojur
protéger notre industrie contre l'étranger; etl'AUs*
flMgne considérée comme uu seul tput aurait ami
de force pour cela,
6. Outra ces ohjetsde sollicitude, l'agriculture et
la copdition des paysans , qui font la principale force
de notre pays,; méritent aussi d'arrêter notre at-
tention. Ici encore, dans ces derniers temps , sont
survenus des changements; déjà une division mo-
<J^r4e #es propriétés foxvBjères, la délivrance de
coiv^v* nuisibles, le défrichement de pays im^Uai*
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l'uleuàghe de 4$i6 a i838. 6TB'
sont'tfes commencements damelioratjeç dont eei*
taipeinent les heureux résultats De tardèrent pas à
se contrer. Cependant jusqu'ici la condition du
p*ysan% n'est pas encore celle que peut désirer fin
Vvéritable ami de la patrie. Ce n'est paa qu'il manwjue
d'activité et de persévérance, maïs c'est du débit
pour ses produite; les prix sont devenus si étor*
napunent vife , que le travail du payaan , du fifeur
et du tisserand n'est pour ainsi dire pas payé. Avec
cela, la population dansles villes et les villages s'aug- :
mente d'une manière vraiment inquiétante, tous les
bras ne peuvent pas trouver paiéout du travail.
Déjà la nécessité a entraîné dm milliers d'hommes
des provinces les çlus peuplées de l'Allemagne à#
abandonner leur patrie^ pour aller en chercher une
nouvelle dans une autre partie du inonde. Beaucoup
d'entre eax sont morts de misère avant d'avoir pu
^tteiudrç le port de feur embarcation, d'autres tot
succombé pendant la durée de la traversée ; enfin
ceux qui pnt pu arriva d*n* h Nouveau-Monde,
privés de topj$s yeisowof* et £${&$& h la *iî«*«fee
ifqlonté d'bowwes avide* , s$ntçnçç#e jjya vm#to&
blés que dans leur propre pays; de sorte qu'ftû ysèç
pç*U Pjwnbre *e«lçn«ent ont {H* ffadar pour jeux et -
leurs enfants un nouveau faire-valoir suffisant pour
les entretenir et les occqper. Mais toujours cette
œuvre rçstera cens vrais résultats tant qu'elle sera
attachée & une entreprise particulière, fiette vQte
est, si Ton veut, la plus simple pou» se déb*rr&399r
d'une population trop .nombreuse; cependant ce
A3.
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676 septième époque. 1618—1858.
ne sera que. quand les gouvernements des *kats
européens pourront effectuer dans les autres parties
du monde des colonisations complètes sous la pro-
tection publique et avec des moyens géniaux,
coigme autrefois les états de l'ancien monde , ce ne
seta qu'alors dis-je qu'on pourra espérer un véritable
avantage pour la mère-patrie et pour la colonie ;
et quels moyens extraordinaires , quelle coopéra-
tion difficile à obtenir ne serait pas nécessaire
pour cria!
. Mais détournons notre attention de considérations
trop lointaines A pour lesquelles notre volonté est
impuissante; et pour encourager nos espérances»
jpt#K nos regards sur les événements qui ont suivi
la chute de Napoléon. Mais auparavant nous allons
récapituler les changements qui sont survenu» dans
les principales familles régnantes de l'Allemagne :
Dans le Wurtemberg , le rdfr Guillaume I a suc-
cédé au roi Frédéric, 1816.
En Bavière, Louis à Maxiniilien, 1825.
Dans le royaume de Saxe, Antoine succéda à
Frédéric-Auguste, en 1827, et à Antoine, le roi
Frédéric, 1836.
* Dans la Saxe-Weimar, l'archiduc Charles-Fré-
déric à Charles- Auguste, 1828.
Dans le Hanovre, le roi Guillaume I V à Georges IV,
1880 /et à Guillaume le roi Ernest- Auguste, 1837.
Dans l'Autriche, Ferdinand I a succédé à Fran-
çois 1,1837. ■*
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RÉvoLXJTiojfs MiLiTiims. 1830 et 1821. 67T
Kévololions militaires en Espagne, en Portugal, à Naples et à Turîg, et
leurs suites. 18*) et 1821.
Cinq ans de calme s'étaient écoulés pour l'Europe,
et c'était la première fois depuis la révolution de
France, quand en 1820 le brandon de la discorde se
ralluma de nouveau pourprovoquerd.es bouleverse*
menls. Ce fut uue partie de Tannée d'Espagne as*
semblée à Cadix et prête à faire voile vers l'Ame*
rique , qui donna le signal : elle changea toute la
forme du gouvernement , le 1er janvieç de cette
même année. Son exemple eut bientôt entraîné 1*
Portugal; et là encore le premier coup fut frappé
par l'armée.
Déjà, avant ces événements de Portugal, l'armée
napolitaine avait forcé le roi , le 7 juin , de donner
à ses états une constitution libérale. Le fciouvement
se communiqua promptement de Naples dans le reste
de l'Italie, et par tout on demandait avec toujours plus
d'instance la réunion de toute l'Italie et la déli-
vrance de tout domination étrangère. Ces troubles
réveillèrent dans l'empereur d'Autriche des craintes
pour ses possessions d'Italie, et surtout ils firent
craindre aux souverains que le plaisir des révo-
lutions ne se répandît, ne s'einparât de toute
l'Europe et ne la bouleversât de fond en comble.
En conséquence , les trois principales puissance^
de la Saint-Alliance se réunirent à TYoppau, en
octobre £820, pour prendre en considération la po~
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67« MVik» tfoqrn. 4648— i«*e,
sition del!Europe; et comme les événements deNaples
leur parurent les plus importants, ib réunirent l««r
congrès, au commencement de Tannée suivante, à
Leibach, pour être plus près du théâtre de ce qui s'y
passait. Le vieux roi de Naples s'y trouva aussi.
Mais un accommodement à l'amiable n'était pltt&
possible, et au mois de mars une armée autrichienne
entra en Italie et marcha sut1 Naples. Tous les re-
gards étaient ûnéê sur l'issue de ces événements,
quand une nouvelle révolution militaire, la qua-
ttièÉM en moiftê de . deux ans, éclata à Turin , t&é~
iwçant d'être plus dangereuse encore pour l'Autriche
que les précédentes. Le repos de l'Europe achète si
chèrement) sembla encore une fci& perdu. Cepen-
dant l'orage fut bientôt apaisé de ce côté, et l'iiû-s
puissance des entreprises révolutionnaires pàtut
d'une manière évidente ; car dès que l'armée au-
trichienne %'approcha , Naples comme le Piémont
furent aussitôt rappelés à Tordre de choses qu'ils
avaient auparavant.
