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Full text of "Histoire de France, depuis la révolution de 1789, écrite d'après les mémoires et manuscrits contemporains, recueillis dans les déPôts civils et militaires"

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Francis  bkodkrit. 


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HISTOIRE 


DE  F^A 

DE  P  U  I 


C  E, 


LA  K EVOLUTION  DE  Î7S9; 


JÈcrlle     iTaprès     les     mémoires     et    m.anuscrits 
contemporains  j    recueillis     dans    les    dépôts 

civils  et  militaires. 

I 

ïar  le  citoyen  F.-EMMAWtrKL  TOULONGEON, 
ancien  militaire,  ex  -  constituant  »  membre  de  rinstitut 
^Aatioual  de  France. 

^psc  Cartes  et  Plans* 


Quœque  ipst^ , .  vidi, , . 


a:  O  M  E    Q  u  A  T  R  I  È  M  E. 


A     P  A  R  I  S  , 

Chez  TREUTTELet  WiiaTZ^  libraires,  quai  Voltaire, 
n.*  a  ;  çt  à  Strasbourg  ,  grftod'rue ,  a.'  j5. 


OR    L' IMPRIMERIE    DR    DIDOT    t^UrfK. 

A.  ïr    XII.    —  i8o3. 


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H  I  s  T  O  I  RE 

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4  •  ■      .  .  . 

DE    FRANCE, 


DEPUIS 


LA    RÉVOLUTION   DE    1789. 


HUITIÈME  ÉPOQUE. 

Invasion  de  la  France  par  les  atmees  coalisées. 
Dampierre  génétal  en  chef^  Le  camp  de 
Famars'  forcé  par  ie^  ennemis.  Dampierre 
tué.  Custines  générât  en  chef.  Siège  et  prise 
dé  Mayence ,  de  Condé  'y  de  Vàlenbiednes. 
ji flaires  duCahados.ChaHoïte  Corday.  Mort 
de  Marat.  Etablissement  du  gr<ind  livre  des 
créanciers  de  la  république.  Toulon  liçré 
aux   Anglais.   Jugement  et   exécution   de 

Custines.  Bataille  de  Hondscoote.  La. terreur 

» 

à  r ordre  d,u  jour.  Décret  d^accusatiori  contre 
53  membres  de  la  convention.  Nouveau  ca- 
lendrier. Siège  et  prise  de  Lyon.  Exécutions 

révolutionnaire^.  Affaire^  d'Italie.  Mort  de 
Tome  IF,  % 


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s. 


•^vimip 


2  HIStOlREDEFRANCÊ, 

Marie' Antoinette  d^ Autriche.  Exécution  deif 
2 1  membres  de  la  convention.  Exécution  de 
Philippe  d^Orléans.  Exécution  du  général 
Houchard.  Les  églises  formées.  Exécution 
du  génétal  Biron*  Affaires  de  la  Vendée^ 
,  Conjurations  dans  les  prisons.^ Exécutions 
journalières  par  20^  3o,  48,  64,  63*  Grande 
diversion   de   Parmée  du  Nord.  Prises  de 
Fumes  ^  Menin ,  Courtrai.  Décret  de  Pexis' 
tence  de  F  Etre  suprêrke.  Exécution  des  for* 
miers  généraux.  Décret  qui  défond  de  foire 
des  Anglais  prisonniers  de  guerre.  Affaires 
d^Espa^ne^  Fête  en  Vhonneur  de  VEtre  su^ 
prême.  Peine  de  mort  contre  les  ennemis  du 
peuple.  Bataille  de  Fleurus.  Conquête  des 
Pays-Bas.  Décret*  d^ accusation  de  Robes- 
pierre. N euf  Tkerniidor. 


viîîEp.  Le  régné  de  la  terreur  était  commeûcé;  la 
*793-  France  ét^ît  devenue  le  dpmaine  des  fanatis- 
mes,  de  Tintrigue,  de  la  coniiption  morale 
et  politique  ;  les  factieux  étaient  les  maîtres 
<les  personnes  et  des  choses  ,*  et  Tétrianger 
était  le  maître  des  factieux;  on  ne  délibérait 


^  / 


B  15 1  tr  I  s     LA    It  i  Y  O  L  U  TT  I  O  N.        3 

plus  .qtiç. sur  l^tsage.ijw'ori  ferait  du  jx>uvoÎKab-  viiiEp^ 
sioiu  de  l'anarchie  ;  la  vengeance  vbalait  du^  *7^'* 
sang4il!a:vidité^ de^ror  ;  rambitton,  du  pouvoir  ;» 
l'étranger  voulait  dés  '  provinces.  Seul  U  fut 
trompé;;  |)airce  que  le  civisme  ,  la  viiléur  et  la{ 
liberté,  n'^eûrent  bientôt  d'asile  que  dans  le» 
can^ps;  la  du  moins. la  vertu  eut  un  refuge,  e% 
put  se  faire  des  devoirs.  L'homme  de  gueire,' 
voyant  devant  soi  l'ennemi  de  son  pay&j  fut 
dispensé,  de  porter  ses  regands  en  arrière  .suc 
les  crimes  qui  le  dégradaient  plus  encore  qirtls 
ne  le  dévastaient;  le  bruit  deS|^aiHnes>ljémpên 
chaitjdijt  moins-d'éjîtendKejef  eris  des  vietïmesL 
et  la  présence  des  armées  étrangëç'es  arrêta 
seule  une  réaction  des  armées  républicainésjsor 
li'intérieut.      v  •    ^  "  .        •  .        . 

Les  dangers  les  plusinenacantST^et  les  plus 
prochains  étaient  sur  la  frontière  du  Nord .  Après   . 
le  départ  de  Dumourier,  Dampierre  avait  piis 
le  commandement-dejéès  troupes.  Tàndisqu'une       .  .. 
ai'mée  combinée  de-  Pioiseiens  et- d'Impériaux 
menaçait  d'une>  iavasibn  les  départements,  du. 
Rhiïy,£aiblement'  défendes  par  Vaïfn\ée'  àà  Cus*- 
tines,  retirée  derrière  les ,  positions- .défensives 
qu'ofïraiient  encore  :  les  Jîgnes  fortifiées»  et*  les 
obstaelés  naturels;  \ïne  ;  autre  armée,  composée 
d'Impériaux  „.  de:  Prussiens  ,.  de  Hollandais  et 
d'Anglais  »  assiégeaient  les  frontières  du  Nor4^ 


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4  HISTOÎHE    b«     FRANCf, 

ViitEp.  qui  n-avaient  pour  déFeose  que  des  places  fortes» 
'^^^'  la  plupart  mal  pourvues,  et  une  armée  pres- 
que désorganisée  par  les  revers  ,  et  .plus:en- 
core  pak'les  vices  d'administration  militaire,  et 
par  Je  défeut  d'oixlre-et  de  discipline»  La  vue 
de  l'ennemi  la  contenait  seule  ;  divisée,  par  îdès 
partis  et  par  des  opiniona,  cette  arihée  en  |aix 
«e  fut  dissoute.       '   ■  .  ^:  ■        » 

Dampierre  la  plaça  d'aboi-d  ail  camp  de^Fa* 
mara,.  puis  sous  ie  canon  -de  Bouchain^  ayant 
devant  elle  la  Scelle  et  l'Escaut ,  et  une  retrakë 
assurcei  aU'Camp  de  César  ^  ancien  Caslrum  des 
légions  romaines  que -sà  positixm  et  ses  antiques 
remparts»,  .encore  debout  ,  rendent  «n  poste  ' 
Tnani  pariTàrt  et  par  la  nature.  L'armée  cbm-^ 
mandée  par  Dampierre  ne  consistait  alors  qu'eïi 
£2  miUë  hommes  effèetife;  '    : .  -        i 

,    ^^^       Lés. armées  combinées  de  Prusse  et  d'Autrîf 
che   occupaient -ïu^e    ligne    de    positions    en- 
ç  7  av.  avant;  de  Môhs  et  de  Totirnay  ;  depuisr  Mau^ 
beuge  .jusqu'à    MeniUv    Elks    entrèrent    sur 
.  le  territobe  de  la  république ,  menaçant  à  la 
jbis'  Lîile  ,  Valehciennes  ët'Mawbeuge^   Cette 
«riTî^, auxordres  du  prince- de  SaxeCôbourg , 
était  d'environ ^o  mille  hommes,  y  compris  les 
corps  commandés  par  le  général  Clairfait  et  le 
jprittce  deiHôhenloë;  Condé  fut  investi,,  et  Tin* 
.vasioni s'exécuta  sur  tout  le  front  de  cette  llgne« 


X 


»    I.es' rëpnbKcains  reveniHs  du  prè^^  viiir^. 

neriierijt^  qu*àvàî t  cuuse  »la'  cléfectk)n  du  gënéi'al  et  ' ^^  ' 
4e désordre <itiî  en  fut  la' suite' ^rèprir^iit bientôt 
•«ne' contenance  qui  ^amfOBlça  la  résolution  de 
défendre  >8es  postes.  Plusîem*s  combats  furent 
livrés  avec  AJs^'îsiJCîcèsî balancés.  'A  F^estte,  à 
'Cui-gî'y'ià'"¥îeogne  et-dahe  la  forêt 'd«e^Noih 
infilef^ndàlgr^  ^usieàrs  désavantages-  diâtoS  ces 
combats  <}©)  détail ,  :îDampiérre  remàrchâ  ep 
avantv  ^>>i'6^ti^  -au  ^aiiip'4el>Famar^  pôiir  se  •  '\  ' 
rapprcxiieDd©  Valentienoe«,roelîacé  ;iet  pett^  cle  *^  *^"*^ 
•fours  *  après  >  les  FraBçaîs  reprirënl  un  n^ment 
J'ofFetasfre,. îet  s^empaièrônt ' des  postes  iâfpoti-. 
.tants  ^^©rchies  et  Lànoy;  t-'-*  .  '  ';  c  >»^ 
j  "JEntnénié  temps  se  fdrmaft  une  autre  armée 
d'Iàva^'oh  vers  lès  villfes. maritimes;  |j^Atlg<aîs 
^vaienti  déi^r^qué  èrivir^^p  ^îô  htoîfie'fejitifm» 
ijur,*réuiife  â  Ûstende  awx;  troupes'  bpllanfdàîsë« 
comnfiaiMÏéfs^  par  le  •  colonel  Mylîus',  î4taîèriC 
idestinés  ^  agir  sur  Fektrêrh*  frondëre  (JtrïfoW, 
vers  Dunkerque.  On  opposaitàl  ce  corp$'d'àrHffefe 
"uii  rassemblement  qoit  ^  cformàitlati  ^itlipitousà 

Leî-soaitiîdeîCoïîde  inTèsti/i  et*:  assiégé j  étëil 
d^vendr  le  t  point  central 'des  opératioU^îTanf 
que'He^^i^îffWiaiis:  n'étiaiîënt^pas  mâtcr'ë$  iâ'ùne 
pîâce  fortes -'la  fi*ontîër^  f/étaît  pas^  enta^ 
jBiée,  et  les  deux  armées  étaient  encore  cteunm^ 


I 

6  .'HIST  O-lrRjE.  P  F   F  R  A  N  C  E'^ 

VxïiEp.  sur  leur  territoire^  ayant  l'Escaut  filtre-:  eHes» 
'^^^'  Daippierre  avait  reçu  des  renforts.  Quelque 
ordre  était  rétabli  dans  son  camp,  et  sa  résilia 
tance  étonDait  l'çnnenoi  qqi  ne  s  y  était  pas  at- 
tendu. Dans  un  conseil  de  guerre  tenu  à  Va- 
lepcieiines,  une  attaqua  générale^  pour  déga- 
ger Condé,  fut  résolue  et  fixée  au  p.*'' mai,  Une 
colonne  à  la  droite  fut  dirigée  par  le  cbeoiin 
de  Vôlencîennçs  à  Mons;  celle  de  gauche-sur 

i.ermai.  Saiot-^Amaud  ;  d'abord. «les  postes  avancée  de 
Tenneniti .  furent  repHés ,  et  son  centre-  repoussé 
une  lieue  en  arrière  vers  Saint -Sauvç  et  Vî- 
cogne;  mais  son  ^ile  droite,  aui  ordres  de  Clair- 
fait  y  prit  la  gauche,  desrfrancaîs.eo  ilanc  et  à 
revers^ ,  Le  succès  ne  fut  pas  plus  faeixreitr ^  la 
droite.  La  première  ligne  de  Ixirmée  impériale 
g^  forjoaa  à  Honaing ,  et  les  troupes  républi*- 
cajnes,  après,  une  ajournée  sanglàate  ,  furent 
forcées  à  la  retraite,  poursuivies  jusqu'à  leur 
cac^pT  d^.  Famars;  laissant  deux  mille  xEiorts  et 
beauco^ip  d'akillerici  -  .  ■     :     -  '  î 

Malgré  cet  échec ,  les  mêmes  ][)08itk>ns  fu-  . 
rent  conservées.  L'histoire  offre  peu  d^exemple^ 
d'UU  début  de  canip^^hè  aussi  meurtrier.  De- 
pufai  le  con>bât  d'Aldéohoven  ,  au  i.^'  Hiars,  il* 
«'et ail:  ;;KTré  quatre*  batailles  rangées,;  beau^ 
coup  de  combats  particuliers  et  d'^^ffàîres  de 


nii^rv:is  t  A  Ri  v  o  lut  i  on.      .7 

Outre  les  causes  mîHtaîres  et  les  chances  de  Tiwfk 
la  guerre,  l'entreprise  du •t;.®'^  niai  avaît  'cnàn*    *^^'* 
que  par  Sies  ordres  mal  i  entendus  e t  joial  su  i  Yssr, 
par  on  défaut  d'çiccoi'd  entre  les  :chefs  >  kfonf>nae 
il  arriva*  soiivent»  et  par  de^  retards  ^d^HS&.rieté'* 
Gutidn;  Le  plan  de JDatÉipierre ,  en  engageant  le 
comèat  suc  tout  le  fr<uitjdes  ^ieux  Ugnet^;^  avcdt      * 
été  d'obtenir  un  succès  sur  un  pointj  etd^y'paç- 
ter  toutes  ses  forées.  L'armée  .française  ayant  ses 
•placés  fortes  derrière. elle,  sa  retraiteétait  pro- 
che- et  assurée^  un 'éc^ee  au  contraire  pouvait 
obliger  l'eànemi  à  rétrograder  m  loin  i  h'ajant      -'  ^^ 
aucune  position  fortifiée  en  arrière  de  soie' 

L'armée  -n'était  jias'  découragée ,  malgré  cette- 
suite  de  revfers  qtti  s^étaient  succédés  sans  inter^ 
ruption  depuis  deux  mois«  *    :,  ..r  .    r  i 

Les  gâi^^x  aussi  sentaient  de  qtœts  daocçers^ 
étaient  poureitx  ces  revers;  les  comptesà  rendre 
à  la  convention  étaient  plus  incpiétants  x\vkè  le 
canon  de  l'ennemi;  un  second  eSbrt  fut  résol» 
et  combiné  pour  dégageir  Coodé.  L'investisse^ 
ment  de  cette  place  ai/taît  obligé  Taile  droite 
des  Autrichiens  de  passer  TËscaut ,  et  d'en  oc- 
cuper dans  cette  parde  la  rive  gauche.  On  y 
ch'rige'a  la  principale  attaque  qui  venait  d'ëehouer 
sur  la  rive  opposée. 

La  ligne  des  ennemis  s'étendait  de  leur  gauche 
à  leur  droite ,  depuis  Maubeuge  à  Saint- Amand, 


V 


yiiiBp  sur  un  espace  de  ptôs^de  dix  lieues.  Le  géné- 
ral Làtour  comthandait  près  de  Maubeuge; 
,un  :corj)s  était  aux Jôrdres  du  prince  de  Reiis^, 
près  Bayai  ;  la  téset^vé  aux  prdres  du  généi:e[l 
CJ-airfait,  sur*  la ^  rivé;  gauche,  de  rEscaut'  près 
de -Vicogne  ;  un  corps  dé.  Prussiens  ^ à nSainfc- 
Amand  ;  et  Cobourg.  avait  son  quartier- générai 
à  Quiévraîn.  '     •  .... 

Xfattaque  fut  encore  engagée,  sur  tout  :le  front 
déjà  ligne.  L'armée, Yjiiriait  isa  revanche.  Dara^ 
pierre  hésita  plusieuD&. jours  ^  donna  et:  retira 
7  »*»•    trois  fois.  Tordre  dlattaque  ;  lé  quatrième  ordre 
la  fixa  au  8  mai.     ^       Vî.  .  ' 

.  Dès  la  veille ,  on  attaqua  les  avant-postes  de 
Pennemi  à  Qiiiévrain.  L'infantericlégène  sortie 
du  camp  de  Famars  et  de  Valénciennbs  «,  gagna 
d'abord  du  terrein,  mais  fut  ensuite  :  forcée .  de 
•ce- ^retirer.  .    •  »■•••  ^  ,  .  ." 

Le  jour  fixé ,  Tattaque  commença  à. la  droite 
en^  avant  de  Maubeuge.  LeS' troupes  retour? 
nërent  cincj  fois  à  la  charge  ;  et,  après  utie  perte 
d'ènvîrori  trois  cents  hommes  ,  furent  fcuxées 
à  la  retraite  jusque  sous  lé  canon -de  Mau* 
beu^e.  .- 

A  Bavai,  l'engagement  n'eut  Heu  qu'entre  leg 
troupes  légères. 

Darapierre  ccgiduisit  l'attaque  contre  la  ré- 
serve des  ennemis  postée  à  Vicogne.  Cette  àt* 


•^ 


tà€fQe  se  prolongea  .jusqu'au,  aôîiv  Les  eone-?  ym«pr 
mis  étaient  retranchés  dans  les  bois..  C^  . 
corps ,  comoiftoidé  pail  GIenr%*|;:,;éU\ifc  rcdm- 
pqgjS  d'Jrnpérî^tijc.et  de  Pïi3*$îe«ss;  Oaiïipîerf.€r> 
cpiaduisatit  les' colonnes  pou t  forcer  les  abatis^ 
renouvela.  plusieyrs;:fpi^.:]fs.'atî^e}Ujes  }  H  f uf 
fetessé  mor^îjtlieftiçnt  à  la  dernière.  Le  général 
Jslers  ordonna  H» retraite.  Troi§.  bataillons  d^ 
rygjôhtaires/élai^^ti^ngagés  dan»  le  villag.e'de 
Jlaisme^  En^lravenant  une>}>laine,  découverte 
sons  le  feu%,ilè  js^  débàndèreq.t.Ljç^généraJIsiçi'i 
Jeur  cria,  è  'p^srapgs.  La  ligne  ixxt  reforooée 
à  l'instant ,  iet.jla  retraite  coqtiwiée  ;au: ,  pas  de 
«r«irdbe..Ges  dfit^ili  Jran^mîs.par  Jl?^  ehe/s  çart- 
temporàins»;  pejgn^nt  l'esprit  ^^s^r^^vupejS}  H^n^ 
leuriiB^nqudit .alors  que  l'instiTyctiQn ;et.  l-ordie  ; 
le  courage y^bppié^it  dapj;  l^s  $.ufiçèë,  maiSfiieft 
»'yj!»eut  suppléer  dans  lc5S,ré:Y0rs..    -  <  : 

L'attaque  sur  Saint -Amand  par  les  troupes 
sortît  dju  cariôpidi^  £4n]e'et4ç>}]Î99ai  conduite  ^ 
par  le  générait  Laftiarliëre  ^^s'>^4ait.  effectuée  ea 
même  temps-iCe  poste  était;0(;ciuipé,par  1$  corp$ 
d'armée.  pru8$i$nne«  Le  résultat  ftH  Je  mêmet 
L'attaque  fut  f^iteét  sootçniie  avec  uuq  égalf 
opiniâtreté.  Quatre- fois  les  Français  cbargèrênt 
'Sôùs  lé  feu  dès  batteries ,  let  furent  enfin  obligés 
de' cédei^*  Ces  deux  altdque.s  coûtèrent  aux  en^- 
tiemis,  de  leur  aveu ,  plus  de  mille  liQi»pa^s,  et  la. 


lO  HISTOIRE     DE     FRANCE, 

VIII Ep.  perte  des  assaillants  dut  être  beaucoup  plascpo^ 
sidérable. 

Un  dëtacheâlént  de  la  garnison  du  Quesnoy 
avait  attaqué  ]es  avant-postes  du  quartier-génë'p 
ral  de  Cobourg  à  Quîévrairi.  Cette  sortie  n^avaît 
pour  objet  que  de  contenir  Tennemi. 

Ces  actions  ne  furent  point  des  batailles.  Se- 
lon le  système  adopté,  on  avait  voulu  les  ré- 
duire à  des  affaires  de  postes.  Sur  une  ligne 
d'opération  de  plus  de  sept  lieues  dé  développe- 
ment ,  cinq  attaques  avaient  été  dirigées ,  et 
plusieurs  caiïses  piifrent  en  empêcher  le  succès» 
D'abord  la  grande  supériorité  de  Tennemi,  les. 
ïmpériaut,  les  Pinissiens  ;  les  Anglais. que  ver 
tiait  d'amener  lé  duc  d'YorcJc ,  et  les  troupes 
hollandaises,  formaient  une  armée  de  plus  de 
80  mille  hommes;  et  la  république  en  availr 
à  peine  la  moitié  pour  «défendre  ses  fron- 
tières.        :  •  .:;.... 

Ce  concert  d'attaques  sinaulianées  et  partielles 
supposait  un  concours  de  circonstances  et  ua 
aécôrd  eiitre  les*  chefs,  que  Ton  ne  pouvait  es- 
pérer que  d^uri  commandement  absolu  et  coa* 
senti  par  l'opinion  ;  l'état  des  choses  n'était  pas. 
tel;  U confiance  du  soïdat  avait  souvent  été  al • 
térée  par  des  exemples  récents  de  mésintellt-^ 
gence  et  de  défection  ;  l'esprit  national  la  guidait 
seul ,  mais  n'agissait  qu'un  jour  d'affeire. 


DEPUIS    LA    RÉVOLUTION.         It 

La  nature  .même  du  pays  étâitfàvorablè'à  \^ïïî^. 
l'ennemi  :  à  Vicogne  et  à  Saint^Ai^and ,  où  m  '^^' 
firent  les  principales  attaques*;  toutes  leé  posi- 
tions étaient  défendues;  son  front  était  couvert 
par;  des  bois  rctranicliés  avec  des>bati8  et  deh 
redoutes  ;  ses  flancs  étaient asstirés  par  le  cours 
fie  l'Escaut  et  de  la  Scarpe  ;  descendant  parallë* 
lement ,  ces  deux  rivières  ne  laissent  ^itre  elles 
qu'un  intervalle  de  deux  lieues  que  les  troupes 
pouvàieiot  tenir  en  arrière  ;  Condév  investi  et 
assiégé |. né  pouvait  leur  donner  de  Tinquié»-^ 
tude.  L'armée  ibançaîse  attaqua  tln^' armée  su* 
périeurç  et  postée  dans  *  une  position  avantar 
geuse.  •    *      ■  ^  .   .     *     '  '» 

,  Dampierre  arrivait  au  commandement  ;  jeune 
ençcM'e ,  '■  et  n'ayant  pu  y  être  préparé  par  l'ex- 
périence ou  par  «rétude  qui  j  supplée  ;  une  con*- 
duite  d'opinioii  comtante  et  strivte;  utie  volonté 
active,  une  brillante  valeur,  un  grand  désir  de 
gloire  r^avait  porté  à  la  tête^de  l'armée.  Il  y 
pérît  daiis  cette  Journée,  ccltiii^tant  aux  pr^î*- 
.miei'S  rangs  ;  il  mourut  le'  lendemain  près  dû 
champ  de  bataille ,  après  avoir  subi  l'amputation  /. 
de  la  cuisse  ;  justeixïent  regretté;  et  laissant  la 
réputation  d'un  militaire  généreux ,  que  la 
mort  enlevait  à  des  destinée^  que  l'avenir  et 
]a  fortune  devaient  rendre  brillantes.  Son  conps 
•fut  pUtcé  au  Panthéon  9  et  son  nom  parmi  ce;- 


/ 


^ 


14  H!l:STOIRE     D  E     F  R  A  N  C  E^''    I 

vniBp.  luj  (Jes  géàératfx  français  dont  le  sang  a 'ci- 
mente le  rétafblissement  xl- une  *  liberté  rpuWjquél 
'Le  commandement  fut  déféi>é|5rovisoîrenierik 
par  les  cotnraiissaîre's  repréëentarttsvau  général  ' 
Lâraarche,  lAprës  tant  d*eflSM*ts*réitéi:és  ebsratif 
jsuecèsf,:  lft$  généraux  se  bornèrent  à  tâcher  d« 
maintenir  leur  ligne  de  défense,  pour  mettre 
Valenciennes  à  côavert  d'uô. siégé,  et  3a»teaif 
en.  mçsuFjé  de  secourir  Gobdé*  .  \  :iU\'r* 
;  .  Mais  peu  de  jours  après.,  .les 'FcançftîsftTremÇ 
làjlâqué^  <fan8  Jeur  camp.  Les  q^remiers  ^élàh 
ile^  ennemis,  avaient  eu.pamri>caiise  Péspoir  de 
^vaincre  d^S:Hafis>par  les  emèutef  qui  y  étaient 
disposées  et  prévues.  Les  derniers  succès  ^dç§ 
alliés  leur  fit  penser  ♦qu^diie  acmée  deux*  Fois 
•vaincue  ,  «tiepdîraifc  .peu  dqns-  ses*  positions  v  "^ 
jqil'un  succès  complet ,  qm  Ja  .forcerait- «à»  dep 
ïfeouve.ments  rétrogrades  ^vecs  la  capitale  ^i  Se 
CQnibi4iemi|:  avec  J es  événements  qui  étaient 
préparés  soi  3i  mai,  Ube  attaque  générale  fut 
jéaolue,  la  réussite  livrait  vGondé,  et  laissait 
iValenciennes  investi ,  livré  à  ses  seules  défenses. 

a3m»û  .Tous  les  postes  français  dùretit^être  lattaquës 
à  la  fois  .SUE  tou t, le  front  :qirils  pccapaient  dé^- 
puis  Ofc'cbiesi  Saint* Amând' et  Vicogne ,  jusqu'au 
jQuesnôy'et  Màubeuge.  Les-desax^estrëmitëB  de 
;cç  champ  de  batailfe,  sur  iiil  prolongement  de 
-plus  de  dix  lieues,  dur^têfire  èe^ilemenfi  oc« 


^ 


D  E  !►  U  1  S    ti  A    *  É  V  Ô  L  U  T  I  ON.         l3 

cupèes  par  de  Fausses  attaques.  Quatre  colonnes  viiîe/% 
Commandées  par  les  généraux  Cobourg,  Yorck  \  ^^^  ' 
Lafour  et  Claîrfait  ^  agirent  en  même  temps  ; 
les  deux  dernières  étaient  diriges  au  centre 
surJfecamp  de  Fâmare,  où  devaient  se  faire  les 
plus  grands  effor,t$^qu^il  s'agissait  d'emporter,  et 
dont  la  prise  (^rhma^dait  la  reti-aite  des  deux 
aifes  de  Tarmée  ÎFrancaise.        •  - 

Le  camp  de  Famars,  situé  eotiîe  Valencîenne» 
et  Maubeuge,  a  son  flanc  droit-  couvert  par 
PEscaut ,  la  gauche  s'appuie  à  la  rivière  d« 
fiôtfêlie,  son  front  était-  couvert  de  redoutes,  . 
et  en  avant  >  sur  les  hauteurs  d'Ansin,  à  la  gau^ 
ehe  def  Vale^ciennes,  on  avaitformé  un  ca»mp 
avarncé. 

L'attaque  cotîi agença  avec  le  jour,  ne  finît 
qu'à  la  nuit,  la  résistance  fut  opiniâtre  sur  tous 
les  points  ;  mais  la  supériorité  du  nombre  Tem* 
porta.  Vers  le  miheu  de  I9  journée,  l'aile  droite 
S€?  tPOMva  tournée  par  la  colonne  aux  ordres 
du  duc  d'Yorck ,  et  les  redoutes  en-^îecà  de  la 
Rouelle  emportée  par  le  général  Ferrari.  Il  fal^ 
lut  alors  évarcuer  le  camp  de  Famars.  On  jeta  un 
renfort  de  10  mille  hommes  dçi ne  ValencienneSj 
et  Tariuée  se  retira  sous  le  canon  de  Bouçhainv 
Le  camp  d'Ansin  tenait  encore ,  et  ne  fut  atta- 
qué que  le  lendemcfiti.  Le  combat  y  fut  encore  ' 
apiniâtrel,  Clairfait^  dès  la  y^il^  >  ^vait  tourné 


14  HISTOIRE    DE    PllANGC, 

YiiiEp.  ce  poster  avec  un  corps  d'Autrichiens  et  d'An- 
glais. L'attaque  se  fit  par  le  bois  de  Kaimes,  et 
fut  très  -  meurtrière  de  part  et  d'autres.  Les 
succès  de  la  veille  avaient  déjà  décidé  celui  de 
cette  journée,  le  camp  d'Ansin  fut  perdu,  et' 
en  même  temps  l'abbaye  d'Hasnon ,  où  les  Fran- 
çais s'étaient  retirés  \^  veille ,  fut  forcée  par  un 

corps  de  troupes  prussiennes;  al  ors  Valenciennea 
fie  trouva  investi ,  et  dès  le  même  jour ,  les  en- 
nemis maîtres  des  Ihau tours  d'Ansin ,  jetèrent  des 
obus  dans  la  citadelle.  ^ 
aSmai.  .  Tant  de  revers  furent  un  moment  balancés 
par  un  succès  que  le  général  Lamarlière  obtint 
du  côté  de  Lille.  Les  troupes. hollandaises,  aux 
ordres  du  jeune  prince  d'Orange ,  s'étaient  por-, 
tées  en  ayant  de  Menin,  pour  couvrir  la  droite 
des  opérations  combinées.  Il  fut  attaqué  aux 
villages  de  Tùcoing  et  de  Ronck,  et  obligé  de 
se  retirer  après  une  perte  considérable.  On  fit 
Soc  prisonniers,  et  un  drapeau  enlevé  par  un 
grenadier ,  nommé  Gr os  -  Lambert ,  fut  porté 
par  lui  à  la  convention.  Ce  trophée  nipntré  au 
peuple ,  aida  à  empêcher  la  publicité  des  dé- 
tails alarmants  que  fon  avait  reçus  désarmées» 
jet  la  victoire. remportée  à  Paris  l^  2  juin,  y 
couvrit  tant  de  désastres. 

Après  la  mort  de  Dampierre ,  le  général 
Lamarche  avait  été  établi  provisoirement  gé- 


DEPUIS     L  A .  R  É  V  O  L  U  T  I  O  N,         l5 

néral  en  chef  par  les  représentants, commissaires  ;  Viiieih 
\  mais  lis  pressaient  en  même  temps  une  nomi- 

nation définitive.  Custines  fut  nommé  au  com- 
mandement de  l'armée  de  la  Moselle,  puis  à 
celui  de  l'armée  du  Nord, 
f  Avant  de  quitter  l'armée  du  Rhin ,  Custines  ,7nuîi 

avait  voulu  signaler,  son  dqpart  par  une  action 
générale,  Pepuis  Mont-Médi  jusqu'à  la  rive  gau- 
che du  Rhin ,  l'attaque  dut  s'engager  sur  tous^ 
les  points*  L'armée  de  la  Moselle,  formant  un 
corps  de  14  mille  hommes  sous  le  commande- 
^  ment  des  généraux  Pulli  et  Bouchard ,  campée- 

:  près  de  Hombach,  dut  contenir  la  droite  dds 

Prussiens ,  et  l'empêcher  de  se  porter  au  secours 
du  centre ,  où  Custines  avait  fait  ,des  dispositions 

!  pour  enlever  un  corps  de  7  à  8  mille  Autrichiens 

à  Reinzabern.  Le  général  Fer riër es,  sortant  de 
Lauterbourg,  devait  attaquer  de  front  Jg  poste 
Rheinzabern,  tandis  que  Custines,  au  premier 
bruit  de  cette  attaque,  devait  déployer  8  à  10 
mille  hommes  qu'il  av^it  tirés  des  positions  du 
centre,  et  prendre  Tennemî  à  revers.  Rarement 
ces  grandes  combinaisons  de  mouvement  réus- 
sissent lorsqu'elles  ne  sont  pas  indépendantes 
Tune  de  l'autre,  dans  leur  exécution ,  les  troupes 
aux  ordres  dç^  Ferrières  retardées  par  des  con- 

i  tre-temps  et  pfar  des  ordres  mal  compiîs,  ne 

donnèrent  points  le  corps  de  Custines  se  trou-    ^ 


» 


^        aSmaî. 


l6  H  ISTOIRE    DE   FR-ANdE, 

VTiiKp.  vant  alors  toutes  les  forces  de  rennemî  en  tété,- 
'^^*'    fut  force  à  faire  sa  retraite.  Dans  le  désordre  ♦ 
^       rinfanterîe  fit  feu  sur  la  Cçivalerie  qui  défilait 
devant  son  front;  on  ôria  dao6la  ligne  le  mot 
trop  connu,  sauve  qui  peut  y  et  l'armée  se  crut 
trahie.-  Custines  donna  la  tête  de  la  colonne  au 
bataillon  des gardea^iatioûales  d'Indre  et  Loire, 
qui  reprit  et  tint  le  village  de  Herxenheim,  et 
assura  la  retraite  de  l'arraée,elle  rçprit  ses  posi-^ 
sitions  à  Weissémbôurg  et  Lauterbourg.  On  y 
perdit  environ  quatre  cents  hommes,  et  ce  fut 
'     après  cette  expédition  que.  Farmée  passa  sous 
le  commandement  de  Beauharnais.  Elle  restar 
en  observation  dans  ses  positions  jusque  vers 
le  milieu  de  la^ampagne,  où  l'on  essaya  quel- 
ques mouvements  pour  secourir  Mayence  qui 
était  toujours  assiégé  et  pressé  par  une  armée 
de  60  mille  hommes.  On  tenta.dans  cette  vue 
une  diversion  du  côté  de  Luxembourg.  L'armée 
0 .    de  là  Moselle  fut  réunie  aux  ordres  du  eéné- 
rai  Laâ|çe.  L'objet  était  de  s'emparer  d'Arlon , 
Pataiiie   (le  mcuaccr  Luxembourg  ,   et  d^obliger  ainsi 
*^"'  l'ennemi  à  partager  ses  forces,  soit  en  tirant 
des  troupes  du  siège. de  Mayence  bu  de  l'armée 
qui  agissait  sur  la  frontière  du  Nord.  L'avant- 
garde  française  ,  conduite  par  le!  général  Tolo- 
san  ,  replia  d'abord-  les  premiers  postes .enne-5 
tïiis  ;  mais  Tinfanterie  légère  s'étant  avancée  au- 
delà 


I 


I 


DEPUIS    LA     RÉVOtUTIbK.         Xj 

delà  d'un  ruisseau  qui  la  séparait  de  la  ligne  vin i^p. 
ennemie ,  resta  exposée  à  la  cavalerie  impériale.    '^^  * 
Une  charge  hardie  que  Tolosan  exécuta  à  la 
tête  des  troupes  légères  à  cheval ,  dégagea  cette 
partie  de  l'avant-gardè  qui  se  retira  sur  le  corps 
de  bat^ijlei  * 

Le  temps  pluvieux  et  la  fatigue  des  troupes 
décidèu'ent  le  général  Laâge  à  rester  pendant 
deux  jours  ftur  les  hauteurs  d'Udange,  où  un 
corps  de  a  mille  hommes ,  venu  de  Sedan  et 
de  Mont-Médi ,  le  joignit,  conduit  par  le  géné- 
ral Beauregard. 

L'attaque  d'Arlon  se  fit  le  lendemain.  L'en*  oi"»»- 
nemi  occupait  une  position  avantageuse  sur 
les  hauteurs  en  avant  ,  ayant  sa  gauche  à 
la  chaussée  de  Luxembourg,  et  son  front  sé- 
paré* de  l'armée  française  par  Je  ruisseau  de 
Bu vange,. qu'elle  était  obligée  de  passer  pour 
aller  à  lui  ;  sa  force  et ^it  de  7a  8  mille  honvmes, 
avec  une  nombreuse  artillerie;  cette  position 
reconnue ,  le  général  Laâge  forma  deux  co- 
lonnes de  son  infanterie;  celle  de  gauche  com- 
mandée par  Desperiëres  ;  celle  de  droite  par 
Chateauthieri  ;  celle-ci  dut  tourner  la  gauche  de 
l'ennemi ,  et  menacer  sa  retraite  sur  Luxem- 
bourg; mais  s'étant  aperçu  de  ce  mouvement, 
il  y,  porta  des'  forces ,  et  Ij  colonne  française 
Tome  IF.  a 


vy 


•s 


*8  HISTOIRE     DE    F  •RANGE, 

viiiEp.  ayant  d'ardeur  dépassé  la  ligne  «  eut  à  souflTrîf 
'^^  *  de  l'artillerie  ennemie ,  jusqu'à  ce  que  Tantre  co- 
lonne se  porta  à  son  appui  avec  toute  la  cavale- 
rie que  commandait  Tolosan  ;  cependant  Beau*^ 
regard  s'était  emparé  d'Arlon,  et  a3^ant  pris  posté 
en  avant  des  hauteurs  qtii  le  cpuvraient,  ii  obli* 
gea  l'aile  droite  des  Autrichiens  à  se  replier  sur 
leur  centre;  les  carabiniers  chargèrent  un  ba-» 
taillon  carré  de  i5oo  hommes,  et  perdirent  bêau«* 
coup  par  son  feu  ,  l'artillerie  volante  le  rom- 
pit ;  alors  Tennemi  se  décida  à  la  retraite  qui 
«e  fit  à  travers  les  bois  et  en  désordre ,  sui* 
Lu:^emb6urg,  laissant  trois  canons  et  leurs  équi- 
pages. L'action  coûta  environ  5oo  hommes  ; 
mais  ce  succès  n'étant  pas  soutenu  n'opéra  point 
la  diversion  que  l'on  s^était  promis '^Luxembourg 

a; juin,   restait  pourvu ,  et  l'armée  de  la  Moselle  n'était 
pas  de  Force  à  entreprendre  le  siège*  Les  évé- 
'    nements  décisifs  se  passaient  toujours  aux  fron-^ 
tières  du  Nord. 

Custines,  en  arrivant,  trouva  son  armée  re- 
tirée sous  Bouchai  n.  Gondé  était  assiégé  et 
])ressé  sans  espoir  de  secours  ;  Val^nciennes  in- 
vesti était  abandonné  à  ses  moyeùs  de  défense  i 
depuis  Dunkerque  à  Givet ,  toute  la*  ligne  des 
fi  optières  était  menacée  ;  partout  les  .ennemis 
étaient  en  forces  supérieures  ;  et  dans  ces  cir^ 


■^ 


D.ÊÎ^tJÎS    L  A:  JBl  é  V  O  LUTl^  N.        ÎÇ 

Constaaces,  l'état  de$  choses,  dans  rintéritîur  de  viiiEp. 
la  Françe>  obligeait  encore  à  retirer  des  troupes     /    * 
des  armées  pour  les  porter  où  de  nquveaux 
dangers   rnenaçaient.   Ce.  tut  alors  que   Félix 
Wimpfen  écrivit  à  Custines  cette  lettre  dont  oq 
se  servit  ensuite  au  procès  de  Tua  et,de  Tau- 
tre  :  Gariifez  710s  bataillons  ^  chargez-vous  des^ 
ennçmis  du  dehors ,  et  je  me  charge  de  ceux  do 
V  intérieur, 

,  Tous  les  députés  proscrits  qui  avaient  échappé 
au  3i  mai ,  ou  qui  ne  voulurent  pas  courir  les 
risques  d'un  jugement  du  tribunal,  révolutionr 
naire ,  se  retirèrent  a  Caen ,  dans  lé  département 
du  Calvados  ;  là  commandait  Félix  Wimpfen , 
le  même  qui  s^était  distingué  par  la  délense  de 
Thionville  ;  mais  qui  bientôt ,  atteint  par  ce 
sjstème  d'accusation  qui  poursuivait  tous  les 
généraux,  et  surtout.ceux  dont  les  succès  étaient 
un  grief  au  dehors  et  un  objet  d'envie  au  de- 
dans, avait  préféré  un  poste  moins  en  évi- 
dence ,  dans ,  les  .départements  ,de  rancienne  - 
Normaqdie  ,  avec  la  quatorzièoîe  division  de 
l'armée. 

A  l'arrivée  des  députés  fugitifs^  toutes  les  au- 
torités du,  Calvados  se  prononcèrent  d'abord  en    . 
leur  faveur.  Quatre  représentant?  commissaires 
de  la  convention  étaient  dans  ce  département; 


\ 


/ 


ÊO  tilStOIHË    DE    FRANCE, 

ViiiEp.  deux  furent  arrêtés,  Romme  et  Prieur; les  deux 
autres  se  retirèrent  dans  le  département  de  la 
Manche.  Le  projet  ^t  Tespoir  des  députés  ré- 
fugiés était  cIq  faire  soulever  les  déparlements 
voisins,  de  lever  une  force  armée,  de  marcher 
sur  Paris ,  et  de  délivrer  la  convention  du  joug  de 
l'anarchie.  On  comptait  moins  sur  la  force  des 
arme§  que  sur  la  persuasion  ;  on  savait-d'ailleufs 
que  ces  journées  désastreuses  qui  en  décidant 
les  événements  à  Paris ,  avaient  aussi  décidé 
du  sort  de  la  France  ;  on  savait  quel  prestige 
avait  produit  ces  événements,  et  qu'un  petit 
nombre  audacieux  et  adroitement  dirigé,  avait 
suffi  pour  entraîner  la  multitude;  on  espérait 
donc  avec  vraisemblance  qu'^n  opposant  à  cette 
faction  connue  une  force  qui  pût  la  contenir, 
on  rallierait  à  soi  tous  les  citoyens,  dès  qu'ils 
seraient  sûrs  d'un  appui  ;  mais  il  arriva  que  les 
conventionnels  réfugiés  à  Caen,  n'étartent  même 

!)as  d'accord  entre  eux,  Pétîon  et  Buzot  par- 
aîent  bien  d*une  république  ;  mais  ils  voulaient 
tme  nouvelle  dynastie',  et  avant  tout ,  vengeance 
et  pouvoir.  Cette  passion  qui  les  porta  à  des  me* 
sures  précipitées  et  extrêmes,  perdit  leur  cause,  et 
fit  échouer  tous  leurs  projets.  Les  autres  conven- 
tionnels réfugiés,  réunis  plutôt  par  letQr  fortune 
que  par  leurs  intérêts  communs,  ne  purent  ja- 


V.. 


D  E  P  U  I  s    L  A     RE  tr  Ô  L  UTI  ON.         Sï 

maïs  former  un  corps  d'opînionqui  ralliât  à  eux  ynisp^ 
le  pays.  Là ,  comme  ailleurs ,  les  habitants  étaient  *^  ■ 
divisés  en  partis;  le  peuple,  c'est-à-dire  la  classe 
travaillante  et  moÎDa  éclairée,  était i  comme  à 
Paris,  démocrate;  mais  menés  par  llnfluence 
des  clubs  jacobins,  que  l'on  nommait  là  cara^ 
bols  j  ceux-ci  ne  virent  dans  les  conventionnels 
fugitifs  que  les.  ennemis  vaincus  par  la  mon^ 
lagne  j  les  modérés  n*y  virent  que  des  juges  de 
'Louis  Xyi ,  et  ce  souvenir  était  encore  récent; 
et  plus  influent  dans  les  départements  quià  Paris 
même  ;  ies  dépositaires  de  l'autorité  publique 
ne  se  hâtaient  pas  de  se  pronojicer'  dans  une 
lutte  dont  Fissue  était  douteuse,  et  la  puissance 
de  la  conveiition  leur  en  imposait.  Enfin  lors^* 
qu'on  voulut  faire  un  essai  des  foi^ees  disponi- 
bles ,  Wimpfen  ,.  à  qui  l'état  des  choses  était 
connu ,  indiqua  une  revue  de  la  garde  nationale  ; 
huit  bataillons  prirent  les  armes;  toute  l'éloquence 
de  Pétion  et  de  Buzot  ne  parvint  qu'à  enrôler 
17  hommes  pour  marcher  sur  P^"s;  toutes  les 
autres  villes  du  département  et  des  déf^^rtements 
voisins  s'y  refusèrent  nettement»  Vire  seul  envo3^a 
une  vingtaine  de  solrdate. 
.  Alors  on  résolut  de  recourir  à  la  Bretagne , 
d'où  l'on  fit  venir  5  à  6  cents  hommes,  et  l'oa 
eu  forma  Tai^mée  qui ,  sous  les  ordres  de  Ptii- 


21  HISTOIRTEDEFRANCE, 

VjriiRp.  sa^'e,  fut  envo3rée  à  Evreux;  Pétion  accôutniné 
'^^'  de  dominer  à  Parîs,  ne  pouvait  supporter  ces 
lenteurs  et  cette  résistance.  Si  l'on  ne*  connais- 
sait jusqu'à  quel  point  l'mfortunç ,  l'injustice  et 
surtout  l'esprit  de  parti ,  peuvent  exaspérer  un 
caractère  formé  par  les  révolutions  et  aigri  par 
la  disgrâce ,  on  ne  pourrait  croire  que  Pétion  » 
de  concert  avec  Buzot,  conçut  le  dessein  de 
mettre  le  feu  à  la  ville  àe  -Caen ,  pour  en  accu- 
ser les  monfagnar/is  de  la  convention,  et  déci- 
,  der  aînçi  les  habitants  à  marcher  sur  Parîs.  Celui 
qu'ils  employèrent  pour  acheter  les  "matières 
combustibles  en  avertit  secrètement  le  général, 
qui  lui  enjoignit  de  continuer  ses  préparatifs 
jusqu'au  moment  destiné  à  l'exécution ,  alors  il 
fait  venir  les  auteurs  du  projet,  paraît  effrayé 
d'un  rapport  qu'il  feint  de  recevoir  ,  leur  an- 
nonce que  rien  ne  peut  les  sauver  de  la  fureur 
du  peujilé  ,  si  ce  bruit ,  sans  doute  absurde  , 
vient  à  se  répandre;  ils  recommandent  le  se- 
cret, accusant  leurs  ennemis  de  Paris  de  cette 
calomnie,  et  le  projet  avorta.  Les  autres  réfu- 
giés étaient  au  nombre  de  ly.  Les  mêmes  événe- 
ments qui  seuls  les  avaient  réunis ,  n'avaient  pas 
ibndu  les  nuances  de  leurs  opinions,  et  le  défont 
d'intelligence  fut  une  des  causes  qui  fit  échouer 
tous  leurs  projets.  L'inflnçnce  étrangère  intervint 


^/ 


DEPUIS     LA    KEVOLUTIOM.  !i3 

atissi.  Le  cabinet  de  Londres  qui ,  depuis  long-  vnr«^i 
temps ,  entretenait  des  intelligences  en  Nor- 
inandie,  essa3^a  de  s'approprier  le  mouvement 
qui  s'y  préparait ,  et  dont  l'appareil  semblait 
promettre  une  diversion  aussi  puissante  que 
ceHe  de  la  Vendée,  la  réunion  de  3o  membres 
<Je  la  convention,  injustement  chassés  par  elle^ 
semblait  devoir  former  un  centre  autour,  du- 
quel pouvait  se  rallier  tout  ce  qui  tenant  atix 
idées  libérales  ,  était  cependant'  indigné  de  la 
tyrannie  anarckique;  mais  cette  influence  étran- 
gère, qui  ne  pouvait  pas  être  exempte  dusouji- 
^on  fondé  de  royalisme ,  fut  précisénaent  ce  qui 
rompit  toutes  les  mesures. 

Dès  qu'elle  se  fit  sentir,  elle  mit  en  gaVde 
contre  elle  les  opinions  populaires,  on  craignit 
d'entrer  dans  une  route  dont  on  ne  voyait  pas 
distinctement  le  terme.  Les  administrations  voi- 
sines se. tinrent  en  réserve,  et, chacun  attendit 
un  événement  qui  pût  lui  servir  à  l'éclairer  et 
à  le  décider,  et  cet  évéoenoent  fut  digne  dea 
moyens  employés  de  part  et  d'autre  pour  Ta- 
mener* 

Le  Calvados  resté  seul  n'avait  pu  former^ 
organiser  une  force  armée,  moyen  sans  lequel 
rien  ne  se  feit  en  révolution  ;  inutilement  oà 
avait  fait  des  proclamations ,  établi  une  assem^ 
blée  centrale  d^,  résistance  à  F  oppression.  Pui* 


24  HISTOIRE     DEFRANCE; 

VHiEp«  saye  s'était  porté  à  Eyreux  avec  une  troupe  de 
«795»  8  à  9  cents  hommes..  On  espérait  la  recruter 
en  chemin  de  tous  ceux  que  le  méconteatemeot 
ou  la  prévoyance  de  Taveoir  enrôleraient  sous 
les  drapeaux  d'une  lif^rté  autre  que  la  licence 
de  l'anarchie  ;  mais  soit  incertitude^  soit  crainte 
de  la  convention ,  personne  ne  s'y  joignît  ;  ob 
attendait  que  les  autorités  civiles  iiuxquelles  on 
était  accoutumé  d'obéir, se  prononçassent;  mais 
aucune  ne  l'ayant  voulu  ou  osé,  les  gardes  na- 
tionales restèrent  immobiles.  . 

Cependant  à  Paris  les  nouveaux  dominateurs 
de  la  convention,  alarmés  d'abord  d'une  réunion 
qui  pouvait  leur  susciter  une  nouvelle  guerre 
civile,  et  partager  au  moins  l'opinion  par  laquelle 
ils  régnaient,  employèrent  d'abord  les  armes 
révolutionnaires,  et  la  tribune  retentit  des  dé- 
crets fulminés  contre  la  nouvelle  Vendée;  c'est 
ainsi  que  l'on  qualifiait  le  Calvados.  Tous  les 
députés  fugitifs  et  le  général  Wimpfen  furent 
mis  hors  la  loi,  et  cette. espèce  xl'excommuni- 
eation  civile  n'était  pas  une  arme  sans  effet ,  la 
tête  des  proscrits  appartenait  au  premier  que 
l'espoir  d'une  somme  considérable  pouvait  ten- 
ter; en  même  temps  les  conventionnels  levèrent 
une  armée  pour  marcher  au  devaxit  des  nou- 
veaux rebelles.  On  était  instruit  à  Paris  de  leur 
force  ;  ia  tranquille  jpteutralité  des  corps  admi-? 


DEFVIS     LA    HEVOLUTION. 


î5i* 


uîstratifs  avait  déjà  rassure;  on  fit  partir  envi-  Yinsp.. 
ion  12  ceqts  hommes  levés  à  la  Mte  dans  Paris; 
op,y  ioignit  3  cents  gendarmes  réunis  des  lieux 
voisins  de-  la  ca|)itale ,  celte  armée  ge  mit  en 
marche ,  et  s'arrêta  à  Paci ,  distant  seulement' 
d'Evreux  d^  trois  lieues.  Aussitôt  l  armée  du 
Çaivadps  sortit  et  se.  mit  en  Jbataille  ;  mais  les 
deux  arméôs  en' présence  firent  volte  face  à  Im 
fois,  et  sç  retirèrent  chacun  dans  leur  cdmp;> 
cependant  rarméç- 4e  Pariç.  s'étant  aperçu  la* 
première  que.  le  champ  de  bataille  était  vacant 
revint,  et  put  ainsi  s-attribuer  la  victoire.. Cette 
issue ,  presque,  risible  ,  contribua  beaucoup  à 
tepipérer  la  vengeance;  ils  craignirent  d'aigrir 
les  esprits  par  une  rigueur  qui  eût  contrasté 
avec  l'évépeii^eiat.  Wimpfen,  à  la  nouvelle  de 
cettedéfâite,s'avahça  jusqu'à  Lisieux  où  s'étaient 
sauvés  les  débris  de  cette  armée  ;  mais  rien  ne 
iP:Ut  les  rallier,  une  arme  plus  forte  quQ  les 
canons  de  Paci  y  combattait  pour  les  conven- 
tionnels. Danton  y  avait  envoyé  des  émissaires 
munis  de  décrpts  et  d'assignats  ;  en  même  temps 
la  nouvelle  constitution  décrétée  fut  envoyée 
çt  acceptée  par  tous  les  départements.  Cette 
circonstance  servit  de  motif  aux  autorités  ci-» 
viles  du  Calvados  pour  se  réunir  à  la  volonté 
reconnue   pour  générale.;  et  un  acte  de  ré- 
tractation dressé  dans  une  (assemblée  tenue  à  ^^J"»^^- 


i5  HISTOIRE    D  E   T  R  A  M  C  E, 

viiiKp,  Caen ,  termina  cette  guerre.  Oo  remarqua  qu*au>^ 
cune  rigueur  ne  suivit  cette  TÎctoire,  soit  poli- 
tique, soit  calcul,  soit.  Comme  on  le  croit,  irt- 
telllgeiice  pratiquée  dès  le  début  ;  la  montagne 
victorieuse  se  piqua  de  générosité.  Danton  dit 
que  la  convention  ne  devait  voir  qiie  des  pti-' 
sonniers  de  guerre  dans  ses  elHiémis  vaincus  » 
etaucune  exécution  sanglante  n'eut  Heu  k  cause 
de  ce  fait.  Les  députés  prosferits  e-t  réfugiés  à 
Caen ,  se  retirèrent  ies  uns  en  Bretagne ,  les 
autres  à  Bordeaux,  et  Félix  Wimpfen  mis  hors 
la  loi,  se  déroba  dans  une  retraite  sûre  au  fer 
des  juges  et  à  celui  des  assassins.    ■ 

Ce  fut  pendant  cette  insurrection  partielle  ei 
de  son  territoire,  que  partlt'une  jeune  fille 
avec  le  projet  conçu  ,  soutenu  et  exécuté  de 
venger  son  pays,  et  d'en  cha'riger  peut-être  lé 
gouvernement.  Tout  prouve  que  Ctiarlotte  Cor- 
day  ne  fut  ni  un  émissaire  gagné,  ni  une  fana-i 
tique  armée  par  la  vengeance  ,  elle  conçut  k 
froid  le  projet  de  finir  les  malheurs  de  sa  pa- 
trie, et  se  dévoua.  Ces  idées,  mal  combinées 
dans  un  jeune  esprit ,  ne  lui  laissèrent  voir  que 
le  but  de  la  gloire  ;  les  Inconvénients  d'un  exem- 
pie  criminel ,  et  par  cela  même  dangereux  k 
donner,  n'eurent  pas  le  temps  de  frapper  une 
imagination  ardente,  et  il  paraît  certain  aussi 
que  ceux  qu'elle  fit  confidents  de  son  projet  » 


DEPUIS     LA    REVOLUTION.  ^7 

eurc*rit  rimpi^iidence  coupable  de  ne  pas  Pen  vinjp. 
cietaurner.         ( 

Ce  n'était  point  Marat ,  maïs  Danton  ,  que  ' 
s'était' désigné  la  riotlvelle  Judith  ;  itiaîsajant 
ouvert  en  chemin  lès  lettres  dont  elle  était  dé* 
posîtàire  pour'  Paris;  elle  y  vît  qiië  Dantôô 
y  était  inculpé  de  royalisme;  ori^y  disait,  dariS 
le  style  du  jour,  qu'il  ménageait  le  petit  Capet 
pour  le  porter  au  trône;  ce  mot  fut  assez  pour 
Juistifiler  pleinement  Danton ,  et  Charlotte  CotV 
dây  destina  à  Mârât  lé  coup  qu'elle  se  préparaît 
à  porter.  •  ,     n 

'  En  arrivant »à  Paris ,  elle  remît'des  lettres  de 
Barbaroux  à  un  conventionnel  nommé  Doperet. 
Celui-ci  mis  le  lendertiain  en  aecîusation  ne  le 
nia  point.  Des  le.  jour  suivant ,  ChaHotte  Coi*- 
day  se  présenta- chez  Marat ,  et  fut  introduite*; 
il  était  dans  le  bain;'elte  lui  prêsentaun  écrit', 
et  en  même  temps  lui  plongea  un  couteau  sous 
ïa  clavicule  ;  il  ihourut  sur  le  champ;  client  i3  juiiT. 
pu  s'échapper,  et  parut  le  dédaigner;  elle  s'at^ 
tendait  que  le  petîple  allait  la  mettre  en  pièce, 
et  y  était  préjiarée.  Dans  le  ti^ajet  ;  j.uSqu'à  le 
prison,  eHe  fut  calme,  et  dît  qu*elle  ai^aii  rem^ 
pli  sa  /^t^^e.  Son  interrogatoire  fut  court  et  son  ^ 
procès  se  réduisit' aux  trois  questions  d'usage  ^ 
ï.o  Marat  a-t-il  été  assassiné?  ti!^  Charlotte 
Corday  est-elle  l'auteur  de  ce  crime  ?  3.^  L'a-t- 


1 


â8  HISTOrHE    DE    FRANCE, 

viiiEp.  elle  fait  avec  de^  întentioDS  cootre-révolqtîoo^ 
"^  *  naires?  Sur  Taffirmalive  des  jurés,  la  sentence 
fut  prononcée  et-  exécutée  immédiatement  ; 
elle  fut  conduite  au  lieu  de.  Texécution  avec 
un  costume  de  draperie  rouge,  invention  nou^ 
.  velle  dont. était  revêtus  ceux  cjui  étaient  conr 
damnée  comme  assassins.  La^traAquille  assurance 
de  presque  tous  les  condamnés  coromença^it  è 
inquiéter  les  tj^rans,  et  on  avait  imaginé  ce  dé-' 
guisement  pour  les  faire  paraître  pâles,  et  dé- 
faits aux  yeux  du  peuple.  Ce  peuple  avait  un 
moment  paru  s'étonner  à  la  vue  des  exécutions 
nombreuses  qui  déjà  se  multipliaient.  Douze 
habitants  ^ de  Saint -Malo  transférés- à  Paris;  ^ 
avaient  été  décapités  le  même  jour  ^  et  un 
homme  condamné  aux  fers  et  à  l'exposition,  pour 
insulte  à  un  fonctionnaire  public ,  avait  été  enleyé 
des  mains  de  l'exécuteur  et  soustrait. 

Marat  fut  destiné  aux  honneurs  du  Paothéony 

■  soÉi  corps  fut  exposé  publiquement ,  et  cet  évé^ 

jiement  donnant  des  forces  d'opjnÎQn  à  son  parti ^ 

djuiiiet.  hâta  le  sort  des  députés  détenus.  Saint-Just  avait, 
peu  de  jours  avant,. fait  un  long*  rapport  qui 
concluait  à  les  mettre  en  accusation ,  et  cette 
mesure  fût  adoptée  lorsque  les  dangers  de  l'in- 
surjrection  du  Calvados  étant  cessés  >  on  put  sana 
risque  sévir  contre  les  auteurs".  Les  motifs  de 
«rec  acte  d'accusation  cumulaient  les  torts  (Iq 


t)  E  P  U  ï  s    L  A     R  É  V  Ô  1  U  t  I  O  N.        S.g 

tous  ks  partis;  et  les  imputaient  aux  accusés-:  ^^^^^' 
on  y  trouve  des  traces  de  toutes  les  trames  our- 
dies dans  toutes  les  factions;- les  plans  ou  plutôt 
les  projets  pour  porter  au  trône  Orléans,  le  duc 
d'Yorck  ,  le  jeune  Louis  ;  il  fallait  accuser  de 
royalisme  >  et  tout  ce  qui  en  portait  le  nom 
était  utile  à  •produire  comme  griefs.  A  consulter 
Tesprit  du  moment  et  la  tactique  révolution- 
naire en  usage, on  en  pourrait  même  conclure 
avec  certitude  que  lès  accusateurs  se  hâtaient  de 
renvoyer  à  leurs  adversaires  les  faits  et  les  vues 
qu^onaurait  pu  leurimputeràeux-mêmes.  L'anar- 
chie eut  toujours  dans  ces  temps  plus  de  liaison 
et  de  rapport  avec  Tétranger,  que  le  système 
républicain,  et  ^étranger  était,  certainement 
royaliste.  Le  rétablissement  d'une  monarchie 
était  la  dernière  ressource  secrète  des  chefs 
Jacobins  ;  ils  ne  purent  jamais  s'accorder  sur 
Je  choix  ;  ils  étaient  trop  éloignés  pour  s'en- 
tendre, se  connaissaient  trop  pour  se  rappro- 
cher, et  surtout  se  craignaient  trop  pour  s'ex- 
j)liquer. 

Mais  tandis  que  tout  leur  succédait  au  de- 
dans,à  Caen,  où  l'insurrection  était  comprimée; 
en  Bretagne,  où  la  défection  du  Ç^^lvados  dîs^ 
sîpa  Torage  qui  s'y  préparait;  à  Bordeaux,  où 
des  démonstrations  menaçantes  se  réduisirent  à 
des  menaces  ;  à  Lyon ,  où  bientôt,  des  torrent?  ^ 


3o  HISTOIREDE     FRANCE,.     . 

I  _ 

vniEp.  de  sang  expièrent  un  moment  de  sucées  ;enfitî 
"^^^  *  tandis  que  leur  domination  s'établissait  au  ci- 
vil par  l'acceptaiion  de  cette  constitution  qu'eux- 
mêmes,  devait  étouffer  dans  son  berceau  ;  par- 
tout au  dehors  et  sur  les  frontières  envahies  » 
les  étendarls.  de  la  liberté  et  les  drapeaux  de 
la  république  cédaient  le  terrein  »aux  soldats 
des  rois  coalisés,  et  la  licence  tyrannique  de 
l'anarchie  livrait  la  liberté  mourante  aux  coups 
des  pouvoirs  absolus.  La  campagne  s'était  ou- 
verte aux  pieds  des  Pyrénées  sous  de  fâcheux 
auspices ,  les  premières  entreprises  furent  des 
revers,  et  les  premiers  combats  furent  des  dé- 
faites. Aux  Alpes ,  la  fortune  était  douteuse  ,  et 
l'armée  d'Italie  était  obligée  de  se  partager  pour 
combattre  la  révolte  forcée  de  Lyon  ;  bientôt 
Toulon  livré  vit  les  pavillons  anglais  arborés 
sur  ses  chantiers  .et  sur  ses  arsenaux.  L'armée 
de  la  Moselle  ,  après  le  succès  brillant,  mais 
sans  résultat,  obtenu  à  Arlon,  était  contenue 
sur  ses  frontières,  et  suffisait  à  peine  pour  les 
couvrir;  enfin  l'armée  du  Nord  retirée  derrière 
ses  lignes,  allait  être  témoin  4e  la  capitulation 
des  places,  fortes  qui  la  défendaient  encore,  et 
i^u'elle  n'avait  pu  défendre. 

Bientôt  l'histoire  étonnée  de  sa  tâche,  forcée 
de  parcourir  Pespace  et  le  temps  comme  la 
pensée  les  parcourt,  sera  obligée  d'atteiiidre 


\ 


DEPUIS   LA    REVOLUTIO^I.  Sî 

à  la  fois  aux  extrémités  opposées  de  ce  vaste  vuTEp. 
théâtre  des  événements  où  les  scènes  se  suc-  *''^'** 
cèdent  sans  repos,  où  les  incidents  se  croisent 
et  se  multiplient  par  eux-mêmes,  où  tous  les 
acteurs  paraissent  et  agissent  à  la  fois;  telle* 
ment  que  pour  sauver  le  i^écît ,  d'une  froide  et 
lente  chronologie-,  on  est  oWigé  de  retarder 
Tordre  des  temps  et  des  faits  ,  tantôt  de^  le 
devancer  ,  puis  de  regarder  en  arrière  pour 
recueillir  ce  qu'il  a  fallu  négliger.  Ce  n'est  plus 
une  seule  armée,  une  seule  gtierre  ,  une  seule 
histoire  d'un  règne  où,  de  deux  nations  aux 
prises,  toutes  les  nations,  tous  leurs  gouverne^, 
ments  sont  debout  et  en  armes ,  tous  leurs  actes; 
tous  les  événements  ont  un  rapport  réciproque 
et  un  but  commun  ,  un  intérêt  commun,  urfe 
influence  générale.  Ce  n'est  plus  la  liberté  pu- 
blique d'un  peuple ,  c'est  la  liberté  universelle 
du  genre  humain  ,  c'est  la  lutte  du  pouvoir  ab^ 
solu  contre  la  puissance  nationale  de  toutes  les 
sociétés  civilisées.  Ce  grand  motif  apprécié  par 
la  raison ,  inaperçu ,  mais  senti  par  l'instinct , 
a -exalté  tous  les  esprits,  enflammé  tous  les  cou*^ 
rages,  tourmenté  toutes  les  passions,  tout  agit 
partout  à  la  fois ,  et  l'histoire ,  le  cra)  on  à  la 
main  ,  doit  rapprocher  les  époqueé ,  et  suivre 
en  niême  temps  les  faits  divers  dans  les  me- 


3^  HISTOIRE    DE    y  RANCEi 

viiiEp.  nies  lieux,  afin   de  présenter  Tensemble  c?uii 
^^^     grand  tableau ,  et  non  des  esquisses  partielles! 
Le  sort  de  la  guerre ,  et  croyait  -  on  de  la 
France,  semblait  tenir  aux  deux  grandes  places 
assiégées,  Mayence  et  Valenciennes;  Tune  fer- 
mait aux  Français  l'entrée  de  la  Germanie , 
l'autre  semblait  devoir  ouvrir  aux  ennemis  l'en* 
trée  de  la  France. 
s5  •uiii.       Condé  venait  de  capituler  après  une  défense 
Jongue  et  opiniâtre;  le  défaut  des  vivres  força 
de  se  rendre  ;  depuis  plusieurs  jours  le  soldat 
n'avait  que  dix  onces  de  pain  et  deux  onces  de 
cheval  ;  les  restes  de  la  garnison  de  4  mille 
hommes  furent  prisonniers. 

Mayence  situé  sur  le  Rhin ,  n'avait  aucune 
défense  du  côté  de  l'Allemagne,  Les  Français 
fortifièrent  les  habitations  de  Cassel  sur  la  rivé 
droite,  et  en  firent  une  tête  de  pont,  retran-^ 
ché  par  des  ouvrages  qui  rendirent  ce  poste 
susceptible  de. défense  par  sa  capacité,  et  assu- 
rèrent la  possession  de  la  place.  Ils  fortifièrent 
aussi  le  viIlagedeG>8t-Heîra,situéà  l'embouchure 
du  Main.  Ce  poste  fut  plusieurs  fois  pris  et  re^ 
pris  pendant  le  siégé. 

Sur  la  rive  gauche  du  Rhin ,  Mayence  est 
couvert  d'une  enceinte  de  14  bastions  ,  avec 
une  citadelle  vis-à-vis  l'emlxpuclmre  du  Main  ; 

en 


1795. 


D  JE  PUIS  L  A^iviê  Y:Q.t-:U  T.19^.  33 
co  avant  1Wtdçi5.<}oJfo«b  et' deç^-Yâuban,  y  viijKp^ 
^  élevé  beaucoup  die  cWfeases  extérieures  qui 
éloigtient  les  àttjacjtfes.  4*;jC9rps  d^ç^  la' place  ; 
les  Français  eniaviiie^^jei^prejaJQUté.  ^2  mille 
hommes  de  garnj$antjç^t  ^p^itiupitic^ns  en  abon-^ 
dance.  pronae-ttoi^at  ,  \^îÇ;  r  ^léjfçôse  ^  prolongée. 
Deux  repi^seôtaa^^  (oniiigîssAir^s  de  ja  coaven- 
tion  y  req tuèrent*  €lve<:..  l?.içorp$4iç!6flulIe  ligm,* 
i33ès<|uë'iGustbes'avaijt  ^ppeléfàjui,  f^tqui  ne  put 
le  }oiodi'è.  Le.géoér^l.l^yré.y  co(pmaQdait  les 
trempe^  et»  Aut)ert-Du'bay  et  dirigeait  les  défenses. 
Après  les  défaites  de  Dumourier  et  Ja.  retraite 
de  Gwtibés,  l'ôCQUpptiQu  cje,  .May^nce  néjaît 
plus  ;çj]tf'n«Q  diver^^^p'flt^il^  qui  j^^e^enait  une 
partie  .de9  trqupes  aHi4€!s:  téloignqes  dpja.fronr 
tièfjè  envahie.  Si  ie.  sort  .dès  ari\ie?  :red^enait 
favorablp  à  la  repvbliijfu^ri'M^yenc^x^cçupée  par 
«Ç3  troupes  lui.  a^sw'Qit  UQ6  porte  4ws  )a  Ger- 
ina^riiet.it'liïïîp^^rt^nîÇ^.qy^t  i^s  j^lK^ç  r^t^cliaient 
àiWpri^  de  cette  *pl^Gc}  ti?|iditai|sstrà:des  xîon- 
sidérati^ns  politiqqe^.  l^rPrusse  .détrompée ,  et 
voyant  ses  intérêts  inutilement  pou^r.  €î|le  Ç9m- 
-profni^rdanS'Çette/gj^iieçfj^,  fiyait  margiié  .la|re- 
p  r  is©  de ,  Mayencé;  C9lnm e.  le.  but  et :h \ tejyue ,  dç. 
ses  tr^vauji;  ;  çt  aprjfes  fivoi/  repdu  à||l*Empir^  jies 
c|efft  diç  çç  pa§s^gç,>;,l«^lîi7;iî«e  devait  se  déta- 
î^b^r],id^:l3,iC9aIitipJl>  ç:i':traiier  avec  la  repu*- 

Tome  IF/  3 


34  H  1  8  T  O  T  R  &    4)  î:    ï  R  A  K  C  E  ,    ' 

vniTîp.  Après  la  bataille  dé^'Nerwmde  et  la  retraite 
décidée  des  armées  françaises  vers  Làadàu  » 

S  avriu  l'învestîssemeiit  de  M^yence  fut-  formé  parle  gé-  I 
néral  prussien  Kaickfëtit  i  te  siège  ne  ccmnienca 
que  deux  mois  après ^r  rarmée  cOQibinée^  que 
Frédéric  II ,  rài  de  PrûSSi^,  c^tnmandaît* en  per- 
sonne. Déjà  Jes  tronpes  qui  formaient  l'investis* 
sèment  sur'-lâ  rive  droite  du  Rhin,  s'étaient 
rendu  nwittes  du  coursl  du  fleuve  pat*  la  prise 

•*°^*'*  des  lle$  qd*îl  forme  au  confluent  du  Ma^^n,  et 
par  celle  du  Village  de  Veîssenau,  situé  yis^à-vis 
son emboucliurei  ;'   . 

La  ligne  de  circonvfillàlitftv  ^'étendait  sur  lej 
deux  rivés- à  là  gauche,  depuis  le  village  de 
Buderiheirti  sur  4e  Rbid ,  jusqu'au  village  'de 
Laubenheîm  au  dessus  de  ^iayejice,  couvrant 
toutes  Jés  hauteurs  qui  dominent  la  place,  et 
touverte  pat  à!es[  fett*afa(*hements  »ôu;^s>  re* 
doutes»  AMa  rive  dçoite ,  detant  Ca^eTt  le&ihau^ 
teurs^  depuis  Hôèheim  jusqu'à  Mosbach ^  étaient 
occupées  par  des  trcnipes,  et  défendues  piâr^eô 
retranchements.        "  m        ?  .      '      .  • 

Tout  ce  sîége  ftit  <utte  défensive  active;  tout 
cdric^oui'âit' àen  proforigëFla  durée  ;  il  régna  une 
parfaite  intelligence  entre  les  généraux  et  les 
représentants;  MerFiiij^  donna  même  toujours 
réxemple du  courajge  militaire ,  souvent  à  la  tête 
des  troupes  dans  les  sorties.  On  a^ait  forint. de$ 


~N 


r^ 


/ 


DEPUIS     LA      RÉVOLUTION.        35 

corps  composés  d'hornmes ,  non  pas   d'élite  ,  viiïEp: 
mais  qui  s'étaient  présentés  volontairement.  Ces    '^^  ' 
troupes /sous  le  nom  de  Compagnie  de  Siège, 
rendirent  de  grands  services ,  et  prirent  toujours 
la  tête  des  attaques.  Le  général  Meunier  s'était 
chargé  de  là  défense  de  Cassel.  Dans  une  sortie 
de  nuit  de  ce  côté,  il  surprit  les  Hessois  et  les  "  *^"'* 
Autrichiens  ;  les  soldats' furent  tués  dans  leurs 
tentes;. et  sans  Terreur  qui  fît,  que  deux  corps 
français  firent  longtemps  feu  Tun  sur  l'autre 
dans  les  ténèbres ,  cette  attaque  eût  pu  avoir 
des  conséquences  sur  l'événement  du  siège. 

Le  lendemain ,  un  officier  français  envoyé  par  - 
les  Prussiens ,'  apporta  une  lettre  de  Custines ,  et 
demanda  en  mêtne  temps  une  entrevue  pour  le 
général  Kalckreut ,  avec  les  Représentants  com- 
missaires ;  l'entretien  fut  secret,  et  les  attaques 
continuèrent.  Deux  jours  après  ,  on  demanda  i^^^ii* 
xine  autre  entrevue  à  Rewbell,  qui  fut  refusée. 
iTouteisces  conférences  inquiétaient  la  garnison, 
quoique  toutes  les  lettres  eussent  été  lues  en 
plein  ponseil  ;  la  garnison  fut  toujours  dans  les 
''mejUeures  dispositions  ,   et  lorsqu'aflfàibhe  de 
près  d'un  tiers  deux  mois  après ,  elle  apprit  sa  v 
capitulation,  il  fallut dépl 03 er  l'autorité  pour  1  y 
résoudre. 

Les  îles  du  Majn  furent  longtemps  le  ter-  - 
rein  disputé  j  leur  position  prenait  k  revers  toutes 


36      Histoire   de  France, 

VliiEp.  les  défenses  de  la  ville  et  le  cours  du  fleuve; 
'^^  *   ce  qui  mettiait  à  découvert  le  pont  de  commu- 
nication avec  Casse!  ,  et  les  moulins  qui  seuls 
servaient  pour  les  habitants  et  pour  la  gar- 
nison. 

Dans  les  attaques  réitérées  qui  en'  laissaient 
maîtres  l'un  ou  Tautre^parti,  on  vit  des  soldats 
formés  sotis  le  nom  de  bateliers-matelots ,  aller 
à  la  nage  couper  le  cable  d'un  bâtiment  armé, 
monter  a  l'abordage,  et  le  ramener  avec  deux 
cents  prisonniers  qiiî  le  montaient.  Ils  avaient 
aussi  constAiît,  pour  détruire  le  pont,  deux  ma- 
chines infernales  ;  l'une  sauta  sans  effet,  l'autre 
fut  arrêtée  par  des  soldats  qui  eurent  l'intré- 
pidité d'j  monter  et  de  l'éteindre. 

Le"  villagie  de  Costheim,  trop  près  des  ou- 
vrages de  Cassel  pour  être  abandonné  par  les 
deux  partis, fut  le  théâtre  sangjant  de  plusieurs 
Si  maî.  combats ,  dont  l'issue  en  laissa  les  assiégés  maî- 
tres jusque  vers  la.  fin  du  siège.  Les  îles  du 
Rhin  furent  aussi  longtemps  disputées  ;  celle  de 
Peters-Au,  au  dessous  de  Mayence,  coûta  it 
cents  hommes  aux  ennemis  dans  une  sortie  de  la 
garnison  de  Cassel. 

Les  assiégés  restèrent  lx)ngtemj>s  maîtres  des 
dehors  et  des  environs  de  la  place.  Du  côté  même 
dp  l'attaque,  les  villages  de  Salsbach  et  de  Brexen- 
heim,  furent  longtemps  occupés  par  les  Fran- 


V 


\ 


\ 


ÎM;  P  U  1  s    L  A    R  lÊ  V  O  L  U  T  I   O  N.      3/ 

çaîs  ;  et  sur  le  terreia  qui  les  séparait ,  il  se  vuiïïp. 
donnait  des  combats  journaliers.  Dans  une  de 
ces  rencontres ,  le  chef  d'une  troupe  de  cavale- 
rie ,  défia  l'officier  de  cavalerie  prussienne  à 
un  combat  singulier.  — Et  si  je  venais, à  vous 
comme  ami ,  lui  dit  le  Prussien.  —  Je  vous 
recevrai  comme  tel.  Ils  se  tendirent  la  main, 
et  firent  avertir,  Tun  Merlin,  et  Tautre  le  gé- 
néral Kalkreut  ,  peu  éloignés  de  ces  avant- 
postes  ;  là  un  déjeûner  fut  convenu  pour  le 
lendemain ,  et  que  Tautre  représentant  Rewbell 
et  te' prince  Ferdinand  de  Bruswîck  s'y  trouve- 
raient; les  deux  troupes  restèrent  éloignées  ;^  les 
chefs  s'approchèrent,  et  parmi  la  franchise  d'un 
repas  militaire  ,  où  Brunswick  déploya  avec 
les  Français  toute  l'aisance  de  soa.  caractère  et 
de  ses  manières ,  il  se  retrouva  souvent  en  confé- 
rence  intime  avec  les  .deux  représentants,  et  ce 
•iut  pendant  ce  siège  que  le  premier  cartel, 
.pour  l'échange  des  pristonniei^,  porta  en  titre  : 
le  roi  de  Prusse  à  ta  république  française^ 
C'était  la  reconnaître  le  premier.  Les  procédés 
et  les  égards  réciproques  se  maintinrent  entre 
les  deux  arriiées  jusqu'à  l'époque  ou  Frédéric-» 
Guillaume,  attaqué  personnellement,  et  sur- 
pris dans  son  quartier-général  \  se  livra  à  ua 
ressentiment  qui  fit  cesser  les  raénagements^ 
politiques. 


1 


88  HISTOIRE    DE    FRANCK, 

ViiiEp.  Dans  la  nuit  du  3o  mai,  la  garnison  fît  une 
^'J^  l  sortie  générale;  6  mille  hommes  pénétrèrent 
jusiqu'au  village  dé  Marienborn ,  où  était  le 
quartier  du  roi.  Les  compagnies  de  siège  sou- 
tenues des  anciens  bataillons  de  Saintonge  et 
4r  de  Beauvoîsîs ,  emportèrent  de  vive  force  les 
redoutes  qui  couvraient  la  ligne  de  cîrconvalla- 
tion,  entrèrent  sî  rapidement  dans  le  viïlage 
quelles  généraux  et  le  roi  lui-même  surpris  > 
n'eurent  le  temps  ni  de  s^armer  ni  de  rallier  - 
les  troupes;  lés  chevaux  des  gardes  furent  tués 
à  coups  de  fuBii  dans  les  maisons ,  et  la  retraite 

des  assiégés  se  fit  avec  perte,  mais  sans  être 
coupée.  Dès  le  lendemain ,  le  feu  des  batterie^ 
JFut  redoublé,  et  pendant  plusieurs  jours  incen- 
dia la  ville  ;  plus  d'un  tiers  des  maisons  fut 
écrasé  par  les  bombes  oii  consumé  parle  feu; 
les  magasins  furent  détruits ,  et  ce  fut  ce  même 
jour  que  le  général  Meunier  fut  blessé  mor- 
tellement ,  attaquant  la  grande  île  du  Mayn , 
que  les  soldats  avaient  appelée  la  carmagnole  ^ 
et  dont  les  batteries  ennemies  faisaient  le  feu 
le  plus  destructif  sur  la  place.  Meunier  mourut 
peu  de  jours  après  j  et  par  un  sentiment  hono- 
rable à  sa  mémoîi^e ,  les  assiégeants  firent  une 
trêve  de  quelques  heures  pendant  qu'on  lui  ren- 
dait les  honneurs  fuhèbres  ,  se  portèrent  en 
armes  sur  leurs  lignes^  et  répondirent  par  une 


DEPUIS    LA     RÉV-OLUTrON.  % 

$dlve  générale  à  celles  dont  les  Français  hono^  viiiEp. 
raient  la   tombe,  de   leur   guerrier.    Elle  fut    ^^ 
placée.,  d  après  ^n  vœu ,  à  la  pointe  du  bastion 
de  Cassel  qu'il  avait  défendu. 

La  tr^inchée  ne,  fut  ouverte  que  deux  mois 
après  l'investissement»  et  après*  trois  nuits  de 
combats  qui ,  en,  empêchèrent  les  travaux.  Le 
front  d'attaque  embrassa  tout  le  cAté  de  là 
place  ou  est  située  la  citadelle  »  depuis  le 
lihin  jusqu'aux  ouvrages  av^^ncés  du  Fort-Phi- 
lippe, 

L'histoire  doit. laisser  aux  relations  militaires 
les. détails  journaliers \de  ces  grands  travaux  de 
Ji'art ,  où  le  génie  réunit  et  combine  de  part 
et  d'autre  »  tous  sçs  moyens  de  destruction^ 
tandis  que  l'habitant  voit  son  toit  s'écrouler  sur 
sa  famille  pour  une  cause  qui  n'est  pas  la  sienne. 
Les  deux  armées  s'opposèrent  longtemps  toutes 
les  ressources  de  la  science  militaire.  Les  tra-^ 
vaux  de  l'assiégeant  furent  tenus  éloignés  des 
ouvrages  de  défense  ;  souvent  l'assiégé  devint 
assaillant ;*et  d^ns  les  derniers  jours  dû  siège», 
l'ennemi  n'avait  pu  encore  se  rendre  maître 
que  d'un  ouvrage  avancé ,  duquel  il  ;  fut  en- 
core délogé  plusieurs  fois  ;  j^amais  ses  bat- 
teries ne  purent  s'étabir  plus  près  que  cent 
toisesjde  l'enceinte  extérieure  dès  fortifications^ 

Cependant  la  disette  se  faisait  déjà  sentir  dans. 


4<5  H  I  s  T  O  IR  E     D  E     PR  AN  C   E, 

ViiiEp.  la  ville  ,  après  avoir  mangé  les  chevaux  qui 
'^^^*  furent  longtemps  la  seule  vidnde  distribuée  aux 
troupes.  Le  général  Doyré  cédant  aux  instances 
des  habitants,  permît  à  plusieurs  de  sortir  de 
leur  ville;  mais  les  prévint  en  même  temps 
qu'ils  ne  seraient  vraisemblablement  pas  reçus 
par  les  assiégeants.  Pressés  par.  la  crainte  et  par 
le  besoin ,  2  mille  de ^^es  infortunés,  vieillards  , 
femmes,  entants,  malades,  sortire^nt  des  portes , 
et  se  présentèrent  au  camp^  là,  repoussés  par 
tinfe  dure  politique,  et  refusés,  au  retour  vers 
la  place,  par  ^impérieuse  nécessité,  cette  mul- 
titude fut  obligée  de  passer  la  nuit  dans  l'es- 
pace qui  séparait  les  combattants ,  et  exposée 
»au  feu  des  deux  armées;  plusieurs  furent  tués', 
et  le  matin  5  les  soldats  français  rapportèrent 
dans  les  pans  d^  leurs  habits  des  enfants  blessés 
ou  abandonnés;  enfin  Doj^é, vaincu  parce  spec- 
tacle, leur  fit  rouvrir  ses  portes. 

La  capitulation  fut  presque  imprévue,  et  les 
événements  extérieurs  la  commandèrent.  Con- 
dé  était  pris  ,.  Valenciennes  pressé  et  aban- 
donné à  ses  seules  forces.  On  ne  pouvait  es^ 
pérer  de  secourir  Mayence ,  il  était  plus  utile 
de  sauver  sa  brave  garnison ,  que  de  prolonger 
unehonoKable  défense,  et  la  guerre  de  la  Ven- 
dée exigeait  des  renforts  que  l'on  ne  pouvait 
prendre  ailleurs^  1 


DEPUIS    LA    RE  VOXIU  TlOir.  41 

Le  soldat  qui  ne  pouvait  connaître  ces  raisons  vnrr.p; 
I»  .  j  j  X795- 

poJitrques ,  supporta  assez  impatiemment  laxi^ 

nonce  de  la  capitulation;  elle  carô prit  tous  les 
honneurs  de  la  |;uerre ,  sous  la  seule  conditioa 
^de  ne  point  servir  d'un  an  èontre  les  puissances 
alliées.  Le  22  juillet,  après  trois  mois  de  siège, 
Jes  Prussiens  et  les  troupes  de  l'empire  prirent 
possession  de  la  place,  et  pendant  que,  suivant 
Jes  usages  de  la  .  guerre ,  les  différents  corps 
défilaient  devant  le  vainqueur,  le  roi  de  Prusse 
appelait  nominativement  les  chefs  et  les  prin- 
cipaux officiers,  et  leur  donnait  avec  une  noble 
courtoisie  les  éloges  dus  à  leurs  actions ,  en  le;^ 
rappelant  les  jours  et  les  circonstances  où  ils 
s'étaient  distingué^. 

La  garnison,  en  rentrant  en  France, y  trbuva 
de  nouveaux  ennemis,  la  malveillance  ou  un 
faux  patriotisme  avaient  devancé  son  retour^; 
accoutumée  à  Voir  les  revers  imputés  à  crime , 
les  villes  n^osaient  recevoir  le^  défenseurs  de 
Majençe  dans  leurs  murs  ,  lès  soldats  biva- 
quaient  au-dehors.  A  Sarre-Louis ,  on  fit  arrêter 
Doyré  et  son  état-major;  déjà  les  soldats  déli- 
béraient d'attaquer  la  ville  pour  délivrer  leurs 
chefs,  lorsqu'un  décret  qui  déclarait  que  la  gar- 
nison de  Mayence  avait  bien  mérité  de  la  patrie, 
arriva,  eir  fut  confirmé  à  Metz  ,^Hd' où  cette  armée 
îiit  envoyée  dans  la  Vendée.  ^ 


a4  niaî« 
a6mai. 


I     < 


4^  H  I  S  TOI  RE     D  E    F  R  A  N  e  Ey 

A  Valencîenjies  ,  l'ennemi  semblstit  moins 
vouloir  réduire  la  ville  que  la  détruire  ;  la, 
garnison  était  d'environ  9  mille  hommes;  la 
place  seule  fut  investie  et  en  même  temps  les 
faubourgs  attaqués;  celui  appelé  faubourg  de 
Marli  fut  inciendié  et  pris  dès  le  jour  suivante 
L'attaque  sefît  plus  brusquement  qu'à  Mayencô, 

t4  juin.  L^g  travaux  de  siège  s'ouvrirent*  près  de  la 
place/ Le  duc  dTorck  la  fît  sommer ,  et  sur  le 
refus  prévu,  le  bombardement,  c'est-à-dire  l'in- 
cendie commença  d'abord  sur  le  front  de  la  place 
vers  Tournaj ,  ensi;iite  sur  le  front  opj:K)sé  vers 
le  sud-ouest  ;  alors  l'embrasemeot  fut  général. 
Ce  ne  fpt  plus  aux  murailles  et  aux  fortifica- 
tions que  l'ennemi  fit  la  guerre;  il  parut  vou- 
loir ensevelir  l'habitant  sous  les  ruines  de  ses 
demeures.  Outre  les  batteries  de  siège ,  80  bou- 
ches à  feu,  établies  sur  la  chaussée  de  Moiis^ 
et  sur  les  hauteurs  de  Rolleux  ,  vomirent  la 
mort  et  l'extermination  stir  les  habitants  âeve- 

^  nus  citoyens^  de  leur  ville., Cette  politique  ,  à  la 

fois  barbare  et  absurde,  fit  l'effet  qu'elle  devait 
produire,  la  haine  contre  un  ennemi  qui  venait, 
non  conquérir  ou  soumettre,  mais  détruire  et 
<lévaster  ;  qui ,  prétendant  s'ingérer  et  interve- 
.nir  dans  les  discussions  intérieures  d'une  na- 
tion, y  appelait  la.  lumière  avec  des  torches  > 
et  la  conciliation  avec  le .  glaive,  L'îadignatioa. 


DEPUIS     lA     RÉVOLUTION.        43' 

donna  l'opiniâtreté  plus  tenace  encore  que  le  v^ïi]?i»' 
courage  ;  et  quand  le  sort  des  armes  lui  livra 
la  ville,  il  colnquît  des  murailles  ,  et  tous  les 
cœurs  lui  furent  aliénés*  L'exemple  de  Valen*- 
'  ciennes  sauv^  Lille  ,  et  peut-être  la  France. 
PendantJ'incendie ,  Tarsenal  prit  feu  et  sauta*  On 
soupçonna  une  trahiso;i ,  et  le  sous-dîrecteur 
Monestier  se  tua.  Lé  •  but  de  cette  explosion 
était  de  faire  révolter  les  habitants.  On  réussit 
d'abord;  les. deux  commissaires  représentants^ 
Brien  et  Cochon ,  rai^enèi^nt  l^prdre  ;  et  pen- 
dant tout  le  temps  du  siège,  donnèrent 5  ainsi 
que  ceux  de  Mayence,  Texemple  de  la  bravoure 
et  du  dévouement. 

Cependant  les  travaux  des  assiégeants  étalent 
parvenus  à  Tenceinte  de  la  place,  une  brèche  a,  juîii. 
était  pratiquée  au  bastion,  dit  des  Huguenots; 
une  première  attaque  au  chemin  couvert  fut 
repoussée. 

Mais  l'ai8saut  fbtrenouvelé;  ro  mille  hommes  as  juin. 
à  l'autre  attaque  s'emparèrent  de  l'ouvrage 
avancé ,  que  trois  inines  firent  sauter.  Le  feu 
des  remparts  les  en  chassa,  et  l'ouvrage  fut 
repris  ;  .mais  utoe  de  ces  terreurs  paniques , 
dont  l'histoire  oflR*e  des  exemples,  s'empara  du 
soldat;  la  voix  des  ehefsne  peut  plus  se  faire 
entendre^,  tous  rentrèrent  pêle-mêle  dans  la 
ville ,  et  irien  ne  put  les  faire  retourner  au  poste 


\ 


\ 


k 


44  HISTOIRE     DE     FRANCE, 

viiiïp.  repris  et  abandooné  par  lés  deux  partis.  En 
même  temps  une  seconde  sommation  du  duc 
d'Yorck  fut  proclamée,  avec  une  lettre  écrite 
de  lui  ,  à  ia  municipalité^  et  au  général.  Ces 
lettres  furent  soustraites  avant  d'être  remises  à 
leur  destination ,  imprimées  et  distriliîiées  aux 
troupes,  et  aux  habitants.  Dès  ce  moment  ,  le 
désordre  fut  irréparable })  les  habitants  rassem- 
blés^, soutenus  des  soldats  ,  forcèrent  le  conseil 
de   guerre  d'entrer  en  capitulatipn  ;  elle  fut 

da  juin,  signée  le  mêqie  jour;  leé  seules  éompagnies  de    \ 
canoqniers   bourgeois   de  Valenciennes   et  de 
Douay  ne  prirent  aucune  part  à  remette  ,  et 
avaient  gervi  ,   avec  distinction  ,    pendant  Iç 
siège."  V 

L'armée  des  alliés  se  trouva  alors  renforcie 
des  trois  armées  qui  avaient  fait  cessiéges;  mais 
ces  armées  étaient  aussi  affaiblies  par  leurs  suc- 
cès. La  prise  de  ces  trois  places  coûta  plus  d^ 
40  mille  hommes  aux  alliéa;  leur  supériorité 
était  encore  très -grande,  ma^ré  les  renforts 
cjue  Custines  avait  reçus.  Il  s'annonça  d'abord  à 
son  armée  par  une  proclamation  sévère  ;  il  dijt 
tout  ce  qu'il  eût  fallu  faire  sans  l'annoncer  ; 
la  discipline  militaire  avait  besoin) d!êt,re  recréée; 
mais  le  soldat  accoutumé  ià  s'ç'n  passer* ,  et,au- 
quel  on  disait^que  le  patriotisîme  tenait  lieu  de 
tout ,  s'alarma  cfun  chef  meçiaçant  .qui,  n'ayaiU: 


DEPU1-SJLA    RÉVOLUTION.         45 

pas  la  popularité  militaire  de  Damiourier,  îm-  vxnEp. 
posait  le  joug  .sans  savoir  le  rendre  léger.  11 
n'avait  pas  cette  austérité  de  mœurs ,  et  cette 
gravité  dans  lesJmànièrea  Cjuivcbfnmandent  le 
respect.  Custinés  était  craîàt  et  estimé;  il  n*é- 
tait  ni  vénéré  ni  chéri  des  Groupes  ;  avec  les  gé- 
néraux à  ses  ordres,-Cu6tine$»nîétart  qu'obéi  ;  ne 
sachant  pas  Courrirlçurs  ferateJsrjôu  leiirs  revers ^ 
ils  n'attendaient  dé  hii  «quq  justice  sans  indul- 
gence ,  et  ne  lui  rendaient •  que  des:  devoirs  sans 
attachements         :     '  î  ;\/   :-:  '    ;: 

Tandis  que  son  armée,  retirée. sous  Bbu- 
chain  ,  se  préparait  à  tâcher  de; r^M-endre  l*oP- 
fensive  ',  centré  tV-à  la  gawche:i'de  la  ligne 
de   défense,   quelques '  succès  retardaient  les 
progrès   de  'l'eun^mi»    A  'ÏVm pleuve  ,    entre 
Lille  et  Tourn^ay;,  on  obtint  uni  avantage;  il  ^^  ^°*  \ 
fut  dû  à  la  riise  d'un  prêtre  déguisé  qui  porta  a  juillet. 
de  feux  arisi'à  J-ennemi..  Fiïrnes?  Eut  enlevé  6et7)\ 
de  viv^  foiX5e.  L^ennemi  Sut  encore  irepoussé 
des  'pdstîès  siir  J'Escaut  ',  centre  Lille  et    Cou- 
dé ,i  à  Fiines,  k  Font*à-M^rqw0.i Divers  coin- 
V  *bats  ,  avec' de^'^uecès' variés  et  sang  résultats  , 
se  donnèrent  à-'Ooussel,  à  Berlues,  à  Hautes 

^etE)onzoig.'Le'système  d'attaque  dès  Autrichiens  is  j>iU; 
étant  de  procéder  avec  méthode  çt  aveo  len-     * 
leur , "la  gueJpi^e  de  '  siège  déduit  les  grands 
ïiidtitemeiits  ^$  armées  ^  ï»âi^  ioi-sque  la  red- 


46  HISTOIRE    DE    rHANCE, 

j-g'ir  ditîon  des  grandes  places,  Condé,  Valenciennes 
et  ensuite  je  Cateau-Carobresîs,  lui  eût  assuré 
des  points  d'appui  et  l'eut  rendu  maître  des 
grands  débouchés  pour  pénétrer,  ses  armées 
se  déployèrent;  mais  toujours  avec  la  circons- 
pection inséparable  d'un  S3'8tëme  de  coalition , 
dont  les  pairies  foimaient  un  corps  incohérent  > 
et  n'agissaient  pas  dé  concert  et  de  confiance.  ' 
En  même  temps  le  plan  de' désorganisation  était 
"...,.  suivi  dans  l'intérieur.  Un  ordre  du  ministre 
a8  juiii.  rappela  Custines,  jet  bientôt  un  décret  le  mit  en 
arrestation.  Custiae^  n'était  f>as  un  traître  ;  mais 
il  servait  son  pays  avec  une  ambition  person* 
nelle  dont  on  .se:seryit;contre  lui;  pour  se  dé- 
faire d'uà  général'  dont  il  redoutait  la  volonté 
et  la  détermJnatioû  ,  rétranger  employa  habi- 
lei^ient  au  .dedans  les  moyens  qu'il  y  tenait 
à  ses  ordres',  et  la  faction  dominante  sacrifia 
sans  peine  un  général  qui  li'étàit  à  ses  ordres  ^ 
que  parce  qu'elle  était  le  gouvernçment. 
.  L'armée  riesta  sous  Je  co^mmandement  du  gé- 
-néral  Rilmâine  ^  quiJbîentôt  déclara  qu'il  ne 
pouvait  plus  tenir  les  ppsitions  qpe  Gustines  lui 
avait  laissées.  L'armée^se  retira  derrière  l'Es-, 
caut,  à  Paillencourt  ;  C'était  la  même  position 
que  le  camp  dé  César. 

Houchârd  fut  âommé  pour  remplacer  Cus- 
lines,  qifi.se  vit  aussi  traduit  dwant  le  redou- 


l 
I 


N 


DEPtJlS    L  A    R  È  V  O  LUT  I  O  N.        47 

table  tribunal  révolul|oonaii  e.  Cobour^  s'avança  viiiRifc 
vers  Cambray,  somma  la  place,  et  l'armée  fran«^ 
çaise  se  retira  derrière  la  Scarpe,  campée  >  la 
tlroite  au  village  de  Reux,  la  gauche  vis-à-vis  7>8«oûi^ 
celui  de  Biache.  ;  c'était  la  dernière  position  à 
prendre  en  avant  d'Arras ,  et  alors  il  ne  restait 
plus  ïii  position  à  prendre  ni  place  à  défendVe 
jusqu'à  Paris.  Cette, retraite^e  se. fit  mêine  pas 
^ns  combats.  L'ennemi  pressait  déjà  les  troupes  • 
d'arriëre-garde,  et  trois  attaques  retardèrent  la 
marche  rétrograde  d^  l'armée.      '  '- 

JDaos  sa  aouveUé  position ,  elle  communiquait: 
-avec  Arras  et  encore  avecDouay;  Cambray  était 
investi;  déjà  on  ^proposa  de  iàirc  refluer  les 
•habitants,  corps  et  .biens  vers  Tintérieur,  et  les 
armées  ne  pouvaient'  tenir  la. campagne  qu'en 
rompant  sans  cesse  la  -mesure  aux  mouvements  / 
progressifs  de.réaneini.  Maître  du  ;Cateau-Cam- 
bresis ,  ses  partis  avaient  pénétré  jusqu'à  Pé^ 
abonne  et  Bapeaume;  A  prît  même  un  camp  entre 
-Péronne  et  Saint-Quentia:,  à  la  suite  d'un  com- 
i^^idans  la  forêt  de  Normale;  à  tous  ces  avan- 

m 

tages  menaçants ,  on*  ne  pouvait  opposer  que 
des  dispositions  défensives  ;  cm  distribua  les 
iroçipes  de  manière  à  pouvoir  promptement  ren- 
forcer les  garnisons  des  places  qui  seraient  me- 
nacées ;  la  plupart  n'étaient  pas  dans  un  état 
Tassurant^Jncertaîâ  du  plan  de  l'ennemi,  parce 


zi  aoûtj 


*'!'•♦     Il 


48  HISTOIRE      D  E     F  R  A  N-C  E, 

VHiFp.  que  lui-içême  n'avait  pa|  tin  plan  déterminé  » 
'^^^'  et  les  moyens  disponibles  de  défense  étant  bor- 
nés ,  on  n'avait  pu  les  appliquer  d'avance  à 
tel  ou  tel  point;  on  les  tenait  en  résci'vepour 
les  porter  au  besoin  au  point  le  plus  menacé  ; 
il  ne  restait  plus  à  disputer  que  le  passage  de  I4 
Somme,  barrière  faible  et  bien  connue  comme 
insuffisante!.:  La  Fir^nce  dut  son  salut  àses  places 
.  fartes ,  qiie  ténnemi-in'osa  pas  laisser  derrière 

jLU]«  *  .•.j>i'-  '> 

A  la  droite  de  m  Kghe^> vers  les  placée- ma* 
ritimeSy  il  avait  toujours  été  contenu*  Le^  pro- 
grès de  son  centre  et  de  l'autre  aiJe,  lui  doo^ 
nèient  lesimoyôns  de.'setnettre  à  leur  hauteur 
>et  de  se  porter  en  avant;  Le  duc  d'Yorck  com- 
xnandait  cette  armée  qui  ,  après  le  siège  de 
Valenciennes^^l  renforcée  des  Hessois  et  d'uno 
•partie  des  grenadiers' hongrois  ,  la  meilleure 
•infanterie  de  l'armée  impériale.  Après  quelques 
'Combat&,.à  Poperingue  ,  à  Platon ,  à  Lincelle-, 
igaoûi. -à  Ost-Càpel^  le  Quçiuoy  fut  bloqué,  et  l'arméfe 
•  -da  duc  d'Yorck  passa  la* Lys.  Trois  coloan£$ 
se  dirigèrent  sur  Cassel ,  sur  Hondischoote  et  sur 
Furnes;  Berg\ies  fut  sommé  et  investi;  le  bonii- 
4>ardement  commença;  tout  annonçait  l«;tiesi' 
-sein  formé  d'assiéger  DunierqUè;  L'Angleterre 
voyait  la  prise  de  cette  place  comme  le  prix  de 
s^s  efl[brt^:et  dea  grands  sacrifices  pécuniaires 

^  qu'elle 


I 
I 


DEPUIS    LA     RÉVOLUTION.        49 

qu'elle  faisait  à  la  cause  commune.  Cette  fausse  viiiEp; 
politique  ,  q«i  détourna  des  progrès  vers  Tin-    *^^  *. 
térieur  de .  la  France ,  décida  du  sort  de  cette 
campagne. 

Depuis  longtemps  la  diversion  méditée  vers' 
les  places  maritimes  de  la  Flandre  autrichienne, 
^tait  préparée  en  secret.  Le  camp  Sous  Cassel 
avait  été  augmenté  de  tQus  les  renforts  que 
l'on  avait  pu  y  réunir;  la  nouvelle  position  de 
l'-arraée  derrière  la  Scarpe  ,  permit  d*eo'  tirer 
des  troupes  du.  centre ,  et  de  les  employer,  a  la 
gauche  qui  seule  y  selon  le  plan  combiné  /devait 


agir. 


'  Les  ennemis  entreprenant  le  siège  de  Dun- 
lerqne ,  attaquèrent  donc  le  ppint  où  l'attaque     - 
çtait  pi^éparée  contre  eux,  et  où  la  défense  était 
le  mieux. disposée.. 

L'arnuée  anglaise  prît  le  camp  de.  Rosendael 
devant  Dunkerque.  Le  commandant  fut  sommé, 
la  garnison  répondit  dès.  le  lendemain  par  une 
sortie ,  et  la  tranchée  fut  ouverte  peu  de  joui^s 
après. 

Outre  Tarniée  française ,  campée  sous  Cas-  a3  août. 
sel ,  Dunkerque  était  encore  soutenu  par  le 
camp  de  la  Mâgdelaine  près  de  Lille  ;  ce  camp,      v 
presque  tout  compose  de  troupes  de  lignes, 
faisait  face  aux  corps  ^Tanyiée  qui  occupaient 
Menin ,  çt  par  sa  position  rendait  très-hasardée 

Tome  IF.  4 


1 


^    5o  HtSTOÎRË     DE    FRANCE, 

vniEp.  celle  des  Anglais  et  des  Hollandais  occupés  au 
'^^  '   siège  de  Dunkerque.  • 

Les  approches  de  Dunkerque  étaient  moins 
difficiles  à  faire  et  à  garder  que  les  positions 
environnantes  iv'étaient  difficiles  à  conserver-par 
Tarmée  assiégeante.  La  bataille  des  Dunes,  ga« 
gnée  au  siècle  précédent  par  Turenne  sur  Condé, 
éloigna  sans  doute  les  généraux  alliés  du  plaa 
qui  fut  Siuivi  alors. 

A  Test  de  Dunkerque,  sur  le  rivage  de  la 
mer ,  est  un  grand  espace  appelé  TËstrang  » 
couvert  par  les  Dunes  de  Sables ,  dont  les  élé- 
vations  sont  favorables  aux  approches  de  l'as- 
siégeant. Cet  espace  se  prolonge  du  côté  de 
Fumes,  et  l'armée  assiégeante  qui  occupe  Cette 
position  ,  a  son  flanc  droit  couvert  pa^  la  mer, 
'  et  sa  gauche  par  des  marais,  appelés  la  grande 
Moer^  dont  les  passages  sont  connus  et  faciles 
à  garder. 

Le  système  de  guerre  qui  se  développait,  ne 
devait  pas  amener  une  bataille  rangée  sur  un 
seul  point.  Les  alliés  firent  dépostés  de  leur 
position  devant  Dunkerque  par  une  suite  de  mou- 
vements et  de  cotibats  pendant  trois  jours.  Le 
dernier  fut  décisif. 

L'armée  républicaine  était  campée  entre  Cas* 
sel  et  Steenvorde  ;  elle  en  partit  suivant  les 
dispositions  aiiêtées   pour  se   porter  sur  lea 


/ 


DEPUIS    LA    RÉVOLUTION.       5t 

points  désignés.  Le  théâtre  des  opérations  com-  vnii^^i, 
prenait  un  développement  de  14  lieues,  depuis     *^^^* 
Ypres  jusqu'à  Dunkerque. 

L'ennemi  en  force  à  Bergues ,  était  maître 
du  canal;  mais  cette  défense  lui  dévint  inutile, 
la  position  de  Bergues  fut  tournée  à  sa  gauche 
par  la  colonne  de  droite  de  l'armée  française 
Celte  colonne  de  9  mille  hommes,  conduite  par 
le  générât  Dun^enil  ,  dut  marcher  droit  sur 
Yprès ,  et  contenir  les  secours  que  Tennemi 
aurait  pu  envoyer  de  cette  place. 

L'avant-garde  de  10  mille  hommejs,  aux  or-  7  sept, 
dres  du  général  Hedouville  ,  fut  dirigée  sur 
Poperingue,  et  de-là  à  Rossbruges.  Ces  mouve- 
ments avaient  pour  objet  de  tourner  la  gauche 
de  l'ennemi,  et  de  le  séparer  de  la  ligne  de 
position  qu'il  occupait  vers  Ypres.  Ce  corps» 
après  ces  succès,  vint  se  réunir  à  Proven  au 
corps  d'armée  commandé  par  Houchard.  Celui- 
ci  avait  en  même  temps  lîiarché  sur  le  centre 
de  l'ennemi ,  et  le  rencontra  inopinément  à 
Houlkercke.  Dans  ces  grands  mouvements,  dont 
le  dépfojement  comprenait  six  ou^ept  lieues  de 
terrein  de  la  droite  à  la  gauche  d'une  armée 
en  marche,  il  était  inévitable  que  souvent  les 
positions  de  l'ennemi  fussent  ignorées  et  les 
rencontres  imprévues. 

Le   général  Colaud   attaqua  ,   et  se  rendit 


'     V 


\ 


Sa  M  îst  01  R  E  D  E  France; 

rniEp.  maître  des  bois  de  Six  qui  dépassaient  la  po- 
sition des  Autrichiens  ;  ils  se  retirèrent  de 
Houlkercke. 

Jourdan  les  attaqua  au  village  de  Herzelé, 
Ten  chassa  d'abord ,  et  le  poste ,  après  un  com- 
bat opiniâtre,  fut  pris  et  repris  plusieurs  fois. 

En  même  temps  Houchard ,  qui  avait  passé 
Lysér  et  s'était  porté  sur  Banbek ,  y  eut  long- 
temps un  succès  douteux  ;  enfin  le  poste  fut 
enlevé  à  la  baïonnette, 

La  première  position  de  l'ennemi  était  la 
droite  au  canal  qui  va  de  Bergue  à  Dunkerque, 
la  gauche  vers  le  village  de  Leyselle. 

Après  les  différents  combats  du  6  et  du  7,  le 
feld  maréchal  Freytag ,  qui  commandait  cette 
partie  de  l'armée  des  alliés,  la  réunit  dans  la  po- 
sition de  Hondtschoote.  Les  diffërents  corps  en 
retraite  couvraient  de  cette  position  les  opéra- 
tions du  siège, 

7  «^pt.  Le  soir  du  même  jour  les  colonnes  françaises 
réunies  marchèrent  sur  le  village  de  Rexpœde, 
qui  conduit  à  Hondtschoote;ce  village  situé  au  mi- 
lieu des  bois ,  fut  d'abord  occupé  sans  résistance. 
Malgré  sa  position  hasardée,  on  crut,  avec  les 
précautions  et  les  dispositions  militaires ,  pou- 
voir y  tenir  pendant  la  nuit  ;  mais  vers  les  dix 
heures,  les  Autrichiens  revinrent  en  force  ,  et 
d'abord  furent  repoussés;  à  trois  heures  du  ma- 


DEPUIS     LA     KÉYOLUTION.      53, 

tin ,  upe  seconde  attaque  décida  Houchard  à  se  viiiEpi 
retirer  sur  Bambecke.  ■  *^^^ 

Ce  mouvement  rétrograde  fait  sans  être  con- 
certé ,  laissa  dans  Rexpœde  des  troupes  commau* 
dées  par  Jourdan. 

Les  troupes  étaient  fatiguées  de  deux  jours 
de  combats  ;  elles  manquaient  de  subsistance. 
Houçhard  voulait  borner  là  ses  avantages;  cette 
incertitude  et  la  retraite  die  Ja  nuit,  firent  ensqite  • 
un  des  chefs  d'accusation  contre  lui.  Les  géné- 
raux et  les  représentants  commissaires ,  Benta- 
bole  Delbret ,  Levasseur»  qui»  dans  toutes  Ie$ 
attaques,  se  montrèrent  toujours  parmi  les  trou- 
pes:, pressaient  le  général  en  chef  de  marcher  à 
l'ennemi,  et  de  compléter  les  succès  d,es  jours 
précédents.  Déjà  le  géfiéral  Vandame,  à  la  tête 
de  quelque  infanterie  légère,  avait  attaqué  les 
postes  avancés  de  Hondtschôote.  Ce  pays  est  une 
plaine  unie  sans  mouveno^ent  de  terrein ,.  qui  se 
prête  aux  manœuvres.  Le  nombre  ou  la  valeur 
devaient  seuls  décider  sur  un  terrein. coupé  de 
jiaies  de  canaux ,  où  tous  les  obstacles  sont  en 
faveur  de  celui  qui  les  défend.  Le  nombre  était 
à  peu  près  égal  ;  moins  de  20  mille  hommes 
de  part  et  d'autres.  Le  combat  s'engagea  par 
un  feu  longtemps  soutenu.  Le  général  Leclair 
était  sorti  de  Bergue  à  la  tête  d'une  partie  de 
la  garnison  ;  et,  loogeant  le  canal  ^  '\\  conduisit 


54  HISTOIRE    CE    FRANCE, 

viiiEp.  "Une  attaque  stir  la  droite  des  ennemis;  parmi  seg 
*795.  troupes  était  la  gendarmerie  à  pied  ,  corps  que 
Ton  avait  levé  à  Paris  pendant  les  mouvements 
révolutionnaires;  son  indiscipline  avait  souvent 
occasionné  les  plaintes  des  généraux;  sa  bra- 
voure détermina  le  succès  de  la  journée  ;  les  gen- 
darmes repoussés  deux  fois,  se  rallièrent  et  gra- 
virent les  retranchements  avec  une  audace  et 
une  résolution  auxquelles  il  fallut  que  tout  céda, 
-     et  qui  décida  là  retraite  de  Tennemî. 

Il  ne  fut  pas  suivi  ;  et  ce  fut  ce  reproche^ 
bien  plus  injuste  que  celui  de  la  retraite  mo- 
mentanée de  la  veille,  qui  servit  aussi  de  motif 
au  procès  de  l'infortuné  Houchard. 

A  la  nouvelle  âes  premiers  succès  des  co- 
lonnes républicaines,  le  duc  d'Yorck  avait,  de 
son  camp  de  Gjs-welde  devant  Dunkerque ,  en- 
voyé des  renforts  au  général  Freytag  ;  mais 
bientôt  les  nfïouvements  de  la  garnison  l'obli- 
gèrent de  les  rappeler  à  lui  au  premier  bruit 
de  l'attaque  de  Hondtschoote.  L'occupation  de  ce 
poste  par  les  Français,  rendait  sa  position  in- 
soutenable; il  était  dépassé  à  sa  gauche;  l'en- 
nemi  était  plus  près  que  lui  de  Furnes.  La 
grande  Moër  qui,  au  temps  de  Turenne,  était 
une  lagune  profonde  et  impraticable ,  n'est  au- 
jourd'hui qu'un  marais  qui  donne  plusieurs  dé- 
bouchés sur  Lestrang  où  campait  l'armée  an- 


1 


V. 


DÇPUIS    lA    KÉVOLUTÏON»  55 

glaise.  Un  retard  de  quelques  heures  et  Toccu-  viiiip. 
pation  de  Puroe9  par  les  Français  ^  pouvait 
enfermer  cette  armée ,  et  ne  lui  laisser  d*autre 
passage  que  les  Fourcbes-Caudines.  Le  sicge 
fut  levé  avec  une  telle  précipitation ,  que  toute 
l'artillerie  resta  abandonnée.  La  garnison  de 
Dunkerque  sortant  le  9  au  matin  ,  ne  trouva 
plus  d'ennemi ,  et  s'empara  de  cinquanterdeux 
pièces  de  gros  ^calibre;  les  munuions»  les  bar  ' 
gages  »  tout  avait  été  abandonné* 

Les  suites.de  ces  événements  changèrent  en- 
tièrement la  face  des  affaires»  décidèrent  du  sort 
de  cette  campagne»  et  commencèrent  les  éton- 
nants succès  de  la  campagne  suivante.  Lia  for- 
tune rappelée  changea  de  parti  »  et  le  choc  de 
jquelquçs  milliers  dlioçime ,  à  l'extrémité  du 
théâtre  de  la  guerre  ,  couvert  de  la  Méditerra- 
née à  rOcéan  par  des  armées  nombreuses» 
changea  pour  longtemps  les  destinées  »  la  répu- 
blique ne  craignit  plus  pour  sa  capitale  ;  et 
malgré  ses  agitations  intérieui*es  et  convulsives , 
malgré  les  défections»  les  insurrections»  les  tra- 
hisons qui.  livraient  ses  ports  el  ses  ijottes  »  qui 
armaient  en  résistance*  ses  provinces;  elle  vit 
.bientôt  ses  armées  reprendre  l'offensive  p  et  re- 
porter chez  ses  ennemie  la  terreur  de  ses  armes^ 
moins  redoutable  toutefois  que  la  terreur  civile 
qui  l'opprimait  elle-même.Les  revers  n'en  avaient 


; 


56  HISTOIRE     DE     FRANCE; 

yiiiEp.  pas  arrêté  les  progrès,  les  succès  les  hâtèrent ,  et 
'*^^  '  le  système  d'oppression  anarchique,  pour  re* 
buter  les  Français  de  la  liberté,  se  développa 
rapidement  :  on  avait  réuni  tous  les  instruments 
propres  à  produire  tous  les  excès ,  et  ceux-là 
même  qui  les  avaient  su  réunir ,  leur  en  four- 
nissaient toutes  les  occasions  ;  on  voulait  pou- 
voir accuser  un  jour  la  France  de  tous  les 
crimes  qui  31  auraient  été  commis  ,  et  pour 
cela ,  on  les  y  faisait  commettre.  Le  colosse  dje 
la  liberté  avait  effrayé  tous  les  goi^vernements; 
ils  voulurent  grandir  encore  ce  colosse  et  le 
rendre  monstrueux ,  afin  qu'il  effrayât  les  peu- 
ples ,  et  afin  que ,  parvenue  à  une  proportion  gi- 
gantesque et  démesurée,  il  s'écroulât  sous  son 
propre  poids,  et  écrasât  dans  sa  chute  tout  ce 
qui  avait  osé  s'en  rapprocher. 

L'exécution  d'un  général  craint ,  peu  aimé, 
mais  estimé  des  troupes,  faite  sans  opposition 
dans  la  capitale,  et  sur  Ifaccusation  d'officie^r^ 
de  son  armée,  devait  apprendre  si  l'on  pou- 
vait tout  oser;  les  ^  dominateurs  n'espéraient 
gouverner,  ni  par  la  confiance,  ni  par  la  con- 
sidération ni  par  J'estinA^  publique ,  ces  motifs 
leur  étaient  étrangers  ,  même  entre  eux  ;  ils 
choisirent ,  ou  plutôt  n'ayant  pas  le  choix,  ils 
prirent  le  seuLparti  qui  leur  restait  à  prendre; 
ils  se  firent  tyrans  de  peur  d'être  asservis,  j«gÇi 


\ 


DEPUIS    t  A     R  É  V  O  L  U  T  1^0  N.         67 

pour  n'être  pas  ^ugés,  ^t  bourreaux  de  peur  yjuj;^, 
d'être  victimes  ;  pour.dominer  et  donner  la  loi ,  '793. 
il  fallait  n'en  point  avoir  d'écrite,  La  constitu- 
tion que  le  peuple  venait  d'accepter  était  une 
gêne  j  parce  qu'une  constitution ,  telle  qu'elle 
soit,  ne  peut  pas  mettre  le  pouvoir  aiiarchîque 
et  arbitraire  par  écrit  et  en  principes  :  on  vou- 
lut que  cette  constitution  fût  voilée  ,  mise  à 
l'écart,  ajournée,  et  elle  le  fut.  On  décréta 
d'abord  «c  que  jusqu'à  ce  que  Tindépendance  de  aS  «oûi^ 
la  république  ait  été  reconnue,  la  France  était 
en  révolution.  »  Cette  disposition  préliminaire 
préparait  le  code  révolutionnaire  qui,  sans  dé^ 
guisement ,  devait  mettre  la  dictature  collective 
en  activité  et  en  loi  constitutionnelle  de  l'état. 
Dës-lors ,  et  en  peu  de  jours ,  toutes  les  mesures 
Tévoltjtionnaires  furent  >converties  en  loi ,  tous 
les  Français  furent  mis  en  réquisition  de  service 
militaire, depuis  l'âge  de  18  jusqu'àa5, et  cette 
loi  au  moins  donna  les  armées  qui  devinrent 
invincibles.  On  établit  un  emprunt  forcé  d'un 
milliard  sur  les  plus  forts  contribuables.  Les 
visites  domiciliaires  étaient  défendues  pendant 
la  nuit,  et  du  moins  l'habitant  retiré  dans  ses 
foyers  y  trouvait  un  asile  pendant  quelques 
heures,  et  pouvait  compter  sur  sa  liberté  pen- 
dant son  sommeil  ;  cette  sûreté  fut  retirée;  on 
forma  une  armée  révolutionnaire  de  6  mille 


as  'H#ISTO!RE    DE    FRANCE,. 

viiiEp.  hommes  et  de  mille  cjinonniers;  et  l'on  assura, 
'^^  '     sous  le  nom  d'indemnité,  une  solde  de  quarante 
.  sous  par  jour  à  tout  citoyen  indigent  qui  assistait 
aux  assemblées  générales  des  Sections  de  Paris* 

Par  une  mesure  où  la  main  de  l'étranger  ne 
craignit  pas  de  se  montrer  à  découvert,  on  re- 
tira une  loi  qui  assurait  une  pension  à  tous  le» 
soldats  étrangers  qui  se  réuniraient  aux  drapeaux 
de  la  France. 

.  La  dénomination  de  suspecis  fut  inventée;  et 
furent  réputés  tels ,  tous  ceux  qui ,  par  teur  con- 
cluite ,  ou  leurs  relations  ou  leurs  propos  ,  se 
sont  montrés  partisans  de  la  tyrannie ,  et  le  sens 
vague  et  indéterminé  de  cette  définition ,  servil 
à  j  trouver  tout  ce  qu'on  voulut  y  comprendre. 

On  .  inventa  les  certificats  de  civisme  ;  mais 
par  une  mesure  de  police^  nouvelle ,  on  sou-* 
mit  les  magistrats  aux  clubs,  et  les  certificats 
accordés  par  eux,  durent,  sous  peine  de  nul- 
lité, être  confirmés  par  les  comités  révolution- 
naires. Chaque  commune  dut  en  avoir  un  com- 
posé au  moins  de  six  membres  de  la  société 
affiliée  à  celle  des  jacobins  de  Paris  ;  ainsi  cette 
association  devint  un  corps  politique  dans  l'état  » 
exerçant  une  censure  géftérale  sur  les  auto- 
"*  rites  publiques  et  sur  tous  les  particuliers. 

Le  Théâtre  Français  fut  fermé:  les  chef- 
d'œuvres  de  Corneille  parlaient  d'une  fieirté  répi»- 


B  EPUIS    t  A   r£  VOLUTI  ON.  Sç         ^ 

blicaine,  d'une  élévation  d'ame ,  d'une  grandeur  vinip* 
romaine ,  d'une  liberté  publique  qui  contrastait 
trop  avec  la  tj^rannîe  et  Toppression  en  France. 
Les  spectacles  et  le  langage  durent  prendre  lé 
ton  et  l'accent  des  mœurs  du  temps,  toutes  les 
^cadé&ies  furent  supprimées  ;  pour  rendre  plu^ 
sûrement  le  peuple  féroce  ;  on  voulut  le  rendre 
barbare» 

La  déportation  de  tous  les  individus  de  la 
famille  des  Bourbon ,  exceptant  ceux  qui  sont 
sous  le  glaive  de  la  loi^  On  excepta  aussi  les 
deux  rejetons^  Marie- Antoinette  fut  envoj^ée 
-au  tribunal  révolutionnaire ,  et  immédiatement* 
transférée  à  la  prison  de  la  Conciergerie;  c'é- 
tait le  premier  degré  de  Téchafaud  ;  enfin  une 
derpière  disposition  atteignit  les  cendres  des 
morts,  et  orclonna  que  les  tombeaux  des  rois 
fussent  détruits;  qu'aurait  pu  inventer  de  plus 
une  puissance  ennemie ,  étrangère  et  victorieuse, 
qui  eût  voulu  établir  une  d^^nastie  nouvelle  sur 
les  ruineç  de  l'ancienne. 

Depuis  la  détention  dea  membres  de  la  con- 
vention ,  on  méditait  le  rapport  qui  devait  fixer, 
c'est-à-dire  terminer  leur  sort;  les  uns  s'étaient 
soustraits  au  jugement  que  devait  prononcer  un 
tribunal  arbitraire  et  inique.  Ceux-là  furent  mis 
hors  la  loi ,  et  un  hi^is  de  prison  qui  y  dans  aucune 
jurisprudence ,  ne  pouvait  être  imputé  comme 


6o  HISTÔIKE    DE    FRANCK, 

viiiEp.  un  délit  aggravant  à  un  détenu  ,  suffit  pour  les 
'^^,  '  livrer  impunément  au  bras  du  premier  assassin , 
et  le  meurtre  fut  d'avance  déclaré  légal. 

Ceux  qui,  par  un  stoïcisme  hors  de  temps, 
s'obstinèrent  à  braver  le  jugement  prévu ,  furent 
traduits  au  fatal  tribunal.  Les  noms  de  ces  ho- 
norables victimes  auxquels  il  eût  fallu  chacun 
un  tribunal  différent,  car  leurs  pensées,  leurs 
actions,  leurs  opinions,  différaient  beaucoup, 
sont  réclamés  par  l'histoire. 

Les  premiers  furent  Buzot,  Barbarqux ,  Cor- 
sas, Lanjuinais,  Salles, Louvet,Bourgoing,  Bi- 
roteau,  Pétion,  Chassei ,  Capi ,  Fermont,  Meil- 
lan,  Lesage,  Valadi,  Kervelegan. 

Les  autres  furent  Geùsonné ,  Guadet ,  Ver- 
gniaud ,  Mollevaux ,  Gardien,  Fauchet ,  Boileau  ^ 
Valazé  et  Grangeneuve. 

Mais  il  fallait  s'assurer  encore  plus  spécialement 
des  juges.  L'un  d'eux  ,  Montané  ,  présidant  le 
^tribunal  révolutionnaire,  avait  laissé  voir  quelque 
indulgence;  il  fut  accusé,  jugé  et  condamné  par 
ses  collègues.  Déjà  on  avait  préparé  le  peuple  aux 
exéciitions  journalières  et  nombreuses.  Douze 
habitants  de  Saint -Malo  et  neuf  de  Rouane, 
avaient  été  exécutés  les  mêmes  jours. 

On  mit  quelques  formalités  de  plus  pour  juger 
un  général  plusieurs  fois  victorieux.  Custines, 
se  fiant  à  sa  renojnmée,  n'avait  pas  craint  dV 


DÇPUIS     L  A     R  É  V  O  LUT  ION.  6l 

bord  de  se  soumettre  'à  ua  jugement  auquel  vin% 
il  ne  pensait  pa$  pouvoir  être  expose;  il  crut 
être  nécessaire  et  ne  connut  son  erreur  que 
lorsqu'il  connut  les  hommes  auxquels  il  allait 
avoir  à  faire.  L'accusateur  public  Fouquier- 
Tainville,  si  célèbre  depuis  par  ses  fonctions  « 
produisit  l^s  faits  à  la  charge  du  •général  ac- 
cusé. On  jugeait  surtout  ses  opérations  mili- 
taires, et  Tacte  est  rédigé  de  manière  qu'il  eût 
pu  servir  à  Mayence  si  la  coalition  lui  eût  fait 
son  procès  ;  on  lui  reprochait  ses  conquêtes  ; 
on  lui  faisait  un  crime  de  la  modicité  des  con- 
tributions qu'il  avait  levées  à  Francfort,  et  dans 
la  convention  on  lui  avait  d'abord  fait  un  crime 
d'y  avoir  levé  des  contributions;  on  lui  repro- 
chait surtout  la  perte  de  l'artillerie  électorale 
qu'il  avait  laissée  à  Mayence ,  la  prise  et  la  vente 
des  meubles  de  l'électeur.  Parmi  les  nombreux 
témoins  entendus  étaient  des  généraux,  des 
membres  de  la  convention ,  et  ensuite  de  ses 
subordonnés  miUtaires  dont  quelques-uns  joi- 
gnii^nt  l'insulte  à  l'accusation  juridique  ,  en 
l'appelant  enfoncêur  déportes  ouvertes.  W  fut 
calme. et  modéré  dans  ses  réponses,  et  eut  tou- 
jours l'esprit  présent. 

