Google
This is a digital copy of a book thaï was prcscrvod for générations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project
to make the world's bocks discoverablc online.
It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject
to copyright or whose légal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books
are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that's often difficult to discover.
Marks, notations and other maiginalia présent in the original volume will appear in this file - a reminder of this book's long journcy from the
publisher to a library and finally to you.
Usage guidelines
Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the
public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we hâve taken steps to
prcvcnt abuse by commercial parties, including placing lechnical restrictions on automated querying.
We also ask that you:
+ Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use thèse files for
Personal, non-commercial purposes.
+ Refrain fivm automated querying Do nol send automated queries of any sort to Google's System: If you are conducting research on machine
translation, optical character récognition or other areas where access to a laige amount of text is helpful, please contact us. We encourage the
use of public domain materials for thèse purposes and may be able to help.
+ Maintain attributionTht GoogX'S "watermark" you see on each file is essential for informingpcoplcabout this project and helping them find
additional materials through Google Book Search. Please do not remove it.
+ Keep it légal Whatever your use, remember that you are lesponsible for ensuring that what you are doing is légal. Do not assume that just
because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other
countiies. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can'l offer guidance on whether any spécifie use of
any spécifie book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search means it can be used in any manner
anywhere in the world. Copyright infringement liabili^ can be quite severe.
About Google Book Search
Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps rcaders
discover the world's books while helping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full icxi of ihis book on the web
at|http: //books. google .com/l
Google
A propos de ce livre
Ceci est une copie numérique d'un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d'une bibliothèque avant d'être numérisé avec
précaution par Google dans le cadre d'un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l'ensemble du patrimoine littéraire mondial en
ligne.
Ce livre étant relativement ancien, il n'est plus protégé par la loi sur les droits d'auteur et appartient à présent au domaine public. L'expression
"appartenir au domaine public" signifie que le livre en question n'a jamais été soumis aux droits d'auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à
expiration. Les conditions requises pour qu'un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d'un pays à l'autre. Les livres libres de droit sont
autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont
trop souvent difficilement accessibles au public.
Les notes de bas de page et autres annotations en maige du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir
du long chemin parcouru par l'ouvrage depuis la maison d'édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains.
Consignes d'utilisation
Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages apparienani au domaine public et de les rendre
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine.
Il s'agit toutefois d'un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées.
Nous vous demandons également de:
+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l'usage des particuliers.
Nous vous demandons donc d'utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un
quelconque but commercial.
+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N'envoyez aucune requête automatisée quelle qu'elle soit au système Google. Si vous effectuez
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer
d'importantes quantités de texte, n'hésitez pas à nous contacter Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l'utilisation des
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile.
+ Ne pas supprimer l'attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet
et leur permettre d'accéder à davantage de documents par l'intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en
aucun cas.
+ Rester dans la légalité Quelle que soit l'utilisation que vous comptez faire des fichiers, n'oubliez pas qu'il est de votre responsabilité de
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n'en déduisez pas pour autant qu'il en va de même dans
les autres pays. La durée légale des droits d'auteur d'un livre varie d'un pays à l'autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier
les ouvrages dont l'utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l'est pas. Ne croyez pas que le simple fait d'afficher un livre sur Google
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous
vous exposeriez en cas de violation des droits d'auteur peut être sévère.
A propos du service Google Recherche de Livres
En favorisant la recherche et l'accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le français, Google souhaite
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer
des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l'adressefhttp: //book s .google . coïrïl
Francis bkodkrit.
I
■
■
•i
A
1
1
f
4
^-j
h
\
i
-t.
r
-^ ■ I C • -M
HISTOIRE
DE F^A
DE P U I
C E,
LA K EVOLUTION DE Î7S9;
JÈcrlle iTaprès les mémoires et m.anuscrits
contemporains j recueillis dans les dépôts
civils et militaires.
I
ïar le citoyen F.-EMMAWtrKL TOULONGEON,
ancien militaire, ex - constituant » membre de rinstitut
^Aatioual de France.
^psc Cartes et Plans*
Quœque ipst^ , . vidi, , .
a: O M E Q u A T R I È M E.
A P A R I S ,
Chez TREUTTELet WiiaTZ^ libraires, quai Voltaire,
n.* a ; çt à Strasbourg , grftod'rue , a.' j5.
OR L' IMPRIMERIE DR DIDOT t^UrfK.
A. ïr XII. — i8o3.
f
.-» "^v
I «.
i-«'t
'«
, y,
(1>
.1
H I s T O I RE
« ■ . » . ■ •
4 • ■ . . .
DE FRANCE,
DEPUIS
LA RÉVOLUTION DE 1789.
HUITIÈME ÉPOQUE.
Invasion de la France par les atmees coalisées.
Dampierre génétal en chef^ Le camp de
Famars' forcé par ie^ ennemis. Dampierre
tué. Custines générât en chef. Siège et prise
dé Mayence , de Condé 'y de Vàlenbiednes.
ji flaires duCahados.ChaHoïte Corday. Mort
de Marat. Etablissement du gr<ind livre des
créanciers de la république. Toulon liçré
aux Anglais. Jugement et exécution de
Custines. Bataille de Hondscoote. La. terreur
»
à r ordre d,u jour. Décret d^accusatiori contre
53 membres de la convention. Nouveau ca-
lendrier. Siège et prise de Lyon. Exécutions
révolutionnaire^. Affaire^ d'Italie. Mort de
Tome IF, %
\
s.
•^vimip
2 HIStOlREDEFRANCÊ,
Marie' Antoinette d^ Autriche. Exécution deif
2 1 membres de la convention. Exécution de
Philippe d^Orléans. Exécution du général
Houchard. Les églises formées. Exécution
du génétal Biron* Affaires de la Vendée^
, Conjurations dans les prisons.^ Exécutions
journalières par 20^ 3o, 48, 64, 63* Grande
diversion de Parmée du Nord. Prises de
Fumes ^ Menin , Courtrai. Décret de Pexis'
tence de F Etre suprêrke. Exécution des for*
miers généraux. Décret qui défond de foire
des Anglais prisonniers de guerre. Affaires
d^Espa^ne^ Fête en Vhonneur de VEtre su^
prême. Peine de mort contre les ennemis du
peuple. Bataille de Fleurus. Conquête des
Pays-Bas. Décret* d^ accusation de Robes-
pierre. N euf Tkerniidor.
viîîEp. Le régné de la terreur était commeûcé; la
*793- France ét^ît devenue le dpmaine des fanatis-
mes, de Tintrigue, de la coniiption morale
et politique ; les factieux étaient les maîtres
<les personnes et des choses ,* et Tétrianger
était le maître des factieux; on ne délibérait
^ /
B 15 1 tr I s LA It i Y O L U TT I O N. 3
plus .qtiç. sur l^tsage.ijw'ori ferait du jx>uvoÎKab- viiiEp^
sioiu de l'anarchie ; la vengeance vbalait du^ *7^'*
sang4il!a:vidité^ de^ror ; rambitton, du pouvoir ;»
l'étranger voulait dés ' provinces. Seul U fut
trompé;; |)airce que le civisme , la viiléur et la{
liberté, n'^eûrent bientôt d'asile que dans le»
can^ps; la du moins. la vertu eut un refuge, e%
put se faire des devoirs. L'homme de gueire,'
voyant devant soi l'ennemi de son pay&j fut
dispensé, de porter ses regands en arrière .suc
les crimes qui le dégradaient plus encore qirtls
ne le dévastaient; le bruit deS|^aiHnes>ljémpên
chaitjdijt moins-d'éjîtendKejef eris des vietïmesL
et la présence des armées étrangëç'es arrêta
seule une réaction des armées républicainésjsor
li'intérieut. v • ^ " . • . .
Les dangers les plusinenacantST^et les plus
prochains étaient sur la frontière du Nord . Après .
le départ de Dumourier, Dampierre avait piis
le commandement-dejéès troupes. Tàndisqu'une . ..
ai'mée combinée de- Pioiseiens et- d'Impériaux
menaçait d'une> iavasibn les départements, du.
Rhiïy,£aiblement' défendes par Vaïfn\ée' àà Cus*-
tines, retirée derrière les , positions- .défensives
qu'ofïraiient encore : les Jîgnes fortifiées» et* les
obstaelés naturels; \ïne ; autre armée, composée
d'Impériaux „. de: Prussiens ,. de Hollandais et
d'Anglais » assiégeaient les frontières du Nor4^
r
4 HISTOÎHE b« FRANCf,
ViitEp. qui n-avaient pour déFeose que des places fortes»
'^^^' la plupart mal pourvues, et une armée pres-
que désorganisée par les revers , et .plus:en-
core pak'les vices d'administration militaire, et
par Je défeut d'oixlre-et de discipline» La vue
de l'ennemi la contenait seule ; divisée, par îdès
partis et par des opiniona, cette arihée en |aix
«e fut dissoute. ' ■ . ^: ■ »
Dampierre la plaça d'aboi-d ail camp de^Fa*
mara,. puis sous ie canon -de Bouchain^ ayant
devant elle la Scelle et l'Escaut , et une retrakë
assurcei aU'Camp de César ^ ancien Caslrum des
légions romaines que -sà positixm et ses antiques
remparts», .encore debout , rendent «n poste '
Tnani pariTàrt et par la nature. L'armée cbm-^
mandée par Dampierre ne consistait alors qu'eïi
£2 miUë hommes effèetife; ' : . - i
, ^^^ Lés. armées combinées de Prusse et d'Autrîf
che occupaient -ïu^e ligne de positions en-
ç 7 av. avant; de Môhs et de Totirnay ; depuisr Mau^
beuge .jusqu'à MeniUv Elks entrèrent sur
. le territobe de la république , menaçant à la
jbis' Lîile , Valehciennes ët'Mawbeuge^ Cette
«riTî^, auxordres du prince- de SaxeCôbourg ,
était d'environ ^o mille hommes, y compris les
corps commandés par le général Clairfait et le
jprittce deiHôhenloë; Condé fut investi,, et Tin*
.vasioni s'exécuta sur tout le front de cette llgne«
X
» I.es' rëpnbKcains reveniHs du prè^^ viiir^.
neriierijt^ qu*àvàî t cuuse »la' cléfectk)n du gënéi'al et ' ^^ '
4e désordre <itiî en fut la' suite' ^rèprir^iit bientôt
•«ne' contenance qui ^amfOBlça la résolution de
défendre >8es postes. Plusîem*s combats furent
livrés avec AJs^'îsiJCîcèsî balancés. 'A F^estte, à
'Cui-gî'y'ià'"¥îeogne et-dahe la forêt 'd«e^Noih
infilef^ndàlgr^ ^usieàrs désavantages- diâtoS ces
combats <}©) détail , :îDampiérre remàrchâ ep
avantv ^>>i'6^ti^ -au ^aiiip'4el>Famar^ pôiir se • '\ '
rapprcxiieDd© Valentienoe«,roelîacé ;iet pett^ cle *^ *^"*^
•fours * après > les FraBçaîs reprirënl un n^ment
J'ofFetasfre,. îet s^empaièrônt ' des postes iâfpoti-.
.tants ^^©rchies et Lànoy; t-'-* . ' '; c >»^
j "JEntnénié temps se fdrmaft une autre armée
d'Iàva^'oh vers lès villfes. maritimes; |j^Atlg<aîs
^vaienti déi^r^qué èrivir^^p ^îô htoîfie'fejitifm»
ijur,*réuiife â Ûstende awx; troupes' bpllanfdàîsë«
comnfiaiMÏéfs^ par le • colonel Mylîus', î4taîèriC
idestinés ^ agir sur Fektrêrh* frondëre (JtrïfoW,
vers Dunkerque. On opposaitàl ce corp$'d'àrHffefe
"uii rassemblement qoit ^ cformàitlati ^itlipitousà
Leî-soaitiîdeîCoïîde inTèsti/i et*: assiégé j étëil
d^vendr le t point central 'des opératioU^îTanf
que'He^^i^îffWiaiis: n'étiaiîënt^pas mâtcr'ë$ iâ'ùne
pîâce fortes -'la fi*ontîër^ f/étaît pas^ enta^
jBiée, et les deux armées étaient encore cteunm^
I
6 .'HIST O-lrRjE. P F F R A N C E'^
VxïiEp. sur leur territoire^ ayant l'Escaut filtre-: eHes»
'^^^' Daippierre avait reçu des renforts. Quelque
ordre était rétabli dans son camp, et sa résilia
tance étonDait l'çnnenoi qqi ne s y était pas at-
tendu. Dans un conseil de guerre tenu à Va-
lepcieiines, une attaqua générale^ pour déga-
ger Condé, fut résolue et fixée au p.*'' mai, Une
colonne à la droite fut dirigée par le cbeoiin
de Vôlencîennçs à Mons; celle de gauche-sur
i.ermai. Saiot-^Amaud ; d'abord. «les postes avancée de
Tenneniti . furent repHés , et son centre- repoussé
une lieue en arrière vers Saint -Sauvç et Vî-
cogne; mais son ^ile droite, aui ordres de Clair-
fait y prit la gauche, desrfrancaîs.eo ilanc et à
revers^ , Le succès ne fut pas plus faeixreitr ^ la
droite. La première ligne de Ixirmée impériale
g^ forjoaa à Honaing , et les troupes républi*-
cajnes, après, une ajournée sanglàate , furent
forcées à la retraite, poursuivies jusqu'à leur
cac^pT d^. Famars; laissant deux mille xEiorts et
beauco^ip d'akillerici - . ■ : - ' î
Malgré cet échec , les mêmes ][)08itk>ns fu- .
rent conservées. L'histoire offre peu d^exemple^
d'UU début de canip^^hè aussi meurtrier. De-
pufai le con>bât d'Aldéohoven , au i.^' Hiars, il*
«'et ail: ;;KTré quatre* batailles rangées,; beau^
coup de combats particuliers et d'^^ffàîres de
nii^rv:is t A Ri v o lut i on. .7
Outre les causes mîHtaîres et les chances de Tiwfk
la guerre, l'entreprise du •t;.®'^ niai avaît 'cnàn* *^^'*
que par Sies ordres mal i entendus e t joial su i Yssr,
par on défaut d'çiccoi'd entre les :chefs > kfonf>nae
il arriva* soiivent» et par de^ retards ^d^HS&.rieté'*
Gutidn; Le plan de JDatÉipierre , en engageant le
comèat suc tout le fr<uitjdes ^ieux Ugnet^;^ avcdt *
été d'obtenir un succès sur un pointj etd^y'paç-
ter toutes ses forées. L'armée .française ayant ses
•placés fortes derrière. elle, sa retraiteétait pro-
che- et assurée^ un 'éc^ee au contraire pouvait
obliger l'eànemi à rétrograder m loin i h'ajant -' ^^
aucune position fortifiée en arrière de soie'
L'armée -n'était jias' découragée , malgré cette-
suite de revfers qtti s^étaient succédés sans inter^
ruption depuis deux mois« * :, ..r . r i
Les gâi^^x aussi sentaient de qtœts daocçers^
étaient poureitx ces revers; les comptesà rendre
à la convention étaient plus incpiétants x\vkè le
canon de l'ennemi; un second eSbrt fut résol»
et combiné pour dégageir Coodé. L'investisse^
ment de cette place ai/taît obligé Taile droite
des Autrichiens de passer TËscaut , et d'en oc-
cuper dans cette parde la rive gauche. On y
ch'rige'a la principale attaque qui venait d'ëehouer
sur la rive opposée.
La ligne des ennemis s'étendait de leur gauche
à leur droite , depuis Maubeuge à Saint- Amand,
V
yiiiBp sur un espace de ptôs^de dix lieues. Le géné-
ral Làtour comthandait près de Maubeuge;
,un :corj)s était aux Jôrdres du prince de Reiis^,
près Bayai ; la téset^vé aux prdres du généi:e[l
CJ-airfait, sur* la ^ rivé; gauche, de rEscaut' près
de -Vicogne ; un corps dé. Prussiens ^ à nSainfc-
Amand ; et Cobourg. avait son quartier- générai
à Quiévraîn. ' • ....
Xfattaque fut encore engagée, sur tout :le front
déjà ligne. L'armée, Yjiiriait isa revanche. Dara^
pierre hésita plusieuD&. jours ^ donna et: retira
7 »*»• trois fois. Tordre dlattaque ; lé quatrième ordre
la fixa au 8 mai. ^ Vî. . '
. Dès la veille , on attaqua les avant-postes de
Pennemi à Qiiiévrain. L'infantericlégène sortie
du camp de Famars et de Valénciennbs «, gagna
d'abord du terrein, mais fut ensuite : forcée . de
•ce- ^retirer. . • »■••• ^ , . ."
Le jour fixé , Tattaque commença à. la droite
en^ avant de Maubeuge. LeS' troupes retour?
nërent cincj fois à la charge ; et, après utie perte
d'ènvîrori trois cents hommes , furent fcuxées
à la retraite jusque sous lé canon -de Mau*
beu^e. .-
A Bavai, l'engagement n'eut Heu qu'entre leg
troupes légères.
Darapierre ccgiduisit l'attaque contre la ré-
serve des ennemis postée à Vicogne. Cette àt*
•^
tà€fQe se prolongea .jusqu'au, aôîiv Les eone-? ym«pr
mis étaient retranchés dans les bois.. C^ .
corps , comoiftoidé pail GIenr%*|;:,;éU\ifc rcdm-
pqgjS d'Jrnpérî^tijc.et de Pïi3*$îe«ss; Oaiïipîerf.€r>
cpiaduisatit les' colonnes pou t forcer les abatis^
renouvela. plusieyrs;:fpi^.:]fs.'atî^e}Ujes } H f uf
fetessé mor^îjtlieftiçnt à la dernière. Le général
Jslers ordonna H» retraite. Troi§. bataillons d^
rygjôhtaires/élai^^ti^ngagés dan» le villag.e'de
Jlaisme^ En^lravenant une>}>laine, découverte
sons le feu%,ilè js^ débàndèreq.t.Ljç^généraJIsiçi'i
Jeur cria, è 'p^srapgs. La ligne ixxt reforooée
à l'instant , iet.jla retraite coqtiwiée ;au: , pas de
«r«irdbe..Ges dfit^ili Jran^mîs.par Jl?^ ehe/s çart-
temporàins»; pejgn^nt l'esprit ^^s^r^^vupejS} H^n^
leuriiB^nqudit .alors que l'instiTyctiQn ;et. l-ordie ;
le courage y^bppié^it dapj; l^s $.ufiçèë, maiSfiieft
»'yj!»eut suppléer dans lc5S,ré:Y0rs.. - < :
L'attaque sur Saint -Amand par les troupes
sortît dju cariôpidi^ £4n]e'et4ç>}]Î99ai conduite ^
par le générait Laftiarliëre ^^s'>^4ait. effectuée ea
même temps-iCe poste était;0(;ciuipé,par 1$ corp$
d'armée. pru8$i$nne« Le résultat ftH Je mêmet
L'attaque fut f^iteét sootçniie avec uuq égalf
opiniâtreté. Quatre- fois les Français cbargèrênt
'Sôùs lé feu dès batteries , let furent enfin obligés
de' cédei^* Ces deux altdque.s coûtèrent aux en^-
tiemis, de leur aveu , plus de mille liQi»pa^s, et la.
lO HISTOIRE DE FRANCE,
VIII Ep. perte des assaillants dut être beaucoup plascpo^
sidérable.
Un dëtacheâlént de la garnison du Quesnoy
avait attaqué ]es avant-postes du quartier-génë'p
ral de Cobourg à Quîévrairi. Cette sortie n^avaît
pour objet que de contenir Tennemi.
Ces actions ne furent point des batailles. Se-
lon le système adopté, on avait voulu les ré-
duire à des affaires de postes. Sur une ligne
d'opération de plus de sept lieues dé développe-
ment , cinq attaques avaient été dirigées , et
plusieurs caiïses piifrent en empêcher le succès»
D'abord la grande supériorité de Tennemi, les.
ïmpériaut, les Pinissiens ; les Anglais. que ver
tiait d'amener lé duc d'YorcJc , et les troupes
hollandaises, formaient une armée de plus de
80 mille hommes; et la république en availr
à peine la moitié pour «défendre ses fron-
tières. : • .:;....
Ce concert d'attaques sinaulianées et partielles
supposait un concours de circonstances et ua
aécôrd eiitre les* chefs, que Ton ne pouvait es-
pérer que d^uri commandement absolu et coa*
senti par l'opinion ; l'état des choses n'était pas.
tel; U confiance du soïdat avait souvent été al •
térée par des exemples récents de mésintellt-^
gence et de défection ; l'esprit national la guidait
seul , mais n'agissait qu'un jour d'affeire.
DEPUIS LA RÉVOLUTION. It
La nature .même du pays étâitfàvorablè'à \^ïïî^.
l'ennemi : à Vicogne et à Saint^Ai^and , où m '^^'
firent les principales attaques*; toutes leé posi-
tions étaient défendues; son front était couvert
par; des bois rctranicliés avec des>bati8 et deh
redoutes ; ses flancs étaient asstirés par le cours
fie l'Escaut et de la Scarpe ; descendant parallë*
lement , ces deux rivières ne laissent ^itre elles
qu'un intervalle de deux lieues que les troupes
pouvàieiot tenir en arrière ; Condév investi et
assiégé |. né pouvait leur donner de Tinquié»-^
tude. L'armée ibançaîse attaqua tln^' armée su*
périeurç et postée dans * une position avantar
geuse. • * ■ ^ . . * ' '»
, Dampierre arrivait au commandement ; jeune
ençcM'e , '■ et n'ayant pu y être préparé par l'ex-
périence ou par «rétude qui j supplée ; une con*-
duite d'opinioii comtante et strivte; utie volonté
active, une brillante valeur, un grand désir de
gloire r^avait porté à la tête^de l'armée. Il y
pérît daiis cette Journée, ccltiii^tant aux pr^î*-
.miei'S rangs ; il mourut le' lendemain près dû
champ de bataille , après avoir subi l'amputation /.
de la cuisse ; justeixïent regretté; et laissant la
réputation d'un militaire généreux , que la
mort enlevait à des destinée^ que l'avenir et
]a fortune devaient rendre brillantes. Son conps
•fut pUtcé au Panthéon 9 et son nom parmi ce;-
/
^
14 H!l:STOIRE D E F R A N C E^'' I
vniBp. luj (Jes géàératfx français dont le sang a 'ci-
mente le rétafblissement xl- une * liberté rpuWjquél
'Le commandement fut déféi>é|5rovisoîrenierik
par les cotnraiissaîre's repréëentarttsvau général '
Lâraarche, lAprës tant d*eflSM*ts*réitéi:és ebsratif
jsuecèsf,: lft$ généraux se bornèrent à tâcher d«
maintenir leur ligne de défense, pour mettre
Valenciennes à côavert d'uô. siégé, et 3a»teaif
en. mçsuFjé de secourir Gobdé* . \ :iU\'r*
; . Mais peu de jours après., .les 'FcançftîsftTremÇ
làjlâqué^ <fan8 Jeur camp. Les q^remiers ^élàh
ile^ ennemis, avaient eu.pamri>caiise Péspoir de
^vaincre d^S:Hafis>par les emèutef qui y étaient
disposées et prévues. Les derniers succès ^dç§
alliés leur fit penser ♦qu^diie acmée deux* Fois
•vaincue , «tiepdîraifc .peu dqns- ses* positions v "^
jqil'un succès complet , qm Ja .forcerait- «à» dep
ïfeouve.ments rétrogrades ^vecs la capitale ^i Se
CQnibi4iemi|: avec J es événements qui étaient
préparés soi 3i mai, Ube attaque générale fut
jéaolue, la réussite livrait vGondé, et laissait
iValenciennes investi , livré à ses seules défenses.
a3m»û .Tous les postes français dùretit^être lattaquës
à la fois .SUE tou t, le front :qirils pccapaient dé^-
puis Ofc'cbiesi Saint* Amând' et Vicogne , jusqu'au
jQuesnôy'et Màubeuge. Les-desax^estrëmitëB de
;cç champ de batailfe, sur iiil prolongement de
-plus de dix lieues, dur^têfire èe^ilemenfi oc«
^
D E !► U 1 S ti A * É V Ô L U T I ON. l3
cupèes par de Fausses attaques. Quatre colonnes viiîe/%
Commandées par les généraux Cobourg, Yorck \ ^^^ '
Lafour et Claîrfait ^ agirent en même temps ;
les deux dernières étaient diriges au centre
surJfecamp de Fâmare, où devaient se faire les
plus grands effor,t$^qu^il s'agissait d'emporter, et
dont la prise (^rhma^dait la reti-aite des deux
aifes de Tarmée ÎFrancaise. • -
Le camp de Famars, situé eotiîe Valencîenne»
et Maubeuge, a son flanc droit- couvert par
PEscaut , la gauche s'appuie à la rivière d«
fiôtfêlie, son front était- couvert de redoutes, .
et en avant > sur les hauteurs d'Ansin, à la gau^
ehe def Vale^ciennes, on avaitformé un ca»mp
avarncé.
L'attaque cotîi agença avec le jour, ne finît
qu'à la nuit, la résistance fut opiniâtre sur tous
les points ; mais la supériorité du nombre Tem*
porta. Vers le miheu de I9 journée, l'aile droite
S€? tPOMva tournée par la colonne aux ordres
du duc d'Yorck , et les redoutes en-^îecà de la
Rouelle emportée par le général Ferrari. Il fal^
lut alors évarcuer le camp de Famars. On jeta un
renfort de 10 mille hommes dçi ne ValencienneSj
et Tariuée se retira sous le canon de Bouçhainv
Le camp d'Ansin tenait encore , et ne fut atta-
qué que le lendemcfiti. Le combat y fut encore '
apiniâtrel, Clairfait^ dès la y^il^ > ^vait tourné
14 HISTOIRE DE PllANGC,
YiiiEp. ce poster avec un corps d'Autrichiens et d'An-
glais. L'attaque se fit par le bois de Kaimes, et
fut très - meurtrière de part et d'autres. Les
succès de la veille avaient déjà décidé celui de
cette journée, le camp d'Ansin fut perdu, et'
en même temps l'abbaye d'Hasnon , où les Fran-
çais s'étaient retirés \^ veille , fut forcée par un
corps de troupes prussiennes; al ors Valenciennea
fie trouva investi , et dès le même jour , les en-
nemis maîtres des Ihau tours d'Ansin , jetèrent des
obus dans la citadelle. ^
aSmai. . Tant de revers furent un moment balancés
par un succès que le général Lamarlière obtint
du côté de Lille. Les troupes. hollandaises, aux
ordres du jeune prince d'Orange , s'étaient por-,
tées en ayant de Menin, pour couvrir la droite
des opérations combinées. Il fut attaqué aux
villages de Tùcoing et de Ronck, et obligé de
se retirer après une perte considérable. On fit
Soc prisonniers, et un drapeau enlevé par un
grenadier , nommé Gr os - Lambert , fut porté
par lui à la convention. Ce trophée nipntré au
peuple , aida à empêcher la publicité des dé-
tails alarmants que fon avait reçus désarmées»
jet la victoire. remportée à Paris l^ 2 juin, y
couvrit tant de désastres.
Après la mort de Dampierre , le général
Lamarche avait été établi provisoirement gé-
DEPUIS L A . R É V O L U T I O N, l5
néral en chef par les représentants, commissaires ; Viiieih
\ mais lis pressaient en même temps une nomi-
nation définitive. Custines fut nommé au com-
mandement de l'armée de la Moselle, puis à
celui de l'armée du Nord,
f Avant de quitter l'armée du Rhin , Custines ,7nuîi
avait voulu signaler, son dqpart par une action
générale, Pepuis Mont-Médi jusqu'à la rive gau-
che du Rhin , l'attaque dut s'engager sur tous^
les points* L'armée de la Moselle, formant un
corps de 14 mille hommes sous le commande-
^ ment des généraux Pulli et Bouchard , campée-
: près de Hombach, dut contenir la droite dds
Prussiens , et l'empêcher de se porter au secours
du centre , où Custines avait fait ,des dispositions
! pour enlever un corps de 7 à 8 mille Autrichiens
à Reinzabern. Le général Fer riër es, sortant de
Lauterbourg, devait attaquer de front Jg poste
Rheinzabern, tandis que Custines, au premier
bruit de cette attaque, devait déployer 8 à 10
mille hommes qu'il av^it tirés des positions du
centre, et prendre Tennemî à revers. Rarement
ces grandes combinaisons de mouvement réus-
sissent lorsqu'elles ne sont pas indépendantes
Tune de l'autre, dans leur exécution , les troupes
aux ordres dç^ Ferrières retardées par des con-
i tre-temps et pfar des ordres mal compiîs, ne
donnèrent points le corps de Custines se trou- ^
»
^ aSmaî.
l6 H ISTOIRE DE FR-ANdE,
VTiiKp. vant alors toutes les forces de rennemî en tété,-
'^^*' fut force à faire sa retraite. Dans le désordre ♦
^ rinfanterîe fit feu sur la Cçivalerie qui défilait
devant son front; on ôria dao6la ligne le mot
trop connu, sauve qui peut y et l'armée se crut
trahie.- Custines donna la tête de la colonne au
bataillon des gardea^iatioûales d'Indre et Loire,
qui reprit et tint le village de Herxenheim, et
assura la retraite de l'arraée,elle rçprit ses posi-^
sitions à Weissémbôurg et Lauterbourg. On y
perdit environ quatre cents hommes, et ce fut
' après cette expédition que. Farmée passa sous
le commandement de Beauharnais. Elle restar
en observation dans ses positions jusque vers
le milieu de la^ampagne, où l'on essaya quel-
ques mouvements pour secourir Mayence qui
était toujours assiégé et pressé par une armée
de 60 mille hommes. On tenta.dans cette vue
une diversion du côté de Luxembourg. L'armée
0 . de là Moselle fut réunie aux ordres du eéné-
rai Laâ|çe. L'objet était de s'emparer d'Arlon ,
Pataiiie (le mcuaccr Luxembourg , et d^obliger ainsi
*^"' l'ennemi à partager ses forces, soit en tirant
des troupes du siège. de Mayence bu de l'armée
qui agissait sur la frontière du Nord. L'avant-
garde française , conduite par le! général Tolo-
san , replia d'abord- les premiers postes .enne-5
tïiis ; mais Tinfanterie légère s'étant avancée au-
delà
I
I
DEPUIS LA RÉVOtUTIbK. Xj
delà d'un ruisseau qui la séparait de la ligne vin i^p.
ennemie , resta exposée à la cavalerie impériale. '^^ *
Une charge hardie que Tolosan exécuta à la
tête des troupes légères à cheval , dégagea cette
partie de l'avant-gardè qui se retira sur le corps
de bat^ijlei *
Le temps pluvieux et la fatigue des troupes
décidèu'ent le général Laâge à rester pendant
deux jours ftur les hauteurs d'Udange, où un
corps de a mille hommes , venu de Sedan et
de Mont-Médi , le joignit, conduit par le géné-
ral Beauregard.
L'attaque d'Arlon se fit le lendemain. L'en* oi"»»-
nemi occupait une position avantageuse sur
les hauteurs en avant , ayant sa gauche à
la chaussée de Luxembourg, et son front sé-
paré* de l'armée française par Je ruisseau de
Bu vange,. qu'elle était obligée de passer pour
aller à lui ; sa force et ^it de 7a 8 mille honvmes,
avec une nombreuse artillerie; cette position
reconnue , le général Laâge forma deux co-
lonnes de son infanterie; celle de gauche com-
mandée par Desperiëres ; celle de droite par
Chateauthieri ; celle-ci dut tourner la gauche de
l'ennemi , et menacer sa retraite sur Luxem-
bourg; mais s'étant aperçu de ce mouvement,
il y, porta des' forces , et Ij colonne française
Tome IF. a
vy
•s
*8 HISTOIRE DE F •RANGE,
viiiEp. ayant d'ardeur dépassé la ligne « eut à souflTrîf
'^^ * de l'artillerie ennemie , jusqu'à ce que Tantre co-
lonne se porta à son appui avec toute la cavale-
rie que commandait Tolosan ; cependant Beau*^
regard s'était emparé d'Arlon, et a3^ant pris posté
en avant des hauteurs qtii le cpuvraient, ii obli*
gea l'aile droite des Autrichiens à se replier sur
leur centre; les carabiniers chargèrent un ba-»
taillon carré de i5oo hommes, et perdirent bêau«*
coup par son feu , l'artillerie volante le rom-
pit ; alors Tennemi se décida à la retraite qui
«e fit à travers les bois et en désordre , sui*
Lu:^emb6urg, laissant trois canons et leurs équi-
pages. L'action coûta environ 5oo hommes ;
mais ce succès n'étant pas soutenu n'opéra point
la diversion que l'on s^était promis '^Luxembourg
a; juin, restait pourvu , et l'armée de la Moselle n'était
pas de Force à entreprendre le siège* Les évé-
' nements décisifs se passaient toujours aux fron-^
tières du Nord.
Custines, en arrivant, trouva son armée re-
tirée sous Bouchai n. Gondé était assiégé et
])ressé sans espoir de secours ; Val^nciennes in-
vesti était abandonné à ses moyeùs de défense i
depuis Dunkerque à Givet , toute la* ligne des
fi optières était menacée ; partout les .ennemis
étaient en forces supérieures ; et dans ces cir^
■^
D.ÊÎ^tJÎS L A: JBl é V O LUTl^ N. ÎÇ
Constaaces, l'état de$ choses, dans rintéritîur de viiiEp.
la Françe> obligeait encore à retirer des troupes / *
des armées pour les porter où de nquveaux
dangers rnenaçaient. Ce. tut alors que Félix
Wimpfen écrivit à Custines cette lettre dont oq
se servit ensuite au procès de Tua et,de Tau-
tre : Gariifez 710s bataillons ^ chargez-vous des^
ennçmis du dehors , et je me charge de ceux do
V intérieur,
, Tous les députés proscrits qui avaient échappé
au 3i mai , ou qui ne voulurent pas courir les
risques d'un jugement du tribunal, révolutionr
naire , se retirèrent a Caen , dans lé département
du Calvados ; là commandait Félix Wimpfen ,
le même qui s^était distingué par la délense de
Thionville ; mais qui bientôt , atteint par ce
sjstème d'accusation qui poursuivait tous les
généraux, et surtout.ceux dont les succès étaient
un grief au dehors et un objet d'envie au de-
dans, avait préféré un poste moins en évi-
dence , dans , les .départements ,de rancienne -
Normaqdie , avec la quatorzièoîe division de
l'armée.
A l'arrivée des députés fugitifs^ toutes les au-
torités du, Calvados se prononcèrent d'abord en .
leur faveur. Quatre représentant? commissaires
de la convention étaient dans ce département;
\
/
ÊO tilStOIHË DE FRANCE,
ViiiEp. deux furent arrêtés, Romme et Prieur; les deux
autres se retirèrent dans le département de la
Manche. Le projet ^t Tespoir des députés ré-
fugiés était cIq faire soulever les déparlements
voisins, de lever une force armée, de marcher
sur Paris , et de délivrer la convention du joug de
l'anarchie. On comptait moins sur la force des
arme§ que sur la persuasion ; on savait-d'ailleufs
que ces journées désastreuses qui en décidant
les événements à Paris , avaient aussi décidé
du sort de la France ; on savait quel prestige
avait produit ces événements, et qu'un petit
nombre audacieux et adroitement dirigé, avait
suffi pour entraîner la multitude; on espérait
donc avec vraisemblance qu'^n opposant à cette
faction connue une force qui pût la contenir,
on rallierait à soi tous les citoyens, dès qu'ils
seraient sûrs d'un appui ; mais il arriva que les
conventionnels réfugiés à Caen, n'étartent même
!)as d'accord entre eux, Pétîon et Buzot par-
aîent bien d*une république ; mais ils voulaient
tme nouvelle dynastie', et avant tout , vengeance
et pouvoir. Cette passion qui les porta à des me*
sures précipitées et extrêmes, perdit leur cause, et
fit échouer tous leurs projets. Les autres conven-
tionnels réfugiés, réunis plutôt par letQr fortune
que par leurs intérêts communs, ne purent ja-
V..
D E P U I s L A RE tr Ô L UTI ON. Sï
maïs former un corps d'opînionqui ralliât à eux ynisp^
le pays. Là , comme ailleurs , les habitants étaient *^ ■
divisés en partis; le peuple, c'est-à-dire la classe
travaillante et moÎDa éclairée, était i comme à
Paris, démocrate; mais menés par llnfluence
des clubs jacobins, que l'on nommait là cara^
bols j ceux-ci ne virent dans les conventionnels
fugitifs que les. ennemis vaincus par la mon^
lagne j les modérés n*y virent que des juges de
'Louis Xyi , et ce souvenir était encore récent;
et plus influent dans les départements quià Paris
même ; ies dépositaires de l'autorité publique
ne se hâtaient pas de se pronojicer' dans une
lutte dont Fissue était douteuse, et la puissance
de la conveiition leur en imposait. Enfin lors^*
qu'on voulut faire un essai des foi^ees disponi-
bles , Wimpfen ,. à qui l'état des choses était
connu , indiqua une revue de la garde nationale ;
huit bataillons prirent les armes; toute l'éloquence
de Pétion et de Buzot ne parvint qu'à enrôler
17 hommes pour marcher sur P^"s; toutes les
autres villes du département et des déf^^rtements
voisins s'y refusèrent nettement» Vire seul envo3^a
une vingtaine de solrdate.
. Alors on résolut de recourir à la Bretagne ,
d'où l'on fit venir 5 à 6 cents hommes, et l'oa
eu forma Tai^mée qui , sous les ordres de Ptii-
21 HISTOIRTEDEFRANCE,
VjriiRp. sa^'e, fut envo3rée à Evreux; Pétion accôutniné
'^^' de dominer à Parîs, ne pouvait supporter ces
lenteurs et cette résistance. Si l'on ne* connais-
sait jusqu'à quel point l'mfortunç , l'injustice et
surtout l'esprit de parti , peuvent exaspérer un
caractère formé par les révolutions et aigri par
la disgrâce , on ne pourrait croire que Pétion »
de concert avec Buzot, conçut le dessein de
mettre le feu à la ville àe -Caen , pour en accu-
ser les monfagnar/is de la convention, et déci-
, der aînçi les habitants à marcher sur Parîs. Celui
qu'ils employèrent pour acheter les "matières
combustibles en avertit secrètement le général,
qui lui enjoignit de continuer ses préparatifs
jusqu'au moment destiné à l'exécution , alors il
fait venir les auteurs du projet, paraît effrayé
d'un rapport qu'il feint de recevoir , leur an-
nonce que rien ne peut les sauver de la fureur
du peujilé , si ce bruit , sans doute absurde ,
vient à se répandre; ils recommandent le se-
cret, accusant leurs ennemis de Paris de cette
calomnie, et le projet avorta. Les autres réfu-
giés étaient au nombre de ly. Les mêmes événe-
ments qui seuls les avaient réunis , n'avaient pas
ibndu les nuances de leurs opinions, et le défont
d'intelligence fut une des causes qui fit échouer
tous leurs projets. L'inflnçnce étrangère intervint
^/
DEPUIS LA KEVOLUTIOM. !i3
atissi. Le cabinet de Londres qui , depuis long- vnr«^i
temps , entretenait des intelligences en Nor-
inandie, essa3^a de s'approprier le mouvement
qui s'y préparait , et dont l'appareil semblait
promettre une diversion aussi puissante que
ceHe de la Vendée, la réunion de 3o membres
<Je la convention, injustement chassés par elle^
semblait devoir former un centre autour, du-
quel pouvait se rallier tout ce qui tenant atix
idées libérales , était cependant' indigné de la
tyrannie anarckique; mais cette influence étran-
gère, qui ne pouvait pas être exempte dusouji-
^on fondé de royalisme , fut précisénaent ce qui
rompit toutes les mesures.
Dès qu'elle se fit sentir, elle mit en gaVde
contre elle les opinions populaires, on craignit
d'entrer dans une route dont on ne voyait pas
distinctement le terme. Les administrations voi-
sines se. tinrent en réserve, et, chacun attendit
un événement qui pût lui servir à l'éclairer et
à le décider, et cet évéoenoent fut digne dea
moyens employés de part et d'autre pour Ta-
mener*
Le Calvados resté seul n'avait pu former^
organiser une force armée, moyen sans lequel
rien ne se feit en révolution ; inutilement oà
avait fait des proclamations , établi une assem^
blée centrale d^, résistance à F oppression. Pui*
24 HISTOIRE DEFRANCE;
VHiEp« saye s'était porté à Eyreux avec une troupe de
«795» 8 à 9 cents hommes.. On espérait la recruter
en chemin de tous ceux que le méconteatemeot
ou la prévoyance de Taveoir enrôleraient sous
les drapeaux d'une lif^rté autre que la licence
de l'anarchie ; mais soit incertitude^ soit crainte
de la convention , personne ne s'y joignît ; ob
attendait que les autorités civiles iiuxquelles on
était accoutumé d'obéir, se prononçassent; mais
aucune ne l'ayant voulu ou osé, les gardes na-
tionales restèrent immobiles. .
Cependant à Paris les nouveaux dominateurs
de la convention, alarmés d'abord d'une réunion
qui pouvait leur susciter une nouvelle guerre
civile, et partager au moins l'opinion par laquelle
ils régnaient, employèrent d'abord les armes
révolutionnaires, et la tribune retentit des dé-
crets fulminés contre la nouvelle Vendée; c'est
ainsi que l'on qualifiait le Calvados. Tous les
députés fugitifs et le général Wimpfen furent
mis hors la loi, et cette. espèce xl'excommuni-
eation civile n'était pas une arme sans effet , la
tête des proscrits appartenait au premier que
l'espoir d'une somme considérable pouvait ten-
ter; en même temps les conventionnels levèrent
une armée pour marcher au devaxit des nou-
veaux rebelles. On était instruit à Paris de leur
force ; ia tranquille jpteutralité des corps admi-?
DEFVIS LA HEVOLUTION.
î5i*
uîstratifs avait déjà rassure; on fit partir envi- Yinsp..
ion 12 ceqts hommes levés à la Mte dans Paris;
op,y ioignit 3 cents gendarmes réunis des lieux
voisins de- la ca|)itale , celte armée ge mit en
marche , et s'arrêta à Paci , distant seulement'
d'Evreux d^ trois lieues. Aussitôt l armée du
Çaivadps sortit et se. mit en Jbataille ; mais les
deux arméôs en' présence firent volte face à Im
fois, et sç retirèrent chacun dans leur cdmp;>
cependant rarméç- 4e Pariç. s'étant aperçu la*
première que. le champ de bataille était vacant
revint, et put ainsi s-attribuer la victoire.. Cette
issue , presque, risible , contribua beaucoup à
tepipérer la vengeance; ils craignirent d'aigrir
les esprits par une rigueur qui eût contrasté
avec l'évépeii^eiat. Wimpfen, à la nouvelle de
cettedéfâite,s'avahça jusqu'à Lisieux où s'étaient
sauvés les débris de cette armée ; mais rien ne
iP:Ut les rallier, une arme plus forte quQ les
canons de Paci y combattait pour les conven-
tionnels. Danton y avait envoyé des émissaires
munis de décrpts et d'assignats ; en même temps
la nouvelle constitution décrétée fut envoyée
çt acceptée par tous les départements. Cette
circonstance servit de motif aux autorités ci-»
viles du Calvados pour se réunir à la volonté
reconnue pour générale.; et un acte de ré-
tractation dressé dans une (assemblée tenue à ^^J"»^^-
i5 HISTOIRE D E T R A M C E,
viiiKp, Caen , termina cette guerre. Oo remarqua qu*au>^
cune rigueur ne suivit cette TÎctoire, soit poli-
tique, soit calcul, soit. Comme on le croit, irt-
telllgeiice pratiquée dès le début ; la montagne
victorieuse se piqua de générosité. Danton dit
que la convention ne devait voir qiie des pti-'
sonniers de guerre dans ses elHiémis vaincus »
etaucune exécution sanglante n'eut Heu k cause
de ce fait. Les députés prosferits e-t réfugiés à
Caen , se retirèrent ies uns en Bretagne , les
autres à Bordeaux, et Félix Wimpfen mis hors
la loi, se déroba dans une retraite sûre au fer
des juges et à celui des assassins. ■
Ce fut pendant cette insurrection partielle ei
de son territoire, que partlt'une jeune fille
avec le projet conçu , soutenu et exécuté de
venger son pays, et d'en cha'riger peut-être lé
gouvernement. Tout prouve que Ctiarlotte Cor-
day ne fut ni un émissaire gagné, ni une fana-i
tique armée par la vengeance , elle conçut k
froid le projet de finir les malheurs de sa pa-
trie, et se dévoua. Ces idées, mal combinées
dans un jeune esprit , ne lui laissèrent voir que
le but de la gloire ; les Inconvénients d'un exem-
pie criminel , et par cela même dangereux k
donner, n'eurent pas le temps de frapper une
imagination ardente, et il paraît certain aussi
que ceux qu'elle fit confidents de son projet »
DEPUIS LA REVOLUTION. ^7
eurc*rit rimpi^iidence coupable de ne pas Pen vinjp.
cietaurner. (
Ce n'était point Marat , maïs Danton , que '
s'était' désigné la riotlvelle Judith ; itiaîsajant
ouvert en chemin lès lettres dont elle était dé*
posîtàire pour' Paris; elle y vît qiië Dantôô
y était inculpé de royalisme; ori^y disait, dariS
le style du jour, qu'il ménageait le petit Capet
pour le porter au trône; ce mot fut assez pour
Juistifiler pleinement Danton , et Charlotte CotV
dây destina à Mârât lé coup qu'elle se préparaît
à porter. • , n
' En arrivant »à Paris , elle remît'des lettres de
Barbaroux à un conventionnel nommé Doperet.
Celui-ci mis le lendertiain en aecîusation ne le
nia point. Des le. jour suivant , ChaHotte Coi*-
day se présenta- chez Marat , et fut introduite*;
il était dans le bain;'elte lui prêsentaun écrit',
et en même temps lui plongea un couteau sous
ïa clavicule ; il ihourut sur le champ; client i3 juiiT.
pu s'échapper, et parut le dédaigner; elle s'at^
tendait que le petîple allait la mettre en pièce,
et y était préjiarée. Dans le ti^ajet ; j.uSqu'à le
prison, eHe fut calme, et dît qu*elle ai^aii rem^
pli sa /^t^^e. Son interrogatoire fut court et son ^
procès se réduisit' aux trois questions d'usage ^
ï.o Marat a-t-il été assassiné? ti!^ Charlotte
Corday est-elle l'auteur de ce crime ? 3.^ L'a-t-
1
â8 HISTOrHE DE FRANCE,
viiiEp. elle fait avec de^ întentioDS cootre-révolqtîoo^
"^ * naires? Sur Taffirmalive des jurés, la sentence
fut prononcée et- exécutée immédiatement ;
elle fut conduite au lieu de. Texécution avec
un costume de draperie rouge, invention nou^
. velle dont. était revêtus ceux cjui étaient conr
damnée comme assassins. La^traAquille assurance
de presque tous les condamnés coromença^it è
inquiéter les tj^rans, et on avait imaginé ce dé-'
guisement pour les faire paraître pâles, et dé-
faits aux yeux du peuple. Ce peuple avait un
moment paru s'étonner à la vue des exécutions
nombreuses qui déjà se multipliaient. Douze
habitants ^ de Saint -Malo transférés- à Paris; ^
avaient été décapités le même jour ^ et un
homme condamné aux fers et à l'exposition, pour
insulte à un fonctionnaire public , avait été enleyé
des mains de l'exécuteur et soustrait.
Marat fut destiné aux honneurs du Paothéony
■ soÉi corps fut exposé publiquement , et cet évé^
jiement donnant des forces d'opjnÎQn à son parti ^
djuiiiet. hâta le sort des députés détenus. Saint-Just avait,
peu de jours avant,. fait un long* rapport qui
concluait à les mettre en accusation , et cette
mesure fût adoptée lorsque les dangers de l'in-
surjrection du Calvados étant cessés > on put sana
risque sévir contre les auteurs". Les motifs de
«rec acte d'accusation cumulaient les torts (Iq
t) E P U ï s L A R É V Ô 1 U t I O N. S.g
tous ks partis; et les imputaient aux accusés-: ^^^^^'
on y trouve des traces de toutes les trames our-
dies dans toutes les factions;- les plans ou plutôt
les projets pour porter au trône Orléans, le duc
d'Yorck , le jeune Louis ; il fallait accuser de
royalisme > et tout ce qui en portait le nom
était utile à •produire comme griefs. A consulter
Tesprit du moment et la tactique révolution-
naire en usage, on en pourrait même conclure
avec certitude que lès accusateurs se hâtaient de
renvoyer à leurs adversaires les faits et les vues
qu^onaurait pu leurimputeràeux-mêmes. L'anar-
chie eut toujours dans ces temps plus de liaison
et de rapport avec Tétranger, que le système
républicain, et ^étranger était, certainement
royaliste. Le rétablissement d'une monarchie
était la dernière ressource secrète des chefs
Jacobins ; ils ne purent jamais s'accorder sur
Je choix ; ils étaient trop éloignés pour s'en-
tendre, se connaissaient trop pour se rappro-
cher, et surtout se craignaient trop pour s'ex-
j)liquer.
Mais tandis que tout leur succédait au de-
dans,à Caen, où l'insurrection était comprimée;
en Bretagne, où la défection du Ç^^lvados dîs^
sîpa Torage qui s'y préparait; à Bordeaux, où
des démonstrations menaçantes se réduisirent à
des menaces ; à Lyon , où bientôt, des torrent? ^
3o HISTOIREDE FRANCE,. .
I _
vniEp. de sang expièrent un moment de sucées ;enfitî
"^^^ * tandis que leur domination s'établissait au ci-
vil par l'acceptaiion de cette constitution qu'eux-
mêmes, devait étouffer dans son berceau ; par-
tout au dehors et sur les frontières envahies »
les étendarls. de la liberté et les drapeaux de
la république cédaient le terrein »aux soldats
des rois coalisés, et la licence tyrannique de
l'anarchie livrait la liberté mourante aux coups
des pouvoirs absolus. La campagne s'était ou-
verte aux pieds des Pyrénées sous de fâcheux
auspices , les premières entreprises furent des
revers, et les premiers combats furent des dé-
faites. Aux Alpes , la fortune était douteuse , et
l'armée d'Italie était obligée de se partager pour
combattre la révolte forcée de Lyon ; bientôt
Toulon livré vit les pavillons anglais arborés
sur ses chantiers .et sur ses arsenaux. L'armée
de la Moselle , après le succès brillant, mais
sans résultat, obtenu à Arlon, était contenue
sur ses frontières, et suffisait à peine pour les
couvrir; enfin l'armée du Nord retirée derrière
ses lignes, allait être témoin 4e la capitulation
des places, fortes qui la défendaient encore, et
i^u'elle n'avait pu défendre.
Bientôt l'histoire étonnée de sa tâche, forcée
de parcourir Pespace et le temps comme la
pensée les parcourt, sera obligée d'atteiiidre
\
DEPUIS LA REVOLUTIO^I. Sî
à la fois aux extrémités opposées de ce vaste vuTEp.
théâtre des événements où les scènes se suc- *''^'**
cèdent sans repos, où les incidents se croisent
et se multiplient par eux-mêmes, où tous les
acteurs paraissent et agissent à la fois; telle*
ment que pour sauver le i^écît , d'une froide et
lente chronologie-, on est oWigé de retarder
Tordre des temps et des faits , tantôt de^ le
devancer , puis de regarder en arrière pour
recueillir ce qu'il a fallu négliger. Ce n'est plus
une seule armée, une seule gtierre , une seule
histoire d'un règne où, de deux nations aux
prises, toutes les nations, tous leurs gouverne^,
ments sont debout et en armes , tous leurs actes;
tous les événements ont un rapport réciproque
et un but commun , un intérêt commun, urfe
influence générale. Ce n'est plus la liberté pu-
blique d'un peuple , c'est la liberté universelle
du genre humain , c'est la lutte du pouvoir ab^
solu contre la puissance nationale de toutes les
sociétés civilisées. Ce grand motif apprécié par
la raison , inaperçu , mais senti par l'instinct ,
a -exalté tous les esprits, enflammé tous les cou*^
rages, tourmenté toutes les passions, tout agit
partout à la fois , et l'histoire , le cra) on à la
main , doit rapprocher les époqueé , et suivre
en niême temps les faits divers dans les me-
3^ HISTOIRE DE y RANCEi
viiiEp. nies lieux, afin de présenter Tensemble c?uii
^^^ grand tableau , et non des esquisses partielles!
Le sort de la guerre , et croyait - on de la
France, semblait tenir aux deux grandes places
assiégées, Mayence et Valenciennes; Tune fer-
mait aux Français l'entrée de la Germanie ,
l'autre semblait devoir ouvrir aux ennemis l'en*
trée de la France.
s5 •uiii. Condé venait de capituler après une défense
Jongue et opiniâtre; le défaut des vivres força
de se rendre ; depuis plusieurs jours le soldat
n'avait que dix onces de pain et deux onces de
cheval ; les restes de la garnison de 4 mille
hommes furent prisonniers.
Mayence situé sur le Rhin , n'avait aucune
défense du côté de l'Allemagne, Les Français
fortifièrent les habitations de Cassel sur la rivé
droite, et en firent une tête de pont, retran-^
ché par des ouvrages qui rendirent ce poste
susceptible de. défense par sa capacité, et assu-
rèrent la possession de la place. Ils fortifièrent
aussi le viIlagedeG>8t-Heîra,situéà l'embouchure
du Main. Ce poste fut plusieurs fois pris et re^
pris pendant le siégé.
Sur la rive gauche du Rhin , Mayence est
couvert d'une enceinte de 14 bastions , avec
une citadelle vis-à-vis l'emlxpuclmre du Main ;
en
1795.
D JE PUIS L A^iviê Y:Q.t-:U T.19^. 33
co avant 1Wtdçi5.<}oJfo«b et' deç^-Yâuban, y viijKp^
^ élevé beaucoup die cWfeases extérieures qui
éloigtient les àttjacjtfes. 4*;jC9rps d^ç^ la' place ;
les Français eniaviiie^^jei^prejaJQUté. ^2 mille
hommes de garnj$antjç^t ^p^itiupitic^ns en abon-^
dance. pronae-ttoi^at , \^îÇ; r ^léjfçôse ^ prolongée.
Deux repi^seôtaa^^ (oniiigîssAir^s de ja coaven-
tion y req tuèrent* €lve<:.. l?.içorp$4iç!6flulIe ligm,*
i33ès<|uë'iGustbes'avaijt ^ppeléfàjui, f^tqui ne put
le }oiodi'è. Le.géoér^l.l^yré.y co(pmaQdait les
trempe^ et» Aut)ert-Du'bay et dirigeait les défenses.
Après les défaites de Dumourier et Ja. retraite
de Gwtibés, l'ôCQUpptiQu cje, .May^nce néjaît
plus ;çj]tf'n«Q diver^^^p'flt^il^ qui j^^e^enait une
partie .de9 trqupes aHi4€!s: téloignqes dpja.fronr
tièfjè envahie. Si ie. sort .dès ari\ie? :red^enait
favorablp à la repvbliijfu^ri'M^yenc^x^cçupée par
«Ç3 troupes lui. a^sw'Qit UQ6 porte 4ws )a Ger-
ina^riiet.it'liïïîp^^rt^nîÇ^.qy^t i^s j^lK^ç r^t^cliaient
àiWpri^ de cette *pl^Gc} ti?|iditai|sstrà:des xîon-
sidérati^ns politiqqe^. l^rPrusse .détrompée , et
voyant ses intérêts inutilement pou^r. €î|le Ç9m-
-profni^rdanS'Çette/gj^iieçfj^, fiyait margiié .la|re-
p r is© de , Mayencé; C9lnm e. le. but et :h \ tejyue , dç.
ses tr^vauji; ; çt aprjfes fivoi/ repdu à||l*Empir^ jies
c|efft diç çç pa§s^gç,>;,l«^lîi7;iî«e devait se déta-
î^b^r],id^:l3,iC9aIitipJl> ç:i':traiier avec la repu*-
Tome IF/ 3
34 H 1 8 T O T R & 4) î: ï R A K C E , '
vniTîp. Après la bataille dé^'Nerwmde et la retraite
décidée des armées françaises vers Làadàu »
S avriu l'învestîssemeiit de M^yence fut- formé parle gé- I
néral prussien Kaickfëtit i te siège ne ccmnienca
que deux mois après ^r rarmée cOQibinée^ que
Frédéric II , rài de PrûSSi^, c^tnmandaît* en per-
sonne. Déjà Jes tronpes qui formaient l'investis*
sèment sur'-lâ rive droite du Rhin, s'étaient
rendu nwittes du coursl du fleuve pat* la prise
•*°^*'* des lle$ qd*îl forme au confluent du Ma^^n, et
par celle du Village de Veîssenau, situé yis^à-vis
son emboucliurei ;' .
La ligne de circonvfillàlitftv ^'étendait sur lej
deux rivés- à là gauche, depuis le village de
Buderiheirti sur 4e Rbid , jusqu'au village 'de
Laubenheîm au dessus de ^iayejice, couvrant
toutes Jés hauteurs qui dominent la place, et
touverte pat à!es[ fett*afa(*hements »ôu;^s> re*
doutes» AMa rive dçoite , detant Ca^eTt le&ihau^
teurs^ depuis Hôèheim jusqu'à Mosbach ^ étaient
occupées par des trcnipes, et défendues piâr^eô
retranchements. " m ? . ' . •
Tout ce sîége ftit <utte défensive active; tout
cdric^oui'âit' àen proforigëFla durée ; il régna une
parfaite intelligence entre les généraux et les
représentants; MerFiiij^ donna même toujours
réxemple du courajge militaire , souvent à la tête
des troupes dans les sorties. On a^ait forint. de$
~N
r^
/
DEPUIS LA RÉVOLUTION. 35
corps composés d'hornmes , non pas d'élite , viiïEp:
mais qui s'étaient présentés volontairement. Ces '^^ '
troupes /sous le nom de Compagnie de Siège,
rendirent de grands services , et prirent toujours
la tête des attaques. Le général Meunier s'était
chargé de là défense de Cassel. Dans une sortie
de nuit de ce côté, il surprit les Hessois et les " *^"'*
Autrichiens ; les soldats' furent tués dans leurs
tentes;. et sans Terreur qui fît, que deux corps
français firent longtemps feu Tun sur l'autre
dans les ténèbres , cette attaque eût pu avoir
des conséquences sur l'événement du siège.
Le lendemain , un officier français envoyé par -
les Prussiens ,' apporta une lettre de Custines , et
demanda en mêtne temps une entrevue pour le
général Kalckreut , avec les Représentants com-
missaires ; l'entretien fut secret, et les attaques
continuèrent. Deux jours après , on demanda i^^^ii*
xine autre entrevue à Rewbell, qui fut refusée.
iTouteisces conférences inquiétaient la garnison,
quoique toutes les lettres eussent été lues en
plein ponseil ; la garnison fut toujours dans les
''mejUeures dispositions , et lorsqu'aflfàibhe de
près d'un tiers deux mois après , elle apprit sa v
capitulation, il fallut dépl 03 er l'autorité pour 1 y
résoudre.
Les îles du Majn furent longtemps le ter- -
rein disputé j leur position prenait k revers toutes
36 Histoire de France,
VliiEp. les défenses de la ville et le cours du fleuve;
'^^ * ce qui mettiait à découvert le pont de commu-
nication avec Casse! , et les moulins qui seuls
servaient pour les habitants et pour la gar-
nison.
Dans les attaques réitérées qui en' laissaient
maîtres l'un ou Tautre^parti, on vit des soldats
formés sotis le nom de bateliers-matelots , aller
à la nage couper le cable d'un bâtiment armé,
monter a l'abordage, et le ramener avec deux
cents prisonniers qiiî le montaient. Ils avaient
aussi constAiît, pour détruire le pont, deux ma-
chines infernales ; l'une sauta sans effet, l'autre
fut arrêtée par des soldats qui eurent l'intré-
pidité d'j monter et de l'éteindre.
Le" villagie de Costheim, trop près des ou-
vrages de Cassel pour être abandonné par les
deux partis, fut le théâtre sangjant de plusieurs
Si maî. combats , dont l'issue en laissa les assiégés maî-
tres jusque vers la. fin du siège. Les îles du
Rhin furent aussi longtemps disputées ; celle de
Peters-Au, au dessous de Mayence, coûta it
cents hommes aux ennemis dans une sortie de la
garnison de Cassel.
Les assiégés restèrent lx)ngtemj>s maîtres des
dehors et des environs de la place. Du côté même
dp l'attaque, les villages de Salsbach et de Brexen-
heim, furent longtemps occupés par les Fran-
V
\
\
ÎM; P U 1 s L A R lÊ V O L U T I O N. 3/
çaîs ; et sur le terreia qui les séparait , il se vuiïïp.
donnait des combats journaliers. Dans une de
ces rencontres , le chef d'une troupe de cavale-
rie , défia l'officier de cavalerie prussienne à
un combat singulier. — Et si je venais, à vous
comme ami , lui dit le Prussien. — Je vous
recevrai comme tel. Ils se tendirent la main,
et firent avertir, Tun Merlin, et Tautre le gé-
néral Kalkreut , peu éloignés de ces avant-
postes ; là un déjeûner fut convenu pour le
lendemain , et que Tautre représentant Rewbell
et te' prince Ferdinand de Bruswîck s'y trouve-
raient; les deux troupes restèrent éloignées ;^ les
chefs s'approchèrent, et parmi la franchise d'un
repas militaire , où Brunswick déploya avec
les Français toute l'aisance de soa. caractère et
de ses manières , il se retrouva souvent en confé-
rence intime avec les .deux représentants, et ce
•iut pendant ce siège que le premier cartel,
.pour l'échange des pristonniei^, porta en titre :
le roi de Prusse à ta république française^
C'était la reconnaître le premier. Les procédés
et les égards réciproques se maintinrent entre
les deux arriiées jusqu'à l'époque ou Frédéric-»
Guillaume, attaqué personnellement, et sur-
pris dans son quartier-général \ se livra à ua
ressentiment qui fit cesser les raénagements^
politiques.
1
88 HISTOIRE DE FRANCK,
ViiiEp. Dans la nuit du 3o mai, la garnison fît une
^'J^ l sortie générale; 6 mille hommes pénétrèrent
jusiqu'au village dé Marienborn , où était le
quartier du roi. Les compagnies de siège sou-
tenues des anciens bataillons de Saintonge et
4r de Beauvoîsîs , emportèrent de vive force les
redoutes qui couvraient la ligne de cîrconvalla-
tion, entrèrent sî rapidement dans le viïlage
quelles généraux et le roi lui-même surpris >
n'eurent le temps ni de s^armer ni de rallier -
les troupes; lés chevaux des gardes furent tués
à coups de fuBii dans les maisons , et la retraite
des assiégés se fit avec perte, mais sans être
coupée. Dès le lendemain , le feu des batterie^
JFut redoublé, et pendant plusieurs jours incen-
dia la ville ; plus d'un tiers des maisons fut
écrasé par les bombes oii consumé parle feu;
les magasins furent détruits , et ce fut ce même
jour que le général Meunier fut blessé mor-
tellement , attaquant la grande île du Mayn ,
que les soldats avaient appelée la carmagnole ^
et dont les batteries ennemies faisaient le feu
le plus destructif sur la place. Meunier mourut
peu de jours après j et par un sentiment hono-
rable à sa mémoîi^e , les assiégeants firent une
trêve de quelques heures pendant qu'on lui ren-
dait les honneurs fuhèbres , se portèrent en
armes sur leurs lignes^ et répondirent par une
DEPUIS LA RÉV-OLUTrON. %
$dlve générale à celles dont les Français hono^ viiiEp.
raient la tombe, de leur guerrier. Elle fut ^^
placée., d après ^n vœu , à la pointe du bastion
de Cassel qu'il avait défendu.
La tr^inchée ne, fut ouverte que deux mois
après l'investissement» et après* trois nuits de
combats qui , en, empêchèrent les travaux. Le
front d'attaque embrassa tout le cAté de là
place ou est située la citadelle » depuis le
lihin jusqu'aux ouvrages av^^ncés du Fort-Phi-
lippe,
L'histoire doit. laisser aux relations militaires
les. détails journaliers \de ces grands travaux de
Ji'art , où le génie réunit et combine de part
et d'autre » tous sçs moyens de destruction^
tandis que l'habitant voit son toit s'écrouler sur
sa famille pour une cause qui n'est pas la sienne.
Les deux armées s'opposèrent longtemps toutes
les ressources de la science militaire. Les tra-^
vaux de l'assiégeant furent tenus éloignés des
ouvrages de défense ; souvent l'assiégé devint
assaillant ;*et d^ns les derniers jours dû siège»,
l'ennemi n'avait pu encore se rendre maître
que d'un ouvrage avancé , duquel il ; fut en-
core délogé plusieurs fois ; j^amais ses bat-
teries ne purent s'étabir plus près que cent
toisesjde l'enceinte extérieure dès fortifications^
Cependant la disette se faisait déjà sentir dans.
4<5 H I s T O IR E D E PR AN C E,
ViiiEp. la ville , après avoir mangé les chevaux qui
'^^^* furent longtemps la seule vidnde distribuée aux
troupes. Le général Doyré cédant aux instances
des habitants, permît à plusieurs de sortir de
leur ville; mais les prévint en même temps
qu'ils ne seraient vraisemblablement pas reçus
par les assiégeants. Pressés par. la crainte et par
le besoin , 2 mille de ^^es infortunés, vieillards ,
femmes, entants, malades, sortire^nt des portes ,
et se présentèrent au camp^ là, repoussés par
tinfe dure politique, et refusés, au retour vers
la place, par ^impérieuse nécessité, cette mul-
titude fut obligée de passer la nuit dans l'es-
pace qui séparait les combattants , et exposée
»au feu des deux armées; plusieurs furent tués',
et le matin 5 les soldats français rapportèrent
dans les pans d^ leurs habits des enfants blessés
ou abandonnés; enfin Doj^é, vaincu parce spec-
tacle, leur fit rouvrir ses portes.
La capitulation fut presque imprévue, et les
événements extérieurs la commandèrent. Con-
dé était pris ,. Valenciennes pressé et aban-
donné à ses seules forces. On ne pouvait es^
pérer de secourir Mayence , il était plus utile
de sauver sa brave garnison , que de prolonger
unehonoKable défense, et la guerre de la Ven-
dée exigeait des renforts que l'on ne pouvait
prendre ailleurs^ 1
DEPUIS LA RE VOXIU TlOir. 41
Le soldat qui ne pouvait connaître ces raisons vnrr.p;
I» . j j X795-
poJitrques , supporta assez impatiemment laxi^
nonce de la capitulation; elle carô prit tous les
honneurs de la |;uerre , sous la seule conditioa
^de ne point servir d'un an èontre les puissances
alliées. Le 22 juillet, après trois mois de siège,
Jes Prussiens et les troupes de l'empire prirent
possession de la place, et pendant que, suivant
Jes usages de la . guerre , les différents corps
défilaient devant le vainqueur, le roi de Prusse
appelait nominativement les chefs et les prin-
cipaux officiers, et leur donnait avec une noble
courtoisie les éloges dus à leurs actions , en le;^
rappelant les jours et les circonstances où ils
s'étaient distingué^.
La garnison, en rentrant en France, y trbuva
de nouveaux ennemis, la malveillance ou un
faux patriotisme avaient devancé son retour^;
accoutumée à Voir les revers imputés à crime ,
les villes n^osaient recevoir le^ défenseurs de
Majençe dans leurs murs , lès soldats biva-
quaient au-dehors. A Sarre-Louis , on fit arrêter
Doyré et son état-major; déjà les soldats déli-
béraient d'attaquer la ville pour délivrer leurs
chefs, lorsqu'un décret qui déclarait que la gar-
nison de Mayence avait bien mérité de la patrie,
arriva, eir fut confirmé à Metz ,^Hd' où cette armée
îiit envoyée dans la Vendée. ^
a4 niaî«
a6mai.
I <
4^ H I S TOI RE D E F R A N e Ey
A Valencîenjies , l'ennemi semblstit moins
vouloir réduire la ville que la détruire ; la,
garnison était d'environ 9 mille hommes; la
place seule fut investie et en même temps les
faubourgs attaqués; celui appelé faubourg de
Marli fut inciendié et pris dès le jour suivante
L'attaque sefît plus brusquement qu'à Mayencô,
t4 juin. L^g travaux de siège s'ouvrirent* près de la
place/ Le duc dTorck la fît sommer , et sur le
refus prévu, le bombardement, c'est-à-dire l'in-
cendie commença d'abord sur le front de la place
vers Tournaj , ensi;iite sur le front opj:K)sé vers
le sud-ouest ; alors l'embrasemeot fut général.
Ce ne fpt plus aux murailles et aux fortifica-
tions que l'ennemi fit la guerre; il parut vou-
loir ensevelir l'habitant sous les ruines de ses
demeures. Outre les batteries de siège , 80 bou-
ches à feu, établies sur la chaussée de Moiis^
et sur les hauteurs de Rolleux , vomirent la
mort et l'extermination stir les habitants âeve-
^ nus citoyens^ de leur ville., Cette politique , à la
fois barbare et absurde, fit l'effet qu'elle devait
produire, la haine contre un ennemi qui venait,
non conquérir ou soumettre, mais détruire et
<lévaster ; qui , prétendant s'ingérer et interve-
.nir dans les discussions intérieures d'une na-
tion, y appelait la. lumière avec des torches >
et la conciliation avec le . glaive, L'îadignatioa.
DEPUIS lA RÉVOLUTION. 43'
donna l'opiniâtreté plus tenace encore que le v^ïi]?i»'
courage ; et quand le sort des armes lui livra
la ville, il colnquît des murailles , et tous les
cœurs lui furent aliénés* L'exemple de Valen*-
' ciennes sauv^ Lille , et peut-être la France.
PendantJ'incendie , Tarsenal prit feu et sauta* On
soupçonna une trahiso;i , et le sous-dîrecteur
Monestier se tua. Lé • but de cette explosion
était de faire révolter les habitants. On réussit
d'abord; les. deux commissaires représentants^
Brien et Cochon , rai^enèi^nt l^prdre ; et pen-
dant tout le temps du siège, donnèrent 5 ainsi
que ceux de Mayence, Texemple de la bravoure
et du dévouement.
Cependant les travaux des assiégeants étalent
parvenus à Tenceinte de la place, une brèche a, juîii.
était pratiquée au bastion, dit des Huguenots;
une première attaque au chemin couvert fut
repoussée.
Mais l'ai8saut fbtrenouvelé; ro mille hommes as juin.
à l'autre attaque s'emparèrent de l'ouvrage
avancé , que trois inines firent sauter. Le feu
des remparts les en chassa, et l'ouvrage fut
repris ; .mais utoe de ces terreurs paniques ,
dont l'histoire oflR*e des exemples, s'empara du
soldat; la voix des ehefsne peut plus se faire
entendre^, tous rentrèrent pêle-mêle dans la
ville , et irien ne put les faire retourner au poste
\
\
k
44 HISTOIRE DE FRANCE,
viiiïp. repris et abandooné par lés deux partis. En
même temps une seconde sommation du duc
d'Yorck fut proclamée, avec une lettre écrite
de lui , à ia municipalité^ et au général. Ces
lettres furent soustraites avant d'être remises à
leur destination , imprimées et distriliîiées aux
troupes, et aux habitants. Dès ce moment , le
désordre fut irréparable }) les habitants rassem-
blés^, soutenus des soldats , forcèrent le conseil
de guerre d'entrer en capitulatipn ; elle fut
da juin, signée le mêqie jour; leé seules éompagnies de \
canoqniers bourgeois de Valenciennes et de
Douay ne prirent aucune part à remette , et
avaient gervi , avec distinction , pendant Iç
siège." V
L'armée des alliés se trouva alors renforcie
des trois armées qui avaient fait cessiéges; mais
ces armées étaient aussi affaiblies par leurs suc-
cès. La prise de ces trois places coûta plus d^
40 mille hommes aux alliéa; leur supériorité
était encore très -grande, ma^ré les renforts
cjue Custines avait reçus. Il s'annonça d'abord à
son armée par une proclamation sévère ; il dijt
tout ce qu'il eût fallu faire sans l'annoncer ;
la discipline militaire avait besoin) d!êt,re recréée;
mais le soldat accoutumé ià s'ç'n passer* , et,au-
quel on disait^que le patriotisîme tenait lieu de
tout , s'alarma cfun chef meçiaçant .qui, n'ayaiU:
DEPU1-SJLA RÉVOLUTION. 45
pas la popularité militaire de Damiourier, îm- vxnEp.
posait le joug .sans savoir le rendre léger. 11
n'avait pas cette austérité de mœurs , et cette
gravité dans lesJmànièrea Cjuivcbfnmandent le
respect. Custinés était craîàt et estimé; il n*é-
tait ni vénéré ni chéri des Groupes ; avec les gé-
néraux à ses ordres,-Cu6tine$»nîétart qu'obéi ; ne
sachant pas Courrirlçurs ferateJsrjôu leiirs revers ^
ils n'attendaient dé hii «quq justice sans indul-
gence , et ne lui rendaient • que des: devoirs sans
attachements : ' î ;\/ :-: ' ;:
Tandis que son armée, retirée. sous Bbu-
chain , se préparait à tâcher de; r^M-endre l*oP-
fensive ', centré tV-à la gawche:i'de la ligne
de défense, quelques ' succès retardaient les
progrès de 'l'eun^mi» A 'ÏVm pleuve , entre
Lille et Tourn^ay;, on obtint uni avantage; il ^^ ^°* \
fut dû à la riise d'un prêtre déguisé qui porta a juillet.
de feux arisi'à J-ennemi.. Fiïrnes? Eut enlevé 6et7)\
de viv^ foiX5e. L^ennemi Sut encore irepoussé
des 'pdstîès siir J'Escaut ', centre Lille et Cou-
dé ,i à Fiines, k Font*à-M^rqw0.i Divers coin-
V *bats , avec' de^'^uecès' variés et sang résultats ,
se donnèrent à-'Ooussel, à Berlues, à Hautes
^etE)onzoig.'Le'système d'attaque dès Autrichiens is j>iU;
étant de procéder avec méthode çt aveo len- *
leur , "la gueJpi^e de ' siège déduit les grands
ïiidtitemeiits ^$ armées ^ ï»âi^ ioi-sque la red-
46 HISTOIRE DE rHANCE,
j-g'ir ditîon des grandes places, Condé, Valenciennes
et ensuite je Cateau-Carobresîs, lui eût assuré
des points d'appui et l'eut rendu maître des
grands débouchés pour pénétrer, ses armées
se déployèrent; mais toujours avec la circons-
pection inséparable d'un S3'8tëme de coalition ,
dont les pairies foimaient un corps incohérent >
et n'agissaient pas dé concert et de confiance. '
En même temps le plan de' désorganisation était
"...,. suivi dans l'intérieur. Un ordre du ministre
a8 juiii. rappela Custines, jet bientôt un décret le mit en
arrestation. Custiae^ n'était f>as un traître ; mais
il servait son pays avec une ambition person*
nelle dont on .se:seryit;contre lui; pour se dé-
faire d'uà général' dont il redoutait la volonté
et la détermJnatioû , rétranger employa habi-
lei^ient au .dedans les moyens qu'il y tenait
à ses ordres', et la faction dominante sacrifia
sans peine un général qui li'étàit à ses ordres ^
que parce qu'elle était le gouvernçment.
. L'armée riesta sous Je co^mmandement du gé-
-néral Rilmâine ^ quiJbîentôt déclara qu'il ne
pouvait plus tenir les ppsitions qpe Gustines lui
avait laissées. L'armée^se retira derrière l'Es-,
caut, à Paillencourt ; C'était la même position
que le camp dé César.
Houchârd fut âommé pour remplacer Cus-
lines, qifi.se vit aussi traduit dwant le redou-
l
I
N
DEPtJlS L A R È V O LUT I O N. 47
table tribunal révolul|oonaii e. Cobour^ s'avança viiiRifc
vers Cambray, somma la place, et l'armée fran«^
çaise se retira derrière la Scarpe, campée > la
tlroite au village de Reux, la gauche vis-à-vis 7>8«oûi^
celui de Biache. ; c'était la dernière position à
prendre en avant d'Arras , et alors il ne restait
plus ïii position à prendre ni place à défendVe
jusqu'à Paris. Cette, retraite^e se. fit mêine pas
^ns combats. L'ennemi pressait déjà les troupes •
d'arriëre-garde, et trois attaques retardèrent la
marche rétrograde d^ l'armée. ' '-
JDaos sa aouveUé position , elle communiquait:
-avec Arras et encore avecDouay; Cambray était
investi; déjà on ^proposa de iàirc refluer les
•habitants, corps et .biens vers Tintérieur, et les
armées ne pouvaient' tenir la. campagne qu'en
rompant sans cesse la -mesure aux mouvements /
progressifs de.réaneini. Maître du ;Cateau-Cam-
bresis , ses partis avaient pénétré jusqu'à Pé^
abonne et Bapeaume; A prît même un camp entre
-Péronne et Saint-Quentia:, à la suite d'un com-
i^^idans la forêt de Normale; à tous ces avan-
m
tages menaçants , on* ne pouvait opposer que
des dispositions défensives ; cm distribua les
iroçipes de manière à pouvoir promptement ren-
forcer les garnisons des places qui seraient me-
nacées ; la plupart n'étaient pas dans un état
Tassurant^Jncertaîâ du plan de l'ennemi, parce
zi aoûtj
*'!'•♦ Il
48 HISTOIRE D E F R A N-C E,
VHiFp. que lui-içême n'avait pa| tin plan déterminé »
'^^^' et les moyens disponibles de défense étant bor-
nés , on n'avait pu les appliquer d'avance à
tel ou tel point; on les tenait en résci'vepour
les porter au besoin au point le plus menacé ;
il ne restait plus à disputer que le passage de I4
Somme, barrière faible et bien connue comme
insuffisante!.: La Fir^nce dut son salut àses places
. fartes , qiie ténnemi-in'osa pas laisser derrière
jLU]« * .•.j>i'- '>
A la droite de m Kghe^> vers les placée- ma*
ritimeSy il avait toujours été contenu* Le^ pro-
grès de son centre et de l'autre aiJe, lui doo^
nèient lesimoyôns de.'setnettre à leur hauteur
>et de se porter en avant; Le duc d'Yorck com-
xnandait cette armée qui , après le siège de
Valenciennes^^l renforcée des Hessois et d'uno
•partie des grenadiers' hongrois , la meilleure
•infanterie de l'armée impériale. Après quelques
'Combat&,.à Poperingue , à Platon , à Lincelle-,
igaoûi. -à Ost-Càpel^ le Quçiuoy fut bloqué, et l'arméfe
• -da duc d'Yorck passa la* Lys. Trois coloan£$
se dirigèrent sur Cassel , sur Hondischoote et sur
Furnes; Berg\ies fut sommé et investi; le bonii-
4>ardement commença; tout annonçait l«;tiesi'
-sein formé d'assiéger DunierqUè; L'Angleterre
voyait la prise de cette place comme le prix de
s^s efl[brt^:et dea grands sacrifices pécuniaires
^ qu'elle
I
I
DEPUIS LA RÉVOLUTION. 49
qu'elle faisait à la cause commune. Cette fausse viiiEp;
politique , q«i détourna des progrès vers Tin- *^^ *.
térieur de . la France , décida du sort de cette
campagne.
Depuis longtemps la diversion méditée vers'
les places maritimes de la Flandre autrichienne,
^tait préparée en secret. Le camp Sous Cassel
avait été augmenté de tQus les renforts que
l'on avait pu y réunir; la nouvelle position de
l'-arraée derrière la Scarpe , permit d*eo' tirer
des troupes du. centre , et de les employer, a la
gauche qui seule y selon le plan combiné /devait
agir.
' Les ennemis entreprenant le siège de Dun-
lerqne , attaquèrent donc le ppint où l'attaque -
çtait pi^éparée contre eux, et où la défense était
le mieux. disposée..
L'arnuée anglaise prît le camp de. Rosendael
devant Dunkerque. Le commandant fut sommé,
la garnison répondit dès. le lendemain par une
sortie , et la tranchée fut ouverte peu de joui^s
après.
Outre Tarniée française , campée sous Cas- a3 août.
sel , Dunkerque était encore soutenu par le
camp de la Mâgdelaine près de Lille ; ce camp, v
presque tout compose de troupes de lignes,
faisait face aux corps ^Tanyiée qui occupaient
Menin , çt par sa position rendait très-hasardée
Tome IF. 4
1
^ 5o HtSTOÎRË DE FRANCE,
vniEp. celle des Anglais et des Hollandais occupés au
'^^ ' siège de Dunkerque. •
Les approches de Dunkerque étaient moins
difficiles à faire et à garder que les positions
environnantes iv'étaient difficiles à conserver-par
Tarmée assiégeante. La bataille des Dunes, ga«
gnée au siècle précédent par Turenne sur Condé,
éloigna sans doute les généraux alliés du plaa
qui fut Siuivi alors.
A Test de Dunkerque, sur le rivage de la
mer , est un grand espace appelé TËstrang »
couvert par les Dunes de Sables , dont les élé-
vations sont favorables aux approches de l'as-
siégeant. Cet espace se prolonge du côté de
Fumes, et l'armée assiégeante qui occupe Cette
position , a son flanc droit couvert pa^ la mer,
' et sa gauche par des marais, appelés la grande
Moer^ dont les passages sont connus et faciles
à garder.
Le système de guerre qui se développait, ne
devait pas amener une bataille rangée sur un
seul point. Les alliés firent dépostés de leur
position devant Dunkerque par une suite de mou-
vements et de cotibats pendant trois jours. Le
dernier fut décisif.
L'armée républicaine était campée entre Cas*
sel et Steenvorde ; elle en partit suivant les
dispositions aiiêtées pour se porter sur lea
/
DEPUIS LA RÉVOLUTION. 5t
points désignés. Le théâtre des opérations com- vnii^^i,
prenait un développement de 14 lieues, depuis *^^^*
Ypres jusqu'à Dunkerque.
L'ennemi en force à Bergues , était maître
du canal; mais cette défense lui dévint inutile,
la position de Bergues fut tournée à sa gauche
par la colonne de droite de l'armée française
Celte colonne de 9 mille hommes, conduite par
le générât Dun^enil , dut marcher droit sur
Yprès , et contenir les secours que Tennemi
aurait pu envoyer de cette place.
L'avant-garde de 10 mille hommejs, aux or- 7 sept,
dres du général Hedouville , fut dirigée sur
Poperingue, et de-là à Rossbruges. Ces mouve-
ments avaient pour objet de tourner la gauche
de l'ennemi, et de le séparer de la ligne de
position qu'il occupait vers Ypres. Ce corps»
après ces succès, vint se réunir à Proven au
corps d'armée commandé par Houchard. Celui-
ci avait en même temps lîiarché sur le centre
de l'ennemi , et le rencontra inopinément à
Houlkercke. Dans ces grands mouvements, dont
le dépfojement comprenait six ou^ept lieues de
terrein de la droite à la gauche d'une armée
en marche, il était inévitable que souvent les
positions de l'ennemi fussent ignorées et les
rencontres imprévues.
Le général Colaud attaqua , et se rendit
' V
\
Sa M îst 01 R E D E France;
rniEp. maître des bois de Six qui dépassaient la po-
sition des Autrichiens ; ils se retirèrent de
Houlkercke.
Jourdan les attaqua au village de Herzelé,
Ten chassa d'abord , et le poste , après un com-
bat opiniâtre, fut pris et repris plusieurs fois.
En même temps Houchard , qui avait passé
Lysér et s'était porté sur Banbek , y eut long-
temps un succès douteux ; enfin le poste fut
enlevé à la baïonnette,
La première position de l'ennemi était la
droite au canal qui va de Bergue à Dunkerque,
la gauche vers le village de Leyselle.
Après les différents combats du 6 et du 7, le
feld maréchal Freytag , qui commandait cette
partie de l'armée des alliés, la réunit dans la po-
sition de Hondtschoote. Les diffërents corps en
retraite couvraient de cette position les opéra-
tions du siège,
7 «^pt. Le soir du même jour les colonnes françaises
réunies marchèrent sur le village de Rexpœde,
qui conduit à Hondtschoote;ce village situé au mi-
lieu des bois , fut d'abord occupé sans résistance.
Malgré sa position hasardée, on crut, avec les
précautions et les dispositions militaires , pou-
voir y tenir pendant la nuit ; mais vers les dix
heures, les Autrichiens revinrent en force , et
d'abord furent repoussés; à trois heures du ma-
DEPUIS LA KÉYOLUTION. 53,
tin , upe seconde attaque décida Houchard à se viiiEpi
retirer sur Bambecke. ■ *^^^
Ce mouvement rétrograde fait sans être con-
certé , laissa dans Rexpœde des troupes commau*
dées par Jourdan.
Les troupes étaient fatiguées de deux jours
de combats ; elles manquaient de subsistance.
Houçhard voulait borner là ses avantages; cette
incertitude et la retraite die Ja nuit, firent ensqite •
un des chefs d'accusation contre lui. Les géné-
raux et les représentants commissaires , Benta-
bole Delbret , Levasseur» qui» dans toutes Ie$
attaques, se montrèrent toujours parmi les trou-
pes:, pressaient le général en chef de marcher à
l'ennemi, et de compléter les succès d,es jours
précédents. Déjà le géfiéral Vandame, à la tête
de quelque infanterie légère, avait attaqué les
postes avancés de Hondtschôote. Ce pays est une
plaine unie sans mouveno^ent de terrein ,. qui se
prête aux manœuvres. Le nombre ou la valeur
devaient seuls décider sur un terrein. coupé de
jiaies de canaux , où tous les obstacles sont en
faveur de celui qui les défend. Le nombre était
à peu près égal ; moins de 20 mille hommes
de part et d'autres. Le combat s'engagea par
un feu longtemps soutenu. Le général Leclair
était sorti de Bergue à la tête d'une partie de
la garnison ; et, loogeant le canal ^ '\\ conduisit
54 HISTOIRE CE FRANCE,
viiiEp. "Une attaque stir la droite des ennemis; parmi seg
*795. troupes était la gendarmerie à pied , corps que
Ton avait levé à Paris pendant les mouvements
révolutionnaires; son indiscipline avait souvent
occasionné les plaintes des généraux; sa bra-
voure détermina le succès de la journée ; les gen-
darmes repoussés deux fois, se rallièrent et gra-
virent les retranchements avec une audace et
une résolution auxquelles il fallut que tout céda,
- et qui décida là retraite de Tennemî.
Il ne fut pas suivi ; et ce fut ce reproche^
bien plus injuste que celui de la retraite mo-
mentanée de la veille, qui servit aussi de motif
au procès de l'infortuné Houchard.
A la nouvelle âes premiers succès des co-
lonnes républicaines, le duc d'Yorck avait, de
son camp de Gjs-welde devant Dunkerque , en-
voyé des renforts au général Freytag ; mais
bientôt les nfïouvements de la garnison l'obli-
gèrent de les rappeler à lui au premier bruit
de l'attaque de Hondtschoote. L'occupation de ce
poste par les Français, rendait sa position in-
soutenable; il était dépassé à sa gauche; l'en-
nemi était plus près que lui de Furnes. La
grande Moër qui, au temps de Turenne, était
une lagune profonde et impraticable , n'est au-
jourd'hui qu'un marais qui donne plusieurs dé-
bouchés sur Lestrang où campait l'armée an-
1
V.
DÇPUIS lA KÉVOLUTÏON» 55
glaise. Un retard de quelques heures et Toccu- viiiip.
pation de Puroe9 par les Français ^ pouvait
enfermer cette armée , et ne lui laisser d*autre
passage que les Fourcbes-Caudines. Le sicge
fut levé avec une telle précipitation , que toute
l'artillerie resta abandonnée. La garnison de
Dunkerque sortant le 9 au matin , ne trouva
plus d'ennemi , et s'empara de cinquanterdeux
pièces de gros ^calibre; les munuions» les bar '
gages » tout avait été abandonné*
Les suites.de ces événements changèrent en-
tièrement la face des affaires» décidèrent du sort
de cette campagne» et commencèrent les éton-
nants succès de la campagne suivante. Lia for-
tune rappelée changea de parti » et le choc de
jquelquçs milliers dlioçime , à l'extrémité du
théâtre de la guerre , couvert de la Méditerra-
née à rOcéan par des armées nombreuses»
changea pour longtemps les destinées » la répu-
blique ne craignit plus pour sa capitale ; et
malgré ses agitations intérieui*es et convulsives ,
malgré les défections» les insurrections» les tra-
hisons qui. livraient ses ports el ses ijottes » qui
armaient en résistance* ses provinces; elle vit
.bientôt ses armées reprendre l'offensive p et re-
porter chez ses ennemie la terreur de ses armes^
moins redoutable toutefois que la terreur civile
qui l'opprimait elle-même.Les revers n'en avaient
;
56 HISTOIRE DE FRANCE;
yiiiEp. pas arrêté les progrès, les succès les hâtèrent , et
'*^^ ' le système d'oppression anarchique, pour re*
buter les Français de la liberté, se développa
rapidement : on avait réuni tous les instruments
propres à produire tous les excès , et ceux-là
même qui les avaient su réunir , leur en four-
nissaient toutes les occasions ; on voulait pou-
voir accuser un jour la France de tous les
crimes qui 31 auraient été commis , et pour
cela , on les y faisait commettre. Le colosse dje
la liberté avait effrayé tous les goi^vernements;
ils voulurent grandir encore ce colosse et le
rendre monstrueux , afin qu'il effrayât les peu-
ples , et afin que , parvenue à une proportion gi-
gantesque et démesurée, il s'écroulât sous son
propre poids, et écrasât dans sa chute tout ce
qui avait osé s'en rapprocher.
L'exécution d'un général craint , peu aimé,
mais estimé des troupes, faite sans opposition
dans la capitale, et sur Ifaccusation d'officie^r^
de son armée, devait apprendre si l'on pou-
vait tout oser; les ^ dominateurs n'espéraient
gouverner, ni par la confiance, ni par la con-
sidération ni par J'estinA^ publique , ces motifs
leur étaient étrangers , même entre eux ; ils
choisirent , ou plutôt n'ayant pas le choix, ils
prirent le seuLparti qui leur restait à prendre;
ils se firent tyrans de peur d'être asservis, j«gÇi
\
DEPUIS t A R É V O L U T 1^0 N. 67
pour n'être pas ^ugés, ^t bourreaux de peur yjuj;^,
d'être victimes ; pour.dominer et donner la loi , '793.
il fallait n'en point avoir d'écrite, La constitu-
tion que le peuple venait d'accepter était une
gêne j parce qu'une constitution , telle qu'elle
soit, ne peut pas mettre le pouvoir aiiarchîque
et arbitraire par écrit et en principes : on vou-
lut que cette constitution fût voilée , mise à
l'écart, ajournée, et elle le fut. On décréta
d'abord «c que jusqu'à ce que Tindépendance de aS «oûi^
la république ait été reconnue, la France était
en révolution. » Cette disposition préliminaire
préparait le code révolutionnaire qui, sans dé^
guisement , devait mettre la dictature collective
en activité et en loi constitutionnelle de l'état.
Dës-lors , et en peu de jours , toutes les mesures
Tévoltjtionnaires furent >converties en loi , tous
les Français furent mis en réquisition de service
militaire, depuis l'âge de 18 jusqu'àa5, et cette
loi au moins donna les armées qui devinrent
invincibles. On établit un emprunt forcé d'un
milliard sur les plus forts contribuables. Les
visites domiciliaires étaient défendues pendant
la nuit, et du moins l'habitant retiré dans ses
foyers y trouvait un asile pendant quelques
heures, et pouvait compter sur sa liberté pen-
dant son sommeil ; cette sûreté fut retirée; on
forma une armée révolutionnaire de 6 mille
as 'H#ISTO!RE DE FRANCE,.
viiiEp. hommes et de mille cjinonniers; et l'on assura,
'^^ ' sous le nom d'indemnité, une solde de quarante
. sous par jour à tout citoyen indigent qui assistait
aux assemblées générales des Sections de Paris*
Par une mesure où la main de l'étranger ne
craignit pas de se montrer à découvert, on re-
tira une loi qui assurait une pension à tous le»
soldats étrangers qui se réuniraient aux drapeaux
de la France.
. La dénomination de suspecis fut inventée; et
furent réputés tels , tous ceux qui , par teur con-
cluite , ou leurs relations ou leurs propos , se
sont montrés partisans de la tyrannie , et le sens
vague et indéterminé de cette définition , servil
à j trouver tout ce qu'on voulut y comprendre.
On . inventa les certificats de civisme ; mais
par une mesure de police^ nouvelle , on sou-*
mit les magistrats aux clubs, et les certificats
accordés par eux, durent, sous peine de nul-
lité, être confirmés par les comités révolution-
naires. Chaque commune dut en avoir un com-
posé au moins de six membres de la société
affiliée à celle des jacobins de Paris ; ainsi cette
association devint un corps politique dans l'état »
exerçant une censure géftérale sur les auto-
"* rites publiques et sur tous les particuliers.
Le Théâtre Français fut fermé: les chef-
d'œuvres de Corneille parlaient d'une fieirté répi»-
B EPUIS t A r£ VOLUTI ON. Sç ^
blicaine, d'une élévation d'ame , d'une grandeur vinip*
romaine , d'une liberté publique qui contrastait
trop avec la tj^rannîe et Toppression en France.
Les spectacles et le langage durent prendre lé
ton et l'accent des mœurs du temps, toutes les
^cadé&ies furent supprimées ; pour rendre plu^
sûrement le peuple féroce ; on voulut le rendre
barbare»
La déportation de tous les individus de la
famille des Bourbon , exceptant ceux qui sont
sous le glaive de la loi^ On excepta aussi les
deux rejetons^ Marie- Antoinette fut envoj^ée
-au tribunal révolutionnaire , et immédiatement*
transférée à la prison de la Conciergerie; c'é-
tait le premier degré de Téchafaud ; enfin une
derpière disposition atteignit les cendres des
morts, et orclonna que les tombeaux des rois
fussent détruits; qu'aurait pu inventer de plus
une puissance ennemie , étrangère et victorieuse,
qui eût voulu établir une d^^nastie nouvelle sur
les ruineç de l'ancienne.