La nouvelle cénêtitution d'Espagne ne devait
non plus avoir que quelques années de durée. La
misse du peuple n'était pas mûre pour l'usage d'une
constitution libre et modérée; et d'ailleurs ella
était basée sur de faux principes : la ''puissance
royale y Aait beaucoup trop & l'étroit. Dans
Tannée 4823, ifne guerre civile édata dans ce
pays déchiré jîfar les partis ; et en octobre de
oette même *nuée les monarques d'Autriche, de
Prusse tt dftjlusstesô réunirent de nouveau au con-
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RÉVOLtJTTOlfS MILITÀ1KÏ5. 1820 «T 1821. dfD
grès de Vérone et consentifent à ce que la France
se chargeât seule de rétablir la puissance royale dans
ce malheureux pays , par la force des arrnes en cas
de besoin. Le 7 mai 1823, les armées françaises pas*
sèrent la Bidassoa, et le 23 elles entraient dans
Madrid ; de là elles se répandirent avec de rapides
succès par toute l'Espagne, poursuivirent le parti
constitutionnel qui avait entraîné avec lui Ferdi-
nand à Cadix , la dernière langue de terre de l'Eu-
rope, et la ville fut forcée de se rendre à la fin de
septembre/ Le roi fut ainsi rendu à la liberté et à
la jouissance de la puissance royale illimitée } et il
se hâta de déclarer que tous ses décrets, depuis le
commencement de l'année 1820, c'est-à-dire pendant
le temps de la constitution, devaient être tenus pour
nuls et non avenus.
Ge malheureux royaume offrit encore pendant plu-
sieurs années le spectacle des désordres intérieurs et
des déchirements de la haine des partis, quoique jus-
qu'en 1827 une armée française restât dans le pays
pour protéger le gouvernement, et occupât, entre
autres places fortes , Cadix elle-même. Ferdinand
mourut en 1838 , après avoir changé la loi de sux>
cession au trône, et laissa le royaume à sa fille Isa-
belle soucia tutelle de sa mère, Christine; ce Ait
l'occasion de nouvelles scènes d'horreur provoquées
pur tout ce que les passions humaines ont de plus
haineux dans les guerres civiles. Lé frère de Ferdi*
Aand, don Carlos, qui prétend avoir des droits lé-
gitimes au trône, occupe une partie considérable éê
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680 SEPTIEME ÉPOQUE. 1648—1838.
l'Espagne et il n'a pu ehcore en être chassé, maigre
l'intervention indirecte de la France, de l'Angle-
terre et du Portugal, en faveur de la jeune reine.
Pendant tout ce temps-là, ce malheureuxpays est en
proie aux désordres et ne connatf plus ni lois civiles,
et lois naturelles.
Le pays voisin, le Portugal, n'est malheureuse-
ment guère plus favorisé que l'Espagne. Tant que
vécut le roi Jean VI, qui en 1822 était retourné
au Brésil, le Portugal se trouva dans une position
supportable ; parce que ce roi > qui cherchait le
bien de son peuple, possédait son amour et tenait
la haine des partis en bride. Mais quand il mourut,
le 10 mars 1826, son fils, don Pedro, empereur du
Brésil, ne pouvant revenir en Europe , donna lé
royaume a sa fille encore jeune, dona Maria da Glo-
ria, et la régence à son frère, don Miguel, pendant
la minorité. Alors ce prince gagna le clergé et la
noblesse déjà indisposés contre son frère par la
constitution libérale qu'il avait donnée, et parvint à
se faire proclamer roi absolu par les anciennes cor-
tès de Lamego. La Jeune princesse,, qui était déjà
arrivée en Europe, n'osa plus aller prendre pos-
session de son héritage , et fut obligée d aller en
Angleterre chercher asile et protection.
L'Europe vit avec mécontentement l'usurpateur
poursuivre tous les amis de son frère et du gouverne-
ment qu'il avait donné, les jeter en prison et les
iàire mourir. Mais comme le peuple portugais avait
accepté cette nouvelle monarchie, amçune puissance
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RÉVOLUTIONS MILITAIRES. 4$80 BT «821. 6S1
étrangère ne pouvait se mêler des affaires inté-
rieures du pays.
Cependant uqe révolution du Brésil fdfrça l'empe-
reur don Pedro, en 1831, d'abandonner son royaume
et de revenir en Europe; l'entrée de son pays lot
fut défendue par son propre frère. Alors il employa
tous les trésors qu'il avait apportés avec lui, pour
équipper une flotte et une petite armée; il aborda
en Portugal, s'empara d'Oporto, port de mer impor-
tant sur l'Atlantique, et enfin, après différâtes
chances, de Lisbonne, en 1833,
Ainsi maître de la capitale , il fit reconnaître
sa fille Comme reine par l'Angleterre et k France;
puis il enleva peu à peu à don Miguel tout le
resté du pays et le força enfin, en 1834, de l'aban-
donner entièrement. Cependant don Pedro mou~>
rut bientôt après. La jeune reine épousa le duc de
Leuçhtenberg, et après sa mort , qui fut prématurée,
en 1836, elle épousa le prince Ferdinand de Smsp-
Cobourg. Mais les partis sont encore pleinfcd'énergie,
le bien-être du pays est toujours compromis, la
dette publique épuise le trésor et dans ce moment
on revient encore à la voie des armes.pour décider
si ce pays sera régi par la constitution de 1822, ou
par la charte de don Pedro ; cependant ni l'un , ni
l'autre ne pourra guérir les plaies de la patrie, tant
que le gouvernement- et le peuple conserveront *
l'esprit qui les conduit.
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Eérotte des Grecs. La Turquie.
Las nombreux bouleversements arrivés en Europe
•TBieot peu à peu allume 1 amour de la liberté dam
et peuple chrétien , si célèbre par sa vieille gloire*
relégué à l'extrémité sud-est de l'Europe, qui depak
quatre cents ans, était obligé de porter le joug des
Turcs* Au mois de mars 1821, le prince Alexandre
YpaUanti appela tous les Grecs de la Moldavie et de k
Valachie à secouer la domination tutque. Cepea»
dan t. sou entreprise, malgré quelques succès du
commencement, fut bientôt arrêtée et écrasée par
le grand nombre des troupes ottomanes, et il fut loi»
mène obligé de s'enfuir en Autriche, où il fut reUt»
comme prisûnaiet-, dans la citadelle de flfunkatsoké
Maie cette même tentative fut plus heureuse danàk
Gfàce proprement dite , particulièrement en Mort*
et datas les îles, dont les principales étaient Hydrc*
Ipeara et Speiaia. Le vieux patriarche d'Alexandrie,
Grégoire, après la célébration de la grand'messe, b
pMIT de Pâques 1821, ayant été pendu à la porte de
l'église, et trois autres évoques ayant subi le mémo
sort, le peuple grec en fut irrité et porté au pi»
haut degré de fureur. Alors la guerre des deai
peuples, attisée par le fanatisme religieux, fut faittt
avec une terrible cruauté ; c'était jusqu'à l'anéantis-
sement de son adversaire. Contre toute attente, les
petites troupes de Grecs, combattant par bandes dé*
tachées, repoussèrent avec avantage les attaques de
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RÉVOLTE DM 6AB6*. 0SS
l'armée turque» quoiqqe infiniment supérieure, Mar-
chèrent en avant, délivrèrent le sol de l'ancienne
Crécelle Péloponèse et une partie de la Grèce mi-
toyenne ; ils soutinrent si bien, surtout sur mer, léot*
réputation d'audace et d'adresse, qu'une terreur pa-
nique saisissait l'ennemi partout où paraissaient leurs
brûlots. Us firent donc, en 1823, le pas décisif, ils se
déclarèrent états unis indépendants et se donnèrent
ude constitution qui devait apporter l'unité dans de
pays divisé en tant de peuplades.