.   La  plupart  des  chefs  d'accusation  portant  sur" 
des  faits  de  guerre,  un  juri  militaire  aurait  seul 
-pu  en  connaître.  L'accusateur  public  en  fit  une        * 


62  HISTOIRE     DE     FRANCE, 

viîiEp,  énumératîon  détaillée.  L'accusé  sortît,  et  rentra 
aj)rès  la  délibération  des  jurés.  Avant  de  pronon- 
cer le  jugement ,  le  président  l'averlit  qu'il  pou- 
vait faire  des  observations  sur  la  loi  invoquée 
'  par  l'accusateur  public.  L'application  de  cette 
k»i  semblait  forcée*  Tous  les  délits  imputés  étant 
relatifs  $ux  armées,  un  conseil  de  guerre  sem- 
blait seul  compétent.  Les  défenseurs  s^étaient  re- 
tirés. Custines  ne  sentit  pas  l'observation  du  pré- 
sident,  où  ne  voulut  pas  en  faire  usage.  11  ré- 
pondit :  je  meurs  calme  et  innocent. 

Un  ministre  de  la  religion  assista  à  ses  derniers 
instants.  11  fut  conduit  vêtu  d'un  uniforme  de 
garde  national,  et  vit  le  peuple  applaudir  à  sa 
mort.  L'appareil  Tétonna,  quoiqu'il  l'eût  souvent 
bravé  dans  les  camps. 

,  Pour  attenter  à  tout  ce  que  la  confiance  pu- 
blique a  rendu  plus  sacré,  les  dépôts  étant  aux 
consignations  ou\che«  les  notaires ,  durent  être 
portés  au  trésor  public.  On  avait  déjà  attenté 
à  la  confiance  commerciale  par  la  suppression 
de  la  Caisse -d'Escompte.  Enfin,  ce  qu'on«ap- 
pela  le  maximum ,  la  taxe  fdtcée  de  toutes  les 
denrées  fut  établie,  et  le  fabricant  vit  enlever 
de  ses  manufactures ,  l'artisan  de  ses  ateliers , 
le  marchand  de  sa  boutique ,  tout  ce  que  le  be- 
soin réel  ou  simulé  mit  à  la  convenance  de 
l'avidité  ou  de  la  nécessité  publique. 


DEPUIS    LA    R  iVOL  i;  T;I  ON.  63 

Tant  de   mesures   oppressives ,  vexatoîres ,  viliEp. 
tyranniques,  destructives  de  tout  ordre  social, 
étaient  en  même  temps  stimulées  et  motivées, 
si   elles  eussent  pu  Têtre  par  la  conduite  de 
l'étranger  envers  la  France,  Les  i-elations  mili- 
taires que  Tétat  de  guerre  ticînt  en  présence, 
nécessitent  une  réciprocité  d'égards  et  de  pro- 
cédés, parce  que  les  représailles  promptes  con- 
tiennent les  écarts  et  les  excès  des  passions;' 
mais  dans  les  rapports  civils  et  politiques  Texpîa- 
tion  est  toujours  éloignée  de  fauteur  du  délit  ; 
d'autres  sont  étrangers  aux  Ibis  de  la  justifica- 
tion ou  de  la  vengeance.  Soit  que  la.  diplomatie 
étrangère  se  livrât  à  des  mouvements  passionnés 
de  haine,  soit  qu'elle  eût  besoin  de  donner  de^ 
armes  aux  agi tateûrs  populaires  qu'elle  emploj^ait 
en  France^ 

Deux  .ministres  envoyés ,  revêtue  du  carac- 
tère puolic,  furent  arrêtés  et  détenus,  et  cette 
violation  du  droit  des  gens  n'était  qu'une  insulte 
gratuite,  dont  l'objet  ne  pouvait  être  que  d ai- 
grir les  animôsités  de  nation  à  nation  comme 
aux  combats  du  cirque. 

Semonville  ,  ancien  magistrat  ,  était  connu 
dans  la  révolution  de  France  par  ses  talents  di- 
plomatiques et  par  une  grande  activité  d'opi- 
nions ;  destiné  à  l'ambassade  de  Constantinople , 
il  était  depuis  quelque  temps  à  Coire  avec  sa 


64  HISTOIRE     DE     FRAiïCE, 

viîiEp.  famille.  Le  ministre  impérial  auprès  .des  Grî- 
'^^^'  '  sons,  leur  avait  demandé  formellement  que  Se- 
mon ville  fût  arrêté  et  remis  au  gouvernement 
de  Milan.  Les  Grisons  fondèrent  leur  refus  sur 
leur  état  de  neutralité;  et  d'après  l'interpella- 
tion du  ministre  français,  l'assurèirent  qu'il  pou* 
yait  rester  et  voyager  en  sûreté  dans  les  états 
de  leur  république.  Il  prit  sa  route  par  je  lac 
de  Chia venue ,  débarqua  dans  la  Valteline,  et  fut 
arrêté  par  le  juge  du  ^ajs  républicain ,  d'après 
l'accord  existant  entre  l'empereur  et  les  lignes 
grises  de  se  rendre  réciproquement  les  crimi- 
nels fugitifs  et  réclamés.  Cet  étrange  motif  ser- 
vit  de  prétexte.  On  saisit  ses  papiers»  ses  effets, 
et  il  fut  transféré  à  Mantoue.  Cette  violence 
indigna,  aigrit,  et  rattachait  une  nation  insul- 
tée au  gouvernement  qui  pouvait  en  tirer  ven* 
geance.  ^       ^ 

.  Une  trahison  ourdie  avec  plus  d'art,  et  dont 
les  suites  devaient  être  plus  funestes  pour  la 
république,  livra  le  port  de  Toulon  aux  Anglais* 
Depuis  longtemps  les  départements  méridio- 
naux étaient  agités  par  des  troubles  plus  civils 
encore  que  religieux.  Marseille  n'était  plus  aux 
ordres  des  Jacobins,  un  système  suivi  avait  rendu 
l'autorité  et  la  police  à  une  classe  plus  éclairée, 
et.  par  conséquent  moins  susceptible  des  con- 
vulsions anarchiques,  Marseille  avait  envoyé  une 

armée 


DEPUIS     LA    RÉVOLUTION.        65 

armée  au  secours  des  Lyonnais  ,  menacés  et  vîHEp, 
bientôt  assiégés  après  les  événements  de  leur  *^^^* 
3 1  mai.  A  Lyon ,  à  Marseille ,  la  grande  masse 
dés  habitants  voulait  la  république  et  la  liberté; 
mais  il  était  inévitable  que  la  politique  étrangère 
intervint  pour  profiter  de  ces  mouvements ,  et 
poussant  d'un  côté  à  la  résistance ,  tandis  qu'elle 
poussait  le  côté  opposé  à  l'oppression ,  elle  de- 
vait se  tenir  prête  à  se  saisir  des  débris  que  le 
choc  pourrait  produire. 

Selon  ce  système ,  on  laissa  Marseille  secouer 
le  joùg  des  jacobins;  mais  on  maintint  la  lutte 
dans  Toulon ,  afin  que  les  royalistes,  et  ce  qu'on 
appelait  les  modérés,  insuffisants  pour  se  main^ 
tenir  par  qux  -  mêmes  et  trop  faibles  pour  se 
passer  d'appui ,  se  décidassent  à  accepter  le 
secours  éti'-anger  qui  leur  serait  offert.  « 

Aux  premières  nouvelles  de  l'état  des  choses  à 
Marsei  lie,  et  qu'un  corps  deB  ou  lo  mille  hommes 
partaient  de  cette  ville  pour  se  joindre  aux  Lyon- 
nais ,  Kellermann  fit  marcher  contre  ce  corps 
le  général  Garteau  avec  un  corps  beaucoup  in*  ^ 
férieur  ;  mais  qui  devait  se  recruter  en  chemin 
des  gardes  nationales  et  des  volontaires  du  pays* 
Si  la  jonction  des  Marseillais  se  fût  til()érée,  il 
est  vraiseniblable  que  tous  les  départements  du 
Midi  se  seraient  soulevés.  L'exemple  de  Mar- 
seille et  bientôt  celui  de  Toulon ,  eussent  dér? 
*Tome  IF.  5 


66  HISTOIRE    DE    F*  R  A  N  C  E  , 

vniEp»  cîdé  ces  provinces  à  secouer  le  joug  de  la  con- 
'^^  '  vention  qui  de  jour  en  jour  s'appesantissait  sur  le 
commerce  et  sur  les  propriétés.  Carteau ,  dans  sa 
marche,  devait  suivre  la  rive  gauche  du  Rhône, 
s'assurer  des  villes  du  Pont-Saint-Esprit  et  d'A- 
vignon. Après  quelques  démonstrations  de  ré- 
sistance ,  prévenues  et  terminées  par  les  négo- 
cîatîonS,  ces  deux  villes  ouvrirent  leur  porte. 
Carteau  rénconti^a  l'armée  marseillaise  d'abord 
à  Salon,  où  il  la  repoussa;  ensuite  à  Septêmes, 

S)  août.  ^^  ji  j^  j^g^  entièrement;  et  lé  lendemain,  il 

entra  dans  Marseille.  ^ 

La  réactibn  s'opéra  avec  une  violence  inévi- 
table dans  un  premier  moment  de  conquête. 
Le  parti  anti-conventionnel  éprouva^des"  repré- 
.  «ailles  sévères;  les  prisons  furent  évacuées,  et 
•  les  prisonniers  d'an  parti  furent  remplacés  par 
les  prisonniers  du  parti  vaincu.  Toulon  qui 
prévoyait  le  même  sort,  se  hâta  d'açcepfter  le 
secours  qui  lui  était  offert.  La  flotte  anglaise 
et  espagnole  croisait  dans  la  rade,  et  attendait 
l'événement  préparé  et  prévu. 
ftS  août.  L'amiral  Hood  qui  commandait  l'escadre  an- 
glaise, envoya  d'abord  un  bâtiment  parlemen- 
taire aveliiine  proclamation  par  laquelle  il  of- 
frait aux  habitants  de  Toulon  secours  et  pro- 
tectioUi  Ce  message  était  adressé  aux  sections 
de  Toulon  j  car  les  formes  républicaines  avaient 


/ 


/■ 


DEPUIS     LA    RivOLUTIOK,  6^ 

été  maintenues.  Les  sections  délibérèrent  €*t  ac-  viiiEp. 
ceptërent  ;  alors  une  seconde  proclan>ation  no-  *^^'' 
tifîa  les  conditions  auxquelles  ramiral  anglais 
consentait  à  recevDir  et  à  garantir  la  ville  et 
Me  port  de  Toulon,  Louis  XVII  devait  être  re- 
connu roi ,  la  flotte  française  forte  de  i8  vais- 
seaux ,  désarmée  dans  le  port,  et  les  batteries  de 
la  rade  retirée  à  terre ,  l'amiral  s'engageait  à 
prendre  possession  de  la  ville  et  du  port  au  nom 
du  roi  de  France,  et  pour  être  rendue  à  la  paix.  ' 
L'escadre  française,  commandée  par  Julien  , 
(|ue  les  marins  avaient  nommé  ,  voulut  s*op- 
poser  à  l'entrée  de  la  flotte  anglaise;  mais  les 
batteries  de  terre  ajant  menacé  de  tirer  sur 
Tescadre,  plusieurs  capitaines  abandonnèrent  Ju- 
lien qui  se  retira  avec  leséquipagesÉle  sept  vais- 
seaux ;  le  reste  tomba  au  pouvoir  des  Angîai-s; 
ils  débarqtièrent  le  même  jour,  et  la  garde  des 
postes  de  terre  et  de  mer  leur  fut  remise  ;  tout 
se  passa  sans  opposition  et  même  sans  désordre. 
L^escàdre  espagnole,  commandée  par  Lan- 
gara,  se  réunit  et  se  mit  même  aux  ordres  de 
l'amiral  anglais.  Un  renfort  de'  l^armée  espa- 
gnole dans  le  Rotissillon ,  fut  amené  immédia- 
tement par  quatre  vaisseaux  espagnols,  et  les 
troupes  réunies  au  nombre  d'environ  8  rtiille 
hommes,  s'emparèrent  de  tous  les  forts  envi- ^ 
ronnànts. 


68  HISTOIRE    DE    FRANGE» 

vniEp^  Aux  premîëfes  incertitudes  de  ces  événc* 
''^  '  ments,  Carteau  avait  fait  marcher  une  partie 
de  ses  troupes  pour  les  prévenir.  La  nouvelle 
garnison  de  Toulon ,  sontenue  de  beaucoup  de 
Toulonnais  armés ,  marcha  à  sa  rencontre  ;  les 
troupes   républicaines  surprises  ,   furent  obli- 

09  août,  g^çg  (]ç  gg  replier  sur  Marseille.  Il  fallut  alors 
prendre  de  plus  grandes  mesures  :  on  fit  rêve* 
nir  une  partie  de  Tarmée  d'Italie;  on  ordonna 
des  levées  dans  les  départements,  et  Ton  hâla 
le  siège  de  L^^on.  Le  mot  de  Robespierre,  lors- 
que ces  nouvelles  arrivèrent  à  la  convention, 
fut  qu'il  fallait  incendier  et  raser  Lyon ,  puis 
marcher  sur  Toulon ,  et  le  comité  de  salut  pu- 
blic expédia  les  ordres  conformes. 

Kellermaan ,  comme  général  en  chef  des  ar*- 
mées  d^ltalîe  et  des^  Alpes  ,  était  chargé  du 
siège  de  Lyon  ;  avec  lui ,  et  selon  le  système 
du  raoriient ,  avant  lui  étaient  là  les  deux  repré- 
sentants commissaires  de  la  convention  ^  Dubois- 
Crancé  et  Gauthier^  Pendant  les  troubles  civils, 
l'animosité  des  partis  est  plus  acre  dans  les 
conseils  que  dans  les  camps  ;  la  rigueur  des  prin- 
cipes politiques  y  cède  plus  aisément  aux  sen- 
timents généreux  qiie  la  vie  militaire  établit 
réciproquement  de  soldat  à  soldat.  Kellermann , 
au  commencement  du  siège,  essaya  longtemps 
de  fléchir  Taustérité  républicaine  des  commis^- 


^ 


y 


179?. 


a4  juilf4 


3o  juilL 


D  E  P  U  î  S    L  A    révolution;        69 

saires  de  la  convention  nationale  ;  il  obtÎDt  d'à-  viii^p*» 
bord  assez  de  confiance  des  habitants  de  Lyon, 
pour  que  même,  après  les  hostilités  commen- 
cées ,  ils  déférassent   à  ses  réquisitions  pour 
envoyer  une  partie  de  rartillerie  de  leur  arse- 
nal destinée  à  Tarmée  des  Alpes,  et  qu'ils  don- 
nassent passage  dans  leur  ville  aux  convois  et 
aux   approyisiohqements  qui   allaient   à   cette 
armée;  ils  ne  cessaient  de  protester  de  leur 
dévouement  à  Vanité  et  à  Vindivmbililé  de  la 
républiques  ils  acceptèrent  la  êonstitutfon- en 
assemblées  populaires  ;  ils  avaient  solennelle- 
ment célébré  l'anniversaire  du  lo  août  ^  brûlé 
tous  les  titres  féodaux,  tandis  que-Ja.icailoa 
tjonnait  déj^  contre  leurs  défenses  extérietires  ; 
ils  avaient  même  invité  le  général  à  venir  dans 
leurs  murs  assister  à  cette  fête;  quoiqu'ils  ne 
voulussent,  avoir  aucune  correspondao^e  avec 
Jes  deux  représentaùta  comoïîssairés^^îys^  l'a-» 
vajent  toujours  maintenue  a^Vec  lui»  et  lui  nstaii- 
daient  en  réponse  ^ux  sommations  fie  la  con- 
vention :  Citoyen  général  ^l^  loi  n* ordonne  ja^ 
mais  un  crirrte.  Ils  cheschèreot  à  ^e  i^aMier  les 
départements  voisins;  pciaîs  la  terreur.rïittachait 
tout  au  pouvoir  opprimant,  l^nfia  lorsqu'ils  re- 
çurent les  dernières  pi:oposiïions  des  commis- 
saires  çoaventioanels  ,  qui  :  équivaljai^nt  -èj  se 
yendre  à  discrétion,. ils  répopdirei^l  <Çijo^ftu  ^^^^  ^ 


V 


yO  HISTOIRE    DE    FRANCE, 

Tinif.  représentants  du  peuple  y  "pos  uropositionf 
sont  encore  plus  atroces  que  "votre  conduite  « 
nous  "VOUS  attendons  j -^ous  n^anwerez  à  nous 
que  sur  des  monceaux  de  cadavres^  oii  la 
cause  de  la  république  et  de  la  liberté  trïom^ 
phera. 

L^esprit  publie  de  Lyon  n'était  plus  ce  qu'il 
avait  été  au  3i  -çiai  ;  influencé  alors  par  des  inté- 
rêts extérieurs  et  étrangers,  les  chefs  de  ce  parti 
voyant  qu'ils  n'avaieMpu  conduire  le  mouve* 
ment  vers  le  but  quNJs  se  proposaient ,  les  roya- 
listes s'étaient  retirés  de  la  tête  des  affaires  , 
et  alors  elles  étaient  conduites  par  ceux  qui , 
ne  voulant  que  république  et  liberté,  ne  vou« 
laient  ni  *oppressft>a  ni  anarchie;  mais  la  côn* 
venkion  voyait  son  autorité  suprême  oompro* 
mise ,  et  d'autres  motife  encore  expliquent  Ta- 
charnement  barbare 'qui  g^ttacha  à  la  destruction 
de i  eetl€v^  laaibeureuse  ville.  La  commune  de 
Paris  avait'  toujours  tin  grand  pouvoir  dans  la 
ccmventioD.  Parmi  les  papiers  saisis ,  on  trouva 
îes  traces  d'un  projet ,  dont  les  émissaires  dé 
l'étranger  avaient  flatêé  l'ambition  dés  Lyon-» 
nais;  c'était  de  faire  de  leur  ville  la  capitale  dé 
la  France  ,  et  d'y  transférer  le  siège  îcle' l'em- 
pire. Le  civisme  municipal  A  aussi  ses  passion* 
et  son  fanatisme ,  et  l'aâibition  de  ta  supi  ématre 
eut  besoin  d'un  gratid- exempte  qui  6ta  à  tout  ci 


DEPUIS     LA    RÉVOLUTION.         Jt 

Jes  villes  la  tentation  d'oser  la  disputer  à  la  vinip. 
capitale.  .       •  ^^^^ 

Là  situation  de  Lyon,  son  étendue,  sa  popu- 
lation, les  premières  démarches  des  citoyens 
qui  ne  laissaient  plus  d'espqîr  à  la  conciliation  ^ 
tout  rendait  l'entreprise  douteuse  et  difficile,  . 
Les  armées  étaient  occupées  sur  toutes  les  fron- 
tières ;  un  échec  reçu  devant  Lyon  eût  été  le 
signal  du  soulèvement  de  toutes  les  villes  des 
départements  du  Midi. 

Malgré  tant  de  considérations,  que  la  pru- 
dence eût  calculé  ,  la  convention  se  refusa  à 
tout  traité ,  ne  voulut  voir  dans  les  Lyonnais 
que  des  rebelles,  et  ne  voulut  connaître  d'au-^ 
jtre  article  qu'une  soumission  sans  clause ,  ne 
laissant  pas  même  espérer  sa  clémence. 

On  rassembla  des  bataillons  de  l'intérieur} 
on  y  joignit  la  garnison  revenue  de  Valenciennes; 
<pn  forma  autour  de  Lyon  trois  corps  d'armée 
et  trois  attaques* 

Lyon ,  situé  au  confluent  de  la  Saône  et  du 
Rhône,,  est  dominé  au  nord  par  des^  hauteurs 
qui  couvrent  une  partie  de  ses  faubourgs ,  et 
qui  avaient  obligé  d'éienxlre  l'enceinte  des  dé- 
fenses. On  multiplia  les  travaux  sur  tout  ce 
•front,  des  redoutes  furent  construites,  les  mai^ 
sons  fprent  crénelées  ;  on  éleva  des  batteries , 
et  tout   l'appareil  d'un  système  de  résistance^ 


7^  HiSTOIRE    0E    rRANCE, 

VI^E^  combinée  fut  ^déployé;  ceux  qui  occupaient  les 
places  administratives  savaient  qu'il  n'y  avait 
point  de  capitulation. 

La  partie  de  la  ville  située  au  snd^  était  ha- 
bitée par  les  riches  maisons  de  commerce;  le 
Rhône  .couvrait  tout  ce  front;  mais  sur  la  rive 
opposée ,  la  plage  est  découverte ,  et  les  édi- 
fices mal  protégés  par  les  batteries  élevées  sur 
le  quai  du  Rhône ,  restaient  exposés  aux  feux 
destructifs  que  l'assiégeant  devait  bientôt  diri- 
ger. On  avait  alors  détourné  J'animad version 
du  peuple  contre  le  commerce  ;  les  tribunes  de 
la  convention  et  des  jacobins  tonnafènt  contre 
cette  nouvelle  aristocratie  ;  tout  magasin  de 
marchandises  était  un  accaparement  ;  toute  spé- 
culation était  un  agiotage ,  et  toute  riche  pro- 
priété était  un  crime.  Les  Lyonnais  étaient 
avertis  par  cette  terrible  éloquence. 

Le  corps  d'armée  du  centre,  commandé  par 
Kellerinann .  forma  la  principale  attaque  au  le- 
vant dans  l'Isthme  ,  compris  par  la  réunion 
du  Rhône  et  de  la  Saône,  au  faubourg  de  la 
Croîx-Rousse. 

Au  nord ,  le  quartier  de  Fourviëres ,  com- 
pris dans  une  grande  anse  que  forme  le  cours 
sinueux  de  la  Saône,  fut  attaqua  par  le  fau- 
bourg de  Vaisse.  A  l'ouest,  une  autre  attaque 
au  confluent  des  deu^  rivières ,  resserra  les  as- 


Î>EλU1S    LA    RÉVOLUTION.         78 

«îégés  dans  les  terreîns  nouvellement  conquis  ynitp. 
sur  les  eaux,  par  les  travaux  de  l'ingénieur  Pey-  '^^  * 
rache.  Les  troupes  assiégeantes  furent  établies 
d'abord  aux  villages  de Oullins  et  de  Sainte-Foy; 
et  dans  les  derniers  temps  du  siégé ,  les  appro- 
ches parvinrent  jusqu'à  la  pointe  de  Tlsthme,  et 
les  batteries  de  l'assiégeant  interdirent  toute 
cette  partie  de  la  ville  aux  habitants. 

Au  midi ,  sur  la  rive  gauche  du  Rhône  qui 
défendait  tout  ce  front,  on  disposa  les  batteries 
de  bombes  et  de  boulets  rouges. 

Lyon  avait  armé  environ  aS  mille  hommes 
commandés  par  Preci,  ancien  militaire  ,  et  que 
ses  sentiments  et  ses  opinions  rattachaient  au 
gouvernement  monarchique.  Les  autorités  ci- 
viles et  administratives  qui  nécessairement 
avaient  une  grande  part  aux  déterminations 
et  même  aux  opérations ,  n'étaient  pas  dans  le 
secret  entier  des  chefs  militaires ,  et  les  fils  de 
correspondances  qui  s'étendirent  au-debors  n'é- 
taient pas  entre  teurà  mains;  là  l'insurrection  de 
Lyon  était  combinée  avec  les  mouvements  des 
•armées  ennemies  dans  la  Savoie  et  dans  le  Pié- 
mont. ' 

Ce  n'était  aussi  qu'aveô  une  extrême  répu- 
gnance que  les  bataillons  nationaux  rassemblés 
autour  de  Lvon,  tournaient  leurs  aitoes  contre 
leurs  concitoyens;  on  peut  en  juger  au  premier 


/ 


74  HISTOIRE     DE     FRANCE, 

VU  Ep.  conseil  de  guerre  assemblé  air  commencement 
xo'août  ^"  siège  ;  tous  les  avis  penchèrent  vers  les^ 
moyens  de  conciliation ,  et  éloignèrent  tous  ceu:c 
de  force  et  de  violence  ;  les  commissaires  re- 
présentants armés  du  décret  de  la  convention  ^ 
eurent  besoin  de  déployer  toute  la  ])répondé- 
rance  de  leur  terrible  autorité ,  eft  le  général  de& 
armées  d'Italie  Kellermann  leur  déclara  par  écrit 
qu'en  déférant  à  leurs  réquisitions»  il  n'enten- 
dait se  charger  d'aucune  responsabilité ,  et  qull 
leur  renvoyait  celle  de  tous  les  événements. 

Le  siège  fut  plutôt  une  attaque  environnante 
qu'un  système  suivi  selon  les  règles  de  l'art.  Les 
Lyonnais ,  poyr  éloigner  de  leurs  habitations 
les  feux  de  l'assiégeant  9  avaient  étendus  au  loin 
les  ouvrages  extérieurs ,  ou  avaient  profité  de 
toutes  les  constructions  éloignées ,  pour  placer 
des  postes  et  des  canons.  Tous  ces  postes  furent 
journellemenl:  attaqués,  défendus,  pris,  dispu- 
tés ,  repris.  Dans  ces  combats  de  détails  qui  se 
prolongèrent,  les  pertes  étaient  égales ,  les  suc- 
cès balancés  et  les  résultats  nuls. 
.  La  persistance  des  chefs  lyonnais  était  sou^ 
tenue  par  l'espoir  et  Tattente  d'une  puissante 
diversion  que  devait  opérer  l'armée  piémon- 
taise.  Cette  armée  ,  par  un  mouvement  sur  tout 
son  front ,  -était  descendue  des  montagnes  qui 
séparent  la  Savoie  du  Piémont,  avait  opéré  une 


1 


DEPUIS    L  A    R  É  VO  L  UTION.  ^S 

invasion  dans  le  Faussîgny ,  dans  la  Tarantaise  viiiFpé 
et  dans  la  Maiirienne.  Les.  postes  de  Tarméedes    *^^  * 

Alpes  avaient  été  obligés  de  se  replier,  et  Lyon 
put  espérer  que  la  jonction  des  forces  enne- 
mies, ou  que  du  moins  leur  approche  ,  servi- 
rait à  le  dégager.  L'état  des  choses,  sur  celte 
frontière,  devient  si  presssant ,  que  Kellerroann 
fut  obligé  de  laisser  la  conduite  du  siège  au 
général  du  Muj ,  et  de  se  rendre  sur  cette  fron- 
tière; alors  la  convention  ordonna  Tioceodie  de 
Lyon ,  et  l'ordre  fut  rigoureuse meot  exécuté. 
Fendant  plusieurs  jours  et  plusieurs  nuits  sans  '^^  ** 
relâche ,  les  batteries  des  trois  attaques  du  nord , 
de  Test  et  du  sud,  firent  pleuvoir  sur  la  ville  uo  ' 
déluge  de  feux  ,  les  bombes  et  les  boulets  rouges 
portèrent  pai:tout  la  destruction  et  l'embrase- 
ment ,  les  établissements  publics ,  les  magasins  du  . 
comaierce,rarsenal,rhOpital  surtout,  monument 
de  J^  magfiîficeQC^  charitable  et  dernier  asile 
de  l'humanité,  tout  fut  incendié ^  tout  s'écroula; 
|a  discorde  cîvUe  .et  la  haine  ^rangère  purent 
'  s'applaudir  un  moment  de  leur  succès  et  jouir. 
En* -même  temj)a*  les  efforts  réitérés  des  assié- 
geants les  rendirent  maîtres  des  hauteurs  de  la 
CroixrRousse ,  ^ii'où  la  ville  est  .dtwBtnée  de  phis 
|)vès;  de  nouvelles  réquisitions  avaient  rassem- 
blé de  nouveaux  bataillons  de  gardes  nationales 
d|p.s  Je  djépartement  de  la  Saône  ;  on  en  forma 


,j6  HISTOIRE    DE    FRANCE, 

viiiEp.  une  nouvelle  armée  qui  pressa  les  travaux  à 

*''^'*     la  pointe  de  risthme,  vers  Oullîns  et  Sainte- 

.  Foy.  Ces  nouveaux  renforts  mirent  en  état  de 

a/  sept*         •f 

tenter  une  attaque  générale  sur  les  deux  fronts 
de  l'ouest  et  du  sud,  et  les  assiégeants  s'empa- 
rèrent des  deux  quartiers ,  de  la  Poînte-Peracbe 
et  des  Broteaux  ;  ils  les  incendièrent  avant  de 
se  rétirer. 

Cependant  la  disette  se  faisait  sentir  dans  la 
ville;  on  ne  distribuait  plus  aux  soldats  que  du 
5,6  oct.  pain  d'avoine  ;  toutes  les  issues  étaient  fermées  ; 
on  dut  apprendre  en  même  temps  que  tout 
espoir  était  détruit  du  côté  des  Alpes  ;  que  J'in- 
^  vasion  des  Piémontaîs,  sur  toute  la  ligne  du 

Mont-Blanc,  était  repoussée,  et  que  leur  armée 
rejetée  au-delà  des  Monts,  évacuait  partout  le 
territoire  de  la  république*  C'était  TefFet  des 
dernières  dispositions  militaires  de  Kcllerinano  ; 
sa  présence  avait  ranimé  les  troupes  d'abord 
étonnées,  et  quoique  inférieures  en  nombre  de 
près  de  moitié ,  là  valeur  et  Tesprit  national 
avaient  suppléé  à  tout. 

11  ne  restait  que  7  à  8  mille  hommes  à  l'ar*- 
mée  des  Alpes ,  à  cause  des  troupes  que  Ton  en 
avait  tiré  pour  le  siège -de  Lyon.  Cette  armée 
appuyait  sa  droite  aux;  postes  occupés  par  l'aile 
gauche  de  l'armée  d'Italie,  depuis  les  sources 
du  Var  5  conservant  les  forts  sur  la  Duran#^ 


DEPUIS    LA    RévOLUTION.         77 

.  Erabnin  ,  Mont  -  Dauphin  et  Brîançon  ,  gar-  viiiEp. 
dant  ou  plutôt  surveillant  les  passages  des 
Alpes  jusqu'au  Mont-Genèvre.  Elle  couvrait  en- 
suite par  une  chaîne  de  postes  les  pays  nou- 
vellement acquis-  à  la  réjMïblique  ,  lancienne 
Savoie,  jusqu'au  lac  Léman  ;  c'est  ce  pays  et 
ces  passages  que  César  décrit  sous  les*  même» 
noms ,  lors  de  Tinvasion  des  Helvétiens  dans  leg 
Gaules. 

L'armée  piémontaise  élait  de  26  mille  hom- 
mes ,  et  sa  première  attaque  fit  rétrograder  tous 
les  postes  /  français  ,  derrière  l'Isère  et  TArc. 
Moutier  était  pris,  et  déjà  Chambery  menacé. 
On  avait  envoyé  en  hâte  deux  commissaires  re- 
présentants de  la  convention,  Dumas  et  Gau- 
thier, et  il  est  vrai  que  leur  présence  animait 
les  troupes  d'un  courage  d'opinion ,  et  que  soii- 
yent  leur  autorité  absolue  et  tranchante ,  lev^'t 
beaucoup  de  difficultés,  et -aidait  à  surmonter 
des  obstacles.  On  avait  rapproché  quelques  ba- 
taillons de  l'aile  gauche  de  l'armée  d'Italie  ;  on 
en  avait  tiré  deux  du  siège  de  Lyon  ;  on  requit 
les  gardes  nationales  du  Mont-Blanc ,  nouveau 
nom  que  venait  de  recevoir  la  Savoie,  et  elles 
se  portèrent  avec  zèle  et  dévouement.  L'ennemi 
avait  pénéti^é  par  six  débouchés  qui  menaient 
du  Piémont  dans  la  Savoie  sur  une  étendue  de 
quatorsse  lieues,*  Il  fut  d'abord  attaqué  à  S4      *^ 


78  HISTOIRE     DE     FRANCE, 

vniKp  droite,  aa  col  d'Albarette,  et  repoussé  de  tous 
'^^^'    les  postes  qu'il  occupait  sur  la  rive  droite  de 

^  "^'-  TArc. 

Kellermann  alors  disposa  une  attaque  générale 
dans  leFaussigoy  etdaoslaTarantaise.  LesPié- 
montais  furent  dépostés  de  toutes  leurs  positions 
sur  tout  leur  front,  depuis  l'Ecluse  jusqu'à  Mou- 
tier ,  par  le  général  le  Doyen,  et  ensuite  par  des 
marches  et  des  combats  successifs  jusqu'au  pied 
des  montagnes  :  i)s  n'attendirent  même  pas  dans 
*  leur  dernière  position  à  Aigueblanche,  se  voyant 
déjc>  tournés  à  leur  droite  par  les  cojps  aux  or- 

a  octob.  di'es  de  Doyen,  et  dans  la  nuit  gagnèrent,  en 
une  seule  marche ,  le  pied  du  petit  Saint-Ber- 
nard. Deux  jours  après,  attaqués  au  boirrg Saint- 
Maurice,  après  une  assez  longue  résistance ,  ils 
sç  retirèrent  sur  le  Saint -Bernard.  La  Taran- 
taiseet  le  Faussigny^taient  délivrés. On  Ht  passer 
des  renforts  dans  la  Maurienne.  L'ennemi  battu 
à  Valmenie ,  et  tourné  dans  toutes  ses  positions , 
rompant  tous  les  ponts  derrière  soi ,  se  retira 
devant  l'avant-garde  de  l'armée  qui  arriva  au 
pied  du  Moi^t-Cénis  que  l'ennemi  venait  de  re- 
passer ;  ainsi  se  termina  cette  expédition.  Du 
succès  dépendit  un  moment  le  sa!  ut  de  la  France. 
Si  l'armée  piémontaise  eût  pu  joindre  et  dégager 
Lyon,  tout  était  disposé  dans  le  Midi  pour  un 
soulèvement  général ,  la  terreur  seule  retendait 


X 


DEPUIS    LA    RÉVOLUTION*  79 

SOUS  le  joug  de  la  convention.  Toulon  était  aux  viiiKp. 
Anglais  ,  Marseille  eût  repris  les  armes ,  20 
mille  Lyonnais  pouvaient  se  joindre  à  l*armce 
ennemie  qui  les  eût  dégagés.  Les  succès  des 
Espagnols <lans  les  Pyrénées,  préparaient  leur 
jonction  avec  Charlîer,  qui  corhmençait  dans  la 
Gironde  le  système  établi  dans  la  Vendée.  Bor- 
deaux incertain  se  prononçait,  le  Calvadôs  et 
l'ancienne  Bretagne  étaient  prêts.  La  conven- 
tion pressée  à  l'ouest  par  les  insurgés  de  la  Ven- 
dée ,  au  nord*,  par  la  coalition  de  l'étranger, 
était  réduite  aux  départements  maritimes  et  à 
ceux  de  l'intérieur.  La  retraite  des  Piémontais 
décida  le  sort  de  Lyon,  et  Lyon  soumis,  tout 
fut  contenu. 

Les  commissaires  représentants  au  siège  de 
cette  ville,  y  firent  parvenir  ces  nouvelles  avec 
«ne  dernière  proclamation.  Les  malheurs  pu-  , 
blics,  les  souffrances  de  la  disette  et  des  fati- 
gués,  Iq  désintéressement  du  peuple  dans  une 
cause  où  les  chefs  seuls  sont  ordinairemerit 
menacés,  la  lassitude  enfin  avaient  changé  les 
esprit?  de  latnultilude.  Les  trente  sections  de 
Lyon  s'assemblèrent  et  voulurent  que  la  pro- 
clamation des  représentants  leur  fût  lue;  elles 
nommèrent  des  commissaires  pour  entrer  en 
négociation ,  alorsles  chefs  de  l'entreprise  senti- 
rent qu'il  était  temps  de  cédera  lafoÈtune.Preci, 


Bo  HISTOIRE     DE    FRANCE, 

vuiEp.  ses  secopdSy  et  environ  trois  mille  fugitifs ,  que 
'^^^'  la  nécessité  et  la  juste  crainte  tie  l'avenir  ratta* 
octob  ^^^  ^  ^^^  ^^^  »  essayèrent  de  se  retirer  ;  ils  sor- 
tirent par  le  faubourg  de  Vaisse  ;  et  bientôt 
poursuivis  et  atteints  ,  ils  se  partagèrent  ea 
deux  troupes  ,  puis  se  subdivisèrent  en  plu- 
sieurs bandes,  et  dispersés  dans  leur   fuite  , 

tz  octo.  chacun  pourvut  àson  salut. 

Le  lendemain ,  l'armée  républicaine  s'empara 
de  tous  les  postes  abandonnés,  et  entra  sans 
opposition  dans  la  ville.  La  consternation  était 
retirée  dans  les  demeures  détruites  ♦  et  les  cris 
d'alégresse  remplissait  les  riïes.  Cette  partie  de 
la  population  des  grandes  villes,  instrument  né- 
cessaire des  grands  événements ,  et  qui  n'en 
craint  pas  les  suites,  accueillait  comme  des  li- 
bérateurs ceux  qu'elle  combattait  encore  la 
veille.  L'ancienne  municipalité  fut  retirée  des 
prisons ,  où  elle  n'eût  pas  dû  être  retenue ,  ré- 
tablie dans  ses  pouvoirs,  et  l'on  attendit  les  or- 
dres de  la  convention  avant  d'appeler  sur  les 
ruines  de  Lyon  la  terreur  et  la  mort. 

L'armée  assiégeante  fut  aussitôt  destinée 
à  joindre  celle  qui  agissait  déjà  sur  Toulon. 
La  garnison  de  Valenciennes  ,  dont  la  capi- 
tulation portait  qu'elle  ne  servirait  pas  d'un 
an  contre  les  alliés,  opposa  d'abord  quelques 
scrupules  qui  furent  bientôt  kvés.  On  tira  de 

l'armée 


1793. 


Ï^EPUIS.   LA    RÉVOLUTION.  8l 

Tarmée  d'Italie  douze  bataillons,  et  bientôt  40  viiiEp. 
mille  hommes  furent  réunis. 
*  Toulon ,  par  sa  position ,  présentait  de  grandes 
difficultés  à  vaincre.  Le  port  et  les  deux  rades 
étaient  occupés ,  sans  opposition,  par  les  esca- 
dres réuaies  anglaises  et  espagnoles.  Tous  les 
fdrts  et  toutes  les  batteries  environnantes" étaient 
à  leur  pouvoir. 

Du  côté  de  la  terre,  Toulon  est  adossé  à  de 
hautes  tnontagnes,  et  des  travaux  successifs  de- 
puis un  siècle ,  en  avaient  gagné  les  hauteurs 
par  une  chaîne  de  forts  qui  s'élevaient  sur  les 
sommités  dominantes ,  et  se  défendaient  réci- 
proquement.  L'étranger  était  maître  de  tous  ces 
postes. 

Dès  les  premiers  jours  de  leur  débarque- 
ment, les  Anglais  avaient  tenté  de  se  rendre 
maîtres  desgorges  d'Ollioules,  défilés  resserrés 
entre  des  montagnes  inaccessibles,  (^t  seul  pas- 
sage qui  communiqué  avec  l'intérieur  du  paj^s. 
Le  général  Carteau,  parti  de  Marseille,  les  y 
attaqua;  après  une  action  d'abord  douteuse, 
il  était  resté  maître  des  passages,  et  avait  res- 
serré la  garnison  dans  l'enceinte  des  défenses  ex- 
térieures. Carteau ,  pour  prix  de  bons  services  , 
et  selon  le  système  de  méfiance  suggéré  à 
la  convention   envers  tous  les   généraux   vic- 

TomclF.  6 


â8   sept. 


/ 


82  Hl.STOlRE     DE     FRANCE, 

vniEp.  toiîeux ,  avait  éie  destitue ,  puis  arrêté.  Le  gé- 
*^^  *    uéral  Dngommier  le  remplaça. 

Aussitôt  que  les  forces  furent  réunies  (et 
Ton  ne  peut  refuser  de  l'admiration  à  la  fer- 
meté et  au  courage  des  comités  convention- 
nels cjui  ,  au  milieu  des  revers  ,  pourvurent 
toujours  à  tout  sans  trouble ,  sans  coofusioft  , 
et  même  sans  ménagement  pour  les  instru- 
ments qu'ils  employaient,  l'obéissance  était  sans 
borne  comme  Hiutorité.);  aussitôt  que  les  forces 
furent  réunies, on  les  mit  en  action  par  un  plan 
.  d'opération,  dirigé  de  Paris  avec  intelligence, 
et  suivi  sur  place  avec  ponctualité  et  avec  dé- 
vouement. 

On  forma  deux  corps  d^armée,  et  deux  atta- 
ques principales ,  à  Pest  et  au  couchant  de  la 
ville.  La  division  de  droite  ,  commandée  par  lé 
général  Dugommier,  embrassa  tout  le  front  des 
défenses  extérieures,  depuis  le  fort  Maibous-» 
quet ,  situé  à  l'entrée  de  la  communication  de 
Marseille,  jusque  sur  le  promontoire  qui  ferme 
l'extrémité  de  la  rade ,  où  les  Anglais  avaient 
élevé  une  grande  redoute  qu'ils  appelaient  le 
petit  Gibraltar,  désignant  ainsi  d'avance  lusage 
qu'ils  Ini  destinaient. 

La  division  de  gauche,  aux  ordres  du  général 
la  Poîpe,  établie  aux  enYii*ons  des  villages  de 


DEPUIS    LA    REVO   LUTIOK:         83 

Soliés,,  comprit  tout. le  front  (fattaqae  dû  côté  .^f^gp.** 
de  Test,  depuis  la  montagne  Sai^oa  qui  com- 
itiande.Ia  ville  :au  nord  ,  jusqu'au^  cap  Brun  , 
îetaUcfort  Ja  Malgue  qui  défend  Tentree  de  la 
grande  rade.  L'étendue  et  le  nombre  de3. .ou- 
vrages extérieurs  ne  comportaient  pas  ua  S3^s- 
iom^  d'attaques  par  .des  ti-ayaux  de  tranchées 
et  d'approches  réguhères  r  calculées  sur  le  temps 
et  sur  le  nombre  des  combattancsi  * 

Il  fallait  d'abord  se  rendre  maître  des  dehors 
•et  de  Ja  campagne.  La  garnison  resserrée  dans 
la  ville  y  la  ftùtte  exposée  aux  balieries  de,  terre, 
ne  ^louvait.plusjaloi^  tenir  contre  les  feux  con- 
vergents dirigés  de  tous  les  points  de  la  circon- 
férence^ 

Dans  ïes  premiers  jours  du  siège ,  :1es  atta- 
ques resserrèrent  les  assiégés.  Plusieurs  des  fprts 
extérieurs  furent  emportés.  .;•:!• 

A  la  droite  ,  on  s'empara  des  hauteurs  op-  5  «epte. 
:posées  au,  fort  !MaIbou9C|tiet ,  et'  à  la  grande 
redoute  anglaise  ;  on  y  ciônstruisit  des  batte- 
ries. Le  fort  des  Pomèles  qui  commande  toutes 
les  hauteurs  au  nord  de  la  ville,  fut  enleva;  ce  qui 
obligea  l'ennemi  d'évaeuer  les  forts  iaférieurs 
sur  les  pendants  de  la  montagne.  On  établit  alors 
un  camp  sur  la  montagne  des  Arrênes,  Cette 
opération  coupables  eaux  de  la  ville,  et  ferma  le 
pont  de  la  petite  rivièrç  de  Laz.. 


an  10. 


84  HISTOIRE    OE    FRANCK, 

vniEp.       A  la  division  de  gauche,  les  troupes  s*éta- 
'^^^'     blirent  à  la  Valette^  et  delà,  par  des  retran- 

Duj|aa  ^j^çj^jçirits  et  des  batterîes  ,  s'approchèrent  de  la 
côte  méridionale  de  la  grande  rade  et  des  forts 
la  Malgue  et  Marguerite  qui  les  défendent. 

Le  siège  se  prolongea  par  une  suite  d'entre- 
prises et  de  succès  jusque  Ters  la  fin  de  cette 
année,  et  l'ordre  xles  fitits  oblige  de  déyancer 
les  temps  pour  réunir  «ous  le  même  cadre  les 
tableaux  qui  perdraient  de  leur  intérêt  s'ils 
étaient  séparés.  As3ez  tôt  le  récit,  obligé  de  re- 
venir sur  ses  pas,  aura  de  tristes  détails  à  mettre 
-sous  les  yevix  de  la  postérité»  La  France  répu- 
blique ne  sera  plus  grande  et  glorieusement  re- 
présentée que  dan's  ses  camps  et  sous  les  arme^ 
Au  sénat  et  dans  ses  comices ,  l'oppression  n'aura 
que  le  courage  du  crime,  et  la  résistance  n'aura 
que  celui  d'une  stoïque,  mais  inutile  résigna- 
tion. 

Les  renforts  n'arrivaient  que  successivemen* 
à  Parmée  devant  Toulon.  Les  alliés  restaient 
maîtres  des  anciennes  défenses  et  de  toutes  celles 
qu'ils  avaient  construites.  Ils  sentaient  en  même 
temps  que  les  efforts  des  assiégeants  seraient 
toujours  renouvelés,  parce  que  toutes  les  foi^ces 
de  la  France  pouvaient  se  succéder  dans  une 
entreprise  où  l'honneur  et  Tiritérêt  national 
étaient  à  la  fois  compromis. 


DÏPUÎS     LA    K^VOLUTION.        85 

Le  3o   novembre  ,  les  assiégés   firent  une  viiTEp. 

1793. 


grande  sortie.  Six  mille  hommes  passèrent  la 
rivière  de  Laz,  se  portèrent  en  deux  colonnes. 
Tune  sur  la  hauteur  des  Arrênes ,  l'autre  sur  les 
batteries  opposées  au  fort  de  Malbousquet.  Lesl 
postes*d'abord  surpris  reculèrent  ;  les  Anglais 
pfarvinrent  jusqu'aux  batteries  des  Arrênes,  et 
les  enclouèrent.  Leur  colonne  de  droite  s'em- 
para aussi  des  postes  et  des  batteries  qui  défen- 
daient les  gorges  d'Olliottles ,  et  déjà  se  portait 
sur  le  parc  d'artillerie  dont  ils  furent  près  de 
s'emparer. 

Cependant  les  généraux ,  accourus  au  premier 
feu  ,  rallièrent  les  troupes  et  les  ramenèrent 
Dugommier  les  harangua ,  et  conduisit  la  tête 
de  l'attaque,  derrière  laquelle  se  reformèrent 
les  bataillons  épars.  Les  postes  plus  on  moins 
rappprochés ,  envoyèrent  des  renforts  selon  que 
le  courage  et  l'élan  de  chacun  le  portait  vers 
le  lieu  du  danger. 

Les  chef$  donnant  le  mouvement  à  cette  masse* 
plus  animée  par  la  volonté,  qu'organisée  par  la 
discipline,  la  conduisirent  au  poste  des  Arrenes. 
et  le  reprirent,  ainsi  que  les  batteries.  L'ennemi 
pressé  et  assailli  de  toute  part,  fut  obligé  d'a- 
bandonner précipitamment  le  terrein ,  et  de  re- 
passer la  rivière  de  La^.  11  fut  suivi  de  si  près 
dans  sa  retraite  que  les  premières  troupes  de 


UOT. 


85  HISTOIRE©!?    FRANCE,- 

VHiEp,  volontaires  faillirent  entrer  avec   ht'i   au   fbrt 

^^^'    Malbousqnet.  C'est  là , aux  palissades  de  cç  fort, 

que  riiistoire  signale  ^  pour  la  première  fois, 

Bonaparte,  alors  chef  de  bataillon,  commençant 

ses  destinées  et  celles  de  la  France. 

Dans  cette  action  ^  les  deux  générauî^  chefs 

,   furent  blessés.  Dugommier  reçut  deux  coups  de 

feu,  et  Ohara )  cjue  la  cour  de  Londres  venait 

d'envoyer  pour  commander  dans  Tqulpq,  fut 

fait  prisonnier. 

•  De  nouveaux  renfortsy  étaient  annoncés^et  at- 
tendus.L'intervalledes  combats  était  employé  par 
les  îtssiégés  à  fortifier  leurs  défenses.  Les  délais 
rendaient  chaque  jour  l'entrepriae  plus  difficile, 
La  saison  s*avançait,  et  tout  ce  que  l'on  pou- 
vait attendre  de  nouvelles  troupes  était  réuni, 

6  déc.  Dans  un  conseil  de  guerre,  .où  Ton  retrouve 
encore  le  nom  de  Bonaparte,  une  attaque  gér 
nérale.fut  résolue. 

A  l'armée  de  droite,  Dugommier  dut  atta-p 
quer  la  redoute  anglaise;  le  général  Mouret 
celle  du  fort  Malbousquet,  et  le  général  Gar- 
nier  celles  des  forts  sur  les  hauteurs  qui  coiut 
mandent  la  rivière  de  Laz. 
^  ,  A  la  g'anche,  la  Poip.e  dut  attaquer  la  mon- 
tagne de.  Faron,  et  le  général  Laharpe  les  bat- 
teries qui ,:  du  cap  Brun,  dominent  snr  l'entrée 
4ç  la  rade.  Maresçot,  <^hef  du  génie ,  dpt  conr 


^DEPUIS    L  A    RÉ  VOLUTION.         87 

courir  au  succès  detîes  entreprises  par  tous  les  yiii^p. 
inoj^ens  de  son  arme.  ''^  * 

Le  point  le  plus  important  était  la  grande 
redoute  ânglarse  ,  située  sur  le  promontoire; 
elle  découvrait  les  deux  rades  ,  et  les  flottes 
combinées  ne  pouvaient  s'y  maintenir,  bi  les 
Français  parvenaient  à  s'en  emparer.  D'après  ,4^^^. 
xme  reconnaissance  faite  par  le  général  en  chef, 
les  dispositions  furent  prises  j)our  faire  l'attaque 
par  trois  cojoones.  Deux  élevaient  tourner  k 
redoute  ,  afin  de  couper  sa  comnpunicatîon  avec 
le  camp  anglais.  Soit  erreur  ,  soit  ardeur  des 
troupes  ,  deux  colonnes  gravirent  à  l'envî  la 
hauteur  escarpée,  franchirent  les  obstacles,  pé- 
nétrèrent par  les  embrasures  de  batteries;  mais 
le  feu  d'un  retranchement  intérieur  les  obligea 
trois  fois  d'en  sortir.  Un  quatrième  assaut  em- 
porta le  poste*  Tout  ce  qui  put  se  sauver  gagna 
avec  peine  les  embarcations. 

En  même  temps  la  division  aux  ordres  de 
Mouret  et  celle  aux  ordres  de  Garnier,  s'em- 
parent,  Tune  des  deux  forts  Saint-Antoine ,  l'au- 
tre du  fort  Malhoùsquet ,  et  les  troupes  enne- 
mies qui'  occupaient  ces  "postes  se  renfermèrent 
dans  Toulon. 

L'attaque  de  l'armée  de  gauche  s'était  faîte 
en  même  temps  et  à  un  signal  convenu.  Le 
général  Laharpe  fit  sauter  la  poudrière  du  cap 


88  HISTOIRE    DEFRANGEf 

TiiiEp.  Brun,  attaqua  dans  cette  position  l'ennemî  qui, 
après  une  résistance  de  cinq  heures,  se  retira 
dans  le  fort  Ja  MaJgue. 

JLa  Poipe  agît  swr  les  hauteurs  xle  Farou  ,  ati 
nord  de  la  ville.  Le  for^  situé  sur  les  sommités 
étant  emporté ,  Jous  les  postes  inférieurs ,  les 
forts  de  Lartigiie  et  Sainte  •  Catherine ,  furent 
successivement  abandonnés  par  Teffi?!  des  feux 
plongeants  de  l'assaillant.  Par-tie  des  troupes  qui 
les  défendaient  se  rembarqua;  le  reste  se  relira 
dans  la  ville  ;  tout  y  fut  alors  dans  la  con- 
fusion. 

Les  hommes  dé  mer  craignant  pour.  leurs 
vaisseaux,  voulurent  se  hâter  de  quitter  les 
rades ,  où  les  batteries  de  terre. au  pouvoir  du 
vaîncjueur ,  les  découvraient  de  tous  côtés.  Les 

'  troupes  de  terre  ne  pouvaient  s'exposer  à  tenir 

dans  une  place  dont  les  dehors  étaient  occupés 
par  un  assiégeant  victorieux  ;  et  les  habitants  en 
proie ,  aux  regrets ,  au  désespoir  et  aux  justes 
craintes  d'un  avenir  menaçant ,  accroissaient 
la  confusion  et  le  dééordre.  Bientôt  la  mer  se 
couvrit  de  légers  bâtiments  chargés  de  familles 
fugitives  qui  cherchaient  sur  la  flotte  çnnemie 
un  asile  contre  le  ressentiment  mérité  de  leur 
patrie.  Plusieurs  de  ces  bâtiments  périrent  sous 
leur  charge  ;  plusieurs  ftjrent  coulés  bas  par  le 
canon  qui  coranàençait  à  tirer  sur  eux  des  riTages 


tXE^UlS    tk    RÉVOLUTION.  89 

opposés.  Dîx  à  12  mille  habitants  de  Toulon  vniEp. 
évitèrent    ainsi   la    vengeance   nationale.    Les    *'^  * 
deux  flottes  se  réfugièrent  aux  îles  d*Hières>  18,  igd. 
et  l'armée  républicaine  ,  après 'un  siège   de 
quatre  mois ,  rentra  en  possession  du  territoire 
que  la  trahison  avait  conquis,  et  que  la  valeur  ' 
recouvra.  Les  Anglais,  en  partant,  mirent  le 
feu  aux  établissements  deinarine  et  à  quelques 
vaisseaux.  La  précipitation  de  Jeur  départ  per- 
mit bientôt  d'en  arrêter   les   progrès  ,   et  lé 
dommage  fut  moindre  qu'on  ne  devait  le  pré- 
voir. 

La  reprise  de  Toulon  donna  un  grand  éclat 
au  gouvernement  conventionnel  ;  tous  ses  en- 
nemis au  «dedans  et  au  «dehors  étaient  vaincus 
ou  soumis.  Après  la  réduction  de  Lyon ,  leô 
sj^stèmes  d'opposition  du  midi  perdirent  de  leur 
activité.  Chacun  se  tint  en  réserve ,  observa  les 
événements.  Après  la  reprise  de  Toulon ,  tout 
plia  sous  lascendant  de  la  fortune.  Les  restes 
des  partis  opposants  dans  le  Calvados,  dans  la 
Bretagne  ,  à  Bordeaux ,  à  Marseille ,  se  déro- 
bèrent au  vainqueur  par  le  silence  et  dans  Pobs- 
>curité.  La  Vendée,  après  des  succès  et  des  re- 
vers balancés,  venait  d'éprouver  une  défaite 
totale.  Les  armées  du  midi ,  en  Italie  et  dans  les 
Pyrénées  ,  couvraient  les  frontières  et  en  te- 
naient Tennemi  éloigné.  Au  nord  >  depuis  la 


r 


90  HISTOIREDEFRANCE» 

viiiEp,  bataille  de  Hondtscboote,  on  avait  repris  Tof-* 
*^^'!*    fensive. 

Le  succès  qui ,  dans  tout  gouvernement,  et 
surtout  dans  un  gouvernement  populaire ,  est 
le  plus  sûr  garant  de  l'approbation  des  peuples, 
le  succès  sanctionnait  tous  les  actes  de  Tautorité 
^  établie,  et  le  comité  de  salut  public  tenait  d'une 
main  dure>  mais  assurée,  lé  timon  des  affaires* 
Les  essais  ayant  réussi,  on  osa  mettre  en  prin^ 
cipes  et  en  lois  ce  qui  n'avait  encore  été  qu'en . 
action  :  on  réduisit  en  système  complet  ce  qui 
jusqu'alors  avait  été  excusé  par  l'état  de  révo- 
lutiou  même,  et  le  code  révolutionnaire  parut. 
Il  écrivit,  dit  et  publia  :  On  fait  savoir  à  tous 
les  Français  que  leur  vie,  leur  liberté  person- 
nelle et  toutes  leurs  propriétcs ,  sont  à  la  dis* 
position  arbitraire,  de  dix  hommes  que  la  con^ 
veniion  a  désignés.  Ils  disposeront  de  vos  per-^ 
sonnes  par  les;  actes  d'un  tribunal  qui  fugera 
sans  formes,  sans  informations;  qui  prononcera 
d'après  sa  seule  conviction,  et  qui  n'admettra 
aucuns,  moyens  de  défense  et  aucun  appel. 

A  la  première  réquisition  des  délégués  de 
cette  autorité,  voué  marcherez  aux  armées, 
vous  livrerez  sans  délai  et  sans  réclamation  tout 
ce  qu'il  conviendra  de  prendra  dans  vos  pro^ 
priétés  mobiiiaires,  pour  le  prix  qu'il  plaira  de 
fixer,  représenté  par  tel  signe  qu'il  conviendra 


DEPUIS     LA    RivOLUTTON.         Çl 

d'émettre.  A  la  présence  des  délégués  de  Tau-  viïiïp 
torité  établie,  toutes  autres  autorités  cesseront, 
et  vbus  reconnaîtrez  comme  loi ,  et  vous  éxé- 
cuterfez  immédiatement  tout  ce  qu'il  leur  plaira 
vous  prescrire. 

Toute  infraction  aura  encouru  peine  capitale 
par  le  seul  fait. . 

TeFfut  le  code  révolutionnaire  publié  et  admis 
sans  opposition. 

Et  ce  ne  fut  point  la  terreur  seule  qui  le 
sanctionna.  Le  sentiment  intime  de  la  nécessité 
publique  commanda  impérieusement  tous  ceux 
qui  purent  lire  les  articles  du  code  ,  et  leur 
exemple  entraîna  la  grande  .multitude  accoutu- 
mée à  suivre. 

Il  ne -faut  pas  dégrader  ime  natioa  ert  lui. 
supposant  des  motifs  bas  et  une  crainte  servile. 
Ge  fut)  au  contraire ,  un  instinct  relevé  de  salut 
public  ,  dont  chacun  se  sentit  intérieurement 
pénétré.  La  dictature  collective  fut  consentie, 
xomfme  à  Rome  l'était  la  dictature  personnelle* 
'  Au  point  où  les  choses  étaient  amenées,  la 
France  assiégée  par  l'Europe  se  livra  sans  con- 
dition à  ceux  qui  lui  promirent  de  la  défendre 
et  de  la  sauver  de  l'étranger,  et  ils  lui  tintent 
parole.  .      . 

Telle  est  l'explication  franche  et  vraie  de  cette 
servitude  tei'rible,  mais  volontaire,  que  chacun 


/      / 


9»  HISTOIRE     DEFRAKCE, 

^iiEp*  imposa  à  tous  pour  éviter  une  seryilude  forcée, 
on  préféra  la  hache  des  bourreaux  au  sabre  des^ 
despotes  ennemis;  on  voulut  exposer  sa 'tête 
pour  sauver  ses  mains  des  entraves,  et  le  sea- 
timent  de  la  liberté  publique  fit  des  martyrs  des 
qu'il  eut  des  persécuteur^  coalisés.  Le  mot  ré- 
publique avait  donné  l'élan,  le  mot  salut  pu*- 
fclic  le  soutint ,  la  France  donna  le  premier  et 
«nique  exemple  d'un  peuple  qui  s'imposa  sa 
propre  tj^rannie  pour  ^e  sauver  du  despotisme 
étranger. 

On  en  supporta  non-seulement  l'usage,  mais 
l'abus,  et  l'abus  le  plus  arbitraire  qui  fut  ja- 
mais essayé  sur  un  peuple.  Dans  cette  grande 
confusion  de  toutes  les  institutions  sociales,  on 
laissa  toiit^s  les  passions  individuelles ,  tous  les 
intérêts  privés  se  faire  leur  part.  Les  torts  par- 
ticuliers ne  furent  que  des  inconvénients  par- 
tiels ,  inséparables  de  la  nécessité  générale.  On 
ajourna  toute  justice  répressive,  comme  dans 
un  grand  incendie  qui  menace  la  cité  entière , 
on  admet  d'abord  tout  ce  qui  apporte  des  se- 
cours, sans  surveiller  le  maliaicteurqui  se  glisse 
et  dérobe  ;  et  même  après  l'embrasement  éteint , 
le  souvenir  du  danger  ralentit  encore  les  re- 
cherches de  la  police  publique.  ' 

Tous  les  moyens  d'exécution  étaient  disposés 
et  assurés;  il  ne  resta  plus  qu'à  les  mettre. en 


DEPUIS    LA    RÉVOLUTION.         $3  / 

iisage.  Les  ordonnateurs  de  tous^ces  moyens  mar-  viiiKp. 
chant  à  leur  but ,  laissaient  les  agents  subalternes  *^^'* 
frapper  le  corps  politique  et  le  couvrir  de  plaies. 
Eux  s'étaient  réservés  les  coups  décisifs  :  ils 
frappèrent  d*abord  à  la  tête.  Depuis  la  déten- 
tion et  l'accusajion  4®s  députés  arrêtés  le  3i 
taai ,  une  lutlfe  ,  quoique  faible  et  inégale^  se 
maintenait  encore  dans  la  convention  ;  on  dis** 
putait  sans  succès  aux  dominateurs  ;*  mais  cette 
dispute  fatiguait  encore  leur  orgueilleuse  su- 
prématie; on  résistait  sans  force  ;  mais  c'était 
encore  de  la  résistance ^  et  les  projets,  lé  plaa 
d'opération  de  la  puissance  absolue*,  exigeaient 
une  absolue. servilité;  on  avait  décimé  la  repré-^ 
sentation  nâtîobaie;  elle  aVâit  encore- du  mou*- 
vemeot;  on  la  tierça ,  et  lao  de  ses  membres 
furent,  à  différente  titres,  enveloppés  dans  le 
même  décret  de  proscription; 

Le  rapport  fait  à  l'Assemblée  par  Amar,  est  joocto. 
devenu  un  monument  historique  qui  explique  lavend. 
beaucoup  die  choses  înaperçues  à  cette  épo-  u  repu- 
que.   Les  chefs  d*accusation  les  plus  contra-  ^^^^*' 
dictoires  s'y  touchent.  On  reproche  à  Brissot 
d'avoir  mis  des  affiches  républicaines  au  moi- 
ment  de  la  détention  de  Louis  XVI  ,  après 
Bon  retour  de  Varennes,  et  on  lui  reproche 
en  même  temps  de  s'être  opposé  à  l'établis* 
sèment  de   la    république   à  l'époque  du  lo 


ç6  HISTOIRE     DE    FRAKCE» 

viufiji  Lesterpte;  Bauvais;  Bresseii;  Noël  ;  Isnard  } 
''^^'    Coustard;  Ducliatel;  Andreî,  de  la  Corse  ;  Du-- 
val ,  de  la  Sej ne-Inférieure  ;  Vîgée  ;  Grange- 
neuve  ;  Dévérité;  Philippe  Egalité,  ci  devant 
due  d'Orléans. 

Les  73  mis  en  arrestation  furent  «cLauze-Du- 
perretjdéputé  desBouchés-du-Rhône;  J.G.  Caze- 
xieuve;  L^aplaigoe ,  député  du  département  dit 
Gers;  Defermont;  Rouauk;  Girault;ChasseIin; 
Duguédassé;  Lebreion  ;  Dussaulx;  Couppé  ;  J.  P; 
Saurine  ;  Queinet  ;  Salmoa ,  député  de  la  Sarthd  ; 
Lacaze ,  fils^  aîné  ;  V.C  Corbel  ;  J.  Guiter;  Fé* 
roux  ,  député  du  Jura  ,  ayant  déjà  ])rotesté  ; 
Bailleûl;  Kuault  ;  Obelin  ;  Babey,  député  àvt 
Jura  ;  C.  A.  *A.  Blad  ;  Maisse  »  député  des 
BassesrAlpes  ;  Peyre;  Bohan  ,  député  du  Fi- 
nistère ;  Honoré  Fleuiy ,  député  des  Côtes-du- 
Nord  ;  Vernier,  député  du  Jura;  Grenot  , 
député  du  Jura;  Amyon,  du  Jura,  ayant  déjà 
protesté  le  s,  juin  dans  la  salle  de  la  conven- 
tion ;  Laurencot ,  député  du  Jura  ;  Jary ,  député 
de  la  Loire-Inférieure,  J.  A.  Rabaut,  Fayolle, 
F.  AubrijRiberau;  Derazey;  Masuyer,  de  Seine 
çt  Loire  ;  Chassey  ;  Vallée ,  de  l'Eure  ,  Lefe* 
bvre  ;  Olivier;  Gérante;  Hoyer  ,  évêque' du 
département  de  l'Ain  ;  Duprat ,  député  ç}es  Bou- 
ches-du- Rl>ône;  Garilhe  ;  Philippe  Delville  ; 
Yarlet  j  Dubusac  ;  Savary  ;  Blasqui  ;   Massa  ; 

Dubray; 


ÔfePUtSLA    DÉVOLUTION.         ^7 

t)ubray;  Doublet;  Délamarre;Faure;  Hecquet;  viiiEp 
B.  Descatîips ;  Lefebvre  ^  de  la  Seîhe-Interieoire  ;     '^^'*' 
Serre ,  député  des  Hautes- Alpes;  Laurçnce,  dé- 
puté de  la  Manche  ;  Sàladin ,  député  de  la  Som- 
me; Mercier,  député  de  Seine  et  Oise-Inférieure  ; 
Daùnou;  Paries,  de  TAude  ,  ayant  déjarpro-    ^ 
testé  le  3  juin  dans  la  salle  de  la  convention  '^  Rèu- 
fcet,  de  Haute-Garonne,  ayant  déjà  protesté  te 
a  jiiin;  Blaux ,  de  la  Moselle;  Btaviet,  ayant 
déJ4    protesté  le  2  juin  ;  Marboz  ;  Estâden  j 
Bresson  *  des  Vosges;  Moysset ,  du  Gers  ;  Saint-» 
Prix;  Gamon. 


La  convention  se  trouva  ainsi  fédui te  d'un  5ociob. 
ti^rs',  et  tel  était  le  système  secret  dfe  Robes* 
pierre,  qui  dominait  alors  dans  ie  comité  dé 
salut  public.  Ce  plan  de  détruii^e  la  convention 
se  retrouva  entier  ,  écrit  dc'sa  n^ain,  dans  la 
redierehe  que  Ton  fit  de  ses  papiers  à  l'époque 
de  sa  chute,  et  l'on  y  retrouve  aussi  une  lettre 
adressée  à  lui  de  l'étranger,  qui  lui  annonce  la 
fin  de  sa  mission,  lui  prescrit  Un  dernier  éfi^brt 
indiqué,  et  ISnvite  à  venir  enfin  joilir  en  sû- 
reté dii  fruit  assuré  de  ses  travaux;  Cette. lettre 
citée  parmi  les  pièces  justificatives  de  son  procès, 
qui  ne  fut  publié  que  longtepips  après  sa-  mort, 
ne  peut  être  raisonnablement  suspecté,  puis- 
qu'alors  elle  ^ait  inutile,. Le  crimind  n'existait 

Tome  ir:  7    ' 


\^ 


98  HISTOIRE     DE     FRANCE, 

viHEp.  p]q§  ^  çi  l'horreur  du  cririiô  n'avait  pas  besoîri 
d'être  stiroulée  ;  iti^îs  ce  fait  cité  d'avance  ^ 
donnera  l'explication  de  beaucoup  d'autres  faits 
suivants  ;  et  pour  l'intérêt  seul  de  la  nature 
humaine  »  il  vaut  mieux  qu'une  production 
monstrueuse  soit  le  résultat  d'un  art  ou  plutôt 
d'un  artifice  politique  >  que  d'être  l'ouvrage  spon* 
tanée  de  la  nature  elle-même. 

Cependant  après  cette  terrible  épuration  ^ 
Robespierre  n'était  pas  encore  tranquille  pos- 
sesseur de  la  toute- puissance.  A  lui  s'étaient 
irrévocablement  attachés  Saint- Just  ,Collot- 
d'Herbois,  Billaud-Varennes,  Couthon ,  Chabot; 
maiS/même  dans  le  comité  de  saluk  public  tous 
les  membres  ne  lui  étaient  pas  absolument  dé^ 
voués.  Robespierre  régnait  aux  Jacobins  et  par 
eux  ;  mais  une  puissance  rivale  les  menaçait  en- 
core de  l'Egalité,  et  rivalisait  avec  eux,  tantôt 
en  les  devançant ,  tantôt  en  osant  ne  pas  lessuivre* 

Danton  avait  sa  chaise  curule  dans  le  club  dit 
des  Cordeliers.  Cette  association  singulière,  dont 
on  n'a  jamais  bien  connu  l'origine  et  le  but,  et 
qui  ne  le  connaissait  pas  <^lle>même,  gênait  et 
contrariait  la  société  des  Jacobins,  en  faisant 
moins  qu'elle  dans  lès  temps  d'orage ,  et  plus 
dans  Içs  temps,  ou  du  moins  dans  les  intervalles 
de  calme.  Quand  les  Jacobins  outraient  les  me- 
sures/les  Cordeliers  restaient  en  arrière,  et 


I 

t)EFUI5;LA     RÉVOLUTJONi         ^99. 

(ioUblaîenl'Iepasidëeque  ]es  Jacobins  semblafént  viiiEp* 
vouloir  le  raletatiri  II  parailqijel esprit  de  cetta    *^^  ' 
fondation ,  déjà  ancienne  y  avait  été  d*abord  d'a-*r 
néantir  les  Jacobins  en  prenant  leur  place  ;  maia. 
que  Ie«  chefs . 8^âJ)ercevàiit  -de  .part  et  d*aulre 
qu'en  cherchant  à  se  devaiicel\  ils  tie  poUT^ieaè 
pârvenirè ^esupplantetiroMe^ uâs:ni  ledàutma^; 
parce  que  .chacun  d'euk  aiwÀib  .mieux  changer 
de  place  en  ravaneant  toujours^  que  de  s'e.xpd-»f 
sera  la;  perdre,  leurs  directeurs:  cr^Jgnant  le», 
^ites  de  cette  énàulatioij  q\li  m'avait  plus  :di^ 
terme  ;  foi:eot  forcés  de  sclporoèr  à  les  liv^eI^ 
h  leur  rivalité ,  ayant  soin  seulënieot  de.mabte^> 
nir  leur  opposition.  -m     •'       •    :    -A 

DantoQ  était 'un-  de  ces , personnages  à  carac- 
tère oiV  tes  contrastes  se' réunissent  9  et  se:dc9ii#: 
tJennent.-.Qijelques  traits  deiréssétnblance  tracés^ 
par  une  main  intéressée,  etiooiltemporaine.p 
paudront  cet  homme  extrtiordînaire  ,  qui  fut 
un  nik>Gaex)t  tyran  pour  attaquer  la. tyrannie* ^t 
et  qui  se  Jaihsa  être  victime  plutôt  que  de  de^ 
venir  bourreau^  •  : 

.ff  II  cpmmença  par  tout  trotîbler,  par  «tout 
défaire  ;  .et  lorsque  tout  le  mondje;  qtait.^aoar-. 
chist^  ,  âvfc  des  vues  pJ;qs  prftfpndesi  et  îqui: 
exigeaient  plus  toutes  les  passions  du  pçgplç, î 
Danton  fut  pluç  anarchiste  que  Iç^,  au  très.  ,: 

«  Il  avajt  jefliJui  je  o^  sai8:^t|9i  qi|i  faisait 


lOO        HISTOIRE    !>'  E    î"  «  A  K  C  *£  ^ 

vnî%.  qn^on  s'arrangeait  autour  chè  Jai  pour  être  se» 
*^^'    moyens  j  pour  îattejidre  l'ordre;  il  était ,  s'il  est 
permis  de  se  servir  de  ce  mot ,  un  >grand sei'gneur 
de  lasanS'^ciùloneriei  :      - 

'  «f  Au  premier  â'bord  ,  sa  figure  et  sa  voir 
étaient  te^rribles  ;  il  le«aVaitet«eit  étairbieDaîse, 
pour  faire  ^\\n  de  peur  6n:fâfisa^t  moins  de. 
mal.  Qttàtîd  Mimibi^au  iut'biea  corrotopu /les' 
plus  grands  moyens  de  tôiTUptioii  de  la  cour 
i>e  '  tburnërent  vers  Danton.  1\  çst  ;  possible 
qu'il  en  ait  reçu  «quelque  chose  ;^  il  est  certain 
qiue  s'il  y  eût  un  ïnardië ,  rien  ne  fut  délivré 
de 4a  part ,  et  qu'il  resta  fidelle.à'vsi^s  complices 
les  républicains. 

«f  Aj)rës  le  20  ymn;,  tout  le  monde  faisait  de 
petites  tracasseries  au  château ,  dont  la  puissance 
croissait  à  vue  d'œil.  Danton  arrangea  le  io  août  » 
et  le  château  ftiC  foudroyé. . .'. 
^x4  Porté  presque -dans  le  même  temps  au  mî- 
Distëi^e  et  à  la  convention,  Danton  connaissait 
troîp  la  révolution  et  lés  hommes  pour  igno*» 
rer  que  rester  ministre  n'était  qu'un  moyen  de 
se  plerdre  ,  et  il  renonça  à  tin  pouvoir  exé- 
cutif >qui  mettait  les  infortu«qs  qui  en  étaient 
membres  sous  le  paitlvoir  qui  voulaîl  k$  écra- 

•   ser».;; .  ;        '■'•;■•'  '  '  '  ■ 

«  Il   avait  cfet  instinct  du 'grand,  et  cette 
,   .  c%xron8pectionsileiicieii9e  qui' ifait 4a ^raison,  ^ 


DEPUIS     LA     REVOLUTIOK.        lOl 

^  Jamais  Danton  n'a  écrit  et  n'a  imprim'é  un  niiEp. 
discours ;jI  disait  je  n'écris  point.. . . 

«  Son  imagination  et  Tespèce  d'éloquence 
qu'elle  lui  donnait^  singulièrement  appropriée  à 
sa  figure  f  à  ^a.voix  ,  à  sa  stature,  était  celle 
d'un  démagogue;  son  cotip-d'œil  sur  les  homme» 
^t  sur  les  choses,  subit,  net,  impartial  et  vrai  ;- 
il  ne  safYa^it  presque  rien,  et  il  n avait  l'orgueil 
de  rien  deviner;  maïs  il  regardait  et  voyait;  il 
J^aîsait  parler  Camille,  et  laissait  parler  Fabre- 

d'Eglantine. 

«<  ^arat  n'était  qu'un  furieux,  Robespierre 
qu'un  dictateur  oratoire  ;  et  parce  que  Danton 
était  seul  capable  de  réaliser  un  grand  projet 
d'ambition ,  on  le  croyait  toujours  occupé  de  ce 
projet. 

4c  Danton  se  croyait  trop  menacé jjar  la  yeur 
qu'il  faisait ,  pour  ne  pas  s'occupei:  de  sa  dé- 
fense. ^ 

Cette  lutte  seule  soutînt  encore  quelque 
temps  une  opposition  dans  la  convention  ré- 
duite. 

Cette  opposition  ne  pouvait  plus  s'exercer  que 
sur  les  formés  ;  les  partis  toe  pouvaient  plusse 
disputer  que  la  priorité  des  mesures  à  prendre  ,èt 
souvent  même ,  s'ils  eussent  eu  des  amis  cachés 
et  des  vues  secrètes,  ils  eussent  été  obligés  de 
sacrifier  leurs  amis  pour  sauver  leur  secret. 


loa  .histoire:  de  France,  ' 
YiiiE^  ^ijr^i  Philippe  d'Orléans  fut  transféré  de  Mar-. 
seille  à  Paris  ;  bientôt  livré  au  tribunal  révo-» 
lutionnaire ,  sans  que  ses  anciens  amis  ni  ses 
nouveaux  partisans,  s'il  en. avait,  osasserfl  le 
défendre ,  ni  mérae  essayer  de  le  sauver. 

Le  système  d'imprimer  la  terreur  était  le 
système  dominant,  et  le  seul  sur  lequel  comp- 
taient ceux  qui ,  selon  leur  expression,  Pavaient 
mis  à  Tordre  du  jour. 

Parmi  les  députés^  qui  sMtant  soustraits  auîC 
décrets  d'emprisonnement,  avaient  été  mis  hors 
la  loi ,  Gorsas  fut  découvert  et  arrêté.  Sans  pro- 
cédure., sans  autre  infoi^mation  que  Tidentité 
vérifiée,  uq  ordre  du  tribunal  révolutionnai rje 
le  livra  à  l'exécuteur,  et  ,  sans  réclamation 
de  ses  collégqes ,  il  fut  mtis  à  mort  le  jour 
même.'  ' 

En  même  temps  que  l'on  frappait  la  France 
de  terreur  ,  il  devait  entrer  dans  le  plan  de 
l'anarchie  de  frapper  de  stupeur  l'étranger;  il 
devait  aussi  entrer  dans  le  plan  de  l'étranger 
de  rendre  de  plus  en  plus  la  république  irré- 
conciliable avéc^ses  ennemis.  La  coalition  con- 
tinentale  commençait  4  se  dissoudre.  Il  était 
facile  de  prévoir  que  la  Prusse  allait  faire  sa 
paix  et  s'en  retirer.  L'Autriche  abandonnée  de 
son  allié  du  moment,  trompée  dans  ses  es- 
pérances, n'ayant  encore  à  venger  que  de  ces 


DEPUIS    LA    RÉVOLUTION.        '  loS 


*    • 


injures  diplomatiques  toujours  coçapensées  par  viiiEp. 
des  injures  semblables  et  réciproques  ;  TAutri-  *^*  ' 
che  qui  Venait  de  rentrer  en  possession  de  son 
territoire,  qui  ne  devait  plus  espérer  s'agrandir 
par  des  conquêtes  d'invasion  ,  pouvait  peut- 
être  abandonner  une  cause  qui  cessait  d'être 
la  sienne.  Trois  grands  intérêts  semblaient  «'atc- 
corder  pour  continuer  la  guerre.  Les  agitateurs 
de  la  France ,  pour  qui  la  guerre  était  moins 
dangereuse  qu'une  paix ,  qui  rappelait  les  armées 
des  frontières.  Le  cabinet  de  Londres  qui  se  fut 
trouvéseulaux  prisesavec  la  France  répubh'caine, 
et  enfîn  le  parti  opposant  réuni  aux  princes  fran- 
çais; de  ces  trois  intérêts  ennemis,  le  premier 
suffisait  pour  se  porter  aux  mesures  les  plus  ex- 
trêmes qui  allaient  à  son  but  ;  et  dans  ce  parti 
même  ,  beaucoup  d'hommes  n'étaient  là  que 
comme  agents  délégués  par  les  deux  autres^ 

Depuis  la  fin  tragique  de  Louis  XVI, sa  veuve 
était  restée  au  Temple  avec  ses  deux  enfants, 
et  la  sœur  de  Louis ,  là,  respectables  comme  le 
malheur  \  elles  attendaient  une  destinée  trop 
facile  à  prévoir  ;  mais  que  Hiistoire  ne  pourra 
peut-être  jamais  motiver.  Qiie  le  ressentiment , 
une  politique  cruelle,  l'espoir  d'tin  autre  cours 
d'événements,  la  crainte  de  l'avenir,  eussent 
^prononcé  sur  le  sort  du  dernier  roi,  les  pas- 
.  sions  humaines  pouvaient  y  trouver  des  motifs  ; 


104         HISTOIRE     DE    FRANCK, 

vmtf.  mais  lé  jugement  à  mort  de  sa  femme  ne  pou^ 
^^^^'  vait  intéresser  la  sûreté  publique.  Plus  coupable 
devant  la  nation  par  sa  conduite  politique ,  son 
supplice  avait  quelque  chose  de  plus  odieux 
comme  faiblesse  désarmée,  et  peut-être  ce  fut 
ce  motif  qui  lé  décida.  Tant  d'intérêts  étran- 
igeis  l'un  à  l'autre  étaient  réunis  tîontre  la 
France  républicaine ,  qu'il  n'était  pas  extraor- 
dinaire que  tous  les  co-intéressés  sacj'ifiassent 
souvent  l'intérêt  de  l'un  d'eux  à  Içur  intérêt 
commun. 

La  vie  de  Marie- Antoinette  était  un  gage 
entre  les  mains  des  ennemis  de  tous  les  siens.; 
et  qui  pouvait  encore  leur  commander  quelques 
ménagements;  sa  mort  devait  les  rompre.  Up  ^ 
rapport  à  l'assemblée  classa  et  énuméra  tous  les 
griefs  contre  ellp ,  et  sans  aucun  doute  il  y  en 
avait  de  très-grands;  mais  on  se  garda  de  con-* 
sidérer  que  l'état  de  révolution  avait  mis  la  li-v 
berté  publique  et  l'antique  autorité  royale  dans 
un  véritable  état  de  guerre.  Epouse  ♦  mère  et' 
reipe,  ses  obligations  politiques  étaient  trop  en 
opposition  avec  ses  devoirs  de  famille,  et  c'é-» 
tait  bien  à  elle  que  pouvait  s'appliquer  l'axiome 
'summum  jus  summa  injuria^  Le  salut  public 
qui  est  aussi  sans  doute  une  loi  suprême,  ne 
commandait  pas"un  sacrifice  barbare  et  inutile^ 
$a  présence  ne  pouvait  plus  mettre  Içs.ennemis^ 


DEPUIS    LA    RévOLUTION.      ïoS 

du  dehors  de  botit  ;  ils  y  étaient  toue;  mais  son  viîïÊp. 
suppliice  devait  les  obliger  d'y  rester  ;  elle  fut  *^^^' 
transférée  du  Temjile  à  la  Conciergerie  ^3^  subit 
sans  délai  toutes  les  formalités  judiciaires  et 
communes  ;  elle  comparut  devant  ies  juges  ré- 
volutionnaires »  et  son  interrogatoire  pubUc , 
que  l'Europe  entière  devait  connaître ,  semblait 
disposé  pour  ajouter  l'odieux  des  formes  à  Vo^ 
dieux  de  l'action. 

Il  existe  sans  doute  au  moins  une  réciprocité 
de  devoirs  entrç  les  dominateurs  nés  des  naiions, 
et  ceux  que  le  sdrt  et  les  conventions  faites  leur 
ont  subordonné  ;  sans  doutç  aussi  l'inviolabilité 
i:\ecessaire  que  la  loi  par  une  fiction  politique 
et  d^utilité  générale  ♦  a  été  forcée,  de  leur  ac- 
corder, n'est  et  ne  peut  êti'e  que  personnelle;  ' 
mais  la  hiérarchie  civile  que  Tondre  des  sociétés 
est  obligée  d'admettre,  dut  s'étonner  devoir  la 
fille  de  tant  de  souverains,  la  veuve  du  dernier 
de  tant  de  rois,  sortir  du  guichet  de  la  prison 
publique,  pour  comparaître  par-devant  un  tri- 
bunal de  circonstance ,  et  qui  n'était  compétent 
pour  aucun  citoyen.  L'acte  d'accusation,  à  des  in- 
culpations vraies ,  à  d'autres  inculpations  vagues , 
alliait  des  inculpations  monstrueuses,  oh  la  na* 
ture  outragée  repoussait  même  le  soupçon;  au 
mépris  des  lois  criminelles  de  toutes  les  nations, 
le  fils^  epfant  de  huit  ans,  fut  reçu  en  témoi- 


/ 


•       '     to6  HISTOlkE    DE    FR*ANCE, 

viiiBp.  gnage  contre  sa  mëre ,  et  les  plus  absurdes ,  les 
pins  immorales  dénonciations  furent  admises  au 
procès,  et  employées  dans  Tinterrogatoire  pu- 
blic, que  confondit  cette  belle  réponse  pleine 
de  grandeur  et  de  vraie  dignité,  «c  II  y  a  sans 
«  doute  ici  des  femmes  épouses  et  mères,  j'en 
u  appelle  à  elles.  » 

i5  oct.  Onj'accusaitaussid^avoirtraitésonfils comme 
roi  depuis  la  mort  du  père ,  et  ce  fait ,  peut-être 
vrai ,  ne  pouvait  être  un  délit  pour  elle  ;  on 
l'accusait  avec  plus  de  vraisemblance  d'avoir 
communiqué  aux  puissance^  ennemies >  à  l'em- 
pereur 5  son  frère  ,  fes'  plans  d'opération  des 
armées ,  arrêtés  au  conseil  ;  et  cet  exemple  avait 
été  déjà  donné  par  des  reines  étrangères:  on 
lui  reprochait  encore  d'avoir,  à  la  journée  du 
10  août,  présenté  des  armes  à  son  mari,  en  le 
pressant  d'en  faire  usage. 

Lorsque  les  jurés  eurent  prononcé  et  qu'elle 
eut  entendu  la  Içcture  du  jugement,  le  pfési- 
dent  lui  adressa  la  formule  usitée  :  «  N'avez- 
vous  rien  à  ajouter  sur  l'application  de  la  loi?  » 
Elle  répondit  :  rienj  et  ses  yeiix  baissés  ne  se 
.  relevèrent  plus  ;  quoique  ses  foixes  physiques 
fussent  affaiblies  par  l'état,  de  maladie  et  d'é- 
puisement que  l'âge  avait  amené ,  ses  facultés 
morales  ne  sucronibèrent  pas;  la  violence  de 
son  caractèf  e  qui ,  dans  le  cours  des  événements 


\ 


DEPUIS    LA    RÉVOLUTION.         ÏO7 


r 


/ 


de  la  révolution ,  avait  souvent  trahi  son  se*  y*M^*F- 
cret,  ceda^  .aucun  emportement,  aucun  mou- 
vement de  colère,  ne  dégrada  sa  dignité;  elle 
fut  conduire  les  mains  liées  au  lieu  de  Texéçu* 
tion ,  dans  le  tombereau  qui  se^^ait  à  tous  Ie$ 
condamnés,  et  fut  obligée  d'emprunter  des  vê* 
tements  à  la  femme  du  gardien  de  sa  prispn-, 
Ces  détails  terribles  ne  seraient  pas  devenus 
historiques  s'ils  ne  servaient  pas  à  prouver  qpe 
ces  formes  odieuses,  par  leur  affectation  même, 
indiquent  un  intérêt  opposée  celui  des  agents 
jmmédiats  qu'on  en  rendait  les  instruments^ 
iTout  ce  qui  pouvait  aigrir  était  employé., 

Une  foule  peu  nombreuse  attendait  le  triste  «^  «««• 
cortège  à  la  porte  de  la  prison  9  et  Taccomr 
pagna  avec  les  cris  de  l'insulte.  Pendant  le  tra»- 
jet ,  elle  resta  les  j^eux*  levés  vers  le  ciel ,  dér 
tournés  des  objets  qui  l'entouraient; -arrivée  à 
Téchafaud  ♦  elle  se  mit  à  genoux,  et  courba 
sa  tête  sous  le  fer,  sans  parler  et  sans  rési^ 
stance. 

Au  tribunal  de  Ja  postérité ,  Marie-  Antoinette 
ne  sera  pas  innocente  de  tous  lés  délits  qui  lui 
furent  imputés  ;  mais  ceux  qui  servirent  de 
prétexte  à  sa  condamnation,  ne  la  motivaient 
pas  ;  la  juridiction  nationale  n'avait  point  de 
-droit  sur  elje;  ses  liens,  comme  épouse,  étaient 


I79Î5. 


ïo8       HISTOIRE   t)E   France; 

vuiEp.  rompus,  et  comme  mère,  son  fils  n^appàr te- 
nait plus  à  la  chose  publique  ;  les  effets  de  la 
révolution  avaient  brisé  tous  îes  nœuds  qui  l'at- 
tachaient à  la  France,  et  l'avaient  rendue  à  «a 
famille.  Le  comte  de  Linange,  retenu  prisooî- 
nier  et  mis  en  otage  ,  écrivit  une  lettre  au  co- 
mité de  sahit  public,  et  s'offrit  pour  aller  à 
Vienne  négocier  la  paix ,  dont  la  délivrance  dé 
Marie-Antoinette  serait  la  seule  condition.  La 
lettre  resta  sans  réponse.  • 

Le  caractère  de  Marie-Antoinette  était  celui 
commun  à  son  sexe,  de  la  bonté  autour  d'elle, 
sans  bienveillance  générale,  de  la  résolution  du 
moment,  sans  caractère  durable,  plus  d'imagi* 
nation  que  de  jugement,  avec  de  l'esprit  sans 
j^révojance  ;  croyant  son  mari  incapable  des 
affaires,  elle  essaja  de  s'en  emparer,  et  fut 
toujours  conduite  par  ceux  qui  s'emparèrent' de 
«a  confiance  ;  entrant  en  traité  avec  tous  Jes 
partis  ,  et  trompée  par  tous  ,  croj^antt  tout  régir 
dans  le  cercle  qui  l'entourait,  et  ne  voyant  rien 
au-delà  ;  courageuse  et  faible. 
.  îî^a  jeunesse  fut  heureuse  et  brillante  ;  l'amour 
de^  Français  l'accueillit  avec  transport ,  leur 
haine  la  poursuivit  à  outrance,  également  in- 
justes dans  les  deux  excès.  Quand  ses  qualités 
aimables  ne  furent  plus  des  vertus ,  ses  légè- 


D  12  P  Cl  s    L  A    R  É  V  at  U  T  I  O  N.         lOp 

rel^s,  seslhdiscrétions  devîarerit  des  crimes.  Le  viiiBp. 
peuple  ne  lui  pardonna  pas  son  insouciance  ^^  * 
de  Popïnîôîi ,  qu'il  prit  poui^  du  mépris  ,  et  se 
vengea  cruellement  de  l'avoir  âîmée  sans  re- 
fôur.  On  ne  lui  pardonna  pas  surtout  ces  pré- 
férences de  société  privée,  qui  concentraient 
toutes  see' affei?tions et  toutes  ses  faveurs,  dans 
le  cercle  choisi' de  quelques  favoris.  D'abord  , 
lés  gens  de  cour  ;blâmèrent ,  et  bientôt  la  ville 
apprit  tfetix'à  ne  plus  respecter  ce  quils  blâ- 
maient. Alors  Teavie  exagéi^à  ,  et  là  malveil- 
lance accueillît  les  exagérations  de  l'envie.  Oà 
il  y  avait  évi  inconséquence  ,  légèreté ,  dissipa- 
tion,  luxe,  prodigalité,  cm  vit  et  on  se  plut  à 
voir  corruption  ,  dissolution  ,  déprédation.  Les 
erreurs  furent  des  torts ,  et  les  torts  des  crimes. 
A  l'époque  ou  la  révolution  commença ,  la  reine 
n'avait  plus  ni  considération  ni  affection  publi- 
que; on  se  plut  à  lui  imputer,  et  souvent  avec 
raison ,  toutes  les  faites  dû  roi  ;  sa  prospérité 
lui  nt  peu  d'anus;  sa  chute  satisfit  ses  nom- 
breux déU'acteurs ,  et  sa  fin  tragique  n'obtint 
qu'une  commisération  tardive.  .        • 

Par  une  mesure  digne:  da  moment ,  on  osa 
mettj-e  en  arrestation  ses  deux  défenseurs  offi- 
cieux, Tronçon-du-Condraiet  Chauveau- La- 
garde.     :  : .  :  -       . 


1*793 


lia  H  I  s  T  O  1  R  E  ,I>!Î     FRAl!iïCt2f^ 

VttiEp,      Peu  de  jours:avant\,  on  avail  vu'uif  spectacle 
préparé,  et  fait  pour  accoutumer  à,  voir  ausi>i 
ses  représentants,  aux  maios^de  l'exécuteur.  Un. 
membre  de  la  convention  ♦adcusé  comme  mem- 
bre de  la  commission  des  marchés ,  et  en  même 
temps  intéressé,  par  état*  dans"  la. société  com-* 
merciale  des  fournisseurs  ,  avait  été^  par  ua 
sentiment  honorable^j. livré  à  la- jusljce  public 
que,  isans  que  l'on  eût  voulu  rse  prévaloir  de 
sa  qualité  de  député;  ii^çiis  la.  di^uité.du  ca-r; 
ractère  dont  il  était  revêtu >  Semblait  exiger 
dés  formes  plus  secrètes,  laissaiii:  à  la  justice 
ptiblique  son  cottrs  et  ses  droits»!  liib  peine  dé 
mort,  dans  les  temps.de  troublesi. civils,  porte: 
avefc  elle  tane  expiation- [quîjiç  laisse  que  des 
souvenirs  amers  et  des  regrets  sans  tache.  LeSj 
autres  peines  afflictives  et  Corporelles  laissent 
une  flétrissure    q^'lilne;  saine   jwUtîqufe.  devait, 
éloigner  des  regards  de  la  multittidev^ 
1  Le  membre  de  là.  re^^résentation  .nationale 
fut  condamné  à  douze  années  de  for  \  et  à  !être 
exposé  publiquement  pendant  six.heuresi^yw/"  un 
tabouret  ^à  la  place  de  la  Réi^olutio-n  j-où  «devait» 
se  passer  bientôt  tant  de.scënessan^anfes.  Il  su- 
fait  son  jugemejjit  >  et  mourut  peu  dk  temps  apr^s.-  * 

La  nation  avait  vu  sans  oppositioa  \€  procès, 
de  la  reine ,  la  force  armée  nombreuse ,'  dé-. 


DEPUIS    LA    RÉVOLUTION.     lit 

jdloj^ée  le  jour  de  l'exécution ,  n'avait  pas  même  vniÈp. 
eu  de  mouvemènta  à  contenir  ;  on  était  sûr  de  '^^* 
pouvoir  tout  entreprendre  et  tout  oser  sans  ré- 
sist^nce ,  et  deux- intérêts  qui  même  né  se  sa* 
vaient  pas  réunis,  devaient  attacher  une  grande 
importance,  l'un  à  do'rtiiner  la  convehtion,  l'au- 
tre à  s'en  déf  airev  Les  ennemis  du  dehors  durent 
s'applaudir  de  voir  comparaître  au  même  tri* 
bunal  qui  venait  de  juger  la  reine  >  ceux  mêmes 
qui  avaient  pris  part  au  jugeaient  du  dernier 
roi.  Les  ennemis  du  dedans,  plus  haineux  en- 
core, avaient  cohimencé  un  combat  à  mort 
contre  leurs  collègues;  et  leurs  passions,  leur 
propre  sûreté,  se  firent  aisément  les  instruments 
des  premiers. 

Le  procès  de  2 1  membres  de  la  représentation 
nationale  mîs en  accusation,  s'instruisait  au  tribu- 
nal qui  devait  les  juger.  De  nombreux  témoins 
furent  entendus,  leurs  t^ollégues  furent  admis  à 
déposer  contre  euxj  chacun  des  accusés  subit 
séparément  un  interrogatoire,  et  beaucoup  de 
questions  semblables,  n'amenèrent  que  lés  mê- 
mes réponses.  Quelques-uns  $eulement  purent 
y  reconnaître  les ;vrais  motifs  de  leur  jugement. 
On  accusait  Bris3Pt.  d'avoir  fait  déclarer  la 
guerre  à  l'Angleterre-, .  que  le  ministère  anglais 
craignait  de  déclarer  le  premier;  on  lui  repro- 


lia       H  I  s  T  O  I  R  Ë     D  Ê     ra  A  N  C  E, 

viiinp.  chait  ses  relations  dans  les  Colonies;  on  voulut 
aussi  lui  imputer  a  cntne  d  avoir  pris  un  passe-» 
port*sous  un  nom  supposé ,  avec  lequel  il  avait 
été  arrêté  à  Moulins  ;  le  chargé  d'aflfàJre  pour 
la  France  dans  les  Pays-Bas ,  lui  reprocha  des 
soustractions  de  papiers.  Denîzot  fit  une  longue 
énuméralion  des  manœuvres  dont  il  l'accusait 
comme  agent  de  TAngleterre. 

Brissot  répondit  à  tout  avec  une  grande  sa- 
gacité, et  l'interrogatoire  que  devait  suivre  sa 
condamnation ,  est  plutôt  fait  pour  Pinnocen- 
ter  par- devant  la.  postérité  des  soupçons  que 
sa  conduite  versatile,  souvent  inconséquente, 
aurait  pu  y  laisser, 

Vergniaud  mit  dans  ses  réponses  plus  de 
sagesse  et  plus  de  dignité^,  ati  reproche  d'avoir 
écrit  une  lettre  au  roi  dans  le  temps ,  qui  se* 
para  le  no  juin  du  lo  août,  et  où  Vergniaud 
avait  reçu  des  ouvertures  3e  la  cour  :  il  répon- 
dit qu'il  avait  voulu  délivrer  la  conventibn  des 
tyrans  et  des  scélérats  qui  avaient  entrepris  de 
la  dissoudre.  Sur  ce  qu'on  lui  demanda.  «Quels 
étaient  ces  tyrans  et  ces  scélérats?  Il  donna  de 
longs  développements  que  Ton  refusa  d'admettre , 
dans  le  procès-verbal  de  son  interrogatoire  ;  mais 
où  il  est  fait  mention  de  ce  refus. 

Gensonné  fut  argué  sur  la  déclaration  de 

guerre 


t)E.  f  UIS    LA    R  E  V  0  t  U  T  i  O'K.      n3 

guerre  i  comme  y  ayaht  cootribué  à  cetjte  éporr  Mn% 
que.  Robespierre  s'étciU  pi  on  ohcé  hautement  aux    '^^  ' 
Jacobiâs  tontre  cette  déclat^ation,  sûr  q}9^^  lç$ 
succès  n'iappelaient  I^  responsabiticé^  ^ui^per^ 
sonne  ^  et6è;ménageant  ainsi  ^l'avance  le  droit 
U^impu ter, . Ij^â  ; r^çy çrs  à  ses  ad.versaires.    ,  .    . .  • 

On  demanda  compté  à  Carra  de  ses  fe,i)i])e« 
périodiques  ».  jet  ùQtamfnçnt  de  celle  où  il.ç^yait 
désigné ^îe  duc  d'Yorck  pour. commencer  AW 
changement  <le  dynastie  ;  ii  ne  s  en  défendit,  p^s» 
çt^d.it^^Q|]};en$^nt  qu'il  avait  voulu  seoier,  la  fll^ 
vision  pariai  |es  rois  coalisés.  :  ^ 

-  Touâ  fiirejM  questionnés  sur  leurs  opinions 
relatives  aux  événements  du  3i  mai.  La  plqr 
part  eurent  la  faiblesse  de  nier  qu'ils  l  eussent 
âmprouVé  pàjrdes^àctes extérieurs. Duchâtel  seul 
répontiic  Avec  fermeté  qu'il  y  avait  vu  la  repré- 
sentation j^ationale  outragée. 

Tqus  furent  interrogés  sur  leurs  liaisons  avec 
Roland,  avec  Dumourier,  et  tous  répondirent 
négativemçntou  évasivement.  L.'instructiondura 
neuf  jpurs^  ^Ap.  dernier,.  les  accusés  furent  réu- 
nis ,  et  la  discussion  s'étabUt  devant  les  jurés. 
Fouquier-Thinville ,  accusateur  public ,  fit  lea-é- 
sumé  des.xçharges,  et  les  jurés  furent  interpellés 
s'ils  avwent  conviction  acquise.  Sur  leur  réponse, 
«  qu'ils  n'étaient  pas  encoi  e  suffisammçnti  éclair- 
rés,  »  la  discussion  se  prolonge^  encore  trois 

Tome  IF.  8        ' 


Îl4        «ÎSTOIRÉ    DE     FRANC  Ê, 

iWtiÈp.  heures ,  les  jurés  se'déclarërentçoavainciiSv  et  se 
'  retirèrent  pour  délibéirer.  Pendant  ce  temps  t 
en  Itit^aux  accusés  le  dernier  déci^t  de  la  con- 
venliott,  qui  ordonnait  aux  jugêô^' du  tribunal 
téPolutii^Haire  àé  dôrré  les  prooedureset  ins-* 
tructions  <  lorsquéle  jurjr  âéc  lare'  à  voit'  afequis  \^ 
toriViûtîon.  »  •'  '  ,  '  î  »'  '•  '■''  • 
^^^Ald^s  tes  accusés  Tirent  llnjust^'oe  tfô^ftfeîttée; 
i^épatéë^  et  qùë  tés  <lé}3ats  étant  dios  avant 
qu'ils  eussent  pu  se  faire  entendre  sur  rat3pH- 
tîatioti  dé  la  .  loi  ^,  le  déni  de  jtjstice' envers 
eux  était  résolu.  Ne  Voyant' plus  to'dfioit ,  ni 
ï^aîson  à  opposer,  soit  que  i'êxcès  de  rini- 
Ijuité les  révoltât,  sôît  que  ce  fut  «n  parti  pris 
entre  eux  d'essayer  sur  le  peup^le  l'effet  d'tiii 
tî^ouble  imprévit ,  jeté  au  milieu\des  fonctions 
usurpées  d'un  tribunal ,  ou  plutôt  d'une  com- 
mission judiciaire  illégale  ,  ils  se  levèrent  tous 
ensemble  ;  et  par  ctes  cris  ^  des  gestes ,  des  mou- 
vements d'indignation ,  ils  couvrirent'  loijgtemps 
^a  voix  du  président  pendant  qu'il  lisait  le  pro- 
noncé diîi  jugement.  lï  fallut  appeler  et  augmen- 
ter la  force  ajmée.  Gétfe  scëne  se  prolongea. 
*L(Ps  spectateurs  "se"  partageaient  cFofSiiî()h  et 
d'intérêt;'  mais  le  plus  grand  nombre ^^par  ce 
Tespect  que  le  mdt  loi  obtint  toujôiïrs^e  ran- 
'geatlù  côté  où  en  siégeaient  Tapparence  et  les 
fortaés.  Enfin  la  ^rce  publique  dé|)loyée,  fit 


DEI^UIS     L'A    K.  â  V  OLU  Tî  0:îfi         Iî5 

SDctir  lei  (  aôcuses  déj^  'Cp»clamHé&*  yajazé  se  yVJ^f 
tua,  dos  cor|î)8  fut  conduit  au  Heu  du  supplice ,  '^^  ' 
où.  ses  yliogl  coHégiuGS  Y»*iEint  applaji^rr  ^à  leur 
exécution ,  :nbn  ce  .mêttie  peuplé  qvii  avait  sou^ 
vent  applaudi  leuis  distipursi;  luài^  e^tt^  fotile 
curieùéé  ,.avkle ,  irréflédbie:  o»  iméitiié^ ,  q^ai , 
dans  les»  temps  de  factions  Qt  dt  4éj^:dre  pablic , 
croit;  représenter  le  peuple ,  parce>qu*on  I»  dit 
qu'elles  le  représente*  :    .:  .     .' 

Cettev^atastrophç ,  la  plus  terri Ue  que  puisse 
éprouverl  une  patipo.*. parce  ^que  sa:  repr^wnr 
tSL^^n  légale  est>  elk^mêMç^  pette  cata^tîrophe  » 
termû>*  fe  lutte  en  tuapitiJe^  oppbsant§,   J,ia . 
convention  entière  se  yj<  à  la  barre  d'iiiiKti^bu» 
Aail:  dîQnt  ses  ennemis^  étaient  le$maître$,  E«i 
jrevoyant  ce  f^pieuî^  procès!,  €^  en  çU^erohànt  à 
pénétrer  j^usqu'^ux.  cause?  qui  poriërelrt  è^  46, 
tels  excèsrdeshom/iies  qui  n'éttaient  divisés  entre 
eux  que  |>ar  des  in£^rê^6  publics  et  par  des  opi-    ^ 
Aipb^  poUUque&y  op  .est  pblii^  cle  remonter  à 
Torigine  dç^  premières  divisiops  qui  pi^rtagèivenC 
l'Iassen^blfée.  législative-:  * . 

La.  GîpOnde  avait  fiijn  le  to  août;  iq^iiSi.n'eQ 
voulait  pas  le  résultat  tel  qu*il  fut  après  ta  vic- 
toire. Le  p^rû  que  Ton  appela  biebti^t  la, mon-- 
tagHe,  s'epï^p^ta  du  ^ésuilat  de.feîjouCTée  du 
la  aiQiàtv  %^  fit  la,  républiques  .Mors  ce  parti 


/ 


ll6  HISTOIRE    DE    FRANGE, 

ytïikp.'treprise,  lorsque  le  succès  fut  assuré.  De^là  le^ 
*^^^'  haines»  et  qui -'devinrent  implacables,  lorsque 
les  inculpations  et  les  récriminations  réciproques 
eurent  Fermé  toute  voie  à  la  conciliation*  Alors  ♦ 
la  Gironde  s*occupa  d'un  plan  d'épuration  » 
c'-est-à-dire  d*excIusion  du  parti  opposée  Elle  se 
sentait  davantage  dès 'Vertus  9  des  lumières,  des 
talents',  ^t  fie-  doutait  pas'dô  sa  supériorité  ; 
mais  la  Gironde  oubliait  <iù'elle  était  à  une 
époque  l^évotetioiihaire  ,  où»  les  vertus -sont  de 
circonstance  et  de  convention  ,  les  lumières 
obËCui*cièsf  où  éclipsées  par  des  feux  înccw- 
diafres,  ^t  les  talents  tous  subordonnés  à  ceux^ 
.  d«  l'activité  ,  de  l'adresse  ,  ou  de  l'audace* 
La  Gironde' ■  crtrt -qu'ir  suffisait  d'avoir  raison, 
oubliant  qi^e  dans'  les  tenapsi^  d'anarchie  ,  il 
rfy  A  plus  qu'une  raison  ,  la  force  et  le  suc- 
cès. Là  Gii'onde  commença  l'exécution  de  son 
plan  par  Ma,ràt,  dont  le  triomphe  juridique  a|>- 
])rit  que,  dâils  les tèmpède  troubles  et  d^nsles 
guerres  d^^o'pifiion,  la  justice  ne  garde  plus  que 
le  glaiv.e  et  le  bandeau  ;  sa  balance  n'a  plus 
d''éf|uilîbrè  >  parce  f|tfeHe'  n^a  plus  de  c^ritre- 
Danton^qui  vojâît  bien,  essaya  déxrappr'oeher 
deb  parti»  dont 'Ife  choc  devait  l'éèraser;  Les 
ntots;  éch^pés  à  l'hufiieifir  peignent  seuls  les 
iK/mmes  condamhés^'pa^  état  à  une  dissiihdla- 


•795. 


DBP  U  1$.   t  A    KE  VOL  U  T  I0[N/       ÏI7 

tîon  profonde.  «rNe  notis  ^aisônô  pas  la  guerre,  tmif. 
disait*]*!  un  jour  à  Vergniaud.  » 

—  J'aime  mieux  une- guerre  ouverte  qu'une 
fausse  pâix'. 

-—  Panton  lui  dit,  vous  netes  qu'un  sot,  et 
vous  périrez. 

Daziton ,  dont  le  sort  était  d'être  toujours 
rejeté  dans  le  parti  contraire  »  |iar  celui  auquel 
il  voulait  se  rallier ,  prévit  sa  chute.  Il  était 
trop  élevé  pour  que  Robespierre  le.  bissât  de*- 
bout  à  coté  de  lui.. 

Robespierre ,  par  les  jacobins, dont  l'étranger 
l'avait  rendu  maître  ,  se  rendit  maître  de  la 
commune  ;  par  elle, des  sections;  et,  par  lessee*^ 
tions ,  de  Paris  ;  alors  il  renversa  ses  ennemis,  et 
les  égorgea  à  terre. 

Les  noms  de  ces  victim^es  que  leurs  talents 
et  leur  Infortune  ont  rendu  historiques,  appellent 
l'intérêt  et  la  Cuiiosité  sur  leur  caractère  perr 
sonneL 

Vergniayd  était  né  à  Limoges»  et  f^it  homme 
à^  loi  à  Bordeaux  ,  a^ant  beaucoup  de  talents 
oratoires,  une  logique*  excellente ,  le  cœur  bon, 
et  voulant  le  bien;  Au  10  août,îl  vpulak  encore 
une  monarchie  systématique  peut* être,  mais 
tempérée.  Dès  que  le  mot  république  fut  pro^ 
clamé ,  il  fut  républicain  ;  mais  .n'aj^aiit  pu  de* 


:ii6        HiSTorRE  de  frakce, 

vîn  Èp/ venir  |iOïiKii^(d*état,  dans  un  temps  >pitt($'qafe 

'^793-     politique ,  il  périt. 

Gètisonné  avait  beaucoup  d  •! n^gination ,  de 
grands  mouvements  oratoires,  savait  intéresser 
nine'  assemMée  nombreuse  ,  remuant  ,  actif, 
prévoyant  ;  maïs  fortement  préoccupé  d'un^ 
idée  ,  il  y  sacrifiait  tout,  se  rencontrant  avec 
'Cei^x  flesoii  parti ,  plutôt  que  ^e  ralliant  à  «yx<, 
andépendacrCvpar  resf:)rit-et  par  le  caractërê, 
-également  imapable  de^faifr^  le  m^l  par  choix, 
et  de  faire  le  bien  par  avis  ,  «utre  que  le 
tiep. 

.  •  Bfis^t  «ât  été  né  pour  jouer  mi  grand  rofè 
dans  «ne  révolution,  si  tout  eut  pu  se  passer 
^au  calMoet'  on  à  la  tribune  ;  mais  les  grandes 
secousses  des  mouvements  extérieur^  'ébi'an*- 
lafent  son  caractère.  D'ailleurs ,  trop  léger,  pour 
-être  €^paJb4e  fJe  la  profonde  dissimulatfon  né* 
re6$aire  ^^loi^s',  ni  de  la  déterminât ién  d^actioii 
que  les  circonstances  commandaient.  Ërissot 
écrivait,  pci riait,  s'agitait  et  croyait  avoir  fait 
<ôut  ^oe  qiri  était  à  faire.  Ses  relations  avec  l'A^ 
Mérique  etaveé  l' Angle t«i^ ,  le  firent  accuser 
tfen  êti>e  P^eht  secret.  If  y  avait  assez  de  pré*' 
êomptioas  pbur  motiver  des  soupçons;  niais  fa^ 
mai^   assez  d'indicées  pour  qiîie  riiistoii^e  pvo* 

^  nonee ,  ^et  beaucoup  moins  pour  qu'un  tribunal 


\ 


DETUIS    LA     R'ÉVOLVTION.      HO 

|)ût  juger.  BrissQt  pouvait  être  in$tnimefit  sans  vraifi 
même  le  savoir,  par  la  mobilité  de  son  caractère 
et  par  rëxagération  de  ses  principes  ou  plutôt  de 
«es  opinions^  • 

.  Ea»c^ie^:éliâit  prêtre  ,  et  ayait  été  évêque; 
il  fut  loii^tetnps  l'auteur  d'un  |ouraaU  que  lui*  , 
mrase  intitula  /a  Bouche  de  Fer  j  il  avait  es-» 
saj^é  de  fooder  une  société  nouvelle ,  Mit  qull 
voulût  .riirafiser  .  avec  celle  . das  Jacobins ,  sait  / 
f)ourIa  l'eïiforçer.  Homme  habile,  profoed^eo* 
ihousiasléy  vrai^^uleii^t^  p^aiiant  U  langue  de» 
prophètes ,  et  fait'  ppor  .mener  la  multitude 
4an8  un  tensps  où  il  n^eut  pas  été  déjà  de- 
vancé. 

Si  roncherebait  d0||h|olils  de  partis,  les  Gon- 
^jectures  seraient  détournées  en  comptant  parmi 
les  condaninés ,  Valazé ,  qui  fit  le  rapport  con^ 
tre  Loifiâ  XVX  et  conclut  h  son  jugement;  et 
Duchâtel  qui  »  malade,  se  fît  porter  à  la  séance 
pour  a^t'er  S9  voix,  au!  jugement  te  moins  rf'r 
goureux. 

Mainyielle  et  Duprat  avaient  pris  une  part 
active  à  tous  les  troubles  sanglants  qui  agitè- 
rent longtemps  Avignon.  Carra,  longtemps  con- 
nu par  ses  écrits  populaires  et  révolutionnaires  ^ 
fut  accusé  même  aux  Jacpbiiis  devoir  voulu  un 
changement  de  dynastie^}  et,  dans  son  interroi^ 
gatoire.,  il  mptsva  son  «opinion  saxié  la  dénier» 


\ 


lS.é  HISTOIRE    DE     FRANCE/ 

yiiiÈp.  Sillery  s'éeait  rattaché  à  la  réyolutii>n  plus 
*^^  '  par  liaisons  et  par  devoirs  de  société  que  par 
principes  politiques.  Ily  entra  ami  de  Philippe 
d'Orléans ,  et  y  resta  à  sa  suite.  Homme  d*es^  , 
prit,  homme  de  plaisir,  phitôtqu^hommé  d'état. 
Fonfrëde  et  Ducos,  tous  deux  de  Bordeaux  » 
étaient  des  hommes  jeunes,  avec  la  franchise , 

,  là  vérité,  et  aussi  Tinexpérience  de  leur  âge. 

Ils  furent  chiDisis  pour  faire  nombre  dans  un 
parti  que  Ton  voulait  détiiiîre;  moins  encore- 
pour  s'en  défaire  qçie  poiar  servie  -  d'exemple 
à  tout  ce.  qui  pourrait  être  tenté  de  tes  imiter^ 
-  -Si  l'on  cherchait  dans  leè  partis  cachés  la  cause 
de  ce  grand  sacrifice ,  que  les  partis  connus  sem^' 
blerent  se  faire  l'un  à  iiitre ,  oj^.  ti'y  trouverait 
qu'xiQ  compromis ,  par  lequel  toutes  les  passions 
intérieures  et  extérieures ,  laissèrent  leurs  adver- 
saire se  iairé  leur  part  de  yengearice  ;  sdué  In 
même  condition  de  se  faire  eux^-mérnes  la  leiir; 
et:  les  indices  de  ce  traité  tacite,  ou  les^contrao- 
tants  s'entendaient  sans  se  parler ,  se  retrouvent 
souvent.    :   . 

r6  bru.  Le  procès  .de  Philippe  d'Orléans  suivît  de 
près  <^elui  de  ses  collègues.  Devenu  embarras* 
sant  pour  ceux  qui  sans  cesse  étaient  accusés 
d'être  de  sa  fiiction  ^  il  gênait  lexn:  marché 
vers  le;  pouvoir  absolu.  On  a  souvent  mis  en 
douté  si  lui-^même  était  de  son  parti,  çt  peut"* 


/ 


CEP'tJlS   LA    uiVOL'UTlON.         «I 

être  fut-ce  Iç  vrai  crime  qtfîl  expia.  Trop  faî-  viiib^. 
ble  pour  se  prononcer,  trop  insouciant  pour.  '^^' 
sentir  le  danger  de  son  indécision,  ceux  qui 
s'étaient  engagés  sous  son  nom  et  à  sa  suite  t 
devinrent  intéressés  à  détruire  une  inculpatioa 
conti^  euX)  qui  n'était  plus  qu'un  péril  sans  buf» 
et  sans  dédommagement. 

L'acte  d'accusation  à* Egalité  (  son  procès  fut 
liait  sous  ce  nom  ),  après  toutes  les  ^putations 
vagues  et  accoutumées  d'attentat  contne  l'unité 
et  rindiyisibilité  de  la  république  et  conjtre  la 
Souveraineté  du  peuple,  lui  reproche  plusspé-^ 
cialement  ses  liaisons  avec  l'Angleterre,  son 
voyage  à  Londres ,  ou  plutôt  le  motif  secret 
qu'on  y  suppose,  sa  correspondance  avec  Du- 
mourier;  enfin  soq  opinion  dans  le  procès  de 
Louis,  ou  du  moins  le  motif  présumé  que  Ton 
suppose  avoir  déterminé  son  vote  pour  la  mort  ; 
et  sans-  doute  jl  était  remarquable  de  retrou* 
ver  ce  chef  d'accusation  dans  un  jugement  du 
tribunal! révolutionnaire.  D'Orléans  répondit  à 
toutpar  de  simples  dénégations;  et  à  ce  dernier 
reproche  ,  ces  mots  :  J'^i  voté  en  mon  ame  .et 
conscience. 

Philippe  eut  la  consolation  de^  trouver  un 
ami.  Voidel ,  membre  de  la ^  convention  ,  se 
poita  com^me  témoin  justificatif  ,*  et^parla  avec 
force  et  avec  courage  en  faveur  de  l'accusé.  \ 


I  / 


lâl         /mSTOI-E  E.  D  E  FRANCE^, 

Yiiii^  -  Pendant  le  trajet,  pour,  conduire  les  con-^ 
damnés  au  lieu  dç  l'exécution ,  la  voiture  s'at> 
rêta  devant  le  palais  d'Orléans.  Philippe  le  rer 

'  garda  d un  œil  8ec,  ou  n'aperçut  àucupe  altéra* 

tien  dans  ses  ti*aîl3 ,  <  et  son  courage  soutenu  à 
sa  dernière  heure,  prouva  que  sa  faiblesse  était 
légèreté  de  conduite ,  et  non  lâcheté  de  ca"» 
l^ctèi^e  y  et  son  immoralité  avouée ,  un  faux  ci- 
nisme  qui  produisait  en  lui  l'équivalent  du  vice 
par  le  dédain  de  toutes  les  vertu».  * 
•  Peu  de  jours  après  cette  exécufibb*,  on  vitcomr 
paraître  au  même  tribunal  un  )euiie  homme» 
exeii^ple  mémorable  du  fanatisme  politique  et 
de  l'injustice  atroce  des  juges,  Adam  Lux ,  né  à 
Majence,  avait  été  envoj^é  par  cette  ville  pour 
^solliciter  sa  réunion  à  la  république  française; 
trompé  par  ce  qu'il  voyait,  sur  les  idées  qu'il  s'é- 
tait fait  de  la  liberté,  et  déplorant  la  perte  de  ses 
«spérances,  il  conçut  le  dessein ^de  se  tuer  à  la 
biarre  de  hi  convention  en  motivant  son  suicida 
Il  communiqua  ce  projet  à  Guadet  qui  l'en  dé**» 
tourna. 

.  L^accusateur  public,  lui  imputa  ce  projet  à 
crime ,  Comme  espérant ,  par  cette  action ,  don-»" 
ner  jduicrédit  à  la  faction)  et,  sans  autre  débat, 
Adam  Lux  fut  condamné  à  mort.. 

ISvi  parti  dominateur  ,  et  qui  ne  pouvait  se 
maintenir  que  par  .ua  pouvoir  oonstamment 


DEPUIS    L  A     H  É'V  OLUT  1  Q  N.      lâS 

unique  et  exidusif  ^  idevaît  laécesaireoient  crain-  viubik 
due  >uirë  puissance  qui^  dans  tous  les  gouvec-  '^^' 
nemeots ,  a  seule  TÎv&lké  avec  l'autorité  civile. 
»Ne  pouvant  espérer  vne  religion  qui  consacrât 
leurs  principes  9  .ite  rédolut'ent  de  lés  détruire 
^toutes  ^  et  ce  moyen  auxiliaire  de  désordres  et 
de  subversions  ^  dut  être  accueillir  et  secondé  p&r 
touf^  les  partis  du  dehors  qui  voulaient  au-dedans 
subversions  et  désordres.    - 

Le  principe  de  la  liberté  des  cultes  qui  de- 
vait les  admettre  tous ,  sembla  recevoir  une 
interprétation  absurde  pour  les.  exclure  tous. 
On  vit  dea  mmistnes  de  religions  différentes ,  se  17  bxtr 
présenter  au  tribunal  des  lois  civiles  »  qui  ne 
.devait  cocipaitre  que'deleurs actions,  et  nulle- 
ment de  leur  dogme,  y  abjurer  la  foi  qu'ils 
avaient  professée  et  enseignée ,  et  s'accuser  d^a- 
voir  été  les  apôtres  de  Terreur.  Ceux*là  cepen- 
"darit  lurent  en  moindne  nombre.  Le  plus  grand  se 
borna  à  renoncer  à  ses  fonctions ,  à  en  déposer 
Je  titre,  et  à  déclarer  qu'ils  n^en  voulaient  plus 
jd  autres  que  ceux  communs  à  tous  les  citoyens. 

Dans  une  séance,  disposée  d'avance ,  les  au- 
torités publiques  de  Paris  parurent  accompa^ 
•gnées  de  l'éviêqàe.  Il  déclara  que  né  plébéien, 
îi  aii^aiùtoùjours  eu  pour  principes , ceux  de  lali- 
(>erté,  de  ^l'égalité  9  et^  qu'il  venait  se  démettre 


Îi4     •'  HISTOIRE    pE    ÏKANCE, 

Viiït^.  de  ses  fonctîôns.  Beaucoup  de  prêtres  rimit^ 
*79  -rent.  En  ^êmé  temps ,  on  vit  entrer  des  nom- 
•breux  députés*  de  différentes  communes  ,  Jes 
uns  ,  revêtus  d'habits  sacerdotaux  ;ik  défilèrent 
dans  Ja^  salle  ;  des  chœurs  de  jeuneé  filles ,  cou- 
ronnées de  fleurs,  les  suivaient  au  son  des  in  s- 
truments  de  musique*  Une  femme ,  dans  un  cos- 
tume théâtral,  représentant  la  Raison  ^  était, 
portée  sur  un  siège  élevé.  Elle  ^descendit ,  et 
prit  place  àj  côté  du  président.  Une  fête  était 
préparée  dans  l'église  qui  venait  de  cesser  d'être 
métropolitaine,  et  qui  venait  d'être  dénommée^ 

io  bfà.  ^^  Temple.de  la  Raison,  ha,  convention  s'y 
rendit;  on  y  clianta  des  hymnes  analogues  à  la 
nouvelle,  inauguration  au  temple  ;  et  Wentôt 
cet  exemple  donné ,  fut  imité  dans  presque  tous 
les  départements.  Alors  tout  culte  extérieur 
cessa  ;  sous  prétexte  de  n'enseigner  que  la  mo- 
rale ,  tout  enseignement  fut  supprimé.  On  s'eB- 
força  d'avilir  tout  ce  qui  avait  été  l'objet  de  la 
.vénération.  Un  autre  fanatisme  se  plut  à  détruire 
ce  que  souvent  la  superstition  avait  édifié ,  et 
d'autres  causes  politiques  se  mêlaient  encoi^e  à 
ces  motifs;  r  .  'r;    .;  :     : 

.  Au  temps  de^  la  première  assemblée  ,  îl'arr 
genterie  des  égKses  avait  été  apportée  ieh>  pstt- 
lie.  Le -reste  était  plus  spécialement  lîobjd;  de 


DEPUIS     LA    tK'i  V  O  UV  T  I  O  N.     liS- 

la  vénénitioD  du.peap)ë«  Ilparixti  plus  prompt  wrFp 
et  plus  sûr  de  le' décider  à  ToffrÎT,  quç  de.  le: 
demander.  On  vit  donc  arriverdcs  départénoentSi 
présenter  à  la  convention  ,  et  de-lâ  pbrter  à'ïa  ^ 

inonnaietoutcequî  restait  des  anciennes /fc^e^f^e^     . 
des  églises,  'et  lecaractère  national  se  oiêtant  à. 
ces  actes  d'un  patriotisme  inspiré  ûû  forcé ,  le^ 
long  amas  de  ces  magnificences,  entassé  depuis 
plusieurs  siècles  dans  Téglise  abbatiale  de  Saint-^: 
Denis,  fut  apporte  solennelIement>^la.  barre 
de  la  convention  4  et  tel  fut  le  discours,  de  Fora-, 
teur  :  /  .  -    -'-  -  i*.    ^      .       .     i    ' 

«  O  vous,  jadis  les  instruments  du  fanatisme,:  ' 
4r  saints,  saintes,  bienheureux  de  toute  espèce/ 
«c  montrez-vous  enfin  patriotes ,  levez-vous  en 
te  liasse  ^  marchez  au  secours*  de  la  patrie ,  par*^ 
4r  tez  pour  «la  mfondaie  ;  et  puissîoos-aous ,  par  ^ 
«  votre  secours,  obtenir  daùs  cette  vie  le  bon*. 
«  heur  que  voiis  ttoUs-  promettiez;  pour  une: 
€<  autre!'»  '  ,       ^  hcj  v..  .        *  i 

Mais  les  besoins  publics  ou  Tavid^te  person»! 
nelle,  ne  furent  point  rassasiés^  Oo  ressa^ra  de> 
retirer  des  mains  des  citoyens  tout  l'or  «et  TargenD 
que  l'inquiétude  et  Fusâge  du  papier-monnaiq 
avait  fait  mett|:e  en  réserve  ;  et,  dans  plusieurs 
départements  dé  ^intérieur,  la  crainte  fut  telle 
qu'on  vit  aux  portes  du  receveur  des  .deniers  pu4 
bUcs ,  la  foule  des  citoyens  se  presser  pour  ob^ 


i2&  HISTOIRE    DE    FRANGE,        i 

Yiïi'Ejw  tenir  dc«  assignats  en  échange ,  au  pair,  contre ' 
leur  or }  et  déjà  au  cours  du  'change,  le  «papiei  • 
monnaie  perdait  deux  pouruln.  -.     '  * 

Bientôt  la  terreuF*  fut  telle  que  pei^ooiie  n*ô-. 
sant  garder  de  métaux. précieux,  les  meubles , 
les  bijoux  deâ  femmes ,  tout  fpt  porté  an?,  dé- 
positaires des  deniers  piiblios*  Une  pîëce  de* 
monnaie  9  un  anoeau  ,  était  un  motif  d'tnquié*. 
tude  pour  isne  famille ,  auicune  retraite  cachée' 
ne  parut  assez  en  sûreté  pour  se  mettre  .a.  l'abri 
des  dénonciateurs  ;  et  après  de  longues  transes  # 
on  préférait  enfin  d'acheter  la  tranquillité  des-, 
prit  par  un  sacrifice,  complet  La  dén6ï>ci^tipn 
était  salariée;  alors  l'amitié  Voisin,  le  parent» 
le  serviteur ,  se  portèrent  pour  déaoaciateurs. . 
Toute  confiance'fût  détruite^  toute  Sûreté  per-v 
due,  toute  liaison  rompue.»  toute  foi  suspecte, 
toute  société'  démoralisée ti,elt^ bientôt; cli;^OiUe>, 
si  cette  ^oppression  se  fut  prolongée.  Aucuile 
loi  n'avait  osé  commander  ce  système  de,  \^io-t, 
lence  etd'oppresision.  Otti^it  mèâfie apporter àja 
convention  des  voitures  chai'gécsjd'or  et  d'argeiii$,  i 
que  le  respect  humain^fôcca. de  renvo^yer^^ux. 
pays  qui  avàieqt  fourni  ces  eoBtributipns!  que 
Fon    osait    app^er  > volontaires  ;.  cette  vexa- 
tion oppressive  >  pesa 'inégalement  sur  lesdifie^. 
rents  paySu,  selon  T^activit^  des  sociétés  popu-- 
laires,  ou  selon  je. génie  dés  commissaires  cou-' 


DJÎPUIfiXA     RÉ  ¥  G  LU  TI  O  K.      l-lj 

ventionnels/ Phisieurs  mémea  '  epabarrassés  de  vmî'^ 
]*étendiie  de  leur  poùvoU-v^  de  |a  râgueur  des 
fonctions  qui  leur  étaient  prescrites  ,  tâchaient 
d*a€Sobvîr  là  fahn'da  monstre  de  l'anarchie  jatec 
de  For,  pour  qu'il  n'ei&igeat' pàâ  tûti)oura  dit 
9ang;  d'auiTèS'^aftectanC:  tesi  lovoc^dés  les  plus 
barbares ,  les*  formes  les  plus^diicea,  quej'oa 
nomma  sAo^saçerl^s,  remplîr^3|t  les-pneèsôd^ 
caf)iifs ,  poùr.être  nooins  obligea  de  ;p6urvoic  les 
échaFauds  de- victimes.  Les  agettts  avaient  aiissi 
leur,  propëv terreur  à  â'anquHIfser,  leur; tète  ^ 
étâk  sous  la  niême  hache ,  toiit  leur  était  pecnm  . 
excepté  rjcïdtilgence  et  la  pitîé.  Ils  avaient  aiDssi 
un  compte  redoutable  à  rendre ,  celui  de 'leur 
administration.  Ceux  qui  les  avaient  préposés  , 
ou  plutôt  ceUK  qm  avaient  préposé  lesJâigents 
qui  les  employaient^  en  leur  donnant  le-, droit 
de  nuire  9  ne  les  avaient- pas  iaîfiisé  libres  cl*en 
faire  usage.  Le  fer  était  dans  le«irs  biains  er 
sur  leur  lête.        *i'    * 

Un  d'eux,  OsseHa,:fiit  mis  en  jugement  et 
à  nlort,  pour  avoir  favorisé  la  reiaxat^ion  d'iine 
femme  accusée  d'éinigntion;'£resqpe  toutes  leis 
dénominattbcsjs  kijurieu)6es  dè'paûftî  étaient  asqps 
et  tombées  en  <  désuétude ,  tine  seule  suffisait  ^. 
celle  de  modé:^és-^  La  tribaae  des.  Jacobins  no 
retentissait  (pins  ;  dos  noms  d'aristocrates    ou 


rrô         HISTOIRE    D  B    F  ÎR  AiK;C:B, 

ViiiEp.  de  royalistes ,  le  modérantismé  était  le  seul 
*'^  '    crime  connue  et  dont  t'iiiculpatioo  fût  mor* 


»     I  •     «      r     f    » 


telle. 