Depuis la détention dea membres de la con-
vention , on méditait le rapport qui devait fixer,
c'est-à-dire terminer leur sort; les uns s'étaient
soustraits au jugement que devait prononcer un
tribunal arbitraire et inique. Ceux-là furent mis
hors la loi , et un hi^is de prison qui y dans aucune
jurisprudence , ne pouvait être imputé comme
6o HISTÔIKE DE FRANCK,
viiiEp. un délit aggravant à un détenu , suffit pour les
'^^, ' livrer impunément au bras du premier assassin ,
et le meurtre fut d'avance déclaré légal.
Ceux qui, par un stoïcisme hors de temps,
s'obstinèrent à braver le jugement prévu , furent
traduits au fatal tribunal. Les noms de ces ho-
norables victimes auxquels il eût fallu chacun
un tribunal différent, car leurs pensées, leurs
actions, leurs opinions, différaient beaucoup,
sont réclamés par l'histoire.
Les premiers furent Buzot, Barbarqux , Cor-
sas, Lanjuinais, Salles, Louvet,Bourgoing, Bi-
roteau, Pétion, Chassei , Capi , Fermont, Meil-
lan, Lesage, Valadi, Kervelegan.
Les autres furent Geùsonné , Guadet , Ver-
gniaud , Mollevaux , Gardien, Fauchet , Boileau ^
Valazé et Grangeneuve.
Mais il fallait s'assurer encore plus spécialement
des juges. L'un d'eux , Montané , présidant le
^tribunal révolutionnaire, avait laissé voir quelque
indulgence; il fut accusé, jugé et condamné par
ses collègues. Déjà on avait préparé le peuple aux
exéciitions journalières et nombreuses. Douze
habitants de Saint -Malo et neuf de Rouane,
avaient été exécutés les mêmes jours.
On mit quelques formalités de plus pour juger
un général plusieurs fois victorieux. Custines,
se fiant à sa renojnmée, n'avait pas craint dV
DÇPUIS L A R É V O LUT ION. 6l
bord de se soumettre 'à ua jugement auquel vin%
il ne pensait pa$ pouvoir être expose; il crut
être nécessaire et ne connut son erreur que
lorsqu'il connut les hommes auxquels il allait
avoir à faire. L'accusateur public Fouquier-
Tainville, si célèbre depuis par ses fonctions «
produisit l^s faits à la charge du •général ac-
cusé. On jugeait surtout ses opérations mili-
taires, et Tacte est rédigé de manière qu'il eût
pu servir à Mayence si la coalition lui eût fait
son procès ; on lui reprochait ses conquêtes ;
on lui faisait un crime de la modicité des con-
tributions qu'il avait levées à Francfort, et dans
la convention on lui avait d'abord fait un crime
d'y avoir levé des contributions; on lui repro-
chait surtout la perte de l'artillerie électorale
qu'il avait laissée à Mayence , la prise et la vente
des meubles de l'électeur. Parmi les nombreux
témoins entendus étaient des généraux, des
membres de la convention , et ensuite de ses
subordonnés miUtaires dont quelques-uns joi-
gnii^nt l'insulte à l'accusation juridique , en
l'appelant enfoncêur déportes ouvertes. W fut
calme. et modéré dans ses réponses, et eut tou-
jours l'esprit présent.
. La plupart des chefs d'accusation portant sur"
des faits de guerre, un juri militaire aurait seul
-pu en connaître. L'accusateur public en fit une *
62 HISTOIRE DE FRANCE,
viîiEp, énumératîon détaillée. L'accusé sortît, et rentra
aj)rès la délibération des jurés. Avant de pronon-
cer le jugement , le président l'averlit qu'il pou-
vait faire des observations sur la loi invoquée
' par l'accusateur public. L'application de cette
k»i semblait forcée* Tous les délits imputés étant
relatifs $ux armées, un conseil de guerre sem-
blait seul compétent. Les défenseurs s^étaient re-
tirés. Custines ne sentit pas l'observation du pré-
sident, où ne voulut pas en faire usage. 11 ré-
pondit : je meurs calme et innocent.
Un ministre de la religion assista à ses derniers
instants. 11 fut conduit vêtu d'un uniforme de
garde national, et vit le peuple applaudir à sa
mort. L'appareil Tétonna, quoiqu'il l'eût souvent
bravé dans les camps.
, Pour attenter à tout ce que la confiance pu-
blique a rendu plus sacré, les dépôts étant aux
consignations ou\che« les notaires , durent être
portés au trésor public. On avait déjà attenté
à la confiance commerciale par la suppression
de la Caisse -d'Escompte. Enfin, ce qu'on«ap-
pela le maximum , la taxe fdtcée de toutes les
denrées fut établie, et le fabricant vit enlever
de ses manufactures , l'artisan de ses ateliers ,
le marchand de sa boutique , tout ce que le be-
soin réel ou simulé mit à la convenance de
l'avidité ou de la nécessité publique.
DEPUIS LA R iVOL i; T;I ON. 63
Tant de mesures oppressives , vexatoîres , viliEp.
tyranniques, destructives de tout ordre social,
étaient en même temps stimulées et motivées,
si elles eussent pu Têtre par la conduite de
l'étranger envers la France, Les i-elations mili-
taires que Tétat de guerre ticînt en présence,
nécessitent une réciprocité d'égards et de pro-
cédés, parce que les représailles promptes con-
tiennent les écarts et les excès des passions;'
mais dans les rapports civils et politiques Texpîa-
tion est toujours éloignée de fauteur du délit ;
d'autres sont étrangers aux Ibis de la justifica-
tion ou de la vengeance. Soit que la. diplomatie
étrangère se livrât à des mouvements passionnés
de haine, soit qu'elle eût besoin de donner de^
armes aux agi tateûrs populaires qu'elle emploj^ait
en France^
Deux .ministres envoyés , revêtue du carac-
tère puolic, furent arrêtés et détenus, et cette
violation du droit des gens n'était qu'une insulte
gratuite, dont l'objet ne pouvait être que d ai-
grir les animôsités de nation à nation comme
aux combats du cirque.
Semonville , ancien magistrat , était connu
dans la révolution de France par ses talents di-
plomatiques et par une grande activité d'opi-
nions ; destiné à l'ambassade de Constantinople ,
il était depuis quelque temps à Coire avec sa
64 HISTOIRE DE FRAiïCE,
viîiEp. famille. Le ministre impérial auprès .des Grî-
'^^^' ' sons, leur avait demandé formellement que Se-
mon ville fût arrêté et remis au gouvernement
de Milan. Les Grisons fondèrent leur refus sur
leur état de neutralité; et d'après l'interpella-
tion du ministre français, l'assurèirent qu'il pou*
yait rester et voyager en sûreté dans les états
de leur république. Il prit sa route par je lac
de Chia venue , débarqua dans la Valteline, et fut
arrêté par le juge du ^ajs républicain , d'après
l'accord existant entre l'empereur et les lignes
grises de se rendre réciproquement les crimi-
nels fugitifs et réclamés. Cet étrange motif ser-
vit de prétexte. On saisit ses papiers» ses effets,
et il fut transféré à Mantoue. Cette violence
indigna, aigrit, et rattachait une nation insul-
tée au gouvernement qui pouvait en tirer ven*
geance. ^ ^
. Une trahison ourdie avec plus d'art, et dont
les suites devaient être plus funestes pour la
république, livra le port de Toulon aux Anglais*
Depuis longtemps les départements méridio-
naux étaient agités par des troubles plus civils
encore que religieux. Marseille n'était plus aux
ordres des Jacobins, un système suivi avait rendu
l'autorité et la police à une classe plus éclairée,
et. par conséquent moins susceptible des con-
vulsions anarchiques, Marseille avait envoyé une
armée
DEPUIS LA RÉVOLUTION. 65
armée au secours des Lyonnais , menacés et vîHEp,
bientôt assiégés après les événements de leur *^^^*
3 1 mai. A Lyon , à Marseille , la grande masse
dés habitants voulait la république et la liberté;
mais il était inévitable que la politique étrangère
intervint pour profiter de ces mouvements , et
poussant d'un côté à la résistance , tandis qu'elle
poussait le côté opposé à l'oppression , elle de-
vait se tenir prête à se saisir des débris que le
choc pourrait produire.
Selon ce système , on laissa Marseille secouer
le joùg des jacobins; mais on maintint la lutte
dans Toulon , afin que les royalistes, et ce qu'on
appelait les modérés, insuffisants pour se main^
tenir par qux - mêmes et trop faibles pour se
passer d'appui , se décidassent à accepter le
secours éti'-anger qui leur serait offert. «
Aux premières nouvelles de l'état des choses à
Marsei lie, et qu'un corps deB ou lo mille hommes
partaient de cette ville pour se joindre aux Lyon-
nais , Kellermann fit marcher contre ce corps
le général Garteau avec un corps beaucoup in* ^
férieur ; mais qui devait se recruter en chemin
des gardes nationales et des volontaires du pays*
Si la jonction des Marseillais se fût til()érée, il
est vraiseniblable que tous les départements du
Midi se seraient soulevés. L'exemple de Mar-
seille et bientôt celui de Toulon , eussent dér?
*Tome IF. 5
66 HISTOIRE DE F* R A N C E ,
vniEp» cîdé ces provinces à secouer le joug de la con-
'^^ ' vention qui de jour en jour s'appesantissait sur le
commerce et sur les propriétés. Carteau , dans sa
marche, devait suivre la rive gauche du Rhône,
s'assurer des villes du Pont-Saint-Esprit et d'A-
vignon. Après quelques démonstrations de ré-
sistance , prévenues et terminées par les négo-
cîatîonS, ces deux villes ouvrirent leur porte.
Carteau rénconti^a l'armée marseillaise d'abord
à Salon, où il la repoussa; ensuite à Septêmes,
S) août. ^^ ji j^ j^g^ entièrement; et lé lendemain, il
entra dans Marseille. ^
La réactibn s'opéra avec une violence inévi-
table dans un premier moment de conquête.
Le parti anti-conventionnel éprouva^des" repré-
. «ailles sévères; les prisons furent évacuées, et
• les prisonniers d'an parti furent remplacés par
les prisonniers du parti vaincu. Toulon qui
prévoyait le même sort, se hâta d'açcepfter le
secours qui lui était offert. La flotte anglaise
et espagnole croisait dans la rade, et attendait
l'événement préparé et prévu.
ftS août. L'amiral Hood qui commandait l'escadre an-
glaise, envoya d'abord un bâtiment parlemen-
taire aveliiine proclamation par laquelle il of-
frait aux habitants de Toulon secours et pro-
tectioUi Ce message était adressé aux sections
de Toulon j car les formes républicaines avaient
/
/■
DEPUIS LA RivOLUTIOK, 6^
été maintenues. Les sections délibérèrent €*t ac- viiiEp.
ceptërent ; alors une seconde proclan>ation no- *^^''
tifîa les conditions auxquelles ramiral anglais
consentait à recevDir et à garantir la ville et
Me port de Toulon, Louis XVII devait être re-
connu roi , la flotte française forte de i8 vais-
seaux , désarmée dans le port, et les batteries de
la rade retirée à terre , l'amiral s'engageait à
prendre possession de la ville et du port au nom
du roi de France, et pour être rendue à la paix. '
L'escadre française, commandée par Julien ,
(|ue les marins avaient nommé , voulut s*op-
poser à l'entrée de la flotte anglaise; mais les
batteries de terre ajant menacé de tirer sur
Tescadre, plusieurs capitaines abandonnèrent Ju-
lien qui se retira avec leséquipagesÉle sept vais-
seaux ; le reste tomba au pouvoir des Angîai-s;
ils débarqtièrent le même jour, et la garde des
postes de terre et de mer leur fut remise ; tout
se passa sans opposition et même sans désordre.
L^escàdre espagnole, commandée par Lan-
gara, se réunit et se mit même aux ordres de
l'amiral anglais. Un renfort de' l^armée espa-
gnole dans le Rotissillon , fut amené immédia-
tement par quatre vaisseaux espagnols, et les
troupes réunies au nombre d'environ 8 rtiille
hommes, s'emparèrent de tous les forts envi- ^
ronnànts.
68 HISTOIRE DE FRANGE»
vniEp^ Aux premîëfes incertitudes de ces événc*
''^ ' ments, Carteau avait fait marcher une partie
de ses troupes pour les prévenir. La nouvelle
garnison de Toulon , sontenue de beaucoup de
Toulonnais armés , marcha à sa rencontre ; les
troupes républicaines surprises , furent obli-
09 août, g^çg (]ç gg replier sur Marseille. Il fallut alors
prendre de plus grandes mesures : on fit rêve*
nir une partie de Tarmée d'Italie; on ordonna
des levées dans les départements, et Ton hâla
le siège de L^^on. Le mot de Robespierre, lors-
que ces nouvelles arrivèrent à la convention,
fut qu'il fallait incendier et raser Lyon , puis
marcher sur Toulon , et le comité de salut pu-
blic expédia les ordres conformes.
Kellermaan , comme général en chef des ar*-
mées d^ltalîe et des^ Alpes , était chargé du
siège de Lyon ; avec lui , et selon le système
du raoriient , avant lui étaient là les deux repré-
sentants commissaires de la convention ^ Dubois-
Crancé et Gauthier^ Pendant les troubles civils,
l'animosité des partis est plus acre dans les
conseils que dans les camps ; la rigueur des prin-
cipes politiques y cède plus aisément aux sen-
timents généreux qiie la vie militaire établit
réciproquement de soldat à soldat. Kellermann ,
au commencement du siège, essaya longtemps
de fléchir Taustérité républicaine des commis^-
^
y
179?.
a4 juilf4
3o juilL
D E P U î S L A révolution; 69
saires de la convention nationale ; il obtÎDt d'à- viii^p*»
bord assez de confiance des habitants de Lyon,
pour que même, après les hostilités commen-
cées , ils déférassent à ses réquisitions pour
envoyer une partie de rartillerie de leur arse-
nal destinée à Tarmée des Alpes, et qu'ils don-
nassent passage dans leur ville aux convois et
aux approyisiohqements qui allaient à cette
armée; ils ne cessaient de protester de leur
dévouement à Vanité et à Vindivmbililé de la
républiques ils acceptèrent la êonstitutfon- en
assemblées populaires ; ils avaient solennelle-
ment célébré l'anniversaire du lo août ^ brûlé
tous les titres féodaux, tandis que-Ja.icailoa
tjonnait déj^ contre leurs défenses extérietires ;
ils avaient même invité le général à venir dans
leurs murs assister à cette fête; quoiqu'ils ne
voulussent, avoir aucune correspondao^e avec
Jes deux représentaùta comoïîssairés^^îys^ l'a-»
vajent toujours maintenue a^Vec lui» et lui nstaii-
daient en réponse ^ux sommations fie la con-
vention : Citoyen général ^l^ loi n* ordonne ja^
mais un crirrte. Ils cheschèreot à ^e i^aMier les
départements voisins; pciaîs la terreur.rïittachait
tout au pouvoir opprimant, l^nfia lorsqu'ils re-
çurent les dernières pi:oposiïions des commis-
saires çoaventioanels , qui : équivaljai^nt -èj se
yendre à discrétion,. ils répopdirei^l <Çijo^ftu ^^^^ ^
V
yO HISTOIRE DE FRANCE,
Tinif. représentants du peuple y "pos uropositionf
sont encore plus atroces que "votre conduite «
nous "VOUS attendons j -^ous n^anwerez à nous
que sur des monceaux de cadavres^ oii la
cause de la république et de la liberté trïom^
phera.
L^esprit publie de Lyon n'était plus ce qu'il
avait été au 3i -çiai ; influencé alors par des inté-
rêts extérieurs et étrangers, les chefs de ce parti
voyant qu'ils n'avaieMpu conduire le mouve*
ment vers le but quNJs se proposaient , les roya-
listes s'étaient retirés de la tête des affaires ,
et alors elles étaient conduites par ceux qui ,
ne voulant que république et liberté, ne vou«
laient ni *oppressft>a ni anarchie; mais la côn*
venkion voyait son autorité suprême oompro*
mise , et d'autres motife encore expliquent Ta-
charnement barbare 'qui g^ttacha à la destruction
de i eetl€v^ laaibeureuse ville. La commune de
Paris avait' toujours tin grand pouvoir dans la
ccmventioD. Parmi les papiers saisis , on trouva
îes traces d'un projet , dont les émissaires dé
l'étranger avaient flatêé l'ambition dés Lyon-»
nais; c'était de faire de leur ville la capitale dé
la France , et d'y transférer le siège îcle' l'em-
pire. Le civisme municipal A aussi ses passion*
et son fanatisme , et l'aâibition de ta supi ématre
eut besoin d'un gratid- exempte qui 6ta à tout ci
DEPUIS LA RÉVOLUTION. Jt
Jes villes la tentation d'oser la disputer à la vinip.
capitale. . • ^^^^
Là situation de Lyon, son étendue, sa popu-
lation, les premières démarches des citoyens
qui ne laissaient plus d'espqîr à la conciliation ^
tout rendait l'entreprise douteuse et difficile, .
Les armées étaient occupées sur toutes les fron-
tières ; un échec reçu devant Lyon eût été le
signal du soulèvement de toutes les villes des
départements du Midi.
Malgré tant de considérations, que la pru-
dence eût calculé , la convention se refusa à
tout traité , ne voulut voir dans les Lyonnais
que des rebelles, et ne voulut connaître d'au-^
jtre article qu'une soumission sans clause , ne
laissant pas même espérer sa clémence.
On rassembla des bataillons de l'intérieur}
on y joignit la garnison revenue de Valenciennes;
<pn forma autour de Lyon trois corps d'armée
et trois attaques*
Lyon , situé au confluent de la Saône et du
Rhône,, est dominé au nord par des^ hauteurs
qui couvrent une partie de ses faubourgs , et
qui avaient obligé d'éienxlre l'enceinte des dé-
fenses. On multiplia les travaux sur tout ce
•front, des redoutes furent construites, les mai^
sons fprent crénelées ; on éleva des batteries ,
et tout l'appareil d'un système de résistance^
7^ HiSTOIRE 0E rRANCE,
VI^E^ combinée fut ^déployé; ceux qui occupaient les
places administratives savaient qu'il n'y avait
point de capitulation.
La partie de la ville située au snd^ était ha-
bitée par les riches maisons de commerce; le
Rhône .couvrait tout ce front; mais sur la rive
opposée , la plage est découverte , et les édi-
fices mal protégés par les batteries élevées sur
le quai du Rhône , restaient exposés aux feux
destructifs que l'assiégeant devait bientôt diri-
ger. On avait alors détourné J'animad version
du peuple contre le commerce ; les tribunes de
la convention et des jacobins tonnafènt contre
cette nouvelle aristocratie ; tout magasin de
marchandises était un accaparement ; toute spé-
culation était un agiotage , et toute riche pro-
priété était un crime. Les Lyonnais étaient
avertis par cette terrible éloquence.
Le corps d'armée du centre, commandé par
Kellerinann . forma la principale attaque au le-
vant dans l'Isthme , compris par la réunion
du Rhône et de la Saône, au faubourg de la
Croîx-Rousse.
Au nord , le quartier de Fourviëres , com-
pris dans une grande anse que forme le cours
sinueux de la Saône, fut attaqua par le fau-
bourg de Vaisse. A l'ouest, une autre attaque
au confluent des deu^ rivières , resserra les as-
Î>EλU1S LA RÉVOLUTION. 78
«îégés dans les terreîns nouvellement conquis ynitp.
sur les eaux, par les travaux de l'ingénieur Pey- '^^ *
rache. Les troupes assiégeantes furent établies
d'abord aux villages de Oullins et de Sainte-Foy;
et dans les derniers temps du siégé , les appro-
ches parvinrent jusqu'à la pointe de Tlsthme, et
les batteries de l'assiégeant interdirent toute
cette partie de la ville aux habitants.
Au midi , sur la rive gauche du Rhône qui
défendait tout ce front, on disposa les batteries
de bombes et de boulets rouges.
Lyon avait armé environ aS mille hommes
commandés par Preci, ancien militaire , et que
ses sentiments et ses opinions rattachaient au
gouvernement monarchique. Les autorités ci-
viles et administratives qui nécessairement
avaient une grande part aux déterminations
et même aux opérations , n'étaient pas dans le
secret entier des chefs militaires , et les fils de
correspondances qui s'étendirent au-debors n'é-
taient pas entre teurà mains; là l'insurrection de
Lyon était combinée avec les mouvements des
•armées ennemies dans la Savoie et dans le Pié-
mont. '
Ce n'était aussi qu'aveô une extrême répu-
gnance que les bataillons nationaux rassemblés
autour de Lvon, tournaient leurs aitoes contre
leurs concitoyens; on peut en juger au premier
/
74 HISTOIRE DE FRANCE,
VU Ep. conseil de guerre assemblé air commencement
xo'août ^" siège ; tous les avis penchèrent vers les^
moyens de conciliation , et éloignèrent tous ceu:c
de force et de violence ; les commissaires re-
présentants armés du décret de la convention ^
eurent besoin de déployer toute la ])répondé-
rance de leur terrible autorité , eft le général de&
armées d'Italie Kellermann leur déclara par écrit
qu'en déférant à leurs réquisitions» il n'enten-
dait se charger d'aucune responsabilité , et qull
leur renvoyait celle de tous les événements.
Le siège fut plutôt une attaque environnante
qu'un système suivi selon les règles de l'art. Les
Lyonnais , poyr éloigner de leurs habitations
les feux de l'assiégeant 9 avaient étendus au loin
les ouvrages extérieurs , ou avaient profité de
toutes les constructions éloignées , pour placer
des postes et des canons. Tous ces postes furent
journellemenl: attaqués, défendus, pris, dispu-
tés , repris. Dans ces combats de détails qui se
prolongèrent, les pertes étaient égales , les suc-
cès balancés et les résultats nuls.
. La persistance des chefs lyonnais était sou^
tenue par l'espoir et Tattente d'une puissante
diversion que devait opérer l'armée piémon-
taise. Cette armée , par un mouvement sur tout
son front , -était descendue des montagnes qui
séparent la Savoie du Piémont, avait opéré une
1
DEPUIS L A R É VO L UTION. ^S
invasion dans le Faussîgny , dans la Tarantaise viiiFpé
et dans la Maiirienne. Les. postes de Tarméedes *^^ *
Alpes avaient été obligés de se replier, et Lyon
put espérer que la jonction des forces enne-
mies, ou que du moins leur approche , servi-
rait à le dégager. L'état des choses, sur celte
frontière, devient si presssant , que Kellerroann
fut obligé de laisser la conduite du siège au
général du Muj , et de se rendre sur cette fron-
tière; alors la convention ordonna Tioceodie de
Lyon , et l'ordre fut rigoureuse meot exécuté.
Fendant plusieurs jours et plusieurs nuits sans '^^ **
relâche , les batteries des trois attaques du nord ,
de Test et du sud, firent pleuvoir sur la ville uo '
déluge de feux , les bombes et les boulets rouges
portèrent pai:tout la destruction et l'embrase-
ment , les établissements publics , les magasins du .
comaierce,rarsenal,rhOpital surtout, monument
de J^ magfiîficeQC^ charitable et dernier asile
de l'humanité, tout fut incendié ^ tout s'écroula;
|a discorde cîvUe .et la haine ^rangère purent
' s'applaudir un moment de leur succès et jouir.
En* -même temj)a* les efforts réitérés des assié-
geants les rendirent maîtres des hauteurs de la
CroixrRousse , ^ii'où la ville est .dtwBtnée de phis
|)vès; de nouvelles réquisitions avaient rassem-
blé de nouveaux bataillons de gardes nationales
d|p.s Je djépartement de la Saône ; on en forma
,j6 HISTOIRE DE FRANCE,
viiiEp. une nouvelle armée qui pressa les travaux à
*''^'* la pointe de risthme, vers Oullîns et Sainte-
. Foy. Ces nouveaux renforts mirent en état de
a/ sept* •f
tenter une attaque générale sur les deux fronts
de l'ouest et du sud, et les assiégeants s'empa-
rèrent des deux quartiers , de la Poînte-Peracbe
et des Broteaux ; ils les incendièrent avant de
se rétirer.
Cependant la disette se faisait sentir dans la
ville; on ne distribuait plus aux soldats que du
5,6 oct. pain d'avoine ; toutes les issues étaient fermées ;
on dut apprendre en même temps que tout
espoir était détruit du côté des Alpes ; que J'in-
^ vasion des Piémontaîs, sur toute la ligne du
Mont-Blanc, était repoussée, et que leur armée
rejetée au-delà des Monts, évacuait partout le
territoire de la république* C'était TefFet des
dernières dispositions militaires de Kcllerinano ;
sa présence avait ranimé les troupes d'abord
étonnées, et quoique inférieures en nombre de
près de moitié , là valeur et Tesprit national
avaient suppléé à tout.
11 ne restait que 7 à 8 mille hommes à l'ar*-
mée des Alpes , à cause des troupes que Ton en
avait tiré pour le siège -de Lyon. Cette armée
appuyait sa droite aux; postes occupés par l'aile
gauche de l'armée d'Italie, depuis les sources
du Var 5 conservant les forts sur la Duran#^
DEPUIS LA RévOLUTION. 77
. Erabnin , Mont - Dauphin et Brîançon , gar- viiiEp.
dant ou plutôt surveillant les passages des
Alpes jusqu'au Mont-Genèvre. Elle couvrait en-
suite par une chaîne de postes les pays nou-
vellement acquis- à la réjMïblique , lancienne
Savoie, jusqu'au lac Léman ; c'est ce pays et
ces passages que César décrit sous les* même»
noms , lors de Tinvasion des Helvétiens dans leg
Gaules.
L'armée piémontaise élait de 26 mille hom-
mes , et sa première attaque fit rétrograder tous
les postes / français , derrière l'Isère et TArc.
Moutier était pris, et déjà Chambery menacé.
On avait envoyé en hâte deux commissaires re-
présentants de la convention, Dumas et Gau-
thier, et il est vrai que leur présence animait
les troupes d'un courage d'opinion , et que soii-
yent leur autorité absolue et tranchante , lev^'t
beaucoup de difficultés, et -aidait à surmonter
des obstacles. On avait rapproché quelques ba-
taillons de l'aile gauche de l'armée d'Italie ; on
en avait tiré deux du siège de Lyon ; on requit
les gardes nationales du Mont-Blanc , nouveau
nom que venait de recevoir la Savoie, et elles
se portèrent avec zèle et dévouement. L'ennemi
avait pénéti^é par six débouchés qui menaient
du Piémont dans la Savoie sur une étendue de
quatorsse lieues,* Il fut d'abord attaqué à S4 *^
78 HISTOIRE DE FRANCE,
vniKp droite, aa col d'Albarette, et repoussé de tous
'^^^' les postes qu'il occupait sur la rive droite de
^ "^'- TArc.
Kellermann alors disposa une attaque générale
dans leFaussigoy etdaoslaTarantaise. LesPié-
montais furent dépostés de toutes leurs positions
sur tout leur front, depuis l'Ecluse jusqu'à Mou-
tier , par le général le Doyen, et ensuite par des
marches et des combats successifs jusqu'au pied
des montagnes : i)s n'attendirent même pas dans
* leur dernière position à Aigueblanche, se voyant
déjc> tournés à leur droite par les cojps aux or-
a octob. di'es de Doyen, et dans la nuit gagnèrent, en
une seule marche , le pied du petit Saint-Ber-
nard. Deux jours après, attaqués au boirrg Saint-
Maurice, après une assez longue résistance , ils
sç retirèrent sur le Saint -Bernard. La Taran-
taiseet le Faussigny^taient délivrés. On Ht passer
des renforts dans la Maurienne. L'ennemi battu
à Valmenie , et tourné dans toutes ses positions ,
rompant tous les ponts derrière soi , se retira
devant l'avant-garde de l'armée qui arriva au
pied du Moi^t-Cénis que l'ennemi venait de re-
passer ; ainsi se termina cette expédition. Du
succès dépendit un moment le sa! ut de la France.
Si l'armée piémontaise eût pu joindre et dégager
Lyon, tout était disposé dans le Midi pour un
soulèvement général , la terreur seule retendait
X
DEPUIS LA RÉVOLUTION* 79
SOUS le joug de la convention. Toulon était aux viiiKp.
Anglais , Marseille eût repris les armes , 20
mille Lyonnais pouvaient se joindre à l*armce
ennemie qui les eût dégagés. Les succès des
Espagnols <lans les Pyrénées, préparaient leur
jonction avec Charlîer, qui corhmençait dans la
Gironde le système établi dans la Vendée. Bor-
deaux incertain se prononçait, le Calvadôs et
l'ancienne Bretagne étaient prêts. La conven-
tion pressée à l'ouest par les insurgés de la Ven-
dée , au nord*, par la coalition de l'étranger,
était réduite aux départements maritimes et à
ceux de l'intérieur. La retraite des Piémontais
décida le sort de Lyon, et Lyon soumis, tout
fut contenu.
Les commissaires représentants au siège de
cette ville, y firent parvenir ces nouvelles avec
«ne dernière proclamation. Les malheurs pu- ,
blics, les souffrances de la disette et des fati-
gués, Iq désintéressement du peuple dans une
cause où les chefs seuls sont ordinairemerit
menacés, la lassitude enfin avaient changé les
esprit? de latnultilude. Les trente sections de
Lyon s'assemblèrent et voulurent que la pro-
clamation des représentants leur fût lue; elles
nommèrent des commissaires pour entrer en
négociation , alorsles chefs de l'entreprise senti-
rent qu'il était temps de cédera lafoÈtune.Preci,
Bo HISTOIRE DE FRANCE,
vuiEp. ses secopdSy et environ trois mille fugitifs , que
'^^^' la nécessité et la juste crainte tie l'avenir ratta*
octob ^^^ ^ ^^^ ^^^ » essayèrent de se retirer ; ils sor-
tirent par le faubourg de Vaisse ; et bientôt
poursuivis et atteints , ils se partagèrent ea
deux troupes , puis se subdivisèrent en plu-
sieurs bandes, et dispersés dans leur fuite ,
tz octo. chacun pourvut àson salut.
Le lendemain , l'armée républicaine s'empara
de tous les postes abandonnés, et entra sans
opposition dans la ville. La consternation était
retirée dans les demeures détruites ♦ et les cris
d'alégresse remplissait les riïes. Cette partie de
la population des grandes villes, instrument né-
cessaire des grands événements , et qui n'en
craint pas les suites, accueillait comme des li-
bérateurs ceux qu'elle combattait encore la
veille. L'ancienne municipalité fut retirée des
prisons , où elle n'eût pas dû être retenue , ré-
tablie dans ses pouvoirs, et l'on attendit les or-
dres de la convention avant d'appeler sur les
ruines de Lyon la terreur et la mort.
L'armée assiégeante fut aussitôt destinée
à joindre celle qui agissait déjà sur Toulon.
La garnison de Valenciennes , dont la capi-
tulation portait qu'elle ne servirait pas d'un
an contre les alliés, opposa d'abord quelques
scrupules qui furent bientôt kvés. On tira de
l'armée
1793.
Ï^EPUIS. LA RÉVOLUTION. 8l
Tarmée d'Italie douze bataillons, et bientôt 40 viiiEp.
mille hommes furent réunis.
* Toulon , par sa position , présentait de grandes
difficultés à vaincre. Le port et les deux rades
étaient occupés , sans opposition, par les esca-
dres réuaies anglaises et espagnoles. Tous les
fdrts et toutes les batteries environnantes" étaient
à leur pouvoir.
Du côté de la terre, Toulon est adossé à de
hautes tnontagnes, et des travaux successifs de-
puis un siècle , en avaient gagné les hauteurs
par une chaîne de forts qui s'élevaient sur les
sommités dominantes , et se défendaient réci-
proquement. L'étranger était maître de tous ces
postes.
Dès les premiers jours de leur débarque-
ment, les Anglais avaient tenté de se rendre
maîtres desgorges d'Ollioules, défilés resserrés
entre des montagnes inaccessibles, (^t seul pas-
sage qui communiqué avec l'intérieur du paj^s.
Le général Carteau, parti de Marseille, les y
attaqua; après une action d'abord douteuse,
il était resté maître des passages, et avait res-
serré la garnison dans l'enceinte des défenses ex-
térieures. Carteau , pour prix de bons services ,
et selon le système de méfiance suggéré à
la convention envers tous les généraux vic-
TomclF. 6
â8 sept.
/
82 Hl.STOlRE DE FRANCE,
vniEp. toiîeux , avait éie destitue , puis arrêté. Le gé-
*^^ * uéral Dngommier le remplaça.
Aussitôt que les forces furent réunies (et
Ton ne peut refuser de l'admiration à la fer-
meté et au courage des comités convention-
nels cjui , au milieu des revers , pourvurent
toujours à tout sans trouble , sans coofusioft ,
et même sans ménagement pour les instru-
ments qu'ils employaient, l'obéissance était sans
borne comme Hiutorité.); aussitôt que les forces
furent réunies, on les mit en action par un plan
. d'opération, dirigé de Paris avec intelligence,
et suivi sur place avec ponctualité et avec dé-
vouement.
On forma deux corps d^armée, et deux atta-
ques principales , à Pest et au couchant de la
ville. La division de droite , commandée par lé
général Dugommier, embrassa tout le front des
défenses extérieures, depuis le fort Maibous-»
quet , situé à l'entrée de la communication de
Marseille, jusque sur le promontoire qui ferme
l'extrémité de la rade , où les Anglais avaient
élevé une grande redoute qu'ils appelaient le
petit Gibraltar, désignant ainsi d'avance lusage
qu'ils Ini destinaient.
La division de gauche, aux ordres du général
la Poîpe, établie aux enYii*ons des villages de
DEPUIS LA REVO LUTIOK: 83
Soliés,, comprit tout. le front (fattaqae dû côté .^f^gp.**
de Test, depuis la montagne Sai^oa qui com-
itiande.Ia ville :au nord , jusqu'au^ cap Brun ,
îetaUcfort Ja Malgue qui défend Tentree de la
grande rade. L'étendue et le nombre de3. .ou-
vrages extérieurs ne comportaient pas ua S3^s-
iom^ d'attaques par .des ti-ayaux de tranchées
et d'approches réguhères r calculées sur le temps
et sur le nombre des combattancsi *
Il fallait d'abord se rendre maître des dehors
•et de Ja campagne. La garnison resserrée dans
la ville y la ftùtte exposée aux balieries de, terre,
ne ^louvait.plusjaloi^ tenir contre les feux con-
vergents dirigés de tous les points de la circon-
férence^
Dans ïes premiers jours du siège , :1es atta-
ques resserrèrent les assiégés. Plusieurs des fprts
extérieurs furent emportés. .;•:!•
A la droite , on s'empara des hauteurs op- 5 «epte.
:posées au, fort !MaIbou9C|tiet , et' à la grande
redoute anglaise ; on y ciônstruisit des batte-
ries. Le fort des Pomèles qui commande toutes
les hauteurs au nord de la ville, fut enleva; ce qui
obligea l'ennemi d'évaeuer les forts iaférieurs
sur les pendants de la montagne. On établit alors
un camp sur la montagne des Arrênes, Cette
opération coupables eaux de la ville, et ferma le
pont de la petite rivièrç de Laz..
an 10.
84 HISTOIRE OE FRANCK,
vniEp. A la division de gauche, les troupes s*éta-
'^^^' blirent à la Valette^ et delà, par des retran-
Duj|aa ^j^çj^jçirits et des batterîes , s'approchèrent de la
côte méridionale de la grande rade et des forts
la Malgue et Marguerite qui les défendent.
Le siège se prolongea par une suite d'entre-
prises et de succès jusque Ters la fin de cette
année, et l'ordre xles fitits oblige de déyancer
les temps pour réunir «ous le même cadre les
tableaux qui perdraient de leur intérêt s'ils
étaient séparés. As3ez tôt le récit, obligé de re-
venir sur ses pas, aura de tristes détails à mettre
-sous les yevix de la postérité» La France répu-
blique ne sera plus grande et glorieusement re-
présentée que dan's ses camps et sous les arme^
Au sénat et dans ses comices , l'oppression n'aura
que le courage du crime, et la résistance n'aura
que celui d'une stoïque, mais inutile résigna-
tion.
Les renforts n'arrivaient que successivemen*
à Parmée devant Toulon. Les alliés restaient
maîtres des anciennes défenses et de toutes celles
qu'ils avaient construites. Ils sentaient en même
temps que les efforts des assiégeants seraient
toujours renouvelés, parce que toutes les foi^ces
de la France pouvaient se succéder dans une
entreprise où l'honneur et Tiritérêt national
étaient à la fois compromis.
DÏPUÎS LA K^VOLUTION. 85
Le 3o novembre , les assiégés firent une viiTEp.
1793.
grande sortie. Six mille hommes passèrent la
rivière de Laz, se portèrent en deux colonnes.
Tune sur la hauteur des Arrênes , l'autre sur les
batteries opposées au fort de Malbousquet. Lesl
postes*d'abord surpris reculèrent ; les Anglais
pfarvinrent jusqu'aux batteries des Arrênes, et
les enclouèrent. Leur colonne de droite s'em-
para aussi des postes et des batteries qui défen-
daient les gorges d'Olliottles , et déjà se portait
sur le parc d'artillerie dont ils furent près de
s'emparer.
Cependant les généraux , accourus au premier
feu , rallièrent les troupes et les ramenèrent
Dugommier les harangua , et conduisit la tête
de l'attaque, derrière laquelle se reformèrent
les bataillons épars. Les postes plus on moins
rappprochés , envoyèrent des renforts selon que
le courage et l'élan de chacun le portait vers
le lieu du danger.
Les chef$ donnant le mouvement à cette masse*
plus animée par la volonté, qu'organisée par la
discipline, la conduisirent au poste des Arrenes.
et le reprirent, ainsi que les batteries. L'ennemi
pressé et assailli de toute part, fut obligé d'a-
bandonner précipitamment le terrein , et de re-
passer la rivière de La^. 11 fut suivi de si près
dans sa retraite que les premières troupes de
UOT.
85 HISTOIRE©!? FRANCE,-
VHiEp, volontaires faillirent entrer avec ht'i au fbrt
^^^' Malbousqnet. C'est là , aux palissades de cç fort,
que riiistoire signale ^ pour la première fois,
Bonaparte, alors chef de bataillon, commençant
ses destinées et celles de la France.
Dans cette action ^ les deux générauî^ chefs
, furent blessés. Dugommier reçut deux coups de
feu, et Ohara ) cjue la cour de Londres venait
d'envoyer pour commander dans Tqulpq, fut
fait prisonnier.
• De nouveaux renfortsy étaient annoncés^et at-
tendus.L'intervalledes combats était employé par
les îtssiégés à fortifier leurs défenses. Les délais
rendaient chaque jour l'entrepriae plus difficile,
La saison s*avançait, et tout ce que l'on pou-
vait attendre de nouvelles troupes était réuni,
6 déc. Dans un conseil de guerre, .où Ton retrouve
encore le nom de Bonaparte, une attaque gér
nérale.fut résolue.
A l'armée de droite, Dugommier dut atta-p
quer la redoute anglaise; le général Mouret
celle du fort Malbousquet, et le général Gar-
nier celles des forts sur les hauteurs qui coiut
mandent la rivière de Laz.
^ , A la g'anche, la Poip.e dut attaquer la mon-
tagne de. Faron, et le général Laharpe les bat-
teries qui ,: du cap Brun, dominent snr l'entrée
4ç la rade. Maresçot, <^hef du génie , dpt conr
^DEPUIS L A RÉ VOLUTION. 87
courir au succès detîes entreprises par tous les yiii^p.
inoj^ens de son arme. ''^ *
Le point le plus important était la grande
redoute ânglarse , située sur le promontoire;
elle découvrait les deux rades , et les flottes
combinées ne pouvaient s'y maintenir, bi les
Français parvenaient à s'en emparer. D'après ,4^^^.
xme reconnaissance faite par le général en chef,
les dispositions furent prises j)our faire l'attaque
par trois cojoones. Deux élevaient tourner k
redoute , afin de couper sa comnpunicatîon avec
le camp anglais. Soit erreur , soit ardeur des
troupes , deux colonnes gravirent à l'envî la
hauteur escarpée, franchirent les obstacles, pé-
nétrèrent par les embrasures de batteries; mais
le feu d'un retranchement intérieur les obligea
trois fois d'en sortir. Un quatrième assaut em-
porta le poste* Tout ce qui put se sauver gagna
avec peine les embarcations.
En même temps la division aux ordres de
Mouret et celle aux ordres de Garnier, s'em-
parent, Tune des deux forts Saint-Antoine , l'au-
tre du fort Malhoùsquet , et les troupes enne-
mies qui' occupaient ces "postes se renfermèrent
dans Toulon.
L'attaque de l'armée de gauche s'était faîte
en même temps et à un signal convenu. Le
général Laharpe fit sauter la poudrière du cap
88 HISTOIRE DEFRANGEf
TiiiEp. Brun, attaqua dans cette position l'ennemî qui,
après une résistance de cinq heures, se retira
dans le fort Ja MaJgue.
JLa Poipe agît swr les hauteurs xle Farou , ati
nord de la ville. Le for^ situé sur les sommités
étant emporté , Jous les postes inférieurs , les
forts de Lartigiie et Sainte • Catherine , furent
successivement abandonnés par Teffi?! des feux
plongeants de l'assaillant. Par-tie des troupes qui
les défendaient se rembarqua; le reste se relira
dans la ville ; tout y fut alors dans la con-
fusion.
Les hommes dé mer craignant pour. leurs
vaisseaux, voulurent se hâter de quitter les
rades , où les batteries de terre. au pouvoir du
vaîncjueur , les découvraient de tous côtés. Les
' troupes de terre ne pouvaient s'exposer à tenir
dans une place dont les dehors étaient occupés
par un assiégeant victorieux ; et les habitants en
proie , aux regrets , au désespoir et aux justes
craintes d'un avenir menaçant , accroissaient
la confusion et le dééordre. Bientôt la mer se
couvrit de légers bâtiments chargés de familles
fugitives qui cherchaient sur la flotte çnnemie
un asile contre le ressentiment mérité de leur
patrie. Plusieurs de ces bâtiments périrent sous
leur charge ; plusieurs ftjrent coulés bas par le
canon qui coranàençait à tirer sur eux des riTages
tXE^UlS tk RÉVOLUTION. 89
opposés. Dîx à 12 mille habitants de Toulon vniEp.
évitèrent ainsi la vengeance nationale. Les *'^ *
deux flottes se réfugièrent aux îles d*Hières> 18, igd.
et l'armée républicaine , après 'un siège de
quatre mois , rentra en possession du territoire
que la trahison avait conquis, et que la valeur '
recouvra. Les Anglais, en partant, mirent le
feu aux établissements deinarine et à quelques
vaisseaux. La précipitation de Jeur départ per-
mit bientôt d'en arrêter les progrès , et lé
dommage fut moindre qu'on ne devait le pré-
voir.
La reprise de Toulon donna un grand éclat
au gouvernement conventionnel ; tous ses en-
nemis au «dedans et au «dehors étaient vaincus
ou soumis. Après la réduction de Lyon , leô
sj^stèmes d'opposition du midi perdirent de leur
activité. Chacun se tint en réserve , observa les
événements. Après la reprise de Toulon , tout
plia sous lascendant de la fortune. Les restes
des partis opposants dans le Calvados, dans la
Bretagne , à Bordeaux , à Marseille , se déro-
bèrent au vainqueur par le silence et dans Pobs-
>curité. La Vendée, après des succès et des re-
vers balancés, venait d'éprouver une défaite
totale. Les armées du midi , en Italie et dans les
Pyrénées , couvraient les frontières et en te-
naient Tennemi éloigné. Au nord > depuis la
r
90 HISTOIREDEFRANCE»
viiiEp, bataille de Hondtscboote, on avait repris Tof-*
*^^'!* fensive.
Le succès qui , dans tout gouvernement, et
surtout dans un gouvernement populaire , est
le plus sûr garant de l'approbation des peuples,
le succès sanctionnait tous les actes de Tautorité
^ établie, et le comité de salut public tenait d'une
main dure> mais assurée, lé timon des affaires*
Les essais ayant réussi, on osa mettre en prin^
cipes et en lois ce qui n'avait encore été qu'en .
action : on réduisit en système complet ce qui
jusqu'alors avait été excusé par l'état de révo-
lutiou même, et le code révolutionnaire parut.
Il écrivit, dit et publia : On fait savoir à tous
les Français que leur vie, leur liberté person-
nelle et toutes leurs propriétcs , sont à la dis*
position arbitraire, de dix hommes que la con^
veniion a désignés. Ils disposeront de vos per-^
sonnes par les; actes d'un tribunal qui fugera
sans formes, sans informations; qui prononcera
d'après sa seule conviction, et qui n'admettra
aucuns, moyens de défense et aucun appel.
A la première réquisition des délégués de
cette autorité, voué marcherez aux armées,
vous livrerez sans délai et sans réclamation tout
ce qu'il conviendra de prendra dans vos pro^
priétés mobiiiaires, pour le prix qu'il plaira de
fixer, représenté par tel signe qu'il conviendra
DEPUIS LA RivOLUTTON. Çl
d'émettre. A la présence des délégués de Tau- viïiïp
torité établie, toutes autres autorités cesseront,
et vbus reconnaîtrez comme loi , et vous éxé-
cuterfez immédiatement tout ce qu'il leur plaira
vous prescrire.
Toute infraction aura encouru peine capitale
par le seul fait. .
TeFfut le code révolutionnaire publié et admis
sans opposition.
Et ce ne fut point la terreur seule qui le
sanctionna. Le sentiment intime de la nécessité
publique commanda impérieusement tous ceux
qui purent lire les articles du code , et leur
exemple entraîna la grande .multitude accoutu-
mée à suivre.
Il ne -faut pas dégrader ime natioa ert lui.
supposant des motifs bas et une crainte servile.
Ge fut) au contraire , un instinct relevé de salut
public , dont chacun se sentit intérieurement
pénétré. La dictature collective fut consentie,
xomfme à Rome l'était la dictature personnelle*
' Au point où les choses étaient amenées, la
France assiégée par l'Europe se livra sans con-
dition à ceux qui lui promirent de la défendre
et de la sauver de l'étranger, et ils lui tintent
parole. . .
Telle est l'explication franche et vraie de cette
servitude tei'rible, mais volontaire, que chacun
/ /
9» HISTOIRE DEFRAKCE,
^iiEp* imposa à tous pour éviter une seryilude forcée,
on préféra la hache des bourreaux au sabre des^
despotes ennemis; on voulut exposer sa 'tête
pour sauver ses mains des entraves, et le sea-
timent de la liberté publique fit des martyrs des
qu'il eut des persécuteur^ coalisés. Le mot ré-
publique avait donné l'élan, le mot salut pu*-
fclic le soutint , la France donna le premier et
«nique exemple d'un peuple qui s'imposa sa
propre tj^rannie pour ^e sauver du despotisme
étranger.
On en supporta non-seulement l'usage, mais
l'abus, et l'abus le plus arbitraire qui fut ja-
mais essayé sur un peuple. Dans cette grande
confusion de toutes les institutions sociales, on
laissa toiit^s les passions individuelles , tous les
intérêts privés se faire leur part. Les torts par-
ticuliers ne furent que des inconvénients par-
tiels , inséparables de la nécessité générale. On
ajourna toute justice répressive, comme dans
un grand incendie qui menace la cité entière ,
on admet d'abord tout ce qui apporte des se-
cours, sans surveiller le maliaicteurqui se glisse
et dérobe ; et même après l'embrasement éteint ,
le souvenir du danger ralentit encore les re-
cherches de la police publique. '
Tous les moyens d'exécution étaient disposés
et assurés; il ne resta plus qu'à les mettre. en
DEPUIS LA RÉVOLUTION. $3 /
iisage. Les ordonnateurs de tous^ces moyens mar- viiiKp.
chant à leur but , laissaient les agents subalternes *^^'*
frapper le corps politique et le couvrir de plaies.
Eux s'étaient réservés les coups décisifs : ils
frappèrent d*abord à la tête. Depuis la déten-
tion et l'accusajion 4®s députés arrêtés le 3i
taai , une lutlfe , quoique faible et inégale^ se
maintenait encore dans la convention ; on dis**
putait sans succès aux dominateurs ;* mais cette
dispute fatiguait encore leur orgueilleuse su-
prématie; on résistait sans force ; mais c'était
encore de la résistance ^ et les projets, lé plaa
d'opération de la puissance absolue*, exigeaient
une absolue. servilité; on avait décimé la repré-^
sentation nâtîobaie; elle aVâit encore- du mou*-
vemeot; on la tierça , et lao de ses membres
furent, à différente titres, enveloppés dans le
même décret de proscription;
Le rapport fait à l'Assemblée par Amar, est joocto.
devenu un monument historique qui explique lavend.
beaucoup die choses înaperçues à cette épo- u repu-
que. Les chefs d*accusation les plus contra- ^^^^*'
dictoires s'y touchent. On reproche à Brissot
d'avoir mis des affiches républicaines au moi-
ment de la détention de Louis XVI , après
Bon retour de Varennes, et on lui reproche
en même temps de s'être opposé à l'établis*
sèment de la république à l'époque du lo
ç6 HISTOIRE DE FRAKCE»
viufiji Lesterpte; Bauvais; Bresseii; Noël ; Isnard }
''^^' Coustard; Ducliatel; Andreî, de la Corse ; Du--
val , de la Sej ne-Inférieure ; Vîgée ; Grange-
neuve ; Dévérité; Philippe Egalité, ci devant
due d'Orléans.
Les 73 mis en arrestation furent «cLauze-Du-
perretjdéputé desBouchés-du-Rhône; J.G. Caze-
xieuve; L^aplaigoe , député du département dit
Gers; Defermont; Rouauk; Girault;ChasseIin;
Duguédassé; Lebreion ; Dussaulx; Couppé ; J. P;
Saurine ; Queinet ; Salmoa , député de la Sarthd ;
Lacaze , fils^ aîné ; V.C Corbel ; J. Guiter; Fé*
roux , député du Jura , ayant déjà ])rotesté ;
Bailleûl; Kuault ; Obelin ; Babey, député àvt
Jura ; C. A. *A. Blad ; Maisse » député des
BassesrAlpes ; Peyre; Bohan , député du Fi-
nistère ; Honoré Fleuiy , député des Côtes-du-
Nord ; Vernier, député du Jura; Grenot ,
député du Jura; Amyon, du Jura, ayant déjà
protesté le s, juin dans la salle de la conven-
tion ; Laurencot , député du Jura ; Jary , député
de la Loire-Inférieure, J. A. Rabaut, Fayolle,
F. AubrijRiberau; Derazey; Masuyer, de Seine
çt Loire ; Chassey ; Vallée , de l'Eure , Lefe*
bvre ; Olivier; Gérante; Hoyer , évêque' du
département de l'Ain ; Duprat , député ç}es Bou-
ches-du- Rl>ône; Garilhe ; Philippe Delville ;
Yarlet j Dubusac ; Savary ; Blasqui ; Massa ;
Dubray;
ÔfePUtSLA DÉVOLUTION. ^7
t)ubray; Doublet; Délamarre;Faure; Hecquet; viiiEp
B. Descatîips ; Lefebvre ^ de la Seîhe-Interieoire ; '^^'*'
Serre , député des Hautes- Alpes; Laurçnce, dé-
puté de la Manche ; Sàladin , député de la Som-
me; Mercier, député de Seine et Oise-Inférieure ;
Daùnou; Paries, de TAude , ayant déjarpro- ^
testé le 3 juin dans la salle de la convention '^ Rèu-
fcet, de Haute-Garonne, ayant déjà protesté te
a jiiin; Blaux , de la Moselle; Btaviet, ayant
déJ4 protesté le 2 juin ; Marboz ; Estâden j
Bresson * des Vosges; Moysset , du Gers ; Saint-»
Prix; Gamon.
La convention se trouva ainsi fédui te d'un 5ociob.
ti^rs', et tel était le système secret dfe Robes*
pierre, qui dominait alors dans ie comité dé
salut public. Ce plan de détruii^e la convention
se retrouva entier , écrit dc'sa n^ain, dans la
redierehe que Ton fit de ses papiers à l'époque
de sa chute, et l'on y retrouve aussi une lettre
adressée à lui de l'étranger, qui lui annonce la
fin de sa mission, lui prescrit Un dernier éfi^brt
indiqué, et ISnvite à venir enfin joilir en sû-
reté dii fruit assuré de ses travaux; Cette. lettre
citée parmi les pièces justificatives de son procès,
qui ne fut publié que longtepips après sa- mort,
ne peut être raisonnablement suspecté, puis-
qu'alors elle ^ait inutile,. Le crimind n'existait
Tome ir: 7 '
\^
98 HISTOIRE DE FRANCE,
viHEp. p]q§ ^ çi l'horreur du cririiô n'avait pas besoîri
d'être stiroulée ; iti^îs ce fait cité d'avance ^
donnera l'explication de beaucoup d'autres faits
suivants ; et pour l'intérêt seul de la nature
humaine » il vaut mieux qu'une production
monstrueuse soit le résultat d'un art ou plutôt
d'un artifice politique > que d'être l'ouvrage spon*
tanée de la nature elle-même.
Cependant après cette terrible épuration ^
Robespierre n'était pas encore tranquille pos-
sesseur de la toute- puissance. A lui s'étaient
irrévocablement attachés Saint- Just ,Collot-
d'Herbois, Billaud-Varennes, Couthon , Chabot;
maiS/même dans le comité de saluk public tous
les membres ne lui étaient pas absolument dé^
voués. Robespierre régnait aux Jacobins et par
eux ; mais une puissance rivale les menaçait en-
core de l'Egalité, et rivalisait avec eux, tantôt
en les devançant , tantôt en osant ne pas lessuivre*
Danton avait sa chaise curule dans le club dit
des Cordeliers. Cette association singulière, dont
on n'a jamais bien connu l'origine et le but, et
qui ne le connaissait pas <^lle>même, gênait et
contrariait la société des Jacobins, en faisant
moins qu'elle dans lès temps d'orage , et plus
dans Içs temps, ou du moins dans les intervalles
de calme. Quand les Jacobins outraient les me-
sures/les Cordeliers restaient en arrière, et
I
t)EFUI5;LA RÉVOLUTJONi ^99.
(ioUblaîenl'Iepasidëeque ]es Jacobins semblafént viiiEp*
vouloir le raletatiri II parailqijel esprit de cetta *^^ '
fondation , déjà ancienne y avait été d*abord d'a-*r
néantir les Jacobins en prenant leur place ; maia.
que Ie« chefs . 8^âJ)ercevàiit -de .part et d*aulre
qu'en cherchant à se devaiicel\ ils tie poUT^ieaè
pârvenirè ^esupplantetiroMe^ uâs:ni ledàutma^;
parce que .chacun d'euk aiwÀib .mieux changer
de place en ravaneant toujours^ que de s'e.xpd-»f
sera la; perdre, leurs directeurs: cr^Jgnant le»,
^ites de cette énàulatioij q\li m'avait plus :di^
terme ; foi:eot forcés de sclporoèr à les liv^eI^
h leur rivalité , ayant soin seulënieot de.mabte^>
nir leur opposition. -m •' • : -A
DantoQ était 'un- de ces , personnages à carac-
tère oiV tes contrastes se' réunissent 9 et se:dc9ii#:
tJennent.-.Qijelques traits deiréssétnblance tracés^
par une main intéressée, etiooiltemporaine.p
paudront cet homme extrtiordînaire , qui fut
un nik>Gaex)t tyran pour attaquer la. tyrannie* ^t
et qui se Jaihsa être victime plutôt que de de^
venir bourreau^ • :
.ff II cpmmença par tout trotîbler, par «tout
défaire ; .et lorsque tout le mondje; qtait.^aoar-.
chist^ , âvfc des vues pJ;qs prftfpndesi et îqui:
exigeaient plus toutes les passions du pçgplç, î
Danton fut pluç anarchiste que Iç^, au très. ,:
« Il avajt jefliJui je o^ sai8:^t|9i qi|i faisait
lOO HISTOIRE !>' E î" « A K C *£ ^
vnî%. qn^on s'arrangeait autour chè Jai pour être se»
*^^' moyens j pour îattejidre l'ordre; il était , s'il est
permis de se servir de ce mot , un >grand sei'gneur
de lasanS'^ciùloneriei : -
' «f Au premier â'bord , sa figure et sa voir
étaient te^rribles ; il le«aVaitet«eit étairbieDaîse,
pour faire ^\\n de peur 6n:fâfisa^t moins de.
mal. Qttàtîd Mimibi^au iut'biea corrotopu /les'
plus grands moyens de tôiTUptioii de la cour
i>e ' tburnërent vers Danton. 1\ çst ; possible
qu'il en ait reçu «quelque chose ;^ il est certain
qiue s'il y eût un ïnardië , rien ne fut délivré
de 4a part , et qu'il resta fidelle.à'vsi^s complices
les républicains.
«f Aj)rës le 20 ymn;, tout le monde faisait de
petites tracasseries au château , dont la puissance
croissait à vue d'œil. Danton arrangea le io août »
et le château ftiC foudroyé. . .'.
^x4 Porté presque -dans le même temps au mî-
Distëi^e et à la convention, Danton connaissait
troîp la révolution et lés hommes pour igno*»
rer que rester ministre n'était qu'un moyen de
se plerdre , et il renonça à tin pouvoir exé-
cutif >qui mettait les infortu«qs qui en étaient
membres sous le paitlvoir qui voulaîl k$ écra-
• ser».;; . ; '■'•;■•' ' ' ' ■
« Il avait cfet instinct du 'grand, et cette
, . c%xron8pectionsileiicieii9e qui' ifait 4a ^raison, ^
DEPUIS LA REVOLUTIOK. lOl
^ Jamais Danton n'a écrit et n'a imprim'é un niiEp.
discours ;jI disait je n'écris point.. . .
« Son imagination et Tespèce d'éloquence
qu'elle lui donnait^ singulièrement appropriée à
sa figure f à ^a.voix , à sa stature, était celle
d'un démagogue; son cotip-d'œil sur les homme»
^t sur les choses, subit, net, impartial et vrai ;-
il ne safYa^it presque rien, et il n avait l'orgueil
de rien deviner; maïs il regardait et voyait; il
J^aîsait parler Camille, et laissait parler Fabre-
d'Eglantine.
«< ^arat n'était qu'un furieux, Robespierre
qu'un dictateur oratoire ; et parce que Danton
était seul capable de réaliser un grand projet
d'ambition , on le croyait toujours occupé de ce
projet.
4c Danton se croyait trop menacé jjar la yeur
qu'il faisait , pour ne pas s'occupei: de sa dé-
fense. ^
Cette lutte seule soutînt encore quelque
temps une opposition dans la convention ré-
duite.
Cette opposition ne pouvait plus s'exercer que
sur les formés ; les partis toe pouvaient plusse
disputer que la priorité des mesures à prendre ,èt
souvent même , s'ils eussent eu des amis cachés
et des vues secrètes, ils eussent été obligés de
sacrifier leurs amis pour sauver leur secret.
loa .histoire: de France, '
YiiiE^ ^ijr^i Philippe d'Orléans fut transféré de Mar-.
seille à Paris ; bientôt livré au tribunal révo-»
lutionnaire , sans que ses anciens amis ni ses
nouveaux partisans, s'il en. avait, osasserfl le
défendre , ni mérae essayer de le sauver.
Le système d'imprimer la terreur était le
système dominant, et le seul sur lequel comp-
taient ceux qui , selon leur expression, Pavaient
mis à Tordre du jour.
Parmi les députés^ qui sMtant soustraits auîC
décrets d'emprisonnement, avaient été mis hors
la loi , Gorsas fut découvert et arrêté. Sans pro-
cédure., sans autre infoi^mation que Tidentité
vérifiée, uq ordre du tribunal révolutionnai rje
le livra à l'exécuteur, et , sans réclamation
de ses collégqes , il fut mtis à mort le jour
même.' '
En même temps que l'on frappait la France
de terreur , il devait entrer dans le plan de
l'anarchie de frapper de stupeur l'étranger; il
devait aussi entrer dans le plan de l'étranger
de rendre de plus en plus la république irré-
conciliable avéc^ses ennemis. La coalition con-
tinentale commençait 4 se dissoudre. Il était
facile de prévoir que la Prusse allait faire sa
paix et s'en retirer. L'Autriche abandonnée de
son allié du moment, trompée dans ses es-
pérances, n'ayant encore à venger que de ces
DEPUIS LA RÉVOLUTION. ' loS
* •
injures diplomatiques toujours coçapensées par viiiEp.
des injures semblables et réciproques ; TAutri- *^* '
che qui Venait de rentrer en possession de son
territoire, qui ne devait plus espérer s'agrandir
par des conquêtes d'invasion , pouvait peut-
être abandonner une cause qui cessait d'être
la sienne. Trois grands intérêts semblaient «'atc-
corder pour continuer la guerre. Les agitateurs
de la France , pour qui la guerre était moins
dangereuse qu'une paix , qui rappelait les armées
des frontières. Le cabinet de Londres qui se fut
trouvéseulaux prisesavec la France répubh'caine,
et enfîn le parti opposant réuni aux princes fran-
çais; de ces trois intérêts ennemis, le premier
suffisait pour se porter aux mesures les plus ex-
trêmes qui allaient à son but ; et dans ce parti
même , beaucoup d'hommes n'étaient là que
comme agents délégués par les deux autres^
Depuis la fin tragique de Louis XVI, sa veuve
était restée au Temple avec ses deux enfants,
et la sœur de Louis , là, respectables comme le
malheur \ elles attendaient une destinée trop
facile à prévoir ; mais que Hiistoire ne pourra
peut-être jamais motiver. Qiie le ressentiment ,
une politique cruelle, l'espoir d'tin autre cours
d'événements, la crainte de l'avenir, eussent
^prononcé sur le sort du dernier roi, les pas-
. sions humaines pouvaient y trouver des motifs ;
104 HISTOIRE DE FRANCK,
vmtf. mais lé jugement à mort de sa femme ne pou^
^^^^' vait intéresser la sûreté publique. Plus coupable
devant la nation par sa conduite politique , son
supplice avait quelque chose de plus odieux
comme faiblesse désarmée, et peut-être ce fut
ce motif qui lé décida. Tant d'intérêts étran-
igeis l'un à l'autre étaient réunis tîontre la
France républicaine , qu'il n'était pas extraor-
dinaire que tous les co-intéressés sacj'ifiassent
souvent l'intérêt de l'un d'eux à Içur intérêt
commun.
La vie de Marie- Antoinette était un gage
entre les mains des ennemis de tous les siens.;
et qui pouvait encore leur commander quelques
ménagements; sa mort devait les rompre. Up ^
rapport à l'assemblée classa et énuméra tous les
griefs contre ellp , et sans aucun doute il y en
avait de très-grands; mais on se garda de con-*
sidérer que l'état de révolution avait mis la li-v
berté publique et l'antique autorité royale dans
un véritable état de guerre. Epouse ♦ mère et'
reipe, ses obligations politiques étaient trop en
opposition avec ses devoirs de famille, et c'é-»
tait bien à elle que pouvait s'appliquer l'axiome
'summum jus summa injuria^ Le salut public
qui est aussi sans doute une loi suprême, ne
commandait pas"un sacrifice barbare et inutile^
$a présence ne pouvait plus mettre Içs.ennemis^
DEPUIS LA RévOLUTION. ïoS
du dehors de botit ; ils y étaient toue; mais son viîïÊp.
suppliice devait les obliger d'y rester ; elle fut *^^^'
transférée du Temjile à la Conciergerie ^3^ subit
sans délai toutes les formalités judiciaires et
communes ; elle comparut devant ies juges ré-
volutionnaires » et son interrogatoire pubUc ,
que l'Europe entière devait connaître , semblait
disposé pour ajouter l'odieux des formes à Vo^
dieux de l'action.
Il existe sans doute au moins une réciprocité
de devoirs entrç les dominateurs nés des naiions,
et ceux que le sdrt et les conventions faites leur
ont subordonné ; sans doutç aussi l'inviolabilité
i:\ecessaire que la loi par une fiction politique
et d^utilité générale ♦ a été forcée, de leur ac-
corder, n'est et ne peut êti'e que personnelle; '
mais la hiérarchie civile que Tondre des sociétés
est obligée d'admettre, dut s'étonner devoir la
fille de tant de souverains, la veuve du dernier
de tant de rois, sortir du guichet de la prison
publique, pour comparaître par-devant un tri-
bunal de circonstance , et qui n'était compétent
pour aucun citoyen. L'acte d'accusation, à des in-
culpations vraies , à d'autres inculpations vagues ,
alliait des inculpations monstrueuses, oh la na*
ture outragée repoussait même le soupçon; au
mépris des lois criminelles de toutes les nations,
le fils^ epfant de huit ans, fut reçu en témoi-
/
• ' to6 HISTOlkE DE FR*ANCE,
viiiBp. gnage contre sa mëre , et les plus absurdes , les
pins immorales dénonciations furent admises au
procès, et employées dans Tinterrogatoire pu-
blic, que confondit cette belle réponse pleine
de grandeur et de vraie dignité, «c II y a sans
« doute ici des femmes épouses et mères, j'en
u appelle à elles. »
i5 oct. Onj'accusaitaussid^avoirtraitésonfils comme
roi depuis la mort du père , et ce fait , peut-être
vrai , ne pouvait être un délit pour elle ; on
l'accusait avec plus de vraisemblance d'avoir
communiqué aux puissance^ ennemies > à l'em-
pereur 5 son frère , fes' plans d'opération des
armées , arrêtés au conseil ; et cet exemple avait
été déjà donné par des reines étrangères: on
lui reprochait encore d'avoir, à la journée du
10 août, présenté des armes à son mari, en le
pressant d'en faire usage.
Lorsque les jurés eurent prononcé et qu'elle
eut entendu la Içcture du jugement, le pfési-
dent lui adressa la formule usitée : « N'avez-
vous rien à ajouter sur l'application de la loi? »
Elle répondit : rienj et ses yeiix baissés ne se
. relevèrent plus ; quoique ses foixes physiques
fussent affaiblies par l'état, de maladie et d'é-
puisement que l'âge avait amené , ses facultés
morales ne sucronibèrent pas; la violence de
son caractèf e qui , dans le cours des événements
\
DEPUIS LA RÉVOLUTION. ÏO7
r
/
de la révolution , avait souvent trahi son se* y*M^*F-
cret, ceda^ .aucun emportement, aucun mou-
vement de colère, ne dégrada sa dignité; elle
fut conduire les mains liées au lieu de Texéçu*
tion , dans le tombereau qui se^^ait à tous Ie$
condamnés, et fut obligée d'emprunter des vê*
tements à la femme du gardien de sa prispn-,
Ces détails terribles ne seraient pas devenus
historiques s'ils ne servaient pas à prouver qpe
ces formes odieuses, par leur affectation même,
indiquent un intérêt opposée celui des agents
jmmédiats qu'on en rendait les instruments^
iTout ce qui pouvait aigrir était employé.,
Une foule peu nombreuse attendait le triste «^ «««•
cortège à la porte de la prison 9 et Taccomr
pagna avec les cris de l'insulte. Pendant le tra»-
jet , elle resta les j^eux* levés vers le ciel , dér
tournés des objets qui l'entouraient; -arrivée à
Téchafaud ♦ elle se mit à genoux, et courba
sa tête sous le fer, sans parler et sans rési^
stance.
Au tribunal de Ja postérité , Marie- Antoinette
ne sera pas innocente de tous lés délits qui lui
furent imputés ; mais ceux qui servirent de
prétexte à sa condamnation, ne la motivaient
pas ; la juridiction nationale n'avait point de
-droit sur elje; ses liens, comme épouse, étaient
I79Î5.
ïo8 HISTOIRE t)E France;
vuiEp. rompus, et comme mère, son fils n^appàr te-
nait plus à la chose publique ; les effets de la
révolution avaient brisé tous îes nœuds qui l'at-
tachaient à la France, et l'avaient rendue à «a
famille. Le comte de Linange, retenu prisooî-
nier et mis en otage , écrivit une lettre au co-
mité de sahit public, et s'offrit pour aller à
Vienne négocier la paix , dont la délivrance dé
Marie-Antoinette serait la seule condition. La
lettre resta sans réponse. •
Le caractère de Marie-Antoinette était celui
commun à son sexe, de la bonté autour d'elle,
sans bienveillance générale, de la résolution du
moment, sans caractère durable, plus d'imagi*
nation que de jugement, avec de l'esprit sans
j^révojance ; croyant son mari incapable des
affaires, elle essaja de s'en emparer, et fut
toujours conduite par ceux qui s'emparèrent' de
«a confiance ; entrant en traité avec tous Jes
partis , et trompée par tous , croj^antt tout régir
dans le cercle qui l'entourait, et ne voyant rien
au-delà ; courageuse et faible.
. îî^a jeunesse fut heureuse et brillante ; l'amour
de^ Français l'accueillit avec transport , leur
haine la poursuivit à outrance, également in-
justes dans les deux excès. Quand ses qualités
aimables ne furent plus des vertus , ses légè-
D 12 P Cl s L A R É V at U T I O N. lOp
rel^s, seslhdiscrétions devîarerit des crimes. Le viiiBp.
peuple ne lui pardonna pas son insouciance ^^ *
de Popïnîôîi , qu'il prit poui^ du mépris , et se
vengea cruellement de l'avoir âîmée sans re-
fôur. On ne lui pardonna pas surtout ces pré-
férences de société privée, qui concentraient
toutes see' affei?tions et toutes ses faveurs, dans
le cercle choisi' de quelques favoris. D'abord ,
lés gens de cour ;blâmèrent , et bientôt la ville
apprit tfetix'à ne plus respecter ce quils blâ-
maient. Alors Teavie exagéi^à , et là malveil-
lance accueillît les exagérations de l'envie. Oà
il y avait évi inconséquence , légèreté , dissipa-
tion, luxe, prodigalité, cm vit et on se plut à
voir corruption , dissolution , déprédation. Les
erreurs furent des torts , et les torts des crimes.
A l'époque ou la révolution commença , la reine
n'avait plus ni considération ni affection publi-
que; on se plut à lui imputer, et souvent avec
raison , toutes les faites dû roi ; sa prospérité
lui nt peu d'anus; sa chute satisfit ses nom-
breux déU'acteurs , et sa fin tragique n'obtint
qu'une commisération tardive. . •
Par une mesure digne: da moment , on osa
mettj-e en arrestation ses deux défenseurs offi-
cieux, Tronçon-du-Condraiet Chauveau- La-
garde. : : . : - .
1*793
lia H I s T O 1 R E ,I>!Î FRAl!iïCt2f^
VttiEp, Peu de jours:avant\, on avail vu'uif spectacle
préparé, et fait pour accoutumer à, voir ausi>i
ses représentants, aux maios^de l'exécuteur. Un.
membre de la convention ♦adcusé comme mem-
bre de la commission des marchés , et en même
temps intéressé, par état* dans" la. société com-*
merciale des fournisseurs , avait été^ par ua
sentiment honorable^j. livré à la- jusljce public
que, isans que l'on eût voulu rse prévaloir de
sa qualité de député; ii^çiis la. di^uité.du ca-r;
ractère dont il était revêtu > Semblait exiger
dés formes plus secrètes, laissaiii: à la justice
ptiblique son cottrs et ses droits»! liib peine dé
mort, dans les temps.de troublesi. civils, porte:
avefc elle tane expiation- [quîjiç laisse que des
souvenirs amers et des regrets sans tache. LeSj
autres peines afflictives et Corporelles laissent
une flétrissure q^'lilne; saine jwUtîqufe. devait,
éloigner des regards de la multittidev^
1 Le membre de là. re^^résentation .nationale
fut condamné à douze années de for \ et à !être
exposé publiquement pendant six.heuresi^yw/" un
tabouret ^à la place de la Réi^olutio-n j-où «devait»
se passer bientôt tant de.scënessan^anfes. Il su-
fait son jugemejjit > et mourut peu dk temps apr^s.- *
La nation avait vu sans oppositioa \€ procès,
de la reine , la force armée nombreuse ,' dé-.
DEPUIS LA RÉVOLUTION. lit
jdloj^ée le jour de l'exécution , n'avait pas même vniÈp.
eu de mouvemènta à contenir ; on était sûr de '^^*
pouvoir tout entreprendre et tout oser sans ré-
sist^nce , et deux- intérêts qui même né se sa*
vaient pas réunis, devaient attacher une grande
importance, l'un à do'rtiiner la convehtion, l'au-
tre à s'en déf airev Les ennemis du dehors durent
s'applaudir de voir comparaître au même tri*
bunal qui venait de juger la reine > ceux mêmes
qui avaient pris part au jugeaient du dernier
roi. Les ennemis du dedans, plus haineux en-
core, avaient cohimencé un combat à mort
contre leurs collègues; et leurs passions, leur
propre sûreté, se firent aisément les instruments
des premiers.
Le procès de 2 1 membres de la représentation
nationale mîs en accusation, s'instruisait au tribu-
nal qui devait les juger. De nombreux témoins
furent entendus, leurs t^ollégues furent admis à
déposer contre euxj chacun des accusés subit
séparément un interrogatoire, et beaucoup de
questions semblables, n'amenèrent que lés mê-
mes réponses. Quelques-uns $eulement purent
y reconnaître les ;vrais motifs de leur jugement.
On accusait Bris3Pt. d'avoir fait déclarer la
guerre à l'Angleterre-, . que le ministère anglais
craignait de déclarer le premier; on lui repro-
lia H I s T O I R Ë D Ê ra A N C E,
viiinp. chait ses relations dans les Colonies; on voulut
aussi lui imputer a cntne d avoir pris un passe-»
port*sous un nom supposé , avec lequel il avait
été arrêté à Moulins ; le chargé d'aflfàJre pour
la France dans les Pays-Bas , lui reprocha des
soustractions de papiers. Denîzot fit une longue
énuméralion des manœuvres dont il l'accusait
comme agent de TAngleterre.
Brissot répondit à tout avec une grande sa-
gacité, et l'interrogatoire que devait suivre sa
condamnation , est plutôt fait pour Pinnocen-
ter par- devant la. postérité des soupçons que
sa conduite versatile, souvent inconséquente,
aurait pu y laisser,
Vergniaud mit dans ses réponses plus de
sagesse et plus de dignité^, ati reproche d'avoir
écrit une lettre au roi dans le temps , qui se*
para le no juin du lo août, et où Vergniaud
avait reçu des ouvertures 3e la cour : il répon-
dit qu'il avait voulu délivrer la conventibn des
tyrans et des scélérats qui avaient entrepris de
la dissoudre. Sur ce qu'on lui demanda. «Quels
étaient ces tyrans et ces scélérats? Il donna de
longs développements que Ton refusa d'admettre ,
dans le procès-verbal de son interrogatoire ; mais
où il est fait mention de ce refus.
Gensonné fut argué sur la déclaration de
guerre
t)E. f UIS LA R E V 0 t U T i O'K. n3
guerre i comme y ayaht cootribué à cetjte éporr Mn%
que. Robespierre s'étciU pi on ohcé hautement aux '^^ '
Jacobiâs tontre cette déclat^ation, sûr q}9^^ lç$
succès n'iappelaient I^ responsabiticé^ ^ui^per^
sonne ^ et6è;ménageant ainsi ^l'avance le droit
U^impu ter, . Ij^â ; r^çy çrs à ses ad.versaires. , . . . •
On demanda compté à Carra de ses fe,i)i])e«
périodiques ». jet ùQtamfnçnt de celle où il.ç^yait
désigné ^îe duc d'Yorck pour. commencer AW
changement <le dynastie ; ii ne s en défendit, p^s»
çt^d.it^^Q|]};en$^nt qu'il avait voulu seoier, la fll^
vision pariai |es rois coalisés. : ^
- Touâ fiirejM questionnés sur leurs opinions
relatives aux événements du 3i mai. La plqr
part eurent la faiblesse de nier qu'ils l eussent
âmprouVé pàjrdes^àctes extérieurs. Duchâtel seul
répontiic Avec fermeté qu'il y avait vu la repré-
sentation j^ationale outragée.
Tqus furent interrogés sur leurs liaisons avec
Roland, avec Dumourier, et tous répondirent
négativemçntou évasivement. L.'instructiondura
neuf jpurs^ ^Ap. dernier,. les accusés furent réu-
nis , et la discussion s'étabUt devant les jurés.
Fouquier-Thinville , accusateur public , fit lea-é-
sumé des.xçharges, et les jurés furent interpellés
s'ils avwent conviction acquise. Sur leur réponse,
« qu'ils n'étaient pas encoi e suffisammçnti éclair-
rés, » la discussion se prolonge^ encore trois
Tome IF. 8 '
Îl4 «ÎSTOIRÉ DE FRANC Ê,
iWtiÈp. heures , les jurés se'déclarërentçoavainciiSv et se
' retirèrent pour délibéirer. Pendant ce temps t
en Itit^aux accusés le dernier déci^t de la con-
venliott, qui ordonnait aux jugêô^' du tribunal
téPolutii^Haire àé dôrré les prooedureset ins-*
tructions < lorsquéle jurjr âéc lare' à voit' afequis \^
toriViûtîon. » •' ' , ' î »' '• '■'' •
^^^Ald^s tes accusés Tirent llnjust^'oe tfô^ftfeîttée;
i^épatéë^ et qùë tés <lé}3ats étant dios avant
qu'ils eussent pu se faire entendre sur rat3pH-
tîatioti dé la . loi ^, le déni de jtjstice' envers
eux était résolu. Ne Voyant' plus to'dfioit , ni
ï^aîson à opposer, soit que i'êxcès de rini-
Ijuité les révoltât, sôît que ce fut «n parti pris
entre eux d'essayer sur le peup^le l'effet d'tiii
tî^ouble imprévit , jeté au milieu\des fonctions
usurpées d'un tribunal , ou plutôt d'une com-
mission judiciaire illégale , ils se levèrent tous
ensemble ; et par ctes cris ^ des gestes , des mou-
vements d'indignation , ils couvrirent' loijgtemps
^a voix du président pendant qu'il lisait le pro-
noncé diîi jugement. lï fallut appeler et augmen-
ter la force ajmée. Gétfe scëne se prolongea.
*L(Ps spectateurs "se" partageaient cFofSiiî()h et
d'intérêt;' mais le plus grand nombre ^^par ce
Tespect que le mdt loi obtint toujôiïrs^e ran-
'geatlù côté où en siégeaient Tapparence et les
fortaés. Enfin la ^rce publique dé|)loyée, fit
DEI^UIS L'A K. â V OLU Tî 0:îfi Iî5
SDctir lei ( aôcuses déj^ 'Cp»clamHé&* yajazé se yVJ^f
tua, dos cor|î)8 fut conduit au Heu du supplice , '^^ '
où. ses yliogl coHégiuGS Y»*iEint applaji^rr ^à leur
exécution , :nbn ce .mêttie peuplé qvii avait sou^
vent applaudi leuis distipursi; luài^ e^tt^ fotile
curieùéé ,.avkle , irréflédbie: o» iméitiié^ , q^ai ,
dans les» temps de factions Qt dt 4éj^:dre pablic ,
croit; représenter le peuple , parce>qu*on I» dit
qu'elles le représente* : .: . .'
Cettev^atastrophç , la plus terri Ue que puisse
éprouverl une patipo.*. parce ^que sa: repr^wnr
tSL^^n légale est> elk^mêMç^ pette cata^tîrophe »
termû>* fe lutte en tuapitiJe^ oppbsant§, J,ia .
convention entière se yj< à la barre d'iiiiKti^bu»
Aail: dîQnt ses ennemis^ étaient le$maître$, E«i
jrevoyant ce f^pieuî^ procès!, €^ en çU^erohànt à
pénétrer j^usqu'^ux. cause? qui poriërelrt è^ 46,
tels excèsrdeshom/iies qui n'éttaient divisés entre
eux que |>ar des in£^rê^6 publics et par des opi- ^
Aipb^ poUUque&y op .est pblii^ cle remonter à
Torigine dç^ premières divisiops qui pi^rtagèivenC
l'Iassen^blfée. législative-: * .
La. GîpOnde avait fiijn le to août; iq^iiSi.n'eQ
voulait pas le résultat tel qu*il fut après ta vic-
toire. Le p^rû que Ton appela biebti^t la, mon--
tagHe, s'epï^p^ta du ^ésuilat de.feîjouCTée du
la aiQiàtv %^ fit la, républiques .Mors ce parti
/
ll6 HISTOIRE DE FRANGE,
ytïikp.'treprise, lorsque le succès fut assuré. De^là le^
*^^^' haines» et qui -'devinrent implacables, lorsque
les inculpations et les récriminations réciproques
eurent Fermé toute voie à la conciliation* Alors ♦
la Gironde s*occupa d'un plan d'épuration »
c'-est-à-dire d*excIusion du parti opposée Elle se
sentait davantage dès 'Vertus 9 des lumières, des
talents', ^t fie- doutait pas'dô sa supériorité ;
mais la Gironde oubliait <iù'elle était à une
époque l^évotetioiihaire , où» les vertus -sont de
circonstance et de convention , les lumières
obËCui*cièsf où éclipsées par des feux înccw-
diafres, ^t les talents tous subordonnés à ceux^
. d« l'activité , de l'adresse , ou de l'audace*
La Gironde' ■ crtrt -qu'ir suffisait d'avoir raison,
oubliant qi^e dans' les tenapsi^ d'anarchie , il
rfy A plus qu'une raison , la force et le suc-
cès. Là Gii'onde commença l'exécution de son
plan par Ma,ràt, dont le triomphe juridique a|>-
])rit que, dâils les tèmpède troubles et d^nsles
guerres d^^o'pifiion, la justice ne garde plus que
le glaiv.e et le bandeau ; sa balance n'a plus
d''éf|uilîbrè > parce f|tfeHe' n^a plus de c^ritre-
Danton^qui vojâît bien, essaya déxrappr'oeher
deb parti» dont 'Ife choc devait l'éèraser; Les
ntots; éch^pés à l'hufiieifir peignent seuls les
iK/mmes condamhés^'pa^ état à une dissiihdla-
•795.
DBP U 1$. t A KE VOL U T I0[N/ ÏI7
tîon profonde. «rNe notis ^aisônô pas la guerre, tmif.
disait*]*! un jour à Vergniaud. »
— J'aime mieux une- guerre ouverte qu'une
fausse pâix'.
-— Panton lui dit, vous netes qu'un sot, et
vous périrez.
Daziton , dont le sort était d'être toujours
rejeté dans le parti contraire » |iar celui auquel
il voulait se rallier , prévit sa chute. Il était
trop élevé pour que Robespierre le. bissât de*-
bout à coté de lui..
Robespierre , par les jacobins, dont l'étranger
l'avait rendu maître , se rendit maître de la
commune ; par elle, des sections; et, par lessee*^
tions , de Paris ; alors il renversa ses ennemis, et
les égorgea à terre.
Les noms de ces victim^es que leurs talents
et leur Infortune ont rendu historiques, appellent
l'intérêt et la Cuiiosité sur leur caractère perr
sonneL
Vergniayd était né à Limoges» et f^it homme
à^ loi à Bordeaux , a^ant beaucoup de talents
oratoires, une logique* excellente , le cœur bon,
et voulant le bien; Au 10 août,îl vpulak encore
une monarchie systématique peut* être, mais
tempérée. Dès que le mot république fut pro^
clamé , il fut républicain ; mais .n'aj^aiit pu de*
:ii6 HiSTorRE de frakce,
vîn Èp/ venir |iOïiKii^(d*état, dans un temps >pitt($'qafe
'^793- politique , il périt.
Gètisonné avait beaucoup d •! n^gination , de
grands mouvements oratoires, savait intéresser
nine' assemMée nombreuse , remuant , actif,
prévoyant ; maïs fortement préoccupé d'un^
idée , il y sacrifiait tout, se rencontrant avec
'Cei^x flesoii parti , plutôt que ^e ralliant à «yx<,
andépendacrCvpar resf:)rit-et par le caractërê,
-également imapable de^faifr^ le m^l par choix,
et de faire le bien par avis , «utre que le
tiep.
. • Bfis^t «ât été né pour jouer mi grand rofè
dans «ne révolution, si tout eut pu se passer
^au calMoet' on à la tribune ; mais les grandes
secousses des mouvements extérieur^ 'ébi'an*-
lafent son caractère. D'ailleurs , trop léger, pour
-être €^paJb4e fJe la profonde dissimulatfon né*
re6$aire ^^loi^s', ni de la déterminât ién d^actioii
que les circonstances commandaient. Ërissot
écrivait, pci riait, s'agitait et croyait avoir fait
<ôut ^oe qiri était à faire. Ses relations avec l'A^
Mérique etaveé l' Angle t«i^ , le firent accuser
tfen êti>e P^eht secret. If y avait assez de pré*'
êomptioas pbur motiver des soupçons; niais fa^
mai^ assez d'indicées pour qiîie riiistoii^e pvo*
^ nonee , ^et beaucoup moins pour qu'un tribunal
\
DETUIS LA R'ÉVOLVTION. HO
|)ût juger. BrissQt pouvait être in$tnimefit sans vraifi
même le savoir, par la mobilité de son caractère
et par rëxagération de ses principes ou plutôt de
«es opinions^ •
. Ea»c^ie^:éliâit prêtre , et ayait été évêque;
il fut loii^tetnps l'auteur d'un |ouraaU que lui* ,
mrase intitula /a Bouche de Fer j il avait es-»
saj^é de fooder une société nouvelle , Mit qull
voulût .riirafiser . avec celle . das Jacobins , sait /
f)ourIa l'eïiforçer. Homme habile, profoed^eo*
ihousiasléy vrai^^uleii^t^ p^aiiant U langue de»
prophètes , et fait' ppor .mener la multitude
4an8 un tensps où il n^eut pas été déjà de-
vancé.
Si roncherebait d0||h|olils de partis, les Gon-
^jectures seraient détournées en comptant parmi
les condaninés , Valazé , qui fit le rapport con^
tre Loifiâ XVX et conclut h son jugement; et
Duchâtel qui » malade, se fît porter à la séance
pour a^t'er S9 voix, au! jugement te moins rf'r
goureux.
Mainyielle et Duprat avaient pris une part
active à tous les troubles sanglants qui agitè-
rent longtemps Avignon. Carra, longtemps con-
nu par ses écrits populaires et révolutionnaires ^
fut accusé même aux Jacpbiiis devoir voulu un
changement de dynastie^} et, dans son interroi^
gatoire., il mptsva son «opinion saxié la dénier»
\
lS.é HISTOIRE DE FRANCE/
yiiiÈp. Sillery s'éeait rattaché à la réyolutii>n plus
*^^ ' par liaisons et par devoirs de société que par
principes politiques. Ily entra ami de Philippe
d'Orléans , et y resta à sa suite. Homme d*es^ ,
prit, homme de plaisir, phitôtqu^hommé d'état.
Fonfrëde et Ducos, tous deux de Bordeaux »
étaient des hommes jeunes, avec la franchise ,
, là vérité, et aussi Tinexpérience de leur âge.
Ils furent chiDisis pour faire nombre dans un
parti que Ton voulait détiiiîre; moins encore-
pour s'en défaire qçie poiar servie - d'exemple
à tout ce. qui pourrait être tenté de tes imiter^
- -Si l'on cherchait dans leè partis cachés la cause
de ce grand sacrifice , que les partis connus sem^'
blerent se faire l'un à iiitre , oj^. ti'y trouverait
qu'xiQ compromis , par lequel toutes les passions
intérieures et extérieures , laissèrent leurs adver-
saire se iairé leur part de yengearice ; sdué In
même condition de se faire eux^-mérnes la leiir;
et: les indices de ce traité tacite, ou les^contrao-
tants s'entendaient sans se parler , se retrouvent
souvent. : .
r6 bru. Le procès .de Philippe d'Orléans suivît de
près <^elui de ses collègues. Devenu embarras*
sant pour ceux qui sans cesse étaient accusés
d'être de sa fiiction ^ il gênait lexn: marché
vers le; pouvoir absolu. On a souvent mis en
douté si lui-^même était de son parti, çt peut"*
/
CEP'tJlS LA uiVOL'UTlON. «I
être fut-ce Iç vrai crime qtfîl expia. Trop faî- viiib^.
ble pour se prononcer, trop insouciant pour. '^^'
sentir le danger de son indécision, ceux qui
s'étaient engagés sous son nom et à sa suite t
devinrent intéressés à détruire une inculpatioa
conti^ euX) qui n'était plus qu'un péril sans buf»
et sans dédommagement.
L'acte d'accusation à* Egalité ( son procès fut
liait sous ce nom ), après toutes les ^putations
vagues et accoutumées d'attentat contne l'unité
et rindiyisibilité de la république et conjtre la
Souveraineté du peuple, lui reproche plusspé-^
cialement ses liaisons avec l'Angleterre, son
voyage à Londres , ou plutôt le motif secret
qu'on y suppose, sa correspondance avec Du-
mourier; enfin soq opinion dans le procès de
Louis, ou du moins le motif présumé que Ton
suppose avoir déterminé son vote pour la mort ;
et sans- doute jl était remarquable de retrou*
ver ce chef d'accusation dans un jugement du
tribunal! révolutionnaire. D'Orléans répondit à
toutpar de simples dénégations; et à ce dernier
reproche , ces mots : J'^i voté en mon ame .et
conscience.
Philippe eut la consolation de^ trouver un
ami. Voidel , membre de la ^ convention , se
poita com^me témoin justificatif ,* et^parla avec
force et avec courage en faveur de l'accusé. \
I /
lâl /mSTOI-E E. D E FRANCE^,
Yiiii^ - Pendant le trajet, pour, conduire les con-^
damnés au lieu dç l'exécution , la voiture s'at>
rêta devant le palais d'Orléans. Philippe le rer
' garda d un œil 8ec, ou n'aperçut àucupe altéra*
tien dans ses ti*aîl3 , < et son courage soutenu à
sa dernière heure, prouva que sa faiblesse était
légèreté de conduite , et non lâcheté de ca"»
l^ctèi^e y et son immoralité avouée , un faux ci-
nisme qui produisait en lui l'équivalent du vice
par le dédain de toutes les vertu». *
• Peu de jours après cette exécufibb*, on vitcomr
paraître au même tribunal un )euiie homme»
exeii^ple mémorable du fanatisme politique et
de l'injustice atroce des juges, Adam Lux , né à
Majence, avait été envoj^é par cette ville pour
^solliciter sa réunion à la république française;
trompé par ce qu'il voyait, sur les idées qu'il s'é-
tait fait de la liberté, et déplorant la perte de ses
«spérances, il conçut le dessein ^de se tuer à la
biarre de hi convention en motivant son suicida
Il communiqua ce projet à Guadet qui l'en dé**»
tourna.
. L^accusateur public, lui imputa ce projet à
crime , Comme espérant , par cette action , don-»"
ner jduicrédit à la faction) et, sans autre débat,
Adam Lux fut condamné à mort..
ISvi parti dominateur , et qui ne pouvait se
maintenir que par .ua pouvoir oonstamment
DEPUIS L A H É'V OLUT 1 Q N. lâS
unique et exidusif ^ idevaît laécesaireoient crain- viubik
due >uirë puissance qui^ dans tous les gouvec- '^^'
nemeots , a seule TÎv&lké avec l'autorité civile.
»Ne pouvant espérer vne religion qui consacrât
leurs principes 9 .ite rédolut'ent de lés détruire
^toutes ^ et ce moyen auxiliaire de désordres et
de subversions ^ dut être accueillir et secondé p&r
touf^ les partis du dehors qui voulaient au-dedans
subversions et désordres. -
Le principe de la liberté des cultes qui de-
vait les admettre tous , sembla recevoir une
interprétation absurde pour les. exclure tous.
On vit dea mmistnes de religions différentes , se 17 bxtr
présenter au tribunal des lois civiles » qui ne
.devait cocipaitre que'deleurs actions, et nulle-
ment de leur dogme, y abjurer la foi qu'ils
avaient professée et enseignée , et s'accuser d^a-
voir été les apôtres de Terreur. Ceux*là cepen-
"darit lurent en moindne nombre. Le plus grand se
borna à renoncer à ses fonctions , à en déposer
Je titre, et à déclarer qu'ils n^en voulaient plus
jd autres que ceux communs à tous les citoyens.
Dans une séance, disposée d'avance , les au-
torités publiques de Paris parurent accompa^
•gnées de l'éviêqàe. Il déclara que né plébéien,
îi aii^aiùtoùjours eu pour principes , ceux de lali-
(>erté, de ^l'égalité 9 et^ qu'il venait se démettre
Îi4 •' HISTOIRE pE ÏKANCE,
Viiït^. de ses fonctîôns. Beaucoup de prêtres rimit^
*79 -rent. En ^êmé temps , on vit entrer des nom-
•breux députés* de différentes communes , Jes
uns , revêtus d'habits sacerdotaux ;ik défilèrent
dans Ja^ salle ; des chœurs de jeuneé filles , cou-
ronnées de fleurs, les suivaient au son des in s-
truments de musique* Une femme , dans un cos-
tume théâtral, représentant la Raison ^ était,
portée sur un siège élevé. Elle ^descendit , et
prit place àj côté du président. Une fête était
préparée dans l'église qui venait de cesser d'être
métropolitaine, et qui venait d'être dénommée^
io bfà. ^^ Temple.de la Raison, ha, convention s'y
rendit; on y clianta des hymnes analogues à la
nouvelle, inauguration au temple ; et Wentôt
cet exemple donné , fut imité dans presque tous
les départements. Alors tout culte extérieur
cessa ; sous prétexte de n'enseigner que la mo-
rale , tout enseignement fut supprimé. On s'eB-
força d'avilir tout ce qui avait été l'objet de la
.vénération. Un autre fanatisme se plut à détruire
ce que souvent la superstition avait édifié , et
d'autres causes politiques se mêlaient encoi^e à
ces motifs; r . 'r; .; : :
. Au temps de^ la première assemblée , îl'arr
genterie des égKses avait été apportée ieh> pstt-
lie. Le -reste était plus spécialement lîobjd; de
DEPUIS LA tK'i V O UV T I O N. liS-
la vénénitioD du.peap)ë« Ilparixti plus prompt wrFp
et plus sûr de le' décider à ToffrÎT, quç de. le:
demander. On vit donc arriverdcs départénoentSi
présenter à la convention , et de-lâ pbrter à'ïa ^
inonnaietoutcequî restait des anciennes /fc^e^f^e^ .
des églises, 'et lecaractère national se oiêtant à.
ces actes d'un patriotisme inspiré ûû forcé , le^
long amas de ces magnificences, entassé depuis
plusieurs siècles dans Téglise abbatiale de Saint-^:
Denis, fut apporte solennelIement>^la. barre
de la convention 4 et tel fut le discours, de Fora-,
teur : / . - -'- - i*. ^ . . i '
« O vous, jadis les instruments du fanatisme,: '
4r saints, saintes, bienheureux de toute espèce/
«c montrez-vous enfin patriotes , levez-vous en
te liasse ^ marchez au secours* de la patrie , par*^
4r tez pour «la mfondaie ; et puissîoos-aous , par ^
« votre secours, obtenir daùs cette vie le bon*.