Bientôt cependant de terribles défaites montrèrent
que ce peuple > déshonoré par presque quatre sièeto
d'oppression, n'a*aifrpu reprendre tout d'un coup Mt
esprit de vertu, d'unité et de dévouaient, qui a*4
p*)t rendre digne de la liberté. Dess luttes de partis
déchirèrent ce peuple à demi libre, dès que le danger
qui lés menaçait au dehors leur eut donné&emletnent
un peu de calme. Aussi quand on vit ttHe armé*
égyptienne, commandée par Ibrahim pàcha, fib du *
vice-roi, aborber en 1635 àModon, en Mené*»
assiéger Navarin et le prendre, s avancer dan» la
Péloponèse et conquérir enfin tout le pays; quand
on vit Ibrahim réuni à Reschid pacha, s'emparer dt
Aitssohmghi* quoique vaillamment défendu* et bien*
tôt après, Athènes tomber entre leurs mains; Comme
les secours que les peuples chrétiens envoyaient m*$
ârecs, tant en volontaires qu'en argent, n'étaient
pas suffisants pour sauver ce malheureux peuple dt
sa ruine, alors presque toute» les espérances quW
aimait à se faire sur cette contrée Turent détruites. *
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*84 sEPTitan époçui. 164ft— 4838.
Dam ce danger, trois grandes puissances, la Russie,
l'Angleterre et la Franee, se réunirent par le traite
4e Londres, du 6 juin 1827, pour mettre fin à cçtte
luitesangbintedansTOrient ; ellesexigèrentdu sultan
qu'il reconnût la Grèce comme un étatindépendant,
qui seulement lui paierait un impôt détermine , et
qu'ensuite le sang cessât d'y couler. Mais le fier sultan
Befusa tonte condescendance. Ibrahim pacha continua
4e ravager le Péloponèse, malgré une suspension
d'armes qu'il avait conclue avec les amiraux des
flottes réunies. Alors ceux-ci crurent devoir recourir
à la forée pour arrêter ces dévastations. Le 20 oc-
tobre 4827, les flottes réunies illirent donc à la voile
(peur le port de Navarin (c'était l'ancienne Pylos,
cornue dam la guerre du Péloponèse); elles avaient
¥Îngt*stx vaisseaux de guerre, avec mille trois cent
vingt-quatre canons, sous les ^ordres des amiraux,
Codrington pour les Anglais, de Rigny pour les
Français, et le comte Heyden pour les Russes.
Daoele port était la flotte turco-égyptiennè, de vingt-
deux gros vaisseaux et cinquante-sept petits, qui por-
en tout deux mille deux cent quarante canons,
compter ceux des batteries de Navarin et
de 111e de Sphakterie. Les Turcs, dans leur haine
contre toute la chrétienté, tirèrent les premiers, quoi-
que l'amiral anglais, Codrington, eut etayoyé un par-
lementaire au vaisseau amiral ennemi ; ils tuèfertt
même plusieurs hommes sur ]% flotte alliée. Alors
Codrington donna le signal de la bataille, et
malgré la supériorité de l'ennemi, en artillerie et en
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RÉVOLTE DES GRECS. 685
hommes, en quelques heures toute la flotte turque
fut abîmée de fond en comble , brûlée , sautée en
l'air ou toute dispersée, Acepté vingt corvettes
ou bricks. "
■ Toute l'Europe fût dans la joie de voir la mair?
vengeresse de la justice punir ces barbares de tant
de cruautés qu'ils avaient commises. On comparas
cette bataille mémorable à celle de Lépante, livrée
par Don Juan d'Autriche, en 1571 , où l'orgueil turc
reçut encore la juste punition de sesHatrockés; mais
alors bien des gens, surtout les hommes poli tiques*
d'Angleterre, en calculèrent avecf plus de sang -froid
les suites importantes. Car si les Turcs étaient trop
affaiblis , si par hasard ils étaient réduits à n'être
plus au rang des puissances européennes, et si la
Russie augmentait considérablement de ce côté sa
puissance déjà effroyable , alors l'Europe leur pa-
raissait menacée ; d'autant plus que, conformément
au système d'équilibre européen , et il paraît
assez fondé sur la. nature des choses, Von croit;
généralement quel'agrandissement^iémesurée d'une"
des puissances menace l'indépendance des autres. *
En effet, le 26 avril 1828, Tempère»- Nicolas 'dé*;
clara seul la guerre à la Turquie , entra en Molda-
vie et Valachie, conquit les pkccs fortes de Braïla, *
Isabtscha et plusieurs autres , marcha vers les mon-
tagnes du Balkan et la forteresse de Schumla; et il
semblait qu'il allait franchir avec son armée cette .
dernière barrière, qui défendait les principales pro»*
vinces de l'empire turc et qu'aucune armée russe
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486 sBPTifciM textes. 464g— 4838.
n'avait encore dépassée, pour envahir aussitôt lei
province» et marcher jusqu'à Coostantinople. Mai»
cette attente était prématurée; les Tuns opposèrent
une résistance opiniâtre, la nature s'unit à eux, tt
la di#e*te, la fetigMé , la maladie firent périr des
QftiUiei* de soldats dans l'armée russe. Ses ph»
grands effo^n aboutirent iqn'à la prise 4e Varna fur
la WFrFfatfe^t elle fut obligée d'abandonner lestas
d* Çhuwla et SUistria, Encore ce fnt heureux pour
«Ueque, l'hiver arrivant, les Turcs aient eu besoin
4'uo* suspension d'araes^u? faire de nouvsHei
fcféos par tout leur grand empire.