Dçs|  qu'on  eût  vu :1e,  peuple.de  Paris  laissa: 
paisiblement  Orléans ,  qu'il  avait  aimé ,  mouler 
à  Péchafaud ,  «oi^  fixe  sur  que  nulle  résistance 
ne  s'opposerait  À. tout  ce  qn*<m  voudrait  entre* 
prendre.  Les  personnages  les  plus  marquants 
furent  .d'abord' chii^sîs  les  premiers.  :Une  femme 
avait  fait  un  «icte  de  courage  >  en  demandant 
à  être  admise  à.  défendre- le  dernier  .rçi.:. Sa 
lettre  à  la  convention  ^vait  étépubliqueé  Elle 
fut  jugée  au  tribunal-  révolutionnaire  et  exécu? 
tée^OIimpe  de  Couge^  néeavec  une  imagination 
ardente  ^  peut-être  exaltée  par  Jes  événemeufô; 
mais  le  but  louable  et  le  motif  honorable  mé? 
ri  tait,  au  plus  d'être  jclontenu  »  ixiaîs  mpecté,  • 
:  H'épouse  du  ministre  Koland!  avait  dé|}lo^e 
un  grand  caractère  et  une  énergie  au  dessus  de 
son  sexe ,  dans  les  affaires  que  l'pn  avait  sou-^ 
Tent  suscité  à  son  mari  ;  elle  avait  comparu  à 
la  barre  de  la  convention,  avait  étonné  par  la 
dignité  de  ses  réponses ,  avait  confondu  ses 
accusateurs  ;  elle  fut  tirée  de  sa  prison  et  c6ri<» 
damnée  ;. sa  contenance  devant  les  }uges  fut 
dédaigneuse,  et  ses. réponses  ironiques.  Un  pré? 
posé  à  la  fabrication  des  assignats^  tamarche, 

était 


D  ^E.  P,  U.  liS     L  A     R  É  V  O  t  y  T  I  O  N.      J% 

^ait  av^c-elJÇsSiirlQCbcir*  funèbre  qui  trafîaait  yniEp, 
fes  yi^tïijnie^,  Plus  faibl,?,,  il.  d.épW^AÎt,  Çja^^eiJti,-  *^^^  ' 
liée.  Amvés  au  pied  dé  l'îéchîafaud  :  *<  Passiez;  Iç^ 
premier  )  jdijt^tçljie ,;  vous  ^'^VFiç;&  pas  le  coiirag;Q 
4p  me  voir'^mqarir.  ^  .  .  .;.:..,  .  .  .  ..  ,: 
.  De  ,t9u^;iJes  Jtiqrames,quj.:p^rj!Mne  coi^duitô 
politique,  pure  et  irréprocliable,  avaients iliuis^ 
Jré  leà  preœqçrs  j<îurs  à^:^à^r»YMutiohi]Bm\li^ 
ânciçn  ipaire  de  Pariç  ^.  était:  un  de  ceux^  quf;lli 
Imine  étr9pg€ir;e  vlevaic  jpoftrêuîyre.  Son^prpcèt 
donna  quelqyes  indices  sur  cette  fameuse  JQlur-^. 
liée  dij  G^aij>-de-M^riB,.  qii  beaucoup  de  pro^ 
jets. furent  :déjoués,  oi^  la  rigueur  de  la  loi  fykt 
déployée  j[  et  arrêta  pour  tfn  t:erpps  la  n^arcbi^ 
de  tous  les  partis  opposants»  et  condamiia  leurs 
^ents  à  ta  trp^nquilljté.et  à  ^'ipaction.  ;,   .    ,  ; 

L'anarcbie>  quiayait  reçu  un  freju;  gpd*lç 
des  sçuveniçsi  fT^çepts»,  et  savouraijt.sa  yengeancë, 
pes  souveijij^s^pl^s  ancien^  et  ?tarçUeniei|t;4ité^fl» 
i;4ppelërei;|:fil'accu$é i dads.Ie 'Covirs  de J^'pij^t 
çédure,  c^çj/pçoursà  Louis  XVI  entrant  àPatrjif 
^près.lç  ^.qç^Sb^:    .     ;  .  ..  V:  ii; -.  :•  ;  ,.; 

, .  ,Sïrej  É^enf^fy  recul  ces  pl^^i^ainifuetiff^j^^f 
ayant  conquis  sa  capitale ^  afi>}çufdhui  Pat^if 
a  conquis  .^oii, roi.  Les  faction^  que  Baill^jau' 
wit  pu  sçfyîr^,  vinrent  au^si  JQujr  de  la  vuqi^^ 
•son  svppljçç^,,  e|;  leyr,  préjsçflce  e}çplifjue|/?jf>  raîÇ- 
finement.de  cjiiauté  insultante,  qui Jç  {ô'plpii^g^ft» 

Tome  IF.  ^9 


l3d        tttStÔtUfeDB    FllAKâÉ> 

yiiiEp.  Un  drapeau  rotige,  emblème  de' celui  qui  signa- 
'^^^  lait  la  loi  martiale;  était  attaché  à  la  voiture 
qui  le  traînait  à  réciiaPaud,  dressé  au  même 
Cbamp-de-Mars  «  et  déplacé  en  sa  présence  pour 
le  rendre  témoin  des  apprêts.  C'est  alors  qu'il 
dit  ces  paroles  déjà  citées  :  «  J'ai  froid  et 
pitie.  » 

»  Depuis  sa  retraite  des  afFaires ,  il  a^ait  essayé 
ëè  tï^outër  sa  sûreté  dans  Tobscunté  et  dans  Té- 
hirg;nement,  et  se  fiant  trop  à  sa  probité  et  à 
sa  droiture,  il  mît  Irbp  peu  de  distance  entre  les 
passions  haineuses  et  son  asile: 'Si  toutefois  un 
intervalle,  tel  qu'il  fut,  pouvait ,  à  cette  époque  » 
mettre  hors  d'atteinte  de  la  vengeance  ,  elle 
f)oursuii^it  de  près  ses  victimes.  L'ex-ministre 
Roland  s'effbrçant  de  fuir  la  proscription ,  et 
désespérant  de  s'y  soustraire ,  fut  réduit  à  zm 
dbnner  la  mort  peu  de  moments  après  qu'il  eut 
appris  i'elle  de  sa  femme.  II  termina  une  car- 
rière àgibée  qu'il  avait  honorée  par  du  courage 
et  des  taleàts,  victimede  ceux  même  qu'il  avait 
imprudemment  aidé  à  élever,  et  pour  qui  le  plus 
gi^and  crime  était  de  s'en  séparer  après  s'y  être 
un  moment  réuni. 
I  Le  général  Brunet  avait  commandé  l'armée 
des  Alpes,  et  avait  osé  résister  à  la  réquisition 
de  deux  commissaires  conventionnélé.  Ce  chef 
•d'accusation  suffit  pour  lecondmVeâ^réchafaud> 


•  )'!*•*      *>A 


Depuis  la  àé volu tioii;'     i3r 

Màntfeî , 'prDctJreùr  de  la  comrâniié  de  Paris ,  tîÛÈ|fc 
s'était  un  moment  distingué  parnii'  lès  hommes  ' 
ardents;  rtiàis,  dans  Je  procès  de  Louis,  il  avait 
témoigné  tjuelqufe  règî-et.  On  l'iàccusa  d'avoir 
proposé  que  le  président  de  'la  convention  ha-| 
brtât  le  palais  des  Toileries ,  et  fait  ehvironné* 
de  l'appareil  extérieur  d'une  magisèrarture  sù^^ 
prême,  et  Manuel  fut  conduit  à  Kéchalàliia.  '     ' 

Le  général  Hotichard  ,  vainqueur  à  Hbndts- 
choote ,  avait,  peu  de  teûipis  après,  été  mandé V 
arrêté  et  mis  en  jugements  Ne  pfiùvank  lui  re-* 
prbcher  ce  qu'il  aVaft  fâlt^,  oh  ràttaqiiâ'siir  ce; 
qu*il  aurait  pu  faî^re.  L'armée  àngl ài^  avait  éc6 
Vaîncue  tt  chassée  ;'oh  priétendit  qtl'eîte'dit  tfû 
être  dëfbîtè  et  détruite;  Ori  inculpa  sa  conSnite 
à  l'armée  de  la  Moselle,  Oh  préteridît  qtfll  éàt 
pu  secourir  Mâyence.'Si^lès  fautes  des  généraux 
étaient  lés  motifs  d'un  consërl  tie  gticfré,  les  plus 
grands  Capitaines  s'y  trdtivéraietit'  totlmis  par 
leur  propre  aveu;  car  eux  §èùls  ènt'élsé'iissex 
grands:  pour  convenir *' dé  léui^fâiifeé.*  Hou- 
*  chard;  Sôiaa(tdefortiihW,^feyé  pirtf^lès  anlies, 
et  n'ayant  aucune  idée  de  cette  ^ô'Iàîque  de 
part^'sV  qui  comptteëndpre  moins  quelës  dis- 
positions *militarrè$^v  avec  là  vie  ddi^héniines; 
Houchard  ne  resséàtit 'qu'une  kdi^àtibn  amëre 
et  pirofbtitBs  contre  Pinjuscîce  de  sis  ^jtigés ,  et  ce 
iëntimËirt'niBsit  memë'à^ès^éféiià^^^ 


l3lL       U*I  s  T  O  I  K  E    D  £     FRANCE,^ 

tincp^  quelques  moyens  pouvaient  alors  défendre  an 
^^  '^   accusé  ,çtont;  la  perte  était  résolue. 

^  Son: armée  avait  passé  sous  lecom mandement 
du  général  Jourdan.  Les  succès  n*avaienf  pas- 
été  ayssi  rapides  que  laiconventjon  avait  espéré* 
Hpuçhstyfl  P9,ujssant  d^abord  ses  avantages ,  s'était; 
empar^jdeEnrnes  et  de^^^enin ,  pui^  déVervik,. 
où  le  rçprç^entant  como^i^saire  Çhalesfu):  bîe§sé« 

i5;iept.  ^  t>à,Jep  forces  autrichiçunes  et  hollandaisies' 
réqnif^^ff avaient  repoussé  l^s,  troupes  .répyii>li'-, 
caines;  jVIenin  a v^î  t  été  abandonné  »  Uc^chaxd , 
i:e^ira,;^9n  ,?rni^  i^«  Çamp  ^de;  Gaverellç ,  et. 
l5armé^«-a^X  ordres  de.  Cobourg,  marcha  sur" 
Çc^f ti^al^  jt^ndis  que,  Bçaiiljeu  s'avança  jusqu'à 
Çi^oiQ^rjOii  bientôt  l'armée  impériale;  passa  la 

^  ,^^,  Sa^l^rp ,  aj;>rB8  un  çQoibat.,  et.  vint,  investir  Mau- 

7  rend.  heugÇrjÇt  IjéNcamp'retfaMhé  ^^^  couvre  cette, 
place.  ,C€^.TWers  avaient  anuené  une  jaouv€;llp 
Sf3Jssi,o^i(:|gQS Je  dub  ip^mç  .des.Jacobips...  , 
;  Oq  «jitfiif  reproché,  sur  tout,  à  Houcbârd..de 
i;i'ayqir.{)^jBpc^fe,yo)i|a^^  r^^ger  au  plan  de 
çan?p?gpe:  %«i  lui ^avait  é.té  ;i)j-«8crit  p^  l«f;  ço;-; 
mité  .f}e.^{^^t  .public,      i^  ; 


appela  l'a;>f8R*1g«T^Ç.Î^r>'fi  slw¥'^'m,'Lim}'i 
buajj  U^.l^  ^é8ap.tre^^;i3.iiralii8QR,  et  çQç.çjud^ 

.4.€Ç5flH«e%  tQ«.  les.  ét^ts-xffîm??*  î  aIws_py:é/»;_. 


©  E  PUIS    la"  KÉ  VOLU  tlON.        «33 

que  tout  ce  qui  «était  d'officiers  de  rancîenne  nni^ 
composition  des  armées,  fut  obligé  de  se  retî-    '^^ 
rer.  De  nouveaux  hommes  parurent,  et  l'ex- 
périehce,  avec  la  nécessité ,  firent  ressortir  dé 
grands  talents. 

Le  siège  de  Maubeuge  devint  le  point  d'opéi*' 
ration  des  deux  armées.  Les  postes  dé  Roubais 
'et  de  Lanoi  furent  pris  par  Fennemî,  ^t  les 
troupes  françaises  se  virent  resseri-éfes  dans  Lilfc 
et  dans  le  ^amp  de  la  Madelaine. 

A  cette  époque,  lorsque  Jourdah  prié  le  cbni'- 
mandement  de  Tarmée  du  Nord  ,  elle  était  dH- 
visée  en  différentes  positions,  et  lui-même  se 
plaignaif  du  désordre,  tel,  que  les  corps  man- 
quaient dé  chefs,  et  qu'ît  n^avait  pu  s'assurei* 
•du  nombreexact.de  ses  combattants,  par  une-  ' 
estimation  approximative. 

H  portait  le  total  de  ses  troupes ,  disperséeis 
sûr  une  ligne  de  phis  de  trente  lieues. 

An  camp  de '  Maubeuge' ,  déjà  bloqué,  27 
'mille  hommes.  '         , 

Au  camp  de  Gaverelle,  a8  mille  hommes. 

Au  camp  de  là  Madekine,  près  de  LiHe,  3i 
'mille  hommes.   '       ' 

Au  iramp  et  auxehvîrons  de  Càssel ,  14  mille 
hommes.  -     * 

A  Dùhkerque  et  à  Hondtschoote,  cnvrron  ao 
mille  hommes.  • 


ï34  HISTOIRE    DE     FRANCE, 

ttHEp.  Quelques  corps  détachés  formaient  en  tout 
cent  mille  combattants;  mais  de  ce  nombre,  it 
fallait  conriprendre  beaucoup  de  bataillons  de 
pouveiie  levée.»  et  les  anciens  complétés  j:par 
les  réquisitions.  Peu  de  cavalerie,  et  dans  une 
proportion  fort  au  dessous  <le  celle  qui  eflt  été 
né  cessai  re,\ 

Déjà  Fennemi  avait  bloqué  Landrecie ,  et  oc- 
.cvpait.des  posiittons  en  ayant  de  son  front. 

11  devenait  pressant  de  décider ,  jar  une  ba- 
taille» "Srlc^s  ennemis  seraient  forcés  de  lever  le 
jsiége  de  Maubeuge  et  celui  de  Landrecie,  ou  si 
on  leur,  laisserait  tranquillement  prendre  le^r 
quartier- d'hiver  sur  le  territoire  français.  Le  co* 
mité  de  salut  public  avait  ordonné  un  effort  gé* 
M  sftpti  néral  »  et  Jpurdan  fit  ses  dispositions  pour  at'* 
taquer*  Il  n'avait  à  son  camp  de-Gaverellç 
que  i8  mille  hommes  disponibles;  il  appela  à 
lui  10  'mille  hommes  du  camp  de  Casse! ,  1% 
mille  du  c^mp  de  la  Madelaine.  Ces  troupes 
durent  '  être  remplacées  dans  leur  poste  par  des 
corps  de  nouvelle»  levées,. prises  sur  les  réqui- 
sitions locales* ,  Oa  mit  aux, ordres  de  J.ourdaa 
l'armée  des  Ardennes,  et  il  en  tira  encore  S 
mille  hommes  qu*il  fit  venir. à  sa  droite  à  Phi- 
lippeville.  Le  lieu  du  rendez-vous  général  fut  à 
Guise  ^  qui  prit  dç  cette  journée  le  nom  de  la 
Héunion. 


D  EPUIS     L  A    R  £  VO  L  1/TlOK.      lZ$ 

Vàvmée  emeemie,  forte  c!e  80  mille  hommes t  vmw^. 
Clairfaît  s'y  étant  réuni  à  Cobourg»  occupait    '^^** 
une  position  entre  Maubeuge  et  Avenne.  Son  '^^* 
qtiartier-géniéral  à  Watigni.  L'avant-garde  ré- 
publicaine s'en  approcha  le  19. 

Aux  pr entiers  mouvements  de  Tarmée  fran-    Bataitu 
çaise ,  les  généraux  autrichien^,  se  portèrent  en  ^^^ 
avant  de  Maubeuge ,  et  détachèrent  sur  leur 
gauche  un  CQrps  d!observation  de  10  mille  hom*^ 
mes,  jusqu'auprès  de  Philippeviile.  Ce  corps 
dut  contenir  l'armée  des  Ardennes,  et  se  lier 
au  général  Beaulieu  qui  commandait  l'armée 
impériale  dans  cette  partie.  Clairfait,  avec  60 
escadrons  »  se  porta  au*devant  de  l'armée  fran«- 
çaise ,  et  ce.  mouvement ,  qui  ne  lut  qu'une  forte 
reconnaissance,  se  termina  par  une  canonnade 
sans  résultat.  Il  y  eut  le  même  jour  un  enga- 
gement d'fttant-poste ,  à  la  gauche  des  Français»  ai\e««. 
vei^  le  bois  du  Tilleul ,  avec  les  troupes  boUaa*  14  oct#. 
daises.  Les  républicains»  après  trois  attaques  suc* 
cessives»  y  forent  repoussés. 

Le  lendemain  ,  l'engagement  eut  lieu  sur 
tou^  la  ligne  ;  la  droite  et  le  centre  des  alli^ 
se  n^tinlinrent  dans  leur  position;  mais  leur  aile 
gauche  fut .  forcée  de  cédçr  le  terrd.n  ; .  cet 
pendant»  après  des  efforts  prodigieux  et  une  ^k^^^ 
grande  perte;  5  cette,  aile  pai*vint  à  reprendre  ^ 
ses  postlions*  L'armée  françaU^  reprit  celles 


tâ6  H  ISTOIRE    D  E   FRAKCK; 

VïiiEii.  qu'elle  occupait.  Le  matin  dtt  jour 'suivant,  à 
*7^'    Ja  faveur  d'un  brouillard  épais ,  eïte  remar- 
cha en   avant  ,   formée   sur    quatre    lignes  ; 

^  mais  à  cause  de  la  nature  du  terrein  coupé  de 

bois  et  de  haies ,  ïes  dîffëreittes  parties  de  Tar-f 
\  mée  ne  pouvaient  être  en  vue  Tune  de  Tautre. 
Dèa  que  le  brouillard  se  leva  ,  les  deux  armées 
se  trouvèrent  en  présence,  et  le  feu  commença; 
Il  Put  tel  que,  de  Taveu  des  Autrichiens ,  jamais 
même  pendant  Ja  guerre  qu'ils  venaient  de^faire 
Contre  les  Turcs,  ils  n'avaient  vu  une  sr terrible 
exécution  d'artillerie  ;  ils  dirent  qu'ils  enten- 
daient, pendant  les 'détoQat ions  redoublées  des 
bouches-à-feu ,  retentir  dajas  les  r«Migs  républi- 
cains les  chants  belliqueux  et  les  airs"  patrio* 
ques^On  avait  répandu  dans  l'armée  un  propos 
du  général  ennemi .  • 

Cobourg  avait  dit,  «j'avoue  quelcs^Prançaîs 
«  sont  de  fiers  républicains  ;  mais  s'ils  me  chassent 
«  d'ièi  V  je  me  fais  républicain  moî-mêttie.  » 

Les  solda tsavaient\gaiementîuré(ju'ilsf  le  som^ 
meraienl  de  *  tçnir  sa,  parole.  Cep^nrfant^ractîon 
S8' maintint,  comme  la  veille,  au  centre  et  à 
là  droite  des  ennemis  j  mais  le  moaveft^nt  sur 
Ieur;gauche  qui  avait  réussi ,  avait  été  disposé 
pour  y  ot)tenir  un  succès  plus  complet  et  plus 
décisif.  :Jûurdàri  détacha  le  général  Duqiienoi 
avec  «on  ^ile  droite  j  elle  dut- tourner  eti  dé- 


<      r  t 


I 
t 


DEPUIS   LA    REVOLUTION.    .      iZj 

passer  ta  gauche  de  rennemî ,  et  le  prendre  en  nnifi^ 
flanc  et  à  revers.  Cette  gauche  pha  et  rompît  *'* 
la  ligne  ;  alors^  le  centre  marcha  à  la  baïon* 
Bette,  et  renversa  le  centre  des  alUés.  Leur 
aile'droite  fut  forcée  de  faire  sa  retraite,  et  la 
fit  en  oi'dre  sur  Maubeuge  ;  et  dans  la  même 
nuit ,  l'ennemi  repassa  la  Sambre  au  dessus  et 
au^ssous  de  cette  ville. 

Les  Fiançais  y  entrèrent  le  lendemain  ,  et 
virent  avec  étonnement  )es  prodigieux  travaux 
nue  les  AtitricWens  avaient  élevés  autour  de  la 
place.  Une  seule  batterie  dç  vingt  pièces  de  ^4  ' 
devait  foudroyer  la  ville,  et  le  projet  était  de 
la  réduire' par  les  moyens  employés  à  Lille  et 
à  Valencî!ennes;mais  dont  les  effets  devaient  être 
plus  actifs  encore  et. plus  prompts.  La  perte  des 
alliés  fut  de  6  mille  hommes  ;  celle  des  républi- 
cains fut  beaucoup  plus  que  200  morts  et  800 
blessés. 

*  Le  général  français'  n'osa  suivre  l'ennemi  et 
l'attaquer  dans  sa  nouvelle  position  au-delà  de 
ïa  Sambre,  .où  il  s'établit  sur  la  rive  gauche 
par  une  chaîne  de  postes,  bientôt  renforcés  de 
tout  ce  qiti  fut-  tiré  du  centre  et  du  corps  d'ar- 
mée qui  occupait  la  Flandre  maritime.  Là ,  avait 
été  préparée  une  forte  diversion  qui  devait  te- 
nir ces  troupes  en  échec  pendant  l'expédition 
de  Jourdan  sur  Maubeuge  ;  mais  ce  général 


t3S        HISTOIRE    DE     FRANCE» 

vniFp;  se  plaignit  que  cette  partie  du  plan  total  n*a* 
■  vait  pas  été  exécutée.  Plusieurs  officiers  gêné» 
raux  furent  destitués  ,  cités  en  jugeaient  ^  et 
.pa3^ërent  de  leur  tête  cette  infraclion  aux  ordrçf 
d'ui^  gouvernement  qpi  ne  reconnaissait  aucun 
obstacle  à  ses  volontés»  et  qui  en  connaissait 
peu  à  ses  entreprises: 

Comme  la  levée  du  âiége  de  Dunker||He  » 
celle  du  siège  de  Maubeuge  »  changea  pour 
un  temps  la  face  des  affaire^;  et  quoique  lacoa* 
vention  reçût  en  même  temps  1^  nouvelle  d'ua 
échec. à  l'armée  de  la  Moselle v  et  d'un  autre 
plus  alarmant  à  l'armée  du  Rhin  forcée  dans  se^ 
lign<^ft  de  Weissembçurg;  le  succès  de  l'armée 
du  Nord,  .où  les  [>érils  étaient  les  plus  rap-* 
proches  de  la  capitale  9  y  porta  la  confiance  et 
la  tranquillité. 

L'afiàire  de  l'armée  de  la  Moselle  s'était  passée 
près  de  Pirmasens,  où  commandait  le  duc  de 
Brunswick,  après  le  départ  du  roi  de  Prusse ^ 
qui  venait  de  quitter  son  armé?  pçur  se  rendre 
en  Pologne,  où  des  intérêts  plus  personnels  I9 
rappelaient.    . 

Moreau ,  déjà  général  en  chef,  commandait 
alors  l'armée  de  la  Moselle  forte  de  i5  mille 
hommes;  les  positions  qu'ielle  occupait  dans  Iç 
duché  de  Deux-Ponts  formaient  la  gauche  de 
la  ligne  de  défense  ^  depuis  le  Rhin  e|  le  loqg 


/ 


DEPUIS    LA    névOLUTtOK.      iSç 

àeSr  lignes  de  Weisçembourg.  Moreau  forma  le  vxiicp 
projet  hardi   de  s'emparer  de  Pirmasens,  et   *'^ 
alors  l'armée  prassieqne  obligée  de  se  séparer 
de  la  grande  armée  iikipériale ,  et  de  laisser  la. 
droite  de  cettç  armée  à  découvert ,  les  fron- 
tièreâ  dans  toute  cette  pa9l||  restaient  assurées 
pendant  les  quartiers  d'hiver. 

Le  pa^s  de  Deux-Ponts  et  de  Pirmasens  situé 
sur  le  revers  des  Vosges,  est  coupé  de  gorges , 
de  ravins  profonds,  qui  permettent  peu  Tenr 
semble  des  mouvements  combinés  sur  plusieurs 
colonnes* 

Moreau  en  forma  trois  pour  l'attaque  •  et  d'à-  14  wpt^ 
l>Qrd  les  avant-postes  prussiens  se  replièrent  pré-* 
cipitamment.  Les  colonnes,  ajrant  à  leur  tète  les 
•représentants  commissaires ,  montèrent  aux  re- 
doutes sous  le  fèu  des  batteries  ;  mais  par  un 
déploiement  imprévu ,  que  Brunswick  fît  exé- 
cuter à  son  aile  gauche»  la  droite  des  Français 
se  trouva  dépassée  et  prise  à  revers.  Le  feu 
l'obligea  à  se  mettre  à  couvert  sous  I0  déverse- 
ment de  la  hauteur  qu'elle  gravissait.  Ce  mou* 
vement  la  porta  sur  la  colonne»  du  centre,  et 
y  pèrta  le  désordre ,  qui  gagna  et  entraîna  fa 
cplonne  de  la  gauche;  alors  tout  se  précipita 
dans  les  vallées  profondes  ;  et  la  retraite  eût 
été  une  déroute  complète ,  si  la  prudence  de 
Moreatt  n'eût  méaagé  uo  point  d'appui  en  ar- 


*I4Ô  Hl6*dr*E*    Î)E      Tkk'S  et, 

T"ï|iP' TÎëï'e ,  pal*  un  corps  de  4  tiiîUe  hommes  •  (juTî 
.     avait  laissé  en  avant  de  Deux -Ponts,  et  qui 
couATÎt  la  retraite.  Les  Prussiens  restèrent  maî- 
tres de  vîngt  canons.  On  ne  put  retirer  que  Tar- 
tîllerîe  légère. 

Peu  de  jours  ap|Éi5  9  on  essaya  une  nouvelle 
attaque.  L'armée,  qui  s'était  retirée  à  Ktch,  at- 
/taqua  le  quartier  général  des  Prussiens ,  qui 
«'étaient  avancés  jusqu'au  village  d'Eîschveiler  ; 
et ,  cette  entreprise  n'ayant  pas  eu  de  succès , 
/l'armée  républicaine  se  reti,ra  à  Sarreguemîne, 
et  derrière  la  Sarre. 

Cette  action  de  guerre  se  liait  sur  tout  le  front 
des  alliés,  avec  l'attaque  générale  qui  était 
méditée  sur  les  lignes  de  Weîssembourg.  Ges 
lignes  élevées  dans  les  temps  anciens  pour 
la  sûreté  des  pays  français,  situés  le  long  du 
Rhin ,  appuient  leur  droite  à  ce  fleuve  et  à  la 
Hfîlle  de  LauteVbourg  ;  de-là  couvertes  par  la  rî- 
Vière  de  Lauter,  elles  traversent  la  vallée ,  pas- 
sant par  la  ville  de  Weissembourg,  vont  se  ter- 
miner aux  montagnes  des  Vosges, 'et  ferment 
ainsi  toute  la  plaine  qui  débouche  dés  pays  en- 
nemis sur  l'ancienne  Alèjace.  Depuis  quatre  moîs 
que  l'armée  du  Rhin  occupait  ces  lignes ,  on, 
y  avait  ajouté  toutes  les  fortifications  de  ràrt. 
Le  vieux  général  Wurmser  commandait  Tàrméé 
autrichienne.  Il  fut.  convenu  que  l'armée  pVu9-< 


'  t 


D  EL  H  V  i  s    LA    R  i  y  O  )L  V  T  I  p'  N*      14IÏ 

^éna^. ,  çommÀddée  par  Brunswick ,  marche'  vuisp ,^ 
rait  sur  la  gauche  des  Français,  parler-gorges!    ^^^" 
4és  .Vosges  ;  qu'elle,  conlieodrait  au  mbins  toute 
cette  aile ,  et  l'empêcherait  de  porterdea  troupes^, 
c^u  ceatre ,  où  devait  ^  fetire  la  principale attaqUe. 
Wui»p)$er  ordonna  ^ussi  au  prince  de  Valdëk, 
qui  commandait  ua  c0rp3.de  iq  oiHle  hommes 
sur  la  riye  droite,  du  Rhin ,  de  passer  le  fleuve  »i 
d^  s'eqcq)arer  de,.Sierçk.jet  de  preadre  ensuite, 
une  positioa  de  revers  en  arriérée  de  la  droite. 
destFrwçais,  eqjtjçe  Strasbourg^ietleur  )Cdmp*> 
Par  ce  .mouvement,,  cette  droite  «e  troUyaid 
tournée;  et  si  l'attaque  réussissait  au  centre î: la 
XiÇ^î^i^^  de«  français  se  trouvait  couplée,' ou  du 
QK)j^n$  U  leur  devenait  difficile  dé  tenir  dans  les 
pp^itipûsetdans  les  retranchements  qu'on  ay ai ^ 
élevé,. derrière  les  lignes  de  la  Lauter../ 

Le  passage  d\i  !?orps  de  Valdek  s'eflfèctua  s^n 
çfètemept  à  Pittes^dorf ,  deux  liei]ês'<^u  desM)^ 
de  Lau)terbourg«,  ,L'iteifanteri0  légbre^du.Bf^nn^t,- 
troupe  irréguliëre^  dénommée  les*  manteaux 
rouget  f  à  cause  de  le.ur  costu^ie»  surprirent  e({ 
pillèrent  Sierck.  Cette  ville  éprpijva  tj^utes  Igs^ 

i^orreurs  de. la^  guerre.  .     /  .!-  r  

.^Ai^^pgintdujdurj.Wurmser  attaqp^Je^ centjQ  «3  octc. 
des. lignes.,  qt  trouva  p^u  de  résistance*  Les  deux 


' 


14^         HtBTOIRK    Dfi   tKKVCtf 

VniBp)  tireot  aveê  une  valeur  qui  détermina  en- partie' 
'^*    le  succès.  Ils  emportèreùt  successivement  plu- 
sieurs redoutes  »  et  s'emparèrent  de  dix-sept 
pièces  de  canon. 

V  Lauterbourg  fut  évacué  ;  et  ^  vers  le  nr>iliéa 
de  la  journée ,  Weiss^mbourg  abandonné  fût  pris 
de  vive  Force.  Tous  les  postes  des  Français  se 
trouvèrent  alon;  forcés ,  et  la  retraite  en  dé-^ 
sordre  se  fit  d'abord  sur  Haguenau»  puis  deN 
rière  la  Moter-,  qui  présentait  encore  une  ligne' 
de  défense  ;  -mais  qui  ne  put  être,  maint^^* 
rixte.  Une  partie  des  fuyards  alla  jusqu'à  Stras* 
bourg. 

Le  lendçniain,  Haguenau- ouvrit  ses  portes* 
Il  parait  que  les  vainqueurs  s'y  livrèrent  aux- 
réjouissances  et  aux  honneurs  de  la  victoire.  Le 
général  Wurmser  qui  se  retrouvait  dans  sa  pa« 
trie  et  dans  ses  anciennes  propriétés  d'héritage , 
ééda  au  plaisir  de  revoir  ses  foyers.  On  accusa 
beaucoup  ce  retard.  Sans  doute  le  désordre  et 
la  confusion  ,  suite  d'une  retraite  précipitée  t^ 
facilitait  un^  i<)Vasion  rapide*  Dans  Strasbourg- 
même,  les  opiniçns  étaient  divisées  ;  mais  le» 
souvenir  de  Valmi  et  de  Sa'iilte-Menehould  étfih> 
récent ,  *  et  toujours  un  général  prudent  icrain-r 
dra  de  conduire  ses  troupes  datis  un  pays  armé^ 
par-Popinidn.  De  plus,  les  deux  alliés  bbthp* 
taient  peu  l'un  sûr  l'autre.  La  Prusse  n'était'^pas 


dît  VI  s  '  L  A  R i Y  6 1 u  T I  o  n.      r43' 
aussi  pressée  de  mettre  TAutriche  en  posses-  vin ??. 
sîon  d*une  province  française  ;  leurs  rhouve- 
ments  en  avant  ne  pouvaient  être  indépendants, 
Tes  généraux  ne  Tétaient'  pas  assez  eux-mêmes' 
pour  oser,  entreprendre  «anb  combiner  leurs 
opérations  ;  et ,  dans  les  vues  prochaines  de  pa- 
cification particulière  que  méditait  la  Prusse, 
il  ne  devait  pas  entrer  de  donner  à  T  Au  triche' 
une  prépondérance  qui  pût  la  lier  à  la  fortune' 
de  cette  puissance.  Strasbourg  ne  Vit  donc  que 
quelques  cavaliers  autrtchrens  qui  vinrent  jus- 

*  qu  auprès  de  ses  portes.  La  convention  eut  le 
temps  de  réparer  «es  pertes,  et  l'armée,  plus 
dispersée  qu'alBiiblie  et  consternée ,  reprit  une 

-  position  d'où  elle  put  bientôt  réparer  sa'hotite 
et  ses  défaites.  Les  villes  de  Tintérieur  les  moing 
éloignées ,  envoyèrent  des  renforts  de  soldats 
Volontuires. 

Metz  seul  fit  partir  de  ses  murs  deux  mîTIé 
hommes.  A  Strasbourg,  les  représentants  (com- 
missaires Lebas  et  Saint -Just  ,  appelèrent  la 
terreur  accoutumée  au  secours  de  la  patrie! 
Dans  l'armée ,  plusieurs  chefs  de  troupes  soup- 
çonnés ou  convaincus ,  mais  accusés,  furent  fu^ 
îillés.      '  • 

Les  autorités  civiles  ^  là'  plupart ,  déportées 
dans  l'intérieur  du  pajrs  ,  et  les  commissairei^ 
annoncèrent  que  pour  premiers  fruits  de  leur 


I 

I 


fmcpb'  mission  I  trois  ou  quatre  jugements  du  tribu* 
*^^  n^I  révblutîoonairje*  avaient  déjà. fait  vçrser  dans 
les  caisses  publiques  blus  de  ,600  mille  livres 
d'amende ,  et  qx?e  je^  propriété^  .n^sç»  sous  le: 
scellé  produiraient. à.  la  république^  plus  de  i5 
çaiUiçijs,  •  ' 

ftSbnmu  ^  C'était  alors  : qije  venait  d'être;' ap]>ortée  à:  la 
çonyeiîtion  cettp.famepse  pdres§ç  des.  Jacobins , 
o\x,Ig  mot  TSRfippM y  répété  à  chaque  ligne, 

,  retentit  dans  tputç  j^  «France*  *  •  «  Grâce  vous 

soit  rendue ,  représentants ,  vous  avez  enfin  or-i 
gariisé  la  révolutiçï^j.la  TJSRRÊaRj.G;\le  ç^t  le 
gahit  mêmç  de.ces  lâcjies  ennemis  que'  la  pitié 
yeut.bien  épargner*...  Déjà  Paud^fte.des  pei> 
fideSjSe  ranime;  ils  osent  répéter  ce  mot  qui 
•  a  été  dît  impunément  dt^ns  cette  enceinte  :  Quand 
donc  cessera  cette  boucherie  de  députés?  (Cha- 
bot devait  bientôt  payer  ce  moi  de  sa  tçte;  )  Ne 
ROT5iffre;sdonc pa? ,  rcpvéseutauts „qu-on  vous  dise 
que  Ja  terreur.glacajnt  Une  paj  tiçde  la  conven* 
tion,  ses  délîbérâjtiQas  uesont  pas  libiies.  w  Quoi 
dou,c  (  vous  qui  êtes  là  Mi^jerye  des  Français, 
vous  laisseriez  enlever.de  votre.éè:ide .la  Méduse 
dé  la^torreur !  >»      ,:;  ,  ;*     ^  .  -  V  S      ^ 

C*est  avec  cette  époiivantiible  éloquence  que 
Ton  venait  efFraver  Ig;conventiop,f'et  renhardir 
à  tous  les  excès  que  Ton  voulait  obtenir ,  et  eti 
même  temps  la  rassurer  sur.  les  apparences  de 

remords 


y 


DEPUIS  vt  .R i.v:a i, u x J o n,     Ï45 

^  rer«ioic(8*«iura;i^a΀i»l!8^éJ^t$&£rwVpH:qiUelc{ue$-qa$  viiïjp. 
des  plus  cléterrnjné3  Jacobins.  La  circonstance  ^^^ 
"étakr^y^iMiifs^'iffSi'Aaifg^r^  ^XAériçxif^  n'étaient 
:)9Jus  pressaâtô^'Au  micli>  ed  ËjEr^j^nçet,  efi  I^- 
-lie.,  les, frtti)itièi?^:é<ai,ef}t  clé rep(ikvit§;  .et  après 
ià  réduedon  de<  Lyon  et*^^  l^ojyij^:^».  tQute.id^p 
.d*idva^arétitk'::$fa^6nu^  ioipqs^foleKet.fChiipér 
Tiquev-Même  âpf^  1«  d§t^j^-^,^^^âep(i})p.\ç^,, 

la  ienteur  des  assaillants  ettraicuvité  des..dé* 
-Iîen6éui*sdçl^  piatri€5Tàl/5a|l(rr^JWîé-,.|^€îs  arfli^écs 
*da  fNard  étaiienC  en  éq"uilibr#j  dfe  fi^4:i;es:  €;t  cj^e 
Succès  aV.efi  ô^^  clé.  J'(?d^f«ifti.  Ën,fi>i  .la.lJne,n^- 
.çalUe  .  Y^i^^ée^.laptës  .p9«  ^c^lj^V^parige  journa-s 

lifere  ctervJftojîfcfeiSjti  i^^:,4éfajtie§.i,^vait,y,v  fqp 
-lenitoH^  .^^tal^y ';»ës  'fofces;  jljiyjççr^  rÇÎ^Î- 
f4ée$.  suc,  1- fàii^K^^^tiv.et  fie  Aa  Loke'  ♦  où:  Jewr .  der- 

-Gi^àdMilk^ii^^çdH^  ipar  kft  Ii^itauts  et •  par 

,<judqtii«!tr<wifesrépuWicaineSr  >r^  ,^ 

.  .  .:ifQbe«jw»'î8ft>^iJr  çeaiQipeflt,pGpr  .f^jr^  im 
rapport i4»îr  it^:)*it«iB!«tta:  de.  ^^^répuJbïiqupTr  Ce 
di^cwir.s.>ïW>  4e*.plus>  fiOr terne» t  perisé.et,des 
pkjè  aï t4stçrp^ai -^^KÎt ,  pavn^i  tpus,  cçHx..qu.i!  fu- 
rent: pfeseotés.àj.  la  tinbune  ^es  asscjm bittes  .na- 
tionales ,  d.onote  une 'ic^ée.  )Ufte^  de. .l'état  poli- 
tique de  rEu.rQ|3€;  il  dévelpppe  d'a(iordJe  sys- 

;  tèno!;e  cluc^ibiQ^t  ministériel  de:Lon44 es,  et  son 
Tome  ir.  .  10  : 


\i6  HifeîôiRi:   D*  tïl.ÀKc.Ë, 

vnïBp.  influence  SU1?  le  commehcemefii  dç  Iqvévalutîôii 

française.       •  ;-,      ,;  .     ,  ,   ,.. 

•'  '  '       • 

'    «  Voyez ,  ^ît-ft;  4:ômnie  i^lïaqtee  crfec  de  notre 

V  révolution!  entraîne  toujours  auKlelà  du  point 

V  bjii  il  voûkit:  ran'êter;  voye:^  avec* quels. pé- 
\(  nibles  eflfbrts  il  trherebe  à-  faire  reculer  la 

V  raison  publiqtt^>l?t  à  i^fttraver  la  inardie  de  la 
-•«f  liberté;  vt)ye^ «^ûfeuite qtfels ciri>''f^s pix)diguce 
V*  pour  la  détruire*  T'  '-   '   •     -       .  '    ^ 

«••A  k  fin  det792  >  ri  cr^jaiç  préparer  insen** 

V  siblènrietat  là  chute  du  roi-  Capet,  ^  conser* 
«  vànt  le  trônfe  pôtrr  le  fils  de  éon  maître  ;  mais 

\<  .le  lo  août  a  tuî-,  «  la  réput)^it|tFè  est  fondée. 
S<  Cest  en  vam'quë,  pour  l^tdufièr  dans  son  ber- 
«  cesm^  U  faiction  girondine  et  tous  les  lâches 
«  éôiïssaites  ifës  tyrans  étrati^çps>  appel kat  cte 
«  toutes  ^arts  lés  serpents  t^:  la  calomnie,  le 
«  démon  de  la  guerre  civile,  Phydre  du-fédéra- 
t<  li^me ,  le  monstre  de  raiiistocr^iie.  Le^3t  mai , 
«  le  peuple  à'évéille,  et  les  traître»  ne  «ont  plus, 
«  La  cotiVfentîotï  se  montre  aussi  f^lèqijç  le 
«  peuple,  aussi  grande  que  sa  -Wii^fcii.  Un  nou- 
'n<  veau  pacte  social  est  proclamé,  cimenté  par 
«  le  vœu  unanime  des  Français.  Le  génie  de  la 
«  liberté  plané  d'une  aîlè^jrapide  Sur  la  surface 
«<  de  cet  empire ,  en  rapproche  toutes  les  parties 
*  prêtes  à  se  dissoudre ,  et  le  râfterûvît  sur  ses 
a  vastes  fondemeius.  ?» 


bËtlJÏS    LA   *iVDLtJtlt)N.       Ï47 

Il  dévoile  ensuite  avec  quelle  astuce  profonde ,  VitîÇir. 
tjull  appelle  machiavélique;  on  eut  Part,  par  '^'' 
des  discours  exagérés ,  par  des  invectives  de  tri- 
bune» de  favoriser  les  intrigues  pratiquées  dans 
les  cours  érrangères  pour'  les  armer  contre 
la  Frémce  ,  par  une  ligue  monstrueuse  entre 
la  Prusse  et  PAutriche;  et,  dit-il,  «c  il  serait 
«r  absurde  d'attribuer  principalement  ce  phéno-^ 
*t  mène  k  Pinfluence  des  émigrés  qui  fatigtiè- 
«c  rent  longtemps  toutes  les  cours  de  lears  cla* 
«r  meurs  impuissantes,  et  au  crédit  de  la  France;  ^ 
«  il  fut  l'ouvrage  de  la  politique  étrangère  > 
«r  soutenue  des  factions  qui  gouvertiaient  alors 
«,  la  France.. .  Le  char  révolutionnaire  roule  sur 
€c  un  terrein  inégal  ;  ils  ont  voulu  l'enrayer  dans 
4K  les  chemins  faciles  ;  ils  le  précipitent  avec 
f<  violence  dans  les  routes  périlleuses;  ils  cher* 
««  chent  à  le  briser  contre  le  but.  ^ 

Robespierre  ne  pouvait  pas  présenter  une 
image  si  vraie  et  si  frappante  de  ce  qu'il  avait 
fait  lui-même  et  de  ce  qu'il  faisait  tous  les  jours, 
s'il  n'eût  eu  la  mission  expresse  de  détourner 
ainsi  l'attention  vers  une  cause  véritable,  mais 
qui  n'était  pas  unique.  Lorsque  la  cour  de 
France ,  au-delà  du  Rhin ,  s'aperçut  qu'elle  était 
trompée  par  les  puissances  étrangères ,  pt  elle 
dut  s'en  apercevoir  dès  le  début  de  la  première 
campagne,  elle  dut  songçr  à  défendre  la  France, 


148  HI  s  TOIR  E     DI2'  F-rX  N  C  Ei 

v^iEp.  son  héritage,  et  à  la  sauver  de  la  conquête  et 
de  r^nvahissemerit  qui  la  faisait  passer  au  pou* 
voir  de  l'étranger.  Nul  aulre  moyen  alprs  que 
les  Frauçais  eux*uiêmes^  L<?6  opinbns  politiques 
qui  les  exaltaient ,  étaient  le  seul  ressort  capable 
<Ie  mettre. en  action  .toutes ^eurs  forces.  Le  mi- 
nistçre  anglais  crut*  bouleverser  la  France  en 
lui  donnantJa  i^publrcjue ,  et  le  ministère  fran- 
çais d'outre  Rliin,  détrompé  de  ses. faux  amis  , 
<lut  voir  que  la  république  en  France  pouvait 
seule  les  combattre  et  lem*  résister;  dès-lors, 
les  deux.diplomaties^,  par  des înotifs  contraires, 
durent  vouloir  donner  la  république  aux  Fran^ 
^ais,que  leurs  idiomes  appelaient  insurgés.  Les 
Jacobins  seuls  domitraient  alors;  on  ne  pouvait 
i^oramander  qu'en  leur  nom  ;  ce  ftit  donc  une 
pensée  à  la  fois  grande  et  subtile,  mais  qui  se 
présentait  la  première  »  parce  qu'elle  était  le 
moj^en  seul  et  unique ,  la  pensée  de  faire  sau- 
ver la  France  de  l'étranger  par  les  Jacobins  ; 
il  fallait  pour  cela  s'y  rendre  le   maître  ;  et 
pour  cela,  il  suffisait  de  leur  en  donner  un.  Ro- 
bespierre le  fut,  et  ne  cessa  de  l'être  que  lors- 
qxï'il  essaya  de  le  devenir  à  son  propre  compte; 
qu'il  fut  agent  ou  instrument ,  cVst  un  point 
qui  appartient  plus  à  la  biographie  qu'à  l'his- 
toire ,  puisque  le  résultat  dut  être  le  même. 
Mais  lorsque    la  politique  ministérielle   de 


D,EPUIS    LA    RÉVOLUTION.  149  . 

Londres   se   fut   aperçu  que ,  loîij  d'être  un  viiiEp. 
moyen  de  confusion  et  de  subversion ,  la  repu-    *^    ' 
blique  était  devenue  un  mpjsen  de  force  et  de 
^é^istançe;  trompée  dans  son.  espoir,  et  n'ayant 
pu  renverser  Ja  France  sous  la  république ,  elle 
voulut  et  enlreprit  de  renverser  la  république 
sur  elle-même;  et  de- là  le  système  d©  terreur  / 
et  tous  SCS  effets ,  auquel  il  ne  manqua  peutr 
être^^e  peu  de  temps ,  si  toutes. le$  tètes  de 
l'Iivdre  n'eussent  été  abattues  à  la  fois. 

Eh  1  que  la  simple  probité  ne  s'étonne,  pas 
trop  de  ces  rafRnements ,  de  ç^ihe  science 
qui  se  permet  tout  sous  le  nom  dé  politique  ! 
Les  venins  les  plus  subtils  se  forment. de  la 
corruption  des  substances  les-  plus  saines;  que 
ne  peuvent, enfanter  l'or  et  le  génje,  ralliés  par 
la  raison  d'état  !  Quelles  conceptions  sont  au  ^  ^ 
dessus  du  génie,,  et  quels  moyens  .d'exécution 
sont  impossibles  à  Vof. employé  pay  l'autorité  1 
Qu'un  jour ,  les  siècles  produisent  ou  non  à 
la  postérité  les  preuves  matérielles  de  ce  dou- 
ble système,  il  n'en  restera  pas  moins  démour 
tré  ])our  la  méditation.  Là  où  les  effets  ne  peur 
vent  s'expliquer  que  par  une  seule  cause,  l'ac* 
tion  decette  cause  est  prouvée. 

Le  rapport  de  Robespierre  parcourt  ensuite 
les  relations  actuelles  cie  la  republique  avec 
les  différentes  puissances ,  et  ne  lui  trouve  ^ue 


\    , 


i5ô      HïSTOîRi:  DE  France; 

vniEp.  deux  alliés ,  les  Suisses  et  les  Américains  des 
*^^  Etats-Unis.'  Il  déverse  sur  les  victimes  de  la 
Girpnde  tous  les  torts  qui  ont  armé  contre  Ici 
France  tous  les  autres  états  ;  et  c'était  sans 
doute  une  méthode  adroite  d'en  faire  enten-» 
dre  la  longue  énumération  à  l'assemblée.  Ro- 
bespierre «eul  pouvait  se  charger  de  cet  em- 
ploi. 

«  Dès  le  moment  où  on  forma  le  projet  de 
démembrer  la  France ,  on  songea  à  intéresser 
les  diverses  puissances  par  un  projet  de  par- 
,  tage  ;  c'est  aujourd'hui  un  fait  prouvé,  non-seu-^ 
lement  par  les  événements  ,^  mais  des  piècea 
authentiques. 

«•jL*Ang!eterre  n'était  pas  oubliée  dans  ce 
partage ,  Dunk^rque  ,  Toulon  ,  les  Colonies  , 
sans  compter  la  chance  de  la  couronne  pour 
le  duc  d'Yorck,  Il  n'était  pas  difficile  Jde  faire  , 
entrer  dans  la  ligne  le  stathouder  de  Hol- 
lande. 

i<  Quant  au  phénomène  politique  de  l'alliance 
de  la  Prusse  avec  l'Autriche ,  nous  l'avons  déjà 
expliqué.. ...  Le  monarque  de  Vienne  et  celai 
de  Berlin  suspendent  leurs  âneîeJis  différente 
-  pour  tomber  sur  la  France ,  et  dévorer  la  ré- 
publique naissante.. . .  «  Mais  l'Autridie  pour- 
«  rsiit  bien  ici  être  la  dupe  du  cabinet,  de  Ber-t 
4f  lin  et  de  ses  autres  alliés.,  ^ .  »  Déjà  l'impé-^ 


D  Eriî  f  s     LA    R  i  y  O  li  u  T  r  O  N#        î5l 

ralrîcé  de  Rki^iç  çt  le  roi  de  Pfi»$S€  vîetinçnt  vniE|>4 
départager.  la^Palogii?  .san8^}le.:«^  (  qP:  apr  *' 
eusait  alors  de  jacobioisme  les  Poïauais  qui, 
aj^ant  leur  roi.  il  leur  tête  ^  jdéfendaient  le^ir 
constituiroa  monarchique  }  »,  et  lui  prit  pré* 
•  sente  ^oixr* dédommagement  la  Lorraine,  l'Ai* 
sace  et  la  Flandre  française  ^  et  TAngHeterre 
encouFâgesa  folie  pour  nous  ruiner  en  la  per- 
dant ellèrmêrae... ..  D'un  autre  côté,  le  Roua? 
siljon,  la  Navarre  fraoeaise,  et  les  autres  dé* 
paitemcnts  limitrophes  de  TEspagne  ont  é^ 
promis  à  sa  majesté  catholique. 

«c  II  n'y  a  pas  jusqu'au  petit  roi  Saide  que 
Ton  n'ait  bercé  .de  L'espoir  de  devenir  un  joujç 
roi;  du  Dauphiné  ,  de  la  Provence  et  des  pays, 
voisins  de  ses  anciens.  état&  > 
■  ««Que  pouvait-on  ofirir  aux  puissances  d'Ita* 
lie?  Rien.  Mais  elles  ont  cédé  à  l'intrigue,  oU' 

plutôt  aux  ordres  du^  cabinet  britannique 

>  «  Venise  phis  puissante  et  en  même  temps: 
plus  poUtiqu^,  a  conservé  une  neutralité  utile- 
à  ses  intérêts.  Florence  a  été  enfin  subjuguée- 

et  entrainoe  malgré  elle  k  s^a  rume^ ^ 

£n  général ,  les  puissances  de  l'Italie  ^ont  peut^ 
être  pJu3  dignes  de  la  pitié  que  de  la  coiëre  de- 
là France*  L*Angleterre  les  a  recrutées  comme- 
ses  matelots;  elle  a  exercé  la.  presse  contre  le& 
peuples  de:  ritc\lie. .. ..  Nous  pouvons  vous  Urn- 


î5â  m  s  t'o^i  R'È 'dte  r  r  a  n c  b , :.  t 
.viiTEp'.  une  lettre  du«  roi  de  Naples ,  qui  servira  lia 
moins 'a  vous  prouver  que  lauerreutnest  pas 
étrangère  au  cœur  des  rois  ligués  contre 
nous.  Le  pape  lit?  vaut  pas  rhoDnieur.  d'être 
îlorpmé.  '^  ...,•.., 
-  «  L'Angletetiie  a  aussi  osé  menacer  le  Da-. 
nemarck.. . .  Mais  le  Danenaaixk,  régi  .]x\r  u« 
rtinistre  habile-y  a  repoussé  avec  dignité  ses 
insolentes  sommations. v . . .  • .  Le  ré- 
gent de  Suède,  plus  sage  que  Gustave  ,:a 
tigiieux  consulté  les  intérêts  de:  son  pays  et  les 
siens.  »  .  y.  .  -  -'  * 
La  Russie  n'avait  pas  encore  accédé  k,la  coa- 
lition. Seule  elle  était  une  puissance  lointaine 
qui  ne  pouvait  inspirer  de  crainte  à  la  France 
monarchique.  Il  était  donc  important  de  la  faire 
déclarer  contre  la  France  républicaine.  Le  dis- 
cours qui  devait  retentir  dans  toute  TEurope; 
attaque  la  souveraine  et  sa  nation  par  :tous  les 
côtés  sensibles  au  tœur  d'une  femme  et  à  l'or- 
gueil national.  Les  sarcasmes  ménagés  ai  Heures 
y  sont  prodigués. 

.  .  «  De  tous  les  fripons  déçoit  du  nom  cle 
roi  ,  d'eqfîpereur ,  de  ministre  ,  de  politique  , 
on  assure,  et  nous  ne  sommes  pas  éloignés  de 
le  croire ,  que  le  plus  adroit  est  Catherine  de 
Russie ,  ou  plutôt  seS'  ministres  ;  car  il  faut  se 
défier  de  ce  charlatanisme^  de  ces  réputations 


DEPUIS     LA     R  É  VDî-U  T  I  ON.      l53 

loîntaînes  :et  impériales,  prestige  créé  parla  vuiBp» 
politique.  La  vérité  est  qae  sous  la  vieille  im- 
pératrice ,  comme  sous  tontes  les  femmes  qui 
tiennent  le  sceptre,  ce  sont  les  hommes  qui 
gouvernent.  Au  reste,  la  politique  de  la  Russie 
est  impérieusement  déterminée  par  la  nature 
même  des  choses.  Cette  contrée  présente  Pu- 
nion  de  la  férocité  des  hordes  sauvages  avec 
les  vices  des  peuples  civilisés.  Les  dominateurs 
de  la  Russie  ont  un  grand  pouvoir  et  de  grandes 
richesses  :  ils  ont  le  goût,  Pidée,  l'ambition  du 
luxe  et  des  arts  de  l'Europe,  et  ils  régnent  dans 
un  climat  de  fer;  ils  éprouvent  le  besoin  d'être 
servis  et  flattés  par  des  Athéniens ,  et  ils  ont 
pour  sujets  dçs  Tartares.  Ces  contrastes  de  leur 
situation  ont  nécessairement  tourné  leur  am- 
bition vers  le  commerce ,  aliment  du  luxe  et 
des  arts ,  et  vers  la  conquête  des  contrées  fer- 
tiles qui  les  ayoisinent  à  l'ouest  eç  au  midi.  La 
Goui*  de  Pétersbourg  cherche  à  émigrer  dea 
tristes  pays  qu'elle  habite  ,  dans  la  Turquie  eu- 
ropéenne et  d^âhs  la  Pologne 4  Tomme  nos  jé- 
suites et  nos  aristocrates  but  émigré  des  douîc 
climats  de  la  Fràiice  dans  la  Russie.  » 

Il  se  résume  enfin  :  «  Vous  avez  sous  les 
yeux  le  bilan^de  l'Europe  et  le  vt>tre ,  vous  pou-, 
v^z  déjà  en-'tirer  un  grand  résultat.  » 
"    Ici   de  grandes  vérités  succèdent  à  la  gros- 


/ 


lS4  HISTOIRE     DB    F  R  A  N  G  ïf^ 

rrniKji.  sière  et  délirante  énergîe.  «  L'univers  ,'clit>il,  êfet 
*^^  *    intéressé  à  la  liberté  de  la  France  ;*  supposonsi 
la  France  démembrée  ou  anéantie ,  le  monde 
politique  s'écroule.  » 

Il  montre  tous  ces  petk^  étets  de  la  Germanid 

envahis  par  leurs  puissants  voisins  ,  la.  ligue 

'       germanique  dissoute,  les  Couronnes  du*  Nord 

brisées ,  et  leurs  dëbris  réunis  sur  «ne  seule 

tête.  / 

€(  Le  Turc  repoussé-  au-delà  du  Bosphore  ; 
Venise  perd  ses  richesses  et  sa  considération;, 
la  Toscane  son  existence  ;  Gênes  esi:  effacée  ; 
l'Italie  n'est  plus  que  le  jouet  des  despotes  qui 
Tentourent  ;  la  Suisse  est  réduite  à  la  misère;; 
que  dis-je^  que  deviend^-ail  l'Angleterre  elle- 
même?.  . .  Comment  conserverait-elle  les  restes, 
de  sa  liberté ,  quand  la  France  aurait  perdu  1* 
sienne  >  quand  le  dernier  espoir  des  amis  de 
l'humanité- serait  évanoui?..,...  La  politique 
même  des  gouvernements  doit  redouter  la  ci^atfh 
de  la  république  française  ;  que  la  liberté  pé* 
risse  en  France ,  U  nature  entière  se  couvre 
d'un  voile  funèbre,  et  la  raison  HuoiiSkine^ recuS^r 
Jusqu'aux  abymes  de  l'ignorwce  et  de  la  bar-i^ 
barie.. . .  Après  de  si  grands  exemples-  et  tant 
de  prodiges  inutiles,  qui  oserait  jamais  déclarer 
la  guerre  à  la  tj^rannie  ?  Le  despotisme ,  comm^ 
une  mer  sans  rivage,. se  déhpjderiait  sur  la,  aur* 


DEPUIS    LA    RÉVOLUTION.      l55 

face  du  globe,  et  couvrirait  bientôt  les  hauteurs  viHïpw 
du  monde  politique  ,  où  est  déposée  l'arehe 
qui  renferme  les  ciiartres  de  rburoanité,  La 
terre  ne  serait  plus  que  le  patrimoine  du  crime, 
et  ce  blasphème  reproché  au  second  des  Bru- 
tus,  trop  justifié  par  l'impuissance  de  nos  gé- 
néreux efforts  I  serait  le  cri  c|e  tous  les  cœurs 
magnanimes.  O  vertu  !  pourraient-ils  s'ccrier  % 
tu  n'es  donc  qu'un  vain  nom  !  » 

On  prodiguait  trop  alors  ces  manifestes  de 
l'étranger ,  où  il  protestait  qu'il  ne  prenait  les 
armes,  c'est-à-dire  qu'il  n'incendiait  les  villes 
frontières ,  que  pour  y  ramener  la  paix  et  le 
bonheur.  L'orateur  leur  répond..  • . 

«Despotes généreux» sensibles tj^ranSy  vous  ne 
prodiguez ,  dites-vous  ,  tant  d'hommes  et  de 
trésors  que  pour  rendre  à  la  France  le  bonheur 
et  la  paix ,  vous  avez  si  bien  réussi  à  faire  le 
bonheur  de  vos  sujets ,  vos  âmes  royales  n'ont 
plus  maintenant  à  s'occuper  que  du  nôtre  ;  pre- 
nez garde  9  tout  change  dans  l'univei^;  les  rois 
ont  assez  longtemps  châtié  les  peuples  ;  les  peu- 
ples ,  à  leur  tour ,  pourraient  ^ussi  bien  châtier 
les  rois. 

«  Pour  mieux  assurer  notre  bonheur»  voua 
voulez ,  dit-on,  nous  afïàmer ,  et  vous  avez  en- 
trepris le  blocus  de  la  France  avec  une  centaine 
de  vaisseaux.  Heureusement,  la  nature  est  moio^ 


l56  HISTOIRE    DE    FRANCE^ 

vmiRp.  cruelle  pour  nous^  que  les  tyrans  qui  Tontra»- 
*^^'  g^^^»  '^  blocus  de  la  France  pourrait  bien  n'être 
pas  plus  heureux  que  celui  dé  Maubeuge  et  de 
Dunkerque»  Au  reste ,  un  grand  peuple  qu'oa 
ose  menacer  de  la  famine ,  est  un  ennemi  ter- 
rible. Quand  il  lui  reste  du  fer,  il  ne  reçoit  point 

de  ses  oppresseurs  du  pain  et  des  chaînes,  il 
.leur  âbnne  la  mort.  »  ,    . , 

Il  finit  cet  inexplicable  discours  par  tracer  à 
ses  collègues  des  règles  de  conduite  dont  il. était 

loin   de  leur  donner  l'exemple «  Vos  enr- 

nemis  voudraient  donner  à  la  cause  sublime  que 
vous  détendez  un  air  de  légèreté  et  de  folie  , 
soutenez-U  avec  toute  la  dignité  de  la  raison. 
On  veut  vous  diviser ,  soyez  unis,. . .  Ils  veulent 
que  le  vaisseau  de  la  république  flotte  au  gré 
des  tempêtes  sans  pilote  çt.çans  but,  saisissez 
le  gouvernail  d'une  main  ferme,  et  eondiiiseïi- 
le  au  travers  des  écuèils.. .  »  Un  décret  rassu»- 
rant  sur  les  intentions  du  comité  de  salut  public , 
à  l'égard  des  Suisses  et  des  Américains,  termina 
le  rapport. 

Ce  discours  produisit  un  gr^nd  effet,  et  laissa 
une  impression  profonde.  On  crut  un  moment , 
pouvoir  attacher  quelque  espoir  de  moralité  ,  à 
celui  à  qui  1  on  ne  pouvait  bientôt  plue  contester 
la  puissance.  Robespierre  alprs  n'était  pas  encore 
celui  du  9  thermidor. 


DEPUIS    LA     RÉVOnUTTON.  ïSj^ 

On  peut  remarquer  que  dans  ce  discours  ,  vniKp, 
sur  la  sitTûatîon  politique  de  la  France,  il  ne 
parle  point  de  la  Vendée,  et  ceperidanft  alors  les 
touiptes  à  rendre  îà  l'assemblée  n'étaient  pas  un 
ombre  au  tableatï^u'il  venait  de  tracer,  il  eût 
pu  annoncer  les  succès  des  armes  républicaines. 
Jamais,  depuis  le  commencemetil  de  cette  cam» 
pagne,  des  succès  aussi  suivis  n'avaient  promis 
}a  fin  de  cette  guerre  ;  c'est  alors  que  fes  Ven- 
déefîîj,  rejeîés  de  l'autre  côté  de  la  Loire,  ve^ 
«aient  d'être  battus  et  repoussés  à  Granville^ 
et  cet  événement  qui  Fut  une  époque  marquante 
dans  la  -giierre  de  la  Vendée  ,  parce  qu'elle 
changea  le  système  de  ses  relations  avec  l'An- 
gleten^ ,  rappelle  le  récit,  aux  actions  de  guerre 
et  aux  mesui^s  politiques  qui  l'ont  précédé. 

,Après  la  défaite  de  Ligonier,  Berruyer  avait 
retiré  les  troupes ^au  Pont-de-Cé  et  à  Sanmur , 
et  d'après  les  comptes  qu'il  avait  rendu  de 
l'ëtat  des  affaires,  on  s'était  décidé  à  y  former 
tme  armée  de  troupes  réglées.  Celle  des  Ven- 
déens s'était  beaucoup  accrue  ;  tout  le  pays  com- 
pris sur  le  coui-s  de  la  Loire  ,  depuis  Saumur 
jusqu'à  Nantes ,  de  l'est  à  l'ouest,  et  du  nord  à, 
l'est  et  au  midi ,  par  le  chemin  qui  conduit  de 
Saumur  à  la  Rochelle ,  formait  ce  que  l'on  ap^ 
pela  généralenîent  la  Vendée ,  c'est-à-dire  le 
pays  insurgé  pour  la  cause  du  royalisme.  Ce 


r 


lS8  IlIStOÎRËDfe    FttAKCEj 

ViiiEp.  territoire  contient  huit  à  neuf  cents  lieues  Cat** 
rées,  et  environ  huit  cent  mille  habitants;  mais 
Ceux  des  villes  formant  près  du  quart  de  cette 
population,  plus  immédiatement  sous  la  main 
des  autorités  républicaines,  et  aussi  plus  éclairés 
sur  leurs  intérêts,  ne  prirent  point  part. à  la 
guerre  ou  se  rangèrent  sous  les  drapeaux  de 
la  république* 

Le  reste  des  habitants  des  campagnes,  plus 
aisés  à  conduire  par  les  idées  Communes  et  par 
Jes  préjugés  d'enfance ,  se  rallia  sous  les  ban- 
nières de  la  religion  et  de  la  noblesse.  Dès  le 
commencement  de  cette  seconde  campagne, 
on  voit  à  leur  tête  les  chefs  qui  les  conduisirent 
pendant  toute  cette  guerre,  Bauchamps,  d'EN 
\)ée ,  Laroche  *  Jaquelin  ,  TEscures ,  Charelte  9 
Stoflet ,  qui ,  le  dernier ,  posa  les  armes ,  et  qui, 
de  garde-de* chassé,  s'éleva  au  commandement 
de  toutes  les  armées  vendéennes.  Leur  système 
d'attaque  et  de  défense  ne  pouvait  ressembler 
en  rien  à  la  tactique  usitée;  excepté  un  corps 
peu  nombreux  qui  fut. successivement  de  deux, 
trois  et  quatre  mille  soldats  entretenus,  réu- 
nis et  soldés.  Le  i-este  jde  leur  armée  qui  fut 
quelquefois  de  60  mille  homnqes  ,  ne  consis- 
tait que  dans  la  levée  hâtive  et  momentanée 
des  cultivateurs  qui,  à  jour  donné,  se  ren- 
daient de  leurs  habitations  aux  rendez -vous 


DEPUIS     LA     REVOLUtIO».     1S9 

fixés  ;  portafit  des  vivres  pour  quelques  jours  ^  ^IM^ 
f)rêtant  la  main  avec  èële   et  avec  yaleur  à 
l'expédîtion  entreprise  •>  et  se  retirant  ensuite 
à  ses   foyers.  Leur  maàiètiô  de  combattre  ne 
supposait  ni  instruction  militaire  ni  diséipline>    * 
c'était  au  génie  des  chefs  à  disposer  des  grandes 
masses tie  leurs  combattants,  à  les  porter  aux 
places  où  ils  avaient  agir  ;  là  >  is^ns  garder  ni 
rang  ni  files  vchacuii  clioisîssait  son  poste  à  son 
gré,  s'écartânt  te  long  des  buissons  et  des  haies j 
dont  le  pàysest  coupé,  et- de-Ià  faisant  feti  à 
volonté  y  ce  gent*e  de  guerre  était  trës'-meur- 
trier  pour  des' bataillons  marchant  serrés  et  k 
découvert.  Dâiis  le  sticcbs  ,  la  poursuite  des 
Vendéens  était  redoutable;  cminaissant  le  pays 
^t  les  détours,  ils  gagnaient  de  vitesse  les  pas** 
*sages,  et  y  prévenaient  des  corps  dont  la  mar- 
che en  retraite  était  'iitécessàirement  retardée  s 
par  leur  ensemble.  Dans  la  défaite ,  au  con- 
traire ,  chacun  pourvoyait  personnellement  à 
sa  sûreté»  Les  chefs  faisaient  passer  le  lieu  et 
le  jour  du  rendez-vous,  et  tout  s'y  retrouvait. 
Mais  ce  systèitïe  avantageux  au  jour  du  com- 
bat ,  arrêtait  nécessairement  les  plans   et   les 
projets  dès  chefs  ;  leurs  ccmabattants  dévoués 
sur  leur  territoire,  ne  pouvaient  pas  quitter 
■  un  èertaiti  arrondissement.  Si  le  théâtre  dés 
«opérations   changeait  ,  et  cela   arrivait  sou- 


l6o        H  ï  s  T  O  1  R  E  *  D  Ë     F  R  A  N  G  TEV 

ViiiÈ/,  vent,!  les?  chefs  étaient  obligés  de  changée  d*arr 
*^^^*  filée.,  :et  celle  qui  venait  d'agir  retournant  à 
ses  toiis  et  à  ses  charrues,  les  troupes^  républi- 
caines, ne  reccaittiab8aien.t  pltrs.  d'eixnemis  ,  et 
*  se  trouvaient  au  milieu  d'eux.  Cet  état  de  guerre 
changea  vèi'S  la  fin  >;  lorsque  les  .pi liages  ,  les 
inceadies,  les'  ma^ai^res^.ne^laissaét.aii.cultir- 
Vflteur,  ni  maison  ,^nii  charrue ,  jii  fomiUe>  il  se 
fit  «©Idat  et  combattii  pour  vivre,    \:':  •  « 

Qtretineau ,  avec  une  division  de  l'armée 
républicaine  , .  iéiàitj  ^apcouru  raw  \  secours  de 
Ligonier  ;  mais,  prévenu  et  .siirpnX  au  viU 
lage  des  Aubiers,,  il  y.  fiit  ^i(aqrié,rJbatjtu;vrcst 
eût  été  totalemérjt' défait,  si  q-uoîqii^es  troupe 
de  ligne  >  se  formiint  teti  bataillon  carré  >  ^'eus- 
sent soutenu  le  feu  et  protégé  l4retj:aite.  Que- 
tineaiT s'enferma ,  avec  les  débriSî^je^^n  armée-, 
dans  Thouars,  ville  avantageliseaient. située  sur 
une  hauteur  ,  !qii^  la  riviçiê  du  -Ti^^^yé,  envi- 
ronne et  couvre  de  trois  côtés.» Jl  v  iut  bientôt 

5mai/  :attaqué^  et  forcé, par  les  VendéenSt,  au  "nombre 
de  plus  de  3o  avilie.  Six  millè-lîqnirtîe^' seule- 
ment défendaient  Thouars»  LiÇ.:Gué,  seij  pas- 
sage, fut  forcé.  La  cavàleriQ'jV:eri4éj^ane  pàs^a 
à  la  nag-e.  Les  républicains. fune>nt  obligés  de 
se  renfermer  dâas  laville  quii  e^ôip^i  <l'Jifcures, 
fut  prise  d'a^saùt.  Le  .géiiér«d,  l'arnnf^,  t'artU- 
.  lerie,  toutes  les  munitions,  tombèrent  au  pou- 
voir 


Il 


\ 


17  mai* 


tVHPU  rs.  L  A    ttÉ  V  OL  UTlOkK.        \6v 

roJif  dw' vainqueur.  Ils  marchèrent  aii^skôt  aij  viïr,tp. 
secoure  de  Charettte;  En^obéitiiu  ;  ils  (ï^fbilt  un  '^*' 
cdtmp  de  quatre  tttiiie  républicains  à  Pctrthenaî , 
letJevs  cJéuK  armées  venctéenhes  réurrfes  .«'Vônt  à 
Foçtenay  rcherchep  J'armée  réptlblrcai)ie  ;•  elle 
étc}it*dei  beaucoup  motos'nombrèuise ,  et  cepen- 
dant h  victoire  -la  mfc'ien' possession  de  presque 
•taut&  rartillene  vendéenne;  niais  p'ext  de  jours 
après-,  les  chefs ,  ri;;sciines,  Mroçhè-Jftcquelin  et 
Bonchamps,  reparurent  conduisant  troîè  ct)lorf- 
nes  nombreuses  ;  dépourvues  d'ar(illeiif*{^s  celles 
marchent  «errées-sur  les  cafnond  desTëpublicain^. 
La  cavaleiiev  qnî  eut  .Qrdri^'?ie  les  '«(^hm^fer'^ 
lâcha  le  pied,  et  passa  ^ur^nfanterie  étt  dé{- 
soriclre;  aloï-s  la  déroute :fuW^én;érale;  Fonte- 
nay/fut  emporté,  et  l'alarme  se^répâfiiait^ jusqu'à 
la  capitale ,  d'où  la  convention  fit  partir  k^ts'gre- 
nadiefs  pour  la  Vendée.     -  ;  * 

«L'armée  vendéenne  n'était  pltis-qi^^à-  deuk: 
Jieties  de  Niort,  et  la  p^'ise  de  cette  ville  pou- 
vait:'étendre  l'insurrection  dans  l'intérieur'  de 
ia  France.  Mais  une  diversion  qu*o^ërâit  àlois 
Je  général  Ligonier  rappela,  les  chefs  vendéens 
au  î secours  de  leur- pay*?/ dévasté.  L'armée  fitt 
licenciée.  Le  rendez-vpùs'  général  indiqué  à* 
Chatdlon  ^  et  peu  de  jours  après,  les  chefs 
vendéetis  en  sortirent   à    la  .tête' dé  60   mille 

hommes^  L'histoire  miiitairéflrofl;ie;âw  upï^xc^ift- 
Tomeir.  Il 


k 


• 


y 


l6a       ,    HISTOIRE     DE     FRANCE. 

yiiiEp  pie  dé  (fttte  manière  de  marcher  et  de  ct>m- 
*^^''  batti^.-Ligonier  fut  entièrement  défait,  les  Ven- 
déens se.  portèrent  sur  Saumur.  Endeiix  jt>iii*s, 
Saumur  fui  attaqué  et  pris.  La  bataille  y  fut 
une  dest  plus  sanglantes  de  cette  guerre.  De  part 
.  et  d'autre  j  l'acharnement  fut  égal.  C'efc>t  là  que 
Tion  vit  lés  Yendéens ,  armés  de  bâtons  ferrés , 
,  attaquer  des  batteries,  se  précipiter  sur  les  ca- 
nons et  s'en  emparer.  La  plupart  de  leurs  chefs 
,y  ftirei^t  tyés  où  blessés* 

On  put  craindre  alors  que  la  Vendée  «e 
décidât; du  sort  de  la  France,  et  n'envoyât  ses 
^uerrieiîs  changer  le  gouvernement  dans  la  ca-- 
-pitale.  .  ^.  . 

Angers  ouvritJies.portes,  et  tantes  les  villes 
de  la  Loire  ,  excepté  Nantes ,  cédèrent  à  cet 
exemple. 

Le  général  Canclaux  y  commandait.  Par  un 
systèoïe  de  prudence  et  de  sagesse,  il  dnt  ses 
troupes  dans  les  murs,  et  laissa  les  Vendéens, 
peu  faits  aux  travaux  d'un  siège*,  se  consumer 
en  efforts  impuissants.  Ils  s'emparèrent  cepen^ 
dant  d'un  faubourg;  mais  tie  purent  s'y  main» 
tenir  «  une  autre  divei^ion  puissante  les  rap- 
(pelait  encore  à  la  défense  dé  leur  pays. 

Ge  même  Westerraann,  qui  dirigeait  au  lO 
août  les  colonnes iparisiennes,  commandait  alors 
un  corps  dans  la  Vendée.  Il  déploya  dans  cett^ 


/" 


DEPUIS     LA      RÉVOLUTION.      l63^ 

eanipdgne  des  talenrs  militaires  et  une  activité  vniEp. 
brillante.  De  Saint-Maixent  où  il  était,  il  con-  ' 
eut  le  pix)jet  de  traverser  le  pajs  ennemi,  et 
d'aller  surprendre  dans  Chatillon»  place d^arme^ 
des  Vendéens ,  un  corps  de  lo  mille  hommes 
qu  y  commandait  TEscure ,  malade  et  blessé. 
^*Ëscure  tut  surpris  ,  et  ne  dut  son  salut 
qu'aux  ténèbres  qui  favorisèrent  sa  fuite,  Cha- 
tilloo  fut  emporté;  mais,  dès  )e  lendemain,  le 
canon  annonça  à  Westermann  l'arrivée  de  La- 
rocbe^Jacquelin ,  à  la  tête  d'une  autre  armée. 
Le  combat  s'engage,  les  Vendéens  se  préci- 
pitent avec  fureur  sur  leurs  ennemis.  Wester- 
mann est  entraîné  dans  la  déroute  ;  plus  d'un 
tiers  de  ses  troupes  restèrent  sur  le  champ  de 
bataille^  et  Chatillon  est  repris.  Cette  entreprise 
hasardeuse ,  et  même  téméraire,  coûta  beau- 
coup de  vaitlants  hommes,  qui  composaient 
la  légion  du  Nord ,  et  qui  s'étaient  déjà  signalés 
contre  les  vrais  ennemis  de  la  France, 

Tapt  d'événements  balancés  de  succès  et  de 
désastres  ,  s'étaient  passés  en  moins  de  trois 
mois.,  et  la  prodigieuse  activité  de  cette  guerre 
prouvait  assez  qu'elle  se  faisait  de  Français  à  ' 
<  Français.  Chaque  parti  connaissait  ses  forces  €t 
son  génie;  aucun  ne  voulait ,e/re  attaqué. 
La  convention  n'était  jamais  complètement 


t64       histoire    de    frange, 
viiiEp.  infoiFméerde  ces  revers,  €t  les  succès  lui  étaient 
'^^^*  toujoiirs  grandis    dans  les  rapports   Caits^à  la 
tribune.    Westermann  ,    dont    le    talent    dans 
ce  genre  de  guerre  semblait  devoir  y  tnettre 
iinternue  ,  fut  rappelé;  et,  quoiqu'on  ait  ac- 
cusé Robespierre  ^d'avoir  été  jaloux  de  sa  re- 
nommée et  de  sa  popularité,  il  est^  beaucoup 
^  pluô  vraisemblable  qu'il  se  hâta  de  retirer  ua 

général  dont  ^3pa>emmeht  il  ne  disposait  pas 
assez  pour  le  faire  agir  ou  ne  pas  agir  à  son  gré. 
Cette  guerre  de  la  Vendée  ;  mi^ttait  Paris  aux 
ordres  des  chefs  jacobins  ;  ils  levaient  des  troupes 
pour  la  Vendée  ,  et  ces  Içvées  toujours  succes- 
sives, laissaient  à  leurs  ordres  et  dans  Paris,  un 
nombre  d'hoinmes  disponibles  avant  le  temps  de 
leur  départ.  La  garde  nationale  avait  été  ^lé- 
sarmée  pour  équiper  ces  soldats ,  et  les  canons 
de  cette  garde  tombèrent  presque  en  arrivant, 
au  pouvoir  des  Vendéens.  Les  gretiadiers  de 
la  convention  qui  pouvaient  gêner  le  plan  forme 
de  l'asservir,  furent  envoyés  à  la  Vendée.  Tous 
les  généraux,  dont  la  popularité  acquise  n'était 
pas  assez  aux  ordres  des  agitateurs,  trouvaient 
un  emploi  dans  la  Vendée,  et  le  cabinet  de 
Londres  qui  lui  fournissait  des  secotus  assez 
seufement  pour  continuer  la  guerre  sans  la  ter- 
miner, avait  en  même  temps  assez  de  crédit  à 


»  / 


DEPUIS     LA    R  É  V  O  L  U  T  I    O    N;    l65 

Paris,  pour  ne  faire  envoyer  à  la  Vendée  que  VîHEp* 
des  forces  suffisantes  pour  prolonger  la  guerre;     *^^' 
mais  insuffisantes  pour  la  finir.  De-là  cette  al- 
ternative de  succès  et  de  revers  qui ,  dans  cha-  , 
que  parti,  pjace  sans  cesse  une  défaite  à  la  suite 
d'une  victoire. 

Le  récit  historique  peut  à  peine  suivrç  le,cours 
rapide  des  cvénem.ençs;  et,  forcé  d'en  délcgueit 
^les  détails  aux  raémoires  locaux  et  à  Thistoire 
militaire  et  spéciale  de  cette  guerre  ,  il  ne 
peut  qne  faire  cônnriîire  les  é^*nements  dont 
les  résultats  furent  iitipoKtants,  et  le  personnel 
de  ceux  qui  les  dirigèrent. 

Tandis  que  les  choses  qni  viennent  d'être  rap- 
portées, se  passaient  dans  la  haute  Véndée't  les 
cantons  les  plus  reculés  dans.  Tintérieur  des 
terres;  dans  la  basse  Vendée,  vers  les  pays  mari- 
times, Charette,  avec  une  autre  armée, avaitsou- 
tenu  la  guerre  contre  les  généraux  républicains 
Beysser  et  Saridoz,  et  avait  eu  quelquefois  l'avan- 
tage. II  voulut  s'empaver  de  la  ville  des  Sables- 
d'Olonne  ,  et  fut  obligé  d'en  lever  le  siège.  11 
voulut  alors  aller  livrer  bataiFle  à  l'armée  cam- 
péeprèîide  la  ville  de  Luçon.  Laroche-Jacquelin 
lui  amena  un  renfort  de  douze  mille  hommes  ;. 
mais  une  lerreuv  panique  se  mit  danscette  troupe 
pendant  l'action.  Pour  réparer  cet  échec,  les  chefs 


î66      HISTéFUB    DÉ    FRAKCE, 

vtiiEp.  vendéens s*éfaîehtiéunissurles bords  delaSëvre, 
•  *  pour  tenir  conseil  et  convenir  de  leurs  opéra- 
tions* Pendant  leur  absence  ,  Tarroée  de  Laro- 
che Jacquelin  fut  attaquée.  Dans  Tétonnement 
généra] ,  un  allemand  ,  nomrné  Kesler ,  prît  le 
conniiandement  à  la  tête  de  cette  troupe  d'élite, 
que  les  généraux^ avaient  formé'  de  Suisses  , 
d'Alfemands  et  de  Vendéens  chofsîs  au  nombie 
de  12  cents  hommes,  et  ramena  les  roj^atistes  déjà 
repoussés.  Les  républicains,  entièrement  défaits, 
perdirent  dix  cSnons,  tous  leurs  équipages,  et 
laissèrent  quelque  temps  les  Vendéens  maîtres 
de  leur  pa^^s.  Cette  bataille,  une  des  plus  dé- 
d&ives  de  cette  campagne  ,  se  donna  près  de 
Vihiers;  mais  peu  çle  jours  après,  ayant  voulu 
encore  tenter  je  sort  des  armes ,  près  de  Luçon , 

a5  août*  les  Vendéens  furent  deux  fois^  repoussés.  Cba- 
rctte  poursuivi  échappa  à  peine  aux  vainqueurs  ; 
et  neuf  jours  après  ,  on  le  voit  à  Chantaunajr , 
réuni  à  Laroehe-Jacquelin  et  h  d'Elbée,  com- 

4  «epr.  battre  et  vaincre  l'armée  républicaine,  étonnée 
de  voir  ses  rangs  rompus  par  ces  nïêraes  hom- 
mes qui  trois  fois  venaient  de  fuir  devant  elle. 
Un  préjugé  populaire,  et  par  conséquent  très- 
puissant,  avait  rendu  Luçon  d'un  augure  fatal 
aux  Vendéens. 

Cependant    les    commissaires   représentants 


c 


\ 


©•EPÙISUARÉVÔLUTIÔK.      l6j 

cberchsrtit  dans  une  mesure  extraordinaire  i|n  viuB|i^ 
reniè<le  à  tant  de  maux^  avaient  ordonné  ce  *'  * 
qu'on  appelait  une  iev^e  en  masse.  Soixante  mille 
hommes ,  depuis  Tage  de  dix-kuit  ans  jusqu'à 
^  soixante, furent  rassemblés  àThouars-  L'Escure, 
avec  depx  mille  hommes,  éWreprit  d'attaquer  et 
de  disperser  cette  multitude ,  et  il  y  réus;it.  Les 
garnisons  de  Mayence  et  de  Valencîennes  ve- 
naient d'arriver.  On  en  forma  deux  «armées 
fivec  ce  qu'il  y  avait  déjà  de  troupes  réglées , 
et  le  système  de  gijqrre  changea.  Ce  fut  alors 
qu'un  émissaire  anglais  se  présenta  au  conseil 
militaire  de  Cbatillon ,  et  vint  offrir  des  secours. 
Plusieurs  voix  s'élevèrent  pour  les  refuser,  et 
l'émissaire  n'obtint  même  pas  de  réponse  défi- 
nitive. 

L^amou^r  de  la  patrie  n'était  point  encore  : 
éteint  dans  les  cœurs ,  et  cette  ancienne  haine 
nationale  ôta  peut*êire  aux  Vendéens  les  moyens 
qui  auraient  reculé  leur  chute.  Ce  fut  alors  que 
Kleber,  à  la  tête  de  l'armée  de  Mayence,  vint 
ei!oyant  achever  la  victoire  que  les  républicains 
venaient  de  remporter  sur  Charette.  Toutes  les 
forces  combinées  de  l'armée  vendéenne  mar- 
chèrent à  la  rencontre  dç  ce  nouvel  ennemi. 
Du  premier  choc ,  les  Vendéens  sont  rais  en 
déroute;  une  partie vprit  ouvertement  la  fuite. 
C'en  était  feit  de  la  Vendée ,  si  les  chefs  neu^ 


»  • 


l6di        HI.SjTOIl^B     DE    F  RANG  P,! 

vniEp.  sent  mis  pied  k  terre,  çt  combattante  ia,tê<e 
'^^^*  de  leur  iqfaoterie ,  qe  l-eussént  ramené.  Lea 
Mayençais  entourés  etétojrinés  d'une  résistance 
nouvelle ,  furent  obligés,  de  commencer  unC 
retraite  que  l'art  et  la  discipline  rendaient- seuls 
possible,  Pepdantsix  lieues,  harcelés  et  poursui- 
vis, iMaissèrept  le?  vainqueurs  étonnéa  jet  alar-^ 
mçs  de;  pçs  nouvéailx  ennemis.  Cette  bataille  se 
donna  près- die  TorFpu^  et  fut  célèbre  dans  les 
guerres  .de  la  Ve>ndée. 

U/îp  înpuvelle  invasion  dans  la  basse  Vendée 
y  rappela;  Gharette,  et. les  autres  chels  l'y  sui- 
virent. Uûe  nouvjelle  bataille,   près  de  Mon- 
/    taigu  ,  fvit  une  nouvelle  victoire  pour  les  Ven- 
déens.   ...  '   i 

A  Saint-Fulgent ,  im  combat  de  nuit  mit  ent 
core  les  Vendéens  eu  possession  de  toute  Tartd- 
lerie  de  l'armée  républicaine. 
'  Cependant  uûe  arniéç  nombreuse  s'était  for- 
mée sous  rinspectioû  dps  coQimissairés  repré- 
sentants^ ^t  sous  les  prdres.de  trois  généraux 
répuhflicains  j  Chalbos,  Chabot  et  Westerjpaïui. 
Résolu^  c|e  portiejr  un  coup  décisif,  ils  mar.chient 
xirprt  sur  ChaVillon  ,  cette  place  d'arme  des  Veri- 
•  déens.  Le  combat  y  fut  long,  et  d'abord  le 
corps  d'élitfî  des  Vendéens  le  décida  en  leur 
faveur  ;  mais  Westermano  rétablit  le  combat  et 
le  laissa  dputeijx.  a  reqt^'ce;  dç  h  nuit,   L^s 


/^ 


DEPUIS    LA     rJ  V  O  L  U^-T  I  ON.-        169 

V€«dée«s  restés  majtares  de  Chatîllon ,  et  jojeux  vjit  rp^ 
de  k«r  avantage  r^'oubliferent  autour  de  (|uel-    '''^^* 
ques  tonneaux  ûe>  Kqueurs  fortes  dont  ils  s'é- 
taient emparés,  et  Te  sommpil  de  l'ivresse 'fut    . 
pour  eux  cèJui  de  la  mort. 

Wortermann,  averti  ^  revient  avec  i5  cents- 
liommes ,  %ionipe  et  égorge  un   avant^s^ioste  , 
rentre  dans  Chatillon  ,  tout  y  fut  mis  à  feu  et 
à  sangJLes  cbefs  vendéens  ont  à  peine  le  temps 
de  se  sauver  à  Mortagne;  mais  incertains  de 
leur  '  position  ,  dès  le  lendemain  les  généraux 
se' décident  à  évacuer  Chatillon,  qui  resta  ua 
monceau  de  cendre,  de  ruines  et  de  cadavres. 
La    destruction  «fut   telle  que  les  chefs   ven- 
déens  rentrant  dans    Chatillon  ,    désespérant 
d'éteindre    l'incendie,   et  repoussés  par  l'hor- 
reur   des  spectacles   qu'ils    avaient    sous    les 
yeux ,  l'abandonnèrent ,  et  cette  ville  cessant 
d'êtreihabitée,  un  trait  conservé  à  l'histoire  par 
un  témoin,  peindra  l'horreur. de  cette  guerre. 
Les-  chiens  des  jidentours  et  ceux   de   là  ville 
n'ayant  plus  de  maîtres  ,  s'en  emparèrent;  ils 
3'  vécurent  de  la  chair  des  cadavres  entassés  ; 
devenus  féroces  par  cette  nourriture  accoutui- 
mée,  iorsque  longtemps  après  on  voulut  y  ren-     - 
trer ,  ijs  se  jetèrent  sur  les  |)remiers  ^  hommes 
qu'ils  virent  pom'  les  dévorer  ;  et,  défendant  leur 
horrible  conquête,  il  fallut  faire  marcher  un 


170         HISTOIRE      DE     F  R  ANGE, 

ViiiEp.  bataillon  arme  pour  extermineF  ces  derniers  cr- 
'^^''  netnis.  Ce  témoin  ajoute  clés  réflexions  h*op  justes 
pour  que  l'histoire  ne  les  admette  pas  comme  un 
témoigna^çe  et  comme  un  avertissement  salu- 
taire ,  s'il  était  possibleque  la  postérité  fût  con- 
damnée à  revoir  ces  tristes  et  désastr'euses  ca- 
lamités»  '  * 

«  Cet  affreux  sjstème  d'incendie  »  inventé 
par  Robespierre  et  ses  adhérents ,  était  d^autant 
plus  absurde  ,  qu'en  poiHant  à  la  France  des 
coups  moitels ,  il  ne  remplissait  nuHement  le 
but  qu'on  s  en  était  proposé  ;  au  contraire  ,  les 
malheureux  ,  dont  les  femWes  et  les  enfants 
étaient  égorgés  ,  dont  les  maisons  étaient  in- 
cendiées, n'étant  plus  retenus  par  aucun  lien,  ne 
possédant  plus  rien  en  propre  que  leurs  fusils, 
s'abandonnaient  à  touslestransports  du  désespoir; 
et,  s'attachant  aux  armées  qui  seules  pouvaient 
leur  donper  une  existence  ,  ,devenaienf  alors 
de  vrais  soldats  d'autant  plus  redoutables  qu'il 
ne  leur  restait  qu'à  se  venger  ou  à  mourir  les 
,  armes  à  la  maip.  »  Une  a^ulre  considération  seule 
eût  dû  prévenir  ce  système  absurde  :  la  crainle 
des  représailles. 

Wesiermaon  venait  d'ètré  destitué ,  et  bien- 
tôt ,  dief  trop  peu  docile  ou  témoin  dangereux  * 
il  fut  aunombredes  victimes  militaires  que  l'in* 
quiette  tjTannie  des  dominateurs  immola  à  sa 


DEPUIS    LÀ    RÉVOLUTION.         17I 

tranquille  autorité.  Les  généraux  Lechelle  et  viii/p. 
Baupui  comnfiandaient  Tarniée  républicaine  ;  et ,  ^^^^' 
pressés  par  les  ordi^es  de  la  convention,  qui 
bientôt  décréta  le  jour  que  la  guerre  de  la 
Vendée  devait  finir,  ils  marchèrent  sur  Mor- 
tagne  et  Cbqlet ,  où  s'était  rassemblée  Tarmée 
vendéenne.  Le  choc  fut  comme  tous  ceux  de 
cette  guerre  où  la  fureur  des  partis  combattait. 
Un  mouvement  que  fit  Lechelle  pendant  Tobs-  ^5  ^ct 
curité  de  la  nuit  qui  n'avait  pas  mis  fin  au  com- 
bat, tourna  Paile  vendéenne  que  commandait  >^ 
FEscure  blessé  à  mort.  Ses  troupes  fuyent,  et 
)ts  républicains  entrent  dans  Mortagne.  Le  len- 
demain Cholet  fut  emporté  ;  et ,  tandis  que  la 
i'âge  y  exerçait  des  horr-eurs  qui  surpassèrent 
toutes  celles  dont  là  Vendée  était  le  théâtre, 
l'armée  vendéennev  reparut ,  et  le  combat  re- 
commença. D'abord  son  aile  droite  enfonça  les 
yangs  républicains;  mais,  à  la  gauche,  les  ba* 
taillons  de  Mayence  ,  soutenus  de  la  cavalerie, 
enfoncent  par  trois  charges  consécutives  tout 
ce  qui  est  devant  eux;  en  vain  les  chefs  veulent 
rallier  les  fuyards  et  faire  avancer  leur  cavalerie. 
Elle  s'était  retirée  à  Beaupreau  ;  alors  à  la  tête 
d'un  escadron,  ils  cherchent  la /mort, , et  plu- 
sieurs la^  trouvent.  Boncharop  et  d'ISlbce  tom- 
bent ;  Laroche-Jacquelin  resté  seul ,  retire  son 
aile  droite  à  Beaupreau ,  et  bientôt  §e  dispose 


y 


l'J!^  HISTOIRE    DE    FRANCE^ 

yiiiEp.  il  passer  la  Loire  ,  et  donne  le  readez-vous  gé- 
néral.à  Saint-Florent;  là  étaient  renfermés  tous 
les  prisonniers  faits  sur  les  républicains,  et  déjà 
les  Vendéens,  avant  d'abandonner  leur  pa;ys  , 
avaient  prononcé  leur  arrêt  de  mort.  L'Escure, 
blessé  et  mourant ,  se  fit  porter  au  conseil  de 
guerre  ;  armé  de  cette  éloquence  que  donne 
l'humanité,  compagne  du  vrai  héroïsme,  son 
ascendant  remporte,  rafïicux  dioit  de  repré- 
saille  consentit  à  lâcher  sa  proie,  et  plusieurs 
milliers  de  Français  sauvés,  honorèrent  la  tombe 
d'un  jeune  guerrier  qui  survécut  «j^eu  à  cette 
vraie  gloire.  Les  derniers  bateaux,  chargés  de^ 
vieillards  ,  des  femmes ,  des  enfants  qui ,  fuyant 
leur  patrie  incendiée ,  suivaient  l'armée  fugi- 
tive, passaient  encore  Ja  Loire  quand  l'avant- 
garde  républicaine  parut  à  Saint-Florent. 

L'armée  fui^itive  des  Vendéens' ressemblait 
plutôt  à  une  nation  émigrante,  forcée  par  la  dure 
nécessité  à  chercher  et  à  concjuérir  une' terre 
nouvelle  ,  surchargée  de  vieillards  ,  d'enfants  , 
de  femmes,  fusant Jeur  pays  incendié;  le  dé- 
sespoir avait  armé  les  femmes  même.  On  vit 
à  la  tête  des  troupes  une  La  Rochefoucaut  et 
une  sœur  de  l'Escure;  celle-ci  fut  tuée  en  ral- 
liant les  soldats  dans  une  l>alaille,.et  les  rame- 
pant  au  combat. 

Peut-être  un  jour,  lorsque  le  \erai  antiquQ 


V 


DEPUIS    LA    RÉVOLUTION.      I^S 

des  siècles  aura  passé  sur  ces  événements ,  lavniEp, 
poésie  épique  y  trouvera  des  sujets  intéressants 
xpour  nos  neveux  ,  comme  te  furent  les  poésies 
d'Homère  pour  les  Grecs.  On- y  trouvera  un 
grand  intérêt  harional  ;  cFtrn-'côJé  ,  Phéroïsme^ 
chevaleresque;  de  l'autre,  le  courage  tenace 
du  caractère  républicain;  et  Ton  admirera  que 
la  tuême  nation  modifiée  'j>ar  des  opinions  drf-. 
férentes ,  ait  donné  des  modelés  de'VertUj  ou  du 
nibltis  des  qualités  guerrières  ;  car.  le  nom  de 
vertu  peut  rarement  honorer  le»  feits  d'armes 
des  deux  partis',  comme  dans  les  guerres  ch; 
viles  de  îous  les  peuples,  les  fureurs  de  Mars 
flctrissentscsIkuHe'rfe!.  Trop  souvent  et  de  part  et 
d'autre,  les  massacres  soui^  le  nom  de  repré- 
sailles, les  embrasements,  les  pil te ges,  les  ou- 
trages à  lu  nature,  aux.  mœurs,  à  la  pudeui.' 
tl  à  l'humanité',  la  destruction  sous  toutes  les 
formes,  couvrirent  de  sang,  de  cendres  et  de 
deuil  les  contrées  qûela  gloire  et  la  valeur  de* 
^combattants  auraient  pu  illuâtref'. 
'  La  nouvelle  situation  des  Vendéens  semblait 
désespérée;  et  cette  troupe,  poursuivie  par  une 
aVmée  victorieuse,  semblait  une  proie  facile  à 
'saisir  pour  finir  la  giierre.  •  ' 

Les  Vendéens  entraient  Céti9y  xln  pays  étraiî*- 
ger  pour  eux;  ils  n'avaient,  nr  vivres,  ni  niu- 
nitions,  ni  place.  Lç  courage  leur  donna  tout*,. 


Î74  HISTOIRE    DE     I^RAKCË, 

viUEp.  et  leurs  nouveaux  combats  étonnèrent  la  France 
''^^*     et  l'Europe.  La  plupart  de  leurs  chefs  étaient 
hors  de  combat ,  Laroche-Jacquelin  seul  était 
en  état  de  commander  et  d'agîr. 

Leur  première  action  de  guerre  fut  de  s'as* 
surer  d'une  place  d'armes.  Après  leur  débarque- 
ment, ils  s'emparèrent  de  Varades,  près  d'An- 
cenisqui  fut  emporté  de  vive-force.  Ingrande, 
•  Segré  ,  Condé  cédèrent ,  Château-Gontier  ré- 

sista en  vain.  A  Laval ,  une  réunion  nombreuse 
de  gardes  nationales  ne  put  défendre  la  ville* 
Laroche-Jacquelin  s*y  trouva  à  la  tê(e  de  trente 
mille  hommes  et  de  douze  cents  cavaliers. 

L'armée  républicaine  qui  le  poursuivait  pa-^ 
rut ,  et  l'armée  vendéenne  marcha  à  sa  ren- 
contre.  Le  combat  fut  un  des^plus  longs  et  des 
*  plus  rudes  de  cette  guerre?.  Les  Mayençais  s'in- 
dignaient de  trouver  encore  des  ennemis  en 
face,  où  ils  ne  croj^aient  (](u'ajteindrè  des  fuyard$. 
Le  feu  cessa;  on  en  vint  à  l'arme  blanche;  on 
/  se  prit  corps  à  corps;  on  se  poignarda  avec  la 
baïonnette.  Stoflet,  après  six  heures  de  mêlée, 
fît  un  détour  avec  quinze  cents  hommes,  prit 
les  Mayençais  à  dos  et  en  flanc  ;  attaqué^  et 
rompus,  un  grand  nombre  périt;  le  reste  se  sativa 
il  Châteap*Gontier. 

Ce  fut  alors  que  l'on  put  croirç  à  Paris  que 
la  Vendée  était ,  selon  l'expression  usitée  alors. 


i 


*795« 


DEPUIS   LA  REVO  LU,T  ION.         ^J^ 

Uiïct  hydre  aux  têtes  reaaîssantes.  Peu  de  jours  vim:^ 
ayant,  on  avail  représenté  les  Vendéens  fuyant 
dp  leur  pays  après  deux  défaites.  Qa  les  voyait 
^UT'.uae  terre  étrangère ,  entourés  dUiabitants 
aroiés  qui  ne  pouvaient  qu'être  leurs  ennemis  ; 
on  les  Voyait  CQrpme  une  horde  fugitive  et 
chassée  sans  vivjnes^  sans  munitions  de  guerre  $ 
presque  sans  armes  »  partout  sans  asile;  et  peu 
jçle  joqfs  ensuite.,  ils  sont  proclamés  vainqueurs 
de  cette  nième  armée  de  Mayence  ,  l'espoir 
de  Jarrépubliqi^  et  Télite  de  ses.  guerriers.  L^s 
succës  des  armés  vendéennes  ayaieht  réuni  à 
eux  les  méconteots  du  nouveau  pays  où  ils  com- 
batta.ient«  Dix  mille  étaient  venus  les  joindre. 
Ub^  troisième  victoire  que  décida  la  pré- 
sence de  l'Ëbcure  »  qiû.se  6t  porter  mourant 
dans  les  rangs  de  ses  soldats  éûrftplés ,  leur  li- 
vra Laval  et  Cbâtpau-Gontier  ;  enfin  une  qua- 
trième bataille  ,  à  Ërnée,  ayant  ,encore  été  à 
l'avantage  des  Vendéea3  ^.  Jes  villes  de  Dol  , 
Avranches  ouvrirent  leurs  |)ories  ;  Fougères  fût 
emporté  d  assçiut. 

L'indiscipline  et  Timpérltie  furent  catisede, 
la  défaite  de  l'armée  républicaine;.. elle  marr 
chait  négligemment  à  l'ennemi  le  long  du  grand 
chemin  sur  *une  seule  colonne.  L'ayant -garde 
>rivfpienjt  attaquée ,  se  renvei:sa  ^ur  la  tête  de 
la  cplonue ,  «t  bientôt,  par  l'eâet  connu  des  mûji^ 


yniEp.  vements  de  terreur  cornfniini'qtiés,  tmit  fut  efi 
désordre  et  bientôt  en  déroute.  Le  général  Le- 
chelle ,  pla^e  piar  les-jàé^Mns  de  Paris,  Se  ^t 
înstice  ;  'et  donna  sa  dérnîsàioiii.t^ariïîée^^e  ré* 
tira  sur  Aù^é^Si- J^arhaîs  lés  aftiiiresdes  V^ii- 
èléens  n'avaieirt  été  dànô'uii  élat  si  ftorissahf. 
Le  pasèhge?  de  la-Lôîrey  éri  écyrtiint  les  Vendéens 
ffè  letir  pajs,  tes  avait  liés  è*^k('fdrtuû«  de;l^tT^f^ 
fchefs;  ils  ne  pouvaient  plus  rétolirtièr  à'  lèiirfe 
Fojérs.  Après  lé  combat ,  ce  S*^ïa?i*  plus'  deè 
liomrhes  rustîtjties'rasseitïblés^jkMli^'uA  eôiij^'cte 

^  itiaîn,  et  dispersés'par  la  iiéeeSsîté  des  subsis- 
tances; aguerris  par  deux  fatt^pagnee  e't  'd^s 
combats  journaliers,  c'étaient  alors  .des  sôtèM^s 
endurcis  aux  travaux  et  accontumés  aiix'reréi^ 
et  aux  alartneéi  n-ayant  plus  rien  à  pferdrêj  et 
ne  pouvaîit  vivre  ^tie  de  léur'épée.  " 
'  '  Am  ë$'raffkii  é  de  Laval ,  les  'chers  tinretit^côn* 
^eils;  les  uns  voulaient  rétournei^  datis  la  Vén* 
liée  ;  des  avis  plus  audacieux  proposent  de  mavi 
elve^stair  P<iHs.'  L'ârinée  était  àlôï^è  de  40  milfe 
hommes,  trois  fois  victorieux  d^uis  pe»  tte 
jôufs.  Les  varries  conjectures  sur  toutes  les 
chances  dG<  làf  probabilité,  sont  des  dissertations 
jpolitiqùesc^iei'hTStôire  abandonne. 

©es  causes  plus  réelles  influaient  alors  sur 

les  évérieniïé'ritè^ef  sui^  les  détermitiationsiç  le 

TCdbineÉ  -brîtannî^'ue  ne  perdait  pas  de  vue  la 

^  '  guerre 


■t* 


I 

1 

PEPUIS     LA    REVOLUTION.         177 


jBjnerre  civile  de  France.  Tant  que  les  succès  viiiïïp. 
furent  balancés,  il  offrit  des  secours;  mais  dès         * 
que  Tarraée  vendéenne  approcha  des  rivages  de 
la  mer ,  les  communications  furent  plus  intimes. 
On  prépara  ub  grand  armement  dans  les  ports 
de  l'Angleterre  ;  on  forma  en  corps  les  Fran- 
çais émigrés  ;  on  annonça  des  efforts  et  des  se- 
cours, dont  la  mesure  et  l'objet  furent  connus 
quelque  temps  après  à  Quiberon  ;  etVest  à  ces 
considérations  qu'il  faut  attribuer  sans  doute  la     ' 
faute  que  firent  les  Vendéens,  en  se  détermi- 
nant à   une  entreprise  sur  Grandville   et  sur 
Saint -Mcdo,.  Les  Vendéens  n'avaient  point  de 

yfloltes,  et  leurs  conquêtes,  s'ils  eussent  réussi, 
ne  pouvaient  être  gardées  que  par  les  escadres 
anglaises. 

On  se  décida  d'après  l'espoir  que  donnèrent 
les  apparences  d'une  communication  facile  avec 
une  grande  puissance  maritime. 

V  Grandville  et  Saint-Malp,  placés  au  fond  du 
golfe  que  ferment  les  îles  de  Jersey  çt;  pre- 
nesey,  communiquent  par  elles  avec  les  côtes 
méridipoales  de  la  Grande-Bretagne,  et  tous 
iès,ports  qui  y  sont  situés,  Grandville,  d'un  plus 

.  fiicile  accès,,  dut  être  attaqué  d'abord,  et  le  suc - 

.  ces  de;celte  entreprise  devait^ décider  de  celle  de 
Saint-Malo. 

Les  Iwbitants  de  Grandville  s'armèrent  ,et  se  «/>  «o^- 
Tome  IF.  12  - 


178  HISTOIRE    DE    iFRANCE, 

viriEp.  réunirent  à  la  garnison.  Un  officier'  municipal 
•79^.    revêtu  des  marques  de  sa  dignité ,  fut  tué  sur 
les  remparts  ,   ordonnant   les  moyens  de  dé- 
fense. 

La  cavalerie  vendéenne  se  déploya  en  avant 
des  faubourgs  de  Grandville;  puis  l'infanterie 
tenta  Tassant,  mais  sans  succès.  On  s*étaît  em- 
paré des  faubourgs;  mai^  personne  dans  Par- 
mée"  ne  connaissait  l'état  des  fortifications  de 
la  place.  Elle  fut  attaquée  trois  joui^  de  suite 
par  le  côté  le  plus  fort,  et  la  valeureuse  dé- 
fense des  habitants  et  de  la  garnison ,  sauva  la 
ville.  Cet  échec  rétablit  les  affaires  de  la  répu- 
blique. Les  succ^ës  suivis  sont  nécessaires  aux 
partis  qui  lèvent  l'étendart  de  l'opposition  contre 
les  gouvernements  étabh's.  L'opinion  qui  seule 
leur  donne  des  renforts,  s'éloigne  ou  se  rap* 
proche  de  leur  cause  avec  la  victoire.  Cet  échec 
reçu  devant  Grandville,  assura  tous  les  dépar- 
tements du  Nord  qui ,  à  la  première  nouvelle 
du  siège,  en  attendaient  l'événement. 

La  flotte  anglaise,  après  avoir  croisé  quelques 
jours  pi  la  vue  des  îles  de  Jersey,  rentra  dans  ses 
ports  ;  et  quoique  les  Vendéens  eussent  obtenu 
quelques  succès  sur  l'armée  républicaine,  à  Dol , 
leurs  affaires  allèrent,  toujours  déclinant  depuis 
la  levée  du  siège  de  Grandville. 

Plusieurs  causes  avaient  concouru  à  leurs 


I>ËPU  IS    LA    RÊVOLUt^ON*  IJÇ 

premiers  succès.  D*alK)rcl,  la  composition  des  viiiHjj. 
armées  de  la  république ,  levées  à  la  hâte  dans 
Paris,  ou  formées  de  réquisitions/  prises  sur 
place  ,  dans  le  pays  même  qui  était  le  théâ- 
tre de  la  guerre  ,  et  par  conséquent  compo- 
sées d'hommes  souvent  d'opinions  opposées  à 
celle  du  parti  qui  les  forçait  de  combattre.  Le 
choix  des  généraux  que  la  méfiance  dictait 
plus  que  toute  autre  considération.  On,  ne  peut 
//(Oz//er,  écrivaient,  après  la  déroute  de  Vibiers» 
les  représentants  commissaires  Bourbotte  et 
Thureau  ,  on  ne  peut  douter  qu^il  n  existe 
dans  notre  armée  une  foule  de  contre-réçolu^ 
tionnairés  qui  ^  en  pillant  les  maisons  des  \ 
meilleurs  citoyens^  et  en  violant  leurs  femmes 
et  leurs  filles  y  cherchent  à  faire  tourner  contre 
n&ns  les  armes  des  habitants  du  pajs ,  ces  scé- 
lérats sont  parvenus  à  faire  fuir  les  troupes 
chaque  fois  que  les  brigands  s^ approchent. 

Cette  confiance  mutuelje  et  à  Tépreuve ,  qui 
fait  qu^au  moment  du  combat  les  hommes 
comptent  l'un  sur  l'autre,  et  s'assurent  ainsi  daps 
le  poste  qu^ils  occupent,  faisait  la  force  des  sol- 
dats vendéens ,  et  manquait  tot^^lement  aux  ai:- 
mées  républicaines;  composées  de  corps -incon- 
nus l'un  à  Tautre.,  et  que  l'opinion  et  l'esprit 
de  parti  ne  ralliait  pas., 
•  .  Au  moment  oii  le  siège  de  Gràadvill^  fut  in- 


l8o         HISTOIRE     DE     F  R  A  N  C  Ê> 

viiiÉ^.  coTisidérèment  résolu  par  les  chefe  tle  la  Ven«* 
'    dée ,  lUi  autre  plan  plus  hardi  avait  été  pro- 
posé, c^était  de  marcher,  par  les  départements 
du  Nord ,  sur  l'armée  de  Jourdan ,  et  fa  mettre 
ainsi  entre  deux  feux.  Ce  parti  qui  eût  coupé 
A  l'armée  du  Nord  de  la  capitale ,  tut  heuretise- 

ment  rejeté.  La  réussite  eût  ouvert  les*  barrières 
de  la  France  à  rétranger,  et  déjà  les  succès  de 
ia"  bataiUe  xle  Watigni  étaient  balancés  par  des 
revers.         r  .    : 

Après  la  retraite  des  ennemis  au-delà  de  la 
Sflmbie,  Jourdan  avait  refusé  de'  la  i)asser  pour 
aller  les  attaquer,  avant  (Qu'une  forte  diversion 
dans  la  Flandre  maritime,  y  eût  retenu  les  ren- 
forts <jue' les  généraux  autrichiens  auraient  pu 
tirer  de  cette  partie. 
i.eïbiu.      Cette  diversion  s'opéra  par  une  attaque  «ur 
ai;  orto.  toute  la  ligne  ennemie,  depuis  Arlenx  jusqu'à 
Bailleul;  tous  les  postes  ennemis,  à  Varî^etoh  , 
Fjiïrnes ,  Commines  ^  Poperingue  ,  furent  en- 
.  levés  ;  sept  pièces  de  canon  restèrent  aii- pouvoir 
^     des  Français ,  et  les  Autrichiens  furent  j  par  ces 
^         mouvements  ,  forcés  de  lever  leur  camp  de  So- 
îème  et  de  se  rapprocher  de  Valencieones.   . 

Malgré  ces  avantages ,  l'état  de  Fermée  de 
Jourdan  était  tel ,  p^  le  dénuement  de  tous  les 
moyens  pour  se  porter  et  agir  en  avant,  que 
les  commissaires  représentants ,  par  un  arrêté 


« 


Dl^fV.l  S     LiA  :5R  É  T.OLVriOλ.        l8| 

motivé  i  tl  tjiii  prouve  aa$ez  combien  les  gé-  vnvRp. 
néraux  craignaient  de  compromettre  Içttr,  res*    ^^^' 
pms^bëiké  9  déoidèl'çnl  ùa^  t^otivenriènt' rétro- 
grade <i.i]i;rèpQrta  ceitç '»i>m^e  dans>  les  même^r 
positions,  qu'elle  occupait  ^^vant  la  viètoj]?e.cdQ 
Watîgm\)v  :  •   n.  •-:  -  ;      .  :.    ■        .  ^..î...i.":    --i 

.Quatre  mille^hommesqtii  occupaient  eH^vant  9  trum. 
le'cpQSte  de  Marchiennes  >.y  iucent.atlaq.iies'  pai» 
des  Forces  trës-su  péri  eurës.  Qb  liges  dé  ise-irc*iner 
dans  laivilie»  le^cooibai  y  fi^t  un  massacre  «  où» 
plu&  de  kr  'moitié'  lurexit  tués;  eki  .CDmWttant 
tiaBis>i)es  .1  ues ,  le  reste  l,^pres<}ue  tout  defblessés  y 
futfpjrîs.  'Depuis  Ja  riHn  :tj»^{(]ue  ^de  Mari^^An^f 
toifiette  bette  guerrélàvattjprisunraractère^de; 
liaine  et  d'exterminatiô»,  'Lés  Français  fuçenf 
aussi  foiroés  à  lever  le  siège  de  Nieuporf^dans 
ces  aIteiiÈ)atives  de  marches  et  de  retraites  ,  les 

4 

combate  journaliers  tie  décidaient  ri,ctn^|^et;OûBà* 
taient  aux  nrations  beauffoup.desarigw >a  >.t    •• 

L'aripée  de  Jourdau)  était,  postée  ajaufe  3on. 
centrera  Giiise,  où  était  ie  quartier^gfç^érali 

Le  prince  de  Wurtemberg,  avec  un  corps  de.  17  M. 
trente  mille  hommes  détachés  de  la  grande  àr-  ®  *^^* 
mée  autiichienne,  ^ttaquaaiC  toute  la:  ligne*  de$ 
postes  français ',   fut  piartoXi t. repoussé;^  fiprès 
un  combat. longtemps  douteux^  etiqiKT'xlécl-*    f-»"* 
dèrent  jplusieurs  charges  d- un ^  corps  de-  eava-  «aidsw 


\ 


l8â        HT  î  S  T  O  I  Rï  'd:E     FRANCE, 

vruEp.  lerie  légère,  qui  n'arriva  que  vfers  la  fin  de  la 
journée.    **       -  ... 

"  Pour  réparer  cet  échec-,  Par  méfe.  eût  ière  des 
alliés  passa  la  Sambre ,  prit  position  '^'  Beau- 
mont,  d'où  eHe  se  pdrti^  en  avant  jusque: près 
de  Saint-Quentin,  et  ses  postes  firent  contribuer 
des  villages  à  deux  fieues  de  cette  pUlce.  Ce 
tnouvenaertt  hoits  de  mesure  ,u'avâit  pour  ob- 
jet que -dVssurer  rétablissement  des  quar liera 
d'hiver  en  arrière  ;  maïs  sur  la  ligné  frontière 
du  lÈTritGJTe  français.  Cette  ligne  de  cantonne- 
xnent^duvent  attaquée  (la  rigueur  de  :la  iaison 
ralentit  peu  ja  guerrei)  ^-s'étettdil  dèNainur 
à  F^iriies  ;  .passant*  par  Charleroi>  Mezières  ^ 
^  Beanmont,  Bavai,  le'Quesnoy,  Valentiennes , 
Templbuve  ,  Pôperingue  ,  que  les  alliés  ve- 
naient -  de  reprendre  après  une  action  san- 
glante .à  Hondtschoote.  Tous  ces  lietijc  déjà 
signalés  pendant  cette,  campagne  par  des  suc- 
cès, étrpjar  des  revers  de  chaque  parti,  furent 
encore,  pendant  cet  hiver,  le  théâtre  de  com-v 
bats  indécis  et  sans  résultat  fi:énéral. 

L'armée  de  Jourdanse  divisa  en  trois  corps; 
le  premier,  plus  en  force ,  se  porta  en  avant  de 
Lille  y  au  camp  de  Cisoing,  que  les  alliés  ve- 
nait cPatandonnen  Un  autre  corps:  lut  placé 
entre  Bouchain  et  Cambray ,  pour  arrêter  les 


DEPUIS    LA     REVOLUTION.         l83 

courses  continuelles  des  troupes  légères  dans  le  viiiEp. 
Cambresis;  au  Nord,  dans  la  Flandre  maritime,    '^^  ' 
la  troisième  division  de  l'armée  se  retira  vers 
Dunkerque ,  et  occupa  les  camps  de  Rosendael  et        v 
de  Hondlsclioote.  Tous  ces  corps  furent  tenus 
en  activité.  Le  comité  de  salut  public  méditait  une 
campagne  d^hiver  et  l'invasion  de  la  Flandre 
par  les  pays  maritimes.  Les  succès  de  l'armée 
de  la  Moselle  pouvaient  faciliter  ce  projet. 

Cette  armée,  après  plusieurs  incursions  dans 
le  pa378  occupé  par  l'armée  aux  ordres  du  gé- 
néral Bçaulieu  ,  l'avait  obligé  à  se  retirer  au- 
delà  de  Philippeville  ;  et  en  même  temps  une 
division  conduite  par  Hoche ,  avait  attaqué  à  la 
droite  le  corps  commandé  par  le  général  prus- 
sien Kdlkreut,qui  faisait  partie  de  l'armée  de 
Brunswick  ,  couvrant  la  droite  de  Tarmée  de 
Wurmser  devant  Strasbourg. 

Les  Prussiens  attaqués  dans  leurs  positions  as  bm; 
près  de  Bitcli  et  de  Blies-Castel,  n'y  furent  pas  '^ 
forcés;  mais  se  retirèrent  pendant  la  nuit  qui 
suivit  le  combat,  soit  qu'il  eût  rendu  cette  re- 
. traite  nécessaire,  soit  que  les  plans  combinés 
entre  les  deux  puissances  alliées  ne  fussent  pas 
d'accoixl  avec  leurs  intérêts  particuliers.  Ce 
mouvement  rétrograde  des  Prussiens  laissant  la 
droite  de  l'ai^mée  autrichienne  à  découvert,^ 
l'oblrgea  bientôt  de  s'éloigner  de  Strasbourg^ 


nfiv» 


i 


^ 


184         HISTOIRE     DE     FRANCE; 

VTiiEp.  et  de  se  resserrer  dans  ses  positions  en  arrière 
'^^^'  de  Hagueneau  ,♦  qialgré  la  reddition  du  fort 
Vauban,  jadis  Fort-Louis  ,  qui  venait  de  capi- 
tuler, laissant  sa  garnison  de  quatre  mille  hommes 
prisonnière.  Landau  était  toujours  bkx}ué;  mais 
les  efforts  de  l'armée  qui  l'environnait ,-  ne  me- 
nacèrent jamais  la  place.  La  même  division  d'in- 
térêt craignit  de  laisser  cette  jx)rte  du  territoire 
français  au  pouvoir  d'un  allié  qui  bientôt  devait 
cesser  de  l'être. 

Le  parti  dominant  dans  la  convention ,  ou 
plutôt  la  dominant  (car  Robespierre  et  l'anar- 
chie n'avaient  plus  de  contre-poids  )  ce  parti  que 
l'on  peut  à  cette  époque  nonjmer  le  gouverne- 
ment y  rassuré  sur  les  ennemis  du  dehors  ,  ne 
songeait  plus  qu'à  établir  et  consolider  sa  puis- 
sance. ' 

Son  système  unique  était  la  terreur,  et  ja- 
mais une  arme  politique  n'eut  un  effi?t  si 
prompt  >  si  général  et  si  sûr  :  une  tête  tombée 
en  faisait  courl>er  mille,  A  l'acpect  de  la  hache 
devenue  judiciaire  ,  ce*  sentiment  de  crainte 
et  de  respect  que  Tappareil  de  la  jtïstice 
publique  impose  ,  glaçait  tous  les  cœurs  , 
et  disposait  de  tous  les  bras  ;  les  uns ,  au  pre- 
mier si^^nal  et  souvent  sans  l'attendre  ,  vo- 
laient aux  frontières  comme  dans  tm  asile  ; 
les  autres,  retenus  près  des  exécuteurs ,  prê- 


DEPUIS'  LA     REVOLUTION. 


S5 


taîent  leur  mîriistërd  aux  meurtres,  consacrés  vniFp, 
par  une  apparence  et  par  des  formes  légales;  *^ 
et  lés  victimes  désignées  n'ayant  de  recours, 
ni  à  des  lois )  ni  mêtnê  à  une  force  publique, 
se  résignaient  sans  résistance  ,  et  en  appe- 
laient, en  expirant,  à  la  juislice  divine  et  à  la 
postérité.       -'^ 

Trop  de  monuments  écrits ,  contemporains 
et  publics ,  restenl  de  ce  temps  de  convulsioa 
soriafe  ;  trop  d'archives  sont  dépositaires  des 
actes  de  la  barbarie,  de  Tatroce  illégalité,  de 
l-éppreission  à  la  fois  systématique  et  vengeresse  « 
que  ron;fit  •j)eser  politiquement  et  méthodique- 
ment sut'  là 'France  républicaine,  pour  que 
l'histoire  soit  condamnée  à  nombrer  nominatif 
v^ment  les  forfâiià^ juridiques  des  commissions  j 
appelées  tribunaux  révolutionnaires  ;  qu'il  suf- 
fise de  léguer  mi«  générations  le  souvenir  du 
courage  passif  k\ed  victimes  qui  surpassa  Tinfa- 
tigable  activité;  des  piges. 