« heur que voiis ttoUs- promettiez; pour une:
€< autre!'» ' , ^ hcj v.. . * i
Mais les besoins publics ou Tavid^te person»!
nelle, ne furent point rassasiés^ Oo ressa^ra de>
retirer des mains des citoyens tout l'or «et TargenD
que l'inquiétude et Fusâge du papier-monnaiq
avait fait mett|:e en réserve ; et, dans plusieurs
départements dé ^intérieur, la crainte fut telle
qu'on vit aux portes du receveur des .deniers pu4
bUcs , la foule des citoyens se presser pour ob^
i2& HISTOIRE DE FRANGE, i
Yiïi'Ejw tenir dc« assignats en échange , au pair, contre '
leur or } et déjà au cours du 'change, le «papiei •
monnaie perdait deux pouruln. -. ' *
Bientôt la terreuF* fut telle que pei^ooiie n*ô-.
sant garder de métaux. précieux, les meubles ,
les bijoux deâ femmes , tout fpt porté an?, dé-
positaires des deniers piiblios* Une pîëce de*
monnaie 9 un anoeau , était un motif d'tnquié*.
tude pour isne famille , auicune retraite cachée'
ne parut assez en sûreté pour se mettre .a. l'abri
des dénonciateurs ; et après de longues transes #
on préférait enfin d'acheter la tranquillité des-,
prit par un sacrifice, complet La dén6ï>ci^tipn
était salariée; alors l'amitié Voisin, le parent»
le serviteur , se portèrent pour déaoaciateurs. .
Toute confiance'fût détruite^ toute Sûreté per-v
due, toute liaison rompue.» toute foi suspecte,
toute société' démoralisée ti,elt^ bientôt; cli;^OiUe>,
si cette ^oppression se fut prolongée. Aucuile
loi n'avait osé commander ce système de, \^io-t,
lence etd'oppresision. Otti^it mèâfie apporter àja
convention des voitures chai'gécsjd'or et d'argeiii$, i
que le respect humain^fôcca. de renvo^yer^^ux.
pays qui avàieqt fourni ces eoBtributipns! que
Fon osait app^er > volontaires ;. cette vexa-
tion oppressive > pesa 'inégalement sur lesdifie^.
rents paySu, selon T^activit^ des sociétés popu--
laires, ou selon je. génie dés commissaires cou-'
DJÎPUIfiXA RÉ ¥ G LU TI O K. l-lj
ventionnels/ Phisieurs mémea ' epabarrassés de vmî'^
]*étendiie de leur poùvoU-v^ de |a râgueur des
fonctions qui leur étaient prescrites , tâchaient
d*a€Sobvîr là fahn'da monstre de l'anarchie jatec
de For, pour qu'il n'ei&igeat' pàâ tûti)oura dit
9ang; d'auiTèS'^aftectanC: tesi lovoc^dés les plus
barbares , les* formes les plus^diicea, quej'oa
nomma sAo^saçerl^s, remplîr^3|t les-pneèsôd^
caf)iifs , poùr.être nooins obligea de ;p6urvoic les
échaFauds de- victimes. Les agettts avaient aiissi
leur, propëv terreur à â'anquHIfser, leur; tète ^
étâk sous la niême hache , toiit leur était pecnm .
excepté rjcïdtilgence et la pitîé. Ils avaient aiDssi
un compte redoutable à rendre , celui de 'leur
administration. Ceux qui les avaient préposés ,
ou plutôt ceUK qm avaient préposé lesJâigents
qui les employaient^ en leur donnant le-, droit
de nuire 9 ne les avaient- pas iaîfiisé libres cl*en
faire usage. Le fer était dans le«irs biains er
sur leur lête. *i' *
Un d'eux, OsseHa,:fiit mis en jugement et
à nlort, pour avoir favorisé la reiaxat^ion d'iine
femme accusée d'éinigntion;'£resqpe toutes leis
dénominattbcsjs kijurieu)6es dè'paûftî étaient asqps
et tombées en < désuétude , tine seule suffisait ^.
celle de modé:^és-^ La tribaae des. Jacobins no
retentissait (pins ; dos noms d'aristocrates ou
rrô HISTOIRE D B F ÎR AiK;C:B,
ViiiEp. de royalistes , le modérantismé était le seul
*'^ ' crime connue et dont t'iiiculpatioo fût mor*
» I • « r f »
telle.
Dçs| qu'on eût vu :1e, peuple.de Paris laissa:
paisiblement Orléans , qu'il avait aimé , mouler
à Péchafaud , «oi^ fixe sur que nulle résistance
ne s'opposerait À. tout ce qn*<m voudrait entre*
prendre. Les personnages les plus marquants
furent .d'abord' chii^sîs les premiers. :Une femme
avait fait un «icte de courage > en demandant
à être admise à. défendre- le dernier .rçi.:. Sa
lettre à la convention ^vait étépubliqueé Elle
fut jugée au tribunal- révolutionnaire et exécu?
tée^OIimpe de Couge^ néeavec une imagination
ardente ^ peut-être exaltée par Jes événemeufô;
mais le but louable et le motif honorable mé?
ri tait, au plus d'être jclontenu » ixiaîs mpecté, •
: H'épouse du ministre Koland! avait dé|}lo^e
un grand caractère et une énergie au dessus de
son sexe , dans les affaires que l'pn avait sou-^
Tent suscité à son mari ; elle avait comparu à
la barre de la convention, avait étonné par la
dignité de ses réponses , avait confondu ses
accusateurs ; elle fut tirée de sa prison et c6ri<»
damnée ;. sa contenance devant les }uges fut
dédaigneuse, et ses. réponses ironiques. Un pré?
posé à la fabrication des assignats^ tamarche,
était
D ^E. P, U. liS L A R É V O t y T I O N. J%
^ait av^c-elJÇsSiirlQCbcir* funèbre qui trafîaait yniEp,
fes yi^tïijnie^, Plus faibl,?,, il. d.épW^AÎt, Çja^^eiJti,- *^^^ '
liée. Amvés au pied dé l'îéchîafaud : *< Passiez; Iç^
premier ) jdijt^tçljie ,; vous ^'^VFiç;& pas le coiirag;Q
4p me voir'^mqarir. ^ . . .;.:.., . . . .. ,:
. De ,t9u^;iJes Jtiqrames,quj.:p^rj!Mne coi^duitô
politique, pure et irréprocliable, avaients iliuis^
Jré leà preœqçrs j<îurs à^:^à^r»YMutiohi]Bm\li^
ânciçn ipaire de Pariç ^. était: un de ceux^ quf;lli
Imine étr9pg€ir;e vlevaic jpoftrêuîyre. Son^prpcèt
donna quelqyes indices sur cette fameuse JQlur-^.
liée dij G^aij>-de-M^riB,. qii beaucoup de pro^
jets. furent :déjoués, oi^ la rigueur de la loi fykt
déployée j[ et arrêta pour tfn t:erpps la n^arcbi^
de tous les partis opposants» et condamiia leurs
^ents à ta trp^nquilljté.et à ^'ipaction. ;, . , ;
L'anarcbie> quiayait reçu un freju; gpd*lç
des sçuveniçsi fT^çepts», et savouraijt.sa yengeancë,
pes souveijij^s^pl^s ancien^ et ?tarçUeniei|t;4ité^fl»
i;4ppelërei;|:fil'accu$é i dads.Ie 'Covirs de J^'pij^t
çédure, c^çj/pçoursà Louis XVI entrant àPatrjif
^près.lç ^.qç^Sb^: . ; . .. V: ii; -. :• ; ,.;
, . ,Sïrej É^enf^fy recul ces pl^^i^ainifuetiff^j^^f
ayant conquis sa capitale ^ afi>}çufdhui Pat^if
a conquis .^oii, roi. Les faction^ que Baill^jau'
wit pu sçfyîr^, vinrent au^si JQujr de la vuqi^^
•son svppljçç^,, e|; leyr, préjsçflce e}çplifjue|/?jf> raîÇ-
finement.de cjiiauté insultante, qui Jç {ô'plpii^g^ft»
Tome IF. ^9
l3d tttStÔtUfeDB FllAKâÉ>
yiiiEp. Un drapeau rotige, emblème de' celui qui signa-
'^^^ lait la loi martiale; était attaché à la voiture
qui le traînait à réciiaPaud, dressé au même
Cbamp-de-Mars « et déplacé en sa présence pour
le rendre témoin des apprêts. C'est alors qu'il
dit ces paroles déjà citées : « J'ai froid et
pitie. »
» Depuis sa retraite des afFaires , il a^ait essayé
ëè tï^outër sa sûreté dans Tobscunté et dans Té-
hirg;nement, et se fiant trop à sa probité et à
sa droiture, il mît Irbp peu de distance entre les
passions haineuses et son asile: 'Si toutefois un
intervalle, tel qu'il fut, pouvait , à cette époque »
mettre hors d'atteinte de la vengeance , elle
f)oursuii^it de près ses victimes. L'ex-ministre
Roland s'effbrçant de fuir la proscription , et
désespérant de s'y soustraire , fut réduit à zm
dbnner la mort peu de moments après qu'il eut
appris i'elle de sa femme. II termina une car-
rière àgibée qu'il avait honorée par du courage
et des taleàts, victimede ceux même qu'il avait
imprudemment aidé à élever, et pour qui le plus
gi^and crime était de s'en séparer après s'y être
un moment réuni.
I Le général Brunet avait commandé l'armée
des Alpes, et avait osé résister à la réquisition
de deux commissaires conventionnélé. Ce chef
•d'accusation suffit pour lecondmVeâ^réchafaud>
• )'!*•* *>A
Depuis la àé volu tioii;' i3r
Màntfeî , 'prDctJreùr de la comrâniié de Paris , tîÛÈ|fc
s'était un moment distingué parnii' lès hommes '
ardents; rtiàis, dans Je procès de Louis, il avait
témoigné tjuelqufe règî-et. On l'iàccusa d'avoir
proposé que le président de 'la convention ha-|
brtât le palais des Toileries , et fait ehvironné*
de l'appareil extérieur d'une magisèrarture sù^^
prême, et Manuel fut conduit à Kéchalàliia. ' '
Le général Hotichard , vainqueur à Hbndts-
choote , avait, peu de teûipis après, été mandé V
arrêté et mis en jugements Ne pfiùvank lui re-*
prbcher ce qu'il aVaft fâlt^, oh ràttaqiiâ'siir ce;
qu*il aurait pu faî^re. L'armée àngl ài^ avait éc6
Vaîncue tt chassée ;'oh priétendit qtl'eîte'dit tfû
être dëfbîtè et détruite; Ori inculpa sa conSnite
à l'armée de la Moselle, Oh préteridît qtfll éàt
pu secourir Mâyence.'Si^lès fautes des généraux
étaient lés motifs d'un consërl tie gticfré, les plus
grands Capitaines s'y trdtivéraietit' totlmis par
leur propre aveu; car eux §èùls ènt'élsé'iissex
grands: pour convenir *' dé léui^fâiifeé.* Hou-
* chard; Sôiaa(tdefortiihW,^feyé pirtf^lès anlies,
et n'ayant aucune idée de cette ^ô'Iàîque de
part^'sV qui comptteëndpre moins quelës dis-
positions *militarrè$^v avec là vie ddi^héniines;
Houchard ne resséàtit 'qu'une kdi^àtibn amëre
et pirofbtitBs contre Pinjuscîce de sis ^jtigés , et ce
iëntimËirt'niBsit memë'à^ès^éféiià^^^
l3lL U*I s T O I K E D £ FRANCE,^
tincp^ quelques moyens pouvaient alors défendre an
^^ '^ accusé ,çtont; la perte était résolue.
^ Son: armée avait passé sous lecom mandement
du général Jourdan. Les succès n*avaienf pas-
été ayssi rapides que laiconventjon avait espéré*
Hpuçhstyfl P9,ujssant d^abord ses avantages , s'était;
empar^jdeEnrnes et de^^^enin , pui^ déVervik,.
où le rçprç^entant como^i^saire Çhalesfu): bîe§sé«
i5;iept. ^ t>à,Jep forces autrichiçunes et hollandaisies'
réqnif^^ff avaient repoussé l^s, troupes .répyii>li'-,
caines; jVIenin a v^î t été abandonné » Uc^chaxd ,
i:e^ira,;^9n ,?rni^ i^« Çamp ^de; Gaverellç , et.
l5armé^«-a^X ordres de. Cobourg, marcha sur"
Çc^f ti^al^ jt^ndis que, Bçaiiljeu s'avança jusqu'à
Çi^oiQ^rjOii bientôt l'armée impériale; passa la
^ ,^^, Sa^l^rp , aj;>rB8 un çQoibat., et. vint, investir Mau-
7 rend. heugÇrjÇt IjéNcamp'retfaMhé ^^^ couvre cette,
place. ,C€^.TWers avaient anuené une jaouv€;llp
Sf3Jssi,o^i(:|gQS Je dub ip^mç .des.Jacobips... ,
; Oq «jitfiif reproché, sur tout, à Houcbârd..de
i;i'ayqir.{)^jBpc^fe,yo)i|a^^ r^^ger au plan de
çan?p?gpe: %«i lui ^avait é.té ;i)j-«8crit p^ l«f; ço;-;
mité .f}e.^{^^t .public, i^ ;
appela l'a;>f8R*1g«T^Ç.Î^r>'fi slw¥'^'m,'Lim}'i
buajj U^.l^ ^é8ap.tre^^;i3.iiralii8QR, et çQç.çjud^
.4.€Ç5flH«e% tQ«. les. ét^ts-xffîm??* î aIws_py:é/»;_.
© E PUIS la" KÉ VOLU tlON. «33
que tout ce qui «était d'officiers de rancîenne nni^
composition des armées, fut obligé de se retî- '^^
rer. De nouveaux hommes parurent, et l'ex-
périehce, avec la nécessité , firent ressortir dé
grands talents.
Le siège de Maubeuge devint le point d'opéi*'
ration des deux armées. Les postes dé Roubais
'et de Lanoi furent pris par Fennemî, ^t les
troupes françaises se virent resseri-éfes dans Lilfc
et dans le ^amp de la Madelaine.
A cette époque, lorsque Jourdah prié le cbni'-
mandement de Tarmée du Nord , elle était dH-
visée en différentes positions, et lui-même se
plaignaif du désordre, tel, que les corps man-
quaient dé chefs, et qu'ît n^avait pu s'assurei*
•du nombreexact.de ses combattants, par une- '
estimation approximative.
H portait le total de ses troupes , disperséeis
sûr une ligne de phis de trente lieues.
An camp de ' Maubeuge' , déjà bloqué, 27
'mille hommes. ' ,
Au camp de Gaverelle, a8 mille hommes.
Au camp de là Madekine, près de LiHe, 3i
'mille hommes. ' '
Au iramp et auxehvîrons de Càssel , 14 mille
hommes. - *
A Dùhkerque et à Hondtschoote, cnvrron ao
mille hommes. •
ï34 HISTOIRE DE FRANCE,
ttHEp. Quelques corps détachés formaient en tout
cent mille combattants; mais de ce nombre, it
fallait conriprendre beaucoup de bataillons de
pouveiie levée.» et les anciens complétés j:par
les réquisitions. Peu de cavalerie, et dans une
proportion fort au dessous <le celle qui eflt été
né cessai re,\
Déjà Fennemi avait bloqué Landrecie , et oc-
.cvpait.des posiittons en ayant de son front.
11 devenait pressant de décider , jar une ba-
taille» "Srlc^s ennemis seraient forcés de lever le
jsiége de Maubeuge et celui de Landrecie, ou si
on leur, laisserait tranquillement prendre le^r
quartier- d'hiver sur le territoire français. Le co*
mité de salut public avait ordonné un effort gé*
M sftpti néral » et Jpurdan fit ses dispositions pour at'*
taquer* Il n'avait à son camp de-Gaverellç
que i8 mille hommes disponibles; il appela à
lui 10 'mille hommes du camp de Casse! , 1%
mille du c^mp de la Madelaine. Ces troupes
durent ' être remplacées dans leur poste par des
corps de nouvelle» levées,. prises sur les réqui-
sitions locales* , Oa mit aux, ordres de J.ourdaa
l'armée des Ardennes, et il en tira encore S
mille hommes qu*il fit venir. à sa droite à Phi-
lippeville. Le lieu du rendez-vous général fut à
Guise ^ qui prit dç cette journée le nom de la
Héunion.
D EPUIS L A R £ VO L 1/TlOK. lZ$
Vàvmée emeemie, forte c!e 80 mille hommes t vmw^.
Clairfaît s'y étant réuni à Cobourg» occupait '^^**
une position entre Maubeuge et Avenne. Son '^^*
qtiartier-géniéral à Watigni. L'avant-garde ré-
publicaine s'en approcha le 19.
Aux pr entiers mouvements de Tarmée fran- Bataitu
çaise , les généraux autrichien^, se portèrent en ^^^
avant de Maubeuge , et détachèrent sur leur
gauche un CQrps d!observation de 10 mille hom*^
mes, jusqu'auprès de Philippeviile. Ce corps
dut contenir l'armée des Ardennes, et se lier
au général Beaulieu qui commandait l'armée
impériale dans cette partie. Clairfait, avec 60
escadrons » se porta au*devant de l'armée fran«-
çaise , et ce. mouvement , qui ne lut qu'une forte
reconnaissance, se termina par une canonnade
sans résultat. Il y eut le même jour un enga-
gement d'fttant-poste , à la gauche des Français» ai\e««.
vei^ le bois du Tilleul , avec les troupes boUaa* 14 oct#.
daises. Les républicains» après trois attaques suc*
cessives» y forent repoussés.
Le lendemain , l'engagement eut lieu sur
tou^ la ligne ; la droite et le centre des alli^
se n^tinlinrent dans leur position; mais leur aile
gauche fut . forcée de cédçr le terrd.n ; . cet
pendant» après des efforts prodigieux et une ^k^^^
grande perte; 5 cette, aile pai*vint à reprendre ^
ses postlions* L'armée françaU^ reprit celles
tâ6 H ISTOIRE D E FRAKCK;
VïiiEii. qu'elle occupait. Le matin dtt jour 'suivant, à
*7^' Ja faveur d'un brouillard épais , eïte remar-
cha en avant , formée sur quatre lignes ;
^ mais à cause de la nature du terrein coupé de
bois et de haies , ïes dîffëreittes parties de Tar-f
\ mée ne pouvaient être en vue Tune de Tautre.
Dèa que le brouillard se leva , les deux armées
se trouvèrent en présence, et le feu commença;
Il Put tel que, de Taveu des Autrichiens , jamais
même pendant Ja guerre qu'ils venaient de^faire
Contre les Turcs, ils n'avaient vu une sr terrible
exécution d'artillerie ; ils dirent qu'ils enten-
daient, pendant les 'détoQat ions redoublées des
bouches-à-feu , retentir dajas les r«Migs républi-
cains les chants belliqueux et les airs" patrio*
ques^On avait répandu dans l'armée un propos
du général ennemi . •
Cobourg avait dit, «j'avoue quelcs^Prançaîs
« sont de fiers républicains ; mais s'ils me chassent
« d'ièi V je me fais républicain moî-mêttie. »
Les solda tsavaient\gaiementîuré(ju'ilsf le som^
meraienl de * tçnir sa, parole. Cep^nrfant^ractîon
S8' maintint, comme la veille, au centre et à
là droite des ennemis j mais le moaveft^nt sur
Ieur;gauche qui avait réussi , avait été disposé
pour y ot)tenir un succès plus complet et plus
décisif. :Jûurdàri détacha le général Duqiienoi
avec «on ^ile droite j elle dut- tourner eti dé-
< r t
I
t
DEPUIS LA REVOLUTION. . iZj
passer ta gauche de rennemî , et le prendre en nnifi^
flanc et à revers. Cette gauche pha et rompît *'*
la ligne ; alors^ le centre marcha à la baïon*
Bette, et renversa le centre des alUés. Leur
aile'droite fut forcée de faire sa retraite, et la
fit en oi'dre sur Maubeuge ; et dans la même
nuit , l'ennemi repassa la Sambre au dessus et
au^ssous de cette ville.
Les Fiançais y entrèrent le lendemain , et
virent avec étonnement )es prodigieux travaux
nue les AtitricWens avaient élevés autour de la
place. Une seule batterie dç vingt pièces de ^4 '
devait foudroyer la ville, et le projet était de
la réduire' par les moyens employés à Lille et
à Valencî!ennes;mais dont les effets devaient être
plus actifs encore et. plus prompts. La perte des
alliés fut de 6 mille hommes ; celle des républi-
cains fut beaucoup plus que 200 morts et 800
blessés.
* Le général français' n'osa suivre l'ennemi et
l'attaquer dans sa nouvelle position au-delà de
ïa Sambre, .où il s'établit sur la rive gauche
par une chaîne de postes, bientôt renforcés de
tout ce qiti fut- tiré du centre et du corps d'ar-
mée qui occupait la Flandre maritime. Là , avait
été préparée une forte diversion qui devait te-
nir ces troupes en échec pendant l'expédition
de Jourdan sur Maubeuge ; mais ce général
t3S HISTOIRE DE FRANCE»
vniFp; se plaignit que cette partie du plan total n*a*
■ vait pas été exécutée. Plusieurs officiers gêné»
raux furent destitués , cités en jugeaient ^ et
.pa3^ërent de leur tête cette infraclion aux ordrçf
d'ui^ gouvernement qpi ne reconnaissait aucun
obstacle à ses volontés» et qui en connaissait
peu à ses entreprises:
Comme la levée du âiége de Dunker||He »
celle du siège de Maubeuge » changea pour
un temps la face des affaire^; et quoique lacoa*
vention reçût en même temps 1^ nouvelle d'ua
échec. à l'armée de la Moselle v et d'un autre
plus alarmant à l'armée du Rhin forcée dans se^
lign<^ft de Weissembçurg; le succès de l'armée
du Nord, .où les [>érils étaient les plus rap-*
proches de la capitale 9 y porta la confiance et
la tranquillité.
L'afiàire de l'armée de la Moselle s'était passée
près de Pirmasens, où commandait le duc de
Brunswick, après le départ du roi de Prusse ^
qui venait de quitter son armé? pçur se rendre
en Pologne, où des intérêts plus personnels I9
rappelaient. .
Moreau , déjà général en chef, commandait
alors l'armée de la Moselle forte de i5 mille
hommes; les positions qu'ielle occupait dans Iç
duché de Deux-Ponts formaient la gauche de
la ligne de défense ^ depuis le Rhin e| le loqg
/
DEPUIS LA névOLUTtOK. iSç
àeSr lignes de Weisçembourg. Moreau forma le vxiicp
projet hardi de s'emparer de Pirmasens, et *'^
alors l'armée prassieqne obligée de se séparer
de la grande armée iikipériale , et de laisser la.
droite de cettç armée à découvert , les fron-
tièreâ dans toute cette pa9l|| restaient assurées
pendant les quartiers d'hiver.
Le pa^s de Deux-Ponts et de Pirmasens situé
sur le revers des Vosges, est coupé de gorges ,
de ravins profonds, qui permettent peu Tenr
semble des mouvements combinés sur plusieurs
colonnes*
Moreau en forma trois pour l'attaque • et d'à- 14 wpt^
l>Qrd les avant-postes prussiens se replièrent pré-*
cipitamment. Les colonnes, ajrant à leur tète les
•représentants commissaires , montèrent aux re-
doutes sous le fèu des batteries ; mais par un
déploiement imprévu , que Brunswick fît exé-
cuter à son aile gauche» la droite des Français
se trouva dépassée et prise à revers. Le feu
l'obligea à se mettre à couvert sous I0 déverse-
ment de la hauteur qu'elle gravissait. Ce mou*
vement la porta sur la colonne» du centre, et
y pèrta le désordre , qui gagna et entraîna fa
cplonne de la gauche; alors tout se précipita
dans les vallées profondes ; et la retraite eût
été une déroute complète , si la prudence de
Moreatt n'eût méaagé uo point d'appui en ar-
*I4Ô Hl6*dr*E* Î)E Tkk'S et,
T"ï|iP' TÎëï'e , pal* un corps de 4 tiiîUe hommes • (juTî
. avait laissé en avant de Deux -Ponts, et qui
couATÎt la retraite. Les Prussiens restèrent maî-
tres de vîngt canons. On ne put retirer que Tar-
tîllerîe légère.
Peu de jours ap|Éi5 9 on essaya une nouvelle
attaque. L'armée, qui s'était retirée à Ktch, at-
/taqua le quartier général des Prussiens , qui
«'étaient avancés jusqu'au village d'Eîschveiler ;
et , cette entreprise n'ayant pas eu de succès ,
/l'armée républicaine se reti,ra à Sarreguemîne,
et derrière la Sarre.
Cette action de guerre se liait sur tout le front
des alliés, avec l'attaque générale qui était
méditée sur les lignes de Weîssembourg. Ges
lignes élevées dans les temps anciens pour
la sûreté des pays français, situés le long du
Rhin , appuient leur droite à ce fleuve et à la
Hfîlle de LauteVbourg ; de-là couvertes par la rî-
Vière de Lauter, elles traversent la vallée , pas-
sant par la ville de Weissembourg, vont se ter-
miner aux montagnes des Vosges, 'et ferment
ainsi toute la plaine qui débouche dés pays en-
nemis sur l'ancienne Alèjace. Depuis quatre moîs
que l'armée du Rhin occupait ces lignes , on,
y avait ajouté toutes les fortifications de ràrt.
Le vieux général Wurmser commandait Tàrméé
autrichienne. Il fut. convenu que l'armée pVu9-<
' t
D EL H V i s LA R i y O )L V T I p' N* 14IÏ
^éna^. , çommÀddée par Brunswick , marche' vuisp ,^
rait sur la gauche des Français, parler-gorges! ^^^"
4és .Vosges ; qu'elle, conlieodrait au mbins toute
cette aile , et l'empêcherait de porterdea troupes^,
c^u ceatre , où devait ^ fetire la principale attaqUe.
Wui»p)$er ordonna ^ussi au prince de Valdëk,
qui commandait ua c0rp3.de iq oiHle hommes
sur la riye droite, du Rhin , de passer le fleuve »i
d^ s'eqcq)arer de,.Sierçk.jet de preadre ensuite,
une positioa de revers en arriérée de la droite.
destFrwçais, eqjtjçe Strasbourg^ietleur )Cdmp*>
Par ce .mouvement,, cette droite «e troUyaid
tournée; et si l'attaque réussissait au centre î: la
XiÇ^î^i^^ de« français se trouvait couplée,' ou du
QK)j^n$ U leur devenait difficile dé tenir dans les
pp^itipûsetdans les retranchements qu'on ay ai ^
élevé,. derrière les lignes de la Lauter../
Le passage d\i !?orps de Valdek s'eflfèctua s^n
çfètemept à Pittes^dorf , deux liei]ês'<^u desM)^
de Lau)terbourg«, ,L'iteifanteri0 légbre^du.Bf^nn^t,-
troupe irréguliëre^ dénommée les* manteaux
rouget f à cause de le.ur costu^ie» surprirent e({
pillèrent Sierck. Cette ville éprpijva tj^utes Igs^
i^orreurs de. la^ guerre. . / .!- r
.^Ai^^pgintdujdurj.Wurmser attaqp^Je^ centjQ «3 octc.
des. lignes., qt trouva p^u de résistance* Les deux
'
14^ HtBTOIRK Dfi tKKVCtf
VniBp) tireot aveê une valeur qui détermina en- partie'
'^* le succès. Ils emportèreùt successivement plu-
sieurs redoutes » et s'emparèrent de dix-sept
pièces de canon.
V Lauterbourg fut évacué ; et ^ vers le nr>iliéa
de la journée , Weiss^mbourg abandonné fût pris
de vive Force. Tous les postes des Français se
trouvèrent alon; forcés , et la retraite en dé-^
sordre se fit d'abord sur Haguenau» puis deN
rière la Moter-, qui présentait encore une ligne'
de défense ; -mais qui ne put être, maint^^*
rixte. Une partie des fuyards alla jusqu'à Stras*
bourg.
Le lendçniain, Haguenau- ouvrit ses portes*
Il parait que les vainqueurs s'y livrèrent aux-
réjouissances et aux honneurs de la victoire. Le
général Wurmser qui se retrouvait dans sa pa«
trie et dans ses anciennes propriétés d'héritage ,
ééda au plaisir de revoir ses foyers. On accusa
beaucoup ce retard. Sans doute le désordre et
la confusion , suite d'une retraite précipitée t^
facilitait un^ i<)Vasion rapide* Dans Strasbourg-
même, les opiniçns étaient divisées ; mais le»
souvenir de Valmi et de Sa'iilte-Menehould étfih>
récent , * et toujours un général prudent icrain-r
dra de conduire ses troupes datis un pays armé^
par-Popinidn. De plus, les deux alliés bbthp*
taient peu l'un sûr l'autre. La Prusse n'était'^pas
dît VI s ' L A R i Y 6 1 u T I o n. r43'
aussi pressée de mettre TAutriche en posses- vin ??.
sîon d*une province française ; leurs rhouve-
ments en avant ne pouvaient être indépendants,
Tes généraux ne Tétaient' pas assez eux-mêmes'
pour oser, entreprendre «anb combiner leurs
opérations ; et , dans les vues prochaines de pa-
cification particulière que méditait la Prusse,
il ne devait pas entrer de donner à T Au triche'
une prépondérance qui pût la lier à la fortune'
de cette puissance. Strasbourg ne Vit donc que
quelques cavaliers autrtchrens qui vinrent jus-
* qu auprès de ses portes. La convention eut le
temps de réparer «es pertes, et l'armée, plus
dispersée qu'alBiiblie et consternée , reprit une
- position d'où elle put bientôt réparer sa'hotite
et ses défaites. Les villes de Tintérieur les moing
éloignées , envoyèrent des renforts de soldats
Volontuires.
Metz seul fit partir de ses murs deux mîTIé
hommes. A Strasbourg, les représentants (com-
missaires Lebas et Saint -Just , appelèrent la
terreur accoutumée au secours de la patrie!
Dans l'armée , plusieurs chefs de troupes soup-
çonnés ou convaincus , mais accusés, furent fu^
îillés. ' •
Les autorités civiles ^ là' plupart , déportées
dans l'intérieur du pajrs , et les commissairei^
annoncèrent que pour premiers fruits de leur
I
I
fmcpb' mission I trois ou quatre jugements du tribu*
*^^ n^I révblutîoonairje* avaient déjà. fait vçrser dans
les caisses publiques blus de ,600 mille livres
d'amende , et qx?e je^ propriété^ .n^sç» sous le:
scellé produiraient. à. la république^ plus de i5
çaiUiçijs, • '
ftSbnmu ^ C'était alors : qije venait d'être;' ap]>ortée à: la
çonyeiîtion cettp.famepse pdres§ç des. Jacobins ,
o\x,Ig mot TSRfippM y répété à chaque ligne,
, retentit dans tputç j^ «France* * • « Grâce vous
soit rendue , représentants , vous avez enfin or-i
gariisé la révolutiçï^j.la TJSRRÊaRj.G;\le ç^t le
gahit mêmç de.ces lâcjies ennemis que' la pitié
yeut.bien épargner*... Déjà Paud^fte.des pei>
fideSjSe ranime; ils osent répéter ce mot qui
• a été dît impunément dt^ns cette enceinte : Quand
donc cessera cette boucherie de députés? (Cha-
bot devait bientôt payer ce moi de sa tçte; ) Ne
ROT5iffre;sdonc pa? , rcpvéseutauts „qu-on vous dise
que Ja terreur.glacajnt Une paj tiçde la conven*
tion, ses délîbérâjtiQas uesont pas libiies. w Quoi
dou,c ( vous qui êtes là Mi^jerye des Français,
vous laisseriez enlever.de votre.éè:ide .la Méduse
dé la^torreur ! >» ,:; , ;* ^ . - V S ^
C*est avec cette époiivantiible éloquence que
Ton venait efFraver Ig;conventiop,f'et renhardir
à tous les excès que Ton voulait obtenir , et eti
même temps la rassurer sur. les apparences de
remords
y
DEPUIS vt .R i.v:a i, u x J o n, Ï45
^ rer«ioic(8*«iura;i^a΀i»l!8^éJ^t$&£rwVpH:qiUelc{ue$-qa$ viiïjp.
des plus cléterrnjné3 Jacobins. La circonstance ^^^
"étakr^y^iMiifs^'iffSi'Aaifg^r^ ^XAériçxif^ n'étaient
:)9Jus pressaâtô^'Au micli> ed ËjEr^j^nçet, efi I^-
-lie., les, frtti)itièi?^:é<ai,ef}t clé rep(ikvit§; .et après
ià réduedon de< Lyon et*^^ l^ojyij^:^». tQute.id^p
.d*idva^arétitk'::$fa^6nu^ ioipqs^foleKet.fChiipér
Tiquev-Même âpf^ 1« d§t^j^-^,^^^âep(i})p.\ç^,,
la ienteur des assaillants ettraicuvité des..dé*
-Iîen6éui*sdçl^ piatri€5Tàl/5a|l(rr^JWîé-,.|^€îs arfli^écs
*da fNard étaiienC en éq"uilibr#j dfe fi^4:i;es: €;t cj^e
Succès aV.efi ô^^ clé. J'(?d^f«ifti. Ën,fi>i .la.lJne,n^-
.çalUe . Y^i^^ée^.laptës .p9« ^c^lj^V^parige journa-s
lifere ctervJftojîfcfeiSjti i^^:,4éfajtie§.i,^vait,y,v fqp
-lenitoH^ .^^tal^y ';»ës 'fofces; jljiyjççr^ rÇÎ^Î-
f4ée$. suc, 1- fàii^K^^^tiv.et fie Aa Loke' ♦ où: Jewr . der-
-Gi^àdMilk^ii^^çdH^ ipar kft Ii^itauts et • par
,<judqtii«!tr<wifesrépuWicaineSr >r^ ,^
. . .:ifQbe«jw»'î8ft>^iJr çeaiQipeflt,pGpr .f^jr^ im
rapport i4»îr it^:)*it«iB!«tta: de. ^^^répuJbïiqupTr Ce
di^cwir.s.>ïW> 4e*.plus> fiOr terne» t perisé.et,des
pkjè aï t4stçrp^ai -^^KÎt , pavn^i tpus, cçHx..qu.i! fu-
rent: pfeseotés.àj. la tinbune ^es asscjm bittes .na-
tionales , d.onote une 'ic^ée. )Ufte^ de. .l'état poli-
tique de rEu.rQ|3€; il dévelpppe d'a(iordJe sys-
; tèno!;e cluc^ibiQ^t ministériel de:Lon44 es, et son
Tome ir. . 10 :
\i6 HifeîôiRi: D* tïl.ÀKc.Ë,
vnïBp. influence SU1? le commehcemefii dç Iqvévalutîôii
française. • ;-, ,; . , , ,..
•' ' ' •
' « Voyez , ^ît-ft; 4:ômnie i^lïaqtee crfec de notre
V révolution! entraîne toujours auKlelà du point
V bjii il voûkit: ran'êter; voye:^ avec* quels. pé-
\( nibles eflfbrts il trherebe à- faire reculer la
V raison publiqtt^>l?t à i^fttraver la inardie de la
-•«f liberté; vt)ye^ «^ûfeuite qtfels ciri>''f^s pix)diguce
V* pour la détruire* T' '- ' • - . ' ^
«••A k fin det792 > ri cr^jaiç préparer insen**
V siblènrietat là chute du roi- Capet, ^ conser*
« vànt le trônfe pôtrr le fils de éon maître ; mais
\< .le lo août a tuî-, « la réput)^it|tFè est fondée.
S< Cest en vam'quë, pour l^tdufièr dans son ber-
« cesm^ U faiction girondine et tous les lâches
« éôiïssaites ifës tyrans étrati^çps> appel kat cte
« toutes ^arts lés serpents t^: la calomnie, le
« démon de la guerre civile, Phydre du-fédéra-
t< li^me , le monstre de raiiistocr^iie. Le^3t mai ,
« le peuple à'évéille, et les traître» ne «ont plus,
« La cotiVfentîotï se montre aussi f^lèqijç le
« peuple, aussi grande que sa -Wii^fcii. Un nou-
'n< veau pacte social est proclamé, cimenté par
« le vœu unanime des Français. Le génie de la
« liberté plané d'une aîlè^jrapide Sur la surface
«< de cet empire , en rapproche toutes les parties
* prêtes à se dissoudre , et le râfterûvît sur ses
a vastes fondemeius. ?»
bËtlJÏS LA *iVDLtJtlt)N. Ï47
Il dévoile ensuite avec quelle astuce profonde , VitîÇir.
tjull appelle machiavélique; on eut Part, par '^''
des discours exagérés , par des invectives de tri-
bune» de favoriser les intrigues pratiquées dans
les cours érrangères pour' les armer contre
la Frémce , par une ligue monstrueuse entre
la Prusse et PAutriche; et, dit-il, «c il serait
«r absurde d'attribuer principalement ce phéno-^
*t mène k Pinfluence des émigrés qui fatigtiè-
«c rent longtemps toutes les cours de lears cla*
«r meurs impuissantes, et au crédit de la France; ^
« il fut l'ouvrage de la politique étrangère >
«r soutenue des factions qui gouvertiaient alors
«, la France.. . Le char révolutionnaire roule sur
€c un terrein inégal ; ils ont voulu l'enrayer dans
4K les chemins faciles ; ils le précipitent avec
f< violence dans les routes périlleuses; ils cher*
«« chent à le briser contre le but. ^
Robespierre ne pouvait pas présenter une
image si vraie et si frappante de ce qu'il avait
fait lui-même et de ce qu'il faisait tous les jours,
s'il n'eût eu la mission expresse de détourner
ainsi l'attention vers une cause véritable, mais
qui n'était pas unique. Lorsque la cour de
France , au-delà du Rhin , s'aperçut qu'elle était
trompée par les puissances étrangères , pt elle
dut s'en apercevoir dès le début de la première
campagne, elle dut songçr à défendre la France,
148 HI s TOIR E DI2' F-rX N C Ei
v^iEp. son héritage, et à la sauver de la conquête et
de r^nvahissemerit qui la faisait passer au pou*
voir de l'étranger. Nul aulre moyen alprs que
les Frauçais eux*uiêmes^ L<?6 opinbns politiques
qui les exaltaient , étaient le seul ressort capable
<Ie mettre. en action .toutes ^eurs forces. Le mi-
nistçre anglais crut* bouleverser la France en
lui donnantJa i^publrcjue , et le ministère fran-
çais d'outre Rliin, détrompé de ses. faux amis ,
<lut voir que la république en France pouvait
seule les combattre et lem* résister; dès-lors,
les deux.diplomaties^, par des înotifs contraires,
durent vouloir donner la république aux Fran^
^ais,que leurs idiomes appelaient insurgés. Les
Jacobins seuls domitraient alors; on ne pouvait
i^oramander qu'en leur nom ; ce ftit donc une
pensée à la fois grande et subtile, mais qui se
présentait la première » parce qu'elle était le
moj^en seul et unique , la pensée de faire sau-
ver la France de l'étranger par les Jacobins ;
il fallait pour cela s'y rendre le maître ; et
pour cela, il suffisait de leur en donner un. Ro-
bespierre le fut, et ne cessa de l'être que lors-
qxï'il essaya de le devenir à son propre compte;
qu'il fut agent ou instrument , cVst un point
qui appartient plus à la biographie qu'à l'his-
toire , puisque le résultat dut être le même.
Mais lorsque la politique ministérielle de
D,EPUIS LA RÉVOLUTION. 149 .
Londres se fut aperçu que , loîij d'être un viiiEp.
moyen de confusion et de subversion , la repu- *^ '
blique était devenue un mpjsen de force et de
^é^istançe; trompée dans son. espoir, et n'ayant
pu renverser Ja France sous la république , elle
voulut et enlreprit de renverser la république
sur elle-même; et de- là le système d© terreur /
et tous SCS effets , auquel il ne manqua peutr
être^^e peu de temps , si toutes. le$ tètes de
l'Iivdre n'eussent été abattues à la fois.
Eh 1 que la simple probité ne s'étonne, pas
trop de ces rafRnements , de ç^ihe science
qui se permet tout sous le nom dé politique !
Les venins les plus subtils se forment. de la
corruption des substances les- plus saines; que
ne peuvent, enfanter l'or et le génje, ralliés par
la raison d'état ! Quelles conceptions sont au ^ ^
dessus du génie,, et quels moyens .d'exécution
sont impossibles à Vof. employé pay l'autorité 1
Qu'un jour , les siècles produisent ou non à
la postérité les preuves matérielles de ce dou-
ble système, il n'en restera pas moins démour
tré ])our la méditation. Là où les effets ne peur
vent s'expliquer que par une seule cause, l'ac*
tion decette cause est prouvée.
Le rapport de Robespierre parcourt ensuite
les relations actuelles cie la republique avec
les différentes puissances , et ne lui trouve ^ue
\ ,
i5ô HïSTOîRi: DE France;
vniEp. deux alliés , les Suisses et les Américains des
*^^ Etats-Unis.' Il déverse sur les victimes de la
Girpnde tous les torts qui ont armé contre Ici
France tous les autres états ; et c'était sans
doute une méthode adroite d'en faire enten-»
dre la longue énumération à l'assemblée. Ro-
bespierre «eul pouvait se charger de cet em-
ploi.
« Dès le moment où on forma le projet de
démembrer la France , on songea à intéresser
les diverses puissances par un projet de par-
, tage ; c'est aujourd'hui un fait prouvé, non-seu-^
lement par les événements ,^ mais des piècea
authentiques.
«•jL*Ang!eterre n'était pas oubliée dans ce
partage , Dunk^rque , Toulon , les Colonies ,
sans compter la chance de la couronne pour
le duc d'Yorck, Il n'était pas difficile Jde faire ,
entrer dans la ligne le stathouder de Hol-
lande.
i< Quant au phénomène politique de l'alliance
de la Prusse avec l'Autriche , nous l'avons déjà
expliqué.. ... Le monarque de Vienne et celai
de Berlin suspendent leurs âneîeJis différente
- pour tomber sur la France , et dévorer la ré-
publique naissante.. . . « Mais l'Autridie pour-
« rsiit bien ici être la dupe du cabinet, de Ber-t
4f lin et de ses autres alliés., ^ . » Déjà l'impé-^
D Eriî f s LA R i y O li u T r O N# î5l
ralrîcé de Rki^iç çt le roi de Pfi»$S€ vîetinçnt vniE|>4
départager. la^Palogii? .san8^}le.:«^ ( qP: apr *'
eusait alors de jacobioisme les Poïauais qui,
aj^ant leur roi. il leur tête ^ jdéfendaient le^ir
constituiroa monarchique } », et lui prit pré*
• sente ^oixr* dédommagement la Lorraine, l'Ai*
sace et la Flandre française ^ et TAngHeterre
encouFâgesa folie pour nous ruiner en la per-
dant ellèrmêrae... .. D'un autre côté, le Roua?
siljon, la Navarre fraoeaise, et les autres dé*
paitemcnts limitrophes de TEspagne ont é^
promis à sa majesté catholique.
«c II n'y a pas jusqu'au petit roi Saide que
Ton n'ait bercé .de L'espoir de devenir un joujç
roi; du Dauphiné , de la Provence et des pays,
voisins de ses anciens. état& >
■ ««Que pouvait-on ofirir aux puissances d'Ita*
lie? Rien. Mais elles ont cédé à l'intrigue, oU'
plutôt aux ordres du^ cabinet britannique
> « Venise phis puissante et en même temps:
plus poUtiqu^, a conservé une neutralité utile-
à ses intérêts. Florence a été enfin subjuguée-
et entrainoe malgré elle k s^a rume^ ^
£n général , les puissances de l'Italie ^ont peut^
être pJu3 dignes de la pitié que de la coiëre de-
là France* L*Angleterre les a recrutées comme-
ses matelots; elle a exercé la. presse contre le&
peuples de: ritc\lie. .. .. Nous pouvons vous Urn-
î5â m s t'o^i R'È 'dte r r a n c b , :. t
.viiTEp'. une lettre du« roi de Naples , qui servira lia
moins 'a vous prouver que lauerreutnest pas
étrangère au cœur des rois ligués contre
nous. Le pape lit? vaut pas rhoDnieur. d'être
îlorpmé. '^ ...,•..,
- « L'Angletetiie a aussi osé menacer le Da-.
nemarck.. . . Mais le Danenaaixk, régi .]x\r u«
rtinistre habile-y a repoussé avec dignité ses
insolentes sommations. v . . . • . Le ré-
gent de Suède, plus sage que Gustave ,:a
tigiieux consulté les intérêts de: son pays et les
siens. » . y. . - -' *
La Russie n'avait pas encore accédé k,la coa-
lition. Seule elle était une puissance lointaine
qui ne pouvait inspirer de crainte à la France
monarchique. Il était donc important de la faire
déclarer contre la France républicaine. Le dis-
cours qui devait retentir dans toute TEurope;
attaque la souveraine et sa nation par :tous les
côtés sensibles au tœur d'une femme et à l'or-
gueil national. Les sarcasmes ménagés ai Heures
y sont prodigués.
. . « De tous les fripons déçoit du nom cle
roi , d'eqfîpereur , de ministre , de politique ,
on assure, et nous ne sommes pas éloignés de
le croire , que le plus adroit est Catherine de
Russie , ou plutôt seS' ministres ; car il faut se
défier de ce charlatanisme^ de ces réputations
DEPUIS LA R É VDî-U T I ON. l53
loîntaînes :et impériales, prestige créé parla vuiBp»
politique. La vérité est qae sous la vieille im-
pératrice , comme sous tontes les femmes qui
tiennent le sceptre, ce sont les hommes qui
gouvernent. Au reste, la politique de la Russie
est impérieusement déterminée par la nature
même des choses. Cette contrée présente Pu-
nion de la férocité des hordes sauvages avec
les vices des peuples civilisés. Les dominateurs
de la Russie ont un grand pouvoir et de grandes
richesses : ils ont le goût, Pidée, l'ambition du
luxe et des arts de l'Europe, et ils régnent dans
un climat de fer; ils éprouvent le besoin d'être
servis et flattés par des Athéniens , et ils ont
pour sujets dçs Tartares. Ces contrastes de leur
situation ont nécessairement tourné leur am-
bition vers le commerce , aliment du luxe et
des arts , et vers la conquête des contrées fer-
tiles qui les ayoisinent à l'ouest eç au midi. La
Goui* de Pétersbourg cherche à émigrer dea
tristes pays qu'elle habite , dans la Turquie eu-
ropéenne et d^âhs la Pologne 4 Tomme nos jé-
suites et nos aristocrates but émigré des douîc
climats de la Fràiice dans la Russie. »
Il se résume enfin : « Vous avez sous les
yeux le bilan^de l'Europe et le vt>tre , vous pou-,
v^z déjà en-'tirer un grand résultat. »
" Ici de grandes vérités succèdent à la gros-
/
lS4 HISTOIRE DB F R A N G ïf^
rrniKji. sière et délirante énergîe. « L'univers ,'clit>il, êfet
*^^ * intéressé à la liberté de la France ;* supposonsi
la France démembrée ou anéantie , le monde
politique s'écroule. »
Il montre tous ces petk^ étets de la Germanid
envahis par leurs puissants voisins , la. ligue
' germanique dissoute, les Couronnes du* Nord
brisées , et leurs dëbris réunis sur «ne seule
tête. /
€( Le Turc repoussé- au-delà du Bosphore ;
Venise perd ses richesses et sa considération;,
la Toscane son existence ; Gênes esi: effacée ;
l'Italie n'est plus que le jouet des despotes qui
Tentourent ; la Suisse est réduite à la misère;;
que dis-je^ que deviend^-ail l'Angleterre elle-
même?. . . Comment conserverait-elle les restes,
de sa liberté , quand la France aurait perdu 1*
sienne > quand le dernier espoir des amis de
l'humanité- serait évanoui?..,... La politique
même des gouvernements doit redouter la ci^atfh
de la république française ; que la liberté pé*
risse en France , U nature entière se couvre
d'un voile funèbre, et la raison HuoiiSkine^ recuS^r
Jusqu'aux abymes de l'ignorwce et de la bar-i^
barie.. . . Après de si grands exemples- et tant
de prodiges inutiles, qui oserait jamais déclarer
la guerre à la tj^rannie ? Le despotisme , comm^
une mer sans rivage,. se déhpjderiait sur la, aur*
DEPUIS LA RÉVOLUTION. l55
face du globe, et couvrirait bientôt les hauteurs viHïpw
du monde politique , où est déposée l'arehe
qui renferme les ciiartres de rburoanité, La
terre ne serait plus que le patrimoine du crime,
et ce blasphème reproché au second des Bru-
tus, trop justifié par l'impuissance de nos gé-
néreux efforts I serait le cri c|e tous les cœurs
magnanimes. O vertu ! pourraient-ils s'ccrier %
tu n'es donc qu'un vain nom ! »
On prodiguait trop alors ces manifestes de
l'étranger , où il protestait qu'il ne prenait les
armes, c'est-à-dire qu'il n'incendiait les villes
frontières , que pour y ramener la paix et le
bonheur. L'orateur leur répond.. • .
«Despotes généreux» sensibles tj^ranSy vous ne
prodiguez , dites-vous , tant d'hommes et de
trésors que pour rendre à la France le bonheur
et la paix , vous avez si bien réussi à faire le
bonheur de vos sujets , vos âmes royales n'ont
plus maintenant à s'occuper que du nôtre ; pre-
nez garde 9 tout change dans l'univei^; les rois
ont assez longtemps châtié les peuples ; les peu-
ples , à leur tour , pourraient ^ussi bien châtier
les rois.
« Pour mieux assurer notre bonheur» voua
voulez , dit-on, nous afïàmer , et vous avez en-
trepris le blocus de la France avec une centaine
de vaisseaux. Heureusement, la nature est moio^
l56 HISTOIRE DE FRANCE^
vmiRp. cruelle pour nous^ que les tyrans qui Tontra»-
*^^' g^^^» '^ blocus de la France pourrait bien n'être
pas plus heureux que celui dé Maubeuge et de
Dunkerque» Au reste , un grand peuple qu'oa
ose menacer de la famine , est un ennemi ter-
rible. Quand il lui reste du fer, il ne reçoit point
de ses oppresseurs du pain et des chaînes, il
.leur âbnne la mort. » , . ,
Il finit cet inexplicable discours par tracer à
ses collègues des règles de conduite dont il. était
loin de leur donner l'exemple « Vos enr-
nemis voudraient donner à la cause sublime que
vous détendez un air de légèreté et de folie ,
soutenez-U avec toute la dignité de la raison.
On veut vous diviser , soyez unis,. . . Ils veulent
que le vaisseau de la république flotte au gré
des tempêtes sans pilote çt.çans but, saisissez
le gouvernail d'une main ferme, et eondiiiseïi-
le au travers des écuèils.. . » Un décret rassu»-
rant sur les intentions du comité de salut public ,
à l'égard des Suisses et des Américains, termina
le rapport.
Ce discours produisit un gr^nd effet, et laissa
une impression profonde. On crut un moment ,
pouvoir attacher quelque espoir de moralité , à
celui à qui 1 on ne pouvait bientôt plue contester
la puissance. Robespierre alprs n'était pas encore
celui du 9 thermidor.
DEPUIS LA RÉVOnUTTON. ïSj^
On peut remarquer que dans ce discours , vniKp,
sur la sitTûatîon politique de la France, il ne
parle point de la Vendée, et ceperidanft alors les
touiptes à rendre îà l'assemblée n'étaient pas un
ombre au tableatï^u'il venait de tracer, il eût
pu annoncer les succès des armes républicaines.
Jamais, depuis le commencemetil de cette cam»
pagne, des succès aussi suivis n'avaient promis
}a fin de cette guerre ; c'est alors que fes Ven-
déefîîj, rejeîés de l'autre côté de la Loire, ve^
«aient d'être battus et repoussés à Granville^
et cet événement qui Fut une époque marquante
dans la -giierre de la Vendée , parce qu'elle
changea le système de ses relations avec l'An-
gleten^ , rappelle le récit, aux actions de guerre
et aux mesui^s politiques qui l'ont précédé.
,Après la défaite de Ligonier, Berruyer avait
retiré les troupes ^au Pont-de-Cé et à Sanmur ,
et d'après les comptes qu'il avait rendu de
l'ëtat des affaires, on s'était décidé à y former
tme armée de troupes réglées. Celle des Ven-
déens s'était beaucoup accrue ; tout le pays com-
pris sur le coui-s de la Loire , depuis Saumur
jusqu'à Nantes , de l'est à l'ouest, et du nord à,
l'est et au midi , par le chemin qui conduit de
Saumur à la Rochelle , formait ce que l'on ap^
pela généralenîent la Vendée , c'est-à-dire le
pays insurgé pour la cause du royalisme. Ce
r
lS8 IlIStOÎRËDfe FttAKCEj
ViiiEp. territoire contient huit à neuf cents lieues Cat**
rées, et environ huit cent mille habitants; mais
Ceux des villes formant près du quart de cette
population, plus immédiatement sous la main
des autorités républicaines, et aussi plus éclairés
sur leurs intérêts, ne prirent point part. à la
guerre ou se rangèrent sous les drapeaux de
la république*
Le reste des habitants des campagnes, plus
aisés à conduire par les idées Communes et par
Jes préjugés d'enfance , se rallia sous les ban-
nières de la religion et de la noblesse. Dès le
commencement de cette seconde campagne,
on voit à leur tête les chefs qui les conduisirent
pendant toute cette guerre, Bauchamps, d'EN
\)ée , Laroche * Jaquelin , TEscures , Charelte 9
Stoflet , qui , le dernier , posa les armes , et qui,
de garde-de* chassé, s'éleva au commandement
de toutes les armées vendéennes. Leur système
d'attaque et de défense ne pouvait ressembler
en rien à la tactique usitée; excepté un corps
peu nombreux qui fut. successivement de deux,
trois et quatre mille soldats entretenus, réu-
nis et soldés. Le i-este jde leur armée qui fut
quelquefois de 60 mille homnqes , ne consis-
tait que dans la levée hâtive et momentanée
des cultivateurs qui, à jour donné, se ren-
daient de leurs habitations aux rendez -vous
DEPUIS LA REVOLUtIO». 1S9
fixés ; portafit des vivres pour quelques jours ^ ^IM^
f)rêtant la main avec èële et avec yaleur à
l'expédîtion entreprise •> et se retirant ensuite
à ses foyers. Leur maàiètiô de combattre ne
supposait ni instruction militaire ni diséipline> *
c'était au génie des chefs à disposer des grandes
masses tie leurs combattants, à les porter aux
places où ils avaient agir ; là > is^ns garder ni
rang ni files vchacuii clioisîssait son poste à son
gré, s'écartânt te long des buissons et des haies j
dont le pàysest coupé, et- de-Ià faisant feti à
volonté y ce gent*e de guerre était trës'-meur-
trier pour des' bataillons marchant serrés et k
découvert. Dâiis le sticcbs , la poursuite des
Vendéens était redoutable; cminaissant le pays
^t les détours, ils gagnaient de vitesse les pas**
*sages, et y prévenaient des corps dont la mar-
che en retraite était 'iitécessàirement retardée s
par leur ensemble. Dans la défaite , au con-
traire , chacun pourvoyait personnellement à
sa sûreté» Les chefs faisaient passer le lieu et
le jour du rendez-vous, et tout s'y retrouvait.
Mais ce systèitïe avantageux au jour du com-
bat , arrêtait nécessairement les plans et les
projets dès chefs ; leurs ccmabattants dévoués
sur leur territoire, ne pouvaient pas quitter
■ un èertaiti arrondissement. Si le théâtre dés
«opérations changeait , et cela arrivait sou-
l6o H ï s T O 1 R E * D Ë F R A N G TEV
ViiiÈ/, vent,! les? chefs étaient obligés de changée d*arr
*^^^* filée., :et celle qui venait d'agir retournant à
ses toiis et à ses charrues, les troupes^ républi-
caines, ne reccaittiab8aien.t pltrs. d'eixnemis , et
* se trouvaient au milieu d'eux. Cet état de guerre
changea vèi'S la fin >; lorsque les .pi liages , les
inceadies, les' ma^ai^res^.ne^laissaét.aii.cultir-
Vflteur, ni maison ,^nii charrue , jii fomiUe> il se
fit «©Idat et combattii pour vivre, \:': • «
Qtretineau , avec une division de l'armée
républicaine , . iéiàitj ^apcouru raw \ secours de
Ligonier ; mais, prévenu et .siirpnX au viU
lage des Aubiers,, il y. fiit ^i(aqrié,rJbatjtu;vrcst
eût été totalemérjt' défait, si q-uoîqii^es troupe
de ligne > se formiint teti bataillon carré > ^'eus-
sent soutenu le feu et protégé l4retj:aite. Que-
tineaiT s'enferma , avec les débriSî^je^^n armée-,
dans Thouars, ville avantageliseaient. située sur
une hauteur , !qii^ la riviçiê du -Ti^^^yé, envi-
ronne et couvre de trois côtés.» Jl v iut bientôt
5mai/ :attaqué^ et forcé, par les VendéenSt, au "nombre
de plus de 3o avilie. Six millè-lîqnirtîe^' seule-
ment défendaient Thouars» LiÇ.:Gué, seij pas-
sage, fut forcé. La cavàleriQ'jV:eri4éj^ane pàs^a
à la nag-e. Les républicains. fune>nt obligés de
se renfermer dâas laville quii e^ôip^i <l'Jifcures,
fut prise d'a^saùt. Le .géiiér«d, l'arnnf^, t'artU-
. lerie, toutes les munitions, tombèrent au pou-
voir
Il
\
17 mai*
tVHPU rs. L A ttÉ V OL UTlOkK. \6v
roJif dw' vainqueur. Ils marchèrent aii^skôt aij viïr,tp.
secoure de Charettte; En^obéitiiu ; ils (ï^fbilt un '^*'
cdtmp de quatre tttiiie républicains à Pctrthenaî ,
letJevs cJéuK armées venctéenhes réurrfes .«'Vônt à
Foçtenay rcherchep J'armée réptlblrcai)ie ;• elle
étc}it*dei beaucoup motos'nombrèuise , et cepen-
dant h victoire -la mfc'ien' possession de presque
•taut& rartillene vendéenne; niais p'ext de jours
après-, les chefs , ri;;sciines, Mroçhè-Jftcquelin et
Bonchamps, reparurent conduisant troîè ct)lorf-
nes nombreuses ; dépourvues d'ar(illeiif*{^s celles
marchent «errées-sur les cafnond desTëpublicain^.
La cavaleiiev qnî eut .Qrdri^'?ie les '«(^hm^fer'^
lâcha le pied, et passa ^ur^nfanterie étt dé{-
soriclre; aloï-s la déroute :fuW^én;érale; Fonte-
nay/fut emporté, et l'alarme se^répâfiiait^ jusqu'à
la capitale , d'où la convention fit partir k^ts'gre-
nadiefs pour la Vendée. - ; *
«L'armée vendéenne n'était pltis-qi^^à- deuk:
Jieties de Niort, et la p^'ise de cette ville pou-
vait:'étendre l'insurrection dans l'intérieur' de
ia France. Mais une diversion qu*o^ërâit àlois
Je général Ligonier rappela, les chefs vendéens
au î secours de leur- pay*?/ dévasté. L'armée fitt
licenciée. Le rendez-vpùs' général indiqué à*
Chatdlon ^ et peu de jours après, les chefs
vendéetis en sortirent à la .tête' dé 60 mille
hommes^ L'histoire miiitairéflrofl;ie;âw upï^xc^ift-
Tomeir. Il
k
•
y
l6a , HISTOIRE DE FRANCE.
yiiiEp pie dé (fttte manière de marcher et de ct>m-
*^^'' batti^.-Ligonier fut entièrement défait, les Ven-
déens se. portèrent sur Saumur. Endeiix jt>iii*s,
Saumur fui attaqué et pris. La bataille y fut
une dest plus sanglantes de cette guerre. De part
. et d'autre j l'acharnement fut égal. C'efc>t là que
Tion vit lés Yendéens , armés de bâtons ferrés ,
, attaquer des batteries, se précipiter sur les ca-
nons et s'en emparer. La plupart de leurs chefs
,y ftirei^t tyés où blessés*
On put craindre alors que la Vendée «e
décidât; du sort de la France, et n'envoyât ses
^uerrieiîs changer le gouvernement dans la ca--
-pitale. . ^. .
Angers ouvritJies.portes, et tantes les villes
de la Loire , excepté Nantes , cédèrent à cet
exemple.
Le général Canclaux y commandait. Par un
systèoïe de prudence et de sagesse, il dnt ses
troupes dans les murs, et laissa les Vendéens,
peu faits aux travaux d'un siège*, se consumer
en efforts impuissants. Ils s'emparèrent cepen^
dant d'un faubourg; mais tie purent s'y main»
tenir « une autre divei^ion puissante les rap-
(pelait encore à la défense dé leur pays.
Ge même Westerraann, qui dirigeait au lO
août les colonnes iparisiennes, commandait alors
un corps dans la Vendée. Il déploya dans cett^
/"
DEPUIS LA RÉVOLUTION. l63^
eanipdgne des talenrs militaires et une activité vniEp.
brillante. De Saint-Maixent où il était, il con- '
eut le pix)jet de traverser le pajs ennemi, et
d'aller surprendre dans Chatillon» place d^arme^
des Vendéens , un corps de lo mille hommes
qu y commandait TEscure , malade et blessé.
^*Ëscure tut surpris , et ne dut son salut
qu'aux ténèbres qui favorisèrent sa fuite, Cha-
tilloo fut emporté; mais, dès )e lendemain, le
canon annonça à Westermann l'arrivée de La-
rocbe^Jacquelin , à la tête d'une autre armée.
Le combat s'engage, les Vendéens se préci-
pitent avec fureur sur leurs ennemis. Wester-
mann est entraîné dans la déroute ; plus d'un
tiers de ses troupes restèrent sur le champ de
bataille^ et Chatillon est repris. Cette entreprise
hasardeuse , et même téméraire, coûta beau-
coup de vaitlants hommes, qui composaient
la légion du Nord , et qui s'étaient déjà signalés
contre les vrais ennemis de la France,
Tapt d'événements balancés de succès et de
désastres , s'étaient passés en moins de trois
mois., et la prodigieuse activité de cette guerre
prouvait assez qu'elle se faisait de Français à '
< Français. Chaque parti connaissait ses forces €t
son génie; aucun ne voulait ,e/re attaqué.
La convention n'était jamais complètement
t64 histoire de frange,
viiiEp. infoiFméerde ces revers, €t les succès lui étaient
'^^^* toujoiirs grandis dans les rapports Caits^à la
tribune. Westermann , dont le talent dans
ce genre de guerre semblait devoir y tnettre
iinternue , fut rappelé; et, quoiqu'on ait ac-
cusé Robespierre ^d'avoir été jaloux de sa re-
nommée et de sa popularité, il est^ beaucoup
^ pluô vraisemblable qu'il se hâta de retirer ua
général dont ^3pa>emmeht il ne disposait pas
assez pour le faire agir ou ne pas agir à son gré.
Cette guerre de la Vendée ; mi^ttait Paris aux
ordres des chefs jacobins ; ils levaient des troupes
pour la Vendée , et ces Içvées toujours succes-
sives, laissaient à leurs ordres et dans Paris, un
nombre d'hoinmes disponibles avant le temps de
leur départ. La garde nationale avait été ^lé-
sarmée pour équiper ces soldats , et les canons
de cette garde tombèrent presque en arrivant,
au pouvoir des Vendéens. Les gretiadiers de
la convention qui pouvaient gêner le plan forme
de l'asservir, furent envoyés à la Vendée. Tous
les généraux, dont la popularité acquise n'était
pas assez aux ordres des agitateurs, trouvaient
un emploi dans la Vendée, et le cabinet de
Londres qui lui fournissait des secotus assez
seufement pour continuer la guerre sans la ter-
miner, avait en même temps assez de crédit à
» /
DEPUIS LA R É V O L U T I O N; l65
Paris, pour ne faire envoyer à la Vendée que VîHEp*
des forces suffisantes pour prolonger la guerre; *^^'
mais insuffisantes pour la finir. De-là cette al-
ternative de succès et de revers qui , dans cha- ,
que parti, pjace sans cesse une défaite à la suite
d'une victoire.
Le récit historique peut à peine suivrç le,cours
rapide des cvénem.ençs; et, forcé d'en délcgueit
^les détails aux raémoires locaux et à Thistoire
militaire et spéciale de cette guerre , il ne
peut qne faire cônnriîire les é^*nements dont
les résultats furent iitipoKtants, et le personnel
de ceux qui les dirigèrent.
Tandis que les choses qni viennent d'être rap-
portées, se passaient dans la haute Véndée't les
cantons les plus reculés dans. Tintérieur des
terres; dans la basse Vendée, vers les pays mari-
times, Charette, avec une autre armée, avaitsou-
tenu la guerre contre les généraux républicains
Beysser et Saridoz, et avait eu quelquefois l'avan-
tage. II voulut s'empaver de la ville des Sables-
d'Olonne , et fut obligé d'en lever le siège. 11
voulut alors aller livrer bataiFle à l'armée cam-
péeprèîide la ville de Luçon. Laroche-Jacquelin
lui amena un renfort de douze mille hommes ;.
mais une lerreuv panique se mit danscette troupe
pendant l'action. Pour réparer cet échec, les chefs
î66 HISTéFUB DÉ FRAKCE,
vtiiEp. vendéens s*éfaîehtiéunissurles bords delaSëvre,
• * pour tenir conseil et convenir de leurs opéra-
tions* Pendant leur absence , Tarroée de Laro-
che Jacquelin fut attaquée. Dans Tétonnement
généra] , un allemand , nomrné Kesler , prît le
conniiandement à la tête de cette troupe d'élite,
que les généraux^ avaient formé' de Suisses ,
d'Alfemands et de Vendéens chofsîs au nombie
de 12 cents hommes, et ramena les roj^atistes déjà
repoussés. Les républicains, entièrement défaits,
perdirent dix cSnons, tous leurs équipages, et
laissèrent quelque temps les Vendéens maîtres
de leur pa^^s. Cette bataille, une des plus dé-
d&ives de cette campagne , se donna près de
Vihiers; mais peu çle jours après, ayant voulu
encore tenter je sort des armes , près de Luçon ,
a5 août* les Vendéens furent deux fois^ repoussés. Cba-
rctte poursuivi échappa à peine aux vainqueurs ;
et neuf jours après , on le voit à Chantaunajr ,
réuni à Laroehe-Jacquelin et h d'Elbée, com-
4 «epr. battre et vaincre l'armée républicaine, étonnée
de voir ses rangs rompus par ces nïêraes hom-
mes qui trois fois venaient de fuir devant elle.
Un préjugé populaire, et par conséquent très-
puissant, avait rendu Luçon d'un augure fatal
aux Vendéens.
Cependant les commissaires représentants
c
\
©•EPÙISUARÉVÔLUTIÔK. l6j
cberchsrtit dans une mesure extraordinaire i|n viuB|i^
reniè<le à tant de maux^ avaient ordonné ce *' *
qu'on appelait une iev^e en masse. Soixante mille
hommes , depuis Tage de dix-kuit ans jusqu'à
^ soixante, furent rassemblés àThouars- L'Escure,
avec depx mille hommes, éWreprit d'attaquer et
de disperser cette multitude , et il y réus;it. Les
garnisons de Mayence et de Valencîennes ve-
naient d'arriver. On en forma deux «armées
fivec ce qu'il y avait déjà de troupes réglées ,
et le système de gijqrre changea. Ce fut alors
qu'un émissaire anglais se présenta au conseil
militaire de Cbatillon , et vint offrir des secours.
Plusieurs voix s'élevèrent pour les refuser, et
l'émissaire n'obtint même pas de réponse défi-
nitive.
L^amou^r de la patrie n'était point encore :
éteint dans les cœurs , et cette ancienne haine
nationale ôta peut*êire aux Vendéens les moyens
qui auraient reculé leur chute. Ce fut alors que
Kleber, à la tête de l'armée de Mayence, vint
ei!oyant achever la victoire que les républicains
venaient de remporter sur Charette. Toutes les
forces combinées de l'armée vendéenne mar-
chèrent à la rencontre dç ce nouvel ennemi.
Du premier choc , les Vendéens sont rais en
déroute; une partie vprit ouvertement la fuite.
C'en était feit de la Vendée , si les chefs neu^
» •
l6di HI.SjTOIl^B DE F RANG P,!
vniEp. sent mis pied k terre, çt combattante ia,tê<e
'^^^* de leur iqfaoterie , qe l-eussént ramené. Lea
Mayençais entourés etétojrinés d'une résistance
nouvelle , furent obligés, de commencer unC
retraite que l'art et la discipline rendaient- seuls
possible, Pepdantsix lieues, harcelés et poursui-
vis, iMaissèrept le? vainqueurs étonnéa jet alar-^
mçs de; pçs nouvéailx ennemis. Cette bataille se
donna près- die TorFpu^ et fut célèbre dans les
guerres .de la Ve>ndée.
U/îp înpuvelle invasion dans la basse Vendée
y rappela; Gharette, et. les autres chels l'y sui-
virent. Uûe nouvjelle bataille, près de Mon-
/ taigu , fvit une nouvelle victoire pour les Ven-
déens. ... ' i
A Saint-Fulgent , im combat de nuit mit ent
core les Vendéens eu possession de toute Tartd-
lerie de l'armée républicaine.
' Cependant uûe arniéç nombreuse s'était for-
mée sous rinspectioû dps coQimissairés repré-
sentants^ ^t sous les prdres.de trois généraux
répuhflicains j Chalbos, Chabot et Westerjpaïui.
Résolu^ c|e portiejr un coup décisif, ils mar.chient
xirprt sur ChaVillon , cette place d'arme des Veri-
• déens. Le combat y fut long, et d'abord le
corps d'élitfî des Vendéens le décida en leur
faveur ; mais Westermano rétablit le combat et
le laissa dputeijx. a reqt^'ce; dç h nuit, L^s
/^
DEPUIS LA rJ V O L U^-T I ON.- 169
V€«dée«s restés majtares de Chatîllon , et jojeux vjit rp^
de k«r avantage r^'oubliferent autour de (|uel- '''^^*
ques tonneaux ûe> Kqueurs fortes dont ils s'é-
taient emparés, et Te sommpil de l'ivresse 'fut .
pour eux cèJui de la mort.
Wortermann, averti ^ revient avec i5 cents-
liommes , %ionipe et égorge un avant^s^ioste ,
rentre dans Chatillon , tout y fut mis à feu et
à sangJLes cbefs vendéens ont à peine le temps
de se sauver à Mortagne; mais incertains de
leur ' position , dès le lendemain les généraux
se' décident à évacuer Chatillon, qui resta ua
monceau de cendre, de ruines et de cadavres.
La destruction «fut telle que les chefs ven-
déens rentrant dans Chatillon , désespérant
d'éteindre l'incendie, et repoussés par l'hor-
reur des spectacles qu'ils avaient sous les
yeux , l'abandonnèrent , et cette ville cessant
d'êtreihabitée, un trait conservé à l'histoire par
un témoin, peindra l'horreur. de cette guerre.
Les- chiens des jidentours et ceux de là ville
n'ayant plus de maîtres , s'en emparèrent; ils
3' vécurent de la chair des cadavres entassés ;
devenus féroces par cette nourriture accoutui-
mée, iorsque longtemps après on voulut y ren- -
trer , ijs se jetèrent sur les |)remiers ^ hommes
qu'ils virent pom' les dévorer ; et, défendant leur
horrible conquête, il fallut faire marcher un
170 HISTOIRE DE F R ANGE,
ViiiEp. bataillon arme pour extermineF ces derniers cr-
'^^'' netnis. Ce témoin ajoute clés réflexions h*op justes
pour que l'histoire ne les admette pas comme un
témoigna^çe et comme un avertissement salu-
taire , s'il était possibleque la postérité fût con-
damnée à revoir ces tristes et désastr'euses ca-
lamités» ' *
« Cet affreux sjstème d'incendie » inventé
par Robespierre et ses adhérents , était d^autant
plus absurde , qu'en poiHant à la France des
coups moitels , il ne remplissait nuHement le
but qu'on s en était proposé ; au contraire , les
malheureux , dont les femWes et les enfants
étaient égorgés , dont les maisons étaient in-
cendiées, n'étant plus retenus par aucun lien, ne
possédant plus rien en propre que leurs fusils,
s'abandonnaient à touslestransports du désespoir;
et, s'attachant aux armées qui seules pouvaient
leur donper une existence , ,devenaienf alors
de vrais soldats d'autant plus redoutables qu'il
ne leur restait qu'à se venger ou à mourir les
, armes à la maip. » Une a^ulre considération seule
eût dû prévenir ce système absurde : la crainle
des représailles.
Wesiermaon venait d'ètré destitué , et bien-
tôt , dief trop peu docile ou témoin dangereux *
il fut aunombredes victimes militaires que l'in*
quiette tjTannie des dominateurs immola à sa
DEPUIS LÀ RÉVOLUTION. 17I
tranquille autorité. Les généraux Lechelle et viii/p.
Baupui comnfiandaient Tarniée républicaine ; et , ^^^^'
pressés par les ordi^es de la convention, qui
bientôt décréta le jour que la guerre de la
Vendée devait finir, ils marchèrent sur Mor-
tagne et Cbqlet , où s'était rassemblée Tarmée
vendéenne. Le choc fut comme tous ceux de
cette guerre où la fureur des partis combattait.
Un mouvement que fit Lechelle pendant Tobs- ^5 ^ct
curité de la nuit qui n'avait pas mis fin au com-
bat, tourna Paile vendéenne que commandait >^
FEscure blessé à mort. Ses troupes fuyent, et
)ts républicains entrent dans Mortagne. Le len-
demain Cholet fut emporté ; et , tandis que la
i'âge y exerçait des horr-eurs qui surpassèrent
toutes celles dont là Vendée était le théâtre,
l'armée vendéennev reparut , et le combat re-
commença. D'abord son aile droite enfonça les
yangs républicains; mais, à la gauche, les ba*
taillons de Mayence , soutenus de la cavalerie,
enfoncent par trois charges consécutives tout
ce qui est devant eux; en vain les chefs veulent
rallier les fuyards et faire avancer leur cavalerie.
Elle s'était retirée à Beaupreau ; alors à la tête
d'un escadron, ils cherchent la /mort, , et plu-
sieurs la^ trouvent. Boncharop et d'ISlbce tom-
bent ; Laroche-Jacquelin resté seul , retire son
aile droite à Beaupreau , et bientôt §e dispose
y
l'J!^ HISTOIRE DE FRANCE^
yiiiEp. il passer la Loire , et donne le readez-vous gé-
néral.à Saint-Florent; là étaient renfermés tous
les prisonniers faits sur les républicains, et déjà
les Vendéens, avant d'abandonner leur pa;ys ,
avaient prononcé leur arrêt de mort. L'Escure,
blessé et mourant , se fit porter au conseil de
guerre ; armé de cette éloquence que donne
l'humanité, compagne du vrai héroïsme, son
ascendant remporte, rafïicux dioit de repré-
saille consentit à lâcher sa proie, et plusieurs
milliers de Français sauvés, honorèrent la tombe
d'un jeune guerrier qui survécut «j^eu à cette
vraie gloire. Les derniers bateaux, chargés de^
vieillards , des femmes , des enfants qui , fuyant
leur patrie incendiée , suivaient l'armée fugi-
tive, passaient encore Ja Loire quand l'avant-
garde républicaine parut à Saint-Florent.
L'armée fui^itive des Vendéens' ressemblait
plutôt à une nation émigrante, forcée par la dure
nécessité à chercher et à concjuérir une' terre
nouvelle , surchargée de vieillards , d'enfants ,
de femmes, fusant Jeur pays incendié; le dé-
sespoir avait armé les femmes même. On vit
à la tête des troupes une La Rochefoucaut et
une sœur de l'Escure; celle-ci fut tuée en ral-
liant les soldats dans une l>alaille,.et les rame-
pant au combat.
Peut-être un jour, lorsque le \erai antiquQ
V
DEPUIS LA RÉVOLUTION. I^S
des siècles aura passé sur ces événements , lavniEp,
poésie épique y trouvera des sujets intéressants
xpour nos neveux , comme te furent les poésies
d'Homère pour les Grecs. On- y trouvera un
grand intérêt harional ; cFtrn-'côJé , Phéroïsme^
chevaleresque; de l'autre, le courage tenace
du caractère républicain; et Ton admirera que
la tuême nation modifiée 'j>ar des opinions drf-.
férentes , ait donné des modelés de'VertUj ou du
nibltis des qualités guerrières ; car. le nom de
vertu peut rarement honorer le» feits d'armes
des deux partis', comme dans les guerres ch;
viles de îous les peuples, les fureurs de Mars
flctrissentscsIkuHe'rfe!. Trop souvent et de part et
d'autre, les massacres soui^ le nom de repré-
sailles, les embrasements, les pil te ges, les ou-
trages à lu nature, aux. mœurs, à la pudeui.'
tl à l'humanité', la destruction sous toutes les
formes, couvrirent de sang, de cendres et de
deuil les contrées qûela gloire et la valeur de*
^combattants auraient pu illuâtref'.
' La nouvelle situation des Vendéens semblait
désespérée; et cette troupe, poursuivie par une
aVmée victorieuse, semblait une proie facile à
'saisir pour finir la giierre. • '
Les Vendéens entraient Céti9y xln pays étraiî*-
ger pour eux; ils n'avaient, nr vivres, ni niu-
nitions, ni place. Lç courage leur donna tout*,.
Î74 HISTOIRE DE I^RAKCË,
viUEp. et leurs nouveaux combats étonnèrent la France
''^^* et l'Europe. La plupart de leurs chefs étaient
hors de combat , Laroche-Jacquelin seul était
en état de commander et d'agîr.
Leur première action de guerre fut de s'as*
surer d'une place d'armes. Après leur débarque-
ment, ils s'emparèrent de Varades, près d'An-
cenisqui fut emporté de vive-force. Ingrande,
• Segré , Condé cédèrent , Château-Gontier ré-
sista en vain. A Laval , une réunion nombreuse
de gardes nationales ne put défendre la ville*
Laroche-Jacquelin s*y trouva à la tê(e de trente
mille hommes et de douze cents cavaliers.
L'armée républicaine qui le poursuivait pa-^
rut , et l'armée vendéenne marcha à sa ren-
contre. Le combat fut un des^plus longs et des
* plus rudes de cette guerre?. Les Mayençais s'in-
dignaient de trouver encore des ennemis en
face, où ils ne croj^aient (](u'ajteindrè des fuyard$.
Le feu cessa; on en vint à l'arme blanche; on
/ se prit corps à corps; on se poignarda avec la
baïonnette. Stoflet, après six heures de mêlée,
fît un détour avec quinze cents hommes, prit
les Mayençais à dos et en flanc ; attaqué^ et
rompus, un grand nombre périt; le reste se sativa
il Châteap*Gontier.
Ce fut alors que l'on put croirç à Paris que
la Vendée était , selon l'expression usitée alors.
i
*795«
DEPUIS LA REVO LU,T ION. ^J^
Uiïct hydre aux têtes reaaîssantes. Peu de jours vim:^
ayant, on avail représenté les Vendéens fuyant
dp leur pays après deux défaites. Qa les voyait
^UT'.uae terre étrangère , entourés dUiabitants
aroiés qui ne pouvaient qu'être leurs ennemis ;
on les Voyait CQrpme une horde fugitive et
chassée sans vivjnes^ sans munitions de guerre $
presque sans armes » partout sans asile; et peu
jçle joqfs ensuite., ils sont proclamés vainqueurs
de cette nième armée de Mayence , l'espoir
de Jarrépubliqi^ et Télite de ses. guerriers. L^s
succës des armés vendéennes ayaieht réuni à
eux les méconteots du nouveau pays où ils com-
batta.ient« Dix mille étaient venus les joindre.
Ub^ troisième victoire que décida la pré-
sence de l'Ëbcure » qiû.se 6t porter mourant
dans les rangs de ses soldats éûrftplés , leur li-
vra Laval et Cbâtpau-Gontier ; enfin une qua-
trième bataille , à Ërnée, ayant ,encore été à
l'avantage des Vendéea3 ^. Jes villes de Dol ,
Avranches ouvrirent leurs |)ories ; Fougères fût
emporté d assçiut.
L'indiscipline et Timpérltie furent catisede,
la défaite de l'armée républicaine;.. elle marr
chait négligemment à l'ennemi le long du grand
chemin sur *une seule colonne. L'ayant -garde
>rivfpienjt attaquée , se renvei:sa ^ur la tête de
la cplonue , «t bientôt, par l'eâet connu des mûji^
yniEp. vements de terreur cornfniini'qtiés, tmit fut efi
désordre et bientôt en déroute. Le général Le-
chelle , pla^e piar les-jàé^Mns de Paris, Se ^t
înstice ; 'et donna sa dérnîsàioiii.t^ariïîée^^e ré*
tira sur Aù^é^Si- J^arhaîs lés aftiiiresdes V^ii-
èléens n'avaieirt été dànô'uii élat si ftorissahf.
Le pasèhge? de la-Lôîrey éri écyrtiint les Vendéens
ffè letir pajs, tes avait liés è*^k('fdrtuû« de;l^tT^f^
fchefs; ils ne pouvaient plus rétolirtièr à' lèiirfe
Fojérs. Après lé combat , ce S*^ïa?i* plus' deè
liomrhes rustîtjties'rasseitïblés^jkMli^'uA eôiij^'cte
^ itiaîn, et dispersés'par la iiéeeSsîté des subsis-
tances; aguerris par deux fatt^pagnee e't 'd^s
combats journaliers, c'étaient alors .des sôtèM^s
endurcis aux travaux et accontumés aiix'reréi^
et aux alartneéi n-ayant plus rien à pferdrêj et
ne pouvaîit vivre ^tie de léur'épée. "
' ' Am ë$'raffkii é de Laval , les 'chers tinretit^côn*
^eils; les uns voulaient rétournei^ datis la Vén*
liée ; des avis plus audacieux proposent de mavi
elve^stair P<iHs.' L'ârinée était àlôï^è de 40 milfe
hommes, trois fois victorieux d^uis pe» tte
jôufs. Les varries conjectures sur toutes les
chances dG< làf probabilité, sont des dissertations
jpolitiqùesc^iei'hTStôire abandonne.
©es causes plus réelles influaient alors sur
les évérieniïé'ritè^ef sui^ les détermitiationsiç le
TCdbineÉ -brîtannî^'ue ne perdait pas de vue la
^ ' guerre
■t*
I
1
PEPUIS LA REVOLUTION. 177
jBjnerre civile de France. Tant que les succès viiiïïp.
furent balancés, il offrit des secours; mais dès *
que Tarraée vendéenne approcha des rivages de
la mer , les communications furent plus intimes.
On prépara ub grand armement dans les ports
de l'Angleterre ; on forma en corps les Fran-
çais émigrés ; on annonça des efforts et des se-
cours, dont la mesure et l'objet furent connus
quelque temps après à Quiberon ; etVest à ces
considérations qu'il faut attribuer sans doute la '
faute que firent les Vendéens, en se détermi-
nant à une entreprise sur Grandville et sur
Saint -Mcdo,. Les Vendéens n'avaient point de
yfloltes, et leurs conquêtes, s'ils eussent réussi,
ne pouvaient être gardées que par les escadres
anglaises.
On se décida d'après l'espoir que donnèrent
les apparences d'une communication facile avec
une grande puissance maritime.
V Grandville et Saint-Malp, placés au fond du
golfe que ferment les îles de Jersey çt; pre-
nesey, communiquent par elles avec les côtes
méridipoales de la Grande-Bretagne, et tous
iès,ports qui y sont situés, Grandville, d'un plus
. fiicile accès,, dut être attaqué d'abord, et le suc -
. ces de;celte entreprise devait^ décider de celle de
Saint-Malo.
Les Iwbitants de Grandville s'armèrent ,et se «/> «o^-
Tome IF. 12 -
178 HISTOIRE DE iFRANCE,
viriEp. réunirent à la garnison. Un officier' municipal
•79^. revêtu des marques de sa dignité , fut tué sur
les remparts , ordonnant les moyens de dé-
fense.
La cavalerie vendéenne se déploya en avant
des faubourgs de Grandville; puis l'infanterie
tenta Tassant, mais sans succès. On s*étaît em-
paré des faubourgs; mai^ personne dans Par-
mée" ne connaissait l'état des fortifications de
la place. Elle fut attaquée trois joui^ de suite
par le côté le plus fort, et la valeureuse dé-
fense des habitants et de la garnison , sauva la
ville. Cet échec rétablit les affaires de la répu-
blique. Les succ^ës suivis sont nécessaires aux
partis qui lèvent l'étendart de l'opposition contre
les gouvernements étabh's. L'opinion qui seule
leur donne des renforts, s'éloigne ou se rap*
proche de leur cause avec la victoire. Cet échec
reçu devant Grandville, assura tous les dépar-
tements du Nord qui , à la première nouvelle
du siège, en attendaient l'événement.
La flotte anglaise, après avoir croisé quelques
jours pi la vue des îles de Jersey, rentra dans ses
ports ; et quoique les Vendéens eussent obtenu
quelques succès sur l'armée républicaine, à Dol ,
leurs affaires allèrent, toujours déclinant depuis
la levée du siège de Grandville.
Plusieurs causes avaient concouru à leurs
I>ËPU IS LA RÊVOLUt^ON* IJÇ
premiers succès. D*alK)rcl, la composition des viiiHjj.
armées de la république , levées à la hâte dans
Paris, ou formées de réquisitions/ prises sur
place , dans le pays même qui était le théâ-
tre de la guerre , et par conséquent compo-
sées d'hommes souvent d'opinions opposées à
celle du parti qui les forçait de combattre. Le
choix des généraux que la méfiance dictait
plus que toute autre considération. On, ne peut
//(Oz//er, écrivaient, après la déroute de Vibiers»
les représentants commissaires Bourbotte et
Thureau , on ne peut douter qu^il n existe
dans notre armée une foule de contre-réçolu^
tionnairés qui ^ en pillant les maisons des \
meilleurs citoyens^ et en violant leurs femmes
et leurs filles y cherchent à faire tourner contre
n&ns les armes des habitants du pajs , ces scé-
lérats sont parvenus à faire fuir les troupes
chaque fois que les brigands s^ approchent.
Cette confiance mutuelje et à Tépreuve , qui
fait qu^au moment du combat les hommes
comptent l'un sur l'autre, et s'assurent ainsi daps
le poste qu^ils occupent, faisait la force des sol-
dats vendéens , et manquait tot^^lement aux ai:-
mées républicaines; composées de corps -incon-
nus l'un à Tautre., et que l'opinion et l'esprit
de parti ne ralliait pas.,
• . Au moment oii le siège de Gràadvill^ fut in-
l8o HISTOIRE DE F R A N C Ê>
viiiÉ^. coTisidérèment résolu par les chefe tle la Ven«*
' dée , lUi autre plan plus hardi avait été pro-
posé, c^était de marcher, par les départements
du Nord , sur l'armée de Jourdan , et fa mettre
ainsi entre deux feux. Ce parti qui eût coupé
A l'armée du Nord de la capitale , tut heuretise-
ment rejeté. La réussite eût ouvert les* barrières
de la France à rétranger, et déjà les succès de
ia" bataiUe xle Watigni étaient balancés par des
revers. r . :
Après la retraite des ennemis au-delà de la
Sflmbie, Jourdan avait refusé de' la i)asser pour
aller les attaquer, avant (Qu'une forte diversion
dans la Flandre maritime, y eût retenu les ren-
forts <jue' les généraux autrichiens auraient pu
tirer de cette partie.
i.eïbiu. Cette diversion s'opéra par une attaque «ur
ai; orto. toute la ligne ennemie, depuis Arlenx jusqu'à
Bailleul; tous les postes ennemis, à Varî^etoh ,
Fjiïrnes , Commines ^ Poperingue , furent en-
. levés ; sept pièces de canon restèrent aii- pouvoir
^ des Français , et les Autrichiens furent j par ces
^ mouvements , forcés de lever leur camp de So-
îème et de se rapprocher de Valencieones. .
Malgré ces avantages , l'état de Fermée de
Jourdan était tel , p^ le dénuement de tous les
moyens pour se porter et agir en avant, que
les commissaires représentants , par un arrêté
«
Dl^fV.l S LiA :5R É T.OLVriOλ. l8|
motivé i tl tjiii prouve aa$ez combien les gé- vnvRp.
néraux craignaient de compromettre Içttr, res* ^^^'
pms^bëiké 9 déoidèl'çnl ùa^ t^otivenriènt' rétro-
grade <i.i]i;rèpQrta ceitç '»i>m^e dans> les même^r
positions, qu'elle occupait ^^vant la viètoj]?e.cdQ
Watîgm\)v : • n. •-: - ; . :. ■ . ^..î...i.": --i
.Quatre mille^hommesqtii occupaient eH^vant 9 trum.
le'cpQSte de Marchiennes >.y iucent.atlaq.iies' pai»
des Forces trës-su péri eurës. Qb liges dé ise-irc*iner
dans laivilie» le^cooibai y fi^t un massacre « où»
plu& de kr 'moitié' lurexit tués; eki .CDmWttant
tiaBis>i)es .1 ues , le reste l,^pres<}ue tout defblessés y
futfpjrîs. 'Depuis Ja riHn :tj»^{(]ue ^de Mari^^An^f
toifiette bette guerrélàvattjprisunraractère^de;
liaine et d'exterminatiô», 'Lés Français fuçenf
aussi foiroés à lever le siège de Nieuporf^dans
ces aIteiiÈ)atives de marches et de retraites , les
4
combate journaliers tie décidaient ri,ctn^|^et;OûBà*
taient aux nrations beauffoup.desarigw >a >.t ••
L'aripée de Jourdau) était, postée ajaufe 3on.
centrera Giiise, où était ie quartier^gfç^érali
Le prince de Wurtemberg, avec un corps de. 17 M.
trente mille hommes détachés de la grande àr- ® *^^*
mée autiichienne, ^ttaquaaiC toute la: ligne* de$
postes français ', fut piartoXi t. repoussé;^ fiprès
un combat. longtemps douteux^ etiqiKT'xlécl-* f-»"*
dèrent jplusieurs charges d- un ^ corps de- eava- «aidsw
\
l8â HT î S T O I Rï 'd:E FRANCE,
vruEp. lerie légère, qui n'arriva que vfers la fin de la
journée. ** - ...
" Pour réparer cet échec-, Par méfe. eût ière des
alliés passa la Sambre , prit position '^' Beau-
mont, d'où eHe se pdrti^ en avant jusque: près
de Saint-Quentin, et ses postes firent contribuer
des villages à deux fieues de cette pUlce. Ce
tnouvenaertt hoits de mesure ,u'avâit pour ob-
jet que -dVssurer rétablissement des quar liera
d'hiver en arrière ; maïs sur la ligné frontière
du lÈTritGJTe français. Cette ligne de cantonne-
xnent^duvent attaquée (la rigueur de :la iaison
ralentit peu ja guerrei) ^-s'étettdil dèNainur
à F^iriies ; .passant* par Charleroi> Mezières ^
^ Beanmont, Bavai, le'Quesnoy, Valentiennes ,
Templbuve , Pôperingue , que les alliés ve-
naient - de reprendre après une action san-
glante .à Hondtschoote. Tous ces lietijc déjà
signalés pendant cette, campagne par des suc-
cès, étrpjar des revers de chaque parti, furent
encore, pendant cet hiver, le théâtre de com-v
bats indécis et sans résultat fi:énéral.
L'armée de Jourdanse divisa en trois corps;
le premier, plus en force , se porta en avant de
Lille y au camp de Cisoing, que les alliés ve-
nait cPatandonnen Un autre corps: lut placé
entre Bouchain et Cambray , pour arrêter les
DEPUIS LA REVOLUTION. l83
courses continuelles des troupes légères dans le viiiEp.
Cambresis; au Nord, dans la Flandre maritime, '^^ '
la troisième division de l'armée se retira vers
Dunkerque , et occupa les camps de Rosendael et v
de Hondlsclioote. Tous ces corps furent tenus
en activité. Le comité de salut public méditait une
campagne d^hiver et l'invasion de la Flandre
par les pays maritimes. Les succès de l'armée
de la Moselle pouvaient faciliter ce projet.
Cette armée, après plusieurs incursions dans
le pa378 occupé par l'armée aux ordres du gé-
néral Bçaulieu , l'avait obligé à se retirer au-
delà de Philippeville ; et en même temps une
division conduite par Hoche , avait attaqué à la
droite le corps commandé par le général prus-
sien Kdlkreut,qui faisait partie de l'armée de
Brunswick , couvrant la droite de Tarmée de
Wurmser devant Strasbourg.
Les Prussiens attaqués dans leurs positions as bm;
près de Bitcli et de Blies-Castel, n'y furent pas '^
forcés; mais se retirèrent pendant la nuit qui
suivit le combat, soit qu'il eût rendu cette re-
. traite nécessaire, soit que les plans combinés
entre les deux puissances alliées ne fussent pas
d'accoixl avec leurs intérêts particuliers. Ce
mouvement rétrograde des Prussiens laissant la
droite de l'ai^mée autrichienne à découvert,^
l'oblrgea bientôt de s'éloigner de Strasbourg^
nfiv»
i
^
184 HISTOIRE DE FRANCE;
VTiiEp. et de se resserrer dans ses positions en arrière
'^^^' de Hagueneau ,♦ qialgré la reddition du fort
Vauban, jadis Fort-Louis , qui venait de capi-
tuler, laissant sa garnison de quatre mille hommes
prisonnière. Landau était toujours bkx}ué; mais
les efforts de l'armée qui l'environnait ,- ne me-
nacèrent jamais la place. La même division d'in-
térêt craignit de laisser cette jx)rte du territoire
français au pouvoir d'un allié qui bientôt devait
cesser de l'être.