Pendant ee temps* là, dans Tannée 1628, il y. «nt
*A Grèce de grands et d'importante changements. Lt
paya, en choisissant pour président de la nouvelle si*
Ijancele oonaeiUer^d'état russe Capo-d'Istiw, avait
pris tm homme qui sut vaincre les dissensions in^-
fimm* H commander, qui sous la protection dp
fVHHWUces alliées rétablit l'ordre et la paix etpo&Ue*
prH^ipw 4 une législation pleine de vigueur poar
oejwo#étot. Ab^paiwdasawfont, le roi deFram*
Çhwle* Xf Itanide l'humanité, avait fttt p4rti*
pour ta Mpféegme armée sous les ordres du mai*
ch^i MâisoA, afin de délivrer complètement ee peto*
central des états grecade toutes les attaques d'Ibra-
him, L'insolent barbare n'osa pas faire résistance à
une pareille trméa, il aima mieux abandonner U
f*y&*t monter avec son armée sur la flotte anglaise
quU d'après to traité fait entre eux, devait les débar-
am ** Éf tf>t«. Àîari le pays futettifeeltientdtf-
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RÉV01ÏE DES 4*W*« Wï.
vrë et le petit nombre de places qui tenait e*àerè
pour les Turcs, fut obligé de se rendre. .
Les Grecs à l'abri dans la presqu'île contre lenisi
ennemis , prirent même de fprtea positions danà
quelques contrées de la Grèce centrale; et le préN»
dent» letomte Capo-d*I$trias , put enfin commence»
l'œuvre de la restauration de l'ordre intérieur 4m»
ce pays si bouleversé. ,
La guerre des Buste* contre les Titra prit, en
1829, une tournure tout -à-fait favorable pour eui.
Le général Diebitsch, après avoir battu h &màr
visir à Schumk et s'être emparé de remportante et
forte place de Silistria, pasa» audaeieusement W
Kamtschik et le Balkan qu'aucune armée russe nfa*
Tait encore pu passer. Il ne s'arrêta que dues 1*1
vastes et fertiles pleines delà Homélie; et la deuxième
ville de l'empire, Andrinople, lui ouvrit ses portée?
le 20 août, sans qu'on eût la peine de tirer lépée, E*
Asie, le second général russe, le célèbre eot&te
Paskewitsch avec des forces fort modioares , avait
renversé tout ce qui s'était apposé à lui, OUvait prie
le 6 juin la plus importante place de la Ttfrpmt
d'Asie > Erzerum, peuplée de cent miltr habitât
Le sort de la Turquie était désormais entre \w mtàm
de l'empereur Nicolas et toute l'Europe avait lit
jf ux fixés sur lui attendant sa décision, moitié datUfe
l'espérance, moitié dans la crainte, Cer bien que et
liât un gain pour les progrès de l'humanité en fin*,
Pipe/ que cette terre elewiq^ qui <Mjk une &*
eveit^é m grande partie le «ége 4e le pte* beaftr
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488 sB*tifctf& époque. 4648—4858.
civilisation fut tout-à-foit délivrée des liens d'une si
sauvage domination ; cependant d'un autre côté, il
fellaitconsidérerqù'elle allait donner lieu àde grands
désordres, à une lotte sanglante entre les princi-
pales puissances de l'Europe. Car les autres états
n 'auraient pu, voir avec indifférence un pareil
agrandissement de la Russie qui allait s'arroger ainsi
la souveraineté de la Méditerranée.
L'empereur Nicolas conserva cependant l'esprit
de modération et de paix qu'il avait manifesté au
commencement de la guerre. Il conclut , le 1& sep-
tembre 1829, à Àndrinopie, une paix vraiment gé-
néreuse, d'après laquelle les Turcs s'engagèrent à
remplir un traité antérieur au sujet de la Moldavie
et la Vataehie, à payqr les frais de la guerre , à livrer
quelques placesfortes sur les frontières de l'Asie et,
ce qui est plus important, à laisser libre le passage
des Dardanelles.
Mais le chancelant empire turc, à peine échappéde
ee danger où il ne devait la vie qu'à la générosité de
son vieil et implacable ennemi, fut bientôt ébranlé
par de nouveaux dangers à l'intérieur même. De
graVes révoltes éclatèrent dans plusieurs provinces,
et à peine étaient-elles apaisées, que son plus puissant
vassal, le vice-roi d'Egypte, Mehemet-Ali, envoya
son Bis Ibrahim, en 1832, faire la conquête de là
Syrie avec les vieilles troupes qui avaient fait la guerre
contre les Grecs , profitant du moment où l'empire
épuisé n'était capable ^Taucun effort. Ibrahim con-
<pÊÙ sur la frontière, après une opiniâtre résistance.
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RÉVOLTE DES GR1CS. 860
l'importante plaoe d'Acre, deVfcnt laquelle Bonaparte
avait échoué, battit l'armée turque,pénétra jusqu'en
Asie-Mineure et fit même prisonnier à Gonieh , V an-
cienne Icône, l'envoyé du grand-visir. Alors les
puissances chrétiennes, surtout la Russie et la
France, vinrent encore s'interposer, et une seconde
fois empêchèrent la ruine de la Porte qui semblait
être devenue un membre nécessaire pour l'équilibre
des états européens. On fit alors là paix avec
Mehemed ; mais ce ne fut point sans qu'il en coûtât
quelques sacrifices pour la Turquie.
La Grèce séparée de la Turquie flotta encore quel-
ques années dans l'incertitude de son sort. Les ef-
forts du président Capo-d'Istrias pour apporter
le calme dans l'intérieur, la légalité dans toutes les
relations , et des institutions qui favorisassent les arts
de la paix, ne furent pas goûtés 'par les chefs de partis
qui trouvaient leur fortune dans le désordre. De
plus, le prince Léopold de Saxe-Cobourg renonça à
là couronne de Grèce qui lui avait été offerte et qu'il
avait déjà acceptée. Enfin, après trois ans d'inutiles
efforts, Gapo-d'Istrias fut assassiné par deux hommes
de condition, au moment où il voulait aller faire sa
prière du matin dans l'église , le 0 octobre 18S1.
Le désordre et la barbarie reprirent lé dessus, jus-
qu'à ce que les puissances alliées eussent offert la
couronne de ce royaume, à la vérité désolé , mais
plein d'un beau germe d'une nouvelle vie, à Otton,
troisième fils du roi de Bavière , et eussent obtenu
le consentement de son père,
T. II. Ub
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KMO se»t*m« tPOQ«B. 4648»— 4838.
Ije-jeiHiewi dcrtfee an» entouré Àat*t&m&&
»rtgBnwe,'WwnposéidîhKaiinwB ihbbilttv p»*it.pcmri»
««avelle patrie ypwtégéjparuii corps découpes «-
-yaroisea, et accompagné* des veeux de ses îpeseato,
'de tous lesiBavare* et des amie du peuple g»»; «t
le '6 février A8&* il fit son entrée dans NaupB*.