A  Strasbourg,  plusieurs  têtes  :  furent  abat- 
tues sur  la  place  jTUpblique;  et,  .l'instrument  fa- 
tal promené  ensuite  dans'  les  habitations  du 
culdvâteur,  alla  chercher  sa  proiedans  les  fermes 
et  dans  les  ateliers  rustiques.  Cefut  alors  que 
se  fit  cette  prodigieuse  émigration  des  départe- 
ments du  Rhin,  qui- confondit  tous  les  états 
dans  une  autre  égalité;  celle  de  l'infortune,  fit 


"A 


:i86  HISTOIRE     DE     FRANCE, 

viiiEp.  passer  à  l'étranger  ,  le  prêtre ,  lartisan  ,  te 
noble ,  le  fermier ,  le  propriétaire ,  Thomme 
de  journée.  L'armée  autrichienne,  qui  leur 
donnait  passage,  put  croire  que  la  France  lais^ 
sait  déserter  vers  -elle  tous  ses  défenseurs,  et 
dépeuplait  elle-même  soa  territoire.  Cette  énai- 
gration  locale  fit  passer  en  Allemagne  quarante 
mille  individus.  i 

A  Lyon,  il  sembla  que  l'on  voutût  détruire 
la  ville  même  ;  et  longtemps  après,  lorsqu'eofin 
le  pénible  recensement  de  tous  les  actes  san- 
glants de  l'anarchie ,  fut  présenté  à  la  tribune 
de  la  convention  délivrée ,  l'orateur  rapprochant 
les  faits,  les  ci rco.ns tances,  les  indices,  les  in- 
térêts surtout,  n'hésitait  pas.  à  annoncer  que  le 
crime  de  Lyon  était /l'être  le  centre  dç  l'indus- 
trie du  commerce,  et  la  source  d'une  richesse 
d'exportation  enviéeet  désignée  par  unejagencp 
6ecrèté  rivale  et  ennemie  de  l'industrie  et  du 
commerce  de  la  France.  Les  pliis  opulentes 
et  les  industrieuses  tamilles  de  Lyon  ,  périrent 
par  le  fer;  trop  lent ,  le  feu  de  la  mousquete:- 
ïie  y  suppléa,  et  bientôt  après ,  le  canon  chargé 
à  mitrailles,  fut  employé  pour  hâter  la  destruc- 
tion. Ce  qui  restait  de  maisons  de  quelque  ap- 
parence, apl^ès  le  bombardement,  fut  démoli; 
des  taxes  arbitraires  ruinèrent  ceux  à  qui  on 
^      laiêsa  la  vie  j  le  négociant  resta  sans  crédit;  le 


Z' 


l' 

DEPUIS    LA    RÉVOLUTION.       Ï87 

InânuPdcturierr  sans  ateliers  et.  sans  capitaux  ;  vincp*^ 
l'ouvrier  sans  travail  ,  et  celte  inscription  qui     '^^^•' 
dut  être  iélevée  .sur  les  ruiaes  :  Lyon  Jit  la 
guerre  à  la  liberté  y  Lyon  n^est  plus  y  fut  eflPec- 
tuee  avant  même  d'être  érigée.    ... 

A  Toulon,  les  commissaires  délégués  par  la 
convention,  ordonnèrent  que  tous  ceux  qui 
•avai<înt  porté  les  armes  pendant  le  siège 
eussent  à  se  rendre  sans-  armes  dans  une 
plaine  indiquée  piès  de  la  ville  ;  il  .s'en  trouva 
Ktîit  tnille  ;  ce  nombre  étonna;  on  jeta  le  sort  ; 
trois  cents  furent  fusillés, 

AAîx,jà  Marseille,  les  exéciitions  n'eurent 
li^u  qu'eût  détail; 

.  Bordeaux  expia  par  des  supplices  -et  par  de 
fbrtes  taxes ,  ses  menaces  sans  effet  et  sa  révolte 
«ans  action.       '     '  : 

Les  massacres  dans  la  Vendée  ne  se  faisaient 
fcnc^re  que  sotrs  la  forme  d^exé<mlion. mi li taire j 
'  Dans  les  autres  départements  de  l'ouest ,  lea 
prisods  se  remplissaient  ;  mais  le  sang  coula 
moins.  ^ 

^  Dans  ceux,  du  ntard,  l'anarchie  déploya  toutes 
ses  fureurs ,  surtout  p^r  ses  forràes  plus  ef- 
frayantes et  pîUB  pionstrueusés  :  on  y  vit  ies 
prêtres  enchaînés  deux  à  deux ,  et  exposés  à  la 
risée  du  peuple.  Pèii  de  propriétaires  échap- 
pèrent aux  angoissjes  d'une  longxte  détention.  Sur 


ï88  HISTOIRE    DE    .TRAî^C;E, 

viiiEp.  toutes  lés  frontières  y  la  mort  ne  moUâpoeait 
'^^^'  qu'avec  la  faux  de  la  gueiire  ,  quoique  Kin^trwt 
ment  fatal  fût  en  ])ernian0oce.à  la  suite  des 
armées  ,  et  que  l'on  eûr^vu  des  ai^eiS:  aller 
prendre ,  dans  les  rangs  et  derrière  les  redoU.teç 
qu'ils tléfeqclaient  i  des  3oWatK  accusé;^,  au.dé- 
elarés  su^p^cts.    «'  .. 

Du  centre  de  cette  circonférence,  Pariç,  eii-» 
voyait  la  terreur  sur  tous  les  rayons,  La  con- 
vention semblait  donner  Texenaple  deijsacrifices% 
Quatre:  de  ses  membres  ,  les  .plus  renommée 
par  leur  patriotisme  >  et  même  ainsi  t^)Q4.4? 
iiommart  alors. par  leur  jacôbinisiïife/ifureïit'ar- 
rêtés  par  un  ordre  seul  du  comité  jde  .«ui'etéjgéf 
nérale.  .  •  ;  /  .-/.-.  v     '  >    *     ,;m'[  . 

'  Un  court  rapport  en  renditxompte  ^  san»  exà} 
men  ni  discussion.  Bazire,  distingue  parmi, ieç 
montagnardsTomm^  crêtars ;  e'est  ainsi  qu^  se 
désignaient  eux-mêmes  oeùx  .qui  habitaient. i/a 
crête  de  la  7wb/i//7#«e ,  s'était  signalé  dans,pflu- 
sieurs  crises  révolutionnaires.  Envoyé  à  Lyon^ 
ses  rigueui's  sans  motif  avaient  révolté  le3. habit 
taats  y  et  décidé  les  événémeots'  du  3i  mai.  Il 
avait  sollicité  un  décret  d'amnistie  ea  .faveur  de 
Jourdan  d'Avignon  j  celui  qu«  l'on  siiroo^Qid 

.Chabot  sorti  du  cloître ,  s'étaitt6u|ours  signaf^ 
parmi  les  jacobins  par  les  plus  incendiairçs  i»Or 


DEPUIS    LA    RÉVOLUTION.       189 

tiens;  maïs,  fâtîgué  de  Passervîssement  de* ses  viilEp. 
c<rflégues,  il  avuittjsé  dire  que  s'il  n'existait  pas  *^ 
de  côté  droit ,  îl  ^n  formerait  tin  à  lui  seul ,  et 
cette  apparence  de  remords,  fut  son  crime.  Celui 
qui  lui  était  imputé  fut  une  yaste  conspiration, 
dont  lui-même ,  avec  Bazire ,  furent  les  dénoncia- 
teurs ,  mais  de  laquelle  on  les  supposa  complices. 
Les  deux  collègues  qu'ik  accusaient  étaient  Lau- 
nay  d'Angers  et  Julien  de  Toulouse,  tous  deux 
membres  connus  et  renommés  du  club  des  jaco- 
bins. Lé  premiet*,  ancien  magistrat;  le  second , 
ministre  de  la  religion  protestante  ,  réussit  à  se 
dérober  au  décret  d'arrestation;  les  trois  autres 
]>rolongèrent  encore  quelque  temps  leur  vie 
dans  les  prisonis,  jusqu'au  temps  où  Danton  suc- 
combant sous  son  rivicil ,  fut  conduit  au  supplice; 
accomj)agné  de  ceiix  que  l'on  appela  alors  ses 
complices. 

Ainsi  se  vérifiait  cette  prophétie  d'un  orateur  ; 
que  la  révolution,  comme  Saturne,  dévorerait 
ses  enfants.  Déjà  la  multitude  familiarisée  avec 
l'instrument  du  supplice ,  n'y  voyait  qu'un  spec- 
tacle ;  et  la  raîllerie  se  joignant  à  l'inhumanité, 
les  chariots  de  mort  qui  traînaient  les  condam- 
nés étaient  suivis  et  précédés  d'une  foule  nom- 
breuse ,  mais  toujours  composée  des  niêm^s  . 
hommes,  insultant  par  des  sarcasmes,  injurieux 
et  plaisants,  les  victimes,  la  plupart  calmes  et 


IÇO         HISTOIRE     DE.F. RANGE, 

Vin  Ep.  dédaigneuses.  Nuls  souvenirs  n^intéressaîent  plus 
le  peuple  en  faveur  de  ceux  q^'il  nommait  ija- 
guëresses  amis  et  sçs  défenseurs  ;  Texcës  même 
des  rigueurs  judiciaires  et  la  multiplicité  des  sen- 
tences (le  mort  ,  semblait  les  motiver.  Il  faut 
bien,  disait-on  ,  qu'il  y  ait  des  conjurés,  des 
conspirations  et  des  coupables ,  puisqu'il  y  ^ 
tant  d*accusés  et  tant  de  victimes.  Cette  opi- 
nion fut  même  établie  chrz  l'éti-anger.  Dans 
Péloignement ,  il  lui  était  plus  aisé  de  croire 
à  des  délits  politiques  qu'à  des  tribunaux  entiers 
de  juges  prévaricateurs. 

Parmi  les  procès  qui  se  succédaient  journel- 
lement au  tribunal ,  et  dont  le  nombre  interdit 
à  l'histoire  le  recensement  et  les  détails.  Quel- 
,  ques-uns  des  condamnée,  plus  connus  par  leurs 
actions  ou  par  leurs  emplois ,  fixèrent  l'attention 
publique. 

Laverdi ,  ancien  minisfre  sous  les  rois,  retiré 
depuis  longtemps  dans  ses  propriétés,  âgé  de 
soixante-dix  ans,  n'avait  pris  aucune  autre  part  à 
la  révolution  que  de  se  laisser  nommer  com- 
mandant de  la  garde  nationale  de  sa  com- 
mune. 

On  intenta  contre  lui  l'absurde  ^t  ridicule 
accusation  d'avoir  voulu  amener  la  famine ,  en 
jetant  des  blés  dans  un  bassin  de  son  jardin.  En 
vain  l'infortuné  vieillard  observa  que  ce  bassin 


DEPUIS    LA     HÉVOLUTION.    I9I 

n'avait  que  vingt  pîeds  de  diamètre  et  deux  viirtp. 
pieds  de  profondeur,  et  qu'il  était  situé  sur  le  *^^^' 
bord  de  la  voie  publique.  Les  rumeurs ,  popu- 
laires trop  justifiées  par  des  Faits,  avaient  accusé 
les  derniers  temps  du  règne  de  Louis  XV,  d'un 
système  de  spéculations  sur  les  blés.  Des  témoins 
au  procès  ju'oduîsirent  des  preuves  grossière- 
ment compliqiïées  d'un  pacte  que  l'on  appela 
pacie  de  famine  ,  fait  dès  Pannée  17:29,  et  re- 
nouvelé tous  les  douze  ans,  avec  qucitre  entre- 
preneurs,  poiu'  tenir  les  subsistances  à  haut  prix 
dfîns  toute  la  France.  Cette  imputation  faite  à 
un  ancien  ministre,  était  trop  à  la  portée  de  la 
multitude  pour  n'en  pas  être  accueillie,  et  il  en  sfrîm. 
fut  aisément  victime.  Dès  le  lendemain,  un  dé- 
cret ordonna  que  tous  les  fermiers^généraux  , 
les  .  intendants  ,  les  receveurs  -  généraux  des 
finances,  seront  mis  en  arrestation.  Ces  décrets 
étaient  déjà  des  sentences  dont  l'exécution  était 
seulement  ajournée. 

Peu  de  jours  après,  on  vit  comparaître,  et, 
selon  Texpression  du  ïtioiw^ntj  occuper  le [fàu- 
teuil y  un  homme  que  les  premiers  jours  de  la. 
révolution  de  France  avaient  rendu  célèbre  , 
Barnave  ,  retiré  à  Grenoble ,  après  la  fin  de 
l'assemblée  constituante,  trompé  dans  ses  espé- 
rancesde  liberté  et  de  constitution,  rie  desirait 


/ 


iça  HISTOIRE     DE     FRANCE, 

vixiKp.  plus  que  l'obscurité.  Cet  asile,  rarement  celui 
d'une  célébrité  quelle  qu'elle  soit ,  ne  futpas  res- 
pecté; traduit  au  tribunal,  il  y  retrouva  toute  son 
éloquence ,  qui  ne  put  le  défendre  d'un  jugement 
déjà  prononcé  avant  de  l'entendre.  Un  de  ses 
anciens  amis,  et  compagnon  de  ses  premiers 
travaux  révolutionnaires  5  se  porta  contre  lui 
comme  témoin.  Après  la  sentence  prononcée., 
Barnave  lui  tendit  la  main  ,  en  lui  demandant 
la  sienne. 

<f  Je  vous  la  donne,  dît  le  dur  républicain, 
mais  comme  Brutus  à  son  fils.  ^ 

Duport  du  Tertre  subit  son  jugement  le  même 
jour;  ir avait  été  nommé  garde  du  sceau  pen- 
dant l'assemblée  constituante;  revêtu  de  cette 
dignité  |i  l'époque  de  l'arrestation  de  Louis  XVI 
à  Varennes,  on  lui  rappela  qu'il  avait  déposé 
sut*  le  bureau  de  l'assemblée  nationale  le  sceau 
de  l'état,  quoiqu'un  décret  le  lui  eût  spéciale- 
ment ordonné.  Depuis,  révolté  des  attentats  du 
2  septembre,  il  en  avait  dénoncé  les  auteurs;  et 
dans  toutes  les  occasions,  il  avait  manifesté  une 
opposition  aux  jacobins,  qui  ne  pouvait  lui  être 
pardonnée.  A  la  lecture  de  son  jugement ,  il 
s'écria  :  «  La  révolution  tue  les  lionKiies  et  la 
postérité  les  juge.  » 

Kersaint  aussi  qui ,  par  un  mouvemcut  incal- 
culé ,  mais  généreux ,  ^vait  donné  sa  démission , 

lut 


V 


V 


DEPUIS    LA    RÉVOLUTION.      198 

fut  traduit  et  jugé.  Il  avait  motivé  sa  démission  vmEp. 
par  une  lettre  datée  du  20  janvier.  Appelé  à  \a^    ^^^^* 
barre  peu  de  jours  après,  il  avait  refusé  de  re- 
prendre sa  place. 

Enfin  un  seul  arrêté  du  coûseil-général  de 
la  commune,  ordonna  que  tous  les  citoyens  qui 
s'étaient  trouvés  membres  de  la  Inunicipalité 
dont  Bailly  était  maire,  et  qui  avaient  signe  l'ar- 
rêté du  Champ-de-Mfcrs,  seraient  traduits  au 
tribunal  révolutionnaire.  Une  foule  de  citoyens 
qui  se  croj^aient  oubliés,  furent  tirés  de  leur 
fojer ,  et  renfermés  en  attendant  l'heure  du 
tribunal. 

S'il  fallait  que  le  burio  de  l'histoire  traçât  tous 
les  détails  sanglants  de  cette  terrible  époque, 
bientôt  émoussé ,  il  ne^  lui  resterait  aucui\ 
moyen  pour  graver  en  traits  plus  durables,  les 
événements  militaires  qui ,  aux  yeux  de  la 
postérité  ,  couvriront  ces  forfaits  juridiques, 
comme  ils  les  dérobaient  aux  yeux  de  l'étranger 
et  de  l'ennemi. 

Quoique  les  quartiers  d'hiver  pris  par  les 
d'eux  armées ,  fussent  souvent  réciproqueiptient 
attaqués,  chaque  parti  éprouvait  le  besoin  d'un 
intêrvallp  de  repos,  qui  pouvait  seul  mettre  en 
état  de  recommencer  la  .:^uerre  au  printemps, 
et  chacun  ne  s'appliquait  qu'à  pouvoir  ouvrir 
le    premier    la    campagne.    Cet    intervalle   à 

Tome  IF.  .  i3 


s 


194        HISTOIRE    DE     FRANCE, 

ViiiEp.  des  mouvements  trop  prompts  et  trop   décî 


/ 


^^  *  sifs  pour  avoir  pu  être  interrompu  dans  le 
récit ,  permet  de  le  reporter  aux  autres  exlré- 
îTiîtés  de  la  France,  où  d'autres  armées  com- 
battaient aussi  pour  et  contre  la  liberté  des  na- 
tions; 

L'ancien  pacte  de  familfe  qui  liait  les  deux 
branches  régnantes  de  la  maison  de  Bourbon , 
avait  été  maintenu  de  faif  par  l'assemblée  consti- 
tuante» lorsque ,  par  un  élan  magnanime,  elle 
tripla  le  nombre  des  vaisseaux  dus  par  le  traité 
à  l'Espagne  attaquée  par  l'Angleterre.  Malgré 
l'éloignemeiit  que  la  cour  de  Madrid  manifes- 
tait pour  les  principes  de  la  nouvelle  consti- 
tution de  la  France,  la  crainte  de  TAnfifleterre 
'la  rattachait  à  l'alliance  de  la  république.  Les 
événements  de  Varennes  et  du  lo  août  ne  l'en 
détachèrent  pas  ;  mais  en  même  temps  la  con- 
duite des  ministres  espagnols  envers  les  Fran- 
çais qui  se  trouvaient  établis  en  Espagne,  pro- 
voquait une  rupture ,  et  la  convention  les  pré- 
^1^3?  venait  toujours.  La  guerre  fut  déclarée  à  l'Es- 
pagne, et  le  même  décret  porta  à  cent  mille,  le 
nombre  des  soldats  qui  devaient  être  rasseuiblés 
sur  cette  frontière.  * 

L'Espagne  aussi  n'avait  pas  négligé  les  usages 
politiques;  on  se  servit  des  prêtres,  et  surtout 
des  moines,  dont  l'autorité  est  reconnue,  pour 


D  li:PUIS    L  A   Ki  VGLUTI  ON.         ïpS 

exaller  l'esprit  du  peuple,  et  opposer  ainsi  na-  vïiiFp. 
tion  à  nation  ;  on  fit  dans  tous  les  paj^s  une 
lecture  publique  du  testament  de  Louis  XVI, 
et  Teffet  de  cette  mesure  fut  prodigieux.  La 
multitude  s'anima  d'une  égale  fureur  contre 
tous  les  Français  sans  acception  de  parti  ni  d'é-  , 
tat.  A  Valence  ,  les  maisons  des  commerçants 
français  furent  incendiées  ;  à  Barceloune,  plu- 
sieurs Français  furent  massacrés  ;  à  Cadix,  les 
biens  des  maison^  de  commerce  furent*  mis  sous 
le  séquestre,  et  la  plupart  des  négociants  eurent 
ordi'e  de  quitter  l'Espagne,  et  furent  contraints 
de  se  retirer  en  France. 

Des  cent  mille  hommes  décrétés  par  la  con- 
vention pour  composer  les  armées  d'Espagne  » 
il  n'en  existait  que  trente-trois  mille. 

On  avait  formé  ,  ou  plutôt  désigné ,  deux 
armées  sous  le  nom ,  l'une  des  Pyrénées  orien- 
tales, ayant  sa  gauche  à  la  Méditerranée ,  l'autre 
de^  Pyrénées^  occidentales  ,  ayant  sa  droite  à 
l'Océan  ;  les  fronts  des  deux  armées  se  prolon- 
geaient parallèles  aux  montagnes,  de  manière 
que  leurs  ailes  opposées  se  rejoignaient  vers  le 
centre  de  cette  étendue,  où  l'élévation  des  Hautes- 
Pyrénées  rend  les  passages  plus  rax^es  et  plus 
difficiles.  ' 

Lorsque  la  guerre  fut  déclarée  à  l'Espagne 
le  7  mai^,  l'armée  des  Pyrénées- occidentales 


^ 


îg6  HISTOIRE    DE    FRANCE, 

ViiiEp.  n'était  composée  que  de  huit  mille  hommes, 
^^^\    partie  troupe  de  hgne,  partie  levée  réquisition- 
naire  du  pa3^s.  L'armée  des  Pj^rénées  orientales 
n'était  que  de  vingt-cinq  mille  hommes.. 

L'Espagne  au  contraire  avait  des  préparatifs 
formidables ,  une  armée  de  trente  mille  hom- 
mes ,  nombreuse  en  cavalerie  et  en  artillerie ,  oc- 
cupait déjà  les  passages  vis-à-vis  Bayonne  et  de- 
vant Perpignan  ;  tme  autre  armée  de  même 
force  menaçait  d'une  invasion  ;  et ,  par  un 
contraste  assez  remarquable,  autant  la  déclara- 
tion de  guerre  de  la  convention  était  d'un  style 
haut  et  tranchant.,  autant  le  xnanifeste  de-l'Es- 
pagne  était  plus  même  que  modéré.  Le  rappro- 
chement de  ces  deux  corps  d'armée,  et  le  but 
de  leurs  opérations,  quoiqu'elles  fussent  indé- 
pendantes, obligeront  de  faire  marcher  de 
front  le  récit  des  événements  de  l'une  et  de 
l'autre  àrmce. 

Si  mars.  Leurs  Opérations,  commencèrent  à  peu  près 
à  la  même  époque  ;  à  la  gauche ,  le  général  Sa- 
huguet  fit  une  première  invasion  dans  la  val- 
lée d'Arran,  et  ramena  quatre-vingts  prison- 
niers. Ce  léger  avantage  ne  fut  pas  soutenu. 

ioaTrii.  Une  entreprise  des  républicains  sur  Saint-Lau- 
rent de  Lacerda  se  termina  par  une  retraite;, 
cinq  compagnies  françaises  avaient  attaqué  six 
bataillons  espagnols;  ceux-ci  s'emparèrent  du' 


1 


BEPiriSLA    RÉVOLUTION.         I97 

poste  important  d'Astei^ils 7â(taquèrent  ?â  ^'ille  viiiEp. 
dé  Ceret  ;  là,  les  bataillons' natfonaux  qui  n'a-   *^^  * 
vaient  pas  comme  ceux  dtt  Nord  eu  les  occasions 
de  s^'aguerrir,  se  mirent  en  déroute,  et  la  retraite 
fut  couyerte  par  un  baiaillon  du  régiment  de 
Champagne,:  commandé   par  Sauret,  bientôt 
élevé  au  gracie  de  général.  Les  troupes  en  rè-    «^ 
traite  et  e«  désordre,  se  réfugièrent  à  Perpi- 
gnan ,  qui  fut  aussitôt  mis  en  état  de  siège  par 
les  commissaires  représentants,  ' 

A  la  droite,  en  avant  de  Bayonne,  Varmée  avait 
été  divisée  en  plusieitirs  postes  trop  éloignés  pour 
se  soutenir.  La! nécessitéde  calmer  les  craintes  des 
haljitantsdu  pays ,  avait  obligé  de  garder  tous  le» 
passages  fcftte  dispDérsion:  devait  amener  des  ré- 
vers. Le  camp^établi  au  fort  d'Andaye»fut  atta- 
qué de^. hauteurs  -dominantes  occupées  par  les 
Espagnols  ;  une  vive  canonnade  suffit  pour  faire 
abandonner  le  camp.  Les  Espagnols  passèrent 
la  rîvièi^e  de  la  Bidassoa,  et  menacèrent  le  fort. 
Un  chef  de  bataillon,  nommé  Willot,  rallfaquel-  a^arti^t 
ques  troupes,  et  les  Espagnols  furent  repoussés; 
mais  le  lendemain ,  il  fallut  retirer  la  position 
plus  en  arrière.  Presque  tous  les  généraux 
avaient  été  blessés.  Le  général  en  chef  Du-  . 
verger  fut  destitué  et  traduit  à' Paris  afu  tri- 
bunal. .      .      • 

A  la  gauche  du  camp  d'Andaye  était  le  camp 


5o  arril. 


198        .'HI  S  T  OmvE    DE    F  R  A  NC  E', 

vitiEp.  ^^^  Sarre  ,  gardant  le  passage  de  la  gorge 
»793.  dç  ]a  Ver^.  Ce  camp  fat  .attaqué  peu  de 
jours  après.  Le  général  espagnol  dora, Ventura 
Caro  voulait  tâter  tou«  les  postes  français  pour 
juger  quelles  troupes  il  avait  à  combattre.  Lé 
camp  de  Sarre  ftat  abandonné ,  et  se  replia  en 
d<jsordre  jusque  sttr  la  ville  d'Ustariz.  Ce  fut  à 
cette  retraite  que  se  signala  le  brave  Latour-^ 
d'Auvergne,  qui  dépuis  refusant  toutcommaq* 
dément ,  reçut  de  Bonaparte  le  grade  unique  de 
piremiergrenadier  de  l'armée.  L'alarme  se  mit 
à  Bavonne  ,  où  rien  n'était  en  état  de  défense  ; 
mais  les  Espagnols  ,  après  avoir,  brûlé  le*  camp 
de  Sarre ,  ne  poussèrent  pas  leurs  avantag-es  ; 
^t  le  général  Servan  ,  î"ugjeant;iju'avant  de 
mener  ses  troupes  à  Fennemi ,  il  fallait  les  for* 
iner  par  Tinstruction  et  par^  la  discipUibe ,  établit 
l'armée,  dans  un  camp  en  ^vant  de  Bajonne, 
pour  couvrir  cette  place. 

.  Ainsi,  dès  le  début  de  la  campagne,  lés  deux 
armées  des  Pyrénées  se  trouvaient  retirées  sous 
Je  canon  de  leurs  places  fortes,  Bayonnè  et 
Perpignan.  Servan  fut  ensuite  rappelé,  et  l'armée 
des  Pyrénées  orientales  fat  commandée  par  le  gé- 
néral Deflers.  Cette  armée ,  outre  les  garnisons, 
ne  consistait  alors  qu'en  dix  mille  hommes  dis- 
ponibles, dont  quinze  cents  de. troupes  de  ligne. 
Deflers  avait  cependant  remarclié  en  avant  jus- 


DEPUIS    LA    REVOLUTION,      IÇÇ 

qu*au  Ma8-d*Eu ,  poste  sîtué  entre  Perpignan  vinHp; 
et  Bellegarde.  Quinze  mille  Espagnols,  sur  huit 
colonnes  ,  attaquèrent,  et  tournèrent  l'armée 
française.  Malgré  un  premier  avantage ,  le  poste 
fut  perdu;  la  déroute  reporta  les  troupes  d'abord  "9»«'' 
jusqu'au  camp  ,  ensuite  jusque  sous  les  murs 
de  Perpignan.  La  gendarmerie  à  cheval  refusa 
de  charger,  et  entraîna  tout ,  entraînée  elle- 
même  par  les  cris  accoutumés  de  trahison  et 
de  saui^e  qui  peut.  Un  moine  espagnol,  nou- 
veau Sinon ,  s'était  introduit  dans  Parmée  fran- 
çaise ,  et  av^it  réussi  à  gagner  la  confiance  des 
commissaires  représentants.  Ses  avis  étaient  cms 
et  suivis;  il  servait  cçmme  chef  de  bataillon,  et 
peu  s'en  fallut  qu'il  ne  parvînt  au  commande- 
ment de  Tarmée;  il  disparut,  quelques  temps 
après ,  dar^s  une  action ,  et  l'on  ne  sut  plus  ce 
qu'il  était  devenu. 

Après  la  retraite  du  Mas-d'Eu,  larmée  es- 
pagnole entreprit  le  siège  de  Bellegarde  ;  cette 
forteresse  est  le  premier  poste  avancé  sur  la  fron- 
tière de  France, et  devait  Touvrirà  l'ennemi;  il 
s'empara  d'abord  du  village  d'Argelés,  sîtué  sur 
le  bord  de  la  mer,  et  assurant  la  communication 
de  Perpignan ,  qui  se  trouva  ainsi  coupée  ;  la 
garnison  de  cinq  cents  volontaires  se  retira  sur 
Collioure. 

Pendant  le  siège  de  Bellegarde  qui  se  pro- 


S.o6  HISTOIRE    DE     FRANCE, 

ViUEp. longea,  les  opération^  se  continuaient  à  la  gau- 
'^^  '  chede  l'autre  armée:  un  eamp  était  établi  à  Saint- 
Jean-Pied-de-Port ,  avec  des  postes  en  avant 
qui  gardaient  les  défilés.  Ces  postes  trop  dis- 
persés au  pied  des  montagnes ,  dont  Tennemi 
occupait  les  positions  dominantes,  reçurent  plu- 
sieurs échecs,  aux  Aldudes,  à  Saint-Michel ,  à 
Château -Pignon  ,  seul  chemin  praticable  pour 
l'artillerie.  Le  général  espagnol  Cardo  résolut 
de  s'en  emparer. 

f  juin.  Les  républicains  furent  deux  fois  forcés  dans 
leurs  positions  ;  le  château  pris  ,  et  la  retraite 
en  désordre  se  fit  jusqu'à  Saint-Jean-Picd-de- 
Port,  où  les  troupes  s'entassèrent,  et  où  l'effroi 
les  retint  jusqu'à  l'arrivée  du  général  Dubou- 
quet.  Le  général  La  Genetière  fut  pris  ,  et  ce 
fut  là  que  le  brave  Desolimes ,  qui ,  à  latêtc  des 
compagnies  volontaires  basques,  avait  entrepris 
une  invasion  dans  la  vallée  de  Bastan, revenant 
en  hâte,  au  premier  avis  du  désastre,  tomba 
mort  au  pied  d'un  arbre,  épuise  de  fatigue  et 
de  la  clvaleur.  Les  Espagnols,  encore  une  fois, 
ne  profitèrent  pas  de  leurs  avantages,  et  le  gé- 
néral Dubouquet  eut  le  temps  de  reformer  ses 
troupes.  La  honte,  le  regret  des  dévastations 
dont  il»  étaient  témoins,  les  ramenèrent  bientôt 
au  cohibat ,  et  à  l'offensive  qui  ramena  la  vic- 
toire. A  la  droite  de  cette  armée ,  le  général 


r 

/ 

DEPUIS    LA    RÉVOLUTION.         201 

Servan  entreprit  d'eflfkcer  ces  désastres.  Après  la  viiiEp. 
prise  du  château  d'Andaye,  les  Espagnols  étaient  *^^^* 
restés  maîtres  du  cours  de  la  Bidassoa  ;  par  une 
chaîne  de  postes,  séparés  ainsi  de  leur  armée; 
on  entreprit  et  oh  réussit ,  à  enlever  tous  ces 
postes  ;  et  ce  succès  rendit  la  confiance  aux  Fran- 
çais aussi  facilement  que  les  revers  précédents 
la  leur  avaient  Fait  perdre  ;  et  ce  fut  alors  que 
Servan  fut  destitué  et  conduit  à  Paris.  Les  gé- 
néraux Delbecq  et  Labourdonnaie  le  rempla- 
cèrent,' 

Plusieurs  affaires  de  détail  occupèrent  les  deux 
armées.  Dans  une  de  ces  actions ,  on  vit  Lafour- 
d' Auvergne,  la  hache  à  la  mrain,  à  la  tête  de 
ses  grenadiers,  s'effbrçant  de  briser  les  portes 
d*uhe  église  où  les  ennemis  s'étaient  retran- 
chés. Dans  une  autre  rencontre  où  quatre 
inille  hommes  et  quatre  cents  chevaux  sortis  du 
camp  d'Irun  ,  s'avancèrent  stir  les  postes  fran- 
çais ,  le  général  espagnol  Caro  n'échappa  qu'a- 
vec peine.  ' 

A  cette  époque ,  l'armée  française  s'étendait 
depuis  la  vallée  d'Arran  jusqu'à  Andaye,  forte 
d'environ  trente  mille  hommes* 

De  bons  officiers^  se  formaient  en  silence 
dans  cette  guerre  continuelle  de  poste,  par 
les    exemples    des    Moncey  ,    Latour    d'Au- 


aoa  HTSTOIBE    DE    FRANCE, 

yniEp.  vergne  i  Willot ,  etc.  ;  le  commissaire  ordomia- 
'^^'*    teur  Dubreton  avait  ramené  Tordre  dans  les  ad- 
ministrations. 

Les  représjentants  du  peuple  établissaient 
leur  puissance  dans  la  partie  militaire,  Ferraud, 
à  Saint- Jean -Pied -de -Port  ;  Garrau,  à  Saint- 
Jean -de- Luz;  tous  detix  avaient  des  inclina- 
tions pures.  Garrau  exalté  de  bonne  foi  ne  fut 
jamais  persécuteur.  L'humeur  active  et  bel* 
liqueuse  de  ces  deux  représentants ,  mit  bien* 
tut  en  mouvement  toute  J'cirmée.  A  la  gau- 
che, tout  se  borna,  à  des  affaires  de  postes, 
où  les  Français  eurent  l'avantage.  Du  côté  de  _ 
Saint  -  Jean  -  de-  Luz  ,  les  opérations  furent 
plus  importantes.  Le  général  Deprez-Crassier 
avait  remplacé  les  généraux  Labourdonnaie  et 
Delbecq,  morts.  On  concerta  une  entreprise 
pour  s'emparer  de  tous  les  postes  espagnole 
établis  sur  le  bord  opposé  de  la  Bidassoa.  Le  signal 
d'attaque  fiA  donné  hors  de  temps  ;  l'entre- 
prise échoua  ;  ce  contre-temps ,  qualifié  de  tra- 
hison ,  servit  de  motif  à  l'arrestation  de  Deprez- 
Crassier,  de  Willot  et  de  plusieurs  officiers.  Le 
,  système  de  dénonciations  et  de  terreur  avait  pé- 
nétré dans  ces  armées  lointaines. 

i(  Du  sein  des  sociétés  populaires  de  Bayonne , 
de  SaintJean-de-Luz ,  de  Pêe,  des  hommes  dé* 


DEPUIS     LA     REVOLU  TiaK,      2o3 

voués  aux  maximes  du  temps,  soufflaient,  dans  v^iE^f 
J'armée ,  des  poisons  dont  la  violence  corrompait-  *^^^* 
Jes  idées  les  plus  saines  de  la  raison,  étouflaienÇ 
les  sentiments  généreux.   Heureux  qui ,   dans 
cette  époque  de  crimes  et  de  calomnie ,  pratiqua , 
la  vertu  ,  fut  fidelle  à  l'amitié  !  S'il  vît  encore, 
cet   homme  est  un  ami   sincère  ,  un  citoyen 
vertueux  ;  il  a  passé  par  les  plus  rudes  épreuves 
qui  aJent  jamais  existé  sur  la  terre.  » 

Ce  beau  mouVement  d'un  écrivain  témbiq  , 
prouve  qu'à  cette  époque,  cet  homme  qu'il  de- 
sire  existait  ;  et  là  j  comme  dans  toute  la  France , 
au  milieu  des  malheurs  et  des  crinies,  des  sen*- 
timents  élevés^  des  actions  généreuses ,  des  ver- 
tus publiques  et  privées  consolèrent  l'huma- 
nité ,  et  furent  iiu  gage  rassurant  de  son  re^ 
tour.  .  V 

Vers  la  fin  de  cette  campagne ,  de  nouveaux 
représentants  vinrent  s'emparer  de  presque  toute 
l'autorité  dans  l'armée ,  et  parvinrent,  en  fai- 
sant usage,  il  .est  vrai ,  des  moyens  terribles  con- 
sacrés par  le  tribunal  révolutionnaire  ,  à  rame- 
ner dans  les  rangs  républicains  ,  la  supériorité 
du  nombre  et  les  avantages  de  Toffènsive. 

Les  '  nouveaux,  commissaires  représentants 
changèrent  le.  83  stèmç  de  guerre;  ils  s'étaient 
aperçus.qûe  cette  guerre  de  détail  ne  décidait 


S04  HISTOIUE    DE    FRANCE, 

viiiEp.  rien,  et  se  faisait  atix  dépens  de  la  France , 
'^^^'  puisqii'elle  se  faisait  -sur  son  territoire.  Us  fil  ent 
prenchne  presque  sur  le  bord  de  la  Bidassoa  , 
une  position  élevée  ,  appelée  atitrefois  THer- 
iiîitage-Sainte-Anne  ,  et  qu'on  appela  Je  camp 
éies  Sans-Culottes.  Sa  gauche  est  déFendùe  par 
un  ravin  profond,  et  sa  droite  qui  s'étend  jus- 
qu'à la  mer,  fut 'confiée  à  Latour-d' Auvergne, 
lonor.  On  retrancha  ce  poste.  Au  défaut  de  tentes  , 
on  construisit  des  huttes  de  bois;  on  en  fit  un 
castrum  tel  que  ceux  où  hivernaient  les  légionp 
romaines.  La  douceur  du  climat  permit  des 
expéditions  de  détails  qui  aguerrirent  le  soldât, 
et  on  le  prépara  ainsj'  au  nouveau  système  de 
guerre  qui  devait  avoir  iieu  la  campagne  sui- 
vante. ^ 

A  l'armée  des  Pyrénées  orientales ,  le  siège 
de  Bellegarde  s'était  continué.  Cette» forteresse, 
située  à  l'entrée  du  col  de  Pertuis,  entre  Cer^t 
et  Jonquères  ,  est  un  pentagone  irréguliér 
bien  construit,  avec  un  fort  avancé;  elle  "do- 
mine-toute  la -plaine,  et  est  dominée  par  tes 
montagnes  adjacentes  ;  mais  ces  montagnes 
étant  inaccessibl<es ,  servent  à  sa  sûreté;  >L'aiî- 
mée  française  retirée  sous  Perpignan,  ne  pou- 
vait porter  aucun  secours  ;  et  dans  iune  sortie 
^        heureuse  de  la  garnison  de  Beltegarde  y  où  une 


DEPUIS     LA.  REVOLUTION.    ^o5 

partie  des  batteries  espagnoles  furent  enclouée^,  viiiËp^ 
la  garnison  de  CoUioure  ne  put  pas  même  se 
réunira  ce  succès,  toute  communication  se  trou-  '    ^""** 
/vant  interceptée* 

Bientôt  tous  les  feux  delà  place  furent  éteints;  as  juin. 
et ,  sur  la  sommation  du  général  espagnol  dom 
Rieardos,  le  conseil  de  guerre  s'assembla;  le 
dénuement  de, tout,  le  soldat  étant  réduit  à 
trois  onces  de  pain  ,  décida  la  capitulation  , 
que  cependant  *  sept  officiers  refusèrent  de 
signer.  Ce  siège  avait  duré  quarante  jours; 
la  garnison  reçut  un  traitement  honorable  potir 
Tennemi  vainqueur.  Pendant  le  siège ,  le  géné- 
ral français  Dagobert  vint  prendre  le  comman- 
dement de  cette  armée ,  et  commença  un  nou- 
veau plan  de  défense;  mais  qui  ne  put  empê- 
cher que  les  Espagnols  ne  s'emparassent  du  fort  3  juin; 
de  Bains  ,  où  il  ne  restait  plus  que  quinze 
onces  dé  pain  par  tête,  et  dont  la  garnison 
fut  prisonnière;  le  fort  de  la  Garde  avait  eu  le  5  juin; 
même  sort. 

Alors  l'ennemi  ^'avança  sur  CoUioure;  ce  fut  as  juin. 
là  ,  à   Puigai  iol  ,  qu'un   capitaine  républicain 
nomméSerres,  défendit  avec  centvingt  hommes  >3  juiu. 
seulement  un  poste  avancé  qu'il  avait  demandé 
d'oQCuper,  contre  deux  mille  Espagnols,  leur 
fît  peindre  six  cents  hommes;  et  cette  action  con-  ^i  juin. 


179^. 


i.ct   ao* 


206  HISTOIRE    DE    FRANCE, 

vinEp,  serva  Collioure,  comme  peu  de  jours  ensuite 
Perpignan  fut  sauvé  par  l'affaire  qui  eut  lieu 
sous  les  murs  de  cette  place. 

Le  général  Dagobert  avait  réuni  son  armée 
au  camp  du  Maz-de-Roz,  que  l'on  appela  le 
camp  de  l'Union.  L'armée  française,  non  com- 
pris les  corps  défachés  et  les  garnisons,  était  là 
de  douze  mille  hommes.  L'armée  espagnole 
de  trente-six  mille,  fut  repoiissée.  Les  troupes 
montrèrent  un  grand  courage,  les  revers  pas- 
sés leur  avaient  fait  sentir  le  besoin  de  Ja  dis- 
cipline et  de  la  subordination.  Les  généraux 
français  cités  dans  cette  action  ,  qui  rétablit 
l'honneur  des  armes  républicaines  dans  cette 
partie  de  la  gueire  générale,  sont  Dagobert, 
Barbantartes  et  Giacomi. 

Ce  fut  alors  que  IcT nouvelle  constitution  ap- 
portée aux  troupes,  fut  acceptée,  et  cet  acte 
solennel  rompit  des  mesures  et  desJntelligences 
pratiquées  avec  les  Bordelais  opposants  ,  qui 
avaient  projeté  de  se  réunir  à  cette  armée  pour 
défendre  le  territoire,  mais  en  même  temps  pour 
la  réunir  à  eux. 

Le  général  Deflers  accusé  par  les  corps  ad- 
ministratif, venait  d'être  destitué  par  le  comité 
de  salut  public ,  et  remplacé  par  Barbantanes. 

L'ennemi  s'empara  de  Ville- Franche  qui  fut 


^• 


DEPUIS    LA     REVOLUTION*      Soy 

livrée.  La  fi:arnîson  l'abandonna  sans  résistance,  viiirp. 
La  supériorité  des  Espagnol»  assurait  partout 
leur  STUCcës;  et  les  destitutions  continuelles  des 
généraux  ne  permettaient  pas  d'opposer  à  cette 
supériorité  de  nombre  ,  un  système  stiivi  de 
résistance  et  de  défensive;  un  conseil  assemblé 
résolut  de  maintenir  le  camp  de  l'Union.  La 
force  de  l'armée  était  au  total  de  vîngt-neut* 
mille  hommes ,  dont  douze  mille  occupaîenti 
ce  camp  ;  le  reste  dispersé  dans  les  garnisons 
d'Olètte  et  à  Perpignan  ,  à  Collioure,  à  Salus  , 
dans  les  communications  faibles  partout,  don- 
nait un  prodigieux  avantage  à  l'ennemi ,  qui 
pouvait  choisiivson  attaque  et  y  réunir  des  forces  ; 
vu  la  position  respective  des  armées,  la  ré- 
sistance soutenue  des  Français  devait  étonner 
plus  que  les  avantages  de  l'ennemi;  il  attaqua 
sans  succès   le   camp  situé  à  Corneilla  et  le  * 

poste  de  Mousset.  Une  entreprise  des  républi- 
cains sui  Elve  et  sur  Mîlhas,  fut  également  sans 
résultat.  ' 

Le  général  Dagobert  commandait  en  chef 
une  division  à  la  droite  de  l'armée,  qui  seule 
agissait,  tandis  que  la  gauche  couvrait  Perpi- 
gnan ;  il  attaqua  l'armée  espagnole  au  Mont- 
Louis,  devenu  Mont-Libre.  Cette  bataille  ma- 
nœuvrière  et  disputée,  fut  dçcidée  par  un  mou- 


-^ 


208  HISTOIREDE    FRANCE, 

viiiEp.  v^ment  du  général  Dagobert  ;  vers  la  fin  de 
'^^^'  Taction  indécise  ^  il  se  mît  à  la  tète  de  la 
ligne  d'infanterie,  elle  parcourut,  au  pas  de 
charge  sans  tirer ,  un  espace  de  quatre  cents 
toises  qui  la  séparait  de  rennemi;  i\  n'attendit 
pas,  et  ne   put  soutenir  cette  attaque;  sa  re- 

94  «oût.  traite  fut  une  déroute  jusqu'à  Puicerda  ,  qui  fut 
pris  deux  jours  après.  Cette  journée  fut  glor 
rieuse  à  l'armée  républicaine  ,  elle  se  trouva 
enfin  sur  le  territoire  ennemi  ;  mais  ces  succès 
brillants  étaient  toujours  rendus  infructueux  par 
des  revers  sur  d'autres  points.  Les  Espagnols 
restèrent  vainqueurs  à   une  autre  attaque   du 

a;  «oût.  camp  de  Corneillâ,  puis  aux  moulins  d'Ortez, 
pu  la  déroute  des  Français  fut   complète  ;  et 
peu    de   jours    après  ,    le  camp    d'Olette   fut 
repris  sur  les  Espagnols  commandés  par  leur' 
général  en  chef  Ricardos, 

A  la  gauche ,  près  de  Perpignan  ,  ils  réso* 
lurent  et  tentèrent  un  effort  qui  pouvait  déci- 
der la  campagne  à  leur  avantage.  A  mille  toises 
des  glacis  de  la  place,  on  avait  établi  un  poste 
fortifié  au  village  de  Vernet.  Ce  poste  occupé 
par  trois  cents  homjnes  commandés  par  le  chef 
de  brigade  Soulheime  ,  fut  attaqué  par  douze 
mill.e  Espagnols,  et  se  maintint  jusqu'à  la  moi- 
tié du  jour  j  obligé  de  se  replier  sur  la  plarè, 

!rcs 


r 

1" 


DEPUIS    LÀ    R  E  V  OL  UTION.    ^     20g 

les  Espagnols  s'en  approchèrent  ,et  y  envoyèrent  viii^p. 
(juelques  boulets.  L'alarme  pouvait  y  devenir  ^n.  a. 
dangereuse.  Le  général  d'Aoust,  qui  comman- 
dait dans  Perpignan,  réunit  la  garnison,  et 
appela  àjui,  des  postes  voisins,  un  renfort  qui  o 
porta  ses  forces  à  sept  mille  hommes  ;  il  fit 
sentir  au  conseil  et  aux  habitants  le  danger  de 
laisser  les  Espagnols  maîtres  d'un  poste  aussi 
voisin  de  la  vijle  ,  et  qui ,  par  les  secours  dont 
ils  pouvaient  se  fortifi.er,  leur  en  assurait  bien- 
tôt la  possession.  D'Aoust  n'hésita  pas  à  ratta- 
quer  à  l'instant  les  Espagnols  qui ,  malgré  la 
supériorité  du  nombre ,  furent  forcés  à  la  re- 
traite. Le  représentant  commissaire  Fabre  fut 
toujours,  pendant  cette  action,  à  la  tête  des 
troupes.  Le  même  jour  ,  d'Aoust  rattaqua  le 
poste  de  Peyreistortez,  dont  les  Espagnols  s'é- 
taient aussi  emparés,  et  dont  ils  furent  chassés. 
Cette  aclion  releva  les  courages  ;  et  peu  de  jours 
après ,  Ville-Franche  Se  rendit  sur  la  sommation 
hardie  d'un  ofpcier  français  ,  qui  feignit  que 
l'armée ,  commandée  par  Dagobert ,  s'avançait 
pour  attaquer  la  ville. 

Plusieurs  combats  furent  encore  livrés  à  Nils,  g  octob»^ 
à  Panteilla ,  à  Truillas,  où  l'avantage  ne  resta 
pas^  aux  répubhcains;  nfaîs  les  Espagnols   ne 
purent   cependant  pas   se  maintenir  dans  ces 
jlostes,  ils  se  retirèrent  aussi  de  celui    d'An- 


12,\0  HISTOIRE     DE     FRANCE, 

viiiEp.  gelez,  et  se  réunirent  an  camp  de  Boulon. 
.  '         Cependant  la  cour  de  Madrid  alarmée  des 

An.  a.  * 

progrès  que  faisait  Dagobert  dans  les  deux  Cer- 
dai^nes  et  dans  la  Catalogne ,  fit  revenir  huit 
mille  hommes  de  son  armée  des  Pyrénées  occi- 
dentales. Cette  diversion  affaiblit  cette  partie , 
et  y  donna  du  relâcheàux  troupes  républicaines; 
mais  les  échecs  et  les  revers  se  succédèrent  plus 
rapidement  dans  l'armée  des  Pyrénées  orien- 
tales. Tureau  fut  nommé  général  en  chef.  Le 
total  de  son  armée ,  à  cette  époque,  se  trouva 
de  quarante  mille  hommes.  Les  représentants 
commissaires  voulurent  alors  tenter  une  expé- 
dition sur  Roses.  On  n'avait  rien  à  opposer  à  la 
flotte  espagnole  qui  croisait  dans  ces  parages, 
j^jjru.  Le  pays  était  entièrement  contre  les  troupes 
républicaines.  Cette  expédition  échoua.  On  com- 
mençait  à  s'apercevoir  dans  les  armée^  que  la 
trop  grande  inHuence  des  commissaires  repré- 
sentants de  la  convention  pouvait  devenir  nui- 
'  sible;  leur  prépondérance  fatiguait  et  rebutait 
les  généraux;  une  rucle  expérience  leur  avait 
appris  qu'ils  ne  pouvaient  pas  impunément  lut- 
ter d'autorité  contre  cette  autorité  civile,  dont 
les  commandements  étaient  des  lois  dans  les 
camps  comme  à  la  frfbune.  Les  généraux  alors 
laissaient  agir,  s'étudiaient  seulement  à  met- 
tre leur  responsabilité  à  couvert,  ou  se  retiraient 


DEPUIS    LA    RÉVOLUTION.     HXX 


dans  les  places  déni  ère  l'armée.  Une  cour  se  vinRp. 

1793. 

An.  2. 


f»  •         '  «  •        •  .  1793* 

ormait  autour  des  commissaires  tout  puissants, 


et  cette  cour  avait  aussi  ses  flatteurs,  et  souvent 
des  hommes  mal- intentionnés  donnaient  de 
foux  avis  et  des  conseils  perfides.  Bientôt  à  Tu- 
reau  succéda  le  général  Doppet.  Apië?  l'expé- 
dition de  Roses  manquée  ,  l'armée,  ])our  se  rap- 
procher des  frontières  ,  marcha  sur  Ceret,  et 
s'éèablic  ensuite  au  camp  de  Villelongue.  L'ar- 
mée espagnole ,  renforcée  encore  de  six  mille  *^  ^^'"^ 
Portugais  ,  attaqua  ce  carnp,  le  força  ,  et  les 
républicains  y  furent  totalejncnt  défaits.  Les 
Espagnols  s^emparèrent  du  col  de  Bagnol ,  qui 
leur  donnait  l'entrée  sur  le  territoire  français. 
La  fin  de  cette  campagne  qui  fut  à  peine  in- 
terrompue, ne  fut  plus  qu'une  suite  de  revers;  ' 
toutes  les  places  maritimes,  Collioure,  Port- 
Vendre  ,  Saint-EIme,  se  rendirent;  et  la  retraite 
de  l'armée  sur  Perpignan*  fut  une  déroute  où 
le  représentant  commissaire  Fabre  chercha  une 
mort  glo|'ieuse  dans  les  rangs  ennemis. 

Les  Espagnols  furent  encore  un  moment  se- 
condés par  unè^ insurrection  qui  se  forma  dans 
les  provinces  méridionales,  et  qui  tenait,  par 
les  rapports  secrets  ,  à  celles  de  Bordeaux  ,  dfe  ^ 
Lyon  et  de  Marseille  ;  là  ,  le  mot  république 
n'avait  pas  cessé  d'être  tracé  suries  drapeaux 
des  partis  opposés  ;  dans  le  département  de  la. 


aia       HISTOIRE     DE     FRANCE, 

viiTEp.  Lozère,  letendart  ro^al  fut  levé,  et  les  insurgés 

Aû.fl.    prirent  hautement  le  nom  de  royalistes.  Cette 

entreprise  suscitée  du  dehors,  n'avait,  ni  assez 

de  moj'ens  préparés  au  dedans  ni  assez  de  force 

par  soi-même. 

Charier  fut  à  la  tête  de  ce  rassemblement  ; 
îl  avait  été  député  à  la  première  assemblée 
consiituapte ,  et  n'avait  marqué  qge  par  ses  opi- 
nions et  par  les  protestations  qu'il  avait  signéfS  ; 
il  eut  d'abord  des  succès,  s'empara  de  plusieurs 
villes;  à  Mendes,  tout  fuit,  il  ne  resta  que  les 
enfants  et  les  vieillards.  Déjà  les  insurgés 
étaient  au  nombre  de  huit  mille;  ils  s'empa- 
rèrent ensuite  de  Maruejols,  de  Saint-Alban  et 
de  Rendon  ;  partout  l'arbre  de  la  liberté,  qu'un 
décret  avait  ordonné  d'élever  dans  toutes  les 
>  communes,  fut  abattu  ;  le  drapeau  tricolor  dé- 
chiré ;  ils  saisirent  les  caisses  publiques ,  ou- 
vrirent les  prisons,  et  rétablirent  les  religieuses 
dans  leur  couvent.  Dans  ces  contrées  oii  ,  de 
tout  temps  ,  deux  cultes  partageaient  les  habi- 
tants, les  différences  d'opinions  religieuses  ren- 
dirent les  divisions  politiques  plus  tranchantes 
et  plus  haineuses.  Les  protestants,  longtemps 
gênés,  retrouvaient  à  la  fois  les  libertés  dont 
l'homme  est  le  plus  jaloux.  Les  catholiq.ues  pen- 
chèrent vers  l'ancien  gouvernement  qui  leur 
assurait  leur  ancienne  suprématie;  et  les  chefs 


t)EPUrS    LA    uévoLUTroN.       Sl3 

des  deux  partis  se  ^érvh'ent  souvent  de  ces  viiiFp. 
moôfs  pour  les  rattacher  à  leur  suite.  Cependant 
quelques  exemples  donnés  à  propok ,  eussent 
facilement  terminé  ces  discordes.  On  en  vît  un 
dans  une  commune,  à  Dorlhés ,  dans  les  Basses-  ^ 
P\'rénécs:  le  maire  Darnaudat,  ex-constituant  ^ 
alarmé  du  progrèS'des  divisions  religieuses  qui 
prenarent  partout  un  caractère  civil  et  politique , 
hasarda ,  par  une  |>foclamation  ,  d'inviter  l'eis  ci- 
toyens des  deux  religîons  à  se  réunir  le  diman- 
che matin  à  f  église  catholique ,  et  le  soir  an 
temple  protestant.  Les  deux  ministres  pronon*- 
cèrent  chacun  dans  leur  église  un  discours  ana^ 
logue  à  la  circonstance ,  et  les  opiniofis  relf- 
gieuses  ne  troublèrent  point  cette  commune. 
Ce  fait  simple ,  mais  remarquable ,  que  le  bronze 
ne  consacrera  pas,  mçrîiaitque  le  burin  de  l'his^ 
toire  le  laissât  pour  modèle  à  la  postérité. 

Bientôt  les  insurgés,  par  leur  excès,  armèrent 
Je  pajs  contre  eux.  A  Maruejols ,  les  adminis^- 
trateurs  avaient  été  égorgés.  Une  proclamation 
de  Charîer  eut  peu  d'effet;  et,  quoiqu'il  obtînt 
d'abord  quelques  avantages  sur  les  troupes  ras- 
semblées à  la  hâte;  lorsque  lesgatdes  nationales 
de  Saint-Flour  et  des  départements  voisins  fu- 
rent réunies ,  Charier  fut  défaft  dans  une  ac- 
tion, entre  Valsiège  et  Saint-Etienne  de  Valdone  » 
pris,  ccwadurt  à  Rhodez,  et  exécuté  peu  de  temps 


214  HISTOIRE     DE      FRANCE, 

viiiEp.  après/  Ainsi  se  termina  cette  insurrection ,  dont 
la  convention  ^|)prit  presqu'en  même  temps  les 


179^ 


Jin.  s 


progrès  et  la  défaite. 

12  févr.  A  l'armée  d'Italie,  les  Français  étaient  restés 
liiaître  du  comté  de  Nice,  et  avaient  main- 
tenu, leurs  postes  avancés,  à  Sospelo;  ce  poste 
fut  attaqué,  pris  et  repris  plusieurs  Foîs  avant 
l'ouverture  de  la  campagne.  On  avait  tenté  en 
même  temps  une  expédition  sur  la  Sardaigne. 

14  férr.  Une  flotte  de  vingt-deux  bâtiments  de  guerre, 
.avec  six  mille  hommes  de  débarquement,  se 
présenta  devant  Cagliari  ;  une  chaloupe  par- 
lemejjtaire  somma  la  place;  il  arriva,  comme 
à  Oneille,  que.  l'on  tira  sur  l'équipage  de  la 
chaloupe  ;  quatorze  hommes  et  l'officier  furent 
tués  ;  l'artillei  ie  des  vaisseaux  foudroja  la  ville 
pendant  deux  jours  ,  mais  sans  succès;  les  vais- 
seaux souffrirent  même  davantage  du  feu  de  la 
place;  deux  bâtiments  de  guerre  se  perdirent  à  la 
côte.  Les  troupes  de  débarquement  ne  trouvèrent 
point  dans  les  habitants  l'esprit  révolutionnaire 
^nrleqi>el  on  avaitcompté;  l'esprit  d'iuthscipline  , 
et  d'insubordination  seconda  les  menéesdesémis- 
saires  qui,  danstoutes  les  armées ,  criaient  tou- 
jours à  la  trahison.  Les  troupes  forcèrent  les 
chefs  à  les  faire  rembarquer;  une  tempête. ache- 
va d'endommager  la  flotte  ;.e]Ie  rentra  à  Toulon 
sans  aucun  résultat  de  cette  entreixrise  projetée 


DEPUIS     L.A     RÉVOÎ,  UTÏOK.      ai5 

des  la  campagne  précédente  ,  et  que  les  justes  viiiEy. 


1790. 


représentions  de  1  amiral  Trueruet  avaient  décide 
a  abandonner. 

Dès  que  la  saison  permit  d^agîr  dans  les  mon- 
lagnes ,  divers  combats  de.  détail  rendirent  les 
républicains  maîtres  des  postes  occupés  par  l'en-  '•"man 
,nemi,  depuis  Lautosca  à  Bel  ver  ;  et  peu  après,  10  m. 
des  postes  plus  importants ,  de  Rocca  et  d'I- 
zola, 

L'armée  française,  forte  alors.de  trcnte-troia 
mille  hommes  effectifs»  occupait,  par  ses  po- 
sitions, un  arc  de  montagnes^,  depuis  la  rivière 
de  la  Roy  a  .jusqu'aux   sources  de  la  Nembîa» 
Plusieurs  camps  liés  par  jdçs  postes  intermé- 
diaires ,   assurèrent    la  communication   de  la 
di  oite  ,  appujée  au  camp  de  Broiiïs ,  à  la  gau- 
che ,  assurée  par  un  capip  établi  sur  le  Mont- 
Baoulé  ,  le  centre  s'élevait  sur  le  Mont-Fou-^ 
gasse,  L'ennemi  était  ainsi  menacé  et  conteniu 
Sa  droite  était  au  col  de  Raous;  sa  gauche  sur 
la  hauteur  des  Souches,  et  le  centue  à  Saor-         ., 
gio ,  fortement  retranché.  Cette  longiiç  chaîne 
des  Alpes,  si  souvent  traversée  par  les  Fran^ 
çais,  était  connue  dans  tous  ses  piissages,  et 
défendue  par  trente  mille  Piémontais  et  douze 
mille  Autrichiens. 

Le  général  Brunet  commandait ,  encore  far- 
inée ,  et  le  plan  de  cette  campagne ,  que  Tex* 


2l6         .   HISTOIRE    DE    FRANCE, 

yiiiEp.  pédiiîon  de  Toulon  dérangea ,  était  de  péné- 
'79^-    jpçp  (jgjjg  |ç  Piémont,  et  d'ôter  aux  puissances 

coalisées  leur  influence   sur  ies  états    de   l'I- 
talie. N 

F  juin.  Cinq  colonnes  commandées  parles  généraux 
Mieskouski,  Dumerbion,  Gardane,  Dortman  et 
Bnmet,  attaquèrent  au  col  de  Sinières  ,  à  Pe- 
rus ,  au  pont  du  Moulinet ,  au  camp  des  Sou- 
ches, au  col  de^aous.  Cette  dernière  attaqué 
que  conduisait  BrUnet,  échoua;  les  autres  réus- 
sirent; il  fit  rattaquer  les  jours  suivants  au  vil- 

itoeiia.  lage  de  Breglio;  et,  après  une  forte  résistance, 
Jes  ennemis  furent  chassés.  Ce  fut  alors  que 
l'armée,  étant  affaiblie  par  les  troupes  qu'il  faijut 
détacher  au  siège  d% Toulon,  et  obligée  d'occu- 
per la  même  étendue  sur  son  front,  pour  ne  pas 
perdre  l'appui  de  farméedes  Alpes.  A  sa  gauche, 
l'ennemi  entreprit  de  couper  cette  communi- 
cation, en  détruisant  le  pont  établi  sur  le  Var. 
Sept  cents  républicains  occupaient  un  poste  en   ., 

18  octo.  avant  au- village  de  Gillète;  ils  y  furent  atta- 
qués par  quatre  mille  Piémontais,  y  tinrent 
tout  le  Jour,  et  donnèrent  le  temps  à  Dugom- 
inier  d'ari'iver  à  leur  secours.  Lès  bataillons 
marchèrent,  et  ne  tirèrent  qu'à  trente,  pas,  en 
chargeant  à  la  baïonnette;  bientôt  l'ennemi  fut 
rompu ,  et  sa  retraite  fut  une  déroute.  C'était 
pendant  l'intervalle  de  temps,  qxii  sépara  cette 


DEP'UrS    LA    RÉVOLUTION.      217 

action  de  celle  du  8  juin ,  que  s'était  opérée  viiiEp* 
rînvasîon  de  l'ancienne  Savoye  pendant  le  siège  !J^^' 
de  Lyon  ,  et  dont  les  opérations  ont  été  décrftes 
à  cette  époque.  L'armée  d'Itc^lie  était  restée 
alors  stationnaîre  dans  les  pQsitionç  qu'elle  oc- 
cupait, et  d*oà  elle  couvrait  le  comté  de  Nice 
et  le  siège  de  Toulon.  Brunet,  dénoncé  par  le 
commissaire  du  pouv.oir  exécutif ,  civait  été  des- 
titué et  remplacé  par  le  général  Dumerbiôn  , 
qui*  bientôt  le  fut  par  Masséna.  Sous  sa  con- 
duite, cette  campagne  fut  terminée  par  un  avan- 
tage brillant,  et  qui  assura  les  positions  dé 
l'armée  pendant  les  quartiers  d'hiver. 

Castcl-Genet  est  un 'fort. situé  sur  une  som- 
mité escarpée  ;  une  nombreuse  garnison  pié- 
montaise  gardait  ce  poste.  Les  Français  atta- 
quèrent d'abord  avec  vigueur;  mais  1  avantage 
xlu  lieu  prolongeant  la  défense  >  les  soldats  . 
portèrent  l'espace  de  deux  milles  une  pièce  4,5frii 
de  canon  ,  la  seule  que  Ton  eût  pu  amener', 
et  la  hissant,  à  force  de  bras,  sur  une  hau- 
teur qui  dominait  le  fort,  aux  premières  dé- 
chargés ,  les  Piémontais  étonnés  ^e  rendirent. 
Les  suites  de  cette  action  furent,  trois  camj)s 
"abandonnés,  et  la  prise  du  poste  de  Figaretto, 
ijui  termina  la  campagne  dans  cette  partie.  Les 
forces  des  deux  armées  y  étaient  trop  (•mpen- 
sées  par  le  nombre  et  par  la  nature  du  terrein. 


Ul^  HISTOIRE    DE    FRANCE^ 

viiTEp.  pour  que  Ton  pût  espérer  des  jsuccès  décisifs  ; 
et  le  changement  succeifsiF  des  «généraux  en 
chefs  soj)posait  seul  à  tout  système  suivi.  C'était 
I>eaucoup  d  avoir  contenu  l'ennemi  au  moment 
de  la  prise  de*TouIon  et  pendant  le  siège  de 
JLjon  ;  et  comme  défensive  active,  cette  cam- 
pagne fut  honorable  aux  armes  répubh'ccunes. 
Malgré  l'agence  anglaise,  Gênes  avatt  conservé 
la  neutralité,  et  n'avait  pas  osé  ou  voulu  se 
réunir  à  la  coalition.  La  Toscane  était  resléç 
en  paix ,  et  la  lutte  s'était  soutenue  aux  barrière^ 
des  Alpes  ;  qui  séparaient  encore  les  nations 
ennemies.  Tous  les  soulèvements,  suscités  dans 
le  midi  de  la  France,  avaient  été  comprimés, 
n'ajant  pu  être  joints  et  soutenus  par  les  enne- 
mis du  dehors;  et  après  une  longue  et  pénible' 
campagfle,  l'armée  d'Italie  stationnait  pendant 
rhiver  sur  le  territoire  ennemi,  s  y  reposait^ 
.  et  le  retour  de  la  saison  propre  aux  opérations 
militaires ,  la  retrouvait  aux  portes  des  passages 
qu'elle  devait  bientôt  franchir. 

Mais  tandis  qu'aux  Alpes  et  aux  Pyrénées,  la 
nature  des  lieux  commandait  f infection,  et  le  re- 
pos, partoutoù  elje  n'opposait  pas  des  barrières 
insurmontables,  les  soldats  de  la  république  con- 
tinuaient la  guerre.  Aux  frontières  du  nord,  de- 
puis 1^  Ardennes  jusqu'à  la  mer  ,  des  combats 
de  détails  et  journaliers  ne  laissaient  /aucun  mo- 


'♦ 


DEPUIS    LA    RÉVOLUTION.       ^^9 

ment  de  relâche  aux  troupes  cantonnées  en  pre-  yiiiEp. 
iTiîère  ligne  ;  et  sur  le  Rhin ,  des  événements  dé-  ^^^  ^ 
cisifs  se  ))réparaienr.  Cette  armée  du  Rhin ,  seule 
était,  restée  en  pleine  activité  :  deux  généraux 
qui  devaient  im  jour  rendre  de  grands  services 
à  la  républiqirè,  et  honorer  ses  armes,  Hoche 
et  Picliégru,  commandaient  l'armée  de  la  Mo- 
selle et  celle  du  Rhin,  dont  les  opérations  étaient 
liées.  ^  . 

Depuis  que  les  délais  des  Autrichiens  avaient 
donné  le  temps  de  s'assurer  dans  les  positions 
défensives,  des  combats  journaiiej s  avaient  reu- 
du  la  confiance  aux  troupes,,  de  nombreux 
renforts  avaient  porté  l'armée  à  quatre-vingt 
mille  hommes,,  des  succès  de  détail  avaient 
aguerri  .les  nouvelles  levées ,  et  les  anciens  corp^ 
.voulaient  réparer  leurs  désastres.  Les  eunemis^ 
au  contraire,  étaient  afîaît)lis  par  la  désertion,  par 
Jes  maladies,  surtout  par  la  trop  grande  exten- 
sion de  leurs  postes,  dispersés-dcpuis  le  Rhin  jus- 
qu'aux pieds  des  mont^agnes;  mais  plus  encore 
par  le  peu.de  confiance  mutuelle  des  deux  uar 
tions  alliées. 

/  Les  Impériaux  reprochaient  aux  Prussîenp 
de  se  reposer  ^u  blocus  de  Landau ,  tandis  qu'euîj: 
étaient  tous  les  jours  aux  mains  avec  l'armée 
républicaine  qui  couvrait  Strasbourg. 

Les  Prussiens  purent  bientôt  reprocher  à  leur 


2,20        HISTOIRE    OEFRANCE, 

viiiîF.p.  allié  la  perte  des  lignes  qui  couvraient  cette 

An.  a.    entreprise  ;  et  le  système  de  la  cour  de  Berlin 

n'était  pas  de  s'engager  pïus  avant  dans  une 

guerre  que  son  intérêt  ne  tui  commandait  pas. 

Les  nouveaux  généraux  français  avaient  ap- 
portera leur  armée  des  instructions  précises, 
çt  telles  que  le  comité  de  salut  public  lés  don- 
nait. Le  succès  et  la  victoire  étaient  le  premier 
devoir  imposé  ;  les  revers  étaient  des  délits  qui 
portaient  condajnnalion  ;  vaincre  ou  mourir  était 
à  la  fois  l'instruction  et  l^alternative  que  le 
gouvernement  laissait  à  ses  généraux  favorisés; 
le  succès  même  ne  justifiait  pas  toujours  lés 
autres.  - 

Pichegru  ,  né  d'une  famille  plébéienne  et  ho- 
norée dans  le  département  du  Jura,  se  destina 
d'abord  à  l'état  religieux ,  et  enseigna  les  scîencesi 
exactes  dans  la  maison  d*éducatîon  militaire  à 
Brienne;  là,  son  génie  l'avertit: il  s'enrôla  dans 
un'corps  d'artillerie,  et  bientôt  fut  à  la  tête  de 
l'instruction;  il  était  encore  sous-officier  à  l'épo- 
que de  la  révolution.  Appelé  au  commandement 
d'un  bataillon  de  gardes  nationales  ,  il  franchît 
tous  les  grades  militaires  dans  la  première  cam- 
pagne, et  se  trouva  à  sa  place  à  la  fin  de  la 
seconde. 

Pichegru  avait  trouvé  l'armée  du  Rhin  re- 
tirée et  désorganisée  ;  il  y  rétablit  d'abord  la 


>^ 


DEPUIS    LA     RÉVOLUTION.      42rl 

.  » 

dîscipHhe,mîlitaire  qu'il  regarda  toujours  comme  viii%. 
Je  moyen  le  plus  sûr  des  succès.  *'^  ' 

Le  géuéraî  Wurroser  ayant  résolu  d'hiverner  ^'^  '* 
en  Alsace ,  occupa  Plaguepau  avec  le  centre  de 
son  armée;  la  gauche  était  appuyée  au  Rhin^ 
la  droite  aux  montagnes ,  et  à  l'armée  prus- 
sienne qui  occupait  le  revers  des  Vosges.  Le 
front  de  l'armée  impériale  était  couvert  par  de$ 
redoutes  élevées  à  des  distances  peut  être  trop 
éloignées  Tune  de  l'autre,  En  arrière  de  cette 
position  était  encore  celle  de  Weissepabourg  ; 
on  avait  fortifié  le  château  de  Geisberg  qui  cou» 
vre  cette  place. 

Les  premiers  mouvements  pour  l'attaque  des 
lignes,  se  firent  à  l'armée  de  la  Moselle;  l'objet 
était  de  la  réunir  à  celle  du  Rhin;  mais  pour 
couvrir,  ce  projet ,  la  division  du  général  Hatri 
manœuvra  versPirmasenset  Bliescastel,  comme 
voulant^seçourir  Landau ,  en  passant  par  le  re* 
vers  .des  Vosges. 

Pichégni  ,fit  en  même  temps  quelques  ten* 
tatiyessur  la  droite  de  l'ennemi,  qu'occupait  en 
avant  jle  qorps  des  Fr,anjçai&  commandés  par  lo 
prince  de  Condé.  La  fin  de  la  première  cam- 
pagne avait  assez  prouvé  quelles  étaient  les 
intentions  des  Allemands  envers  les  Français^ 
réhi^ié^.  Ce  eorftô.  avait  hiverné  dans  la  forêt 
Noire;  et  licencié,  il  n'avait  été  consei'yé  dan* 

Tof7je  IF.  ?. 


X 


Aaa      H  I  s  T  O  I  H   É    DE    F  R  A  N  C  F ,  ' 

niiEp.  l'armée  de  Wurmser,  que  sur  la  demande  de  ce 
'^^  '    vieux  général,  qui  se  Souvînt  qu'il  avait  fait  ses 
premières  armes  sous  les  drapeaux  français.  Ra- 
rement  la   jalousie  où   la  politique  étrangëre 
avait  permis  que  ce  corps  de  Condé  (ùt  employé 
activement;  il  occupait  alors,  en  avant  de  la 
droite,  le  village  de  Bércltbm.  Pichegcu  vou- 
lant tâter  la  ligne  ennemie , fit  attaquer  ce  points 
mais  obliquement ,  et  refusant  le  reste  de  sa 
ligne.  Une  première  tentative  n'eut  point  de 
fiuctès,  et  fut  renouvelée  le  lendemain.   L'at- 
sdécen.  taque  se  fit  en  troupes  éparses ,.  que  l'on  nom- 
^  mait  b\oys  tirailleurs j  manœuvre  que  Pichegru 

employa  depuis  avec  succès.  Au  signal, ils' se 
réunirent  en  colonne,  et  forcèrent  le  village  de 
Berchem. 

Condé  était  en  arrière  à  la  ièiè  de  son  in- 
fanterie, que  Ton  nommait  les  bataillons  iVb- 
bles  j  il  rentra  dans  le  village  ,  et  le  reprît 
Tépée  à  la  main.  Pendant  cette  attaque  ,  sa 
Cavalerie  ayant  dépassé  le  village  sur  la  droite^ 
rencontra  les  escadrons  républicains.  Le  choc 
fut  prompt,  et  la  place  du  combat  resta  à  la 
cavalerie  de  Condé.  Le  duc  de  Bourbon  fut 
blessé  dans  cette  action  ;  tous  ses  aides-d'e-camp 
furent  tués  ou  blessés  ;  sept  canons  restèrent  en 
son  pouvoir,  et  la  défense  du  poste  de  Berchem 
^QÛta  plus  de  mille  soldats  nobles  et  troi»  çenit 


DEPUIS     LARÉVOLUTION.      223 

tavaliers.  Peu  de  jours  ensuite,  les  républicains  ^ï^^p. 
firent  une'  troisième  attaque  sur  le  poste  cora-    x\i:^ 
mandé  par  le  général  autrichien   Klenau  >  et  sdècem^ 
auquel  s'appuyait  celui  du  village  de  Berchem. 
Malgré  les  renforts  qui  furent  envoyés  de  ce 
postç,  et  malgré  la  diversion  que  la  cavalerie  de 
Condé,  fit  en  menaçantlagauche  des  attaquants,  , 
toute  cette  jDremière  ligne  Fut  pliée,  et  se  retira 
derrière  les  redoutes  d'Haguenau.  Le  corps  de 
Condé  fit  sa  retraite  en  bon  ordre.  Ces  actions 
d'avant -postes  laissaient   l'ennemi  maître  des 
grandes  positions  de  la  Lauter.    * 

Les  divisions  de  l'armée  /le  la  Moselle  qui  ,^«  nîr; 
tenaient  la  gauche  de  la  ligne ,  attaquèrent  et  ai  déce. 
emportèrent  les  postes  que  l'ennemi  avait  for- 
tifié à  Frechviller  et  ^  Wendt  ;  se  voyant  forcé 
dans  toutes   les  redoutes  qui   couvraient    soa 
aile  droite,  il  se  détermina  à  la  retirer  dtr-  aanSn. 
rière  les  lignes  de  la  Lautef ,  maintenant  ce- 
pendant les  redoutes  en  avant  d'Haguenau.  Le 
poste  de  Gundeshossen  fut  évacué  dans  la  nuit. 
'La  division  Hatry  y  entra,  et  se  réunit  le  len-  4  nî^o** 
demain  à  la  division  du  général  Ferino  sur  les 
hauteurs  de  Steinfels,  à  une  lieue  seulement  de 
Haguenau;  alors  Iç  centre  et  la  droite  de  l'ar- 
mée du  Rhin  marchèrent  en  avant,  suivant  la 
route  du   Rhin    pour   se  rapprocher    de  Lau- 
terbourg,  et  se  porter  ainsi  à  hauteur  de  iar- 


/ 


'79 
An.  a. 


5  niVos. 


1^4  HISTOIRE     DE    ERRANCE, 

ViHEju  mée  de  la  Moselle  qui  tenait  la  gauche  de  la 
ligne. . 

Quatre  représentants  comraissaîres  étaient 
à  Tarmée  ,  Lebas  ,  Saint  -  Just  ,  Lacoste  et 
Chaudot.  Ces  deux  derniers  déférèrent  le  corn* 
mançlement  général  à  Hoche,  et  mirent  à  ses 
ordres  Pichegru-,  qui  donna  le  bel  exemple  de 
demander  son  éloignement;  et,  sur  le  refus  deS 
commissaires ,  il  resta  aux  ordres  de  son  col- 
lègue. La  renommée 'plus  juste  ajouta  cette 
gloire  à  celle  du  succès  qu'elle  lui  conserva. 

La  nouvelle  de  la  reprise  de  Toulon  parvint 
alors  à  l'armée,  et  l'émulation  doubla  les  cou- 
rages et  les  forces. 

Les  Impériaux  conservaient  toujours  les  po- 
sitions en  avant  de  Weissembourg.  Les  Prus- 
siens gardaient  sur  leur*  droite  les  gorges  de 
Dahn ,  et  avaient  élevé  des  batteries  en  avant 
du  village  de  Bojjenthal,  à  l'entrée  des  défilés. 
Là  position  de  l'ennemi  était  encore  formida- 
ble; le  Fort-Louis  était  en  son  pouvoir;  f ar- 
mée qui  bloquait  Landau  assurait  ses  positions 
en  arrière ,  et  tout  le  pays  qui  s'était  déclaré,  se 
Piéc. iu.  trouvait  rattaché  à  sa  fortune  parla  crainte  d'un 
revers. 

Le  6  décembre  au  matin ,  l'attaque  commença 
à  la  gauche,  et  l'action  devint  générale  sur  tout 
le  front  des  deux  armées.  Au  centre,  en  avant 

d'Haguenau , 


5  décem. 


PEPUIS    LA    RÉVOLUTION.        â25 

•d'Haguenau ,  le  château  de  Geîsberg  était  le  point  ^H^.^* 
le  plus  avancé  de  Tennemi  ;  et ,  par  sa  situation  ,    xu  a. 
ce  point  était  décisif.  Le  premier  bataillon  de 
réquisition  de  la  ville  de  Chaumont ,  qui  arri* 
vait  à  l'instant,  gt'avit  la  montagne  sous  le  feu  . 
de  trois  bataillons  aiïtricbiens.Le  premier  batail- 
lon du  trente-troisiëme  de  ligne  le  joignit  ;  forcés 
par  la  fatigue  de  faire  halte  à  mi-côte ,  ils  y 
furent  chargés   par  les  dragons  de  Toscane, 
les  repoussèrent ,  achevèrent  de  gravir  la  mon- 
tagne ,  et  emportèrent  le  château  à  la  baïon«* 
nette. 

Unjîécret  distingua  cette  action  d^éclat,  et 
exempta  ce  bataillon  de  toute  incorporation  dans 
d'autres  corps. 

Hoche  ordonna  alors  au  généitil  Donadieu  qui 
commandait  la  cavalerie ,  d'attaquer  la  cavalerie 
ennemie  ;  soit  circonspection ,  soit  incertitude  du 
inotnent ,  cet  ordre  ne  fut  point  exécuté ,  et 
cette  désobéissance  d'un  homme  connu  avant 
par  des  actes  de  courage,  fut  punie  de  mort. 

Cependant  la  ligne  ennemie  effectuait  sa  re- 
traite sur  Weissembourg.  Le  duc  de  Brunswick 
c|uî  s'était  porté  au  point  d'attaque,  se  mit  inu- 
tilement à  la  tête  de  quatre  bataillons  autri- 
chiens, et  remarcha  en  avant;  ce  mouvement 
ne  fut  point  soutenu  du  reste  de  la  ligne.  Les 
deux  généraux  en  chef,  Brunswick  et  Wurm- 

TomelF.     '  i5 


Z.26  HISTOIRE     DE     FRANC  Ef 

ViiiEp.  ser,  eurent  une  explication  vive  sur  le  terreîn 

'X. 

'^^  *  même  cle  l'action  ,  et  cette  preuve  publique  de 
mésintelligence,  hâta  peut-être  les  revers.  Ui^r- 
mée  impériale  se  forma  encore  en  bataille  sur 
les  hauteurs  de  Weissembour^;,  où  Brunswick 
'  voulait  se  maintenir;  mais,  au  premier  coup  de 
canon,  la  retraite  se  fit  à  travers  les  lignes  de  la 
Lauter  auxquelles  on  avait  d'avance  pratiqué  des 
ouvertures.  Ce(te  armée  prit  poste  le  lendemain 
à  Guermesheim  ;  il  fut  jugé  impossible  de 
s'y  soutenir,  et  l'armée  entière  passa  le  Rhin  à 
Philisbourg,  Peu  après ,  la  rupture  entre  les  deyx 
puissanî^s  éclata;  leurs  armées  prirent  des  po- 
sitions indépendantes  l'une  de  l'autre  ,  et  toute 
communication  cessa  entre  elles.  L'armée  autri- 
chienne, se  réunit  derrière  Philisbourg,  sur  la 
rive  droite  du  Rhin,  l'armée  prussienne  se  re- 
tira pour  couvrir  Mayence ,  et  se  porta  entre 
Oppenheim  et  Bengen.  Les  guerriers  des  deux: 
nations  s'étaient  séparés  à  BeriJ:zabern ,  avec  des 
témoignages  réciproques  de  mécontentement  et 
xle  haine. 

La  marche  en  avant  de  l'armée  républicaine 
fut  aussi  rapide  que  ses  succès  avaient  été  dé- 
cisifs. Landau  fut  débloqué,  et  l'honorable  per- 
sistance de  la  garnison  reçut  des  témoignages 
de  la  reconnaissance  nationale  ;  de  grands  ma- 
gasins, des  munitions  de  guerr-e,  des  dépôts   ' 


DEPUIS    LA    REVOLUTION.  25^7 

d'armes,  furent  la  proie  du  vainqueur.  Le  Pa-  viiiEp. 
latinat  rut  de  nouveau   ouvert  a  ses  armées  ;     ^ 

An  fl« 


za  oiv« 


Spire,  Worms  furent  reconquis;   et,  peu  de 
jours  après  la  bataille  du  Geisberg,  Pavant-jçarde  s  janv. 
française  était  aux  portes  deManheim,  qui  avait 
reçu  une  garnison  imj*vriale  ,  et  où  l'électeur 
s'était  retiré. 

Le  général  Wurmser  rappelé,  fut  remplacé 
par  le  général  Devins  commanaant  en  Pié- 
mont les  forces  auxiliaires,qu  y  maintenait  VAn- 
triche. 

Les  Français,  après  des  excursions  dans  le 
Palatinat  et  dansleHunzruk,  concentrèrent  leur 
position  vers  Germeslieim.  Le  siège  de  Fort- 
Louis  fut  entrepris,  et  les  républicains  établis 
dans  leur  nouvelle  conquête,  mirent  un  moment 
d'intervalle  à  celles  qui  devaient  ouvrir  la  cam- 
pagne suivante. 

Jamais  la  convention  nationale  ou  plutôt  le 
gouvernement  républicain  ,  ne  s'était  vu  dans 
une  position  aussi  assurée.  La  Germanie  crai- 
gnait une  seconde  fois  pour  ses  fi^ontièrès  , 
celles  de  la  France  étaient  partout  en  sûreté. 
La  terreur  au  dedans  n'était  plus  un  moyen 
nécessaire  ,  et  ce  qui  prouve  assez  qu'elle  était 
un  moyen  commandé,  c'est  qu'alors  elle  dé- 
ploya froidement  toutes  ses  fureurs.  La*conven- 
tion  ne  daignait  même  pas  prendre  connaissance 


i 


\ 


aû8  HISTOIRE    DE     FRANCE, 

vniEp.  des  sanglantes  exécutions,  trop  au  dessus  de 
An  a.  ^^^  détails;  la  tribune  ne  retentissait  que  des 
rapports  poétiques  qui  exaltaient  les  récits  des 
événements  militaires,  qui  motivaient  et  procla- 
SQaient  les  lois  révolutionnaires ,  qui  dénonçaient 
les  complots  et  les  con^.iralions,  abandonnant 
aux  agents  secondaires  le  soin  de  trouver  des 
coupables. 

Robespierre  ne  parlait  plus  que  lorsqu'il  fal- 
lait indiquer  de  grands  mesures  de  salut  pu- 
blic ,  ou  lorsqu'il  daignait  répondre  aux  puis- 
sances ennemies;  dans  un  manifeste  peu  adroit 
et  peu  politique,  elles  s'attirèrent  une  réplique, 
où  ces  vérités  que  la  philosophie  a  généralisé 
contre  les  rois,  et  ces  citations  historiques  dont 
chaque  siècle  offre  trop  d'exemples ,  furent  ra- 
vivées de  tous  les  stimulants  de  la  terrible 
éloquence  révolutionnaire  ;  telles  furent  les 
premières  et  les  dernières  lignes  de  cette  ré- 
ponse ornée  de  toutes  les  injures  personnelles, 
adi^ssées  nominativement  à  tous  les  rois  de 
l'Europe. 

«  La  convention  nationale  répondra-t-elle  aux 
«  manifestes  des  tyrans  ligués  contre  la  républf- 
«  que  française?  Il  est  naturel  de  les  mépriser  ; 
«  mais  il  est  utile  de  les  confondre  ;  il  est  juste 
«  de  les-punîn. .  De  quoi  nous  accusent-ils?  De 
«  leurs  propres  forfaits  :  ils  nous  accusent  de  re- 


DEPUIS     LA     REVOLUTION.      I29 

«  bellion.  Esclaves  révoltés  contre  la  souverai-  viiiiîp. 

1793. 


«  neté  des  peuples^  ignorez-vous  que  ce  blas- 


? 


An  a. 


«  phëme  ne  peut  être  justifié  que  par  la  victoire? 
«  Que  les  traîtres  tremblent;  que  le  dernier  des 
H  lâches  émissaires  de  nos  ennemis  disparaisse  ; 
«  que  le  patriotisme  triomphe,  et  que  Tinnocence 
«  se  rassure!  Français,  combattez,  votre  cause 
«  est  sainte,  vos  courages  sont  invincibles,  vos 
«  représentants  savent  mourir;]  ils  peuvent  faire  , 
«  plus  ,  ils  savent  vaincre.  » 

Les  droits  de  l'autorité  royale  absolue  se 
discutent  en  raisonnement  ;  mais  ne  se  plaident . 
pas  contre  les  droits  des  peuples;  c'était  au  moins 
une  imprudence  politique  de  défier  la  conven- 
tion nationale  de  France  à  ce  genre  de  combat. 
Loin  de  déguiser  son  système  de  gouvernement, 
loin  de  chercher  à  tenir  dans  l'obscurité  les 
actes  sanguinaires  de  sa  toute-puissance ,  elle 
semblait  alors  choisir  et  désigner  les  têtes  plus 
connues,  pour  que  l'Europe  fût  avertie  par  leur 
chute.  ^ 

La  dernière  maîtresse  de  Louis  XV,  Dubarri,  >8  îtki^ 

« 

qui,  depuis  sa  retraite.,  ne  ressortait  que  du  tri- 
bunal de  l'opinion ,  des  mœurs,  et  de  la  censure 
publique,  fut  traînée  à  celui  de  là  révolutioa 
de  98  ;  là ,  accusée  d'avoir  porté  à  Lopdres  le 
deuil  du  dernier  roi ,  elle  montra  sur  l'échafaud 
la  faiblesse ,  non  de  son  sexe  (^ les  femmes  y  doa- 


V 


a3o  HISTOIRE    DE    FRANCE, 

vxiiEp.  nèient  l'exemple  clu  courage)  ,  maïs  de  son 
^^  '    état.  La  force  d'ame  ne  doit  appartenir  qu'à  la 
vertu. 

Le  duc  du  Châtelet ,  jadis  chef  de  la  garde 
personnelle  des  rois,  avait,  aux  premiers  jours 
de  la  révolution ,  été  témoin  de  la  défection  de 

a3frim.  ses  soldats.  L'accusation  commune   de  conspi- 
V  ration  contre  l'unité  et  l'indivisibilité  de  la  ré- 
publique, suffit-;  on  traîna,  attaché  au  chariot 
qui  le  traînait  au  supphce ,  le  guidon  aux  armes 
de  France  trouvé  chez  lui. 

Claviëres ,  genevois ,  ancien  ministre  des  finan- 
ces ,  et  l'un  des  plus  ardents  jacobins  aux  jours 
du  2.0  juin  et  du  lo  août,  prévint  son  juge- 
ment,et  sç  tua  dans  la  prison.  Bientôt  les  hommes 
les  plus  exagérés ,  ceux  qui ,  comme  on  s'expri- 
mait alors,  avaient  donné  les  gages  les  plus 
sûrs  à  la  révolution,  ou  plutôt  qui  l'avaient  le 
plus  desserviepar  leur  excès,  n'y  trouvèrent  plus 
d'asile. 

*  * 

Deux  hommes,  Vincent  et  Ronsîn,  amis  et 
compagnons  de  fortune,  tous  deux  généraux  de 
l'armée  révolutionnaire,  et  naguères  obscurs 
»7  frîm.  et  ignorés,  furent  arrêtés.  Vainement  la  société 
des  Jacobins  >  et  ensuite  celle  des  Cordeliers  , 
dont  ils  étaient  des  membres  remarqués,  por- 
tèrent à  la  convention  des  pétitions  pour  les  ré- 
clamer. Remis  un  moment  en  liberté,  bientôt 


1 


DEPUIS     LAKÉVOLUTION.      i3l 

lis  périrent  enveloppés  dans  la  proscription  que  viiir.j»; 
fit  Robespierre  de  ses  anciens  amis ,  devenus  ses    ^^ 
rivaux. 

La  multitude  était  soutenue  dans  l'état  de 
stupeur  et  d'ivresse ,  qui  seul.pouvait  lui  faire  sup- 
porter les  Spectacles  sapgl.ants  dont  on  la  repais- 
sait chaque  jour.  Pendant  les  premiers  troubles 
de  Lyon ,  un  municipal  de  cette  commune,  nom- 
mé Clialier ,  y  avait  essayé  toutes  les  fureurs  dont 
la  capitale  donnait  l'exemple;  il  ayait  demandé» 
un  poignard  à  la  main ,  l'institution  d'un  tribu- 
nal paiteil  à  ceux  du  a  septembre  à  Paris  ;  neuf 
cents  citoyens  incarcérés  devaient  êtie  massacrés 
sur  le  pont  du  Rhône ,  et  leurs  cadavres  aban- 
donnés aux  flots  devaient  aller  avertir  et  épou- 
vanter lesdépariementsdumidi.Le  maire  Niwre^ 
Chol  erh pécha»  avec  la  force  armée,  cette  hor- 
rible exécutioo.  Depuis,  au  jour  du  3i  mai  de 
Lyon,  par  ordre  delà  nouvelle  comnftne,  et  par 
,un  système  de  représaillequi  ne  convient  et  ne 
réussit  jamais  aux  partis  qui  se  déclarent  pour  la 
justice  et  la  modération,  Clialier  avait  été  jugé, 
condamné  et  exécuté  avec  des  circonstances  bar- 
bai'es ,  deux  fois  le  fer  ton^ba  sur  sa  tête.  Ses 
cendres  renfermées  dans  une  urne  d'argent ,  ve- 
naient d'ètr.e  apportées  solennellement  à  la  barre 
de  la  convention  ;  el  les  furent  transférées  au  Pan- 
théon,  ^t  devinjrent  le  motif  d'une  fête  civique^ 


Sl3z         histoire     de     FRANCE, 

viiiEp.  dont  la  pompe  fut  imitée  d'une,  fête  sembla- 


1790, 


ble  célébrée  a  Lyon  ,  lors  de  la  prise  de  celte 
Ville. 

La  soif  du  sang  y  était  apaisée  ;  il  parut  qu*il 
était  temps  que  la  hache  s'y  arrêtât ,  et  que  le 
feu  des  batteries  révolutionnaires  fût  éteint  ; 
plus  de  huit  cents  victimes  avaient  été  imma* 
lées;  une  députation  de  cette  ville  qui  avait* iro- 
niquement reçu  le  nom  de  Commune-Affran'' 
cfiie^  vint  demander  grâce  à  la  barre  de  la 
convention.  «  Pères  de  la  patrie ,  écoutez  une 
*<  section  du  peuple  humiliée  et  repentante  qui  ; 
i<  courbée  devant  la  majesté  du  peuple  ,  lui  de- 
a  mande  grâce.  » 

Une  autre  pétition  arriva  en  même  temps, 
présentée  par  une  foule  dé  femmes  qui  venaient 
réclamer  la  liberté  de  leurs  maris';  elles  furent 
éconduites,  et  la  montagne  y  vit  une  ruse  et 
un  strata^me  du  modérantisme  ^  pour  ralen- 
tir la  marche  révolutionnaire.  Le  sang  altérait, 
loin  d'étancher  la  soif;  la  facilité  de  le  répan- 
dre semblait  eucoiuager  ;  la  froide  insouciance 
des  condamnés  paraissant  défier  la  barbarie 
des  spectateurs  ,  l'irritait  encore;  on  eût  dit 
qu'il  y  avait  un  défi  entre  les  regardants  et  les 
suppliciés;  les  uns  semblaient  guetter  et  espé- 
rer les  actes  de  faiblesse  pour  en  jouir  ;  les 
autres  s'enorgueillir  de  priver  leurs  eiuiemis  de 


• 


DEPUIS    LA    RÉVOLUTION.        2;33 

cç(te  louissance.  La  multitude,  qui  n'est  émue  vniEp. 

1  .  p  1  ^  «793. 

que  de  ce  qui  trappe  les  sens,  ne  voyant  pas 

les  signes  extérieurs  de  l'infortune  et  de  la  souf- 
fraiice  ,  restait  sans  émotion  ;  et  peut-être  le 
peuple  se  fût-il  plutôt  indigné  du  spectacle  dont 
on  le  faisait  témoin,  si  la  contenance  des  vic- 
times n'eût  pas  semblé  dédaigner  son  intérêt  et 
sa  commisération.  Le  tribunal  les  choisissait  ^ 
encore  ;  bientôt  le  nombre  exigé  commanda 
rindifferehce  sur  les  choix  ;  l'âge ,  le  sexe  , 
la  condition,  rien  n'exempta  plus;  le  fer  dis- 
puta à  la  caducité  ses  derniers  jours  ;  la  jeu- 
nesse ,  à  peine  sortant  de  l'enfance ,  fut  mais- 
donnée  avant  sa  maturité;  des  femmes  se  décla- 
rèrent vainement  encçintes  ;  des  hommes  de  la 
classe  la  plus  obscure  en  furent  tirés;  le  génie , 
'le  talent,  la  renommée,  la  vertu,  tout  ce  qui 
eut  de  l'éclat t  appela  d'abord  l'œil  avide  des 
destructeurs;  puis  la  terreur  parcourant  toutes 
les  hiérarchies  de  l'ordre  social ,  le  marchand  » 
l'artisan ,  l'ouvrier,  l'homme  de  journée ,  furent 
pris  indistinctement.  ' 

Un  Vxilet  d'hôtellerie,  âge  de  16  ans,  pour 
avoir  tardé  de  servir  deux  commissaires  du 
pouvoir  çxécutîf ,  fut  dénoncé  par  eux,  tra- 
duit au  tribunal  ,  et  mis  à  mort  en  trois 
jours. 

L'ex^mînistre  Lebrun,  dont  le  jugement  pop- 


£34        HISTOIRE    DE     FRANCE, 

vniEp.  tait,  abbé,  journaliste,  imprimeur  et  ministre, 
*'^  *     f\jt  pondamné  comme  liomme  {Tétai  et  orléa-- 

An  a. 

niste. 

Le  fils  du  général  Custinçs,  que  ne  put  sauver 
la  courageuse  défense  prononcée  à  la  barre  par 
sa  jeune  épouse. 

Le  général  Biron  qui  venait  de  commander 
sans  reproche  les  armées  d'Italie  et  dd  la 
Vendée. 

Le  vieux  maréchal  Luckner ,  dont  la  hache  vint 
terminer  une  longue  et  honorable  carrière.  Ou* 
blié,  il  osa  demander  le  prix  de  ses  services;  il 
reçut  la  mort. 

Lamouret,  évêque  constitutionnel  de  Lyon, 
qui  sen[>^bla  puni  d'avoir  jadis  porté  des  parole.s 
de  paix  entre  les  partis  opposés. 

Dufrenoi ,  Predicant  ,  Pavant,  Brichard, 
Chaudôt,  notaires.  Ce  dernier  vif  prolonger  son 
supplice,  un  décret  de  la  convention  en  suSr 
pendit ,  et  trois  jours  après  en  ordonna  l'exé- 
cution. 

Veimerange,  ancien  administrateur  militaire-, 
prévint  son  jugement ,  et  se  précipita  du  haut 
-de  sa  maison. 

Des  femmes  que  leur  âge  et  leur  retraite 
éloignaient  des  aiTaires,  furent  recherchées  et 
condamnées ,  les  dames  Lauragais ,  Marbeuf ,  Bi- 
-ïon.  Bientôt  on  iiUei dit  aux  prévenus  la  fuite,  qui 


An  a. 


DEPUianLA    RÉVOLUTION,        ^35 

seule  pouvait  les  soustraire  à  la  mort.  Un  décret  viiiKp 
mit  hors  de  la  loi  les  préi^enu^  tpii  se  dérobe- 
raient à  Pexamen  de  la  justice.  On  déféra  aux 
comités  conventionnels  ie  pouvoir  illimité  d  effec- 
tuer les  arrestations,  et  le  conseille  la  com- 
mune de  Paris  se  rendit  en  masse  à  la  con- 
vention pour  laf  elicîter  des  mesures  vigoureuses 
.qu'elle  venait  de  décréter. 

Paris,  à  cette  époque,  prit  un  aspect  lugubre. 
Tous  les  usages  de  la  vie  sociale  étaient  chan- 
gés ;  toute  communication  entre  les  citoyens 
craintive  et  douteuse;  comme  dans  un  temps 
de  contagion,  pn  craignait  de  s'aborder,  et  d'a- 
voir à  rendre  compte  de  ses  liaisons  et  de  ses 
démarches  ;  chacun  tremblant  d'être  remarqué 
dans  les  rues  par  les  signe»  extéi'ieurs  de  l'ai- 
sance ,  s'empressait  d'arborer  les  livrées  de 
l'indigence  comme  une  sauve-garde,  quoique 
souvent  inutile  ;  toute  réunion  de  société  privée 
était  interdite,,  pu  plutôt  encore  la  peur  §e  l'in- 
terdisait d'avance,  et  prévenait  les  mesures  de 
«police  ;  on  n'osait  adnfiettre  dans  sa  maison  un 
hôte,  un  ami ,  un  parent,  sans  qu'il  fût  pourvu 
d'un  certificat  de  difis^ne  }  et  le  refus  de  ce 
certificat  demandé,  était  un  arrêt  au  moins  de 
détention.  Tout^  citoyen  était  obligé  d'inscrire 
extérieurement  sur  le  seuil  de  ^a  porte  son  nom 
et  le  nom  de  tous  cçux  qui  habitaient  chez  lui. 


236         HISTOIRE     !>E     P4l  A  îT  C  E, 

vmEp.  Les  lieux  de  spectacles  étaient  seuls  tôu- 
IJ^  '  Jours  remplis;  l'inquiétucle  y  cherchait  un  asile 
ignoré  pendant  quelques  heures;  on  dérorbait 
ainsi  des  instants  à  la  vigilance  de  la  ty- 
rannie. Retiré  dans  sa  demeure  et  renfermé 
au  sein  de  sa  famille ,  l'habitant  épiait  le  moin- 
dre bruit  à  la  porte  de  sa  maison  ;  c'était  né- 
cessairement le  signal  d'une  inquisition  domici- 
liaire ,  nul  autre  que  la  police  ne  visitait  le& 
citoyens  pendant  la  nuit.  Ce  que  la  police  exé- 
,  cutait  était  soutenu  par  la  législation  ;  ia  loi 
consacrait  chaque  jour  les  violences  et  les  usur- 
^  pations  de  la  police;  et  comme  la  répression 
forcée  prouve  l'excès  dés  abus,  on  fut  obligé  de 
faire  une  loi  qui  condamnait  les  faux  témoins  à 
la  mort,  lors  même  que  l'accusé  était  acquitté, 
soit  que  l'on  voulût  prévenir  ainsi  les  effets  d'une 
réaction  et  d'une  représaille  qui  pouvait  mena- 
cer les  dominateurs  eux-mêmes,  soit  qu'ils  crai- 
gnissent que  l'excès  du  scandaile  ne  finît  par 
révolter  le  peuple* 

Tous  les  pouvoirs  concentrés  dans  la  conven- 
tion ,  n'avertissaient  pas  encore  assez  du  despo- 
tisme ;  on  la  vit  s'emparer  du  pouvoir  judiciaire 
en  annullant  des  jugements  rendus  par  le  tri- 
bunal de  cassation.  On  projlosa  alors  de  suppri- 
mer tous  les  ministres ,  d'attribuer  l'exercice 
de  leurs   départçnients  à  des  comités  de  )a 


DEPUIS     LA    RÉVOLUTION.      287 

convention ,  et  ce  fut  Robespierre  qui  éloigna  vmtpz 
cette  mesure.  Bientôt  après,  elle  fut  effectuée.    *^^^* 

EnBn  Cambon  régissant  toujours  les  finances , 
proposa  et  discuta ,  dans  un  long  rapport ,  le  pro- 
jet de  démonétiser  Por  et  l'argent,  et  même 
d'interdire. Tusa'ge  de  ces  métaux  pour  les  bijoux 
au  cjessus  du  poids  d'un  anneau. 

Cambon  alors  se  vantait  que  la  république 
dépensait  quatre  cent  millions  par  mois.  Sa 
seule  inquiétude  était  de  pouvoir  perfectionner 
assez  la  prompte  fabrication  des  assignats  pour 
suffire  'à  l'échange  des  matières  d'or  et  d'argent 
que  ^e  décret  devait  faire  rentrer.  Ceis  métaux 
devaient  être  mis  en  lingots  pour  en  empêcher 
ainsi  la  circulation;  mais  l'exportation  en  fut 
facilitée  »  et  l'on  ne  peut  s'empêcher  de  voir 
ce  projet,  dans  le  plan  proposé;  même  alors  ce 
projet  n'était  pas  hors  de  vraisemblance  ;  dans  ^  niroi. 
toute  la  France,  la  terreur  était  telle,  qu'il  ne 
manquait  dans  chaqfie  département  que  des 
commissaires  doués  des  talents  nécessaires  pour 
en  poursuivre  L'exécution  ;  tout  était  prêt  à  obéir» 

Mais  tandis  que  la  tyrannie  pesait  sur  la  mé- 
tropole ,  'dans  les  Colonies    par  un  contraste    ^     • 
dérisoire,  un  décret  proclamait  la  liberté,  c'est- 
à-dire,  l'abolition  de  l'esclavage.  Ce  grand  acte  iSaito. 
de  la  souveraineté  d'un  peuple  libre,  que  ré- 
clamaient l'humanité  et  la  raison ,  frappé  à  l'épo- 


•    « 


238  HISTOIRE     DE     FRANCE, 

ViiiEp.  que  de  son  éfnission  ,  de  Pinfluence  funeste  qui 
,  *  viciait  tout  ce  qui  émanait  alors  de  la  puissance 
législative ,  cet  acte  qui  devait  honorer  le  siècle 
des  lumières  et  de  la  ])hi]osophie,  dénaturé  dans 
son  exécution ,  outré  dans  ses  conséquences  , 
précipité  dans  ses  mesures  ,  fit  la  ruine  du  pajs 
qu'il  devait  vivifier ,  et  devint  une  horrible  ca- 
lamité pour  tous  ses  habitants. 

Le  législateur  q'ui  veut  abattre  Tarbre  anti- 
que des  préjugés,  doit  Tattaquer  comme  Font 
ces  colpns  nouveaux,  qui^iennent  défricher  xine 
terre  déserte;  ils  dépouillent  de  son  écorce  la 
tige  vieillie,  et  laissent  au  temps  et  à  la  narture 
le  soin  d'en  achever  la  destruction.  Si  l'homme 
prend  le  fer,  il  s'émousse,  et  les  forces  lui 
manquent;  s'il  essaye  le  feu,  l'incendie  s'étend 
au  loin ,  et  embrase  le  sol. 

8  mars  Depuis  Ics  décrets  rendus  par  rassemblée 
constituante  qui  satisfaisaient  en  apparence  tous 
les  partis,  en  laissant  aux  assemblées  coloniales" 
l'initiative  de  leurs  lois  de  police  d'administra- 
tion et  même  de  constitution  :  maïs  qui  ne  sta- 
tuant rien  assez  positivement  sur  l'état  civil  de^s 
hommes  de  couleur  libres  et  propriétaires,  fu- 
rent cause  ou  servirent  de  prétexte  aux  passions 
et  aux  préjugés  que  fe  précision  de  la  loi  aurait 
seule  pu  contenir  ;  les  dissentions  départi  étaient 
devenues  une  guerre  civile. 


DEPUIS      LA     RévOLUTION.      iSg 

Trois  classes  d'habitants  ,  bien  séparées  par  vniEpi 
l'usage,  par  les  lois ,  et  surtout  par  les  antiques  '^^^' 
préjugés,  formaient  à  Saint-Domingue  une  po- 
pulation de  près  de  ^ix  cent  mille  araes  ;  les 
blancs ,  au  nombre  de  40  mille  ;  les  hommes  de 
couleur,  libres,  3o  mille  ;  et  le  reste, d'esclaves  nè- 
gres. La  pi'emière  classe,  celle  desJblancs,  se  di- 
visait d'abord  en  planteurs  ou  grands  proprié- 
taires ,  et  en  artisans  ou  petits  propriétaires ,  ap- 
pelés vulgairement  petits  blancs. 

L'opinion  les  réunissait  par  le  préjugé  de  la 
race  ;  mais  l'effet  des  principes  de  la  révolu- 
tion pouvaient  les  diviser  d'intérêt.  Même  la 
première  classe,  celle,  des  planteurs,  n'était 
.pas  réunie  par  les  mêmes  vues  ^ politiques  : 
ceux  qui  tenaient  à  la  France  par  leur  séjour 
ou  par  des  alliances,  voulaient  rattacher  la  co- 
lonie à  la -métropole  ;  mais  l'examen  des  faits 
ne  laisse  pas  douter  que  ,  dans  l'origine  des 
événements ,  les  propriétaires  résidents  n'ajent 
pensé  à  un  système  d'indépendance,  dont  les 
Etats-Unis  venaient  de  leur  donner  le  séduisant 
exemple,  et  que  le  succès  seul  eût  pu  justifier* 
Cette  diversité  d'opinion  entre  les  cliefs  qui , 
par  leur  état,  avaient  le  plus  d'influence,  se 
reproduisit  dans  la  suite  dans  chaq^ue  circonstance 
favorable  à  l'un  ou  à  l'autre,  et  prolongea  les 
calamités  de  cette  contrée. 


240  HISTOIRE    ^E     FRANCE, - 

viiiEf.  Les  horames  de  couleurs ,  riches  ,  proprîé-» 
^  taîres,  déjà  instruits  et  éclairés  par  leur  état 
d'hommes  libres,  supportaient  plus  impatiem- 
ment la  différence  que  Ilétat  civil  et  politique 
mettait  entre  eux  et  les  blancs.  La  déiparca- 
tion  était  totale  ,  la  constitution  française  n'en 
pouvait  admettre  aucune;  mais  les  anciens  pré- 
jugés établis  et  reçus  dans  la  Colonie^  eussent 
facilement  amené  les  hommes  de  couleur  à 
composer  sur  leurs  droits  politiques  ,  et  à  n'en 
réclamer  qu'une  partie. 

Dès  les  premières  assemblées  coloniales  ,  on 
espéra^  comme  en  France ,  tout  sauver  en  n'ac- 
cordant rien  ;  alors  les  horûmes  de  couleur 
trompés  dans  leurs  espérances ,  appartinrent  aux  ' 
partis  qui  leur  promirent  de  les  réaliser.  Tant 
que  la  constitution  fut  monarchique  ,  ils  offri- 
rent leur  service  pour  maintenir  la.  police  éta- 
blie, et  contenir  les  nègres  esclaves;  mais  après 
la  révolution  du  10 août,  lorsque  l'ancien  gou- 
vernement se  trouva  en  opposition  avec  les 
assemblées  coloniales  ,  les  hommes  de  cou- 
leur,  qui  n'espéraient  rien  d'elles,  se  ralliè- 
rent d'abord  aux  agents  de  l'ancienne  auto- 
rité. 

Les  nègres^  dans  la  servitude  des  ateliers, 
ignoraient  leur  force  ;  mais  devaient  appartenir 
aux  premiers  qui  la  leur  ferait  co^naîtie,  et  le 

mot 


DÇt'UIS     LA     RjÊ  VOL  U  T,î  O  N.      a^I 

mot  de  liberté  devait  les  donner  au  premiçrjq[ui  ViiiEp. 
la  leur  offrirait  avec  des  arnaes;  . 

*•        '^     An  a. 

Le  décret  dt  rassemblée  constituante ,.  qui 
laissait  aux  assemblées  coloniales  le.  droit'  de 
prononcer  sur  l'état  des  personnes,  fut  modi- 
fié lâfitfîée  suivante,  par  un  autre  décret;,  qui 
assuiait  aux  hommes  de  couleurs»',  nés  de  jjère 
et  ni^e  libres,  tous  les  droits  de  citoj^en.  Qn 
avait  espéré- concilier  ainsi  les  partis,  et  niême 
diviser  entre  eux  les  hommes  de  couleur ,  en         ' 
désintéressant  une  partie*  Ge  décret  Tut  repoussé 
par  les  colons  ;  ils  menacèrent  hautement  de 
scission  avec  la  niélropolc;  ils  appelèrent  des 
secauî^  de  la  Jamaïque  ,  et  Ton  vit  deux  fré- 
gates.  anglaises  arborer  leur  pavillon  dans  le 
Porl-aU'Prince.  En  même  temps  les  hommes  de 
couleur  se  réunirent. et  s'arnièrent.  Une.  pre- 
mière action,  toute  à  leur  avantage ,  fut  suivie 
d'un  traité  presque»  aussi  tôt  rompu.  Urtè  réu- 
nion des  chefs  opposés  où  ce  traité  devait  être 
rétabli,  fut  suivie  d'un  combat  dans. la  vrlje, 
de  l'incendie  et  du;j:)illage  du  Port-au-Prince. 
Chaque  parti  s'accusa  réciproquement,  et  les 
recherches  ont  prouvé  depuis  que  l'incendie 
fut  l'ouvrage   des    agitateurs  étrangers   qui  , 
après    avoir  réussi    à.  mettre  aux    prises   les 
partis  ,  espérèrent  les  rehdre  irréconciliables. 
.  Cette .  cruelle  politique  venait  d'JEurope.  Vai- 

Torne  IF.  16      . 


/ 


\ 


24^'*  HISTOIRE       DE      FRANCE, 

vixiEp.  nement  les .  hommes  de  couleur  dénoncèrent 
'^^^'  eux'-mÊmes  les  auteurs  de  cet  attentat.  Là  mu- 
nîcipalité  ne  put ,  n'osa  ou  ne  voulut  pas  les 
poursuivre.  Peu  de  temps  après  cet  événement, 
les  décrets  arrivèrent  de  France  poiir  la  con- 
vocation d'une  nouvelle  assemblée  coIoniale.Oa 
avait  vTtt  dans  cette  mesure  un  moyen  de'^finir 
les  débats  sanglants  qui  avaient  divisé  les  as- 
semblées précédentes  ;  mais  c'était  âugsi  trop 
attendre  des  hommes,  que  d'exiger  qu'ils  modi- 
fiassent eux-mêmes  les  préjugés  de  leur  édu- 
cation et  de  leur  vie.  Le  législateur  exhorta, 
insinua,  conseilla  avec  des  réserves  ce  qu'il  eût 
dû  exprimer  avec  précision  ,  et  commander^  en- 
suite avec  des  ménagements.  Vainement  Bar- 
nave ,  qui  /ut  le  rédacteur  de  toute  cette  légis- 
lation, répondit  à  ceux  qui  insistaient  pour  que 
l'état  civil  des  hommes  de  couleur  libres  fôt 
textuellement  prononcé  d^ns  la  loi ,  ces  pa- 
roles trop^peu  signifiantes,  mais  recueillies  : 
t<  Ce  serait  supposer  en  question  ce  qui  est 
«<  incontestaMe.  »  La  loi  qui  semblait  ne  pronon- 
cer qu'implicitement  et  à  regret  ,  donna  des 
forces  à  la  résistance  ;  et  la  composition  de 
la  seconde  assemblée  y  admit  avec  peu  de  mo- 
dification les  mêmes  principes  qui  avaient  dî- 
figé  les  premières. 

Blanchelande  était  alors  gouverneur  de  Saint* 


^       DEPUIS    t  A   R  é  V  O  L^U  t  roK.     2,^3 

Domîngue  ,  et  sïes  pouvoirs  lui  donnaient   la  vinrp. 
puissance  executive  provisoire.  , 

Peinîer,  son  prédécesseur,  avait  maintenu 
son  autorité  par  une  conduite  smitenue  à  propos 
par  de  la  fermeté  et  par  la  modération ,  se  te- 
nant toujours  à  la  stricte  exécution  des  décrets 
de  l'assemblée  nationale  sanctionnés  par  le  roi; 
il  avait  réussi  à  demeurer  Tarbitre  des  partis 
divisés;  mais  rebuté  enfin  de  ce  pénible  exer- 
cice d^m  pouvoir  toujours  précaire,  il  Tavait 
abdiqué.  Son  successeur  arrivait  dans  des  cir- 
constances plus  difficiles  encore ,  parce  qUe  le 
pouvoir  ro^al  qu'il  représentait ,  était  moins 
reconnu.       ■   •■  ■ 

'  Le  premier  acte  de  la  nouvelle  assemblée ,  fut 
tin  acte  d'indépendance  ,  en  se  constituant  «  d'a- 
«  près  les  pouvoirs  qu'elle  avait  reçu  de  ses  com- 
«t  mettants?»  c'était  assez  dire  qu'elle  n'entendait 
ressortir  de  la  métropole  que  sous  les  rapports 
administratifs  et  exécutifs,  se  réservant  la  lé- 
gislation sous^  la  sanction  ro;yàle.  ^ 

Cette  assemblée  se  transporta  d'abord  dans 
la  ville  du  Cap, et  ses  premières  séancesy  furent 
troublées  par  une  insurrection  bien  autrement 
alarmante  que  celle  des  hommes  de  couleur^ 
qui ,  dans  toutes  leurs  dissentioas,  gardaient  tou-^  v 
jours  un  intérêt  et  un  point  de  ralliement  com- 
mun avec  les  blancs,  la  propriété. 


An  a. 


344  '^  H  I  STO  I  R  E     DE     FRAWCE^ 

viiiEp.  Les  noirs  esclaves,  bien  plus  hombreux  que 
leurs  maîtres  blancs  et  autres ,  avaient  déjà  ea- 
tencfu  retentir  dans  leiiVs  ateliers  les  mois  li- 
berté, égalité,  peut-être  même  portés  à  leur 
cœur  et  à  leurs  oreilles  par  la  rivalité  poli- 
tique ,  bien  plus  que  par  l'humanité. 

Dès  l'an  1789,  des  insurrections  partielles 
n'avaient  été  réprimées  que  par  la  rigueur 
des  supplices.  Les'  recherches  sur  les  causes 
de  ces  premièr^es  insurrections,  nont  donné- 
que  des  aperçus  vagues  ;  l'esprit  de  parti 
les  attribua  tantôt ^aux  agents  du  gouverne- 
ment qui  ,,  pénétrant  les  projets  d'indépen- 
dance et  de  scission  des  colons  blanbs,  voulut 
se  rendre  nécessaire  à  eux.  Effectivement, 
cea^  premiers  nègres  révoltés,  se  qualifièrent? 
de  gens  du  roi ,  proféraient ,  dans  leurs  accla*^ 
mations  barbares,  le  nom  de  Louis  XVI;  et 
souvent  même,  dans  leurs  terribles  et  sangui- 
naires expéditions,  jnénagèrent  les  seules  pro- 
priétés des  agents  royaux.  Les  blancs  en  accu- 
sèrent les  hommes  de  couleur,  quoique  leur 
intérêt  même  les  justifiât,  mais  parce  que  tout 
ce  qui  est  odieux  estd^aborda«cr<^dité  et  promp- 
tement  adopté  entre  les  partis,  opposés. 

«  Quand  Spartacus ,  dit  un  écrivain  conteni- 
«  porain,  pensa  changer  la  face  de  l'Italie  par 
^  ce  terrible^  soulcvenient  d'esclaves,  que  les 


N 


DEPUIS    LA    RÉVOLtJTI  ON.       3.4S 

«r  Içgioûs  romaines  ne  purent  se  déteritiiner  à  vintp. 
«  combattre,  qu après  avoir- éprouve  une  ter-    ^ 
<<  reur  plus  grande  encorepar  leur  décimatiog, 
«  ce  n'étaient  pas  les  mécontents  de  Rome  qui 
«.  le  suscitait.  »  Ainsi,  san^  chercher  des  causes 
étrangères ,  \e  seul  ressort  'èe  la  li  berté  put ,  dans 

'  un  moment  de  relâche ,  se  dégager  de  la  com- 
pression et  se  relever. 

Deux  hommes  de  couleut-  s'étaient  déjà  dé-    17S9. 
clarés  pour  la  cause  de  leur  race;  mais  ni  I'uh 

*  ni  Pautre  n'avaient  pence  à  changer  le  sort  des 
noirs  autrement  que  par  des  moyens  légaux  et 
successifs.         ^  - 

Râimend  défendit  leur  cause  par  desécrîts; 
Ogé ,  plus  emporté,  plus  violent,  peut-être 
jmême  plus  ambitieux  J  prit  les  armes  vers  le 
centre  de  l'île  ,  appela  à  lui  ses  compagnons  ; 
ra^is  n'arma  p5int  les  esclaves;  après  un  sucdt's, 
il.  fut  défait  par  les  troupes  de  ligne ,  se  réfu- 
gia sur  le  territoire  espagnol  ;  et ,  livré  paf  le  gou- 
verneur, il  expira  sur  ^  roue,  supplice  barbare 
que  I9I  législation  avait  déjà  aboli.  De  longues 
procédures  lui  trouvèrent  des  complices ,  et 
prolongèrent  les  exécutions;  mais. cette  pre- 
mière révolte,  bientôt  comprimée  ,  fut  suivie 
dHme  insurrection  firénérale ,  celle  qui  éclata  ^  .„ 
au  commencement  de  la  seconde  assemblée  co-  179'- 
loniak.   En  peu  de  joui'S,  quinze  -mille  noirs 


•.^w 


1793. 


An 


S.46         /HISTOIRE     DE    FRANCK, 

VIII Ep.  esclaves  brisèrent  leor^  fers  ;  ils  se  choisirent 
deux  chefs ,  Bo^kmËMa  et  Auguste  ;  les  habî* 
tations  furent  iqceafhées,  les  sucreries,  les  ca-^ 
fières  détruites,  lés  blancs  égorgés,  la  riche 
pleiije  du  Gap,  toute, la  partie  ouest  de  l'île  , 
dévorée?^  par  les  flafioaaias ,  ne  fut  qu'un  vaste 
champ  de  meurtre  et  de  destruction.-  Les  blancs 
renfermés  dans  la  ville  du  Cap,  ftirient  rëduils 
h  la  détendre  ,  et  leur  ressentiment  tomba  sur 
les  hommes  de  couleur  ;/obligés  de  se  renfer» 
mer,  dans  une  églièe,  plusieurs  furent  encore 
massacrés. 

Dans  cette  détresse  ,  l'assemblée  ,  coloniale 
s'adressa  aux  puissances  étrangères.  Les  Amé- 
ricains des  Etats-Unis  envoyèrent  quelques  se- 
cours en  dewées  et  en  armes  ;  là  un  arma- 
teur de  Bordeaux ,  Gernou ,  engagea  noblement 
son  crédit,  et  cautionna  tous  le^  achats  de  co- 
mestibles dont  il  envoya  plusieurs  navires  au 
Cap.  Les  Anglais  de  la  Jamaïque  envoyèrent 
des  secours  d'hommes  ^t:  de  munitions;  tnais 
dans  rassetnl)lée  coloniale ,  wn  parti  même 
nombreux ,  se  plaisait  à  ne  pas  regarder  ces 
secours  comme,  gratuits.  On  y  répéta  plusieurs 
fois  que  la  mère  patrie  ne  pouvant  plus  dé-» 
fendre  ses  colonies,  elles  n'avaient  de  secours 
à  attendre  que  de  l'Angleierre.  Ces  signes  ex- 
térieurs qui,  dans  les.  révolutions,  parlç^^t  au 


DlÈrVIS    LA    R^V  O  L  U  T  ï  €►  N.      247 

sens  et  désignent  Ie§  partis ,  les  couleurs  dis-  viit^>. 
tînctives,  qui  sont  Tétendard  du  ralliement  de  An  a. 
chaque  opinion  ^  ne  prirent  point  exclusivement 
à  Saint-Domingue  le  caractère  national.  On  put 
remarquer  que  y  dans  rassemblée  même ,  le  pré- 
sident porta  }a  cocarde  noire,  la  couleur  bri- 
tannique; et,  dans  les  difierentes  assemblées, 
on  ayait  varié  Ies*çouleurs  locales  ^  sans  adop- 
ter g4||^ralement  ce|tes  qui  étaient  en  France 
le  signalement  de  la  liberté  publique. 

Lorsque  le  premier  embrasement  fut  ralenti, 
et  que  Ton  fut  rassuré  sur  la  ville  même  d» 
Cap,  la  guerre  s'établit  au   dehors,  les  noirs  / 

restèrent  maîtres  de  la  plaine,"  où  ils  étendirent 
Jeurs  ravages;  d'une  part,  les  exécutions  judi- 
jciaires  et  les  supplices;  de  l'autre,  l^s  massacres 
avec  tous  les  raffinesoaents  de  la  barbarie/et  de 
la  fureur  d'esclaves  déchaînés,  ensanglantèrent 
Ja  colonie.  Les  souvenirs  des  traitements  en- 
durés dans  la  servitude ,  et  qu'il  n'était  pas 
^  nécessaire  aux  orateurs  d'exagérer  ,  le  sup- 
plice d^Ogé  souvent  rappelé  pendant  ces  horri- 
bles représailles;  de  l'autre  part ,  l'habitude  de 
la  domination  ,  le  mépris  pour  une  race  es* 
clave,  renchérirent  réciproquement  d'atrocité 
et  de  barbarie  ,  et  prouvèrent  que  Tescla- 
vage  et  le  despotisme ,  également  hors  de 
la  nature  ,  suffisent,  abandonnés  à  eux-mêmes 


/ 


<^  . 


I 


^48  HISTOIRE    DE     FRANCE, 

viiiEp.  pour    faire    toujours    justice    Tun/  de   rautre. 
y^  '    '    Le  décret  qui  assurait  les  droits  civils  aux 

4  septe.  hommes  de  couleur,  fut  bientôt  contrarié  par 
179»-  un  nouveau  décret,  qui  laissait  aux  assemblées 
coloniales  le  droit  de  régler  leur  état,  et  ce 
nouveau  décret  arrivait  précisément  au  moment 
où  la  force  des  circonstances  venait  de  déterminer 
cette  même  assemblée  coloniale  à  leur  accorder 
]  égalité  civile  et  politique.  Il  résulta  9m  cette 
confusion  de  lois ,  une  confusion  d'opinion  ,  de 
prétention  et  de  mesurés ,  source  trop  féconde 
de  tous  les  désordres;  cet  état  de  chose  était  la 
suite  inévitable  de  fétat  des  affaires  dans  la  mé- 
tropole. A  Paris,  les  députés  de  Saint-Domingue 
à  qui  cette  qualité,  d abord  contestée,  fut  re- 
connue ensuite,  pendant  les  premiers  jours  agî- 
tes des  états-généraux ,  s'étaient  formés  en  une 
association  qui  prit  le  nom  de  club  de  Masi^îac ,  du 
lieu  où  se  réunissaient  leurs  assemblées.  Tous 
les  propriétaires  de  Saint-Domingue  qui  se 
trouvaient  à  Paris ,  s'y.  étaient  joints ,  et  bien- 
tôt après,  une  assemblée  coloniale  ,  qui  s'était 
formée  dans  l'ouest  de  la  colonie  ,  à  Saint- 
Marc,  forcée  par  ses  discussions  de  se  réfugier 
en  France,  se  réunit  au  club  Massiac  ,  qui  se. 
trouva  ainsi  composé  d'une  partie  des  grands 
propriétaires  de  l'île.  Leurs  richesses, leurs  cré- 
dits, leurs  connaissances  locales,  leur  donnaient 


DEPUIS     tA    RÉV^OLUTION.     S49 

nécessairement  une  grande  influence  dans  les  yiiiEp: 
assemblées  nationales  et  dans  léS  conseils  exe-  *^^^' 
cutifs.  Sans  doute  aussi  Pétranger ,  habile  à 
«aîsir  tous  les  moyens  d'action  ,  n^omit  pas  de 
s'assurer  des  relations  dans  cette  association  , 
comme  il  en  avait  avec  une  autre  société  pu- 
rement philanthropique,  connue  sous  le  nom 
d'ami  des  noirs.  Lé  cabinet  de  Londres  sut  tirer 
un  grand  psirti  de  ces  deux  sociétés ,  pour  faire 
suggérer  ou  exécuter  tout  ce  dont  sa  politique 
avait  besoin ,  soit  pour  se  conserver  exclusive- 
ment le  commerce  de  l'extraction  des  nègres 
d-AFrique,  soit  pour  forcer  les  colonies  fran- 
çaises ,*en  Amérique  ,  à  désirer ,  ou  leur  indé- 
pendance ,  oif  un  changement  de  domination. 
Cette  versatilité  de  principes  dans  les  lois  colo- 
niales, émanait  d^  cette  double  influence,  se- 
lon que  Tune  ou  l'autre  obtenait  une  prépon* 
dérance  momentanée. 