Le parti dominant dans la convention , ou
plutôt la dominant (car Robespierre et l'anar-
chie n'avaient plus de contre-poids ) ce parti que
l'on peut à cette époque nonjmer le gouverne-
ment y rassuré sur les ennemis du dehors , ne
songeait plus qu'à établir et consolider sa puis-
sance. '
Son système unique était la terreur, et ja-
mais une arme politique n'eut un effi?t si
prompt > si général et si sûr : une tête tombée
en faisait courl>er mille, A l'acpect de la hache
devenue judiciaire , ce* sentiment de crainte
et de respect que Tappareil de la jtïstice
publique impose , glaçait tous les cœurs ,
et disposait de tous les bras ; les uns , au pre-
mier si^^nal et souvent sans l'attendre , vo-
laient aux frontières comme dans tm asile ;
les autres, retenus près des exécuteurs , prê-
DEPUIS' LA REVOLUTION.
S5
taîent leur mîriistërd aux meurtres, consacrés vniFp,
par une apparence et par des formes légales; *^
et lés victimes désignées n'ayant de recours,
ni à des lois ) ni mêtnê à une force publique,
se résignaient sans résistance , et en appe-
laient, en expirant, à la juislice divine et à la
postérité. -'^
Trop de monuments écrits , contemporains
et publics , restenl de ce temps de convulsioa
soriafe ; trop d'archives sont dépositaires des
actes de la barbarie, de Tatroce illégalité, de
l-éppreission à la fois systématique et vengeresse «
que ron;fit •j)eser politiquement et méthodique-
ment sut' là 'France républicaine, pour que
l'histoire soit condamnée à nombrer nominatif
v^ment les forfâiià^ juridiques des commissions j
appelées tribunaux révolutionnaires ; qu'il suf-
fise de léguer mi« générations le souvenir du
courage passif k\ed victimes qui surpassa Tinfa-
tigable activité; des piges.
A Strasbourg, plusieurs têtes : furent abat-
tues sur la place jTUpblique; et, .l'instrument fa-
tal promené ensuite dans' les habitations du
culdvâteur, alla chercher sa proiedans les fermes
et dans les ateliers rustiques. Cefut alors que
se fit cette prodigieuse émigration des départe-
ments du Rhin, qui- confondit tous les états
dans une autre égalité; celle de l'infortune, fit
"A
:i86 HISTOIRE DE FRANCE,
viiiEp. passer à l'étranger , le prêtre , lartisan , te
noble , le fermier , le propriétaire , Thomme
de journée. L'armée autrichienne, qui leur
donnait passage, put croire que la France lais^
sait déserter vers -elle tous ses défenseurs, et
dépeuplait elle-même soa territoire. Cette énai-
gration locale fit passer en Allemagne quarante
mille individus. i
A Lyon, il sembla que l'on voutût détruire
la ville même ; et longtemps après, lorsqu'eofin
le pénible recensement de tous les actes san-
glants de l'anarchie , fut présenté à la tribune
de la convention délivrée , l'orateur rapprochant
les faits, les ci rco.ns tances, les indices, les in-
térêts surtout, n'hésitait pas. à annoncer que le
crime de Lyon était /l'être le centre dç l'indus-
trie du commerce, et la source d'une richesse
d'exportation enviéeet désignée par unejagencp
6ecrèté rivale et ennemie de l'industrie et du
commerce de la France. Les pliis opulentes
et les industrieuses tamilles de Lyon , périrent
par le fer; trop lent , le feu de la mousquete:-
ïie y suppléa, et bientôt après , le canon chargé
à mitrailles, fut employé pour hâter la destruc-
tion. Ce qui restait de maisons de quelque ap-
parence, apl^ès le bombardement, fut démoli;
des taxes arbitraires ruinèrent ceux à qui on
^ laiêsa la vie j le négociant resta sans crédit; le
Z'
l'
DEPUIS LA RÉVOLUTION. Ï87
InânuPdcturierr sans ateliers et. sans capitaux ; vincp*^
l'ouvrier sans travail , et celte inscription qui '^^^•'
dut être iélevée .sur les ruiaes : Lyon Jit la
guerre à la liberté y Lyon n^est plus y fut eflPec-
tuee avant même d'être érigée. ...
A Toulon, les commissaires délégués par la
convention, ordonnèrent que tous ceux qui
•avai<înt porté les armes pendant le siège
eussent à se rendre sans- armes dans une
plaine indiquée piès de la ville ; il .s'en trouva
Ktîit tnille ; ce nombre étonna; on jeta le sort ;
trois cents furent fusillés,
AAîx,jà Marseille, les exéciitions n'eurent
li^u qu'eût détail;
. Bordeaux expia par des supplices -et par de
fbrtes taxes , ses menaces sans effet et sa révolte
«ans action. ' ' :
Les massacres dans la Vendée ne se faisaient
fcnc^re que sotrs la forme d^exé<mlion. mi li taire j
' Dans les autres départements de l'ouest , lea
prisods se remplissaient ; mais le sang coula
moins. ^
^ Dans ceux, du ntard, l'anarchie déploya toutes
ses fureurs , surtout p^r ses forràes plus ef-
frayantes et pîUB pionstrueusés : on y vit ies
prêtres enchaînés deux à deux , et exposés à la
risée du peuple. Pèii de propriétaires échap-
pèrent aux angoissjes d'une longxte détention. Sur
ï88 HISTOIRE DE .TRAî^C;E,
viiiEp. toutes lés frontières y la mort ne moUâpoeait
'^^^' qu'avec la faux de la gueiire , quoique Kin^trwt
ment fatal fût en ])ernian0oce.à la suite des
armées , et que l'on eûr^vu des ai^eiS: aller
prendre , dans les rangs et derrière les redoU.teç
qu'ils tléfeqclaient i des 3oWatK accusé;^, au.dé-
elarés su^p^cts. «' ..
Du centre de cette circonférence, Pariç, eii-»
voyait la terreur sur tous les rayons, La con-
vention semblait donner Texenaple deijsacrifices%
Quatre: de ses membres , les .plus renommée
par leur patriotisme > et même ainsi t^)Q4.4?
iiommart alors. par leur jacôbinisiïife/ifureïit'ar-
rêtés par un ordre seul du comité jde .«ui'etéjgéf
nérale. . • ; / .-/.-. v ' > * ,;m'[ .
' Un court rapport en renditxompte ^ san» exà}
men ni discussion. Bazire, distingue parmi, ieç
montagnardsTomm^ crêtars ; e'est ainsi qu^ se
désignaient eux-mêmes oeùx .qui habitaient. i/a
crête de la 7wb/i//7#«e , s'était signalé dans,pflu-
sieurs crises révolutionnaires. Envoyé à Lyon^
ses rigueui's sans motif avaient révolté le3. habit
taats y et décidé les événémeots' du 3i mai. Il
avait sollicité un décret d'amnistie ea .faveur de
Jourdan d'Avignon j celui qu« l'on siiroo^Qid
.Chabot sorti du cloître , s'étaitt6u|ours signaf^
parmi les jacobins par les plus incendiairçs i»Or
DEPUIS LA RÉVOLUTION. 189
tiens; maïs, fâtîgué de Passervîssement de* ses viilEp.
c<rflégues, il avuittjsé dire que s'il n'existait pas *^
de côté droit , îl ^n formerait tin à lui seul , et
cette apparence de remords, fut son crime. Celui
qui lui était imputé fut une yaste conspiration,
dont lui-même , avec Bazire , furent les dénoncia-
teurs , mais de laquelle on les supposa complices.
Les deux collègues qu'ik accusaient étaient Lau-
nay d'Angers et Julien de Toulouse, tous deux
membres connus et renommés du club des jaco-
bins. Lé premiet*, ancien magistrat; le second ,
ministre de la religion protestante , réussit à se
dérober au décret d'arrestation; les trois autres
]>rolongèrent encore quelque temps leur vie
dans les prisonis, jusqu'au temps où Danton suc-
combant sous son rivicil , fut conduit au supplice;
accomj)agné de ceiix que l'on appela alors ses
complices.
Ainsi se vérifiait cette prophétie d'un orateur ;
que la révolution, comme Saturne, dévorerait
ses enfants. Déjà la multitude familiarisée avec
l'instrument du supplice , n'y voyait qu'un spec-
tacle ; et la raîllerie se joignant à l'inhumanité,
les chariots de mort qui traînaient les condam-
nés étaient suivis et précédés d'une foule nom-
breuse , mais toujours composée des niêm^s .
hommes, insultant par des sarcasmes, injurieux
et plaisants, les victimes, la plupart calmes et
IÇO HISTOIRE DE.F. RANGE,
Vin Ep. dédaigneuses. Nuls souvenirs n^intéressaîent plus
le peuple en faveur de ceux q^'il nommait ija-
guëresses amis et sçs défenseurs ; Texcës même
des rigueurs judiciaires et la multiplicité des sen-
tences (le mort , semblait les motiver. Il faut
bien, disait-on , qu'il y ait des conjurés, des
conspirations et des coupables , puisqu'il y ^
tant d*accusés et tant de victimes. Cette opi-
nion fut même établie chrz l'éti-anger. Dans
Péloignement , il lui était plus aisé de croire
à des délits politiques qu'à des tribunaux entiers
de juges prévaricateurs.
Parmi les procès qui se succédaient journel-
lement au tribunal , et dont le nombre interdit
à l'histoire le recensement et les détails. Quel-
, ques-uns des condamnée, plus connus par leurs
actions ou par leurs emplois , fixèrent l'attention
publique.
Laverdi , ancien minisfre sous les rois, retiré
depuis longtemps dans ses propriétés, âgé de
soixante-dix ans, n'avait pris aucune autre part à
la révolution que de se laisser nommer com-
mandant de la garde nationale de sa com-
mune.
On intenta contre lui l'absurde ^t ridicule
accusation d'avoir voulu amener la famine , en
jetant des blés dans un bassin de son jardin. En
vain l'infortuné vieillard observa que ce bassin
DEPUIS LA HÉVOLUTION. I9I
n'avait que vingt pîeds de diamètre et deux viirtp.
pieds de profondeur, et qu'il était situé sur le *^^^'
bord de la voie publique. Les rumeurs , popu-
laires trop justifiées par des Faits, avaient accusé
les derniers temps du règne de Louis XV, d'un
système de spéculations sur les blés. Des témoins
au procès ju'oduîsirent des preuves grossière-
ment compliqiïées d'un pacte que l'on appela
pacie de famine , fait dès Pannée 17:29, et re-
nouvelé tous les douze ans, avec qucitre entre-
preneurs, poiu' tenir les subsistances à haut prix
dfîns toute la France. Cette imputation faite à
un ancien ministre, était trop à la portée de la
multitude pour n'en pas être accueillie, et il en sfrîm.
fut aisément victime. Dès le lendemain, un dé-
cret ordonna que tous les fermiers^généraux ,
les . intendants , les receveurs - généraux des
finances, seront mis en arrestation. Ces décrets
étaient déjà des sentences dont l'exécution était
seulement ajournée.
Peu de jours après, on vit comparaître, et,
selon Texpression du ïtioiw^ntj occuper le [fàu-
teuil y un homme que les premiers jours de la.
révolution de France avaient rendu célèbre ,
Barnave , retiré à Grenoble , après la fin de
l'assemblée constituante, trompé dans ses espé-
rancesde liberté et de constitution, rie desirait
/
iça HISTOIRE DE FRANCE,
vixiKp. plus que l'obscurité. Cet asile, rarement celui
d'une célébrité quelle qu'elle soit , ne futpas res-
pecté; traduit au tribunal, il y retrouva toute son
éloquence , qui ne put le défendre d'un jugement
déjà prononcé avant de l'entendre. Un de ses
anciens amis, et compagnon de ses premiers
travaux révolutionnaires 5 se porta contre lui
comme témoin. Après la sentence prononcée.,
Barnave lui tendit la main , en lui demandant
la sienne.
<f Je vous la donne, dît le dur républicain,
mais comme Brutus à son fils. ^
Duport du Tertre subit son jugement le même
jour; ir avait été nommé garde du sceau pen-
dant l'assemblée constituante; revêtu de cette
dignité |i l'époque de l'arrestation de Louis XVI
à Varennes, on lui rappela qu'il avait déposé
sut* le bureau de l'assemblée nationale le sceau
de l'état, quoiqu'un décret le lui eût spéciale-
ment ordonné. Depuis, révolté des attentats du
2 septembre, il en avait dénoncé les auteurs; et
dans toutes les occasions, il avait manifesté une
opposition aux jacobins, qui ne pouvait lui être
pardonnée. A la lecture de son jugement , il
s'écria : « La révolution tue les lionKiies et la
postérité les juge. »
Kersaint aussi qui , par un mouvemcut incal-
culé , mais généreux , ^vait donné sa démission ,
lut
V
V
DEPUIS LA RÉVOLUTION. 198
fut traduit et jugé. Il avait motivé sa démission vmEp.
par une lettre datée du 20 janvier. Appelé à \a^ ^^^^*
barre peu de jours après, il avait refusé de re-
prendre sa place.
Enfin un seul arrêté du coûseil-général de
la commune, ordonna que tous les citoyens qui
s'étaient trouvés membres de la Inunicipalité
dont Bailly était maire, et qui avaient signe l'ar-
rêté du Champ-de-Mfcrs, seraient traduits au
tribunal révolutionnaire. Une foule de citoyens
qui se croj^aient oubliés, furent tirés de leur
fojer , et renfermés en attendant l'heure du
tribunal.
S'il fallait que le burio de l'histoire traçât tous
les détails sanglants de cette terrible époque,
bientôt émoussé , il ne^ lui resterait aucui\
moyen pour graver en traits plus durables, les
événements militaires qui , aux yeux de la
postérité , couvriront ces forfaits juridiques,
comme ils les dérobaient aux yeux de l'étranger
et de l'ennemi.
Quoique les quartiers d'hiver pris par les
d'eux armées , fussent souvent réciproqueiptient
attaqués, chaque parti éprouvait le besoin d'un
intêrvallp de repos, qui pouvait seul mettre en
état de recommencer la .:^uerre au printemps,
et chacun ne s'appliquait qu'à pouvoir ouvrir
le premier la campagne. Cet intervalle à
Tome IF. . i3
s
194 HISTOIRE DE FRANCE,
ViiiEp. des mouvements trop prompts et trop décî
/
^^ * sifs pour avoir pu être interrompu dans le
récit , permet de le reporter aux autres exlré-
îTiîtés de la France, où d'autres armées com-
battaient aussi pour et contre la liberté des na-
tions;
L'ancien pacte de familfe qui liait les deux
branches régnantes de la maison de Bourbon ,
avait été maintenu de faif par l'assemblée consti-
tuante» lorsque , par un élan magnanime, elle
tripla le nombre des vaisseaux dus par le traité
à l'Espagne attaquée par l'Angleterre. Malgré
l'éloignemeiit que la cour de Madrid manifes-
tait pour les principes de la nouvelle consti-
tution de la France, la crainte de TAnfifleterre
'la rattachait à l'alliance de la république. Les
événements de Varennes et du lo août ne l'en
détachèrent pas ; mais en même temps la con-
duite des ministres espagnols envers les Fran-
çais qui se trouvaient établis en Espagne, pro-
voquait une rupture , et la convention les pré-
^1^3? venait toujours. La guerre fut déclarée à l'Es-
pagne, et le même décret porta à cent mille, le
nombre des soldats qui devaient être rasseuiblés
sur cette frontière. *
L'Espagne aussi n'avait pas négligé les usages
politiques; on se servit des prêtres, et surtout
des moines, dont l'autorité est reconnue, pour
D li:PUIS L A Ki VGLUTI ON. ïpS
exaller l'esprit du peuple, et opposer ainsi na- vïiiFp.
tion à nation ; on fit dans tous les paj^s une
lecture publique du testament de Louis XVI,
et Teffet de cette mesure fut prodigieux. La
multitude s'anima d'une égale fureur contre
tous les Français sans acception de parti ni d'é- ,
tat. A Valence , les maisons des commerçants
français furent incendiées ; à Barceloune, plu-
sieurs Français furent massacrés ; à Cadix, les
biens des maison^ de commerce furent* mis sous
le séquestre, et la plupart des négociants eurent
ordi'e de quitter l'Espagne, et furent contraints
de se retirer en France.
Des cent mille hommes décrétés par la con-
vention pour composer les armées d'Espagne »
il n'en existait que trente-trois mille.
On avait formé , ou plutôt désigné , deux
armées sous le nom , l'une des Pyrénées orien-
tales, ayant sa gauche à la Méditerranée , l'autre
de^ Pyrénées^ occidentales , ayant sa droite à
l'Océan ; les fronts des deux armées se prolon-
geaient parallèles aux montagnes, de manière
que leurs ailes opposées se rejoignaient vers le
centre de cette étendue, où l'élévation des Hautes-
Pyrénées rend les passages plus rax^es et plus
difficiles. '
Lorsque la guerre fut déclarée à l'Espagne
le 7 mai^, l'armée des Pyrénées- occidentales
^
îg6 HISTOIRE DE FRANCE,
ViiiEp. n'était composée que de huit mille hommes,
^^^\ partie troupe de hgne, partie levée réquisition-
naire du pa3^s. L'armée des Pj^rénées orientales
n'était que de vingt-cinq mille hommes..
L'Espagne au contraire avait des préparatifs
formidables , une armée de trente mille hom-
mes , nombreuse en cavalerie et en artillerie , oc-
cupait déjà les passages vis-à-vis Bayonne et de-
vant Perpignan ; tme autre armée de même
force menaçait d'une invasion ; et , par un
contraste assez remarquable, autant la déclara-
tion de guerre de la convention était d'un style
haut et tranchant., autant le xnanifeste de-l'Es-
pagne était plus même que modéré. Le rappro-
chement de ces deux corps d'armée, et le but
de leurs opérations, quoiqu'elles fussent indé-
pendantes, obligeront de faire marcher de
front le récit des événements de l'une et de
l'autre àrmce.
Si mars. Leurs Opérations, commencèrent à peu près
à la même époque ; à la gauche , le général Sa-
huguet fit une première invasion dans la val-
lée d'Arran, et ramena quatre-vingts prison-
niers. Ce léger avantage ne fut pas soutenu.
ioaTrii. Une entreprise des républicains sur Saint-Lau-
rent de Lacerda se termina par une retraite;,
cinq compagnies françaises avaient attaqué six
bataillons espagnols; ceux-ci s'emparèrent du'
1
BEPiriSLA RÉVOLUTION. I97
poste important d'Astei^ils 7â(taquèrent ?â ^'ille viiiEp.
dé Ceret ; là, les bataillons' natfonaux qui n'a- *^^ *
vaient pas comme ceux dtt Nord eu les occasions
de s^'aguerrir, se mirent en déroute, et la retraite
fut couyerte par un baiaillon du régiment de
Champagne,: commandé par Sauret, bientôt
élevé au gracie de général. Les troupes en rè- «^
traite et e« désordre, se réfugièrent à Perpi-
gnan , qui fut aussitôt mis en état de siège par
les commissaires représentants, '
A la droite, en avant de Bayonne, Varmée avait
été divisée en plusieitirs postes trop éloignés pour
se soutenir. La! nécessitéde calmer les craintes des
haljitantsdu pays , avait obligé de garder tous le»
passages fcftte dispDérsion: devait amener des ré-
vers. Le camp^établi au fort d'Andaye»fut atta-
qué de^. hauteurs -dominantes occupées par les
Espagnols ; une vive canonnade suffit pour faire
abandonner le camp. Les Espagnols passèrent
la rîvièi^e de la Bidassoa, et menacèrent le fort.
Un chef de bataillon, nommé Willot, rallfaquel- a^arti^t
ques troupes, et les Espagnols furent repoussés;
mais le lendemain , il fallut retirer la position
plus en arrière. Presque tous les généraux
avaient été blessés. Le général en chef Du- .
verger fut destitué et traduit à' Paris afu tri-
bunal. . . •
A la gauche du camp d'Andaye était le camp
5o arril.
198 .'HI S T OmvE DE F R A NC E',
vitiEp. ^^^ Sarre , gardant le passage de la gorge
»793. dç ]a Ver^. Ce camp fat .attaqué peu de
jours après. Le général espagnol dora, Ventura
Caro voulait tâter tou« les postes français pour
juger quelles troupes il avait à combattre. Lé
camp de Sarre ftat abandonné , et se replia en
d<jsordre jusque sttr la ville d'Ustariz. Ce fut à
cette retraite que se signala le brave Latour-^
d'Auvergne, qui dépuis refusant toutcommaq*
dément , reçut de Bonaparte le grade unique de
piremiergrenadier de l'armée. L'alarme se mit
à Bavonne , où rien n'était en état de défense ;
mais les Espagnols , après avoir, brûlé le* camp
de Sarre , ne poussèrent pas leurs avantag-es ;
^t le général Servan , î"ugjeant;iju'avant de
mener ses troupes à Fennemi , il fallait les for*
iner par Tinstruction et par^ la discipUibe , établit
l'armée, dans un camp en ^vant de Bajonne,
pour couvrir cette place.
. Ainsi, dès le début de la campagne, lés deux
armées des Pyrénées se trouvaient retirées sous
Je canon de leurs places fortes, Bayonnè et
Perpignan. Servan fut ensuite rappelé, et l'armée
des Pyrénées orientales fat commandée par le gé-
néral Deflers. Cette armée , outre les garnisons,
ne consistait alors qu'en dix mille hommes dis-
ponibles, dont quinze cents de. troupes de ligne.
Deflers avait cependant remarclié en avant jus-
DEPUIS LA REVOLUTION, IÇÇ
qu*au Ma8-d*Eu , poste sîtué entre Perpignan vinHp;
et Bellegarde. Quinze mille Espagnols, sur huit
colonnes , attaquèrent, et tournèrent l'armée
française. Malgré un premier avantage , le poste
fut perdu; la déroute reporta les troupes d'abord "9»«''
jusqu'au camp , ensuite jusque sous les murs
de Perpignan. La gendarmerie à cheval refusa
de charger, et entraîna tout , entraînée elle-
même par les cris accoutumés de trahison et
de saui^e qui peut. Un moine espagnol, nou-
veau Sinon , s'était introduit dans Parmée fran-
çaise , et av^it réussi à gagner la confiance des
commissaires représentants. Ses avis étaient cms
et suivis; il servait cçmme chef de bataillon, et
peu s'en fallut qu'il ne parvînt au commande-
ment de Tarmée; il disparut, quelques temps
après , dar^s une action , et l'on ne sut plus ce
qu'il était devenu.
Après la retraite du Mas-d'Eu, larmée es-
pagnole entreprit le siège de Bellegarde ; cette
forteresse est le premier poste avancé sur la fron-
tière de France, et devait Touvrirà l'ennemi; il
s'empara d'abord du village d'Argelés, sîtué sur
le bord de la mer, et assurant la communication
de Perpignan , qui se trouva ainsi coupée ; la
garnison de cinq cents volontaires se retira sur
Collioure.
Pendant le siège de Bellegarde qui se pro-
S.o6 HISTOIRE DE FRANCE,
ViUEp. longea, les opération^ se continuaient à la gau-
'^^ ' chede l'autre armée: un eamp était établi à Saint-
Jean-Pied-de-Port , avec des postes en avant
qui gardaient les défilés. Ces postes trop dis-
persés au pied des montagnes , dont Tennemi
occupait les positions dominantes, reçurent plu-
sieurs échecs, aux Aldudes, à Saint-Michel , à
Château -Pignon , seul chemin praticable pour
l'artillerie. Le général espagnol Cardo résolut
de s'en emparer.
f juin. Les républicains furent deux fois forcés dans
leurs positions ; le château pris , et la retraite
en désordre se fit jusqu'à Saint-Jean-Picd-de-
Port, où les troupes s'entassèrent, et où l'effroi
les retint jusqu'à l'arrivée du général Dubou-
quet. Le général La Genetière fut pris , et ce
fut là que le brave Desolimes , qui , à latêtc des
compagnies volontaires basques, avait entrepris
une invasion dans la vallée de Bastan, revenant
en hâte, au premier avis du désastre, tomba
mort au pied d'un arbre, épuise de fatigue et
de la clvaleur. Les Espagnols, encore une fois,
ne profitèrent pas de leurs avantages, et le gé-
néral Dubouquet eut le temps de reformer ses
troupes. La honte, le regret des dévastations
dont il» étaient témoins, les ramenèrent bientôt
au cohibat , et à l'offensive qui ramena la vic-
toire. A la droite de cette armée , le général
r
/
DEPUIS LA RÉVOLUTION. 201
Servan entreprit d'eflfkcer ces désastres. Après la viiiEp.
prise du château d'Andaye, les Espagnols étaient *^^^*
restés maîtres du cours de la Bidassoa ; par une
chaîne de postes, séparés ainsi de leur armée;
on entreprit et oh réussit , à enlever tous ces
postes ; et ce succès rendit la confiance aux Fran-
çais aussi facilement que les revers précédents
la leur avaient Fait perdre ; et ce fut alors que
Servan fut destitué et conduit à Paris. Les gé-
néraux Delbecq et Labourdonnaie le rempla-
cèrent,'
Plusieurs affaires de détail occupèrent les deux
armées. Dans une de ces actions , on vit Lafour-
d' Auvergne, la hache à la mrain, à la tête de
ses grenadiers, s'effbrçant de briser les portes
d*uhe église où les ennemis s'étaient retran-
chés. Dans une autre rencontre où quatre
inille hommes et quatre cents chevaux sortis du
camp d'Irun , s'avancèrent stir les postes fran-
çais , le général espagnol Caro n'échappa qu'a-
vec peine. '
A cette époque , l'armée française s'étendait
depuis la vallée d'Arran jusqu'à Andaye, forte
d'environ trente mille hommes*
De bons officiers^ se formaient en silence
dans cette guerre continuelle de poste, par
les exemples des Moncey , Latour d'Au-
aoa HTSTOIBE DE FRANCE,
yniEp. vergne i Willot , etc. ; le commissaire ordomia-
'^^'* teur Dubreton avait ramené Tordre dans les ad-
ministrations.
Les représjentants du peuple établissaient
leur puissance dans la partie militaire, Ferraud,
à Saint- Jean -Pied -de -Port ; Garrau, à Saint-
Jean -de- Luz; tous detix avaient des inclina-
tions pures. Garrau exalté de bonne foi ne fut
jamais persécuteur. L'humeur active et bel*
liqueuse de ces deux représentants , mit bien*
tut en mouvement toute J'cirmée. A la gau-
che, tout se borna, à des affaires de postes,
où les Français eurent l'avantage. Du côté de _
Saint - Jean - de- Luz , les opérations furent
plus importantes. Le général Deprez-Crassier
avait remplacé les généraux Labourdonnaie et
Delbecq, morts. On concerta une entreprise
pour s'emparer de tous les postes espagnole
établis sur le bord opposé de la Bidassoa. Le signal
d'attaque fiA donné hors de temps ; l'entre-
prise échoua ; ce contre-temps , qualifié de tra-
hison , servit de motif à l'arrestation de Deprez-
Crassier, de Willot et de plusieurs officiers. Le
, système de dénonciations et de terreur avait pé-
nétré dans ces armées lointaines.
i( Du sein des sociétés populaires de Bayonne ,
de SaintJean-de-Luz , de Pêe, des hommes dé*
DEPUIS LA REVOLU TiaK, 2o3
voués aux maximes du temps, soufflaient, dans v^iE^f
J'armée , des poisons dont la violence corrompait- *^^^*
Jes idées les plus saines de la raison, étouflaienÇ
les sentiments généreux. Heureux qui , dans
cette époque de crimes et de calomnie , pratiqua ,
la vertu , fut fidelle à l'amitié ! S'il vît encore,
cet homme est un ami sincère , un citoyen
vertueux ; il a passé par les plus rudes épreuves
qui aJent jamais existé sur la terre. »
Ce beau mouVement d'un écrivain témbiq ,
prouve qu'à cette époque, cet homme qu'il de-
sire existait ; et là j comme dans toute la France ,
au milieu des malheurs et des crinies, des sen*-
timents élevés^ des actions généreuses , des ver-
tus publiques et privées consolèrent l'huma-
nité , et furent iiu gage rassurant de son re^
tour. . V
Vers la fin de cette campagne , de nouveaux
représentants vinrent s'emparer de presque toute
l'autorité dans l'armée , et parvinrent, en fai-
sant usage, il .est vrai , des moyens terribles con-
sacrés par le tribunal révolutionnaire , à rame-
ner dans les rangs républicains , la supériorité
du nombre et les avantages de Toffènsive.
Les ' nouveaux, commissaires représentants
changèrent le. 83 stèmç de guerre; ils s'étaient
aperçus.qûe cette guerre de détail ne décidait
S04 HISTOIUE DE FRANCE,
viiiEp. rien, et se faisait atix dépens de la France ,
'^^^' puisqii'elle se faisait -sur son territoire. Us fil ent
prenchne presque sur le bord de la Bidassoa ,
une position élevée , appelée atitrefois THer-
iiîitage-Sainte-Anne , et qu'on appela Je camp
éies Sans-Culottes. Sa gauche est déFendùe par
un ravin profond, et sa droite qui s'étend jus-
qu'à la mer, fut 'confiée à Latour-d' Auvergne,
lonor. On retrancha ce poste. Au défaut de tentes ,
on construisit des huttes de bois; on en fit un
castrum tel que ceux où hivernaient les légionp
romaines. La douceur du climat permit des
expéditions de détails qui aguerrirent le soldât,
et on le prépara ainsj' au nouveau système de
guerre qui devait avoir iieu la campagne sui-
vante. ^
A l'armée des Pyrénées orientales , le siège
de Bellegarde s'était continué. Cette» forteresse,
située à l'entrée du col de Pertuis, entre Cer^t
et Jonquères , est un pentagone irréguliér
bien construit, avec un fort avancé; elle "do-
mine-toute la -plaine, et est dominée par tes
montagnes adjacentes ; mais ces montagnes
étant inaccessibl<es , servent à sa sûreté; >L'aiî-
mée française retirée sous Perpignan, ne pou-
vait porter aucun secours ; et dans iune sortie
^ heureuse de la garnison de Beltegarde y où une
DEPUIS LA. REVOLUTION. ^o5
partie des batteries espagnoles furent enclouée^, viiiËp^
la garnison de CoUioure ne put pas même se
réunira ce succès, toute communication se trou- ' ^""**
/vant interceptée*
Bientôt tous les feux delà place furent éteints; as juin.
et , sur la sommation du général espagnol dom
Rieardos, le conseil de guerre s'assembla; le
dénuement de, tout, le soldat étant réduit à
trois onces de pain , décida la capitulation ,
que cependant * sept officiers refusèrent de
signer. Ce siège avait duré quarante jours;
la garnison reçut un traitement honorable potir
Tennemi vainqueur. Pendant le siège , le géné-
ral français Dagobert vint prendre le comman-
dement de cette armée , et commença un nou-
veau plan de défense; mais qui ne put empê-
cher que les Espagnols ne s'emparassent du fort 3 juin;
de Bains , où il ne restait plus que quinze
onces dé pain par tête, et dont la garnison
fut prisonnière; le fort de la Garde avait eu le 5 juin;
même sort.
Alors l'ennemi ^'avança sur CoUioure; ce fut as juin.
là , à Puigai iol , qu'un capitaine républicain
nomméSerres, défendit avec centvingt hommes >3 juiu.
seulement un poste avancé qu'il avait demandé
d'oQCuper, contre deux mille Espagnols, leur
fît peindre six cents hommes; et cette action con- ^i juin.
179^.
i.ct ao*
206 HISTOIRE DE FRANCE,
vinEp, serva Collioure, comme peu de jours ensuite
Perpignan fut sauvé par l'affaire qui eut lieu
sous les murs de cette place.
Le général Dagobert avait réuni son armée
au camp du Maz-de-Roz, que l'on appela le
camp de l'Union. L'armée française, non com-
pris les corps défachés et les garnisons, était là
de douze mille hommes. L'armée espagnole
de trente-six mille, fut repoiissée. Les troupes
montrèrent un grand courage, les revers pas-
sés leur avaient fait sentir le besoin de Ja dis-
cipline et de la subordination. Les généraux
français cités dans cette action , qui rétablit
l'honneur des armes républicaines dans cette
partie de la gueire générale, sont Dagobert,
Barbantartes et Giacomi.
Ce fut alors que IcT nouvelle constitution ap-
portée aux troupes, fut acceptée, et cet acte
solennel rompit des mesures et desJntelligences
pratiquées avec les Bordelais opposants , qui
avaient projeté de se réunir à cette armée pour
défendre le territoire, mais en même temps pour
la réunir à eux.
Le général Deflers accusé par les corps ad-
ministratif, venait d'être destitué par le comité
de salut public , et remplacé par Barbantanes.
L'ennemi s'empara de Ville- Franche qui fut
^•
DEPUIS LA REVOLUTION* Soy
livrée. La fi:arnîson l'abandonna sans résistance, viiirp.
La supériorité des Espagnol» assurait partout
leur STUCcës; et les destitutions continuelles des
généraux ne permettaient pas d'opposer à cette
supériorité de nombre , un système stiivi de
résistance et de défensive; un conseil assemblé
résolut de maintenir le camp de l'Union. La
force de l'armée était au total de vîngt-neut*
mille hommes , dont douze mille occupaîenti
ce camp ; le reste dispersé dans les garnisons
d'Olètte et à Perpignan , à Collioure, à Salus ,
dans les communications faibles partout, don-
nait un prodigieux avantage à l'ennemi , qui
pouvait choisiivson attaque et y réunir des forces ;
vu la position respective des armées, la ré-
sistance soutenue des Français devait étonner
plus que les avantages de l'ennemi; il attaqua
sans succès le camp situé à Corneilla et le *
poste de Mousset. Une entreprise des républi-
cains sui Elve et sur Mîlhas, fut également sans
résultat. '
Le général Dagobert commandait en chef
une division à la droite de l'armée, qui seule
agissait, tandis que la gauche couvrait Perpi-
gnan ; il attaqua l'armée espagnole au Mont-
Louis, devenu Mont-Libre. Cette bataille ma-
nœuvrière et disputée, fut dçcidée par un mou-
-^
208 HISTOIREDE FRANCE,
viiiEp. v^ment du général Dagobert ; vers la fin de
'^^^' Taction indécise ^ il se mît à la tète de la
ligne d'infanterie, elle parcourut, au pas de
charge sans tirer , un espace de quatre cents
toises qui la séparait de rennemi; i\ n'attendit
pas, et ne put soutenir cette attaque; sa re-
94 «oût. traite fut une déroute jusqu'à Puicerda , qui fut
pris deux jours après. Cette journée fut glor
rieuse à l'armée républicaine , elle se trouva
enfin sur le territoire ennemi ; mais ces succès
brillants étaient toujours rendus infructueux par
des revers sur d'autres points. Les Espagnols
restèrent vainqueurs à une autre attaque du
a; «oût. camp de Corneillâ, puis aux moulins d'Ortez,
pu la déroute des Français fut complète ; et
peu de jours après , le camp d'Olette fut
repris sur les Espagnols commandés par leur'
général en chef Ricardos,
A la gauche , près de Perpignan , ils réso*
lurent et tentèrent un effort qui pouvait déci-
der la campagne à leur avantage. A mille toises
des glacis de la place, on avait établi un poste
fortifié au village de Vernet. Ce poste occupé
par trois cents homjnes commandés par le chef
de brigade Soulheime , fut attaqué par douze
mill.e Espagnols, et se maintint jusqu'à la moi-
tié du jour j obligé de se replier sur la plarè,
!rcs
r
1"
DEPUIS LÀ R E V OL UTION. ^ 20g
les Espagnols s'en approchèrent ,et y envoyèrent viii^p.
(juelques boulets. L'alarme pouvait y devenir ^n. a.
dangereuse. Le général d'Aoust, qui comman-
dait dans Perpignan, réunit la garnison, et
appela àjui, des postes voisins, un renfort qui o
porta ses forces à sept mille hommes ; il fit
sentir au conseil et aux habitants le danger de
laisser les Espagnols maîtres d'un poste aussi
voisin de la vijle , et qui , par les secours dont
ils pouvaient se fortifi.er, leur en assurait bien-
tôt la possession. D'Aoust n'hésita pas à ratta-
quer à l'instant les Espagnols qui , malgré la
supériorité du nombre , furent forcés à la re-
traite. Le représentant commissaire Fabre fut
toujours, pendant cette action, à la tête des
troupes. Le même jour , d'Aoust rattaqua le
poste de Peyreistortez, dont les Espagnols s'é-
taient aussi emparés, et dont ils furent chassés.
Cette aclion releva les courages ; et peu de jours
après , Ville-Franche Se rendit sur la sommation
hardie d'un ofpcier français , qui feignit que
l'armée , commandée par Dagobert , s'avançait
pour attaquer la ville.
Plusieurs combats furent encore livrés à Nils, g octob»^
à Panteilla , à Truillas, où l'avantage ne resta
pas^ aux répubhcains; nfaîs les Espagnols ne
purent cependant pas se maintenir dans ces
jlostes, ils se retirèrent aussi de celui d'An-
12,\0 HISTOIRE DE FRANCE,
viiiEp. gelez, et se réunirent an camp de Boulon.
. ' Cependant la cour de Madrid alarmée des
An. a. *
progrès que faisait Dagobert dans les deux Cer-
dai^nes et dans la Catalogne , fit revenir huit
mille hommes de son armée des Pyrénées occi-
dentales. Cette diversion affaiblit cette partie ,
et y donna du relâcheàux troupes républicaines;
mais les échecs et les revers se succédèrent plus
rapidement dans l'armée des Pyrénées orien-
tales. Tureau fut nommé général en chef. Le
total de son armée , à cette époque, se trouva
de quarante mille hommes. Les représentants
commissaires voulurent alors tenter une expé-
dition sur Roses. On n'avait rien à opposer à la
flotte espagnole qui croisait dans ces parages,
j^jjru. Le pays était entièrement contre les troupes
républicaines. Cette expédition échoua. On com-
mençait à s'apercevoir dans les armée^ que la
trop grande inHuence des commissaires repré-
sentants de la convention pouvait devenir nui-
' sible; leur prépondérance fatiguait et rebutait
les généraux; une rucle expérience leur avait
appris qu'ils ne pouvaient pas impunément lut-
ter d'autorité contre cette autorité civile, dont
les commandements étaient des lois dans les
camps comme à la frfbune. Les généraux alors
laissaient agir, s'étudiaient seulement à met-
tre leur responsabilité à couvert, ou se retiraient
DEPUIS LA RÉVOLUTION. HXX
dans les places déni ère l'armée. Une cour se vinRp.
1793.
An. 2.
f» • ' « • • . 1793*
ormait autour des commissaires tout puissants,
et cette cour avait aussi ses flatteurs, et souvent
des hommes mal- intentionnés donnaient de
foux avis et des conseils perfides. Bientôt à Tu-
reau succéda le général Doppet. Apië? l'expé-
dition de Roses manquée , l'armée, ])our se rap-
procher des frontières , marcha sur Ceret, et
s'éèablic ensuite au camp de Villelongue. L'ar-
mée espagnole , renforcée encore de six mille *^ ^^'"^
Portugais , attaqua ce carnp, le força , et les
républicains y furent totalejncnt défaits. Les
Espagnols s^emparèrent du col de Bagnol , qui
leur donnait l'entrée sur le territoire français.
La fin de cette campagne qui fut à peine in-
terrompue, ne fut plus qu'une suite de revers; '
toutes les places maritimes, Collioure, Port-
Vendre , Saint-EIme, se rendirent; et la retraite
de l'armée sur Perpignan* fut une déroute où
le représentant commissaire Fabre chercha une
mort glo|'ieuse dans les rangs ennemis.
Les Espagnols furent encore un moment se-
condés par unè^ insurrection qui se forma dans
les provinces méridionales, et qui tenait, par
les rapports secrets , à celles de Bordeaux , dfe ^
Lyon et de Marseille ; là , le mot république
n'avait pas cessé d'être tracé suries drapeaux
des partis opposés ; dans le département de la.
aia HISTOIRE DE FRANCE,
viiTEp. Lozère, letendart ro^al fut levé, et les insurgés
Aû.fl. prirent hautement le nom de royalistes. Cette
entreprise suscitée du dehors, n'avait, ni assez
de moj'ens préparés au dedans ni assez de force
par soi-même.
Charier fut à la tête de ce rassemblement ;
îl avait été député à la première assemblée
consiituapte , et n'avait marqué qge par ses opi-
nions et par les protestations qu'il avait signéfS ;
il eut d'abord des succès, s'empara de plusieurs
villes; à Mendes, tout fuit, il ne resta que les
enfants et les vieillards. Déjà les insurgés
étaient au nombre de huit mille; ils s'empa-
rèrent ensuite de Maruejols, de Saint-Alban et
de Rendon ; partout l'arbre de la liberté, qu'un
décret avait ordonné d'élever dans toutes les
> communes, fut abattu ; le drapeau tricolor dé-
chiré ; ils saisirent les caisses publiques , ou-
vrirent les prisons, et rétablirent les religieuses
dans leur couvent. Dans ces contrées oii , de
tout temps , deux cultes partageaient les habi-
tants, les différences d'opinions religieuses ren-
dirent les divisions politiques plus tranchantes
et plus haineuses. Les protestants, longtemps
gênés, retrouvaient à la fois les libertés dont
l'homme est le plus jaloux. Les catholiq.ues pen-
chèrent vers l'ancien gouvernement qui leur
assurait leur ancienne suprématie; et les chefs
t)EPUrS LA uévoLUTroN. Sl3
des deux partis se ^érvh'ent souvent de ces viiiFp.
moôfs pour les rattacher à leur suite. Cependant
quelques exemples donnés à propok , eussent
facilement terminé ces discordes. On en vît un
dans une commune, à Dorlhés , dans les Basses- ^
P\'rénécs: le maire Darnaudat, ex-constituant ^
alarmé du progrèS'des divisions religieuses qui
prenarent partout un caractère civil et politique ,
hasarda , par une |>foclamation , d'inviter l'eis ci-
toyens des deux religîons à se réunir le diman-
che matin à f église catholique , et le soir an
temple protestant. Les deux ministres pronon*-
cèrent chacun dans leur église un discours ana^
logue à la circonstance , et les opiniofis relf-
gieuses ne troublèrent point cette commune.
Ce fait simple , mais remarquable , que le bronze
ne consacrera pas, mçrîiaitque le burin de l'his^
toire le laissât pour modèle à la postérité.
Bientôt les insurgés, par leur excès, armèrent
Je pajs contre eux. A Maruejols , les adminis^-
trateurs avaient été égorgés. Une proclamation
de Charîer eut peu d'effet; et, quoiqu'il obtînt
d'abord quelques avantages sur les troupes ras-
semblées à la hâte; lorsque lesgatdes nationales
de Saint-Flour et des départements voisins fu-
rent réunies , Charier fut défaft dans une ac-
tion, entre Valsiège et Saint-Etienne de Valdone »
pris, ccwadurt à Rhodez, et exécuté peu de temps
214 HISTOIRE DE FRANCE,
viiiEp. après/ Ainsi se termina cette insurrection , dont
la convention ^|)prit presqu'en même temps les
179^
Jin. s
progrès et la défaite.
12 févr. A l'armée d'Italie, les Français étaient restés
liiaître du comté de Nice, et avaient main-
tenu, leurs postes avancés, à Sospelo; ce poste
fut attaqué, pris et repris plusieurs Foîs avant
l'ouverture de la campagne. On avait tenté en
même temps une expédition sur la Sardaigne.
14 férr. Une flotte de vingt-deux bâtiments de guerre,
.avec six mille hommes de débarquement, se
présenta devant Cagliari ; une chaloupe par-
lemejjtaire somma la place; il arriva, comme
à Oneille, que. l'on tira sur l'équipage de la
chaloupe ; quatorze hommes et l'officier furent
tués ; l'artillei ie des vaisseaux foudroja la ville
pendant deux jours , mais sans succès; les vais-
seaux souffrirent même davantage du feu de la
place; deux bâtiments de guerre se perdirent à la
côte. Les troupes de débarquement ne trouvèrent
point dans les habitants l'esprit révolutionnaire
^nrleqi>el on avaitcompté; l'esprit d'iuthscipline ,
et d'insubordination seconda les menéesdesémis-
saires qui, danstoutes les armées , criaient tou-
jours à la trahison. Les troupes forcèrent les
chefs à les faire rembarquer; une tempête. ache-
va d'endommager la flotte ;.e]Ie rentra à Toulon
sans aucun résultat de cette entreixrise projetée
DEPUIS L.A RÉVOÎ, UTÏOK. ai5
des la campagne précédente , et que les justes viiiEy.
1790.
représentions de 1 amiral Trueruet avaient décide
a abandonner.
Dès que la saison permit d^agîr dans les mon-
lagnes , divers combats de. détail rendirent les
républicains maîtres des postes occupés par l'en- '•"man
,nemi, depuis Lautosca à Bel ver ; et peu après, 10 m.
des postes plus importants , de Rocca et d'I-
zola,
L'armée française, forte alors.de trcnte-troia
mille hommes effectifs» occupait, par ses po-
sitions, un arc de montagnes^, depuis la rivière
de la Roy a .jusqu'aux sources de la Nembîa»
Plusieurs camps liés par jdçs postes intermé-
diaires , assurèrent la communication de la
di oite , appujée au camp de Broiiïs , à la gau-
che , assurée par un capip établi sur le Mont-
Baoulé , le centre s'élevait sur le Mont-Fou-^
gasse, L'ennemi était ainsi menacé et conteniu
Sa droite était au col de Raous; sa gauche sur
la hauteur des Souches, et le centue à Saor- .,
gio , fortement retranché. Cette longiiç chaîne
des Alpes, si souvent traversée par les Fran^
çais, était connue dans tous ses piissages, et
défendue par trente mille Piémontais et douze
mille Autrichiens.
Le général Brunet commandait , encore far-
inée , et le plan de cette campagne , que Tex*
2l6 . HISTOIRE DE FRANCE,
yiiiEp. pédiiîon de Toulon dérangea , était de péné-
'79^- jpçp (jgjjg |ç Piémont, et d'ôter aux puissances
coalisées leur influence sur ies états de l'I-
talie. N
F juin. Cinq colonnes commandées parles généraux
Mieskouski, Dumerbion, Gardane, Dortman et
Bnmet, attaquèrent au col de Sinières , à Pe-
rus , au pont du Moulinet , au camp des Sou-
ches, au col de^aous. Cette dernière attaqué
que conduisait BrUnet, échoua; les autres réus-
sirent; il fit rattaquer les jours suivants au vil-
itoeiia. lage de Breglio; et, après une forte résistance,
Jes ennemis furent chassés. Ce fut alors que
l'armée, étant affaiblie par les troupes qu'il faijut
détacher au siège d% Toulon, et obligée d'occu-
per la même étendue sur son front, pour ne pas
perdre l'appui de farméedes Alpes. A sa gauche,
l'ennemi entreprit de couper cette communi-
cation, en détruisant le pont établi sur le Var.
Sept cents républicains occupaient un poste en .,
18 octo. avant au- village de Gillète; ils y furent atta-
qués par quatre mille Piémontais, y tinrent
tout le Jour, et donnèrent le temps à Dugom-
inier d'ari'iver à leur secours. Lès bataillons
marchèrent, et ne tirèrent qu'à trente, pas, en
chargeant à la baïonnette; bientôt l'ennemi fut
rompu , et sa retraite fut une déroute. C'était
pendant l'intervalle de temps, qxii sépara cette
DEP'UrS LA RÉVOLUTION. 217
action de celle du 8 juin , que s'était opérée viiiEp*
rînvasîon de l'ancienne Savoye pendant le siège !J^^'
de Lyon , et dont les opérations ont été décrftes
à cette époque. L'armée d'Itc^lie était restée
alors stationnaîre dans les pQsitionç qu'elle oc-
cupait, et d*oà elle couvrait le comté de Nice
et le siège de Toulon. Brunet, dénoncé par le
commissaire du pouv.oir exécutif , civait été des-
titué et remplacé par le général Dumerbiôn ,
qui* bientôt le fut par Masséna. Sous sa con-
duite, cette campagne fut terminée par un avan-
tage brillant, et qui assura les positions dé
l'armée pendant les quartiers d'hiver.
Castcl-Genet est un 'fort. situé sur une som-
mité escarpée ; une nombreuse garnison pié-
montaise gardait ce poste. Les Français atta-
quèrent d'abord avec vigueur; mais 1 avantage
xlu lieu prolongeant la défense > les soldats .
portèrent l'espace de deux milles une pièce 4,5frii
de canon , la seule que Ton eût pu amener',
et la hissant, à force de bras, sur une hau-
teur qui dominait le fort, aux premières dé-
chargés , les Piémontais étonnés ^e rendirent.
Les suites de cette action furent, trois camj)s
"abandonnés, et la prise du poste de Figaretto,
ijui termina la campagne dans cette partie. Les
forces des deux armées y étaient trop (•mpen-
sées par le nombre et par la nature du terrein.
Ul^ HISTOIRE DE FRANCE^
viiTEp. pour que Ton pût espérer des jsuccès décisifs ;
et le changement succeifsiF des «généraux en
chefs soj)posait seul à tout système suivi. C'était
I>eaucoup d avoir contenu l'ennemi au moment
de la prise de*TouIon et pendant le siège de
JLjon ; et comme défensive active, cette cam-
pagne fut honorable aux armes répubh'ccunes.
Malgré l'agence anglaise, Gênes avatt conservé
la neutralité, et n'avait pas osé ou voulu se
réunir à la coalition. La Toscane était resléç
en paix , et la lutte s'était soutenue aux barrière^
des Alpes ; qui séparaient encore les nations
ennemies. Tous les soulèvements, suscités dans
le midi de la France, avaient été comprimés,
n'ajant pu être joints et soutenus par les enne-
mis du dehors; et après une longue et pénible'
campagfle, l'armée d'Italie stationnait pendant
rhiver sur le territoire ennemi, s y reposait^
. et le retour de la saison propre aux opérations
militaires , la retrouvait aux portes des passages
qu'elle devait bientôt franchir.
Mais tandis qu'aux Alpes et aux Pyrénées, la
nature des lieux commandait f infection, et le re-
pos, partoutoù elje n'opposait pas des barrières
insurmontables, les soldats de la république con-
tinuaient la guerre. Aux frontières du nord, de-
puis 1^ Ardennes jusqu'à la mer , des combats
de détails et journaliers ne laissaient /aucun mo-
'♦
DEPUIS LA RÉVOLUTION. ^^9
ment de relâche aux troupes cantonnées en pre- yiiiEp.
iTiîère ligne ; et sur le Rhin , des événements dé- ^^^ ^
cisifs se ))réparaienr. Cette armée du Rhin , seule
était, restée en pleine activité : deux généraux
qui devaient im jour rendre de grands services
à la républiqirè, et honorer ses armes, Hoche
et Picliégru, commandaient l'armée de la Mo-
selle et celle du Rhin, dont les opérations étaient
liées. ^ .
Depuis que les délais des Autrichiens avaient
donné le temps de s'assurer dans les positions
défensives, des combats journaiiej s avaient reu-
du la confiance aux troupes,, de nombreux
renforts avaient porté l'armée à quatre-vingt
mille hommes,, des succès de détail avaient
aguerri .les nouvelles levées , et les anciens corp^
.voulaient réparer leurs désastres. Les eunemis^
au contraire, étaient afîaît)lis par la désertion, par
Jes maladies, surtout par la trop grande exten-
sion de leurs postes, dispersés-dcpuis le Rhin jus-
qu'aux pieds des mont^agnes; mais plus encore
par le peu.de confiance mutuelle des deux uar
tions alliées.
/ Les Impériaux reprochaient aux Prussîenp
de se reposer ^u blocus de Landau , tandis qu'euîj:
étaient tous les jours aux mains avec l'armée
républicaine qui couvrait Strasbourg.
Les Prussiens purent bientôt reprocher à leur
2,20 HISTOIRE OEFRANCE,
viiiîF.p. allié la perte des lignes qui couvraient cette
An. a. entreprise ; et le système de la cour de Berlin
n'était pas de s'engager pïus avant dans une
guerre que son intérêt ne tui commandait pas.
Les nouveaux généraux français avaient ap-
portera leur armée des instructions précises,
çt telles que le comité de salut public lés don-
nait. Le succès et la victoire étaient le premier
devoir imposé ; les revers étaient des délits qui
portaient condajnnalion ; vaincre ou mourir était
à la fois l'instruction et l^alternative que le
gouvernement laissait à ses généraux favorisés;
le succès même ne justifiait pas toujours lés
autres. -
Pichegru , né d'une famille plébéienne et ho-
norée dans le département du Jura, se destina
d'abord à l'état religieux , et enseigna les scîencesi
exactes dans la maison d*éducatîon militaire à
Brienne; là, son génie l'avertit: il s'enrôla dans
un'corps d'artillerie, et bientôt fut à la tête de
l'instruction; il était encore sous-officier à l'épo-
que de la révolution. Appelé au commandement
d'un bataillon de gardes nationales , il franchît
tous les grades militaires dans la première cam-
pagne, et se trouva à sa place à la fin de la
seconde.
Pichegru avait trouvé l'armée du Rhin re-
tirée et désorganisée ; il y rétablit d'abord la
>^
DEPUIS LA RÉVOLUTION. 42rl
. »
dîscipHhe,mîlitaire qu'il regarda toujours comme viii%.
Je moyen le plus sûr des succès. *'^ '
Le géuéraî Wurroser ayant résolu d'hiverner ^'^ '*
en Alsace , occupa Plaguepau avec le centre de
son armée; la gauche était appuyée au Rhin^
la droite aux montagnes , et à l'armée prus-
sienne qui occupait le revers des Vosges. Le
front de l'armée impériale était couvert par de$
redoutes élevées à des distances peut être trop
éloignées Tune de l'autre, En arrière de cette
position était encore celle de Weissepabourg ;
on avait fortifié le château de Geisberg qui cou»
vre cette place.
Les premiers mouvements pour l'attaque des
lignes, se firent à l'armée de la Moselle; l'objet
était de la réunir à celle du Rhin; mais pour
couvrir, ce projet , la division du général Hatri
manœuvra versPirmasenset Bliescastel, comme
voulant^seçourir Landau , en passant par le re*
vers .des Vosges.
Pichégni ,fit en même temps quelques ten*
tatiyessur la droite de l'ennemi, qu'occupait en
avant jle qorps des Fr,anjçai& commandés par lo
prince de Condé. La fin de la première cam-
pagne avait assez prouvé quelles étaient les
intentions des Allemands envers les Français^
réhi^ié^. Ce eorftô. avait hiverné dans la forêt
Noire; et licencié, il n'avait été consei'yé dan*
Tof7je IF. ?.
X
Aaa H I s T O I H É DE F R A N C F , '
niiEp. l'armée de Wurmser, que sur la demande de ce
'^^ ' vieux général, qui se Souvînt qu'il avait fait ses
premières armes sous les drapeaux français. Ra-
rement la jalousie où la politique étrangëre
avait permis que ce corps de Condé (ùt employé
activement; il occupait alors, en avant de la
droite, le village de Bércltbm. Pichegcu vou-
lant tâter la ligne ennemie , fit attaquer ce points
mais obliquement , et refusant le reste de sa
ligne. Une première tentative n'eut point de
fiuctès, et fut renouvelée le lendemain. L'at-
sdécen. taque se fit en troupes éparses ,. que l'on nom-
^ mait b\oys tirailleurs j manœuvre que Pichegru
employa depuis avec succès. Au signal, ils' se
réunirent en colonne, et forcèrent le village de
Berchem.
Condé était en arrière à la ièiè de son in-
fanterie, que Ton nommait les bataillons iVb-
bles j il rentra dans le village , et le reprît
Tépée à la main. Pendant cette attaque , sa
Cavalerie ayant dépassé le village sur la droite^
rencontra les escadrons républicains. Le choc
fut prompt, et la place du combat resta à la
cavalerie de Condé. Le duc de Bourbon fut
blessé dans cette action ; tous ses aides-d'e-camp
furent tués ou blessés ; sept canons restèrent en
son pouvoir, et la défense du poste de Berchem
^QÛta plus de mille soldats nobles et troi» çenit
DEPUIS LARÉVOLUTION. 223
tavaliers. Peu de jours ensuite, les républicains ^ï^^p.
firent une' troisième attaque sur le poste cora- x\i:^
mandé par le général autrichien Klenau > et sdècem^
auquel s'appuyait celui du village de Berchem.
Malgré les renforts qui furent envoyés de ce
postç, et malgré la diversion que la cavalerie de
Condé, fit en menaçantlagauche des attaquants, ,
toute cette jDremière ligne Fut pliée, et se retira
derrière les redoutes d'Haguenau. Le corps de
Condé fit sa retraite en bon ordre. Ces actions
d'avant -postes laissaient l'ennemi maître des
grandes positions de la Lauter. *
Les divisions de l'armée /le la Moselle qui ,^« nîr;
tenaient la gauche de la ligne , attaquèrent et ai déce.
emportèrent les postes que l'ennemi avait for-
tifié à Frechviller et ^ Wendt ; se voyant forcé
dans toutes les redoutes qui couvraient soa
aile droite, il se détermina à la retirer dtr- aanSn.
rière les lignes de la Lautef , maintenant ce-
pendant les redoutes en avant d'Haguenau. Le
poste de Gundeshossen fut évacué dans la nuit.
'La division Hatry y entra, et se réunit le len- 4 nî^o**
demain à la division du général Ferino sur les
hauteurs de Steinfels, à une lieue seulement de
Haguenau; alors Iç centre et la droite de l'ar-
mée du Rhin marchèrent en avant, suivant la
route du Rhin pour se rapprocher de Lau-
terbourg, et se porter ainsi à hauteur de iar-
/
'79
An. a.
5 niVos.
1^4 HISTOIRE DE ERRANCE,
ViHEju mée de la Moselle qui tenait la gauche de la
ligne. .
Quatre représentants comraissaîres étaient
à Tarmée , Lebas , Saint - Just , Lacoste et
Chaudot. Ces deux derniers déférèrent le corn*
mançlement général à Hoche, et mirent à ses
ordres Pichegru-, qui donna le bel exemple de
demander son éloignement; et, sur le refus deS
commissaires , il resta aux ordres de son col-
lègue. La renommée 'plus juste ajouta cette
gloire à celle du succès qu'elle lui conserva.
La nouvelle de la reprise de Toulon parvint
alors à l'armée, et l'émulation doubla les cou-
rages et les forces.
Les Impériaux conservaient toujours les po-
sitions en avant de Weissembourg. Les Prus-
siens gardaient sur leur* droite les gorges de
Dahn , et avaient élevé des batteries en avant
du village de Bojjenthal, à l'entrée des défilés.
Là position de l'ennemi était encore formida-
ble; le Fort-Louis était en son pouvoir; f ar-
mée qui bloquait Landau assurait ses positions
en arrière , et tout le pays qui s'était déclaré, se
Piéc. iu. trouvait rattaché à sa fortune parla crainte d'un
revers.
Le 6 décembre au matin , l'attaque commença
à la gauche, et l'action devint générale sur tout
le front des deux armées. Au centre, en avant
d'Haguenau ,
5 décem.
PEPUIS LA RÉVOLUTION. â25
•d'Haguenau , le château de Geîsberg était le point ^H^.^*
le plus avancé de Tennemi ; et , par sa situation , xu a.
ce point était décisif. Le premier bataillon de
réquisition de la ville de Chaumont , qui arri*
vait à l'instant, gt'avit la montagne sous le feu .
de trois bataillons aiïtricbiens.Le premier batail-
lon du trente-troisiëme de ligne le joignit ; forcés
par la fatigue de faire halte à mi-côte , ils y
furent chargés par les dragons de Toscane,
les repoussèrent , achevèrent de gravir la mon-
tagne , et emportèrent le château à la baïon«*
nette.
Unjîécret distingua cette action d^éclat, et
exempta ce bataillon de toute incorporation dans
d'autres corps.
Hoche ordonna alors au généitil Donadieu qui
commandait la cavalerie , d'attaquer la cavalerie
ennemie ; soit circonspection , soit incertitude du
inotnent , cet ordre ne fut point exécuté , et
cette désobéissance d'un homme connu avant
par des actes de courage, fut punie de mort.
Cependant la ligne ennemie effectuait sa re-
traite sur Weissembourg. Le duc de Brunswick
c|uî s'était porté au point d'attaque, se mit inu-
tilement à la tête de quatre bataillons autri-
chiens, et remarcha en avant; ce mouvement
ne fut point soutenu du reste de la ligne. Les
deux généraux en chef, Brunswick et Wurm-
TomelF. ' i5
Z.26 HISTOIRE DE FRANC Ef
ViiiEp. ser, eurent une explication vive sur le terreîn
'X.
'^^ * même cle l'action , et cette preuve publique de
mésintelligence, hâta peut-être les revers. Ui^r-
mée impériale se forma encore en bataille sur
les hauteurs de Weissembour^;, où Brunswick
' voulait se maintenir; mais, au premier coup de
canon, la retraite se fit à travers les lignes de la
Lauter auxquelles on avait d'avance pratiqué des
ouvertures. Ce(te armée prit poste le lendemain
à Guermesheim ; il fut jugé impossible de
s'y soutenir, et l'armée entière passa le Rhin à
Philisbourg, Peu après , la rupture entre les deyx
puissanî^s éclata; leurs armées prirent des po-
sitions indépendantes l'une de l'autre , et toute
communication cessa entre elles. L'armée autri-
chienne, se réunit derrière Philisbourg, sur la
rive droite du Rhin, l'armée prussienne se re-
tira pour couvrir Mayence , et se porta entre
Oppenheim et Bengen. Les guerriers des deux:
nations s'étaient séparés à BeriJ:zabern , avec des
témoignages réciproques de mécontentement et
xle haine.
La marche en avant de l'armée républicaine
fut aussi rapide que ses succès avaient été dé-
cisifs. Landau fut débloqué, et l'honorable per-
sistance de la garnison reçut des témoignages
de la reconnaissance nationale ; de grands ma-
gasins, des munitions de guerr-e, des dépôts '
DEPUIS LA REVOLUTION. 25^7
d'armes, furent la proie du vainqueur. Le Pa- viiiEp.
latinat rut de nouveau ouvert a ses armées ; ^
An fl«
za oiv«
Spire, Worms furent reconquis; et, peu de
jours après la bataille du Geisberg, Pavant-jçarde s janv.
française était aux portes deManheim, qui avait
reçu une garnison imj*vriale , et où l'électeur
s'était retiré.
Le général Wurmser rappelé, fut remplacé
par le général Devins commanaant en Pié-
mont les forces auxiliaires,qu y maintenait VAn-
triche.
Les Français, après des excursions dans le
Palatinat et dansleHunzruk, concentrèrent leur
position vers Germeslieim. Le siège de Fort-
Louis fut entrepris, et les républicains établis
dans leur nouvelle conquête, mirent un moment
d'intervalle à celles qui devaient ouvrir la cam-
pagne suivante.
Jamais la convention nationale ou plutôt le
gouvernement républicain , ne s'était vu dans
une position aussi assurée. La Germanie crai-
gnait une seconde fois pour ses fi^ontièrès ,
celles de la France étaient partout en sûreté.
La terreur au dedans n'était plus un moyen
nécessaire , et ce qui prouve assez qu'elle était
un moyen commandé, c'est qu'alors elle dé-
ploya froidement toutes ses fureurs. La*conven-
tion ne daignait même pas prendre connaissance
i
\
aû8 HISTOIRE DE FRANCE,
vniEp. des sanglantes exécutions, trop au dessus de
An a. ^^^ détails; la tribune ne retentissait que des
rapports poétiques qui exaltaient les récits des
événements militaires, qui motivaient et procla-
SQaient les lois révolutionnaires , qui dénonçaient
les complots et les con^.iralions, abandonnant
aux agents secondaires le soin de trouver des
coupables.
Robespierre ne parlait plus que lorsqu'il fal-
lait indiquer de grands mesures de salut pu-
blic , ou lorsqu'il daignait répondre aux puis-
sances ennemies; dans un manifeste peu adroit
et peu politique, elles s'attirèrent une réplique,
où ces vérités que la philosophie a généralisé
contre les rois, et ces citations historiques dont
chaque siècle offre trop d'exemples , furent ra-
vivées de tous les stimulants de la terrible
éloquence révolutionnaire ; telles furent les
premières et les dernières lignes de cette ré-
ponse ornée de toutes les injures personnelles,
adi^ssées nominativement à tous les rois de
l'Europe.
« La convention nationale répondra-t-elle aux
« manifestes des tyrans ligués contre la républf-
« que française? Il est naturel de les mépriser ;
« mais il est utile de les confondre ; il est juste
« de les-punîn. . De quoi nous accusent-ils? De
« leurs propres forfaits : ils nous accusent de re-
DEPUIS LA REVOLUTION. I29
« bellion. Esclaves révoltés contre la souverai- viiiiîp.
1793.
« neté des peuples^ ignorez-vous que ce blas-
?
An a.
« phëme ne peut être justifié que par la victoire?
« Que les traîtres tremblent; que le dernier des
H lâches émissaires de nos ennemis disparaisse ;
« que le patriotisme triomphe, et que Tinnocence
« se rassure! Français, combattez, votre cause
« est sainte, vos courages sont invincibles, vos
« représentants savent mourir;] ils peuvent faire ,
« plus , ils savent vaincre. »
Les droits de l'autorité royale absolue se
discutent en raisonnement ; mais ne se plaident .
pas contre les droits des peuples; c'était au moins
une imprudence politique de défier la conven-
tion nationale de France à ce genre de combat.
Loin de déguiser son système de gouvernement,
loin de chercher à tenir dans l'obscurité les
actes sanguinaires de sa toute-puissance , elle
semblait alors choisir et désigner les têtes plus
connues, pour que l'Europe fût avertie par leur
chute. ^
La dernière maîtresse de Louis XV, Dubarri, >8 îtki^
«
qui, depuis sa retraite., ne ressortait que du tri-
bunal de l'opinion , des mœurs, et de la censure
publique, fut traînée à celui de là révolutioa
de 98 ; là , accusée d'avoir porté à Lopdres le
deuil du dernier roi , elle montra sur l'échafaud
la faiblesse , non de son sexe (^ les femmes y doa-
V
a3o HISTOIRE DE FRANCE,
vxiiEp. nèient l'exemple clu courage) , maïs de son
^^ ' état. La force d'ame ne doit appartenir qu'à la
vertu.
Le duc du Châtelet , jadis chef de la garde
personnelle des rois, avait, aux premiers jours
de la révolution , été témoin de la défection de
a3frim. ses soldats. L'accusation commune de conspi-
V ration contre l'unité et l'indivisibilité de la ré-
publique, suffit-; on traîna, attaché au chariot
qui le traînait au supphce , le guidon aux armes
de France trouvé chez lui.
Claviëres , genevois , ancien ministre des finan-
ces , et l'un des plus ardents jacobins aux jours
du 2.0 juin et du lo août, prévint son juge-
ment,et sç tua dans la prison. Bientôt les hommes
les plus exagérés , ceux qui , comme on s'expri-
mait alors, avaient donné les gages les plus
sûrs à la révolution, ou plutôt qui l'avaient le
plus desserviepar leur excès, n'y trouvèrent plus
d'asile.
* *
Deux hommes, Vincent et Ronsîn, amis et
compagnons de fortune, tous deux généraux de
l'armée révolutionnaire, et naguères obscurs
»7 frîm. et ignorés, furent arrêtés. Vainement la société
des Jacobins > et ensuite celle des Cordeliers ,
dont ils étaient des membres remarqués, por-
tèrent à la convention des pétitions pour les ré-
clamer. Remis un moment en liberté, bientôt
1
DEPUIS LAKÉVOLUTION. i3l
lis périrent enveloppés dans la proscription que viiir.j»;
fit Robespierre de ses anciens amis , devenus ses ^^
rivaux.
La multitude était soutenue dans l'état de
stupeur et d'ivresse , qui seul.pouvait lui faire sup-
porter les Spectacles sapgl.ants dont on la repais-
sait chaque jour. Pendant les premiers troubles
de Lyon , un municipal de cette commune, nom-
mé Clialier , y avait essayé toutes les fureurs dont
la capitale donnait l'exemple; il ayait demandé»
un poignard à la main , l'institution d'un tribu-
nal paiteil à ceux du a septembre à Paris ; neuf
cents citoyens incarcérés devaient êtie massacrés
sur le pont du Rhône , et leurs cadavres aban-
donnés aux flots devaient aller avertir et épou-
vanter lesdépariementsdumidi.Le maire Niwre^
Chol erh pécha» avec la force armée, cette hor-
rible exécutioo. Depuis, au jour du 3i mai de
Lyon, par ordre delà nouvelle comnftne, et par
,un système de représaillequi ne convient et ne
réussit jamais aux partis qui se déclarent pour la
justice et la modération, Clialier avait été jugé,
condamné et exécuté avec des circonstances bar-
bai'es , deux fois le fer ton^ba sur sa tête. Ses
cendres renfermées dans une urne d'argent , ve-
naient d'ètr.e apportées solennellement à la barre
de la convention ; el les furent transférées au Pan-
théon, ^t devinjrent le motif d'une fête civique^
Sl3z histoire de FRANCE,
viiiEp. dont la pompe fut imitée d'une, fête sembla-
1790,
ble célébrée a Lyon , lors de la prise de celte
Ville.
La soif du sang y était apaisée ; il parut qu*il
était temps que la hache s'y arrêtât , et que le
feu des batteries révolutionnaires fût éteint ;
plus de huit cents victimes avaient été imma*
lées; une députation de cette ville qui avait* iro-
niquement reçu le nom de Commune-Affran''
cfiie^ vint demander grâce à la barre de la
convention. « Pères de la patrie , écoutez une
*< section du peuple humiliée et repentante qui ;
i< courbée devant la majesté du peuple , lui de-
a mande grâce. »
Une autre pétition arriva en même temps,
présentée par une foule dé femmes qui venaient
réclamer la liberté de leurs maris'; elles furent
éconduites, et la montagne y vit une ruse et
un strata^me du modérantisme ^ pour ralen-
tir la marche révolutionnaire. Le sang altérait,
loin d'étancher la soif; la facilité de le répan-
dre semblait eucoiuager ; la froide insouciance
des condamnés paraissant défier la barbarie
des spectateurs , l'irritait encore; on eût dit
qu'il y avait un défi entre les regardants et les
suppliciés; les uns semblaient guetter et espé-
rer les actes de faiblesse pour en jouir ; les
autres s'enorgueillir de priver leurs eiuiemis de
•
DEPUIS LA RÉVOLUTION. 2;33
cç(te louissance. La multitude, qui n'est émue vniEp.
1 . p 1 ^ «793.
que de ce qui trappe les sens, ne voyant pas
les signes extérieurs de l'infortune et de la souf-
fraiice , restait sans émotion ; et peut-être le
peuple se fût-il plutôt indigné du spectacle dont
on le faisait témoin, si la contenance des vic-
times n'eût pas semblé dédaigner son intérêt et
sa commisération. Le tribunal les choisissait ^
encore ; bientôt le nombre exigé commanda
rindifferehce sur les choix ; l'âge , le sexe ,
la condition, rien n'exempta plus; le fer dis-
puta à la caducité ses derniers jours ; la jeu-
nesse , à peine sortant de l'enfance , fut mais-
donnée avant sa maturité; des femmes se décla-
rèrent vainement encçintes ; des hommes de la
classe la plus obscure en furent tirés; le génie ,
'le talent, la renommée, la vertu, tout ce qui
eut de l'éclat t appela d'abord l'œil avide des
destructeurs; puis la terreur parcourant toutes
les hiérarchies de l'ordre social , le marchand »
l'artisan , l'ouvrier, l'homme de journée , furent
pris indistinctement. '
Un Vxilet d'hôtellerie, âge de 16 ans, pour
avoir tardé de servir deux commissaires du
pouvoir çxécutîf , fut dénoncé par eux, tra-
duit au tribunal , et mis à mort en trois
jours.
L'ex^mînistre Lebrun, dont le jugement pop-
£34 HISTOIRE DE FRANCE,
vniEp. tait, abbé, journaliste, imprimeur et ministre,
*'^ * f\jt pondamné comme liomme {Tétai et orléa--
An a.
niste.
Le fils du général Custinçs, que ne put sauver
la courageuse défense prononcée à la barre par
sa jeune épouse.
Le général Biron qui venait de commander
sans reproche les armées d'Italie et dd la
Vendée.
Le vieux maréchal Luckner , dont la hache vint
terminer une longue et honorable carrière. Ou*
blié, il osa demander le prix de ses services; il
reçut la mort.
Lamouret, évêque constitutionnel de Lyon,
qui sen[>^bla puni d'avoir jadis porté des parole.s
de paix entre les partis opposés.
Dufrenoi , Predicant , Pavant, Brichard,
Chaudôt, notaires. Ce dernier vif prolonger son
supplice, un décret de la convention en suSr
pendit , et trois jours après en ordonna l'exé-
cution.
Veimerange, ancien administrateur militaire-,
prévint son jugement , et se précipita du haut
-de sa maison.
Des femmes que leur âge et leur retraite
éloignaient des aiTaires, furent recherchées et
condamnées , les dames Lauragais , Marbeuf , Bi-
-ïon. Bientôt on iiUei dit aux prévenus la fuite, qui
An a.
DEPUianLA RÉVOLUTION, ^35
seule pouvait les soustraire à la mort. Un décret viiiKp
mit hors de la loi les préi^enu^ tpii se dérobe-
raient à Pexamen de la justice. On déféra aux
comités conventionnels ie pouvoir illimité d effec-
tuer les arrestations, et le conseille la com-
mune de Paris se rendit en masse à la con-
vention pour laf elicîter des mesures vigoureuses
.qu'elle venait de décréter.
Paris, à cette époque, prit un aspect lugubre.
Tous les usages de la vie sociale étaient chan-
gés ; toute communication entre les citoyens
craintive et douteuse; comme dans un temps
de contagion, pn craignait de s'aborder, et d'a-
voir à rendre compte de ses liaisons et de ses
démarches ; chacun tremblant d'être remarqué
dans les rues par les signe» extéi'ieurs de l'ai-
sance , s'empressait d'arborer les livrées de
l'indigence comme une sauve-garde, quoique
souvent inutile ; toute réunion de société privée
était interdite,, pu plutôt encore la peur §e l'in-
terdisait d'avance, et prévenait les mesures de
«police ; on n'osait adnfiettre dans sa maison un
hôte, un ami , un parent, sans qu'il fût pourvu
d'un certificat de difis^ne } et le refus de ce
certificat demandé, était un arrêt au moins de
détention. Tout^ citoyen était obligé d'inscrire
extérieurement sur le seuil de ^a porte son nom
et le nom de tous cçux qui habitaient chez lui.
236 HISTOIRE !>E P4l A îT C E,
vmEp. Les lieux de spectacles étaient seuls tôu-
IJ^ ' Jours remplis; l'inquiétucle y cherchait un asile
ignoré pendant quelques heures; on dérorbait
ainsi des instants à la vigilance de la ty-
rannie. Retiré dans sa demeure et renfermé
au sein de sa famille , l'habitant épiait le moin-
dre bruit à la porte de sa maison ; c'était né-
cessairement le signal d'une inquisition domici-
liaire , nul autre que la police ne visitait le&
citoyens pendant la nuit. Ce que la police exé-
, cutait était soutenu par la législation ; ia loi
consacrait chaque jour les violences et les usur-
^ pations de la police; et comme la répression
forcée prouve l'excès dés abus, on fut obligé de
faire une loi qui condamnait les faux témoins à
la mort, lors même que l'accusé était acquitté,
soit que l'on voulût prévenir ainsi les effets d'une
réaction et d'une représaille qui pouvait mena-
cer les dominateurs eux-mêmes, soit qu'ils crai-
gnissent que l'excès du scandaile ne finît par
révolter le peuple*
Tous les pouvoirs concentrés dans la conven-
tion , n'avertissaient pas encore assez du despo-
tisme ; on la vit s'emparer du pouvoir judiciaire
en annullant des jugements rendus par le tri-
bunal de cassation. On projlosa alors de suppri-
mer tous les ministres , d'attribuer l'exercice
de leurs départçnients à des comités de )a
DEPUIS LA RÉVOLUTION. 287
convention , et ce fut Robespierre qui éloigna vmtpz
cette mesure. Bientôt après, elle fut effectuée. *^^^*
EnBn Cambon régissant toujours les finances ,
proposa et discuta , dans un long rapport , le pro-
jet de démonétiser Por et l'argent, et même
d'interdire. Tusa'ge de ces métaux pour les bijoux
au cjessus du poids d'un anneau.
Cambon alors se vantait que la république
dépensait quatre cent millions par mois. Sa
seule inquiétude était de pouvoir perfectionner
assez la prompte fabrication des assignats pour
suffire 'à l'échange des matières d'or et d'argent
que ^e décret devait faire rentrer. Ceis métaux
devaient être mis en lingots pour en empêcher
ainsi la circulation; mais l'exportation en fut
facilitée » et l'on ne peut s'empêcher de voir
ce projet, dans le plan proposé; même alors ce
projet n'était pas hors de vraisemblance ; dans ^ niroi.
toute la France, la terreur était telle, qu'il ne
manquait dans chaqfie département que des
commissaires doués des talents nécessaires pour
en poursuivre L'exécution ; tout était prêt à obéir»
Mais tandis que la tyrannie pesait sur la mé-
tropole , 'dans les Colonies par un contraste ^ •
dérisoire, un décret proclamait la liberté, c'est-
à-dire, l'abolition de l'esclavage. Ce grand acte iSaito.
de la souveraineté d'un peuple libre, que ré-
clamaient l'humanité et la raison , frappé à l'épo-
• «
238 HISTOIRE DE FRANCE,
ViiiEp. que de son éfnission , de Pinfluence funeste qui
, * viciait tout ce qui émanait alors de la puissance
législative , cet acte qui devait honorer le siècle
des lumières et de la ])hi]osophie, dénaturé dans
son exécution , outré dans ses conséquences ,
précipité dans ses mesures , fit la ruine du pajs
qu'il devait vivifier , et devint une horrible ca-
lamité pour tous ses habitants.
Le législateur q'ui veut abattre Tarbre anti-
que des préjugés, doit Tattaquer comme Font
ces colpns nouveaux, qui^iennent défricher xine
terre déserte; ils dépouillent de son écorce la
tige vieillie, et laissent au temps et à la narture
le soin d'en achever la destruction. Si l'homme
prend le fer, il s'émousse, et les forces lui
manquent; s'il essaye le feu, l'incendie s'étend
au loin , et embrase le sol.
8 mars Depuis Ics décrets rendus par rassemblée
constituante qui satisfaisaient en apparence tous
les partis, en laissant aux assemblées coloniales"
l'initiative de leurs lois de police d'administra-
tion et même de constitution : maïs qui ne sta-
tuant rien assez positivement sur l'état civil de^s
hommes de couleur libres et propriétaires, fu-
rent cause ou servirent de prétexte aux passions
et aux préjugés que fe précision de la loi aurait
seule pu contenir ; les dissentions départi étaient
devenues une guerre civile.
DEPUIS LA RévOLUTION. iSg
Trois classes d'habitants , bien séparées par vniEpi
l'usage, par les lois , et surtout par les antiques '^^^'
préjugés, formaient à Saint-Domingue une po-
pulation de près de ^ix cent mille araes ; les
blancs , au nombre de 40 mille ; les hommes de
couleur, libres, 3o mille ; et le reste, d'esclaves nè-
gres. La pi'emière classe, celle desJblancs, se di-
visait d'abord en planteurs ou grands proprié-
taires , et en artisans ou petits propriétaires , ap-
pelés vulgairement petits blancs.
L'opinion les réunissait par le préjugé de la
race ; mais l'effet des principes de la révolu-
tion pouvaient les diviser d'intérêt. Même la
première classe, celle, des planteurs, n'était
.pas réunie par les mêmes vues ^ politiques :
ceux qui tenaient à la France par leur séjour
ou par des alliances, voulaient rattacher la co-
lonie à la -métropole ; mais l'examen des faits
ne laisse pas douter que , dans l'origine des
événements , les propriétaires résidents n'ajent
pensé à un système d'indépendance, dont les
Etats-Unis venaient de leur donner le séduisant
exemple, et que le succès seul eût pu justifier*
Cette diversité d'opinion entre les cliefs qui ,
par leur état, avaient le plus d'influence, se
reproduisit dans la suite dans chaq^ue circonstance
favorable à l'un ou à l'autre, et prolongea les
calamités de cette contrée.
240 HISTOIRE ^E FRANCE, -
viiiEf. Les horames de couleurs , riches , proprîé-»
^ taîres, déjà instruits et éclairés par leur état
d'hommes libres, supportaient plus impatiem-
ment la différence que Ilétat civil et politique
mettait entre eux et les blancs. La déiparca-
tion était totale , la constitution française n'en
pouvait admettre aucune; mais les anciens pré-
jugés établis et reçus dans la Colonie^ eussent
facilement amené les hommes de couleur à
composer sur leurs droits politiques , et à n'en
réclamer qu'une partie.
Dès les premières assemblées coloniales , on
espéra^ comme en France , tout sauver en n'ac-
cordant rien ; alors les horûmes de couleur
trompés dans leurs espérances , appartinrent aux '
partis qui leur promirent de les réaliser. Tant
que la constitution fut monarchique , ils offri-
rent leur service pour maintenir la. police éta-
blie, et contenir les nègres esclaves; mais après
la révolution du 10 août, lorsque l'ancien gou-
vernement se trouva en opposition avec les
assemblées coloniales , les hommes de cou-
leur, qui n'espéraient rien d'elles, se ralliè-
rent d'abord aux agents de l'ancienne auto-
rité.
Les nègres^ dans la servitude des ateliers,
ignoraient leur force ; mais devaient appartenir
aux premiers qui la leur ferait co^naîtie, et le
mot
DÇt'UIS LA RjÊ VOL U T,î O N. a^I
mot de liberté devait les donner au premiçrjq[ui ViiiEp.
la leur offrirait avec des arnaes; .
*• '^ An a.
Le décret dt rassemblée constituante ,. qui
laissait aux assemblées coloniales le. droit' de
prononcer sur l'état des personnes, fut modi-
fié lâfitfîée suivante, par un autre décret;, qui
assuiait aux hommes de couleurs»', nés de jjère
et ni^e libres, tous les droits de citoj^en. Qn
avait espéré- concilier ainsi les partis, et niême
diviser entre eux les hommes de couleur , en '
désintéressant une partie* Ge décret Tut repoussé
par les colons ; ils menacèrent hautement de
scission avec la niélropolc; ils appelèrent des
secauî^ de la Jamaïque , et Ton vit deux fré-
gates. anglaises arborer leur pavillon dans le
Porl-aU'Prince. En même temps les hommes de
couleur se réunirent. et s'arnièrent. Une. pre-
mière action, toute à leur avantage , fut suivie
d'un traité presque» aussi tôt rompu. Urtè réu-
nion des chefs opposés où ce traité devait être
rétabli, fut suivie d'un combat dans. la vrlje,
de l'incendie et du;j:)illage du Port-au-Prince.
Chaque parti s'accusa réciproquement, et les
recherches ont prouvé depuis que l'incendie
fut l'ouvrage des agitateurs étrangers qui ,
après avoir réussi à. mettre aux prises les
partis , espérèrent les rehdre irréconciliables.
. Cette . cruelle politique venait d'JEurope. Vai-
Torne IF. 16 .
/
\
24^'* HISTOIRE DE FRANCE,
vixiEp. nement les . hommes de couleur dénoncèrent
'^^^' eux'-mÊmes les auteurs de cet attentat. Là mu-
nîcipalité ne put , n'osa ou ne voulut pas les
poursuivre. Peu de temps après cet événement,
les décrets arrivèrent de France poiir la con-
vocation d'une nouvelle assemblée coIoniale.Oa
avait vTtt dans cette mesure un moyen de'^finir
les débats sanglants qui avaient divisé les as-
semblées précédentes ; mais c'était âugsi trop
attendre des hommes, que d'exiger qu'ils modi-
fiassent eux-mêmes les préjugés de leur édu-
cation et de leur vie. Le législateur exhorta,
insinua, conseilla avec des réserves ce qu'il eût
dû exprimer avec précision , et commander^ en-
suite avec des ménagements. Vainement Bar-
nave , qui /ut le rédacteur de toute cette légis-
lation, répondit à ceux qui insistaient pour que
l'état civil des hommes de couleur libres fôt
textuellement prononcé d^ns la loi , ces pa-
roles trop^peu signifiantes, mais recueillies :
t< Ce serait supposer en question ce qui est
«< incontestaMe. » La loi qui semblait ne pronon-
cer qu'implicitement et à regret , donna des
forces à la résistance ; et la composition de
la seconde assemblée y admit avec peu de mo-
dification les mêmes principes qui avaient dî-
figé les premières.
Blanchelande était alors gouverneur de Saint*
^ DEPUIS t A R é V O L^U t roK. 2,^3
Domîngue , et sïes pouvoirs lui donnaient la vinrp.
puissance executive provisoire. ,
Peinîer, son prédécesseur, avait maintenu
son autorité par une conduite smitenue à propos
par de la fermeté et par la modération , se te-
nant toujours à la stricte exécution des décrets
de l'assemblée nationale sanctionnés par le roi;
il avait réussi à demeurer Tarbitre des partis
divisés; mais rebuté enfin de ce pénible exer-
cice d^m pouvoir toujours précaire, il Tavait
abdiqué. Son successeur arrivait dans des cir-
constances plus difficiles encore , parce qUe le
pouvoir ro^al qu'il représentait , était moins
reconnu. ■ •■ ■
' Le premier acte de la nouvelle assemblée , fut
tin acte d'indépendance , en se constituant « d'a-
« près les pouvoirs qu'elle avait reçu de ses com-
«t mettants?» c'était assez dire qu'elle n'entendait
ressortir de la métropole que sous les rapports
administratifs et exécutifs, se réservant la lé-
gislation sous^ la sanction ro;yàle. ^
Cette assemblée se transporta d'abord dans
la ville du Cap, et ses premières séancesy furent
troublées par une insurrection bien autrement
alarmante que celle des hommes de couleur^
qui , dans toutes leurs dissentioas, gardaient tou-^ v
jours un intérêt et un point de ralliement com-
mun avec les blancs, la propriété.
An a.
344 '^ H I STO I R E DE FRAWCE^
viiiEp. Les noirs esclaves, bien plus hombreux que
leurs maîtres blancs et autres , avaient déjà ea-
tencfu retentir dans leiiVs ateliers les mois li-
berté, égalité, peut-être même portés à leur
cœur et à leurs oreilles par la rivalité poli-
tique , bien plus que par l'humanité.
Dès l'an 1789, des insurrections partielles
n'avaient été réprimées que par la rigueur
des supplices. Les' recherches sur les causes
de ces premièr^es insurrections, nont donné-
que des aperçus vagues ; l'esprit de parti
les attribua tantôt ^aux agents du gouverne-
ment qui ,, pénétrant les projets d'indépen-
dance et de scission des colons blanbs, voulut
se rendre nécessaire à eux. Effectivement,
cea^ premiers nègres révoltés, se qualifièrent?
de gens du roi , proféraient , dans leurs accla*^
mations barbares, le nom de Louis XVI; et
souvent même, dans leurs terribles et sangui-
naires expéditions, jnénagèrent les seules pro-
priétés des agents royaux. Les blancs en accu-
sèrent les hommes de couleur, quoique leur
intérêt même les justifiât, mais parce que tout
ce qui est odieux estd^aborda«cr<^dité et promp-
tement adopté entre les partis, opposés.
« Quand Spartacus , dit un écrivain conteni-
« porain, pensa changer la face de l'Italie par
^ ce terrible^ soulcvenient d'esclaves, que les
N
DEPUIS LA RÉVOLtJTI ON. 3.4S
«r Içgioûs romaines ne purent se déteritiiner à vintp.
« combattre, qu après avoir- éprouve une ter- ^
<< reur plus grande encorepar leur décimatiog,
« ce n'étaient pas les mécontents de Rome qui
«. le suscitait. » Ainsi, san^ chercher des causes
étrangères , \e seul ressort 'èe la li berté put , dans
' un moment de relâche , se dégager de la com-
pression et se relever.
Deux hommes de couleut- s'étaient déjà dé- 17S9.
clarés pour la cause de leur race; mais ni I'uh
* ni Pautre n'avaient pence à changer le sort des
noirs autrement que par des moyens légaux et
successifs. ^ -
Râimend défendit leur cause par desécrîts;
Ogé , plus emporté, plus violent, peut-être
jmême plus ambitieux J prit les armes vers le
centre de l'île , appela à lui ses compagnons ;
ra^is n'arma p5int les esclaves; après un sucdt's,
il. fut défait par les troupes de ligne , se réfu-
gia sur le territoire espagnol ; et , livré paf le gou-
verneur, il expira sur ^ roue, supplice barbare
que I9I législation avait déjà aboli. De longues
procédures lui trouvèrent des complices , et
prolongèrent les exécutions; mais. cette pre-
mière révolte, bientôt comprimée , fut suivie
dHme insurrection firénérale , celle qui éclata ^ .„
au commencement de la seconde assemblée co- 179'-
loniak. En peu de joui'S, quinze -mille noirs
•.^w
1793.
An
S.46 /HISTOIRE DE FRANCK,
VIII Ep. esclaves brisèrent leor^ fers ; ils se choisirent
deux chefs , Bo^kmËMa et Auguste ; les habî*
tations furent iqceafhées, les sucreries, les ca-^
fières détruites, lés blancs égorgés, la riche
pleiije du Gap, toute, la partie ouest de l'île ,
dévorée?^ par les flafioaaias , ne fut qu'un vaste
champ de meurtre et de destruction.- Les blancs
renfermés dans la ville du Cap, ftirient rëduils
h la détendre , et leur ressentiment tomba sur
les hommes de couleur ;/obligés de se renfer»
mer, dans une églièe, plusieurs furent encore
massacrés.
Dans cette détresse , l'assemblée , coloniale
s'adressa aux puissances étrangères. Les Amé-
ricains des Etats-Unis envoyèrent quelques se-
cours en dewées et en armes ; là un arma-
teur de Bordeaux , Gernou , engagea noblement
son crédit, et cautionna tous le^ achats de co-
mestibles dont il envoya plusieurs navires au
Cap. Les Anglais de la Jamaïque envoyèrent
des secours d'hommes ^t: de munitions; tnais
dans rassetnl)lée coloniale , wn parti même
nombreux , se plaisait à ne pas regarder ces
secours comme, gratuits. On y répéta plusieurs
fois que la mère patrie ne pouvant plus dé-»
fendre ses colonies, elles n'avaient de secours
à attendre que de l'Angleierre. Ces signes ex-
térieurs qui, dans les. révolutions, parlç^^t au
DlÈrVIS LA R^V O L U T ï €► N. 247
sens et désignent Ie§ partis , les couleurs dis- viit^>.
tînctives, qui sont Tétendard du ralliement de An a.
chaque opinion ^ ne prirent point exclusivement
à Saint-Domingue le caractère national. On put
remarquer que y dans rassemblée même , le pré-
sident porta }a cocarde noire, la couleur bri-
tannique; et, dans les difierentes assemblées,
on ayait varié Ies*çouleurs locales ^ sans adop-
ter g4||^ralement ce|tes qui étaient en France
le signalement de la liberté publique.
Lorsque le premier embrasement fut ralenti,
et que Ton fut rassuré sur la ville même d»
Cap, la guerre s'établit au dehors, les noirs /
restèrent maîtres de la plaine," où ils étendirent
Jeurs ravages; d'une part, les exécutions judi-
jciaires et les supplices; de l'autre, l^s massacres
avec tous les raffinesoaents de la barbarie/et de
la fureur d'esclaves déchaînés, ensanglantèrent
Ja colonie. Les souvenirs des traitements en-
durés dans la servitude , et qu'il n'était pas
^ nécessaire aux orateurs d'exagérer , le sup-
plice d^Ogé souvent rappelé pendant ces horri-
bles représailles; de l'autre part , l'habitude de
la domination , le mépris pour une race es*
clave, renchérirent réciproquement d'atrocité
et de barbarie , et prouvèrent que Tescla-
vage et le despotisme , également hors de
la nature , suffisent, abandonnés à eux-mêmes
/
<^ .
I
^48 HISTOIRE DE FRANCE,
viiiEp. pour faire toujours justice Tun/ de rautre.
y^ ' ' Le décret qui assurait les droits civils aux
4 septe. hommes de couleur, fut bientôt contrarié par
179»- un nouveau décret, qui laissait aux assemblées
coloniales le droit de régler leur état, et ce
nouveau décret arrivait précisément au moment
où la force des circonstances venait de déterminer
cette même assemblée coloniale à leur accorder
] égalité civile et politique. Il résulta 9m cette
confusion de lois , une confusion d'opinion , de
prétention et de mesurés , source trop féconde
de tous les désordres; cet état de chose était la
suite inévitable de fétat des affaires dans la mé-
tropole. A Paris, les députés de Saint-Domingue
à qui cette qualité, d abord contestée, fut re-
connue ensuite, pendant les premiers jours agî-
tes des états-généraux , s'étaient formés en une
association qui prit le nom de club de Masi^îac , du
lieu où se réunissaient leurs assemblées. Tous
les propriétaires de Saint-Domingue qui se
trouvaient à Paris , s'y. étaient joints , et bien-
tôt après, une assemblée coloniale , qui s'était
formée dans l'ouest de la colonie , à Saint-
Marc, forcée par ses discussions de se réfugier
en France, se réunit au club Massiac , qui se.
trouva ainsi composé d'une partie des grands
propriétaires de l'île. Leurs richesses, leurs cré-
dits, leurs connaissances locales, leur donnaient
DEPUIS tA RÉV^OLUTION. S49
nécessairement une grande influence dans les yiiiEp:
assemblées nationales et dans léS conseils exe- *^^^'
cutifs. Sans doute aussi Pétranger , habile à
«aîsir tous les moyens d'action , n^omit pas de
s'assurer des relations dans cette association ,
comme il en avait avec une autre société pu-
rement philanthropique, connue sous le nom
d'ami des noirs. Lé cabinet de Londres sut tirer
un grand psirti de ces deux sociétés , pour faire
suggérer ou exécuter tout ce dont sa politique
avait besoin , soit pour se conserver exclusive-
ment le commerce de l'extraction des nègres
d-AFrique, soit pour forcer les colonies fran-
çaises ,*en Amérique , à désirer , ou leur indé-
pendance , oif un changement de domination.