Citait preriioirement -le lieu de aa Tëadenoe, éfie
•ftttpios taitditnBwpertee à Athènes; «n.4*&6yïl'pit
fai-mcme «a main les fines du gouvernement
JÉaiela lâche est difficile, paras qM-oepays,qi»'fo
si long-temps le centre ides lumières, était <kpws
«des siècles dans un ëtat d'abrutissement; de sorte
que le peiq>le est toujours sauy»ge et en ".proie A4»
^arenr<desihaine8 de partis. :
WTolulionde juillet ^t*e»«tt«8. 1890. %
L.La&nùllé>des JBoufbons, quoique dans $o» *
«rfleAère-eUeeàtdes traits qui méritaient toute estin»?
«tavait;pa84u se ^wùker celle du peuple tfraa$s»>
«Malmerlesipaseiens d'une lutletoujowejplfoloo^'
M «quelle forée extraordinaire n'aurai*-U (pas .fidl0 *
^rès.q««l«»tetan«;d?e^itation8JpBSpétueUe«, *&*&
, tant par la *onri»^te ^yoluttonnaire que par-les
^entreprises ioOUùea dn puisant génie qui, lui «uc^
4ta„ vpour «mener ce ,penpiesi facile à. entraîner A
<se «éduireà des efforts -pacifiques, à la modération,
au dévoûment, au calme j?aligieiu ! L'écar^e né-
»
Digitized by VjOOQlC
Ll RÉTOLOTUm OIES KJILLHT *T *M «UITES. 4M
«wssatragiese trouvait plus (kns la famitte régnante
-fui 6ei»bhit avoir vieilli; elle voulut entrer., eanfe
Petite avec la meilleure intention r dans cette luttfc
-ptfçpéWeHe et inutile en faveur d'un anown ordre*
4e choses qui n'avait plus db vie , contre les <mmh-
*eUes idées , oontre de fortes prétentions auxquelles
il n'était plus possible de résister enftee, qt que là
4toce d'un génie très supérieur pouvait seule tourner
vers le bien.
Les ministres de GhariesX firent paraître, aumoife
de juillet 18&0 , afin de fiiire réussir leurs desseins
làalgré les chambres, plusieurs ordonnas* qtfi
Messaieat certains aboies de la eharte : >de &t te
aig*al d une révolte ouverte. Le peuple deia eapi^..
4»fe, «pu est en possession de p*âor çow toute 4*
frraaee, se révolte et combaititles trompes peti «om-
breuses de la garnison , les 27 , 28 et 39 jttiSot^^t
les força d'évacuer la ville; comme <ewuite arriva
dos ptovinoesde tous côtés le retentisrsrtu tot àê&stp*
probationadtLpeuple et que d'ailleurs le p^ittficM***
^oeùx^uiéteientattach* à-la màkBùh régnarite*W
meut se montrer , le roi fot obligé ^Mmadomêtik
Erance avec tontes famaie^tl'aB^^'albwdcheï*.
Aerunta^ile-eto Angleterre. A^rsiefetifk Arasais
plaçasw le tr^eydaae la persorttod^^
là deuxième brandie de la »*i*Ofc royale , la bwmte
d^Orléana. Lunankiité qu^l y Mt'àgmiïtoénmmadk,
4} la conduite savante dû Mwvem'**ï , engymsrft
les autres puissances de l'Euitape à le «tonnetoe.
Son fègne a'a encore duré q^e«pt*nsj n»«iU <eu
ftft.
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6W SEwrrtMi ék^uê. 464»— 4838/
déjà beaucoup de lottes difficiles à soutenir contre
l'esprit de parti qui s'est élevé au milieu de ce
peuple fougueux, excité tant pat les amis de l'an-
* cien gouvernement, qui sortis du premier étourdis-
sèment ont relevé la tête , que par les partisans de
la république , peut-être encore plus puissants
qu'eux, qui poursuivent l'ancien rêve d'une répit*
blique avec d autant plus de fanatisme qu'il est phs
opposé à la saine raison. Une république de- trente
millions d'hommes danstm temps et chez un peuple
oii la simplicité des vertus civiques, qui peuvent seules
constituer lyi état libre, sont à peine connues de
nous ! Jusqu'à, présent , cependant , le rot et son mi*
wnist(ère ont conduit le vaisseau de l'État heureuse-
ment à travers lés plus dangereuses tempêtes et ont
su écarter paria modération les embarras intérieurs
somme eeux du dehors. ,
2, Dès le mois <te septembre de la même an-
née, ime révolte éclata à Bruxelles, et pea à peu dans
toute la Belgique , contre la souveraineté de la mai*
mvt d'Orange et la réuûion avec la Hollande. Aprifi
de «anglants combat, les troupes hollandaises lurent
obligées d'évacuer Bruxelles et bientôt tout le pays,
à l'exeeptifen de quelques places fortes. Les deux
pays qui composaient le royaume dés Pays-Bas ,
réunis pour la première fois par le congrès de
Vienne 9 montrèrent alors une si grande antipathie
l'un fpntre l'autre, que le roi Guillaume iui-méafe
•Iles anciennes provinces hollandaises ne purent
plus désirer laf^loagation dela?éunion, etqne
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LA RéfÛUmoK M IVILLET M* SES SUITES. 699
lés autres puissances eurent donner Leur approbation
à- l'érection d'un nouveau royaume des Belges. „
Mais cette question difficile n'était pas terminée par
là. Ce -nouveau royaume, qui se composé de riches
provinces pleines d'énergie , ne peut pa$ développer
ses forces s'il n'a pas une libre communication avec
la mer par l'Escaut, dont l'embouchure est sous la puis-
sance de la Hollande. Cependant la Hollande ne veut
pas renoncer à cet avantage topographique, dans la
crainte qu'Anvers ne vienne encore apporter un
trop grand dommage aux villes de commerce hol-
landaises, comme elle Ta déjà fait II s'éleva encore
d'autres difficultés au sujet de la possession du
Luxembourg, de quelques autres terrains, et du
partage de la dette nationale. Les cinq grandes
puissances de l'Europe qui tinrent des conférences è
Londres pour terminer ces contestations et en même
temps pour donner un roi à ce nouveau royaume
belge, firent en sorte que les états belges por-
tassent leur choix sur le prince Léopold de Saxe-
Cobourg. Ce prince qui avait refusé la couronne d*
Grèce accepta, au mois de juin 1831 , celle de Bel*
gique. Il se maria plus tard avec une fille de Louis-
Philippe et lia ainsi là France encore plus étroite-
ment à la défense de son royaume ; il en avait déjà
éprouvé l'efficace assistance peu de temps après être
monté sur le trône. Le roi Guillaume de Hollande
voulant mettre un terme à toutes ces contestations
par la force des armes, était entré en vainqueur en
Belgique ; Aais bientôt une arasée française se pré*
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6»*
senta four protéger le pays, et le» Hollandais
forent? obligés de se retirer devant cette puissance
supérieure.