Avec  le  dernier  décret  du  4  septembre  , 
étaient  partis  des  con^missaires  civils;  mais,  à 
leur  arrivée,  la  ré1»)lte  des  noirs  avait  changé 
,1  état  des  choses.  Les  pouvoirs  des  commissaires 
se  trouvaient  insuffisants.  L'amnistie  dont  ils 
étaient  pprteurs  ne  convenait  plus  aux  circon- 
stances, et  l'assemblée  coloniale  même  n'y  était 
pas  disposée.  Cependant  quelques  négociations 
entamées  par  les  commissaires  civils  afec  les 


aSo 


HISTOIRE     DE     FRANCE, 


VIII Ep.  ehefs  des  noirs  ,  eurent  d abord  des  succès;  a 
.         Ja  suite  a  une^ntrevue  avec  les  commissaires 

An  a.         ^    ^  ^  ,  ,     ' 

cfvils,  les  noirs  consentirent  à  rendre  les^prî- 
sonnîers  blancs  ;  mais  dans  une  seconde  entre* 
vue ,  un  colon  osa  donner  un  coup  de  son  fouet 
à  l'un  des  plus  fameux  chefs  des  nègres ,  nommé 
Jean-François i  et  la  rupture  de  toute  négo- 
ciation fut  la  suite  de  cette  violence.  Bientôt 
des  troupes  d'hommes  de  couleur  se  réunirent 
aux  noirs ,  et  les  Espagnols  mêaiç  de  Saînt- 
Domingue  leur  fournirent  des  secours.  Il  est 
à  remarquer  que  là\  dans  la  partie  espagnole, 
toutes  les  distinctions  de  race  et  de  couleur 
n'existaient  pas.  Tous  ,  sans  acception  ^e  per* 
sonnes,  étaient  habiles  à  toutesMes  places  pu*^ 
bliques,  et  jouissaient  de  tous  les  droits  civils 
qui ,  dans  la  partie  française ,  coûtaient  tant  de 
crîmes  et  tant  de  sang. 

L'arrivée  des  commissaires  civils  ne  fut  d'a- 
bord qu'une  occasion  de  discussions  avec  les 
assemblées  qui  se  formèrent  dana  différentes 
parties  de  l'île  ,  où  il  s'éfciblit  des  confédéra- 
tions entre  les  communes  les  plus  rapprochées» 
Dans  les  parties  de  l'ouest  et  du  $ud,  les  com- 
missaires ,  obligés  Me  se  partager ,  se  trou- 
vèrent isolés  partout  ,  et  dans  une  situation 
précaire. 

La  ville  du  Port-au-Prince  était  en  guerre 


PEPUIS    LA    RÉVOLU  TIOK.      fiSf 

ouverte.  avec*une  confédération  d'homnaes  de  Viiiip. 
couleur  >  formée  à  la  Croix  des  Bouquets  }  le    ^^^ 
commissaire  civil,  Saint-Léger,  s'y  rendit,  et 
honora  son  caractère  par  une  conduite  sage  et 
courageuse ,  mais  qui  échoua  contre  les  pas- 
sions exaspérées  des  partis  et  contre  les  manœu- 
vres des  agitateurs  :  les  unes  et  les  autres  étaient 
telles  qu'il  ne  put  obtenir  sûreté  pour  les  en- 
voyés des  confédérés ,  qui  lui  avaient  demandé    . 
une  entrevue  ;  elle  eut  lieu  hors  de  la  ville  ; 
mais  y  ayant  obtenu  qu'ils  rendraient  le  libre 
cours  des  eaux.salubres  interceptées  par  eux, 
il  ne  put  empêcher  que  Ton  ne  tirât  de  la  ville 
sur  les  ouvriers  que  les  confédérés  employ'aieB|| 
à  ce^ravaiL  L'usage  hasardé  par  les  deux  par- 
tis, d'armer  des  nègres  esclaves,  donna  bien-  , 
tôt  à  ceux-ci  la  mesure  de  leur  force ,  et  bientôt 
aussi  on  vit  l'armée  du  Port-au-Prince  forcée 
de  se   renfermer  dans  1^  ville,  par  une  réu- 
nion de  dix  à  douze  mille  noirs  qui ,  presquq 
sans  armes  ,  se  précipitèrent  en  foule  sur  les 
raifbns,  et  les  éteignirent,  pour  ainsi  dire?,  par 
leur  foule  pressée. 

Ces  désastres ,  loin  de  réunir  les  partis ,  n» 
faisaient  qi>e  les  aigrir ,  et  les  commissaires  ci- 
vils désespérant  de  ramener  entre  eux  la  paix, 
se  déterminèrent  à  se  rembarquer  pour  la 
France.  • 


I  ■ 


V*Tt  ^  p. 
1795- 

An  a. 


iSs  HISTOIRE    DE   F  R  A  N  C  ET, 

Les  mêmes  scènes  s'étaient  passées  dans  Ta 
partie  du  sud.  Le  gouverneur  Blanchelande 
s'y. était  re«du  ,  espérant, réunir  les  blancs  et 
les  hommes  de  couleur  contre  Pinsurrection  des 
noirs.  Dans  une  soHie  qu'H  fit  de  la  ville  des 
Cayes  ,  son  armée  divisée  en  trois  colonies  i 
fut  repoussée  dans  les  troià  attaques,  et  tota^ 
lement  défaite.  Cette  déroute,  qui  eut  lieu  aux 
P/a/ons  9  fui  uri  des  principaux  chefs  d'accuisa* 
tion  dans  le  procès  de  Blanchelande ,  quoique 
l'entreprise  eût  été  faite  contre  son  avis,  et  qu'il 
y  eût  été  mal  secondé  par  ceux  mèmet»  qui  Ta* 
vaient  voulue. 

^  Le  décret  qui  reconnaissait  les  droits  dies 
hommes  de  couleur  servit  à  Saint-Domifîgue 
de  moyens  aux  deux  partis  qui  voulaient,  ou 
l'indépendance  ou  un  changement  de  domina- 
tion le  retour  de  l'ancien  régime;  et  bientôt 
les  événements  du  10  août  donnèrent  encore 
des  artnes  à  ces  partis.  Les  agents  de  lautorité 
royale  reconnue,  s'étaient  servi  de  la  craint^ 
du, soulèvement  des  nègres  pour  maintenir  feui 
autorité;  mais  dès  que  l'autorité  royale  fut  abo- 
lie, il  fut  aisé  de  tourner  contre  \fi  nouvelle  au- 
torité nationale  ,  cette  disposition  de^s  noirs ,  au- 
près desquels  on  avait  toujours  agi  au  nom 
du  roi.  Le  parti  des  colons  qui  étaiefit  en  Fraftce , 
attachés  d'opinion  et  d'intérêt  à  la  royauté  j  se 


*   D.EP.UI$    LA    RÉVOLUTION.       253 

servît  Tacilçment  de  rautorité  et  des  principes  viiiEp, 
du  nouveau  gouvernement  républicain,  pour  .^^ 
attaquer  le  T^ice-roi  et  les  commissaires  royaux, 
dont  la  conduite  avait  combattu  et  contrarié 
leur  plaa  d'indépendance,  ^n  maintenant  les 
liens  qui  rattachaient  la  colonie  à  la  métrojiote. 
Ainsi  Blanchelande  fut  livré  au>  tribunal  révo- 
lutionnaire;  ainsi  les  commissaires  ,  à  leur  re- 
tour, y  furent  mis  en  accusation  et  en  juge- 
ment.^ ^     . 

Les  nouveaux  commissaires  étaient  Sonto- 
nax ,  Polverel  et  Aill^aut.  Ce,  dernier  prit  peu 
de  part  aux  événements.  Sontoaajt  et  Polverel 
partis  de  France  par  la   nomination   du  «roi , 
apportaient  aussi  le  décret  qiui  assurait  les  droite 
civils  aux  hommes  de  couleur  libres;  mais  l'es- 
prit départi  les  ^vait  déjatait  précéder  par  des  ru- 
^  meurs  répandues  avec  art ,  on  disais  qg'ils  appor- 
taient aussi  le  décret  pour  raffranchissement  des 
esclaves.  Le  président  de  l'assemblée  coloniale  # 
4  leur  réception  ,  leur  manifesta  ,  sans  ^ucun 
^inénagement ,  les  inquiétudes  et  les  résolutions 
des  colons;  les  cohimissaires  se  justifièrent  de 
cette  imputation  alors  calomnieuse  j  et  il  est 
vraisemblable  qu'à  cette  époque ,  ils  étaient  sin- 
cères,, quoique  les  circonstances  les  eussent  con- 
duits, peu  de  temps  après,  à  cette  terrible  me- 
sure ,   en    devançant   même   le  décret  de  la 


è54        histoire     Dt    FRANCE, 

ViiîEp.  convention  ,  qui  la  proclama  en  principe- 
>79  •  ^  Parrivée  de  ces  nouveaux  commissaires  f 
la  ville  du  Cap  était  encore  gardée  ;  mais  toute 
la  plaine  du  Cap  çt  presque  toute  la  province 
du,  nord  ,  était  la  proie  journellement  dévo- 
rée par  les  nègres  insurgés.  La  plus  grande 
partie  des  hat)itations  étayent  incendiées  et  les 
cultures  détruites. 

Dans  les  provinces  de  l'ouest  et  du  sud  les 
ravages  n'épient  pas  aussi  étendus  ;  mais  les 
difficultés  entre  les  blancs  et  les  hommes*  de 
,  couleur,  avaient  alternativement  armé  des  noirs 
esclaves  pour  leur  cause;  et  depuis  la  terrible 
défaite  de  Blanchelande  aux  Plalans  ,  des 
ateliers  entiers  insurgés  étaient  restés  réunis  f t 
en  armes. 

Avec  les  commissaires  une  force  armée  de 
six  mille  hommes  avait  débarqué  éous  les. or- 
dres de  Desparbës,  homme  septuagénaire,  et 
<|ue  son  âge  rendait  peu  propre  à  une  guerre 
qui  exigeait  de  la  promptitude  et  de  Tacti* 
vite. 

Aussitôt  après  Tarrivée  officielle  du  récit  des 
événements  du  lo  août,  les  commissaires  pro- 
noncèrent sans  opposition  la  dissolution  de  l'as- 
semblée coloniale  ;  elle  fut  immédiatement  rem- 
placée par  une  commission.  En  même  temps 
une  nouvelle  convocation  des  assemblées  pri- 


X 


DEPUIS     LA    RévOLUTION.        ^55 

In^îres»  dut  procéder  à  de  nouvelles  élections }  VluEp. 
mais  retardées  par  les  intérêts  cacliés  de  tous  , 
les  partis,  elles  furent  remplacées  par  rétablisse- 
ment d'un  club  des  amis  de  la  constitution ,  tels 
que  ceux  de  France  ;  et  qui ,  suivant  les  mêmes 
errements,  soutint  d'abord  l'autorité  des  com- 
missaires devenus  nationaux  ,  ensuite  la  cona- 
batlit,  et  finit  par  la  renverser  et  par  lutter 
Contre  toutes  les  autorités  municipales  et  consti- 
tuées ,  fomenta  des  émeutes ,  forma  des  listes 
de  proscriptions ,  souleva  les  trou|f)es  contre 
leurs  officiers ,  et  finit  par  forcer  les  commis- 
saires à  les  faire  embarquer  avec  le  comman- 
dant Desparbès. 

Sontonax  lui  en  porta  lui-même  ta  réquisition  , 
et  Polverel  l'acçonipagna  pour  le  préserver 
des  insiiiEs.  On  mit  à  la  place  de  Desparbès 
le  général  Rochambeau  ,  fils ,  qui  arrivait  de 
la  Martinique  avec  ses  troupes ,  y  ajant  trouvé 
le  drapeau  blapc  arboré ,  la  contre-révolution 
faite ,  et  n'ayant  pu  débarquer  dans  l'île.  Ro- 
chambeau fit  une  campagne  active  contre  les 
nègres,  les  repoussa  de  la  plaine  et  de  la  pro- 
vince du  nord ,  dissipa  leur  rassemblement  ; 
mais,  forcé  par  la  maladie  de  retourner  au  Cap , 
il  ne  put  achever  son  entreprise,  La  ville  du 
Cap  dégagée  de  toute  crainte  extérieure ,  resta 
en  proie   aux   agitateurs.   On   renouvella   les 


\ 


a56  HISTOIRE    D  E    F  B  A  N  C  E,     ' 

viu.Ef.  listes  de -proscription,  douzç  piigonniers  furent 
•        massacres  par  uji  attrqtipeçnent,  maigre  les  er- 
forts  de  Sontonax.  Le  club  voulut  disposer  d^ 
toutes  les  nominations  aux  places;  on,  avait  fait 
des  hommes  de  couleur  officiers  dans  la  milice 
coloniale  du  Cap  ;  les  soldats  refusèrent  de  les 
recevoir;  la  querellé  devint  une  affaire  de  parti; 
les  hommes  de  couleur  s'çmpaçèrent  dp    poste 
du  Haut-du-Cap'>  et  ne.rcnti.èrent  dans  la, ville 
qu*après  que^Soiïtonax  eut  fait  embarquer  les 
chefs  des  factieux^       /.v:\,_         : 
y  Sôntônax  yoiiîi;ît  p>cifi^£»r  du^rpom^^nt  decal me 
qu<rprpduisit,  ley.r  d^al^pour  occuper  les  es- 
prits pai'  une  diyersio'n -d'^up  ;intérÊt  commua  : 
il  recomnièijVaV  la>ia:uer^^  aontre  les  neiçres. 
Eôchâmbé^n^avaît.^ùlVî'  sa  iiiiT«iiëi:e  desti^nalioa 
pour \I^.^art inique  ,   et    le  géaérfijp^aveauif 
prit  lecomn?andemeiit.  y^pf?  prenuère  entre- 
prise  e.ut„ian  plein  succès  t  trois  colonnes  ^tta- 
quèrenit  k^  ji^gréa ,    leuk-  carpp  ,    situé  à  la 
''Tannerie.  iiU  fbr.cé  ;  leurs  dei^  chefs  ,  Bias-r 
SOU  et  Jean'Fuincoi^yQhVméi^  de  s^évader  ;  toqs 
les-,po8lcs  ,  levTong  de  la  frontière  espagnole, 
fin  ent  repris..  Ci^s^ expéditions  coûtaient  peu.  de 
sarig  ;  mais  Ws;jLrpupes*affaiblies  par  riqtempé- 
,  rié  du  climat^et-^ial  Siecoridées  par>le^  habi- 
tants  qui';  ]d,  plu|),a'rt!i..r.efusaiçnt  de  marcher , 
étaient  biéntôr  obligées  de  se  retirer  dans  ks 

villes 


I 


DEPUIS     L  A     R  é  V  O  L  U,T  I  O'N.     ^5^ 

yîlles  pour  y  chçrcher  un  abri  contre  an  soi  vniF.p. 
dévorant ,  et  qui  semblait  se  venger  des  meurtres    '^-^  ' 
dont  il  était  souille.    . . 

Dans  les  provinces  de  louesf  et  du  sud,  tes 
mêmes  dissections  avaient  produit  les  mêmes 
désastres,  les  mêmes  revers.  Polverel  s'y  était 
rendu ,  et  Sontonax  l'y  joignit.  Un  parti  d'op- 
position, mais  secret,  et  habilement  déguisé» 
Y  luttait  contre  les  autorités  dviles  et' mili- 
taires.  Comme  en  ^France  ,  l'oppositian  .et  les 
plans  de  subversion  y  prenaient  les*cotirpurs 
d'un  patriotisme  exagéré,  on  empêciiait;  non 
en  refusiint  d'agir;  mais  en  agissant  plus  qt»'it 
n'était  utile;  on  faisait  manquer  le  but  en  Je 
dépassant:  Après  dçô  discussions  de  clejb-et;des 
expéditions  .|.artie lies  ,  les  partis  restaient  ba- 
lancés ,  et  perpétuaient  les  désordreg^;,' 

Un  nommé  Borel  s'y  était  feit  une  autorité 
qui  balançait  celle  des;  généi;aux  et  ctes. com- 
missaires ;  il  osa  mf  tire  en  an-estatioqdî^  ïsé^K 
nëral  Lasalle,  et  sçutijat.au  Px>Et-aù>fefeee*att'^ 
siège  contre  les  vaisseaux  de  la;Sjtatix^;;7^aDGrff*% 
tre  l'armée  conduite  par  les  comniis^^iî^j^^^i^' 
tonax  et  Polverel.  Cependant  la  prise-dè  pos- 
session de   cette   ville  ,  décida   la   sonmissiod 
de  la  province  de  l'ouest  ;  mais  celle  du  sud 
resta    en    insurrection    faiblement  contenue  ; 
et  l'arrivée  d'un  nouveau. commandant,  le  gé- 


1 


^5S  HISTOIRE     DE'FRANC'E, 

VIII  Ep.  néral  GalbaucI,  rappela  les  commissaires  dans 


1793. 


la  ville  (lu  Cap. 

An  â. 

Partout  les  institutions  nouvelles  trouvèrent 
les  anciens  préjugés  sur  leur  route,  et  le  bien 
public  devait  nécessairement  souffrir  de  ce  nou- 
vel état  de  choses.  Les  commandants  militaires 
avaient  toujours  régi  les  colonies  avec  un  pou- 
voir indépendant  et  absolu  ;  l'ordre  nouveau 
exigeait  que  les  réquisitions  des  autorités  civiles 
fussent  reconnues  de  la  force  armée ,  et  de  tout 
temps  elle  y  avait  déféré,  soit  pour  la  police 
exercée  par  les  corps  judiciaires,  soit  dans 
Tordre  administratif  régi  par  les  intendants  des 
provinces ,  soit  même  dans  Tordre  fiscal  exploité 
par  les  compagnies  financières;  mais  ces  réqui- 
sitions étaient  moins  vues. comme  de$  ordres 
que  comme  des  appels  de  secours.  Les  chefs  \ 
militaires  y  déféraient  sans  opposition  \  parce 
que  le  refus  eût  laissé  la  responsabilité  des  évé- 
nements à  leur  charge.  Le  passage  à  un  autre 
ordre  semblait  exiger  de  la  prudence  et  des 
ménagements,  au  moins  dans  les  expressions 
employées.  11  sembla,  au  contraire,  que  Von 
voulût  appesantir  le  joug  salutaire  de  la  loi 
par  la  rédaction  du  texte  :  il  portait  que  le  com- 
mandant militaire  de  Saint-Domingue  ne  cLe- 
yait  y  être  ijfue  Vinstrument  passif  des  'VO^ 
lontés  des  commissaires  civils*  Ces  formes  dures 


N 


fiÈPUIS     LAIiêVOLÙtfÔ^.      âSç 

C^ommencërent  la  méfiance  entre  les  autorités;  viiinp. 
les  agitateurs  y  portèrent  bientôt  la  division  par  *^^ 
leurs  manœuvres  et  par  leurs  intrigues;  et  après 
tine  lutte  qui  partagea  les  troupes  et  les  habi- 
tants ,  Sontonax  et  Polverel  usant  hâtivement 
de  leurs  pouvoirs  ,  signifièrent  à  Galbaud  sa 
destitution ,  et  le  firent  embarquer  pour  être 
îreconduit  en  France. 

Mais  soiis  un  climat  ardent ,  oii  toutes  les 
Imaginations  étaient  exaltées  et  toutes  les  pas- 
sions brûlantes,  cet  acte  violent  ne  devait  pcis 
rester  sans  réaction. 

-  Avec  Galbaud  on  avaît'^embarqiié  sur  la  flotte 
plusieurs  chefs  séditieux  par  caractère ,  par  prin- 
/cipe  où  par  mission.  Ces  hommes  travaillèrent 
les  marins  ^  et  ne  leur  montrèrent  dans  Galbaud» 
qu'un  chef  mihtaire  sacrifié  par  des  magistrats 
jaloux.  II  paraît  que  Galbaiid  igpora  une  partie 
de  ce  qu'on  faisait  en  sa  faveur.  Ses  regrets 
tardifs,  lorsqu'il  vit  les  effrayants  effets  de  Tin* 
siirrectiôn  dont  on  le  faisait  le  chef,  peuvent 
faire  croire  que  l'on  agit  en  son  nom  plus  qu'il 
n'agit  lui-même^  Dès  qu'il  fut  sûr  de  la  flotte, 
il  ordonna  la  descente,  et  l'on  vit  les  forces  de 
iïier  de  la  république  attaquer  ses  établissements 
\  terre  avec  la  même  fureur  qu'auraient  eu  les 
Anglais  ou  les  Espagnols. 

L'attaque  fut  disposée  dans  le  même  ordre 


'        ^ 


sl6q       histoire  de  frange, 

vin  Ep.  que  dans  une  guerre  ouverte  et  déclarée.  Trois 
colonnes  conduites  par  des  chefs ,  se  portèrept 


1790. 


An 


au  gouvernement  et  à  l'arsenal;  mâîs  quoique 
les  co'mniissaîres civils  eussent  été  surpris  ,  cette 
première  attaque  fut  repoyssée  ;  une  partie  des 
troupes  de  ligne  et  des  hommes  de  couleur  se 
réunirent  autour  des  commissaires  civils  ;  ils 
eurent  même  la  sagesse  et  la  générosité  de  re- 
fuser d'armer  les  prisonniers  qui,  s'étant  échap- 
pés des  prisons  civiles,  vinrent  leur  offrir  leurs 
v'         bras. 

Mais  le  lendemain  les  hommes  de  mer  ral- 
liés et  renforcés  du  reste  des, équipages  ,  ratta- 
ao  inîn.  quèrent  la  ville.  Galbaud  marcha  en  personne 

ai    juin.     *  ,         .      ,  . 

'79^.  contre  le  poste  de  l'arsenal  qui  lui  fut  livré. 
.  Maître  de  cette  position  qui  domine  la  ville  et 
le  gouvernement,  il  s'empara  des  forts  envi- 
ronnants ;  alors  les  commissaires  civils  furent 
forcés  de  se  retirer  de  la  maison  du  gouver- 
nement, foudro3^ée  de  tous  ,côtés  par  l'artille- 
rie ;  ils  firent  leur  retraite  au  village  appelé  /e 
Haul-du-Çap^  à  une  lieue  de  la  ville ,  et  où 
était  un  camp  établi ,  dès  longtemps  ,  contre 
les  irruption^  des  nègres  de  la  campagne. 

Aux  premiers  mouvements  de  l'attaque,  une 
parlie  des  habitants,  s'était  sauvée,  emportant 
leurs  effets  ;  les  autres  espéraient,  ainsi  qu'il 
arrive  souvent ,  pouvoir  rester  spectateurs  du 


DEPUIS    LA     RÉVOLUTION.  261 

combat  en  ne  prenant  aucdif  parti }  maïs  dès  viiiEp. 
que  les  commissaires  civils  se  fui'ent  retirés,  la 
troupe  de  Galbaud  ne  trouvant  pins  ni  rési- 
stance ni  frein ,  força  les  magasins  et  les  mai- 
sons ,  le  pillage  commença  -;  il  ofiTrît  toutes  ?es 
scènes  hideuses  d'une  ville  prise  d^assaut  ;  vingt 
mille  esclaves  se  déchaînèrent,  se^êlèrent  aux 
assaillants,  tous  se  méconnaissaient  d'ans  lè  dé- 
sordre général ,  habitants,  matelots,  esclaves, 
se  massacraient  indistinctement,  l'incendie  vint 
augmenter  et  facrliter  toutes  les  horreurs ,  les 
nègres  révoltés  descendirent  des  montagneç, 
tout  ce  qtie  la  vengeance,  Tavidité,  la  brutale 
insolence ,  peuvent  enfanter  d'excès  ,  détruisit  ^ 
cette  malheureuse  cité  ;  Fasile  où  les  jeunes 
filles  étaient  élevées,  fut  forcé ,  elles  furent  li- 
vrées à  la  violence,  puis  à  la  mort  ;  les  femmes, 
les  enfants ,  les  vieillards  se  traînant  dans  les  rues 
à  travers  Fincendie  devenu  général,  et  sous  le 
feu,  dés  combattants,  cherchèrent  un  asile,  les 
uns  sur  la  flotte,  d'autres  au  camp  des  com- 
missaires. La  ville  du  Cap  fut  détruite,  et  ses 
habitants  massacrés  ou  dispersés. 

Au  premier  signal  des  excès  qu'il  n'avait  pas 
prévus,  Galbaud  retourna  à  la  flotte,  n'ajant 
plus  aucun  pouvoir  pour  réprimer  les  fureurs^ 
qu'il  avait  excitées^  On  prit  seulement  des  pré- 
cautions pour  que  rartillerie  de  terre  ne  pût 


$.02         HISTOIRE     DE     FRANCE,. 

VIII Ep.  être  employée  coqgpe  les  vaisseaux;  on  encloua 
'^^^'  les  canons;  on  mouilla  les  poudres,,  et  l'on 
"  ^  acheva  ainsi  de  mettre  la  première  ville  de  la 
colonie  hors  de  défense, au  moment  où  la  guerre 
venait  d'être  déclarée  à  l'Espagne  ;  enHn  on 
6ta  au  reste  des  habitants  toute  ressource,  en. 
éloignant  la  i|otte«  Des  le  lendemain,  elle  fit 
voile  pour  la  France ,  et  dut  auparavant  tou- 
cher terre  dans  les  Etats-Unis,  pour  y  déposer 
les  infortunés  colons,  que  le  fer  et  le  feu  avaient 
obligés  d'y  chercher  un  asile. 

Dans  ces  dernières  extrémités ,  on  doit  ho- 
norer le  courage  et  le  dévouement  des  com* 
missaires  civils  qui ,  loin  de  chercher  leur  sû- 
reté dans  les  autres  parties  de  la  colonie  , 
s'attachèrent  aux  décombresqui  fumaient  encore 
autour  d'eux  ;  seuls  dans  leur  camp  du  Haut-Cap, 
jls  avaient  conservé  une  force  disponible ,  et  leur 
position  était  encore  telle ,  que  le  conseil  de 
guerre  assemblé  à  bord  des  vaisseaux ,  ne  vit 
d'autres  recours ,  en  s'éloignant ,  que  de  les 
supplier  d'interposer  les  restes  de  leur  autorité, 
en  faveur  des  femmes  et  des  enfanls.  Dès  que- 
la  lassitude  eût  fait  cesser  le  carnage  et  le  dé- 
sordre ,  et  que  les  flammes  s'arrêtèrent  faute 
d'aliment,  Sontonax  et  Polverel  redescenHirent 
dans  la  ville;  ce  qui  restait  d'hommes  fut  or- 
ganisé  en  corps  civils  et  militaires;  on  recueillit 


DEPUIS     LA     RÉ  V-O  L  U  T  1  O  N.      203 

les  csdaves  qui  ,  ne  sachant  que   feire  d'une  viiiEp. 


179J. 


telle  liberté,  vinrent  se  rendre;  on  établit  les 
débris  des  familles  dans  les  édifices  publics  que 
le  feu  n'avait  pas  détruits  ;  on  fouilla  les  dé- 
combres pour  en  extraire  des  vivres  qui  Turent 
déposés  pour  le  besoin  commun  ,  et  les  métaux 
qui  pouvaient  servir  aux  reconstructions.  La 
famine  était  le  danger  le  plus  pressant.  On  ex- 
pédia des  navires  vers  les  îles  et  au  continent, 
et  les  restes  d'une  population  florissante  sem- 
blèrent une  horde  fugitive  jçtée  par  le  naufrage 
sur  une  plage  déserte.  ^ 

Lorsque  la  justice  publique  vint  rechercher 
les  premières  causes  de  cette  calamité,  les  pro- 
cédures ne  purent  justifier  les  commissaires  d'une 
précipitation  inconsidérée  dans  l'exercice  de  leurs 
pouvoirs  5  ni  le  général  Galbaud  d'une  impru- 
dence inexcusable  dans  les  mesures  qu'il  prit 
pour  satisfaire  ses  ressenti fnenls;  mais  le  rap^ 
port  présenté  à  la  convention ,  le  justifie  de 
toute  intention  criminelle,  et  lui-même  fut  ef- 
frayé des  calamités  qu'occasionna  son  entre- 
prise; on  n'imputa  les  excès  qu'aux  émissaires 
envoyés  dans  les  diflérents  partis  ;  et  surtout  aux 
esclaves  qui ,  voyait  les  blancs  se  combattre  et 
Èe  détruire^  mirent  le  feu  à  plusieurs  endroits 
de  la  ville  pour  commencer  le  pillage. 

Cette    terrible   caïaslraphe   fut  le  premiejr 


^ 


UtL. 


$.64.         histoire.de  frange; 
viiiEp.  signal  de  l'abolition  de  Tesclavage  par  Taffran- 
An  a.   chissement  partiel  des  noirs.  Déjà  des  mesures 
politiques  ou  forcées,  avaient  appelé  à  la  li- 
berté les  esclaves  qui  s'éiaient  réunis  aux  hommes 
de  couleur,  ceux  que  leurs  maîtres  même  avaien|| 
armés  dans  des  circonstances  impérieuses  ;  ceux 
r      enfin  que  les  commissaires  civils  avaient  réu- 
nis en  troupe  ,  \yoxiv  les  contenir  au  moins  par 
la  discipline  militaire;  mais  ces  dispositions  tb- 
<:ales^  n'avaient  point  encore  pris  le  caractère 
d  une  mesure  légale  et  générale. 

A  feur  sortie  du  Cap ,  pendant  Tembrase- 
ment,  les  commissaires  publièrent,  dans  une 
proclamation ,  if/ie  la  yolonté  de  la  républi- 
que jrancaise  et  celle  de  ses  délégués ,  était 
de  donner  la  liberté  à  tous  les  nègres  guerriers 
90  jnîn  ^^'^  combattraient  pour  la  république  sous  les 
»793«     ordres  des  commissaires  ciidls. 

Ce  premier  acte*  d'une  extension  indéfinie  , 
qui  appelait  tous  les  noirs  à  la  liberté ,  était 
raotiyé  par  l'invasion  des  troupes  espagnoles 
qui  pénétraient  dans  la  province  de  Test,  s'em- 
parèrent du  bourg  d'Ounaminthe  et  de  plusieurs 

postes  français.  Les  Espagnols  avaient  des  corps 

de  nègres  dans  leur  armée. 

Cette  idée  de  l'affiandiissement  des  noirs 
s'était  répandue  depuis  longtemps  de  l'Europe 
dans  les  colonies;  les  écrits  philanthropiques  y 


II 


!» 


^ 


DEPUIS     LA      REVOLUTION.      ^65 

avaient  pénétré  jusque  dans  les  ateliers.  L'op-  viiiEp; 
position %ntre  les  blancs  et  l*^hommes  de  cou-    ^^  ^ 
leur  libres ,  les  avait  forcés  ,  à  l'envi  l'un  de 
l'autre  ,  d'armer  les  esclaves  en  leur  faveur  / 
et  l'âfTpanchissement  réel  ou  promis,  ^tait  tou-' 
jours  le  prix  attaché  à  cet  acte  de   dévoue- 
ment. 

Dès  1789,  l'affranchissement  des  noirs  avait 
été  demandé.  Le  décret  rendu  ,  le  5  mars  1 798, 
laissait  aux  commissaires  un  droit  implicite  de 
jDrononcçr  sur.  la  discipline  et  le  régime  inté- 
rieur des  atehers. 

Le  21  juin  ,  une  proclamation  avait  donné 
la  liberté  aux  nègres  qui  combattraient  pourra 
répubh'que.  L'effet  de  cette  mesure  avait  d'a- 
bord été  d'y   rattacher  plusieurs  chefs  noirs. 
Toussaint-Louverture  commandait  alors  en  se- 
cond  sbusBiassou  et  Jean-François;  cet  homme 
qui  depuis  a  pris  une  si  grande  place  dans  l'his- 
toire de  Saint-Domingue ,  se  trouve  peint  dans 
un  écrit  contemporain  de  cette  première  épo-* 
que  ;  et  ce  portiait  dégagé  des  événements  qui 
ont  suivi,  devient  curieux  pour  l'histoire. 
,   «Toussaint-Louverture,  doué  par  la  natifre  d'un  . .  'r^^"- 
«caractère  humain,  sensible  et  généreux ,  et  si.-d..- 
une  grande  jacilïte  de_.conception,  avait  a  par  ga- 
^  «  peine  pu  donner  la  moindre  culture  à  ces  heu-  coui< 
i<  reuses  dîspositiorts  dans  les  Kens  de  l'esclavage  ; 


lou. 


266  HlâTOIREDE    FRANCE, 

viiïEp.  «  il  avait  appris  à  lire  et  à  écrire ,  lorsqu'il  gardait 


'79^- 


«les  bestiaux  de  riiabitation  de  Breda^»  et  ces 
«  premiers  éléments  des  connaissances  humaines 
«  lui  donnèrent  dans  la  suite  les  moyens  de  per- 
«  fectionner  ses  dispositions  militaires;  il  n'avait 
«  pris  les  armes  avec  ses  frères  que  par  le  seul 
«  amour  de  la  liberté.  Ennemi  généreux,  même 
«  envers  ses  tyrans,  il  n'avait  jamais  souillé  par 
«  la  cruauté  la  cause  honorable  qu'il  déFendaif. 
«  Plusieurs  fois  ces  représeatations  touchantes 
'  «  avaient  arrêté  les  actes  de  férocité  de  Biassou 
«  et  de  plusieurs  autres  généraux  nègres  ;  c'est* 
«  un  témoignage  que  les  prisonniers  blancs  n'ont 
«  cessé  de  lui  rendre.  Presque  seul  accessible  à 
«  tous  les  sentiments  de  Thumanîté,  au  milieu  de . 
i<  la  démoralisation  générale  qui  se  manifestait 
«  parmi  les  hommes  de  toutes  les  couleurs ,  il 
«  avait  fortement  réclamé  contre  Pavidilé  infâme 
«  des  chefs  nègres'  et  de  leurs  correspondants 
«  espagnols  ,  qui,  en  pillant  les  habitations  des 
t<  blancs,  enlevaient  les  familles  des  nègres  pour 
«  les  envoyer  vendre  à  la  Havanne.  Une  ame  si 
«  élevée  lui  avait  donné  une  grande  influence 
«  parmi  ses  frères,  dont  un  très-grand  nombre 
«  n'aurait  pas  manqué  de  suivre  son  exemple  j 
«  mais  Toûssaint-Louverture  n'ayant  vécu,depuis 
«  rinsurrection  des  nègres ,  qu'avec  eux  et  avec 
«  les  Espagnols ,  ne  connaissait  notre  révolutioa 


r-  -t 


DEPUIS    tA    RÉVOLUTION.       267 

u  que  sous  les  traits  que  lui  prêtaient  les  enne-  vniEp* 
«  mis  de  laPrânce  ;  et  les  fureurs  des  partisdi vers 

An      ^ 

f<  à  Saîht-Domîngue ,  n'étaient  pas  propres  à  dis- 
«  siper  les  préventions  qu'il  avait  reçues.  Extrê- 
«  mement  attaché  au  catholicisme  ,  dirigé  dans 
«  ces  pratiques  de  dévotion  par  des  prêtres  es- 
«pagnolsi  il  craignait  de  se  soumettre  à  un 
«  gouvernement  qu'on  lui  représentait  surtout 
«  comme  l'ennemi  de  cette  rehgion.  » 

Soit  que  les  circonstances  fussent  pressantes, 
soît  que  Sontonax  craignît  l'opposition  de  son 
collègue  Polverel  ;  après  une  députation  nom- 
breuse de  la  commune  du  Cap ,  à  la  tête  de 
laquelle  était  un  autre  Vergniaud,  l'affranchis- 
sement des  esclaves  dans  la  province  du  nord , 
fut  solennellement  proclamé  ;  et  peu  de  temps 
après,  des  députés  des  trois  couleurs  furent  élus 
et  envoyés  à  la  convention.  Cette  mesure  ne 
pouvait  manquer  de  devenir  bientôt  commune 
aux  provinces  du  sud  et  de  l'ouest. 

Polverel  avait  là  à  combattre  l'opposition  des 
propriétaires  et  des  hommes  de  couleur;  pour 
retarder  la  proclamation  de  l'affranchissemeiyt 
général ,  il  avait  recouru  à  divers  mojens;  tels 
que  la  liberté  du  travail  certains  jours  de  la 
semaine,  et  même  la  distribution  des  habitations 
vacantes  par  Témigration  des  colons  ;  mais  les 
mêmes  violence^  du  parti  opposé;  l'appel  des 


2.6S  HISTOIRE     DE     FRANCE; 

TiiiEp,  troupes  espagnoles,  le  plan  formé  de  leur  lî- 
'^^^*  vrer  la  colonie  ,  forcèrent  de  rendre  général 
l'affranchissement  proclamé  dans  le  nord  ;  et 
ce  grand  acte  de  législation ,  qui  n'aurait  dû 
être  émis  que  dans  le  calme ,  et  plus  encore 
par  la  persuasion  et  avec  une  exécution  gra- 
duée, cet  acte  proclamé  pendant  Torage,  hors 
de  temps  et  de  mesure ,  au  mîhe'u  des  oppo- 
sitions de  rintérêt  et  de  l'opiniâtreté  des  par- 
tis ,  plus  arraché  par  la  force  qu'obtenu  par 
la  raison,  n'eut  que  des  résultats  funestes  : 
la  licence  prit  la  place  destinée  à  la  liberté, 
et  la  servitude  légalisée  vînt  enfin  mettre  un 
terme  à  la  licence.  On  accusa  la  îaison  de  toutes 
les  erreurs  des  passions  ;  on  la  rendit  respon- 
sable de  tous  leurs  excès ,  et  l'on  en  conclut , 
-  peut-être  pour  des  temps  indéfinis,  que  ce  qur 
avait  été  mal  fait  n'était  pas  possible. 

Dans  les  Etats-Unis  de  l'Amérique,  la  prédi- 
cation persuasive  avait  obtenu  ce  que  la  justice 
et  la  raison  réclamaient.  Dans  les  colonies  fran- 
çaise, la  législation  dure,împcrative  et  brusque, 
souleva  les  contradictions  ,  aida  la  malveillance, 
et  manqua  son  but. 

L'exaspération  des  esprits  servit  alors  les  pro- 
jets des  émissaires  de  l'éti^anger,  pour  porter 
les  partis  aux  mesures  les  plus  extrêmes  ;  toute 
cette  partie  de  Saint-Domingue  qui  comprend 


V  V 


n  a. 


DEPUIS     LA     RÉVOLUTION.    269 

«ne  partie  des  trois  provinces  sous  le  nom  de  la  viiiEp 
grande  Anse,  fornaée  par  le  Cap  où  est  la  for-  *'^  * 
teresse  du  Mole-Saint-Nicolas,  et  le  Cap  d'Am- 
marie,  fut  livré  aux  Anglais;  leurs  vaisseaux 
parurent  4'^bord  au  port  du  quartieV ,  appelé 
Jérémie  j  et  en  peu  de  temps  tous  les  ports 
situés  sur  cette  côte  ,  Saint-Marc,  Leogane  ,  la 
Pointe ,  l'Arçhaies ,  Goave ,  leur  furent  livrés 
j)ar  une  capitulation  signée  à  la  Jamaïque  ;  le 
P<9rt-au-Piince,  dit  depuis  le  Port-Républicain  y 
résista  plus  longtemps,  et  ne  céda  qu'à  plu- 
sieurs attaques  réitérées.  Les  commissaires  se 
recirèrent  alors  dans  la  province  du  sud ,  où 
-quelques  communes  étaient  restées  fidelles  a  la 
républiquer 

Sontonax,  oubliant  son  caractère  public,  et 
se  livrant  à  son  emportement ,  pubjia  une  procla- 
mation pour  se  retirer  avec  les  défenseurs  dans 
Jes  Mornes  ^  ïnpntagnes  escarpées  au  centre 
de  l'île  ;  maïs  avant  il  ordonnait  qi^f  la  re- 
traite fût  éclairée  par  l'incendie  de  tous  les 
lieux  habités  que  Ton  serait  forcé  d'abandop- 
ner.  Son  collègue  Polverel  improuva  et  arrêta 
ces  horribles  mesure»  qui  renouvelaient  les 
résolutions  désespérées  de  Sagunle  et  de  Nu- 
mance  ;  et  peu  de  temps  après ,  un  vaisseau  ar- 
rivant,de  France,,  leur  apporta  à  Jacmel  ^  x^îx 
ils  étaient  depuis  peu  de   jours ,   leur  décret 


N 


^yO  .       HlStOlftÈ     DE     FRANCE, 

VîiiEp.  d'accusation  et  Tordre  de  leur  arrestaitîon ,  pouf 
'^^^'  être  traduits  à  la  barre  de  la  convention  natio- 
^^  ^    nale. 

Cet  ordre  obtenu  par  les  colons  déportés, 
était  resté  plusieurs  mois  entre  les  mains  du 
conseil  exécutif,  sans  qu'il  en  eût  donné  la  pu- 
blication. Cepeiadant  la  nouvelle  en  était  par-^ 
venue  à  Saint-Domingue  par  la  voie  de  l'Angle- 
terre ,  et  le  discrédit  de  leur  autorité  précipita  les 
événements  et  les  succès  des  Anglais.  Les  com* 
missaires  cédèrent  sans  tenter  aucune  rési- 
stance ni  aucuns  moyens  d'évasion.  Le  même 
bâtiment  apporta  le  décret  de  la  liberté  géné- 
rale des  noirs.  Celte  grande  ml?sure  servit  de 
con(re-poids  au  départ  d^s  commissaires  civils ^ 
et  d'aliment- à  la  guerre,  en  ralliant  les  par-* 
lisans  de  cette  opinion  ,  qui  bientôt  rallièrent  à 
eux  une  armée  noire. 

Toussaint-Louverture  ,  dont  la  conduite  ac- 
croissail»de  jour  en  jour  le  crédit  et  la  fortune, 
se  rattacha  au  parti  de  la  république ,  ramena 
l'ordre  dans  la  colonie ,  et  contint  les  Anglais  t 
ils  restèrent  encore  longtemps  maîtres  de  la 
grande  Anse  et  de  plusieurs  quartiers  dans  Tin* 
térieur  des  terres,  jusqu'au  temps  où  ils  en 
furent  chassés  par  cette  même  armée  noire  f 
qu*iis  avaient  presque  dédaigné  de  combattre, 
et  devant  laquelle  on  vit  des  corps  entiers  de 


^DEPUIS     LA    RÉVOLUTION.       »7I 

troupes  anglaises  mettre  bas  les  armes.   Les  vniEp. 
J)ajs  qui  séparaient  les  deux  armées,  longtemps         * 
ravagés  par  Tune  et  par  l'autre,  ressentirent  dans 
la  suite  toutes  les  secousses  qui ,  pendant  dix 
années ,  ébranlèrent  l'ancien  cotitinent. 

Le  décret  d'abolition  de  l'esclavage  avait  été  >^  p^"^* 
rendu  dans  la  convention  nationale  à  l'unanimité, 
et  presque   sans  aucune  discussion   c^ontradic-        ^ 
toire.  A  la  .même  séance ,  les  trois  Vléputés  de 
Saint-Domingue  ,  un  blanc  ,.  un  nèg^^e  et  un 
jaune,  furent  installés,  prononcèrent  un  long 
rapport  sur  la  situation  actuelle  de  cette  co- 
lonie ;  et,  peu  de  jours  après,  une  fête  f)opu-  30  piuv; 
laire  solennisa  dans  la  capitale  le  décret  quç 
la  convention  venait  de  rendre. 

On  aurait  pu  croire  qu'elle  appelait  à  elle  une 
nouvelle  race  pour  réparer  ses  pertes  par  une 
adoption  forcée.  Le  dernier  appel  pourl'élection 
d*un  président  n'avait  donné  pour  résultat  du 
scrutin  qu'un  total  réduit  à  1 90  présents  ;  et' 
tandisqu'elle  proclamait  l'abolition  de  l'esclavage^ 
dans  les  deux  mondes,  elle-même  sentait  river 
tous  les  jours  les  fers  qu'elle  avait  consenti  de  re- 
cevoir. Le  comité  de  salut  public,  au  terme  de  sa 
formation ,  devait  être  renouvelé  tous  lèg' mois  , 
et  cette  règle  sage  n'était  depuis  longtemps  qu'un 
vain  formulaire.  Ceux  qui  auraient  pu  les  rem- 
placer,  craignaient  de  lutter  contre  eux ,  et  n'é- 


A 


11    2*. 


27%  HISTOIRE     DEF.RANCEj 

yiiiKp.  taient  pas  a.sspz  sûrs  Tun  d^e  l'autre  pour  Iç  ten- 
ter, sans  avoir  la  certitude  du  succès^  Le  frçste 
Irop^  insouciant  se  voyait  sans  peine  délivré  de 
rembarrai  :  de  prononcer  entre  des  parais  op- 
])Osé^.  Le  comité  de  salut  public  garUait  le  tir 
mon  des  affaires ,  parce  qu'aucun  parti  n'était 
as^ez  lié  pour  jûiser  le  prendre^  et  aucun  iadi- 
-  vicUr9:ssé^-iajL^^  essayer  de  le  lui  oier^ 

Mahfitenu-à  chaque  përipcJe  pour  la  forme,  il 
rendait  compte  aussi  pour  la  forme  à  l'assem- 
blée de  ses  çpérations;  elle  s'y  était  accoutuniéei 
et  cette  sanction  n'était  qu'une  cérémonie  d'ha- 
bif,i;di?;démandée  et  accordée  sans  conséqu£înce  ; 
aussi  ce  ne  fut  que  par  une  phrase  intercalée 
dans  un  long  rapport  que  la  convention  apprit 
que  le  comité  avait  reçu  et  rejeté  la  proposi- 
tion ,  envoyée   par  lés  puissances  alliées ,   de 
J^aire  une   Irès^e  pendant  laquelle   la  France 
établirait  un  gouvernement  avec  lequel  on  traî- 
lirait  de  la  paix ,  qui  serait  soumise  à  la  rati- 
j[ication  nationale.  d^Wi^  propostion  pouvait  être 
insidieuse  ,  et    l'était  vraisemblablement  ,    oa 
espérait  faire  poser  les  armes  ,  et  laisser  l'ar- 
deur réyoli^tionnaire  se  refroidir;  mais  cette  pro- 
position  rpéritait  encore  d'être  soumise  à  la  dé- 
4^ision  de  la  convention ,  et  ne  devait  pas  lui 
.eXr.e  communiquée  après  la  décision  ;  rien  ne 
.prouve  pIujS Taudace  d'une  part,  et  la  patiente 
'  *  docilité 


bÈ^uis  LA  REVOLbirioKi        *i*;3 

docilité  de  l'autre,  que  la  confiance  en  eux-  vmËi*. 
mêmes ,  qui  décida  les  comités  à  se  charger  de  *^^  ' 
cette  effrayante  responsabilité*  Le  rap[X)rt  où 
se  trouvait  cette  ouverture  de  paix  y  servait 
en  même  temps  de  réponse  ;  c'étaient  des  me- 
^ines  extrêmes  pour  se  procurer  du  salpêtre; 
et  à  cette  occasion  ,  les  principes  et  les  maximes 
les  plus  hasardeux  étaient  énoncés  sur  le  droit 
de  préhension  et  de  réquisition^  Les  jouis*' 
sances^y  est-il  dit,  cessent d^ être  individuelles i 
et  semettent  en  masse  ^  et  à  la  fin  du  rap- 
port, les  avertissemeots  les  moins  politiques  y 
étaient  donnés  aux  peuples  étrangers ,  ne  /e- 
tendre  au  dehors  que  pour  laisser  des  désértÈ 
entre  la  république  et  les  rois. 

Robespierre  qui  faisait  débiter  ces  maximes 
par  le  comité,  se  réservait  celle  de  la  plus  \ 
pure  morale  et  de  la  plus  saine  politique.  Dans 
un  discours,  dont'le  texte  était  «  sur  les  prin- 
«  cîpes  de  morale  politique  qui  doivent  diriger 
«  la  convention  dans  radministration  intérieure 
«  de  la  république.» 

Les  expressions  les  plus  sonoreç  de  j.ustice, 
de  mœurs,  de  vertu>  retentirent  à  la  tribune» 
et  le  contraste  avec  les  faits  n'empêcha  pa§  que 
ce  discours  applaudi  ne  fût  imprimé  et  envoyé 
aux  départements. 

On  ne  s'occupa  donc  plus  que  des  prépara- 

Tomeir.  ï8         \ 


27+  HISTOIRE     DE     ï"  RANGE, 

VïifEp.  tife  pour  la  guerre»  Le  ministère  anglais,  qui 
1793.  * 

An  2« 


1  70^ 

pouvait  se  prévaloir  dans  son  parlement  des 


inutiles  avances  qu'il  venait  de  faire,  n'y  trouva 
aucuns  obstacles  aux  moyens  qu'il  demandait. 
On  vit  les  chefs  de  l'opposition  se  réunir  aux 
ministres,  pour  assurer  vingt  millions  sterlings», 
destinés  à  continuer  la  guerre.  Les  forces  de 
mer  furent  portées  à  quatre-vingt-trois  mille 
matelots ,   et  l'armée  de  terre  ,  y  compris  les 
milices  ,  à  cent  cinquante  mille  hommes,  outre 
quarante  mille  étrangers  soldés  sur  le  conti- 
nent.  L'état  joon   contesté   des  dépenses  pour 
cette  armée  ,  se  montait  à  vingt  millions  ster- 
lings,  et  dès  cette  époque  fut  ouvert  lavis  ,  réa- 
lisé quelque  temps  après,  pour  que  la  banque  fût 
autorisée  à  «iuspendrc  le  payement  journalier  de 
sesbillets,  CetjLe  mesure  prolongée,  même  après 
la  guerre,  n'altéra  pas  la  confiance  que  soutint 
l'esprit  public ,  et  par  un  exemple  honorable 
pour  une  nation ,  et  unique ,  cette  crise  n'in- 
fluant point  sur  les  transactions  particulières, 
le  papier  public  devenu  monnaie  forcée  ,  ne 
perdit  rien  au  change  contre  le  numéraire  mé- 
tallique ,  tandis  que  par  un  autre  contraste  moins 
içlorieux  pouK  l'esprit  public  de  la  France ,  ses 
assignats,  son  papier-monnaie,  dontune  partie  de 
son  territoire  était  le  gage  ,  n'avait  déjà  plus 
qu'une  proportion  fictive  et  idéale  avec  les  mé- 


DEPUISLARÉVOLUTION.        S,y5' 

taux  monnayés.  Peut-être  Vesprii  public  cst-il  viiiEp, 
pouf  un  peuple  le. dernier  terme  du  perfection-    ^„  ^ 
nement  de  sa  civilisation. 

Aux  finances  et  aux  forces  coalisées  de  l'An- 
gleterre et  du  continent,  la  république  française 
opposait  ses  opinions,  ses  citoyens  soldats  et  ses 
généraux.  L'armée  du  Nord,  qui  devait  balan- 
cer  et  fixer  ses  destinées,  venait  de  rappeler  à 
elle  les  troupes  qu'elle  avait  été  obligée  d'en- 
vojer  dans  la  Vendée,  pour  y  terminer  celte 
guerre  que  l'on  put  croire  un  nionaent  finie. 

Repoussés  à  Granville,  les  Vendéens  s'étaient 
retirés  à  Dol,  où  les  colonnes  républicaines  les 
attaquèrent,  ecrurent  défaites  après  un  combat 
opiniâtre  et  sanglant.  Laroche-Jacquelin  et  Sto- 
flet  résolurent  de  repasser  la  Loire  et  de  ren- 
trer dans  la  Vendée.  Angers,  où  commandait 
Beaupu! ,  blessé,  qui  se  fit  ^porter  sur  les  rem- 
parts, leu^;  résista;  ils  s'emparèrent  du  Mans;: 
et  là,  suivis  par  les  généraux  de  la  république, 
attaqués  au  dehors  et  dans  la  ville  ,  pressés 
par  Westermann  ,  qui  venait  d'être  rendu, 
un  moment  à  son  armée  ,  les  Vendéens  fu- 
rent  taillés  en  pièces.  Dix-huit  mille  soldats,, 
femmes  ,  enfants  ,  vieillards  ,  furent  massa- 
crés dans  la  ville,  pendant  et  aprèjs  le  com- 
bat. Laroche-Jacquelin,  échappé  au  carnage 
avec  quelques  cavaliers ,  recueillit  les  débris  de 


\ 


\ 


liihS      .'hISTOÏHE     de     FRANCE, 

viiiEp.  ^e  désastre,  et  essaya  de  passer  la  Loîre  à  An- 
An  2.  cenîs  sur  dés  radeaux.  A  peine  touchaît-il  le 
bord  opposé  avec  son  avant-garde  >  le  reste 
attaqué,  fuit  à  Savenai  ;  là,  cette  armée  sans  . 
.chef  Fut  iatteinte  et  détruite.  Uîle  de  Noîrmour 
lier  où  s'étaient  réfugiés  Charrette  et  Delbée  * 
iHourant,  fut  prise,  et  ce  guerrier  fut  porté  au 
lieu  du  supplice  et  fusillé  dans  son  fauteuil. 
On  put  croire  la  guerre  de  la  Vendée  éteinte, 
si  les  épouvantables  exécutions  militaires  .des  cp- 
lonnes  ,  justement  nommées  infernales  ,  n'en 
eussent  agité  les  cendres ,  et  si  les  exécutions 
juridiques,  plus  horribles  encore,  que  corn- 
iftanda  Carrier,  n'eussent  ra ni oié  le  désespoir 
abattu.  Le  long  détail  de  ces  horreurs  qui  sur- 
pas>ièrent  toutes  celles  qui  les  avaient  précédées , 
sont  trop  officiellement  consignées  dans  le  récit 
du  rapporteur  Lequinio.  L'histoire  a  le  droit  de  les 
réléguer  parmi  les  détails  partiels  dont  sa  dignité 
là  dispense.  L*incendie  qui  a  tout  dévoré,  ne 
laisse  plus  de  traces  que  dans  les  tristes  souvenirs. 

Le  jour  même  où  la  convention  publia  la 
prise  de  Noirmoutiefr ,  elle  apprit  celle  de  la 
ville  de  Worms,  et  la  suite  des  succès  de  l'ar- 
mée  du  Rhin. 

Wurmser  avait  été  remplacé  par  le  général 
Broun,  et  Brunswick  avait  remis  l'armée  prus- 
sienne ail  vieux  Maleiidorf,  le  disciple  et  l'ami 


D'  E  P  tl  I  s    L  A    RÉVOLUTION.      277 

du  ffrarîd  Frédéric.  Ces  deux  armées ,  dont  leurs  VHiFp. 


revers  avaient  séparé  les  opérations,  gardaient 
les  passagêsdu  Rbib^  à  Mayence  et  àManheim  , 
et  ïe§  armées  de  Rhin  et  Mdselle ,  après  la  re- 
prise du  Fort- Louis  ,  que  les  Impériaux  aban- 
dotinèrèrit  après  Tavoir  détruit  ,  prirent  des 
quartiers  d'hiver  sur  la.  frontière  du  Palatinat 
à  l'entrée  de  la  vallée  de  Neustadt,  et  Piche- 
gni*  fut  ftommé  général  à  l'armée  du  Nord 
à  la  place  de  Jourdan ,  que  trop  peu  de  défé- 
rence, pour  les  plans  des  comités  avait  exposé  à 
leur  mécontentement.  Il  fallut  même ,  pour  le 
sauver  de  l'effet  ordinaire  de  celte  disgracç,^ 
toute  l'adroite  éloqùeno^de  Barrère,  Ce  temps 
de  repos  et  le  court  intervalle  des  opérations 
militaires,  était  -employé  activement  aux  tri- 
bunes de  la  convention,  des  jacobins,  de^s  cor- 
deliers  ,  de  la  commune  et  d'une  nouvelle  as- 
sociation qui  s'était  dénommée  club  central.  Ce 
n'étaient  pas  des  réunions  de  partis  opposés,  cha- 
que parti  avait  ses  adhérents  dans  chacune  desr 
sdciélés,  et  ils  s'y  combattaient  dans  les  ténè- 
bres sôus  le  même  drapeau.  On  distinguait  biea 
deux  partis  prononcés  ;  mais  l'un  errait  sans 
ordre,  sans  chef,  s.ans  plar^  de  conduite,  tandis 
que  Robespierre,  à  là  tête  de  l'autre,  en  îm- 
posatt  par  une  ancienne  réputatfon,  par  une 
monstrueuse  popularité ,  par  un  système  suivi 


An  a. 


myS  H  I  s  T  O  I  RE.  DE.  F  R  A  N  C  E  ,^ 

viiiEp.  et  soutenu  ,  par  l'assistance. de  l'étranger  et  \yàx 
j^^^  d'imposants  succès.  La  Gironde  n'était  plus  qu'up 
parti  dispersé ,  que  ses  adver^ires  choisissaient 
l'un  après  Tautre.  Les, seconds  de  Robespierrq 
serrés  autour  de  lui  ,  coilime  dqns  un  asile  , 
commençaient  cependant  a  s  apercevoir  que  cet 
asile  dépeiidait  de  son  bon  plaisir,  et  n'était 
pas  inviolable  pour  luïj  tous  sentaient  déjct  le 
danger  de  cette  position,  précaire,  et  qii|il  ne 
les  gardait  que  comme  des  instruments  nérësr 
saii  es  encore  à  sa  foi'tune.  Plus  près  de,  lui^et 
plus  à  ses  ordres /étaient  ses  vrais  satellites, 
ceux  qui.,  dévoués  par  fanatisme  ou  par  mi.s^ipp , 
ïî'àvaient^p'ns  ou  n'avaient  reçu  d  autre  enaploî 
oiïe  de  le 'servir  env^wet  contre  tous.  Robes- 
pierre  qui  avait  éprouvé  quelques  contradictions 
au  comité  de  salut  public,  où  Fouché,.,au  je- 
tour  de  sa  mission  dans  Je  Midi ,  avait  osé  lui 
résister  ,  songeait  déjà  à  se  fortifier  contre  la 
convention',  en  mettant  le,s  jacobins  en  état. de, 
la'combattfje ,  et  même  de  la  remplacer  selon  le 
premier  projet  quiavaitétéproposéàDumourier. 

i.er  nîv.  A  ccîté  époqué  se  fait  sentir  un  état  de.  atagna- 
tion  résultant  de  la  nullité  des  partis  jet  dp  fip- 
quiète  réserve  des  indîvic(us,riuIlecommuni(?ation 
n'existait  plus  eïitre  le^s  membres  de  la.cpnven- 
tion,  chaVuh  ne  songeait  qu  à  se. mettre  à  .cou- 
'    vert  par  je  silence  et  dans  l'isolement;  ceux'quj. 


/  -  -  •' 


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/ 


An  3.- 


D  E^T  V  I  S    L  A    îl  é  V  O  L  U  T  I   O   N.    îiyÇ 

par  leurs  taieiîfs  et  par  de  l'énergie ,  auraient  vniKp; 
pu  offrir  un  point  de  ralliement»  certams^qtie  ^ 
personne  n'oserait  se  ralliera  eux>  se  retirèrent 
dans  la  foule,  et  ne  s'étudièrent  qu'à  s'y  faire 
oublier;  il  iiillait  que  la  néce^ité  et  une  lerreu^ 
plus  forte  et  plus  prochaine^  vinssent  So  m  nier 
les  plus  menacés  de  défendre  leur  vie  sôu$  peine 
de  la  perdre.  Ce  temps  n'était  pas  encore  ar*- 
^^îvé,  on  sentait  le  poids  des  fers  ;  mais  ife 
n'avaient  pas  pesé  depuis  assez  longtemps  poiir 
blesser  par  des  meurtrissures^et  par  dFK  plaies. 
On  les  supportait  encoie  par  Tespérarice  de 
les  voir  tomber.  Cet  état  où  l'on  slouflPre;  ée 
où  l'on  endure  avec  patience,  est  commun  à 
tous  les  peuples  où  les  jouissances  domesti-' 
quessonl  indé[|rndanteS'  de  la  liberté  publique. 
Le  peuple  rçmain  a  donné» longtenips  rekempb* 
de  <!ette  patience  à  l'épreuve. 

La  convention  n'osait,  encore  se  refuser  à 
tout  ce  qui  était  exigé  d'elle ,  au  nom  de  Tesprit 
révolutionnaire;  elle  décréta  que  ceux  de  ses 
membres  mîô^en  accusation  et  qui  essayeraient 
de  se  soustraire  au  jujÇemeilt*pat*la  fuite  ,  se-' 
raient  exclus  et  remplacés;  et  bientôt  que  tous^ 
les  citbj^ens  qui  ,,étânt  accusés-,  fuiraient,'  sériaient 
mis  hors  de  la  loi.  - 

Péù  de  jours  après,  \m  dé  sîes  membres,  Ma-* 
zifjer,  fut  livié  à  l'exécuteur  et  mis  à  mortj 


\ 


fiSo    ■  HISTOIRE    DE    FRANCE,' 

Y^HEp,  ainsi  ion  se  servait  de  la  terreur  même' pour 
.  river  lés>^fers  que  la. terreur  avait  forgés.  Sur 

un  rapport  de  Saint-Just,  on  étendit  l'autorité 
du  comité  de  sûreté  générale  pour  les  arresta- 
tions^ des  pleins  pouvoirs  lui  furent  donnés  à 
,  eeteftet.  Le  nombi  e  des  détenus  daqs  les  diffé- 
rentes prisons  de  la  capitale  seule ,  montait  alors 
à  près  de  six  mîHé;  et  dans  tous,  les  dépai:te- 
raents  de  la  république  ,  les  maisons  d'arrêt 
étaient  remplies  dans  la  même  proportion;  mais 
la  terreur  que  les,  tyrans  inspiraient  commençait 
déjà  de  ks  atteindre.  La  jeunesse,  moins  soil- 
mise  aux  timides  calculs  de  la,  prévojanœ,  et 
moins  éloignée  des  principes  de  sa  première 
éducation ,  s'était  réunie  en  société  particulière^ 
comparant  ce  qu'elle  voyait,  ^  ce  qu'on  lui 
avait'  plus  récemment  enseigné;  n'y  reconnais- 
sant plus  aucune  trace  de  la  morale  de.  son  en- 
fonce ,  elle,  avait  essayé  de  se  communiquer  ses 
pensées  et  ses  doutçs.  Cette  réunion  parut  dan- 
gereuse è  ceux  pour  qui  toute  réflexion  était  à 
craindre.  Un  arrêté  de  la  commune  dispersa 
ces  réunicms,  et  détendit  aux  jeunes  gens  d'ea 
forjoaer  jamais  de  semblables. 

Il*  paraît  qu'à  cette  époque ,  les  dominateurs 

eux-mêmes  effi-ayés  de  leur  position  et  des  stiites 

de  leur  système,  se  hâièrent  d'éloigner  :i'eux 

"   l'atteatiçn,  en  dénonçant  eux-mêmes'  ks  faits  et 


r 


DEP'UÏÔ    LA    RÉV^£tTTOK/     ^I^ 

en  tlétourn»nt  le«  soupçons  verscFautre»  agents;  yi^^^y 
Un  rappoin  de  Sâin^J^ist  coiïtenak  de  si  grandçg^  ^^  ^ 
vérités ,  qu'elles  ne  pouvaient  rester  sans  «ffët 
swr  les  auditeurs  ;  mais  en  mêtne  temps  ledé-J 
iit>nciat6ur  devait  naturellement  être  celui  qui 
^rait  le  dernier  soupçoqné.  Le  texte  de  to« 
discours  était  cette  phr^e  commentée  avec  des 
développements  trës-aOToîts.  k  L'étranger  a:  mé- 
«c  di/é^  les  causes  du  renversement  de  la  tyraU'^ 
^  nie  parmi  nous  ^  et  "peut  les  employer  pour 
t<  renverser  la  république.  » 

Ce  plan  était  très-réel,  et ^ toutes :les  preuves 
qu'il  en  apportait,  étaient  irrécusables.  Eft 
suivant  ceux  qui  marchaient  dans  cette  route  y 
on  retrouvait  à  chaque  pas  leurs  traces;  on 
s'attachait  à  détruire  toute  moralité  dans  le  peu^ 
pje,  et  à  détourner  toutes  les  sources  de  la  tràn-» 
quillité  publique,  en  corrompant  la  justice  et 
la  raison.  :  ;   .  '  i       : 

i<;0\\  nous: fait  commettre  des  crimes !j  di«^ 
<i  sait  '  Saint  -  Just ,  ou  .  plutôt,  on  fait  coœ-î 
M  «mettre  les  cirim^es  parmi  nous,  afin  de  nous 
<t.  les  imputer,  et  «lous  rendre  odieux  à  Tuni-^ 
<r  ver8i>  Ges  paroles  n'avaient  qu'un  tort  d'in- 
conséquence, celui  d'être  proférées  par  l'organe^  , 
de  Saint-Just.  Elles  seraient  mêmes  inexplîca-. 
blesulans  sa  bouche^  si  l'usage,  n'eût  été  connu 
et  pratiqué  de  devancer  la  suspicion  par  la  dié-; 


2^2        HISTOIRE     0EFilA^^C:E, 

viiiEp.  iioqciation,  et  de^doisbn^r  aiosilç  ^change  au» 
'^^  '    doiites  €t  à  Vemmesa.  Saint- Just aussi. ije  s'expo- 

An  a.  'F 

aait  pas  à  êtrç  déniehti ,  ou  sommé  de  s'expli-- 
quer;  il  partageaii;.alors  la  toulie^uissànce ,  et 
son  but  ét^it  Jndiq^iépar  le  décret  qui  termi- 
nait son  rappoiîti  ç*  qui,  sous  les. mots  vagues: 
de  conspirateurs  .et  d^ennenais  de  la  république  y 
conaprenait  d'avance  léj  nouveaux  adversaires 
destines  à  devenir.de  nouvelles  victimes. 

La  société  des, défenseurs  des  djoits  de  l'hom- 
me, dite  le  club  descordèliers,  sub^stait  ton- 
purs.  D'après  l'arrestation  de  quelques-uns '<le 
«es  membres,  elle  avait  voile  ieiableau  îoù  les 
droits  de  l'homme  étaient  écrits..  Cet  ^cte  ef- 
fraya les  jacobiois  f  et  cette  grande  affaire  fut 
traitée  par  une  députation  solennelle  des  ija^- 
cobins  aux  cordelîers  ,  et  ceuxci  coîisentirent 
eQfin:à  lever  le  vçile.qui  causait  de  telles  alarmes* 
Le  plan  du  moment  était  de  détruire  le»  cqi^ 
deliei^  par  les  jacobins;  et  tel  était  le  but  où 
tendait  le  rapport  de  Saint^Just,  en  dénonçant 
la':grdDde  conspiration  qui  menaçait  la  républi- 
que. Les  chefs  des  cordeliers  devaient  y  figurer 
les  premiers.  Il*  paraît  que  leur  crime  véritable 
avait  été  de  sembler  vouloir  mettre  un  terme 
aux  horréui's  qui  dégradaient  et  détruisaient  la^ 
liberté;  ceux  dont  le  but  était  tel,  durent  crain- 
dre un  succèsrqai  ruinait  leurs  espérances*  Dan- 


D  E  P  U  l  S-  L  A    I^.É  Y  O  L  U  T  I  O N.      ^83 

ton  aussi  était  à,  la  tête  de«  cordeliers  ;  et ,  sa  vi'^^ 
perte  éfcapt  décidée,. on  devait,,  selôa  la  mai-     .  \ 
che,.  commencer  par  abattre  autour  dq  lui  tous 
ses  soutiens  A  afin  de  l'attaquer  ensuite  isolé.     . 

Sur  un  seul  ordre,  de  .raccusateur  public  prë§ 
du  tribunal  réypluji.o^naiçp  Foiiquier  -  Thin- 
yille,  plusieurs  d^  priocipaujt  chefs  des  cor*- 
deliers  fxu'ent  arrêtés,  Vincent  et  Ronsin,  que 
les  réclamationsxlu  club  des  çord^lievs venaient 
de  faire  mettre  en  lib^ertéV  çt  av^ceujc ,  Hé- 
bert  ,  auteur  du  fameux  jpurnal»  dit  h  Père 
Vuchêne..  Montmoro  ,  auteur  d'un  écrit  péf 
riodigue,  intitulé ,  Jes  jRéçoluiîons  da  Paris  j 
sous  le  nom  dç  P^u^homme^  agent  uës-actif 
dès  les  premiers  temps  de  la  révolution  ,  et  r.ujj 
des.  premiers  fondateurs  du  club  des  cordeliersi 
et  L^umur,  anrieq  militaire  et  gouyiçrpçur  dç^ 
établissements  fiyinçais  dans  rjncle#'  : 
.  Le  caractère  de  représentant  fil  croire  néces» 
§aire  un  rapport  de  cpinité,  pgur  traduire  Ije  len-r 
deipainau  tribunal  Julien  de  Toulouse^  Delaunay 
d'Angers,  Fabre  d'Eglantines ,  Chabot  et  Basire. 

X''p3truction.  d.u  procès.,  qui  .jt$ur  adjoignit 
quelques  comp^içeç^,  ne  pgrte  qtje,  §pf  des  faita 
aJléiçués  sans  preuve^et  déniés  sans  discussion.. 
L'un  deux  y  est. accusé  d'avoir  mal  parlé  de 
Dantçn ,  qui  bientôt  devait  veqir  occuper  la. 
même  place.  ,. 


ia84        HISTOIRE     DE     FRANCE/ 

viiiEp.      Hébert  y  est  inculpé  sur  son  journal  comme 

An  a. 


tendant  à  désorganiser  les  armées.  Le  fait  était 


Vrai  ;  mais  ses  accusateurs  seuls  n'avaieût  pa^ 
droit  de  le  lui  reprocher. Legéûéral.Westermann, 
comme  témoin ,  maïs  bientôt  accusé  lui-même , 
leur  rêpro(:ha  les  trahisons  dans  la  guerre  de 
la  Vendée,  qui  ne  s'est  prolongée,  dit-il;  que 
par  les  perfidies  et  les  manœuvres  secrètes  deé 
commissaires  et  de  plusieurs  généraux. 

Anacliarsîs^Glootz  était  du  nombre  dés  accu- 
sés :  on  lui  reprocha  seulement  de  s'être  inté- 
ressé pour  une  femme  soupçonnée  d'émigra- 
tion. Proli ,  né  en  Allemagne,  et  Pèreira,  tous 
deux  membres  de  ce  comité  central ,  presque 
tout  composé  d'étrangers ,  et  d'où  sortît  le  pre- 
mier système  d*anarchieet  de  mesures  ultra-ré- 
volu'lionnâîres  ,  furent  inculpés  par  les  témoins^ 
Le  premier  pour  avoir,  comme  espion  de  l'empe- 
l'eur,  ditqu^il  fallait  que  Ton  s'occupât  aux  Jaco- 
bins de  la  question  dé  savoir  s'il  ne  convien- 
drait pas  de  trafter  de  la  paix  ;  l'autre ,  sut*  des 
liaisons  avec  Beaumarchais. 

Desfi^éux  était. un  dés  plus  anciens  et  des 
plus  exagérés  de  la  société  des  jacobins  :  il  fut 
accusé  d'avoir  feit  intercepter  les  dépêches  que  ^ 
ce  club  sîymi  envoyées  à  Bôrtfeàux.  Pendant  l'au- 
dition .des  témoins  ,  les  jurés  déclarèrent  que 
Jeur  religion  était  suffisamment  éclairées  efc- 


•N 


DEPUIS     UA  ,RÉV.OLUTION^        a85 

sijir  leur  déclaratioa  ,  le  jugement  prononça  la  viiiEp. 


peine  de  mort  contre  les  accusés  au  nombre 
djevîrigt.  Un  seuU^nomnaé  Labouret,  fut.ac* 


»79^- 
An  a. 


Anacharsîs-CIootz  /  lors  de  l'exécution,  de- 
manda  d'être  le  dernier.,  afin  ,  dit-il,  .d'avoir  le 
temps  d'établir  certains  principes. 
/Hébert,  qui  donna  son  nom  à  cette  section 
des  Cordeliers,  s'était  distingué  dans,  ces  jpurs; 
ténébreux  de  la  révolution  ,  comme  agent  pré- 
pondérant dans  la  commune  de  Paris  :  il  avait 
servi  la  rnonlagne  dM  3i  mai,  pour  détruire 
Ja  Gironde;  fier  de  son  crédit  et  ambitieux, 
il  crut  pouvoir  attaquer  la  montagne  même, 
et  dominer  ainsi  la  convention  par  le  conseil 
central  des  quarante-huit  sections  de  Paris  ;  mais 
ce  projet  qui  eût  entraîné  la  chute  des  jacobins 
où  régnait  Robespierre ,  et  de  l'autre  section 
des  Cordeliers  oii  régnait  encore  Danton ,  réu- 
nit ces  deux  chefs  un  moment  contre  Tennemi 
commun. 

Hébert  mourut  avec  faiblesse^  et  entendit,  au 
pied  de  l'échafaud,  répéter  les  phrases  triviales 
et  les  grossières  expressions  dont  il  avait  insulté 
les  nombreux  infortunés  qui  l'j  avaient  précé- 
dés^ et  dont  les  maneS  saiiglants  purent  un 
moment  sourire  d'indignation  et  de  pitié. 

Telle  fut  la  vraie  cause  qui  conduisit  tant 


r 


286      H  1  s  T  O  î   R    E    D   E  '  F  R  A   N  CE', 

VîiiEp.  A^  patriotes  efirénés  au  Stipplide.  La  corntniinè 
'^^^\  de  Paris  avait  déjà  deux  fois,  au  10  août  et  au 
3r  mai,  donné  la  mesure  de  sa  puissance;  elle 
voulut  ici  menacer  ceux  qui  la  dirigeaient  alors  ^ 
et  eux  voulaient  avoir  un  pouvoir  indépendant 
d'elle  et  dé  tout.  Mais  lorsque  ces  deux  ru'des 
athlètes  n'eurent  plus  d'intermédiaire  qui  les 
jiépara ,  ils  se  virent  à  découvert  et  en  présence  ; 
ils  se  mesurèrent ,  leurs  regards 'farouches  sa- 
vertirent  mutuellement  qu'il  nj^  avait  entre  eux 
ni  traité  nj  trêve,  et  que  la  dernière  lutte  allait 
-être  un  combat  à  mort.  Dn  essaya  cependant 
de  lès  réconcilier.  Leurs  nombreux  partisans 
sentaient  que  leur  chute  écraserait  tout  ce  qui 
s'était  rangé  autour  d'eux.  On  les  mit  en  pré- 
sence. 

Danton  ,  sans  improuver  les  terribles  mesures 
du  tribunal  révolutionnaire,  dit  qu'il  fallait  les 
restreindre  aux  seuls  coupables;  et  qui  vous  a 
dit,  répliqua  Robespierre,  que  l'on  ait  fait  pé- 
rir un  seul  înnqcent  ?  Dès-lors,  tout  espoir  de 
conciliation  fut  perdu. 

Danton ,  en  sortant, dît  aiix  siens,  il  est  temps 
de  songer  à  se  défendre  ;  mais  les  mesures  de  son 
adversaire  étaient  déjà  prisés. 

La -commune. de  Pciris  n'avait  pas  vu  sans 
inquiétude  de  l'avenir,  le  supplice  de  ceux  qu'on 
appela  les  hdberlistcs^  et  le  club  dés  Cordelicrs 


1793. 
An  a. 


.    DEPUIS    LA  RÉVOLUTÏON.         aSjT 

regrettait  en  elle  ses  chefs.  Ces  deux  corps  po-  viTiEp. 
litiques  pouvaient  se  réunir;  il  fallait  provo* 
•quer  des   démarches  qui  assurassent  leur   di- 
vision. 

•  Bourdon  de  TOîse  se  plaignit  à  la  convention 
que  la  comraune  de  Paris  n'eût  pas  encore 
comparu  à  la  barre,  pour  féliciter  la  conven- 
tion sur  la  découverte  de  \^  grande  conspiration 
qu'elle  venait/de  déjouer  par  le  supplice  des 
coupables.  La  commune  comparut;  et  dès-lors 
Robespierre  put,  en  sûreté  , -attaquer  ce  qui 
a^estait  dans  le  club  des  cordeliers  attaché  à 
Danton.  Un  simple  rapport  du  comité  de  salut 
public  les  avait  déjà  traduits  au  tribunal  révolu- 
tionnaire. Ce  fut  alors  à  la  suite  de  ce  rapport 
que  Robespierre ,  improuvant  une  partie  des  mo- 
tifs comme  contenant  des  réticences  dange- 
reuses, appela,  par  un  défi,  tous  les  tjrans 
de  la  terre  j  comme  les  véritables  complicesdes 
conspirateurs  atteints  par  la  loi.  Ces  déclama-^ 
tions  adroites  ét.délirantes  écartaient  les  froides 
observations  de  la  raison  qu'il  était  important 
d'éloigner ,  et  qui ,  remontant  froidement  •au:^ 
véritables  sources ,  eussent  pu  y  reconnaître  l'a- 
gence secrète  et  étrangère  ,  dont  les  coopéra - 
teurs  secondaires  et  obscurs  étaient  souvent  sa- 
crifiés.aù  grand  '  intérêt  dont  ils  n*étaient  que 
les  instruments,  rejetés  dès  qu'ils  n'étaient; plus 


^88        HISTOIRE     DE     F  U'  A  K  Cl2> 

viiiEp.  utiles ,  OU  mèîXïe  brieés*  dès qu'ijs  pouvaient ntiîre 
An  a.    ou  compromettre^ 

Ayant  l'acte  d'accusation,  on-fit  Jire^icontre 
l'usage  établi,  le  rapport  à  la  cpnVenticm  qui 
mettait  les  accusés  en  jugement.  L'acte  d^accu- 
sation  produit  par  l'accusateur  public,  était  un 
résunlé  de  tous  les:  délits  qui  pouvaient:  leur 
être  ipputés  par  lés  partis  opposés;  il  semblait 
que  leur  condamnation  ne  satisferait  qu'à^. demi 
leurs  adversaires,  s'ils  ne  s'enteadaiejit  dire  à 
quelles  vengeances  ils  étaient  immolés.  On  re- 
proche à  Danton,  d'avoir,  pendant  son. ministère, 
envoyé  à  Londres, un  agent  favorisé,  par  la  cour, 
et  en  même  temp  on  lui  reproché  d'avoir  fait 
accompagner  cet.  agent  par  un  de  ses  parents, 
pour  le  surveiller.  ^ 

On  TeproAe  à  Fabre  d'Eglanttnes  d"avoîr 
traité  avec  la  cour  au  lo  août,  et.*à  Danton 
d'avoir  dit  qu^il  n'avait  chargé  Fabre  d^Eglan* 
tinqs  de  cette  mission  que  pour  mieux  tromper 
la  Cour. 

On  reproche  à  Danton  d^avoîr  le  premier 
proposé  le  bannissement  de  Capet  ^  et  de  n'a* 
:^9ir  pas  osé  ensuite  soutenir  cette  propo-* 
sition.  :  • 

-  X)n  l'acou^e^d'un  complot  en  faveur  du  fils 
deXpuîsXV.I  :  c^étàit  lui,  dit-on  ,  qui  devait, 
iotsqu'ij    serait   temps  ,    montrer  Venfant   au 

peuple  ^ 


r» 


DEPUIS    LA    RÉVOLUTION.      ^89 

peuple  y  et  on  l'accuèe  en  même  temj)s  d'avoir  viiiEp. 
entretenu  des  liaisons  pour  un  changement  de    *'^^^' 
dynastie  en  faveur  d'un  prince  anglais. 

Tous  ces  contrastes  avertissaient  les  accusés 
qu'ils  comparaissaient  au  tribunal  dés  partis  op- 
posés qu'ils  avaient  servi  ou  feint  de  servir  en 
les  trompant  successivement  l'un  et  l'autre  ;  et 
Danton  9  sollicité  par  tous  les  partis,  à  cause 
de  son  influence  et  de  ses  moyens  ,  pouvait 
politiquement  avoir  changé  d'opinions  ou  plu- 
tôt de  plan ,  selon  les  circonstances,  et  selon 
le  cours  des  chances  et  des  événements. 

Le  premier  témoin,  Cambon,  entendu,  ac- 
cusa Chabot  et  Basire  de  complicité  dans  la 
conspiration  qu'eux-mêmes  avaient  dénoncée  ; 
le  fait  ne  portait  que  sur  la  fabrication  d'un 
décret  relatif  à  la  compagnie  des  Indes  ^  et 
dont  il  paraît  qu'ils  avaient  mis  la  teneur  à 
prix,  pour  rendre  ce  décret  plus  ou  moins 
défavorable  à  cette  compagnie.  Les  débats  de 
ce  procès  auquel  on  mit  d'autant  .plus  de  so- 
lennité, que  les  accuses  avaient  plus  été  en 
évidence  comme  zélateurs  ardents  de  la  révo- 
lution et  des  intérêts  du  peuple ,  ces  débats  actifs 
et  prolongés  développent  la  profonde  astuce 
de  l'accusateur  publie  ;  maître  de  la  discussion , 
il  l'abrégeait  ou  la  prolongeait  à  son  gré,  se- 
lon que  l'accusé  »  forcé  de  répondre  à  ses  înter- 
Tome  IV.  19 


içO  HISTOIRE    DE    FRANCE, 

viiiFp.  rogations,  satisfaisait  plus  ou  moins  rauditoîre; 
et  souvent  l  accusateur,  s  il  prévoyait  une  ré- 
ponse décisive ,  changeait  l'état  des  questions  et 
passait  à  un  autre  dçlit.  Lorsque  des  hommes, 
versés  dans  la  pratique  de  toutes  les  formalités 
et  de  toutes  les  ressources  judiciaires,  ne  pou- 
vaient parvenir  à  placer  les  jurés  en  présence 
de  Tauditoire,  entre  la  justice  rigoureuse  et  la 
plus  criminelle  partialité,  il  est  aisé  de  com- 
prendre comment  des  infortunés,  sans  talents 
oratoires, souvent  mal  défendus ,  voyaient  sans 
réclamations  leurs  sentences  prononcées ,  sans 
même  avoir  eu  le  temps  de  déduire  les  moyens 
de  défçnse  qu'ils  avaient  à  peine  eu  le  temps 
de  préparer. 

Après  l'audition  des  témoins,  les  débats  s'ou- 
vrirent. Fé^bre  d'Eglantines  expliqua  la  falsifi- 
cation de  décret,,  en  disant  que  la  pièce  produite 
n'était  qu'un  projet  de  décret  portant  toutes  les 
^variantes,  suite  de  la  discussion  dans  le  comité; 
il  était  là  en  présence  de  ses  complices ,  de- 
venus ses  dénonciateurs.  Chabot  et  Basire,  et 
le  même  sort  termina  cette  immorale  discussion , 
qui  éloignait  également  l'intérêt  de  tous  les 
co-accusés.  Ce  fut  toujours  une  cruelle  politique 
de  ce  tribunal  de  mettre  ainsi  toujours  collec- 
tivement en  jugement,  et  de  comprendre  sous 
la  dénomination  indéterminée  de  complices  et 


DEPUIS    LA    REVOLUTION.         agi 

autres  accuses,   des  hommes  dont  les  délits  viiiFpr 
présumes  n  étaient  pas  les  mêmes  ;  mais  1  on  en 
imposait  ainsi  à  la  foule  qui  servait  d'auditoire, 
et  l'on  éloignait  d'elle  les  sentiments  de  la  com- 
lùisératîon  et  de  l'humanité. 

Danton  interpellé ,  suivant  Pusage ,  sur  son 
nonf  et  son  domicile ,  répondit,  bientôt  dans  le 
néant  et  mon  nom  au  Panthéon.  Il  essaya  les 
mouvements  de  son  éloquence  retentissante  et 
révolutionnaire. 

«  Ma  voix  qui  tant  de  fois  s'est  fait  entendre 
«c  pour  la  causé  du  peuple,  pour  appuyer  et 
<c  défendre  ses  intérêts,  n'aura  pas  de  peine  à 
#r  repousser  la  calomnie. 

«  Les  lâches  qui  me  calomnient  oseraient-ils 
^  m'attaquer  en  face?  qu'ils  se  montrent,  et 
«  hienfôt  je  les  couvrirai  eux-mêmes  de  l'igno* 
«r  minie,  de  Popprobre  qui  les  caractérisent! 
«r  Je  l'ai  dit'et  je  le  répète  t  Mon  domicile  est 
«  bientôt  dans  le  néant  et  mon  nom  au  Pan" 
a  lhéon....u  Ma  tête  est  là;  elle  répond  de 
«  tout,. . .  La  vie  m'est  à  charge;  il  me  tarde 
«  d'en  être  délivré.. . .  » 

Le  président  du  tribunal  se  hâta  d'arrêter  les 
élans  de  cette  voix  qui  avait  si  souvent  entraîné 
les  tribunes  des  jacobins,  des  cordelieis  et  de 
la  convention;  il  ordonna  à  l'accusé  de  se  ren- 
fermer dans  sa  justification  ;  l'accusé  en  sortit  dan^ 


2i9a  HISTOIRE     DE    FRANCE, 

viiïjp.  un  mouvement  d'indignation,  et  s'écria:  *  Ei 
^^  «  toif  Saint'Justy  tu  répondras  à  la  postérité  de 
«  la  diffamation  lancée  contre  le  meilleur  ami 
«  du  peuple  ^contre  son  plus  ardent  défenseur.  ^ 
Le  président  l'interrompit  encore,  et  par 
«n  faux  appât  lui  présenta  l'espérance  :  «  Ma- 
rat,  lui  dit-çil>  fat. accusé  comme  vous  l'êtes; 

il  ne  dédaigjna  pas  de  ise  justifier Je  ne 

puis  vous  ptoposer  un  meilleur  modèle  ;  il  est 
de  votre  intéi'êt  de  vous  y  conformer,  »  et  Dan- 
ton séduit  s'apaisa.  On  craignait  de  sa  part 
une  sortie  violente  contre  Robespierre  el  ses 
adhérents;  on  craignait  l'eflfèt  que  pouvait  pro- 
duire encore  Danton  jugé.  Dès-lors,  il  entreprit 
l'apologie  de  toute  sa  conduite  révolutionnaire 
depuis  les  premiers  mouvements  de  1789;  quel- 
quefoisencore,  son  caractère  l'emportant  contre 
ses  accusateiu's.  Le  président  le  rappela  toujours 
à  son  propre  intérêt  ^  qui  exigeait  de  lui  plus 
de  modération.  Danton  put  croire  qu'on  avait 
*  seulement  voulu  le  dompter  et  l'acquérir  ;  il 
put,  par  une  illusion  trop  ordinaire  à.l'amour- 
^  propre,  se  croire  nécessaire;  il  retint  les  élans 

de  son  élocution  ,  et  consentit  à  une  justifi- 
cation simple  :  il  parla  de  ses  liaisons  avec  d'Or- 
léans ,  avec  Dumourier,  avec  Westerraann  » 
motiva  tout  ;  mais  sans  récrimination.  On  cber- 
die  le  sens  caché  de  ces  paroles*  t<  Je  sais  qu'à 


DEfVlS    ILA     KÉVOLUTION.      ^98 

la  journée  du  10  août,  Westermann  sortit  des  viiiEp, 
/Tuileries  couvert  du  sang  des  royalistes ,  et  '^^^ 
moi  je  disais  qu'avec  dix-sept  mille  hommes, 
disposés  (fomme  j'en  avais  donné  le  plan ,  on 
aurait  pu  sauver  la  patrie  ;  »  que  pouvaft  signifier 
là  ce  contraste  de  Wesiermann ,  couvert  du 
sang  des  royalistes  en  opposition  avec  les  me- 
sures que  réclamait  Danton  -,  comme  celles  qu'il 
avait  proposées  pour  sauver  la  patrie  ?  On  y 
reconnaît  celui  qui ,  se  sentant  accusé  par  les 
parli^  contraires ,  tâche  de  répondre  à  l'un  et 
à  l'autre,  et  réclame  ses  titres  envers  tous  deux  ^ 
ou  du  moins  ce  qu'il  erok  qti'ik  pourront  ad- 
mettre comme  tels. 

Danton  épuisé  par  la  véhémence  de  son  ac- 
tion ,  sa  voix  étant  affaiblie,  et  troublé  de  cette 
-    double  attaque  imprévue ,  fut  invité  ,  par  les 
juges,  cl  surseoir  à  sa  défense,  et^à  prendre  un 
intervalle  de  repos. 

Les  autres  accusés  furent  interpellés  :  on  re- 
procha à  Hérault  de  Sechelles  ses  correspon- 
dances avec  Dumourier,  à  la  retraite  des  Prus- 
siens des  plaines  de  Valmi  ;  on  parla  des  dia- 
mants enlevés  au  Garde-Meuble.  Hérault  dénia 
toutes  les  lettres  produites,  et  prétendit  avec 
vraisemblance  que  ces  lettres  avaient  été  faites 
chez  l'étranger ,  pour  compromettre  les  plus, 
francs  amis  de  la  liberté. 


Au  2, 


^94  HISTOIRE    DE    FRANCE, 

viiiEp.  Depuis  quelque  temps ,  Camille  DesmouHns , 
7^  '  dont  lame  ardente  et  révolutionnaire  ,  mais 
généreuse  et  libérale ,  s'était  indignée  des  atro- 
cités^  qui  déshonoraient  la  république ,  avait 
changé  le  style  de  ses  écrits  ;,  et  y  encouragé 
même  par  Robespierre  qui  n'osa  pas  le  défen- 
dre ,  il  avait  essayé  son  talent  contre  Je  génie 
de  l'anarchie. 

Le  président  lui  dit  :  «-  et  ces  comités  de 
clémence  que  vous  réclamiez ,  quels  étaient 
vos  motifs  pour  afficher  tant  d'humanité  ?  et 
sur  sa  réponse,  on  paësâ  à  un  autre  accusé. 
Gusman  ,  espagnol ,  le  nxême  qui  avait  été 
membre  du  comité  central  de  la  commune  :  ce 
comité  de  onze  membres ,  doat  la  singulière 
composition  réunissait  dix  étrangers,  deux  Hel- 
vétiens ,  deux  Belges ,  un  Italien  et  trois  Alle- 
mands. 

Après  lui ,  Lacroix  fut  interrogé  sur  ses  liai- 
sons avec  Dumourier,  et  sur  sa  mission  dans 
la  Belgique.'  Ce  chef  d'accusation  exigeant  la 
présence  des  témoins  réclamés  par  l'accusé , 
l'accusateur  lui  fit  cette  réponse  remarquable 
par ,  l'impudeur  dii  sophisme  qui  la  motive. 
4<  Puisque  vous  exigez,  dit-il,  une  déclaration 
«  formelle  de  ma  part,  je  déf?lare  permettre 
«  que  vos  témoins  soient  appelés,  autres  toute- 
«  fois  que  ceux  que  vous  désignez  dans  la  con- 


DEPUIS.  LA   KÉVOLUTIÔiî.        ±g5 

#f  vèntîon;  et  à  cet  égard,  j^observe  que  Tac-  viiiBp. 

4c  cusation    portée  contre'  vous  ,   émanant   de     '^^^' 

4c  toute  la  convention  en  niasse^  aucun  de  ses 

«»  membres  ne   j3eut  vous  servir  de    témoins 

«  justificatifs;  car  rien  ne  serait  plus  ridicule 

<c  que  de  prétendre  avoir  le  droit  de  faire  con- 

♦  courir  à  votre  justification  vos  propres  accu- 

«  sàteurs,  et  surtout  des  corps  <?onstitués ,  dé- 

«  positaires  du  pouvoir  suprême  qui  ont  droit 

«  vxle  Texercer  pour  le  plus  grand  avantage  du 

«  peuple,  et  n*en  doivent  compte  qu'à  lui. » 

Ainsi ,  tandis  que  les  membres  de  la  conven- 
tion servaient  de  témoins  contre  les  accusés , 
quoique  eux-mêmes  colleciivement  accusateurs, 
cette  qualité,  prise  collectivement,  devenait  un 
empêchement,  et  l'accusé  innocent  dont  la  jus- 
tification eût  été  entre  les  mains  d'un  membre 
seul  de  la  convention,  devait  périr  plutôt  que 
de  la  tenir  d'un  tel  témoin  à  décharge ,  et  cette 
étrange  jurisprudence  n'était  point  contredite 
par  les  assistants  ,  et  était  admise  par  les 
jurés/ 

Lacroix  insistant  avec  fermeté ,  l'accusateur 
public  dit  qu'il  allait  écrire  à  la  convention 
pour  savoir  son  vœu ,  et  la  réponse  n'arriva  point 
Avant  le  jugement. 

Le  moment  de  relâche  qu'avait  obtenu  Dan^- 
ton  fut  court;  c'était  lui  principalement  qu'il 


2ç6.  HISTOIRE    DE    FRANCBT,    ' 

viiiEp.  fallait  abattre  ;  il  lui  eut  été  difficile  de  deviner 
^^J  au  nom  de  quel  parti  il  était  jugé  :  il  se  justi- 
fiait de  l'imputation  d'avoir  désapprouvé  la  jour- 
née du  3i  mai  ;  et  Fouquier-Thîhville  lui*  repro- 
cha d  avoir  dit  à  Henriot  :  N'ais  pas  peur^  vas 
ton  train. 

Lacroix  s'entendît  reprocher  d'avoir  demandé 
l'arrestation  Aes^ingt-deux  et  de  tous  les  appe^ 
lants  dans  le  procès  de  Louis ,  et  dut  sans  doute 
être  étonné  de  cette  accusation  faite  pai'  le  tri- 
bunal révolutionnaire. 

Philippeaux  fut  interpellé  ensuite,  et  à  une 
Justification  détaillée  ,  Fouquier-Thinville  lui 
ayant, dit  ironiquement  :  Une  manque  à  ce  que 
a^ous  dites  que  les  actions  j  l'accusé  lui  ré- 
pondit courageusement  :  //  t^ous  est  permis  de 
me  faire  périr  ^  mais  m^  outrager  ^  je  vous  le 
défends. 

Westermann  ne  fut  inculpé  que  sur  des  faits 
fort  antérieurs ,  et  d'après  les  dépositions  de 
Miazinski  ;  il  observa  avec  justesse  qu'il  eût 
fallu  le  confronter  à  Miazinski  de  son  vivant. 
Les  vrais  crimes  de  Westermann  envers  ses^ 
juges  ,  étaient  ses  succès  dans  la  Vendée  ;  ils 
avaient  terminé  cette  guerre  ;  on  le  croyait  du 
moins,  et  les  intérêts  combinés  de  l'étranger 
et  des  jacobins, étaient  que  celte  guerre  se  pro- 
longeât. 


DEPUIS    LA     REVOLUTION.      397 

A  Tou vertu re  de  Ic^  séance  du  troisième  jour,  viiiEp; 
Danton   et  Lacroix  renouvel lërent    leurs    in-    '^^^' 
stances  9  pour  que  lieurs  témoins  fussent  enten* 
dus;  ils  dirent  qu'ils  ne  répondraient  qu'en  pré- 
sence de  Saint-Just  et  de  Robespierre;  et  on  ne 
crut  pas  pouvoir  oser  mettre  à  cette  épreuve 
le  peuple,  qui  déjà  supportait  impatiemment  la 
suite  de  ce  procès.  La  véhémence  de  Danton 
et  la  fermeté  de  Lacroix  commençaient  à  fa^re 
quelque  impression  sur  L'auditoire.  L'accusateur 
public  se  hâta  de  faire  intervenir  la  lecture  d'un 
décret  récemment  rendu  par  la  convention  na- 
tionale, qui  mettait  hors  des  débats  tout  accusé 
qui  ne  saurait  pas  respecter  le  tribunal.  Il  leur 
déclara  en  même  temps  qu'il  ne  ferait  point 
entendre  une  foule   de  témoins  qu'il  avait  à 
produire  contre  eux;  qu'ainsi  eux  accusés  ne  ' 
devaient  point  compter  de  faire  entendre  les 
leurs,  et  qu'ils  seraient  jugés  sur  les  preuves 
écrites,  et  on  continua  les  interrogations. 

Deux  frères  Frey ,  allemands,  étaient  depuis 
longtemps  à  Paris ,  et  avaient  été  membres  de 
ce  comité  central  de  la  commune;  l'un  d'eux 
avait  eu  de  fréquentes  audiences  avec  l'empe- 
reur, et  on  lui  en  demanda  compte;  il  se  plai- 
gnit aussi  d'injustices  qu'il  avait  éprouvées  de  la 
part  de  l'empereur  qui  lui  retenait  son  bien ,  et 
c^%  incidents  fui'ent  écartés. 


298  HISTOrkE    DEFRANCE, 

yiiiEp.  Danton  et  Lacroix  continuaient  leurs  instances 
'  pour  que  leurs  témoins  fussent  entendus  :  ils 
sommèrent  le  président  et  les  jurés  de  ne  pas 
s'écarter  des  règles  communes  de  la  justice  pu- 
blique ,  et  dirent  que  leur  supplice  ne  serait 
qu'un  assassinat  juridique,  si  ces  formes  insti- 
tuées étaient  violées  à  leur  égard  ;  ils  appe- 
lèrent les  membres  du  comité  de  salut  public 
des  lyxans  et  des  dictateurs,  et  les  juges  de  vils 
ministres  de  leurs  ennemis  ;  ils  en  appelaient 
à  la  postérité  ;  et  ce  qui  effraya  le  plus  les, 
juges ,  ils  en  appelèrent  au  peuple,  et  le  peuple 
^semblait  s'émouvoir. 

L'accusateur  public  se^  hâta  de  déployer, la 
loi  qui  fixait  à  trois  jours  le  délai  des  débats. 
Vainement  les  accusés  inv<)quaîent  cette  même 
loi ,  qui  ne  pouvait  comprendre  dans  ce  délai 
un  nombre  collectif  d'accusé,  puisqu'alors  ce 
nombre  indéterminé  aurait  pu  comprendre  mille 
accusés  à  la  fois  et  devenir  dérisoire.  Il  fallut 
leur  répondre  en  les  faisant  sortir  du  lieu  des 
séances.  Les  jurés  interpellés  déclarèrent  qu'ils 
étaient  suffisamment  éclairés,  rentrèrent  et  pro- 
noncèrent la  sentence  de  mort.  Lulier  seul  fut 
acquitté. 

Le  club  des  cordeliers  avait  voulu  produire 
un  mouvement  en  faveur  de  Danton;  mais  cet 
essai  dénoncé  aux  jacobins,  et  réprimé  dans  le 


DEPUIS     LA     REVOLUTION.    S99 

club  même  où  il   avait  pris  naissance,  servit  vniEp^ 

*  179* 

An 


à  mettre  en  garde  le  comité  de  saint  public  ; 


re  fut  alors  que ,  pour  se  rattacher  l'assem- 
blée ,  par  la  peur  d'une  subversion ,  on  trouva 
ce  complot  dans  la  prison  du  palais  du  Luxem- 
bourg, quf  servit  ensuite  à  trouver  des  coupa- 
bles ,  lorsque  la  terreur  ne  pouvant  se  soutenir 
que  par  elle-même ,  il  fallut  prouver  les  cons- 
pirations par  les  victimes^  et  trouver  des  vic- 
times pour  prouver  les  conspirations.  Le  comité 
annonça  donc  la  découverte  de  cette  nouvelle 
conjuration,  que  Danton  et  Lacroix  avaient  for- 
mée par  des  correspondances  avec  deux  prison- 
niers, Arthur  Dillon  et  âimon« 

La  mort  de  Danton  et  de  tous  ses  adhérents, 
que  l'on  appela  ses  complices ,  changea  entiè- 
rement l'état  politique  de  la  convention  ;  la 
lutte  qui  s'était  soutenue  au-dehors  dans  les 
clubs  et  à  la  commune,  maintenait  encore  une 
sorte  de  liberté.  Le  temps  que  les  rivaux  em-* 
ployaient  à  se  mesurer  et  à  se  combattre,  était 
un  temps  de  ielâche,  et  chacun  d'eux  voulant 
se  fortifier  de  l'appui ,  ou  plutôt  du  service  de 
la  convention ,  gardait  avec  elle  quelques  mé- 
nagements. Les  partis  opposés  étaient  assez  forts 
pour  agir  sans  elle  ;  mais  chacun  d'eux  eût 
craint  de  la  mettre  contre  soi  ;  ainsi  tout  ce 
qui  ne  marquait  pas  par  des  talents  ou  par  du 


Soo  H  I  s  T  O  I  RE    ©E    FRANCE^ 

ViTiEp.  caractère,  jouissait  encore  d'une  tranquille  obs^^ 
'7^^*  curîté,  et  Ja  masse  conventionnelle  était  en* 
core  considérée ,  non  par  ce  qu'elle  faisait , 
mais  pour  ce  qu'elle  pouvait  encore  faire;  l'as- 
semblée ne  conçut  pas  les  derniers  avantages 
de  cette  position.  La  ruine  de  Tmi  des  partis 
fut  l'époque  de  son  asservissement  total,  Robes- 
pierre ,  resté  seul  maître  du  terrein  sur  lequel 
il  avait  combattu,  traita  en  conquérant  un  pays 
que  lui  donnait  la  victoire. 
,  Robespierre  devînt  tout-puissant,  parce  qu'il 
fut  le  maître  du  comité  de  salut  public  par  les 
jacobins ,  et  maître  aux  jacobins  par  les  agents 
de  l'étranger,  dont  la  mission  expresse  était  de 
l'y  rendre  maître ,  d'y  maintenir  sa  domina- 
tion ,  et  pour  cela,  leurs  applaudissements  suf- 
fisaient. 

Cette  tactique  était  à  la  fois  très-simple  et  d'tan 
effet  sûr.  Dès  que  Robespierre  voulait  une  t^te, 
il  la  dénonçait  aux  jacobins  ;  ceux  -  ci  la  de- 
mandaient aux  comités  de  sûreté  générale  ou 
de  salut  public,  qui  jamais  n'osaient  refuser 
l'arrestation  et  le  renvoi  au  tribunal  revolutîoEb- 
Baire. 

Vint  ensuite  la  formule  des  épurations.  Les 
membres  du  club  des  jacobins  que  Ton  voulait 
'en  faire  sortir,  passaient  à  un  scrutin  d'exclu- 
sion. Le  scrutin  devenait  un  acte  de  proscrip- 


/ 


DEPUIS    LA    RÉVOLUTION.      3oi 

tîoD.  Privés  de  Tappui  de  cette  société,  les  ci-  viiie^. 
tojens  exclus  ,,  appartenaient  au  premier  dé-  '^^^', 
Jateur  qui  les  dénonçait  à  sa  section  ;  une; 
visite  domiciliaire  les  reléguait  dans  Tune  des 
maisons  d'arrêt ,  d  où  ils  sortaient  /pour  com« 
paraît!^,  à  leur  tour,  au  tribunal ,  selon  que 
le  besoin,  le  choix  ou  des  intérêts  particulier» 
disposaient  d'eux;  là,  l'exclusion  du  club  était 
une  tache  qui  reparaissait  toujours  au  moment 
du  jugement)  et  ne  manquait  jamais  d'entraîner 
la  condamnation. 

Les  succès  militaires  au-dehors  qui  toujours 
font  au  dedans  la  force  des  gouvernements  , 
vinrent  encore  ajouter  au  pouvoir  des  comités 
et  du  club  9  et  par  eux,  à  la  toute-puissance 
de  Roloespierre  5  soit  qu'il  sût  se  rendre  justice , 
soit  qu'il  craignît  de  compromettre  sa  popula- 
rité, soit  enfin  qu'il  fût  assez  occupé  déjà  de  son  ^ 
existence  politique  et  révolutionnaire,  son  as- 
cendant ne  s^xerçait  pas  sur  les  départements  de 
la  guerre;  il  en  laissait  la  responsabilité  au  co- 
mité de  salut  public,  aimait  mieux  accuser  que 
défendre  les  généraux ,  dans  les  .revers  ,  sûr 
d'attirer  toujours  à  soi  les  résultats  de  leurs 
succès. 

Après  l'évacuation  des  pays  situés  sur  la  rive 
gauche  du  Rhin ,  Pichçgru  ,   dont  les   talents  . 
venaient   de  ressortir  avec  éclat,  fut  destiné 


302         HISTOIRE     DE    FRANCE, 

viïiEp.  au  commandement  des  armées  du  Nord,  et 
le  sort  de  la  république  fut  remis  entre  ses 
mains. 

Pichegru  vint  prendre  les  instructions  du  co- 
mité ,  et  il  est  à  remarquer  que ,  dans  le  cours 
de  cette  gtierre,  ou  tant  de  généraux  obtinrent 
de  glorieux  succès, île  gouvernement  civil  con- 
j  serva  sa  prépondérance  et  son  autorité  légale , 
la  lot  disposa  des  armes  et  des  chefs  ,  et  l'es- 
prit républicain  tempérant  l^enthousiasme  des 
soldats  victorieux  ,  ils  restèrent  dans  les  rangs 
soumis  à  leurs  généraux  comme  agents  de  l'au- 
torité législative ,  qui  soumettait  également  à  là 
loi  le  soldat  et  le  général. 

Après  l'exemple  de  Dumourier,  auctm  gé-' 
néral  n'inquiéta  le  gouvernenlent  ;  plusieurs! 
acquirent  l'estime  et  la  confiance  des  troupes  ; 
quelques-uns  conquirent  leur  affection  ;  mais 
aucun  ce  dévouement  tjui  tient  au  caractère 
servile,  et  qui  fit  qu'un  Romain  se  glorifia  dil 
titre  de  soldat  de  César. 

Le  premier  plan  de  campagne  arrêté  parles 
comités,  et  remis  au  général  en  chef,  fut  de 
s'opposer  à  l'invasion  du  territoire  français,  qui 
s'était  effectuée  et  maintenue  depuis  la  fin  de 
la  dernière  campagne.  Les  villes  de  la  Somme, 
Péronne ,  Saint-Quentin  j  étaient  menacées.  Lan- 
drecies  était  investi,  et  l'on  avait  masqué  cette 


\ 


DEPUIS     LA    RÉVOLUTION.         3o3 

i rouée  par  des  corps  de  troupes  disposés  depuis  viiiEp. 
Guîse  iojsnu'à  Arras.  On  méditait  aussi  depuis     ''^  ' 
longtemps  une  diversion ,  par  une  mvasion  dans 
la  Flandre  marilime  ;   aingi  le  plan  des  deux 
conseils  de  guerre  était  le  même;  mais  celui 
des  alliés  avait  toutes  les  circonstances  défavo- 
rables :    il  pénétrait  dans  un  pajs  armé  par 
l'opinion  »  et  venait  butter  contre  toute  la  pro- 
fondeur d'un  territoire  couvert  d'une  immense 
population,  laissant  derrière  soi  des  armées, 
des  villes  fortes  dont  il  n'était  pas  maître  ;  il 
ne  pouvait  marcher  en  avant  qu'environné  d'en- 
nemis. Les  Français ,  au  contraire  ,  pénétrant 
dans  la  Flandre  maritime,  marchaient  dans  un 
pays  ouvert ,  dont  toutes  les  places  démante- 
lées par  l'empereur  Joseph  II  ,  n'étaient  que 
réparées  imparfaitement  depuis  la  guerre.  L'ar- 
mée d'invasion  pouvait  s'avancer,  ayant  sa  gau- 
che appuyée  à  ia  mer,  et  sa  droite  à  l'Escaut, 
trouvait  partout 'un  parti  d'opinion  comprimé 
par  la  force ,  mais  prêt  à  se  relever ,  et  pou- 
vait arriver  à  Gand  au  centre  des  états  autri»* 
chiens,  sans  autre  obstacle  qi|^  des  armées  ayant 
à  couvrir  un  pays  ouvert ,  sans  positions  fortes. 
Maître  de  Gand ,  toutes  les  places  et  toutes 
les  positions  de  l'ennemi  se  trouvaient  tournées, 
prises  à  revers,  et  tombaient  sans  résistance* 
Ce  plan  fut  suivi  et  réalisé  vers  la  fin  de  cette 


^ 


304         HISTOIRE      D  E     F  R  A  N  C  E  , 

Vin Ep.  campagne  ;  mais  ne  fut  entrepris  que  lorque 
'^^  *    des  revers  prévus  eurent  averti  que  ce   plan 

An  a.       ,      .       ,  ■  ,  ^  * 

était  le  meilleur. 

Le  voisinage  des  armées  autrichiennes  in- 
quiétait Paris,  en  ne  mesurant  que  la  distance. 
Le  comité  de  salut  public,  obligé  de  sacrifier 
aussi  à  l'opinion,  voulut  que  l'on  s'obstinât  à 
foire  reculer  cette  tête  de  colonne  qui  s'était 
avancée  dans  le  territoire  français,  ou  plutôt  qui 
s'y  était  engagée  incoiisidérément.  Les  premiers 
mouvements  ,  à  Pouvérture  de  la  campagne , 
n'eurent  pour  objet  que  de  tenir  Tennemi  in- 
certain sur  les  véritables  points  d'attaque;  et, 
pour  ne  point  interrompre  le  récit  de  cette 
campagne  heureuse,  brillante,  et  aussi  pour 
suivre  l'ordre  des  temps  et  des  événements,  le 
récit  *doit  reprendre  et  tracer  de  suite  les 
opérations  militaires  qui  devancèrent  dans  les 
climats  du  midi  les  mouvements  plus  tardifs  des 
armées  du  Nord. 

La  position  des  deux  armées  des  Pyrénées 
avait  été  peu  tranquille  pendant  tout  l'hiver, 
et  la  températur  Alu  climat  permit  des  com- 
bats de  détail  et  des  affaires  de  postes  ,  qui 
ne  décidèrent  rien ,  mais  aguerrirent  les  troupes. 

L'armée  des  Pyrénées  orientales,  retirée  â  la 
fin  de  la  campagne ,  s'était  maintenue  sous  Per- 
pignan, et  s'était  accrue  jusqu'à  vingt-sept  mille 

hommes. 


<. 


D  E  PU  I«    L  A    RrÉ  Vt)  L  U  T  IQN.     3o5. 

bOtiidieSi  Le  général  Dugommier  prit  le  corn-  viftEp. 
manéement ,  et  Dagober^^  malade ,  que  Ton   *^^' 
«e  croyait  pas'pouvQÎr  reprendre  le»  armes , 
servit  soUsJqi.  L'araaée  espagnole,  forte  de  3o       ^ 
«lîi le  hommes»  parlée  acir  la  rive  gauche  au 
'tech, couvrait  les  jpr<pvinces  maritimes  que  lea 
auccès  des  armées  du  Nord  avertissaîent  dq 
danger*. 

'.  Le  pUn  de:  campagne  du  général  français^ 
était  de   reprendre  d'abord  ,les    places  mari-t 
times  dont  Tefinemi  /était  ^  resté  maître  >  CoU> 
lioure,  Port-Veiidre  et  le  fort  Saint -Elme.  Il 
feignit  ,  pour  donner   le  change  à  l'ennem^  , 
d'étendre  ses  positipus  sur  sa  droite,  comme 
voulant  pénétrer  dans  la  .Cerdagne  esp^gnole^ 
Le^g  troupes  françaises  sortirent  du  camp  de 
rUnipqle  i.o^erminal;  on  ouvrit  des  marches^  xogerm; 
on  étabh't  des  corps  avancés  vers  files   valléej^^ 
qui  conduisent  à.Puicefda,  où  le  général  Da-* 
'gobert  commandait  une  division-,  ^t  où  il  mou- 
rut peu  de  jours  après  Touverture  de  la  cam-  âggenn. 
pagne,  regretté. de^  tpoupes  ejt  estimé.  Le  gé* 
néral  espagnol  Launion ,  trompé  .|3ar  les  fprer 
niiers  mouvements  de  l'armée  française ,  étendit 
les  positions  de  son  ^ile  gauche  vers  Maotei lia 
où  Dagobert  l'altaqua.  Une  redoute,  fut  em- 
portçeitô  la  baïo miette ,  sept  çarfbns  restèrent 
au  pouvQJr  du  vain  :^u%ur^  On  marcha  sur  Urgel^ 


"795 
An  a. 


806  HISTTOIKE    OE    FRANCE, 

Viif^.  OÙ  les  Espagnole  s'étaient  retirés,  et  ce  posteiut 
emporté  en  une  niîiiti  ^ 

.  Ces  mouvements  qui  avaient  éloigtié  Tienne* 
hii  clés  positions  qu'il  occupait  à  sa  droite  ,* 
ilonnèrenc  lieu  à- Ottgommier  de  suivre  ses 
projets  sur  les  places  maritimes;  des  dispositions 
savantes  semblèrent  en  assurer  le  succès;  maïs 
liées  à  des  opérations  navales ,  les  bâtiments 
n'arrivèrent  point  à  temps,  et  cette  première 
entreprise  manquai  ;  le  général  .espagnol  emj 
porté  par  quelques  avantages  qu'il  avilit  ob-^ 
tenus  9 sur  l'aile  clroi;te  des  Français ,  ne  fut  point 
averti  f)ar  l'entreprise  de'Dugomtnier  sur  G>1- 
lioure.  Il  persista  dans  ses  opérations,  tou- 
jours dirigées  sur  Tautre  aile;  il  fit  une.atta* 
que  sans  résultat  sur  le  poste  du  Taillet ,  tan- 
dis qu'une  autre  dttaqile  décisive  était  lente- 
ment préparée  et  savamnient  combinée  contre 

hii.  ' 

<  * 

'  Les  Espagnols  occupaient  en  force  un  poste 
appelé  la  redoute  de  Montesquiou,  qui  couvrait 
leur  front,  et  dont  la  perte  rendait  leur  position 
insoutenable. 

On  dirigea  quatre  colonne  pour  former 
autant  d'attaques  combinées  sur  des  points  dif- 
férents, ces  colonnes,  aux  ordres  des  généraux 
Perîgnon,  Pdînte,  Chabert  et  Martin.  Exaction 
s'engagea  à  la  pointe  du  jour,  après  une  màr- 


10  flor. 


,    D  E 1^  u  I  s   t  À  Dévolution;    807 

çbe  de  naît  si  beureasement  exécutée  ^  que  vmcp. 
les  colonnes  se  IrouVèrent  e»  mesure'  d^agir  ]^  J^ 
en  même  temps.  Le  feu  du  caooo  et  de  la 
n)QUs<]ue|elie  6e  prolongea  jusque  vers  le  mi-* 
lieu  du  jour  ;  alors  les  bAteilloos  républicaine» 
fatigués  de  l'attaque  et  de  la  résistance,  mar* 
cbèrent  à  la  baïonnette.  Le  général  Martin  en« 

«tra»  lui  dixième,  dans  les  retrancbements  ;  et; 
dlès.que  la  redoute  de  Montésquiou  fut  empor^* 
tée ,  fermée  espagnole  se  mit  tellement  en  dé-  "  *^'' 
route ,  que  plusieurs  corps  dispersés  et  séparés  ^ 
Be  purent  cejojndre  leur  «rmee,  et  tombèrent 
dans  \^  portes  français;  on  fit  quinze  cents  pri* . 
sonniers;  une  grande  quantité  d'artillerie  et  un 

/butin  immense  dans  les  ricbes  équipages  des 
fkfficiers  espagnols  ;  leur  armée  fut  obligéei  d'à* 
bandonner  toutes  ses  positions,  et  de  se  retirer 
pour  couvrir  ses  frontièi^es,  laissant  à  Dugom- 
mier  le  moyen  de  reprendre  l'exécution  de  ses 
projiets  sur  les  places.  Il  entreprit  en  âiêmo 
temps  le  siég#  de  CoUioure  el»€elui  de  Belles- 
garde  ;  mais  les  troupes  ayant  d'ar  jepr  et  incon* 
sidérément  fait  une  attaque  sur  le  Port*Vendre  » 
contre  l'ordre  du  général  ,•  elles  y  furent  ré^ 
poussées  avec  perte ,  et  cette  dure  leçon  les  ral- 
lia à  l'ordre  et  à  la  discipline.. 

Le  siège  du  fort  Saint-Ëlme  était  en  même 
tomps  pressé  avec  vigueur;  la  garnison  aban« 


So8  H  13  T  O  I  RE     D^    F  R  A  N  Ç  B^ 

vïiiEp.  donnée  à  ses  forces  et  sans  espoir  de  secoure ^ 
y^  *    Tévacua  et  se  retira  dans  Côllioure.  Ltes  travaux  ^  ■ 

An  a.  .         ^  ,  .  ^ 

prair.  ^^  étaient  poussés  avec  i*impatience  accoutumée 
des.  Français  ;  de  grands  obstacles  avaient  été. 
surmontés;  l'artillerie  avait  été  transportée  à 
bras  sur  des  emplacements  que  Ton  cro3^i(it.  im v 
praticables,  ^a  garnisqn ,  forte  de  six  mill^  hom« 
mesi  espérait  les  secours  que  pouvait  lui  donnera  ♦ 
f  la  marine  espagnole.  Un  armement  était  pré- 
paré. Huit  vaisseaux  de  ligne,  commanflés  par.. 

i7prair.  Tamiral  Gravina,  parurent,  mais  trop  tard  d*uiv 
jour,  àJa  vue  de* la  pJace  ;  elle  ^vait  capitulé  la^ 
veille^  et  Port -Vendre'  fut  reconquis  peu  d©v. 
temps  apr^s;  ainsi ,  dans  cçtle«partie  deé  Pyré-* 
nées ,  le  sol  de  la  république  fut  affranchi ,  et  l'ai^^ 
méa,  après  quelques  jours  de  repos ,  se  prépara 
à  entrer  sur  le  terriroire  ennemi. 

A  l'autre  extrémité  des  nflontagnes  sur.  lea^;^ 
bords  de  l'Océaii,  l'armée  des  Pyrénées  occi- 
dentales avait  eu  les  mêmes  succès  plus  va^^ies. 
Cette  armée  avait  aussi  des  revanches  à  pren-^. 
dre.  Le  camp  des  sàns-culoues  avait  servi  de^, 
station    aux   troupes  pendant  le   court    hiver 
qui  forçait  à  suspendre  les  opérations  de  Ja 
guerre. 

«7  piuT.      Mais  dès  le  17  pluviôse,  ce  #amp  fut  attaqué  ; 

treize  içille. Espagnols,  sur  trois  colonnes,  for- 

•  cèrent  dkbord  ,tous  les  postes  dans  leur  posjti^ia 


l^tPUI^  XA   R  É  VOIUTÏOM.         3o9    • 

avancée  «ur  lés  bords  de  la  Bidasso^.  Le  camp  vniEpi 
des  sans^uloueS  fut  foudroyé  par  une  artillerie    V^^^* 
nombreuse;  le  désordre  s'y  mit  d'abord;  mai» 
bientôt  ce  courage  d'exaltation  ou  d'exaspéiatioi:^ 
que  les'  opinions  ou  la  nécessité  &isail  naître 
dans  les  âmes,  rétablit  le  eotnbati  les  bataillons 
\le  nouvelle  levée  disputèrent  d'audace  et  de 
fermeté  aux  vieilles  bandes;  l'Espagnol  aussi 
fit  des  fautes  ;.«sa  cotonnç  du  centre  agit  molle- 
ment ,  et  Ibrcéeaptès  un  combat  de  sept  h«ores  ^ 
laissa  le  champ  de  bataille  couvert  dte  morts».  ^ 
en  proportion  à  peu  pi'ès  égale  des  deux  côtés  ; 
toutes  les  positions  des  Français  furent  reprises 
par  eux  et'maîntenljes;  •  " 

Ce  camp  dea  sans^tùlottès ^  devenu  fameux 
dans  "cette  guerre ,  avait  été  établi  sur  un  sy- 
stème de  défe'nséi  conçu  et  exécuté  par  le  gé- 
nérai d'aitiilerie  PË^inaisse.      ^ 

Après  les  succès  <)e  l'armée  orientale ,  l'en- 
trée sur  le  territoire  espagnol  fut  ordonnée  aux. 
deux  armées  «les  Pyrénées;  cdle  de  l'ouest  dul 
pénétrer  par  la  vallée  de  Bâstan ,  <lont  la  di- 
rection qui  se  prolonge  tians  les  ))ossessîons  es- 
pagnoles ,  flanquée  jde  droite  et  de  gauche  par 
Je  territoire  français  •  est  favorable  à  une  în- 
vasioo.  Il  s'agissait  d'abord  de  se  rendre  maîtr^ 
dès  débouchés  de  cette  v^lée,  et  les  préparatifs 
furent  fafits  aux  environs  de  S^int-Jean*Pied  de- 


J 


-  3lÔ  MiSTOIXE    DE    rRANC/>' 

vniÉp.  Port,  où  se  rendirent  les   représentacrts  com- 
An.  a.    laissaires  Pinet  et  Cavaîgnac.  L'impatience  na- 
tionale ne  permit  pas  d'attendre  lèi  renforts  qm 
'   arrivaient  de  la  Vendée.  Le  général  Muler  fof 
,  obligé  d'y  céder.  •         •     * 

Trois  attaques  fiireot  disposées  pour  s'empa- 
rer de  la  vallée  de  Bastan! 

C'était  ce  même  chemin  qu'avait  pris  l'amiral 
B'onivet ,  au  quinztëme^siécle ,  et  le  maréchal  de 
Berwick  en  1718  ;  cette  vallée  tournant  la  rive 
gauche  dp  la  Bidassoa ,  /Ouvre  la  marche  des  ar- 
mées jusqu'à  Pampelune,  parla  vallée  fameuse 
de  Roncevaux. 

La  première  coloïfm?  était  aux  (Mrdres  du  gé- 
]»éi*dl  Lavictoîi^e  ;.  H  étàk  tailleur ,  ramtée  précé- 
dente, et  ^t  tué  à  cette  journée  à  la  tète  des 
chasseurs  basques  qu'il  conHnandait;  yI  dut  atn 
taquer  le  col  de  Berdaritï,  tandis  qti'an  Coqjs 
de  deux  mille  hommes  attaqùaieet  le  col  Bis* 
pegny,  et  que  quatre  mille  hommes,  conduits 
par  le  général  Su^amicq ,  fneQdçaknt  la  vallée 
de Roncevaux, quinte  Cents bomiiies attaquèrent 
le  col  de  Maya.  / 

A  l'attaque  de  BerdatitZyjesretranckementSi 
les  redoutes ,  furent  emportés  à  la  baïonnette 
après  une  longue  résistance  ;  et^esuccès  déctdan  t 
celui  des  deux  autres,  attaques ,  les  débouchés 
de  la  vallée  de  Bastan  restèrent  nu  pouvoir  dea 


DBfViS    LA    Ri  V  O  L  VT  ION.      Si  < 

répubJîcaîdS.  Un  poste<)ue  gardait  le  corpformé  vnnf 
desFraD^aisémfgrés^ai^aepGQmqiielqiiesjoui^    *^  ' 
aoD  c4HppBiiti«  iur  ia  monUigae  d'Arquiozû.  Ce 
post^  5  aciaqué  d(^  front  par  le  géoérai  Çîgbnei» 
et  tourné  par  iw  corps  coudait  par  Latour* 
d'Aavergne,  fut  évacué  après  uae  Joogue.  ré^ 
si«tancefQ«arMiteHàeuf Ff ançaÎ6  torabëreiit  entre  aa  mest. 
lès  mains  de$  Français,  et  ia  rigueur  ûiilexîble 
die  la  loi  décida  peu  de  jour^apiès  de  leur  ^ 

sort.  i    . 

Au  moment  où  l'invasion  menaçait ,  1  armée  es- 
pagnole se  trouvait  néduite  à  i^gt  mille  hoMmeSt 
décoWagés  par  les  échecs,  et  plus  eeeoré,  par     _ 
rindîscipliae  et  par   le  désoi^dre.   Le  général 
Caro,  contrarié  dans  sas  plans  de  défense,  se  / 

dB^it  du  commandement ,  et  fut  remplacé  par 
le  vice^'Hoi  de  Navarre,  ie  vieux  comte  de  Colo« 
mera;  les  Espagnols  s'obstinèrent  à  défendre  la 
vallée  du  fiasiao ,  an  lieu  de  prendre  des  posi- 
tions en  anière  il  l'issue  ^des  défilés,  au  pied 
^es  Monis  ,  où  l'avantage  du  lieu  aurait  pu 
suppléer  à  leur  faible^sse ,  :et  permettre  Tusage 
de  leur  cavalerie,  plus  nombreuse  que  celle  d^ 
rattaqnfBt. 

L^irivasion  tiu  terntoire  ennemi  avait  été  pré-t 
parée  en  même  temps  ^  et  ^ tait  prête  à  s'eflfec^  ^ 
tuer  par  l'armée  des  Pyrénées,  orientales.  L'at- 
til^pe  devait  se  £iire  par  l'entrée  en  Catalogne^ 


3i^     mstôiRE  bÉ  '^fiAitcti  " 

ViiiEp.  Dugotomier  qui  ^  à  des  talents  militaires,  joigtiaft 


des  vues  politiques,  écrivait  au  comité  de  saliÉfe 


public  :  «  Suis-je  destiné  à  porter  le  fer  ,4e  fett 
4(  et  la  dévastation  ;  une  condifite  pltps  humaine^ 
«t.  plus  raisonnable  et  plus,  conforme  au  droit 
«f  des  gens,  pourrait  rallier  ce  pays  à  la  répu« 
«  blique ,  et  reculer  les  Pyrénées?  *  8bn  plaii 
était  de  s'affectionner  les  Catalans,  dont  l'esprit 
d'indépendance  devait  se  rallier  volontiers  à  \tt 
liberté  républicaine.  L'obstacljB  qu'il  redoutait 
le  plus  était  l'indiscipline  de  son  armée.  Le  sé- 
jour^t  le  temps  de  repos  que  les  fatigues  pré- 
cédentes avaient  rendu  nécessaires,  furent  em- 
ployés k  la  promulgajtion  des  Icms  militaires  ; 
eUes  continrent,  au  moins  le  désordre ,  ne  pou- 
vant l'arrêter;  ce  désordre  était  même  toléré  ffc 
les  institutions  civiles,  et  faisait  partie  du  régime 
de  la*terreur. 