Cette versatilité de principes dans les lois colo-
niales, émanait d^ cette double influence, se-
lon que Tune ou l'autre obtenait une prépon*
dérance momentanée.
Avec le dernier décret du 4 septembre ,
étaient partis des con^missaires civils; mais, à
leur arrivée, la ré1»)lte des noirs avait changé
,1 état des choses. Les pouvoirs des commissaires
se trouvaient insuffisants. L'amnistie dont ils
étaient pprteurs ne convenait plus aux circon-
stances, et l'assemblée coloniale même n'y était
pas disposée. Cependant quelques négociations
entamées par les commissaires civils afec les
aSo
HISTOIRE DE FRANCE,
VIII Ep. ehefs des noirs , eurent d abord des succès; a
. Ja suite a une^ntrevue avec les commissaires
An a. ^ ^ ^ , , '
cfvils, les noirs consentirent à rendre les^prî-
sonnîers blancs ; mais dans une seconde entre*
vue , un colon osa donner un coup de son fouet
à l'un des plus fameux chefs des nègres , nommé
Jean-François i et la rupture de toute négo-
ciation fut la suite de cette violence. Bientôt
des troupes d'hommes de couleur se réunirent
aux noirs , et les Espagnols mêaiç de Saînt-
Domingue leur fournirent des secours. Il est
à remarquer que là\ dans la partie espagnole,
toutes les distinctions de race et de couleur
n'existaient pas. Tous , sans acception ^e per*
sonnes, étaient habiles à toutesMes places pu*^
bliques, et jouissaient de tous les droits civils
qui , dans la partie française , coûtaient tant de
crîmes et tant de sang.
L'arrivée des commissaires civils ne fut d'a-
bord qu'une occasion de discussions avec les
assemblées qui se formèrent dana différentes
parties de l'île , où il s'éfciblit des confédéra-
tions entre les communes les plus rapprochées»
Dans les parties de l'ouest et du $ud, les com-
missaires , obligés Me se partager , se trou-
vèrent isolés partout , et dans une situation
précaire.
La ville du Port-au-Prince était en guerre
PEPUIS LA RÉVOLU TIOK. fiSf
ouverte. avec*une confédération d'homnaes de Viiiip.
couleur > formée à la Croix des Bouquets } le ^^^
commissaire civil, Saint-Léger, s'y rendit, et
honora son caractère par une conduite sage et
courageuse , mais qui échoua contre les pas-
sions exaspérées des partis et contre les manœu-
vres des agitateurs : les unes et les autres étaient
telles qu'il ne put obtenir sûreté pour les en-
voyés des confédérés , qui lui avaient demandé .
une entrevue ; elle eut lieu hors de la ville ;
mais y ayant obtenu qu'ils rendraient le libre
cours des eaux.salubres interceptées par eux,
il ne put empêcher que Ton ne tirât de la ville
sur les ouvriers que les confédérés employ'aieB||
à ce^ravaiL L'usage hasardé par les deux par-
tis, d'armer des nègres esclaves, donna bien- ,
tôt à ceux-ci la mesure de leur force , et bientôt
aussi on vit l'armée du Port-au-Prince forcée
de se renfermer dans 1^ ville, par une réu-
nion de dix à douze mille noirs qui , presquq
sans armes , se précipitèrent en foule sur les
raifbns, et les éteignirent, pour ainsi dire?, par
leur foule pressée.
Ces désastres , loin de réunir les partis , n»
faisaient qi>e les aigrir , et les commissaires ci-
vils désespérant de ramener entre eux la paix,
se déterminèrent à se rembarquer pour la
France. •
I ■
V*Tt ^ p.
1795-
An a.
iSs HISTOIRE DE F R A N C ET,
Les mêmes scènes s'étaient passées dans Ta
partie du sud. Le gouverneur Blanchelande
s'y. était re«du , espérant, réunir les blancs et
les hommes de couleur contre Pinsurrection des
noirs. Dans une soHie qu'H fit de la ville des
Cayes , son armée divisée en trois colonies i
fut repoussée dans les troià attaques, et tota^
lement défaite. Cette déroute, qui eut lieu aux
P/a/ons 9 fui uri des principaux chefs d'accuisa*
tion dans le procès de Blanchelande , quoique
l'entreprise eût été faite contre son avis, et qu'il
y eût été mal secondé par ceux mèmet» qui Ta*
vaient voulue.
^ Le décret qui reconnaissait les droits dies
hommes de couleur servit à Saint-Domifîgue
de moyens aux deux partis qui voulaient, ou
l'indépendance ou un changement de domina-
tion le retour de l'ancien régime; et bientôt
les événements du 10 août donnèrent encore
des artnes à ces partis. Les agents de lautorité
royale reconnue, s'étaient servi de la craint^
du, soulèvement des nègres pour maintenir feui
autorité; mais dès que l'autorité royale fut abo-
lie, il fut aisé de tourner contre \fi nouvelle au-
torité nationale , cette disposition de^s noirs , au-
près desquels on avait toujours agi au nom
du roi. Le parti des colons qui étaiefit en Fraftce ,
attachés d'opinion et d'intérêt à la royauté j se
* D.EP.UI$ LA RÉVOLUTION. 253
servît Tacilçment de rautorité et des principes viiiEp,
du nouveau gouvernement républicain, pour .^^
attaquer le T^ice-roi et les commissaires royaux,
dont la conduite avait combattu et contrarié
leur plaa d'indépendance, ^n maintenant les
liens qui rattachaient la colonie à la métrojiote.
Ainsi Blanchelande fut livré au> tribunal révo-
lutionnaire; ainsi les commissaires , à leur re-
tour, y furent mis en accusation et en juge-
ment.^ ^ .
Les nouveaux commissaires étaient Sonto-
nax , Polverel et Aill^aut. Ce, dernier prit peu
de part aux événements. Sontoaajt et Polverel
partis de France par la nomination du «roi ,
apportaient aussi le décret qiui assurait les droite
civils aux hommes de couleur libres; mais l'es-
prit départi les ^vait déjatait précéder par des ru-
^ meurs répandues avec art , on disais qg'ils appor-
taient aussi le décret pour raffranchissement des
esclaves. Le président de l'assemblée coloniale #
4 leur réception , leur manifesta , sans ^ucun
^inénagement , les inquiétudes et les résolutions
des colons; les cohimissaires se justifièrent de
cette imputation alors calomnieuse j et il est
vraisemblable qu'à cette époque , ils étaient sin-
cères,, quoique les circonstances les eussent con-
duits, peu de temps après, à cette terrible me-
sure , en devançant même le décret de la
è54 histoire Dt FRANCE,
ViiîEp. convention , qui la proclama en principe-
>79 • ^ Parrivée de ces nouveaux commissaires f
la ville du Cap était encore gardée ; mais toute
la plaine du Cap çt presque toute la province
du, nord , était la proie journellement dévo-
rée par les nègres insurgés. La plus grande
partie des hat)itations étayent incendiées et les
cultures détruites.
Dans les provinces de l'ouest et du sud les
ravages n'épient pas aussi étendus ; mais les
difficultés entre les blancs et les hommes* de
, couleur, avaient alternativement armé des noirs
esclaves pour leur cause; et depuis la terrible
défaite de Blanchelande aux Plalans , des
ateliers entiers insurgés étaient restés réunis f t
en armes.
Avec les commissaires une force armée de
six mille hommes avait débarqué éous les. or-
dres de Desparbës, homme septuagénaire, et
<|ue son âge rendait peu propre à une guerre
qui exigeait de la promptitude et de Tacti*
vite.
Aussitôt après Tarrivée officielle du récit des
événements du lo août, les commissaires pro-
noncèrent sans opposition la dissolution de l'as-
semblée coloniale ; elle fut immédiatement rem-
placée par une commission. En même temps
une nouvelle convocation des assemblées pri-
X
DEPUIS LA RévOLUTION. ^55
In^îres» dut procéder à de nouvelles élections } VluEp.
mais retardées par les intérêts cacliés de tous ,
les partis, elles furent remplacées par rétablisse-
ment d'un club des amis de la constitution , tels
que ceux de France ; et qui , suivant les mêmes
errements, soutint d'abord l'autorité des com-
missaires devenus nationaux , ensuite la cona-
batlit, et finit par la renverser et par lutter
Contre toutes les autorités municipales et consti-
tuées , fomenta des émeutes , forma des listes
de proscriptions , souleva les trou|f)es contre
leurs officiers , et finit par forcer les commis-
saires à les faire embarquer avec le comman-
dant Desparbès.
Sontonax lui en porta lui-même ta réquisition ,
et Polverel l'acçonipagna pour le préserver
des insiiiEs. On mit à la place de Desparbès
le général Rochambeau , fils , qui arrivait de
la Martinique avec ses troupes , y ajant trouvé
le drapeau blapc arboré , la contre-révolution
faite , et n'ayant pu débarquer dans l'île. Ro-
chambeau fit une campagne active contre les
nègres, les repoussa de la plaine et de la pro-
vince du nord , dissipa leur rassemblement ;
mais, forcé par la maladie de retourner au Cap ,
il ne put achever son entreprise, La ville du
Cap dégagée de toute crainte extérieure , resta
en proie aux agitateurs. On renouvella les
\
a56 HISTOIRE D E F B A N C E, '
viu.Ef. listes de -proscription, douzç piigonniers furent
• massacres par uji attrqtipeçnent, maigre les er-
forts de Sontonax. Le club voulut disposer d^
toutes les nominations aux places; on, avait fait
des hommes de couleur officiers dans la milice
coloniale du Cap ; les soldats refusèrent de les
recevoir; la querellé devint une affaire de parti;
les hommes de couleur s'çmpaçèrent dp poste
du Haut-du-Cap'> et ne.rcnti.èrent dans la, ville
qu*après que^Soiïtonax eut fait embarquer les
chefs des factieux^ /.v:\,_ :
y Sôntônax yoiiîi;ît p>cifi^£»r du^rpom^^nt decal me
qu<rprpduisit, ley.r d^al^pour occuper les es-
prits pai' une diyersio'n -d'^up ;intérÊt commua :
il recomnièijVaV la>ia:uer^^ aontre les neiçres.
Eôchâmbé^n^avaît.^ùlVî' sa iiiiT«iiëi:e desti^nalioa
pour \I^.^art inique , et le géaérfijp^aveauif
prit lecomn?andemeiit. y^pf? prenuère entre-
prise e.ut„ian plein succès t trois colonnes ^tta-
quèrenit k^ ji^gréa , leuk- carpp , situé à la
''Tannerie. iiU fbr.cé ; leurs dei^ chefs , Bias-r
SOU et Jean'Fuincoi^yQhVméi^ de s^évader ; toqs
les-,po8lcs , levTong de la frontière espagnole,
fin ent repris.. Ci^s^ expéditions coûtaient peu. de
sarig ; mais Ws;jLrpupes*affaiblies par riqtempé-
, rié du climat^et-^ial Siecoridées par>le^ habi-
tants qui'; ]d, plu|),a'rt!i..r.efusaiçnt de marcher ,
étaient biéntôr obligées de se retirer dans ks
villes
I
DEPUIS L A R é V O L U,T I O'N. ^5^
yîlles pour y chçrcher un abri contre an soi vniF.p.
dévorant , et qui semblait se venger des meurtres '^-^ '
dont il était souille. . .
Dans les provinces de louesf et du sud, tes
mêmes dissections avaient produit les mêmes
désastres, les mêmes revers. Polverel s'y était
rendu , et Sontonax l'y joignit. Un parti d'op-
position, mais secret, et habilement déguisé»
Y luttait contre les autorités dviles et' mili-
taires. Comme en ^France , l'oppositian .et les
plans de subversion y prenaient les*cotirpurs
d'un patriotisme exagéré, on empêciiait; non
en refusiint d'agir; mais en agissant plus qt»'it
n'était utile; on faisait manquer le but en Je
dépassant: Après dçô discussions de clejb-et;des
expéditions .|.artie lies , les partis restaient ba-
lancés , et perpétuaient les désordreg^;,'
Un nommé Borel s'y était feit une autorité
qui balançait celle des; généi;aux et ctes. com-
missaires ; il osa mf tire en an-estatioqdî^ ïsé^K
nëral Lasalle, et sçutijat.au Px>Et-aù>fefeee*att'^
siège contre les vaisseaux de la;Sjtatix^;;7^aDGrff*%
tre l'armée conduite par les comniis^^iî^j^^^i^'
tonax et Polverel. Cependant la prise-dè pos-
session de cette ville , décida la sonmissiod
de la province de l'ouest ; mais celle du sud
resta en insurrection faiblement contenue ;
et l'arrivée d'un nouveau. commandant, le gé-
1
^5S HISTOIRE DE'FRANC'E,
VIII Ep. néral GalbaucI, rappela les commissaires dans
1793.
la ville (lu Cap.
An â.
Partout les institutions nouvelles trouvèrent
les anciens préjugés sur leur route, et le bien
public devait nécessairement souffrir de ce nou-
vel état de choses. Les commandants militaires
avaient toujours régi les colonies avec un pou-
voir indépendant et absolu ; l'ordre nouveau
exigeait que les réquisitions des autorités civiles
fussent reconnues de la force armée , et de tout
temps elle y avait déféré, soit pour la police
exercée par les corps judiciaires, soit dans
Tordre administratif régi par les intendants des
provinces , soit même dans Tordre fiscal exploité
par les compagnies financières; mais ces réqui-
sitions étaient moins vues. comme de$ ordres
que comme des appels de secours. Les chefs \
militaires y déféraient sans opposition \ parce
que le refus eût laissé la responsabilité des évé-
nements à leur charge. Le passage à un autre
ordre semblait exiger de la prudence et des
ménagements, au moins dans les expressions
employées. 11 sembla, au contraire, que Von
voulût appesantir le joug salutaire de la loi
par la rédaction du texte : il portait que le com-
mandant militaire de Saint-Domingue ne cLe-
yait y être ijfue Vinstrument passif des 'VO^
lontés des commissaires civils* Ces formes dures
N
fiÈPUIS LAIiêVOLÙtfÔ^. âSç
C^ommencërent la méfiance entre les autorités; viiinp.
les agitateurs y portèrent bientôt la division par *^^
leurs manœuvres et par leurs intrigues; et après
tine lutte qui partagea les troupes et les habi-
tants , Sontonax et Polverel usant hâtivement
de leurs pouvoirs , signifièrent à Galbaud sa
destitution , et le firent embarquer pour être
îreconduit en France.
Mais soiis un climat ardent , oii toutes les
Imaginations étaient exaltées et toutes les pas-
sions brûlantes, cet acte violent ne devait pcis
rester sans réaction.
- Avec Galbaud on avaît'^embarqiié sur la flotte
plusieurs chefs séditieux par caractère , par prin-
/cipe où par mission. Ces hommes travaillèrent
les marins ^ et ne leur montrèrent dans Galbaud»
qu'un chef mihtaire sacrifié par des magistrats
jaloux. II paraît que Galbaiid igpora une partie
de ce qu'on faisait en sa faveur. Ses regrets
tardifs, lorsqu'il vit les effrayants effets de Tin*
siirrectiôn dont on le faisait le chef, peuvent
faire croire que l'on agit en son nom plus qu'il
n'agit lui-même^ Dès qu'il fut sûr de la flotte,
il ordonna la descente, et l'on vit les forces de
iïier de la république attaquer ses établissements
\ terre avec la même fureur qu'auraient eu les
Anglais ou les Espagnols.
L'attaque fut disposée dans le même ordre
' ^
sl6q histoire de frange,
vin Ep. que dans une guerre ouverte et déclarée. Trois
colonnes conduites par des chefs , se portèrept
1790.
An
au gouvernement et à l'arsenal; mâîs quoique
les co'mniissaîres civils eussent été surpris , cette
première attaque fut repoyssée ; une partie des
troupes de ligne et des hommes de couleur se
réunirent autour des commissaires civils ; ils
eurent même la sagesse et la générosité de re-
fuser d'armer les prisonniers qui, s'étant échap-
pés des prisons civiles, vinrent leur offrir leurs
v' bras.
Mais le lendemain les hommes de mer ral-
liés et renforcés du reste des, équipages , ratta-
ao inîn. quèrent la ville. Galbaud marcha en personne
ai juin. * , . , .
'79^. contre le poste de l'arsenal qui lui fut livré.
. Maître de cette position qui domine la ville et
le gouvernement, il s'empara des forts envi-
ronnants ; alors les commissaires civils furent
forcés de se retirer de la maison du gouver-
nement, foudro3^ée de tous ,côtés par l'artille-
rie ; ils firent leur retraite au village appelé /e
Haul-du-Çap^ à une lieue de la ville , et où
était un camp établi , dès longtemps , contre
les irruption^ des nègres de la campagne.
Aux premiers mouvements de l'attaque, une
parlie des habitants, s'était sauvée, emportant
leurs effets ; les autres espéraient, ainsi qu'il
arrive souvent , pouvoir rester spectateurs du
DEPUIS LA RÉVOLUTION. 261
combat en ne prenant aucdif parti } maïs dès viiiEp.
que les commissaires civils se fui'ent retirés, la
troupe de Galbaud ne trouvant pins ni rési-
stance ni frein , força les magasins et les mai-
sons , le pillage commença -; il ofiTrît toutes ?es
scènes hideuses d'une ville prise d^assaut ; vingt
mille esclaves se déchaînèrent, se^êlèrent aux
assaillants, tous se méconnaissaient d'ans lè dé-
sordre général , habitants, matelots, esclaves,
se massacraient indistinctement, l'incendie vint
augmenter et facrliter toutes les horreurs , les
nègres révoltés descendirent des montagneç,
tout ce qtie la vengeance, Tavidité, la brutale
insolence , peuvent enfanter d'excès , détruisit ^
cette malheureuse cité ; Fasile où les jeunes
filles étaient élevées, fut forcé , elles furent li-
vrées à la violence, puis à la mort ; les femmes,
les enfants , les vieillards se traînant dans les rues
à travers Fincendie devenu général, et sous le
feu, dés combattants, cherchèrent un asile, les
uns sur la flotte, d'autres au camp des com-
missaires. La ville du Cap fut détruite, et ses
habitants massacrés ou dispersés.
Au premier signal des excès qu'il n'avait pas
prévus, Galbaud retourna à la flotte, n'ajant
plus aucun pouvoir pour réprimer les fureurs^
qu'il avait excitées^ On prit seulement des pré-
cautions pour que rartillerie de terre ne pût
$.02 HISTOIRE DE FRANCE,.
VIII Ep. être employée coqgpe les vaisseaux; on encloua
'^^^' les canons; on mouilla les poudres,, et l'on
" ^ acheva ainsi de mettre la première ville de la
colonie hors de défense, au moment où la guerre
venait d'être déclarée à l'Espagne ; enHn on
6ta au reste des habitants toute ressource, en.
éloignant la i|otte« Des le lendemain, elle fit
voile pour la France , et dut auparavant tou-
cher terre dans les Etats-Unis, pour y déposer
les infortunés colons, que le fer et le feu avaient
obligés d'y chercher un asile.
Dans ces dernières extrémités , on doit ho-
norer le courage et le dévouement des com*
missaires civils qui , loin de chercher leur sû-
reté dans les autres parties de la colonie ,
s'attachèrent aux décombresqui fumaient encore
autour d'eux ; seuls dans leur camp du Haut-Cap,
jls avaient conservé une force disponible , et leur
position était encore telle , que le conseil de
guerre assemblé à bord des vaisseaux , ne vit
d'autres recours , en s'éloignant , que de les
supplier d'interposer les restes de leur autorité,
en faveur des femmes et des enfanls. Dès que-
la lassitude eût fait cesser le carnage et le dé-
sordre , et que les flammes s'arrêtèrent faute
d'aliment, Sontonax et Polverel redescenHirent
dans la ville; ce qui restait d'hommes fut or-
ganisé en corps civils et militaires; on recueillit
DEPUIS LA RÉ V-O L U T 1 O N. 203
les csdaves qui , ne sachant que feire d'une viiiEp.
179J.
telle liberté, vinrent se rendre; on établit les
débris des familles dans les édifices publics que
le feu n'avait pas détruits ; on fouilla les dé-
combres pour en extraire des vivres qui Turent
déposés pour le besoin commun , et les métaux
qui pouvaient servir aux reconstructions. La
famine était le danger le plus pressant. On ex-
pédia des navires vers les îles et au continent,
et les restes d'une population florissante sem-
blèrent une horde fugitive jçtée par le naufrage
sur une plage déserte. ^
Lorsque la justice publique vint rechercher
les premières causes de cette calamité, les pro-
cédures ne purent justifier les commissaires d'une
précipitation inconsidérée dans l'exercice de leurs
pouvoirs 5 ni le général Galbaud d'une impru-
dence inexcusable dans les mesures qu'il prit
pour satisfaire ses ressenti fnenls; mais le rap^
port présenté à la convention , le justifie de
toute intention criminelle, et lui-même fut ef-
frayé des calamités qu'occasionna son entre-
prise; on n'imputa les excès qu'aux émissaires
envoyés dans les diflérents partis ; et surtout aux
esclaves qui , voyait les blancs se combattre et
Èe détruire^ mirent le feu à plusieurs endroits
de la ville pour commencer le pillage.
Cette terrible caïaslraphe fut le premiejr
^
UtL.
$.64. histoire.de frange;
viiiEp. signal de l'abolition de Tesclavage par Taffran-
An a. chissement partiel des noirs. Déjà des mesures
politiques ou forcées, avaient appelé à la li-
berté les esclaves qui s'éiaient réunis aux hommes
de couleur, ceux que leurs maîtres même avaien||
armés dans des circonstances impérieuses ; ceux
r enfin que les commissaires civils avaient réu-
nis en troupe , \yoxiv les contenir au moins par
la discipline militaire; mais ces dispositions tb-
<:ales^ n'avaient point encore pris le caractère
d une mesure légale et générale.
A feur sortie du Cap , pendant Tembrase-
ment, les commissaires publièrent, dans une
proclamation , if/ie la yolonté de la républi-
que jrancaise et celle de ses délégués , était
de donner la liberté à tous les nègres guerriers
90 jnîn ^^'^ combattraient pour la république sous les
»793« ordres des commissaires ciidls.
Ce premier acte* d'une extension indéfinie ,
qui appelait tous les noirs à la liberté , était
raotiyé par l'invasion des troupes espagnoles
qui pénétraient dans la province de Test, s'em-
parèrent du bourg d'Ounaminthe et de plusieurs
postes français. Les Espagnols avaient des corps
de nègres dans leur armée.
Cette idée de l'affiandiissement des noirs
s'était répandue depuis longtemps de l'Europe
dans les colonies; les écrits philanthropiques y
II
!»
^
DEPUIS LA REVOLUTION. ^65
avaient pénétré jusque dans les ateliers. L'op- viiiEp;
position %ntre les blancs et l*^hommes de cou- ^^ ^
leur libres , les avait forcés , à l'envi l'un de
l'autre , d'armer les esclaves en leur faveur /
et l'âfTpanchissement réel ou promis, ^tait tou-'
jours le prix attaché à cet acte de dévoue-
ment.
Dès 1789, l'affranchissement des noirs avait
été demandé. Le décret rendu , le 5 mars 1 798,
laissait aux commissaires un droit implicite de
jDrononcçr sur. la discipline et le régime inté-
rieur des atehers.
Le 21 juin , une proclamation avait donné
la liberté aux nègres qui combattraient pourra
répubh'que. L'effet de cette mesure avait d'a-
bord été d'y rattacher plusieurs chefs noirs.
Toussaint-Louverture commandait alors en se-
cond sbusBiassou et Jean-François; cet homme
qui depuis a pris une si grande place dans l'his-
toire de Saint-Domingue , se trouve peint dans
un écrit contemporain de cette première épo-*
que ; et ce portiait dégagé des événements qui
ont suivi, devient curieux pour l'histoire.
, «Toussaint-Louverture, doué par la natifre d'un . . 'r^^"-
«caractère humain, sensible et généreux , et si.-d..-
une grande jacilïte de_.conception, avait a par ga-
^ « peine pu donner la moindre culture à ces heu- coui<
i< reuses dîspositiorts dans les Kens de l'esclavage ;
lou.
266 HlâTOIREDE FRANCE,
viiïEp. « il avait appris à lire et à écrire , lorsqu'il gardait
'79^-
«les bestiaux de riiabitation de Breda^» et ces
« premiers éléments des connaissances humaines
« lui donnèrent dans la suite les moyens de per-
« fectionner ses dispositions militaires; il n'avait
« pris les armes avec ses frères que par le seul
« amour de la liberté. Ennemi généreux, même
« envers ses tyrans, il n'avait jamais souillé par
« la cruauté la cause honorable qu'il déFendaif.
« Plusieurs fois ces représeatations touchantes
' « avaient arrêté les actes de férocité de Biassou
« et de plusieurs autres généraux nègres ; c'est*
« un témoignage que les prisonniers blancs n'ont
« cessé de lui rendre. Presque seul accessible à
« tous les sentiments de Thumanîté, au milieu de .
i< la démoralisation générale qui se manifestait
« parmi les hommes de toutes les couleurs , il
« avait fortement réclamé contre Pavidilé infâme
« des chefs nègres' et de leurs correspondants
« espagnols , qui, en pillant les habitations des
t< blancs, enlevaient les familles des nègres pour
« les envoyer vendre à la Havanne. Une ame si
« élevée lui avait donné une grande influence
« parmi ses frères, dont un très-grand nombre
« n'aurait pas manqué de suivre son exemple j
« mais Toûssaint-Louverture n'ayant vécu,depuis
« rinsurrection des nègres , qu'avec eux et avec
« les Espagnols , ne connaissait notre révolutioa
r- -t
DEPUIS tA RÉVOLUTION. 267
u que sous les traits que lui prêtaient les enne- vniEp*
« mis de laPrânce ; et les fureurs des partisdi vers
An ^
f< à Saîht-Domîngue , n'étaient pas propres à dis-
« siper les préventions qu'il avait reçues. Extrê-
« mement attaché au catholicisme , dirigé dans
« ces pratiques de dévotion par des prêtres es-
«pagnolsi il craignait de se soumettre à un
« gouvernement qu'on lui représentait surtout
« comme l'ennemi de cette rehgion. »
Soit que les circonstances fussent pressantes,
soît que Sontonax craignît l'opposition de son
collègue Polverel ; après une députation nom-
breuse de la commune du Cap , à la tête de
laquelle était un autre Vergniaud, l'affranchis-
sement des esclaves dans la province du nord ,
fut solennellement proclamé ; et peu de temps
après, des députés des trois couleurs furent élus
et envoyés à la convention. Cette mesure ne
pouvait manquer de devenir bientôt commune
aux provinces du sud et de l'ouest.
Polverel avait là à combattre l'opposition des
propriétaires et des hommes de couleur; pour
retarder la proclamation de l'affranchissemeiyt
général , il avait recouru à divers mojens; tels
que la liberté du travail certains jours de la
semaine, et même la distribution des habitations
vacantes par Témigration des colons ; mais les
mêmes violence^ du parti opposé; l'appel des
2.6S HISTOIRE DE FRANCE;
TiiiEp, troupes espagnoles, le plan formé de leur lî-
'^^^* vrer la colonie , forcèrent de rendre général
l'affranchissement proclamé dans le nord ; et
ce grand acte de législation , qui n'aurait dû
être émis que dans le calme , et plus encore
par la persuasion et avec une exécution gra-
duée, cet acte proclamé pendant Torage, hors
de temps et de mesure , au mîhe'u des oppo-
sitions de rintérêt et de l'opiniâtreté des par-
tis , plus arraché par la force qu'obtenu par
la raison, n'eut que des résultats funestes :
la licence prit la place destinée à la liberté,
et la servitude légalisée vînt enfin mettre un
terme à la licence. On accusa la îaison de toutes
les erreurs des passions ; on la rendit respon-
sable de tous leurs excès , et l'on en conclut ,
- peut-être pour des temps indéfinis, que ce qur
avait été mal fait n'était pas possible.
Dans les Etats-Unis de l'Amérique, la prédi-
cation persuasive avait obtenu ce que la justice
et la raison réclamaient. Dans les colonies fran-
çaise, la législation dure,împcrative et brusque,
souleva les contradictions , aida la malveillance,
et manqua son but.
L'exaspération des esprits servit alors les pro-
jets des émissaires de l'éti^anger, pour porter
les partis aux mesures les plus extrêmes ; toute
cette partie de Saint-Domingue qui comprend
V V
n a.
DEPUIS LA RÉVOLUTION. 269
«ne partie des trois provinces sous le nom de la viiiEp
grande Anse, fornaée par le Cap où est la for- *'^ *
teresse du Mole-Saint-Nicolas, et le Cap d'Am-
marie, fut livré aux Anglais; leurs vaisseaux
parurent 4'^bord au port du quartieV , appelé
Jérémie j et en peu de temps tous les ports
situés sur cette côte , Saint-Marc, Leogane , la
Pointe , l'Arçhaies , Goave , leur furent livrés
j)ar une capitulation signée à la Jamaïque ; le
P<9rt-au-Piince, dit depuis le Port-Républicain y
résista plus longtemps, et ne céda qu'à plu-
sieurs attaques réitérées. Les commissaires se
recirèrent alors dans la province du sud , où
-quelques communes étaient restées fidelles a la
républiquer
Sontonax, oubliant son caractère public, et
se livrant à son emportement , pubjia une procla-
mation pour se retirer avec les défenseurs dans
Jes Mornes ^ ïnpntagnes escarpées au centre
de l'île ; maïs avant il ordonnait qi^f la re-
traite fût éclairée par l'incendie de tous les
lieux habités que Ton serait forcé d'abandop-
ner. Son collègue Polverel improuva et arrêta
ces horribles mesure» qui renouvelaient les
résolutions désespérées de Sagunle et de Nu-
mance ; et peu de temps après , un vaisseau ar-
rivant,de France,, leur apporta à Jacmel ^ x^îx
ils étaient depuis peu de jours , leur décret
N
^yO . HlStOlftÈ DE FRANCE,
VîiiEp. d'accusation et Tordre de leur arrestaitîon , pouf
'^^^' être traduits à la barre de la convention natio-
^^ ^ nale.
Cet ordre obtenu par les colons déportés,
était resté plusieurs mois entre les mains du
conseil exécutif, sans qu'il en eût donné la pu-
blication. Cepeiadant la nouvelle en était par-^
venue à Saint-Domingue par la voie de l'Angle-
terre , et le discrédit de leur autorité précipita les
événements et les succès des Anglais. Les com*
missaires cédèrent sans tenter aucune rési-
stance ni aucuns moyens d'évasion. Le même
bâtiment apporta le décret de la liberté géné-
rale des noirs. Celte grande ml?sure servit de
con(re-poids au départ d^s commissaires civils ^
et d'aliment- à la guerre, en ralliant les par-*
lisans de cette opinion , qui bientôt rallièrent à
eux une armée noire.
Toussaint-Louverture , dont la conduite ac-
croissail»de jour en jour le crédit et la fortune,
se rattacha au parti de la république , ramena
l'ordre dans la colonie , et contint les Anglais t
ils restèrent encore longtemps maîtres de la
grande Anse et de plusieurs quartiers dans Tin*
térieur des terres, jusqu'au temps où ils en
furent chassés par cette même armée noire f
qu*iis avaient presque dédaigné de combattre,
et devant laquelle on vit des corps entiers de
^DEPUIS LA RÉVOLUTION. »7I
troupes anglaises mettre bas les armes. Les vniEp.
J)ajs qui séparaient les deux armées, longtemps *
ravagés par Tune et par l'autre, ressentirent dans
la suite toutes les secousses qui , pendant dix
années , ébranlèrent l'ancien cotitinent.
Le décret d'abolition de l'esclavage avait été >^ p^"^*
rendu dans la convention nationale à l'unanimité,
et presque sans aucune discussion c^ontradic- ^
toire. A la .même séance , les trois Vléputés de
Saint-Domingue , un blanc ,. un nèg^^e et un
jaune, furent installés, prononcèrent un long
rapport sur la situation actuelle de cette co-
lonie ; et, peu de jours après, une fête f)opu- 30 piuv;
laire solennisa dans la capitale le décret quç
la convention venait de rendre.
On aurait pu croire qu'elle appelait à elle une
nouvelle race pour réparer ses pertes par une
adoption forcée. Le dernier appel pourl'élection
d*un président n'avait donné pour résultat du
scrutin qu'un total réduit à 1 90 présents ; et'
tandisqu'elle proclamait l'abolition de l'esclavage^
dans les deux mondes, elle-même sentait river
tous les jours les fers qu'elle avait consenti de re-
cevoir. Le comité de salut public, au terme de sa
formation , devait être renouvelé tous lèg' mois ,
et cette règle sage n'était depuis longtemps qu'un
vain formulaire. Ceux qui auraient pu les rem-
placer, craignaient de lutter contre eux , et n'é-
A
11 2*.
27% HISTOIRE DEF.RANCEj
yiiiKp. taient pas a.sspz sûrs Tun d^e l'autre pour Iç ten-
ter, sans avoir la certitude du succès^ Le frçste
Irop^ insouciant se voyait sans peine délivré de
rembarrai : de prononcer entre des parais op-
])Osé^. Le comité de salut public garUait le tir
mon des affaires , parce qu'aucun parti n'était
as^ez lié pour jûiser le prendre^ et aucun iadi-
- vicUr9:ssé^-iajL^^ essayer de le lui oier^
Mahfitenu-à chaque përipcJe pour la forme, il
rendait compte aussi pour la forme à l'assem-
blée de ses çpérations; elle s'y était accoutuniéei
et cette sanction n'était qu'une cérémonie d'ha-
bif,i;di?;démandée et accordée sans conséqu£înce ;
aussi ce ne fut que par une phrase intercalée
dans un long rapport que la convention apprit
que le comité avait reçu et rejeté la proposi-
tion , envoyée par lés puissances alliées , de
J^aire une Irès^e pendant laquelle la France
établirait un gouvernement avec lequel on traî-
lirait de la paix , qui serait soumise à la rati-
j[ication nationale. d^Wi^ propostion pouvait être
insidieuse , et l'était vraisemblablement , oa
espérait faire poser les armes , et laisser l'ar-
deur réyoli^tionnaire se refroidir; mais cette pro-
position rpéritait encore d'être soumise à la dé-
4^ision de la convention , et ne devait pas lui
.eXr.e communiquée après la décision ; rien ne
.prouve pIujS Taudace d'une part, et la patiente
' * docilité
bÈ^uis LA REVOLbirioKi *i*;3
docilité de l'autre, que la confiance en eux- vmËi*.
mêmes , qui décida les comités à se charger de *^^ '
cette effrayante responsabilité* Le rap[X)rt où
se trouvait cette ouverture de paix y servait
en même temps de réponse ; c'étaient des me-
^ines extrêmes pour se procurer du salpêtre;
et à cette occasion , les principes et les maximes
les plus hasardeux étaient énoncés sur le droit
de préhension et de réquisition^ Les jouis*'
sances^y est-il dit, cessent d^ être individuelles i
et semettent en masse ^ et à la fin du rap-
port, les avertissemeots les moins politiques y
étaient donnés aux peuples étrangers , ne /e-
tendre au dehors que pour laisser des désértÈ
entre la république et les rois.
Robespierre qui faisait débiter ces maximes
par le comité, se réservait celle de la plus \
pure morale et de la plus saine politique. Dans
un discours, dont'le texte était « sur les prin-
« cîpes de morale politique qui doivent diriger
« la convention dans radministration intérieure
« de la république.»
Les expressions les plus sonoreç de j.ustice,
de mœurs, de vertu> retentirent à la tribune»
et le contraste avec les faits n'empêcha pa§ que
ce discours applaudi ne fût imprimé et envoyé
aux départements.
On ne s'occupa donc plus que des prépara-
Tomeir. ï8 \
27+ HISTOIRE DE ï" RANGE,
VïifEp. tife pour la guerre» Le ministère anglais, qui
1793. *
An 2«
1 70^
pouvait se prévaloir dans son parlement des
inutiles avances qu'il venait de faire, n'y trouva
aucuns obstacles aux moyens qu'il demandait.
On vit les chefs de l'opposition se réunir aux
ministres, pour assurer vingt millions sterlings»,
destinés à continuer la guerre. Les forces de
mer furent portées à quatre-vingt-trois mille
matelots , et l'armée de terre , y compris les
milices , à cent cinquante mille hommes, outre
quarante mille étrangers soldés sur le conti-
nent. L'état joon contesté des dépenses pour
cette armée , se montait à vingt millions ster-
lings, et dès cette époque fut ouvert lavis , réa-
lisé quelque temps après, pour que la banque fût
autorisée à «iuspendrc le payement journalier de
sesbillets, CetjLe mesure prolongée, même après
la guerre, n'altéra pas la confiance que soutint
l'esprit public , et par un exemple honorable
pour une nation , et unique , cette crise n'in-
fluant point sur les transactions particulières,
le papier public devenu monnaie forcée , ne
perdit rien au change contre le numéraire mé-
tallique , tandis que par un autre contraste moins
içlorieux pouK l'esprit public de la France , ses
assignats, son papier-monnaie, dontune partie de
son territoire était le gage , n'avait déjà plus
qu'une proportion fictive et idéale avec les mé-
DEPUISLARÉVOLUTION. S,y5'
taux monnayés. Peut-être Vesprii public cst-il viiiEp,
pouf un peuple le. dernier terme du perfection- ^„ ^
nement de sa civilisation.
Aux finances et aux forces coalisées de l'An-
gleterre et du continent, la république française
opposait ses opinions, ses citoyens soldats et ses
généraux. L'armée du Nord, qui devait balan-
cer et fixer ses destinées, venait de rappeler à
elle les troupes qu'elle avait été obligée d'en-
vojer dans la Vendée, pour y terminer celte
guerre que l'on put croire un nionaent finie.
Repoussés à Granville, les Vendéens s'étaient
retirés à Dol, où les colonnes républicaines les
attaquèrent, ecrurent défaites après un combat
opiniâtre et sanglant. Laroche-Jacquelin et Sto-
flet résolurent de repasser la Loire et de ren-
trer dans la Vendée. Angers, où commandait
Beaupu! , blessé, qui se fit ^porter sur les rem-
parts, leu^; résista; ils s'emparèrent du Mans;:
et là, suivis par les généraux de la république,
attaqués au dehors et dans la ville , pressés
par Westermann , qui venait d'être rendu,
un moment à son armée , les Vendéens fu-
rent taillés en pièces. Dix-huit mille soldats,,
femmes , enfants , vieillards , furent massa-
crés dans la ville, pendant et aprèjs le com-
bat. Laroche-Jacquelin, échappé au carnage
avec quelques cavaliers , recueillit les débris de
\
\
liihS .'hISTOÏHE de FRANCE,
viiiEp. ^e désastre, et essaya de passer la Loîre à An-
An 2. cenîs sur dés radeaux. A peine touchaît-il le
bord opposé avec son avant-garde > le reste
attaqué, fuit à Savenai ; là, cette armée sans .
.chef Fut iatteinte et détruite. Uîle de Noîrmour
lier où s'étaient réfugiés Charrette et Delbée *
iHourant, fut prise, et ce guerrier fut porté au
lieu du supplice et fusillé dans son fauteuil.
On put croire la guerre de la Vendée éteinte,
si les épouvantables exécutions militaires .des cp-
lonnes , justement nommées infernales , n'en
eussent agité les cendres , et si les exécutions
juridiques, plus horribles encore, que corn-
iftanda Carrier, n'eussent ra ni oié le désespoir
abattu. Le long détail de ces horreurs qui sur-
pas>ièrent toutes celles qui les avaient précédées ,
sont trop officiellement consignées dans le récit
du rapporteur Lequinio. L'histoire a le droit de les
réléguer parmi les détails partiels dont sa dignité
là dispense. L*incendie qui a tout dévoré, ne
laisse plus de traces que dans les tristes souvenirs.
Le jour même où la convention publia la
prise de Noirmoutiefr , elle apprit celle de la
ville de Worms, et la suite des succès de l'ar-
mée du Rhin.
Wurmser avait été remplacé par le général
Broun, et Brunswick avait remis l'armée prus-
sienne ail vieux Maleiidorf, le disciple et l'ami
D' E P tl I s L A RÉVOLUTION. 277
du ffrarîd Frédéric. Ces deux armées , dont leurs VHiFp.
revers avaient séparé les opérations, gardaient
les passagêsdu Rbib^ à Mayence et àManheim ,
et ïe§ armées de Rhin et Mdselle , après la re-
prise du Fort- Louis , que les Impériaux aban-
dotinèrèrit après Tavoir détruit , prirent des
quartiers d'hiver sur la. frontière du Palatinat
à l'entrée de la vallée de Neustadt, et Piche-
gni* fut ftommé général à l'armée du Nord
à la place de Jourdan , que trop peu de défé-
rence, pour les plans des comités avait exposé à
leur mécontentement. Il fallut même , pour le
sauver de l'effet ordinaire de celte disgracç,^
toute l'adroite éloqùeno^de Barrère, Ce temps
de repos et le court intervalle des opérations
militaires, était -employé activement aux tri-
bunes de la convention, des jacobins, de^s cor-
deliers , de la commune et d'une nouvelle as-
sociation qui s'était dénommée club central. Ce
n'étaient pas des réunions de partis opposés, cha-
que parti avait ses adhérents dans chacune desr
sdciélés, et ils s'y combattaient dans les ténè-
bres sôus le même drapeau. On distinguait biea
deux partis prononcés ; mais l'un errait sans
ordre, sans chef, s.ans plar^ de conduite, tandis
que Robespierre, à là tête de l'autre, en îm-
posatt par une ancienne réputatfon, par une
monstrueuse popularité , par un système suivi
An a.
myS H I s T O I RE. DE. F R A N C E ,^
viiiEp. et soutenu , par l'assistance. de l'étranger et \yàx
j^^^ d'imposants succès. La Gironde n'était plus qu'up
parti dispersé , que ses adver^ires choisissaient
l'un après Tautre. Les, seconds de Robespierrq
serrés autour de lui , coilime dqns un asile ,
commençaient cependant a s apercevoir que cet
asile dépeiidait de son bon plaisir, et n'était
pas inviolable pour luïj tous sentaient déjct le
danger de cette position, précaire, et qii|il ne
les gardait que comme des instruments nérësr
saii es encore à sa foi'tune. Plus près de, lui^et
plus à ses ordres /étaient ses vrais satellites,
ceux qui., dévoués par fanatisme ou par mi.s^ipp ,
ïî'àvaient^p'ns ou n'avaient reçu d autre enaploî
oiïe de le 'servir env^wet contre tous. Robes-
pierre qui avait éprouvé quelques contradictions
au comité de salut public, où Fouché,.,au je-
tour de sa mission dans Je Midi , avait osé lui
résister , songeait déjà à se fortifier contre la
convention', en mettant le,s jacobins en état. de,
la'combattfje , et même de la remplacer selon le
premier projet quiavaitétéproposéàDumourier.
i.er nîv. A ccîté époqué se fait sentir un état de. atagna-
tion résultant de la nullité des partis jet dp fip-
quiète réserve des indîvic(us,riuIlecommuni(?ation
n'existait plus eïitre le^s membres de la.cpnven-
tion, chaVuh ne songeait qu à se. mettre à .cou-
' vert par je silence et dans l'isolement; ceux'quj.
/ - - •'
r>
/
An 3.-
D E^T V I S L A îl é V O L U T I O N. îiyÇ
par leurs taieiîfs et par de l'énergie , auraient vniKp;
pu offrir un point de ralliement» certams^qtie ^
personne n'oserait se ralliera eux> se retirèrent
dans la foule, et ne s'étudièrent qu'à s'y faire
oublier; il iiillait que la néce^ité et une lerreu^
plus forte et plus prochaine^ vinssent So m nier
les plus menacés de défendre leur vie sôu$ peine
de la perdre. Ce temps n'était pas encore ar*-
^^îvé, on sentait le poids des fers ; mais ife
n'avaient pas pesé depuis assez longtemps poiir
blesser par des meurtrissures^et par dFK plaies.
On les supportait encoie par Tespérarice de
les voir tomber. Cet état où l'on slouflPre; ée
où l'on endure avec patience, est commun à
tous les peuples où les jouissances domesti-'
quessonl indé[|rndanteS' de la liberté publique.
Le peuple rçmain a donné» longtenips rekempb*
de <!ette patience à l'épreuve.
La convention n'osait, encore se refuser à
tout ce qui était exigé d'elle , au nom de Tesprit
révolutionnaire; elle décréta que ceux de ses
membres mîô^en accusation et qui essayeraient
de se soustraire au jujÇemeilt*pat*la fuite , se-'
raient exclus et remplacés; et bientôt que tous^
les citbj^ens qui ,,étânt accusés-, fuiraient,' sériaient
mis hors de la loi. -
Péù de jours après, \m dé sîes membres, Ma-*
zifjer, fut livié à l'exécuteur et mis à mortj
\
fiSo ■ HISTOIRE DE FRANCE,'
Y^HEp, ainsi ion se servait de la terreur même' pour
. river lés>^fers que la. terreur avait forgés. Sur
un rapport de Saint-Just, on étendit l'autorité
du comité de sûreté générale pour les arresta-
tions^ des pleins pouvoirs lui furent donnés à
, eeteftet. Le nombi e des détenus daqs les diffé-
rentes prisons de la capitale seule , montait alors
à près de six mîHé; et dans tous, les dépai:te-
raents de la république , les maisons d'arrêt
étaient remplies dans la même proportion; mais
la terreur que les, tyrans inspiraient commençait
déjà de ks atteindre. La jeunesse, moins soil-
mise aux timides calculs de la, prévojanœ, et
moins éloignée des principes de sa première
éducation , s'était réunie en société particulière^
comparant ce qu'elle voyait, ^ ce qu'on lui
avait' plus récemment enseigné; n'y reconnais-
sant plus aucune trace de la morale de. son en-
fonce , elle, avait essayé de se communiquer ses
pensées et ses doutçs. Cette réunion parut dan-
gereuse è ceux pour qui toute réflexion était à
craindre. Un arrêté de la commune dispersa
ces réunicms, et détendit aux jeunes gens d'ea
forjoaer jamais de semblables.
Il* paraît qu'à cette époque , les dominateurs
eux-mêmes effi-ayés de leur position et des stiites
de leur système, se hâièrent d'éloigner :i'eux
" l'atteatiçn, en dénonçant eux-mêmes' ks faits et
r
DEP'UÏÔ LA RÉV^£tTTOK/ ^I^
en tlétourn»nt le« soupçons verscFautre» agents; yi^^^y
Un rappoin de Sâin^J^ist coiïtenak de si grandçg^ ^^ ^
vérités , qu'elles ne pouvaient rester sans «ffët
swr les auditeurs ; mais en mêtne temps ledé-J
iit>nciat6ur devait naturellement être celui qui
^rait le dernier soupçoqné. Le texte de to«
discours était cette phr^e commentée avec des
développements trës-aOToîts. k L'étranger a: mé-
«c di/é^ les causes du renversement de la tyraU'^
^ nie parmi nous ^ et "peut les employer pour
t< renverser la république. »
Ce plan était très-réel, et ^ toutes :les preuves
qu'il en apportait, étaient irrécusables. Eft
suivant ceux qui marchaient dans cette route y
on retrouvait à chaque pas leurs traces; on
s'attachait à détruire toute moralité dans le peu^
pje, et à détourner toutes les sources de la tràn-»
quillité publique, en corrompant la justice et
la raison. : ; . ' i :
i<;0\\ nous: fait commettre des crimes !j di«^
<i sait ' Saint - Just , ou . plutôt, on fait coœ-î
M «mettre les cirim^es parmi nous, afin de nous
<t. les imputer, et «lous rendre odieux à Tuni-^
<r ver8i> Ges paroles n'avaient qu'un tort d'in-
conséquence, celui d'être proférées par l'organe^ ,
de Saint-Just. Elles seraient mêmes inexplîca-.
blesulans sa bouche^ si l'usage, n'eût été connu
et pratiqué de devancer la suspicion par la dié-;
2^2 HISTOIRE 0EFilA^^C:E,
viiiEp. iioqciation, et de^doisbn^r aiosilç ^change au»
'^^ ' doiites €t à Vemmesa. Saint- Just aussi. ije s'expo-
An a. 'F
aait pas à êtrç déniehti , ou sommé de s'expli--
quer; il partageaii;.alors la toulie^uissànce , et
son but ét^it Jndiq^iépar le décret qui termi-
nait son rappoiîti ç* qui, sous les. mots vagues:
de conspirateurs .et d^ennenais de la république y
conaprenait d'avance léj nouveaux adversaires
destines à devenir.de nouvelles victimes.
La société des, défenseurs des djoits de l'hom-
me, dite le club descordèliers, sub^stait ton-
purs. D'après l'arrestation de quelques-uns '<le
«es membres, elle avait voile ieiableau îoù les
droits de l'homme étaient écrits.. Cet ^cte ef-
fraya les jacobiois f et cette grande affaire fut
traitée par une députation solennelle des ija^-
cobins aux cordelîers , et ceuxci coîisentirent
eQfin:à lever le vçile.qui causait de telles alarmes*
Le plan du moment était de détruire le» cqi^
deliei^ par les jacobins; et tel était le but où
tendait le rapport de Saint^Just, en dénonçant
la':grdDde conspiration qui menaçait la républi-
que. Les chefs des cordeliers devaient y figurer
les premiers. Il* paraît que leur crime véritable
avait été de sembler vouloir mettre un terme
aux horréui's qui dégradaient et détruisaient la^
liberté; ceux dont le but était tel, durent crain-
dre un succèsrqai ruinait leurs espérances* Dan-
D E P U l S- L A I^.É Y O L U T I O N. ^83
ton aussi était à, la tête de« cordeliers ; et , sa vi'^^
perte éfcapt décidée,. on devait,, selôa la mai- . \
che,. commencer par abattre autour dq lui tous
ses soutiens A afin de l'attaquer ensuite isolé. .
Sur un seul ordre, de .raccusateur public prë§
du tribunal réypluji.o^naiçp Foiiquier - Thin-
yille, plusieurs d^ priocipaujt chefs des cor*-
deliers fxu'ent arrêtés, Vincent et Ronsin, que
les réclamationsxlu club des çord^lievs venaient
de faire mettre en lib^ertéV çt av^ceujc , Hé-
bert , auteur du fameux jpurnal» dit h Père
Vuchêne.. Montmoro , auteur d'un écrit péf
riodigue, intitulé , Jes jRéçoluiîons da Paris j
sous le nom dç P^u^homme^ agent uës-actif
dès les premiers temps de la révolution , et r.ujj
des. premiers fondateurs du club des cordeliersi
et L^umur, anrieq militaire et gouyiçrpçur dç^
établissements fiyinçais dans rjncle#' :
. Le caractère de représentant fil croire néces»
§aire un rapport de cpinité, pgur traduire Ije len-r
deipainau tribunal Julien de Toulouse^ Delaunay
d'Angers, Fabre d'Eglantines , Chabot et Basire.
X''p3truction. d.u procès., qui .jt$ur adjoignit
quelques comp^içeç^, ne pgrte qtje, §pf des faita
aJléiçués sans preuve^et déniés sans discussion..
L'un deux y est. accusé d'avoir mal parlé de
Dantçn , qui bientôt devait veqir occuper la.
même place. ,.
ia84 HISTOIRE DE FRANCE/
viiiEp. Hébert y est inculpé sur son journal comme
An a.
tendant à désorganiser les armées. Le fait était
Vrai ; mais ses accusateurs seuls n'avaieût pa^
droit de le lui reprocher. Legéûéral.Westermann,
comme témoin , maïs bientôt accusé lui-même ,
leur rêpro(:ha les trahisons dans la guerre de
la Vendée, qui ne s'est prolongée, dit-il; que
par les perfidies et les manœuvres secrètes deé
commissaires et de plusieurs généraux.
Anacliarsîs^Glootz était du nombre dés accu-
sés : on lui reprocha seulement de s'être inté-
ressé pour une femme soupçonnée d'émigra-
tion. Proli , né en Allemagne, et Pèreira, tous
deux membres de ce comité central , presque
tout composé d'étrangers , et d'où sortît le pre-
mier système d*anarchieet de mesures ultra-ré-
volu'lionnâîres , furent inculpés par les témoins^
Le premier pour avoir, comme espion de l'empe-
l'eur, ditqu^il fallait que Ton s'occupât aux Jaco-
bins de la question dé savoir s'il ne convien-
drait pas de trafter de la paix ; l'autre , sut* des
liaisons avec Beaumarchais.
Desfi^éux était. un dés plus anciens et des
plus exagérés de la société des jacobins : il fut
accusé d'avoir feit intercepter les dépêches que ^
ce club sîymi envoyées à Bôrtfeàux. Pendant l'au-
dition .des témoins , les jurés déclarèrent que
Jeur religion était suffisamment éclairées efc-
•N
DEPUIS UA ,RÉV.OLUTION^ a85
sijir leur déclaratioa , le jugement prononça la viiiEp.
peine de mort contre les accusés au nombre
djevîrigt. Un seuU^nomnaé Labouret, fut.ac*
»79^-
An a.
Anacharsîs-CIootz / lors de l'exécution, de-
manda d'être le dernier., afin , dit-il, .d'avoir le
temps d'établir certains principes.
/Hébert, qui donna son nom à cette section
des Cordeliers, s'était distingué dans, ces jpurs;
ténébreux de la révolution , comme agent pré-
pondérant dans la commune de Paris : il avait
servi la rnonlagne dM 3i mai, pour détruire
Ja Gironde; fier de son crédit et ambitieux,
il crut pouvoir attaquer la montagne même,
et dominer ainsi la convention par le conseil
central des quarante-huit sections de Paris ; mais
ce projet qui eût entraîné la chute des jacobins
où régnait Robespierre , et de l'autre section
des Cordeliers oii régnait encore Danton , réu-
nit ces deux chefs un moment contre Tennemi
commun.
Hébert mourut avec faiblesse^ et entendit, au
pied de l'échafaud, répéter les phrases triviales
et les grossières expressions dont il avait insulté
les nombreux infortunés qui l'j avaient précé-
dés^ et dont les maneS saiiglants purent un
moment sourire d'indignation et de pitié.
Telle fut la vraie cause qui conduisit tant
r
286 H 1 s T O î R E D E ' F R A N CE',
VîiiEp. A^ patriotes efirénés au Stipplide. La corntniinè
'^^^\ de Paris avait déjà deux fois, au 10 août et au
3r mai, donné la mesure de sa puissance; elle
voulut ici menacer ceux qui la dirigeaient alors ^
et eux voulaient avoir un pouvoir indépendant
d'elle et dé tout. Mais lorsque ces deux ru'des
athlètes n'eurent plus d'intermédiaire qui les
jiépara , ils se virent à découvert et en présence ;
ils se mesurèrent , leurs regards 'farouches sa-
vertirent mutuellement qu'il nj^ avait entre eux
ni traité nj trêve, et que la dernière lutte allait
-être un combat à mort. Dn essaya cependant
de lès réconcilier. Leurs nombreux partisans
sentaient que leur chute écraserait tout ce qui
s'était rangé autour d'eux. On les mit en pré-
sence.
Danton , sans improuver les terribles mesures
du tribunal révolutionnaire, dit qu'il fallait les
restreindre aux seuls coupables; et qui vous a
dit, répliqua Robespierre, que l'on ait fait pé-
rir un seul înnqcent ? Dès-lors, tout espoir de
conciliation fut perdu.
Danton , en sortant, dît aiix siens, il est temps
de songer à se défendre ; mais les mesures de son
adversaire étaient déjà prisés.
La -commune. de Pciris n'avait pas vu sans
inquiétude de l'avenir, le supplice de ceux qu'on
appela les hdberlistcs^ et le club dés Cordelicrs
1793.
An a.
. DEPUIS LA RÉVOLUTÏON. aSjT
regrettait en elle ses chefs. Ces deux corps po- viTiEp.
litiques pouvaient se réunir; il fallait provo*
•quer des démarches qui assurassent leur di-
vision.
• Bourdon de TOîse se plaignit à la convention
que la comraune de Paris n'eût pas encore
comparu à la barre, pour féliciter la conven-
tion sur la découverte de \^ grande conspiration
qu'elle venait/de déjouer par le supplice des
coupables. La commune comparut; et dès-lors
Robespierre put, en sûreté , -attaquer ce qui
a^estait dans le club des cordeliers attaché à
Danton. Un simple rapport du comité de salut
public les avait déjà traduits au tribunal révolu-
tionnaire. Ce fut alors à la suite de ce rapport
que Robespierre , improuvant une partie des mo-
tifs comme contenant des réticences dange-
reuses, appela, par un défi, tous les tjrans
de la terre j comme les véritables complicesdes
conspirateurs atteints par la loi. Ces déclama-^
tions adroites ét.délirantes écartaient les froides
observations de la raison qu'il était important
d'éloigner , et qui , remontant froidement •au:^
véritables sources , eussent pu y reconnaître l'a-
gence secrète et étrangère , dont les coopéra -
teurs secondaires et obscurs étaient souvent sa-
crifiés.aù grand ' intérêt dont ils n*étaient que
les instruments, rejetés dès qu'ils n'étaient; plus
^88 HISTOIRE DE F U' A K Cl2>
viiiEp. utiles , OU mèîXïe brieés* dès qu'ijs pouvaient ntiîre
An a. ou compromettre^
Ayant l'acte d'accusation, on-fit Jire^icontre
l'usage établi, le rapport à la cpnVenticm qui
mettait les accusés en jugement. L'acte d^accu-
sation produit par l'accusateur public, était un
résunlé de tous les: délits qui pouvaient: leur
être ipputés par lés partis opposés; il semblait
que leur condamnation ne satisferait qu'à^. demi
leurs adversaires, s'ils ne s'enteadaiejit dire à
quelles vengeances ils étaient immolés. On re-
proche à Danton, d'avoir, pendant son. ministère,
envoyé à Londres, un agent favorisé, par la cour,
et en même temp on lui reproché d'avoir fait
accompagner cet. agent par un de ses parents,
pour le surveiller. ^
On TeproAe à Fabre d'Eglanttnes d"avoîr
traité avec la cour au lo août, et.*à Danton
d'avoir dit qu^il n'avait chargé Fabre d^Eglan*
tinqs de cette mission que pour mieux tromper
la Cour.
On reproche à Danton d^avoîr le premier
proposé le bannissement de Capet ^ et de n'a*
:^9ir pas osé ensuite soutenir cette propo-*
sition. : •
- X)n l'acou^e^d'un complot en faveur du fils
deXpuîsXV.I : c^étàit lui, dit-on , qui devait,
iotsqu'ij serait temps , montrer Venfant au
peuple ^
r»
DEPUIS LA RÉVOLUTION. ^89
peuple y et on l'accuèe en même temj)s d'avoir viiiEp.
entretenu des liaisons pour un changement de *'^^^'
dynastie en faveur d'un prince anglais.
Tous ces contrastes avertissaient les accusés
qu'ils comparaissaient au tribunal dés partis op-
posés qu'ils avaient servi ou feint de servir en
les trompant successivement l'un et l'autre ; et
Danton 9 sollicité par tous les partis, à cause
de son influence et de ses moyens , pouvait
politiquement avoir changé d'opinions ou plu-
tôt de plan , selon les circonstances, et selon
le cours des chances et des événements.
Le premier témoin, Cambon, entendu, ac-
cusa Chabot et Basire de complicité dans la
conspiration qu'eux-mêmes avaient dénoncée ;
le fait ne portait que sur la fabrication d'un
décret relatif à la compagnie des Indes ^ et
dont il paraît qu'ils avaient mis la teneur à
prix, pour rendre ce décret plus ou moins
défavorable à cette compagnie. Les débats de
ce procès auquel on mit d'autant .plus de so-
lennité, que les accuses avaient plus été en
évidence comme zélateurs ardents de la révo-
lution et des intérêts du peuple , ces débats actifs
et prolongés développent la profonde astuce
de l'accusateur publie ; maître de la discussion ,
il l'abrégeait ou la prolongeait à son gré, se-
lon que l'accusé » forcé de répondre à ses înter-
Tome IV. 19
içO HISTOIRE DE FRANCE,
viiiFp. rogations, satisfaisait plus ou moins rauditoîre;
et souvent l accusateur, s il prévoyait une ré-
ponse décisive , changeait l'état des questions et
passait à un autre dçlit. Lorsque des hommes,
versés dans la pratique de toutes les formalités
et de toutes les ressources judiciaires, ne pou-
vaient parvenir à placer les jurés en présence
de Tauditoire, entre la justice rigoureuse et la
plus criminelle partialité, il est aisé de com-
prendre comment des infortunés, sans talents
oratoires, souvent mal défendus , voyaient sans
réclamations leurs sentences prononcées , sans
même avoir eu le temps de déduire les moyens
de défçnse qu'ils avaient à peine eu le temps
de préparer.
Après l'audition des témoins, les débats s'ou-
vrirent. Fé^bre d'Eglantines expliqua la falsifi-
cation de décret,, en disant que la pièce produite
n'était qu'un projet de décret portant toutes les
^variantes, suite de la discussion dans le comité;
il était là en présence de ses complices , de-
venus ses dénonciateurs. Chabot et Basire, et
le même sort termina cette immorale discussion ,
qui éloignait également l'intérêt de tous les
co-accusés. Ce fut toujours une cruelle politique
de ce tribunal de mettre ainsi toujours collec-
tivement en jugement, et de comprendre sous
la dénomination indéterminée de complices et
DEPUIS LA REVOLUTION. agi
autres accuses, des hommes dont les délits viiiFpr
présumes n étaient pas les mêmes ; mais 1 on en
imposait ainsi à la foule qui servait d'auditoire,
et l'on éloignait d'elle les sentiments de la com-
lùisératîon et de l'humanité.
Danton interpellé , suivant Pusage , sur son
nonf et son domicile , répondit, bientôt dans le
néant et mon nom au Panthéon. Il essaya les
mouvements de son éloquence retentissante et
révolutionnaire.
« Ma voix qui tant de fois s'est fait entendre
«c pour la causé du peuple, pour appuyer et
<c défendre ses intérêts, n'aura pas de peine à
#r repousser la calomnie.
« Les lâches qui me calomnient oseraient-ils
^ m'attaquer en face? qu'ils se montrent, et
« hienfôt je les couvrirai eux-mêmes de l'igno*
«r minie, de Popprobre qui les caractérisent!
«r Je l'ai dit'et je le répète t Mon domicile est
« bientôt dans le néant et mon nom au Pan"
a lhéon....u Ma tête est là; elle répond de
« tout,. . . La vie m'est à charge; il me tarde
« d'en être délivré.. . . »
Le président du tribunal se hâta d'arrêter les
élans de cette voix qui avait si souvent entraîné
les tribunes des jacobins, des cordelieis et de
la convention; il ordonna à l'accusé de se ren-
fermer dans sa justification ; l'accusé en sortit dan^
2i9a HISTOIRE DE FRANCE,
viiïjp. un mouvement d'indignation, et s'écria: * Ei
^^ « toif Saint'Justy tu répondras à la postérité de
« la diffamation lancée contre le meilleur ami
« du peuple ^contre son plus ardent défenseur. ^
Le président l'interrompit encore, et par
«n faux appât lui présenta l'espérance : « Ma-
rat, lui dit-çil> fat. accusé comme vous l'êtes;
il ne dédaigjna pas de ise justifier Je ne
puis vous ptoposer un meilleur modèle ; il est
de votre intéi'êt de vous y conformer, » et Dan-
ton séduit s'apaisa. On craignait de sa part
une sortie violente contre Robespierre el ses
adhérents; on craignait l'eflfèt que pouvait pro-
duire encore Danton jugé. Dès-lors, il entreprit
l'apologie de toute sa conduite révolutionnaire
depuis les premiers mouvements de 1789; quel-
quefoisencore, son caractère l'emportant contre
ses accusateiu's. Le président le rappela toujours
à son propre intérêt ^ qui exigeait de lui plus
de modération. Danton put croire qu'on avait
* seulement voulu le dompter et l'acquérir ; il
put, par une illusion trop ordinaire à.l'amour-
^ propre, se croire nécessaire; il retint les élans
de son élocution , et consentit à une justifi-
cation simple : il parla de ses liaisons avec d'Or-
léans , avec Dumourier, avec Westerraann »
motiva tout ; mais sans récrimination. On cber-
die le sens caché de ces paroles* t< Je sais qu'à
DEfVlS ILA KÉVOLUTION. ^98
la journée du 10 août, Westermann sortit des viiiEp,
/Tuileries couvert du sang des royalistes , et '^^^
moi je disais qu'avec dix-sept mille hommes,
disposés (fomme j'en avais donné le plan , on
aurait pu sauver la patrie ; » que pouvaft signifier
là ce contraste de Wesiermann , couvert du
sang des royalistes en opposition avec les me-
sures que réclamait Danton -, comme celles qu'il
avait proposées pour sauver la patrie ? On y
reconnaît celui qui , se sentant accusé par les
parli^ contraires , tâche de répondre à l'un et
à l'autre, et réclame ses titres envers tous deux ^
ou du moins ce qu'il erok qti'ik pourront ad-
mettre comme tels.
Danton épuisé par la véhémence de son ac-
tion , sa voix étant affaiblie, et troublé de cette
- double attaque imprévue , fut invité , par les
juges, cl surseoir à sa défense, et^à prendre un
intervalle de repos.
Les autres accusés furent interpellés : on re-
procha à Hérault de Sechelles ses correspon-
dances avec Dumourier, à la retraite des Prus-
siens des plaines de Valmi ; on parla des dia-
mants enlevés au Garde-Meuble. Hérault dénia
toutes les lettres produites, et prétendit avec
vraisemblance que ces lettres avaient été faites
chez l'étranger , pour compromettre les plus,
francs amis de la liberté.
Au 2,
^94 HISTOIRE DE FRANCE,
viiiEp. Depuis quelque temps , Camille DesmouHns ,
7^ ' dont lame ardente et révolutionnaire , mais
généreuse et libérale , s'était indignée des atro-
cités^ qui déshonoraient la république , avait
changé le style de ses écrits ;, et y encouragé
même par Robespierre qui n'osa pas le défen-
dre , il avait essayé son talent contre Je génie
de l'anarchie.
Le président lui dit : «- et ces comités de
clémence que vous réclamiez , quels étaient
vos motifs pour afficher tant d'humanité ? et
sur sa réponse, on paësâ à un autre accusé.
Gusman , espagnol , le nxême qui avait été
membre du comité central de la commune : ce
comité de onze membres , doat la singulière
composition réunissait dix étrangers, deux Hel-
vétiens , deux Belges , un Italien et trois Alle-
mands.
Après lui , Lacroix fut interrogé sur ses liai-
sons avec Dumourier, et sur sa mission dans
la Belgique.' Ce chef d'accusation exigeant la
présence des témoins réclamés par l'accusé ,
l'accusateur lui fit cette réponse remarquable
par , l'impudeur dii sophisme qui la motive.
4< Puisque vous exigez, dit-il, une déclaration
« formelle de ma part, je déf?lare permettre
« que vos témoins soient appelés, autres toute-
« fois que ceux que vous désignez dans la con-
DEPUIS. LA KÉVOLUTIÔiî. ±g5
#f vèntîon; et à cet égard, j^observe que Tac- viiiBp.
4c cusation portée contre' vous , émanant de '^^^'
4c toute la convention en niasse^ aucun de ses
«» membres ne j3eut vous servir de témoins
« justificatifs; car rien ne serait plus ridicule
<c que de prétendre avoir le droit de faire con-
♦ courir à votre justification vos propres accu-
« sàteurs, et surtout des corps <?onstitués , dé-
« positaires du pouvoir suprême qui ont droit
« vxle Texercer pour le plus grand avantage du
« peuple, et n*en doivent compte qu'à lui. »
Ainsi , tandis que les membres de la conven-
tion servaient de témoins contre les accusés ,
quoique eux-mêmes colleciivement accusateurs,
cette qualité, prise collectivement, devenait un
empêchement, et l'accusé innocent dont la jus-
tification eût été entre les mains d'un membre
seul de la convention, devait périr plutôt que
de la tenir d'un tel témoin à décharge , et cette
étrange jurisprudence n'était point contredite
par les assistants , et était admise par les
jurés/
Lacroix insistant avec fermeté , l'accusateur
public dit qu'il allait écrire à la convention
pour savoir son vœu , et la réponse n'arriva point
Avant le jugement.
Le moment de relâche qu'avait obtenu Dan^-
ton fut court; c'était lui principalement qu'il
2ç6. HISTOIRE DE FRANCBT, '
viiiEp. fallait abattre ; il lui eut été difficile de deviner
^^J au nom de quel parti il était jugé : il se justi-
fiait de l'imputation d'avoir désapprouvé la jour-
née du 3i mai ; et Fouquier-Thîhville lui* repro-
cha d avoir dit à Henriot : N'ais pas peur^ vas
ton train.
Lacroix s'entendît reprocher d'avoir demandé
l'arrestation Aes^ingt-deux et de tous les appe^
lants dans le procès de Louis , et dut sans doute
être étonné de cette accusation faite pai' le tri-
bunal révolutionnaire.
Philippeaux fut interpellé ensuite, et à une
Justification détaillée , Fouquier-Thinville lui
ayant, dit ironiquement : Une manque à ce que
a^ous dites que les actions j l'accusé lui ré-
pondit courageusement : // t^ous est permis de
me faire périr ^ mais m^ outrager ^ je vous le
défends.
Westermann ne fut inculpé que sur des faits
fort antérieurs , et d'après les dépositions de
Miazinski ; il observa avec justesse qu'il eût
fallu le confronter à Miazinski de son vivant.
Les vrais crimes de Westermann envers ses^
juges , étaient ses succès dans la Vendée ; ils
avaient terminé cette guerre ; on le croyait du
moins, et les intérêts combinés de l'étranger
et des jacobins, étaient que celte guerre se pro-
longeât.
DEPUIS LA REVOLUTION. 397
A Tou vertu re de Ic^ séance du troisième jour, viiiEp;
Danton et Lacroix renouvel lërent leurs in- '^^^'
stances 9 pour que lieurs témoins fussent enten*
dus; ils dirent qu'ils ne répondraient qu'en pré-
sence de Saint-Just et de Robespierre; et on ne
crut pas pouvoir oser mettre à cette épreuve
le peuple, qui déjà supportait impatiemment la
suite de ce procès. La véhémence de Danton
et la fermeté de Lacroix commençaient à fa^re
quelque impression sur L'auditoire. L'accusateur
public se hâta de faire intervenir la lecture d'un
décret récemment rendu par la convention na-
tionale, qui mettait hors des débats tout accusé
qui ne saurait pas respecter le tribunal. Il leur
déclara en même temps qu'il ne ferait point
entendre une foule de témoins qu'il avait à
produire contre eux; qu'ainsi eux accusés ne '
devaient point compter de faire entendre les
leurs, et qu'ils seraient jugés sur les preuves
écrites, et on continua les interrogations.
Deux frères Frey , allemands, étaient depuis
longtemps à Paris , et avaient été membres de
ce comité central de la commune; l'un d'eux
avait eu de fréquentes audiences avec l'empe-
reur, et on lui en demanda compte; il se plai-
gnit aussi d'injustices qu'il avait éprouvées de la
part de l'empereur qui lui retenait son bien , et
c^% incidents fui'ent écartés.
298 HISTOrkE DEFRANCE,
yiiiEp. Danton et Lacroix continuaient leurs instances
' pour que leurs témoins fussent entendus : ils
sommèrent le président et les jurés de ne pas
s'écarter des règles communes de la justice pu-
blique , et dirent que leur supplice ne serait
qu'un assassinat juridique, si ces formes insti-
tuées étaient violées à leur égard ; ils appe-
lèrent les membres du comité de salut public
des lyxans et des dictateurs, et les juges de vils
ministres de leurs ennemis ; ils en appelaient
à la postérité ; et ce qui effraya le plus les,
juges , ils en appelèrent au peuple, et le peuple
^semblait s'émouvoir.
L'accusateur public se^ hâta de déployer, la
loi qui fixait à trois jours le délai des débats.
Vainement les accusés inv<)quaîent cette même
loi , qui ne pouvait comprendre dans ce délai
un nombre collectif d'accusé, puisqu'alors ce
nombre indéterminé aurait pu comprendre mille
accusés à la fois et devenir dérisoire. Il fallut
leur répondre en les faisant sortir du lieu des
séances. Les jurés interpellés déclarèrent qu'ils
étaient suffisamment éclairés, rentrèrent et pro-
noncèrent la sentence de mort. Lulier seul fut
acquitté.
Le club des cordeliers avait voulu produire
un mouvement en faveur de Danton; mais cet
essai dénoncé aux jacobins, et réprimé dans le
DEPUIS LA REVOLUTION. S99
club même où il avait pris naissance, servit vniEp^
* 179*
An
à mettre en garde le comité de saint public ;
re fut alors que , pour se rattacher l'assem-
blée , par la peur d'une subversion , on trouva
ce complot dans la prison du palais du Luxem-
bourg, quf servit ensuite à trouver des coupa-
bles , lorsque la terreur ne pouvant se soutenir
que par elle-même , il fallut prouver les cons-
pirations par les victimes^ et trouver des vic-
times pour prouver les conspirations. Le comité
annonça donc la découverte de cette nouvelle
conjuration, que Danton et Lacroix avaient for-
mée par des correspondances avec deux prison-
niers, Arthur Dillon et âimon«
La mort de Danton et de tous ses adhérents,
que l'on appela ses complices , changea entiè-
rement l'état politique de la convention ; la
lutte qui s'était soutenue au-dehors dans les
clubs et à la commune, maintenait encore une
sorte de liberté. Le temps que les rivaux em-*
ployaient à se mesurer et à se combattre, était
un temps de ielâche, et chacun d'eux voulant
se fortifier de l'appui , ou plutôt du service de
la convention , gardait avec elle quelques mé-
nagements. Les partis opposés étaient assez forts
pour agir sans elle ; mais chacun d'eux eût
craint de la mettre contre soi ; ainsi tout ce
qui ne marquait pas par des talents ou par du
Soo H I s T O I RE ©E FRANCE^
ViTiEp. caractère, jouissait encore d'une tranquille obs^^
'7^^* curîté, et Ja masse conventionnelle était en*
core considérée , non par ce qu'elle faisait ,
mais pour ce qu'elle pouvait encore faire; l'as-
semblée ne conçut pas les derniers avantages
de cette position. La ruine de Tmi des partis
fut l'époque de son asservissement total, Robes-
pierre , resté seul maître du terrein sur lequel
il avait combattu, traita en conquérant un pays
que lui donnait la victoire.
, Robespierre devînt tout-puissant, parce qu'il
fut le maître du comité de salut public par les
jacobins , et maître aux jacobins par les agents
de l'étranger, dont la mission expresse était de
l'y rendre maître , d'y maintenir sa domina-
tion , et pour cela, leurs applaudissements suf-
fisaient.
Cette tactique était à la fois très-simple et d'tan
effet sûr. Dès que Robespierre voulait une t^te,
il la dénonçait aux jacobins ; ceux - ci la de-
mandaient aux comités de sûreté générale ou
de salut public, qui jamais n'osaient refuser
l'arrestation et le renvoi au tribunal revolutîoEb-
Baire.
Vint ensuite la formule des épurations. Les
membres du club des jacobins que Ton voulait
'en faire sortir, passaient à un scrutin d'exclu-
sion. Le scrutin devenait un acte de proscrip-
/
DEPUIS LA RÉVOLUTION. 3oi
tîoD. Privés de Tappui de cette société, les ci- viiie^.
tojens exclus ,, appartenaient au premier dé- '^^^',
Jateur qui les dénonçait à sa section ; une;
visite domiciliaire les reléguait dans Tune des
maisons d'arrêt , d où ils sortaient /pour com«
paraît!^, à leur tour, au tribunal , selon que
le besoin, le choix ou des intérêts particulier»
disposaient d'eux; là, l'exclusion du club était
une tache qui reparaissait toujours au moment
du jugement) et ne manquait jamais d'entraîner
la condamnation.
Les succès militaires au-dehors qui toujours
font au dedans la force des gouvernements ,
vinrent encore ajouter au pouvoir des comités
et du club 9 et par eux, à la toute-puissance
de Roloespierre 5 soit qu'il sût se rendre justice ,
soit qu'il craignît de compromettre sa popula-
rité, soit enfin qu'il fût assez occupé déjà de son ^
existence politique et révolutionnaire, son as-
cendant ne s^xerçait pas sur les départements de
la guerre; il en laissait la responsabilité au co-
mité de salut public, aimait mieux accuser que
défendre les généraux , dans les .revers , sûr
d'attirer toujours à soi les résultats de leurs
succès.
Après l'évacuation des pays situés sur la rive
gauche du Rhin , Pichçgru , dont les talents .
venaient de ressortir avec éclat, fut destiné
302 HISTOIRE DE FRANCE,
viïiEp. au commandement des armées du Nord, et
le sort de la république fut remis entre ses
mains.
Pichegru vint prendre les instructions du co-
mité , et il est à remarquer que , dans le cours
de cette gtierre, ou tant de généraux obtinrent
de glorieux succès, île gouvernement civil con-
j serva sa prépondérance et son autorité légale ,
la lot disposa des armes et des chefs , et l'es-
prit républicain tempérant l^enthousiasme des
soldats victorieux , ils restèrent dans les rangs
soumis à leurs généraux comme agents de l'au-
torité législative , qui soumettait également à là
loi le soldat et le général.
Après l'exemple de Dumourier, auctm gé-'
néral n'inquiéta le gouvernenlent ; plusieurs!
acquirent l'estime et la confiance des troupes ;
quelques-uns conquirent leur affection ; mais
aucun ce dévouement tjui tient au caractère
servile, et qui fit qu'un Romain se glorifia dil
titre de soldat de César.
Le premier plan de campagne arrêté parles
comités, et remis au général en chef, fut de
s'opposer à l'invasion du territoire français, qui
s'était effectuée et maintenue depuis la fin de
la dernière campagne. Les villes de la Somme,
Péronne , Saint-Quentin j étaient menacées. Lan-
drecies était investi, et l'on avait masqué cette
\
DEPUIS LA RÉVOLUTION. 3o3
i rouée par des corps de troupes disposés depuis viiiEp.
Guîse iojsnu'à Arras. On méditait aussi depuis ''^ '
longtemps une diversion , par une mvasion dans
la Flandre marilime ; aingi le plan des deux
conseils de guerre était le même; mais celui
des alliés avait toutes les circonstances défavo-
rables : il pénétrait dans un pajs armé par
l'opinion » et venait butter contre toute la pro-
fondeur d'un territoire couvert d'une immense
population, laissant derrière soi des armées,
des villes fortes dont il n'était pas maître ; il
ne pouvait marcher en avant qu'environné d'en-
nemis. Les Français , au contraire , pénétrant
dans la Flandre maritime, marchaient dans un
pays ouvert , dont toutes les places démante-
lées par l'empereur Joseph II , n'étaient que
réparées imparfaitement depuis la guerre. L'ar-
mée d'invasion pouvait s'avancer, ayant sa gau-
che appuyée à ia mer, et sa droite à l'Escaut,
trouvait partout 'un parti d'opinion comprimé
par la force , mais prêt à se relever , et pou-
vait arriver à Gand au centre des états autri»*
chiens, sans autre obstacle qi|^ des armées ayant
à couvrir un pays ouvert , sans positions fortes.
Maître de Gand , toutes les places et toutes
les positions de l'ennemi se trouvaient tournées,
prises à revers, et tombaient sans résistance*
Ce plan fut suivi et réalisé vers la fin de cette
^
304 HISTOIRE D E F R A N C E ,
Vin Ep. campagne ; mais ne fut entrepris que lorque
'^^ * des revers prévus eurent averti que ce plan
An a. , . , ■ , ^ *
était le meilleur.
Le voisinage des armées autrichiennes in-
quiétait Paris, en ne mesurant que la distance.
Le comité de salut public, obligé de sacrifier
aussi à l'opinion, voulut que l'on s'obstinât à
foire reculer cette tête de colonne qui s'était
avancée dans le territoire français, ou plutôt qui
s'y était engagée incoiisidérément. Les premiers
mouvements , à Pouvérture de la campagne ,
n'eurent pour objet que de tenir Tennemi in-
certain sur les véritables points d'attaque; et,
pour ne point interrompre le récit de cette
campagne heureuse, brillante, et aussi pour
suivre l'ordre des temps et des événements, le
récit *doit reprendre et tracer de suite les
opérations militaires qui devancèrent dans les
climats du midi les mouvements plus tardifs des
armées du Nord.
La position des deux armées des Pyrénées
avait été peu tranquille pendant tout l'hiver,
et la températur Alu climat permit des com-
bats de détail et des affaires de postes , qui
ne décidèrent rien , mais aguerrirent les troupes.
L'armée des Pyrénées orientales, retirée â la
fin de la campagne , s'était maintenue sous Per-
pignan, et s'était accrue jusqu'à vingt-sept mille
hommes.
<.
D E PU I« L A RrÉ Vt) L U T IQN. 3o5.
bOtiidieSi Le général Dugommier prit le corn- viftEp.
manéement , et Dagober^^ malade , que Ton *^^'
«e croyait pas'pouvQÎr reprendre le» armes ,
servit soUsJqi. L'araaée espagnole, forte de 3o ^
«lîi le hommes» parlée acir la rive gauche au
'tech, couvrait les jpr<pvinces maritimes que lea
auccès des armées du Nord avertissaîent dq
danger*.
'. Le pUn de: campagne du général français^
était de reprendre d'abord ,les places mari-t
times dont Tefinemi /était ^ resté maître > CoU>
lioure, Port-Veiidre et le fort Saint -Elme. Il
feignit , pour donner le change à l'ennem^ ,
d'étendre ses positipus sur sa droite, comme
voulant pénétrer dans la .Cerdagne esp^gnole^
Le^g troupes françaises sortirent du camp de
rUnipqle i.o^erminal; on ouvrit des marches^ xogerm;
on étabh't des corps avancés vers files valléej^^
qui conduisent à.Puicefda, où le général Da-*
'gobert commandait une division-, ^t où il mou-
rut peu de jours après Touverture de la cam- âggenn.
pagne, regretté. de^ tpoupes ejt estimé. Le gé*
néral espagnol Launion , trompé .|3ar les fprer
niiers mouvements de l'armée française , étendit
les positions de son ^ile gauche vers Maotei lia
où Dagobert l'altaqua. Une redoute, fut em-
portçeitô la baïo miette , sept çarfbns restèrent
au pouvQJr du vain :^u%ur^ On marcha sur Urgel^
"795
An a.
806 HISTTOIKE OE FRANCE,
Viif^. OÙ les Espagnole s'étaient retirés, et ce posteiut
emporté en une niîiiti ^
. Ces mouvements qui avaient éloigtié Tienne*
hii clés positions qu'il occupait à sa droite ,*
ilonnèrenc lieu à- Ottgommier de suivre ses
projets sur les places maritimes; des dispositions
savantes semblèrent en assurer le succès; maïs
liées à des opérations navales , les bâtiments
n'arrivèrent point à temps, et cette première
entreprise manquai ; le général .espagnol emj
porté par quelques avantages qu'il avilit ob-^
tenus 9 sur l'aile clroi;te des Français , ne fut point
averti f)ar l'entreprise de'Dugomtnier sur G>1-
lioure. Il persista dans ses opérations, tou-
jours dirigées sur Tautre aile; il fit une.atta*
que sans résultat sur le poste du Taillet , tan-
dis qu'une autre dttaqile décisive était lente-
ment préparée et savamnient combinée contre
hii. '
< *
' Les Espagnols occupaient en force un poste
appelé la redoute de Montesquiou, qui couvrait
leur front, et dont la perte rendait leur position
insoutenable.
On dirigea quatre colonne pour former
autant d'attaques combinées sur des points dif-
férents, ces colonnes, aux ordres des généraux
Perîgnon, Pdînte, Chabert et Martin. Exaction
s'engagea à la pointe du jour, après une màr-
10 flor.
, D E 1^ u I s t À Dévolution; 807
çbe de naît si beureasement exécutée ^ que vmcp.
les colonnes se IrouVèrent e» mesure' d^agir ]^ J^
en même temps. Le feu du caooo et de la
n)QUs<]ue|elie 6e prolongea jusque vers le mi-*
lieu du jour ; alors les bAteilloos républicaine»
fatigués de l'attaque et de la résistance, mar*
cbèrent à la baïonnette. Le général Martin en«
«tra» lui dixième, dans les retrancbements ; et;
dlès.que la redoute de Montésquiou fut empor^*
tée , fermée espagnole se mit tellement en dé- " *^''
route , que plusieurs corps dispersés et séparés ^
Be purent cejojndre leur «rmee, et tombèrent
dans \^ portes français; on fit quinze cents pri* .
sonniers; une grande quantité d'artillerie et un
/butin immense dans les ricbes équipages des
fkfficiers espagnols ; leur armée fut obligéei d'à*
bandonner toutes ses positions, et de se retirer
pour couvrir ses frontièi^es, laissant à Dugom-
mier le moyen de reprendre l'exécution de ses
projiets sur les places. Il entreprit en âiêmo
temps le siég# de CoUioure el»€elui de Belles-
garde ; mais les troupes ayant d'ar jepr et incon*
sidérément fait une attaque sur le Port*Vendre »
contre l'ordre du général ,• elles y furent ré^
poussées avec perte , et cette dure leçon les ral-
lia à l'ordre et à la discipline..
Le siège du fort Saint-Ëlme était en même
tomps pressé avec vigueur; la garnison aban«
So8 H 13 T O I RE D^ F R A N Ç B^
vïiiEp. donnée à ses forces et sans espoir de secoure ^
y^ * Tévacua et se retira dans Côllioure. Ltes travaux ^ ■
An a. . ^ , . ^
prair. ^^ étaient poussés avec i*impatience accoutumée
des. Français ; de grands obstacles avaient été.
surmontés; l'artillerie avait été transportée à
bras sur des emplacements que Ton cro3^i(it. im v
praticables, ^a garnisqn , forte de six mill^ hom«
mesi espérait les secours que pouvait lui donnera ♦
f la marine espagnole. Un armement était pré-
paré. Huit vaisseaux de ligne, commanflés par..
i7prair. Tamiral Gravina, parurent, mais trop tard d*uiv
jour, àJa vue de* la pJace ; elle ^vait capitulé la^
veille^ et Port -Vendre' fut reconquis peu d©v.
temps apr^s; ainsi , dans cçtle«partie deé Pyré-*
nées , le sol de la république fut affranchi , et l'ai^^
méa, après quelques jours de repos , se prépara
à entrer sur le terriroire ennemi.
A l'autre extrémité des nflontagnes sur. lea^;^
bords de l'Océaii, l'armée des Pyrénées occi-
dentales avait eu les mêmes succès plus va^^ies.
Cette armée avait aussi des revanches à pren-^.
dre. Le camp des sàns-culoues avait servi de^,
station aux troupes pendant le court hiver
qui forçait à suspendre les opérations de Ja
guerre.
«7 piuT. Mais dès le 17 pluviôse, ce #amp fut attaqué ;
treize içille. Espagnols, sur trois colonnes, for-
• cèrent dkbord ,tous les postes dans leur posjti^ia
l^tPUI^ XA R É VOIUTÏOM. 3o9 •
avancée «ur lés bords de la Bidasso^. Le camp vniEpi
des sans^uloueS fut foudroyé par une artillerie V^^^*
nombreuse; le désordre s'y mit d'abord; mai»
bientôt ce courage d'exaltation ou d'exaspéiatioi:^
que les' opinions ou la nécessité &isail naître
dans les âmes, rétablit le eotnbati les bataillons
\le nouvelle levée disputèrent d'audace et de
fermeté aux vieilles bandes; l'Espagnol aussi
fit des fautes ;.«sa cotonnç du centre agit molle-
ment , et Ibrcéeaptès un combat de sept h«ores ^
laissa le champ de bataille couvert dte morts». ^
en proportion à peu pi'ès égale des deux côtés ;
toutes les positions des Français furent reprises
par eux et'maîntenljes; • "
Ce camp dea sans^tùlottès ^ devenu fameux
dans "cette guerre , avait été établi sur un sy-
stème de défe'nséi conçu et exécuté par le gé-
nérai d'aitiilerie PË^inaisse. ^
Après les succès <)e l'armée orientale , l'en-
trée sur le territoire espagnol fut ordonnée aux.
deux armées «les Pyrénées; cdle de l'ouest dul
pénétrer par la vallée de Bâstan , <lont la di-
rection qui se prolonge tians les ))ossessîons es-
pagnoles , flanquée jde droite et de gauche par
Je territoire français • est favorable à une în-
vasioo. Il s'agissait d'abord de se rendre maîtr^
dès débouchés de cette v^lée, et les préparatifs
furent fafits aux environs de S^int-Jean*Pied de-
J
- 3lÔ MiSTOIXE DE rRANC/>'
vniÉp. Port, où se rendirent les représentacrts com-
An. a. laissaires Pinet et Cavaîgnac. L'impatience na-
tionale ne permit pas d'attendre lèi renforts qm
' arrivaient de la Vendée. Le général Muler fof
, obligé d'y céder. • • *
Trois attaques fiireot disposées pour s'empa-
rer de la vallée de Bastan!
C'était ce même chemin qu'avait pris l'amiral
B'onivet , au quinztëme^siécle , et le maréchal de
Berwick en 1718 ; cette vallée tournant la rive
gauche dp la Bidassoa , /Ouvre la marche des ar-
mées jusqu'à Pampelune, parla vallée fameuse
de Roncevaux.
La première coloïfm? était aux (Mrdres du gé-
]»éi*dl Lavictoîi^e ;. H étàk tailleur , ramtée précé-
dente, et ^t tué à cette journée à la tète des
chasseurs basques qu'il conHnandait; yI dut atn
taquer le col de Berdaritï, tandis qti'an Coqjs
de deux mille hommes attaqùaieet le col Bis*
pegny, et que quatre mille hommes, conduits
par le général Su^amicq , fneQdçaknt la vallée
de Roncevaux, quinte Cents bomiiies attaquèrent
le col de Maya. /
A l'attaque de BerdatitZyjesretranckementSi
les redoutes , furent emportés à la baïonnette
après une longue résistance ; et^esuccès déctdan t
celui des deux autres, attaques , les débouchés
de la vallée de Bastan restèrent nu pouvoir dea
DBfViS LA Ri V O L VT ION. Si <
répubJîcaîdS. Un poste<)ue gardait le corpformé vnnf
desFraD^aisémfgrés^ai^aepGQmqiielqiiesjoui^ *^ '
aoD c4HppBiiti« iur ia monUigae d'Arquiozû. Ce
post^ 5 aciaqué d(^ front par le géoérai Çîgbnei»
et tourné par iw corps coudait par Latour*
d'Aavergne, fut évacué après uae Joogue. ré^
si«tancefQ«arMiteHàeuf Ff ançaÎ6 torabëreiit entre aa mest.
lès mains de$ Français, et ia rigueur ûiilexîble
die la loi décida peu de jour^apiès de leur ^
sort. i .
Au moment où l'invasion menaçait , 1 armée es-
pagnole se trouvait néduite à i^gt mille hoMmeSt
décoWagés par les échecs, et plus eeeoré, par _
rindîscipliae et par le désoi^dre. Le général
Caro, contrarié dans sas plans de défense, se /
dB^it du commandement , et fut remplacé par
le vice^'Hoi de Navarre, ie vieux comte de Colo«
mera; les Espagnols s'obstinèrent à défendre la
vallée du fiasiao , an lieu de prendre des posi-
tions en anière il l'issue ^des défilés, au pied
^es Monis , où l'avantage du lieu aurait pu
suppléer à leur faible^sse , :et permettre Tusage
de leur cavalerie, plus nombreuse que celle d^
rattaqnfBt.
L^irivasion tiu terntoire ennemi avait été pré-t
parée en même temps ^ et ^ tait prête à s'eflfec^ ^
tuer par l'armée des Pyrénées, orientales. L'at-
til^pe devait se £iire par l'entrée en Catalogne^
3i^ mstôiRE bÉ '^fiAitcti "
ViiiEp. Dugotomier qui ^ à des talents militaires, joigtiaft
des vues politiques, écrivait au comité de saliÉfe
public : « Suis-je destiné à porter le fer ,4e fett
4( et la dévastation ; une condifite pltps humaine^
«t. plus raisonnable et plus, conforme au droit
«f des gens, pourrait rallier ce pays à la répu«
« blique , et reculer les Pyrénées? * 8bn plaii
était de s'affectionner les Catalans, dont l'esprit
d'indépendance devait se rallier volontiers à \tt
liberté républicaine. L'obstacljB qu'il redoutait
le plus était l'indiscipline de son armée. Le sé-
jour^t le temps de repos que les fatigues pré-
cédentes avaient rendu nécessaires, furent em-
ployés k la promulgajtion des Icms militaires ;
eUes continrent, au moins le désordre , ne pou-
vant l'arrêter; ce désordre était même toléré ffc
les institutions civiles, et faisait partie du régime
de la*terreur.
Le général 'espagnol Laum'on occupait ses
|>ositions défensives vei^ Figuières, couvert par
la Muga ; la droite appuyée au poste appelé
ie Pont-des-Moulins ; . la gauche s'étendait jus^
qu'à Gampredon.
Launion entreprit d'abord de détourner le
plan d'attaque par une forte diversion sur l'aile
droite des^Français. Selon le système de guerre
adopté, leur ligne de position s'étendait depuis
les postes maritimes » en avant de Collioore^
\
1793.
An a.
So flor.