La Belgique obtint de la France une deuxième
coopération à 1* fin de 183Ô ; car une armée française
entreprit te siège de la citadelle d'Anvers qu'ocoa*
peit une garnison hollandaise, commandée parle
général Chassé, quiîfit une très vigoureuse résistance^
elle ftit pifse et remise entre les mains des Belges
Bit mélne temps une flotte anglo-française bloquait
les côtes de la Hollande et conduisait dans un pont
français ou anglais tous les vaisseaux marchanda
Hollandais qu'ils prenaient* L'Autriche , la Prusse et
le Russie n'approuvaient point ce* mesures de vio-
tenoe contre la Hollande ; cependant elles ne v<mr
lurent y prendre aucune part. Ainsi les inquiétude?
que toute l'Europe avait par rapport à une guerre
européenne n'eurent pas de suites, grâce à la modéra-
tibn dessouveraihs. Quand l'armée française, confor-
mément frlh promesse du roi , fut rentrée eh France
Sitôt aprfe la prise de la citadelle d'Anvers, le rot
de Prusse fit rentrer lui-même cette armée d'obser-
vation qu'il avait rassemblée sur la lieuse.
La question hollandaise n'est point terminée, le
blocus des côtes hollandaises continue toujours, les
deux états désunis prennent des apparences de plus
en plus hostiles, et il faut toute la sagesse des rois
d'aujourd'hui et l'amour de l'ordre qu'ont les peuples
pour* nous garantir contre l'incendié que pourrait
attujner l&inéeHe qui n'est pas encore éteinte.
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la. névohVTiG* m uhcçk b»; aa* mutes. Qfltfc
3, Un autre incendie qui Venflammaà la révolution^
de juillet et dura pendant quelque temps avec la plus
grande forcera passé en Europe sans, a voir de* suites»
générales, comme cm aurait pu le craindre* C'est laf
révolution de la Pologne, soulevée contre la do-
mination russe, qui éclata à Varsovie eu, 1830, m
répandit promptement dans le pays et trouva ujrç
forte proteotion dans son armée très aguerrie. La
noblesse du pays, les villes, les paysans, toussa
réunirent pour reconquérir une indépendance nat-
ionale qui leur avait été ravie par le partage de .1%
Pologneau.dix-huitième siècle , et que Napoléon leu&
âvaitpromisecomme moyen de les emmener en Rus-
sie et sans a voirt pu remplir, s» promesse ;, alors, lfc
peaple se jetai encore une foisrdan& une lutte à la
vie àlamort. Cette lutte fut très opiniâtre et trèa»
kmgue. L'élite: de la puissanoe russe y; fut envoyécr
successivement, et les meilleurs généraux furent plari
oél;à la tête. Le vainqueur des Turcs, le comte Oie-*
tritsoh , y succomba aux efforts et aux» fatigues, que;
demandait cette guerre, après i plusieurs sanglantes)
batailles qui n'avaient rien décidé ; mais. son succes-
seur; le comte Paskevitsch, soumit le pays, par son!
système de circonscription, de séparation, et enfin
par leaaanglonts assauts qu'il donna à la capitale, le.
^septembre 1331. Une partie de l'armée polonaise
autant retire sur les frontières, autrichiennes et
pmsstennes fut désarmée, et le plus grand nombre
des officiers se mit en route pour la France à traders
lîAJlemagne, Au mois de février 1832 , la Pologne fut
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696 Ê&mkMM itoqra. «64$-»i83&.
réunieàlaRussiecommepartieintégrantederempire.
U. La révolte des états du pape etde quelques petites
principautés voisines eh Italie eut une fin bien
plus facile et bien plus prompte; car l'entrée des
troupes autrichiennes y rétablit aussitôt la paix.
Mais comme dès qu'elles se furent retirées de nou-
veaux mouvements s'étaient manifestés , les Autri-
chiens revinrent et s'emparèrent de Bologne. La
France alors, pour faire valoir aussi elle son in-
fluence en Italie, se décida à envoyer une flotte
vers A ncô ne, qui s'empara delà ville} et les deux puis-
sances se trouvèrent là en présence, comme devant
veiller à la tranquillité du pays , -mais dans le fait
pleines de rivalité Tune contre l'autre.
5. Afin qu'aucun pays d'Europe ne fàt à l'abri des
secousses et des inquiétudes de l'époque {sauf le
Danemarck et la Suède qui restèrent assez paisibles),
la Suisse se divisa aussi en deux partis, l'un pour
t ancienne constitution, l'autre pour la nouvelle.
Le canton de Bâle se divisa en deux, Bàle-campagne,
Bâle-ville, Neufchàtel ne fut rappelé à Tordre que
par la puissance des armes, et encore aujourd'hui les
cantons originaires sont séparés des autres d'idées et
de coopération ; de sorte que ce petit pays, aupara-
vant si pacifique se ressentira encore long-temps des
enfantements révolutionnaires de la France. Long-
temps la Suisse vit ses relations avec les autres
puissances de l'Europe fert embarrassées, parce que
non seulement elle offrait aux réfugiés politique
des autres pays up asile libre po^ *e retirer, mm
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"1
U »**OMMM:MI 1*111** «V SatSUITBS. MV
mène pour y mariner des trames contre le repos
public; c'est ainsi qu'on fut sur le point de voir
éclater des révoltas en Savoie et dans le sdt de
l'Allemagne. Mats de sérieuses représentation» dafe
part de la France, de r Autriche et des autre* états
du sud de l'Allemagne, rénnies à la mil d'un cer-
tain nombre de ceux qui craignaient les suites de
cet état de choses, ne furent pas sans résultat. Des
mesures énergiques ont été prises contre les réfugiés;
et désormais les relations de Ja Suisse avee ses vot-
ons sont sur un bon pied.
6. En Angleterre enin, le levain de fermentation,
qui résidesurtout dans l'excès de la misère à cdfeéde
Fexoàs de la richesse, est monté à un si haut point
d'aigreur que l'avenir de ce royaume est menacé de
grands troubles. Déjà , dans Une grande partie de
l'Irlande, l'autorité de la loi est si affiriMie , que la
vie et la propriété des habitants pacifiques est dans
un continuel danger; de sorte que désormais il
n'est plus possible d'empêcher la perte complète
de l'ordre, si ce n'est par l'introduction vigoureuse
de la force brutale ou par des améliorations dans
l'administration. Aujourd'hui l'on travaille avec
constance à améliorer les points les plus faibles du
gouvernement anglais; mais le but n'est pas encore
complètement obtenu , et malheureusement le roi
Guillaume IV qui avait de si bonnes intentions est
mort au milieu de ce grand travail, le 30 juin 1857.