Le  général  'espagnol  Laum'on  occupait  ses 
|>ositions  défensives  vei^  Figuières,  couvert  par 
la  Muga  ;  la  droite  appuyée  au  poste  appelé 
ie  Pont-des-Moulins  ; .  la  gauche  s'étendait  jus^ 
qu'à  Gampredon. 

Launion  entreprit  d'abord  de  détourner  le 
plan  d'attaque  par  une  forte  diversion  sur  l'aile 
droite  des^Français.  Selon  le  système  de  guerre 
adopté,  leur  ligne  de  position  s'étendait  depuis 
les  postes  maritimes  »  en  avant  de  Collioore^ 


\ 


1793. 

An  a. 


So  flor. 


D  E  put  S-     1  A    K  i  V  O  L  Û  T  f  O  N.     SlS 

jusfque  vers  Mont- Louis  et  Puîcerda ,  passant  viiiEp. 
par  Ceret  et  par  le  fort  de  Bellegàrde,  tou- 
joxirs  bloqué.  L'objet  que  se  proposait  le  gé*- 
néral  espagnol  étak  d'y  faire  passer  du  renfort. 
Ce  poste  important  retardait  seul  l'entrée  des 
Français  en  Catalogne.  L'attaque  des  ennemis 
fut  dirigée  \ets  le  centre  ,  ou  plutôt  sur  U 
gauche  des  divisions  qui  formaient  l'aile  droite 
des  Français ,  où  commandait  le  général  Au^ 
gerau. 

Les  Français  furent  d'abord  repousssés  dé 
leurs  postes^  l'ennemi^  s'empara  d'uiie  hauteur 
où  était  leur  artillerie,  et  la  dirigea  contre 
euxçmaisbientôtralliés,  les  généraux  se  mirent 
h  leur  tête.  Le  général  Mirabel  enfonça  une 
colonne  ennemie^qm  arrivait  pour  prendre  part 
à  l'action;  alors  les*  postes  perdus  furent  reprisi 
Mirabel  fut  tué  et  Augere^u^blessé  dans  cette 
action;  elle  décida  du  sort  de  Bellegàrde, qui 
cependant  ne -se  rendit  que  trois  mois  après. 
Le  marquis  de  Valsantaro  y  commandait  ;  il 
avait  résisté  à  plusieurs  sommations  ,  et  fut 
obligé  de  se  rendre  à  discrétion.  Dugommier 
ne  voulut  point  d'autre  traité. 
^  Les  opérations  dans  la  Cerdagne  espagnole 
Cufent  suivies  avec  une  activité  qui  en  assura 
le  succès  5  et  se  terminèrent  par  la  prise  de 
Çampredon  et  de  RipoU,  après  des- combats  où 


3l4       HISTOfRE     DE     FRANCK, 

TUiEp.  les  républicains .  soutinrent   leurs  Avantages  j 
An  a,    «^'ors  les  progrès  du  centre  ouvrirent  à  4  aile, 
gauche  rentrée  de  la  Catalogne.  Les  divisîcnifô 
des  généraux  Sauret  et  Vint ,  y  foent  l'avant- 
garde  de  l'armée. 

Dugommier  »^u^ri  d'une  blessure  qu'il  avait 
reçu  au  siège  de  Colliourev  put  se  mettre  en 
mesure  avec  les  mouveinents  de  rarmée  des  Py-* 
rénées  occidentales  »  dont  les  premiers  efforts 
avaient  déjà  conquis  Saint-Sébastien  et  Fonta* 
rabie,  et  porté  Palarme  jnsqn^à  Madrid. 

On  y  essaya  alors  les  ijiênves  moyens  qui  ren* 
daient  la  France  république  iBÎ  redoutable  ;  ou 
proclama  une  levée  en  masse;  tout  ce  qvi  ptni*» 
vait  porter  les  arme^  dut  les  prendre,  et  cette 
levée  tfnnotica  une  armée  de  cent  Mnante-dix 
mille  nomme6;maisle  ressort  qui aoîmaait la  masse 
républicaine,  la  liberté  et  Toprinion  ,  n'avait  pa 
se  proclamer ,  et  bientôt  les  rapides  succès  des 
armeïi  françaises  ne  laissèrent  à  l'Espagne  que 
le  choix  d'upe  paix, 
sgenn.  Aux  Alpcs  et  efi  Italie,  les  deux  armées  ré- 
publicaines ouvrirent  la  campagne  par  des  eii^ 
treprises  d'éclat  ;  mais  avec  des  succès  variés. 
L'armée  dltalie  se  porta  d'abord  sur  Oneîlle , 
s'en  empara  ;  mais  fut  ensuite  forcée  de  revenir 
en  arrière  dans  ses  positions. 

L'armée  des  Alpes  avait  pour  premier  -bat 


r  '.' 


/ 


D  E  P  U  !  5    t  A  'R  É  V  O  L  U  T  ro  N,      3l5 

de^  forcer  re  pagsbge  du  Saînt-Bertiard ,  pour  vniEp; 
«ntrer  en  Pi<?tnont  ;  ^is.  lé  temps  des  Succès     '^"^ 
Vâpides  et  décisifs  dé^rancais  en  Itâiie.  n*étàit 
pasf  ^core  arrivé. 

L'armée  tk*s  Ar^nnes,  aux  ordres  du  gënér  i5flor^ 

rai  CharboHier^  devait  opérer  sa  réunfoii  avec 

H      l'armée  du  Nord ,  apr^s  avoir  traversé  les  pays 

et  surifionté  les  obstacles  qui  l'en   séparàientl 

Cette  réunion  s'opéra  peu  aprës  Touverture  de  »«&«'«•' 

la  campagne  près   de  Bbaumont',  après,  ftvoif 

<^hassé  Ténnemi  des^envirônë  de  Baruti.  > 

L'armée  de  la  Mosei  lé ,  cottitna ttàé^  par  JotSrif- 

<lad ,  obtint  Sabord  des  avantages  contre  I^ 

r  Prussiens,  à  Siei4t;et,  après  savoir  reçu  l'armée 

.   ides  Ardennes;  eïle:fit  sa  jonction  av^c  ta  droite 

4e  rarmée  dti  Nord  îéV^ni  ChaHeroi ,  où  fut 

gagoée  la  bataille  de  Fleums,  Tous  ces  Ifeott- 

vements  se  combfnai^bt  avec  ceux  de  la  gauche 

de  Tarrol^e  du  Nord ,  qui  devitit  opérer  l'inva- 

^mn  decîsiV'e  de  là  Ffandre  •maritime  ;   et  lè 

détail  des  coHEibats  livi'ës  par  ces    <fiflFërenteS 

^arniée^  /  doit ,  pour  14ncérêt  <fes  matièrçs  et 

pour  Tordre  des  fait«,  laisser  d'dbord  le  récit 

aux  premiers  «tiGruvenïénts  de  Pichègru ,   qui 

décidèrent  fet  hâtèrent  ^es  grands  résultats. 

^    EteptrJs  ie^aiS^trels  de  Hondf^cjhoote  et  de  Matt^ 

Jbeuge ,'  les  troupes  républicaines  avaient  presque 

^lu jours,  étéfbattueis  ;  ellçs  étaient  di^F»ées  ett 


^ 


An   à. 


^germ. 


3l5  H  I  STOIR  E    DE    FR  AN  CE,'     ' 

vinEp.  petifô camps  et  en  cantonnements,  depuîs  Gîvét 
'''^  *    et  depuis  la  Meuse,  jusqu'à  la  met.  Pichegru 
commença  à  les  réunir  êW  plus  grands  corps  au- 
tour de  Cambray  et  de  Guisp. 

Son  objet  était  le  siège  du  Quesnôy;  celui 
de  l'ennemiétait  le  siège  de  Lan^ecies;  ainsi 
ïe  plan  de  campagne  des  deux  armées  se  ix)ri- 
tait  sur  le  même  point.  De  part  et  d'autre,  on 
croyait  la  campagne  décisive.  L'empereur  était 
'Venu  prendre  le  comiflandement  de  son  armée; 
et  cette  démài'che,  sans  garantir  les  succès  > 
prouvait  qu'on  les  regardait  comme  assurés.  Lan- 
di'ecies  fut  d'abord  investi ,  et  toutes  les  actions 
de  détails  avaient  été  au  désavantage  des  Fran* 
CÛJ8.  Le  comité  de  salut  public  ordonna  une 
ettaque  pour  délivrer»  Landrecîc^.  L'armée^ 
.atix»ordres  du  duc  d'Yorck  était  postée  sur  les 
hauteurs  en  ayant  du  Catéàu-Caml>i'e8i€; 

Le  général  Clhapuis  fut  charge  de  riissenibler 
Jts  troupes  du  ca/ripde  Cés^r  ^t  des.  postée 
voisins.  Cette  arnvée  ,•  d*envirpp  trente  mille 
hommes,  fut  formée  wr  frois  cojortnes:;  ils  se 
portë'rent  sur  l'arméeirfu duc  d'Yorck, déployée 
sur  les  hauteurs  en  avant  du  Gâteau.,  entre 
les  villages  de  Betteneourt  et  de*  L^ni.  Deux 
d^  colonnes  françaiseis  «if^quçreôt  avec  vî- 
'jgueur  une  redoute  défendue  par  les  lAnglais. 
iaSi  résistance  prolongeant  le  caiJlbat ,  ces,  cof- 


» 


i 


«DEPUIS-  L  A*  H  É  V  O  LU  T  I  O  N.      817 

lonnes  ftirent-  Ipuroées  à  leur  gauche  par  un  ^'^^^^^ 
coq>s  de  cavalerie  >  et  fufent  pressées  par- un    ^^  ^ 
nombre  supérieur.  Elles  prirent  successivement 
trois  positions  en  arrière ,  avant  de  sfe  décider 
à  la  retraite.  Le  corps  même  des  carabînîei'S,  qut  * 
vipt  les  soutenir  à  la  troisième  atta^iue»  ne  put 
rétablir  le  combat,  et  la   retraite  se  fit  su» 
Cambray.  Landrecies  aVait  capitulé  la  veille» 
Le'  général  Chapuis  qui  resta  prisonnier ,  avait 
pris  le  silence  des  feux  de  la  place  pour  une 
suspension  d'armes ,  qui  rendait  le  secourS'plus 
pressant. 

Les  ordres  absolus  du  comité  de  salut  pu- 
blic* avaient  seuls  décidé  Pichegru  à  ses  en- 
treprises sur  le  centre  des  ennemis,  où  leur 
force  était,  réunie  ;  devienu  plus  maître  de  ces 
mouvements,  il  commença  la  grande  diversion 
q\i*il  méditait  depuis  longtemps;  il  appela  à 
lui  vingt  mille^horiimes  de  cette  armée  qui 
venait  d'êti^  battue ,  laissant  gardées  les  places 
de  Cambray  ,  Saint- Quentin  et  GuisQ.  En 
même  temps ,  il  rapprocha  l'armée  des  Ar- 
dentes, et  la  fit  joiqdre  par  toutes  les  troupes 
placées  sur  la  Sambre.  Cette  armée ,  com- 
mandée par  le  général  Cbarbonnier  ,  devait 
a^ir  sur  la  gjiuche^  des  alliés ,  et  la  contenir 
pendant  les  premiers  mouvements  qui  allaient» 
s'opposer  à  leur  droite.  II /établit  là  une  lutte 


Y] 


3l8        H   I  s  T  O  1  RE    &Ë    F  R  A  N  C  C; 

yiiiEp.  d'opittiâtreté ,  dooi  TavaMage  fat  d'y  attirer 
/f^  '  l'attentron  des  généraux  alliés:  en  moins  de 
yittgt  joiirs  l'arniée  française  passa  quatre  fois 
}a  Sahîbre  ,  pour  assiéger  Ctarleroi ,  et  autant  ^ 
de  fois  fut  obligée  de  lar  repasser  et  de  cepren* 
dre  ses  positions  en  arrière.  Ces  combats,  qui 
forent  des  batailles^  finirent  encore  par  la  levée 
du  siège  de  Charleroi. 

7  floréal.  Pendant  cette  fausse  attaque ,  Tinyasion  s'était 
V  opérée  dans  la  Flandre  ;  trente  mille  hommes  » 
rasseviblés  sous  Lille,  aux  ordres  du  général 
Souham,  et  20  mille  hommes  commandés*  par 
Moreau,  se  portèrent,  par  un  mouvement  se- 
cret et  hardi ,  sur  Courtrai ,  et  s'en  emparèrent. 
En  même  ti^mp^,  Meçin  fut  investi.  Ce  plan 
d'invasion  avait  été  prévu  par  Les  papiers  trou* 
vés  sur  le  général  Chapuis;  et  Clairfait,  qui 
commandait  l'armée  autrichienne  vers  Toumay , 
avait  reçu  un  repfort  de  dix«  mille  hommes  ; 
îl  essaya  iputilemeqt  de  reprendre  Courirai , 
et  y  fut  battu  près  de  Macrou.  Menin  fut  pris; 
mais  la  garnison,  composée  en  partie  de  Fran- 
çais émigrés,  se  fit  jour  l'épée  à  la  main.  Ypres 
tenait  encore. 

Dans, le  système  de  guerre  adopté ,  tous  ces 
combats  partiels,  mais  décisifs,  étant  réduits 
à  des  affaires  de  poste,  par  rapport  à  la  ligne 
générale^  il  arrivait  que  les  actions  ne  pouvaient 


V 


D  ÇP  V  IS    LA     RÉVOLUTION.      SlÇ 

être  maooeuvrîères  sur  elles-mêmes ,  quoiqu'elles  vi"tp; 
la  fysseDt  relativement 'à  la  liste  ^générale.  Les   ?^^. 
bataillesétaieat  ctes«mouvements combinés  d'une 
aile  à  l'aulre »  sur  un  développement  de  trente^ou 
quarante  lieues»  et  tel  corps  d'armée  se  trouvait 
tourné  et  pris  à  revers  par  un  Mouvement  quîf 
s'était  exécuté  à  dix  h>ues  de  lui.  Le  plan  d'in* 
Vasion  était  aussi  calculé  sur  Fa  topographie  du 
pays.  A  la  droite  des  frontières ,  la  Meuse  e( 

la  Sambre  coulant  transversalement  au  front 

• 

des  armées,  offrent  de  part  et  d'autre  des  obs- 
tacles et  des  appuis  toujours  plus  favorables  4 
la  guerre  dféfeasive  qu'à  l'attaque.  A  la  gauche 
des  frontières»  au  contraire  »  le  cours  paral- 
lèle «de  la  Lis  et  de  l'Escaut  porte  sur  Je  pajs 
ennemi ,  ne  lui  oRve  aucune  défense  par  des 
sinuQsi  téi^transversales^  et  favorise  les  marché  de 
l'attaquant  »  en  donnant  toujours  un  appui  à  l'une 
de  ses  ailes  ;  c'est  sur  cette  théorie  savante  qu'était 
fondée  cette  entreprise  qui  déconceita  tous  les 
plans  des  généraux  alliés,  et  reporta  le  théâtre 
de  la  guerre  dans  leur  pays.  La  pilse  de  Lan- 
drecies  qui  capitula  plus  tôt  que  l'on  eût  dû  s'y 
attendre  ,.  ne  dérangea  rien  à  fa  marche  de 
Pichegru.  Cette  marche  rappelait  nécessaire- 
ment toutes  les  forces  alliées  à  la  déferfse  de 
leur  pays  ,-et  Laqdrecies ,  abandonné  à  ses  seules 
forces ,  ne  devenait  qu'une  gm'nison  prisonnière. 


320         H   I   $  T  O  I  R  12    D  E    F  K  À  N  C  Ë,     ' 

viiijp.  Un  grand  effort  devenait  nécessaire  aux  al- 
An.  a.  l'^s  pour  rompre  ce  projet  d'invasion.  ClaîrFaît 
s9  Hoié.  passa  Ja  Lis  avec  wigt  mille  hommes,  et  vint 
faire  sa  jonction  devant  Courtrai  avec  Parmée 
du  duc  d'Yorck  ,  forte  de  cinquante  ;  mais, 
'^  ^vaiît  laissé  entre  eijx  le  chemin  de  Courtrai 
à,  Lille,  libre,  celte  faute  fit  ^e  les  ordres 
purent  y  arriver  dans  la  nuit  pour  prévenir 
leur  attaque.  Après  une  action  longue  et  san- 
glante ,  Courtf  ai  resta  aux  Friançais*  Clairfait  se 
retira  danê  sa  position  de  Thielt  pour  couvrir  les 
grandes  villes  de  la  Flandre,  et  le  duc  d'Yorck 
reprit  ses  positions  versTournay.  Les  deux  partis 
s'attribuèrent  d'abord  l'honiieur  de  cette  jour- 
lice.  Il  y  eut  de  part  et  d^autre  des  prisonni^is, 
et  des  canops  pris;  mais  le  résultat  laissant  les 
républicains  dans  toutes  leurs  positions  ^çs  av^an- 
tages  réels  leur  restèrent,  et  la  suite  deç  évé* 
nemerîts  les  leur  confirma. 

Pichegi;^  crut  pouvoir  profiter  du  désordre 
de  l'armée  des  alliés,  et  du  dénuement  d'ar- 
tillerie de  campagne  oij  était  cette  armée ,  |)ar 
la  perte  qu'elle  en  avait  fait^  le  jour  précédent. 
Son  objet  était  d'investir  Tournay  et  de  l'attay 
quer  par  le  côté  de  la  Flandre  où  cette  place 
était  dépourvue  de  défenses.  Cette  conquête 
n'était  pas  absolument  nécessaire  à  l'invasion 
méditée;  mais  elle  pouvait  la  faciliter  beaucoup 

en 


N 


( 


1795- 

Aa  a. 


DEPUIS     LA    RÉVOLUTION.      2^\ 

çn  ôtant  cet  apptii  à  la  droite  des  alliés.  Son  viiiEp. 
objet  aussi  était  de  reconnaître  les  passages  de 
TEscaut. 

L'armée  se  mît  en  mouvement  à  l'entrée  de 
la  nu^it,  et  reconnut  les  ennemis  à  la  pointe  du 
jour.  Après  les  premîëresattaques  d'avant-postes» 
l'ardeur  des  soldats  les  porta  trop  en  avant  >  et 
engagea  un  des  plus  sanglants  combats  de  cette 
guerre.  L'empereur  était  présent ,  et  paj^a  de 
sa  personne  dans  cette  journée ,  parcourant  les 
rangs  et  animant  les  troupes  sous  un  feu  /  tel 
que  d'anciens  officiers  dirent  n'avoir  jamais  été 
témoins  d'une  action  aussi  meurtrière.  Dans 
cette  bataille  imprévue ,  et  où  chacun  combattit 
au  poste  où  il  se  trouva  attaqué  ,  l'opiniâtreté 
ne  céd^  ni  part  ni  d'autre  ;  et ,  depuis  le  so- 
leil (levant  jusqu'à  dix  heures  du  soir,  l'ac- 
tion se  soutint  sans  interruption  ,  particuliè- 
rement à  Pontachain.  Comme  il  n'3^  avait 
point  eu  de  dispositions,  il  n'y  eut  point  de 
manoeuvré;  Ja  nuit  seule  mit  fin  au  carnage,  et 
chacun  rentra  dans  ses  positions.  Des  récits  exa- 
gérés portèrent  le  nombre  des  morts  à  vingt 
mille  hommes  de  part  et  d'autre.  Les  ennemis 
en  avouèrent  trois  mille. 

Deux  jours  avant ,  l'armée  des  Ardennes 
avait  encore  repassé  la  Sambre ,  pris  Fontaine- 
Lévesq^e  etBinch,  et  investi  Charleroi;  mais 

Tome  IF.  U.I 


l.crprau 


«795 
An  a. 

6  prair. 


32a      .HISTOIRE    DÉ    FRANCE,    . 

vniEp.  repoussée  encore,  elle  y  perdit  vingt  -  cinq 
pièces  de  canon ,  et  revint  à  la  charge  trois  jours 
après.  Un  renfort  de  quinze  mille  Autrichiens 
venus  de  'Tournay,  la  força  encore  de  reprendre 
ses  positions  au-delà  de  la  Sambre,  et  de  lever 
encore  une  fois  le  siège  de  Charleroi ,'  dont 
une  partie  était  déjà  incendiée  par  le  bombar- 
dement. 

La  gauche  de  Parmée  du  Nord  resta  quelques 
jours  dans  ses  positions  de  Courtrai  et  de  Sain- 
ghîn.  Pichegru  ne  voulait  point  entreprendre 
sur  Tournay ,  dans  un  pays  de  plaine ,  où  la 
nombreuse  et  manœuvrière  cavalerie  de  Ten- 
nemi  lui  donnait  trop  d'avantage  ;  d'ailleurs , 
c'eût  été  attaquer  l'ennemi  à  son  centre ,  lui 
faciliter  les  moyens  d'y  réunir  ses  forces,  éC 
de  se  porter  secrètement,  en  deux  marches, 
sur  la  Sambre  ou  sur  l'Escaut.  Clairfait  occu- 
pait une  position  entre  la  Lis  et  la  mer,  cou- 
vrant de  là  Gand  et  l'intérieur  de  la  Flandres; 
mais,  séparé  par  trois  jours  de  marche,  on  ne 
pouvait  espérer  de  l'atteindre  avant  qu'il  eût  le 
temps  de  se  retirer  et  de  se  réunir  à  la  grande 
armée.  Dans  cette  position ,  Pichegru  essaya  le 
siège  d'Ypres ,  qui  devait  rappeler  Clairfait  pour 
secourir  cette  place.  Ypres  fut  investi,  et  Clair- 
fait  ne  quitta  pas  ses  positions  à  Thielt  ;  ajors 
on  fit  le  siège  d'Ypres  dans  les  formes,  et  Par- 


s 


DEPUIS     LA    RÉVOLUTION.      SaS 

mée  d'observation  fut  placée  à  Passeliendaele.  viiiEp. 
Claîrfaît  alors  s'avança  jusqu'à  Rousselaër  et  à    JJ^^' 
Hooglede.  Pichegru,-  instruit  qu'il  y  attendait 
des  renforts,  se  décida  à  aller  l'y  attaquer.  Un 
mouvement    combiné  sur  plusieurs    colopnes 
d'attaques  manqua  ,  l'action   ne  fut  pas  déci- 
sive ;  cependant  l'armée   resta^  sur  le  champ 
de  bataille,  et  Clairfait  fut  obligé  de  reprendre 
ses  positions  de  Thielt;  y  ayant  reçu  les  ren- 
forts qu'il  attendait  ,*  Clairfait  remaicha  sur  la 
position  d'Hooglede.  La  bataille  s'y  donna  le  22  22  praîr. 
prairial,  et  fut  une  des  plus  décisives  de  cette  cam- 
pagne;  d'abord,  l'aile  droite  des  républicains 
fut  enfoi^cée;  mais  le  centre  qui  occupait  le  ' 
Plateau  de  Hooglede  ,  résista  à  toutes  les  at- 
taques réitérées ,  et  força  l'ennemi  à  la  re- 
traite  qu'il   fit    en  reprenant  sa  position  de 
Thielt. 

Alors  Ypres,  pressé  et  abandonné,  capitula,  agprair. 
Pîchegru,  maître  de  toutes  les  places  en  ar- 
rière de  lui ,  reprit  son  premier  phin  d'inva- 
sion en  suivant  le  cours  de  la  Lis  et  de  l'Escaut,  a  mess. 
Une  seule  petite  rivière,  la  Mandelle,  qui  se  jette 
dans  la  Lis ,  au  dessous  de  Deynze ,  offre  quelque 
point  de<léfense  par  son  lit  perpendiculaire  à  celui 
de  la  Lis.  La  première  marche  y  porta  l'armée 
française,  et  de  fortes  reconnaissances  suffirent 
pour  éloigner  Clairfait  qui  s'était  porté  à  Vakam^ 


3^4  HISTOIRE     DÉ     FRANCE, 

VIII  Ep,  à  la  première  nouvelle  de  la  marche  de  Pi- 
'^^^'  chegru  sur  la  Mandelle.  Claîrfaît  n'était  plus 
en  fgrce ,  toute  l'attention  des  alliés  s'était  por- 
tée vers  la  Sambre,  où  ils  avaient  des  succès, 
et  où  le  siège  de  Charleroi ,  si  souvent  entrepris , 
venait  encore  d'être  levé. 

L'armée  de  la  Moselle ,  commandée  par  Jour- 
dan,  après  plusieurs  combats  avec  des  succès 
variés,  dans  le  pays  de  Luxembourg,  àMertzig, 
à  Arlon ,  s'était  emparé  de  Dinant,  et  vint  se 
joindre  à  la  droite  de  l'armée  du  Nord,  qui 
prit  le  nom  d'armée  de  Sambré  et  Meuse ,  et 
resta  sous  le  commandement  de  Jourdan,  maïs 
aux  ordj  es  de  Pichegru  ;  alors  le  siège  de  Char- 
leroi fut  repris  pour  la  cinquième  fois;  et  cette 
diversion,  qui  occupa  glorieusement  les  alliés, 
servit  beaucoup  aux  succès  de  l'entreprise  de 
l'aile  gauche  de  l'armée  du  Nord.  Après  la  re- 
traite de  Clairfait ,  on  poussa  des  postes  jus- 
qu'aux: portes  de  Gand  ,  et  il  eût  même  été 
facile  de  s'en  emparer;  mais,  outre  que  cette 
ville  immense  eût  exigé  une  forte  garnison, 
sans  assurer  davantage  la  campagne,  dont  les 
Français  étaient  maîtres  ,  Pichegru  avait  un 
autre  plan  ,  celui  (  avant  de  pénétrer  dans 
le,  pays)  de  séparer  l'armée  de  Clairfait  de  la 
grande  armée  des  alliés,  de  la  détruire  en  dé- 
tail, ce  que  lui  assui^ait  la  supériorité  des  for- 


An  9*' 


7  mesf. 


DEPUIS    LA    RÉVOLUTION.        SuS 

ces;  alors  de  prendre  à  revers  toutes  les  posi-  viiiEp. 
tîons  de  cette  armée ,  et  de  se  réunir  en  arrière 
d'elle  à  rarmée  de  Sambre  et  Meuse;  ce  qu'eut 
bientôt  facilité  la  bataille  de  Fleurus  et  la  prise 
de  Charleroi.  A  cet  effet ,  Pichegru  passa  la 
Lis,  et  prit  une  premiëre  positioû  entre  cette 
rivière  et  l'Escaut  ,  entre  Crujrshautem  et 
Mooreghem.  Deux  jours  après ,  il  se  rappro- 
cha d'Oudenarde,  et  campa  entre  Vorteghem 
et  Huj^sse.  Le  passage  de  TEscaut  •  était  fixé 
au  jour  suivant»  Un  ordre  précis  du  comité  de 
salut  public  arriva  à  l'armée,  soit  qu'effi'aj^é  de 
la  rapidité  de  la  marche  du  général ,  on  voulût 
l'assurer,  en  ne  laissant  derrière  lui  aucune 
place  ,  soit  que  |des  conibinaisons  politiques  ou 
ministérielles  voulussent  ralentir  les  succès, 
l'ordre  portait  de  faire  immédiatement  le  siège 
de  Nieuport  et  d'Ostende ,  et  d'envoyer  seize 
mill^  hommes  à  Dunkerqu^e  pour  y  être  em- 
barqués et  transportés  dans  l'île  de  Valcheren. 
Cette  dernière  entreprise,  dont  il  eût  été  im- 
possible de  donner  un  motif  raisonnable ,  n'eut 
pas  lieu;  mais  l'armée  du  Nord,  affaiblie  et 
occupée  en  arrière  de  ses  positions  avan- 
cées, se  trouva  hors  de  mesure  de  rien  entre- 
prendre,  il  fallut  obéir. 

Moreau ,  avec  l'aile  gauche  de  l'armée ,  fut 
chargé  de  faire  le  siège  de  Nieuport  et  d'Os- 


326      HISTOIRE    DE    FRANCE, 

viiiEp,  tende ,  et  Pichegru ,  pour  occuper  la  sienne  ; 

1793. 

An  a. 


"      V 


*^^  *    mit  le  siège  devant  Bruges. 


Mais  la  fortune  de  la.  république  se  ven- 
geait de  ces  contrariétés ,  et  à  l'autre  aile  de 
ce  front  de  bataille  de  quarante  lieues  d'éten- 
due, où  tous  les  postes  étaient  occupés,  et  en 
venaient  aux  mains  chaque  jour,  à  l'autre  extré- 
mité'sur  les  rives  de  la  Sambre,  à  Charleroi, 
la  victoire  fatiguée  de  l'opiniâtreté  des  Fran- 
çais, consentit  enfin  à  couronner  leurs  efforts 
toujours  repoussés  ,  et  renouvelés  sans  cesse. 
Une  dernière  tentative  des  armées  de  Moselle 
et  des  Ardennes  ,  réunies  à  la  droite  de  l'armée 
du  Nord,  avait  encore  rendu  Jourdan  maître 
des  environs  de  Charleroi.  La  place  fut  im- 
médiatement assiégée,  et  les  travaux  pous- 
sés avec  tant  de  vigueur  et'  d'habileté  par  le 
général  du  génie  Marescot,  qu'en  six  jours 
de  tranchée,  la  place  demanda  à  capituler, 
et  fut  reçue  à  discrétion.  Saint  -  Just ,  qui 
était  à  cette  armée  ,  répondit  au  comman- 
dant de  Charleroi  qui  demandait  à  capituler  : 
€<  Je  suis  arrivé  en  hâte  ;  j'ai  oublié  ma  plume , 
«  et  n'ai  apporté  qu'une  épée.  »  La  place  n'était 
plus  qu'un  monceau  de  ruines,  et,  selon  l'ex- 
pression- du  rapport,  n'était  plus  qu'un  poste 
militaire. 

L'armée  du  prince  de  Cobourg  marchait  déjà 


y 


•       DEPUIS    LA    REVOLUTION.   827 

pour  la  dégager  ,.  et ,  ce  qui  doit  étonner  dan«  Vinsp. 
un  paj^s  ennemi ,  les  généraux  autrichiens  igno-  ^^ 
raient  encore  la  reddition  de  la  place.  Toutes 
leurs  forces  s'étaient  réunies  pour  frapper  ce 
coup  décisif,  et  qui  seul  pouvait  compenser 
les  succès  de  l'aile  gauche  de  l'armée  du  Nord, 
et  l'invasion  de  la  Flandres. 

Après  la  reddition  de  Cliarleroi ,  l'armée  fran- 
çaise avait  pris  Une  position  demi-circulaire  en 
avant  de  la  place,  les  deux  ailes  appuyées  à 
la  Sambre ,  le  centre  avancé  au-delà  du  bourg 
de  Gosselies,  et  s'étendant  vers  la  gauche  par 
Courcelles,  Trazeîgnies  et  le  long  de  la  petite 
rivière  du  Piéton ,  jusqu'à  Fontaine-Lévescjue 
et  Marchiennç-au-Pont,  et  vers  la  droite  par 
Heppeignies ,  Fleurùs  et  Lambusart.  Tout  cet 
espace  est  coupé  de  bois  et  de  ravins ,  et  plu- 
sieurs postes ,  compris  dans  cette  enceinte  p 
étaient  I  encore  des  points  de  défense. 

L'armée  des  alliés  occupait  è{  leur  gauche 
les  hauteurs  en  avant  de  Fleurus  ;  leur  centre 
s'étendait  le  long  de  la  chaussée  des  Romains  ^ 
et  leur  droite  descendait  du  village  d'Herlaj- 
inont,sur  les  hauteurs  qui  dominent  lecourg  du 
Piéton  ,  jusque  sur  Fontaine  -  Lévesque.  Un 
corps  parti  de  Namur  devait  attaquer  les 
postes  français  sur  l'autre  rive  de  la  Sambre» 

Les  dispositions  d'attaque  du  prince  de  C6- 


3s8        HISTOIRE    pE    FJR.ANCE, 

vniEp;  bourg,  qui  commandait  l'armée  des  alliés,  la 
Xn       partagèrent  er>  cinq  colonnes  qui  durent  agir 
'     en  même  temps  sur  tout  le  front  de  l'armée 
française. 

La  première  colonne,  celle  de  droite,  con- 
duite par  le  prince  d'Orange ,  fut  composée  de 
vingt-quatre  bataillons  et  trente-deux  escadrons 
de  troupes  impériales  et  hollandaises.  Cette  co- 
lonne dut  attaquer  la  gauche  des  Français  aux 
villages  de  Courcelles  et  de  Forchies,  et  péné- 
trer jusqu'au  bord  de  la  Sambre  pour  couper 
sa  retraite  sur  Charleroi; 

La  seconde  colonne  de  quatorze  bataillons 
et  seize  escadrons  ,  dut  attaquer  au  village  dé 
Frâsne.  Cette  colonne  devait-  ensuite  se  tenir 
en  mesure  ,  et  régler  ses  mouvements  sur  la 
troisième  colonne ,  aux  ordres  du  général  Kau- 
nitz,  forte  de  huit  bataillons  et  dix-huit  esca- 
drons ,  et  devait  attendre  ,  pour  agir ,  que  la 
quatrième  colonne  ,  de  sept  bataillons  et  seize 
escadrons,  conduite  par  l'archiduc  Charles,  eût 
commencé  Pattaque  (Je  Fleurus ,  et  alors  elle 
devait  se  porter  en  avant,  et  soutenir  les  at- 
taques à  sa  droite  et  à  sa  gauche ,  en  se  met- 
tant eri  communication  avec  les  deux  autres 
colonnes. 

Le  général  Baulieu ,  avec  onze  bataillons  et 
vingt  escadrons,  formait  la  cinquième  colonne  , 


DEPUIS    LA    RévOLlTTION.         S^g 

et  devait  agir  sur  rextrémîté^  droite  des  Fran-  vniEp. 
çais  postés  au  village  de  Larobuzard: 

Toutes  ces  dispositions  supposaient,  et  même 
avec  vraisemblance ,  que  les  Français  seraient 
forcés  de  repasser  une  sixième  fois  la  Sambre,  et 
surtout  que  la  bataille  se  livrerait  encore  à  temps 
pour  délivrer  Charleroî. 

L'engagement  commença  la  veille  à  la  droite 
des  alliés  ;  les  avant-postes  des  Français  furent 
repliés;  mais  leurs  positions  furent  maintenues. 
Le  I ."  juillet  (8  messidor  de  Tère  républicaine), 
toutes  les  troupes  alliées  se  mirent  en  mouve- 
ment pendant  la  nuit,  et  commencèrent  d'agir  à 
la  poiiïte  du  jour.  La  gauche  des  Français ,  for- 
mée de  la  division  Montaigûe  d'environ  douze 
mille  hommes,  postée  entre  les  villages  de  Tra- 
signies  et  deCourcelles,  fut  attaquée  par  la  pre- 
mière colonne  des  ennemis,  dont  une  partie  atta-  • 
qua  en  même  temps  les  postes  le  long  du  Piéton , 
et  réussit  à  les  repousser  jusqu'au  calvaire  d'An- 
derliies  et  à  Fontaine-Lévesque.  Son  objet  était 
de  pénétrer  jusqu'à  Marchiennes-au-Pont ,  et 
de  couper  ainsi  la  retraite  à  la  droite  de  l'aile 
gauche  qui  occupait  les  villages  de  Trasignîes. 
Ces  postes  furent  d'abord  emportés  par  les  ' 
troupes  impériales ,  commandées  par  le  prince 
de-Valdek.  La  cavalerie  républicaine  chargea 
et  rompit  la  vpremière  ligne  de  la  cavalerie 


N 


33o  HISTOIRE    DE    FRANCE, 

viiiEp.  Impériale ,  et  s'empara  de  ses  canons  ;  maïs , 
^^^.  pendant  le  désordre  ,  elle  fut  chargée  et  ra- 
menée par  la  seconde  ligne  qui  reprit  ses 
canons ,  et  força  les  escadrons  français  à  se 
retirer  sur  rintànterie.  Toute  la  gauche  des 
Français  se  trouvait  ainsi  déplacée  de  ses  po- 
sitions de  première  ligne  ,  et  fît  sa  retraite 
sur  Charleroi  ,  maintenant  les  hauteurs  en 
avant  de  la  place.  Ges  succès  rapides  qui  n'é- 
taient pas  soutenus  aux  autres  attaque^,  lais- 
sèrent cettje  partie  de  l'armée  impériale  exposée 
en  avant ,  et  étonnée  de  sa  position ,  les  gêné* 
raux  retirèrent  les  troupes,  et  prirent  une  po- 
sition en  arrière  au  village  de  Forchies.  Les 
républicains  étaient  restés  maîtres  des  postes 
de  Gosselines ,  où  était  la  division  de  Kleber , 
d'environ  quatorze  mille  hommes.  Cette  division 
se  maintint  pendant  toute  l'action,  et  servit 
d'appui  aux  troupes  qui  s'étaient  retirées  vers 
Charleroi  j  elles  remarcbèrent  en  avant  le  long 
du  Piéton ,  et  y  établirent  des  batteries.  Ce  mou- 
vement était,  la  suite  de  ce  qui  s  était  passé  à 
l'aile  opposée. 

Le  village  de  Fleunis  était  occupe  par  seize 
mille  hommes ,  formant  la  division  Lefebvre  3 
tenant  la  hauteur  en  arrière  de  Fleurus,  et 
ayant  son  front  couvert  d'une  ligne  de  retran- 
chement. Jourdan  attendait  là  le  principal  efibrt 


DEPUIS    LA    RÉVOLUTION. 


ÙCI 


des  ennemis.  Fleurus,  situé  dans  un  fond  sur  viiiEp. 
la  petite  rivière  de  Ligne ,  n'était  pas  un  poste  j^^^ 
de  défense  ;  mais  les  hauteur^  qui  le  comman- 
daient ,  étaient  occupées  et  munies  de  batterie. 
Ce  poste  s'appuyait  à  sa  gauche  au  village  d'Hep- 
peîgnies  et  de  Vagnée,  occupé  par  la  division 
Championnet,  et  a  une  forte  redoute  élevée 
dans  l'intervalle.  Sa  droite  tenait  au  village  de 
Lambusart ,  où  la  division  Marceaux  ,  forte  de 
vingt  mille  hommes  >  fermait  la  droite  du  front 
de  bataille,  et  occupait  les  postes  sur  la  Sam- 
bre ,  Ham  ,  Floresse  et  Temines ,  et  couvrait 
en  même  temps  les  villages  de  Vêlai  ne  et 
.Wansersée. 

La  quatrième  colonne  des  ennemis  attaqua 
inutilement  le  poste  de  Fleurus ,  quoiqu'elle 
eût  d'abord  dépassé  le  village  ;  elle  fut  arrêtée 
sur  les  hauteurs ,  et  la  résistance  des  Français , 
sur  ce  point ,  décida  la  retraite  de  cette  co- 
lonne. Pendant  cette  attaque,  le  général  Bau- 
lieû,  avec  la  colonne  de  l'aile  gauche  des  alliés, 
avait  attaqué  et  forcé  le  poste  de  Lambusart, 
et  l'extrémité  droite  des  Français  avait  été 
obligée  de  reprendre  une  position  en  ai-rière  ; 
alors  le  poste  de*  Fleurus  se  trouvait  pris  en 
flanc.  Baulieu  y  tenta  une  seconde  attaque ,  et 
la  tésîstance  qui  força  encore  cette  colonne  à 
la  retraite ,  décida  du  succès  de  la  journée. 


33a        HISTOIRE     DE     FRANCE, 

viiiEp.  Le  prince  de  Cobourg  avait  fait  parvenir  Tordre 
.         de  retraite  à  toutes  Jes  autres  colonnes  dé  soa 

An  3*  '  , 

armée  ;   et    toutes ,  après  des  succès  variés  , 
avaient  pris  des  positions  en  arrière. 

Les  troupes  qui  étaient  parties  de  Namur, 
devaient  s'emparer  des  passages  de  la  Sainbre 
au  pont  de  Temines  ,  et  se  réunir  ensuite 
aux  ordres  du  général  Baulieu,  pour  tourner 
Taile  droite  de$  Français.  Ce  corps  fît  d'abord 
replier  leurs  postes  au-delà  de  la  Sambre  ; 
mais  ayant  vôultr  essayer  de  pénétrer  au  vil- 
lage de  Lambusart  par  un  défilé  qui  y  con- 
duit, le  feu  supérieur  de  l'artillerie  française 
les  força  à  la  retraite.  Partout  l'armée  répu- 
blicaine se  trouvait  occupant  des  positions 
en  arrière  de  celles  .qu'elle  avait  prises  avant 
l'action,  excepté. à  Fleurus,  où  les  premières 
avaient  été  maintenues.  Tel  était  l'état  de  la 
bataille  vers  le  milieu  du  jour ,  et  l'armée  répu- 
blicaine s'attendait  à  une  nouvelle  attaque, 
qu'elle  était,  partout  en  état  de  recevoir  ;  les 
nouvelles  certaines  de  la  reddition  de  Char- 
leroi  ,  décidèrent  le  prince  de  ;Cobourg  à 
renoncer  à  son  entreprise  ,  et  la  retraite 
fut  ordonnée  ;  elle  se  fit  en  ordre  ,  quoique 
suivie  de  près;. mais  l'avantage  de  la  journée 
était  fixé,  et  la  possession  de  Charleroî  ouvrait 
et  assurait  l'entrée  du  .pays  ennemi ,  et  mettait 


V^- 


\ 


DEPUIS    LA    REVOLUTION. 


333 


toute    Paîle   droite    en  mesure    de  suivre  et  viiiEp. 
de  seconder ,  les   mouvements  de  l'armée   du    . 

An  a. 

Nord. 

On  fit  usage  dans  cette  bataille  d*une  dé- 
couverte récente,  due  aux  progrès  de  lesprit  ^ 
kumain  :  un  aérostat,  s^élevant  par  la  différence 
du  poids  de  l'air  qu'il  renferme ,  avec  le  poids 
de  l'air  atmosphorîcjue  ,  servit  à  observer 
les  mouvements  de  l'ennemi.  Trois  ascensions 
firent,  connaître  ses  positions  différentes.  La 
dernière  montra  l'ennemî  en  pleine  retraite  ; 
elle  se  fit  d'abord  sur  Nivelle.  Deux  jours  après 
la  bataille  ,  Jourdan  marcha  aux  ennemis,  les  iSmesa. 
attaqua  et  les  battît  au  Monj  -  Palisei.  Cette 
position  couvrait  Mons ,  et  décida  du  sort  de 
cette  place  ;  elle  se  rendit  le  mêmç  jour  ;  alors 
tous  les  postes  occupés  sur  cette  ligne  par  les 
ennemis ,  se  trouvèrent  dépassés,  et  tombèrent 
d'eux-mêmes.  Saint-Amand,Marchîennes  ,  Dî- 
nant ,  furent  évacués ,  et  les  alliés  forcés  de 
réunir  leurs  troupes  pour  couvrir  Bruxelles  ^ 
menacé  à  la  fois  par  les  deux  armées  répu- 
blicaines, abandonnèrent  nécessairement  il  leurs 
propres  forces  les  places  importantes  qu'ils 
avaient  conquises  sur  la  frontière ,  Valenciennes , 
Çondé,  le  Quesnoy  et  Landrécies. 

Les  premiers  mouvements  de  Picbegru  for-  iSmet». 
cèrent  bientôt  l'évacuation  de  Tournay,  et  il 


/ 


334         HISTOIRE     DE     FRANCE, 

vniEp,  ne  resta  plus  aux  alliés  aucune  position  défendue 
Au  2.    ^^^  toute  la  ligne  qu'ils  occupaient  en  force  peu 
"^      de  jou^s  avant. 

Sounws  aux  ordres  du  comité  de  salut  public, 
Pichegru  laissa  encore  une  partie  de  son  armée 
pour  achever  le  siégé  des  places  maritimes* 
Le  général  Moreau  fut  chargé  de  ces  opéra- 
tions. Nieuport  capitula.  Il  mit  ensuite  le  siège 
%^  devant  le  fort   l'Ecluse  ,   qui   ferme  une  des 

embouchures  de  l'Escaut,  et  tient  la  clef  des 
inondations.  Pour  en  achever  l'investissement, 
il  fallait  s'emparer  de  l'île  de  Catzan,  au-delà 
du  bras  de  mer  où  le  fort  l'Eclusç  est  situé. 
On  ne  pouvait  y  parvenir  que  par  ime  digue 
défendu^  avçc  les  eaux  et  ])ar  une  forte  bat- 
terie ,  ou  par  l'ancien  détroit  de  Colysch.  Oa 
'  avait  peu  de  bateaux;  les  troupes  passèrent  à 
la  nage,  mirent  en  fuite  celles  qui  défendaient 
le  rivage  opposé.  On  prit  Pile  de  Catzan  , 
quatre  vingt-dix  pièces  de  canon,  beaucoup  de 
munitions  et  deux  cents  prisonniers. 
i5mç8s.  Pendant  ces  opérations,  Parmée  du  Nord 
s'était  mise  en  mesure  de  rendre  décisifs  les 
'  avantages  que  l'armée  de  Sambre  et  Meuse  ve- 
nait de  remporter. 

Pichegru  partit  de  Bruges ,  et  marcha  vers 
Gand. 

Clairfait,  trop  inféiieur  en  forces,  avait  suc- 


DEPUIS    LA    RÉVOLUTION.      335 

cessîvement  replié  ses  positions  de  Thielt  à  vniEp. 
Deynze,  et  tâché  de  couvrir  le  paj^s  entre  la    ^^^ 
Lis  et  rjEscaut  ;  mais  le  sj^stëme  de  tactique 
moderne,  se  trouvait  cqmplétement  déjoué.  Cet 
art  militaire  des  armées  germaniques,  qui  con- 
sistait surtout  dans  le  choix  .des  positions,  dans 
l'ensemble  d^s  mouvements  rapprochés  et  sou- 
tenus Tun  par  l'autre.  Ce  S37stëme  qui  avait  ré-j 
sisté  aux  promptes  manœuvres  des  ^rmées  du 
grand  Frédéric ,  ne  trouvait  plus  son  applica- 
tion contre  les  mouvements  rapides  et  combi- 
nés de  deux  armées  qui  occupaient  en  même 
temps  tous   les  postes  sur  un  front  de  qua- 
rante lieues  de  développements ,  qui  marchaient 
de  front  et  ensemble,  ne  tenant  que  les  posi- 
tions militaires,  et  se  rendant  ainsi  maîtres  des 
intervalles  sans  les  occuper ,  mais  pénétrant  tou- 
jours par  le  point  où  l'ennemi  se  trouvait  faible, 
dépassait  ses  positions  partout  où  il  était  né- 
cessaire de  se  déposter  ;  cette  tactique  mise  en 
œuvre  par  le'  génie  des  chefs  et  par  la  valeur 
des  soldats,  assurait  les  succès. 

Après  la  retraite  ^e  Fleurus  et  l'évacuation 
de  Tournay  et  de  Namur  ,  l'armée  cjes  alliés 
n^ayant  plus  d'appui  à  ses  ailes,  se  trouva  for- 
cée à  prendre  des  positions  rétrogrades,  et  ne^ 
pouvait  les  soutenir ,  parce^  que  ces  positions 
se  trouvaient  toujours  dépassées  et  tournées  au 


336  HISTOIRE    DE     FRANCE, 

viiiEp.  loin  par  les  marches  des  corps  détachés  de 
'^^^'  Tune  ou  de  l'autre  aile  des  armées  républi- 
caines.  En  quittant  la  position  de  Nivelle,  Co- 
bourg  en  prit  une  à  l'entrée  de  la  ïokèt  de 
Soignes  qui  couvre  Bruxelles  ,  et  offre  des 
moyens  de  défenses  locales. 

ismesa*  L'avaiit-garde  de  Jourdan  y  eut  un  engage- 
ment longuet  meurtrier,  dont  le  résultat  fut 
la  retraite  de  l'ennemi  sur  Bruxelles,  qu'il  éva- 
cua le  même  jour',  et  dont  Pichegru  fit  preii- 
dre  possession  par  son  avant-garde. 

ai  mess.  Le5  mouvcmcnts  des  deux  ailes  de  son  armée 
se  concentraient  en  se  rapprochant.  Ce  fut  un 
corps  de  l'armée  de  Sambre  et  Meuse  qui  en- 
voya une  garnison  à  Bruxelles.  L'aile  gauche 
des  Autrichiens  commandée  par  Baulieu,  s'était 
retirée  en  même  temps  entre  Tirlemont  et  Ju- 
doigne ,  et  le  reste  de  l'armée  de  Cpbourg,  avec 
les  troupes  anglaises,  prit  position  derrière  le 
canal  entt-e  Malines  et  Louvain. 

ai,2am.      L'armée  de  Pichegru  marchant  de  Gand  , 

«3  mess,  campa  à  Alost ,  puis  à  Assche ,  et  prit  position  der- 
rière le  canal  de  Yilvorde, 

Les  communications  se  trouvèrent,  ouvertes 
*  et  établies  entre  les  deux  ailes  de  cette  armée 
qui  partant  un  mois  avant  des  deux  points  ex- 
trêmes de  sa  position,  Dunkerque  et  Philippe- 
ville,  venait  se  réunir  par  une  suite  de  combats 

et 


-     1793. 
An  a.' 


D  ËJ?  Ù  i  S    LA     DEVOLUTION.      887 

et  de  marches,  tels  que  l'histoire  militaire  de  vnîFp. 
l'Êurùpe  n'en  offrait  pas  un  autre  exemple. 

Les  deux  afriiées  étaient  en  présence  ,  et 
séparées  seulement  par  le  canal  de  Malines. 
Pi chegru,  avait  passé  le  canal  de  Vilvorde  ,  et  ^^m^ss. 
pris  position  en  avant  de  cette  ville,  Malines 
était  occupé  par  les  troupes  anglaises  ef  hoU 
landaises;  elles  bordaient  le  canal  jusqu'à  Lou* 
vain.  Cette  position  était  la  dernière  cjui  défen- 
dait Anvers  el  le  reste  des  Pays-Bas.  Pichegru  a?  *««««• 
fît  attaquer;  ce  poste,  mtini  par  ses  défenses 
locales  ,  fît  éprouver  une  longue  et  opiniâtre 
résistance.  Un  nombre  de  soldats  français  impa- 
tients se  jetèrent  dans  le  canal,  et  le  passèrent 
à  la  nage  près  de  Malines  ;  ils  s'emparèrent 
du  bord  opposé  ,  et  cette  action  audacieuse 
donqa  le  moyen  de  jeter  plusieurs  ponts  sur 
lesquels  l'armée  pasSa  ,  et  s'empara  de  Ma- 
lines. 

L'armée  anglaise  et  hollandaise  se  retira  Sthotm, 
pour  couvrir  Anvers,  et  Pichegru  appuya  sa 
gauche  campée  à  Lier,  au  conHuent  des  deux 
Nèthes  ;  ce  qui  le  rendait  maître  des  positions 
sur  ces  deux  rivières;  et  étendant  sa  droite  vers 
DiestV  il  se  mettait  ainsi  en  communication 
fivec  l'armée  de  Sambre  et 'Meuse  qui,  mar- 
chant à  la  suite  des  Autrichiens,  s'était,  après 
quelques  affaires  de  détail,  emparé  de  Tongres  ^^hena. 

Tome  1F\  2a, 


538  HISTOIRE    DE    FÎIANCË, 

viTiEp.  et  de  Lîége ,  et  étendait  alors  la  droite  à  Liège ♦ 
la  gauche  à  Saint-Tron  ,  tenant,  par  des  corps 
détachés,  les  villes  de  Leaw  et  de  Diest. 

Les  Anglais  et  les  Hollandfrfs  avaient  évacué 
Anvers  ,  et  s'étaient  t-etirés  vers  Breda.  Les 
armées  républicaines ,  gênées  par  les  subsi- 
stances >  séjournërent'quelque  temps  dans  leurs 
positions,  la  droite  à  Liège,  la  gauche  à  An- 
vers ,  et  Tarmée  auti  ichienne  resta  encore 
maître  du  pont  sur  la  Meuse  à  Liège ,  s'étant 
ibrjlifiée  Sur  la  Hauteur  de  la  Chartreuse  qui 
dofhinait  le  pont  et  la  ville.  Elle  s'étendait  jus- 
qu'à Ruremonde  j  gardant  les  passages  de  la 
Meuse,  et  couvrant  Maestricht  par  un  corps 
avancé.  Un^  nouveau  plan  changea  bientôt 
j  après  les  opérations  de  la  campagne  pour  les 
lier  aux  mouvements  des  armées  du  Khin 
et  de  Moselle  qui  venaient  de  s'emparer  de 
Trêves. 

Pendant  ce  temps  aussi  les  quatre  places  de 
la  frontière  républicaine  qui  étaient  restées  au 
pouvoir  de  l'ennemi,  avaient  été  assiégées  ou 
investies.  Schérer  réunit  les  troupes  qui  restaient 
du. centre  avec  des  garnisons  voisines,  et  lit 
successivement  le  siège  de  Landrecies,  qui  se 
renclit  après  une  résistance  peu  soutenue.  Il  fit 
après  le  siège  du  Quesnoy;  Condé  et  Valen- 
ciennes  tombèrent  ensuile* 


17  mess. 


An' 3. 


DEPUIS    LA     RÉVOLUTION.      33p 

Le  comité  de  salut  public  crût  hâter  la  red-  viiiEp- 
ditioQ  de  ces  places  par  ce  terrible  décret,  qui    ^^'^^' 
ordonnait  de  passer  au  fil  de  Fépée  celles  de 
ces  garnisons  quitte  se  rendraient  pas  à  discré- 
tion dans  les  ii4  heures  de  la  sommation  qui 
leur  en  serait  faite* 

Ces  mesures  outrées  n'étaient  qu*une  s\x\te  du 
système  général  qui  régissait  tout  dans  l*ipté- 
rieur.  Tandis  qu'au  dehors ,  les  victoires  et  les 
conquêtes  consolidaient  le  gouvernement  révo- 
lutionnaire, et  soumettaient  tout  à  son  oppres* 
sive  autorité  5  l'excès  du  mal  commençait  à 
faire  sentir  que  ces  moyens  violents  et  exaspé- 
lés,  n'étaient  plus  n^^gi^aires  après  les  vic- 
toires ;  la  crainte  de  l'étrangei'  les  avait  fait  sup- 
porter ,  et  ce  danger  extérieur ,  en  s'éloignant, 
laissa  vofr  sans  diversion  les  dangers  internes 
qui  menaçaient  toutes  les  têtes.  On  pensa 
qu*ayant  vaincu-la  coalition,  on  pouvait.vaincre 
aussi  Panarchie  ;  elle-même  sentant  que  le  scep- 
tre de  la  terreur  lui  échappait  avec  elle,  s'ef- 
força de  la  redoubler  pour  se  rendre  redoutable^ 
en  cessant  d'être  nécessaire;  et,  lorsqu'on  n'eut 
plus  à  menacer  la  liberté,  du  fer  et  des  tor- 
ches de  rétranger,  on  se  hâta  de  la  menacer 
des  conspirations  et  des,  traojes  çontre-révo- 
lutîonnaires.  On  avait  puvert  unç  mine  fé- 
conde de  délits  imaginaiiés  e.t  de  procès  ci:i- 


/ 


34P  HISTOIRE     D  fe    r  R  A  î^  CE,        ' 

viiiKp.  niinels,  par  la  tiénonciatioa  de  la  conjuration 
des  prisonniers  du  Luxembourg.  Cette  fiction, 
qu'il  avait  fallu  opposer  aux  dernières  lueurs 
dé  la  popularité  de  Danton  ,  n'avait  même  j3tt 
être  soyienue  par  ceux  même  qtie  Ton  voulut 
en  rendre  les  premiers  agents.  Des  geôliers  ^ 
des  concierges  interrogée  juridiquetnent ,  n^a- 
vaient  rien  déposé  que  de  favorables  à  la  tran- 
quille résignation  des  prisonniers.  Le  procès  dé 
.  Fouquier-Tinville  dévoile  ces4iorri blés  mystères» 
Vaineùient  ti\)is  témoins  déniaient  ce  qu'affir- 
maient un  seul.  On  lia  l'affaire  des  détenus  au 
Luxembourg  à  toutes  les  autres  maisons  d'ar- 
rêt,  et  la  conjuration  ^l^prJson^  fut  longtemps 
tin  chef  d'accusation  qui  s'appliqua,  à  tous  ceux 
que  l'on  voulut  perdre* 

r.èc.  ja.  Arthur  Dillon  était  mis  à  la  tête  *de  cette 
conspiration ,  et  l'on  produisit  contre  lui , comme 
témoin  ,  un  de  ces  hommes  placés  dans  les  pri- 
sons, pour  y  surprendre  le  secret  des  détenus, 
ou  même  y  provoquer  leur,  confidence,  sou- 
vent encore  pour  leur,  faire  dire  ce  que  1  on 
voulait  qui  eût  été  dit  par  eux. 

On  reprocha  ensuite  à  Dillon  d'avoir  favorisé 
Penti'ée  de  la  frontière  aux  ennemis,  qti*il  avait 
.  si  glorieusement  contenus  aux  Islètes;  et  l'ab- 
surdité même  de  ce  délit  imaginaire  indiquait 
assez  le  véritable. 


DE  PU  t$    X-A    REVOLUTION.         841 

L'évêque  consiitutionjiel  de  Paris ,  Paticien  viiiBp 
évêque  (le  Lida ,  Gobe]  >  dut  être*  plus  étonné 
encore  de  s'entendre  reprocher  au  tribunal  ré- 
yolutîonaaire  son  insurrection  contre  le  prince 
évêque  de  Porentru,  et  surtout  la  démission 
qu'il  avait  naguère  apportée  à.  la  barre  de  îa 
convention,  et  00  Taccnsa  d*y  avoir  dit  qu'il  ne 
reconnaissait  plus  d'autre  culte  que  celui  de  la 
libertfé. 

^  Un  bçHnme  tel  qu.e  vous ,  lui  dit  le  prési-  aigem. 
<<  dent,  tenant  9U-sacerdoce  par  son  origine, 
<i  devait  rester  attacbé  aux  principes  du  haut 
M  clergés  ^>   . 

On  ^reprocha  ^  à  Chaumette  la  clôture  des 
églises  qu'il  avait  fait  exécuter  dans  un  dépar^ 
teraent.  Les  moteurs  inaperçus  de  tant  d'in- 
culpations inconséquentes  devaient  être  sûrs 
de  leur  effbt  ,  lorsqu'ils  osaient  les  produfre 
devant  un  nombreux  auditoire. 

Ce  jour,  dix-neuf  furent  rais  à  mort;  de  ce 
nombre  furent  la  veuve  d'Hébert  et  celle  de 
Camille  Desmoulifts ,  qui  se  fit  rémarquer  par 
ça  beauté  9.  sa  fernîieté  et  par  son  courage. 

Trente-un  membres  des  anciens  parlements,  i.erflor. 
la  plupart  de  celui  de  Toulouse,  comparurent 
çnsuite  5  on  leur  reproéhait  des  protestatfons 
secrètes  contre  les  décrets  dé  l'assemblée  consti- 
tuaqle  depuis  longtemps  abolis  par  la  .conven- 


3^2  HISTOIRE    DE    FRiÇNCE, 

vttiÈp.  tion  même;  mais  Pacte  d'accusation  cita,  avec 
'^^  '  complaisance ,  un: tableau  injurieux  de  rassem- 
blée constituantie  ,  que  Ton  sembla  prendre  plai- 
sir à  rémettre  sous  les  yeux  de  TauditoiTe. 
L'amnistie  avait  effacé  le  tort  des  protestations. 
Plusieurs  d'entre  eux  étaient  émigrants  ren- 
trés par  cette  amnistie.  Les  noms  les  phi&  iHus- 
trés,  par  les  fpnctît)ns  des  anci^ônes  cours  de 
justice,  se  trouvèrent  au  nombre  des  condam- 
nés. Pelletier  Rosambo ,  MoIé ,  Sarron  ,  Dor- 
inesson  ,  et  deux  jours  après ,  d'Esprémesnil , 
Thourét,  Chapelier,  Lamoignon  et  Majésherbes, 
^  qui  s'entendit  faire  cet  étrange  reproche ,  de 
n'avoir  été  accepté  pour  défenseur  de  Louis 
que  par  l'effet  d'une  intrigue  du  ministère  bri- 
tannique, 

Villeroi,  d'Estaing ,  Latour-du-iPin  ,  furent 
accusés  d'avoir  ourdi  des  trames  pour  massa-- 
crer  le  peuple  au  mois  de  juin  et  juiliet  1789* 
Ceux  -  là  même  s'étaient  prononcés  ,  à  cette 
époque ,  pour  le  parti  populaire.  Trente-deux 
autres  périrent  avec  eux. 

9 floréal.  Trente  fermiers  généraux  furent  accusés, 
entr'autres  délits, 'd'avoir  mis  de  rêâu  dans  le 
tabac.  . 

Le  savant  physicien  Lavoisîer  fut  du  nombre , 
et  demanda  vainement  un  sursis  de  quelques 
jours  pour  cotnpléter  uûe  découverte  utile. 


N 


DEPUIS    LA    RÉVOLUTION.        843 

L'ordre  porté  par  un  hqissier  et  par  un  offi-  viiiEp. 
cîer  militaire,  tira  de  la  prison  du  Teniple  Eli-  ^^ 
sabeth,  sœur  de  Louîs  XVI ,  et  la  transféra  à 
la  Conciergerie,  l'avant-veille  de  son  jugement. 
Toutes  les  conjectures  que  peuvent  suggérer 
les  circonstance^,  les  intérêts  publics  ou  par- 
ticuliers, s'épuisent  inutilement  pour  chercher, 
ou  le  motif  qui  fit  sacrifier  une  jeune  princesse, 
que  faisaient  honorer  ses  yertus  et  son  dévoue» 
ment  à  l'amitié  fraternelle  ,  ou  quels  intérêts 
et  quelle  politique  retardèrent  ce  sacrifice  „ 
s'il  était  cru  nécessaire?^ Que  Robespierre  ait 
imaginé  de  se  créer  des  droits,  en  forçant  la 
main  de  la  so&ur  du  dernier  roi  de  France  ; 
que,  piqué  d'un  refus,  il  s'en  soit  vengé,  ce 
bruit  populaire  répandu  longtemps  après,  ne 
porte  aucun  éaractère  de  vraisemblance  ni 
même  de  probabilité,  et  ne  mérite  même  pas 
l'examen  de  l'histoire.  Quels  secrets  à  divulguer 
4)0uvaient  craindre  les  auteurs  de  lai  mort  de 
Louis  ?  Le  fait  ne  pouvait  être  ni  aggravé ,  ni  at- 
ténué au  jugement  de  ceux  qui  leur  en  feraient 
uncrime.Xes  dangers  extérieurs  n'exigaient  plus 
ces  mesures  exaspérées  qui  ne  laissaient  plus 
même  le  choix  des  moyens  pour  les  soutenir. 
I  Lorsque  le  temps  seul  peut  révéler  des  causes 
secrètes ,  les  supposer,  c'est  surcharger  le  récit 
d'hjpothèses  vaines. 


/ 


179^ 
An 


844  HISTOIRE    DE    FRAN.CEf 

VIII  Ep.  Elisabeth  comparut  avec  un  aîr  plein  dç  doa- 
ceur  et  de  dignité  ;  elle  fut  întejj|:'ogée  avec 
dureté  et  avec  des  expressions  offensantes.  On 
compara  la  femme  de  sqn  ft'ère  à  Messaline  ; 
on  lui  parla  des  infâmes  orgies.  Lorsqu^on  lui 
parla  du  tyran  son  frère  ,  on  assure  qu'el.lç^ 
répondît  au  président  du  tribunal  qui  Tinter- 
rogcait  :  <<  Si  mon  frère  eût  été  t/yran  ^  nivou^ 
«  ni  moi  ne  serions  à  la  place  que  nous  occU-^ 
a  pons  en  ce  moment.  » 

Celte  affectation  des  juges  du  tribunal  d'ajou*» 
ter  l'odieujî:  des  formes  les  plus  grossières  et 
couvent  les  plus  triviales  à  l'odieuse  rigueur 
de  leur  ministère,  dçnt  plus  de  dignité  exlé- 
j-ieure  eût  pu  sauver  les  dehors;  cette  affec- 
tation est  encore  une  énigme  que  les^eon-^ 
jectures  ne  peuvent  suffisamment  expliquer. 
Avec  la  sœur  de.  Louis,  vingt -quatre  autres 
peisonpes  périrent  ce  même  jour.  Etrrenne  » 
jadis  mipistre  ;  Serilli  ,  trésorier,  avec  s^ 
fempie  ;  la  vçuve  de  Mont^morin.  Plusieurs 
femmes,  étaient  du  nombre  des  infortunées  ; 
J'une  déciles,  quoique  enceinte ,  refusait  de  se 
soustraire ,  par  sa  déclaration  ,  au  soit  com- 
mun. Elisabeth  fit  avertir  les  jugçs  ,  et  hji 
^auva. 

S'il  fallait  que  la  plume  énumiérât  en  détails^ 
toutes  ces  scènes  sanglantes  qui  se  répétaient 


y 


DEPUIS    LA    RÉVOLUTION.      345 

chaque  jour ,  le  lecteur  consterné  rejeterait  cette  viiiEp. 
eflfrayahte  nomenclature;  qu'il  suffise  de  savoir    ^^^^* 
que,  longtemps  api^s  le  9  thermidor,  lorsque, 
par  une  mesure  de  police ,  on  voulut ,  pour  la  , 
sûreté  des  intérêts  de  famille,  constater,  par 
une  liste  nominale,  le  nombre  des  victimes ,  ' 

ce  registre  funéraire  couvrit,  par  ordre  alpha- 
bétique, les  murs  de  la  capitale;  mais,  effrayés 
eux-mêmes  du  long  espace  que  couvrait  déjà, 
cette  affiche  de  mort  et  de  deuil,  les  magistrats 
en  arrêtèrent  le  sinistre  et  long  développe- 
ment qui  se  prolongeait  tous  les  jours ,  et 
en  ordonnèrent  le  dépôt  dans  celui  des  actes 
publics. 

Pendant  que  le  sang  CQulait  autour  d'elle  , 
pn  occupait  la  convention  de  l'établissement 
d'une  religion  nouvelle.  Pour  en  poser  la  base, 
on  se  hâta  de  lui  faire  décréter  le  principe^  et 
un  décret  proclama  l'existence  de  l'être  su- 
prême Et  l'immortalité  de  l'ame;  soit  que  ^ 
l'on  voulût  seulement  charger  |a  représentation 
nationale  d'une  inconvenance ,  soit  que  Robes- 
pierre, méditant  son  élévation,  crût  devoir  com- 
mencer son  gouvernement  sous  l'auspice  de 
cette  déclaration  ,  comme  étant  la  source  de 
toute  morale  publique  ,  premier  principe  de 
toutes  les  lois,  lui-même,  Robespierre,  s'était 
réservé  ce  solennel  rapport.  c<  II  ne  s'agit  pas, 


$4^         HISTOIRE.de    FRANCE, 

VlïiEp.  u  dit-il,  de  faire  le  procès  à  une  opinion  phild- 
«  sophique,  il  s'agit  de  considérer  l'athéisme, 
^  comme  national,  et  lié  à  un  système  de  eoh- 
«  spiration  contre  la  république.  L'idée  de  l'Etre 
«  suprême  et  de  l'immortalité  de  Pâme,  rap- 
<<  pelle  à  la  justice,  elle  est  donc  républicaine.  » 
Il  invoque  en3uite  Socrate^  Léonidas,  Zenoti  ^ 
Brutus,  Caton;  il  promet  la  liberté  à  tous  les 
cultes,  et  annonce  un  culte  national,  dont  les 
formes  ,  le  rite  ,  les  cérémonies  ,  sont  in- 
diquées. '  . 

Cette  pensée  d'une  religion  nationale  avait 
prévalu  alors  ,  l'Angleterre  en  avait  donné  un 
exemple  ;  mais  c'était  précisément  cet  exemple 
que  Ton  ne  voulait  pas  suivre;  et  d'ailleurs. les 
idées  politiques ,  les  dangers  publics ,  les  inté- 
rêts de  faction ,  les  prétentions  deé  individus , 
toutes  les  idées  révolutionnaires  exagérées  alors 
outre  toute  mesure,  absorbaient  trop  pour  lais- 
ser le  temps  de  calme  et  le  loisir  nécessaire  pour 
s'occuper  de  politique  religieuse.  Robespierre 
annonça  l'institution  des  fêtes  décadaires;  lavio- 
-  lence  que  l'on  mit  à  la  place  de  la  persuasion 
dans  leur  établissement ,  fut  en  partie  ce  q[ui  l'em- 
pêcha :  et  aussi  les  occupations  rurales ,  sur- 
tout les  travaux  de  l'agriculture,  ne  pouvaient 
pas  comporter  neuf  jours  de  travail  sans  repos; 
Jes  usages  ne  sont ,   le  plus  souvent ,  que  le 


DEPUIS    LA    RÉVOLUTION.      847 

résidu  d'antîques  expériences.  En  opposition  viiiEp* 
à  ce  nouveau  culte  ,  on  suscita  alors  un  de 
ces  essais  qui  ont  quelquefois  réussi  dans  des 
teraps  d'ignorance  et  d'inertie ,  mais  que  l'état 
des  esprits  à  cette  époque  ne  rendait  pas  re- 
doutable. Une  femme  visionnaire  ou  stylée, 
peut-être  Tun  et  l'autre,  se  dit  la  mëre  de  Dieu, 
et  s'appela  Catherine  Theos;  des  moines  ,  des 
fanatiques ,  et  surtout  des  hommes  d'intrigues, 
tâchèrent  de  donner  quelque  importance  à  cette 
scène  ridicule;  des  adeptes  furent  initiés  à  des 
nouveaux  mystères;  les  rassemblements  furent 
-  assez  fréquents  pour  qup  les  comités  s'en  oc- 
cupassent, et  la  nouvelle  Pithônisse  ,  avec  plu- 
sieurs de  ses  adhérents,  fut  envoyée  au  tri- 
bunal révolutionnaire ,  qui  prononça  sa  réclusion. 
Cependant  le  pouvoir  des  deux  comités  de 
sàlut  public  et  de  sûreté  générale ,  s'affermis- 
sait par  ses  extensions  même.  Pache,  maire 
de  Paris ,  fut  destitué ,  arrêté  et  remplacé  par 
Pleuriot,  sur  la  simple  nomination  des  comités. 
Déjà,  sur  le  seul  rapport  de  Saint- Jus t ,  tous  les 
ex-nobles ,  tous  les  étrangers,  avaient  eu  l'ordre 
de  sortir  de  Paris  et  de  toutes  les  places  fortes, 
sous  la  terrible  peiné  d'être  mis  hors  de  la 
loi.  Les  prêtres  que  Fon  appelait  réfractaîres , 

sexagénaires  ou   infirmes  ',  furent  mis  en  ré- 
clusion. 


348         HISTOIRE     DE    FRANCE, 

yiTiEr.  Ce  qui  prouve  surtout  combien  la  terreur 
^^^  était  générale,  c est  que  ceux. . même  que  1  m- 
dignatîon  et  l'exaltation  décidaient  à  se  dévouer, 
ne  pouvant  espérer  ni  confidents  ni  compagnons 
de  fortune,  étaient  réduits  à  n'agir  que  seuls, 
se  résignant  à  devenir  eux  mêmes  assassins  pour 
assurer  leur  liberté  ou  leur  vengeance.  Col- 
lot-d'Herbois  fut  manqué  d'un  coup  de  pistolet, 
par  un  homme  qui  s'enferma  ensuite  dans  sa 
maison,  résolu  d'y  périr  en  se  défendant  ;  iL 
blessa  un  de  ceux  qui  furent  envoyés  pour  le 
saisir. 

r  ... 

Une  jeune  fille ,  nommée  Cécile  Regnaud , 
se  présenta  chez  Robespierre,  et  demanda  k 
lui  parler;  sur  la  réponse  qu'il  n'y  était  pas, 
«  comme  fonctionnaire  public,  dit  elle,  il  est 
«  fait  pour  répondre  k  tous  ceux  qui  se  pré- 
«  sentent  chez  lui.»  Ce  ton  nouveau,  en  parlant 
d'un  tel  personnage ,  la  (it  arrêter  et  conduire 
au  comité  de  sûreté  générale.  Après  les  interroga- 
tions d'usage,  on  lui  demanda  pourquoi  elle  allait 
fhez  Robespierre  ?  —  Pour  lui  parler.  —  Ce 
qu'elle^  voulait  lui  dire?  — Selon.  — Si  elle 
connaissait  Robespierre?  — Non.. -^Pourquoi 
elle  voulait  le  voir?  — Pour  voir  s*il  me  con- 
vient.—  Ce  qu'elle  entend  par  là?  —  Cela  ne 
vous  regarde  pas.  —  Si  elle  avait  dit  qu'elle 
verserait  tout  son  sang  pour  avoir  uu^i'oi.  ? 


DEPUIS     LA    RÉVOLUTION.        849 

—  Oui.  —  Si  elle  persistait  dans  la  même  dé-  viiiEp. 
(*laration  ?  — Oui ,  car  vous  êtes  cint|uante  mille  ^^  ^ 
tjrans,et  je  voulais  voir  comment  est  fait  un 
t^jfan.  —^À  quoi  servait  un  paquet  qu'elle  por- 
tait? —  Du  linge  pour  changer  dans  le  liou  où 
l'on  va  me  conduire.  — Où?  — En  prison,  et 
de  là  à  ia  guillotine  ?  —  On  lui  trouva  deux  cou-  % 

teaux  ;  elle  dit  qu'elle  n'avait  eu  intention  de 
\faire  ^  de  mal  à  personne.  — ^  Elle  répéta  les 
mêmes  choses  au  tribunal ,  et  y  trouva  le  sort 
qu'elle  avait  cherché* 

On  proposa  alors  de  donner  des  gardes  aux 
membres  des  comités ,  et  cette  mesure  fut  re- 
jetée par  le  rapport  de  Barrere. 

Les  préparatifs  de  la  fête  de  l'Etre  suprême, 
occupaient  tous  les  esprits;  ce  jour  était  an- 
noncé comme  le  signal  d'un  grand  événement. 
Tous  les  partis ,  ou  plutôt  tous  les  chefs  du 
même  parti ,  se  mesuraient  depuis  trop  long- 
temps ,  pour  ne  pas  connaître  leur  portée ,  et 
Robespierre  sentait  que  son  pouvoir  ne  pouvait 
plus  se  prolonger  sans  être  revêtu  d'un  titre 
et  d'une  garantie  plus  assurée  qu'une  popula- 
rité toujours  mobile  et  incertaine;  ceux  qui, 
forcés  de  composer  sa  cour,  savaient  qu'il  ne 
voyait  en  eux  que  des  rivaux  qu'il  fallait  écar- 
ter, le  pressaient  eux-mêmes  de  s'exposer  à  une 
épreuve  qu'ils  lui  peignirent  jcômme  n'étant  pas 


> 


"> 


35o  H  I  s  T  b  I  R  Et  b  E    t  R  A  N  C  Ê ,  . 

vniBp.  douteuse;  mais  dont  l'alternative  était  moins  dan-^ 
'-^^  *  gereuse  pour  eux.  Robespierre ,  proclamé  dic- 
tateur, n'avait  plus  besoin  de  tant  de  victimes, 
pour  conserver  un  pouvoir  consacré  et  reconnu  ; 
JBiobespîerre  déchu  de  cette  espérance ,  était  plus 
facile  à  contenir;  il  était  moins  dangereux  de 
l'attaquer,  et  plus  aisé  de  Tatteindre.  Tout  se 
réunit  dolic  autour  de  son  orgueil  pour  le  flatter 
du  succès,  qui  semblait  préparé  et  consenti  par 
la  convention;  elle  venait  de  nommer  Robes- 
pierre président  pour  la  seconde  fois,  et  cette 
place  lui  en  assurait  une  en  évidence  le  jour 
de  la  cérémonie. 

Le  contraste  des  apprêts  et  des  visages  était 
remarquable  ;  la  pâleur  et  la  consternation 
étaient  dans  tous  les  traits,  et  un  silence  morne 
disait  assez  que  la  crainte  seule  d'être  cité  comme 
absent  traînait  les  citoyens,  à  celte  fête. 

On  avait  préparé  un  vaste  amphithéâtre  où  se 
rangèrent  les  membres  de  la  convention.  Après 
que  toutes  les  sections  de  Paris  furent  réunies, 
§eIon  l'ordre  prescrit ,  dans  le  jardin  du  Valais^ 
National^  Robçspîerre ,  placé  dans  une  tribune , 
prononça  un  discours  analogueàla  circonstance; 
ensuite  il  descendit  tenant  un  flambeau  ,  et 
alla  mettre  le  feu  à  un  espèce  de  monument 
composé  de  différents  attributs  et  de  diflTérents 
monstres  ,  un  desquels  représentait  l'athéisme  ; 


/ 
/ 


DEPUîSLARÉVOLUTION.      35l 

les  débris  de  rincendie  laissèrent  voir  une  sta-  vîheç». 
tue  debout  représentant  la  sagesse.  Robespierre  ^^^^' 
lemonta  à  la  tribune,  et  fit  un  autre  discours 
sur  les  vertus  qu'il  appelait  républicaines  , 
terminé  par  une  prière  à  l'Etre  suprênje-  La 
convention  se  rendit  ensuite  au  Champ-de- 
Mars,  oti  des  chœurs  dejifants,  de  jeunes  filles 
et  de  vieillards ,  chantèrent  des  hymnes  en 
l'honneur  de  la  solennité.  La  convention  fut, 
après  la  cérémonie,  reconduite  au  lieu  de  ses 
séances. 

Cette  fête  fut  sans  effet ,  et  plusieurs  causes 
y  contribuèrent  ;  d'abord  la  disette.  Le  pain  se 
distribuait  à  la  porte  des  boulangers  ;  la  mesure  , 
était  fixée;  et  les  habitants,  obligés  d'aller  pé- 
niblement attendre  longtemps  leur  tour ,  reve- 
naient quelquefois  chez  eux  sans  distribution.  ^ 
Le  peuple  supportait  avec  patience,  mais  c'étcyt 
trop  exiger  qu'il  pût  se  réjouir;  cette  profusion 
de  comestibles,  que  l'espoir  du  gain  étale 
dans  les  fêtes  publiques,  qui  prévient  le  besoin, 
provoque  la  gaiçté ,  n'existait  plus;  celui  qui 
était  sorti  le  matin  à  jeun  pour  se  rendre  à 
son  poste ,  rentrait  à  jeun,  et  rebuté  par  la  lassi- 
tude. Les  fêles  des  anciens  étaient  des  sacrifices. 
Ici  d'horribles  souvenirs  vinrent  s'offrir  à  l'en- 
trée même  du  lieu  de  la  fête  ;  c'était  sur  la  place 
de  la  révolution  que  le  sang  humain  coulait 


352  HlStOlRË    t>E    fUANCÊ, 

viiiEp*  chaque  jotir  de  réchafaùd  sur  le  pavé.  On  y 
^^^^*  apportait  aussi  cliaque  jour  du  sable  pour  déro- 
ber ce  spectacle  aux  regards  effraies.  Dans  une 
fête  précédente ,  tandis  que  là  convention  tra- 
versait cette  place,  on  avait  affecté  de  faire 
tomber  deux  têtes  soUS  ses  yeux;  et,  sur  la  dé- 
nonciation de  ce  fait,  l'instrument  de  mort  avait 
été  déplacé  et  transporté  à  la  barrière  du  fau- 
bourg Saint-Antoine;  mais  la  chaleur  a^ant  fait 
fermenter  ce  mélange  sanglant,  à  Tancienne 
place  ,  les  exhalaisons  avertissaient  la  foule  qui 
entrait  au  lieu.de  la  fêle,  et  ces  impressions 
agissaient  sur  les  esprits  et  sur  le  moral  des  spec- 
tateurs. Peu  de  familles  étaient  là  qui  i/eussent 
des  souvenirs  à  éloigner  dans  le  lieu  mêitie  qui 
les  leur  rappelaient,  et  il  eût  été  difficile  d'obéir 
à  l'ordre  imprimé  et  distribué,  qui,  réglant  Ici 
marche  et  les  mouvements,  indiquait  des  cris 
d^alégresse  après  le  second  discours  que  devait 
prononcer  Robespierre. 

Trompé  dans  ses  espérances,  il  se  recueillit 
en  lui-même  ,  et  il  est  encore  difficile  de  péné- 
trer quelles  furent  ces  piemiëres  détermina- 
tions. Kobespieri  e  avait  j  eu  de  connaissance 
des  hommes,  et  ne  connaissait  des  affaires  que 
ce  qui  se  traitait  à  la  tribune  avec  les  formes 
oratoires;  il  comptait  assez  sur  son  as<?endant 
pour  négliger  tout  movcn  de  défense,  et  même 

pour 


* 

DEPUIS    LA     R,ÉVOLUTtQK.       353 

pow  les  dédaigner.  Pe«  de  jaurs  après  ^^  fêjte  vniEp, 

:4&.  a. 


de^rjE^fesuprênie,.!! du.t,etre  étonnéde  trouver 


dçrrqpppsitiou  au  comité  de  salut  public,  où 
Cf^îiiot  luj  résista,,  et  osa  le  eontreclire  jen.  face, 
Carnot,  rioat  les  plans  militaires  ayciient  soM- 
Vjçot  contf^rié  les  vues  .politiques  de  Robes- 
pierre ,  fut  le  premier  attaqué  en  spn  nom 
par  Siaint-Just  qui.,  devant  lui,  osa  dirç,  q^'il 
fallait  Iç  .chasser  du  co.n^Hé  de  salut  .public,  j^a 
réponse  de  Carjiot  fut  le;premiçi:  signal-  de,  la 
résistance,  et  Robespierre  connut  enfin  uâ 
adversaire.  Ce  fut, de,  cette  .é[X)que  qu'il. cessa 
de  venir  aux  comités.-: On  essaya,  dp  les  ré-f 
concilier  ;  mais  la.  confiance  était  détruite , 
et  son  retour  n'eut  été  qu'une  imprudence. 
Il  s'agissait  d'une  nouvelle  organisation  du  tri- 
bunal ,  et  ce  nouveau  code  ,  plus  révolutioa- 
naire  encore  ,  portait,  peine  de.  mort  contre  les 
ennemis,  dii  peupU,  sous  cette  dénomiaation 
4^énérique,  on  co/uprçnd  <?^  ceux  qui. cherchent 
à  anéantir' la  liberté  par  force  ou  par  ruse,  à 

avilir  la  convention ,  nationale  et  Iç.fifouvei'ne- 

'  ,  '    «    "  ,  ^'  »■   »  ^*      • 

mept  réyolutioiinairç  dont„ellç  ,çst.  le  centre  , 
à  ^arer  l'opinion  çti  empêcher  l'instruction  du 
Peuple,  j  à  dépraver  les,  mœurs  et  à  corrompp 
la,€onfianee  publique;  enfin  à  altérei:  la  purçté 
des  principes  réyolnfionnaires.  ».         r  . 

.La  preuve;  nécessaire  pour  les^cond^amner, 
^    Tome  IF.'       '     '   '*    '  ^  '      ^^g" 


'•\ 


354  ^  13  T  O  1  HE  b  fe  V  11  A  N  c  t *  - 
viiiKp.  i<  est  tbute  espèce 'detlocamcntmatéFÎe}' ou  mo* 
An,%^  rali  qm  peiU  naturellement  obtenir  l'as8eo^i«iënt 
d'un  esprit  juste  et  raisonnable.  >»  La  r^^lé  dès 
jugements  w  est  k  conscfence  des  jurés  éctaiiiJa 
par  l'amour  de  la  patrie;  leur  but,,  le  triom- 
phe de  la  répûbliqtîe  et  la  ruine  de  ses  en- 
nemis: >>  .... 

S'ilekîste  des  (k)ciimen<^  dU  genre  cî-déssus, 
«  Il  ne^erà  pas  eittendu  de  témoins;  il  rfy  aura 
plus  cfe  défens*curs  officiétix /si  ce  n'est  poi^r  leà 
patriotes  calomniés.  » 

Cet  étrange  code  n'aVatt  pfts  passé  sans  eon-^ 
tradiction",  même  au  comité,  et  fut  encore  àtta* 
que  à  la  convention.  Bourdon  de  l'OîSè  y  fit 
des  (objections,  que  Robespierre  re*poussa'irh-- 
périeusement  ;  et  l'assemblée  cédant  encore  , 
le  décret  de  Porgahisation  nouvelle  fut  adopté. 

Deux  jours  après  ,  trente-sept  prisonniers  de 
Bicêtre  ,  tous  de  la  classe  la  plus  ôbscute*; 
périrent  sur  Péchafaud.  Le  lendemain  cra*- 
quanie  -  qiiatre  ;  du  nombre  étaient  Som- 
breoil  ,  gouverneui*  dés  Invalides,  que  la 
piété  filiale  avgilî  en  vain  sauvé  au  joiA"du  2 
septembre  ,  un  jeune  abbé  de  Montmorency , 
agmess.  Sàrtînc ,  jfils  d'un  ancieu  mîtiîstre ,  sa  femme, 
"celle  de  d'Eéprehiestïil  ;  une  actrice  ;  et  i'e?i- 
noble  Fleuri  ,  qui. provoqua  spn  soi*t  par  une 
lettre;  (ïê  reproches  et  d'injures  au  président  du 


DÉÎ^.UlS    LA    RéVOLUTION.      355 

IribuiiaK  Equqiiier-Tinville  la  reç]ijt  au  com-  vïJiEp. 

1795. 

An.  2. 


meocemptU.  <le  la  séance  ,  il  dit  t  ce  monsieur     '^'* 


parait  pressé,  et  renvOjyà  prendre  dans  la  prison. 

Il  sembla  à  cette  époque  cjue  Ton  se  hâtât  de 
précipiter,  toutes  les  mesures  et  les  sanglantes 
exécutions;  soit  que  Robespierre  voulût  redou- 
bler la  terreur,  pour  raviver  sa  populajité  dé- 
faillante depuis  la  fête  de  l'Etre  suprême,  soit 
pluxôt  que  ceux  qui ,  Tajant  emj)lo^yé  ,  médi- 
taient déjà  sa  perte,  craignissent  den  laisser  ra- 
lentir la  cause,  etse  lvita^ï>ent  de  faire  ce  que 
lui-même  voulait  peut -être  arrêter',  ou  du 
moins  dimiau^er;  car  s'il  eut  un  plan  d'auto- 
rité dictatorialip  *  Jl  voulut  nécessairement  ra- 
mener les  chose»  à  un  état  d'ordre  qui  pût 
être  durable ,  et  que  Toa  pût  supporter;  mais 
pour  cela  mêmq^il  lui  était  nécessaire  d'écarter 
tine  partie  de  ses  anciens  collègues  qui  n^eussent 
pas  souffert  sa  domination.  Ceux-là  Ven  âperr 
purent  4ï.  temps,  le  prévinrent,  et  firent  la  révo- 
lution du  û  therriiidor. 

Robespierre  ne, comptait  déjà  plus  sur  la 
nionlag^ne  }  W  en  était  parmi  ceux  qui  la 
composaicut  qui  venaient  déjà  lui  demander 
compte;  d'un  ami,  d'ua  compagnon.:  tous,  ceux 
de  paiïtop,.et  ^'Hébert  n'avaient  pas  péri  avec 

e43X. 

JRobespierrçTie.  ménageait  que  les  jacobins 


An   2. 


356      '  H   I  s  T  p  I  R  E     D  E  '  F  R  A  N'C  E;     ' 

viiiEp.  et  la  commune  dé  Paris;  il  affecta  de  se  retirer 
du  comité  de  salut  ffublic,  et  parla  plus  rare- 
ment à  Ja  tribune  de  la  convention/  voulant 
essayer  n'éloigner  de  lin;  Todieux  du  régime 
sanguinaire  et  des  exécutions.  • 

Après  avoir  trié  tout  ce  qui  marquait  par  du 
génie ,  par  deé  talents ,  par  des  vertus  publiques, 
on  stîmbla  choisir  dans  le  sexe  le  plus  faible , 
tout  ce  qui  devait  le  plus  exciter  Tintérêt  par  des 
vertus  privées  et  par  des  qualités  sociales  et  ai- 
mables. La  veuve  du  général  Biron  que  distin- 
guaient une  haute  considéridtionf  et  ufte  pureté 
d'améangélique;  la  maréchaledë  Noailles,  que 
sort  grand  âge  devait  soustraire  aux  recherches; 
privée  du  sens  de  Touie,  à  toutes  les  interroga- 
tions du  tribunal ,  elle  ne  répondit  qu'en  deman- 
dant autour  d'elle,  ce  qu'on  lui  disait.  On  put  re- 
marquer peut-être  comme  un  indice  qu'elles 
furent  traitéeé  avec  respect  et  avec  des  formes 
inusitées  :  un  huissier  leur  donna  ie  poing  iponv 

4tiiertn.  monter  les  degrés  du  Palais;  peu  de  jours  en- 
core après,  la  veuve  du  maréchal  de  Noailles, 
frère  de  celui  qui  venait  de  périr  ;  sa  fille ,  fejmme 
de  1  ex-constituant  Noailles,  et  Iciir  tante,  femme 
du  fils  de  l'aîné  des  deux  frères  maréchaux  de 
France  :  ils  étaient  restés  dans  leur  patrie  ,  et  la 
révolution  n'avait  rien  à  leur  reprocher.  Les 
deux  jours  suivants,  l'abbesse  ,de  Montmartre, 


DEPUIS     L.A    RÉVOLUTION.       357 

Montmorenci ,  et   tant   d'autres  victifi>es  désî-  viiiEp. 
gnées,  et  quelquefois  apienées  au  tribunal  par    ^^  »^ 
erreur  de  nom  ,  sans  que  l'on  daignât  surseoir    • 
ou  rectifier.  L'accusateur. pubjic  disait  haute- 
ihent  :   qu^imporie  un  jour  plus  tôt  oii  plus 
tard..  «A  çettç;  époque,  les  çondamn^itiohs  col- 
lectives et  journalières,  comptaient   par  qua- 
rante, SQixfinte,,  et  ce  nombre  ne  fut,  dit,-on, 
fixé  que- par  rinsuffis.aoce  de  Tinstrument  de 
mort, 

Sans„effr^^er  la  pQSt6:îté  par  la  longue  énu- 
mération  des  malheyrs ,  piiblics  et  ,de,s  ci'imes  » 
qu'il  suffise  de  lui  transmettre  qu'il  existç  en- 
core ^i;^  dépôt  desi  ^ijcluy,^.  de  la  justice  plus 
de  çj5nt;j,^emçntsoii- leç  ppms  seuls  des  coia- 
damnés.,  gppt  ÎQScfitSi  sur  une  feuille ,  où  le  reste 
de  la  prqçédure  çaÇ  rjçsjê  en  blanc. 

Pen^(jlaat  ce  temps,  r^sen:}{)lé,e  .s*occ,upait  des 
objets,,  pçir.  Içi^r  nature  ^  réserves  .aux.  temps 
de  calme  et  aux  loisii)?  de  1^  pajx;  des  rapports 
avec  de  Ipogs  développements.,  traitaient  de  la 
.police  géaér^je,  de3  i»ojçns  d'extirpei'  la, men- 
dicité,.de  l'instruction  pij^bjique  ;  toutes  thço- 
•^ie?  belles  .et  élégamment  e^ppsées  ,  jrnais  qui 
contractaient  tr,9p  avec  le  régime  du  moment. 
On  termina  aussi  alors  rétablissement  du^,grand 
livre,  où  furent  inscrîts.tQU$  les  titres  de  créances 
enva'S  la  république  \  ce  livre  se  trouva  ainsi  fe 


358  HISTOIRE    DE     FRANCE, 

vniHp.  dépAt  de  la  fortune  d'un  grand  nombre  de  fa*- 

'^^  *    milles,  et   lé  sort  commun  fut  réglé   par   un 

seul  (iéci  et  ^  toutes  les  fois  q^ie  la  législation  fut 

obligée  de  faire  céder  la  justice  à  la  nécessité 

publique. 

On  s'était  occupé  urt  moment  dé  Tétat  des 
pfiforis,  dont  la  popùlatron,  seulement  à  Paris, 
était  de  six  à  sept  mitle  déteilus.  Oti  ^notnma 
une  commission  pour  assurer  la  validité  des 
causes  de  .dé^tention.  Cette  mesure  de  jus- 
tice  tardive  et  insuffisante  ;  j^roduisit  irn  décret 
'qui    proilonca  la    mise   eh   liberté    des   iqulti- 

v^teurs..  '  ;  

On  sentait,  dans  tous  les  partis,  la  riéteôsîté 
d'un  ordre  publfc  ;  mais  l'ordre  pWblic  iiïême 
n'étant  plus  que  ta  ;de'rdière  ressource  et  le 
dernier  moyen  de  résprît  de  domination,  çha* 
que*  parti  sentait  que  le  pouvoir  appartiéndi  ait 
à'celui  au  nom  duquel  l'ordre  public  s'éta- 
blirait. Chaque  parti  s'efforçait  doh'c ,  ért' Vou* 
lan't  rétablir,  'd'empeàîiér  qu'il  ffè *  ftjft  "^ éta- 
bli pai*  ées4,adversaires  :' il  n'exfstait  plus  que 
deux  partis;  celui  de  Robespierre,  eCcfelui  de 
tous  cc'ux  qui  se  cro\;aient  comptés  par  lui  aif 
nombre  de  ses  ennemis.  A  leur  *tête  se  trôû- 
vëreiît  places  ceux  qui  se  croyaient  les  prettiiers 
désignas,  comme  ét^tit  les  premiers^  èn'éyi- 
dence.  '  .  ^      .       ' 


ceuxo^w  mMchant  «daûs-le  swQ  ,dej:la;  wwolu^     *'^'^^* 

,ny  al^ievit  ir|W:'à  f^gret  «  let  lui  ii»v9Îept;^m$(é 

^iie^uj^fefe  ;  )de  te   t)Qmbt^c:^i^9t^G«^ciot  » 

.  Fouelié;, .  SE^diHon  v<Baavd<a^;tËr|bud-7i(i(iwno^ë» 

Frerob*  J^éoiiiird-Bourôw *  Viîdi€^r';!«it/JKe«x4à 

«ur  déHie ,li$le  :  ils  Mk^0b  d^^oc  .^^ d'ii^rti'i^,  élait    . 

Je  iinérfte*'»dîwn  «erivic©  publft^i^du  i";n/étiit 

tqitfiii  isen^ria^eotitrea^co^fi^raié  à  ïa  oeLti^e.;  ^t 

le  même  raisoi^neiiieal'leut  >pa  }â*0pf)ljqit}er'ià 

.un>géiiériit  vtclortetrx  ^ns^-  dinaH-!0fi/^i^i9aurak 

'  gagnéHime  èataillbixjtie' de  péun déi iti  ipotrdre  ; 

le ;aoîD:ndfe^î  9ai  f>r0f)ie  Vçoa&eniatif^fi  .ftrt  fw>cte- 

voîr,  quand 'il  o'est.poibt  en  çpa^rà§teîaY4Sc  le 

bieà}ptifaHc  I  /i^t  «ui^^ui  r^uaod  il  iQ6^;  d^flfOBd 

.axèci'Wv.  ..:   ]  ••'  '.•->'  ,••^»^.^.  ■^ 

Robespierre ,  avec  la  confiâiilce  qu 'ix)dpii)^J'hii- 

bitude;  ide:  J'autOfvibé  \  nfîif mt . paa  ^i^é.  :Ai|j^osi  - 

ti6n.^iîH  aeScQi)iiu(:padtd'Hbo<t:d  e^^  ^viei^§iiiof  ; 

lorsqu'il  les   connut  ,  il   $e  k?rut,^6Ûr(^:<te:;J?s 

àl^itrë.  TxDut  îcè  qit^îj/dabs  la  çooVm^r0n'^>lii'ap- 

parjtcsnatt  pas  €péoiftieapièar:.à  xç»id^^im  partia , 

îibi^m^itv^domtue  dans  tcAsiesIc^  sB»9emhléed:pré-^ 


V 


viliE^.  éédêfit^v  "ôe  masse  en  repos;  m^jfe'qîJÎ'^eflâft; 

An^L    ^"  <î^èI^ti^'âortë ,  à  ses  <>rdres  les  partM'^c^ 
44ved;>eMe>  donnait' ta  force^ati^part*  qu'elle  fa- 
Vorkftîfîi'-'ët.^  le»  Joig  rédigées  par  les^^rlis  » 
élaii^t décrétées  pdrelJepCette  masse  jS^était 
beatieo«ip-W|^itie'«tée^^  dans  les  dëit)ier«'jcê)ii{>£^  r 
•<l©fm*slea hommes  '<|tir;  tie^otiviint^  résoudre 
à  preiîd|-é  AVRfe-  pftr&  actîVe  k*  tout  ce  iqurs^  fai- 
sait ,«'étaieht'réfagtës  daiïsi'ôbscurkë,  sècitasile. 
-4}e$t'bam}fib^',*  p»p  le^rrs  talents)  totiims^^a^v^Dt 
*6'é'êii»€î  eflf*éé^7  d{S|teK*ièftt  cle  la- côriffemce  de 
to-ttiàëSÉ^^à  îlaqtïeUe  îjs  s'^étaicnat  naUiésT*^  mais 
dont  kils  nêtpoutiaîen?  guëi^e  repondre*  qùe^daiis 
le.^éti^;  iët ,p©ur«8«urerî ua'sttecfcfiTî,  il .fitlkit 
dônttprMt>(^Wottp  ati>hàedrd.   '    -        •  *•  '   ^  '' 
.'  :«  >Pouvez-Vous  nous  -rëpondïie'  Aua^filfe*^ 
H  ïdisaû  Biiiàud-îVareînnea'àKun  dé  ot^ihbaunes 
3^  que  feè  mrcoiistaiices  y  ^vai;eÉt  pli^cjé^.Ooi, 
*  Jf  éitAïysi  vous  êtes  lêg  pkis  Soks>>  «v  <  •'  ' 

•J  R^feiespierré  ne  daignait  plus* p«*iFâîtreî aux 
Comités,  ce  fut  là  qu'on  dressa  la  j)remière 
a âa^d^  contre  loi.  '"  >  -i  ^  '^  ')  »  •  •-  •  » 
-'  'Robespieïu-e  absent  fut  d  sabord  decrédi té  dans 
laSit*omifés  f  et  l'opînîbn -d^s  indîvîdn»  circoJait 
'  dartgJa'icônvent'ion.  ':  •  -■-  >  <  'î  \,\- )h:,  . 
f  Robespiei^^e  y  éraît  •  défà  détrûiœ,'  .bviqu'il 
régnait  encore  despâsstiqwe'ttient  dans  Banîs:,  par 
la  jcomrdune  et  par  -les:  jacobins^;  c'était  .là  qw'il 


/ 


f 


,DE.PUIS:LA     RÉVOLUTION.      36x 

ranimait  soir^parti  >  et  surtout  en:  écai'taittpus  VI^s^ 

4je»x  quîcusserit  pu  Qontrarier.34  puissance  ou  la   '^^^' 

partager.  Il  .fit  rajrer^dù  tableau  Dubois-Crancé^, 

.et ensuite  Foucbé. sur  :de^  in<^ulpatioQS  relative^ 

,  aufiiëge  de  Lj^ûna  Fouché:  avait'  été  vivement  d^ 

nbncé  aux  faeobîns  par  Robespierre.sur  les  éye- 

iitenlients  der.I^on;*  On  raccuçak  ^de^^f oyalisnie , 

et  iBodérântîiiierid'iDdulg0nae..UnTapport  avait 

'été  xyrdcmoétàclsk  cdbventipa'f  çi|>  eçpepdant  Fou- 

cbéTenait detiieeliipré^ideplt  a9)^;^Wobîqs,  Bo- 

'bèspierre ragifc delc^tte  préSérf^aïf^  <pi  lui.an- 

-noQçaît  ua.'pat^Agé  du  pQ^oir..9u.'il'  était  ao- 

rcootuméf  d'exercer  çéut  ;  «pinîs  •^a.-^iriwr  fut  au 

» 

comble  ; darscpe-^  hii ^i^el6t ,.  d€|s.  députés  d*p|i 

idqDatteniehtvîiirani  re0d4!fi  c(jmp|{e.>die.ia  fê|e 

quarts  }atarien4nS(ileQni$é>ien  rJ^jÂeu^  dç  l'Etre 

^suprême,      v:   ""i»;   v:  .     i    .    r  >^->  i  -^ 

.  ;«  iTous  ces>  yainsrhônnénrç')  4eOT  répondit 

^  Fouchéj!,  5ee»\oérépoiiie$  '  copias  ideil  xér^i- 

:  4(^920X1] eé  anoieimedu  n'honorent  pas  )e.iK>uv€[au 

^  culte  que  les  patriotes   décerwnt  à  .l*Çtïe 

w  suprême.»  Brutki|S  aùt  rbooo'rer«»et  lui  plaire  , 

:«c.lor8qu-il  enkfoD^a  le  poJgDiard  dans  le  ccpur 

)  -  * 'd^'ân  tjïaftr>», -.   .i '-.'':.•";  .^  ,•  ;     ■    ;..♦, 

.(,  Robespierre.  pâlft.^tdéconcexté.danS:rég£^^^^ 

j  ; mentde fia.eolëre , .seC recono»;  ûnprudemmeçt 

"dails  cette  tm^e^  ^^  pi^igni^  amèrement  à  ^ 

tribune.. Peu  4e  JqtH'S  aprçi4j„  il  çut  encore  je 


<-" 


302  H  IS  t  b'î  R  E     D  E    'F  K  A  N  C  E, 

viiiEp.'crédît  de  faii^  rayer  Fbuché.de:ia  lifté '.des 

^^       jacobins;  c'était  alors ^un  arrêt  lie  proscriiplkHaiv 

et  Robespierre  à(^c^^ut  aîtlsiJiendrtibre  de  ccwc 

qtiî  VàYàtent  de  -éaJut  que  dans  Ba  pertes;  gaais 

•tel  était  cféja  l'état  incemaittr  def.  fidbe^éiTe , . 

que  ées^^rfttite  jugeant  mieux  qiie  Iui-iiièinel«s 

dangers 'de  ^a  'pôôition-,  ësëayèi^ht  de  ccaêfvnv 

^l'orage  ,ët'dfe  cUsiûtéresser  «tt*Moin& ieiire^ptos 

dangereux  adversaires.  Sa}iil-^«itiilftcfaargade 

h^^ôfcter  *apl^ë  d'eux  ;  il  pffrit^lë  '^pai^te ,  prop()sa 

^dfes  rtppi^odbôtoents;  on  ôtfâfcà^îFonchépleirie 

et  cbmplëte  jfustiitoâtion  à  Mirib«|ie  ^cfs  ineuJ- 

îpations  feit^  ^contre  lui  ;  o^Thirj  bflrit  jd» /  le 

l'éînté^rer  sôtèâMeileoietitdiax 'jacobins  ;  maïs 

tel  ékit'al^tei  1a^  fneiîaDCé'>qQ'a¥âh  prodtiijt  la 

tyrannie  prolôn^^^,  ^qu'âaoQtP  ijérrchit:: poàVqî r 

se  fier  à  ces  pai'^oles ,  et  tous  préferèré«it/tes 

•chances  'd\ih  combat' à  «mort/  à'ia  paix;  fausse 

et  dangereuse  qu'ils  «e  powaient  jcVôire >9Ûre. 

ÎJe  péril  'con^rôunl^ûdit»  canymunes  ia  paniK^t 

les  opinions.- *  '♦•'..     •;    ^    ^    ;  :j'^  -^ 

*      La  ti^ibufne •  rf'èîltendàit  ^pJus'Cjue  le8;»rccks 

'Sofibres  et  rètémJ^SâMS  dés^  vit'téîreset  rtes-èon- 

quêtes,  et  cet  enthousiasme  coffinfftinicatrrëlec- 

ti^'sait  le  ^peuple- et  ^1  es  armées.  '  Ces  élîaifi  ne 

■  pouvaient' •  pa^  toujours- êlre  dirigés  à  volotrté; 

inkis  qui  1/1  post^îté  î^tr^e,  at?ctisera-t*eWé ?«4«i 

ceux  à  qui  la  coalitioii  de  l'Europe  rendait  c^s 


©E  PUIS     LA     RÉVOLUTION;       853 

ressources  irié^^à^lesj  ou  cé(Jî^  qui  les  leurre n>*  viiiEp. 
daîent  nécessàfres  ?  A  cHte  même  époque :,7un    j^^yo^f 
orateur    du    parlement   brjtanhiqlie    osait  Jut 
dire  :  •  v 

«  Oh  reproche  avec  aigi^èut  aux  Françaisles 

i<  vices  qui  v'éwîvâht  leùrs^détractcurs,  Hérfio* 

'4c  ïïorerit  le  s^stèrrie  de  liftérté  qu'ils  ont  adopté, 

«  'Sans  doute ,  îi*  des  défauts  ;  itiai^  cela  peut-ii 

*r'  être  autrement?  Quel  ouvr^â^  -qu'un  gmr- 

'«  vernemerit!  et  suppose-t-bn  que  Piiitelligence 

«^  hùmaîtie  [iuis^e  fê  perFeetionner'enW  jotrr? 

^*  'L'un  dés  plus  aji^rids  gfiéfs*c0ntiîeles  Fran- 

«  eais,  ce  s6<iti1e^  actes  dé  rigbéUr  dont  or 

V  fait  lès  i^écîfe  farfléntàblès;  feP-^f  lésqaels-on 

•f  vient  'géhiir  '  pério'dîquenlent  àêim  cette  eti-         / 

4(  cethtë;  màîs'à  qui  faut-il' attribuer  ces^c^t^ 

'«de  rîgueift^?  qui  les^a  réeUemedtr^ndxi  né- 

"ir  céssaîrefe  ;  isînôti*  lès  puissahc^es  enlisées  elles- 

<<  Peintes  ?' Oui  ,*  «ce  sbht  ^îlé^  qui  ont  preâsé 

«  meurtres  sur  meurtres,  stirinifé/ellgWilôï^lté 

'irifes  èsprits^pbïisséè  à  bôiit,  atfxquels  oiv  ne   ^ 

^ "^' laissait  phis  de  ressource  titi'une  excessive 

ir sévérité, unique  linoyen  d'ai-raclier  leur  pays 

w'  à'  la  rage*  'des  'étrangers. .  Ah f  d'îaccusons  de 

«  tous  le  sang'vcfr'sé  que  les  puissances,  lors- 

,  «'qu'elles  bht  eu  Taucliace  de  demander   à -lu 

"«'face  de  laFiîance,  et  cela  par  uhe  déclara- 

«  tion  solenheUé,  Ja  viéde  ses-- représentants, 


364       HISTOIHE     DE     rRrAKCE, 

viiiEp.  «c  kl  vîe  (Je  ces  Hommes  auxqueJs  .elle  .est  rede^ 
*/^^-     «c.  vable  de  sa  liberté,  quoique  les  circonstances 
«  prjesentes  nq.lui  permeUeAt -pas  cle"^  goûter 
«  toutes  les  douceurs.  »  ^ 

-  ;:GetteapOlpgie  exagérée  aassi  dans  ses  expi'es- 
«tons  passe. ]^jnç$tirç  ouvrai  ;  mais  c'est  ent^g: 
ce  tjîscours  et  les,  éerii^^la^J^: sens  contraire,, 
«cpfe  laposiérM  trouvera  le  m>yeti  terme  et  )a 
rérité. .La  coalition  nécessi^. la  rigueur,  et  1^ 
ennemis  de  la  France  se  servaient  ensuite  du 
système  de^rigueuF,  en  le  fi^is^nt  pousser  outre 
toiite  mesuce.*.  afin  qu'il  for«â^  à-^a  révolte',  €;t 
amenât  la  subversion  ;  maia^  le&  .événement^  dii 
9  thermidor  «maîtrisés  à  tempsi  qt  dirigés  dy^c 
-beaucoup ^'adrçsse  et  de  conduite,  brîsërect 
les  leviers  <ja;i:  précipitaient  ràclion  du  méca^- 
nisme    révolutioribairej,    et    con^rvèrent   des 
rouages  ce  qu'il  en  fallait ,  pojjr  que  la  macliio^ 
ne  fût  point  arrêtée ,  et  que  Ja  rapidité  du  naou- 
vement  ne  la  bn;sat  pas.  :  ,- - 
^      :  Le  besoin  d'espérer  et  de  .rattacher  ses  peij- 
•  sées  à  quelque  avenir  consolant^  avait  un  mq- 
.  ment  ramerié  fes  esprits  à,  Robespierre.  Ce  fut 
'^à  l'époque  où  il  fit  périr  Héberi, [Vincent,  Roç|- 
sin  ;  ces  hommes  jadis  ses  complices.  On^  cher- 
cha à  croire  que,- sentant  le  besoin  d'un  orcb'e  » 
îl  voulait  y  parvenir  en  brisant  tous  leç  instru- 
inents  qui  lui  avaient  servi  pour  le  désordre •  ^ 


D  E  P  U  15     LA     R  É  V,0  L  U  T  I  O  N.      '3(55 

Robespierre  alors  eût  pu  faire  recevoir  même  viiiEp. 
tsa  toute-pnissanee ,  tant  le  besoin  d*une  puis-  ^^^' 
sauce  tutélaîre  on  réprimante  était  grand  ; 
mais  soit  qu'il  ne  |)ût ,  ne  voulût ,  ou  qu'il  ne  lui 
fût  pas  permis  de  changer  de  rôle  ,  îl  se  hâta 
de  détromper  les  esprits  trop  crédules.  On  vit 
les  exécutions  ise  multiplier,  et  ses  agents  judi- 
ciaires ne  purent  bientôt  plus  suffire  à  ses  vo- 
lontés. Enfin,  datis  les  papiers  d^un  condamné, 
-jadis  son  affidé,  se  trouva  une  liste  de  procrîp- 
tions  dressée  par  lui-n^ême ,  et  qui  contenait  les  ' 

noms  des  membres  du  comité  de  salut  public 
et  de  sûreté  générale.  Ils  furent  ainsi  avertis^ 

.  et  ils  agirent ,  tandis  que  Robespierre ,  se  fiant 
à  sa  fortune  et  à  ses  armes  accoutumées,  com- 
posait des  discours  ,  pour  les  dénoncer.  Eux 
n'avaient  rien  à  espérer  que  de  la  convention  et 
des  gardes  nationales  de  quelques  sections.  Deux 
mois  furent  employés  à  préparer  lentement  les 
.     esprits  des  députés,  à  infiltrer,  et  avec  précaution, 

.  des  opinions  contraires  à  Robespierre,  à  faire 
reconnaître  en  lui  Thomitie  qui  ne  songeait  à  fon- 
,  dersa  grandeur  que  sur  la  ruine  commune.  II 
fallut  combattre  en  silence  et  en  secret  la^erreur 
•présente  par  une  tçrreur  plus  forte  de  l'avenir;  il 
ftilut  montre» à  chacun  son  danger  personnel  qui 
'n'était  plus  seulement  le  dangjer  public  ;  réduire 
chacun  à  ralternative ,  de  frappée  ou  de  Têtré  ; 


\ 


\ 


366  HISTOIRE     t)  E    .r  ,R  ^  K  C  È , 

vtUEp.  et  surtout  n'exiger  qu'un  acte  de  volonté  sîmul- 
* ^'^^'  tanée  qui ,  enveloppant  tout  dans  un  même  élan , 
ne  laisse  rai  t. aucun  individu  plus  remarqué  qu'un 
^  a\^tre.  «  Nous  ne  vous  demandons  que  de. vous 
lever  en  masse  pour  nous  seconder  ;  nous  noua 
chargeons  dé  l'entreprise ,  de  l'attaque  et  du 
combat;  si  nous  succombons,  nous  périrons  les 
premiers,  peut-être  seuls  ,  et  le  succès  nous 
sera  commun.^  Tels  furent  les  seuls, motifs  que 
purent  faire  circuler  lentement,  et  en  secret, 
les  premiers  moteurs  de  l'entreprise* 

Robespierre  domfnait  toujours  la  commune 
par  ses  partisans,  les  sections  par  ses  émissaires 
et  par  les  membres  soldés  à  quarante  sols  par 
séance;  et  de  plus,  la  force  armée  payée  lui 
appartenait  par  l'opinion  et  par  l'état- major  de 
«pn  choix.  En  comparant  les  moyens  personnels., 
le  génie ,  le  caractère  de  Robespierre  avec  l'éten- 
due et  la  force  de  ces  moyens  extérieurs,  ou 
ne  peut  s'empêcher  de  reconnaître  les  eflèt3 
-d'une  force  auxiliaire  et  étrangère,  qui  seule 
était  capable  de  les  entretenir  ej  de  les  mainte- 
nir debout  et  à  ses  ordres* 

L'iniervalle  entre  Tentreprisç  et  Texécution, 
fut  rempli  à  la  tribune  par  les  relations  pom- 
peuses, souvent  exagérées,  quelquefois  roman- 
tiques ,  des  succès  des  armées  et  des  exploits 
nombreux  dcj^  guerriers  qiti  ^e  distinguaient; 


fcEJ'U  IS/    LA    RÉVOLUTION.      367 

le  vraii  aût  suffi;  ijaàis  ces  récita  reportés  viiiF.p, 
aiJx  armées  *et  dans  les  provinces  ,  élec-  ^^ 
muaient  les  esprits,  exaltaient  le3  têtes;  ua 
autre. but  politique  les  rendait  encore  ytiles  : 
on  dés^coutumait  ainsi  le  peuple  des  baranguea 
de  Robespierre  absent  de  la  tribune  ;  on  faisait 
diversion  à  celles  de  ses  adhérents  dévoués,  ï8me««. 
dont  il  importait  de  détourner  Tattention,  et  de 
tix)mper  la  vigilance.  Au  loin  ,  l{i  fprtyne  de 
Robespierre  avertissait  ses  ennemis  de  se  bâter. 
8es  anciens  adversaires,  et  qui  se  fussent  réunis 
c^titre  lui  s'ils  eussent  été  à  leur  place  iGuadet, 
SalJes,  Bar baroux ,  atteints  par  la  proscriptiqa 
qui  les  poursuivait ,  venaient  d'être  exécutés  à 
Bordeaific.  Buzot%t  Pétion  traînant  leur  inforr 
tuhe  d'asile  en  asile  ,  avaient  été  trouvés  mort? 
dans  une  vigne.  Saturne  dévorait  toujouri^Q^ 
enfants. 

La  législation,  à  cette  époque,  n'émettait  plus  aSmesa: 
que  des  lois  spoliatrices  et  révolutionnaires*. 
Apres  le  patrimoine  des  licbes,  on  s'çmi>ara  de 
<S^ lui  des  pauvres;  les  biens  des  bôpitaux  furent 
rénnis  au  domaine,  national  «  et  la  n^ltion  s? 
chargea  du  paj^euïent  de  leur  dette,  Le3  hosr 
piiîes  restèrent  ainsi  sans  propriétés,  et  leurs 
tfréancierssubit*ent  toutes  les^cb^ricea  de  la  dette 
pubti<;^iç.  .,.  .'  .      • 

Qn  avait  au  saris  doute  offrir  «n  dédoroma* 


f 


368  HISTOIRE    DÉ    FRANGE,       /' 

'  YHiEp,  gement  aux  indigents ,  eu  leur  donnaiit  la.  table. 
'795-  des  riches  :  on  inventa  alors  ce  qu-on  appela  Je^ 
^"  ^  repas  fraternels;  sur  une  injonction  de  la  com- 
mune, tous  les  citoyens  furent  invités  à, porter, 
leur  souper  dans  la  rue  :  on  espérait ,  ou  <}ti'ila 
s'y  refuseraient,  ou  <jue  ce  serait  une  occasion 
de  rixe  ;  le  contraire  arriva  ;  le  vrai  peuple  t 
livré  à  lui-mêrfie ,  se  montra ,  ce  cju'il  est  toujours 
alors,  bon;  le  caractère  national  reparut  dans 
sa  franche  gaieté.  Le  riche  offirit  de  bonne  grâce, 
le  pauvre  accepta  ^vec  sensibilité  l'aristocratô 
et  le  sans-culottes  furent  amis  à  la  même  table. 
Les  jours  des  saturnales  antiques,  cette  fête 
de  Thumahité^  n'étaient  point,  et  ne  furent  poirit 
une  orgie  ;  le  bourgeois ,  ^^tisaà  retenaient 
l'ouvrier  à  son  passage,  et  le  faisaient  asseoir  prè» 
d'eiftc  au  banquet  civique  devenu  un  rçpasdeia* 
mille.  En  se  voyant  de  plus  près,  le  vinetlacor^ 
dialilé  Tapprochaient  déjà  assez  les  cçnvives, 
pourquelâpolitiqueinquijétesehâtâtdeseplaçqf 
/  eptre  eux.  Un  seul  rapport  ,sans  loi  prohibitive^ 
sans  décret,  suffit  pour  ren verser  les  tables  llospîr 
talières.  Le  rapport  se  terminait  seulement  par 
ces  mots,  dont  le  rapprochement  suffit  pom*  en 
imposer  :  «  La  convention  abandonae  son  avis 
«au  tribunal  révolutionnaire  de  l^opinioo.pur 
«  blique,»  et  les  repas  fraternels  cessè^-ent. 
Cependant,  et  au  milieu  de  ces  fêtes,  l'inslru- 

mcnt 


DEPUIS     LA      KÉVÔLUTION,      869 

meiittle  mort  ne  ralentissait  pas  son  effrayante  vniEp. 
activité  ;  ii  hâtait  ses  coups  redoublés  ^  et  chaque  '^^  * 
jour  soixante  têtes  Ou  plus,  tombaient.  Une  hor- 
rible politique  commandait  au  loin  ces  meurtres. 
Robespierre  ne  venait  plus  aux  comités,  et  Ton 
voulait  que  le  temps  de  son  absence  Fut  marqué 
par  une  barbarie  qui  surpassât  toutes  celles 
que  sa  présence  avait  permises  ou  commandées  j 
mais  quoique  absent,  chaque  jour  les  présidents 
(lu  comité:  révolutionnaire  allaient  chez  lui  por- 
ter la  Ijste  des  acçiisés  inîs  en  jugements ,  et 
prenaient  ses  ordres  ;  et  toujours  le  crime  imputé 
d'être  ennemis  du  peuple  suffisait  pour  motiver 
la  condamnation. 

Tant  d'atrocités  toudiàîent  à  leur  terme  , 
des  bruits  sourds  se  répandirent  parmi  le  peu^ 
pie  ;  quelques  femmes  hardies  de  leur  obscurité, 
osërjent  prophétiser  la  chute  de  la  faction  pié- 
roiine ,  et  c'était  déjà  beaucoup  que  d'oser  la 
dénommer  ainsi. 

Un  incident  imprévu  ouvrit  les  yeux  des  plus 
intéressés ,  et  prépara  le  dénouement  de  cette 
scène  tragique  et. trop  prolongée. 

Un  membre  de  la  chambre  dès  comrnunes 
d'Angleterre  fut  jeté  sur' les  côtes  de  France, 
prbs  de  Calais  ;  il  s'y  rendit ,  se  fit  connaître  y 
fut  arrêté,  dénoncé  au  comité  de  sureté  géné- 
rale ,  qui  ordonna  qu'il  fût  amené  à  Paiis"  Le 

Tome  IF.  ^4      . 


2yo         HISTOIRE     Dt:    FRANCE, 

viiijp.  ixiinislré  de  Pintérieur  ,  charité  de  J'interroô:ef< 
An  a  tarda  de  quelques  jours  dans  son  rapport,  qui , 
d'après  les  réponses  de  cet  homme ,  t'annonça 
comme  un  amî  de  la  France  qtie  ses  opinions 
pacifiques  avaient  fait  persécuter  à  Londres,  et 
avaient  forcé  de  cliercher  un  asile*  Robes- 
pierre, depuis  longlefnps  absent ,  se  fît  annon^ 
cer  au  comité,  dit  qu'il  fallait  traiter  cet  An- 
glais comme  un  espion  el'Ie  livrer  an  tribunal. 
Les  autres  membres  s  y  opposèrent.  Barrère  d?t 
que  ce  serait  renouveler  les  sacrifices  de  la 
Taurider,  et  que  clans  toute  TEurope  les  Fran- 
çais seraient  regardés  comme  des  barbares  qui 
immolaient  les  étrangers  naufragés  sur  leurs 
côtes.  Cette  image  fit  assez  d'impression  pour 
passer  à  d'autres  objets ,  et  comme  il  arrive  dans^ 
les  aiïaires  publiques  ,  plusieurs  jours  s'écou- 
lèrent sans  qu'on  réparlât  dé  TAnglaîs  détenu. 
Saint-Just  devait  faire  un  rapport  sur  la  situa- 
tion de  la  France ,  et  sur  les  moj^ens  de  sauver 
la  république.  Le  jour  même  où  le  rapport  devait 
être  lu  aux  comités  réunis,  RobespieiTe  reparut 
un  moment,  parla  du  membre  de  la  chambre 
des  communes  ,  et  proposa  le  premier  de  lui 
donner  un  passe-port  pour  Genève.  Çett^  in- 
dulgence pour  le  même  homme  dont  if  avait 
voulu  se  défaire,  étonna  ;  mais  chacun  y  sous- 
crivit ;  le'passe-port  fut  immédiatement  délivré , 
et  l'Anglais  s*élpigna. 


DEPUIS     LA    RÉVOLUTION.        871 

'  RobespieiTe  n'assista  pas  au  rapport  de  Sâmt-  vin% 
Just ,  qui ,  apr^S  avoir  divag^ié  longtemps ,  pressé  ^^  ^ . 
par  ses  collègues  d'exposer  ses  moyens,  disait 
toujours  quji  ne  voyait  d'antre  moyéb  que  de 
remettre  le  salut  public  à  une  destinée  pàrtfi 
culière;  et  cette  expré^Jsion  incertaine  exigeant 
«iicore  une  explication  positive,  Saint-Just  pressé 
articuîl)Slf46  rtiot  de  dictateur  ;  et  laissa  voir  le  but 
où  tendait  les  amis  restés  dévoués  à  Robespierre. 
1^  voile  fut  déchi^ré ,  él  chacun  vit  que  son  salut 
personnel  était  lié  au  salut  public.  L'intérêt 
commun  rapprocha  les  espritj^ ,  et  il  fut  décidé 
de  comnïencer  l^attaque  le  lendemain  8  ther- 
midor; caf  on  sentit  qu'il  n'y  avait  pas  un  mo- 
ment'à  perdre  pour  n'être  pas  devancé. 

Mais  Robespierre  lui-même  prit  l'initialive; 
il  inculpa  les  comités.  Depuis  longtemps ,  il 
u'avaît  point  paru  à  rassemblée  ;*il  monta  à  la 
tribune  et  prit  la  parole. 

Ce  discours  5  un  des»  moins  forts  qu*îl  ait 
prononcés  ,  n*était  qu'un  éloge  de  lui-même  , 
et  semblait  déjà  avoir  cette  épigraphe  :  Çuos 
o^uli  Jupiter  perdere  demetilat.Qe^t  de  Ce- four 
que  commence' cette  aliénation  d'esprit, njui  ca- 
ractérisa sa  conduite  et  celle  de  ses  adhérente 
dans  lès V  fournées  sui van t^s.>  '  ' 

:  Robespierre  ,  après  avoir  vanté  soû  'pafrfo* 
tisme  ,  après  avoir  invoqué  ^our-à-tonjr  4^'  |u»- 


3y%  HlStOÎRB    DE    FUAN  C  B^ 

vrtiBin.  tice  et  Tindulgence  de  l'assemblée  ;  après  l*aV0Îf 
conjurée  de  croire  qu'il  n'c^mbidonnait  pas  le. 
dicialorac ,  finit  par  s'emporter  en  impi^écations 
contre  ceiix-Ià  même  de  ses  collègues  qu'il  avait 
pi'oscrîts.  Il  en  nomma  quelques-uns ,  et  en- 
tr'autres  Cambon*  Ceux  qu  il  ne  nomm^  pââ,  il 
les  désignasi  bien  qu'ils  ffe  purent  se  méconnaître. 
Les  proscrits  eurent  aloi-s  Tentière  conviction 
qu'il  avait  juré  leur  mort^  et  ils  n'en  furent  que 
plus  ardents  à  le  devancer.  La  séance  fut  ora-* 
geuse;  mais  les  deux  partis  s'observèrent  plu* 
tôt  qu'ils  ne  se  combattirent  ;  ils  furent  plu$ 
réservés  que  courageux.. De  part  et  d'auti'e  W% 
orateurs  ejnveloppèrent  leurs  pensées  de  phrases 
mystérieuses.  Bourdon  de  l'Oise  demanda  le 
reiivqi  du  discours  de  Robespierre  aiïx  comités 
de  sûreté  générale  et   de  salut  public. 