D E put S- 1 A K i V O L Û T f O N. SlS
jusfque vers Mont- Louis et Puîcerda , passant viiiEp.
par Ceret et par le fort de Bellegàrde, tou-
joxirs bloqué. L'objet que se proposait le gé*-
néral espagnol étak d'y faire passer du renfort.
Ce poste important retardait seul l'entrée des
Français en Catalogne. L'attaque des ennemis
fut dirigée \ets le centre , ou plutôt sur U
gauche des divisions qui formaient l'aile droite
des Français , où commandait le général Au^
gerau.
Les Français furent d'abord repousssés dé
leurs postes^ l'ennemi^ s'empara d'uiie hauteur
où était leur artillerie, et la dirigea contre
euxçmaisbientôtralliés, les généraux se mirent
h leur tête. Le général Mirabel enfonça une
colonne ennemie^qm arrivait pour prendre part
à l'action; alors les* postes perdus furent reprisi
Mirabel fut tué et Augere^u^blessé dans cette
action; elle décida du sort de Bellegàrde, qui
cependant ne -se rendit que trois mois après.
Le marquis de Valsantaro y commandait ; il
avait résisté à plusieurs sommations , et fut
obligé de se rendre à discrétion. Dugommier
ne voulut point d'autre traité.
^ Les opérations dans la Cerdagne espagnole
Cufent suivies avec une activité qui en assura
le succès 5 et se terminèrent par la prise de
Çampredon et de RipoU, après des- combats où
3l4 HISTOfRE DE FRANCK,
TUiEp. les républicains . soutinrent leurs Avantages j
An a, «^'ors les progrès du centre ouvrirent à 4 aile,
gauche rentrée de la Catalogne. Les divisîcnifô
des généraux Sauret et Vint , y foent l'avant-
garde de l'armée.
Dugommier »^u^ri d'une blessure qu'il avait
reçu au siège de Colliourev put se mettre en
mesure avec les mouveinents de rarmée des Py-*
rénées occidentales » dont les premiers efforts
avaient déjà conquis Saint-Sébastien et Fonta*
rabie, et porté Palarme jnsqn^à Madrid.
On y essaya alors les ijiênves moyens qui ren*
daient la France république iBÎ redoutable ; ou
proclama une levée en masse; tout ce qvi ptni*»
vait porter les arme^ dut les prendre, et cette
levée tfnnotica une armée de cent Mnante-dix
mille nomme6;maisle ressort qui aoîmaait la masse
républicaine, la liberté et Toprinion , n'avait pa
se proclamer , et bientôt les rapides succès des
armeïi françaises ne laissèrent à l'Espagne que
le choix d'upe paix,
sgenn. Aux Alpcs et efi Italie, les deux armées ré-
publicaines ouvrirent la campagne par des eii^
treprises d'éclat ; mais avec des succès variés.
L'armée dltalie se porta d'abord sur Oneîlle ,
s'en empara ; mais fut ensuite forcée de revenir
en arrière dans ses positions.
L'armée des Alpes avait pour premier -bat
r '.'
/
D E P U ! 5 t A 'R É V O L U T ro N, 3l5
de^ forcer re pagsbge du Saînt-Bertiard , pour vniEp;
«ntrer en Pi<?tnont ; ^is. lé temps des Succès '^"^
Vâpides et décisifs dé^rancais en Itâiie. n*étàit
pasf ^core arrivé.
L'armée tk*s Ar^nnes, aux ordres du gënér i5flor^
rai CharboHier^ devait opérer sa réunfoii avec
H l'armée du Nord , apr^s avoir traversé les pays
et surifionté les obstacles qui l'en séparàientl
Cette réunion s'opéra peu aprës Touverture de »«&«'«•'
la campagne près de Bbaumont', après, ftvoif
<^hassé Ténnemi des^envirônë de Baruti. >
L'armée de la Mosei lé , cottitna ttàé^ par JotSrif-
<lad , obtint Sabord des avantages contre I^
r Prussiens, à Siei4t;et, après savoir reçu l'armée
. ides Ardennes; eïle:fit sa jonction av^c ta droite
4e rarmée dti Nord îéV^ni ChaHeroi , où fut
gagoée la bataille de Fleums, Tous ces Ifeott-
vements se combfnai^bt avec ceux de la gauche
de Tarrol^e du Nord , qui devitit opérer l'inva-
^mn decîsiV'e de là Ffandre •maritime ; et lè
détail des coHEibats livi'ës par ces <fiflFërenteS
^arniée^ / doit , pour 14ncérêt <fes matièrçs et
pour Tordre des fait«, laisser d'dbord le récit
aux premiers «tiGruvenïénts de Pichègru , qui
décidèrent fet hâtèrent ^es grands résultats.
^ EteptrJs ie^aiS^trels de Hondf^cjhoote et de Matt^
Jbeuge ,' les troupes républicaines avaient presque
^lu jours, étéfbattueis ; ellçs étaient di^F»ées ett
^
An à.
^germ.
3l5 H I STOIR E DE FR AN CE,' '
vinEp. petifô camps et en cantonnements, depuîs Gîvét
'''^ * et depuis la Meuse, jusqu'à la met. Pichegru
commença à les réunir êW plus grands corps au-
tour de Cambray et de Guisp.
Son objet était le siège du Quesnôy; celui
de l'ennemiétait le siège de Lan^ecies; ainsi
ïe plan de campagne des deux armées se ix)ri-
tait sur le même point. De part et d'autre, on
croyait la campagne décisive. L'empereur était
'Venu prendre le comiflandement de son armée;
et cette démài'che, sans garantir les succès >
prouvait qu'on les regardait comme assurés. Lan-
di'ecies fut d'abord investi , et toutes les actions
de détails avaient été au désavantage des Fran*
CÛJ8. Le comité de salut public ordonna une
ettaque pour délivrer» Landrecîc^. L'armée^
.atix»ordres du duc d'Yorck était postée sur les
hauteurs en ayant du Catéàu-Caml>i'e8i€;
Le général Clhapuis fut charge de riissenibler
Jts troupes du ca/ripde Cés^r ^t des. postée
voisins. Cette arnvée ,• d*envirpp trente mille
hommes, fut formée wr frois cojortnes:; ils se
portë'rent sur l'arméeirfu duc d'Yorck, déployée
sur les hauteurs en avant du Gâteau., entre
les villages de Betteneourt et de* L^ni. Deux
d^ colonnes françaiseis «if^quçreôt avec vî-
'jgueur une redoute défendue par les lAnglais.
iaSi résistance prolongeant le caiJlbat , ces, cof-
»
i
«DEPUIS- L A* H É V O LU T I O N. 817
lonnes ftirent- Ipuroées à leur gauche par un ^'^^^^^
coq>s de cavalerie > et fufent pressées par- un ^^ ^
nombre supérieur. Elles prirent successivement
trois positions en arrière , avant de sfe décider
à la retraite. Le corps même des carabînîei'S, qut *
vipt les soutenir à la troisième atta^iue» ne put
rétablir le combat, et la retraite se fit su»
Cambray. Landrecies aVait capitulé la veille»
Le' général Chapuis qui resta prisonnier , avait
pris le silence des feux de la place pour une
suspension d'armes , qui rendait le secourS'plus
pressant.
Les ordres absolus du comité de salut pu-
blic* avaient seuls décidé Pichegru à ses en-
treprises sur le centre des ennemis, où leur
force était, réunie ; devienu plus maître de ces
mouvements, il commença la grande diversion
q\i*il méditait depuis longtemps; il appela à
lui vingt mille^horiimes de cette armée qui
venait d'êti^ battue , laissant gardées les places
de Cambray , Saint- Quentin et GuisQ. En
même temps , il rapprocha l'armée des Ar-
dentes, et la fit joiqdre par toutes les troupes
placées sur la Sambre. Cette armée , com-
mandée par le général Cbarbonnier , devait
a^ir sur la gjiuche^ des alliés , et la contenir
pendant les premiers mouvements qui allaient»
s'opposer à leur droite. II /établit là une lutte
Y]
3l8 H I s T O 1 RE &Ë F R A N C C;
yiiiEp. d'opittiâtreté , dooi TavaMage fat d'y attirer
/f^ ' l'attentron des généraux alliés: en moins de
yittgt joiirs l'arniée française passa quatre fois
}a Sahîbre , pour assiéger Ctarleroi , et autant ^
de fois fut obligée de lar repasser et de cepren*
dre ses positions en arrière. Ces combats, qui
forent des batailles^ finirent encore par la levée
du siège de Charleroi.
7 floréal. Pendant cette fausse attaque , Tinyasion s'était
V opérée dans la Flandre ; trente mille hommes »
rasseviblés sous Lille, aux ordres du général
Souham, et 20 mille hommes commandés* par
Moreau, se portèrent, par un mouvement se-
cret et hardi , sur Courtrai , et s'en emparèrent.
En même ti^mp^, Meçin fut investi. Ce plan
d'invasion avait été prévu par Les papiers trou*
vés sur le général Chapuis; et Clairfait, qui
commandait l'armée autrichienne vers Toumay ,
avait reçu un repfort de dix« mille hommes ;
îl essaya iputilemeqt de reprendre Courirai ,
et y fut battu près de Macrou. Menin fut pris;
mais la garnison, composée en partie de Fran-
çais émigrés, se fit jour l'épée à la main. Ypres
tenait encore.
Dans, le système de guerre adopté , tous ces
combats partiels, mais décisifs, étant réduits
à des affaires de poste, par rapport à la ligne
générale^ il arrivait que les actions ne pouvaient
V
D ÇP V IS LA RÉVOLUTION. SlÇ
être maooeuvrîères sur elles-mêmes , quoiqu'elles vi"tp;
la fysseDt relativement 'à la liste ^générale. Les ?^^.
bataillesétaieat ctes«mouvements combinés d'une
aile à l'aulre » sur un développement de trente^ou
quarante lieues» et tel corps d'armée se trouvait
tourné et pris à revers par un Mouvement quîf
s'était exécuté à dix h>ues de lui. Le plan d'in*
Vasion était aussi calculé sur Fa topographie du
pays. A la droite des frontières , la Meuse e(
la Sambre coulant transversalement au front
•
des armées, offrent de part et d'autre des obs-
tacles et des appuis toujours plus favorables 4
la guerre dféfeasive qu'à l'attaque. A la gauche
des frontières» au contraire » le cours paral-
lèle «de la Lis et de l'Escaut porte sur Je pajs
ennemi , ne lui oRve aucune défense par des
sinuQsi téi^transversales^ et favorise les marché de
l'attaquant » en donnant toujours un appui à l'une
de ses ailes ; c'est sur cette théorie savante qu'était
fondée cette entreprise qui déconceita tous les
plans des généraux alliés, et reporta le théâtre
de la guerre dans leur pays. La pilse de Lan-
drecies qui capitula plus tôt que l'on eût dû s'y
attendre ,. ne dérangea rien à fa marche de
Pichegru. Cette marche rappelait nécessaire-
ment toutes les forces alliées à la déferfse de
leur pays ,-et Laqdrecies , abandonné à ses seules
forces , ne devenait qu'une gm'nison prisonnière.
320 H I $ T O I R 12 D E F K À N C Ë, '
viiijp. Un grand effort devenait nécessaire aux al-
An. a. l'^s pour rompre ce projet d'invasion. ClaîrFaît
s9 Hoié. passa Ja Lis avec wigt mille hommes, et vint
faire sa jonction devant Courtrai avec Parmée
du duc d'Yorck , forte de cinquante ; mais,
'^ ^vaiît laissé entre eijx le chemin de Courtrai
à, Lille, libre, celte faute fit ^e les ordres
purent y arriver dans la nuit pour prévenir
leur attaque. Après une action longue et san-
glante , Courtf ai resta aux Friançais* Clairfait se
retira danê sa position de Thielt pour couvrir les
grandes villes de la Flandre, et le duc d'Yorck
reprit ses positions versTournay. Les deux partis
s'attribuèrent d'abord l'honiieur de cette jour-
lice. Il y eut de part et d^autre des prisonni^is,
et des canops pris; mais le résultat laissant les
républicains dans toutes leurs positions ^çs av^an-
tages réels leur restèrent, et la suite deç évé*
nemerîts les leur confirma.
Pichegi;^ crut pouvoir profiter du désordre
de l'armée des alliés, et du dénuement d'ar-
tillerie de campagne oij était cette armée , |)ar
la perte qu'elle en avait fait^ le jour précédent.
Son objet était d'investir Tournay et de l'attay
quer par le côté de la Flandre où cette place
était dépourvue de défenses. Cette conquête
n'était pas absolument nécessaire à l'invasion
méditée; mais elle pouvait la faciliter beaucoup
en
N
(
1795-
Aa a.
DEPUIS LA RÉVOLUTION. 2^\
çn ôtant cet apptii à la droite des alliés. Son viiiEp.
objet aussi était de reconnaître les passages de
TEscaut.
L'armée se mît en mouvement à l'entrée de
la nu^it, et reconnut les ennemis à la pointe du
jour. Après les premîëresattaques d'avant-postes»
l'ardeur des soldats les porta trop en avant > et
engagea un des plus sanglants combats de cette
guerre. L'empereur était présent , et paj^a de
sa personne dans cette journée , parcourant les
rangs et animant les troupes sous un feu / tel
que d'anciens officiers dirent n'avoir jamais été
témoins d'une action aussi meurtrière. Dans
cette bataille imprévue , et où chacun combattit
au poste où il se trouva attaqué , l'opiniâtreté
ne céd^ ni part ni d'autre ; et , depuis le so-
leil (levant jusqu'à dix heures du soir, l'ac-
tion se soutint sans interruption , particuliè-
rement à Pontachain. Comme il n'3^ avait
point eu de dispositions, il n'y eut point de
manoeuvré; Ja nuit seule mit fin au carnage, et
chacun rentra dans ses positions. Des récits exa-
gérés portèrent le nombre des morts à vingt
mille hommes de part et d'autre. Les ennemis
en avouèrent trois mille.
Deux jours avant , l'armée des Ardennes
avait encore repassé la Sambre , pris Fontaine-
Lévesq^e etBinch, et investi Charleroi; mais
Tome IF. U.I
l.crprau
«795
An a.
6 prair.
32a .HISTOIRE DÉ FRANCE, .
vniEp. repoussée encore, elle y perdit vingt - cinq
pièces de canon , et revint à la charge trois jours
après. Un renfort de quinze mille Autrichiens
venus de 'Tournay, la força encore de reprendre
ses positions au-delà de la Sambre, et de lever
encore une fois le siège de Charleroi ,' dont
une partie était déjà incendiée par le bombar-
dement.
La gauche de Parmée du Nord resta quelques
jours dans ses positions de Courtrai et de Sain-
ghîn. Pichegru ne voulait point entreprendre
sur Tournay , dans un pays de plaine , où la
nombreuse et manœuvrière cavalerie de Ten-
nemi lui donnait trop d'avantage ; d'ailleurs ,
c'eût été attaquer l'ennemi à son centre , lui
faciliter les moyens d'y réunir ses forces, éC
de se porter secrètement, en deux marches,
sur la Sambre ou sur l'Escaut. Clairfait occu-
pait une position entre la Lis et la mer, cou-
vrant de là Gand et l'intérieur de la Flandres;
mais, séparé par trois jours de marche, on ne
pouvait espérer de l'atteindre avant qu'il eût le
temps de se retirer et de se réunir à la grande
armée. Dans cette position , Pichegru essaya le
siège d'Ypres , qui devait rappeler Clairfait pour
secourir cette place. Ypres fut investi, et Clair-
fait ne quitta pas ses positions à Thielt ; ajors
on fit le siège d'Ypres dans les formes, et Par-
s
DEPUIS LA RÉVOLUTION. SaS
mée d'observation fut placée à Passeliendaele. viiiEp.
Claîrfaît alors s'avança jusqu'à Rousselaër et à JJ^^'
Hooglede. Pichegru,- instruit qu'il y attendait
des renforts, se décida à aller l'y attaquer. Un
mouvement combiné sur plusieurs colopnes
d'attaques manqua , l'action ne fut pas déci-
sive ; cependant l'armée resta^ sur le champ
de bataille, et Clairfait fut obligé de reprendre
ses positions de Thielt; y ayant reçu les ren-
forts qu'il attendait ,* Clairfait remaicha sur la
position d'Hooglede. La bataille s'y donna le 22 22 praîr.
prairial, et fut une des plus décisives de cette cam-
pagne; d'abord, l'aile droite des républicains
fut enfoi^cée; mais le centre qui occupait le '
Plateau de Hooglede , résista à toutes les at-
taques réitérées , et força l'ennemi à la re-
traite qu'il fit en reprenant sa position de
Thielt.
Alors Ypres, pressé et abandonné, capitula, agprair.
Pîchegru, maître de toutes les places en ar-
rière de lui , reprit son premier phin d'inva-
sion en suivant le cours de la Lis et de l'Escaut, a mess.
Une seule petite rivière, la Mandelle, qui se jette
dans la Lis , au dessous de Deynze , offre quelque
point de<léfense par son lit perpendiculaire à celui
de la Lis. La première marche y porta l'armée
française, et de fortes reconnaissances suffirent
pour éloigner Clairfait qui s'était porté à Vakam^
3^4 HISTOIRE DÉ FRANCE,
VIII Ep, à la première nouvelle de la marche de Pi-
'^^^' chegru sur la Mandelle. Claîrfaît n'était plus
en fgrce , toute l'attention des alliés s'était por-
tée vers la Sambre, où ils avaient des succès,
et où le siège de Charleroi , si souvent entrepris ,
venait encore d'être levé.
L'armée de la Moselle , commandée par Jour-
dan, après plusieurs combats avec des succès
variés, dans le pays de Luxembourg, àMertzig,
à Arlon , s'était emparé de Dinant, et vint se
joindre à la droite de l'armée du Nord, qui
prit le nom d'armée de Sambré et Meuse , et
resta sous le commandement de Jourdan, maïs
aux ordj es de Pichegru ; alors le siège de Char-
leroi fut repris pour la cinquième fois; et cette
diversion, qui occupa glorieusement les alliés,
servit beaucoup aux succès de l'entreprise de
l'aile gauche de l'armée du Nord. Après la re-
traite de Clairfait , on poussa des postes jus-
qu'aux: portes de Gand , et il eût même été
facile de s'en emparer; mais, outre que cette
ville immense eût exigé une forte garnison,
sans assurer davantage la campagne, dont les
Français étaient maîtres , Pichegru avait un
autre plan , celui ( avant de pénétrer dans
le, pays) de séparer l'armée de Clairfait de la
grande armée des alliés, de la détruire en dé-
tail, ce que lui assui^ait la supériorité des for-
An 9*'
7 mesf.
DEPUIS LA RÉVOLUTION. SuS
ces; alors de prendre à revers toutes les posi- viiiEp.
tîons de cette armée , et de se réunir en arrière
d'elle à rarmée de Sambre et Meuse; ce qu'eut
bientôt facilité la bataille de Fleurus et la prise
de Charleroi. A cet effet , Pichegru passa la
Lis, et prit une premiëre positioû entre cette
rivière et l'Escaut , entre Crujrshautem et
Mooreghem. Deux jours après , il se rappro-
cha d'Oudenarde, et campa entre Vorteghem
et Huj^sse. Le passage de TEscaut • était fixé
au jour suivant» Un ordre précis du comité de
salut public arriva à l'armée, soit qu'effi'aj^é de
la rapidité de la marche du général , on voulût
l'assurer, en ne laissant derrière lui aucune
place , soit que |des conibinaisons politiques ou
ministérielles voulussent ralentir les succès,
l'ordre portait de faire immédiatement le siège
de Nieuport et d'Ostende , et d'envoyer seize
mill^ hommes à Dunkerqu^e pour y être em-
barqués et transportés dans l'île de Valcheren.
Cette dernière entreprise, dont il eût été im-
possible de donner un motif raisonnable , n'eut
pas lieu; mais l'armée du Nord, affaiblie et
occupée en arrière de ses positions avan-
cées, se trouva hors de mesure de rien entre-
prendre, il fallut obéir.
Moreau , avec l'aile gauche de l'armée , fut
chargé de faire le siège de Nieuport et d'Os-
326 HISTOIRE DE FRANCE,
viiiEp, tende , et Pichegru , pour occuper la sienne ;
1793.
An a.
" V
*^^ * mit le siège devant Bruges.
Mais la fortune de la. république se ven-
geait de ces contrariétés , et à l'autre aile de
ce front de bataille de quarante lieues d'éten-
due, où tous les postes étaient occupés, et en
venaient aux mains chaque jour, à l'autre extré-
mité'sur les rives de la Sambre, à Charleroi,
la victoire fatiguée de l'opiniâtreté des Fran-
çais, consentit enfin à couronner leurs efforts
toujours repoussés , et renouvelés sans cesse.
Une dernière tentative des armées de Moselle
et des Ardennes , réunies à la droite de l'armée
du Nord, avait encore rendu Jourdan maître
des environs de Charleroi. La place fut im-
médiatement assiégée, et les travaux pous-
sés avec tant de vigueur et' d'habileté par le
général du génie Marescot, qu'en six jours
de tranchée, la place demanda à capituler,
et fut reçue à discrétion. Saint - Just , qui
était à cette armée , répondit au comman-
dant de Charleroi qui demandait à capituler :
€< Je suis arrivé en hâte ; j'ai oublié ma plume ,
« et n'ai apporté qu'une épée. » La place n'était
plus qu'un monceau de ruines, et, selon l'ex-
pression- du rapport, n'était plus qu'un poste
militaire.
L'armée du prince de Cobourg marchait déjà
y
• DEPUIS LA REVOLUTION. 827
pour la dégager ,. et , ce qui doit étonner dan« Vinsp.
un paj^s ennemi , les généraux autrichiens igno- ^^
raient encore la reddition de la place. Toutes
leurs forces s'étaient réunies pour frapper ce
coup décisif, et qui seul pouvait compenser
les succès de l'aile gauche de l'armée du Nord,
et l'invasion de la Flandres.
Après la reddition de Cliarleroi , l'armée fran-
çaise avait pris Une position demi-circulaire en
avant de la place, les deux ailes appuyées à
la Sambre , le centre avancé au-delà du bourg
de Gosselies, et s'étendant vers la gauche par
Courcelles, Trazeîgnies et le long de la petite
rivière du Piéton , jusqu'à Fontaine-Lévescjue
et Marchiennç-au-Pont, et vers la droite par
Heppeignies , Fleurùs et Lambusart. Tout cet
espace est coupé de bois et de ravins , et plu-
sieurs postes , compris dans cette enceinte p
étaient I encore des points de défense.
L'armée des alliés occupait è{ leur gauche
les hauteurs en avant de Fleurus ; leur centre
s'étendait le long de la chaussée des Romains ^
et leur droite descendait du village d'Herlaj-
inont,sur les hauteurs qui dominent lecourg du
Piéton , jusque sur Fontaine - Lévesque. Un
corps parti de Namur devait attaquer les
postes français sur l'autre rive de la Sambre»
Les dispositions d'attaque du prince de C6-
3s8 HISTOIRE pE FJR.ANCE,
vniEp; bourg, qui commandait l'armée des alliés, la
Xn partagèrent er> cinq colonnes qui durent agir
' en même temps sur tout le front de l'armée
française.
La première colonne, celle de droite, con-
duite par le prince d'Orange , fut composée de
vingt-quatre bataillons et trente-deux escadrons
de troupes impériales et hollandaises. Cette co-
lonne dut attaquer la gauche des Français aux
villages de Courcelles et de Forchies, et péné-
trer jusqu'au bord de la Sambre pour couper
sa retraite sur Charleroi;
La seconde colonne de quatorze bataillons
et seize escadrons , dut attaquer au village dé
Frâsne. Cette colonne devait- ensuite se tenir
en mesure , et régler ses mouvements sur la
troisième colonne , aux ordres du général Kau-
nitz, forte de huit bataillons et dix-huit esca-
drons , et devait attendre , pour agir , que la
quatrième colonne , de sept bataillons et seize
escadrons, conduite par l'archiduc Charles, eût
commencé Pattaque (Je Fleurus , et alors elle
devait se porter en avant, et soutenir les at-
taques à sa droite et à sa gauche , en se met-
tant eri communication avec les deux autres
colonnes.
Le général Baulieu , avec onze bataillons et
vingt escadrons, formait la cinquième colonne ,
DEPUIS LA RévOLlTTION. S^g
et devait agir sur rextrémîté^ droite des Fran- vniEp.
çais postés au village de Larobuzard:
Toutes ces dispositions supposaient, et même
avec vraisemblance , que les Français seraient
forcés de repasser une sixième fois la Sambre, et
surtout que la bataille se livrerait encore à temps
pour délivrer Charleroî.
L'engagement commença la veille à la droite
des alliés ; les avant-postes des Français furent
repliés; mais leurs positions furent maintenues.
Le I ." juillet (8 messidor de Tère républicaine),
toutes les troupes alliées se mirent en mouve-
ment pendant la nuit, et commencèrent d'agir à
la poiiïte du jour. La gauche des Français , for-
mée de la division Montaigûe d'environ douze
mille hommes, postée entre les villages de Tra-
signies et deCourcelles, fut attaquée par la pre-
mière colonne des ennemis, dont une partie atta- •
qua en même temps les postes le long du Piéton ,
et réussit à les repousser jusqu'au calvaire d'An-
derliies et à Fontaine-Lévesque. Son objet était
de pénétrer jusqu'à Marchiennes-au-Pont , et
de couper ainsi la retraite à la droite de l'aile
gauche qui occupait les villages de Trasignîes.
Ces postes furent d'abord emportés par les '
troupes impériales , commandées par le prince
de-Valdek. La cavalerie républicaine chargea
et rompit la vpremière ligne de la cavalerie
N
33o HISTOIRE DE FRANCE,
viiiEp. Impériale , et s'empara de ses canons ; maïs ,
^^^. pendant le désordre , elle fut chargée et ra-
menée par la seconde ligne qui reprit ses
canons , et força les escadrons français à se
retirer sur rintànterie. Toute la gauche des
Français se trouvait ainsi déplacée de ses po-
sitions de première ligne , et fît sa retraite
sur Charleroi , maintenant les hauteurs en
avant de la place. Ges succès rapides qui n'é-
taient pas soutenus aux autres attaque^, lais-
sèrent cettje partie de l'armée impériale exposée
en avant , et étonnée de sa position , les gêné*
raux retirèrent les troupes, et prirent une po-
sition en arrière au village de Forchies. Les
républicains étaient restés maîtres des postes
de Gosselines , où était la division de Kleber ,
d'environ quatorze mille hommes. Cette division
se maintint pendant toute l'action, et servit
d'appui aux troupes qui s'étaient retirées vers
Charleroi j elles remarcbèrent en avant le long
du Piéton , et y établirent des batteries. Ce mou-
vement était, la suite de ce qui s était passé à
l'aile opposée.
Le village de Fleunis était occupe par seize
mille hommes , formant la division Lefebvre 3
tenant la hauteur en arrière de Fleurus, et
ayant son front couvert d'une ligne de retran-
chement. Jourdan attendait là le principal efibrt
DEPUIS LA RÉVOLUTION.
ÙCI
des ennemis. Fleurus, situé dans un fond sur viiiEp.
la petite rivière de Ligne , n'était pas un poste j^^^
de défense ; mais les hauteur^ qui le comman-
daient , étaient occupées et munies de batterie.
Ce poste s'appuyait à sa gauche au village d'Hep-
peîgnies et de Vagnée, occupé par la division
Championnet, et a une forte redoute élevée
dans l'intervalle. Sa droite tenait au village de
Lambusart , où la division Marceaux , forte de
vingt mille hommes > fermait la droite du front
de bataille, et occupait les postes sur la Sam-
bre , Ham , Floresse et Temines , et couvrait
en même temps les villages de Vêlai ne et
.Wansersée.
La quatrième colonne des ennemis attaqua
inutilement le poste de Fleurus , quoiqu'elle
eût d'abord dépassé le village ; elle fut arrêtée
sur les hauteurs , et la résistance des Français ,
sur ce point , décida la retraite de cette co-
lonne. Pendant cette attaque, le général Bau-
lieû, avec la colonne de l'aile gauche des alliés,
avait attaqué et forcé le poste de Lambusart,
et l'extrémité droite des Français avait été
obligée de reprendre une position en ai-rière ;
alors le poste de* Fleurus se trouvait pris en
flanc. Baulieu y tenta une seconde attaque , et
la tésîstance qui força encore cette colonne à
la retraite , décida du succès de la journée.
33a HISTOIRE DE FRANCE,
viiiEp. Le prince de Cobourg avait fait parvenir Tordre
. de retraite à toutes Jes autres colonnes dé soa
An 3* ' ,
armée ; et toutes , après des succès variés ,
avaient pris des positions en arrière.
Les troupes qui étaient parties de Namur,
devaient s'emparer des passages de la Sainbre
au pont de Temines , et se réunir ensuite
aux ordres du général Baulieu, pour tourner
Taile droite de$ Français. Ce corps fît d'abord
replier leurs postes au-delà de la Sambre ;
mais ayant vôultr essayer de pénétrer au vil-
lage de Lambusart par un défilé qui y con-
duit, le feu supérieur de l'artillerie française
les força à la retraite. Partout l'armée répu-
blicaine se trouvait occupant des positions
en arrière de celles .qu'elle avait prises avant
l'action, excepté. à Fleurus, où les premières
avaient été maintenues. Tel était l'état de la
bataille vers le milieu du jour , et l'armée répu-
blicaine s'attendait à une nouvelle attaque,
qu'elle était, partout en état de recevoir ; les
nouvelles certaines de la reddition de Char-
leroi , décidèrent le prince de ;Cobourg à
renoncer à son entreprise , et la retraite
fut ordonnée ; elle se fit en ordre , quoique
suivie de près;. mais l'avantage de la journée
était fixé, et la possession de Charleroî ouvrait
et assurait l'entrée du .pays ennemi , et mettait
V^-
\
DEPUIS LA REVOLUTION.
333
toute Paîle droite en mesure de suivre et viiiEp.
de seconder , les mouvements de l'armée du .
An a.
Nord.
On fit usage dans cette bataille d*une dé-
couverte récente, due aux progrès de lesprit ^
kumain : un aérostat, s^élevant par la différence
du poids de l'air qu'il renferme , avec le poids
de l'air atmosphorîcjue , servit à observer
les mouvements de l'ennemi. Trois ascensions
firent, connaître ses positions différentes. La
dernière montra l'ennemî en pleine retraite ;
elle se fit d'abord sur Nivelle. Deux jours après
la bataille , Jourdan marcha aux ennemis, les iSmesa.
attaqua et les battît au Monj - Palisei. Cette
position couvrait Mons , et décida du sort de
cette place ; elle se rendit le mêmç jour ; alors
tous les postes occupés sur cette ligne par les
ennemis , se trouvèrent dépassés, et tombèrent
d'eux-mêmes. Saint-Amand,Marchîennes , Dî-
nant , furent évacués , et les alliés forcés de
réunir leurs troupes pour couvrir Bruxelles ^
menacé à la fois par les deux armées répu-
blicaines, abandonnèrent nécessairement il leurs
propres forces les places importantes qu'ils
avaient conquises sur la frontière , Valenciennes ,
Çondé, le Quesnoy et Landrécies.
Les premiers mouvements de Picbegru for- iSmet».
cèrent bientôt l'évacuation de Tournay, et il
/
334 HISTOIRE DE FRANCE,
vniEp, ne resta plus aux alliés aucune position défendue
Au 2. ^^^ toute la ligne qu'ils occupaient en force peu
"^ de jou^s avant.
Sounws aux ordres du comité de salut public,
Pichegru laissa encore une partie de son armée
pour achever le siégé des places maritimes*
Le général Moreau fut chargé de ces opéra-
tions. Nieuport capitula. Il mit ensuite le siège
%^ devant le fort l'Ecluse , qui ferme une des
embouchures de l'Escaut, et tient la clef des
inondations. Pour en achever l'investissement,
il fallait s'emparer de l'île de Catzan, au-delà
du bras de mer où le fort l'Eclusç est situé.
On ne pouvait y parvenir que par ime digue
défendu^ avçc les eaux et ])ar une forte bat-
terie , ou par l'ancien détroit de Colysch. Oa
' avait peu de bateaux; les troupes passèrent à
la nage, mirent en fuite celles qui défendaient
le rivage opposé. On prit Pile de Catzan ,
quatre vingt-dix pièces de canon, beaucoup de
munitions et deux cents prisonniers.
i5mç8s. Pendant ces opérations, Parmée du Nord
s'était mise en mesure de rendre décisifs les
' avantages que l'armée de Sambre et Meuse ve-
nait de remporter.
Pichegru partit de Bruges , et marcha vers
Gand.
Clairfait, trop inféiieur en forces, avait suc-
DEPUIS LA RÉVOLUTION. 335
cessîvement replié ses positions de Thielt à vniEp.
Deynze, et tâché de couvrir le paj^s entre la ^^^
Lis et rjEscaut ; mais le sj^stëme de tactique
moderne, se trouvait cqmplétement déjoué. Cet
art militaire des armées germaniques, qui con-
sistait surtout dans le choix .des positions, dans
l'ensemble d^s mouvements rapprochés et sou-
tenus Tun par l'autre. Ce S37stëme qui avait ré-j
sisté aux promptes manœuvres des ^rmées du
grand Frédéric , ne trouvait plus son applica-
tion contre les mouvements rapides et combi-
nés de deux armées qui occupaient en même
temps tous les postes sur un front de qua-
rante lieues de développements , qui marchaient
de front et ensemble, ne tenant que les posi-
tions militaires, et se rendant ainsi maîtres des
intervalles sans les occuper , mais pénétrant tou-
jours par le point où l'ennemi se trouvait faible,
dépassait ses positions partout où il était né-
cessaire de se déposter ; cette tactique mise en
œuvre par le' génie des chefs et par la valeur
des soldats, assurait les succès.
Après la retraite ^e Fleurus et l'évacuation
de Tournay et de Namur , l'armée cjes alliés
n^ayant plus d'appui à ses ailes, se trouva for-
cée à prendre des positions rétrogrades, et ne^
pouvait les soutenir , parce^ que ces positions
se trouvaient toujours dépassées et tournées au
336 HISTOIRE DE FRANCE,
viiiEp. loin par les marches des corps détachés de
'^^^' Tune ou de l'autre aile des armées républi-
caines. En quittant la position de Nivelle, Co-
bourg en prit une à l'entrée de la ïokèt de
Soignes qui couvre Bruxelles , et offre des
moyens de défenses locales.
ismesa* L'avaiit-garde de Jourdan y eut un engage-
ment longuet meurtrier, dont le résultat fut
la retraite de l'ennemi sur Bruxelles, qu'il éva-
cua le même jour', et dont Pichegru fit preii-
dre possession par son avant-garde.
ai mess. Le5 mouvcmcnts des deux ailes de son armée
se concentraient en se rapprochant. Ce fut un
corps de l'armée de Sambre et Meuse qui en-
voya une garnison à Bruxelles. L'aile gauche
des Autrichiens commandée par Baulieu, s'était
retirée en même temps entre Tirlemont et Ju-
doigne , et le reste de l'armée de Cpbourg, avec
les troupes anglaises, prit position derrière le
canal entt-e Malines et Louvain.
ai,2am. L'armée de Pichegru marchant de Gand ,
«3 mess, campa à Alost , puis à Assche , et prit position der-
rière le canal de Yilvorde,
Les communications se trouvèrent, ouvertes
* et établies entre les deux ailes de cette armée
qui partant un mois avant des deux points ex-
trêmes de sa position, Dunkerque et Philippe-
ville, venait se réunir par une suite de combats
et
- 1793.
An a.'
D ËJ? Ù i S LA DEVOLUTION. 887
et de marches, tels que l'histoire militaire de vnîFp.
l'Êurùpe n'en offrait pas un autre exemple.
Les deux afriiées étaient en présence , et
séparées seulement par le canal de Malines.
Pi chegru, avait passé le canal de Vilvorde , et ^^m^ss.
pris position en avant de cette ville, Malines
était occupé par les troupes anglaises ef hoU
landaises; elles bordaient le canal jusqu'à Lou*
vain. Cette position était la dernière cjui défen-
dait Anvers el le reste des Pays-Bas. Pichegru a? *««««•
fît attaquer; ce poste, mtini par ses défenses
locales , fît éprouver une longue et opiniâtre
résistance. Un nombre de soldats français impa-
tients se jetèrent dans le canal, et le passèrent
à la nage près de Malines ; ils s'emparèrent
du bord opposé , et cette action audacieuse
donqa le moyen de jeter plusieurs ponts sur
lesquels l'armée pasSa , et s'empara de Ma-
lines.
L'armée anglaise et hollandaise se retira Sthotm,
pour couvrir Anvers, et Pichegru appuya sa
gauche campée à Lier, au conHuent des deux
Nèthes ; ce qui le rendait maître des positions
sur ces deux rivières; et étendant sa droite vers
DiestV il se mettait ainsi en communication
fivec l'armée de Sambre et 'Meuse qui, mar-
chant à la suite des Autrichiens, s'était, après
quelques affaires de détail, emparé de Tongres ^^hena.
Tome 1F\ 2a,
538 HISTOIRE DE FÎIANCË,
viTiEp. et de Lîége , et étendait alors la droite à Liège ♦
la gauche à Saint-Tron , tenant, par des corps
détachés, les villes de Leaw et de Diest.
Les Anglais et les Hollandfrfs avaient évacué
Anvers , et s'étaient t-etirés vers Breda. Les
armées républicaines , gênées par les subsi-
stances > séjournërent'quelque temps dans leurs
positions, la droite à Liège, la gauche à An-
vers , et Tarmée auti ichienne resta encore
maître du pont sur la Meuse à Liège , s'étant
ibrjlifiée Sur la Hauteur de la Chartreuse qui
dofhinait le pont et la ville. Elle s'étendait jus-
qu'à Ruremonde j gardant les passages de la
Meuse, et couvrant Maestricht par un corps
avancé. Un^ nouveau plan changea bientôt
j après les opérations de la campagne pour les
lier aux mouvements des armées du Khin
et de Moselle qui venaient de s'emparer de
Trêves.
Pendant ce temps aussi les quatre places de
la frontière républicaine qui étaient restées au
pouvoir de l'ennemi, avaient été assiégées ou
investies. Schérer réunit les troupes qui restaient
du. centre avec des garnisons voisines, et lit
successivement le siège de Landrecies, qui se
renclit après une résistance peu soutenue. Il fit
après le siège du Quesnoy; Condé et Valen-
ciennes tombèrent ensuile*
17 mess.
An' 3.
DEPUIS LA RÉVOLUTION. 33p
Le comité de salut public crût hâter la red- viiiEp-
ditioQ de ces places par ce terrible décret, qui ^^'^^'
ordonnait de passer au fil de Fépée celles de
ces garnisons quitte se rendraient pas à discré-
tion dans les ii4 heures de la sommation qui
leur en serait faite*
Ces mesures outrées n'étaient qu*une s\x\te du
système général qui régissait tout dans l*ipté-
rieur. Tandis qu'au dehors , les victoires et les
conquêtes consolidaient le gouvernement révo-
lutionnaire, et soumettaient tout à son oppres*
sive autorité 5 l'excès du mal commençait à
faire sentir que ces moyens violents et exaspé-
lés, n'étaient plus n^^gi^aires après les vic-
toires ; la crainte de l'étrangei' les avait fait sup-
porter , et ce danger extérieur , en s'éloignant,
laissa vofr sans diversion les dangers internes
qui menaçaient toutes les têtes. On pensa
qu*ayant vaincu-la coalition, on pouvait.vaincre
aussi Panarchie ; elle-même sentant que le scep-
tre de la terreur lui échappait avec elle, s'ef-
força de la redoubler pour se rendre redoutable^
en cessant d'être nécessaire; et, lorsqu'on n'eut
plus à menacer la liberté, du fer et des tor-
ches de rétranger, on se hâta de la menacer
des conspirations et des, traojes çontre-révo-
lutîonnaires. On avait puvert unç mine fé-
conde de délits imaginaiiés e.t de procès ci:i-
/
34P HISTOIRE D fe r R A î^ CE, '
viiiKp. niinels, par la tiénonciatioa de la conjuration
des prisonniers du Luxembourg. Cette fiction,
qu'il avait fallu opposer aux dernières lueurs
dé la popularité de Danton , n'avait même j3tt
être soyienue par ceux même qtie Ton voulut
en rendre les premiers agents. Des geôliers ^
des concierges interrogée juridiquetnent , n^a-
vaient rien déposé que de favorables à la tran-
quille résignation des prisonniers. Le procès dé
. Fouquier-Tinville dévoile ces4iorri blés mystères»
Vaineùient ti\)is témoins déniaient ce qu'affir-
maient un seul. On lia l'affaire des détenus au
Luxembourg à toutes les autres maisons d'ar-
rêt, et la conjuration ^l^prJson^ fut longtemps
tin chef d'accusation qui s'appliqua, à tous ceux
que l'on voulut perdre*
r.èc. ja. Arthur Dillon était mis à la tête *de cette
conspiration , et l'on produisit contre lui , comme
témoin , un de ces hommes placés dans les pri-
sons, pour y surprendre le secret des détenus,
ou même y provoquer leur, confidence, sou-
vent encore pour leur, faire dire ce que 1 on
voulait qui eût été dit par eux.
On reprocha ensuite à Dillon d'avoir favorisé
Penti'ée de la frontière aux ennemis, qti*il avait
. si glorieusement contenus aux Islètes; et l'ab-
surdité même de ce délit imaginaire indiquait
assez le véritable.
DE PU t$ X-A REVOLUTION. 841
L'évêque consiitutionjiel de Paris , Paticien viiiBp
évêque (le Lida , Gobe] > dut être* plus étonné
encore de s'entendre reprocher au tribunal ré-
yolutîonaaire son insurrection contre le prince
évêque de Porentru, et surtout la démission
qu'il avait naguère apportée à. la barre de îa
convention, et 00 Taccnsa d*y avoir dit qu'il ne
reconnaissait plus d'autre culte que celui de la
libertfé.
^ Un bçHnme tel qu.e vous , lui dit le prési- aigem.
<< dent, tenant 9U-sacerdoce par son origine,
<i devait rester attacbé aux principes du haut
M clergés ^> .
On ^reprocha ^ à Chaumette la clôture des
églises qu'il avait fait exécuter dans un dépar^
teraent. Les moteurs inaperçus de tant d'in-
culpations inconséquentes devaient être sûrs
de leur effbt , lorsqu'ils osaient les produfre
devant un nombreux auditoire.
Ce jour, dix-neuf furent rais à mort; de ce
nombre furent la veuve d'Hébert et celle de
Camille Desmoulifts , qui se fit rémarquer par
ça beauté 9. sa fernîieté et par son courage.
Trente-un membres des anciens parlements, i.erflor.
la plupart de celui de Toulouse, comparurent
çnsuite 5 on leur reproéhait des protestatfons
secrètes contre les décrets dé l'assemblée consti-
tuaqle depuis longtemps abolis par la .conven-
3^2 HISTOIRE DE FRiÇNCE,
vttiÈp. tion même; mais Pacte d'accusation cita, avec
'^^ ' complaisance , un: tableau injurieux de rassem-
blée constituantie , que Ton sembla prendre plai-
sir à rémettre sous les yeux de TauditoiTe.
L'amnistie avait effacé le tort des protestations.
Plusieurs d'entre eux étaient émigrants ren-
trés par cette amnistie. Les noms les phi& iHus-
trés, par les fpnctît)ns des anci^ônes cours de
justice, se trouvèrent au nombre des condam-
nés. Pelletier Rosambo , MoIé , Sarron , Dor-
inesson , et deux jours après , d'Esprémesnil ,
Thourét, Chapelier, Lamoignon et Majésherbes,
^ qui s'entendit faire cet étrange reproche , de
n'avoir été accepté pour défenseur de Louis
que par l'effet d'une intrigue du ministère bri-
tannique,
Villeroi, d'Estaing , Latour-du-iPin , furent
accusés d'avoir ourdi des trames pour massa--
crer le peuple au mois de juin et juiliet 1789*
Ceux - là même s'étaient prononcés , à cette
époque , pour le parti populaire. Trente-deux
autres périrent avec eux.
9 floréal. Trente fermiers généraux furent accusés,
entr'autres délits, 'd'avoir mis de rêâu dans le
tabac. .
Le savant physicien Lavoisîer fut du nombre ,
et demanda vainement un sursis de quelques
jours pour cotnpléter uûe découverte utile.
N
DEPUIS LA RÉVOLUTION. 843
L'ordre porté par un hqissier et par un offi- viiiEp.
cîer militaire, tira de la prison du Teniple Eli- ^^
sabeth, sœur de Louîs XVI , et la transféra à
la Conciergerie, l'avant-veille de son jugement.
Toutes les conjectures que peuvent suggérer
les circonstance^, les intérêts publics ou par-
ticuliers, s'épuisent inutilement pour chercher,
ou le motif qui fit sacrifier une jeune princesse,
que faisaient honorer ses yertus et son dévoue»
ment à l'amitié fraternelle , ou quels intérêts
et quelle politique retardèrent ce sacrifice „
s'il était cru nécessaire?^ Que Robespierre ait
imaginé de se créer des droits, en forçant la
main de la so&ur du dernier roi de France ;
que, piqué d'un refus, il s'en soit vengé, ce
bruit populaire répandu longtemps après, ne
porte aucun éaractère de vraisemblance ni
même de probabilité, et ne mérite même pas
l'examen de l'histoire. Quels secrets à divulguer
4)0uvaient craindre les auteurs de lai mort de
Louis ? Le fait ne pouvait être ni aggravé , ni at-
ténué au jugement de ceux qui leur en feraient
uncrime.Xes dangers extérieurs n'exigaient plus
ces mesures exaspérées qui ne laissaient plus
même le choix des moyens pour les soutenir.
I Lorsque le temps seul peut révéler des causes
secrètes , les supposer, c'est surcharger le récit
d'hjpothèses vaines.
/
179^
An
844 HISTOIRE DE FRAN.CEf
VIII Ep. Elisabeth comparut avec un aîr plein dç doa-
ceur et de dignité ; elle fut întejj|:'ogée avec
dureté et avec des expressions offensantes. On
compara la femme de sqn ft'ère à Messaline ;
on lui parla des infâmes orgies. Lorsqu^on lui
parla du tyran son frère , on assure qu'el.lç^
répondît au président du tribunal qui Tinter-
rogcait : << Si mon frère eût été t/yran ^ nivou^
« ni moi ne serions à la place que nous occU-^
a pons en ce moment. »
Celte affectation des juges du tribunal d'ajou*»
ter l'odieujî: des formes les plus grossières et
couvent les plus triviales à l'odieuse rigueur
de leur ministère, dçnt plus de dignité exlé-
j-ieure eût pu sauver les dehors; cette affec-
tation est encore une énigme que les^eon-^
jectures ne peuvent suffisamment expliquer.
Avec la sœur de. Louis, vingt -quatre autres
peisonpes périrent ce même jour. Etrrenne »
jadis mipistre ; Serilli , trésorier, avec s^
fempie ; la vçuve de Mont^morin. Plusieurs
femmes, étaient du nombre des infortunées ;
J'une déciles, quoique enceinte , refusait de se
soustraire , par sa déclaration , au soit com-
mun. Elisabeth fit avertir les jugçs , et hji
^auva.
S'il fallait que la plume énumiérât en détails^
toutes ces scènes sanglantes qui se répétaient
y
DEPUIS LA RÉVOLUTION. 345
chaque jour , le lecteur consterné rejeterait cette viiiEp.
eflfrayahte nomenclature; qu'il suffise de savoir ^^^^*
que, longtemps api^s le 9 thermidor, lorsque,
par une mesure de police , on voulut , pour la ,
sûreté des intérêts de famille, constater, par
une liste nominale, le nombre des victimes , '
ce registre funéraire couvrit, par ordre alpha-
bétique, les murs de la capitale; mais, effrayés
eux-mêmes du long espace que couvrait déjà,
cette affiche de mort et de deuil, les magistrats
en arrêtèrent le sinistre et long développe-
ment qui se prolongeait tous les jours , et
en ordonnèrent le dépôt dans celui des actes
publics.
Pendant que le sang CQulait autour d'elle ,
pn occupait la convention de l'établissement
d'une religion nouvelle. Pour en poser la base,
on se hâta de lui faire décréter le principe^ et
un décret proclama l'existence de l'être su-
prême Et l'immortalité de l'ame; soit que ^
l'on voulût seulement charger |a représentation
nationale d'une inconvenance , soit que Robes-
pierre, méditant son élévation, crût devoir com-
mencer son gouvernement sous l'auspice de
cette déclaration , comme étant la source de
toute morale publique , premier principe de
toutes les lois, lui-même, Robespierre, s'était
réservé ce solennel rapport. c< II ne s'agit pas,
$4^ HISTOIRE.de FRANCE,
VlïiEp. u dit-il, de faire le procès à une opinion phild-
« sophique, il s'agit de considérer l'athéisme,
^ comme national, et lié à un système de eoh-
« spiration contre la république. L'idée de l'Etre
« suprême et de l'immortalité de Pâme, rap-
<< pelle à la justice, elle est donc républicaine. »
Il invoque en3uite Socrate^ Léonidas, Zenoti ^
Brutus, Caton; il promet la liberté à tous les
cultes, et annonce un culte national, dont les
formes , le rite , les cérémonies , sont in-
diquées. ' .
Cette pensée d'une religion nationale avait
prévalu alors , l'Angleterre en avait donné un
exemple ; mais c'était précisément cet exemple
que Ton ne voulait pas suivre; et d'ailleurs. les
idées politiques , les dangers publics , les inté-
rêts de faction , les prétentions deé individus ,
toutes les idées révolutionnaires exagérées alors
outre toute mesure, absorbaient trop pour lais-
ser le temps de calme et le loisir nécessaire pour
s'occuper de politique religieuse. Robespierre
annonça l'institution des fêtes décadaires; lavio-
- lence que l'on mit à la place de la persuasion
dans leur établissement , fut en partie ce q[ui l'em-
pêcha : et aussi les occupations rurales , sur-
tout les travaux de l'agriculture, ne pouvaient
pas comporter neuf jours de travail sans repos;
Jes usages ne sont , le plus souvent , que le
DEPUIS LA RÉVOLUTION. 847
résidu d'antîques expériences. En opposition viiiEp*
à ce nouveau culte , on suscita alors un de
ces essais qui ont quelquefois réussi dans des
teraps d'ignorance et d'inertie , mais que l'état
des esprits à cette époque ne rendait pas re-
doutable. Une femme visionnaire ou stylée,
peut-être Tun et l'autre, se dit la mëre de Dieu,
et s'appela Catherine Theos; des moines , des
fanatiques , et surtout des hommes d'intrigues,
tâchèrent de donner quelque importance à cette
scène ridicule; des adeptes furent initiés à des
nouveaux mystères; les rassemblements furent
- assez fréquents pour qup les comités s'en oc-
cupassent, et la nouvelle Pithônisse , avec plu-
sieurs de ses adhérents, fut envoyée au tri-
bunal révolutionnaire , qui prononça sa réclusion.
Cependant le pouvoir des deux comités de
sàlut public et de sûreté générale , s'affermis-
sait par ses extensions même. Pache, maire
de Paris , fut destitué , arrêté et remplacé par
Pleuriot, sur la simple nomination des comités.
Déjà, sur le seul rapport de Saint- Jus t , tous les
ex-nobles , tous les étrangers, avaient eu l'ordre
de sortir de Paris et de toutes les places fortes,
sous la terrible peiné d'être mis hors de la
loi. Les prêtres que Fon appelait réfractaîres ,
sexagénaires ou infirmes ', furent mis en ré-
clusion.
348 HISTOIRE DE FRANCE,
yiTiEr. Ce qui prouve surtout combien la terreur
^^^ était générale, c est que ceux. . même que 1 m-
dignatîon et l'exaltation décidaient à se dévouer,
ne pouvant espérer ni confidents ni compagnons
de fortune, étaient réduits à n'agir que seuls,
se résignant à devenir eux mêmes assassins pour
assurer leur liberté ou leur vengeance. Col-
lot-d'Herbois fut manqué d'un coup de pistolet,
par un homme qui s'enferma ensuite dans sa
maison, résolu d'y périr en se défendant ; iL
blessa un de ceux qui furent envoyés pour le
saisir.
r ...
Une jeune fille , nommée Cécile Regnaud ,
se présenta chez Robespierre, et demanda k
lui parler; sur la réponse qu'il n'y était pas,
« comme fonctionnaire public, dit elle, il est
« fait pour répondre k tous ceux qui se pré-
« sentent chez lui.» Ce ton nouveau, en parlant
d'un tel personnage , la (it arrêter et conduire
au comité de sûreté générale. Après les interroga-
tions d'usage, on lui demanda pourquoi elle allait
fhez Robespierre ? — Pour lui parler. — Ce
qu'elle^ voulait lui dire? — Selon. — Si elle
connaissait Robespierre? — Non.. -^Pourquoi
elle voulait le voir? — Pour voir s*il me con-
vient.— Ce qu'elle entend par là? — Cela ne
vous regarde pas. — Si elle avait dit qu'elle
verserait tout son sang pour avoir uu^i'oi. ?
DEPUIS LA RÉVOLUTION. 849
— Oui. — Si elle persistait dans la même dé- viiiEp.
(*laration ? — Oui , car vous êtes cint|uante mille ^^ ^
tjrans,et je voulais voir comment est fait un
t^jfan. —^À quoi servait un paquet qu'elle por-
tait? — Du linge pour changer dans le liou où
l'on va me conduire. — Où? — En prison, et
de là à ia guillotine ? — On lui trouva deux cou- %
teaux ; elle dit qu'elle n'avait eu intention de
\faire ^ de mal à personne. — ^ Elle répéta les
mêmes choses au tribunal , et y trouva le sort
qu'elle avait cherché*
On proposa alors de donner des gardes aux
membres des comités , et cette mesure fut re-
jetée par le rapport de Barrere.
Les préparatifs de la fête de l'Etre suprême,
occupaient tous les esprits; ce jour était an-
noncé comme le signal d'un grand événement.
Tous les partis , ou plutôt tous les chefs du
même parti , se mesuraient depuis trop long-
temps , pour ne pas connaître leur portée , et
Robespierre sentait que son pouvoir ne pouvait
plus se prolonger sans être revêtu d'un titre
et d'une garantie plus assurée qu'une popula-
rité toujours mobile et incertaine; ceux qui,
forcés de composer sa cour, savaient qu'il ne
voyait en eux que des rivaux qu'il fallait écar-
ter, le pressaient eux-mêmes de s'exposer à une
épreuve qu'ils lui peignirent jcômme n'étant pas
>
">
35o H I s T b I R Et b E t R A N C Ê , .
vniBp. douteuse; mais dont l'alternative était moins dan-^
'-^^ * gereuse pour eux. Robespierre , proclamé dic-
tateur, n'avait plus besoin de tant de victimes,
pour conserver un pouvoir consacré et reconnu ;
JBiobespîerre déchu de cette espérance , était plus
facile à contenir; il était moins dangereux de
l'attaquer, et plus aisé de Tatteindre. Tout se
réunit dolic autour de son orgueil pour le flatter
du succès, qui semblait préparé et consenti par
la convention; elle venait de nommer Robes-
pierre président pour la seconde fois, et cette
place lui en assurait une en évidence le jour
de la cérémonie.
Le contraste des apprêts et des visages était
remarquable ; la pâleur et la consternation
étaient dans tous les traits, et un silence morne
disait assez que la crainte seule d'être cité comme
absent traînait les citoyens, à celte fête.
On avait préparé un vaste amphithéâtre où se
rangèrent les membres de la convention. Après
que toutes les sections de Paris furent réunies,
§eIon l'ordre prescrit , dans le jardin du Valais^
National^ Robçspîerre , placé dans une tribune ,
prononça un discours analogueàla circonstance;
ensuite il descendit tenant un flambeau , et
alla mettre le feu à un espèce de monument
composé de différents attributs et de diflTérents
monstres , un desquels représentait l'athéisme ;
/
/
DEPUîSLARÉVOLUTION. 35l
les débris de rincendie laissèrent voir une sta- vîheç».
tue debout représentant la sagesse. Robespierre ^^^^'
lemonta à la tribune, et fit un autre discours
sur les vertus qu'il appelait républicaines ,
terminé par une prière à l'Etre suprênje- La
convention se rendit ensuite au Champ-de-
Mars, oti des chœurs dejifants, de jeunes filles
et de vieillards , chantèrent des hymnes en
l'honneur de la solennité. La convention fut,
après la cérémonie, reconduite au lieu de ses
séances.
Cette fête fut sans effet , et plusieurs causes
y contribuèrent ; d'abord la disette. Le pain se
distribuait à la porte des boulangers ; la mesure ,
était fixée; et les habitants, obligés d'aller pé-
niblement attendre longtemps leur tour , reve-
naient quelquefois chez eux sans distribution. ^
Le peuple supportait avec patience, mais c'étcyt
trop exiger qu'il pût se réjouir; cette profusion
de comestibles, que l'espoir du gain étale
dans les fêtes publiques, qui prévient le besoin,
provoque la gaiçté , n'existait plus; celui qui
était sorti le matin à jeun pour se rendre à
son poste , rentrait à jeun, et rebuté par la lassi-
tude. Les fêles des anciens étaient des sacrifices.
Ici d'horribles souvenirs vinrent s'offrir à l'en-
trée même du lieu de la fête ; c'était sur la place
de la révolution que le sang humain coulait
352 HlStOlRË t>E fUANCÊ,
viiiEp* chaque jotir de réchafaùd sur le pavé. On y
^^^^* apportait aussi cliaque jour du sable pour déro-
ber ce spectacle aux regards effraies. Dans une
fête précédente , tandis que là convention tra-
versait cette place, on avait affecté de faire
tomber deux têtes soUS ses yeux; et, sur la dé-
nonciation de ce fait, l'instrument de mort avait
été déplacé et transporté à la barrière du fau-
bourg Saint-Antoine; mais la chaleur a^ant fait
fermenter ce mélange sanglant, à Tancienne
place , les exhalaisons avertissaient la foule qui
entrait au lieu.de la fêle, et ces impressions
agissaient sur les esprits et sur le moral des spec-
tateurs. Peu de familles étaient là qui i/eussent
des souvenirs à éloigner dans le lieu mêitie qui
les leur rappelaient, et il eût été difficile d'obéir
à l'ordre imprimé et distribué, qui, réglant Ici
marche et les mouvements, indiquait des cris
d^alégresse après le second discours que devait
prononcer Robespierre.
Trompé dans ses espérances, il se recueillit
en lui-même , et il est encore difficile de péné-
trer quelles furent ces piemiëres détermina-
tions. Kobespieri e avait j eu de connaissance
des hommes, et ne connaissait des affaires que
ce qui se traitait à la tribune avec les formes
oratoires; il comptait assez sur son as<?endant
pour négliger tout movcn de défense, et même
pour
*
DEPUIS LA R,ÉVOLUTtQK. 353
pow les dédaigner. Pe« de jaurs après ^^ fêjte vniEp,
:4&. a.
de^rjE^fesuprênie,.!! du.t,etre étonnéde trouver
dçrrqpppsitiou au comité de salut public, où
Cf^îiiot luj résista,, et osa le eontreclire jen. face,
Carnot, rioat les plans militaires ayciient soM-
Vjçot contf^rié les vues .politiques de Robes-
pierre , fut le premier attaqué en spn nom
par Siaint-Just qui., devant lui, osa dirç, q^'il
fallait Iç .chasser du co.n^Hé de salut .public, j^a
réponse de Carjiot fut le;premiçi: signal- de, la
résistance, et Robespierre connut enfin uâ
adversaire. Ce fut, de, cette .é[X)que qu'il. cessa
de venir aux comités.-: On essaya, dp les ré-f
concilier ; mais la. confiance était détruite ,
et son retour n'eut été qu'une imprudence.
Il s'agissait d'une nouvelle organisation du tri-
bunal , et ce nouveau code , plus révolutioa-
naire encore , portait, peine de. mort contre les
ennemis, dii peupU, sous cette dénomiaation
4^énérique, on co/uprçnd <?^ ceux qui. cherchent
à anéantir' la liberté par force ou par ruse, à
avilir la convention , nationale et Iç.fifouvei'ne-
' , ' « " , ^' »■ » ^* •
mept réyolutioiinairç dont„ellç ,çst. le centre ,
à ^arer l'opinion çti empêcher l'instruction du
Peuple, j à dépraver les, mœurs et à corrompp
la,€onfianee publique; enfin à altérei: la purçté
des principes réyolnfionnaires. ». r .
.La preuve; nécessaire pour les^cond^amner,
^ Tome IF.' ' ' '* ' ^ ' ^^g"
'•\
354 ^ 13 T O 1 HE b fe V 11 A N c t * -
viiiKp. i< est tbute espèce 'detlocamcntmatéFÎe}' ou mo*
An,%^ rali qm peiU naturellement obtenir l'as8eo^i«iënt
d'un esprit juste et raisonnable. >» La r^^lé dès
jugements w est k conscfence des jurés éctaiiiJa
par l'amour de la patrie; leur but,, le triom-
phe de la répûbliqtîe et la ruine de ses en-
nemis: >> ....
S'ilekîste des (k)ciimen<^ dU genre cî-déssus,
« Il ne^erà pas eittendu de témoins; il rfy aura
plus cfe défens*curs officiétix /si ce n'est poi^r leà
patriotes calomniés. »
Cet étrange code n'aVatt pfts passé sans eon-^
tradiction", même au comité, et fut encore àtta*
que à la convention. Bourdon de l'OîSè y fit
des (objections, que Robespierre re*poussa'irh--
périeusement ; et l'assemblée cédant encore ,
le décret de Porgahisation nouvelle fut adopté.
Deux jours après , trente-sept prisonniers de
Bicêtre , tous de la classe la plus ôbscute*;
périrent sur Péchafaud. Le lendemain cra*-
quanie - qiiatre ; du nombre étaient Som-
breoil , gouverneui* dés Invalides, que la
piété filiale avgilî en vain sauvé au joiA"du 2
septembre , un jeune abbé de Montmorency ,
agmess. Sàrtînc , jfils d'un ancieu mîtiîstre , sa femme,
"celle de d'Eéprehiestïil ; une actrice ; et i'e?i-
noble Fleuri , qui. provoqua spn soi*t par une
lettre; (ïê reproches et d'injures au président du
DÉÎ^.UlS LA RéVOLUTION. 355
IribuiiaK Equqiiier-Tinville la reç]ijt au com- vïJiEp.
1795.
An. 2.
meocemptU. <le la séance , il dit t ce monsieur '^'*
parait pressé, et renvOjyà prendre dans la prison.
Il sembla à cette époque cjue Ton se hâtât de
précipiter, toutes les mesures et les sanglantes
exécutions; soit que Robespierre voulût redou-
bler la terreur, pour raviver sa populajité dé-
faillante depuis la fête de l'Etre suprême, soit
pluxôt que ceux qui , Tajant emj)lo^yé , médi-
taient déjà sa perte, craignissent den laisser ra-
lentir la cause, etse lvita^ï>ent de faire ce que
lui-même voulait peut -être arrêter', ou du
moins dimiau^er; car s'il eut un plan d'auto-
rité dictatorialip * Jl voulut nécessairement ra-
mener les chose» à un état d'ordre qui pût
être durable , et que Toa pût supporter; mais
pour cela mêmq^il lui était nécessaire d'écarter
tine partie de ses anciens collègues qui n^eussent
pas souffert sa domination. Ceux-là Ven âperr
purent 4ï. temps, le prévinrent, et firent la révo-
lution du û therriiidor.
Robespierre ne, comptait déjà plus sur la
nionlag^ne } W en était parmi ceux qui la
composaicut qui venaient déjà lui demander
compte; d'un ami, d'ua compagnon.: tous, ceux
de paiïtop,.et ^'Hébert n'avaient pas péri avec
e43X.
JRobespierrçTie. ménageait que les jacobins
An 2.
356 ' H I s T p I R E D E ' F R A N'C E; '
viiiEp. et la commune dé Paris; il affecta de se retirer
du comité de salut ffublic, et parla plus rare-
ment à Ja tribune de la convention/ voulant
essayer n'éloigner de lin; Todieux du régime
sanguinaire et des exécutions. •
Après avoir trié tout ce qui marquait par du
génie , par deé talents , par des vertus publiques,
on stîmbla choisir dans le sexe le plus faible ,
tout ce qui devait le plus exciter Tintérêt par des
vertus privées et par des qualités sociales et ai-
mables. La veuve du général Biron que distin-
guaient une haute considéridtionf et ufte pureté
d'améangélique; la maréchaledë Noailles, que
sort grand âge devait soustraire aux recherches;
privée du sens de Touie, à toutes les interroga-
tions du tribunal , elle ne répondit qu'en deman-
dant autour d'elle, ce qu'on lui disait. On put re-
marquer peut-être comme un indice qu'elles
furent traitéeé avec respect et avec des formes
inusitées : un huissier leur donna ie poing iponv
4tiiertn. monter les degrés du Palais; peu de jours en-
core après, la veuve du maréchal de Noailles,
frère de celui qui venait de périr ; sa fille , fejmme
de 1 ex-constituant Noailles, et Iciir tante, femme
du fils de l'aîné des deux frères maréchaux de
France : ils étaient restés dans leur patrie , et la
révolution n'avait rien à leur reprocher. Les
deux jours suivants, l'abbesse ,de Montmartre,
DEPUIS L.A RÉVOLUTION. 357
Montmorenci , et tant d'autres victifi>es désî- viiiEp.
gnées, et quelquefois apienées au tribunal par ^^ »^
erreur de nom , sans que l'on daignât surseoir •
ou rectifier. L'accusateur. pubjic disait haute-
ihent : qu^imporie un jour plus tôt oii plus
tard.. «A çettç; époque, les çondamn^itiohs col-
lectives et journalières, comptaient par qua-
rante, SQixfinte,, et ce nombre ne fut, dit,-on,
fixé que- par rinsuffis.aoce de Tinstrument de
mort,
Sans„effr^^er la pQSt6:îté par la longue énu-
mération des malheyrs , piiblics et ,de,s ci'imes »
qu'il suffise de lui transmettre qu'il existç en-
core ^i;^ dépôt desi ^ijcluy,^. de la justice plus
de çj5nt;j,^emçntsoii- leç ppms seuls des coia-
damnés., gppt ÎQScfitSi sur une feuille , où le reste
de la prqçédure çaÇ rjçsjê en blanc.
Pen^(jlaat ce temps, r^sen:}{)lé,e .s*occ,upait des
objets,, pçir. Içi^r nature ^ réserves .aux. temps
de calme et aux loisii)? de 1^ pajx; des rapports
avec de Ipogs développements., traitaient de la
.police géaér^je, de3 i»ojçns d'extirpei' la, men-
dicité,.de l'instruction pij^bjique ; toutes thço-
•^ie? belles .et élégamment e^ppsées , jrnais qui
contractaient tr,9p avec le régime du moment.
On termina aussi alors rétablissement du^,grand
livre, où furent inscrîts.tQU$ les titres de créances
enva'S la république \ ce livre se trouva ainsi fe
358 HISTOIRE DE FRANCE,
vniHp. dépAt de la fortune d'un grand nombre de fa*-
'^^ * milles, et lé sort commun fut réglé par un
seul (iéci et ^ toutes les fois q^ie la législation fut
obligée de faire céder la justice à la nécessité
publique.
On s'était occupé urt moment dé Tétat des
pfiforis, dont la popùlatron, seulement à Paris,
était de six à sept mitle déteilus. Oti ^notnma
une commission pour assurer la validité des
causes de .dé^tention. Cette mesure de jus-
tice tardive et insuffisante ; j^roduisit irn décret
'qui proilonca la mise eh liberté des iqulti-
v^teurs.. ' ;
On sentait, dans tous les partis, la riéteôsîté
d'un ordre publfc ; mais l'ordre pWblic iiïême
n'étant plus que ta ;de'rdière ressource et le
dernier moyen de résprît de domination, çha*
que* parti sentait que le pouvoir appartiéndi ait
à'celui au nom duquel l'ordre public s'éta-
blirait. Chaque parti s'efforçait doh'c , ért' Vou*
lan't rétablir, 'd'empeàîiér qu'il ffè * ftjft "^ éta-
bli pai* ées4,adversaires :' il n'exfstait plus que
deux partis; celui de Robespierre, eCcfelui de
tous cc'ux qui se cro\;aient comptés par lui aif
nombre de ses ennemis. A leur *tête se trôû-
vëreiît places ceux qui se croyaient les prettiiers
désignas, comme ét^tit les premiers^ èn'éyi-
dence. ' . ^ . '
ceuxo^w mMchant «daûs-le swQ ,dej:la; wwolu^ *'^'^^*
,ny al^ievit ir|W:'à f^gret « let lui ii»v9Îept;^m$(é
^iie^uj^fefe ; )de te t)Qmbt^c:^i^9t^G«^ciot »
. Fouelié;, . SE^diHon v<Baavd<a^;tËr|bud-7i(i(iwno^ë»
Frerob* J^éoiiiird-Bourôw * Viîdi€^r';!«it/JKe«x4à
«ur déHie ,li$le : ils Mk^0b d^^oc .^^ d'ii^rti'i^, élait .
Je iinérfte*'»dîwn «erivic© publft^i^du i";n/étiit
tqitfiii isen^ria^eotitrea^co^fi^raié à ïa oeLti^e.; ^t
le même raisoi^neiiieal'leut >pa }â*0pf)ljqit}er'ià
.un>géiiériit vtclortetrx ^ns^- dinaH-!0fi/^i^i9aurak
' gagnéHime èataillbixjtie' de péun déi iti ipotrdre ;
le ;aoîD:ndfe^î 9ai f>r0f)ie Vçoa&eniatif^fi .ftrt fw>cte-
voîr, quand 'il o'est.poibt en çpa^rà§teîaY4Sc le
bieà}ptifaHc I /i^t «ui^^ui r^uaod il iQ6^; d^flfOBd
.axèci'Wv. ..: ] ••' '.•->' ,••^»^.^. ■^
Robespierre , avec la confiâiilce qu 'ix)dpii)^J'hii-
bitude; ide: J'autOfvibé \ nfîif mt . paa ^i^é. :Ai|j^osi -
ti6n.^iîH aeScQi)iiu(:padtd'Hbo<t:d e^^ ^viei^§iiiof ;
lorsqu'il les connut , il $e k?rut,^6Ûr(^:<te:;J?s
àl^itrë. TxDut îcè qit^îj/dabs la çooVm^r0n'^>lii'ap-
parjtcsnatt pas €péoiftieapièar:.à xç»id^^im partia ,
îibi^m^itv^domtue dans tcAsiesIc^ sB»9emhléed:pré-^
V
viliE^. éédêfit^v "ôe masse en repos; m^jfe'qîJÎ'^eflâft;
An^L ^" <î^èI^ti^'âortë , à ses <>rdres les partM'^c^
44ved;>eMe> donnait' ta force^ati^part* qu'elle fa-
Vorkftîfîi'-'ët.^ le» Joig rédigées par les^^rlis »
élaii^t décrétées pdrelJepCette masse jS^était
beatieo«ip-W|^itie'«tée^^ dans les dëit)ier«'jcê)ii{>£^ r
•<l©fm*slea hommes '<|tir; tie^otiviint^ résoudre
à preiîd|-é AVRfe- pftr& actîVe k* tout ce iqurs^ fai-
sait ,«'étaieht'réfagtës daiïsi'ôbscurkë, sècitasile.
-4}e$t'bam}fib^',* p»p le^rrs talents) totiims^^a^v^Dt
*6'é'êii»€î eflf*éé^7 d{S|teK*ièftt cle la- côriffemce de
to-ttiàëSÉ^^à îlaqtïeUe îjs s'^étaicnat naUiésT*^ mais
dont kils nêtpoutiaîen? guëi^e repondre* qùe^daiis
le.^éti^; iët ,p©ur«8«urerî ua'sttecfcfiTî, il .fitlkit
dônttprMt>(^Wottp ati>hàedrd. ' - • *• ' ^ ''
.' :« >Pouvez-Vous nous -rëpondïie' Aua^filfe*^
H ïdisaû Biiiàud-îVareînnea'àKun dé ot^ihbaunes
3^ que feè mrcoiistaiices y ^vai;eÉt pli^cjé^.Ooi,
* Jf éitAïysi vous êtes lêg pkis Soks>> «v < •' '
•J R^feiespierré ne daignait plus* p«*iFâîtreî aux
Comités, ce fut là qu'on dressa la j)remière
a âa^d^ contre loi. '" > -i ^ '^ ') » • •- • »
-' 'Robespieïu-e absent fut d sabord decrédi té dans
laSit*omifés f et l'opînîbn -d^s indîvîdn» circoJait
' dartgJa'icônvent'ion. ': • -■- > < 'î \,\- )h:, .
f Robespiei^^e y éraît • défà détrûiœ,' .bviqu'il
régnait encore despâsstiqwe'ttient dans Banîs:, par
la jcomrdune et par -les: jacobins^; c'était .là qw'il
/
f
,DE.PUIS:LA RÉVOLUTION. 36x
ranimait soir^parti > et surtout en: écai'taittpus VI^s^
4je»x quîcusserit pu Qontrarier.34 puissance ou la '^^^'
partager. Il .fit rajrer^dù tableau Dubois-Crancé^,
.et ensuite Foucbé. sur :de^ in<^ulpatioQS relative^
, aufiiëge de Lj^ûna Fouché: avait' été vivement d^
nbncé aux faeobîns par Robespierre.sur les éye-
iitenlients der.I^on;* On raccuçak ^de^^f oyalisnie ,
et iBodérântîiiierid'iDdulg0nae..UnTapport avait
'été xyrdcmoétàclsk cdbventipa'f çi|> eçpepdant Fou-
cbéTenait detiieeliipré^ideplt a9)^;^Wobîqs, Bo-
'bèspierre ragifc delc^tte préSérf^aïf^ <pi lui.an-
-noQçaît ua.'pat^Agé du pQ^oir..9u.'il' était ao-
rcootuméf d'exercer çéut ; «pinîs •^a.-^iriwr fut au
»
comble ; darscpe-^ hii ^i^el6t ,. d€|s. députés d*p|i
idqDatteniehtvîiirani re0d4!fi c(jmp|{e.>die.ia fê|e
quarts }atarien4nS(ileQni$é>ien rJ^jÂeu^ dç l'Etre
^suprême, v: ""i»; v: . i . r >^-> i -^
. ;« iTous ces> yainsrhônnénrç') 4eOT répondit
^ Fouchéj!, 5ee»\oérépoiiie$ ' copias ideil xér^i-
: 4(^920X1] eé anoieimedu n'honorent pas )e.iK>uv€[au
^ culte que les patriotes décerwnt à .l*Çtïe
w suprême.» Brutki|S aùt rbooo'rer«»et lui plaire ,
:«c.lor8qu-il enkfoD^a le poJgDiard dans le ccpur
) - * 'd^'ân tjïaftr>», -. .i '-.'':.•"; .^ ,• ; ■ ;..♦,
.(, Robespierre. pâlft.^tdéconcexté.danS:rég£^^^^
j ; mentde fia.eolëre , .seC recono»; ûnprudemmeçt
"dails cette tm^e^ ^^ pi^igni^ amèrement à ^
tribune.. Peu 4e JqtH'S aprçi4j„ il çut encore je
<-"
302 H IS t b'î R E D E 'F K A N C E,
viiiEp.'crédît de faii^ rayer Fbuché.de:ia lifté '.des
^^ jacobins; c'était alors ^un arrêt lie proscriiplkHaiv
et Robespierre à(^c^^ut aîtlsiJiendrtibre de ccwc
qtiî VàYàtent de -éaJut que dans Ba pertes; gaais
•tel était cféja l'état incemaittr def. fidbe^éiTe , .
que ées^^rfttite jugeant mieux qiie Iui-iiièinel«s
dangers 'de ^a 'pôôition-, ësëayèi^ht de ccaêfvnv
^l'orage ,ët'dfe cUsiûtéresser «tt*Moin& ieiire^ptos
dangereux adversaires. Sa}iil-^«itiilftcfaargade
h^^ôfcter *apl^ë d'eux ; il pffrit^lë '^pai^te , prop()sa
^dfes rtppi^odbôtoents; on ôtfâfcà^îFonchépleirie
et cbmplëte jfustiitoâtion à Mirib«|ie ^cfs ineuJ-
îpations feit^ ^contre lui ; o^Thirj bflrit jd» / le
l'éînté^rer sôtèâMeileoietitdiax 'jacobins ; maïs
tel ékit'al^tei 1a^ fneiîaDCé'>qQ'a¥âh prodtiijt la
tyrannie prolôn^^^, ^qu'âaoQtP ijérrchit:: poàVqî r
se fier à ces pai'^oles , et tous préferèré«it/tes
•chances 'd\ih combat' à «mort/ à'ia paix; fausse
et dangereuse qu'ils «e powaient jcVôire >9Ûre.
ÎJe péril 'con^rôunl^ûdit» canymunes ia paniK^t
les opinions.- * '♦•'.. •; ^ ^ ; :j'^ -^
* La ti^ibufne • rf'èîltendàit ^pJus'Cjue le8;»rccks
'Sofibres et rètémJ^SâMS dés^ vit'téîreset rtes-èon-
quêtes, et cet enthousiasme coffinfftinicatrrëlec-
ti^'sait le ^peuple- et ^1 es armées. ' Ces élîaifi ne
■ pouvaient' • pa^ toujours- êlre dirigés à volotrté;
inkis qui 1/1 post^îté î^tr^e, at?ctisera-t*eWé ?«4«i
ceux à qui la coalitioii de l'Europe rendait c^s
©E PUIS LA RÉVOLUTION; 853
ressources irié^^à^lesj ou cé(Jî^ qui les leurre n>* viiiEp.
daîent nécessàfres ? A cHte même époque :,7un j^^yo^f
orateur du parlement brjtanhiqlie osait Jut
dire : • v
« Oh reproche avec aigi^èut aux Françaisles
i< vices qui v'éwîvâht leùrs^détractcurs, Hérfio*
'4c ïïorerit le s^stèrrie de liftérté qu'ils ont adopté,
« 'Sans doute , îi* des défauts ; itiai^ cela peut-ii
*r' être autrement? Quel ouvr^â^ -qu'un gmr-
'« vernemerit! et suppose-t-bn que Piiitelligence
«^ hùmaîtie [iuis^e fê perFeetionner'enW jotrr?
^* 'L'un dés plus aji^rids gfiéfs*c0ntiîeles Fran-
« eais, ce s6<iti1e^ actes dé rigbéUr dont or
V fait lès i^écîfe farfléntàblès; feP-^f lésqaels-on
•f vient 'géhiir ' pério'dîquenlent àêim cette eti- /
4( cethtë; màîs'à qui faut-il' attribuer ces^c^t^
'«de rîgueift^? qui les^a réeUemedtr^ndxi né-
"ir céssaîrefe ; isînôti* lès puissahc^es enlisées elles-
<< Peintes ?' Oui ,* «ce sbht ^îlé^ qui ont preâsé
« meurtres sur meurtres, stirinifé/ellgWilôï^lté
'irifes èsprits^pbïisséè à bôiit, atfxquels oiv ne ^
^ "^' laissait phis de ressource titi'une excessive
ir sévérité, unique linoyen d'ai-raclier leur pays
w' à' la rage* 'des 'étrangers. . Ah f d'îaccusons de
« tous le sang'vcfr'sé que les puissances, lors-
, «'qu'elles bht eu Taucliace de demander à -lu
"«'face de laFiîance, et cela par uhe déclara-
« tion solenheUé, Ja viéde ses-- représentants,
364 HISTOIHE DE rRrAKCE,
viiiEp. «c kl vîe (Je ces Hommes auxqueJs .elle .est rede^
*/^^- «c. vable de sa liberté, quoique les circonstances
« prjesentes nq.lui permeUeAt -pas cle"^ goûter
« toutes les douceurs. » ^
- ;:GetteapOlpgie exagérée aassi dans ses expi'es-
«tons passe. ]^jnç$tirç ouvrai ; mais c'est ent^g:
ce tjîscours et les, éerii^^la^J^: sens contraire,,
«cpfe laposiérM trouvera le m>yeti terme et )a
rérité. .La coalition nécessi^. la rigueur, et 1^
ennemis de la France se servaient ensuite du
système de^rigueuF, en le fi^is^nt pousser outre
toiite mesuce.*. afin qu'il for«â^ à-^a révolte', €;t
amenât la subversion ; maia^ le& .événement^ dii
9 thermidor «maîtrisés à tempsi qt dirigés dy^c
-beaucoup ^'adrçsse et de conduite, brîsërect
les leviers <ja;i: précipitaient ràclion du méca^-
nisme révolutioribairej, et con^rvèrent des
rouages ce qu'il en fallait , pojjr que la macliio^
ne fût point arrêtée , et que Ja rapidité du naou-
vement ne la bn;sat pas. : ,- -
^ : Le besoin d'espérer et de .rattacher ses peij-
• sées à quelque avenir consolant^ avait un mq-
. ment ramerié fes esprits à, Robespierre. Ce fut
'^à l'époque où il fit périr Héberi, [Vincent, Roç|-
sin ; ces hommes jadis ses complices. On^ cher-
cha à croire que,- sentant le besoin d'un orcb'e »
îl voulait y parvenir en brisant tous leç instru-
inents qui lui avaient servi pour le désordre • ^
D E P U 15 LA R É V,0 L U T I O N. '3(55
Robespierre alors eût pu faire recevoir même viiiEp.
tsa toute-pnissanee , tant le besoin d*une puis- ^^^'
sauce tutélaîre on réprimante était grand ;
mais soit qu'il ne |)ût , ne voulût , ou qu'il ne lui
fût pas permis de changer de rôle , îl se hâta
de détromper les esprits trop crédules. On vit
les exécutions ise multiplier, et ses agents judi-
ciaires ne purent bientôt plus suffire à ses vo-
lontés. Enfin, datis les papiers d^un condamné,
-jadis son affidé, se trouva une liste de procrîp-
tions dressée par lui-n^ême , et qui contenait les '
noms des membres du comité de salut public
et de sûreté générale. Ils furent ainsi avertis^
. et ils agirent , tandis que Robespierre , se fiant
à sa fortune et à ses armes accoutumées, com-
posait des discours , pour les dénoncer. Eux
n'avaient rien à espérer que de la convention et
des gardes nationales de quelques sections. Deux
mois furent employés à préparer lentement les
. esprits des députés, à infiltrer, et avec précaution,
. des opinions contraires à Robespierre, à faire
reconnaître en lui Thomitie qui ne songeait à fon-
, dersa grandeur que sur la ruine commune. II
fallut combattre en silence et en secret la^erreur
•présente par une tçrreur plus forte de l'avenir; il
ftilut montre» à chacun son danger personnel qui
'n'était plus seulement le dangjer public ; réduire
chacun à ralternative , de frappée ou de Têtré ;
\
\
366 HISTOIRE t) E .r ,R ^ K C È ,
vtUEp. et surtout n'exiger qu'un acte de volonté sîmul-
* ^'^^' tanée qui , enveloppant tout dans un même élan ,
ne laisse rai t. aucun individu plus remarqué qu'un
^ a\^tre. « Nous ne vous demandons que de. vous
lever en masse pour nous seconder ; nous noua
chargeons dé l'entreprise , de l'attaque et du
combat; si nous succombons, nous périrons les
premiers, peut-être seuls , et le succès nous
sera commun.^ Tels furent les seuls, motifs que
purent faire circuler lentement, et en secret,
les premiers moteurs de l'entreprise*
Robespierre domfnait toujours la commune
par ses partisans, les sections par ses émissaires
et par les membres soldés à quarante sols par
séance; et de plus, la force armée payée lui
appartenait par l'opinion et par l'état- major de
«pn choix. En comparant les moyens personnels.,
le génie , le caractère de Robespierre avec l'éten-
due et la force de ces moyens extérieurs, ou
ne peut s'empêcher de reconnaître les eflèt3
-d'une force auxiliaire et étrangère, qui seule
était capable de les entretenir ej de les mainte-
nir debout et à ses ordres*
L'iniervalle entre Tentreprisç et Texécution,
fut rempli à la tribune par les relations pom-
peuses, souvent exagérées, quelquefois roman-
tiques , des succès des armées et des exploits
nombreux dcj^ guerriers qiti ^e distinguaient;
fcEJ'U IS/ LA RÉVOLUTION. 367
le vraii aût suffi; ijaàis ces récita reportés viiiF.p,
aiJx armées *et dans les provinces , élec- ^^
muaient les esprits, exaltaient le3 têtes; ua
autre. but politique les rendait encore ytiles :
on dés^coutumait ainsi le peuple des baranguea
de Robespierre absent de la tribune ; on faisait
diversion à celles de ses adhérents dévoués, ï8me««.
dont il importait de détourner Tattention, et de
tix)mper la vigilance. Au loin , l{i fprtyne de
Robespierre avertissait ses ennemis de se bâter.
8es anciens adversaires, et qui se fussent réunis
c^titre lui s'ils eussent été à leur place iGuadet,
SalJes, Bar baroux , atteints par la proscriptiqa
qui les poursuivait , venaient d'être exécutés à
Bordeaific. Buzot%t Pétion traînant leur inforr
tuhe d'asile en asile , avaient été trouvés mort?
dans une vigne. Saturne dévorait toujouri^Q^
enfants.
La législation, à cette époque, n'émettait plus aSmesa:
que des lois spoliatrices et révolutionnaires*.
Apres le patrimoine des licbes, on s'çmi>ara de
<S^ lui des pauvres; les biens des bôpitaux furent
rénnis au domaine, national « et la n^ltion s?
chargea du paj^euïent de leur dette, Le3 hosr
piiîes restèrent ainsi sans propriétés, et leurs
tfréancierssubit*ent toutes les^cb^ricea de la dette
pubti<;^iç. .,. .' . •
Qn avait au saris doute offrir «n dédoroma*
f
368 HISTOIRE DÉ FRANGE, /'
' YHiEp, gement aux indigents , eu leur donnaiit la. table.
'795- des riches : on inventa alors ce qu-on appela Je^
^" ^ repas fraternels; sur une injonction de la com-
mune, tous les citoyens furent invités à, porter,
leur souper dans la rue : on espérait , ou <}ti'ila
s'y refuseraient, ou <jue ce serait une occasion
de rixe ; le contraire arriva ; le vrai peuple t
livré à lui-mêrfie , se montra , ce cju'il est toujours
alors, bon; le caractère national reparut dans
sa franche gaieté. Le riche offirit de bonne grâce,
le pauvre accepta ^vec sensibilité l'aristocratô
et le sans-culottes furent amis à la même table.
Les jours des saturnales antiques, cette fête
de Thumahité^ n'étaient point, et ne furent poirit
une orgie ; le bourgeois , ^^tisaà retenaient
l'ouvrier à son passage, et le faisaient asseoir prè»
d'eiftc au banquet civique devenu un rçpasdeia*
mille. En se voyant de plus près, le vinetlacor^
dialilé Tapprochaient déjà assez les cçnvives,
pourquelâpolitiqueinquijétesehâtâtdeseplaçqf
/ eptre eux. Un seul rapport ,sans loi prohibitive^
sans décret, suffit pour ren verser les tables llospîr
talières. Le rapport se terminait seulement par
ces mots, dont le rapprochement suffit pom* en
imposer : « La convention abandonae son avis
«au tribunal révolutionnaire de l^opinioo.pur
« blique,» et les repas fraternels cessè^-ent.
Cependant, et au milieu de ces fêtes, l'inslru-
mcnt
DEPUIS LA KÉVÔLUTION, 869
meiittle mort ne ralentissait pas son effrayante vniEp.
activité ; ii hâtait ses coups redoublés ^ et chaque '^^ *
jour soixante têtes Ou plus, tombaient. Une hor-
rible politique commandait au loin ces meurtres.
Robespierre ne venait plus aux comités, et Ton
voulait que le temps de son absence Fut marqué
par une barbarie qui surpassât toutes celles
que sa présence avait permises ou commandées j
mais quoique absent, chaque jour les présidents
(lu comité: révolutionnaire allaient chez lui por-
ter la Ijste des acçiisés inîs en jugements , et
prenaient ses ordres ; et toujours le crime imputé
d'être ennemis du peuple suffisait pour motiver
la condamnation.
Tant d'atrocités toudiàîent à leur terme ,
des bruits sourds se répandirent parmi le peu^
pie ; quelques femmes hardies de leur obscurité,
osërjent prophétiser la chute de la faction pié-
roiine , et c'était déjà beaucoup que d'oser la
dénommer ainsi.
Un incident imprévu ouvrit les yeux des plus
intéressés , et prépara le dénouement de cette
scène tragique et. trop prolongée.
Un membre de la chambre dès comrnunes
d'Angleterre fut jeté sur' les côtes de France,
prbs de Calais ; il s'y rendit , se fit connaître y
fut arrêté, dénoncé au comité de sureté géné-
rale , qui ordonna qu'il fût amené à Paiis" Le
Tome IF. ^4 .
2yo HISTOIRE Dt: FRANCE,
viiijp. ixiinislré de Pintérieur , charité de J'interroô:ef<
An a tarda de quelques jours dans son rapport, qui ,
d'après les réponses de cet homme , t'annonça
comme un amî de la France qtie ses opinions
pacifiques avaient fait persécuter à Londres, et
avaient forcé de cliercher un asile* Robes-
pierre, depuis longlefnps absent , se fît annon^
cer au comité, dit qu'il fallait traiter cet An-
glais comme un espion el'Ie livrer an tribunal.
Les autres membres s y opposèrent. Barrère d?t
que ce serait renouveler les sacrifices de la
Taurider, et que clans toute TEurope les Fran-
çais seraient regardés comme des barbares qui
immolaient les étrangers naufragés sur leurs
côtes. Cette image fit assez d'impression pour
passer à d'autres objets , et comme il arrive dans^
les aiïaires publiques , plusieurs jours s'écou-
lèrent sans qu'on réparlât dé TAnglaîs détenu.
Saint-Just devait faire un rapport sur la situa-
tion de la France , et sur les moj^ens de sauver
la république. Le jour même où le rapport devait
être lu aux comités réunis, RobespieiTe reparut
un moment, parla du membre de la chambre
des communes , et proposa le premier de lui
donner un passe-port pour Genève. Çett^ in-
dulgence pour le même homme dont if avait
voulu se défaire, étonna ; mais chacun y sous-
crivit ; le'passe-port fut immédiatement délivré ,
et l'Anglais s*élpigna.
DEPUIS LA RÉVOLUTION. 871
' RobespieiTe n'assista pas au rapport de Sâmt- vin%
Just , qui , apr^S avoir divag^ié longtemps , pressé ^^ ^ .
par ses collègues d'exposer ses moyens, disait
toujours quji ne voyait d'antre moyéb que de
remettre le salut public à une destinée pàrtfi
culière; et cette expré^Jsion incertaine exigeant
«iicore une explication positive, Saint-Just pressé
articuîl)Slf46 rtiot de dictateur ; et laissa voir le but
où tendait les amis restés dévoués à Robespierre.
1^ voile fut déchi^ré , él chacun vit que son salut
personnel était lié au salut public. L'intérêt
commun rapprocha les espritj^ , et il fut décidé
de comnïencer l^attaque le lendemain 8 ther-
midor; caf on sentit qu'il n'y avait pas un mo-
ment'à perdre pour n'être pas devancé.
Mais Robespierre lui-même prit l'initialive;
il inculpa les comités. Depuis longtemps , il
u'avaît point paru à rassemblée ;*il monta à la
tribune et prit la parole.
Ce discours 5 un des» moins forts qu*îl ait
prononcés , n*était qu'un éloge de lui-même ,
et semblait déjà avoir cette épigraphe : Çuos
o^uli Jupiter perdere demetilat.Qe^t de Ce- four
que commence' cette aliénation d'esprit, njui ca-
ractérisa sa conduite et celle de ses adhérente
dans lès V fournées sui van t^s.> ' '
: Robespierre , après avoir vanté soû 'pafrfo*
tisme , après avoir invoqué ^our-à-tonjr 4^' |u»-
3y% HlStOÎRB DE FUAN C B^
vrtiBin. tice et Tindulgence de l'assemblée ; après l*aV0Îf
conjurée de croire qu'il n'c^mbidonnait pas le.
dicialorac , finit par s'emporter en impi^écations
contre ceiix-Ià même de ses collègues qu'il avait
pi'oscrîts. Il en nomma quelques-uns , et en-
tr'autres Cambon* Ceux qu il ne nomm^ pââ, il
les désignasi bien qu'ils ffe purent se méconnaître.
Les proscrits eurent aloi-s Tentière conviction
qu'il avait juré leur mort^ et ils n'en furent que
plus ardents à le devancer. La séance fut ora-*
geuse; mais les deux partis s'observèrent plu*
tôt qu'ils ne se combattirent ; ils furent plu$
réservés que courageux.. De part et d'auti'e W%
orateurs ejnveloppèrent leurs pensées de phrases
mystérieuses. Bourdon de l'Oise demanda le
reiivqi du discours de Robespierre aiïx comités
de sûreté générale et de salut public.
. Ici la lutte commença : imprimer le discours
et l'adresser aux départements, c'était loi don-
ner la sanction de l'assemblée ; renvoyer le
discours à l'examen des cv>mités, c'était le leur
soumettre ; cbacun sentait l'importance de ce
débat dans la crise qui se préparait ; ti!abord
la cpnvention céda , et Pimpression fut dé-
cidée;
Couthon obtint ce décret ; jusque-là chaque
inxlividu s'était ménagé ; la faiblesse de la con-
vention avertit à temps, un homme , que tout
I> Etuis LA RÉVOLUTION. 878
étaît perdu. Vadier prit la parole. Robespierre vniEp.
et Couthon tentèrent de la lui ôter. Le président '^^^'
.ColIot'd'Herbois la lui conserva. ^" *•
Par une diversion adroite et heureuse , Vadier
reprit le discours de Robespierre sur ce qu'il
avait dit du rapport fait sur Catherine Theos,
«e disant la mère de Dieu, et rengagea ainsi la
question :
<< Je parlerai , dit-il , avec le calme qui con- ^
« vient 4 la vertu, Robespierre a dit que ce
,^ rapport ayant donné lieu à un travestissement
H ridicule , a p^ nuire à la chose publique. Ge
« rapport a .été fait avec le ton de ridicule qui
« convenait pour dérouter le fanatisme. J'ai
« recueilli depuis de nouveaux renseignements»
« vous verrez que cette conspiration est des
« plus étendue ; vous verrez que Pitt y cons-
. « pii-e ; vous verrez que cette femme avait des
.« relations intimes avec tous les illuminés.