Ses vastes états, excepté le Hanovre, sont passés h
la nièce f «ujfttird'hm la reine Victoria
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Conclusion*
août* ctihmtrte tois**. tableau d'ûto
bk)ft: géoéritia-; dfe s<n*e.qra<fep»>rétefco*
is*aeaN»A»> ee u'ert. que p^lfstplus^naBdsiefforto
J*i ccj*»r**ti<uj de fepi*»à, qudqj»?priK ope <»<iQ&)
qBttAûut pdwjttrocfoifcœ l'éclafedo^ttQ'tempate^li
pb* 4*riÂk, «pdiaiti JMaabi memoél L'Europe; h%
grand danger n'est point d&n? Ifrdéair fbbl&g&em
«buittflaia* efr 4<*t peuple eateûj eu*;. da;p«* iH#
mim**) dSékr^imxmt erténpœ tort apparu dfc
tfcr*p*<8* tfnpgjfnree kt plu» pmtàé : rôtaieada**
1/liirtwca , Qt qmdh^ie? terribles; qaîaisiife été. 1#
*ffiat* pBûdaiitfc au momeat de Inw appariait* il*
*mi ptgoa a»ns attaquer te gartue dé Tétat s^ial,
;«^c^«îlitoeaâliSQi^tplttsvivwii^ i***k1b danger
q#.dâftoi«i paisap ^pwduidtosr^éJ^wawil^qpil»
m&g&ià l''mlérimz},cpû me)iB^e^dbid§tr»ir.e;s©at prim
aipfts 4ft^iftattq|ii9 q*iaiwL il trouve J'ocofttiop de se
jeter au: debers^ menace da tout kouteworas^ d*
tout dalrnireX^bMttiaur leeqwdlès nepose l'eoâstw
a^*œia)e .- la religion* les mœurs ;, le neapeet pour
Li loi;, l?ho>reur du rowaonge et: de la perfidie, U
si>iuui^jou dan^U nëto^itë^ quand elle paraîtcorarae
uoe bawte destinée , la croyance dansia victoire du
l?ien et, lppMissapioomiage pour agir dajjs cette coa-,
viction, sont xenveiséej ou dumoiuan'e^isteptpluâ
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a*e* oett* force * cette nniveraalkji qui Imm»)
vient; Geirest donc point sur desmoyens eifetâfuaa*
Te n'est point sur la violence, ee n'est p*rnt mm W
sagesse des eaiculs; humain», ee, nîesfc point* Mot
plus sur les nouvelles. fermes, des états* qu&>&«f
«mpter; mais, le salut ne peut no» tewr que
de 1* vie intitate, quand chaque pêne de* fitmtllé
daoa âuttâison^ chaque instituteur daiïe ses éceAk**
ohaqueami a*eo<ses amîs„ dirige» toufte^aaiit «part»
gie>à foire opposition à la degéneration dklîespeily
qui menace de mats entraîner danf lîabîme*. * *.
Tenon* nous* donc formes. dans la, crayaoéart^i^l
yt st encore»beauooup d'âmes aptiws 1 autant» darife
nota» patrie r qui ne sellassent peint elfe feavhiUir
Vers ce but. L'assistance d!en haut MrJbun«aanqMW
pes plus r qu'elle n* leur a» manque dans, lesian»#8
de naalfceun que noueavons déjà paseA»; sinon* <jui
aurait donc dans, ce temps détourna les^dwgfi^iblf
plus imminents' toutes les ibis q» Ift paosioe etdlks
vauglsment ont menacé de,borieyewa^toiitroMAw?
qyi aurait doue béni lfts champ* efc fait, uritafa \m
moissons, dans la crainte que lafium et bhmi#àrft,j|9
portassent à la révolte les malheureux du petffîkf
que:des< Sommes immoraux pouvais ejftpjpyflfr à
l^xecution de leurs desseins criminel? qui awwf
rdoncfait passer si bénin sur la plus grande; partie
de l'Europe ce fléau pestilentiel dont Tappfiritipp
effroyable qt teinte de sang; pouvait, haulftv/erSGF
le* idffc* etrintellijgence, dasortf qu'il nl^éto qiù»
grand ^Vferiiftwupnt?< qui enfin au. milieu de UiCP%
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Wê septième éw^tm. tMft—4838.
(ma et de l'entraînement des passions aurait semé
les gérâtes qui doivent produire de beaux plants
et qni peuvent seuls consoler l'œil de l'ami de l'hu*
■unité, quand dans sa douleur pour les malheurs
présents, il jeUe un regard sur le lointain ?
' C'est là le fruit d'une recherche sérieuse dans
l'histoire, elle nous force de reconnaître en grand les
voies de la Providence et de ne jamais désespérer
du préaent entièrement, quelque mauvais qu'il soit;
ft en effet, il y a dans notre siècle des germes d'un
nouvel état qui méritent toute notre attention.
En Grèce, la plus ancienne, la plus noble race
d*koolmc* de l'Europe vient d'être tirée de la ser-
vitude cfe la barbarie et peut «maintenant recom-
mencer une nouvelle vie.
'•' Sur la oote nord de l'Afrique, fei conquête d'Alger
a jeté les fondements d'établissements chrétiens, et
pour peu qu'ils soient gouvernés d'après de grandes
idée», ils pourront embrasser toute cette cote, au-
trefois si importante, assurer un asile au trop plein
de l'Europe et être un point de départ pour de
plus grands développements dans cette partie du
monde.
Au milieu et au sud de l'Amérique, un certain
nombre d'états qui se sont délivrés de la do-
mination d'Espagne et de Portugal, ont de-
vant eux un grand champ pour se développer
promptement et en liberté ; et si chez eux un prin-
cipe de vie prend le dessus , ils sont appelés à ré-
Kmdre en grand le nouveau et important problème
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CONCLUSION. 101
des progrès de la race humaine : celui de fondre
peu à peu en un tout organisé différentes races de
peuples.
La cinquième partie du monde acquiert, tant par
les établissements européens que par la propagation
du christianisme, de plus en plus d'importance :
et le temps viendra où elle jouera aura elle son rôle
avec indépendance dans l'histoire des hommes.
C'est de FEurope que part le germe de cette nou-
velle vie qui commence pour les autres parties du
monde. Mais faudra-t-il que la mère.épuise toute sa
force vitale peur produire de si nombreux et si beaux
fruits? Sans doute elle porte plus d'une marque de
vieillesse. Mais aussi la vieillesse peut avoir dans ses
limites et suivant ses lois un état de santé et de vi-
gueur, une virifUs senectus, et cet état de santé
ne doit avoir son principe que dans l'intérieur de
la nature spirituelle. Mais possédons-nous une force
et une volonté assez énergiques .pour débarrasser
ie principe de vie des déblais qui l'encombrent,
afin qu'il puisse pousser de nouveaux rejetons?