.  Ici  la  lutte  commença  :  imprimer  le  discours 
et  l'adresser  aux  départements,  c'était  loi  don- 
ner la  sanction  de  l'assemblée  ;  renvoyer  le 
discours  à  l'examen  des  cv>mités,  c'était  le  leur 
soumettre  ;  cbacun  sentait  l'importance  de  ce 
débat  dans  la  crise  qui  se  préparait  ;  ti!abord 
la  cpnvention  céda  ,  et  Pimpression  fut  dé- 
cidée; 

Couthon  obtint  ce  décret  ;  jusque-là  chaque 
inxlividu  s'était  ménagé  ;  la  faiblesse  de  la  con- 
vention avertit  à  temps,  un  homme ,  que  tout 


I>  Etuis     LA    RÉVOLUTION.      878 

étaît  perdu.  Vadier  prit  la  parole.  Robespierre  vniEp. 
et  Couthon  tentèrent  de  la  lui  ôter.  Le  président     '^^^' 
.ColIot'd'Herbois  la  lui  conserva.  ^"  *• 

Par  une  diversion  adroite  et  heureuse ,  Vadier 
reprit  le  discours  de  Robespierre  sur  ce  qu'il 
avait  dit  du  rapport  fait  sur  Catherine  Theos, 
«e  disant  la  mère  de  Dieu,  et  rengagea  ainsi  la 
question  : 

<<  Je  parlerai ,  dit-il ,  avec  le  calme  qui  con-     ^ 
«  vient  4  la  vertu,  Robespierre  a  dit  que  ce 
,^  rapport  ayant  donné  lieu  à  un  travestissement 
H  ridicule  ,  a  p^  nuire  à  la  chose  publique.  Ge 
«  rapport  a  .été  fait  avec  le  ton  de  ridicule  qui 
«  convenait  pour  dérouter  le  fanatisme.  J'ai 
«  recueilli  depuis  de  nouveaux  renseignements» 
«  vous  verrez  que  cette  conspiration  est  des 
«  plus  étendue  ;  vous  verrez  que  Pitt  y  cons- 
.  «  pii-e  ;  vous  verrez  que  cette  femme  avait  des 
.«  relations    intimes  avec    tous   les    illuminés. 
4<  Je  ferai  entrer  cette   conspiration  dans  un 
«  cadre  plus  imposant  ;  elle  se  rattache  à  tous 
«  les  complots;  on  y  verra  figurer  tous  les  cous- 
ue pirateurs  anciens  et  modernes,  -y     ■ 

«  J'ai  encore  quelque  chose  à  dire  sur  le 

•r  discours  de  Robespierre  :  les  opéi^trons  du 

«  comité  de  sureité^  générale  ont  toujours' été 

:«  ni^rquées  au  coin  de  J4  justice  ètjîejla  sévé- 

«  rite  nécessaire  pour  réprimer  l'aristoorâtie  ; 


/ 


374  HISTOIRE    DE    F.KANC;»:,     r 

viiiEp.  «  elles  çont  contenues  dans  l'arrêté  qu'il  a  pris; 

^^^^'     «  si  noi^s  aVons  eu  des  igéns  qui  aieot  malversé, 

«  qui  aient  porté  Teffroi  dans  l'ame  dés  pi^^riotes  t 

«  le  comité  les  a  punis  à  mesure'qu'il  les  a 

«  connus ,  et  la  tête  de  plusieurs  est  tonabée 

cf  sous  le  glaive  de  la  loi.. .  .  Les  deux  comités 

.«  bnt  déJ3  jugé  sept  à  huit  cents  aH'àïres,  com- 

«  bien  croyez-vous  quils  aient  trouvé  dfe  pa- 

^  triotes?.  Ils  sont  dans. la  proportion  d'un  sur 

«  quatre-vingts.  Voilà  bien  Ja  preuve  que  ^  ce 

M  n'est  "pas  le  patriotisine  qui  a  été  opprimé  ; 

*<•  mais  raristocratie. qui  a  été  justement  pour- 

i<  suivie.       •!',..'      ^ 

:    «  .Yoilà-ce  que  je  devais  dire  pour  la  Justî- 

'  «  fi  cation:  du.  comité  de  siireté  générale,  qui 

«  .n'a>jama9S  été  divisé  du  comité  :de  salut  pu- 

4<  biic.  H-  pbut  y  avoir  eu  quelques  explications  ; 

«  mais)amais  elles  n'ontrien  diminué  de  restjtne 

«  etrdéla  confiance  mutuelles  que  se  portent  les 

<r  deux  comités.^  ' 

î  Cambon  prit  la  parole  pour  $e  disculper  des 

aci^nsations  que  Robespierre  avait  portées  c'ontre 

ses  opérations. de  finance ,  et  finit  ainsi: 

.    «  Il^st  temps  de  dire  la  vérité  tome* entière  , 

•  «)  ua.^'eul  homme  paralysait  la  volonté  delà  con- 

-<ir«  ventî^n  nationale  ;  cet  homme  e(5t  t?elui  qui 

«/  vietit  âe  'feire  le  discours  ;  c'est  Robespiè'ïre  : 

.  </aiiï»i- 'jugez.  »  i    .  •  i         ,  •     . 


PÇPUISLA    REVOLUTION.       37-5 

Cette  attaque  personnelle  fut  déjà  applaudie,  yniEp. 
et  Robespierre  déjà  modeste,  se  justifia,  et  le    '^^' 
fit  faiblemeuL  ^"  ^' 

Billaud-Varepnes  parla  ensuite,. repoussa  les 
accusations  de  Robespierre,  et  dit  : 

<^  II  faut  arracher  le  masque  sur  quelque  vi- 
«  sage  qu'il  se  trouve ,  j'aime  mieux  que  mon 
«  cadîavre  serve  de  trône  à  un  ambitieux  que 
«  de  devenir  par  rapn  silence  complice  de  ses 
«  forfaits.  ». 

ParJ3 ,  Bentabple,  Cbarlier,  Amar ,  Tbîrion , 
demandèrent  le  raipport  du  décret  qui  décidait 
l'envoi  du  discours  de  Robespierre.  Enfin  im 
Wiot  de  Breard  l'obtjnt,  et  Peqvoi  fut  ajourné. 

Frérpn  parla  plus  hardiment  :  «  Le  moment 
«  de  ressusciter  la  liberté  est  celui  de  rétablir 
«  la  liberté  des  opinions.  Quel  est  celui  qui 
«  peut  parler  librement ,  lorsqu'il  craint  d'être 
<c  arrêté?  Je  d^niande  îe  rapport  du  décret  qui 
«  accorde  aux  comités  le  droit  de  faire  arrêter 
«  les  nlembres  de  la  convention.  » 

Pour  la  première  fois,  depuis  longtemps ,  Ro- 
besperre  voyait  l'assemblée  lui  résister  en  face, 
et  se§  accusateurs  s'élever  contre  lui  préspnt. 

Barrë^'e  termina  un  rapport  sur  le  succès  des 
armées  ,  par  des  phçases  d'indication.^énérale; 
iî\ajis/ou.  Robespierre  dut  se  reconnaître.,  et  où 
P^Wlftpe  ne  le  njéconnut.  '    .        » 


376  KISTOIRE     èE     FRANC  Ef 

viiTEp,      La  séance  fut  levée,  et  le  fer  resta  engagé 
*    entre  les  combattants.  ' 

Robespierre  cependant  ne  jugeait  pas  sa 
situation,  en  rentrant  dans  sa  demeure,  où  il 
vivait  en  commensal ,  il  parla  tranquillement 
des  débats  du  matin,  et  dit  :  Je  n^atlends  plus 
rien  de  la  montagne  $  -ils  veulent  se  défaire 
de  moi  comme  d^un  tyran  j  mais  là  masse 
de  Rassemblée  m^entendra.  Il  paiTit  tranquille 
pendant  cette  journée,  et  alla  le  soir  aux  jaco* 
bîns;  il  y  relut  le  discours  qu'il  avait  prononcé 
le  matiii ,  et  ce  discours  y  fut  accueilli  avec  des 
acclamations  effrénées.  On  jtirâ  de  défendre  Ro- 
bespierre et  de  vaincre  bu  de  périr  avec  lui. 
L'enthousiasme  simulé,  plus  dangereiix  eiïcore 
que  le  fanatisme ,  ouvrit  les  avis  lés  plus  incen- 
diaires contre  la  convention;  et  Robespierre, 
accoutumé  à  vaincre  avec  les  jacobins ,  dqt  se 

croire  non-setilement  en  sûreté  ,  mais  maître  de 

« 

ses  ennemis. 

A  cette  séance  assistaient  deux  membres  du 
comité  de  salut  public,  que  leurs  collègues, 
y  avaient  envoyés  pour  en  connaître  les  ré- 
sultats.' Ces  deux  observateurs  intéressés  ,  Col- 
lot -d'Herbois  et  Bîllaud-Varennes,  revinrent 
rendre  compte  de  leur  mission,  effrayés  de  cfe 
qu'ils  venaient  d'entendre.  Saint-Just  était  pré- 
sent. Collot'd'Herbois  l'interpella  rvidei||ieot  ;^  ft 


DEPUIS     LÀ     RÉVOLUTÎÔN.         877 

Juî  reprocha  que  les  violences  dont  ils  venaient  viiiffp. 
'^  1795. 

An  3.  , 


d'être  témoins  étaient  son  ouvrage  et  celui  de     '^^' 


Robespierre  son  chef.  Pendant  le  temps  qui  avait 
précédé  le  retour  de  Collôt-d*Herbois  et  de  son 
collègue,  Saînf-Just  était  resté  écrivant  sur  là 
table  où  les  autres  mfènjbres  du  comité  étaient 
en  séance  avec  tuî.  Dans  la  vivacité  de  l'alter- 
caiion  qui  s'établit  entre  eux  et  Saint-Just,  il 
se  hât^  de  retirer  les  écrits  qu'il  avait  com- 
mencés. Ce  mobVement  donna  d^  soupçons.  Ses 
collègues  saisirent  ses  papiers,  et  y  trouvèrent 
leur  dénonciation  ;  alors  ils  s'as4urferent  de  sa 
personne,  fermèrent  les  portes,  et  résolurent 
de  le  garder  à  vue  en  proloifîgeant  la  séance 
pendant  toute  la  nuit.  Lui-même  8*engagea  à 
ne  point  faire  usage  de  son  écrit  ;  mais  le  ma* 
:tin ,  à  l'heure  où  la  convention  s'assemblait ,  il 
se  déroba  à  la  vigilance  de  sies  gardiens ,  qm 
n'attachèrent  même  que  peu  d'impdrtance  à  son 

évasion. 

Ils  étaient  encore  rassemblés ,  lorsqu'on  vint 
les  avertir  que  Saint  -  Just  occupait  la  tri- 
bune ,  dénonçait  et  accusait  les  membres  du 
comité  de  salut  public.  Cette  séance  avait  com- 
mencé avec  calme  :  on  s'était  occupé  d'affaires 
générales;  on  semblait  s'observer,  s'attendre; 
plus  on  sentait  que  l'attaque  devait  être  déci- 
sive, plus  on  craignait  de  donner  au  hasard.  Le 


378  HlSTQfRE       DE      FRANCE, 

yniEi^.  temps s'écoulaii:,  >et  peutrêtre  les  plus  intére^isçs  ^ 
trop  peu  surs  a. être  soiitpnpa  ♦  eussepf  laissa 
lever  la  séance  ,  sans  afvoir  osé  entreprendre. 
Jl,a  fougue  iinpfiidente  de  Saint-J^ist. marqua  le 
Kiom^nt  prêt  à  8*échappçr,  Il  monta  à  la  trl- 
.  bupe  ,  et  commença  ce  piçipç,  rapport  que  lu^ 
avaient  surpris  les  membrqs  ^«;  comité  ;  avertis  » 
ils  accoururent ,  et  Tallien  Tinterrompant  : 

i<  Auçuo  bon  citoyen ,  dit^il ,  ne  peut  retenir 
/<  ses  larmes  sur  le  sort  malheureux  auquel  la 
^  chose  publique  est  abandonnée  ;  hier ,  up 
«  membre  du  jçDnvernement  s'en  est  isolé;  on 
«  ne  voit  que  divisipn;  on  vient  s'attaquer,  agr 
4<  graver  les  maux  de  la. patrie.,  la  précipiter 
it  dans  Fabyme.  Je  demande  que  le  rideau  soit 
t<  entièrement  déchiré.  » 

BillaAid-Varennes  preod  la  parole  :  «  Hier  » 
4ê  la.société  des  jacobins  était  remplie  d'homrnes 
€<  apo^tés^  poisqu'aucun  n'avait  de  carte  ;  hier 
«  on  a  développé  dans  cette  société  l'intention 
«c  d'égorger  la  convention  natioriale.  »  (II  s'élève 
un  mouvement  d'horreur).  «  Hier,  j'ai  vu  des 
«  hommes  qui  vomissaient  ouvertement  les  in- 
«  fomies  les.  plus  atroces  contre, ceux  qui  n'out 
«  jamais  dévié  de  la  révolution. 

«  Je  vois  sur  la  montagne  un  de.ces  hommes 

,   «  qui  menaçaient  les  représentants  du  peuple; 

«  le  voilà.. .  . ,  >>  (Cet  homme  fut  saisi  et  en- 


DEPUIS    LA    RÉVOLUTION.  879 

trathé  hors  de  la  s'alle  au  milieu  des  applaiidis-  vm^p. 
seménts).  ^  ^„  ^^ 

Ce  mouvement  des  tribunes  donna  de  l'as- 
surance ,  et  l'orateur  continua  :  «  Le  moment 
*€  de  dire  la  vérité  est  arrivé.. . .  Je  m'étotane 
«  de  voir  SaintJûst  à  la  tribune  après  ce  qui 
a  s'est  passé  ;  il  avait  prpmis  aux  deux  comités 
«  de  leur  spumettre  la  sanction,  de  àon  discours 
«  avant  de  le  lire  à  la  convention,  et  même  de 
«  lé  supprimer.. .; .  L'assemblée  jugerait  mal 
«c  lesévénementsetla  position  où  elle  se  trouve, 
«  si  elle  se  dissimulait  qu'elle  est  entre  deux 
«  égorgements  ;  elle  périra  si  elle  est  Faible.  » 
Non  y  non  j  ^'écne^t'On  de  toutes  parts.  Alors 
les  chef^  de  l'entreprise  purent  croire  qu'ils  se* 
raient  secondés.  .  ,    .•      . 

Lêbas demanda  la  parole,  et  né  put  l'obtenir. 

Billaud^Yarenries  Continua  :  «  Vous  frémheK 
«  d'horreur  quand  vous  saurez  Ja  situation  ou 
<c  vous  êtes  ,  quand  vous  saurez  que  la  force 
«  armée>est  confiée  à  des  mains  parricides.. . . 

«  Vous  frémirez  d'horreur  quand  vous  sau- 
<e  rez  qu'il,  est  un  homme  qui  ,  lorsqu'il  fut 
«  question  d'envoyer  les  représentants  du  peu- 
«  pie  dans  les.  dépaitefaents  ,  ne  trouva  pas 
«  sur  la  liste  vingt  membi^es  qui  fussent  dignes 
«  de  cette  mission.  >»îCe  mot  d'apropos  indigna 
l'assemblée*'/.  ..v/i;    .  .••!.  .,. 


38o.        HISTOÎREDE     FKAKCE, 

nnEp.      Il    accusa   ensuite    nomînativetnent    Robes- 

1793-       ^  jy       '  '  I  j  * 

An  a.    picre  cl  avoir  sauve  un  homme   dénonce  par 

les  comités,  pour  avoir  volé  une  somme  de 

cent  quatorze  mille  liv.  «  Il  est  i«fàme«  dit-if, 

«  çle  parler  de  justice  et  de ^ertu, quand  on  les 

ià  brave ,  et  quand  on  ne  s'erhale  que  lorsqu'on 

«  est  arrêté  ou  contrarié.  » 

Robespierre  s'élança  à  la  tribune  ;  mais  il  dut 
croire  que  son  heure  était  arrivée. 

On  cria  dé  toutes  les  parties  de  la  salle ,  à  has^ 
à  bas  le  tj'ran. 

Alors  TaUen.,. . . . 

«  Je  demandais  tout-à-rheure  qu'on  déchirât 
«e  le  voile  ;  je  vois  qu'il  l'est  entièrement.. . . 
*  Les  conspirateurs  sont  démasqués  ,  bientôt 
«  ils  seront  anéantis,  et  la  liberté  triomphera. 
«  L'ennemi  de  la  représentation  nationale  va 
«  >tomber  soiTs  ses  coups.  Je  n'ai  gardé  le  silence 
«  que  parce  que  je  savais  d*un  homme  qui  ap- 
«  prochaît  le  tyran  qu'il  avait  formé  une  liste 
«  de. proscription  ;  je  n'ai  pas  voulu  récrimi- 
«  ner;  mais  je  vî?  hier  là  séance  des  jacobins. 
«  J'ai  frémi,  pour  ma  patrie  ;  j'ai  vu  Par- 
«  mée  du  nouveau  Gromvvel  ;  et  je  me  suis 
i<  armé  d'un  poignard  pour  lui  percer  le  sein, 
«  si  l'as.semblée  nationale  n'a  pas  le  courage 
«  de  le  décréter  d'accusation.. . . .  Accusons-le 
<f  avec  la  loyauté  du  courage  devant  le  peuple 


r 


V 


An 


DEPUIS     LA     RÉVOLUTION.     38l 

«f  français. • .  •.  J'appelle  tous  lès  vieux  amîs  dç  viiiFp. 
4t  la  liberté,  tous  les  aûciejas  jacotnos,  tous  les 
f<  patriotes^qu  ils  coocourent  avec  cous  à  sauver 
«  la  liberté. 

«  Robespierre  voulait  tour-à-four  nous  atla- 
«  quer,  nous  isoler,  et  entin  il  serait  resté  ua 
«  jour  seul  avec  les*homa>es  crapuleux  et  per- 
c<  dys  de  débauche  qui/le  servent  Je  demande 
i<  que  le  glaive  cje  la  loi  assure  notre  révolu- 
«  tjon ,  et  quCv  nous  ordonnions  l'arrestation 
«c  de  ces  créaiwes.  ^  . 

On  obtint  jd'j^Jbord  aiséipent  l'arrestation  des 
principaux  agents  de  Robespierre  et  d'une  par- 
tie.de  son  é^t-major.  Furieux,  alqrs,  il  voulut 
s'emparer  de  la  tribune. 

Un  de  sesi  collègues  lui  cria  :  <c  Tu  ne  par- 
«  leràs  pas ,  le  satig  de  Danton  retombe  sur 
kc  ta  tête  ;  il  coule  dans  ta  bquche.;  il  t'étouffe.  *> 

Il  fit  encore  de  vains  efforts.  La  parole  fut 
dppnée  à  Bar^ ère  qui ,  au  nom  des  comités,  con- 
clut à  ^estjtv.er  sur  le  chanjp  le  commandant 
dç,  la  garde  nfiitiopale.  Henriot ,  et  à  ,rendre  les 
maice  de  Paris  JiespoDsable  çleja  sûreté  dç  la 
çonVjBnjtion  |i^tion4j.e..On  adressa  en  même  temps 
une  proclamation  au  peuple. 
^  Vadier  reprit  la  discu€sipn ,  rés^ima  tous  les 
chefe  d'accusation  contre  Rob^pierre,  cita  des 
faits I  des  discours ,  des  libt^s  dressées;  il  cita 


382  HISTOIRE    CE    FllANCE,' 

viiiEp.  yne  lettre  de  ce  même  anglais  que  Robespierre 
'^^^*    avait  voulu  d'abord  livrer  au  tribunal,  et  qu'il 
avait  ensuite  envoyé  a  GeneVe  avec  un  passe- 
port. , 

Il  l'accusa' d^attacher  cïes  éspons  aux  repré- 
sentants, et  ^nomma  celui  qu'il  savait  être  atta- 
ché spécialement  à  lui.  v 

Vadier  Siécartatf t^  dans  cette  gmnde  cause  du 
but  principal',  avait  excité  le  rire  même  au  mi- 
lieu du  tu  n^uk^»  •' 

Tallien  se  hâta  d'arrêter  Peffetelè  cette  dis*' 
traction  dangereuse  ;  il  ralâéDâ  l'attention  de 
rassemblée  ^ui'"  la  séance*  qui  s'était  tenu  k 
veille  aux  îacobiosyoù  la  destruction  de  la  con- 
vention avait  été  décidée. 

•  On  démanda  alors  le  décret  d'accusation  contre 
RobespierrCi  .....;•- 

Se  voyant  abandonné,  même  dés  siens,  il 
leur -cria  :  Vous  êtes  des  /^2c/?e^ /- et ^se  tour- 
nant vei-s  le  côté  droit  de  la  salle  :  Eh  bien^  dit- 
il  ,  /c  m^adtesse  à  la  ^yertu^  en  tendant Hea? 
bras  vers  cette  partie  de  l'assemblée!  mais  l'iii- 
dignation  repoussa  sa  prière.  11  s'emporta  alors 
&i^  invectives  contre  le  président  et  coiitre  ses 
collègues.  ,.  '        • 

Frappé  du  coup  imprévu  ,-  sa  fvirèur  môtne 
succomba  sous,  le  poids  de  l'animadverbion-pu-» 
bli<Jue;.  il  se  vit  seul  abandonné  et  proscrit -jwr 


DEPUIS    LA    RÉVOLUTION.      383 

la  Yoîx  générale.  Ses  dernières  paroles  eptehdues  viiiTîp. 
tarent,  les  brigands  triomphent )  'rarrestation     *^^^* 
fut  décrétée  à  Pananîmité ,  et  avec  lui  son  frère', 
Saint-JustjCouthonét  Lebas,  et  ils  descendirent 
à  la  barre. 

Ces  grands  et  terribles  personnages  liumiKés. 
et  défaits  en  imposaient  encore. 

Il  fallut  que  le  président;  réitérât  plusieurs  fois 
Tordre  aux  hui.^siers  d'exécuter  le  décret  d'ar- 
restation ;  enfin  les  accusés  furent  conduits  dans 
le  lieu  des  «éancés  du  comité  de  sûreté  gêné-  , 
raie.  Les  membres  en  furent  aussitôt  appelés , 
et  à  ce  signal ,  qui  annonçait  que  Tarrêt  de  déten- 
tion était  exécuté ,  des  applaudissements  s*éle^ 
vèrént  de  tous  les  côtés  dans  la  salle. 

Cependant  au- dehors  d'autres  mesures  se  pré- 
paraient contre  celles  que  venaient  dé  prendi*è 
l'a  conventioti.  "   •'' 

Tout  ce  qui  s'y  passait  se  répandait  rapidement 
dans  Paris.  /  : 

Aux  premières  nouvelles  du  danger  de  Robes* 
pierre,  les  jacobins  s  étaient  réunis,  te  conseil* 
*généial  s'était  rassemblé  à  la  Maisou-iCommune. 
Heniiot  avait  réuni  les  troupes  à  ses  ordres.  Tout 
ce  qui  se  qualifiait  exclusivement  de  patriotes 
s'était  porto  dans  les  sections  ,  et  de  là ,  par  des 
émissaires,  essayèrent  de  soulever  les  ouvriers 
employés  à  Grenelle,  et  le  camp  des  jeunes 


\ 


S04        ^  ï  s  T  Q  IRE     DE    i  HA  N  CE, 

viUBp.  soldats  quQ  Ton  avait  formé  à  la  plaine  des^ 
^^^  ■  Sablons.  Les  groupes  se  formaient  dans  Içs 
rues  ;  tout  annonçait  une  guerre  civile  prête 
à  s'allumer  dans  la  capitale,  et  sans  doute  elle 
aurait  commencé,  si  Robespierre  et  ses  parti- 
sans eussent  fait  usage  de  leurs  forqes  armées 
et  de  leurs  moj^ens  politiques  ;  mais  la  têtp  et 
le  cœur  leur  manquèrent  à  la. fois*  I^eur  dé- 
faut de  conduite  et'  de  courage  fut  le  salut 
de  tous. 

.  Du  coniiité  de  sûreté  générale^  où  d'abord 
Robespierre  avait  été  détenu ,  il  fut  transféré 
au  Luxembourg  ;  là ,  Iç  zèle  imprévoyant  de  se?^ 
ixartisans  assura  sa  perte.  S'il  eût  été  reçu,  }e 
cours  ordinaire  de  la  justice  commençait  pour 
lui,  et  les  lenteurs,  que  ses  amis  eussent  faci- 
lement prolongées ,  leur  donnait  le  temps  de 
déployer  tous  leurs  moyens  ;  ils  étaient  encore 
immenses.  Comme  Marat ,  Robespierre  eût 
peut-être  été  jugé,  acquitté,  et  ramené  en 
triomphe  à  sa  pkce  dans  l'assemblée  des  repré- 
sentants. _ 

Les  préposés  à  la  garde  des  prisonniers  du 
Luxembourg  ,  refusèrent  de  recevoir  Robes- 
pierre, ils  n'osèrent  pas  se  reconnaître  ses  gar- 
diens, et  la  voiture  qui  le  conduisait,  le  mena 
à  la  Maison-Commune.  En  y  arrivant,  son  es- 
prit était  tellement  troublé  que ,  ne  sachant  où 

il 


793^ 
Aaa» 


DEPUIS    LA    RÉVOLUTION.        385 

H  était,  dès  qu'il  vit  la  portière  ouverte ,  il  fit  vniEp 
des  efforts  pour  se  dégager  de  ses  gardiens  qui  *^^  * 
ne  s'opposaient  point  à  sa  sortie.  En  descen- 
dant de  la  voiture,  pâle,  égaré,  il  fut  reçu 
dans  les  bras  de  plusieurs  membres  de  la  com- 
mune. Un  d'eux,  {voyant  son  trouble,  lui  dit  : 
<c  Kassure-toi  donc ,  Robespierre ,  te  voilà  au 
4c  milieu  de  tes  plu§  fidelles  amis.^  ^ 

On  le  porta  dans  la  salle,  où  des  acclama*- 
tîons  l'accueillirent;  mais  où  le  temps  se  perdit 
à  délibérer. 

Robespierre  même  frappé  de  vertige  et  de 
stupeur,  ne  Ht  entendre  que  quelques  vaines 
déclamations. 

Mais  Robespierre  abandonné  de  lui-même , 
ne  l'était  pas  de  ses  adhérents.  La  convention 
s'était  réunie  à  sept  h^eures  du  soir.  Plusieurs 
députés  se  plaignirent  d'avoir  été  arrêtés  dans 
les  rues.  Bientôt  on  vint  annoncer  qu'Henriot» 
que  cinq  gendarmes,  le  sabre  à  la  main,  avaient 
arrêté  après  un  combat  avec  ses  aides-de-camp  » 
venait  d'être  enlevé  du  comité  de  sûreté  gé- 
nérale par  douze  cents  hommes  armés ,  soute- 
nus d'un  escadron  de  gendarmerie.  En  nqiêfne. 
temps  le  tocsin  sonnait  à  la  Commune.  Le  jar- 
din des  Tuileriet)  se  remplissait  d'un  peuple  que 
partageait  déjà  l'opinion,  ei  qu'un  événement, 
uij  niwt,  pouvait  tourner  contre  la  convention. 

Tome  ir.  a5 


a» 


386  BIS.TOIRE*    DE   FR.A19CE, 

YHiEp.  Le$  capopniers  avaient  déjà  tourné  leurs 
'^^  *  pièces  contre  le  lieu  de  sa  séance.  Une  force 
armée  s'organisait  à  la  commune  ,  qui  s'était 
déclarée  en  insurrection.  Elle  avait  ordonné 
de  fermer  les  barrières ,  et  faisait  circuler 
dans  les  sections  une  invitation  pressante  de  se 
réunir  à  elle,  Uorage  grossissait  à  tous  mo- 
ments ;  et  si  Henriot  se  fût  mis  à  la  tête 
de  la  troupe  armée  qui  venait  de  le  délivrer^ 
et  eût  marché  sur  l'assemblée  nationale  y  où 
nul  moyen  prompt  de  défense  n'était  préparé  » 
il  y  eût  été  le  maître  par  la  teiTeur  ou  par  la 
violence.  Mais  cette  même  réunion  d'hommes 
de  loi  qui ,  peu  de  jo|lrs  avant,  fléchissait  sous 
le  pouvoir  d'un  homme,  déploya  tout-à-coup 
un  grand  courage  et  une  grande  énergie  ;  elle 
opposa  la  fermeté  de  magistrats  dévoués  et 
inHexibles  à  la  turbulence  emportée  d'une  foule 
égarée. 

Au  moment  où  Collot-d'Herboîs ,  se  plaçant 
au  fauteuil ,  annonçant  l'invasion  des  comités 
et  la  délivrance  des  détenus ,  dit  :  «  Citoyens  ^ 
«  voici  le  moment  de  mourir  à  notre  poste , 
«c  des  scélérats ,  des  hommes  armés  ont  envahi  le 
«  comité  de  sûreté  générale,  et  s'en  sont  em- 
<«  paré.  »  Les  tribunes  et  une  partie  de  la  salle» 
s'écrièrent  :  Allons^j^  et  sortirent  ;  mais  à  l'in- 
stant on  vient  avertir  que  Henriot ,  conduit  en 


■ — .-J  .-  i      -J 


Depuis  la  révolution.     887 

triomphe ,  s'était  réuni  avec  Robespierre  aux  vniBp; 
officiers  municipaux  de  la  commune.  L'asôem- 
blée ,  sans  balancer,  les  mit  hors  la  loi. 

Amar  entra  précipitamment ,  et  annonça 
qu'Henriot  était  sur  la  place  du  Carrousel ,  ha- 
ranguant le  peuple.  On  le  mît  aussitôt  hors  la 
loi.  Mille  voix  s'écrièrent  au  dehors .:  «  Arrê* 
M  tez  Henriot,  il  est  hors  la  loi.  »  Henriot  ef« 
fraj^é  quitta  le  champ  de  bataille,  et  se  sauva 
à  la  Commune.  Là  s'organisait  encore  un  nou- 
veau plan  de  défense.  X.a  force  qui  leur  restait 
était  '  nombreuse  i  la  nuit,  le  désordre  et  la  ra- 
pidité des  mouvements  qui  permettait  à  peine 
d'éclairer  le  peuple  incertain  ,  tout  les  favo- 
risait.      A  .  .. 

La  convention  nomma  un  commandant  de  la 
force  armée,  ce  fut  Bai*ras.  On  lui  adjoignit 
sur  sa  demande  six  commissaires  ^  Fréron,  Ro- 
vfere  ,  Léonard  Bourdon ,  Bourdon  de  l'Oise  » 
Bolleti.,  Ferraud.  Ces  hommes  i  en- ee'  jour, 
méritërerït  bien  de  la  France ,  en  se  chargeant 
de  son  soi't,  que  le  reste  de  la  nuit  allait  dé- 
cider. 

Cependant  d'autres  députés  furent  envoyés 
dans  les  sections  ;  partout  ils  prirent  corps  à  corps 
les  émissaires  de  la  commune  ;  et  Ifs  mesurça 
énergiques  que  la  convention  venait  de  prendre, 
lui  rallia  les  esprits;  Une  ptx^elamation  fut  pu** 


1793 
An  a* 


388  HISTOIRE     DE    FRANCE,     * 

viiiEp.  blîée  aux  flambeaux  ;  tandis  que  Barrère ,  à  la  trî-- 
buné,  développait  les  trames  d'un  complot  ourdî 
sans  doute  depuis  longtemps,  mais  dont  les  cir- 
constances précipitaient  les  résultats,  le  succès 
de  cette  journée  fut  dû  à  la  rapidité  des  mou- 
vements qui ,  ne  laissant  aucun  moment  à 
l'intrigue,  abandonnèrent  le  peuple  à  lui-même. 
Le  rapport  de  Barrère  fut  terminé  par  un  dé- 
cret qui  ajoutait  toutes  les  mesures  de  pru- 
dence-, de  précaution  et  de  nécessité  que  les 
circonstances  pressantes  exigeaient. 

Le  décret  défendit  de  fermer  les  barrières, 
de  convoquer  les  sections ,  et  mit  hors  la  Ipî 
tous  les  fonctionnaires  publics  qui  donneraient 
des  ordres  pour  diriger  une  force  armée  contre 
la  conA'^otion  ,  et  tous  ceux  qui ,  frappés  d'ua 
décret  d'arrestation ,  s'y  seraient  soustraits.  La 
proclamation  fut  lue.  Bardas,  les  commissaires 
rentrèrent  ensuite,  et  rapportèrent  des  nou- 
velles plus  rassurantes  «ur  la  disposition  géné- 
rale des  esprits,^ 

<i  Mais,  dit  Fréron,  les  moments  sont  pré- 
«  cieux ,  il  faut  agir  ;  Barras  est  allé  prendre 
«  les  ordres  des  comités  ;  nous  autres ,  nous 
«  allons  marcher  contre  les  rebelles,  nous 
f<  sommerons ,  au  nom  de  la  convention ,  de 
«  nous  livrer  les  traîtres  ;  et,  s'ils  refusent  , 
H  ;îous  réduirons  en  poudre  cet  édifice.  »  On 


DE  FUI  s    LA    RÉVOLU  TiaiT.       889 

s^écrra  de  toutes  parts,  oui^   oui ^  et  le  pré-  V1UK^ 
sident  dît  :  «  J'invite  mes  coHégnes  à  partir 
«f  sur  le  champ,,  afin  que  le  soleil  ne  se  lève 
«  pas  avant  que  la  tète  des  conspirateurs  soit 
«  tombée.  >► 

Uévénement  était  encore  incertain  lorsque 
l'assemblée  applaudissait  à  ces  paroles* 

A  trois  heures»  dti  matin,  deux  députés,  ac- 
compagnés d*uBe  force  armée  des  sections  des 
Graviliers,  des  Arcis  et  des  Lombards  et  d'ui> 
appareil  dliuissiers,  de  flambeaux  et  de  canons > 
se  portèrent  sur  la  place  de  la  Maison-Commune 
où  la  multitude  amoncelée  et  encore  incer- 
taine, attendait  les  événements. 

La  proclamation  fut  hie,  et  Te  décret  qui 
mettait  le  conseil  municipal  hors  de  la  loi ,  fut 
proclamé.  Cet  acte  avait  déjà  sufR  pour  faire  re- 
tirer les  canonniers ,  que  le  cortège  avait  trouvés 
postés  sur  le^quais»^  Léonard  Bouidon,  rassuré 
par  la  neutralité  dé  la  foule  qui  venait  d'en- 
tendre la  lecture  du  décret ,  parhl,  le  sabre 
dans  les  dents  et  deux  pistolets  à  la  main,  suivi 
de  quelques  hommes  déterminés  ,  \\  monta  les 
degrés-  de  la  Maison-Commune,  et  força  l'en- 
trée de  la  salle  où  les  municipaux  délibéraient; 
à  cet  aspect,  tout  se  dispersai  tout  fuit  ;  ils  f^a- 
vaient  qu'ils  avaient  été  mis  hors  la  loi  ,  et 
QQit^  arme  terrible  qui  déjà  leur  avait  ôté  une 


SçO        H  I  s  T  O  I  R  E    D  »    F  R  A  N  C  E> 

Viiiisp.  partie  de  leur  force  auxiliaire ,  les  frappa  de 
'^^  '  jStupeur.  Sans  oser  se  mettre  en  défense ,  le 
jeune  Robespierre  se  jeta  par  une  fenêtre ,  et 
se  cassa  un  bras  et  une  jambe.  Coutbon  se  donna 
deux  coups  de  couteau.  Henrîot  fut  précipité  du 
haut  de  Tescalier  par  Cofinhal  ;  et ,  meurtiT  et 
brisé ,  se  traîna  dans,  un  égoût  d'où  des  gen- 
darmes Tarrachèrent.  Robespierre  reçut  un  coup 
de  pistolet  à  la  mâchoire  inférieure ,  et  fut  porté 
dans  un  fauteuil ,  en  cet  état ,  à  la  porte  d^  la 
convention. 

Le  président  dit  :  ^  Le  lâche  Robespierre  est 
«  là  ;  vous  ne  voulez  pas  qu'il  entre  ?  »  On 
s*écrîa  :  Non,  non.  Il  fut  transporté  au  comité 
de  sûreté  générale ,  et  étendu  sur  une  table  ; 
là ,  sanglant  et  défiguré ,  dans  ce  lieu  même  où 
il  avait  si  longtemps  dicté  ses  volontés ,  il  eut 
à  souffrir  tous  les  tourments  de  l'ame  et  du 
corps ,  entouré  de  se^  vainqueurs  qui  n'échap- 
paient à  leur  perte  mie  par  la  sienne,  essu3rant 
les  reproches  que  re  ressentiment  daignait  lui 
adresser,  et  pouvant  entendre  au  dehors  les  cris 
d'alégresse  qui  célébraient  sa  destruction  j  il 
resta  ainsi  deux  heures,  soutenant  sa  mâchoire 
détachée  avec  sa  main  et  des  linges  sanglants  ; 
soit  affaissement  des  faftultés  physiques,  soit 
aliénation  des  facultés  intellectuelles  boulever- 
sées et  anéanties  ^  il  ne  donna  aucun  signe  de 


I^EPUIS    LA    RÉVOLUTION.       Sçf 

soufSrdDce&  corporelles ,  aucun  accent  doiilou»  ^^^^f' 
reux  ne  loi  échappa;' on  le  porta  ensuite  dans    ^^^ 
l'hospice  général ,  où  Tart  mit  un  appareil  à  ses 
blessures ,  et  de^là  dans  un  cachot  de  1»  Con- 
ciergerie^ où  il  attendit  le  bourreau. . 

L'ordre  avait  été  donné  en  mêna^  temps,  ait 
tribunal  révolutionnaire  d^exécuter  sans  àélaî 
le  décret  qui  mettait  \ei  détenus  hors  la  laij 
ils  y  furent  conduits^  et  Tidentité  des  personnes 
fut  la  seule  formalité  à  remplir  le  soir  du  même 
jour.  La  même  voiture  qui ,  si  souvent  avait 
traîné,  par  les  ordres  de  Robespierre,  les  in- 
fortunées victimes  au  supplice ,  l'y  conduisit  aux 
acclamations  d'un  peuple  immense  ;  il  put  encore 
entendre  longtemps  les  injures  et  les  imprécations 
de  ceux  qui  lui  redemandaient  lentrs  parents  et 
leurs  amis.  Si  son  a  me  conserva  encore  le  sen- 
timent de  son  existence,  il  fut  lentement  abreuvé 
dans  la  coupe  amère  de  l'indignation  publique  ; 
enfin ,  parvenu  à  Féchafaud ,  l'exécuteur ,.  après 
lui  avoir  arraché  avec  violence  l'appareil  qui 
couvrait  ses  blessures ,  le  livra  quelque  temps  ^ 
pâle ,  défiguré  et  sanglant ,  aux  regards  de  la 
multitude,  et  termina  eon  supplice.  Avec  lui 
furent  exécutés  son  frërç ,  Couthon ,  Lavallete-, 
Henriot,  Dumas,  président  du  tribunal  révolu- 
tionnaire, Vibîers,  président  des  jacobins,  Fleu- 
l'iot,  maire  ée  Paris,  Bernard ,  Simon  ^  en  tout 


»1 


^       3^5?     H  I  s  T  O  I  R  É.  D  E    FR  A  N  C  E  , 

vniEp*  vingt-deux  ;  et  telle  était  la  terreur  qu*ils  inspî- 
2^  '  raient  encore  la  veille ,  qu'au  montent  du  dé* 
cret  qui  mettait  Robespierre  en  arrestation , 
^plusieurs  voitures  chargées  de  victimes,  ayant 
été  abandonnées  par  les  gendarmes  qui  les  es- 
cortaient ,  et  qu*Henriot  avait  rappelés  à  lui , 
les  exécuteurs  laissèrent  inutilement  voir  le  dé- 
sir qu'on  leur  fît  une  sorte  de  violence  pour 
délivrer  les  condamnég  ;  ils  achevèrent  leur  route 
et  subirent  leur  sort. 

La  convention  avait  de  pressants  motifs  pour 
hâter  le  sort  des  grands  coupables  qu'elle  ve- 
nait d'abattre  et  de  saisir.  Quoique  Legendre 
marchant  au  lieu  où  se  tenaient  les  séances  des 
jacobins , eneût  chassé  ceux  qui  s'y  trouvaient, 
et  qu'il  en  eût  rapporté  les  clefs  sur  le  bureau 
de  la  convention ,  quoique  la  dispersion  de  leur 
parti  parût  complète,  cependant  une  politique 
prudente  vit  qu'il  était  dangereux  de  laisser 
l'espoir  survivre  à  la  défaite ,  et  qu'il  fallai  t  se 
hâter  de  faire  tomber  Ces  têtes  auxquelles  tant 
d'hommes  avaient  consenti  ou  avaient  été  forcés 

• 

d'attacher  leurs  destinées.  Longtemps  après  en- 
core l'assemblée  eut  à  lutter  contre  l'hydre  dont 
elle  avait  abattu  les  plu?  fortes  têtes.  La  dé- 
pouille de  Robespierre ,  quoique  sanglante  et 
lacérée ,  tenta  encore  des  ambitions ,  et  son  ombre 
n'abandonna  pas  d'abord  les  lieux,  où  il  avait 
régné. 


DEPUIS    LA    DÉVOLUTION.      3^Z 

Maïs  avant  de  dire  les  suites  de  cette  journée  vin«|^ 
du  9  thermidor ,  célèbre  dans  les  annales  de  la   ^^ 
France ,  et  d'où  elle  eût  pu  dater  Tan  du  ^lut   pièces 
de  la  chose  publique,  il  convient  de  reprendre  '"Jfvê/** 
Tordre  des  événements  militaires  que  les  grands   "'^  *• 
résultats  politiques  ont  obligé  d'interrompre. 

Les  armées  reçurent  avec  assez  d'indifférence 
l'adresse  de  la  convention ,  qui  les  instruisait  deg 
événements  du^p thermidor.  Le  soldat, tout  dé- 
voué à  la  guerre  et  à  la  république,  s'intéres- 
sait peu  au  sort  de  ceux  qui  prétendaient  la 
gouverner  dedans  ,  ^t  mettait  peu  d'importance 
à  leurs  querelles.  Rien  ne  changea  dans  les 
opinions  des  armées ,  et  le  comité  de  salut  pu- 
blic ,  qui  le«r  donnait  des  ordres  >  fut  renouvelé 
sans  que  ce  nouvel  ordre  de  choses  qui  chan- 
geait tout  au  dedans ,  opéra  aucune  commotion 
au  dehors. 

Les  d^ux  armées  du  Nord  occupèrent  en- 
core leur  position ,  entre  Liège  et  Anvers ,  où 
Pichegru  méditait  déjà  l'invasion  et  la  conquête 
de  la  Hollande ,  que  les  victoires  précédantes 
promettaient. 

Les  armées  du  Rhin  et  celle  de  la  Moselle 
avaient  aussi  coopéré  au  loin  à  ces  grands  suc- 
cès, par  une  diversion  active  qui  retenait  toutes 
les  forces  dont  l'ennemi  eût  pu  disposer  pour 
porter  de  puissants  secours  dans  la  Belgique. 


30  mtu 


S94         H  I  S  TO  IR  É     T>  E    Fît  A  NCE, 

viiiEp.  Tandîè  que  Ifes  progrès  rapides  et  imprévus 
*^^  '  de  rarmée  du  Nord  l'avaient  rendu  n>aître  dn 
cours  de  TEscaut  et  d'une  partie  dte  la  Flandres 
autrichienne ,  les  armées  combinées  de  Prusse 
et  d^Autrîche ,  commandées'  par  le  vieux  gé- 
néral Mœlendorf  et  par  le  duc  de  Saxe  Tei- 
chen ,  avaient ,  à  l'ouverture  tardive  de  la  cam- 
pagne ,  passé  le  Rhin  à  Manheim ,  et  tenté , 
dans  le  Palatinat^  une  diversicui  qui  força  les 
Français  d'j^  rappeler  les  nombreux  renforts  en- 
voyés aux  armées  du  Nord,  ou  du  moins  de 
retenir  ceux  qui  y  étaient  encore  destinés. 
Une  prertiiëre  attaque  combinée  sur  toute  la 
ligne  des  Français,  qui,  traversant  les  mon- 
tagnes des  Vosges ,  s'étendait  depuis  Kaiserlau- 
term  à  Spire,  avait  en  partie  réussi.  L'armée 
du  Rhin  qui  formait  la  droite  de  cette  ligne  de 
vingt  lieues  d'étendue ,  avait  d'abord  repoussé 
les  premiers  efforts  des  Impériaux;  mais  les 
succès  des  Prassiens  à  la  gauche ,  vers  Hoch- 
Speyer  et  Fîchbach  ,  avaient  forcé  de  retirer 
l'armée  sur  Pîrmazens ,  ensuite  sur  Bh'ecastel , 
derrière  la  Sarre ,  et  d'abandonner  le  pays  des 
Deux-Ponts;  cette  rèti!*aite,  devant  des  forces 
très-supérieures,  se  fit  avec  ordre,  et  fit  hon- 
neur au  général  Sâiht-Cyr  Gouvion,  qui  com- 
mandait dans  cette  partie.  .Alors  la  communi- 
catioa  entre  les  deux  armées  de  la  Moselle  ei 


DEPUIS    LA    REVOLUTION.     2ç5 

du  Rhin»  se  trouvant  interceptée, celle-cî  avaît  vin^; 
dû  se  replier  à  la  hauteur  de  l'autre,  et  aban-    *^^^\ 
donnant  les  lignes  de  défense  de  fe  Queîch ,  elle 
s'était  portée  <ierrière  celle  de  la  Lauter.  Les 
alliés  restèrent  ainsi  maîtres  de  la  plaine  du  Pala- 
tînat  et  des  montagnes.  Mais  lorsque  les  succès 
de  Picbegru  eurent  ptermis  de  porter  des  ren- 
forts dans  cette  partie  ,  le  comité  de  salut  public 
ordonna  de  reprendre  Toflènsive ,  et  toutes  les 
dispositions  furent  faites  pour  rentrer  dans  le  • 
pays  abandonné ,  et  faire  repasser  le  Rhin  aux 
alliés.  Ce  grand  mouvement,  qui   finit  par  la 
prise -de  Trêves,  s'effectua  vers  la  fin  de  mes- 
sidor. 

'  L'attaque  fut  disposée  sur  toute  la  ligne  de-  amesi. 
puis  Lamdstuhl  et  la  Lauter  jusqu'au  Rhin.  La 
.-division  de  droite,  conduite  par  le  général  Des- 
r^îx,  devait  agir  dans  les  gorges  deà  montagnes; 
et  ce  qui  ne  devait  être  qu'une  fausse  attaque , 
décida  par  ses  succès  Celui  de  ces  trois  journées.  aSmes*. 
Cette  division  fut  d'abord  repoussée  le  premier 
jour  des  villages  de  Frechbac  et  Freimersheim  ; 
^lles  les  emportia  le  lendemain. 

La  division  du  centre  attaqua  alors  les  rétran-  a^mesu 
chemerïtç  prussiens  qui^  couvrait  le  Platzberg  , 
baute  montagne  du  pays  des  Deux-Poots,  et  qui 
défendait  l'entrée  des  passages  des  Vosges }  les 
bataillons  l'emportèrent  à  la  baïonnette,  après 


3g6  HISTOIRE    DE     FRANCE; 

ViUEp.  huit  assauts  renouvelés.  La  lassitude  céda  à 
^^^  *  l'opiniâtreté ,  et  les  Prussiens  se  retirèrent  sur 
le  poste  de  Tripstat.  Les  généraux  Sisce  et  De-r 
granges  conduisaient  cette  attaque. 
47 mes*.  Le  jour  suivant,  la  colonne  de  gauche  dé- 
passa la  droite  des  Prussiens ,  et  se  porta  jus- 
qu'au village  de  Mertenzée.  Ce  mouvement 
obligea  les  Prussiens  à  abandonner  le  poste  de 
Tripstat,  aprçs  une  longue  résistance  ;  alors  tous 
les  passages  étant  forcés ,  le  généjal  Mœleni- 
dort*  ordonna  la  retraite ,  et  le  fit  savoir  aux 
généraux  de  l'Empire  qui ,  voyant  leur  droite 
découverte,  se  décidèrent  à  repasser  le  pont  de 
Spire. 

L'armée  du  Rhin  avait  effectué  ses  moiïve- 
ments  en  même  temps  que  celle  de  la  Moselle, 
le  poste  de  Schiferstat  avait  été  longtemps  at- 
taqué et  défendu  .avec  une  égale  opiniâtreté, 
et  fut  enfin  abandonné  par  les  Autrichiens ,  lors- 
qu'ils furent  instruits  de  la  retraite  de  l'armée 
prussienne». 

Les  succès  constants  de  ces  trois  journées 
remirent  les  Français  en  possession  du  Palatinat; 
et  les  riches  récoltes  de  cette  belle  contrée 
furent  encore  une  fois  moissonnées  par  l'épée 
répubh'caine. 

La  sévérité  des  lois  militaires  et  la  rigueur 
forcée  du  gouvernement,  assuraient  la  réussite 


DEPUIS    LA    RÉyOLUTÎoK*         S97 

des  entreprises  et  contenaient  la  malveillance.  viîiEp; 
Le  premier  jour  des  attaques  combinées,  un    ^^^^* 
officier  d'ctat-major,  accusé  de  faiblesse  ou  de    ^"  *• 
trahison,  fut  condamné  sur  place  à  être  fusillé, 
et  prévenant   l'exécution  de  son  jugement,  se         # 
tua.  Une  petite  ville  du  Palatinat,  dénoncée  et 
convaincue  comme  dépôt  de  fabrication  de  faux 
assignats,  fut  réduite  en  cendre.  On  ne  donna 
qu'une  demi-heure  pour  sauver  les  vieillards,  les 
enfants  et  les  malades. 

La  campagne  n'était  pas  terminée  ,  et  les 
quatre  armées  d'Allemagne,  celles  des  Alpe^ 
et  celles  des  Pyrénées  étaient  partout  victd-^ 
rieuses  ;  l'ennemi ,  coalisé  partout ,  rejeté  loin  au- 
delà  de  ses  frontières,  lès  abandonnait  au  vain- 
queur, et  ce  qui  est  plus  remarquable,  était  forcé 
de  louer  Tordre  et  la  discipline  qu'observait  le 
vainqueur  dans  ses  nouvelles  conquefes.  Déjà- 
les  armées  républicaines  n'étaient  plus  ces  hordes 
patriotiques ,  soldats  sans  ordre  et  guerriers  sans 
art,  que  la  bravoure  et  l'enthousiasme  civique 
guidés  par  le  génie  militaire  de  quelques  génë-î 
raux,  avaient  conduits  à  des  victoires  sanglantes 
et  imprévues  ;  la  force  «rrmée  d'une  nation  puis- 
sante s'était  organisée  dans  ses  camps,  la  va- 
leur avait  reçu  un  frein  qu'elle  avait  reconnu 
nécessaire,  la  subordination  avait  été  consentie 
par  l'honneur  ou  imposée  par  la  loi,  la  hiérai*^ 


3çS        HISToinE     DJB    FRANC  E^, 

viiiEp.  chiedes  grades  était  avouée,  le  commandement 
'^^^*  était  respecté  et  absolu ,  la  soumission  était  pas- 
sive sans  être  aveugle ,  le  soldât  instruit  et  clair- 
.voyant  jugeait  ses  généraux ,  mais  commençait 
par  leur  obéir  ;  les  ^différences  de  partis  et  d'opi^ 
nions  qui  divisaient  les  camps  comme  les  tri- 
bunes ,  se  taisaient  au  premier  appel  d»  tam- 
bour, et  les  disputés  sous  la  tente  cessaient 
pour  courir  ensemble  aux  faisceaux;  le  républi* 
cain ,  fier  de  sa  gloire,  la  respectait  dstns  sa 
conduite  et  dans  ses  procédés,  et  l'esprit  mi- 

♦  litaire  s'élevait  à  des  pensers  nobles  et  géné- 

l'eux. 

L'histoire  impartiale  qui  souvent  a  dû  accu- 
ser le  sj^stème  de  gouvernement  employé  au 
dedans  par  ie  comité  de  salut  public  ,  doit 
aussi  un  juste  tribut  de  louange  à  son  admini-i 
stratioa  dans  les  départements  de  la  guerre  f 
.dans  la  formation ,  l'organisation  et  l'entretiea 
des  armées,  et  dans  la  manutention  de  tout  le 
service  militaire.  Les  partis  opposés  qui  par- 
tageaient le  comité,  seuntaient 'que  leur  force 
venait  des  victoires,  et  s'accordaient  sur. tout 
ce  qui  pouvait  les  assurer,  ou  se  disputant  T^if- 
fection  des  armées  les  servait  à  l'envî ,  et  leur 
rivalité  même  tournait  alors  au  profit  de  la  chose 
publique.  Cette  atmosphère  de  gloire  dont  il  en- 
vironna la  France ,  éblouit  l'étranger,  et  lui 


tDEPUIS   LA    RÉVOLUTION.        899 

déroba  la  vue  de  la  tyrannie  sanglante  et  o[>  viiiEp» 
pressive   sous  laquelle  la   France 'consentit  à    '^^  ' 
gémir,  et  qu'elle  ne  supporta  si  longtemps  que 
comme  un  moyen  de  repousser  la  domination^ 
étrangère,  dont  on  osait  la  menacer.  On  souf- 
frit tout  d'un  gouvernement  qui  faisait  vaincre. 


tIM  DU    QUATRIÈME     VOLUME. 


■^ 


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PIÈCES 


JUSTIFICATIVES. 


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Tontes  IV 


I  V 


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K 


PIÈCES 


JUSTIFICATI  V  E  S. 


HUITIEME  ÉPOQUE. 

N."  I  CPage  19)- 

à 
^_  '  #  a  i       >         •       « 

Fragment  d'une  notice  du  général  /^ 
T     ■  ■  • 

JLjisâ  Girondins  marquants  qui  sont  venu»  daàs  1« 
Calvados ,  après  la  jouroéê  du  3i  mai ,  vous  sont  con«- 
11  us  aussi  bien  qu'à  moi.  Pétiôn^  Buzoi  ,  Gorsasy  LoU^ 
cet  y  BarùarûUûp  ^  Guadèl-^  S  ailes  ^  Valady  (marquis, 
ancien  officier  des  GardesoPrançaises  ) ,  Duchâialj  (oi» 
devant-)  Bergouin.  Ils  étaient  au  nombre  de  27;  mais 
treiix  que-je  ne  nomme  pas,  n*ont  rien*  d'intéressant  ^our 
la  postérité  ;4ls  ressemblant  k  tout  le  monde,  et  poli*- 
valt  nt  appartenir  à  un  parti  aus^'  bien  qu'à  iin  autre  ;  ce 
sotit  des- circonstances  9  des  Tencontres ,  des  hasards  de 
société  qui  les  ont  placésJ  Pétioh  et\i3U2oi&  avaientîun  bat 
déterminé;  une  nouvelle  dynastiesous^laquelleil^  eussent 
été  lès  liiaîtres.  Il  serait  possible  que  Piu  et'Coàourg^ 
que  lamont'agfoe  et  le  marais  s -entré- jetaient  sans  cesse; 
ne  fussent  >pias  des  personnages'^rangjers-ouiadifierents 
aux  dem  vétérans  de  la  révolution.  Ilarrûtratun^p^^ur 
à*  Pétion  de  dire  au  club  de  carkbots  de. Caen  ^>  qu'une 
preuve  que' la  mbntagne  voulait 'r4?tabJir  la  royauté, 
c'était  qij'eUe  laissait  fivi^  le  p64it><laupbinj,  dont  la 


/ 


4  PIÈCES 

figure  et  les  charmes  étalent  des  crimes  ctélal  dignes  de 
mort,» .  •  Gorsas  y  au  contraire,  penchait  pour  le  petit 
dauphin;  mais,  ben  entendu,  que  l'on  n'en  viendrait 
là  qu'à  la  dernîèr©  extrémité.  Louvet ,  Barbaroux ,  pua* 
^et  eussent  transigé,  si' Ton  eût  voulu  leur  céder  la 
partie  de  la  France  méridionale  ,  de  l'autre  côté  de 
la  Loire,  pour  en  faire  une  république  à  leur  mode. 
Ils  comptaiejjt  beaucoup  sur  les  petites  puissances  de 
l'Italie*,  avec  lesquelles  ils  feraient  des  traités  offensifs 
et  défensifs  :  ce  qui  vous  prouve  combien  ces  messieurs 
étaient  hommes  ô^é^t.  Salles  faisait  des  brochures  que 
ses  collègues  appelaient  des  provinciales ,  le  comparant 
ainsi  à  Pascal^  et  cela  lui  faisait  tant  de  .plaisir  qu'il 
ne  doutait  plus  de  l'effet  de  ses  brochures.  C'étaient 
des  batteries  qui  feraient  écrouler  lacoUossale  montagne* 
Valaày  s'élait  fait  révolutionnaire  par  haine  de  M. 
ZJiuchdlelet 'j  il  eût  bien  vQuUi.  découvrir  un  moyen  de 
^e.  retirer  de  l'abyme.  Duchdtel  éta\t  une  ame  douce  qui 
s'e.4t, trouvée  entraînée,  comme  tant  d'autres,  parla- 
chimère  d'une  régéaération.  Comme.il  ne  s'étaif  jamais 
souillé  d'aucune  mauvaise  action  ,  il  eût  donné  sa  vie 
pour  le  rétablissement  de- la  monarchie.  Le  franc  et 
loyal  Kervelegan  n'était  d'aucun  paru  que  de  celui  des 
indignés  j  de  tout  ce  qu'iW  avaient  vu  faire.  B^ergouin  pa- 
raissait républicain.enragé  ,  et  son  caractère  apparte- 
nait il  toutes  les  circonstances.  Le  crève-cœur . de  tous 
était  le  irlomphe  de  la  montagne  ,  et  leyr,  auE^bition  ^ 
toupurs  saillante. ,  la  vengeance.  Excepté  J[)éfcAa/^/,  il 
A^en  est  pas  un  seul  q:âi  pe  se  ftit  enrôlé  d^aisi  le  parti 
victorieux  **il  J'avait  pu  5  ce  que  iMiuvet  ^  fiergouin 
ont  bien  prouvé  apris  leur  retour.  L'ass«0#inlit.  de  Af<t- 
Tot  t%t  l'ouvrage  de  cinq  dfs  ci-dessus  nommés;  mais 
ce  n'est  pas  Mar^t.qvii  était  désigné J,  t'#ai$.i>an/oa 


JUSTIFICATIVES.  5-^ 

que  la  nouvelle  «7uJ//A  devait  immoler.  lîg  appeltalent 
ceîa  couper  la  montagne  en  deup;  parce  que  les  lettre r, 
dont  M.^e  Corday  était  porteuse  ,   renFermaîent  une 
instruction  qui  disait  qu'à  l'instant  A\x  grand  événement  >^ 
il  fallait  répandre  ,  dans  tous  les  coins  de  Paris,  que 
c'était  Robespierre  qui  avait  fait  faire  le  coup,  Mafs 
W.*ïe  Corday  ^  ayant  ouvert  de  ses  lettres,  vît  qu'on  y 
accusait  Danton  de  vouloir  porter  le  petit  dauphin  sur 
le  trône;  et  comme  cette  M.*^  Corday  était  fanatique 
royaliste ,  elle  se  garda  bien  de  porter  la  main  sur  celui  v 
dans  lequel  elle  plaçait   son  espoir.   Avant  de  partir  . 
pour  Paris ,  elle  écrivit  une  lettte  d'adieux  à  Bougon 
de  Longrais  ^  mon  ami,  et  procureur*syndic  du  dépar- 
tement ,  pour  jui  dire  qu'elle  ne  Je  reverraît  plus ,  et 
le  prévenir  que  ***  devait  nous  faire  assassiner  tous  les 
deux.  Bougon  me  cçmmunîqua  cette  lettre,  ainsi  qu'à 
Henil ,  administrateur  du  département,  encore  vivant 
à  Caen.  Nous  n'y  comprîmes  rien  ;  mais  ,  demandais-je- 
à  Bougon,  d'où  vient  son  intérêt  pour  vous  et  pour 
moi  i-!- Il  me  répondit,  je  lui  ai  rendu  plusieurs  ser- 
vices ;  et  quant  à  son  intérêt  pour  vous  ,  il  vient  de 
ce  qu*(elle  vous  croit  un  royaliste  déguisé.  J'avais  logé- 
tous  ^es  réfugiés  à  l'Intendance ,  parce  que  toiïs  réu- 
nis ,  je  pouvais  mieux  les  faire  observer.  Je  m'aper^us^ 
bjentôt  qu'il  né  régnait  pas  entre  eux  une  parfaite  in- 
telligence ;  que  Pétion  et  Buzot  avaient  des  secrets,  et 
que  tous,  sans  exception  ,  se  défiaient  de  Vatady  et  de 
Duçhâtel,  Voyant  que  Tinsurrection  ne  gagnait  pas  , 
nous  convînmes  de  faire  prendre  les  armes ,  comme* 
pour  une  revue,  aux  huit  bataillons  des  gardes  natio- 
nales de  Caen.  Il's  s^assemblètent  sur  le  Cour ,  oh  toute»- 
les  éloquences  échouèrent  contre  l'indifférence  de^tîe^ 
prétendus^  insurgés.  Il  ne  se  présenta  que  dix»sept  hoi 


6  .'  p  i  k  c  X  s 

mes  pour  marcher  sur. Paris., Les  autres  villes  (moins 
Vire  qui  en  fournit  une  vingtfiine)  s'y  refusèrent  sans 
détour*  L^s  çamps^gnes  ^  vexées  pour  les  blés ,, nous  mau-- 
dissaienti  C'est  alors  que  PéUon  conçut  le  projet  de. brû- 
ler Caen ,  et  de  faire  courir  le)bruit»que  c'était  l'ouvrage 
Ae  Ja  montagne.  Le  désespoir  devait  tout  entrajiner.  Il 
se  confia  pour  ce  beau  coup  à  mon  aide-de-camp  Saint'- 
'Front  ^  en  lui  recommandant  le  plus  profond  secret  , 
surtout  envers  Je  général ,  qui  s*èst  refusé  à  mettre  la 
guillotine  en  permanence.  Saint-Front  promet ,  et  me  dit 
tout.  Je  lui  enjoins  de  s'y  prêter,  d'acheter  le  gou- 
dron, etc.  etc.  Quand  l'^fiàirc'  paraît  en  bon  train, 
j'arrive  ,  je  trouva  Pétion  et  quelques  autres ,  je  parais 
effrayé  d'un  rapport  qu'on  vient  de  me  faire  ;  si  Je 
peuple  en  entend  parler ,  vous  serez  tous  égorgés ,  dé- 
vorés comme  Belzunse.  à  Boy  eut Qu'est-ce?  Je 

Jeur  dit —  L'on  jette  les  hauts  cris,  l'on  prie  eii  grâce 
de  n'en  point  parler  ;  ce  sont  les  agents  de  la  montagAe 
qui  répandent  celte  atroce  calomnie,  J[e  suis  de  cet  avis, 
et  le  projet  avorte.  Quelques  jours  après  ,  m'aTrivej^ino 
ou  six  cçntç  Bretons ,  tous  découragés  de  ne  pas  trouver 
d'armée  ;  n'ayant  personne  d'autre,  j'envoie  Puisayek 
£vreux  pour  y  établir  les  magasins  que  j'y  faisais 
filer.  Puisaye  se  croit  général  ,  veut  m'enlever  une  vic- 
toire ;  il  marche  contre  la  petite  armée  /parisienne.  Ces 
deux  armées  font  chacune  volte-face  ,  et  chacune  se  sauve 
de  son  côt^.  Voilà  la  bataille  de  Fernon,  Les  mil}e  à 
douze  cents  hommes  de  Puisa  je  fuyent  jusqu'à  Lisieux. 
J'y  coure  5  mais  rien  ne  peut  les,  remettre.  Danton  y  fai- 
sait répandre  des  millions  d'assignats.  Tous  désertent  ^  ejt 
moi,  je  me  cache  à  Bayeux  jusqu'après  le  9  ther- 
midor. 


JUSTIFICATIVES. 


1^  ^  1^  ^  I 


N.^  II  (Page  224). 

Fragment  d^un  journal  du  corps>  de  Condé*  — 

Année  lyçS. 

Le  corps  du  prince  de  Condé  avait  hiverné  dan* 
la  forêt  Noîre,  y  avait  été  licencié,  et  n'avait  été  con- 
servé que  parce  que  Je  général  yVurmser  avait  consenti 
qu'il  fît  partie  de  son  armée^  Il  degcendait  Vîlignen  à  , 
l'époque  oii  Custines,  forcé  de  se  retirer  de  Mayence, 
effectuait  sa  retraite  ;.et  devait ,  par  un  passage  à  Spire  ,^ 
la  précipiter.  Deux  jours  avant  le  passage  du  Rhin  , 
on  composa  ainsi  le  corps  :  tout^ce  qu'il  y  avait  de 
noble  forma  trois  divisions  à  cheval  9  destinées  à  faire 
le  service  de  grosse  cavalerie,  et  deux  b^ataillons  à 
faire  le  service  d'infanterie  de  ligne  ,  et  le  reste  , 
composé  de  soldats  ou  déserteurs  ,  forma  l'avant-garde 
qui  fut  confiée  au  g^énéral  V. .  -,  dont  les  talents  étaient 
déjà  reconnus  à,  cette  époque.  On  peut  évaluer  le 
corps ,  à  cette  époque,  à  cinq  mille  hommes  ,  et  même 
un  peu  moins.  Quinze  cents  grenadiers  de  Lassi  pas*- 
serent  la  veille  ,  débusquèrent  l^peu  de  postes  français 
qui  gardaient  le  Rhin  5  et  le  lendemain  ,  le  corps  en- 
tier passa  à  deux  lieues  au  dessous  de  Spire,  prit  se»^ 
cantonnements  en  avant  de  la  ville,  sans  aller  au  de- 
vant du  village  de  Benhei^  ^  où  furent  placés  no» 
avant-postes.  Ils  restèrent  en  position  jusqu'au  17  mai^ 
époque  où  les  Français,  désirant  nous  débusquer,  at* 


taqiièrent  sur  dcuy  colonne»  ;  l'une  le  long  du  Rhin, 

Fautre  par  les  villages  de Les  deux  co1oni>es 

-  devaient  se  réunir  à  Benheim ,  envelopper  notre  avant- 
garde  ,  et  attaquer  le  corps.  Par  un  de  ces  hasards  si 
communs  »,  nos  avant- postes  furent  bien  entourés  ,  les 
Canons  de  l'avant-garde  pris  et  les  officiers  tués  sur  les 
pièces  j  mais  les  deux  colonnes  tirèrent  l'une  sur  l'autre, 
La  division  des  chevaliers  de  la  Couronne  et  quelques 
hussards  "autrichiens  y  arrivent  sur  ces  entrefaîtes  \  dé- 
gagent les  canons  et  les  avant-postes,  et  les  deux  co- 
lonnes font  retraite.  Je  crois  que  le  général  français  fut 
mis  en  jugement.  J'ose  assurer  que  sur  ce  point ,  sa 
faute  était  bien  légère,* et  sa  manœuvre  très-bien  cal- 
culée. Pendant  le  siège  de  Mayen ce  ,  notre  ligne  fut 
peu  inquiétée  ;  nos  avant-postes  apprenaient ,  dans  la 
plaine  en  avant  de  Benheim,  les  éléments  du  métier 
qu'ils  commençaient  \  ils  furent  cependant  repoussés 
plusieurs  fois  sur  notre  iign^  ,  et  abandonnaient  une 
redoute ,  cinq  cents  pa^  en  arrière  du  village  où  étaient 
placés  soixante-dix  nobles;  mais  Salge ^  qui  les  com- 
mandait ,  attaqua  avec  le  même  piquet ,  et  rechassa 
du  poste  trois  cents  Français,,  malgré  les  cris  réitérés 
de  leur  seconde  ligne  qui  prétendaient  que  nous  n'étions 
que  douze.  On  fit  grace*à  diit.ou  onze  prisonniers  qui 
restèrent  dans  la  redoute,  modération  que  nous  n'eûmes 
pas  par  la  suite.  ^ 

Le  siège  de  Mayence  achevé  par  les  Prussiens,  il 
s^agissait  de  bloquer  Landau  et  de  percer  en  Alsace. 
Wurnfiser  réunit,  la  nuit  du  28  au  24,  quelques  régi- 
ments autrichiens  en  avant  de  Benheim  ,  attaque  le 
poste  français  au  moulin  de  Okvir ,  fait  balayer ,  par 
notre  cavalerie,  la  plaine  en  se  portant  sur  la  droite  , 
directement  à  deux  lieues  au-dessus  de  Landau,  où 


JUSTIFICATIVES.         9 

nous  rencontrâmes  le  gros  des  Français ,  qui  défendait 
la  communication  de  Landau.  Nos  postes  furent  rem- 
placés ]a  nuit  par  les  Prussiens,  et  nous  rentrâmes  à  nos 
anciens  postes. 

Le  20  août ,  Wurmser  ayant  forcé  l'ennemi  sur  les 
hauteurs  de  Landau  ,  campa  à  Vîlhcim  ,  et  l'infan- 
terie du  corps  se  porta  sur  Vest  ,  d'où ,  après  avoir 
chassé  l'ennemi ,  quî  se  retira  dans  le  Bevrl ,  elle  hiva- 
qua  entre  Vest  et  Yakf-im;  mais  le  lendemain,  les 
Français  l'attaquèrent  dans  le  dessein  de  couper  le 
corps  d'avec  le  reste,  de  l'armée  et  de  l'adosser  au 
Bhin»  L'attaque  commença  à  cinq  heurçs  du  matin  , 
et  finit  â  onze  heures  ;  elle  fut  infructueuse  ,  grâce  k 
l'artillerie  noble,  qui  démonta  les  pièces  françaises. 
L'avant-garde  se  distingua  aussi ,  et  prit  trois  pièces  de 
canons ,  après  avoir  chargé  le  deuxième  régiment  de 
chasseurs. 

Plusieurs  affaires  se  sont  passées  sur  la  droite  et  la 
gauche,  entr'autre  celle  où  ils  firent  entrer,  malgré  nous, 
quatre  ou  cinq  fourgons  dans  la  ville  de  Landau  ;  après 
quoi  nos  postes  furent  pris  à  une  lieue  des  lignes,  où  nous 
restâmes  plus  de  quinze  jours.'A  «etfe  époque  ,  il  s'est 
passé  une  affaire  entre  les  Français  et  notre  avant- 
garde,  commandée  par  Pétésie^  qui  avait  été  détaché 
dans  la  montagne  sur  notre  droite.  Ils  perdirent  beau- 
coup de  inonde ,  et  revinrent  furieux  contre  les  Prus- 
siens qu'ils  accusaient  d'avoir  trahi. 

Cependant  le  jour  destiné  à  l'attaque  des  lignes  , 
Wurmser  fit  passer  le  Rhin,  deux  lieux  au  dessous  de 
Lauterbourg ,  à  une  colonne  qui ,  par  conséquent ,  pre- 
nait les  lignes  à  dos;  à  trois  heures ,  la  redoute  de  Chède 
vis-à-vis  les  postes  que  nous  occupions, fut  tournée  par 
de  la  cavalerie. 


/ 


ip  .  p  I.  ifc  C  :^  s. 

Les  canons  et  le  corps  furent  pi^is  en.  entier.  L'Iqfaa- 
terie  de  la  légion  de  Mirabeau  attaqua  le  poste  du 
bois ,  où,  en  une  heure  ,  elle  perdit  toute  sa  côrapa-. 
gnie  de  volontaires,  et  emporta  le  poste.  Les  colonnes 
de  cavalerie  furent. dirigées  à  travers  la  plaine  sur  le 
château  de  .-...•.  où  était  la  veille  le  quartier-géné- 
ral français  ;  et ,  sans  trouver  beaucoup  de  monde  de- 
vant elles, si  ce  n'est  de  vives  décharges  d'artillerie  ;  elles 
joignirent  et  dépassèrent  le  château ,  se  placèrent  à  un 
quart  de  lieu  de  Weissembourg ,  sur  la  gauche  ,  position 
charmante  pour  voir  la  retraite  qui  s'effectuait  5  mais 
bien  mauvaise  pour  des  troupes  qui  ont  envie  de  pour- 
suivre. Notre  infanterie  entra  dans  la  ville. 

M.  de  Wurmser  était  trop  flatté  d'avoir  pris  en  un 
Jour  deux  villes ,  cinq  camps  ,  vingt-sept  pièces ,  etc. 
S'il  eût  poursuivi ,  il  arrivait  sous  Strasbourg  avec  les 
Français;  mais  le  flegme  autrichien  ne  cadre  pas  avec 
la  vivacité  française  ;  aussi  fûmes-nous  toujours  battus. 
On  se  cotitenta  donc  de  faire  pQursuivré  par  des  hus- 
sards. 

Les  Français  se  remirent ,  et  quand ,  quatre  jours 
après  ,  nous  arrivâme^s ,  nous  les  trouvâmes  bien  dis- 
posés à  nous  recevoir,  comme  on  le  verra  par  la 
suite. 

Le  fort  Louis  se  rendit ,  attaqué  des  deux  côtés  y 
tant  du  côté  de  l'Allemagne  ,  <£ue  de  celui  de  l'Al- 
sace. 

.  Puis  survînt  TafTaîre  de  la  Vansnau  où  je  n'étais  pas, 
j'ai  entendu  louer  la  bravoure  française  ,  et  citer  un 
régiment  à  parement  noir,  qui  fit  sa  retraite  sur  la 
chaussée ,  se  tenant  toujours  à  quinze  pas  de  l'ennemi^ 
et  qui  y  perdit  tous  ses  oflSciers...  .    . 

Pichegru  obtint  le  commandement  de  l'armée.  L^ 


"^ 


JUSTIFICATIVES.  H 

bruit  courait  qu'il  avait  reçu  dix  mille  hommes  de  l*ar- 
me'e  du  Nord.  Les  mauvais  temps  avaient  engagé  à 
prendre  des  cantonnements.  L'affaire  de  la  Vansnau  ^ 
ou  y  je  crois,  la  mésintelligence  entre  les  Prussiens  et 
Wurmser ,  avaient  engagé  à  prendre  une  position 
trois  lieues  en  arrière.  On  éJeva  des  redoutes  depuis 
le  Bhin  ,  jusqu'à  la  montagne  ,  à  un  quart  de  lieue 
en  avant  d'Hagueneau  ,  à  peu  près  dans  la  même  place 
où  Turenne  les  .avait  placées.  Je  doute  que  les  dis- 
positions' fussent  aussi  bonnes.  Son  projet  était  de 
couvrir  la  partie  où  il  comptait  hiverner.  Les  re- 
dputes  ,  quoique  très -bien  construites  ,  avaient  un 
grand  défaut  ^  elles  étaient  trop  distantes  Tune  de 
l'autre. 

ITous  primes  nôtre  position  sur  toute  la  ligne,  demi-, 
lieue  en  avant  des  redoutes  qui  n'étaient  pas  encore 
achevées ,  le  corps  à  Berchem  ,  fameux  dans  les  an- 
nales des  émigrés ,  parce  que  ce  fut  la  première  fois;qu'il$ 
furent  employés  un  peu  vivement,  et  qu'ils  perdirent 
beaucoup  de  monde. 

Pîchegru  avait  projeté  de  forcer  la  ligne  sur  le 
point  qu'occupait  le  corps  de  Condé.  Le  2^  ou  25  ,' 
il  attaqua  notre  ligne  obliquement  ;  c'est-à-dire ,  non 
èomme  il*  le  fît  depuis  ,  en  attaquant  le  village  de 
front,  mtis  seulement  sur  la  droite.  L'affaire  dura 
trois  heures.  Nous  perdîpies  cinq  chevaux  et  quelques 
hommes  ;  mais  le  premier  décembre ,  il  attaqua  le  vil- 
lage à  deux  heures  du  soir ,  le  canon na  jusqu'à  la  nuit  ; 
l'd'iifanterie  d'avant  -  garde  ,  qui  y  .  était  postée ,  j 
perdit  assez  dç  monde;  mais  le  lendemain  ,  à  neuf 
bçurès  ,  il  couvrit  d'abord  la  plaine  de  ses  tirail- 
leifirs;,  lesquels  (probablement  à  un  signal' donné  )  se 
réunirent  en  colonnes ,  entrèrent,  dans  le  viUsfge  ,  et 


f         •   ■ 


12  P   I   i   C  E   S 

y  mirent  le  feu.  M.  le  prince  <le  Condé ,  placé  à  deux 
cents  pas  en  arrière  du  village  ,  y  entre  à  la  tête  des- 
bataillons nobles ,  et  à  la  baïonnette  les  fait  rebrous- 
ser chemin.  Je  puis  certifier  que  la  partie  n'était  pa«= 
égale;  aussi  ne  poursuivit-on  pas  loin  hors  du  village , 
de  peur  de  montrer  son  côté  faible.  Pendant  que  ceci 
se  passait  dans  le  village ,  notre  cavalerie  ayant  pris  sur 
la  droite  du  village,  rencontra  plusieurs  escadron?  fran- 
çais sur  >deux  lignes  et  du  canon.  La  première  ligne 
française  chargea  la  notre ,  qui  se  portait  sur  elle  au 
pas  ;  j'ai  jugé  que  ce  qui  les  engagea  à  faire  cette  dé-  ' 
marche,  était  (car  notre  ligne  dépassait  la  leur  un 
peu),  i.°  qu'ils  étaient  derrière  un  fossé,  et  avaient 
jugé  que  nous  ne  le  passerions  pas  ;  2.®  ils  avaient  ' 
compté  sur  le  feu  croisé  cp'ils  faisaient  sur  nous  ;  3.°  ils 
roulaient  sauver  deux  pièces  qui  tiraient  sur  nous  à 
mitraille ,  à  quarante  pas  ;  le  choc  ne  fut  pas  à  leur 
avantage  ;  nous  eûmes  neuf  hommes  de  tués  sur  la 
place ,  et  à  peu  près  un  peu  plus  de  la  moitié  de  la 
division  blessée  ;  les  vaincus  perdirent  trente* cinq 
hommes ,  et  tout  le  reste  blessé ,  comme  l'ont  rapporté 
les  déserteurs. 

Le  duc  de  Bourbon  eut  la  main  coupée ,  et  tous  ses 
aides-de-camps  tués  ou  blessés.  Le  général  à^AnoitviUe^ 
qui ,  par  enthousiasme  ',  s^était  jeté  à  quinze  pas  en 
avant  de  notre  ligne  dans  celle  de  Tennemi ,'  fut  tué^ 
l'infanterie  noble  perdit  trois  cents  hommes ,  la  cava« 
lerie  une  soixantaine. 

Le  8  décembre  l'attaque  fut  renouvelée  avec  la 
même  vigueur  de  part  et  d*autre  ,  excepté  l'artillerie 
quHls  n'engagèrent  pas  si  avant ,  et  le  choc  de  cavalerie 
qui  n*eut  pas  lieu  ;  l'infanterie  perdit  davantage,  la  ca- 
valerie un  peu  moins*. 


J   TJ   s   T   I  P   I  C   A  T   I  V  É   s.  îî 

S!  nos  armées  eussent  été  heureuses^  les  ajffaires  de 
Berchem  eussent  fait  époque»  L'armée  républicaine 
s'en  rappellera  pour  avoir  perdu  sept  pièces  de  ca- 
nons contre  nous.  Le  2  décembre,  le  village  de  Ber- 
chem  a  coûté,  à  défendre  plus  de  mille  nobles  ,  au 
moins  de^un  ce^ts  cavaliers  et  la  moitié  de  notre  avant* 
»  garde. 

Le  9  décembre ,  Pîchegru  imagina  de  diriger  son  at- 
taque sur  M.  de  Clenau  qui  cft)mmandait  le  poste  at* 
tenant  à  celui  du  prince.  L'attaque  commença  à  neuf 
heui^s  du  m^lin  ,  à  cinq  heures  nous  étions  sur  toute 
la  ligne ,  cachés  derrière  les  redoutes  d'Haguenau ,  mal- 
gré les  renforts  de  cavalerie  qu'il  lui  envoya ,  et  la  di- 
version qu'il  fit  en  feignant  d'attaquer  sur  le  flanc* 
M.  le  prince  de  Condé  fit  retr.-^te,  avec  sa  cavalerie  , 
par  peloton  ,  comme  à  l'exercice.  Les  généraux  autri«* 
:  chiens  vinrent  le  complimenter  ^  mais  j'avouerai  qu'à 
cela  près  de  quelques  obuses  (j'en  excepte  Tavant- 
garde^,  le  feu  de  i'ennçmi  n'endommagea  pas  nq^  rangs 
ce  jour-là. 

On  projetait  d'hiverner  en  Alsace.  Le  22  décembre 
arrivé,  on  espérait  que  les  Français  se  lajsseraient  d'at- 
taques continuelles,  et  prendraient  les  quartiers 'd'hi- 
ver. Un  beau  matin  ^les  redoutes  sont  forcées  sur  le 
.  ne  sais  quel  poste  autrichien  ;  toute  l'armée  se  met 
en  retraite  ;  les  uns  sur  Fort-Louis  ;,  les  autres  sur 
Weissenibourg  et  Lauterbourg  ;  le  corps  se  dirigea  sur 
Lauterbourg.  Wurmser  et  une  grande  partie  des  Aùtri- 
.chiens  se  dirigèrent  sur  Weissembourg  ,  où  il  rencotitra 
le  duc  de  Brunswick  ;  d'après  les  propos  de  l'armée,  ces 
deux  généraux  n'étaient  nullement  d'accord  ;  on  hi*a 
assuré  les  ^voir  entendu  se  traiter  Irèa- vivement.  Le 
duc  qui  s'était  amusé  au  blocus  de  Landau ,  tandis  q(ve 


14  PIÈCES 

nous  nous  battions  sous  Strasbourg  et  ailleurs,  voulait 
empêcher  les  Françttis  de  passer  les  hauteurs  de  Weîs- 
sembourg.  Wutmder  fit  simulacre  de  tenu: sur  la  chaus- 
sée ,  et  s^était  même  placé  en  ordre  de  bataille  ;  mais  ^ 
àii  premier  couj)  de  canon,  sa  ligne  prend  la  route 
du  Rhin.  Je  ne  me  permettrais  point  de  réfle-xion  sur 
la  conduite  de  ce  général  qui  fut  d'ailleurs  très-bien 

'reçu  à  Vienne;  mais  s'il  eût  prévu  la  perte  en  maga- 
sins-, le  désespoir  et  l'effroi  que  cette  retraite  mit 
dans  son  armée ,  qui  apprit  cette  fois  qu'on  pouvait  être 
battu  par  les  Français,  il  l'eût  effectuée,  ou  un  peu 
plutôt  ou  un  peu  plus  tard.  - 

Il  suivit *de  là  que  les  Prussiens  eurent  tout  l'hiver 
les  Français  sur  les  bras  ,  à  Worms ,  Manheim  ,  etc.  ; 
et  c'était  là  aussi ,  je  crois,  le  projet  de  là  cour^de 
Vienne.  ^     ' 

La  retraite  d'Alsace  fut  une  désolation  pour  le  pays 
que  nous  avions  occupé  :  une  'grande  partie  des  ha- 

'bitatits  qui  avaient  trop  dévoilé  leurs  opinibns  ,  sui- 
virent ,  avec  leurs  femmes  et  leurs  enfants ,  l'armée 
de  VVurmser  au-delà  du  Rhin.  On  en  SBorma  des  régi- 
ments entiers ,  et  on  compléta  aiilsi  le  corps  qiii  avait 

"été  diminué  de  beaucoup. 

Depuis  l'époque  du  ....;..,  jusqu'à  Tàffaire  de  la  - 
retraite  de  Wurmser ,  il  ne  s'est  pas  passé  u~n  jour  saiis 
une  affaire  vive  sur  un  des  points  de  la  ligne. 

Nous  passâmes  le  Rhin  à  deux  lieues  au-delà  de 
Lauterbourg  ,  et  nous  allâmes  cantonner  dans  le  Bris- 
gaw  ;  et  deux  mois  après  ,  nbus  retournâmes  dans  nos 
anciens  quartiers  de  Villignem.  L'année  94  ne  fut  pas 
a\issi  désastreuse  pour  nous;  on  fît  revenir  au  priii* 
temps  le  corps,  pour  le  placer  le  long  du  Rhin,  et 
l'été  se  passa  ainsi  en  fusillades  d'un  bord  à  l'autre. 


JUSTIFICATIVES.  l5 

Nous  apprîmes  les  succès  de  l'armée  française  dans 
les  Pays  •  Bas ,  par  les  décharges  d'artillerie  et  les  ré- 
jouissances qui  se  Taisaient  à  Pautrè  bord  sur  la  fin  de 
l'été,  l^ous  marchâmes  sur  Manliefm.  Le  bruit  courait 
que  nous  devions  passer  le  Rhin  une  seconde  fois;  il 
n'en  fut  rien,  et  cette  marche  entrait^  je  crois,  dans 
le  plan  du  général  autrichien  qui  voulait  faire  diver- 
sion. Nous  prîmes  ensuite  nos  quartiers  à  Brulcsal ,  et 
ce  prince  évêque^  qui  «avait  refusé*  de  recevoir  les 
troupes  aux  ordres  du  prince ,  redoutant  sans  doute  la 
vengeance  des  Français ,  eut  ses  possessions  et  la  chasse 
un  peu  endommagée.  Après  cette  expédition,  nous  re- 
tournâmes une  troisième  fois  k  Villignem. 

Ce  fut  à  cette  époque  que  les  Français  s'emparèrent 
de  la  tête  du  pont'  et  âes  flèches  de  Manheim.  Pour 
notre  honneur ,  nous  ne  fûmes  point  employés  à  cette 
expédition. 


."mf^f^»'^-'^''^» 


N."  III  (  Page  277  ). 

» 

Diverses  dénominaiions  de  Jaclions  employées 

pendant  la  révolution. 

Vota,  Ce  peut  être  un  devoir  de  l'histoire  de  con- 
server les  noms  que  l'esprit  de  pa^rti  a  donné  à  ses 
adversaires  comme  injure  ;  il  est  remarquable  que  celle 
de  sans-culottes  fut  la  seule  acceptée  par  ceux  qu^He 
désignait. 

En  1789,  1790  et  1791,  aristocrates  ;  — enragés; 
♦-*  impartiaux  j  r»— noirs  j  —  hommes   du  14  juillet; 


—  membres  du  côté  gauche  ;  —  membres  du  côté  droit  ; 

—  orléanistes }  —  jacobins  \  —  cordeliers  j  — •  feuillants  ; 

—  fayettistçs  j — monarchiens  ,  etc. 

Eu  1792  et  1793)  ministériels;  — amis  de  la  liste 
■civile  ;  —  chevaliers  du  poignard  ;  — .  girondins  ;  -^ 
hommes  du   10  août;  —^septembriseurs;  — modérés  ; 

—  homnaes  d'état;  — brissotins  ;  — hommes  du  3r 
mai  ;  —fédéralistes  ;  —  montagnards  ;  —  membres  de 
la  plaine  ;   —  crapauds  du  marais  ;  ^^—  suspects  ,  etc. 

En  1794  et  1795  ,  avilisseùrs  ;  * —  endormeurs  ;  — • 
apitoyeurs  ;  — r  alarmistes;  —amis  de  Pitt  et  de  Co- 
bourg;  —muscadins;  —  agents  de  ^étranger  ;  — hé- 
bertistes  ;  —sans- culottes  ;  — contre-ifevol uiionn aires  ; 
^—  ultra-révolutionnaires  ';  —  thermidoriens  ;  -^  habi- 
tants de  la  créle_;  —  terroristes  ;  —  maratistes  ;  -— 
,—  égorgeurs  ;  —  patriotes  de  1789. 


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I 


J  'tJ   STIFICATIVE|.  17 

-  Cette  pi«ce  originale  ,  et  qoi  n'était  pas  destinée  k  Iti  publicité ,  peint 
ll'auunt  mieux  cette  époque;  rien  u'y  ressemble  dans  l'histoire  d'aucna 
peuple.  , 


N.o  IV  (  Page  440  ). 
Lettre  de  M.^*  Bil^ubé  à  sesjrères. 


Mes   CHsas  frères^ 


C'est  à,  vous  que  j'adreese  cet  écrit  ;  j'ai  toujours  eu 
le  dessein  de  ^us  faî reconnaître  l'histoire  de  l'injuste 
persécution  suscitée  contre  nous,  et  dont  nous  avons 
risqué  d'être  les  viclinA;  mais  j'ai  voulu  attendre  que 
te  temps  eût  affaibli,  en 'quelque  sorte,  l'impression 
trop  forte  que  le  récit  des  circonstances  affreuses  qui 
ont  accompagné  notre  détention  ,  auraient  pu  m'occa- 
sionner.  Me  voilà  calme  ;  nous  sommes  heureusement 
arrivés  au  port;  je  commence  ce  récit. 

C'était  ie  5  novembre  1798  qu'on  vint  nous  arrêter, 
dans  une  nuit  froide  et  pluvieuse,  au  sein  du  plus  pro- 
fond sommeil.  Nous  avions  passé  la  veille  avec  des  amis 
qui  nous  avaient  rassurés  sur  les  craintes  que  nous- 
avions  d'être  arrêtés;  car  tout  servait'de  prétexte,  sous 
le  titre  d'étrangers,  de  Prussiens,  de  protestants,,  de 
suspects ,  etc. 

On  se  laisse  aisément  persuader  ce  qu'on  désire ,  et 
le  sentiment  d^ttiotre  innocence  nous  rassurait  souvent; 
mais  l'innocence  lôême  était  un  crime  dans  ces  temp&.. 
d'horreur  :  on  déplaisait  au  tyran ,  par  cela  seul  qu'4 

Tome  ir.  z 


l8         '  *   ï  te   ES 

désapprouvait  sa  férocité.  Mous  avions  eu  le  malheur 
d'avoir  fait  sa  connaissance  chez  tm* de  nos  amis ,  dans  le 
temps  que  tous  les  honnêtes  gens  pouvait  l'estimer^  et 
qu'il  était  loin  de  paraître  <:e  qu'il  fut  dépuis  :  le  mal- 
heur, plus  grand  encore  pour  nous ,  fut  de  lui  avoir 
fait  connaître  une  de  nos  amies  intimes  ,  M.l^«. . . . ,  qui  y 
ainsi  que  Robespierre ,  n'avait  montré  qu'un  caractère 
doui,  modeste,  humain,  même  vertueux;  mais  qu'un 
faux  amour  de  la  liberté  rendit  fanatique  et  féroce  ; 
car  elle  devint  notre  plus  cruelle  ennemie,  du  moment 
où  elle  nous  vit  contraire  à  ses  opinions ,  comme  à 
celles  de  son  héros.  Liée  intimement  avec  Robespierre  , 
elle  nous  persécuta  comme  une  furie,  lui  sacrifia  sa 
fortune,  sies  amis^  et  se  perdit  avec  lui  ;  car  elle  fut  en- 
fermée, après  sa  mort,  pendant. x8  moi#pour  lui  avoir 
,été  attachée  ;  maintenant ,  on  m'a  dit  qu'elle  s'était  re- 
.tirée  à  la  campagne,  in  firme  ^^uinée. . , . 
,    Parmi  les  amis  qui  nous  avaient  rassurés  sur  les  craintes 
où  nous  étions  livrés,  il  y  en  eut  uo  qui  nous  engagea 
.d'aller  passer  l'été  à  Saint-Germain ,  avec  lui  et  plur 
sieurs  de  ses  amis  ;  il  espérait  que  nous  parviendrions 
par  là  à  nous  faire  oublier.  Nous  y  passâmes  efiective- 
ment  la  belle  saison  d'une  manière  agréable;  mais  à 
Ja  fin  le  malheur  nous  y  poursuivit.  Un  comité  réuG" 
Jutionnaire  s^y  établit  :  c'était  chaque  jour  des  arresta- 
tions ,  ainsi  qu'à  Paris.  Les  plus  honnêtes  gens ,  ainsi 
que  les  plus  riches,  et  ceux  qui  avaient  quelques  ta- 
lents ,  étaient  dénoncés  et  arrêtés.  Notre  ami  nous  en* 
gagea  à  retourner  avec. lui  à  Paris.  Nous  partîmes  pré- 
.cipitamment  pour  fuir  le  malheur  qui  nous  y  suivit. 
Quatre  semaines  après,   nous  fumes^tfrêtés.  C'était, 
comme  je  l'ai  dit,  le  5  novembre,  par  une  nuit  froide 
^t  pluvieuse.  A  minuit  ^  on  frappe  à  notre  porte  ^  et 


J 


J  tJ  s   T   TV  I  C  A   T  I  V  E   S.  Î9 

notre  boni  yîeux  domestique  Leclerc  nous  annonce^ 
d'une  voix  émue  et  touchante  ,  qu'on  vient  seulement 
chez  nous  pour  faire  une  visite  doœicih'aire ,  afin  de 
voir  notre  correspondance.  Aussitôt  six  hommes  armés 
de  piques  ,  avec  un  commissaire  à  leur  tète ,  député 
de  l'affreux  comité  de  salut  public ,  se  présente  de- 
vant notre  lit  :  il  nous  demande  la  clef  de  notre  secré- 
taire ;  je  la  lui  donne  ;  il  Pouvre ,  et  n'y  trouve  qu'une 
lettre  tout-à-fait  insignifiante  ,  dont  il  s'empare  ,  en 
disant  qu'elle  serait'  remise  au  comité,  et  qu'il  fallait 
tout  de  suite  nous  lever,  nous  ^habiller  et  le  suivre.  Le 
sentiment  de  notre  innocence  était  tel  que  je  crus  mal 
entendre  ;  je  restai  done  tranquille  et  calme  ;  mais 
lorsqu'il  répéta  d'un  ton  plus  fort  :  levez-  vous  <^  ha-' 
billez  '  vous  !  J'ouvris  les  yeqx ,  et  lui  dis  :  mais  il 
m'est  impossible ,  je  suis  malade ,  voyez  mes  pieds  et 
mes  mains  défigurés  par  le  rhumatisme  ;  en  vérité,  jç 
ne  le  puis.  L'affreux  commissaire  ayant  brutalement  in- 
sisté: sortez  donc,  lui  dis-jç  ,  pour  que  je  puisse  m'ha- 
biller  ;  et  ^  avec  un  élan  de  courage  ,  je  sors  de  moa 
lit,  je  m'habille;  mon  mari  eu  fait  autant;  tous^deux 
nous  pensions  rêver  ,  et  nous  nous  flattions  que  ,  du 
moment  que  nous  serions  entendus  ,  on  nous  rendrait 
justice;  mais  que  cette  justice  était  loin  de  noiïs! 

L'état  de  nos  fidelles  domestiques',  dans  cet  instant ^ 
est  difficile  à  rendre.  Le  vieillard  ,  pâk  et  défiguré  ^ 
paraissait  n'en  pas  croire  ses  yeux  ;  il  avait  presque 
perdu  la  parole;  Julie,  sa  nièce,  avait  un  tremblement 
général;  elle  n^éttit  pas  ert  état  de  nous  rendre  le 
moindre  service  ;  j'entendais  claquer  sies  dents.  Ppur 
moi,  je  conservais  cependant  assez  de  sang-froid  pour 
tâcher  de  la  tranquilliser..  Je  demandai  du  thé,  on 
nous  en.fit  à  la  hâte  :  nous  n'emportâmes  d'habits  que 


\, 


aô  ip  r  .è  c  B  s 

ceux  ^ui  p<Ki«  couvtaîent  le  corps;  ce  nVtaît  <pie  l'ab- 
solu nécessaire  ,  avec  un  petit  paquet  composé  de  deux 
chemises  pour  chacun  et  de  quelques  mouchoirs;  tout 
le  reste  fut  mis  sous  le  scellé  ;  mais  nos  amis  vinrent 
heureusement  à  notre  secours ,  afin  de  pouvoir  changer 
de  linge  quelquefois*  Nous  vouUitues  prendre  des  as- 
signats ;  mais  le  commissaire  nous  dit  ;  d'un  ton  féroce  : 
2W/I  prenez  que  peu,  vous -n* en  a^ez  pas  besoin*  Quelles 
paroles  !  elles  signifiaient  que  bientôt  nous  n'aurions 
besoin  de  rien.  Cependant  mon  mari  questionna  le 
cruel  commissaire  ,  pour  savoir  par  quel  ordre  et  pour- 
quoi on  nous  arrêtait?  Cest^  dit-il,  par  ordre  du  co" 
vnté  de  salut  public  ;  et  en  même  temps,  il  tire  de  sa 
poche  un  écrit  qui  nous  annonce  '-que  c'est  parce  que 
noirs  sommes  amis  de  Koland ,  de  Brissot  et  de  leurs 
complices.  Ces  imputations  étaient  alors  une  sentence 
de  mort.  La  vérité  était  que  nous  avions  vu,  dans  une 
maison  lierce  ^    une  seule  fois  Roland  et  deux  fols 

Brissot. 

Nous  espérions  que ,  dès  qu'on  nous  Aurait  entendu  , 
Doiis  pourrions  nous  justifier  de  cette  fausse  accusation. 
Hélas!  nous  nous  étions  bien  trompés  ! 

Le  thé  pris,  il  fallut  partir;  ce  moment  fut  violent. 
La  pauvre  Julie  était  comme  égarée;  nous  nous  em- 
brassons tendrement  ^  sans  pouvoir  nous  séparer  :  les 
larmes  coulaient  des  yeux  de  notre  vieillard  ,  sans  qu'il 
«pût  nous  dire  un  mot.  Pour  Julie,  elle  me  dit,  en  san- 
glottant  :  Hé  bien  ,  madame  j  Dieu  ne  vous  abondonnera 
pasj  il  fera  connaître  votre  innocenmf  Voici  la  réponse 
abominable  *du  commissaire  :  Hé  !  il  8*agit  bien  de 
Dieu  !  Il  faut  craindre  les  hommes  et  la  justice  qu'ils 
exercent. 

Nous  fûmes  glacés  d'effroi  à  ces  mots  impies  ;  nous 


i 


;fUSTIFICATIVES.  âri 

descendons  tristement  notre  escalier;  je  donnais  le  bras- 
à  mon  mari  ,  car  j'étais  tremblante.  Arrivés  dansr  l'a 
rue ,  la  nuit  était  très-sombre ,  car  il  pleuvait  :  nou» 
demandons  où  l'on  va  nous  mener  ?  Nous  étions  entou* 
rés  d'hommes  armés  de  piques,  et  du  barbare  commis* 
saire  qui  nous  répond  :  vous  allez  k  la  Force*  Comment  ^  ' 
dis-je ,  si  loin  à  pied  ?  Eh  bien  !  vons  me  laisserez  en> 
chemin  ;  car  il  me  sera  impossible  d'y  arriver,  il  me  faut 
au  moins  une  Voiture.  Il  n'y  en  a  pas  à  cette  heure*cî , 
xlit-il;  ain^i  je  vous  mènerai  au  corps-de-garde  de  I»see*- 
tion.  Soit,  dit  mon  mari,  espérant  que  de-là  il  pourrait  ré* 
clamer  les  secours  de  nos  amis  dont  nous  avions  tant  de- 
besoin  dans  cette  affreuse  circonstance.  Parvenus  dans^ 
ce  corps-de-garde  ,  on  nous  fit  monter  dans  une  pe-» 
tite  chambre  noire  et  étouffée  ;  car  elle  était  au  des- 
sus de  celle  où  se  tenaient  les  soldats  qui ,  sans  relâche  ^ 
fumaient  leur  pipe.  Nous  y  trouvons  deux  infortunés, 
commenous,  attendant  leur  sort,  couchés  chacun  sur  un 
mauvais  lit  de  sangles.  C'étaientMes  plus  honnêtes  gens< 
du.nfionde,  innocents,  compatissants  et  persécutés  ainsi 
que  BOUS  :  ils  nous  regardent  les  larmes  aux  yeux,  et 
nous  offrent  de  partager  leur  grabat  ;  je  in'y  refusai 
en  les  remerciant ,  leur  disant  que  je-  ne  voulais  ni  dor- 
mir, ni  prendre  de- nourriture  ;^que  je  me  trouverais  heu- 
reuse de  pouvoir  finir  mes.  jtours  par  de  tels  moyens  : 
non  mari  en  dit  autant.  On  l'engagea  cependant  à  se 
coucher  par  terre  sur  une  méchante  redingotte  ;  pour 
moi,  je  m'obstinai  à  rester  assise  sur  une  vieille  chaise 
de  paille  ,  où  je  passai  quelques  heures-  fondant  en 
larmes.  Mo& mari  se  relève  subitement,, en  demandant 
à  notre  gardien,  s'il  ne  pourrait  pas.  lui   procurer  du 
papier,  |ine.  plume  et  de  l'encre?  C'était  un  homme 
kum^ia;  U  s'engagea  à  l-ui.en  fournir  ^et  même  à  porter 


I 


sa  p  I,  È  CES, 

aecrètenijânt  l'écrit  qu'il  lui  confierait.  Mon  mari  écrivit 
tout  de  iuite  à  plusieurs  de  ses  amisTTt  leur  fit  part  de 
l'affreuse  situation  où  nous  étions ,  afin  qu'ils  s'employas- 
sent à  iious  faire  rendre  la  liberté  ;  mais  toutes  leurs 
déjmarcnes  furent  inutiles,  malgré  leur  zèle ,  malgré  la 
députatton  que  notre  section  fit  au  comité  de  salut  pu- 
Iblic  poi^r  obtenir  notre  délivratace  ;  malgré  une  péti- 
tion très -bien  faite  par  potre  bon'Leclerc,  qui  fut 
lui-fméme  ,  et  de  son  chef,  la  présenter  à  la  section  , 
ou  on  l'appelait  le  respectable  vieillard  qui  plaide  en 
faveur  de  ses  maîtres  ;  sans  égard  aux  réclamations  que 
les  personnes  les  plus  recommandables  firent  en*  notre 
faveur  :  le  tyran  ayant  résolu  notre  perte ,  il  fallut  subir 
notre  sort.  En  vain  l'honnête  gardien  ,  dont  j^aî  parlé  , 
touché  de  notre  malheur ,  se  prêta  à  toutes  les  démar- 
ches que  nous  croyions  pouvoir  nous  être  utiles  ;  et  mal-. 
.  gré  les  dangers  auxquels  il  s'exposait  en  servant  l'inno- 
cence y  il  part  ;  il  parle  ;  il  remet  nos  lettres. . .  •  Elles 
restent  sans  effet. 

Enfin  le  lendemain  arrive  ;  il  est  six  heures  du  ma- 
tin; on  fait  avancer  un  fiacre  ;  nous  partons.  Nos  deux 
compagnoiïi  d'infortune  nous  disent  adieu  avec  at- 
tendrissement ;  ils  ignoraient  encore  leur  sort.  Le 
cruel  commissaire  se  place  avec  nous  dans  la  voiture  , 
ainsi  que  deux  de  ses  satellites.  Oii  al  lez- vous,  nous  me- 
ner,  leur  demanda  mon  mari  ?  Toi  à  la  Force  ,  et  ta. 
femme  aux  Anglaises,  Nous  fûmes  saisis  d'effrpi  à  l'ouïe 
d'une  sentence  qui  aggravait  notre  malheur.  Ne  nou» 
séparez  pas ,  s'écrie  Bitaubé ,  ayez  pitié  d^une  femme 
souffrante  ;  s&tigez  que  nous  ne  résisterons  pas  à  cet 
excès  de  malheur.  Tout  ce  qu'il  ajouta  encore  attendrit 
l'ame  dure  et  féroce  de  notre  tyraû.  Eh  bien  !  dit  il,  nous 
verrons  I.  • .  *  Menez-nous  donc ,  de  grâce  j  au  Luxeiû- 


/ 


V    or   XT   s   T   r  F   r  C   A,T  1  T  E   s.  ^3 

bourg  :  ii  le  fit;  nous  arrivons  ;  il  dît  à  mon  mari  de 
monter  avec  lui, et  à  moi  de  l'attendre  dans  la  voiture,, 
qu'il  verrait  quel  arrangement  il  y  aurait  à  prendre  t 
il  revint  f  et  me  dit  qu'il  fallait  absolument  noussépa-^ 
rer ,  et  me  conduire  dans  une  autre  maison  d'arrêt.  Je 
ne  Ae  contins  plus  dans  ce  moment ,  les  sanglots  m'é-. 
touffaient  ;  mon  mari ,  au  désespcfir,  alla  parler  au  con^ 
cierge  dans  des  termes  si  touchants ,  si  pathétiques  ,. 
qu'il  parvint  à  Patfendrir. ... .  •  Mais  il  n'y  a  pas  de 
place,  dit-il.  — Nous  serons  contents  de  tout,  réponc^ 
mon  mari  ,.  pourvu  qu'on  ne  nous  sépare  point.  Le 
'commissaire  descend,  et  nous  dit  :  Eh  bien!  vous  ner 
•  serez  point,  séparés!  Montez  tous  deux.  Je  passai  de 
la  plus,  affreuse  douleur ^à  la  joie  la  plus  vive.  Je  me, 
croyais  libre  en  partageant  le  soj:t  de  mon  époux.  Nous. 
fumes  reçus  par  l'honnête  concierge  de  la  maison  avec 
intérêt. et  humanité;,  c'était  un  bon  suisse  neuchâte-^ 
lais  ^  père  de  six  enfants.  Il  nous  accueillit  cordiale-» 
ment,  et  nous  fit  asseoir  ptè^  de  son  feu.  Une  petite 
circonstance  ,  indifférente  en  elle-même  ,  me.  fit ,  dans 
ce  moment,' une  impression  i^togulière.  Ce  concierge ^ 
avait  un  chien  ;  cet  animal  s'approche  de  moi ,  me  ca« 
resse,  et  ne, me  quitte  pas*  Dans  ce  moment  affreux,. 
oh.  il  me  semblait  que  j'étais  abandonnée  de  la  terre; 
entière,  ces  caresses,  de  la  part  d'un  animal,  innocent, 
me  touchèrent  jusqu'aux  larmes  :  je  ne  les  contraignis^ 
point,  et  rendis,  à  mon  tour,  à  ce  sincère  an\^  les. 
témoignages  d^  la  sensibilité  dont  il  pénétrait  %ï  jus- 
tement mon  coeur,  presque  flétri,  parla  comparaison 
que  j'étai«  alors  forcée  de  faire .,  entre  notre  nature  , 
que  tant  de  circonstaoïces  dégradent  ,  et  celle  d'un  être; 
à  qui  le-seul  instinet  suffit  pour  .être  toujours  généreux 
et  bon..».^..  .Pendant  ce  tç'mps-là,  le  concierge  noias, 


\ 


/. 


24  1P  I  %  c  s  s 

fit  apporter  de  quoi  dîner.  Hélas!  dis-je,  îl  ne  me 
faut  rien  ;  puis  on   nous  mena  à  notre  nouveau  g^tc. 
C'était  deux  petites  chambres  attenantes  Fune  à  l'au- 
tre. Nous,  y  trouvâmes  une  femme,  un  prêtte  et  un 
militaire;  celui-ci  fut  transporté  ailleurs;  nous  prîmes 
«a  place.  La  chambre  où  J*on  mit  nos  méchants  li'w  de 
sangles,  donnait  sur  le  jardin  du  Luxembourg;  et  quoi- 
que la  fenêtre  fût  garnie  de  barreaux ,  la  vu«  en  était 
admirable,  et  l'air  qu'on  y  respirait  très-salutaire;  celui 
du  Luxembourg  a  toujours  pcissé  pour  le  plus  pur  de 
Paris.  Peut-être  a-t-il  été  favorable  à  notre  santé  ;  car 
nous  ftous  sommes  très-bien  portés  depuis  notre  déten- 
tion. L'accueil  que  l'on  nous  fit  porta  le  calme  dans 
notre  ame  :  le  malhetir,  joint  à  l'innocence,  réveille  la 
sensibilité,  et  fait  ^'on  s'intéresse  vivement  au  sort  de 
ceux  qui  partagent  nos  peines;  nous  fûmes  reçus  comme 
des  amis.  Le  pauvre  prêtre ,-  vieux  et  malade  ,  me  tou- 
cha'au  point  que,  dès  ce  moment,  je  devins  sa  garde- 
malade.  Je  lui  faisais  des  tisanes;  nous  partagtpns  nos 
bouillons  et  nos  légumes  avec  lui:  notre  bon  domesti-- 
que  avait  soin  de  nous  en  envoyer  tous  les  jours.  La 
maladie  de  ce  bon  prêtre  devint  tellement  sérieuse  , 
qu'il  fallut  songer  à  nous  en  séparer,  en  demandant 
qu'il  fût  transféré  dans  un  hospice  ;  car ,  outre  la  pul- 
monie  dont  il  était  atteint,  il  lui  survient  une  fièvre  pu- 
tride ,  dont   nous  aurions    été   les  victimes  sans  une- 
prompte  séparation  ;  car  son  lit  était  au  pied  des  nô- 
tres,   et  la  chambre  excessiyem'ent  petite.  Hélas  He 
pauvre  homme  ne  fut  pas  longtemps  dans  cet  hospice! 
Il  y  mourut  au  bout  de  huit  jours.  Celui  qui  le  rem- 
plaça  dans  notre  chambre  était  un  baron   allemand. 
Nous  le  reçûmes  tendrement  en  qualité  de  compatriote; 
il  fut  arrêté,  pariée  qu'il  n'avait  pas  sur  luisacârl^  da 


y  V  s  T  I  :^  I  C  A  T  I  T  E  s.  25 

aureté  ;  voilà  tous  ses  crimes.  C'était  mi  bon  enfant 
pour  le  caractère  ;  mais  ce  qui  nous  le  rei^ît  bien  cher, 
fut  qu*il  possédait  parfaitement  la  musique  ;  il  demanda 
et  obtint  la  permission  de  faire  transporter  son  forie^ 
piano  dans  notre  étroite  demeure.  Il  nous  faisait  pas- 
ser des  moments  déliiciëux ,  'à  l'aide  de  son  grand  ta« 
lent. 

Tous  les  jours  il  nous  arrivait  de%  compagnons  de 
malheur  aussi  peu  coupables  que  nous,  parmi  lesquels 
il  s'est  trouvé  plusieurs  de  nos  connaissances,  gens  àe' 
lettres,  académiciens ,  etc.  Il  nous  semblait  être  de  la 
même  famille;  aussi  nos  liaisons  avec  eux  devinrent' 
très-étroites.  Ils  ise  rendaient  tous  les  jours ,  plusieurs 
heures ,  ajtiprès  de  notre  petit  feu  de  cheminée  ;  et  l'un 
d'eux  (  Cousin  )  qui  était  très-savant  en  chimie ,  en 
histoire  naturelle  et  en  astronomie,  et  bien  plus  estî^* 
niable  encore  par  ses  vertu^,  nous  fit  des  cours  de  tes^ 
diverses  sciences. -Nous  écoutions  avec  avidité,  sui*-' 
tout  le  cours  d'astronomie  ;  car  ,  en  nous  occupant  de 
ce  qui  se  passait  dans  lés  cieux,  nous  parvenions  pres^-- 
que  à  oublier  ce  qui  se  passait  sur  notre  pauvre  petite- 
planète.  Nous  avions  encore  alors  la  permission  d'aller 
nous  promener  quelques  heures  dans  la  cour ,  et  de  voir 
au  travers  des  barreaux  de  la  porte  d'entrée,  hos  do- 
mestiques ,  que  nos  bons  amis  chargeaient  de  nous  ap-^ 
porter  quelques  .douceurs.  Notre- ami,  le  savant  Pou- 
gens,  aujourd'hui  membfe  de  l'Institut ,  nous  envoyait' 
fréquemment  d'excellents  vins ,  et  fournissait  à  notre 
dépense.  Notre  bon  ami  Lami ,  ainsi  que  son  estimable' 
femme ,  nous  faisaient  parvenir  les  choses  les  plus  né- 
cessaires ,  comme  robes-de-chambre ,  mantelets ,  oreil- 
lers ,  couvertures,  etc.  Nos  draps  de  lits  étaient  changés 
tous  les  mois;  mais  ce  qui  était  plus  essentiel  encore |> 


.26  PIÈCES 

le  généreux  Laniî  fournissait  à  noire  bon  domestique, 
sur  sa  seule  s^nature ,  l'argent  dont  il.  avait  besoin  pour 
nous  nourrir,  ainsi  que  lui  et  sa  nièce  :  il  voulait  nous 
faire  ces  avances.) usqu' à  la  somme  de  dix  mille  livtes; 
c'était  Je  libraire  de  mon  mari. 

C'était  ainsi  que  se  passèrent  les  six  premiers  mois 
de  notre  détention.  Mon  mari  faisait  sans  cesse  des  mé- 
moires adressés  a^x  chefs  du  comité,^  etc.  pou|:  obtenir 
notre'  élargissement  \  trois  fois  on  nous  en  donna  l'es* 
pérance ,  et  trois, fois  elle  fut  vaine.  Le  bon  Lecierc^ 
qui  était  notre  homme  d'affaire,  avait  fait  lui-même 
un  mémoire  en  notre  faveur  ,  que  nous  couservon» 
comme  un  monument ,  non-seulement  de  la  bonté  de 
son  cœur ,  de  son  attachement  pour  ses  maires  ;  mais 
encore  de  ses  talents;  car  il  y  plaide  notre  cause  avec 
toute  la  sagacité.et  l'énergie  qu'exigeait  la  triste  situa-, 
tion  où  nous  nous  trouvions.  Notre  section,  à  Pouïe  de 
ce  mémoire ,  fit  pour  la  trobième  fojs  des  démarches 
en  notre  faveur  auprès  du  comité  de  salut  pubKe  ^ 
aussi  bien  accueillies  d'abord ,  mais  aussi  infructueuse» 
que  les  premières  par  l'instigation  du  tyran. 

Leclerc  nous  écrivit  à  plusieurs  reprises  :  vous  êtes; 
libres,  demain  l'on  viendra  vous  prendre,  j'ai  déjà  fait 
du  feu  dans  votre  chambre ,  j'ai  xm  pot  au  feu  pour 
vous  recevoir^ 

Trois  fois  je  fis  mes  paquets  ,  «et  personne  ne  vînt 
nous  chercher,  parce  que  Robespierre,  avait  soin  d'en- 
voyer tout  de  suite  un  émissaire  aii  comité  ^  pour'donner 
un  contré- ordrp. 

Dès  ce  moment ,  nôtre  sort  devint  di&  jour  en  jour^ 
plus  rigoureux-  ;  Ton  nous  interdit  la  lecture  des  jour- 
naux ;  on  vint  se  saisir  de  ce  qu'on  appelait  alors  ins^' 
truments  dangereux  ;  c'étaient  nos  couteaux,  no&fcHur-. 


JtJSTIFICATIVieS.  27 

clietiee  »  ciseaux  et  canifs.  Comme  nous  fumés  avertis 
à  temps  de  cette  opération ,  nous  fîmes  disparaître  nos 
montres  etie  peu  d'iirgenterie  que  nous  avions:  tout 
cela  fut  habilejment  caché  dans  nos  matelats  ;  ceux  qui 
avaient  négligé  cette  précaution  y  perdirent. beaucoup^ 
On  nous  ordonna  de  nous,  servir  à  l'avenir  de  couteaux , 
d«  fourchettes  et  cuillers  de  bttis.  hst  promenade  dans 
la  cour  fut  défendue  aux  prisonniers,  et  on  neus  en-« 
voya  (  pour  espionner  jusqu'à  nos  paroles)  une  horde 
de  ce  qu'on  appelait  alors  des  mcmtonsp.  Ces  monsi 
très  9  prisonniers  en  apparence  ,  «étaient  '  payés  pour 
les  délations  qu'ils  faisaient  au  comité  de  salut  pw* 
hlic,  • 

Kotre  promenade  fut  réduite  à  prendre  un  petr  d'exer-* 
cice  dans  la  grande  galerie,  infeetée  de  l'odeur  des 
commodités  ;  c'était  oependant'  la  seule  ressource  de 
tous  les  prisonniers  détenus  dans  la  maison.  ^Cet  aspect' 
n'était  guère  propre  à  nous  récréer  ;  cardon  n'y  voyait 
que  des  visages- abattus^  des  individus  en  mauvaises 
rob||pde*/chanthre ,  ea  bonnet  de  oiuit^  et  .laissant  croî-^ 
tre  leur  barbe  ;  car  l'entrée  des  barbiers  était  défendue*: 
XXans  <ïe  temps ,  je  me  trouvai  très  nal  par  la  fatigue» 
que  xae  donnait  le  soin  de  notre  petilt-Aiénsge;  mon 
mari  étendant  la  partageait 'pour  me  souiagerf^^  et  sa 
fonction  était  .de  retourner  chaque  jout;  nos  matelats  ^ 
et  d'aller  souvent  chercher  quelques  cruches  d'eau  dans 
la  cour.  >    -   '    .  ...        ...  ;       » 

J'avais  besoin  d'un^  pr<»bpt  ^secours ,  l^aceident  étant 
très-grave  ;  je  demandai  l'assistance  d'un  chirurgien* 
Il  fallut  faire  à  cette. occasion  une  pétition  présentée 
à  l'administration,  .toute  composée  de  vrais  Jaçpbins.! 
Point  de  réponse;  il  BsJlut  revenir  à  la  charge.  Le& 
jours  s'écoulaient  ^  et  je  souffrais  cruellement;  enfin  la 


^ 


â8  9  I  È  G    C  s 

refns  de  laisser  entrer  l'homme  que  je  demandais  arriva.^ 
Mes  amis  trouvèrent  un  excellent  expédient  :  ils  avarent 
appris  que  parmi  les-  prisonniers ,  se  trouvait  l'accou- 
cheur de  la  duchesse  d'Orléans ,  lequel  vint  à  mon  se- 
cours ,  et  me  soulagea  entièrement. 

La  promenade  de  la  galerie, toute-triste  qu'elle  était, 
nous  fut  ôtée  de  temps .%n  temps^  au  gré  du  caprice  ou 
dçs  soupçons  de  l'administration.  On  voulait  nous  trou* 
ver  coupables  de  conspiration  j  pour  avoir  le  droit  ou  le 
prétexte  de  nous  massacrer. 

Des  sentinelles  entouraient  le  Luxembourg,  et  nous 
réveillaient  la  nuit ,  en  criant  à  chaque  heure  de  poste 
en  poste  :  Citoyen ,  prends^garde  à  toi  /  On  avait  affi- 
ché aux  portes  de  la  maison  que  nous  avions  formé 
des  conspirations,  espérant  que  le  peuple  se  joindrait 
à  ceux  qui  devaient  nous  massacrer.  Un  jour  ,  jour  af- 
freux 1  au  cœur  de  l'été ,  par  une  excessive  chaleur , 
le  temps  était  couvert  ^t  très-orageux ,  nous  entendons 
tout-à-conp  un  bruit  terrible  dans  notre  corridor;  nous 
ouvrons  la  porte ,  et  nous  apercevons  de  tout  côt^|^es 
serruriers  occupés  à  mettre  en  dehors  de  chaque  porte 
de  gros  verroux  ,  pour  nous  enfermer  à  volonté  \  ce  qui  , 
en  effet,  arrivait  trèssonveQt  à  huit  heures  du  soin 

Nous  étions  donc  réduits,  dans  les  plus  graiflbscha* 
leurs,  à  étouffer  dans  nos  petites  chambres.  On  nous 
ota  notre  bon  et  honnête  concierge,  pour  nous. livrer 
entre  les  mains  d'un  monstre  qui  avait  travaillé  dan» 
les'  massacres  de  Lyon.  La  nuit ,  lorsque  nous  étions 
profondément  endormis,  cçt  homme  ,  accompagné  de 
gardes-clefs  et  de  grands  chiens,,  ouvrait  brusquement 
notre. porte  pour  voir  si  nous  étions  dans  nos  lits,  et 
d'une  voix  épouvantable,  nous  apostrophait  par  nos 
nomS|  en  ctiant  :  Es*tiâ  làF,*  ^  On  nous  donna  pour 


r 


JUSTIFICATIVES,  29 

surveillant  un  -poUe^clefs ,  appelé  Verne t  ;  il  s'acquit- 
tait trop  bien  des  fonctions  de  >sa  place  ;  car  il  dénon*^ 
çait  tous  ceux4]ui  lui  déplaisaient;  il  inspirait  la  terreur. 
Un  jour  que  mon  mari  se  promenait  tristement  dans 
la  galerie  ^  Ver  net  le  regarde  et  l'aborde ,  en  lui  di- 
sant :  est-ce  toi  qui  est  l'auteur  de  Joseph  ?  Mon  mari 
lui  répondit ,  avec  un  peu  d'émotion  :  oui ,  c'est  moL- 
m^me.  Eh  bien!  dit-il,  je  t'aime;  il  m'a  fait  pleurer^ 
et  je  veux  que  tu  me  le  donnes.  Très-volontiers,  ré-  • 
pliqua  Bitaubé  ,  lorsque  je  serai  libre.  Le  malheur^pc 
ne  Ta  pas  reçu  ;  car  il  fut  guillotiné  après  la  mort  de 
Sobespierre ,  auquel  il  avait  été  attaché* 

Nous  touchons  à  l'époque  où  le  pain  commença  à 
manquer  :  on  nous  interdit  alors,  l'entrée  de  ceux  qui 
nous  portaient  notre  nourriture.  On  sonnait  une  cloche 
&  midi  ;  c'était  pour  assembler  tous  les  prisonniers  à  la 
porte  du  concierge ,  où  l'on  nous  distribuait  un  pain 
lourd  et. mal  sain  ;  c'était  notre  ration  pour  chaque 
jour.  Dès  ce  temps- là ^  on  nous  annonça  l'établisse- 
ment d'une  table  commune  ;  ce  qui  empira  considéra- 
blement nos  maux.  On  nous  rassemblait  au  son  d'une 
cloche  à  trois  différentes  heures;  nous  étions ^u  nom- 
bre de  900  prisonnier£|jian8  la  maison  ;  3c>o  é^alent  tou- 
jours alimentés  à  la  fois  ;  on  marchait  deux  à  deux  de 
front,  en  se  suivl^t  à  la  file  ;  ce  qui  faisait  une  mar- 
che d'une  demi- heure  pour  arriver  jusqu'à  l'entrée  de 
la  salle;  chacun  tenant  sous  son  bras  son  pain  et  son 
couvert,  qui  consistait  en  une  cuiller,  une  fourchette 
et  un  couteau  de  bois  :  il  éfaXt  impossible  de  couper  ni 
le  pain  ni  la  viande  ;  et  par  ce  moyen ,  mon  mari  ,  qui 
avait  eu  le  malheur  de  perdre  ses  dents  ,  ne  pouvait  se 
nourrir  d'aucun  aliment  solide. 
Lorsque  nous  étions  arrivés  jusqu'à  l'entrée  de  la 


11 


3o  \     p  r  È  c  E  s    '  ' 

salle ,  là  porte  ne  Voiivrait  que  pour  y  faire  passer  une 
seule  personne.  Le  monstre,  dont  j'ai  parlé,  nous  ser- 
vait d'introducteur  ;  et  comme  je  marchais  lentement , 
étant  très- incommodée  d'une  douleur  de  rhumatisme  , 
cet  homme,  les  bras  nus  ,  vêtu  d*un  gilet  de  laine  , 
un  bonnet  rouge  sur  la  tété  ,  le  bras  toujours  levé 
comme  pour  frapper  ses  victimes,  m'apostrophait  en 
me  criant  d'une  voix  terrible  :  Veux-iu  bien  avancer  ! 
Je  faisais  donc  un  effbrt  pour  entrer  dans  cette  salle 
iîg^ense ,  où  se  trouvaient  plusieurs  longues  tables  sans 
nappe,  entourées  de  bancs  sans  dossiers.  Je  m'y  suis 
trouvée  placée  entre  deux  citoyens  dégoûtants  sous  plus 
d'un  rapport;  l'un,  couvert  de  gale,  ofiVait  l'objet  le 
plus  hideux  ;  l'autre  était  chargé  des  fonctions  sales 
et  viles  de  vider ,  nettoyer ,  emporter^  et  rapporter  les 
po^s  de  nuit  des  prisonniers. 

•  -Au  cœur  de  l'été,  danis  une  Canicule  brûlante,  nos 
tables  étaient  servies  de  mauvaises  petites  lentilles  , 
de  haricots  Secs  et  de  viandes  le  plus  souvent  gâtées 
et  dures  ;  telles  enfin  qu'on  les  renvoyait  au  traiteur , 
qui  les  remplaçait  par  de  semblables.  Quant  à  la  soupe  , 
c'était  un- composé  de  bouillon  très- mince  et  de  quan- 
tité d'un  pain  lourd  et  m^l  ciïît.  Tous  ceux  qui  n'a- 
chevaient pas  leur  portion  de  ce  détastàble  brouet, 
en  vidaient  le  reste  dans  la  commuqe  soupière  ,•  qui , 
de  cette  manière  se  trouvant  de  nouveau  presque  rem- 
plie ,  servait  à  la  secondé  table  ,  puis  à  la  troi- 
sième ,  etc.        • 

.  Le  vin  ,  très-aigre  ,  étâît*  fixé  à  une  demi-bouteille 
par  tête ,  et  ne  devenait  potable  qu^en  y  mêlant  beau- 
coup d'eau.  -^  Réduits  à  de  tels  mets,  environnés  d'une 
XeWe  compagnie,  il  est  aisé  de  croire  que  nos  amis  et 
nous  ,  ne  touchions  à  rien  )  mais  nous  emportions  nos 


V 


JUSTIFICATIVES.  3l 

Jéguuies*,  je  les  assaisonnais  avec  force  vinaigre,  et  de 
notre  mauvaise  viande ,  je  faisais  un  hachi  au  moyea 
d'un  couteau  que  j'avais  caché ,  et  d'une  planche  qui 
était  au  chevet  de  mon  lit. -Notre  souper  se  bornait  au 
reste  de  notre  pain  et  de  notre  vin  ;  et ,  ce  qui  est  très- 
remarquable  ,  c'est  qu'un  appétit  constant  nous  faisait 
trouver  ces  aliments  fort  bons,  surtout  n'étant  pas  for<9 
ces  de  les  prendre  «à  la  table  commune.  Le  déjeûné 
avait  particulièrement  quelque  chose  d'agréable  ;  sans 
doute  par  l'effet  du  bon  air  que  nous  respirions  au  tra- 
vers des  barreaux   de  notre  fenêtre  ;  elle  donnait  sur 
le  grand  jardin  du  Luxembourg.  Nous  contem'plions 
aussi  de-là  les  superbes  allées   des  Carmes  que  nou$ 
avions  en  face  ;  nous  placions  notre  petite  table  et  nos 
chaises  de  paille  le  plus  près  de  cette  fenêtre  qu'il  nous 
était  possible,  et  nous  y  prenions,  même  avec  plaisir  $ 
quelques  tasses  de  thé  ,  où  nous  tiem pions  les  restes  de 
notre  mauvais  pain.  Mais  nos  jours  de  festin  étaient  ceux, 
où  nos  voisins  nous  faisaient  parvenir  un  peu  de  beurre 
frais  :  lorsqu'on  souffre  de  mille  privations  ,xes  bagatelles 
ont  quelqu'importance. 