4< Je ferai entrer cette conspiration dans un
« cadre plus imposant ; elle se rattache à tous
« les complots; on y verra figurer tous les cous-
ue pirateurs anciens et modernes, -y ■
« J'ai encore quelque chose à dire sur le
•r discours de Robespierre : les opéi^trons du
« comité de sureité^ générale ont toujours' été
:« ni^rquées au coin de J4 justice ètjîejla sévé-
« rite nécessaire pour réprimer l'aristoorâtie ;
/
374 HISTOIRE DE F.KANC;»:, r
viiiEp. « elles çont contenues dans l'arrêté qu'il a pris;
^^^^' « si noi^s aVons eu des igéns qui aieot malversé,
« qui aient porté Teffroi dans l'ame dés pi^^riotes t
« le comité les a punis à mesure'qu'il les a
« connus , et la tête de plusieurs est tonabée
cf sous le glaive de la loi.. . . Les deux comités
.« bnt déJ3 jugé sept à huit cents aH'àïres, com-
« bien croyez-vous quils aient trouvé dfe pa-
^ triotes?. Ils sont dans. la proportion d'un sur
« quatre-vingts. Voilà bien Ja preuve que ^ ce
M n'est "pas le patriotisine qui a été opprimé ;
*<• mais raristocratie. qui a été justement pour-
i< suivie. •!',..' ^
: « .Yoilà-ce que je devais dire pour la Justî-
' « fi cation: du. comité de siireté générale, qui
« .n'a>jama9S été divisé du comité :de salut pu-
4< biic. H- pbut y avoir eu quelques explications ;
« mais)amais elles n'ontrien diminué de restjtne
« etrdéla confiance mutuelles que se portent les
<r deux comités.^ '
î Cambon prit la parole pour $e disculper des
aci^nsations que Robespierre avait portées c'ontre
ses opérations. de finance , et finit ainsi:
. « Il^st temps de dire la vérité tome* entière ,
• «) ua.^'eul homme paralysait la volonté delà con-
-<ir« ventî^n nationale ; cet homme e(5t t?elui qui
«/ vietit âe 'feire le discours ; c'est Robespiè'ïre :
. </aiiï»i- 'jugez. » i . • i , • .
PÇPUISLA REVOLUTION. 37-5
Cette attaque personnelle fut déjà applaudie, yniEp.
et Robespierre déjà modeste, se justifia, et le '^^'
fit faiblemeuL ^" ^'
Billaud-Varepnes parla ensuite,. repoussa les
accusations de Robespierre, et dit :
<^ II faut arracher le masque sur quelque vi-
« sage qu'il se trouve , j'aime mieux que mon
« cadîavre serve de trône à un ambitieux que
« de devenir par rapn silence complice de ses
« forfaits. ».
ParJ3 , Bentabple, Cbarlier, Amar , Tbîrion ,
demandèrent le raipport du décret qui décidait
l'envoi du discours de Robespierre. Enfin im
Wiot de Breard l'obtjnt, et Peqvoi fut ajourné.
Frérpn parla plus hardiment : « Le moment
« de ressusciter la liberté est celui de rétablir
« la liberté des opinions. Quel est celui qui
« peut parler librement , lorsqu'il craint d'être
<c arrêté? Je d^niande îe rapport du décret qui
« accorde aux comités le droit de faire arrêter
« les nlembres de la convention. »
Pour la première fois, depuis longtemps , Ro-
besperre voyait l'assemblée lui résister en face,
et se§ accusateurs s'élever contre lui préspnt.
Barrë^'e termina un rapport sur le succès des
armées , par des phçases d'indication.^énérale;
iî\ajis/ou. Robespierre dut se reconnaître., et où
P^Wlftpe ne le njéconnut. ' . »
376 KISTOIRE èE FRANC Ef
viiTEp, La séance fut levée, et le fer resta engagé
* entre les combattants. '
Robespierre cependant ne jugeait pas sa
situation, en rentrant dans sa demeure, où il
vivait en commensal , il parla tranquillement
des débats du matin, et dit : Je n^atlends plus
rien de la montagne $ -ils veulent se défaire
de moi comme d^un tyran j mais là masse
de Rassemblée m^entendra. Il paiTit tranquille
pendant cette journée, et alla le soir aux jaco*
bîns; il y relut le discours qu'il avait prononcé
le matiii , et ce discours y fut accueilli avec des
acclamations effrénées. On jtirâ de défendre Ro-
bespierre et de vaincre bu de périr avec lui.
L'enthousiasme simulé, plus dangereiix eiïcore
que le fanatisme , ouvrit les avis lés plus incen-
diaires contre la convention; et Robespierre,
accoutumé à vaincre avec les jacobins , dqt se
croire non-setilement en sûreté , mais maître de
«
ses ennemis.
A cette séance assistaient deux membres du
comité de salut public, que leurs collègues,
y avaient envoyés pour en connaître les ré-
sultats.' Ces deux observateurs intéressés , Col-
lot -d'Herbois et Bîllaud-Varennes, revinrent
rendre compte de leur mission, effrayés de cfe
qu'ils venaient d'entendre. Saint-Just était pré-
sent. Collot'd'Herbois l'interpella rvidei||ieot ;^ ft
DEPUIS LÀ RÉVOLUTÎÔN. 877
Juî reprocha que les violences dont ils venaient viiiffp.
'^ 1795.
An 3. ,
d'être témoins étaient son ouvrage et celui de '^^'
Robespierre son chef. Pendant le temps qui avait
précédé le retour de Collôt-d*Herbois et de son
collègue, Saînf-Just était resté écrivant sur là
table où les autres mfènjbres du comité étaient
en séance avec tuî. Dans la vivacité de l'alter-
caiion qui s'établit entre eux et Saint-Just, il
se hât^ de retirer les écrits qu'il avait com-
mencés. Ce mobVement donna d^ soupçons. Ses
collègues saisirent ses papiers, et y trouvèrent
leur dénonciation ; alors ils s'as4urferent de sa
personne, fermèrent les portes, et résolurent
de le garder à vue en proloifîgeant la séance
pendant toute la nuit. Lui-même 8*engagea à
ne point faire usage de son écrit ; mais le ma*
:tin , à l'heure où la convention s'assemblait , il
se déroba à la vigilance de sies gardiens , qm
n'attachèrent même que peu d'impdrtance à son
évasion.
Ils étaient encore rassemblés , lorsqu'on vint
les avertir que Saint - Just occupait la tri-
bune , dénonçait et accusait les membres du
comité de salut public. Cette séance avait com-
mencé avec calme : on s'était occupé d'affaires
générales; on semblait s'observer, s'attendre;
plus on sentait que l'attaque devait être déci-
sive, plus on craignait de donner au hasard. Le
378 HlSTQfRE DE FRANCE,
yniEi^. temps s'écoulaii:, >et peutrêtre les plus intére^isçs ^
trop peu surs a. être soiitpnpa ♦ eussepf laissa
lever la séance , sans afvoir osé entreprendre.
Jl,a fougue iinpfiidente de Saint-J^ist. marqua le
Kiom^nt prêt à 8*échappçr, Il monta à la trl-
. bupe , et commença ce piçipç, rapport que lu^
avaient surpris les membrqs ^«; comité ; avertis »
ils accoururent , et Tallien Tinterrompant :
i< Auçuo bon citoyen , dit^il , ne peut retenir
/< ses larmes sur le sort malheureux auquel la
^ chose publique est abandonnée ; hier , up
« membre du jçDnvernement s'en est isolé; on
« ne voit que divisipn; on vient s'attaquer, agr
4< graver les maux de la. patrie., la précipiter
it dans Fabyme. Je demande que le rideau soit
t< entièrement déchiré. »
BillaAid-Varennes preod la parole : « Hier »
4ê la.société des jacobins était remplie d'homrnes
€< apo^tés^ poisqu'aucun n'avait de carte ; hier
« on a développé dans cette société l'intention
«c d'égorger la convention natioriale. » (II s'élève
un mouvement d'horreur). « Hier, j'ai vu des
« hommes qui vomissaient ouvertement les in-
« fomies les. plus atroces contre, ceux qui n'out
« jamais dévié de la révolution.
« Je vois sur la montagne un de.ces hommes
, « qui menaçaient les représentants du peuple;
« le voilà.. . . , >> (Cet homme fut saisi et en-
DEPUIS LA RÉVOLUTION. 879
trathé hors de la s'alle au milieu des applaiidis- vm^p.
seménts). ^ ^„ ^^
Ce mouvement des tribunes donna de l'as-
surance , et l'orateur continua : « Le moment
*€ de dire la vérité est arrivé.. . . Je m'étotane
« de voir SaintJûst à la tribune après ce qui
a s'est passé ; il avait prpmis aux deux comités
« de leur spumettre la sanction, de àon discours
« avant de le lire à la convention, et même de
« lé supprimer.. .; . L'assemblée jugerait mal
«c lesévénementsetla position où elle se trouve,
« si elle se dissimulait qu'elle est entre deux
« égorgements ; elle périra si elle est Faible. »
Non y non j ^'écne^t'On de toutes parts. Alors
les chef^ de l'entreprise purent croire qu'ils se*
raient secondés. . , .• .
Lêbas demanda la parole, et né put l'obtenir.
Billaud^Yarenries Continua : « Vous frémheK
« d'horreur quand vous saurez Ja situation ou
<c vous êtes , quand vous saurez que la force
« armée>est confiée à des mains parricides.. . .
« Vous frémirez d'horreur quand vous sau-
<e rez qu'il, est un homme qui , lorsqu'il fut
« question d'envoyer les représentants du peu-
« pie dans les. dépaitefaents , ne trouva pas
« sur la liste vingt membi^es qui fussent dignes
« de cette mission. >»îCe mot d'apropos indigna
l'assemblée*'/. ..v/i; . .••!. .,.
38o. HISTOÎREDE FKAKCE,
nnEp. Il accusa ensuite nomînativetnent Robes-
1793- ^ jy ' ' I j *
An a. picre cl avoir sauve un homme dénonce par
les comités, pour avoir volé une somme de
cent quatorze mille liv. « Il est i«fàme« dit-if,
« çle parler de justice et de ^ertu, quand on les
ià brave , et quand on ne s'erhale que lorsqu'on
« est arrêté ou contrarié. »
Robespierre s'élança à la tribune ; mais il dut
croire que son heure était arrivée.
On cria dé toutes les parties de la salle , à has^
à bas le tj'ran.
Alors TaUen.,. . . .
« Je demandais tout-à-rheure qu'on déchirât
«e le voile ; je vois qu'il l'est entièrement.. . .
* Les conspirateurs sont démasqués , bientôt
« ils seront anéantis, et la liberté triomphera.
« L'ennemi de la représentation nationale va
« >tomber soiTs ses coups. Je n'ai gardé le silence
« que parce que je savais d*un homme qui ap-
« prochaît le tyran qu'il avait formé une liste
« de. proscription ; je n'ai pas voulu récrimi-
« ner; mais je vî? hier là séance des jacobins.
« J'ai frémi, pour ma patrie ; j'ai vu Par-
« mée du nouveau Gromvvel ; et je me suis
i< armé d'un poignard pour lui percer le sein,
« si l'as.semblée nationale n'a pas le courage
« de le décréter d'accusation.. . . . Accusons-le
<f avec la loyauté du courage devant le peuple
r
V
An
DEPUIS LA RÉVOLUTION. 38l
«f français. • . •. J'appelle tous lès vieux amîs dç viiiFp.
4t la liberté, tous les aûciejas jacotnos, tous les
f< patriotes^qu ils coocourent avec cous à sauver
« la liberté.
« Robespierre voulait tour-à-four nous atla-
« quer, nous isoler, et entin il serait resté ua
« jour seul avec les*homa>es crapuleux et per-
c< dys de débauche qui/le servent Je demande
i< que le glaive cje la loi assure notre révolu-
« tjon , et quCv nous ordonnions l'arrestation
«c de ces créaiwes. ^ .
On obtint jd'j^Jbord aiséipent l'arrestation des
principaux agents de Robespierre et d'une par-
tie.de son é^t-major. Furieux, alqrs, il voulut
s'emparer de la tribune.
Un de sesi collègues lui cria : <c Tu ne par-
« leràs pas , le satig de Danton retombe sur
kc ta tête ; il coule dans ta bquche.; il t'étouffe. *>
Il fit encore de vains efforts. La parole fut
dppnée à Bar^ ère qui , au nom des comités, con-
clut à ^estjtv.er sur le chanjp le commandant
dç, la garde nfiitiopale. Henriot , et à ,rendre les
maice de Paris JiespoDsable çleja sûreté dç la
çonVjBnjtion |i^tion4j.e..On adressa en même temps
une proclamation au peuple.
^ Vadier reprit la discu€sipn , rés^ima tous les
chefe d'accusation contre Rob^pierre, cita des
faits I des discours , des libt^s dressées; il cita
382 HISTOIRE CE FllANCE,'
viiiEp. yne lettre de ce même anglais que Robespierre
'^^^* avait voulu d'abord livrer au tribunal, et qu'il
avait ensuite envoyé a GeneVe avec un passe-
port. ,
Il l'accusa' d^attacher cïes éspons aux repré-
sentants, et ^nomma celui qu'il savait être atta-
ché spécialement à lui. v
Vadier Siécartatf t^ dans cette gmnde cause du
but principal', avait excité le rire même au mi-
lieu du tu n^uk^» •'
Tallien se hâta d'arrêter Peffetelè cette dis*'
traction dangereuse ; il ralâéDâ l'attention de
rassemblée ^ui'" la séance* qui s'était tenu k
veille aux îacobiosyoù la destruction de la con-
vention avait été décidée.
• On démanda alors le décret d'accusation contre
RobespierrCi .....;•-
Se voyant abandonné, même dés siens, il
leur -cria : Vous êtes des /^2c/?e^ /- et ^se tour-
nant vei-s le côté droit de la salle : Eh bien^ dit-
il , /c m^adtesse à la ^yertu^ en tendant Hea?
bras vers cette partie de l'assemblée! mais l'iii-
dignation repoussa sa prière. 11 s'emporta alors
&i^ invectives contre le président et coiitre ses
collègues. ,. ' •
Frappé du coup imprévu ,- sa fvirèur môtne
succomba sous, le poids de l'animadverbion-pu-»
bli<Jue;. il se vit seul abandonné et proscrit -jwr
DEPUIS LA RÉVOLUTION. 383
la Yoîx générale. Ses dernières paroles eptehdues viiiTîp.
tarent, les brigands triomphent ) 'rarrestation *^^^*
fut décrétée à Pananîmité , et avec lui son frère',
Saint-JustjCouthonét Lebas, et ils descendirent
à la barre.
Ces grands et terribles personnages liumiKés.
et défaits en imposaient encore.
Il fallut que le président; réitérât plusieurs fois
Tordre aux hui.^siers d'exécuter le décret d'ar-
restation ; enfin les accusés furent conduits dans
le lieu des «éancés du comité de sûreté gêné- ,
raie. Les membres en furent aussitôt appelés ,
et à ce signal , qui annonçait que Tarrêt de déten-
tion était exécuté , des applaudissements s*éle^
vèrént de tous les côtés dans la salle.
Cependant au- dehors d'autres mesures se pré-
paraient contre celles que venaient dé prendi*è
l'a conventioti. " •''
Tout ce qui s'y passait se répandait rapidement
dans Paris. / :
Aux premières nouvelles du danger de Robes*
pierre, les jacobins s étaient réunis, te conseil*
*généial s'était rassemblé à la Maisou-iCommune.
Heniiot avait réuni les troupes à ses ordres. Tout
ce qui se qualifiait exclusivement de patriotes
s'était porto dans les sections , et de là , par des
émissaires, essayèrent de soulever les ouvriers
employés à Grenelle, et le camp des jeunes
\
S04 ^ ï s T Q IRE DE i HA N CE,
viUBp. soldats quQ Ton avait formé à la plaine des^
^^^ ■ Sablons. Les groupes se formaient dans Içs
rues ; tout annonçait une guerre civile prête
à s'allumer dans la capitale, et sans doute elle
aurait commencé, si Robespierre et ses parti-
sans eussent fait usage de leurs forqes armées
et de leurs moj^ens politiques ; mais la têtp et
le cœur leur manquèrent à la. fois* I^eur dé-
faut de conduite et' de courage fut le salut
de tous.
. Du coniiité de sûreté générale^ où d'abord
Robespierre avait été détenu , il fut transféré
au Luxembourg ; là , Iç zèle imprévoyant de se?^
ixartisans assura sa perte. S'il eût été reçu, }e
cours ordinaire de la justice commençait pour
lui, et les lenteurs, que ses amis eussent faci-
lement prolongées , leur donnait le temps de
déployer tous leurs moyens ; ils étaient encore
immenses. Comme Marat , Robespierre eût
peut-être été jugé, acquitté, et ramené en
triomphe à sa pkce dans l'assemblée des repré-
sentants. _
Les préposés à la garde des prisonniers du
Luxembourg , refusèrent de recevoir Robes-
pierre, ils n'osèrent pas se reconnaître ses gar-
diens, et la voiture qui le conduisait, le mena
à la Maison-Commune. En y arrivant, son es-
prit était tellement troublé que , ne sachant où
il
793^
Aaa»
DEPUIS LA RÉVOLUTION. 385
H était, dès qu'il vit la portière ouverte , il fit vniEp
des efforts pour se dégager de ses gardiens qui *^^ *
ne s'opposaient point à sa sortie. En descen-
dant de la voiture, pâle, égaré, il fut reçu
dans les bras de plusieurs membres de la com-
mune. Un d'eux, {voyant son trouble, lui dit :
<c Kassure-toi donc , Robespierre , te voilà au
4c milieu de tes plu§ fidelles amis.^ ^
On le porta dans la salle, où des acclama*-
tîons l'accueillirent; mais où le temps se perdit
à délibérer.
Robespierre même frappé de vertige et de
stupeur, ne Ht entendre que quelques vaines
déclamations.
Mais Robespierre abandonné de lui-même ,
ne l'était pas de ses adhérents. La convention
s'était réunie à sept h^eures du soir. Plusieurs
députés se plaignirent d'avoir été arrêtés dans
les rues. Bientôt on vint annoncer qu'Henriot»
que cinq gendarmes, le sabre à la main, avaient
arrêté après un combat avec ses aides-de-camp »
venait d'être enlevé du comité de sûreté gé-
nérale par douze cents hommes armés , soute-
nus d'un escadron de gendarmerie. En nqiêfne.
temps le tocsin sonnait à la Commune. Le jar-
din des Tuileriet) se remplissait d'un peuple que
partageait déjà l'opinion, ei qu'un événement,
uij niwt, pouvait tourner contre la convention.
Tome ir. a5
a»
386 BIS.TOIRE* DE FR.A19CE,
YHiEp. Le$ capopniers avaient déjà tourné leurs
'^^ * pièces contre le lieu de sa séance. Une force
armée s'organisait à la commune , qui s'était
déclarée en insurrection. Elle avait ordonné
de fermer les barrières , et faisait circuler
dans les sections une invitation pressante de se
réunir à elle, Uorage grossissait à tous mo-
ments ; et si Henriot se fût mis à la tête
de la troupe armée qui venait de le délivrer^
et eût marché sur l'assemblée nationale y où
nul moyen prompt de défense n'était préparé »
il y eût été le maître par la teiTeur ou par la
violence. Mais cette même réunion d'hommes
de loi qui , peu de jo|lrs avant, fléchissait sous
le pouvoir d'un homme, déploya tout-à-coup
un grand courage et une grande énergie ; elle
opposa la fermeté de magistrats dévoués et
inHexibles à la turbulence emportée d'une foule
égarée.
Au moment où Collot-d'Herboîs , se plaçant
au fauteuil , annonçant l'invasion des comités
et la délivrance des détenus , dit : « Citoyens ^
« voici le moment de mourir à notre poste ,
«c des scélérats , des hommes armés ont envahi le
« comité de sûreté générale, et s'en sont em-
<« paré. » Les tribunes et une partie de la salle»
s'écrièrent : Allons^j^ et sortirent ; mais à l'in-
stant on vient avertir que Henriot , conduit en
■ — .-J .- i -J
Depuis la révolution. 887
triomphe , s'était réuni avec Robespierre aux vniBp;
officiers municipaux de la commune. L'asôem-
blée , sans balancer, les mit hors la loi.
Amar entra précipitamment , et annonça
qu'Henriot était sur la place du Carrousel , ha-
ranguant le peuple. On le mît aussitôt hors la
loi. Mille voix s'écrièrent au dehors .: « Arrê*
M tez Henriot, il est hors la loi. » Henriot ef«
fraj^é quitta le champ de bataille, et se sauva
à la Commune. Là s'organisait encore un nou-
veau plan de défense. X.a force qui leur restait
était ' nombreuse i la nuit, le désordre et la ra-
pidité des mouvements qui permettait à peine
d'éclairer le peuple incertain , tout les favo-
risait. A . ..
La convention nomma un commandant de la
force armée, ce fut Bai*ras. On lui adjoignit
sur sa demande six commissaires ^ Fréron, Ro-
vfere , Léonard Bourdon , Bourdon de l'Oise »
Bolleti., Ferraud. Ces hommes i en- ee' jour,
méritërerït bien de la France , en se chargeant
de son soi't, que le reste de la nuit allait dé-
cider.
Cependant d'autres députés furent envoyés
dans les sections ; partout ils prirent corps à corps
les émissaires de la commune ; et Ifs mesurça
énergiques que la convention venait de prendre,
lui rallia les esprits; Une ptx^elamation fut pu**
1793
An a*
388 HISTOIRE DE FRANCE, *
viiiEp. blîée aux flambeaux ; tandis que Barrère , à la trî--
buné, développait les trames d'un complot ourdî
sans doute depuis longtemps, mais dont les cir-
constances précipitaient les résultats, le succès
de cette journée fut dû à la rapidité des mou-
vements qui , ne laissant aucun moment à
l'intrigue, abandonnèrent le peuple à lui-même.
Le rapport de Barrère fut terminé par un dé-
cret qui ajoutait toutes les mesures de pru-
dence-, de précaution et de nécessité que les
circonstances pressantes exigeaient.
Le décret défendit de fermer les barrières,
de convoquer les sections , et mit hors la Ipî
tous les fonctionnaires publics qui donneraient
des ordres pour diriger une force armée contre
la conA'^otion , et tous ceux qui , frappés d'ua
décret d'arrestation , s'y seraient soustraits. La
proclamation fut lue. Bardas, les commissaires
rentrèrent ensuite, et rapportèrent des nou-
velles plus rassurantes «ur la disposition géné-
rale des esprits,^
<i Mais, dit Fréron, les moments sont pré-
« cieux , il faut agir ; Barras est allé prendre
« les ordres des comités ; nous autres , nous
« allons marcher contre les rebelles, nous
f< sommerons , au nom de la convention , de
« nous livrer les traîtres ; et, s'ils refusent ,
H ;îous réduirons en poudre cet édifice. » On
DE FUI s LA RÉVOLU TiaiT. 889
s^écrra de toutes parts, oui^ oui ^ et le pré- V1UK^
sident dît : « J'invite mes coHégnes à partir
«f sur le champ,, afin que le soleil ne se lève
« pas avant que la tète des conspirateurs soit
« tombée. >►
Uévénement était encore incertain lorsque
l'assemblée applaudissait à ces paroles*
A trois heures» dti matin, deux députés, ac-
compagnés d*uBe force armée des sections des
Graviliers, des Arcis et des Lombards et d'ui>
appareil dliuissiers, de flambeaux et de canons >
se portèrent sur la place de la Maison-Commune
où la multitude amoncelée et encore incer-
taine, attendait les événements.
La proclamation fut hie, et Te décret qui
mettait le conseil municipal hors de la loi , fut
proclamé. Cet acte avait déjà sufR pour faire re-
tirer les canonniers , que le cortège avait trouvés
postés sur le^quais»^ Léonard Bouidon, rassuré
par la neutralité dé la foule qui venait d'en-
tendre la lecture du décret , parhl, le sabre
dans les dents et deux pistolets à la main, suivi
de quelques hommes déterminés , \\ monta les
degrés- de la Maison-Commune, et força l'en-
trée de la salle où les municipaux délibéraient;
à cet aspect, tout se dispersai tout fuit ; ils f^a-
vaient qu'ils avaient été mis hors la loi , et
QQit^ arme terrible qui déjà leur avait ôté une
SçO H I s T O I R E D » F R A N C E>
Viiiisp. partie de leur force auxiliaire , les frappa de
'^^ ' jStupeur. Sans oser se mettre en défense , le
jeune Robespierre se jeta par une fenêtre , et
se cassa un bras et une jambe. Coutbon se donna
deux coups de couteau. Henrîot fut précipité du
haut de Tescalier par Cofinhal ; et , meurtiT et
brisé , se traîna dans, un égoût d'où des gen-
darmes Tarrachèrent. Robespierre reçut un coup
de pistolet à la mâchoire inférieure , et fut porté
dans un fauteuil , en cet état , à la porte d^ la
convention.
Le président dit : ^ Le lâche Robespierre est
« là ; vous ne voulez pas qu'il entre ? » On
s*écrîa : Non, non. Il fut transporté au comité
de sûreté générale , et étendu sur une table ;
là , sanglant et défiguré , dans ce lieu même où
il avait si longtemps dicté ses volontés , il eut
à souffrir tous les tourments de l'ame et du
corps , entouré de se^ vainqueurs qui n'échap-
paient à leur perte mie par la sienne, essu3rant
les reproches que re ressentiment daignait lui
adresser, et pouvant entendre au dehors les cris
d'alégresse qui célébraient sa destruction j il
resta ainsi deux heures, soutenant sa mâchoire
détachée avec sa main et des linges sanglants ;
soit affaissement des faftultés physiques, soit
aliénation des facultés intellectuelles boulever-
sées et anéanties ^ il ne donna aucun signe de
I^EPUIS LA RÉVOLUTION. Sçf
soufSrdDce& corporelles , aucun accent doiilou» ^^^^f'
reux ne loi échappa;' on le porta ensuite dans ^^^
l'hospice général , où Tart mit un appareil à ses
blessures , et de^là dans un cachot de 1» Con-
ciergerie^ où il attendit le bourreau. .
L'ordre avait été donné en mêna^ temps, ait
tribunal révolutionnaire d^exécuter sans àélaî
le décret qui mettait \ei détenus hors la laij
ils y furent conduits^ et Tidentité des personnes
fut la seule formalité à remplir le soir du même
jour. La même voiture qui , si souvent avait
traîné, par les ordres de Robespierre, les in-
fortunées victimes au supplice , l'y conduisit aux
acclamations d'un peuple immense ; il put encore
entendre longtemps les injures et les imprécations
de ceux qui lui redemandaient lentrs parents et
leurs amis. Si son a me conserva encore le sen-
timent de son existence, il fut lentement abreuvé
dans la coupe amère de l'indignation publique ;
enfin , parvenu à Féchafaud , l'exécuteur ,. après
lui avoir arraché avec violence l'appareil qui
couvrait ses blessures , le livra quelque temps ^
pâle , défiguré et sanglant , aux regards de la
multitude, et termina eon supplice. Avec lui
furent exécutés son frërç , Couthon , Lavallete-,
Henriot, Dumas, président du tribunal révolu-
tionnaire, Vibîers, président des jacobins, Fleu-
l'iot, maire ée Paris, Bernard , Simon ^ en tout
»1
^ 3^5? H I s T O I R É. D E FR A N C E ,
vniEp* vingt-deux ; et telle était la terreur qu*ils inspî-
2^ ' raient encore la veille , qu'au montent du dé*
cret qui mettait Robespierre en arrestation ,
^plusieurs voitures chargées de victimes, ayant
été abandonnées par les gendarmes qui les es-
cortaient , et qu*Henriot avait rappelés à lui ,
les exécuteurs laissèrent inutilement voir le dé-
sir qu'on leur fît une sorte de violence pour
délivrer les condamnég ; ils achevèrent leur route
et subirent leur sort.
La convention avait de pressants motifs pour
hâter le sort des grands coupables qu'elle ve-
nait d'abattre et de saisir. Quoique Legendre
marchant au lieu où se tenaient les séances des
jacobins , eneût chassé ceux qui s'y trouvaient,
et qu'il en eût rapporté les clefs sur le bureau
de la convention , quoique la dispersion de leur
parti parût complète, cependant une politique
prudente vit qu'il était dangereux de laisser
l'espoir survivre à la défaite , et qu'il fallai t se
hâter de faire tomber Ces têtes auxquelles tant
d'hommes avaient consenti ou avaient été forcés
•
d'attacher leurs destinées. Longtemps après en-
core l'assemblée eut à lutter contre l'hydre dont
elle avait abattu les plu? fortes têtes. La dé-
pouille de Robespierre , quoique sanglante et
lacérée , tenta encore des ambitions , et son ombre
n'abandonna pas d'abord les lieux, où il avait
régné.
DEPUIS LA DÉVOLUTION. 3^Z
Maïs avant de dire les suites de cette journée vin«|^
du 9 thermidor , célèbre dans les annales de la ^^
France , et d'où elle eût pu dater Tan du ^lut pièces
de la chose publique, il convient de reprendre '"Jfvê/**
Tordre des événements militaires que les grands "'^ *•
résultats politiques ont obligé d'interrompre.
Les armées reçurent avec assez d'indifférence
l'adresse de la convention , qui les instruisait deg
événements du^p thermidor. Le soldat, tout dé-
voué à la guerre et à la république, s'intéres-
sait peu au sort de ceux qui prétendaient la
gouverner dedans , ^t mettait peu d'importance
à leurs querelles. Rien ne changea dans les
opinions des armées , et le comité de salut pu-
blic , qui le«r donnait des ordres > fut renouvelé
sans que ce nouvel ordre de choses qui chan-
geait tout au dedans , opéra aucune commotion
au dehors.
Les d^ux armées du Nord occupèrent en-
core leur position , entre Liège et Anvers , où
Pichegru méditait déjà l'invasion et la conquête
de la Hollande , que les victoires précédantes
promettaient.
Les armées du Rhin et celle de la Moselle
avaient aussi coopéré au loin à ces grands suc-
cès, par une diversion active qui retenait toutes
les forces dont l'ennemi eût pu disposer pour
porter de puissants secours dans la Belgique.
30 mtu
S94 H I S TO IR É T> E Fît A NCE,
viiiEp. Tandîè que Ifes progrès rapides et imprévus
*^^ ' de rarmée du Nord l'avaient rendu n>aître dn
cours de TEscaut et d'une partie dte la Flandres
autrichienne , les armées combinées de Prusse
et d^Autrîche , commandées' par le vieux gé-
néral Mœlendorf et par le duc de Saxe Tei-
chen , avaient , à l'ouverture tardive de la cam-
pagne , passé le Rhin à Manheim , et tenté ,
dans le Palatinat^ une diversicui qui força les
Français d'j^ rappeler les nombreux renforts en-
voyés aux armées du Nord, ou du moins de
retenir ceux qui y étaient encore destinés.
Une prertiiëre attaque combinée sur toute la
ligne des Français, qui, traversant les mon-
tagnes des Vosges , s'étendait depuis Kaiserlau-
term à Spire, avait en partie réussi. L'armée
du Rhin qui formait la droite de cette ligne de
vingt lieues d'étendue , avait d'abord repoussé
les premiers efforts des Impériaux; mais les
succès des Prassiens à la gauche , vers Hoch-
Speyer et Fîchbach , avaient forcé de retirer
l'armée sur Pîrmazens , ensuite sur Bh'ecastel ,
derrière la Sarre , et d'abandonner le pays des
Deux-Ponts; cette rèti!*aite, devant des forces
très-supérieures, se fit avec ordre, et fit hon-
neur au général Sâiht-Cyr Gouvion, qui com-
mandait dans cette partie. .Alors la communi-
catioa entre les deux armées de la Moselle ei
DEPUIS LA REVOLUTION. 2ç5
du Rhin» se trouvant interceptée, celle-cî avaît vin^;
dû se replier à la hauteur de l'autre, et aban- *^^^\
donnant les lignes de défense de fe Queîch , elle
s'était portée <ierrière celle de la Lauter. Les
alliés restèrent ainsi maîtres de la plaine du Pala-
tînat et des montagnes. Mais lorsque les succès
de Picbegru eurent ptermis de porter des ren-
forts dans cette partie , le comité de salut public
ordonna de reprendre Toflènsive , et toutes les
dispositions furent faites pour rentrer dans le •
pays abandonné , et faire repasser le Rhin aux
alliés. Ce grand mouvement, qui finit par la
prise -de Trêves, s'effectua vers la fin de mes-
sidor.
' L'attaque fut disposée sur toute la ligne de- amesi.
puis Lamdstuhl et la Lauter jusqu'au Rhin. La
.-division de droite, conduite par le général Des-
r^îx, devait agir dans les gorges deà montagnes;
et ce qui ne devait être qu'une fausse attaque ,
décida par ses succès Celui de ces trois journées. aSmes*.
Cette division fut d'abord repoussée le premier
jour des villages de Frechbac et Freimersheim ;
^lles les emportia le lendemain.
La division du centre attaqua alors les rétran- a^mesu
chemerïtç prussiens qui^ couvrait le Platzberg ,
baute montagne du pays des Deux-Poots, et qui
défendait l'entrée des passages des Vosges } les
bataillons l'emportèrent à la baïonnette, après
3g6 HISTOIRE DE FRANCE;
ViUEp. huit assauts renouvelés. La lassitude céda à
^^^ * l'opiniâtreté , et les Prussiens se retirèrent sur
le poste de Tripstat. Les généraux Sisce et De-r
granges conduisaient cette attaque.
47 mes*. Le jour suivant, la colonne de gauche dé-
passa la droite des Prussiens , et se porta jus-
qu'au village de Mertenzée. Ce mouvement
obligea les Prussiens à abandonner le poste de
Tripstat, aprçs une longue résistance ; alors tous
les passages étant forcés , le généjal Mœleni-
dort* ordonna la retraite , et le fit savoir aux
généraux de l'Empire qui , voyant leur droite
découverte, se décidèrent à repasser le pont de
Spire.
L'armée du Rhin avait effectué ses moiïve-
ments en même temps que celle de la Moselle,
le poste de Schiferstat avait été longtemps at-
taqué et défendu .avec une égale opiniâtreté,
et fut enfin abandonné par les Autrichiens , lors-
qu'ils furent instruits de la retraite de l'armée
prussienne».
Les succès constants de ces trois journées
remirent les Français en possession du Palatinat;
et les riches récoltes de cette belle contrée
furent encore une fois moissonnées par l'épée
répubh'caine.
La sévérité des lois militaires et la rigueur
forcée du gouvernement, assuraient la réussite
DEPUIS LA RÉyOLUTÎoK* S97
des entreprises et contenaient la malveillance. viîiEp;
Le premier jour des attaques combinées, un ^^^^*
officier d'ctat-major, accusé de faiblesse ou de ^" *•
trahison, fut condamné sur place à être fusillé,
et prévenant l'exécution de son jugement, se #
tua. Une petite ville du Palatinat, dénoncée et
convaincue comme dépôt de fabrication de faux
assignats, fut réduite en cendre. On ne donna
qu'une demi-heure pour sauver les vieillards, les
enfants et les malades.
La campagne n'était pas terminée , et les
quatre armées d'Allemagne, celles des Alpe^
et celles des Pyrénées étaient partout victd-^
rieuses ; l'ennemi , coalisé partout , rejeté loin au-
delà de ses frontières, lès abandonnait au vain-
queur, et ce qui est plus remarquable, était forcé
de louer Tordre et la discipline qu'observait le
vainqueur dans ses nouvelles conquefes. Déjà-
les armées républicaines n'étaient plus ces hordes
patriotiques , soldats sans ordre et guerriers sans
art, que la bravoure et l'enthousiasme civique
guidés par le génie militaire de quelques génë-î
raux, avaient conduits à des victoires sanglantes
et imprévues ; la force «rrmée d'une nation puis-
sante s'était organisée dans ses camps, la va-
leur avait reçu un frein qu'elle avait reconnu
nécessaire, la subordination avait été consentie
par l'honneur ou imposée par la loi, la hiérai*^
3çS HISToinE DJB FRANC E^,
viiiEp. chiedes grades était avouée, le commandement
'^^^* était respecté et absolu , la soumission était pas-
sive sans être aveugle , le soldât instruit et clair-
.voyant jugeait ses généraux , mais commençait
par leur obéir ; les ^différences de partis et d'opi^
nions qui divisaient les camps comme les tri-
bunes , se taisaient au premier appel d» tam-
bour, et les disputés sous la tente cessaient
pour courir ensemble aux faisceaux; le républi*
cain , fier de sa gloire, la respectait dstns sa
conduite et dans ses procédés, et l'esprit mi-
♦ litaire s'élevait à des pensers nobles et géné-
l'eux.
L'histoire impartiale qui souvent a dû accu-
ser le sj^stème de gouvernement employé au
dedans par ie comité de salut public , doit
aussi un juste tribut de louange à son admini-i
stratioa dans les départements de la guerre f
.dans la formation , l'organisation et l'entretiea
des armées, et dans la manutention de tout le
service militaire. Les partis opposés qui par-
tageaient le comité, seuntaient 'que leur force
venait des victoires, et s'accordaient sur. tout
ce qui pouvait les assurer, ou se disputant T^if-
fection des armées les servait à l'envî , et leur
rivalité même tournait alors au profit de la chose
publique. Cette atmosphère de gloire dont il en-
vironna la France , éblouit l'étranger, et lui
tDEPUIS LA RÉVOLUTION. 899
déroba la vue de la tyrannie sanglante et o[> viiiEp»
pressive sous laquelle la France 'consentit à '^^ '
gémir, et qu'elle ne supporta si longtemps que
comme un moyen de repousser la domination^
étrangère, dont on osait la menacer. On souf-
frit tout d'un gouvernement qui faisait vaincre.
tIM DU QUATRIÈME VOLUME.
■^
r
\
PIÈCES
JUSTIFICATIVES.
\
Tontes IV
I V
1
» ^ t. ■*■
t
t
K
PIÈCES
JUSTIFICATI V E S.
HUITIEME ÉPOQUE.
N." I CPage 19)-
à
^_ ' # a i > • «
Fragment d'une notice du général /^
T ■ ■ •
JLjisâ Girondins marquants qui sont venu» daàs 1«
Calvados , après la jouroéê du 3i mai , vous sont con«-
11 us aussi bien qu'à moi. Pétiôn^ Buzoi , Gorsasy LoU^
cet y BarùarûUûp ^ Guadèl-^ S ailes ^ Valady (marquis,
ancien officier des GardesoPrançaises ) , Duchâialj (oi»
devant-) Bergouin. Ils étaient au nombre de 27; mais
treiix que-je ne nomme pas, n*ont rien* d'intéressant ^our
la postérité ;4ls ressemblant k tout le monde, et poli*-
valt nt appartenir à un parti aus^' bien qu'à iin autre ; ce
sotit des- circonstances 9 des Tencontres , des hasards de
société qui les ont placésJ Pétioh et\i3U2oi& avaientîun bat
déterminé; une nouvelle dynastiesous^laquelleil^ eussent
été lès liiaîtres. Il serait possible que Piu et'Coàourg^
que lamont'agfoe et le marais s -entré- jetaient sans cesse;
ne fussent >pias des personnages'^rangjers-ouiadifierents
aux dem vétérans de la révolution. Ilarrûtratun^p^^ur
à* Pétion de dire au club de carkbots de. Caen ^> qu'une
preuve que' la mbntagne voulait 'r4?tabJir la royauté,
c'était qij'eUe laissait fivi^ le p64it><laupbinj, dont la
/
4 PIÈCES
figure et les charmes étalent des crimes ctélal dignes de
mort,» . • Gorsas y au contraire, penchait pour le petit
dauphin; mais, ben entendu, que l'on n'en viendrait
là qu'à la dernîèr© extrémité. Louvet , Barbaroux , pua*
^et eussent transigé, si' Ton eût voulu leur céder la
partie de la France méridionale , de l'autre côté de
la Loire, pour en faire une république à leur mode.
Ils comptaiejjt beaucoup sur les petites puissances de
l'Italie*, avec lesquelles ils feraient des traités offensifs
et défensifs : ce qui vous prouve combien ces messieurs
étaient hommes ô^é^t. Salles faisait des brochures que
ses collègues appelaient des provinciales , le comparant
ainsi à Pascal^ et cela lui faisait tant de .plaisir qu'il
ne doutait plus de l'effet de ses brochures. C'étaient
des batteries qui feraient écrouler lacoUossale montagne*
Valaày s'élait fait révolutionnaire par haine de M.
ZJiuchdlelet 'j il eût bien vQuUi. découvrir un moyen de
^e. retirer de l'abyme. Duchdtel éta\t une ame douce qui
s'e.4t, trouvée entraînée, comme tant d'autres, parla-
chimère d'une régéaération. Comme.il ne s'étaif jamais
souillé d'aucune mauvaise action , il eût donné sa vie
pour le rétablissement de- la monarchie. Le franc et
loyal Kervelegan n'était d'aucun paru que de celui des
indignés j de tout ce qu'iW avaient vu faire. B^ergouin pa-
raissait républicain.enragé , et son caractère apparte-
nait il toutes les circonstances. Le crève-cœur . de tous
était le irlomphe de la montagne , et leyr, auE^bition ^
toupurs saillante. , la vengeance. Excepté J[)éfcAa/^/, il
A^en est pas un seul q:âi pe se ftit enrôlé d^aisi le parti
victorieux **il J'avait pu 5 ce que iMiuvet ^ fiergouin
ont bien prouvé apris leur retour. L'ass«0#inlit. de Af<t-
Tot t%t l'ouvrage de cinq dfs ci-dessus nommés; mais
ce n'est pas Mar^t.qvii était désigné J, t'#ai$.i>an/oa
JUSTIFICATIVES. 5-^
que la nouvelle «7uJ//A devait immoler. lîg appeltalent
ceîa couper la montagne en deup; parce que les lettre r,
dont M.^e Corday était porteuse , renFermaîent une
instruction qui disait qu'à l'instant A\x grand événement >^
il fallait répandre , dans tous les coins de Paris, que
c'était Robespierre qui avait fait faire le coup, Mafs
W.*ïe Corday ^ ayant ouvert de ses lettres, vît qu'on y
accusait Danton de vouloir porter le petit dauphin sur
le trône; et comme cette M.*^ Corday était fanatique
royaliste , elle se garda bien de porter la main sur celui v
dans lequel elle plaçait son espoir. Avant de partir .
pour Paris , elle écrivit une lettte d'adieux à Bougon
de Longrais ^ mon ami, et procureur*syndic du dépar-
tement , pour jui dire qu'elle ne Je reverraît plus , et
le prévenir que *** devait nous faire assassiner tous les
deux. Bougon me cçmmunîqua cette lettre, ainsi qu'à
Henil , administrateur du département, encore vivant
à Caen. Nous n'y comprîmes rien ; mais , demandais-je-
à Bougon, d'où vient son intérêt pour vous et pour
moi i-!- Il me répondit, je lui ai rendu plusieurs ser-
vices ; et quant à son intérêt pour vous , il vient de
ce qu*(elle vous croit un royaliste déguisé. J'avais logé-
tous ^es réfugiés à l'Intendance , parce que toiïs réu-
nis , je pouvais mieux les faire observer. Je m'aper^us^
bjentôt qu'il né régnait pas entre eux une parfaite in-
telligence ; que Pétion et Buzot avaient des secrets, et
que tous, sans exception , se défiaient de Vatady et de
Duçhâtel, Voyant que Tinsurrection ne gagnait pas ,
nous convînmes de faire prendre les armes , comme*
pour une revue, aux huit bataillons des gardes natio-
nales de Caen. Il's s^assemblètent sur le Cour , oh toute»-
les éloquences échouèrent contre l'indifférence de^tîe^
prétendus^ insurgés. Il ne se présenta que dix»sept hoi
6 .' p i k c X s
mes pour marcher sur. Paris., Les autres villes (moins
Vire qui en fournit une vingtfiine) s'y refusèrent sans
détour* L^s çamps^gnes ^ vexées pour les blés ,, nous mau--
dissaienti C'est alors que PéUon conçut le projet de. brû-
ler Caen , et de faire courir le)bruit»que c'était l'ouvrage
Ae Ja montagne. Le désespoir devait tout entrajiner. Il
se confia pour ce beau coup à mon aide-de-camp Saint'-
'Front ^ en lui recommandant le plus profond secret ,
surtout envers Je général , qui s*èst refusé à mettre la
guillotine en permanence. Saint-Front promet , et me dit
tout. Je lui enjoins de s'y prêter, d'acheter le gou-
dron, etc. etc. Quand l'^fiàirc' paraît en bon train,
j'arrive , je trouva Pétion et quelques autres , je parais
effrayé d'un rapport qu'on vient de me faire ; si Je
peuple en entend parler , vous serez tous égorgés , dé-
vorés comme Belzunse. à Boy eut Qu'est-ce? Je
Jeur dit — L'on jette les hauts cris, l'on prie eii grâce
de n'en point parler ; ce sont les agents de la montagAe
qui répandent celte atroce calomnie, J[e suis de cet avis,
et le projet avorte. Quelques jours après , m'aTrivej^ino
ou six cçntç Bretons , tous découragés de ne pas trouver
d'armée ; n'ayant personne d'autre, j'envoie Puisayek
£vreux pour y établir les magasins que j'y faisais
filer. Puisaye se croit général , veut m'enlever une vic-
toire ; il marche contre la petite armée /parisienne. Ces
deux armées font chacune volte-face , et chacune se sauve
de son côt^. Voilà la bataille de Fernon, Les mil}e à
douze cents hommes de Puisa je fuyent jusqu'à Lisieux.
J'y coure 5 mais rien ne peut les, remettre. Danton y fai-
sait répandre des millions d'assignats. Tous désertent ^ ejt
moi, je me cache à Bayeux jusqu'après le 9 ther-
midor.
JUSTIFICATIVES.
1^ ^ 1^ ^ I
N.^ II (Page 224).
Fragment d^un journal du corps> de Condé* —
Année lyçS.
Le corps du prince de Condé avait hiverné dan*
la forêt Noîre, y avait été licencié, et n'avait été con-
servé que parce que Je général yVurmser avait consenti
qu'il fît partie de son armée^ Il degcendait Vîlignen à ,
l'époque oii Custines, forcé de se retirer de Mayence,
effectuait sa retraite ;.et devait , par un passage à Spire ,^
la précipiter. Deux jours avant le passage du Rhin ,
on composa ainsi le corps : tout^ce qu'il y avait de
noble forma trois divisions à cheval 9 destinées à faire
le service de grosse cavalerie, et deux b^ataillons à
faire le service d'infanterie de ligne , et le reste ,
composé de soldats ou déserteurs , forma l'avant-garde
qui fut confiée au g^énéral V. . -, dont les talents étaient
déjà reconnus à, cette époque. On peut évaluer le
corps , à cette époque, à cinq mille hommes , et même
un peu moins. Quinze cents grenadiers de Lassi pas*-
serent la veille , débusquèrent l^peu de postes français
qui gardaient le Rhin 5 et le lendemain , le corps en-
tier passa à deux lieues au dessous de Spire, prit se»^
cantonnements en avant de la ville, sans aller au de-
vant du village de Benhei^ ^ où furent placés no»
avant-postes. Ils restèrent en position jusqu'au 17 mai^
époque où les Français, désirant nous débusquer, at*
taqiièrent sur dcuy colonne» ; l'une le long du Rhin,
Fautre par les villages de Les deux co1oni>es
- devaient se réunir à Benheim , envelopper notre avant-
garde , et attaquer le corps. Par un de ces hasards si
communs », nos avant- postes furent bien entourés , les
Canons de l'avant-garde pris et les officiers tués sur les
pièces j mais les deux colonnes tirèrent l'une sur l'autre,
La division des chevaliers de la Couronne et quelques
hussards "autrichiens y arrivent sur ces entrefaîtes \ dé-
gagent les canons et les avant-postes, et les deux co-
lonnes font retraite. Je crois que le général français fut
mis en jugement. J'ose assurer que sur ce point , sa
faute était bien légère,* et sa manœuvre très-bien cal-
culée. Pendant le siège de Mayen ce , notre ligne fut
peu inquiétée ; nos avant-postes apprenaient , dans la
plaine en avant de Benheim, les éléments du métier
qu'ils commençaient \ ils furent cependant repoussés
plusieurs fois sur notre iign^ , et abandonnaient une
redoute , cinq cents pa^ en arrière du village où étaient
placés soixante-dix nobles; mais Salge ^ qui les com-
mandait , attaqua avec le même piquet , et rechassa
du poste trois cents Français,, malgré les cris réitérés
de leur seconde ligne qui prétendaient que nous n'étions
que douze. On fit grace*à diit.ou onze prisonniers qui
restèrent dans la redoute, modération que nous n'eûmes
pas par la suite. ^
Le siège de Mayence achevé par les Prussiens, il
s^agissait de bloquer Landau et de percer en Alsace.
Wurnfiser réunit, la nuit du 28 au 24, quelques régi-
ments autrichiens en avant de Benheim , attaque le
poste français au moulin de Okvir , fait balayer , par
notre cavalerie, la plaine en se portant sur la droite ,
directement à deux lieues au-dessus de Landau, où
JUSTIFICATIVES. 9
nous rencontrâmes le gros des Français , qui défendait
la communication de Landau. Nos postes furent rem-
placés ]a nuit par les Prussiens, et nous rentrâmes à nos
anciens postes.
Le 20 août , Wurmser ayant forcé l'ennemi sur les
hauteurs de Landau , campa à Vîlhcim , et l'infan-
terie du corps se porta sur Vest , d'où , après avoir
chassé l'ennemi , quî se retira dans le Bevrl , elle hiva-
qua entre Vest et Yakf-im; mais le lendemain, les
Français l'attaquèrent dans le dessein de couper le
corps d'avec le reste, de l'armée et de l'adosser au
Bhin» L'attaque commença à cinq heurçs du matin ,
et finit â onze heures ; elle fut infructueuse , grâce k
l'artillerie noble, qui démonta les pièces françaises.
L'avant-garde se distingua aussi , et prit trois pièces de
canons , après avoir chargé le deuxième régiment de
chasseurs.
Plusieurs affaires se sont passées sur la droite et la
gauche, entr'autre celle où ils firent entrer, malgré nous,
quatre ou cinq fourgons dans la ville de Landau ; après
quoi nos postes furent pris à une lieue des lignes, où nous
restâmes plus de quinze jours.'A «etfe époque , il s'est
passé une affaire entre les Français et notre avant-
garde, commandée par Pétésie^ qui avait été détaché
dans la montagne sur notre droite. Ils perdirent beau-
coup de inonde , et revinrent furieux contre les Prus-
siens qu'ils accusaient d'avoir trahi.
Cependant le jour destiné à l'attaque des lignes ,
Wurmser fit passer le Rhin, deux lieux au dessous de
Lauterbourg , à une colonne qui , par conséquent , pre-
nait les lignes à dos; à trois heures , la redoute de Chède
vis-à-vis les postes que nous occupions, fut tournée par
de la cavalerie.
/
ip . p I. ifc C :^ s.
Les canons et le corps furent pi^is en. entier. L'Iqfaa-
terie de la légion de Mirabeau attaqua le poste du
bois , où, en une heure , elle perdit toute sa côrapa-.
gnie de volontaires, et emporta le poste. Les colonnes
de cavalerie furent. dirigées à travers la plaine sur le
château de .-...•. où était la veille le quartier-géné-
ral français ; et , sans trouver beaucoup de monde de-
vant elles, si ce n'est de vives décharges d'artillerie ; elles
joignirent et dépassèrent le château , se placèrent à un
quart de lieu de Weissembourg , sur la gauche , position
charmante pour voir la retraite qui s'effectuait 5 mais
bien mauvaise pour des troupes qui ont envie de pour-
suivre. Notre infanterie entra dans la ville.
M. de Wurmser était trop flatté d'avoir pris en un
Jour deux villes , cinq camps , vingt-sept pièces , etc.
S'il eût poursuivi , il arrivait sous Strasbourg avec les
Français; mais le flegme autrichien ne cadre pas avec
la vivacité française ; aussi fûmes-nous toujours battus.
On se cotitenta donc de faire pQursuivré par des hus-
sards.
Les Français se remirent , et quand , quatre jours
après , nous arrivâme^s , nous les trouvâmes bien dis-
posés à nous recevoir, comme on le verra par la
suite.
Le fort Louis se rendit , attaqué des deux côtés y
tant du côté de l'Allemagne , <£ue de celui de l'Al-
sace.
. Puis survînt TafTaîre de la Vansnau où je n'étais pas,
j'ai entendu louer la bravoure française , et citer un
régiment à parement noir, qui fit sa retraite sur la
chaussée , se tenant toujours à quinze pas de l'ennemi^
et qui y perdit tous ses oflSciers... . .
Pichegru obtint le commandement de l'armée. L^
"^
JUSTIFICATIVES. H
bruit courait qu'il avait reçu dix mille hommes de l*ar-
me'e du Nord. Les mauvais temps avaient engagé à
prendre des cantonnements. L'affaire de la Vansnau ^
ou y je crois, la mésintelligence entre les Prussiens et
Wurmser , avaient engagé à prendre une position
trois lieues en arrière. On éJeva des redoutes depuis
le Bhin , jusqu'à la montagne , à un quart de lieue
en avant d'Hagueneau , à peu près dans la même place
où Turenne les .avait placées. Je doute que les dis-
positions' fussent aussi bonnes. Son projet était de
couvrir la partie où il comptait hiverner. Les re-
dputes , quoique très -bien construites , avaient un
grand défaut ^ elles étaient trop distantes Tune de
l'autre.
ITous primes nôtre position sur toute la ligne, demi-,
lieue en avant des redoutes qui n'étaient pas encore
achevées , le corps à Berchem , fameux dans les an-
nales des émigrés , parce que ce fut la première fois;qu'il$
furent employés un peu vivement, et qu'ils perdirent
beaucoup de monde.
Pîchegru avait projeté de forcer la ligne sur le
point qu'occupait le corps de Condé. Le 2^ ou 25 ,'
il attaqua notre ligne obliquement ; c'est-à-dire , non
èomme il* le fît depuis , en attaquant le village de
front, mtis seulement sur la droite. L'affaire dura
trois heures. Nous perdîpies cinq chevaux et quelques
hommes ; mais le premier décembre , il attaqua le vil-
lage à deux heures du soir , le canon na jusqu'à la nuit ;
l'd'iifanterie d'avant - garde , qui y . était postée , j
perdit assez dç monde; mais le lendemain , à neuf
bçurès , il couvrit d'abord la plaine de ses tirail-
leifirs;, lesquels (probablement à un signal' donné ) se
réunirent en colonnes , entrèrent, dans le viUsfge , et
f • ■
12 P I i C E S
y mirent le feu. M. le prince <le Condé , placé à deux
cents pas en arrière du village , y entre à la tête des-
bataillons nobles , et à la baïonnette les fait rebrous-
ser chemin. Je puis certifier que la partie n'était pa«=
égale; aussi ne poursuivit-on pas loin hors du village ,
de peur de montrer son côté faible. Pendant que ceci
se passait dans le village , notre cavalerie ayant pris sur
la droite du village, rencontra plusieurs escadron? fran-
çais sur >deux lignes et du canon. La première ligne
française chargea la notre , qui se portait sur elle au
pas ; j'ai jugé que ce qui les engagea à faire cette dé- '
marche, était (car notre ligne dépassait la leur un
peu), i.° qu'ils étaient derrière un fossé, et avaient
jugé que nous ne le passerions pas ; 2.® ils avaient '
compté sur le feu croisé cp'ils faisaient sur nous ; 3.° ils
roulaient sauver deux pièces qui tiraient sur nous à
mitraille , à quarante pas ; le choc ne fut pas à leur
avantage ; nous eûmes neuf hommes de tués sur la
place , et à peu près un peu plus de la moitié de la
division blessée ; les vaincus perdirent trente* cinq
hommes , et tout le reste blessé , comme l'ont rapporté
les déserteurs.
Le duc de Bourbon eut la main coupée , et tous ses
aides-de-camps tués ou blessés. Le général à^AnoitviUe^
qui , par enthousiasme ', s^était jeté à quinze pas en
avant de notre ligne dans celle de Tennemi ,' fut tué^
l'infanterie noble perdit trois cents hommes , la cava«
lerie une soixantaine.
Le 8 décembre l'attaque fut renouvelée avec la
même vigueur de part et d*autre , excepté l'artillerie
quHls n'engagèrent pas si avant , et le choc de cavalerie
qui n*eut pas lieu ; l'infanterie perdit davantage, la ca-
valerie un peu moins*.
J TJ s T I P I C A T I V É s. îî
S! nos armées eussent été heureuses^ les ajffaires de
Berchem eussent fait époque» L'armée républicaine
s'en rappellera pour avoir perdu sept pièces de ca-
nons contre nous. Le 2 décembre, le village de Ber-
chem a coûté, à défendre plus de mille nobles , au
moins de^un ce^ts cavaliers et la moitié de notre avant*
» garde.
Le 9 décembre , Pîchegru imagina de diriger son at-
taque sur M. de Clenau qui cft)mmandait le poste at*
tenant à celui du prince. L'attaque commença à neuf
heui^s du m^lin , à cinq heures nous étions sur toute
la ligne , cachés derrière les redoutes d'Haguenau , mal-
gré les renforts de cavalerie qu'il lui envoya , et la di-
version qu'il fit en feignant d'attaquer sur le flanc*
M. le prince de Condé fit retr.-^te, avec sa cavalerie ,
par peloton , comme à l'exercice. Les généraux autri«*
: chiens vinrent le complimenter ^ mais j'avouerai qu'à
cela près de quelques obuses (j'en excepte Tavant-
garde^, le feu de i'ennçmi n'endommagea pas nq^ rangs
ce jour-là.
On projetait d'hiverner en Alsace. Le 22 décembre
arrivé, on espérait que les Français se lajsseraient d'at-
taques continuelles, et prendraient les quartiers 'd'hi-
ver. Un beau matin ^les redoutes sont forcées sur le
. ne sais quel poste autrichien ; toute l'armée se met
en retraite ; les uns sur Fort-Louis ;, les autres sur
Weissenibourg et Lauterbourg ; le corps se dirigea sur
Lauterbourg. Wurmser et une grande partie des Aùtri-
.chiens se dirigèrent sur Weissembourg , où il rencotitra
le duc de Brunswick ; d'après les propos de l'armée, ces
deux généraux n'étaient nullement d'accord ; on hi*a
assuré les ^voir entendu se traiter Irèa- vivement. Le
duc qui s'était amusé au blocus de Landau , tandis q(ve
14 PIÈCES
nous nous battions sous Strasbourg et ailleurs, voulait
empêcher les Françttis de passer les hauteurs de Weîs-
sembourg. Wutmder fit simulacre de tenu: sur la chaus-
sée , et s^était même placé en ordre de bataille ; mais ^
àii premier couj) de canon, sa ligne prend la route
du Rhin. Je ne me permettrais point de réfle-xion sur
la conduite de ce général qui fut d'ailleurs très-bien
'reçu à Vienne; mais s'il eût prévu la perte en maga-
sins-, le désespoir et l'effroi que cette retraite mit
dans son armée , qui apprit cette fois qu'on pouvait être
battu par les Français, il l'eût effectuée, ou un peu
plutôt ou un peu plus tard. -
Il suivit *de là que les Prussiens eurent tout l'hiver
les Français sur les bras , à Worms , Manheim , etc. ;
et c'était là aussi , je crois, le projet de là cour^de
Vienne. ^ '
La retraite d'Alsace fut une désolation pour le pays
que nous avions occupé : une 'grande partie des ha-
'bitatits qui avaient trop dévoilé leurs opinibns , sui-
virent , avec leurs femmes et leurs enfants , l'armée
de VVurmser au-delà du Rhin. On en SBorma des régi-
ments entiers , et on compléta aiilsi le corps qiii avait
"été diminué de beaucoup.
Depuis l'époque du ....;.., jusqu'à Tàffaire de la -
retraite de Wurmser , il ne s'est pas passé u~n jour saiis
une affaire vive sur un des points de la ligne.
Nous passâmes le Rhin à deux lieues au-delà de
Lauterbourg , et nous allâmes cantonner dans le Bris-
gaw ; et deux mois après , nbus retournâmes dans nos
anciens quartiers de Villignem. L'année 94 ne fut pas
a\issi désastreuse pour nous; on fît revenir au priii*
temps le corps, pour le placer le long du Rhin, et
l'été se passa ainsi en fusillades d'un bord à l'autre.
JUSTIFICATIVES. l5
Nous apprîmes les succès de l'armée française dans
les Pays • Bas , par les décharges d'artillerie et les ré-
jouissances qui se Taisaient à Pautrè bord sur la fin de
l'été, l^ous marchâmes sur Manliefm. Le bruit courait
que nous devions passer le Rhin une seconde fois; il
n'en fut rien, et cette marche entrait^ je crois, dans
le plan du général autrichien qui voulait faire diver-
sion. Nous prîmes ensuite nos quartiers à Brulcsal , et
ce prince évêque^ qui «avait refusé* de recevoir les
troupes aux ordres du prince , redoutant sans doute la
vengeance des Français , eut ses possessions et la chasse
un peu endommagée. Après cette expédition, nous re-
tournâmes une troisième fois k Villignem.
Ce fut à cette époque que les Français s'emparèrent
de la tête du pont' et âes flèches de Manheim. Pour
notre honneur , nous ne fûmes point employés à cette
expédition.
."mf^f^»'^-'^''^»
N." III ( Page 277 ).
»
Diverses dénominaiions de Jaclions employées
pendant la révolution.
Vota, Ce peut être un devoir de l'histoire de con-
server les noms que l'esprit de pa^rti a donné à ses
adversaires comme injure ; il est remarquable que celle
de sans-culottes fut la seule acceptée par ceux qu^He
désignait.
En 1789, 1790 et 1791, aristocrates ; — enragés;
♦-* impartiaux j r»— noirs j — hommes du 14 juillet;
— membres du côté gauche ; — membres du côté droit ;
— orléanistes } — jacobins \ — cordeliers j — • feuillants ;
— fayettistçs j — monarchiens , etc.
Eu 1792 et 1793) ministériels; — amis de la liste
■civile ; — chevaliers du poignard ; — . girondins ; -^
hommes du 10 août; —^septembriseurs; — modérés ;
— homnaes d'état; — brissotins ; — hommes du 3r
mai ; —fédéralistes ; — montagnards ; — membres de
la plaine ; — crapauds du marais ; ^^— suspects , etc.
En 1794 et 1795 , avilisseùrs ; * — endormeurs ; — •
apitoyeurs ; — r alarmistes; —amis de Pitt et de Co-
bourg; —muscadins; — agents de ^étranger ; — hé-
bertistes ; —sans- culottes ; — contre-ifevol uiionn aires ;
^— ultra-révolutionnaires '; — thermidoriens ; -^ habi-
tants de la créle_; — terroristes ; — maratistes ; -—
,— égorgeurs ; — patriotes de 1789.
««■
T • • •- « ^
• • « 1 <
» I "
I
J 'tJ STIFICATIVE|. 17
- Cette pi«ce originale , et qoi n'était pas destinée k Iti publicité , peint
ll'auunt mieux cette époque; rien u'y ressemble dans l'histoire d'aucna
peuple. ,
N.o IV ( Page 440 ).
Lettre de M.^* Bil^ubé à sesjrères.
Mes CHsas frères^
C'est à, vous que j'adreese cet écrit ; j'ai toujours eu
le dessein de ^us faî reconnaître l'histoire de l'injuste
persécution suscitée contre nous, et dont nous avons
risqué d'être les viclinA; mais j'ai voulu attendre que
te temps eût affaibli, en 'quelque sorte, l'impression
trop forte que le récit des circonstances affreuses qui
ont accompagné notre détention , auraient pu m'occa-
sionner. Me voilà calme ; nous sommes heureusement
arrivés au port; je commence ce récit.
C'était ie 5 novembre 1798 qu'on vint nous arrêter,
dans une nuit froide et pluvieuse, au sein du plus pro-
fond sommeil. Nous avions passé la veille avec des amis
qui nous avaient rassurés sur les craintes que nous-
avions d'être arrêtés; car tout servait'de prétexte, sous
le titre d'étrangers, de Prussiens, de protestants,, de
suspects , etc.
On se laisse aisément persuader ce qu'on désire , et
le sentiment d^ttiotre innocence nous rassurait souvent;
mais l'innocence lôême était un crime dans ces temp&..
d'horreur : on déplaisait au tyran , par cela seul qu'4
Tome ir. z
l8 ' * ï te ES
désapprouvait sa férocité. Mous avions eu le malheur
d'avoir fait sa connaissance chez tm* de nos amis , dans le
temps que tous les honnêtes gens pouvait l'estimer^ et
qu'il était loin de paraître <:e qu'il fut dépuis : le mal-
heur, plus grand encore pour nous , fut de lui avoir
fait connaître une de nos amies intimes , M.l^«. . . . , qui y
ainsi que Robespierre , n'avait montré qu'un caractère
doui, modeste, humain, même vertueux; mais qu'un
faux amour de la liberté rendit fanatique et féroce ;
car elle devint notre plus cruelle ennemie, du moment
où elle nous vit contraire à ses opinions , comme à
celles de son héros. Liée intimement avec Robespierre ,
elle nous persécuta comme une furie, lui sacrifia sa
fortune, sies amis^ et se perdit avec lui ; car elle fut en-
fermée, après sa mort, pendant. x8 moi#pour lui avoir
,été attachée ; maintenant , on m'a dit qu'elle s'était re-
.tirée à la campagne, in firme ^^uinée. . , .
, Parmi les amis qui nous avaient rassurés sur les craintes
où nous étions livrés, il y en eut uo qui nous engagea
.d'aller passer l'été à Saint-Germain , avec lui et plur
sieurs de ses amis ; il espérait que nous parviendrions
par là à nous faire oublier. Nous y passâmes efiective-
ment la belle saison d'une manière agréable; mais à
Ja fin le malheur nous y poursuivit. Un comité réuG"
Jutionnaire s^y établit : c'était chaque jour des arresta-
tions , ainsi qu'à Paris. Les plus honnêtes gens , ainsi
que les plus riches, et ceux qui avaient quelques ta-
lents , étaient dénoncés et arrêtés. Notre ami nous en*
gagea à retourner avec. lui à Paris. Nous partîmes pré-
.cipitamment pour fuir le malheur qui nous y suivit.
Quatre semaines après, nous fumes^tfrêtés. C'était,
comme je l'ai dit, le 5 novembre, par une nuit froide
^t pluvieuse. A minuit ^ on frappe à notre porte ^ et
J
J tJ s T TV I C A T I V E S. Î9
notre boni yîeux domestique Leclerc nous annonce^
d'une voix émue et touchante , qu'on vient seulement
chez nous pour faire une visite doœicih'aire , afin de
voir notre correspondance. Aussitôt six hommes armés
de piques , avec un commissaire à leur tète , député
de l'affreux comité de salut public , se présente de-
vant notre lit : il nous demande la clef de notre secré-
taire ; je la lui donne ; il Pouvre , et n'y trouve qu'une
lettre tout-à-fait insignifiante , dont il s'empare , en
disant qu'elle serait' remise au comité, et qu'il fallait
tout de suite nous lever, nous ^habiller et le suivre. Le
sentiment de notre innocence était tel que je crus mal
entendre ; je restai done tranquille et calme ; mais
lorsqu'il répéta d'un ton plus fort : levez- vous <^ ha-'
billez ' vous ! J'ouvris les yeqx , et lui dis : mais il
m'est impossible , je suis malade , voyez mes pieds et
mes mains défigurés par le rhumatisme ; en vérité, jç
ne le puis. L'affreux commissaire ayant brutalement in-
sisté: sortez donc, lui dis-jç , pour que je puisse m'ha-
biller ; et ^ avec un élan de courage , je sors de moa
lit, je m'habille; mon mari eu fait autant; tous^deux
nous pensions rêver , et nous nous flattions que , du
moment que nous serions entendus , on nous rendrait
justice; mais que cette justice était loin de noiïs!
L'état de nos fidelles domestiques', dans cet instant ^
est difficile à rendre. Le vieillard , pâk et défiguré ^
paraissait n'en pas croire ses yeux ; il avait presque
perdu la parole; Julie, sa nièce, avait un tremblement
général; elle n^éttit pas ert état de nous rendre le
moindre service ; j'entendais claquer sies dents. Ppur
moi, je conservais cependant assez de sang-froid pour
tâcher de la tranquilliser.. Je demandai du thé, on
nous en.fit à la hâte : nous n'emportâmes d'habits que
\,
aô ip r .è c B s
ceux ^ui p<Ki« couvtaîent le corps; ce nVtaît <pie l'ab-
solu nécessaire , avec un petit paquet composé de deux
chemises pour chacun et de quelques mouchoirs; tout
le reste fut mis sous le scellé ; mais nos amis vinrent
heureusement à notre secours , afin de pouvoir changer
de linge quelquefois* Nous vouUitues prendre des as-
signats ; mais le commissaire nous dit ; d'un ton féroce :
2W/I prenez que peu, vous -n* en a^ez pas besoin* Quelles
paroles ! elles signifiaient que bientôt nous n'aurions
besoin de rien. Cependant mon mari questionna le
cruel commissaire , pour savoir par quel ordre et pour-
quoi on nous arrêtait? Cest^ dit-il, par ordre du co"
vnté de salut public ; et en même temps, il tire de sa
poche un écrit qui nous annonce '-que c'est parce que
noirs sommes amis de Koland , de Brissot et de leurs
complices. Ces imputations étaient alors une sentence
de mort. La vérité était que nous avions vu, dans une
maison lierce ^ une seule fois Roland et deux fols
Brissot.
Nous espérions que , dès qu'on nous Aurait entendu ,
Doiis pourrions nous justifier de cette fausse accusation.
Hélas! nous nous étions bien trompés !
Le thé pris, il fallut partir; ce moment fut violent.
La pauvre Julie était comme égarée; nous nous em-
brassons tendrement ^ sans pouvoir nous séparer : les
larmes coulaient des yeux de notre vieillard , sans qu'il
«pût nous dire un mot. Pour Julie, elle me dit, en san-
glottant : Hé bien , madame j Dieu ne vous abondonnera
pasj il fera connaître votre innocenmf Voici la réponse
abominable *du commissaire : Hé ! il 8*agit bien de
Dieu ! Il faut craindre les hommes et la justice qu'ils
exercent.
Nous fûmes glacés d'effroi à ces mots impies ; nous
i
;fUSTIFICATIVES. âri
descendons tristement notre escalier; je donnais le bras-
à mon mari , car j'étais tremblante. Arrivés dansr l'a
rue , la nuit était très-sombre , car il pleuvait : nou»
demandons où l'on va nous mener ? Nous étions entou*
rés d'hommes armés de piques, et du barbare commis*
saire qui nous répond : vous allez k la Force* Comment ^ '
dis-je , si loin à pied ? Eh bien ! vons me laisserez en>
chemin ; car il me sera impossible d'y arriver, il me faut
au moins une Voiture. Il n'y en a pas à cette heure*cî ,
xlit-il; ain^i je vous mènerai au corps-de-garde de I»see*-
tion. Soit, dit mon mari, espérant que de-là il pourrait ré*
clamer les secours de nos amis dont nous avions tant de-
besoin dans cette affreuse circonstance. Parvenus dans^
ce corps-de-garde , on nous fit monter dans une pe-»
tite chambre noire et étouffée ; car elle était au des-
sus de celle où se tenaient les soldats qui , sans relâche ^
fumaient leur pipe. Nous y trouvons deux infortunés,
commenous, attendant leur sort, couchés chacun sur un
mauvais lit de sangles. C'étaientMes plus honnêtes gens<
du.nfionde, innocents, compatissants et persécutés ainsi
que BOUS : ils nous regardent les larmes aux yeux, et
nous offrent de partager leur grabat ; je in'y refusai
en les remerciant , leur disant que je- ne voulais ni dor-
mir, ni prendre de- nourriture ;^que je me trouverais heu-
reuse de pouvoir finir mes. jtours par de tels moyens :
non mari en dit autant. On l'engagea cependant à se
coucher par terre sur une méchante redingotte ; pour
moi, je m'obstinai à rester assise sur une vieille chaise
de paille , où je passai quelques heures- fondant en
larmes. Mo& mari se relève subitement,, en demandant
à notre gardien, s'il ne pourrait pas. lui procurer du
papier, |ine. plume et de l'encre? C'était un homme
kum^ia; U s'engagea à l-ui.en fournir ^et même à porter
I
sa p I, È CES,
aecrètenijânt l'écrit qu'il lui confierait. Mon mari écrivit
tout de iuite à plusieurs de ses amisTTt leur fit part de
l'affreuse situation où nous étions , afin qu'ils s'employas-
sent à iious faire rendre la liberté ; mais toutes leurs
déjmarcnes furent inutiles, malgré leur zèle , malgré la
députatton que notre section fit au comité de salut pu-
Iblic poi^r obtenir notre délivratace ; malgré une péti-
tion très -bien faite par potre bon'Leclerc, qui fut
lui-fméme , et de son chef, la présenter à la section ,
ou on l'appelait le respectable vieillard qui plaide en
faveur de ses maîtres ; sans égard aux réclamations que
les personnes les plus recommandables firent en* notre
faveur : le tyran ayant résolu notre perte , il fallut subir
notre sort. En vain l'honnête gardien , dont j^aî parlé ,
touché de notre malheur , se prêta à toutes les démar-
ches que nous croyions pouvoir nous être utiles ; et mal-.
. gré les dangers auxquels il s'exposait en servant l'inno-
cence y il part ; il parle ; il remet nos lettres. . . • Elles
restent sans effet.
Enfin le lendemain arrive ; il est six heures du ma-
tin; on fait avancer un fiacre ; nous partons. Nos deux
compagnoiïi d'infortune nous disent adieu avec at-
tendrissement ; ils ignoraient encore leur sort. Le
cruel commissaire se place avec nous dans la voiture ,
ainsi que deux de ses satellites. Oii al lez- vous, nous me-
ner, leur demanda mon mari ? Toi à la Force , et ta.
femme aux Anglaises, Nous fûmes saisis d'effrpi à l'ouïe
d'une sentence qui aggravait notre malheur. Ne nou»
séparez pas , s'écrie Bitaubé , ayez pitié d^une femme
souffrante ; s&tigez que nous ne résisterons pas à cet
excès de malheur. Tout ce qu'il ajouta encore attendrit
l'ame dure et féroce de notre tyraû. Eh bien ! dit il, nous
verrons I. • . * Menez-nous donc , de grâce j au Luxeiû-
/
V or XT s T r F r C A,T 1 T E s. ^3
bourg : ii le fit; nous arrivons ; il dît à mon mari de
monter avec lui, et à moi de l'attendre dans la voiture,,
qu'il verrait quel arrangement il y aurait à prendre t
il revint f et me dit qu'il fallait absolument noussépa-^
rer , et me conduire dans une autre maison d'arrêt. Je
ne Ae contins plus dans ce moment , les sanglots m'é-.
touffaient ; mon mari , au désespcfir, alla parler au con^
cierge dans des termes si touchants , si pathétiques ,.
qu'il parvint à Patfendrir. ... . • Mais il n'y a pas de
place, dit-il. — Nous serons contents de tout, réponc^
mon mari ,. pourvu qu'on ne nous sépare point. Le
'commissaire descend, et nous dit : Eh bien! vous ner
• serez point, séparés! Montez tous deux. Je passai de
la plus, affreuse douleur ^à la joie la plus vive. Je me,
croyais libre en partageant le soj:t de mon époux. Nous.
fumes reçus par l'honnête concierge de la maison avec
intérêt. et humanité;, c'était un bon suisse neuchâte-^
lais ^ père de six enfants. Il nous accueillit cordiale-»
ment, et nous fit asseoir ptè^ de son feu. Une petite
circonstance , indifférente en elle-même , me. fit , dans
ce moment,' une impression i^togulière. Ce concierge ^
avait un chien ; cet animal s'approche de moi , me ca«
resse, et ne, me quitte pas* Dans ce moment affreux,.
oh. il me semblait que j'étais abandonnée de la terre;
entière, ces caresses, de la part d'un animal, innocent,
me touchèrent jusqu'aux larmes : je ne les contraignis^
point, et rendis, à mon tour, à ce sincère an\^ les.
témoignages d^ la sensibilité dont il pénétrait %ï jus-
tement mon coeur, presque flétri, parla comparaison
que j'étai« alors forcée de faire ., entre notre nature ,
que tant de circonstaoïces dégradent , et celle d'un être;
à qui le-seul instinet suffit pour .être toujours généreux
et bon..».^.. .Pendant ce tç'mps-là, le concierge noias,
\
/.
24 1P I % c s s
fit apporter de quoi dîner. Hélas! dis-je, îl ne me
faut rien ; puis on nous mena à notre nouveau g^tc.
C'était deux petites chambres attenantes Fune à l'au-
tre. Nous, y trouvâmes une femme, un prêtte et un
militaire; celui-ci fut transporté ailleurs; nous prîmes
«a place. La chambre où J*on mit nos méchants li'w de
sangles, donnait sur le jardin du Luxembourg; et quoi-
que la fenêtre fût garnie de barreaux , la vu« en était
admirable, et l'air qu'on y respirait très-salutaire; celui
du Luxembourg a toujours pcissé pour le plus pur de
Paris. Peut-être a-t-il été favorable à notre santé ; car
nous ftous sommes très-bien portés depuis notre déten-
tion. L'accueil que l'on nous fit porta le calme dans
notre ame : le malhetir, joint à l'innocence, réveille la
sensibilité, et fait ^'on s'intéresse vivement au sort de
ceux qui partagent nos peines; nous fûmes reçus comme
des amis. Le pauvre prêtre ,- vieux et malade , me tou-
cha'au point que, dès ce moment, je devins sa garde-
malade. Je lui faisais des tisanes; nous partagtpns nos
bouillons et nos légumes avec lui: notre bon domesti--
que avait soin de nous en envoyer tous les jours. La
maladie de ce bon prêtre devint tellement sérieuse ,
qu'il fallut songer à nous en séparer, en demandant
qu'il fût transféré dans un hospice ; car , outre la pul-
monie dont il était atteint, il lui survient une fièvre pu-
tride , dont nous aurions été les victimes sans une-
prompte séparation ; car son lit était au pied des nô-
tres, et la chambre excessiyem'ent petite. Hélas He
pauvre homme ne fut pas longtemps dans cet hospice!
Il y mourut au bout de huit jours. Celui qui le rem-
plaça dans notre chambre était un baron allemand.
Nous le reçûmes tendrement en qualité de compatriote;
il fut arrêté, pariée qu'il n'avait pas sur luisacârl^ da
y V s T I :^ I C A T I T E s. 25
aureté ; voilà tous ses crimes. C'était mi bon enfant
pour le caractère ; mais ce qui nous le rei^ît bien cher,
fut qu*il possédait parfaitement la musique ; il demanda
et obtint la permission de faire transporter son forie^
piano dans notre étroite demeure. Il nous faisait pas-
ser des moments déliiciëux , 'à l'aide de son grand ta«
lent.
Tous les jours il nous arrivait de% compagnons de
malheur aussi peu coupables que nous, parmi lesquels
il s'est trouvé plusieurs de nos connaissances, gens àe'
lettres, académiciens , etc. Il nous semblait être de la
même famille; aussi nos liaisons avec eux devinrent'
très-étroites. Ils ise rendaient tous les jours , plusieurs
heures , ajtiprès de notre petit feu de cheminée ; et l'un
d'eux ( Cousin ) qui était très-savant en chimie , en
histoire naturelle et en astronomie, et bien plus estî^*
niable encore par ses vertu^, nous fit des cours de tes^
diverses sciences. -Nous écoutions avec avidité, sui*-'
tout le cours d'astronomie ; car , en nous occupant de
ce qui se passait dans lés cieux, nous parvenions pres^--
que à oublier ce qui se passait sur notre pauvre petite-
planète. Nous avions encore alors la permission d'aller
nous promener quelques heures dans la cour , et de voir
au travers des barreaux de la porte d'entrée, hos do-
mestiques , que nos bons amis chargeaient de nous ap-^
porter quelques .douceurs. Notre- ami, le savant Pou-
gens, aujourd'hui membfe de l'Institut , nous envoyait'
fréquemment d'excellents vins , et fournissait à notre
dépense. Notre bon ami Lami , ainsi que son estimable'
femme , nous faisaient parvenir les choses les plus né-
cessaires , comme robes-de-chambre , mantelets , oreil-
lers , couvertures, etc. Nos draps de lits étaient changés
tous les mois; mais ce qui était plus essentiel encore |>
.26 PIÈCES
le généreux Laniî fournissait à noire bon domestique,
sur sa seule s^nature , l'argent dont il. avait besoin pour
nous nourrir, ainsi que lui et sa nièce : il voulait nous
faire ces avances.) usqu' à la somme de dix mille livtes;
c'était Je libraire de mon mari.
C'était ainsi que se passèrent les six premiers mois
de notre détention. Mon mari faisait sans cesse des mé-
moires adressés a^x chefs du comité,^ etc. pou|: obtenir
notre' élargissement \ trois fois on nous en donna l'es*
pérance , et trois, fois elle fut vaine. Le bon Lecierc^
qui était notre homme d'affaire, avait fait lui-même
un mémoire en notre faveur , que nous couservon»
comme un monument , non-seulement de la bonté de
son cœur , de son attachement pour ses maires ; mais
encore de ses talents; car il y plaide notre cause avec
toute la sagacité.et l'énergie qu'exigeait la triste situa-,
tion où nous nous trouvions. Notre section, à Pouïe de
ce mémoire , fit pour la trobième fojs des démarches
en notre faveur auprès du comité de salut pubKe ^
aussi bien accueillies d'abord , mais aussi infructueuse»
que les premières par l'instigation du tyran.
Leclerc nous écrivit à plusieurs reprises : vous êtes;
libres, demain l'on viendra vous prendre, j'ai déjà fait
du feu dans votre chambre , j'ai xm pot au feu pour
vous recevoir^
Trois fois je fis mes paquets , «et personne ne vînt
nous chercher, parce que Robespierre, avait soin d'en-
voyer tout de suite un émissaire aii comité ^ pour'donner
un contré- ordrp.
Dès ce moment , nôtre sort devint di& jour en jour^
plus rigoureux- ; Ton nous interdit la lecture des jour-
naux ; on vint se saisir de ce qu'on appelait alors ins^'
truments dangereux ; c'étaient nos couteaux, no&fcHur-.
JtJSTIFICATIVieS. 27
clietiee » ciseaux et canifs. Comme nous fumés avertis
à temps de cette opération , nous fîmes disparaître nos
montres etie peu d'iirgenterie que nous avions: tout
cela fut habilejment caché dans nos matelats ; ceux qui
avaient négligé cette précaution y perdirent. beaucoup^
On nous ordonna de nous, servir à l'avenir de couteaux ,
d« fourchettes et cuillers de bttis. hst promenade dans
la cour fut défendue aux prisonniers, et on neus en-«
voya ( pour espionner jusqu'à nos paroles) une horde
de ce qu'on appelait alors des mcmtonsp. Ces monsi
très 9 prisonniers en apparence , «étaient ' payés pour
les délations qu'ils faisaient au comité de salut pw*
hlic, •
Kotre promenade fut réduite à prendre un petr d'exer-*
cice dans la grande galerie, infeetée de l'odeur des
commodités ; c'était oependant' la seule ressource de
tous les prisonniers détenus dans la maison. ^Cet aspect'
n'était guère propre à nous récréer ; cardon n'y voyait
que des visages- abattus^ des individus en mauvaises
rob||pde*/chanthre , ea bonnet de oiuit^ et .laissant croî-^
tre leur barbe ; car l'entrée des barbiers était défendue*:
XXans <ïe temps , je me trouvai très nal par la fatigue»
que xae donnait le soin de notre petilt-Aiénsge; mon
mari étendant la partageait 'pour me souiagerf^^ et sa
fonction était .de retourner chaque jout; nos matelats ^
et d'aller souvent chercher quelques cruches d'eau dans
la cour. > - ' . ... ... ; »
J'avais besoin d'un^ pr<»bpt ^secours , l^aceident étant
très-grave ; je demandai l'assistance d'un chirurgien*
Il fallut faire à cette. occasion une pétition présentée
à l'administration, .toute composée de vrais Jaçpbins.!
Point de réponse; il BsJlut revenir à la charge. Le&
jours s'écoulaient ^ et je souffrais cruellement; enfin la
^
â8 9 I È G C s
refns de laisser entrer l'homme que je demandais arriva.^
Mes amis trouvèrent un excellent expédient : ils avarent
appris que parmi les- prisonniers , se trouvait l'accou-
cheur de la duchesse d'Orléans , lequel vint à mon se-
cours , et me soulagea entièrement.
La promenade de la galerie, toute-triste qu'elle était,
nous fut ôtée de temps .%n temps^ au gré du caprice ou
dçs soupçons de l'administration. On voulait nous trou*
ver coupables de conspiration j pour avoir le droit ou le
prétexte de nous massacrer.
Des sentinelles entouraient le Luxembourg, et nous
réveillaient la nuit , en criant à chaque heure de poste
en poste : Citoyen , prends^garde à toi / On avait affi-
ché aux portes de la maison que nous avions formé
des conspirations, espérant que le peuple se joindrait
à ceux qui devaient nous massacrer. Un jour , jour af-
freux 1 au cœur de l'été , par une excessive chaleur ,
le temps était couvert ^t très-orageux , nous entendons
tout-à-conp un bruit terrible dans notre corridor; nous
ouvrons la porte , et nous apercevons de tout côt^|^es
serruriers occupés à mettre en dehors de chaque porte
de gros verroux , pour nous enfermer à volonté \ ce qui ,
en effet, arrivait trèssonveQt à huit heures du soin
Nous étions donc réduits, dans les plus graiflbscha*
leurs, à étouffer dans nos petites chambres. On nous
ota notre bon et honnête concierge, pour nous. livrer
entre les mains d'un monstre qui avait travaillé dan»
les' massacres de Lyon. La nuit , lorsque nous étions
profondément endormis, cçt homme , accompagné de
gardes-clefs et de grands chiens,, ouvrait brusquement
notre. porte pour voir si nous étions dans nos lits, et
d'une voix épouvantable, nous apostrophait par nos
nomS| en ctiant : Es*tiâ làF,* ^ On nous donna pour
r
JUSTIFICATIVES, 29
surveillant un -poUe^clefs , appelé Verne t ; il s'acquit-
tait trop bien des fonctions de >sa place ; car il dénon*^
çait tous ceux4]ui lui déplaisaient; il inspirait la terreur.
Un jour que mon mari se promenait tristement dans
la galerie ^ Ver net le regarde et l'aborde , en lui di-
sant : est-ce toi qui est l'auteur de Joseph ? Mon mari
lui répondit , avec un peu d'émotion : oui , c'est moL-
m^me. Eh bien! dit-il, je t'aime; il m'a fait pleurer^
et je veux que tu me le donnes. Très-volontiers, ré- •
pliqua Bitaubé , lorsque je serai libre. Le malheur^pc
ne Ta pas reçu ; car il fut guillotiné après la mort de
Sobespierre , auquel il avait été attaché*
Nous touchons à l'époque où le pain commença à
manquer : on nous interdit alors, l'entrée de ceux qui
nous portaient notre nourriture. On sonnait une cloche
& midi ; c'était pour assembler tous les prisonniers à la
porte du concierge , où l'on nous distribuait un pain
lourd et. mal sain ; c'était notre ration pour chaque
jour. Dès ce temps- là ^ on nous annonça l'établisse-
ment d'une table commune ; ce qui empira considéra-
blement nos maux. On nous rassemblait au son d'une
cloche à trois différentes heures; nous étions ^u nom-
bre de 900 prisonnier£|jian8 la maison ; 3c>o é^alent tou-
jours alimentés à la fois ; on marchait deux à deux de
front, en se suivl^t à la file ; ce qui faisait une mar-
che d'une demi- heure pour arriver jusqu'à l'entrée de
la salle; chacun tenant sous son bras son pain et son
couvert, qui consistait en une cuiller, une fourchette
et un couteau de bois : il éfaXt impossible de couper ni
le pain ni la viande ; et par ce moyen , mon mari , qui
avait eu le malheur de perdre ses dents , ne pouvait se
nourrir d'aucun aliment solide.
Lorsque nous étions arrivés jusqu'à l'entrée de la
11
3o \ p r È c E s ' '
salle , là porte ne Voiivrait que pour y faire passer une
seule personne. Le monstre, dont j'ai parlé, nous ser-
vait d'introducteur ; et comme je marchais lentement ,
étant très- incommodée d'une douleur de rhumatisme ,
cet homme, les bras nus , vêtu d*un gilet de laine ,
un bonnet rouge sur la tété , le bras toujours levé
comme pour frapper ses victimes, m'apostrophait en
me criant d'une voix terrible : Veux-iu bien avancer !
Je faisais donc un effbrt pour entrer dans cette salle
iîg^ense , où se trouvaient plusieurs longues tables sans
nappe, entourées de bancs sans dossiers. Je m'y suis
trouvée placée entre deux citoyens dégoûtants sous plus
d'un rapport; l'un, couvert de gale, ofiVait l'objet le
plus hideux ; l'autre était chargé des fonctions sales
et viles de vider , nettoyer , emporter^ et rapporter les
po^s de nuit des prisonniers.
• -Au cœur de l'été, danis une Canicule brûlante, nos
tables étaient servies de mauvaises petites lentilles ,
de haricots Secs et de viandes le plus souvent gâtées
et dures ; telles enfin qu'on les renvoyait au traiteur ,
qui les remplaçait par de semblables. Quant à la soupe ,
c'était un- composé de bouillon très- mince et de quan-
tité d'un pain lourd et m^l ciïît. Tous ceux qui n'a-
chevaient pas leur portion de ce détastàble brouet,
en vidaient le reste dans la commuqe soupière ,• qui ,
de cette manière se trouvant de nouveau presque rem-
plie , servait à la secondé table , puis à la troi-
sième , etc. •
. Le vin , très-aigre , étâît* fixé à une demi-bouteille
par tête , et ne devenait potable qu^en y mêlant beau-
coup d'eau. -^ Réduits à de tels mets, environnés d'une
XeWe compagnie, il est aisé de croire que nos amis et
nous , ne touchions à rien ) mais nous emportions nos
V
JUSTIFICATIVES. 3l
Jéguuies*, je les assaisonnais avec force vinaigre, et de
notre mauvaise viande , je faisais un hachi au moyea
d'un couteau que j'avais caché , et d'une planche qui
était au chevet de mon lit. -Notre souper se bornait au
reste de notre pain et de notre vin ; et , ce qui est très-
remarquable , c'est qu'un appétit constant nous faisait
trouver ces aliments fort bons, surtout n'étant pas for<9
ces de les prendre «à la table commune. Le déjeûné
avait particulièrement quelque chose d'agréable ; sans
doute par l'effet du bon air que nous respirions au tra-
vers des barreaux de notre fenêtre ; elle donnait sur
le grand jardin du Luxembourg. Nous contem'plions
aussi de-là les superbes allées des Carmes que nou$
avions en face ; nous placions notre petite table et nos
chaises de paille le plus près de cette fenêtre qu'il nous
était possible, et nous y prenions, même avec plaisir $
quelques tasses de thé , où nous tiem pions les restes de
notre mauvais pain. Mais nos jours de festin étaient ceux,
où nos voisins nous faisaient parvenir un peu de beurre
frais : lorsqu'on souffre de mille privations ,xes bagatelles
ont quelqu'importance.
Cependant il fallait s'attendre à de nouveaux mal-
heurs ; chaque jour l'orage avançait, chaque jour oa
nous enlevait nos meilleurs amis , pour les mener à la
Conciergerie, d'où l'on, ne faisait qu'un pas pour se
rendre au tribunal révolutionnaire , où les attendaient
ces sentences de mort auxquelles si peu de citoyens
innocents , riches ou célèbres, ont échappé. Dans notre
société seuleniient, nous perdîmes alors Phonnéte Ni*
colaï , magistrat estimable , le vertueux Thouret , le
général Dillon , et tant d'autres auxquels l'on ne
pouvait réprocljer que des vertus. Heureusement pour
nous, le C. Cousin, si chéri de nous tous, et si res-
3« PIÈCES
pectable y fut renvoyé par ses fuges , qui tut dirent
que l'on s'était trompé de nom. Lorsque cet ami nous
quitta pour se rendre devant ses juges iniques , les
larmes coulèrent de tous les yeux des prisonniers ; lui
seul, avec une constance admirable , prit congé de
nous, en croyant nou& dire adieu pour toujours. Nous
entendions rouler dans la cour la charette odieuse avec
laquelle on venait prendre les vic*times condamnées au
supplice ; leur départ était aniioncé par des trompettes ,
dont l'éclat faisait frissonner. Depuis ce temps , le
son de cet instrument me cause une émotion invojon*
taire et cruelle. Notre pauvre baron me disait souvent :
j'ai le pressentiment que je ne sortirai d'ici que pour
aller à la mort. Je le rassurais ; mais je ne cessai de
craindre pour lui. Notre conversation -ne roulait plus
que sur l'immortalité de l'ame; il me disait : si jamais
j'ai. le bonheur de sortir d'ici , je me propose de vivre
tout autrement que je n'ai fait. C'est ainsi que chacun
de nous s'attendait à la mort , et qu'on s'y préparait les
uns. les autres.
Pour moi , je leur disais souvent: Eh bien/ s*ilà
guillotinent mon corps , ils ne pourront guillotiner mon
ame ! Dans une situation que chaque instaat rendait plus
sinistre, je dois l'avouer, nous^ ne nous entretenions,
mon mari et moi , que des moyens âe finir nos jours sans
trop souffrir, et qui pussent nous épargner les horreurs
dont un peuple égaré accompagnait celles du supplice*
J'avais entendu dire que la. fumée du charbon noir
suffoquait sans de grandes douleurs ; l'idée me vint
d'en faire venir , résolue de l'employer à cet usage ,
si les choses en venaient au point de nous forcer à
cette affreuse extrémité. J'écrivis donc à Leclerc de
me faire parvenir du charbon, sous le prétexte. d'ap-
prêter
Jirêtelr nos aliments d*une manière plus commode. Je
ae sais 8*il me devina ; mais il ne m'en envoya point ;
ce qui augmenta beaucoup nos inquiétudes ; car nous
vous aUendiôns chaque jour à subu le sort de nos amia
malheureux.