C'est ce que l'histoire du siède suivant publierai
notre gloire ou à notre honte.
PiN DU SECOND ET OEHNlltf VOLtntt*
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1
TABLE DES MATIÈRES
CONTENUES
tau*» x» »Mfeftii> wùm
SIXIÈME ÉPOQUE. 15*0.. *
"Sources historiques* *•
Gharles-Quint. — Son élection. U
'Séisme dans l'Église. **
'La réforme. ^
Ses progrès. **6
3)îète de Worms. ; £&
"Première guerre de religion. ^9
Affinh^fleCfeifcs^ÎHrflt hm'èf/tmgfo*. ♦ * *
Premières ligues des princes protestants* 5S
^Maintien de la paix de religion. '. ' * -*W
Guerres avec les corsaires d'Afrique; arec François Ier. 68
Affaires de religibîifth ilLÉtûfegut. . 76
Préliminaires de la guerre. 87
pierre de Schmalkalde. 9J*
iftrtailledeMuhlberg. -, f 1QT
tffcilippe de Hesse. .. «5
il/intérim. •/ ^9
Charles-Quint et Maurice de Saxe. r , 15*
Uraîté de Passau. 131
dfcix d'Augsbourç. <?'
^Abdication de Charles. ,4$»
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?04 tàws,
Ferdinand H'. 140
MaximiliemlL 148
Rodolphe IL 155
Matthias. 164
Moureujenu en Bohême et commencements de la guerre de
trente tes. 171
Ferdinand II. 178
Fre^e>icV,pâh^»oitteBAé^,^BMAWedelaMon-
tagoe-Blanche. 180
Différentes guerres en Allemagne»- 185
Guerre arec le Danemarck. — Tilly , Wallensteins 1 89
Édit de restitution. 199
Disgrâce de Wallenstein. tOI
Gustave-Adolphe en Allemagne* SB4
Ruine de Magdebourg. %\%
Bataille de Leipsig. SH6
Çustave et Wallenstein. — Bataille de LuHen. M3
Continuation de la guerre. £55
Bataille de Nordlingue et faix de Prague. S4S
Mort de Ferdinand II. * **5
Ferdinand III , Bernard de Weimar, Bannier , TonUnso* ,
Wrangel. 9tt
FaixdcWestphalie. S5»
SEPTIÈME ÉPOQUE. 1648.
Sources historiques. SMS
Observations générale*. 868
teopoldl.*- Louis XIV. *W
Réunions a la France. *4
lies Turcs devant Vienne. 988
Nouvelle guerre avec la France. 895
Maisons royales d'Allemagne* *- *W
Guerre delà succession d'&psgQf* 80*
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TABLE. 705
Coalition contre la France. — Eugène. — » Marlborough. S1Ô
Joseph I. — Malheurs de la France. %Ï6
Charles VII. —Paix d'Utrecht. * 32&
Marie-Thérèse. — Frédéric II. S37
tiuerre de la succession d'Autriche. S4à
tlharles VII empereur. 347
Suïtè de la guerre. 350
François Ier. — Paix <TAÏx-la-C!hapelle. 351
Guerre de sept ans. — Première année : Lowositz, Pirna. 360
deuxième année : Prague , Kollin , Rosbach et Leuthen. 365
Troisième année : Zorndorf et Hochkirch. 38?
Quatrième année : Minden , Kunersdorf et Maxen. 30 1
Cinquième année .: Liegnitz et Torgaa. iOi
Sixième et septième années : Paix avec la Russie et la Suède.
— Paix de Paris et d'Huberdsbourg; 4l5
Siècle du grand Frédéric. 42SJ
Joseph II. — Premier partage de la Pologne. — Mort de
Trédéric. — Mort de Joseph II. 435
La révolution française. f 446
Première coalition contre la France* — Jemmapes. — La
terreur. 454
Campagnes de 1794 en Hollande, dans le Haut-Rhin; 465
Bonaparte. —Première campagne d'Italie.— -Paix deCampo-
Tormio. 471
Armistice en Europe. — Expédition d'Egypte. 478
Campagne de 1799. — Souwarow. (482
Bonaparte premier consul. — Marengo. — Paix de Luné-
vîlle et d'Amiens. 487
Napoléon Bonaparte empereur des. Français. 49r>
Campagne de 1805. — Austerlitz. 50O
Fin de l'empire d'Allemagne» 505
Campagne de 1 806. — Iéna. 51 1
Campagne de 1 807. — - Eylau, Friedland. 31 5
Paix de Tilsitt. 51 S
t. u. 45
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706 TABLE.
Soulèvement de l'Espagne
5i0
Campagne de 1809. — Gross-Aspttn et E&sling. —
Wagram.525
Napoléon au dite de la grandeur.
554
Campagne de Rouie.
5»T
Défection de la Prusse. — Paéparatife de Napoléon-
539
Campagne de 1 81 S.
548
Préliminaires de la guerre. *
lbid.
BataiHes de LuUen et de Gross-Gœrscben.
544
Bataille deBautien ou de Wurschen.
549
Suspension d'armes le 4 jitfn.
551
Reprisa de» hostilités.
555
Combat de Gcoss-Beereq.
559
Bataille de la Katibach.
551
Bataille de Dresde.
563
Combat de Cnlm.
566
Bataille de Dennewitt.
568
Combat de Wurtenbourg.
57*
Préliminaires de la bataille de Leipzig.
m
Bataille de Leipzig , 1 6 octobre.
577
—— 1T octobre.
58T
— 18 octobre.
589
— — 19 octobre.
597
Retour sur le Rhin. — Fin de Tannée 1 81 3.
600
Année 1814. — Invasion.
604
Bataille de Brienne et de la Rotbicje.
m
Les dangers de février.
m
Bataille de Laon.
eu
Marche sur Paris.
€96
Capitulation de Paris.
6»
Déposition de Napoléon. — Paix de Pari*.
6M
Année 1815. — Retour de File d'Ellc.
634
Murât chassé d'Italie.
686
Guerre dans les Pays*Èas.
688
Bataille de Ligoy,
610
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TABLE. 70T
Combat des Quatre-Bras. 644
Bataille de Waterloo* 646
Napoléon , prisonnier, est envoyé* à Sainte-Hélène. 654
Nouvel acte de la confédération germanique. 655
L'Allemagne depuis 1616. 659
ReVolutions militaires en Europe. 677
Soulèvement des Grecs contre les Turcs. 681
Révolution de juillet 1830 en France et ses suites. 690
Conclusion.
FIN DE LA TABLE DU SVGOH» ET DERNIER VOLUME,
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I
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- /
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