Cependant  il  fallait  s'attendre  à  de  nouveaux  mal- 
heurs ;  chaque  jour  l'orage  avançait,  chaque  jour  oa 
nous  enlevait  nos  meilleurs  amis ,  pour  les  mener  à  la 
Conciergerie,  d'où  l'on,  ne  faisait  qu'un  pas  pour  se 
rendre  au  tribunal  révolutionnaire  ,  où  les  attendaient 
ces  sentences  de  mort  auxquelles  si  peu  de  citoyens 
innocents , riches  ou  célèbres,  ont  échappé.  Dans  notre 
société  seuleniient,  nous  perdîmes  alors  Phonnéte  Ni* 
colaï ,  magistrat  estimable  ,  le  vertueux  Thouret ,  le 
général  Dillon  ,  et  tant  d'autres  auxquels  l'on  ne 
pouvait  réprocljer  que  des  vertus.  Heureusement  pour 
nous,  le  C.  Cousin,  si  chéri  de  nous  tous,  et  si  res- 


3«  PIÈCES 

pectable  y  fut  renvoyé  par  ses  fuges ,  qui  tut  dirent 
que  l'on  s'était  trompé  de  nom.  Lorsque  cet  ami  nous 
quitta  pour  se  rendre  devant  ses  juges  iniques ,  les 
larmes  coulèrent  de  tous  les  yeux  des  prisonniers  ;  lui 
seul,  avec  une  constance  admirable  ,  prit  congé  de 
nous,  en  croyant  nou&  dire  adieu  pour  toujours.  Nous 
entendions  rouler  dans  la  cour  la  charette  odieuse  avec 
laquelle  on  venait  prendre  les  vic*times  condamnées  au 
supplice  ;  leur  départ  était  aniioncé  par  des  trompettes  , 
dont  l'éclat  faisait  frissonner.  Depuis  ce  temps  ,  le 
son  de  cet  instrument  me  cause  une  émotion  invojon* 
taire  et  cruelle.  Notre  pauvre  baron  me  disait  souvent  : 
j'ai  le  pressentiment  que  je  ne  sortirai  d'ici  que  pour 
aller  à  la  mort.  Je  le  rassurais  ;  mais  je  ne  cessai  de 
craindre  pour  lui.  Notre  conversation  -ne  roulait  plus 
que  sur  l'immortalité  de  l'ame;  il  me  disait  :  si  jamais 
j'ai. le  bonheur  de  sortir  d'ici ,  je  me  propose  de  vivre 
tout  autrement  que  je  n'ai  fait.  C'est  ainsi  que  chacun 
de  nous  s'attendait  à  la  mort ,  et  qu'on  s'y  préparait  les 
uns.  les  autres. 

Pour  moi ,  je  leur  disais  souvent:  Eh  bien/  s*ilà 
guillotinent  mon  corps  ,  ils  ne  pourront  guillotiner  mon 
ame  !  Dans  une  situation  que  chaque  instaat  rendait  plus 
sinistre,  je  dois  l'avouer,  nous^  ne  nous  entretenions, 
mon  mari  et  moi ,  que  des  moyens  âe  finir  nos  jours  sans 
trop  souffrir,  et  qui  pussent  nous  épargner  les  horreurs 
dont  un  peuple  égaré  accompagnait  celles  du  supplice* 
J'avais  entendu  dire  que  la. fumée  du  charbon  noir 
suffoquait  sans  de  grandes  douleurs  ;  l'idée  me  vint 
d'en  faire  venir ,  résolue  de  l'employer  à  cet  usage  , 
si  les  choses  en  venaient  au  point  de  nous  forcer  à 
cette  affreuse  extrémité.  J'écrivis  donc  à  Leclerc  de 
me  faire  parvenir  du  charbon,  sous  le  prétexte. d'ap- 
prêter 


Jirêtelr  nos  aliments  d*une  manière  plus  commode.  Je 
ae  sais  8*il  me  devina  ;  mais  il  ne  m'en  envoya  point  ; 
ce  qui  augmenta  beaucoup  nos  inquiétudes  ;  car  nous 
vous  aUendiôns  chaque  jour  à  subu  le  sort  de  nos  amia 
malheureux. 

Le  pressentiment  du  baron  se  réalisa.  Il  me  disait 

peu  de  temps  avant  qu'il  nous  fût  jenJevé  :  Je  regarde 

ce  qui  se  passe  ici  comme  ce  qui  arrive  dans  un  pou" 

lailler;  là  t>n  va  saisir  ceux  qu^on  croit  bons  à  mander; 

ici  ceux  ifuon  sait  être  riches  ,  et  même  ceux  à  qui 

Von  croit  des  talents  au  des  vertus.  Quatre  semaines 

avant  la  mort  du  tyran,  on  vînt,  à  quatre  heures  du 

matin ,  appeler  une  foule  de  prisonniers  par  leurs  noms; 

nous  entendîmes  avec  effroi  celui  de  notre  malheureux 

ami.  On  lui  ordonna  de  se  lever  sur  le  champ,  de 

s'habiiler  et  de  se  rendre  dans  la  galetie  oîi  étaient  déjà 

rassemblés  un  grand  nombre  de  prisonniers,  pou»  être 

conduits  ,  à  ce  qu'on  disa^,  à  la  Conciergerie  ;  de 

cette  prison-^ià  ,  il  y  en  avait  peu  qui  en  revinssent  j 

elle   était   comme  Tanti  '•  chambre   de   la   guillotine. 

Soixante  pribonniers  partirent  avec  lui,;  il  ne  se  flatta 

^   point  de    nous  revoir;  et,  pâle,  tremblant,  il  prit 

congé  de  nous,  en  nous  suppliant  de  lui  pardonner  si 

nous  avions  quelque  chose  à  lui  reprocher.  Nous  nous 

-embrassâmes  en   fondant  en  larmes  :  que  cçtte  scène 

était  déchirante  !  ni  lui  ni  les  soixante  ne  reparurent 

plusl  C'est  assez  dire  le  reste Pouvait-on  se 

flatter  d'échapper  a  tant  d'horreurs?  Le  desirait-*oa 
même?. . .  -  • 

Nos  jours  se  passaient  ainsi  tristement  ;  le  peu  d'exer* 

cice  que  nous  prenions  dans  la  galerie,  était  empois 

sonné  par  la  présence  des  espions;  on  ne  se  parlait  plus. 

Je  marchais  à  côté  de  mon  mari ,  l'air  morne ,  la  téi» 

\  Tome  ir.  3 

f 


[ 


Si  9  I  à  C  B  s 

penchée;  car  ju«^n*a«x  regards  éi^aitnt  înlerprA^.  Noi 
amis,  ainsi  que  îes  aatres  prisonniers,  frappés  de  J« 
même  terreur,  observaient  la  naéraé  cot>train(e^  par* 
tout  régnait  unsiience  effrayant.  A  huit  heures  «^chacun 
se  retirait  clans  son  apparteinent  où  toute  lumière  était 
interdite  On  3e  couchait  dans  les  ténèbres  en  cherchant 
son  lit,  et  ijuelcfuefois,  avant  d^y  «ntrer,  on  se  glis* 
sait  dans  le  corridor  (éclairé  par  ia  lumière  pâle  d'une 
lami)e  )  lorsque  les  verroux  ,  en  dehors  de  ikJs  porte»  ^ 
n'étaient  point  encore  fermés.  On  éloignait  ainsi  le 
moment  de  se  loettre  au  lit  par  des  chaleurs  brû* 
lantes. 

Mais  nous  touchions  (sans  le  savoir)  à  la  fin  de  no« 
pr  ine.H ,  f  t  le  jour  de  la  délivrance  parut  enfin  II  s'an- 
tionça  par  le  son  du  tocsin  ,  -qui  dura  vingt-quatre 
heiu>s  Nous  nous  précipitons  aunt  fcâïf très,  chacun  in- 
terpiptani  differemmenrce  terrible  signal;  car  ce  qui  se 
passait  au  dehors  ne  nou^ parvenait  q  e  difficilement» 
•Les  uns  se  flattaient  que  le  bon  parti  triomphait ,  d'au- 
tres rra  gnaient  le  contraire.  Mon  mari  descend,  de 
très  grand  matin,  dans  la  galerie,  pour  y  apprendre 
ce  que  nous  avions  à  craindre  ou  bien  à  espérer.  Il 
«•emontt»  subitement,  le  visage,  la  voix  altérés  Qu'est  il 
donc  a^rri vé ,  lui  dis-je  ?  N'hua  sommes  Uores^  répondit4l^ 
le  /jran  se  meuil, 

\  oici  comme  on  lui  fit  part  de  cette  heureuse  nouvelle: 
Un  ami ,  Cousin  ,  le  prend  à  l'écart  d^ns  la  ga  erie,  ea 
Jui  demandant  ,  a  voix  basse  :Sdvez  vous  gainer  un  se** 
cret  ?  Oui,  dit-il.  lih  bit  n  ,  apprenez  que  Robespierre 
n'est  plus!  Uu  geste  de  joie  échappe  à  mon  mari.  Soa 
.ami  lui  dit  :  mais  vous  vous  trahissez:  contenez  vous 
donc«  Mon  mari  part ,  et  remonte  pour  m'annoucer  cette 
.  lïeun^u.se  nouvelle- 
:  ]Nou£i4}as8ons  tous  deux  de  la  plus  aiFreuse  doulei^r  à 


ar  TT  s  T  ï  r  î  c  À  V  i:  s.  25 

la  Joîe  ?a  pTus  vive  :  i'en  conserve  encore  le  senfîment 
dëllcieux.  Qui ,  novi»  étions  heureux  alors ,  m^rae  dans^ 

les  fers. 

Trois  jours  après  la  naort  de  Robespîerre  ,  qnelqn^lin 
▼înt  de  la  part  du  comité  de  sàtut  public  pour  no'  s  an- 
noncer notre  Ubert:^  On  demande  à  parles  auCBitaubér 
il  se  promenait  dans  la  coiîr  ;  toutes  les  voix  s'élèvent 
p^ur  l'appeler  ;  il  arrive  :  Fous  êtes  libres ,  fui  crfe 
Tbomme  chargé  de  lui  annoncer  cette  heureu  e  uoti— 
Telle  !  vous  êtes  libres  !  Ces  dmices  paroles  sont  répétée» 
par  toutes  les  bouches.. . .  Mon  mari  se  hâte  de  me  les 
apporter  ;  il  monte  l'escalier  entouré  d'une  fottle  immense 
qui  s'écriait  à  la  fois  r  Vous  êtes  libret»  f.  Il  faut  partir 
tout  à  l'heure.  Je  fis  mes  dispositions  à  fa  hâte ,  sans  sa* 
voir  ce  que  je  faisais  ni  ce  que  Je  disais ,  tant  la  joie  me 
transportait. 

Une  circonstance  (minutieuse  en  eîle-m^me  )  se  re- 
trace en  ce  moii)eut  à  ma  mémoire.  Noos  étions,  de- 
puis longtemps,  privés  des  fruits  les  plus  communs 
pendant  les  chal^-urs  excessives  de  ïa  canicule ,  et  Ce- 
pendant nous  avions  besoin  de  nous  rafraîchir.  Le  bon 
X.eclerG  nous  fit  parvenir  des  groseilles  ;  je  les  avaii  pré- 
parées et  assaisonm'es  avec  du  sucre  ,  dans  l'espérance 
d'en  faire  un  souper  délicieux  ;  mais  au  moment  oir 
j'appris  l'heureéÉe  nouvelle  de  lïotre  élargissement,  je 
ne  puis  exprimer  avec  quel  plaisir  j'abcrndonnai  à  nôtre- 
malheureux  camarade  de  chambre ,  qui  restait  seuf  danff 
notre  taudis  ^  cet  agréable  et  salutaire  aliment.  Nour 
lui  fîmes  de  tendres  adieux  ,  en  lui  promettant  de  fi»ire 
tout  ce  qui  dépendrait  de  nous  pour  iui  faire  rendre- 
la  liberié  ;  mais  sa  captivité  dura  encore  quatre  se-- 
maines. 

Enfin  nous   descendons    Joyeusement   les   escaliersy 
entourés  de   nos  amis  et  de  nos  voisins»  Mous  voifir 


36    r  T  1  k  c  lEi  % 

daos  cetfç  çouf  (  naguère»  témoin  de  nos  douloureasef 
craintes  )  marchant  la  tête  levée  au  milieu  de  neuf  cents 
prisonniers  rangés  en  haie  des  deux  côtés  |)our  nous 
faire  un  passage  jusqu'à  la  porte  du  Luxembourg. 
Cette  marche  offrait  l'iiiiage  d*un  vrai  triomphe  : 
sous  ne  pouvions  avancer  tant  les  embrassements  de 
nos  amis  nous  arrêtaient;  nous  étions  jetés  des  bras  des 
uns  dans  les  bras  des  autres,  avec  des  cris  de  joie,  et 
tout  retentissait  des  cris  de  viue  la  liberté!  Nous  ne 
parvinmes  aux  portes  qu'avec  une  peine  infinie  ;  mais 
noi/s  les  passâmes  enfin  ces  portes  fermées  pendant  neuf 
mois  pour  nous. 

Mous  fumes  obligés  d'aller  prendre  nous-mêmes  une 
voiture,  et  de  passer  à  travers  une  rue  très-longue. 
Nouveaux  obstacles  pour  y  arriver  :  elle  était  garnie 
d'une  foule  de  personnes  sorties  de  leurs  maisons ,  pour 
voir  passerles  premiers  prisonniers  mis  en  liberté  depuis 
la  moft  du  tyran*  De  tous  côtés ,  on  nous  donnait  mille 
bénédictions.  Nouveaux  embrassements  de  personnes  que 
Dous  n'avions  jamais  vues;  des  larmes  de  joie  coulaient 
de  tous  les  yeux.  Nous  ne  répondions  à  ces  témoignages , 
d'un  intérêt  si  honorable  pour  nous  ,  qu'en  disant  et 
en  répétant  :  Citoyens ,  c^est  ici  la  plus  beau  jour  de 
notre  vie. 

Nous  voilà  arrivés  à  la  voiture  aveei notre  ange  li- 
bérateur ;  il  y  entra  avec  nous  ;  il  eut  la  délicatesse  de 
ne  pas  vouloir  noqs  dire  son  nom ,  et  de  nous  quitter 
devant  la  porte  du  comité  de  salut  public. 

Notre  émotion  croissait  à  mesure  que  nous  appro- 
chions de  notre  demeure  ;  la  iêtt  nous  en  tournait.  Nous 
descc  ndons  de  la  voilure  ;  tous  ceux  que  nous  rencon- 
trous  sont  embrassés  ;  mais  le  moment  oii  nous  revîmes 
nosdomes4iques  ne-saurait  se  décrire  :  des  soupirs,  des 
larmes  ^  furent  nos  muets  interprètes  ^  jusqu'au  momyent 


3r  U  s  T  I  F  I  C  A  T  I  T  E  s.  37 

oît  notre  bon  vieillard  s'écria  :  Seigneur ,  laisse  main;'* 
tenant  aller  ton  serviteur  en  "paix. 

Le  souper  servi ,  nous  nous  mîmes  ensemble  autour 
de  lannéme  tabli^ ,  afin  de  nous  entretenir  à  notre  aise 
de- ce  qui  aiFectaitle  plus  nos  Cœurs.  On  né  mangeait 
paS)  on  parlait,  on  pleurait,  on  riait,  et' puis  on  cho^' 
quaitles  verres  en  signe  de  joie;  à  peine  songeait-on  à 
se  coucher,  et  cependant  nos  lits  valaient  un  peu  mieux 
que  ceux  du  Luxembourg. 

Notre  réveil  nous  parut  une  résurrection ,  et  chaque 
jour  notre  existence  nous  devenait  plus  douce  et  plus 
chère.  Nos  amis  de  malheurs  venaient  nous  voir  à 
mesure  qu'ils  avaient  obtenu  leur  liberté,  pour  b^nir 
le  ciel  avec  nous  de  leur  bonheur ^t  du  nôtre. 

Nous  nous  rendîmes  à  notre  section ,  accompagnés  de 
Xeclerc.  Mon  mari  exprima  à  la  section  notre  recon* 
naissance  pour  l'intérêt  qu'elle  avait  pris  à  notre  situa- 
tion. Le  président  l'embrassa,  et  le  fît  asseoir  à  côté 
de  lui.  Une  voix  s'éleva  ,  et  dit  :  «  Ne  témoignerons- 
•f  nous  pas  nos  sentiments  au  bon  vieillard  ,  ce  fidelle 
«-  domestique?  »•  Le  président  embrassa  Leclerc  et  le 
plaça  à  sa  gauche.  En  sortant ,  Leclerc  nous  dit,  les  yeux 
mouillés  de  larmes  :  «  C'est  le  plus  beau  jour  de  ma 
••  vie.  »  On  peut  se  représenter  les  applaudissements 
d'une  section  si  vivement  touchée  de  nos  malheurs  et 
de  notre  délivrance. 

Le  moment  vint  où  il  fallut  mettre  quelque  ordre  h 
nos  affaires, et  compter  avec  ceux  qui  nous  avaient  as- 
sistés si  généreusement  pendan-t  nqtre  captivité  ;  car  nous 
aurions  succombé  sous  l'indigence,  s'ils  n'éiaient  venua 
i  notre  secours. 

Nous  étions ,  dans  ces  temps  malheureux  ,  privés 
de  toutes  nos  ressources  pécuniaires  :  les  pensions  de 
-UkOXL  maci  étaient  supprimées}  il  n'était  permis  à  per^ 


/ 


38  PIÈCES 

sonne  de  recevoir  des  revenus  de  IVtranger  ;  ainsi  no$ 
revenus  de  la  Prusse  ne  purent  nous  parvenir;  et  ecr 
pendant  il  fallait  faire  vivre  nos  deux  dome-trqties  ^ 
et  pourvoir  à  notre  propre  snbs'stance  pendant  sept 
à  huit  mois  de  notre  détention  5  la  table  coiumune 
n'ayant  eu  lieu  que  Je»  deux  derniers  mois.  Notre 
dépense  cependant  était  énorme  ,  vu  la  cherté  ex- 
cessive qui  régnait  alors.  Les  avances  que  nous  firent 
nos  généreux  amis  allaient  à  hni^  mille  livres. 

Nous  devons  une  reconnaissance  éternelle  à  nos  deux 
bienfaiteurs,  Pougens  et  i. ami ,  libraires.  Le  risque  de 
perdre  leurs  avances  était  presque  certain  pour  eux  ; 
car  ils  ne  pouvaient  se  flatter  que  faiblement  de  nous 
revoir  jamais. 

Dans  le  temps  que  le  danger  devînt  pour  nous  plus 
certain  d*un  jour  à  l'autre,  mon  marf  fit  parvenir  à 
M.  Lami  un  billet  adi^essé  à  notre  famille  en  cas  de 
mort,  pour  qu'il  fût  remboursé  des  avances  qu'il 
nous  avait  faites.  Sa  délicatesse  en  fut  blessée  vivement, 
et  il  lui  en  Ht  des  reproches  pleins  d'amitié.  Lors- 
que nous  nous  sommes  acquittés  envers  nos  généreux 
amis  ,  nous  n'avons  osé  parler  d'intérêts  ,  c'eût  été 
pour  eux  une  offense  :  ils  eurent  soin  de  nous  en  pré-^ 
venir. 

Nous  n'oublierons  aussi  jamais  un  trait  de  généro- 
sité et  de  grandeur  d'ame  de  la  part  de  Leclerc. 
Lorsque  mon  mari  reçut  la  nouvelle  que  ses  deux 
pensions  étaient  supprimées,  ce  fidelle  domestique  lut- 
dit  :  ..  Kh  bien!  monsieur,  je  ne  veux  point  recevoir 
«  de  gages ,  je  vous  servirai  avec  autant  de  zèle  et  de 
«  plaisir  que  si  j'étais  payé.  *•  Mon  inari  n'accepta  pas 
son  offre. 

Nous  nous  vîmes ,  peu  de  temps  après  que  nous 
fumes  rendus  à  la  ïAyexXé  ,  dans  l'heureuse  situatioa 


,^  17   8   T   I  F   I  Ç   A  T   I  V  B   8.  3ç 

de  pouvoir  reconnaître  des  sentiments  aussî  nobles.; 
car  les  pensions  fuient  rendue»  à  n»on.miiri  avec  les 
arrérages.  La  paix  avec  la  Prusse  fit  lever  le  séquestre 
jmis  sur  les  biens  des  étrangers  ,  et  nous  reçûmes  nos 
intérêts  comme  aupai  avant.  Nous  nous  honorons  de 
pouvoir  nommer  à  celte  occasion  parmi  nos  prolec- 
teurs, les  ce.  Syeyes  et  Baithekmi ,  et  S.  E.  monsieur 
de  Hardenberg. 

Les  nouvelles  les  plus  heureuses  se  succédèrent  cha« 
que  jour  pour  nous:  ie  nouveau  gouvernement  voulant 
jéparer  en  quelque  sorte  les  injustices  que  nous  a\îons 
essuyées^  nous  fit  annoncer  que  nous  serions  logés  au 
Louvre::  c'est  un  iapparlement  charmant,  supérieure- 
ment bijÊn  situé^^  que  nous  occupons  depuis  notre  sortie 
du  Luxembourg.  Mon  mari  fut  nommé  à  l'Institut  na- 
tional. / 

JN^ous  pûmes  ac-quitter  .tontes  nos  dettes  dans  un  seul 
Jour. 

C'est  ainsi  >q%ie  nous  passâmes  du  mal  au  bien ,  de 
l'excès  des  craintes  à  la  parfaite  tranquillité  de  l'ame* 
Heureux  d'avoir  appris  k  l'école  du  malheur,  que.nous 
portons  en  nous-mêmes  toutes  les  ressources  néces- 
saires pour  le  soutenir  et  même  pour  le  surmonter  ; 
qu'enfin  ,  plus  les  secours  de  la  Providence  se  sont  fait 
attendre  à  l'infortune,  plus  ils  en  acquièrent  de  prix; 
à  ses  jreux  (  i  )• 


(  I  )"Voicî  la  copie  des  dénonciations  faites  au  comité  de  snreté  géné« 
raie ,  contre  le  C  Bitaubé  et  sa  .fernme. 

■<.°  Amis  de-AoIand,  de  Brissot  «t  de  leurs  complices.;  2.^  avoir  aouB* 
crit  au  journal  de  Brissot  ;  3.*^  Bitaubé  a  été  membre  de  l'académie  des 
inscriptions  et  belles-lettres  de  Paris  j  4*^  i^  s'est  retiré  de  la  société  des 
jacobins.  •  ' 

'  Ces  dénonciations  tiréef  des  registres  dû  comité  y  nouï  furent  enn 
VQyèeê  au  Luxembourg  par  un  de  nos  amis*  . 


40«  PIÈCES    JUSTIFICATIVES* 

N.^V  (Page  398). 

Lettre  citée  dans  le  rapport  de  Courtois  y  faic^ 
à  la  corn^ention  y  le  16  nivôse  an  troisième  j 
trouvée  dans  les  papiers  de  Robespierre. 

Sans  doute  vous  été»  inquiet  de  n'avoir  pas  reçu  pi  us  tôt" 
des  nouvelles  des  effets  que  vous  m'avez  fait  adresser 
pour  continuer  le  plan  de  faciliter  votre  retraite  dans 
ce  pays-;  soyez  tranquille  sur  tous  les  objets  que  votre 
adresse  a  su  me  faire  parvenir  depuis  ie  commencement V^ 
de  vos  craintes  personnelles ,  et  non  pas  sans  su)et  ;  vous 
savez  que  je  ne  dois  vous  faire  de  réponse  que  par  notre 
courrier  ordinaire;  comme  il  a  été  interrompu  dans  sa 
dernière  course,  cela  est  cause  dé  mon  retard  aujoiir* 
d'hui  \  mais  lorsque  vous  le  recevrez ,  vous  emploirez 
toute  la  vigilance  qu'exige  la  nécessité  de  finir  un  tbéâ« 
tre  où  vous  devez  bientôt  paraître  et  disparaître  pour 
la  dernière  fois.  11  est  inutile  de  vous  rappeler  toutes  les 
raisons  qui  vous  exposent;  car  le  dernier  pas  qui  vientr 
de  vous  mettre  sur  le-sopha  de  la  présidence,  vous  rap- 
proche de  Péchafaud,  où  vous  verriez  cette  canaille  qnî  , 
vous  cracherait  au  visage,  comme  elle  a  fait  à  ceux  que 
TOUS  avez  jugés.  Egalité,  dit  d'Orléans ,  vous  en  four- 
nit un  assez  grand  exemple  ;  ainsi ,  puisque  [vous  êtes 
parvienu  à  vous  former  ici  un  trésor  suffisant  pour. exister 
longtemps ,  ainsi  que  les  personnes  pour  qui  j'en  ai  reçu 
de  vous ,  je  vous  attendrai  avec  grande  impatience  ,  pour 
rire  avec  vous  du  rôle  que  vous  avez  joué,  dans  le  trou-% 
bie  d'une  nation  aussi  crédule  qu'avide  de  nouveautés..  •  . 
—  Prenez  votre  parti ,  d'après  nos  arrangements ,  tout 
est  disposé.  JefiniS|  notre  courrier  part;  je  vous  attends 
pour  réponse. 


/ 


TABLE 

* 

Dts  épotjuts  conienues  dans  h  tomequutrièmeé 


HUl'riÈMKÉl^OQUEfc 

ïfivasion  de  la  france  par  les  armées  coalisée».  Page  t 
t)ampierre,  général  eo  che£  .       3 
ÎVfo'rt  du  général  Dampierre.  it   ' 
Custînes,  général  en  chef.  iS 
Siège  et  prise   de   Mayence ,  de  Condé^  de  "Valen- 
ciennes.  18 
Affaires  du  Calvadosk  tf 
Arrivée  à  Paris  de  Charlotte  Cprday»  ai 
Mort  de  Marat.  *7 
Exécution  de  Charlotte  Cordaj.  fi8 
Toulon  livré  aux  anglais.  3o 
Bataille  de  Hondtschoote.  £3 
Jugement  et  exécution  de  Custine»,             •.  60 
Arrestation  de  Senaonvifle  se  rendant  à  l'ambassade  de 
Constantinople*      ^  63 
Siège  de  Lyon-  68 
Prise  de  Lyon.  ^o 
Reprise  de  Toulon  par  les  Français.  89 
Décret  d'accusation  contre  78  membres  de  la  Conven- 
tion. 96 
Mort  de  Marie-Antoinette  d*Autriche.  107 
Exécution  de  21  membres  de  fa  Convention.  -        xi^ 
Exécution  de  Philippe  d'Oiléans.  I2« 
Les  égiircs  fermées.  ja3 
Exécution  du  général  Bouchard*  z3c 
Tome  IF*  26 


La  Ifireur  X  l'ordre  du  jonr.  Page  144 

Affaires  de  la  Ve-nd^e.  1S7 

Sxt'cutions  journalièrei   d'un  grand  nombre  de  vic- 
times. 190 
D^claialion  de  guerre  à  l'Espagrie.  194 
Exécution  du  général  Biron  ,  du  maréchal  Luckncr  et 
de  Lamouret,  évoque  consliiuiioonel  de  Lyon.    284 
Décret  qui  proclame  i'iibolilion  de  l'esclavage  dam  iea 
Colonies.                                                                        '  a  3? 
Embrasement  de  la  ville  du  Cap.  264 
Procès  de  Danton,  Lacroix ,  etc.  391 
Frise  de  Furnes ,  Menin,  Courtraî.  3i8 
Bataille  de  Fleurus.  33o 
'    CoDquëte  des  Pays  Bas.  333 
fiéteodue  conjuration  des  prisons.  t^ 
'■   Exécution  Ata  fermiers-généraux.  34a 
Jugement  tt  exécution  de   Madame  Elisabeth,  sœur 
de  Louis  XVI.  3^3 
Décret  qui   proclame  Yexistence  de  l'Etre  suprême  et 
Ûimmojlalité  de  Came.                                               ^S 
Fête  en  l'honneur  de  l'Etre  suprême.  349 
Décret  d'arrestation  de  Robespierre.  3t{ii 
'  '  Neuf  thermidor •  ^89 


TABLE 


DES   PIÈCES  JUSTIFIC  ATIVE^J 


R  tr  .1  T  I  è  M  É  ,  £  p  o  «2  o  ic« 

N.**  t.  Fragment  d'une  notice  du  général  W.    PageS 
2.  Fragment  d'un  journal  du  corps  de  Condé.      7 
3*  Diverses  dénominations  de  factions  employées, 
pendant  la  révolution.  i5 

4.  Lettre  de  Madame.  Bitaubé  i  %€i  frères.       17 

5,  Lettre  citée  dans  le  rapport  de  Courtois,  fait 

à  la  Convention,  le  16  nivôse. an ^roisfème^ 
trouvée  dans  les  papiers  de  Robespierre.  *    49 


fmt 


ERRA  TA 

V  Pour  le  quatrième  volume. 

Page  i38 ,  ligne  24  ^  Moreau  déjà  général  en  chef,  lisez 

Moreau  général  de  division. 
P*  iSoy  lig,  2j  victimes,  /.  victimes. 
JP.  «24 ,  lig.  39 ,  et  225 ,  lig,  1  y  Hagueneau ,  /.  Weîs- 

sembourg. 
P,  ai6,  lig.  17,  des  Alpes.,  /.  des  Alpes,. 
P.  252,  lig.  17,  le  relour,  /.  ou  le  retour. 
JP.  3o7  f  tig,  14,  une  grande,/,  on  prit  une  grande. 
JP*.  3^7,  lig*  14,  à  ses,.  /.  à  ces. 
p.  3:1^,^/1^.  ^,  la  fussent,  l.  le  fussent. 
P.  33S,  Idg.^  2^,  se  déposter ,  /.  îe  déposter. 
jp.  352 ,  lig.  23  ,  ces  premiers ,  /.  ses  premiers. 

Nota,  «  L'orthographe  topographique  étant  inéTÎtahlement  incertaiit 
<t  parla  différence  des  langues  ,  des  prononciations,  des  papiers  pubh'cs 
ce  et  des  cartes ,  le  présent  errata  se  rapporteaux  différentes  manière! 
le  dont  se  trouvent  écrits  les  noms  des  lieux  et  les  noms  propres.  » 

page  I  ,  ligne  10,  Hondscoote ,  lisez  Hondtschoote. 

P.  4  ,  lig.  7  ,  Curgi ,  /.  Curgîes. 

Idenij  Normale^  /.  Mormal. 

P.  12  ,  lig.  12  et  22 ,  Rouelle,  /.  Rouelle. 

Idem  y  lig.  26,  d'Ausie,  l.  d'Auzaiu. 

P.  14,  lig.  18,  Tucoîng  et  de  Ronck ,  /.  Tourcoîn  et 

de  Roncq. 
P.  i5,  lig,  i3,  Hombach,  l.  Hornebach. 
Idem  y  lig,  17,  Reinzabern  ,  l,  Rheinzabern. 
P.  36,  lig.  27,Salzbacb  et  Brexenheim,  /.  Salbachet 

Bretzenheim. 
P.  42  9  %.  6 ,-  Marlî ,  /.  Marlis. 


I 


Page  Y!  1  %'^  4 1  ^^"*  *  ^^^^*  îlœûT* 

Idem^  lig»  22  ,  Normale,  L  Mormal. 

P,  48  ,  lig,  20 ,  LinceUe ,  /.  Linselles. 

P.  5o ,  lig,  27  ,  StuiTvord^ ,  A  Si^enwoorde. 

JP.  Si  ,  %.  14  ,  Rossbruges ,  /.  Rousbrugge. 

P.  52  ,  b'g,  8 ,  Benbeck  ,  /.  Bambeck. 

P.  78,  ^j^».  II  ,  Aîguebianche,  A  Ayguebelle^ 

/c?^/«,  lig.  20  ,  Valmenie  ,  /.  Valmeynier, 

P.  83 ,  lig,  t ,  Saron  ,  /.  Faron, 

P.  88 ,  hg.  4  ,  idem, 

P.  182,  %.  7,  Vervîk,  /.  Werwîck. 

P.  i33,  //^.  7,  Ronbais,  /.  Roubaix. 

Idem^  lig,  8^  Lanoi,  /•  Lannoy. 

P,  i35  ,  lig.  3  ,  Avenne  ^  /.  Avenes* 

Wip/w ,  lig,  4 ,  Watignî ,  /•  Waltîgnîe«» 

P,  140  ,  lig,  7,  Bitch,  /.  Bîtche. 

P.  141^  //^.  9  et  2'3 ,  Siefck,  /*  Seitz* 

J^^/n  ,  lig,  19  ,  Pitterdorf ,  /.  Blieterdorf. 

P,  142,  //^.  10,  Moter,  /*  Moder. 

P,  180  ,  lig,  9  ,  Watigni ,  /.  Wattîgnies. 

Idem^  lig,  22  et  23^  Soléme  ,  /..  Solesme. 

P,  181  >  lig,  6,  Watigni^  /•  Wattîgnies. 

P,  196 ,  /^.  25  et  26 ,  S*  Laurent  de  la  Corda ,  /•  S« 

Laurent  de  Cerda» 
P.  197,  lig*  i,  d'Arteî^  A  d* Arles. 
P,  204,  //^.  19  ,  col  de  Pertuis,  /.  col  de  Porteili 
Idem  ,  lig,  20  ,  la  Jouquères  ^  /.  la  Jonquièrel 
P.  20S  ,  Z/^*  24,  Singariol,  /.  Puig-Orlol. 
P,  ^07 ,  lig,  II 9  à  Salus  ,  /•  à  Salcès. 
Idem  ,  lig,  26  et  27  ,  au  Mont-Louis  devenu  Mont- 

Lîbre  ,  /•  au   camp  de  la   Perche  ^   devant  Mont'* 

Libre. 
PI  2i5 ,  lig.  7 y  Lantosca  ^  /.  Lantosqucn 


Page  21 3,  ligne  i3,  la  Nembîe,  lisez  la  Tloca* 

Idem  ,  lig,  i8,  Baoulé,  /.  Beoiet. 

Idem  y  lig,  20  ,  col  de  Raous ,  /.  coi  de  Rau8« 

P.  216»  lig,  7,  Finières,  /•  Linières* 

P.  228  ,  lig*  4  ,  idem. 

Idem^  lig.  16,  Weudt,  /.  Werdé 

Idem^  lig.  21  >  Gaudeshossen,  /.  Gondersho(Fen« 

P.  224,  lig.  29  ,  Haguenau  ,  /.  Weissembourg. 

P.  225  ,  lig*  I  ,  idtfn, 

P.  226^  lig,  10,  Gu(?i^>^csbeim ,  /.  Germersheim» 

P.  227  ,  lig,  i3 ,  le  Hunzruk  ^  /.  le  Hundsruck. 

Idem  y  lig,  14,  Guermersheim ,  /.  Germersheim. 

P.  3o5,  /i^.  25,  MauteiDa,  /.  Monteîlla. 

P.  3io,  lig.   19  et  20,  col  d'Ispery,  /.  col  d'Ispeguy; 

P.  3i5,  lig.  II,  Baruu  ,  /.  Bossu  les  Valcourt. 

P.  3i8  ,  //^.  21 ,  Maeron  ,  /.  Moescroen. 

Idem ,  lig,  28 ,  Vakam  ,  /.  Wackeo. 


Fin  de  Perrata  du  quatrième  volum^i 


'\, 


wm^m^^m^^fimé^ 


JOURNAL  DES   OPÉRATIONS 

de  V armée  du  Nord. 

1792.  ^  . 

21  octo.  Beiirnonville  arrive  sous  Valenciennes ,  à  la 
léte  des  troupes  ,  de  retour  de  la  Cham- 
pagne* 

LABOURDONNAIE,^//2<^ra/  en  chef  de  t armée. 

25  Tourcoing  et  Boubais  abandonnés  par  l'en- 

nemi. 
28  Le  général  Berneron>  avec  sa  division  se  porte 

'  dans  la  forêt  de  Benissard. 

DuMOURIER,  général  en  chef  des  armées  du 
Nord  et  de  la  'Belgique  réunies, 

3o  Combat  entre  Peruvels  et  Blaton. 

1  noV.    L'armée  sous  Valenciennes  ;  Pavant-garde  en 

avUnt  de  Quievrain;  la  division  Harville  à 
Hon  ;  Labourdonnaie  à  Sanghien. 

2  L'ennemi  repoussé  de  Lannoi. 

3  Affaire  de.  Thulin. 

4  <  L'ennemi  chassé  de  Montreuil,  Thulin,  etc. 

5  Attaque  de  Quarregnon  ;  l'armée  marche  sur 

Mons. 

6  Les  Français  attaquent  Menin ,   s'emparent 

de  Pont  -  Rouge  ,  Warneton    et  Commi- 
nes,  etc. 
6  Bataille  de  Jemmapes. 

6  Le  général  Labourdonnaie  à  Hertain. 

7  Entrée  des  Français  dans  Werwick  et  Mons. 
Tome  IFé  1  * 


1792. 

8  no7.    Labourdonnale  à  Tournay  ;  Berneron  à  Ath  ; 

l'ennemi  se  retire  sur  Bruxeires. 

9  .  Le  général  Berneron  à  HalJ. 

s 

LegenéralSTEUfGEL  rew/>/^CtfB  EUR  NON  VILLE 
à  C uuant' garde  ;  ce  dernier  ira  commander 
Vannée  de  la. Moselle. 

11  L'armée  à  Engbien  ;  Harville  à  Braioe-Li- 

Comte;  l'avant-garde  à  Hall. 

12  Labourdonnaie  à  Gand. 

12  et  i3  Une  colonne  partie  de  Dunkerque  s'empare 
de  Nieuport ,  Ostende'  et  de  toute  la  Flan- 
dre maritime. 
i3  Combat  de  Saint-Pefersiewe  et  d'Anderlecht, 

14  L'armée  à  Anderlecht }  entrée  des  Français 

dans  Bruxelles. 

16  Prise  d'Ypres  et  de  Furnes,  par  les  Français. 
Jdem.       Labourdonnaie  marche  sur  Anvers. 

17  Le  général  Stengel  s'empare  de  Malines. 
j8        Prise  d'Anvers  ,  par  Labourdonncû^* 
Idem.       Combat  de  Leuze. 

19  L'armée  campée  au  Cortenbergbe. 

Idem,       Commencement  du  siège  de  la  citadelle  d'An* 
vers. 

20  Entrée  des  Français  dans  Louvain  ;  l'armée 

sur  le  Pellenberg,  et  le  long  de  la  forêt  de 
Merendael. 

Le  général  M  i  R  A  N  D  A    remplace 
Labourdonnaie. 

SX  Frise  des  forts  de  Lille  et  de  ListenKœck, 

par  les  Français. 


1792. 
.81  noy«   L*aTmée  sur  Bautersem.  La  division  Harville 
marche  sur  Hougarde,  une  autre  sur  Op** 
linter. 

Hartllie  marche  de  Judoigne  sur  Namur. 

2%  Combat  et  prise  de  Tirlemont  ;   l'armée  à 

Cumptlch ,  Orsmael  et  Judoigne* 

26  L'armée  à  Saînt-Tron. 

27  Combat  de  Rocour  et  Varoux;  l'armée  sur 

les  hauteurs  de  Liège  ;  les  flanqueurs  à 
Hersthall  et  Flémal. 

28  Entrée  des  Français  dans  Liège  :  ils  occupent 

Spa ,  Stavelo ,  Malmédy.  Stengel  à  Bober- 
mont.  Miasinski  à  Dalem.  L'ennemi  a  été 
derrière  Hervé, 
aç  Reddition  de  Ja  citadelle  d'Anvers, 

7  déc.    Combat  d'Hervé  et  Henri-Chapelle.  L'ennemt 

se  retire  sur  Aix-la-Chapelle  et  Juliers* 

8  Entrée  des  Français  à  Aix^-Ja-ChapellCf 

11  Le  général  Miranda  s'empare  de  Wesem  , 

Waert  et  Ruremonde»  Le  général  Lamar- 
lière  pousse  dans  le  pays  de  Clève,  lève 
des  contributions,  et  se  retire  sur  Rure- 
Aïonde. 

1 2  L*armée  française  entre  en  cantonnement.  Les 

généraux  Dampierre  à  Aix-la-Chapelle; 
Stengel  sur  la  Roër  j  Miasinski  dans  les  en- 
virons de  Daleioi;  le  colonel  Freschyille^ 
Eupen  et  environs. 
L'avant  -  garde  de  l'armée  des  Ardennes  à 
Vervîers  ,  Lîmbourg,  Stavelpt,  Spa,  Mal- 
médy} rarpuée  sur  deux  lignes  de  Huy  à 


■^.'■.■ 


Ï792- 

Liège  et  Saînt-Troti ,  et  Robermont,  Her- 
vé,  etc.  Mlranda  de  Tpngres  à  Buremonde. 
L'ennemi  à  Juliers  et  derrière  PErHit. 

Expédition  sur  la  Hollande  commandée  par  le 

général  DumoUrier. 
1793 
17  fév.     L'armée  cantonnée  depuis  Berg-op-Zoom  jus- 
qu'à une  lieue  de  Breda;  ellç  est  divisée  en 
quatre  corps  : 
Avant-garde,  général  Berneron. 
Division  de  droite,  général  d'Arçon. 
Division  de  gauche,  le  colonel  Leclerc. 
L'arrière-garde  ,  colonel  TilJy. 
22    .         Le  général  Berneron  devant  Klundert  et  Wil- 
lemstadt  ;   Leclerc   bloque  Berg-op-Zoom  , 
et  Stenberg  s'empare  du  fort  Blaw-Sloys  ; 
.    le  général  d'Arçon  bloque  Breda.;  Dumou* 

rler  avec  l'arrière- garde  à  Sevenberghe. 
Le    colonel  Daendels  s'empare    des  Noort- 

Schantz. 
Le  général  d'Arçon  attaque  Breda  qui  se  rend 
le  l'j* 
aS  Le  général  Berneron  s'empare  de  Klundert, 

et  commence  le  siège  de  Willerastadt. 
imars.  Le  général  d'Arçon  met  le  siège  devant  Ger- 
truydenberg  ,  et  s'empare  le  même  jour  de 
tous  les  ouvrages  avancés. 
2  Le  général  Dumourier  au  Moerdyck  ;  les  trou- 

pes de  Roowert  à  Swalurre  ;  l'armée  hol- 
landaise commandée  par  le  prince  d'O- 
range ,  aux  environs  de  Gorcum  ,  au  Stry 
et  lie  de  Dort. 


y 


I 


1793. 

3  mars.  Le  général  Fiers  arrive  a  Rosendael  avec  sîx 

nrille  hommes. 
La  division  de  gauche  à  Oùdenbosch  et  Se* 
venberghe. 

4  Reddition  de  Gertruydenberg  ;  une   colonne 
\  marche  sur  Heusden. 

DUMOURIER  part  pour  P armée  de  la  Belgique  , 
et  laisse  le  commandement  au  général  F  1er  s  ^ 

10  Les  Prussiens  s'avancent  sur  les  Français  par 

Bois-le-Duc.    , 

IX  Les  Frstnçais  laissent  garnison  dans  Gertruy- 

denberg et  Breda,  et  se  retirent  sur  An- 
yers. 
Gertruydenberg  et  Breda  attaqués  par  les  Prus- 
siens et  les  Hollandais. 

27  L'ennemi  somme  Anvers  ;  les  Français  se  re- 

tirent sur  Dunkerque ,  Cassel  et  I  ille. 

Armées  de  ta  Belgique  et  du  Nord  réunies • 

20  fév.  Le  général  Miranda  commence  le  siège  de 
Maëstricbt.      .  ^ 

%  mars^r  Prise  des  forts  de  Stephanswerth  et  Saint- 
Michel. 

S  Le   prince   Cobourg  rassemble  'Son  armée  ^ 

marche  sur  Aldenhowen ,  Aix-Ja-Chapelle 
et  Maëstricbt.  Les  Français  repassent   la 
Meuse. 
'  II  Combat  dans  la  plaine  de  Tongres  ;  les  Fran- 

çais abandonnent  la  rive  gauche  delà  Meuse  ^ 
et  se  retirent  sur  Diet2. 


I793* 
i3  mars.  L*armée  derrière  Louyaîn;  Pavant -garde  & 

Comptich  ;   l'ennemi  entre  Tirlemont  et 

Tongres. 
i5  L*ennemi  s'empare  de  Tirlemont. 

i6  Combat  de  Tirlemont  et  Goidzenfaowen. 

17  L'ennemi    eittre   Saint -Tron  ,  Tongres  et 

Landen. 
L'armée  française  derrière  la  Petite-Gette. 

18  Bataille  de  Nerwinde. 

19  L'armée  repasse  la  Petite-Gette.  Combat  d 

Goidzenhowen. 

20  L'armée  derrière  laVelpc. 
Idenu-      L'ennemi  s'empare  de  Diet7. 

21  L'armée  sur  le  Pellenberg  et  environs;  canon- 

nade sur  toute  la  ligne. 

22  Combat  sur  toute  la  ligne. 

23  Combat  ;  l'ennemi  entre  à  Lourain  ;  l'armée 

se   reforme    sur  les  hauteurs  de   Corten* 
berghe. 

24  L'armée  derrière  la  Vpluve.     >, 

25  L'armée  traverse  Bruxelles ,  et  se  retire  sur 

Hall. 

26  A  Ënghien. 

27  A  Ath.  Le  général  Neuly  marche  sur  Mons  , 

par  Hall  et  Braine-le-Comte. 

28  L'armée  à  Antoing;  l'avant-garde  àToumay  ; 

Miasinskî  au  Mont-la-Trinité  j  Leveneur  au 

camp  de  Maulde. 
3o  L'armée  à  Breuille  ;  Miasinski  à  Orchies* 

2  avril.  Miasinski  devant  Lille. 
5  Dumourier  prend  la  fuite* 


1793. 

Deuxième  campagne. 

Dampierre,  général  en  chef» 

6  avril.  L'armée  au  camp  de  Famars. 

8  1/armée  au  camp  de  Famars  et  som  Bouciiain. 

9  Condé  investi  par  l'ennemi • 

22  Sortie  faite  par  la  garnison  de  Condé. 

14  Combat  près  Condé* 

i5  Combat  dans  les  bois  de  Sarnt-Amand. 

16  Combat  de  Fresnes  et  Cugies. 

16  au  17  Affaires  près  Lannoi. 

18  L'ennemi  repoussé  en  avant  de  Fiers  ;  prise  de 

Lannoî  et  Roubais,  par  les  Français.        ' 
AI  L'ennemi  repoussé  aux  avant-postes  de  Mau- 

beuge. 
24  L'ennemi  tente  le  passage  de  la  Sambre  près 

Jeumont. 
j  mai.     Combat  entre  Toumay  et  Menin. 
Idem.      Combat  dans  les  environs  de  Yalenciennes. 
6  Pri$edeRou8brugheet  Proven,par  les  Français. 

8  Combat  de  Raismes  et  de  Vîcogne. 

Idem.      Combat  à  la  gauche  de  l'armée. 

-—Combat  de  Lingerj  Rohck  occupé  par  les 
Français. 

s 

LaMARCHE^  général  en  chef  provisoire. 

23  et  24  Combat  entre  Orchies  et  Bavai.  Les  Français 

se  retirent  sous  Bouchain. 
2d  Combat  de  Bousbeck  ^  Ronck  et  Tourcoing* 

27  CuSTlNfi^  génércd  en  chef. 

3i  Furnes  et  Bnlscamp  enlevés  de  vive  force  par 

les  Français* 


1793. 

10  juin.   L^ennemî  repoussé  près  Templeuvcr» 

i3  au  ï4  L'ennemi  ouvre  la  tranchée  devant  Valen- 
dennes ,  sous  les  ordres  du  duc  d'Yorck  qui 
commande  le  siégeJ 

20  L'ennemi  s'empare  du  Cateau-Cambresis. 

3o  Combat  de  Capelle. 

17  et  2$  Sortie  faite  par  la  garnison  de  Valencîennes. 

2  juill.   L'ennemi  repoussé  duPont-à-Marqûe,  Pont- 

à-Rache,et  abbaye  de  Flines. 
S  et  6     Combat  de  Boussel  et  de  Neuve-Eglise. 
7  Petit  combat  entre  Bergues  et  Rousbrugbe. 

5  au  6    Escalade   de   Valencîennes  tentée  par  l'en- 
nemi, 
m  Capitulation  de  Condé. 

Tdem.       Combat  de  Hantes  et  Douzois» 
j3aui4  Pçrte  et  reprise  de   Saint'Âfnand,  par  le« 

Français. 
16  L'eanemi  marche  sur  Gambray. 

2Z  Combat  de  Commines  à  Tourcoing. 

23  L'ennemi  pousse  de  forts  partis  sur  Cambray 

et  Oisy. 
28  Capitulation  de  ValencLennes, 

3  août.  HoxJCHAKD^  général  en  chef. 

6, 7 et 8  L'ennemi  entre  le  Catelet  et  Cambray  ;  somme 
cette  dernière  place ,  et  pousse  des  reconnais- 
sances sur  Bapaume ,  etc.  (B.  ) 
9  et  10  Blocus  de  Cambray.  • 

;io  L'armée    derrière   Ja  Scarpe  ,   se   retire   sur 

Arras.' 

11  Camp  ennemi  entre  Péronne  et  Salnt»Quentin; 

Cambray  débloqué.  (B.) 


■ 


1793.  . 
xy  août.  Combat  dans  la  forêt  de  Mormalè. 
28  Combat   de  Lincelles  ,  Bondues  et    Blâton. 

(B.) 

19  Le  Quesnoy  bloqué  par  Pennemî. 
Idem,       L'ennemi  passe  la  Lys;  combat. 

20  et  21  Combat  d'Ostcapelle  ;  Bergues  cerné  par  l'en- 

nemi, (B.) 

22  L'armée   anglaise  marche  sur  Furnes  et  Gy- 

velde  ;  combat, 
23,  24     Combat  devant  le  Quesnoy, 

23  '  L'armée  anglaise  au  camp  de.Kosendael  et 

Lefferînchoucke  ,  somme  Dunkerque  (  B.  ) , 
de  la  part  du  duc  d'Yorck, 

24  La  garnison  de  Dunkerque  fait  une  sortie  sur 

le  Camp  ennemi  de  Rosendael.  (  B.  ) 

24  Houchard  du  camp  de  Mons-en-Pelve  piarc^e 

sur  Menin ,  et  se  porte  le  aS  à  Cassel. 

25  Bergues  tourné  par  la  droite  ;  l'ennemi  occupe 

Bierne. 
i27  ou  ^9  Tourcoing  attaqué  par  les  Français. 
(B.) 

Idem.      L'ennemi   ouvre   la   tranchée  devant  Dun- 
kerque. 
4  sept.   Environs  de  Péronne  ravagés  par  l'ennemi. 

6  Combat  de  Poperinghe ,  Rousbrughe  et  d'Out- 

kerque. 
Idem,       Combat  de  Ronck. 

7  Combat  .de  Bambecke  et  de  Roexpœde, 

8  Combat  entre  Menin  et  Messine. 

8  et  9      Bataille  de  Hondtschoote  donnée  sur  la  ligne  de 
Dunkerque  à  Ypres  ;  levée  du  siège  de  Dua-. 
kerque  par  Tennemi. 
10  Le  Quesnoy  capitule  j  Pennemi  y  entre  le  ii« 


1793. 
12  sept.    Combat  dans  la  forêt  de  Mormal. 
Idenim      Echec  des  Français  à  Saulzoir» 
i3  Combat  de  Werwick  etCommines;  prise  de 

Menin  et  Bonck ,  par  les  Français. 
Idem.      Le  générai  Beaulieu  se  porte  de  Cysoing  k 

Heule  et  Courtrai.  * 

2  5  Combat  de  Besseghem  et  de  Nederbeck;  les 

Français  se  retirent  sur  Werwick  et  Lille. 
19  L'armée  aux  ordres  de  Houchard  au  camp  de 

Gaverelle.  • 
Cobourg  marche  sur  Tournay  ^  et  Beaulieu  à 

Cysoing. 

An  2.        1793. 

5  vend.  26  sept.    Combat  sur  la  ligne,  de  Lannoi  à 

Commines  )  retraite  de  rennemi. 

Jeu  RD  AN  ,  général  en  chef  provisoire.. 

♦ 

7  28  L'ennemi  passe  la  Sambre  ,  s'empare 

de  Baschamps  ^  Saint-Remi  ^  Ju<- 
mont  )  etc. 

11  2  oct.    Maubeuge  et  le  camp  retranché  h\&* 

que  par  l'ennemi. 

12  3  Ferrières-la-Grande  au  pouvoir  de 

l'ennemi. 
i5  6  Blocus  de  Landrecies  par  l'ennemi. 

x5aui6     6,7      Sortie  faite  par  la  garnison  de  Mau* 

beuge;  Cobourg  devant  Maubeuge. 

19  jo  Les  Fcançais  au  c&mp  d'Arleux  et  de 

César. 

20  XI  Le  général  Clairfait  pousse  une  re* 

connaissance  sur  le  camp  Fran- 
çais^ 


An  2.      1793. 

aoyend.  il  oct.     L'anbée  Françaîie  marclic  sur  Aves- 

nes-Ie-Coiute  et  Landrecies. 
Idem,      Le  duc  d'Yorck  quitte  les  environs  de 
Menin ,  et  arrire  h  Anglefontaine 
le  16  octobre. 

21  12  Combat  du  bols  de  TilleuT. 

22  1 3  L'ennenai  de  Berlaimont  au  village  de 

Waittîgny. 
Idem»  L'armée ,  sous  les  ordres  du  général 

Jourdan  9  marche  à  l'enpemi. 

Idem»  Sortie  de  la  garnison  de  Maubeuge. 

25,26,   17,18     Bataille  de  Wattigny;?ennemi  repasse 

et  2^7       et  19  la  Sambre  dans  la  nuit  du  26  au 

27  vendémiaire. 

29  21  Les   Français  s'emparent  de  Mar-> 

chienne.  ** 

30  22  Commines,  Werwick^  Menin,  etc. 

au  pouvoir  des  Français. 
Idem.  Les  Français  marchent  sur  Furnes; 

Combat  de  Bulscamp;  Furnes  at- 
taqué et  pris  par  les  Français  ;  l'en* 
nemi  poursuivi  jusqu'à  Nieuport, 
'  qui  est  sommé  le  23  octobre. 

4  bru»    25  Quartier-général  de  l'armée  à  Mau- 

beuge. 

5  26  L'ennemi  se  retire  du  Cateau. 
Idem,  Levée  du  siège  de  Nieuport  par  les 

Français. 

6  27  Mont-Cassel  et  Moucron    pris  par 

l'ennemi. 
8  au  9    29 ,  3o    Combat  et  reprise  de  Marchlenne  par 

l'ennemi. 
17  ,        7no7.      Combat  en  avani de  Guise. 


23 

i3 

a  frim. 

2i 

7 
8 

27 
28 

.  An  2,        1798. 

18  brum.   8  noy.    L*ennemî  passe  la  Saœbre  et  marche 

sur  Baumont. 

Lignes    de  cantonnenaent    de   l'en- 
nemi. Voyez  le  li'Zeré-rouge, 

Les  Hessois  chassés  de*  Watlerlos, 

Combat  de  Mechin  et  Leers. 

Affaire  au  château  de  Beck 
9  29  L'ennemi    fourrage  les  environs    de 

Landrecies  et  le  Quesnoy. 
II  I  déc.     L'ennemi  repoussé  de  Werwick  ,  La- 

chapelle,  Houtem. 

Les  Français  du  camp  sous  Guise  à 
Jeumont. 

Postes  ennemis  forcés  à  Flines  et 
Pontarache. 

L'ennemi  repoussé  vers  le  Cateau. 

Attaque  du  Mont-Noir  par  l'enneroL 

Diverses  petites  affaires  de  peu  d'im- 
portance* 

PlCHEGRU  ,  général  tn  chef. 

I794- 
9  pluv.  28  j[an  V.    Fourrage  enlevé  à  l'ennemi  à  Bailleul. 

lovent,   sBfév*      L'ennemi  attaqué  Fiers. 

i8  18  Les  Français,  attaqués  à  Stenwoorde 

repoussent  l'ennemi  jusqu'à  Pope- 
ringhe. 

1 7  germ.    6  avril.  Expédition  des  Français  au-delà  de  la 

Lys. 

29  18  L'ennemi  se  porte  du  Cateau  à  La- 

chapelle.  —  Combat  de  i3  heures. 
—Le  prince  d'Orange  bloque  Lan* 
drecies» 


18 

8 

23 

i3 

Idem. 

26 

16 

en  nivôse. 

An  a«        1794* 

2  âor»    2t  avoriL  Les  divisions  cle  Guise,  Landrecles 

et  Maubeuge  chassent  l'ennemi 
d'Etreux ,  Venerol ,  Henape,  Bo- 
hain.  —  Retraite  d'une  divisioa 
française  sur  le  camp  de  César. 

5  24  Les  Français  attaqués  en  avant  de 

Cambray  etBouchain,  se  retirent 
dans  le  camp  de  César. 

ChahBONNIER  ,  général  en  chef  de 
Varmée  des  Ardeunes, 

7  26  Bataille  générale  sur  toute  la  ligne  de 

Dunkerque  à  Givet  ;  jonction  des 
^rmées  du  Nord  et  des  Ardennes. 

8  27  Quartier-général  de  Tarmée-  à  Cour- 

trai. 

Idem.  Landrecies  bombardé  par  l'ennemi. 

Idem.  Bombardement  de  Menin  par  le  gé- 

néral Moreau. 

9  et  10    28  y  29     Combat  en  avant  de  Courtraî. 

xt  3o  Prise  de  Menin  par  les  Français^  après 

un  combat. 
22  I  mal.      Landrecies  se  rend  à  l'ennemi. 

Idem,  Combat  près  Tournay. 

21  10  Idem  y  ibidem, 

22  II  Combat  sur  là  ligne  de  Courtraî  et 

fngelmunster. 

28  et  29  17  ^  t8     Combat  sur  la  ligne  de  Pont-à-Mar- 

que,  Lannoi, Tourcoing,  Roubaîs  , 
Mouveau,  etc. 

29  18  ,  Combat  entre  la  Lys  et  l'Ëscàut  ;  l'en- 

nemi évacue  le  territoire  de  la  ré- 
publique. 


An  2. 

1794 

3  prair. 

22  luaL 

i3 

I  juin. 

]6 

4 

22 

10 

Combat    cntxe  Tournayet  Oudc- 

narde. 
La  division  Moreau  devant  Ypres. 
L'armée  vers  Paffendhael. 
L'ennemi    chassé    de  Roussel aer   et 
Hooglède,  se  retire  à  Thielt. 

24  12  Le  général  Moreau  au  siège  d'Ypres  ; 
'  l'armée  entre  Rousselaer  et  Hoog- 

lède. 

25  i3  Combat  d'Hooglède  et  Bousselaen 
29             17            Capitulation  d'Ypres. 

2  mess,  %o  L'armée  entre  Courtrai  et  Deynse; 

,   combat  ;   l'ennemi   se  retire   sur 

Gand. 
7  25  L'armée  entre  Waereghem  et  Cruys- 

hautem* 
9  27  Idem ,  entre  Wortegham  et  Huysse. 

11  29  Le    général    Moreau    s'empare    de 

Bruges. 

12  3o  L'armée  à  Deynse. 

i3  I  juil.     Idem  y  à  Bruges^  le  général  Moreau 

à  Ostende. 
i5  3  Idem  y  près  Saint- Jorio-ten-Dislele. 

16  4  ^— A  Gand, 

17  5  Oudenarde  et  Tournay  occupés  par 

les*  Français. 

21  9  L'armée  près  d'Erembodeghem  ;  une 

partie   de  l'avant  -  garde   entre  k 
Bruxelles. 

22  10  L'armée  à  Asche, 

23  II  Idem,  entre  Bruxelles  et  Malînes. 

2  5  i3  idçm^  en  avan.t   de  Helworde  ;   la 

gauche  à  Hombeck* 


An  2.        1794. 

27  mess,  i5  juil.     Idem^  près  Mallnes.  — -  Prise  de  Lan« 

drecîes  par  les  Français. 

28  16  Les  Français  commencent  le  siège  du 

Quesnoy. 
39  18  Le  général  Moreau  s'empare  de  Nieu« 

port. 

5  ther.   aï  L'armée  de  Lîers  à  Heist-op-denberg  ; 

les  Anglais  évacuent  la  ville  et  la 
citadelle  d'Anvers* 

6  24  Entrée  des  Français  à  Anvers. 

9  27  Investissement  de  l'écluse  par  le  gé« 

néral  Moreau» 


Armée  de  la  Moselle. 
1792. 

I  nov*  Kellermann  rassemble  les  troupes  de  l'armée 
du  centre ,  devenue  armée  de  la  Moselle , 
sur  les  hauteurs  de  Saarlouis, 

7  L'armée  à  Meztzig. 

8  Desprez- Crassiers  prend  le  commandement 

provisoire  de  l'armée. 

9  au  14  Labaroiiëre  marche  de  Sierck  à  Remich,  où 

il  s'empare  des  magasins  ;  et  alla  fouiller 
Freudenbourg. 

BeurnoKVILLE,  général  en  chef, 

1 5 au  21  Le  général  Ligneville ,  avec  six  mille  hommes  , 
part  pour  Mayence;  d'Hombourg,  il  revient 
sur  les  hauteurs  de  Saint-Vendel  ;  son  avant- 
garde  à  Hessembirch  ;  Hohenlohe ,  avec  qua- 
torze mille  hommes  ,  couvre  Trêves ,  re* 
tranché  sur  la  montagne  Verte ,  à  Pelingen , 


X792- 

Kondz ,  Saarbruck ,  Ta  Chartreuse  et  dans  les 
gorgés  envîronnabte». 

sSnoV.    Labarolière  inquiète  Freudenbourg  et  Saar* 
bourc;. 

j25  Le  général  Beurrtonville ,  avec  le  corps  d'ar- 

mée, à  Lehbach  et  Wusweiller. 

a6  Le  général  Ligneville  k  Tholey,  d'où  il  envoie 

des  parties  jusqu'à  Traerbach. 

27  L'armée  réunie  à  Tholey. 

29  L'armée  à  Mettnicb  ,  l'avant-gardfe  à  Kastel. 

30  L'armée  à  Nonweiller,  l'avant-garde  à  Her- 

meskel. 
I  déc.     L'armée  à  Hermeskel,  occupant  Kellen ,  Hols- 

berg  j  SchondorfF,  Wasweiller  çt  les  boi» 

de  Lonwald. 
at  Le  corps  d'entre  Saare  et  Moselle  oanonne 

Saarbourg. 

3  L'avant-garde  cerne  les  hauteurs  de  Pellngen. 

4  L'armée  entre  Hoisberg  et  Wasweiller  ;  l'avant- 

garde  à  Taumen ,  Casse!  et  Rouver  j  l'en- 
nemi chassé  de  la  forêt  de  Lonwald. 
6  Le   corps  d'entre  Saare  et  'Moselle  s'empare 

de  Saarbourg. 

Idem»      L'armée  attaque  la  montagne  Verte  et  les 

hauteurs  de  Pelingen  sans  succès. 
8  L'armée    devant    Peiingen  ^    Labarolière   à 

SchondorF. 

Jdent»       L'ennemi  repoussé  de  Wîlsteîn  et  devant  Saar- 
bourg. 

II  L'ennemi  repoussé  de  son  attaque  sur  Saar- 

bourg. 

za  Coipbat  de  Bibelshausen  ;  l'ennemi  est  re- 

poussé. 


4 


t3déc.    Combat  de  Warreû. 

14  Beurnonville  s'empare  de  Pelmgeti,  qn^ll  ttt 

put  garder. 
14  au  i5  Combat  d*entre  Saare  et  Moselle* 
t6  Combat  de  Ham. 

17  Fausse  attaque  sur  Pelingen^  Tarmée  repaie 

sur  la  rive  gauche  de  la  Saare. 
t8  Les  Français  canonuent  Greweumacheren  et 

Koudz ,  pour  cOuvrfr  leur  retraite»^ 
ao  au  3o  L'armée  entre  en   cantonnement  (  Voirez  la 

carte  générale  V    " 

Bouchard  et  Fvlly  ^  génétaux-ai^ 

diviaioTim  ^  : 

An  !.•'•      1793. 

Il  flor.    Soayril.  L'arméedans tè  ducKé de Deux-Popiit 

et  sur  la  Saare. 

26  i5  mai*    L'Armée  au  camp  de  Hornbach* 
19,20,2 1  7^8,9  ju.  Combat  d'ArJon. 

34  au  a5  12  au  i3  Les  Français  évacuent  Arlonf. 
i5ther*   2  MÛt«  Bxpéditgoo:  des  Français  sur  l'abbajre 

d'Oryal. } 
2t  S  ^oût,.    Combat  d'Hebach  et  d^ËîswellIer. 

^6fruct.  12  8ept«c  )GombatdeiKetlei5ich  et  Felsenbrun» 

27  au  28  i3  et  14  .Comblât  de  Purmasens* 
An  2. 

3,brum4  24  oct    L^ennemî  repoussé  devant  Rohrbacb 

..,.,..  et  Bitoke.  •  = 

4  a5  >  Combat  près  île  Sarguemines. 

Hoche  ,  général  en  chef. 

I  frim*    21  novt    Tentatives  des  Prussiens  pour  s'em- 
parer de  Bitcbe* 
Tome  IV.  2  \ 


An  2.       1793. 

28  bru.     i8no7.     Combat  et  prise  deBisIng  et  Bliscas- 

•    tel,  par  les  Français. 
Idem,  Idem.  Près  de  Heir^bacb* 

7,9frîm.   27,  29     Combat  près  de  Kayserslaptem. 

16.        .   6  déc.  ^  Prise  de  Dahnbruck,  Minsthaletdes 

hauteurs  en  avant  de  Wejd.  Jonc- 
tion de  l'armée  de  la  Moselle  à 
celle  du  Rhin. 


«  t 


JOUHPAN  ,  général  en  chef. 

An  2.     1794. 
24  vent.    14  mars.  AfFaîre  Bur  les  hauteurs,  des   forges 

de  Jaegerthal. 

II  ger,    3r  Les  Prussiensjepoussésd'Apach,  près 

.  :  'dé'SJerck.         '    .     •  . 

27  16  avr^   Combat  sur  les  hauteurs  de  Tiffer- 

'.      tange."  *    :    .' 

28  17  L'enntim  repoussé -des 'hauteurs  de 

3^9  •  18  Bataille  et  prise  d'Arlonv  ^^    . 

5  pralr,  24  mai.   Combat  de  NeuFchateau. 

7    •  26  Combat  et  prîse»cle  Saiiit-Hubert. 

^  27  Combit^k'  prlsedes-  redoutes  et  de  la 

•   ' viile  de  Dinaîil,  -f'     •    i   ^ 
l3    ^         I  juin.     Affaire  de  Saint-Gérard.     ' 
.16.  4  L'armée  de  la  Moselle *£gkît  sa  jonc- 

tîonay^c'  l'armée  des  Ardennes  et 
• :     les .diTJsioDs .de^l'armée-^du  Nord* 

devant  Charleroi. 


Armée  des  Ardennes. 

Valence,  général  en  chefi 

An  I."    Ï793. 
22  fruc.   8  sept.     Enlèvement  des  postes  d'Haslîr. 

An  2. 
I2frim.   2  déc.     Combat  près  de  Gîvet. 
V]  17  Combat  dans  les  bois  de  Jamaîgne. 

1794- 
i5.vent.  5 mars.     Combat  de  Saumois  et  Cerfontaîne. 

21  ger.     10  avrU.  Combat  entre  Villers  et  Florenne. 

.  ■  ^  '    ■•  .  .  .      - 

ChaRBOKNISR  ,  général  en  chef. 

3  flor.     22    '        Combat  de  douze  heures  aux  environs 

de  d'Ausqit ,  près  Philippeville. 

7  26  L*ennemi  chassé  des  environs  de  Bos- 

sus-les- \V'alcourt ,  et  réunion  de 
Tarméc  des  Ardennes  à  l'armée  du 
Nord ,  près  Beaumont* 

21  ïomaî.    Prise.de  Thuin. 

22  II  La  droite  de  l'armée  du  Nord  et  de 

■  '  l'armée    des    Ardennes    passe    la 

Sarabre  ,  s'empare  de  Fon^aine- 
'  '  Lévéqiie  et  Brnche.        '  •  - 

Aflaii'e  de  Mei'bes-le-Château. 
Combat  de  GVândreng. 
Combat.  Les  Français  repassent  la 

Saratre. 
Combat  de  Cursolz  ,  près  Bouillon,. 
L'ennemi    attaque    le    château    de 

Bouillon; 
Défaite    de   l'ennemi   à   Lobbes  et 

ErqueJinne.    - 


23 

12 

24 

' 

r3 

• 

•  lâem. 

29 

18 

2o 

19 

I  prair. 

20 

Ah  2.       Î794' 
t  prair.   aoinai*   Les  Français  pasàent  )a  Saœbre,  tl 

ft*emparent  de  Fontaine-Lévéque  , 
Binche ,  et  blocus  partiel  de  Char- 
leroi. 

6  tS  Combat.  Les  Français  repassei^t  utae 

seconde  fois  ia  Sambre. 

7  au  8     26  au  2^  Les  Français  tentent  le  passage  de 

la  âanabre. 
it  3o  Les  Français  passent  la  Sambre,  et 

bloquent  Charleroi. 
li  âi  Bombardement  de  Charleroi. 

iS  3  juin.    L'ennemi  fait  une  sortie  de  Cliàrle- 

toi  ;  les  Français  attaqués  de  toute 

part  repassent  la  Sambre* 

JÔurdaK  prend  le  commandement   des  trois 

i:orps  d^ armée  réunis. 

7.4prair.  12  juin.    L'armée  passe  la  Sambre. 

24  au  25  12  au  1 3  La    tranchée  ouverte  devant  Char* 

^  Jiçroi. 

26  14  Sortie   d«  la  garnison  ;  prise  d'une 

redoute  par  les  Français» 

aS  16  Combat  en  avant  de  Fleurus,  levée 

du  siège  de  Charleroi  ;  les  Fran* 
çais  repassent  la  Sambre. 

3o  .  i3  l^ouveau  passage  de  la  Sambre. 

2  mess.    20  L'ennemi  repoussé  du  coté  de  Je* 

I  nape, 

5  23  Idem  de  Herlaymont. 

7  mess.    25  juiu.  Charleroi  capitule. 

8  a6  Bataille  de  Fleurus. 


i 


Ces   trois    corps  d*armée    prennent    le    nom 
ai  Armée  de  Sambre  et  Meuse^ 


Combat  de  Roeulx ,  Harvé ,  Mont-* 

palisel,  et  prise  de  Mons. 
L'ennemi  battu  à  Waterlo. 
Combat  de  Senef  et  Geuibloax* 
La  tranchée  ouverte  devant  Landre- 

cies  y  par  les  Français. 
Entrée  des  Français  à  Brui^eiles. 
Jonction  des  afmées  du  Nord  et  Sam* 
bre  et  Meuse  à  Ath. 
97  l5  Prise  de  Louvaîn  et  combat  de  la 

montagne  de  Fer,  par  Jes  Fran- 
çais, 
99  17  Prise  de  la  ville  et  du  château  de 

Namur. 
I  tbén     19      ,      L'ennemi  repoussé  en  arrière  de  Tir- 

lemont. 
3  21  Prise  de  Huy,  par  les  Français. 

Idem^  Prise  de  Saint-Tron  ,  par  les  Fran-» 

çais, 
9  zj  Les  Français  dans  Liège. 


An  2. 
x3  mess. 

1794, 
I  juin. 

18 

6 

19 
20 

7 
8 

« 

21 
22 

9 
10 

Armée  du  Rhin. 

B  I  R  O  N  ,   général  en  chef, 

C  U  S  T I N  E ,  commandant  V armée  d expédition 
sur  Mayetwe  et  Francfort. 

1792. 
20  sept.    L'armée  entre  Weîssembourg  et  Landau. 

29  Combat  et  prise  de  Spire,  par  Tarin ée  fran* 

çaise. 

30  L'armée  à  Spire  et  environs.  "^ 

4  oct.      Le  général  Neuwinger  à  Worms  et  Muttcr-  ^ 
statt. 

10  L'armée  entre  Hedesheim  et  Hungen  ;  Neu- 

winger pousse  un  détachement  sur  Aizey. 

18  L'armée  à  Worms  ;  les  'avant-postes  à  Op- 

penheim. 

19  Mayence  bloqué  par  l'armée  française. 

20  Capitulation  de  Mayence.  ' 

23  Prise  de  Francfort,  par  les  Français* 

a8  Prise  du  fort  de  Kœnigstein  ;  Tarraée  sur  la 

Nida  ;  combat  de  Nauheim  ,  près  Fried- 
bcrg. 

4  nov.  Les  Prussiens  sur  la  Lahn  ,  le  Rhin,  jusqu'à 
Giessen, 

9  Combat  de  Limbourg. 

a5  au  28  L'ennemi  passe  la  Lahn  ,  et  marche  sur  Franc- 
fort. 

28  Francfort  sommé  par  l'ennemi. 

29  Quartier-général  du  roi  de  Prusse  à  Hombourg. 


179a. 

2  déc.      Prise   de  Francfort  par    les  Prussiens  ;   ca- 

nonnade entre  les  deux  armdes  j  retraite  des 
Français  sur  Mayenee, 

3  L'armée  française  garde  le  Rhin  ,  de  Franc- 

kenthal  à  Bingen, 
14  Prise  d'HocIiheim ,  par  les  Prussiens. 

An  I.**  '  1793.  ... 

z3  vent.  2  mars.  Combat  et  prise  d'Hochheim  y  par  les 

f^  Français; 
ochheim  repris  par  les  Prussiens. 
Kœnigstein  se  rend  à  l'ennemi  ;  îes 
Prussiens. passent  le  Rbia  au  des- 
sus de  Bacharach. 
Les  avant>postes  de Bingea  attaqués; 

l'ennemi  repoussé. 
ComJbat  de  Stromberg;  Pennemi  re- 
pousse. 
Les  Prussiens  passent  le  Riiîn  à  Saint- 

.  Goar  et  Rhinfels. 
Combat  sur  la  Nahe,  près  Bingenj 

les  Français  se  retirentaurAlzey. 
Les  Français  marchent  sur  Worms» 

a 

Combat  d'Ober-Flersheîftb 

Les  Français  à  Neustadt. 

I  ayrrl.    Idem  en  avaât.de  Landau. 

JMem  en  arrière  de  Land#n. 

L'armée  française  derrière  la  Lauter. 

'       '    <  '••-'.*'■ 

21  9  CuSTlNE,  commandant  en  chef  les 

.  armées  du.  Rhin  et  de  la  Moselle^ 

8  flor.      a6        ^'  Prise  d'un  convoi  près  Landau,  p.ir 

les  Français» 


17 

6 

20 

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I  getm^ 

30 

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i3  : 

I  a 

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16 

4 

y 


An  I.- 

'    1798- 

iSflor. 

6  mai. 

29 

17 

Combat  d'Herxhelm* 
Combat  d'Inflingen ,  Knlttelhelm ,  et 
sur  toute  la  ligne. 
3o  18  Passage  du  Rhin  tenté  par  les  Fran- 

çais au  Fort-Louis  et  à  Strasbourg. 

BeaUHA&nais  y  général  en  chef. 

12  mess*  29  juin.  Combat  de  RhiiAJitern ,  Herxenhèim 

et  Offenbach. 
x6  3  juill.    L'armée  française  k  Minfeld. 

%  therm.  19  L'armée  devant  Landau» 

Idenu  Combat  de  Franckweiller,  etc. 

3  20    .        La  gauche  de  l'armée  dn  Rbîn  se 

réunit  à  la  droite  de  celle  de  la 
Moselle  du  côté  d'Anweiller. 

4  21  Combat  d'avant*garde. 

5  ,.  22  L'armée  française  en  avant  de  Lan- 

dau ,  entre  NusdorfF   et    Dam- 
heim* 
Idemé  L'ennemi  attaqué  à  Bornheim,  Gleit* 

weiller  et  Chapelle  de  Bur. 
S  aS  Mayence  se  rend  au  roi  de  Prusse. 

10  27  Combat  de  Belbeim;  l'armée  fran* 

çaîse  rentre  au  camp  de  Min&ld. 

11  98  L'armée  française  derrière  les  lignes 

delà  Lauter. 
%S  t^  août.  Combat  de  Billikheim,  Rohrbach  , 

d'Infiingen,  Leimersheim,Hazen« 
buhl ,  Rhinzabern  ;  l'ennemi  re- 
poussé y  sortie  de  la  garnison  de 
Landau. 


An  I,*'    Î793. 
2  fruct.    18  août.      LandrbmoVT  ^général  en  chef. 

4  20  L'ennemi  attaque  sur  tout  le  front. 

6  22  L'ennemi    s'avance    jusqu'à  Ober*^ 

Oiterbach  9  et  est  repoussé  jusqu^à 
Bergzabern, 

7  23  L'ennemi  s'empare  de  Scbaidt ^  qu'il 

évacue  le  24* 
22  28  L'ennemi   attaque    sur   quatre  co» 

lonnes,  est  repoussé  partout,  et 
principalement  du  côté  de  Berg« 
zabern. 

26  iz  sept.  L'ennemi  surprend  le  camp  de  Noth* 

weiller. 

27  22  L'ennemi  battu  et  repoussé  à  Dahn- 

bnick  9  Bleisweiller  ,  Niderhor- 
bach ,  Barbelroth  et  forêt  de  Bien- 
Wald*     ♦• 

29  14  L'ennemi  chassé  de  son  camp  retran- 

ché de  Nothweîller  ,  et  poursuivi 
jusqu'au-delà  de  BondenthaL 

3/ com.  18  Les  Français  attaquent  Bergzabern, 

Langenkandel  9  Scheibenhart* 

5  Idem    20  L'ennemi  attaque  le  centre  de  l'armée 

française  saus  succès. 

6  21  L'ennemi  attaque  le  camp  de  Noth- 

weîller ;  il  est  tepoussé. 
An  2. 
22  vend.  3oct«       Ca%j^%^  ^  général  en  ch^ provisoire* 

22  i3  L'ennemi  attaque  Schaidt,  Bergza- 

bern,  Lautejbourg ,  etc.  ;  retraite 
des  Français* 


An  2.       1793. 

23  vend.  14  oct.    L'armée  derrière  les  anciennes  lignes 

de  la  Moder. 
25  16  L'armée  derrière  la   Zorn  ,  jusqu'à 

Hochfelden. 

27  18  Combat.  L'armée  française  se  retire 

derrière  la  Suffel. 

28  iç  L'ennemi  repoussé  à  Wantzenau. 

X  brum.  22  L'ennemi  attacjue  lesl  hauteurs  de  Sa* 

verne. 

2  23  L'ennemî  tente  de  passer  le   Rhîn 

edtre  Rheînau  et  Marckolsheim  ; 
il  est  repoussé. 

4  au  5     25  au  26  L'ennemî  s'empare  de  Wantzenau  et 

du  bois  de  Reichstett;  il  est  re- 
poussé de  ce  dernier  poste. 

6  27  Forte  canonnade  de  l'ennemi  sur» le 

village  d'Eckwersheîm. 

PiCHEGRtT ,  général  en  chef. 

28  i8nov.   Bataille  sur  toute  la  ligne  (le Fort- 

Louis  se  rend  aux  Autrichiens  )  ; 
l'ennemi  repoussé  près  deBouxweîI- 
1er  et  de  Wantzenau. 

2Q  19  Combat  et  prise  de  deux  redoutes 

près  Bouxweiller  5  les  Français  y 
entrent  le  3o  au  matin. 

2  frim.     22  •  Combat  et  prise  de  Brumpt,  par  les 

Fra^nçais. 

4  24  Prise  de  Zulzendorff  et  d'Uttenhof- 

fen. 

5  25  Combat  de  Mittesheim  et  de  Gon- 

dêrshofien. 


Ani. 

1793- 

iifrim» 

1  déc. 

la 

2 

H 

4 

Combat  et  .prîsc  de 'la  redoute  enne- 
mie de  Landgraben. 
Combat  près  du  bois  de  Garabsbeiro. 
L'ennemi  chassé  d'OIFendorf,  et  pour- 
suivi jusqu'à  Drusenheiui. 
19  9  L'ennemi  chassé  des  hauteurs  de  Da- 

wendorf. 
sS  au  26  i5  au  16  jL'armée  de  la  Moselle  s'empare  de 

Da hnb ru cb  ,  Malstall  et  des  bau« 
teurs  en  avant  de  Werd. 

2  nir.      2Z  Prise  des  redoutes  en  avant  de  Werd 

et  de  Freschweiller,  par  les  Fran- 
çais. 

3  23  EnlèvemeBft  de  tous  les  retranche- 

ments de  Biscbwiller  ,  Haguenau  et 
d'Ënzenheim,  par  les  Français. 

ÏLOCBM  y' général  en  chef. 

4  24  L'armée  marche  en  avant. 

$  au  6    25  au  26  Bataille  sur  tou(ela  ligne  ;  rennemtî 

chassé  de  Gaisberg,  etc.,  évacue 
Weissembourg  ,  les  lignes  de  la 
Lauter. 

8  28  Levée  du  bWvs  de  Landau. 

9  •  29         '   Enlèvement  des  postes  de  Gerraers- 

hehn  et  Spire;  les  Prussiens  pour- 
1794.        suivis  se  retirent  sur  Neustadt. 
12  I  jany.   Prise  des  yillesde  Neusladt,  Durck- 

'        .  heim. 
i3  2  Lés    Français    s'emparent    des    re- 

doutes ^n  avant  de  Kayscrslau- 
tern. 


I 
/ 


An  2»      1794» 

X4  Dîv.     3  jahv.    Uarmêe  marche  sur  Grunstadlt 

Franckendal  et  WormSé 
16  5  Les  Français  entrent  à  Franckendaltet 

Worms 
23  1%  Combat  près  de  Creatzûach;  Penne-^ 

mi  repoussé  ;  le  duc  de  Brunswick 

pousse  un  corps  considérable  sur 

Trêves, 
37  :i6  Sortie  faite  par   l'ennemi  du  fort 

Vauban  v  (  Fort-Louîs  ). 
2^  z8  Evacuation  totale  du  département  da 

Bas- Rhin  ,  par  l'ennemi* 
3o  19  Reprise   dvi  fart  Vauban  ,  par  le« 

Français» 
21  vent.  II  mars.  Prise  de  vive  force  du  poste  d'Ogers* 

heim  ,  par  les  Français. 

\    MfCHAUD  ,  général  en  che/^ 

\ 

8  flor.     27  avril.  Combat  de  Kurweîller* 

12  I  mai.     Prise  de  Lambsheim  et  Franckendal, 

par  les  Français. 
4  praîr.    23  Bataille  de  Schifferstad t. 

14  mess.  2JuiH«     Combat  de  Freisbach,  Hambach  et 

Hochstedt. 

25  i3  Bataille  sur  toute  la  ligne;  prise  des 

postes  de  Freisbach^Freimersheim^ 
Stutzberg  et  Saukopf. 

26  14  Prise  de  Spire ,  Neustadt ,  de  la  gorge 

d'Hochspire  et  de  Tripstadt. 
29  17  Prise  de Kaysersiautern,  par  les  Ftan^ 

cais. 


tf^i^^mmmi 


Armée  du  Midi. 
MotfTli^qV tov  ^  général  en  chef* 


1792, 


ai  y  â2  et  it3  sept.   Conquête  de  la  Savoie. 


•^^^lÊk^^ 


Armée  d^Italie* 
ÂtïSELME  ^  lieutenant'général  commandant* 

» 

An  I."    1792-  ' 

8  au  9      29et3o   Passage  du  Var ,  par  l'armée  fraii« 
vend»         sept,        çaise;  prise  de  Nice,  Montalban 

et  de  Villefranche. 
Incendie  et  prise  d'Oneille. 
Défaite  d'un  corps  considérable  de 

Flémontais  qui  s'étaient  emparés 
de  Sospellok 


â  brum.  !23  oct. 
29  i9nov« 


Î793. 
16  au  17  4  au  5 

pluv.        fév. 


BiKON  ,  général  en  p)u^  de  tarméf 

d^Ilalie* 


26 

I  vent* 

it 

39 


Combat  de  Moulinet ,  Melin  et  de 

Luceram.  Italie. 
14  Prise  de  Sospello  ^  par  les  Français. 

19  Prise  du  camp  de  Bruis ,   par  les 

Français  y  idem. 
29  Enlèvement  de  tous  les  postes  enne* 

mis ,  depuis  Lantosca  à  Belver,  id. 
9  mars.  Le   village  de  Mouliçiet  enlevé  de 

vive  force |  par  les  Français,  id^m. 


An  i.f»     1793. 

3ogerm,  16  avril.  Prise  du  camp  retranché  de  Perut, 

par  les  Français.  Italie. 
2  prair.  20  mai.    Prise  de  Rpcca  et  d'Isola,  par  les 

Français ,  idem, 

• 

•      .BkuN£T^  générai  €11  chef  de  V armés 

di*  Italie, 

14  I  juin.     Combat  des  Fourches, zVf^/w. 

21  ^       8  juin.     Enlèvement  des  camps  ennemis  ,  de 

Perut,  Moulinet ,  les  Fourches  et 

de  R  aons ,  idem, 
25  12  Les  Français  attaquent  les  Fourches 

et  Raons,  idem, 
ifherm.  tSjuill.   Les  Français   attaquent  le  camp  de 

Rauset  Lauthion, /ff^Tn. 

Kell^ermann,  général  en  chef  de 
Carmée  des  Alpes, 

3o  16  août.'  Les  Piémontais  s*emparent  de  Lane* 

bourg,  Thermignon,  Braman,  etc. 
Alpes. 

îifruct.  27*aôût.  Prise  de  Toulon  ;   par   les  Anglais. 

Italie. 

22  7  sept.     Combat  dans  les  Gorges  OoHioules. 

Italie.    ■       ■■    •  •  ..      i 

DUMEBBION^   général  en    chef  de 
i^ armée  (^Italie, 

23  8  Combat  de  Belver. — Armée  d'Italie. 
Idem,  L'ennemi  repoussé  de  Brouis,Hutel 

et  Lavenzo  ^  idem, 
26  II  Déroule  des'ennertîé  dans  la  plaînie 

d'Aîgnebelle.  —  Aipes. 


An  1."     1793. 
a8  au  29  i3  au  14  Expulsion  de  Tennem!  des  hauteurs  de 


fruct.        sept. 


Idem 


4conip.    19 

An  2. 
.7  vend.   28 


8 


29 


5q 


II 


t\)Ct. 


Idtn}^ 
Idenu 


Belleville,et  prise  delà  redoute  et 
du  retrancheiuent  d'Ëpierre.  Alpes. 
•Prise  d£i  ]a  redoute  de  Salanches,par 
les  Français ,  idem. 

Prise  ^^^  retranchements  de  Chatil- 
lon  ,  par  les  Français ,  idem. 

Défaite  des  ennemis  dans  la  gprge  de 
Salanges,  près  Cluse,  idem. 

Prise  des  postes  de  Sainte  -  Croix  ^ 
Perache  et  des  Brotleaux,  près  de 
Lyon  ,  idem. 

Enlèi:enaent  de  vive  force  des  retran- 
chements du  Mont-Cormet ,  par  les 
Français ,  idem% 

EpUvement  dupostedeValmeynier, 
par  les  Français ,  idem. 

Idem  d^  Beau  fort,  idem. 

Prise  de  Moutier  ,  du  bourg  Saipt* 
Maurice,  et  enlèvement  du  poste 
du  Col  ^  I^  Magdelaine ,  idem. 

». 
DuCOMMI.SR,  général  en  clief  de 


OÎLT 


/  ^arméç^  d  Italie  • 


18  9  Pxise  de  Lyon*  Alpes. 

27  au  28  18  fiu  19  ÇouQkbat  de  Gillette  et  de  Tournefort. 

:  -r  Italie. 

\  brun),  2^     .  >^,  LVnnemi  défait  à  Utel,  idem, 

2  23  Prise     de    .Ji^'Arçhe     Malboiset.    — 

'   .Alpes. 

3  24  Pri^e  du  camp  de  la  Magdelaine  , 

idem*  . 


An  s.      Î793. 

4  au  5    25  au  26  Défaite  des  Piémotitais  à  Casfel-Ge« 
^   brum.  oct*        nest  et  à  Brec  ;  prise  de  Figaretto  ^ 

—  Italie. 

7  au  8      28  au  29  Combat  et  reprise  de  Toulon ,  par 

les  Français,  a— Italie. 

DuMERBiOR^  général  en  chtf  de 

V armée  d'Italie. 

•       Ï794. 

i7gerro.  6  avril.    Les  Français s^emp'arent  du  camp  de 

Fougasse,  idém^ 

18  7  Les  Français  s'eosparent  de  tous  lei 

postes  aux  environs  de  Brégiio*  r^ 
Italie. 

19  8  Frise  d'OneîlIe  ,  par  les  Français  ^ 

idem, 
zj  16^  Quinze  cents  Autrichiens   défaits  à 

Pon(e  di  Nava  ^  sur  le  Tanard  , 

idem. 
38  17  Prise  d*Ormea,  Loano  et  de  Garessio, 

par  les  Français ,  idem. 

5  flor.       24  Enlèvement  de  toutes  les  redoutes 

sur  le  Mont-Valaisan  et  du  petit 
Saint-Bernard  ;  prise  du  poste  de  la 
Thuile.  —  Alpes. 

8  27  Prise  de  la^  redoute  du  Col  Ardente^ 
Idem»  Prise  de  Fels  et  de  la  Briga  ,  idem, 

10  29  Prisé  de  Saorgio  et   de  la  Bolena^ 

par  '  les  ^rança?s.'  —  Italie. 
19  8  mai«    Prise  de   Belvédère,  Saint-Martin, 

Lanosca  et   é\Jt  Col  de  Tende  y 
idem. 
Idem,.  Prise  de  Fenesltrelle ,  par  les  Fran^ 

çais,  —  Alpes. 

ai  flor. 


An  i/'    X793. 

Pujet-BaRBÏntanne,  général  en 

chef. 

23  then    10  août.  Les  Espagnols  attaquent  la  gauche 

du  camp  de  l'Union. 
29  16    .         Attaque  du  Mosset. 

a  fruct.     19  .  Les  Français  s'emparent  d'Elne. 

9  a6  Affaire  de  Millas. 

11  28  Combat   de  la  Perche   près  Mont* 

.  Louis. 

12  29  Prise  de  Puycerda,  Belver,  par  les 

Français* 
Idem.  Les  Espagnols  s'emparent  de  Cornèlla 

et  Forcercal. 
17  3  sept.     Les  Espagnols  attaquent  le  camp  de 

l'Union  ,  et  s'emparent  d'Orlès  et 

de  Cabes^any. 
16  au  18  2  au  4    Combat  d'Olette  et  de  Villefranche. 
1^        «4  Les  Espagnols  chassés  des  ports  de 

Vieille  et  de  Rions. 
19,20,21  5,  6,  7  Les   Espagnols    attaquent    Peyres* 

tor  tes. 
2%  8  Combat  et  prise  de  Riresaltes ,  par 

les  Espagnols. 

DagOBERT  y  général  en  chefi 

1  comp.   17  Prise  de  Vernet,  par  les  Espagnols» 

Idem.  Bataille  de  PejTestorte»; 

a  18  Prise  de  Stery ,  par  les  Espagnols. 

5  21  Prise  de  Villefranche ,  Oïette  et  du 

camp  de  Prades  ^  par  les  Français. 
Idem.  Prise  des  ports  d^Escalo  et  Duaborsy, 

par  les  Français. 


An  z. 


79^' 


DaOUST,  générât  en  chef  provU 

soirck 


4 
5 


1  vend.'  22  sept.   Bataille  de  Nils,  PonteîllaetTruîllas* 
%  23  Affaire  d'aVant-garde. 

3  24  Les  Espagnols  commencent  leur  re-  , 

traite  sur  le  Boulon. 
25  Combat  de  Thuyr. 

a6  Prîse  de  Thuyr ,  par  les  Français. 

9  3o  Retraite  générale  de  l'ennemi  sur  le 

Boulon. 
Idem.  prise   d'Elne   et  d'Argèles  ^  par  les 

Français.  , 

12  au  1 3  3 ,  4oct.  CoUibat  de  Montesquieu  et  de  Ville- 
longue* 
5  Prise  de  Puycerda,  par  les  Français!. 

Idem^  Combat  de  Dori  et  prise  de  Rebos  ^ 

par  les  Français* 


H 


19 


idem* 

6 
10 


6  brum.  27 


9 
19 


TtjrtIEAU  ,  général  en  chef. 

Combat  dfe  Puîg-Sengli  ^  Montesquieu 

et  de  Saint-Pedro. 
Prise  de  CampredoUé 
Combat  et  prise  de  Monteilla,  par 

les  Français. 
Les.Français  marchent  sur  Ceret,  et 

combat  de  Palauda. 
Tentative  des  Français  sur  Roses* 


3o 

9  jnoy*     Combat  d'EspoUa. 


i6 

6 

ï7 

7 

18 

8 

19 
26 

9 
16 

3o 
3  nÎF, 

1 

20 

23 

An  2.      1793* 

DoPPET  ,  général  en  chef. 

jifrim,    I  déc.     Les  Espagnols  s'emparent  de  Saint- 

Ferîol. 
j^  4  Les    Espagnols    repoussés   à    Ville- 

longue. 
Combat  des  Albers  et  de  Lanzo. 
L'ennemi  repoussé  des  hauteurs  de 

Lanzo. 
Combat  au  col  de  Bagnols. 
Combat  de  Villelongue. 
Les  Espagnols  s'emparent  du  Col  de 

Bagnols. 
Combat  de  Villelongue. 
Combat  d'Ortaffa  et  de  la  Reart. 

I 

3  au  4    ^3  au  24  Prise   du  fort  Saint-Elme   et  Port* 

Vendre ,  par  les  Espagnols, 

DEUXIÈME      CAMPAGNE. 

1 

Du  GOMMIER  y  général  en  chef, 

1794-  •  • 

7  germ.  27  mars.  L'armée  frartçaise  quitte  sfes  canton- 

nements. 
16  S  avril.    Bagnols   des  Après   occupé  par   les 

français. 
J9,2o;,2i  8  ,  9, 10  Combat  de  MontelUa  et  prise  d'Ui> 

gel. 
26  i5  Combat  de  Mas-de-Paille. 

28  17  Affaire  de  Pallau. 

29  18  Mort  du  général  Dagobert. 

8  au  9     27"au  28  Combat  et  prise  de  la  Palmera  9  par 
florëal.      ,  les  Français, 

10  au  II  29  au  3o  Combat  du  Taillett 


/' 


-» 


t' 


\ 


An  2.       Ï794* 

1 1  flor.    3o  avril.  Combat  de   Saint  -  Christophe  «  des- 

Albers. 
Idem,  Combat  de  Montesquiou. 

12  I  mai.      Combat.  L'ennemi  repoussé  de  Ceret. 
i3au  14  2  au  3       Arles  et  Pratz  de  Moilo,  évacué  par 

les  Espagnols. 
12  I  Les  Français  s'emparent  du  Col  de 

Bagnols: 
ï3  2  Collioure  investi  par  1rs  Français. 

Idem,  Bellegarde,  idem, 

jj  6  Prise  de  Saint- Laurent  de  la  Mouga^ 

et  des  forges  et  fonderies ,  par  les 

Fiançais. 
27  16  Sortie  de  la  garnison  de  Port-Vendrç. 

6  au  7     25  ai|  26  Capitulation    de  Saint- Elne^  Port- 
prairiaL  Vendre  et  Collioure. 

16  au  19  4au7Ju,  Prise  de  Touges  et  Ribes^  par  le» 

Français. 
19  7  Prise  de Campredon/par  les  Français. 

23  II  Prise  de  Ripoll,iV^tf/7i.  * 

I  mess.    19  Prise  de  Bezalu,  idem^ 

a  20.'  Prise  du  poste  et  camp  de  l'Etoile, 

idem. 

8  26  Combat  près  Bel  ver,  ideni* 

i3  I  juill.     Camp  d'Estella  forcé,  idem. 

14  2  Attaque  sur  les  hauteurs  de  Terra  Jes, 

idem. 


Armée  des  Pyrénées  occidentales. 

Se R VAN,  général  ^en  chef. 

An  I."     1793. 
26gerin.'i5avriK  Attaque  du  cdmp  d'Espeguy ,  par  les 

Espagnols. 
Attaque  du  village  de  l^us^iAi^ ^idem. 
Attaque  du  fort  d'Andaye,  idem» 
Attaque  de  la  Mpntagne  de  Louis 

XIV,  idem. 
Attaque  de  JoUmont ,  idem. 
Attaque  de  Zugaramurdi ,    par  les 

Français. 
Attaque  de  la  redoute  deBera» 
Combat  de  Sainte-Barbe. 
Attaque  du  Col  de  Berdaritz» 
Combat  de  Lusaïde. 
Deuxièipe  combat  ,  idem.  ■ 
3  juin.    Combat  de  Château  Pignpn* 
Combat  du  rocher  d*Araca. 
Combat  du  rocher  d'Iramekaca. 
Combat  de  Lazerataca. 
Action  au  Château  Pignon* 
Combat  d'Erratzu. 
Kii^qvie,  des  camp^  le  long  de  la  Bi- 
d^ssoa. 
Idem.  Attaque  de  la  Montagne  de  Louis 

XIV. 
j6  4  juill.    Combat  auprès  de  Behobie* 

a5  i3  Combat  d*Urrugne. 

Idem.  Attaque   de   TEgUse   retranchée  de 

Biriatu. 


28 

17 

4  flor.     23 

Idem» 

5 

24 

Idem. 

1 

1Z- 

I  mai. 

ïàem. 

»9 

18 

6  pralr.  a5 

7 

26 

i5 

3  juin. 

16 

4 

17 

5 

18 

6 

Idem,    , 

Idem, 

4  mess.  22 

An  I,"     1793. 

28  mess.  i6.juill. 

29  17 
5theriïi.  28 

20  7  août. 

Idem» 
i7fruC:ti  3  sept, 
ai  7 

Idèm^ 
An  2i 
I  vend.     22 


sobrum.  lonov. 
21  II 

Idem, 

1794. 
19  pluv.  7  ft'v. 

Idem,  ' 

Idem,  ' 

Idem, 
37gerni.  6  avril. 
8  flor.      27 

Jdenï, 

Idem, 

^léein\ 
8   mai. 
18  " 
34praîr,  2  juin. 

Iderm,  ' 
Idem, 
Idem,  - 
Idem, 


î9 

29 


Attaqae  d*Irouleppe,  pi:^sdeLusaïde. 

Combat  d'Espeguy. 

Action -çin  avant  d'Urrogue. 

Combat  des  Aldudes. 

Combat  d'Orbaicet. 

Combat  de  Biriatu. 

Combat  de  Zugarramurdi» 

Combat  d'Urdach. 

Combat  en  avant  de  la  Montagne  du 
Commissarl. 

MULL£R,  général  en  chef , 

Combat  d'Ibagnet. 
Combat  de  Zugaramiïrdy. 
Combat  d'Urdach. 

/ 

Action  de  la  Croix  des  Bouquets. 
Combat  du  Calvaire. 
Combat  à  Sarre. 
Combat  à  Ascain. 
Combat  du  Rocher. 
Combat  de  Saint-Michel.    ' 
Combat  d'Crisson. 
Combat  d'Arnegui. 
Combat  près  de  Baygory. 
Action  d'Irati/ 
Combat  d'Andaye. 
Combat  de' Berdaritz. 

Combat  au  Col  d'Espeguy. 
Combat  au  Col  dé  Maya. 
Attaque  de  Cassa  Fuerte.  * 
Combat  d'^Orate's. 


/■ 


An  2.       1794* 
i^praîr.  2  juin. 
Idem. 

2«  16 

5  mess.    aS 
Idem. 
22  10  juin. 

5  ther.    23 

Idem. 

6  24 

I 

Idem% 
Idem. 
Idem, 
Idem» 

7  .     25 
Idem. 
Idem»    ' 
Idem» 
Idem, 


Combat  de  Bustancelay. 
Combat  devant  Altobiscar. 

Action  devant  Biriatu. 

Action  près  d'Urugue. 
'Action  au  Calvaire,  près  d'Urugne. 

Attaque  du  camp  des  émigrés  à  Ar- 
quinzu. 

Combat  au  col  de  Maya. 

Combat  au  col  d'Arriète. 

Invasion  des  Français  dans  la  vallée 
de  Bastan, 

Combat  du  Col  d'Erratzu. 

Combat  d'Arîscum. 

Combcit  d'Echalar, 

Combat  è^  Saint-Estaven. 

Attaque  des  réserves  de  Bera, 

Attaque  du  fort  Commissari. 

Attaque  de  Marie-Louise. 

Attaque  de  Sainte-Barbe- 

Evacuation  de  Biriatu  ,  par  les  Es- 
pagnols. 


BATAILLE    DE    JEMMAPES, 

Donnée  le  26  novismbre  1792. 

n  Le  centre  de  rarmée  française  (  où  se  tenait 

le  général  Dumourier)  commandé  par  le 
duc  de  Chartres,  et  les  généraux  Drouet^ 
Desforest,  StetenoflFe.t  Chauraont. 

h  La  droite,  aux  ordres  de  Beurnonville,  et  les 

généraux  Freschwille,  Fournièr  et  Nord- 
mann. 

^  La  gauche,  commandée  par  le  général  Férand-, 

et  les  généraux  Blottefières  et  Rosières. 

d  Réserve  d'infanterie  et  de  cavalerie. 

e  Division  aux  ordres  «du  générai  Harville ,  de« 

,  vant  se  porter  sur  les  hauteurs  de  Berta- 

mont,  et  tourner  la  gauche  de  l'ennemi. 

1  Chamboran  ,  Berchiny,  hussards,  et  Norman- 

die, chasseurs,  chargeant  Tennemi  par  le 
flanc, 

2  Dixième  et  onzième  régiments  d'infanterie. 

3  Flandres  et  le  sixième  bataillon  de  grenadiers^ 

tournant  et  emportant  la  première  redoute. 

4  Premier,  deuxième  et  troisième  bataillons  de 

Paris,  chargeant  et  repoussant  la  cavalerie 
de  l'ennemi> 
*S  Deux  bataillons  de  grenadiers  attaquant. 

6  Vivarais  repoussant  la  cavalerie  ennemie,  qui 

tâchait  de  pénétrer  dans  la  plaine. 

7  Premier  bataillon  de  Saint-Denis. 

8  Premier  bataillon  de  la  Nièvre,  recevant  le  prcf* 

mier  feu  de  Tennemi  caché  dans  le  bois. 


1 


i792r. 

9     ,         Cent  .quatrîèmç  régiment  s'en  Fonçant  daQs. le 
bois  pour  attaquer. 

lo,  Il     Bouillon,  Vintimille ,  et  quatorze  autres  ba-. 
•  taillons,  tous  également  exposés,  pendant 
pl^isieurs  heures  ,aun  feu  soutenu  d'artille- 
rie et  de  mousqueterifr. 

12  Le  sixième  régiment  de  chasseurs  à  cheval  , 

et   Laùzun ,  hussards,  soutenant  Tattaque 
du  bols. 
Les  généraux  Rosières  et  Thouvenot,   avec 
une   partie  des   troupes   de  Taile. gauche , 
attaquent  et  emportent  Quaregnon. 

i3  Bataillons  rencontrant  des  obstacles.  Faisant 

contre-marche  pour  entrer  dans  Jemmapes. 

14,  i5  Le  troisième  bataillon  franc,  et  le  vingt- 
unième  de  chasseurs  entrent  les  premiers 
dans  Jemmapes, 


\ 


« 

f 


BATAILLE  DE  NEERWINDEN, 

Donnée  le  iS  mats  lypS. 

a  Position  del^armëe  française  avant  la  bataille. 

b  Position  de  Pennemi ,  idem. 

b'  L'avant-garde  commandée  par  le  prince  Charles. 

è*  L^  première  ligne  commandée  par   le  général 

Colloredo. 

b^  L'infanterie  de  la  seconde  ligne  et  les  dragons  de 
Cobourg,  sous  les  ordres  du  prince  de  Wiif- 
temberg. 

b^  Deux  divisions  de  cavalerie,  commandées  parle 
major-général  Stipshitz  et  autres  troupes,  sous 
les' ordres  du  prince  de  Wurtemberg ,  pour  dé- 
fendre la  plaine  de  Leau. 

i^  Trois  bataillons  de  grenadiers  commandés  par  le 
général  Alwinzy. 

b^  Six  bataillons  belges* 

^7  Deux  bataillons  d*iufanterie  ;  hussards  de  Blanë- 

kenstein  et  chevau-légers  de  Latour.  Ces  trois 
derniers  corps  étaient  sous  les  ordres  dq  général 
Clair  fait. 
Colonnes  d'attaques  Commandées  par  les  géné- 
raux Lamarche  i  ,  Leveneur  2  ,  Neuilly  3 , 
Dietmann4,Dajiipierre5,Miasinski6,Ruault 
*/  ^et  Champmorin  8. 
Les  trois  premières  colonnes  forment  Patraque  de 
droite ,  commandées  par  le  généraF  Valence  ;  Içs 
quatrième  et  cinquième  du  centre ,  aux  ordres 
du  duc  de  Chartres,  et  les  trois  dernières  for* 


1 


1793-  '  ' 

maient  Pattaque  de  gauche,  sous  les  ordres  du 
<  générai  Miranda. 

Cydje^  Points  par  oùJes  colonnes  françaises  passèrent  la 
ftgih      Get(e,  à  9  heures  du  matin. 

La  première  colonne  s'empare  de  Racour;  la 
deuxième  dîOwerwind^n  et  de  la  Tombe  de 
Miltelwînde.  Cette  dernière  position  fut  dispu-  • 
tée  toute  la  Journée.  \ 
Les  troisième,  quatrième,  cinquième  colonnes 
s'emparent  de  Neerwinden.  Les  Français  sont 
repoussés  des  trois  villages. 
i  Leurs  positions. 

k  Neerwinden  ,  repris  une  secondent  troisième  foi« 

par  les  Français,  est  .abandonné  par  tes  deux 
partis. 
/  Charges  de  cavalerie.  , 

m         Autre  charge.  La  quatrième  colonne  met  la  cava- 
>  lerîe  ennemie  en  déroute. 
Les  sixième  et  septième  colonnes  attaquent  Gut- 
zenhowen  et  Orsmael. 
n  Combat  et  retraite  de  ces  deux  colonnes. 

La  huitième  colonne  s'empare  dé  Leau,  et  s*jr 
maintient  jusqu'au  soir. 
o  Position  des  Français  après  la  bataille. 

p  Idçm  de  l'ennemi. 

Journée  du  i<). 

(j  Position  d'une  partie  des  troupes  dé  l'aile  gauche 

pour  couvrir  la  retraite  de  l'armée  française. 
r  Idem  de  la  division  du  général  Dam  pierre. 

s  Canonnade  et  position  d'un  corps  d'Autrichiens. 

t  Position  de  l'armée  française  après  sa  retraite. 

u  Dernière  position  de  l'ennemi. 


An  2»       Ï794»  .    *• 

11  iloié     lotnau     Prise  du  Fort  Mîrabouck  et  de  Vllle- 
,*    .  Deuve-Despratfe ,  —  AJpes.         i 

Idem,  Prise  de  la  redoute  de  Maupertuys  ^ 

iderUé 
24  au  2S  i3  au  14  Prise  ,  par  les  Français  ,  dès  redoutes 

de  EWet,  de  te  Ramasse  et  autres 
.  postes  au  Mont -Cénis,/c?^/7i. 
27  praîr*  ,B  juin».     Prise  du  .poste  des  BarricadeSj,*  pajr  k$ 

FraiM^ajB  ,  idem.  • .  .4  » 

23        .,.   II       ,      DérçjLit^  des  Piémontaîs  dansai  vallée 
'      '         d'Aoste  *  idem, 

?9     '     ..,?i7    .         DéFaite  des  ennemis  au  petit  Saiat- 

BerHf^rcj;,  ijdpm. 
6  ço^sSî::  ajl-'f.,      .Prise  d^.çanxp  dç  P  Assiette,  îden^i^ 
?5.       ,  f  3  juilU    Comb^t^de  Loano  et  de,  la  Pietra» 

•26-;^.!,  ..:ï4nj..'   .'Prise.deiVertaytf  j.auCoijdeTendç, 

idi^i.      »    .', 
R  thpr, '|^^.)[,  .,    Le  po5te  isle;J^5)fflcavion,pfis  par.liçs 


Arfnêè'des  Pyrëtiées,0rieMaX€S.       ^'^ 

S  E  R  V  A  N  >  géiîQrauen  chef.  v  " 

:^i7TeH(Y»»'^'-t0ârsrJbédatàtÏQh*'5i^  guerre  à  l'Espagne. 
II  ger.     3i  ••'Ekpulsîdrii'd^*Espagno!s  de  la  vallée 

./(M   ..:./,MrV.  d'ÀftPriV^'pïHse'de  SèiekHet^ljpiar 

■     les^FtfA^eàiîr^  'o 

-a8   ''    ^'^^î^aVril:  Le^  F/anr&i'î 'Tepoûô^3és4.de    Samt- 

Laurerif-'tfc.tCerda. 
Tonf  IF,  3  * 


An  I.*'     1793. 

Sojfçr..    191  avril.  Prise  d* Arles,  parlés  Espagnole 
1  flor.    :  ^o  Coinbst  et  prise  de  Ceret,  par  les 

Espagnols. 

3o  F  L  E  a  S ,  générât  en  chef. 

3o'  '•        19 mai*    La  M«ié-Den  attaquée  parles  Espa- 
gnols ;  retraite  des  Français. 
-¥  ^fâir.  io  Argelés  pris  par  les  Espagnols. 

^   ^  Idein,  Sortie  de  ia  garnison  de  Collioure. 

Iden^.  Bellegarde'  bloquée  par  l'ennemi. 

5  >4  Prise  d'Elne,  par  tes  Espagnols. 

Ig  aty    •        'Sortie   de  la  garnison   française  de 

GolliOnre. 

t 

i5  "3  juin.     Bçllegard'e  sommée  par  l'enriemîé 

16  '  '^  ^   4  Prise  du  fort  des  Bains,  par  Tennemî. 
1-7             S  Idem  de  Piratz  de  Mollo. 

^iy-auaS  i5au  16  L'ennemi  ouvre  )a  tranchée  devant 

Bellegarde. 
I"  "  i8     X   ^  t6  *  Sortie  de  la  garnison  de  éellegarde. 

8  me^.aô'juîn.   Capitulation  de  Bellegarde. 
i^  3o  Les   Espagnols  repoussés  de  Puig- 

Oriol. 
i3  I  iui|l.    Les  Espagnols  repoussés  de  Mi  lias. 

^5        *     i3  Camp  français  de  l'Union  attaqué. 

2-  i5  Les  Espagnols  repoussas  de  Via ,  An- 

defo  ft  Aigat. 
28  aui29  i6aui7  Combat  de  Mas,  de  Ferres,  et  atta- 
"i   '  ..q,ae  générale  4^?. Ë^P^^ols  sur  le 

_  ^Y    :  .,    .  camp  de  l'Union. 

'  4,iih^ffair  2jz  JExpéditioj^, des  Français  sur  nié. 

j3  3i  Affaire  de  y  iiicas. 

17  '        ,4  août»-  Prise  de,  ^illefrancjje  par  les  Espa^ 


'•   ,: 


'    I 


n 


BATAILLE  DE  HONDTSCHOOTE, 


6  sept. 


3 
4 

S,  6 


Du  6  au  9  novembre  lypS. 

« 

A  hnît  heures  du  matin,  les  Français 
attaquent  sur  tous  les  points. 

Avant- garde.  Le  général  Hédouville 
s'empare  de  Poperinghe ,  repousse 
Pennerai  jusqu'à  Vlaemertinghe  ; 
partie  de  cette  colonne  marche  sur 
Rousbrugghe, 

Combat  et  prise  de  Ren'mgelst,  par  le 
*  général  Vandame. 

L'ennemi  repoussé  de  Waefoue. 

Houchard  attaque  Houtherkej  l'en- 
nemi mis  en  fuite. 

Ces  colonnes  chassent   l'ennemi  des 
bois  de  Saint^Six,  de  Proven  et  de 
.  Rousbrugghe. 

Le  général  Jourdan  s'empare  d'Her- 
zeèle. 

•Bambeck#  et  Crustrade  attaquées  par 
-  les  généraux  Houchard  et  Jourdan  ^ 

.   retraite  de  l'ennemi. 

Position  du    général   Falkenhausen , 

.  pour  couvrir  la  retraite  des  Autri- 
chiens. 

Retraite  de  Ja  colonne  aux  ordres  du 
général  Walmoden. 

Idem  j  du  feld-maréchal  Freytag. 
.j3,  14, Le*  généraux   Houchard  et  Jourdaa 

_  s'emparent  de  Rexpoède. 
iS  JRetraite  et  position  du  général  Falken- 

hausen. 


7 
8,  9 


10 


II 


i2 


6  sept. 


Ï793. 

16  L^avant-gaVcle  de  la  colonne  (12)  cul- 
butée; (e  prince  Adolphe  et  Itma- 
réchal  Freytag,  b'essés  et  faits  pri- 

•    .. ,       sonniers»  -        . 

17  Les  gardes  à  pîed  dégagent  le  prince 
Adolphe.       '    * 

18  Combat.  Les  Autrichiens  rentrent  a 
Eexpoède  y  et  délivrent  le  maréchal 
Freytag»     ...  *. 

lû      '     Position  des  Français* 

.jîo  .      \/iff/n  ,  de  l'ennemi. 

L'armée  anglais*»  devant  Duhkerque 
:  '^  fut  aussi  attaquée ,  mais  sans  succès  • 

Les  Français  attaqpent  Hondtschoote 
"7  sept.  \  sans  succès  ;  la  garnison  de.Dunker- 

que  fit  une  sortîe. 

L^armée  française  daraiit  ;Hondts- 
choôte  'j  la  droite  commandée  par  le 
général .  CollàVid  ;  le  cenfce  ,  par 
Jourdan ,  et  la  gauche ,  par  le  géné- 
ral Vandame*;.le  général  T^clerc  se 
porte  )•  Ioog..duTcan^l ,  pour  atta- 
quer la  droiteîde  l'ennemi^ 
8sept.  ^    22        '   L'ennemi  forcé  ae  retire. 

23  Sa  position.  «  '• 

24  .Combat  devant  Punkerque.    ' 

25  L'eunemi  repouvssé  de  Vlaemçrtîn-ghe. 

26  Pbsrtiûn  des  Fraudais  devûii^t  Ypres. 
.L'attaque  n'ayant  pas  réuafei ,  ils, se 
•retirent  suc  fiailJeul  lea^   [ 

!  T  '        h 

'Nuit  du  8  au  9    'Retraité  de  Pàrméer  aiigl&isè.  i 
'^7  ^  ^     Sa  position'.        "'  ,  J 

11  •  ...ri  ! 


^ 


n 


H 


EATAn.LE 

A  '  Hondt  sclioote 

du  6.  au.  <),  7*?"'  iT<)3  . 


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SIÈGE    DE    CHARLEROI. 

(Voyez  le  plan  de  la  bataille  de  Fleurus), 

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Le  siège  de  cette  place  a  coraiDencé  le  i3  prai- 
rial ,  levé,  le  iS;  repri«  le  u.5  ,  levé  Je  28;  repris 
le  3o  ,  et  la  place  s'est  rendue  aux  Français  le  7 
messidor  an  2,  à  cinq  heures  du  soir. 

LÉGENDE. 

« 

1.  Redoute  dans  la  petite  inondation* 

2.  Redoute  prise  le  26  prairial ,  par  les  Français. 

3.  Tranchée  de  droite. 

4.  Idem  y  du  centre  ou  attaque  véritable. 

5.  Idem ,  de  gauciie  ou  fausse  attaque. 

6.  Batterie  la  Républicaine. 

7.  Idem ,  de  la  Convention. 

8.  Idem ,  de  la  Liberté. 

9.  Idem ,  de  TUnité. 

10.  Trois  batteries  dites  de  la  Fraternité, 
ir.  Batterie  de  la  Montagne. 

12.  Idem  y  pour  appuyer  la  gauche  de  la  première  pa- 
rallèle. 

i3.  Idem  ,  ménagée  dans  la  redoute  (  n.**  2)  pour 
plonger  dans  la  redoute  de  la  petite  inonda- 
tion. 


Tome  IF. 


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BATAILLE   DE   FLEURUS, 

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*  8  messidor^  an  2. 

A.  Division  Marceau. 

B.  Idem  ,  Lefebvre. 

C.  Idem^  CbampionneU 

D.  Idem,  Morlot, 

E.  Idem  y  Kleber. 

F.  Zt/tfw  ,.  Montaîgu. 

G.  Brigade  aux  ordres  du  général  Daurier. 

H.    Division  Hatry,  eh  réserve  :  cette  division  a  fait  Ip 

siège  de  Charleroî. 
I.      Idem  ^   de  cavalerie  commandée  par  le    général 

Dubois. 
A  la  pointe  du  jour,  Tarmée  autrichienne  partagée 

en  cinq  colonnes,  attacjue  sur  tout  le  front  de 

de  Parmée  française. 

a.  Première  colonne  aucp  ordres  du  prince  d^ Orange  : 

elle  se  divise  en  trois  corps. 

b.  Le  premier  corps  ,  commandé  par  le  prince  d'O- 

range »  repousse  les  Français  du  calvaire  d'An- 
dèrlues^  de  Fontaine- Lévéque,  et  pénètre  jus- 
qu'au château  de  Vespe. 

c.  Ce  même  corps  attaque  sans   succès  la   brigade 

Daurier  5  après  un  combat  de  trois  heures ,  il  se 
retire  sur  les  hauteurs  de  Forchies.  '      \  . 

d.  Deuxième  corps  commandé  par  lé  prince  Waldeck, 

âtf «ique  Trazeguies,  en  repousse  la  division  Mon- 
taîgu. 
-    Ci      Cotnbat^  l*erinemi  repoussé  de  Trazeguies. 
f  •      Renfort  envoyés  par  le  général  Kleber. 


g.     L'ennemi  se  r'empare  de  Trazeguîes,  repousse  les 
Français  de  Forchies,  château  Lamaiche,  etc. 
Retraite  de  la  division  Montaîgu» 
h.      L'ennemi  maître  du  bois  de  Moucaux,  canonne, 

Marchiennes-au-Pont. 
i.      La  division  Kleber  se  porte  sur  les  hauteur»  du  Pié- 
ton ,  et  par  le  feu  de  son  artillerie  fait  taire  celui 
de  l'ennemi, 
k.     Les  généraux  Kleber  et  Bernadotte  chassent  Ten- 

nemi  du  bois  de  Moucaux. 
].       Position  de  la  colonne  aux  ordres  du  prince  d'O- 
range,  a  cjincj  heures  après  midi. 
Deuxième  colonnç   aux  ordres  du  fetâ^maréchal 
Qiiosilanowich.  .     , 

m.     Positipn  de  cette  colonne  après  ayoir  repoussé  les 

Français  de  Frasne. 
n.      Combat  entre  Frasne  et  Mellet* 
o.      Deuxième  posislon  de  cette  même  colonne  après 

les  combats  de  «Bruncnaud  et  de  Thumeon. 
p.     Forte  canonnade  sur  tout  le  front  de  la  drvisioa      f 
IVtorlot  :  cette  deuxième   colonne  noyant   pu 
pénétrer,    fit  sa   retraite    par  la  .chausiié^    de 
^  Bruxelles  ;  elle  fut  vigoureusement  poursuivie  du 
côté  de  MelJet. 
Q.      Troisième  colonne  commandée  par  le  gén^r^l  d^ar^ 
.  tillerie  j  comte  de  Kaunilz,  —  Cette  colonne  re- 
pousse    les   Français  des   Censés  de  Chessart  , 
et  marche  sur  la  division  Champipnnet,  ;• 
g.     Forte  canonnade  et  charge  de  cavalerie.        * 
r.      L'ennemi  tcyurne  les  retranchements  par  la  gauche, 

et  s'empare  d'Hepignies. 
s.       Le  général  Grenier  culbute  l'ennemi ,  et  !e  chasse 
des  rctrancheipents. 


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h. 


Retraite  de  fa  troisième  colonne  ennemie. 

Quatrième  colonne  aux  ordres  de  P archiduc  Charles. 
— Cette  colonne  repousse  l'avant- garde  delà  divi- 
sion Lefebvre  des  hauteurs  en  avâtit  de  Fleurus. 

Le  centre,  la  gauche  et  les  retranchements  de  cette 
division  attaqués,  l'ennemi  repoussé;  partie  de 
cette  colonne  marcha  par  la  droite  sur  la  division 
Championnet,  et  l'autre  se  retire  sur  Nivelle. 

Cinquième\colonne  aupc  ordres  du  général  Beaulleu. 
—  Elle  se  divise  en  trois  corps. 

Ils  s'emparent  de  Wansersée.^  Velaine,  Baulet  et 
des  retranchements  du  bois  des  Copiaux. 

L'ennemi  s'empare  de  Lambusart. 

Renforis  envoyés  à  la  division  Marceau ,  par  les  gé« 
néraux  Hatry  et  Lefebvre. 

Division  Marceau  en  pleine  retraite. 

Cavalerie  autrichienne  repoussée  par  le  canon  de 
Charleroi. 

Le  général  Lefebvre  reprend  Lambusart. 

Combat  et  charge  de  cavalerie  ;  l'ennemi  repoussé 
vers  les  cinq  heures  du  soir  ;  l'armée  autrichienne 
était  en  pleine  retraite  sur  tous  les  points,  pour- 
suivie par  les  divisions  de  cavalerie  de  Champion- 
net,  etc.;  à  sept  heures,  l'armée  républicaine 
était  rentrée  dans  ses  bivouacs. 


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ÉVÉNEMENT  DE  TOtLON. 
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An  !.•'     1793. 
Il  truct.  27  août.   Les  troupes  ennemies  prenncfnt  pos-" 

session  de  Toulon  et  de  tous  les 

forts  environnants. 
27  7  sept.    CdinbatauBeaussetet  au  Colombier; 

Tennemi  rentre  au,  fort   Malbous- 

quet  et  à  Toulon. 
i5  au  29  14  au  3i  La  division  du  centre  (armée française 

de  droite)  se  porte  sur  la  Gaubran. 
Idem,  La  division  de  gauche  se  porta  sur 

Ëvènes  ,   Broussant ,    Beau  -  des- 

quatre-heures,  et  s'empare  des  forts 

des  Pommeté  et  Saint-André;  une 

deuxième  tolonne  se  porte  sur  le 

Pic  Taillas  et  les  Arennes. 
24  9  La  division  de  droitç  s'empare  de  la 

hauteur  de  Bregalion. 
L'armée  de  gauche  se  porte  de  Signes 

h.  Solllés  le  Pont,  ^^à  Solliés  la 

Farlède. 
Des  troupes  sont  envoyées  à  Jouris  ^ 

à  Clouquartier  et  à  Ëspaluns. 
Combat  en  avant  de  la  Yallette  ;  une 

division  se  porte  eu   avant  de  la 

ga];de  et  l'autre  au  fort  Sainte-Mar- 
An  s.  guérite  et  environs. 

10  frim.    3o  n0Y«    Sortie  faite  de  Toulon  par  l'ennemi , 

qui  est  vivement  repoussé ,  et  forcé 

de  repasser  le  canal  de  Laz  et  de 

rentrer  dans  la  ville. 

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793. 

3  d^c.    Reprise  de  Toi'lnn  jiar  Je»  Français  ; 
armée  dfe  droUe. 

La  division  Dugommier  s'empare  de 
la  redoute  anglaise, 

ta  4'^'si<>'>  Mouret  s'etnpBre  de  vive 
force  du  fort  Matbousqnet. 

La  division  Garnier  s'empare  du  grand 
et  petil  Saint- Antdiuej  chasse  l'en- 
nemi deSairit-Roch, et  Je  force  de 
rentrer  dans  Toulon.  Armée  fran- 
çaise degauihe. 

La  division  Laharpe  fait  sauter  la 
poudrière  du  cap  Brun;  attaque 
l'ennemi ,  et  le  force  de  realrer  dans 
Iç  fort  Lamajgue. 

La  division  Lapoype  tourne  la  mon- 
tagne de  Faron,  attaque  et  prend 
les  camps  et  redoutes  sur  le  Faron  ; 
l'ennemi  se  rt-tire  dans  le  fort  Lar- 
tigues,et  abandonne  le  fort  Faron  ^ 
ç[iii  est  occupé  aussitôt  par  les  Fran- 
çais, qui  battent  le  fort  Larugue» , 
que  l'ennemi. abctndoDne  ,  ainsi  que 
la  redoute  Sainie-Catherine  ;  par- 
tie de  l'ennemi  se  retire  dans  Tou- 
lon,etparlie  se  rembarque  au  fort 
Saint-Louis. 
'  La  nuit  du  38  au  29 ,  k't  coalïfi's 
abandonnent  Toulon, 


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