Le pressentiment du baron se réalisa. Il me disait
peu de temps avant qu'il nous fût jenJevé : Je regarde
ce qui se passe ici comme ce qui arrive dans un pou"
lailler; là t>n va saisir ceux qu^on croit bons à mander;
ici ceux ifuon sait être riches , et même ceux à qui
Von croit des talents au des vertus. Quatre semaines
avant la mort du tyran, on vînt, à quatre heures du
matin , appeler une foule de prisonniers par leurs noms;
nous entendîmes avec effroi celui de notre malheureux
ami. On lui ordonna de se lever sur le champ, de
s'habiiler et de se rendre dans la galetie oîi étaient déjà
rassemblés un grand nombre de prisonniers, pou» être
conduits , à ce qu'on disa^, à la Conciergerie ; de
cette prison-^ià , il y en avait peu qui en revinssent j
elle était comme Tanti '• chambre de la guillotine.
Soixante pribonniers partirent avec lui,; il ne se flatta
^ point de nous revoir; et, pâle, tremblant, il prit
congé de nous, en nous suppliant de lui pardonner si
nous avions quelque chose à lui reprocher. Nous nous
-embrassâmes en fondant en larmes : que cçtte scène
était déchirante ! ni lui ni les soixante ne reparurent
plusl C'est assez dire le reste Pouvait-on se
flatter d'échapper a tant d'horreurs? Le desirait-*oa
même?. . . - •
Nos jours se passaient ainsi tristement ; le peu d'exer*
cice que nous prenions dans la galerie, était empois
sonné par la présence des espions; on ne se parlait plus.
Je marchais à côté de mon mari , l'air morne , la téi»
\ Tome ir. 3
f
[
Si 9 I à C B s
penchée; car ju«^n*a«x regards éi^aitnt înlerprA^. Noi
amis, ainsi que îes aatres prisonniers, frappés de J«
même terreur, observaient la naéraé cot>train(e^ par*
tout régnait unsiience effrayant. A huit heures «^chacun
se retirait clans son apparteinent où toute lumière était
interdite On 3e couchait dans les ténèbres en cherchant
son lit, et ijuelcfuefois, avant d^y «ntrer, on se glis*
sait dans le corridor (éclairé par ia lumière pâle d'une
lami)e ) lorsque les verroux , en dehors de ikJs porte» ^
n'étaient point encore fermés. On éloignait ainsi le
moment de se loettre au lit par des chaleurs brû*
lantes.
Mais nous touchions (sans le savoir) à la fin de no«
pr ine.H , f t le jour de la délivrance parut enfin II s'an-
tionça par le son du tocsin , -qui dura vingt-quatre
heiu>s Nous nous précipitons aunt fcâïf très, chacun in-
terpiptani differemmenrce terrible signal; car ce qui se
passait au dehors ne nou^ parvenait q e difficilement»
•Les uns se flattaient que le bon parti triomphait , d'au-
tres rra gnaient le contraire. Mon mari descend, de
très grand matin, dans la galerie, pour y apprendre
ce que nous avions à craindre ou bien à espérer. Il
«•emontt» subitement, le visage, la voix altérés Qu'est il
donc a^rri vé , lui dis-je ? N'hua sommes Uores^ répondit4l^
le /jran se meuil,
\ oici comme on lui fit part de cette heureuse nouvelle:
Un ami , Cousin , le prend à l'écart d^ns la ga erie, ea
Jui demandant , a voix basse :Sdvez vous gainer un se**
cret ? Oui, dit-il. lih bit n , apprenez que Robespierre
n'est plus! Uu geste de joie échappe à mon mari. Soa
.ami lui dit : mais vous vous trahissez: contenez vous
donc« Mon mari part , et remonte pour m'annoucer cette
. lïeun^u.se nouvelle-
: ]Nou£i4}as8ons tous deux de la plus aiFreuse doulei^r à
ar TT s T ï r î c À V i: s. 25
la Joîe ?a pTus vive : i'en conserve encore le senfîment
dëllcieux. Qui , novi» étions heureux alors , m^rae dans^
les fers.
Trois jours après la naort de Robespîerre , qnelqn^lin
▼înt de la part du comité de sàtut public pour no' s an-
noncer notre Ubert:^ On demande à parles auCBitaubér
il se promenait dans la coiîr ; toutes les voix s'élèvent
p^ur l'appeler ; il arrive : Fous êtes libres , fui crfe
Tbomme chargé de lui annoncer cette heureu e uoti—
Telle ! vous êtes libres ! Ces dmices paroles sont répétée»
par toutes les bouches.. . . Mon mari se hâte de me les
apporter ; il monte l'escalier entouré d'une fottle immense
qui s'écriait à la fois r Vous êtes libret» f. Il faut partir
tout à l'heure. Je fis mes dispositions à fa hâte , sans sa*
voir ce que je faisais ni ce que Je disais , tant la joie me
transportait.
Une circonstance (minutieuse en eîle-m^me ) se re-
trace en ce moii)eut à ma mémoire. Noos étions, de-
puis longtemps, privés des fruits les plus communs
pendant les chal^-urs excessives de ïa canicule , et Ce-
pendant nous avions besoin de nous rafraîchir. Le bon
X.eclerG nous fit parvenir des groseilles ; je les avaii pré-
parées et assaisonm'es avec du sucre , dans l'espérance
d'en faire un souper délicieux ; mais au moment oir
j'appris l'heureéÉe nouvelle de lïotre élargissement, je
ne puis exprimer avec quel plaisir j'abcrndonnai à nôtre-
malheureux camarade de chambre , qui restait seuf danff
notre taudis ^ cet agréable et salutaire aliment. Nour
lui fîmes de tendres adieux , en lui promettant de fi»ire
tout ce qui dépendrait de nous pour iui faire rendre-
la liberié ; mais sa captivité dura encore quatre se--
maines.
Enfin nous descendons Joyeusement les escaliersy
entourés de nos amis et de nos voisins» Mous voifir
36 r T 1 k c lEi %
daos cetfç çouf ( naguère» témoin de nos douloureasef
craintes ) marchant la tête levée au milieu de neuf cents
prisonniers rangés en haie des deux côtés |)our nous
faire un passage jusqu'à la porte du Luxembourg.
Cette marche offrait l'iiiiage d*un vrai triomphe :
sous ne pouvions avancer tant les embrassements de
nos amis nous arrêtaient; nous étions jetés des bras des
uns dans les bras des autres, avec des cris de joie, et
tout retentissait des cris de viue la liberté! Nous ne
parvinmes aux portes qu'avec une peine infinie ; mais
noi/s les passâmes enfin ces portes fermées pendant neuf
mois pour nous.
Mous fumes obligés d'aller prendre nous-mêmes une
voiture, et de passer à travers une rue très-longue.
Nouveaux obstacles pour y arriver : elle était garnie
d'une foule de personnes sorties de leurs maisons , pour
voir passerles premiers prisonniers mis en liberté depuis
la moft du tyran* De tous côtés , on nous donnait mille
bénédictions. Nouveaux embrassements de personnes que
Dous n'avions jamais vues; des larmes de joie coulaient
de tous les yeux. Nous ne répondions à ces témoignages ,
d'un intérêt si honorable pour nous , qu'en disant et
en répétant : Citoyens , c^est ici la plus beau jour de
notre vie.
Nous voilà arrivés à la voiture aveei notre ange li-
bérateur ; il y entra avec nous ; il eut la délicatesse de
ne pas vouloir noqs dire son nom , et de nous quitter
devant la porte du comité de salut public.
Notre émotion croissait à mesure que nous appro-
chions de notre demeure ; la iêtt nous en tournait. Nous
descc ndons de la voilure ; tous ceux que nous rencon-
trous sont embrassés ; mais le moment oii nous revîmes
nosdomes4iques ne-saurait se décrire : des soupirs, des
larmes ^ furent nos muets interprètes ^ jusqu'au momyent
3r U s T I F I C A T I T E s. 37
oît notre bon vieillard s'écria : Seigneur , laisse main;'*
tenant aller ton serviteur en "paix.
Le souper servi , nous nous mîmes ensemble autour
de lannéme tabli^ , afin de nous entretenir à notre aise
de- ce qui aiFectaitle plus nos Cœurs. On né mangeait
paS) on parlait, on pleurait, on riait, et' puis on cho^'
quaitles verres en signe de joie; à peine songeait-on à
se coucher, et cependant nos lits valaient un peu mieux
que ceux du Luxembourg.
Notre réveil nous parut une résurrection , et chaque
jour notre existence nous devenait plus douce et plus
chère. Nos amis de malheurs venaient nous voir à
mesure qu'ils avaient obtenu leur liberté, pour b^nir
le ciel avec nous de leur bonheur ^t du nôtre.
Nous nous rendîmes à notre section , accompagnés de
Xeclerc. Mon mari exprima à la section notre recon*
naissance pour l'intérêt qu'elle avait pris à notre situa-
tion. Le président l'embrassa, et le fît asseoir à côté
de lui. Une voix s'éleva , et dit : « Ne témoignerons-
•f nous pas nos sentiments au bon vieillard , ce fidelle
«- domestique? »• Le président embrassa Leclerc et le
plaça à sa gauche. En sortant , Leclerc nous dit, les yeux
mouillés de larmes : « C'est le plus beau jour de ma
•• vie. » On peut se représenter les applaudissements
d'une section si vivement touchée de nos malheurs et
de notre délivrance.
Le moment vint où il fallut mettre quelque ordre h
nos affaires, et compter avec ceux qui nous avaient as-
sistés si généreusement pendan-t nqtre captivité ; car nous
aurions succombé sous l'indigence, s'ils n'éiaient venua
i notre secours.
Nous étions , dans ces temps malheureux , privés
de toutes nos ressources pécuniaires : les pensions de
-UkOXL maci étaient supprimées} il n'était permis à per^
/
38 PIÈCES
sonne de recevoir des revenus de IVtranger ; ainsi no$
revenus de la Prusse ne purent nous parvenir; et ecr
pendant il fallait faire vivre nos deux dome-trqties ^
et pourvoir à notre propre snbs'stance pendant sept
à huit mois de notre détention 5 la table coiumune
n'ayant eu lieu que Je» deux derniers mois. Notre
dépense cependant était énorme , vu la cherté ex-
cessive qui régnait alors. Les avances que nous firent
nos généreux amis allaient à hni^ mille livres.
Nous devons une reconnaissance éternelle à nos deux
bienfaiteurs, Pougens et i. ami , libraires. Le risque de
perdre leurs avances était presque certain pour eux ;
car ils ne pouvaient se flatter que faiblement de nous
revoir jamais.
Dans le temps que le danger devînt pour nous plus
certain d*un jour à l'autre, mon marf fit parvenir à
M. Lami un billet adi^essé à notre famille en cas de
mort, pour qu'il fût remboursé des avances qu'il
nous avait faites. Sa délicatesse en fut blessée vivement,
et il lui en Ht des reproches pleins d'amitié. Lors-
que nous nous sommes acquittés envers nos généreux
amis , nous n'avons osé parler d'intérêts , c'eût été
pour eux une offense : ils eurent soin de nous en pré-^
venir.
Nous n'oublierons aussi jamais un trait de généro-
sité et de grandeur d'ame de la part de Leclerc.
Lorsque mon mari reçut la nouvelle que ses deux
pensions étaient supprimées, ce fidelle domestique lut-
dit : .. Kh bien! monsieur, je ne veux point recevoir
« de gages , je vous servirai avec autant de zèle et de
« plaisir que si j'étais payé. *• Mon inari n'accepta pas
son offre.
Nous nous vîmes , peu de temps après que nous
fumes rendus à la ïAyexXé , dans l'heureuse situatioa
,^ 17 8 T I F I Ç A T I V B 8. 3ç
de pouvoir reconnaître des sentiments aussî nobles.;
car les pensions fuient rendue» à n»on.miiri avec les
arrérages. La paix avec la Prusse fit lever le séquestre
jmis sur les biens des étrangers , et nous reçûmes nos
intérêts comme aupai avant. Nous nous honorons de
pouvoir nommer à celte occasion parmi nos prolec-
teurs, les ce. Syeyes et Baithekmi , et S. E. monsieur
de Hardenberg.
Les nouvelles les plus heureuses se succédèrent cha«
que jour pour nous: ie nouveau gouvernement voulant
jéparer en quelque sorte les injustices que nous a\îons
essuyées^ nous fit annoncer que nous serions logés au
Louvre:: c'est un iapparlement charmant, supérieure-
ment bijÊn situé^^ que nous occupons depuis notre sortie
du Luxembourg. Mon mari fut nommé à l'Institut na-
tional. /
JN^ous pûmes ac-quitter .tontes nos dettes dans un seul
Jour.
C'est ainsi >q%ie nous passâmes du mal au bien , de
l'excès des craintes à la parfaite tranquillité de l'ame*
Heureux d'avoir appris k l'école du malheur, que.nous
portons en nous-mêmes toutes les ressources néces-
saires pour le soutenir et même pour le surmonter ;
qu'enfin , plus les secours de la Providence se sont fait
attendre à l'infortune, plus ils en acquièrent de prix;
à ses jreux ( i )•
( I )"Voicî la copie des dénonciations faites au comité de snreté géné«
raie , contre le C Bitaubé et sa .fernme.
■<.° Amis de-AoIand, de Brissot «t de leurs complices.; 2.^ avoir aouB*
crit au journal de Brissot ; 3.*^ Bitaubé a été membre de l'académie des
inscriptions et belles-lettres de Paris j 4*^ i^ s'est retiré de la société des
jacobins. • '
' Ces dénonciations tiréef des registres dû comité y nouï furent enn
VQyèeê au Luxembourg par un de nos amis* .
40« PIÈCES JUSTIFICATIVES*
N.^V (Page 398).
Lettre citée dans le rapport de Courtois y faic^
à la corn^ention y le 16 nivôse an troisième j
trouvée dans les papiers de Robespierre.
Sans doute vous été» inquiet de n'avoir pas reçu pi us tôt"
des nouvelles des effets que vous m'avez fait adresser
pour continuer le plan de faciliter votre retraite dans
ce pays-; soyez tranquille sur tous les objets que votre
adresse a su me faire parvenir depuis ie commencement V^
de vos craintes personnelles , et non pas sans su)et ; vous
savez que je ne dois vous faire de réponse que par notre
courrier ordinaire; comme il a été interrompu dans sa
dernière course, cela est cause dé mon retard aujoiir*
d'hui \ mais lorsque vous le recevrez , vous emploirez
toute la vigilance qu'exige la nécessité de finir un tbéâ«
tre où vous devez bientôt paraître et disparaître pour
la dernière fois. 11 est inutile de vous rappeler toutes les
raisons qui vous exposent; car le dernier pas qui vientr
de vous mettre sur le-sopha de la présidence, vous rap-
proche de Péchafaud, où vous verriez cette canaille qnî ,
vous cracherait au visage, comme elle a fait à ceux que
TOUS avez jugés. Egalité, dit d'Orléans , vous en four-
nit un assez grand exemple ; ainsi , puisque [vous êtes
parvienu à vous former ici un trésor suffisant pour. exister
longtemps , ainsi que les personnes pour qui j'en ai reçu
de vous , je vous attendrai avec grande impatience , pour
rire avec vous du rôle que vous avez joué, dans le trou-%
bie d'une nation aussi crédule qu'avide de nouveautés.. • .
— Prenez votre parti , d'après nos arrangements , tout
est disposé. JefiniS| notre courrier part; je vous attends
pour réponse.
/
TABLE
*
Dts épotjuts conienues dans h tomequutrièmeé
HUl'riÈMKÉl^OQUEfc
ïfivasion de la france par les armées coalisée». Page t
t)ampierre, général eo che£ . 3
ÎVfo'rt du général Dampierre. it '
Custînes, général en chef. iS
Siège et prise de Mayence , de Condé^ de "Valen-
ciennes. 18
Affaires du Calvadosk tf
Arrivée à Paris de Charlotte Cprday» ai
Mort de Marat. *7
Exécution de Charlotte Cordaj. fi8
Toulon livré aux anglais. 3o
Bataille de Hondtschoote. £3
Jugement et exécution de Custine», •. 60
Arrestation de Senaonvifle se rendant à l'ambassade de
Constantinople* ^ 63
Siège de Lyon- 68
Prise de Lyon. ^o
Reprise de Toulon par les Français. 89
Décret d'accusation contre 78 membres de la Conven-
tion. 96
Mort de Marie-Antoinette d*Autriche. 107
Exécution de 21 membres de fa Convention. - xi^
Exécution de Philippe d'Oiléans. I2«
Les égiircs fermées. ja3
Exécution du général Bouchard* z3c
Tome IF* 26
La Ifireur X l'ordre du jonr. Page 144
Affaires de la Ve-nd^e. 1S7
Sxt'cutions journalièrei d'un grand nombre de vic-
times. 190
D^claialion de guerre à l'Espagrie. 194
Exécution du général Biron , du maréchal Luckncr et
de Lamouret, évoque consliiuiioonel de Lyon. 284
Décret qui proclame i'iibolilion de l'esclavage dam iea
Colonies. ' a 3?
Embrasement de la ville du Cap. 264
Procès de Danton, Lacroix , etc. 391
Frise de Furnes , Menin, Courtraî. 3i8
Bataille de Fleurus. 33o
' CoDquëte des Pays Bas. 333
fiéteodue conjuration des prisons. t^
'■ Exécution Ata fermiers-généraux. 34a
Jugement tt exécution de Madame Elisabeth, sœur
de Louis XVI. 3^3
Décret qui proclame Yexistence de l'Etre suprême et
Ûimmojlalité de Came. ^S
Fête en l'honneur de l'Etre suprême. 349
Décret d'arrestation de Robespierre. 3t{ii
' ' Neuf thermidor • ^89
TABLE
DES PIÈCES JUSTIFIC ATIVE^J
R tr .1 T I è M É , £ p o «2 o ic«
N.** t. Fragment d'une notice du général W. PageS
2. Fragment d'un journal du corps de Condé. 7
3* Diverses dénominations de factions employées,
pendant la révolution. i5
4. Lettre de Madame. Bitaubé i %€i frères. 17
5, Lettre citée dans le rapport de Courtois, fait
à la Convention, le 16 nivôse. an ^roisfème^
trouvée dans les papiers de Robespierre. * 49
fmt
ERRA TA
V Pour le quatrième volume.
Page i38 , ligne 24 ^ Moreau déjà général en chef, lisez
Moreau général de division.
P* iSoy lig, 2j victimes, /. victimes.
JP. «24 , lig. 39 , et 225 , lig, 1 y Hagueneau , /. Weîs-
sembourg.
P, ai6, lig. 17, des Alpes., /. des Alpes,.
P. 252, lig. 17, le relour, /. ou le retour.
JP. 3o7 f tig, 14, une grande,/, on prit une grande.
JP*. 3^7, lig* 14, à ses,. /. à ces.
p. 3:1^,^/1^. ^, la fussent, l. le fussent.
P. 33S, Idg.^ 2^, se déposter , /. îe déposter.
jp. 352 , lig. 23 , ces premiers , /. ses premiers.
Nota, « L'orthographe topographique étant inéTÎtahlement incertaiit
<t parla différence des langues , des prononciations, des papiers pubh'cs
ce et des cartes , le présent errata se rapporteaux différentes manière!
le dont se trouvent écrits les noms des lieux et les noms propres. »
page I , ligne 10, Hondscoote , lisez Hondtschoote.
P. 4 , lig. 7 , Curgi , /. Curgîes.
Idenij Normale^ /. Mormal.
P. 12 , lig. 12 et 22 , Rouelle, /. Rouelle.
Idem y lig. 26, d'Ausie, l. d'Auzaiu.
P. 14, lig. 18, Tucoîng et de Ronck , /. Tourcoîn et
de Roncq.
P. i5, lig, i3, Hombach, l. Hornebach.
Idem y lig, 17, Reinzabern , l, Rheinzabern.
P. 36, lig. 27,Salzbacb et Brexenheim, /. Salbachet
Bretzenheim.
P. 42 9 %. 6 ,- Marlî , /. Marlis.
I
Page Y! 1 %'^ 4 1 ^^"* * ^^^^* îlœûT*
Idem^ lig» 22 , Normale, L Mormal.
P, 48 , lig, 20 , LinceUe , /. Linselles.
P. 5o , lig, 27 , StuiTvord^ , A Si^enwoorde.
JP. Si , %. 14 , Rossbruges , /. Rousbrugge.
P. 52 , b'g, 8 , Benbeck , /. Bambeck.
P. 78, ^j^». II , Aîguebianche, A Ayguebelle^
/c?^/«, lig. 20 , Valmenie , /. Valmeynier,
P. 83 , lig, t , Saron , /. Faron,
P. 88 , hg. 4 , idem,
P. 182, %. 7, Vervîk, /. Werwîck.
P. i33, //^. 7, Ronbais, /. Roubaix.
Idem^ lig, 8^ Lanoi, /• Lannoy.
P, i35 , lig. 3 , Avenne ^ /. Avenes*
Wip/w , lig, 4 , Watignî , /• Waltîgnîe«»
P, 140 , lig, 7, Bitch, /. Bîtche.
P. 141^ //^. 9 et 2'3 , Siefck, /* Seitz*
J^^/n , lig, 19 , Pitterdorf , /. Blieterdorf.
P, 142, //^. 10, Moter, /* Moder.
P, 180 , lig, 9 , Watigni , /. Wattîgnies.
Idem^ lig, 22 et 23^ Soléme , /.. Solesme.
P, 181 > lig, 6, Watigni^ /• Wattîgnies.
P, 196 , /^. 25 et 26 , S* Laurent de la Corda , /• S«
Laurent de Cerda»
P. 197, lig* i, d'Arteî^ A d* Arles.
P, 204, //^. 19 , col de Pertuis, /. col de Porteili
Idem , lig, 20 , la Jouquères ^ /. la Jonquièrel
P. 20S , Z/^* 24, Singariol, /. Puig-Orlol.
P, ^07 , lig, II 9 à Salus , /• à Salcès.
Idem , lig, 26 et 27 , au Mont-Louis devenu Mont-
Lîbre , /• au camp de la Perche ^ devant Mont'*
Libre.
PI 2i5 , lig. 7 y Lantosca ^ /. Lantosqucn
Page 21 3, ligne i3, la Nembîe, lisez la Tloca*
Idem , lig, i8, Baoulé, /. Beoiet.
Idem y lig, 20 , col de Raous , /. coi de Rau8«
P. 216» lig, 7, Finières, /• Linières*
P. 228 , lig* 4 , idem.
Idem^ lig. 16, Weudt, /. Werdé
Idem^ lig. 21 > Gaudeshossen, /. Gondersho(Fen«
P. 224, lig. 29 , Haguenau , /. Weissembourg.
P. 225 , lig* I , idtfn,
P. 226^ lig, 10, Gu(?i^>^csbeim , /. Germersheim»
P. 227 , lig, i3 , le Hunzruk ^ /. le Hundsruck.
Idem y lig, 14, Guermersheim , /. Germersheim.
P. 3o5, /i^. 25, MauteiDa, /. Monteîlla.
P. 3io, lig. 19 et 20, col d'Ispery, /. col d'Ispeguy;
P. 3i5, lig. II, Baruu , /. Bossu les Valcourt.
P. 3i8 , //^. 21 , Maeron , /. Moescroen.
Idem , lig, 28 , Vakam , /. Wackeo.
Fin de Perrata du quatrième volum^i
'\,
wm^m^^m^^fimé^
JOURNAL DES OPÉRATIONS
de V armée du Nord.
1792. ^ .
21 octo. Beiirnonville arrive sous Valenciennes , à la
léte des troupes , de retour de la Cham-
pagne*
LABOURDONNAIE,^//2<^ra/ en chef de t armée.
25 Tourcoing et Boubais abandonnés par l'en-
nemi.
28 Le général Berneron> avec sa division se porte
' dans la forêt de Benissard.
DuMOURIER, général en chef des armées du
Nord et de la 'Belgique réunies,
3o Combat entre Peruvels et Blaton.
1 noV. L'armée sous Valenciennes ; Pavant-garde en
avUnt de Quievrain; la division Harville à
Hon ; Labourdonnaie à Sanghien.
2 L'ennemi repoussé de Lannoi.
3 Affaire de. Thulin.
4 < L'ennemi chassé de Montreuil, Thulin, etc.
5 Attaque de Quarregnon ; l'armée marche sur
Mons.
6 Les Français attaquent Menin , s'emparent
de Pont - Rouge , Warneton et Commi-
nes, etc.
6 Bataille de Jemmapes.
6 Le général Labourdonnaie à Hertain.
7 Entrée des Français dans Werwick et Mons.
Tome IFé 1 *
1792.
8 no7. Labourdonnale à Tournay ; Berneron à Ath ;
l'ennemi se retire sur Bruxeires.
9 . Le général Berneron à HalJ.
s
LegenéralSTEUfGEL rew/>/^CtfB EUR NON VILLE
à C uuant' garde ; ce dernier ira commander
Vannée de la. Moselle.
11 L'armée à Engbien ; Harville à Braioe-Li-
Comte; l'avant-garde à Hall.
12 Labourdonnaie à Gand.
12 et i3 Une colonne partie de Dunkerque s'empare
de Nieuport , Ostende' et de toute la Flan-
dre maritime.
i3 Combat de Saint-Pefersiewe et d'Anderlecht,
14 L'armée à Anderlecht } entrée des Français
dans Bruxelles.
16 Prise d'Ypres et de Furnes, par les Français.
Jdem. Labourdonnaie marche sur Anvers.
17 Le général Stengel s'empare de Malines.
j8 Prise d'Anvers , par Labourdonncû^*
Idem. Combat de Leuze.
19 L'armée campée au Cortenbergbe.
Idem, Commencement du siège de la citadelle d'An*
vers.
20 Entrée des Français dans Louvain ; l'armée
sur le Pellenberg, et le long de la forêt de
Merendael.
Le général M i R A N D A remplace
Labourdonnaie.
SX Frise des forts de Lille et de ListenKœck,
par les Français.
1792.
.81 noy« L*aTmée sur Bautersem. La division Harville
marche sur Hougarde, une autre sur Op**
linter.
Hartllie marche de Judoigne sur Namur.
2% Combat et prise de Tirlemont ; l'armée à
Cumptlch , Orsmael et Judoigne*
26 L'armée à Saînt-Tron.
27 Combat de Rocour et Varoux; l'armée sur
les hauteurs de Liège ; les flanqueurs à
Hersthall et Flémal.
28 Entrée des Français dans Liège : ils occupent
Spa , Stavelo , Malmédy. Stengel à Bober-
mont. Miasinski à Dalem. L'ennemi a été
derrière Hervé,
aç Reddition de Ja citadelle d'Anvers,
7 déc. Combat d'Hervé et Henri-Chapelle. L'ennemt
se retire sur Aix-la-Chapelle et Juliers*
8 Entrée des Français à Aix^-Ja-ChapellCf
11 Le général Miranda s'empare de Wesem ,
Waert et Ruremonde» Le général Lamar-
lière pousse dans le pays de Clève, lève
des contributions, et se retire sur Rure-
Aïonde.
1 2 L*armée française entre en cantonnement. Les
généraux Dampierre à Aix-la-Chapelle;
Stengel sur la Roër j Miasinski dans les en-
virons de Daleioi; le colonel Freschyille^
Eupen et environs.
L'avant - garde de l'armée des Ardennes à
Vervîers , Lîmbourg, Stavelpt, Spa, Mal-
médy} rarpuée sur deux lignes de Huy à
■^.'■.■
Ï792-
Liège et Saînt-Troti , et Robermont, Her-
vé, etc. Mlranda de Tpngres à Buremonde.
L'ennemi à Juliers et derrière PErHit.
Expédition sur la Hollande commandée par le
général DumoUrier.
1793
17 fév. L'armée cantonnée depuis Berg-op-Zoom jus-
qu'à une lieue de Breda; ellç est divisée en
quatre corps :
Avant-garde, général Berneron.
Division de droite, général d'Arçon.
Division de gauche, le colonel Leclerc.
L'arrière-garde , colonel TilJy.
22 . Le général Berneron devant Klundert et Wil-
lemstadt ; Leclerc bloque Berg-op-Zoom ,
et Stenberg s'empare du fort Blaw-Sloys ;
. le général d'Arçon bloque Breda.; Dumou*
rler avec l'arrière- garde à Sevenberghe.
Le colonel Daendels s'empare des Noort-
Schantz.
Le général d'Arçon attaque Breda qui se rend
le l'j*
aS Le général Berneron s'empare de Klundert,
et commence le siège de Willerastadt.
imars. Le général d'Arçon met le siège devant Ger-
truydenberg , et s'empare le même jour de
tous les ouvrages avancés.
2 Le général Dumourier au Moerdyck ; les trou-
pes de Roowert à Swalurre ; l'armée hol-
landaise commandée par le prince d'O-
range , aux environs de Gorcum , au Stry
et lie de Dort.
y
I
1793.
3 mars. Le général Fiers arrive a Rosendael avec sîx
nrille hommes.
La division de gauche à Oùdenbosch et Se*
venberghe.
4 Reddition de Gertruydenberg ; une colonne
\ marche sur Heusden.
DUMOURIER part pour P armée de la Belgique ,
et laisse le commandement au général F 1er s ^
10 Les Prussiens s'avancent sur les Français par
Bois-le-Duc. ,
IX Les Frstnçais laissent garnison dans Gertruy-
denberg et Breda, et se retirent sur An-
yers.
Gertruydenberg et Breda attaqués par les Prus-
siens et les Hollandais.
27 L'ennemi somme Anvers ; les Français se re-
tirent sur Dunkerque , Cassel et I ille.
Armées de ta Belgique et du Nord réunies •
20 fév. Le général Miranda commence le siège de
Maëstricbt. . ^
% mars^r Prise des forts de Stephanswerth et Saint-
Michel.
S Le prince Cobourg rassemble 'Son armée ^
marche sur Aldenhowen , Aix-Ja-Chapelle
et Maëstricbt. Les Français repassent la
Meuse.
' II Combat dans la plaine de Tongres ; les Fran-
çais abandonnent la rive gauche delà Meuse ^
et se retirent sur Diet2.
I793*
i3 mars. L*armée derrière Louyaîn; Pavant -garde &
Comptich ; l'ennemi entre Tirlemont et
Tongres.
i5 L*ennemi s'empare de Tirlemont.
i6 Combat de Tirlemont et Goidzenfaowen.
17 L'ennemi eittre Saint -Tron , Tongres et
Landen.
L'armée française derrière la Petite-Gette.
18 Bataille de Nerwinde.
19 L'armée repasse la Petite-Gette. Combat d
Goidzenhowen.
20 L'armée derrière laVelpc.
Idenu- L'ennemi s'empare de Diet7.
21 L'armée sur le Pellenberg et environs; canon-
nade sur toute la ligne.
22 Combat sur toute la ligne.
23 Combat ; l'ennemi entre à Lourain ; l'armée
se reforme sur les hauteurs de Corten*
berghe.
24 L'armée derrière la Vpluve. >,
25 L'armée traverse Bruxelles , et se retire sur
Hall.
26 A Ënghien.
27 A Ath. Le général Neuly marche sur Mons ,
par Hall et Braine-le-Comte.
28 L'armée à Antoing; l'avant-garde àToumay ;
Miasinskî au Mont-la-Trinité j Leveneur au
camp de Maulde.
3o L'armée à Breuille ; Miasinski à Orchies*
2 avril. Miasinski devant Lille.
5 Dumourier prend la fuite*
1793.
Deuxième campagne.
Dampierre, général en chef»
6 avril. L'armée au camp de Famars.
8 1/armée au camp de Famars et som Bouciiain.
9 Condé investi par l'ennemi •
22 Sortie faite par la garnison de Condé.
14 Combat près Condé*
i5 Combat dans les bois de Sarnt-Amand.
16 Combat de Fresnes et Cugies.
16 au 17 Affaires près Lannoi.
18 L'ennemi repoussé en avant de Fiers ; prise de
Lannoî et Roubais, par les Français. '
AI L'ennemi repoussé aux avant-postes de Mau-
beuge.
24 L'ennemi tente le passage de la Sambre près
Jeumont.
j mai. Combat entre Toumay et Menin.
Idem. Combat dans les environs de Yalenciennes.
6 Pri$edeRou8brugheet Proven,par les Français.
8 Combat de Raismes et de Vîcogne.
Idem. Combat à la gauche de l'armée.
-—Combat de Lingerj Rohck occupé par les
Français.
s
LaMARCHE^ général en chef provisoire.
23 et 24 Combat entre Orchies et Bavai. Les Français
se retirent sous Bouchain.
2d Combat de Bousbeck ^ Ronck et Tourcoing*
27 CuSTlNfi^ génércd en chef.
3i Furnes et Bnlscamp enlevés de vive force par
les Français*
1793.
10 juin. L^ennemî repoussé près Templeuvcr»
i3 au ï4 L'ennemi ouvre la tranchée devant Valen-
dennes , sous les ordres du duc d'Yorck qui
commande le siégeJ
20 L'ennemi s'empare du Cateau-Cambresis.
3o Combat de Capelle.
17 et 2$ Sortie faite par la garnison de Valencîennes.
2 juill. L'ennemi repoussé duPont-à-Marqûe, Pont-
à-Rache,et abbaye de Flines.
S et 6 Combat de Boussel et de Neuve-Eglise.
7 Petit combat entre Bergues et Rousbrugbe.
5 au 6 Escalade de Valencîennes tentée par l'en-
nemi,
m Capitulation de Condé.
Tdem. Combat de Hantes et Douzois»
j3aui4 Pçrte et reprise de Saint'Âfnand, par le«
Français.
16 L'eanemi marche sur Gambray.
2Z Combat de Commines à Tourcoing.
23 L'ennemi pousse de forts partis sur Cambray
et Oisy.
28 Capitulation de ValencLennes,
3 août. HoxJCHAKD^ général en chef.
6, 7 et 8 L'ennemi entre le Catelet et Cambray ; somme
cette dernière place , et pousse des reconnais-
sances sur Bapaume , etc. (B. )
9 et 10 Blocus de Cambray. •
;io L'armée derrière Ja Scarpe , se retire sur
Arras.'
11 Camp ennemi entre Péronne et Salnt»Quentin;
Cambray débloqué. (B.)
■
1793. .
xy août. Combat dans la forêt de Mormalè.
28 Combat de Lincelles , Bondues et Blâton.
(B.)
19 Le Quesnoy bloqué par Pennemî.
Idem, L'ennemi passe la Lys; combat.
20 et 21 Combat d'Ostcapelle ; Bergues cerné par l'en-
nemi, (B.)
22 L'armée anglaise marche sur Furnes et Gy-
velde ; combat,
23, 24 Combat devant le Quesnoy,
23 ' L'armée anglaise au camp de.Kosendael et
Lefferînchoucke , somme Dunkerque ( B. ) ,
de la part du duc d'Yorck,
24 La garnison de Dunkerque fait une sortie sur
le Camp ennemi de Rosendael. ( B. )
24 Houchard du camp de Mons-en-Pelve piarc^e
sur Menin , et se porte le aS à Cassel.
25 Bergues tourné par la droite ; l'ennemi occupe
Bierne.
i27 ou ^9 Tourcoing attaqué par les Français.
(B.)
Idem. L'ennemi ouvre la tranchée devant Dun-
kerque.
4 sept. Environs de Péronne ravagés par l'ennemi.
6 Combat de Poperinghe , Rousbrughe et d'Out-
kerque.
Idem, Combat de Ronck.
7 Combat .de Bambecke et de Roexpœde,
8 Combat entre Menin et Messine.
8 et 9 Bataille de Hondtschoote donnée sur la ligne de
Dunkerque à Ypres ; levée du siège de Dua-.
kerque par Tennemi.
10 Le Quesnoy capitule j Pennemi y entre le ii«
1793.
12 sept. Combat dans la forêt de Mormal.
Idenim Echec des Français à Saulzoir»
i3 Combat de Werwick etCommines; prise de
Menin et Bonck , par les Français.
Idem. Le générai Beaulieu se porte de Cysoing k
Heule et Courtrai. *
2 5 Combat de Besseghem et de Nederbeck; les
Français se retirent sur Werwick et Lille.
19 L'armée aux ordres de Houchard au camp de
Gaverelle. •
Cobourg marche sur Tournay ^ et Beaulieu à
Cysoing.
An 2. 1793.
5 vend. 26 sept. Combat sur la ligne, de Lannoi à
Commines ) retraite de rennemi.
Jeu RD AN , général en chef provisoire..
♦
7 28 L'ennemi passe la Sambre , s'empare
de Baschamps ^ Saint-Remi ^ Ju<-
mont ) etc.
11 2 oct. Maubeuge et le camp retranché h\&*
que par l'ennemi.
12 3 Ferrières-la-Grande au pouvoir de
l'ennemi.
i5 6 Blocus de Landrecies par l'ennemi.
x5aui6 6,7 Sortie faite par la garnison de Mau*
beuge; Cobourg devant Maubeuge.
19 jo Les Fcançais au c&mp d'Arleux et de
César.
20 XI Le général Clairfait pousse une re*
connaissance sur le camp Fran-
çais^
An 2. 1793.
aoyend. il oct. L'anbée Françaîie marclic sur Aves-
nes-Ie-Coiute et Landrecies.
Idem, Le duc d'Yorck quitte les environs de
Menin , et arrire h Anglefontaine
le 16 octobre.
21 12 Combat du bols de TilleuT.
22 1 3 L'ennenai de Berlaimont au village de
Waittîgny.
Idem» L'armée , sous les ordres du général
Jourdan 9 marche à l'enpemi.
Idem» Sortie de la garnison de Maubeuge.
25,26, 17,18 Bataille de Wattigny;?ennemi repasse
et 2^7 et 19 la Sambre dans la nuit du 26 au
27 vendémiaire.
29 21 Les Français s'emparent de Mar->
chienne. **
30 22 Commines, Werwick^ Menin, etc.
au pouvoir des Français.
Idem. Les Français marchent sur Furnes;
Combat de Bulscamp; Furnes at-
taqué et pris par les Français ; l'en*
nemi poursuivi jusqu'à Nieuport,
' qui est sommé le 23 octobre.
4 bru» 25 Quartier-général de l'armée à Mau-
beuge.
5 26 L'ennemi se retire du Cateau.
Idem, Levée du siège de Nieuport par les
Français.
6 27 Mont-Cassel et Moucron pris par
l'ennemi.
8 au 9 29 , 3o Combat et reprise de Marchlenne par
l'ennemi.
17 , 7no7. Combat en avani de Guise.
23
i3
a frim.
2i
7
8
27
28
. An 2, 1798.
18 brum. 8 noy. L*ennemî passe la Saœbre et marche
sur Baumont.
Lignes de cantonnenaent de l'en-
nemi. Voyez le li'Zeré-rouge,
Les Hessois chassés de* Watlerlos,
Combat de Mechin et Leers.
Affaire au château de Beck
9 29 L'ennemi fourrage les environs de
Landrecies et le Quesnoy.
II I déc. L'ennemi repoussé de Werwick , La-
chapelle, Houtem.
Les Français du camp sous Guise à
Jeumont.
Postes ennemis forcés à Flines et
Pontarache.
L'ennemi repoussé vers le Cateau.
Attaque du Mont-Noir par l'enneroL
Diverses petites affaires de peu d'im-
portance*
PlCHEGRU , général tn chef.
I794-
9 pluv. 28 j[an V. Fourrage enlevé à l'ennemi à Bailleul.
lovent, sBfév* L'ennemi attaqué Fiers.
i8 18 Les Français, attaqués à Stenwoorde
repoussent l'ennemi jusqu'à Pope-
ringhe.
1 7 germ. 6 avril. Expédition des Français au-delà de la
Lys.
29 18 L'ennemi se porte du Cateau à La-
chapelle. — Combat de i3 heures.
—Le prince d'Orange bloque Lan*
drecies»
18
8
23
i3
Idem.
26
16
en nivôse.
An a« 1794*
2 âor» 2t avoriL Les divisions cle Guise, Landrecles
et Maubeuge chassent l'ennemi
d'Etreux , Venerol , Henape, Bo-
hain. — Retraite d'une divisioa
française sur le camp de César.
5 24 Les Français attaqués en avant de
Cambray etBouchain, se retirent
dans le camp de César.
ChahBONNIER , général en chef de
Varmée des Ardeunes,
7 26 Bataille générale sur toute la ligne de
Dunkerque à Givet ; jonction des
^rmées du Nord et des Ardennes.
8 27 Quartier-général de Tarmée- à Cour-
trai.
Idem. Landrecies bombardé par l'ennemi.
Idem. Bombardement de Menin par le gé-
néral Moreau.
9 et 10 28 y 29 Combat en avant de Courtraî.
xt 3o Prise de Menin par les Français^ après
un combat.
22 I mal. Landrecies se rend à l'ennemi.
Idem, Combat près Tournay.
21 10 Idem y ibidem,
22 II Combat sur là ligne de Courtraî et
fngelmunster.
28 et 29 17 ^ t8 Combat sur la ligne de Pont-à-Mar-
que, Lannoi, Tourcoing, Roubaîs ,
Mouveau, etc.
29 18 , Combat entre la Lys et l'Ëscàut ; l'en-
nemi évacue le territoire de la ré-
publique.
An 2.
1794
3 prair.
22 luaL
i3
I juin.
]6
4
22
10
Combat cntxe Tournayet Oudc-
narde.
La division Moreau devant Ypres.
L'armée vers Paffendhael.
L'ennemi chassé de Roussel aer et
Hooglède, se retire à Thielt.
24 12 Le général Moreau au siège d'Ypres ;
' l'armée entre Rousselaer et Hoog-
lède.
25 i3 Combat d'Hooglède et Bousselaen
29 17 Capitulation d'Ypres.
2 mess, %o L'armée entre Courtrai et Deynse;
, combat ; l'ennemi se retire sur
Gand.
7 25 L'armée entre Waereghem et Cruys-
hautem*
9 27 Idem , entre Wortegham et Huysse.
11 29 Le général Moreau s'empare de
Bruges.
12 3o L'armée à Deynse.
i3 I juil. Idem y à Bruges^ le général Moreau
à Ostende.
i5 3 Idem y près Saint- Jorio-ten-Dislele.
16 4 ^— A Gand,
17 5 Oudenarde et Tournay occupés par
les* Français.
21 9 L'armée près d'Erembodeghem ; une
partie de l'avant - garde entre k
Bruxelles.
22 10 L'armée à Asche,
23 II Idem, entre Bruxelles et Malînes.
2 5 i3 idçm^ en avan.t de Helworde ; la
gauche à Hombeck*
An 2. 1794.
27 mess, i5 juil. Idem^ près Mallnes. — - Prise de Lan«
drecîes par les Français.
28 16 Les Français commencent le siège du
Quesnoy.
39 18 Le général Moreau s'empare de Nieu«
port.
5 ther. aï L'armée de Lîers à Heist-op-denberg ;
les Anglais évacuent la ville et la
citadelle d'Anvers*
6 24 Entrée des Français à Anvers.
9 27 Investissement de l'écluse par le gé«
néral Moreau»
Armée de la Moselle.
1792.
I nov* Kellermann rassemble les troupes de l'armée
du centre , devenue armée de la Moselle ,
sur les hauteurs de Saarlouis,
7 L'armée à Meztzig.
8 Desprez- Crassiers prend le commandement
provisoire de l'armée.
9 au 14 Labaroiiëre marche de Sierck à Remich, où
il s'empare des magasins ; et alla fouiller
Freudenbourg.
BeurnoKVILLE, général en chef,
1 5 au 21 Le général Ligneville , avec six mille hommes ,
part pour Mayence; d'Hombourg, il revient
sur les hauteurs de Saint-Vendel ; son avant-
garde à Hessembirch ; Hohenlohe , avec qua-
torze mille hommes , couvre Trêves , re*
tranché sur la montagne Verte , à Pelingen ,
X792-
Kondz , Saarbruck , Ta Chartreuse et dans les
gorgés envîronnabte».
sSnoV. Labarolière inquiète Freudenbourg et Saar*
bourc;.
j25 Le général Beurrtonville , avec le corps d'ar-
mée, à Lehbach et Wusweiller.
a6 Le général Ligneville k Tholey, d'où il envoie
des parties jusqu'à Traerbach.
27 L'armée réunie à Tholey.
29 L'armée à Mettnicb , l'avant-gardfe à Kastel.
30 L'armée à Nonweiller, l'avant-garde à Her-
meskel.
I déc. L'armée à Hermeskel, occupant Kellen , Hols-
berg j SchondorfF, Wasweiller çt les boi»
de Lonwald.
at Le corps d'entre Saare et Moselle oanonne
Saarbourg.
3 L'avant-garde cerne les hauteurs de Pellngen.
4 L'armée entre Hoisberg et Wasweiller ; l'avant-
garde à Taumen , Casse! et Rouver j l'en-
nemi chassé de la forêt de Lonwald.
6 Le corps d'entre Saare et 'Moselle s'empare
de Saarbourg.
Idem» L'armée attaque la montagne Verte et les
hauteurs de Pelingen sans succès.
8 L'armée devant Peiingen ^ Labarolière à
SchondorF.
Jdent» L'ennemi repoussé de Wîlsteîn et devant Saar-
bourg.
II L'ennemi repoussé de son attaque sur Saar-
bourg.
za Coipbat de Bibelshausen ; l'ennemi est re-
poussé.
4
t3déc. Combat de Warreû.
14 Beurnonville s'empare de Pelmgeti, qn^ll ttt
put garder.
14 au i5 Combat d*entre Saare et Moselle*
t6 Combat de Ham.
17 Fausse attaque sur Pelingen^ Tarmée repaie
sur la rive gauche de la Saare.
t8 Les Français canonuent Greweumacheren et
Koudz , pour cOuvrfr leur retraite»^
ao au 3o L'armée entre en cantonnement ( Voirez la
carte générale V "
Bouchard et Fvlly ^ génétaux-ai^
diviaioTim ^ :
An !.•'• 1793.
Il flor. Soayril. L'arméedans tè ducKé de Deux-Popiit
et sur la Saare.
26 i5 mai* L'Armée au camp de Hornbach*
19,20,2 1 7^8,9 ju. Combat d'ArJon.
34 au a5 12 au i3 Les Français évacuent Arlonf.
i5ther* 2 MÛt« Bxpéditgoo: des Français sur l'abbajre
d'Oryal. }
2t S ^oût,. Combat d'Hebach et d^ËîswellIer.
^6fruct. 12 8ept«c )GombatdeiKetlei5ich et Felsenbrun»
27 au 28 i3 et 14 .Comblât de Purmasens*
An 2.
3,brum4 24 oct L^ennemî repoussé devant Rohrbacb
..,.,.. et Bitoke. • =
4 a5 > Combat près île Sarguemines.
Hoche , général en chef.
I frim* 21 novt Tentatives des Prussiens pour s'em-
parer de Bitcbe*
Tome IV. 2 \
An 2. 1793.
28 bru. i8no7. Combat et prise deBisIng et Bliscas-
• tel, par les Français.
Idem, Idem. Près de Heir^bacb*
7,9frîm. 27, 29 Combat près de Kayserslaptem.
16. . 6 déc. ^ Prise de Dahnbruck, Minsthaletdes
hauteurs en avant de Wejd. Jonc-
tion de l'armée de la Moselle à
celle du Rhin.
« t
JOUHPAN , général en chef.
An 2. 1794.
24 vent. 14 mars. AfFaîre Bur les hauteurs, des forges
de Jaegerthal.
II ger, 3r Les Prussiensjepoussésd'Apach, près
. : 'dé'SJerck. ' . • .
27 16 avr^ Combat sur les hauteurs de Tiffer-
'. tange." * : .'
28 17 L'enntim repoussé -des 'hauteurs de
3^9 • 18 Bataille et prise d'Arlonv ^^ .
5 pralr, 24 mai. Combat de NeuFchateau.
7 • 26 Combat et prîse»cle Saiiit-Hubert.
^ 27 Combit^k' prlsedes- redoutes et de la
• ' viile de Dinaîil, -f' • i ^
l3 ^ I juin. Affaire de Saint-Gérard. '
.16. 4 L'armée de la Moselle *£gkît sa jonc-
tîonay^c' l'armée des Ardennes et
• : les .diTJsioDs .de^l'armée-^du Nord*
devant Charleroi.
Armée des Ardennes.
Valence, général en chefi
An I." Ï793.
22 fruc. 8 sept. Enlèvement des postes d'Haslîr.
An 2.
I2frim. 2 déc. Combat près de Gîvet.
V] 17 Combat dans les bois de Jamaîgne.
1794-
i5.vent. 5 mars. Combat de Saumois et Cerfontaîne.
21 ger. 10 avrU. Combat entre Villers et Florenne.
. ■ ^ ' ■• . . . -
ChaRBOKNISR , général en chef.
3 flor. 22 ' Combat de douze heures aux environs
de d'Ausqit , près Philippeville.
7 26 L*ennemi chassé des environs de Bos-
sus-les- \V'alcourt , et réunion de
Tarméc des Ardennes à l'armée du
Nord , près Beaumont*
21 ïomaî. Prise.de Thuin.
22 II La droite de l'armée du Nord et de
■ ' l'armée des Ardennes passe la
Sarabre , s'empare de Fon^aine-
' ' Lévéqiie et Brnche. ' • -
Aflaii'e de Mei'bes-le-Château.
Combat de GVândreng.
Combat. Les Français repassent la
Saratre.
Combat de Cursolz , près Bouillon,.
L'ennemi attaque le château de
Bouillon;
Défaite de l'ennemi à Lobbes et
ErqueJinne. -
23
12
24
'
r3
•
• lâem.
29
18
2o
19
I prair.
20
Ah 2. Î794'
t prair. aoinai* Les Français pasàent )a Saœbre, tl
ft*emparent de Fontaine-Lévéque ,
Binche , et blocus partiel de Char-
leroi.
6 tS Combat. Les Français repassei^t utae
seconde fois ia Sambre.
7 au 8 26 au 2^ Les Français tentent le passage de
la âanabre.
it 3o Les Français passent la Sambre, et
bloquent Charleroi.
li âi Bombardement de Charleroi.
iS 3 juin. L'ennemi fait une sortie de Cliàrle-
toi ; les Français attaqués de toute
part repassent la Sambre*
JÔurdaK prend le commandement des trois
i:orps d^ armée réunis.
7.4prair. 12 juin. L'armée passe la Sambre.
24 au 25 12 au 1 3 La tranchée ouverte devant Char*
^ Jiçroi.
26 14 Sortie d« la garnison ; prise d'une
redoute par les Français»
aS 16 Combat en avant de Fleurus, levée
du siège de Charleroi ; les Fran*
çais repassent la Sambre.
3o . i3 l^ouveau passage de la Sambre.
2 mess. 20 L'ennemi repoussé du coté de Je*
I nape,
5 23 Idem de Herlaymont.
7 mess. 25 juiu. Charleroi capitule.
8 a6 Bataille de Fleurus.
i
Ces trois corps d*armée prennent le nom
ai Armée de Sambre et Meuse^
Combat de Roeulx , Harvé , Mont-*
palisel, et prise de Mons.
L'ennemi battu à Waterlo.
Combat de Senef et Geuibloax*
La tranchée ouverte devant Landre-
cies y par les Français.
Entrée des Français à Brui^eiles.
Jonction des afmées du Nord et Sam*
bre et Meuse à Ath.
97 l5 Prise de Louvaîn et combat de la
montagne de Fer, par Jes Fran-
çais,
99 17 Prise de la ville et du château de
Namur.
I tbén 19 , L'ennemi repoussé en arrière de Tir-
lemont.
3 21 Prise de Huy, par les Français.
Idem^ Prise de Saint-Tron , par les Fran-»
çais,
9 zj Les Français dans Liège.
An 2.
x3 mess.
1794,
I juin.
18
6
19
20
7
8
«
21
22
9
10
Armée du Rhin.
B I R O N , général en chef,
C U S T I N E , commandant V armée d expédition
sur Mayetwe et Francfort.
1792.
20 sept. L'armée entre Weîssembourg et Landau.
29 Combat et prise de Spire, par Tarin ée fran*
çaise.
30 L'armée à Spire et environs. "^
4 oct. Le général Neuwinger à Worms et Muttcr- ^
statt.
10 L'armée entre Hedesheim et Hungen ; Neu-
winger pousse un détachement sur Aizey.
18 L'armée à Worms ; les 'avant-postes à Op-
penheim.
19 Mayence bloqué par l'armée française.
20 Capitulation de Mayence. '
23 Prise de Francfort, par les Français*
a8 Prise du fort de Kœnigstein ; Tarraée sur la
Nida ; combat de Nauheim , près Fried-
bcrg.
4 nov. Les Prussiens sur la Lahn , le Rhin, jusqu'à
Giessen,
9 Combat de Limbourg.
a5 au 28 L'ennemi passe la Lahn , et marche sur Franc-
fort.
28 Francfort sommé par l'ennemi.
29 Quartier-général du roi de Prusse à Hombourg.
179a.
2 déc. Prise de Francfort par les Prussiens ; ca-
nonnade entre les deux armdes j retraite des
Français sur Mayenee,
3 L'armée française garde le Rhin , de Franc-
kenthal à Bingen,
14 Prise d'HocIiheim , par les Prussiens.
An I.** ' 1793. ...
z3 vent. 2 mars. Combat et prise d'Hochheim y par les
f^ Français;
ochheim repris par les Prussiens.
Kœnigstein se rend à l'ennemi ; îes
Prussiens. passent le Rbia au des-
sus de Bacharach.
Les avant>postes de Bingea attaqués;
l'ennemi repoussé.
ComJbat de Stromberg; Pennemi re-
pousse.
Les Prussiens passent le Riiîn à Saint-
. Goar et Rhinfels.
Combat sur la Nahe, près Bingenj
les Français se retirentaurAlzey.
Les Français marchent sur Worms»
a
Combat d'Ober-Flersheîftb
Les Français à Neustadt.
I ayrrl. Idem en avaât.de Landau.
JMem en arrière de Land#n.
L'armée française derrière la Lauter.
' ' < '••-'.*'■
21 9 CuSTlNE, commandant en chef les
. armées du. Rhin et de la Moselle^
8 flor. a6 ^' Prise d'un convoi près Landau, p.ir
les Français»
17
6
20
9
•
s8
^7
I getm^
30
<
4
;x3
•
7
«
•
10
29
II
3o
12
3i
i3 :
I a
14
. s
16
4
y
An I.-
' 1798-
iSflor.
6 mai.
29
17
Combat d'Herxhelm*
Combat d'Inflingen , Knlttelhelm , et
sur toute la ligne.
3o 18 Passage du Rhin tenté par les Fran-
çais au Fort-Louis et à Strasbourg.
BeaUHA&nais y général en chef.
12 mess* 29 juin. Combat de RhiiAJitern , Herxenhèim
et Offenbach.
x6 3 juill. L'armée française k Minfeld.
% therm. 19 L'armée devant Landau»
Idenu Combat de Franckweiller, etc.
3 20 . La gauche de l'armée dn Rbîn se
réunit à la droite de celle de la
Moselle du côté d'Anweiller.
4 21 Combat d'avant*garde.
5 ,. 22 L'armée française en avant de Lan-
dau , entre NusdorfF et Dam-
heim*
Idemé L'ennemi attaqué à Bornheim, Gleit*
weiller et Chapelle de Bur.
S aS Mayence se rend au roi de Prusse.
10 27 Combat de Belbeim; l'armée fran*
çaîse rentre au camp de Min&ld.
11 98 L'armée française derrière les lignes
delà Lauter.
%S t^ août. Combat de Billikheim, Rohrbach ,
d'Infiingen, Leimersheim,Hazen«
buhl , Rhinzabern ; l'ennemi re-
poussé y sortie de la garnison de
Landau.
An I,*' Î793.
2 fruct. 18 août. LandrbmoVT ^général en chef.
4 20 L'ennemi attaque sur tout le front.
6 22 L'ennemi s'avance jusqu'à Ober*^
Oiterbach 9 et est repoussé jusqu^à
Bergzabern,
7 23 L'ennemi s'empare de Scbaidt ^ qu'il
évacue le 24*
22 28 L'ennemi attaque sur quatre co»
lonnes, est repoussé partout, et
principalement du côté de Berg«
zabern.
26 iz sept. L'ennemi surprend le camp de Noth*
weiller.
27 22 L'ennemi battu et repoussé à Dahn-
bnick 9 Bleisweiller , Niderhor-
bach , Barbelroth et forêt de Bien-
Wald* ♦•
29 14 L'ennemi chassé de son camp retran-
ché de Nothweîller , et poursuivi
jusqu'au-delà de BondenthaL
3/ com. 18 Les Français attaquent Bergzabern,
Langenkandel 9 Scheibenhart*
5 Idem 20 L'ennemi attaque le centre de l'armée
française saus succès.
6 21 L'ennemi attaque le camp de Noth-
weîller ; il est tepoussé.
An 2.
22 vend. 3oct« Ca%j^%^ ^ général en ch^ provisoire*
22 i3 L'ennemi attaque Schaidt, Bergza-
bern, Lautejbourg , etc. ; retraite
des Français*
An 2. 1793.
23 vend. 14 oct. L'armée derrière les anciennes lignes
de la Moder.
25 16 L'armée derrière la Zorn , jusqu'à
Hochfelden.
27 18 Combat. L'armée française se retire
derrière la Suffel.
28 iç L'ennemi repoussé à Wantzenau.
X brum. 22 L'ennemi attacjue lesl hauteurs de Sa*
verne.
2 23 L'ennemî tente de passer le Rhîn
edtre Rheînau et Marckolsheim ;
il est repoussé.
4 au 5 25 au 26 L'ennemî s'empare de Wantzenau et
du bois de Reichstett; il est re-
poussé de ce dernier poste.
6 27 Forte canonnade de l'ennemi sur» le
village d'Eckwersheîm.
PiCHEGRtT , général en chef.
28 i8nov. Bataille sur toute la ligne (le Fort-
Louis se rend aux Autrichiens ) ;
l'ennemi repoussé près deBouxweîI-
1er et de Wantzenau.
2Q 19 Combat et prise de deux redoutes
près Bouxweiller 5 les Français y
entrent le 3o au matin.
2 frim. 22 • Combat et prise de Brumpt, par les
Fra^nçais.
4 24 Prise de Zulzendorff et d'Uttenhof-
fen.
5 25 Combat de Mittesheim et de Gon-
dêrshofien.
Ani.
1793-
iifrim»
1 déc.
la
2
H
4
Combat et .prîsc de 'la redoute enne-
mie de Landgraben.
Combat près du bois de Garabsbeiro.
L'ennemi chassé d'OIFendorf, et pour-
suivi jusqu'à Drusenheiui.
19 9 L'ennemi chassé des hauteurs de Da-
wendorf.
sS au 26 i5 au 16 jL'armée de la Moselle s'empare de
Da hnb ru cb , Malstall et des bau«
teurs en avant de Werd.
2 nir. 2Z Prise des redoutes en avant de Werd
et de Freschweiller, par les Fran-
çais.
3 23 EnlèvemeBft de tous les retranche-
ments de Biscbwiller , Haguenau et
d'Ënzenheim, par les Français.
ÏLOCBM y' général en chef.
4 24 L'armée marche en avant.
$ au 6 25 au 26 Bataille sur tou(ela ligne ; rennemtî
chassé de Gaisberg, etc., évacue
Weissembourg , les lignes de la
Lauter.
8 28 Levée du bWvs de Landau.
9 • 29 ' Enlèvement des postes de Gerraers-
hehn et Spire; les Prussiens pour-
1794. suivis se retirent sur Neustadt.
12 I jany. Prise des yillesde Neusladt, Durck-
' . heim.
i3 2 Lés Français s'emparent des re-
doutes ^n avant de Kayscrslau-
tern.
I
/
An 2» 1794»
X4 Dîv. 3 jahv. Uarmêe marche sur Grunstadlt
Franckendal et WormSé
16 5 Les Français entrent à Franckendaltet
Worms
23 1% Combat près de Creatzûach; Penne-^
mi repoussé ; le duc de Brunswick
pousse un corps considérable sur
Trêves,
37 :i6 Sortie faite par l'ennemi du fort
Vauban v ( Fort-Louîs ).
2^ z8 Evacuation totale du département da
Bas- Rhin , par l'ennemi*
3o 19 Reprise dvi fart Vauban , par le«
Français»
21 vent. II mars. Prise de vive force du poste d'Ogers*
heim , par les Français.
\ MfCHAUD , général en che/^
\
8 flor. 27 avril. Combat de Kurweîller*
12 I mai. Prise de Lambsheim et Franckendal,
par les Français.
4 praîr. 23 Bataille de Schifferstad t.
14 mess. 2JuiH« Combat de Freisbach, Hambach et
Hochstedt.
25 i3 Bataille sur toute la ligne; prise des
postes de Freisbach^Freimersheim^
Stutzberg et Saukopf.
26 14 Prise de Spire , Neustadt , de la gorge
d'Hochspire et de Tripstadt.
29 17 Prise de Kaysersiautern, par les Ftan^
cais.
tf^i^^mmmi
Armée du Midi.
MotfTli^qV tov ^ général en chef*
1792,
ai y â2 et it3 sept. Conquête de la Savoie.
•^^^lÊk^^
Armée d^Italie*
ÂtïSELME ^ lieutenant'général commandant*
»
An I." 1792- '
8 au 9 29et3o Passage du Var , par l'armée fraii«
vend» sept, çaise; prise de Nice, Montalban
et de Villefranche.
Incendie et prise d'Oneille.
Défaite d'un corps considérable de
Flémontais qui s'étaient emparés
de Sospellok
â brum. !23 oct.
29 i9nov«
Î793.
16 au 17 4 au 5
pluv. fév.
BiKON , général en p)u^ de tarméf
d^Ilalie*
26
I vent*
it
39
Combat de Moulinet , Melin et de
Luceram. Italie.
14 Prise de Sospello ^ par les Français.
19 Prise du camp de Bruis , par les
Français y idem.
29 Enlèvement de tous les postes enne*
mis , depuis Lantosca à Belver, id.
9 mars. Le village de Mouliçiet enlevé de
vive force | par les Français, id^m.
An i.f» 1793.
3ogerm, 16 avril. Prise du camp retranché de Perut,
par les Français. Italie.
2 prair. 20 mai. Prise de Rpcca et d'Isola, par les
Français , idem,
•
• .BkuN£T^ générai €11 chef de V armés
di* Italie,
14 I juin. Combat des Fourches, zVf^/w.
21 ^ 8 juin. Enlèvement des camps ennemis , de
Perut, Moulinet , les Fourches et
de R aons , idem,
25 12 Les Français attaquent les Fourches
et Raons, idem,
ifherm. tSjuill. Les Français attaquent le camp de
Rauset Lauthion, /ff^Tn.
Kell^ermann, général en chef de
Carmée des Alpes,
3o 16 août.' Les Piémontais s*emparent de Lane*
bourg, Thermignon, Braman, etc.
Alpes.
îifruct. 27*aôût. Prise de Toulon ; par les Anglais.
Italie.
22 7 sept. Combat dans les Gorges OoHioules.
Italie. ■ ■■ • • .. i
DUMEBBION^ général en chef de
i^ armée (^Italie,
23 8 Combat de Belver. — Armée d'Italie.
Idem, L'ennemi repoussé de Brouis,Hutel
et Lavenzo ^ idem,
26 II Déroule des'ennertîé dans la plaînie
d'Aîgnebelle. — Aipes.
An 1." 1793.
a8 au 29 i3 au 14 Expulsion de Tennem! des hauteurs de
fruct. sept.
Idem
4conip. 19
An 2.
.7 vend. 28
8
29
5q
II
t\)Ct.
Idtn}^
Idenu
Belleville,et prise delà redoute et
du retrancheiuent d'Ëpierre. Alpes.
•Prise d£i ]a redoute de Salanches,par
les Français , idem.
Prise ^^^ retranchements de Chatil-
lon , par les Français , idem.
Défaite des ennemis dans la gprge de
Salanges, près Cluse, idem.
Prise des postes de Sainte - Croix ^
Perache et des Brotleaux, près de
Lyon , idem.
Enlèi:enaent de vive force des retran-
chements du Mont-Cormet , par les
Français , idem%
EpUvement dupostedeValmeynier,
par les Français , idem.
Idem d^ Beau fort, idem.
Prise de Moutier , du bourg Saipt*
Maurice, et enlèvement du poste
du Col ^ I^ Magdelaine , idem.
».
DuCOMMI.SR, général en clief de
OÎLT
/ ^arméç^ d Italie •
18 9 Pxise de Lyon* Alpes.
27 au 28 18 fiu 19 ÇouQkbat de Gillette et de Tournefort.
: -r Italie.
\ brun), 2^ . >^, LVnnemi défait à Utel, idem,
2 23 Prise de .Ji^'Arçhe Malboiset. —
' .Alpes.
3 24 Pri^e du camp de la Magdelaine ,
idem* .
An s. Î793.
4 au 5 25 au 26 Défaite des Piémotitais à Casfel-Ge«
^ brum. oct* nest et à Brec ; prise de Figaretto ^
— Italie.
7 au 8 28 au 29 Combat et reprise de Toulon , par
les Français, a— Italie.
DuMERBiOR^ général en chtf de
V armée d'Italie.
• Ï794.
i7gerro. 6 avril. Les Français s^emp'arent du camp de
Fougasse, idém^
18 7 Les Français s'eosparent de tous lei
postes aux environs de Brégiio* r^
Italie.
19 8 Frise d'OneîlIe , par les Français ^
idem,
zj 16^ Quinze cents Autrichiens défaits à
Pon(e di Nava ^ sur le Tanard ,
idem.
38 17 Prise d*Ormea, Loano et de Garessio,
par les Français , idem.
5 flor. 24 Enlèvement de toutes les redoutes
sur le Mont-Valaisan et du petit
Saint-Bernard ; prise du poste de la
Thuile. — Alpes.
8 27 Prise de la^ redoute du Col Ardente^
Idem» Prise de Fels et de la Briga , idem,
10 29 Prisé de Saorgio et de la Bolena^
par ' les ^rança?s.' — Italie.
19 8 mai« Prise de Belvédère, Saint-Martin,
Lanosca et é\Jt Col de Tende y
idem.
Idem,. Prise de Fenesltrelle , par les Fran^
çais, — Alpes.
ai flor.
An i/' X793.
Pujet-BaRBÏntanne, général en
chef.
23 then 10 août. Les Espagnols attaquent la gauche
du camp de l'Union.
29 16 . Attaque du Mosset.
a fruct. 19 . Les Français s'emparent d'Elne.
9 a6 Affaire de Millas.
11 28 Combat de la Perche près Mont*
. Louis.
12 29 Prise de Puycerda, Belver, par les
Français*
Idem. Les Espagnols s'emparent de Cornèlla
et Forcercal.
17 3 sept. Les Espagnols attaquent le camp de
l'Union , et s'emparent d'Orlès et
de Cabes^any.
16 au 18 2 au 4 Combat d'Olette et de Villefranche.
1^ «4 Les Espagnols chassés des ports de
Vieille et de Rions.
19,20,21 5, 6, 7 Les Espagnols attaquent Peyres*
tor tes.
2% 8 Combat et prise de Riresaltes , par
les Espagnols.
DagOBERT y général en chefi
1 comp. 17 Prise de Vernet, par les Espagnols»
Idem. Bataille de PejTestorte»;
a 18 Prise de Stery , par les Espagnols.
5 21 Prise de Villefranche , Oïette et du
camp de Prades ^ par les Français.
Idem. Prise des ports d^Escalo et Duaborsy,
par les Français.
An z.
79^'
DaOUST, générât en chef provU
soirck
4
5
1 vend.' 22 sept. Bataille de Nils, PonteîllaetTruîllas*
% 23 Affaire d'aVant-garde.
3 24 Les Espagnols commencent leur re- ,
traite sur le Boulon.
25 Combat de Thuyr.
a6 Prîse de Thuyr , par les Français.
9 3o Retraite générale de l'ennemi sur le
Boulon.
Idem. prise d'Elne et d'Argèles ^ par les
Français. ,
12 au 1 3 3 , 4oct. CoUibat de Montesquieu et de Ville-
longue*
5 Prise de Puycerda, par les Français!.
Idem^ Combat de Dori et prise de Rebos ^
par les Français*
H
19
idem*
6
10
6 brum. 27
9
19
TtjrtIEAU , général en chef.
Combat dfe Puîg-Sengli ^ Montesquieu
et de Saint-Pedro.
Prise de CampredoUé
Combat et prise de Monteilla, par
les Français.
Les.Français marchent sur Ceret, et
combat de Palauda.
Tentative des Français sur Roses*
3o
9 jnoy* Combat d'EspoUa.
i6
6
ï7
7
18
8
19
26
9
16
3o
3 nÎF,
1
20
23
An 2. 1793*
DoPPET , général en chef.
jifrim, I déc. Les Espagnols s'emparent de Saint-
Ferîol.
j^ 4 Les Espagnols repoussés à Ville-
longue.
Combat des Albers et de Lanzo.
L'ennemi repoussé des hauteurs de
Lanzo.
Combat au col de Bagnols.
Combat de Villelongue.
Les Espagnols s'emparent du Col de
Bagnols.
Combat de Villelongue.
Combat d'Ortaffa et de la Reart.
I
3 au 4 ^3 au 24 Prise du fort Saint-Elme et Port*
Vendre , par les Espagnols,
DEUXIÈME CAMPAGNE.
1
Du GOMMIER y général en chef,
1794- • •
7 germ. 27 mars. L'armée frartçaise quitte sfes canton-
nements.
16 S avril. Bagnols des Après occupé par les
français.
J9,2o;,2i 8 , 9, 10 Combat de MontelUa et prise d'Ui>
gel.
26 i5 Combat de Mas-de-Paille.
28 17 Affaire de Pallau.
29 18 Mort du général Dagobert.
8 au 9 27"au 28 Combat et prise de la Palmera 9 par
florëal. , les Français,
10 au II 29 au 3o Combat du Taillett
/'
-»
t'
\
An 2. Ï794*
1 1 flor. 3o avril. Combat de Saint - Christophe « des-
Albers.
Idem, Combat de Montesquiou.
12 I mai. Combat. L'ennemi repoussé de Ceret.
i3au 14 2 au 3 Arles et Pratz de Moilo, évacué par
les Espagnols.
12 I Les Français s'emparent du Col de
Bagnols:
ï3 2 Collioure investi par 1rs Français.
Idem, Bellegarde, idem,
jj 6 Prise de Saint- Laurent de la Mouga^
et des forges et fonderies , par les
Fiançais.
27 16 Sortie de la garnison de Port-Vendrç.
6 au 7 25 ai| 26 Capitulation de Saint- Elne^ Port-
prairiaL Vendre et Collioure.
16 au 19 4au7Ju, Prise de Touges et Ribes^ par le»
Français.
19 7 Prise de Campredon/par les Français.
23 II Prise de Ripoll,iV^tf/7i. *
I mess. 19 Prise de Bezalu, idem^
a 20.' Prise du poste et camp de l'Etoile,
idem.
8 26 Combat près Bel ver, ideni*
i3 I juill. Camp d'Estella forcé, idem.
14 2 Attaque sur les hauteurs de Terra Jes,
idem.
Armée des Pyrénées occidentales.
Se R VAN, général ^en chef.
An I." 1793.
26gerin.'i5avriK Attaque du cdmp d'Espeguy , par les
Espagnols.
Attaque du village de l^us^iAi^ ^idem.
Attaque du fort d'Andaye, idem»
Attaque de la Mpntagne de Louis
XIV, idem.
Attaque de JoUmont , idem.
Attaque de Zugaramurdi , par les
Français.
Attaque de la redoute deBera»
Combat de Sainte-Barbe.
Attaque du Col de Berdaritz»
Combat de Lusaïde.
Deuxièipe combat , idem. ■
3 juin. Combat de Château Pignpn*
Combat du rocher d*Araca.
Combat du rocher d'Iramekaca.
Combat de Lazerataca.
Action au Château Pignon*
Combat d'Erratzu.
Kii^qvie, des camp^ le long de la Bi-
d^ssoa.
Idem. Attaque de la Montagne de Louis
XIV.
j6 4 juill. Combat auprès de Behobie*
a5 i3 Combat d*Urrugne.
Idem. Attaque de TEgUse retranchée de
Biriatu.
28
17
4 flor. 23
Idem»
5
24
Idem.
1
1Z-
I mai.
ïàem.
»9
18
6 pralr. a5
7
26
i5
3 juin.
16
4
17
5
18
6
Idem, ,
Idem,
4 mess. 22
An I," 1793.
28 mess. i6.juill.
29 17
5theriïi. 28
20 7 août.
Idem»
i7fruC:ti 3 sept,
ai 7
Idèm^
An 2i
I vend. 22
sobrum. lonov.
21 II
Idem,
1794.
19 pluv. 7 ft'v.
Idem, '
Idem, '
Idem,
37gerni. 6 avril.
8 flor. 27
Jdenï,
Idem,
^léein\
8 mai.
18 "
34praîr, 2 juin.
Iderm, '
Idem,
Idem, -
Idem,
î9
29
Attaqae d*Irouleppe, pi:^sdeLusaïde.
Combat d'Espeguy.
Action -çin avant d'Urrogue.
Combat des Aldudes.
Combat d'Orbaicet.
Combat de Biriatu.
Combat de Zugarramurdi»
Combat d'Urdach.
Combat en avant de la Montagne du
Commissarl.
MULL£R, général en chef ,
Combat d'Ibagnet.
Combat de Zugaramiïrdy.
Combat d'Urdach.
/
Action de la Croix des Bouquets.
Combat du Calvaire.
Combat à Sarre.
Combat à Ascain.
Combat du Rocher.
Combat de Saint-Michel. '
Combat d'Crisson.
Combat d'Arnegui.
Combat près de Baygory.
Action d'Irati/
Combat d'Andaye.
Combat de' Berdaritz.
Combat au Col d'Espeguy.
Combat au Col dé Maya.
Attaque de Cassa Fuerte. *
Combat d'^Orate's.
/■
An 2. 1794*
i^praîr. 2 juin.
Idem.
2« 16
5 mess. aS
Idem.
22 10 juin.
5 ther. 23
Idem.
6 24
I
Idem%
Idem.
Idem,
Idem»
7 . 25
Idem.
Idem» '
Idem»
Idem,
Combat de Bustancelay.
Combat devant Altobiscar.
Action devant Biriatu.
Action près d'Urugue.
'Action au Calvaire, près d'Urugne.
Attaque du camp des émigrés à Ar-
quinzu.
Combat au col de Maya.
Combat au col d'Arriète.
Invasion des Français dans la vallée
de Bastan,
Combat du Col d'Erratzu.
Combat d'Arîscum.
Combcit d'Echalar,
Combat è^ Saint-Estaven.
Attaque des réserves de Bera,
Attaque du fort Commissari.
Attaque de Marie-Louise.
Attaque de Sainte-Barbe-
Evacuation de Biriatu , par les Es-
pagnols.
BATAILLE DE JEMMAPES,
Donnée le 26 novismbre 1792.
n Le centre de rarmée française ( où se tenait
le général Dumourier) commandé par le
duc de Chartres, et les généraux Drouet^
Desforest, StetenoflFe.t Chauraont.
h La droite, aux ordres de Beurnonville, et les
généraux Freschwille, Fournièr et Nord-
mann.
^ La gauche, commandée par le général Férand-,
et les généraux Blottefières et Rosières.
d Réserve d'infanterie et de cavalerie.
e Division aux ordres «du générai Harville , de«
, vant se porter sur les hauteurs de Berta-
mont, et tourner la gauche de l'ennemi.
1 Chamboran , Berchiny, hussards, et Norman-
die, chasseurs, chargeant Tennemi par le
flanc,
2 Dixième et onzième régiments d'infanterie.
3 Flandres et le sixième bataillon de grenadiers^
tournant et emportant la première redoute.
4 Premier, deuxième et troisième bataillons de
Paris, chargeant et repoussant la cavalerie
de l'ennemi>
*S Deux bataillons de grenadiers attaquant.
6 Vivarais repoussant la cavalerie ennemie, qui
tâchait de pénétrer dans la plaine.
7 Premier bataillon de Saint-Denis.
8 Premier bataillon de la Nièvre, recevant le prcf*
mier feu de Tennemi caché dans le bois.
1
i792r.
9 , Cent .quatrîèmç régiment s'en Fonçant daQs. le
bois pour attaquer.
lo, Il Bouillon, Vintimille , et quatorze autres ba-.
• taillons, tous également exposés, pendant
pl^isieurs heures ,aun feu soutenu d'artille-
rie et de mousqueterifr.
12 Le sixième régiment de chasseurs à cheval ,
et Laùzun , hussards, soutenant Tattaque
du bols.
Les généraux Rosières et Thouvenot, avec
une partie des troupes de Taile. gauche ,
attaquent et emportent Quaregnon.
i3 Bataillons rencontrant des obstacles. Faisant
contre-marche pour entrer dans Jemmapes.
14, i5 Le troisième bataillon franc, et le vingt-
unième de chasseurs entrent les premiers
dans Jemmapes,
\
«
f
BATAILLE DE NEERWINDEN,
Donnée le iS mats lypS.
a Position del^armëe française avant la bataille.
b Position de Pennemi , idem.
b' L'avant-garde commandée par le prince Charles.
è* L^ première ligne commandée par le général
Colloredo.
b^ L'infanterie de la seconde ligne et les dragons de
Cobourg, sous les ordres du prince de Wiif-
temberg.
b^ Deux divisions de cavalerie, commandées parle
major-général Stipshitz et autres troupes, sous
les' ordres du prince de Wurtemberg , pour dé-
fendre la plaine de Leau.
i^ Trois bataillons de grenadiers commandés par le
général Alwinzy.
b^ Six bataillons belges*
^7 Deux bataillons d*iufanterie ; hussards de Blanë-
kenstein et chevau-légers de Latour. Ces trois
derniers corps étaient sous les ordres dq général
Clair fait.
Colonnes d'attaques Commandées par les géné-
raux Lamarche i , Leveneur 2 , Neuilly 3 ,
Dietmann4,Dajiipierre5,Miasinski6,Ruault
*/ ^et Champmorin 8.
Les trois premières colonnes forment Patraque de
droite , commandées par le généraF Valence ; Içs
quatrième et cinquième du centre , aux ordres
du duc de Chartres, et les trois dernières for*
1
1793- ' '
maient Pattaque de gauche, sous les ordres du
< générai Miranda.
Cydje^ Points par oùJes colonnes françaises passèrent la
ftgih Get(e, à 9 heures du matin.
La première colonne s'empare de Racour; la
deuxième dîOwerwind^n et de la Tombe de
Miltelwînde. Cette dernière position fut dispu- •
tée toute la Journée. \
Les troisième, quatrième, cinquième colonnes
s'emparent de Neerwinden. Les Français sont
repoussés des trois villages.
i Leurs positions.
k Neerwinden , repris une secondent troisième foi«
par les Français, est .abandonné par tes deux
partis.
/ Charges de cavalerie. ,
m Autre charge. La quatrième colonne met la cava-
> lerîe ennemie en déroute.
Les sixième et septième colonnes attaquent Gut-
zenhowen et Orsmael.
n Combat et retraite de ces deux colonnes.
La huitième colonne s'empare dé Leau, et s*jr
maintient jusqu'au soir.
o Position des Français après la bataille.
p Idçm de l'ennemi.
Journée du i<).
(j Position d'une partie des troupes dé l'aile gauche
pour couvrir la retraite de l'armée française.
r Idem de la division du général Dam pierre.
s Canonnade et position d'un corps d'Autrichiens.
t Position de l'armée française après sa retraite.
u Dernière position de l'ennemi.
An 2» Ï794» . *•
11 iloié lotnau Prise du Fort Mîrabouck et de Vllle-
,* . Deuve-Despratfe , — AJpes. i
Idem, Prise de la redoute de Maupertuys ^
iderUé
24 au 2S i3 au 14 Prise , par les Français , dès redoutes
de EWet, de te Ramasse et autres
. postes au Mont -Cénis,/c?^/7i.
27 praîr* ,B juin». Prise du .poste des BarricadeSj,* pajr k$
FraiM^ajB , idem. • . .4 »
23 .,. II , DérçjLit^ des Piémontaîs dansai vallée
' ' d'Aoste * idem,
?9 ' ..,?i7 . DéFaite des ennemis au petit Saiat-
BerHf^rcj;, ijdpm.
6 ço^sSî:: ajl-'f., .Prise d^.çanxp dç P Assiette, îden^i^
?5. , f 3 juilU Comb^t^de Loano et de, la Pietra»
•26-;^.!, ..:ï4nj..' .'Prise.deiVertaytf j.auCoijdeTendç,
idi^i. » .',
R thpr, '|^^.)[, ., Le po5te isle;J^5)fflcavion,pfis par.liçs
Arfnêè'des Pyrëtiées,0rieMaX€S. ^'^
S E R V A N > géiîQrauen chef. v "
:^i7TeH(Y»»'^'-t0ârsrJbédatàtÏQh*'5i^ guerre à l'Espagne.
II ger. 3i ••'Ekpulsîdrii'd^*Espagno!s de la vallée
./(M ..:./,MrV. d'ÀftPriV^'pïHse'de SèiekHet^ljpiar
■ les^FtfA^eàiîr^ 'o
-a8 '' ^'^^î^aVril: Le^ F/anr&i'î 'Tepoûô^3és4.de Samt-
Laurerif-'tfc.tCerda.
Tonf IF, 3 *
An I.*' 1793.
Sojfçr.. 191 avril. Prise d* Arles, parlés Espagnole
1 flor. : ^o Coinbst et prise de Ceret, par les
Espagnols.
3o F L E a S , générât en chef.
3o' '• 19 mai* La M«ié-Den attaquée parles Espa-
gnols ; retraite des Français.
-¥ ^fâir. io Argelés pris par les Espagnols.
^ ^ Idein, Sortie de ia garnison de Collioure.
Iden^. Bellegarde' bloquée par l'ennemi.
5 >4 Prise d'Elne, par tes Espagnols.
Ig aty • 'Sortie de la garnison française de
GolliOnre.
t
i5 "3 juin. Bçllegard'e sommée par l'enriemîé
16 ' '^ ^ 4 Prise du fort des Bains, par Tennemî.
1-7 S Idem de Piratz de Mollo.
^iy-auaS i5au 16 L'ennemi ouvre )a tranchée devant
Bellegarde.
I" " i8 X ^ t6 * Sortie de la garnison de éellegarde.
8 me^.aô'juîn. Capitulation de Bellegarde.
i^ 3o Les Espagnols repoussés de Puig-
Oriol.
i3 I iui|l. Les Espagnols repoussés de Mi lias.
^5 * i3 Camp français de l'Union attaqué.
2- i5 Les Espagnols repoussas de Via , An-
defo ft Aigat.
28 aui29 i6aui7 Combat de Mas, de Ferres, et atta-
"i ' ..q,ae générale 4^?. Ë^P^^ols sur le
_ ^Y : ., . camp de l'Union.
' 4,iih^ffair 2jz JExpéditioj^, des Français sur nié.
j3 3i Affaire de y iiicas.
17 ' ,4 août»- Prise de, ^illefrancjje par les Espa^
'• ,:
' I
n
BATAILLE DE HONDTSCHOOTE,
6 sept.
3
4
S, 6
Du 6 au 9 novembre lypS.
«
A hnît heures du matin, les Français
attaquent sur tous les points.
Avant- garde. Le général Hédouville
s'empare de Poperinghe , repousse
Pennerai jusqu'à Vlaemertinghe ;
partie de cette colonne marche sur
Rousbrugghe,
Combat et prise de Ren'mgelst, par le
* général Vandame.
L'ennemi repoussé de Waefoue.
Houchard attaque Houtherkej l'en-
nemi mis en fuite.
Ces colonnes chassent l'ennemi des
bois de Saint^Six, de Proven et de
. Rousbrugghe.
Le général Jourdan s'empare d'Her-
zeèle.
•Bambeck# et Crustrade attaquées par
- les généraux Houchard et Jourdan ^
. retraite de l'ennemi.
Position du général Falkenhausen ,
. pour couvrir la retraite des Autri-
chiens.
Retraite de Ja colonne aux ordres du
général Walmoden.
Idem j du feld-maréchal Freytag.
.j3, 14, Le* généraux Houchard et Jourdaa
_ s'emparent de Rexpoède.
iS JRetraite et position du général Falken-
hausen.
7
8, 9
10
II
i2
6 sept.
Ï793.
16 L^avant-gaVcle de la colonne (12) cul-
butée; (e prince Adolphe et Itma-
réchal Freytag, b'essés et faits pri-
• .. , sonniers» - .
17 Les gardes à pîed dégagent le prince
Adolphe. ' *
18 Combat. Les Autrichiens rentrent a
Eexpoède y et délivrent le maréchal
Freytag» ... *.
lû ' Position des Français*
.jîo . \/iff/n , de l'ennemi.
L'armée anglais*» devant Duhkerque
: '^ fut aussi attaquée , mais sans succès •
Les Français attaqpent Hondtschoote
"7 sept. \ sans succès ; la garnison de.Dunker-
que fit une sortîe.
L^armée française daraiit ;Hondts-
choôte 'j la droite commandée par le
général . CollàVid ; le cenfce , par
Jourdan , et la gauche , par le géné-
ral Vandame*;.le général T^clerc se
porte )• Ioog..duTcan^l , pour atta-
quer la droiteîde l'ennemi^
8sept. ^ 22 ' L'ennemi forcé ae retire.
23 Sa position. « '•
24 .Combat devant Punkerque. '
25 L'eunemi repouvssé de Vlaemçrtîn-ghe.
26 Pbsrtiûn des Fraudais devûii^t Ypres.
.L'attaque n'ayant pas réuafei , ils, se
•retirent suc fiailJeul lea^ [
! T ' h
'Nuit du 8 au 9 'Retraité de Pàrméer aiigl&isè. i
'^7 ^ ^ Sa position'. "' , J
11 • ...ri !
^
n
H
EATAn.LE
A ' Hondt sclioote
du 6. au. <), 7*?"' iT<)3 .
r
SIÈGE DE CHARLEROI.
(Voyez le plan de la bataille de Fleurus),
■
•j
Le siège de cette place a coraiDencé le i3 prai-
rial , levé, le iS; repri« le u.5 , levé Je 28; repris
le 3o , et la place s'est rendue aux Français le 7
messidor an 2, à cinq heures du soir.
LÉGENDE.
«
1. Redoute dans la petite inondation*
2. Redoute prise le 26 prairial , par les Français.
3. Tranchée de droite.
4. Idem y du centre ou attaque véritable.
5. Idem , de gauciie ou fausse attaque.
6. Batterie la Républicaine.
7. Idem , de la Convention.
8. Idem , de la Liberté.
9. Idem , de TUnité.
10. Trois batteries dites de la Fraternité,
ir. Batterie de la Montagne.
12. Idem y pour appuyer la gauche de la première pa-
rallèle.
i3. Idem , ménagée dans la redoute ( n.** 2) pour
plonger dans la redoute de la petite inonda-
tion.
Tome IF.
■ iitfria- IT*
r
BATAILLE DE FLEURUS,
0
* 8 messidor^ an 2.
A. Division Marceau.
B. Idem , Lefebvre.
C. Idem^ CbampionneU
D. Idem, Morlot,
E. Idem y Kleber.
F. Zt/tfw ,. Montaîgu.
G. Brigade aux ordres du général Daurier.
H. Division Hatry, eh réserve : cette division a fait Ip
siège de Charleroî.
I. Idem ^ de cavalerie commandée par le général
Dubois.
A la pointe du jour, Tarmée autrichienne partagée
en cinq colonnes, attacjue sur tout le front de
de Parmée française.
a. Première colonne aucp ordres du prince d^ Orange :
elle se divise en trois corps.
b. Le premier corps , commandé par le prince d'O-
range » repousse les Français du calvaire d'An-
dèrlues^ de Fontaine- Lévéque, et pénètre jus-
qu'au château de Vespe.
c. Ce même corps attaque sans succès la brigade
Daurier 5 après un combat de trois heures , il se
retire sur les hauteurs de Forchies. ' \ .
d. Deuxième corps commandé par lé prince Waldeck,
âtf «ique Trazeguies, en repousse la division Mon-
taîgu.
- Ci Cotnbat^ l*erinemi repoussé de Trazeguies.
f • Renfort envoyés par le général Kleber.
g. L'ennemi se r'empare de Trazeguîes, repousse les
Français de Forchies, château Lamaiche, etc.
Retraite de la division Montaîgu»
h. L'ennemi maître du bois de Moucaux, canonne,
Marchiennes-au-Pont.
i. La division Kleber se porte sur les hauteur» du Pié-
ton , et par le feu de son artillerie fait taire celui
de l'ennemi,
k. Les généraux Kleber et Bernadotte chassent Ten-
nemi du bois de Moucaux.
]. Position de la colonne aux ordres du prince d'O-
range, a cjincj heures après midi.
Deuxième colonnç aux ordres du fetâ^maréchal
Qiiosilanowich. . ,
m. Positipn de cette colonne après ayoir repoussé les
Français de Frasne.
n. Combat entre Frasne et Mellet*
o. Deuxième posislon de cette même colonne après
les combats de «Bruncnaud et de Thumeon.
p. Forte canonnade sur tout le front de la drvisioa f
IVtorlot : cette deuxième colonne noyant pu
pénétrer, fit sa retraite par la .chausiié^ de
^ Bruxelles ; elle fut vigoureusement poursuivie du
côté de MelJet.
Q. Troisième colonne commandée par le gén^r^l d^ar^
. tillerie j comte de Kaunilz, — Cette colonne re-
pousse les Français des Censés de Chessart ,
et marche sur la division Champipnnet, ;•
g. Forte canonnade et charge de cavalerie. *
r. L'ennemi tcyurne les retranchements par la gauche,
et s'empare d'Hepignies.
s. Le général Grenier culbute l'ennemi , et !e chasse
des rctrancheipents.
\
t.
u.
w.
X.
y-
et»
a,
h.
Retraite de fa troisième colonne ennemie.
Quatrième colonne aux ordres de P archiduc Charles.
— Cette colonne repousse l'avant- garde delà divi-
sion Lefebvre des hauteurs en avâtit de Fleurus.
Le centre, la gauche et les retranchements de cette
division attaqués, l'ennemi repoussé; partie de
cette colonne marcha par la droite sur la division
Championnet, et l'autre se retire sur Nivelle.
Cinquième\colonne aupc ordres du général Beaulleu.
— Elle se divise en trois corps.
Ils s'emparent de Wansersée.^ Velaine, Baulet et
des retranchements du bois des Copiaux.
L'ennemi s'empare de Lambusart.
Renforis envoyés à la division Marceau , par les gé«
néraux Hatry et Lefebvre.
Division Marceau en pleine retraite.
Cavalerie autrichienne repoussée par le canon de
Charleroi.
Le général Lefebvre reprend Lambusart.
Combat et charge de cavalerie ; l'ennemi repoussé
vers les cinq heures du soir ; l'armée autrichienne
était en pleine retraite sur tous les points, pour-
suivie par les divisions de cavalerie de Champion-
net, etc.; à sept heures, l'armée républicaine
était rentrée dans ses bivouacs.
*> :' »
^» \.
#'
' 1
'*'^fc /
if
V*
V
1
■1^—
V
ÉVÉNEMENT DE TOtLON.
t
An !.•' 1793.
Il truct. 27 août. Les troupes ennemies prenncfnt pos-"
session de Toulon et de tous les
forts environnants.
27 7 sept. CdinbatauBeaussetet au Colombier;
Tennemi rentre au, fort Malbous-
quet et à Toulon.
i5 au 29 14 au 3i La division du centre (armée française
de droite) se porte sur la Gaubran.
Idem, La division de gauche se porta sur
Ëvènes , Broussant , Beau - des-
quatre-heures, et s'empare des forts
des Pommeté et Saint-André; une
deuxième tolonne se porte sur le
Pic Taillas et les Arennes.
24 9 La division de droitç s'empare de la
hauteur de Bregalion.
L'armée de gauche se porte de Signes
h. Solllés le Pont, ^^à Solliés la
Farlède.
Des troupes sont envoyées à Jouris ^
à Clouquartier et à Ëspaluns.
Combat en avant de la Yallette ; une
division se porte eu avant de la
ga];de et l'autre au fort Sainte-Mar-
An s. guérite et environs.
10 frim. 3o n0Y« Sortie faite de Toulon par l'ennemi ,
qui est vivement repoussé , et forcé
de repasser le canal de Laz et de
rentrer dans la ville.
N
^
y
i
793.
3 d^c. Reprise de Toi'lnn jiar Je» Français ;
armée dfe droUe.
La division Dugommier s'empare de
la redoute anglaise,
ta 4'^'si<>'> Mouret s'etnpBre de vive
force du fort Matbousqnet.
La division Garnier s'empare du grand
et petil Saint- Antdiuej chasse l'en-
nemi deSairit-Roch, et Je force de
rentrer dans Toulon. Armée fran-
çaise degauihe.
La division Laharpe fait sauter la
poudrière du cap Brun; attaque
l'ennemi , et le force de realrer dans
Iç fort Lamajgue.
La division Lapoype tourne la mon-
tagne de Faron, attaque et prend
les camps et redoutes sur le Faron ;
l'ennemi se rt-tire dans le fort Lar-
tigues,et abandonne le fort Faron ^
ç[iii est occupé aussitôt par les Fran-
çais, qui battent le fort Larugue» ,
que l'ennemi. abctndoDne , ainsi que
la redoute Sainie-Catherine ; par-
tie de l'ennemi se retire dans Tou-
lon,etparlie se rembarque au fort
Saint-Louis.
' La nuit du 38 au 29 , k't coalïfi's
abandonnent Toulon,
'i!pi
'*m^^fjra^.n^ J.;/i
<»
w
1
:'^
s i
■ *
PTi — r